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RISQUES ET VULNERBILITE TERRITORIALE

Dans toute politique de réduction des risques de catastrophe, il est indiqué voire nécessaire de
maîtriser l’aménagement du territoire en veillant à ne pas augmenter les enjeux dans les zones à
risque et prendre des mesures à même de réduire la vulnérabilité des zones fortement urbanisées.

Dans certains pays où la législation relative à la gestion des risques majeurs est solidement ancrée et
fortement respectée, la mise à la disposition des collectivités locales et des services d’urbanisme de
documents d’information et différentes études techniques sur la prévention des risques permet aux élus
et aménageurs de prendre en compte les risques majeurs présents sur le territoire. De même que les
institutions de l’Etat apportent une assistance technique sur demande ou lorsqu’elles sont associées à
l’élaboration des documents d’urbanisme ou des projets.

Des documents exhaustifs liés à la problématique des risques majeurs sont régulièrement enrichis et
actualisés par les services compétents et peuvent être consultés par les citoyens au niveau de leurs
localités. Ces documents renseignent sur la description et la présentation du risque dans la localité, la
cartographie, les actions préventives et les conduites à tenir dans les situations de catastrophe.

Notions sur les risques

Définitions et terminologie relatives à la problématique des risques majeurs et de la réduction


des risques de catastrophe

Aléa - Evénement potentiellement dangereux d’origine naturelle ou anthropique dont l’imprévisibilité,


l’intensité et l’étendue spatiotemporelle peuvent provoquer d’énormes dommages.

Enjeux - Représentent l’ensemble des éléments d’un système, composé de population,


d’infrastructures et bâtiments, de patrimoine culturel et environnemental, d’activités et organisations,
pouvant être exposés au danger. Ils sont définis par les valeurs socioéconomiques soumises aux effets
de l’aléa lors de sa survenue.

Risque majeur - Se caractérise par la probabilité d’occurrence d'un événement de forte intensité et
l'existence d'enjeux de grande importance dont la gravité dépend de leur vulnérabilité. Il se distingue
par sa faible probabilité d’occurrence mais dont les conséquences marquent souvent les esprits de par
les dégâts considérables en vies humaines (décès, blessures, sans abris) et des dommages matériels
importants qui se chiffrent en milliards de dollars) qui risquent de perturber les capacités de réaction
de la société.

Le risque est évalué par rapport à un événement de référence (par exemple une crue centennale) en
analysant et confrontant chacune de ses trois composantes afin d’estimer les dommages potentiels ; il
s’agit notamment de l’aléa avec la délimitation de zones présentant différentes probabilités
d’occurrence d’un événement (forte, modérée ou faible par exemple), de l’importance du nombre des
enjeux sur le territoire étudié et de la vulnérabilité physique ou fonctionnelle de ceux-ci.

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- Combinaison de l’occurrence d’un aléa et de ses conséquences (risque naturel)

RISQUE = PROBABILITE DE L’EVENEMENT x ENJEUX x VULNERABILITE

- Combinaison de la probabilité d’un dommage et de sa gravité (risque technologique)

RISQUE = PROBABILITE DE L’EVENEMENT x GRAVITE DE SES CONSEQUENCES

Risque courant - Se définit par sa forte récurrence (parfois quotidienne) notamment dans les zones
urbaines. Ces effets sont certes minimes mais leur fréquence induit des pertes qui peuvent être
assimilées à celles provoquées par des séismes et autres inondations et mouvements de terrain.

Exposition aux risques - Est définie par la situation dans laquelle les enjeux sont soumis au danger ou
sont susceptibles de subir les conséquences d’un aléa amplement redouté.

Dommages - Conséquences d’un évènement sur les biens et les fonctions d’un système pouvant être
exprimés en termes humains, financiers, économiques, sociaux et environnementaux.

Gravité - Mesure de l’intensité des conséquences susceptibles de résulter de l’occurrence d’un


évènement indésirable ou d’un aléa. Elle est utilisée en phase de prévision pour évaluer l’impact
probable du danger.

Impact - Se traduit par les conséquences de l’évènement affectant les enjeux. L’impact dépend de
l’intensité de l’aléa et de la vulnérabilité des enjeux et son évaluation est généralement exigée dans la
réalisation des projets structurants à travers les études d’impact sur l’environnement.

