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Bio/Portrait

Depuis 1962 et sa musique pour le film de John Huston (Freud), il n'a


pas cessé de composer au minimum 3 BO pas an, et cela chaque
année jusqu'en 2003. Très prolifique donc, son oeuvre musicale se
trouve également très variée, riche, qui se permet des
expérimentations. Il n'est pas un compositeur réputé pour une
collaboration régulière avec un cinéaste. Son travail qui l'a fait
connaître avec Ridley Scott s'en réduit à 2 films (Alien et Legend).
Alien (1979), est sans doute son chef-d'oeuvre si on considère le
travail pour le film et la réputation planétaire de cette BO. Il a
composé dans tous les genres: des westerns (Rio Lobo de Hawks), des
films de guerre (La Canonnière du Yang Tsé, Patton, Rambo), de la
science-fiction (Star Trek), le fantastique (Omen, Poltergeist)... S'il n'a
pas une relation privilégiée avec 1 cinéaste, il en a avec plusieurs sur
quelques films, sans fidélité, que ce soit Paul Verhoeven (Basic
Instinct, Total Recall, Hollow man), John Mc Tiernan (Medicine Man,
13ème guerrier), Schaffner (La Planète des Singes, Papillon), mais surtout
Joe Dante (Gremlins, Matinee, L'Aventure Intérieure, Small Soldiers, The
'Burbs). Son style est surtout orchestral, symphonique, thématique
(La Momie et son thème oriental), mais il peut expérimenter sur de
nouvelles sonorités (Logan's Run), faire du jazz mélancolique
(Chinatown) et aussi faire preuve d'humour dans des thèmes
jubilatoires (Gremlins, Looney Tunes)...

Benoit Basirico

Né le 10 février 1929 à Pasadena en Californie, le jeune Jerrald


Goldsmith passa sa jeunesse à Los Angeles, où il se destina en
premier à une carrière de compositeur pour musique de concert. Dès
l'âge de 6 ans, il commença à apprendre le piano auprès de Jakob
Gimpel. Puis, à 13 ans, il suivit les cours d'écriture, de théorie
musicale et de contrepoint auprès de Mario Castelnuovo-Tedesco
(grand compositeur guitariste d'origine italienne qui émigra aux
Etats-Unis en 1939). Dans les années 40, le jeune Goldsmith
rencontra le grand Miklos Rozsa en personne et décida de suivre ses
cours de composition pour le cinéma à l'Université de Californie du
Sud. Après avoir découvert la partition de Rozsa pour ‘Spellbound'
d'Alfred Hitchcock (1945), Goldsmith sut désormais quelle était la
voie qu'il souhaitait suivre, et il se passionna très vite pour l'univers
de la musique de film.

En 1950, alors qu'il venait de se marier avec la chanteuse Sharon


Hennigan Goldsmith, Jerry Goldsmith entra au département musical
de la CBS (célèbre chaîne de radio-télévision américaine) où il
débuta avec un emploi modeste de copiste. Puis, très vite, il se fit
remarquer et commença à écrire et à diriger des formations
instrumentales pour des émissions et séries télévisées. Ce sont ses
premières compositions pour des émissions radio comme ‘Romance'
et ‘CBS Radio Workshop' qui lui permirent de faire ses armes et de
l'amener progressivement vers la télévision. Ces années
d'apprentissage à la radio ne furent pas faciles pour le jeune
musicien, qui devait bien souvent enregistrer et jouer en direct ses
propres compositions avec des moyens rudimentaires et un budget
extrêmement restreint. Goldsmith travailla alors pour la CBS
jusqu'au début des années 60, pour laquelle il signa la musique de
plusieurs épisodes de la célèbre série télévisée des années 50 ‘Studio
One' (aux côtés d'un grand musicien qui n'était autre que Bernard
Herrmann), sans oublier sa participation à différentes émissions et
série télévisées telles que ‘Hallmark Hall of Fame', ‘General
Electric Theater', ‘Climax!' (où il rencontra le réalisateur Jack
Smight avec lequel il allait collaborer sur certains films dans les
années 60/70), ‘The Lineup', ‘Playhouse 90', ‘Gunsmoke' et ‘Have
Gun – Will Travel', ces deux dernières séries télévisées se déroulant
dans l'univers du Far-West américain ayant sans aucun doute
contribué à accentuer le goût du compositeur pour les musiques de
western qu'il écrira tout au long des années 60/70.

