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NAISSANCE ET

AUTOCONSTRUCTION D’UNE
YOURTE ULTRA-NOMADE

Origines du projet et secrets


de conception de la yourte Flex470

ème
2 édition
Entièrement revue et augmentée

OLIVER BENTZ
Du même auteur :

 Yourte et réglementation de A à Z : Comment se passer


d’autorisations en toute légalité

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Copyright © 2020 Oliver Bentz

Tous droits réservés.

ISBN : 9781794520608
TABLE DES MATIERES

Préambule Pg n°5

1 Comment j’en suis venu à la yourte ? Pg n°7

2 Une vision nouvelle de l’habitat Pg n°14

3 La conception technique Pg n°17

4 Choix des matériaux Pg n°22

5 Une yourte pour 180 euros Pg n°30

6 Amélioration et recherche de simplicité Pg n°32

7 Autonomie et vie en yourte Pg n°35

8 Conseils avant de vous lancer Pg n°41

9 Expériences d’auto-constructeurs Pg n°46

Remerciements Pg n°59

À propos de l’auteur Pg n°60


“Une vision qui ne s'accompagne pas d'actions n'est qu'un rêve.
Une action qui ne découle pas d'une vision c'est du temps perdu.
Une vision suivie d'action peut changer le monde.”

Nelson Mandela
PRÉAMBULE

Longtemps je me suis senti piégé par la lourdeur d’accès au


logement. Mais à l’issue de mes études d’ingénieur en mécanique
industrielle, j’ai eu la chance de faire plusieurs découvertes qui ont
profondément changé ma vision des choses et qui m’ont
amenées, plusieurs années plus tard, à concevoir puis construire
mon propre habitat, une yourte. Une yourte pas comme les
autres : une yourte plus légère, mieux adaptée à notre climat, plus
simple à réaliser et surtout moins chère.
Dans cet ouvrage j’aimerais partager avec vous le
cheminement intérieur, les réflexions et les découvertes qui m'ont
guidé vers la réalisation de cette yourte, que j'ai appelé la yourte
Flex470.
Durant sa conception, j’ai tout d’abord questionné les principes
traditionnels de construction. Je me suis également penché sur
les contraintes réglementaires et climatiques locales et cela m’a
amené à faire des choix de conception non-conventionnels dont
j'aimerais vous expliquer les fondements.
Ces choix m’ont permis de réduire considérablement le temps
et le coût de fabrication, tout en obtenant une yourte légère et
rapide à monter.
Je vous présenterai les techniques dont je me suis inspiré pour
réaliser cette yourte, quelles sont les améliorations que j’y ai
apporté et pourquoi.
Vous comprendrez comment j’ai réussi à vaincre le problème

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

de la condensation habituellement présent en yourte et vous


découvrirez la liste des matériaux que j’ai utilisé pour construire
cet habitat avec moins de 180 € de matériaux.
Je vous parlerai de mon expérience de vie dans cette yourte et
des solutions que j’ai trouvées pour m’éclairer, me chauffer et
avoir de l’eau tout en vivant au beau milieu de la nature.
Vous découvrirez comment cette expérience a profondément
nourri mon sentiment d’appartenance à la nature, ma confiance
en moi et ma créativité.
J’aimerais à travers cet ouvrage, vous permettre d’envisager
une manière simple de se réapproprier l’habitat en le rendant plus
facile à construire soi-même et surtout plus économique.

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CHAPITRE 1 :
COMMENT J'EN SUIS VENU À LA YOURTE ?

Aussi longtemps que je me souvienne, j'ai toujours aspiré à la


liberté. Mais pour moi, la liberté n’est pas un concepte, c’est une
sensation physique ; une sensation de légèreté.
À l’age de 7 ans, comme beaucoup d’enfants, j’étais impatient de
devenir adulte car j’étais convaincu que cela me permettrait d’être
véritablement libre. Je me souviens encore de cette fierté en moi à
chaque étape qui me menait vers l’émancipation : ma première
carte d’identité, mon premier téléphone portable… plus tard ma
première chambre d’étudiant à Paris, mon premier ordinateur, ma
première carte bancaire… puis bien sûr à 18 ans, l’emblématique
permis de conduire. J’étais honoré de devenir adulte, toutes ces
choses contribuaient à ma liberté. Et en même temps, je découvrais
qu’elles participaient à alourdir mon existence. J’étouffais ! Il
m’arrivait de plus en plus souvent de perdre mon téléphone, ma
carte bancaire, mon passeport, mon permis... et cela m’empêtrait
dans d’interminables démarches administratives. J’avais désormais
l’impression que tous ces objets me faisaient surtout perdre mon
énergie inutilement.
J’avais peur que tout ceci ne soit qu’un avant goût de la vie qui
m’attendait. Et surtout, je réalisais qu’une chose allait me prendre
encore bien plus d’énergie : LE LOGEMENT. Je devrais y consacrer
environ la moitié de mon salaire – que ce soit pour payer mon loyer
ou mon crédit sur 25 ans. Le simple fait de devoir dormir au chaud

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allait me contraindre à travailler toute ma vie et à obéir à un patron


cinq jours sur sept. Je me sentais piégé. J’avais 22 ans, et cela
créait en moi un véritable sentiment de captivité. Je cogitais sans
cesse à tout ça et je cherchais désespérément à trouver une issue
différente.
Je suis devenu boulimique d’informations, je ne me reposais
jamais, je me documentais et j’explorais des tas de directions –
géopolitique, économie, philosophie, art de vivre, spiritualité, etc.
Mes premières découvertes m’ont encore plus plombé le moral. Au
fil des lectures, des conférences et des documentaires, j’ai pris
encore davantage conscience de l’ampleur de la catastrophe en
cours – écologique et sociale. Je découvrais les raisons
économiques qui nous menaient dans le mur. Mais le plus
désespérant pour moi, c’était de voir les médias et les politiques
brasser autant de vent sans jamais évoquer les véritables raisons
de ce chaos. Le jeu était pipé d’avance et tout le monde continuait à
jouer comme si de rien n’était. Peu de gens semblaient se rendre
compte de la supercherie mise en place par les financiers et les
rentiers pour drainer et attirer à eux les richesses de la planète. Du
coup, je ne voyais pas comment les choses allaient pouvoir
s’arranger. Un système injuste que personne n’était prêt à changer
mais qui semblait être sur le point de se crasher. Je me demandais
alors s’il était possible de vivre dans ce monde de manière intègre,
sans être ni du côté des exploiteurs, ni du côté des exploités ? Ne
pas être de ceux qui contribuent au pillage et à la catastrophe, ni de
ceux qui subissent tout cela.
Les perspectives se sont ouvertes en moi, j’ai commencé à
entrevoir des solutions pour sortir de cette impasse. Je pourrais
surement vous conseiller des dizaines d’ouvrages et de
documentaires, mais l’une des trouvailles qui m’a le plus inspiré, ce
sont les écrits du philosophe Henry David Thoreau.
Citoyens des États-Unis né en 1817, il est l’auteur du Traité de
désobéissance civile et le fondateur de l'action civique non-violente.
Il inspira Gandhi et Martin Luther King, en montrant comment
l'action déterminée mais exemplaire d'un seul homme peut entraîner
tous les autres. Thoreau a été capable, comme il le raconte dans un

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autre de ses ouvrages, La Vie sans principe, de s'insurger contre


l'obsession de l'action :
"Je pense qu'il n'est rien, pas même le crime, de plus opposé à la
poésie, à la philosophie, voir à la vie elle-même, que cette
incessante activité."
Thoreau, est également parti vivre deux années dans une
cabane dans les bois, il fit ainsi l’éloge, dans Walden, son chef-
d'œuvre, de la solitude ouverte sur le monde et sur la vie :
"Je partais dans les bois parce que je voulais vivre délibérément,
n’affronter que les choses essentielles de la vie. Je voulais chasser
tout ce qui n’était pas de la vie pour ne pas, au soir de ma mort,
découvrir que je n’avais pas vécu."
Le regard précurseur qu’il portait sur les Amérindiens m’a
beaucoup inspiré. Quand il compare leur condition de vie à celle des
Européens, il souligne que chez ce peuple, considéré comme
primitif, il n’existe pas de sans-abris. Quand chez nous, six familles
sur dix payent un loyer ou remboursent un emprunt, chez eux, la
terre n’appartient à personne et chaque famille est libre car elle
maitrise le savoir-faire lui permettant de construire son logement.
Je me sentais inspiré par l’expérience de ce philosophe et l’art de
vivre de ce peuple. J’étais rempli de rêves et d’espoirs, mais pour le
moment, tout cela n’était que de la théorie. Pour réellement
m’apaiser, je devais voir tout ça de mes propres yeux. Il me fallait
quitter Paris et rencontrer les gens qui incarnaient cette liberté dans
leur vie quotidienne. J’ai rendu les clés de mon appartement et je
suis parti sur les routes. J’ai entrepris la route de la soie qui m’a
menée en Inde et j’ai sillonné ce pays pendant trois mois. Je suis
alors rentré en France pour m’envoler vers le Canada. J’avais
surement l’espoir inconscient de rencontrer un de ces peuples qui
m’avait tant inspiré.
Ces voyages m’ont d’abord déçu, en Inde, en Amérique, dans les
villes, dans les campagnes, j’étais écœuré de voir à quel point le
matérialisme avait triomphé. Moi je n’aspirais qu’à une chose : me
séparer de tous ces objets qui m’encombraient, pour partir vivre
d’une manière plus simple et plus libre. Quelques mois après être
arrivé à Montréal, j’ai ressenti l’appel irrépressible de la nature. Je
voulais être libre comme un oiseau voyageur qui sillonne le

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continent Américain au gré des saisons. J’ai commencé par me


séparer de tous les objets inutiles et j’ai déposé mes objets de
valeur en lieu sûr – téléphone portable, carte bancaire, carte
d’identité et passeport. Je n’ai gardé que quelques vêtements, 500 $
en liquide et je suis parti en stop. Je m’apprêtais à parcourir 23 000
km en l’espace de neuf mois. Je n’avais plus que cinq à dix kilos
d’équipement et je dépensais moins de trois dollars par jours pour
répondre à l’ensemble de mes besoins. Afin de vivre pleinement
chaque instant, je me suis simplement interdit une chose : pas
d’accès à internet pendant au moins trois mois.

