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Code Ohada - Partie I TRAITE, REGLEMENTS ET DECISIONS - Titre III LE CONTENTIEUX RELATIF A

L'INTERPRETATION ET A L'APPLICATION DES ACTES UNIFORMES

Art. 19 La procédure devant la Cour commune de justice et d'arbitrage est fixée par un Règlement adopté par
le Conseil des ministres dans les conditions prévues à l'article 8 et publié au journal officiel de
l'OHADA. Il est également publié au journal officiel des Etats parties ou par tout autre moyen
approprié.
Cette procédure est contradictoire. Le ministère d'un avocat est obligatoire. L'audience est publique.

Art. 20 Les arrêts de la Cour commune de justice et d'arbitrage ont l'autorité de la chose jugée et la force
exécutoire. Ils reçoivent sur le territoire de chacun des Etats parties une exécution forcée dans les
mêmes conditions que les décisions juridiques nationales. Dans une même affaire, aucune décision
contraire à un arrêt de la Cour commune de justice et d'arbitrage ne peut faire l'objet d'une exécution
forcée sur le territoire d'un Etat partie.

I. Principe
Le principe de l'autorité de la chose jugée est violé lorsqu'une juridiction revient sur une affaire déjà
tranchée par les juridictions compétentes par une décision passée en force de chose jugée. Tel n'est
pas le cas du présent litige qui est relatif à la saisie-attribution de créances pratiquée le 3 décembre
2008 ; le moyen manque donc en droit et sera rejeté (CCJA, 1 e ch., n° 082, 28-3-2019 : Sté MAERSK
c/ AKPA TCHOTCH Marcelin et 2 autres).
C'est à tort que l'incompétence de la CCJA est soulevée au motif que « dans une affaire numérotée
RG : 3152/2015 qui opposait la BNI à la Société International Malo, la BNI avait saisi la CCJA pour
qu'elle casse l'arrêt consacrant la mainlevée de la caution bancaire ; à ce pourvoi, par une décision
rendue le 31 mai 2018, la CCJA s'est déclarée incompétente pour connaître de cette affaire ; ainsi,
dans un paradigme juridique similaire, les faits, les prétentions et la procédure étant les mêmes, la
CCJA devrait se déclarer incompétente…», dès lors que contrairement aux allégations de la
défenderesse, l'exacte référence du jugement qu'elle mentionne est le n° 734/2016 et non le « RG :
3152/2015 » ; qu'ensuite, la CCJA ne s'était pas déclarée incompétente dans l'arrêt CCJA n°
116/2018 du 31 mai 2018 sus évoqué, mais avait plutôt rejeté le pourvoi aux dépens de la
demanderesse ; et que par ailleurs, l'exception soulevée concerne moins la compétence de la cour
que la recevabilité du recours relativement à l'autorité de la chose jugée, au sujet de laquelle la
condition de la triple identité de parties, d'objet et de cause n'est pas établie dans la présente espèce,
d'autres parties s'étant jointes à la demanderesse et l'identité d'objet n'existant pas, la première affaire
concernant la condamnation de la demanderesse à des dommages-intérêts pour avoir refusé
d'exécuter une décision de justice, alors que la présente affaire est relative à la conformité du
paiement effectué par la garante à l'AUS. Il ensuit que le recours est recevable (CCJA, 3e ch., n° 36,
31-1-2019 : BNI c/ Sté Internationale Malo et 3 autres).

II. Effets de l'autorité de la chose jugée attachée aux arrêts de la CCJA

A. Primauté de l'arrêt de la CCJA en cas de contrariété avec un arrêt rendu par une juridiction
nationale
En cas de contrariété entre un arrêt de la CCJA et une autre décision, la décision contraire à celle de
la CCJA ne peut être exécutée et doit être annulée. Il en est ainsi, par exemple, lorsqu'il est établi que
c'est le même arrêt n° 14 du 12 novembre 2008, rétracté le 25 janvier 2012 par la cour d'appel de
Bobo-Dioulasso, qui avait été déféré à la censure de la CCJA, laquelle a rejeté le recours en date du 4
décembre 2012. Ainsi, la décision de rejet de la CCJA qui a pour effet de consolider le redressement
judiciaire ordonné par l'arrêt n° 14 est en nette contrariété avec celle déférée qui ordonne la liquidation
; il en résulte que l'arrêt du 25 janvier 2012 ne pouvant être exécuté, doit par conséquent être annulé,
sans qu'il y ait lieu à évocation, rien ne restant à juger (CCJA, Ass. plén., n° 080, 29-4-2015 : Kabore
John Boureima, Kabore Aimé c/ Sté CORI sarl, Maître Yacoba Ouattara, Souleymane Sere, Henry
Deckers, Ohadata J-16-80).

