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N° 41 - LE MAGAZINE DE L’INREES INREES.COM

TRIMESTRIEL JANVIER - FÉVRIER - MARS 2019

HOMÉOPATHIE
Le vrai du faux
SE SOUVENIR
DU FUTUR
Grâce aux
synchronicités
Chakras
RETROUVER
L’HARMONIE
OV N I S
La révélation
qui change tout

Quand l’âme
agit…
rituels
CÉRÉMONIES & INITIATIONS
POUR CÉLÉBRER LA VIE
Magie • Égrégore • Nature • Féminin sacré
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L’INREES est un institut réunissant des experts du monde de la science, de
la santé, de la psychologie, de la spiritualité et de la culture, autour d’expériences
particulières, dites inexpliquées ou extraordinaires, qui nous invitent à penser
l’humain, la vie, la nature, le monde et l’univers autrement.
 Édito

La magie
est en nous
« Croire ou ne pas croire ? » Telle peut être
la question face à l’extraordinaire,
particulièrement lorsque le sujet est abordé Sébastien Lilli
publiquement ou en famille. Et si cette Directeur de la publication
et rédacteur en chef
interrogation n’avait aucune importance ? 
Car au-delà des interprétations, la réalité de nos existences nous ras- La Nature
semble autour des mêmes besoins. Parmi eux : se réserver des espaces
sacrés, des moments durant lesquels nous nous autorisons l’enchante- et l’Homme sont
ment et l’ordonnancement de nos vies... inséparablement
Sans le savoir, différentes pratiques de notre quotidien, comme certaines liés. Et chaque
fêtes rythmant les saisons, nous invitent encore à une forme de magie,
souvent tombée dans l’oubli. Noël en est un bel exemple. Même si cette moment
fête s’est logiquement associée à la consommation frénétique dont est important
victime notre société, elle marque aussi, depuis l’aube de l’humanité –
des Celtes aux Grecs en passant par l’Égypte antique –, l’arrivée d’une peut être une
nouvelle lumière. Symbolisée désormais par un conifère qui marque occasion de
le triomphe du Soleil sur l’hiver, dans un moment où la renaissance et réconcilier
l’abondance prochaines sont célébrées avec une intention toute particu-
lière, cette lumière s’inscrit dans le respect du cycle de la vie. visible et
invisible.

L’objectif des rituels est là : s’autoriser à entrer dans un espace-temps
différent, afin d’inviter un souffle divin et les énergies capables de res-
tructurer les parties éparses qui nous composent. Cela nous inspire un
élan de gratitude envers le monde, nous reliant à plus grand que nous.
Loin des apparences folkloriques ou religieuses, c’est au contraire un
instant universel de profonde reconnexion à soi, aux autres, aux forces
vitales et palpables qui nous entourent, la Nature et l’Homme étant insé-
parablement liés. Ainsi, chaque moment important de l’année, chaque
tournant de nos cheminements, peut être une occasion de réconcilier
visible et invisible, marquant notre évolution, individuelle ou collective.
« Ne parle pas de toi-même sans t’accorder la possibilité de changer », dit
l’artiste Alejandro Jodoroswky... Justement, au cours de cette quête, les
rituels et plus particulièrement les initiations, possèdent des facultés
PHOTO : OLIVIER SEIGNETTE/INEXPLORÉ

rares : bousculer nos certitudes, nous menant à accueillir avec confiance

notre puissance et notre vulnérabilité, afin de trouver une nouvelle
connaissance... Celle du cœur. Celle où l’âme agit. Et c’est cette magie-là
que nous évoquons dans ce nouveau dossier d’Inexploré, que nous avons
voulu, comme à notre habitude, inspirant et pratique. En souhaitant
que cette nouvelle année qui commence puisse vous remplir de joie, vos
proches et vous. Belle lecture ! ●

HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 3

inexp oré
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INREES.COM

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Secrétaire de rédaction
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Correctrice
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Relectrice
Karine Larcher
Rédacteurs
Aurélie Aimé, Stéphane Allix, Jérôme Bourgine,
Carine Anselme, Melanie Chereau, Claire Eggermont,
Réjane Éreau, Miriam Gablier,
Catherine Maillard, Martino Nicoletti
Responsable communication
et partenariats
Justine Boyer
Photographes
Olivier Seignette, Dean Dorat, Jeanne Delécluse
Couverture
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Conception éditoriale
INREES, 67 rue Saint-Jacques
75005 Paris
Présidence
Sébastien Lilli
RCS Paris 529 179 582
ISSN : 2119-4971
N° Commission paritaire 
0219 K 90498
Impression
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Ce ne sont pas des jeunes sorciers qui se pressent au

Arthur Findlay College, mais bien des apprentis médiums
venus du monde entier pour entraîner
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Origine géographique du papier : Suisse.

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TOUTES LES INFORMATIONS SUR WWW.INREES.COM

 Sommaire

3 L’ÉDITO 86 REPORTAGE
Sébastien Lilli L’Institut Rafaël
8  RAND
G Revivre !
ENTRETIEN
Romuald Leterrier
Créer ses
synchronicités Incarner
94 T HÉRAPIE
Libérer le corps de la douleur
S’inspirer 100  RATIQUE
P
Osez l’intelligence collective
14 NOUVELLE TERRE 104 V
 ISION D’AVENIR
Les news Une nouvelle trinité porteuse de paix
26 PORTRAIT
Henri Le Saux
Du moine au swami
30 S
 CIENCES
Mort imminente, expérience
S’émerveiller
psychédélique 108 PLUS PRÈS DES ÉTOILES
32 P
 SYCHO L’incroyable technologie venue du ciel
Transmuter la colère 114 CHEMIN
36 S
 ANTÉ Mont-Athos,
la sainte montagne
Homéopathie, le vrai du faux
40 T RADITION 116 T ÉMOIN
Virginie Lefebvre

PHOTOS : SÉBASTIEN DUIJNDAM - NOTMAN STUDIOS - SDP - RÜDY WAKS - UBBERS / ADOBE STOCK
Harmoniser ses chakras
Médium, entre ombre
44 I NVISIBLE et lumière
La science mystérieuse
des anciens druides 118 M
 YSTÈRES
Japon, une mort parfaite
120 U
 NE HISTOIRE
Parapsychologie,
Explorer le robot influencé par l’esprit

80 L’INVITÉ 122 L IVRES

Denis Marquet 3 QUESTIONS À
S’élever vers le divin Catherine Roumanoff
Après le dernier souffle
123 À
 LIRE ET À VOIR
La sélection d’Inexploré
130 L E BILLET
Stéphane Allix

6 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019

 SUBSTANTIEL
Magie &
rituels

54

DOSSIER

Quand l’âme
agit…
rituels
Ordonner le monde en quête du sacré
Magie et rituels, comment ça marche ?
Les nouveaux guerriers
50
54
58
Dans le secret des cercles de femmes 60
Conseils pour créer vos propres rituels 64
Danser avec les cycles de la vie 66
Initiation au corps à corps 70
Réenchanter sa vie, quand l’âme agit... 74
Pour aller plus loin 78
 GRAND ENTRETIEN
ROMUALD LETERRIER

CRÉER
SES
synchronicités
Est-il possible de se souvenir du futur grâce aux synchronicités ?
Ethnobotaniste de formation, Romuald Leterrier fait de nombreux voyages
en Amazonie afin d’étudier les plantes utilisées par les chamanes.
Il est amené à prendre de l’ayahuasca, qui lui révélera qu’il doit établir
des ponts entre les sciences occidentales et les savoirs chamaniques.
Avec la « science des signes », il associe les théories complexes
à des fins créatives sur la réalité.
Propos recueillis par Sébastien Lilli et Melanie Chereau,
photos Olivier Seignette pour Inexploré

Comment définiriez-vous la prise
d’ayahuasca et les effets que ce breuvage
de plantes a eus sur vos recherches ?
L’ayahuasca est mal comprise et mal considérée.
Dans le contexte chamanique, on parle de « plantes
de visions ». En Occident, en revanche, on pense
trop souvent qu’elle provoque simplement des « ef-
fets psychotropes » qui déforment la perception et
on ne retient que ces effets, ce qui est une erreur.
Mais lorsque vous avez une vision collective, ce qui
m’est arrivé plusieurs fois, cela pose question. Un
jour, un Canadien, que je ne connaissais pas du
tout, vient à une cérémonie organisée par Ernesto,
le chamane auprès duquel j’étudiais. On prend cha-
cun de notre côté l’ayahuasca, distants d’une dizaine
de mètres. J’ai les yeux fermés... Je « descends » dans
un vortex de lumière. Puis, je vois le Canadien qui
passe également, me regardant avec l’air un peu hé-
bété. Je continue alors à voyager dans mes visions...
Le lendemain matin, je lui dis : « Tiens, c’est marrant,
hier j’ai eu une vision où je me suis vu plongé dans
une espèce de vortex de lumière qui descendait. » Et
lui me répond : « Ah, oui ! Je t’ai doublé. » Pourtant
nous étions chacun dans notre subjectivité, dans
notre expérience. Comment expliquer cela ? C’est
un état de « conscience collective ». À partir de là,
j’ai décidé de faire des passerelles avec des sujets que
je connaissais, comme les théories jungiennes, que
j’avais lues depuis l’adolescence. J’ai aussi rencon-
tré les travaux de Philippe Guillemant sur la double
causalité, selon laquelle le futur peut influencer cau-
salement le présent et donc le passé. Cela a éclairé
complètement les enseignements d’Ernesto que
je n’avais pas vraiment compris jusque-là. FFF

HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 9

 GRAND ENTRETIEN
ROMUALD LETERRIER

F F F Cette conjonction entre le savoir des cha-

manes et la science occidentale prenait tout son sens
et m’a permis d’enquêter sur la rétrocognition. Cette
idée d’aller chercher de l’information dans le futur
et de la faire bifurquer, c’est-à-dire de faire descendre
dans la matière un futur qui n’est que potentiel.

Concrètement, quelles sont les convergences

entre le chamanisme et cette nouvelle
physique ?
Cette notion d’espace-temps flexible, qui vient d’être
développée depuis peu par Philippe Guillemant et
qui est à la pointe de la physique, on la retrouve chez
les aborigènes, par exemple, dans leur mythologie de
la « cosmologie molle ». Pour eux, l’espace-temps est
mou. « Le temps du rêve » est une matière molle,
modelée par la conscience et par les intentions des
ancêtres. Il y a une sorte d’intuition, dans les peuples
premiers, du fonctionnement de l’Univers, mais évo-
qué sous forme de mythes. L’apport du chamanisme,
c’est de proposer une sorte de technologie de l’esprit
afin d’en faire l’expérience. 
Ce que le chamanisme vous a appris, c’est que Que se passe-t-il ? Ces histoires sont médiatisées. On
des futurs potentiels existent, mais que le passé en prend conscience et, quand on constate la réalité
et le futur sont en mouvement ? Et que seul de cet événement, on contribue à le créer dans le pas-
existe réellement l’instant présent ? sé en agissant sur de nombreuses données aléatoires,
Oui... Très souvent, l’ayahuasca montre des réalités comme sur une panne mécanique ou autre. C’est Les
potentielles, donc virtuelles, c’est-à-dire un lot de fu- assez effrayant. Bien souvent, notre rétrocognition synchronicités
turs possibles ou probables, mais visibles par notre inconsciente « sert » le négatif. Car qu’est-ce qui est
conscience. Pour les faire descendre dans la matière, relayé dans les médias ? Aujourd’hui, dans notre so- servent
il faut mener tout un travail d’intention par rapport ciété, ce sont majoritairement des faits assez obscurs de balises
à ce que l’on veut voir se réaliser. C’est le concept de et sombres. Si à l’inverse, du jour au lendemain, on permettant
rétrocognition. Ainsi, les synchronicités servent de choisissait de médiatiser la guérison des gens, on ai-
balises permettant de créer des « aiguillages » de lignes derait peut-être, effectivement, les gens à guérir. Les de créer des
temporelles pour rejoindre ce futur qui, pour l’ins- enjeux sont quand même assez importants. Jung « aiguillages ».
tant, n’est qu’au niveau de la superposition des temps. l’avait déjà prophétisé dans ses propres recherches :

Alors, nous pratiquons déjà cette rétro-
cognition de façon inconsciente ? Ce qui serait
intéressant, c’est de le faire consciemment...
Bien sûr. J’avais fait une expérience pour essayer de
gagner au loto, en allant chercher les chiffres dans
l’avenir, mais sans jamais vraiment y parvenir ! Puis
j’ai compris que ce sont les gens qui perdent, extrê-
mement nombreux et réactifs, qui agissent sur le ti-
rage. Quand on étend ce phénomène à l’inconscient
général, on voit que cela fonctionne, notamment
grâce à notre pouvoir de communication et de mé-
diatisation qui est très puissant. Par exemple : la loi
des séries. Il y a un crash d’avion puis à peine une
semaine après, un deuxième et, parfois un troisième.

le but serait donc de devenir « conscient collectif ».
D’ailleurs, cette conscience extratemporelle, qui est
en dehors de l’espace-temps, c’est le Soi. Un Soi qui
est à la fois individuel et collectif.
À l’heure où la planète est mise à mal,
le fait d'agir collectivement pourrait aider…
Ce qui est intéressant, c’est que cette forme de
conscience collective est en accord avec la Terre. Elle
semble reliée à des collectifs de conscience interspé-
cifiques, comprenant d’autres espèces. L’intelligence
des plantes, à laquelle accèdent les chamanes, est une
forme de pensée collective. C’est ce qu’on découvre
aujourd’hui. Si l’humanité, dans son ensemble, uti-
lise cette conscience, elle peut trouver des futurs op-

10 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

 timistes et cesser les archétypes inconscients comme
l’apocalypse de saint Jean, les guerres mondiales
et toutes nos projections sombres. Se brancher sur
d’autres fréquences peut nous laisser envisager un fu-
tur plus optimiste.
Mais alors, en quoi ce futur interagit-il
avec le présent ? Comment avez-vous
eu cette conviction ?
J’ai créé un protocole expérimental autour des syn-
chronicités. L’idée est de sélectionner des éléments au
hasard, de poser une intention et de mettre un timing
pour les voir se réaliser dans la matière. Par exemple :
j’ai choisi de faire un oracle avec des archétypes et des
animaux. D’une part, Ernesto m’a appris, lors de nos
balades en forêt que notre esprit, même d’homme
moderne, est câblé pour détecter les animaux. Ainsi,
il est plus facile, selon lui, de voir des synchronicités
dont les médiateurs sont des animaux. D’autre part,
dans la psychologie jungienne, les éléments consti-
tutifs qui unifient psyché et matière sont de nature
« archétypale », d’où les archétypes. J’ai donc créé une
boîte avec cinquante symboles et cinquante animaux.
Lors de la première expérience, je ne crois pas du tout
À à ce projet... Dans la boîte des animaux, mon doigt
LIRE sélectionne deux images, un hérisson et un rat. Cela
m’embête, car j’aurais préféré ne sélectionner qu’un
seul élément. Je retiens le rat, qui est entré en pre-
mier dans ma conscience et, pour l’archétype, je tire
le cristal. Je souhaite donc voir, sous quinze jours,
apparaître une synchronicité autour du cristal et du
Se souvenir du rat. Je referme mon cahier et j’oublie tout cela. Trois
futur : heures après, j’allume la télévision. La télécommande
Guider son me glisse des mains comme une savonnette, tombe
avenir par les
synchronicités
par terre, change le programme télévisé et met une
Romuald chaîne de jeux vidéo que je ne regarde jamais. À
Leterrier l’écran apparaît un énorme rat avec des cristaux sur le
et Jocelin dos, évoquant les piquants d’un hérisson. Je suis sidé-
Morisson
Éd. Guy trédaniel ré. Voilà ma synchronicité avec les trois éléments qui
Sortie février 2019 sont entrés dans ma conscience au moment de l’ex-
périence. Plus on pratique ce schéma de la mémoire –
apprendre à se souvenir du futur grâce à des éléments
aléatoires – plus l’exercice est simple et rapide.
Vous reprenez dans votre livre, coécrit avec
Jocelin Morisson, cette citation de Philippe
Guillemant : « Nos intentions causent des effets
dans le futur qui deviennent les futures causes
d’un effet dans le présent »...
Oui, on crée une boucle. Prenons le cas du rêve. J’ai
reçu beaucoup de témoignages sur les rêves rétrocau-
saux. L’un d’entre eux est incroyable : un homme, de-
puis l’âge de 5-6 ans, faisait un cauchemar récurrent, à
peu près une fois par semaine, dans lequel il voyait un
avion de chasse se scratcher à côté de lui dans un jar-
din. Il a rêvé de cela pendant plus de 35 ans. À 45 ans,
il décide de changer de travail, quitte Paris et devient
fraisiculteur à la campagne. Un jour, alors qu’il est
dans son verger en train de travailler, il entend un
bruit incroyable : un avion de chasse vient réellement
se scratcher dans le jardin. Il raconte une émotion très
forte : « Quand j’ai constaté la réalité de ce qui s’était
passé, j’ai eu une émotion incroyable. Je me suis mis à
pleurer, je tremblais de partout et j’ai repensé à tous mes
cauchemars depuis que j’étais gamin. » Ce faisant, en
se souvenant de tous ses cauchemars, il les a modelés
dans le passé. C’est-à-dire qu’en se souvenant, on fait
redescendre l’information dans le passé au moment
du constat et cela va structurer les rêves. Parfois, cela
crée des événements sous forme de synchronicité.
Comment les synchronicités peuvent-elles
indiquer ce qui se passera dans notre futur ?
C’est tout le travail de l’intention. Quand on souhaite
faire de la rétrocognition consciemment, on doit
émettre une intention. Qu’est-ce qu’on veut pour
notre futur ? À partir de là, une boucle causale va se
créer et on va emprunter toutes les lignes de commu-
tation temporelle qui vont nous amener à rejoindre
ce futur en question. Alors, les synchronicités FFF
HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 11

F F F servent d’aiguillages, à savoir que nos inten-
tions et notre présent sont en adéquation. En prati-
quant régulièrement, petit à petit, les synchronicités
délivrent des formes de messages.
Il peut être déstabilisant de vivre une
synchronicité. Que veut dire la notion
d’aiguillage que vous développez ?
C’est une aptitude. Parce que tant que les synchro-
nicités ne sont pas créées volontairement, on ne
peut pas vraiment dire qu’on est dans le phénomène
d’aiguillage. Ce qui est important, c’est de passer à la
phase expérimentale et d’avoir une pratique. Il faut
faire attention à ne pas voir des synchronicités et
du sens sans arrêt, sinon cela devient pathologique.
Qu’avez-vous appris, avec le chamane, sur la
détection des signes ?
J’ai appris tout ce protocole, mais à l’époque je ne
savais pas comment le mettre en place. Ernesto me
dessinait des ouroboros, car cette « boucle de rétroac-
tion » est un acte créatif. C’est-à-dire qu’il est possible
de créer des événements à venir dans la réalité. Par
Conseils pratiques pour
créer des synchronicités
Il faut créer son oracle avec sa propre sensibilité. Si
l’on est très auditif, on peut se faire une boîte avec
une cinquantaine de chansons écrites sur un papier.
On tire une chanson de John Lennon ou des Rolling
Stones et, peu de temps après, on va l’entendre à la
radio ! C’est selon nos modalités cognitives.
La recette est : une intention, des éléments
sélectionnés au hasard (deux ou trois maximum),
puis une demande et un timing pour voir se réaliser
cette synchronicité dans la réalité. Le fait de se
souvenir de cela crée l’événement dans le passé
et influence les éléments aléatoires.
12 Inexploré - N°41 - HIVER 2019
GRAND ENTRETIEN
ROMUALD LETERRIER
exemple, imaginons que quelqu’un toque dans ce
placard, à côté de nous. On ouvre, il y a une boîte. Je
 la sors, l’ouvre et, à l’intérieur, il y a une notice pour
fabriquer une machine à voyager dans le temps. Ce
n’est pas très difficile à construire, nous nous y met-
tons tous et, en une dizaine de jours, c’est fait. Mais il
est indiqué, en bas de la notice : « Condition sine qua
non pour que cette machine existe, faire une photoco-
Il est pie des plans, les rapporter à 14 h 40 ici et toquer à la
possible de porte » ! Cette métaphore désigne un acte de création,
créer des du futur vers le présent.
événements Mais si notre futur est attractif sur le présent,
à venir le passé ne l’est-il pas aussi ?
Selon ces théories, le passé bouge également, oui !
dans la Quand on modifie quelque chose dans le futur, on
réalité. change forcément aussi quelque chose dans le pas-
sé. C’est très déconcertant ! Ernesto me disait : « Le
 monde, c’est un plat de spaghettis. » Quand on est dans
l’intemporalité, hors du monde, hors du temps, le
monde n’est qu’un vaste réseau entrelacé et mou-
vant. La physique d’aujourd’hui tend à aller vers
cette conception de la réalité… D’ailleurs, les der-
nières images des simulations de la distribution de la
matière dans l’Univers ressemblent à s’y méprendre à
un réseau neuronal. C’est incroyable, car c’est ce que
les chamanes disent depuis des millénaires : l’Univers
est un cerveau. Et nous, on répond : « C’est bien les
gars, mais vous avez sans doute bu un peu trop de breu-
vage ! » En vérité, aujourd’hui, la science occidentale
de pointe rejoint les savoirs ancestraux chamaniques.
Les différents rituels réalisés par ces peuples
entrent-ils aussi dans le grand mécanisme
de rétrocausalité ?
En Amazonie, le rituel est une technologie de la
conscience et les membres des tribus ont cette in-
tuition que s’ils n’ont pas une action consciente de
participation à la nature, le monde va s’effondrer.
Ils ont conscience en tant qu’entité sociale. Ils sont
interdépendants avec le fait de générer de la réalité,
avec la façon dont la réalité émerge et se manifeste.
C’est cette interface de dialogue qu’on retrouve avec
les outils de rétrocognition. À mes yeux, l’humanité
est un grand bateau, sauf qu’il n’y a plus personne à
la barre. Le navire avance au gré des vents, alors que
nous sommes tous enchaînés à la cale. Maintenant, il
faut remonter sur le pont et reprendre le gouvernail
du réel, en conscience, collectivement. ●
 S'inspirer


L’espérance
est un risque
à courir
GEORGES BERNANOS


 Nouvelle Terre Nature

DRÔLES DE BÊTES
American beast
Aux États-Unis, les oiseaux
d’une petite ville du
Minnesota se sont retrouvés
fort alcoolisés à cause de
leur consommation de baies
fermentées. Pendant qu’ils
déssaoulent, des chercheurs
ont créé sur Twitter le hashtag
#spookywar, pour partager
des photos de « monstres
marins » , véritable course
au plus effrayant. Enfin, deux
minuscules pieuvres ont été
découvertes au parc d’Hawaï.
On ignore encore tout de ces ET ÇA MARCHE
créatures, pas plus grandes
qu’un petit pois. ●

Internet durable :
mode d’emploi

À MÉDITER
Circulez, y’a
rien ivoire !
L’une des victimes collatérales
de la guerre au Mozambique
est l’éléphant : en 15 ans, 90 %
d’entre eux ont été massacrés
pour leur ivoire, vendu pour
financer les armes. Soumis
au stress du braconnage, les
mammifères ont subi une
évolution génétique : 1/3 des
femelles nées d’éléphantes
survivantes n’ont plus d’ivoire.
Même constat en Afrique du
Sud, où 98 % des femelles
d’une réserve sont nées sans
ivoire depuis 2000. Évoluer
pour survivre... ●
S
aviez-vous qu’envoyer un mail
avec une pièce jointe équi-
vaut à laisser une ampoule
basse consommation allumée
pendant une heure (soit 24 W/h) ?
En 2016, 2 672 milliards de mails ont
ainsi été envoyés dans le monde. De
même, chaque recherche faite sur le net
engendre une pollution invisible, mais
bien réelle !
Face à ce constat, quelles solutions pour
réduire notre empreinte ? D’abord, pen-
ser à effectuer un tri dans notre boîte
mail en ne gardant que les messages
indispensables, puis à se désinscrire
d’un maximum de newsletters. Ensuite,
il est possible d’opter pour une boîte
mail écologique. Lilo Mail propose par
exemple de télécharger une pièce jointe
via un lien dédié, limitant son temps
de stockage, et ses serveurs utilisent
pour partie de l’électricité provenant
d’éoliennes. Newmanity dispose aussi
d’un mode de fonctionnement vert :
l’électricité utilisée est 100 % renouve-
lable et son data center a une empreinte
carbone neutre. L’accès est gratuit pour
1 Go de stockage, ce qui incite à trier
plutôt que stocker. Enfin, pour 12 € par
an, la boîte Ecomail verse 50 % des reve-
nus provenant de la vente du service au
développement de projets écologiques.
En matière de moteurs de recherche,
là aussi il existe des alternatives. Lilo
reverse 50 % des revenus générés par
chaque clic sur un encart publicitaire
à des projets engagés pour l’homme
et pour la planète. Ecosia soutient
la reforestation au Burkina Faso, à
Madagascar et au Pérou. Depuis sa
création, le site a financé la planta-
tion de plus de 30 millions d’arbres.
À vos clics… verts ! ●

14 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

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www.facebook.com/editions.tredaniel

Le conseil naturo
DES MANUELS DE RÉFÉRENCE
POUR PASSER FACILEMENT
DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE…
Accompagner
le blues de l’hiver
Durant l’hiver, l’intensité lumineuse diminue considéra-
blement, de 50 000 à 100 000 lux pour une journée très
ensoleillée, à moins de 10 000 lux par jour. Ce manque de
lumière joue pour beaucoup sur les baisses de moral sai-
sonnières, mais la naturopathie peut aider à y remédier.
D’abord, les micronutriments présents dans notre as-
siette peuvent jouer sur notre bien-être. Privilégier les
aliments riches en magnésium : oléagineux, fruits secs,
céréales complètes, cacao, sardines, fruits de mer… En-
suite, les vitamines du groupe B, qui aident au fonction-
nement de notre système nerveux et immunitaire : les
légumineuses, la levure de bière, les légumes verts…
Idem pour la vitamine D, que l’on trouve dans les sar-
dines, harengs, maquereaux… Enfin, le zinc contribue à
une meilleure gestion du stress, on en trouve dans les
huîtres, le poulet, les graines de sésame, etc.

UNE BONNE HYGIÈNE DE VIE NOUVEAUTÉ

En matière d’hygiène de vie, il est essentiel pour les
à paraître
personnes sensibles au blues hivernal d’avoir une acti- en février 2019
vité sportive hebdomadaire, de préférence en extérieur
pour profiter du soleil, et de bien dormir. En complé-
ment, les séances de luminothérapie, chez soi ou chez
un praticien ont prouvé leur efficacité contre la déprime.

À FAIRE SOI-MÊME 15 x 23 cm
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Les huiles essentielles bonnes pour le moral 18 €
L’huile essentielle de bergamote stimule la confiance
en soi et l’optimisme. Garder un flacon sur soi et le
PHOTOS : SHUTTERSTOCK - PAULA FRENCH / #SPOOKYWER TWITTER

respirer aussi souvent que besoin, ou déposer une

goutte sur le plexus solaire et le masser dans le sens
des aiguilles d’une montre en se centrant sur sa respi-
ration. L’huile essentielle de niaouli est un bon complé-
ment : déposer une goutte à l’intérieur du poignet. En-
fin, vos meilleures alliées, avant de vous coucher,
seront : la mandarine, l’orange douce et le petit grain
bigaradier, à utiliser en diffusion.

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 Nouvelle Terre Santé
LA SCIENCE AVANCE
La fin de la ET ÇA MARCHE
chimiothérapie ?
Des chercheurs américains ont Médecines main
dans la main ?
trouvé un moyen de pousser
les cellules cancéreuses… au
suicide ! Cette capacité, dont

chacune de nos cellules est
dotée, est appelée apoptose,
mais les cellules cancéreuses
ont acquis par mutation
l’incapacité à l’enclencher.
Des chercheurs ont eu l’idée
d’apporter directement des
ARN interférents permettant de
réactiver l’apoptose des cellules
cancéreuses. ●
ESPOIR
Notre deuxième
cerveau, roi
du nettoyage
Les neurones qui contrôlent
notre système digestif, appelé
« système nerveux entérique »,
sont presque entièrement
remplacés toutes les deux
semaines. C’est ce que suggère
une étude américaine menée sur
des souris et dont les résultats
ont été présentés en novembre.
Ce mécanisme, lorsqu’il est
défaillant, pourrait expliquer la
maladie de Parkinson, d’après les
chercheurs. ●
E
n Australie, dans certains
hôpitaux, la médecine allo-
pathique côtoie désormais le
savoir-faire immémorial des
guérisseurs aborigènes, les Ngangka-
ris. Ces derniers, dont la tradition est
vieille de 60 000 ans, sont des membres
hautement considérés au sein des com-
munautés, souvent consultés priori-
tairement. Dix-huit guérisseurs « offi-
ciels » se sont regroupés au sein d’une
association, appelée ANTAC, pour pro-
poser leurs soins au sein d’hôpitaux du
pays. Ainsi, le Royal Adelaide Hospi-
tal et plusieurs établissements ruraux
offrent à la demande et en complément
d’un traitement allopathique des mas-
sages, cérémonies avec fumigations, ri-
tuels de réalignement de l’esprit… En
quelques mois seulement, les résultats
sont très encourageants : d’après la pré-
sidente de l’association, les rituels ont
montré leurs effets bénéfiques, tout
particulièrement sur la gestion de la
douleur. Le taux de fréquentation des
hôpitaux a aussi nettement augmenté,
permettant à la communauté indigène
de trouver un espace culturellement
plus familier et de bénéficier ainsi des
avancées de la médecine convention-
nelle. Cette initiative est par ailleurs
soutenue par de nombreux profes-
sionnels, car elle pourrait réduire les
risques de dérives liées aux pratiques
alternatives et au manque de formation
de certains thérapeutes. En France, des
guérisseurs sont déjà officieusement re-
commandés dans certains cas de figure,
notamment les coupeurs de feu pour
les patients atteints de cancer. À quand
une officialisation, chez nous, de pra-
tiques complémentaires ? ●

DRÔLES DE BÊTES
L’animal, un
empathe comme
les autres ?
Sensibilité au stress des autres,
entraide… Et si l’empathie
n’était pas l’apanage des êtres
humains ? C’est ce qu’ont
démontré de récentes études.
Ainsi, les rats viennent en aide à
leurs congénères en difficulté, les
poissons sont dotés d’une forme
primitive d’empathie, les poules
sont sensibles à la détresse
de leurs petits, les mandarins
ressentent le même stress
que leur partenaire… De quoi
s’interroger sur des pratiques
d’élevage qui concentrent les
animaux en souffrance. ●

16 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

 UNE HISTOIRE VRAIE
Agenda
Printemps QUI A DÉJÀ BOULEVERSÉ
2018 ✔ DES MILLIERS DE LECTEURS

« Une chose est sûre, vous allez

25
JANVIER
Grande Halle de La Villette
Salon des thérapies être secoué, bousculé, renversé,
Jusqu’au 28 janvier 2019
Le Salon des thérapies est le premier événement en
bringuebalé. Alors, enfoncez-vous
France qui réunit des thérapeutes engagés au service bien dans votre fauteuil, attachez
de l’épanouissement individuel et collectif. Quatre
jours pour comprendre, découvrir, expérimenter et
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l’intuition, la conscience. Infos : salondestherapies.fr
vous pour le départ ! Maintenant
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tournez la page et, surtout, ouvrez
Toulouse
bien les yeux dans la descente.
02
MARS
Symposium
Sciences & Spiritualités
INREES
Voilà c’est parti... »
Venez découvrir, lors de cette demi-journée
GABRIEL ALEXANDER
exceptionnelle, les résultats des recherches des
grands noms des domaines de l’extraordinaire : Jean-
Jacques Charbonier, Thierry Janssen, Romuald
Leterrier, Marc Henry, Corine Sombrun et Francis
Taulelle. Une nouvelle réalité, où science et
spiritualité se rejoignent, n’a jamais été aussi proche !
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sciences-et-spiritualites

06
AVRIL
Au Grand Rex de Paris
Les mystérieux pouvoirs
de l’esprit humain
Le plus grand colloque dédié à la conscience jamais
organisé en France rassemblera 12 intervenants
prestigieux qui nous dévoileront, à l’instar du
philosophe Frédéric Lenoir, les capacités mystérieuses
de l’esprit humain.
Infos : www.lesmysterieuxpouvoirs.com/#evenement

Exposition Petit Palais

11
DÉC.
Fernand Khnopff,
le maître de l’énigme
Jusqu’au 17 mars 2019
PHOTOS : SHUTTERSTOCK - CHAMELEONSEYE

Cette exposition rassemble une centaine de pièces

emblématiques de l’esthétique complexe de Fernand
Taille à 100 %
Khnopff, peintre, dessinateur, graveur, sculpteur et
metteur en scène de son œuvre. L’artiste joue avec 978-2-7029-1494-6
les thèmes, du portrait aux souvenirs oniriques, du 19,90€
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réflexion sur l’identité.
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DIFFUSION
DISTRIBUTION DILISCO LE COURRIER
DU LIVRE
 Nouvelle Terre Laboratoire

MYSTÈRE
Oumuamua,
vaisseau
extraterrestre ?
En décembre 2017, un mystérieux
objet est passé à proximité du Soleil.
Avançant à grande vitesse, avec une
trajectoire inhabituelle, de forme
oblongue, ses caractéristiques le
distinguent des astéroïdes et des
comètes. Des chercheurs d’Harvard
ont proposé l’hypothèse qu’il
s’agirait d’un vaisseau extraterrestre
envoyé à notre rencontre. Si l’idée
a déclenché un tollé auprès de la
communauté scientifique, personne
à ce jour, ne sait vraiment ce qu’est
Oumuamua… ●

PRÈS DE CHEZ NOUS

Deux lunes
supplémentaires LA SCIENCE AVANCE
autour de
la Terre ?
Se pourrait-il que la Terre De nouvelles planètes
dans notre système ?
possède 2 autres lunes ? D’après
des scientifiques hongrois, les
phénomènes observés seraient
en réalité des « lunes fantômes »,
constituées d’un amas de poussière.

Ces curiosités, qui échappaient aux
astronomes depuis plus d’un demi-
siècle, seraient en outre 30 fois plus
grandes que la Lune et graviteraient
à 400 000 km au-dessus de nos têtes,
soit la même orbite que la Lune. ●
À MÉDITER
Un trou noir,
c’est troublant
Une explosion stellaire spectaculaire
intrigue fortement le monde de
l’astronomie depuis plusieurs mois.
L’événement, connu sous le nom de
« vache », a été observé en juin 2018 :
un objet lointain et extrêmement
lumineux a attiré l’attention et il
ne s’agissait pas d’une supernova
ordinaire. Il s’agirait peut-être de
l’apparition d’une étoile à neutrons,
qui naît lorsque des étoiles massives
atteignent la fin de leur vie. ●
D
epuis de nombreuses années,
les astrophysiciens sont à la
recherche d’une neuvième
planète, la planète X, qui
ferait partie de notre système solaire.
Placée après Pluton, d’ailleurs rétro-
gradée au rang de planète naine depuis
2006, elle est pour le moment suppo-
sée. Nommée Nibiru*, on en spécule
l’existence afin d’expliquer un certain
nombre d’anomalies constatées dans
les confins de notre système solaire.
Cependant, une autre planète naine
viendrait d’être découverte après Plu-
ton, par l’équipe de Scott Shepard, de
l’institut Carnegie de Washington aux
États-Unis. Appelée The Goblin, elle
ferait partie d’un ensemble de corps
en rotation qui laisseraient supposer
la présence de cette fameuse planète
X. The Goblin, scientifiquement nu-
mérotée 2015 TG387, aurait une or-
bite particulièrement allongée. Elle
se situerait donc à l’extrême limite de
notre système solaire, dans le nuage
d’Oort, au-delà de la ceinture de Kui-
per, qui est la dernière ceinture d’as-
téroïdes de notre système. The Goblin
serait un bloc glacé d’environ 300 km
de diamètre, dont l’éloignement par
rapport au soleil serait de 2,5 à 60 fois
plus important que celui de Pluton.
Cette nouvelle planète naine semble,
enfin, affectée par un élément beaucoup
plus gros qu’elle : la fameuse planète X ?
Si l’existence de ces deux planètes venait
à être définitivement confirmée, les li-
mites de notre système solaire pourraient
alors être entièrement redéfinies.  ●
* À lire dans le prochain Inexploré, sortie
prévue pour le printemps, un article
consacré à Nibiru.