Itinéraire parcouru lors de mon voyage

Je ne m’attendais pas à vivre un tel électrochoc, cela a été l’un


des moments les plus intenses de ma vie. Si vous avez vu le film
Into the Wild, cela donne une bonne idée de la puissance d’une telle
expérience. Je me sentais libre, vivant, vibrant et même s’il

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m’arrivait parfois de me sentir triste, seul ou apeuré, je n’ai pas


passé un instant sans ressentir une joie intense et une confiance
absolue en la vie.

"Plutôt que l'amour, que l'argent, que la gloire, que la célébrité, que
la justice... donnez moi la vérité."
Alexander Supertramp (Into the Wild)

Dès le début de ce périple, je rêvais de rencontrer le peuple


Amérindien et le hasard a bien fait les choses. En traversant les
grandes pleines de l’Alberta, au Canada, j’ai été pris en stop par une
Amérindienne qui m’a déposée sur la réserve de Siksika. Là-bas, j’y
ai rencontré Daniel, un homme de l’âge de mes parents qui m’a fait
visiter la réserve et m’a parlé de son peuple. J’étais complètement
excité de rencontrer ces gens et de pouvoir en apprendre plus sur
eux. J’ai pu grappiller quelques nouvelles informations sur la vie
traditionnelle de ce peuple, il y’a encore un siècle, sur sa façon de
s’alimenter, sa manière de vivre en tipi et sur les rôles de chacun au
sein de la tribu. Bien tristement, Daniel m’a aussi raconté comment
tout cela avait disparu et comment il avait vécu personnellement
l’extermination* de son peuple.
J’étais choqué par ce qu’avaient vécu ces gens, mais je gardais
surtout en tête leur manière de vivre avant l’arrivée des blancs et je
me prenais à rêver de vivre comme eux.
* À ma grande surprise, j’ai découvert que l’extermination des
Amérindiens avait continué jusque dans les années 80. Lorsque Daniel
était enfant, tous les enfants Amérindiens été envoyés dans des écoles
résidentielles loin de leur famille. Au delà des sévices et l’interdiction de
parler leur langue, une grande majorité d’enfants tombaient malades et
mouraient dans ces écoles. Ceux qui sont aujourd’hui adultes, souffrent
pour la plupart d’un profond mal être, qu’ils tentent de noyer dans
l’alcool et la dépendance aux aides sociales. Certains d’entre eux, à la
recherche de leur identité, essaient de relever la tête, en réapprenant la
langue de leurs parents ou grand-parents et en tentant de se
réapproprier leur culture.

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Malheureusement cet art de vivre avait disparu et je voulais


rencontrer des gens qui incarnaient la liberté au 21ème siècle. J’ai eu
la chance d’en rencontrer beaucoup : fermiers auto-suffisants,
permaculteurs qui vivent en cabane dans les bois, anarchistes qui
se préparent à l’effondrement du système… Mais l’une des choses
qui m’a le plus inspiré, ce sont les Earthship.
Ils sont le fruit de la réflexion de l'architecte États-Unien : Mike
Reynolds. Cet homme s’est demandé comment construire un
habitat autonome avec les ressources qui sont actuellement
disponible en abondance sur la terre. Et contrairement au siècle
dernier, les ressources aujourd’hui disponibles en abondance, sont
principalement des déchets – canettes en aluminium, bouteilles en
verre, pneus de voiture, etc. En utilisant ces matériaux non-
conventionnels, il est parvenu à réaliser une construction 100%
autonome pour quelques milliers d'euros. Avec 10 000 €, il réalise
une maison confortable à vivre, qui récupère l’eau de pluie et produit
elle-même son électricité et son chauffage grâce au soleil et au
vent. Autrement dit, c'est un habitat qui coûte très peu cher à
construire et qui ne coûte plus rien une fois qu'il est réalisé – plus de
factures d’eau, d’elec. ou de gaz. C'est un habitat qui rend libre.
Je trouvais son idée géniale, je voulais rentrer en France et
construire moi aussi cet habitat qui me rendrait libre.

Mike Reynolds, inventeur des Earthship

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CHAPITRE 2 :
UNE VISION NOUVELLE DE L’HABITAT

A mon retour en France, j'ai cherché pendant plus de six mois


un lieu sur lequel je pourrais construire mon habitat. Je voulais
vivre dans la nature et j’avais besoin d’un chez-moi rapidement
mais j’avais très peu de moyens. L’idée de tribu continuait à me
trotter dans la tête mais je n’avais pas les sous pour participer à
un projet d’habitat groupé et je n’imaginais pas encore qu’il était
possible de construire un habitat sans argent, sans terrain et sans
permis de construire.
Finalement, mon père, agriculteur dans le Sud-ouest, a
proposé de me prêter un bout de terrain. J’étais soulagé d’avoir
enfin une solution pour m’implanter. Malheureusement il s'agissait
d'une terre agricole, je ne pouvais donc rien construire en dur
légalement. Je n’étais pas certain non-plus de vouloir m’y installer
à long terme alors je me suis naturellement tourné vers un habitat
léger et démontable. J'avais aussi l'intuition que plus mon habitat
serait léger, démontable et « insaisissable » moins j'aurais de
difficultés administratives pour m’implanter. Et dans tous les cas je
pourrais le démonter du jour au lendemain en cas de problème.
Plus tard en étudiant la réglementation, je me suis rendu compte
qu’effectivement en vivant moins de huit mois par an dans une
habitation considérée comme une tente de camping, aucune
autorisation n’est nécessaire.
À ce moment est née en moi une vision nouvelle de l'habitat,

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les maîtres-mots étaient : simplicité de réalisation, confort,


légèreté, rapidité de montage et facilité de transport.
Comme les Amérindiens, je rêvais d'un logement dont je
maitrise intégralement le procédé de fabrication, qui se réalise en
quelques jours avec peu d’outils, que je puisse démonter
rapidement et transporter facilement. Je souhaitais lui consacrer
peu d’énergie, d’argent ou d’affect, afin qu’il ne devienne jamais
un boulet inutile ou encombrant dont je n'ose plus me séparer. Je
voulais pouvoir m’en séparer facilement si je partais à l'autre bout
du monde. Je n’aurais qu’à le reconstruire avec les matériaux
trouvés dans ce nouveau pays.
Mon objectif était de m’installer dans le Tarn et Garonne, à une
heure au Nord de Toulouse et j’avais besoin d’un abri qui me
permette de passer l'hiver au chaud sous ce climat occidental
humide. Au début, j'ai hésité entre plusieurs types de
constructions légères. J’ai fait le tour des solutions existantes et
j’ai rapidement compris que je devais trouver une solution
nouvelle.
✘ Les tipis, m’inspiraient beaucoup comme vous le savez,
j’aimais leur simplicité de réalisation et leur faible encombrement
mais je ne les trouvais pas très confortable. Traditionnellement
posés à même la terre, ils ne sont pas isolés et sont simplement
chauffés par un feu de camp central. Il n’est pas facile d’y installer
une cheminée et mes quelques expériences de vie en tipi
m’avaient bien refroidi – c’est le cas de le dire.
✘ Les yourtes traditionnelles, quand à elles, ne m’ont jamais
vraiment attirées. Les matériaux et les motifs traditionnels ne
m’enchantaient pas complètement, mais surtout, je sentais que
l’intérieur ne respirait pas bien – il y’avait souvent une petite odeur
de renfermé. Je trouvais aussi le montage un peu complexe et
j’étais convaincu qu’on pouvait faire plus simple tout en
consommant moins de bois pour la structure.
✘ Les dômes géodésiques me plaisaient davantage, j’aimais
la forme et la structure épurée. J’avais d’ailleurs déterminé, que
pour une surface équivalente, le dôme consommait 30% de bois
en moins que la yourte. La réalisation de la structure me semblait

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plutôt accessible, mais par contre, le patronage et l’assemblage


de la toile m’intimidait un peu.

✓ J’ai alors été séduit en découvrant la structure Flex-Yourte, il


s’agissait d’une structure entièrement déployable en 30 secondes
– à la manière d’une tente deux secondes. J’étais fasciné par
l’ingéniosité de ce système, par contre, cette structure était trop
petite pour en faire un habitat à l’année mais j’ai senti qu’elle
serait une excellente source d'inspiration pour mon propre habitat.

Gordon Dipple, inventeur de la structure Flex-Yourte

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CHAPITRE 3 :
LA CONCEPTION TECHNIQUE

Je commençais tout juste ma réflexion, pour le moment j’avais


les plans pour réaliser une petite structure, j’allais devoir les
modifier pour obtenir une structure plus grande. En suite il me
faudrait trouver comment la recouvrir de toiles, l’isoler et y ajouter
des entrées de lumières. Je devais donc me pencher plus en
détail sur la conception de cette yourte. Cela m’a amené à de
nombreux questionnements mais j’aimerais partager avec vous
les trois aspects qui ont été les plus importants : la structure,
l’isolation et le puits de lumière.

Structure : Sources d'inspiration et améliorations

En 2013, j'avais découvert cette structure surnommée Flex-


Yourte. Elle avait été mise au point dans les années 2000 par un
anglais, Gordon Dipple. Grace à elle, on passait en l’espace de
30 secondes, d'un fagot de perches compact à une structure de
yourte autoportée de 3,6 m d'envergure. Initialement surnommée
la Yurt Erection, c'est la brochure publiée sur Internet par
Benjitour Libre qui l’a fait connaitre en France sous le nom de
Flex-Yourte.
Je trouvais cette structure ingénieuse mais elle n’était pas
adaptée pour y vivre à l’année. Je me serais vraiment senti à
l’étroit car elle n’offrait que 10 m² habitable et surtout ses murs

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n’atteignaient que 1,70 m de haut alors que je mesure 1,90 m.


Elle ne prévoyait pas non plus d'ouverture zénithale, si précieuse
au confort intérieur. Tout cela me poussait à apporter des
changements à cette structure. Lors de ma réflexion, j'avais en
tête le témoignage d'une femme ayant vécu seule dans une
yourte de 30 m² – 6 m de diamètre avec des murs de 1,50 m. Elle
m'avait confié, qu’a refaire cette expérience, elle choisirait une
yourte plus petite mais avec des murs plus hauts pour pouvoir
être debout partout et éviter de chauffer des espaces inutilisés. Je
cherchais donc à accroitre le diamètre de la Flex-Yourte afin
d’atteindre une surface habitable d’environ 20 m² et des murs de
1,90 m. Inspiré par le travail de Michele de la Caravane
Intergalactique*, j'ai alors modélisé sur ordinateur une nouvelle
structure. J’ai ainsi déterminé les cotations des perches qui
étaient nécessaire pour obtenir une yourte de 4,60 m et j’ai pu y
intégrer un puits de lumière de 90 cm.