B. Impossibilité d'exécuter dans l'espace géographique de l'OHADA un arrêt rendu en violation de la


compétence de la CCJA
Une décision rendue au mépris de l'article 16 du traité relatif à l'OHADA ne pouvant faire l'objet d'une
exécution forcée sur le territoire d'un Etat partie, conformément à l'article 20 dudit traité, l'arrêt rendu
par une juridiction suprême nationale au mépris de la compétence de la CCJA alors que cette dernière
était déjà saisie n'a pu avoir l'autorité de la chose jugée, en raison de la suspension de la procédure
devant la juridiction nationale opérée par la saisine de la CCJA. Il s'ensuit que le pourvoi est recevable
(CCJA, Ass. plén., n° 067, 29-4-2015 : 1) Sté Générale de Banques en Guinée dite S.G.B.G, 2) Sté
Générale France, 3) Sté Bayerische Hypo Und Vereinsbank AG c/ 1) El Hadj Boubacar Hann, 2) Sté
Hann et Compagnie, Ohadata J-16-67).
L'arrêt rendu en violation des articles 18 al. 3 et 20 du traité relatif à l'harmonisation du droit des
affaires en Afrique est nul et de nul effet et ne peut exercer aucune influence sur l'arrêt de la CCJA du
17 décembre 2015 avec lequel il est en contrariété (CCJA, 2 e ch. n° 188, 27-7-2017 : Maisons Sans
Frontières SARL c/ ELCO Construction SARL).

C. Irrecevabilité de nouveaux recours

1° Irrecevabilité du recours contre un arrêt déjà examiné par la CCJA


Aux termes des articles 20 du traité de l'OHADA et 41 du Règlement de procédure de la CCJA, les
arrêts de la Cour ont l'autorité de la chose jugée, la force exécutoire et la force obligatoire à compter
du jour de leur prononcé. Il s'ensuit que le recours en cassation formé par une personne, agissant par
le même représentant légal et assistée du même Conseil, contre un arrêt qui a déjà donné lieu à un
arrêt rendu par une chambre de la CCJA est irrecevable (CCJA, 1 e ch. n° 124, 29-10-2015 : Sté Total
Guinée SA c/ 1) Sté Pétrolière de Guinée (COPEG) SA, 2) Etat de Guinée représenté par l'Agent
Judiciaire de l'Etat, Ohadata J-16-117).

Obs. : voir sous l'art. 41 du Règl. de procédure.

Un arrêt de la CCJA qui a acquis l'autorité de la chose jugée ne peut faire l'objet d'aucun recours. Tel
est le cas lorsque le demandeur a formé un recours en tierce opposition contre l'arrêt n° 083 rendu le
4 décembre 2012 par la CCJA qui a consolidé le redressement judiciaire de la société codéfenderesse
ordonné par l'arrêt no 014/08 du 12 novembre 2008 en rejetant le pourvoi formé contre ledit arrêt ;
qu'en outre, par arrêt 080/2015 rendu le 29 avril 2015, dans la même cause, la cour de céans a
annulé l'arrêt n° 006 rendu le 25 janvier 2012 par la Cour d'appel de Bobo-Dioulasso sur tierce
opposition de CORI et qui a rétracté l'arrêt n° 014/08 en précisant que celui-ci était en nette contrariété
avec l'arrêt n° 006 et qu'en conséquence ne pouvait être exécuté et qu'il ne saurait être évoqué
puisque plus rien ne restant à juger ; qu'il s'ensuit de ce qui précède que seul l'arrêt n° 083 du 4
décembre 2012 consolidant le redressement judiciaire reste valable et que les différentes procédures
dans cette affaire ayant un lien de connexité puisque concernant les mêmes parties litigantes, il y a
lieu de constater l'autorité de la chose jugée liée à l'arrêt n° 083/2012 (CCJA, 1 e ch., n° 120/2018, 31-
5-2018 : Compagnie d'Opérations et de Reconditionnement Industriel dite CORI c/ KABORE John
Boureima, KABORE Aimé, SIABI D. François, Henry DECKERS, Belcot Société Générale Burkina dite
BSGB).

