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TRAVAIL FLC

Ce travail consiste en une analyse de deux œuvres contemporaines datant d’après 1970. J’ai choisi
de travailler sur des compositeurs de comédies musicales, d’une part parce que c’est un sujet qui
me passionne, d’autre part parce que c’est un genre que nous n’avons pas abordé au cours. Je
trouvais donc cela intéressant de mettre en évidence ce style qui est encore fort méconnu. J’ai
décidé de travailler sur l’ouverture des comédies musicales « Into the woods » et du « Bossu de
Notre Dame » car ce sont deux œuvres qui peuvent facilement se comparer sans pour autant être
identiques. De plus, je ne pouvais pas parler de comédie musicale sans évoquer Stephen
Sondheim. Quant à Alan Menken, il a composé beaucoup de musiques pour les films Disney, que
tout le monde connaît, il me semblait alors évident de le mettre en avant.

Je commencerai donc, pour chaque œuvre, par une brève biographie de son compositeur et par
une mise en contexte permettant une certaine compréhension du morceau. Je continuerai ensuite
avec une analyse musicale des deux ouvertures, au niveau formel et au niveau de l’atmosphère
musicale qu’elles engendrent. Cette analyse se base sur ce que j’ai pu entendre et ressentir lors de
l’écoute des morceaux. Je terminerai par comparer ces deux pièces afin de voir ce qui les rassemble
et ce qui fait leur identité propre.

1. Stephen Sondheim

Stephen Sondheim est un compositeur et parolier américain né le 22 mars 1930 à New York et mort
le 26 novembre 2021. Il est particulièrement connu pour son travail dans le monde de la comédie
musicale et il est d’ailleurs considéré comme l’un génie dans ce domaine.

Peu de temps avant ses 10 ans, les parents de Sondheim divorcèrent et il déménagea avec sa mère
en Pennsylvanie. Leur nouvelle maison se trouva être à quelques pas de celle d’Oscar
Hammerstein II, le grand compositeur de l’âge d’or du musical. Très vite, il l’introduit à l’art du
spectacle musical, devint son mentor et lui donna ses premières leçons d’écriture. Pendant toute
cette période, Stephen Sondheim prit également des cours de piano dans un premier temps, puis
des cours d’orgue. Après ses études secondaires il fit un cursus en composition et théorie musicale
auprès de Milton Babbit.

A 25 ans, sa carrière se lança avec le projet West Side Story. En effet, Leonard Bernstein cherchait
un parolier pour l’aider à créer la musique du spectacle et il choisit Sondheim. La comédie
musicale fut un succès et 5 ans plus tard, Sondheim pu sortir son premier grand succès dont il fut
le parolier et le compositeur : « A Funny Thing Happened on the Way to the Forum ».

Durant le reste de sa vie, il apporta beaucoup d’autres spectacles musicaux et pas mal
d’innovations dans l’art de la comédie musicale. En effet, ce n’est pas pour rien qu’on dit de lui
qu’il est un géant dans ce domaine. L’ancien président américain, Obama, a d’ailleurs dit à son
sujet : «  Pour le dire simplement, Stephen a réinventé la comédie musicale américaine.  Sa musique est si
belle, ses paroles si précises que même lorsqu’il expose les imperfections de la vie quotidienne il les

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transcende ». Stephen Sondheim a bousculé les codes du musical et a amené le public américain à se
questionner sur les problèmes de la société du XXe siècle. Il a également apporté un nouveau style
de comédie musicale. Avant lui, il y avait les « Book musicals » qui mettaient en avant des héros ou
des héroïnes et dont les chansons faisaient avancer l’intrigue. Avec Sondheim sont arrivés les
« Concept musicals ». Les chansons ne font plus forcément avancer l’histoire et les personnages ont
souvent des problèmes psychologiques ou des névroses. Bien sûr, ce ne sont que quelques unes
des innovations qu’il a apporté au genre, il a aussi fait évoluer l’écriture des paroles, les rôles des
personnages…

