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N° 40 - LE MAGAZINE DE L’INREES INREES.COM

TRIMESTRIEL OCTOBRE • NOVEMBRE • DÉCEMBRE 2018

LE PENDULE
Comment
et pourquoi ?
ABEILLES
Messagères
du divin
Cerveau
LE MONDE
EXTÉRIEUR
N’EXISTE PAS
RIRE
De la science
à la spiritualité

Si la mort n’est
pas la fin...
au-delà
LA PSYCHOLOGIE ET
LA SCIENCE BOULEVERSÉES !
Fin de vie • Deuil • Médiumnité • Rituels
BEL : 9,00 € / CH : 12,90 CHF / DOM : 9,00 € /

+ REPORTAGE : Mystérieux savoirs d’une civilisation disparue

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L’INREES est un institut réunissant des experts du monde de la science, de
la santé, de la psychologie, de la spiritualité et de la culture, autour d’expériences
particulières, dites inexpliquées ou extraordinaires, qui nous invitent à penser
l’humain, la vie, la nature, le monde et l’univers autrement.
 Édito

Mourir en paix Sébastien Lilli

« Il y a une vie après la vie, et cela change tout », Directeur de la publication
et rédacteur en chef
m’a témoigné une vieille dame aux premiers jours 
de création d’Inexploré.
C’était la première fois que j’échangeais à cœur ouvert avec une personne
ayant aperçu « l’après ». Me confiant délicatement son expérience bou- Évoquer
leversante aux frontières de la mort et la transformation intérieure qui le grand passage
s’ensuivit, elle me raconta être passée soudainement d’un point de vue
matérialiste à un regard spirituel sur le monde. « Tout » avait changé à ses
nous invite déjà
yeux, mais elle m’indiqua avec une grande tristesse n’avoir jamais osé par- à reconsidérer
ler de cette expérience à ses proches, par peur que l’on se moque d’elle. et à réapprécier
Onze ans après cet appel, je mesure que des milliers de personnes se sont
ouvertes à cette idée : la mort n’est peut-être pas la fin. Voix portée par la valeur de
un nombre croissant de scientifiques et de médecins, source originelle notre existence.
de multiples philosophies, cette hypothèse n’est pas une idée en l’air !
C’est elle, déjà, qui expliquerait l’ensemble des phénomènes étranges liés
à l’étude de la conscience : expériences de mort imminente, sorties hors
du corps, médiumnité... Ces vécus semblent indiquer la survivance de
l’esprit ou d’une forme de mémoire. Mais avons-nous pris la mesure de

ce que soulève vraiment cette perspective ?
Si la mort n’est pas la fin, comment repenser le chemin du deuil, l’épreuve
la plus sensible et difficile qui soit ? L’accompagnement de fin de vie
devient-il l’approche d’une autre naissance ? Vers quelles contrées allons-
nous au moment du départ ? Si la mort n’est pas la fin, peut-être a-t-elle
alors un sens ?
Face à ces questions vertigineuses, la rédaction vous livre dans ce dossier
les fruits de nos dernières recherches autour de la faucheuse.
Alors que je m’apprêtais à terminer cet édito, une autre femme, abonnée
de longue date, m’appelle : « Je suis en soins palliatifs depuis quelques jours,
et je voulais absolument vous remercier... Grâce aux années de travail que
PHOTO : OLIVIER SEIGNETTE/INEXPLORÉ

vous avez réalisées avec l’INREES et Inexploré, je vais mourir en paix. »

Ces paroles touchantes n’ont pas valeur de satisfaction, mais elles nous
montrent avec force qu’il est devenu indispensable d’oser parler de la
mort, avec humilité et bienveillance, dans une société qui l’a rendue
taboue. Puisqu’au-delà de tout dogme, évoquer le grand passage nous
invite déjà à reconsidérer et à réapprécier la valeur de notre existence,
de notre relation au monde et du cycle de la vie. Car finalement, naître,
mourir et renaître, n’est-ce pas la nature des choses ? ●

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 3

inexp oré
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INREES.COM

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Correctrice
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Relectrice
Karine Larcher
Rédacteurs
Aurélie Aimé, Stéphane Allix, Carine Anselme,
Melanie Chereau, Claire Eggermont,
Audrey Fella, Réjane Éreau, Miriam Gablier,
Julie Klotz, Catherine Maillard,
Frederika Van Ingen
Responsable communication
et partenariats
Justine Boyer
Photographes
Sébastien Duijndam, Natacha Calestrémé
Couverture
Photo
EyeEm/Getty Images
Conception éditoriale
INREES, 67 rue Saint-Jacques
75005 Paris
Présidence
Sébastien Lilli
RCS Paris 529 179 582
ISSN : 2119-4971
N° Commission paritaire 
0219 K 90498
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des messages d’esprits ancestraux à
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 Sommaire

3 L’ÉDITO
Incarner
Sébastien Lilli
8  RAND
G 96 T HÉRAPIE
ENTRETIEN Exorcisme,
Thierry Janssen délivrer l’âme
Être mystique
aujourd’hui 102 P
 RATIQUE
Entrez dans le flow !
106 VISION D’AVENIR

S’inspirer
L’aventure low-tech

14 NOUVELLE TERRE

26
Les news
PORTRAIT
S’émerveiller
William James 110 PLUS PRÈS DES ÉTOILES
Une conscience mère L’improbable Skinwalker Ranch
30 SOCIÉTÉ 114 CHEMIN
Le rire, une voie de guérison Bodhgaya, le trône
34 NATURE
de diamant
Abeilles, messagères du divin 116 T ÉMOIN
38 S
 CIENCE
Valérie Sainpaul

PHOTOS : SÉBASTIEN DUIJNDAM - NOTMAN STUDIOS - SDP - RÜDY WAKS - UBBERS / ADOBE STOCK
Intermédiaire des
Cerveau, l’effet Mandela mondes subtils
42 S
 ANTÉ 118 M
 YSTÈRES
Hypersensibilité, syndrome de Neptune Axolotl, les secrets d’une larve
46 I NVISIBLE 120 U
 NE HISTOIRE
Radiesthésie, les secrets du pendule La médium et le dirigeable

Explorer 122 L IVRES

3 QUESTIONS À
82 L’INVITÉ Bernard Werber
Multiples
Richard Davidson
vies antérieures
Nos émotions, base
de notre réalité ? 123 À
 LIRE ET À VOIR
86 REPORTAGE La sélection d’Inexploré
Les mystérieux savoirs 130 L E BILLET
d’une civilisation disparue Stéphane Allix

6 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 ET APRÈS
Imaginer
l’au-delà

76

DOSSIER

Si la mort n’est
pas la fin...
au-delà
Les preuves de l’après-vie 
Quand le contact révolutionne le deuil 
52
56
Et si le sens de la vie se révélait dans les épreuves  60
Se reconstruire après un deuil  64
La mort, cette naissance  68
Pourquoi la mort a changé ma vie  72
Imaginer l’au-delà  76
Pour aller plus loin  80
E
E
GRAND ENTRETIEN
THIERRY JANSSEN

tre
mystique AUJOURD'HUI
Ancien médecin chirurgien urologue, Thierry Janssen quitte tout pour
étudier la psychologie et devient une référence en développement
personnel. Puis, suivant son propre chemin, qu’il partage dans ses livres,
il s’ouvre à une dimension spirituelle, une voie de guérison du corps
et de l’esprit, qu’il partage dans son école de la présence thérapeutique
et dans son dernier ouvrage Écouter le silence à l’intérieur.
Propos recueillis par Sébastien Lilli et Melanie Chereau
Photos Sébastien Duijndam pour Inexploré

Très jeune, vous avez eu pour objectif de
soulager la souffrance : vous avez été médecin,
psychothérapeute, aujourd’hui accompagnant
psychospirituel. La spiritualité est-elle
devenue une nécessité pour vous ?
C’est devenu la priorité parce que j’ai l’impression
qu’il n’existe aucun moyen de vivre sans trouver
une signification à la vie, et je pense que la vie a un
but qui est de créer la vie. Un chemin spirituel, c’est
comprendre les conditions qui permettent à la vie de
s’épanouir pleinement. Cela nécessite beaucoup d’ou-
verture, de lâcher-prise, de confiance et de foi, donc
la capacité à ne pas nier ce qui se présente et accepter
pleinement la réalité telle qu’elle est. Je ne considère
pas la spiritualité comme un moyen d’échapper à la
réalité. Au contraire, c’est de l’accepter pleinement et
après d’en faire quelque chose, avec cette intention de
respecter ce qui permet à la vie de s’épanouir.
Mais ce n’est pas toujours plaisant. Qu’est-ce
qui a changé en vous ces dernières années ?
Quelque chose s’est retrouvé en moi ou en tout
cas a été recontacté, mais c’était là dès le départ.
D’ailleurs, en écrivant mon dernier livre, j’ai
revisité mon enfance, qui je crois est très com-
mune, où j’avais de grands élans spirituels, de
grandes prises de conscience de cette union à
la vie, au monde, cet amour inconditionnel et
cette capacité d’accepter ce qui était là. Et je me
suis rendu compte que j’ai perdu cette FFF

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 9

 GRAND ENTRETIEN
THIERRY JANSSEN
F F F capacité, parce que l’adulte que je suis deve-
nu était pétri d’a priori, de croyances, d’idées parfois
un peu toutes faites et de peurs. Ces dernières an-
nées j’ai compris que ces comportements engendrés
par ces peurs étaient un barrage ; j’ai appris à refaire
confiance, à dire oui, à aimer, tout simplement, parce
qu’accepter ce qui est, c’est aimer.
C’est le chemin du Moi vers le Soi ?
De ce que j’ai compris, le Soi est nonpersonnel, il est uni-
versel, il est la conscience qui est en chacun de nous. Cette
conscience est notre capacité à constater ce qui est. Ce
n’est pas ce mental qui pense, qui analyse, qui réfléchit,
qui commente, qui bavarde, qui juge : ça, c’est une apti-
tude personnelle que nous avons chacun et il y a autant
de Moi qu’il y a d’individus. Mais le Soi est commun à
chacun, c’est notre essence profonde... C’est la conscience.
Et en quoi le silence est-il précieux
dans cette quête de la conscience ?
Parce que le Soi est silencieux. La conscience est silen-
cieuse, elle ne bavarde pas, ne commente pas, n’analyse
pas, n’interprète pas. Elle est, elle constate ce qui est, elle
embrasse tout ce qui est ! Et seule l’expérience du silence
permet de révéler cette conscience qui est en nous. C’est
tout le chemin : laisser la conscience s’éveiller en nous.
Pour cela, il faut faire taire ce mental, il faut faire taire
tout ce bavardage intérieur, il faut faire taire ce Moi qui
empêche la conscience de simplement être.
Comment cette évidence s’est-elle imposée
au médecin que vous êtes ?
C’est sûr que ce n’est pas le langage d’une culture mé-
dicale, qui se veut scientifique. Mais nous avons une
science très analytique, qui « se dit rationnelle » parce
qu’elle est également pleine de croyances et d’a priori.
Pourtant, cela touche à l’essence même de ce que la mé-
decine devrait aborder : la vie, les conditions de la vie,
du tissu qui fait le vivant, les relations, les liens, l’amour !
Aujourd’hui, je pense qu’il faut oser dire les choses et re-
parler très clairement de spiritualité. À chaque aventure,
j’ai essayé de témoigner de là où j’en étais avec le maxi-
mum d’authenticité. Parce que je crois qu’il n’y a pas de
chemin profondément spirituel sans une véritable hon-
nêteté avec soi, une acceptation de ce que nous sommes,
y compris dans nos zones d’ombre et de doute, et une
authenticité avec l’autre. Mon intention, c’est juste de
partager avec une forme d’enthousiasme en Theos, de ce
dieu à l’intérieur. J’estime qu’en tant que médecin c’est
mon devoir. Parce qu’avant de réparer la vie cassée, un
soignant, quel qu’il soit, est là pour promouvoir la vie,
dans sa pleine vitalité. Cela fait partie de la démarche.
10 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
En quoi se confronter aux zones d’ombre
est-il l’unique chemin possible ?
Il y a beaucoup de chemins spirituels qui sont des formes
d’idéalisation d’une espèce d’image à créer un être parfait,
qui a tout réglé, qui a tout compris, qui est toujours zen,
qui est toujours capable de se calmer. Mais non, ce n’est
pas ça, on n’est pas comme ça ! À l’école de la présence
thérapeutique, il y a des élèves qui m’ont idéalisé et qui
sont parfois très déçus, voire fâchés contre moi, quand ils
découvrent que je suis comme eux. Et même pire qu’eux,
puisque je montre ce qu’ils ne veulent même pas s’avouer à
eux-mêmes. Ces élèves passent un long moment à se détes-
ter quand ils découvrent qu’effectivement, ils ont eux aussi
des zones d’ombre et qu’ils doivent lâcher cet ego spirituel
qui veut absolument créer un personnage. La spiritualité,
c’est le contact cru avec la réalité. C’est le sens même de
l’expérience mystique, l’accès au mystère. Le mystique
n’est pas là pour se raconter une jolie histoire ; il est là pour
embrasser la souffrance, la sienne et celle du monde. Et
c’est derrière cette souffrance qu’il trouve la joie. Ce n’est
pas forcément confortable, mais c’est joyeux.
Quel rôle vos « expériences mystiques »
ont-elles joué sur votre chemin ?
Je pense que c’est le fil conducteur de tout le chemin.
Dès l’enfance, elles étaient très présentes. Ma passion
pour l’Égypte ancienne m’a permis d’y mettre des mots,
ou du moins des images. Et je crois qu’elles sont pré-
sentes chez beaucoup d’enfants, peut-être chez tous,

mais il y a des formes de conditionnement dans l’édu-
cation qui empêchent d’y accéder ou de les valoriser, de
les explorer davantage. Avec le recul, je me rends compte La
que finalement, chaque étape importante de mon par-
cours, de mon existence, a été aiguillée soit par une ex- spiritualité
périence de cet ordre-là, soit par une fulgurance de la est l’un des
conscience qui m’a vraiment révélé que je me trompais, piliers de
que je répondais juste aux impératifs de ma personnali-
té, avec ses défenses et toute cette dynamique névrotique fondation
qui finit toujours par recréer ce qui nous fait peur. de la
Est-ce que votre école est une tentative pour
civilisation.

inciter les Occidentaux à renouer avec la
spiritualité ?
Cela faisait des années qu’on me demandait si je ne
voulais pas mettre en place un enseignement et je refu-
sais pour beaucoup de raisons. La première est que je ne
voulais pas être prisonnier d’un enseignement, je suis un
homme qui aime bien la liberté. La deuxième est que
je ne me sentais pas forcément légitime et pas du tout
prêt. Puis cette école s’est comme imposée. Au départ,
ça s’adressait d’abord à des soignants et, si possible, à des
gens du monde conventionnel, parce que j’avais vraiment

envie de créer un pont entre cette médecine scientifique,
occidentale et le monde moins conventionnel des mé-
decines alternatives, complémentaires. Et puis, au bout
du compte, j’ai pu réaliser que peu importe toute cette
structure, il y a vraiment une école spirituelle derrière. Et
maintenant je l’assume. On ne peut pas retirer à l’huma-
nité tout un pan de son expérience, de son héritage et de
ses piliers de fondation. Et la spiritualité est l’un des piliers
de fondation de la civilisation, de l’humanité.
Il y a souvent un amalgame entre
religion et spiritualité. Peut-être est-ce ce qui
a fait peur à beaucoup de gens ?
Personnellement, je refuse d’avoir une religion, non pas
que je sois antireligieux, mais je veux être spirituel. La re-
PHOTOS : SÉBASTIEN DUIJNDAM POUR INEXPLORÉ
ligion ne m’intéresse pas si ce n’est pas un moyen de spiri-
tualité. Or, beaucoup de gens la considèrent juste comme
une espèce de mode de fonctionnement, sans même com-
prendre qu’il y a, derrière, une spiritualité. Quand vous re-
gardez l’histoire des religions, en particulier celles du livre,
elles naissent toutes d’une spiritualité qui elle-même vient
de l’expérience mystique d’un ou plusieurs. Toujours. Il
est donc grand temps qu’on revienne à comprendre ce
qu’est l’expérience mystique. Alors j’assume aujourd’hui
clairement que, oui, je suis un mystique. Je me vis comme
À
LIRE
un mystique, c’est-à-dire : j’ai des grandes extases face à la Confidences
d’un homme
vie. Et je n’ai pas honte de ça, c’est juste une capacité de en quête de
s’émerveiller et d’accepter ce qui est. cohérence
Éd. Pocket,
2014, 5,95 €
Selon vous, ces expériences doivent
aussi s’inscrire dans une démarche
psychocorporelle...
Mon parcours a été très tôt marqué par une difficulté avec
le corps. D’abord parce que j’avais un corps complètement
déformé. J’ai dû beaucoup le corriger par des exercices de
gymnastique quand j’étais petit. Maintenant, je sais quelle
est la valeur d’être dans son corps et c’est ce qui m’a permis Écouter
de rester vivant. Si le mystique peut partir loin, il doit aussi le silence à
rester bien ancré, justement, dans la réalité, dans le corps. l’intérieur
Éd. L’Iconoclaste,
Aujourd’hui, j’insiste beaucoup sur la place du corps, sur 2018, 20 €
l’ancrage dans la matière... Car dans la vie, on peut sentir
tellement de choses si on est à l’écoute et relié à la réalité de
l’instant, si on arrête de croire à nos pensées et si on écoute
ce que l’on sent. Il n’y a pas de spiritualité qui ait une vraie
valeur incarnée si elle ne passe pas par le ressenti corporel.
Aussi, on ne peut pas faire l’économie d’une ouverture du
cœur physique, énergétique, corporel. Des méditations où
toute la journée on se dit : «J’aime tout le monde, tout le
monde est gentil, j’aime mon meilleur ennemi », c’est très La solution
bien, mais cela reste un exercice du mental. Grâce à une intérieure
Éd. Pocket,
méditation où on ouvre la poitrine, où on ouvre l’énergie, 2011, 8,30 €
on libère les tensions de cette zone qui peut être très fermée,
on accepte de sentir la douleur et cette sensibilité énorme.
Alors il y a quelque chose qui change profondément en
nous, dans notre présence, dans notre qualité d’être. C’est
une démarche que l’on peut qualifier de tantrique dans le
sens où c’est un profond apprentissage de la conscience cor-
porelle de la vie en nous, de l’énergie en nous.
Considérez-vous l’école de la présence
thérapeutique comme une école initiatique ?
Oui, mais l’initiation n’est que la révélation de ce FFF
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 11
 GRAND ENTRETIEN
THIERRY JANSSEN

bien par j’arrête de dire : « je pense donc je suis », et je

commence à dire : « je sens donc je suis ».

En quoi l’Égypte antique, qui vous

a inspiré, peut-elle également nous inspirer
dans cette dynamique d’évolution ?
Il faut déjà être bien conscient que ce qu’on voit de
l’Égypte n’est que notre interprétation d’aujourd’hui, avec
nos yeux d’Occidentaux du XXIe siècle, on est très loin de
la pensée des Égyptiens. Dans chaque élément de la na-
ture ils voyaient un symbole, une métaphore, qui réson-
nait avec une réalité intérieure, et ils étaient profondément
connectés, alors que nous sommes déconnectés. L’Égypte
et l’Inde védique me semblent d’ailleurs très proches, à la
différence que, quand on va en Inde aujourd’hui, dans les
temples, on assiste encore aux rituels qui se déroulaient
dans les temples égyptiens à l’époque antique, avec les
mêmes genres de symbolismes, les mêmes instruments.
Ce que l’Égypte peut nous apprendre, c’est sans doute
cet aspect chamanique, cette communion à la nature et
à l’expérience. Les anciens Égyptiens ne pensaient pas le
monde, ils l’écoutaient. Cela leur permettait de se confor-
mer aux lois du monde à travers des rituels qui, tous les
jours, répétaient la même chose pour remettre l’être hu-
main à sa place, dans la grande organisation du Cosmos.
 C’est sans doute ce qui manque dans nos civilisations et
c’est peut-être ce qu’on va rechercher quand on part voya-
ger ou quand on a un attrait pour ces anciennes cultures. 

Après toutes ces expériences,

que vous évoque la mort ?
Pour contempler, il faut faire taire

PHOTOS : SÉBASTIEN DUIJNDAM POUR INEXPLORÉ - ILLUSTRATION : LORA SUTYAGINA / SHUTTERSTOCK

Je pense que la mort est la plus belle chose qui soit parce
le mental, il ne faut pas tricher. que c’est ce qui donne de la valeur à la vie. Je devrais


plutôt dire que la mort donne de la valeur à l’existence,
car la mort n’est pas l’opposé de la vie. La vie est faite
d’existence et de mort. Imaginez si on avait toute l’éter-
nité pour continuer à vivre, on gaspillerait encore plus
F F F qui est déjà là. Le tout est d’avoir un cadre qui qu’aujourd’hui ! Chaque matin je me lève et me dis :
INFO permette de le révéler. Quand j'ai vécu auprès d’abori- « C’est peut-être ma dernière journée... Qu’est-ce que je
PLUS gènes ou en Afrique, j’ai constaté que, dans beaucoup de vais en faire ? » Est-ce essayer de faire ce que je crois juste
Cycle de sociétés traditionnelles, chaque fois que le futur soignant, et bon, pour moi, pour l’autre ? Ensuite, s’il n’y avait pas
conférences sorcier ou guérisseur du clan devait entrer en fonction, il de mort, il n’y aurait pas de renouveau, il n’y aurait pas
en Belgique
et en France
passait par un processus initiatique fait d’épreuves qui lui de dynamique dans le cycle de vie. Et si nous ne faisions
(notamment permettait de découvrir la nature profonde de lui-même, pas la place pour ceux qui viennent et si, avant nous, il n’y
le 8 novembre des autres et du monde. Dans l’école de la présence thé- avait pas eu d’autres qui faisaient la place pour que nous
2018 à Paris) : rapeutique, il y a un dispositif mis en place pour vivre ces puissions venir, il n’y aurait pas de vie, il n’y aurait pas
renseignements
sur www.
expériences, afin que cela devienne une évidence. Il faut d’existence possible. Je vais vous dire une chose, qui peut
thierryjanssen. inviter les gens à faire des expériences mystiques. Mais il paraître pour certains absurde, mais c’est ainsi que je le
com et École faut démystifier l’expérience mystique, se rendre compte vis : j’espère mourir conscient, en pouvant dire au revoir à
de la présence que c’est juste cette capacité à percevoir, simplement tout le monde, remercier d’avoir vécu, en me remerciant
thérapeutique :
www.edlpt.com constater, écouter, contempler. Pour contempler, il faut d’avoir fait ce que j’ai essayé de faire, non pas pour me
faire taire le mental, il ne faut pas tricher. Ça passe donc congratuler mais pour dire : « Voilà, j’ai essayé… » ●

12 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 S'inspirer


La pratique du
pestanotre
r d oplusn
im p ortante
contribution à la
guérison du monde

MARIANNE WILLIAMSON
 Nouvelle Terre Nature

À MÉDITER
Cultiver
autrement
La première tour maraîchère
urbaine de France s’apprête à
voir le jour à Romainville (93).
Sur 26 mètres de haut, elle doit
produire 12 tonnes de légumes
par an, qui pousseront hors-
sol dans des bacs alimentés
de déchets verts. De son côté,
un jeune Breton sillonne le
pays pour offrir des semences
paysannes (issues des paysans
et non des laboratoires) en
échange du logis et de cours de
permaculture. Le but  : diffuser
le savoir ainsi que les graines. ●

ESPOIR
Come-back du
bison français
Imaginez, lors de balades
en pleine nature, croiser un
bison ou un cheval sauvage…
C’est le rêve de Patrice Longour,
qui a créé une réserve de
700 ha pour démontrer que leur
cohabitation était possible,
au bénéfice de la biodiversité LA SCIENCE AVANCE
et de l’économie : plus

Animaux toujours
besoin d’entretenir les zones
abandonnées par l’agriculture,
et possibilité de tourisme

créatifs
safari. Prochaine étape :
tenter d’étendre l’expérience
aux Préalpes et créer une

« université du sauvage ». ●
ET ÇA MARCHE
L’incroyable
fleur cristal
C’est une fleur visible par
temps sec, qui devient
totalement transparente sous la
pluie. Ce magnifique spécimen,
nommé Diphylleia grayi,
pousse notamment au Japon.
Des chercheurs souhaitent
s’en inspirer pour créer des
matériaux révolutionnaires,
notamment des lunettes de
plongée autonettoyantes. ●
U
ne race de lémuriens de
Madagascar a fortement
surpris l’équipe de scienti-
fiques qui les observait. En
effet, leur comportement était plutôt
comique, les petits primates s’adon-
nant à un rituel étonnant : ils capturent
des mille-pattes, les mâchouillent et se
frottent l’anus et les parties génitales
avec le mélange obtenu, avant de l’ava-
ler après « utilisation ». Les chercheurs
ont donc persévéré, et compris que
la mixture obtenue par la salive et le
mille-pattes écrasé est un puissant ver-
mifuge que les lémuriens s’appliquent
localement et intérieurement en l’in-
gérant. Reste à savoir comment ils en
ont eu l’idée…
Une autre équipe de scientifiques a
quant à elle constaté l’importance de
la tache noire portée sur la tête par les
mâles bruants à couronne dorée. Sui-
vant sa taille, elle indique une forme de
hiérarchie, un peu comme chez les mi-
litaires. Ils ont testé l’efficacité de l’in-
formation en peignant des taches de
différentes tailles. Les oiseaux se sou-
mettent à celui qui a la plus grosse…
mais uniquement si c’est la première
fois qu’ils se croisent. Ensuite, la su-
percherie ne fonctionne plus.
Pas si bêtes… ●

14 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 Le conseil naturo Un guide lumineux qui
Je prends soin ou re la oie ers un monde
de mes poumons meilleur, plus solidaire
L’automne est une saison de transition qui nous prépare
à l’hiver. En médecine chinoise, il est relié, entre autres,
et plus heureux.
aux poumons et à l’élément métal. C’est d’ailleurs très
souvent à cette période que surviennent les premiers
rhumes et autres petites fragilités respiratoires… Au
niveau psychologique, l’entrée dans l’automne peut être
associée à la mélancolie.
Pour y pallier, l’idéal est de stimuler cet organe. Au
programme : des exercices respiratoires adaptés, une
alimentation légèrement plus piquante et sèche (ail,
coriandre, échalote, gingembre, raifort, curry…), ainsi
que des sports qui sollicitent les poumons, comme la
natation ou la marche rapide en pleine nature.

Exercice respiratoire
C

Le naturopathe Simon Jāra

J

recommande de pratiquer cet exercice, qui

permet de purifier les énergies « feu » de CM

l’été, reliées au cœur et de dynamiser le MJ

système immunitaire pour éviter les CJ

infections. Ainsi l’énergie est-elle

CMJ

correctement distribuée pour faire face aux

défis de cette saison. N

Pour ce faire :
En position assise, expirer en rentrant le
ventre comme si nous voulions toucher la
colonne vertébrale avec le nombril. À
l’inspiration, laisser le ventre se relâcher
naturellement. L’emphase est vraiment
mise sur l’expiration. Procéder à un rythme 17 € – 192 pages Disponible en eBook

rapide, une respiration complète toutes les

une à deux secondes.
Satish Kumar révolutionne notre rapport
au monde avec une approche écologique
originale et inédite, fondée sur une vision
Une tisane d’automne
spirituelle de notre place dans l’univers.
Voici une infusion de plantes aromatiques et graines
chaudes qui décongestionnent, purifient, stimulent
PHOTO : RED-FENIKS / SHUTTERSTOCK

l’immunité et aider à s’ancrer.

PRÉPARATION À parts égales, mélanger du

thym, du cumin, du gingembre et de l’ail frais
pour ceux qui l’apprécient. Placer une cuillère à
café du mélange dans une boule à thé et laisser
infuser 5 à 10 minutes. À consommer une fois
par jour pendant une à deux semaines.
www.espritdouverture.fr
 Nouvelle Terre Santé

À MÉDITER
Bisphénol A
Encore une piste concernant
les causes de l’autisme ? Une
équipe de l’Université du
Missouri a démontré que des
souris exposées au bisphénol A
avaient ensuite des
descendants présentant des
troubles de type autistique.
Après les vaccins ou les
laitages, encore une hypothèse
sur l’origine de l’autisme, qui
accuse nos « mauvaises »
habitudes postmodernes. ●

À MÉDITER
Mieux vaut
jeter l’éponge !
Faire le ménage, pire que
de fumer des cigarettes ?
C’est ce qu’ont démontré des
chercheurs norvégiens. L’étude
porte sur les utilisateurs de
certains produits d’entretien
chimiques de grande
consommation. S’en servir
reviendrait à fumer jusqu’à
20 cigarettes par jour pendant
10 à 20 ans. Pour y pallier,
rien de tel que de prendre
des produits naturels, avec en PRÈS DE CHEZ VOUS
tête de liste le vinaigre blanc,
le bicarbonate de soude et le
savon de Marseille. ●
Transpersonnel
LA SCIENCE AVANCE
et holotropique
L
Petits maux, ’ancien IRETT (Institut de hypnose ericksonnienne mais aussi
grands remèdes recherches et d’études en thé-
rapies transpersonnelles) créé
des modules thématiques de spécia-
lisation pour les professionnels vou-
Les blessures survenant en 1995 par Bernadette Blin, lant approfondir leurs compétences
dans notre bouche ont la
initiatrice en France de la formation à dans ces domaines. Parallèlement aux
particularité de guérir très
vite malgré un environnement la psychothérapie transpersonnelle et à formations, le CesHum organise de
peu favorable. On sait la respiration holotropique, a cessé son nombreuses manifestations sous forme
désormais pourquoi. D’après activité au profit du CesHum (Centre de conférences et séminaires avec des
des chercheurs américains, d’enseignement en sciences humaines). intervenants français et étrangers.
quatre protéines spécifiques Cette structure plus large, gérée par Enfin, le CesHum est l’organisme héri-
permettent d’accélérer le des psychologues et des psychothé- tier des méthodes de Stanislav Grof en
processus. Ces découvertes
devraient contribuer au
rapeutes transpersonnels, propose France. Ce dernier projette d’ailleurs de
développement de traitements également diverses formations : psy- venir « transmettre le flambeau » cou-
pour mieux soigner certaines chothérapie transpersonnelle, facili- rant 2019. ●
blessures. ● tateurs en respiration holotropique, Infos : www.ceshum.net

16 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 Agenda
Automne
WUTAO
ÉVEILLER L’ÂME DU CORPS
2018 ✔
Cours & stages dans toute la France
02
OCTOBRE
Espace Saint-Martin, Paris Un événement
La spiritualité INREES
Formation Wutao School 2018-19
des initiés
Grande conférence INREES sur les traditions
spirituelles que sont l’alchimie, l’hermétisme ou la
Un art à vivre
gnose… Comment ces enseignements peuvent-ils Un art à transmettre
encore à notre époque guider notre développement
spirituel ? Des questions auxquelles répondra
Françoise Bonardel, philosophe, essayiste et
auteure de La Voie hermétique.
www.inrees.com/bonus/295

06
OCTOBRE
Maison de la Radio, Paris
Dialogues avec l’animal
Jusqu’au 7 octobre 2018
Est-il possible de communiquer avec les autres êtres
vivants non humains ? Ce congrès éclairera cette
thématique au travers de témoignages, conférences,
films et tables rondes, faisant intervenir des
scientifiques, des philosophes et des représentants
de peuples traditionnels.
www.dialoguesaveclanimal.org

Montpellier, Toulouse, Bordeaux

09
OCTOBRE
La numérologie pour bâtir
votre dynamique de vie
Jusqu’au 12 octobre 2018
Mon être profond est-il en phase avec mes actions,
mon métier, ma vie privée ? Lors de cette conférence
pratique, Lydie Castells, auteure du livre Numérologie,
vous emmènera à la croisée d’espaces symboliques
pour mieux vous (re)trouver et vous rencontrer.
www.inrees.com/bonus/296

Montpellier

12 Congrès international
PHOTO : ANTONIO GUILLEM / SHUTTERSTOCK

OCTOBRE de reiki
Du 12 au 14 octobre 2018
Ce congrès (Usui Shiki Ryoho) a pour but de réunir
toutes les personnes intéressées par cette technique
manuelle énergétique connue et reconnue. Une
manifestation unique en son genre, permettant à
chacun de trouver un sens à la beauté de la vie à
partir des énergies reçues.
www.congresreiki.com

www.wutao.fr
 Nouvelle Terre Laboratoire

MYSTÈRE
De mystérieux
signaux
Située à près de trois milliards
d’années-lumière de notre
planète, l’entité baptisée
FRB 121102, découverte en 2012,
ne cesse d’émettre des sursauts
d’ondes radioélectriques.
Les scientifiques ont décelé
un champ magnétique
extrêmement fort. Cela
laisse à penser que cette
curiosité évolue au sein d’un
environnement abritant une
source très puissante, indéfinie
pour le moment... ●

LA SCIENCE AVANCE
La particule
miracle
Une nouvelle particule
élémentaire a peut-être été
découverte ! Des physiciens
ont annoncé avoir détecté
un signal pouvant confirmer
l’existence de la « particule
miracle » : le neutrino stérile.
Ainsi, la physique serait
LA SCIENCE AVANCE

Les dernières
augmentée d’une nouvelle
particule élémentaire, une
porte vers des théories inédites.

nouvelles du Ciel
Mais il pourrait aussi s’agir de
particules tout autres... ●

C’EST POUR DEMAIN
Habile faune
marine
Des scientifiques ont créé un
robot inspiré des origamis
japonais, pour capturer sans
les abîmer, grâce à des facettes
qui se replient, de petits
organismes marins. De son côté,
l’armée américaine s’apprête
à utiliser les capacités
d’observation de certains
animaux marins à des fins
d’espionnage. Nombre d’entre
eux sont dotés de capteurs
pouvant déceler n’importe
quel changement alentour, des
atouts fort utiles lorsqu’on veut
protéger son littoral. ●
L
a Nasa a fêté ses 60 ans cet été.
L’agence spatiale américaine
compte de belles missions,
d’Apollo à Gemini en passant
par Hubble ou l’ISS et bon nombre
d’échecs aussi… Son dernier défi en
date : envoyer une sonde au plus près du
Soleil. Parker Solar Probe a ainsi quitté
la Terre en août et deviendra dès no-
vembre l’engin le plus proche du grand
astre, en se plaçant à 6 millions de kilo-
mètres de sa surface. L’objectif est de le-
ver le voile sur les phénomènes observés
dans son atmosphère et notamment les
influences électromagnétiques ressenties
sur la Terre.
Une autre mission d’importance a per-
mis cet été de découvrir un lac souter-
rain de 20 kilomètres de large sur Mars.
Jamais un tel volume d’eau liquide,
condition indispensable au développe-
ment de la vie, n’avait encore été trouvé,
a annoncé l’équipe internationale d’as-
tronomes.
Vouloir laisser une trace de la vie sur
Terre, c’est d’ailleurs le projet d’une
mission spatiale allemande, baptisée
Aline. Elle atteindra la Lune en 2019,
avec à son bord un « sanctuaire de l’hu-
manité ». Destiné à d’éventuelles intelli-
gences extraterrestres, ce témoignage de
l’homme contiendra des images et des
sons de la Terre : de la photo d’un fœtus
humain à celle du Taj Mahal, de mor-
ceaux de Bach à Chuck Berry, au chant
des grenouilles… ●

18 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 « Il y a peu de livres
que tout le monde devrait lire :
celui-ci en est un. »
NATURE MAGAZINE

LA SCIENCE AVANCE
La vitesse de la mort
Trente micromètres par minute. C’est la vitesse de la
mort, ou pour être plus précis, la vitesse à laquelle les
cellules meurent. Des scientifiques ont en effet étudié des
œufs de grenouille et observé à quelle vitesse les cellules
s’autodétruisent. L’être humain perd ainsi, chaque jour,
plus de 50 milliards de cellules. Cette découverte pourrait
permettre de faire évoluer les traitements contre le
cancer ou Alzheimer, en encourageant des cellules à se
détruire ou au contraire à survivre. ●
PHOTOS : JOHNS HOPKINS UNIVERSITY APPLIED PHYSICS LABORATORY - ARBI STUDIO / SHUTTERSTOCK - SDP

Apprendre à
C’EST POUR DEMAIN
À quand l’homme-poisson ?
communiquer
Pourrons-nous un jour parvenir à respirer sous l’eau, tels
des poissons, sans un lourd appareillage de plongée ?
en toute sérénité
C’est l’objectif d’un chercheur japonais en biomimétisme.
Il est déjà parvenu à créer des « branchies artificielles »,
à enfiler comme un plastron. Le système, qui nécessite
toutefois une bonbonne de gaz carbonique, devrait
continuer à évoluer dans les années à venir... ●
 Nouvelle Terre Histoire

À MÉDITER
Mortelle
paresse
L’homo erectus, plus ancienne Légende
branche d’hominidé bipède, au Ebis dempore,
aurait-il disparu à cause de la offic tem aut quam
paresse ? Les archéologues ont alic temperest,
observé que ses outils, souvent sus et as reptat
peu efficaces, venaient de erum eatiorem alit
pligeni hillacc
pierres issues de son habitat
proche. En faisant quelques
centaines de mètres de plus,
il en aurait trouvé de bien
plus performants. La flemme,
maladie mortelle, pourrait-elle
tuer notre civilisation ? ●

AUTOUR DU MONDE
Doggerland :
à la conquête
d’une civilisa-
tion perdue ? MYSTÈRE

Inépuisable Égypte
Ce nom vous est inconnu ?
Le Doggerland est une vaste
étendue de terres qui occupait

la quasi-totalité de l’actuelle
mer du Nord avant d’être
immergée sous les eaux
vers -6500. Une expédition
scientifique est partie à la
recherche de traces de ceux
qui la peuplaient. Que va
révéler cette terra incognita ?
D
écidément, l’Égypte n’a pas certaines technologies comme les sys-
fini de faire parler d’elle en tèmes de nanodétection et les cellules
matière de découvertes ar- solaires. Augmenter la puissance des
chéologiques. Cet été, ce panneaux solaires grâce à la pyramide
sont des radiations qui ont été détec- des Égyptiens qui vénéraient Râ le
tées dans les chambres intérieures et dieu Soleil, voilà un beau clin d’œil !

PHOTO : ASIER VILLAFRANCA / SHUTTERSTOCK

S’il est trop tôt pour le savoir, sous la base de la pyramide de Khéops Il semblerait qu’à quelques kilomètres
l’occupation humaine aurait été par une équipe de physiciens russes de de là, sur la route entre Louxor et
importante sur ce territoire. ●
l’université de Saint-Pétersbourg. En Karnak, un nouveau sphinx a été dé-
effet, des rayonnements électromagné- couvert par hasard. Selon les premières
tiques d’une forte concentration ont estimations, il aurait 4 000 ans. Pour le
À MÉDITER été perçus, créant des poches d’énergie moment, très peu d’éléments ont fil-
Bière antique dans les murs. Cela pourrait même
ouvrir les recherches sur les nanoparti-
tré quant à cette mise au jour, mais la
légende a toujours présenté les sphinx
Il n’est point à douter du cules, notamment en créant des nano- par paires. Alors, est-ce là le début
caractère festif de l’humain !
particules pyramidales pour améliorer d’encore plus de mystères ? ●
Une vasque mésopotamienne
de -5800 ans représente deux
hommes buvant de la bière Calcul de la section efficace d’extinction électromagnétique pour déterminer la manière
dans une cruche. De plus, des dont l’énergie électromagnétique est déviée ou absorbée par la pyramide.
levures ont récemment été = 400 m = 326 m = 250 m = 220 m = 200 m [H], mA/m
analysées par une équipe du 300 300 300 300 300 10
CNRS dans des céramiques 150 150 150 150 150
datant du IIe millénaire 0 0 0 0 0 5
av. J.-C. Cela fait sans doute
-150 -150 -150 -150 -150
de la bière l’un des premiers
-300 -300 -300 -300 -300 0
éléments transformés par -300 -150 0 150 300 -300 -150 0 150 300 -300 -150 0 150 300 -300 -150 0 150 300 -300 -150 0 150 300
l’humain. ● x, m x, m x, m x, m x, m

20 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 INREESTV
Des documentaires inédits
et toutes nos productions originales vous attendent !

Les 6 du test,
l’enquête de Stéphane
Allix continue...
Rencontre avec les six médiums
interviewés lors de l’enquête de
Stéphane Allix, pour lever encore
un peu plus un coin du voile sur
la vie après la mort.
Un film de Natacha Calestrémé

Au cœur du mystère
tous les plus grands reportages sont aussi sur INREES TV !

