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PARVIS A L’ECHO DES

CILS
Sommaire

Couverture
Page de titre

slit, féerie (extraits)

angelus noix d’embrayage, roman (extraits)

Les tentures internées du geste.


visage de chute libre

le ciel se désordre en pluie


adresse à la peur opale

mon commencement et ma fin


new york san francisco (fragment)

Chapitre 5

hypodermique, roman (extraits)

se découvrir le répéter par tuer, maquillage torche


brambles, roman (extrait de : marais/bras d’haleine

coquelicot grue en accent (extraits) dédié à Michel Bulteau

à Bob Kaufman

introduction à Marcel Proust


le sablier

péristyle d’étoiles

Les tiroirs d’acné zénithale

Chapitre 11

Le cri d’adolescent d’eau

morts murs

Chapitre 14
Copyright d’origine

Achevé de numériser
slit, féerie (extraits)

MICHEL BULTEAU

Rêves assis, mes genoux irrités... le lit aux murs de glace jointe aux
poignards fendus de la came. La salle est peinte de boîtes d’opération...
quelques matelas verts... un homme poudré de vibrations émiettées
s’échappe de la main... c’est Épuisement Diaphane, en couleur de rat
latéral... mes yeux rongés par la douleur dérivent hors d’un escalier de
Visages Sacrés.
Mon poignet claque soi-même.
L’herbe de barreaux murmure... bientôt, les feuillages de lèvres, rêves et à
un bout de bruit, de tiges collées aux bijoux d’encre.
Des pas de soleil tranché dans les veines, et la seringue urgente démultipliée
d’ombres et de prismes, vidée par des épingles-ruines et des tendances
ficelées, à genoux, traçant une irrespirable parodie jaunâtre sur le carrelage,
(la crainte du crépuscule)...
Et elle entra dans la salle, soulevant ses lèvres de sacrifice... et ses mains
inondées de bagues... des doigts calcinés, recouverts de longues cornes de
fourrures... comme un geste de miracle : elle est certainement payée par les
mecs du Complot-Souffle-Court pour dérober mon collier de méandres,
mais avec toutes les amphétamines qui giclent dans l’eau noire de mon
cœur je n’ai rien à redouter. Ses mains comme des escargots géants travestis
succombent au fond de ses poches placardées d’émeutes. Mes jambes
dévorées par la soie des fumées... avec son ombrelle elle tente de me crever
les yeux... sa chevelure de soude cérébrale déjà en poussière.
Je saute hors du lit sucré... Revolver tassé passé dans ma ceinture magique,
Surin d’alvéoles dans la main droite, une seringue translucide entre les
dents, elle me regarde et exige que je me recouche. Je sors mon Revolver et
flambe comme une faïence de chaleur.
Épuisement Diaphane l’oreille contre les Astres Déments... des
gémissements lisses tourbillonnent dans son oreille. Toc Secousses escalade
les épaules des funambules de carrelage... perdu dans un rétroviseur cupide
aux os argentés... Les boucles stridentes de son crâne.
Je serre mes jambes contre l’Éternité. Les étoiles superposées aux foudres
flexibles des crans d’arrêt. Le miroir aux bottines de thé surgit d’un
sommeil endigué. Lame à veines. Le vent aux murs de soleil, le sang encore
vertébral. Une pieuvre aux tentacules de boue à double tranchant enlace les
fenêtres, et les broie en une lointaine poudre de brutalité. Gong de braises,
d’échines malléables. Je frotte mes paupières et pleure. Les motos malades
grandissent et moulent leurs haines dans des vrombissements de
liquéfaction, et projettent des squelettes de statues menaçantes.
Ganglion Ordinaire pendu dans la nuit bleue bien équilibrée me glisse de
force un tube en balançant la tête. Les lumières de l’aiguille... Ganglion
Ordinaire flottant dans une chair de réveil absurde... je pince une veine au
galop.
Le lit recouvert d’édredons déchirés, d’édredons d’intestins truqués, le lit au
bec érectile, et la lampe déterrée d’espace... débordant d’une transmission
vers le berceau cisaillé... et la serviette hantée... les poignets offerts chaque
