mise au point | formation

Parmi les germes responsables d’infection urinaire,

les germes à Gram positif sont peu mis en cause
et parmi eux les bactéries impliquées sont essentiellement
les Staphylococcus aureus, les entérocoques
et les streptocoques du groupe B.
De façon récente, des bactéries beaucoup
plus rarement rencontrées ont été identifiées
comme responsables d’infection urinaire.

| Figure 1. Morphologie microscopique d’Aerococcus

(coloration de Gram).

Actualités sur
les infections urinaires
Aerococcus urinae et
Aerococcus sanguinicola
Les bactéries du genre Aerococcus sont des
cocci à Gram positif facilement confondues avec
les streptocoques viridans (figures 1 et 2).
Au sein de ce genre, trois espèces sont
actuellement connues comme pouvant être
impliquées dans des infections du tractus
urinaire (tableau I).

Une étude rétrospective a été réalisée au Centre hospitalier de

| Figure 2. Colonies d’Aerococcus sur gélose au sang.
Cahors à partir de 38 isolats (37 prélèvements/29 patients) reçus
au laboratoire entre 2001 et 2009 (figure 3).
Tableau I. Caractères d’identification des Aerococcus.
Parmi les infections observées, ce sont les infections urinaires
qui ont été les plus fréquentes (32 isolats/31 ECBU/27 patients) A. viridans A. urinae A. sanguinicola
même si l’incidence des infections urinaires à Aerococcus reste Gram Coques à Gram positif, tétrades, amas
faible (31/45 000 ECBU traités soit 0,07 % et 0,15 % des ECBU Gélose au sang, sous CO2, petites colonies (0,5 - 1 mm)
Culture
positif) (figure 4).  hémolytiques
Catalase –
Identification Oxydase –
L’identification des souches a été effectuée à l’aide des systèmes
PYR 93 32 34, 4
commerciaux disponibles et les identifications ont été confir-
LAP 73 57 78,1
mées par le CNR des streptocoques (MALDI-TOF, séquençage)
Cotrimoxazole V R S
(tableau II).

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 formation |mise au point

Tableau II. Identification par les systèmes commerciaux des souches d’Aerococcus isolées au CH de Cahors.

Souches incluses Vitek 2 Rapid ID 32 strep API 20 strep

n = 38 n = 37 V 2.0 n = 7 V 3.0 n = 2 V 6.0 n = 7 V 7.0 n = 4

Confirmées CNR strepto A. urinae S. acidominimus S. acidominimus

NR NR
A. urinae n = 21 21/21 5/5 5/5
n = 29 Non envoyées CNR A. urinae
NR NR NR A. urinae
n=8 8/8
A. sanguinicola Confirmées CNR strepto A. viridans A. viridans A. viridans A. viridans A. urinae
n=5 n=5 5/5 1/1 1/1 1/1 2/2
Confirmées CNR strepto A. viridans A. viridans A. viridans
NR NR
A. viridans n=1 1/1 1/1 1/1
n=4 Non envoyées CNR A. viridans A. viridans A. viridans
NR NR
n=3 2/2 1/1 1/1

Facteurs favorisants | Figure 3. Répartition par prélèvement des souches d’Aerococcus

isolées entre 2001 et 2009 au CH de Cahors
Concernant l’infection urinaire, l’étude des cas a montré le rôle de l’âge (38 isolats/37 prélèvements/29 patients).
et du dysfonctionnement fonctionnel pour ces infections à Aerococcus
(figure 5).
Des facteurs favorisants, systémiques (anticholinergiques, pathologies
neurodégénératives, diabète) ou locaux (incontinence, pathologies urolo-
giques, sonde à demeure) ont été mis en évidence chez 24 des 27 patients
concernés par l’infection urinaire.
Pour deux patients de l’étude, une bactériémie à A. urinae a compliqué
l’infection urinaire (encadré 1).

Sensibilité aux antibiotiques

L’étude de la sensibilité aux antibiotiques des différentes souches
d’Aerococcus, effectuée par le CNR des streptocoques sur gélose de
Mueller-Hinton + 5 % de sang, a montré une bonne sensibilité aux Ř8QSDWLHQWDYHF«SLVRGHVGőLQIHFWLRQXULQDLUH
-lactamines, à la rifampicine et aux glycopeptides mais des différences à A. urinae épisodes 1 et 2, A. viridans épisode 3, A. sanguinicola épisode 4.
notables existent entre les espèces concernant les autres antibiotiques Ř8QSDWLHQWDYHF«SLVRGHVGőLQIHFWLRQXULQDLUH
testés (tableau III). à A. urinae dont un épisode compliqué d’une bactériémie (4 hémocultures +).
Les recommandations de traitement sont le recours aux -lactamines dans Ř8QSDWLHQWDYHF«SLVRGHVGőLQIHFWLRQXULQDLUH
à A. urinae puis à A. sanguinicola.
les infections urinaires simples et aux -lactamines + aminosides lors

Tableau III. Sensibilité aux antibiotiques des Aerococcus

isolés au CH de Cahors (26 souches). Encadré 1. Bactériémies à A. urinae
A. urinae A. sanguinicola A. viridans Homme de 89 ans, infection urinaire à répétition, T+40°C,
Bonne sensibilité syndrome confusionn
nel
-lactamines Bonne sensibilité Bonne sensibilité
(émergence de R)
t
Aminosides R bas niveau R bas niveau R bas niveau t
t
Quelques Cas de R acquises t
MLS Bonne sensibilité
souches R (5/26) (ermB)
Homme de 94 ans, T+39°C,
Quelques Cas de R acquises
Tétracyclines Bonne sensibilité frissons, syndrome confusionnel
souches R (2/26) (tetM)
R La plupart des souches t
Cotrimoxazole Sensibilité variable
(26/26) S (4/5)
t
Rifampicine Bonne sensibilité Bonne sensibilité Bonne sensibilité t
Glycopeptides Bonne sensibilité Bonne sensibilité Bonne sensibilité t

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des infections urinaires compliquées

ou de sepsis. En cas d’allergie aux
 lactamines, l’utilisation de vanco-
mycine est alors conseillée.

En conclusion
L’incidence des infections dues aux
Aerococcus est peu élevée mais ces
infections, notamment les infections
urinaires, existent et leur importance
clinique est probablement sous-
estimée en raison de la croissance
fastidieuse de ces bactéries et des
techniques d’identification commer-
cialisées peu performantes.
Culture pure : 17 prélèvements / 31 J55 %.
A. urinae est l’espèce la plus
souvent isolée, les deux autres espèces | Figure 4. Aerococcus et infections urinaires
(A. viridans et A. sanguinicola) étant plus rares. (32 isolats / 31 ECBU).
Les infections dont ces bactéries sont respon-
sables sont essentiellement des infections uri-
naires simples pour lesquelles la clinique est
pauci-symptomatique et qui peuvent donc être
aisément ignorées. Une évolution des infections
urinaires vers une bactériémie est à craindre chez
les sujets les plus fragilisés. 
Déclaration d’intérêt : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits
d’intérêts en relation avec cet article.

CHANTAL BERTHOLOM
Professeur de microbiologie
Ecole nationale de physique-chimie-biologie – Paris
c.bertholom@free.fr
source
D’après une communication de A. Vergne, Centre hospitalier univer-
sitaire de Cahors - 33e Réunion interdisciplinaire de chimiothérapie | Figure 5. Données démographiques concernant
anti-infectieuse – Novembre 2013 - Paris les infections urinaires à Aerococcus.

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