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Marguerite YOURCENAR , MÉMOIRES D'HADRIEN, 1951

Parcours associé : soi-même comme un autre

LES THEMES

HADRIEN FACE À LA MORT


Quelle évolution pour Hadrien? Comment échapper symboliquement à la mort?
la question du suicide : 178 et 298-303
la fin d'Hadrien : 310-316

Présence constante de la mort dans l'œuvre


• Poème d'Hadrien en exergue dont le début sera le titre de la première partie du roman. La traduction de
ce poème constitue aussi la fin du roman : il encadre l'œuvre> présence constante de l'idée de la mort du
début à la fin de l'œuvre dont elle est l'aboutissement.
• l'approche de la mort constitue le point de départ de l'écriture : Yourcenar met en scène un personnage
qui déclare commencer une lettre à l'adresse de son héritier : « je commence à apercevoir le profil de ma
mort. » p. 13. Dans le premier et le dernier chapitre, l'empereur se prépare à mourir. Écrire devient alors
le dernier moyen de supporter la vie et d'avancer vers la mort

Hadrien face à la mort des autres


• Évocation de la mort de différents personnages plus ou moins proches d'Hadrien et différences entre ce
que ressent Hadrien face à ces morts et ce qu'il éprouve au moment de la mort d'Antinoüs. p.219-230. Sa
disparition le confronte à la perte irrémédiable qui rend les hommes fragiles, vulnérables : « je me
croyais à peu près calmé ; j’en rougissais presque. Je ne savais pas que la douleur contient d’étranges
labyrinthes, où je n’avais pas fini de marcher.» (p. 221). Le suicide d’Antinoüs invite également
l’empereur à s’interroger sur la mort et la vanité de la vie : «Ce cadavre et moi partions à la dérive,
emportés en sens contraire par deux courants du temps. » (p. 223).

Hadrien face à sa propre mort : l'évolution de la réflexion de l'empereur au fil du roman


• La question du suicide : question essentielle dans l'antiquité puisque les Stoïciens, membre de l'une
des deux écoles philosophiques majeures de l'Antiquité , avaient recours au suicide et en défendait la
pratique. Hadrien le présente comme une question obsédante, à laquelle il a déjà songé . Hadrien
déclare ne pas être opposé à ce qu’il qualifie de « sortie volontaire ». La question du suicide est évoquée
en lien avec celui du philosophe Euphratès. Hadrien , même s'il comprend mal ce choix trouve que c'est
une « solution facile » de quitter la vie (178). Il finira par renoncer au suicide et l'explique dans la partie
« patientia » où il dit « L'heure de l'impatience est passée (…) J'ai renoncé à brusquer ma mort. »

La formulation d’Hadrien à la fin du roman : « Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts. »
• La description avec une précision médicale de la maladie dont Hadrien est atteint au début et à la fin du
roman inscrit de manière tangible, concrète, la mort dans l’horizon de l’empereur. Au fil du roman, les
interrogations sont nombreuses et toutes visent à préparer la conscience à la disparition inéluctable.
Même si « La méditation sur la mort n'apprend pas à mourir. Elle ne rend pas la sortie plus facile » (p.
310), elle aide Hadrien à affronter l’énigme que constitue la mort : « Et qui dit mort dit aussi le monde
mystérieux auquel il se peut qu’on accède par elle. Après tant de réflexions et d’expérimentations parfois
condamnables, j’ignore encore ce qui se passe derrière cette tenture noire. » (p. 164). L’absence de
réponse constitue en soi une forme de clairvoyance dans la mesure où l’approche de la mort a permis
d’évaluer la valeur de la vie vécue. Hadrien au moment de sa mort est donc prêt à la regarder en face, de
façon lucide.

