Vous êtes sur la page 1sur 5

Thème central: les sociétés face aux risques: anticiper, réagir, se coordonner et s’adapter.

Problématique: Comment les sociétés s’adaptent elles aux risques qui les entourent ?

Définitions:
Aléa : événement d’origine naturelle, technologique ou sanitaire dont la probabilité de se
dérouler est plus ou moins forte.
Anthropisation: modification d’un milieu naturel par les activités humaines.
Catastrophe : réalisation d’un risque entraînant des dégâts humains et/ou matériels très
importants.
Changements globaux: changements des conditions climatiques et changements
imprimés aux écosystèmes par les activités humaines.
Pandémie: diffusion d’une épidémie touchant un grand nombre de personnes dans une
zone géographique très étendue.
Habiter: pratiques des individus et des sociétés dans un espace donné.
Résilience: capacité d’une société à résister, à faire face à la crise et à la surmonter.
Risque: évènement d’origine naturelle ou humaine qui présente un danger pour les
sociétés
Seveso: politique commune de l’Union européenne en matière de prévention des risques
industriels majeurs.
Vulnérabilité: fragilité d’un territoire et d’une société face aux risques. Elle varie selon leur
préparation et leur capacité à y faire face.

————————————————————————————————————————

1°) Des risques naturels divers et omniprésents

A) Contraintes, avantages et risques

La Terre est une planète vivante. Elle est parcourue de courants marins ou venteux, de
reliefs ou de dépressions qui conditionnent des climats, connaît des activités naturelles
régulières comme les marées ou intermittentes comme les aléas sismiques ou
volcaniques. Cette présence est uniforme sur le globe mais son intensité est variable
régionalement ( ici région doit être entendu au sens de grandes zones géographiques, qui
correspondent globalement aux grandes plaques tectoniques)

On constatera une plus grande sismicité et activité volcaniques aux points de jonctions
entre plaques tectoniques. Ainsi, le Japon, présent à la confluence de trois plaques est
une zone de forte activité sismique et volcanique sous marine.
Reliefs et courants marins influencent les climats. Cela se remarque par exemple au
travers de la différence de climats entre la façade atlantique Est ( Europe de l’Ouest,
climat océanique ) et façade atlantique Ouest ( Amérique du Nord, continental tempéré)
présents sur la même latitude. Influencée par le gulfstream, courant marin chaud, l’Europe
de l’Ouest connaît un climat plus doux et tempéré que son homologue américaine. Ainsi
vous aurez de la neige régulièrement à News York mais pas à Bordeaux alors que vous
êtes à la même latitude.
Les climats ne sont pas des risques mais peuvent faciliter des risques naturels. Les
climats tropicaux, caractérisés par des températures élevés comprises entre 18°c et plus
de 30°c et une alternance d’une saison sèche et d’une saison humide connaissent des
ouragans, des sécheresses ou des inondations violentes et soudaines. Ces zones sont
des territoires à fort risques naturels.

Au contraire, les climats doux et tempérées connaissent des risques naturels moins
réguliers.
Ces zones sont à faibles risques naturels.
Un lien peut il être noué entre risques naturels et peuplement ?

B) Un peuplement apparement paradoxal.

Si l’on superpose zones à risques et zones de peuplement, on constatera une une


corrélation très forte entre les deux. En effet, aussi loin que l’on puisse faire remonter nos
connaissances du peuplement, on constate que les zones tropicales à risques du Sud Est
asiatique sont historiquement les plus peuplées. Cela s’explique par plusieurs raisons: ces
zones bénéficient grâce à leurs climats et à leurs avantages naturelles (chaleur,
hydrométries, fleuves par exemple) de conditions de production alimentaires supérieures à
d’autres régions. En Chine par exemple, il est possible de faire plusieurs moissons dans
l’année et donc de nourrir plus de population. La crue du Nil a permis la constitution d’une
civilisation prospère au milieu du désert. Au contraire, certaines régions tempérées sont
peu propices naturellement à l’agriculture de masse. C’est une contrainte de peuplement.
Elles ont donc un peuplement plus modéré bien qu’elles ne connaissent pas de risques
naturelles majeurs. Il n’y a donc pas de lien systématique entre présence d’un risque
naturel et population.
C°) Les raisons du paradoxe