Aperçu de l’ouverture zénithale dans la structure AVANT | APRES

* Le collectif Caravane Intergalactique avait mis au point deux modèles de


structure – 2,60m et 6m. Comme la Flex-Yourte originale, ces modèles
convenait parfaitement pour de l’événementiel ou du bivouac mais ils ne
disposaient pas de puits de lumière et l’écoulement de l’eau n’était pas optimal.
Après avoir apporté mes propres améliorations à cette structure, j'ai partagé
mon travail avec Michele, auteur d’une brochure infokiosques.net sur la Flex-
Yourte. Plus tard, le site flex-yourte.com, s’est inspiré de cette brochure et de
mon travail pour intituler ces trois structures : flex260, flex360 et flex460.
Aujourd’hui, je déconseille d’utiliser ces plans pour une yourte d’habitation, car
mon prototype de 4,6m n'était pas encore optimal lui non plus, sur le diamètre, la
forme du puits de lumière et l'écoulement de l'eau.
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Isolation : Conception anti-condensation

Je connaissais bien le climat océanique du Tarn et Garonne,


les étés y sont chauds et les hivers doux et pluvieux. Il y a
souvent du brouillard mais l’avantage c’est que les températures
descendent rarement en dessous de -5 °C.
On m'avait mis en garde sur les problèmes de condensation et
de moisissure rencontrés dans les yourtes traditionnelles. Je
savais que les toiles en coton, même traitées chimiquement, se
détérioraient rapidement, bien souvent en moins de deux hivers.
Cela me semblait assez logique, que cet habitat des steppes
Mongoles, conçu pour les climats froids et secs, supporte mal
l’humidité de nos hivers.
La condensation est un phénomène totalement naturel, elle se
forme lorsque l'on place une paroi étanche entre un volume d'air
froid – ici l'extérieur – et un volume d'air chaud humide – ici
l'intérieur. L'humidité, issue de la respiration des occupants de la
yourte, vient se condenser sur la paroi froide qui est en contact
avec l’extérieur.
J’ai compris que les fabricants occidentaux avaient tenté de
résoudre les problèmes de condensation et de moisissure de
deux manières :
- En traitant les toiles traditionnelles avec des imperméabi-
lisants et des fongicides, pour éviter les moisissures.
- En remplaçant ces toiles par des toiles imperméables et
respirantes. Le défi étant alors d’assurer une parfaite étanchéité
face à la pluie, tout en permettant à l’humidité contenue à
l'intérieur de la yourte de s’évacuer à travers la toile avant qu’elle
ne condense. Il faut savoir que les toiles techniques qui
permettent cela sont généralement coûteuses et peu durables –
comme le goretex. Et surtout ce système n'est jamais entièrement
fiable car de la condensation peut tout de même se former et l’eau
de pluie parvient à percoler si la bâche n’est pas parfaitement
tendue.
Une autre solution m’est alors venue à l’esprit. En Amérique du
Nord, j’avais expérimenté le bivouac dans quasiment toutes les
conditions climatiques, cela m’avait permis de comprendre le

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

phénomène de la condensation en détail. J'avais alors bien vu la


nécessité d'avoir une tente avec double toit. Si vous avez déjà
observé une tente igloo, vous avez dû remarquer qu’il y’a une
chambre intérieure, une sorte de bulle en coton suspendue
comme un parachute sous les deux arceaux noirs. Et par-dessus
ces arceaux, on tend une bâche imperméable, ce qui va créer un
vide d’air entre les deux toiles. Les sardines nous permettent de
bien tendre la toile extérieure pour éviter qu’elle ne rentre en
contact avec la toile intérieure, la condensation qui se forme sur la
toile extérieure peut ainsi s’écouler sur le sol sans venir mouiller la
chambre intérieure. Afin de rester au sec malgré l’eau qui ruisselle
au sol et les remontées d’humidité, la chambre intérieure est
constituée d’une bâche de sol imperméable.
J'ai décidé de m’inspirer de ce système pour imaginer une
yourte avec double toit – un toit imperméable et un toit isolant.
Plutôt que de chercher à éviter à tout prix la formation de
condensation, je préférais accepter qu'elle se forme et lui
permettre de s’écouler à l’extérieur. Ainsi le vide d’air situé entre
la bâche imperméable et l’isolation intérieure permet de récupérer
la condensation tout en maintenant l’isolation sèche et saine. Le
système d’évacuation de la condensation assure également un
renouvellement de l’air à l’intérieur de la yourte.

C’était sans doute l'une des idées les plus intéressantes de la


conception. Grâce à cette amélioration, j’évitais tout risque de

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moisissure ou d’infiltration et surtout je pouvais utiliser des


matériaux plus résistants, plus accessibles et me passer de
bâches techniques, fragiles ou couteuses.

Nécessité du puits de lumière

Durant mes voyages, j’avais eu l’occasion de dormir plusieurs


fois en yourte et il y’a une chose qui m’avait particulièrement
marqué, c’était la magie du puits de lumière. Pour moi cette
ouverture vers le ciel était indispensable. Le jour, elle permet aux
rayons du soleil de venir inonder l’espace de vie. La nuit, elle offre
depuis le lit, un merveilleux point de vue sur le ciel étoilé. Cette
ouverture permet aussi de renouveler l’air efficacement. Etant
située au zénith, il suffit de l’ouvrir quelques instants pour évacuer
l'air chaud. Si l’on ouvre également la porte, cela créé un appel
d'air provenant de l’extérieur. En été, avec une porte orientée vers
le Nord ou vers l'Est, cette astuce permet de limiter la chaleur, en
faisant un appel d’air frais. En hiver, cela permet de renouveler
rapidement l'air à l'intérieur de la yourte – s’il y’a par exemple des
odeurs de cuisine ou de la fumée.

Intérieur de la yourte au levé du soleil

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CHAPITRE 4 :
CHOIX DES MATÉRIAUX

Avant de m’attaquer à la conception, il me fallait déterminer


quels matériaux j'allais utiliser. Je souhaitais privilégier des
ressources gratuites et disponibles localement. Inspiré par les
Earthship, j'ai donc défini un ordre de priorité dans les matériaux à
utiliser :
- D’abord, je voulais utiliser des matériaux locaux et naturels
facile à trouver et à récolter moi-même – par exemple,
j'excluais la possibilité d'acheter du bois à la scierie ou
d'acheter de la toile en coton.
- S’il n'était pas possible de trouver des matériaux naturels
gratuitement autour de moi, alors je souhaitais privilégier des
matériaux de récupération – comme des planches de palettes
ou des toiles de récupération.
- Pour finir, s’il n’était pas possible de trouver un matériau
naturel ou un matériau de récupération qui réponde à mon
besoin, alors je me tournerais vers un matériau simple et
standard disponible dans n'importe quel supermarché ou
magasin de bricolage près de chez moi – ficelle, fil à coudre,
vis, etc.

Quelque soit mes choix, je voulais que ce soit simple, rapide


et surtout éviter les outils ou équipements trop lourd.

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Structure

Commençons par la structure, il me fallait trouver un matériau


à la fois facile à récolter et facile à transformer avec peu d'outils.
Je devais réaliser environ 90 perches de 2,40 m ayant un
diamètre moyen de 3 cm. Cela vous paraitra peut être étonnant,
mais j’ai rapidement exclus l’utilisation de bois, car j’aurais eu
besoin d’un outillage lourd pour abattre les arbres et les débiter en
perches. J’ai préféré me tourner vers le bambou pour ses qualités
mécaniques et sa facilité d'utilisation. Ainsi il m’était possible de
récolter et réaliser des perches avec une simple scie à main.
Je suis tombé véritablement amoureux du bambou, la structure
particulière de son bois lui confère des qualités techniques et
écologiques rares. Ses parois fibreuses sont faites d’un bois
extrêmement dense et résistant, car c'est la zone où il y’a le plus
de contraintes mécaniques – traction / compression. L'intérieur est
creux car la matière à cet endroit n'apporterait pas de résistance
mécanique supplémentaire. Cette propriété lui permet de
consommer moins de ressources naturelles pour sa croissance,
cela le rend léger et lui permet de pousser rapidement.

Paroi du chaume

CONTRAINTE
DE FLEXION

Zone de traction

Zone de compression
Diaphragme

Région Nodale

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Etonnement, le bambou n’est pas un arbre mais une herbe


– famille des graminées. Ce que nous appelons généralement un
bambou est en fait un chaume – comme la paille du blé. Les
chaumes partent tous d’un même système racinaire. Ce système
racinaire se propage dans les couches superficielles du sol, ce qui
a l’immense avantage de capter l’eau uniquement en surface et
de préserver les nappes phréatiques. Cela permet aussi de
maintenir les sols et les berges aux abords des rivières.

Feuilles

Chaume

Turion
Rhizome

Les turions (pousses de bambou) sortent de terre au printemps et


possèdent déjà le diamètre du futur bambou adulte. Ils poussent dès lors
de plusieurs centimètres par jour, jusqu’à atteindre en quelques
semaines leur taille adulte (de 4 à 10 mètres selon la variété et le
développement du système racinaire). Avant de pouvoir récolter un
chaume, il faudra idéalement attendre trois ans pour que le bois atteigne
sa pleine solidité. À titre d’anecdote, le champion des bambous, le
Phyllostachys bambusoïdes, présente la solidité de l’acier et est utilisé
dans le béton armé. Ses chaumes poussent jusqu’à 1 m par jour
lorsqu'ils sortent de terre.

