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Depuis une quarantaine d’années les experts et surtout les politiques avancent des nouvelles

stratégies de gestion de risques. Ces stratégies sont reprises dans les textes internationaux et
deviennent des éléments de droits sur lesquels les pays s’alignent dans leurs politiques de
prévention de risque. Elles concernent principalement les catastrophes naturelles les plus
récurrents que connaît le monde depuis plusieurs décennies. L’inondation est la catastrophe
naturelle la plus récurrente et aujourd’hui l’aléa le plus destructeur de l’humanité causé
principalement par le changement climatique. Etant la combinaison entre l’aléa (une forte
pluie) et l’enjeu (personnes et biens), il est aggravé par de multiples facteurs d’ordre
topographiques, urbanistiques, démographiques, géomorphologiques, techniques et
météorologiques1.
A l'échelle mondiale, la fréquence, la gravité et les répercussions socio-économiques des
inondations augmentent malgré les multiples efforts fournit par les Etats dans la conception
d’outils de gestion des risques d’inondation. Les pertes en vies humaines, la destruction des
infrastructures et les impacts négatifs sur l’environnement augmentent d’années en années
face aux différentes stratégies élaborées qui devraient servir de réponse aux inondations.
Malgré la (Stratégie internationale de prévention des catastrophes, 2005) qui définit les
objectifs stratégiques du Cadre d’action de Hyogo de l’accord de Sendai appelant à une
intégration plus efficace des considérations relatives aux risques de catastrophes dans les
politiques de développement durable, la planification et la programmation à tous les niveaux,
l’accent étant mis sur la prévention des catastrophes, l’atténuation de leurs effets, la
préparation et la réduction de la vulnérabilité, le développement et le renforcement des
institutions, des mécanismes et des capacités à tous les niveaux ; les Etats se trouvent encore
impuissants face aux inondations qui fragilisent leurs économies et accentuent l’exposition et
la vulnérabilité de leurs populations. De plus, malgré l’éventail de décisions prises lors des
COPS pour réduire l’effet du changement climatique et ses répercussions, la situation est
encore alarmante pour beaucoup d’Etats. Plusieurs Etats, à l’instar de la France, les Etats-
Unis, le Canada, le Bangladesh, le Pakistan et le Brésil voient leurs stratégies de gestion des
risques inefficace face aux aléas climatiques et principalement les inondations. Dans certains
Etats, les outils de gestion de risque sont remis en cause par les institutions et surtout les
populations. C’est le cas de la France en novembre 2022, où la cour des comptes a jugé
insuffisante le système de prévention du risque d’inondation en Île-de-France2.
En effet, à partir des années 1990, plusieurs Etats ont multipliés les outils cartographiques et
de diagnostic de vulnérabilité face aux différents aléas, pour répondre aux exigences de
l’administration en matière de prévention, de gestion des risques, et d’évaluation de la
vulnérabilité des populations et des dommages potentiels s’inscrivant dans des démarches
coûts/avantages. Ces instruments sont construits comme des outils de diagnostic a priori,
avant les crises ou les catastrophes. Mais ils ne sont ensuite pas confrontés à l’épreuve des
faits, a posteriori et aux retours d’expérience. Il existe donc un important décalage entre les
outils réalisés et la survenance, l’impact et l’évolution du risque d’inondation. Ce décalage est
un obstacle majeur à la consolidation et à l’efficacité des outils d’analyse de la vulnérabilité
des territoires du fait que les individus, groupes sociaux et territoires les plus vulnérables ne
sont pas toujours les mêmes et perçoivent le risque d’inondation différemment.
En Afrique à partir des années 2000, les inondations représentaient 66% des catastrophes
enregistrés sur le continent. C’est ce qui a conduit l’Union Africaine à adopter la Stratégie
1
SOKEMAWU koudzo, les inondations et leurs répercussions socioéconomiques et sanitaires dans la basse
vallée du zio au sud du Togo ; Revue Ivoirienne de Géographie des Savanes, Numéro 2 Juin 2017, ISSN 2521-
212 ; p7
2
Cour des comptes chambre régionale et territoriale des comptes entités et politiques publiques la prévention
insuffisante du risque d’inondation en Île-de-France rapport public thématique synthèse novembre 2022
