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Chapitre 2 : Aléas, enjeux, vulnérabilité et Risques

1. Aléa
L’aléa, ou événement ou processus, est défini par son intensité, son occurrence spatiale et
temporelle. L’intensité traduit l’importance d’un phénomène. Elle peut être mesurée (hauteur
d’eau pour une inondation, magnitude d’un séisme) ou estimée (durée de submersion, vitesse
de déplacement). La probabilité d’occurrence spatiale est conditionnée par des facteurs de
prédisposition ou de susceptibilité (géologique par exemple). L’extension spatiale de l’aléa est
plus difficile à estimer (avalanche ou mouvement de terrain par exemple). La probabilité
d’occurrence temporelle dépend de facteurs déclenchant naturels ou anthropiques. Elle peut
être estimée qualitativement (négligeable, faible, forte) ou quantitativement (période de retour
de 10 ans, 30 ans, 100 ans). La durée du phénomène doit être également prise en compte
(durée considérée pour les précipitations pluvieuses). Il est souvent nécessaire de dresser un
tableau à double entrée pour caractériser l’aléa (intensité, durée).

2. Enjeux et vulnérabilité
Les enjeux sont les personnes et les biens, l’occupation du sol et les équipements qui peuvent
être exposés aux aléas naturels. La vulnérabilité est quant à elle la « conséquence prévisible
d’un phénomène naturel d’intensité donnée sur les enjeux ». La vulnérabilité caractérise les
enjeux.
La vulnérabilité d’une population aux catastrophes naturelles est en étroite relation avec son
niveau de développement. Cette vulnérabilité s’exprime premièrement dans la gravité des
conséquences de l’événement : en effet, moins une société est préparée à la catastrophe, plus
celle-ci sera dévastatrice. Il est évident qu’une communauté qui a préalablement réalisé une
analyse des risques naturels et a planifié l’implantation de l’habitat en fonction des zones de
danger sera moins susceptible de subir d’importantes destructions.

Mais la vulnérabilité s’exprime également dans les suites de la catastrophe : lorsque les
systèmes de réponse aux catastrophes sont bien développés (assurances, expertise, moyens
techniques), la communauté se relèvera plus rapidement qu’une autre qui ne bénéficie pas de
ces atouts.

La vulnérabilité est soumise à plusieurs facteurs.


 Les facteurs socio-économiques
La vulnérabilité sociale est sans doute un des facteurs qui contribue le plus à augmenter les
conséquences d’une catastrophe naturelle, notamment dans les pays du Sud. De 1998 à 2018,
91 % des pertes de vies humaines causées par des tempêtes ont eu lieu dans des pays à revenu
faible ou intermédiaire, où ne sont pourtant survenus que 32 % de ces événements
climatiques.
La pauvreté est une des raisons majeures qui poussent les populations à se mettre en situation
de danger : en effet, lorsque c’est la survie au jour le jour qui est la priorité, les mesures à
prendre pour se protéger d’un éventuel danger sur le plus long terme ne font pas partie des
préoccupations quotidiennes, ou alors les populations concernées ont conscience d’être
exposées mais n’ont simplement pas les moyens d’habiter ailleurs. Ils s’installent par
conséquent sur les terrains accessibles au moindre prix, ceux dont personne ne veut parce
qu’ils sont connus pour être dangereux : bords de rivières, fortes pentes, terrains situés sur des
sites contaminés ou à proximité de sources de nuisances (bords de routes, terrains vagues dans
des zones industrielles, etc.). Non seulement la pauvreté amène les populations sur des zones
dangereuses, mais de plus elles les empêchent de se construire des maisons capables de
résister aux forts événements climatiques tels que des vents violents ou de fortes pluies. Il
arrive aussi que ces populations fragilisées refusent d’abandonner le peu de richesses qu’elles
possèdent, par peur des vols ou par ignorance.

 Les facteurs fonctionnels


Cela concerne l’absence de prévision, l’absence de système d’alerte, la mauvaise gestion de
crise, la mauvaise organisation des aspects techniques et humains.

 Les facteurs culturels


Ces facteurs concernent l’ignorance du danger et l’absence de consciences du risque.

 Les facteurs institutionnels et politico-administratifs


La gestion des risques naturels demande des structures institutionnelles et administratives
adéquates. Le manque de prise en compte de ces questions dans la gestion publique peut être
une des causes essentielles de la gravité d’une catastrophe. Le plus grand manque est
l’absence pure et simple de structures de gestion des risques, que ce soit au niveau communal,
régional ou national. Lorsque ces structures existent, elles sont parfois mal coordonnées entre
elles. La coordination est en effet indispensable à tous les niveaux : entre les différents
services d’une commune (urbanisme et environnement par exemple), entre les communes
voisines concernées par un même risque, entre les communes et la région, entre les différents
services régionaux, etc. Les problèmes climatiques sont une menace globale dans le sens où
ils peuvent se présenter n’importe où, mais leurs effets sont plus ou moins localisés. Le fort
degré de centralisation du pouvoir, ou au contraire sa délégation au niveau local, ainsi que les
moyens financiers disponibles à chaque niveau, auront des conséquences sur une bonne prise
en compte des risques locaux.

3. Le risque naturel
Le risque naturel peut être défini comme un événement dommageable, doté d’une certaine
probabilité, lié à la conjonction d'un phénomène naturel (l’aléa) et d’une zone géographique
où existent des biens ou des activités vulnérables.

Risque = Aléa x Enjeu

Un événement potentiellement dangereux n’est un risque que s’il s’applique à une zone où
des enjeux humains, économiques, environnementaux ou culturels sont en présence. Par
exemple, si une inondation se produit dans une zone inhabitée, sans activité économique et
sans enjeux environnementaux, les impacts et dommages sont limités. En revanche, dans des
zones fortement urbanisées ou à forte activité économique, les conséquences sont importantes
avec des dommages importants aux biens et à la population. Le risque augmente lorsque les
biens ou les personnes installées en zones inondables sont plus nombreux ou plus vulnérables.
C'est-à-dire lorsque nous sommes en présence de personnes à mobilité réduite, de bâtiments
résistant faiblement à l'immersion...
La réduction des risques (aléas et vulnérabilité) passe par des mesures de protection, de
réduction de la vulnérabilité des intérêts socio-économiques.

Deux critères caractérisent le risque majeur :


 une faible fréquence : l’homme et la société peuvent être d’autant plus enclins à
l’ignorer que les catastrophes sont peu fréquentes ;
 une énorme gravité : nombreuses victimes, dommages importants aux biens et à
l’environnement.
D’une manière générale, le risque majeur se caractérise par de nombreuses victimes, un coût
important de dégâts matériels, des impacts sur l’environnement : c’est la vulnérabilité qui
mesure ces conséquences. Le risque majeur est donc la confrontation d’un aléa avec des
enjeux.

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