TOUTES LES INFORMATIONS SUR WWW.INREES.COM

 Nouvelle Terre Initiatives

ESPOIR
Guerre contre
le plastique
En 2019, l’île de la Dominique
interdira les plastiques à usage
unique et les polystyrènes. En
France, un bonus-malus sur le
plastique devrait être mis en
place afin d’atteindre un taux
de recyclage de 100 % d’ici 2025.
Les non recyclables seront taxés
à 10 %. Le député Michel Vialay
(LR) a déposé un projet de loi
pour le retour des bouteilles en
verre consignées. À suivre... ●

ESPOIR
Voir le « vert »
à moitié plein
Face à l’urgence écologique,
50 pays ont adopté un
dispositif obligeant un
fournisseur d’énergie à À MÉDITER
réaliser ou à financer un

Et si notre salut
quota de travaux d’économies
d’énergie. Les contrevenants
sont exposés à une lourde

venait des arbres ?

sanction financière. Autre
bonne nouvelle : la capacité de
production mondiale cumulée

que viennent d’atteindre les
énergies solaire et éolienne
est d’un millier de milliards
de watts. Un beau cap : c’est
65 fois plus qu’en 2000 ! ●
DRÔLES DE BÊTES
Le bzzz qui
dérange
En Malaisie, des réverbères
qui tuent les moustiques ont
été créés… À Briollay (Maine-
et-Loire), un arrêté annonce :
moustiques interdits ! Une
mesure symbolique pour
sensibiliser les riverains
agacés par l’impuissance de la
municipalité. La bonne réponse
se trouverait chez la chauve-
souris, l’un des prédateurs du
moustique : des communes ont
eu l’idée de la réintroduire en
installant des abris. ●
E
n août, suite à la vague de
chaleur, la plus épaisse ban-
quise du monde a commencé
à se détacher du Groenland,
sous le regard impuissant des scienti-
fiques. Des chercheurs internationaux
ont prophétisé que si la Terre connaît
une hausse de deux degrés dans les
prochaines décennies, elle pourrait ar-
river à un point de rupture aux consé-
quences désastreuses, se transformant
en étuve inhabitable. Se pourrait-il
que nous subissions le même sort que
les Mayas, qui, d’après une étude de la
revue Science, auraient disparu du fait
de plusieurs épisodes de sécheresse ?
L’une des grandes causes du dérègle-
ment climatique est la disparition des
forêts. En effet, le rôle des arbres est
plus qu’essentiel : ils fournissent de
l’oxygène, limitent l’érosion des sols
en les maintenant vivants. D’après
une ingénieure de l’Ademe (source :
France Info), ils seraient aussi des cli-
matiseurs naturels. Alors qu’il y aurait
jusqu’à 12 degrés de différence entre
un centre-ville et sa périphérie, un seul
arbre qui respire équivaudrait à cinq
climatiseurs !
Des personnes engagées en ont fait le
constat il y a bien longtemps. C’est
le cas du Brésilien Antonio Vicente,
83 ans, qui a prévenu en vain sa com-
munauté de la raréfaction de l’eau et
de la vie, en conséquence de la réduc-
tion de la quantité d’arbres. Ainsi a-t-
il consacré les 40 dernières années à
reboiser ses terres, où le vivant a fait
sa réapparition avec vigueur. Les nou-
velles sont aussi plutôt encourageantes
en France, puisque la forêt est en
croissance de 26 m2 chaque seconde,
soit 82 000 hectares chaque année.
Reste à savoir si cela sera suffisant… ●

22 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 Interrogez les cartes
pour guider vos réflexions

ET ÇA MARCHE
La téléphonie éthique
Une entreprise belge, neibo, est à l’initiative du premier
modèle de téléphonie coopérative. Concrètement, cela
implique que les bénéfices obtenus sont reversés aux
coopérateurs, dont la part est fixée à 20 €, et investis
dans des projets durables de leur choix. Une belle
manière d’impliquer les citoyens et de cheminer vers
une économie plus équitable. Associée au Fairphone, un
téléphone fabriqué de manière éthique, la téléphonie se
mobilise pour demain. À nous de suivre… ●
PHOTOS : VOLODYMYR GOINYK / SHUTTERSTOCK - SDP

C’EST POUR DEMAIN

Le bateau qui dépollue
Plastic Odyssey est enfin en chantier. Ce projet de
catamaran équipé pour recycler les déchets va voir le jour
et pouvoir partir pour une expédition de trois ans en 2020.
Qualifié de « véritable laboratoire flottant du recyclage
plastique » par l’un de ses concepteurs Simon Bernard,
le bateau est équipé d’un catalyseur qui transforme les
déchets plastiques en carburant, mais aussi en objets
comme des briques, des meubles, etc. Il permettra aussi
de diffuser cette technologie à d’autres pays. ● Les coffrets comprennent
un jeu de 44 cartes et
un livret d’accompagnement
Prix : 15  € chacun
 Nouvelle Terre Réflexions

À MÉDITER
ADN hacké
Il est à la mode ces temps-
ci de faire des recherches
sur son ADN auprès de
laboratoires, notamment
américains, afin de connaître
ses origines ethniques
ou de vérifier des liens
familiaux. Mais quid des
résultats ? Sont-ils conservés
par l’entreprise ? Sont-ils
protégés ? Il convient de
vérifier les clauses lorsque
l’on franchit le pas. Des
laboratoires pharmaceutiques
pourraient être intéressés
par ce genre de données, les
acheter ou les voler afin de
les exploiter. ●

LE CHIFFRE

42
millions
de tonnes de déchets
électroniques et électriques
À MÉDITER

La pilule qui
produits sur la planète
(en 2014) dont moins
de 15 % est recyclé… ●

PRÈS DE CHEZ VOUS

Des vertus de
l’immobilité
En 2016, on comptait
1,2 milliard de touristes
dans le monde. Avec le
développement du low-cost
aérien, nous devrions bientôt
atteindre les 2 milliards.
Face à l’explosion du traffic
aérien, les militants d’une
ONG anglaise appelée Plane
Stupid s’enchaînent sur les
pistes pour protester contre
cette folie du voyage, non
sans conséquences pour
la planète. Et si nous nous
déplacions autrement ? ●
passe mal ?
O
n savait les Français grands
consommateurs de médi-
caments, il s’avère qu’ils
détiennent le record mon-
dial de consommation d’antidépres-
seurs : environ 136 millions de boîtes
de tranquillisants et autres antidépres-
seurs sont vendues dans l’Hexagone
par an ! Un guide sort ces jours-ci
aux éditions du Cherche-Midi, sur le
thème : Dépressions, antidépresseurs,
psychotropes et drogues : efficacité,
danger, contre-indications. Les profes-
seurs Bernard Debré et Philippe Even
y mettent en relief le caractère lucratif
du marché de ces traitements, estimé à
20 milliards de dollars dans le monde.
La dépression concernerait entre 5 et
10 millions de Français et les médi-
caments (toujours identiques depuis
les années 1970) seraient de plus en
plus prescrits et de plus en plus chers.
Quant à l’efficacité, elle serait elle aus-
si questionnable, puisque le suicide
est en constante augmentation, sans
compter les multiples effets secon-
daires. Le guide fait le point sur l’état
du cerveau et les origines de la dépres-
sion, qui ne seraient pas biologiques,
mais circonstancielles ou sociétales.
Pour les auteurs, c’est la société qu’il
faut traiter, pas les déprimés ! ●

24 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 Enfin en librairie :
Ils ont dit la mise en application du best-seller
Et si j’étais plus !
MARGUERITE YOURCENAR
Écrivaine
elina Vorger

oi -même
La tradition populaire

elina Vorger
é
ne s’y est pas trompée,v è
e r l’amourle à m
Jevumdans
le
qui a toujours

Je me révè e
ses
de mes faus
une forme d’initiation, l’un des
Je découvre
qui jepoints
suis au-delà
s mais

à moi -mêm
ple
de rencontre du secretide
etntdu
ités.
sacré. s méditation
s sim

Exercices
ontre par de
Je me renc
puissantes. és.
cages pass destinée.
e de mes blo

pratiques !
Je me libèr je crée ma
uv e ma pr opre voie et r !
Je tro vé ler … et brille
ARETHA FRANKLIN me ré her
J’ose enfin ur vous coac
vra partout po

mo i-m êm e
de poche vous sui re sac ou votre poche
Chanteuse Votre cah ier z-le da ns vot .
urager ! Glisse rêvez : vous le méritez
et vous enco s
la vie dont vou
et offrez-vous
Soyez votre propre

me rév èle à
artiste. Ayez toujours méditations gui
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895 3-0 56- 4 Illustrations d’A

Le sens de la vie ▼ 42
42 Je cultive mon
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la vie est de le donner.  je me revele a

MARC AURÈLE
PHOTOS : AFRICA STUDIO / SHUTTERSTOCK - GRENDEL BERNHARD - RICARD CANALS I LLAMBÍ - DUJARDIN/WIKIPEDIA

Empereur philosophe
Elina Vorger
Que la force me soit donnée
Elina Vorger

Et
sj’étaiis
de supporter ce qui ne peut « Vous pensiez
de la question.
vous connaître.
Et pourtant quelq
Vous pensiez avoir

sses, votre solitu

ue chose murm
de. Mais ce que
fait le tour
ure en vous.
je sais surtout,
et
n’avez jamais parlé l.

être changé et le courage de

Je sais vos angoi Celle dont vous
ation secrète. vous partez au
travai
c’est cette inspir Elle est là quand
vous quitte pas. aimez…
qui pourtant ne est là quand vous
vous marchez. Elle
Elle est là quand

changer ce qui peut l’être mais Et si j’étais plus ?

est représenté
Le point unique
par un point.
qui les contient
tous.
»
Après avoir été
responsable marke
championne de
ski puis
ting, Elina Vorge
ique
r

un voyage initiat
quitte tout pour

aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre. 

retour,
les plus puis- elle-même. À son
l’un des livres qui la révèle à pagner
est sans doute messages que vie pour accom
Et si j’étais plus sagesse de ses elle change de
nt, tant par la amour et quête d’éveil. Forte de
sants du mome . Il vous invite avec

plus
les personnes en
Et si j’étais plus

ses méditations
La véritable
e question chinoise,
par la lumière de à vous poser la seule et uniqu diverses forma
tions (médecine
rneme nt s),
sans détou soins énerg étique
quête de soi
ent : hypno se, Reiki,
est représenté
par une ligne. qui compte vraim ? cabinet où elle
exerce
des deux polarit
és de la vie. QUI ÊTES-VOUS elle ouvre son peute.
Le trait d’union semblants, que théra
là de vos faux- aujourd’hui en
tant
masques, au-de véritable premi er livre
Au-delà de vos … Retrouvez votre vécues, Elina Vorger signe
ici un
temps qui passe

PIERRE CURIE
res
au-delà même du iques en histoi lle maturité.
eignements théor r vous d’une exceptionne
identité. D’ens ées inspir ées, Elina Vorge
s en envol intérieure.
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Le triangle de l’Homm

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14/02/2018
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et faire d’un rêve

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par le carré. personnel
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de l’existence.
Le fondement

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Cw
PORTRAIT
WILLIAM JAMES
une
ONSCIENCE
mere
Le psychologue et philosophe
américain William James voulait
rendre compte de « tout ce dont
nous pouvons faire l’expérience ».
Cela incluait les phénomènes
mystiques et paranormaux. Ses
conclusions sont déroutantes.
Par Miriam Gablier
illiam James est un grand pen-
seur de la fin du XIXe siècle. Il
est cofondateur du pragma-
tisme, une philosophie majeure
pour notre monde contemporain,
qui stipule que ce qui est vrai, c’est seu-
lement ce qui se réalise vraiment. Par ailleurs, James
est surnommé le « père de la psychologie améri-
caine », parce qu’il fut un des premiers à l’enseigner
sur ce continent et qu’il contribua abondamment
à son développement par la suite. Or, il existe une
facette du travail de James que les innombrables
cours, conférences et publications sur cet illustre
personnage mentionnent rarement : son implica-
tion dans le champ de la parapsychologie. « Son
engagement aux côtés des pionniers de la recherche
psychique reste un thème à peine effleuré, et même plus
ou moins tabou. Il n’y aurait pas grand mal, s’il ne
s’agissait chez le philosophe américain que d’une cu-
riosité superficielle. Mais ce n’est pas du tout le cas(1) »,
souligne Bertrand Méheust, docteur en sociologie et
historien de la métapsychique.
 
Pour James,
le subliminal est une
sorte de « conscience
mère », un potentiel
d’où émergent toutes
les manifestations de la
conscience humaine.
Bertrand Méheust


Non seulement William James assumait publique-
ment son intérêt pour les phénomènes paranormaux
ou mystiques, mais les réflexions qu’ils éveil-
laient en lui furent décisives dans la ma-
turation de sa pensée. « James en fait,
dans les dernières décennies de sa vie,
l’un des noyaux centraux de ses re- Il y a une
cherches. Il a l’ambition, ce faisant, thèse de
d’élargir le champ de la psychologie la réalité qui
pour pouvoir expliquer l’ensemble
des phénomènes psychiques(2) », in- n’implique pas du
dique Jim Gabaret, professeur de tout qu’elle soit régulièrement ses enfants de col-
philosophie à la Sorbonne. En effet, matérielle. lège et de les faire voyager en Eu- À
LIRE
si ces expériences extraordinaires se rope pour enrichir leur éducation.
produisent, pourquoi ne pas les exa- De cette enfance fertile et quelque
miner ? Cet intérêt pour la parapsycholo- peu décousue, William ressort mélan-
gie a mené James au cœur d’un débat encore colique, mais animé d’une curiosité éclec-
d’actualité : faut-il réduire la conscience à l’activité du tique : il s’intéresse à la peinture, à la chimie, au na-
cerveau comme tentent de le faire les neurosciences ? turalisme. Profondément captivé par les phénomènes
Est-il possible d’envisager une sorte d’autonomie de psychiques, il finit par s’orienter vers des études de De
la conscience sans pour autant perdre pied avec les médecine et plonge dans la psychologie, s’instruisant l’immortalité
données empiriques ou la méthodologie scientifique ? auprès des plus grands, tels Charcot et Wundt. humaine
Ce penseur d’envergure appelait la science à élargir ses Rapidement devenu professeur de physiologie, William
James
frontières, qu’il jugeait trop matérialistes. puis de psychologie et de philosophie à Harvard, Éd. rue d’Ulm,
James se révèle être un pédagogue novateur et per- 2015, 14 €
cutant. Il écrit une douzaine d’ouvrages dont le
Une passion éclectique grand classique Les principes de psychologie. « James
PHOTO : NOTMAN STUDIOS

William James naît en 1842 à New York dans une s’intéresse notamment à la notion du courant de
famille d’intellectuels. Son père, un admirateur du conscience, le “stream of consciousness”, qu’il n’a pas
théologien Emmanuel Swedenborg dont Balzac dira inventé mais qu’il développe. Il ne pense plus le Moi
qu’il « résume toutes les religions », est proche des phi- ou la conscience de manière cartésienne, comme un
losophes transcendantalistes. Il décide de changer esprit isolé dans un corps, mais à la manière FF F

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 27

 PORTRAIT
WILLIAM JAMES

FF F d’un flux au sein duquel l’expérience continue

forme les états de conscience et l’étoffe du monde (3) »,
spécifie Jim Gabaret. James monte par ailleurs le
premier laboratoire américain de psychologie où
il étudie la physiologie des émotions, et cofonde
le Club Métaphysique où naît le pragmatisme –
nommé en premier lieu par Charles Sanders Peirce.

Une parapsychologie
pragmatique ?
Tout se joue dans le fait que pragmatisme ne veut
pas dire matérialisme. Certes, un pragmatique
juge non pas la potentialité mais, la
concrétude de tout phénomène. Il se
concentre sur les conséquences plu-
tôt que sur les causes premières.
Cependant, il n’a pas besoin
pour cela de définir le réel en
des termes matériels. Pour lui,
s’il existe des phénomènes réels
 d’une manière
La théorie de la transmission
jamesienne postule que le cerveau
ne fait que transmettre, sans
les produire, les flux de pensée d’un
univers transcendantal auquel il
s’ouvrirait de manière variable (…)
Cela permettrait de comprendre
les phénomènes « surnaturels » comme
des ouvertures exceptionnelles
de l’esprit à ce flux qui dépasse les
limites de notre personnalité.
Jim Gabaret
La
conscience
pourrait continuer
d’exister
inconnue
de nous.   mais non matériels, ils doivent
pouvoir être étudiés de manière
pragmatique et donc scientifique.
« Il y a une thèse de l’existence de la réa-
lité qui n’implique pas du tout que celle-ci soit
matérielle. Cela n’implique pas non plus de plonger
dans un spiritualisme absolu. Pour James, le réel est
composé d’une multiplicité d’expériences, faites par
une multiplicité d’individus(3) », détaille Jim Ga-
baret. Et la curiosité pragmatique de James fait de
lui l’un des parapsychologues les plus importants
de la charnière des XIXe et XXe siècles. L’Occident
connaît alors un engouement pour le surnaturel,
l’occultisme, le spiritisme. « Quel grand scandale
scientifique ce serait de laisser tant d’expériences hu-
maines risquer un sort incertain entre, d’une part,
la tradition vague et la crédulité, et, d’autre part,
la négation dogmatique généralisée(4) », s’exclame le
philosophe pluraliste.
Ainsi, accompagné d’autres chercheurs, le père de la
psychologie américaine élabore des protocoles pour
étudier la télépathie, le magnétisme, la clairvoyance,
les apparitions, la communication avec l’au-de-
là, etc. En 1884, James devient cofondateur de la


branche américaine de la Society for Psychical Re-
search (SPR). Dix ans plus tard, il est élu président
de la SPR d’origine – fondée par Frederic Meyers

28 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 en 1882 en Grande-Bretagne. Il publie Les formes
multiples de l’expérience religieuse et c’est dans Études
et réflexions d’un psychiste que nous pouvons lire son
rapport sur la fameuse Mme Leonora Piper – un des
sujets psi les plus étudiés. En effet, un an après le
décès de son fils, William James consulte cette mé-
dium de renom, qui lui livre des informations sur
lui et son fils qu’elle ne pouvait pas connaître. « Le
choc de cette rencontre avec Mme Piper produit un tour-
nant dans sa pensée. James entraîne ensuite un certain
nombre de philosophes dans l’examen de la médium-
nité », indique Bertrand Méheust. À la mort d’un
collègue, Richard Hodgson, James monte même
un protocole pour tenter de communiquer avec lui
par le biais de Leonora. Au final, James conclut que
Piper n’est pas réellement médium, mais plutôt té-
lépathe. Il déclare cependant, dans son rapport sur
l’expérience Hodgson, « qu’une volonté de communi-
quer se trouve là, sous une forme quelconque (4) » – une
forme qui reste indéfinie.
Un cerveau antenne
Alors que James est invité à donner une conférence
sur l’immortalité de l’homme, il saisit l’occasion
de s’attaquer à la psychophysiologie – les neuros-
ciences de l’époque – qui affirme que la conscience
est produite par le cerveau. Le philosophe y dé-
clare que ce n’est pas le cerveau qui produit la
conscience, qu’il n’est qu’un organe de transmis-
sion. Pour lui, le cerveau serait comme un tamis
qui filtre et limite un flux en provenance d’un
monde transcendantal, comme des vitraux laissent
« passer la lumière d’une source suprasolaire (4) », il-
lustre-t-il. « Et quand finalement un cerveau arrête
toute activité ou se délabre, le courant de conscience
spécial qu’il a entretenu s’évanouit tout entier hors de
ce monde naturel. La sphère d’être qui a nourri la
conscience reste encore intacte. Et dans ce monde plus
réel avec lequel, même pendant notre vie sur Terre,
nous étions en rapport permanent, la conscience pour-
rait continuer d’exister d’une manière inconnue de
nous (4) », poursuit le pragmatiste.
James explique que, du coup, les expériences mys-
PHOTO : HOUGHTON LIBRARY
tiques ou paranormales dépendraient du seuil de
conscience maintenu par le cerveau. Plus ce seuil
serait bas, plus la personne serait en contact avec
le monde « subliminal » – notion qu’il emprunte
à Frederic Meyers. Ainsi, les expériences extraordi-
naires résulteraient d’une ouverture empirique de la
Spiritisme
ou super psi ?
Deux grandes théories séparent le monde
des chercheurs en parapsychologie : le scénario
survivaliste et le scénario « super-psi ».
« L’hypothèse survivaliste fait intervenir des
entités qui informent le médium sur des réalités
cachées. Les tenants du super-psi supposent
une extension des potentialités de la conscience
du médium. Première hypothèse : l’esprit est réel.
Deuxième hypothèse : il n’est qu’une image, une
traduction mythologique d’un pouvoir latent
dont les bornes sont impossibles à situer. Le débat
actuel, avec le philosophe et parapsychologue
Stephen E. Braude montre que la question est loin
d’être tranchée », explique Bertrand Méheust.
conscience individuelle à « l’esprit ». Le sujet accé-
derait alors à un « réservoir d’idées insoupçonnées et
d’énergies latentes ». Et il ajoute : « Les connaissances
existent déjà toutes faites dans le monde transcendan-
tal. On a seulement besoin d’une baisse anormale du
niveau de filtrage du seuil cérébral pour les laisser pas-
ser. » James considère ainsi que l’inconscient indi-
viduel baigne dans une mer psychique originelle et
qu’il y a « entre notre conscience et cette mer originelle,
une continuité qui permet à ces vagues exceptionnelles
de passer par-dessus le barrage (4) ». Cette modélisa-
tion, élaborée à la fin du XIXe siècle par le père de
la psychologie américaine, a inspiré de nombreux
chercheurs, notamment en parapsychologie. Le psy-
chanalyste Carl Gustav Jung, créateur de la psycho-
logie analytique dite « des profondeurs » et ancien
président de la SPR, est un de ceux qui ont reconnu
l’influence de William James sur leur pensée. Le
concept d’inconscient collectif jungien s’apparente
au réservoir transcendantal de James. Pour ces pen-
seurs, nous baignons dans une matrice information-
nelle dont nous manifestons les potentiels. ●
(1) Bertrand Méheust, préface de Les formes multiples de
l’expérience religieuse, de William James. (2) Jim Gabaret,
postface de De l’immortalité humaine, de William James.
(3) Jim Gabaret, William James et la naissance de la
philosophie, Les racines du ciel, France Culture, janvier 2016.
(4) William James, Études et réflexions d’un psychiste.
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 29

On ne rit pas parce
que l’on est heureux,
on est heureux parce
que l’on rit.

Dr Madan Kataria
 Antidote Société

Le rire, une voie

de guérison
Véritable bien-être pour le corps, le rire provoque dans l’organisme
une série de réactions physiologiques positives. En plus de détendre

j
l’esprit et d’ouvrir à des horizons moins sombres, rire est une
« pratique » qui pourrait aider à guérir. Par Catherine Maillard

« ’étais une personne sérieuse et responsable, en clair
une gestionnaire particulièrement stressée », se
souvient la Québécoise Linda Leclerc. Jusqu’à
ce qu’un brutal accident de voiture survienne,
lui laissant comme séquelles des douleurs lan-
cinantes. Un article sur le yoga du rire, lu dans
la salle d’attente de son médecin, va changer le
cours de sa vie ! Quant à Corinne Cosseron, le rire
est dans son ADN ; enfant, sa mère lui disait déjà :
« Choisis un mari qui te fasse rire, sinon le temps va te
sembler vraiment long ! » Un reportage sur Arte fait
office de déclic ; peu de temps après, elle lance un
club de rire sur la plage dans le Midi de la France. Le
point commun entre ces deux femmes ? Un ques-
tionnement : et s’il suffisait de rire pour aller mieux ?
Toutes deux ont fondé, respectivement, l’École du
yoga du rire, en 2005 au Québec, et l’École inter-
nationale du rire et du bonheur, en 2002 en France.
Rarement pris au sérieux, le rire fait pourtant l’objet
de nombreuses études. Il est entré à l’hôpital et les
clubs de rire fleurissent partout dans le monde ! Avec
nos deux ambassadrices des zygomatiques, enquête
PHOTO : MENTATDGT / SHUTTERSTOCK
Les pionniers du rire médecin 
Hippocrate (460-355 av. J.-C.) médecin grec du
siècle de Périclès, père de la médecine moderne,
prescrivait déjà à ses patients de rire pour guérir. De
nos jours, c’est en 1964 que le journaliste américain
Norman Cousins, atteint d’une maladie incurable,
la spondylarthrite ankylosante, décide de se soigner
« en riant ». Si la maladie pouvait être déclenchée par
des pensées « négatives », il était possible d’inverser le
processus par une approche « positive ». Sa méthode,
fondée essentiellement sur le visionnage de films co-
miques et la consommation de vitamine C, entraîne
des effets notables sur la douleur et l’amélioration de
son état. Son livre, Comment je me suis soigné par le
rire (1), devient un best-seller et piquera la curiosité du
monde scientifique. En 1980, le Dr Patch Adams va
redorer le blason du rire, en l’utilisant comme thé-
rapie pour soigner les enfants. Il décide de se pro-
mener vêtu en clown dans les couloirs de sa clinique
et démontre que ses jeunes patients, plus détendus
et joyeux, réagissent mieux aux traitements. Ces re-
cherches ont inspiré des associations telles que Le Rire

sur le retour en fanfare du rire et des nez rouges, an- Médecin ou Les Clowns de l’Espoir, qui s’implantent
tidotes parfaits pour une époque avide de joie ! peu à peu dans certains hôpitaux français. C’est seu-
 lement en 1995 qu’apparaît officiellement le premier
club de rire, à Bombay, en Inde, sous la houlette d’un
Le cerveau cherche médecin, le Dr Madan Kataria. Sa technique, inspi-
rée du yoga, consiste à provoquer le rire sans raison,
à mettre du sens partout, même afin que le corps sécrète des endorphines, générant un
là où il n’y en a pas.
 profond bien-être chez ceux qui le pratiquent. FF F

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 31

 FF F Depuis, les clubs de rire se sont multipliés ;
on en dénombre aujourd’hui plus de 5 000 dans le
monde.
La sagesse du corps  nisme et agirait tant sur la digestion, en opérant un
Comment expliquer les effets extraordinaires sur
le corps de ces secousses incontrôlées ? « Il faut faire
confiance à la sagesse du corps qui a les mécanismes du
rire inscrits en lui. L’existence même du rire prouve donc
qu’il est nécessaire », écrit le Dr  Henri Rubinstein, spé-
cialiste de l’exploration fonctionnelle du système ner-
veux, en introduction à son ouvrage Psychosomatique
du rire (2). Ainsi, le rire joue un rôle fondamental, au
carrefour des manifestations musculaires, respira-
toires, nerveuses et psychiques de l’individu. Véritable
jogging intérieur, le rire agit sur le cœur, qui se met
à battre aussi vite que lors d’un 100 mètres, tandis
que les poumons rejettent d’énormes quantités d’air.
D’après le spécialiste, « quand on rit, on consomme
presque deux litres d’air, ce qui entraîne une fonction
d’oxygénation cérébrale importante ». Le corps cède en-
suite irrésistiblement à une détente bienfaisante et ré-
génératrice, suite à la production importante d’endor-
phines, les antidouleurs naturels du corps. En même
temps, le rythme cardiaque ralentit, provoquant une
dilatation des artères et une baisse de la tension arté-
rielle, conférant ainsi au rire des vertus de prévention
du risque cardiovasculaire. Des effets démontrés par le
32
Dr Michael Miller de l’Université du Maryland, qui
Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
affirme qu’une bonne dose quotidienne de rire peut
avoir des effets comparables à l’exercice physique pour À
le système cardiovasculaire en stimulant la circulation LIRE
sanguine. Par ailleurs, « se taper une bonne tranche
de rigolade » régulerait les fonctions vitales de l’orga-
massage des intestins, que sur le sommeil. L’éminent
Dr Rubinstein conclut : « Le rire serait une des façons de
récupérer le silence des organes, soit la santé. » Le yoga
du rire
Corinne
Une clé de notre équilibre Cosseron et
psychique Linda Leclerc
Éd. Guy
« Nous sommes devenus tellement sérieux ! », déplore Trédaniel,
Corinne Cosseron. Les Français rient en moyenne 2014, 18 €
seulement 4,6 fois par jour, une moyenne qui
diminue avec l’âge. D’après une enquête, 28 %
des personnes de 18 à 24 ans déclarent rire plus
de 10 fois par jour, contre 15 % chez les plus de
65 ans (Source : AFP 28/02/2013). Or nos deux
spécialistes considèrent le jeûne zygomatique
dangereux pour l’équilibre psychique. « Le rire est
une porte de libération des émotions », affirme Corinne
Cosseron. Lorsqu’elle pose la question à son groupe

Le rire va permettre
d’accéder à une joie authentique
avec tous ses attributs.



Le corps cède ensuite
irrésistiblement à une
détente bienfaisante et
régénératrice.

sur les bénéfices des séances de rire, les réponses la
surprennent. « Rire m’a permis d’exprimer ma colère.
Avant, je gardais tout à l’intérieur », expose Lucie.
« Rire m’a fait prendre conscience de la tristesse que
je portais et qui m’empêchait de prendre du plaisir à
vivre », confie Marc. Cette pionnière pousse plus
loin sa réflexion ; si le rire n’est pas une émotion, il
va nous permettre de les manifester. « J’ai pu entendre
de puissants rires de joie, quand tout va bien, mais
aussi parfois d’inconfort (rires gênés, rires nerveux) et de
colère aussi (rires jaunes, grinçants ou sarcastiques). » En
tenant compte des autres émotions, sans les refouler,
mais en les traversant, le rire va permettre d’accéder à
une joie authentique avec tous ses attributs, à savoir
l’espièglerie, la légèreté et l’esprit de jeu.
Un graal qui demande toutefois un prérequis ! « Il
faut avoir le courage de laisser tomber son investisse-
ment dans la plainte », prévient Corinne Cosseron. Il
ne s’agit nullement de faire comme si tout allait bien
quand tout va mal, mais bien de faire le choix lucide
et consenti de la joie de vivre et de cultiver volontai-
rement les sentiments positifs. Inutile de nous voiler
la face ; nous sommes devenus trop rigides dans nos
sociétés modernes, avec une fâcheuse tendance répé-
titive à rationaliser à l’extrême, ou à nous donner de
l’importance. Rire, en court-circuitant les bavardages
de l’ego, va contribuer à enclencher un cercle ver-
tueux stimulant notre créativité, bien précieuse pour
résoudre nos problèmes. « Rire permet aussi naturel-
lement de se projeter dans le plaisir et, par rebond, de
faire preuve de davantage de souplesse », soutient Lin-
da Leclerc. Ainsi, on peut apprendre à rire des petits
tracas de la vie, comme une location de vacances
désastreuse, une porte qui se claque alors que les clés
sont à l’intérieur… « Tout comme des événements plus
“dramatiques” qui ne manquent pas de survenir dans
la vie », ajoute Corinne Cosseron.
PHOTO : VECTORX2263 / SHUTTERSTOCK - SDP
S’esclaffer, ça s’apprend 
« Rire, lorsqu’on est déprimé, ou face à des passages dif-
ficiles, permet au contraire de prendre de la distance,
d’en sortir », a pu constater notre spécialiste dans ses
ateliers. Comme en témoigne cette anecdote parti-
culièrement touchante sur un stage animé par Steve
Wilson, psychologue américain fondateur du World
Laugh Tour. Alors qu’il animait un groupe de théra-
Antidote Société
pie pour des patients souffrant de cancer, le groupe
À
d’à côté vient frapper à la porte. Attirés par les rires
tonitruants, ils souhaitaient se joindre à eux. « Plus on
LIRE
est de fous, plus on rit », leur répond l’animateur. Lors
des partages de clôture, il apprend que ce groupe se
réunissait autour du deuil : chacun d’eux avait perdu
un être cher. Cette parenthèse leur avait permis de
reprendre leur souffle, pour affronter leur malheur.
« On ne rit pas parce que l’on est heureux, on est heureux
(1) Comment
parce que l’on rit » : tel est le postulat du fondateur je me suis
du yoga du rire, le Dr Madan Kataria. Cette pratique soigné par
ne nous transforme pas en optimiste béat, mais en le rire
personne consciente et résolue à ne pas attendre les Norman
Cousins
occasions externes de rire. « Nous apprenons à les créer Éd Payot,
nous-même, à trouver le rire en nous, et non pas à l’exté- 2003, 8,15 €
rieur », précise Linda Leclerc. En effet, une fois adulte,
il est parfois difficile de s’esclaffer ; on s’imagine faci-
lement avoir besoin d’un prétexte. Alors, comment
s’y prendre ? Le yoga du rire préconise, par exemple,
le rire blanc ou mécanique. À l’aide d’une respiration
saccadée, qui va secouer le diaphragme, le corps va
contacter un rire en cascade. « Peu importe qu’il ne
soit pas authentique, l’essentiel est de bénéficier de ses
secousses, véritables antidotes contre le mal de vivre », (2)
commente Linda Leclerc. D’autres exercices sont tout Psychosomatique
simplement « rigolos », comme pratiquer en cercle ou du rire
Dr Henri
deux par deux, le rire de l’avion, du baragouin lent, Rubinstein
de la dispute, des lunettes, etc. « Nous ne masquons pas Éd Robert
nos émotions, nous rions pour modifier volontairement Laffont, 2003,
17,50 €
et activement notre état d’esprit », précise la spécialiste
québécoise. À la longue, cette pratique se transforme
en réflexe et au bout d’un moment, notre rire naturel
jaillit plus facilement au quotidien. Se pratiquent au-
jourd’hui des séances originales de « rigologie » créées
par Corinne Cosseron, qui associe des approches
d’hygiène émotionnelle, de méditation et de psycho-
logie positive. Son objectif : « le rire comme accéléra-
teur de relations humaines dans la joie ! » ●
La science confirme
Les bienfaits du rire sur notre immunité ont été
mis en évidence dans une étude menée
à l’Université de Loma Linda, en Californie, aux
États-Unis. Au terme d’une thérapie par le rire,
le Dr Lee S. Berk a pu observer un accroissement
d’immunoglobuline A et de globules blancs. Selon
lui, le rire contribuerait ainsi à accroître le taux
d’anticorps et à renforcer notre système immunitaire.
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 33
Nature Abeilles


D’une fleur à
l’autre, elle est, entre
Ciel et Terre, passeuse
de vérités.


Messagères
du divin
Symbole de lumière dans toutes les sagesses du monde, l’abeille
a essaimé au cœur de nombreux contes. Comme son miel, qui cicatrise
les blessures du corps, la parole du conteur cicatrise nos blessures
de l’âme... Pour apprendre à mieux bourdonner ensemble ?
  Par Frederika Van Ingen 
u n conte des Balkans relate qu’au
début du monde, Dieu avait
créé la Terre bien plus vaste que
le Ciel, si bien qu’une majeure
partie était restée dans le noir. Un
jour, un hérisson s’en était plaint
au diable qui habitait ces té-
nèbres, en décrivant comment Dieu pourrait mo-
deler la Terre, façonner des montagnes, y faire cou-
rir les eaux, et permettre ainsi au Ciel de s’étendre.
« Mais Dieu n’y pense même pas », se désolait-il.
Entendant cela, l’abeille avait transmis le message
ces butineuses. « Elles étaient aussi l’emblème
de l’Égypte où l’on disait qu’elles étaient nées
des larmes de Râ, le Soleil. Cela signifie qu’elles
portent en elles la mémoire, la trace d’une éner-
gie solaire, la lumière du Créateur », précise-t-il.

Une danse d’amour

Une trace que l’abeille incarne dans la réalité.
« D’une fleur à l’autre, elle est, entre Ciel et
Terre, passeuse de vérités, ajoute Pierre-Olivier
Bannwarth. À travers les résines et pollens, elle
à Dieu, qui s’était mis à l’ouvrage. Depuis, elle est collecte les histoires, les richesses, les souffrances,
la messagère entre la Nature et le Ciel. les parfums de la Terre dont le végétal porte la
Messagère de Dieu, symbole universel du divin : trace. » Transformant ainsi la ruche en FF F
dans toutes les traditions du monde, l’abeille a
un lien avec les humains. Dans certaines, elle
les a même créés. Ainsi, dans la mythologie des
Bushmen en Afrique du Sud, c’est en plantant
une graine dans une mante qu’une abeille a don-
né naissance au premier homme. En hébreu,
« abeille » (dbure) a la même racine que « dbr »,
la parole, si bien que les kabbalistes rapprochent
son bourdonnement du Verbe créateur. Reflets de
cette image, en République tchèque, les ruches
sont parfois sculptées en forme de tête humaine,
dont les abeilles entrent et sortent par la bouche.
La dimension divine de cet hyménoptère se re-
trouve aussi en Afrique de l’Ouest, où certains
baobabs sont dits sacrés, parce que de mémoire
d’homme, ils abritent des abeilles. À leur pied
se tiennent les grands rituels. Un proverbe celte
dit : « Demande à l’abeille sauvage ce que savent
les druides », suggérant ainsi que l’une en sait
autant que l’autre. Dans toutes les religions,
qu’il soit unique ou à visages multiples, Dieu
et l’abeille font ainsi corps pour parler aux hu-
mains. Dans l’Islam, quand l’archange Gabriel
vient porter à Mahomet le message divin, leur
bruissement le précède. Idem lorsqu’il annonce
l’Apocalypse à saint Jean et avant chaque mi-
racle de Jésus. « Il existe un mythe selon lequel
les abeilles seraient nées des éclaboussures du
Christ se lavant les mains dans le Jourdain »,
rappelle Pierre-Olivier Bannwarth, conteur,
auteur de La confrérie des abeilles, passionné de
 Nature Abeilles
« Pour l’âne, le miel
n’a pas de goût. »
(Éthiopie)
FF F une bibliothèque de la nature qu’elle alchi-
mise en miel, pour le grand bien des hommes…
Jusqu’il y a peu, ceux-ci le lui rendaient bien : « Il
n’existe pas sur Terre un seul peuple qui ait considéré
l’abeille comme mauvaise, remarque Roch Domerego,
professeur d’université et apithérapeute. Les diffé-
rentes cosmogonies l’intègrent plus ou moins, mais ja-
mais elle n’y représente le mal. Le plus haut degré étant
les Mayas, pour lesquels l’abeille est le Dieu de la vie. »
« Traditionnellement, guérisseur et conteur étaient
un seul et même personnage. Sans doute les histoires
n’avaient pas besoin de parler de ce qui était visible
et utilisé par leur médecine », rappelle Pierre-Olivier.
Car ce que nous transmettent les contes comme
les sagesses du monde, c’est d’abord la face cachée
du réel. Ayant parcouru le monde sur la piste des
abeilles, Roch Domerego a pu toucher cette dimen-
sion auprès de nombreux tradipraticiens : « Leur
approche de l’abeille est beaucoup plus globale que celle
que nous avons en biologie occidentale. C’est là où j’ai
opéré ce que j’appelle un “déplacement de conscience” :
chez nous, on dit que les abeilles travaillent. Rien que
la charge émotionnelle du mot “travail” limite notre
regard. Ce que j’ai pu percevoir à travers ces rencontres,
c’est l’acte d’amour que fait l’abeille dans chaque fleur,
dans chaque végétal, la mise en harmonie qu’elle opère,
en tant que maillon essentiel de la chaîne de la vie ».
Cette « danse invisible » des abeilles dans le mouve-
ment de la vie, cette part inaccessible à l’œil, mais
perceptible au cœur, c’est précisément ce que les
contes ont préservé vivant.
Car le conteur est très proche de l’abeille. « Nous
faisons le même métier, confirme Pierre-Olivier
Bannwarth. Nous sommes des serviteurs de la vie.
L’abeille est passeuse de mémoire, de tout ce qui vit. Le
conteur transmet des mémoires vivantes. Lui aussi pol-
linise notre rapport à la vie, notre rapport au corps, aux
sens, aux rivières, aux forêts, aux montagnes, aux vents,
« Le miel n’est jamais
bon dans une seule bouche. »
(Mali)
36 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
aux parfums des roses. Le conteur nourrit en nous la
beauté, le sens de la beauté vivante de la nature. Il réta-
blit notre relation à la Terre et en cela, il nous guérit. »
Pas étonnant alors que les deux se soient alliés, un
peu partout sur la planète. « Dans tous les contes du
monde, explique Pierre-Olivier Bannwarth, qui en a
rassemblé quelques dizaines dans son livre, en tant
que relais entre invisible et visible, l’abeille est la ga-
rante et la compagne du travail intérieur. Elle symbolise
la lumière. Quand on a fait l’expérience de passer sous
un essaim, c’est bien un bourdonnement céleste. C’est
un bruit de ciel dans le Ciel, c’est un soleil dans le So-
leil. L’abeille est la particule vivante d’une lumière. »
La lumière au cœur
de l’obscurité
Une lumière qu’elle matérialise dans le cœur
obscur de la ruche et du nid : le miel ! Un nec-
tar divin, nous disent toutes les sagesses : « Par-
tout, il est le symbole de la douceur, du bienfait, de
la bonté, de la générosité et de la guérison », ajoute
le conteur. Ainsi, un conte du Honduras met en
scène un chercheur de miel et son double, sa « face
sombre ». En chemin vers le haut de la forêt, le
double lui perce un œil, puis l’autre, lui vole eau
et nourriture et s’enfuit. Il erre aveugle parmi les
arbres et soudain, entend le bourdonnement cé-
leste. Il s’allonge sous les essaims, et sur l’ordre du
dieu des abeilles, elles se posent sur lui par milliers.
Il recouvre la vue.
Toujours, connexion au divin et guérison vont de
pair : « Dans les contes, celui qui trouve un essaim
trouve un trésor, un réservoir de vie. Lorsqu’un humain
trouve ce cœur palpitant et vivant, il va se reconnecter
avec ce qui en nous porte le mystère. Le miel symbo-
lise cette source d’énergie inépuisable. On dit d’ail-
leurs qu’en Amazonie, mais aussi en Polynésie et dans
PHOTO : MAKSIM KOSTENKO / ADOBE STOCK - SDP - ILLUSTRATION : SHUTTERSTOCK
certaines régions de l’Inde, certains miels fabriqués à
partir de plantes psychotropes permettent les transes des
chamanes. Ce qui traduit la même idée : l’abeille, par
son miel, permet de rentrer en relation avec les mondes
invisibles, pour écouter les messages divins. » Même
histoire chez les druides, avec l’hydromel : « C’est la
boisson des dieux, rappelle Roch Domerego. L’ivresse
donnée par le miel est une bonne ivresse, qui ouvre au
savoir, à la douceur, à la joie, pas à la violence ni à la
brutalité, mais à la connaissance, à l’éveil. »
Un éveil qui mène à l’alliance, dont on retrouve la
trace dans l’expression « lune de miel ». « Le miel
symbolise la douceur mais, aussi la puissance de l’al-
liance », précise l’apithérapeute.
Un symbole d’alliance dans la vie, destiné à gué-
rir notre relation au divin, et qui subsiste même
au-delà de la mort. Ainsi, traditionnellement, chez
 « Fréquente l’abeille parce qu’elle est fascinante. Mais si
c’est son miel qui t’intéresse, contente-toi de l’apiculteur. »
(Australie)

les soufis, on met une goutte de miel sacré sous Un proverbe dogon dit : « Le bourdonnement des
À la langue du défunt pour lui donner l’énergie de abeilles, c’est le tambour du monde. » Autrement dit,
LIRE
passer de l’autre côté. Quant à l’Égypte ancienne, si ce bourdonnement vacille, c’est le monde qui va-
elle utilisait le miel et la propolis pour embaumer cille. Et si le désespoir guette, les contes et les abeilles
les momies, afin qu’elles soient peut-être un jour, encore volent à notre secours : car ce que nous bour-
de nouveau vivantes. donne à l’oreille leur omniprésence dans nos histoires
millénaires, c’est l’importance du minuscule. « Les
plus petites choses, les plus humbles, les plus insigni-
Les leçons de l’essaim fiantes, les plus discrètes, ce sont ces choses-là auxquelles
Le miel
de l’alliance Emblème du royaume pharaonique, l’abeille était il faut donner de l’importance, conclut Pierre-Olivier
sacrée aussi au cœur de son fonctionnement : « C’était une Bannwarth. Veiller sur les choses les plus infimes, c’est
Roch Domerego théocratie, à l’image de l’essaim, avec une reine “de droit s’assurer que les équilibres seront maintenus. » ●
Éd. Baroch,
2015, 19 €
divin”, explique Pierre-Olivier Bannwarth. Elle est à
l’écoute des besoins de l’essaim, de la nature, des plantes,
des arbres, et oriente les décisions qui vont être prises col-
lectivement. À l’image du pharaon qui était l’antenne
spirituelle et qui infusait l’énergie divine à travers son
peuple. » Si, de tout temps, les hommes ont été fas-
cinés par ce symbole de l’autorité que représente la
reine de la ruche – dont on découvrit il y a seulement
Melipona, trois siècles, grâce au microscope, que ce qu’on croyait
l’abeille sacrée
des Mayas être un roi était en fait une reine, « c’est un pouvoir qui
Roch Domerego est au service de l’équilibre, plus proche de l’amour que
Éd. Baroch, du pouvoir », précise le conteur.
2011, 19 €
Autres leçons de sagesses à tirer de la ruche, pour gué-
rir notre monde : « En 45 jours de vie, l’abeille ap-
prend tous les métiers de la ruche. Balayeuse, rangeuse
du pollen, architecte, butineuse… À chaque tâche cor-
respond une nourriture, qui transforme son corps et ses
capacités. Jusqu’à ce qu’elle devienne éclaireuse et qu’elle
parte à l’aventure pour ramener les informations néces-
saires à la transmutation de l’essaim. Il y a là une idée de
La confrérie
l’éducation formidable. On ne forme pas à une tâche :
des abeilles on forme un animal qui va se transformer, et les tâches
Pierre-Olivier qu’il accomplit sont là pour lui permettre de réveiller
Bannwarth ses capacités endormies… À noter aussi que ce qu’elles
Éd. Albin Michel,
2018, 15 €
mangent détermine ce qu’elles deviennent. C’est valable
pour les humains : nous avons des nourritures physiques,
intellectuelles, spirituelles. La qualité de notre humanité
dépend de la qualité de notre nourriture... »

