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Chap.

1 : LES SOCIETES FACE AU RISQUES


Comment faire aux risques de façon durable ?

I. Des risques d’origine naturelle et anthropique nombreux


A. Des risques d’origine naturelle très variés

► Des risques sismiques et volcaniques très concentrés. Toutes les parties du monde ne sont pas
également exposées aux risques d'origine naturelle. Séismes et volcans se concentrent sur les limites
des plaques, et notamment le long de la Ceinture de feu du Pacifique.
► Des risques climatiques variables. En milieu tempéré, des tempêtes viennent de l'océan,
notamment l’hiver, et elles peuvent faire d’importants dégâts. Sur les terres, les vents peuvent
tourbillonner, donnant des tornades, risque très présent dans les Grandes Plaines des États-Unis. En
milieu tropical, une eau à plus de 26°C est propice à la formation de cyclones, particulièrement
dévastateurs. Inondations liées à de fortes pluies ou à la fonte des neiges, sécheresses ou maladies
transmises par exemple par les moustiques en zone tropicale (paludisme) constituent autant de
risques d’origine naturelle liés au climat.

B. Le renforcement des risques liés aux activités humaines

► Des risques industriels et technologiques croissants. Les industries, le stockage et le transport


de matières dangereuses comme l’essence ou les produits chimiques peuvent provoquer de la
pollution, des explosions, des incendies ou des fuites. Certaines usines chimiques peuvent exploser
(Bhopal en Inde en 1984, Seveso en Italie en 1975, AZF à Toulouse en 2001). Les plateformes
pétrolières off-shore peuvent se renverser ou exploser (BP Deepwater Horizon aux États-Unis en
2010). Les supertankers, qui transportent du pétrole, peuvent également causer des marées noires
(Exxon Valdez, Erika). Le nucléaire est lui aussi facteur de risques (Tchernobyl en Ukraine en
1986, Fukushima en 2011 au Japon).
►Des victimes et des dommages de plus en plus nombreux et importants. Les victimes et les
dommages causés par les catastrophes industrielles sont de plus en plus nombreux et importants.
Cela s’explique en partie par la concentration croissante des hommes et des activités dans les
espaces urbains, et particulièrement sur les littoraux ou les grandes vallées, qui sont des espaces
déjà fortement exposés aux risques naturels.

C. De l’aléa au risque et à la catastrophe

► Le risque, produit d’un aléa et d’une vulnérabilité. Le risque combine l’aléa et la


vulnérabilité. On mesure la vulnérabilité d’une population par son degré d'exposition à l'aléa,
l'importance des enjeux humains et économiques et sa capacité de prévention et de gestion du
risque.
► La catastrophe, concrétisation du risque. Le risque n’est qu’une probabilité, un événement
potentiel. Il ne cause aucun dommage direct. C’est sa concrétisation sous la forme d’une catastrophe
qui est problématique, surtout si la situation, mal gérée, se transforme en crise.

II. Une inégale vulnérabilité selon le développement

A. Le développement réduit la vulnérabilité

► Les pays les plus pauvres concentrent les victimes. La comparaison entre le séisme de 2010 à
Haïti, un des Pays les Moins Avancés (PMA), et celui de 2011 à Fukushima au Japon (pays
développé) est éclairante. Avec une magnitude de 7 contre 9, celui d’Haïti était 1 000 fois moins
puissant mais a fait environ 14 fois plus de victimes (230 000 morts contre 16 000), notamment à
cause de la fragilité des infrastructures et du faible degré de prévention.
► Un cercle vicieux à briser. Si la pauvreté accroît la vulnérabilité, les catastrophes aggravent la
pauvreté et peuvent donner naissance à de nouveaux risques. Ainsi, à Haïti, le séisme a détruit le
réseau d’adduction d’eau et d'évacuation des déchets ; la dégradation de l'hygiène a en retour
provoqué une épidémie de choléra qui a fait plusieurs milliers de morts.

B. Des pays développés aussi vulnérables ?

► Une moindre vulnérabilité humaine, un coût matériel plus important. Des cinq catastrophes
les plus coûteuses de l’Histoire, deux ont eu lieu au Japon (dont celle de Fukushima) et deux aux
États-Unis (l’ouragan Katrina en 2005 et l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon en 2010).
Les pays développés ont une forte densité d'infrastructures coûteuses ; leur destruction constitue une
perte économique supérieure à ce qu’elle serait dans un pays en voie de développement. Toutefois,
ce constat est à rapporter au niveau de vie du pays : les 300 milliards de dollars de dégâts de
Fukushima représentent 6 % du PIB du pays, alors que les 12 milliards de dollars de destruction à
Haïti en 2010 représentent 125 % du PIB.
► Des inégalités à toutes les échelles. Des inégalités importantes face aux risques s'observent
aussi à l'échelle locale : dans les pays pauvres comme dans les pays développés, les populations les
plus pauvres sont les plus vulnérables.

