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de son caractère stratégique pour l’industrie automobile, qui lui donne un caractère spéculatif.
L’industrie chinoise de transformation, qui concentre l’immense majorité des
fabrications de batteries à l’échelle mondiale, est sa « cliente captive » mais elle s’emploie à
sécuriser ses approvisionnements [2].
Outre la Sicomines, une importante entreprise commune « d’État » sino-congolaise
créée en 2008, plusieurs acteurs chinois de taille internationale exploitent les plus grandes
mines katangaises aux côtés d’acteurs de taille moyenne. Ces dernières années, deux
nouvelles importantes mines sont tombées dans l’escarcelle chinoise à la faveur de rachats de
concessions minières américaines et canadiennes . Sur le terrain, les intérêts chinois sont
[3]
2
également présents jusque dans l’artisanat minier, qui reste très important en RDC (20 % de la
production de cobalt), au travers de coopératives de ramassages, dont les pratiques
contreviennent parfois aux principes d’une chaîne d’approvisionnement responsable.
La présence chinoise s’affirme également dans d’autres secteurs clés des
infrastructures, et notamment dans les travaux publics et le génie civil (CREC, SinoHydro
principalement). Les chemins de fer comme les routes sont des secteurs d’intérêts pour les
entreprises chinoises. Ces dernières ont été adjudicataires dans le cadre du programme
« ProRoute » de la Banque Mondiale pour la réfection de 1 000 kms du réseau routier dans
l’est de la RD Congo . La nouvelle aérogare de l’aéroport de Kinshasa est revenue à la
[4]
société WIETEC. D’un coût de 364 M USD, il sera cofinancé par l’Eximbank chinoise et
l’Etat congolais. Pour le projet de barrage d’Inga 3, d’un coût de 14 Mds USD, un consortium
sino-espagnol a été constitué, charge à lui de trouver les financements, de construire,
[5]
Jusqu’en 2013, seuls 468 M USD avaient été décaissés dont 175 M USD en « pas
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de portes » à la Gécamines. Si on est loin des ambitions initiales, plusieurs importants projets
sont à mettre à l’actif de la coopération chinoise. Le barrage de « Zongo II », inauguré en juin
dernier, et dont les travaux avaient débuté en 2012, financés par l’Exim-Bank de Chine à des
taux préférentiels (360 M USD). Une autre centrale hydroélectrique, située à Bussanga
permettra, d’ici 2021, de combler le déficit énergétique du secteur minier en alimentant en
priorité le site de la Sicomines.
La RDC a atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE en juillet 2010 [7]. Depuis
lors, sa trajectoire de réendettement reste maîtrisée. Fin 2017, la dette publique du pays était
de 6,4 Mds USD soit 18 % du PIB[8]. Ses principaux créanciers sont la Banque mondiale et la
BAD (41 %), les banques commerciales (28 %) et les partenaires bilatéraux au premier rang
desquels figure la Chine (15 %). Ces dernières années, c’est la dette intérieure, constituée par
des arriérés de paiement, des avances de la BCC et sur la TVA, qui a eu tendance à se creuser
davantage que la dette extérieure.
Alors que le pays reste faiblement endetté comparativement au niveau atteint par la
plupart de ses voisins, les décaissements pour les financements tant bilatéraux que
multilatéraux ont sensiblement marqué le pas depuis 2013 (90 M USD en 2017). Dans ce
bilan a priori plutôt favorable du point de vue de « l’orthodoxie financière », la part relative
de la Chine dans le « mix d’endettement » de la RD Congo reste raisonnable (655 M USD sur
4,6 Mds USD), ce qui ne dénote une dépendance excessive de la RD Congo aux emprunts
chinois.
En 2015, le risque de surendettement était encore considéré comme modéré par le
FMI. Mais cette appréciation pourrait cependant bien être remise en question même si le coût
du service de la dette reste faible en raison de la forte confessionnalité du portefeuille Ce
[9].
dernier, entièrement libellé en devise étrangère, présente un risque élevé en termes de taux de
change. Des variations de changes de faible amplitude ont d’évidentes implications
budgétaires et exposent l’économie congolaise. Aussi, le service de la dette congolaise
demeure vulnérable à un fléchissement des exportations de matière premières (libellées en
dollars). En 2015-2016, la baisse des cours internationaux des matières premières s’est, en
quelques mois traduit par une dévaluation du CDF de 50 % par rapport au dollar, alourdissant
d’autant le service de la dette.