Ce fut en 1957 que Jerry Goldsmith signa sa première partition pour


un long-métrage produit par Warner Bros, ‘Black Patch' (L'homme
au bandeau noir), obscur western d'Allen H. Miner avec George
Montgomery et Diane Brewster, qui fut très vite oublié (il n'existe
actuellement aucune édition DVD de ce western méconnu). Fort de
cette première expérience, Goldsmith continua d'écrire pour des
séries télévisées de plus grande envergure à la fin des années 50
comme le célèbre ‘The Twilight Zone' (La quatrième dimension) de
Rod Serling, à jamais immortalisée par le fameux thème du
compositeur Marius Constant, et à laquelle de grands musiciens du
cinéma comme Bernard Herrmann, Leonard Rosenman, Fred Steiner
et Franz Waxman apportèrent leur contribution. Engagé par Revue
Studios, Goldsmith écrivit en parallèle de son travail pour les
productions télévisées CBS la musique de plusieurs séries TV
incluant par exemple ‘Wagon Train', ‘Perry Mason', ‘Wanted: Dead
or Alive' (ces deux dernières séries étant produites par CBS), sans
oublier ‘Thriller' au début des années 60, fameuse série
d'anthologies horrifiques présentée par Boris Karloff. Sa participation
à quelques séries de Revue Studios l'amènera par la suite à mettre en
musique des séries des années 60 plus célèbres telles que ‘Dr.
Kildare' (Goldsmith n'a écrit que le thème de cette série) ou ‘The
Man From U.N.C.L.E.' (des agents très spéciaux).

Poursuivant ses compositions pour la télévision, Goldsmith écrivit la


musique de deux nouveaux long-métrages de la fin des années 50, le
thriller ‘City of Fear' (Irving Lerner – 1959, avec Vince Edwards et
Lyle Talbot) et le western ‘Face of a Fugitive' (Paul Wendkos –
1959, avec Fred MacMurray et Lin McCarthy) où il fut crédité au
générique sous le nom de ‘Jerrald Goldsmith'. En 1960, le maestro
signe la musique de ‘Studs Lonigan' d'Irving Lerner, un drame
typique des sixties avec Christopher Knight et un Jack Nicholson très
jeune et totalement méconnu à l'époque. Il participe à la musique du
documentaire ‘The General with the Cockeyed Id' en 1961 et
compose la musique du polar dramatique ‘The Crimebusters' de
Boris Sagal (1961, avec Peter Mark Richman et Martin Gabel). C'est
à cette époque que Goldsmith se fit remarquer par le grand Alfred
Newman, qui était alors directeur du département musique à la 20th
Century Fox (il y resta pendant de très longues années). Conscient
du talent de ce jeune compositeur, Newman confia à Goldsmith le
soin d'écrire la musique de l'une de ses premières partitions
majeures pour le cinéma: ‘Lonely Are The Brave' (Seuls sont les
indomptés), western réalisé en 1962 par David Miller mettant en
scène Kirk Douglas dans la peau d'un cow-boy qui vit dans une
époque qui n'est plus la sienne, pourchassé par un shérif interprété
par Walter Matthau, entouré de grands acteurs américains tels que
Gena Rowlands ou George Kennedy. La même année, Goldsmith
enchaîna ensuite avec une production Universal Pictures, ‘Freud',
réalisé par John Huston, film retranscrivant le parcours du célèbre
médecin autrichien Sigmund Freud (Mongtomery Clift) dans son
élaboration de ses théories de la psychanalyse et du complexe
d'Œdipe, pour lequel le compositeur enregistra sa musique en
Europe. Ce fut la première nomination du compositeur aux Academy
awards en 1962, une partition avant-gardiste et expérimentale qui
marque une étape décisive dans la carrière du grand compositeur
américain.