Les premiers grands centres de peuplement coïncident avec la domestication des grands
fleuves comme le Nil ou l’Euphrate. Cette domestication a permis l’irrigation et donc de
meilleurs rendements et donc l’augmentation de la population. La domestication d’un
fleuve suppose la connaissance et l’apparition de nouvelles techniques. Le
développement d’une civilisation est le résultat de son adaptation à son milieu et donc de
la création de technologies qui lui permettent de surmonter les contraintes que lui impose
son environnement. Il y a donc un lien entre forte population et développement
technologique.
On peut donc conclure que plus une société a réduit par la technologie les
contraintes liées à son environnement, mieux elle s’est adaptée aux risques et plus
elle a de potentiels de développement.
Mais ce développement technologique est il sans risques?

II°) Les risques technologiques, une contrainte autant qu’une chance ?

A°) Le feu réchauffe mais il brûle.

On considère que le feu est la première invention humaine tout en étant un élément
purement naturel. Allumer un feu demande une technique et sa maîtrise a permis à
l’humanité de prendre son essor. C’est donc un progrès mais parallèlement, combien de
morts par incendie. On estime par exemple que le grand incendie de Rome en juillet 64
après Jesus Christ a pu faire 10 000 victimes et 200 000 sans abri. Mais les techniques
connues des romains leur ont permis de reconstruire leur cité très rapidement. En matière
technologique, il n’y a pas de risque 0 et l’humanité doit en permanence jauger la
pertinence d’une nouvelle technologie. Tout en sachant qu’elle ne dispose pas toujours
des éléments pouvant lui permettre de le faire à court et à long terme. Les batteries pour
voitures électriques en sont un bon exemple.

B°) Des technologies à fort potentiel donc à fort risques

Certaines technologies, celles liées à l’énergie, sont celles qui ont le plus
considérablement modifié la maîtrise humaine sur notre planète. Mais aussi celles qui
directement ou indirectement lui font courir le plus de risques. Le nucléaire est
représentatif sur ce plan. La production d’électricité à partir du nucléaire est sans aucun
doute la production la plus sécurisée du monde. Les protocoles sont nombreux et
draconiens et on compte très peu d’incidents à l’échelle planétaire. Mais cette technologie
n’est maîtrisée que par les pays les plus en pointe et elle suppose une grande stabilité
politique. En particulier car elle permet de se doter de l’arme atomique aux effets
dévastateurs majeurs. Et dans notre sujet, elle est celle qui peut entraîner les risques
technologiques les plus graves, même s’ils sont potentiellement les plus rares.

C°) Des risques du quotidien.

Nous retenons tous les grandes catastrophes technologiques qui ont marqué les dernières
décennies comme Tchernobyl ou fukushima mais elles restent rares et aux conséquences
finalement peu importantes à l’échelle planétaire. Mais le risque technologique est bien
plus vaste et plus quotidien. Les Risques technologiques ce sont les risques de nature
industrielle, nucléaires, liés à la radioactivité, aux transports de matières dangereuses (par
voie maritime, terrestre ou fluviale), aux exploitations minières et souterraines ou encore
liés à la rupture de barrages. Ils sont engendrés par l’activité humaine. Ils pèsent sur
l’environnement considéré dans son acception la plus large (pollution de l’air,
environnement du travail, pollution des sols…). Ils comprennent donc les marées noires
( 3 par an en moyenne lors des 20 dernières années), les explosions minières ( en 2009
en Chine, l’une d’elle fit 1500 morts), les explosions industrielles comme à Toulouse,
Beyrouth ou au Bangladesh. Chaque concentration humaine peut subir un accident de ce
type comme l’exemple de Rouen avec l’Usine Lubrisol l’a récemment démontré
( septembre 2019). A une échelle régionale, ces risques sont bien plus présent que les
risques naturels et les populations, sans y être forcément préparées, n’en ont pas une
conscience trop présentes, en particulier dans les régions les plus développées ou la
confiance dans la technologie prédomine. Face à ce type de risque technologique, la
technologie reste le meilleur rempart. Il en est de même face aux risques naturels.
Situation génératrice de nombreuses inégalités et qui renforcent les difficultés des zones
les plus faibles.

