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Zirotti Jean-Pierre. Les enfants d'immigrés à l'école ou la dynamique de l'altérité. In: Cahiers de la Méditerranée, n°54, 1, 1997.
Mots et migrations [Actes du colloque de Grasse, novembre 1996] pp. 139-146;
doi : https://doi.org/10.3406/camed.1997.1182
https://www.persee.fr/doc/camed_0395-9317_1997_num_54_1_1182
Jean-Pierre ZIROTTI
Université de Nice-Sophia-Antipolis
considération les points de vue des élèves, tels qu'ils s'expriment dans ce qu'ils
en disent.
Mais les mots des immigrés - dans les limites de cette analyse il s'agit
d'élèves d'origine maghrébine opposés à un groupe témoin "français" -
répondent à ceux qui font de l'immigration un problème. C'est sous l'angle
particulier des effets sociaux des dispositifs de catégorisation ordinaire de
l'immigration, tels qu'ils s'inscrivent dans les propos mêmes des populations
concernées, que sera abordée la question de la construction de l'altérité en
milieu scolaire.
Bien sûr, tout ce que peuvent révéler les expressions orales de certaines
expériences de la vie sociale, notamment dans l'espace scolaire, ne peut être
rapporté, comme dans une relation de cause à effet, aux seules interactions
verbales ou aux diverses formes du débat public sur l'immigration et les
immigrés. Les positions occupées dans différentes dimensions de l'espace
social, qui sont autant d'indices de l'agrégation ou de la ségrégation rendue
manifeste par le quartier de résidence ou la classe fréquentée, puis par le statut
professionnel par exemple, ne sont pas sans effet sur l'interprétation de ce qui
se dit et s'échange.
Il reste qu'il paraît être de bonne méthode, lorsqu'on porte intérêt au
lien social, au risque d'enfermement dans les particularismes et à l'intégration
dans la cité, pour reprendre les termes clés du titre du dernier rapport du Haut
Conseil à l'intégration (1997), de rendre compte des points de vue des
populations concernées qui, entre autres, réagissent aussi aux mots qui les
décrivent.
Or les résultats des travaux de recherche conduits sous la forme de
monographies d'établissements scolaires (Payet, 1995) et centrés sur l'analyse
des interactions et de la constitution des expériences scolaires (Akers-Porrini et
Zirotti, 1992 ; Zirotti,1993) attestent qu'en dépit de ce que soutiennent les
interprétations de certains indicateurs objectifs des grandes enquêtes
statistiques, les expériences scolaires de certains groupes immigrés, pour le
moins, s'organisent sous des formes spécifiques. Les analyses qui tentent de
réduire la question de la scolarisation de ces élèves à un traitement banal des
différences sociales ordinaires, dans la tradition du questionnement critique de
la sociologie de l'éducation inscrite sous le paradigme de la reproduction des
inégalités sociales, ne proposent que des interprétations partielles de ce que
livre l'enquête empirique.
La généralisation là aussi tend à être abusive ; tous les élèves de cette
catégorie ne sont pas concernés et tous les groupes qui la constituent ne le sont
pas également. On sait qu'en France, pour des raisons historique et
démographique, ce sont les groupes issus des pays du Maghreb qui sont les plus
stigmatisés. Mais ce que l'analyse monographique saisit, dans certains contextes
scolaires et sociaux des quartiers d'habitat populaire - les banlieues -, est
ZIROTTI Jean-Pierre : Les enfants d'immigrés à l'école. 141
BIBLIOGRAPHIE