Désormais, Jerry Goldsmith était lancé dans le cinéma et partait pour


accomplir 40 ans de carrière exemplaire au service du cinéma
américain. Passionné par son métier, Goldsmith n'hésitait pas à
mettre en musique jusqu'à 4 ou 5 films en une seule année, sur des
sujets et des styles souvent diversifiés. C'est aussi à cette époque que
le compositeur se prit d'affection pour Alex North et ses partitions
pour le cinéma, considérant ce grand musicien du ‘Golden Age
Hollywoodien' qu'il admirait plus particulièrement comme l'un de ses
compositeurs fétiches, bien que du point de vue des influences
musicales, Goldsmith a toujours affirmé qu'il n'a jamais été influencé
par des compositeurs de musique de film dans ses œuvres, chose que
l'on peut croire volontiers si l'on considère la personnalité musicale
flagrante de ses toutes premières compositions pour le cinéma
(‘Lonely Are The Brave' contenait déjà les formules orchestrales et
les tics d'écriture et d'harmonie typiques du compositeur, et ce dès
1962 !). Si le début des années 60 a été marquée par quelques
partitions de jeunesse plutôt secondaires (‘The Stripper', ‘The List
of Adrian Messenger', ‘Lilies of The Field'), c'est avec le drame
intimiste de Guy Green ‘A Patch of Blue' (Un coin de ciel bleu) en
1965 et surtout ‘The Sand Pebbles' (La Canonnière du Yang-Tsé) de
Robert Wise en 1966 que Goldsmith signa deux de ses premiers
grands classiques qui permirent de le faire remarquer du grand
public. Mais l'un de ses premiers chef-d'oeuvre reste sans aucun
doute l'incontournable ‘Planet of The Apes' (La Planète des Singes)
réalisé par Franklin J. Schaffner en 1968. Partition expérimentale et
audacieuse pour l'époque, ‘Planet of The Apes' représentait la
somme de toutes les influences musicales du compositeur à cette
époque, que ce soit Bartok ou Stravinsky pour les jeux sur les
rythmes et les superpositions harmoniques osées, Varèse ou
Schoenberg pour l'utilisation de sonorités insolites et du système
dodécaphonique (série de 12 sons empruntées à la gamme
chromatique), etc. Avec le film de Schaffner, Goldsmith amorçait une
collaboration d'une richesse rare – qui débuta, chose moins connue,
en 1963 sur ‘The Stripper' (Les loups et l'agneau).

Dès lors, la carrière de Goldsmith s'accéléra à une vitesse


impressionnante, le compositeur imposant une patte orchestrale
intuitive et rigoureuse, basée sur un sens inné du rythme sous toute
ses formes (changement de mesure, jeux sur les rythmes syncopés,
décalages rythmiques divers, etc.) et des orchestrations privilégiant
généralement plus particulièrement les trombones et les cors dans le
pupitre des cuivres. A cela s'ajoutait aussi un travail sur les
harmonies héritées de musiciens impressionnistes français de la
première moitié du 20ème siècle, une influence qui ne tarda pas à se
faire grandement ressentir dans certaines de ses partition des années
70 et des années 80 (sa partition pour ‘Islands In The Stream' de
Franklin J. Schaffner s'inspirait du style ondoyant et imagé de ‘La
mer' de Claude Debussy). Pour finir, on ne pourra pas passer sous
silence l'apport immense de l'électronique dans la musique de Jerry
Goldsmith, et plus particulièrement au milieu des années 70, où
Goldsmith entama ses premières expériences dans la musique
électronique avec sa partition expérimentale pour ‘The Mephisto
Waltz' (Satan mon amour) réalisé par Paul Wendkos en 1971, une
chose qui allait devenir récurrente à tel point que le compositeur
allait en faire un axe principal de son discours musical, mélangeant
orchestre symphonique et textures électroniques (dans un genre
aussi expérimental suivront ‘The Reincarnation of Peter Proud' en
1975, le superbe ‘Logan's Run' en 1976, etc.). Il faut dire que, très
tôt dans sa carrière pour le cinéma, Jerry Goldsmith a toujours
manifesté son goût pour l'expérimentation et les recherches
insolites, que ce soit la partition atonale et avant-gardiste inspirée de
Berg et Schoenberg dans ‘Freud', les instrumentations insolites et les
mélanges sériels de ‘Planet of The Apes' sans oublier une curieuse
partition étrangement post-moderne avec un orgue religieux décalé
dans ‘Seconds' (L'opération diabolique) pour le film de John
Frankenheimer réalisé en 1966.