III°) une inégale résistance aux risques

A°) distinguer contraintes naturelles et risques naturels

Si on observe la répartition des pays les moins développés, on remarquera qu’ils ne sont
pour la plupart pas ceux qui sont le plus exposés aux risques naturels mais par contre
qu’ils sont ceux où la contrainte naturelle est encore forte ou très forte structurellement.
Par exemple, les pays de l’Afrique saharienne ou subsaharienne subissent les contraintes
d’un climat et d’un environnement difficile et peu propice à l’agriculture. La population qui
concentre ses efforts sur son auto subsistance ne parvient pas à dégager suffisamment de
richesses pour générer les moyens de développer ses infrastructures et ses technologies.
Cela ne signifie pas que ces civilisations soient inaptes au développement, elles ont même
longtemps été remarquablement adaptées à leur milieu. Cette adaptation imposait des
contraintes de population, qui devait être faible ou modeste en nombre mais en mesure de
répondre aux aléas du milieu. Ces sociétés étaient souvent spécialisées notamment dans
le commerce ( les caravanes sahariennes touaregs par exemple). De même une
agriculture très ciblée autour des oasis y étaient prospère. Ces populations comme les
autres populations mondiales étaient soumises à des risques naturels intermittents
( sécheresse par exemple) mais elles subsistaient. Ce n’est pas leur incapacité à
développer des technologies ou un quelconque retard structurel qui explique leur retard de
développement. Celui ci est du à la confrontation de ces civilisations avec d’autres qui,
grâce à leurs technologies ont pris le contrôle de leur secteur et ont déstructuré leur
système. L’avion, la jeep ou le train par exemple rendent obsolète les caravanes nomades
et ont ruiné les routes commerciales anciennes. Ainsi, un progrès commun a détruit
localement un avantage. De fait ces populations sont fragilisées et sont donc encore plus
sensibles aux risques naturels.

B°) Distinguer ce qui tient du risque naturel et ce qui tient du facteur humain.

Reprenons le cas d’Haiti. Lorsque Christophe Colomb y aborde, l’île n’est que faiblement
peuplée, par une population dite caraïbe dont le degré de développement est proche de
celles des populations amazoniennes. C’est une micro société dont on estime qu’elle ne
dépasse pas 100 000 individus. Cela nous enseigne que naturellement le secteur est
risqué et presque impropre à un peuplement important. Les séismes et ouragans ne sont
pas les seules contraintes, les épidémies liées aux insectes par exemple sont
endémiques. L’exploitation économique de l’ile a entraîné l’importation massive d’esclaves
et l’instauration d’un système urbanistique inspiré de l’Espagne. On calque un système sur
un autre sans tenir compte des aléas. On a donc exposé une population à des risques
naturels sans qu’elle en est la culture ou l’expérience. C’est l’exacte opposée de la
situation au Japon où la population est adaptée depuis des millénaires à la situation.

C°) Des technologies qui accroissent les inégalités

Les habitudes de prise en compte comme le développement économique génèrent des


nouvelles pratiques qui permettent une meilleure résistance face aux risques naturels et
technologiques. Ainsi, même dans ses zones les plus reculées, le Japon résistera mieux
que d’autres pays parce que les japonais sont sensibilisés aux risques. Mais il peut aussi
concentrer sa population car il a les moyens de construire des bâtiments résistants aux
secousses sismiques. Il a les technologies qui lui permettent de prévenir les tsunamis
contrairement à d’autres pays proches comme les Philippines ou la Thaïlande.
De même une sécheresse en France, c’est une mauvaise récolte mais la France a des
stocks et elle peut importer. Ce n’est pas le cas du Sahel.
Une usine qui explose à Rouen, c’est une prise en compte immédiate et des moyens de
sécurité rapidement mis en œuvre. L’incendie consécutif à l’explosion de l’usine chimique
de Beyrouth a été difficilement maîtrisé. Pourtant, de plus en plus d’activités industrielles
à risques sont exportées dans les pays en développement. Mais on ne transfère pas les
moyens de prévenir les risques du moins à court terme. Cela renforce les inégalités sans
pour autant contribuer au développement de ces pays.

Vous aimerez peut-être aussi