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Toile extérieure

Maintenant que j’avais un matériau pour réaliser la structure, il


me fallait trouver une toile imperméable pour l’habiller. Je ne
voyais pas quel matériau naturel brut, disponible autour de moi,
pourrait faire l'affaire. J’aurais pu me mettre à la chasse et utiliser
des peaux de bêtes mais je n’avais pas le cœur à ça. J’aurais pu
également récupérer de la laine de mouton et en faire du feutre
comme les Mongols, mais cela aurait pris un temps fou et surtout
cela m’aurait mal protégé de la pluie – en Mongolie, contrairement
à chez nous, le feutre est suffisant car la pluie est rare, il suffit
donc d’assurer l’isolation thermique.
Ne trouvant pas le matériau naturel adéquat, je me suis tourné
vers les matériaux de récupération, d’abord vers des matériaux
grands publics puis vers des matériaux industriels. Dans un
premier temps j’imaginais récupérer des vieux draps en coton
pour les enduire de peinture et les imperméabiliser – fonds de
pots récupérés en déchèterie. La solution me paraissait lourde à
mettre en œuvre et le résultat incertain. J'ai finalement eu l'idée
de récupérer de la bâche de camion usagée, cela me permettait
d'obtenir gratuitement une bâche parfaitement imperméable et
extrêmement résistante. Grâce à la solution de double toit à
laquelle j’avais pensé, il ne m’était pas nécessaire d’utiliser de la
bâche respirante, le système évacuerait de lui-même la
condensation sans qu’elle ne vienne imprégner l’isolation
intérieure.
J'ai rapidement trouvé une bâche de semi-remorque usagée,
dans une petite entreprise spécialisée dans leur remplacement.
Grace à cette bâche, j’ai pu réaliser mon toit de yourte facilement
mais il m’en fallait une deuxième pour réaliser le mur. J'ai attendu
plusieurs semaines dans l'espoir d’en récupérer une autre, mais
cela n’arrivait pas, j’ai compris que beaucoup de chauffeurs
préféraient les garder pour couvrir leur bois.

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Installation de mon premier tronçon de toit

Je me suis alors rendu chez un agriculteur producteur de tabac


proche de chez moi. J’ai trouvé chez lui une grande bâche verte
usagée, que j’ai pu récupérer et utiliser pour finaliser l’habillage de
ma yourte – cf. photo de couverture du livre.
J’ai compris alors qu'il était possible de récupérer de la bâche
PVC auprès de nombreux professionnels – bâche agricole, liner
de piscine, bâche d’hivernage, voile de bateau, bâche de
chapiteau, bâche publicitaire, etc. Les bâches PVC sont
énormément utilisées car elles sont extrêmement étanches et
durables. Le seul problème, c’est qu’elles ne sont pas recyclables,
j’étais donc heureux de donner une seconde vie à des bâches
usagées.
Je l’étais aussi de pouvoir me passer du coton, car je savais que
cela faisait partie des cultures les plus polluantes et les plus
gourmandes en eau sur la planète. L’autre inconvénient du coton,
c’est qu’il m’aurait fallut le traiter chaque année avec des
imperméabilisants chimiques et des fongicides pour maintenir son
étanchéité.

Isolation : Couvertures en laine

Maintenant que j’avais de quoi être au sec, il me fallait aussi


être au chaud, je devais me poser la question de l'isolation.
Comme je vous le disais précédemment, je ne me voyais pas faire

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

du feutre moi-même. J'ai donc rapidement eu l'idée d'utiliser des


couvertures de récupération. La première yourte auto-construite
que j'avais visitée était isolée de cette manière – avec des
couvertures en laine et/ou acrylique. Je trouvais l'idée très
astucieuse.
Je devais maintenant mettre en place mon système de double
toit. Dans les yourtes traditionnelles, l'isolation était placée à
l'extérieur du treillis – le rendant ainsi visible depuis l'intérieur.
Suite à ma réflexion menée sur les problématiques de
condensation, j'avais choisi de suspendre l'isolation à l'intérieur du
treillis, afin de laisser un vide d'air entre la bâche extérieure et
l'isolation. Les couvertures étaient parfaitement adaptées à une
telle conception car en les cousant toutes ensembles comme un
grand parachute, j'obtenais une grande toile isolante qu'il était
possible de suspendre à l'intérieur de la structure.

Vue de l’isolation, avant de suspendre le centre à la structure

Souhaitant être aussi économe que possible en matériaux, j’ai


tenté de réduire le nombre de couvertures utilisées. Pour cela j’ai
créé un tableur Excel qui détermine les découpes suivant chaque
format de couverture trouvé. Cette astuce m’a permis de diviser
par deux le nombre de couvertures pour le plafond et d’isoler cette
yourte avec 12 couvertures seulement. Le système de double toit
permettait de récupérer et d’éliminer la condensation tout en
maintenant l’isolation saine. Ainsi, combinée à l’utilisation d’un

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

poêle à bois ordinaire, cette isolation peu encombrante m'a permis


d'affronter des températures extérieures négatives – jusqu'à-5°C –
tout en gardant une température confortable à l'intérieur.

Ouvertures
Jusque là, je parvenais à réaliser ma yourte avec quasi-
uniquement des matériaux naturels ou recyclés. Je devais
maintenant réaliser des ouvertures transparentes pour laisser
entrer la lumière : un dôme, une porte et éventuellement une
fenêtre. Pour la réalisation de ces éléments, je ne voyais
évidement pas bien quel matériau naturel pourrait faire l’affaire.
En matériau de récup’, je craignais de ne trouver que des
matériaux à base de verre, donc un peu lourd pour mon projet,
ou-bien des bâches transparentes laiteuses, déjà vieillies par le
temps. J’ai donc pour la première fois décidé d’utiliser un matériau
neuf, je savais qu’il y avait dans la plus part des supermarchés
des rouleaux de bâche PVC transparente, vendue comme nappe
de cuisine. Ainsi, j’avais un matériau de base, bon marché et
facile à trouver, il me restait à lui donner la forme adéquate en
fonction de mes besoins.
Pour la réalisation du dôme, je devais façonner une armature
sphérique, d’environ 1,20 m de diamètre, sur laquelle je viendrais
fixer cette bâche transparente. J'ai rapidement pensé à la
vannerie. J’avais en tête la manière dont les Amérindiens
réalisaient les huttes de sudation avec des branchages souples
trouvés aux alentours. J’ai trouvé une astuce pour fixer la bâche
transparente sur l’armature, sans la percer. Ainsi, j'obtenais pour
quelques euros un dôme transparent amovible.
Durant les premières semaines de vie en yourte, je n'avais pas
encore réalisé la porte, la bâche de mur faisait tout le tour de la
yourte et elle venait se chevaucher au niveau de l'entrée. Pour
entrer ou sortir, je me glissais entre les deux pans de bâches mais
cela ne facilitait pas les allées et venues et je n'avais aucune
visibilité sur l'extérieur une fois les bâches fermées.
L'hiver approchait et je voulais avoir une porte facile à ouvrir et
à fermer mais surtout je voulais avoir plus de visibilité sur

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

l'extérieur. J'ai alors imaginé une porte réalisable en planches de


palette et en bâche transparente. Je souhaitais que cette porte
puisse se fixer facilement sur le treillis sans l'endommager, c’est
ce qui m’a amené à concevoir une porte en losange.

Ma priorité c’était de passer l’hiver au chaud et au sec, j’avais


vraiment besoin d’un petit cocon bien fermé et je n’éprouvais pas
le besoin de multiplier les ouvertures sur l’extérieur. Comme pour
les yourtes mongoles, j’avais uniquement le dôme et la porte.
Cela laissait entrer suffisamment de lumière à l’intérieur et je ne
voulais pas prendre le risque de faire une nouvelle ouverture qui
augmenterait les risques d’infiltration et la prise au vent. Ce n’est
que plus tard, au fil des réalisations de yourtes avec mes
stagiaires, que j'ai trouvé comment créer une grande entrée de
lumière sans risquer de fragiliser la bâche. J'ai ajouté un tronçon
de bâche transparente dans le mur. J’obtenais ainsi une sorte de
baie vitrée de 1,10m de large. Afin de garder l’esprit cocon pour la
nuit ou pour la sieste, j’ai trouvé une manière de venir occulter
cette ouverture à la demande.

Plancher : Menuiseries de récupération

Tout était prêt, j’étais sur le point d’installer ma yourte, j’aurais


pu la poser à même la terre, ou-bien simplement sur une bâche

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

pour éviter les remontées humides. Mais comme je prévoyais d’y


passer l’hiver, j’avais envie de quelque chose de plus confortable,
j’avais envie d’un plancher. Encore une fois, j'ai envisagé
plusieurs type de matériaux mais comme je ne voulais pas
acheter de bois, je me suis tourné vers la récup’. J’ai d’abord
pensé aux palettes, j'ai vite compris qu'il ne suffisait pas de poser
dix palettes les unes à côté des autres pour avoir un plancher. Il
fallait d’abord trouver des palettes de dimensions équivalentes
– mêmes hauteurs et mêmes largeurs. Ensuite il fallait compléter
les interstices entre chaque lame, pour chaque palette, avec des
planches coupées à la bonne largeur. Pour cela il fallait démonter
d'autres palettes, mais les clous torsadés qui sont utilisés dans les
palettes sont extrêmement difficiles à retirer et bien souvent on
casse les planches avant d'avoir sorti le clou. Je me suis donc
détourné de cette solution laborieuse. J’ai fini par récupérer des
vieilles menuiseries – portes et volets d’une maison en cours de
rénovation – que j’ai coupées et visées ensemble. En l’espace de
dix jours j’ai pu réaliser un plancher de caractère pour un budget
dérisoire. J’ai uniquement dépensé cinquante euros, pour changer
la lame de la scie circulaire que l’on m’avait prêtée. Je l’avais
endommagé sur les vieux clous rouillés présents dans le bois.

