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Cryoglobulinémies
D. Sène, D. Saadoun, P. Cacoub
Les cryoglobulines sont des immunoglobulines qui précipitent au froid. Elles sont classées en
cryoglobulines monoclonales (type I) et en cryoglobulines mixtes (type II et type III). Elles peuvent être à
l’origine de vascularites à complexes immuns (vascularites cryoglobulinémiques) parfois sévères, avec
atteinte multiviscérale comprenant le plus souvent une atteinte cutanée, neurologique et rénale. Sur le
plan biologique, le caractère symptomatique des cryoglobulinémies est associé à un effondrement de la
fraction C4 du complément sérique et du CH50 avec une fraction C3 le plus souvent normale. Les
cryoglobulinémies de type I sont toujours associées à des hémopathies B malignes telles le myélome malin
et les lymphomes B, et leur traitement rejoint celui de la cause. Les cryoglobulinémies mixtes sont
majoritairement liées à l’infection chronique par le virus de l’hépatite C, et secondairement aux
connectivites et aux lymphomes B. Le traitement des vascularites associées aux cryoglobulinémies mixtes
liées au virus de l’hépatite C repose d’abord sur l’éradication virale avec l’association de l’interféron alpha
pégylé et de la ribavirine. L’adjonction du rituximab (anti-CD20), molécule dont l’efficacité a récemment
été démontrée au cours des vascularites cryoglobulinémiques, peut être proposée dans les formes sévères.
Le rituximab peut également être recommandé en première ligne dans le traitement des vascularites
cryoglobulinémiques non associées au virus de l’hépatite C en association avec des corticoïdes. Dans les
formes sévères, des échanges plasmatiques ou l’introduction d’un immunosuppresseur peuvent être
discutés.
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Tableau 1.
Pathologies causales ou associées à la production de cryoglobulines.
■ Cryoglobulinémies mixtes
Hémopathies malignes lymphoïdes B (cryoglobulines type I ou II)
Cryoglobulinémies mixtes et infection
Myélome multiple
Maladie de Waldenström
par le VHC
Plasmocytome Historique
Lymphome B non hodgkinien
L’association cryoglobulinémie et hépatopathie a fait l’objet
Leucémie lymphoïde chronique
de plusieurs publications dans les années 1970 et 1980. L’étio-
Leucémie à tricholeucocytes
logie de ces cryoglobulinémies n’était habituellement pas
Maladies systémiques Syndrome de Gougerot-Sjögren connue. Après le clonage du VHC en 1989 et la mise à disposi-
et/ou auto-immunes Lupus érythémateux disséminé tion de tests sérologiques de dépistage en 1990, les premières
(cryoglobulines type II observations d’infection par le VHC chez les patients présentant
Dermatopolymyosite
ou III) une cryoglobulinémie mixte « essentielle » ont été rapportées.
Sclérodermie
Les études ultérieures incluant des cohortes importantes de
Thyroïdite auto-immune
patients montreront que 56 % à 95 % des patients avec une CM
Cirrhose biliaire primitive dite « essentielle » présentent des anticorps anti-VHC dans leur
Hépatites auto-immunes sérum, avec dans presque la totalité des cas de l’acide ribonu-
Maladie cœliaque cléique (ARN) viral VHC dans le sérum et dans le cryopréci-
Périartérite noueuse pité [6, 7]. Réciproquement, le suivi prospectif de cohortes de
Granulomatose de Wegener patients infectés par le VHC a montré la présence d’une CM
Purpura rhumatoïde dans le sérum de 36 % à 55 % des patients [8-10].
Polyarthrite rhumatoïde
Physiopathologie
Maladie de Behçet
Sarcoïdose Les mécanismes physiopathologiques ont été les mieux
Pemphigus vulgaire étudiés au cours des cryoglobulinémies liées au VHC. Plusieurs
facteurs épidémiologiques, cliniques et biologiques sont forte-
Fibrose endomyocardique
ment associés à la production d’une CM : le sexe féminin, une
Fibrose pulmonaire idiopathique consommation d’alcool supérieure à 50 g/j, un génotype 2 ou
Maladies infectieuses Virales Hépatites chroniques C 3, une fibrose hépatique extensive, la présence d’une stéa-
(cryoglobulines type Hépatites chroniques B tose [11]. Le caractère symptomatique de la CM (vascularite) est
II ou III) significativement associé à l’âge avancé, une plus longue durée
Virus de l’immunodéficience hu-
maine (VIH) d’infection, et surtout aux caractéristiques de la CM (type II,
Hépatite virale aiguë A isotype IgM kappa, taux sériques élevés).
