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PHQ-430
Alexandre Blais
Département de Physique
Université de Sherbrooke
Février 2014
2
Table des matières
1 Notation de Dirac 7
1.1 Rappel sur les fonctions d’ondes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Espace des états : notation de Dirac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.1 Introduction des kets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.2 Produit scalaire et introduction de l’espace dual . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3 Opérateurs dans l’espace de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3.1 Opérateur adjoint . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.3.2 Opérateur hermitique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.3.3 Algèbre des commutateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.3.4 Fonction d’un opérateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.3.5 Dérivation d’un opérateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.3.6 Opérateurs inverses et opérateurs unitaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.4 Représentations dans l’espace des états . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.4.1 Relations caractéristiques d’une base orthonormée : cas discret . . . . . . . . 19
1.4.2 Relations caractéristiques d’une base orthonormée : cas continu . . . . . . . . 20
1.4.3 Représentation des kets et des bras . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
1.4.4 Représentation des opérateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.4.5 Changement de représentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.4.6 Trace d’un opérateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.5 Information quantique I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.6 Équations aux valeurs propres et observables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.6.1 Valeurs et états propres d’un opérateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.6.2 Observables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
1.6.3 Ensembles d’observables qui commutent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
1.7 Représentations et opérateurs R et P . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
1.7.1 Représentation de position . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
1.7.2 Représentation d’impulsion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
1.7.3 Relation entre les représentations de position et d’impulsion . . . . . . . . . . 40
4 TABLE DES MATIÈRES
1.7.4 Opérateurs R et P . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
1.8 Produit tensoriel d’espaces d’états . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
1.8.1 Définition et propriétés du produit tensoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
1.8.2 États de E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
1.8.3 Produit tensoriel d’opérateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
1.8.4 Notations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
1.9 Information quantique II . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
1.9.1 Impossibilité de copier l’information quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
1.9.2 Registre de qubits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
1.9.3 Opérations logiques quantiques et circuits quantiques . . . . . . . . . . . . . 48
1.10 Problèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
4 Oscillateur harmonique 97
4.1 Importance de l’oscillateur harmonique en physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.1.1 Loi de Hooke et approximation harmonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.1.2 Champ électromagnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
4.2 Oscillateur harmonique quantique à une dimension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
4.2.1 Opérateurs de création et d’annihilation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
4.2.2 Énergies propres et action des opérateurs d’échelle . . . . . . . . . . . . . . . 102
4.2.3 Représentation matricielle des opérateurs d’échelle . . . . . . . . . . . . . . . 105
4.2.4 Représentation des états propres dans l’espace des positions . . . . . . . . . . 106
4.2.5 Valeurs moyennes et écarts quadratiques moyens . . . . . . . . . . . . . . . . 108
4.3 Oscillateurs harmoniques isotropes à trois dimensions . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
4.4 Interaction lumière-matière : modèle Jaynes-Cummings . . . . . . . . . . . . . . . . 110
4.4.1 États et énergies propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
4.5 Problèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Notation de Dirac
est donc la probabilité que la particule soit trouvée dans le volume d3 r autour du point r au temps
t. Il s’agit de la règle de Born. On en déduit que la fonction d’onde est normée :
Z
|ψ(r, t)|2 d3 r = 1. (1.2)
Exemple 1.1.1 (Corail quantique). La figure 1.1 présente une structure connue sous le nom
de corail quantique. Cette structure est réalisée en manipulant, un à un à l’aide de la pointe
d’un microscope à effet tunnel, des atomes de fer sur une surface de cuivre. L’image est prise à
l’aide du même microscope. L’intensité est donc fonction de la densité électronique, c’est à dire
de |ψ(r, t)|2 d3 r. On voit dans l’image au bas à droite, lorsque le cercle est complet, des ondes
électroniques stationnaires à l’intérieur du cercle. Il est donc possible de “voir” le module carré de
la fonction d’onde directement avec cette technique expérimentale.
Le sous-espace F de L2 forme un espace vectoriel. Par exemple, soit ψ(r) et φ(r) dans F, on a
évidemment que
8 Notation de Dirac
Figure 1.1: Création d’un corail quantique. Atomes de fer sur une surface de cuivre. Image tirée de la page
web de IBM-Almaden : http://www.almaden.ibm.com/vis/stm/corral.html.
Z
(φ, ψ) = d3 rφ∗ (r)ψ(r) ∈ C (1.3)
Les fonctions d’onde ψ(r, t) peuvent donc être vues comme des vecteurs de F. L’algèbre linéaire est
donc le langage mathématique pertinent à la description de à la mécanique quantique.
Remarque 1.1.1. Il est intéressant de mentionner que Born a initialement suggéré que la norme
|ψ|, et non la norme carrée, |ψ|2 ait une interprétation de probabilité. Ce n’est que dans une note
de bas de page dans son article sur le sujet qu’il mentionne que, après mûre réflexion, il en arrive à
la conclusion que l’on doit plutôt considérer la norme au carré. Un prix Nobel pour une note de bas
de page. . .
Remarque 1.1.2. Lecture suggérée : §1.A du livre de Cohen-Tannoudji et al. [1]. Ceci ne sera pas
présenté en classe.
1.2 Espace des états : notation de Dirac 9
La description de l’état d’une particule par sa fonction d’onde ψ(r, t) n’est pas unique. En effet, sa
transformée de Fourier Z ∞
1
ψ̄(p, t) = √ d3 rψ(r, t)e−ip·r/~ , (1.5)
2π~ −∞
est une description équivalente. Il existe en fait une infinité d’autres descriptions équivalentes. La
situation est similaire à la géométrie où une infinité de systèmes de coordonnées peuvent être utilisés
pour représenter un même point. Ici, on a une infinité de base sur lesquelles on peut représenter la
fonction d’onde, et la des ondes planes exp (−ip · r/~) n’en est qu’un exemple.
La notion de vecteur en algèbre linéaire est utile car elle permet de décrire un système sans référence
particulière à un système de coordonnées. On peut en effet faire de l’algèbre linéaire de façon
complètement symbolique sans spécifier immédiatement de base pour les vecteurs et les opérateurs
agissants sur ceux-ci.
C’est l’idée de Dirac que d’utiliser un espace vectoriel pour représenter l’état d’un système quantique.
On dira donc que l’état d’un système quantique est un vecteur d’état
|ψ(t)i (1.6)
qui est élément de l’espace de Hilbert E, aussi appelé espace des états. On appellera ce vecteur d’état
un ket. Pour tout ket on utilisera la notation :
| i. (1.7)
À toute fonction d’onde ψ(r, t) on associe donc un vecteur d’état |ψ(t)i. La dépendance spatiale r
n’apparaı̂t plus dans le ket. Nous verrons en effet plus loin que ψ(r, t) correspond aux composantes
du ket |ψ(t)i dans la base r. De même, ψ̄(p, t) n’est qu’une composante de |ψ(t)i dans la base p.
Donc, contrairement à la représentation du cours précédent de mécanique quantique où une infinité
de fonctions d’ondes différentes peuvent représenter un même système, on aura ici un ket unique
représentant ce même état physique.
Un espace d’Hilbert E est un espace vectoriel muni d’un produit scalaire hermitien défini positif.
On demande aussi que E soit complet : c’est-à-dire que la séquence de Cauchy de tout élément de E
converge vers un élément de E. Cette dernière considération plus mathématique ne sera pas bien
importante pour ce cours.
10 Notation de Dirac
En anglais, on nomme le symbole h | i un bracket. Suivant toujours la notation suggérée par Dirac,
on introduit le bra :
h |. (1.10)
Puisque l’existence du produit scalaire est l’une des caractéristiques de l’espace de Hilbert, on en
déduit qu’à tout ket correspond un bra (sinon, ce ket n’est pas élément de E). Toutefois, à tout bra
ne correspond pas nécessairement un ket. Cette difficulté technique intervenant dans un espace de
dimension infinie ne nous gênera jamais en pratique. Nous reviendrons sur cela à la section §1.4.2.
Plus de détails à ce sujet se trouvent aussi à la section §1.B.c.δ du premier volume du livre de
Cohen-Tannoudji et al. [1].
De façon technique nous dirons que le bra hψ| est élément de E ∗ , l’espace dual à E. L’exemple suivant
clarifiera cette notion finalement très simple. Considérons un espace de Hilbert de dimension finie n.
Choisissons une base telle que l’on puisse représenter les kets |ψi et |φi par
ψ1 φ1
ψ2 φ2
|ψi := . ; |φi := . , (1.11)
.. ..
ψn φn
où les ψi et φi sont des nombres complexes. (Le symbole := signifie “représente” plutôt que l’égalité.)
Comme à l’Éq. (1.3), le produit scalaire de ces deux vecteurs est défini par
n
X
hψ|φi = ψi∗ φi , (1.12)
i=1
Le bra hψ|, élément dual de |ψi, est donc simplement (dans une base donnée) le transposé complexe
conjugué du vecteur colonne :
hψ| := ψ1∗ , ψ2∗ , . . . , ψn∗ . (1.14)
On peut aussi imaginer un espace de dimension infinie où les composantes des kets sont données par
un indice continu. Dans ce cas, le produit scalaire devient simplement
Z
hψ|φi = dr3 ψ ∗ (r)φ(r), (1.15)
un résultat familier du premier cours de mécanique quantique et déjà donné à l’Éq. (1.3).
De la discussion précédente, on en déduit que la correspondance entre bra et ket est antilinéaire :
Résumons ici les propriétés importantes du produit scalaire, en utilisant la notation de Dirac :
hψ|φi = 0. (1.21)
AB 6= BA. (1.25)
12 Notation de Dirac
On appelle élément de matrice de A le produit scalaire de |ψ 0 i = A|ψi avec un autre ket |φi
Cet élément de matrice est un nombre (complexe ou réel) et il commute donc avec tout autre
opérateur
Exemple 1.3.1 (Opérateur de projection). Considérons un ket |ψi normé. On définit l’opérateur
de projection :
Pψ = |ψihψ|. (1.29)
On obtient donc d’un ket arbitraire |φi un ket proportionnel à |ψi, avec hψ|φi comme coefficient
de proportionnalité. On peut donc se faire une interprétation géométrique claire de l’action de cet
opérateur : il projette tout ket sur |ψi.
Projeter deux fois sur le même ket laisse nécessairement le résultat inchangé :
et on a donc que
Pψ2 = Pψ . (1.32)
Exemple 1.3.2 (Projecteur dans un sous-espace). Considérons les n kets orthonormaux |ψ1 i,
|ψ2 i,. . . |ψn i :
n
X
Pn = |ψi ihψi | (1.34)
i=1
1.3 Opérateurs dans l’espace de Hilbert 13
On a que
n
! n
X X
Pn2 = |ψi ihψi | |ψj ihψj |
i=1 j=1
n
X
= hψi |ψj i|ψi ihψj |
i,j=1
X n (1.35)
= δij |ψi ihψj |
i,j=1
X n
= |ψi ihψi |
i=1
= Pn
et
n
X n
X n
X
Pn |φi = |ψi ihψi |φi = hψi |φi|ψi i ≡ ci |ψi i. (1.36)
i=1 i=1 i=1
Agissant sur un ket quelconque, cet opérateur donne donc la superposition linéaire de tous les
membres de En . Il s’agit donc bien d’un projecteur sur En .
où E est l’énergie propre correspondant au ket |ψi. Comme il deviendra clair plus bas, cette expression
n’est rien d’autre qu’une équation aux valeurs propres.
hψ 0 | = hψ|A† , (1.39)
où A† est l’adjoint hermitique de A. Pour un nombre complexe, l’adjoint hermitique n’est que le
complexe conjugué : α† = α∗ . Pour une matrice, il s’agit du transposé complexe conjugué. Cette
relation est plus évidente en considérant le produit scalaire. En effet, on a que
et
hφ|ψ 0 i = hφ|A|ψi. (1.41)
14 Notation de Dirac
(αA)† = α∗ A† (1.43)
(A† )† = A (1.44)
(A + B)† = A† + B † . (1.45)
On a alors
hφ| = hχ|A† = hψ|B † A† (1.47)
On en déduit donc
(AB)† = B † A† . (1.48)
Exemple 1.3.4 ((|xihy|)† = ?). Utilisant l’expression (1.42), puis l’expression (1.17) on peut écrire
Les opérateurs hermitiques sont très importants en mécanique quantique. Nous reviendrons sur cela
plus tard.
1.3 Opérateurs dans l’espace de Hilbert 15
— Linéarité
[A, (B + C + . . .)] = [A, B] + [A, C] + . . . (1.54)
— Conjugué hermitique
[A, B]† = [B † , A† ] (1.55)
— Distributivité
[A, BC] = [A, B]C + B[A, C] (1.56)
— Identité de Jacobi
[A, [B, C]] + [B, [C, A]] + [C, [A, B]] = 0 (1.57)
Soit F (A) une fonction de l’opérateur A. Si, A est linéaire, on peut alors développer F en série de
puissance de A
∞
X
F (A) = fn An (1.59)
n=0
Par exemple, pour l’opérateur eαA où α est un nombre complexe, on obtient
∞
αA
X αn α2 2 α3 3
e = An = I + αA + A + A + ··· (1.60)
n! 2! 3!
n=0
avec I l’opérateur identité qui est tel que I|ψi = |ψi pour tout ket |ψi.
Dans la dernière égalité, on a utilisé le fait que (AB)† = B † A† et donc [An ]† = [A† ]n . Ainsi, F (A)
n’est hermitique que si A est hermitique et si les coefficients d’expansion sont réels.
Trouvons maintenant l’action de F (A) sur un vecteur propre de A. Soit |ψi un vecteur propre de A
avec α comme valeur propre :
A|ψi = α|ψi. (1.62)
16 Notation de Dirac
Puisque
An |ψi = αn |ψi (1.63)
on a
∞
X
F (A)|ψi = fn αn |ψi = F (α)|ψi. (1.64)
n=0
Attention toutefois, en travaillant avec des fonctions d’opérateurs, il faut respecter les règles de
commutation des opérateurs en jeux. Effectivement :
Par exemple
[A, B] 6= 0 ⇒ eA eB 6= eB eA 6= eA+B . (1.66)
Comme en (1.67), on peut obtenir d’autres relations simples dans la situation où le commutateur
de deux opérateurs est un nombre complexe. Considérons par exemple les opérateurs X et P bien
connus du premier cours de mécanique quantique. On a la relation de commutation suivante
Supposant que cette proposition est vraie, on vérifie qu’elle est vraie aussi pour n + 1 :
Puisque la relation (1.71) est vraie pour n = 1, elle donc vérifiée par récurrence.
1.3 Opérateurs dans l’espace de Hilbert 17
La dérivée d’un opérateur A(t) par rapport à t est donnée par la limite
d dA dB d dA dB
(A + B) = + (AB) = B+A . (1.76)
dt dt dt dt dt dt
Par exemple, pour l’exponentielle d’un opérateur C 6= C(t), on obtient
∞
d Ct d X tn n
e = C
dt dt n!
n=0
∞
X tn−1
= n Cn
n! (1.77)
n=0
∞
X (Ct)n−1
=C
(n − 1)!
n=0
= CeCt .
d Ct
e = CeCt = eCt C. (1.78)
dt
De façon générale, il faut toutefois faire attention aux règles de commutation. Par exemple, si
[A, B] 6= 0, alors
d At Bt
(e e ) = AeAt eBt + eAt BeBt 6= (A + B)eAt eBt . (1.79)
dt
Pour avoir l’expression originale eAt eBt à la gauche dans le résultat final, on peut insérer I = e−At eAt
après B dans le second terme de l’égalité pour obtenir
d At Bt
(e e ) = A + eAt Be−At eAt eBt
(1.80)
dt
Cet exemple nous amène à parler de l’inverse d’un opérateur.
18 Notation de Dirac
Un opérateur U est dit unitaire si son inverse est égal à son adjoint :
U † = U −1 ⇒ U † U = U U † = I. (1.83)
Les opérateurs unitaires préservent le produit scalaire et donc la norme. Considérons en effet
Exemple 1.3.5 (Opération d’évolution unitaire). Les opérateurs unitaires jouent un rôle très
important en mécanique quantique. En effet, considérons à nouveau l’équation de Schrödinger
dépendante du temps
d
i~ |ψi = H|ψi. (1.86)
dt
Si H 6= H(t), la solution de cette équation différentielle du premier ordre est
U † = eiHt/~ (1.88)
et par conséquent
U † U = eiHt/~ e−iHt/~ = ei(H−H)t/~ = I. (1.89)
L’opérateur d’évolution U (t) est donc unitaire. On voit donc que l’évolution sous l’équation de
Schrödinger préserve la norme des kets. Ceci est évidemment requis afin de préserver l’interprétation
probabiliste de la mécanique quantique.
1.4 Représentations dans l’espace des états 19
Il est utile de représenter les kets, bras et opérateurs dans une base de l’espace des états. Nous avons
déjà utilisé une telle représentation à la section §1.2.2 lorsque nous avons écrit
ψ1
ψ2
|ψi := . . (1.90)
..
ψn
Le choix de la base est arbitraire et devrait être fait de façon à simplifier au maximum les calculs.
Relation d’orthonormalisation
Un ensemble discret {|ui i} = {|u1 i, |u1 i, . . . , |ui i, . . .} est dit orthonormé si les kets de cet ensemble
satisfont la relation d’orthonormalisation
Relation de fermeture
Un ensemble {|ui i} constitue une base si tout ket |ψi ∈ E se développe d’une façon et d’une seule
sur les |ui i :
X
|ψi = ci |ui i, (1.93)
i
En utilisant cette expression pour cj dans la décomposition de |ψi ci-haut, nous obtenons
!
X X X X
|ψi = ci |ui i = hui |ψi|ui i = |ui ihui |ψi = |ui ihui | |ψi. (1.95)
i i i i
20 Notation de Dirac
La relation de fermeture est un outil important en mécanique quantique. Il permet entre autres de
retrouver facilement la formule Eq. (1.93) :
X X
|ψi = I|ψi = |ui ihui |ψi = ci |ui i. (1.97)
i i
Dans certaines situations, il peut être nécessaire de représenter un ket sur une base {|wα i} décrite
par un indice continu α. Ceci sera évidemment utile pour représenter les fonctions d’onde ψ(r) dans
l’espace.
Relation d’orthonormalisation
Évidemment, cette relation n’a de sens que sous un signe d’intégration. En effet, formellement,
les |wα i ont une norme hwα |wα i = δ(0) infinie et n’appartiennent donc pas à E, l’espace des états
raisonnables physiquement. Les |wα i ont toutefois un produit scalaire fini avec tout ket de E ce qui
nous permet de developer un ket arbitraire de E sur les |wα i. On considérera donc les |wα i comme
des kets généralisés ne représentant pas l’état physique d’un système mais étant des intermédiaires
de calcul utiles. Notons finalement que Dirac a introduit son fameux δ justement pour donner un
sens au produit hwα |wα0 i.
Relation de fermeture
En utilisant cette expression dans la décomposition de |ψi sur la base continue, on obtient la relation
de fermeture Z
P{wα } = dα|wα ihwα | = I. (1.101)
1.4 Représentations dans l’espace des états 21
En utilisant la décomposition Eq (1.93) sur une base discrète, on peut écrire un ket arbitraire comme
un vecteur colonne (en général de taille infinie dénombrable)
hu1 |ψi c1
hu2 |ψi c2
. .
. .
X
|ψi = ci |ui i := .
= . . (1.102)
i hui |ψi ci
.. ..
. .
Puisque
hψ|ui i = hui |ψi∗ = c∗i (1.105)
on a donc
hψ| := (hψ|u1 i, hψ|u1 i, · · · , hψ|ui i, · · · ) = (c∗1 , c∗2 , · · · , c∗i , · · · ). (1.106)
dans le cas continu. C’est le résultat auquel on doit s’attendre puisque le bra hψ| est l’adjoint du ket
|ψi.
..
.
22 Notation de Dirac
Il s’agit d’une nombre (généralement complexe). Dans une base donnée, on peut donc représenter
un opérateur par une matrice carrée de dimensions données par le nombre d’éléments de la base :
A11 A12 · · · A1j ···
A21 A22 · · · A2j · · ·
. .. ..
.
A := . . . .
(1.111)
Ai1 Ai2 · · · Aij · · ·
.. .. ..
. . .
Dans le cas d’une base continue, on peut utiliser la même représentation, qui est toutefois moins
naturelle dans son écriture explicite.
O = AB = IAIBI
X
= |ui ihui |A|uj ihuj |B|uk ihuk |
i,j,k (1.113)
X
= Aij Bjk |ui ihuk |,
i,j,k
où
X
Oik = Aij Bjk (1.114)
j
et donc
X X X X
hui |ψ 0 i|ui i = hui |A|uj ihuj |ψi|ui i ⇒ c0i |ui i = Aij cj |ui i. (1.116)
i i,j i i,j
On en déduit donc
X
c0i = Aij cj (1.117)
j
On a donc
(A† )ij = hui |A† |uj i = huj |A|ui i∗ = A∗ji . (1.122)
Comme nous l’avions dit plus haut, l’adjoint de A n’est que (dans une base donnée) le transposé-
complexe conjugué de A.
Voici quelques autres types de matrices et leurs propriétés dans une base donnnée :
— Hermitique
A† = A ⇒ (A† )ij = Aij = A∗ji (1.123)
— Anti-Hermitique
A† = −A ⇒ Aij = −A∗ji (1.124)
— Symétrique
AT = A ⇒ Aij = Aji (1.125)
Imaginons que l’on ait représenté un ket |ψi sur une base {|ui i} . Comment maintenant exprimer ce
ket dans une autre base {|ti i} ? De la même façon, comment faire cette transformation de base pour
un opérateur ?
La réponse à ces questions est simple lorsque l’on utilise les relations de fermeture. En effet, soit
X X
|ψi = |ui ihui |ψi = ci |ui i. (1.126)
i i
†
X X X
|tk ihtk |ψi = |tk ihtk |ui ihui |ψi ≡ Ski hui |ψi|tk i (1.127)
k i,k i,k
où
Sik ≡ hui |tk i (1.128)
est l’élément de matrice de l’opérateur de transformation de base. On peut donc écrire la transfor-
mation de base sous la forme d’un produit matriciel :
†
X
htk |ψi = Ski hui |ψi. (1.129)
i
1.4 Représentations dans l’espace des états 25
On définit donc un opérateur de changement de base S. On vérifie que cet opérateur est unitaire.
En effet,
†
X X
(S † S)kl = Ski Sil = htk |ui ihui |tl i = htk |tl i = δkl . (1.131)
i i
On a donc bien
S † S = I. (1.132)
A0 = S † AS. (1.134)
Ce type de transformation est très utile en pratique. Il est toujours avantageux de choisir la base où
la représentation matricielle des opérateurs est la plus simple. La base la plus simple est en fait celle
où l’opérateur a une représentation diagonale. Dans ce cas les éléments de la diagonale de A0 seront
les valeurs propres de A et les colonnes de la matrice de transformation (ou de diagonalisation dans
ce cas) seront les vecteurs propres de A.