2° Autorité de chose jugée empêchant le réexamen du même arrêt qui a fait l'objet de recours
parallèles
Lorsque parallèlement au pourvoi formé devant la juridiction nationale de cassation, le requérant a
formé, contre le même arrêt d'appel, un second recours en cassation devant la CCJA et que le
recours devant la CCJA a connu un dénouement par arrêt, il y a lieu de constater d'office l'autorité de
la chose jugée relativement à la demande en annulation de la décision de la juridiction nationale de
cassation (CCJA, 1e ch. n° 080, 27-4-2017 : Sté AFRICOF c/ Banque Islamique de Guinée).

III. Inexistence de l'autorité de la chose jugée

A. Absence de causes identiques


C'est à tort qu'il est reproché à un arrêt d'avoir violé l'article 1351 du Code civil de Côte d'Ivoire relatif
à l'autorité de la chose jugée, dès lors qu'aux termes dudit texte, « l'autorité de la chose jugée n'a lieu
qu'à l'égard de ce qui a fait l'objet du jugement… » ; et qu'en l'espèce, il n'est pas contesté que la
première procédure qui s'est poursuivie jusque devant la CCJA était relative à une mainlevée
demandée par la défenderesse pour inexistence de la créance à son encontre alors que la présente
est relative à une mainlevée pour absence de titre exécutoire. Manifestement la cause n'étant pas la
même, il n'y a pas autorité de la chose jugée et la cour d'appel n'a en rien violé le texte visé au moyen
en statuant comme elle l'a fait ; rejet du moyen (CCJA, 3e ch., n° 077, 29-3-2018 : Martial Duparc et
une autre c/ Sté SCB).

B. Tierce opposition sans réexamen au fond du litige


C'est à tort qu'il est reproché à un arrêt d'avoir violé d'une part l'article 20 du Traité relatif à l'OHADA et
l'article 41 du Règlement de procédure de la CCJA, et, d'autre part, l'article 257 de l'AUSCGIE, en ce
que la nullité de la fusion-absorption d'une société par la société demanderesse a fait l'objet d'une
régularisation dûment inscrite au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier et n'a jamais été
contestée, dès lors que la tierce opposition est une voie par laquelle une juridiction ne réexamine une
affaire et ne rétracte sa précédente décision qu'après avoir déclaré ledit recours recevable en la forme
; la juridiction qui déclare un tel recours irrecevable et tire, en tant que de besoin, les conséquences
de sa décision, relativement au caractère exécutoire de la décision attaquée, en précisant que celle-ci
doit produire ses pleins effets, ne procède pas à un réexamen du fond du litige opposant les parties. Il
y a donc lieu de considérer, en l'espèce, que la cour n'a pas réexaminé les demandes en
revendication d'actions et en nullité de la fusion-absorption, pour avoir seulement déclaré la tierce
opposition irrecevable ; les griefs allégués étant alors extérieurs à l'arrêt attaqué et, par conséquent,
inopérants, les exceptions soulevées par la défenderesse manquent d'objet et le pourvoi mérite d'être
rejeté (CCJA, 1e ch., n° 229, 29-11-2018 : TOTAL GUINEE S.A. c/ Compagnie Pétrolière de GUINEE
(COPEG), Etat de GUINEE).

IV. Autorité de chose jugée des décisions nationales non déférées à la CCJA et empêchant leur
réexamen par celle-ci
Incompétence de la juridiction nationale non soulevée devant elle
Le pourvoi est irrecevable, dès lors qu'il ressort des éléments du dossier que la procédure devant la
CCJA a été initiée concomitamment avec une autre par devant une cour suprême nationale, en
cassation du même arrêt ; que statuant par arrêt contradictoire du 2 juin 2016, la cour suprême
nationale rejetait le pourvoi en cassation de la demanderesse, qu'en exécution dudit arrêt, il a été
procédé le 16 juin 2014, par devant notaire, à l'adjudication de l'immeuble litigieux. La cause ayant
ainsi été tranchée à la demande de la demanderesse sans qu'elle ait soulevé l'incompétence de la
cour suprême nationale (CCJA, 2e ch., n° 089, 27-4-2017 : La Société Civile Immobilière Choucair
Frères c/ SGBCI SA).

Code Ohada - Partie I TRAITE, REGLEMENTS ET DECISIONS - Titre III LE CONTENTIEUX RELATIF A
L'INTERPRETATION ET A L'APPLICATION DES ACTES UNIFORMES
(c) 2020 Editions Francis Lefebvre

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