Plancher en portes et volets de récupération

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CHAPITRE 5 :
UNE YOURTE POUR 180 EUROS

J'ai terminé ma yourte en septembre 2014, j'étais soulagé de


savoir que j'allai pouvoir passer l'hiver au chaud et j'éprouvais une
immense satisfaction d'avoir pu réaliser ce petit cocon moi-même.
En l’espace de trois mois, j’étais parvenu à réaliser de mes mains
un habitat confortable de 17 m², léger, compact et montable
rapidement. Le plus long n’avait pas été la réalisation, mais la
conception et la recherche de matériaux – notamment les bâches.
L’une des choses les plus impressionnantes pour moi, c’est que je
n’avais dépensé que 180 € de matériaux. J'avais récolté du
bambou près de chez moi et j'avais récupéré de nombreuses
choses gratuitement : une bâche de camion dans un atelier
spécialisé, une bâche agricole chez un agriculteur, des
menuiseries sur le point de finir à la déchèterie et des planches de
palettes. Les seules dépenses avaient été :

- 12 couvertures en laine chez Emmaüs…....….40 €


- de la colle pour bâche PVC …………………....35 €
- des cordes et du fil à coudre ……….………….25 €
- une machine à coudre d’occasion …..……..…30 €
- une lame de scie circulaire ……………..……..50 €
- soit un total de ……………………………......180 €

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

En mettant de côté le cout d’achat de la machine à coudre et la


lame de scie circulaire, cela ne représentait réellement que 100 €
de matériaux.
J’étais fasciné par la facilité et la rapidité avec laquelle j’avais
pu réaliser cet habitat. C’était probablement le deuxième moment
le plus intense de ma vie, après avoir sillonné le monde en quête
de liberté, je trouvais la liberté sans bouger d’un kilomètre,
simplement en construisant un chez-moi. Cette expérience me
permettait, non seulement de prendre confiance dans ma capacité
à construire des choses de mes propres mains, mais surtout elle
m’amenait à une profonde prise de conscience. Je me rendais
compte qu’il suffisait de quelques savoir-faire simples pour
construire son logement. Et la plupart d’entre nous – humains –
étions donc capable de les maitriser.
Quelques mois après avoir emménagé dans ma yourte, j'ai eu
envie de partager et diffuser cette expérience, je voulais exprimer
au monde à quel point il était facile de construire son propre
habitat. J'ai créé un blog pour partager quelques photos
– fabriquersayourte.fr – mon premier article a eu un immense
succès, il a été repris dans plusieurs blogs et journaux locaux.
France Inter m’a alors interviewé et c’est ce qui m’a définitivement
mis le pied à l’étrier pour proposer aux gens de les accompagner
dans l’auto-construction de leur yourte.

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CHAPITRE 6 :
AMÉLIORATION ET RECHERCHE DE SOBRIÉTÉ

Cette réalisation a suscité un tel intérêt que cela m'a


encouragé à pousser plus loin ma vision initiale, afin d'améliorer
cette yourte. Je désirais réduire le temps de montage et simplifier
les étapes de fabrication à l'extrême, afin que les débutants en
bricolage puissent eux aussi la construire. J’étais convaincu de
pouvoir réduire le temps de fabrication à moins de deux semaines
et limiter encore davantage les besoins en outillages lourds et
couteux. J'ai commencé à accompagner des auto-constructeurs
dans leur propre projet et au fil des mois et des réalisations, j'ai
continué à apporter des améliorations à cette yourte :

- Optimiser l’écoulement de l’eau


- Accroître la surface habitable – de 16,6 à 17,3m²
- Renforcer la structure, tout en réduisant son poids
- Améliorer la résistance au vent
- Réduire le temps de montage
- Augmenter la taille de la porte et du puits de lumière
- Simplifier le système d’étanchéité – porte, cheminée…
- Ajouter une "baie vitrée" – tronçon de mur transparent
- Concevoir un plancher léger et compact – 9 éléments

Après plusieurs mois, un modèle nettement amélioré a vu le


jour, désormais cette yourte était réalisable seul, en l’espace de

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

sept jours. Il n’y avait plus besoin que de neuf outils basiques pour
la fabriquer et elle battait des records en rapidité de montage. En
15 mn, on passait d’un fagot de bambous et de trois baluchons de
toile à une yourte de 4,70 m d’envergure.

Yourte stockée dans un Kangoo | Yourte montée (15mn plus tard)

Pour réaliser l’ensemble des éléments de cette yourte, j’ai


établi un certain enchainement dans les étapes de fabrication,
réparti sur sept journées :

- JOURS 1 & 2
Perçage des bambous et assemblage du treillis de la structure

- JOURS 3 & 4
Patronage des bâches, découpe et collage

- JOURS 5 & 6
Couture et confection de l’isolation en laine

- JOUR 7
Réalisation du dôme en vannerie et de la porte en losange

Pour réaliser l’ensemble de la yourte, je n’avais besoin que de


neuf outils : une perceuse, une machine à coudre, une scie à bois,
une scie à métaux, une hachette, un marteau, un mètre ruban, un
emporte pièce et une paire de ciseaux.
Afin d'apporter une garantie de durée de vie aux participants

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

qui réalisaient leur yourte avec moi, j'ai assoupli mon exigence sur
la non-utilisation de matériaux neufs. Il était en effet parfois
difficile de trouver de la bâche de récup' en bon état, j’ai donc
proposé l’utilisation de bâche neuve car elle était garantie cinq à
dix ans et ne coûtait que 360 € pour l’ensemble de la yourte.
Pour la réalisation du plancher, j'ai également choisi d'acheter
du bois déclassé à la scierie. Cela m'a permis de réaliser un
plancher techniquement plus abouti et plus léger. J'ai réalisé cette
fois des éléments de plancher de dimensions équivalentes afin
qu'ils soient stockables et transportables facilement.
En bois neuf, la réalisation du plancher est beaucoup plus
rapide – cinq jours au lieu de dix – et en choisissant du bois
déclassé, le cout reste raisonnable, environ 300 €.

Plancher stocké sur une palette | Plancher monté sur plots

J’avais réalisé mon rêve, j'avais réalisé un habitat synonyme


de liberté et de légèreté. Une yourte compacte, ultra-rapide à
monter et spécialement adaptée à nos hivers humides et pluvieux.
Et le plus impressionnant, c’est qu’il était possible de réaliser cette
yourte entièrement soi-même en sept jours et pour un budget
compris entre 100 et 500 €, selon que l’on utilise de la bâche de
récupération ou non. Le plancher, optionnel, demandait pour être
réalisé cinq journées supplémentaires et 300 € de bois.

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

CHAPITRE 7 :
VIE ET AUTONOMIE EN YOURTE

J’ai vécu dans cette yourte pendant un an, de l’automne 2014


à l’automne 2015. Je souhaitais vivre simplement et être aussi
autonome que possible. Cela m’a conduit à répondre aux
questions de l’électricité, de l’eau, du chauffage et à vivre d’une
manière très sobre et épurée.

Électricité

Dans une habitation moderne, la plupart des appareils que


nous utilisons sont branchés sur des transformateurs – éclairage,
chaine HIFI, ordinateur, téléphone… il n’y a que les appareils
électroménagers et les systèmes chauffants qui utilisent
directement le 220 V. Comme je n’avais pas prévu d’utiliser ces
équipements dans la yourte, j’en ai déduit que l’utilisation du 12 V
faciliterait le stockage et limiterait les pertes dans les différents
transformateurs.
Dans un premier temps, il m’a suffit de récupérer une vieille
batterie de voiture et d’acheter un lot de cinq spots basse tension.
J’ai utilisé des spots LED de technologie SMD avec culot MR16,
car ils sont très économes en énergie. Chaque spot de
6 watts produit une luminosité équivalente à un spot halogène de
65 watts – soit 90% d’économie. La durée de vie annoncée est de
15 000 heures, ce qui représente cinq fois la durée de vie d’une

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

lampe halogène. Pour obtenir une ambiance cosy dans la yourte,


j’ai utilisé des spots blanc chaud que j’ai branchés sur un variateur
d’intensité – ce qui permet d’économiser encore de l’énergie.
Pour éviter de détériorer la batterie, l’idéal est de trouver une
batterie à décharge lente et surtout il faut veillez à ne pas lui
infliger une décharge profonde. Pour cela le mieux est d’utiliser un
régulateur de charge car celui-ci nous averti quand il est temps de
recharger la batterie. Pour la protéger contre les décharges
profondes, il peut également couper l’alimentation du circuit. Ce
régulateur de charge permet aussi de brancher un panneau
solaire, si on le souhaite. Ainsi c’est lui qui contrôle
automatiquement la charge de la batterie.

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

De mon coté, comme je voulais faire au plus simple et au plus


économique, je n’ai pas acheté de panneaux solaires. Ma
consommation était si faible, que même avec deux heures
d’éclairage par jour, il me suffisait simplement de recharger la
batterie une fois par mois* en allant à la ferme voisine. J’aurais
également pu la recharger sur une voiture, en la branchant en
parallèle de la batterie de démarrage, mais à cette époque je
n’avais qu’une mobylette.
Afin de pouvoir brancher d’autres accessoires sur ce réseau
12 V, j’ai prévu une prise allume cigare. Le fait d’utiliser un format
de prise standard permet de trouver facilement dans le
commerce, une grande variété d’équipements qui s’y adaptent
– chargeur USB, onduleur 220 V, etc. Par exemple pour la
musique il existe aujourd’hui de plus en plus d’équipements qui se
branchent sur prise USB mais il est également possible d’utiliser
un autoradio, car il est lui aussi conçu pour fonctionner sur
batterie. Pour plus de confort le soir, j’avais aussi envie d’une
lampe de chevet, mais je ne pouvais pas utiliser une lampe de
chevet classique, j’en ai donc modifié une. Pour cela, j’ai remplacé
sa prise 220 V par une prise allume cigare male, puis j’ai
remplacé l’ampoule gros culot par un adaptateur E27 - MR16, afin
de pouvoir placer un spot LED 12 V.
Pour mieux comprendre mon installation, je vous invite à
retrouvez la vidéo de démonstration et la liste des matériaux
nécessaires pour la réaliser à l’adresse suivante :

https://fabriquersayourte.fr/systeme-electrique-autonome/

* Calcul de l’énergie stockée dans une batterie de 60Ah :


12 V x 60 Ah = 720 Wh (équivalent à une puissance de 720 watts fournie
pendant une durée de une heure ou bien 100 watts pendant 7,20 heures)
- Calcul de consommation des spots
A pleine puissance : 4 x 6 W = 24 W
À mi puissance : 4 x 3 W = 12 W
- Autonomie du système
720 Wh / 12 W = 60 h (soit 2 h par jour pendant 30 jours)

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Eau

Pour faire la cuisine et me laver, j’ai installé une réserve d’eau


que je devais, elle aussi, remplir régulièrement à la ferme voisine.
Cela m’obligeait donc à être très économe en eau, par exemple
j’avais trouvé une solution pour me laver avec moins de deux
litres d’eau par jour. Pour cela, je faisais chauffer l’eau dans une
casserole sur le poêle à bois, j’y ajoutais une petite cuillère de
bicarbonate de soude et quelques goutes d’huiles essentielles.
Bien au chaud près du poêle, je trempais un gant de toilette et je
frottais mon corps plusieurs fois avec. Je le réchauffais et le
rinçais plusieurs fois en le trempant dans l’eau. C’était au moins
aussi agréable que le sauna, ma peau séchait au fur et à mesure
et je n’avais même pas besoin d’utiliser une serviette. Pour la
vaisselle, je faisais simplement mousser l’éponge dans un bol
avec du produit et de l’eau. Une fois les ustensiles frottés, je les
rincés sous un filet d’eau. Pour les toilettes, je n’avais pas besoin
d’eau, j’utilisais un pot de chambre dans lequel je mettais des
copaux de bois – à la manière de toilettes sèches. Je le vidais
chaque jour dans un compost à quelques dizaines de mètres de
là. Evidement, je n’avais pas de machine à laver, et même si
j’avais le projet d’en construire une à pédale, je n’avais pour le
moment pas le courage de laver mon linge à la main, donc j’allais
à la laverie une fois de temps en temps. Avec tout ça, je parvenais
à consommer moins de dix litres d’eau par jour. J’aurais aimé
gagner encore davantage en autonomie en récupérant l’eau de
pluie et la condensation de la yourte mais je n’ai
malheureusement jamais eu l’occasion de tester la solution que
j’avais en tête.

