résistance, multirésistance et détection au laboratoire
Dr Cherief Hicham CHU BENI MESSOUS
ﻻ ﺗﻧﺳوﻧﺎ ﻣن ﺻﺎﻟﺢ دﻋﺎﺋﻛم
I- Introduction II- Neisseria gonorrhoeae III- Mécanisme de résistance des Neisseria gonorrhoeae aux antibiotiques III-1- Bêtalactamines III-2- Macrolides III-3- Fluoroquinolones III-4- Cyclines III-5- Aminosides IV- Epidémiologie de résistance des Neisseria gonorrhoeae aux antibiotiques IV-1- Dans le monde IV-2- En Algérie V- Détection phénotypique de la résistance des Neisseria gonorrhoeae aux antibiotiques V-1- Antibiogramme standard V-2- Détermination de la CMI VI- Détection génotypique de la résistance des Neisseria gonorrhoeae aux antibiotiques VI-1- Principe VI-2- Technique VI-2-1- Techniques d’amplification VI-2-2- Techniques de séquençage VI-2-3- Techniques d’hybridation VI-3- Lecture
VII- Impact thérapeutique
VIII- Conclusion I- Introduction : L'augmentation du nombre des Neisseria gonorrhoeae présentant une résistance aux antimicrobiens (RAM) est un problème mondial. La résistance des Neisseria gonorrhoeae aux antibiotiques impacte fortement la prise en charge thérapeutique des patients. L’émergence de souches multirésistantes aux antibiotiques a pour conséquence, la réduction des options thérapeutique et pouvant aboutir à une impasse thérapeutique. II- Neisseria gonorrhoeae : Les Neisseria gonorrhoeae sont des bactéries cocci à Gram négatif, se présentant habituellement sous forme de diplocoques en grain de café. Elles sont rarement rencontrées en clinique tant qu’agent pathogène essentiellement dans les infections génitales. Avec l’utilisations des antibiotiques, différents mécanismes de résistances sont apparus et certaines de ces bactéries sont maintenant résistantes à plusieurs classes de d’antibiotiques. III- Mécanisme de résistance des Neisseria gonorrhoeae aux antibiotiques : III-1- Bêtalactamines : La résistance acquise aux bêtalactamines chez les gonocoques est due à deux mécanismes. Le premier mécanisme est lié à la production d’une bêtalactamase (TEM) d’origine plasmidique dégradant ces antibiotiques ce qui confère une résistance aux pénicillines seulement, ces souches sont appelées PPNG (penicillinase-producing N. gonorrhoeae). Le deuxième mécanisme est lié à des mutations dans de multiples gènes chromosomiques cibles principalement le gène penA codant la protéine PLP2 ce qui confère une résistance ou diminution de la sensibilité aux céphalosporines de troisième génération. III-2- Macrolides : La résistance acquise aux macrolides chez les gonocoques est due à deux mécanismes. Le premier mécanisme est lié à des mutations ponctuelles du gène de l'ARNr 23S ce qui diminue l'affinité du ribosome pour l’azithromycine. Le second mécanisme responsable de la résistance à l’azithromycine est lié à l’hyper-expression de la pompe d’efflux MtrCDE. III-3- Fluoroquinolones : La résistance acquise aux FQ chez les gonocoques est due à deux mécanismes. Le premier mécanisme est lié à des mutations ponctuelles au niveau de GyrA et ParC ce qui diminue l'affinité de ces enzymes pour les FQ. Le second mécanisme responsable de la résistance aux FQ est lié à l’hyper-expression de la pompe d’efflux, ce mécanisme jouant un rôle très secondaire. III-4- Cyclines : La résistance acquise aux cyclines chez les gonocoques est due à des mécanismes chromosomiques et plasmidiques. Les mécanismes chromosomiques confèrent une résistance de bas niveau à la tétracycline et sont liés à des mutations provoquant une hyper-expression du système d’efflux MtrCDE, une modification de la porine PorB ou une modification de la protéine ribosomale S10. Alors que les mécanismes plasmidiques confèrent une résistance de haut niveau à la tétracycline et sont liés à la présence du déterminant tetM situé sur le transposon Tn916 porté sur un plasmide conjugatif, le gène tetM code une protéine protégeant le ribosome en empêchant la fixation de la tétracycline. III-5- Aminosides : La résistance acquise aux aminosides chez les gonocoques est due à des mutations au niveau des gènes de l’ARN 16S et de la protéine ribosomale S5. IV- Epidémiologie de résistance des Neisseria gonorrhoeae aux antibiotiques : IV-1- Dans le monde : Depuis les années 40, la gonococcie a été traitée par des antibiotiques qui ont conduit à l’installation de la résistance bactérienne successivement à la pénicilline G (1976), à la tétracycline (1985), aux fluoroquinolones (1990), à l’azithromycine (1999) et enfin aux céphalosporines de troisième génération (2010 dans le cas de la ceftriaxone). IV-2- En Algérie : Les données publiées par le réseau algérien de surveillance de la résistance des bactéries aux antibiotiques (AARN) montrent une augmentation nette et continue des Neisseria gonorrhoeae résistantes aux antibiotiques. V- Détection phénotypique de la résistance des N. gonorrhoeae aux antibiotiques : V-1- Antibiogramme standard : Un inoculum bactérien d’opacité équivalente à 0.5 MF est préparé à partir d’une culture pure de 24 h en milieu tampon PBS puis tamponné sur la surface de gélose chocolat Polyvitex®. Ensuite les disques d'antibiotiques sont placés sur la gélose, les antibiotiques à tester sont : P, CRO, TE, CIP et spectinomycine. Incuber à 35°C sous 5% de CO2 pendant 20 à 24 heures. Les memes étapes seront réalisées avec une souche de référence témoin négatif. Après l’incubation, les diamètres d'inhibition seront mesurés à l'aide d'un pied à coulisse, puis comparés aux valeurs critiques figurant dans les tables de lecture correspondantes, ce qui permet de classer les bactéries dans l'une des catégories : résistant (R), sensible (S), intermédiaire (I). V-2- Détermination de la CMI par E-test : Un inoculum bactérien d’opacité équivalente à 0.5 MF est préparé à partir d’une culture pure de 24 h en milieu tampon PBS puis tamponné sur la surface de gélose chocolat Polyvitex®. Ensuite les bandelettes d'antibiotiques sont placées sur la gélose, les antibiotiques à tester sont : P, CRO, TE, CIP et spectinomycine. Incuber à 35°C sous 5% de CO2 pendant 20 à 24 heures. Les memes étapes seront réalisées avec une souche de référence témoin négatif. Après l’incubation, les diamètres d'inhibition seront mesurés à l'aide d'un pied à coulisse, puis comparés aux valeurs critiques figurant dans les tables de lecture correspondantes, ce qui permet de classer les bactéries dans l'une des catégories : résistant (R), sensible (S), intermédiaire (I). VI- Détection génotypique de la résistance des N. gonorrhoeae aux antibiotiques : VI-1- Principe : Les méthodes génotypiques permettent la mise en évidence directe de gènes de résistance à partir d’un isolat de culture voire d’un échantillon du patient. La mise en évidence directe du mécanisme de résistance représente un gain de temps considérable. Toutefois, ces méthodes sont en règle générale coûteuses, et seuls des gènes de résistance spécifiques peuvent être recherchés. VI-2- Technique : VI-2-1- Techniques d’amplification : Ce sont des techniques permettant de détecter des séquences d'ADN particulières en dupliquant en grand nombre une séquence d’ADN connu à partir d’une faible quantité de l’ADN à analyser, ce qui augmente considérablement la sensibilité, dans ce cas les séquences détectées sont ceux qui codent pour la résistance aux antibiotiques. Parmi les techniques d’amplification, on peut citer : PCR… VI-2-2- Techniques de séquençage : Ce sont des techniques permettant de lire le code génétique des bactéries. Elles permettent donc la détermination de la séquence des nucléotides composant une portion ou la totalité du génome bactérien, puis compare ces séquences à des bases de données permettant de déterminer les gènes responsables de la résistance aux antibiotiques. Parmi les techniques de séquençage, on peut citer : méthode enzymatique de Sanger, NGS... VI-2-3- Techniques d’hybridation : Ce sont des techniques permettant la recherche des gènes responsables de la résistance des bactéries aux antibiotiques, en utilisant des sondes spécifiques et complémentaires des séquences d’ADN à rechercher. Parmi les techniques de séquençage, on peut citer : puce à ADN. VI-3- Lecture et interprétation : Ces techniques ne permettent de détecter que les gènes de résistance que l’on suspecte et pour lequel on dispose d’une technique.
VII- Impact thérapeutique : Les mécanismes de résistance aux antibiotiques du gonocoque
sont nombreux et liés aux cumuls de nombreuses mutations. Ainsi, N. gonorrhoeae fait aujourd’hui partie de la liste des douze bactéries à surveiller prioritairement afin de prévenir son évolution vers une pan-résistance aux antibiotiques aboutissant à une impasse thérapeutique. Cette surveillance implique la réalisation systématique d’antibiogramme sur les isolats mais également la mise au point de tests permettant de dépister les mutations directement à partir des produits biologiques.
VIII- Conclusion : L’augmentation du taux d’infections par des N. gonorrhoeae résistantes
aux antibiotiques a pour conséquence un risque élevé d’échec clinique lors de traitements empiriques avec ces antibiotiques. Le laboratoire de microbiologie joue par sa connaissance et sa capacité de reconnaitre et de communiquer la présence de ces N. gonorrhoeae, un rôle clé pour le clinicien afin d’assurer le succès thérapeutique grâce à un traitement approprié.