Une forme d'immortalité pour Hadrien : ses réalisations et les Mémoires d'Hadrien.
• Construire est un moyen de lutter contre le temps et la mort, c'est ce que fait aussi Yourcenar en écrivant
la vie d'Hadrien: elle lui donne une une forme d'immortalité.
LES CAMPAGNES MILITAIRES ET LES CONQUÊTES D'HADRIEN
Réfléchir au rapport entre Hadrien et la guerre. Comment la considère-t-il? N'at-il pas aussi une attitude
paradoxale?
– Les campagnes avec Trajan : p.60-67; 79-82 guerre sarmate + 82-89 conséquences : Hadrien prend le parti d e
la paix; 89-106
– le début du règne : désir de paix 109-116 - guerre = métaphore de la maladie - abandon de certaines conquêtes
- Guerre de Judée : p.252-270

La guerre comme apprentissage


Hadrien éprouve d'abord un certain plaisir à faire la guerre, une excitation face aux aventures qu'elle procure.
Lors de la guerre contre les Daces, il parle d'une « exaltation extraordinaire » (p.63), il annonce aussi qu'il serait
malhonnête de dire que la guerre ne l'avait pas excité: « mais j’aurais été plus ou moins qu’un homme si ces
grandes entreprises de Trajan ne m’avaient pas grisé» (p.62). Ce qu'il aime, c'est de mener des troupes, la
camaraderie et la hiérarchie. Il met alors en avant un paradoxe: bien qu'il soit opposé à la guerre, il en apprécie
certains aspects : « ces années de guerre comptent parmi mes années heureuses » (p.62). Il en vient même à
apprécier Trajan et à admirer ses talents de commandant : « certaines de mes objections naissantes à ses vues
furent, au moins momentanément, mises au rancart, oubliées en présence de l’admirable génie qu’il déployait
aux armées » (p.66)
Hadrien, un empereur opposé au parti de la guerre...
• Hadrien est foncièrement un partisan de la paix. « Par goût, et par politique, je me suis toujours opposé
au parti de la guerre » Il se met d’ailleurs très vite en opposition avec Trajan, « l’empereur-soldat », qui
lui mena une politique très militaire.
• Hadrien eut une expérience directe avec la guerre assez tôt et il la décrit comme une horreur,
notamment celle contre les Sarmates, qui fut « atroce ». Hadrien la conçoit comme une conséquence
des guerres daciques de son prédécesseur, mais l’horreur de celle-ci est bien plus grande que ce qu’il a pu
voir en Dacie. Il décrit les atrocités avec des images fortes et montre que les Romains perdent leur
humanité et deviennent barbares au contact de l’ennemi: « Nos ennemis brûlaient vivants leurs
prisonniers ; nous commençâmes à égorger les nôtres (...) Les pieux de nos palissades se hérissaient de
têtes coupées. » Hadrien rencontre l’apogée de l’horreur lorsqu’il découvre le carnage de la famille d’un
chef Sarmate : « on le trouva mort dans sa tente de feutre, près de ses femmes étranglées et d'un horrible
paquet qui contenait leurs enfants »

Un empereur pacifiste qui rêve d'un idéal


• Au début de son règne, Hadrien va éprouver son désir de paix et refuser une politique d’expansion de
l’empire. Hadrien sait qu’il n’a pas les moyens de progresser en Asie : « Passé l'Euphrate, commençait
pour nous le pays des risques et des mirages, les sables où l'on s'enlise, les routes qui finissent sans
aboutir ».
• Il va abandonner des conquêtes telles que la Mésopotamie ou l’Arménie.
• L’empereur va donc commencer à ériger des consolidations et des fortifications tout autour de l’empire,
car il préfère un empire fermé dans lequel il peut mettre en oeuvre sa politique. « Je n'avais pas la
naïveté de croire qu'il dépendrait toujours de nous d'éviter toutes les guerres ; mais je ne les voulais que
défensives ; je rêvais d'une armée exercée à maintenir l'ordre sur des frontières, rectifiées s'il le fallait,
mais sûres ». Hadrien souhaite assurer la stabilité de son empire (cf. le titre du chapitre Tellus stabilita)
et consolider les frontières afin d’installer la paix de manière durable, seul moyen d’assurer la prospérité
économique mais aussi le progrès humain à travers les arts et les échanges culturels. Hadrien s’est donc
donné pour but, au-delà de la gloire militaire, de changer les hommes, les mentalités, les valeurs qui
gouvernent l’organisation sociale et ce ne sont pas toujours des références guerrières qu’il convoque
pour parler de son oeuvre : « « Une chance analogue à celle de certains jardiniers m’a été départie : tout
ce que j’ai essayé d’implanter dans l’imagination humaine y a pris racine. » (p. 307). De l’espace
gigantesque au plus petit, Hadrien a voulu administrer son empire à toutes les échelles.