18 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

 DEUX ROMANS FEEL GOOD
À (S’)OFFRIR POUR NOËL
ESPOIR
Des innovations qui roulent
Imaginez un pneu sans jantes, sans chambre à air,
presque inusable, et fait de végétaux… Il s’agit du 224 pages
prototype développé par Michelin. Ce bel exemple de
biomimétisme, inspiré des coraux, devrait permettre de 14,90€
réduire la pollution engendrée par les milliards de pneus
produits annuellement et par les microparticules émises
par leur usure. Le prototype est fait d’une structure
souple, sans chambre à air, mais résistante au poids
d’un véhicule. Il est obtenu à partir de bois, papier,
bambou, peau d’orange, et de plastique recyclé pour la
structure interne. Entre autres innovations, la voiture
à hydrogène est désormais disponible sur le marché. Si
elle a l’avantage de proposer une autonomie deux fois
supérieure à la voiture électrique, est-elle vraiment
écologique ? L’hydrogène n’émet pas directement de
polluants mais, seul bémol, sa production reste très
coûteuse en énergie électrique. ●

128 pages
12,90€
PHOTOS : SHUTTERSTOCK - VALLAV - HAZE_K_COTTMIW

DRÔLES DE BÊTES
Multitâche, la coccinelle
La coccinelle Arlequin, originaire d’Asie, peut arborer
jusqu’à 200 formes de tâches différentes. D’après
des chercheurs de l’INRA et du CNRS, elle doit cette
particularité à un seul gène, « activé pendant le
développement des coccinelles, et notamment dans les
élytres [ailes antérieures, NDLR], au moment de leur
formation », décrivent les chercheurs. Ainsi, l’endroit où
le gène s’active sur l’aile de la jeune coccinelle annonce la
formation de la future pigmentation noire… ●

www.editions-jouvence.com
 Nouvelle Terre
MYSTÈRE
Une pyramide
bretonne ?
À une vingtaine de mètres sous
les fonds du littoral breton,
un plongeur aurait découvert
un intrigant mégalithe : une
pyramide, semblant faite de
granit et mesurant 1,70 mètre.
Située dans une région riche
en mégalithes, à une dizaine
de kilomètres seulement de
Carnac, son emplacement
inhabituel, à très grande
profondeur, intrigue. Pourrait-
elle remettre en question
nos connaissances sur ses
bâtisseurs ? À ce jour, aucune
recherche officielle n’a été
entamée… ●
À MÉDITER
Eau douce
Les dernières spéculations
sur la disposition des statues
Rapa Nui de l’Île de Pâques
concerneraient l’étude des
circulations d’eau douce. En
effet, sur cette île sans rivière,
les habitants ayant construit
les mystérieuses statues
devaient bien s’abreuver. Or,
il semblerait que des sorties
d’eau douce aient été trouvées
sur certaines côtes. Les statues
seraient des indicateurs de
sources souterraines... ●
20 Inexploré - N°41 - HIVER 2019
Histoire
LA SCIENCE AVANCE
La momie d’Atacama
révèle enfin ses secrets
E
n 2003, les restes naturelle-
ment momifiés d’un bébé
prénommé Ata ont été mis au
jour dans le désert d’Ataca-
ma, au Chili. Du haut de ses 15 cen-
timètres, avec une tête conique, des os
étonnamment solides pour sa taille et
10 paires de côtes au lieu de 12, beau-
coup se demandèrent s’il pouvait s’agir
d’un extraterrestre. Après des années
de suspense, une étude publiée dans
Genome Research réfute non seule-
ment la théorie extraterrestre, mais
donne des éléments d’explication sur
le processus de momification. Un ra-
diologue avait estimé que les os d’Ata
étaient à peu près aussi mûrs que ceux
d’un enfant de six ans. Mais il s’agi-
rait en réalité d’un fœtus mort-né, ou
mort peu après la naissance. En 2013,
l’étude de son matériel génétique a
permis de confirmer que le corps était
bien celui d’un être humain. Comment
Légende
au Ebis dempore,
offic tem aut quam
alic temperest,
sus et as reptat
erum eatiorem alit
pligeni hillacc
expliquer alors la taille de la momie et
la forme de son crâne ? Des chercheurs
en génétique ont déterminé que des
mutations sont présentes dans sept
des gènes d’Ata, tous relatifs à la crois-
sance humaine. Cette combinaison de
mutations aurait donc causé des ano-
PHOTO : SHUTTERSTOCK - F11 PHOTO / OUEST FRANCE / NATIONAL GEOGRAPHIC
malies squelettiques. Habituellement,
une seule de ces mutations est facteur
de maladie chez l’enfant. Un tel cas est
quasiment inédit. Le squelette a été
si bien préservé qu’il est difficile de le
dater. Des scientifiques avancent que
la momie aurait vécu après les années
1500 et la colonisation du Chili, car
des origines européennes ont été dé-
tectées dans ses gènes. La médecine
pourrait étonnamment bénéficier de
la recherche sur Ata : en étudiant la
croissance prématurée de ses os, il se-
rait possible de trouver le moyen d’ac-
célérer le rétablissement des patients
souffrant de fractures. ●
 Nouvelle Terre Initiatives

ESPOIR
Alerte nucléaire :
la plateforme
Désormais, les lanceurs d’alerte
pourront dénoncer toute anomalie
en matière de nucléaire, avec
une garantie de confidentialité.
L’initiative vient de l’Autorité de
sûreté nucléaire. En 2018, une
dizaine d’alertes reçues par le
gendarme du nucléaire ont donné
lieu à des inspections et permis
de découvrir des anomalies ou des
fraudes. Chaque alerte sera étudiée
par une commission de spécialistes
en la matière, qui décidera de la
suite à donner. ●

À MÉDITER
Un label contre
l’obsolescence
programmée
Pour lutter contre l’obsolescence C’EST POUR DEMAIN
programmée, un enjeu écologique

Les énergies
majeur, une entreprise toulousaine
a eu l’idée de créer le premier label
européen, baptisé « LongTime ».

de demain
Afin d’informer les consommateurs
sur la durabilité du produit, le label
prend en compte 40 critères axés
sur la robustesse, la réparabilité

et les garanties liées au service
après-vente. Actuellement en levée
de fonds, la société devrait finaliser
son projet et le déployer en 2019. ●
PRÈS DE CHEZ VOUS
De l’eau
de source
parisienne
Saviez-vous que de l’eau de source,
gratuite et accessible, coule dans
Paris ? La ville compte en effet
trois fontaines (dans les 13e, 16e
et 18e), directement reliées à la
nappe souterraine de l’Albien, qui
s’étend sur plus de 100 000 km2,
soit environ 700 milliards de m3
d’eau ! À environ 600 mètres de
profondeur, elle est protégée des
pollutions de surface. L’entreprise
Eau de Paris prévient toutefois que,
cette eau étant vivante, il faut la
consommer dans les 24 heures. ●
U
ne gestion durable et propre
de l’énergie est un enjeu
majeur de la transition. Et
en la matière, des idées pro-
metteuses voient le jour. À Paris, des
logements sociaux du 4e arrondisse-
ment sont désormais chauffés grâce au
métro. L’air chaud des souterrains est
filtré, puis acheminé vers une pompe à
chaleur dans le sous-sol de l’immeuble.
Cela permettrait de couvrir 35 % des
besoins en chauffage de l’immeuble et
de réaliser une économie de charges
de 70 euros par an et par logement.
Quant à la piscine municipale du
14 e arrondissement, ses bassins et
douches sont chauffés grâce à un méca-
nisme de captation de la chaleur prove-
nant des eaux des égouts, où la tempé-
rature oscille entre 13°C et 20°C… En-
fin, à Bordeaux, une résidence sociale
du quartier du Grand-Parc va bénéficier
du chauffage gratuitement, grâce à des
radiateurs-ordinateurs. Une entreprise
a développé ce modèle de mini data
centers, permettant de se passer d’un
système de climatisation pour refroidir
les centres de données.
Le solaire est lui aussi une excellente
source d’énergie renouvelable, mais
difficile à stocker à long terme. Pour
y remédier, des chercheurs ont mis au
point un fluide moléculaire capable de
le stocker pendant 18 ans et de le res-
tituer à la demande, pouvant contenir
250 wattheures d’énergie par kilo. Le
fluide est fait d’une molécule dont les
atomes, lorsqu’ils sont en contact avec
la lumière du soleil, sont réarrangées et
se transforment en une nouvelle version
énergétique (un isomère). Pour accéder
à l’énergie stockée, il est passé à travers
un catalyseur… La technologie pour-
rait être commercialisée d’ici 10 ans. ●

22 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

 ROMUALD LETERRIER
& JOCELIN MORISSON
Préface de Philippe Guillemant
C’EST POUR DEMAIN
La Norvège souhaite
nettoyer les océans
Lors du dernier festival Global Citizen, qui a eu lieu en
UNE APPROCHE
septembre à New York, la première ministre norvégienne
a annoncé un investissement de 200 millions de dollars
de la part de son pays, afin de procéder au nettoyage
RÉVOLUTIONNAIRE
des océans de la planète. Elle a invité tous les pays à
l’imiter, faisant ainsi de la Norvège le leader international
en matière de protection des océans. Une initiative rare
pour se libérer du
pour un pays développé. Par ailleurs, la première ministre
a également promis 15 millions de dollars au nouveau
fonds Problue de la Banque mondiale, fonds qui sera
temps et orienter
amené à soutenir la pêche durable et la lutte contre la
pollution marine. Il est vrai que la Norvège a tout à y
son futur !
gagner, puisque deux tiers de ses recettes d’exportation
proviennent des activités océaniques et côtières, le pays
étant pourvu d’un très grand littoral. ●
PARUTION FÉVRIER 2019

ESPOIR
Une association achète
des terres
L’Association ASPAS a pour but de protéger la nature.
Pour cela, elle vient de se porter acquéreuse de près de
500 hectares dans le Vercors, afin d’y créer une réserve
PHOTOS : SHUTTERSTOCK ADISA - WORLDROADTRIP

naturelle. Est-ce à dire que le gouvernement ne suffit pas

à le faire ? Moins de 1 % du territoire national bénéficie
d’une protection réelle en faveur de la nature. Même dans
les territoires dits « protégés », la chasse est souvent
autorisée et le déclin de la biodiversité est l’un des plus SE SOUVENIR DU FUTUR
élevés d’Europe ! Sur les terres de l’ASPAS, appelées
« réserves de vie sauvage », la biodiversité est vraiment GUIDER SON AVENIR
privilégiée, les habitats des animaux préservés et aucun PAR LES SYNCHRONICITÉS
appauvrissement, ni d’espèces ni de sol, n’est constaté.
Le projet, qui existe grâce aux dons participatifs, a permis 978-2-8132-1909-1
l’acquisition de cinq réserves en France. 19€
www.aspas-nature.org ●

DIFFUSION
DISTRIBUTION DILISCO
 Nouvelle Terre Réflexions

INSOLITE
Enterrés pour
revivre
En Ukraine, un psychologue
original a décidé de proposer
à ses patients de les enterrer
vivants, pour « leur redonner
le goût de vivre. » Andrey
Zhelvetro creuse alors une
tombe, y place un cercueil, puis
invite ses patients à demeurer
allongés sous terre pendant
deux heures. On ignore si cela
fonctionne, mais la police est
intervenue... ●

LE CHIFFRE

21 000 tonnes
C’est la quantité de plomb issu LA SCIENCE AVANCE
des cartouches de fusil des
chasseurs qui est déversée

Le come-back
dans la nature chaque année
en France. ●

À MÉDITER du mammouth ?

Empreinte
forestière
Chaque année en France,
chaque Français détruit
ou déboise en moyenne
352 mètres carrés de forêt, soit
en tout 2,4 millions d’hectares
qui partent en fumée. Pour
sensibiliser les consommateurs
pas toujours conscients
des répercussions de leurs
habitudes sur l’environnement,
l’association Envol vert s’est
associée au WWF pour calculer
l’indice de destruction et
créer « l’empreinte forêt »,
qui permettra à chacun de se
responsabiliser en calculant
son impact personnel. Car ce
n’est pas que le papier qui
détruit les forêts !
Calculez votre empreinte :
www.empreinte-foret.org/
quizz/ ●
E
t si le mammouth laineux
était ressuscité pour lut-
ter contre le réchauffement
climatique ? L’idée paraît
surréaliste et pose des questions
éthiques, mais le grand mammifère
pourrait bel et bien être ramené à la
vie grâce à son ADN. Pourquoi vou-
loir ressusciter cet animal disparu il
y a 4 000 ans ? La raison se trouve-
rait en Russie. D’après Ben Mezrich,
auteur du livre Woolly, La vraie his-
toire de la recherche pour relancer
l’une des espèces les plus iconiques de
l’histoire, « la toundra est une sorte de
bombe à retardement. (…) Et au fur
et à mesure que le monde se réchauffe,
le pergélisol fond et libère le CO2. »
D’après certains scientifiques, le fait de
réintroduire les animaux de l’époque
du pléistocène pourrait permettre de
réduire la température du pergélisol
jusqu’à 9,4°C. « Parce que les grands
herbivores encouragent la croissance
des graminées des steppes, qui à leur
tour ont un effet albédo élevé [NDLR :
pouvoir réfléchissant]. Ces graminées
de couleur claire reflètent la lumière
du soleil dans l’atmosphère comme un
miroir, réduisant la chaleur absorbée
dans la terre, les températures et donc
la fonte du pergélisol. » À l’inverse, ne
pourraient-ils pas déséquilibrer l’éco-
système en place ? Un tel prodige est
en tout cas réalisable, d’après les scien-
tifiques. En effet, 99 % du génome du
mammouth est similaire à celui de
l’éléphant d’Asie. Aussi, une fois les
gènes synthétisés, ils seraient placés
dans un embryon d’éléphant d’Asie.
La génitrice donnerait naissance à un
mammouth laineux… Leur objectif est
d’obtenir un premier bébé d’ici deux à
trois ans. ●

24 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

 Ils ont dit
ISABEL ALLENDE
Écrivaine
La connaissance sans
sagesse n’est d’une
grande utilité, et il n’est pas
de sagesses sans spiritualité. »

GLENN GOULD
Pianiste
La plupart du temps, PARUTION JANVIER 2019
on est tellement focalisé
sur ce qu’on croit vouloir ARLETTE TRIOLAIRE
qu’on ne voit pas à quel point
on est déjà heureux. » N’AYEZ
PLUS PEUR
DE LA MORT
PAULE SALOMON
COMMENT
Philosophe et thérapeute
PASSER EN PAIX
Le fusionnel est une D’UN MONDE
À L’AUTRE
folie et une sainteté, folie
de faire une personne avec deux, 978-2-8132-1900-8
sainteté de tendre à l’unité. » 19€

NICOLAS BOUVIER
Voyageur

Certains pensent
qu’ils font un voyage,
en fait c’est le voyage qui
vous fait ou vous défait. » PARUTION FÉVRIER 2019

JEAN CHRYSOSTOME PHILIPPE ROUX

Saint COMMENT
La cause de la plupart COMMUNIQUER
de nos désordres, AVEC LES
c’est l’indifférence où nous
DÉFUNTS
sommes sur les écarts réputés 6 MÉTHODES
PHOTOS : SHUTTERSTOCK - NICOLAS PRIMOLA / WIKIPEDIA

de peu de conséquence. » INNOVANTES

POUR SE
CONNECTER
AVEC L’AU-DELÀ
PHILIP ROTH
Écrivain 978-2-8132-1910-7
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Ne vous battez pas
contre vous-même.
Il y a déjà suffisamment de
cruauté dans le monde. »
DIFFUSION
DISTRIBUTION DILISCO
 PORTRAIT
HENRI LE SAUX
swami
DU MOINE AU
L
Au début du XXe siècle, un
moine chrétien parcourt
l’Inde et y découvre une
spiritualité ancestrale, qu’il
n’aura de cesse de mêler à
ses enseignements, dans
l’idée de dépasser les
différences et trouver son
« Graal intérieur ».
par Martino Nicoletti
e profond message évangélique peut-il
rencontrer et dialoguer avec les trésors du
millénaire mysticisme indien ? Existe-t-il un
langage spirituel commun à ces deux traditions
d’Occident et d’Orient, capable de permettre à
tout authentique chercheur d’atteindre le but ul-
time de sa quête intérieure ? Pour répondre à ces
questions, transportons-nous dans la Bretagne des
premières décennies du siècle passé et atterrissons
dans l’abbaye bénédictine centenaire de Sainte-An-
ne de Kergonan, dans le Morbihan, à quelques ki-
lomètres seulement de Carnac et de la presqu’île
de Quiberon. C’est ici que nous rencontrons, en
1935, le jeune moine et prêtre catholique Henri
Le Saux. Un homme vivace, résolu et énergique,
plongé dans le rêve de pouvoir donner une forme
concrète à sa vocation de témoin du Christ. Il dé-
cide de partir en Inde : un désir profond dans le-
quel se mêlent son expérience contemplative chré-
tienne et la fascination pour la spiritualité de ce
monde lointain et envoûtant.
 
C’était comme l’âme
même de l’Inde qui
perçait jusqu’au plus
intime de mon âme
à moi.


Un voyage initiatique
En 1948, grâce à son contact le prêtre Jules
Monchanin, qui se trouve déjà en Inde
depuis quelques années, Henri obtient
l’autorisation de se rendre au Tamil
Nadu, dans le sud, prêt à se lan- Pour le moine
cer dans son œuvre missionnaire
de conversion des populations
breton, c’est le
locales. Au bout de très peu de début d’une
temps, malgré ses intentions profonde et souvent
premières, Henri commence à déchirante quête d’ermitage solitaire. Ramana,
prendre conscience que l’uni- considéré unanimement au-
vers spirituel et humain auquel il intérieure. jourd’hui comme l’une des plus
était venu annoncer la Révélation importantes personnalités spiri-
est en réalité beaucoup plus dense et tuelles du XXe siècle, touche profon-
profond que ce qu’il pouvait imaginer et dément le cœur de Le Saux avec très
comprendre à la lumière de la seule lecture des peu de paroles et grâce à sa seule présence
anciens ouvrages philosophiques de la silencieuse rayonnante. Comme il le raconte dans son ouvrage
bibliothèque de son monastère breton. C’est en Souvenirs d’Arunachala : « Avant même que ma pen-
1949, au cours d’un pèlerinage dans la montagne sée n’ait pu le reconnaître, ni surtout l’exprimer, l’au- À
d’Arunachala, que cette impression devient une réole intime de ce Sage avait été perçue par quelque LIRE
certitude. En visitant ce lieu, qui pour les hindous chose en moi, au plus profond de moi-même […].
représente la manifestation visible du tout-puissant Dans ce Sage unique de l’Inde éternelle qui m’ap-
dieu Shiva, Le Saux est foudroyé. La simplicité de paraissait, c’était la lignée jamais interrompue de ses
cette montagne qui se lève, solitaire dans les plaines sages, de ses renonçants, de ses voyants, c’était comme
ardentes, juste à côté de la ville de Tiruvannamalai, l’âme même de l’Inde qui perçait jusqu’au plus intime
lui apporte la certitude de reconnaître le profil du de mon âme à moi et entrait avec elle en commu-
Christ : « son » Christ, ici en Inde, sous l’aspect nion mystérieuse. C’était un appel qui déchirait tout, La montée au
PHOTO : ODETTE BAUMER

d’une montagne faite de roche sombre et consacrée qui fendait tout, qui ouvrait tout grand un abîme. » fond du cœur
au dieu Shiva ! Ce bouleversant pèlerinage offre Au-delà de toute prévision, ces expériences – ain- Henri Le Saux
Éd. François-
également à Le Saux le privilège rare de rencon- si que la rencontre directe avec le noyau spirituel Xavier de
trer le grand maître Sri Ramana Maharshi, qui de- de l’Inde – percent son esprit, le séduisent intime- Guibert,
puis des années a choisi l’Arunachala comme lieu ment, pour finalement s’emparer complète- FF F 1990, 28,70 €

HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 27

 PORTRAIT
HENRI LE SAUX

FF F ment de lui. Pour le moine breton, c’est le

début d’une profonde et souvent déchirante quête
intérieure, qui sans jamais lui faire abandonner
ses racines chrétiennes, le « poussera » à prendre
les vœux hindous de « renonçant » (sannyasin). Il
reçoit un nouveau nom spirituel, celui de Swami
Abhishiktananda, « celui dont la béatitude est le
Christ ». Intensifiant son apprentissage des lan-
gues sacrées de l’Inde, il se consacre avec une dé-

PHOTO : MARTINO NICOLETTI

votion et un transport uniques à l’étude des textes
anciens de l’hindouisme. Ce sont surtout
les puissantes et sublimes Upanishad
qui le charment avec une force rare ;
elles annoncent l’unité de tout ce Ce sont
DR

qui existe ainsi que l’inséparabi- surtout les

puissantes et
lité profonde entre l’atman et
le brahman, entre « l’âme » hu-
maine et la « Source » divine et sublimes Upanishad
infinie qui est à son origine. qui le charment
Un ashram chrétien ? avec une force
Suivant la vague de cet enthou- rare.
siasme et dans le désir explicite d’al-
lier l’expérience monastique et contem-
plative chrétienne à la vie d’un ashram in-
dien traditionnel, Le Saux fonde en 1950, en
compagnie de Jules Monchanin, « Shantivanam,
le bois de la paix ». C’est à partir de ce lieu de re-
traite et de prière intime et reculé, plongé dans la
dense forêt tropicale au bord des rives du fleuve
sacré Kaveri, que Le Saux commence son activité

de missionnaire, dans l’espoir d’arriver à créer les
Trouver un équilibre
permettant à sa part
chrétienne, profondément
occidentale, et à son âme
indienne de s’harmoniser.
L’ashram
Santivanam,
encore actif
aujourd’hui.
bases concrètes d’un véritable
dialogue interreligieux entre
christianisme et hindouisme. C’est
une expérience encore inconcevable
pour l’époque et qui, de manière surprenante,
anticipe de plusieurs années les ouvertures offi-
cielles de l’Église catholique en matière de dia-
logue interreligieux, inauguré avec le Concile
Vatican  II. Le visiteur qui se rend aujourd’hui
à l’ashram de Shantivanam, caché à l’abri d’une
luxuriante végétation tropicale accueillant une
petite communauté de moines pour la plupart
d’origine indienne et appartenant à l’ordre des
Camaldules, peut encore ressentir l’empreinte
profonde d’Henri Le Saux. Comme le rap-
pelle Doratik, moine y résidant  : «  La création À
de Saccidananda [l’autre nom de Shantivanam, LIRE
NDLR] fut une expérience vraiment unique, re-
présentant l’essai de créer concrètement un pont
entre l’expérience des moines bénédictins d’Occi-
dent et celle millénaire des sannyasin, c’est-à-dire
des renonçants hindous. Deux formes de spiritua-
lité vouées à la vie contemplative et à la recherche
de l’Absolu. Pour cette raison, l’ashram est dédié au Henri Le Saux
saccidananda. Ce terme qui, dans les Upanishad, Le passeur entre
se réfère aux trois aspects de la Réalité suprême, deux rives


Marie-
à savoir Être (sat), Conscience (cit) et Béatitude Madeleine Davy
(ananda), renvoie ici aux trois personnes de la Tri- Éd. Albin Michel,
nité. De plus, comme le rappelle le nom même de 1997, 8,50 €

28 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

ce lieu, “Le bois de la paix”, le projet de Le Saux
répondait au désir de créer un abri de paix et de
silence où permettre la rencontre avec Dieu  ; un
endroit offrant la possibilité de trouver notre har-
monie intérieure. » La marque de ce double hé-
ritage et du respect profond pour la culture hin-
doue est en effet présente partout : au centre de
la croix celtique se trouve le symbole de la syllabe
sacrée indienne Om ; dans l’église de l’ashram se
mêlent en un seul ensemble, éléments architec-
toniques de la tradition occidentale chrétienne et
temples du Tamil Nadu. Cette même harmonie
est présente dans la vie rituelle de la communau-
té des moines : dans les éléments de la liturgie
de la messe qui, sans voiler le sens profond des
rites catholiques, s’enrichissent de la récitation
des parties de la Bhagavad-Gita sacrée ou des
Upanishad  ; dans l’usage de symboles typique-
ment hindou comme l’offre des cinq éléments
cosmiques (espace, terre, eau, air et feu), ainsi
que dans l’utilisation rituelle de la pâte parfumée
de santal, symbole de la divinité et de sa grâce,
appliquée sur le front des fidèles. Doratik, conti-
nuant à illustrer la particularité de la vocation de
l’ashram, souligne qu’en Inde, « dès qu’un enfant
vient au monde, il ressent spontanément la présence
divine en toute chose. Il n’a pas besoin de “croire” :
il respire cette présence. Le Saux avait clairement
perçu cela. Il avait aussi compris que dans toute
religion se trouvent des graines authentiques de la
présence de Dieu. La vérité est disséminée partout.
C’est pour cela qu’être missionnaire signifiait, pour
lui, simplement reconnaître cette présence divine
dans l’autre et permettre qu’elle se développe à la
lumière du Christ. C’est cela qui a été sa grande
originalité. Au-delà de Saccidananda, il ne faut
toutefois pas oublier que son approche de la spi-
ritualité était toujours très pratique et fondée sur
l’expérience. La nature de Le Saux était celle d’un
véritable “itinérant”. Un homme toujours à la re-
cherche, toujours en mouvement. »
Repartir sur les routes
En effet, comme le rappellent ses écrits auto-
biographiques, Le Saux savait que son chemin
ne s’arrêterait pas uniquement à l’expérience de
Shantivanam. Il sentait qu’il devait continuer
sa quête intérieure personnelle à tout prix afin
de satisfaire sa profonde soif d’infini et trouver
un équilibre permettant à sa part chrétienne,
Le mantra
de Gnânânanda
Le chemin d’Henri Le Saux est celui de
l’introspection profonde et de la rencontre avec le
noyau de sa propre âme. Comme le rappelait son
maître Gnânânanda :
« Rentre en toi au lieu où il n’y a rien
et prends garde au fait que rien n’y vienne.
Pénètre au-dedans de toi
jusqu’au lieu où nulle pensée n’est plus,
et prends garde que nulle pensée ne s’y lève !
Là où rien n’est,
le Plein !
Là où rien n’est vu,
Vision de l’Être !
Là où rien n’apparaît plus,
Apparition du Soi ! Dhyâna, c’est cela ! »
profondément occidentale, et à son âme in-
dienne de s’harmoniser et de coopérer sans au-
cun conflit, contradiction ou, pire, sans aucune
crainte de trahison. L’Évangile à la main et ha-
billé de la couleur safran des sannyasin, Le Saux,
tel un ermite itinérant et solitaire, commence
alors à visiter de nombreux monastères, ashrams
et lieux sacrés au pied de l’Himalaya, à habiter
dans les grottes de méditation où les sages du
passé avaient atteint l’illumination, afin de prati-
quer la prière chrétienne et la méditation advaita
(nondualiste) dans la solitude et la simplicité les
plus grandes. Il vécut ainsi jusqu’à la fin de sa vie.
Au cours de ses pérégrinations, la rencontre avec
un autre grand maître spirituel de l’Inde, le sage
Gnânânanda, lui offrit les clés d’accès au mystère
des mystères, celui de l’expérience totale non
duelle du divin. C’est ici que s’achève la parabole
entière de l’itinéraire intérieur du moine breton
Henri Le Saux, le sannyasin hindou Swami Ab-
hishiktananda  : deux âmes et deux cultures en
une seule personne ; une véritable et courageuse
plongée dans les abîmes de sa propre âme, afin
de trouver la lumineuse route pour atteindre ce
que lui-même appellera « le Graal intérieur » ! ●
HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 29
 Sciences EMI
Mort
imminente,
expérience
psychédélique
Une récente étude scientifique souligne les similitudes entre les
p
expériences spontanées de mort imminente et les effets d’un psychotrope
nommé diméthyltryptamine (DMT). Qu’en conclure ? Par Réjane Éreau
renez treize personnes en bonne santé,
n’ayant jamais pris de psychédélique et
administrez-leur 7 à 20  milligrammes
de diméthyltryptamine, ou DMT. Que
se passe-t-il ? L’étude, publiée en août
2018, a été menée par des chercheurs de
l’Imperial College de Londres. Objectif :
comparer le vécu sous DMT aux expériences de
mort imminente (EMI).
Est-il encore besoin de présenter celles-ci ? À la sortie
d’un accident, d’un coma ou d’un arrêt cardiaque,
des personnes témoignent avoir pénétré un espace
de conscience incluant un sentiment de décorpora-
tion, la vision d’un tunnel, une intense lumière et la
rencontre de défunts ou d’êtres spirituels.
La DMT est la substance psychoactive de
l’ayahuasca, une infusion de plantes chamaniques
À
LIRE
d’Amérique latine. Son absorption peut entraî-
ner des visions, ainsi que la sensation de pénétrer
d’autres mondes. Dans cette étude, les participants
ont décrit ce qu’ils ressentaient, d’abord après in-
jection d’un placebo, puis après administration
de la DMT. Dans les deux cas, ils ont répondu à
un questionnaire comprenant des items tels que :
Mort ou pas ? « Avez-revu des scènes de votre passé ? », « Avez-
Dr Pim Van
Lommel
vous vu une lumière brillante, ou vous êtes-vous
InterEditions, senti(e) entouré(e) par elle ? », « Avez-vous éprouvé
2015, 26,50 € une sensation d’harmonie ou d’unité avec l’Uni-
30 Inexploré - N°41 - HIVER 2019
vers ? » Ce questionnaire établit une valeur seuil
qui, lorsqu’elle est dépassée, atteste d’une EMI.
Après injection de la DMT, tous les participants
l’ont franchie. Faut-il en conclure que la DMT
joue un rôle dans les EMI ?
Quelles comparaisons ?
Selon le Dr Pim Van Lommel, spécialiste des EMI,
cette étude est intéressante, mais elle ne tient pas
compte de recherches antérieures. «  Ses éléments
sont moins riches que ceux des véritables EMI  »,
pointe-t-il, soulignant l’absence de «  sorties hors
du corps avec perceptions extrasensorielles », de « pré-
cognition d’événements futurs », d’accélération des
pensées, de vision de défunts et d’arrivée à un point
de non-retour.
Les chercheurs ont bien noté des variations – sous
DMT, l’impression d’entrer dans une réalité surna-
turelle est plus vive, alors que celle d’arriver à un
point de non-retour est plus forte dans les EMI vé-
ritables –, mais ils les attribuent à une différence de
contexte, ainsi qu’aux dispositions psychologiques
de chacun à lâcher prise, à se centrer sur son intério-
rité ou à croire à l’au-delà. Pour Pim Van Lommel,
ces distinctions sont pourtant essentielles  ; elles
doivent inciter à ne pas amalgamer les phénomènes.
On sait aujourd’hui que des gens vivent des EMI
alors que leur cerveau est en parfait état de marche,
 EMI Sciences


Sous DMT,
l’impression d’entrer
dans une réalité
surnaturelle
est plus vive.

ou au contraire à l’arrêt. « Certains en font l’expé-
rience en méditation, devant un coucher de soleil ou
en faisant l’amour », détaille le Dr Jean-Pierre Jour-
dan, responsable de IANDS France(1). Pim Van
Lommel évoque quatre études menées auprès de
562  survivants à un arrêt cardiaque. Alors qu’ils
n’étaient plus censés pouvoir vivre d’expériences
subjectives, ils ont fait part à leur réveil de percep-
tions qui se sont avérées exactes, survenues à un
moment où leur cerveau était non fonctionnel et
leur électroencéphalogramme linéaire. Le phéno-
mène serait-il donc indépendant de l’état physio-
logique du cerveau ?
Quelles manifestations physiologiques ?
« Cette étude aborde l’une des questions les plus dif-
ficiles qui soit, à savoir ce qui se passe dans nos têtes !
commente l’anthropologue Jeremy Narby, spé-
cialiste du chamanisme. Les hallucinogènes comme
PHOTO : SHUTTERSTOCK - SEBESTYEN BALINT

(1) Association
internationale pour
fabrique de la DMT, mais en infime quantité. La
l’étude des états proches substance est aussi présente ailleurs dans l’orga-
de la mort. Elle assiste
les personnes ayant vécu
nisme, «  productible par transformation de l’acide
une EMI, diffuse de aminé tryptophane », mais à des seuils « cent ou mille
l’information et participe
à des recherches. fois inférieurs » à la dose nécessaire pour induire des
www.iands-france.org visions chez l’humain.
En 1954, dans Les portes de la perception, le ro-
mancier Aldous Huxley suggérait que les psyché-
déliques ouvraient dans le cerveau une « valve »
qui limite normalement nos perceptions. «  Des
études tendent désormais à le prouver  », indique
Pim Van Lommel. Des hallucinogènes comme la
psilocybine réduisent l’activité dans des régions
spécifiques du cerveau ; ils inhiberaient les zones
responsables de la « limitation de la conscience » à
son état de veille ordinaire.
À « Chez le mammifère, à l’approche de la mort, l’acti-
LIRE
vité cérébrale se coordonne ; on note une grande cohé-
rence dans les signaux électroencéphalographiques »,

la DMT agissent sur les récepteurs de la sérotonine,
mais on ignore comment ces molécules s’y insèrent
et comment cela déclenche des visions impression-
nantes. On a bien là une interface entre la matière
et la conscience, mais quel est le rapport entre l’une et
l’autre ? On est loin d’avoir la réponse. »
Conclure que les EMI s’articuleraient autour d’une
DMT produite par le corps serait « aller trop vite
en besogne ». Dans nos cerveaux, la glande pinéale
rapporte Jeremy Narby. Le pharmacologue David
E. Nichols estime que ce pourrait être lié à la pro-
duction soudaine de neurotransmetteurs comme la
dopamine ou la sérotonine, susceptibles de stimu-
Deadline, ler le récepteur 5-HT2A, impliqué dans la majorité
dernière limite des hallucinogènes. « Les EMI ne seraient pas dues
Dr Jean-Pierre
Jourdan
à la DMT, mais peut-être à ces récepteurs sérotoni-
Les 3 Orangers, nergiques, stimulés d’une façon qu’on ignore, conclut
2012, 35,55 € l’anthropologue. Il faut continuer à chercher. » ●

HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 31

 Psycho Travail sur soi

Transmuter
la
colère
Plus encore que tous les autres « péchés dits capitaux »,
la colère peut avoir sur nos vies des conséquences dramatiques.
Non seulement pour nous-mêmes, mais également pour nos proches.
Petit survol d’une émotion mal-aimée qui, pourtant, comme toute chose,

p
possède aussi sa raison d’être... Par Jérôme Bourgine

« our comprendre ce qu’est fondamentalement
la colère, explique Stéphane Rusinek(1),
professeur de psychologie à l’universi-
té de Lille, il suffit de songer à ces films
animaliers dans lesquels sont présentées les
impressionnantes colères dont sont capables
un gorille ou un éléphant. On voit alors ces ani-
maux, en proie à une rage folle, détruire tout ce qui
se trouve à leur portée. Dans quel but ? Impressionner
l’adversaire, éviter le combat et, au final... survivre !
La colère est une émotion on ne peut plus primaire,
issue du cerveau reptilien, dont la fonction adaptative
est essentielle : rester en vie. Le problème, du point de
vue humain, est qu’elle génère de multiples réactions
réflexes qui, lorsqu’elles s’emparent de nous, sont très
 nous. Comme toutes les émotions, elle se manifeste
La colère n’est jamais
que le symptôme, le marqueur
difficiles à contrôler. Car la colère, si son rôle dissuasif
ne fonctionne pas, est par ailleurs une puissante pré-
paration au combat ; elle enclenche dans l’organisme
un cycle hormonal et sanguin produisant un état se-
cond dans lequel rien au monde ‒ coups, douleurs,
blessures ‒ ne nous importe plus, sinon de vaincre. »
Un réflexe physique
On comprend mieux que ce « monstre au sang de
feu », comme le qualifiaient les Anciens, ait été
d’emblée inscrit par les religions comme l’un des
« péchés capitaux ». Malgré tout, quelques milliers
d’années plus tard, alors que nos conditions de vie
nous placent désormais rarement en situation de
vie ou de mort, la colère, elle, demeure ancrée en
toujours en réponse à un stimulus : situation exté-
rieure ou pensée, que cela soit face à une agression
physique, ou à tout ce qui peut être vécu, selon les
psychologues, par la personne « comme une agres-
PHOTO :

d’un mal-être.

32 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

 sion » ‒ rejet, non-prise en considération de FFF

La colère est une
émotion on ne peut
plus primaire, issue du
cerveau reptilien.

 Psycho Travail sur soi
F F F l’individu et de ses besoins, oppositions à
son action, frustrations en tous genres, voire chez
les tempéraments dits colériques, une simple
contrariété ‒. Tout l’enjeu de notre humanisation
est précisément de « contrôler la réponse physique
apportée de manière réflexe par le corps à ce stimu-
lus ». En la remplaçant par une réponse verbale le
plus souvent : parler plutôt que de balancer son
poing dans la figure de l’autre. Ainsi, exprimer sa
colère, dire ce qui ne va pas et libérer l’énergie pié-
gée dans ce nœud émotionnel. « Tout être a besoin
d’être reconnu et pour cela entendu, rappelle le socio-
logue François Chalais. En entreprise, le seul fait
pour un personnel mécontent de pouvoir exprimer ses
revendications désamorce la moitié des crises. Et cela
vaut pour la majorité des situations dites “de conflit” .»
Chevaucher le tigre
« Il est d’autant plus important d’exprimer sa colère,
parce que la rentrer n’aboutit à rien d’autre que de se
34 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

La colère déclenche des
réflexes biologiques qui
À
brouillent les pensées et
stimulent l’agressivité.
LIRE

rendre malade et, à notre époque, contrairement aux
origines, c’est souvent le premier qui perd son sang-
froid et devient incapable d’argumenter qui a “per-
du”, mettant ainsi en péril son bien-être, ses relations
(1) Les émotions
Stéphane personnelles, sociales et professionnelles », explique
Rusinek Didier Pleux(2), psychologue clinicien, directeur de
Éd. Dunod, l’Institut français de thérapie cognitive.
2014, 9,80 €
Encore faut-il, pour cela, être capable de se maîtri-
ser et, en amont, de reconnaître que l’on n’est plus
dans son état normal. La difficulté est que la colère
déclenche des réflexes biologiques qui brouillent les
pensées et stimulent l’agressivité. C’est précisément
dans l’« ici et maintenant » de cet instant critique
que se joue notre humanité. Si, à l’image de saint
Michel, on parvient à « terrasser le dragon », c’est-
(2) Exprimer
à-dire la partie animale, reptilienne de notre cer-
sa colère sans veau, alors on s’affirme en tant qu’être humain. Ce
perdre le qui n’est pas une tâche facile...
contrôle « Pour endiguer cette montée de la colère, explique
Didier Pleux
Éd. Odile Jacob,
Didier Pleux, le seul moyen est souvent de se couper de
2017, 8,90 € la situation : s’écarter pour éviter le pire et respirer pro-

fondément pour retrouver son calme. Si l’on se maîtrise
davantage, on commencera par prévenir : “Attention !
Je suis en colère. Et voici pourquoi…” L’idéal étant de
pouvoir faire de l’autre son allié contre le véritable en-
nemi : la colère. Un couple de mes patients avait pour
cela mis au point un mot de passe destiné à stopper
cette fuite en avant vers la violence : “Bonobov !! ”,
s’écriait celui des deux qui voyait l’autre perdre son
contrôle lors d’une dispute. Et cela fonctionnait. »
Cela implique naturellement d’avoir en face de soi
quelqu’un qui puisse entendre notre colère. Ce-
lui qui est en colère doit toujours commencer par
prévenir l’autre de son état et ce vis-à-vis doit, lui,
rester aussi « neutre » que possible, ne pas basculer
lui-même dans l’émotionnel ni répondre et, sur-
tout, ne pas argumenter ou s’opposer. Il doit juste
écouter et laisser s’écouler ce flot de mots, l’émo-
tion qu’il y a derrière et l’énergie qu’il y a encore
après. En n’oubliant pas que la personne en colère
n’est pas dans son état normal ! Tout ceci pourra
l’aider à reprendre le contrôle, éventuellement aussi
à l’aide d’un « mot de passe ».
Du symptôme à la cause
Mais toutes les colères ne sauraient trouver des
mots pour être dites ; toutes les colères ne sont
pas publiques et pas forcément déclenchées par
quelqu’un. Elles n’en ont pas moins tout autant be-
soin d’être exprimées pour ne pas nous ronger. On
peut alors écrire sa colère, la peindre, voire la dan-
ser. Ou même encore, à un niveau plus superficiel,
l’apaiser momentanément en épuisant simplement
l’énergie qu’elle génère : en courant, se défoulant
ou faisant du sport. Sachant que, quelle que soit
la colère qui nous habite, il n’existe qu’un seul et
unique moyen de l’éradiquer définitivement : en
« mettant en lumière, en conscientisant » sa cause
profonde.
« Qu’est-ce qui nous met ainsi hors de nous-mêmes ?
Quel phénomène, quelle phrase, quelle situation dé-
clenchent en nous cette colère soudaine ? » Didier
Pleux tâche de répondre à ces questions au quo-
tidien avec ses patients. La colère n’est jamais que
le symptôme, le marqueur d’un mal-être. Nous
portons tous en nous des blessures et traumas qui
réclament d’être « soignés », « à chaque fois qu’une
situation vécue dans le présent fait miroir et réactive
cette zone sensible, cette souffrance cachée ». Il s’agirait
donc de conscientiser pour supprimer.
C’est tout l’intérêt du travail d’introspection, entre-
pris à deux dans une thérapie ou même seul, dans
le recueillement intérieur, ainsi que le conseille,
Travail sur soi Psycho
L’œil du tigre
« Sans rage de vaincre, pas d’adrénaline et sans adrénaline, pas
de record battu. Mais attention aux excès, car c’est alors le
débordement, le carton rouge ! », commentait l’écrivain Pierre
Benoît à propos du sport. Comme toutes les émotions (ce qui
nous remue, « motion » signifiant mouvement), la colère
génère de l’énergie. Une énergie (appelée « force » par
exemple dans La Guerre des étoiles) à laquelle on accède alors
par son côté « obscur ». Raison pour laquelle ce sont souvent
ceux qui ont « faim » et une revanche à prendre sur la vie qui
possèdent cet « œil du tigre » capable de nous booster
suffisamment pour accepter toutes les privations et
contraintes qui pavent le chemin de la victoire.
parmi bien d’autres, Thierry Janssen dans son
ouvrage Écouter le silence à l’intérieur. Faire le si-
lence en soi, puis se focaliser sur le « bruit » par-
ticulier que génère notre colère, sur son « cri ».
Remonter ensuite ce fil ténu jusqu’à l’événement
initial. L’éclairer du faisceau de sa conscience et le
comprendre. Étymologiquement : con-prendere,
prendre avec soi, faire sien, élargir sa conscience à.
Un outil de sagesse
Depuis 2 500 ans maintenant, le bouddhisme
(des origines) ne propose rien d’autre. « La pra-
tique proposée par le bouddha pour se débarrasser
des constructions mentales que sont la peur, la colère,
le désespoir, la jalousie et l’illusion, comporte deux
phases, explique très concrètement le maître boud­
dhiste Thich Nhat Hanh(3) : la première consiste
à reconnaître et accepter sa colère : “chère colère, À
je sais que tu es là et je vais prendre soin de toi.” La LIRE
seconde, basée sur la concentration, consiste à exa-
miner en profondeur la nature de cet affect pour en
comprendre l’origine. Pas plus que les autres émotions,
la colère ne saurait résister au soleil éclairant de la
pleine conscience. Après dix ou vingt minutes de respi-
ration consciente et de méditation assise ou de marche
méditative, votre colère s’ouvrira d’elle-même, comme
(3) La colère
une fleur et, soudain, vous en découvrirez la véritable Thich Nhat Hanh
cause, quelle qu’elle soit. Alors, vous aurez transformé Éd. Pocket,
le déchet en fleur, le négatif en énergie positive. » ● 2004, 7,50 €
HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 35
 Santé Homéopathie

36 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

 Homéopathie Santé

L’homéopathie fait périodiquement l’objet de polémiques.