« Où l’abeille s’est posée reste

de la douceur. »
(Espagne)

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 37

 L’effet
Mandela


Notre cerveau
n’a jamais directement
accès à la réalité,


il se la construit.
 Cerveau Science

Notre petite merveille de cerveau n’est pas infaillible. Ce sont

précisément ses imperfections qui le rendent si adaptable, si créatif.
Des oublis intelligents aux illusions qui soignent ou souvenirs qui

a
« buguent », exploration des brillants ratés de notre matière grise : de
l’effet Mandela aux super-pouvoirs. Par Carine Anselme

vez-vous déjà entendu parler de l’effet
Mandela ? On voit fleurir sur la toile
des sites, majoritairement anglophones,
dédiés à cet étrange phénomène. Cer-
tains évoquent un faux souvenir collec-
tif, d’autres parlent d’un bug de la ma-
trice. Quoiqu’il en soit, le buzz grandit,
même si ce phénomène est méconnu en France.
Ceux qui adhèrent à ce concept sont convaincus que
la réalité est différente des souvenirs que nous avons,
ou que notre mémoire navigue entre diverses réalités.
Tout est parti du décès de Nelson Mandela (d’où le
nom) : bon nombre de personnes ont « en mémoire »
qu’il serait mort en prison. Or, il a été libéré en 1990
et est décédé en 2013. Lors d’une convention Dra-
gon Con (science-fiction, heroic fantasy...), Fiona
Broome, auteure et spécialiste du paranormal, ainsi
que d’autres participants, réalisent qu’ils partagent le
même (faux) souvenir : ils croient dur comme fer que
« Madiba » est décédé pendant son incarcération et
PHOTO : IMAGEFLOW / SHUTTERSTOCK - ILLUSTRATION : SYLVERARTS VECTORS / SHUTTERSTOCK
bordant le cadre du site initial et l’histoire liée à
Mandela. D’innombrables souvenirs collectifs,
présentant le même type de bug, sont partagés.
Ainsi, nombre de personnes disent se rappeler que
lorsque John F. Kennedy a été assassiné, trois indi-
vidus étaient avec lui dans la voiture – sa femme,
le gouverneur Connally et le conducteur. Or, au-
jourd’hui, en faisant des recherches, les documents
semblent montrer six personnes dans la voiture,
disposées différemment. Détail plus léger, dans le
dessin animé culte Blanche-Neige, la reine ne dirait
pas, contrairement à ce que des générations ont
retenu, « Miroir, miroir sur le mur, qui est la plus
belle ? », mais bien « Miroir magique au mur, qui
a beauté parfaite et pure ? ». Idem pour la célèbre
réplique de Dark Vador dans La Guerre des étoiles
(L’Empire contre-attaque) : ce ne serait pas « Luke,
je suis ton père », que tous les fans se répètent en
boucle, mais bien « Non, je suis ton père » (ça le
fait moins !). Les exemples fourmillent sur Inter-

gardent en mémoire des images de son enterrement
et autres détails convaincants. Le ton de l’échange est
léger au départ, teinté de SF. Mais l’un des éditeurs de
Fiona Broome, titillé par l’étrangeté de cette réalité
parallèle largement partagée, l’encourage à créer, en
2009, un site Internet dédié à ce phénomène(1).
Kennedy, Blanche-Neige
et Dark Vador
Très vite, la communauté « effet Mandela » ex-
plose. Des milliers d’individus de par le monde
échangent leurs expériences et points de vue, dé-
 chose qui ne s’est jamais produit dans cette réalité. »
Le cerveau cherche
à mettre du sens partout, même
là où il n’y en a pas.
 d’histoire, les journaux et autres archives », FF F
net, des plus banals aux plus fantaisistes – allant
du physique de Marilyn Monroe aux formes non
conformes (elle aurait fondu sur les images ac-
tuelles, par rapport aux souvenirs d’un large pu-
blic), aux logos officiels dont on retiendrait des dé-
tails qui n’existent pas, même au fil de l’évolution
graphique des marques. Un point commun entre
ces souvenirs « défaillants » : il n’y aurait pas de
changement explicable... ni d’explication unique,
probante ou définitive. « Nous avons des opinions
différentes, mais ce qui nous connecte, ce sont ces mé-
moires extraordinaires », partage Fiona Broome.
Pour elle, l’effet Mandela a une définition : « C’est
quand quelqu’un a un souvenir clair de quelque
Beaucoup d’individus, qui ne se connaissent pas, se
souviendraient exactement des mêmes événements,
avec les mêmes détails. « Cependant, nos souvenirs
sont différents de ce qui est consigné dans les livres

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 39

 Science Cerveau
FF F souligne-t-elle. Pour Fiona Broome, cette
À mémoire alternative ne relève pas de la théorie
LIRE du complot ni de faux souvenirs. « Nous sommes
nombreux à spéculer sur l’existence de réalités paral-
lèles. Et, jusqu’à présent, nous aurions glissé entre ces
différentes réalités sans le réaliser. » Les spéculations
sur l’origine de ces souvenirs alternatifs vont donc
bon train. Parmi les théories couramment répan-
dues sur le Net, certains pensent que ce serait l’ef-
(2)
Le monde
fet de notre conscience collective qui aurait créé
extérieur un saut quantique. D’autres évoquent des effets
n’existe pas secondaires liés aux expérimentations du CERN
Christian (l’Organisation européenne pour la recherche nu-
Flèche
Éd. Le Souffle
cléaire) dus au grand collisionneur de hadrons, les
d’Or, 2018, particules et la matière pouvant avoir altéré le « tis-
9,90 € su », la structure de notre réalité. Il n’en reste pas
moins que ces réminiscences erronées par rapport
à la réalité couramment admise sont notables et
récurrentes. Sans apporter de réponse, une chose
est sûre : « Voir, c’est concevoir », comme l’affirmait
Paul Cézanne. Personne ne connaît réellement
le monde objectif extérieur. Seul existe le monde
intérieur. « Le regard n’est pas passif, il est actif »,
observe Christian Flèche, fondateur du décodage
biologique, qui vient de publier Le monde extérieur
n’existe pas (2).
D’illusions en guérisons
Et si cette représentation subjective pouvait aussi
nous guérir ? Car, oui, notre cerveau interprète la
réalité... et cela augure de passionnantes innova-
tions thérapeutiques. Ces approches, qui visent à
tromper le cerveau pour (le) soigner, utilisent les
illusions d’optique et autres distorsions de nos per-
ceptions. Cette voie est au cœur des travaux menés
par Yves Rossetti, professeur de physiologie à la fa-
culté de médecine de Lyon et chercheur au Centre
Henri-Alain Roig
L’effet Mandela
L’étrange phénomène évoqué dans l’article
vous intrigue ? Alors ce roman est pour
vous. Le héros, Abel Bach – un jeune homme
plus porté sur les nuits parisiennes que sur
les événements politiques – plonge, en 2017,
dans l’énigme de l’effet Mandela. Le roman
entremêle l’Histoire et le fantastique, le ver-
nis (craquelé) de la surface des choses et la
profondeur de ce qui change le monde, tel un voyage dans les diffé-
rentes dimensions de l’univers. L’effet Mandela résonne comme un
hommage à « Madiba » pour les 100 ans de sa naissance.
Éd. 9, 2018, 16,90 €
40 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

D’innombrables
souvenirs collectifs,
présentant le même type de
bug, sont partagés.

de recherches de neurosciences de Lyon (CNRS/
Inserm). « Notre cerveau n’a jamais accès directement
à la réalité, il se la construit. Il est en permanence
en train de faire des calculs, des interprétations, des
reconstructions complexes. Cette relativité de la per-
ception ne doit pas amener à accuser notre cerveau de
nous tromper. Il se construit et se structure de par ses
interactions actives avec le monde. En outre, la per-
ception produite dans le cerveau dépend étroitement
du contexte au sens large – temporel, spatial, histo-
rique... – car le contexte fournit des clés pour percevoir
le monde plus efficacement », explique-t-il. Le visuel
formé sur la rétine ne nous est en effet pas transcrit
directement. Or, les éléments d’une scène visuelle
sont souvent ambigus. Le cortex cérébral, habitué à
réceptionner des images, se charge de les interpréter
pour mieux les décoder et construire une percep-
tion qui ait une signification pour nous. Le cerveau
compose donc avec l’imperfection des capteurs,
dont la rétine, mais aussi avec l’environnement et
notre histoire (personnelle, culturelle). « Le cerveau
cherche à mettre du sens partout, même là où il n’y en
a pas. Alors il en fait trop, amplifiant les contrastes,
créant contours, perspectives et autres reliefs, en fonc-
tion de ce qu’il connaît », précise Yves Rossetti. D’où
des erreurs d’interprétation ou illusions d’optique :
espaces et objets là où il n’y en a pas, perception de
mouvements, de couleurs ou d’images inexistants,
erreurs d’appréciation de taille, de distance… L’il-
lusion d’optique peut aussi être détournée et servir
d’approche thérapeutique. « On va chercher à mo-
difier le cerveau... mais pas avec un bistouri ! Nous al-
lons donner des stimuli qui vont changer l’histoire du
cerveau. Par exemple, avec des lunettes prismatiques,
on va faire voir des choses là où elles ne sont pas – avec
un prisme, on dévie les rayons lumineux, projetant
une image virtuelle de l’objet là où il n’est pas. On
demande ensuite à la personne d’attraper l’objet, et la
main part naturellement dans une direction erronée,
car le cerveau est habitué à envoyer des commandes
en fonction de ce qu’il voit. Ce qui est fabuleux, c’est
que peu à peu, le cerveau va se réorganiser et créer de
PHOTO : OLLY / ADOBE STOCK
nouvelles connexions pour arriver à attraper l’objet.
Quand on enlève les lunettes, le cerveau se sera habi-
tué à cette nouvelle perception », témoigne le Pr Ros-
setti. Cette technique est notamment utilisée avec
des patients atteints d’héminégligence (30 000 cas
par an en France). Suite à un AVC, ils « ignorent »
la moitié du monde : « Le cerveau n’interprète géné-
ralement pas les informations venant de la gauche. »
Si on demande, par exemple, à ces personnes de
dessiner un autoportrait, elles omettent le côté
gauche. Avec cette technique des lunettes prisma-
tiques, on force le cerveau à compenser, à aller de
lui-même plus vers la gauche, et il se réorganise en
fonction. « J’ai des patients qui redeviennent ainsi
capables de voir du côté gauche. Ils vont par exemple
réussir à manger leur assiette en entier », s’enthou-
siasme Yves Rossetti, qui souligne la simplicité du
dispositif. Autre piste thérapeutique : le Pr Rossetti
obtient une diminution significative des douleurs
fantômes chez les patients amputés, grâce à un
miroir placé au bon endroit. Ce dernier crée l’il-
lusion visuelle d’avoir « retrouvé » le membre am-
puté en renvoyant l’image de l’autre membre (bras,
jambe...) ; la personne peut donc en quelque sorte
le masser et obtenir un effet de relaxation.
 Faute de quoi, nous serions prisonniers d’une mé-
Ne pas se
souvenir de tout permet
également de retenir
l’essentiel.
 (1) Voir www.mandelaeffect.com
Des erreurs intelligentes À
Ce sont ainsi les erreurs, les imprécisions, qui LIRE
rendent notre cerveau « supérieur à n’importe quel
ordinateur », dixit Henning Beck, qui livre un
plaidoyer pour Les erreurs de notre cerveau : un
super-pouvoir (3). Selon ce neuroscientifique, ce
sont elles qui nous permettent de nous réinventer.
« Notre cerveau prétendument défaillant utilise les er-
reurs pour mieux se sortir de toutes sortes de situations (3)
sociales, développer de nouvelles idées et générer du Les erreurs
du cerveau :
savoir. » Dans son ouvrage, Henning Beck nous un super-
fait la démonstration que c’est dans ces errements pouvoir
et cette déconcentration que réside le pouvoir de Henning
notre intellect. Il est primordial, par exemple, de Beck
Éd. Michel
ne pas retenir les noms du premier coup si nous Lafon, 2018,
voulons construire des souvenirs dynamiques. Ne 18,95 €
pas se souvenir de tout permet également de re-
tenir l’essentiel. Et se laisser distraire facilement a
du bon quand il s’agit de penser de façon créative.
moire statique. Tout le contraire de notre cerveau,
super plastique ! « Toutes nos faiblesses cérébrales sont
en réalité les armes secrètes de notre cerveau », conclut
Henning Beck. C’est ce qui nous rend imparfaits,
mais uniques ! Le progrès est à ce prix. ●
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 41
Syndrome de
Neptune
 Hypersensibilité Santé

Révélé par le Dr Janine Fontaine, visionnaire de la médecine

énergétique, le syndrome de Neptune témoigne de symptômes non
répertoriés par la médecine officielle. En toile de fond, une réceptivité
exacerbée au monde ordinaire, doublée d’une porosité à l’invisible.
Anamnèse d’un phénomène étrange. Par Carine Anselme

d
« epuis mon enfance, je ressens plus que les
autres les non-dits, les problèmes de chacun.
Pendant mon adolescence, j’ai essayé d’en
parler à mes parents, mais ils disaient que
c’était le fruit de mon imagination. Pour-
tant les faits étaient là : j’avais des intuitions
extraordinaires et j’arrivais à prévoir des
choses imprévisibles. Le plus difficile pour
moi est de faire des malaises en présence de
certaines personnes (maladies avérées ou à
venir, mort imminente...) ou en des lieux où l’ambiance
est malsaine... J’ai souvent le sentiment de ne pas vivre
dans le même monde que les autres », écrit un lecteur
au Dr Janine Fontaine, auteure du livre Le syndrome
de Neptune (1). Cet homme se reconnaît ainsi dans les
caractéristiques majeures de ce syndrome méconnu :
hypersensibilité et hyperempathie.
Aller-retour entre les mondes
Cette porosité, plus ou moins marquée, place ces indi-
vidus à cheval « entre les rives ». « Ils vivent de fréquents
allers-retours avec l’au-delà, avec l’invisible », explique
la psychologue clinicienne et psychothérapeute Pa-
tricia Serin. Leur conscience transite de l’un à l’autre.
Comme si, chez eux, les cloisons entre le monde or-
ILLUSTRATION : BENJAVISA RUANGVAREE / SHUTTERSTOCK
tense qu’ils peuvent faire craindre la folie. Cela peut
alors se retourner contre eux, avec une propension aux
addictions. Ce syndrome multiforme flirte donc, voire
se confond, avec d’autres troubles principalement
mentaux. D’où une difficulté à le cerner.
Une anomalie
des corps invisibles
Malgré une formation très scientifique d’anesthésiste,
le Dr Janine Fontaine a exploré d’autres courants de
soins – elle est ainsi allée à la rencontre de guérisseurs
philippins. Dans son best-seller, Médecin des trois corps,
elle avait déjà évoqué cet étonnant syndrome de Nep-
tune. En s’appuyant sur les découvertes en physique
quantique, elle nous rappelle que nous sommes consti-
tués de trois corps : le physique, l’énergétique et le spi-
rituel – les derniers étant vibratoires. C’est ainsi qu’elle
évoque, à propos de ce syndrome, une anomalie des
corps invisibles. L’examen « clinique » du sujet, selon
son approche, consiste en la prise du pouls du patient
(selon la méthode du Dr Paul Nogier), combinée à la
détection des manifestations des différents corps sub-
tils. « Chez un sujet lambda et en bonne santé, le corps
énergétique est constitué de sept orbes successifs (sur le mo-
dèle de l’atome de Niels Bohr) relativement rapprochés

dinaire et le subtil étaient transparentes (nous verrons
plus loin que ce n’est pas qu’une image...). Entre autres
manifestations en lien avec le syndrome de Neptune
et son hyperempathie, on retrouve une profonde in-
tuition ; une capacité à percevoir les choses avec une
grande acuité, pouvant aller jusqu’à la clairvoyance et
la prémonition. Mais aussi des sensations corporelles
d’intensité ou de gravité amplifiées par les circons-
tances. Certains relatent des expériences paranormales
et mystiques, ponctuées d’OBE (Out-of-Body Expe-
rience), de ressentis étranges et autres visions surréa-
listes. Des phénomènes parfois vécus de façon si in-
 autre planète d’eau. » C’est donc, d’une part, l’examen
Dans les sociétés
traditionnelles, ceux qui sont
en contact avec l’invisible
sont valorisés.
 ce cadre bien particulier, pourront être rassurées. FF F
l’un de l’autre, et donc tous perceptibles par cette tech-
nique, car proches du corps. Chez les sujets présentant le
syndrome de Neptune, on constate un espacement entre
les orbes qui est significativement augmenté », décrypte
Janine Fontaine. « Or, poursuit-elle, toute action psy-
chologique se révèle inefficace si les corps-énergies sont en
dysfonctionnement. » De l’importance de remettre de
la cohésion. L’autre aspect fondamental du syndrome
de Neptune se trouve dans le thème de naissance du
sujet, à savoir la valorisation de la planète Neptune.
« Cette planète est “d’eau”, potentialisée par sa position
dans l’un des signes d’eau et en rapport avec la Lune,
du sujet et de ses corps subtils et, d’autre part, l’analyse
ciblée du thème astral (à la recherche d’éléments spéci-
fiques) qui permettront de conforter ou non cette hy-
pothèse du syndrome de Neptune. Ainsi, mieux infor-
mées sur les spécificités de ce syndrome, les personnes
présentant de telles perceptions non ordinaires, dans

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 43

 Santé Hypersensibilité
Sortir de l’errance
L’un des enjeux, pour les individus atteints
de ce curieux syndrome de Neptune, est
que le corps médical parvienne à recon-
naître leur symptomatologie, variée dans
ses manifestations. Car la non-reconnais-
sance provoque des errances de diagnostic,
qui fragilisent d’autant plus ces personnali-
tés à la vulnérabilité à fleur de peau. Ainsi, Ja-
nine Fontaine évoque, entre autres témoignages,
celui d’un patient expérimentant la sensation de
perdre de façon transitoire ses limites corporelles,
avec l’impression de communiquer avec l’infini. « Je
À voudrais comprendre, mais me heurte sans cesse à la
LIRE peur, l’incompréhension, le rejet et souvent la pitié des
autres ! À force de chercher, je doute de moi-même et
cette errance m’épuise », lui écrit-il. Une fois le syn-
drome reconnu, la fréquente somatisation qui l’ac-
compagne n’a plus lieu d’être. « J’ai accompagné une
femme qui souffrait de cloques cutanées et de rétention
(1) Le syndrome
d’eau (Neptune). Hypersensible, hyperempathique, elle
de Neptune avait des dons médiumniques. Une fois reconnues ses
Dr Janine capacités, elle s’est installée en tant que médium et sa
Fontaine symptomatologie a notablement disparu », témoigne
Éd. Grancher,
2013, 18 €
la psychologue et psychothérapeute Patricia Serin.
Valoriser des capacités
extraordinaires
Connaître et reconnaître ces symptômes, et les
perceptions qui vont de pair, pourrait mener à un
autre type de reconnaissance qui dépasse la personne.
Contacts avec
l’au-delà Changer de regard pour changer de paradigme.
Jean-Marie Patricia Serin se bat ainsi pour que ce syndrome ne
Le Gall soit plus considéré comme une pathologie, mais
Éd. Lanore, valorisé pour son apport dans notre société en
2018, 19 €
pleine mutation, grâce aux phénomènes associés
(hyperempathie, créativité exacerbée, intuition
clairvoyante, facultés extrasensorielles). D’autant
que les progrès fulgurants des neurosciences
permettent de rendre tangibles, « lisibles » même,
ces perceptions considérées comme extraordinaires.
« Le corps calleux est la cloison plus ou moins perméable
Médecin des qui sépare cerveau gauche (rationnel, logique...) et
trois corps, cerveau droit (intuitif, créatif, réceptif...). L’imagerie
Dr Janine médicale de pointe a mis en lumière que le corps
Fontaine
Éd. J’ai Lu, calleux des sujets atteints du syndrome de Neptune est
2005, 7,20 € particulièrement fin, voire inexistant. Or, la possibilité
 doublée d’un foisonnement d’idées, l’enjeu est de
Des sensations corporelles
d’intensité ou de gravité amplifiées
44
par les circonstances.
Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
 forcément extraordinaire ! ●
d’avoir une libre circulation entre cerveau gauche
et cerveau droit rend les perceptions et les choses plus
fluides, plus ouvertes, plus énergétiques aussi », souligne
Patricia Serin. L’imagerie médicale a également
permis d’observer, chez ces personnes considérées
comme hypersensibles, une plus grande quantité
de neurones miroirs (d’où plus d’empathie), une
densité plus importante de connexions neuronales
et une amygdale cérébrale (associée aux émotions) à
la sensibilité particulière.
Pour un éveil de conscience
Dans une société très « cerveau gauche » – qui a certes
permis de belles avancées scientifiques et technolo-
giques –, valoriser les qualités intrinsèques du cerveau
droit, en lien avec le subtil et l’invisible, pourrait au-
gurer d’une société plus éveillée, plus consciente, por-
tée notamment par cette déferlante actuelle d’enfants
« connectés ». Ayant des capacités horsnorme (que
Patricia Serin appelle le « septième sens »), ils sont
souvent corrélés au syndrome de Neptune. « Dotés
d’une hyperempathie et d’autres dons, ces enfants sont
venus au monde pour mettre de la lumière sur nos zones
d’ombre, accompagnés symboliquement par Neptune,
maître des Poissons, sorti du fond des océans », relève-
t-elle. Cette compréhension nouvelle – doublée de
la preuve par l’image, si l’on peut dire – donne une
autre perception de l’invisible, démontrant que « ce
n’est pas parce qu’on ne (le) voit pas, que ça n’existe
pas » (sic). Et Patricia Serin de nous rappeler que dans
les sociétés traditionnelles, ceux qui sont en contact
avec l’invisible sont valorisés ; dans leur communau-
té, ils incarnent les chamanes, les guérisseurs et autres
médiums. Revers de la médaille : hypersensibles et
idéalistes, les personnes vivant avec ce syndrome sont
des proies rêvées pour les sectes, habiles à promettre
un monde meilleur. « De l’importance d’informer
et de former », conclut Patricia Serin. Ce n’est pas
Jean-Marie Le Gall qui la contredira ! Ce médium
magnétiseur appelle à la prudence ces personnalités
très perméables à leur environnement, lorsqu’elles
assistent à des séances de médiumnité, publiques ou
privées. « Souvent, ces sensitifs sont des médiums qui
s’ignorent. Quand la médiumnité tourne au spectacle,
sans garde-fou – comme cela peut arriver – ces person-
nalités vulnérables peuvent faire des malaises vagaux,
voire être parasitées par des entités. » En définitive, face
à cette capacité de percevoir intuitivement les choses,
sécuriser l’enfant ou l’adulte. « L’idéal est de déployer
une voie d’expression artistique (danse, écriture...) pour
canaliser ce débordement d’imaginaire », conseille Pa-
tricia Serin. Ainsi, faire de la différence une richesse,
 L’astrologie médicale
« L’astrologie contribue bien souvent à la
compréhension des perturbations dont souffre
le corps éthérique du patient », explique Janine
Fontaine dans Le syndrome de Neptune. Monter
le thème du malade, examiner le contenu de
chacun des quatre quadrants formés par les
douze signes donne déjà une idée des forces du
corps invisible et, globalement, des problèmes
auxquels il risque d’être confronté. Ensuite, il
s’agit de repérer la qualité des signes occupés ou
non par des planètes, en signe d’eau, de terre, de
feu, d’air. Puis on examine les rapports de la
planète Neptune avec l’ascendant et les autres
planètes. On compare enfin rapidement ce
thème à celui du jour de la consultation. « Si les
troubles ne relèvent que d’une planète rapide, le
pronostic est favorable et le traitement sera
efficace. Si les troubles relèvent du transit d’une
planète lente, par exemple le carré Pluton-
Uranus qui dure depuis 2008, la pathologie
a très probablement le risque d’évoluer dans
la durée et de nécessiter des traitements
répétitifs », poursuit Janine Fontaine. Cette
dernière relève également la défiance de la
médecine conventionnelle face à ce lien entre
astrologie et santé : « Qui va me croire si je dis
que le passage de planètes en Maison XII, en
Poissons, peut se manifester sous la forme
d’inondations successives ou de problèmes liés
à l’eau dans les différentes pièces d’une
habitation ? Si je dis que le même aspect peut
aussi être intériorisé par le ou la propriétaire
sous la forme d’épanchements liquidiens :
pleurésie, péricardite, hydarthrose ? Au niveau
spirituel, le problème peut se manifester sous la
PHOTOS : SDP

forme de dépression, au pire de délire, ou mieux,

s’engager dans un tournant spirituel. »

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 45

 Invisible Radiesthésie

Les secrets du
pendule Très souvent considérée comme un outil
ésotérique, la radiesthésie n’a pas toujours bonne réputation.
Instrument de divination pour les uns, escroquerie de rebouteux
pour les autres, il semblerait pourtant que de nombreuses

à
personnes s’en servent au quotidien. Histoire d’une pratique
pas comme les autres.  Par Melanie Chereau 

l’origine, le « pouvoir » de la radies-

thésie serait de retrouver ce qui est
perdu, de répondre à une question,
de localiser une source d’eau, ou
enfin de choisir un bon emplace-
ment selon les forces telluriques,
grâce à une perception « extrasen-
sorielle ». Étrangement, ce sont deux abbés, l’ab-
bé Bayard et l’abbé Bouly, qui donnèrent, au début
du XXe siècle, le nom de « radiesthésie » à l’exercice
de « divination » pratiqué à l’aide de l’un des deux
outils principalement utilisés, le pendule ou les
baguettes. Pour eux, cet « art » serait à mi-chemin
entre l’utilisation de l’imagination et celui de la cap-
tation d’informations cachées, grâce aux radiations
et à la sensibilité (du latin radius, rayon et du grec
L’histoire d’une recherche
Le besoin vital de trouver de l’eau est sans doute à
l’origine des premiers pas dans ce type de recherche.
Des traces de ce qui s’appelait « la sourcellerie » ap-
paraissent dans des documents chinois datant de
2 000 avant J.-C. où il serait question de sonder les
souterrains grâce à des baguettes fourchues. L’empe-
reur Yu Huang, fondateur de la dynastie des Hsia,
était réputé pour ses capacités à trouver des mine-
rais, de l’eau et des objets. En Égypte pharaonique,
il semble que les prêtres utilisaient des boules per-
cées ainsi que des baguettes. Ce savoir peut même
être l’ancêtre de notre actuelle géobiologie, dans la
volonté de construire des édifices en fonction des
forces détectées dans le sol. Dans la Bible, Moïse
PHOTO : NIKKI ZALEWSKI / ADOBE STOCK

aisthêsis, sensibilité). Définition encore actuelle de
nos jours, puisque le Larousse décrit la radiesthé-
sie comme une « sensibilité à des rayonnements qui
proviennent des objets ». On parle aussi de capacité
à canaliser les vibrations émises par les objets, l’eau
ou les personnes. Au début du XXe siècle, l’antenne
de Lecher, qui aurait l’avantage d’émettre en plus de
recevoir, est venue compléter la panoplie.
fait sortir de l’eau du rocher grâce à son bâton. Ro-
mulus aurait construit Rome sur un emplacement
indiqué par des baguettes de bois. Jules César uti-
lisait des « porteurs de baguettes » pour établir les
campements près des sources d’eau et l’empereur
Flavien Valens (300 apr. J.-C.) des anneaux suspen-
dus à des fils pour connaître le nom de ses conspi-
rateurs. Bien entendu, l’usage de ce qui est FF F

46 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018


Être un
outil concret de
l’intuition.

 Invisible Radiesthésie
EN PRATIQUE
Se former au pendule 
Pour le radiesthésiste Gérard Grenet, l’utilisation du pendule
est avant tout un entraînement et « c’est l’expérimentation qui
forge la compétence ». Il est important de consacrer 21 jours (le
temps nécessaire pour installer ou désinstaller une habitude) à
un rituel d’exercices, pour ancrer la pratique. Ensuite, un proto-
cole est également à suivre pour toute « consultation ».
S’interroger : avons-nous l’autorisation d’agir ? Est-ce
juste ? En suis-je capable ?
Établir une convention : cela permet de déterminer
son « oui » et son « non ».
Vider le cerveau : « l’arrêt sur image génère la réponse
automatique du pendule » en évitant l’autosuggestion.
Croire, c’est recevoir : plus on est dans une forme
de confiance, plus on reçoit d’informations.  par le mouvement d’un détecteur (pendule ou baguette),
Organiser un témoin : se caler sur un objet ou une photo.  mouvement dont le sens d’interprétation peut donner
Poser une question claire : sans induction de réponse.
Mais surtout, avancer prudemment et se faire accompagner
de personnes plus expérimentées lorsque l’on débute, afin
notamment de tester ses capacités.
48 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
FF F alors appelé la rhabdomancie est condamné
pendant l’Inquisition, puis le réformiste protestant
Martin Luther l’interdit aussi fermement. Certains
écrits alchimistes parlent du bois de noisetier, utilisé
pour la recherche d’eau, et il se peut que la fameuse
« baguette magique » ait pour ancêtre, ou comme
cousine éloignée, la baguette de sourcier. 
Jacques Aymar utilise même la baguette avec laquelle
il localise les sources pour résoudre un meurtre, ce qui
le rend célèbre en 1692. « Malgré le rejet général de la
rhabdomancie par la philosophie des Lumières, Thouve-
nel [médecin du roi, NDLR] exprima un point de vue
inédit à la fin du XVIIIe siècle, montrant les rapports évi-
dents entre les phénomènes de la baguette divinatoire, du
magnétisme et de l’électricité », rapporte Marc Aurive (1),
spécialiste de la radiesthésie. 
Des pistes d’explications
scientifiques
Au fil du temps, le pendule est davantage utilisé
que les baguettes. À l’origine sphère creuse reliée à
la main par un fil, il serait plus précis dans ses « ré-
ponses ». Au début du XIXe siècle, les scientifiques
Fortis et Ritter sont les premiers à introduire l’idée
d’une influence électrique de l’homme sur le pen-
dule. En 1808, Gerboin, professeur de la faculté de
médecine de Strasbourg, fait de nombreuses expé-
riences concluant que le phénomène est lié à une
faculté « organo-électrique » de l’homme. Dès lors,
toutes les études se divisent en deux : les recherches
sur les radiations et le magnétisme d’un côté et de
l’autre, les effets idéomoteurs de l’homme sur l’ob-
jet. Puis Chevreul, en 1810, introduit l’idée d’une
influence de la pensée, volontaire ou non, sur le ré-
sultat du mouvement de l’objet. C’est cette sugges-
tion, consciente ou inconsciente, qui jette définiti-
vement le doute sur l’autonomie de la « réponse »
en radiesthésie. 
Dans les années 1940, ce sont les travaux de Léon
Chaumery et d’André de Belizal, ingénieurs et radies-
thésistes, qui poussent le plus loin l’étude du fonction-
nement de la radiesthésie. Tranchant entre la tendance
purement physique et celle uniquement mentale, ils
tendent à croire que les deux se rejoignent : « La trans-
formation et l’amplification de la radiation traversant le
corps de l’homme par l’intermédiaire du fluide vital et
dont le mécanisme se traduit, pour le moment du moins,
au problème une solution exacte ou fausse », écrivent-
ils dans leur ouvrage de référence Essai de radiesthésie
vibratoire. Ils élaborent la théorie selon laquelle l’élec-
tro-magnétisme terrestre (force tellurique), passant par
les pôles, est lié à l’énergie cosmique et est décompo-

sable en ondes. Le corps humain serait
l’intermédiaire nécessaire à la traduc-
tion de cette énergie. Ils construiront
une pile radiesthésique pour étudier
ce phénomène.
La dimension humaine
Marc Aurive, quant à lui, recense les ex-
plications physiques de captations d’ondes
ou de rayons, mais suggère que la dimension
humaine reste primordiale, et que certains
« opérateurs » activeraient ainsi des capacités té-
lépathiques. Une sorte d’échange d’inconscient
à inconscient pourrait s’établir entre celui qui
cherche l’information et celui qui la détient.  sources souterraines, ou encore les croisements du ré-
Aujourd’hui, le radiesthésiste et formateur Gérard
Grenet propose une explication qui réunit toutes
ces études. D’un côté, il rappelle que tout notre
environnement n’est qu’énergie vibratoire et que
nous captons ces ondes en permanence, qu’elles
émanent d’objets, de la Terre ou d’humains. D’un
autre côté, il associe les capacités de l’inconscient
qui gèrent le flux d’informations à l’intuition qui
les interprète. Il explique : « Nos cellules agissent en
émetteurs-récepteurs, véritables circuits oscillants qui
émettent et reçoivent des ondes. Elles s’installent en un
état de résonance appelée syntonie. Elles organisent alors
leur vibration en phase avec la fréquence terrestre dite
de Schumann, émergences d’ondes alpha au niveau du
cerveau. » Lorsque l’on travaille avec le pendule, par
exemple, et qu’avec l’entraînement, on est capable
d’éteindre le mental, alors la résonance opère.
Comme si le pendule c’était « nous » en plus fin,
amplificateur de réception d’informations : « Notre
corps est équipé de centres de récepteurs magnétiques.
Lorsque je pense à quelqu’un, j’envoie un rayon et la
personne reçoit le message inconsciemment et y ré-
PHOTOS : SDP - ILLUSTRATION : ADOBE STOCK
pond. C’est cette vibration que le pendule amplifie »,
rajoute notre expert. La faculté intuitive fait le reste
et il ne faut pas craindre d’influencer puisque ce
sont nos capacités inconscientes qui, au contraire,
éclairent le conscient. Il ajoute enfin que des
« fluides plastiques », véritables traces qu’il appelle
des rémanences, seraient laissés par les humains après
leur passage dans un lieu. Celles-ci pourraient être
lues par le pendule et délivrer des messages.  réponses), le pendule peut guider l’utilisateur devant
 une palette de choix. « J’utilise mon pendule pour orien-
Romulus aurait
construit Rome sur un
emplacement indiqué par
des baguettes de bois.
 étendre la possibilité des champs d’action. ●

Certains “opérateurs”
activeraient ainsi des capacités
télépathiques.

Quels usages
aujourd’hui ? 
Les usages de la radiesthésie, aujourd’hui,
sont toujours tournés vers la recherche d’objets
ou de personnes et peuvent s’étendre à une ré-
organisation géobiologique des espaces. En effet,
le pendule aiderait à détecter les zones telluriques,
les nœuds du réseau Hartmann, les passages de
seau Curry. Ainsi, l’habitat peut présenter des points
À
optimum ou négatifs à prendre en considération. Le LIRE
pendule permettrait également de faire des nettoyages
en tout genre, lorsque l’on détecte des pollutions ou
des nuisances, qu’elles soient internes ou externes. 
De manière plus subtile, la radiesthésie pourrait ser-
vir à répondre à des questions personnelles, utiliser
les informations inconscientes pour éclairer un
chemin, porter à la connaissance des éléments encore (1)
enfouis chez le consultant, ou être un outil concret Le grand
livre de la
de l’intuition. Mais cet éventail d’interactions montre radiesthésie
que pour un débutant, la prudence est de mise face Marc
aux interprétations à tirer de ces expériences. Aurive
La diversité du public présent lors des stages de for- Éd. Guy
Trédaniel,
mation en radiesthésie animés par Gérard Grenet ne 2008,
manque pas de surprendre. Tous types de professions, 10,04 €
dont certaines très « cartésiennes », s’y côtoient : un
comptable, un agriculteur ou encore un chirur-
gien-dentiste… « Au départ, j’étais intéressé par l’aspect
géobiologie, mais j’ai envie d’étendre l’utilisation du pen-
dule à l’utilisation des extraits de plantes sur les cultures,
pour faire les bons choix », explique Hervé, agriculteur.
Il peut être un outil qui rassure, dont l’utilisateur se
Vous aussi,
sert pour confirmer son intuition. « L’utilisation de vous êtes
mon pendule me permet de rentrer dans un état alpha chaman !
plus rapidement et de pouvoir me connecter afin de Gérard
m’aider dans la prise de décision et m’orienter dans la Grenet
Éd. Leduc.s,
bonne direction », explique Medhi, agent immobi- 2018, 18 €
lier. À l’aide d’abaques précis (demi-cercles ou cercles
entiers découpés en tranches avec des possibilités de
ter le soin lorsque je fais du magnétisme. J’aimerais en-
suite l’étendre à d’autres domaines comme les pierres »,
explique Marie, assistante de direction. Qu’elle soit
intuitive ou magnétique, la radiesthésie continue
aujourd’hui d’être un outil pour ceux qui souhaitent
obtenir des réponses sans passer par le mental et ainsi
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 49
 Dossier

au dela
Si la mort n’est
pas la fin...

Horizon inéluctable, la mort nous accompagne toute notre vie : sym-

boliquement, concrètement ou réellement, lorsque c’est « notre
tour ». Cependant, quelles que soient nos croyances, de nombreux
témoignages et études pourraient enrichir notre vision : voir, au-delà
de l’épreuve, l’incroyable transformation de notre âme.
PHOTO : EYEEM / GETTY IMAGES - ILLUSTRATION : FUN WAY ILLUSTRATION / SHUTTERSTOCK

Sommaire
✦ Les preuves de l’après-vie  52
✦ Quand le contact révolutionne le deuil 56
✦ Et si le sens de la vie
se révélait dans les épreuves  60
✦ Se reconstruire après un deuil 64
✦ La mort, cette naissance 68
✦ Pourquoi la mort a changé ma vie  72
✦ Imaginer l’au-delà  76
✦ Pour aller plus loin  80
 
Ainsi, le « paradis »,
empreint d’amour, d’unité
et de lumière, ne serait
pas si éloigné de nous.


