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LES THEMES
La formulation d’Hadrien à la fin du roman : « Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts. »
• La description avec une précision médicale de la maladie dont Hadrien est atteint au début et à la fin du
roman inscrit de manière tangible, concrète, la mort dans l’horizon de l’empereur. Au fil du roman, les
interrogations sont nombreuses et toutes visent à préparer la conscience à la disparition inéluctable.
Même si « La méditation sur la mort n'apprend pas à mourir. Elle ne rend pas la sortie plus facile » (p.
310), elle aide Hadrien à affronter l’énigme que constitue la mort : « Et qui dit mort dit aussi le monde
mystérieux auquel il se peut qu’on accède par elle. Après tant de réflexions et d’expérimentations parfois
condamnables, j’ignore encore ce qui se passe derrière cette tenture noire. » (p. 164). L’absence de
réponse constitue en soi une forme de clairvoyance dans la mesure où l’approche de la mort a permis
d’évaluer la valeur de la vie vécue. Hadrien au moment de sa mort est donc prêt à la regarder en face, de
façon lucide.
Une forme d'immortalité pour Hadrien : ses réalisations et les Mémoires d'Hadrien.
• Construire est un moyen de lutter contre le temps et la mort, c'est ce que fait aussi Yourcenar en écrivant
la vie d'Hadrien: elle lui donne une une forme d'immortalité.
LES CAMPAGNES MILITAIRES ET LES CONQUÊTES D'HADRIEN
Réfléchir au rapport entre Hadrien et la guerre. Comment la considère-t-il? N'at-il pas aussi une attitude
paradoxale?
– Les campagnes avec Trajan : p.60-67; 79-82 guerre sarmate + 82-89 conséquences : Hadrien prend le parti d e
la paix; 89-106
– le début du règne : désir de paix 109-116 - guerre = métaphore de la maladie - abandon de certaines conquêtes
- Guerre de Judée : p.252-270
• Les monuments
Il est à l’origine de nombreux monuments grecs et romains comme le Panthéon, le sanctuaire de Vénus,
l’Olympéion d’Athènes, et évidemment des chapelles, des temples, des « chambres magiques », et des
monuments construits pour Antinoüs. Il aimait beaucoup essayer de nouvelles couleurs comme le jaspe
vert, le porphyre grenu, le basalte, la morne obsidienne ou encore le rouge dense. Hadrien se souciait du
moindre détails et pour lui « chaque édifice était le plan d’un songe ».
• La villa de Tibur
Sa construction majeure a été la villa Adriana, un complexe de 30 édifices dans lequel il a passé les
dernières année de sa vie. Ce complexe ressemble à une petite ville dans laquelle il y a, une chancellerie
qu’il a nommée Pœcile, l’Académie, qui regroupe plusieurs salles d’audience, et le tribunal qu’il a baptisé
le Prytanée. Il y a aussi un palais, des fontaines, des thermes, une bibliothèque, des théâtres, des
temples et beaucoup d’autre bâtiments.
• La rencontre entre Hadrien et Antinoüs se trouve dans le chapitre intitulé « S ӕculum Aureum », (« L’e
siècle d’or»), référence au mythe ancien évoqué par Hésiode ou Ovide. L'âge d'or est une époque
merveilleuse pleine de bonheurs pour les hommes qui vivent en harmonie avec la nature (cf cours sur
Montaigne) le titre de la partie laisse penser que l’Empire d’Hadrien atteint son apogée. Il voyage
beaucoup, entreprend de nombreux travaux et conquêtes, et à cela s’ajoute un amour rayonnant avec
Antinoüs, son grand amour qu'il rencontre lors de son voyage en Asie Mineure.
