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Cryoglobulinémies
D. Sène, D. Saadoun, P. Cacoub

Les cryoglobulines sont des immunoglobulines qui précipitent au froid. Elles sont classées en
cryoglobulines monoclonales (type I) et en cryoglobulines mixtes (type II et type III). Elles peuvent être à
l’origine de vascularites à complexes immuns (vascularites cryoglobulinémiques) parfois sévères, avec
atteinte multiviscérale comprenant le plus souvent une atteinte cutanée, neurologique et rénale. Sur le
plan biologique, le caractère symptomatique des cryoglobulinémies est associé à un effondrement de la
fraction C4 du complément sérique et du CH50 avec une fraction C3 le plus souvent normale. Les
cryoglobulinémies de type I sont toujours associées à des hémopathies B malignes telles le myélome malin
et les lymphomes B, et leur traitement rejoint celui de la cause. Les cryoglobulinémies mixtes sont
majoritairement liées à l’infection chronique par le virus de l’hépatite C, et secondairement aux
connectivites et aux lymphomes B. Le traitement des vascularites associées aux cryoglobulinémies mixtes
liées au virus de l’hépatite C repose d’abord sur l’éradication virale avec l’association de l’interféron alpha
pégylé et de la ribavirine. L’adjonction du rituximab (anti-CD20), molécule dont l’efficacité a récemment
été démontrée au cours des vascularites cryoglobulinémiques, peut être proposée dans les formes sévères.
Le rituximab peut également être recommandé en première ligne dans le traitement des vascularites
cryoglobulinémiques non associées au virus de l’hépatite C en association avec des corticoïdes. Dans les
formes sévères, des échanges plasmatiques ou l’introduction d’un immunosuppresseur peuvent être
discutés.
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Mots clés : Cryoglobuline ; Vascularite cryoglobulinémique ; Hépatite C ; Lymphoprolifération B ; Rituximab

Plan ■ Diagnostic biologique,


¶ Introduction 1
classifications et cadres
¶ Diagnostic biologique, classifications et cadres étiologiques 1 étiologiques
Diagnostic biologique des cryoglobulinémies 1
Classification des cryoglobulines 2 Une cryoglobulinémie est définie par la présence persistante
Diagnostic étiologique des cryoglobulinémies 2 dans le sang d’immunoglobulines (Ig) anormales, de caractère
monoclonal ou polyclonal, précipitant à basse température et se
¶ Cryoglobulinémies mixtes 3 dissolvant lors du réchauffement [1, 2] . Les cryoglobulines
Cryoglobulinémies mixtes et infection par le VHC 3 doivent être distinguées des autres cryoprotéines : cryofibrino-
Cryoglobulinémies mixtes non liées au VHC 6 gène, complexe protéine C réactive-albumine, agglutinines
¶ Cryoglobulinémies de type I 6 froides.
¶ Conclusion 6
Diagnostic biologique
des cryoglobulinémies
■ Introduction Le diagnostic de cryoglobulinémie repose sur des techniques
immunochimiques, examens de laboratoire particulièrement
Les cryoglobulines, véritables complexes immuns précipitant contraignants du fait de particularités conditionnant la stratégie
au froid, sont à l’origine de vascularites cryoglobulinémiques de recherche et la qualité de l’analyse :
qui font partie des vascularites systémiques touchant les • certaines cryoglobulines sont peu abondantes et leur mise en
vaisseaux de petit calibre (artériole, capillaire, veinule). Les évidence nécessite un prélèvement d’au moins 10 ml de
manifestations viscérales sont polymorphes, avec une atteinte sang ;
préférentielle de la peau, des articulations, du système nerveux • ces cryoglobulines sont des Ig précipitant à une température
périphérique et du rein. Il faut garder en mémoire qu’une inférieure à 37 °C. Ceci impose, dès le prélèvement et jusqu’à
cryoglobulinémie est une anomalie biologique qui, dans de l’identification finale, le respect de règles strictes de manipu-
nombreux cas, peut rester asymptomatique. lation thermique.

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Figure 1. Détection d’une cryoglobuline : un tube témoin négatif à


gauche et quatre tubes positifs à droite avec une concentration croissante
de cryoprécipité jaunâtre au fond du tube.