Par exemple, diagonaliser l’Hamiltonien d’un système permet de calculer simplement sa dynamique.
En effet, considérons l’Hamiltonien H 6= H(t) que l’on a préalablement diagonalisé :
En exprimant |ψ(0)i dans la base des états propres, il ne s’agit que d’une simple multiplication de
chaque composante du vecteur par un nombre complexe exp [−iHjj t/~]. Il est important de bien
comprendre que cette multiplication directe n’a de sens que si l’opérateur et le ket sont exprimés
dans la même base. Multiplier des objets exprimés dans des bases différentes est une erreur courante.
Maintenant que nous avons vu la représentation des opérateurs, introduisons la notion de trace d’un
opérateur. La trace d’un opérateur A est la somme de ces éléments diagonaux :
X X Z Z
TrA = huj |A|ui i = Aii ou TrA = dαhwα |A|wα i = dαAαα . (1.137)
i i
TrAB = TrBA
(1.138)
TrABC = TrBCA = TrCAB
= TrBA
Utilisant cette propriété, on en déduit que la trace d’un opérateur est indépendante de la base :
TrA = TrA0 , avec A0 = S † AS. En effet,
L’unité de base de l’information classique est le bit (de l’anglais binary digit). Un bit peut prendre
deux valeurs, généralement représentées par les entiers 0 et 1. Pour faire un calcul sur un ensemble
de bits classiques, on applique des opérations logiques, aussi appelées portes logiques. La possibilité
de réaliser les opérations NON et NAND sur un ensemble de bits permet de réaliser n’importe quel
calcul. On dit donc que NON et NAND forment un ensemble universel (ou complet) pour le calcul
1.5 Information quantique I 27
classique. Les représentations graphiques et tables de vérité de ces opérations sont présentées à la
Figure 1.2.
Un bit classique habite dans un espace de dimension 2. On peut donc le représenter par un vecteur
de dimension 2 : ! !
1 0
0 := , 1 := . (1.141)
0 1
Dans cette base, la porte NON se représente donc par la matrice :
!
0 1
σx := . (1.142)
1 0
La porte NAND toutefois prend deux bits en entrée et n’en donne qu’un seul en sortie. Il est donc
moins pratique d’en faire une représentation matricielle.
Par extension, on définit le bit quantique ou qubit (de l’anglais quantum bit). Un qubit peut prendre
deux valeurs, 0 et 1, et habite donc dans un espace de Hilbert de dimension 2. En notation de Dirac,
on écrira ces deux états possibles du qubit
À la différence du bit classique, un qubit peut exister dans une superposition de ces deux états de
base :
|ψi = α|0i + β|1i, (1.144)
avec
hψ|ψi = |α|2 + |β|2 = 1. (1.145)
a b c
a
a a0 e c 0 0 1
b
a @
@ a0 0 1 0 1 1
1 0 1 0 1
1 1 0
On cherche maintenant à faire du calcul à l’aide de ce qubit. Mais en fait, qu’est-ce qu’un calcul ? On
prend un bit (classique ou quantique) initial et on applique des opérations logiques modifiant l’état
de ce bit jusqu’à ce qu’il prenne sa valeur finale à la fin du calcul. En d’autres termes, un calcul
est une évolution contrôlée d’un bit. En mécanique quantique, l’évolution d’un vecteur d’état est
décrite par l’équation de Schrödinger. Comme on l’a vu précédemment, dans le cas où l’hamiltonien
est indépendant du temps, H 6= H(t), l’équation de Schrödinger donne
où U (t) est un opérateur unitaire. On en conclut donc qu’un calcul quantique doit pouvoir être
représenté par un opérateur unitaire.
Puisque pour un opérateur unitaire U † = U −1 , ceci implique que l’inverse d’un opérateur unitaire
existe toujours. On en conclut donc qu’un calcul quantique doit être réversible : il doit être possible
de reconstruire l’état initial à partir de l’état final. La porte logique NAND ne donnant qu’un bit de
sortie pour deux bits d’entrée, il est impossible de reconstruire l’état initial à partir du résultat et
par conséquent la porte NAND n’est pas réversible. Le NAND n’est donc pas une opération logique
quantique valide.
À l’opposé, le NON est réversible et est donc une opération logique quantique valide. En effet
!−1 !
0 1 0 1
σx−1 = = = σx† . (1.149)
1 0 1 0
La différence entre le cas classique et le cas quantique est que l’opération logique quantique est
habilitée à opérer sur des superpositions d’états. Par exemple, en appliquant σx sur une superposition
arbitraire de |0i et |1i, on obtient
puisque σx est un opérateur linéaire. L’opération logique quantique a donc agi simultanément sur
les deux états logiques. Deux calculs ont donc été effectués simultanément ! ! Nous verrons plus loin
comment ceci peut, en principe, être utilisé pour réaliser certains calculs plus rapidement qu’avec
un ordinateur basé seulement sur les lois de la mécanique classique.
Cet opérateur crée donc des superpositions d’états à partir des états de base. Nous verrons plus loin
quel hamiltonien peut générer une telle opération logique. Il est intéressant de remarquer que
O2 = σx . (1.153)
Deux applications de l’opération O équivalent à une application de la porte NON. Une application
√
de O correspond donc à l’opération logique NON !
Notons que pour un bit classique, il n’existe qu’une opération logique classique non triviale, soit la
porte logique NON (l’opération triviale étant l’opération identité). Pour un qubit toutefois, on voit
que tous opérateurs unitaires agissant sur un espace de Hilbert de dimension 2 est en principe une
opération logique admissible. Il y a donc une infinité d’opérations logiques possibles, et ce même
sur un seul qubit. Il s’agit d’une autre des particularités intéressantes de l’information quantique
illustrant la plus grande ‘richesse’ de l’information quantique par rapport à l’information classique.
Dans cette section, nous n’avons donné des exemples que pour un seul qubit. Un ordinateur quantique
à un qubit ne serait pas particulièrement utile. Nous devrons toutefois attendre d’introduire la
notion de produit tensoriel avant de voir comment le formalisme de la mécanique quantique permet
de traiter un ensemble de qubits.
Comme nous l’avons vu précédemment, la base des états propres d’un opérateur est une base
particulièrement intéressante puisque dans celle-ci, l’opérateur en question a une représentation
diagonale. Ceci simplifie grandement les calculs.
Un ket |ψi est vecteur propre de l’opérateur linéaire A avec valeur propre λ si
Plus d’un vecteur propre |ψi i peut correspondre à une même valeur propre λ. On dit alors que
cette valeur propre est dégénérée. Son degré de dégénérescence g est le nombre de vecteurs propres
correspondant à la même valeur propre :
L’ensemble {|ψi i} des g kets propres de A associé à la valeur propre λ forme un espace vectoriel de
dimension g.
Exemple 1.6.1 (Valeur propre de l’opérateur de projection). Rappelons que nous avons défini
l’opérateur de projection sur le ket |ψi comme
Pψ = |ψihψ|. (1.158)
On a évidemment
Pψ |ψi = |ψi. (1.159)
Le ket |ψi est donc état propre de Pψ avec valeur propre +1. Considérons, maintenant |φi tel que
hψ|φi = 0. On a alors
Pψ |φi = 0. (1.160)
Le ket |φi est donc état propre avec valeur propre λ = 0. La dégénérescence de cette valeur propre est
égale à la dimension de l’espace de Hilbert moins 1. On peut donc avoir une dégénérescence infinie.
On trouve les valeurs et états propres d’un opérateur dans une base {|ui i} :
On est donc en présence d’un système (potentiellement infini) homogène d’équations linéaires pour
les coefficients ci . Ce système d’équations aura une solution autre que la solution triviale (i.e. tout
les cj = 0) que seulement si le déterminant des coefficients est nul :
Sous forme matricielle, et en supposant pour fixer les idées une base de dimension N , cette expression
devient
A11 − λ A12 ··· A1N
A21 A22 − λ ··· A2N
= 0. (1.165)
.
.. .. .. ..
. . .
· · · AN N − λ
AN 1 AN 2
Cette expression compacte représente en fait un polynôme de degré N qui a N racines réelles ou
imaginaires. Ces racines sont les N valeurs propres de l’opérateur A. Notons que le déterminant ne
dépend pas de la base. En effet
Exemple 1.6.2 (Exemple simple d’un problème aux valeurs propres). Considérons l’opérateur A
ayant comme représentation
0 α 0
A := α 0 0 (1.167)
0 0 α
dans la base {|u1 i, |u2 i, |u3 i}. Ces valeurs propres sont les racines de
−λ α 0
|A − λI| = α −λ 0
0 0 α − λ (1.168)
= −λ [−λ(α − λ)] − α [α(α − λ)]
= −(α − λ)2 (α + λ) = 0
On a donc une racine double et une racine simple
λ1 = −α et λ2 = λ3 = α (1.169)
cji |ui i
X
|ψj i = (1.170)
i
0 0 2α c13 0
32 Notation de Dirac
0 0 2
On trouve immédiatement
c11 = −c12 et c13 = 0. (1.174)
0 0 0
Le bloc 2 × 2 implique que c1 = c2 tandis que le bloc 1 × 1 ne donne aucune contrainte sur c3 . Afin
avoir orthonormalisation dans ce sous-espace dégénéré, on prend donc :
1
|ψ2 i = √ (|u1 i + |u2 i) et |ψ3 i = |u3 i. (1.178)
2
Notons que A est hermitique si α∗ = α. De même, dans sa représentation matricielle, A est diagonale
par bloc. Utiliser ce fait aurait simplifié (légèrement dans ce cas) le calcul des valeurs et vecteurs
propres puisqu’il n’est alors nécessaire que de diagonaliser chaque bloc indépendamment.
Dans la base des |ui i et dans la base de ces vecteurs propres |ψi i, l’opérateur A peut être exprimé
sous la forme
Nous verrons plus loin que cette dernière ligne correspond à la décomposition spectrale de A.
1.6 Équations aux valeurs propres et observables 33
Puisque hψ|ψi est aussi un nombre réel, on en déduit donc que λ est réel. Les valeurs propres d’un
opérateur hermitique sont donc réelles.
Les vecteurs propres d’un opérateur hermitique correspondant à des valeurs propres distinctes
sont orthogonaux
On a donc
hφ|A|ψi = λhφ|ψi
(1.186)
hφ|A|ψi = µhφ|ψi.
(λ − µ)hφ|ψi = 0. (1.187)
Puisque l’on a supposé λ et µ différents, on conclut que hφ|ψi = 0. Les vecteurs propres avec valeurs
propres différentes d’un opérateur hermitique sont donc orthogonaux. Dans un espace de dimension
finie N , on peut montrer qu’un opérateur hermitique a toujours N états propres linéairement
indépendants. Ainsi, dans un espace de dimension finie, les états propres d’un opérateur hermitique
forment une base. Ce fait est démontré de façon plus rigoureuse au théorème 10 du chapitre de la
Réf. [2].
34 Notation de Dirac
Dans le cas d’une valeur propre dégénérée, la multiplicité d’une racine de l’équation |A − λI| = 0 est
le degré de dégénérescence de cette valeur propre :
où l’indice n est utilisé pour distinguer les valeurs propres distinctes. Ces gn vecteurs propres forment
un sous-espace En de E et ils peuvent être orthonormés dans ce sous-espace
Compte tenu de l’orthogonalité des vecteurs propres à valeurs propres distinctes, on a donc aussi
hψni |ψm
j
i = δnm δij . (1.190)
Puisque le nombre total de vecteurs propres est égal à la dimension de l’espace E, on peut donc
écrire la relation de fermeture dans la base des états propres de l’opérateur A :
gn
XX
I= |ψni ihψni |. (1.191)
n i=1
Cette relation n’exprime rien d’autre que le fait qu’un opérateur est diagonal dans la base de ces états
propres. Nous avons déjà vu un exemple de ce résultat à l’expression Eq. (1.180) de l’exemple 1.6.2.
1.6.2 Observables
Dans un espace de dimension infinie, les vecteurs propres d’un opérateur hermitique ne forment
plus nécessairement une base. On définira donc une observable comme un opérateur hermitique dont
les vecteurs propres forment une base.
Exemple 1.6.3 (Le projecteur Pψ = |ψihψ| est une observable). Considérons par exemple le
projecteur Pψ = |ψihψ| dans un espace de Hilbert E de dimension infinie. Tel que nous l’avons vu
à l’exemple 1.6.1, cet opérateur à les valeurs propres 0 et 1. La valeur propre 1 est associée au
vecteur propre |ψi et n’est pas dégénérée. La valeur propre 0 est associée à tous les kets orthogonaux
à |ψi et est infiniment dégénérée. Afin de montrer que Pψ est une observable, prenons un ket |φi
arbitraire de E. On peut toujours écrire ce ket sous la forme
Les deux composantes de ce ket sont états propres de Pψ avec valeurs propres 1 et 0. En effet :
Pψ [Pψ |φi] = [Pψ |φi]; Pψ [(I − Pψ )|φi] = (Pψ − Pψ2 )|φi = (Pψ − Pψ )|φi = 0[(I − Pψ )|φi], (1.194)
puisque Pψ2 = Pψ . Ainsi, tout ket peut être décomposé sur les kets propres de Pψ qui forment donc
une base. On en conclut donc que l’opérateur de projection est une observable.
Théorème 1.6.1 (Théorème fondamental). Si [A, B] = 0, on peut construire une base orthonormée
de l’espace des états constituée de vecteurs propres communs aux observables A et B.
Lemme 1.6.1. Si deux opérateurs A et B commutent et si |ψi est vecteur propre de A, alors B|ψi
est aussi vecteur propre de A avec la même valeur propre.
En effet,
A|ψi = a|ψi ⇒ BA|ψi = Ba|ψi = aB|ψi (1.195)
En d’autres mots, si g = 1, il n’y a par définition qu’un seul ket correspondant à la valeur
propre a et B|ψi ne peut donc être différent de |ψi que par une phase.
— Si a est dégénéré, B|ψi appartient alors au sous-espace Ea associé à la valeur propre a de A :
∀ |ψ i i ∈ Ea → B|ψ i i ∈ Ea (1.198)
L’application de B sur un ket appartenant à Ea ne fait alors pas sortir de ce sous-espace. On dira
donc que Ea est globalement invariant (ou stable) sous l’action de B. On peut donc reformuler le
précédent lemme sous la forme :
Lemme 1.6.2. Si deux opérateurs A et B commutent, tout sous-espace propre de A est globalement
invariant sous l’action de B.
36 Notation de Dirac
Lemme 1.6.3. Si deux observables A et B commutent, et si |ψ1 i et |ψ2 i sont deux vecteurs propres
de A de valeurs propres différentes, l’élément de matrice hψ1 |B|ψ2 i est nul.
Puisque [A, B] = 0, on a
0 = hψ1 |[A, B]|ψ2 i = hψ1 |(AB − BA)|ψ2 i = (a1 − a2 )hψ1 |B|ψ2 i. (1.200)
Nous sommes maintenant en mesure de démontrer le théorème fondamental 1.6.1. On considère donc
deux observables A et B qui commutent. On introduit la base des vecteurs propres de l’observable
A:
A|uin i = an |uin i; n = 1, 2, . . . ; i = 1, 2, . . . , gn (1.202)
où gn est le degré de dégénérescence de la valeur propre an . Les ensembles {|u1n i, |u2n i,
. . . , |ugnn i} forment des sous-espaces propres En de l’espace complet des états du système
[
E= En (1.203)
n
et
0
huin |uin0 i = δii0 δnn0 (1.204)
Si gn = 1, la valeur propre an est simple et le vecteur propre correspondant est aussi, par le premier
lemme 1.6.1, un vecteur propre de B [voir en particulier l’Éq. (1.197)]. Si gn > 1, on peut choisir une
nouvelle base dans chacun des sous-espaces En telles que les sous-matrices gn × gn sont diagonales.
On peut en effet trouver des combinaisons linéaires des vecteurs propres de A
αij |uin i
X
|vnj i = (1.208)
i
qui sont évidemment aussi vecteurs propres de A avec même valeur propre an
et qui diagonalisent B
(n)
B|vnj i = βi |vnj i. (1.210)
Notons que puisque les sous-matrices gn × gn ont pour éléments huin |B|ujn i = hujn |B|uin i∗ , elles sont
hermétiques et donc toujours diagonalisables. On pourra donc toujours appliquer la procédure
décrite ici. Ainsi, par cette procédure, nous obtenons donc une base de E formée de vecteurs propres
communs à A et B. Le théorème est donc démontré.
Les indices n et p distinguent les valeurs propres de A et de B tandis que l’indice i sert à distinguer
les différents vecteurs propres correspondants à la paire de valeurs propres an et bp .
Théorème 1.6.2 (Réciproque du théorème fondamental). S’il existe une base de vecteurs propres
communs à A et B, ces deux observables commutent.
on obtient
[A, B]|uin,p i = 0. (1.213)
Puisque cette égalité doit être vérifiée pour tout i, n, p, on a que [A, B] = 0.
Considérons une observable A dont la valeur propre an est dégénérée gn fois. Dans ce cas, savoir que
le système physique correspondant est dans un état de valeur propre an ne spécifie pas complètement
38 Notation de Dirac
l’état de ce système. En effet, on ne peut alors qu’affirmer que le système se trouve dans un des gn
états propres |uin i de A correspondant à an ou, plus généralement, dans qu’il se trouve dans une
superposition linéaire de ces gn états propres. Plus rigoureusement, on ne pourra donc que conclure
que l’état du système est décrit par un ket de En .
Ajoutons à A l’observable B qui est telle que [A, B] = 0. Le théorème fondamental nous apprend que
l’on peut trouver une base commune de vecteurs propres |un,p i à ces deux observables. Si maintenant
à chaque couple de valeurs propres (an , bp ) ne correspond qu’un seul vecteur propre commun (i.e.
gnp = 1)
A|un,p i = an |un,p i; B|un,p i = bp |un,p i, (1.214)
la donnée de ces deux valeurs propres est suffisante pour caractériser complètement l’état du système.
On dira alors que cette paire d’observables forme un ECOC.
Par contre, si des paires de valeurs propres de A et B sont dégénérées et désignent ainsi plus d’un
vecteur propre commun
g
|u1n,p i, |u2n,p i, . . . , |un,p
np
i (1.215)
le théorème fondamental nous permet de chercher une troisième observable C qui commute avec
A et B et qui telle que les triplets de valeurs propres (an , bp , cq ) désignent chacun un seul vecteur
propre (i.e. gnpq = 1)
Ces trois observables formeront alors un ECOC. On construit ainsi un ECOC en ajoutant le nombre
minimal d’opérateurs levant complètement la dégénérescence.
On dira donc qu’un ensemble d’observables A, B, C, . . . qui commutent toutes deux à deux forment
un ECOC si la donnée des valeurs propres de chacune des observables de l’ensemble détermine
uniquement autant de vecteurs propres communs.
Dans cette section, nous explorons en plus de détail la signification de cette correspondance entre
fonction d’onde et espace des états.
1.7 Représentations et opérateurs R et P 39
R = X x̂ + Y ŷ + Z ẑ. (1.219)
Cette observable est diagonale dans la représentation de position donnée par la base {|ri} :
où r est le vecteur position. Dans cette base, les relations d’orthonormalités et de fermeture sont
Z
0 0 0 0 0
hr|r i = δ(r − r ) = δ(x − x )δ(y − y )δ(z − z ); d3 r|rihr| = I (1.221)
Utilisant cette relation de fermeture, tout vecteur d’état |ψi peut être développé sur la base des
positions : Z Z
3
|ψi = d r|rihr|ψi = d3 rψ(r)|ri, (1.222)
où
hr|ψi = ψ(r). (1.223)
Le coefficient de décomposition ψ(r) sur la base des positions n’est autre chose que la fonction
d’onde déjà étudiée dans le cours précédent de mécanique quantique. Étant donné un ket |ψi de E,
on a donc que la probabilité de trouver la particule dans l’élément de volume d3 r autour du point r
est
|ψ(r)|2 d3 r = |hr|ψi|2 d3 r. (1.224)
Dans le même esprit, on retrouve pour le produit scalaire dans cette base l’expression usuelle
Z Z
hψ|φi = d rhψ|rihr|φi = d3 rψ(r)∗ φ(r).
3
(1.225)
= hφ|R|ψi∗
40 Notation de Dirac
R† = R. (1.227)
Les vecteurs propres de R sont les kets généralisés |ri sur lesquelles on peut décomposer de façon
unique tout ket |ψi. Les vecteurs propres de R sont forment donc une base. L’opérateur R étant de
plus hermitique, on en conclut donc qu’il s’agit d’une observable.
Ainsi, tout vecteur d’état se décompose sur la base des impulsions comme
Z Z
|ψi = d p|pihp|ψi = d3 pψ̄(p)|pi,
3
(1.231)
où
hp|ψi = ψ̄(p) (1.232)
Puisque ψ̄(p) n’est autre que la transformé de Fourier de ψ(r), on en déduit que
1
hp|ri = e−ip·r/~ . (1.235)
(2π~)3/2
1.7 Représentations et opérateurs R et P 41
En d’autres mots, la représentation dans la base des positions du vecteur d’état |pi n’est autre
qu’une onde plane
1
hr|pi = 3/2
e+ip·r/~ , (1.236)
(2π~)
un résultat qui est familier du premier cours de mécanique quantique.
1.7.4 Opérateurs R et P
Nous savons déjà que l’opérateur R est diagonal en représentation de position et donc
Ceci définit l’action des opérateurs X, Y et Z sur le vecteur d’état |ri. De la même façon, pour
l’opérateur impulsion P en coordonnées cartésiennes on a
et donc
Z
1
hr|P |ψi = d3 p p e+ip·r/~ ψ̄(p)
(2π~)3/2
−i~
Z
= ∇ d3 p e+ip·r/~ ψ̄(p)
(2π~)3/2
Z
= −i~∇ d3 p hr|piψ̄(p) (1.244)
Z
= −i~∇ d3 p hr|pihp|ψi
= −i~∇hr|ψi.
42 Notation de Dirac
Ces résultats coı̈ncident avec les résultats familiers obtenus avec les fonctions d’onde
Z Z
hφ|R|ψi = d r hφ|rihr|R|ψi = d3 r φ∗ (r)rψ(r)
3
(1.247)
Z Z
hφ|P |ψi = d3 r hφ|rihr|P |ψi = d3 r φ∗ (r)(−i~∇)ψ(r). (1.248)
En utilisant ces résultats, on obtient aussi la relation de commutation canonique entre les opérateurs
R et P . En effet,
Puisque ce résultat tient pour tout vecteur d’état |ψi, on en conclut que
[X, Px ] = i~ I. (1.252)
Jusqu’à présent, tous les exemples rencontrés ne font intervenir qu’une particule, ou qu’une seule
caractéristique de cette particule (sa position par exemple). Comment traiter la situation où plusieurs
particules sont en jeux ? Dans un ordinateur quantique par exemple, nous seront évidemment
intéressés à avoir plusieurs qubits (un ordinateur à un qubit ne serait pas très intéressant. . . ). Un
1.8 Produit tensoriel d’espaces d’états 43
autre exemple est la description d’un électron ayant un degré de liberté de position et un degré de
liberté de spin.