Sondheim est décédé à 91 ans et a laissé derrière lui une comédie musicale inachevée qu’il avait
nommé « Square Ones ». Il a composé près de 20 comédies musicales dont on peut citer les plus
célèbres : « A Funny Thing Happened on the Way to the Forum », « Sweeney Todd », « A Little
Night Music » ou encore « Into the woods » dont on parlera plus en détails par la suite. Le
compositeur a également gagné de nombreux prix : des Tony Awards, des Grammy Awards mais
aussi un Oscar pour son travail dans le film « Sooner or Later » et un prix Pulitzer. Finalement,
Sondheim a laissé une trace dans l’univers du musical et certaines de ses plus vieilles œuvres sont
encore à l’affiche aujourd’hui.

Into the woods

« Into the woods » est le numéro d’ouverture de la comédie musicale du même nom, dont la
première a eu lieu le 4 décembre 1986. Le spectacle musical a été créé par Stephen Sondheim sur
un livret de James Lepine. Après avoir effectué une tournée américaine, avoir été joué dans le West
End (Angleterre) et être revenu à Broadway, le spectacle a été adapté en film par Rob Marshall en
2014. A l’affiche, on peut retrouver des acteurs célèbres comme Emily Blunt, Meryl Streep ou
encore Johnny Depp.

« Into the woods » a remporté plusieurs Tony Awards dont un pour le meilleur livret et un pour la
meilleure partition originale.

L’histoire consiste en un chassé croisé de plusieurs contes des frères Grimm. On y retrouve, parmi
les personnages principaux, le Petit Chaperon Rouge, Le loup, la sorcière, Cendrillon, Jack (de
« Jack et le haricot magique ») et Raiponce. A cela, James Lepine a ajouté l’histoire d’un boulanger
et de sa femme qui rêvent de fonder une famille. Malheureusement, la sorcière leur a jeté un sort et
ils doivent alors parcourir les bois à la recherche de différents éléments pour lever la malédiction.
C’est dans ces fameux bois que les différents personnages se rencontrent et qu’il se passe des
choses étranges.

Le numéro d’ouverture « Into the woods » a pour objectif de présenter tous les personnages et
permet à ceux-ci de nous dévoiler leur souhait. En tant que spectateurs, nous rencontrons donc les
héros de l’histoire comme on les connaît dans les contes. Mais très vite, on se rend compte qu’ils
sont aux antipodes des contes de fées. L’intérêt du spectacle est donc dans l’antithèse d’un Disney
ou tout se finit bien et dans lequel il y a un terrible méchant et des gens parfaitement gentils. En

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réalité, Sondheim a essayé de mettre en évidence la nature de l’être humain. En outre, dans cette
œuvre, il aborde également des thèmes profondément matures comme l’instinct paternel et
maternel, l’appât du gain (affectif, économique et social), le désir, la manipulation... 1

Les vœux de tous finissent par être exhaussés mais les conséquences de ceux-ci sont désastreuses.
Comme le dit Le Blog Du Cinéma, «  c'est sans grande illusion sur l'âme humaine que se clôt la pièce, en
dépit du final consolateur "No one is alone  »  ».

Les chansons de Sondheim ne sont pas seulement divertissantes mais elles sont l’histoire et
chacune personnifie une émotion particulière. Pour comprendre la profondeur du message et le
déroulement de l’action, il faut être particulièrement attentif au sens des paroles.

Analyse de l’oeuvre

https://www.youtube.com/watch?v=joNRtJXWQvQ

L’ouverture du spectacle « Into the woods » commence avec une phrase connue de tous « Il était
une fois, dans un royaume lointain ». Cette phrase à elle seule évoque un des sujets principaux du
film, à savoir les contes de fée, et plonge directement le spectateur dans cette ambiance. Tout au
long de cette œuvre de onze minutes, Sondheim dépeint plusieurs tableaux différents avec chacun
une atmosphère bien particulière. Il y a donc cinq grands tableaux musicaux qui interviennent à
différents moments dans l’ouverture. Il est important de préciser que la plupart des thèmes ou des
ambiances reviennent plusieurs fois dans le morceau.