Chauffage

Etonnement, le plus difficile a été la question du chauffage.


Initialement, j’avais choisi un tout petit poêle à bois – 60 cm de
haut et 35 cm de largeur –, il s’agissait probablement d’un poêle
de 4 à 5 kW, la puissance était bonne mais il me fallait le
recharger toutes les heures. Ce poêle aurait surement mieux

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

fonctionné avec du charbon mais cela ne m’est même pas venu à


l’idée. Le conduit de cheminée était étroit et le tirage en plein mois
de janvier, les jours de brouillard, était une catastrophe. Je
n’arrivais plus à me chauffer correctement et il m’a fallut changer
de poêle en urgence. J’ai alors récupéré un poêle Godin
beaucoup plus gros, de 10 kW, mais cette fois, c’était le sauna
dans la yourte et même en réduisant le tirage au maximum, il
faisait trop chaud. Avec le tirage réduit, la combustion était très
mauvaise, le poêle goudronnait et les fumées qui s’échappaient
de la cheminée étaient épaisses. J’ai donc eu l’idée de convertir
ce gros poêle cylindrique, en poêle à sciure. C’est une technique
très simple qui permet de consumer la sciure à haute
température. Ainsi j’avais enfin un bon tirage et un excellent
rendement énergétique. Et surtout l’autonomie était bien
meilleure, environ six heures.

Poêle ouvert : La sciure est tassée à l’intérieur du poêle autour d’un


puits central. Il y’a une entrée d’air en bas qui alimente la combustion
dans le puits. Les fumées sont évacuées en haut vers la cheminée.
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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Retour au monde

J’ai vécu un an dans cette bulle hors du monde, cela a


profondément nourri mon sentiment d’appartenance à la nature,
ma confiance en moi et ma créativité. Après ce temps de
gestation, c’était le temps de la renaissance. J’ai ressenti l’envie
de revenir au monde pour livrer le fruit de mon aventure à la
collectivité.
À mon sens, il restait encore une chose essentielle à accomplir
pour aboutir réellement mon projet. Je devais proposer une
solution clé en main, qui permette à qui que ce soit, de réaliser et
re-réaliser sa yourte à tout moment dans sa vie, et ou qu’il soit
dans le monde. Afin de rendre chacun aussi autonome que
possible, je devais créer un support suffisamment explicite pour
qu’il ne soit plus nécessaire de faire appel à moi : il était évident
que je devais réaliser un tutoriel vidéo. J’ai repris la construction
dans son ensemble et à la manière d’un ingénieur qui conçoit une
chaine de production, j’ai réétudié chaque étape de la fabrication
pour la décomposer en une succession de gestes simples. J’ai
filmé chaque geste, chaque étape et je les ai articulés de manière
simple et logique. Après réalisé le montage vidéo de l’ensemble,
j’ai obtenu un tutoriel vidéo de dix heures, qui permet de guider,
même le plus débutant des bricoleurs, dans la réalisation intégrale
de sa yourte.
Il ne restait plus qu’à trouver un nom à cette yourte. Alors j’ai
tout simplement choisi de l’appeler Flex470 : "Flex" en référence à
la structure Flex-Yourte dont je m'étais inspiré et "470" en
référence au diamètre de 4,70 mètres. Mais la yourte Flex470
était bien plus qu’une simple structure, c’était une yourte isolée
avec double-toit. Elle était montable intégralement en 15 mn et
réalisable soi-même en sept jours avec des matériaux simples et
économiques.

40
CHAPITRE 8 :
CONSEILS AVANT DE VOUS LANCER

Depuis la création du tutoriel en 2016, j’ai accompagné plus de


140 participants dans la réalisation de leur yourte.
Et à chaque nouvelle personne que j’accompagne, je revis
l’intensité de ma première expérience de construction. Je suis
vraiment heureux de pouvoir vivre de cette passion et de rendre
service à tant de gens. Je ne m’y attendais pas, mais cette activité
m’a permis de trouver une nouvelle forme de liberté. Cette fois, non
pas en évitant le travail, mais en le vivant autrement. Plutôt que de
réduire mes besoins pour échapper à un métier qui n’a aucun sens,
j’en ai créé un qui me passionne. Comment aurais-je pu m’attendre
à ça en entreprenant mon périple ? J’ai découvert le monde, j’ai
touché l’immense sentiment de liberté de vivre avec trois fois rien,
j’ai pu construire mon propre habitat, prendre confiance dans ma
capacité à créer et vivre au plus près des éléments. La liberté est le
cadeau de ce voyage. Le tout était de se jeter à l’eau.
Si l’aventure de la yourte vous appelle, il se peut qu’elle vous
emmène, vous aussi, bien plus loin que vous ne pouvez l’imaginer
aujourd’hui. Pour vous y préparer, j’aimerais dès maintenant vous
donner quelques petits conseils.
Comme vous le savez désormais, pour construire la yourte
Flex470 nous utilisons des matériaux différents de ceux utilisés
dans les yourtes traditionnelles, c'est l’une des raisons pour laquelle
elle est si rapide et économique à réaliser. Cela permet de simplifier

41
NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

certaines étapes de fabrications, réduire le coût des matériaux et


améliorer la longévité de la yourte sous climat humide. Le seul
inconvénient avec ces matériaux, c’est qu’ils sont parfois longs à
trouver. Alors si vous souhaitez construire votre yourte dans les
mois à venir, je vous encourage à prospecter dès maintenant. Voici
les matériaux que nous allons tenter de trouver :

– 90 bambous
– 80 m² de bâche PVC
– 12 couvertures en laine et/ou acrylique
– 1 machine à coudre

Bambou

Pour réaliser les perches de la structure, nous allons utiliser du


bambou car c’est un matériau écologique, léger et résistant qu'il est
possible de récolter soi-même. Il se travaille avec des outils simples
et se trouve facilement à l’état naturel dans la plupart des régions
tempérées.
Le plus simple pour récolter du bambou, c’est de trouver un
particulier qui possède une bambouseraie, par le bouche-à-oreille
ou sur leboncoin. Le bambou est une plante invasive et les
propriétaires de bambouseraies sont généralement ravis que vous
veniez faire un peu d’entretien chez eux pour éviter que la
bambouseraie prenne trop d’ampleur.
Une fois que vous aurez trouvé le bon endroit, il vous faudra
sélectionner des bambous de la bonne maturité – environ 3 ans –
grâce à leur couleur. Vous devrez les couper et éliminer les
branchettes sans endommager leur solidité. Pour bien comprendre
comment récolter et travailler le bambou, je vous invite à accéder
gratuitement au module 1 du tutoriel de fabrication à l’adresse
suivante :

https://fabriquersayourte.fr/module1/

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Carte de France : zones favorables et défavorables au bambou

Bâche PVC

En concevant ma première yourte, je souhaitais utiliser au


maximum des matériaux naturels ou recyclés. C’est ce qui m’a
permis de réaliser ma yourte pour un budget de 180 €.
Aujourd’hui, je continue à encourager l’utilisation de bâche de
récupération car même si c’est parfois difficile à trouver, cela permet
de donner une seconde vie à des matériaux qui ne sont
habituellement pas recyclables et surtout cela permet d’économiser
plus de 350 € sur l’achat des matériaux.
Suivant la région où vous habitez et les contacts que vous avez,
vous pouvez par exemple récupérer de la bâche de camion, du liner
de piscine, de la bâche agricole, de la voile de bateau ou de la
bâche publicitaire. Lors de la construction de ma première yourte en
2014, j'avais récupéré une bâche de camion dans un atelier dédié à
leur fabrication, et comme il était difficile d’en trouver une deuxième
pour réaliser le mur de la yourte, j’avais finalement récupéré une
bâche de serre à tabac auprès d’un agriculteur. Il existe bien

43
NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

d’autres manières de récupérer de la bâche, par exemple, lors de


ma dernière excursion à Paris, je suis passé sur les Champs
Elysées devant le futur Nike Store. Des employés étaient en train de
changer, après tout juste quelques semaines d’affichage, une bâche
publicitaire de plusieurs centaines de mètre carrés. Ces bâches sont
généralement imprimées sur du blanc ce qui permet en utilisant
l’envers de la bâche d’obtenir une yourte de couleur blanche. Autre
exemple, l’un des participants de la promo 2019, Olivier dans le
Gers, a eu la possibilité de récupérer une grande quantité de liner
de piscine gratuitement auprès d’un artisan près de chez lui qui
s’était trompé dans les découpes. Ce qui a donné pour le coup une
yourte de couleur bleu-ciel.

Yourte réalisée par Olivier en liner de piscine bleu-ciel

Dans le cas ou vous ne souhaitez pas utiliser de la bâche de


récupération, ou-bien si vous n’arrivez pas à en trouver, on peut tout
de même reconnaître les aspects positifs de la bâche neuve. Le
rendu esthétique est généralement meilleur, elle est facile à
travailler et on est sûr de ne pas avoir de mauvaises surprises –
usure avancée ou fuite que l’on n’aurait pas repéré lors de la
fabrication.