crampe selon les degrés, et le sang aiguisé des cartouches, sur l’œil de la
lampe en haillons torrides, et les édredons de tortures... la moisissure du
visage et le mouchoir brodé de racines...
Les veines durcies par l’expulsion lucide du silence... sensibilisé par
l’aiguille rouge... je dénude mon bras droit et caressent mes veines... la
bouche bleuâtre brise le souffle du soulagement... compte-gouttes noirci
innocent... des injections-cadrans de nageoires enregistrées, les ventres de
cendriers, les chandelles comprimées par les battements comme des
moulins à vent. Les bas-fonds de la maladie percutent l’écorce du sang.
J’actionne l’atmosphère et me cache sous les draps, lentement désagrégé
dans un dépeçage kaléidoscopique de doigts broyés.
Encore endormi je franchis les vitres ; les aisselles de gencives blanches
percent mes bras. Un soleil bercé de pluie tourne sur lui-même, dérape et
coïncide avec mes pupilles. La chair brisée, manipulée par des pinces
satinées de baves... les tessons de ma chair braquent leurs respirations
perforées sur la tombe de mes lèvres. Je règle mes yeux sur ces respirations,
et mon sang se gave de peur, et les pinces satinées de baves garrottent mon
bras droit.
« Avez-vous fouillé les méthodes Antiflammes ? » Je suis passé sous un
train, et les roues ont griffé mon visage repeint en ciel. Avant de m’allonger
sur les rails j’ai demandé à mon miroir : « Crois-tu que les cygnes ont des
seringues sous le plumage ? » J’avais honte d’être sur les rails. Et le train
luisant de mentons et de labyrinthes s’est épluché sur le cri luxueux du
vertige de mes larmes.
Le mur transparent, repaire de Ganglion Ordinaire, sécrète un lait aux
façades hypnotiques. J’ai hurlé une journée entière écartelé par les
accessoires de ce mur.
Ganglion Ordinaire : « Réincarnation Neutre. » Épuisement Diaphane :
« Le sang s’est affaissé dans les terriers-sucre pour démouler les réactions.
Apportez-moi les seringues hors-flammes Ganglion Ordinaire. »
Ganglion Ordinaire traverse le mur transparent ; des étincelles brûlent ses
manches de tortures. Épuisement Diaphane : « Chocolat fumant, le pourpre
de mes yeux saute comme des grenouilles. » Métal étrange tricoté de
doigts... édredon d’un brouillard bleu intouchable... l’écran lacéré des
biscuits aux soupirs-palissades... ampoules givrées sous la langue des
pyramides. Épuisement Diaphane trempe la seringue oblique dans une
fumée de platine.
La chair saigne dans les tubes. Draperies mortes... les pupilles rongées... un
trépas replié sur le vertige... sirènes aux yeux poudrés d’aiguilles... les nerfs
opaques de la piqûre... cellules... gant... lointain à un crochet... rêves
accrochés aux cils... rat total très vite.
Les amphétamines serrent leur carcan manipulé autour de mon corps de
rames. J’avale ces cachets d’acier, ces cachets, buées au coude. Ils
repeignent mes lèvres en berceaux, ces cachets, antennes plissées de
langues gelées, ces cachets éparpillés dans la paume, les ombres du hasard,
la rencontre serrée de la tour dans les nuages.
L’aiguille lasse, abandonnée dans le dédale interne. Les lumières dégagent
des pincements et dénouent les lèvres. La bouche fiévreuse, la langue
absorbée par de longs clous. Les veines comme la lame du tonnerre sur le
marbre. Les cachets lunes tristes, seules langues, le bras trop noué, la
bouche épurée, le cachet sans toucher les lèvres se déchire sous la langue
comme un gant. Et le corps surgit dans le corps, un pistolet au visage.
Debout sur le trottoir, le corps s’essuie aux murs, et comme une flamme
froide s’envenime. Les lèvres se soudent, la langue s’annule. La langue
titube entre les lèvres concentrationnaires. Les mains sont l’ombre, et la
main se détaille dans une ombre. De salive et d’une langue unique brûlée à
l’éther, entre le violet rempli et le torse du sang.

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