De même, l’espace des fonctions d’ondes (i.e. l’espace des fonctions de carré sommable et physique-
ment raisonnable) n’est pas le même pour une particule contrainte à se déplacer sur un axe que
pour une particule libre de se déplacer dans tout l’espace :
Z Z
ψ(x) ∈ Fx : dx |ψ(x)|2 = 1 6= ψ(r) ∈ Fr : d3 r |ψ(r)|2 = 1 . (1.253)
Les espaces d’états correspondants, Ex et Er , eux aussi sont différents. L’espace de Hilbert Er est
une généralisation de l’espace plus restreint Ex . De la même façon, on peut introduire les espaces
Ey et Ez . La notion de produit tensoriel permet de préciser cette relation. On dira donc que Er est
l’espace produit tensoriel Er = Ex ⊗ Ey ⊗ Ez . De la même façon, l’espace d’Hilbert pour deux qubits
sera l’espace produit tensoriel E = E1 ⊗ E2 , avec Ej l’espace de Hilbert du qubit j.
E = E1 ⊗ E2 (1.254)
— Linéarité
[λ|ψ(1)i] ⊗ |χ(2)i = |ψ(1)i ⊗ [λ|χ(2)i] = λ[|ψ(1)i ⊗ |χ(2)i] (1.257)
— Distributivité
|ψ(1)i ⊗ [|χ1 (2)i + |χ2 (2)i] = |ψ(1)i ⊗ |χ1 (2)i + |ψ(1)i ⊗ |χ2 (2)i (1.258)
— {|ui (1)i, |vj (2)i} est une base de E si {|ui (1)i} est une base de E1 et {|vj (2)i} est une base
de E2 .
Cette dernière condition implique que la dimension de l’espace produit tensoriel est le produit des
dimensions des sous-espaces
dim(E) = dim(E1 ) × dim(E2 ). (1.259)
44 Notation de Dirac
1.8.2 États de E
Soit |φ(1)i un état de E1 et |χ(2)i un état de E2 . En décomposant chacun de ces états sur une base
de l’espace correspondant, on obtient pour le produit tensoriel de ces deux états :
X X X
|ψi = |φ(1)i ⊗ |χ(2)i = ai |ui (1)i ⊗ bj |vj (2)i = ai bj |ui (1)i ⊗ |vj (2)i. (1.260)
i j i,j
Un tel état est dit factorisable ou séparable. Malgré que tout ket de E peut être décomposé en
combinaison linéaire de produit tensoriel, ce ne sont pas tout les états de E qui peuvent s’écrire
comme en (1.260). En effet, il existe des états non séparables (aussi appelé états enchevêtrés ou
intriqués)
X
|ψi = cij |ui (1)i ⊗ |vj (2)i avec cij 6= ai bj . (1.261)
i,j
Le produit scalaire dans E de |Ψi = |φ(1)i ⊗ |χ(2)i avec |Ψ0 i = |φ0 (1)i ⊗ |χ0 (2)i est simplement
donné par
hΨ|Ψ0 i = [hφ(1)| ⊗ hχ(2)|] |φ0 (1)i ⊗ |χ0 (2)i = hφ(1)|φ0 (1)ihχ(2)|χ0 (2)i.
(1.263)
Ainsi, la base {|u1 (1)i ⊗ |vj (2)i} de E est orthonormé si chacune des bases {|ui (1)i} et {|vj (2)i}
l’est également
[hui (1)| ⊗ hvj (2)|][|ui0 (1)i ⊗ |vj 0 (2)i] = δii0 δjj 0 . (1.264)
Considérons un opérateur A(1) agissant dans E1 et un opérateur B(2) agissant dans E2 . On définit
le produit tensoriel de ces opérateurs par
Si l’on veut faire agir l’opérateur A agissant sur E1 seulement, on prolonge cet opérateur de la façon
suivante :
Ã(1) = A(1) ⊗ I(2) (1.267)
Exemple 1.8.1 (Produit tensoriel d’opérateur NON). Imaginons la situation où l’on a deux qubits
et cherche à appliquer l’opération logique NON (i.e. σx ) sur chacun d’eux. Quelle est la représentation
de cette opération combinée ? En suivant l’expression (1.269) ci-haut, on obtient :
! !
0 1 0 × σx 1 × σx
σx (1) ⊗ σx (2) := ⊗ σx (2) =
1 0 1 × σx 0 × σx
0×0 0×1 1×0 1×1
0 × 1 0 × 0 1 × 1 1 × 0
=
1 × 0 1 × 1 0 × 0 0 × 1
(1.270)
1×1 1×0 0×1 0×0
0 0 0 1
0 0 1 0
=0 1 0 0
1 0 0 0
1.8.4 Notations
On ira même jusqu’à omettre les indices d’espace tensoriel, on pourra donc écrire
Avec cette notation compacte, et malgré que |φ(1)i ⊗ |χ(2)i = |χ(2)i ⊗ |φ(1)i, on prendra garde
d’intervertir les indices à l’intérieur des kets. Par exemple, on prendra toujours la correspondance
suivante entre ket et bra :
|φχi → hφχ|. (1.273)
Exemple 1.8.2 (Particule dans un espace 3D). Nous avons déjà introduit plus haut l’espace Er
d’une particule dans l’espace à trois dimensions. En coordonnée cartésienne, cet espace est le produit
tensoriel des espaces correspondant à chacun des axes :
Exyz = Ex ⊗ Ey ⊗ Ez . (1.276)
Les états
|ri = |x, y, zi = |xi|yi|zi (1.277)
X|x, y, zi = x|x, y, zi; Y |x, y, zi = y|x, y, zi; Z|x, y, zi = z|x, y, zi. (1.278)
Ces trois observables forment un ECOC de Exyz . De ces trois observables on forme l’observable
position
R = X x̂ + Y ŷ + Z ẑ (1.279)
L’espace produit tensoriel Exyz correspond donc à l’espace Er déjà introduit à la section 1.7.
1.9 Information quantique II 47
où |ψi du côté gauche de cette égalité représente l’état du qubit à copier et |·i représente l’état
initial du qubit qui servira de copie. Le choix de ce dernier état n’est pas bien important ici mais,
pour fixer les idées, on peut par exemple prendre |·i = |0i. Ainsi, l’action de U sur les états de base
|0i et |1i doit nécessairement être
Tentons maintenant de copier un état arbitraire |ψi = α|0i + β|1i, en raison de la linéarité, on
obtient
puisque
|ψi|ψi = α2 |0i|0i + αβ (|0i|1i + |1i|0i) + β 2 |1i|1i. (1.284)
L’état final ne correspond pas à l’état recherché et la copie a donc échoué. Ainsi, il est possible
de copier les états de base individuellement mais pas un état arbitraire. La copie de l’information
quantique est donc impossible. Notons que l’état produit par l’opérateur U conduit à des prédictions
particulièrement étranges. Nous reviendrons à ces états dits enchevêtrés plus loin dans le cours.
À la section 1.5, nous avons introduit la notion de qubit et présenté deux opérations logiques agissant
sur un seul qubit. Un ordinateur (quantique ou non) a un seul qubit (ou bit) ne serait pas très utile.
On doit donc généraliser la discussion à un registre de n qubits. Suivant l’équation (1.259), l’espace
de Hilbert d’un qubit étant de dimension 2, la taille de l’espace de Hilbert d’un registre de n qubit
sera donc de dimension 2n .
48 Notation de Dirac
Choisissant pour chacun des qubits la base orthonormée {|0i, |1i}, un état de base du registre de n
qubits prendra la forme
où chacun des qi prend la valeur 0 ou 1. Afin de simplifier la notation, on associe l’entier correspondant
à chacune de ces chaı̂nes binaires de n nombre à l’aide de la relation
n−1
X
x= qi 2 i . (1.286)
i=0
|00000000i ↔ |0i
|00000001i ↔ |1i
|00000010i ↔ |2i
..
. (1.287)
|00000101i ↔ |5i
..
.
|10011110i ↔ |158i.
Une fois la taille, n, du registre spécifiée, il n’y a pas d’ambiguı̈té possible avec cette notation.
Utilisant cette notation décimale, on écrit l’état arbitraire d’un registre comme
n −1
2X
|ψi = cx |xi, (1.288)
x=0
P2n −1
avec x=0 |cx |2 = 1.
À la section 1.5, nous avons introduit l’opération logique NON, aussi nommée σx , ainsi que l’opération
√
logique NON. Ces deux opérations n’agissent que sur un qubit. Une autre opération à un qubit
particulièrement importante est l’opération d’Hadamard, qui dans la base {|0i, |1i}, prend la forme
!
1 1 1
H := √ . (1.289)
2 1 −1
On vérifie facilement que cette opération est unitaire. Cette porte a pour effet de créer des
superpositions d’états
1
H|0i = √ (|0i + |1i)
2
(1.290)
1
H|1i = √ (|0i − |1i) .
2
1.9 Information quantique II 49
Il est utile d’introduire la notion de circuit quantique. Dans un circuit quantique, on représente
les qubits par des lignes horizontales et on place les différentes opérations logiques sur ces lignes,
les premières opérations étant à gauche et les dernières à droite. Par exemple, le circuit quantique
représentant l’application de l’opération d’Hadamard sur un qubit est
En présence d’un registre de n qubits, on distinguera deux types d’opérations logiques. Premièrement,
on parlera d’opérations locales si une opération prend la forme d’un produit tensoriel d’opérateurs
agissant chacun sur un seul qubit. Par exemple, une transformation locale U12 agissant sur deux qubits
prendra la forme U1 ⊗ U2 où Uj agit seulement sur le qubit j. Le circuit quantique correspondant à
cette opération locale est
U1
U2
où la première ligne correspond au premier qubit et la seconde au second.
Par opposition, les portes dites non locales ne peuvent s’exprimer comme un produit tensoriel
d’opération agissant individuellement sur chacun des qubits. La plus importante de ces opérations
non locales est le non-contrôlé, que nous noterons CNOTij . Cette opération agit sur les qubits i et j
est définie par l’action suivante
Ainsi, si le qubit i = 1 prend la valeur |1i, le qubit j = 2 voit sa valeur être inversée. Dans la base
{|00i, |01i, |10i, |11i}, cette opération prend la forme
1 0 0 0
0 1 0 0
CNOT12 := 0 0
. (1.292)
0 1
0 0 1 0
Utilisant cette représentation, on vérifie facilement que le non-contrôlé est une opération unitaire,
comme il se doit. De façon plus compacte, on peut aussi écrire
où ⊕ représente l’addition modulo 2. On dira que pour CNOTij , le qubit i est le qubit source (celui
qui décide s’il y aura inversion) tandis que le qubit j est le qubit cible (celui qui voit sa valeur être
inversé ou non).
50 Notation de Dirac
On combine les opérations logiques afin de créer des circuits quantiques plus complexes (et plus
intéressants). Par exemple, considérons un registre de 2 qubits. On appliquera d’abord la porte
d’Hadamard puis un non-contrôlé. Le circuit quantique correspondant est
H •
L’action de ce circuit sur les états de base {|0i, |1i}⊗2 se calcule facilement. Par exemple, pour l’état
initial |00i, on trouve :
1
CNOT12 H1 |00i = CNOT12 √ (|0i + |1i) |0i
2
1
= CNOT12 √ (|00i + |10i) (1.294)
2
1
= √ (|00i + |11i) .
2
Il s’agit d’un état enchevêtré.
1.10 Problèmes
Problème 1.1. Dans un espace de Hilbert E de dimension 3, on s’intéresse aux valeurs et vecteurs
propres de l’opérateur
H = H0 + W. (1.295)
Dans la base orthonormée {|φA i, |φB i, |φC i}, l’action de H0 est diagonale :
b) Calculez les valeurs propres et vecteurs propres normalisés de H et vérifier la relation de fermeture
dans la base qui diagonalise H.
c) Vérifiez que U † HU est diagonale, où U est la matrice des vecteurs propres de H.
si U est unitaire.
Problème 1.3. Considérons l’hamiltonien d’un système à deux niveaux donné par
1 1
H = B · σ = (Bx σx + By σy + Bz σz ) (1.301)
2 2
où les opérateurs σi sont connus sous le nom de matrices de Pauli. Dans une base donnée, ces
matrices prennent la forme
! ! !
0 1 0 −i 1 0
σx = ; σy = ; σz = . (1.302)
1 0 i 0 0 −1
avec θ = Bx t/~.
Problème 1.4. Soit K = |ψihφ| avec |ψi et |φi deux vecteurs de l’espace des états.
c) Montrez que K peut s’écrire sous la forme K = λP1 P2 , où λ est une constante et P1,2 des
projecteurs. Déterminez λ.
52 Notation de Dirac
Problème 1.5. Étant donné les opérateurs hermitiques A et B et la constante λ, quelle(s) condi-
tion(s) doivent respecter A, B et λ afin que
[A, B] = iC
[B, C] = iA
[A, C] = iB,
alors
1
∆(AB)∆C ≥ |hA2 i + hB 2 i|.
2
Chapitre 2
La mécanique quantique repose sur un ensemble de postulats. Ces postulats ne sont pas démontrés
théoriquement, mais sont basés sur les observations expérimentales. On les accepte comme vrai
puisqu’ils reproduisent très bien ces observations.
En mécanique classique, l’état d’une particule est complètement spécifié par deux variables dyna-
miques : la position r(t) et l’impulsion p(t). Toutes les autres quantités physiques (énergie, moment
cinétique,. . . ) peuvent être obtenues de ces variables dynamiques. De même, connaissant l’état du
système au temps t = t0 , les équations du mouvement
Les postulats de la mécanique quantique sont en quelque sorte les équivalents quantiques des énoncés
classiques précédents. Ils permettront donc de répondre aux questions suivantes :
— Comment décrire mathématiquement l’état d’un système quantique à un temps t donné ?
— Comment, étant donné cet état, prévoir les résultats de mesure des diverses grandeurs
physiques ?
54 Postulats de la mécanique quantique
— Comment trouver l’état d’un système au temps t étant donné la connaissance de son état au
temps t0 ?
1er postulat : À chaque système physique est associé un espace de Hilbert E. L’état du
système est défini à chaque instant par un vecteur normé |ψ(t)i de E.
3e postulat : Soit |ψi l’état dans lequel se trouve le système au moment où la mesure de
A est effectuée. Quel que soit |ψi, les seuls résultats possibles sont les valeurs propres an
de A.
Une mesure physique doit évidemment toujours donner une valeur réelle (un voltage, un courant,
une intensité lumineuse,. . . ). C’est bien ce que dit ce postulat puisque les valeurs propres d’une
observable sont toujours réelles. De même, notons que l’on aura quantification des résultats si le
spectre de l’observable A correspondant à la quantité mesurée A est discret. On retrouve donc
la quantification des quantités physiques (par exemple l’énergie des atomes) bien connue de la
mécanique quantique. Évidemment, certains opérateurs ont un spectre continu et ce n’est donc pas
tous les résultats qui ne prendront que des valeurs quantifiées.
Dans le cas d’une valeur propre discrète et non dégénérée, le projecteur est simplement
Puisque qu’il s’agit de possibilités distinctes d’obtenir an , ce résultat est la somme des probabilités
associées à chaque vecteur propre correspondant à la valeur propre dégénéré an . Dans bien des cas
en mécanique quantique toutefois, il faut sommer sur les amplitudes plutôt que les probabilités.
Ceci sera illustré plus concrètement à l’exemple 2.3.3.
Dans le cas d’une quantité physique à spectre continu (la position, l’impulsion ou un voltage, par
exemple), la seule prédiction que l’on peut faire à trait à un résultat situé dans une plage de valeurs.
La probabilité d’obtenir un résultat compris entre aα et aα + daα est
Prenons l’exemple de l’observable position R dont les vecteurs propres sont les kets |ri. Étant donné
l’état |ψi, quelle est la probabilité de trouver le système dans un volume d3 r autour de la position
r ? Le projecteur correspondant est Pr = |rihr| et la probabilité de trouver un résultat compris
entre r et r + dr est donc
Ce résultat n’est nul autre que celui énoncé en tout début de cours à l’équation (1.1). Le quatrième
postulat, aussi connu sous le nom de règle de Born, formalise donc les résultats déjà connus du
premier cours de mécanique quantique.
Pn |ψi
|ψ 0 i = p . (2.9)
hψ|Pn |ψi
56 Postulats de la mécanique quantique
Ce postulat, due à von Neumann, formalise l’observation que suite à la mesure, le système se
trouve dans l’état propre correspondant à la valeur propre mesurée. Dans le cas d’une valeur propre
dégénérée, le système se retrouve plutôt dans la superposition des états appartenant au sous-espace
dégénéré. En d’autres mots, la fonction d’onde en tant que description de notre connaissance du
système, reflète le fait que nous avons acquis de l’information sur celui-ci.
Le postulat de projection est source de confusion et de discussions encore de nos jours. Pour plusieurs,
il s’agit du postulat le plus étrange et le plus dérangeant de la mécanique quantique. Nous verrons
en fait à l’Annexe A comment mieux comprendre ce postulat et comment, selon certains physiciens,
il peut être entièrement éliminé.
6e postulat : L’évolution dans le temps du vecteur d’état |ψ(t)i est régie par l’équation
de Schrödinger
d
i~|ψ(t)i = H(t)|ψ(t)i, (2.10)
dt
où H(t) est l’observable associée à l’énergie totale du système, aussi appelée hamiltonien
du système.
Comment faire le passage entre la description classique d’une grandeur physique A, à la description
quantique faisant intervenir l’observable correspondante A ? La correspondance est simple. Pour
une particule sans spin, on associe à la position r de la particule l’observable R. De la même façon
à l’impulsion p de la particule est associée l’observable P .
Il faut toutefois se rappeler que ces observables ne commutent pas. Il faut donc être vigilant lors du
passage d’une description classique au quantique. Par exemple, en mécanique classique, le produit
r · p coı̈ncide avec p · r. Toutefois, en mécanique quantique
R · P 6= P · R. (2.11)
Il ne s’agit donc pas d’observables et ne peuvent être associées à des quantités physiques.
On ajoute donc aux postulats précédents une règle de symétrisation. Par exemple, la quantité
physique r · p est associée à l’observable
1
(R · P + P · R) (2.13)
2
2.2 Mesures en mécanique quantique 57
Exemple 2.1.1 (Particule soumise à un potentiel scalaire). Considérons par exemple l’hamiltonien
d’une particule sans spin soumis à un potentiel scalaire V (r). L’hamiltonien du système, en mécanique
classique, s’écrit
p2
H(r, p) = + V (r) (2.14)
2m
avec
dr
p=m = mv, (2.15)
dt
où v est la vitesse de la particule et m sa masse. L’application de la règle précédente donne
l’hamiltonien quantique suivant
P2
H(R, P ) = + V (R). (2.16)
2m
Le quatrième postulat ne permet pas de prédire le résultat d’une seule mesure. Il ne permet que de
déterminer la probabilité d’obtenir un résultat plutôt qu’un autre lors d’une mesure. Il est important
de préciser que ceci n’empêche pas le formalisme quantique de parler du résultat d’une mesure
unique (simple observation qui semble pourtant être source de confusion chez certains physiciens qui
insistent à penser que de parler du résultat d’une seule mesure en mécanique quantique n’a aucun
sens. . . ).
Afin de vérifier les prédictions du quatrième postulat, il faudra donc faire un grand nombre N de
mesures de la même observable A et ce sur N systèmes physiques tous préparés dans le même état.
Pour chacune de ces mesures, on obtient une valeur propre aα associée à l’observable mesurée A. Si
cette observable a un spectre discret, on détermine de ces résultats le nombre de mesures N (aα )
ayant produit le résultat aα . Dans la limite où N est grand, on détermine ensuite la probabilité
d’obtenir aα :
N (aα ) N →∞
−−−−→ P(aα ). (2.17)
N
Si la théorie quantique est une théorie valide (et l’expérience bien réalisée !), la probabilité P(aα )
ainsi déterminer doit correspondre à celle calculée suivant le quatrième postulat.
58 Postulats de la mécanique quantique
De même, des résultats expérimentaux, on peut calculer la valeur moyenne hAi des résultats obtenus :
1 X
hAi = aα N (aα ). (2.18)
N α
Utilisant maintenant la règle de Born [Eq. (2.2)] pour P(aα ), on peut écrire
X X
hAi = aα hψ|Pα |ψi = hψ| aα Pα |ψi, (2.20)
α α
où |ψi est l’état du système avant la mesure. Or, d’après le théorème de décomposition spectrale
Eq. (1.192) [qui dit simplement qu’une observable est diagonale dans la base des ces états propres],
on sait que
X
A= aα Pα . (2.21)
α
Ce résultat s’applique au cas où les valeurs propres sont discrètes ou continues.
2
σA = h(A − hAi)2 i = hA2 − 2AhAi + hAi2 i = hA2 i − hAi2 (2.23)
et
2
σB = hB 2 i − hBi2 . (2.24)
En utilisant les résultats expérimentaux, hAi se calcule à l’aide de l’équation (2.18) et hA2 i se calcule
facilement en utilisant
2
P
α=1 aα N (aα )
X
2
hA i = = a2α P(aα ), (2.25)
N
α=1
où N (aα ) est le nombre de mesures ayant donné le résultat aα . Le même résultat s’applique à hB 2 i.
2.2 Mesures en mécanique quantique 59
Contrairement à la mécanique classique, la mécanique quantique impose une contrainte forte sur les
2 et σ 2 . Afin de déterminer cette contrainte, on commence par définir
valeurs que peuvent prendre σA B
A0 = A − hAi (2.26)
2 02 0 2 02 2
σA 0 = hA i − hA i = hA i = σA (2.27)
et similairement pour B.