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Couverture en laine

Pour la réalisation de l’isolation vous allez avoir besoin d'une


douzaine de couvertures chaudes, en laine et/ou en acrylique. Les
performances thermiques de la laine et de l’acrylique étant à peu
près équivalentes, il est possible, pour ceux qui souhaitent éviter
d’utiliser des produits animaux d’utiliser uniquement de l’acrylique. Il
n’est pas toujours facile de connaitre la composition d’une
couverture et les performances thermiques peuvent être très
variables. Si vous souhaitez connaitre plus précisément l’efficacité
d’une couverture, le plus simple est de passer une nuit avec.
Pour les trouver, je vous recommande de vous rendre dans un
Emmaüs ou une friperie proche de chez vous. Parmi les douze
couvertures nécessaires, il vous faudra compter au minimum
quatre très grandes couvertures de 220 x 220 cm. Les dimensions
pour les huit autres couvertures sont moins contraignantes, quelque
soit leur largeur, il vous faudra simplement veillez à ce qu’elles
fassent au moins deux mètre de haut.

Machine à coudre

Bien évidement pour réaliser l’isolation intérieure, nous devrons


utiliser une machine à coudre et pour cela je me suis aperçu qu’il
n’était pas nécessaire d’utiliser une machine professionnelle,
certains modèles de machines ménagères sont suffisamment
robustes pour assurer la couture des couvertures.
Par exemple Franck – promo 2018 – a utilisé une vieille machine
Singer car ce sont des machines à la fois fiables et robustes que
l'ont peut trouver sur leboncoin pour une cinquantaine d’euro. Afin
de vous aider à trouver le bon modèle de machine, j’ai réalisé une
petite vidéo à ce sujet également accessible dans le module 1 du
tutoriel :

https://fabriquersayourte.fr/module1/

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CHAPITRE 9 :
EXPÉRIENCES D’AUTOCONSTRUCTEURS

Avant de vous quitter, j’aimerais partager avec vous cinq


témoignages de personnes que j’ai accompagnées. Cela vous
donnera un bel aperçu de la diversité d’expériences vécues.

Barbara : expérience de simplicité

Qui es-tu ?

Barbara, 36 ans, j'habite dans la yourte la plupart du temps et


j'alterne avec un appartement dans une petite ville à 15 km. Je
travaille peu, comme animatrice nature à mon compte ou bien
pour des associations ou à la Biocoop du coin en saison. Je suis
passionnée par les plantes et le contact à la nature et fascinée par
l'artisanat.

Comment t'es venue l'idée de construire une yourte ?

D'abord la forme arrondie, plus apaisante que les angles non ?!


La simplicité apparente de sa construction, sa petite taille, un
habitat qui nous rapproche du monde extérieur et de
l'environnement dans lequel on vit. Il me paraissait plus facile de
construire moi même une yourte que tout autre forme d'habitat
avec des compétences techniques moindres.

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Est ce que c'est un projet que tu as eu seul ou avec d'autres


personnes ?

C'est un projet que j'ai eu seule, je traversais une période


difficile et j'ai eu envie de mener à bien un projet par et pour moi-
même. Les amis ont été indispensables à la concrétisation du
projet.

Comment s'est déroulé le chantier ?

Il a d'abord fallu plusieurs mois pour collecter les matériaux et


préparer un maximum d'éléments en amont. Le chantier a duré
deux semaines, nous étions entre 2 et 5 personnes à travailler. La
conception et la réalisation du plancher a été l'étape la plus
difficile à mon sens. Le reste s'est déroulé de façon plutôt facile et
rapide. Ce fut une très belle aventure partagée avec les amis.

Qu'est ce que ça t'a apporté de réaliser cette yourte toi-même?

De la fierté d'abord ! Souvent les gens ont du mal à croire que


je l'ai construite, ils pensent plutôt à la yourte traditionnel mongole.
Cela m'a permis d'expérimenter un autre mode de vie, plus
simple, en contact direct avec les choses.

Comment l’utilises-tu ?

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

J'y vis principalement depuis 9 mois. Elle est installée au fond


d'un champ chez un ami à environ 200 mètres. Je vais chercher
l'eau là-bas. Il y a un tipi pour les toilettes sèches et depuis peu
une petite construction pour stocker le bois pour l'hiver. La
vaisselle se fait dehors, une petite douche solaire pour l'été, pas
d'eau à l'intérieur pour le moment. J'ai installé un petit poêle et un
panneau solaire pour quelques heures de lumière mais ce n'est
pas suffisant.
Malgré tout, je passe environ une nuit par semaine dans mon
appartement où je retrouve l'eau courante, la machine à laver, une
connexion internet, indispensable en complément.

Qu’as-tu pensé de la vie en yourte ?

Passer les 8 mois les plus chauds de l'année ne pose pas de


problème particulier mais ce mode de vie est très dépendant des
conditions météorologiques qui s'avèrent parfois très difficiles.
L'espace intérieur manque parfois pour inviter des amis ou pour
avoir un coin salle-de-bain correct. Mon quotidien est assez
précaire mais cela m'a apporté beaucoup de belles choses de
vivre simplement à un rythme plus calme.

Quels sont tes futurs projets ?

Comme tu le sais, la yourte a subit des dégâts. Je dois


maintenant tenter de la réparer sans avoir à tout démonter.
L'occasion aussi d'améliorer l'isolation, l'aménagement extérieur
et les besoins en énergie. J'espère pouvoir réaménager au
Printemps. Cette petite épreuve teste ma motivation et mon
endurance. Et puis peut-être en construire une deuxième juste à
côté pour agrandir l'espace, pourquoi pas ?

Remarques libres

Merci pour tes partages, tes documents gratuits qui nous


aident, ta disponibilité et merci d'entretenir ce lien entre nous.

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Franck et Lise : une équipe de choc

Qui es-tu ?

Je m’appelle Franck Prével, j’ai 47 ans, je suis reporter-


photographe, télépilote et musicien.

Comment t'es venue l'idée de construire une yourte ?

J’ai eu envie de construire cette première yourte avec ma fille


Lise âgée de 7 ans. Suite à ma séparation avec sa maman, ma
profession me contraignait à de très grands déplacements pour la
voir, j’ai donc décidé de quitter Paris et de faire l’acquisition d’un
terrain de loisirs dans le Marais Poitevin. Ce terrain n’était pas
constructible et j’avais peu de moyens, j’ai donc regardé plusieurs
options. C’est la Flex-Yourte qui semblait la plus adaptée. Je suis
alors tombé sur la formation proposée par le site
fabriquersayourte.fr qui incluait la réalisation de la structure mais
aussi des toiles et du plancher. N’étant pas encore un expert dans
ce domaine, je me suis inscrit immédiatement.

Comment s'est déroulé le chantier ?

Le chantier c’est hyper bien passé, toutes les vidéos d’Oliver


sont extrêmement concises, claires et précises, les matériaux sont
accessibles. Je me suis laissé porter par le cheminement des
tutos, la construction est relativement facile, j’ai pu expliquer et
faire participer ma fille de 7 ans dans plusieurs étapes.

Qu'est ce que ça t'a apporté de réaliser cette yourte toi-même?

La réalisation a été un vrai moment de partage avec ma fille,


nous avons pu nous retrouver dans cet environnement
exceptionnel qu’est une bambouseraie. Dans ce monde où nous
utilisons si souvent l’ordinateur, c’est un véritable cadeau de
retrouver ce lien avec les éléments naturels et de respirer. Cela à
été pour nous un pur moment de bien-être, ce sentiment de bien-

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

être s’est prolongé tout au long notre construction par le simple


fait de pouvoir accomplir de vrais travaux manuels, sans pour
autant être laborieux. Au fur et à mesure de la construction, ce
sentiment à laissé place à un sentiment agréable
d’accomplissement et de réalisation de soi.

Comment l'utilises-tu ?

J’ai construit cette yourte pour y vivre et y accueillir mes deux


filles, Comme nous sommes encore en hiver, j’attends de finaliser
l’isolation et d’y installer un poêle à bois pour nous installer.

Quels sont tes futurs projets ?

Nous venons de commencer une deuxième yourte pour avoir


plus de place et y faire un studio de musique. Plus tard nous en
fabriquerons une pour Djazz ma fille de 19 ans, elle prépare les
concours de Sciences-Po, ça sera l’occasion d’aller respirer
ensemble, de se retrouver et de lui apporter également toutes les
notions essentielles qu’apporte cette construction.

Remarques libres

J’ai trouvé toutes les étapes de la fabrication extrêmement bien


réfléchies, l’utilisation des matériaux (bambou, chambre à air, etc.)
est simplement géniale. Les vidéos d’Oliver rendent la formation
simple et tellement humaine, ça fait du bien

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Clémence : Un accomplissement de soi

Qui es-tu ?

Je m'appelle Clémence, j'ai 27 ans, j'ai un BTS tourisme, je


suis guide touristique mais aussi musher (avec les chiens de
traineaux) et bref je fais vraiment plein de métiers différents ... Je
tente aujourd'hui de m'inscrire en tant qu'auto-entrepreneur pour
faire principalement de l'éducation populaire. Le but c'est que
chacun puisse apprendre plusieurs choses dans sa vie sans
forcement avoir à passer par une formation de plusieurs années
qui coutera chère pour se rendre compte seulement à la fin que
cela ne lui correspond pas.
Mes passions... Voyager, rencontrer beaucoup de gens ! Faire
du chien de traineau, danser, être dans la nature, m'occuper des
animaux, apprendre des choses nouvelles et un peu hors du
commun, construire des habitats écologiques et surtout en forme
de rond ! Autant de passions que d'envies de vivre pleins
d'expériences aussi folles les unes que les autres !

Comment t'es venue l'idée de construire une yourte ?

J'ai toujours rêvé d'habiter dans une yourte, un habitat rond, un


espace où l'énergie circule librement sans entrave, suivant le
mouvement de spirale de vie ! La symbolique est déjà très forte !
Et c'est vraiment agréable de vivre dans une yourte. On est bien
reposé, comme dans un cocon, on se sent bien ! Comme dans le
ventre de maman…

Comment s'est déroulé le chantier ?