L’argument est toujours le même : les petites granules ne
produiraient qu’un effet placebo. Ces discordes n’ont jamais réussi
à éradiquer cette médecine qui a le vent en poupe. Alors, qu’en
est-il vraiment ? De nombreuses recherches scientifiques plaident

c
en sa faveur, à condition d’ouvrir un nouveau paradigme...
Par Miriam Gablier

« e n’est pas tant une question scientifique
que dogmatique », indique le Dr Martine
Gardénal. Cette médecin du sport de
haut niveau, qui a accompagné l’équipe
olympique française aux jeux de Los
Angeles en 1984 en utilisant l’homéo-
pathie, rappelle que de nombreuses recherches ont
maintes fois prouvé les effets de cette médecine.
« Le problème des polémiques récurrentes ne se trouve
pas dans le manque de résultats scientifiques en faveur
de l’homéopathie. Il se trouve dans le fait que pour
comprendre cette médecine puissante, il faut élargir le
paradigme matérialiste. Il faut sortir de la toute-puis-
sance actuelle de la chimie et prendre en considération
les recherches de pointe sur l’électromagnétisme », pour-
suit la fondatrice de l’école Santé Environnement
Vie. Comme l’a indiqué le philosophe des sciences
Thomas Kuhn, même lorsque la science apporte les
preuves nécessaires à une nouvelle conception des
choses, il faut du temps pour que les défenseurs de
l’ancien paradigme accepte le changement.
La difficulté serait donc que, pour appréhender
l’homéopathie, il faille inclure les dimensions élec-
tromagnétiques et informationnelles. Or, pour les
tenants du postulat matérialiste, il n’est justement
pas concevable que les remèdes homéopathiques
puissent transmettre des informations médicinales
par le biais de ces ondes. « Pourtant, en l’état actuel
des connaissances, nous avons tout ce qu’il faut pour ex-
pliquer l’homéopathie. L’homéopathie a des bases scien-
tifiques », souligne le Pr Marc Henry, professeur de
chimie à l’université de Strasbourg et chercheur as-
socié au CNRS. « Surtout, les dispositifs qui permettent
de détecter les ondes électromagnétiques se perfectionnent
de plus en plus. Le futur ne va cesser de donner raison
PHOTO : ADOBE STOCK - BY-STUDIO
à l’homéopathie », complète le Dr Gardénal. Inventée
en 1796 par le médecin allemand Samuel Hahne-
mann, l’homéopathie pourrait donc être encore en
avance sur son temps. Ce médecin érudit – qui ne
possédait pourtant pas les connaissances que nous
avons sur l’électromagnétisme – a eu l’idée de di-
luer des substances médicinales dans de l’eau, pour
ne garder que l’essence de leur principe curatif. Un
éclair de génie ?
Des signatures
électromagnétiques
Les ondes électromagnétiques sont en train d’envahir
nos vies – télévision, radio, téléphonie mobile, inter-
net, wifi, etc. Elles gagnent même du terrain au cœur
de la médecine allopathique – IRM, électroencépha-
logramme, etc. Plus encore, nous savons maintenant
que tout corps vivant – végétal ou animal – utilise
des signaux électromagnétiques pour fonctionner.
Cependant, le fait qu’un remède homéopathique
soit conçu en diluant une substance médicinale dans
de l’eau est encore mal accepté, tout comme le fait
que ce soit l’eau qui capte et retransmette le signal
électromagnétique imprimé par cette substance.
La pierre d’achoppement n’est donc pas tant que
chaque substance émet une signature électromagné-
tique – ce que nous ne pouvons plus nier –, mais
que l’eau puisse capter, garder en mémoire et retrans-
mettre cette signature électromagnétique. Pourtant,
« c’est un fait scientifique établi », indique le Pr Luc
Montagnier, biologiste virologue, prix Nobel pour la
découverte du virus du sida.
La mémoire de l’eau
Le Pr Vinh Luu, physicien et professeur à la faculté

 de Montpellier, est considéré comme le précurseur

des recherches sur la mémoire de l’eau en France.
Pour comprendre Par la suite, le Dr Jacques Benveniste, immunologue
cette médecine puissante, et chercheur au CNRS puis à l’Inserm, publia en
1988 des travaux semblant mettre en évidence cette
il faut élargir le surprenante mémoire dans le prestigieux magazine
paradigme matérialiste.
 Nature. Cette publication fit l’objet d’une intense

HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 37

 Santé Homéopathie
BONUS L’EAU A UNE MÉMOIRE
Web Retrouvez notre article sur la mémoire
de l’eau par Caroline Escartefigues sur :
www.inrees.com/bonus/312
< Arnica montana
FFF contro-
verse, puis
d’un rejet
académique.
Dans les années
2000, le P r   Luc
Montagnier décida de
reprendre les recherches sur
la mémoire de l’eau. Les résultats de
ce prix Nobel mettent en avant des faits surprenants.
Dans un premier temps, le Pr Montagnier a dilué
progressivement un ADN dans de l’eau – comme
le fait l’homéopathie. Statistiquement, au bout de
la dixième dilution, il ne peut rester aucune trace
matérielle de la substance initiale dans le liquide. Le
chercheur est allé jusqu’à la vingtième et trentième
dilution de l’ADN. Et lorsqu’il a procédé à l’enregis-
trement des ondes électromagnétiques dégagées par
les tubes d’eau dans lesquels il n’y avait plus « rien »,
il a détecté des signatures électromagnétiques… qui
correspondent à l’ADN initial. « Pour moi, cela a été
une vraie surprise, je ne m’y attendais pas », précise le
prix Nobel dans le documentaire La mémoire de l’eau
de Christian Manil. Dans un deuxième temps, le
Pr Montagnier a envoyé au laboratoire de l’université
italienne de Sannio l’enregistrement électromagné-
tique d’une de ses dilutions. Les chercheurs italiens
ont réussi à reconstituer l’ADN initial, en partant
du fichier numérique correspondant à de l’eau où il
n’y avait « rien ». « C’est incroyable. Je comprends que
des gens soient sceptiques, mais c’est ce qui s’est passé ! »,
atteste Vittorio Colantuoni, professeur de biologie
moléculaire de l’université du Sannio.
La rengaine du placebo
De leur côté, les détracteurs de l’homéopathie
pensent que, puisqu’il n’y a rien de matériel dans ses
remèdes, son effet ne peut être que celui du placebo.
L’effet placebo est déclenché par la croyance qu’a le
patient dans le pouvoir de la médecine vers laquelle
il se tourne. Cela provoque une autoguérison qui ne
dépend pas de la médecine en elle-même. Les études
sur le placebo montrent que, quelle que soit la pra-
38 Inexploré - N°41 - HIVER 2019
Salvia officinalis >
tique médicale choisie – allopathique ou homéopa-
thique –, celui-ci compte pour au moins 30 % du
succès des interventions. Il est donc normal qu’il y
ait un effet placebo. La question porte alors sur le fait
de savoir si l’homéopathie provoque un effet médici-
nal supplémentaire. Et là, les arguments sont très cli-
vés. On entend tout et son contraire. Pour exemple :
une méta-analyse effectuée par le physicien Klaus
Linde en 1997 et publiée dans l’illustre magazine The
Lancet indique que l’homéopathie a un effet qui ne
dépend pas que du placebo. « Il est peu probable que
les effets cliniques de l’homéopathie soient entièrement
attribuables à l’effet placebo », écrit le physicien. Cette
annonce est remise en question sept ans plus tard,
par le même journal. « J’exerce depuis plus de 40 ans
et je vois les études batailler les unes contre les autres,
comme dans une partie de ping-pong. Je pense qu’il faut
surtout souligner qu’il y a un biais majeur dans la ma- À
jorité de ces études », indique le Dr Gardénal. LIRE
La loi des similaires
Parmi les différents biais listés par les homéopathes –
comme le fait qu’il manque trop souvent les études
à résultats négatifs produites par l’allopathie –, il en
est un qui ressort plus particulièrement. La métho- Homéopathie,
le livre de
dologie appliquée dans les recherches pharmaco- référence pour
logiques n’est pas adaptée au test des médicaments se soigner au
homéopathiques. « Pour la même pathologie, l’allopa- naturel
Dr Martine
thie donne le même médicament à toutes les personnes Gardénal
qui en souffrent. L’homéopathie fait l’inverse : pour la Éd. Guy Trédaniel,
même pathologie, elle donne différents médicaments 2017, 24,90 €
aux différentes personnes qui en souffrent. Par exemple,
dans le cas d’otites, une personne va être traitée par le
remède Ferrum Phos, alors qu’une autre le sera par
Aconite », indique le Dr Gardénal. En effet, un des
principes fondamentaux de l’homéopathie est qu’elle
ne traite pas la pathologie de manière générique. Elle
traite l’expression personnelle d’une pathologie chez
chaque personne, individuellement. Du coup, les L’eau et la
homéopathes signalent que les études quantitatives, physique
où l’on donne le même médicament à tous les co- quantique
Pr Marc Henry
bayes, ne peuvent pas être adaptées à cette médecine Éd. Dangles,
et qu’il faut appliquer des protocoles qualitatifs, per- 2016, 32 €
 Homéopathie Santé

Le futur ne va cesser
de donner raison à
l’homéopathie.

 À
mettant de prendre en compte le profil individuel de VOIR
chaque cobaye. Et cela peut se comprendre lorsque
nous étudions le fonctionnement des ondes élec-
tromagnétiques. Comment s’optimisent-elles ? Par
résonance, c’est-à-dire lorsqu’elles se ressemblent et
qu’elles se mettent à vibrer ensemble. Pour avoir un
effet bénéfique, l’homéopathie s’appuie sur la loi des Le Pr Marc Henry
similaires : elle stipule qu’il faut trouver le remède interviendra
qui présente le même profil que celui du patient. le 2 MARS 2019
à Toulouse au
symposium INREES.

Une médecine holistique

populaire
L’homéopathie est une médecine holistique. Elle Belladonna >
prend en compte l’ensemble de l’état physique, émo-
tionnel, mental de son patient et cherche à repérer
quel est son profil unique. Par ailleurs, les remèdes
homéopathiques ne provoquent pas les effets secon-
daires des médicaments allopathiques. Est-ce pour
cela que cette médecine est de plus en plus popu-
laire ? « L’homéopathie est surtout une médecine effi-
cace dont je n’ai cessé de constater les effets », indique le
Dr Gardénal. L’homéopathie se développe en France
à partir de 1835, lorsque Samuel Hahnemann vient Des cages d’eau
vivre à Paris. Ses remèdes sont maintenant vendus
dans toutes les pharmacies. Par ailleurs, une étude L’histoire de la vie s’est déroulée à 90 % dans les océans. Notre
Ipsos de 2015 indique que 77 % des Français la corps est fait à 90 % d’eau, si nous comptons le nombre de nos
considèrent comme une médecine crédible et que molécules. L’eau est surnommée la « matrice du vivant ». Des
56 % disent l’utiliser. Ils n’étaient que 39 % en 2004. chercheurs comme le Pr Montagnier ou le Pr Henry s’inté-
L’homéopathie représente donc à la fois un énorme ressent à la capacité qu’ont les molécules d’eau de tisser des
PHOTO : SHUTTERSTOCK - KERDKANNO - UNPICT - SCISETTI ALFIO

marché – 620 millions d’euros selon les chiffres liens entre elles et de former des agrégats extrêmement dyna-
2017 du cabinet OpenHealth – et un domaine miques. Pourquoi ? Parce que ces « cages » moléculaires
dans lequel l’Hexagone possède une expertise. Les
semblent capables de capter, stocker et retransmettre des ondes
tenants de l’homéopathie se demandent pourquoi
ce savoir-faire, auquel la moitié des Français choi- électromagnétiques. Ce phénomène serait à la base de la
sit d’avoir recours, n’est pas davantage valorisé par mémoire de l’eau. « Les recherches scientifiques montrent
les directives ministérielles. « Je ne suis pas inquiète que l’eau peut créer des domaines de cohérence, piéger des
pour le futur de l’homéopathie, qui prend de l’essor par- ondes électromagnétiques dans ces agrégats de molécules,
tout dans le monde. Je trouve surtout dommage que la et les libérer par la suite », explique le Pr Marc Henry.
France ne se donne pas les moyens de développer son ex-
pertise. Surtout que de plus en plus d’experts de la santé
annoncent que les médecines énergétiques sont les méde-
cines de demain », conclut le Dr Martine Gardénal. ●

HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 39

Traditions Les chakras

Harmoniser
ses
chakras 
Les chakras
sont les
communicateurs
de l’âme.



D’origine indienne, la notion de chakras comme centres
énergétiques régulant le corps et la conscience est
aujourd’hui largement adoptée en Occident. Et si leur
harmonisation pouvait nous soigner ? Par Melanie Chereau
e n sanskrit, le mot chakra signifie
« roue » ou « vortex », un assemblage
d’énergies associé à un élément en mou-
vement vital. Répartis le long du corps
humain, les centres énergétiques les plus
accessibles sont au nombre de sept (il
y en aurait d’autres, plus subtils). Ils agissent avec
notre conscience et, dans l’organisme, avec notre
système énergétique. Les chakras fonctionnent en-
semble, comme des rouages d’horlogerie. Ils régu-
lent le flux d’énergie à l’intérieur de nous, la circula-
tion entre les organes, et sont comme des portes de
conscience internes, révélatrices de notre harmonie
intérieure. La manière dont ils agissent est indica-
trice de nos blocages ou harmonies, de nos capacités
de décision, de notre position dans la vie. Lorsqu’ils
se dérèglent, ils peuvent provoquer des symptômes
physiques. Ils changeraient alors de couleur, ne dis-
tribueraient plus l’énergie correctement, ce qui aurait
des conséquences directes sur notre santé et notre
rapport à la vie. En Orient, depuis des siècles, les
PHOTO : SHUTTERSTOCK ASMIANA
chakras sont utilisés spirituellement ; en Occident,
l’approche récente est davantage dans le soin. Édith
Gauthier, spécialiste et pratiquante de reiki, explique
dans son ouvrage Tout savoir sur les chakras : « Le
principe oriental vise la montée de la kundalini par
l’ouverture et la conscience des chakras par le yoga, c’est
une démarche purement spirituelle. Le principe occi-
Les chakras Traditions
dental permet de faire un “état des lieux” et de rectifier,
de comprendre ce qui se passe sur le plan physique et
émotionnel, c’est une démarche plus “thérapeutique”. »
Fonctionnement des chakras
Sans nous en rendre compte, nous serions sans
cesse en train d’ouvrir et de fermer nos chakras,
telles des valves énergétiques, en regard de notre
vie, de notre histoire et de la manière dont nous
faisons circuler l’énergie dans notre corps. Ces ou-
vertures et fermetures influenceraient notre per-
ception du monde, notre manière de réagir aux
circonstances, mais aussi l’activité de nos organes
et notre santé en général. Pour Annick Brofman,
veuve de Martin Brofman, qui créa une méthode
de guérison par les chakras(2), «  ils interagiraient
avec le physique grâce à deux véhicules principaux : le
système endocrinien et le système nerveux ». Ils sont
donc associés à des parties du corps et des fonc-
tions régies par le plexus ou les glandes, ce qui a
des répercussions directes sur les organes. Par ail-
leurs, en Inde, où est née cette notion de chakra,
on explique que la circulation énergétique du
prâna (énergie cosmique) passerait par les chakras,
tels des ponts, puis se répartirait en 72 canaux
énergétiques appelés nadis, dont les trois princi-
paux, ida, susumna et pingala, forment FFF
HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 41
 Traditions Les chakras
F F F dans le corps le caducée qui permettrait, entre
autres, l’éveil de la kundalini. Aux croisements des
nadis, on retrouve les chakras et les points d’acu-
puncture majeurs. Notre capacité de réception de
cette énergie cosmique étant infinie, il est impor-
tant, au regard de cette méthode, de nettoyer les
canaux énergétiques afin d’optimiser nos poten-
tiels d’éveil de ces énergies subtiles, mais aussi de
faire évoluer notre conscience afin de transformer
les émotions négatives en émotions positives.
Dysfonctionnement des chakras
Puisqu’ils sont tous liés entre eux, à l’énergie ex-
terne et interne, aux organes et au système émo-
À tionnel, leur blocage ou dysfonctionnement va
LIRE provoquer des symptômes, véritables messagers,
autant physiques que mentaux. « Tous nos sens,
toutes nos perceptions et nos états de conscience, ce
que nous pouvons vivre, peuvent être divisés en sept
catégories associées à un chakra », explique Annick
Brofman. Ainsi, une tension dans la conscience
(1) Le langage est ressentie dans le chakra, puis dans le corps,
des chakras ce qui peut créer un symptôme. Comprendre les
Danielle Meunier
Éd. Le Courrier
chakras et les réharmoniser permet d’activer des
du livre, 2013, clés qui ouvrent la relation corps-esprit et qui
23 € provoquent une meilleure compréhension de soi
6 - Le chakra de la conscience
Indigo, hypophyse, son intérieur, lapis-lazuli
4 - Le chakra du cœur
Vert ou rose, thymus, air, toucher, émeraude
2 - Le chakra lombaire
Orange, gonades/ovaires,
eau, goût, cornaline
42 Inexploré - N°41 - HIVER 2019
et des autres. Le symptôme physique peut ainsi
disparaître, si l’on réalise que nous sommes ac-
teurs dans cette circulation énergétique.
Les sept chakras principaux
Les chakras sont répartis le long du corps et à
chacun sont associés une couleur, un élément, un
organe et un certain nombre de caractéristiques
émotionnelles et physiologiques. Un dysfonc-
tionnement apporte des symptômes facilement
répertoriables. Le schéma ci-dessous les situe et en
détaille les principales actions :
1. Le chakra racine
Il représente l’ancrage à la terre, la discipline, la sécu-
rité et la stabilité. Si le corps est correctement ancré à
la terre, on accueille facilement les changements de la
vie, on évolue avec confiance, nos ressources et notre
foyer sont stables, le rapport à la « matière » est ac-
cepté, transformé et optimisé. À l’inverse, en cas de
dysfonctionnement, on ressent de l’insécurité par
rapport à la vie, tous les aspects matériels sont compli-
qués et les rapports familiaux instables. Physiquement,
les problèmes se situent au niveau des hanches et de
la circulation. Des problèmes d’obésité, de manque
d’énergie, d’hypertension peuvent apparaître.
7 - Le chakra couronne
Violet ou blanc, épiphyse, lumière intérieure, empathie, cristal diamant
5 - Le chakra de la gorge
Bleu, thyroïde, éther, ouïe, aigue-marine
3 - Le chakra du plexus solaire
Jaune, pancréas, feu, vue, œil du tigre
1 - Le chakra racine
Rouge, surrénales, terre, odorat, corail rouge

2 - Le chakra lombaire
Il représente le rapport aux sensations et à l’appé-
tence. Si ce chakra est optimisé, on sera créatif, dans
la confiance en soi, l’optimisme, la fertilité, l’action
juste. Au contraire, s’il est bloqué, on peut être dans
une recherche excessive de plaisir, avoir un besoin
insatiable d’être rassuré, avoir des problèmes de
sexualité ou de fertilité. Physiquement, les soucis
apparaissent autour de la sphère sexuelle, des parties
génitales, des reins et de l’élimination.
3 - Le chakra du plexus solaire
Il est l’expression du « j’existe » par excellence, la
volonté individuelle, la force intérieure, le calme et
la justesse. S’il ne fonctionne pas pleinement, on
peut ressentir de la dépression, du défaitisme, de la
colère, de l’agressivité, un mauvais contrôle de ses
émotions, de la tristesse et un manque de fougue.
Physiquement, des problèmes de foie, de vésicule,
de pancréas, d’anorexie ou de boulimie, tous les sou-
cis associés à la vue, à la digestion et à la peau.
4 - Le chakra du cœur
C’est le chakra du besoin fondamental des rela-
tions, de la compassion, l’authenticité, la générosité,
l’amour. En blocage, il crée des problèmes de jalousie,
d’addiction, de dépendance affective, d’égocentrisme
et de ressassement du passé. Physiquement, on peut
rencontrer des problèmes cardiaques, de circulation
du sang, du système immunitaire et de respiration.
5 - Le chakra de la gorge
C’est le chakra de la « foi en la source divine et la
captation des sentiments transpersonnels », explique
Danielle Meunier(1). C’est le lieu de l’inspiration,
de la télépathie, de l’accueil des synchronicités, de
l’écoute, de l’intuition et de l’ouverture au subtil.
Sa dysfonction peut provoquer de l’arrogance, de
l’indécision, du bavardage et du jugement inutiles.
Physiquement, tous les problèmes de la sphère
ORL, les maladies en « ite » type bronchite, otite,
laryngite…, les dysfonctionnements de la thyroïde,
les problèmes d’ouïe, d’acouphènes, de gorge, etc.
6 - Le chakra de la conscience
Il représente l’accès à l’énergie céleste du cosmos, la
ILLUSTRATION SHUTTERSTOCK - 3XY
conscience divine, la réalisation, l’action des réflexes
biologiques et la régulation du sommeil. C’est éga-
lement le lieu des perceptions extrasensorielles. S’il
est bloqué, des problèmes d’anxiété, de doutes sur
la vie, sur le statut social, des problèmes liés au re-
gard des autres, la peur de l’abandon, la frustration
et l’insatisfaction, la fermeture au divin peuvent ap-
Les chakras Traditions
SITE
paraître. Physiquement, on retrouve l’insomnie, les WEB
problèmes de vue et d’yeux, de sinus et du système
endocrinien.
7 - Le chakra couronne
C’est le chakra de la conscience spirituelle, du
sens de la vie, l’épiphyse, le troisième œil. Lors-
qu’il ouvre pleinement, il s’agirait d’une expérience Système corps-miroir :
d’éveil où l’ego ne serait plus un souci. La fermeture www.fondation-
brofman.org
de ce chakra crée un manque de foi, un esprit maté-
rialiste, un isolement. Physiquement, il peut créer
des problèmes de cerveau, de système nerveux.
Réharmoniser ses chakras
Il existerait plusieurs méthodes permettant de s’atteler
à réharmoniser ses chakras, refaire circuler l’énergie
correctement et ainsi optimiser nos potentiels. Pour
Danielle Meunier, « les chakras sont les communica-
teurs de l’âme. L’âme nous parle de sa douleur à tra-
vers le dysfonctionnement d’un chakra malade ». Se-
lon elle, un chakra  malade peut se retrouver vide,
rigide, affaissé, en « épée » brandie vers l’intérieur,
fissuré, ou tournant à l’envers. À l’aide de postures
de yoga, de zones du corps et de méridiens à stimu-
ler, de mantras à chanter, de méditations à visualiser
ou encore à l’aide d’huiles essentielles ou de pierre
associées au chakra, il est possible de soutenir, ren-
forcer, « soigner » soi-même le chakra atteint. Annick
Brofman propose des stages Système corps-miroir, où
l’on travaille à plusieurs : « L’idée est de rééquilibrer
les chakras en apprenant à sentir l’énergie et à la diri-
ger, en développant ses perceptions extrasensorielles. »
S’opère alors un « échange de guérisons » entre les
stagiaires, en utilisant les couleurs, la canalisation de
l’énergie et la compréhension des blocages associés à
des symptômes : « Il faut prendre conscience du poten-
tiel humain en matière de guérison, l’idée c’est de se re-
mettre au volant de sa vie et de réaliser que nous avons le
pouvoir de nous guérir. » Se connecter avec ses centres
énergétiques, les faire rayonner à leur juste puissance
permettrait de nous reconnecter à nous-même, d’être
aligné avec soi et son entourage et ainsi de délier nos À
LIRE
symptômes, qu’ils soient physiques, émotionnels, et
même de longue date. « J’avais un problème de cer-
vicales, ce qui est associé au chakra de la gorge et j’ai
compris que quelque chose restait bloqué dans ma capa-
cité à m’exprimer. Après le stage, j’ai repris confiance en
ma parole et les douleurs ont disparu », raconte Émilie.
C’est à la fois l’énergie du cosmos, relié à la terre, qui (2) Tout peut
être guéri
recirculerait correctement en nous, mais aussi notre Martin Brofman
conscience de ces chakras et de leur action, percep- Éd. Dangles,
tible sur notre santé et notre vie. ● 2015, 20 €
HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 43
 Invisible Druidisme

La science
mystérieuse
des anciens
druides
Importants personnages de la société celtique, les druides étaient connus
comme les gardiens de la connaissance mystique.
Mais certains indices laissent supposer qu’ils étaient bien plus savants
qu’on ne le croit : emplacement de leurs villes, mathématiques comme

l
« langage secret »… Les druides étaient-ils les maîtres, ou bien
les héritiers d’un savoir immémorial ? Par Aurélie Aimé

es druides – qui auraient évolué entre
800 av. J.-C. et 100 ap. J.-C. dans les so-
ciétés celtiques au nord-ouest de l’Europe
et en Grande-Bretagne – étaient sans nul
doute des personnages extrêmement influents. Que
sait-on de ces sages au pouvoir suprême ?
Pour protéger leur savoir, les druides misaient sur une
transmission exclusivement orale. Nous ne disposons
donc d’aucun texte d’origine. Toutefois, quelques
auteurs antiques nous ont permis de mieux les com-
prendre. L’historien grec Strabon (-60 à 20) écrira
que la prêtrise celtique se divisait en trois classes. Les
vates, qui correspondaient aux prophètes, les bardes,
des poètes, et les druides, avec leur tunique blanche
et leur grande barbe.
Les druides endossaient une pluralité de fonctions, à
la fois religieuses, éducatives, judiciaires et politiques.
grec (40 à 120), affirmera que les rois ne pouvaient
décider de rien sans les consulter : « Ce sont eux qui
commandent et par ces rois assis sur des trônes d’or, habi-
tant de magnifiques demeures, sont leurs ministres et les
serviteurs de leur pensée. »
Des connaissances
astronomiques
Les druides étaient aussi des astronomes hautement
qualifiés, capables de conceptualiser le temps, comme
l’a démontré le « calendrier de Coligny », une table
de bronze du IIe siècle. Leurs « enceintes sacrées », té-
moignages de leur maîtrise de la géométrie, étaient
orientées astronomiquement, et parfois en fonction
des solstices. D’après Pomponius Mela, géographe ro-
main (15 à ?), « ces maîtres font profession de connaître la
PHOTO : SHUTTERSTOCK - ESTREM

Ils croyaient en l’immortalité de l’âme et en la réin-
carnation. César témoigna que « [les druides] président
aux sacrifices publics et privés et règlent les pratiques re-
ligieuses ». En marge de l’image qu’ils véhiculent sou-
vent, ces rituels violents s’ancrent dans une époque
impitoyable. Les druides étaient également consul-
tés à titre de juges. Dion Chrysostome, philosophe
grandeur et la forme de la Terre et du monde, les révolu-
tions du ciel et des astres, et la volonté des dieux »…Faut-
il entendre que les druides savaient que la Terre est une
sphère et en connaissaient les dimensions ?
En matière de hiérarchie, Jules César témoignera : « À
tous ces druides commande un chef unique, lequel exerce
parmi eux l’autorité suprême [...]. À une cer- FF F

44 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019


Les rois ne pouvaient
décider de rien sans
les consulter.

 Invisible Druidisme
FF F taine époque de l’année, ils se réunissent en un lieu
consacré du pays des Carnutes que l’on tient pour le centre
de la Gaule. Là, viennent de toutes parts tous ceux qui ont
des contestations et ils se soumettent à leurs avis et à leurs
jugements. » Les Carnutes (peuple de la Gaule celtique)
ont donné leur nom à la ville de Chartres, probable-
ment le site de ces rassemblements. Une autre ville
d’importance majeure était Alésia, souvent considérée
comme le foyer et la métropole de toute la Celtie.
Une géométrie sacrée ?
Mais les connaissances des druides iraient bien au-de-
là de celles qu’on leur prête. C’est la théorie soutenue
par Xavier Guichard, inspecteur de police et archéo-
logue amateur. Dans les années 1930, il aurait décou-
vert la preuve que les sages de l’âge du bronze utili-
saient un système de lignes longitudinales et latitu-
dinales. Dans Éleusis Alésia, il affirme qu’un nombre
anormalement élevé de villages, villes et hameaux
en Europe occidentale portent un nom qui semble
dériver de la racine Alésia – et que ces lieux seraient
alignés. Il nomma ces méridiens « lignes de sel ».
Le consensus archéologique place Alésia à Alise-
LE MÉRIDIEN ALÉSIEN
de 757 kilomètres
fait partie de Alost
la géométrie
à 366°.
Reims
Troyes
illon)
Alésia (Gu
Gueugnon
Alès
46 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019
Sainte-Reine (Bourgogne-Franche-Comté). Toute-
fois, « Bernard Fèvre a retrouvé, sur la colline qui sur-
plombe le petit village de Guillon, des fragments de murs
immenses et d’autres éléments qui lui ont fait penser que
Vercingétorix et César étaient en fait là, à 30 km d’Alise-
Sainte-Reine », explique Sylvain Tristan, spécialiste de
la géométrie mégalithique. L’Alésia de Guillon permet
de corroborer la thèse des méridiens. L’auteur a en
effet pu démontrer qu’Alès, Alost (Aalst) en Belgique
et le site de Guillon sont alignés et qu’Alésia se trouve
pile à mi-chemin des deux autres. Le signe d’une géo-
métrie sacrée sur le continent européen ? Les villes
gauloises de Bibracte, Troyes et Reims se trouvent aus-
si à des distances mathématiquement significatives,
sur ce même méridien.
Étonnamment, sur ces lignes druidiques se trouvent
les plus beaux sites mégalithiques de Grande-Bre-
tagne, pourtant construits des millénaires auparavant :
Stonehenge, Avebury, Silbury… Cela pourrait-il im-
pliquer un lien entre les druides celtes et les bâtisseurs
qui érigèrent les mégalithes entre -4800 et -1200 ?
Leurs points communs semblent nombreux.
D’abord, les structures furent souvent construites
et orientées en fonction du mouvement des astres.
Dans son ouvrage(1), l’auteur explique qu’« en voyant
la répartition des monuments mégalithiques sur une
carte, le généticien italien Luigi Luca Cavalli-Sforza
formula l’hypothèse de l’existence de prêtres-astronomes
au sein du peuple mégalithique ; de son point de vue,
l’astronomie et la religion étaient probablement liées à
ces époques lointaines ». Ce peuple était capable de dé-
biter, transporter et ériger d’énormes blocs de pierre
et de naviguer en haute mer, ce qui confirmerait qu’ils
connaissaient les étoiles pour s’orienter. « Nous devons
en déduire qu’il existait parmi eux des sages possédant à
la fois les connaissances techniques et astronomiques pour
cela, mais également le pouvoir politique ou spirituel
de rassembler des milliers de personnes collaborant dans
un but commun. » Pour Sylvain Tristan, « même si les
druides celtes n’élevaient plus de mégalithes, nous voyons
que la probabilité est assez forte pour que l’origine des
druides celtes se trouve au sein de ces prêtres-astronomes
mégalithiques supposés ».
Des mathématiques unifiées
avec le vivant
Revenons aux lignes de sel de Xavier Guichard. Ce
dernier a supposé que les druides s’étaient fondés sur
une géométrie à 360 degrés pour leurs tracés. Cela
paraît douteux, puisque ces lignes auraient alors été
trop resserrées les unes par rapport aux autres.
L’auteur et ingénieur de formation Alan Butler dé-
montrera, dans les années 1990, que les sages du
peuple mégalithique se seraient plutôt fondés sur une

géométrie à 366 degrés. Il a étudié le disque de Phais-
tos, petit artefact de terre cuite de la civilisation mi-
noenne (2000 av. J.-C.), qui serait un calendrier très
élaboré fondé sur une année de 366 jours. Il a suppo-
sé que si les Minoens avaient ainsi divisé l’année, ils
auraient pu procéder de même pour diviser la Terre
en degrés. De plus, 366 est un chiffre qui correspond
à une réalité astronomique, d’après Sylvain Tristan.
En effet, le temps de faire une révolution autour du
Soleil (en une année sidérale(2)), la Terre effectue exac-
tement 366 1/4 (soit 366 10/40) rotations sur elle-
même. Ces deux nombres, 366 et 40 (avec comme
base 10, la base de notre système numérique) sont
donc absolument fondamentaux.
Alan Butler a supposé que les Minoens auraient sub-
divisé la circonférence terrestre en unités plus petites
pour mesurer les distances sur le terrain : « Butler
trouva deux preuves que cette géométrie avait bien exis-
té : le pied minoen, unité de mesure des anciens Crétois,
et le yard mégalithique, unité de mesure présumée du
peuple mégalithique. [Ces mesures] étaient des subdivi-
sions très précises de la circonférence terrestre dans la géo-
métrie à 366 degrés. Ainsi, la seconde d’arc minoenne (et
donc du peuple mégalithique, grand peuple de marins)
équivalait à 1 000 pieds minoens ou 366 yards méga-
lithiques. » Un degré de précision très impressionnant,
car si le yard mégalithique n’avait été qu’un demi-mil-
limètre plus long, alors la circonférence extrapolée
de la Terre aurait été « de plus de 20 kilomètres trop
longue ! », d’après l’auteur.
Cette découverte impliquerait que le peuple méga-
lithique se servaient d’un ensemble mathématique
incroyablement harmonieux et que les druides, dans
leur lignée, auraient perpétué son usage. Sylvain Tris-
tan ajoute que « la partie la plus étonnante du système,
du moins en théorie, est que les concepts de temps et de
distance étaient réconciliés au sein d’une géométrie com-
mune. C’est comme si nous employions aujourd’hui une
forme dégénérée de celle-ci, comme si nous avions oublié
le système unifié qui pourrait avoir existé ».
L’utilisation récurrente des chiffres 366, 40 et 10 par
les druides, que l’on retrouve aussi dans les propor-
tions de leurs constructions, est-elle le fruit du ha-
sard ? C’est la question que soulève Sylvain Tristan :
« Est-il possible que ceux qui ont créé cette géométrie
aient décidé d’utiliser ces nombres (366, 40 et la base
10) autant que possible parce qu’ils reflètent directement
une caractéristique physique fondamentale de notre
planète, c’est-à-dire le fait que la Terre fait 366 10/40
(366 un quart) tours sur elle-même, tandis qu’elle effec-
tue une révolution complète autour du Soleil ? » Cela
est d’autant plus surprenant que ces nombres sont
omniprésents dans la physique de notre monde et
dans la biologie humaine. À titre d’exemples, la cir-
conférence de la Terre équivaut à 366 % de celle de la

Des recherches archéologiques
toujours en cours pourraient
apporter des clés quant aux origines
potentielles des druides.
Lune, la circonférence du Soleil est environ 400 fois

supérieure à celle de la Lune. Il faut 40 semaines À
pour créer un corps humain non prématuré… Pour- LIRE
rait-on y voir l’œuvre d’un « grand architecte » de
l’Univers qui aurait étalonné notre monde en utili-
sant ces nombres particuliers ?
Des découvertes récentes
Les nombres
Enfin, des recherches archéologiques toujours en des dieux
cours pourraient apporter des clés quant aux ori- Sylvain Tristan
gines potentielles des druides, voire confirmer qu’ils Éd. Le temps
étaient bien plus évolués qu’on ne le pensait. Une présent,
2018, 23 €
grande partie de l’héritage des bâtisseurs-marins du
mégalithique a disparu sous les eaux autour de -6000
à -5000. « La mer du Nord n’a pas toujours été une
mer, note Sylvain Tristan, il existait une vaste plaine,
puis une grande île, mais elle a finalement été englou-
tie par la mer il y a quelques millénaires, juste après la
dernière glaciation. On la connaît aujourd’hui sous le
nom de Dogger Bank – un banc de sable sous-marin de (1) Les lignes d’or
160 milles de long dans une zone peu profonde de la mer Sylvain Tristan
Éd. Le temps
du nord. Elle faisait partie d’une énorme masse terrestre présent,
aujourd’hui dénommée Doggerland, qui reliait autrefois 2014, 24 €
la Grande-Bretagne au nord de la France, à la Belgique,
aux Pays-Bas, à l’Allemagne et au Danemark. » Selon ET
les termes du géophysicien Richard Bates, « Dogger- AUSSI
land constituait le véritable cœur de l’Europe jusqu’au
moment où le niveau de la mer a augmenté pour nous
donner le contour de la côte du Royaume-Uni d’au-
jourd’hui. […] Nous avons été en mesure de modéliser
sa flore et sa faune, de construire une image de l’ancien
peuple qui y vivait et de commencer à comprendre cer- HORS-SÉRIE 7
tains des événements dramatiques qui allaient ensuite Une autre
modifier le territoire ». Des silex, des lieux de sépulture histoire de
humains, d’intrigantes pierres levées, ainsi qu’une menhirs
dans Inexploré
tombe collective de mammouths ont été retrouvés HS n°7, en vente
sur place. Ces éléments rappellent les récits de peuples sur INREES.com
mythiques, dans l’Antiquité : « Il semble très probable
que les Atlantes et les hyperboréens dépeints par Diodore
dans deux sections différentes de sa Bibliothèque histo-
rique se réfèrent à un seul et même peuple, et donc que
l’historien grec ne se rendit pas compte que le matériau (2) Durée nécessaire
qu’il avait puisé dans deux sources différentes était deux pour que le Soleil
retrouve la même
descriptions somme toute assez similaires d’une seule et position par
même civilisation », avance Sylvain Tristan. Atlantes, rapport aux étoiles
hyperboréens ou druides du mégalithique : plusieurs fixes sur la sphère
céleste, observée
mots pour décrire une seule civilisation de génies ou- depuis le même lieu
bliés de la Préhistoire ? ● sur la Terre.
HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 47
 Dossier

Quand l’âme
agit…
rituels
Même sans toujours nous en rendre compte, nous avons tous nos
petits rituels, qu’ils soient personnels, familiaux ou culturels. À notre
époque troublée et incertaine, alors que la spiritualité est une quête
individuelle, les rites et la magie pourraient nous rassembler autour
d’un but commun : réenchanter notre monde.

Sommaire
PHOTO : SHUTTERSTOCK - DE ZOLOTAREVS / ILLUSTRATION : SHUTTERSTOCK - SOULGIE

✦ Ordonner le monde en quête du sacré  50

✦ Magie et rituels, comment ça marche ?  54
✦ Les nouveaux guerriers  58
✦ Dans le secret des cercles de femmes 60
✦ Conseils pour créer vos propres rituels 64
✦ Danser avec les cycles de la vie  66
✦ Initiation au corps à corps  70
✦ Réenchanter sa vie, quand l’âme agit  74
✦ Pour aller plus loin  78
 ORDONNER

En quete LE MONDE

du sacre
Ils ont de tout temps fait partie de nos vies. Les rituels et
les cérémonies sont des actes collectifs ou personnels qui aident
à la recherche de sens. Aujourd’hui, après avoir un peu disparu,
ils semblent reprendre place dans notre quotidien, pour
réenchanter nos existences. Par Catherine Maillard

D
«  ans nos sociétés, on ne laisse
pas des enfants naître,
des couples se marier, des
hommes et des femmes mou-
rir sans chercher à donner sens,
de quelque manière, à ce passage d’un état de l’être à
un autre », écrivait Jean Cuisenier(1), directeur de
recherche au CNRS, ethnologue réputé. De la notion
de rites, en son sens premier, qui provient du latin
ritus « ordonnance », on garde l’intention d’une mise
en ordre. « Face aux aléas de la vie et à sa finitude, notre
besoin de rituels est vital », avait établi notre expert.
Sans doute aussi, selon lui, « parce qu’ils procèdent de
notre projet d’être au monde, dans toutes les dimensions
de l’existence, par authentique engagement. » Si ces
pratiques sont ancestrales, qu’en est-il aujourd’hui,
à notre époque apparemment désenchantée ? Il
semblerait que nous assistions à un renouveau des
rituels, « sans doute parce que ceux existants ne nous
satisfont plus. Trop formels, ils auraient perdu de leur
sens et de leur efficacité », avait-il soulevé. Par ailleurs,
« nous serions animés d’une quête de sacré et d’un nou-
veau souffle inspirant et fédérateur », ajoute la psycho-
thérapeute transgénérationnelle Bernadette Blin.
Anthropologues, sociologues, et plus récemment
psychanalystes et psychothérapeutes se sont penchés
sur l’art des rituels, ses fonctions, son renouveau et
les conséquences d’une perte « d’ordonnancement ».
Ciment de la communauté
Leur origine se perd dans la nuit des temps ; rites,
pratiques rituelles et cérémonies festives sont autant
d’activités ancestrales reliées à des us et coutumes, qui
structurent la vie des communautés et des groupes.
Du point de vue des sociologues, qu’ils soient pra-
tiqués en public ou en privé, ils sont essentiels, car
ils réaffirment l’identité de ceux qui les pratiquent et
sont étroitement liés à des événements importants.
La plupart, en effet, se déroulent à des moments et
dans des lieux particuliers, qui rappellent à la com-
munauté certains aspects de sa vision du monde, de
son histoire et de sa mémoire. C’est le cas des rites
solennels régis par l’Église, ou par l’État, ceux cou-
tumiers régis par des collectivités locales, et ceux
ancestraux qui marquent le rythme des saisons ou
les grands passages de la vie. Ces activités ritualisées
PHOTO : GIEDRIIUS / SHUTTERSTOCK
comportent de multiples dimensions, cognitives, cor-
 plus souvent à la naissance, la puberté, le mariage et
Face aux aléas de la vie
et à sa finitude, notre besoin
de rituels est vital.
 transition, où l’on n’est pas tout à fait pareil ni FF F
Découverte Rituels
porelles, et recouvrent également une grande variété
d’expressions, à savoir gestuelles, chants, invocations,
tenues… C’est au cœur même de cette extraordi-
naire diversité qu’émerge notre universalité, au-delà
des frontières et des cultures ; celle de notre humanité
face aux contingences des lois de la nature, de la vie,
et de l’arbitraire du divin.
Une fonction structurante
dans l’enfance
« Les rituels servent à structurer le temps, nos relations
aux autres, au monde qui nous entoure, avec la gestion
de nos peurs », pose d’emblée Bernadette Blin. Les spé-
cialistes de la psyché ont mis l’accent sur leur fonction
structurante du « moi », à quel point ils font partie
intégrante de notre vie, et ce, dès notre plus jeune âge.
« En effet, les rythmes du tout petit s’organisent autour de
la tétée, le change, les regards, les caresses », ajoute notre
spécialiste. Plus tard, l’enfant instaure lui-même, en
mode ritualisé, des comportements mis en place par
ses parents, tout particulièrement au coucher. « Pour
passer du jour à la nuit, la plupart [des enfants] ont
besoin d’une lecture, d’une lumière, du doudou, de la
porte entrouverte, chaque soir, dans le même ordre ; ce
qui crée un cadre qui les rassure, les contient, les aide
à glisser dans ce monde nocturne, parfois angoissant »,
rapporte Ève Fouquet, art-thérapeute(2). « Nous avons
tous constaté combien l’enfant y est attaché et combien il
est anxieux quand ils ne sont pas respectés », commente
Bernadette Blin. Une fois adulte, ce besoin perdure,
et tout au long de notre vie, nous créons naturelle-
ment de petits actes ritualisés, parfois sans en avoir
conscience, que ce soit des rendez-vous anniversaires
pour célébrer une rencontre amoureuse, sceller une
amitié, ou en mémoire d’une personne chère dispa-
rue, dans un endroit significatif, avec un plat ou un
objet devenu « fétiche ». Toujours pour satisfaire ce
désir inconscient d’ordonnancer, de donner du sens.
Les grands rites de passage
Pour tout être, la vie est ponctuée de différentes étapes
en harmonie avec les grands cycles de la vie. « Dans les
sociétés traditionnelles, les grands moments de transforma-
tion étaient marqués par des rites de passage », rappelle
Brigitte Chavas, psychothérapeute transpersonnelle et
animatrice pour les adolescents(3). Ils étaient associés le
la mort ; « le passage à l’âge adulte était primordial, et
la plupart concernaient les jeunes, ou l’accompagnement
à la mort », précise notre spécialiste. Par sa dimension
symbolique forte, le rite structure ces moments de
HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 51

Il y a, dans la vie,
de l’inexpliqué que
le rite matérialise et
symbolise.