4
L’accord de prêt concessionnel chinois de 8,5 milliards de dollars à la RDC a été conclu
en 2007 conformément au « modèle angolais » : contrats miniers contre infrastructures et
coentreprises. A été constituée une co-entreprise minière, Socomines, entre l’entreprise
publique locale Gecamines (32 %), et un consortium de cinq entreprises chinoises (68 %) :
China Railway Group Ltd, Sinohydro Corporation, China Railway Sino-Congo Mining Ltd,
Sinohydro Harbour Co Ltd, China Railway Resources Development Ltd. En contrepartie du
prêt de l’Exim Bank, un contrat d’exploitation des ressources minières – réservent de
10 616 070 tonnes de cuivre, de 626 619 tonnes de cobalt et, pour un tonnage restant à
déterminer, toutes substances minérales valorisables – à été accordé à la Chine (10). Sur 25
ans la Socomines devra produire près de 10 millions de tonnes de cuivre et 600 000 tonnes de
cobalt pour une valeur de 12 milliards de dollars et ainsi rembourser des investissements dont
le coût serait de 6 milliards de dollars : entre autres le transport ferroviaire (3 milliards de
dollars) et routier (2 milliards de dollars), des projets sociaux dont deux universités, 32
hôpitaux, 5 000 logements sociaux (758 millions de dollars). La réalisation de ces projets a été
réservée aux firmes chinoises de construction qui devraient sous-traiter 10 à 12 % des travaux
aux entreprises nationales de la RDC. En 2009, ce contrat a été modifié pour répondre aux
exigences du FMI : la partie chinoise avait initialement demandé à la RDC de garantir le
remboursement des investissements au cas où les bénéfices du projet minier seraient
insuffisants ; cette garantie a été retirée.
Depuis la chute des cours du cuivre sur le marché mondial de 9 000 dollars la tonne en
août 2008 à 3 200 dollars début 2009 selon le Financial Times du 26 février 2009, plus de 40
fonderies de cuivre détenues par des petites et microentreprises privées chinoises ont fermé
leurs portes. Il est vrai que la plupart de ces fonderies et comptoirs d’achat ne sont pas
recensés et que pour la Banque mondiale (2008) sur 325 sociétés minières opérant au
Katanga, y compris dans le secteur artisanal, à peine 10 % seraient cotées sur les marchés
boursiers internationaux. On sait cependant que les compagnies chinoises – Huachin, Congo
Loyal Mining, etc – avaient entamé leurs activités minières au Katanga à partir de 2005, soit
consécutivement à la visite à Pékin du président Joseph Kabila (11). Il reste entendu que sur
les quelque 70 à 75 fonderies du secteur formel, la plupart des usines étaient en 2008 sous
contrôle d’entrepreneurs chinois (12), mais aussi, dans une moindre mesure, d’entrepreneurs
pakistanais, libanais et indiens (13). Pour les spécialistes de ce secteur, les fonderies de RDC
peuvent produire une tonne de cuivre pour environ 3 500 dollars la tonne. Les patrons chinois
ont été contraints de déposer le bilan et ont quitté le pays fin 2008, seuls 10 % conservant
leurs usines dans la région du Katanga (14). En moyenne chaque fonderie employait 150
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salariés, d’où une mise au chômage pour plus de 6 000 travailleurs qui recevaient un salaire
mensuel d’au moins 100 dollars correspondant au Smig en RDC. En général, 300 000 emplois
auraient été perdus dans le secteur minier au Katanga à la suite de la fermeture de 50 % des
PME du fait de la crise financière fin 2008.