Le premier thème a pour but de présenter rapidement les différents personnages et de savoir quels
sont leurs souhaits. Tout de suite, les intrigues de toutes les histoires sont mélangées en musique,
anticipant les croisements qui seront fait plus tard dans le spectacle entre le récit de chaque
personnage. L’effet de ces mélanges est amplifié par le rythme de ce thème. En effet, le tempo de
cette partie est rapide mais les interventions en « ping pong » des différents personnages étoffent
cet effet. Ce thème inclut également une présentation un peu plus approfondie de Cendrillon, sa
belle mère et ses deux demi-sœurs ainsi qu’une brève introduction à la vie de Jack et sa mère.

Le deuxième thème, qui apparaît à 1.50 minutes, se focalise sur Cendrillon et son appel aux
oiseaux. Il y a d’ailleurs une référence aux contes de fées lorsqu’elle appelle les animaux grâce a
des vocalises. Ce genre d’action se retrouve dans beaucoup de films de princesses. Sans transiter
vers une autre musique, il y a également une intervention de Jack.

A 3.13 minutes, le troisième thème fait son apparition, celui qui est fortement rattaché au titre de
l’œuvre et même de la comédie musicale puisque toutes ses phrases commencent par « Into the
woods ». C’est à ce moment là qu’intervient le Petit Chaperon Rouge pour nous expliquer son
histoire.

Un changement d’ambiance s’opère à partir de 4.50 minutes, induit tantôt par des notes tenues,
ponctuées par d’autres instruments, tantôt par une alternance de deux notes séparées d’une
1 Le Blog Du Cinéma

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seconde mineure. Personne n’est étranger à ce motif puisque c’est celui qui est notamment utilisé
dans « Les Dents de la Mer ». Ce motif permet au compositeur de créer un léger suspens avant
d’arriver au thème chanté par la sorcière qui se trouve être une musique de sorcière exactement
comme on a l’habitude d’en entendre. Les cuivres utilisent leurs notes graves pour faire ressortir le
côté sombre et vicieux du personnage tandis que d’autres instruments utilisent leur son légèrement
nasillard pour coller à la voix de la sorcière.

Le dernier thème exploité est celui de la maman de Jack. Il commence à 7.28 minutes et permet à la
mère de faire comprendre à Jack, et au spectateur, qu’ils n’ont pas beaucoup d’argent pour vivre.
Mais environ une minute après, la mère revient à elle et le retour du troisième thème se fait
entendre.

Tous ces tableaux reviennent donc à plusieurs moments du prologue et renforcent ainsi le
phénomène de chassé croisé entre les histoires des personnages. De plus, chaque tableau met en
évidence les caractères des personnages principaux et secondaires. Tous les personnages finissent
ce morceau sur le même thème musical et sur les mêmes paroles : « Into the woods », annonçant
déjà que c’est dans les bois que toutes les péripéties auront lieu. A ce stade du spectacle, les
intrigues sont bien comprises par le spectateur : Cendrillon va tout faire pour aller au bal du
prince, Jack va essayer de vendre sa vache, le petit Chaperon Rouge apportera du réconfort à sa
grand-mère et le couple de boulangers part en mission pour lever le sort qui leur a été jeté.

Finalement, nous ne pouvons pas passer à côté du fait que la musique du prologue est
véritablement au service de l’histoire. Elle soutien le récit, le ponctue également à plusieurs
reprises et permet à l’auditeur de se représenter les actions mentalement. A quelques endroits de
l’œuvre, la mélodie chantée est doublée à l’instrument en soutien au chant. Certaines actions
réalisées par les personnages, comme le rire des demi-sœurs à 1.01 minutes, sont imitées
musicalement par les instruments. Les crescendos et les nuances installent les ambiances de
chaque scène. Voici quelques éléments qui permettent d’affirmer mon propos.