La dernière guerre : La guerre de Judée, l'échec d'Hadrien


• Hadrien est de nouveau confronté aux réalités de la guerre en Judée. Il ne trouve d’autres moyens que
d’utiliser la violence extrême : « Sévérus comprit vite que cet ennemi insaisissable pouvait être
exterminé, mais non pas vaincu ». L’idéal d’Hadrien est mis à mal et Hadrien connaît une crise
profonde liée à la perte d’Antinoüs, la guerre et sa maladie. Ceci trois années avant la fin de son règne .
LES RÉALISATIONS D'HADRIEN
bâtiments, monuments, constructions diverses, œuvres d'art, villes, la villa Adriana p.271-272....)
p.142- 149 Ce qui motive Hadrien : le désir de beauté. Rome : 182-188; Athènes p.243

Hadrien empereur bâtisseur


• Les villes et les infrastructures: Rome, Athènes, Antinoé, le mur d'Hadrien ….
Il a construit plusieurs villes par nécessité de « [multiplier] le plus possible ces ruches de l’abeille
humaine », et parce que pour lui, tous les éléments qui composent une ville sont « un beau spectacle »,
du temple, aux « latrines publiques » en passant par les rues dallées. Plotinopolis a été construite pour
établir de nouveaux comptoirs agricoles et pour rendre hommage à Plotine, sa mère adoptive.
Hadrianothères était destinée à servir de comptoir commercial aux forestiers d’Asie Mineure.
Andrinople était une ville à la fois paysanne et militaire, et Antinoé servait au commerce avec l’Inde et
aux transports fluviaux.
• Hadrien a aussi effectué des changements à Rome, il a réparé le Colisée et a terminé le temple de Vénus
et de Rome, a reconstruit le Panthéon. C’était un empereur humble qui ne demandait pas à ce que son
nom soit donné au bâtiment construit car « [il aimait] à [se] sentir un continuateur ». Il était très investi
dans la réalisation des plans, et a même corrigé l’architecte Apollodore, en utilisant sa connaissance de
la Grèce pour les ornementations qui pour lui étaient « un luxe ajouté », et en remontant « aux temples
ronds de l’Etrurie antique » pour reproduire « la forme du globe terrestre et de la sphère stellaire ».
• À Athènes, il a travaillé sur un projet qui a placé la ville au rang de métropole : l’établissement
d’ambassades annuelles, et a aussi fait agrandir la scène du théâtre de Dionysos.

• Les monuments
Il est à l’origine de nombreux monuments grecs et romains comme le Panthéon, le sanctuaire de Vénus,
l’Olympéion d’Athènes, et évidemment des chapelles, des temples, des « chambres magiques », et des
monuments construits pour Antinoüs. Il aimait beaucoup essayer de nouvelles couleurs comme le jaspe
vert, le porphyre grenu, le basalte, la morne obsidienne ou encore le rouge dense. Hadrien se souciait du
moindre détails et pour lui « chaque édifice était le plan d’un songe ».
• La villa de Tibur
Sa construction majeure a été la villa Adriana, un complexe de 30 édifices dans lequel il a passé les
dernières année de sa vie. Ce complexe ressemble à une petite ville dans laquelle il y a, une chancellerie
qu’il a nommée Pœcile, l’Académie, qui regroupe plusieurs salles d’audience, et le tribunal qu’il a baptisé
le Prytanée. Il y a aussi un palais, des fontaines, des thermes, une bibliothèque, des théâtres, des
temples et beaucoup d’autre bâtiments.