FF F avant ni après. Traditionnellement, la transi-
tion s’accompagne de la notion de perte, d’innocence,
de santé, d’un conjoint… Fondés sur une dynamique
mort (perte) et renaissance (renouveau), les grands
rites de passage aident l’individu dans ces étapes, qui
sont des crises d’évolution nécessaires et bénéfiques
à des moments clés de notre vie. Chez les Maasaï,
par exemple, la nuit avant la cérémonie, les garçons
dorment dans la forêt, traversent leurs peurs les plus
archaïques, et reviennent transformés, accueillis par la
tribu pour une journée de chant et de danse. Ainsi,
pour accepter de mourir et de renaître symbolique-
ment, il nous faut être accompagnés, soutenus par un
passeur ou une communauté. Brigitte Chavas soulève
les risques inhérents à l’absence de ces passages enca-
drés par le collectif, « qui peut pousser les jeunes dans une
recherche légitime de leurs propres initiations et la quête
d’expériences extrêmes, en vue d’une transformation. »
Un avis partagé par Dominique Owen, formatrice
à Horites, école dédiée à l’art des rituels, fondée par
Paule Lebrun(4) : « Ne pas satisfaire ce besoin archétypal
peut générer une énergie violente et dangereuse en soi et
à l’extérieur de soi. » Un constat qui pourrait expliquer
en partie le désarroi que traverse la jeune génération,
avec les désordres que l’on connaît.
Une dimension sacrée
« Les rituels sont une façon de rendre à la création un
peu d’énergie que nous n’avons de cesse de recevoir »,
expose Wavun Bind, femme médecin amérindienne,
qui nous rappelle que nous nous sommes séparés
de la sacralité ! Le sacré est un aspect primordial de
l’art rituel, commun à toutes les pratiques, au-delà
du temps et des traditions. « Chez les peuples anciens,
peu importe les cultures, on retrouve dans la vie des com-
munautés et des individus non seulement des moments
de rupture dans l’espace, mais aussi dans le temps, vécu
comme un temps sacré », a observé Mircea Eliade,
anthropologue et grand historien des religions. Par
sacré, il entendait « quelque chose d’opposé au monde
profane et à la routine de tous les jours, une faille par
laquelle peut se manifester la dimension extraordinaire
de la vie ». Ainsi, nous avons besoin de moments de
pause, pour nous soustraire à l’enchaînement répétitif
des jours. Autrefois, les activités ritualisées « de rupture
avec le quotidien » permettaient aux visions et à la
PHOTOS : SDP - ALEXKICH / ADOBE STOCK
magie d’apparaître ; c’était le cas pour les bacchanales
ou les grands carnavals festifs. Encore aujourd’hui, les
pratiques ritualisées sont « des recréations de ce temps
éternel », comme les nommait l’historien.
Par ailleurs, notre puissante attraction pour ces pra-
tiques pourrait ainsi résider dans « leur capacité à
évoquer un voile du mystère », comme le suggère le cher-
cheur canadien en socioanthropologie Denis Jeffrey(5).
Découverte Rituels
« Ils sont là pour nous rappeler que la vie ne se possède pas
À
entièrement, que toujours quelque chose nous échappe. LIRE
Il y a dans la vie de l’inexpliqué que le rite matérialise
et symbolise. »
Le grand renouveau
On assiste aujourd’hui au renouveau des rituels !
Cercles de nouvelles lunes, tentes blanches, cérémo- (1) Penser
nie du cacao, célébrations d’Ostara (équinoxe de prin- le rituel
temps)… De nouvelles formes émergent, qui reposent Jean Cuisenier
Éd. PUF, 2006,
les unes sur les sagesses ancestrales, les autres sur fond 23,50 €
de psychologie sacrée. Avec des constantes, comme l’a
noté le professeur Jean Cuisenier : « s’asseoir en cercle, se
tenir les mains, allumer des bougies, brûler des papiers… »
Sans doute, selon lui, « en réponse à un besoin d’une
gestuelle moins contrainte, d’une participation plus active,
à l’élaboration même du cérémonial ». Pour Dominique
Owen, formée à la psychologie sacrée, « nous avons
besoin de pratiques qui reconnectent au langage symbo-
lique de l’âme et qui répondent aux besoins criants de la (2) Rituels de
femmes pour se
communauté ». À la jonction entre la psychothérapie reconnecter à la
et la spiritualité, ils sont un complément remarquable. femme source
« Alors que la psychologie démêle nos scénarios de vie et Ève Fouquet
les traumatismes de l’enfance, le travail ritualisé, lui, Éd. Courrier du
Livre, 2016, 16 €
ouvre la porte de l’âme humaine en créant notamment
du sens, en impliquant le corps dans l’acte qui marquera
le passage. » Selon le prisme de la psychologie sacrée, le
recours aux archétypes, aux symboles et aux mythes
dans les pratiques, qui sont en quelque sorte des ponts,
des médiateurs, permet cet extraordinaire saut direct
entre le royaume de l’ego et celui de l’être unifié.
Le phénomène s’invite également dans notre home
sweet home, sous forme de petits actes ritualisés,
mêlant sacré et tradition, en réponse à notre besoin (5) Éloge des
quotidien de rendez-vous avec soi, « hors du temps rituels
Denis Jeffrey
profane ». « C’est une réponse à un appel qui vient de Éd. Presses
l’intérieur », confie Julia. Cette connexion s’obtient de l’Université La-
par une succession de gestes simples, qui agissent val, 2004, 22,45 €
comme des signaux pour notre conscience. « J’al-
lume une bougie, je pose un châle sur mes épaules, je me
connecte à mon autel, je descends dans mes profondeurs,
je nomme une intention ! », énumère Samia, pour qui
ce moment opère comme un sas entre sa journée de
travail et la soirée. Alors le rituel, même en solo, peut
jouer son rôle actif de « contenant », comme l’ex-
plique Robert Bly, poète et militant mythopoétique :
« Lorsque, par un acte d’intimité et d’imagination, SITE
nous entrons dans cet espace “sacralisé”, quelque chose WEB
dans la psyché change immédiatement. Dans ce lieu de (3) Rites de
contact avec les dieux – ou avec l’inconscient, nous pou- passage avec
Brigitte Chavas
vons demander ce que nous voulons vraiment. Avec la souffletherapie.net
profonde conviction que nous serons entendus, et exau- (4) Ho Rites
cés… » Les rituels, alors, peuvent s’apparenter à une de passage
prière de l’âme en action ! ● horites.com
HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 53
Magie
& rituels
COMMENT ÇA MARCHE ?

Une source tarie se remet à couler après
un rituel... Une femme dite stérile tombe
enceinte en portant un talisman spécial...
Que se passe-t-il dans l’invisible pour que
de tels « petits et grands miracles » soient
rendus possibles ? À travers quelles forces
de notre esprit et de la nature la magie
opère-t-elle ? Par Claire Eggermont
A
ccéder au monde de la magie,
d’après l’alchimiste Vincent
Lauvergne, c’est déjà recon-
naître que tout ce qui vit émet
une énergie et qu’il est possible
de l’utiliser consciemment. C’est aussi accepter la
nature de l’être humain au-delà du corps physique.
D’après la tradition ésotérique, nous serions effecti-
vement dotés de plusieurs corps, chacun d’eux nous
permettant d’entrer en relation avec un monde ou
un « plan » différent, du plus dense au plus subtil.
« Plus vous prendrez conscience de votre nature psy-
chique ou spirituelle, plus votre conscience s’élargira et
vous permettra de percevoir une réalité qui vous était
totalement inconnue jusqu’ici mais qui a pourtant tou-
jours été présente », écrit-il dans son livre La magie des
égrégores. Pour lui, comme pour beaucoup d’autres,
c’est à partir du plan astral, dans lequel se trouvent
nos corps supérieurs, que se crée tout ce qui se mani-
feste dans notre monde physique. C’est donc sur ce
plan que le mage va opérer, s’il souhaite engendrer
un changement en lui ou sur son environnement. La
magie serait ainsi l’art d’utiliser les ressources cachées
de notre esprit et de la nature, afin de les concentrer
et de les diriger dans le sens précis d’une intention.
Un pont entre les mondes
Qu’ils soient conçus pour influer sur une trans-
formation matérielle ou spirituelle, les rituels
PHOTO : GRAPE VEIN / ADOBE STOCK
auront toujours pour objet de créer un pont entre
 ment des plantes, du bois, de la cire, de l’huile,
Toutes nos structures
de croyances sont ancrées
dans notre inconscient.
 et autres objets magiques et aider à les FF F
Substantiel Rituels
le monde visible et le monde invisible. En entrant
dans l’espace du rituel, le mage quitte son identité
profane et s’apprête à servir d’intercesseur entre
l’énergie et la matière. Le rituel va alors consis-
ter en une sorte de mise en scène destinée à faire
passer notre intention consciente à l’inconscient.
« Toutes nos structures de croyances sont ancrées dans
notre inconscient, nous explique Vincent Lauvergne.
C’est lui qui est majoritairement aux commandes de
notre vie et si nous voulons changer, c’est donc sur lui
qu’il faut agir. » Pour cela, le rituel devra être minu-
tieusement préparé et mettre en scène toute une
gamme d’éléments à forte valeur symbolique que
l’inconscient, qui ne comprend pas l’analytique,
saura décoder. Plus la symbolique sera pointue, plus
l’inconscient entendra le message. C’est pourquoi
tous les objets présents dans le rituel et toutes les
formules ou prières prononcées seront choisis par
analogie avec l’intention pour laquelle on opère. Ils
auront également une action physique, vibratoire,
sur l’environnement. Il s’agit de provoquer une alté-
ration des sens, une modification de la perception
de la réalité et un passage sur une autre fréquence
d’où surviendront des événements qui se répercu-
teront dans notre réalité ordinaire. « Les bougies,
les encens, les couleurs, les sons : tout cela, ce n’est pas
juste pour faire joli. Tout a une raison d’être, reprend
Vincent Lauvergne. Une épée, par exemple, va pou-
voir dissoudre des entités cherchant à vous menacer.
C’est pour cela qu’elle doit être pointue et coupante. »
Idem pour les encens dont les fumées et les parfums
auront une action directe et sur l’environnement et
sur l’inconscient. Ils ne devront donc pas non plus
être choisis par hasard. « Si vous faites un rituel pour
l’amour, vous n’allez pas utiliser de l’asa foetida qui
est une férule vomitive à l’odeur vraiment désagréable,
mais plutôt de la rose. Cela ne vous placera pas dans
la même vibration ni dans les mêmes émotions ! De
même, les couleurs des nappes et des bougies vont aider
à saturer votre vision sur une fréquence précise. »
Des aides auxquelles se relier
Pour atteindre son but, le mage ne va pas opérer
seul. Certains métaux et minéraux, mais égale-
de l’alcool, etc., appelés en magie « condensa-
teurs fluidiques », serviront à condenser et à dif-
fuser un courant énergétique précis. Ils pourront
entrer dans la fabrication de talismans, de dagues
HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 55
Rituels Substantiel
À FF F « charger » énergétiquement. Les cha-
manes également, dans leurs rituels, se relient
LIRE
à leurs « alliés » de la nature et notamment aux
éléments, s’appuyant tant sur leur aspect maté-
riel et tangible que sur toute leur part énergétique
et invisible. « En faisant un rituel autour d’un feu
concret, nous nous relions aussi à l’esprit du feu qui
sait transformer en nous ce qui a besoin de l’être.
La magie L’eau sera utilisée pour le nettoyage et la purification,
des égrégores la terre pour ses vertus d’ancrage et de consolidation
Vincent sous forme d’argile ou de boue, par exemple », nous
Lauvergne
Éd. Trajectoire,
explique Anne Picard(1). D’après cette accompa-
2017, 23 € gnante chamanique, si les éléments palpables et
concrets du rituel sont si importants, c’est aussi
parce qu’ils impliquent le corps physique qui va
pouvoir imprégner dans sa chair, et toutes ses cel-
lules, la transformation à l’œuvre dans l’énergie.
« Toute notre évolution passe par des transformations.
Dans nos corps subtils, ces changements se font au
rythme de notre conscience. Mais le plus difficile reste
à les faire accepter par notre corps le plus dense. Les
rituels vont aller toucher le corps matière pour lui
permettre de voir et de ressentir les forces en œuvre et
les potentiels qui s’ouvrent. »
Pour soutenir le travail rituel, des esprits, entités
La voie ou divinités pourront également être appelés avec
du mage,
entraînements la force de l’intention. « Ils vont œuvrer dans l’in-
préparatoires visible pendant que la personne vit le processus dans
Arnaud Thuly son corps, de façon prégnante et sensible, reprend
Éd. Alliance
magique,
Anne Picard. Tous les plans et dimensions s’accordent
2012, 20 € alors dans une direction commune. C’est ça, la magie
et la force des rituels ! » Dans la tradition magique,
le rituel commence en général par « l’appel de
forces », une invocation à une divinité et à des
entités élevées, choisies en fonction de la sensibi-
lité spirituelle du mage et ayant vocation de pro-
tection. Pour Vincent Lauvergne, « ces entités sont
en fait des énergies sans forme, laquelle sera donnée
exclusivement par notre mental en fonction de nos
croyances et de notre culture. Elles viennent renfor-
cer l’énergie déployée ». Des invocations planétaires
peuvent entrer en jeu, comme celles détaillées
dans le traité de magie médiévale Picatrix. Chaque
planète sera ainsi invoquée par rapport à l’énergie
qu’elle représente et qu’elle soutient sur le plan
vibratoire : Vénus pour l’amour, Mars pour l’af-
firmation, la Lune pour l’argent, le Soleil pour les
 comme il l’indique dans son livre La voie du mage :
Les rituels auront toujours pour
objet de créer un pont entre le monde
56
visible et le monde invisible.
Inexploré - N° 41 - HIVER 2019
 en faire émerger la quintessence ». ●

L’intention est
fondamentale pour donner
sa direction au rituel.

arts, etc. Anne Picard, elle, préfère laisser venir les
esprits qui le souhaitent plutôt que de déterminer
elle-même ceux qui seraient utiles : « Après avoir
clairement exprimé mon intention, je m’ouvre et je
fais confiance, je m’en remets à plus grand que moi. »
Un art de l’intention
Nous l’avons vu, l’intention est fondamentale
pour donner sa direction au rituel. Elle est son
fil conducteur, une focalisation de l’esprit sur le
résultat précis que l’on cherche à atteindre, mais
également son garde-fou. Elle se doit d’être aussi
précise que possible. « C’est un appel à l’Univers,
comme une donnée GPS qui, si elle est suffisam-
ment claire, va nous mener à bon port, ajoute Anne
Picard. Même si les mots nous paraissent parfois
réducteurs, il est toujours important de la pronon-
cer à voix haute. Car dans l’énergie du son, dans la
vibration de la voix, transparaît tout ce que le cœur
et l’âme veulent exprimer. Quand les rituels se font
en groupe, focalisés sur la même intention, cela crée
un vortex encore plus fort ! » Tout comme Anne,
Vincent Lauvergne insiste sur le fait que l’inten-
tion doit être personnelle. « Même si c’est pour la
guérir, vous n’avez aucun droit de faire quelque chose
sans le consentement de la personne. Le respect du
libre arbitre est fondamental. »
Arnaud Thuly, passionné d’ésotérisme et fondateur
des éditions Alliance magique, insiste sur le fait
qu’une bonne intention et une mise en scène bien
choisie ne suffiront pas à créer un rituel efficace.
Pour obtenir des résultats concrets et opérer sans
danger, la pratique de la magie demande selon lui,
de maîtriser des facultés essentielles et naturelles que
nous avons délaissées avec le temps. Prendre soin de
notre corps physique, amplifier notre respiration,
accroître et régénérer nos réserves énergétiques,
canaliser notre esprit, nous défaire des peurs et des
PHOTOS : SDP - GRAPE VEIN / ADOBE STOCK
pensées parasites, faire l’expérience du vide mental
et éveiller nos perceptions, seraient quelques préro-
gatives indispensables à la pratique magique. Car
« pratiquer la magie, ce n’est pas seulement réaliser
des rituels pour obtenir ce que l’on souhaite, c’est aussi
procéder à une transformation de soi-même et parvenir
à cette alchimie subtile qui unit le corps et l’esprit pour

Égrégore 
Comment et pourquoi cela fonctionne-t-il ?
En appelant des entités, des esprits, des divinités,
et en utilisant des symboles particuliers, le mage
va se relier à des « égrégores ». D’après Vincent
Lauvergne, ce terme définit toute création tirée
de la force psychique d’un groupe. Il suffit d’une
simple pensée (manifestation énergétique qui se
forme dans notre esprit) pour lancer l’impulsion
d’un égrégore. Mais pour que celui-ci se forme et
perdure, il faudra que cette pensée soit partagée
par d’autres personnes et alimentée. Plus l’idée
va se matérialiser et se propager sous forme
d’écrits, d’images, de sculptures, de chants, de
prières, etc. et plus d’autres personnes l’embrasse-
ront, plus l’égrégore sera puissant.
Ainsi, un égrégore est une sorte de réservoir
d’énergie commune que chaque membre alimente
et qui alimente chaque membre en retour. Incon-
SITE
WEB
Anne Picard
chamanismedecoeur.com
sciemment, nous sommes tous liés
à de nombreux égrégores, à commencer par
celui de la famille. Certains nous renforcent,
tandis que d’autres nous pompent !
Les rituels initiatiques, lors desquels un initié
entre dans un groupe spirituel ou une loge,
le lient littéralement à l’égrégore, aux racines
et aux croyances de ce groupe.
Dans les rituels de célébration, comme les fêtes
religieuses ou païennes, un canal à double
sens s’ouvre : les membres renforcent en énergie
psychique l’égrégore de leur tradition et reçoivent
en échange un afflux d’énergie. Cela explique
les extases ou les guérisons qui peuvent advenir
lors de certains rites particuliers, agissant comme
des portails inondant les êtres d’une énergie bien
supérieure à leur énergie habituelle.

L’Aventure initiatique
des Nouveaux Guerriers :
“Changer le monde, un
homme à la fois”.


Guerriers LES NOUVEAUX

Face à un nouveau monde qui se désenchante et

perd ses transmissions, certains hommes souhaitent
recréer la force des rituels initiatiques, afin de grandir
ensemble et retrouver leur masculinité. Rencontre
avec des guerriers modernes. Par Catherine Maillard

Ñ ous sommes réunis pour
le retour des « Nouveaux
Guerriers », après leur
week-end d’initiation
MKP ; trente hommes de
tous âges, dans leur vulnérabilité et leur puissance.
Compagnes, pères, amies, potes, tous sont là pour
les accueillir et célébrer leur bravoure, pour avoir pris
le risque de traverser leurs peurs, d’avoir livré bataille
avec leurs monstres intérieurs et tenté la plus risquée
des aventures, celle, intérieure, de la connaissance de
soi et de l’initiation ! MKP, trois lettres qui se mur-
murent à l’oreille des hommes, comme un signe secret
de ralliement, un signal de reconnaissance. Que cache
ce mystérieux code ? Le ManKind Project est né de la
rencontre de trois hommes, un officier des Marine’s,
un psychologue et un professeur d’université, nom-
més respectivement Ron Hering, Rich Tosi et Bill
Kauth. Leur questionnement : qu’est-ce qu’être un
homme aujourd’hui ? Forts d’un constat commun,
celui d’un manque de transmission de valeurs mas-
culines de père à fils, dû en partie à une éducation
faite par les mères, ils fomentent le projet d’un week-
end d’initiation réservé aux hommes. Leur objectif ?
Changer le monde, un homme à la fois ! Ainsi naît en
1984 le training, un rite de passage inspiré du conte
initiatique de leur mentor Robert Bly, L’homme sau-
vage et l’enfant, où il est question de l’évolution d’un
jeune garçon vers sa maturité d’homme. Au fil du
temps apparaît une nouvelle dénomination : « l’Aven-
ture initiatique des Nouveaux Guerriers ». Depuis
2001, date de la première aventure en Europe, ils sont
environ 4 000 hommes à avoir été initiés !
Un nouveau code d’honneur
« J’étais un loup solitaire, je me suis fait tout seul,
j’avais peu de liens avec les autres hommes », confie
Arnaud N., 43 ans, coleader MKP. « J’avais des
difficultés à trouver ma place dans le couple, une pro-
blématique liée aux hommes de ma lignée, avec une
perte de transmission père-fils », raconte Matyas, 35
ans, stagiaire. Les motivations à oser cette aventure
sont plurielles. Les uns sont en quête de fraternité,
d’autres en rupture avec leur père, en souffrance,
ou coupés de leurs émotions. « Il y a aussi ceux qui
viennent par défi, ou par curiosité », a noté Arnaud.
PHOTOS : LARS / ADOBE STOCK - SDP
La notion de Nouveaux Guerriers est plutôt intri-
gante ! Que recouvrent ce terme et les valeurs qui y
sont associées ? « Authenticité, responsabilité, intégrité
sont les clés d’un nouveau code d’honneur pour être un
bon guerrier et servir son royaume », résume Cyrill
Chantereau, coleader MKP de la première heure. En
d’autres termes, face au chaos du monde, il n’est plus
Masculinité Rituels
temps de rejeter la faute sur les autres, mais bien de
prendre sa responsabilité, de faire preuve d’intégrité,
d’authenticité, et de contribuer au changement… à
commencer par soi-même, sans concession !
Une aventure initiatique
« J’ai accédé à une part de moi profondément enfouie,
j’ai dû me dévoiler, ce qui a été particulièrement
éprouvant. Une véritable initiation », énonce,
encore ému, Matyas. Le mot est lâché : initiation !
« Ce voyage repose sur des codes “initiatiques” : sor-
tir du contexte connu pour vivre un rite de passage,
une renaissance dont on revient profondément trans-
formé », précise Cyrill Chantereau. S’exposer, expri-
mer sa colère, ou sa honte, ses peurs aussi… Dans
cet espace sécurisé, l’exploration des parts refoulées,
puis leur libération ont lieu au sein du groupe, avec
le soutien bienveillant des hommes… « Chacun
découvre que nous ne sommes pas si différents, qu’on
porte tous notre lot de souffrances », décode Arnaud.
La certitude d’être accueilli, tel qu’on est, est un SITE
puissant vecteur de transformation. « Adolescent, WEB
j’étais le bouc émissaire d’une bande. J’ai pu enfin me
libérer d’une peur au ventre viscérale et d’un senti- MKP en France
www.mkpef.org
ment d’exclusion chronique », confie Matyas. Quant
au process en lui-même, « il reste secret, pour préser-
ver cette notion d’initiation et d’inconnu », précise À
Arnaud. Une clause de confidentialité que chacun LIRE
respecte avec solennité, stagiaires comme leaders et
encadrants. Les seules informations qui circulent
sont générales : « Le process est constitué d’un mix
d’outils issus de la gestalt, de l’analyse transactionnelle,
de la PNL et de rituels d’inspiration lakota », lâche en
souriant Cyrill, qui n’ajoutera rien de plus.
L’homme
sauvage et
La fierté en partage  l’enfant
L’avenir du
À notre époque où l’homme est stigmatisé comme genre masculin
Robert Bly
« macho prédateur sexuel » ou enfermé dans la cari- Éd. Seuil, 1992,
cature du buveur de bière fou de foot, l’initiation met 24,30 €
la lumière sur des fonctionnements devenus obso-
lètes et sur la possibilité de changements. « J’étais très
agressif, je faisais peur à tout le monde. J’ai développé
un leadership, à partir de ma vulnérabilité », pointe
Arnaud. « Je suis parti avec un sentiment d’isolement,
je suis revenu avec une famille, la communauté des
hommes », résume Matyas. « J’ai mis fin à mon addic-
tion à l’alcool, j’ai compris ce que ça cachait », partage
Jean-Michel, fier de lui ! Les témoignages des guer-
riers à la cérémonie de clôture sont autant de mes-
sages d’espoir ; une promesse d’une nouvelle aube,
où les hommes se lèvent avec fierté pour devenir
meilleurs, s’engageant à bâtir un monde plus sûr ! ●
HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 59
 DANS LE SECRET

Cercles DES

de femmes
Moon lodges, tentes rouges, cercles de femmes... Dans la nature ou
en ville, de plus en plus de femmes s’éclipsent de leur quotidien pour
entrer dans l’intimité de ces mystérieux regroupements. Quel est l’élan
qui les appelle et par quelle magie « guérisons », « transformations » et
« révélations » sont-elles rendues possibles ? Par Claire Eggermont

L ’idée n’est pas nouvelle et s’inspire des
tribus amérindiennes dans lesquelles les
femmes se retiraient, sous un tipi ou un
wigwam, le temps de leurs menstruations,
qu’elles avaient généralement toutes en
même temps. « Pendant ces quelques jours considérés
comme sacrés, les hommes œuvraient pour que les femmes
ne manquent de rien et soient pleinement disponibles
pour communier, écouter leurs intuitions, se transmettre
du savoir et recevoir les visions qui pouvaient être utiles à
l’ensemble de la tribu », nous explique Bhakti, grand-
mère québécoise d’origine algonquine et huronne,
qui anime régulièrement en France des « loges de la
lune ». En plein cœur de notre modernité, l’engoue-
ment pour ces rites anciens ne fait que s’accroître et
des cercles de femmes « occidentalisés » émergent de
toutes parts. La première fois, beaucoup ne savent
pas ce qu’elles font là. On leur en a parlé et elles ont
« senti » qu’elles devaient y aller... « Je me suis inscrite en
faisant totalement confiance à une amie, sans savoir où je
mettais les pieds, témoigne Gwennig. J’avais développé
une attitude tellement masculine pour survivre dans mon
travail que je trouvais utile d’aller jeter un œil sur ma
féminité. » Clara, quant à elle, raconte à quel point elle
se sentait épuisée par les épreuves de la vie, en perte
totale de confiance et de direction, quand elle a décidé
de faire sa loge de la lune. « Je ne pouvais plus conti-
nuer ainsi, il fallait que je fasse une pause et que “quelque
chose” change. Et c’est tout à fait ce qui s’est passé ! » D’une
manière générale, le point de départ, c’est une quête de
sens. Les femmes veulent comprendre leur histoire, se
sentir mieux dans leur peau et trouver leur juste place.
Beaucoup arrivent après un problème familial, une
rupture, une maladie. « En réalité, les femmes viennent
parce que leur âme crie à être retrouvée, poursuit Bhakti.
Nous avons été éduquées sur le “devoir” d’être des femmes
sérieuses, de bien ranger notre maison, de bien nous occu-
per de nos maris et enfants et de ne pas faire de vagues.
Mais notre être profond n’en peut plus. Du fond de nos
entrailles, il appelle à se réaliser pleinement ! »
Dans la bienveillance
Nombreuses sont celles qui arrivent aussi avec le
poids de la honte. Honte d’être une femme, honte
PHOTO : MAYA KRUCHANCOVA / ADOBE STOCK
de saigner, honte du jour où elles ont annoncé leurs
premières règles à leurs parents et n’ont souvent reçu
en retour que rires, moqueries ou injonctions bles-
santes. « Des blessures, beaucoup, beaucoup de bles-
sures... Des femmes blessées dans leur sexe, des femmes
blessées dans leur intégrité, certaines presque détruites,
d’autres qui se sont complètement refermées, la plupart
qui doutent de leur valeur et de leur beauté », partage
Émeline Decaesteker, animatrice de cercles et moon
Féminité Rituels

En réalité, les femmes
viennent parce que leur âme
crie à être retrouvée.
mother formée auprès de Miranda Gray. « Depuis des

siècles, le féminin a été dévalorisé, reprend Bhakti, et
nous ne savons plus comment retrouver notre centre et
notre puissance. Dans les cercles, j’entends très souvent
des femmes dire : “Je sais que j’ai du talent et que mon
projet pourrait marcher, mais j’ai peur !” Dans le passé,
cela nous a beaucoup coûté de savoir et de nous exposer.
Nous portons toutes encore la mémoire de ces milliers de
“sorcières” qui ont été brûlées. » Ces blessures criantes
au fond de leur corps, de leur cœur et de leur âme, les
femmes vont enfin pouvoir les mettre en lumière, les
déposer et les partager dans la rondeur et la chaleur
du cercle. « Nous sommes arrivées en début de soirée.
Dans un coin de la pièce étaient accrochés des voilages
et des tentures rouges, qui formaient comme un cocon.
Des coussins étaient posés au sol, des bougies au centre.
Chaque participante avait amené des douceurs et il flot-
tait une bonne odeur de thé », se souvient Émeline.
Pour Florence Perdriel Vaissière, théra-coach pour les
femmes, le premier objectif des cercles qu’elle anime,
pour chaque nouvelle et pleine lune, est d’inviter les
femmes à prendre un temps pour elles et à contac-
ter l’instant, le « zéro attente », la détente. Précieuse
reliance à l’intérieur, avant de pouvoir partager... « Ici,
plus besoin de faire, d’assurer, de gérer. Je peux m’ouvrir
et recevoir... » Vient ensuite un cercle de parole où
chacune est invitée à tour de rôle à livrer ce qu’elle a
sur le cœur. Le bâton de parole qu’elle tient à la main
lui assure l’écoute active de ses sœurs. Elle peut parler
librement en étant entendue. « Beaucoup d’entre elles
ont vécu toute leur vie sans jamais parler d’elles, de leurs
envies, de leurs aspirations profondes, de leurs peines, de
leurs peurs, ajoute Bhakti. Ce sera alors la première fois
qu’elles peuvent se raconter. »
S’il y a autant de cercles différents que de facilita-
trices, tous accordent une place essentielle à ce temps
de parole. Les histoires se font écho et révèlent toutes
les facettes du féminin. Les blessures se rejoignent
dans un seul et même fleuve, étreint par l’attention
bienveillante des « sœurs de lune ». L’une a perdu un
enfant, l’autre n’a jamais pu en avoir. L’une subit des
violences conjugales, l’autre ne s’est jamais remise du
viol de son enfance. « En le déposant dans le cercle,
j’ai commencé à accepter tout ce par quoi j’ai dû passer
pour grandir », confie Kathia. Petit à petit, la soro-
rité déploie ses ailes dans le cercle, où chacune peut
être reconnue et se reconnaître dans son unicité. « Au
début, les nouvelles arrivantes ont des appré- FF F
HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 61
Rituels Féminité
À FF F hensions. Elles se regardent, elles se comparent
LIRE certainement. Puis ça se détend... Et au fil du temps,
certaines s’allongent, d’autres caressent les cheveux de la
voisine, elles redécouvrent ce que c’est que de partager
entre femmes, sans concurrence et sans jugement. Même
les moments de tristesse sont vécus avec grâce, car elles se
sentent entourées », reprend Florence Perdriel Vaissière.
« Avoir un espace de sécurité où pouvoir se déposer et
Rituels
de femmes
s’ouvrir : notre être n’attend que ça, précise Bhakti. Le
pour explorer mental a besoin de quelque chose de plus grand que lui
les secrets du pour lâcher et accéder à ce qui est au fond, à ce qui fait
cycle féminin mal, à ce qui est gardé secret, enfermé... Toutes les loges
Johanna Dermi
et Serena Zigrino
de la lune que je propose commencent par le tracé du
Éd. Le Courrier cercle de protection et par une cérémonie de l’encens, qui
du Livre, permettent à cet espace sacré de prendre vie. Des choses
2018, 18 € inhabituelles peuvent alors se produire ! »
Recontacter la voix de l’âme
Pour cette femme-médecine, le rituel nous permet de
passer sous la clôture du mental et d’aller directement
dans la psyché collective. « Nous sommes des êtres spiri-
tuels qui avons pris possession d’un véhicule. Nous nous
occupons du véhicule, mais jamais du voyageur. L’espace
Lune rouge,
les forces du
du rituel s’adresse au voyageur et à cette grande intel-
cycle féminin ligence en nous qui, j’en suis convaincue, ne veut que
Miranda Gray guérir et avancer. C’est pour cela que les cercles de femmes
Macro Éditions, enclenchent parfois des transformations extraordinaires.
2017, 18,95 €
Ils sont efficaces, car ils s’adressent à la bonne personne en
nous et non pas au mental, qui a peur de l’inconnu. »
Après les temps de parole, ce que les femmes font pré-
cisément dans leurs cercles est un secret bien gardé.
Méditations, danses, chants, confections d’objets sym-
boliques leur permettent de retisser le lien avec leur
être profond. « On va passer par le corps, la matière,
avec des éléments qui font sens et qui sont enracinés dans
notre environnement, reprend Bhakti. À travers les
tissus, les perles, du bois, des pierres, des plumes qu’on
assemble, on parle de soi autrement qu’avec des mots.
Les tensions et les émotions se libèrent et c’est là que la
magie opère. » Doucement, mais sûrement, les femmes
sont ainsi amenées à retrouver le chemin naturel vers
leur ventre et son infinie puissance créatrice. « C’est là
d’où vient notre petite voix et c’est elle qui devrait être au
volant de notre véhicule ! Nous devrions plutôt l’appeler
la grande voix ! Celle de l’âme qui est venue sur la terre
avec une mission particulière ». Pour Florence Perdriel
Vaissière également, la magie des cercles de femmes
 le feu vivant et de ne plus jamais remettre un cou-
Le mental a besoin de quelque
chose de plus grand que lui pour lâcher
62
et accéder à ce qui est au fond.
Inexploré - N° 41 - HIVER 2019
 mêmes », conclut Émeline Decaesteker. ●

Les femmes sont ainsi
amenées à retrouver le chemin
naturel vers leur ventre et son
infinie puissance créatrice.

agit en les ramenant dans leur corps. « Le sacré est
dans la matière !, insiste-t-elle. En revenant contacter
leur ventre, leur sang, leur cycle, les femmes s’habitent
davantage. Elles se replacent à l’écoute de leurs intuitions
et des “signes” de la vie en renouant avec sa dimension
spirituelle. Elles se rendent compte qu’elles ne sont pas
seules, mais toujours reliées et guidées. »
Oser briller en toute confiance
Alors que, dans notre société occidentale, beaucoup
de femmes ne font que donner tout au long de leur
vie, au risque de devenir aigries en vieillissant, au
sein des cercles elles réapprennent à recevoir... « Une
femme est une fontaine : elle doit d’abord être pleine
avant de donner, sans quoi elle se vide et s’assèche », sou-
ligne Bhakti. « Prendre soin de moi-même, écouter mes
besoins, dire non à tout ce qui me blesse et me trahit, dire
oui à ce qui me fait du bien », voilà les engagements
avec lesquels les femmes ressortent du cercle. Dans ce
creuset alchimique, leurs peines ne sont pas les seules
à avoir pu être accueillies. Leur joie d’être en vie, la
conscience de leur valeur, l’affirmation de leur « bon
pouvoir » ont également pu jaillir. Émeline raconte
ainsi un rituel qu’elle a mené avec les femmes de son
cercle, destiné à honorer la déesse en chacune d’elles :
« Ce fut magnifique de les voir accepter timidement, puis
pleinement, leur grandeur. De les voir complètement pré-
sentes à leur corps et à leur être. De les voir oser briller,
être puissantes dans une grande douceur. » « Pour moi,
le clan est vraiment un espace extraordinaire pour favo-
riser l’éclosion de talents et la mise en confiance, reprend
Bhakti. À partir du moment où la femme se sent aimée
et soutenue dans ce qu’elle est vraiment, elle va pouvoir
exprimer sa propre “médecine” et compter sur l’appui et
les retours sincères de ses sœurs. » Finalement, ce sont des
femmes debout et en marche qui ressortent des moon
lodges et des tentes rouges, prêtes à créer la suite de
leur histoire à partir de leurs ventres fertiles. De retour
chez elles, nombreuses sont celles qui initieront leurs
propres cercles de femmes, dans la promesse de garder
PHOTOS : ANTON - ADOBE STOCK
vercle sur l’espace sacré qui a été révélé. « Une main
posée sur le cœur, une main posée sur l’utérus, un sourire
apparaît... Cet instant est comme suspendu dans le temps.
Je suis la spectatrice privilégiée de cette reconnexion à elles-
 SITE
WEB
Bhakti
natureetconscience.com
Florence
Perdriel Vaissière
etre-et-feminin.com
Émeline
Decaesteker
chamalune.e-monsite.com
 À
LIRE

Magie tellurique

Conseils
Pratique, rituels
et secrets
Vincent
Lauvergne
Éd. Trajectoire,
2011, 25,35 €

POUR CRÉER Les mécanismes

rituels
de la pratique
magique

VOS PROPRES
Sébastien
G.A. Le Maôut
Éd. Alliance
magique,
2018, 20 €

Quel que soit votre projet, un rituel peut être l’occasion d’envoyer une
intention à l’Univers et de marquer un tournant sur votre chemin. Le grand
Qu’il soit régulier ou unique, le rituel nécessite cependant d’être livre des
correspondances
orchestré selon un certain protocole, pour plus de sûreté et d’efficacité. Sandra Kynes
Éd. Alliance
Ensuite, suivez votre intuition ! Par Claire Eggermont magique, 2018, 22 €
 En pratique Rituels

{ {
Quelques précautions Invocation Selon vos croyances, affinités et
traditions, appelez une ou plu-
Parmi les diverses précautions à prendre, les appel de force sieurs entités ou divinités en
praticiens interrogés rappellent l’importance
Commencez par leur demandant à voix haute de
de ne pas pratiquer de rituel quand on ne se
remercier l’esprit vous accompagner et de vous
sent pas bien ou suite à un accident ou un choc
du lieu dans lequel protéger dans ce rituel.
émotionnel. L’aura est alors abîmée et ne peut
vous vous trouvez.
plus agir comme un bouclier naturellement pro- Amplifier : les tambours, ma-
tecteur. Vincent Lauvergne précise que la pra- racas, ou chants peuvent sou-
tique des rituels nécessite des connaissances tenir votre appel.
et ne peut s’improviser sans risque.

Formuler Matérialiser. Si vous le souhai-

tez, marquez dans la matière le
Définir votre intention changement que vous êtes en
votre intention Préciser : « Que celle-ci s’ac-
Au cœur du rituel, train d’opérer. Selon votre ins-
formulez à haute voix piration, immergez-vous dans
Elle doit être claire, complisse dans le respect de
votre intention en y de l’eau, couvrez-vous de terre,
précise et personnelle. tout ce qui vit. »
associant la visualisation façonnez un objet symbolique,
de votre objectif, une fois ornez un bâton de pouvoir,
Choisir Par exemple en fonction des
alignements planétaires, des
celui-ci atteint. Laissez
jaillir les émotions
faites une offrande à la nature,
découpez une photo, tissez une
le moment solstices et équinoxes, des cy- qui accompagnent cet ceinture de guérison, etc.
opportun cles lunaires, ou d'une date accomplissement.
symbolique pour vous.
Accordez-vous un moment de
Préparer Méditer méditation en silence. Sentez
le changement se déposer en
votre rituel Ne pas oublier, si vous préle- lâcher-prise vous, dans chaque cellule.
En regroupant des vez des éléments dans la na-
objets symboliques ture, de prendre le temps de
selon votre intention,
vous commencez à
remercier.
Penser aussi aux photos,
Remercier Comme le dit Anne Picard « le

« appeler » l’énergie. icônes, statuettes, etc. toutes les vent qui s’est levé et l’oiseau
qui s’est mis à chanter sont des
aides reçues petits clins d’œil qui attestent
N’oubliez pas l’esprit que vous avez été entendu ».
Créer Tracer autour de vous un
cercle en le visualisant. Vous
du lieu qui vous a En les remerciant, demandez
un espace accueilli et soutenu. aux entités de retourner d’où
pouvez aussi en marquer le elles viennent.
sacré contour avec de l’encens, du
Que vous soyez sel ou du charbon. Ce « cercle
en pleine nature
ou dans votre
magique » est une frontière
qui vous permet d’entrer dans
Ouvrir Trouvez un geste et quelques
mots qui indiquent que le rituel
le cercle

{ {
appartement, votre espace sacré et vous pro- est fini. Soufflez les bougies et
délimitez l’espace tège de toute incursion énergé- sortez du cercle.
de votre rituel. tique indésirable.
Purifier le cercle et tout ce qui
s’y trouve avec un encens ap- Enfin, lâcher prise
proprié comme de la sauge. Vous avez concentré de l’énergie pour la réalisation
de votre intention. Il s’agit maintenant de laisser
PHOTOS : SDP - BONDBURN / SHUTTERSTOCK

cette énergie agir librement, en toute confiance...

Ouvrir Prendre le temps de sentir vos
racines, de vous centrer dans
Les jours qui suivent, soyez attentif aux rêves, aux
messages, aux intuitions et aux synchronicités qui
votre rituel votre cœur, de respirer et de peuvent advenir ! Vous pouvez pratiquer vos rituels
Allumez une ou faire le vide... seul(e) ou en groupe. Le groupe amplifie générale-
plusieurs bougies Prononcer une formule, ou ment la puissance du rituel. Soit l’intention est par-
en conscience une phrase qui ouvrira officielle- tagée par les différents membres, soit elle vous est
et éteignez tout ment votre rituel. Veillez à res- personnelle et les autres personnes servent alors de
éclairage artificiel. ter centré tout au long du rituel. témoins à la transformation qui s’opère en vous.

HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 65

Danser
cycles AVEC LES

DE LA VIE
De nos jours, de plus en plus de personnes souhaitent se
rapprocher de la nature, du rythme de celle-ci, et se connecter
avec la Terre. De nombreux rituels permettent de retourner à
nos sources, de reprendre nos racines. Par Catherine Maillard

Ñ ous sommes une trentaine,
munies de nos tambours, à
l’écoute de la pulsation de l’hiver,
pour en capter la mélodie sai-
sonnière. Dans la journée, nous
créerons un chemin de lumière en allumant des
bougies, pour symboliser l’entrée dans la nuit hiver-
nale, éclairée par le feu de notre conscience qui, lui,
ne s’éteint jamais. Ce « cercle du solstice d’hiver » est
animé avec douceur par l’ écothérapeute Marianne
Grasselli Meier(1), en écho à l’énergie hivernale. « La
terre est en repos, préparons-nous à faire de même ! »,
explique-t-elle. Un challenge pour notre époque
exténuée par nos rythmes frénétiques incessants,
quelle que soit la saison. « Depuis la nuit des temps,
de manière intuitive, les humains ont adapté leur
mode de vie en fonction des rythmes de la nature, des
saisons, de la course de la lune… Avec la modernité,
nous agissons à contre-courant et sommes de moins en
moins à l’écoute de ces cycles. Ces attitudes créent des
déséquilibres, nous déréglant peu à peu et nous éloi-
gnant d’une vie naturelle et épanouissante », observe
Catherine Sorolla Menassieu(2), art-thérapeute, for-
mée en ethnomédecine. D’où, sans doute, le retour
des cercles et des rituels autour des équinoxes, des
solstices et des pleines lunes, preuve d’un profond
besoin de s’accorder à nouveau aux cycles de la vie,
et d’en célébrer les passages lors d’événements fes-
tifs. Gaïa appelle ses enfants et nous sommes de plus
en plus nombreux à répondre présents !
Les saisons
comme enseignements
« Les Amérindiens connaissaient ces cycles. Ils avaient
une vision de l’année circulaire, comme un mouve-
ment perpétuel dont l’impulsion débute avec le solstice
d’hiver, le soleil donnant la rythmique des saisons et
la lune celle des mois », rappelle Catherine Sorolla
Menassieu. Dans cette manière d’appréhen-
der le monde, le cycle annuel se déroule selon
un découpage en douze périodes, marquées par
quatre grands portails énergétiques, les solstices
et les équinoxes. La compréhension de ce système
calendaire permet l’harmonisation de nos cycles
personnels avec ceux de la Terre-Mère ! Une tra-
PHOTO : ZOLOTAREVS / SHUTTERSTOCK
dition dont on retrouve trace également chez les
 d’un rituel automnal de lâcher-prise, un prin-
La nature est
l’enseignante dont nous avons
besoin à l’heure actuelle ! 
 Celle-ci reste « crochée » ; Julie va devoir FF F
Saisons Rituels
Celtes. « La majorité des calendriers sont luni-so-
laires, c’est-à-dire établis en fonction des 12 lunaisons,
couplés au cycle des saisons et régis par la marche du
soleil », explique Marie Motais(3), art-thérapeute,
enseignante en sagesse celtique. Un héritage qui
émerge à nouveau aujourd’hui, « pour que le soleil
et la lune ne se bornent pas à décrire en aveugles un arc
à travers le ciel et que les multiples voix de la nature
murmurent à nouveau à nos oreilles ! », ajoute-t-elle.
S’impose alors comme une évidence : « La nature
est l’enseignante dont nous avons besoin à l’heure
actuelle ! », affirme avec conviction Marianne
Grasselli Meier. « Elle nous rappelle le rythme vital
qui est le nôtre : croître, s’épanouir, maturer, décroître
et se reposer. » Un avis partagé par le sociologue
et écrivain américain Théodore Roszak, pour qui
« l’être humain et la planète sont inséparables ; de la
bonne santé de l’un dépend celle de l’autre ».
À l’heure actuelle, les vertus d’une simple prome-
nade en nature ou des bains de forêt sont largement
reconnus : ralentissement, centrage, apaisement du
mental, reconnexion. S’il s’agit d’un grand pas en
avant, Marianne Grasselli Meier propose d’aller
plus loin : « Ritualiser, c’est prendre le temps de sentir
cette nécessité de reliance à la nature, puis d’en perce-
voir une autre portée : lorsque je suis dans la nature,
quelque chose de plus grand que moi vit en moi. »
Nous pouvons alors accéder à une « spiritualité de
l’évidence ». Selon un cycle immuable, la nature se
fige en hiver. L’arbre perd ses feuilles et libère sa sève
(son énergie vitale) au printemps, pour exhaler son
parfum en été ! Pour en comprendre le sens, il est
nécessaire de nous y accorder. Entrer dans le cycle
des saisons est loin d’être anecdotique.
Les écorituels
pour se reconnecter
Pour se reconnecter à la terre – Gaïa, comme l’ap-
pellent les anciens – et à son identité écologique,
la pratique des écorituels ouvre une voie expérien-
tielle efficiente. « C’est un temps que l’on prend pour
se reconnecter de façon ritualisée avec la nature. Un
moment sacré », précise Marianne Grasselli Meier.
Une précision importante : l’écorituel ne se vit
pas seulement en nature, mais avec elle. « Il y a
toujours une part de non maîtrisable et de mystère,
car la nature intervient et offre ses messages. » Lors
cipe que l’on pourrait illustrer par la chute des
feuilles se détachant de l’arbre, Julie, une partici-
pante, jette une branche intentionnellement dans
le cours d’un ruisseau, en signe de détachement.
HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 67
 
L’être humain et la
planète sont inséparables ;
de la bonne santé de l’un
FF F
dépend celle de l’autre.


FF F se « mouiller » concrètement pour la lais-
ser partir. Comme dans tout rituel, la pratique
écorituelle implique les cinq sens, la gestuelle,
la parole, le vécu du corps tout entier, mais aussi le
paysage environnant. « Un dénivelé, une grotte, une
clairière, un panorama infini : tout est signifiant,
pour une meilleure compréhension de soi et ses retrou-
vailles avec notre connexion naturelle », précise
l’écothérapeute.
La magie des célébrations
saisonnières
« Les passages saisonniers ont toujours été fêtés ; c’était un
temps de rencontre des communautés, où les hommes se
préparaient ensemble à des activités en lien avec la terre,
comme semer ou remercier, fêter l’abondance ou prier
pour de meilleures récoltes », rappelle Marie Motais.
Ainsi, ces célébrations saisonnières renforçaient les
liens entre les hommes, les cycles de la nature et les
divinités ; une manière d’honorer ses ancêtres et de
s’harmoniser avec le monde qui nous entoure. Si la
vie urbaine nous en a extraits, il semblerait pourtant
qu’il nous en reste un besoin mystérieux et tenace.
« Les célébrations des équinoxes et des solstices sont des
passerelles entre deux énergies saisonnières ; des portails
énergétiques, où nous passons d’un mode d’être à un
autre, en nous inspirant de la nature pour en connaître
le sens », partage Marianne Grasselli Meier(1). Au
21 mars, l’équinoxe du printemps nous invite à
sortir du repos hivernal pour nous engager dans le
renouveau. « Le geste des semailles, symbolisé par une
danse ritualisée, devient un acte de renouvellement des
vœux, pour “semer” de nouveaux projets et engager notre
corps pour leur réalisation. » En juin, au solstice d’été,
nous célébrons la nuit la plus courte de l’année : « Un
temps d’apogée où toute forme de vie est célébrée, les
mariages, la fête, la musique. » Les cérémonies per-
mettent de remercier pour ce qui a été offert et nous
préparent à accueillir ce qui vient.
Autre fait marquant, témoin de notre soif de nou-
veaux corps à corps ritualisés avec dame nature, le
renouveau des fêtes celtiques Imbolc (1er février),
Beltane (1er mai), Lugnasad (1er août), Samhain
(31 octobre), qui font l’objet de cercles, de céré-
monies de guérison et de retrouvailles avec les rites
PHOTOS : SDP - ZOLOTAREVS/ SHUTTERSTOCK
de nos ancêtres. Cet été, au cœur du massif de la
Chartreuse, nous avons célébré le dieu celte Lug et
fêté ses noces avec la Terre-Mère, à qui il transmet
sa force solaire pour faire mûrir les cultures. « Tradi-
tionnellement, on honore le vivant dans son expression
d’abondance, d’exubérance et de sensualité », précise
Milaya Lodron, praticienne chamanique, initiée à
l’art rituel des différentes traditions. Lors du cercle
de tambour, autour du feu, élément central de la
Saisons Rituels

Les passages saisonniers ont
toujours été fêtés ; c’était un temps
de rencontre des communautés.

célébration, la transformation a lieu, entre danses,
chants et transe. « Soutenu par l’infinie puissance de À
cet élément, notre feu intérieur s’embrase, porté par le LIRE
groupe. Réactivé, le feu sacré intérieur est porteur de
joie, libérant cette incroyable énergie créatrice, souvent
éteinte ! », témoigne Marie. L’invitation est à l’affir-
mation de nos aptitudes et qualités au service de la
communauté, avec confiance et engagement !
(1) Le réveil
des gardiennes
Les moonlodges de la terre
pour vivre avec la Lune  Marianne
Grasselli Meier
Dame Lune, elle aussi, reprend sa place dans de Éd. Le Courrier du
nouvelles cérémonies qui lui sont dédiées. Que Livre, 2018, 21 €
l’astre féminin soit plein ou noir (nouvelle lune),
les femmes se rassemblent sous son égide, pour
invoquer sa nature mystérieuse, intuitive et ini-
tiatrice. « Se retrouver entre femmes à la lune était
une tradition des peuples premiers, qui considéraient
qu’elles devaient se retirer des activités lors de leurs
menstrues », rappelle Marianne Grasselli Meier. Elles
parlaient entre elles de leur corps, de leurs rêves, Pour s’épanouir
de leurs désirs, comme le font encore les femmes au rythme
d’aujourd’hui. Chez les Amérindiens, les rituels se des saisons
passaient entre femmes sous une moon lodge, une Marianne
Grasselli Meier
tente dédiée au repos, aux échanges et surtout aux Éd. Le Courrier du
rêveries. « Ces temps de lune étaient propices aux états livre, 2016, 16 €
modifiés de conscience et permettaient un accès direct
aux visions », précise Marie Motais, créatrice du stage
L’envol des 3 lunes. Autrefois, les rêves des femmes
de la moon lodge étaient recueillis par la tribu tout
entière, qui en tenait compte dans ses décisions.
En écho aux échopsychologues, qui misent eux
(2) Aux rythmes
aussi sur une nouvelle alliance avec la terre, à savoir de notre
« entre l’écologie, dont le champ d’investigation s’étend Terre-Mère
à la terre, et la psychologie, qui s’attache à la connais- Catherine
Sorolla
sance de soi et de son intériorité », fer de lance de la Menassieu
pensée du sociologue écothéologien Michel Maxime Éd. Trajectoire,
Egger, l’éventualité que ce courant émergent apporte 2018, 20 €
des réponses en profondeur aux défis actuels est à
prendre en compte. Bien plus que de simples ras-
semblements festifs, bénéfiques pour un meilleur
équilibre, les célébrations ritualisées de la magie sai-
sonnière et lunaire pourraient aussi orienter notre
engagement dans les problèmes environnementaux. SITE
Tout cela participerait à poser les nouvelles bases WEB
d’une société profondément « reliée » aux énergies (3) Marie Motais
de la nature et à la ronde sacrée de la vie. ● allunadanse.com
HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 69
Rituels Le corps
Initiation AU CORPS À CORPS
Marche sur le feu, modifications
corporelles, rites de passage : temple
de l’incarnation, le corps est au cœur
de toute initiation. Flirtant avec
l’extrême, poussé jusqu’à ses limites,
il devient le creuset d’une mue
possible, d’une traversée vers l’au-
C
delà de soi. Par Carine Anselme
’est le souvenir d’une traversée
du désert. Au propre comme
au figuré. Face à l’impasse d’un
deuil, le Sahara s’est imposé pour
(re)trouver ma voie, réveiller la vie.
« Le désert nous en apprend plus long sur nous que tous
les livres. Parce qu’il nous résiste », écrivait Saint-Exu-
péry. Initiatique, il met le corps, et par rebond l’es-
prit, à l’épreuve… et brûle sous le soleil ardent les
scories de l’ego, l’écume du mental, les cendres de
l’âme... Il m’aura fallu à peine trente minutes de
marche pour entrer dans le vif du sujet, la fureur
des éléments. Le vent de sable s’est levé en tempête.
Dans le groupe, nous étions venus pour transcender
nos chaos, et nous voilà renvoyés à notre fragilité de
mortels, jouets entre les bras de la nature. Bivouacs
sans sommeil sous les assauts du vent, sable qui s’in-
filtre partout, corps épuisés par les jours de marche
à l’aveugle, nous sommes dans une essoreuse... Au
diapason, notre ciel intérieur se bouche. Un matin,
une accalmie nous laisse exsangues, mais ravivés par
 veau, mais il y a aussi l’entre-deux. Le moment où l’an-
Une transformation
profonde du psychisme passe
70
nécessairement par le corps.
Inexploré - N° 41 - HIVER 2019
 à un nouvel état d’être », décrypte le philo- FF F
la flamme du dépassement de soi. Après ce bref répit,
le vent se lève à nouveau. Tout est impermanent...
tels les hauts et les bas de l’existence. S’exprimant en
métaphores, le désert est un enseignant sans fard. En
dépit du rideau de sable et des coups de boutoir des
rafales, il nous faut avancer. Chahutée, décapée, rin-
cée, quelque chose en moi finit par céder... Je cesse
de résister, de lutter contre le vent, la fatalité. Je fais
corps avec les éléments, avec les événements. Tout
devient plus fluide. De l’autre côté du « désert », la
renaissance. Avec gravée dans le cœur et la mémoire
du corps, la leçon de cette initiation.
Un court-circuit
transformateur
Ce lâcher-prise, qui vient dynamiter notre monde
antérieur, est une clé de toute initiation. Universel, il
survient lorsque le corps, confronté à l’épreuve ini-
tiatique, est poussé dans ses ultimes retranchements.
Harassé, sorti de son contexte, donc déboussolé,
parfois apeuré (affamé...), confronté à l’inconnu,
voire à la douleur, il n’est plus dans le contrôle – si
symptomatique du genre humain, mais qui empêche
la vie de circuler librement. La pression monte dans
ce goulet d’étranglement jusqu’à ce qu’un barrage
intérieur cède, effritant la forteresse du mental et
court-circuitant l’ego qui, d’ordinaire, font illusion.
Ça ouvre la voie à quelque chose de plus grand que
soi. Une ouverture de conscience fulgurante, mais
aux effets irréversibles. Comme pour la naissance ou
la mort, il s’agit d’un véritable passage, révélateur,
transformateur. Cathartique. « Il y a trois temps de
PHOTO : PLUSONE / SHUTTERSTOCK
l’initiation : la mort de l’ancien, la naissance du nou-
cien n’est plus et où le nouveau n’est pas encore. C’est le
moment décisif de l’initiation, et aussi le moins confor-
table. Il est décisif parce que si j’accepte sa dimension
d’inconfort, voire de souffrance, je vais pouvoir naître
 
Si j’accepte sa
dimension d’inconfort,
voire de souffrance, je vais
pouvoir naître à un nouvel


état d’être.
Rituels Le corps
FF F sophe-thérapeute Denis Marquet (voir page
SITE 80), pour qui toute véritable initiation – « c’est-à-dire
WEB
une transformation profonde du psychisme » – passe
Marche sur le nécessairement par le corps, ce haut-lieu de notre
feu cérémonielle incarnation et témoin du passage des saisons de la
proposée en
vie, mais aussi caisse de résonance et mémoire de
développement
personnel, mais nos expériences. Dans les initiations pubertaires tra-
peut être aussi ditionnelles, notamment dans certaines tribus afri-
organisée caines, le jeune garçon qui a initialement vécu dans
en entreprise :
baogroup.be le monde des femmes en est arraché brutalement,
physiquement. Il peut ainsi se retrouver éloigné des
Les formations
en écorituels®,
siens, voire enterré dans un trou obscur. Là, il vit
initiées par physiquement la terreur, le dépassement de ses peurs.
Marianne De retour parmi les siens, c’est aussi physiquement
Grasselli Meier, qu’il est touché, introduit dans la communauté des
ont lieu en Suisse,
en Belgique hommes, à l’aide de rites impliquant aussi le corps
et en France : (boire du sang, modifications corporelles...). Des
espritdefemme.ch Dogons aux Bambaras, en passant par les Maasaï ou
ecorituels.ch
encore les Mawés d’Amazonie brésilienne… celui
qui ne passe pas la barre de l’épreuve initiatique, qui
À
LIRE
se vit dans et à travers le corps, demeure un enfant,
incapable d’accéder au rang d’adulte.
Fusionner avec l’infini
Au-delà de la portée symbolique et spirituelle, cet
ébranlement intérieur, inhérent à l’initiation, a donc
une réalité corporelle, qui peut aller jusqu’à la disso-
L’initiation
Ouvrir lution des frontières physiques et la sensation de faire
les portes un avec le Tout. « L’expérience unitaire, aussi appelée
de notre cité expérience mystique, survient généralement après une
intérieure activité physique soutenue, après une tension psycho-
Annick de
Souzenelle et logique intense, à la suite de stimulations rythmiques
Pierre-Yves répétées ou lors de certains rituels bien codifiés. À chaque
Albrecht fois, les circonstances semblent induire un lâcher-prise
Éd. du Relié,
2013, 21,90 €
du mental », souligne l’accompagnant psychospirituel
Thierry Janssen, qui relate ses expériences initiatiques
de fulgurance de conscience dans son nouvel essai
Écouter le silence à l’intérieur (Éd. L’Iconoclaste). On
apprend ainsi, enregistrement de l’activité cérébrale
à l’appui, que ce genre d’expérience initiatique peut
provoquer, dans la foulée d’une désactivation des
aires d’orientation des lobes pariétaux, une perte de
la sensation d’avoir une limite corporelle, générant
un sentiment de dissolution et une impression de
fusion avec tout ce qui est alentour (si la désactiva-
(1) Voir www.espritdefemme.ch
et www.ecorituels.ch
Les formations en écorituels®, tion a lieu dans le lobe pariétal gauche) ou une perte
initiées par Marianne Grasselli
Meier, ont lieu en Suisse,
de la sensation d’évoluer dans un espace limité, d’où
en Belgique et en France. la sensation d’être immergé dans l’infini (lobe parié-
 ment sensoriel, etc.) afin de se mettre en mouvement,
Le praticien peut accompagner
rituellement ce changement que la vie
amène naturellement.
72 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019
 vie. Mais une autre vie. ●
tal droit). Extase que l’on peut aussi expérimenter
lors d’une initiation solitaire, en immersion en pleine
nature sauvage.
Œdipe roi
Dans notre société matérialiste, les rites d’initiation,
célébrant les passages phares de la maturation du
corps et des événements de l’existence, disparaissent,
contribuant à la perte de repères. Face au mal-être
actuel, notamment des jeunes, le docteur en anthro-
pologie Pierre-Yves Albrecht est formel : « Seule
l’initiation libère ! » Il accompagne ainsi de jeunes toxi-
comanes, et toute personne en quête de sens, à travers
une initiation engageant corps, cœur et conscience.
Pour le philosophe Denis Marquet, le défaut d’initia-
tion serait même à l’origine de nombreuses maladies
dites « mentales ». Il nous rappelle que le mythe choisi
par Freud comme étant le plus emblématique des
temps modernes est Œdipe (le complexe d’Œdipe est
le socle de sa théorie). « Or, c’est le seul mythe grec qui
parle d’une initiation manquée, c’est-à-dire refusée. Au
lieu d’affronter physiquement le monstre (une sphinge,
mi-femme mi-bête), comme le ferait n’importe quel héros,
Œdipe choisit de mener l’affrontement uniquement avec
son intellect (en résolvant l’énigme qu’elle lui soumet). Il
ne se confronte donc pas physiquement avec le monstre
qui, certes, pourrait le dévorer, mais plus sûrement lui
permettre de renaître à une autre dimension. Tout ça est
symbolique, évidemment, d’une dimension psychique.
Notre culture est fondée sur un refus de l’initiation, et
cela nous rend malades ! » Pour pallier ce manque, cer-
tains praticiens (thérapeutes, chamanes...) proposent
des initiations sur mesure. C’est le cas de Marianne
Grasselli Meier, écothérapeute. Créatrice d’une for-
mation en écorituels(1), elle souligne d’emblée la diffé-
rence entre rites initiatiques et rites de passage (parfois
mixés). « Le praticien peut accompagner rituellement
ce changement que la vie amène naturellement, comme
lors des premières lunes marquant, par le saignement, le
passage vers le stade de fécondité de la femme. » Alors
que le rite initiatique répond, dit-elle, à un appel de
l’âme aux prises avec un obstacle. Il offre la possibi-
lité de passer d’une étape à une autre, sans que la vie
nous en ait donné l’opportunité. « Il faut alors créer
l’épreuve, souvent teintée de mystère, qui va permettre
PHOTOS : SDP - STENKO VLAD / SHUTTERSTOCK
à la personne de “traverser”... Le corps ne doit pas être
cajolé, car il a quelque chose à apprendre, à laisser. » Il
sera amené à vivre des choses extrêmes (froid, isole-
étape indispensable pour muer, changer de peau. Une
célébration festive clôt l’initiation. Le corps, accueilli
(touché, etc.) par la communauté, reçoit à nouveau
une « nourriture » bienfaisante pour le ramener à la
Rituel 
L’épreuve du feu
Rituel initiatique chez de nombreux peuples,
la marche sur le feu nous confronte à nos peurs
et nous les fait traverser. Face au feu, nous
habitons pleinement notre corps. Il nous sort
de l’immobilisme propre à certains caps de vie,
où il s’agit de renaître de ses cendres. « Le but n’est
pas de marcher sur le feu, mais de (se) transmuer
- d’aller de l’autre côté du feu, au-delà de nos limites.
Comme pour tout, c’est le premier pas qui est
impressionnant », souligne Daniëlle De Wilde, avec
qui j’ai vécu cette cérémonie(1). À l’image de toute
initiation, on ne marche pas sur les braises de but
en blanc, sans y associer une intention. Chaque
exercice, cathartique, nous confronte à nos limites
(dans la sécurité d’un encadrement sans faille).
Une fois seule face au « Grand-Père Feu », focalisée
sur l’intention énoncée à voix haute, plus d’hésitation :
à l’image des autres participants (dont deux jeunes
de 13 ans, célébrant leur entrée dans l’adolescence),
je ferai la traversée. En marchant sur le feu, j’ai ressenti
une énergie « extra-ordinaire » me parcourir, un
alignement puissant(2). Comme tous le partageront,
rien, après, ne semble impossible. Quant à la morsure
du feu, elle n’a étonnamment laissé sur les pieds que
quelques légères cloques, vite résorbées.

(2) Des électroencéphalogrammes, réalisés pendant la marche sur des

pratiquants de ce rituel traditionnel ont enregistré un rythme alpha
permanent (détente, harmonisation des deux hémisphères cérébraux) et
une cohérence cardiaque.

Plus d’infos : www.baogroup.be : marche sur le feu cérémonielle

proposée en développement personnel, mais peut être aussi
organisée en entreprise.
 RÉENCHANTER

Quand SA VIE

l ame agit
Renouer avec nos fêtes occidentales comme Noël, le Nouvel An,
...
ou participer à des rituels plus chamaniques ramenés à notre culture
permettrait d’apporter de la magie à notre vie, du sens à certains
actes. Par Catherine Maillard

T
« 
rop de pensées raisonnantes,
trop d’analyses rationnelles et
pas assez de signes, de rythmes et de
rites chez l’homme contemporain », a
écrit Paule Lebrun, fondatrice de HO
Rites de Passage. En d’autres termes, si
notre monde contemporain connaît d’extraordi-
naires percées scientifiques et de technologiques de
haut niveau, « toutefois notre cosmologie de machines
manque d’âme », nous souffle-t-elle entre les lignes.
Des propos qui font écho au célèbre psychanalyste
Jung, qui évoquait déjà l’importance de « fabriquer
de l’âme dans une société dépourvue de mythes signifi-
catifs ». Et de quoi se nourrit l’âme humaine ? « De
beauté, de cérémonies, de nature, de proximité avec les
mystères de la vie, de chants, de danses, de participa-
tions collectives et cosmiques », répondait invariable-
ment la grande dame, lors de conférences dédiées à
l’art du rituel. Il ne tient qu’à nous de les inviter à
nouveau dans nos vies, en nous inspirant des tradi-
tions ancestrales, adaptées à notre modernité, que
ce soit pour les fêtes de Noël, du réveillon, pour
accompagner les rites de passage de nos enfants, ou
encore pour rétablir le dialogue avec la nature et nos
ancêtres. « Les gens vont et viennent par la porte qui
sépare et joint les deux mondes », dit le poète Rumi.
Qu’attendons-nous pour en franchir le seuil ?
Renouer avec la magie de Noël  cet intime des esprits de la nature. Alors, la véri-
« La période de Noël est une fête des lumières, du
renouveau ! », rappelle l’ethnobotaniste belge
Richard Ely, également guide nature. Cette
période regorge de rituels anciens transmis
depuis des générations, que nous avons oubliés.
« À l’approche de cette nuit particulière, lorsque les
vents d’hiver se glissent sous les portes, nombre d’êtres
fabuleux, issus des montagnes, des forêts, sont là pour
nous apporter protection et joie », raconte notre spé-
PHOTO : TOMERTU / SHUTTERSTOCK
 tracés au sol avec de la poudre de riz et ornés de
La nuit de Noël est
également un temps pour
solliciter l’aide protectrice des
esprits de la forêt.
 la nature, des saisons, des astres et du rythme FF F
Réenchantement Rituels
cialiste. On peut s’attendre à la visite des elfes, des
lutins, des fées. Ces dernières sont liées au destin,
au fil des couturières. « Traditionnellement, on leur
laissait ses travaux pour un temps d’inspection et de
bénédiction », précise-t-il. Vous pouvez leur dédier
un autel et y déposer des projets qui vous tiennent
à cœur. « En guise d’offrande, au Danemark, on
laisse un bol de lait chaud pour régaler ces petits
êtres », conseille Richard Ely. Choisissez des mets
de couleur blanche (mie de pain, crème, lait) sur
une nappe immaculée, symbole de pureté. La nuit
de Noël est également un temps pour solliciter
l’aide protectrice des esprits de la forêt en ritua-
lisant la tradition autour du houx ou du sapin,
par exemple, aux feuillages persistants symboles de
longévité. Comment ? « Sortez en famille, en forêt,
pour ramener une branche, ou plusieurs, à la mai-
son », propose-t-il. Le rituel réside dans le mou-
vement (de l’interne/foyer vers l’externe/monde
sauvage), avec une notion d’épreuve, comme bra-
ver le froid. Alors le seuil est franchi et une porte
peut s’ouvrir à la rencontre des esprits de la nature,
que ce soit par le choix de branches (houx, sapin)
ou d’autres éléments bénéfiques (châtaignes, mar-
rons, feuilles), pour un retour au domestique, avec
une demande de protection. Le rituel est une pas-
serelle entre deux mondes, du profane au sacré.
« Ce n’est plus de la déco, c’est un acte d’amour vers
les esprits, qui leur est destiné, qui les touche », assure
table magie de Noël peut opérer !
S’ouvrir à un nouveau cycle
pour le réveillon
« Peinture éphémère, le kolam est un rituel indien
pratiqué à diverses occasions. Au nouvel an, il sym-
bolise l’ouverture à un nouveau cycle », explique
Sandrine Syama Bataillard, formée à l’art rituel
du mandala, selon les traditions bouddhiques,
celtiques, védiques. En Inde du Sud, les kolams
couleurs vives s’appuient sur la dimension symbo-
lique des formes, pour faire apparaître le monde
invisible dans le visible. Ils protègent les habitants
de la demeure, en ouvrant la porte aux divinités
pour bénir chacun. « Cet art ancestral s’inspire de
HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 75
Rituels Réenchantement
FF F de la vie, exprimant l’universalité du monde
À et notre lien à la nature autour de nous et en nous »,
LIRE commente la spécialiste. Traditionnellement, le
dernier jour de l’année, à l’aube, les femmes net-
toient le sol, pour que celui-ci reçoive le kolam
qui prend vie sous leurs mains. Puis, le soir venu,
ce mandala est dissous ; un acte clôturant le cycle
annuel, pour un nouveau recommencement. San-
drine Bataillard explique : « La notion d’éphémère
(1) Le grand est centrale, rappelant ainsi le rythme du vivant et
livre des esprits
de Noël l’importance du moment présent. »
Richard Ely Pratiquer le kolam, ensemble, pour le réveillon
et Frédérique est une façon de se relier à ses forces universelles
Devos
Éd. Vega,
et symboliquement de quitter l’ancien, pour un
2018, 23,90 € nouveau cycle. Une fois la forme dessinée sur une
grande feuille de papier – par exemple une fleur,
un lotus ou toute forme inspirée de la nature –
chacun peut contribuer à sa création. Un conseil :
« Préférez des haricots blancs, des lentilles corail,
des épices à la farine, difficile à manipuler, surtout
pour les enfants. Fleurs et feuilles sont bienvenues. »
(2) Ateliers
Plus que la volonté de bien faire, c’est l’intention
mandalas qui va agir pendant ce rituel : « comme se relier
pour se relier à l’année qui s’est déroulée, en se remémorant des
aux énergies moments heureux comme malheureux ». Des chants
de la nature
Sandrine peuvent accompagner ce processus. Pour éclairer
Bataillard symboliquement le cycle suivant, déposez une
Éd Le Courrier ou plusieurs bougies, que vous allumerez aux
du Livre,
2010, 9,02 €
douze coups de minuit. Place au nouveau, avec
la phase de déconstruction du kolam, qui s’effec-
tue de l’extérieur vers l’intérieur et permet de dis-
soudre les anciens schémas. Prenez un temps pour
bénir cette nouvelle année qui commence, et son
lot de merveilles.
Trouver sa place
grâce à la fontaine
« Ils sont une vingtaine d’adolescents à marcher
en silence, vers une destination inconnue, pour
un rituel », rapporte Brigitte Chavas, théra-
peute transpersonnelle. Dans les sociétés tra-
ditionnelles, les rites de passage ont lieu vers
14-15 ans : « peu de périodes dans la vie sont aussi
fertiles en possibilités de transformation. » À cet
âge, la bande, le groupe prime ; c’est à la fois
un refuge et un substitut de confiance en soi ;
 classique du néochamanisme, la hutte de suda-
Le rituel est une passerelle
entre deux mondes,
du profane au sacré.
76 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019
 à la saveur du sacré !
l’adolescent se cherche dans le miroir des autres.
Désireux, aussi, de se différencier de sa famille
d’origine, il s’en crée une nouvelle. « Pour trou-
ver sa tribu d’appartenance et prendre sa place
avec fierté, il doit connaître sa valeur », ajoute
la spécialiste. Une étape primordiale est de se
libérer de la honte. « Elle est chevillée au corps,
à leurs désirs avec lesquels ils sont empêtrés, dans
leurs relations ; manque d’estime de soi, abus, rejet
sont exprimés », confie Brigitte Chavas. La honte
est bien réelle, transmise aussi souvent par les
générations précédentes.
Au Pérou et dans les traditions en général, les
rituels de purification se font avec l’eau, puissant
symbole du vivant, qui nous lave de tout avant de
retourner à la terre. C’est vers la fontaine que tous
se dirigent, après avoir parcouru en silence le che-
min ritualisé, du foyer jusqu’à l’endroit du rite.
Là, tous se rassemblent en cercle, en se donnant la
main. Chacun, individuellement, va s’approcher
de la fontaine et, avec une phrase personnelle
confier sa demande. « C’est à l’esprit de l’eau qu’on
s’adresse, avec lequel on s’unit symboliquement en
plongeant son visage, ses avant-bras, alors même que
sa température est saisissante de froid », précise la
thérapeute. Tous sont témoins de ce passage, du
courage, de l’audace à révéler ainsi sa profonde
vulnérabilité, en partageant sa honte. Chacun
reprendra sa place dans le cercle, lavé, purifié,
neuf. De la même manière qu’un rituel s’ouvre,
il se clôture, offrant un contenant à ce qui a été
déposé, ici par un chant. Le chemin du retour se
fait ensemble, avant de se réunir « à la maison »
pour danser ou chanter la vie ! Les adolescents
d’aujourd’hui sont les hommes de demain ; leur
permettre, par le rituel, de revivifier leur rela-
tion aux autres et à la nature, pour enfin prendre
leur place, avec fierté, dans la communauté des
hommes, pourrait résoudre bien des maux que
traverse la jeunesse.
Se reconnecter à
notre sagesse ancestrale
« Assis en cercle dans la hutte ronde, accompagnés de
PHOTOS : TOMERTU / SHUTTERSTOCK - SDP
la chaleur intense des pierres et de l’obscurité, nous
recevons des visions », se souvient Bruno Clavier,
psychanalyste transgénérationnel. Devenu un
tion est à l’origine un rituel ancestral amérindien
d’une grande puissance, à pratiquer dans le res-
pect et la célébration du grand mystère. Pour, à
nouveau, écouter la voix de nos ancêtres et goûter
Le principe est en apparence simple. Consti-
tuée d’un dôme, la sweat lodge comporte en
son centre un trou creusé dans la terre, qui
accueille des pierres chaudes, sur lesquelles
sera versée de l’eau. « Tout est codifié. Nous
sommes dans l’utérus de la Terre-Mère, la
matrice. Les pierres chaudes sont des êtres
de pierre, que le feu va réveiller, pour nous
enseigner leur profonde sagesse », traduit le
psychanalyste. Ce sont nos ancêtres spirituels
qui donnent leur vie pour nous : une pierre
ne brûle qu’une fois, délivrant son message.
Tandis qu’avec la chaleur, les corps sont sou-
mis à un profond rituel de nettoyage, les
mémoires, émotions négatives, angoisses les
plus archaïques, traversent chacun : le rituel
s’opère en les déposant aux pierres, qui les
prennent, pour apporter la libération. Ce pro-
cessus alchimique repose sur l’union du prin-
cipe féminin, « l’eau » versée sur les pierres
porteuses du « feu », principe masculin, dans
l’utérus de la Terre-Mère. Là, nous pouvons
recevoir une vision, une information « res-
source » sur notre chemin de vie, et renaître.
Des prières sont prononcées, ainsi que des
chants, des pauses s’opèrent à chaque nou-
velle pierre, quatre au total, symbolisant les
quatre directions, chères aux Amérindiens. La
présence des esprits des pierres est palpable.
Une fois sortis de la hutte, tous se mettent en
cercle autour du grand feu sacré que le gardien
a pris soin de nourrir pour accueillir tous ces
enfants nouveau-nés. Alors se rétablit ce lien
précieux, avec la pulsation de Terre-Mère, et
père Ciel, au-dessus : une expérience de réso-
nance au monde, et de réenchantement.
S’engager dans un rituel de sudation ne se
fait pas au hasard, ni de façon volontaire.
« C’est la sweat lodge qui vous appelle ! », a
pu observer Bruno Clavier. Si les bienfaits
sont immenses, les dangers sont aussi réels.
Choisissez avec soin votre guide et respectez
vos limites. Si les inconforts sont trop impor-
tants – ce qui porte en soi une information
de toute importance – n’oubliez pas qu’il est
possible de sortir de la hutte. ●
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 POUR ALLER PLUS LOIN

SUR LE THÈME DES RITUELS

À
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À
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1. Joanna Macy, Molly Young Brown
Écopsychologie pratique et rituels SÉRIE
pour la terre
2. Lynne McTaggart
La science de l’intention
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Pour réenchanter la maternité
4. Isabelle Gueudré, Catherine Maillard
Pour s’éveiller au féminin sauvage
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Pour s’ouvrir à la magie de la vie Coven
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Guérir son cœur par les cercles de pardon INREES TV

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Grand-mère
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Conseils d’une chamane
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7. Sylvie Okada, Mon almanach païen 8. Glana-Claire Duclaye, Nouveau calendrier païen
9. Alejandro Jodoroswky, Manuel de psychomagie 10. Pierre-Yves Albrecht, L’enfant debout
11. Paule Lebrun, Quête de vision, quête de sens L’EXTRA-Lab
Rituels et traditions
initiatiques
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Conférences Réjane Éreau
à revivre Des rituels pour se relier à la vie
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L’initiation chamanique 3 kifs par jour de

Une psychothérapeute occidentale nous livre son
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78 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019

 Explorer


En vérité
le chemin importe peu,
la volonté d’arriver
suffIt à tout
ALBERT CAMUS


✒

Bio express
Normalien, agrégé de philosophie, rebelle
contre l’institution et la philo intello, il quitte
le milieu universitaire pour devenir musicien
de rock. Parallèlement, il mène un travail
approfondi sur lui-même, à travers diverses
approches thérapeutiques et spirituelles.
Il s’intéresse au bouddhisme tibétain et au zen,
au soufisme et aux Évangiles. En 1997, il crée
le premier cabinet de philosophe-thérapeute.
Auteur de romans et d’essais, il anime
régulièrement des groupes autour de la voie
christique et des voyages en conscience.
Voir www.denismarquet.net
 L’INVITÉ
DENIS MARQUET

S’élever
vers le
divin
Âme rebelle et homme intense, Denis Marquet a épousé plusieurs voies avant
d’ouvrir, il y a vingt ans, le premier cabinet de philosophe-thérapeute. Inspiré par
Socrate et la philosophie en action du Christ, il nous aide à « accoucher » du sens
de notre vie. Avis aux amoureux de l’intensité, aux amants du vivant.
Propos recueillis par Carine Anselme, photos Jeanne Delécluse

Le 8e Ciel... Tel est le nom prédestiné de la brasse-
rie, en équilibre au bord des pistes de l’aéroport de
Toulouse, où nous avons donné rendez-vous à De-
nis Marquet. Ce clin d’œil céleste n’a pas manqué
d’amuser ce philosophe-thérapeute... spirituel dans
tous les sens du terme ! De passage dans la Ville
rose pour présenter son ouvrage (im)pertinent
Osez désirer tout, dédié à la « véritable philosophie
du Christ » (sic), il s’est livré, au gré du va-et-vient
aérien, sur le besoin essentiel de sens, porté par un
désir infini... qui n’est autre que « le désir de l’infi-
ni ». Il s’est aussi aventuré d’une rive à l’autre, pour
nous faire partager l’élan du vivant et les mystères
de l’au-delà. Un moment de grâce suspendu entre
ciel et terre.
Sur votre site coexistent trois biographies
non dénuées d’humour : « version gloire »,
« version lose » et « la vérité ». Avec, en
titre : « Qui est Denis Marquet ? Ou ne croyez
rien de ce qu’on vous raconte. » L’humour
est-il hautement spirituel ?
Sans aucun doute ! L’ego est soluble dans l’hu-
mour. Je dirais même qu’une spiritualité sans hu-
mour est profondément suspecte. Il n’y a pas de
voie plus rapide que le rire pour déconstruire tout
ce qui doit l’être au fil d’un chemin spirituel.
Dans votre « vérité », vous dites : « Quand je ne
me la raconte pas, qu’est-ce que la vie est
belle ! » Pourquoi ces trois versions de vous ?
Sur mon site, les gens s’attardent sur la gloire ou
la lose parce qu’il y a du contenu, mais ces versions
sont aussi fausses l’une que l’autre. Ce qui compte,
c’est la vérité. Je suis conscient, dans ce monde, de
la nécessité de parler de soi... et, en même temps,
je n’arrive pas à y croire. D’ailleurs, en tant que
thérapeute existentiel, les gens me paient pour me
raconter leur histoire et que je n’y croie pas ! En
les questionnant pour tenter de les com- FF F

HIVER 2019 - N° 41- Inexploré 81

 L’INVITÉ
DENIS MARQUET

FF F prendre, mais sans adhérer à leur récit, des

espaces s’ouvrent. De l’importance de ne pas croire
à mes propres histoires ! L’ego n’est autre qu’un ré-
cit de soi, et c’est ce qui nous sépare de la vérité de
notre être. Plus exactement, un tas d’interlocuteurs
cohabitent dans l’ego et chacun tente de prendre
le pouvoir avec un récit : celui de la victime, du
« loser », du conquérant...