1.30 « Toc-Toc » joué par les percussions. C’est le Petit Chaperon Rouge qui frappe à une
porte.
1.31 Le timbre de la musique devient plus aigu car c’est un enfant (le Petit Chaperon Rouge)
qui parle.
1.51 Un carillon produit un effet magique qui balaye une scène pour arriver à la suivante.
2.15 Cendrillon est en train d’appeler les oiseaux et quelques secondes plus tard, les oiseaux
chantent dans le morceau.
2.30 Cendrillon est pressée par le temps, c’est pourquoi, son appel aux oiseaux devient plus
fort et plus insistant. Ses vocalises sont accompagnées par un accelerando et un
crescendo des instruments.
3.09 La cloche de la vache de Jack retentit pendant que lui et sa mère son en train de parler
d’elle.
6.00 et Les instruments jouent deux coups secs, ponctuant ainsi les paroles de la sorcière. De

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7.24 nouveau, plus tard dans le prologue, deux coups secs retentissent sous forme
d’avertissement et laissent la parole à la sorcière, dont les mots sont ponctués par à une
retombée.
8.44 La sorcière énonce les quatre choses nécessaires pour lever le sort qui plane au dessus
du couple de boulangers. Chaque élément est numéroté par la sorcière mais également
par un instrument (une flûte ?) qui, au fur et à mesure que les chiffres augmentent, joue
de plus en plus aigu. Ce phénomène a pour effet de renforcer l’intensité du moment et
de la voix de la sorcière.

2. Alan Menken

Alan Menken est un compositeur américain né à New York le 22 juillet 1949. Enfant, il était déjà
plongé dans l’univers du théâtre et de la musique grâce à sa mère qui était artiste. Durant ses
années en secondaire, il prit d’ailleurs des cours de piano et de violoncelle et, d’aussi loin qu’il s’en
souvienne, il avait toujours rêvé d’être compositeur.

Il fit des études au New York University College of Arts and Science et passa par la médecine,
l’anthropologie et la philosophie avant d’être finalement diplômé en musicologie. Durant ses
études, il s’asseyait à un piano dès qu’il le pouvait afin de composer des chansons de comédie
musicale. C’est comme cela qu’il composa sa toute première comédie musicale : « Separate ways ».
Menken auditionna également pour le « Musical theater workshop » du BMI, dirigé par le réputé
chef d’orchestre et compositeur Lehman Engel, où il fut admis. C’est ce qui le fit entrer
véritablement dans le monde de la comédie musicale.

Après avoir reçu son diplôme, Alan Menken travailla à différents postes : accompagnateur pour un
cours de danse, directeur musical dans un club, compositeur de jingles ou encore arrangeur. C’est
en accompagnant le cours de danse qu’il rencontra sa femme, Janis Roswick, avec qui il eut deux
filles. En 1978, il rencontra Howard Ashman, auteur pour des musiques de films et des spectacles,
de qui il devint très proche et avec lequel il fit équipe dans plusieurs projets.

C’est en 1982 que la comédie musicale « The Little Shop Of Horror » mis Menken et Ashman sous
le feu des projecteurs. Le spectacle eut tellement de succès que l’on en fit un film quatre ans plus
tard.

En 1988, Howard Ashman, qui travaillait sur d’autres projets, fit appel à Menken pour travailler
avec les studios Disney sur le film « La petite sirène ». C’est ainsi que la longue collaboration entre
Alan Menken et Disney commença. Le dessin animé sortit en 1989 et fit remporter deux Oscars au
duo Ashman-Menken. En route pour de nouveaux projets, notamment « La Belle et la Bête » et
« Aladdin », Howard Ashman décéda et laissa le compositeur terminer la partition des deux films
avec Tim Rice.