La norme de |ψi est égale à l’unité, mais, puisque (A0 + iλB 0 ) n’est pas nécessairement unitaire, la
norme de |φi peut être différente de l’unité. La norme d’un vecteur d’état étant définie positive,
quel que soit λ on doit donc avoir
λ2 σB
2 2
+ iλhψ|[A, B]|ψi + σA ≥ 0, (2.30)
où on a utilisé le fait que [A0 , B 0 ] = [A, B]. On a donc un polynôme de second degré en λ de
coefficients réels. En effet, puisque A et B sont hermitiques, on a nécessairement que σA et σB sont
réels. De même, avec A et B hermitique, on vérifie facilement que l’opérateur −i[A, B] est lui-même
hermitique. En effet,
On sait que pour qu’un polynôme du second ordre P (λ) = aλ2 + bλ + c soit strictement positif
(ou strictement négatif, condition qui ne nous intéresse pas ici), son discriminant D = b2 − 4ac
doit être négatif. On en conclut donc que le discriminant du polynôme Eq. (2.30) doit être négatif,
c’est-à-dire :
|hψ|[A, B]|ψi|2 − 4σB
2 2
σA ≤ 0. (2.32)
En d’autres mots
1
σA σB ≥ |hψ|[A, B]|ψi|. (2.33)
2
60 Postulats de la mécanique quantique
Il s’agit de la relation d’incertitude d’Heisenberg. Dans le cas des observables position et impulsion,
on retrouve évidemment le résultat bien connu
~
σX σP ≥ . (2.34)
2
Ainsi, si les observables ne commutent pas, on ne peut trouver d’état |ψi tel que les écarts types
σA et σB sont simultanément aussi petits que désiré. On dira alors que ces observables sont non
compatibles. Notons que le résultat obtenu ici, n’est pas basé sur le postulat de projection et ne
fait donc pas référence à l’effet de la mesure sur un système quantique. Cette relation d’incertitude
est en effet une propriété intrinsèque des systèmes quantiques. Elle n’a rien à voir avec la mesure
elle-même ou avec la précision des instruments utilisés pour faire les mesures.
Notons qu’il existe une seconde relation d’incertitude d’Heisenberg qui est elle basée sur l’effet de la
mesure sur les systèmes. Malheureusement, ces deux relations d’incertitude porte le même nom,
ce qui est la cause de beaucoup de confusion dans plusieurs livres d’introduction à la mécanique
quantique. Cette seconde relation d’incertitude fait intervenir des mesures successives sur un même
système initialement préparé dans un état arbitraire |ψi. Cette situation est très différente de celle
que nous avons considérée ici. Dans le cas de mesures successives d’observables non-compatibles, la
première mesure (par exemple de la position), perturbe l’état du système (en vertu du postulat
de projection) et par conséquent la seconde mesure (par exemple de l’impulsion) ne mesure plus
une quantité correspondant à l’état initial de la particule. L’erreur sur cette seconde mesure est
donc plus grande que si la mesure de position n’avait pas été effectuée. Cette version de la relation
d’incertitude implique donc les erreurs sur les résultats de ces deux mesures successives et nous dit
que le produit de ces erreurs ne peut être arbitrairement petit. Comme nous le verrons plus bas
toutefois, pour des observables compatibles, la première mesure n’affecte pas la seconde.
Considérons maintenant la mesure successive de deux observables A et B sur un état initial |ψi.
Supposons que la mesure de A ait donné le résultat aα . L’état immédiatement après la mesure est
alors
Pα |ψi
|ψA i = p , (2.35)
hψ|Pα |ψi
où Pα est le projecteur sur le sous-espace propre correspondant à la valeur propre aα . Suite à
cette mesure, la grandeur physique correspondant à B est mesurée avec comme résultat bβ . L’état
immédiatement après la mesure est alors
Pβ |ψA i Pβ Pα |ψi
|ψAB i = p =p . (2.36)
hψA |Pβ |ψA i hψ|Pα Pβ Pα |ψi
Dans le cas où B est d’abord mesurée puis A, le résultat est plutôt
Pα Pβ |ψi
|ψBA i = p . (2.37)
hψ|Pβ Pα Pβ |ψi
2.2 Mesures en mécanique quantique 61
Si les observables sont compatibles, on aura |ψAB i = |ψBA i mais ce n’est pas le cas en général.
Dans la situation où A et B forment un ECOC, et donc [A, B] = 0, il existe un seul vecteur propre
commun au couple de valeurs propres aα et bβ . Suite à la mesure de ces deux observables, et donc
après avoir obtenu les résultats aα et bβ , le système se trouve dans l’état |ψAB i = |ψBA i. Puisque ce
vecteur propre commun à A et B est unique, l’état du système est complètement spécifié suite à ces
mesures.
La mesure de tous les membres d’un ECOC suffit donc à spécifier uniquement un état quantique
immédiatement après ces mesures. Notons que si l’hamiltonien du système fait partie de l’ECOC,
cette conclusion s’applique à tout temps ultérieur aux mesures (l’évolution, comme nous le verrons
plus loin, ne correspond alors qu’à une phase globale appliquée au ket). Sinon, le système évolue en
une superposition d’états propres de A et B et l’état n’est bien connu que pour un court temps par
rapport à l’inverse des énergies caractéristiques du système.
L’indice i tient compte d’une possible dégénérescence des valeurs propres (i.e. A et B ne forment
pas nécessairement un ECOC).
On s’intéresse maintenant à un système dans un état arbitraire |ψi. Puisque les |an , bp , ii forment
une base, on peut écrire tout |ψi sous la forme
X X
|ψi = |an , bp , iihan , bp , i|ψi = cn,p,i |an , bp , ii. (2.40)
n,p,i n,p,i
On mesure sur ce système l’observable A puis l’observable B. Quelle est la probabilité P(an , bp )
d’obtenir le résultat an puis le résultat bp ?
X
Pan = |an , bp , iihan , bp , i|. (2.42)
p,i
62 Postulats de la mécanique quantique
Sur cet état, on mesure maintenant l’observable B pour trouver le résultat bp . Le projecteur pertinent
est
X
Pbp = |am , bp , iiham , bp , i| (2.45)
m,i
00 Pbp |ψn0 i
|ψn,p i= q
hψn0 |Pbp |ψn0 i
sP
|cn,p,i |2 1
Pp,i
X
= × cn,p,i |an , bp , ii (2.47)
2
q
i |cn,p,i | 2
P
|c
p,i n,p,i | i
1 X
= pP cn,p,i |an , bp , ii.
2
i |cn,p,i | i
Utilisant les expressions (2.43) et (2.46), la probabilité composée P(an , bp ) de trouver an puis bp est
X
P(an , bp ) = P(an ) × P(bp |an ) = |cn,p,i |2 , (2.48)
i
ce qui est le même résultat que celui obtenu en utilisant la règle de Born sur l’état Éq. (2.47).
Imaginons maintenant que l’on mesure maintenant B puis A sur l’état |ψi. Quel est la probabilité
2.2 Mesures en mécanique quantique 63
P(bb , an ) de trouver bp puis an ? Il est facile de montrer suivant le raisonnement ci-haut que cette
probabilité est identique à P(an , bp ) et l’état final le même. Ceci n’est vrai que parce que A et B
commutent.
Donc, lorsque deux observables sont compatibles, la mesure de l’une des observables ne perturbe pas
la mesure subséquente de l’autre observable.
où l’on a écrit explicitement l’opérateur identité I2 agissant dans l’espace de Hilbert du second qubit.
Ces projecteurs n’ont donc aucun effet sur le second qubit. Mentionnons que, comme il se doit, nous
avons bien
P0 + P1 = (|0ih0| + |1ih1|) ⊗ I2 = I1 ⊗ I2 . (2.50)
Supposant la mesure ayant donné le résultat aσ (avec σ = 0 ou 1), l’état après la mesure est
0 Pσ |ψ12 i
|ψ12 i= p . (2.51)
hψ12 |Pσ |ψ12 i
Considérons l’état initial suivant
0
|ψ12 i = |σσi. (2.56)
Dans ce cas, la mesure du premier sous-système à un effet sur le second ! Si cela ne vous surprend
pas, imaginons que le premier qubit se trouve sur la terre tandis que le second se trouve sur une
planète quelconque de la galaxie d’Andromède. Dans se cas, le résultat précédent indique qu’une
action sur terre (la mesure du premier qubit) a eu un impact instantané sur un objet se situant à des
années-lumière de celui-ci. Cette observation a été suffisante pour qu’Einstein refuse catégoriquement
la théorie quantique comme théorie valable. Son objection est connue sous le nom de paradoxe EPR.
Le problème, pour Einstein, est que cette prédiction semble violer la relativité restreinte. Il semble
en effet qu’il y ait eu échange d’information instantané (et donc plus rapidement que la vitesse de la
lumière c) entre le premier qubit et le second, informant le second de l’état à prendre suite à la
première mesure. Heureusement pour la théorie quantique et malheureusement pour Einstein, on
peut montrer qu’il n’y a aucun échange d’information entre les particules et par conséquent que la
relativité n’est pas violée. La prédiction donnée ici a en effet plusieurs fois testé expérimentalement
avec succès.
Notons que la différence essentielle entre les états (2.52) et (2.55) est que le second est non factorisable.
Un type d’état que nous avons déjà qualifié d’enchevêtré à la section 1.8.2. Malgré la confirmation
expérimentale de ces résultats, l’enchevêtrement reste probablement la prédiction de la mécanique
quantique la plus étrange. Elle est la source de beaucoup de recherches et semble être la source de
la puissance des ordinateurs quantiques.
Le postulat de projection nous apprend que, suite à une mesure, le système se trouve dans le
sous-espace propre associé à la valeur propre de l’observable mesurée. Il faut toutefois faire attention
lors de l’application de ce postulat dans le cas d’une observable ayant un spectre continu. En effet,
lors de la mesure de l’observable position R ayant donné le résultat r, on pourrait alors penser que
l’état après la mesure est |ri. Toutefois, tel que discuté à la section §1.4.2, |ri est un ket généralisé
ne correspondant pas à un état physique acceptable. Il est en effet impensable qu’un appareil de
mesure puisse localiser une particule avec une précision infinie dans l’espace. Puisque la mécanique
quantique a pour objectif de décrire les résultats d’expériences (réalisées ou en principe réalisables),
un tel ket n’est pas admissible physiquement.
Une mesure réaliste d’une observable ayant un spectre continu donnera donc toujours un résultat
avec une incertitude. Par exemple, la mesure sur le ket |ψi ∈ Er de l’observable X peut donner le
résultat x0 ± ∆x/2. On a donc une plage d’incertitude ∆x autour de la valeur x0 . Quelle est la
probabilité d’obtenir ce résultat et quel est l’état après la mesure ?
2.2 Mesures en mécanique quantique 65
ψ(x)
∆x
x0 x
Figure 2.1: La fonction d’onde initiale (ligne pointillée) est tronquée au moment de la mesure. La fonction
d’onde suite à la mesure (ligne pleine) est centrée autour de x0 .
Tel que requis par le 4e postulat [Éq. (2.2)], on commence par chercher le projecteur associé au
sous-espace correspondant au résultat obtenu. Puisque la mesure n’a révélé aucune information sur
les observables Y et Z, le projecteur doit être l’identité sur Ey et Ez . On a donc
Z x0 +∆x/2
P∆x = dx |xihx| ⊗ Iy ⊗ Iz
x0 −∆x/2
Z x0 +∆x/2 Z ∞ Z ∞
(2.57)
= dx dy dz |x, y, zihx, y, z|.
x0 −∆x/2 −∞ −∞
P∆x |ψi
|ψ 0 i = p
hψ|P∆x |ψi
Z x0 +∆x/2 Z ∞ Z ∞
1 0 0
=p dx dy dz 0 |x0 , y 0 , z 0 ihx0 , y 0 , z 0 |ψi (2.59)
hψ|P∆x |ψi x0 −∆x/2 −∞ −∞
Z x0 +∆x/2 Z ∞ Z ∞
1
=p dx0 dy 0 dz 0 ψ(r 0 )|x0 , y 0 , z 0 i.
hψ|P∆x |ψi x0 −∆x/2 −∞ −∞
Afin de mieux visualiser ce résultat, il est utile d’obtenir explicitement l’expression pour la fonction
66 Postulats de la mécanique quantique
ψ 0 (r) = hr|ψ 0 i
Z x0 +∆x/2 Z ∞ Z ∞
1 0 0
=p dx dy dz 0 ψ(r 0 )hr|x0 , y 0 , z 0 i
hψ|P∆x |ψi x0 −∆x/2 −∞ −∞
1
Z x0 +∆x/2 Z ∞ Z ∞ (2.60)
=p dx0 dy 0 dz 0 ψ(r 0 )δ(r − r 0 )
hψ|P∆x |ψi x0 −∆x/2 −∞ −∞
Z x0 +∆x/2
1
=p dx0 ψ(x0 , y, z)δ(x − x0 ).
hψ|P∆x |ψi x0 −∆x/2
Pour x autour de la valeur mesurée, la fonction d’onde n’est que renormalisée tandis qu’elle s’annule
complètement à l’extérieur de [x0 − ∆x/2, x0 + ∆x/2]. Tel qu’illustré à la figure 2.1, il s’agit d’un
exemple clair de la réduction du paquet d’ondes correspondant à notre changement d’information
par rapport au système.
Comme il se doit, l’équation de Schrödinger préserve la norme des vecteurs d’état. En effet, puisque
l’hamiltonien est hermitique, on a l’équation de Schrödinger suivante pour le dual de |ψi
d
− i~ hψ(t)| = hψ(t)|H(t). (2.62)
dt
En multipliant cette dernière expression de la droite par le ket |ψi on obtient
d
− i~ hψ(t)| |ψ(t)i = hψ(t)|H(t)|ψ(t)i. (2.63)
dt
En multipliant plutôt l’équation de Schrödinger pour |ψi de la gauche avec le bra hψ| on obtient
d
i~hψ(t)| |ψ(t)i = hψ(t)|H(t)|ψ(t)i. (2.64)
dt
En soustrayant ces expressions, on trouve
d d
hψ(t)| |ψ(t)i + hψ(t)| |ψ(t)i = 0 (2.65)
dt dt
et donc
d
{hψ(t)|ψ(t)i} = 0. (2.66)
dt
2.3 Évolution temporelle 67
La norme de la fonction d’onde ne change pas dans le temps sous l’équation de Schrödinger. Ceci
est nécessaire afin de préserver l’interprétation probabiliste de la mécanique quantique.
Notons que l’on a en déjà obtenu ce résultat à la section 1.3.6 lorsque nous avons montré que les
opérateurs unitaires préservent la norme. En effet, on a que
ce qui indique aussi que la norme n’évolue pas sous l’équation de Schrödinger.
Considérons un système dont l’état |ψ(t)i évolue dans le temps. La valeur moyenne, au temps t, de
l’observable A est donnée par
hAi(t) = hψ(t)|A|ψ(t)i. (2.69)
La dérivée par rapport au temps de cette expression est donnée par
d d ∂ d
hAi = hψ| A|ψi + hψ| A |ψi + hψ|A |ψi , (2.70)
dt dt ∂t dt
où l’on a pris en compte une dépendance temporelle possible de l’observable A(t). Utilisant l’équation
de Schrödinger et son dual, on obtient
d 1 ∂A 1
hAi = − hψ|HA|ψi + hψ| |ψi + hψ|AH|ψi
dt i~ ∂t i~ (2.71)
1 ∂A
= hψ|[A, H]|ψi + hψ| |ψi.
i~ ∂t
Cette dernière relation est connue sous le nom de théorème d’Ehrenfest (même si elle fut d’abord
obtenue par Dirac). Pour une observable qui ne dépend pas explicitement du temps (et ce sera
presque toujours le cas dans ce cours) 1 , on a donc
d 1
hAi = hψ|[A, H]|ψi. (2.72)
dt i~
Ainsi, si l’observable A commute avec l’hamiltonien H, sa valeur moyenne n’évolue pas dans le
temps. On dira alors que cette observable est une constante du mouvement. Pour un hamiltonien
indépendant du temps, la conservation de l’énergie s’exprime donc par le résultat
d d 1
E = hHi = hψ|[H, H]|ψi = 0. (2.73)
dt dt i~
1. Un exemple d’observable ayant une dépendance temporelle explicite est A(t) = X cos ωt + Y sin ωt
68 Postulats de la mécanique quantique
Pour une particule dans un potentiel V (r), l’hamiltonien quantique du système s’écrit
P2
H= + V (R). (2.74)
2m
De la relation (2.72), on obtient les équations du mouvement suivantes pour les valeurs moyennes
de la position et de l’impulsion
dhRi 1 1 hP i
= hψ|[R, H]|ψi = hψ|[R, P 2 ]|ψi = , (2.75)
dt i~ 2i~m m
dhP i 1 1
= hψ|[P , H]|ψi = hψ|[P , V (R)]|ψi = −h∇V (R)i. (2.76)
dt i~ i~
L’équation (2.75) est la définition usuelle de la vitesse de groupe d’un paquet d’onde. Elle relie la
valeur moyenne de l’impulsion à la vitesse moyenne, définie comme la dérivée par rapport au temps
de la position moyenne. Il s’agit donc d’un résultat identique au cas classique. L’équation (2.76)
diffère toutefois du résultat classique
dp
= −∇V (r) (2.77)
dt r=hRi
puisque, en général, V (hRi) 6= hV (R)i. Afin de voir quand l’expression quantique (2.76) coı̈ncide
avec l’expression classique (2.77), on développe la fonction F (R) = −∇V (R) autour de la valeur
moyenne r = hRi
1
F (R) = F (r) + (R − rI)F 0 (r) + (R − rI)2 F 00 (r) + · · · (2.78)
2
1
hF (R)i = F (r) + h(R − rI)iF 0 (r) + h(R − rI)2 iF 00 (r) + · · ·
2 (2.79)
1 2 00
= F (r) + 0 + σR F (r) + · · ·
2
Donc seulement si le paquet d’ondes de la particule est suffisamment étroit pour négliger l’écart
quadratique moyen a t-on que hF (R)i = F (hRi) = F (r). Donc dans la situation où l’incertitude
σR est trop petite pour être distingué, l’évolution des valeurs moyennes des observables position et
impulsion sont régis par les équations classiques du mouvement. Dans la limite macroscopique (où
les incertitudes sont petites), on retrouve donc la mécanique classique de la mécanique quantique. Il
s’agit d’un résultat satisfaisant en ligne avec le principe de correspondance de Bohr. Finalement, il
est intéressant de remarquer que ce résultat nous apprend qu’un oscillateur harmonique est toujours
dans la limite de correspondance.
2.3 Évolution temporelle 69
Comme nous l’avons vu plus haut, un système dont l’hamiltonien ne dépend pas explicitement
du temps est dit conservatif. Dans cette section nous verrons comment résoudre l’équation de
Schrödinger et donc déterminer l’évolution temporelle d’un système dans cette situation.
Pour simplifier la discussion, nous considérerons le cas où le spectre de l’hamiltonien est discret.
L’équation aux valeurs propres de H s’écrit
où i désigne l’ensemble des indices autres que n qui sont nécessaire à caractériser un vecteur propre
|φni i unique (ces indices repéreront les valeurs propres des observables formants un ECOC avec H).
On peut écrire tout ket dans la base des états propres de H
X
|ψ(t)i = cn,i (t)|φni i (2.81)
n,i
avec
cn,i (t) = hφni |ψ(t)i. (2.82)
Puisque les états propres |φni i ne dépendent pas du temps, toute la dépendance temporelle de |ψ(t)i
est contenue dans les cn,i (t). Multipliant l’équation de Schrödinger avec hφni | par la gauche, on
obtient l’équation différentielle suivante pour ces coefficients
d dcn,i (t)
i~ hφni |ψ(t)i = hφni |H|ψ(t)i ⇒ i~ = En cn,i (t) (2.83)
dt dt
dont la solution est
cn,i (t) = cn,i (t0 )e−iEn (t−t0 )/~ . (2.84)
Une autre façon d’aborder le problème est d’introduire l’opérateur d’évolution du système. En effet,
l’équation de Schrödinger est une simple équation différentielle du premier ordre. Dans le cas où
l’hamiltonien est indépendant du temps, la solution est
Attention toutefois, lorsque l’on exprime en représentation matricielle l’expression (2.87), l’opérateur
U (t−t0 ) et l’état |ψ(t0 )i doivent être exprimé dans la même base. Sinon, le résultat de la multiplication
n’est simplement pas l’état |ψ(t)i. La base la plus commode est celle des états propres de l’hamiltonien.
En utilisant le théorème de décomposition spectrale pour H, on se convainc facilement que l’on
retrouve alors le même résultat que ci-haut.
Exemple 2.3.1 (Évolution d’un système à deux niveaux). Considérons un système à deux niveaux
soumis à l’hamiltonien !
~Bz ~Bz 1 0
H=− σz := − , (2.89)
2 2 0 −1
où l’on a exprimé l’opérateur σz dans la base {|+i, |−i} où il est diagonal : σz |±i = ±|±i. On
cherche ici à déterminer l’évolution étant donné le système au temps t = 0 dans l’état propre |+ix
de valeur propre +1 de l’opérateur σx . Dans la base |±i, σx prends la forme
!
0 1
σx := . (2.90)
1 0
La première étape consiste à déterminer les valeurs et vecteurs propres de l’Hamiltonien. Ce problème
est déjà résolu ici puisque
~Bz
H|±i = ∓ |±i. (2.91)
2
La seconde étape consiste à exprimer l’état initial |+ix dans la base des états propres de l’hamiltonien.
On vérifie facilement que
1
|+ix = √ (|+i + |−i) (2.92)
2
Pour obtenir l’état au temps t arbitraire, il ne reste plus qu’à multiplier chacun des états propres de
H contenue dans |+ix par le facteur de phase approprié. On obtient donc
1
|ψ(t)i = √ (e+iBz t/2 |+i + e−iBz t/2 |−i). (2.93)
2
États stationnaires
Notons que dans le cas où l’état initial est un état propre de l’hamiltonien, l’évolution du système ne
change pas les prévisions physiques. En effet, dans ce cas, le développement de l’état initial |ψ(t0 )i
ne fait intervenir que les états propres de même énergie propre
X
|ψ(t0 )i = cni (t0 )|φni i (2.94)
i
2.3 Évolution temporelle 71
et par conséquent l’évolution du système ne fait intervenir qu’une phase globale non importante
X
|ψ(t)i = cni (t0 )e−iEn (t−t0 )/~ |φni i
i
X
−iEn (t−t0 )/~ (2.95)
=e cni (t0 )|φni i
i
−iEn (t−t0 )/~
=e |ψ(t0 )i.
Pour cette raison, on dira que les états propres de H sont des états stationnaires.
Considérons une observable A ne commutant pas avec l’hamiltonien H, que l’on supposera
indépendant du temps. On s’intéresse à l’évolution temporelle de la moyenne de cette obser-
vable hAi(t) = hψ(t)|A|ψ(t)i. Il est simple de calculer cette valeur moyenne en utilisant l’expression
(2.85) pour |ψ(t)i. On obtient immédiatement
0
XX
hAi(t) = c∗n0 i0 (t0 )cni (t0 )hφn0 i0 |A|φni iei(En −En )(t−t0 )/~ . (2.96)
n,n0 i,i0
On voit donc que, peu importe l’observable A et l’état initial |ψ(t0 )i en jeu, l’évolution de hAi(t)
dépend des fréquences
νn0 n = (En0 − En )/h, (2.97)
appelées fréquences de Bohr du système. Si on s’intéresse au spectre d’un atome par exemple, on
comprend de cette expression que les seules fréquences pouvant être absorbées ou émises seront ces
fréquences caractéristiques. On retrouve donc la relation bien connue entre les différences de niveaux
d’énergies et le spectre atomique.