Hadrien empereur philosophe, face à la beauté et à la nécessité de transmettre . « Construire,


c'est collaborer avec le temps »
• La beauté mène au bien et permet de se rapproche de l’idéal du kalos kagathos. C’est en ce sens
qu’Hadrien veut édifier de beaux monuments et les inscrire dans le temps afin de garder dans la pierre la
trace de l’éphémère. Il entend lutter contre le chaos du monde en l’organisant. Le sentiment de la beauté
ressenti est donc lié à la sensation d’une forme d’éternité. Il édifie ainsi sa villa de Tibur et la ville
d’Antinoé. Il s'approche ainsi de la beauté qu'il peut admirer dans la nature. Par exemple quand il gravit
l’Etna en compagnie d’Antinoüs, c’est une émotion de cet ordre qui s’empare de lui : « Un abri avait été
construit au faîte pour nous permettre d’y attendre l’aube. Elle vint ; une immense écharpe d’Iris se
déploya d’un horizon à l’autre ; d’étranges feux brillèrent sur les glaces du sommet ; l’espace terrestre et
marin s’ouvrit au regard jusqu’à l’Afrique visible et la Grèce devinée. Ce fut l’une des cimes de ma vie. »
(p. 179). Ce paysage-état d’âme révèle le sentiment de plénitude qui envahit Hadrien. Une même ivresse
s’empare de l’homme privé et l’homme public qui fusionnent.
• « Plus j’ai médité sur la mort, et surtout sur celle d’un autre, plus j’ai essayé d’ajouter à nos vies ces
rallonges presque indestructibles. » (p.141) Hadrien fait l'éloge des constructions qui défient le temps et
qui contrairement à l'homme ne périssent pas. Il veut montrer la force des édifices, signes concrets qui
traversent les époques et permettent de méditer sur la brièveté de la condition humaine.
HADRIEN ET ANTINOÜS
p. 169-230 - 307 - Commentez le titre de la partie
Qui est Antinoüs? La rencontre et les étapes de la relation; l'amour et le bonheur; les causes de l'éloignement;
l'issue tragique et les conséquences : quel est la fonction du faucon? Le chagrin d'Hadrien, le rôle du souvenir ;
gloire d'Antonoüs : p.307-309
La référence à Achille et Patrocle : p.194; 295-296