Qu’est-ce qu’un philosophe-thérapeute,

métier que vous avez créé il y a vingt ans
en ouvrant votre cabinet ?
C’est quelqu’un qui part du principe que les
souffrances physiques et psychologiques
peuvent avoir un lien avec la dimen-
sion existentielle – le lieu intérieur où
je me pose la question du sens de
ma vie. À défaut d’explicitation du L’ego est
sens de sa vie – surtout à défaut de
le vivre –, il arrive de ressentir des soluble dans
souffrances de l’âme, à même de l’humour. à ma place dans une carrière uni-
se traduire aussi par des maux phy- versitaire. Dans mon approche,
siques. L’idée d’un philosophe-théra- je pratique un questionnement vi-
peute est donc de travailler sur la rela- vant avec des êtres en chemin.
tion que chaque personne entretient avec
le sens de sa vie. Pour cela, avoir une formation Vous soulignez qu’il faut que la société
de philosophe aide, mais il faut aussi avoir un passé soit sacrément en crise pour que vous
de travail sur soi. gagniez votre vie à recevoir les gens dans
votre cabinet...
C’est donc à une philosophie en action que Exact ! C’est un symptôme... et un bon signe. La
vous nous invitez ? crise dont vous parlez est réelle, mais féconde.
Ce qui m’a motivé à embrasser la philosophie, c’est Jusqu’à la création de la culture dite « moderne »,
sa dimension agissante, qui implique tout l’être : toute société définissait le sens de la vie pour les
comment sa pratique peut conduire à davantage personnes qui la composaient. C’est encore le cas
de sagesse, à vivre une vie toujours plus remplie de pour les sociétés organiques, traditionnelles ou
sens et de vie. Or, à l’université, la philosophie n’a musulmanes, pas encore trop dissoutes dans la
plus pour objet que les textes des philosophes et les modernité. La société fournit alors une vision du
interminables disputes exégétiques qui entourent monde et elle l’impose, parfois avec autorité. C’est
les textes... C’est pourquoi je ne me suis pas senti vrai pour une tribu amazonienne, comme pour la
chrétienté du Moyen Âge. On naît avec un sens de
la vie et on est destiné à n’avoir aucun problème
existentiel, hormis des enjeux de survie. Nos socié-
tés, et c’est heureux, ne définissent plus le sens de
Je pratique la vie. C’est à chacun de s’y confronter, mais il n’est
un questionnement vivant pas évident de devoir traverser un grand vide...
avec des êtres en chemin. Comment repérer si nous sommes dans la
vérité de notre être ?
Le sens de la vie est une affaire intime. Pour ma

82 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019

part, j’ai résolu cette équation : ma vie a du sens
quand elle exprime mon être. Il reste à savoir qui
je suis vraiment ! Il y a, paradoxalement, quelque
chose de très difficile à définir « qui suis-je »... et,
en même temps, un sentiment d’évidence. Quand
ma vie et mes actes expriment mon être – l’être
unique que je suis – je sens un flux de vie. Une
plénitude. Une grâce.
Chaque type de méditation mobilise-t-il
une partie spécifique du cerveau ?
Des études ont montré que les méditations cen-
trées sur la compassion engageaient certains cir-
cuits cérébraux très importants dans les émotions
positives, alors qu’une pratique axée sur la pleine
conscience agissait sur des circuits impliqués dans
les tensions et la régulation des émotions. La mé-
ditation de pleine conscience sera dès lors indiquée
pour améliorer un manque de résilience. Mais
pour agir sur son humeur et son aisance sociale, la
méditation sur la compassion sera recommandée.
La méditation est une pratique facile et accessible,
qui demande un entraînement. On sait tous que si
l’on va à la gym régulièrement, notre corps change-
ra peu à peu ; c’est la même chose pour le cerveau,
avec la méditation. Nous avons publié les résultats
d’une étude comparative menée dans une école
publique américaine, avec des enfants de mater-
nelle âgés en moyenne de cinq ans. Dans chaque
classe, aléatoirement, certains enfants suivaient le
programme normal et d’autres un cursus axé sur
la bonté. En douze semaines, nous avons observé
une amélioration systématique du comportement
social et de leurs résultats scolaires, ainsi qu’une
meilleure capacité à s’autoréguler.
Le fait que notre société ne modélise plus
l’existence ne contribue-t-il pas à la perte de
sens actuelle ?
Si. Le problème, c’est que la nature a horreur du
vide ; quand une société ne prétend plus imposer
un sens de la vie, elle ne peut pas, malgré tout,
s’empêcher de le faire. Aujourd’hui, nous vivons
dans une société de consommation, qui s’attache
à fabriquer non plus un bon chrétien, ni un bon
citoyen, mais un bon consommateur – un être en
qui la pulsion ne doit rencontrer aucune limite,
afin qu’il achète compulsivement. C’est un modèle
d’humanité, mais à l’exact inverse des civilisations
traditionnelles, qui tendent à lutter contre la di-
mension pulsionnelle pour aider l’être à se dépasser
en direction de quelque chose (qui varie en fonc-
tion des civilisations). La dimension de pulsion
ne donne aucun sens. Et lorsqu’on déprime en
se disant que tout cela n’a aucun sens, l’industrie
pharmaceutique arrive pour nous soigner et nous À
remettre sur les rails de la consommation ! LIRE
Le Christ était-il philosophe, ainsi que le
laisse entendre Osez désirer tout ?
Cet ouvrage est la première partie d’un diptyque
sur « la véritable philosophie du Christ », comme
je l’appelle avec un brin d’ironie. On a toujours
plaqué des philosophies étrangères sur sa pensée,
mais je crois qu’il existe une véritable philosophie (1) Osez
désirer tout
implicite derrière les enseignements de Jésus. Il y a Éd. Flammarion
eu une évolution dans ma pratique, car au début je 2018, 18 €
DU CŒUR
au ventre
Si les entrailles sont très présentes dans le bouddhisme
mahayana, qui a donné naissance au zen, elles le sont aussi
dans les Évangiles. « Malheureusement, la traduction le
dissimule », regrette Denis Marquet, soulignant qu’il est
question neuf fois des entrailles du Christ dans les Évangiles
(en grec), et une seule fois de son cœur. « S’il existe un
vrai culte du Sacré-Cœur, on n’a pas encore créé un culte
des sacrées entrailles du Christ. Or, c’est une dimension
essentielle ! » À chaque fois qu’il est question des entrailles
de Jésus, qu’elles sont remuées, il entre en action. « C’est
le lieu de l’acte ! Les Orientaux ne s’y sont pas trompés : le
hara est au cœur des arts martiaux, de la calligraphie, etc.
Mais si ce centre, qui nous met en action, est inaccompli,
on y rencontre la pulsion. A contrario, se laisser (é)mouvoir
à partir d’une dimension intérieure “divine”, immanente
et en même temps transcendante est le secret de l’acte
inspiré : juste et spontané, ses conséquences sont toujours
positives. » Denis Marquet animera un voyage au Cambodge
sur le thème « Bouddhisme et voie Christique » du 23 janvier
au 4 février 2019.
Infos : www.denismarquet.net
HIVER 2019 - N° 41- Inexploré 83
 L’INVITÉ
DENIS MARQUET

me réclamais de Socrate. Cette référence ne m’a pas
quitté, mais je suis davantage passé du côté de Jésus
(je n’ai d’ailleurs jamais cessé d’être habité par les
paroles du Christ). Or, si on est très bien accueilli
en s’avançant avec Socrate en étendard... avec Jésus,
ça dérange plus ! Le fait est que Jésus incarne un
personnage religieux, contrairement à Socrate. En
ce qui me concerne, je le présente comme un per-
sonnage spirituel, mais non religieux. Ce que je pro-
pose est tout le contraire d’une chapelle ! Je reçois
des personnes de traditions et d’horizons différents,
mais reliées par une aspiration spirituelle.
moins. Jean, dans l’Apocalypse, prête au Christ ces
paroles : « Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n’es
ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche. »
La tiédeur est donc l’état le moins compatible avec
la dimension christique, et plus largement spiri-
tuelle. L’expression « je vais te vomir » paraît vio-
lente. Mais, de même que le corps rejette un ali-
ment inassimilable, ainsi le Christ ne peut garder
en lui une vitalité médiocre. Car le Christ, pour
nous, symbolise le Vivant par excellence, celui qui
vit d’une vie infinie. Et qui nous invite à nous ou-
vrir à cet infini du vivant.

Vous nous invitez, dans ce livre, à une Dans votre thriller métaphysique Mortelle
spiritualité incarnée... éternité, la victime d’un meurtre (qui vient de
Contrairement à la manière dont on l’a souvent découvrir une substance terrifiante) guide
transmise, la voie christique est aussi une voie du depuis l’au-delà l’enquêteur, qui croit perdre
corps. Le cœur de (sa) pensée, c’est l’incarnation ! la raison... Quel lien entretenez-vous avec
La tradition religieuse qui s’est greffée dessus l’invisible ?
le confirme : on parle de l’incarnation Il est important de distinguer le pa-
du Verbe. Avant le Christ (et encore ranormal et le spirituel, sans pour
en Orient), il y a l’idée qu’il faut autant les séparer. Car on peut
s’élever vers le divin, quitter l’illu-
sion de ce monde et de l’incarna- Nos sociétés, et vivre des expériences d’ordre pa-
ranormal qui ont une racine spi-
tion. Alors que la voie du Christ c’est heureux, ne rituelle : des expériences d’extase,
consiste plutôt à laisser descendre définissent plus le de vision intuitive, de synchroni-
le divin en soi. Il s’agit de s’incar-
ner et, en même temps, de s’en
sens de la vie. cités ou de simples transmissions
de pensée (comme beaucoup en
remettre à une dimension intérieure vivent, même indépendamment
de transcendance. C’est ce que résume d’un chemin spirituel). Pour moi, le
Jésus quand il dit : « Le règne de Dieu est à paranormal peut être une manifestation
l’intérieur de vous. » Malheureusement, les tra- dans l’expérience de ce qui provient d’autre
ductions disent plutôt : « est parmi vous. » C’est chose que l’expérience. Encore faut-il savoir de
gênant s’il est à l’intérieur de vous (Rire) ! Pour une quelle nature est cette « autre chose » ! J’observe
autorité spirituelle, affirmer que « c’est à l’intérieur que la confusion entre le paranormal et le spirituel
que ça se passe » signifie que les gens ne vont plus entraîne beaucoup de dégâts. Une personne qui
écouter ce qui se dit à l’extérieur. reçoit une canalisation peut croire, d’emblée, que
comme « ça » ne vient pas de ce monde, c’est for- À
Philosophe-thérapeute, vous avez aussi été cément Dieu ou la vérité qui s’exprime. Elle s’ex- LIRE
universitaire, musicien de rock, compositeur pose alors à des déconvenues, ainsi que ceux prêts
de musiques de film ou encore auteur de à y croire... Tout ce qui est paranormal n’est pas
best-seller... Des vies en écho à votre soif forcément spirituel. On peut être en lien, par des
d’intensité. L’intensité rime-t-elle avec canalisations, par de la clairaudience, de la clair-
spiritualité ? voyance, avec des tas de niveaux de la réalité, et on
Mais l’important, si l’on veut vraiment arriver à peut aussi être en lien avec des forces d’illusion ou
vivre le sens de sa vie, c’est d’avoir été dans toutes de séparation.
Mortelle
les directions que l’on a parcourues avec inten- éternité
sité ! Dans la dimension spirituelle, c’est même À titre personnel, avez-vous un rapport Éd. Albin Michel,
essentiel. La seule erreur de visée serait de désirer familier avec le paranormal ? 2008, 20,30 €

84 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019

 Ma vie a du sens
quand elle exprime
mon être.

Ah oui ! Pour moi, le mode d’existence dit « nor-

mal », qu’on oppose parfois au surnaturel, est en
réalité sous-naturel. À partir du moment où l’on
s’ouvre à sa véritable nature, d’essence divine (selon
l’enseignement de beaucoup de voies spirituelles),
on accède à un mode naturel et on s’aperçoit que
tout ce qu’on vit sans accéder à ce mode-là est
« sous-naturel ». L’idée de Mortelle éternité, à tra-
vers le héros qui reçoit cette guidance de l’au-delà,
était de dresser le portrait d’un personnage qui vit
dans ce mode « normal » de vie matérialiste, fermé
à toute dimension autre ; et de voir ce qui se passe
quand il (lui) arrive quelque chose qui est com-
plètement en dehors de son horizon... Tous mes
romans s’attachent à observer ce qui se passe quand
survient un événement avec un grand E – quelque
chose qui sort complètement de notre horizon de
sens, de perception et d’habitude. Ce qui me pas-
sionne, c’est ce qui vient transcender l’habituel, le
connu ! Pour moi, une vie n’a de sens que parce
qu’elle est ouverte à une dimension qui va venir
toujours la travailler – une transcendance.

Croyez-vous en un au-delà, puisqu’il en est

question dans Mortelle éternité ?
La mort est clairement un moment initiatique :
l’ancien n’est plus... et le nouveau n’est pas encore.
C’est pour ça qu’elle nous fait peur ! Je vis comme
une forme d’évidence que ma conscience n’est
pas un produit de mon corps et ne disparaîtra pas
avec celui-ci. Ce n’est pas ma conscience qui est
dans mon corps, c’est mon corps qui est dans ma À
conscience. Après l’écriture de Mortelle éternité, j’ai LIRE
eu un contact avec ma mère décédée, le jour même
de sa mort. Cela a réparé beaucoup de choses, car
nous n’étions pas en très bons termes à son décès.
J’ai réellement senti sa présence – une présence
sans mots, qui venait signifier que, là où elle était,
tout ce qui nous avait séparés n’avait absolument
plus cours. Cette expérience n’avait rien de specta-
Le testament
culaire ; c’était un ressenti intime, beaucoup plus du roc
profond que si elle m’était apparue. J’ai vécu un Éd. Flammarion,
toucher d’âme à âme. ● 2016, 21,90 €

HIVER 2019 - N° 41- Inexploré 85

 
Passer de soigner
à prendre soin.


 Reportage
Re-
vivre !
e ntre les murs flambant neufs de l’Ins-
Vivre après le cancer, et non survivre. Tel est le
pari de l’Institut Rafaël. Cette Maison de l’après-
cancer, unique en son genre, a ouvert ses portes en
novembre 2017. Au-delà de l’approche intégrative,
travaillant autant sur le corps que sur l’esprit et le
retour à la vie sociale, nous y avons rencontré une
humanité lumineuse, une résilience contagieuse.
À la clé, une guérison au-delà de la maladie.
Par Carine Anselme, photos Dean Dorat pour Inexploré
Sarah savoure les
séances d’onco-
esthétique, qui lui
permettent de se
sentir bien dans
sa peau, au propre
comme au figuré.
titut Rafaël, Simona, regard incandes-
cent, nous partage sa victoire : sur
elle-même, sur la maladie. En jan-
vier 2018, coup de massue : on lui
détecte un cancer du sein. Or, cette
femme élégante de 49 ans, sportive
de nature, s’était inscrite pour le marathon de Paris,
prévu en avril. Lorsqu’elle demande à l’oncologue si
elle peut maintenir sa participation, ce dernier est
formel : impossible avec les traitements à suivre !
C’était sans compter sur sa détermination. « Le can-
cer, c’est comme l’ascension du Mont-Blanc, il faut se
battre, ne pas s’arrêter. Il s’agit d’assumer notre part :
être acteur de sa guérison et aller au-delà de notre
condition de malade », témoigne-t-elle, résumant en
une phrase le pari de l’Institut Rafaël.
Éveiller la résilience
Simona rencontre alors le Dr Alain Toledano, qui
prend le relais pour la soigner. Cet oncologue radio-
thérapeute(1), cofondateur et président de l’Insti-
tut Rafaël, connu (notamment) pour avoir suivi
Johnny Hallyday, lui tient un tout autre discours :
« Vous l’aurez cette médaille », lui dit-il, FFF
HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 87
 Reportage L’Institut Rafaël
dès le diagnostic et se prolonge
FFF intimement persuadé que les projets qui
font sens ont toute leur place dans le parcours de
soin et la guérison. « Ça m’a tirée vers le haut ! Au
beau milieu de mes 24 semaines de chimiothérapie,
j’ai couru le marathon. Au départ, j’ai pleuré d’émo-
tion », partage Simona, tout en nous montrant fiè-
rement la photo du Dr Toledano à ses côtés sur la
ligne d’arrivée. Depuis cet exploit, elle a couru, en
octobre dernier, les 20 kilomètres de Paris... Cette
fois au cœur de ses séances de radiothérapie. Cet
au-delà de la médecine techniciste est le socle de
la médecine globale proposée à l’Institut Rafaël.
Une approche holistique (du grec holos, « tota-
lité ») tournée vers le rebond post-cancer. Comme
dirait le neuropsychiatre Boris Cyrulnik : « Un
mot permet d’organiser notre manière de comprendre
le mystère de ceux qui s’en sont sortis. C’est celui de
résilience, qui désigne la capacité à réussir, à vivre, à
se développer en dépit de l’adversité. En comprenant
cela, nous changerons notre regard sur le malheur et,
malgré la souffrance, nous chercherons la merveille...
C’est comme quand un grain de sable pénètre dans
une huître et l’agresse au point que, pour s’en défendre,
elle doit sécréter la nacre arrondie, cette réaction de
défense donne un bijou dur, brillant et précieux. » De
résilience, ici, il en est question. « Le cancer, ce n’est
88 Inexploré - N°41 - HIVER 2019
L’après-cancer commence
bien après l’arrêt des soins.
pas la fin de notre vie, mais le début d’une nouvelle »,
scande Sarah, suivie par le Dr Toledano et l’Ins-
titut Rafaël (lire son témoignage plus bas). Alors,
renaître, à soi et au monde.
De soigner à prendre soin
C’est à force de « frustration » (sic) qu’est né
l’Institut Rafaël. « Nous prenons en charge près de
3 300 nouveaux patients par an. On nous sollicite
pour la technique, mais ce sont des gens qui viennent !
Les patients ne se sentent pas accompagnés globale-
ment. On soigne leur tumeur, mais qu’en est-il de leur
À vie ?! Souvent, ils se sentent abandonnés », interpelle
LIRE le Dr Toledano, pour qui l’après-cancer commence
dès le diagnostic et se prolonge bien après l’arrêt
des soins. L’idée qui préside donc à la création de
ce projet pilote – « d’intérêt général », appuie-t-il –
est de transiter d’une médecine prescriptive centrée
sur la maladie à une médecine intégrative centrée
sur l’individu. « Passer de soigner à prendre soin »,
Guérir quand précise Alain Toledano. Cet oncologue, qui vient
c’est impossible de fêter ses 40 ans (le jour de notre reportage !),
Antoine travaillait déjà dans cet esprit d’ouverture avant
Sénanque
Éd. Marabout, l’inauguration de l’Institut Rafaël. Certes, l’homme
2018, 19,90 € est médiatique, mais il est surtout profondément

humain. Alors qu’il jongle avec d’innombrables
engagements, il donne à chacun(e) la sensation
d’une pleine présence, mâtinée de douceur et d’em-
pathie. « La bonté est sa nature. La tolérance, sa loi.
La rigueur, sa méthode. L’authenticité, sa démarche.
La recherche de la guérison, son but », (nous) dira de
lui l’un de ses patients, le Dr Ghanassia, suivi pour
un cancer de la prostate. Alain Toledano fait remar-
quer que cet accompagnement axé sur le malade
remonte à Aristote. « Ce n’est pas l’homme en général
que guérit le médecin, mais l’homme particulier... Ce
qu’il s’agit de guérir, c’est l’individu », écrivait le phi-
losophe antique, dans Métaphysique. Cette vision
humaniste a été supplantée par une médecine
matérialiste, ultratechnique et performante, mais
perdant de vue l’être, dont tout l’équilibre – phy-
sique, émotionnel, relationnel, social – est ébranlé
par la maladie. « Lorsque je reçois, en consultation
de contrôle, une patiente guérie depuis trois ans d’un
cancer du col de l’utérus, et qu’elle me confie, désem-
parée, qu’elle n’y arrive plus sur le plan de la sexua-
lité, on n’a pas fait le travail ! » C’est ainsi que le
nouveau paradigme mis en place à l’Institut Rafaël
mêle technique de pointe (par exemple, les données
biométriques sont stockées, en collaboration avec le
département numérique de La Poste) et accompa-
❸
gnement humain sur tous les plans. Des histoires de 1. L’humain au cœur
guérison inespérées, voire miraculeuses, le Dr Tole- du soin de l’après-
cancer : telle est la
dano, comme tout oncologue, en a vécu, mais il ne vision du
veut pas s’y arrêter... « Les gens ne doivent pas voir Dr Toledano.
en nous des cancérologues-magiciens. L’essentiel, ici, 2. La décoration-
cocon, baignée de
est d’aborder l’individu dans son individualité, dans lumière, fait ici
son intégralité, dans sa vitalité ! » L’enjeu, à l’Institut partie intégrante du
Rafaël, est d’ouvrir l’espoir. De créer un modèle ressourcement.
vivant. Un work in progress. « Sur chaque sujet, il y 3. Retrouver
une liberté de
a des réflexions à avoir, des hypothèses à émettre, des mouvement est
ponts à faire. Dans ce projet, nous refusons de céder à l’un des nombreux
l’immédiateté. Nous nous autorisons la recherche, l’in- bienfaits de
novation, l’évaluation des bienfaits de chaque action... l’activité physique
adaptée.
voire l’échec, utile pour évoluer. »
Bouger, créer, se nourrir,
rebondir
« La force de l’esprit est plus forte que celle des dia-
gnostics », écrit le médecin et romancier Antoine
Sénanque, dans Guérir quand c’est impossible, plai-
doyer pour une médecine intégrative. Aujourd’hui,
dans la majorité des cas, grâce aux progrès de la
cancérologie, le cancer est un accident de vie. Pour-
tant, notre société et le patient lui-même restent
figés sur l’image du malade en sursis. Mais FFF
HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 89
 Reportage L’Institut Rafaël

Cet accompagnement axé ❶
sur le malade remonte
à Aristote.

FF F la maladie est aussi capable d’éveiller des
forces nouvelles. De reconstruction, voire de réin-
vention. « Je revois de plus en plus d’anciens patients
ayant été fragilisés transitoirement par un cancer se
révéler avec une vision différente de la vie comme de
leurs relations », observe le Dr Toledano. Au-delà
des traitements et de l’action médicale, de nom-
breux autres besoins se présentent lorsque la mala-
die vient fragiliser l’édifice de l’être. D’où l’idée de
réunir sous un même toit (à Levallois-Perret) et sur
près de 2 100 m2, de multiples approches alter-
natives pour optimiser le suivi : oncopsychologie,
sexologie, acupuncture, naturopathie, sophrolo-
gie, kinésithérapie, ostéopathie, hypnose, massage
ayurvédique, nutrition, cuisine-santé, micronu-
trition, art-thérapie, danse-thérapie, musicothé- Ici, je suis Sarah !
rapie, détente bien-être, oncoesthétique, parcours
pro [programme complet sur le site de l’Institut J’oublie (presque) que
Rafaël, NDLR]. « L’idée n’est pas de venir picorer un je suis malade.
soin, mais bien de mixer des approches et de créer un
parcours personnalisé, sur mesure. Chaque demande
sera étudiée avec l’avis du médecin référent », explique
le Dr Toledano, entouré d’un prestigieux comité
scientifique (Pr David Khayat, Dr Emmanuel Seb-
ban, Dr Haidé Boostandoost, Dr Hanah Lamal-
lem, Pr Pascal Pujol, etc.). Dans cette maison qui
« réhabilite », il s’agira donc de se réapproprier son
corps, de (ré)apprendre à se nourrir, à retrouver des ❷
équilibres de vie et l’estime de soi, mais aussi réin-
tégrer la vie sociale et professionnelle – un aspect
souvent négligé, pourtant essentiel. L’entourage cancer, mais aussi les ressources qu’elles mettent en 1. Marathon et
fera partie de cette prise en charge globale. « Les place. Le soutien est manifeste et positif. « Je crée des humour, le duo
gagnant de Simona
pratiques alternatives (yoga, hypnose, méditation, séances personnalisées, à base de yoga, Pilates, fitness, pour combattre
etc.) ont été associées à un allongement de la durée danse (etc.), en dosant l’intensité et le type d’exercices, le cancer, ici
de vie des patients. Elles permettraient de maîtriser afin de ne mettre personne en échec », précise Ghis- en séance
le stress responsable d’une diminution de nos défenses laine, en soulignant les bienfaits de cette approche d’ostéopathie avec
Laurine.
immunitaires. Des expériences ont ainsi démontré que physique adaptée (réduction des douleurs, amélio- 2. « Souriez avec
le nombre de lymphocytes NK (Natural Killer) était ration de la mobilité, diminution des troubles du le centre de
augmenté – donc les défenses améliorées – après une sommeil et de l’anxiété). « Le plus important est de votre corps »,
invite Ghislaine,
période de suggestion positive comportant un discours retrouver du plaisir à bouger », surenchérit-elle. Le éducatrice médico-
rassurant et optimiste, avec une amélioration de l’hu- sourire des participantes lui donne raison ! Ce lien sportive.
meur. Le découragement avait l’effet inverse », illustre somato-émotionnel, l’ostéopathe Laurine Makha- 3. Marie, qui a
Antoine Sénanque dans son ouvrage, allant dans rine le vit aussi au cours des séances qu’elle pro- perdu sa grand-
mère d’un cancer,
le sens de l’accompagnement holistique initié par pose à l’Institut Rafaël. « Que ce soit à l’annonce a fait le choix de
l’Institut Rafaël. Lors de notre reportage, un atelier du diagnostic, dans les mois qui suivent, mais aussi mettre l’esthétique
d’activité physique adaptée, animé par Ghislaine après les traitements, les patients ont besoin de rassem- au service du retour
Achalid, réunissait Simona, Sarah et Delphine. En bler leur image corporelle, altérée par la maladie. Ils à l’estime de soi.
« coulisses », ces dernières se partagent leur vécu du récupèrent ainsi une intégrité », confie-t-elle. Sur le

90 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

 VERS UNE MÉDECINE
prédictive et
sur mesure
L’Institut Rafaël s’articule
autour de plusieurs pôles
d’activités. Outre un centre
de recherche sur la médecine
intégrative et un centre de
formation, un pôle est dédié
à la médecine prédictive et
personnalisée. « Connaître
la signature génétique d’un
cancer, c’est connaître son
identité, entrevoir déjà son
évolution et sa résistance
à tel ou tel traitement.
L’Institut international
de cancérologie de Paris
soutient une structure
étudiant, grâce à des tests
génétiques et génomiques,
quels sont les meilleurs
dispositifs qui permettront
de passer d’une médecine
de masse à une médecine
personnalisée, de mieux
prédire le pronostic et
donc de mieux adapter les
traitements, et ce, à l’échelle
individuelle », explique
le Dr Toledano.

se créent et permettent d’optimiser l’accompagne-

❸ en relation. » Et si cet institut s’appelle Rafaël, c’est
plan matériel, pour pouvoir prendre en charge les
patients dans leur globalité, mais aussi leurs aidants,
l’Institut met en place des partenariats permettant
de financer cette approche intégrative, afin d’en
assurer la gratuité. L’objectif, à terme, est d’essai-
mer cette vision et ce parcours de soin, en formant
des formateurs.
Œuvrer au sens
« Une vraie guérison ne se contente pas de guérir le
corps. Elle doit nous emmener sur du “mieux” exis-
tentiel, sur du “plus” spirituel », écrit encore Antoine
Sénanque. Réhumaniser l’accompagnement du
malade, c’est également prendre soin du sens. À
l’Institut Rafaël, des groupes de parole sont pré-
vus, des séances de logothérapie, dédiées au sens
de la vie, aussi. Sur le plan relationnel, des ponts
ment. Les praticiens sont choisis pour leur « étoffe »
et leur capacité à rebondir au gré du cours agité de
l’existence. Ainsi, plusieurs thérapeutes alternatifs
étaient anesthésistes-réanimateurs auparavant. « Ils
ne veulent plus anesthésier les patients, ils veulent les
réveiller à la vie », image le Dr Toledano. « Tous ces
parcours fondent la richesse de l’Institut. Ici, personne
n’est traité comme un fichier informatique ; on entre
qu’un ange veille... Le nom fait référence à l’ar-
change de la guérison. La dimension spirituelle,
au-delà des croyances et des religions, fait donc
partie de cette aventure. « Le corps est au service de
l’esprit. Ici, on travaille sur la résilience, qui donne
accès au sens. Peut-on donner du sens sans l’esprit ? »,
interroge le Dr Toledano.
« Je suis Sarah »
L’Institut Rafaël, ce sont des visages, des vies, des
êtres en chemin, en quête du rebond post-can-
cer. « Des histoires humaines. » Parmi celles-ci, il
y a Sarah. Vous dire qu’elle nous a bouleversées
est un euphémisme... Par sa force intérieure, elle
nous encourage à revenir vers nos vies en savou-
rant l’éclat de « chaque » instant présent. Si elle a
souhaité témoigner à visage découvert, c’est pour
soutenir l’engagement du Dr Toledano et de son
équipe dans ce projet pilote. « Pour eux, je FF F

HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 91

 Reportage L’Institut Rafaël
Diminution des
douleurs et re-
connexion corps/
esprit sont des
ingrédients-clés
des séances
d’ostéopathie.
décrocherais la lune », partage-t-elle en riant. Du
Dr Toledano, elle dit qu’il est son « antidépres-
seur ». À entendre l’oncologue parler d’elle, ce doit
être réciproque... « Sarah force le respect », souligne
l’ostéopathe Laurine Makharine. « Elle a toujours
la pêche », renchérit Marie Alavoine, oncoesthéti-
cienne. À 24 ans, Sarah traverse l’épreuve du cancer
avec un courage (dans ce mot, il y a « rage », rage
de vivre) et une authenticité extraordinaires, sans
rien occulter de l’épreuve. Passionnée, elle allie la
légèreté propre à sa jeunesse et la profondeur de
celles et ceux qui passent par l’épreuve du feu de
la maladie. À l’Institut Rafaël, elle nous a parlé à
cœur ouvert, mais non sans humour (dont on sait
qu’il est bon pour la santé), des effets secondaires
des traitements, du regard des autres, de la perte
d’estime de soi, de ses rêves de jeune femme plus
que vivants... Elle venait de subir une nouvelle opé-
ration, suivie d’une seconde salve de chimiothéra-
pie, après une première étape de soins. Pourtant,
sa vivacité demeure contagieuse, sa lumière aussi.
INFO « Elle a plus d’énergie que moi », confie Marie, tout
en lui prodiguant un délicat soin du visage, avec
des produits spécifiques (Ozalys), créés par Isabelle
Guyomarch, elle-même passée par un cancer. « Avec
les traitements, j’ai la peau très réactive. Ce soin me
permet d’être littéralement bien dans ma peau. Il réhy-
drate l’épiderme, tout autant qu’il me relaxe. C’est
Institut Rafaël bon pour le moral, qui est une clé pour guérir », par-
Maison de tage Sarah, pour qui l’enjeu du retour à la féminité
l’après-cancer n’est pas secondaire dans le processus de guérison.
3 boulevard Bineau,
92300 Levallois-Perret À l’Institut Rafaël, elle n’est pas stigmatisée par les
www.institut-rafael.fr regards qui fixent ou qui fuient. Que ce soit avec
92 Inexploré - N°41 - HIVER 2019
FFF le médecin ou les praticiens, elle n’est pas
qu’une « maladie » à traiter. « Ici, je suis Sarah ! J’ou-
blie (presque) que je suis malade. »
Ne plus être des fantômes
pour l’éternité
Le lien personnalisé, fort et unique, qui se crée
entre patients et soignants est au cœur de la philo-
sophie de l’Institut Rafaël. « Je reçois plus que ce que
je donne », précise l’oncoesthéticienne Marie. Sans
enjoliver la maladie, Sarah constate, elle, qu’il y a
de bons côtés... qui permettent de mieux vivre les
mauvais côtés. « La médecine à visage humain pro-
posée ici permet de me sentir entourée, de trouver en
moi une force et une combativité encore inconnues. »
Mais la vérité nue, ce sont aussi les nausées, la perte
des cheveux (cils et sourcils), le rejet de la société,
de certains proches, car « la maladie les effraie et ils
préfèrent fuir, voire changer de trottoir ». C’est aussi,
pour elle, faire le deuil de la maternité. « Bien sûr,
j’aimerais être maman, mais sachant qu’à la fin de
mes traitements, je serai stérile, car je n’aurai plus ni
ovaires ni utérus, ma seule alternative c’est la GPA... »
À 24 ans, la jeune femme se demande à quoi va res-
sembler sa vie après la maladie, à quoi va servir son
bac+6 (droit et commerce), si son cancer devient
un réel handicap pour les employeurs... « Pour-
quoi lutter dans cette société devenue robotisée et sans
humanité, si on nous considère comme des fantômes
pour l’éternité ?! » De l’importance d’être accompa-
gnée après. Alors, oui, la maladie l’a transformée,
mais elle en a aussi retiré du sens. « Elle m’a appris
beaucoup de choses sur moi et sur les autres. Elle m’a
enseigné à vivre la vie pleinement. Mon humanité
s’est développée et j’ai envie de redonner ce que j’ai
reçu. Je me destinais à être juriste ou avocate ; à pré-
sent, j’aimerais aider d’autres personnes touchées par
la maladie, ouvrir un blog, écrire un livre dans ce
sens... Si je vaincs le cancer, je suis capable de tout ! Je
voudrais pouvoir dire au monde qu’avec ou sans che-
veux, malade ou pas, la beauté et la force se trouvent
à l’intérieur de chacun de nous », conclut-elle. Une
leçon de vie qui illustre et résume « à merveille » la
mission de l’Institut Rafaël. Passer d’une médecine
centrée sur la maladie à l’individu et son projet de
vie. Respect... et émotion ! ●
(1) Le Dr Toledano préside le conseil médical de l’Institut
d’oncologie des Hauts-de-Seine Nord, regroupant la
cancérologie de l’Hôpital américain de Paris, des cliniques
Hartmann – Ambroise Paré – Pierre Cherest, à Neuilly-sur-
Seine, de l’Institut hospitalier franco-britannique à Levallois,
et du centre de radiothérapie Hartmann. Il exerce au centre
de radiothérapie Hartmann.
 Incarner


Si je m’écoutais...
je m’entendrais
JACQUES SALOMÉ


THÉRAPIE


Un corps qui se transforme
en une « cage de douleur ».


 Le corps LIBÉRER

de la
douleur
Prisonnier d'une douleur quotidienne que ne soulageait aucun
remède définitif reconnu, Martino Nicoletti s'est vu contraint de
trouver des solutions par lui-même pour dépasser la fibromyalgie.
Rencontre avec une personne qui en a guéri.
Propos recueillis par Melanie Chereau

L a fibromyalgie est une pathologie

découverte récemment. Reconnue par
l’OMS en 1992, elle est difficile à dia-
gnostiquer et encore davantage à soigner. Malgré
tout, de plus en plus de personnes en sont atteintes.
Près de 2 millions de cas ont été révélés en France et
une frustration presque complets, entourées par la
méconnaissance des autres et par la minimisation
systématique, même de la part des proches, jusqu’à
la limite de « faire semblant que tout va bien » pour
ne pas déranger ou pour ne pas être ridiculisées…

près de 14 millions en Europe, ce qui pourrait en
faire l’une des maladies du siècle à venir. Même si elle
ne tue pas, elle handicape énormément le malade au
quotidien, allant jusqu’à l’invalider complètement.
PHOTO : SHUTTERSTOCK - RA2STUDIO / PORTRAIT : MARTINO NICOLLETI
Quels sont les symptômes les plus fréquents ?
Cette maladie hautement insidieuse et qui touche
les femmes dans 90 % des cas se caractérise en pre-
mier lieu par la présence de douleurs extrêmement

Martino Nicoletti est enseignant et chercheur. Après intenses au niveau des muscles, des tendons, des
la découverte de sa pathologie, il a cherché et trouvé ligaments et des articulations, et qui ont tendance
les moyens de dépasser son mal. à se concentrer sur la zone cervicale et occi- FF F

Vous parlez d’une maladie qui « emprisonne le

corps ». Qu’est-ce que cela signifie ?
Une évidence : seules les personnes touchées par la
fibromyalgie savent ce qu’est et comment fonctionne
cette maladie. Elles seules connaissent ce que signifie
vivre dans un corps qui se transforme en une « cage
de douleur ».
Elles seules connaissent la souffrance qui se présente
parfois de façon encore plus intense, les obligeant
à vivre leur propre maladie dans un isolement et
Bio express
Martino Nicoletti (Doctorat en ethnologie et
Ph. D. en art) est anthropologue et écrivain.
En tant que créateur de la méthode de travail de
Conscience corporelle dynamique, il a mis au point une
approche spécifique de traitement de la fibromyalgie.
www.fibromyalgiefrance.com
FF F

HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 95

 THÉRAPIE
Carte des 18 points douloureux
pour reconnaître la présence de la fibromyalgie,
selon l’American College
of Rheumatology
LE DIAGNOSTIC
d’une maladie
invasive, mais
invisible
Le diagnostic est souvent formulé par des
médecins généralistes et des rhumatologues,
après une série longue et approfondie d'examens
médicaux et, pour le patient, une période
d'errance de plusieurs années. Il fonctionne
essentiellement par exclusion, à savoir en
écartant systématiquement toutes les autres
pathologies logiquement possibles.
Étant donné que la fibromyalgie ne présente, en
principe, aucun signe objectif au niveau organique,
afin d’en favoriser le diagnostic l’American
College of Rheumathology a dessiné une véritable
« carte » incluant 18 points bien précis du corps
au niveau des tendons et des muscles qui, s’ils
sont douloureux pour 11 d’entre eux au minimum,
peuvent indiquer la présence de la fibromyalgie.
96 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019

La fibromyalgie est longtemps
restée une véritable pathologie
« invisible ».

FF F pitale, sur les trapèzes et omoplates, sur les
articulations des coudes et des genoux, des fessiers
et des hanches. Ces douleurs de nature chronique
comportent une réduction radicale des capacités de
mouvement de la personne touchée ainsi que de sa
force physique, l’amenant souvent à une condition
d’invalidité presque totale : une condition qui peut
rendre difficile, voire parfois impossible l’exécution
des tâches les plus simples de la vie comme marcher,
bouger, monter des escaliers, s’asseoir, se lever du
lit, mâcher… Ne présentant aucun signe objectif
de nature organique rétractable à travers les moyens
utilisés normalement pour d’autres maladies (comme
une radio ou un scanner), elle est longtemps restée
une véritable pathologie « invisible », souvent associée
ou confondue avec d’autres maladies présentant des
caractères semblables (rhumatisme, maladie muscu-
laire, arthrose…).
Cela touche aussi le mental, n’est-ce pas ?
Bien sûr. À côté des douleurs, le deuxième symp-
tôme fondamental caractérisant la fibromyalgie est
un état profond de fatigue physique et mentale, ainsi
que d’autres « signes » en grande partie associés à la
dimension psychologique et émotionnelle de la per-
sonne : une hypersensibilité sensorielle par rapport
aux variations de température ou d’ambiance, une
hyperirritabilité intestinale, des troubles de nature
anxieuse et dépressive ou encore la triste constatation
d’un sommeil non récupérateur.
Comme il est facile de l’imaginer, l’interaction de
tous ces facteurs, unie au caractère particulière-
ment incisif et agressif des symptômes, fait que la
fibromyalgie peut conduire la personne à un état de
profonde prostration et transformer son corps en une
véritable prison ; une prison dont la taille se réduit au
fur et à mesure que le temps passe et que les symp-
tômes l’envahissent.
Quelle est l’origine de la fibromyalgie ?
Aujourd’hui, les causes de la fibromyalgie demeurent
encore en grande partie inconnues. Il a été prouvé
que son origine provient d’anomalies des centres ner-
veux liés au contrôle de la douleur et il est possible
  traumatique émotionnel comme facteur déclenchant
Un cri dévoilant une âme
qui ressent avoir été l’objet
d’une violence.

que son déclenchement puisse avoir des causes de
nature héréditaire, des dérèglements au niveau du
métabolisme, des infections, certaines pathologies
auto-immunes ainsi que la présence de stress.
PHOTO : SHUTTERSTOCK - ERMOLAEV ALEXANDER
Vous évoquez un cri de l’âme qui demanderait à
être écouté et compris. Que voulez-vous dire ?
Eh bien, au-delà des différentes interprétations et
théories scientifiques, ce qui demeure fondamental
dans l’apparition de la maladie est très souvent la pré-
sence d’un épisode directement connecté au cadre
émotionnel et au vécu individuel de la personne.
À ce sujet, un nombre important de malades font
référence, en exposant leur biographie personnelle,
à un puissant choc psychologique ou un événement
de leur maladie : une séparation sentimentale qui a À
LIRE
eu lieu de façon brutale et inattendue, le stress causé
par un harcèlement prolongé au travail, l’expérience
du deuil d’un être cher, un abus de nature sexuelle
ou psychologique, un licenciement… Tous ces élé-
ments peuvent avoir une incidence très importante
sur l’apparition de la fibromyalgie.
C’est dans ce cadre des émotions profondes que la
maladie prend le visage d’un véritable « cri de l’âme ».
Un cri dévoilant une âme qui ressent avoir été l’objet
d’une violence ou d’une injustice ; qui interpelle et
La fibromyalgie
et le syndrome
de fatigue
réclame des réponses ; qui exige de l’attention, de chronique
Dr Luc Bodin
l’aide ainsi qu’une réparation. C’est sur cette base que Éd. Dauphin,
la fibromyalgie peut être définie comme « la maladie 2009, 16 €
de ceux qui sont plus sensibles que les autres », mais
qui font parfois « l’erreur » de faire semblant d’être
plus « forts » que ce qu’ils sont réellement : une force
qui trahit, en revanche, une sensibilité et une vulné-
rabilité profondes, lesquelles, pour continuer à exis-
ter, choisissent la voie du silence et de l’invisibilité.
Mais le silence ne peut pas faire taire ce cri profond
ni l’invisibilité l’effacer. Se sentant incapable de toute
action ou réaction, la personne ne trouve d’autre
moyen que celui de repousser ce cri dans les fibres
de sa propre chair, dans l’espoir de l’étouffer. FF F
HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 97
 THÉRAPIE

L’accompagnement offert
par l’enseignant demande un
engagement actif et global de la
part de la personne.


FF F Il s’agit d’une action maladroite, car c’est ici
que le cri se fait douleur et « carapace de douleur » :
une armure enfermante créée avec le but de se pro-
téger et d’obtenir en même temps une attention et
une écoute de la part des autres.

Est-ce aussi ce qui vous est arrivé ?