Superbement bien avec tous les petits kwak qu'il peut y avoir…
J'ai principalement fait ma yourte seule mais quelques amis sont
venus m'aider épisodiquement. Donc il y a eu quelques petits
soucis comme pour le toit qui est expliqué différemment sur la
vidéo et sur le papier. C’est la bâche qui m'a causé le plus de
problèmes parce que je ne devais surement pas avoir les bons

51
NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

outils pour faire les œillets proprement…


Mais c'était vraiment chouette et malgré les erreurs, les petits
bobos et les longues heures à faire des gestes mécaniques et à
admirer l'avancement du projet, j'ai gardé sourire et enthousiasme
jusqu'à la fin. Je suis vraiment fière et heureuse d'avoir construit
ma propre maison toute seule !
Tout le monde est étonné de la beauté et de l'aspect "cocon"
de ma yourte. Elle tient même plutôt bien la chaleur malgré les
nuits froides. J'ai tout de même commandé une alarme thermostat
pour qu'elle me réveille lorsque la température est trop basse pour
éviter de geler et de ne plus me réveiller. J'a aussi improvisé une
porte en dur avec un ami qui permet de mieux isoler et de mieux
résister au vent =)

Qu'est ce que ça t'a apporté de réaliser cette yourte toi-même ?

Accomplissement personnel x1000 !! J'ai construis ma maison !


Toute seule !! Et je peux recommencer quand je veux !
Sérieusement j'adore cette yourte et même si je ne vais pas vivre
toute ma vie dedans, c'est la première fois de ma vie que je me
sens vraiment chez moi quelque part ! L’endroit est parfait, la
yourte aussi (dans ses imperfections) et vu les tempêtes qu'elle a
déjà vécu, je suis bien étonnée et heureuse de la voir tenir si bien
debout et garder aussi bien la chaleur ! Je suis trop fièèèèère !!!
Quels sont tes futurs projets ?

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Dôme géodésique (que je viens de finir), création d'un zôme,


d'une maison dans les arbres, et autres... Déjà je vais vivre ici,
m'entrainer à d'autres choses, développer le jardin etc. Puis
quand je trouverais un autre terrain pour vivre avec d'autres
personnes je me lancerai et ferai surement d'autres constructions
=)

Remarques libres

Merci Oliver ! Sérieusement, cette yourte est vraiment bien


pensée et je te remercie de m'avoir permis de construire une
yourte sans dépenser 2000 euros et d'avoir la joie et le sentiment
d'accomplissement personnel ! C'est génial !

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Fréderic : un village éphémère

Qui es-tu ?

Je suis Frédéric et j'ai 54 ans. Je vivais il n'y a pas si


longtemps à Marly le Roi à côté de Versailles. Nous avons
déménagé récemment dans un petit village de Corrèze dans le
cadre de la mise en œuvre de mon nouveau projet. Je suis chef
d'entreprise dans le domaine de l'informatique et également coach
en entrepreneuriat. Je me passionne pour le développement
personnel, par l'autonomie alimentaire, la reconnexion à la nature
et pour les spiritualités animistes.

Comment t'es venue l'idée de construire une yourte ?

J'ai commencé à m'intéresser à la construction d'une yourte en


me posant la question de ce dont nous avions réellement besoin
pour vivre et se loger. Le fait de pouvoir faire soi-même, avec des
matériaux basiques et sans connaissance particulière, m'a
apporté une prise de conscience sur le monde tel qu'il nous est
proposé par notre civilisation. Nous devons nous conformer à des
dogmes et des règles qui forment un cadre devenu rigide et
sclérosant pour faire vivre notre individualité.

Est ce que c'est un projet que tu as eu seul ou avec d'autres


personnes ?

Le projet de construction de yourtes participe à la mise en


place d'habitats légers dans une forêt dont nous venons, mes
associés et moi-même, de faire l'acquisition. Notre objectif est de
permettre aux participants de monter eux mêmes leur habitation
lorsqu'ils arrivent, puis de rendre, au moment du départ, l'espace
à la nature. Matérialisant le fait que nous ne sommes pas
propriétaire des lieux mais que nous les utilisons temporairement.

Comment s'est déroulé le chantier ?

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

La première yourte que j'ai construite, je l'ai commencé tout


seul. Je suis manuel et je n'ai eu aucun problème particulier pour
mettre en œuvre les différentes parties, ossatures, murs et toits.
Lorsque j'ai été suffisamment avancé, j'ai proposé à mes enfants
et à des membres de ma famille de participer à la finition et au
montage. Ce fût un beau moment de partage.
La seconde a été construite pour un ami dans le sud-ouest de
la France, et avec d'autres amis qui ont souhaité participer et
apprendre la technique. Nous avons fait livrer tout le matériel sur
son terrain dans la montagne et nous avons travaillé localement.

Qu'est ce que ça t’a apporté de réaliser cette yourte toi-même ?

L'ouverture d'esprit et l'assurance de pouvoir mettre en œuvre


concrètement son habitation.

Comment l'utilises-tu ?

La première yourte est utilisée lors de déplacements. D'abord


transportées dans mon véhicule break, puis à l'aide d'une
remorque pour plus de confort.
La seconde est installée à demeure sur un plancher. Dans ce
cas, la structure et la fixation au sol ont été renforcées pour faire
face à des forts coups de vent.

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Qu’as-tu pensé de la vie en yourte ?

Lors de déplacements de quelques jours, le confort que


représente l'habitation dans une yourte est indéniable par rapport
à une tente aussi grande soit-elle. Nous avons pu constater que le
montage est rapide aussi bien dans une prairie que dans une
forêt. L'ambiance à l'intérieur est particulière et l'ensemble de nos
amis de passage ont beaucoup apprécié la qualité du logement.
La personne qui utilise la seconde yourte y vit à l'année et fait
des soins dans son espace.

Quels sont tes futurs projets ?

Comme je l'ai dit, mon futur projet est de construire une dizaine
de yourte dont une plus grande pour faire un village éphémère
dans la forêt.
De temps en temps, des amis me demandent de leur en
construire une mais je manque vraiment de temps pour le faire.

Remarques libres

Merci pour cette belle aventure et pour ton partage.

Gwen : hébergement insolite

Qui es-tu ?

Gwen, 47 ans, j'habite Mooslargue une petite commune du fin


fond de l'Alsace, j'y vis avec un cheval, un poney, 2 moutons, 4
poules et 2 chats. Je suis actuellement statisticienne dans
l'industrie pharmaceutique et je suis en pleine reconversion avec
la création d'hébergements touristique proches de la nature.
J'adore bricoler, d'où le choix de construire des yourtes moi-
même.

Comment t'es venue l'idée de construire une yourte ?

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

Je cherchais à acheter des yourtes il y a déjà 3 ans et je suis


tombé sur ta formation de fabrication de yourte. La fabrication m'a
paru de mon niveau et c’était moins onéreux que d'en acheter
une.
Le fait qu'elle soit démontable facilement et qu'elle n’implique
pas de démarches administratives m'a convaincu, étant donné
que c'est pour l’installer sur un terrain agricole. Je suis en cours
de transformation de ma grange en gîte et bar. Je mettrai ensuite
2 yourtes sur mon terrain en location à la nuitée.

Comment s'est déroulé le chantier ?

Au départ le chantier était un peu compliqué. Je ne savais pas


trop par quel bout le prendre (matériaux de récup’ ou matériaux
neufs).
Apres des recherches infructueuses de matériaux de récup’,
j'ai optée pour ton kit de matériaux contenant la bâche, cela m'a
simplifié la vie.
Trouver des bambous n'a pas été une mince affaire non plus.
Ca faisait plusieurs mois que j'avais mis une alerte sur leboncoin
et je ne trouvais rien. Et puis un jour il y a eu cette annonce d'un
particulier pas loin de chez moi qui m'a enfin lancé dans le projet.
J'ai eu le même problème avec la fabrication du parquet. Je me
suis désespérée de ne pas trouver de parquet déclassé, alors

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NAISSANCE ET AUTOCONSTRUCTION D’UNE YOURTE ULTRA-NOMADE

finalement je suis allée à la scierie du coin où j'ai pris des


planches de douglas brut. Ça me fait un magnifique sol très
solide.
Même difficulté avec les couvertures ! Du coup j'ai utilisé du
tissu thermique mais ça représente la plus grosse part du budget.
Par contre le rendu est magnifique.

Qu'est ce que ça t'a apporté de réaliser cette yourte toi-même ?

Une grande fierté d'avoir surmonté toutes ces étapes et d'y être
arrivé. J'ai hâte de la louer pour avoir les retours. J'ai également
appris la thermo-soudure grâce à toi !

Comment l’utilises-tu ?

J’attends le printemps avec impatience pour faire le montage


final de la yourte et pour pouvoir la louer ensuite.

As-tu de nouveaux projets ?

Je vais m'attaquer à la deuxième! Ça sera beaucoup plus


rapide…

Remarques libres

Merci Oliver. Je souhaite que tu puisses continuer à


développer ce concept et aller le plus loin possible avec. Tu peux
compter sur moi pour recommander ta formation à mes futurs
hôtes de la Grange aux Zozottes !

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REMERCIEMENTS

Merci infiniment à tous ceux qui ont soutenu mon projet et


apporté leur aide dans mon travail depuis 2014.

Merci aux Kissbankers qui ont cru en moi et on soutenu le


lancement du tutoriel vidéo en 2016.

Merci à tous les participants à ma formation, qui ont permis à


ce projet de continuer à vivre et à grandir jusqu’à aujourd’hui.

Merci aussi à Juliette ma sœur, pour la réalisation de la


couverture de cet ouvrage.

Et enfin, merci à ma compagne Elisa pour sa relecture


attentive.

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À PROPOS DE L’AUTEUR

Oliver Bentz, formateur en Construction d’Habitats Légers est


initialement diplômé de l’école d’Ingénieur des Arts & Métiers à
Paris.

À l’issue de ses études et d’un voyage autour du monde de deux


années, il décide de trouver une méthode simple de construction
pour réaliser soi-même un habitat écologique et bon marché.

En tenant compte des contraintes réglementaires et climatiques


locales, il en vient à concevoir un modèle de yourte innovant à la
fois confortable et léger mais surtout réalisable en matériaux
locaux et recyclés.

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