Preuves
DE L’APRÈS-VIE
LES

La multitude de témoignages déroutants – EMI, contacts avec

les défunts, transmissions de médiums, voire souvenirs de vies
antérieures – bouscule notre conception scientifique et matérialiste
selon laquelle il n’y aurait rien après la mort. Et si nous ouvrions
notre esprit à autre chose ? Par Claire Eggermont

E
n quatre siècles à peine, la science matérialiste a
aboli tout concept de transcendance. Derrière ses
prétentions d’« évolution », la culture occidentale
se retrouve seule au monde à croire au caractère
définitif de la mort et à en perdre le sens de la vie.
Nous pensons que notre existence se limite à celle
de notre corps physique et qu’elle est réduite à néant
lorsque celui-ci périt. Pourtant, de plus en plus de
témoignages et de recherches scientifiques sérieuses
bouleversent les dogmes en postulant la survivance
de la conscience après la mort du corps. Cette vision,
si nous acceptons de nous y ouvrir, serait à même
de révolutionner notre manière d’appréhender notre
vie, d’accompagner nos mourants et de traverser le
deuil. « Nous sommes au milieu du saut le plus impor-
tant de la compréhension humaine dans l’histoire. Nous
sommes sur le point de redécouvrir l’autre côté de la vie :
un côté qu’une part enfouie en nous n’a en fait jamais
oublié », écrit le Dr Eben Alexander.
Aperçus de l’au-delà  parmi les scientifiques. La majorité d’entre eux défend
Les personnes ayant vécu une EMI (expérience
de mort imminente), parfois appelée EMP (expé-
rience de mort provisoire) se comptent en dizaines
de millions à travers le monde. Souvent ramenées à
la vie après un arrêt cardiaque grâce aux techniques
de réanimation cardiopulmonaires développées à
partir des années 1960, elles racontent avec stupé-
faction, précision et émerveillement, leur incursion
dans l’au-delà et son impact décisif pour la suite de
leur existence. Aux quatre coins du globe, les dif-
férents témoignages interpellent par leurs points
communs qui soulèvent le caractère universel de
l’expérience vécue. Traversée d’un tunnel vers une
lumière intense, audition d’une musique sacrée, sen-
sation d’être hors du temps, impression d’ultra-ré-
alité, capacités intellectuelles démultipliées, pensée
claire et lucide, étreinte dans un amour infini : les
« expérienceurs » ne reviennent pas indemnes de ce
voyage outre-terre. Pour leur très grande majorité,
ils disent être convaincus de s’être rendus dans le
monde qu’ils regagneront à leur mort définitive et
avoir été entièrement libérés de la peur de mourir.
Leurs témoignages coïncident avec ceux des
personnes en fin de vie, qui sont nombreuses à
PHOTO : ROBERT ROKA / SHUTTERSTOCK
percevoir, peu de temps avant de mourir, une
lumière, un paysage paradisiaque, des proches
décédés avant elles ou encore des entités mys-
tiques semblant venues « les chercher »... Et que
dire de toutes ces personnes qui attestent avoir
reçu un contact spontané avec un proche défunt
– une apparition, un parfum, une caresse, une
voix, directement reconnaissables ? Encore une
Découvertes Au-delà
fois, la lumière et l’amour ressentis ressortent de
la quasi-totalité de ces « contacts », tout comme
la délivrance de la peur et l’apaisement de la souf-
france du deuil. Les médiums semblent égale-
ment pouvoir recevoir des informations inédites
de nos défunts, et même parfois être capables de
reproduire leurs mimiques, leurs postures ou le
ton exact de leur voix. À cela s’ajoutent les récits
d’enfants rapportant des souvenirs précis de ce
qu’ils disent être « leur ancienne vie ». L’équipe du
pédopsychiatre Jim Tucker, professeur en sciences
neurocomportementales à l’Université de Virginie,
a documenté plus de 2 500 cas de ce genre, dont
1 400 ont abouti à l’identification de la « person-
nalité antérieure », à partir des faits fournis par les
enfants, inconnus de leur famille actuelle.
Très loin d’une hallucination
Pourtant, malgré l’abondance des témoignages, le
doute quant à l’existence de l’au-delà plane encore
la thèse selon laquelle l’expérience transcendante vécue
lors des EMI serait un simple phénomène hallucina-
toire produit par un cerveau défaillant. Selon eux, le
déficit d’oxygène expliquerait les visions de points
lumineux, tandis qu’un excès de gaz carbonique jus-
tifierait les sensations de plaisir en activant des récep-
tions morphiniques. Pour le Dr Charbonier, cette
thèse n’est pas recevable. « L’hypoxie et l’hypercapnie
produisent des tableaux cliniques particuliers regroupant
une lenteur d’idéation, une irritabilité, des difficultés de
concentration et des troubles de la mémoire, bref, des com-
portements qui contrastent énormément avec les percep-
tions accrues et la clarté mentale de ceux qui vivent une
EMI. Quant à la vision d’un point lumineux induite
par un lobe occipital mal perfusé, celle-ci crée une image
semblable à celle d’un écran qui s’éteint sur un vieux poste
de télévision. Cela n’a absolument rien de commun avec
l’indicible lumière d’amour qui surgit et s’accroît au bout
d’un tunnel », explique-t-il. Enfin, la stimulation des
récepteurs morphiniques du cerveau, ne serait pas suf-
fisante pour modifier toute une vie et expliquer la paix
et l’ouverture de cœur qui habitent durablement les
expérienceurs. Le Dr Eben Alexander partage ce point
de vue. Neurochirurgien américain, il pensait lui aussi
que les EMI étaient de simples fantasmes produits par
un cerveau en situation de stress extrême, avant de
plonger lui-même dans un coma profond suite à une
grave maladie. « Le niveau d’infection de mon cerveau
était si grave que les lésions cérébrales empêchaient toute
production d’hallucinations, de rêves ou d’effets des médi-
caments sur la conscience. Pourtant, dix ans plus tard, je
me rappelle à 100 % de mon EMI comme si FF F
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 53
Au-delà Découvertes
FF F elle avait eu lieu hier. Ce fut une véritable ini-
À tiation », témoigne-t-il.
LIRE
Concernant les contacts spontanés avec les défunts,
Evelyn Elsaesser, spécialiste du sujet, insiste sur le fait
qu’ils ne sont accompagnés d’aucun symptôme de
maladie mentale, et que ce sont des vécus cohérents,
réjouissants et apportant un bénéfice à long terme
aux personnes qui les reçoivent, tandis que les hallu-
cinations sont généralement effrayantes, insensées et
Survivre
à la mort
irrationnelles. Enfin, pour ce qui est de la médium-
Leslie Kean nité, les études du Pr Gary Schwartz comme celles
Éd. Dervy, de Julie Beischel ont démontré, dans des conditions
2018, 23 € où la tricherie était impossible, que les informations
reçues par les médiums ne pouvaient provenir que
de la conscience de la personne décédée. Les proto-
coles scientifiques rigoureux qui ont été utilisés lors
de ces études, parfois en triple aveugle pour éviter
tout biais d’observation, ont permis d’éliminer défi-
nitivement les explications conventionnelles telles
que la fraude, le questionnement directif ou la sug-
Voyage d’un
neurochirurgien gestibilité ; et la véracité des informations rapportées
au cœur de la de l’au-delà par les médiums interrogés a pu être
conscience vérifiée dans 80 à 90 % des cas !
Dr Eben
Alexander
Éd. Guy Trédaniel,
2018, 22 € Une métaconscience
De nombreux expérienceurs d’EMI ou de sorties
de corps sont capables de relater avec exactitude des
conversations entre les médecins ou les membres de
leur famille, ou encore de décrire avec précision des
objets ou des scènes ayant eu lieu dans ou en dehors
de l’hôpital. « Cela veut donc dire que ces patients ont
vu sans leurs yeux, entendu sans leurs oreilles et com-
Les 7 bonnes pris sans leur cerveau ! », s’exclame le Dr Charbonier.
raisons Comment est-ce possible ? Cela vient contester le
de croire à l’au- concept fondamental de la science occidentale selon
delà
Dr Jean-Jacques lequel la conscience est produite par le cerveau et
Charbonier ne peut donc exister sans lui. Selon le Dr Pim van
Éd. J’ai lu, 2014, Lommel, « il paraîtrait même exister un rapport inversé
7,10 €
entre la clarté de conscience et la perte des fonctions céré-
brales ». Après 20 ans de recherches sur les EMI, ce
célèbre cardiologue néerlandais dit en être arrivé à
l’inéluctable conclusion selon laquelle le cerveau
aurait une fonction de facilitation et de réception et
non une fonction de production de la conscience.
« Au vu des expériences rapportées dans le monde entier,
nous pouvons supposer que les champs d’informations de
La conscience
quantique
et l’au-delà
 la sensation d’être profondément aimés et reliés à tout
Emmanuel La culture occidentale
Ransford
Éd. Guy Trédaniel, se retrouve seule au monde
2013, 23 €
à croire au caractère
définitif de la mort.
54 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
 céleste à notre monde terrestre est l’amour », conclut-il. ●
notre conscience ont leur source dans un monde invi-
sible au-delà du temps et de l’espace. Dans mon idée,
la conscience n’est pas physiquement ancrée, elle est non
locale », partage-t-il dans l’enquête de Leslie Kean.
Ses conclusions corroborent celles du chercheur
Emmanuel Ransford, spécialiste de physique quan-
tique, pour qui il existerait une grande toile suprale,
sorte de double invisible de notre univers visible,
dans laquelle résiderait notre métaconscience et où
toutes les métaconsciences seraient reliées entre elles.
Selon lui, les données captées par les médiums pro-
viendraient de cette grande toile où elles sont archi-
vées. « Quand le cerveau s’arrête, comme un poste de télé
ou une radio, les ondes de notre conscience demeurent,
poursuit Pim van Lommel. En d’autres termes, nous
avons un corps mais nous sommes conscience, et celle-ci
n’a ni commencement ni fin. » Ainsi, pour ces émi-
nents scientifiques la mort ne serait pas notre fin ; elle
sonnerait simplement notre passage ou notre retour
vers une dimension plus élevée. Et d’après leurs
recherches, il ne s’agirait pas d’une quelconque fusion
impersonnelle dans un grand bain de conscience
universelle, mais bel et bien d’une survivance indivi-
duelle, dans laquelle notre personnalité, avec ses traits
distincts et ses souvenirs, serait conservée. « Par-delà
la mort du corps, notre métaconscience crée une forme
de survivance psychique propre à chacun d’entre nous.
Elle est ce petit bout d’âme qui nous appartient et qui se
fond dans l’âme globale du monde pour l’éternité... ou
presque », reprend Emmanuel Ransford.
Retrouver la connexion
Ainsi, le « paradis », empreint d’amour, d’unité et de
lumière, ne serait pas si éloigné de nous, mais existe-
rait comme sur une autre fréquence tissée dans l’étoffe
même de notre matérialité. Nous appartiendrions
aux deux mondes, mais l’aurions simplement oublié.
« Pendant la période physique de notre existence, notre
cerveau voile ou filtre cet arrière-plan cosmique. Mais
nous avons tous la capacité de retrouver la connexion avec
ce monde idyllique », soutient Eben Alexander. Selon
lui, sans ce lien avec cette dimension plus élevée d’où
nous venons et où nous retournons tous, nous demeu-
rons aveugles et le monde nous paraît infernal. Mais
PHOTOS : ROBERT ROKA / SHUTTERSTOCK - SDP
en retissant ce « fil d’or » avec notre essence, la source
originelle et continuelle de notre être, nous retrouvons
ce qui est. Notre vie et ses drames prennent un tout
autre sens. « Nous passons nos vies à déclarer triompha-
lement que le monde spirituel n’existe pas, parce que nous
avons échoué à éveiller en nous l’amour, qui est le seul à
pouvoir rendre lisible cette idée. Ce qui unit le monde

Dans mon idée, la conscience
n’est pas physiquement ancrée,
elle est non locale.
Dr Pim van Lommel 
Les capacités
de la conscience
Face à notre société matérialiste, qui
restreint nos capacités à notre corps,
à notre cerveau et qui nie toute
transcendance, le Dr Mario Beauregard,
neuroscientifique canadien, propose
un nouveau modèle de réalité.
S’appuyant sur des expériences et sur
les dernières découvertes en physique
quantique, il révèle une nouvelle manière
d’appréhender la conscience. En mettant
en lumière les extraordinaires pouvoirs
de nos pensées, nos émotions et
nos croyances, il démontre l’influence
que nous pouvons avoir sur notre santé,
nos gènes et comment dépasser les
contraintes de l’espace et du temps !
Un manifeste post-matérialiste
révolutionnaire…
Un saut quantique de la conscience,
Dr Mario Beauregard, Éd. Guy Trédaniel, 2018, 18 €

BONUS ENTRETIEN AVEC DR FRANÇOIS LALLIER

Web
ses dernières recherches sur les EMI,
par Jocelin Morisson, à retrouver sur :
www.inrees.com/bonus/305
 
Ces expériences
ne permettent pas
de faire l’économie du
travail de deuil.


Contact QUAND LE

RÉVOLUTIONNE
LE DEUIL

L’expérience connue sous l’appellation « vécu subjectif de contact
avec un défunt » (VSCD) semble plus répandue qu’on ne le croit.
A
Spontané ou provoqué, ce désir de message pose la question du lien
qui perdure post mortem. Par Claire Eggermont
percevoir la présence lumineuse d’un proche
décédé, sentir sa main se poser sur notre épaule,
reconnaître son parfum qui se diffuse dans la pièce,
recevoir un message de sa part à travers un rêve, un
médium ou une séance d’hypnose... D’après diffé-
rentes études, entre 25 et 45 % des Occidentaux
auraient déjà vécu une telle expérience, ce qui fait
dire à Evelyn Elsaesser, auteure du livre Quand les
défunts viennent à nous, qu’« il s’agit là d’un véritable
fait de société ». S’ils demeurent tabous, difficiles
à partager et à admettre dans le cartésianisme de
notre culture, ils n’en sont pas moins vécus comme
puissamment « réels », bouleversants et réconfor-
tants. Ces contacts peuvent-ils aider le processus
de deuil, l’acceptation de la mort ou, au contraire,
les freiner ? Faut-il chercher le contact à tout prix
ou accepter qu’il nous échappe ? Médecins et autres
spécialistes du sujet nous éclairent sur la question.
Contacts spontanés
« Soudain, j’ai senti physiquement comme une présence
chaleureuse et bienveillante accolée tout le long de mon
corps. Mon cœur s’est mis à battre très fort. Je savais qu’il
s’agissait de mon père. Puis, cette présence s’est doucement
décollée de moi et m’a laissée dans une sorte d’eupho-
rie apaisée... Je n’ai jamais oublié ce moment. » Tout
comme Élisabeth, de plus en plus de personnes à
travers le monde osent témoigner de cette expérience
qui échappe pourtant à leur compréhension : celle
d’un « contact » avec un proche récemment décédé.
PHOTO : LIGHTFIELD STUDIOS / ADOBE STOCK
Ces expériences déroutantes se produisent générale-
ment dans les premiers jours suivant le décès, voire
les premiers mois. D’après les recherches menées par
Evelyn Elsaesser, conseillère à l’INREES et cofonda-
trice de l’IANDS (International Association for Near
Death Studies), les VSCD les plus courants se mani-
festent par un ressenti de la présence « indéniable »
du défunt. Le contact peut être également sous
forme d’une voix, d’un frôlement, d’une caresse ou
 C’est l’un des mystères qui régissent nos vies et il faut
Notre société
occidentale est unique dans
son scepticisme.
 tionne comme un opérateur téléphonique, une FF F
Contacts Au-delà
d’une étreinte, d’une odeur caractéristique ou encore
d’une vision. Dans ce dernier cas, la personne dispa-
rue apparaît généralement en éclatante santé et dans
la fleur de l’âge, remplaçant le dernier souvenir par-
fois accablant par une image lumineuse.
Les VSCD se produisent parfois au moment même
du décès, en état de veille ou de sommeil, la per-
sonne mourante venant annoncer au récepteur son
départ, alors que celui-ci n’était parfois ni prévisible
ni attendu, comme dans le cas d’un accident. Des
rêves d’une intensité particulière peuvent être éga-
lement le lieu de contacts fulgurants. « J’ai souffert
pendant plus d’un an du décès de ma mère, raconte
le moine vietnamien Thich Nhat Hanh. Mais un
jour, tandis que je dormais dans la hutte de mon ermi-
tage, j’ai rêvé d’elle. Je me voyais en train de lui parler.
C’était merveilleux. Quand je me suis réveillé, j’ai eu
la sensation très forte que je n’avais jamais perdu ma
mère. L’impression qu’elle était toujours en moi était très
claire. » Si les VSCD sont généralement très brefs, ils
laissent pourtant des traces durables et positives chez
ceux qui les vivent. « Pour surprenant que cela puisse
paraître, il s’avère que dans leur très grande majorité, les
personnes vivent cette expérience sans effroi et avec recon-
naissance. La force émotionnelle du VSCD est liée au
fait qu’il arrive par surprise alors que l’on ne s’y attend
pas. Il crée un effet de sidération puis de joie, touchant
directement le cœur », explique Evelyne Elsaesser.
Contacts induits
Si toute personne endeuillée aspire désespérément
à retrouver le contact avec l’être aimé, nombreuses
sont celles qui ne le vivent pas, ou pas spontané-
ment. L’absence de VSCD peut alors devenir une
vraie souffrance dans le processus de deuil, renforçant
le sentiment d’injustice et de non-sens. « Elle ne doit
en aucun cas être comprise comme un abandon de la
part du défunt, poursuit l’auteur. Nul ne sait pourquoi
certaines personnes vivent un VSCD et d’autres non.
l’accepter comme tel. » Pour y remédier, certains ont
recours à des consultations médiumniques afin de
tenter de recevoir un message de leur proche décédé.
Quand il est réellement talentueux, « le médium fonc-
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 57
Au-delà Contacts


FF F sorte d’antenne pointée vers la conscience non
locale et captant une personnalité défunte attirée par la
Les VSCD les plus
présence du consultant », explique la journaliste d’in- courants se manifestent par
vestigation américaine Leslie Kean. Dans son dernier un ressenti de la présence
ouvrage, Survivre à la mort, elle relate sa propre expé-
“indéniable” du défunt.
rience auprès d’une médium réputée qui lui livra des
informations précises sur son frère décédé, tout en
restituant parfaitement, par de nombreuses nuances,

la personnalité du défunt. Leslie Kean reçut cette
expérience comme un véritable cadeau : « Je sentais
que mon frère n’avait pas totalement disparu mais qu’il
est présent d’une manière différente. Ces consultations
ont rempli le vide douloureux de sa mort prématurée
en battant en brèche l’idée de l’irrévocabilité du trépas. »
Outre la médiumnité, de nouvelles techniques
se développent afin d’induire chez les vivants un
contact direct avec un proche disparu. C’est le cas
de la transcommunication hypnotique (TCH) créée
par le docteur Charbonier. Après s’être aperçu que
les individus ayant vécu une EMI avaient été ins-
tantanément libérés de la peur de la mort et de la
souffrance du deuil, il eut l’idée d’utiliser l’état hyp-
notique pour faire vivre aux personnes endeuillées
le passage dans le fameux tunnel, l’incursion dans
l’au-delà et le contact avec les êtres chers décédés. Au
final, 67 % des personnes ayant testé cette méthode
disent être parvenues à établir ce contact et avoir reçu
des informations très personnelles. De son côté, le
psychologue clinicien Allan Botkin perfectionne une
technique voisine, la thérapie CIAM (communica-
tion induite après la mort). C’est en 1995, alors qu’il
aidait des anciens combattants à surmonter leur stress
post-traumatique, qu’il découvrit par inadvertance
que la procédure de l’EMDR pouvait déclencher un
contact avec les défunts. « Quand les clients atteignent
un sentiment de paix après que leur tristesse a été traitée
et éliminée par la thérapie CIAM, alors leur vibration se
situe à un niveau plus élevé et les défunts peuvent appa- d’autant plus que les récepteurs ne pensent pas un
remment les contacter plus facilement. Il s’agit peut-être instant avoir été victimes d’une illusion ou halluci-
tout simplement d’amener le défunt et le vivant sur la nation. « J’ai l’intime conviction que ce qui s’est passé
même longueur d’onde », confie-t-il à Leslie Kean. Si était réel, parce que le bonheur et le bien-être qui m’ont
ces différentes techniques, auxquelles s’ajoutent la res- envahie, je ne les ai pas inventés, mais bien ressentis de
piration holotropique et les voyages chamaniques, ne tout mon être », témoigne Michèle. Certaines per-
peuvent pas garantir directement un VSCD, elles ont sonnes reçoivent également des messages de pardon
le point commun de provoquer un état de conscience ou des détails sur les circonstances du décès ou les
expansé facilitant le contact avec l’au-delà. raisons d’un suicide, ce qui diminue considérable-
ment les sentiments d’incompréhension, de colère,
d’injustice et de culpabilité qui ponctuent le pro-
Un impact positif cessus du deuil. Enfin, ce qui ressort d’essentiel lors
« Laisse-moi partir », « Je vais bien », « Je t’aimerai de ces expériences, c’est la conviction que la vie de
toujours », « Je veille sur toi », « Ne t’inquiète pas l’être aimé continue de l’autre côté. « Les conseils des
pour moi »... Les messages reçus lors des contacts défunts de ne pas les pleurer trop longtemps et de pour-
avec les défunts sont généralement empreints suivre notre vie en attendant d’être réunis un jour sont
d’amour, rassurants et profondément apaisants, d’une importance capitale dans le processus de deuil.

58 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018


En cela, les VSCD sont thérapeutiques par nature »,
soutient Evelyn Elsaesser.
À l’inverse, vouloir reproduire ces contacts coûte
que coûte risquerait d’entraver et de freiner le pro-
PHOTO : LIGHTFIELD STUDIOS / ADOBE STOCK
cessus du deuil. Le psychiatre Christophe Fauré
nous met en garde quant à un recours trop fréquent
à des médiums, qui pourrait nous maintenir dans
un lien extérieur et médiatisé à la personne disparue
et être improductif. « Ces contacts sont hautement
bénéfiques à condition que les endeuillés réussissent
à faire la distinction claire entre le départ physique
définitif de l’être aimé et cette nouvelle relation inté-
rieure qu’il s’agit de créer », conseille-t-il. Tout en
reconnaissant à quel point le contact avec son fils
décédé l’a grandement aidée, le témoignage de Pas- À
LIRE
cale Villain, fondatrice de l’association La promesse
d’Alexandre, illustre le fait que ces expériences ne
permettent pas de faire l’économie du travail du
deuil et de la confrontation au manque. « Je vis
encore des montagnes russes et je traverse toujours des
pics de grande tristesse, mais je ne cherche plus à établir
le contact à tout prix. Je suis portée par l’idée que je le
Quand
reverrai et par l’envie de faire de mon mieux pour le les défunts
temps qu’il me reste à vivre ici-bas, en offrant toujours viennent
plus d’amour aux gens autour de moi. » à nous
Evelyn
Elsaesser
Éd. Exergue,
Se relier en toute simplicité 2017, 18 €
« Ces contacts sont-ils réels ou non ? Ce qui compte,
c’est la direction qui est pointée : comment allons-nous
vivre notre vie maintenant pour continuer à hono-
rer la mémoire de cette personne et honorer notre lien
qui perdure dans les dimensions subtiles ? », reprend
Christophe Fauré. Pour répondre à cette question,
les contacts extraordinaires avec l’au-delà ne sont
pas forcément nécessaires. Il incombe à chacun Contacter
d’entre nous de trouver des manières simples, nos défunts
par l’hypnose
authentiques et personnalisées de se relier à nos Dr Jean-
défunts, en cultivant la certitude et la foi que « la Jacques
mort est une transition vers un état de conscience Charbonier
Éd. Guy
suprême où l’on continue à percevoir, à comprendre, Trédaniel,
à évoluer ». D’après Élisabeth Kübler-Ross, si nous 2018, 19,90 €
ne percevons pas les messages émis par nos défunts,
cela ne signifie pas qu’ils ne nous entendent pas
ou ne veillent pas sur nous, mais qu’ils vibrent
peut-être seulement sur une fréquence trop élevée
pour être captée par notre oreille humaine. Rappe-
lons-nous que notre société occidentale est unique
dans son scepticisme et que toutes les cultures tra-
ditionnelles croient fermement en la présence de La
l’autre monde et des esprits. De nombreux rituels communication
peuvent être inventés à notre manière pour dire induite après
la mort
merci à nos défunts, nommer nos regrets, deman- Dr Allan
der pardon et rendre hommage à ce qui a été vécu Botkin
ensemble. Fêter l’anniversaire du décès d’un être Éd. Guy
Trédaniel,
cher en s’entourant de la famille et de ses amis, 2017, 22 €
en regardant des photos, en mangeant son gâteau
préféré, en écoutant la musique qu’il aimait, peut
être l’occasion de soulever la chape de silence et de
garder vivante la mémoire du défunt dans le cœur
de tous. Planter un arbre ou un chemin de fleurs,
retourner sur le lieu d’un voyage de noces, déposer
un message sur un petit radeau de bois et l’offrir à
la rivière, s’accorder des temps de recueillement en
allumant une bougie devant la photo du disparu
sont d’autres façons de cultiver le lien au défunt
tout en célébrant la continuité de la vie. ●
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 59
 Au-delà Sens
ET SI LE SENS DE
Epreuves
LA VIE SE RÉVÉLAIT
DANS LES
Dans son nouveau livre Après…
Stéphane Allix dévoile que plus d’un quart
des personnes en deuil font l’expérience
de formes diverses de communication
spontanées après le décès d’un proche.
Preuves supplémentaires de la réalité d’une
vie après la mort, ces expériences nous
invitent en outre à nous interroger sur
 le sens de l’existence. Par Stéphane Allix
Denis est mort. La nouvelle terrible nous
saisit au début de l’été 2000. Denis était
un ami avec qui je partageais la passion de
l’aventure et des voyages. Il avait monté sa
propre structure de production audiovisuelle et faisait par-
tie de la jeune génération de la Société des explorateurs
français, dont nous étions membres tous les deux.
Quelques jours après sa mort, Lucie, sa compagne, convia
un groupe d’amis chez eux. À un moment de la soirée je
me suis retrouvé seul avec elle. Nous échangions quelques
mots tandis que son regard si intense me perçait ; je la sen-
tais embarrassée. D’une voix hésitante elle me confia alors
soudain : « Denis est venu me voir… » Devant mon air intri-
gué, elle me révéla avoir vécu une expérience extrêmement
curieuse. « Hier soir, c’est la première fois que je me sentais de
revenir passer la nuit chez nous depuis la mort de Denis. J’ap-
préhendais de dormir dans notre chambre, seule… Je me suis
emmitouflée dans un vêtement à lui, et je me suis finalement
allongé sur le lit. » Lucie me décrit ce moment si empli de
tristesse où elle se couche et ferme les yeux. « Et soudain,
j’ai senti Denis me rejoindre. Il était là, contre moi, j’en suis
absolument persuadée. Je sentais le poids sur le lit, une pression,
comme celle d’un corps qui creuse le matelas à côté de moi. »
Tout en me livrant ce récit pour le moins étrange, Lucie
guette ma réaction. Je la sens gênée. Elle m’assure qu’elle
n’a pas rêvé ; elle ne dormait pas ! Je n’ai aucun doute sur
sa sincérité mais en même temps je ne sais trop quoi lui
dire. C’est une fille solide, cartésienne et jamais elle n’irait
inventer une chose pareille, mais une visite de Denis !?! Lucie
est parfaitement saine d’esprit, et c’est précisément parce
60 Inexploré
60 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE
- HORS-SÉRIE 2018 2017
N°6 - NOVEMBRE
qu’elle a les deux pieds sur terre qu’elle est à ce point décon-
certée par cette expérience qui l’a manifestement submergée
d’émotion. « Denis était là, il est venu me réconforter. Il a
senti que je n’en pouvais plus… et il est venu me dire qu’il
serait là ! » Ce soir-là, Lucie avait besoin de confier le détail
de cette nuit incroyable. Alors je l’ai écoutée. Sans juger, et
même si son récit semblait impossible, je sentais confusé-
ment au fond de moi qu’il s’était passé quelque chose. C’était
la première fois que j’entendais une telle histoire.
Moins d’un an après le décès de Denis, mon frère Tho-
mas meurt dans un accident alors que nous nous trouvons
ensemble en Afghanistan. Ce drame amorce un tournant déci-
sif dans ma vie. Les questions existentielles que je me posais
de temps à autre jusque-là deviennent dès lors primordiales.
La vie a-t-elle un sens ?
Se poursuit-elle après la mort ?
À partir de ce moment, j’abandonne progressivement les
sujets conventionnels sur lesquels je travaillais en tant que
journaliste pour bientôt ne plus me consacrer qu’exclusi-
vement à mon enquête sur la vie après la mort.
Rapidement, je commence à entendre des témoignages
similaires à celui de Lucie. Ce qui lui est arrivé ne semble
pas unique, loin de là. Les récits identiques s’accumulent
au fil de mes recherches et bientôt je dois faire le constat
que de très nombreuses personnes expérimentent ce qui res-
semble à des formes diverses de communication spontanées
après la mort d’un proche. Comme dans le cas de Lucie,
ces expériences se produisent sans que les témoins ne les
aient voulues ni cherchées. Ces récits ne vont cesser de me
surprendre, de m’émouvoir, de me stupéfier. Ils évoquent
des sensations de présence, des signes de toutes natures et
intensités, des visions, des messages télépathiques, des rêves,
des apparitions, etc. et s’avèrent bien plus fréquents que je
ne l’imaginais. En effet, des millions de femmes, d’hommes
et d’enfants à travers le monde font ce type d’expériences
après le départ d’un proche. Un nom leur a été donné. On
parle de vécu subjectif de contact avec un défunt, dont l’acro-
nyme est VSCD. Lorsqu’on se tourne vers la psychiatrie
pour savoir s’il pourrait s’agir d’hallucinations, la réponse
de ceux qui travaillent avec des personnes en fin de vie ou
sur l’accompagnement du deuil et qui ont étudié ces témoi-
gnages est formelle : il s’agit d’expériences très curieuses qui
dépassent manifestement notre compréhension, mais elles
n’ont rien à voir avec des hallucinations.
Ces expériences se produisent dans près d’un deuil sur quatre
en France. Rien que pour l’Hexagone, cela représente chaque
année plus de cent cinquante mille personnes ! Vous, votre
PHOTO : NATACHA CALESTRÉMÉ
voisin, votre conjoint, votre épouse, vos amis, vos enfants…
Ces témoignages sont variés et si répandus qu’ils sont un
rappel permanent, dans un monde qui a gommé le spi-
rituel de sa définition si étriquée de la réalité, que cette
dimension existe bel et bien. Il va cependant me falloir
des années avant de l’admettre. Mon refus initial FF F
✒

Bio express
Stéphane Allix est journaliste
d’investigation et auteur des best-
sellers Le test et Lorsque j’étais
quelqu’un d’autre. Il a fondé l’Institut
de recherche sur les expériences
extraordinaires. Il est en outre
le créateur et l’animateur de la série
Enquêtes extraordinaires sur M6.

HORS-SÉRIE N°6 - NOVEMBRE 2017 - Inexploré 61

 LES LIVRES DE STÉPHANE ALLIX .......................................................................
Après… Quand l’au-delà nous fait signe Le test
Éd. Albin Michel, 2018, 19,80 € Éd. Le Livre de
Plus d’un quart des personnes en deuil font l’expérience de formes Poche, 2018, 7,90 €
diverses de communication spontanées après la mort d’un proche. Ce best-seller ap-
Il n’est pas possible de réduire une telle quantité de témoignages portant des élé-
à de simples hallucinations. Après Le test, ces récits constituent ments de preuve
une nouvelle preuve que la vie se poursuit après la mort. À travers sur la communica-
d’incroyables témoignages et ses expériences personnelles livrées tion après la mort est enfin dis-
ici pour la première fois, l’auteur nous invite à découvrir ce qu’il advient après… ponible en poche.
.............................................................................................................................................

62 Inexploré - Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018


FF F de reconnaître ces expériences pour ce qu’elles
sont, devient presque irrationnel tant ces comptes rendus
de communication après la mort ne constituent pas des
anecdotes rares et suspectes, mais une réalité quotidienne
et indiscutable vécue par tant de personnes. Notre vision
du monde est façonnée par notre éducation, et je me rends
compte combien il est difficile de s’affranchir de ses préju-
gés, même quand les faits les contredisent.
Et puis, notamment après la mort de mon père, je vais vivre
moi-même à plusieurs reprises des expériences curieuses, et
cela va changer en profondeur ma façon de voir les choses.
Devant l’accumulation de tant de témoignages, parce qu’il
est absurde de taire indéfiniment ce qui arrive à tant d’entre
nous, j’ai voulu les explorer, les écouter et présenter les plus
représentatifs dans un nouveau livre. Montrer, après Le test,
qui aborde la réalité de la communication médiumnique,
que ces contacts par-delà la mort peuvent se produire sans
intermédiaire. C’est comme cela qu’est né Après… dont
la rédaction m’a bouleversé. Car au-delà des récits les plus
incroyables, j’ai été profondément ému par ce qui m’a été
rapporté par des femmes et des hommes témoins de l’in-
croyable. Ému, et également surpris.
Ces récits innombrables sont
la preuve que celles et ceux que l’on
a aimés, et que la mort a emportés,
sont en réalité encore en vie ailleurs.
Ils témoignent également de leur désir de maintenir un
lien avec nous. Et plus essentiel encore : ils nous invitent à
reconsidérer la mort, même si souvent à nos yeux meurtris
elle a l’apparence de l’injustice.
Ces témoignages nous disent que la mort n’est qu’un voile
d’illusion. Ce constat se situe au-delà des croyances et
des religions. La vie ne s’interrompt pas, elle se poursuit,
immuable, offrant le cadre d’une évolution dont les para-
mètres échappent en partie à notre entendement tant que
nous sommes incarnés dans ce monde de matière. La mort
est une étape dans le long déroulement de la vie. Une étape
qui a du sens, dans une vision élargie de l’existence.
Alors non, cela ne fait pas disparaître comme par enchante-
ment la douleur implacable de l’absence. Le manque est là,
terrible, insoutenable. La mort reste une déchirure, même
pour ceux d’entre nous qui pressentent que la vie se pour-
suit après. Mais lorsque le poids de l’absence s’apaise – et
c’est possible – s’ouvre alors une autre vie où la dimension
spirituelle se révèle. C’est l’une des surprises les plus boule-
PHOTO : NATACHA CALESTRÉMÉ
versantes de mon enquête : découvrir combien pour plusieurs
des personnes ayant accepté de se confier, l’épreuve de la perte
d’un être aimé aura été le moteur d’un éveil spirituel. D’une
reconnexion à cette dimension que nous portons, mais dont
le quotidien nous fait oublier le rôle essentiel. Au-delà de la
douleur et de la peine, la mort est une étape, certes majeure,
Sens Au-delà
mais pas nécessairement « injuste » ou « absurde », dans le fil
d’une relation d’âme à âme qui surpasse par sa puissance la
liaison temporaire qui fut celle de deux êtres sur Terre. Un
fils et sa mère, un mari et sa femme, un enfant et son père…
une fois que l’un est « mort » la relation se poursuit, et cette
« mort » peut devenir source d’enseignement et d’évolution,
pour l’un, comme pour l’autre.
Une autre découverte de cette enquête aura été de réaliser
combien parfois, quelque chose en nous semble pressentir la
mort. En 2001, déjà, j’avais été intrigué par une réflexion
de mon frère Thomas avant son décès accidentel. Il avait
en effet confié plusieurs semaines avant de fêter ses trente
ans qu’il avait toujours su que quelque chose de spécial lui
arriverait une fois passé cet âge, « qu’il commencerait sa
vraie vie… ». Il a été tué vingt jours après son anniversaire.
Dans les journées qui ont précédé l’accident, d’autres
signes se sont produits mais ils sont demeurés illisibles.
Comment aurait-il pu en être autrement ? Nous n’avons
jamais appris à comprendre comment fonctionne notre
intuition. Nous n’avons reçu aucune éducation nous invi-
tant à utiliser rationnellement notre sixième sens. Com-
ment en effet dissocier dans nos ressentis, nos pensées,
dans ces signaux inconscients qui jalonnent nos existences,
ce qui est de l’ordre de nos productions émotionnelles –
nos peurs ou nos désirs – de ce qui pourrait constituer des
prémonitions, des brèches ouvertes sur le futur ?
Mais le fait est là,
il y a eu ces signes.
Alors dans le cours de mon enquête, quelle n’a pas été ma
surprise de découvrir que tel homme avait dit à sa com-
pagne avoir « vu la mort » trois jours avant de se tuer en
base-jump. Ou cet autre qui décide de visiter tous ses amis
durant les quinze jours qui précèdent son décès, « comme s’il
avait pris le temps de voir tous ceux qui lui étaient chers, avant
ce jour de l’attentat », me livra sa mère. Ce furent les pre-
miers d’une longue série dont je livre les récits dans Après…
Rapidement, ils sont devenus trop nombreux pour que je
puisse me raccrocher à l’idée qu’il ait pu s’agir de coïnci-
dences. On ne peut pas toujours qualifier de « coïncidences »
les faits troublants qui ne cessent de se produire autour de
nous. Certes ces « signes prémonitoires » sont inconscients,
en général indéchiffrables avant que l’événement auquel ils
se rapportent se produise, mais ils se présentent, et doivent
bien avoir une signification. Quelque chose en nous sait-il que
la mort approche ? Quelque chose en nous s’y prépare-t-il
inconsciemment avant que cela n’advienne ? De nombreux
éléments de réponses à ces questions vertigineuses nous sont
accessibles. Il suffit pour cela d’écouter ces innombrables

récits, ou alors de laisser un espace ouvert
en nous afin que les murmures bienveillants
de l’au-delà nous deviennent perceptibles.
C’est possible pour chacun de nous… ●
AUTOMNE
HORS-SÉRIE N°6 - NOVEMBRE 2017-- Inexploré
2018 - N° 40 Inexploré 63
 SE

apres
RECONSTRUIRE

deuil UN

Elles ne sont pas si nombreuses, ces personnes dont l’existence tisse

la trame de notre évolution et de notre identité. Si l’une d’elles disparaît,
tout s’effondre, le temps se fige, le sens nous échappe, ne laissant que
l’écho de notre tristesse et de notre colère... Comment continuer à vivre ?
Psychiatres et psychothérapeutes nous donnent quelques clés pour
traverser au mieux le long processus du deuil, chemin de reconstruction
intérieure et de préservation du lien avec la personne aimée.
Par Claire Eggermont

S
i le deuil n’a jamais été chose aisée, ébranlant
jusqu’aux profondeurs de nos êtres, notre société
moderne n’a fait que le complexifier davantage.
Transférant l’acte de mourir de la maison à l’hô-
pital, elle a mis la mort « à distance » et s’est par là
même dépouillée de tous les rituels, traditions et
codes sociaux qui marquaient et accompagnaient
la séparation. Fini le temps de veiller le défunt, de
suivre le prêtre en procession à travers le village et
de laisser nos vêtements noirs dire à notre place la
peine qui nous habite... « Cette mise à distance de
la mort a généré une peur, qui elle-même a généré
l’exclusion des personnes endeuillées, explique le
Dr Christophe Fauré. On attend d’elles de tourner
la page, d’être fortes et d’avancer. Mais le proces-
sus de deuil est extrêmement long et douloureux
et ne peut être raccourci. » D’après ce psychiatre,
spécialiste du sujet, la perte de la connaissance
ancestrale de la mort et du deuil ajoute beau-
coup de souffrances inutiles à l’épreuve vécue.
« On pense généralement, à tort, que le deuil,
c’est couper le lien et oublier, reprend-il. Il s’agit
en fait de restaurer le lien de façon appropriée,
de passer d’une relation extérieure, “objective”, à
une relation intérieure, “subjective”, par-delà la
mort. » Au final, le défunt n’est pas un absent dont
on doit taire le nom, mais un présent intériorisé
auquel on peut se référer lorsqu’on le souhaite.
Sa consœur Nadine Beauthéac parle de « mettre
la personne disparue à sa juste place : ni trop loin,
pour ne pas sombrer dans l’évitement, ni trop près,
au risque de ne pouvoir poursuivre son chemin ».
De l’importance
d’exprimer ses émotions
Comment faire pour vivre au mieux cette trans-
formation de soi et du lien à l’être aimé ? « “Faire
son deuil”, vous pouvez rayer ces mots de votre
vocabulaire !, répond le Dr Fauré. Il n’y a rien à
faire, seulement laisser faire, et accompagner avec
le plus de douceur et de patience possible, le pro-
cessus intelligent de cicatrisation qui va se mettre
Deuil Au-delà
en place naturellement, au-delà de notre volonté,
pour cicatriser notre plaie psychique... À tout
jamais, nous porterons une cicatrice, mais plus de
plaie béante capable de nous mettre en danger. »
Ce processus inné exige de nous laisser traverser
par toute une gamme d’émotions criantes et bien
souvent déroutantes, sans chercher à savoir si elles
sont appropriées ou non. Si s’accorder des trêves
émotionnelles en essayant de se changer les idées
est un conseil récurrent, vouloir retenir ses émo-
tions serait plus que néfaste. Nombreux sont les
spécialistes qui s’accordent à dire que ce ne sont
pas les épreuves en elles-mêmes qui peuvent nous
rendre malades, mais le fait de n’avoir pu ou su
nous exprimer à leur sujet. D’où le conseil d’Éli-
sabeth Kübler-Ross : « Laissez couler vos larmes,
elles sont un merveilleux moyen dont nous a doté
la nature pour extérioriser notre chagrin. Criez si
vous en éprouvez le besoin ! Laissez éclater votre
colère devant un thérapeute. Elle signifie que vous
progressez, que vous autorisez des sentiments,
jusque-là jugés trop forts ou déplacés, à remonter
à la surface. »
La disparition d’un être cher constitue un véri-
table traumatisme. Si le cœur est brisé et l’es-
prit affligé, le corps physique lui aussi accuse
le coup. Bourdonnements d’oreilles, vision
trouble, sensation de froid ou de chaud, dou-
leurs et oppressions, palpitations, vertiges, perte
d’appétit, nausées, insomnies font partie des
signes physiologiques multiples qui peuvent se
manifester à l’annonce du décès et représenter de
vrais risques de santé s’ils perdurent. Le système
immunitaire est généralement affaibli et des
maladies déjà avérées peuvent également s’aggra-
ver. C’est pourquoi il est important de prendre
soin de nous avec du repos, des massages, de la
sophrologie, une alimentation saine, l’écoute de
musique douce pour s’endormir... et de sortir
des tabous qui nous interdisent de reprendre
du plaisir alors que l’être cher n’est plus là. « Ne
vous jugez pas si vous éprouvez du désir sexuel.
Il ne s’agit pas d’infidélité, écrit Élisabeth FF F
Au-delà Deuil
FF F Kübler-Ross. Si la mort brise des liens, la
À
LIRE sexualité peut en créer et vous en avez besoin. » Aussi,
les différents spécialistes de l’accompagnement du
deuil nous encouragent à accepter les faces cachées
et les parts d’ombre du défunt et de la relation que
nous avions avec lui. Si des regrets surgissent, nous
pouvons toujours en parler avec le défunt à partir
de notre cœur, lui pardonner et se pardonner à soi-
Vivre le deuil même... D’une manière générale, accueillir et accom-
au jour le jour pagner au mieux le processus naturel du deuil seraient
Dr Christophe bénéfiques non seulement pour nous, mais égale-
Fauré ment pour nos enfants. Connue pour sa précieuse
Éd. Albin Michel,
2018, 19 € contribution à la psychogénéaologie, Anne Ancelin
Schützenberger n’a cessé d’interpeller son public sur le
fait qu’un deuil refoulé pouvait générer des maladies
psychosomatiques graves sur les descendants, par un
subtil mécanisme de fidélités familiales...
Les étapes naturelles du deuil
Bien que chaque deuil soit unique, coloré en fonction
Sur le chagrin des circonstances du décès, du caractère de la per-
et le deuil
Élisabeth sonne et de la nature de la relation qu’elle avait avec
Kübler-Ross et le défunt, les médecins identifient un certain nombre
David Kessler d’étapes clés que la personne endeuillée devra inévi-
Éd. Pocket,
2011, 6,95 €
tablement traverser. D’après l’expérience de Chris-
tophe Fauré, proche de celle de sa consœur Élisabeth
Kübler-Ross, la première étape est celle du choc, de la
sidération. C’est l’annonce insoutenable du décès et
l’état d’irréalité dans laquelle elle nous plonge. Nous
ne pouvons pas y croire. Nos émotions sont comme
bloquées, anesthésiées. Après les obsèques, commence
la phase de fuite et d’agitation devant le tsunami de
Sortir du deuil
souffrances qui semble vouloir nous rattraper et nous
Anne Ancelin ensevelir. Nous avons besoin de nous reconnecter à la
Schützenberger personne disparue de manière concrète, de voir et de
et Évelyne toucher des objets lui ayant appartenu, de continuer à
Bissone Jeufroy
Éd. Payot,
cultiver un lien matériel avec elle. Dix ou quinze mois
2008, 6,10 € après le décès, les supports tangibles qui préservaient
le lien s’estompent. On vide les affaires, on perd déjà
des souvenirs, et les soutiens extérieurs s’amenuisent.
Alors qu’on pensait que le processus de deuil se stabi-
lisait, tout s’ébranle à nouveau...
La troisième étape identifiée par le Dr Fauré est celle
de la déstructuration. Le ventilateur qui maintenait
l’énergie de la relation encore vivante s’est arrêté défi-
 un amour bien plus grand à la vie en elles et autour
La perte de la connaissance
ancestrale de la mort et du deuil
ajoute beaucoup de souffrances
inutiles à l’épreuve vécue.
66 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
 davantage dans la vie ! », conclut le médecin. ●
nitivement. On prend douloureusement conscience
de l’irrémédiable départ de l’être aimé et une sensa-
tion dépressive nous assaille. « On croit que l’on sera
figé à tout jamais dans cet état, mais n’oublions pas que
c’est un processus qui continue à faire son œuvre dans les
tréfonds de notre être », rappelle le thérapeute dans sa
conférence donnée à l’INREES. Après un à trois ans,
plus selon les cas, arrive enfin la phase de restructu-
ration. D’imperceptibles changements se font sentir
en soi et redéfinissent tout doucement notre relation
au monde et à la personne disparue. « On commence
à percevoir que la présence du défunt est toujours avec
nous, qu’elle ne dépend plus ni du temps, ni du lieu, et
qu’on peut même s’autoriser parfois à ne plus y penser... »
Le chemin parcouru mène aussi à une redéfinition
de soi : que suis-je devenu(e) après avoir traversé
tout cela ? « À la lumière de ce que je viens de vivre,
comment vais-je dorénavant me traiter ? Avec respect
et tolérance, en m’accordant le pardon pour ce que j’ai
fait ou que je n’ai pas fait ? Avec attention, en ayant
réalisé combien il m’était indispensable d’exprimer mes
sentiments et émotions ? Avec soin, en prenant le temps
de m’occuper de moi ? Ou bien avec haine, amertume,
mépris et indifférence, manipulé par la force destructrice
de ma culpabilité et de ma peur ? », nous interpelle le
docteur dans son livre Vivre le deuil au jour le jour.
Le sens au cœur de la solitude
Au final, si nous avons grandement besoin des
autres pour nous accompagner dans ce processus
intense et si les réseaux de soutien sont indispen-
sables pour nous aider à tenir le cap, le deuil reste
une expérience de solitude ultime, « un mouvement
centripète qui nous ramène au cœur du cœur de notre
être, à cette solitude fondamentale qui est là à notre
naissance, et que l’on retrouve à l’autre bout de la
vie... » Ce processus, à son terme, se révèle contenir
une incroyable force de guérison. Avoir traversé l’en-
fer et en être sorti fait généralement jaillir chez les
personnes endeuillées des ressources insoupçonnées.
Tout en acceptant l’intensité de l’épreuve qui a été
vécue et le manque de l’être cher qui pourra tou-
jours se faire sentir, elles se surprennent elles-mêmes
à honorer l’existence de façon nouvelle, à dévelop-
per des talents cachés, à entreprendre des choses
inenvisageables auparavant, et surtout, à témoigner
PHOTOS : BERND S. / ADOBE STOCK
d’elles. « Loin de nous enfermer dans les angoisses de
la mort, la prise de conscience de la précarité de notre
vie humaine nous invite à saisir la saveur inestimable
de l’instant présent. C’est le dernier enseignement de
celui qui est parti. Par sa mort, il nous implante encore
 Accompagner
un proche en deuil
C’est dans la constance de notre présence et de notre écoute,
même silencieuses, que nous pouvons être réellement
soutenants auprès d’un ami endeuillé, acceptant notre
impuissance face aux larmes qui ont besoin de couler et aux
histoires passées qui ont besoin d’être répétées. Il est
important de ne pas neutraliser ces flots d’émotions par des
encouragements intempestifs, tels que : « Cesse de pleurer,
tu es fort ! », « Tu es jeune, tu pourras te remarier ! », « Secoue-
toi, passe à autre chose ! », « Tu peux toujours faire un autre
enfant... » Acceptons que notre ami en deuil ait autant besoin
de temps pour soi que de temps de partage. Invitons-le à sortir,
mais respectons aussi les temps de retrait et de solitude qui lui
sont nécessaires. Se promener en pleine nature à ses côtés,
silencieusement, peut être une aide précieuse pour l’aider à se
remettre en mouvement en douceur. Quand nous ressentons
qu’il a besoin de parler, Christophe Fauré nous conseille de le
guider à travers les questions suivantes : « Parle-moi de la
personne que tu as perdue et de la relation unique que vous
aviez. » « Raconte-moi encore ce qu’il s’est passé, l’accident ou
le chemin de la maladie. » « Dis-moi où tu en es physiquement,
émotionnellement, spirituellement. » Revisiter les faits encore
et encore fait partie du processus de guérison. Notre ami en a
besoin. Laissons-le s’exprimer.