La mise en évidence des cryoglobulinémies nécessite des


techniques sensibles et spécifiques afin d’optimiser leur recher-
che, de préciser leur taux et de les typer correctement. Dix
millilitres de sang, au minimum, sont prélevés au lit du malade
dans un tube sec préalablement réchauffé à 37 °C [1] . Les
prélèvements sont transportés au laboratoire dans des boîtes
calorifugées. Après centrifugation à 37 °C, le sérum est décanté
dans des tubes qui sont secondairement placés à + 4 °C pendant
7 jours. La présence ou l’absence de cryoglobuline est détermi-
née selon l’aspect visuel des tubes. La recherche d’une cryoglo-
buline est considérée négative si aucun précipité n’est apparu au Figure 2. Typage immunochimique de cryoglobulines par immunoblot
fond du tube à l’œil nu après un délai de 7 jours à + 4 °C (types I, II ou III). Immunoblots de cryoglobulines révélés par des sérums
(Fig. 1). Une fois la cryoglobulinémie détectée, il faut compléter anti-chaînes lourdes (c, a, µ) et anti-chaînes légères (j, k) d’immunoglo-
l’analyse par deux étapes indispensables : bulines (Ig) humaines. Les flèches indiquent les immunoglobulines (Ig)
• le dosage quantitatif en mg/l (appelé cryocrite ou cryopréci- monoclonales. I. Cryoglobuline de type I monoclonale pure (IgGj).II.
pité), en sachant que la plupart des équipes utilisent un seuil Cryoglobuline mixte de type II (IgMj monoclonale associée à des IgG, IgA
de positivité supérieur à 50 mg/dl ; et IgM polyclonales). III. Cryoglobuline mixte de type III (IgG, IgA et IgM
• le typage immunochimique, par immunofixation ou de façon polyclonales).
plus performante par immunoempreinte (Western-blot), qui
permet le classement de la cryoglobuline et une orientation
étiologique (cf. infra).
Des anomalies du complément relativement spécifiques sont Cryoglobulinémies de type I (monoclonales)
observées : diminution des composants précoces (C1q, C2, C4)
Elles représentent de 6 % à 25 % des cryoglobulinémies, et
et du CH50, concentration normale du C3, et composants
sont constituées d’une immunoglobuline monoclonale uni-
tardifs (C5 et C9). Une activité facteur rhumatoïde est souvent
que [2, 3]. Il s’agit le plus souvent d’une IgM, parfois d’une IgG,
retrouvée, liée à la présence dans certaines cryoglobulinémies
rarement d’une IgA, voire de rarissimes chaînes légères libres
d’une IgM avec activité anti-IgG. Sur l’électrophorèse et
monoclonales (Fig. 2). Elles sont généralement abondantes
l’immunoélectrophorèse, on retrouve une hypergammaglobuli-
(> 1 g/l), et leur cryoprécipitation est rapide sous forme de
némie polyclonale ou un pic monoclonal.
floculat gélatineux ou cristallin.

Cryoglobulinémies mixtes (type II et type III)


“ Point fort Elles se définissent par la présence de plusieurs Ig. Elles sont
réparties en type II et type III.
Les CM de type II représentent de 25 % à 62 % des cas [3] et
Procédures de recherche d’une cryoglobuline sont composées de deux types d’Ig, l’une monoclonale et les
• Prélèvement au lit du malade dans un tube sec autres polyclonales.
préalablement réchauffé à 37 °C Les CM de type III sont retrouvées dans 32 % à 50 % des
• Transport au laboratoire dans des boîtes calorifugées cas [3]. Elles sont caractérisées par des complexes d’IgG polyclo-
(37 °C) nales et d’IgM polyclonales, plus rarement des IgA polyclonales.
• Centrifugation à 37 °C puis conservation des sérums Leur taux est souvent faible et leur cryoprécipitation est plus
dans des tubes à + 4 °C pendant 7 jours lente (Fig. 2).
• Lecture optique : présence ou absence de cryoprécipité
• Si recherche positive, dosage quantitatif et typage Diagnostic étiologique
immunochimique
des cryoglobulinémies
L’orientation étiologique d’une cryoglobulinémie est en
grande partie déterminée par son type immunochimique. Pour
Classification des cryoglobulines les cryoglobulinémies de type I, le raisonnement est facile car
Depuis 1974, la classification de Brouet est la plus utilisée ; elles sont toujours associées à une hémopathie lymphoïde B
elle repose sur une analyse immunochimique des cryoglobulines maligne sécrétrice d’une Ig monoclonale cryoprécipitante. En
permettant d’en définir trois types : les cryoglobulinémies revanche, pour les CM type II et type III, les pathologies
monoclonales (type I), les cryoglobulinémies mixtes (CM) (types causales ou associées sont particulièrement diverses, comprenant
II et III) [2]. de nombreuses infections (virales, bactériennes, fungiques,

