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LES MOUVEMENTS DE TERRAIN

La connaissance du risque passe par des témoignages oraux, des analyses d’archives, des
enquêtes de terrain, des études diverses (hydrogéologiques, géomorphologiques,
géotechniques, des sondages, de la photo-interprétation) afin de mieux connaître l’aléa et le
cartographier. Cette connaissance se retrouve répertoriée (en France) notamment dans
l’inventaire des mouvements de terrains, cavités connues avec la base de données
départementale ou nationale la cartographie communale des cavités souterraines et marnières,
- le repérage des zones exposées avec la réalisation d’un atlas départemental des zones
susceptibles d’être concernées par des mouvements de terrains,
- l’inventaire et la base de données nationale du phénomène de retrait-gonflement,
- les études spécifiques dans le cadre de la surveillance et la prévision des phénomènes

Pour les mouvements présentant de forts enjeux, des études peuvent être menées afin de tenter
de prévoir l'évolution des phénomènes. La réalisation de campagnes géotechniques précise
l'ampleur du phénomène. La mise en place d'instruments de surveillance (inclinomètre, suivi
topographique...) associée à la détermination de seuils critiques, permet de suivre l'évolution du
phénomène, de détecter une aggravation avec accélération des déplacements et de donner
l'alerte si nécessaire. La prévision de l'occurrence d'un mouvement limite le nombre de victimes,
en permettant d'évacuer les habitations menacées, ou de fermer les voies de communication
vulnérables.
Néanmoins, la combinaison de différents mécanismes régissant la stabilité ainsi que la
possibilité de survenue d'un facteur déclencheur d'intensité inhabituelle rendent toute prévision
précise difficile.

Définition

Un mouvement de terrain est un déplacement plus ou moins brutal de masses rocheuses


compactes ou désagrégées, et/ou de terrain meuble sous l’effet de facteurs naturels (externes),
à savoir, les fortes précipitations, la cryoclastie et l’érosion, et de facteurs anthropiques tels que
l’exploitation des matériaux, le déboisement et les terrassements qui provoquent la rupture
d’équilibre des versants.
Les mouvements de terrain provoquent souvent un remodelage des paysages, entrainant la
destruction des zones boisées, la déstabilisation des versants et la réorganisation des cours
d’eau.
La dynamique des versants engendre une évolution morphogénétique qui se distingue par les
mouvements en masse, la désagrégation et le ruissellement diffus
En outre, la dynamique fluviatile et marine participe à l’apparition de phénomènes
d’écroulement de pans importants de matériaux des rives des écoulements d’eau (argiles et
marnes) et des falaises respectivement sous l’effet érosif du sapement latéral exercé par la
puissance et la vitesse des torrents et des vagues.
L’analyse des mouvements de terrain permet de mettre en évidence certaines conditions de site
favorables à l’apparition de tel ou tel phénomène d’instabilité. On peut classer ces facteurs
d’instabilités en deux catégories :
•les facteurs passifs ou dormants : ou très lentement variables, caractérisant la prédisposition
d’un site aux instabilités (relief, nature géologique ...) ;
•les facteurs actifs ou déclenchants: la présence d’eau dans les sols est par elle-même un
facteur d’instabilité. En général, sa présence est le plus souvent permanente dans les formations
sujettes aux mouvements de terrain. Par contre sa quantité (son régime d’écoulement) dans les