On pense généralement,
à tort, que le deuil, c’est couper
le lien et oublier.


L’accompagnement
ne se réduit pas aux soins
palliatifs.


LA
CETTE NAISSANCE
mort
La fin de vie et la préparation à la mort diffèrent d’une société à
l’autre. En Occident, les soins palliatifs sont souvent le dernier lieu
d’accompagnement. Si la mort est un passage, il est important
qu’il soit aussi conscientisé par l’entourage de celui qui s’en va.
Par Audrey Fella

T
«  out est vie que je vive ou que je meure », écrivait
l’auteure Christiane Singer avant de s’éteindre en
2007, dans Derniers fragments d’un long voyage(1).
Animée par la grâce et l’amour, malgré la maladie,
elle ira jusqu’à s’écrier : « Je grandis. Je sens intensé-
ment cette croissance en moi », nous invitant à voir
la mort comme un accroissement spirituel.
Quelles que soient nos destinées, la vie se présente
comme une succession initiatique de morts et de
renaissances, à travers un changement d’emploi, de
ville, une séparation, la retraite, etc., tout comme l’ap-
prentissage de l’amour, nous dit la psychiatre Elisabeth
Kübler-Ross, pionnière dans l’approche des soins pal-
liatifs pour les personnes en fin de vie. Aussi la mort
est-elle l’ultime étape de la vie physique du corps, qui
implique de connaître les règles de la métamorphose et
de la vivre, nous dit-elle dans La mort, la dernière étape
de la croissance (Éd. du Rocher, 1985). « Nous sommes
tous des chrysalides ; au moment de mourir, notre cocon
s’ouvre et nous devenons papillons. » Or si les enfants
font preuve de ressources intérieures étonnantes face
à la mort, les adultes doivent passer par un travail sur
eux-mêmes, plus ardu et douloureux, pour parvenir à
« achever le business inaccompli ». Ils doivent se préparer
« à risquer l’inconnu, à s’aventurer en territoire étranger,
pour entreprendre la quête de [leur] propre soi, but ultime
de la croissance ». Car, pour elle, il y a une « vie après
la vie » ; « la mort n’est qu’un passage dans une autre
forme d’une autre vie sur une autre fréquence », écrit-
elle dans La mort est un nouveau soleil  (2). Et si mourir
reste toujours difficile, suscitant « le déni, la révolte, le
marchandage, la dépression et l’acceptation » – les cinq
phases de la fin de vie du mourant selon Kübler-Ross
–, cela peut aussi être « une expérience unique, belle,
libératrice, que l’on vit sans peur ni détresse ». Que se
passe-t-il donc au moment où la personne s’éteint ?
Le vortex du mourant
« Le mourant se met dans une sorte de bulle, les énergies
se modifient et toute personne qui approche va pénétrer
dans cette bulle », d’où l’importance de le prévenir
de ce que l’on fait, explique Christelle Dubois, soi-
gnante et médium, révélée par Stéphane Allix dans
son ouvrage Le test. Certains préfèrent mourir seuls,
PHOTO : ARTEM GONCHAROV / ADOBE STOCK
soit pour vivre cette épreuve dans l’intimité, soit
pour en protéger leurs proches. En général, lorsque
le moment approche, un apaisement total apparaît,
quelles qu’aient pu être les peurs ou les craintes.
« Les énergies célestes se mêlent aux énergies terrestres »,
créant un changement de vibration dans la pièce.
« Une sorte de vortex s’ouvre », dans lequel circulent
des parents disparus et des esprits, qui attendent le
futur mourant dans le monde céleste. Pour rendre
Fin de vie Au-delà
compte de ce qu’elle observe, Christelle Dubois parle
de « continuité de l’âme ». L’âme quitte le corps pour
poursuivre son voyage dans une autre dimension.
Aussi n’est-il pas rare que la mort soit précédée, chez
les mourants, de visions de proches décédés ou d’en-
tités religieuses, comme le souligne Evelyn Elsaesser,
cofondatrice du comité de direction de Swiss-IANDS
(International Association for Near-Death Studies).
Rarement révélées, ces visions entrent dans le concept
de « conscience accrue à l’approche de la mort », forgé par
les infirmières Maggie Callanan et Patricia Kelley. Leur
rôle : assurer le besoin de réconciliation des individus
dans leurs relations, les aider à se libérer de leur peur,
à conscientiser et à accepter leur mort. Car « cette cer-
titude les saisit environ dans les dernières soixante-douze
heures. Ils semblent disposer d’une certaine marge pour
contrôler le déroulement du processus de mourir, par
exemple en attendant un proche qui arrive de l’étran-
ger (…) [ou] en choisissant de partir au moment où les
proches viennent de quitter la chambre d’hôpital pour un
court instant », souligne-t-elle dans Quand les défunts
viennent à nous (Éd. Exergue, 2017).
Les soins palliatifs
Grâce à la diffusion de plus en plus fréquente de ces
témoignages, le regard que les hommes et les institu-
tions portent sur la mort évolue. Elle se laisse entre-
voir comme une dernière étape de conscientisation
d’un autre niveau de réalité, bousculant petit à petit
l’accompagnement des personnes en fin de vie.
Si les sociétés traditionnelles accomplissent des céré-
monies et des rituels bien précis lors du passage de
la vie à la mort, associés à des prières et des chants,
la société moderne occidentale, désacralisée, tente
comme elle peut d’accompagner ce moment. Avec
ou sans représentant religieux selon les croyances de
la personne, elle tient compte de deux facteurs actuels
majeurs : la mort à l’hôpital ou en maison de retraite
et la professionnalisation de tous les aspects du quo-
tidien. En France, l’accompagnement de fin de vie
se compose ainsi des soins palliatifs, définis comme
un dispositif placé sous contrôle médical. Initiés dans
les années 1960, ils « sont nés de la volonté de soulager
toutes les souffrances physique, psychologique, sociale et
spirituelle en fin de vie » et de lutter contre les « eutha-
nasies sauvages », nous dit Michèle Salamagne, anes-
thésiste de formation, ancienne responsable de l’unité
de soins palliatifs de l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif
et première femme à avoir présidé la Société française
d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP).
Aussi l’accompagnement ne se réduit-il pas aux soins
palliatifs. « Il ne relève pas à proprement parler d’une
compétence. Il est d’abord une conscience », FF F
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 69

L’âme quitte le corps
pour poursuivre son
voyage dans une autre
dimension.


FF F précise Tanguy Châtel, accompagnant béné-
vole à l’Association pour le développement des soins
palliatifs, dans Le grand livre de la mort à l’usage des
vivants (Éd. Albin Michel, 2007). C’est la conscience
d’une rencontre entre les soignants, la famille et le
patient, d’un partage d’une nourriture vivifiante et
d’un cheminement, ce qui requiert une véritable pré-
sence et une authenticité dans son écoute, ses paroles,
ses gestes et ses regards, jusqu’à la fin.
Un point de vue partagé par le psychiatre Chris-
tophe Fauré, qui conseille aux familles de parler à
la personne même dans le coma et de lui dire leurs
paroles d’amour, de gratitude et de pardon. Aux
aides-soignants, il conseille de dire bonjour au
malade en entrant dans une chambre, d’annoncer
chaque geste et de privilégier un toucher particulier,
selon la méthode de Fabienne Chudacet, gériatre,
ancien médecin à l’hôpital Jeanne Garnier. « Il y a ce
postulat : au-delà de ce que je peux voir, je sais que la
personne est là, présente, vivante, même si elle n’est pas
réactive », précise le psychiatre. Une hypothèse fon-
dée sur des études menées à partir de patients sortis
d’un coma profond, qui racontent qu’ils pouvaient
faire la différence entre un toucher mécanique et un
toucher aimant, capter l’ambiance autour d’eux ou
éprouver une frustration de ne pas pouvoir répondre
aux conversations qu’ils entendaient. Autant de para-
mètres qui contribuent à faire évoluer l’approche
destinée à ces patients, présents jusqu’à leur dernier
souffle, quelle que soit l’altération de leur conscience.
Accompagner autrement
Pour faire face à la tâche d’accompagnement de fin
de vie, les compétences médicales et les approches
spirituelles ont tendance à se diversifier et à se com-
pléter. Déplorant les conditions des services de
réanimation hospitaliers, qui dépersonnalisent et
PHOTOS : ARTEM GONCHAROV / ADOBE STOCK - SDP
infantilisent les patients, beaucoup de profession-
nels s’accordent sur les bienfaits de la sophrologie,
des médecines alternatives ou encore de la médita-
tion. En témoigne Daniel Chevassut, homéopathe
attaché à l’hôpital Nord de Marseille. Bouddhiste, il
pratique la méditation depuis plusieurs années. Ne la
considérant pas comme une thérapie à part entière, il
reconnaît néanmoins qu’« une personne soignante qui
pratique régulièrement la méditation va développer au
fil du temps une sorte de qualité d’être ou de présence
 empêche l’âme de se dégager du corps.
Les instruments de musique,
les chants spontanés et les
mantras sont très efficaces.
 la mort, entrevue comme une seconde naissance. ●
Fin de vie Au-delà
dont les effets seront bénéfiques pour le patient ou une
personne en souffrance », favorisant un climat d’apai- À
LIRE
sement et de confiance. Les patients qui la pratiquent
peuvent également y trouver un certain réconfort.
« Si je reste posé dans cette conscience, si je demeure dans
ce qui perçoit et non ce qui est perçu (une sensation
physique douloureuse ou une pensée qui m’affecte dou-
loureusement), la souffrance expérimentée sera vécue à
un autre niveau, beaucoup plus sereinement, du fait de
la clarté, de l’expansion de cette conscience », précise-t-il
(1)
dans Méditer, une médecine de l’âme (Aurélie Gode- Derniers
froy, Éd. Albin Michel, 2017). fragments
S’ajoutent à cela quelques pratiques innovantes telle d’un long
la musicothérapie, qui se développe timidement dans voyage
Christiane
les services de soins palliatifs en Bretagne, grâce à Singer
l’association Héméra. Pourtant elle est depuis long- Éd. Albin Michel,
temps utilisée dans les hôpitaux brésiliens, comme 2007, 12,20 €
en témoigne Audrey Mouge, thérapeute inspirée
par le chamanisme, qui a exploré le pouvoir des sons
auprès de malades. « La musique travaille sur les dif-
férentes dimensions corporelle, psychique et spirituelle
de l’être humain. Elle aide à libérer des émotions et des
douleurs engrammées dans le corps, selon les mélodies
ou les fréquences de sons utilisés, qui travaillent sur nos
eaux intérieures, en les réharmonisant. » Se considérant (2)
comme une sage-femme aidant les personnes à naître La mort est
dans l’autre monde, elle utilise également la musique un nouveau
pour les accompagner lors du « grand passage », en pré- soleil
Élisabeth
sence de leurs proches. « Les instruments de musique, les Kübler-Ross
chants spontanés et les mantras sont très efficaces dans ces Éd. Pocket,
moments-là, pour les tranquilliser, les aider à lâcher prise. 2002, 4,95 €
Ils entrent dans un état de conscience modifiée qui leur
permet d’accepter cette situation et de passer en douceur de
l’autre côté du voile, où se trouve la lumière. »
Reconnaissant les limites de la médecine classique à
l’heure de la mort, Jean-Jacques Charbonier, anes-
thésiste et réanimateur, met également en avant la
puissance de la prière dans l’accompagnement des
personnes au moment du décès. « Prier, c’est donner de (3)
l’amour en actions ou en pensées, les prières n’étant que les La médecine
face à l’au-delà
outils de ce don divin qui est en chacun de nous », note- Jean-Jacques
t-il dans La médecine face à l’au-delà (3). Elles peuvent Charbonier
favoriser la guérison, mais aussi aider les comateux gui- Éd. Guy Trédaniel,
2010, 19,50 €
dés par l’amour. Pour l’accompagner dans l’au-delà,
elles doivent être dénuées de l’amour égoïste qui veut
retenir la personne près de soi. Le mettant en parallèle
avec l’acharnement thérapeutique, il dénonce « l’achar-
nement affectif », tout aussi dommageable, puisqu’il
La spiritualité, alliée à la médecine, est ainsi un moyen
d’éveiller la conscience individuelle à son apparte-
nance à une conscience universelle et d’atteindre une
compréhension plus profonde de la vie et donc de
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 71
Au-delà Témoins

POURQUOI
LA MORT A CHANGÉ
ma vie
Confrontés à la mort, chacun dans un contexte
très différent, ces quatre témoins ont vu leur vie
changer pour toujours. Aujourd’hui, ils partagent
leur expérience pour aider les autres.
Par Melanie Chereau

essayait réellement de prendre contact avec eux ?

Claudine Charrière Claudine va alors prêter une attention particulière
à ses rêves et commencer à vivre des rêves lucides.
« La mère « C’est très surprenant, car on est conscient à l’inté-

et la fille »
rieur de son rêve et on peut l’orienter d’une manière
ou d’une autre. Alors je faisais venir Circé dans ces
rêves lucides et elle me disait des choses », explique

C
’ est sans doute l’une des expériences les
plus difficiles que l’on puisse vivre ici-
bas : perdre un enfant et essayer ensuite
de s’en remettre. Circé meurt à 15 ans d’un acci-
À dent de voiture et c’est le début d’une autre vie
LIRE pour ses parents. « Au début, j’ai commencé à tenir
un journal des “signes” parce que les petites choses qui
m’arrivaient au quotidien (les signes, les papillons, les
rêves que je faisais...), je me disais qu’un jour j’aurais
besoin de m’y replonger pour y trouver des forces »,
raconte Claudine, la maman de Circé. Au bout
Les signes de d’un an, c’est également pour expliquer comment
l’après-vie et pourquoi elle « tient » qu’elle donne à lire, à ses
Claudine
et Circé
proches qui s’inquiètent, un recueil de toutes ces
Charrière synchronicités et autres manifestations vécues par
Éd. Exergue, elle et son mari comme des signes de leur enfant.
2018, 21 € Ainsi, un chemin se fait, celui de l’observation mais
aussi l’ouverture à un autre possible : et si leur fille
 Claudine a pu s’ouvrir à d’autres dimensions,
Quand je me suis
mise à écrire, j’avais
l’impression que Circé
était là.

Claudine. C’est ainsi qu’elle se laisse guider vers
une médium qui va leur confirmer tous leurs
soupçons et enfin délivrer un message de Circé.
Ensuite, c’est la rédaction de ce livre où Claudine
osera raconter tout ce qu’elle vit depuis ce départ,
mais aussi imaginer ce que sa fille raconterait si elle
pouvait prendre la parole de là où elle est. « Je ne
peux pas parler d’écriture automatique, mais quand
je me suis mise à écrire, j’avais l’impression que Circé
était là et qu’elle me disait les phrases, de ressentir au
fond de moi ce qu’elle était en train de vivre. C’est une
telle certitude que je n’ai pas eu l’impression d’usurper
sa voix ou autre, c’est comme si elle m’avait dit sans que
j’entende, c’est à l’intérieur de moi, une écriture intui-
tive… », explique-t-elle. Vient l’envie ensuite de
partager son expérience pour que d’autres parents
entrevoient cette possibilité et puissent eux aussi
trouver un chemin d’apaisement. Aujourd’hui,
renouer le dialogue avec sa mère médium et
accepter les mystères qui nous entourent. « Avec
mon mari, nous sommes beaucoup plus sereins de
savoir notre fille toujours vivante de l’autre côté. Le
manque est toujours là mais il s’exprime différemment
et quand on a trop de manque, on connaît les moyens
pour entrer en contact avec Circé. » ●

72 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018


Éric Dudoit
« Le
raconteur
d’EMI »
R
esponsable de l’unité de psycho-oncologie
en soins palliatifs au CHU de la Timone à
Marseille, Éric Dudoit est psychologue cli-
nicien de formation. En 2005, il cofonde l’Unité
de soins et de recherche sur l’esprit (USRE) qui
étudie et accompagne les personnes en fin de vie,
afin de comprendre les mécanismes du vivant et
de l’approche de la mort. Il est amené à suivre en
entretien des patients qui sont soignés dans cette
unité et il partage avec eux leurs questionnements,
leurs doutes, leurs peurs, leurs espoirs… Avec une
grande douceur et une belle humilité, il explique
qu’afin d’apprivoiser le concept de la mort – qui
peut effrayer – il utilise les EMI (expériences de
mort imminente), qu’il partage avec les patients
et leurs familles. « On utilise les témoignages d’EMI
parce que cela pousse à symboliser, c’est-à-dire que cela
permet de pouvoir en parler comme “il est mort” et on
va arriver à “je suis mort, tu es mort” etc. Cela permet
de mettre des mots que les personnes en fin de vie ou
la famille peuvent avoir peur de dire. Et puis, on s’est
rendu compte que le fait de lire des EMI et d’en parler
tout simplement diminue le syndrome anxiodépres-
sif face à la mort. Cliniquement on l’a démontré »,
explique Éric Dudoit. Il raconte également qu’à
force de côtoyer des personnes étant dans des états
PHOTOS : SDP
de conscience altérés (par les médicaments ou juste
par la fin de vie), il arrive, en méditation, à entrer
lui-même dans un état de conscience modifié et
à établir un contact avec leur esprit. « C’est venu
petit à petit. C’est un chemin. Au début, je me suis
dit : “ tiens je deviens schizophrène…” Après, je me
suis dit qu’après tout, dans le monde des événements,
tout arrive et rien n’arrive… J’ai laissé couler, et plus
j’ai laissé aller, plus sont survenues ces choses que je
ne comprends pas, mais que j’essaie d’expliquer avec
un nouveau modèle psychologique », s’aventure-t-il
à raconter. Finalement, l’hôpital accueille bien ces
« étrangetés » grâce au fait qu’Éric connaît depuis
ses études, certains des médecins, mais aussi parce
qu’il s’agit là de frontières que la médecine n’at-
teint pas. Ce chemin, main dans la main, qu’il
mène avec le patient les fait évoluer tous les deux :
« C’est un réel partage au sens noble du terme. On
appelle cela la curare animus, la cure d’âmes, le mot
psychologue est grec, mais cela veut dire la même
chose… C’est aller avec l’autre là où on peut aller
ensemble et découvrir des choses folles ou magnifiques,
parfois dans de toutes petites choses qui sont un peu
étranges comme le temps qui se dilate, se resserre. On
les vit, on rit et on découvre ensemble ce que peut être
un vrai être humain. » Celui qui se définit comme
passeur d’âmes consacre sa vie à adoucir le plus
possible l’approche de ce moment inconnu des
vivants. En expérimentant cet état d’entre-deux
qui se manifeste avant le départ, il fait ainsi gran-
dir sa propre âme. ●

Lire des EMI et
en parler diminue le
syndrome anxiodépressif
face à la mort. 

À
LIRE
La porte
à franchir
Éric Dudoit
Éd. Le Passe-
Monde, 2016,
20,95 €
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 73

Bruno Charvet
« Vous
avez un
message »
B
runo a toujours évolué dans un monde
un peu particulier où il lui arrivait de se
perdre dans sa chambre enfant, ou encore
de pouvoir « entrer » dans ses petits camarades de
classe « comme à l’intérieur d’une maison et d’y voir
le grand-père par exemple », ou d’entendre des voix,
dès l’adolescence. Il s’est tout d’abord cru voyant,
avant de rencontrer aux États-Unis un médium
qui lui apporte la révélation et qui lui inspire ses
premières consultations. Depuis, Bruno délivre
des messages au quotidien, adressés par les per-
sonnes décédées à leurs proches vivants. Quand
on lui demande comment il reçoit ces messages,
il répond : « C’est un tout, tous les sens travaillent,
c’est vraiment des sensations. Si je suis en contact
avec quelqu’un qui a perdu un membre, j’ai la sen-
sation qu’il me manque une jambe, alors qu’elle est
bien là… Ça passe par le goût, l’odorat, tous les sens,
comme une superposition des sens de l’être humain,
magnifiés en réalité par le sixième sens. » Même s’il a
appris avec le temps à « baisser le rideau » afin de ne
pas être sollicité en permanence, il explique que les
 a compté, il existe un lien qui fait qu’on se retrou-
Il y a un amour
fou qui se manifeste
dans l’au-delà.
 ments les font avancer », conclut Bruno, qui a déci-
SITE
WEB
Youtube.com/
brunounnouveaumessage
74 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
morts cherchent le contact : « Ce qu’on perçoit est un
milliardième de ce qu’ils cherchent à faire avec nous.
Parce que notre idée de la mort est fausse. La mort
existe bien, mais on a souvent tendance à s’arrêter là,
à penser qu’elle est une fin. Or elle est une mutation
et c’est pour nous faire progresser sur cette terre en nous
disant “vous fonctionnez comme des gens abandonnés,
tout comme nous avons fonctionné comme des gens
abandonnés”, alors qu’en fait il y a un amour fou
qui se manifeste dans l’au-delà. C’est aussi pour ça
qu’ils cherchent à communiquer avec nous. » Bruno
déculpabilise, réconcilie, délivre une réponse post
mortem… Ces entrevues entre les vivants et les
morts apportent énormément d’apaisement, car
souvent quelque chose est resté en suspens dans
l’histoire de chacun. Mais au-delà de ces messages
personnels, les morts ont beaucoup à transmettre,
car ils se disent « vivants », mais ailleurs : « Il y a
plutôt une volonté de leur part de nous dire “ nous
sommes dans la conscience”. Ils ont quitté l’espace et
le temps et sont dans un état de conscience qui leur
permet de réaliser pleinement ce qu’ils étaient de leur
vivant sur cette Terre et leurs capacités », rajoute
Bruno avec exaltation. Dans ce monde dans lequel
nous devons préserver la vie (ce qui n’est pas tou-
jours simple), ce qui importe selon lui est de com-
prendre qu’il y a une interaction avec le monde
de l’au-delà et que nous devons changer notre
image de la mort. « Quand quelqu’un qui est parti
vera parce qu’on ne s’est jamais quitté ; aujourd’hui,
la mort c’est juste un changement d’état. Les morts
nous apprennent et nous aident de là où ils sont. Ils
avancent aussi et nos prières les aident. Nos avance-
dément un message universel à transmettre. ●

Hans Otto König  à notre réalité pour rendre la communication
« Le roi
de la TCI »
H
ans Otto König est un physicien
allemand qui, depuis près de 50 ans,
travaille en transcommunication ins-
trumentale, c’est-à-dire qu’il tente d’établir un
contact acoustique ou visuel avec des univers
parallèles au nôtre. Il a élaboré lui-même diffé-
rents systèmes techniques qu’il a affinés grâce
aux indications qu’il aurait reçues du monde
spirituel. Ainsi, il a créé le système multi-oscil-
lations qui permet de dialoguer avec des entités
invisibles. « C’est déjà une évidence que les vibra-
tions et les fréquences passent à travers les murs,
les maisons, sans qu’on les voie ou les entende.
Nous sommes entourés d’informations. La science
du XXIe siècle se met des frontières qu’il est impor-
tant d’élargir », explique-t-il. Les messages qu’il
entend sont époustouflants et témoignent du
désir de ces « voix » de communiquer. L’un
d’eux, reçu par le « système infrarouge », dit :
« Écoutez, notre évolution n’est pas entravée par
vos contacts, nous avons besoin de vos contacts.
Nous sommes heureux que les contacts existent. »
Les phrases sont distinctes et prononcées en
allemand, langue du chercheur, même si parfois
les mots sont murmurés ou dits de manière très
rapide, un peu robotique. D’autres phrases sont
extrêmement claires. Ses détracteurs, fort nom-
breux, lui en font d’ailleurs le reproche. Hans
PHOTOS : SDP
Otto explique que ces esprits doivent utiliser à
Témoins Au-delà
À
LIRE
Nouvelles
découvertes
sur l’au-delà
Anna Maria
Wauters
et Hans Otto
König
Éd. Trajectoire,
2016, 22 €
dessein des mots et des signaux correspondant
possible : ce sont eux qui nous transmettent
qu’ils sont « vivants », bien que « morts ». Il
ajoute : « Je ne parle pas avec des morts, je parle
avec des êtres qui ont quitté leurs corps physique
et qui sont maintenant dans d’autres dimensions
[…], voire “des champs d’information” plus sub-
tils qui se trouvent dans des univers parallèles au
nôtre. » Ces entités invisibles expliquent que la
mort n’est pas la fin de notre existence. Elles
continuent à évoluer et arrivent à nous voir,
nous entendre. Dans les années 1980-1990, il
parvient même à capter des images très claires,
synchronisées avec des voix, ce qui est extrê-
mement surprenant. Mais pour ce chercheur,
le but est surtout de comprendre « comment et
pourquoi ces contacts acoustiques et visuels »
ont lieu. Pourraient-ils nous donner un savoir
plus large sur la nature de notre existence, de
notre conscience et de la vie ? Pour cela, il serait
notamment en « contact » avec un groupe
d’êtres spirituels particuliers « qui se sont donné
comme tâche d’aider à l’amélioration du pont de
contact », comme ils le disent eux-mêmes. Au
final, ce qu’ils ne cessent de nous dire est que
tout est un, qu’il faut se relier en amour à l’Uni-
vers, apprendre à se connaître soi-même ainsi
que les lois cosmiques ! ●

Ces entités invisibles
expliquent que la mort
n’est pas la fin de notre
existence.

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 75
 
Le destin
de l’âme diffère selon
les croyances.


IL'AU-DELÀ
maginer
Par tradition culturelle ou religieuse, ou encore grâce aux récents
témoignages d’EMI et de communication avec des médiums, nous
pouvons imaginer l’au-delà comme une étape où l’âme est amenée à
s’améliorer et poursuivre un chemin. Quelques pistes de réflexion.
Par Audrey Fella

Q
ue devient l’âme après la mort ? Où va-t-elle ?
Tous concernés par la mort un jour ou l’autre,
les hommes se sont d’abord tournés vers les tradi-
tions et les religions pour répondre à ces questions.
Reconnaissant l’existence d’une ou plusieurs âmes,
aux appellations diverses selon les cultures, celles-ci
s’accordent pour dire que la mort est un passage vers
un autre monde, où l’âme séparée du corps poursuit
son voyage. Aussi « la mort n’est pas la fin de la vie,
mais l’entrée dans d’autres modes d’existence », résume
Maurice Godelier dans La mort et ses au-delà. Néan-
moins, le destin de l’âme diffère selon les croyances.
Dans la plupart des cas, l’éternité promise dépend
de son comportement durant son vivant. Selon
ses mauvaises ou bonnes actions, l’âme se retrouve
dans l’enfer-purgatoire-paradis des chrétiens ou dans
le cycle des vies karmiques des hindous et des
bouddhistes, le but étant de progresser spirituelle-
ment grâce aux diverses expériences vécues.
La tradition bouddhiste
Datant du VIIIe siècle, le Livre tibétain des morts ou
Bardo Thödol décrit ainsi les états de conscience et
les perceptions du défunt se succédant de la mort à
la renaissance, à travers les trois bardos (ou étapes)
du « moment de la mort », de « la nature en soi » et
du « devenir », qui se déroulent sur quarante-neuf
jours. Après la mort du corps physique, l’esprit
sombre dans une profonde inconscience. Puis,
nous explique Véronique Crombé, bouddhiste et
spécialiste des arts asiatiques, il assiste à l’appa-
rition des cinq bouddhas, entités paisibles mais
farouches. Ils s’accompagnent d’une incroyable
lumière, effrayante par la puissance de son éclat,
et de lueurs plus douces de couleurs différentes,
qui correspondent aux six conditions d’existence
dans le samsāra : dieu, humain, asura, animal, être
des enfers et fantômes affamés. « Il est possible, à
l’une ou l’autre de ces deux premières étapes, de se
libérer du cycle des renaissances, en reconnaissant les
visions qui nous assaillent, ces êtres et ces lumières
pour ce qu’ils sont réellement : des manifestations de
notre esprit et non des phénomènes dotés d’existence
propre », précise-t-elle dans Le grand livre de la
mort à l’usage des vivants (1). Commence ensuite
la douloureuse traversée de l’esprit, car l’être en
PHOTO : BUBBERS / ADOBE STOCK
devenir, réalisant qu’il est mort, souffre de la rup-
ture avec sa vie passée. Animée par de nouvelles
manifestations tout aussi terrifiantes, cette étape
voit se mettre en place les conditionnements
de la naissance à venir, dont les futurs parents.
Toutefois, une autre voie est possible pour celui
qui, de son vivant, a pris l’habitude d’invoquer le
Et après ? Au-delà
bouddha Amitābha. Grâce à sa foi, « il peut obtenir
une renaissance dans la Terre pure, condition privilé-
giée qui permet de bénéficier de l’enseignement direct
d’un bouddha et d’accélérer de manière spectaculaire
la progression vers sa libération définitive ».
Expérience de mort imminente
Croyances obsolètes, peurs ou fantasmes ? Tou-
jours est-il que de nombreuses enquêtes, reposant
sur la multiplication des témoignages de personnes
ayant fait une EMI, de médiums et autres, tendent
aujourd’hui à rejoindre ces approches, attestant de
l’existence d’un autre monde très élaboré.
Si les récits des personnes ayant survécu à un arrêt
cardiaque et fait une EMI durant leur décès clinique
diffèrent selon chacune d’elles, beaucoup d’éléments
similaires s’y retrouvent : sensation de paix, fin de la
douleur, décorporation (le sujet se voit à l’extérieur de
son corps), vision d’un tunnel ou d’un espace obscur,
attirance vers un point de lumière, rencontre avec
des défunts ou des esprits bienveillants, vision de sa
vie passée, perception d’un environnement avec des
paysages éclatants, ressenti d’un amour incondition-
nel, d’une connaissance et d’une sagesse illimitée, etc.
À ce titre, l’expérience d’Anita Moorjani est emblé-
matique. Plongée en 2006 dans un coma causé par
un cancer en phase terminale, elle témoigne de son
EMI dans Diagnostic incurable mais revenue guérie
à la suite d’une NDE (2) : « Lorsque j’étais dans l’autre
monde, j’étais plus consciente de ce qui se passait autour
de moi que je ne l’ai jamais été dans mon état physique
ordinaire. Sans utiliser mes cinq sens, je comprenais
tout. » Le temps et l’espace ayant disparu, elle réalise
alors que tout a lieu en même temps et que tout est
relié. Témoin du désespoir de ses proches, elle entre
en lien avec l’essence de son père décédé quelques
années auparavant, qui lui explique que ce n’est pas
son heure. « J’ai ressenti cet incroyable amour incondi-
tionnel. Je savais que l’amour était mon origine et cela
a éveillé ma conscience. […] J’avais le choix de revenir
ou pas. J’ai choisi de revenir quand j’ai réalisé que le
“paradis” est un état, et non un lieu », ajoute-t-elle. Si
Anita Moorjani est revenue de son coma et a guéri
subitement de sa pathologie, qu’en est-il donc pour
ceux qui poursuivent leur périple dans l’au-delà ?
Éduquer son âme
Dans Souvenirs de l’au-delà(3), Michael Newton,
hypnothérapeute spécialisé dans les régressions
pour soigner les traumas, rapporte de nombreux
témoignages de patients sur leurs vies passées et « le
lieu d’ordre et de raison » où ils séjournent FF F
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 77
Au-delà Et après ?

De nombreux médiums ont eu
accès à une connaissance détaillée
de ce monde intermédiaire.
À

FF F entre deux incarnations. Après la mort,
l’âme libérée du corps, accompagnée par des êtres
LIRE bienveillants (un guide personnel ou une âme-
sœur), rejoint l’autre monde dont elle est issue.
Dans ce lieu, elle a l’opportunité de « se régénérer »,
puis « d’être évaluée spirituellement » par ses guides
et classée dans différents groupes. Elle peut ensuite
choisir de se réincarner, ou pas, en optant pour le
(1) meilleur apprentissage pour parfaire ses connais-
Le grand sances et évoluer. Ainsi, voyageant loin de « son foyer
livre de la mort
à l’usage permanent », l’âme a sa part « de responsabilité en
des vivants cette vie dans l’évolution d’une conscience supérieure ».
Collectif De nombreux médiums ont eu accès à une connais-
d’auteurs sance détaillée de ce monde intermédiaire. Visité par
Éd. Albin Michel,
2007, 27,40 € l’esprit d’André Luiz, décédé dans les années 1930, le
voyant Chico Xavier a révélé l’existence de Nosso Lar
(Notre demeure en français, Éd. Philman, 2005), une
colonie spirituelle, organisée de manière exemplaire
et pleine d’activités, quasiment semblable au monde
des vivants. Après un séjour plus ou moins long dans
le monde du Seuil, peuplé de créatures hostiles, où
règnent la souffrance, l’ignorance, et où résident les
(2) âmes tourmentées par leurs actes graves, les esprits de
Diagnostic la Terre y passent par une période de rétablissement
incurable mais
revenue guérie
et d’éducation spirituelle supervisée par les esprits
à la suite supérieurs, dans le but de grimper dans la hiérarchie
d’une NDE céleste. Car la mort du corps ne nous conduit pas
Anita Moorjani tout de suite à « des plans miraculeux ». « Nous sommes
Éd. Guy Trédaniel,
2012, 19,90 €
contraints à un rude travail, à de lourds services et cela
n’est pas tout. Si nous avons des débits sur la planète,
aussi haut que nous nous élevions, il est indispensable
de revenir pour rectifier ce qui doit l’être, lavant notre
visage dans la sueur du monde, défaisant les menottes
de haine, les remplaçant par les liens sacrés de l’amour »,
écrit-il sous la dictée d’André Luiz. Après avoir décrit
son douloureux voyage dans le monde du Seuil, il
raconte son arrivée à Nosso Lar, où il est destiné à se
(3) « spiritualiser » avec l’aide de guides avisés, en cessant
Souvenirs
de l’au-delà
de se plaindre, en retrouvant la paix et l’humilité, en
Michael Newton s’adonnant à la prière et à l’amour, dans le but de
Éd. Le Jardin soutenir les autres « colonies » spirituelles et la Terre,
des Livres, où a éclaté la Seconde Guerre mondiale. Le tout en
2013, 24 €
exerçant une fonction d’aide-soignant auprès des
âmes en souffrance venues du Seuil. Dans une ultime
épreuve, il est également renvoyé sur Terre auprès de
sa femme et de ses enfants, sous forme d’esprit, pour
contribuer à la guérison du nouvel époux de cette
dernière et rompre « les derniers liens inférieurs » qui
empêchaient son ascension céleste.
78 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
Réparer ses erreurs, s’améliorer
« Le monde spirituel est intrinsèquement lié au monde
terrestre », remarque le médium et psychographe
Alain Joseph Bellet dans Les morts sont parmi nous
(Éd. Presse du Châtelet, 2016). En effet, refusant
parfois de quitter la Terre, à cause d’une mort pré-
coce, violente, ou d’un problème non résolu, certains
esprits éprouvent parfois le besoin de communiquer
avec les vivants. Ils reviennent donner un signe ou un
message à leurs proches, avec l’aide d’un voyant, pour
les rassurer sur leur nouvelle condition ou réparer
des actes blessants commis durant leur vie terrestre
(suicide, égoïsme, manque de charité, colère, ven-
geance, etc.). Il arrive que les proches soient directe-
ment contactés par le défunt, sans passer par un tiers.
En outre, d’autres esprits plus avancés sur le chemin
spirituel et désireux de se racheter de leurs erreurs
commises sur Terre peuvent également entrer en
contact avec les vivants, médiums, guérisseurs et
autres, pour diffuser leur sagesse et œuvrer à l’éveil
des consciences. « Mes guides spirituels nous conduisent
à saisir le véritable sens de l’existence sur Terre en nous
responsabilisant face aux actes que nous posons, confie
Alain Joseph Bellet. Ils nous invitent à mieux connaître
nos imperfections, dans le but de les combattre et de réussir
à les dominer. De cela dépend notre stagnation ou notre
avancée sur le long chemin qui mène à Dieu. » Il ajoute
que les vivants peuvent être influencés positivement
ou négativement par des esprits qui se distinguent par
leurs imperfections, s’attachant à ceux qui émettent la
même vibration. D’où l’importance d’être attentifs à
la nature de ses pensées et de ses comportements, de se
connaître et de travailler sur soi-même, de prier et de
méditer, pour trouver la paix et émettre des vibrations
positives. « Si l’homme avait dans son cœur toujours la
bonté d’aider, de s’améliorer, d’appliquer la loi d’amour,
il attirerait toujours à lui des bons esprits ! Voilà la meil-
leure protection contre les esprits imparfaits. (...) Ceux qui
PHOTOS : BOOPHUKET / ADOBE STOCK - SDP
ont l’occasion de prendre conscience de leur immortalité
comprennent plus profondément leur véritable nature et
jouissent d’un plus grand pouvoir sur leur vie », conclut
Michael Newton. Ils deviennent « plus réceptifs au
pouvoir spirituel qui les habite ». La mort, qui n’est pas
la fin, permet ainsi de nous responsabiliser et de trou-
ver le sens de notre présence sur Terre, d'apprendre à
aimer et de découvrir notre nature spirituelle, pour
nous élever et nous unir à l’âme universelle. ●
BONUS RAYMOND MOODY –
Web LE TESTAMENT D’UN PIONNIER
Premier médecin à avoir recueilli les
EMI, il témoigne dans son livre. Extraits :
www.inrees.com/bonus/297
 
 J’ai choisi de revenir
quand j’ai réalisé que le « paradis »
est un état, et non un lieu.
Anita Moorjani 
 POUR ALLER PLUS LOIN

SUR LE THÈME DE L’AU-DELÀ

À
À
LIRE
VOIR
1. Dr Constance Yver-Elleaume FILMS
Au-delà du dernier souffle
2. Dr François Lallier
Le mystère des expériences
de mort imminente
3. Éric Fourneret 2 3
1
Sommes-nous libres de
vouloir mourir ?
Au-delà
4. Dr Deepak Chopra Clint Eastwood
La vie après la mort 2011
5. Pr Gary Schwartz INREES TV
La promesse sacrée
6. Bernard Baudouin
Le voyage de l’âme entre deux vies

4 5 6

Les 6 du test
MÉDIUMS Que disent
les médiums
de l’au-delà ?
à retrouver en
novembre 2018
sur INREES TV :
www.inrees.com/bonus/298

7 8 9 10 11

7. Anne Tuffigo, Ces âmes qui guident nos pas 8. Alain Joseph Bellet, Les morts sont parmi
nous 9. Denise Kikou Gilliand, L’au-delà sans peur 10. Sabrina Depraz, La communication avec
Au-delà du miroir
l’au-delà 11. Henry Vignaud, En contact avec l’invisible. L’âme,
la conscience,
la spiritualité
à retrouver
sur INREES TV :
www.inrees.com/bonus/299
SUR LE
WEB DOCUMENTAIRE

INREES.COM
Articles
à redécouvrir
Conférences Anita Moorjani
Guérie suite à une EMI, l’interview

à revivre qui raconte son retour à la vie.

www.inrees.com/bonus/301 Et si la mort
Communiquer avec les morts n’existait pas ?
de Dominique Bachy
Comment et pourquoi ? Animée par Stéphane Allix
Père Brune et Valérie Seguin,
SYLVIE OUELLET ET CHRISTOPHE FAURÉ Le prêtre qui enquête sur l’au-delà
YouTube
en ligne dès
www.inrees.com/bonus/300 www.inrees.com/bonus/302 le 19 septembre 2018

80 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 Explorer


La science
cherche encore
l’amour
a trouvé

HENRY MILLER
✒

Bio express
Né à Brooklyn en 1951, diplômé
de Harvard en 1976, Richard Davidson
est professeur de psychologie
à l’Université du Wisconsin.
Fondateur et président du Center
for Investigating Healthy Minds,
il est considéré comme le père
des neurosciences contemplatives.
Il est aussi membre du Mind and Life
Institute, qui explore la relation
entre bouddhisme et science.
 L’INVITÉ
R I C H A R D D AV I D S O N

Nos émotions,
base de notre
réalité ?
Connu pour avoir étudié les effets de la méditation sur le cerveau
des moines bouddhistes, le Pr Richard Davidson a bâti, en plus de 30 ans,
une véritable science des émotions fondée sur les mécanismes cérébraux
dont elles sont issues et que l’on peut utiliser pour les réguler.
Propos recueillis par Réjane Éreau

Quand vous avez débuté, les émotions
n’étaient pas considérées comme un sujet
sérieux. Pourquoi ?
À l’époque, on estimait qu’il s’agissait de processus
primitifs perturbant les fonctions mentales supé-
rieures. Philosophiquement, on établissait une dua-
lité entre la raison et les émotions, les pensées et les
sentiments. Ces derniers étaient relégués au rang de
simples mécanismes reptiliens sous-corticaux. Le rôle
des émotions dans l’activité humaine, particulière-
ment en neurosciences, n’était pas pris en compte.
Par ailleurs, il n’existait pas de technologie à même de
sonder en détail le fonctionnement du cerveau hu-
main. Les recherches en neurosciences sur les émo-
tions étaient effectuées essentiellement sur des rats.
Cela participait à les opposer à une raison supérieure.
Pourquoi avoir décidé de travailler malgré
tout sur le sujet ?
C’est le résultat de mon expérience personnelle et de
mon parcours de méditant. J’ai constaté que dans
PHOTO : SDP
ce qui compte vraiment pour soi, on trouve souvent
des choses à haute valeur émotionnelle. On ne se sou-
vient des tâches abstraites effectuées que si elles ont
été valorisées par l’émotionnel. Notre lien aux autres
est aussi mû par une forme d’implication émotion-
nelle. Pendant des décennies, les psychologues et les
neuroscientifiques se sont obstinés à considérer l’hu-
main comme une machine conduite par les seuls mé-
canismes de la logique. Mais plus on en apprend sur
le cerveau, plus on s’aperçoit que celui-ci ne respecte
pas la dichotomie entre pensées et émotions. Aucune
zone cérébrale n’est réservée exclusivement aux unes
ou aux autres ; c’est complètement intégré. Et le cortex
préfrontal, siège de la raison et des fonctions cognitives
supérieures, joue dans l’émotion un rôle aussi impor-
tant que le système limbique. Il y a là un message :
l’émotion fonctionne en collaboration étroite avec
la cognition, pour nous permettre d’évoluer dans le
monde des relations, du travail et du développement
spirituel. Quand l’émotion positive nous dynamise,
nous sommes plus à même de nous concentrer et de

ma vie et dans mes relations sociales, les émotions comprendre. Appréhender les fondements neuronaux
jouaient un rôle important. Quand on se penche sur des émotions est important pour mieux saisir FF F

AUTOMNE 2018 - N° 40- Inexploré 83

 L’INVITÉ
RICHARD DAVIDSON

FF F pourquoi nos perceptions et nos pensées sont

modifiées quand nous ressentons des émotions. Inver-
sement, cela nous aide à réfléchir aux moyens d’utiliser
notre machinerie cognitive pour réguler et transformer
délibérément nos émotions.