Une fréquence de Bohr νn0 n ne sera pertinente dans l’évolution de l’observable A que si l’élément de
matrice hφn0 i0 |A|φni i est non-nul. On parle alors de règles de sélection. De même, pour que cette
fréquence soit pertinente, l’état initial doit être tel que c∗n0 i0 (t0 )cni (t0 ) 6= 0.
~
σX σP ≥ . (2.99)
2
72 Postulats de la mécanique quantique
Précisons ces idées en utilisant le théorème d’Ehrenfest et la relation d’incertitude généralisée (2.98)
pour l’hamiltonien H et une observable quelconque Q que nous prendrons tous deux indépendants
du temps. La relation d’incertitude donne immédiatement
1
σH σQ ≥ |hψ|[H, Q]|ψi|. (2.101)
2
Mais, du théorème d’Ehrenfest, nous avons aussi que
~ dhQi
hψ|[H, Q]|ψi = (2.102)
i dt
et donc
~ dhQi
σH σQ ≥ . (2.103)
2 dt
On définit maintenant ∆E ≡ σH et on prend
σQ
∆t ≡ . (2.104)
|dhQi/dt|
On en conclut donc que
~
∆E∆t ≥ . (2.105)
2
Tel que discuté plus haut, ∆t ne représente pas l’erreur sur une mesure. Écrivant
dhQi
σQ =
∆t, (2.106)
dt
avec |dhQi/dt| le taux de changement de hQi, on voit que ∆t est plutôt le temps requis à la
valeur moyenne hQi pour changer d’un écart type. Cette formulation de la relation d’incertitude
temps-énergie est due à Mandelstamm et Tamm.
Donc, on a ici imaginé préparer un grand ensemble de copies d’un état |ψi. On laisse ces états évoluer
et on effectue des mesures de l’énergie H et de l’observable Q sur ces états à des temps t différents. Le
principe d’incertitude temps-énergie nous dit que si ∆E est petit, le taux de changement de hQi doit
être petit (donc ∆t grand). En d’autres mots, si une observable change rapidement, l’“incertitude”
dans l’énergie doit être grande.
2.3 Évolution temporelle 73
Exemple 2.3.2 (États stationnaires). Nous avons vu à la section 2.3.3 que l’évolution d’un état
stationnaire ce ramène à un facteur de phase global : |ψ(t)i = e−iEn (t−t0 )/~ |ψ(t0 )i. Dans un tel cas,
l’énergie est parfaitement définie de sorte que ∆E = 0. On doit alors avoir ∆t → ∞ afin de satisfaire
la relation (2.105). C’est bien ce que l’on a puisque, pour un état stationnaire, |dhQi/dt| = 0 pour
toutes observables Q puisque les valeurs moyennes de changent pas dans le temps.
Exemple 2.3.3 (Superposition d’états propres). On considère un système initialement dans une
superposition d’états propres de l’hamiltonien
avec
H|φi i = Ei |φi i. (2.108)
Une mesure de l’énergie au temps t peut donner les résultats E1 ou E2 , de sorte que l’incertitude
sur l’énergie est
∆E ' |E2 − E1 |. (2.110)
On a donc
∆E∆t ' ~ > ~/2. (2.114)
74 Postulats de la mécanique quantique
La relation d’incertitude temps-énergie est vérifiée. Il est important de remarquer que l’expression
(2.111) fait intervenir une somme sur les amplitudes et non sur les probabilités. Une somme sur les
probabilités n’aurait en effet pas intervenir le terme d’interférence ∝ Re{·}.
Dans plusieurs situations, l’instabilité d’un niveau peut être caractérisée par un paramètre τ que
l’on nommera le temps de vie. Dans ces situations, on trouve expérimentalement que si le système
au temps t = 0 est dans l’état instable |φn i, la probabilité P(t) qu’il soit au temps t dans ce même
état décroı̂t de façon exponentielle
P(t) = e−t/τ . (2.115)
Notons que, d’après la relation d’incertitude temps-énergie, au temps de vie τ est associé une
incertitude en énergie
~
∆E ' . (2.116)
2τ
L’énergie d’un niveau instable ne peut donc être déterminée avec une précision arbitraire, mais au
mieux avec une incertitude de l’ordre de ∆E. Cette incertitude est connue sous le nom de largeur
naturelle du niveau. Pour les systèmes macroscopiques, les largeurs de niveaux sont plus grandes
que les séparations entre les niveaux, de sorte que la quantification n’est pas apparente.
Terminons cette section avec un modèle phénoménologique de l’instabilité des niveaux. Pour un
système conservatif, l’évolution d’un état propre de l’hamiltonien ne résulte qu’en un facteur de
phase globale
|ψ(t)i = e−iEn t/~ |φn i (2.117)
de sorte que la probabilité P(n, t) de trouver le système dans le même état à un temps t ultérieur
est l’unité
P(n, t) = |e−iEn t/~ |2 = 1. (2.118)
suivante
γn
En0 = En − i~ , (2.119)
2
où γn est un paramètre réel. Avec cette nouvelle expression pour l’énergie, la probabilité (2.118)
prend maintenant la forme
γn
P(n, t) = |e−i(En −i~ 2
)t/~
|2 = e−γn t . (2.120)
Donc, afin de tenir compte du temps de vie finie, on ajoute une composante imaginaire à l’hamiltonien
du système :
E0 0
~ E1 ~ γ1
H −→ H − i Γ := −i . (2.121)
2 E2 2 γ2
.. ..
. .
Notons que puisque l’hamiltonien n’est plus hermitique, l’évolution du système n’est plus unitaire
et la norme n’est pas conservée. De même il y a ici apparence de violation de la conservation
de l’énergie. Toutefois, ces contradictions apparentes avec les principes de base de la physique
sont simplement dues au fait, tel que mentionné plus haut, que la description phénoménologie ne
tient compte que d’une partie du système total. Une description complète tiendrait compte de
l’environnement électromagnétique du système étudié, puis éventuellement des autres systèmes en
contact avec cet environnement ... Bref, une description complète devrait en principe faire intervenir
l’univers entier. Une telle description étant bien sûr impossible, le modèle phénoménologie introduit
ici se trouve être bien utile en pratique.
2.5 Problèmes
Problème 2.1. Dans un espace de Hilbert de dimension trois, on considère les opérateurs Lx , Ly
et Lz ayant la représentation
0 1 0 0 −i 0 1 0 0
Lx := 1 0 1 , Ly := i 0 −i , Lz := 0 0 0 , (2.122)
0 1 0 0 i 0 0 0 −1
b) Sont-ils unitaires ?
e) On prépare le système dans l’état |ψi = (3|u1 i + 4i|u2 i)/5 et mesure l’observable Ly . Quels
résultats peuvent être obtenus et avec quelles probabilités ?
f ) Toujours pour l’état |ψi, trouver les valeurs moyennes et écarts-types associés à des mesures de
Lx et de Ly .
g) Vérifier que le principe d’incertitude est satisfait pour les mesures décrites au f ).
h) Imaginons maintenant le système initialement (t = 0) dans l’état |u1 i et évoluant sous l’hamilto-
nien H = ~ωLx . Trouver l’état du système au temps t. Quelle est la probabilité, au temps t, de
trouver le système dans l’état initial ?
Problème 2.2. On considère un électron d’une molécule triatomique linéaire, formée des atomes
A, B et C. On introduit {|ψA i, |ψB i, |ψC i}, la base des états orthonormés dans laquelle l’électron
est localisé autour des atomes A, B ou C. Le couplage entre ces états localisés est représenté par
l’hamiltonien H dont l’action est
H|ψA i = −~a|ψB i
H|ψB i = −~a|ψA i − ~a|ψC i
H|ψC i = −~a|ψB i,
a) Donnez la représentation de H dans la base des états localisés {|ψA i, |ψB i, |ψC i}. Déterminez les
énergies propres et les vecteurs propres correspondants.
a) Supposons que cette particule est dans un état |ψi tel que hψ|X|ψi = x0 . Est-il possible que
l’état de la particule soit décrit par le ket |x0 i ? Justifiez votre réponse.
2.5 Problèmes 77
d 1 ∂O
hOi = h[O, H]i + h i. (2.123)
dt i~ ∂t
c) Supposons maintenant que, au temps t = 0, la particule est dans un état |ψ(0)i tel que
hψ(0)|X|ψ(0)i = x0 et hψ(0)|P |ψ(0)i = p0 . Déterminez hP (t)i et hX(t)i.
d2 ∆X 2 2
2
= 2 ∆P 2 (2.124)
dt m
avec ∆X 2 = hX 2 i − hXi2 . Donnez la solution de cette équation pour l’état initial suggéré en c) et
interprétez physiquement le résultat.
Problème 2.4. On s’intéresse à une particule de masse m dans un puits infini situé dans l’intervalle
x ∈ [0, a]. En représentation position, les fonctions propres de ce système sont
r
2 nπx
φn (x) = sin
a a
P3
a) Montrez que ψ(x, 0) correspond à un vecteur d’états de la forme |ψ(0)i = i=1 αi |φi i avec
α1 = α3 = 2/3 et α2 = 1/3.
b) Déterminez l’état au temps t. Écrivez le résultat en terme de E1 seulement et sans phase globale.
Nous avons déjà discuté dans le contexte de l’informatique quantique de systèmes à deux niveaux.
Dans ce chapitre, nous étudierons en plus de détails les prévisions de la mécanique quantique pour
de tels systèmes, et ce dans différentes situations.
Nous nous restreindrons donc dans ce chapitre à discuter de systèmes ayant un espace de Hilbert E2
de dimension deux et dont les états de base seront représentés par les vecteurs
! !
1 0
|+i := , |−i := . (3.1)
0 1
avec α et β complexes. L’état |ψi est complètement spécifié par deux nombres complexes, et donc
quatre nombres réels. Ces nombres satisfont à la contrainte
ce qui permet de fixer un des nombres réels. De même, puisqu’une phase globale est sans importance
il est possible d’éliminer un second nombre réel nécessaire à la description de |ψi. En effet,
avec rα2 + rβ2 = 1. Puisque cos2 θ/2 + sin2 θ/2 = 1, il existe un nombre réel θ qui est tel que l’on
puisse écrire l’état |ψi ci-haut sous la forme
avec ϕ = φβ − φα . Ainsi, cet état est complètement spécifié par les deux nombres réels θ et ϕ. On
notera cet état le plus général |ψθ,ϕ i.
Il est intéressant de se faire une représentation géométrique de cet état. Pour ce faire, on commence
par remarquer que les matrices de Pauli
! ! !
0 1 0 −i 1 0
σx = σy = σz = (3.6)
1 0 i 0 0 −1
forment base pour les matrices hermitiques de taille 2 × 2. En effet, la matrice hermitique M de
taille 2 × 2 la plus générale peut s’écrire comme
!
a + d b − ic
M= = aI + bσx + cσy + dσz , (3.8)
b + ic a − d
où a, b, c et d sont des nombres réels. Rappelons que l’opérateur σx avait été introduit à l’Éq. (1.142)
du chapitre 1, où nous avions constaté que son action sur les états de base correspond à l’opération
logique NON.
Calculons maintenant les valeurs moyennes des matrices de Pauli sur notre état le plus général
|ψθ,ϕ i :
= sin θ cos ϕ
3.2 Exemples de systèmes à deux niveaux 81
+
⎢ψ〉
〈ψ⎢σz⎢ψ〉
〈ψ⎢σy⎢ψ〉
+ -i - 〈ψ⎢σx⎢ψ〉
+ +i -
2 2
++ -
2
Figure 3.1: Représentation géométrique de l’état |ψθ,ϕ i par un vecteur de Bloch sur la sphère de Bloch.
et
1 +iϕ
− e−iϕ
hψθ,ϕ |σy |ψθ,ϕ i = cos(θ/2) sin(θ/2) e
i (3.11)
= sin θ sin ϕ,
Ces trois résultats correspondent aux coordonnées sphériques représentant un vecteur v sur la sphère
unité : (vx , vy , vz ) = (sin θ cos ϕ, sin θ sin ϕ, cos θ). Ce vecteur, appelé vecteur de Bloch, contient toute
l’information sur l’état |ψθ,ϕ i et en est donc une description équivalente. Tel qu’illustré à la figure 3.1,
on peut donc représenter un état quantique arbitraire de E2 comme un vecteur unité sur une sphère
imaginaire appelée sphère de Bloch. On choisit arbitrairement de placer les états de base |+i et |−i
aux pôles Nord et sud respectivement de cette sphère. L’équateur représente alors des superpositions
d’états à amplitude égale et ne différant que par une phase relative ϕ
1
√ (|+i + exp(iϕ)|−i). (3.13)
2
Les valeurs moyennes des matrices de Pauli dans cette représentation géométrique sont les projections
de l’état |ψi sur les trois axes cartésiens. On peut donc s’imaginer que hσi i correspond à la valeur
moyenne d’un ensemble de mesures sur |ψθ,ϕ i effectué selon l’axe i.
Les systèmes à deux niveaux sont omniprésents en physique. On en présente ici quelques exemples.
82 Systèmes à deux niveaux
Considérons maintenant un seul photon. On choisit comme état de base les polarisations linéaires
horizontales et verticales
| →i; | ↑i. (3.14)
Ces états sont définis physiquement par le fait que si le photon est dans l’état de polarisation | →i, il
passe dans un polariseur d’axe horizontal avec probabilité 1 et est absorbé par un polariseur vertical
(il est transmis avec probabilité 0). Ces états sont donc orthogonaux h↑ | →i=0. L’état d’un photon
peut être la superposition |ψθ,ϕ i quelconque de ces deux états de base. Par exemple,
Considérons maintenant la mesure de polarisation d’un photon. Dans cette expérience de pensée,
on fait passer le photon à travers un polariseur orienté à un angle θ par rapport à la polarisation
du photon. Dans le cas classique, la loi de Malus nous dit que l’intensité transmise sera I0 cos2 θ si
l’intensité incidente est I0 . Selon la mécanique quantique, qu’en est-il pour un seul photon ?
L’état du photon après avoir traversé le polariseur est nécessairement |θi, autrement celui-ci aurait
été absorbé. Observer si un photon passe ou non à travers un polariseur correspond donc à mesurer
le projecteur !
cos2 θ cos θ sin θ
Pθ = |θihθ| = . (3.16)
cos θ sin θ sin2 θ
avec valeur propre 0. Notons que l’on a bien hθ|θ̄i = 0. La probabilité qu’un photon initialement
dans l’état | →i traverse le polariseur est donc, selon le quatrième postulat,
Ce résultat correspond bien à la loi de Malus. Le postulat de projection nous dit que l’état du
photon après le passage à travers le polariseur est |θi. L’application des postulats à la polarisation
donne donc les résultats attendus.
3.2 Exemples de systèmes à deux niveaux 83
À moins que θ = 0 ou π/2, la probabilité ne s’annule plus. Nous avons ajouté de la matière opaque
dans un système qu’aucune lumière ne pouvait traverser et soudainement il y a transmission !
L’expérience de Otto Stern et Walther Gerlach (1922), consiste à faire passer un jet d’atomes neutres
dans une région de l’espace où il existe un gradient de champ magnétique. On mesure ensuite la
déviation de ces atomes après leur passage dans le gradient. Puisque les atomes sont neutres, il n’y
pas de force de Lorentz en jeu. Toutefois, si ceux-ci portent un moment magnétique µ, il y a une
énergie d’interaction avec le champ magnétique B :
W = −µ · B. (3.20)
Si le champ n’est pas homogène, µ est aussi soumis à une force dont l’expression est
X
F = ∇ (µ · B) = µi ∇Bi , (3.21)
i=x,y,z
où l’on a tenu compte du fait que µ n’est pas une fonction de la position. Dans l’expérience de Stern
et Gerlach, le gradient est orienté selon l’axe ẑ de sorte que la force n’a qu’une composante
∂Bz
Fz = µz . (3.22)
∂z
Ainsi, lors de son passage dans la zone ayant un gradient non nul, l’atome subira une déflexion
proportionnelle à la composante du moment magnétique µz selon ẑ.
Quel résultat peut-on prédire pour cette expérience ? Utilisant un modèle classique, on peut considérer
l’atome (d’hydrogène pour simplifier la discussion) comme une particule de masse me et de charge
−q en rotation uniforme à la vitesse v sur un cercle de rayon r centré sur une charge +q. Dans ce
modèle, le moment cinétique par rapport au centre de l’orbite de l’électron est
L = r × p = me vr n̂, (3.23)
84 Systèmes à deux niveaux
μz
+μ0
-μ0
a) b) c)
Figure 3.2: Résultats possibles pour l’expérience de Stern et Gerlach. a) Sans gradient de champ magnétique
il n’y pas pas de déflexion et tous les atomes restent au centre. b) Dans un modèle classique, on s’attend à
observer un continuum de déflexion. c) L’expérience de Stern et Gerlach montre plutôt que, pour des atomes
d’argent, il n’y a seulement que deux possibilités.
µ = IS n̂, (3.24)
où I = −q/T = −qv/2πr est le courant avec T la période du mouvement et S = πr2 l’aire de la
boucle. En comparant les expressions pour L et µ, on arrive au résultat suivant
µ = gl γ0 L, (3.25)
avec
q
γ0 = − (3.26)
2me
le rapport gyromagnétique et gl = 1 le facteur g orbital. On verra plus loin l’utilité d’introduire ce
dernier paramètre. Dans ce modèle classique, le moment cinétique L prend un continuum de valeurs
et par conséquent il en est de même pour le moment magnétique. Puisque les atomes utilisés dans
l’expérience de Stern et Gerlach ont un moment magnétique orienté de façon aléatoire, on s’attend
donc à observer un continuum de déflexions possibles comprises entre les valeurs correspondant à
µz = ±µ0 , les moments magnétiques extrémaux. Ce résultat est illustré à la Figure 3.2.
Tel qu’illustré à la figure 3.2, expérimentalement Stern et Gerlach ont toutefois trouvé qu’un jet
d’atomes d’argent ne subit que deux déflexions possibles. Par conséquent, les atomes d’argent ont
un moment magnétique ne pouvant prendre que deux valeurs distinctes µz = ±µ0 . L’expérience
montre que
~ ~
|µ0 | = gs |γ0 | × ≡ |γ| (3.27)
2 2
3.2 Exemples de systèmes à deux niveaux 85
avec gs = 2 le facteur g de spin. Comparant avec la relation (3.25), on en déduit que ceci correspond
à un moment cinétique intrinsèque valant ~/2. On dira que ce moment cinétique intrinsèque est le
spin, et qu’il vaut ici 1/2. On peut interpréter le facteur gs = 2gl comme signifiant que le moment
magnétique de spin est deux fois plus important que le moment magnétique orbital.
Évidemment, l’orientation du gradient de champ magnétique selon ẑ n’a rien de spécial et l’expérience
donne le même résultat peu importe l’orientation choisie. En particulier, les projections du moment
magnétique selon les axes x̂ et ŷ, ne peuvent aussi prendre que les valeurs µx,y = ±µ0 .
On a donc un ensemble de trois grandeurs physiques (µx , µy , µz ) ne prenant que deux valeurs
possibles. À ces grandeurs physiques on fait correspondre les observables (µx , µy , µz ). L’expérience
nous apprend donc que ces observables n’ont que deux valeurs propres ±µ0 . Puisqu’il n’y a que
deux valeurs propres possibles, ces observables agissent dans un espace d’Hilbert de dimension deux
(on suppose ici qu’il n’y a pas de dégénérescence des valeurs propres). Dans cet espace, les états
propres de µz forment une base. Nous noterons ces états |+i et |−i. Suivant la discussion ci-haut,
on a forcément que
µz |+i = +µ0 |+i, µz |−i = −µ0 |−i. (3.28)
Dans cette base, l’observable µz prend donc la forme
!
1 0
µz := µ0 = µ0 σ z . (3.29)
0 −1
Qu’en est-il des observables µx et µy ? Imaginons par exemple, que l’on fait passer un atome dans un
appareil de Stern-Gerlach orienté selon ẑ mais dont le faisceau correspondant à |−i est bloqué. Avec
certitude, l’état après l’appareil est alors |+i. On mesure ensuite µx sur cet état. Ceci correspond à
faire passer l’atome dans un appareil de Stern-Gerlach orienté selon x̂. L’expérience produit ±µ0
avec probabilités égales. Ceci implique que la valeur moyenne des résultats pour une mesure de
l’observable µx sur l’état |+i est 0. En d’autres mots, on a que
On en déduit donc que la matrice représentant l’observable µx est hors diagonale dans la base {|±i}.
On trouve le même résultat pour µy . Une démonstration plus complète (qui sera faite au chapitre 5)
montre que
µx = µ0 σ x µ y = µ0 σ y µz = µ 0 σ z , (3.31)
avec comme états propres
1 1
|±i, |±ix = √ (|+i ± |−i) , |±iy = √ (|+i ± i|−i) . (3.32)
2 2
Utilisant la base des opérateurs de Pauli, on peut écrire la version quantique de l’énergie Éq. (3.20)
d’un moment magnétique plongé dans un champ magnétique :
H = −µ · B = −γB · S, (3.33)
86 Systèmes à deux niveaux
où l’on a introduit S l’observable spin de l’électron µ = S/γ. Utilisant la projection de µ sur les
coordonnées cartésiennes, on a
~ ~
S= σ · r̂ = (σx x̂ + σy ŷ + σz ẑ) (3.34)
2 2
de sorte que l’hamiltonien d’un spin 1/2 dans un champ magnétique B s’écrit
~γ
H=− (Bx σx + By σy + Bz σz ) . (3.35)
2
Le système à deux niveaux est un paradigme très important en mécanique quantique, car plu-
sieurs systèmes, qui n’ont pas un espace de Hilbert de dimension deux, trouvent une description
approximative simplifiée mais très précise de leur propriété dans un espace artificiellement contraint
à deux états. Considérons par exemple le double puits de potentiel étudié dans le premier cours
de mécanique quantique. Ce système, ainsi que ces deux premiers états propres, est illustré à la
figure 3.3.
Ce type de potentiel décrit bien, par exemple, l’orientation du moment dipolaire électrique d = qr
de la molécule d’ammoniac NH3 [voir Figure 3.4]. Ce moment dipolaire est orienté dans l’axe de
symétrie de la molécule. L’atome d’azote étant électronégatif, le dipôle change de direction (et donc
de signe) si la molécule se retourne. Les deux premiers états propres dans ce potentiel sont les
superpositions symétrique |ψS i et antisymétrique |ψA i des états localisés du dipôle, d’énergie ES et
EA respectivement. Pour le NH3 , la séparation entre ces deux niveaux d’énergie est de l’ordre de
10−4 eV. Tel qu’illustré à la Figure 3.4, la séparation en énergie entre ce doublet et l’état suivant
est beaucoup plus grande, de l’ordre de 0.12 eV. La température correspondant à cette séparation
en énergie est 0.12 eV/kB ∼ 1400 K. Ainsi, à suffisamment basse température (c’est-à-dire à la
EA Δ/2
E0
ES Δ/2
Figure 3.3: Les premières énergies propres du double puits de potentiel sons les superpositions symétriques
(ES ) et antisymétriques (EA ) des états localisés dans le puits de gauche et de droite.