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formations varie en fonction du climat, cette variation est souvent un facteur déclenchant. Les
séismes et les modifications anthropiques peuvent jouer le rôle de déclencheur des
mouvements. Il est à noter que seuls les facteurs passifs et les facteurs actifs sur de courtes
périodes (variation saisonnière de la présence d’eau dans les formations impliquées par
exemple) sont pris en compte dans la cartographie d’aléa.
Ces facteurs sont détaillés comme suit :
Facteurs passifs (ou de prédisposition)
•la lithologie et l’agencement des matériaux au sein des formations. Les lithologies des terrains
régissent assez directement leur susceptibilité vis-à-vis des mouvements de terrain : marne,
argile, substratum schisteux, alternance de matériaux tendres et rocheux (molasses par
exemple), formations superficielles (colluvions, éboulis, moraines, produits d’altération) seront
sensibles aux glissements de terrain alors que calcaires, dolomies, marbres granites (roches dites
compétentes) seront pour leur part plus sensibles aux éboulements et chutes de blocs par
exemple. La granulométrie des matériaux est également prépondérante pour l’évolution de
masses glissées en coulée de boue ou pour que le soutirage vers un karst soit possible ;
•la structure des terrains que ce soit à l’échelle de l’empilement des formations géologiques
(contact entre les produits d’altération perméables et les terres noires du Jurassique) ou à
l’échelle de l’affleurement - talus routier - (alternance de bancs de calcaires décimétriques et
joint) essentiel dans la prédisposition à tel ou tel type de mouvement de terrain. Au-delà de ces
séquences stratigraphiques (dépôts successifs des couches géologiques), les discontinuités
d’origine tectonique (failles, fractures, fissures) affectent l’ensemble des formations et
conditionnent également leur prédisposition à l’apparition de mouvements de terrain. La densité
de fracturation, l’orientation et le pendage des couches conditionnent le type de mouvement et
les volumes susceptibles de s’ébouler par exemple ;
•la présence de cavités souterraines d’origine anthropique (ou naturelle) conditionne en
grande partie tous les phénomènes d’affaissement / effondrement, mais peut également être un
facteur de prédisposition à l’apparition de glissement de terrains. La taille, la profondeur des
cavités et le mode d’exploitation pour les carrières souterraines sont autant de critères à prendre
en compte, mais la géométrie et le comportement des terrains de couverture (lithologie) et la
présence de nappes (eau dans le sol) par exemple sont autant de facteurs essentiels à l’apparition
de désordres en surface ;
La morphologie des terrains, puisque la gravité est le moteur principal : la morphologie
conditionne en grande partie l’apparition de mouvements de terrain (hors retrait-gonflement des
sols argileux). La pente est essentielle dans la stabilité d’un versant car elle régit directement
l’équilibre des efforts mécaniques (moteurs et résistants). A cet égard, dans le cas des
glissements de terrain, on note fréquemment un seuil dans les valeurs de pentes favorables à
l’apparition du mouvement : des pentes plus faibles sont stables et des pentes plus fortes
n’existent plus car déjà glissées. Il faut cependant se garder de toute analyse systématique et
garder à l’esprit l’importance des mécanismes mis en jeu : certains glissements de terrain
comme le fluage des sols argileux par exemple peuvent se manifester sur de très faibles pentes ;
La pesanteur constitue le moteur essentiel des mouvements de terrain qualifiés souvent
d’ailleurs de « mouvements gravitaires » ;
L’eau joue plusieurs rôles et dont l’action affecte de manière variable le comportement des
terrains soumis à son action :
⇒action mécanique : elle entraîne les particules de sols sous l’effet du ruissellement de surface
(ravinement, érosion) ou circulation souterraine (suffusion), par création de pressions
interstitielles au sein des sols ou des massifs rocheux (cas de fractures en charge, présence de