• La rencontre entre Hadrien et Antinoüs se trouve dans le chapitre intitulé « S ӕculum Aureum », (« L’e
siècle d’or»), référence au mythe ancien évoqué par Hésiode ou Ovide. L'âge d'or est une époque
merveilleuse pleine de bonheurs pour les hommes qui vivent en harmonie avec la nature (cf cours sur
Montaigne) le titre de la partie laisse penser que l’Empire d’Hadrien atteint son apogée. Il voyage
beaucoup, entreprend de nombreux travaux et conquêtes, et à cela s’ajoute un amour rayonnant avec
Antinoüs, son grand amour qu'il rencontre lors de son voyage en Asie Mineure.
• Ce mystérieux Grec se nommant Antinoüs va entrer dans la vie d’Hadrien par hasard et ne plus jamais la
quitter. Né à Claudiopolis, originaire de Bithynie, ayant vécu au II°s après J-C, Antinoüs va devenir le
favori et l’amant d’Hadrien. Leur rencontre à lieu en l’an 124 et est décrite lors des premières pages de
« Saeculum Aureum ». En voyage en Asie Mineure c’est lors d’une soirée à Nicomédie, organisée par son
ami Proculus qu’Hadrien rencontre Antinoüs. Ce dernier a alors 14 ans, Hadrien vient de passer la
quarantaine. Lors de cette soirée une réunion littéraire est organisée, c’est lors de la lecture d’une pièce
de Lycophron qu’Hadrien aperçoit Antinoüs, timide et en retrait; Yourcenar écrit: « Un jeune garçon
placé à l’écart écoutait ces strophes difficiles avec une attention à la fois distraite et pensive… » (169). De
nouvelles informations sont livrées sur Antinoüs. Son père gérait des grands domaines impériaux, puis il
a été envoyé dans une riche famille dont le père était armateur. Il n’en fallait pas plus pour qu’Hadrien
tombe sous le charme d’Antinoüs, et l’idylle bien que parfois mouvementée, commence: « Une intimité
s’ébaucha. Il m’accompagna par la suite dans tous mes voyages, et quelques années fabuleuses
commencèrent. »(170)
• La beauté physique de ce jeune homme répond en tout point à l’idéal esthétique grec. À ses côtés,
Hadrien fait l’expérience de l’amour absolu qui transcende les hommes : « l’avenir comptait peu ; je
cessai de poser des questions aux oracles ; les étoiles ne furent plus que d’admirables dessins sur la voûte
du ciel. » (p. 172).
• Cependant le bonheur commença à s’effacer et un froid s’installa. « Peu à peu, la lumière changea.
Depuis deux ans et plus, le passage du temps se marquait aux progrès d’une jeunesse qui se forme, se
dore, monte à son zénith » (188). Antinoüs grandissait et prenait de l’assurance « Mon jeune berger
devenait un jeune prince ». Hadrien et Antinoüs n'ont pas la même vision de l'amour. Hadrien est
volage, Antinoüs exclusif. « L’enfant se faisait de l’amour une idée (…) exclusive ». Leur relation
s'envenime, Hadrien va même battre son amant: « Des caprices dangereux, des colère(…), il m’est arrivé
de le frapper. »(195)
• Lors d’une escale à Alexandrie la mort d’Antinoüs se dessina au loin, par le biais d’un oiseau. En effet,
c’est Phlégon qui emmena Hadrien, Antinoüs et Lucius chez une magicienne à Canope qui annonça à
Hadrien de mauvais présages pour la suite. La tension entre les deux amants d’Hadrien se faisait
ressentir de jour en jour: « Une hostilité sourde régnait entre les deux jeunes hommes. L’intimité (…)
augmentait leur aversion l’un pour l’autre »(210). La magicienne ordonna le sacrifice d’un animal, il
fallait impérativement qu’il ait appartenu à Hadrien. Le faucon que le roi Osroène offrit à Hadrien fut
retenu. Ce faucon était en réalité à Antinoüs, Hadrien le lui avait donné. Antinoüs y tenait beaucoup:
« c’était une des rares possessions auxquelles il s’était attaché ». Sans le savoir, Hadrien recevait un
avertissement de la part du jeune Grec, celui de sa mort imminente. En effet, de nombreux détails de la
mort de ce faucon font référence à la mort d’Antinoüs. L’oiseau s’est noyé dans le Nil, tout comme
Antinoüs allait le faire très bientôt: « la bête inerte fut déposée au fond d’une cuve remplie d’eau du Nil;
la créature noyée (…) emportée par le courant du fleuve. »(212). La veille de sa mort, Hadrien dormit
avec Antinoüs, le visage baigné de larmes, chose qui n’échappa pas à Hadrien; c’est à ce moment que
pour lui, Antinoüs l’a quitté: « Sa véritable agonie a eu lieu dans ce lit, à mes côtés » (215).
• Sa disparition le confronte à la perte irrémédiable qui rend les hommes fragiles, vulnérables :
« je me croyais à peu près calmé ; j’en rougissais presque. Je ne savais pas que la douleur contient
d’étranges labyrinthes, où je n’avais pas fini de marcher.» (p. 221). « La plaie fermée trop vite s’était
rouverte; je criai le visage enfoncé dans mon coussin » (223).
• Hadrien décida d’offrir à Antinoüs des funérailles digne de ce nom: « L’enfant de Claudiopolis fut
enterré comme un Pharaon, comme un Ptolémée. » La gloire d’Antinoüs devait retentir dans chaque
endroit. Hadrien fait construire Antinoé en sa mémoire, de nombreux monuments édifices, fit faire
aussi de nombreuses statues et autres œuvres d'art. Il est celui qui restera à jamais l’incarnation d’un
idéal sur lequel le temps n’a pas eu de prise. Il s’est soustrait à l’ordre du monde et accède ainsi à un culte
divin.
• Hadrien termina son deuil par une référence faite à Achille et Patrocle. Il se reconnaissait, lui et Antinoüs, en
ces héros de la mythologie. Hadrien était Achille, Antinoüs, Patrocle. Antinoüs vivait dans l’ombre d’Hadrien
depuis toujours, il l’accompagnait, faisant ainsi écho à Patrocle: « Et l’ombre de Patrocle apparaît aux côtés
d’Achille. » Achille était fort, intelligent, redoutable, et surtout éperdument amoureux de Patrocle, qui était
plus jeune que lui: « Achille me semble parfois le plus grand des hommes par le courage, la force d’âme, les
connaissances de l’esprit (…)et son ardent amour pour son jeune compagnon. » Tout comme Hadrien. Ainsi, à
la mort d’Antinoüs, Hadrien se sent aussi vide qu’Achille à la mort de Patrocle. Soudainement attiré par la
mort, Hadrien souhaite en finir, comme Achille eut ce profond désir envers la mort: « (…)désirer la mort quand
il eut perdu le bien-aimé. » (296).