Danger - Ou risque de catastrophe correspond à une situation susceptible d’engendrer des évènements
indésirables. Les études de danger et les études de risque constituent des instruments appropriés qui
permettent de mieux appréhender leur occurrence et leur intensité. Le risque de catastrophe est la
probabilité de survenance d’un évènement imprévisible d’origine naturelle ou anthropique dont les
effets peuvent nuire à un grand nombre de personnes, occasionner des dommages importants et mettre
en difficulté les capacités de réaction de la société.

Vulnérabilité - Fixe le degré auquel les effets de l’aléa influent de façon négative sur les enjeux et
traduit la fragilité des éléments exposés, vis-à-vis d’un phénomène donné. L’enjeu, par rapport à un
niveau d’aléa donné, sera d’autant plus affecté que sa vulnérabilité est forte. La réduction de la
vulnérabilité correspond à la limitation des effets destructeurs des risques sur les populations, les biens
et l’environnement et dépend des aspects suivants :

- La connaissance préalable des aléas ou des phénomènes naturels (la compréhension imparfaite
des phénomènes par manque de connaissance ou par manque d’information est la cause de
l’incertitude qui marque souvent la gestion des situations de catastrophe).
- Les caractéristiques de l’aléa (localisation, intensité, rapidité et étendue)
- Les conditions d’exposition ou celles de protection (intérieur ou extérieur de la maison,
résistance de la construction, obscurité, froid, sommeil…)
- L’importance de la formation et de l’information préalable au geste qui sauve
- Le comportement ou la réaction pendant la catastrophe.

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Un risque majeur est caractérisé par sa faible fréquence et par sa forte gravité.

Résilience - Capacité d’un système, d’une communauté ou d’une société exposé€ aux risques de
résister, d’absorber, d’accueillir et de corriger les effets d’un danger en temps opportun et de manière
efficace, notamment par la préservation et la restauration de ses structures essentielles et de ses
fonctions de base. La résilience oriente les investissements vers l’accroissement de la capacité globale
d’une zone urbaine à maintenir le dynamisme, l’état sanitaire et l’économie de la société dans un vaste
éventail de circonstances,

Réduction des risques de catastrophe - Concept et pratique de la réduction des risques de


catastrophe grâce à des efforts pour analyser et gérer leurs causes, notamment par une
réduction à l’exposition aux risques, qui permet de réduire la vulnérabilité des personnes et des
biens, la gestion rationnelle des terres et de l’environnement et l’amélioration de la préparation
aux évènements indésirables

Gestion des risques de catastrophe – Processus de recours systématique aux directives, compétences
opérationnelles, capacités et organisations administratives pour mettre en œuvre les politiques,
stratégies et capacités de réponse appropriées en vue de d’atténuer l’impact des aléas naturels et
risques de catastrophes environnementales et technologiques qui leur sont liées. La gestion des risques
de catastrophes a pour but d’éviter, d’atténuer ou de transférer les effets néfastes des risques par le
biais d’activités et de mesures de prévention, d’atténuation et de préparation (UNISDR).

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Perception du risque

La perception des risques majeurs se comparait à travers les réponses que pourrait apporter la société
aux populations des différentes communes et localités sur le niveau ou le degré de leur exposition aux
risques naturels et technologiques, les moyens de protection et les instruments de prévention. La
perception d’un risque majeur permet de déterminer les attitudes et les comportements préventifs à son
égard ; la prévention et la protection concernent globalement toutes les activités qui visent l'atténuation
ou la réduction des risques, ainsi que la planification en cas d'urgence. Les mesures de mitigation et
de préparation contribuent à réduire les effets nuisibles des risques existants; la préparation réfère à
l’ensemble des mesures prévues (formation, sensibilisation, plans d’urgence, système d’alerte précoce)
de mieux se comporter et gérer la situation de catastrophe