Si ‘Planet of The Apes' permit de faire remarquer Jerry Goldsmith


auprès du grand public en révélant sur la grosse production de
Franklin J. Schaffner tout le talent et le génie d'un compositeur doué
pour l'expérimentation et les recherches sonores et rythmiques, sa
troisième collaboration à un film de Schaffner allait à tout jamais
marquer la carrière du compositeur. La musique que le compositeur
écrivit pour ‘Patton' en 1970 reste à ce jour l'une des plus célèbres
partitions de Jerry Goldsmith, qui a véritablement immortalisé le
film à tout jamais avec son fameux motif de triolets de trompettes en
échoplex, une idée énigmatique qui évoquait à merveille toute la
complexité et la profondeur de l'esprit et des idéaux du grand général
américain incarné dans le film par le charismatique George C. Scott.
Avec ses premières grandes partitions, Jerry Goldsmith s'imposait
désormais comme un compositeur incontournable à Hollywood.
Goldsmith continuait de composer la musique de divers westerns
tels que ‘Rio Lobo' (1970) ou ‘Wild Rovers' (Deux hommes dans
l'Ouest) en 1971, poursuivant au début des années 70 sa composition
pour des séries TV et des téléfilms. En 1973, sa quatrième
collaboration avec Schaffner dans ‘Papillon' permettait au
compositeur d'accoucher d'un nouveau chef-d'oeuvre, inspiré une
fois encore de la musique impressionniste française du début du
20ème siècle. Ce fut avec ‘The Omen' (La Malédiction) de Richard
Donner (1976) que Jerry Goldsmith obtint son seul et unique oscar
pour la partition satanique et chaotique à laquelle le compositeur fit
participer sa seconde épouse, Carol Heather Goldsmith (avec qui il
était marié depuis 1973), qui interpréta la chanson du film ‘The
Piper Dreams'. Les années 70 furent ainsi marquées de grandes
partitions restées inégalées à ce jour, incluant ‘Patton' (1970),
‘Papillon' (1973), ‘Chinatown' (1974), ‘The Wind and The Lion'
(Le lion et le vent – 1975), ‘Logan's Run' (1976), ‘Capricorn One'
(1978), sans oublier deux des plus grands chef-d'oeuvres
incontournables du compositeur, ‘Star Trek The Motion Picture' et
le génial ‘Alien', tout deux écrits en 1979, partitions brillantes et
inspirées qui conclurent les années 70 avec puissance et intensité.
Hélas, plus les années avançaient, plus le compositeur se voyaient
proposer des projets de moins en moins ambitieux, plus orienté vers
le mercantilisme hollywoodien et l'univers du spectaculaire. Au cours
des années 70, Jerry Goldsmith aura écrit la musique de films sans
grand intérêt ou des productions de seconde zone tels que ‘Shamus'
(Le fauve – 1973), ‘One Little Indian' (1973), ‘High Velocity'
(Haute tension – 1976), ‘Damnation Alley' (Les survivants de la fin
du monde – 1977) ou le ridicule ‘The Swarm' (L'inévitable
catastrophe), film catastrophe d'Irwin Allen réalisé en 1978 et qui,
malgré un casting prestigieux, échoua lamentablement et s'imposa
comme l'un des navets hollywoodiens les plus ridicules de cette fin
des années 70, ce qui n'empêcha pas le compositeur de livrer une
superbe partition symphonique de qualité pour un film qui n'en
méritait certainement pas autant. C'est ce très grand
professionnalisme du compositeur qui assura son succès auprès des
artisans hollywoodiens qui n'hésitaient pas à l'engager, parfois même
pour tenter de rehausser le niveau de qualité de productions
"foireuses" et dénuées d'imagination et de talent. Avec une constance
et une volonté rare, le maestro signa tout au long de sa carrière
plusieurs musiques de qualité pour des films minables et sans valeur,
un état de fait rare qui se confirma pourtant et s'amplifia dans les
années 80, où le compositeur hérita de certains des plus mauvais
films de l'époque (‘Inchon' en 1981, ‘Supergirl' en 1984, ‘King
Solomon's Mines' en 1985, etc.).

Pourtant, le compositeur continua de suivre un même but: aller au


plus profond des images du film et ne pas se contenter d'illustrer
banalement ce qu'il voyait à l'écran. C'est en ce sens l'un des grands
mérites du compositeur, celui d'avoir su donner une véritable âme
musicale à la plupart des films qu'il mit en musique, ne se
contentant pas d'une approche superficielle des films qu'il mettait en
musique mais d'un approfondissement parfois plus psychologique
révélant la démarche d'un artiste à part entière, et même si certaines
de ses partitions des années 80 trahissait un certain essoufflement
probablement du au déclin de la qualité des productions
hollywoodiennes de l'époque, état de fait qui se confirmera encore
dans les années 90, où le compositeur en était arrivé à écrire, non
sans grand talent, bon nombre de partitions fonctionnelles sans
surprise ni originalité, révélant néanmoins un grand
professionnalisme à rude épreuve.