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Tableau 1.
Pathologies causales ou associées à la production de cryoglobulines.
■ Cryoglobulinémies mixtes
Hémopathies malignes lymphoïdes B (cryoglobulines type I ou II)
Cryoglobulinémies mixtes et infection
Myélome multiple
Maladie de Waldenström
par le VHC
Plasmocytome Historique
Lymphome B non hodgkinien
L’association cryoglobulinémie et hépatopathie a fait l’objet
Leucémie lymphoïde chronique
de plusieurs publications dans les années 1970 et 1980. L’étio-
Leucémie à tricholeucocytes
logie de ces cryoglobulinémies n’était habituellement pas
Maladies systémiques Syndrome de Gougerot-Sjögren connue. Après le clonage du VHC en 1989 et la mise à disposi-
et/ou auto-immunes Lupus érythémateux disséminé tion de tests sérologiques de dépistage en 1990, les premières
(cryoglobulines type II observations d’infection par le VHC chez les patients présentant
Dermatopolymyosite
ou III) une cryoglobulinémie mixte « essentielle » ont été rapportées.
Sclérodermie
Les études ultérieures incluant des cohortes importantes de
Thyroïdite auto-immune
patients montreront que 56 % à 95 % des patients avec une CM
Cirrhose biliaire primitive dite « essentielle » présentent des anticorps anti-VHC dans leur
Hépatites auto-immunes sérum, avec dans presque la totalité des cas de l’acide ribonu-
Maladie cœliaque cléique (ARN) viral VHC dans le sérum et dans le cryopréci-
Périartérite noueuse pité [6, 7]. Réciproquement, le suivi prospectif de cohortes de
Granulomatose de Wegener patients infectés par le VHC a montré la présence d’une CM
Purpura rhumatoïde dans le sérum de 36 % à 55 % des patients [8-10].
Polyarthrite rhumatoïde
Physiopathologie
Maladie de Behçet
Sarcoïdose Les mécanismes physiopathologiques ont été les mieux
Pemphigus vulgaire étudiés au cours des cryoglobulinémies liées au VHC. Plusieurs
facteurs épidémiologiques, cliniques et biologiques sont forte-
Fibrose endomyocardique
ment associés à la production d’une CM : le sexe féminin, une
Fibrose pulmonaire idiopathique consommation d’alcool supérieure à 50 g/j, un génotype 2 ou
Maladies infectieuses Virales Hépatites chroniques C 3, une fibrose hépatique extensive, la présence d’une stéa-
(cryoglobulines type Hépatites chroniques B tose [11]. Le caractère symptomatique de la CM (vascularite) est
II ou III) significativement associé à l’âge avancé, une plus longue durée
Virus de l’immunodéficience hu-
maine (VIH) d’infection, et surtout aux caractéristiques de la CM (type II,
Hépatite virale aiguë A isotype IgM kappa, taux sériques élevés).
L’immunité humorale est à l’origine de la production d’anti-
Virus d’Epstein-Barr
corps anti-VHC et d’IgM à activité facteur rhumatoïde (IgM-
Cytomégalovirus FR), associés au sein du complexe immun que forme la
Adénovirus cryoglobuline à des lipoprotéines de faible densité et des virions
Bactériennes Endocardite subaiguë encapsidés à haut titre (de 20 à 1 000 fois plus élevée que dans
Surinfection de shunt atrioventri- le sérum) [7].
culaire L’immunité cellulaire lymphocytaire B est impliquée dans la
Syphilis production des anticorps (anti-VHC, IgM-FR), la coopération
Maladie de Lyme lymphocyte B-lymphocyte T et probablement un rôle direct
Brucellose
dans les lésions de glomérulonéphrite. La CM de type II est
caractérisée par une prolifération oligoclonale ou monoclonale
Fièvre boutonneuse méditerra-
de lymphocytes B dans le foie et la moelle osseuse, le plus
néenne
souvent sécrétant une IgM-FR, une prolifération liée en partie à
Glomérulonéphrite aiguë post- une pression de sélection favorisée par la stimulation antigéni-
streptococcique
que chronique, notamment la glycoprotéine d’enveloppe E2 ou
Lèpre lépromateuse la protéine NS3 du VHC [12]. Le VHC, virus hépatotrope et
Parasitaires Paludisme lymphotrope, peut se répliquer au sein des lymphocytes B. Il
et fungiques Splénomégalie tropicale interagit avec le lymphocyte B via l’engagement de la gpE2 avec
Toxoplasmose le récepteur CD81 exprimé par les lymphocytes B et considéré
Leishmaniose viscérale comme un des récepteurs du VHC [13]. Certains mécanismes
font intervenir des mutations chromosomiques, en particulier la
Schistosomiase
translocation (14,18) qui favorise la surexpression du facteur
Echinococcose
antiapoptique et pro-prolifératif Bcl-2. Cette translocation est
Coccidioïdomycose retrouvée chez 71 % à 86 % des patients VHC positifs cryoglo-
Autres (cryoglobulines type II Glomérulonéphrite extracapillaire bulinémiques contre 16 % à 37 % des patients VHC posi-
ou III) Cancers : sein, nasopharynx, œso- tifs non cryoglobulinémiques, et 0 % à 3 % des hépatopathies
phage chroniques non VHC [14, 15]. Il faut également noter que les
taux sériques de BLyS/Baff (B lymphocyte stimulator), cytokine
majeure de la prolifération, la différenciation et la production
d’Ig des lymphocytes B dont les mécanismes d’action passent
parasitaires), des connectivites, des néoplasies et des hémopa- par l’expression de Bcl-2, sont augmentés chez les patients ayant
thies lymphoïdes B (Tableau 1). Pour les CM, les causes princi- une vascularite cryoglobulinémique [16].
pales à rechercher prioritairement sont une infection par le L’immunité cellulaire lymphocytaire T semble jouer un
virus de l’hépatite C (VHC), une hémopathie lymphoïde B rôle particulièrement important dans les lésions tissu-
surtout pour les types II, et une connectivite (notamment laires (nerveuses, cutanées) induites par la vascularite
syndrome de Gougerot-Sjögren et lupus). Malgré une explora- cryoglobulinémique-VHC : infiltrat cellulaire T dans les
tion large, dans quelques cas l’enquête étiologique reste lésions [17, 18] ; déficit quantitatif en lymphocytes T régulateurs
négative, et l’on parle alors de cryoglobulinémies mixtes (de (CD4+ CD25+ FoxP3+ ) [19] ; augmentation de la production par
10 % à 30 % de l’ensemble des cas) [4, 5]. les hépatocytes des cytokines TH1 (tumor necrosis factor alpha,