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nappes sub-affleurantes...) modifiant l’équilibre mécanique des versants par diminution de la
résistance au cisaillement des sols dans le cas de glissement ou encore par saturation des terrains
augmentant leur poids, moteur des mouvements ;
⇒Action physico-chimique : altération des roches (hydrolyse conduisant à la formation
d’argiles) régissant la modification du comportement mécanique des terrains superficiels,
saturation progressive de terrains induisant une diminution des paramètres mécaniques
(diminution de la cohésion des terrains saturés par exemple) ;
⇒Action chimique : remarquable dans la dissolution des sols gypsifères notamment, puisque
à l’échelle humaine (quelques dizaines d’années) des cavités volumineuses peuvent se former
son l’effet de circulations d’eaux souterraines, ou beaucoup plus lente (plusieurs milliers
d’années) dans le cas de la dissolution des carbonates (formation des réseaux karstiques – karst)
;
Le couvert végétal peut assurer un rôle de protection contre les mouvements ou au contraire
contribuer à leur possible apparition. En effet, la présence de végétation, selon son type, peut
favoriser ou non le ruissellement de surface et donc limiter l’infiltration d’eau dans le sol, et
par conséquent influer sur un des facteurs permanents majeurs identifiés qu’est la présence
d’eau dans le sol. De même, par action mécanique, les racines profondes peuvent fixer les sols
et les couches superficielles favorisant la stabilité des terrains argileux par exemple, mais à
l’inverse elles peuvent s’insinuer au sein des fractures rocheuses d’une falaise et contribuer à
sa déstabilisation. Enfin signalons l’effet bénéfique, sans la surestimer toutefois, de la présence
d’arbres en versant contre la propagation des blocs rocheux – de petite taille – dans les pentes.
Facteurs actifs (ou déclenchants)
Ils provoquent l’instabilité ou une accélération marquée des mouvements conduisant à la
rupture. On distingue :
Les précipitations: de nombreux évènements se produisent suite à des épisodes pluvieux
intenses ou suite à de longues périodes humides. La pluie n’est pas directement responsable du
mouvement mais elle agit sur le facteur permanent qu’est l’eau dans le sol. Cette action,
caractérisée par la pluie efficace (c'est-à-dire la part de la pluie s’infiltrant dans le sol) se
concrétise par l’augmentation des pressions interstitielles ou la mise en charge de cavités
souterraines par exemple. Il est important de remarquer également que cette action est différée,
et ce d’autant plus si les phénomènes à l’origine des mouvements se trouvent à grande
profondeur. C’est ainsi que les précipitations ont des effets souvent instantanés sur les
mouvements de terrains les plus superficiels (glissement superficiels, chute de blocs, et l’on
amalgame les précipitations avec les effets qu’elles ont dans les formations géologiques) alors
que ces actions sont souvent différées et doivent être cumulatives pour que les mouvements
ayant des causes plus profondes (glissements profonds et de grande ampleur notamment) se
concrétisent.
La neige– en particulier pendant la période de fonte – « recharge » les nappes et influe sur les
pressions interstitielles. La part de ruissellement des eaux de fonte, au même titre que les
précipitations, est également à considérer de par son action érosive locale (ravinement, érosion
différentielle) mais également par les phénomènes d’érosion de berges sapant les pieds de
versant plusieurs kilomètres en aval des zones effectivement soumises aux précipitations.
La température: et surtout ses variations. Il est admis que les contrastes de température
accentuent le déclenchement de chutes de pierres et de blocs par les dilatations différentielles
qu’ils provoquent. Les périodes de gel-dégel contribuent également à l’apparition de
phénomènes par augmentation des contraintes mécaniques des zones gélives. En relation avec
ces effets, on peut noter dans certaines zones une différence dans la fréquence des phénomènes

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selon l’orientation des versants, les versants orientés vers le sud subissant des contrastes
journaliers élevés et des évènements en général plus fréquents que ceux exposés vers le nord.
La fonte des neiges, contribuant à l’apport d’eau aux sols, est également bien entendu
directement liée à ce paramètre de température.
Les séismes: les vibrations provoquées par les séismes peuvent être responsables du
déclenchement de glissements, éboulements ou effondrements de terrains, soit par action
directe (accélération sismique affectant le sol et modifiant l’équilibre statique des pentes), soit
par action indirecte en modifiant les écoulements souterrains et les pressions interstitielles par
exemple.
L’action humaine: peut être considérée comme un des facteurs principaux de déclenchement
des phénomènes d’instabilités quels qu’ils soient. On peut notamment signaler :
- les modifications de la morphologie des versants naturels par les travaux de terrassement
(talutage en pied de versant supprimant l’effet mécanique de butée naturelle de pied,
création et reprofilage de talus routier, surcharge en remblai dans les pentes ...) ;
- vétusté des installations dans les excavations souterraines anthropiques (carrières,
mines). Elle se traduit par la dégradation des systèmes de soutènements, l’altération
accélérée des massifs autour des excavations...) ;
- les modifications des conditions de circulations d’eau dans le sol : fuite des réseaux
d’adduction en eau potable, des rejets d’eaux pluviales, pompages...
- ébranlements provoqués par les tirs de mines provoquant des chutes de pierres et de
blocs.
D’autres facteurs peuvent favoriser plus indirectement les instabilités des terrains et en
particulier les incendies qui modifient le couvert végétal, la mise en culture des terrains ou le
déboisement, et plus marginalement le fouissement d’animaux participant à l’érosion des sols
et la remobilisation de blocs en versant.