3.2 Exemples de systèmes à deux niveaux 87
a) b)
~0.12 eV
EA
~10-4 eV
ES
température de la pièce !), la probabilité d’occupation des niveaux excités est très faible et on peut
simplement les ignorer.
Ainsi, à basse température, un état général du dipôle de la molécule pouvant s’écrire comme
X
|ψi = an |ni (3.36)
n
avec |ni les états propres du système, pourra être approximé comme
sans causer d’erreur significative. Ce type de restriction à un système à deux niveaux s’applique à
un grand nombre de systèmes physiques.
Cette association entre système à deux niveaux et spin 1/2 est très générale et pourra toujours être
faite. Ceci ne devrait pas être surprenant puisque comme nous l’avons montrée à la section §3.1, tout
opérateur hermitique de dimensions 2 × 2, et donc l’hamiltonien de tout système à deux niveaux,
peut être écrit sous la forme d’une somme de matrices de Pauli.
On considère maintenant la dynamique d’un spin 1/2 (effectif ou non) dans un champ magnétique
orienté selon l’axe z. L’hamiltonien est donc
B̄z
H = −~ σz , (3.41)
2
où pour alléger la notation, on définie B̄z = γBz . Les états propres de cet hamiltonien sont les états
propres |±i de σz et ces valeurs propres sont ∓~B̄z /2. En effet,
B̄z
H|±i = ∓~ |±i. (3.42)
2
l’évolution est simple à calculer puisque déjà exprimé dans la base des états propres de l’hamiltonien.
Suivant la procédure établie à la section §2.3.3, l’état au temps t est donc
Afin de se former une intuition géométrique de l’évolution de ce système, il est utile de calculer les
valeurs moyennes des matrices de Pauli. On trouve
où B̄z joue ici le rôle de fréquence de Bohr du système. En portant ces valeurs moyennes sur la
sphère de Bloch, on voit que l’évolution correspond au vecteur de Bloch tournant à la fréquence de
Bohr autour de l’axe ẑ de la sphère de Bloch. Il s’agit de la précession de Larmor.
Ce résultat correspond bien à ce que l’on peut s’attendre d’un hamiltonien proportionnel à σz .
En effet, un spin 1/2 plongé dans un champ magnétique a un moment de précession autour de la
direction du champ appliqué. On dira donc que les matrices de Pauli sont les générateurs de rotation
3.4 Spin 1/2 dans un champ transverse 89
pour le système à deux niveaux. Nous verrons au chapitre 5 que ceci n’est qu’un cas particulier du
moment cinétique en temps que générateur de rotation.
En vue de l’équivalence entre tout système à deux niveaux et spin 1/2 effectif, il est utile de rappeler
que le système étudié ici n’a pas à être un spin 1/2 dans un champ magnétique réel mais peut être
tout système à deux niveaux ayant un hamiltonian décrit par un champ magnétique effectif orienté
selon z. Dans ce cas aussi il sera utile de visualiser l’évolution sur la sphère de Bloch et l’intuition
développée pour le spin 1/2 s’appliquera ainsi à tout système à deux niveaux.
Dans cette section, on s’intéresse à un spin 1/2 plongé dans un champ magnétique ayant une
composante selon ẑ et une composante transversale orientée selon x̂. L’hamiltonien correspondant
est donc
B̄z B̄x
H = −~ σz − ~ σx , (3.48)
2 2
où, comme à la section précédente, on définie B̄z = γBz et B̄x = γBx . Afin de trouver les valeurs et
états propres de cet hamiltonien, il est utile de le réécrire sous la forme
p √ B̄z B̄x
√
B̄z2 + B̄x2 B̄z2 +B̄x2 B̄z2 +B̄x2
H = −~ . (3.49)
2 √ B̄x − √ B̄2 z 2
B̄z2 +B̄x2 B̄z +B̄x
Supposant Bz positif, on a
p !
B̄z2 + B̄x2 cos θ sin θ
H = −~ (3.50)
2 sin θ − cos θ
avec
tan θ = B̄x /B̄z et − π/2 < θ < π/2 (B̄z > 0). (3.51)
- +
Énergie [unité arb.]
ψ+
-x
Bx
+x
ψ-
+ -
-3 -2 -1 0 1 2 3
Bz
Figure 3.5: Énergie propre de la molécule d’ammoniaque dans un champ électrique. Lignes pleines : Bx 6= 0.
Lignes pointillées : Bx = 0.
et par conséquent
sin θ
d± .
d±
1 =− (3.55)
cos θ ± 1 2
Utilisant les relations trigonométriques des demi-angles,
θ sin θ 1 − cos θ
tan = = , (3.56)
2 1 + cos θ sin θ
on obtient les vecteurs propres suivants
associés aux valeurs propres E+ et E− respectivement. On vérifie facilement que les constantes de
normalisation N± sont N− = sin θ/2 et N+ = cos θ/2. On a donc les vecteurs propres normalisés
suivants
Les états propres du système en présence d’un champ transverse sont donc des superpositions des
états propres sans perturbation.
La figure 3.5 présente les énergies propres E∓ en fonction de B̄z pour B̄x fixe. Les lignes pointillées
correspondent à B̄x = 0 tandis que les lignes pleines au cas B̄x 6= 0. À Bz = 0, on remarque que
l’effet de B̄x est de lever la dégénérescence entre les états propres |±i de σz . Le couplage ~B̄x σx /2 a
3.5 Oscillations de Rabi 91
donc pour effet de ‘repousser’ les états |±i. On parlera d’un anticroisement. On remarque aussi que,
pour |B̄z | grand par rapport à B̄x , les résultats avec et sans couplage B̄x coı̈ncident. En effet, dans
ce cas, le couplage devient une petite perturbation par rapport au champ selon ẑ.
Considérons maintenant deux limites de ces résultats. Dans le cas où le champ transverse est petit
par rapport à B̄z , B̄x /B̄z 1, on a que
et donc
cos θ/2 ≈ 1; sin θ/2 ≈ B̄x /2B̄z (3.60)
Dans le cas où le champ transverse est très intense, on a B̄x B̄z et θ ∼ π/2. Dans ce cas
Les états propres de H sont, tel qu’attendu, très près des états propres de σx .
Dans la section précédente, nous avons obtenu les états et énergies propres d’un spin 1/2 plongé
dans un champ magnétique ayant une composante selon ẑ et selon x̂. Utilisons maintenant ces
résultats afin de calculer l’évolution temporelle de ce système. On s’intéresse donc à la dynamique
générée par l’hamiltonien
B̄z B̄x
H = −~ σz − ~ σx , (3.65)
2 2
dons les états propres |ψ± i et énergies propres E± sont donnés aux équations (3.52) et (3.58).
92 Systèmes à deux niveaux
On prend comme état initial une superposition arbitraire des états propres de σz
Suivant la procédure établie à la section §2.3.3, on projette cet état dans la base des états propres
de H
X
|ψ(0)i = |ψσ ihψσ |ψ(0)i
σ=±
X (3.67)
= {α− (0)hψσ |−i + α+ (0)hψσ |+i} |ψσ i.
σ=±
La probabilité de trouver le système au temps t dans l’état |−i est donnée par le module carré
de cette expression. Dans la situation où le système est initialement dans l’état |+i, de sorte que
|α− (0)|2 = 1 − |α+ (0)|2 = 0, la probabilité de trouver le système dans l’état |−i au temps t est donc
PS (t) = |h−|ψ(t)i|2
2
= (cos θ/2 sin θ/2)2 × e−iE− t/~ − e−iE+ t/~
2 (3.73)
1
= sin θ × 2(1 − cos [(E+ − E− ) t/~])
2
= sin2 θ × sin2 [(E+ − E− ) t/2~]
3.5 Oscillations de Rabi 93
a) b)
1
0.8
1
0.6
PS(t)
PS(t)
0.5
0.4 3
.]
arb
0.2 0
0 2
és
2
nit
0
4
z [U
0 2 4 6 8 10 Tem 1
ps, 6
Temps, Bxt/h
/B
Bx t 8
/h
Bx
10 0
Figure 3.6: Oscillations de Rabi. a) B̄z /B̄x = 0 rouge, B̄z /B̄x = 1 bleu et B̄z /B̄x = 2 vert.
B̄ 2
q
PS (t) = 2 x 2 sin2 B̄x2 + B̄z2 t/~ . (3.74)
B̄x + B̄z
Cette relation est connue sous le nom de formule de Rabi. Elle indique que la probabilité de trouver
le système dans l’état symétrique oscille entre les valeurs 0 et B̄z2 /(B̄x2 + B̄z2 ) à la fréquence de Rabi
p
B̄x2 + B̄z2 /~. Ce résultat est illustré à la Figure 3.6. Dans le panneau a), on voit la probabilité
PS (t) en fonction du temps et ce pour trois valeurs de B̄z /B̄x : 0 (rouge), 1 (bleu) et 2 (vert). Pour
B̄z /B̄x = 0, les oscillations ont une amplitude de 1. On dira alors que la visibilité des oscillations
de Rabi est égale à l’unité. Lorsque B̄z /B̄x augmente, la visibilité diminue et la fréquence des
oscillations augmente. La Figure 3.6b) illustre ce résultat pour plusieurs valeurs de B̄z /B̄x .
On peut comprendre ce résultat en terme de rotation sur la sphère de Bloch, de la même façon que
nous l’avions fait pour la précession de Larmor à la section 3.3. Dans cette section, l’hamiltonien
était simplement
B̄z
H=− σz (3.75)
2
et nous avions alors interprété σz comme le générateur de rotation du vecteur de Bloch autour de
l’axe ẑ. Considérons maintenant la situation présente avec B̄z = 0, l’hamiltonien est alors
B̄x
H=− σx . (3.76)
2
On peut donc interpréter les oscillations de Rabi, dans le cas où B̄z = 0, comme la rotation du
vecteur de Bloch autour de l’axe x̂ de la sphère de Bloch. Le champ autour duquel le vecteur de
Bloch tourne est B̄x x̂ et la fréquence de rotation est donnée par la taille de ce vecteur |B̄x x̂| = |B̄x |.
Lorsque B̄z est non-nul, l’hamiltonien génère une rotation par rapport à un axe situé entre x̂ et
ẑ. On passe donc continûment entre oscillations de Rabi et précession de Larmor. On peut donc
94 Systèmes à deux niveaux
comprendre que la probabilité n’oscille plus entre 0 et 1, car la rotation ne fait plus passer le vecteur
de Bloch du pôle Nord au pôle Sud. De même, on peut comprendre que la fréquence des oscillations
augmente, car le champ autour duquel le vecteur de Bloch oscille est la somme vectorielle B̄z ẑ + B̄x x̂
p
dont la norme |B̄z ẑ + B̄x x̂| = B̄x2 + B̄z2 est supérieure à |B̄x | si B̄z est non-nul.
Rappelons finalement que, en raison de l’équivalence entre tous les systèmes à deux niveaux (p. ex.
la molécule d’ammoniaque) et le spin 1/2, ces résultats s’appliquent à tous les systèmes à deux
niveaux. Dans ce cas, le vecteur de Bloch du système à deux niveaux oscillera autour d’un champ
effectif qui peut ne rien avoir à faire avec un champ magnétique. Par exemple, on peut se convaincre
que pour la molécule d’ammoniaque, un champ électrique jouera le rôle de champ magnétique effectif
orienté selon x̂.
3.6 Problèmes
Problème 3.1. On considère un spin 1/2 plongé dans un champ magnétique B = (0, 0, B).
√
a) Au temps t = 0, le spin est préparé dans l’état |ψ(0)i = (|+iz + |−iz ) / 2. Quelle est la
probabilité de trouver la valeur propre +µ0 au temps t dans une mesure de σx ?
b) On effectue sur le même système une séquence de N mesures successives aux instants tp = pT /N
avec p = 1, 2, . . . , N . Quelle est la probabilité que toutes ces mesures donnent le résultat µx = +µ0 ?
Problème 3.2. On considère une particule de spin 1/2 dont l’état d’impulsion et de spin au temps
t = 0 est
∞
−p2
|+i + |−i
Z
1
|ψ(0)i = dp exp |pi √
(πσ 2 )1/4 −∞ 2σ 2 2
et dont l’hamiltonien est
H = ~αXσz .
c) Dans une mesure de l’impulsion au temps t, quelle est la probabilité de trouver le résultat
p0 < p < p0 + dp ? Interprétez physiquement le résultat obtenu.
Problème 3.3. On s’intéresse à un système à deux niveaux dont l’hamiltonien est donné par
H = Hx + Hz , avec
Bx Bz
Hx = σx et Hz = σz , (3.77)
2 2
3.6 Problèmes 95
dans la base ! !
1 0
|+iz := , |−iz := . (3.78)
0 1
√
On prendra Bz = B0 et Bx = 3B0 pour simplifier les calculs.
a) Au temps t = 0, le système est préparé dans l’état propre de valeur propre +1 de σx . Donnez
l’état au temps t. Quelle est la fréquence de Bohr du système ?
b) Illustrez schématiquement sur la sphère de Bloch l’état initial et son évolution. Expliquez votre
réponse.
e) Immédiatement après une mesure de σz au temps t ayant donnée le résultat +1, on mesure la
grandeur physique correspondant à l’observable σx . Quels sont les projecteurs correspondant à cette
seconde mesure ? Calculer explicitement les états possibles après cette mesure à l’aide du postulat de
projection (c.-à-d. ne donnez pas simplement la réponse finale, les étapes sont importantes). Qu’en
est-il pour une mesure de σx2 ?
Hz2
{Hz } , {Hx } , {Hx , Hz } , (3.79)
Oscillateur harmonique
L’exemple par excellence d’oscillateur harmonique en mécanique classique est une masse m attachée
à un ressort de constante de rappel k. Le mouvement de la masse est gouverné par la loi de Hooke :
d2 x
F = −kx = m , (4.1)
dt2
une équation différentielle dont la solution est
avec
p
ω= k/m (4.3)
la fréquence angulaire des oscillations de la masse. L’énergie potentielle correspondant à cette force
est
1 1
V (x) = kx2 = mω 2 x2 . (4.4)
2 2
La loi de Hooke, avec son potentiel harmonique, n’est toutefois qu’une approximation particulièrement
utile. En effet, si l’on exerce trop de force sur la masse, le ressort brise éventuellement. En fait, la
loi de Hooke cesse de s’appliquer bien avant ce point de rupture.
Toutefois, tel qu’illustré à la figure 4.1, en pratique presque tout potentiel peut approximativement
être décrit par un potentiel harmonique autour d’un minimum local. En effet, étant donné un
potentiel V (x), une expansion de Taylor autour d’un minimum local x0 donne
1
V (x) = V (x0 ) + (x − x0 )V 0 (x0 ) + (x − x0 )2 V 00 (x0 ) + · · · (4.5)
2
98 Oscillateur harmonique
V(x)
x0 x
Omettant le terme constant V (x0 ), puisqu’une constante ne change pas la force, et reconnaissant
que V 0 (x0 ) = 0 puisque x0 est un minimun, nous avons
1
V (x) ≈ V 00 (x0 )(x − x0 )2 . (4.6)
2
Il s’agit d’une bonne approximation si les termes d’ordre supérieur sont petits. Puisque V 00 (x0 ) > 0
(car x0 correspond à un minimum), cette dernière expression correspond à un oscillateur harmonique,
oscillant autour de la position d’équilibre x0 , et ayant une constante de rappel k = V 00 (x0 ). Ainsi,
presque tout mouvement oscillatoire autour d’une position peut être décrit par une approximation
harmonique, pourvu que l’amplitude des oscillations soit petite. En ajoutant le fait que l’oscillateur
harmonique a une solution exacte, on comprend pourquoi ce système est si important en physique.
Les équations de Maxwell relient les champs électrique et magnétique. Dans le vide, nous avons
∂D ∂B
∇×H = ∇×E =− (4.7)
∂t ∂t
∇·B =0 ∇·D =0 (4.8)
Notons que dans les unités SI, la vitesse de la lumière dans le vide est reliée aux constantes µ0 et 0
par µ0 0 = 1/c2 . De ces expressions, on obtient l’équation d’onde pour le champ électrique
1 ∂2E
∇2 E − = 0. (4.10)
c2 ∂t2
Pour une onde plane
E(t, r) = E0 (t)e−ik·r , (4.11)
on obtient
∂ 2 E0 (t)
= −c2 k 2 E0 (t). (4.12)
∂t2
4.1 Importance de l’oscillateur harmonique en physique 99
z
y
Figure 4.2: Les deux premiers modes propres d’une cavité résonante de longueur L formée de deux miroirs
supraconducteurs. Le champ électromagnétique doit s’annuler à la surface des supraconducteurs.
Comparant avec la loi de Hooke Eq. (4.1), on voit qu’il s’agit de l’équation d’un oscillateur harmonique
de constante de rappel c2 k 2 et donc de fréquence angulaire d’oscillation ω = ck. Chaque vecteur
d’onde dans l’espace à trois dimensions peut donc être assimilé à un mode de vibration du champ
électromagnétique.
On considère maintenant le cas où le champ électromagnétique est restreint dans l’espace. Tel
qu’illustré à la figure 4.2, en pratique, cela est fait en utilisant une cavité résonante composée de deux
miroirs de très haute qualité se faisant face. Supposant que les miroirs sont des conducteurs parfaits
(p. ex. qu’ils sont faits de supraconducteurs), le champ électrique doit s’annuler à la surface des
√
miroirs (la longueur de pénétration δ = c/ 2πωσµ dans un métal est inversement proportionnelle à
la racine de la conductivité σ). Considérant un champ électrique linéairement polarisé selon x, les
solutions de l’équation d’onde doivent donc avoir la forme
∞
X
Ex (z, t) = Aj qj (t) sin kj z, (4.13)
j=1
où qj (t) est l’amplitude du mode normal j ayant les unités d’une longueur, kj = jπ/L avec L la
longueur de la cavité et Aj une constante définie par
!1/2
2ωj2 mj
Aj = . (4.14)
V 0
De l’expression pour Ex (z, t) et des équations de Maxwell, on obtient pour la seule composante non
nulle du champ magnétique
∞
X q̇j (t)0
Hy (z, t) = Aj cos kj z. (4.15)
kj
j=1
100 Oscillateur harmonique
Du théorème de Poynting, on sait que l’énergie totale du champ électromagnétique, c’est-à-dire son
hamiltonien classique, est donnée par
Z
1
d3 r µ0 Hy2 + 0 Ex2 ,
H= (4.16)
2 V
où l’intégration est sur tout le volume de la cavité. En portant les expressions pour Ex (z, t) et
Hy (z, t) dans cet hamiltonien, on obtient
q̇j q̇j 0 L
Z
0 A X
H= Aj Aj 0 µ0 0 dz cos (kj z) cos (kj 0 z)
2 0
kj kj 0 0
j,j
Z L
+ qj qj 0 dz sin (kj z) sin (kj 0 z)
0
0 AL X q̇j q̇j 0
= Aj Aj 0 µ0 0 + qj qj 0 δj,j 0 (4.17)
4 0
kj kj 0
j,j
1 X
mj q̇j2 + mj ωj2 qj2
=
2
j
( )
X p2j 1
= + mj ωj2 qj2
2mj 2
j
Suivant les résultats de la section 4.1.1, l’hamiltonien classique pour l’oscillateur harmonique est
p2 1
H= + mω 2 x2 . (4.18)
2m 2
Suivant les règles de quantification énoncées à la section 2.1.7, on remplace les variables classiques
par les observables correspondantes, de sorte que l’hamiltonien quantique est simplement
P2 1
H= + mω 2 X 2 . (4.19)
2m 2
Nous cherchons ici à déterminer les énergies et états propres de cet hamiltonien à partir desquels
nous pourrons, par exemple, résoudre l’équation de Schrödinger. Ce travail a déjà été fait dans
le cours précédent de mécanique quantique dans l’espace des fonctions d’onde. En utilisant cette
approche, obtenir la solution recherchée n’est pas particulièrement simple. . . Nous verrons dans cette
section que la notation de Dirac nous permet de reproduire ces résultats très simplement.
4.2 Oscillateur harmonique quantique à une dimension 101
Nous verrons que l’hamiltonien Eq. (4.19) peut être diagonalisé en utilisant uniquement cette relation
de commutation.
La résolution du problème aux valeurs propres est simplifiée en introduisant les opérateurs non
hermitiques suivants
1
a = √ X̄ + iP̄ (4.23)
2
1
a† = √ X̄ − iP̄ .
(4.24)
2
Ces opérateurs portent le nom d’opérateur de création et opérateur d’annihilation, ou opérateurs
d’échelle. La raison pour ces noms apparaı̂tra clairement plus bas. Le commutateur de ces opérateurs
est
1
[a, a† ] = [X̄ + iP̄ , X̄ − iP̄ ]
2
1
= −i[X̄, P̄ ] + i[P̄ , X̄]
2 (4.25)
1
= (−i × i + i × −i)
2
= 1.
On appellera le produit de ces opérateurs l’opérateur nombre, produit qui est lui-même hermitique,
N = a† a
1
= X̄ − iP̄ X̄ + iP̄
2
1
X̄ 2 + P̄ 2 + iX̄ P̄ − iP̄ X̄
= (4.26)
2
1
X̄ 2 + P̄ 2 + i[X̄, P̄ ]
=
2
1
X̄ 2 + P̄ 2 − 1 .
=
2
102 Oscillateur harmonique
En comparant cette expression avec l’équation (4.21), on peut écrire l’hamiltonien de l’oscillateur
harmonique sous la forme bien familière
1
H = ~ω N + . (4.27)
2
Ce résultat devrait déjà nous donner une meilleure intuition de la signification de l’opérateur nombre
N . En effet, comme nous le verrons, il s’agit du nombre d’excitations dans le système.
où n et En sont les valeurs propres respectives. De l’équation (4.27), on en déduit immédiatement
que
1
En = ~ω n + . (4.29)
2
On a les relations de commutation suivantes entre l’opérateur nombre et les opérateurs de création
et d’annihilation
où nous avons utilisé la relation de commutation Eq. (4.25). Notons que le truc utilisé pour calculer
simplement ces commutateurs est de les exprimer dans l’ordre normal, c’est-à-dire en plaçant tous
les a† à gauche de tous les a. Utilisant ces expressions, il est possible de se bâtir une meilleure
intuition physique de l’action des opérateurs a et a† . Considérons en effet l’action de N sur les états
suivants
N [a|ni] = (aN − a)|ni = (n − 1) [a|ni]
h i h i (4.32)
N a† |ni = (a† N + a† )|ni = (n + 1) a† |ni .
où les constantes cn et dn sont à déterminer. L’action des opérateurs a et a† est donc de faire passer
d’un état |ni avec énergie propre En à un nouvel état propre avec énergie En±1 . Voilà pourquoi nous
les avons nommés opérateurs de création (a† ) et d’annihilation (a), ou encore opérateurs d’échelles,
en début de section.