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Plus rarement, l’atteinte cutanée peut correspondre à des


ulcères supramalléolaires associés au purpura, un syndrome de
Raynaud pouvant se compliquer d’ulcérations digitales ou d’une
vascularite urticarienne.
Manifestations rhumatologiques
Il s’agit principalement d’arthralgies touchant les grosses
articulations, bilatérales et symétriques, non déformantes et non
migratrices. Intermittentes et souvent inaugurales, elles sont
retrouvées chez 50 % à 83 % des patients [22-24]. Une arthrite
vraie ou une atteinte du rachis sont beaucoup plus rares. À la
phase initiale d’une polyarthrite rhumatoïde, des difficultés
diagnostiques peuvent se poser, d’autant qu’existe un facteur
rhumatoïde. Le dosage des anticorps anti-peptide citrulliné
permet de faire la distinction car ils sont présents chez 75 % à
85 % des patients avec une polyarthrite rhumatoïde et chez
moins de 5 % des patients infectés par le VHC [25].
Des myalgies sont rapportées chez 15 % des patients, pouvant
s’intégrer par ailleurs dans un tableau de type syndrome de
fatigue chronique, voire de fibromyalgie [26].
Manifestations neurologiques
Les manifestations neurologiques sont présentes chez 9 % à
45 % des patients avec une CM symptomatique [22, 27] . Le
tableau clinique prédominant (80 % des cas) est celui d’une
polyneuropathie sensitive ou sensitivomotrice distale, prédomi-
nant aux membres inférieurs. Les troubles sensitifs superficiels
avec douleurs et paresthésies asymétriques sont les premiers
symptômes, devenant secondairement symétriques. Inconstam-
ment peut s’y associer un déficit moteur distal touchant les
loges antéroexternes des membres inférieurs. L’évolution
prolongée se fait par poussées, avec stabilisation, rémission ou
Figure 3. Purpura vasculaire des membres inférieurs au cours d’une
exacerbation des symptômes, parfois déclenchés par une
poussée de cryoglobulinémie mixte de type II associée à une infection par
exposition au froid. Dans 20 % des cas, il s’agit d’un tableau
le virus de l’hépatite C.
neurologique de mononeuropathie ou mononeuropathie multi-
ple mimant une vascularite nécrosante de type périartérite
noueuse (PAN) [17].
L’électromyogramme des quatre membres confirme la neuro-
interféron gamma, interleukine 2) et diminution de la produc- pathie axonale avec altération des potentiels sensitifs et/ou
tion des cytokines TH2 (IL4, IL10) [20, 21] ; hyperexpression moteurs, voire de la conduction motrice sous la forme d’une
génique et protéique intratissulaire de métalloprotéases (MMP-1, polyneuropathie axonale sensitivomotrice ou d’une mononeu-
MMP-7, MMP-9). ropathie multiple.
Le rôle du VHC via le système immunitaire semble clair. En Dans certains cas, une biopsie neuromusculaire est nécessaire
revanche, un rôle direct du VHC lui-même est plus douteux : et l’analyse anatomopathologique révèle alors des lésions
pas de lien démontré avec le génotype ou la charge virale ; axonales modérées à sévères, associées à une vascularite des
présence d’ARN du VHC au sein de certaines lésions nerveuses vaisseaux de petit calibre (artérioles, veinules, capillaires)
mais sans brin négatif et donc sans réplication in situ comportant un infiltrat inflammatoire périvasculaire composé
démontrée [18]. de lymphocytes et des thrombi hyalins endovasculaires, sans
nécrose ni granulome [17]. Pour les mononeuropathies multiples
Manifestations cliniques des cryoglobulinémies se surajoutent des lésions de vascularites nécrosantes de type
PAN avec une destruction de la paroi vasculaire et une nécrose
mixtes liées au VHC
fibrinoïde touchant des vaisseaux de moyen calibre [17].
Il convient de ne pas confondre l’anomalie biologique L’atteinte du système neurologique central est révélée par un
(positivité de la recherche de cryoglobuline) avec les manifesta- tableau d’encéphalopathie, de convulsions, de vascularite
tions cliniques de vascularite cryoglobulinémique. La majorité cérébrale avec infarctus cérébraux et atteinte des paires crânien-
des patients infectés par le VHC ayant une CM sont asympto- nes [28] . Des altérations des fonctions supérieures ont été
matiques, alors que de 13 % à 30 % d’entre eux peuvent rapportées, comprenant des troubles cognitifs et de l’attention,
présenter des symptômes dont le substratum anatomique est associés ou non à un syndrome dépressif ou un syndrome de
une vascularite des petits vaisseaux (artérioles, capillaires, fatigue chronique [26].
veinules).
Manifestations rénales
Manifestations cutanées
Il s’agit de néphropathies glomérulaires membranoproliférati-
Les manifestations cutanées sont la conséquence directe ves, rapportées chez 2 % à 50 % des patients cryoglobulinémi-
d’une vascularite des vaisseaux de petit calibre (vascularite ques [3]. La glomérulonéphrite membranoproliférative (GNMP)
leucocytoclasique). Le symptôme principal est le purpura est associée dans plus de 80 % des cas à une cryoglobulinémie
vasculaire, présent chez 30 % à 100 % des patients présentant de type II dont le composant monoclonal est une IgMj à
une cryoglobulinémie symptomatique [8] (Fig. 3). Souvent activité facteur rhumatoïde [29, 30].
révélateur et intermittent, il survient volontiers au cours des La présentation la plus fréquente (de 40 % à 55 %) est une
périodes hivernales et débute toujours aux membres inférieurs, protéinurie non néphrotique, associée à une hématurie micros-
pouvant s’étendre progressivement jusqu’à l’abdomen. Il est copique et une insuffisance rénale de degré variable. Un
infiltré, non prurigineux, d’aspect pétéchial ou papulaire, syndrome néphrotique aigu avec ou sans insuffisance rénale
rarement nécrotique. Les poussées purpuriques peuvent être (20 %) ou un syndrome néphritique aigu (de 14 % à 25 %) avec
déclenchées par l’orthostatisme, les efforts prolongés, l’exposi- ou sans insuffisance rénale, voire une insuffisance rénale
tion au froid, voire un traumatisme. chronique sans anomalies significatives du sédiment urinaire