L’acceptabilité du risque est liée aux valeurs associées au danger et aux enjeux et dépend étroitement
de la perception par les populations potentiellement sinistrées de l’aléa et de la vulnérabilité
(compréhension du phénomène et concentration spatiale et temporelle des victimes).
Le risque majeur appartient au domaine du risque collectif ou sociétal du fait que la situation de
catastrophe générée, implique des pertes humaines et matérielles considérables. Les conséquences des
risques naturels et anthropiques affectent insidieusement le système socio environnemental du fait
des perturbations des conditions physiques du milieu qui favorisent la vulnérable des populations
dans des zones exposées aux risques. Les modifications du milieu, la croissance démographique et la
mauvaise gestion des ressources constituent les principales causes qui sont de nature à aggraver le
danger.
Plus de 2 milliards de personnes se concentrent au niveau des zones côtières, ce qui représente 41% de
la population mondiale et plus de la moitié des pays côtiers comptent 80% de leur population totale
qui vit à moins de 100 km de la côte. Ce constat montre l’attrait qu’exercent les littoraux en raison des
énormes potentialités s’y trouvant, mais deviennent, du reste, très sensibles à l'intervention humaine
qui bouleverse rapidement l'équilibre de l'écosystème.
En fait, la forte concentration humaine accentue la survenance des risques, souvent par une
occupation anarchique de l’espace et la rupture de l’équilibre des milieux physiques induisant un
processus presque irréversible.
La densité de la population en milieu urbain, la multiplication des enjeux et l’interdépendance des
réseaux techniques et des services vitaux nécessitent de bâtir une vision partagée de la résilience
urbaine aux risques de catastrophe.

Aussi, une gestion efficace des risques majeurs repose-t-elle essentiellement sur l’évaluation des aléas
et la localisation précise des populations exposées ou menacées. Elle doit également s’appuyer sur
l’appréciation des facteurs humains de vulnérabilité sur les plans individuel et collectif.

La réduction des risques de catastrophe concerne l’ensemble de la société qui doit s’impliquer de
manière continue à travers la mise en place d’organisation et de coordination, basées sur la
participation des groupes de citoyens. La vulnérabilité des territoires et des sociétés exposées aux
menaces d’origine naturelle constitue incontestablement une composante fondamentale de
l’appréciation du risque.

« (…) la réduction des risques de catastrophe est un investissement « sans regret », qui protège les
vies, les biens, les moyens d’existence, les écoles, les entreprise et l’emploi » (Déclaration de
Chengdu, août 2011). L’élaboration de plans de prévention des risques permettent de déterminer les
zones à préserver de toute urbanisation nouvelle et les secteurs où des aménagements sont possibles en
fonction des aléas et des enjeux en respectant certaines conditions.

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La réduction des risques de catastrophes

La politique de gestion des risques majeurs s’inscrit dans une démarche de développement durable en
ce qu’elle s’efforce de réduire les conséquences économiques, sociales et environnementales d’un
développement imprudent de la société. Dans le cas où les actions de prévention ne sont pas
suffisamment mises en œuvre, la société doit se résoudre à engager des dépenses importantes pour
assurer la gestion de la catastrophe et la réparation des dégâts parfois considérables avec des pertes en
vies humaines.

Les principes de la réduction des risques de catastrophes

- la connaissance des aléas ou risques naturels


- la surveillance
- l’information et l’éducation (sensibilisation) des populations
- la prise en compte des risques dans l’aménagement et l’urbanisme
- la réduction de la vulnérabilité
- la préparation ou l’anticipation de la crise
- la réparation ou le relèvement.

Le Plan Général de Prévention (PGP, tel que prévu par l’article 16 de la loi n°04-20 du 25
décembre 2004 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes
dans le cadre du développement durable, fixe l’ensemble des règles et procédures visant à
atténuer la vulnérabilité à l’aléa concerné et à prévenir les effets induits par la survenance de
cet aléa.

Chaque PGP de risque majeur doit déterminer (art.17) :

- le système national de veille permettant une meilleure connaissance de l’aléa ou du


risque concerné, l’amélioration de la prévisibilité de sa surveillance et le
déclenchement des systèmes d’alerte.
- Le système national d’alerte permettant l’information des citoyens quant à la
probabilité et/ou l’imminence de la survenance de l’aléa ou du risque concerné.
- Les programmes de simulation nationaux, régionaux ou locaux permettant de vérifier
et améliorer les dispositifs de prévention du risque concerné, de s’assurer de la qualité,
de la pertinence et de l’efficacité des mesures de prévention, et d’informer et préparer
les populations concernées

Le PGP précise en outre les zones à risques où les constructions sont interdites (art.19). Il
s’agit notamment :

- des zones de failles sismiques jugées actives,


- des terrains à risque géologique
- des terrains inondables, des lits d’oueds et d’aval des barrages,
- des périmètres de protection des zones industrielles
- des terrains d’emprise des canalisations d’hydrocarbures, d’eau ou des amenées
d’énergie dont la rupture peut entraîner un risque majeur

Enfin, les zones frappées de servitude de non-aedificandi pour risque majeur sont fixées
par chaque Plan général de prévention des risques majeurs (art.20).