• Ce mystérieux Grec se nommant Antinoüs va entrer dans la vie d’Hadrien par hasard et ne plus jamais la
quitter. Né à Claudiopolis, originaire de Bithynie, ayant vécu au II°s après J-C, Antinoüs va devenir le
favori et l’amant d’Hadrien. Leur rencontre à lieu en l’an 124 et est décrite lors des premières pages de
« Saeculum Aureum ». En voyage en Asie Mineure c’est lors d’une soirée à Nicomédie, organisée par son
ami Proculus qu’Hadrien rencontre Antinoüs. Ce dernier a alors 14 ans, Hadrien vient de passer la
quarantaine. Lors de cette soirée une réunion littéraire est organisée, c’est lors de la lecture d’une pièce
de Lycophron qu’Hadrien aperçoit Antinoüs, timide et en retrait; Yourcenar écrit: « Un jeune garçon
placé à l’écart écoutait ces strophes difficiles avec une attention à la fois distraite et pensive… » (169). De
nouvelles informations sont livrées sur Antinoüs. Son père gérait des grands domaines impériaux, puis il
a été envoyé dans une riche famille dont le père était armateur. Il n’en fallait pas plus pour qu’Hadrien
tombe sous le charme d’Antinoüs, et l’idylle bien que parfois mouvementée, commence: « Une intimité
s’ébaucha. Il m’accompagna par la suite dans tous mes voyages, et quelques années fabuleuses
commencèrent. »(170)
• La beauté physique de ce jeune homme répond en tout point à l’idéal esthétique grec. À ses côtés,
Hadrien fait l’expérience de l’amour absolu qui transcende les hommes : « l’avenir comptait peu ; je
cessai de poser des questions aux oracles ; les étoiles ne furent plus que d’admirables dessins sur la voûte
du ciel. » (p. 172).
• Cependant le bonheur commença à s’effacer et un froid s’installa. « Peu à peu, la lumière changea.
Depuis deux ans et plus, le passage du temps se marquait aux progrès d’une jeunesse qui se forme, se
dore, monte à son zénith » (188). Antinoüs grandissait et prenait de l’assurance « Mon jeune berger
devenait un jeune prince ». Hadrien et Antinoüs n'ont pas la même vision de l'amour. Hadrien est
volage, Antinoüs exclusif. « L’enfant se faisait de l’amour une idée (…) exclusive ». Leur relation
s'envenime, Hadrien va même battre son amant: « Des caprices dangereux, des colère(…), il m’est arrivé
de le frapper. »(195)
• Lors d’une escale à Alexandrie la mort d’Antinoüs se dessina au loin, par le biais d’un oiseau. En effet,
c’est Phlégon qui emmena Hadrien, Antinoüs et Lucius chez une magicienne à Canope qui annonça à
Hadrien de mauvais présages pour la suite. La tension entre les deux amants d’Hadrien se faisait
ressentir de jour en jour: « Une hostilité sourde régnait entre les deux jeunes hommes. L’intimité (…)
augmentait leur aversion l’un pour l’autre »(210). La magicienne ordonna le sacrifice d’un animal, il
fallait impérativement qu’il ait appartenu à Hadrien. Le faucon que le roi Osroène offrit à Hadrien fut
retenu. Ce faucon était en réalité à Antinoüs, Hadrien le lui avait donné. Antinoüs y tenait beaucoup:
« c’était une des rares possessions auxquelles il s’était attaché ». Sans le savoir, Hadrien recevait un
avertissement de la part du jeune Grec, celui de sa mort imminente. En effet, de nombreux détails de la
mort de ce faucon font référence à la mort d’Antinoüs. L’oiseau s’est noyé dans le Nil, tout comme
Antinoüs allait le faire très bientôt: « la bête inerte fut déposée au fond d’une cuve remplie d’eau du Nil;
la créature noyée (…) emportée par le courant du fleuve. »(212). La veille de sa mort, Hadrien dormit
avec Antinoüs, le visage baigné de larmes, chose qui n’échappa pas à Hadrien; c’est à ce moment que
pour lui, Antinoüs l’a quitté: « Sa véritable agonie a eu lieu dans ce lit, à mes côtés » (215).