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(10 %) peuvent révéler l’atteinte rénale. Une hypertension études françaises ont rapporté des séries de 18 patients infectés
artérielle est présente dans 50 % à 80 % des cas. Une insuffi- par le VHC présentant un lymphome splénique à petits lym-
sance rénale chronique sévère est retrouvée chez 10 % des phocytes villeux et pour la plupart une vascularite cryoglobuli-
patients. némique [35, 36]. Les trois quarts des patients présenteront une
Les facteurs de risques de passage à l’insuffisance rénale réponse virologique soutenue et une rémission complète
terminale ou à la dialyse sont une créatininémie au diagnostic hématologique obtenue uniquement grâce au traitement
supérieure à 130 µmol/l, une protéinurie néphrotique, un âge antiviral (sans chimiothérapie ni corticothérapie). Ces données
supérieur à 50 ans et la présence d’une hypertension artérielle renforcent celles publiées par des auteurs italiens, démontrant
au moment du diagnostic [31, 32]. La présence d’une atteinte un surrisque de développer un LNH chez les patients infectés
rénale est un facteur de risque majeur de mortalité, représentant par le VHC et ayant une vascularite CM comparés à ceux
dans certaines séries jusqu’à 30 % des causes de décès [33]. infectés sans CM (odds ratio : 35) et à la population
Une CM de type II est retrouvée dans 70 % à 80 % des cas générale [37].
avec une IgMj ou IgGj monoclonale, et une cryoglobuline
mixte de type III dans 20 % à 30 % des cas. Un effondrement
de la fraction C4 du complément est présent dans plus de 90 %
des cas de GNMP diffuses. L’effondrement du C3 est plus rare
(de 20 % à 50 %), pouvant être en partie lié à l’insuffisance “ Point essentiel
hépatocellulaire [31, 32].
Les caractéristiques histologiques des GNMP cryoglobuliné- Manifestations cliniques associées aux cryoglobu-
miques sont un important infiltrat de monocytes et de lympho- linémies mixtes
cytes, un aspect en double contour de la membrane basale • Purpura vasculaire (de 50 % à 100 %)
glomérulaire (70 %), des thrombi intraluminaux amorphes et • Arthralgies inflammatoires (de 50 % à 83 %)
éosinophiliques (50 %) [31, 32]. En immunofluorescence indi- • Polyneuropathie ou mononeuropathie (de 9 % à 45 %)
recte, on objective des dépôts sous-endothéliaux intragloméru-
• Glomérulonéphrite membranoproliférative (de 2 % à
laires d’IgG et/ou d’IgM identiques à ceux du cryoprécipité, et
de fractions de complément sérique. La présence de croissants 50 %)
extracapillaires est beaucoup plus rare (de 10 % à 15 %). Dans
moins de 20 % des cas, il s’agit d’une glomérulonéphrite
mésangioproliférative ou segmentaire et focale. Des lésions de Traitements des vascularites cryoglobulinémiques
fibrose interstitielle sont rapportées dans 70 % à 90 % des associées au VHC
GNMP et 50 % des GN mésangioprolifératives.
Traitement antiviral par interféron alpha pégylé et ribavirine
Autres manifestations
Les cryoglobulinémies mixtes associées au VHC ne justifient
Une atteinte cardiaque peut se manifester par une atteinte de traitement que si elles sont symptomatiques. La base de ce
valvulaire mitrale, une vascularite coronaire avec infarctus du traitement est une association antivirale anti-VHC optimale avec
myocarde, une péricardite ou une insuffisance cardiaque l’association de l’interféron alpha pégylé et de la ribavirine. En
congestive. cas d’efficacité virologique soutenue (virémie indétectable
L’atteinte pulmonaire est souvent asymptomatique. Ailleurs, 6 mois après l’arrêt des traitements antiviraux), une rémission
elle se manifeste par une dyspnée d’effort modérée, une toux complète et prolongée des vascularites cryoglobulinémiques et
sèche, des épanchements pleuraux ou des hémoptysies. Sur la des manifestations associées est généralement obtenue. L’effica-