Il composa encore pour d’autres films Disney par la suite, comme « Pocahontas », « Le bossu de
Notre Dame », « Hercules », « Enchanted », « Raiponce ». Beaucoup de ces Disneys ont été
transformés en comédie musicale et montés à Broadway (« La Belle et la Bête », « La Petite Sirène »,

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« Aladdin »…). Il sortit également une comédie musicale qu’il nomma « Newsies ». Cette dernière
ne fut pas tout de suite appréciée mais avec le temps, elle prit de la valeur et un film « Newsies »
fut même produit en 2011.

Finalement, toutes ses œuvres lui apportèrent beaucoup de récompenses parmi lesquelles on peut
compter 8 Oscars, 7 Golden Globes et un Tony Award.

The Bells of Notre Dame

La chanson « The Bells of Notre Dame » est issue de la comédie musicale « The Hunchback of
Notre Dame », une des partitions préférées du compositeur. Elle est sortie en version courte en
1996, en même temps que le Disney « Le bossu de Notre Dame » et a ensuite été adaptée dans la
comédie musicale du même nom en 1999. L’histoire est basée sur « The Hunchback of Notre
Dame » de Victor Hugo et raconte l’histoire de Quasimodo, Esmeralda et Claude Frollo.

Le drame se déroule à Paris, en 1482, lorsque les gitans arrivent dans la ville, guidés par Clopin.
Cela ne plaît pas à Dom Claude Frollo, l’archidiacre de la cathédrale de Notre Dame, qui demande
alors au capitaine Phoebus de les chasser. Mais Frollo n’avait pas anticipé que le capitaine allait
tomber amoureux d’une des gitanes : Esmeralda. En parallèle à cette histoire, il y a Quasimodo, le
sonneur de cloches de la cathédrale qui est sous les ordres de Claude Frollo. Ce dernier, enfermé
dans sa tour avec pour seuls amis les gargouilles, rêve de sortir voir le monde. A l’occasion de la
fête des fous, il décide de sortir et rencontre Esmeralda qui le protège du reste de la population.Les
deux histoires vont donc être entremêlées pour n’en former qu’une avec une question qui revient
et qui forme l’intrigue à elle toute seule : « L’homme est-il un monstre ou le monstre un
homme ? ».

La comédie musicale fut créée en 1999 à Berlin avant de s’exporter aux Etats-Unis en 2014. Il s’agit
de la première production de Walt Disney Theatrical Productions qui a été jouée en dehors des
Etats-Unis.

Le compositeur est particulièrement fier de sa partition « The Bells of Notre Dame». Il a dit a
propos de celle-ci « C’est un numéro vraiment très riche et je pense que c’est possiblement le
meilleur numéro d’ouverture que j’aie jamais écrit ». Le morceau dont les paroles ont été écrite par
Stephen Schwartz, dure sept minutes vingt-sept. Il s’agit du numéro d’ouverture du spectacle et il
explique le contexte dans lequel Frollo s’est retrouvé à Notre-Dame avec son frère Jehan et
comment il est devenu prêtre. Ce numéro raconte aussi pourquoi Frollo a dû élever Quasimodo.

Analyse de l’oeuvre

https://www.youtube.com/watch?v=VrYzVes7U7U

« The Bells of Notre Dame » raconte l’histoire de Dom Claude Frollo et de son frère, deux
orphelins qui furent recueillis par la cathédrale de Notre Dame. Tout au long de la pièce, le

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narrateur nous explique comment ils grandissent, élevés par les gens de la cathédrale et nous
montre que chacun d’eux évolue dans une direction différente. Finalement, le morceau permet
d’introduire la raison pour laquelle Frollo fini par s’occuper de Quasimodo. Le prologue trace
donc une ligne du temps du moment où les frères sont recueillis au moment où Quasimodo est
pris en charge par Frollo, nous faisant passer par plusieurs étapes musicales qui reflètent les
émotions des personnages et l’ambiance de l’instant.