L’immunité humorale est à l’origine de la production d’anti-
Virus d’Epstein-Barr
corps anti-VHC et d’IgM à activité facteur rhumatoïde (IgM-
Cytomégalovirus FR), associés au sein du complexe immun que forme la
Adénovirus cryoglobuline à des lipoprotéines de faible densité et des virions
Bactériennes Endocardite subaiguë encapsidés à haut titre (de 20 à 1 000 fois plus élevée que dans
Surinfection de shunt atrioventri- le sérum) [7].
culaire L’immunité cellulaire lymphocytaire B est impliquée dans la
Syphilis production des anticorps (anti-VHC, IgM-FR), la coopération
Maladie de Lyme lymphocyte B-lymphocyte T et probablement un rôle direct
Brucellose
dans les lésions de glomérulonéphrite. La CM de type II est
caractérisée par une prolifération oligoclonale ou monoclonale
Fièvre boutonneuse méditerra-
de lymphocytes B dans le foie et la moelle osseuse, le plus
néenne
souvent sécrétant une IgM-FR, une prolifération liée en partie à
Glomérulonéphrite aiguë post- une pression de sélection favorisée par la stimulation antigéni-
streptococcique
que chronique, notamment la glycoprotéine d’enveloppe E2 ou
Lèpre lépromateuse la protéine NS3 du VHC [12]. Le VHC, virus hépatotrope et
Parasitaires Paludisme lymphotrope, peut se répliquer au sein des lymphocytes B. Il
et fungiques Splénomégalie tropicale interagit avec le lymphocyte B via l’engagement de la gpE2 avec
Toxoplasmose le récepteur CD81 exprimé par les lymphocytes B et considéré
Leishmaniose viscérale comme un des récepteurs du VHC [13]. Certains mécanismes
font intervenir des mutations chromosomiques, en particulier la
Schistosomiase
translocation (14,18) qui favorise la surexpression du facteur
Echinococcose
antiapoptique et pro-prolifératif Bcl-2. Cette translocation est
Coccidioïdomycose retrouvée chez 71 % à 86 % des patients VHC positifs cryoglo-
Autres (cryoglobulines type II Glomérulonéphrite extracapillaire bulinémiques contre 16 % à 37 % des patients VHC posi-
ou III) Cancers : sein, nasopharynx, œso- tifs non cryoglobulinémiques, et 0 % à 3 % des hépatopathies
phage chroniques non VHC [14, 15]. Il faut également noter que les
taux sériques de BLyS/Baff (B lymphocyte stimulator), cytokine
majeure de la prolifération, la différenciation et la production
d’Ig des lymphocytes B dont les mécanismes d’action passent
parasitaires), des connectivites, des néoplasies et des hémopa- par l’expression de Bcl-2, sont augmentés chez les patients ayant
thies lymphoïdes B (Tableau 1). Pour les CM, les causes princi- une vascularite cryoglobulinémique [16].
pales à rechercher prioritairement sont une infection par le L’immunité cellulaire lymphocytaire T semble jouer un
virus de l’hépatite C (VHC), une hémopathie lymphoïde B rôle particulièrement important dans les lésions tissu-
surtout pour les types II, et une connectivite (notamment laires (nerveuses, cutanées) induites par la vascularite
syndrome de Gougerot-Sjögren et lupus). Malgré une explora- cryoglobulinémique-VHC : infiltrat cellulaire T dans les
tion large, dans quelques cas l’enquête étiologique reste lésions [17, 18] ; déficit quantitatif en lymphocytes T régulateurs
négative, et l’on parle alors de cryoglobulinémies mixtes (de (CD4+ CD25+ FoxP3+ ) [19] ; augmentation de la production par
10 % à 30 % de l’ensemble des cas) [4, 5]. les hépatocytes des cytokines TH1 (tumor necrosis factor alpha,
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(10 %) peuvent révéler l’atteinte rénale. Une hypertension études françaises ont rapporté des séries de 18 patients infectés
artérielle est présente dans 50 % à 80 % des cas. Une insuffi- par le VHC présentant un lymphome splénique à petits lym-
sance rénale chronique sévère est retrouvée chez 10 % des phocytes villeux et pour la plupart une vascularite cryoglobuli-
patients. némique [35, 36]. Les trois quarts des patients présenteront une
Les facteurs de risques de passage à l’insuffisance rénale réponse virologique soutenue et une rémission complète
terminale ou à la dialyse sont une créatininémie au diagnostic hématologique obtenue uniquement grâce au traitement
supérieure à 130 µmol/l, une protéinurie néphrotique, un âge antiviral (sans chimiothérapie ni corticothérapie). Ces données
supérieur à 50 ans et la présence d’une hypertension artérielle renforcent celles publiées par des auteurs italiens, démontrant
au moment du diagnostic [31, 32]. La présence d’une atteinte un surrisque de développer un LNH chez les patients infectés
rénale est un facteur de risque majeur de mortalité, représentant par le VHC et ayant une vascularite CM comparés à ceux
dans certaines séries jusqu’à 30 % des causes de décès [33]. infectés sans CM (odds ratio : 35) et à la population
Une CM de type II est retrouvée dans 70 % à 80 % des cas générale [37].