Les éboulements et les chutes de pierre et de blocs

L’évolution naturelle des falaises et des versants rocheux engendre des chutes de pierres et de
blocs ou des éboulements en masse. Les blocs isolés rebondissent ou roulent sur le versant
tandis que dans le cas des éboulements enmasse, les matériaux «s’écroulent» à grande vitesse
sur une très grande distance. La forte interaction entre les éléments rend la prévision de leurs
trajectoires et rebonds complexe, et donc leur modélisation difficile.
Ce phénomène possède un caractère soudain, d’où un risque conséquent sur les personnes. Ces
mouvements de terrains ont des conséquences sur les infrastructures (bâtiments, voie de
communication, etc.), allant de la dégradation partielle à la ruine totale. Ces dommages
entraînent un coût direct causé par les réparations ou l’entretien des bâtiments, mais également
un coût, difficilement chiffrable, lié à la perturbation des activités du secteur touché.
Les techniques de protection
La protection active vise à empêcher les blocs et écailles de se détacher. Pour les amarrer, des
câbles ou des nappes de filets métalliques peuvent être utilisés. Le clouage des parois permet
de limiter le départ d’éléments rocheux, par des ancrages reprenant une partie des efforts de
cisaillement et de traction, ou des tirants qui introduisent un effort de compression sur le massif
rocheux. Le confortement des parois par massif bétonné ou par béton projeté s’oppose
également au décrochement de blocs.
La protection passive consiste essentiellement à interposer un «écran» entre le massif rocheux
et les enjeux. Il peut s’agir d’un merlon ou d’une digue pare-blocs, d’une levée de terre avec un
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parement amont proche de la verticale, conçu pour reprendre l’énergie des blocs. Quand il est
impossible de construire un tel ouvrage de protection, on a recours à l’utilisation de filets pare-
blocs qui, associés à des systèmes de fixation à ressort et de boucles de freinage, arrêtent les
blocs et dissipent leur énergie.
Pour les habitants, des dispositions constructives peuvent être prises, telles que le renforcement
de la façade exposée ou du toit, mais il reste préférable d’éviter toute construction dans les
zones exposées.
Des méthodes de protection à court terme existent, telle que la purge des parois. Réalisée
manuellement ou par minage, elle nécessite une maîtrise poussée des opérations pour éviter de
déstabiliser davantage les blocs de la paroi traitée

Les affaissements et les effondrements


Ces phénomènes sont liés à la présence de cavités souterraines d’origine naturelle (phénomène
de dissolution ou de suffusion) ou anthropique (exploitation souterraine).
Les affaissements sont des dépressions topographiques en forme de cuvettes dues au
fléchissement lent et progressif des terrains de couverture.
Les effondrements résultent de la rupture des appuis ou du toit d’une cavité souterraine, rupture
qui se propage jusqu’en surface de manière plus ou moins brutale, et qui détermine l’ouverture
d’une excavation grossièrement cylindrique.
Les dimensions de cette excavation dépendent des conditions géologiques, de la taille et de la
profondeur de la cavité ainsi que du mode de rupture. Ce phénomène peut être ponctuel ou
généralisé et dans ce cas, concerner des superficies de plusieurs hectares. S’il est ponctuel, il se
traduit par la création de fontis plus ou moins importants dont le diamètre est généralement
inférieur à cinquante mètres.
L’exploitation de matériaux du sous-sol dans des marnières, des carrières ou des mines, puis
l’abandon de ces structures peuvent entraîner des affaissements ou des effondrements.
Les techniques de protection
Deux méthodes de protection peuvent être envisagées. La protection active consiste à éviter le
Déclenchement du mouvement. La protection passive s’attache à en contrôler les conséquences.
La protection active consiste à soutenir et à consolider les cavités. Pour cela, il est possible de
réduire la portée des vides en aménageant des appuis supplémentaires, par la réalisation de
piliers en maçonnerie, dans les cavités accessibles, ou l’injection de coulis (mélange de béton
et d’adjuvants) formant des plots. Si le vide considéré est proche de la surface, il est impératif
de contrôler les infiltrations d’eau qui vont accentuer le phénomène.
La protection passive vise à renforcer les structures des constructions menacées pour qu’elles
ne subissent pas les conséquences des affaissements. La réalisation de fondations profondes,
traversant la cavité, peut être un moyen de se protéger. Enfin, les réseaux enterrés doivent être
conçus dans des matériaux résistants aux déformations.