L’œuvre est précédée d’un texte chanté en latin par la congrégation de la Cathédrale. Cet air est
brillant, monodique et est chanté de manière brillante, il résonne en nous et fait en sorte de refléter
la bonté et le réconfort de la congrégation qui accueille deux orphelins. Les cloches interviennent
également pour faire régner une véritable ambiance d’église, de cathédrale. Cet effet « musique
d’église » est renforcé par les autres interventions en latin dans le prologue.

Le thème de « Te Bells of Notre Dame » est ensuite chanté par Clopin, qui a guidé les gitans jusqu’à
Paris afin qu’ils y trouvent refuge. Dès le départ le titre de l’œuvre est mis en évidence par le son
des cloches elles mêmes et par les fins de phrases qui terminent par « Les cloches de Notre Dame ».
Le spectateur comprend donc que les cloches de la cathédrale ont une place importante dans
l’histoire. La musique est également assez évocatrice de Paris et se rattache aux paroles qui disent
que c’est dans cette ville que l’histoire du bossu de Notre Dame débute.

A 2.35 minutes, une courte mélodie, différente de ce qu’on a pu entendre avant intervient avec le
père de la cathédrale. Les paroles sont ponctuées par du texte latin : « Kyrie Eleison » (Seigneur
ayez pitié). La signification des paroles et la gravité avec laquelle elles sont chantées évoquent
quelque chose de dramatique qui représente bien la réalité, puisque c’est à ce moment que Jehan, le
frère de Frollo, est banni de Notre Dame.

Nous pouvons ensuite entendre un nouveau thème à 3.44 minutes, lorsque, après des années,
Frollo revit Jehan, mourant. La mélodie est douce mais grave, Frollo tente de convaincre son frère
de rentrer avec lui et de trouver un remède mais à la place, Jehan lui confie son bébé. Suite à cette
scène, Frollo est perdu et ne sait plus quoi faire, cela se ressent très bien en entendant le thème à
4.57 minutes. En effet, la musique nous plonge dans une ambiance complètement différente, pleine
de doute et de stress. L’oppression est totale lorsque la congrégation chante un nouveau texte en
latin mais de manière plus forte et plus enragée pour finir sur la phrase « leur regard pesait sur lui
comme les yeux du seigneur ». Cette phrase en dit long sur l’état d’esprit du personnage. C’est
alors que Frollo décide de garder l’enfant et de l’élever. Apparaît alors une autre mélodie chantée
par Frollo (6.02) suivie de la congrégation qui intervient pour expliquer le nom que Frollo a donné
à son neveu. Cette phase est accompagnée d’un crescendo musical dont le point culminant est le
prénom : Quasimodo (6.26).

A partir de ce moment là (6.26), nous pouvons entendre quelques petites notes présageant le retour
du thème principal terminant sur une apothéose. Cet effet d’apothéose est produit par plusieurs
éléments : la répétition du mot « Bells » et les crescendos qui créent un effet de masse, l’évocation
des vocalises du début de la pièce et le contre ré qui est tenu jusqu’à la fin.

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Il est important de mettre en évidence la question qui est posée lors de ce prologue et qui occupera
le spectateur tout au long de la comédie musicale : « l’homme est-il un monstre ou le monstre un
homme ? ».

Conclusion

J’aimerais conclure en comparant les deux œuvres sur certains points. En effet, les deux morceaux
constituent le prologue de leur comédie musicale respective et en tant que tel, présentent un
certain nombre d’éléments en commun. Cependant, les deux morceaux ont leurs particularités et
ne sont pas égales en tout point.

Tout d’abord, les pièces respectent toutes les deux le rôle d’un prologue, c’est-à-dire d’introduire
l’histoire. « Into The Woods » est plutôt basé sur le présent et montre les différents personnages
qui vont intervenir dans l’histoire. Grâce à cela, il peut aussi installer l’intrigue du spectacle qui se
passera, comme son nom l’indique, dans les bois. De son côté, « The Bells of Notre Dame » recrée
une ligne du temps de la vie de Frollo, de sa petite enfance à aujourd’hui. Cette partie de sa vie est
racontée pour installer le récit à venir dans une dynamique, dans un contexte. Ce qui est narré
dans l’ouverture ne revient d’ailleurs plus dans la suite de l’histoire et peu de personnages sont
présentés au public. Mis à part Dom Frollo, aucune des personnes du récit n’intervient dans cette
partie. Par contre, les deux morceaux contiennent un narrateur qui nous suit pendant toute
l’introduction. Il s’agit peut-être d’une convention.