Régionale Africaine de Réduction des Risques de Catastrophes (SRARRC). Depuis 35 ans,
l’Afrique de l’Ouest connait d’intenses inondations. A partir de 2007, les inondations ont
touchées 800000 personnes dans 15 pays. C’est ce qui a conduit à l’élaboration de la Stratégie
Régionale de Gestion des Risques d’Inondation et plan d’action (2020 -2025) en mars 2020
par les pays de la CEDAO qui sert d’orientations stratégiques de gestion des risques
d’inondation.
Au Togo, l’inondation est la catastrophe la plus récurrente. Les années 2007 à 2010 ont été
particulièrement marquées par des inondations aux conséquences sociales et économiques
désastreuses. Pour faire face aux situations d’urgences, le Togo dispose de Stratégie Nationale
de Prévention des Risques et Catastrophes Naturels, d’un plan ORSEC, d’un Plan National
d’Adaptions aux Changements Climatiques du Togo (PNACC), des structures de protection
civile (ANPC, ANASAP), la Politique Nationale de la Protection Civile horizon (2030) et des
structures sanitaires. Malgré l’existence de ces dispositifs, force est de constater que le pays
n’est pas assez préparé pour faire face aux situations d’urgence3 tel les inondations.
A l’instar de la région des Savanes, de la Kara, et des Plateaux qui sont touchées par le
phénomène d’inondation, la région Maritime et particulièrement le Grand Lomé n’est pas à
l’abri des inondations. Le Grand Lomé connait presque chaque saison pluvieuse de mai à
juillet des pluies diluviennes occasionnant potentiellement des dégâts matériels importants tel,
les pertes matérielles et humaines (destructions des maisons, emportement des biens, pertes en
vies humains), l’impraticabilité des routes, la dégradation des infrastructures, l’impact sur les
activités économiques ainsi que le fonctionnement des services publics, l’exposition des
populations à des situations de crise et de panique situées dans les zones à risque d’inondation
et l’accentuation de la vulnérabilité des populations pauvres. En effet il suffit d’une grande
pluie et le Grand Lomé se retrouve sous l’eau et ceci synonyme d’inquiétudes pour les
communes et les populations en début de saisons. En 2019, sur 21072 inondations au Togo, le
Grand Lomé avait enregistré 11188 cas d’inondations 4. Face à cette situation d’énormes
efforts ont été déployés par les pouvoirs publics. Un Plan National de Contingence
Multirisques et une cartographie des zones à risque ont été réalisés prenant en compte les
collectivités territoriales. Certaines communes du Grand Lomé disposent de Plan de Réponse
au Risque de Catastrophes Naturels. Les bassins de rétentions d’eau sont construits mais à ce
jour ces efforts sont peu efficaces et insuffisants du fait de la recrudescence des inondations
au fil des années en touchant les quartiers autre fois à l’abri. C’est la raison fondamentale de
l’étude de ce sujet en vue d’analyser les faiblesses des stratégies de gestion d’inondation
existantes en vue de proposer des mesures complémentaires pour renforcer la résilience des
communautés du Grand Lomé et donner un meilleur cadre de vie aux populations. C’est ce
qui a conduit à libellé notre sujet : « Analyse des stratégies de gestion des risques
d’inondation dans les communes du Grand Lomé». Dans l’objectif de minimiser les
dommages matériels et les pertes humaines, il paraît nécessaire de perpétuellement améliorer
et rendre plus performant les modes de gestion du risque. Face au développement urbain des
zones à risques dans le Grand Lomé chaque saison pluvieuse la question à laquelle tente de
répondre cette étude est la suivante : quelle analyse peut-on faire des stratégies de gestion des
risques d’inondation dans les communes du Grand Lomé ?

3
BELEYI Essokilina, gestion des catastrophes naturelles au Togo : réponse sectoriel wash pour les inondations,
2011, P1
4
ANPC, Analyse des données des dégâts et pertes des aléas survenus au Togo : 2017-2020, Répartition géo
spatiale des sinistrés selon les aléas en 2019, p7
Afin de de répondre aux différentes questions qui attirent notre attention, le travail va
s’articuler autour de trois chapitres. Un premier qui s’attèlera à la présentation et à l’analyse
des communes
du grand Lomé ; un second chapitre qui sera consacré à la détermination des causes et impacts
des inondations dans les communes du Grand Lomé; enfin le dernier chapitre qui permettra de
de proposer des de proposer des mesures complémentaires à celles existantes.

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