Vous avez mis à jour six qualités émotionnelles

qui ne correspondent pas à notre façon
habituelle de nous définir…
Nous n’avons pas tous les mêmes réac-
tions émotionnelles face aux aléas de
la vie. Au gré de décennies d’observa- La façon dont
tions systématiques des processus cé- notre cerveau crée
rébraux, je me suis aperçu que chaque
individu possédait une manière récur- la réalité est
rente de réagir aux expériences, régie un déterminant les consignes des différents circuits
par des circuits cérébraux précis. Ce énorme. cérébraux. On peut dès lors affir- À
« style émotionnel », scientifiquement mer que les styles émotionnels sont LIRE
et objectivement mesurable, comporte six eux aussi très plastiques, influencés par
dimensions, qui sont le reflet des propriétés l’expérience. Et qu’il est possible de les
du cerveau et des schémas cérébraux. Cela diffère entraîner et de les transformer délibérément.
d’une perspective strictement psychologique de la Par exemple, si une personne souffre d’un manque de
personnalité. Nous avons nommé ces six dimensions résilience, il existe des stratégies simples pour lui ap-
résilience, perspective, intuition sociale, conscience de prendre, avec le temps, à se remettre plus rapidement
soi, sensibilité au contexte et attention. Elles ne cor- des aléas de l’existence.
Les profils
respondent pas toujours à l’image que nous avons de émotionnels
nous-mêmes ou de nos proches, parce qu’elles opèrent Que vous ont montré vos recherches Pr Richard
à des niveaux qui ne sont pas immédiatement appa- sur la méditation ? Davidson et
rents. Prises toutes ensemble, elles décrivent comment J’ai souhaité explorer la méditation dès ma deuxième Sharon Begley
Éd. Les Arènes,
chaque individu perçoit le monde et y réagit. année à Harvard. Malgré le peu d’enthousiasme de 2017, 20 €
mes professeurs, je suis parti trois mois en Inde et au
Cette signature émotionnelle cérébrale Sri Lanka. Des années plus tard, en 1992, j’ai trouvé
est-elle immuable ? le courage d’écrire au dalaï-lama pour lui demander
Plusieurs études scientifiques ont démontré la plas- si je pouvais étudier quelques experts en méditation,
ticité du cerveau. Notre génétique comporte des afin de déterminer si, et comment, une pratique in-
consignes, mais celles-ci sont larges. À l’intérieur, il tensive pouvait transformer durablement la structure
peut y avoir des variations, influencées par nos vécus. ou le fonctionnement du cerveau. Après quelques es-
Notre style émotionnel démarre très tôt, probable- sais infructueux, mes recherches ont démarré vérita-
ment avant notre naissance, dans l’utérus maternel. blement en 2001 grâce à ma rencontre avec le moine
On sait aujourd’hui que le prédéveloppement du bouddhiste Matthieu Ricard, qui est lui-même de
cerveau du fœtus est impacté par ce qui arrive à sa formation scientifique. Nous lui avons demandé de
mère, particulièrement pendant le deuxième trimestre pratiquer sous IRM différents types de méditations.
de grossesse. Ces influences modèlent et modifient Nous avons observé dans son fonctionnement cérébral
des changements spectaculaires. Mes collègues et moi
avons signé le premier article consacré aux recherches
sur l’entraînement mental par la méditation. Des mil-
Les gens témoignant liers d’autres sont parus depuis dans les principales
d’un haut niveau de bien- revues scientifiques. Ces recherches ont prouvé que
l’entraînement mental peut modifier les schémas d’ac-
être sont aussi physiquement tivité du cerveau pour renforcer l’empathie, la compas-
en meilleure santé. sion, l’optimisme et une sensation de bien-être.

84 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 Qu’avez-vous observé de particulier La méditation pourrait entraîner 
chez les moines expérimentés ?
Tout d’abord, une production très forte d’ondes gam- des changements fondamentaux dans
ma par le cerveau. Ce sont les ondes qui sous-tendent le fonctionnement du cerveau.
l’activité mentale supérieure, comme la conscience.
La taille de l’onde gamma dépend du nombre de
neurones activés en même temps. L’étude indique sus axé sur la bonté. En douze semaines, nous avons
que d’énormes quantités de neurones dispersés s’ac- observé une amélioration systématique du comporte-
tivent avec un formidable degré de précision tempo- ment social et de leurs résultats scolaires, ainsi qu’une
relle. Les ondes gamma augmentent peu à peu au fil meilleure capacité à s’autoréguler.
de la méditation, signe que la synchronisation neuro-
nale prend du temps à s’installer. Comme cette syn- Les neurosciences affectives
chronie neuronale sous-tend les processus mentaux et contemplatives ont permis d’ouvrir
supérieurs comme la perception et l’attention, j’y ai un nouveau paradigme en matière
vu la preuve que la méditation pourrait entraîner des de psychologie, mais aussi de santé…
changements fondamentaux dans le fonctionnement Il est désormais clairement avéré que les circuits
du cerveau, avec des conséquences importantes sur neuronaux de l’émotion sont liés à des systèmes
notre capacité à apprendre et percevoir. En particu- physiologiques cruciaux dans notre santé. Des
lier, une forte activité des ondes gamma et la synchro- données épidémiologiques fiables montrent que
nie neuronale pourraient être la signature cérébrale les gens témoignant d’un haut niveau de bien-être
de ce que les bouddhistes disent ressentir durant la sont aussi physiquement en meilleure santé. On sait
méditation : un changement dans la qualité aussi que le stress psychosocial peut induire
de leur conscience de l’instant, source l’expression de symptômes de beaucoup
d’une immense clarté perceptuelle. de maladies physiques. Il semble
C’est comme si une brume mentale évident que le cerveau, en tant que
se soulevait, une brume dont vous L’émotion transmetteur de l’environnement
ne saviez même pas qu’elle vous fonctionne psychosocial, est impliqué dans la
empêchait de percevoir. en collaboration modulation de nos fonctions phy-

Chaque type de méditation

étroite avec siques. Le processus fonctionne
dans les deux sens : des signaux
mobilise-t-elle une partie la cognition. du cerveau informent le corps, et
spécifique du cerveau ? des signaux du corps informent le
Des études ont montré que les médita- cerveau. L’influence du macrobiote et
tions centrées sur la compassion engageaient l’impact de l’alimentation sur le cerveau
certains circuits cérébraux très importants dans les ont par exemple été démontrés.
émotions positives, alors qu’une pratique axée sur la
pleine conscience agissait sur des circuits impliqués Quelque chose à rajouter en conclusion ?
dans les tensions et la régulation des émotions. La Nous avons aujourd’hui la preuve que la façon dont
méditation de pleine conscience sera dès lors indiquée nous percevons les événements joue un rôle fonda-
pour améliorer un manque de résilience. Mais pour mental. Beaucoup de recherches indiquent que la
agir sur son humeur et son aisance sociale, la médita- perception du stress est au final plus importante que
tion sur la compassion sera recommandée. La médita- le stress lui-même. Plus que l’événement lui-même,
tion est une pratique facile et accessible, qui demande c’est notre façon de l’appréhender qui créera en nous,
un entraînement. On sait tous que si l’on va à la gym ou non, un dysfonctionnement. Certaines personnes,
régulièrement, notre corps changera peu à peu ; c’est confrontées à un souci mineur, en feront naître dans
la même chose pour le cerveau avec la méditation. leur cerveau un problème majeur, auquel leur corps
Nous avons publié les résultats d’une étude compara- répondra de manière beaucoup plus significative que
tive menée dans une école publique américaine, avec d’autres individus. La façon dont notre cerveau crée
des enfants de maternelle âgés en moyenne de 5 ans. la réalité est un déterminant énorme. Je dirais même
PHOTO : SDP

Dans chaque classe, aléatoirement, certains enfants que c’est le déterminant le plus important de notre
suivaient le programme normal et d’autres un cur- bien-être physique et émotionnel. ●

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 85


Des civilisations
très évoluées auraient
existé à l’époque
“antédiluvienne”.

 Reportage

Les mystérieux Comment ne pas être stupéfait

savoirs
par le génie architectural des
pyramides de Gizeh en Égypte,
du Machu Picchu au Pérou ou
des Moaïs de l’île de Pâques ?

d’une civilisation Actuellement, des découvertes

scientifiques, réalisées sur

s
disparue
d’autres sites tout aussi intrigants,
s’apprêtent à bouleverser l’histoire
que nous raconte l’archéologie
conventionnelle. Par Aurélie Aimé

elon Descartes, l’approche

scientifique consiste à faire
« table rase » et à « abandonner
les croyances des choses qui ne sont
pas entièrement certaines et indu-
bitables afin de ne pas passer à
côté d’une possibilité ». Alors, que
savons-nous avec certitude de l’histoire de l’huma-
nité ? Une suite de découvertes archéologiques et
de déductions a amené les experts de notre société
à poser quelques dates clés sur ce que l’on nomme
la préhistoire humaine.
De -10 000 à -6000 : mésolithique des derniers chas-
seurs-cueilleurs. Les hommes sont nomades, ils se
déplacent pour se nourrir, chassent et pêchent. Ils
construisent des abris légers, adaptés aux changements
climatiques. Ils travaillent la pierre taillée et l’os pour
PHOTOS : CANYALCIN / SHUTTERSTOCK - STEVE HEAP / SHUTTERSTOCK

fabriquer des outils. L’homme commence peu à peu à

devenir chasseur, éleveur, pêcheur ou cultivateur.
De -6000 à -2500 : néolithique des agriculteurs-éle-
veurs. Les premiers paysans introduisent l’agricul-
ture et l’élevage. Ils abandonnent peu à peu un
mode de vie nomade et deviennent sédentaires. Ils
construisent des maisons, s’organisent en villages.
Traditionnellement, l’invention de l’écriture, vers
3500 ans av. J.-C. en Mésopotamie, marque la fin
de la Préhistoire et donc le début de l’Histoire.

De nombreuses anomalies
Pourtant, à contre-courant de ces datations, des scien-
À gauche, la cité inca du Machu Picchu au Pérou, sanctuaire protégé par
tifiques et chercheurs indépendants font entendre
l’Unesco. Ci-dessus, les pierres les plus anciennes sont assemblées sans ciment, une voix dissonante. Ils avancent que des civilisations
avec des formes polygonales complexes, et sont ajustées au millimètre.  très évoluées auraient existé à la surface de la FFF

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 87

 Reportage Bâtisseurs de l’ancien monde

Gizeh : deux millions
de blocs assemblés, pesant
chacun plusieurs tonnes.

FFF planète, à l’époque « antédiluvienne », c’est-
à-dire avant le « déluge » décrit notamment dans la
Genèse, il y a environ 12 000 ans. Bien que beaucoup
de théories soient sujettes à caution, des découvertes
récentes ont eu l’effet d’un pavé dans la mare pour
l’ensemble de la communauté scientifique.
Göbekli Tepe en Turquie est un ensemble monu-
mental d’enceintes constituées de monolithes avec
des bas-reliefs finement sculptés. Découvert en 1963
mais fouillé depuis 1995, il a la particularité d’avoir « Les gens pensent qu’à l’âge
été volontairement enfoui sous terre à plusieurs
reprises. La présence d’éléments organiques a donc préhistorique l’homme était primitif,
permis sa datation au carbone 14 : les parties les plus mais ce monument prouve le contraire. »
profondes, donc les plus anciennes, ont – c’est une
certitude – au moins 12 000 ans ! Ce qui en fait le
plus ancien ensemble d’architecture monumentale
en pierre jamais découvert à ce jour.
Patrice Pouillard est réalisateur. Il parcourt le monde
depuis une vingtaine d’années, en quête de réponses
sur les mystères des constructions du passé, et s’ap-
prête à présenter les fruits de son enquête dans son
documentaire BAM – Bâtisseurs de l’Ancien Monde.
L’historienne Bleuette Diot, qui intervient dans le
film, affirme à propos de Göbekli Tepe que « L’hu-
manité, à cette époque-là, ne savait même pas faire
un vase en poterie. Ils étaient vraiment très archaïques,
c’était les derniers chasseurs-cueilleurs. On n’était même
pas dans le cadre de la sédentarité et ils sont arrivés à ❸
élever des piliers qui faisaient 16 tonnes. Cela demande
déjà une coordination de tous les ouvriers, un maître 1. Les pyramides en 1914. On pensait qu’il s’agissait d’une colline
d’œuvre, des ouvriers spécialisés... » Des centaines de de Gizeh en naturelle avec à son sommet des structures méga-
Égypte.
personnes auraient été nécessaires à sa construction, 2. Le grand
lithiques sans doute vieilles de 2 500 ans, jusqu’à
ce qui ne concorde pas avec l’idée de chasseurs-cueil- sphinx sur le ce que Dany Hilman Natawidjaja, géologue senior
leurs mobiles et en petits groupes. Quelles seraient plateau de au Centre de recherche pour la géotechnique à
les raisons de ces rassemblements ? Selon Klaus Gizeh, Égypte. l’Institut indonésien des sciences, étudie le site dès
3. Détail du
Schmidt, qui dirigea le chantier, les représentations Machu Picchu où 2011. Un équipement de pointe révèle ce qui se
nombreuses d’animaux indiquent qu’il doit s’agir les pierres plus trouvait sous la terre : une pyramide à degrés, haute
du temple d’un culte chamanique : un lieu de culte récentes sont de 110 mètres, utilisant les mêmes éléments de
plus instables et
d’une échelle sans précédent. Le philosophe de l’an- grossières.
basalte colonnaire que ceux se trouvant à la surface.
thropologie symbolique Fernand Schwarz va plus 4. Le temple de À 30 mètres sous le sol, les datations au carbone
loin et avance que ces constructions sont la preuve Kephren, entre indiquent qu’ils ont été mis en place il y a plus de
que la spiritualité est une des composantes primor- la pyramide de 10 000 ans ! « Les gens pensent qu’à l’âge préhistorique
Khéops et le
diales de la « nature humaine ». La religion aurait sphinx à Gizeh,
l’homme était primitif, mais ce monument prouve le
poussé les hommes à se regrouper, à se sédentariser Égypte. contraire », annonce le géologue.
et à inventer l’agriculture, et non l’inverse, ce qui réé- Ces sites ouvrent une brèche : pourraient-ils remettre
crirait l’histoire. Et si ce site était en fait l’empreinte en question les datations d’autres sites méga-
d’une civilisation savante ? lithiques ? Sans présence d’éléments organiques,
Une autre construction bouleverse la chronologie : impossible de dater les pierres : les chronologies éta-
celle de Gunung Padang, en Indonésie, découverte blies sont donc souvent le fruit de déductions.

88 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018


❶ ❷
Merveilles d’architectures,
ANDRE KLAASSEN - AFRICA STUDIO - JEROME STUBBS - SERGEI BUTORIN / SHUTTERSTOCK
fascinante Égypte
Plusieurs sites mégalithiques ont une étonnante parti-
cularité : les vestiges les plus anciens sont plus massifs
et mieux construits, tandis que les ajouts récents sont
petits et de moindre qualité. Patrice Pouillard, pour la
réalisation de son documentaire Les Bâtisseurs de l’An-
cien Monde, a étudié différents lieux avec l’appui scien-
tifique d’Érik Gonthier, préhistorien et géologue. Ainsi,
au Machu Picchu, ce dernier constate que les pierres
les plus anciennes, celles au bas des constructions, sont
assemblées sans ciment, avec des formes polygonales
complexes, et ajustées au millimètre ; à l’inverse les plus
récentes sont petites, rectangulaires et instables. Le spé-
cialiste note que certains blocs ne sont pas disposés de
façon aléatoire, mais ordonnés en miroir. Étrangement,
bon nombre d’entre eux ont la particularité d’être
construits sur des zones très sensibles aux tremblements
de terre, et cette incroyable architecture leur permet de
GRANDE PYRAMIDE
Le nombre d’or
Les dimensions de la grande pyramide de Gizeh ne semblent pas
relever du hasard. On retrouve le nombre d’or (Phi) et Pi déclinés
un grand nombre de fois dans le rapport entre ses proportions.
À titre d’exemple, la surface des quatre faces divisée par celle de
la base donne Phi. En divisant le demi-périmètre par la hauteur
totale, on trouve encore le nombre d’or, mais au carré… On retrouve
également le nombre sacré dans les dimensions de la chambre du
roi. Cette dernière a pour autre particularité d’être le seul élément
de la pyramide à être constitué de dalles de granit, dont la résistance
permet de conserver ses dimensions dans le temps. Enfin, tout
comme certaines grottes du site de Barabar (Inde), elle résonnerait
à la fréquence de 528 Hz. Pourquoi de telles caractéristiques ?
Pourrait-on imaginer que la pièce ait eu une autre fonction que
celle qu’on lui prête, un savant mécanisme énergétique ?
résister aux séismes, comme le confirment les experts.
On retrouve ce modèle ailleurs au Pérou, à Ollantay-
tambo ou Saqsayhuaman, mais aussi en Égypte, au
temple de la Vallée, où chaque pierre du mur d’en-
ceinte pèse entre 200 et 400 tonnes. Göbekli Tepe, en
Turquie, ne fait pas exception. Après que le premier
site a été volontairement enfoui, ses successeurs ont
ajouté des éléments, de piètre qualité comparative-
ment à l’édifice originel. Enfin, entre autres déclinai-
sons, Ahu Vinapu est le site le plus ancien de l’île de
Pâques, et aussi le mieux construit, avec ses gigan-
tesques pierres taillées. D’autres, plus récents, plus
petits, trahissent une qualité de construction moindre,
et ont fini par s’effondrer...
Retournons en Égypte, sur le site des pyramides de
Gizeh (-2500). La grande pyramide impressionne,
avec ses 230 mètres de côté, 140 mètres de hauteur
et deux millions de blocs assemblés, pesant chacun
plusieurs tonnes. Pourtant, aucun texte ne décrit sa
construction. À ce jour, on ne sait pas quels FFF
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 89
 Reportage Bâtisseurs

On doit le récit
le plus ancien de l’Atlantide
à Platon (-400).

FF F outils ont été utilisés, et les méthodes de
construction sont purement spéculatives. Au temple
de Louxor, certains ouvrages, comme de gigantesques
têtes sculptées, étonnent par leur précision. Chris-
topher Dunn, ingénieur, traque l’outillage des Égyp-
tiens depuis 20 ans. D’après lui, celui retrouvé dans
les fouilles archéologiques ne permet pas de réaliser les
artefacts de cette période, telle une tête de granit attri-
buée à Ramsès II dont la symétrie frôle la perfection,
au tiers de millimètre près. Certaines techniques ou
certains outils de construction ont-ils disparu de nos
radars ? Graham Hancock, journaliste et écrivain spé-
cialiste des civilisations disparues, explique que dans
le cas de l’Égypte, « la période de transition entre un
stade de développement primitif et une société paraît si
courte qu’elle peut être tenue pour négligeable », et que ❶
« des savoir-faire technologiques dont l’acquisition aurait
dû normalement prendre plusieurs centaines, voire plu-
sieurs milliers d’années furent mis en œuvre presque du
jour au lendemain – et, apparemment, sans antécédent
d’aucune sorte ». Pourrait-on alors envisager que les
Égyptiens aient reçu un héritage, celui de mystérieux
savoirs leur permettant de construire ces monuments
avec des techniques encore inconnues ? À moins
qu’ils ne soient pas les auteurs des pyramides, mais
simplement leurs héritiers ?
❷ ❸
Des traces d’un même savoir tions futures. En Mésopotamie (IIIe siècle av. J.-C.)
à travers le monde il est dit qu’après qu’une civilisation a périclité suite
Pour Robert Schoch, professeur agrégé de sciences à une inondation cataclysmique, le dieu Oannes
naturelles, le sphinx de Gizeh serait bien plus serait sorti de la mer pour enseigner aux Babylo-
ancien que communément admis et daterait d’une niens l’écriture, les sciences et les principaux arts.
période entre 5000 et 10 000 av. J.-C. Selon lui, Les représentations le montrent souvent avec une ❹
des traces d’érosion visibles sur ses flancs seraient sorte de « panier » dans la main.
principalement dues aux effets de l’eau, indiquant Graham Hancock note que les mêmes types de 1. Göbekli Tepe,
qu’une catastrophe aurait effacé toute trace de cette paniers sont sculptés sur les bas-reliefs de Göbekli au sud-est de
l’Anatolie en
civilisation : « Sur le corps du sphinx et les murs qui Tepe... On retrouve aussi ce motif dans la main Turquie.
se trouvent autour, j’ai trouvé des traces importantes d’une divinité d’Amérique centrale, qui prendra plus 2. Détail de gravure
d’érosion et ma conclusion est qu’elles n’ont pu être tard le nom de Quetzacòatl, apporteur de la civilisa- sur une colonne
à Göbekli Tepe.
causées que par des pluies très intenses. Pourtant, tion… Comme si d’un bout à l’autre de la Terre, il 3. Détail d’un mur
le sphinx est assis en bordure du désert Sahara et la y avait eu, à un moment, une influence commune. d’Ahu Vinapu, site
région est aride depuis 5 000 ans », indique-t-il. Si aucun écrit ne fait référence à l’Atlantide en archéologique
Cette pluie intense rappelle le déluge dont il est Égypte, des prêtres auraient fait graver une histoire de Rapa Nui sur
l’île de Pâques,
question dans de nombreux mythes. À l’époque de sur les murs du temple d’Edfou, ainsi que le décrit Chili.
Sumer (- 3300), l’épopée de Gilgamesh raconte que G. Hancock : « Les prêtres de cette époque, vers 330 4. Statues
dans un passé lointain, les dieux en colère contre av. J.-C., ont hérité des archives des temples précédents. des Moaïs sur
le volcan Rano
l’humanité auraient créé une gigantesque inonda- Au milieu de ces archives, écrites sur des peaux d’ani- Raraku sur l’île
tion détruisant tous les hommes à l’exception de maux très abîmées et tombant en pièces, se trouvait de Pâques.
quelques-uns, préservant les « germes » des civilisa- l’histoire d’un temps où « les dieux » vinrent en Égypte

90 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018


Comme si d’un bout à l’autre
de la Terre, il y avait eu,
à un moment, une influence
commune.
après la destruction de leur région d’origine qui était
CORNFIELD - ACSEN - ALFREDO CERRA - DABOOST / SHUTTERSTOCK- SDP
une île ! Ils apportèrent le don de la civilisation. »
Le mythe de l’Atlantide
On doit le récit le plus ancien de l’Atlantide à Pla-
ton (- 400). Il l’aurait hérité de son ancêtre, Solon,
qui lui-même l’aurait entendu… en Égypte ! Selon
lui, l’Atlantide aurait existé 9000 ans avant son
temps, soit en -9600, et une série de tremblements
de terre et d’inondations l’auraient submergée. Selon
la vision académique, cette histoire serait inventée car
les Grecs n’avaient pas accès à la connaissance scien-
tifique moderne sur l’ère glaciaire et ses élévations de
niveau des mers... Pourtant, la date de -9600 n’est pas
DES GROTTES
à la fréquence sacrée
À Barabar, en Inde, se trouvent les plus anciennes grottes
rupestres du pays (300 av. J.-C.), creusées dans d’énormes
blocs de granit. Celles-ci révèlent des données défiant
la logique. Avec un appareil qui permet de mesurer la
rugosité des surfaces, Patrice Pouillard et Érik Gonthier ont
déterminé qu’est « atteint un degré de polissage hors norme.
Aujourd’hui on atteindrait ça avec une mécanique puissante
à base de lasers », s’étonne le géologue. Ils ont aussi étudié
la manière dont le son se propage : « Le premier calcul des
fréquences à la troisième harmonique de la grotte Vapiyaka
montre qu’elle résonne à la fréquence de 528 Hz. Mais ce
qui est sidérant, c’est que la grotte Vadathika, malgré une
forme totalement différente, résonne elle aussi à cette même
fréquence de 528 Hz », une fréquence jugée sacrée dans de
nombreuses traditions, car elle aurait certaines vertus de
guérison. Cela donne une idée du degré de technicité dont ce
peuple était capable il y a plus de deux millénaires.
anodine. C’est la fin d’une époque nommée « Dryas
récent » par les géologues. Au sortir de l’âge de glace, À
la température et le niveau de la mer ont augmenté, LIRE
puis soudainement chuté, entraînant la disparition de
mammifères de la mégafaune, tels les mammouths.
Ces mythes concentrent notre attention sur la
même période. Quelque chose d’important aurait-il
pu se passer à ce moment-là ? Certaines études
scientifiques avancent que deux séries d’impacts de L’empreinte
fragments d’une même comète à 1 300 ans d’in- des dieux
tervalle auraient heurté la calotte glacière. La glace Graham
liquéfiée aurait augmenté le niveau des océans de Hancock
120 mètres. Graham Hancock précise que « Plus Éd. Pygmalion,
2016, 23,90 €
de 27 millions de km2 de terres auraient été anéantis
par un cataclysme, ce qui équivaut grossièrement à la
superficie de l’Europe et de la Chine ensemble ». À
titre de comparaison, si aujourd’hui le niveau de
la mer augmentait de quelques mètres seulement,
cela entraînerait la disparition des Maldives, d’une
bonne partie du Bangladesh, des Pays-Bas, de
Londres, New York, Los Angeles… L’auteur sug-
Magiciens
gère que ceux à qui nous avons affaire seraient une des dieux
civilisation de marins, et qu’ils auraient occupé les Graham
meilleures terres, sur les côtes. Hancock
Des cités légendaires telles l’Atlantide ou Kumari Éd. Pygmalion,
2017, 24,90 €
Kandam auraient justement été ensevelies. En
Inde, Kumari Kandam aurait occupé un vaste ter-
ritoire avec d’immenses bibliothèques et des uni-
versités. Mais d’après les textes, elle aurait disparu
dans un cataclysme à l’époque de l’Atlantide. FF F
AUTOMNE 2018 - N°40 - Inexploré 91
 Reportage Bâtisseurs de l’ancien monde

Photos extraites
du film BAM :
1. Instrument
mesurant le degré
de polissage de
la pierre (Gizeh).
2. L’effet miroir
sur les pierres
polies (Gizeh).
3. Les grottes
acoustiques de
Barabar.
5. L’étude des
chiffres avec
les mesures de la
chambre intérieure
de la pyramide
de Gizeh.
❶ ❷
❸ ❹

L’humanité à cette époque-là,

ne savait même pas faire
un vase en poterie.

❻ ❼

92 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 
Plus de 27 millions de km2
de terres auraient été anéantis
par un cataclysme.

donné par les géologues à l’étendue émergée qui se
situait jadis dans la moitié sud de l’actuelle mer du
Nord) intrigue les passionnés d’archéologie.

Des connaissances
astronomiques
L’orientation des sites nous ramène elle aussi à des
dates antédiluviennes. Dans les années 1930, le
mathématicien, physicien et enseignant au lycée du
Caire André Pochan découvre que la pyramide de
Ces édifices nous enseignent, Khéops ne comporte pas quatre faces, mais huit,
signalant avec précision les équinoxes et ajoutant un
si on daigne les lire et c’est là, selon moi, énorme degré de complexité à l’édifice. D’autres sites
tout l’enjeu de ce travail. confirment que leurs bâtisseurs seraient de savants
P. Pouillard astronomes. Si l’on s’en réfère au ciel : « Göbekli
Tepe marque le solstice d’hiver, il y a 12 800 ans. Gizeh
marque l’équinoxe, il y a 12 800 ans. Les trois pyramides
au sol, le sphinx, la constellation du Lion, celle d’Orion,
la Voie lactée, font tous partie de ce tableau d’ensemble »,
décrit Graham Hancock.
Dans l’empreinte des dieux, il rapporte les études de
l’astronome Phillis Pitluga à Nazca (Pérou), « qui en
concluent que la fameuse figure représentant une araignée
avait été conçue à l’origine comme une réplique terrestre
de la constellation géante d’Orion, et que les lignes droites
associées à la figure semblent avoir été tracées pour suivre
à travers les âges les changements de déclinaison des trois
étoiles de la ceinture d’Orion ». Entre autres exemples,
le site d’Angkor Vat (Cambodge) reproduirait selon
❺ G. Hancock la constellation du dragon.
Ces anciens seraient aussi à l’origine des zodiaques.
Photos 4, 6 et 7 : FF F En 2004, quand l’océan se retira de la baie Les étoiles n’étant pas fixes au cours du temps, le ciel
photo, radio et
reconstitution lors du tsunami, des ruines furent mises à nu. Une paraît se déplacer d’un degré tous les 72 ans, et il faut
de l’anticythère, première étude a été menée par T. Sathyamurthy, environ 26 000 ans pour faire un tour complet. Pour
instrument de archéologue de l’Archaeological Survey of India se repérer, on a relié les étoiles entre elles, formant
calcul astronomique
retrouvé en Crète,
Chennai Circle : « Nous avions découvert que la ran- des figures qui permettent d’identifier facilement ces
sur une épave gée de grosses pierres que les gens ont vue juste avant le périodes. G. Hancock explique que « durant l’ère du
qui daterait de tsunami faisait partie d’un mur haut de deux mètres et Taureau, il était l’icône première dans l’Égypte ancienne
87 av. J.-C. Plus long de 70 mètres. Nous avons aussi trouvé les restes de ainsi qu’en Mésopotamie. Alors que nous nous déplaçons
ancien mécanisme
à engrenages
deux temples submergés et un temple dans une grotte à vers l’âge du bélier, il devient l’icône principale. On peut
connu, il est d’une 500 mètres des côtes. » Si les archéologues supposent voir notamment l’arrivée de colonnes avec un sphinx à
rare complexité que les vestiges auraient autour de 1 500 ans, pour tête de bélier par exemple. Vers l’ère du Poisson, il devient
et permettrait Graham Hancock, il faudrait aller à cinq kilomètres le symbole notamment pour les premiers chrétiens ».
notamment de
prédire les éclipses. des côtes – zone sous l’eau depuis 11 500 ans – pour Il semble que les anciens bâtisseurs aient mis beau-
réécrire l’histoire. Kumari Kandam n’est pas un cas coup d’énergie à nous indiquer un événement précis,
isolé : d’autres vestiges sous-marins sont étudiés comme le confirmerait aussi le site de Göbekli Tepe.
au large de l’Inde et du Japon, entre autres… Plus En 2016, pour la revue Mediterranean Archaeology
proche de la France, la terre du Doggerland (nom and Archaeometry, des chercheurs ont ana- FF F

AUTOMNE 2018 - N°40 - Inexploré 93

 Reportage Bâtisseurs de l’ancien monde
Certaines techniques ou
certains outils de construction
ont-ils disparu de nos radars ?
Ci-dessus : FFF lysé des symboles émaillant les colonnes du
la constellation temple : « En faisant le lien entre des sculptures de
d’Orion, ou le bas-reliefs des piliers et l’astérisme [figure dessinée par
Chasseur, située
sur l’équateur
des étoiles particulièrement brillantes, NDLR], nous
céleste. avons la preuve que la “pierre au vautour” est un mar-
queur temporel indiquant à plus ou moins 250 ans près
-10 950, ce qui correspond au Dryas récent. Nous avons
aussi la preuve que la fonction clé de Göbekli Tepe était
l’observation de pluies de météorites et le recensement
des passages de comètes. Son peuple s’est tout particuliè-
rement intéressé à la pluie de météorites des Taurides,
la même supposément responsable des événements du
À Dryas récent ! »
VOIR
Un message pour
notre civilisation  vie de nos suivants et le devenir de notre espèce. »
Si nous voulions adresser un message aux personnes
du futur, il faudrait utiliser un langage universel,
telles l’astronomie ou les mathématiques… Le
Bâtisseurs de nombre d’or, par exemple, est connu comme étant
l’Ancien Monde le « langage mathématique de la beauté » : on le
Patrice Pouillard retrouve dans les minéraux, les végétaux, chez les
enquête depuis
plusieurs
animaux… et dans les proportions de certains méga-
années sur lithes. Lorsque les côtés de la grande pyramide de
cette question Gizeh et de sa chambre haute sont mis en rapport,
fascinante... on le trouve à de nombreuses reprises, comme le
Sommes-nous
les héritiers
démontre Patrice Pouillard dans son documentaire.
d’une civilisation L’égyptologie invoque le hasard. On surnomme par-
disparue ? fois le nombre d’or « l’empreinte de Dieu ». Peut-on
Le film est à
supposer que ces mystérieux bâtisseurs aient voulu
retrouver dès
des temples à l’image de la Création, de Dieu ? Le
octobre 2018 en
VOD sur : www. nombre Pi est lui aussi très présent sur les sites. Hau-
jayanfilms.com tement symbolique, il est selon certaines interpréta-
94 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
tions représenté dans les védas, la Bible, la kabbale...
Quel message auraient donc voulu passer les Bâtis-
seurs ? Voulaient-ils, à l’instar des Mayas, prévenir
d’un cataclysme à venir ? Avec la géométrie comme
langage, nous disent-ils que la clé est de faire comme
la nature ? Par leur transmission astronomique et
astrologique, nous invitent-ils à nous connecter au
divin ? Pour Patrice Pouillard, « une partie de leur
message, il me semble, est qu’ils sont convaincus qu’il
existe un “créateur” d’un ordre préalable au temps et
à l’espace, qui utilise une sorte de pattern, que l’on
retrouve partout, par le biais des mathématiques. Pi,
le nombre d’or dans ces anciennes constructions, ne
relève selon moi en aucun cas du hasard, mais de la
volonté de se conformer à la nature et à la “création” en
assemblant selon ses principes et méthodes : harmonieux
tout en étant ingénieux… à l’image de la vie, dont les
créations sont à la fois belles et “techniquement” très
pointues. N’est-ce pas le cas des pyramides de Gizeh,
toujours en place des millénaires après leur construc-
tion ? » Il ajoute : « Convaincus que le créateur du
monde n’avait pas dit, mais signifié à l’aide du seul
livre à leurs yeux qui vaille la peine d’être lu, à savoir
la nature, le “livre de la création”, il semble que ceux
qui ont bâti ces édifices aussi énigmatiques en aient fait
de même en ne laissant aucune archive nulle part sur
les moyens et méthodes employés, nous laissant à la fois
admiratifs et circonspects face à ces chefs-d’œuvre qui
défient notre raison moderne… Pourtant, ces édifices
nous enseignent, si on daigne les lire et c’est là, selon moi,
tout l’enjeu de ce travail. Et si tout cela ouvrait la porte
à d’autres possibilités en matière de production d’éner-
gie ? Si ce qui est supposé dans BAM est aussi fondé que
je le pense, alors nous confronter à un autre point de vue
sur le vivant et peut-être une autre compréhension de la
matière et de ses lois, ne peut être que bénéfique, en ces
temps troubles où l’on s’inquiète pour les conditions de
C’est ainsi qu’Érik Gonthier monte actuellement une
PHOTOS : ALLEXXANDAR / SHUTTERSTOCK - SDP
mission scientifique composée d’archéologues étran-
gers et de spécialistes de l’étude des fréquences et de
leurs effets, afin d’aller étudier les propriétés acous-
tiques des grottes de Barabar. Avis aux sponsors… car
en archéologie comme ailleurs, l’argent reste le nerf
de la guerre. Tout comme la mission Scan Pyramids,
BAM inaugure peut-être le moyen de réunir des
financements privés, qui permettront d’investiguer
plus sérieusement et plus profondément le passé de
notre planète et les origines de notre civilisation. ●
BONUS LE FILM BAM À VOIR :
Web
Dès novembre 2018, sur INREES TV :
www.inrees.com/bonus/304
 Incarner


Tous savent que la
goutte d’eau
se fond dans l’océan
mais peu savent que
l’océan se fond
dans la goutte
 KABÎR
THÉRAPIE


En tant que créatures
de Dieu, nous avons
le devoir de soigner
notre âme tout autant
que notre corps.
Père George de Saint-Hirst


 Delivrer
EXORCISME

l ame
a
L’exorcisme peut-il être une voie pour guérir un soupçon de
« possession » ? Le père George de Saint-Hirst démystifie ce rituel
religieux destiné à expulser une entité spirituelle maléfique
qui se serait emparée d'un être ou d’un lieu.
Par Julie Klotz

« 14 ans, j’ai commencé à pratiquer la
magie noire, jusqu’au jour où certaines
personnes de mon entourage ont eu des
accidents graves. Je ne possédais pas de
manuel mais, bizarrement, je connais-
sais spontanément tous les protocoles.
Comme j’arrivais à manipuler facilement les victimes
dans mon propre intérêt, j’ai pris de l’assurance et j’ai
continué. Je suis allée jusqu’à la renonciation au bap-
tême et au pacte avec Satan. Un jour, lors d’un rituel,
j’ai senti quelque chose qui me dépassait complète-
ment… Le lendemain, j’avais trois grosses griffes dans
le dos qui saignaient ; elles sont parties, puis revenues
quelques mois plus tard. Chez moi, les meubles bou-
geaient tout le temps. Chaque fois que j’entrais dans
PHOTO : RUSLAN GRUMBLE / SHUTTERSTOCK
En analysant un cas comme celui-ci, le père George
de Saint-Hirst peut conclure qu’il s’agit bien là
d’une possession. Ce qui signifie qu’une présence
aliénante a investi et envahi le monde intérieur
ainsi que le corps de la personne possédée. Selon les
cultures, cette présence sera associée à une divinité,
un djinn, un esprit, un ancêtre, un démon, voire
au diable lui-même. C’est ainsi que le père George
établit une classification des cas qu’il rencontre,
« du simple rhume au cancer généralisé ». « En tant
que créatures de Dieu, nous avons le devoir de soigner
notre âme tout autant que notre corps », explique-
t-il. À l’origine de ces « maladies », il peut identi-
fier des attaques paranormales, un simple désordre
énergétique comme « le mauvais œil », différents

une église, j’étais prise de convulsions. Je suis tombée
malade plusieurs fois. Je ne dormais presque plus. Fri-
sant l’internement plusieurs fois, j’ai fini par suivre un
lourd traitement médicamenteux », raconte Aurélie
qui, après quinze ans de souffrance, a accepté de se
faire exorciser par le père George de Saint-Hirst (voir
photo page 101), prêtre exorciste de l’Église vieille-ca-
tholique romaine, installé dans le sud de la France, à
Saint-Laurent-du-Var.
envoûtements, sortilèges et maléfices impliquant
une emprise, jusqu’aux parasitages par une âme
errante d’une personne ou d’un lieu, pour finir par
les « possessions », avec ou sans acte de magie noire.
Dans le Manuel clinique des expériences extraordi-
naires, Isabelle Kochko, psychologue clinicienne,
et Djohar Si Ahmed, psychanalyste, distinguent
bien « cas de possession » et « hantise ». De fait,
ces deux concepts sont difficiles à définir, FF F

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 97

 THÉRAPIE
L’EXORCISME
au regard
des neurosciences
Le Dr Yann Rougier, neuropsychiatre, médecin
spécialiste des hôpitaux de Paris, qui a préfacé
le livre d’entretiens entre le père George et la
journaliste Julie Klotz (1), témoigne :
« Il faut juger l’arbre à ses fruits. Et les fruits
de la pratique journalière du père George sont
précieux : mieux-être moral, mental et souvent
physique des personnes venues le consulter
pour des terrains de souffrances chroniques
sans réponses médicales ou médicamenteuses
spécifiques, et parfois sans diagnostic précis.
Les neurosciences ne “voient” pas mieux ou
plus loin, mais elles se sont attachées sur des
décennies à constater et à expérimenter toutes
les énergies humaines en présence dans les
expériences de guérison. En priorité, les
neurosciences constatent que ce monde virtuel
donc invisible (comme le monde du père
George), des pensées, des émotions, des
croyances et des peurs, peut s’observer dans le
réel de nos nouvelles technologies. »
98 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

Il existe chez
la personne un terrain
de déséquilibre qui invite
ces phénomènes.