Dans les deux ouvertures, la musique est mise au service de l’histoire, mais pas de la même
manière. Dans le « Bossu de Notre Dame », la musique soutien la narration. Elle se sert des
nuances pour intensifier les moments ou, au contraire, les adoucir. Malgré cela, la musique est,
selon moi, construite dans un but qui est aussi particulièrement esthétique. Cela ne veut pas dire
que le prologue de « Into the woods » n’est pas agréable à écouter, seulement que j’ai l’impression
que l’intention de Sondheim était plutôt de véritablement accompagner le texte, de se servir de la
musique pour raconter l’histoire. Je dirais que la musique d’« Into the woods » forme aussi les
paroles et que si on l’écoute seule, notre cerveau peut reconstituer des images mentales et avoir
une idée précise de ce qui est en train de se passer dans l’histoire. « The Bells of Notre Dame »,
écoutée seule, serait extrêmement esthétique mais ne nous permettrait que d’avoir une ambiance
très générale de la scène. Alan Menken a écrit « The Bells of Notre Dame » en collaboration avec le
parolier Stephen Schwartz tandis que Sondheim a écrit l’entièreté des morceaux tout seul. Ceci
pourrait peut-être expliqué le fait que sa musique soit aussi descriptive. Un autre élément qui
oppose les deux œuvres est que celle de Sondheim laisse de la place aux silences, quand le
narrateur parle par exemple, tandis que la musique de Menken ne s’arrête pas pendant les sept
minutes vingt-sept, même s’il y a des moments plus calmes quand le narrateur parle par exemple.

Comme dans « Into the Woods », « The Bells of Notre Dame » nous présente plusieurs tableaux
différents. Mais là où le premier nous dépeint les souhaits et les caractères de plusieurs

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personnages, l’oeuvre d’Alan Menken montre l’évolution d’un personnage central avec deux-trois
autres qui gravitent autour de lui. Il y a donc plusieurs thèmes musicaux différents dans les deux
œuvres mais ceux d’« Into the Woods » présentent beaucoup plus de contrastes les uns par rapport
aux autres. En effet, Il y a plus de personnages et d’ambiances différentes à décrire. Chez Menken,
ce sont plutôt des états d’esprit ou des moments de la vie qui sont interprété.

Je voulais également mettre en évidence le texte. Je me suis parfois attardée sur certaines paroles
parce que dans ces deux œuvres, et dans la comédie musicale en général, l’un ne va pas sans
l’autre. Dans une œuvre comme dans l’autre, les paroles racontent l’histoire, elles sont le récit. Il
faut donc qu’elles soient mis en musique de manière cohérente et c’est ce que les deux
compositeurs ont fait. Chaque texte est mis en musique en fonction de son caractère, qu’il soit
calme, enragé, sautillant, mystérieux, grandiose, triste… Si la musique n’est pas adaptée à
l’ambiance du moment, le spectateur ne peut pas être plongé dedans. L’ambiance est créée par
l’association de la musique et du texte.

Pour conclure, je dirai que ces deux œuvres sont magistrales, chacune à leur manière et c’est ce
qu’on attend d’une ouverture, qu’elle nous marque. On dit souvent qu’il y a deux moments qui
doivent être parfaits dans un spectacle : le début et la fin. C’est ce que ces deux morceaux ont
accompli, notamment en terminant sur une apothéose créée par un effet de masse, la répétition des
paroles et évidemment, une note bien aiguë qui transperce tout le public.

Bibliographie

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