• Sa disparition le confronte à la perte irrémédiable qui rend les hommes fragiles, vulnérables :
« je me croyais à peu près calmé ; j’en rougissais presque. Je ne savais pas que la douleur contient
d’étranges labyrinthes, où je n’avais pas fini de marcher.» (p. 221). « La plaie fermée trop vite s’était
rouverte; je criai le visage enfoncé dans mon coussin » (223).
• Hadrien décida d’offrir à Antinoüs des funérailles digne de ce nom: « L’enfant de Claudiopolis fut
enterré comme un Pharaon, comme un Ptolémée. » La gloire d’Antinoüs devait retentir dans chaque
endroit. Hadrien fait construire Antinoé en sa mémoire, de nombreux monuments édifices, fit faire
aussi de nombreuses statues et autres œuvres d'art. Il est celui qui restera à jamais l’incarnation d’un
idéal sur lequel le temps n’a pas eu de prise. Il s’est soustrait à l’ordre du monde et accède ainsi à un culte
divin.
• Hadrien termina son deuil par une référence faite à Achille et Patrocle. Il se reconnaissait, lui et Antinoüs, en
ces héros de la mythologie. Hadrien était Achille, Antinoüs, Patrocle. Antinoüs vivait dans l’ombre d’Hadrien
depuis toujours, il l’accompagnait, faisant ainsi écho à Patrocle: « Et l’ombre de Patrocle apparaît aux côtés
d’Achille. » Achille était fort, intelligent, redoutable, et surtout éperdument amoureux de Patrocle, qui était
plus jeune que lui: « Achille me semble parfois le plus grand des hommes par le courage, la force d’âme, les
connaissances de l’esprit (…)et son ardent amour pour son jeune compagnon. » Tout comme Hadrien. Ainsi, à
la mort d’Antinoüs, Hadrien se sent aussi vide qu’Achille à la mort de Patrocle. Soudainement attiré par la
mort, Hadrien souhaite en finir, comme Achille eut ce profond désir envers la mort: « (…)désirer la mort quand
il eut perdu le bien-aimé. » (296).
Un empereur humaniste
• Sa devise : « Humanitas, Felicitas, Libertas » ( Humanité, Bonheur, Liberté ; trois mots qui
figurent sur les pièces de monnaie du règne d'Hadrien)
• Hadrien met en avant des valeurs similaires à celle des philosophes humanistes. La démarche
qui le conduit à écrire à Marc Aurèle met en avant son désir de se connaître et de tirer des
enseignements de sa vie (« Le véritable lieu de naissance est celui où l’on a porté pour la
première fois un coup d’oeil intelligent sur soi-même.», p. 43). Il se montre intéressé par
l’éducation et le bien des hommes qu’il gouverne et dont il a conscience de la diversité
culturelle. Il protège également les artistes.
Comment gouverner
• Hadrien est un empereur qui analyse sa vie et en particulier son règne avec une exigence de lucidité et de
modestie. Il ne prétend pas avoir pu tout faire ce qu’il avait le projet d’entreprendre. Il mesure ses succès
et ses échecs qu’il tente d’expliquer. Sa pensée prend donc la forme d’une méditation. En témoigne, par
exemple, son examen de l’esclavage : « Je doute que toute la philosophie du monde du monde
parvienne à supprimer l’esclavage : on en changera tout au plus le nom. Je suis capable d’imaginer des
formes de servitude pires que les nôtres, parce que plus insidieuses » (p. 129)
• Il questionne aussi la condition des femmes (p.130): « Elles sont à la fois assujetties et
protégées,faibles et puissantes, trop méprisées et trop respectées. » Ce statut paradoxal le fait méditer
sur la différence entre un statut public et un statut privé. Il prend aussi la défense des femmes dans des
domaines comme le mariage ou l'indépendance financière.
• Hadrien réfléchit longuement à toutes les questions sociales qui peuvent lui permettre d'améliorer la vie
de ses concitoyens (inégalités, richesse et pauvreté, commerce..)