avec une IgMj ou IgGj monoclonale, et une cryoglobuline
mixte de type III dans 20 % à 30 % des cas. Un effondrement
de la fraction C4 du complément est présent dans plus de 90 %
des cas de GNMP diffuses. L’effondrement du C3 est plus rare
(de 20 % à 50 %), pouvant être en partie lié à l’insuffisance “ Point essentiel
hépatocellulaire [31, 32].
Les caractéristiques histologiques des GNMP cryoglobuliné- Manifestations cliniques associées aux cryoglobu-
miques sont un important infiltrat de monocytes et de lympho- linémies mixtes
cytes, un aspect en double contour de la membrane basale • Purpura vasculaire (de 50 % à 100 %)
glomérulaire (70 %), des thrombi intraluminaux amorphes et • Arthralgies inflammatoires (de 50 % à 83 %)
éosinophiliques (50 %) [31, 32]. En immunofluorescence indi- • Polyneuropathie ou mononeuropathie (de 9 % à 45 %)
recte, on objective des dépôts sous-endothéliaux intragloméru-
• Glomérulonéphrite membranoproliférative (de 2 % à
laires d’IgG et/ou d’IgM identiques à ceux du cryoprécipité, et
de fractions de complément sérique. La présence de croissants 50 %)
extracapillaires est beaucoup plus rare (de 10 % à 15 %). Dans
moins de 20 % des cas, il s’agit d’une glomérulonéphrite
mésangioproliférative ou segmentaire et focale. Des lésions de Traitements des vascularites cryoglobulinémiques
fibrose interstitielle sont rapportées dans 70 % à 90 % des associées au VHC
GNMP et 50 % des GN mésangioprolifératives.
Traitement antiviral par interféron alpha pégylé et ribavirine
Autres manifestations
Les cryoglobulinémies mixtes associées au VHC ne justifient
Une atteinte cardiaque peut se manifester par une atteinte de traitement que si elles sont symptomatiques. La base de ce
valvulaire mitrale, une vascularite coronaire avec infarctus du traitement est une association antivirale anti-VHC optimale avec
myocarde, une péricardite ou une insuffisance cardiaque l’association de l’interféron alpha pégylé et de la ribavirine. En
congestive. cas d’efficacité virologique soutenue (virémie indétectable
L’atteinte pulmonaire est souvent asymptomatique. Ailleurs, 6 mois après l’arrêt des traitements antiviraux), une rémission
elle se manifeste par une dyspnée d’effort modérée, une toux complète et prolongée des vascularites cryoglobulinémiques et
sèche, des épanchements pleuraux ou des hémoptysies. Sur la des manifestations associées est généralement obtenue. L’effica-
radiographie thoracique, il existe un syndrome interstitiel. Les cité des traitements anti-VHC sur les vascularites cryoglobuliné-
explorations fonctionnelles respiratoires objectivent une atteinte miques a suivi les avancées du traitement sur l’infection par le
des petites bronches distales, parfois associées à un trouble de VHC [38-41]. L’association interféron alpha standard et ribavirine
la diffusion alvéolocapillaire. permettait une amélioration dans 60 % à 100 % des cas sur les
L’atteinte digestive se manifeste par des douleurs abdominales manifestations cutanées, dans 35 % à 75 % des cas sur l’atteinte
parfois pseudochirurgicales, et des hémorragies digestives rénale, et dans 25 % à 80 % des cas sur les atteintes nerveuses
peuvent révéler une vascularite mésentérique. périphériques. Ces études ont aussi confirmé la très étroite
corrélation entre la rémission de la vascularite cryoglobulinémi-
Cryoglobulinémies mixtes liées au VHC et risque que et la réponse virologique.
de lymphoprolifération B maligne Comme dans l’infection par le VHC en général, la combinai-
La CM apparaît, au cours de l’infection par le VHC mais peut- son plus moderne de l’interféron alpha pégylé et de la ribavirine
être aussi en cas de cryoglobuline non VHC, comme un élément est encore plus efficace, permettant d’obtenir une réponse
clé au carrefour entre auto-immunité et lymphoprolifération. virologique et une rémission clinique complète des symptômes
Une méta-analyse récente révèle une grande disparité dans les de la vascularite cryoglobulinémique chez 70 % à 80 % des
prévalences rapportées de marqueurs sériques du VHC chez les patients, avec une réduction de la durée du traitement antiviral
patients présentant un lymphome non hodgkinien (LNH), (14 mois en moyenne versus 23 mois avec l’interféron standard
allant de 9 % à 50 % des patients en Italie à moins de 1 % en plus ribavirine) [40, 41].