FF F tant le domaine du paranormal désigne des
phénomènes insaisissables, peu observables, ni
explicables scientifiquement. Cependant, les deux
auteurs déterminent que « possession et hantise ren-
voient à des expériences en rupture avec l’ordre habituel
du monde, et dans leurs formes majeures, impliquent
des vécus persécutifs, voire terrifiants. Et pour cause :
quelque chose d’extérieur, d’étrange, d’étranger, ou vécu
comme tel, s’insinue, infiltre, prend possession de l’espace
intérieur du sujet, de son âme, mais aussi de son cadre
de vie, de son habitation, de son environnement ». La
hantise a en plus la particularité de provoquer la
sensation d’un environnement qui serait habité par
une présence dont l’action serait « diffuse, invisible,
récurrente et en général malveillante ».
Le prêtre exorciste intervient souvent en dernier
recours chez un sujet « perdu », qui est passé entre
les mains de différents médecins, thérapeutes ou
énergéticiens. Chaque diocèse est censé posséder un
exorciste, mais certaines victimes déplorent ne pas
être reçues, faute d’être baptisées. Feu Père Gabriele
Amorth, exorciste du diocèse de Rome, le plus connu
de l’Église catholique, s’est souvent plaint qu’il n’y ait
pas assez de « vrais exorcistes » en France. En tous
cas, il semble bien en manquer. Le père George, qui
reçoit déjà plus de 1 000 personnes par an, est telle-
ment débordé par les demandes qu’il est en train de
former trois nouveaux exorcistes. Appartenant à un
ordre missionnaire, il accueille tous ceux qui en ont
besoin et observe parmi eux une majorité d’athées :
« En réalité, j’exorcise très peu de pratiquants ; surtout
des non-pratiquants ou des incroyants, selon moi, plus
fragiles à cause de leur manque de spiritualité. » Il peut
lui arriver d’accueillir des personnes d’autres confes-
sions, bien que rabbins ou imams (entre autres) aient
également la compétence à faire des exorcismes.
Maladies psychiques
et cas de possession
Les « souffrants » ont souvent des symptômes qu’au-
cun médecin ne parvient à expliquer. « Leur santé
physique, mentale, émotionnelle et énergétique se voit
complètement perturbée. Ce qui vient irrémédiablement
 
Possession et hantise
renvoient à des expériences
en rupture avec l’ordre
habituel du monde.

affecter tous les domaines de leur vie : relationnel, sen-
timental, professionnel et financier… », précise le père
George. Ainsi, comment différencier celui qui relève
de la psychiatrie de celui qui est sain psychiquement
et subit une attaque paranormale ? D’après le père
George, il existe toute une kyrielle de symptômes
PHOTOS : YNGSA - SKYFISH / SHUTTERSTOCK
identifiables, même si la frontière entre les deux reste
ténue. Souvent, il travaille en étroite collaboration
avec des médecins psychiatres qui lui envoient des
cas qu’ils ne parviennent pas à soulager par le seul
usage de médicaments et du travail thérapeutique.
Inversement, il invite certains « patients » à se rendre
dans une unité de soins psychiatriques. La plupart du
temps, un entretien approfondi lui permet d’établir
une analyse qu’il confirmera lors de l’exorcisme, en
fonction des manifestations observées chez le sujet.
Un cas de possession semble engendrer un état À
LIRE
dissociatif très proche de celui de la schizophrénie
(hallucinations visuelles ou auditives), mais aussi des
symptômes observés dans d’autres psychoses telles
que la paranoïa (sentiment de persécution), dans des
névroses comme l’hystérie (paralysie, convulsions,
perte des sens), ou dans des affections neurologiques
telles que l’épilepsie. Une attaque paranormale paraît
détourner la victime de la réalité et la plonger dans
une certaine confusion mentale, lui provoquer
des pensées négatives, des obsessions, des passages
(1)
L’exorcisme,
guérison
amnésiques, ou encore un sentiment d’isolement. des maladies
de l’âme
Comme elle semble perdre son libre arbitre, elle Père George de
peut agir ou parler contre sa volonté, parfois dans Saint-Hirst et
des langues inconnues. Dans son quotidien, elle peut Julie Klotz
Éd. Guy Trédaniel,
être confrontée à des manifestations négatives récur-
2018, 19,90 €
rentes : le courrier posté se perd, la voiture tombe en
panne, les ampoules grillent, les appareils électriques
dysfonctionnent... Par ailleurs, lorsque c’est la santé
d’un sujet qui est atteinte, il n’est pas rare que rien
de significatif n’apparaisse sur les analyses médi-
cales prescrites par le médecin. Enfin, une personne
« possédée » peut voir apparaître sur son corps des
stigmates, mais aussi développer des perceptions
extrasensorielles. FF F
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 99
 THÉRAPIE

La peur
se construit autour
de l’ego souhaitant
tout contrôler.


FF F « J’ai été victime d’un envoûtement qui a
engendré chez moi des problèmes cardiaques graves.
Je subissais des malaises réguliers, j’avais un sommeil
perturbé, des douleurs dans le haut du dos… Puis,
après avoir été exorcisé, du jour au lendemain, plus
rien ! », raconte un témoin. En effet, dans bien des
cas, les victimes d’attaques paranormales rencontrent
des désordres énergétiques allant jusqu’à développer
des problèmes physiques. Mais au-delà de tous les
symptômes cités, il n’est pas toujours facile d’établir
un diagnostic, selon le psychiatre Jean-Marc Mantel :
« Des phénomènes de ce type peuvent s’intriquer avec
des troubles psychiques authentiques. Il est alors difficile
de faire la part des choses. Dans des vécus persécutifs,
des influences extérieures peuvent se mêler à un
déséquilibre émotionnel préexistant. Le mental et l’ego
vont construire alors des peurs, à l’interface du monde
subtil et de la psyché, donnant un aspect délirant ou
subdélirant. » De la même manière, la psychologue
Isabelle Kochcko pense qu’il est « très difficile de
démêler ce qui peut provenir d’une intrusion extérieure maléfique de ses symptômes », déterminante, selon elle,
d’une production psychique à laquelle on n’a pas dans le processus de guérison. À
forcément accès, par le biais de l’inconscient ». Tous s’accordent à dire que les possessions prennent LIRE
appui sur des failles profondes de l’être, qu’il
incombe à chacun de travailler. Parmi celles-ci,
L’importance du « terrain » le père George nomme les sept péchés capitaux –
Mais être victime d’une attaque paranormale signifie l’avarice, la colère, la luxure, l’envie, la gloutonnerie,
malgré tout qu’il y a un « terrain favorable », comme l’orgueil et la paresse – auxquels il ajoute la tristesse,
l’explique le Dr Jean-Marc Mantel : « Il existe chez la la vanité et l’égoïsme, mais aussi la dépression et
personne un terrain de déséquilibre qui invite ces phé- les addictions comme l’alcool ou le jeu, qui contri- (2)
nomènes : des résistances égotiques, un mental agité, des bueraient à favoriser « le terrain ». Il met aussi en Les processus
de guérison
peurs polymorphes… Si le terrain n’est pas corrigé par garde contre les pratiques de spiritisme (écriture Djohar Si Ahmed
un travail personnel, il faudra le nettoyer sans cesse. » automatique, ouija…) : « On permet la possession et Gérald
En effet, il ne suffit pas de se faire exorciser pour temporaire par un esprit, soit par le geste, soit par la Leroy-Terquem
se mettre définitivement à l’abri des forces dites parole. Et parfois, celui-ci ne veut plus partir. » Enfin, Éd. Dangles,
2015, 20 €
« du mal ». Quand le père George parle de forces il invite chacun à la prudence avant de s’en remettre
du bien et du mal, de diable ou de démon, d’autres aux mains de n’importe quel thérapeute maniant
identifient les énergies positive et négative. Ici, tout les énergies subtiles, surtout lors d’une période de
est question de cadre de référence. « Qu’est-ce que le fragilité : « On ne devient pas chamane ou praticien
mal ? Provient-il d’une force extérieure, intérieure ou des reiki après deux mois de formation, il faut passer des
deux ? Est-ce que le fait d’être furieux ou triste le favo- années auprès d’un maître… » Par ailleurs, chaque
rise ? », interroge la psychologue clinicienne Isabelle contact entre un thérapeute et un patient – dans le
Kochko. Djohar Si Ahmed demande d’observer cadre d’une attaque paranormale ou pas – aura des
« l’écologie psychique du sujet et sa croyance en l’origine incidences sur les deux protagonistes.

100 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 Vers la guérison intérieure
Pendant le rituel d’exorcisme, le prêtre récite des
psaumes en latin en imposant ses mains sur la tête
du souffrant. Selon la nature du cas, on peut obser-
ver vomissements, cris, glossolalie, force décuplée…
Djohar Si Ahmed fait état de manifestations simi-
laires lors de séances de respiration holotropique(2)
qu’elle qualifie d’« exorcisme laïque ». Une fois le
sujet libéré, le père George encourage à faire un
travail thérapeutique sur le mental, l’émotionnel
et l’ego, par exemple à l’aide de fleurs de Bach ou
dans un cadre thérapeutique. On entre là dans le
domaine d’Isabelle Kochko : « En tant que psy, ce
qui m’intéresse, c’est l’accompagnement. Que peut-on
PHOTOS : WIDEONET / SHUTTERSTOCK - SDP
faire pour aider les gens à digérer l’épreuve, mais aussi
pour qu’elle leur serve d’apprentissage ? En quoi fait-
elle sens dans leur propre histoire ? » De même, le
psychiatre Jean-Marc Mantel insiste sur la manière
émotionnelle d’accueillir l’expérience : « Vous avez le
choix entre rester ancré ou entrer en panique. La peur
se construit autour de l’ego souhaitant tout contrôler.
À l’inverse, dans une attitude interne d’humilité et
d’ouverture, le contrôleur égotique tend à s’effacer. »
Sur le chemin de la guérison intérieure, cha-
UNE
cun s’accorde à dire, avec ses mots, que le par-
don envers le fauteur du trouble est nécessaire, DATE
mais surtout que la paix intérieure est le meilleur Retrouvez
moyen de se protéger contre les récidives. « Dans le père George
l’idéal, la paix intérieure est un gage d’homéostasie, de Saint-Hirst
en conférence,
d’équilibre psychique et physique. C’est d’ailleurs avec Julie Klotz
ce que proposent d’atteindre toutes les invites à la et le Dr Yann
relaxation, à la méditation... Dans l’idéal… Car si Rougier,
à Nice le
le sujet se trouve “débordé” par les vécus auxquels 19 octobre 2018.
il est confronté, de telles pratiques sont impossibles Réservations via le
à réaliser et un accompagnement devient indispen- site www.ceppi.fr 
sable », explique Djohar Si Ahmed. Quand le thé-
rapeute travaille sur le mental et l’émotionnel, le
prêtre soigne l’âme en veillant à lui fournir une
nourriture spirituelle autour du détachement, de
l’acceptation, et bien évidemment de l’amour.
« Face à la recrudescence des cas de possession en
France, il est important de retrouver la foi, quelle
que soit sa religion ou ses croyances », précise le père
George, qui espère que chacun entrevoie un peu
de cette lumière qu’il a reçue lors de son expé-
rience de mort imminente, point de départ de son
engagement dans le sacerdoce. ●
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 101
 PRATIQUE

Lâcher-prise, créativité...

Entrez dans
le flow !
Être au mieux de ses capacités tout en accomplissant une action épanouissante, créative
et source de bien-être, tout cela en « pleine conscience », c’est l’expérience du flow.
Par Catherine Maillard

Q
« uand on entre en état de flow, on sa vie à faire des études sur le bonheur gues énergétiques américains Gary
ILLUSTRATION : HSTRONGART / SHUTTERSTOCK

se sent merveilleusement bien,
nous devenons plus performants,
créatifs, comme au maximum de nos
capacités ! » énonce Gary Groesbeck,
spécialiste en biofeedback, lors du deu-
xième Congrès européen de psycholo-
gie énergétique à Paris. Élaboré par le
célèbre chercheur d’origine hongroise
Mihály Csikszentmihályi, qui a passé
et la créativité, le flow – littéralement
« le flux » – pourrait se traduire par le
terme « expérience optimale ». Il évoque
cet état particulier où la personne plei-
nement immergée dans une activité
se trouve dans un état de concentra-
tion maximale qui s’accompagne d’un
sentiment d’accomplissement et de
profond bien-être. Les deux psycholo-
Groesbeck et Donna Bach soutiennent
cette théorie selon laquelle pour vivre
heureux, il est important de multiplier
ces expériences en conscience. Ils
ont développé une approche appelée
Awakening Mind – ou éveil de l’esprit
– fondée sur l’étude des ondes céré-
brales pour en favoriser les conditions
optimums et entrer dans le flow. ●

102 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 Ne faites qu’un
avec l’instant
Notre capacité à vivre de façon optimale dépendrait « de
notre engagement total dans une activité, sans en être distrait »
afin de ne faire qu’un avec la tâche du moment.
Mihály Csikszentmihály, professeur de psychologie

La concentration intense que cela ➺ Pour commencer

demande s’accompagnerait générale-
ment d’une perception altérée du temps.
Comme a pu l’observer Donna Bach  :
« L’état de flow est souvent associé à
une sensation de non-temps, celui-ci
s’étire, ou bien à l’inverse disparaît, on
ne le voit pas passer. » Pour favoriser
cette expérience optimale, nos spécia-
listes préconisent de s’immerger dans
l’instant présent, une approche acces-
sible pour faire l’expérience de l’instan-
tanéité, et plonger dans le flow.
Déterminez plusieurs moments dans la
journée où vous stoppez toute activité et
faites sonner un gong, des clochettes ou
un bol tibétain. Le temps du son, plongez
dans votre corps organique, tout entier
régi par l’instantanéité : votre cœur bat,
votre sang pulse, votre salive humecte
votre bouche... Respirez ! Vous venez de
vivre un moment de flow. ●

Trouvez
la bonne fréquence
Des expériences réalisées grâce à un procédé appelé le Mind Mirror,
dédié à l’observation des ondes cérébrales, ont permis d’identifier des
profils de personnes en état de fonctionnement dit « optimal ».

Yogis, swamis, génies créatifs, sportifs ➺ Pour commencer

de haut niveau en font partie. En s’ap-
puyant sur ces recherches, Donna Bach
et Gary Groesbeck ont mis au point un
protocole pour entraîner notre cerveau
à fonctionner de cette façon. L’objectif
est de réduire le flux d’ondes cérébrales
bêta, majoritairement trop élevé chez
la plupart d’entre nous, d’où un bavar-
dage constant dans notre tête, au profit
des ondes alpha, passerelles pour des
états de conscience plus profonds !
Rejoignant ainsi le professeur de psy-
chologie Mihály Csikszentmihály, pour
qui le flow requiert « de laisser de côté
nos préoccupations incessantes à pro-
pos de soi ».
Pour produire de l’alpha et calmer le
flot des pensées, la méditation est une
porte d’entrée universelle. Pratiquée
avec régularité, c’est une clé pour
apaiser l’esprit. Choisissez la forme
qui vous convient. La plus classique est
la posture en lotus, ou assis sur une
chaise, afin de mobiliser votre esprit :
stabilité, droiture, ouverture. Le dos
bien droit, les yeux sont idéalement
mi-clos. Ouvrez votre regard intérieur.
Concentrez-vous sur le va-et-vient du
souffle. Ne cherchez pas à arrêter le
flux des pensées, observez-les, comme
des nuages dans le ciel ! Dix minutes
par jour suffisent. ●

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 103

 PRATIQUE
Dépassez-vous
et innovez
Lors de leurs études sur le
cerveau, les chercheurs ont pu
établir qu’un des obstacles au
flow était la routine, l’ennui.
Ils préconisent alors de rechercher la
nouveauté, de « pousser le curseur de la
compétence », comme le rappelle Donna
Bach, avec un pétillement dans le regard.
Le professeur Mihály Csikszentmihály
avait lui aussi établi ce lien entre le
flow et le dépassement de soi, en citant
le pilote de Formule 1 Ayrton Senna.
Durant les qualifications du Grand Prix
de Monaco 1988, celui-ci déclara avoir eu
l’impression de piloter la voiture au-delà
de ses limites : « J’étais en pole position,
et je continuais […] J’ai réalisé que je
ne conduisais plus consciemment, mais
instinctivement, j’étais dans une autre
dimension. »
Augmentez
votre
créativité
La créativité est une clé
fondamentale d’accès au
flow ! Le psychologue Mihály
Csikszentmihályi a entrepris ses
recherches sur le sujet, fasciné
par les artistes qui s’impliquent
« corps et âme » dans leur activité.
Donna Bach et Gary Groesbech se réfèrent,
eux, aux musiciens de free-jazz, ou à
Picasso : « Pour trouver l’inspiration, il mar-
chait sur la plage, une fois que la vision arri-
vait, il faisait une fête et peignait pendant
ce temps. Il était juste dans ce moment de
création. » Il ne s’agit pas tant de devenir
un artiste génial, mais bien de s’en inspi-
rer et « transformer toute activité en expé-
rience créative, modifier positivement le
regard que l’on porte sur son existence ».
104 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
➺ Pour commencer
Il est possible de repousser ses limites et
d’ouvrir un nouveau champ d’expérience
en associant deux pratiques : le focus de
l’attention et l’élargissement de la zone
d’attention. L’objectif est d’optimiser le
fonctionnement de notre cerveau. Quelle
que soit votre activité, ciblez d’abord votre
attention sur vos sensations ! Par exemple,
si vous dansez avec une partenaire, foca-
lisez votre attention sur vos pieds, votre
souffle. Cela va ralentir la production
d’ondes bêta et de pensées incessantes, au
profit des ondes alpha. Puis élargissez votre
zone d’attention aux autres danseurs, à la
sensation de chaleur... Mettant en jeu les
deux hémisphères du cerveau, cette double
focale va créer de nouveaux circuits neuro-
naux, ouvrant le champ du flow, vous pous-
sant à innover et à vous dépasser. Cette
pratique consiste d’une part à « muscler »
le cerveau par la neuroplasticité et d’autre
part à se reconnecter à tout un champ d’in-
formations, dont nous nous coupons en
délaissant nos sensations. ●
➺ Pour commencer
« Entrer en coopération avec nos amis,
nos collègues de bureau, notre famille
autour d’un objectif commun stimule
notre créativité », a observé Donna Bach.
Le groupe est un terrain d’exploration
privilégié du flow.
« Le secret est d’interagir comme dans
un combo de musique free-jazz, par
exemple ; il y a un moment où ça nous
échappe, c’est ça le flow créatif ! » com-
mente Gary Groesbeck. Le principe est
le suivant : nous avons tous des compé-
tences originales et complémentaires,
comme le saxo ou la contrebasse, pour
reprendre l’exemple du combo.
Il suffit d’aborder une question, un pro-
jet, et de multiplier les points de vue,
d’explorer toutes les idées qui émer-
gent, de jouer avec, de les associer, pour
entrer dans le flow du processus créatif :
« Évitez d’exclure une idée qui paraîtrait
inhabituelle », prévient le psychologue.
Alors peut apparaître une solution origi-
nale, tout droit issue du flow. ●
Apaisez-vous
avec la
cohérence
cardiaque
« Les désordres de notre système
nerveux sont de puissants freins
à l’état de flow .
« Nous sommes soumis à trop de stimuli,
nous n’avons pas été programmés à en
gérer autant. » Face à de nombreuses
accélérations, le corps réagit en secré-
tant trop de cortisol, avec les consé-
quences que l’on connaît en matière de
stress. Pour vivre de façon optimale, nous
devons abaisser notre niveau de stress et
augmenter de façon notable notre adap-
tation à l’environnement. La pratique de
la cohérence cardiaque peut nous aider.
Venu tout droit de Californie, il y a dix
ans environ, ce principe élaboré par l’Ins-
titut HeartMath place le cœur au centre
du débat et plus précisément la variation
de temps entre deux battements. « Des
études montrent qu’une baisse de cette
variabilité signale une mauvaise adap-
tation aux changements, en particulier
dans le cas d’anxiété et de dépression. »
➺ Pour commencer
Pour maintenir une fréquence neutre,
dite de « cohérence cardiaque », la respi-
ration est un des facteurs sans doute le
plus accessible. Cinq minutes de respira-
tion, trois fois par jour, peuvent avoir des
répercussions très positives, à condition
d’être régulier et de suivre un protocole
précis : il s’agit notamment d’effectuer
environ six respirations par minute,
alors que la norme tourne autour d’une
dizaine. Ralentir est la clé ! ●
 SERGE BOUTBOUL
« Chacun d’entre nous peut ouvrir, éveiller et affiner ses
facultés psychiques et spirituelles pour accéder à des
mondes au-delà de la réalité ordinaire. Il s’agit avant
tout de déployer l’être spirituel que nous sommes
avec toutes nos facultés subtiles. Ainsi, en lien avec
les plans supérieurs, nous répondons au mieux à
notre mission spirituelle et nous améliorons notre vie
et celle de ceux qui nous sont confiés. »

NOUVEAUTÉ

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illustrées illustrées
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VISION D’AVENIR
L’AVENTURE
low tech
Aujourd’hui, les besoins de
solutions écologiques, durables
et locales sont de plus en plus
nécessaires. Et si le low-tech, qui
plus est en partage de savoir,
pouvait voyager et transformer
les ressources locales ?
Rencontre avec
Corentin de Châtelperron
Propos recueillis par Aurélie Aimé
106 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
Ta première expérience de navigateur
solitaire fut un échec. En quoi cet épisode
fut-il fondateur pour la suite ?
Je travaillais au Bangladesh sur la fibre de jute afin
de déterminer si nous pouvions en faire des bateaux
et remplacer la fibre de verre, moins écologique et
plus coûteuse. Avec mon équipe, nous avons conçu
un premier bateau – Gold of Bengal – et j’ai décidé
de partir six mois dans le golfe du Bengale pour le
tester, en mettant en place des systèmes D qui m’au-
raient permis d’être autonome. Je suis ingénieur,
j’aime la technique, et au Bangladesh, où les gens
sont sous contraintes, naissent des inventions for-
midables. Je me suis dit que j’allais tester ce type de
 système, qualifié de low-tech. Cela n’a pas vraiment
fonctionné ! Mais passer ce temps seul, parfois isolé
dans des endroits sauvages magnifiques, était une
formidable expérience. Loin de me décourager, elle
m’a permis ensuite de monter une association pour
trouver des technologies et les faire connaître.  d’avenir. Aujourd’hui embarqué avec une équipe
Comment définirais-tu le low-tech ?
À la différence des high-techs, les low-techs sont acces-
sibles d’un point de vue géographique : n’importe
qui dans le monde peut se procurer des matériaux
pour en réaliser. Elles sont aussi accessibles finan-
cièrement et répondent à des besoins primaires, de
base. Low-tech ne veut pas forcément dire fait avec
du bois, de la terre ou de la paille. Cela peut aussi
être des nouvelles technologies, mais accessibles à
tous, durables, qui peuvent être réparées...  net. Ainsi, nous remplissons notre base de données
Ton projet met surtout en avant les « petits
ingénieurs » du quotidien, des personnes
qui n’ont pas d’autre choix que de
développer ces ressources…
En général, les idées venant des ingénieurs profes-
sionnels ou des labos échouent lorsqu’elles sont
testées sur place. Pourquoi ? Car elles ne sont pas
pensées pour le terrain, en fonction des ressources
locales, de la culture, de l’économie locale. Alors que
lorsqu’une personne est sur place et connaît tous ces
paramètres, elle peut plus facilement « designer »
une réponse. La valeur ajoutée qu’ont les labos et les
ingénieurs n’est pas si forte par rapport à la maîtrise
de tous les autres paramètres culturels, économiques,
etc. Il y a également un autre élément, c’est que c’est
sous la contrainte que l’homme devient vraiment
innovant. Un chercheur qui a accès à tout ne sera
pas poussé à imaginer d’autres solutions. C’est ainsi
lorsque notre frigo est quasiment vide : on invente
alors de nouvelles recettes.
Comment diffuser ces solutions auprès de
ceux qui en ont le plus besoin ?
Pour toutes ces inventions de génie dans le monde,
ILLUSTRATION : VIKTORIA KURPAS / SHUTTERSTOCK - PHOTO : SDP
il n’y avait jusqu’à maintenant aucun vecteur de
diffusion. Une bonne idée qui apparaît dans un vil-
lage ne sera jamais diffusée dans un autre village à
l’autre bout du monde, alors que cela pourrait per-
mettre à des milliers de gens de répondre à des pro-
blèmes d’accès à l’eau, à l’énergie, à la nourriture,
etc. C’est pour cela que j’ai choisi de monter une
plateforme collaborative pour diffuser ces tutoriels.
Il y a un peu plus de deux ans, nous avons donc
décidé de prendre un catamaran, de le transformer
en laboratoire et de partir autour du monde à la re-
cherche des meilleures inventions low-tech. Ce qui
permet à chaque fois de rencontrer les inventeurs,
Corentin de Châtelperron
Ingénieur-aventurier
Depuis près de dix ans, il sillonne les océans
du monde à la recherche de solutions low-tech
sur le catamaran Nomades des mers, qui a vocation
à être un écosystème totalement autonome, il a
pour objectif de valoriser les savoir-faire les plus
prometteurs, adaptés aux ressources locales, et de
permettre au plus grand nombre d’y accéder.
de tester les inventions et de les diffuser via Inter-
et faisons connaître ces méthodes dans plusieurs
pays. En habitant au Bangladesh, j’ai vu la progres-
sion fulgurante d’Internet. Beaucoup de personnes
très isolées peuvent y avoir accès aujourd’hui. Mais
il est vrai que sans cela, ce projet n’aurait pas pu
voir le jour il y a 10 ans…
Peux-tu donner des exemples d’innovations
prometteuses ?
Dans le sud-est de Madagascar se trouve une zone
totalement désertifiée. C’est un pays d’une pauvre-
té extrême, avec beaucoup de malnutrition et, en
même temps, qui a des ressources et une biodiversité
abondantes, bien qu’elles commencent à se raréfier.
Une scientifique locale a trouvé de la spiruline – une
microalgue très nutritive – à l’état naturel dans des
petits lacs. Elle s’est rapprochée d’un réseau de spé-
cialistes, ce qui lui a permis de créer sa ferme. Elle
a maintenant une entreprise qui vend de la spiru-
line, et grâce aux bénéfices, en redistribue aux en-
fants souffrant de malnutrition. Elle transmet aussi
ses connaissances à des jeunes qui veulent créer leur
ferme. En plus de demander peu de ressources, la
spiruline est bonne pour l’économie locale. Autre
exemple : en Indonésie, nous avons rencontré un
homme qui recycle des batteries au lithium. Il s’est
rendu compte que pour que la batterie d’un ordi-
nateur soit inutilisable, il suffit qu’une seule cellule
soit morte. Il récupère donc les cellules toujours
utilisables et fait des objets avec : des lampes, des
chargeurs de téléphone portable…
La notion d’open source (libre et gratuit) est
centrale dans ta démarche. En quoi est-ce
un point important ?
Ce concept se développe beaucoup depuis quelques
années dans le monde informatique et dans d’autres
domaines, notamment avec les fab labs FF F
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 107
VISION D’AVENIR
FF F [ateliers mettant à disposition des outils
pour réaliser toutes sortes de projets, NDLR]. Sur
YouTube, les partages de tutoriels sont très nom-
breux et une bonne idée n’est pas évaluée en fonc-
tion de l’argent qu’elle rapporte, mais du nombre
de personnes qui la verront. C’est un phénomène
formidable et en pleine croissance. À partir du mo-
ment où l’on pose un brevet, cela fige une technolo-
gie. L’open source permet à quelqu’un qui a une idée
d’inspirer quelqu’un d’autre qui pourra l’améliorer,
dans un phénomène « ping-pong », que l’on peut
voir sur Internet. Il y a quelques années, un Russe a
partagé une technique permettant de découper les
bouteilles en plastique pour en faire du fil très résis-
tant. Un an après, une autre vidéo montrait com-
ment faire des balais avec la même technique. Puis
des Parisiens ont repris cette même idée, pour que
les particuliers puissent le faire chez eux... 
La nature est-elle
source d’inspiration
pour ces low-techs ?
Sous la contrainte,
C’est parfois le cas. J’ai tes-
té un système de culture de
l’homme
plantes découvert au Cap devient vraiment
Vert, créé par un monsieur
qui s’appelle Sergio. Le innovant.
Cap Vert importe presque
toute sa nourriture du fait
de son aridité. Il a développé une culture hors-
sol pour économiser de l’eau. Un Français nous a
aussi appris à faire un biofiltre, pour transformer
les déchets organiques. On a aussi travaillé sur la
transformation de l’urine en nutriments pour les
plantes. Enfin, la spiruline produit de l’oxygène, et
un bulleur d’aquarium a permis de l’enrichir afin
de favoriser le travail des bactéries. On reproduit
quelque chose qui existe dans la nature, en le réar-
rangeant : nous créons ainsi des écosystèmes adap-
tés au contexte, comme le fait la nature.
Cette expérience, et le temps passé seul sur
un bateau, t’ont-il permis de réenvisager la
place de l’homme au sein de la nature ?  camps de réfugiés... Puis il y a la partie sensibilisation
Lorsqu’on est seul, comme c’était mon cas sur le
Gold of Bengal, le cerveau est moins parasité et on
réfléchit sur certains thèmes pendant des jours… Je
me suis demandé comment l’homme était sorti de
l’époque chasseur-cueilleur avec la révolution néo-
lithique pour arriver à aujourd’hui : complètement
déconnecté de la nature, comme s’il n’en avait plus
besoin. Je me suis souvent trouvé dans des endroits
108 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
totalement isolés. Mes journées dépendaient de la
nature : sur un bateau, la force du vent et des va-
gues influence totalement leur déroulement. Alors
qu’en pleine ville, qu’il fasse beau, qu’il y ait du vent
ou de la pluie ne change pas grand-chose. La nature
décide pour beaucoup à notre place, nous sommes
soumis à ce qu’elle proposera. Les quatre derniers
mois, je faisais pousser mes légumes, j’avais aussi des
insectes, de la spiruline, je dépendais au jour le jour
de ce que je produisais. Créer sa propre nourriture
apporte quelque chose en plus. Nous donnons de la
nourriture à la plante, elle nous en donne en retour :
cela crée un vrai lien. Enfin, dans un milieu naturel,
l’instinct sauvage se réveille, on sent que nos racines
sont ici, dans un lien profond à la terre. L’île déserte
paradisiaque fait d’ailleurs rêver tout le monde, c’est
comme s’il y avait une sorte d’« appel ».
Quels sont les projets
à venir pour Nomades
des mers ?
Concernant les low-techs,
nous allons préparer la suite
de l’expédition, depuis la
Thaïlande jusqu’en Co-
lombie. Nous allons orga-
niser chaque escale, essayer
de trouver des innovations
intéressantes, rencontrer
leurs auteurs, fabriquer ensemble leurs technologies,
puis les tester sur le bateau. Nous préparons en-
suite une documentation que l’on diffuse sur notre
plateforme, Low-tech lab. Le Vietnam sera une des
premières escales, nous allons y étudier la lactofer-
mentation : comment conserver des aliments avec
cette technique, la seule qui améliore les propriétés
nutritives. Nous allons également préparer 10 docu-
mentaires pour la télévision. Nous souhaitons créer
une sorte d’« écosystème de low-techs » : rassembler
au même endroit des low-techs inventées et dévelop-
pées dans des lieux différents. Je réfléchis à une sorte
de « base-ville » low-tech, pouvant notamment ré-
pondre aux problèmes des déplacés climatiques, des
et modes de vie, que nous allons essayer d’influencer
dans les années à venir. Quand on constate que les
ILLUSTRATION : SHUTTERSTOCK
pays en voie de développement rêvent de connaître
notre essor, on se dit qu’on les inspire parfois dans
la mauvaise direction. Nous devrons donc être en
quête de notre épanouissement personnel et d’une
meilleure relation à la nature, afin de ne surtout pas
les tirer vers ce modèle. ●
 S'émerveiller


L’amour est le pont entre

le mental
et le coeur
Le mental crée l’abîme
le coeur le traverse

SRI NISARGADATTA MAHARAJ
Plus près des étoiles

Le ranch est
un endroit à la fois
sacré et maudit.
S L’improbable
kinwalker
RANCH
S’il est un endroit qui rassemble toutes les manifestations les plus étranges
du monde paranormal, c’est bien ce ranch de l’Utah aux États-Unis. Ovnis, apparitions,
poltergeist, mutilations d’animaux… un florilège de phénomènes toujours inexpliqués,
même après les investigations de scientifiques spécialisés. 
Par Melanie Chereau

Lorsqu’elle s’installe dans ce ranch de Malédictions et ristiques. Ils se déplacent extrêmement

l’Utah en 1994, la famille Sherman (Terry
et Gwen, fermiers et éleveurs de bétail,
et leurs deux enfants) ne sait pas encore
qu’elle va être témoin d’un nombre consi-
dérable d’événements paranormaux et
qu’elle n’y restera que 18 mois. Leur pre-
mière mésaventure commence un soir où,
en rentrant chez eux, ils tombent nez à nez
avec un loup gris d’une taille dispropor-
tionnée. Il arrive en effet à la hauteur du
torse de Terry Sherman qui s’en est appro-
ché. Soudain, le loup saute dans l’enclos
à bétail et s’empare d’un veau. Terry lui
tire dessus avec son magnum 44, mais les
balles ne semblent pas l’atteindre. Le fils
Tadd s’empare d’un fusil qui peut tuer un
élan à 200 mètres, mais là encore les coups
tirés ne lui font qu’une petite égratignure.
Le loup finit quand même par partir et les
Sherman, lancés à sa poursuite, perdront
sa trace, comme s’il s’était volatilisé. La
PHOTO : JEREMY CORBELL
légendes amérindiennes
La famille est victime, ensuite, d’une
série invraisemblable de déplacements
d’objets. Ce sont les courses qu’Ellen
a rangées qui se retrouvent de nouveau
dans les sacs, les ustensiles de cuisine
qui changent de place, les serviettes
de la salle de bain, présentes quand on
entre dans la douche, mais qui en sont
absentes quand on en sort, les machines
agricoles qui sont déplacées, les écluses
des canaux qui bougent sans cesse et
même une foreuse à poteaux que l'on
retrouve dans un arbre, etc. Leur pre-
mier réflexe est d’interroger les voisins.
Ils apprennent que les tribus Utes et
Navarro, peuples amérindiens ayant
vécu sur les lieux précédemment, se
sont fait une guerre à coup de malédic-
tions. Leur ranch est donc un endroit à
vite, ont la capacité de disparaître
comme ils sont apparus et certains
auraient des yeux rouges luminescents
(ceci n’est pas sans rappeler la légende
du Mothman, voir Inexploré n° 36).
Seraient également présents sur le site,
des Triskers, sorte d’esprits farceurs mal-
faisants. Comme si cela ne suffisait pas,
les Amérindiens racontent qu’au siècle
dernier, une réserve de soldats noirs,
appelés buffalos, s’était installée sur les
lieux et se serait adonnée à de la magie
noire. Leur cimetière est d’ailleurs
encore visible sur les terres des Sher-
man.  La famille, bien que curieuse de
trouver une explication à ses mésaven-
tures, a bien des difficultés à croire à
toutes ces légendes.
La multitude d’ovnis 

famille se rend au commissariat, tenu par la fois sacré et maudit. Les Utes raconte Une nuit que le père et le fils Sher-
la police tribale (nous sommes en terres aux Sherman leur croyance en l’exis- man observent les étoiles, ils voient
amérindiennes), mais les policiers sont tence de Skinwalkers, des sorciers trans- des phares approcher dans la lande. En
catégoriques : il n’y a pas de loups dans la formistes, capables de prendre la forme regardant mieux, ils se rendent compte
région, uniquement des coyotes…  d’un animal et d’en avoir les caracté- que les lumières flottent au-des- FF F

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 111

 Plus près des étoiles Skinwalker ranch
FF F sus de la route, en dévient
soudainement et s’envolent au-dessus
du champ. L’objet qu’ils distinguent
ressemble à un gros frigo, avec deux
lumières. Tout à coup, il disparaît.
Cela pourrait être ce que l’on appelle
au Brésil un chupas, une sorte d’ovni
très souvent observée dans ce pays.
Ce n’est que le début d’une multitude
d’apparitions de lumières d’origine
inexpliquée sur leur territoire, ainsi que
d’ovnis de différentes formes. De jour,
de nuit, un peu partout dans le vaste
terrain du ranch…
Le plus souvent, les Sherman sont
témoins d’une forme ronde de
lumière orangée qui se maintient
au-dessus de l’horizon,
À comme une « pleine
LIRE lune orange », parfois
plutôt ovale. Un jour,
Terry Sherman regarde
cette forme à la lunette
astronomique et il voit,
au milieu d’elle, un bout
de ciel bleu, comme si
(1) La science c’était une «  fenêtre  »
confrontée sur un autre ciel. « Nous
à l’inexpliqué avons vu des ouvertures
Colm A. Kelleher
(ancien du NIDS) circulaires d’une trentaine
et George Knapp de mètres apparaître dans
Éd. Le Mercure l’air, quatre embrasures
Dauphinois, 2008,
épuisé.
orangées comme superpo-
sées, ouvertes en spirale »,
raconte Terry. Une fois, il aperçoit
même un genre de vaisseau en sor-
tir, « un petit vaisseau furtif d’environ
20 mètres sur 15, presque carré avec des
ailes courtes, qui volait comme s’il qua-
drillait la zone, en envoyant des petits
éclairs de lumière vers le sol ». Pour
Sherman c’est sûr : cette forme oran-
gée est une « porte ».
Un autre soir, les époux voient un
« globe bleu » voleter au-dessus de l’en-
clos à bétail et qui s’approche d’eux à
environ 6 mètres. « C’était une boule en
verre de la taille d’une balle de baseball,
contenant deux sortes de fluides bleus
qui s’entremêlaient. C’est la chose la plus
effrayante que je n’aie jamais vue de ma
vie », raconte Terry. Étrangement, ils
sont saisis d’une peur panique (alors
qu’ils n’en sont pas à leur première
112 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
tilisées », raconte Terry. Ces vaches d’éle-
Le plus étonnant, vage pèsent environ 450 kilos, elles ne
c’est qu’il n’y avait sont donc pas « enlevables » facilement.
absolument aucune Mais surtout elles coûtent 2 000 dollars
par tête ! Étrangement, les animaux cha-
trace de sang rognards n’approchent pas les cadavres
sur place. des bêtes retrouvées qui se décomposent
très lentement.
Là encore, les Sherman en parlent
apparition). L’objet disparaît finale- aux voisins et à la police tribale. On
ment. Ils ne comprennent pas pour- leur répond qu’il y a toujours eu des
quoi ils ressentent une telle angoisse, à « lumières volantes » et des mutilations
tel point qu’ils se demandent si l’objet de bêtes inexpliquées dans la région,
n’a pas provoqué volontairement en surtout depuis les années 1960-1970.
eux cet état émotionnel. Quelques fédéraux avaient enquêté à
Outre ces multiples apparitions l’époque, mais cela n’a pas eu de suite.
d’ovnis, les Sherman entendent très C’est un dernier événement qui va
souvent des bruits de ferraille venant avoir raison de la patience de cette
du sommet des collines ou bien de l’in- famille à bout. Un jour, Terry Sher-
térieur même de la terre.  man aperçoit un gros objet orange qui
plane au-dessus d’une ligne d’arbres. Il
ne s’en étonne même plus vraiment, si
Des animaux mutilés ce n’est que « cela » lance des éclairs
Ce qui va vraiment inquiéter les Sher- bleus qui paniquent ses chiens. En s’ap-
man, c’est ce qui va arriver à leurs bêtes. prochant, il s'aperçoit que c’est le globe
Un jour d’hiver, le fils Tadd cherche une bleu qu’il avait déjà vu avec sa femme
génisse qui s’est perdue. Elle est bloquée et qui les avait tellement angoissés. Pris
dans un petit canal d’eau et son veau est de colère, il commande à ses chiens
un peu plus loin. L’adolescent part récu- d’attaquer. Ceux-ci se ruent sur l’engin
pérer le veau et lorsqu’il revient prendre et le suivent derrière un buisson. Et là,
la génisse, il manque tout l’arrière-train ! Terry Sherman comprend son erreur,
Ensuite, ce n’est pas moins de 14 bêtes entend des hurlements significatifs et
qui vont disparaître ou être mutilées, retrouve une énorme boule de graisse
en 18 mois. « À chaque disparition, on noire et poilue, bloc calciné des restes
interrogeait tout le monde, on cherchait de ce qui avait été ses chiens. Les Sher-
partout, les vaches s’étaient comme vola- man décident de vendre.
L’appel aux voyants
Le NIDS va faire appel à cinq voyants pour qu’ils observent le ranch
sur une carte et livrent leurs impressions. L’un va dire qu’il s’agit
d’un lieu comprenant le vortex d’une autre dimension, un deuxième
dira que c’est un lieu de recherche pour des observations militaires
secrètes, et trois vont expliquer qu’ils « voient » sous la terre comme
des entresols et des équipements électroniques. Les Sherman se
souviennent qu’en achetant le ranch, il y avait une clause interdisant
de « creuser ou de créer des soubassements » et qu’ils ont très souvent
entendu, provenant du sous-sol, des bruits métalliques ou de machines.
Une base secrète enterrée sous terre ? Encore une énigme pour
ce ranch qui, décidément, n’en manque pas.