radiographie thoracique, il existe un syndrome interstitiel. Les cité des traitements anti-VHC sur les vascularites cryoglobuliné-
explorations fonctionnelles respiratoires objectivent une atteinte miques a suivi les avancées du traitement sur l’infection par le
des petites bronches distales, parfois associées à un trouble de VHC [38-41]. L’association interféron alpha standard et ribavirine
la diffusion alvéolocapillaire. permettait une amélioration dans 60 % à 100 % des cas sur les
L’atteinte digestive se manifeste par des douleurs abdominales manifestations cutanées, dans 35 % à 75 % des cas sur l’atteinte
parfois pseudochirurgicales, et des hémorragies digestives rénale, et dans 25 % à 80 % des cas sur les atteintes nerveuses
peuvent révéler une vascularite mésentérique. périphériques. Ces études ont aussi confirmé la très étroite
corrélation entre la rémission de la vascularite cryoglobulinémi-
Cryoglobulinémies mixtes liées au VHC et risque que et la réponse virologique.
de lymphoprolifération B maligne Comme dans l’infection par le VHC en général, la combinai-
La CM apparaît, au cours de l’infection par le VHC mais peut- son plus moderne de l’interféron alpha pégylé et de la ribavirine
être aussi en cas de cryoglobuline non VHC, comme un élément est encore plus efficace, permettant d’obtenir une réponse
clé au carrefour entre auto-immunité et lymphoprolifération. virologique et une rémission clinique complète des symptômes
Une méta-analyse récente révèle une grande disparité dans les de la vascularite cryoglobulinémique chez 70 % à 80 % des
prévalences rapportées de marqueurs sériques du VHC chez les patients, avec une réduction de la durée du traitement antiviral
patients présentant un lymphome non hodgkinien (LNH), (14 mois en moyenne versus 23 mois avec l’interféron standard
allant de 9 % à 50 % des patients en Italie à moins de 1 % en plus ribavirine) [40, 41].
France, en Grande-Bretagne, en Écosse ou aux Pays-Bas [34].
Place du rituximab dans le traitement des vascularites
Cette méta-analyse montre la présence d’anticorps anti-VHC
chez 15 % des patients ayant un LNH de type B contre 2,9 % cryoglobulinémiques associées au virus de l’hépatite C
pour les autres hémopathies malignes, et 1,5 % dans la popu- Plus récemment, plusieurs études ouvertes ont suggéré
lation générale. Dans la majorité des cas, il s’agit d’un LNH de l’intérêt du rituximab (anti-CD20) (375 mg/m2/sem 4 semaines
type B de bas grade ou de grade intermédiaire avec atteinte de suite) dans le traitement des vascularites cryoglobulinémi-
extraganglionnaire et hépatosplénique. Inversement, l’appari- ques [42, 43]. Dans une analyse récente de l’ensemble des cas
tion d’un LNH (avec des critères de définition très variables publiés [44], avec un recul moyen de 9,7 mois, le rituximab, en
selon les études) chez des patients infectés par le VHC varie de l’absence de traitement antiviral, a permis d’obtenir une réponse
0 % à 39 %. Dans une méta-analyse basée sur 23 études clinique et immunologique (disparition de la cryoglobulinémie
incluant 4 049 LNH et plus de 1,8 million de témoins, le risque et du clone lymphocytaire B circulant) chez 80 % des patients.
de LNH chez les patients infectés par le VHC était augmenté Toutefois, une rechute de la vascularite cryoglobulinémique est
(odds ratio : 5,7 ; intervalle de confiance à 95 % : 4,09-7,96 ; apparue chez 42 % des patients, en moyenne 6,7 mois (de 1 à
p < 0,001). 19 mois) après la dernière perfusion de rituximab. Cette rechute
Parmi les différents sous-types de LNH, le lymphome spléni- prévisible est expliquée par l’absence d’éradication virale, et
que à petits lymphocytes villeux apparaît comme un des rares donc la persistance du starter antigénique viral à l’origine de la
modèles caractérisés de lymphome humain viro-induit. Deux vascularite.