France, en Grande-Bretagne, en Écosse ou aux Pays-Bas [34].
Place du rituximab dans le traitement des vascularites
Cette méta-analyse montre la présence d’anticorps anti-VHC
chez 15 % des patients ayant un LNH de type B contre 2,9 % cryoglobulinémiques associées au virus de l’hépatite C
pour les autres hémopathies malignes, et 1,5 % dans la popu- Plus récemment, plusieurs études ouvertes ont suggéré
lation générale. Dans la majorité des cas, il s’agit d’un LNH de l’intérêt du rituximab (anti-CD20) (375 mg/m2/sem 4 semaines
type B de bas grade ou de grade intermédiaire avec atteinte de suite) dans le traitement des vascularites cryoglobulinémi-
extraganglionnaire et hépatosplénique. Inversement, l’appari- ques [42, 43]. Dans une analyse récente de l’ensemble des cas
tion d’un LNH (avec des critères de définition très variables publiés [44], avec un recul moyen de 9,7 mois, le rituximab, en
selon les études) chez des patients infectés par le VHC varie de l’absence de traitement antiviral, a permis d’obtenir une réponse
0 % à 39 %. Dans une méta-analyse basée sur 23 études clinique et immunologique (disparition de la cryoglobulinémie
incluant 4 049 LNH et plus de 1,8 million de témoins, le risque et du clone lymphocytaire B circulant) chez 80 % des patients.
de LNH chez les patients infectés par le VHC était augmenté Toutefois, une rechute de la vascularite cryoglobulinémique est
(odds ratio : 5,7 ; intervalle de confiance à 95 % : 4,09-7,96 ; apparue chez 42 % des patients, en moyenne 6,7 mois (de 1 à
p < 0,001). 19 mois) après la dernière perfusion de rituximab. Cette rechute
Parmi les différents sous-types de LNH, le lymphome spléni- prévisible est expliquée par l’absence d’éradication virale, et
que à petits lymphocytes villeux apparaît comme un des rares donc la persistance du starter antigénique viral à l’origine de la
modèles caractérisés de lymphome humain viro-induit. Deux vascularite.
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La meilleure combinaison devrait donc être, au moins dans Après exclusion des causes connues, les CM essentielles repré-
les vascularites cryoglobulinémiques sévères, d’associer le sentent environ de 10 % à 30 % des cas [4, 5].
rituximab à une combinaison antivirale optimale associant Sur le plan thérapeutique, il n’existe aucun consensus ni
l’interféron alpha pégylé et la ribavirine pour faire disparaître étude comparative. Le traitement des vascularites cryoglobuli-
l’agent causal. Cette stratégie (quatre cures hebdomadaires de némiques non VHC repose sur une séquence corticoïdes–échan-
375 mg/m2 de rituximab suivies d’une bithérapie antivirale) ges plasmatiques avec un relais par les immunosuppresseurs. Les
nous a permis, chez des patients ayant des vascularites cryoglo- bénéfices rapportés dans quelques études ouvertes avec le
bulinémiques réfractaires, d’obtenir une réponse complète rituximab au cours des vascularites cryoglobulinémiques
immunologique et virologique chez près de 62,5 % des patients
associées au VHC ont été également notés dans les vascularites
après une durée moyenne de traitement de 12 mois [45].
cryoglobulinémiques non associées au VHC [44]. On peut donc
Le rituximab est généralement bien toléré, mais des compli-
proposer pour les vascularites cryoglobulinémiques non liées au
cations infectieuses sévères sont rapportées, en particulier chez
les patients greffés rénaux et des cas de leucoencéphalite VHC un traitement par rituximab avec ou sans corticothérapie
multifocale progressive sont également signalés [46, 47] . Ces en première ligne, d’autres injections de rituximab pouvant être
données justifient alors que les indications du rituximab soient répétées si nécessaire à un intervalle non complètement défini
réservées aux patients ayant des vascularites cryoglobulinémi- de 6 à 9 mois. L’usage des immunosuppresseurs doit être discuté
ques sévères. au cas par cas.