En termes d’exploitation minière en RDC, on trouvait deux volets relatifs aux activités
des investisseurs chinois. Le premier volet bien connu concerne le projet minier conduit par la
coentreprise sino-congolaise Socomines impliquant les groupes publics chinois du secteur
minier et celui des infrastructures. Le second volet avait trait aux concessions minières
détenues par les PME chinoises en partenariat avec des entrepreneurs locaux. Ces derniers
détiennent souvent les droits miniers mais manquent de capital pour l’exploitation de la
concession, d’où leur partenariat avec les investisseurs privés chinois. Avant la crise, un
groupe important d’entrepreneurs chinois était actif dans la province minière du Katanga ainsi
que dans la province voisine du Nord Kivu. Ces investisseurs privés chinois opéraient surtout
dans les activités minières, spécialement la fonte du cuivre et du cobalt, ainsi que dans la
commercialisation des minéraux, en gérant des comptoirs comme par exemple à Goma, la
capitale provinciale du Nord Kivu. Avant la crise, près de 5 000 Chinois résidaient dans la
province du Katanga, notamment à Lubumbashi, la capitale provinciale, contre à peine 1 000
immigrants en mai 2009, la plupart de ces immigrants entrepreneurs (dont la majorité sont des
petits commerçants gérants de boutiques, comme dans d’autres villes africaines) ayant dû
quitter le pays du fait de la crise mondiale qui a également eu un impact sur l’environnement
macroéconomique de la RDC (effondrement des réserves de change, dépréciation de la
monnaie locale, le Franc Congolais, faiblesse de la croissance du Pib etc.). Il semblerait enfin
qu’aucun acteur privé chinois dans le secteur minier de la RDC ne bénéficie du soutien du
gouvernement du pays d’origine ou de celui des institutions financières publiques chinoises.
Ces TPME chinoises se comportent donc comme toutes les entreprises privées en quête
d’opportunités commerciales. Données de terrain et de la documentation spécialisée.
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[1] 75 000 USD/t début janvier, 92 000 USD/t début juin et 65 000 USD/t début octobre.
[2] Afin de sécuriser son approvisionnement, le géant chinois « GEM », un des leaders mondiaux dans le
raffinage et le recyclage de batteries, a conclu un accord important préférentiel avec Glencore à qui il achètera un
tiers de sa production de cobalt congolaise entre 2018 et 2020, soit 52 800 tonnes en trois ans.
[3] Rachat des parts de l’américain Freeport dans la mine de TenkeFungurume par la China Molybdenum en
2016, puis rachat du canadien Anvil par la China Minmetals Corporation.
[4] Ce programme a fait l’objet d’un « panel d’inspection » de la Banque mondiale suite à de nombreuses
irrégularités détectées dans l’exécution de certaines parties du contrat (tronçon Bukavu-Goma) par l’entreprise
chinoise contractante (plusieurs non-respects caractérisés des meilleures pratiques sociales et environnementales
usuellement suivies par la Banque pour ce type de projets).
[5] China Three gorges Corporation et SinoHydro (Chine) et une filiale du groupe ACS et Eurofinsa (Espagne).
[7] Le point d’achèvement de l’initiative PPTE a été atteint pour un montant de réduction de 12,3 Mds USD.
[8] Elle est composée à hauteur de 4,5 Mds USD pour la dette extérieure, soit 13 % du PIB, et de 1,8 Mds USD
pour la dette intérieure (essentiellement des arriérés de paiement, à priori sans intérêts mais libellé en USD).
10. Voir par exemple la Convention de collaboration entre la RDC et le groupement d'entreprises chinoises
relative au développement d'un projet minier et d'un projet d'infrastructures en RDC, Pékin, 22 avril 2008.
11. Right and Accountability in Development (Raid), Chinese Mining Operations in Katanga, Democratic
Republic Of the Congo, septembre 2009.
12. Selon la Banque mondiale(2010), 60 des 75 mines en exploitation dans la province du Katanga, soit 80 %,
sont aujourd’hui contrôlées par des investisseurs chinois, si bien que les firmes chinoises occupent une position
de leader dans la production locale et l’exportation des produits miniers de la RDC vers la Chine.
13. Cf. Johanna Jansson, Patterns of Chinese Investment, Aid and Trade in Central Africa (Cameroun, the DRC
and Gabon), CCS, août 2009, 59 p., ; CCS, 2010, p. 75.
14. Cf. Barney Jopson, « RDC : le Katanga brusquement déserté par les Chinois ». Le Courrier International,
2009, n° 956.