Les glissements de terrain


Il s’agit du déplacement lent d’une masse de terrain cohérente le long d’une surface de rupture.
Cette surface a une profondeur qui varie de l’ordre du mètre à quelques dizaines voire quelques
centaines de mètres dans des cas exceptionnels. Les volumes de terrain mis en jeu sont alors
considérables. Les vitesses d’avancement du terrain peuvent varier jusqu’à atteindre quelques
décimètres par an. Lorsqu’il y a rupture, ces vitesses peuvent atteindre quelques mètres par jour
durant la période la plus active.

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Le cas des mouvements de terrain de grande ampleur est particulier. Le nombre de victimes
peut être très important, du fait des quantités de matériaux mises en jeu et de l’étendue du site
concerné. Ces mouvements, plus rares, ont des conséquences difficilement prévisibles.
Les glissements de terrain, qu’ils soient lents ou rapides, ont des conséquences sur les
infrastructures (bâtiments, voies de communication, etc.) pouvant aller de la fissuration à la
ruine totale, ou entraîner des pollutions induites. Mêmes les mouvements lents et superficiels
(fluages et solifluxion) peuvent dégrader des canalisations et autres réseaux enterrés.
Ces dommages entraînent un coût direct dû aux réparations ou à l’entretien des ouvrages,
généralement supporté par les collectivités locales et l’État, mais également un coût
difficilement chiffrable, lié à la perturbation des activités du secteur touché. Les matériaux
géologiques d’un glissement de terrain peuvent être constitués de roche ou de sédiments
meubles ou de tous ces matériaux à la fois. Les sédiments comprennent l’argile, le limon, le
sable, le gravier, les galets et les blocs, ou une combinaison de ces matières incluant tant les
dépôts naturels que les dépôts d’origine anthropique (des glissements de terrain peuvent se
produire dans des remblais artificiels). Dans sa trajectoire, un glissement de terrain peut
emporter des matériaux géologiques dont les caractéristiques diffèrent des matériaux d’origine,
auxquels peuvent s’ajouter de l’eau et des arbres. Ce mélange de matériaux déplacés est appelé
« éboulis ou débris ». Un glissement de terrain est un mouvement gravitaire lors duquel une
partie du matériel d’un versant (masse rocheuse ou terrain meuble) se déplace vers l’aval, le
long d’un plan de glissement. Arbres tordus, inclinés ou arrachés, bâtiments fissurés ou encore
routes ou sentiers déformés constituent de bons indicateurs de l’activité d’un glissement de
terrain.
Le déclenchement d’un glissement de terrain se produit lorsque les forces motrices (la gravité)
dépassent les forces stabilisantes que sont la résistance au cisaillement et le poids du pied du
versant. Dans un terrain incliné, la cause peut être, par exemple, des surpressions dues à l’eau
(pluies intenses et/ou sur une longue période, fonte des neiges, etc.), une surcharge dans le
versant, ou encore une diminution de l’effet de contrepoids du pied de versant (érosion par un
cours d’eau ou aménagement anthropique).
Il faut souligner l’importance du rôle de l’eau dans les glissements de terrain. Sa présence au
niveau de la surface de glissement semble être un facteur prépondérant du processus de
glissement. En outre, un sol dont la teneur en eau dépasse un certain seuil a une cohésion entre
les grains réduite, voire nulle. Il existe deux types de glissements de terrain :

Les glissements rotationnels : Lors de glissements rotationnels, la masse se déplace vers l’aval
le long d’une surface de rupture circulaire. Habituellement, les glissements de type rotationnel
sont de faible volume et le déplacement des matériaux est limité. Ils se produisent
principalement dans des terrains meubles homogènes surtout argileux et silteux.

Les glissements plans ou translationnels : pendant la survenance de glissements plans,


quelques horizons de terrain ou un ensemble des couches se déplacent selon une surface de
glissement plus ou moins plane. Les glissements translationnels s’étendent sur des surfaces de
taille très variable, allant jusqu’à 30 km2. L’épaisseur des masses glissées peut atteindre
plusieurs dizaines de mètres.