Oui. Survenue à la suite d’une série d’événements
dramatiques dans ma vie, la fibromyalgie, au-delà
d’entraîner des changements drastiques dans mon
existence, m’a obligé à me livrer à un parcours théra-
peutique de longue durée, me forçant à reconsidérer
Cette écoute se
entièrement le rapport avec mon corps, ma sensibi- fonde sur une
lité ainsi que ma relation avec les autres. Il s’agit ici reprise de contact
d’un chemin capable parfois de nous tirer au fond conscient avec les
d’un véritable puits où tout espoir semble s’éteindre différentes parties
du corps et sur
et toute voie de sortie perdue pour toujours. Cet état une réactivation
apporte aussi parfois la constatation que toute thé- des capacités de
rapie – souvent disséminée de lourds et indésirables mouvement au
niveau articulaire.
effets secondaires – n’est qu’une bouée de sauvetage
temporaire incapable d’effacer le risque de « tomber »
à nouveau dans les « crises » incontrôlables et diffici-
lement supportables de douleurs pouvant perdurer
souvent plusieurs semaines sans aucune interruption. Est-ce une recherche sur la découverte de méthodes À
alternatives ? LIRE
Qu’avez-vous fait ensuite ? Cette démarche apparemment très personnelle et
N’arrivant pas à trouver de solutions satisfaisantes, isolée se situe en réalité dans un contexte bien plus
je me suis mis à la recherche de moyens pour en vaste : durant ces dernières années en Europe, au-delà
sortir. Grâce à ma profession d’anthropologue spé- des traitements allopathiques conventionnels connus
cialiste des religions de l’Himalaya et surtout à celle et pratiqués – et fondés majoritairement sur l’usage
d’enseignant de Conscience corporelle dynamique, d’antalgiques, d’anti-inflammatoires ou d’antidé-
j’ai spontanément ressenti que si le problème qui presseurs, souvent intégrés à un accompagnement de
m’affligeait avec autant de force concernait mon nature psychologique – se sont développées de nom- Ce corps qui
corps, je devais pareillement m’efforcer de trouver breuses approches complémentaires. De nature essen- nous guérit :
la conscience
une solution dans ce dernier et à travers lui. C’est tiellement holistique, elles visent à réduire les effets de corporelle
grâce à cette prise de conscience que j’ai commencé cette maladie sur la base d’un travail essentiellement comme clé de
à travailler sur moi en faisant converger toutes mes corporel. Dans ce domaine nous trouvons des pra- connaissance
connaissances pour trouver une solution, pour tiques comme la kinésithérapie, la physiothérapie, la et outil de
transformation
me sauver. Au fil des années, avec beaucoup de balnéothérapie en eau chaude, l’acupuncture, la gym de soi
détermination et de patience, j’ai réussi à vaincre en aérobie, la méthode Feldenkrais, le stretching, la Martino Nicoletti
complètement la fibromyalgie et aussi à mettre à fasciathérapie, ainsi que l’ergothérapie fondée sur une Éd. Recto-Verseau,
2014, 20 €
disposition ma méthode de travail de conscience rééducation du corps à travers le travail manuel.
corporelle afin d’aider d’autres personnes souffrant Dans ce même contexte, nous rencontrons aussi des
de cette maladie. formes d’accompagnement psychocorporel amenant

98 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019

 une action intégrée et consciente sur le corps, le mou-
vement doux, la respiration et la relaxation. Il s’agit
ici d’une perspective hautement novatrice qui, en ne
se substituant en aucune manière aux traitements
conventionnels, représente un accompagnement
favorisant une diminution concrète des symptômes
associés à la fibromyalgie. C’est ainsi que – corrobo-
rées aussi par le résultat de nombreuses recherches
scientifiques médicales récentes – des disciplines
psychocorporelles comme le tai chi, le qi gong, le
yoga ou la méditation sont devenues une référence
concrète pour de nombreux malades.
Vous parlez d’une méthode de conscience corpo-
relle, fondée sur l’écoute de soi ?
Dans le cas spécifique de la Conscience corporelle
dynamique, le travail accompli avec des personnes
souffrant de fibromyalgie se structure en particulier
sur une écoute profonde de soi, surtout aux niveaux
corporel et émotionnel. Concernant le corps phy-
sique, cette écoute se fonde en grande partie sur
une reprise de contact conscient et guidé avec les
différentes parties du corps, ainsi que sur une réac-
tivation graduelle des capacités de mouvement au
niveau articulaire, avec une attention particulière
aux membres supérieurs et inférieurs, au bassin, aux
hanches et à la colonne vertébrale. Ce même travail
est souvent intégré à des exercices de respiration et de
relaxation visant à favoriser la relaxation musculaire et
le diaphragme, à améliorer la gestion des états émo-
tionnels, des situations de stress ainsi qu’à atténuer
la douleur physique et la fatigue chronique typiques
de la maladie.
Les exercices comprennent aussi une guidance verbale
de la part de l’enseignant, intégrée avec le mouvement
et la visualisation d’images-archétypes ou reliée au
vécu biographique et aux mémoires de la personne.
Le but de cette approche combinant la parole, les
images mentales, les souvenirs et le mouvement est de
permettre au malade d’aller consciemment à la ren-
contre de son état de souffrance. Comme un véritable
« voyage chamanique », la personne est amenée, pas
après pas, à s’approcher et à se remettre en dialogue,
via le corps, avec les causes primaires de sa souffrance.
Qu’est-ce que cela provoque alors chez le malade ?
À ce niveau, le travail permet de « toucher » direc-
tement le « blocage » de nature émotionnelle qui
se trouve souvent à la base du déclenchement de
PHOTO : MARTINO NICOLLETI
la fibromyalgie, en permettant concrètement à la
personne « d’observer » avec recul sa condition, de
« comprendre » sa maladie et de se « réconcilier » avec
elle, de libérer ses tensions ataviques, de récupérer son
potentiel inné d’autoguérison en s’appropriant en
même temps plusieurs outils lui permettant de gérer
de façon positive la douleur, le stress et d’obtenir une
amélioration significative de la qualité du sommeil.
Est-ce un travail qui demande de l’investisse-
ment personnel, une forme de prise en charge
personnelle ?
Ah, il est clair que dans la Conscience corporelle dyna-
mique et à la différence d’autres approches corporelles
où le malade a souvent un rôle passif, l’accompa-
gnement offert par l’enseignant demande un enga-
gement actif et global de la part de la personne, la
« poussant » parfois à aller contre l’état d’inertie et à
supporter l’augmentation des symptômes typiques
de la fibromyalgie qui peut se produire en consé-
quence d’un travail physique. Il s’agit ici d’une atti-
tude essentielle pour déterminer un réel processus de
guérison qui se fonde sur la capacité de la personne
à se prendre consciemment en charge par rapport à
sa condition pathologique et à se sentir activement
partie intégrante dans la démarche thérapeutique
mise en place.
Une forme de reconnexion avec soi en somme ?
Oui, parce que c’est par ce chemin fondé sur l’écoute,
la reprise de contact douce avec soi-même, dans toute
sa globalité, son vécu et sa complexité, que le corps
peut acquérir à nouveau son « droit à la parole » :
le cri commence à prendre la forme de mots com-
préhensibles capables « d’expliquer » et ensuite d’of-
frir des solutions. Comme le souligne de façon très
efficace le Dr Bodin dans son livre La fibromyalgie :
« les symptômes présents sont des messages que le corps
(par l’inconscient) envoie pour avertir la personne (le
conscient) qu’il existe des dysfonctionnements dans sa
vie… que sa vie s’est éloignée de sa route et qu’il convient
de revenir ».
C’est là que le corps, au lieu d’être l’ennemi, retourne
à son rôle de compagnon, d’allié fidèle et de guide
certain. C’est ici que le corps, de cage de douleur et
de souffrance, se transforme en un merveilleux outil
de libération permettant à la personne de retrouver
graduellement son élan, sa joie, ainsi que le plaisir
de vivre en tant que terrestre. Donc la recette pour
vaincre la fibromyalgie ? Simplement se mettre à
l’écoute de soi avec la conscience évidente que ce que
nous croyons être notre faiblesse est en réalité notre
plus grande ressource. ●
BONUS L'EXTRA LAB
Web MALADIES DE CIVILISATION
Retrouvez le documentaire :
www.inrees.com/bonus/320
HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 99
 PRATIQUE
Osez
l’intelligence
collective
Cette pratique millénaire, empruntée à la sagesse du vivant, pourrait bien représenter
une piste de résolution pour un mieux-être incluant la notion du bien-vivre ensemble.
« Seul on va plus vite, ensemble on
va plus loin ! » : un proverbe africain
emblématique d’une discipline émer-
gente, l’intelligence collective, ou
coopérative. Face à la complexité de
notre monde, la prise de conscience
de notre interconnexion se fait jour et,
progressivement, nous réalisons notre
interrelation avec le vivant. À ce titre,
retrouver le sens de la coopération,
du collectif et du partage redonne-
100 Inexploré - N°41 - HIVER 2019
Par Catherine Maillard
rait du sens à nos vies. Pour Christine
Marsan, psychosociologue spécialiste
des mutations, «  l’intelligence col-
lective met en jeu le groupe social,
où l’apport de chacun permet une
créativité qui transcende la somme
des intelligences individuelles  ».
Comment s’y prendre ? En s’inspi-
rant de la sagesse des anciens, de
la nature, en modélisant des savoir-
faire et un savoir-être. Pour Gauthier
Chapelle, biologiste spécialiste du bio-
ILLUSTRATIONS : SHUTTERSTOCK - MARRISHUANNA
mimétisme, « c’est le franchissement
d’un saut ! ». Qu’on ne s’y trompe pas,
la coopération entre humains et la
maturité relationnelle sont possibles,
mais le chemin pour y parvenir peut
bousculer. Avec Christine Marsan,
coauteure d’un ouvrage collectif dédié
à ce thème, nous avons pointé les
principes fondateurs et leurs clés pour
se lancer dans cette aventure. ●
 Développer
la notion
de réciprocité
«  La nature est mère de l’intelligence
collective ; chaque élément de l’éco-
système a une place, un rôle, porte une
énergie qui contribue à l’ensemble »,
d’après le géographe, spécialiste de la
civilisation kogi, Éric Julien. S’inspirant
du vivant, les peuples « racine » pra-
tiquent le don, fondement de leur
société fondée sur l’intelligence collec-
tive. La nature « donne » pour nourrir
l’échange. Nombreuses sont les situa-
tions, chez les Kogis, qui illustrent
cette réalité. Le concept de Zigoneshi,
par exemple, pourrait être traduit de la
façon suivante : « tu m’aides et je t’aide,
sans contrepartie rémunérée ». Un prin-
cipe que l’on peut résumer par la réci-
procité. « Le lien social prime chez eux,
leur modèle privilégie le tissage de la
relation », commente Christine Marsan.
Au non-respect de ce système de réci-
procité sont même associées des sanc-
tions qui doivent amener la personne
concernée à comprendre les consé-
quences pour le groupe.
➺ Comment s’y mettre
Le quotidien est jalonné de ces instants
où le don est possible. Cela s’apprend !
Pour s’entraîner, le plus simple est
d’ouvrir un carnet de réciprocités, où
sont notées les petites attentions au
monde, ces moments où l’on donne sans
rien attendre. Que ce soit à son cercle
proche, sa famille, ses amis, ses voisins,
ou à un cercle plus élargi. Donner de
l’attention, de l’écoute, rendre un ser-
vice… Inversement, notez ce que vous
recevez sans l’avoir demandé ni exigé…
Ainsi, vous allez rétablir un cercle ver-
tueux. Éric Julien conseille : « Pratiquer
l’intelligence collective nécessite suffi-
samment d’humilité pour se mettre à
l’écoute du monde environnant et tenter
d’en être le juste ambassadeur dans la
société des hommes. » ●
À
LIRE
L’intelligence
collective
Christine
Marsan
Éd. Yves Michel
d’Or, 2014, 25 €
Opter pour
l’économie circulaire
« Bien que nous soyons conscients de
la finitude de notre planète, notre éco-
nomie repose sur la stimulation de la
consommation  », déplore Christine
Marsan. Aujourd’hui, réparer coûte
plus cher qu’acheter un nouveau pro-
duit. D’après le coach de dirigeants et
facilitateur en intelligence collective
Thomas-Emmanuel Gérard, « nous pou-
vons réapprendre la coopération en la
faisant rimer non plus avec posses-
sion, mais avec usage et suffisance  ».
L’économie circulaire s’inspire du
vivant, les « déchets » des uns vont
devenir la matière première des autres.
Une économie qui suppose la mise en
place de filières permettant de trier
et de valoriser des déchets, réparer ou
recycler des composants. Avec comme
nouveau paradigme : privilégier l’usage
à la propriété, louer des biens, des ser-
vices, devenir membre d’un réseau de
coworking, et donc initier de nouveaux
comportements. Une culture qui repose
sur un pont conscient entre les intérêts
individuels et collectifs. L’histoire a déjà
montré que c’était possible. Face à des
situations de crises majeures, sociales
ou environnementales, les comporte-
ments de coopération sont dominants,
avec la création de monnaies complé-
mentaires, troc, solidarité…
➺ Pour commencer
Pour produire de l’alpha et calmer le
flot des pensées, la méditation est une
porte d’entrée universelle. Pratiquée
avec régularité, c’est une clé pour
apaiser l’esprit. Choisissez la forme
qui vous convient. La plus classique est
la posture en lotus, ou assis sur une
chaise, afin de mobiliser votre esprit :
stabilité, droiture, ouverture. Le dos
bien droit, les yeux sont idéalement
mi-clos. Ouvrez votre regard intérieur.
Concentrez-vous sur le va-et-vient du
souffle. Ne cherchez pas à arrêter le
flux des pensées, observez-les, comme
des nuages dans le ciel ! Dix minutes
par jour suffisent. ●
HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 101
 PRATIQUE
Explorer
la gouvernance
partagée
Nous vivons dans une culture d’expertise
et le recours aux spécialistes fait partie de
nos habitudes. Pour mener à bien un pro-
jet, le leadership actuel repose essentiel-
lement sur une vision pyramidale, avec un
« sachant » et une logique de contrôle, qui
peut entraîner de nombreuses résistances
de la part des collaborateurs. Pour la
consultante et facilitatrice Marine Simon,
« en intelligence collective ou coopérative,
nous faisons d’abord le pari que les per-
sonnes présentes sont les bonnes pour
croiser leurs compétences, leur créativité,
leurs capacités à trouver des solutions, à
innover ». La gouvernance partagée, un
principe fondamental en IC, mise sur l’im-
plication des acteurs dès le départ, dans
l’élaboration des choix et leur capacité
à entretenir des relations de confiance,
valorisantes et responsabilisantes. Un
principe qui vaut en entreprise, mais
Passer du temps techno/efficace
au temps collectif/créatif
Faire appel à l’intelligence collective
demande de revoir en profondeur notre
relation au temps et l’usage que nous
en faisons. Culturellement, nous favori-
sons tout ce qui nous en fait gagner, le
plus souvent en décidant rapidement à
partir du point de vue de quelques-uns.
Mais aller plus vite, jusqu’où ? « En intel-
ligence collective, le temps est considéré
comme un véritable investissement pour
construire une trame interrelationnelle
solide entre les acteurs d’un projet »,
développe Christine Marsan. Le temps
collectif correspond alors à celui de la
créativité, de la qualité relationnelle,
pour que puisse émerger un projet inno-
vant. Notre expert ajoute : « Il s’oppose
au temps dicté par la vitesse technolo-
gique, avec un traitement réactif de l’in-
formation, efficace. »
102 Inexploré - N°41 - HIVER 2019
également sur le terrain familial, pour
un fonctionnement optimum et ludique
dans la gestion collective de la maison.
En gouvernance partagée, chacun détient
un morceau du puzzle.
➺ Comment s’y mettre
Pour démarrer, la première étape consiste
à lister les tâches de la semaine : la vais-
selle, les courses, la table, mais aussi
les bonnes applis pour organiser les
vacances, la cuisine d’un succulent des-
sert… Pour impliquer les acteurs de ce
projet familial, un vote détermine qui
est le plus compétent à chaque poste.
Le groupe décide et la personne concer-
née donne son avis. Pour le bon dérou-
lement du processus, il est important de
vérifier que tout le monde est content,
et que c’est équitable. Pour éviter l’effet
« corvée », la bonne idée est d’ajouter
un objectif qui donne du sens, comme
« mettre de la beauté dans la maison »,
par exemple. Deux astuces-clés : se poser
en cercle avec un bâton de parole, fixer
une consigne de temps et d’écoute pour
chacun. Personne ne se coupe la parole. ●
➺ Comment s’y mettre
Investir dans l’inclusion avec le World
Cafe, un principe créé par les pionniers
américains Juanita Brown et David Isaacs.
Cela consiste à mettre en place un proces-
sus d’échanges créatifs, visant le partage
des connaissances et l’émergence d’idées
autour d’un projet commun. En pratique :
le processus reproduit l’ambiance d’un
café où les participants échangent en
petits groupes, de 3 à 5, à propos de ques-
tions préparées à l’avance, sur le thème
choisi. À intervalles réguliers, les parti-
cipants changent de table, à l’exception
d’un seul qui résume la conversation
précédente. Les discussions en cours se
fécondent mutuellement. Des restitutions
écrites et orales permettent de rassem-
bler la matière pour une première trame
d’un modèle à expérimenter. ●
Développer
de nouvelles
intelligences
La notion de coopération est loin d’être
une évidence. Sa mise en action se heurte
souvent à un écueil important : notre pos-
ture individualiste. « Passer du je au nous
remet en cause nos conditionnements,
nos personnalités, nos egos », a observé
Christine Marsan. Si le désir de trouver sa
place et son espace d’expression diffé-
remment de nos fonctionnements habi-
tuels domine, il n’est pas rare de traverser
des moments d’inconfort. Le processus
propose en effet d’assumer sa part de
responsabilité, pour soi et au service de
la communauté. Un vrai challenge !
➺ Comment s’y mettre
L’intelligence de reliance et l’intelli-
gence de la justesse vont nous aider à
coopérer et à partager, au service du
groupe. «  En premier lieu, il s’agit de
se débarrasser des réflexes de com-
paraison et de compétition   », pose
Christine Marsan. Nous pouvons aussi
développer notre capacité de transmis-
sion et opter pour le partage des infor-
mations plutôt que la rétention (tac-
tique avérée pour garder le pouvoir) et
miser sur la valorisation de ses équipes,
ses proches, son enfant, une amie…
L’intelligence de la justesse : elle pour-
rait se définir par une intelligence centrée,
ou alignée : à savoir pensées/valeurs/
paroles/actions. Choisissez une compé-
tence que vous souhaiteriez cultiver et
mettre au service du groupe, à savoir l’in-
telligence de la présence, l’intelligence
émotionnelle ou l’intelligence créative.
Comment, dans une situation, pouvez-vous
l’acter de manière coopérative ? ●
ILLUSTRATIONS : SHUTTERSTOCK - MARRISHUANNA
 NOUVELLE COLLEC TION
SEX ES

JANVIER
2019

Amour, plaisir, découvertes…

ma m ae d it i o n s.co m
VISION D’AVENIR

paix
UNE NOUVELLE
TRINITÉ PORTEUSE
DE
À
LIRE
Peut-on cultiver un nouvel équilibre
pour une révolution écologique et
spirituelle ? Selon Satish Kumar, c’est
en prenant conscience de notre inter-
reliance avec la nature et les autres
espèces que nous pourrons faire
face aux défis environnementaux et Pour une
écologie
construire un futur viable. spirituelle
Éd. Belfond,
Propos recueillis par Catherine Maillard 2018, 17 €

104 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019

 Pour relever les actuels défis
environnementaux, vous évoquez une
nouvelle trinité terre-âme-société, que vous
a inspiré un texte hindou, la Bhagavad-
Gita. De quoi s’agit-il ?
Notre monde moderne se focalise sur un dévelop-
pement extérieur, comme le matérialisme, le consu-
mérisme, l’industrialisation… Même le mouvement
écologiste actuel emprunte le même chemin. Or
les sagesses anciennes et la Bhagavad-Gita mettent
l’accent sur le rapport essentiel entre l’intériorité et
l’extériorité. Troublé par le manque de réflexions
entre ces deux aspects, j’ai réfléchi à un principe qui
ferait le pont. Cette nouvelle trinité terre/âme/socié-
té traite de notre relation à la nature, de la nécessité
d’établir un lien entre l’exercice spirituel et les pra-
tiques sociales. Nous protégerons d’autant mieux la
planète que nous aurons pris soin de notre âme.  de quitter l’emprise des jugements négatifs, cette
Nous et la terre ! Vous évoquez le devoir de
reconnexion à la terre. En quoi la certitude
que nous ne faisons qu’un avec la nature
peut-elle nous aider à devenir un acteur
du changement ?
Nous vivons sur la conviction erronée que la nature
a pour seule fonction d’alimenter le moteur de l’éco-
nomie : en fait, c’est l’économie qui est au service de
l’écologie. Si le capital naturel venait à disparaître,
si l’homme polluait l’environnement au point de le
rendre inexploitable, alors l’économie mourrait aus-
si. L’homme doit redevenir humble et se reconnecter
avec la nature. C’est le grand défi du XXIe siècle...
D’après la Bhagavad-Gita, la nature, l’homme et le
divin ne font qu’un. La nature est source de vie, elle
est en nous, nous faisons partie de la nature. Rap-
pelons que le mot humain vient de humus, la terre.
Je rejoins un courant développé par le philosophe
norvégien Arne Naess (1912-2009), la deep ecology
ou « l’écologie profonde », inspirée également des
sagesses anciennes, qui accordent une valeur intrin-
sèque à la nature. Elle a des droits, elle est sacrée et il
faut encourager la révérence envers elle, en dévelop-
pant une écologie spirituelle.
ILLUSTRATION : SHUTTERSTOCK - PHOTO : BILL ELLZEY
Nous et notre âme ! La Bhagavad-Gita nous
invite à vivre en harmonie avec nous-même,
à nourrir notre âme. Immense programme !
Par où commencer ?
Le premier point est d’en reconnaître l’existence !
Pour la majorité de nos contemporains, et particu-
lièrement le monde scientifique, elle n’existe pas.
Nous revenons au point de séparation intériorité/
extériorité… En réalité, nous sommes pris entre
la prédominance du matérialisme, qui nie l’exis-
tence de l’âme, sépare l’esprit de la matière, et l’in-
Ancien moine jaïn, infatigable disciple de Gandhi,
l’activiste indien Satish Kumar s’est précédemment
illustré en défendant l’idée d’un monde
interdépendant, construit sur l’interaction entre les
êtres. Également pionnier de l’écologie, le fondateur
du Schumacher College, Centre de formation
international en écologie holistique et pratiques de
vie durable, signe cette fois un manifeste engagé.
fluence de la religion catholique, qui prône notre
impureté et notre état de pécheur. L’autre point est
tendance à nous dénigrer, à l’origine de nombreux
problèmes actuels. La Bhagavad-Gita dit que
notre âme est pure ! Atman est le terme sanscrit
désignant l’âme, la conscience individuelle ; pa-
ramatman est celui qui désigne l’âme universelle,
l’âme du monde. Les deux sont liés. Cultiver cette
pureté de l’âme n’est pas inaccessible. La pratique
des tapas « recommande » la méditation, la lecture
des grands textes spirituels et la recherche de sim-
plicité dans notre vie quotidienne.
Toutefois, il semblerait que nous
rencontrions un obstacle majeur, à savoir le
piège de l’ego. Vous proposez de passer de
l’ego à l’éco. C’est-à-dire ?
La suprématie de l’ego dans notre société n’a rien
d’étonnant ; tout notre système repose sur la com-
pétition, les enjeux de pouvoir, des notions au cœur
de l’éducation de nos enfants. Là où l’ego sépare,
l’éco reconnecte. Le suffixe éco vient du grec ancien
oikos, qui signifie maison, patrimoine. Quand on est
dans sa maison, on est prêt à se relier aux autres, en
mettant de côté notre ego. La conscience de notre
interreliance est la clé. Pour atteindre un état de
conscience éclairée, l’homme doit apprendre à se
connaître, puis se mettre au service d’autrui de ma-
nière désintéressée, en renonçant à son ego au profit
de la conviction qu’il fait partie d’un tout. Je vous
encourage à mettre de côté l’ego au profit de l’éco,
qui place au centre la valeur d’interdépendance, et
notre connexion les uns aux autres, sans supériorité.
Nous et la société ! Selon vous, il nous
incombe d’en prendre soin, comme de la
terre et de notre âme. Vous parlez d’un
mouvement social de grande ampleur.
Quel est-il ? FF F
HIVER 2019 - N° 41 - Inexploré 105
VISION D’AVENIR

FF F Il est basé sur la reconnaissance de la diver- racine de la paix vient de nous-même, qui ouvre à
sité, qui vient de l’unité. Or partout dans le monde, la paix avec les autres et la planète. Ce n’est pas un
les inégalités sont criantes. Une telle situation ne concept éculé, mais une prise d’engagement, radi-
reflète guère l’harmonie, la cohérence. Seul un cale. Tout comme l’amour de soi. La paix et l’amour
mouvement social de grande ampleur permettrait sont de puissants vecteurs de changement. La trinité
d’instaurer la justice, l’égalité, la liberté pour le bien que je promeus est une autre manière de mettre en
de tous : il faudra une prise de conscience spirituelle place la révolution de l’amour !
et l’avènement de certitudes nouvelles pour favori-
ser l’émergence d’un nouvel ordre social, fondé sur La révolution de l’amour ?  
la réciprocité et le mutualisme. Nous retrouvons ici C’est une révolution intérieure qui commence par s’ai-
le dana, ce devoir de charité dont parle la Bhaga- mer soi-même ; alors il est possible de le projeter sur
vad-Gita pour désigner le partage, la générosité, le les autres, plutôt que les combattre. Cette révolution
fait de donner avant de prendre et de surseoir à son est fondée sur un dialogue profond et non plus sur un
intérêt personnel. combat… Personne n’a le monopole de la vérité. Nous,
les militants et activistes pour la transition écologique,
La notion de la réciprocité est au cœur de ne devons pas penser que nous sommes supérieurs ni
votre approche... nous montrer arrogants. Cette nouvelle révolution de
C’est un des principes fon- l’amour doit passer par l’hu-
damentaux de l’Univers. À milité et le dialogue.
partir du moment où l’on
plante une graine dans le
sol, l’ensemble de l’écosys- Cette nouvelle Vous évoquez
également l’importance
tème – l’eau, l’air, le soleil –
apporte son concours pour
révolution de l’amour de la beauté, qui
pourrait être le
la faire grandir. La récipro-
cité est au cœur du vivant,
doit passer par ferment de cette
révolution...
qui utilise par exemple l’humilité Le moteur principal des
l’énergie lumineuse pour sociétés industrielles est la
synthétiser de la matière et le dialogue. production de masse, qui
organique, et qui contribue n’ a que faire de la beauté.
à l’ensemble. Ce principe Il faut replacer la beauté au
vaut également sur le plan centre et revenir à l’artisa-
humain et il réside sur la réciprocité de l’énergie nat, la création. Là où il n’y a pas de beauté, l’âme
d’amour. Alors le cycle est vertueux. La réciprocité souffre, avec les troubles que nous connaissons :
est l’idée du don gratuit, pour reconstituer le manque dépression, anxiété, qui sont autant de signes d’une
créé en consommant ce qui nous a été donné. Si on asphyxie spirituelle. J’aimerais que chacun de nous
l’appliquait vraiment, il n’y aurait plus de conflit, vive en artiste, pour développer la voie de la beauté,
mais un équilibre entre le donner et le recevoir.  et porter la révolution de l’amour.

Cette trinité serait porteuse de paix !

Soyons en paix avec la nature, nous-même
et avec autrui ! Mais de quelle paix parlez-
vous ?
En Inde, nous avons coutume de répéter le mot
Est-ce que, parfois, vous ne doutez pas, face
aux actuelles décisions politiques en
défaveur de l’environnement ?
Je suis résolument optimiste et réaliste à la fois.
ILLUSTRATION : SHUTTERSTOCK

« paix » à trois reprises : shanti, shanti, shanti. Pour
qu’elle se déploie dans les trois directions : soi, la
nature, les autres… La paix n’est pas l’absence de
guerre, elle est intérieure. La guerre prend de multi-
ples formes, en réalité : la déforestation, la pollution
des océans, l’élevage intensif en sont des formes. La
Cette nouvelle révolution requiert courage, déter-
mination et unité. Nous sommes tous concernés.
Si je devais donner un seul conseil pour nous y
mettre, ce serait la phrase de Gandhi, d’une actuali-
té criante : « Soyez le changement que vous voulez voir
dans le monde. » ●

106 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019

 S'émerveiller


Tout mortel a le sien,
cet ange protecteur,
cet invisible ami
veille autour
de son coeur
ALPHONSE DE LAMARTINE


Plus près des étoiles

To the Stars dévoile trois vidéos

déclassées par le département de la
Défense, tournées par des militaires.
 L’incroyable
technologie
venue
DU CIEL
Les rencontres du troisième type sont-elles l’apanage des réalisateurs de films
de science-fiction ? Décembre 2017, au sommet de l’État américain, un mystérieux
programme de recherche apporterait enfin la preuve de l’existence des ovnis.
Plus incroyable encore, on saurait déjà reproduire la technologie à l’œuvre.
Enquête sur des révélations qui pourraient changer l’avenir de l’humanité. 
Par Aurélie Aimé

Depuis la nuit des temps, les hommes
ont dit apercevoir des objets célestes non
identifiés. De nombreuses traditions
y font d’ailleurs allusion : des textes
chrétiens aux Mayas, aux mythologies
indiennes ou africaines... Au XXe siècle,
plusieurs sagas médiatiques ont nourri
l’espoir de percer ce mystère, avant
d’être systématiquement discréditées.
Entre 1940 et 1970, l’US Air Force a
PHOTO : JMONTAGE PHOTO D’APRÈS 2 IMAGES SHUTTERSTOCK
pour « débunker » les observations. Le
chercheur indépendant et spécialiste
français reconnu du sujet ovni Nicolas
Augusto explique qu’Hynek « va finale-
ment retourner sa veste. Il se rend compte
que certains témoignages posent de vrais
problèmes scientifiques et vont au-delà du
simple canular ou du ballon-sonde ».
L’affaire Roswell est un autre cas
très médiatisé. En 1947, un ovni se
serait écrasé dans le désert du Nou-
États-Unis. Ainsi, conquête de l’espace,
politique, secrets d’État, économie, et
même écologie convergent, portés
par les propos de grands scientifiques,
d’hommes politiques et de célébrités.
Si le sujet est très médiatisé outre-At-
lantique, Inexploré est le seul média
français à vous proposer un suivi sur
les événements majeurs qui se jouent
depuis un an…

entamé une série d’études visant à ana-
lyser plus de 12 000 récits, dont beau-
coup venaient de témoins crédibles
(astronomes, pilotes de chasse, poli-
ciers, officiers militaires, etc.) et dont la
commission au nom de code Blue Book
a fait partie. La plupart des témoi-
gnages se sont avérés être explicables
par la présence d’étoiles, de nuages,
d’avions classiques ou espions. Mais
701 d’entre eux n’ont pu être expliqués.
L’astronome, professeur et ufologue
américain Allen Hynek est embauché
veau-Mexique (USA). Pour les prin-
cipales associations d’ufologues, cet
événement est la preuve la plus pro-
bante de la visite d’une civilisation
extraterrestre avancée. Mais le gou-
vernement américain expliquera l’in-
cident par le crash d’un ballon-sonde
ultra secret destiné à espionner les expé-
riences nucléaires militaires soviétiques.
Le gouvernement américain a donc
toujours nié toute implication dans
ces dossiers, jusqu’à fin 2017 où une
affaire d’ovnis sans précédent éclate aux
Révélation de
programmes secrets
Le 16 décembre 2017, le New York
Times publie une enquête fracassante
qui dévoile l’existence d’un « mysté-
rieux programme ovni au Pentagone ».
On y apprend que sur 600 milliards
de dollars dédiés au département de la
Défense, 22 millions sont consacrés à
l’AATIP, anagramme bien mystérieuse
de Advanced Aerospace Threat Identi-
fication Program (programme FF F

HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 109

 Plus près des étoiles

FF F avancé d’identification des physique et fondateur de départe-

menaces aériennes). Ce programme
secret fut créé sous l’impulsion des
sénateurs démocrates Harry Reid et
Daniel Inouye, et du sénateur répu-
blicain Ted Stevens. Il sera financé
par des fonds publics, et par les fonds
personnels d’un milliardaire améri-
cain, passionné de phénomènes ovnis
et ami d’Harry Reid : Robert Bigelow.
Ce dernier avait par le passé fondé le
NIDS (National Institute for Dis-
covery Science, voir Inexploré n°40),
dont l’astronaute Edgar Mitchell faisait
partie. Bigelow Aerospace figure parmi
les leaders en matière de conquête de
l’espace. Avec la NASA, la société a
déjà développé des modules gonflables
pouvant servir d’habitats dans l’espace.
Il n’est pas rare que le gouvernement
américain délègue à des organismes
privés certaines recherches sensibles.
À partir de 2007, quarante personnes
installées au cinquième étage du Pen-
tagone, avaient donc secrètement
étudié les témoignages d’apparitions
d’ovnis des dernières décennies, sous la
direction d’un certain Luis Elizondo.
Celui-ci démissionnera en 2017, invo-
À partir de 2007,
quarante personnes
avaient donc
secrètement étudié
les témoignages
d’apparitions
d’ovnis.
quant le manque de moyens, l’opa-
cité du système et les méandres de la
bureaucratie, estimant aussi que des
informations sensibles devaient être
révélées en urgence au grand public.
Si, officiellement, l’AATIP s’est arrêté
en 2012, Elizondo a toutefois affirmé
que le programme est toujours en
cours, sous un autre nom.
Apparition de
sociétés privées
Elizondo ainsi que d’ex-membres de
l’AATIP – Jim Semivan (un ancien
de la CIA), Hal Puthoff (docteur en
ments de recherche de la CIA dans les
années 1950), Steve Justice (ancien de
Lockheed Martin, première entreprise
américaine de défense et de sécurité)
et Christopher Mellon (ancien du
département de la Défense) ont ensuite
rejoint un organisme privé : To the
Stars Academy of Arts and Science.
To the Stars œuvre pour étudier et faire
connaître ces phénomènes aérospatiaux.
L’association a été créée en 2015 par
Tom Delonge, fondateur du groupe
pop-rock Blink-182, « un homme en
lien étroit avec différentes agences d’ar-
tistes et des hommes politiques parmi les
plus influents de la planète, qui dit vou-
loir investir sa propre fortune pour voir si
le phénomène est réel. Cela est venu aux
oreilles des personnes de l’AATIP et s’est
organisé secrètement pendant plusieurs
années », d’après Nicolas Augusto.
Un autre événement majeur inter-
viendra dès novembre 2017. Grâce au
processus du Freedom of Information
Act (Loi d’accès à l’information), To
the Stars dévoile trois vidéos déclas-
sées par le département de la Défense,
tournées par des militaires. On y voit

Les vidéos déclassifiées

du Pentagone
Trois vidéos militaires ont été déclassifiées par le Pentagone, à quelques
mois d’intervalle :
GIMBAL : c’est la première et certainement la plus spectaculaire. Elle a
été filmée à bord d’un US Navy FA-18 Super Hornet. On y voit une
forme ovale entourée d’un « champ » lumineux effectuer des rotations
et se déplacer à grande vitesse, à contrevent.
NIMITZ : la deuxième a été filmée par les occupants du navire de guerre
USS Nimitz en 2004, au large des côtes de San Diego. On y voit un objet
oblong d’apparence immobile, de 12 mètres de long environ, qui effectue
une accélération à très vive allure vers la gauche.
GO FAST : la troisième vidéo déclassifiée a été filmée depuis un US Navy
FA-18 Super Hornet, avec une technologie à infrarouges. On y voit une
forme ovale, sans ailes, voler à toute vitesse au-dessus de la mer.

110 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

 des engins volants au comportement
surprenant. Suite à cela, les langues
se délient et de nombreux officiels
prennent la parole pour témoigner
de la réalité du phénomène : l’ex-sé-
nateur Harry Reid, des pilotes haut
placés de l’Air Force, des membres du
département de la Défense…
Cependant, quelques détails de l’affaire
posent question. Par exemple, la jour-
naliste à l’origine de l’article du Times
est une ancienne conseillère de la Mai-
son-Blanche. D’autre part, Elizondo
a dit lui-même avoir gardé, malgré
sa démission, un accès au Pentagone.
Pour Nicolas Augusto, « cela signifie
qu’il y a une certaine synergie entre To the
Stars et le gouvernement ». Les conni-
vences entre le gouvernement amé-
ricain et des sociétés privées existent
donc lorsque leurs intérêts convergent.
Mais pour quel motif faire ces révéla-
tions aujourd’hui ?
Une nouvelle
technologie
Que ce soit dans le cadre de l’AATIP, ou
de To the Stars, les recherches ont très
PHOTOS : SHUTTERSTOCK - HXDBZXY - BRIAN PATTERSON PHOTOS
largement dépassé de simples vidéos.
Elles pourraient totalement remettre
en question l’avenir de l’homme dans
l’espace et elles interrogent le cadre
éthique qui l’encadrerait. D’après une
interview de Luis Elizondo (Sunday
Times), l’entreprise Bigelow Aeros-
pace aurait stocké dans ses entrepôts
de Las Vegas des échantillons d’ovnis
accidentés. Ceux-ci seraient composés
de métamatériaux, aux propriétés que
l’on ne trouve pas dans la nature. Plus
incroyable encore : d’après Nicolas
Augusto, nous serions déjà en mesure
de reproduire ces technologies, ce qui
indiquerait que les recherches ont com-
mencé il y a au moins soixante-dix ans.
Les trois vidéos déclassifiées nous per-
mettent d’entrevoir les technologies à
l’œuvre. Les « vaisseaux » se déplacent à
très grande vitesse, n’ont pas de système
de propulsion, et un étrange « champ »
les entourent. Elizondo a déclaré :
« Nous pensons que ce qui a été observé –
une accélération soudaine et extrême de
l’ordre de l’hypersonique, leur faible détec-
tabilité, leur capacité à se déplacer en un
éclair de gauche à droite, et enfin, leur
système antigravitationnel – est la mani-
To the Stars
Le parcours de Tom Delonge,
ancienne star pop punk,
pourrait interroger sur son
sérieux. Pourtant, des
documents ont pu confirmer
l’ampleur de son implication.
En 2016, Wikileaks révèle des
conversations entre lui, John
Podesta (chef de cabinet sous
Bill Clinton) et le couple Clinton,
qui « voulaient être les premiers
à déclassifier le sujet », rapporte
Nicolas Augusto. Pour To the
Stars, il s’est donc entouré
d’experts : anciens de la CIA, du
département de la Défense,
scientifiques de pointe…
festation d’une seule et même technologie.
Ce ne sont donc pas cinq technologies que
nous tentons de comprendre, mais une
seule. Et nous pensons l’avoir comprise. »
Lors d’une conférence en juin 2018,
le Dr Hal Puthoff a apporté des pré-
cisions, concernant notamment l’un
des échantillons récoltés « lors du crash
d’un véhicule à la technologie avancée ».
Les métamatériaux qui constituaient
sa carlingue seraient faits « de plusieurs
couches de bismuth et de magnésium,
les couches de bismuth étant plus fines
qu’un cheveu humain, le magnésium
faisant environ 10 fois cette taille ».
Le docteur interroge : « Est-ce que les
nombreuses anomalies observées peuvent
trouver une réponse dans le cadre de
nos connaissances de la physique ? Nous
avons en effet entendu des témoignages
expliquant que les vaisseaux effectuaient
des virages à angle droit à des vitesses éle-
vées, d’autres planaient puis accéléraient
soudainement, comme si l’engin n’avait
pas de masse inertielle » [ La masse
d’inertie est l’effort fourni pour don-
ner à un corps une accélération précise
NDLR.] Vous avez dit science-fiction ?
C’est pourtant un physicien, ingé-
HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 111
 Plus près des étoiles

nieur et parapsychologue américain

reconnu – que nous avions déjà ren-
contré pour Enquêtes Extraordinaires –,
qui en témoigne. Ce métamatériau
testé avec divers processus (ultrasons,
ultraviolets, radars à haute fréquence,
tests thermonucléaires…) enverrait
une onde permettant de « changer les
propriétés de l’espace-temps telles que
la relativité générale les décrit et nous
pourrions ainsi voyager plus vite que la
lumière »… Hal Puthoff et d’autres en
sont donc arrivés à la conclusion que
les appareils créent leur propre « bulle
d’espace-temps », grâce à une légère
distorsion spatio-temporelle. Ce qui
leur permet de telles prouesses. Si nous
parvenions à la reproduire, cette tech-
nologie nous permettrait de rejoindre
en quelques secondes seulement des
planètes éloignées de plusieurs milliers
de kilomètres.
Des ovnis à
la conquête spatiale
Pourrait-on imaginer, grâce à ces
matériaux, que des sociétés privées
L’entreprise
Bigelow Aerospace
aurait stocké
dans ses entrepôts
de Las Vegas des
échantillons d’ovnis
accidentés.
développent des appareils aux pro-
priétés révolutionnaires ? Très récem-
ment, To the Stars a levé deux ou trois
millions de dollars via une campagne
de financement. De son côté, Robert
Bigelow aurait, c’est officieux, engagé
450 millions de dollars pour tenter de
dupliquer un vaisseau. « Cette techno-
logie, d’après ce que je sais, aurait été
reproduite plusieurs fois dans des labo-
ratoires gérés par Hal Puthoff. L’objec-
tif de To the Stars, avec un calendrier
qui s’étend sur 24 mois, est de faire une
démonstration publique de ce vaisseau »,
annonce Nicolas Augusto.

Les chercheurs indépendants

font avancer le débat
Nicolas Augusto est un auteur, producteur et conférencier, spécialiste
du sujet ovnis. Lui-même témoin il y a 20 ans d’un tel phénomène, il
décide d’entamer à son compte des recherches sur tout ce qui touche à
l’inexpliqué. En 2007, il lance un programme télévisé baptisé R.I.P
PHOTO : SHUTTERSTOCK - MARIA STAROVOYTOVA

(Recherches Investigations Paranormal, sur Planet +), afin de rendre

publiques ses enquêtes.
Il a également officié aux États-Unis en tant que consultant spécialiste
du paranormal. Il a suivi de très près l’affaire AATIP, pour laquelle il
s’est pris de passion.