❶ 1. L'entrée du
❷ ❸
Le NIDS
Les Sherman entrent alors en contact
avec le NIDS (National Institute for
Discovery Science), organisme privé
américain, dirigé par l’homme d’af-
faires Robert Bigelow. Spécialisé dans les
recherches sur les phénomènes paranor-
maux, le NIDS est composé de cher-
cheurs, de physiciens, de vétérinaires et
de scientifiques de plusieurs pays. Colm
Kelleher, biologiste, est l’un d’entre
eux, il écrira un livre entier sur son
expérience(1). Le NIDS achète immé-
diatement le ranch. Un lourd matériel
sophistiqué d’étude et d’enregistrement
est installé et un mobil-home est monté
sur les lieux.
« Mars 1997. Terry Sherman nous a appelés
d’urgence. Nous n’étions pas encore instal-
lés. Un animal avait été retrouvé mutilé.
Je me suis rendu sur place et j’ai constaté
qu’un veau avait été entièrement vidé de ses
organes, la cage thoracique était apparente,
il n’y avait plus de chair non plus dans la
zone de l’abdomen, un des fémurs avait
PHOTOS : SDP - JEREMY CORBELL
été arraché et jeté dix mètres plus loin…,
raconte Colm Kelleher. Nous avons fait
des analyses dans deux laboratoires diffé-
rents et ils ont relevé des traces de coupures
venant de deux instruments extrêmement
tranchants, mais aussi des déchirures et de
❹
❸
la mastication. Mais le plus étonnant, c’est
qu’il n’y avait absolument aucune trace de
sang sur place. » Finalement toutes les
études ne feront que poser davantage
de questions, sans apporter de réponses.
Les scientifiques vont être assez déçus
par les photos qui seront apparemment
toujours floues. Ils vont toutefois réper-
torier un bon nombre d’observations
d’ovnis, de lumières inexpliquées et
d’apparitions d’animaux étranges. Colm
Kelleher conclura : « Il y avait une forme
d’intelligence qui agissait sur le site, c’est cer-
tain, mais nous avons été témoins de séries
de phénomènes qui ne se répétaient jamais,
en tant que scientifique, ce que nous cher-
chons, c’est quelque chose qui se reproduit
lorsqu’on l’étudie. Nous n’avons jamais su
ce qui était à l’origine de ces phénomènes. »
L’après NIDS et l’État
Le NIDS va rester dix ans sur place,
mais les événements vont se raréfier. Un
jour, les caméras de surveillance vont être
vandalisées : « Elles étaient reliées et se fil-
maient les unes les autres. Un jour, elles se
sont toutes arrêtées en même temps. On s’est
rendu compte, alors qu’elles étaient installées
en hauteur, que les fils avaient été coupés et
que les cassettes avaient disparu. On ne peut
pas du tout expliquer qui a fait cela parce
Skinwalker ranch est
maintenant bloquée.
2. Les chupas
brésiliens ressemblent
à celui vu au ranch.
3. Une mutilation de
bétail inexpliquée.
4. Vue du site et de
la maison maintenant
en ruines.
qu’on est arrivé immédiatement sur place
et qu’on n’a trouvé personne », raconte le
colonel à la retraite John Alexander, qui
a collaboré avec le NIDS. Ce person-
nage a d’ailleurs été sujet à polémique,
car il faisait partie de l’armée américaine
avant d’entrer au NIDS. Le
mystère reste entier sur la INFO
collaboration du NIDS avec +
l’État et la CIA. Pour cer-
tains, si les recherches n’ont
donné lieu qu’à peu de publi-
cations, c’est parce qu’elles
sont essentiellement du
ressort du « top secret ». Le
NIDS sera dissout en 2004 Hunting the
et deviendra le BAAS (Bige- Skinwalker
low Aerospace Advanced Documentaire
de Jeremy
Space Studies), mais ne Corbell
continuera pas les recherches sur Itunes.com
sur le site officiellement. En le 9 septembre
2007, l’AATIP (Advanced 2018
Aviation Threat Identification Program),
dévoilé en 2017 (voir Inexploré n° 38),
un organisme d’État dédié notamment
à la recherche sur les ovnis, est dépêché
sur place, mais les résultats sont classi-
fiés. Racheté en 2016 pour une somme
colossale par un investisseur anonyme, le
ranch est depuis fermé à quiconque veut
y entrer, mais les recherches scientifiques
continueraient... ●
AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 113
 Chemin Bodhgaya
B O D H G AYA
Le trône
de diamant
Petite ville indienne qui vit l'avènement de celui que l'on
nomme le Bouddha de notre ère, Bodhgaya est aujourd'hui
un lieu de pèlerinage pour tous les bouddhistes et les
curieux d'un site entre effervescence et spiritualité.
Par Melanie Chereau
S
ituée dans l’état du Bihar, à une centaine
de kilomètres de Patna, à l’est de l’Inde,
la ville de Bodhgaya est connue pour
être l’un des quatre lieux de pèlerinage
des bouddhistes. En effet, c’est sous l’un de ses
arbres, un Ficus religiosa devenu ensuite « l’arbre
de la Bodhi » et dont il reste l’un des descendants
aujourd’hui, que Siddhartha Gautama aurait at-
teint l’Éveil et serait devenu le Bouddha.  dénomma Bodhgaya “le nombril du monde”. » ●
114 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
Le temple principal du site, le Mahabodhi, com-
posé d’une tour principale et de quatre tours
sculptées, a été maintes fois remanié jusqu’au
XIe siècle, puis à nouveau rénové par les Britan-
niques au XIXe siècle.
Dans l’enceinte de ce temple
se trouve l’un des vestiges
les plus anciens,
le trône de diamant, une dalle de pierre sculptée
sur laquelle se serait assis Shakyamuni la veille de
son illumination.
Mais ce qui fait la particularité de Bodhgaya, ce ne
sont pas les monuments anciens, finalement peu
nombreux, mais les multiples temples construits
par toutes les communautés bouddhistes (essen-
tiellement asiatiques), qui provoquent une effer-
vescence et une pluralité ébouriffantes. Les temples
tibétains, japonais, thaïlandais, théravadins du
Sud-Est asiatique se côtoient tous et apportent
leurs spécificités architecturales, picturales et cultu-
relles. Une sculpture du Bouddha de 19 mètres de
haut, offerte par les Japonais et inaugurée par le
dalaï-lama en 1989, en est d’ailleurs une belle re-
présentation. 
Depuis le matin jusqu’au soir, les milliers de pè-
lerins venus eux aussi de tous horizons effectuent
des tours de l’arbre de la Bodhi et du temple en
récitant des mantras, égrainant leurs rosaires, chan-
tant et parfois faisant des prosternations. Ainsi des
montagnards venus de l’Himalaya, encore emmi-
touflés dans leurs manteaux en peaux, croisent-ils
des fidèles Sri-lankais habillés de blanc, des moines
thaïlandais en robes safranées ou encore des Japo-
nais tout en noir, mêlés aux Occidentaux multico-
lorés. Quelques jours dans l’année, certaines fêtes
sont célébrées et une communauté en particulier
va investir les lieux de ses rituels. 
Et tout au long de l’année, de vieux moines font
tourner les moulins à prières en bois, des nonnes
déambulent en priant et en souhaitant la paix de
par le monde. Même si l’on n’est pas bouddhiste,
il règne en ce lieu une magie toute particulière et
PHOTO : DAVID EVISON / SHUTTERSTOCK
une paix toute chatoyante, qui relayerait presque la
légende racontée par Matthieu Ricard :
« On dit que non seulement le Bouddha Shakyamou-
ni, mais les mille et deux Bouddhas de cette ère, ont
atteint et atteindront l’Éveil en ce lieu même que l’on
considère comme un “jardin suspendu” au milieu de
cet âge sombre et que le poète bouddhiste Asvagosha
 Le nouveau roman de

LAURENT
GOUNELLE
Une histoire exaltante,
un vent de liberté
Photographie auteur : © Anne-Emmanuelle Thion

En librairie le 17 octobre 2018

 Témoin  de l'extraordinaire
INTERMÉDIAIRE
des mondes subtils
À 27 ans, Valérie Sainpaul est agente de voyage
et mène une vie tranquille. Du jour au lendemain, elle
se met à entendre une voix, puis plusieurs et commence
à écrire ce que lui dictent ces « interlocuteurs » de
l’invisible. L’intensité et la diversité de ses initiations
sont extraordinaires. Voici son histoire.
Par Aurélie Aimé
V
alérie Sainpaul a franchi la frontière
entre le visible et l’invisible du jour
au lendemain. Elle est alors une jeune
femme active de 27 ans. Un après-mi-
di, elle entend des phrases dans sa tête, en boucle :
À « Surprise, inquiète, mais non apeurée par ce ressenti
LIRE étrange, j’ai pris un cahier et me suis mise à écrire ce
que j’entendais. Je recevais ainsi sous la dictée, parfai-
tement consciente, des thèmes divers et variés, portés
par des idées théologiques, philosophiques, parfois re-
ligieuses », raconte-t-elle dans son autobiographie.
Des mois s’écoulent, durant lesquels elle jongle
Je suis leur entre sa vie professionnelle et la réception de ces
intermédiaire étranges messages, portant souvent sur l’amour, le
Valérie Sainpaul pardon, le respect. « Au fil des transmissions, le flux
Éd. First,
2018, 15,95 € s’intensifiait et je pouvais écrire, recevoir, de plus en
plus longtemps. Mon corps apprenait lui aussi à gérer
cet état de concentration extrême, tout semblait donc
normal... ou presque », relate-t-elle.
116 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

J’ai ressenti
la présence d’êtres très
élevés, qui m’étaient
jusque-là inconnus.

La suite fut une succession d’initiations toujours
plus intenses. De passage à Lisieux, Valérie se rend à
la chapelle où sainte Thérèse a vécu. Elle est alors sai-
sie par une présence bouleversante : « Je savais qu’il
s’agissait de sainte Thérèse. (…) Je n’ai pas eu peur, au
contraire une joie immense s’est emparée de moi. J’ai
clairement compris qu’elle venait me demander si j’ac-
ceptais de recevoir un ouvrage sur elle, sur sa vie. » À
partir de ce moment, les séances avec la sainte, avec
qui elle ressent un lien profond, seront régulières.
Un autre jour, Valérie Sainpaul exerce ses ressentis
dans un lieu où trônent un menhir et des pierres
couchées et sent une force particulière. Plus tard,
allongée dans son lit, elle recontacte ce souvenir.
C’est alors qu’elle vit une décorporation : « J’ai eu
l’impression que mon esprit s’élevait, je voyais mon
corps, j’avais une perception tout autre des choses. »
S’approchant du rocher, elle aperçoit une porte et
s’y sent invitée. De l’autre côté, elle rencontre celui
qu’elle appelle son « Maître ». Il l’accompagnera,
au gré de nombreux voyages, auprès d’entités qui
l’initieront. Elle apprend ainsi, auprès d’une cha-
mane, la puissance de la nature : « Selon elle, on
devait savoir respecter, admirer, contempler, implo-
rer les dieux, les pierres, les lieux, les forces de la na-
ture, elles-mêmes régies par des entités supérieures du
monde cosmique et divin. » Elle vivra une autre ren-
contre marquante : « J’ai ressenti la présence d’êtres
très élevés, qui m’étaient jusque-là inconnus, venir me
demander si j’accepterais de recevoir un ouvrage sur
les druides. » Ainsi écrira-t-elle un premier volume
– souvent en phonétique – en 10 jours seulement.
Il faudra une quinzaine d’années pour que Va-
lérie, incitée par ses canalisations et des coïnci-
dences, quitte son emploi pour exercer ses dons
à plein temps. La diversité de ses rencontres sub-
tiles font qu’elle est une thérapeute plurielle : à
la fois magnétiseuse, géobiologue, trait d’union
entre deux mondes, son seul objectif est d’aider.
« Je ne cherche à convaincre personne, j’ai simple-
ment la volonté de témoigner sur ce que je vis, et que
PHOTO : SDP
chacun puisse savoir que ces choses existent et qu’on
peut les toucher du doigt. » ●
 « L’Expérience du Tout
m’a apporté la preuve
de l’immortalité de l’âme.
Celle de mon mari, notamment,
car il s’est manifesté
à plusieurs reprises… »
GENEVIÈVE DELPECH

14,5 x 18 cm - 160 pages - 14,90 €

« Les contacts avec les défunts

et les différents messages obtenus
par la TCH apaisent de façon
indéniable les traumatismes
psychiques entraînés par la
perte d’un être cher et constituent
par là même une thérapeutique
apaisante et naturelle. »
JEAN-JACQUES CHARBONIER

15 x 23 cm - 360 pages - 19,90 €

19, rue Saint-Séverin - 75005 Paris EN VENTE

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 Mystères Axolotl
Les secrets
D’UNE LARVE
Étrange amphibien atteint de néoténie, l’axolotl ne devient
pas un imago adulte et semble posséder des pouvoirs
régénérants exceptionnels. Un mystère de jouvence ?
Par Melanie Chereau
S
on nom vient du nahuatl, langue
uto-aztèque du Mexique, et signifie
« monstre d’eau ». Rare animal recensé
qui conserve son état larvaire sans jamais
atteindre l’âge adulte, sauf contraint, il possède
de nombreux mystères. Il vit essentiellement
dans des lacs en altitude et se nourrit de tout ce
qui est plus petit que lui, y compris ses œufs s’ils
sont dans les parages. Il mesure de 15 à 30 centi-
mètres, existe de couleur blanche ou bleue et une
espèce albinos a été créée en laboratoire.  un autre (le PAX7) dans la formation de tissus.
Le premier de ses
mystères est sa condition
de larve éternelle.
De plus, l’axolotl possède des branchies aux
étranges formes de fougères, mais également des
poumons dont il ne se sert quasiment pas, sauf
s’il atteint l’âge adulte. Cela ne se produit que si
la réserve d’eau qui constitue son habitat se réduit
et le force à vivre sur la terre. Il est donc pro-
118 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
bable que cette variété de salamandre soit l’un des
seuls organismes capables de se reproduire et de
vivre leur vie entière en restant à l’état infantile.
Cela pourrait expliquer son deuxième mystère :
sa capacité régénératrice. Si l’axolotl perd l’un de
ses membres, celui-ci va se reformer en quelques
semaines. La restructuration de sa colonne verté-
brale a même été observée, ainsi que la reforma-
tion, après ablation, d'une partie de son cerveau.
Quant à ses cellules, elles seraient en constant re-
nouvellement, comme un embryon. 
Mystère pour la science, cet urodèle est l’un des
plus observés en laboratoire et ce depuis 150 ans.
Récemment, une équipe internationale de cher-
cheurs a réussi à dénombrer son génome. Il est
apparu qu’il possède plus de 32 milliards de paires
de bases, soit 10 fois plus que chez l’homme !
L’analyse de ce génome aux 72 millions de lectures
séquencées a révélé une caractéristique unique à
cet amphibien, le remplacement d’un gène usuel
de restructuration embryonnaire (le PAX3) par
Une grande avancée pour les scientifiques, qui
pourraient s’inspirer de ces caractéristiques pour
PHOTO : MASLOV DMITRY / SHUTTERSTOCK
orienter la recherche sur le renouvellement cel-
lulaire chez l’humain. Reste à comprendre pour-
quoi l’axolotl refuse de grandir, ce que l’on peut
comprendre lorsque l’on sait qu’arrivé à l’âge
adulte (souvent provoqué en laboratoire), il voit
sa vie totalement raccourcie, et n’excède pas l’âge
de cinq ans, alors que l’état larvaire le maintient
jusqu’à 15 ou 20 ans. Il faut donc savoir rester
jeune pour vivre plus longtemps ! ●
 COLLECTION
ESOPRATIQUE
La collection Esopratique propose l’expérimentation et
l’application pratiques des concepts parfois ardus de
l’ésotérisme.
Elle se décline en deux versions :
· Des manuels à spirales qui viennent en complément du livre théorique d’un
auteur expert, pour approfondir le thème grâce à de nombreux exercices.
· Des manuels à la forme plus ludique qui rendent les concepts accessibles au
plus grand nombre.

NOUVEAUTÉ

19,90 € 18 € 18 €
224 pages 220 pages 192 pages
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177 pages 160 pages 144 pages
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 Une histoire Médium

La médium
ET LE DIRIGEABLE
En 1930, le dirigeable anglais R101 s'écrase en France. Les ennuis techniques et les défaillances ont été
révélés par la médium Eileen J. Garrett, en contact direct avec des membres d'équipage après leur décès.
Par Melanie Chereau

L
e 5 octobre 1930, ce qui devait être la
plus grande fierté de l’aéronautique
anglaise, le dirigeable R101, s’écrase
en France, après quelques heures d’un
voyage chaotique. L’équivalent du Titanic version
aérienne cumula les malchances jusqu’à sa des-
truction totale, qui coûta la vie à quasiment tous À gauche,
ses occupants.  le R101 avant
le décollage.
Ci-dessous
Merveille de la structure
technologie, le R101 restante après
l'accident et
brave tous les défis l'embrasement
du dirigeable.

de la construction de la Royal Airship Works pour

remplir la tâche très attendue de rallier l’Angleterre
à ses colonies : l’Inde, l’Australie et le Canada.
Ce vaisseau d’air, réparti en 16 ballons gonflés à
l’hydrogène, possède un diamètre de 42 mètres et
une longueur de 236 mètres, pour une capacité
de 157 000 m3. Ce sont cinq gros moteurs die-
sel, installés sous la nacelle, qui sont censés pousser
le ballon jusqu’à 100 km. Cependant, en raison
de pressions politiques et de rivalités d’exécution
(un autre dirigeable subventionné par des socié-
tés privées doit aussi voir le jour), les essais non
concluants sont masqués, les soucis techniques à
peine résolus, et les vraies imperfections, notam-
ment le poids des moteurs et les fuites d’hydrogène
ne sont pas pris au sérieux. Le jour du départ, les
conditions météorologiques sont catastrophiques.
Le ballon n’arrive pas à prendre de la hauteur, les
ennuis techniques s’enchaînent et le dirigeable
s’écrase et s’embrase totalement à quelques kilo-
mètres de Beauvais.  esprits décédés lors du crash, dont le premier offi-
Quelques jours après l’accident, la célèbre médium
Eileen J. Garrett s’apprête à donner une séance
de contact avec un défunt, son ami Sir Arthur
Conan Doyle, récemment décédé. Elle participe à
des expériences dirigées par le Laboratoire national
de recherches psychiques fondé par Harry Price et
Soudain, elle entre en contact avec un esprit,
mais ce n’est pas son ami attendu : c’est Irwin,
La médium
le commandant de bord du R101. Très agité, il
Eileen J. Garrett décrit précisément l’accident, en dénonçant les
manquements techniques qui ont eu raison du
dirigeable. Les déclarations sont surprenantes et
les détails techniques, dont la médium ne pouvait
avoir connaissance, stupéfient l’assemblée. Pen-
dant deux jours, elle donnera sa voix à plusieurs
cier Atherstone et ses indications seront tellement
précises qu’elles aideront l’enquête. Des éléments
tenus secrets seront notamment révélés, comme
des essais non concluants et des manquements
drastiques de sécurité dus à la précipitation. Cela
accélérera le sort des dirigeables, en Angleterre,
PHOTOS : SDP

ses capacités sont très reconnues, même par les plus puis partout en Europe, bientôt supplantés par
sceptiques. La séance est publique et sténographiée. l’avion. ●

120 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 Plongez au cœur d’un voyage
initiatique et spirituel.

Disponible en librairie.
7,20 €
Livres 3 questions à
BERNARD WERBER
Multiples vies
antérieures
Dans son nouveau livre, Bernard Werber nous parle
d’un professeur d’histoire qui soupçonne l’existence
d’une autre version des événements historiques officiels.
Un spectacle d’hypnose lui donne accès à ses vies
antérieures : l’occasion rêvée de vérifier ses théories…
Par Aurélie Aimé
Quelles ont été vos sources d’inspiration
pour ces sujets ?
En 1993, j’ai rencontré une médium qui a pro-
posé de me raconter mes vies antérieures. Je l’ai
prévenue que je n’y croyais pas : dans ces vies, tout
le monde se retrouve roi, général, guerrier ou cé-
lébrité, alors que je pense que la plupart de nos
existences étaient très simples. Elle a suggéré de ra-
conter uniquement mes vies les plus intéressantes.
Ces histoires tenaient vraiment la route et expli-
quaient même certains de mes comportements
actuels. En tant qu’être humain, je ne savais quoi
penser, mais en tant que romancier, elle m’avait fait
122 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

Pour régresser
dans mes vies antérieures,
j’ai souhaité explorer
ma plus belle histoire
d’amour… 

un beau cadeau. Lors d’une vie j’étais médecin en
Russie, dans une autre j’étais soldat en Angleterre,
ou encore femme de harem en Égypte…
Certaines régressions vous ont-elles
particulièrement marqué ?
J’ai rencontré quelque temps après un hypnoti-
seur, pour régresser dans mes vies antérieures. J’ai
souhaité explorer ma plus belle histoire d’amour.
En franchissant un pont imaginaire, je me suis
retrouvé dans un autre espace-temps : je voyais
un homme en jupe sur une plage en train de faire
des ricochets avec des galets, puis j’ai pénétré son
esprit et su qu’il était âgé de 821 ans et il soignait
les gens par les mains, avec les énergies. À force de
vivre à ses côtés, j’ai compris qu’il était un Atlante
et que cela se passait il y a 12 000 ans. Lorsque
l’hypnotiseur a mis fin à la séance, j’ai tout de
suite noté tous les détails qui m’ont donné plus
tard matière à développer un roman. Ensuite j’ai
appris à pratiquer l’hypnose régressive sur moi-
même et sur les autres.
Ces existences font-elles écho à certains
traits qui vous caractérisent aujourd’hui ?
Enfant, j’étais nul en sport et je souffrais d’un rhu-
matisme articulaire. Du fait de ma maladie, on
m’a conseillé de faire un sport pour m’assouplir.
Je me suis inscrit à un cours de canne de combat,
le seul qui m’amusait. À ma grande surprise, sans
condition physique, j’ai commencé à battre tout le
monde, jusqu’à atteindre les quarts de finale à Paris.
Dès que je mettais ma tenue, je sentais une sorte
de « puissance » et une pulsion guerrière. Cela fait
écho à une vie antérieure de samouraï. Je l’ai pas- PHOTOS : RÜDY WAKS / SDP
sée à combattre mon daimyō – mon maître. Et au
À moment de mourir, j’ai pensé : « J’ai passé ma vie
LIRE à lui obéir, à partir de maintenant je ne laisserai plus
personne décider à ma place ». Et il s’avère que je suis
récalcitrant à toute forme d’autorité, ce qui m’a atti-
ré beaucoup de problèmes à l’école… ●
La boîte de BONUS RETROUVEZ L’INTERVIEW
Pandore Web COMPLÈTE DE BERNARD WERBER
Éd. Albin Michel, en exclusivité sur Inrees.com :
2018, 22,90 €
www.inrees.com/bonus/303
 Livres Notre sélection

Hagel
Herbier des sorcières
Hagel est une auteure spécialisée en
anthropologie et sociologie de l’ésoté-
risme et des spiritualités, qui propose
ici un petit guide raffiné et utile. Pré-
sentant les plantes et leur utilisation
magique et rituelle, en plus d’éléments phytothérapeu-
tiques, cet herbier original est agrémenté de jolis des-
sins et d’informations historiques sur les plantes.
Éd. Danaé, 2018, 17,95 €

Jean Absat
Corps et prière
Écrivain mystique du XVIIe siècle d’ori-
gine occitane, Jean Absat voyagea au-
tour du monde à la recherche d’un
maître. De son chemin spirituel, il ne
reste qu’un ouvrage retrouvé en Iran,
aujourd’hui traduit en France. Petit bijou de prières et
de réflexions métaphysiques, mais aussi de liens avec
le corps, ce livre est dans la lignée des transmissions
mystérieuses d’êtres particuliers, en toute élégance.
Éd. Le Loup des steppes, 2018, 15 €

Gabriel Ringlet
La grâce des jours
uniques
Cet ouvrage est une invitation, pour

les personnes de tous horizons, à re-
nouer avec l’idée des célébrations sa-
crées. Que ce soit en toute intimité
autour du berceau d’un nouveau-né, avant un repas ou
lors de fêtes religieuses, partager une parole, des sym-
boles et célébrer l’instant permet de remettre du lien et
du sens, nous dit Gabriel Ringlet, théologien et écrivain.
Éd. Albin Michel, 2018, 18 €
Jean-Marie Pelt
Les voies du bonheur
Jean-Marie Pelt, auteur et professeur
de biologie végétale, propose dans ce
PHOTOS : UNITED PHOTO STUDIO / SDP
ROMAN
Karan Bajaj
L’homme qui voulait être sage
Un brillant homme d’affaires de
Wall Street prénommé Max est
confronté à la mort imminente de
sa mère. C’est alors qu’il fait la
rencontre d’un personnage qui
bouleversera sa destinée. Sa
quête, semée d’initiations surpre-
nantes, l’emmènera jusqu'en Inde
et dans l'Himalaya où, au fil des

recueil de textes une perception de rencontres et des événements, il

l’écologie axée sur la nature et notre
esprit enclin à la spiritualité. Il invite
ainsi à un « retour aux sources » au
travers de ses réflexions et de grands textes issus des
religions monothéistes, mais également du boudd-
hisme ou des cultures animistes.
Éd. Le Livre de Poche, 2018, 6,90 €
Éd. Presses de la Cité, 2018, 21 €
finira par découvrir les clés de la
paix intérieure. Un roman facile
d’accès et dépaysant qui permet
de prolonger les vacances d’été,
avec de bons rappels pour conti-
nuer à cheminer vers la sérénité
et la joie.

AUTOMNE 2018 - N° 40 - Inexploré 123

 Livres Notre sélection

Thi Bich Doan

La cohérence cœur,
corps, esprit
Praticienne de soins énergétiques et
professeure d’arts martiaux, l’auteure
propose une méthode pour retrouver
notre cohérence globale. Voici 33 clés réparties en cœur,
corps et esprit, afin de coordonner et mettre en
conscience leur fonctionnement. La connexion entre les
trois permet de se redécouvrir et de s’accepter afin d’être
plus fort et plus stable au quotidien.
Éd. Leduc.s, 2018, 18 €

Dzogchen Ponlop
Plan de sauvetage
émotionnel
Voici une méthodologie extrêmement
pratique pour faire face aux multiples
phases émotionnelles qui nous as-
saillent au quotidien. Dzogchen Ponlop
enseigne le bouddhisme tibétain et la méditation aux
États-Unis, ce qui lui permet de comprendre les particu-
larités des besoins des Occidentaux et de leur faciliter
l’accès au lâcher-prise et au développement spirituel.
Éd. Belfond, 2018, 18 €

Dr Julien Drouin
Cancer, et si nos émotions
pouvaient nous guérir ?
Le Dr Julien Drouin présente le rôle des
émotions dans l’apparition du cancer. Il
propose, à travers ses expériences per-
sonnelles d’accompagnement de pa-
tients, des moyens de guérir en mettant en lumière les
mécanismes épigénétiques, énergétiques et psycholo-
giques impliqués dans la maladie, et en utilisant la mé-
ditation et la technique de libération des émotions (EFT).
Éd. Guy Trédaniel, 2018, 19,90 €
Robert Roussel
Simone Berno
Tarot et psychologie
des profondeurs
Le tarot de Marseille, hérité des al-
chimistes du XIVe siècle, est un sup-
port de divination, mais également
une voie de connaissance de soi.
Dans cet ouvrage réédité avec la si-
gnification des arcanes mineurs en
relation avec les profils psycholo-
PHOTOS : UNITED PHOTO STUDIO / SDP

Ovnis 1947-2017 giques définis par C.G. Jung, l’au-

Soixante-dix ans de mystères et de se-
crets entourent la question des ovnis.
Robert Roussel, journaliste aéronautique,
s’interroge sur la marginalisation de ce
phénomène et le déni – apparent – des
organismes d’États et des scientifiques. Après la divulga-
tion en 2017 des UFO Pentagone Papers, il a recueilli des
témoignages sur cette « divulgation programmée ».
Éd. L’Harmattan, 2018, 25 €
teure propose une approche du ta-
rot comme voie de connaissance de
soi. Ainsi la signification des ar-
canes et les types de tirages sont-ils
abordés sous cet angle. L’ouvrage
est rédigé de façon limpide et didac-
tique, accessible à tous.
Éd. Le Courrier du Livre, 2017, 24,90 €

124 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 “ Croire ne suffit pas,
nous avons besoin de comprendre. ”

Nathalie Lefèvre
C’est décidé,
Pensées quotidiennes 2019
je m’épouse !
Nathalie Lefèvre est la pétillante
journaliste qui dirige Radio Mé-
decine douce. Elle propose un
ouvrage éclairant où il est ques-
tion d’apprendre à s’aimer pour
que le succès, l’amour et le bon-
heur ne nous quittent plus. Voir d’un autre œil nos
imperfections, cesser de chercher dans le regard de
l’autre une validation, se dépêtrer de nos croyances
inconscientes, trouver dans l’échec un enseignement,
se créer des rendez-vous galants avec soi-même… Ce
sont les clés de ce livre épanouissant.
Éd. Larousse, 2018, 14,90 €

Lama Tsultrim Allione

Les pouvoirs
Depuis 1991, un thème de méditation
du féminin sacré
Nonne bouddhiste occidentale
pour chaque jour de l’année.
qui fonda en 1993 un centre de
retraite dans le Colorado aux
Index thématique en fin d’ouvrage.
États-Unis, Lama Tsultrim Allione
nous présente l’importance de
l’essence féminine au sein de Pensées quotidiennes
400 pages
l’Univers, le péril que nous en- 13,90 €
courons à la négliger au niveau global, mais aussi
individuel. À travers son parcours très singulier, elle
nous transmet son enseignement et ses expériences
entre le monde occidental et l’héritage sacré du
Du
même
La mort et la vie
bouddhisme tibétain.
Éd. Le jour, 2018, 25 €
auteur dans l’au-delà

Gabrielle Bernstein
L’Univers veille
sur vous !
Gabrielle Bernstein est conféren-
cière, enseignante de yoga et de
Collection Brochures
méditation. Après avoir ressenti 27 titres disponibles
d’étranges douleurs physiques 24 pages
sans qu’aucun diagnostic ne 3,50 €
puisse être posé, elle a été ame-
née à plonger au cœur de ses blocages. Dans cet ou-
vrage, elle partage son vécu et des clés pour nous li-
bérer de notre limitation et accéder à un bonheur
durable, avec un principe clé au cœur du processus :
« C’est notre résistance à l’amour qui nous maintient
dans les ténèbres. » Éditions PROSVETA – Omraam Mikhaël Aïvanhov
Éd. Guy Trédaniel, 2018, 17 €
www.prosveta.fr – Prosveta
Nombreux ouvrages disponibles
chez les distributeurs de livres électroniques
 Livres Notre sélection

Cathy Byrd
Le garçon
qui en savait trop
C’est le récit d’une maman qui
fait une expérience peu com-
mune : en effet, dès l’âge de
deux ans, son fils raconte avoir
été joueur de base-ball dans sa
vie antérieure. Les détails et
l’exactitude de son témoignage
pousseront Cathy Byrd à enquêter sur les dires de son
enfant singulier et découvrir qu’il est sans doute la
réincarnation du joueur Lou Gehrig, célébrité du base-
ball des années 1930. En résulte ce livre étonnant,
dont l’histoire pourrait bousculer nos convictions sur
la vie et la mort.
Éd. Guy Trédaniel, 2018, 18 €

Christian Flèche
Le monde extérieur
n’existe pas
Afin de conserver la santé, voire
de guérir de maladies, l’auteur
nous invite ici à repenser notre
perception du monde. Comment
voyons-nous le réel ? À quoi nous
identifions-nous ? Que croyons-
n o u s ê t r e v ra i e t c o m p r e -
nons-nous vraiment notre fonctionnement ? Et si
nous pouvions nous libérer en prenant conscience de
la vue déformée qui est la nôtre ? Autant de pistes
poétiques et concrètes du fondateur du décodage
biologique et de la « santé libre ». POUR LES ADOS
Éd. Le Souffle d’Or, 2018, 9,90 € Meera Lee Patel
Mon amie la peur
Emmanuel Ransford Dans une société où la performance
8 leçons est souvent de mise, il peut être dif-
ficile d’affronter ses peurs et d’avoir
essentielles sur la confiance en soi. Meera Lee Patel est
science quantique une jeune peintre et auteure, qui
Emmanuel Ransford, polytechni- nous présente ici un livre-chemine-
cien et auteur entre autres de ment, autour du thème de la peur.
PHOTOS : UNITED PHOTO STUDIO / SDP

L’Univers quantique enfin expli- Avec une grande simplicité, beau-

qué, nous propose de revenir sur
le sujet sous la forme de huit le-
çons, dans une approche simplifiée et surprenante de
l’intimité de l’« ultra-minuscule ». Il dévoile ainsi que
la physique quantique viendrait éclairer des phéno-
mènes jusqu’alors inexpliqués : existence d’une
conscience non matérielle, surprenantes capacités ex-
trasensorielles… Un ouvrage limpide, et passionnant !
Éd. Guy Trédaniel, 2018, 18 €
coup de poésie, mais aussi de bon
sens, elle nous promène entre textes
et peintures au gré de ses réflexions.
Idéal pour les adolescents parfois
confrontés aux craintes de la vie, ce
livre accessible et illustré pourra les
accompagner pas à pas.
Éd. Le Livre de Poche, 2018, 13,90 €

126 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018

 T É M O I G N A G E S

CHAMANISME
Stephan V. Beyer
Bâton de parole
Dans les traditions nord-amérin-
diennes, le bâton de parole est un
objet symbolique permettant de ré-
guler la parole entre les individus.
Quelles que soient nos convictions,
est-il possible, pour mieux communi-
quer, de s’inspirer de cet outil tradi-
tionnel qui a fait ses preuves ? C’est
ce que propose l’auteur. Si vous sou-
haitez améliorer la communication
Éd.
au sein de votre couple, avec vos col-
Mama,
lègues de travail ou avec des amis, il
2018, 19 €
propose des cérémonies et exercices
afin d’acquérir une meilleure écoute
de soi et de cheminer vers la paix.

Catherine Sorolla Menassieu

Aux rythmes de
notre Terre-Mère
Dans les traditions chamaniques
amérindiennes, la nature est impré-
gnée de spiritualité. Ainsi, les cycles
des saisons, du soleil et de la lune,
les animaux et tout le vivant font
l’objet de rituels qui amènent à per-
cevoir autrement cette réalité. L’au-
Éd. teure propose de nous aider à
Trajectoire, conscientiser notre lien à la nature « Un livre merveilleux,
2018, 20 € et l’influence des tempos de la qui va faire tant de bien…
Terre-Mère, à la lumière des trans-
missions amérindiennes, mais aussi un magnifique, magnifique
des rituels sacrés pratiqués au fil baume pour l’âme. »
des saisons.
Dr CHRISTOPHE FAURÉ
Jan Kounen, Jeremy Narby, Vincent Ravalec
« Ce livre agit au-delà des mots.
Plantes et chamanisme Une rencontre peut se profiler pour vous
Dix ans après un 1er ouvrage, fruit
d’une conversation autour de leurs
au cours de cette lecture.
expériences chamaniques et des Une rencontre avec vous-même… »
plantes sacrées, les 3 auteurs font le
point sur l’évolution des consciences
STÉPHANE ALLIX
et des pratiques. Un livre très ancré
dans le réel grâce à leurs témoi- « Des pratiques fascinantes. »
gnages personnels et à la vivacité de
leurs échanges qui ne manquent sou- FRANCE INTER
Éd. vent pas d’humour, mais également
Mama, empreints de lucidité sur les risques
2018, 24 € et les bénéfices de telles pratiques.
 Films Notre sélection
DVD
Lune, la face cachée de la Terre
C’est un véritable conte magique que ce documen-
taire, qui raconte l’histoire de la Lune, le regard que
l’homme porte sur elle et l’évolution de la Terre.
Celle qui rythme les eaux et influence le vivant est
ainsi observée sous tous les angles. Deux ans
d’images autour du monde, des prouesses de re-
constitutions 3D et des interviews d’experts consti-
tuent ce petit bijou.
DVD Studio Canal, 9,90 €
DOCU-FICTION
Project Blue Book
En 1947, le businessman américain Kenneth Arnold
rapporte avoir vu neuf objets traversant le ciel à
grande vitesse. Ensuite, un nombre croissant de té-
moignages a poussé l’US Air Force à enquêter : ainsi
est né le « Projet Livre bleu ». Pas moins de 12 000
témoignages ont été recueillis entre 1952 et 1969.
Ces faits étranges ont inspiré la création de cette
série, produite par Robert Zemeckis.
Hiver 2018-2019 sur la chaîne History
SÉRIE DOCUMENTAIRE
Wild Wild Country
Wild Wild Country est une série de reportages sur le
gourou indien controversé Bhagwan Shree Rajneesh,
autrement appelé « Osho », et ses disciples améri-
cains, dans le désert de l’Oregon. L’homme considéré
comme un prophète était-il un guide bienveillant, ou
le parfait escroc ? Laissez-vous surprendre par cette
histoire hors du commun, très bien documentée et ra-
contée avec beaucoup de nuances.
Sur Netflix depuis mars 2018
NOS COUPS DE CŒUR INREES TV
BEYOND S4E1 L’EXTRA
Se prémunir LAB S4E1
des vols Traditions
d’énergie celtiques
Après trois ans Chants ances-
de recherches traux, ogham et
sur le sujet, Na- druidisme : la
tacha Calestrémé culture celte,
propose une description des méca- empreinte de spiritualité et liée à la
nismes de la manipulation et partage nature et à l’au-delà, ne s’est pas
les techniques énergétiques qui lui éteinte et semble même connaître un
ont été confiées pour s’en protéger. renouveau…
En ligne sur INREES TV En ligne sur INREES TV
COULISSES DU FILM
L'académie
des médiums
RENCONTRE AVEC LA RÉALISATRICE
MYLÈNE BARADEL
Quelles sont les spécificités
du College Arthur Findlay ?
C’est une école dans laquelle des
étudiants du monde entier, peu
importent leurs croyances, viennent
développer ou affiner leur médiumnité,
le temps d’une semaine ou à l’année.
Les cours sont donnés par une
cinquantaine de tuteurs, des médiums
confirmés recrutés de façon très
rigoureuse. L’établissement est affilié
au spiritualisme, reconnu comme la
septième religion en Angleterre avec
ses deux écoles et 300 églises de par le
monde. L’objectif est de permettre aux
étudiants d’obtenir une communication
de plus en plus qualitative. Pour eux,
cela fait partie des capacités de notre
cerveau que nous aurions perdues.
En quoi consistent les cours ?
Ils sont variés. Lors d’un cours,
les étudiants méditaient avant de
pratiquer la peinture, utilisée comme
un outil pour transmettre un message
à leur binôme de travail. Dans un
autre cours, ils apprenaient à décrire
l’entité qu’ils ressentaient présente,
physiquement, émotionnellement, par
une passion qu’elle avait de son vivant,
afin d’affiner leurs perceptions.
Certains messages étaient-ils percutants ?
Pas toujours, mais ils trouvaient, en
général, un détail très peu commun,
une preuve. Une médium est parvenue
à trouver beaucoup d’éléments précis :
elle « voyait » des cartes géographiques,
et le défunt était navigateur. Parfois,
les messages n’évoquent rien sur le
moment, mais des années plus tard,
quelque chose se passe qui vient
PHOTOS : SDP
confirmer leur véracité. ● A.A.
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 Le billet de Stéphane Allix
Stéphane Allix
Fondateur de l’INREES
La clé des
Mystères
La nuit dernière, j’ai rêvé que je tenais
entre les mains une petite barque de
la taille d’un jouet. Un modèle miniature
de la Barque de Râ, la Barque du soleil
des Égyptiens...
... Cette embarcation permet de traverser les
À portes de la mort. Dans mon rêve le petit objet
LIRE
était le réceptacle des peurs et de la confusion du
mourant, ainsi que des plaintes déchirantes de son
entourage. L’objet de bois était chargé de toute
l’intense émotion de ce moment ultime, émotion
génératrice parfois de tant de confusions. Pourquoi
Livre un tel rêve ? Je me réveille au matin, les images en-
des morts core présentes à l’esprit, et la curiosité me pousse à
des anciens rechercher dans les rayonnages de ma bibliothèque
Égyptiens le Livre des morts des anciens Égyptiens, ouvrage de
Grégoire
référence de Grégoire Kolpaktchy. Moi qui suis
Kolpaktchy
Éd. Dervy, plutôt familier du Bardo Thödol, communément
2012, 22 € appelé le Livre des morts tibétain, je suis en revanche
relativement ignorant de la façon dont l’au-delà
était perçu dans l’Égypte ancienne. Kolpaktchy
explique que « l’initié égyptien partait du principe
que le phénomène de la mort physique n’était qu’une
130 Inexploré - N° 40 - AUTOMNE 2018
métamorphose de la conscience. Pour lui, l’âme, après
avoir franchi le “seuil”, parcourait les étapes succes-
sives d’une évolution “normale” » (p. 16). Tournant
les pages, je comprends que comme dans le Bardo
Thödol, le constat avait été fait par les initiés de
l’Égypte ancienne de la réalité, et en même temps
de l’extrême volatilité, de la réalité du monde de
l’au-delà. Kolpaktchy précise à ce sujet : « Le Moi
du mort ayant été ancré dans les différents organes
de son corps physique, ses racines matérielles ayant
subi les effets de la décomposition, l’âme flotte, à la
merci des courants qui l’emportent. (…) Autour de
lui tout change, tout évolue » (p. 72). Mais l’auteur
alerte qu’en dehors de ce constat initial, la vision
égyptienne diffère radicalement de celle du Bar-
do Thödol. Cet espace de visions et de métamor-
phoses qui compose le monde de l’au-delà est pour
le bouddhiste le fruit d’hallucinations karmiques,
un monde parfaitement illusoire, comme d’ailleurs
l’est la vie terrestre elle-même. Reconnaître l’inexis-
tence ontologique de ces manifestations, qu’elles
soient délicieuses ou effrayantes, conduit à la réelle
perception de la nature ultime des phénomènes, et
à la libération. À l’inverse, pour l’Égyptien, la vie
terrestre, comme son prolongement dans l’au-delà
sont bel et bien réels. Pour l’Égyptien, « tout ce qu’il
percevait (ici-bas ou dans l’au-delà) était pour lui sa-
turé de la réalité absolue et ne pouvait devenir l’objet
d’aucun doute » (p. 59). Les visions qui apparaissent
et les rencontres qui s’opèrent dans l’Au-delà de-
vaient donc être prises très au sérieux, et si elles
étaient menaçantes, être combattues. Cette vigi-
lance active, et les moyens de la mettre en œuvre,
sont l’objet même du Livre des morts des anciens
Égyptiens. « Armé de ses connaissances ésotériques, en
possession de toutes les ressources de la magie, l’Égyp-
tien n’ambitionnait donc rien moins que de modifier
l’évolution “normale” de l’âme dans la vie posthume »
(p. 16). Pour Grégoire Kolpaktchy, l’élite des an-
ciens Égyptiens était en possession d’une profonde
science ésotérique dont la réalité opérative n’est
plus comprise aujourd’hui. Son enseignement n’a
pas survécu au passage des millénaires et ses ré-
surgences accidentelles et fragmentaires nous sont
devenues aussi obscures qu’un ouvrage de Tolstoï le
serait pour une souris qui en grignoterait les pages
avec gourmandise. Quant à mon rêve…
DELPHINE BLAST - HANS LUCAS
Peut-être m’apprend-il que
la clé des Mystères se trouve
en nous, lorsqu’on leur laisse
la place pour venir se révéler ?
 VOYAGE D’UN
NEUROCHIRURGIEN
AU CŒUR DE LA CONSCIENCE :
le nouveau livre de l’auteur
du best-seller La preuve du paradis
Du même auteur >

978-2-8132-1810-0
15 x 22 cm
392 pages - 22 €

978-2-8132-0796-8 978-2-8132-0579-7
15 x 22 cm 15 x 22 cm
196 pages - 18 € 240 pages - 18 €

LA LUMIÈRE,
AU-DELÀ DE LA VIE :
le nouveau livre de l’auteur
du best-seller mondial
La vie après la vie

Du même auteur >

978-2-8132-0708-1
14 x 21,5 cm
978-2-8132-1634-2 196 pages
14 x 21,5 cm - 140 pages + DVD 120 minutes
+ DVD 80 minutes - 18 € 18,90 €

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