Les glissements rotationnels

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Les glissements rotationnels se produisent dans des matériaux meubles où les discontinuités
géologiques sont absentes ou insuffisantes pour influencer notablement la forme et la position
de la surface de rupture. L’appellation « glissement rotationnel » vient du fait que la surface de
rupture est courbe. La morphologie d’un glissement rotationnel met en évidence deux secteurs
: une zone de rupture en amont, symbolisée par l’escarpement de tête et une zone aval
caractérisée par un bourrelet de pied. On peut également observer parfois une série de gradins
correspondant aux loupes de glissements secondaires

Coupe schématique d’un glissement rotationnel et distribution des forces. Le poids du


corps du glissement (Sb) et le frottement (Fr) s’opposent à la mise en mouvement (forces
stabilisatrices) tandis que le poids de la tête (Sa) exerce une action motrice. Si Sa – Fra >
Sb + Frb alors il y a glissement, sinon la masse est stable. Les infiltrations d’eau (pluie,
fonte des neiges) ont un effet négatif sur la cohésion du terrain et contribuent à accentuer
l’activité du glissement.

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Les glissements plans ou translationnels

Concerne généralement les formations superficielles : formation de couverture


recouvrant un substratum rocheux ou meuble (exemple formation altérée sur
formation saine : blocs rocheux et matériau sablo-argileux). L’épaisseur des
matériaux mobilisés dépend du contexte mais ne dépasse rarement 2 mètres. Les
glissements plans affectant les talus routiers par exemple, ne mobilisent pas plus de
0,5 m d’épaisseur de matériaux. La surface de rupture est plane et l’écoulement des
terrains se fait parallèlement à la pente. Se produit sur forte pente (supérieure à 20°).
La surface concernée est comprise entre quelques mètres carrés (glissement de talus
routier) et peut aller jusqu’à l’hectare (glissement d’un pan de versant).

Les coulées boueuses et torrentielles

Les coulées boueuses et torrentiellessont caractérisées par un transport de matériaux


sous forme plus ou moins fluide.
Les coulées boueuses sont des phénomènes très rapides affectant des masses de matériaux
remaniés, soumis à de fortes concentrations en eau, sur de faibles épaisseurs généralement (0-
5 m). Ce type de phénomène est caractérisé par un fort remaniement des masses déplacées, une
cinématique rapide et une propagation importante. Les coulées de boue (ou coulées boueuses)
se déclenchent en pleine pente, sans existence préalable d’un chenal. Elles se produisent
souvent suite à un glissement de terrain, à partir du matériel glissé que des apports d’eau (pluie,
fonte de neige) peuvent avoir détrempés jusqu’à que soit atteinte la limite de liquidité. Il s’agit
d’une boue – résultant du mélange en différentes proportions d’eau, de particules fines et de
matériel plus grossier – qui s’écoule vers l’aval. Les coulées apparaissent dans des matériaux
meubles lorsque leur teneur en eau augmente de manière importante. La mise en mouvement
de ces matériaux a pour origine une perte brutale de cohésion. Ces coulées peuvent se produire
depuis le corps ou le pied d'un glissement.
La coulée de boue est le plus rapide (jusqu'à 90 km/h) et le plus fluide des différents types de
mouvements de terrain. Son comportement est intermédiaire entre celui d’un solide et d’un
liquide, et régi par les lois des domaines à la fois de l’hydraulique et de la mécanique des solides,
ce qui en fait un phénomène particulier dans la famille des mouvements de terrain.
Les matériaux mobilisés par les coulées de boue sont généralement très hétérogènes (argile,
sable, rochers). Cette charge très importante en matériaux solides (environ 1/4 d’eau et 3/4 de
matériau solide), leur confère une grande capacité érosive et destructive notamment, du fait de
la présence de blocs charriés au sein même de la coulée. Ce sont de ce fait des phénomènes très
érosifs.

Elles peuvent s’écouler dans le lit des torrents et éventuellement s’étaler sur les cônes de
déjection torrentiels pouvant générer ainsi une menace importante pour les vies ou les
installations humaines. Elles peuvent s’arrêter “en masse”, laissant des dépôts d’épaisseur
importante de l’ordre du mètre.

Les zones de colluvions, de glissements actifs ou anciens et de dépôts anthropiques dans un


contexte morphologique favorisant d’importantes concentrations d’eau (talwegs, lit de rivière)
constituent les sites potentiels d’apparition des coulées de boue. Il est fréquent que les coulées

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prennent naissance dans la partie aval d’un glissement de terrain ou dans des zones de
ravinement intense.

