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The social network

En 2003, un jeune étudiant de Harvard de 19 ans se fait plaquer sans ménagement par sa
copine Erica Albright (Rooney Mara).

Il s’appelle Mark Zuckerberg (Jesse Eisenberg). Quand il rentre dans sa chambre, vindicatif, il pirate la
base de données de son université pour créer Facemash, un site truffé de photos de profil
permettant à ses visiteurs d’évaluer la beauté des étudiantes. Le succès éphémère de ce site attire
l’attention des jumeaux Winklevoss (Armie Hammer) et de leur partenaire Divya Narendra (Max
Minghella) qui proposent au petit génie de travailler ensemble.

Mark considère ses options et va préférer se lancer avec son pote Eduardo Saverin (Andrew Garfield)
pour créer The Facebook, le premier réseau social en ligne pour étudiants.

Les jumeaux Winklevoss se font voler la priorité et veulent intenter une action en justice contre
Zuckerberg. D’autant que The Facebook connaît une popularité inattendue. Le réseau prend une
autre dimension lorsque le fondateur de Napster, Sean Parker (Justin Timberlake) propose sa vision à
Mark. The Facebook devient Facebook et déménage à Palo Alto. Réservé aux étudiants de l’Ivy
League, le réseau s’étend rapidement à d’autres universités.

Zuckerberg fait désormais cavalier seul et à cent à l’heure. Il a tout juste le temps de mépriser le
monde autour de lui.

Il se débarrasse de Saverin suite à un désaccord sur la stratégie de développement de l’entreprise.


Après de nombreuses discussions, son avocate (Rashida Jones) lui conseille de s’arranger avec les
jumeaux à hauteur de 65 millions de dollars ainsi qu’avec Eduardo Saverin pour un montant inconnu.
Pas grand chose pour une compagnie valorisée aujourd’hui à plus de 500 milliards de dollars.

Seul dans ses locaux, Zuckerberg envoie une requête à son ex puis rafraîchit plusieurs fois la page
afin de voir si Erica l’a accepté comme ami.

L’EXPLICATION

The Social Network, c’est la fin du Nous  au profit du  Je.

On pourrait considérer le créateur de Facebook comme un patron d’un nouveau genre. Il n’est en fait
rien d’autre qu’un simple pionnier de plus qui s’inscrit dans un longue lignée d’entrepreneurs
ambitieux et sans aucun scrupule. Rien n’a changé si ce n’est le terrain de jeu. Hier, c’était
l’exploitation du pétrole. Aujourd’hui c’est Internet.

On trouve d’ailleurs beaucoup de similitudes entre Daniel Plainview (cf There will be blood) et Mark
Zuckerberg, notamment au niveau de la paranoïa.

L’ascension de Mark est ironique sous bien des aspects.

Zuckerberg est un étudiant quasiment antisocial qui va sortir du bois grâce à une idée profondément
sociale. Beethoven (cf Ludvig Van B.) était sourd, ce qui ne l’a pas empêché d’écrire les plus belles
symphonies. Il faut croire que le manque d’aptitudes sociales n’a pas été un handicap pour Mark. Au
contraire, il a même été le premier à comprendre, et surtout exploiter, le concept de communautés.
L’autre ironie est qu’il va créer un réseau social dont le but est de cultiver l’amitié… en se coupant
des autres, notamment de son partenaire. Facebook célèbre les amis et leur capacité à s’inspirer les
uns les autres. Son père fondateur incarne tout l’inverse dans la mesure où il n’hésite pas à planter
ses supposés meilleurs amis dans le dos.

La dernière ironie veut que Zuckerberg ait offert au monde un merveilleux outil de connexion. Nous
sommes tous à 7 degrés de séparation les uns des autres. Même si les plus jeunes d’entre nous
crachent aujourd’hui sur Facebook, un réseau pour leurs grand-parents, ils ont néanmoins un
compte. Facebook sert déjà de pièce d’identité numérique et pourrait à terme remplacer votre
passeport. Le réseau a redéfini le monde à travers ses apéros, ses alertes et ses challenges.
Aujourd’hui il sait tout de nous et n’hésite pas à revendre ces précieuses informations aux plus
offrants (cf The Great Hack).

Paradoxalement on reproche aujourd’hui à ces réseaux sociaux de détruire le lien social. Facebook
est en train de détraquer la société. Les dérives de l’amitié sont en train de nous rendre
complètement idiots. Le jour où Facebook décidera de se retourner contre nous comme Mark l’a fait
avec Eduardo, en nous montant les uns contre les autres par exemple, alors il ne restera plus rien. Il
n’y aura plus d’ami. Nous sommes condamnés à finir seul, c’est la prophétie de Zuckerberg.

Le diable essaie de se rassurer…

… il est bel et bien un enfoiré, pas au sens de Coluche. Erica ne s’était donc pas trompée. Tout ce que
Mark entreprend est intéressé. Même son initiative philanthropique a un but politique. Il y a quelque
chose d’un peu malsain dans Facebook, à l’image de son fondateur. Pas étonnant qu’il y ait des
scandales liés à la confidentialité (cf The Social Dilemma).

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