112 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

Les perspectives d’utilisation des méta-
matériaux pour nous déplacer au-delà
de l’atmosphère terrestre posent ques-
tion. À qui appartiennent l’espace et les
ressources qui s’y trouvent ? L’ONU
encadre ce sujet et garantit une utili-
sation de l’espace à des fins pacifiques,
la non-appropriation par les États de
corps célestes et l’absence de juridiction
territoriale sur ces espaces.
Pourtant, en juin 2018, Donald Trump
a annoncé vouloir créer la sixième
branche des forces armées : l’armée de
l’espace, qui serait totalement indépen-
dante de l’armée de l’air… « Trump est
un excellent businessman, il se dit que s’il
arrive à déclasser le sujet ovni et montrer
au peuple américain que cela fait 70 ans
que les 25 gouvernements précédents
leur mentent et qu’il est l’homme de la
situation, il le fera », commente notre
spécialiste.
Face à la crise écologique, les ressources
extra-atmosphériques seront-elles alors
vues comme un nouvel Eldorado ? Le
Sénat américain a approuvé unilatérale-
ment, en 2005, un projet de loi suscep-
tible de violer le traité international de
l’espace de 1967, autorisant les entre-
prises privées à forer des corps célestes
pour en extraire les matières premières, BONUS RETROUVEZ LES VIDÉOS
et les commercialiser. Web de To the Stars, Academy
Une question semble toutefois absente of Science sur :
du débat : qui sont les êtres à l’origine de www.inrees.com/bonus/321
telles technologies ? Si le terme d’extrater-
restre est très peu emprunté par les divers
acteurs de cette saga, Nicolas Augusto
nous donne quelques pistes : « Tout
indique que, début juillet 1947, un objet
qui provenait d’ailleurs s’est vraiment écrasé
au Nouveau-Mexique. Si nous avons récu-
péré cette technologie, il aura fallu beau-
coup de moyens pour la comprendre. Cela
nous indique que l’écart entre leur techno-
logie et les nôtres ne serait que d’une petite
centaine d’années, ou que ces “visiteurs”
auraient aidé. » Robert Bigelow s’est
montré le moins pudique sur ce sujet, en
annonçant lors d’une interview télévisée
qu’« il y a eu et il y a encore aujourd’hui
sur terre une présence extraterrestre ». Mais
aucune preuve de contact n’a été appor-
tée à ce jour. Bientôt, d’autres vidéos
de la NASA devraient être déclassifiées
par le biais de To the Stars. L’association
prévoit également de faire des annonces
d’importance dans le premier semestre
2019. Affaire à suivre. ●
Ce métamatériau testé
avec divers processus
enverrait une onde
permettant
de « changer
les propriétés de
l’espace-temps ».
 Chemin Mont-Athos
M O N T - AT H O S
La sainte
montagne
Île grecque composée d’une montagne de 2 030 mètres, le
Mont-Athos a la particularité d’abriter plus de
20 monastères orthodoxes et d’être une république
monastique au sein de la république grecque.
Un lieu mythique, unique au monde. Par Melanie Chereau
A
ppelé Agion Oros, la « sainte mon-
tagne » en grec, le Mont-Athos, cité
par Homère et Eschyle, aurait d’abord
été l’une des demeures de Zeus. De-
puis, c’est un lieu sacré chrétien, car la Vierge,
en voyage dans la mer Égée, y aurait fait escale
lors d’une tempête. Enchantée par la beauté du
lieu, elle aurait demandé à son fils de lui en faire
cadeau. Jésus le lui aurait alors accordé, disant
cette phrase célèbre : « Que ce lieu soit ton héritage
et ton jardin, un paradis et un havre pour ceux qui
cherchent le salut. » La montagne voit fleurir les
communautés religieuses consacrées à la Vierge,
réservées uniquement aux hommes et dédiées à
la sainte comme unique femme. Ironiquement,
certains historiens relèvent que la montagne au-
rait la forme d’un mamelon.  Le mont Athos
Fabian da Costa
Aujourd’hui, les 20 monastères orthodoxes ré-
unissent environ 2 000 moines. Chaque année,
114 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019
35 000 pèlerins font une demande particulière
pour les visiter, maximum trois jours et gratui-
tement. À son apogée au début du siècle der-
nier, le Mont-Athos pouvait comprendre jusqu’à
7 000 moines venus de toute l’Europe. La vie des
religieux y est particulièrement retirée et austère,
faisant de l’endroit un petit « Tibet chrétien ».
Les monastères sont stavropégiaques, c’est-à-dire
sous l’égide de l’archevêque de Constantinople
(Istanbul), église autocéphale, et c’est le ministère
des Affaires étrangères grec qui gère le politique
et l’administratif du lieu, ce qui est original. Les
moines suivent les règles de vie cénobitiques et
l’abaton (loi interdisant l’accès aux femmes)
est encore respecté. Il semblerait que quelques
femmes, cependant, osent tenter d’y séjourner,
déguisées en hommes…
Outre la beauté de l’île et sa
végétation préservée, le miracle
de l’endroit réside dans les
merveilles architecturales des
À
LIRE
monastères byzantins,
PHOTO : SHUTTERSTOCK - NONIXPHOTO
restaurés petit à petit selon des règles très strictes.
Dans ce lieu, il règne apparemment une vibration
particulière et sacrée : « Les hommes venus ici y
chercher Dieu depuis des siècles, ont comme impré-
gné de leur contemplation et de leurs visions cette
montagne de marbre […], porte d’accès au ciel pour
Éd. Dervy, les aventuriers de la prière », relate Fabian da Costa
2017, 29,90 € dans son ouvrage dédié. ●
 TOUT CE QUE NOUS SAVIONS JUSQU’ICI
DES ABDUCTIONS ET DES OBSERVATIONS D’OVNIS
NE REPRÉSENTAIT QUE LA POINTE DE L’ICEBERG

Les travaux de Dolores Cannon dans le champ de

l’hypnose régressive nous permettent maintenant
une étude approfondie de ces phénomènes et une
meilleure compréhension des raisons de la
présence extraterrestre sur Terre.

Les Gardiens
DOLORES CANNON
Comprendre la présence
des extraterrestres
au-delà des abductions
« UN LIVRE VIVANT ET RÉVÉLATEUR »
– Timothy Borgan (UFO DIGEST)

Programmes spatiaux secrets

et alliances extraterrestres
MICHAEL E. SALLA, PH. D.
L’histoire cachée de l’Antarctique
Le rôle des corporations multinationales dans
le développement des programmes spatiaux secrets

Non reconnu Au lendemain de Roswell

STEVEN M. GREER, M. D. Laah-Tit COL. PHILIP J. CORSO
Un exposé du secret le mieux gardé au monde PIERRE HENRI STEYT Contact extraterrestre
Véhicule de lumière

www.editions-ariane.com
 Témoin  de l'extraordinaire
Médium, entre
ombre et lumière
Virginie Lefebvre a cinq ans lorsque surviennent les
premières manifestations extraordinaires. Des années plus
tard, devenue policière, ses dons hors du commun la poussent
à se consacrer pleinement à sa vocation : intermédiaire entre
les défunts et leurs proches. Par Aurélie Aimé
E
« n pleine nuit, éveillée, je me trouve inex-
plicablement debout entre le mur et le lit,
entourée de personnages lumineux. Plus
j’ai peur et plus leur nombre augmente. »
Virginie a cinq ans lorsqu’elle est pour la première
À fois confrontée à un contact avec l’invisible. Si
LIRE elle exerce aujourd’hui à plein temps en tant que
médium et voyante, son parcours fût semé d’ex-
périences surprenantes au contact des ombres et
lumières de l’au-delà.
« À 13 ans, alors que je faisais mes devoirs, ma main
s’est mise à écrire toute seule. J’ai “conversé” avec une
jeune entité prénommée Caroline, décédée à cause du
De flic à Sida, qu’elle a contracté à cause d’une transfusion.
médium Étonnamment, je n’ai pas eu peur, j’étais même plutôt
Virginie
Lefebvre
excitée qu’autre chose », explique-t-elle. L’expérience
Éd. Michel Lafon, de Virginie est accueillie avec bienveillance par son
2018, 18,95€ père, lui aussi curieux de ce type de phénomène. Sa
116 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

À 13 ans, ma main
s’est mise à écrire
toute seule.

mère, plus réservée, aura la stupéfaction d’entendre
parler dans son entourage d’une jeune Caroline au
parcours identique à celui de la défunte…
À l’adolescence, Virginie est confrontée aux dan-
gers que peuvent présenter les communications
avec l’au-delà. Son grand frère organise, tous les sa-
medis soir, des séances de spiritisme avec des amis.
Virginie y est conviée : elle a l’étrange particularité
d’agir comme une antenne et d’amplifier les ma-
nifestations. « Mon frère avait un ami quelque peu
étrange. Un jour j’ai ressenti le besoin d’aller mettre
mes mains derrière lui, je ressentais qu’il était incor-
poré. Nous étions malheureusement en présence d’en-
tités du bas astral, et il y a eu des répercussions. Mon
frère et sa copine ont eu des accidents de voiture à
répétition, puis des problèmes avec leur maison… Ils
ont décidé d’arrêter. »
Des années plus tard, Virginie Lefebvre est deve-
nue policière, un métier qu’elle exerce avec pas-
sion. Les manifestations sont toujours là : sous
la forme de voix qui la guident, de défunts qui se
présentent à elle, ou de prémonitions. Elle met un
point d’honneur à ne pas les laisser interférer avec
sa vie professionnelle. Mais un jour, « une contre-
venante a franchi un feu rouge fixe. J’ai “vu” que son
mari était décédé. Lorsque je lui ai demandé si elle
avait été perturbée par un élément extérieur, elle m’a
confirmé avoir enterré son époux. J’ai décidé de ne
pas la verbaliser, au grand étonnement de mon col-
lègue qui m’a asséné : “tu as changé !”. Il avait raison.
Ça a été l’élément déclencheur ». Puis l’ex-policière
fait une rencontre marquante : « Colette Dubreuil,
présidente de l’association L’éphémère, qui aide les
personnes endeuillées. Elle me donnait des photos de
défunts et transmettait les messages aux familles. Un
soir, elle m’a demandé de remplacer au pied levé une
médium lors d’un forum. »
Quels messages nos morts ont-ils le plus souvent à
cœur de transmettre? « Souvent, ils expliquent qu’ils
sont bien, et que notre vocabulaire ici sur terre n’est pas
assez fort pour décrire la beauté et le bien-être qu’ils
ressentent. » La médium a demandé à l’un d’eux à
quoi ressemblait le moment du passage : « selon lui,
la sensation était la même que lorsque l’on quitte un
vêtement trop petit. Il m’a donné le mot “délivrance”,
un terme riche de sens, employé au moment de notre
arrivée sur terre… et de notre départ ». ●
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 Mystères Japon

Japon
U N E M O RT PA R FA I T E
Au XIIIe siècle, une communauté de moines japonais tente de mourir en conscience.
La conservation du corps à l’état de momie naturelle en serait la preuve mystique.
Par Melanie Chereau

C
’est le moine bouddhiste Kōbō-Daishi,
fondateur de la lignée Shingon, au Ja- Le moine Kōbō-Daishi
pon, qui fut le premier à être retrouvé
en état d’automomification. En effet,
après s’être enfermé dans une caverne pour mé-
diter, ses disciples le retrouvèrent mort, son corps
parfaitement momifié et non décomposé. Il fut
considéré comme ayant atteint la perfection ul-
time de la méditation pure, l’état de bouddha au
moment de la mort. Les moines de son ordre ont,
par la suite, suivi une méthode rigoureuse pour
l’imiter.

Le moine décidant de
tenter le sokushinbutsu,
ce qui signifie « être
illuminé de l’intérieur »,
se traduisant par la momification naturelle, doit
s’astreindre à un régime alimentaire particulier
pendant six ans avant la période à laquelle il pour-
ra tenter cette mort en conscience. Cela signifie
être suffisamment âgé pour s’approcher de la fin
de sa vie, mais pas trop non plus pour suivre ce
régime sans partir trop tôt. En effet, il s’agit de ne
se nourrir que de noix et de graines pendant mille
jours et de s’astreindre à beaucoup de sport. Ain-
si, les graisses superflues sont éliminées. Ensuite, core en vie et ainsi recevoir sa ration de nourriture
pendant mille autres jours, le moine doit n’avaler journalière. Lorsque la cloche ne sonne plus, le
que des racines et des aiguilles de pin, afin de se moine est considéré comme décédé. Mille jours
débarrasser des fluides corporels. L’état d’automo- après, ses comparses ouvrent son tombeau pour
PHOTO : JOHN STEELE / ALAMY BANQUE D’IMAGES

mification s’opérant en gardant ses organes, les
insectes et bactéries doivent être écartés au maxi-
mum. À l’issue des deux mille jours, le moine qui
tente l’expérience doit donc s’empoisonner avec
une boisson à base d’urushi, un arbuste toxique.
Lorsqu’il se sent prêt, le moine qui tente le
sokushinbutsu, se fait enfermer dans une petite
cave ou un trou bien refermé et entre en état de
méditation. Il dispose d’une clochette qu’il agite
tous les jours pour signifier à ses pairs qu’il est en-
vérifier le succès de l’automomification. Nom-
breuses furent les tentatives et nombreux furent
les échecs, mais depuis le XIIIe siècle, on compte
environ 24 succès, dont les momies sont toujours
vénérées aujourd’hui au Japon. Ces moines sont
considérés comme des bouddhas ayant atteint
l’éveil au moment de la mort et l’état de conser-
vation de leurs corps reste de nos jours encore un
mystère. Ces moines japonais ayant poussé à la
perfection l’art de mourir. ●

118 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

“Voici la preuve
qu’il y a
quelque chose
après la mort.”

“ Un florilège
d’histoires étonnantes. ”
Psychologies Magazine

“ Ce ne sont pas
des hallucinations. ”
Docteur Fauré, Médecin Psychiatre

“ Ce livre laisserait penser

qu’il y a quelque chose
après la mort. ”
France 2
Photo auteur : © Natacha Calestrémé
 Une histoire Parapsychologie
Parapsychologie
LE ROBOT
INFLUENCÉ
PA R L ’ E S P R I T
Le docteur René Peoc’h a mené une enquête originale et
passionnante comme thèse de fin d’études : la réactivité
d’un mini robot à l’influence de l’esprit. Une plongée peu
commune dans les neurones d’un poussin…
Par Melanie Chereau
Q
uel est le rapport entre la conscience
et le monde extérieur ? Dépasse-t-elle
le corps physique ? C’est ce qu’a voulu
étudier le docteur René Peoc’h à la fin
de son doctorat.
Partant de l’hypothèse que le hasard peut être
influencé et pourquoi pas par l’esprit, le docteur
Peoc’h a mené l’expérience suivante : il a fait
« adopter » un robot par des poussins. Lorsqu’un
poussin naît, il s’habitue à un être, en général sa
mère poule, et la suit partout, réclamant sa pré-
sence. C’est « la théorie de l’empreinte » de Konrad
Lorenz, qui détermine la prévalence de l’attache-
ment du petit à un autre objet en mouvement,
quel qu’il soit. Le docteur Peoc’h a donc utilisé
un petit robot (baptisé « générateur numérique
aléatoire ») se déplaçant au gré du « hasard » et
120 Inexploré - N°41 - HIVER 2019
marquant ses mouvements sur une feuille. Il est
constitué d’un complexe électronique qui émet des
combinaisons de chiffres appelées « bruits blancs »,
de manière aléatoire et produisant des électrons et
des chiffres traduits en mouvements et en distances
de rotation.
En plaçant chaque jour le robot et le poussin en-
semble pendant quelques heures, l’adoption fonc-
tionne. Le poussin considère alors le robot comme
son « objet d’amour » prévalent et il le suit partout
en réclamant sa présence, indispensable à sa survie.
Ensuite le docteur
« retourne » l’expérience
et place le poussin dans
une cage transparente,
afin d’observer les déplacements du robot. Va-t-il
continuer ses déplacements aléatoires, sans tenir
compte du poussin ? Normalement, les tracés sur
la feuille témoin sont totalement anarchiques,
soumis au hasard. Mais étonnamment, en pré-
sence du poussin, le robot se dirige vers la cage
de manière bien plus fréquente que lorsque le
poussin n’y est pas. Sur des centaines d’observa-
tions, il est notable que le robot est influencé par
la présence du poussin. Il va vers la cage pour le
rejoindre, de manière significative, alors qu’il se
déplace aléatoirement en son absence. À l’inverse,
lorsque le poussin a déjà « une mère poule », il
n’est alors pas intéressé par le robot qui, du coup,
se déplace aléatoirement, sans en tenir compte.
Le poussin influencerait-il le robot ? L’esprit peut-
il influencer la matière ? Quatre ans, 2 500 pous-
sins et 600 expériences plus tard, les tracés en
moyenne sont significatifs, se déplaçant 2,5 fois
plus souvent vers la cage. « C’est le conditionne-
ment opéré sur le poussin qui est responsable de la
différence de trajectoire du robot », conclut le scien-
tifique. Pour le docteur Peoc’h, c’est une certi-
tude, l’esprit influence la matière, même si pour le
moment on ne peut pas expliquer le phénomène.
Mais la parapsychologie, l’invisible, l’immatériel
comme la pensée, ne peuvent être constatés faci-
lement, et les recherches en « psychophysique »
PHOTO : DR RENÉ PEOC'H
restent trop rares en France, comme le déplore le
docteur Peoc’h. Sa thèse, qui date de 1986, n’a été
ni dépassée ni mise à jour, même si elle reste une
référence en la matière. Preuve que les recherches
sur le sujet restent timorées. ●
Partez à la rencontre de
vos êtres célestes

6,70€
En librairie le
16 janvier 2019

Par Doreen Virtue,

la spécialiste du royaume angélique
Livres 3 questions à
CATHERINE ROUMANOFF
Après le
dernier souffle
Hypnothérapeute spirituelle, Catherine Roumanoff ouvre
des perspectives sur la survivance dans l’au-delà par le biais
de son roman initiatique. Par Carine Anselme
En écho à votre roman, que se passera-t-il
juste après votre dernier souffle ?
J’abandonne mon corps, je m’élève. La conscience,
elle, ne meurt pas. Je crois que l’on est surpris par
la dématérialisation de son corps... Pour décrire ces
phénomènes, je me suis basée sur les expériences
de mort imminente (EMI). Quant à ce qui sur-
vient de l’autre côté pour Allysson Flaherty, mon
héroïne hypnologue, je l’ai nourri de ma pratique
d’hypnose spirituelle. Il m’arrive, en effet, de faire
du dégagement d’âmes et des régressions dans les
vies antérieures – il faut savoir qu’en hypnose,
122 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

Je crois que l’on est
surpris par
la dématérialisation
de son corps...

des signes physiques (généralement des spasmes)
peuvent se manifester, signalant la présence
d’autres consciences. La plupart des hypnothéra-
peutes passent à côté, parce qu’ils ne sont pas for-
més à ce type de phénomènes.
Votre héroïne qui, comme vous, a
accompagné des âmes vers la lumière, reste
délibérément dans le bas astral après sa
mort. Aurions-nous le choix ?
En m’appuyant sur les témoignages d’EMI et sur
mon expérience de dégagement d’entités, je crois qu’il
y a, en effet, un libre arbitre. J’ai utilisé cet aspect-là
avec Allysson : tout au long de sa vie de thérapeute,
elle a envoyé des gens dans la lumière, mais une fois
concernée, elle ne veut pas y aller, parce qu’elle est at-
tachée à la Terre et à Peter, son époux. Elle veut aussi
découvrir pourquoi elle a été tuée. Dans ma pratique
clinique, j’ai interrogé pas mal d’entités qui ne sont
pas montées dans la lumière. Il y a, apparemment,
plusieurs raisons possibles : méconnaissance de la
lumière, choc d’une mort brutale (on ignore qu’on
est mort), inquiétude pour des proches en vie, peur
de l’au-delà si on s’est mal comporté de son vivant,
etc. Je liste ces raisons dans le livre. Mais je ne détiens
aucune vérité !
Est-il possible d’interagir sur la réalité
ordinaire, depuis l’au-delà ?
Je pense, en tout cas, que les entités qui ne sont
pas dans la lumière peuvent avoir un impact sur les
vivants. Je vérifie, dans ma pratique, que cet im-
pact peut parfois s’avérer négatif, mais il arrive aus-
si qu’il soit positif. Par exemple, un jeune homme
dont le père s’est suicidé est venu me voir récem-
ment. Je le questionne à propos du problème de
confiance en soi, consécutif à une chute de cheval,
qui l’a amené à consulter. Il se racle la gorge... Je lui
demande si ça lui arrive souvent et il me répond :
À
« Non, seulement quand je soigne les chevaux. » J’ai
LIRE
ensuite demandé à parler à la partie de lui qui se
racle la gorge, et je suis tombée sur l’entité de son
père. Or, ce dernier s’était pendu ; se racler la gorge
prenait tout son sens ! Son père, qui avait l’air
PHOTO : DOMINIQUE JULLIEN
d’être un esprit éveillé, savait pertinemment qu’il
Juste après mon n’était pas à sa place, mais il a dit vouloir rester
dernier souffle encore quelques mois en connexion avec l’aura de
Catherine son fils. Ostéopathe de son vivant, il l’aidait depuis
Roumanoff
Éd. Favre, 2018, l’au-delà, lorsque ce dernier devait soigner des che-
18,90 € vaux. Du coup, c’était positif, de part et d’autre. ●
 Livres Notre sélection

Marie-Louise von Franz

L’ombre et le mal
dans les contes de fées
Ici, la collaboratrice de Carl G. Jung
étudie notre confrontation aux
forces obscures, à travers le cas des
contes de fées. Et si, lus dès l’en-
fance et recelant l’éclairage des mys-
tères humains, ils influençaient inconsciemment nos
chemins et nos choix ? Un combat séculaire particuliè-
rement d’actualité, au regard du monde d’aujourd’hui.
Éd. Dauphin, 2018, 20 €

Serge Augier
Encyclopédie
pratique du tao
Voici un ouvrage complet sur les
pratiques du tao, regroupant la phi-
losophie, la méditation, le feng shui,
le yi jing, le regard sur la santé ou
l’énergie, les cycles de l’année à optimiser etc. Des
exemples très concrets émaillent ce livre, indispen-
sable pour s’initier à cet outil millénaire qu’est le tao
et l’appliquer au quotidien.
Éd. Flammarion, 2018, 29,90 €

Val Reiyel
Irinei (tome I)
Inspiré de faits réels, ce roman ra-
conte l’histoire d’un jeune chamane
de douze ans, qui quitte sa Sibérie na-
tale pour aider une maman mam-
mouth et son petit, découverts dans la
Olivier Clerc
glace par une équipe d’archéologues
et dont les cœurs battent encore... Lettres à ma prochaine incarnation
Entre mystères et initiation, un livre plein d’amour...
Éd. Slalom, 2018, 14,90 € Olivier Clerc est auteur et forma-
teur, spécialiste en développement
personnel. Arrivé à la cinquantaine,
il décide d’écrire à sa future incar-
D r Eduard et
nation, à la lumière de ce que son
Judith Van den Bogaert
expérience lui a enseigné. Cet exer-
Psychogénéalogie cice littéraire, propice à l’intimité et
Et si nos échecs ou nos impossibi- à l’humour, mêle avec une grande
PHOTO D'AMBIANCE : SHUTTERSTOCK

lités face à la vie venaient de notre richesse récits personnels et ensei-

généalogie ? Ce livre aide à poser
son arbre généalogique, récent ou
plus ancien, pour y trouver des clés
et des réponses, afin d’avancer et
de mettre en lumière certaines ombres.
Éd. Grancher, 2018, 22 €
gnements spirituels. Relations hu-
maines, pérégrinations spirituelles,
inspiration : les thèmes abordés
permettent à chacun de nourrir ses
Éd. Flammarion, réflexions et de toucher à l’univer-
2018, 18 € salité de l’âme humaine.

HIVER 2019 - N°41 - Inexploré 123

 Livres Notre sélection

Lydie et Bernard Castells

L’intuition
Voici un petit livre très complet et
pratique sur l’intuition et la possibi-
lité de la développer. En calculant
son QEI (quotient d’écoute de l’in-
tuition), nous pouvons apprendre à
progresser et écouter de plus en
plus cet outil interne dont nous sommes tous pourvus
et qui peut se révéler fort utile !
Éd. Eyrolles, 2018, 16 €

Frédérique Deghelt et
Astrid di Crollalanza
Être beau
Frédérique Deghelt est écrivaine et
mère d’un enfant « différent ». Avec
Astrid di Crollalanza, elle a dressé
dix-huit portraits de personnes dites
« handicapées », l’une en écrivant,
l’autre en faisant des portraits pho-
tographiques. Un très beau livre sur
la beauté humaine, sous toutes ses formes.
Éd. Stock, 2018, 20,99 €

Jean-Philippe Domecq
L’amie, la mort, le fils
Le 21 juillet 2017, la psychanalyste
française Anne Dufourmantelle dis-
paraissait en voulant sauver des en-
fants de la noyade. Ce livre, écrit par Idriss Aberkane
le père de l’un de ces enfants resca-
pés, est un vibrant hommage et té- L’âge de la connaissance
moignage sur son amitié avec cette femme si coura-
geuse et singulière.
Éd. Thierry Marchaisse, 2018, 14,50 € Dans cet ouvrage, l’auteur part du
postulat que l’ère industrielle a fa-
briqué deux mensonges, respon-
sables de la destruction du monde.
Marc J. Gian D’abord que « nature et emploi
Les bienfaits des sont incompatibles » : il n’y aurait
pas d’emplois dans les campagnes,
huiles essentielles dans la nature. Ensuite, que « pro-
PHOTO D'AMBIANCE : SHUTTERSTOCK

Petit manuel fort pratique pour uti-
liser les huiles essentielles asso-
ciées à la médecine chinoise. Par
exemple en les appliquant sur des
points d’acupression. Une vraie découverte et innova-
tion en matière d’aromathérapie !
Éd. Le Courrier du Livre, 2018, 22 €
duire et s’épanouir » seraient in-
conciliables. Face à ces idées erro-
nées, comment associer économie
et écologie et créer un monde du-
rable ? Quel avenir pouvons-nous
imaginer, fondé sur une meilleure Éd. Robert Laffont,
connaissance de la nature ? 2018, 21 €

124 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

 “ Croire ne suffit pas,
nous avons besoin de comprendre. ”

Stéphane Lévin
Le langage
Métier : explorateur
scientifique des figures géométriques
« Explorateur » est assurément un
métier qui nourrit les fantasmes…
Que signifie-t-il aujourd’hui ? Et
comment le devient-on ? Stéphane
L é v i n e s t u n e x p l o ra t e u r d u
XXIe siècle, passionné et polyvalent. La pratique de di-
vers sports (parachutisme, judo, plongée sous-marine,
deltaplane…) et son expérience dans l’armée lui ont
enseigné le dépassement de soi. Aujourd’hui, il met à
contribution son savoir-faire au service de la recherche
médicale et technique, lors d’expérimentations en
conditions extrêmes.
Collection Izvor
Éd. de l’Homme, 2018, 19 € 150 pages
9,60 €

Aurélie Godefroy
« Les images, les symboles parlent : ils ont un
Éloge de la douceur langage mais le langage symbolique absolu est
« La douceur peut nous apprendre le
celui des figures géométriques car elles sont
“métier de vivre”, jour après jour,
jusqu’à en faire un art de la joie. » comme une structure, la charpente de la réalité. »
La douceur est souvent assimilée à
de la faiblesse. Et si elle était, en
réalité, notre plus grande force ? À
partir de ce constat, Aurélie Gode-
froy, journaliste et présentatrice télé, puise dans les Le livre de la Magie divine
religions, la philosophie et divers arts de vivre, pour
nourrir nos réflexions sur la douceur, plus que jamais
une voie de transformation, de force et de guérison.
Éd. de l’Observatoire, 2018, 16 €

Dominique Laplane
Qu’est-ce que la
conscience ?
Neurologue émérite, Dominique La-
plane explore la question éminem-
ment complexe de la conscience,
critiquant les modèles matéria-
listes réductionnistes et les propo-
sitions strictement spiritualistes. Il
reconnaît les limites de la science, en particulier face
aux expériences de mort imminente, et le secours de la
philosophie, par exemple lorsque l’on considère les
états pathologiques de « conscience vide », qui
évoquent ceux atteints lors de la méditation.
Éd. Dervy, 2018, 16 €
Collection Izvor
208 pages
9,60 €
« La magie, c’est toute notre existence. Tous les
actes (les gestes, les regards, les paroles), tous les
sentiments et les pensées sont magiques. Tout ce
que nous sommes susceptibles de faire dans les
plans, physique, astral et mental, est de la magie. »
Éditions PROSVETA – Omraam Mikhaël Aïvanhov
www.prosveta.fr – Prosveta
Nombreux ouvrages disponibles
chez les distributeurs de livres électroniques
 Livres Notre sélection

Éric Zurcher
Les apparitions
mondiales
d’humanoïdes
Un livre événement, fruit d’un travail
de longues années mené par un ufo-
logue très respecté, qui présente une sélection de cas
sur la base de critères soigneusement définis, mais aus-
si une analyse du phénomène. Loin de l’hypothèse sim-
pliste qui réduirait ces apparitions à des « visites extra-
terrestres », l’auteur rassemble les éléments issus du
terrain et les aspects récurrents, pour évoquer des hy-
pothèses bien plus riches et plus inattendues.
Éd. Le Temps présent, 2018, 24 €

Alexis Champion et
Marie-Estelle Couval
Développez votre
intuition
Résolument orienté grand public, ce
livre se présente comme un guide
agrémenté de nombreux exemples
et exercices, qui permettent non
seulement de comprendre ce qu’est l’intuition, mais
aussi de la développer en vue d’en faire une alliée pré-
cieuse du quotidien. Les deux auteurs sont des experts
du sujet, qui animent l’école de l’intuition IRIS et sen- ADOLESCENTS
sibilisent le lecteur aux perspectives ouvertes par Aurélia Blanc
cette nouvelle connaissance.
Éd. Leduc.s pratique, 2018, 20 € Tu seras un homme féministe mon fils !
Un féminin blessé, ça peut commen-
cer tôt. Un masculin blessé, aussi.
Impossible d’œuvrer à l’épanouisse-
Sadhguru ment de l’un sans se pencher sur
l’autre. La journaliste Aurélia Blanc
La transformation a cherché comment donner à son
intérieure fils une éducation non sexiste. Son
Sadhguru est un guide spirituel in- livre réunit des analyses d’experts,
dien, connu dans le monde entier des témoignages de professionnels
pour ses enseignements. Dans cet de l’enfance et des conseils pra-
ouvrage qui vient d’être traduit en tiques pour aider les parents à dé-
PHOTO D'AMBIANCE : SHUTTERSTOCK

français, il raconte son parcours : miner leurs propres stéréotypes, in-

son enfance en Inde, ses premières
expériences spirituelles, son expérience de yogi… La
transformation intérieure est un livre simple et acces-
sible. La profondeur des enseignements lui confère un
magnifique pouvoir transformateur.
Éd. Belfond, 2018, 18,90 €
citer à la mixité, armer leur enfant
face aux injonctions sociales et lui
apprendre le respect de soi et des
autres – via notamment la question
du consentement et la fabrique de
la sexualité. Éd. Marabout, 2018, 15,90 €

126 Inexploré - N°41 - HIVER 2019

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sorcière pour
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principe d’un oracle avec le tirage des
toute l’année
runes. Ces cartes sont magnifique- 2019 !»
ment dessinées par Gulliver l’Aventu-
rière, et le guide d’interprétation,
enrichi de l’image, apporte un nou- Lisbeth Nemandi
veau regard sur ces pierres sécu- 15*21 cm, couv cart.
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Cet ouvrage est indispensable
pour toute sorcière qui se res-
pecte... Almanach perpétuel (avec
les heures planétaires déta-
chables de Samhain 2018 à
Samhain 2019), très pratique pour
célébrer les fêtes et les rituels au
cours de l’année, il est agrémenté
de fiches techniques pour les exé-
cuter. De quoi débuter ou se
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confirmer dans ce domaine. remplir » énergies de votre vie »
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aucune lune, aucune éclipse,
mais aussi de connaître les
bons jours de récoltes ou de
plantations, ce calendrier est
très précieux. On y retrouve
également des informations
sur les rituels à effectuer
mois par mois, sur les cor- « Pour apprendre à utiliser les « Une bd de développement
personnel drôle et instructive »
respondances lunaires dans pierres en lithothérapie »
Éd. Alliance magique, chaque signe et les couleurs Julia Boschiero Claire Thomas,
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 Films Notre sélection
DOCUMENTAIRE
Régénération
Ce documentaire d’Alex Ferrini raconte et rencontre
des individus, des thérapeutes, des scientifiques, des
patients, qui ont su se soigner par eux-mêmes, régé-
nérer leur corps, grâce à des techniques naturelles. Un
film tout en douceur sur les capacités de l’humain, qui
sont infinies pour peu que l’on suive le bon sens et la
confiance en nous.
Infos et diffusion : regeneration-lefilm.com
SÉRIE
The Haunting of Hill House
Avis aux amateurs de maisons hantées… Cette nou-
velle série devrait vous apporter votre lot de frissons !
La première saison raconte l’histoire d’une fratrie
ayant vécu dans l’une des maisons les plus hantées
des États-Unis. Adultes, ils sont confrontés à leur
sombre passé. Entre drame familial et film d’horreur,
loin des clichés habituels, c’est une vraie réussite,
tant par le scénario que par la mise en scène.
Production Netflix 2018
DVD
Voyage en pleine conscience,
dans les pas de Thich Nhat Hanh
Thich Nhat Hanh est un moine bouddhiste que les ré-
alisateurs Max Pugh et Marc J. Francis ont filmé au
quotidien dans sa communauté du village des
Pruniers, en France. Un voyage immersif et méditatif
qui touche au cœur, et nous rappelle l’importance de
cultiver sa présence à l’instant.
DVD L’atelier d’images, 2018, 14,99 €
NOS COUPS DE CŒUR INREES TV
BEYOND S04E04
Bâtisseurs
de l’ancien Construire
monde le sens
de sa vie
Il y a 12 000 ans,
l’humanité posait Dans une socié-
à peine les fon- té où l’échec est
dements de à proscrire à
notre civilisation. Pourtant, à travers le tout prix, l’explorateur et navigateur
monde, des vestiges archéologiques Franck Bruno prouve que ce sont les
témoignent d’un plus grand savoir épreuves qui nous construisent. Am-
technique… Et si nous n’étions pas la puté à seulement 18 ans, c’est au-
première civilisation avancée à avoir jourd’hui un guerrier pacifique qui
foulé cette terre ? partage sa sagesse, construite autour
En ligne sur INREES TV de la transmutation des expériences
douloureuses.
En ligne sur INREES TV
COULISSES DES FILMS
Mystères de Noël
Rencontre avec Réjane Éreau
rédactrice en chef de l’EXTRA lab
à découvrir sur Inrees.tv
Vos reportages abordent Noël sous di-
vers aspects. Quels sont-ils ?
Nous avons souhaité décrypter le rôle
des contes traditionnels de l’hiver
à un moment de l’année où l’on est
confronté au froid, à la nuit, donc à
la mort. Puis les symboles de Noël : la
bûche, le sapin, les cadeaux, le père
Noël… Cet empilement de traditions
païennes, voire chamaniques,
correspond à l’arrivée du solstice, au
retour à la lumière. Tout a un sens...
Enfin, nous abordons la sylvothérapie,
les bienfaits des arbres et à quoi cela
sert d’avoir un sapin près de soi...
Quel rôle les contes ont-ils à jouer ?
Les histoires effrayantes permettent
aux enfants d’exorciser leurs angoisses
de mort, de les confronter à leur
intériorité et à l’altérité : nous avons
des parts d’ombre que ces histoires
mettent en scène. Elles enchantent
aussi un quotidien parfois banal,
puisque de nos jours, nous avons
perdu contact avec le merveilleux.
Comment redonner du sens à Noël ?
En renouant avec la lecture de contes,
spécifiquement conçus pour leur
pouvoir symbolique. C’est un moment
fort de transmission, de connexion,
à soi, à l’autre, à la magie du monde.
Puis en posant un regard neuf sur la
tradition que nous suivons sans en
connaître l’origine ni la signification.
D’où vient cette bûche, sur ma table ?
Pourquoi les cadeaux ? Comment
décorer un sapin, à quelle histoire
cela me relie-t-il ? Le pouvoir sacré
de Noël est accessible dans n’importe
quel geste, à condition d’y mettre de la
conscience et du sens. ● A.A.
 INREESTV
Des documentaires inédits
et toutes nos productions originales vous attendent !

Une enquête de
Stéphane Allix et
Natacha Calestrémé...
Que peuvent nous apprendre les
6 médiums interrogés dans le livre
Le Test sur la survie de l'âme dans
l'au-delà ? Comment aider nos
défunts à s'en aller, et nous,
à mieux vivre leur départ ?

Au cœur du mystère
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 Le billet de Stéphane Allix
Stéphane Allix
Fondateur de l’INREES
Colère…
La colère glisse sur la Terre et
trop souvent s’empare des hommes
en se parant des habits étincelants
d’une révolte légitime…
... Or, la colère peut-elle être juste ? Est-elle un mo-
teur sain ? Elle emporte des foules entières comme
le feu un massif d’herbes sèches, mais existe-t-il de
bonnes raisons d’exprimer sa colère ? Y a-t-il des
combats qui la justifient ? Les images des contesta-
tions qui éclatent dans notre société sont saturées
de visages tendus, de cris, d’une violence que l’on
estime justifiée. Mais pourquoi ? Pourquoi exprimer
son désaccord devrait-il être nécessairement brutal ?
Et lorsqu’il ne l’est pas, pourquoi retient-on ce vi-
sage plutôt que d’autres plus aimables ?
Peut-être parce que la colère est, en définitive, l’ex-
pression inconsciente d’autre chose. Surtout lors-
qu’elle se pare des meilleures intentions. L’ombre.
Ce que l’on réprime, les dimensions de nous que
l’on refuse de voir, ce que nous avons refoulé dans
l’oubli intérieur. Alors, on la laisse animer notre
révolte et on la regarde se répandre, en se mépre-
nant sur son origine et ses intentions. La colère, la
sienne ou celle qui nous fascine chez les autres, est
un mirage. Elle conforte notre confusion.
130 Inexploré - N° 41 - HIVER 2019
La colère est une tristesse clandestine.
Une mélancolie qui refuse de se voir.
Alors, on veut que tout vole en éclat, sauf soi-
même. Que tout change, sauf le verrouillage de
notre inconscient. Foutre dehors les autres, le sys-
tème, etc., mais ne rien toucher au cocon sécurisé
de notre somnolence hypnotique. Où va-t-on ainsi,
sinon à davantage d’exaspération et de tristesse ?
« Comment vis-tu cette haine dans ton cœur ? Dimi-
nue-t-elle au fil des mois ? Elle s’insinue dans vos jours,
vos nuits, jusqu’à consumer tout ce que vous avez été. »
J’ai entendu cette phrase dans le magnifique film
Marie Madeleine du réalisateur australien Garth
Davis. L’histoire : les derniers temps de Jésus de
Nazareth, interprété par Joaquin Phoenix, à travers
le regard de Marie Madeleine, que joue Rooney
Mara ; un ange clairvoyant qui se débat dans un
corps menu. Dans cette scène, Jésus interroge une
femme rongée de ressentiments car témoin d’une
terrible injustice. Cela se passe alors que Jésus et ses
apôtres arrivent dans le village de Cana, en Galilée.
Cette femme, Suzanne, fixe le prêcheur, emplie
de dépit et de chagrin. Elle affirme être incapable
de pardonner. Jésus la regarde, et la questionne :
« Comment vis-tu cette haine dans ton cœur ? Dimi-
nue-t-elle au fil des mois ? » Silence. Puis il contemple
l’assistance et poursuit, avec lenteur, à l’adresse de la
foule : « Elle s’insinue dans vos jours, vos nuits, jusqu’à
consumer tout ce que vous avez été. » En quelques
mots, tout est dit… je suis stupéfait devant mon
écran, l’émotion affleurant, saisi par la vérité de ces
mots : « Cette haine dans ton cœur ; diminue-t-elle au
fil des mois ? » Non, bien sûr que non !
« Elle consume tout ce que vous avez été. »
Oui, la haine consume. Elle ne produit que cela,
et uniquement cela. De la désolation. Davan-
tage de confusion. La colère nous empoisonne,
nous aveugle, nous illusionne sur l’existence d’un
royaume accessible par un combat contre des
forces extérieures, alors qu’il ne s’ouvre que dans la
paix, la non-violence et la bienveillance, au cœur
de notre être.
DELPHINE BLAST - HANS LUCAS
La violence est un poison. Elle
n’est que l’expression de notre
inconscient refoulé. Ne nous
trompons pas de chemin.
 INREESTV
DÉCOUVREZ BEYOND
une émission animée par Stéphane Allix pour INREES TV

Les rendez-vous
incontournables
d’INREES TV...
En tête à tête et à cœur ouvert,
Stéphane Allix interviewe des
invité(e)s d’exception dont les
parcours de vie sont ponctués
d’expériences extraordinaires...

L’EXTRAORDINAIRE
au cœur de toutes nos émissions sur INREES TV

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