Les coulées torrentielles se produisent dans un chenal préexistant (ravine, torrent)


et avec une inclinaison assez importante. Les coulées torrentielles se produisent dans
le lit de torrents au moment des crues. Elle se compose d’un mélange relativement
inhomogène ou hétérogène de matériel solide (fines et blocs) et d’eau. L’eau et les
sédiments fins (fines et argiles) constituent une boue d’une densité élevée (1.8 à 2
t/m3). Du fait de sa densité importante, ce fluide visqueux est capable d’entraîner
une grande quantité de matériel solide, dont des blocs de plusieurs tonnes.
Les gros blocs sont majoritairement transportés à l’avant de la coulée (le front) ;
ainsi que (dans une moindre mesure) sur les côtés, dans ce que l’on appelle les
bourrelets latéraux. Le corps de la coulée torrentielle est un mélange plutôt
homogène qui constitue l’essentiel du volume total de la coulée. Des gros blocs
peuvent y être transportés en surface. La queue est généralement plus fluide que le
reste (écoulement hyperconcentré) et possède un potentiel érosif très important.

Le déclenchement d’une coulée torrentielle est lié à des apports d’eau important dans le lit
de torrents (pluies intenses (plus de 50-70 mm/h), fonte de neiges) combinés avec la présence
d’une grande quantité de matériaux aisément mobilisables. Le torrent en crue arrache des
matériaux des berges et de son lit et, le flux devient un mélange visqueux avec une action
érosive de plus en plus importante. La coulée torrentielle s’alimente ainsi tout au long de son
parcours, pouvant entailler le lit du torrent sur plusieurs mètres.
La coulée torrentielle va se stopper lorsque la pente ne sera plus suffisante et/ou lorsque la
teneur en eau ne permettra plus le transport du matériel en suspension. Les laves torrentielles
peuvent atteindre des vitesses supérieures à 10 m/s et arrachent sur leur passage arbres, pans
entiers de versant et blocs de très grande taille. La quantité de matériel transporté, la densité et
la vitesse de déplacement des coulées torrentielles en fait des événements particulièrement
destructeurs, d’autant qu’il s’agit de phénomènes instantanés, extrêmement difficiles à prévoir.

Un lahar est un cas particulier de lave torrentielle impliquant des matériaux d’origine
volcanique (cendres et tephras). Ils sont constitués d’un mélange de cendres, tephras et d’eau,
ainsi que de différents matériaux (arbres, constructions, etc.) arrachés durant l’écoulement. Les
lahars se déclenchent généralement lors de fortes précipitations sur des dépôts volcaniques non
consolidés comme les cendres. Dans certains cas, l’eau peut provenir de la fusion de la neige
ou de la glace recouvrant le volcan qui entre en activité. Selon l’ancienneté des dépôts
volcaniques concernés, les lahars peuvent avoir une température plus ou moins élevée.
Les lahars sont particulièrement destructeurs de par la vitesse et la densité des coulées qui ont
un important pouvoir érosif. En outre, le risque de déclenchement d’un lahar reste important
pendant de longues périodes après l’éruption, puisque les cendres déposées ne se solidifient
pas.

Les techniques de protection

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Dans le cas des glissements de terrain, les techniques actives sont privilégiées aux méthodes
passives. En effet, une fois qu’un glissement de terrain mettant en jeu de grandes quantités de
matériaux est amorcé, il est difficile d’en maîtriser les conséquences.
La réalisation d’un système de drainage (tranchée drainante, éperon drainant, masque drainant
oudrains ponctuels subhorizontaux) est une technique couramment utilisée pour limiter les
infiltrations d’eau. Les murs de soutènement en pied de glissement limitent également leur
développement.
Dans le cas des coulées boueuses, la correction torrentielle et la végétalisation ou le reboisement
des versants permet de réduire la quantité de matériaux mobilisables, et donc l’intensité du
phénomène. L’utilisation de végétaux dans le cas desautres types de glissements est à préconiser
avec prudence, ceux-ci pouvant également avoir un rôle néfaste.