4.2 Oscillateur harmonique quantique à une dimension 103
Normalisation
|cn |2 = n. (4.36)
On tire deux conclusions importantes de ce résultat. Premièrement, puisque |cn |2 est la norme du
vecteur d’état a|ni, |cn |2 ≥ 0 et donc n ≥ 0. La valeur propre n ne peut donc pas être négative. En
√
second lieu, puisque cn = n on obtient que
√
a|ni = n|n − 1i. (4.37)
Ainsi, l’application répétée de a sur |ni génère |n − 1i, |n − 2i, |n − 3i,. . . Cette séquence se termine
à n = 0 avec
a|0i = 0. (4.38)
Puisque ce vecteur nul est obtenu par application répétée de a sur |ni et donc par subtraction
répétée de l’entier 1 de n, on en conclue que n est un entier (i.e. seulement avec n entier peut-on
éventuellement obtenir 0 par subtraction répétée de l’entier 1). Le spectre de l’oscillateur harmonique
est donc discret et positif. De la même façon, on obtient pour l’opérateur de création
√
a† |ni = n + 1|n + 1i. (4.39)
États excités
Utilisant cette relation, on peut construire du fondamental |0i les états excités |ni de l’oscillateur
harmonique
|1i = a† |0i
1 1 2
|2i = √ a† |1i = √ a† |0i
2 2!
1 † 1 †3
|3i = √ a |2i = √ a |0i (4.40)
3 3!
..
.
1 1 n
|ni = √ a† |n − 1i = √ a† |0i.
n n!
104 Oscillateur harmonique
De même, H étant une observable, ces états propres forment une base. Nous avons donc la relation
de fermeture
∞
X
|nihn| = I. (4.42)
n=0
Finalement, on montre aussi que les niveaux d’énergie de l’oscillateur harmonique sont non dégénérés.
Pour montrer ceci, on commence par montrer que le fondamental n’est pas dégénéré. En effet, en
utilisant la définition de l’opérateur a en terme de X̄ et P̄ , on trouve que
1
a|0i = 0 ⇒ √ (X̄ + iP̄ )|0i = 0. (4.43)
2
Dans la représentation x, on a donc
r r !
mω 1
hx|(X̄ + iP̄ )|0i = hx| X +i P |0i
~ m~ω
r r !
mω 1 d (4.44)
= x+~ hx|0i
~ m~ω dx
= 0,
où c0 est une constante d’intégration. Ainsi, les différentes solutions de l’équation différentielle (4.45)
sont toutes égales entre elles, à une constante près. Puisque ce facteur de phase global n’est pas
important physiquement, on en déduit que l’état fondamental est non dégénéré.
Supposons maintenant que le niveau En = ~ω(n + 1/2) est également non dégénéré et montrons par
récurrence qu’alors le niveau En+1 doit nécessairement être lui-même non dégénéré. Pour arriver
à ce résultat, on suppose l’existence de |φn+1 i, un vecteur propre de N associé à la valeur propre
n + 1 mais différent de |n + 1i :
Utilisant la relation de commutation entre a et N , nous savons que a|φn+1 i est un état propre de N
avec la valeur propre n. De même, puisque le niveau d’énergie En est par hypothèse non dégénéré,
on doit avoir
a|φn+1 i = γ|ni, (4.48)
où γ est une constante, c’est-à-dire simplement une phase globale sans conséquence physique entre
les états a|φn+1 i et |ni. Multipliant cette dernière expression par a† , on obtient
γ
a† a|φn+1 i = γa† |ni ⇒ (n + 1)|φn+1 i = γa† |ni ⇒ |φn+1 i = a† |ni. (4.49)
n+1
Nous savions déjà que a† |ni est vecteur propre de N avec valeur propre n + 1. On voit ici que tous
les kets |φn+1 i associés à la valeur propre n + 1 sont proportionnels à a† |ni ∝ |n + 1i. Ces kets sont
proportionnels entre eux et la valeur propre n + 1 n’est donc pas dégénérée.
Puisque nous avons déjà montré que la valeur propre n = 0 n’est pas dégénérée, on en conclut donc
par récurrence qu’il en est de même pour la valeur propre n = 1, n = 2,. . . et ainsi de suite. Le
spectre de l’oscillateur harmonique n’est donc pas dégénéré.
Utilisant les expressions (4.37) et (4.39), on obtient facilement l’action de X et P sur les états
propres
r
~ †
X|ni = a + a |ni
2mω
r (4.50)
~ √ √
= n + 1|n + 1i + n|n − 1i
2mω
r
m~ω †
P |ni = i a − a |ni
2
r
m~ω √ √ (4.51)
=i n + 1|n + 1i − n|n − 1i
2
.
Dans la base {|ni}, les éléments de matrices de ces opérateurs sont donc
√
hm|a|ni = n δm,n−1 (4.52)
√
hm|a† |ni = n + 1 δm,n+1 (4.53)
r
~ √ √
hm|X|ni = n + 1δm,n+1 + nδm,n−1 (4.54)
2mω
r
m~ω √ √
hm|P |ni = i n + 1δm,n+1 − nδm,n−1 . (4.55)
2
106 Oscillateur harmonique
Dans cette même base, les matrices représentant a et a† prennent ainsi la forme
√
0 1 0 0 ··· ··· ···
√
0 0 2 0 · · · · · · · · ·
√
0 0 0 3 · · · · · · · · ·
a := .. .. .. .. .. (4.56)
. . . . .
.. √
n · · ·
0 0 0 . 0
.. .. .. ..
. . . .
0 0 0 0 ··· ··· ···
√
1 0 0 0 ··· ··· ···
√
0 2 0 ··· ··· ···
√
a† := 0
0 3 0 0 ··· ···
. (4.57)
. . . .. ..
.. .. ..
. .
√
···
0 0 0 0 n+1
.. .. .. ..
. . . .
Nous avons déjà montré que l’état excité |ni peut s’écrire en terme du fondamental |0i sous la forme
r r !n
1 †n 1 1 mω 1
|ni = √ a |0i = √ √ X −i P |0i. (4.59)
n! n! 2n ~ m~ω
Dans la représentation x, nous avons donc
φn (x) = hx|ni
r r !n
1 mω 1 d
=√ x−~ hx|0i
2n n! ~ m~ω dx (4.60)
r r !n
1 mω ~ d
=√ x− φ0 (x),
2n n! ~ mω dx
4.2 Oscillateur harmonique quantique à une dimension 107
n=3
n=2
n=1
n=0
p
Figure 4.3: États propres φn (x) de l’oscillateur harmonique quantique à une dimension avec c0 = mω/~ = 1.
Les différentes solutions sont déplacées verticalement par n + 1/2 pour plus de clarté.
où nous avons utilisé hx|P |ψi = −i~∂x hx|ψi et avec φ0 (x) donnée par l’Éq. (4.46). Utilisant cette
dernière expression, on a
r r !n
c0 mω ~ d mω x2
φn (x) = √ x− e− ~ 2
2n n! ~ mω dx
n (4.61)
c0 d y2
=√ y− e− 2 ,
2n n! dy
où l’on a défini r
mω
y≡ x. (4.62)
~
On reconnaı̂t dans φn (x) les polynômes d’Hermite Hn (y). En effet, selon la relation de Rodrigues,
d n − y2 dn
2 2 2
y− e 2 = (−1)n ey /2 n e−y = e−y /2 Hn (y) (4.63)
dy dy
et donc
mω x2
c0 p
φn (x) = √ exp − Hn ( mω/~x). (4.64)
2n n! ~ 2
Cette fonction est tracée à la Figure 4.3 pour n = 0, 1, 2 et 3. On retrouve donc, relativement
facilement, les résultats obtenus dans le cours précédent de mécanique quantique. Rappelons qu’ici,
tous les résultats découlent directement de la relation de commutation entre X et P .
On remarque que chez les états excités, l’amplitude de probabilité n’est plus maximale au centre
du potentiel. On trouve en fait des maximums se rapprochant des côtés du potentiel. Ceux-ci
108 Oscillateur harmonique
correspondent en effet aux régions où la vitesse de la particule classique change de signe, et donc
passe par zéro. La particule classique passe donc en moyenne plus de temps aux extrémités et ceci
se reflète dans les amplitudes de probabilité. On remarque finalement que le nombre de noeuds de
φn (x) correspond à n et que les fonctions d’onde correspondant à un n pair sont elles-mêmes de
symétrie paire tandis que les fonctions d’onde à n impair sont de symétrie impaire.
Déterminons maintenant les valeurs moyennes des grandeurs physiques X et P dans les états propres
|ni. Des équations (4.54) et (4.55), on obtient immédiatement que
puisque hn|am |ni = hn|a†m |ni = 0 pour m > 0. Les écarts quadratiques moyens ne sont toutefois
pas nuls. En effet, on a
Or,
~
X2 = (a† + a)(a† + a)
2mω
~ 2
= (a† + a† a + aa† + a2 )
2mω (4.70)
~ 2
= (a† + a† a + [a† a + 1] + a2 )
2mω
~ 2
= (a† + a2 + 2a† a + 1);
2mω
m~ω †
P2 = − (a − a)(a† − a)
2
m~ω † 2
=− (a − a† a − aa† + a2 ) (4.71)
2
m~ω † 2
=− (a + a2 − 2a† a − 1),
2
où pour simplifier le calcul subséquent nous avons exprimé les produits d’opérateurs d’échelle dans
l’ordre normal. Utilisant ces derniers résultats, on obtient facilement
~ 2 ~
∆X 2 = hn|(a† + a2 + 2a† a + 1)|ni = (2n + 1) (4.72)
2mω 2mω
m~ω 2 m~ω
∆P 2 = − hn|(a† + a2 − 2a† a − 1)|ni = (2n + 1). (4.73)
2 2
Le produit des écarts quadratiques moyens dans l’état |ni est donc
1 ~
∆X∆P = n + ~≥ . (4.74)
2 2
4.3 Oscillateurs harmoniques isotropes à trois dimensions 109
Ce produit respecte donc, comme il se doit, le principe d’incertitude. Notons que seul l’état |0i
atteint l’égalité. Toutefois, même pour cet état, ∆X et ∆P 6= 0, correspondant aux fluctuations du
vide.
Dans la section précédente, nous avons considéré le cas d’un oscillateur harmonique dans un espace
restreint à une dimension. Considérons maintenant le cas où l’oscillateur peut évoluer dans tout
l’espace. On a donc l’hamiltonien
P2 1
H= + mω 2 R2 . (4.75)
2m 2
On cherche ici les états propres et énergies propres de H
L’espace dans lequel évolue ce système est l’espace produit tensoriel Er = Ex ⊗Ey ⊗Ez et l’hamiltonien
se décompose en observables agissant dans chacun des sous-espaces
1 1
Px2 + Py2 + Pz2 + mω 2 X 2 + Y 2 + Z 2
H=
2m 2 (4.77)
≡ Hx + Hy + Hz .
Puisque Hj est un ECOC de Ej , alors {Hx , Hy , Hz } forme un ECOC de Er . Il existe donc un seul
ket |nx , ny , nz i correspondant à un ensemble de valeurs propres de Hx , Hy et Hz .
Par contre, H ne forme pas à lui seul un ECOC. En effet, plusieurs valeurs de nx , ny et nz
correspondent à un seul n. Le degré de dégénérescence gn de En est égal au nombre d’ensembles
{nx , ny , nz } satisfaisant à la condition nx + ny + nz = n. Afin de déterminer gn , on commence par
fixer nx étant donné un n. On a donc les valeurs possibles suivantes de nx
nx = 0, 1, 2, . . . , n. (4.83)
ny + nz = n − nx . (4.84)
Pour obtenir le degré de dégénérescence, on somme donc ce nombre de possibilités sur toutes les
valeurs possibles de nx :
n
X
gn = (n − nx + 1)
nx =0 (4.86)
(n + 1)(n + 2)
= .
2
De cette expression, on trouve que seul l’état fondamental n = 0 est non-dégénéré.
À la section 4.1.2, nous avons montré que l’énergie du champ électromagnétique dans une cavité
résonante peut s’écrire sous la même forme que l’énergie d’un ensemble d’oscillateurs harmoniques
indépendants ( )
X p2j 1
Hcavité = + mj ωj2 qj2 (4.87)
2mj 2
j
Suivant l’approche présentée dans ce chapitre, on exprime les opérateurs positions et impulsion en
terme des opérateurs d’annihilation et de création
s
~ †
Qj = aj + aj
2mj ωj
r (4.89)
mj ~ωj †
Pj = i aj − aj .
2
Dans cette expression, les opérateurs a†j et aj sont les opérateurs de création et d’annihilation d’une
excitation du mode j du champ électromagnétique dans la cavité. En d’autres mots, ces opérateurs
‘créent’ et ‘détruisent’ des photons de fréquence ωj dans la cavité.
On introduit maintenant un atome dans la cavité. Afin de simplifier la discussion, on supposera que
seulement deux niveaux de l’atome sont pertinents : le fondamental d’énergie Ef et le premier état
excité d’énergie Ee . L’hamiltonien de l’atome prend donc la forme
! !
Ee 0 E0 + ~ωa /2 0
Hatome = = , (4.91)
0 Ef 0 E0 − ~ωa /2
~ωa
Hatome = σz , (4.92)
2
où on a laissé tomber le terme E0 I qui ne change pas la forme des états propres.
Si l’atome possède un moment dipolaire électrique D, il interagira avec le champ électrique E dans
la cavité. De l’électrostatique classique, on sait que l’hamiltonien d’interaction est alors de la forme
W = −D · E. (4.93)
Utilisant à nouveau les résultats de la section §4.1.2, le champ électrique dans la cavité peut
s’exprimer sous la forme
∞
X
Ex (z, t) = Aj qj (t) sin kj z. (4.94)
j=1
Avec le remplacement de l’Éq. (4.89), on obtient l’expression quantifiée du champ électrique dans la
cavité
∞ r
X ~ωj †
Ex (z, t) = aj + aj sin kj z. (4.95)
0 V
j=1
112 Oscillateur harmonique
L’opérateur moment dipolaire électrique peut pour sa part s’écrire comme D = eR. On cherche à
exprimer cet opérateur dans la base des états propres {|f i, |ei} de Hatome . Pour se faire, on applique
l’identité de part et d’autre de D :
D = IDI
= (|f ihf | + |eihe|) D (|f ihf | + |eihe|) (4.96)
= hf |D|f i|f ihf | + he|D|ei|eihe| + hf |D|ei|f ihe| + hf |D|ei|f ihe|.
Considérons d’abord les termes diagonaux |f ihf | et |eihe|. On peut écrire les éléments de matrices
correspondants sous la forme
hk|D|ki = ehk|R|ki
Z
= e d3 rhk|R|rihr|ki (4.97)
Z
= e d3 r|ψk (r)|2 r,
avec k = e, f et ψk (r) = hr|ki. Hors, r est une fonction antisymétrique de r tandis que |ψk (r)|2 doit
nécessairement être une fonction symétrique de r. En d’autres mots, hk|D|ki=0 par symétrie [3].
Supposant hf |D|ei = he|D|f i pour simplifier le calcul, on peut donc écrire l’opérateur dipolaire
électrique sous la forme
Combinant cette dernière expression avec celle pour le champ électrique, on obtient finalement pour
l’hamiltonien d’interaction
∞
~gj a†j + aj σx ,
X
W = (4.99)
j=1
avec r
d0 ~ωj
gj = − sin kj z (4.100)
~ V 0
la grandeur du couplage entre l’atome et le champ électrique. Une grande fréquence ωj , un petit
volume V et un grand dipôle électrique d0 ont tous pour effet d’augmenter la grandeur de cette
d’interaction.
H = Hcavité + Hatome + W
∞
(4.101)
† 1 ~ωa
~gj a†j + aj σx ,
X X
= ~ωj aj aj + + σz +
2 2
j j=1
4.4 Interaction lumière-matière : modèle Jaynes-Cummings 113
Afin de simplifier davantage la discussion, il est utile de rappeler que la cavité ne supporte que des
fréquences discrètes ωj = jπc/L. Pour une cavité de longueur L ∼ 27 mm, la séparation en fréquence
entre les modes ∆ν = (ωi+1 − ωi )/2π ∼ 5.6 GHz est très grande. Ainsi, si l’atome a une fréquence
de Bohr ωa ≈ ωi ne s’éloignant pas substantiellement de l’une de ces fréquences caractéristiques, il
est possible de simplement laisser tomber de la description du système tous les modes autres que le
mode ωi . En effet, la conservation de l’énergie empêche l’échange efficace d’énergie entre l’atome
et le champ électromagnétique à des fréquences très différentes de ωa . Ceci réduit par conséquent
la force d’interaction effective entre l’atome et les modes ωj6=i (ceci devrait devenir plus clair plus
bas). Ne gardant que le mode i et laissant tomber l’indice i de mode pour alléger la notation, notre
description effective prend donc la forme
† 1 ~ωa
†
H = ~ωr a a + + σz + ~g a + a σx , (4.102)
2 2
Cet hamiltonien simplifié n’est malheureusement pas soluble exactement analytiquement. Pour
arriver à un modèle soluble, il est toutefois possible de faire une dernière approximation (connue
sous le nom d’approximation séculaire ou, en anglais, sous le nom de RWA pour rotating wave
approximation). Afin d’arriver à cette approximation, il est utile d’introduire les opérateurs suivants
! !
0 1 0 0
σ+ = σ− = (4.103)
0 0 1 0
Ces opérateurs peuvent être vus comme les opéra87teurs de création et d’annihilation d’une excitation
de l’atome. En effet, leur action sur les états de base {|f i, |ei} de l’atome est
Leur action est donc analogue à celui des opérateurs a et a† de l’oscillateur harmonique dans un
espace de Hilbert de dimension deux.
Le premier terme de cette expression, aσ+ , représente la destruction d’un photon et l’excitation
simultanée de l’atome, tandis que le second terme, a† σ− , représente le processus inverse. Si ωr ≈ ωa ,
ceci correspond à l’échange d’un “paquet” d’énergie ∼ ~ωr entre le champ électromagnétique et
l’atome. Puisque l’énergie requise pour exciter la cavité ou l’atome est comparable, ce processus n’est
114 Oscillateur harmonique
pas interdit par la conservation de l’énergie. À l’opposé, les termes aσ− et a† σ+ ne correspondent
pas à l’échange d’énergie entre l’atome et le champ électromagnétique mais représentent plutôt
la destruction, ou création, simultanée d’un paquet d’énergie ~(ωr + ωa ) ∼ 2~ωr . En raison de la
conservation de l’énergie, ce processus ne sera pas favorisé. Ainsi, de la même façon que nous avons
laissé tomber les modes ωi éloignés de la fréquence de Bohr ωa de l’atome, en bonne approximation,
on peut laisser tomber ces termes ne conservant pas l’énergie 1 . Dans cette approximation, dite
séculaire, on a donc l’expression suivante pour l’hamiltonien total du système
† 1 ~ωa
H = ~ωr a a + + σz + ~g aσ+ + a† σ− . (4.108)
2 2
Il s’agit de l’hamiltonien Jaynes-Cummings, l’un des fondements de l’optique quantique et, en
particulier, de l’électrodynamique quantique en cavité et, plus récemment, de l’électrodynamique
quantique en circuit. Cette branche de l’optique quantique permet l’étude de l’interaction lumière-
matière à son niveau le plus fondamental, c’est-à-dire l’interaction d’un seul atome avec un seul
photon [4].
Maintenant que nous avons obtenu une forme simple de l’hamiltonien d’interaction entre un atome
et le champ électromagnétique dans une cavité, trouvons les énergies et états propres de ce système.
Considérons tout d’abord le cas sans interaction (g = 0). Dans cette situation, l’hamiltonien (4.108)
prend la forme
† 1 ~ωa
H0 = ~ωr a a+ + σz . (4.109)
2 2
Les états propres de cet hamiltonien sans interaction sont simplement les états de base {|f, ni, |e, ni}.
En effet, on vérifie facilement que
1 ~ωa
H0 |f, ni = ~ωr n + − |f, ni ≡ Ef,n |f, ni (4.110)
2 2
1 ~ωa
H0 |e, ni = ~ωr n + + |e, ni ≡ Ee,n |e, ni. (4.111)
2 2
Il est important de remarquer que pour |f, ni, ce résultat ne s’applique que si n ≥ 1. En effet, dans
le cas où n = 0, on trouve plutôt pour |f, ni
W |f, 0i = 0. (4.114)
1. Il est possible de rendre cette discussion plus rigoureuse en utilisant la théorie des perturbations, concept qui
sera introduit au prochain cours de mécanique quantique.
4.4 Interaction lumière-matière : modèle Jaynes-Cummings 115
Ainsi, le terme d’interaction couple entre eux les états {|f, ni, |e, n − 1i}. Ce sont les états d’énergie
similaire, ayant n quanta d’énergie. De même, l’interaction W laisse l’état fondamental |f, 0i
invariant. Exprimé dans la base {|f i, |ei} ⊗ {|ni}, l’hamiltonien total H est donc de forme diagonale
par bloc, chaque bloc correspondant à n = 0, 1, 2, . . . quanta d’énergie dans la cavité. En effet, dans
la base {|f, 0i, |f, 1i, |e, 0i, |f, 2i, |e, 1i, . . .}, on obtient immédiatement
Ef,0
Ef,1 ~g
~g Ee,0
√
H := . (4.115)
E f,2 ~g 2
√
~g 2 Ee,1
..
.
Le bloc 2 × 2, que l’on notera Hn , correspondant au sous-espace ayant n + 1 quanta prend la forme
√ !
Ef,n+1 ~g n + 1
Hn := √
~g n + 1 Ee,n
√ !
ωr n + 1 + 12 − ω2a
g n+1
=~ √
ωr n + 12 + ω2a
g n+1 (4.116)
! √ !
ωr (n + 1) 0 (ωr − ωa )/2 g n+1
=~ +~ √
0 ωr (n + 1) g n+1 −(ωr − ωa )/2
∆ √
= ~ωr (n + 1)I − ~ σz + ~g n + 1σx ,
2
où nous avons introduit le désaccord en fréquence ∆ ≡ ωa − ωr entre l’atome et le mode d’intérêt
de la cavité. Le premier terme étant proportionnel à l’identité, il ne changera pas les fonctions
propres. Son rôle ne consiste qu’à uniformément changer les valeurs propres. Malgré que ce terme
soit proportionnel à l’identité, puisqu’il dépend de l’index n du bloc, il doit être gardé. Afin de
résoudre complètement le problème, il ne nous reste donc plus qu’à diagonaliser la partie non triviale
du sous-bloc Hn , c’est-à-dire les deux derniers termes de l’expression ci-haut.
Ce problème a déjà été résolu à la section 3.4. Utilisant les résultats de cette section, on trouve
immédiatement que les énergies propres de Hn sont
~p 2
E±,n = ~ωr (n + 1) ± 4g (n + 1) + ∆2 (4.117)
2
avec comme états propres
où √
2g n + 1
θn = − arctan . (4.119)
∆
116 Oscillateur harmonique
ψn+
2g n+1
...