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5-0455 ¶ Cryoglobulinémies

La meilleure combinaison devrait donc être, au moins dans Après exclusion des causes connues, les CM essentielles repré-
les vascularites cryoglobulinémiques sévères, d’associer le sentent environ de 10 % à 30 % des cas [4, 5].
rituximab à une combinaison antivirale optimale associant Sur le plan thérapeutique, il n’existe aucun consensus ni
l’interféron alpha pégylé et la ribavirine pour faire disparaître étude comparative. Le traitement des vascularites cryoglobuli-
l’agent causal. Cette stratégie (quatre cures hebdomadaires de némiques non VHC repose sur une séquence corticoïdes–échan-
375 mg/m2 de rituximab suivies d’une bithérapie antivirale) ges plasmatiques avec un relais par les immunosuppresseurs. Les
nous a permis, chez des patients ayant des vascularites cryoglo- bénéfices rapportés dans quelques études ouvertes avec le
bulinémiques réfractaires, d’obtenir une réponse complète rituximab au cours des vascularites cryoglobulinémiques
immunologique et virologique chez près de 62,5 % des patients
associées au VHC ont été également notés dans les vascularites
après une durée moyenne de traitement de 12 mois [45].
cryoglobulinémiques non associées au VHC [44]. On peut donc
Le rituximab est généralement bien toléré, mais des compli-
proposer pour les vascularites cryoglobulinémiques non liées au
cations infectieuses sévères sont rapportées, en particulier chez
les patients greffés rénaux et des cas de leucoencéphalite VHC un traitement par rituximab avec ou sans corticothérapie
multifocale progressive sont également signalés [46, 47] . Ces en première ligne, d’autres injections de rituximab pouvant être
données justifient alors que les indications du rituximab soient répétées si nécessaire à un intervalle non complètement défini
réservées aux patients ayant des vascularites cryoglobulinémi- de 6 à 9 mois. L’usage des immunosuppresseurs doit être discuté
ques sévères. au cas par cas.