LES SUJETS DE RÉFLEXION DE L'EMPEREUR PHILOSOPHE.

Réflexions sociales : 124-149


place de l'homme dans le monde : la nuit syrienne 164-165 -
réflexion sur l'avenir : p.314 Hadrien ou Yourcenar?

Un empereur humaniste
• Sa devise : « Humanitas, Felicitas, Libertas » ( Humanité, Bonheur, Liberté ; trois mots qui
figurent sur les pièces de monnaie du règne d'Hadrien)
• Hadrien met en avant des valeurs similaires à celle des philosophes humanistes. La démarche
qui le conduit à écrire à Marc Aurèle met en avant son désir de se connaître et de tirer des
enseignements de sa vie (« Le véritable lieu de naissance est celui où l’on a porté pour la
première fois un coup d’oeil intelligent sur soi-même.», p. 43). Il se montre intéressé par
l’éducation et le bien des hommes qu’il gouverne et dont il a conscience de la diversité
culturelle. Il protège également les artistes.

Comment gouverner
• Hadrien est un empereur qui analyse sa vie et en particulier son règne avec une exigence de lucidité et de
modestie. Il ne prétend pas avoir pu tout faire ce qu’il avait le projet d’entreprendre. Il mesure ses succès
et ses échecs qu’il tente d’expliquer. Sa pensée prend donc la forme d’une méditation. En témoigne, par
exemple, son examen de l’esclavage : « Je doute que toute la philosophie du monde du monde
parvienne à supprimer l’esclavage : on en changera tout au plus le nom. Je suis capable d’imaginer des
formes de servitude pires que les nôtres, parce que plus insidieuses » (p. 129)
• Il questionne aussi la condition des femmes (p.130): « Elles sont à la fois assujetties et
protégées,faibles et puissantes, trop méprisées et trop respectées. » Ce statut paradoxal le fait méditer
sur la différence entre un statut public et un statut privé. Il prend aussi la défense des femmes dans des
domaines comme le mariage ou l'indépendance financière.
• Hadrien réfléchit longuement à toutes les questions sociales qui peuvent lui permettre d'améliorer la vie
de ses concitoyens (inégalités, richesse et pauvreté, commerce..)

La place de l’homme dans le monde.


• La rencontre entre Osroès, le roi parthe, et Hadrien est un moment important car avant qu’Hadrien ne
devienne empereur, Trajan faisait la guerre aux Parthes, il a été victorieux quelques années mais à
ensuite fait marche arrière faute de moyens pour continuer cette guerre. Hadrien propose une rencontre
afin de négocier la paix entre les deux pays. Il se présentera en plein désert seulement entouré d’une
petite escorte inquiète, de son interprète et des otages faits prisonniers sous Trajan, notamment la fille
d’Osroès. Hadrien réussit à négocier la paix avec Osroès et lui restitue sa fille et ses otages.
Sur le chemin du retour à Rome, Hadrien profite de la nuit pour admirer les constellations et il
requestionne le monde et sa place, et plus particulièrement la place de l’homme dans l’Univers. Il
connaît chaque constellation, les décrit les unes après les autres et finalement repense à son grand-père
qui dès son plus jeune âge l’emmenait voir les astres et lui prédisait son avenir. En observant le ciel
syrien il tente de s' « unir au divin ». C'est un moment de symbiose avec l'univers qui fera dire à
Hadrien : « La nuit syrienne représente ma part consciente d'immortalité. » (p.165)

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