Des années 80, on retiendra quelques partitions incontournables


comme le très inspiré ‘Poltergeist' (1982), marquant l'unique
collaboration du compositeur à une production signée (et
officieusement réalisée par) Steven Spielberg, suivie de ‘First Blood'
(Rambo – 1982), ‘Under Fire' (1983), ‘Legend' (1985), ‘Lionheart'
(Coeur de Lion, la croisade des enfants – dernière collaboration de
Goldsmith à un film de Franklin J. Schaffner en 1987) sans oublier le
délirant ‘The ‘Burbs' (Les Banlieusards – 1989) qui marquait les
sommets de la nouvelle collaboration entre Goldsmith et un
réalisateur révélé à la fin des années 70, Joe Dante : une
collaboration intéressante qui fut marqué par l'humour, la dérision,
la fantaisie et l'aventure. Dans les années 90, on pourra retenir ‘Total
Recall' (1990), ‘Gremlins 2' (1990), ‘Basic Instinct' (1992), ‘Rudy'
(1993), ‘First Knight' (Lancelot – 1995), ‘Powder' (1995), ‘The
Ghost & The Darkness' (1996), ‘Air Force One' (1997), ‘L.A.
Confidential' (1997), ‘The Mummy' (La Momie – 1999) ou bien
encore ‘The 13th Warrior' (Le Treizième Guerrier – 1999). Les
années 90, à l'instar des années 80, auront été marquées dans la
carrière de Jerry Goldsmith par l'émergence d'une multitude de
partitions d'action d'une grande ampleur, des partitions où
rayonnaient une virtuosité orchestrale et un sens encore plus aiguisé
et complexe des jeux rythmiques divers et imaginables, à tel point
que les scores d'action de Goldsmith (qui firent son succès tout au
long des années 80/90) étaient généralement réputées être
extrêmement difficile à interpréter par les musiciens des orchestres.
Pour l'anecdote, Jerry Goldsmith du abandonner ses premières
sessions avec un orchestre européen pour sa musique de ‘Total
Recall' (réalisé par Paul Verhoeven en 1990) avant de se rabattre sur
ses fidèles musiciens du ‘National Philharmonic Orchestra', l'orchestre
européen ayant déclaré la partition de Goldsmith carrément
injouable ! C'est dire la complexité et la sophistication de ces
partitions qui, bien que souvent très bruyantes et massives, n'en
demeuraient pas riches et soigneusement élaborées avec art et talent.

Jerry Goldsmith est mort le 21 juillet 2004 dès suite d'un cancer, à
Beverly Hills en Californie. Il avait 75 ans. Admiré par la plupart des
passionnés de musique du film un peu partout dans le monde, Jerry
Goldsmith était l'un des plus grands musiciens du XXème siècle, un
compositeur qui marqua son époque, qui contribua à modifier la
vision que l'on se faisait de la musique de film, apportant un
professionnalisme et un amour rare à sa musique pour le cinéma, un
art qu'il défendait avec vigueur et ténacité, le compositeur n'ayant
ainsi écrit que très peu de musique pour les salles de concert, hors
cinéma. Sa musique a été fréquemment jouée à Londres, à Monaco, à
Gand, etc. Il fut aussi un modèle pour d'autres compositeurs de
musique de film tels que James Newton Howard, qui, en 1993,
étudia le style des musiques d'action de Goldsmith pour sa partition
de ‘The Fugitive' d'Andrew Davis, sans oublier le jeune Marco
Beltrami, qui étudia auprès du maestro californien et l'aida à se
lancer dans le métier. Pour finir, on pourra aussi rappeler que la
musique de Jerry Goldsmith est particulièrement appréciée par
Christopher Young et John Ottman. Voilà en tout cas un compositeur
hors pair qui, bien que récemment disparu, continue toujours de
faire autant parler de lui, un grand musicien à jamais immortalisé
par son oeuvre exemplaire pour le cinéma, qui respire toute la
passion et le talent d'un compositeur qui travaillait plus que jamais
pour le cinéma et contribua à façonner une vision plus particulière et
plus personnelle de ce qu'était et devrait toujours être la musique de
film : une symbiose artistique parfaite, physique et spirituelle, entre
les images et la musique.

Quentin Billard

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