Autres traitements
Quelle place reste-t-il pour les corticoïdes, les immunosup-
presseurs et les plasmaphérèses ? L’utilisation de corticoïdes peut ■ Cryoglobulinémies de type I
être utile à la phase initiale d’une forme sévère de la vascularite,
notamment insuffisance rénale et/ou manifestations viscérales Les cryoglobulinémies de type I sont caractérisées par la
graves (bolus intraveineux de méthylprednisolone, relayés par la présence d’une seule Ig monoclonale cryoprécipitante et sont
prednisone orale à la posologie de 0,25 à 1 mg/kg/j). Des toujours liées à des hémopathies lymphoïdes B malignes,
séances de plasmaphérèses pendant 3 à 4 semaines peuvent être myélomes, maladie de Waldenström, leucémie lymphoïde
discutées dans les vascularites cryoglobulinémiques florides avec chronique, leucémie à tricholeucocytes et lymphomes B non
des manifestations rénales sévères isolées ou associées à des hodgkiniens.
atteintes viscérales mettant en jeu le pronostic vital (système Les vascularites associées aux cryoglobulines de type I ont
nerveux central, appareil digestif, mononeuropathie sévère). Du une présentation clinique plus sévère, en partie du fait de taux
fait des risques infectieux liés à l’immunosuppression profonde sériques élevés de la cryoglobuline. Les manifestations rénales et
et d’une efficacité inconstante, les immunosuppresseurs doivent
cutanées sont au premier plan [3, 4]. Près d’une vingtaine de cas
actuellement être réservés aux patients présentant une résistance
détaillés de néphropathies liées à une cryoglobulinémie de type
et/ou une contre-indication aux traitements sus-décrits.
I sont publiés [48, 49]. La présentation classique est celle d’un
En cas d’atteinte rénale, la néphroprotection doit être assurée
par le blocage de l’axe rénine-angiotensine via un inhibiteur de syndrome néphrotique ou néphritique avec hématurie et une
l’enzyme de conversion ou un antagoniste des récepteurs de insuffisance rénale aiguë ou subaiguë de degré variable mais
l’angiotensine, et un traitement diurétique pour réduire la souvent sévère.
protéinurie. Sur le plan thérapeutique, la base du traitement demeure
celui de l’hémopathie causale. Un traitement immunosuppres-
seur et une corticothérapie prolongée sont souvent requis. À la
phase initiale, des plasmaphérèses sont souvent nécessaires en
“ Point fort raison de taux sériques importants et de manifestations viscéra-
les sévères, cutanées ou rénales. Les anticorps monoclonaux
thérapeutiques pourraient être utiles, en particulier le rituximab
Traitement des vascularites cryoglobulinémiques et l’alemtuzumab (anti-CD52) [44, 50].
associées au virus de l’hépatite C
• Manifestations modérées (purpura, arthralgies,
polyneuropathie)
C Traitement antiviral optimal : interféron alpha ■ Conclusion
pégylé + ribavirine pendant 12 mois
• Manifestations sévères (glomérulonéphrite, mono- Les cryoglobulines sont des Ig qui précipitent au froid et qui
neuropathie multiple, purpura nécrotique) peuvent être à l’origine de vascularites à complexes immuns
C Rituximab (375 mg/m2/sem, 4 semaines de suite) parfois sévères, avec atteinte multiviscérale. Les causes de
C Traitement antiviral optimal : interféron alpha production de cryoglobulines sont très nombreuses : maladies
infectieuses, en particulier l’infection par le VHC, hémopathies
pégylé + ribavirine pendant 12 mois
malignes ou connectivites. La recherche de la cryoglobuline est
• Manifestations mettant en jeu le pronostic vital
parfois difficile et s’effectue au mieux dans des laboratoires
(glomérulonéphrite rapidement progressive, atteinte
spécialisés. Le traitement des formes symptomatiques repose
viscérale neurologique centrale, digestive, cardiaque ou d’abord sur celui de la cause (traitement antiviral, chimiothéra-
pulmonaire) pie, etc.) en association ou non avec le rituximab. Dans les
C Corticothérapie générale formes sévères, des échanges plasmatiques ou l’introduction
C Échanges plasmatiques d’un immunosuppresseur peuvent être discutés.
C Rituximab et/ou cyclophosphamide
C Traitement antiviral différé et à instaurer dès que la .

situation clinique le permettra


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D. Sène, Chef de clinique assistant.


D. Saadoun.
P. Cacoub, Professeur des Universités, praticien hospitalier (patrice.cacoub@psl.aphp.fr).
Service de médecine interne II, Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Hôpital Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de l’hôpital, 75013 Paris, France ; CNRS,
UMR 7087, Université Pierre et Marie Curie-Paris 6, Hôpital Pitié-Salpêtrière, 47-83 boulevard de l’hôpital, 75013 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Sène D., Saadoun D., Cacoub P. Cryoglobulinémies. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de Médecine
Akos, 5-0455, 2009.

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