C. Une vulnérabilité accrue

► De nouveaux risques globaux. Le changement global désigne des phénomènes qui ont des
conséquences à l’échelle mondiale. C’est le cas par exemple de la déforestation ou du changement
climatique. Le changement climatique augmente la fréquence des événements climatiques extrêmes
(par exemple les sécheresses, les cyclones, etc.) et provoque de nouveaux risques, liés par exemple
à la hausse du niveau de la mer ou à l’acidification des océans.
► Des inégalités aggravées par le changement global. Les principaux pays contributeurs au
changement global sont les pays développés et les pays émergents. Ce sont les pays qui émettent le
plus de gaz à effet de serre (GES). Les pays pauvres polluent peu mais sont les plus vulnérables
face aux effets du changement global, du fait de leur faible développement. Ils peinent à mettre en
place des mesures pour s’adapter à certains de ses effets comme la désertification. Leur capacité à
surmonter la crise et ses effets est plus limitée que celle des pays développés.

II. Prévenir et gérer les risques : une transition en cours ?


A. Après la catastrophe, accroître la résilience

► La résilience. Au Népal après le séisme de 2015 et ses répliques, la résilience a été forte grâce à la
réactivité de l’État népalais, d’ONG et des institutions internationales.
►Développer une culture du risque. Les sociétés tendent à perdre la culture du risque. Des
habitants s’installent alors dans des zones inondables soigneusement évitées par le passé. Des
aménagements peuvent aussi donner une illusion de protection : à la Nouvelle-Orléans en 2005 et à la
Faute-sur-Mer (tempête Xynthia en 2010) en France, l’eau a contourné puis submergé les digues. Après
une catastrophe, des mesures sont en général prises pour développer une culture du risque.

B. En amont, développer la prévision et la prévention

► La prévision pour se protéger. Afin de se protéger des risques, les sociétés peuvent d’abord agir
par la prévision, c’est-à-dire en anticipant la survenue des aléas. Bien qu’il soit impossible d’empêcher
les aléas de se produire, les sociétés peuvent mieux les connaître et mieux les détecter. C’est le rôle
notamment des veilles cycloniques destinées à détecter la formation des cyclones, à prévoir leur
trajectoire, leur intensité et les éventuelles conséquences. Les volcans sont aussi surveillés.
► La prévention pour réduire la vulnérabilité. Cela peut consister par exemple à aménager des
digues pour faire face à l’érosion littorale. La prévention peut aussi reposer sur la limitation des
constructions dans des zones à risques, réduisant l’exposition à l’aléa ou à intégrer des normes de
construction pour réduire la vulnérabilité. C’est ce qu’illustre la mise en place de plans de prévention
des risques, document préfectoral qui interdit les constructions dans les zones à risques en France.
► L’importance de la gestion de crise. Lorsque le cyclone Phailin touche l’Est de l’Inde en 2013, les
autorités indiennes avaient réussi à évacuer à temps près de 860 000 personnes, évitant ainsi toute perte
humaine. À l’inverse, le manque de prévision et de prévention explique en partie la grave crise sanitaire
et humanitaire qui a touché la première puissance mondiale lors du passage de l’ouragan Katrina en
2005.
C. À long terme, la gouvernance pour réduire le risque

► La nécessité d’une bonne coordination pour réduire les risques. L’efficacité de la coordination
des acteurs permet de réduire les risques et d’éviter leur propagation. Ainsi, dans la crise du virus Ebola
en Afrique de l’ouest en 2014-2015, l’ONU et les ONG ont tenté une réponse coordonnée
transnationale. Mais le nombre de morts aurait pu être réduit si les États touchés par l’épidémie
n’avaient pas agi en ordre dispersé, chacun protégeant ses propres intérêts à court terme au détriment de
la propagation du virus.
► Quelle gouvernance face au changement global ? Face au changement global et à ses
principaux effets, les sociétés humaines peuvent agir. À l’échelle mondiale, les pays tentent de
trouver des solutions. En décembre 2015, à la COP21, 195 États ont adopté un accord qui prévoit de
maintenir le réchauffement sous le seuil des 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Les villes
génèrent 80 % des émissions de CO2. À l’échelle locale, des politiques sont également mises en place
pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

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