Autres traitements
Quelle place reste-t-il pour les corticoïdes, les immunosup-
presseurs et les plasmaphérèses ? L’utilisation de corticoïdes peut ■ Cryoglobulinémies de type I
être utile à la phase initiale d’une forme sévère de la vascularite,
notamment insuffisance rénale et/ou manifestations viscérales Les cryoglobulinémies de type I sont caractérisées par la
graves (bolus intraveineux de méthylprednisolone, relayés par la présence d’une seule Ig monoclonale cryoprécipitante et sont
prednisone orale à la posologie de 0,25 à 1 mg/kg/j). Des toujours liées à des hémopathies lymphoïdes B malignes,
séances de plasmaphérèses pendant 3 à 4 semaines peuvent être myélomes, maladie de Waldenström, leucémie lymphoïde
discutées dans les vascularites cryoglobulinémiques florides avec chronique, leucémie à tricholeucocytes et lymphomes B non
des manifestations rénales sévères isolées ou associées à des hodgkiniens.
atteintes viscérales mettant en jeu le pronostic vital (système Les vascularites associées aux cryoglobulines de type I ont
nerveux central, appareil digestif, mononeuropathie sévère). Du une présentation clinique plus sévère, en partie du fait de taux
fait des risques infectieux liés à l’immunosuppression profonde sériques élevés de la cryoglobuline. Les manifestations rénales et
et d’une efficacité inconstante, les immunosuppresseurs doivent
cutanées sont au premier plan [3, 4]. Près d’une vingtaine de cas
actuellement être réservés aux patients présentant une résistance
détaillés de néphropathies liées à une cryoglobulinémie de type
et/ou une contre-indication aux traitements sus-décrits.
I sont publiés [48, 49]. La présentation classique est celle d’un
En cas d’atteinte rénale, la néphroprotection doit être assurée
par le blocage de l’axe rénine-angiotensine via un inhibiteur de syndrome néphrotique ou néphritique avec hématurie et une
l’enzyme de conversion ou un antagoniste des récepteurs de insuffisance rénale aiguë ou subaiguë de degré variable mais
l’angiotensine, et un traitement diurétique pour réduire la souvent sévère.
protéinurie. Sur le plan thérapeutique, la base du traitement demeure
celui de l’hémopathie causale. Un traitement immunosuppres-
seur et une corticothérapie prolongée sont souvent requis. À la
phase initiale, des plasmaphérèses sont souvent nécessaires en
“ Point fort raison de taux sériques importants et de manifestations viscéra-
les sévères, cutanées ou rénales. Les anticorps monoclonaux
thérapeutiques pourraient être utiles, en particulier le rituximab
Traitement des vascularites cryoglobulinémiques et l’alemtuzumab (anti-CD52) [44, 50].
associées au virus de l’hépatite C
• Manifestations modérées (purpura, arthralgies,
polyneuropathie)
C Traitement antiviral optimal : interféron alpha ■ Conclusion
pégylé + ribavirine pendant 12 mois
• Manifestations sévères (glomérulonéphrite, mono- Les cryoglobulines sont des Ig qui précipitent au froid et qui
neuropathie multiple, purpura nécrotique) peuvent être à l’origine de vascularites à complexes immuns
C Rituximab (375 mg/m2/sem, 4 semaines de suite) parfois sévères, avec atteinte multiviscérale. Les causes de
C Traitement antiviral optimal : interféron alpha production de cryoglobulines sont très nombreuses : maladies
infectieuses, en particulier l’infection par le VHC, hémopathies
pégylé + ribavirine pendant 12 mois
malignes ou connectivites. La recherche de la cryoglobuline est
• Manifestations mettant en jeu le pronostic vital
parfois difficile et s’effectue au mieux dans des laboratoires
(glomérulonéphrite rapidement progressive, atteinte
spécialisés. Le traitement des formes symptomatiques repose
viscérale neurologique centrale, digestive, cardiaque ou d’abord sur celui de la cause (traitement antiviral, chimiothéra-
pulmonaire) pie, etc.) en association ou non avec le rituximab. Dans les
C Corticothérapie générale formes sévères, des échanges plasmatiques ou l’introduction
C Échanges plasmatiques d’un immunosuppresseur peuvent être discutés.
C Rituximab et/ou cyclophosphamide
C Traitement antiviral différé et à instaurer dès que la .
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Sène D., Saadoun D., Cacoub P. Cryoglobulinémies. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine
Akos, 5-0455, 2009.
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