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Le plan de prévention des risques (PPR)

Elaboré en France depuis 1995, le plan de prévention des risques naturels est un document qui
réglemente l'utilisation des sols en fonction des risques naturels auxquels ils sont soumis. Cette
réglementation va de l'interdiction de construire à la possibilité de construire sous certaines conditions.
Le PPR est un dossier réglementaire de prévention qui fait connaître les zones à risques aux
populations et aux aménageurs et définit les mesures pour réduire la vulnérabilité. Il s'inscrit dans un
ensemble de réflexions et de dispositifs de prévention des risques

La politique de prévention des risques vise à permettre un développement durable des territoires, en
assurant une sécurité maximum des personnes et un très bon niveau de sécurité des biens.
Les risques naturels apparaissent souvent inéluctables et incontrôlables mais ne sont cependant pas
une fatalité. Cette politique poursuit les objectifs suivants :
- Mieux connaître les phénomènes et leurs incidences
- Assurer lorsque cela est possible une surveillance des phénomènes naturels,
- Sensibiliser et informer les populations sur les risques les concernant et sur les moyens de
s'en protéger,
- Prendre en compte les risques dans les décisions d'aménagement,
- Adapter et protéger les installations actuelles et futures aux phénomènes naturels,
- Tirer des leçons des événements naturels exceptionnels qui se produisent.

Aussi, le PPR vise –t-il à la prise en compte spécifique des risques naturels dans l'aménagement, la
construction et la gestion des territoires. A cette occasion, il permet d'orienter les choix
d'aménagement dans les territoires les moins exposés pour réduire les dommages aux personnes et aux
biens. Il a pour objet également de rassembler la connaissance des risques sur un territoire donné, d'en
déduire une délimitation des zones exposées et de définir des prescriptions en matière d'urbanisme, de
construction et de gestion dans les zones à risques, ainsi que des mesures de prévention, de protection
et de sauvegarde des constructions existantes dans cette zone. Il permet, du reste, d'orienter le
développement vers des zones exemptes de risque.

L'élaboration du Plan de Prévention des Risques débute en général par l'analyse historique des
principaux phénomènes naturels ayant touché le territoire étudié. Après cette analyse, on dispose d'une
cartographie, dite carte des aléas, qui permet d'évaluer l'importance des phénomènes prévisibles. Cette
carte, après une concertation avec les différents partenaires locaux (et après une analyse des enjeux
locaux en termes de sécurité et d'aménagement), forme la base de la réflexion qui va conduire au PPR.
Le PPR réglemente fortement les nouvelles constructions dans les zones très exposées. Dans les autres
secteurs, il veille à ce que les nouvelles constructions n'aggravent pas les phénomènes (facteurs de
risques) et ne soient pas vulnérables en cas de catastrophe naturelle. Ainsi, les règles du PPR
s'imposent soit aux constructions futures, soit aux constructions existantes, mais aussi selon les cas aux
différents usages possibles du sol : activités touristiques, de loisirs, exploitations agricoles ou autres.
Ces règles peuvent traiter de l'urbanisme, de la construction ou de la gestion des espaces.

Le document final du PPR est composé :


- d'un rapport de présentation qui contient l'analyse des phénomènes pris en compte, ainsi que l'étude
de leur impact sur les personnes et sur les biens, existants et futurs. Ce rapport indique aussi les
principes d'élaboration du PPR et l'exposé des motifs du règlement.
- d'une carte réglementaire à une échelle comprise entre le 1/10 000 et le 1/5 000 en général, qui
délimite les zones réglementées par le PPR.
- d'un règlement qui précise les règles s'appliquant à chaque zone.

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