Le retrait-gonflement des argiles


Il se manifeste dans les sols argileux et est lié aux variations en eau du terrain. Lors des périodes
de sécheresse, le manque d’eau entraîne un tassement irrégulier du sol en surface: on parle de
retrait. À l’inverse, un nouvel apport d’eau dans ces terrains produit un phénomène de
gonflement. Des tassements peuvent également être observés dans d’autres types de sols
(tourbe, vase, lœss, sables liquéfiables, etc.) en cas de variations de leur teneur en eau. La
lenteur et la faible amplitude du phénomène de retrait-gonflement le rendent sans danger pour
l’homme. Néanmoins, l’apparition de tassements différentiels peut avoir des conséquences
imposantes sur les bâtiments superficiels.
Les techniques de protection Il existe tout d’abord des mesures constructives (fondations
profondes, rigidification de la structurepar chaînage) qui limitent les dommages sur les
bâtiments. La maîtrise des rejets d’eau dans le sol (eaux pluviales et eaux usées) réduit
également les variations et les concentrations d’eau et donc l’intensité du phénomène. Le
contrôle de la végétation arborescente permet lui aussi de diminuer les risques.

Afin de réduire les effets des glissements de terrain, il existe deux types de prévention : la
prévention passive et la prévention active.

La prévention passive - se fait par le biais de mesures de planification et d’aménagement du


territoire pour une utilisation adéquate du territoire en évitant de construire dans des zones
dangereuses. Plusieurs outils sont disponibles :

• Carte de l’aléa - Il est tout d’abord nécessaire d’identifier les dangers : que peut-t-il se
produire et où ? L’analyse de la situation de danger permet d’établir la carte des
phénomènes ou carte des aléas.
• Carte de dangers - Il s’agit d’une étape d’évaluation des dangers. La question est de
savoir avec quelle fréquence et quelle intensité les phénomènes identifiés peuvent se
produire. Cela conduit à la réalisation de la carte des dangers qui distingue cinq degrés
de danger.
• Restriction de construction - La carte de danger, présentant un zonage selon la
dangerosité, permet de délimiter des zones interdites à la construction.
• Mesures de protection supplémentaires pour certaines constructions particulièrement
sensibles comme les hôpitaux ou les écoles dont le fonctionnement doit pouvoir être

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garanti, même après un événement dommageable. Les constructions qui peuvent induire
des dommages importants sont également soumises à des prescriptions spéciales. C’est,
par exemple, le cas des centrales nucléaires, des stations d’épurations, raffineries, etc.
• Surveillance de sites dangereux avec des systèmes de monitoring et éventuellement
d’alarme en cas de danger accru.

La prévention active, quant à elle, consiste en l’application de différentes mesures sur le terrain
: on agit directement sur le phénomène pour essayer de l’empêcher.

• Contrôle de l’érosion : en pied de glissement par l’installation d’une digue de retenue,


dans la pente par des traverses de bois, ou encore dans un torrent en installant des seuils
qui vont casser l’énergie de l’eau et empêcher le surcreusement du lit du torrent et la
mobilisation de matériel. La forêt joue un rôle important pour limiter l’érosion d’un
versant (interception des précipitations par le couvert végétal et stabilisation par les
racines) : forêt protectrice.
• Modification du profil du versant afin d’en assurer la stabilité : par exemple,
reprofilage d’un talus pour en diminuer la pente (mais attention car cela pose des
problèmes dans les zones habitées) ou encore, modification de la répartition des masses
(excavation en tête et remblayage en pied de versant).
• Drainage : la présence d’eau diminue fortement la cohésion d’un terrain, c’est pourquoi
il peut être intéressant de drainer les terrains en mouvement. Il faut toutefois être
particulièrement attentif à d’éventuels affaissements du terrain après le drainage qui
peuvent rendre la situation encore plus dramatique.
• Ouvrages de protection qui doivent assurer la sauvegarde des biens et des personnes
lors d’un mouvement gravitaire. Ce sont, par exemple, des galeries de protection (chute
de pierres, avalanches), des filets de protection (chutes de pierres), la forêt protectrice
(chutes de pierres, glissement de terrain, avalanches, laves torrentielles), des digues et
fossés dans les torrents (laves torrentielles) ou encore des digues de retenue pour les
avalanches.
• Ancrages sont des structures métalliques comparables à des clous que l’on va insérer
dans un terrain en glissement afin de le stabiliser en augmentant la résistance au
cisaillement.

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