...
ψn-
3 2
...
2 1
ψ0+
1 2g 0
ωr ψ0- ωa
0
f,0
f e
Figure 4.4: Spectre d’énergie de l’hamiltonien Jaynes-Cummings dans la situation où ωa = ωr . Les niveaux
en noir correspondent aux états propres {|f, n + 1i, |e, ni} de l’hamiltonien sans interaction H0 . Les états en
bleu au centre correspondent aux états propres {|ψ−,n i, |ψ+,n i} de l’hamiltonien total du système.
4.5 Problèmes
Problème 4.1. Supposons que les opérateurs a† et a, qui sont tel que
a† a|ni = n|ni,
Problème 4.2. Dans la situation où le désaccord en fréquence ∆ = ωa − ωr est grand devant le
couplage g, on peut montrer que l’hamiltonien Jaynes-Cummings prend la forme approximative
1 ωa
H ≈ ~ωr a† a + + ~ σz + ~χa† aσz ,
2 2
avec χ = g 2 /∆.
4.5 Problèmes 117
a) Montrez d’abord que a|αi = α|αi avec |αi un état cohérent. Utiliser la décomposition des états
cohérents sur la base des états propres |ni de l’opérateur nombre N = a† a,
∞
2 /2
X αn
|αi = e−|α| √ |ni.
n=0 n!
√
b) Au temps t = 0, on suppose l’atome dans une superposition d’états (|f i + |ei)/ 2 et le mode de
fréquence ωr de la cavité dans un état cohérent |αi. Utiliser la décomposition des états cohérents sur
la base des |ni afin de déterminer l’état à un temps t ultérieur. Écrire la réponse en terme d’état(s)
cohérent(s), et non pas dans la base |ni.
Problème 4.3. On considère un oscillateur harmonique chargé placé dans un champ électrique
statique E. L’hamiltonien de ce système est donné par
P2 1
H= + mω 2 X 2 − qEX.
2m 2
a) Par un changement de variable, montrez que l’équation aux valeurs propres pour H est de la
forme
H|ni = En |ni
avec
q2E 2
1
En = ~ω n + − .
2 2mω 2
a) On tente maintenant d’obtenir ce même résultat par une autre approche. Pour ce faire, on
introduit
†)
U = e−λ(a−a
|ψ̃i = U |ψi.
avec
H̃ = U HU −1 − iU U̇ −1 .
Problème 4.4. Montrez que l’opérateur de création a† n’a pas d’état propre normalisable. Sugges-
tion : commencez par supposer qu’un tel état existe.
a) Commencez par montrer que pour deux états cohérents |αi, |βi
2
|hα|βi|2 = e−|α−β| . (4.123)
b) Pour |ψ(0)i = |αi, écrivez sous forme d’états cohérents l’état aux temps t = 2π/χ et t = π/χ.
c) Pour ce même état initial, montrez que l’état au temps t = π/2χ prend la forme
1
|ψ(t)i = √ e−iπ/4 |αi + e+iπ/4 | − αi . (4.124)
2
d) Déterminez hψ(t)|X|ψ(t)i pour ce dernier temps. Contrastez ce résultat à celui obtenu pour |αi.
Chapitre 5
Le moment cinétique L = r × p joue un rôle très important en mécanique classique. Pour un système
isolé, le moment cinétique total est une constante du mouvement
d
L = 0. (5.1)
dt
Pour une particule n’étant pas isolée, le moment cinétique est une constante du mouvement si le
potentiel sentit par la particule est central, c’est-à-dire ne dépend que de la distance et non de la
direction
V (r) = V (|r|) = V (r). (5.2)
La généralisation au cas quantique du moment cinétique se fait facilement en utilisant les règles de
quantification vues à la section §2.1.7. Par exemple, pour la composante x̂ du moment cinétique
classique, on a
Lx = ypz − zpy . (5.3)
Lx = Y Pz − ZPy . (5.4)
Il n’y a pas de problème de symétrisation dans ce cas puisque [Y, Pz ] = [Z, Py ] = 0. De façon plus
générale, on a donc
L=r×p → L = R × P. (5.5)
120 Moment cinétique en mécanique quantique
:0 :0
= [Y Pz , ZPx ] −
[Y
Pz , XPz ] −
[ZP , ZP
y
x ] + [ZPy , XPz ]
= −i~Y Px + i~XPy
= i~Lz .
Ces résultats se généralisent facilement au cas de N particules sans spin. Le moment cinétique de ce
système sera alors
N
X N
X
Ltot = Ln = Rn × P n . (5.12)
n=1 n=1
Puisque les différents Ln agissent dans les espaces de Hilbert de particules différentes, ces opérateurs
pour des indices n différents commutent entre eux. Ainsi, Ltot obéit aux mêmes règles de commutation
que L.
Il existe un lien important entre rotations et moment cinétique. Nous explorerons en plus de détails
cette relation dans cette section. Pour ce faire, nous considérerons une particule sans spin dont l’état
quantique est caractérisé par le ket |ψi. On effectue sur ce système physique une rotation R. Dans
sa nouvelle position, l’état |ψ 0 i du système diffère de l’état |ψi avant la rotation. On cherche ici
l’opérateur R correspondant à l’action de la rotation R.
5.2 Moments cinétiques et rotations 121
Dans l’espace des fonctions d’ondes, la rotation R du système fait correspondre au point r 0 =
(x0 , y0 , z0 ) le point r 00 = (x00 , y00 , z00 ) :
r 00 = R r 0 . (5.14)
On supposera que sous cette rotation, la valeur de la fonction d’onde initiale ψ(r) au point r 0 se
retrouve après la rotation comme valeur de la fonction d’onde finale ψ 0 (r) au point r 00 . En d’autres
mots :
ψ 0 (r 00 ) = ψ(r 0 ). (5.15)
Utilisant notre définition de l’action de R, on peut aussi écrire cette identité comme
ψ 0 (r 00 ) = ψ(R−1 r 00 ). (5.16)
Puisque cette relation doit être vraie pour tout point de l’espace r 0 , on écrira
|ψ 0 i = R|ψi. (5.18)
où |R−1 ri est le ket de la base position repéré par les composantes du vecteur R−1 r.
Considérons la rotation d’un corps autour de l’axe ẑ. En mécanique classique, une telle transformation
est représentée par une matrice orthogonale
cos α − sin α 0
Rẑ (α) = sin α cos α 0 , (5.21)
0 0 1
où α est l’angle de rotation. Notons que, comme il se doit pour une matrice de rotation, nous avons
que,
Rẑ (α) = Rẑ (−α)−1 . (5.22)
122 Moment cinétique en mécanique quantique
0 0 1
Utilisant la relation (5.17), on obtient donc pour la rotation de la fonction d’onde sous cette
transformation
ψ 0 (r) = ψ 0 (x, y, z) = ψ(Rẑ (dα)−1 [x, y, z]) = ψ(x + ydα, y − xdα, z). (5.24)
On conclut ainsi que l’opérateur Rẑ (dα) associé à la transformation Rẑ (dα) est
i i
Rẑ (dα) = I − dα Lz = I − dα ẑ · L. (5.27)
~ ~
Ce résultat se généralise immédiatement à une rotation finie autour d’un axe arbitraire
On dira donc que le moment cinétique L est le générateur de rotation. Finalement, puisque
l’observable moment cinétique est hermitique, il s’en suit que l’opérateur de rotation est (comme il
se doit) unitaire :
RR† = R† R = I. (5.29)
Considérons un état |ψi sur lequel on applique une opération de rotation R de façon à générer l’état
|ψ 0 i :
|ψ 0 i = R|ψi, (5.30)
avec R = exp[−iα n̂ · J /~]. On laisse ensuite évoluer cet état |ψ 0 i sous l’équation de Schrödinger.
Dans quelles circonstances l’évolution de |ψ 0 i donnera les mêmes prévisions physiques que l’évolution
5.2 Moments cinétiques et rotations 123
de |ψi sans rotation ? En d’autres mots, dans quelle situation cette rotation n’a t-elle aucun effet ?
L’évolution de |ψ 0 i est régit par
d 0
|ψ i = H|ψ 0 i,
i~ (5.31)
dt
où H est l’hamiltonien du système. En écrivant cette expression en terme de |ψi, on trouve
d
i~ Ṙ|ψi + R |ψi = HR|ψi. (5.32)
dt
Multipliant par R−1 par la gauche et portant le premier terme du membre de droite à gauche, on a
d
i~ |ψi = R−1 HR|ψi − i~R−1 Ṙ|ψi
dt (5.33)
= R−1 HR − i~R−1 Ṙ |ψi,
d
i~ |ψi = R−1 HR|ψi. (5.34)
dt
L’évolution décrite par cette équation sera identique à l’évolution sans rotation initiale, c’est-à-dire
identique à l’évolution générée par
d
i~ |ψi = H|ψi, (5.35)
dt
si
R−1 HR = H ⇒ [H, R] = 0 ⇒ [H, J ] = 0. (5.36)
Donc si l’hamiltonien commute avec le moment cinétique J , la rotation n’a aucun effet sur les
prévisions physiques. Dans cette situation, le moment cinétique est une constante du mouvement
d 1
hJ i = h[J , H]i = 0. (5.37)
dt i~
Jusqu’à présent, nous n’avons considéré que le moment cinétique orbital. On sait toutefois que
certaines particules ont un spin S, où moment cinétique intrinsèque, n’ayant aucune correspondance
classique. Par exemple, au chapitre 3 nous avons introduit l’opérateur spin 1/2 [Eq. (3.34)] :
~
S= (σx x̂ + σy ŷ + σz ẑ) (5.38)
2
et nous avions déjà interprété les matrices de Pauli σi comme les générateurs de rotation pour le spin
1/2. En effet, les matrices de Pauli respectent les relations de commutation du moment cinétique
et compte tenu de la discussion de la section précédente, il n’est donc pas surprenant qu’ils soient
des générateurs de rotations.
Cet exemple nous pousse à introduire un moment cinétique généralisé J , qui sera le générateur de
rotation d’un système arbitraire ayant plus d’un moment cinétique. Par exemple, l’électron possède
un moment cinétique défini par la somme de son moment cinétique orbital et de son spin :
J = L + S. (5.40)
Ce moment cinétique généralisé respecte les relations de commutation déjà établies pour le moment
cinétique
[Ji , Jj ] = i~ijk Jk , (5.41)
J × J = i~J . (5.42)
Nous avons vu aux sections précédentes que les composantes du moment cinétique Jx , Jy et Jz ne
commutent pas entre elles. Il n’existe donc pas de vecteurs propres communs à ces trois opérateurs.
Toutefois, on remarque que le carré du moment cinétique
[J 2 , J ] = [J 2 , Ji ] = 0, (5.44)
mais
et
Par conséquent
[J 2 , Jx ] = 0. (5.48)
Puisque les Ji ne commutent pas entre eux, l’ensemble {J 2 , Jx , Jy , Jz } ne forme pas un ECOC et ne
possède donc pas de vecteurs propres communs. Toutefois, en vertu du résultat obtenu ci-haut, on
en conclut que l’ensemble formé de J 2 et de l’une des composantes de J ont des vecteurs propres
communs. On choisira ici d’étudier les vecteurs propres de {J 2 , Jz }. Notons que nous aurions pu
choisir Jx ou Jy sans affecter les résultats, il est simplement coutume de choisir Jz .
Les facteurs de ~ et ~2 sont introduits de façon à ce que α et m soient sans unité, puisque J a les
unités de ~.
Afin de déterminer les valeurs propres de J 2 et Jz , nous utiliserons une approche similaire à celle
utilisée pour l’oscillateur harmonique où nous avions introduit les opérateurs d’échelle a† et a. Par
analogie avec cette situation, on introduit ici les opérateurs
†
qui sont conjugués hermitiques l’un de l’autre : J± = J∓ . Puisque les opérateurs J± sont des
combinaisons linéaires de Jx et Jy , ils commutent nécessairement avec J 2 :
[J 2 , J± ] = 0. (5.52)
Puisque les opérateurs J± ne commutent pas avec Jz , les kets |α, mi ne sont pas états propres de
J± . Utilisant les relations de commutations obtenues à la section précédente, on vérifie que
Ainsi, le ket J± |α, mi est un vecteur propre de J 2 et Jz avec les valeurs propres α~2 et (m ± 1) ~,
respectivement. Sinon, il est égal au vecteur nul. On déduit donc que J± |α, mi est proportionnel au
ket |α, m ± 1i, ce que l’on peut écrire comme
J± |α, mi = c±
αm |α, m ± 1i, (5.58)
où c±
αm est un facteur de phase à déterminer. Partant d’un vecteur propre |α, mi, l’application
répétée des opérateurs J± permet d’engendrer une serie de vecteurs du même sous-espace propre α
de J 2 mais correspondant à des valeurs propres de Jz qui diffèrent de m par un entier positif ou
négatif. De la même façon que pour les opérateurs a et a† de l’oscillateur harmonique, on dira donc
que les J± sont des opérateurs d’échelle.
Remarquons maintenant qu’il y a une valeur minimale et maximale admissible pour m étant donné
une valeur de α. En effet, on montre ceci facilement en remarquant que les normes suivantes sont
par définition positives (ce sont des normes après tout) :
||Jx |α, mi||2 + ||Jy |α, mi||2 = hα, m|Jx† Jx |α, mi + hα, m|Jy† Jy |α, mi
= hα, m|Jx2 |α, mi + hα, m|Jy2 |α, mi
(5.60)
= hα, m|J 2 − Jz2 |α, mi
= (α − m2 )~2 ≥ 0.
5.3 Théorie générale du moment cinétique 127
Étant donné une valeur propre α de J 2 , la valeur propre m de Jz ne peut donc être arbitrairement
grande ou petite. Notant mmax la valeur maximale de m, il existe donc un état |α, mmax i qui ne
peut être augmenté par l’action de J+ :
Multipliant ce résultat par la gauche par J− , on obtient toujours 0 pour le membre de droite de
l’égalité précédente et on peut donc écrire
De la même façon, si l’on applique N fois l’opérateur d’échelle J− sur |α, mmax i on doit éventuellement
atteindre un état |α, mmin i qui est tel que
De la même façon que ci-haut, c’est-à-dire en appliquant J+ sur l’état J− |α, mmin i, on arrive
maintenant à la conclusion que
α = mmin (mmin − 1). (5.66)
La solution mmax = mmin − 1 existe aussi mais elle n’est pas acceptable car mmin est par définition
la valeur la plus basse. On rejette donc cette possibilité. Puisque mmin a été atteint par un certain
nombre N d’applications de J− , il s’ensuit que
m
m=j
3/2
1 J+
1/2
0
1/2 1 3/2 j
-1/2
-1 J-
-3/2
m=-j
Figure 5.1: Valeurs admissibles pour les couples (j, m) de l’observable moment cinétique. Les régions en
rouge sont interdites. Les opérateurs d’échelle J± font passer de m à m ± 1 à j constant.
cinétique selon z sont donc quantifiés (en entiers ou demi-entiers). Il s’ensuit la quantification des
valeurs propres α de J 2 en vertu de l’Éq. (5.64).
Dans cette notation, et en utilisant l’Éq. (5.64), les valeurs propres de J 2 sont donc
α = j(j + 1) (5.71)
et les valeurs propres m de Jz sont donc restreintes aux entiers ou demi-entiers compris entre
m = j, j − 1, j − 2, . . . , 1 − j, −j, (5.73)
Nous verrons plus loin que le moment cinétique orbital ne peut réaliser que les valeurs entières.
Toutefois, le moment cinétique intrinsèque, dû au spin, peut lui prendre les valeurs entières ou
demi-entières. Par exemple, l’électron, le proton et le neutron ont un spin 1/2 tandis que le photon
a un spin 1 et le graviton (s’il existe !) a un spin 2. La figure Fig. 5.1 résume les valeurs admissibles
de j et m.
J± |j, mi = c±
jm |j, m ± 1i. (5.77)
Pour ce faire, on utilise à nouveau l’expression (5.54) pour J± J∓ . Calculant la norme de l’égalité
précédente, on obtient
†
|c± 2
jm | = hjm|J± J± |jmi
= hjm|J∓ J± |jmi
(5.78)
= hjm|J 2 − Jz2 ∓ ~Jz |jmi
= [j(j + 1) − m(m ± 1)]~2 .
5.3.4 Mesures de Jx et Jy
En inversant les relations (5.51) pour J± , on calcule aisément les valeurs moyennes de Jx,y . En effet,
on a
1 1
Jx = (J+ + J− ) Jy = (J+ − J− ) (5.80)
2 2i
et donc
1 1
hj, m|Jx |j, mi = hj, m|J+ |j, mi + hj, m|J− |j, mi = 0. (5.81)
2 2
De la même façon on trouve que
hj, m|Jy |j, mi = 0. (5.82)
Ainsi, si le système est préparé dans un état propre |j, mi de J 2 et Jz , les valeurs moyennes de Jx
et Jy sont nulles.
130 Moment cinétique en mécanique quantique
L’incertitude sur les résultats de mesures de Jx et Jy dans l’état |jmi n’est donc nulle que si j = 0.
Notons finalement que ces écarts-types satisfont la relation d’incertitude Éq. (2.33) qui prend ici la
forme
~
∆Jx ∆Jy ≥ |hJz i| (5.85)
2
puisque
|m| ≤ j ⇒ ~2 [j(j + 1) − m2 ]/2 ≥ ~2 |m|/2. (5.86)
Dans la plupart des cas, les observables J 2 et Jz ne forment pas un ECOC à eux seuls. L’ECOC
d’un système fera intervenir en général d’autres observables A, B, . . . et la base correspondante
dépendra d’autres nombres quantiques |α, β, . . . , j, mi. Il est commode de regrouper tous ces nombres
quantiques supplémentaires en un seul indice k. On introduit donc les états
|k, j, mi (5.87)
avec
k = 1, 2, 3 . . . , g(j, m). (5.88)
Notons que l’on a ici supposé un spectre discret simplement pour simplifier la discussion subséquente.
Ces états forment une base d’un sous-espace E(j, m) de dimension g(j, m). L’action de J± (pour
m 6= ±j) sur ces vecteurs produit les vecteurs orthonormés des sous-espaces E(j, m ± 1) de même
dimension
J± |k, j, mi ∝ |k, j, m ± 1i. (5.89)
On construit ainsi (2j + 1) sous-espaces E(j, j), E(j, j − 1), E(j, j − 2), . . . , E(j, −j) de dimension
g(j, m). Puisque la dimension de ces espaces est indépendante du nombre quantique m, on laissera
tomber l’indice m dans le degré de dégénérescence : g(j, m) = g(j).
5.3 Théorie générale du moment cinétique 131
L’union de ces sous-espaces pour chacune des valeurs possibles du nombre quantique j forme l’espace
complet des états du système considéré. Il s’agit de la base ‘standard’ pour laquelle on a les relations
d’orthogonalité et de fermeture suivantes :
j g(j)
X X X
0 0 0
hk, j, m|k , j , m i = δkk0 δjj 0 δmm0 ; |k, j, mihk, j, m| = I. (5.90)
j m=−j k=1
Donc, pour un j donné, nous avons divisé l’espace des états E(j) en 2j + 1 sous-espaces E(j, m).
L’utilisation de ces sous-espaces présente toutefois quelques inconvénients. En effet, leur dimension
g(j) n’est pas à priori connue et dépend du système considéré. De même, les sous-espaces E(j, m)
ne sont pas invariants sous l’action de J puisque, par construction même des vecteurs |k, j, mi, les
opérateurs d’échelle J± ont des éléments de matrice non nuls entre des vecteurs de E(j, m) et de
E(j, m ± 1).
Ainsi, au lieu de regrouper les kets |k, j, mi qui ont des indices j et m fixes, et donc sous-tendent
E(j, m), nous regroupons ensemble ceux pour lesquels k et j ont des valeurs données. Nous appellerons
E(k, j) le sous-espace qu’ils engendrent. Cette opération revient à regrouper les vecteurs d’une même
colonne [E(k, j)] plutôt que d’une même ligne [E(j, m)] dans le tableau suivant :
|1, j, ji |2, j, ji |3, j, ji · · · |k, j, ji ··· |g(j), j, ji
|1, j, j − 1i |2, j, j − 2i · · · |k, j, j − 1i · · · |g(j), j, j − 1i
.. .. .. ..
. . 0 0 . 0 .
|1, j, mi
(5.91)
|2, j, mi ··· ··· |k, j, mi ··· |g(j), j, mi
.. .. .. ..
. . . .
|1, j, −ji |2, j, −ji |3, j, −ji ··· |k, j, −ji ··· |g(j), j, −ji
Ce regroupement est plus commode car la dimension de E(k, j) est 2j + 1 quel que soit k. De même,
E(k, j) est invariant sous l’action de J car une composante quelconque de J agissante sur un ket de
E(k, j) donne un autre ket appartenant également à E(k, j).
L’action des composantes du moment cinétique sur les états |k, j, mi ne dépendant pas du nombre
quantique k, on a donc comme précédemment
De ces expressions, on obtient facilement les représentations matricielles des différentes composantes
de J dans le sous-espace E(k, j) pour j = 0, 1/2, 1, 2/3, . . . Par exemple, pour j = 0 la seule valeur
132 Moment cinétique en mécanique quantique
possible de m est m = 0 et la dimension de E(k, 0) est égale à 1. Les matrices représentant les trois
composantes de J se réduisent donc à des nombres :
Ji := 0, (5.95)
avec i = x, y, z.
Pour j = 1/2, il y a deux valeurs possibles de m, soit m = ±1/2. On a donc dim[E(k, 1/2)] = 2. Si
l’on prend les vecteurs de base dans l’ordre {m = 1/2, m = −1/2}, on trouve les représentations
suivantes :
! ! !
~ 1 0 0 1 0 0
Jz := ; J+ := ~ ; J− := ~ . (5.96)
2 0 −1 0 0 1 0
Ainsi, dans le cas j = 1/2, situation correspondant à un spin 1/2, on retrouve les matrices de Pauli
déjà introduite à l’Éq. (3.6)
~
Ji = σi , (5.99)
2
avec i = x, y, z. À la section 3.1, la justification utilisée pour introduire les matrices de Pauli est que
celles-ci forment une base pour les matrices hermitique 2 × 2. Ici, nous avons obtenu le même résultat
en utilisant seulement les relations de commutation entre les composantes du moment cinétique, et
donc, en utilisant seulement la relation de commutation entre X et P .
Comme il se doit, Jz et J 2 ont tous deux des représentations diagonales dans la base |j, mi.
5.4 Application au moment cinétique orbital 133
Dans la section précédente, nous avons développé une théorie générale pour un moment cinétique
arbitraire J . Revenons maintenant au cas du moment orbital L = R × P d’une particule ponctuelle
sans spin. Nous verrons que dans cette situation, seules les valeurs entières (et non demi-entières) de
l et m peuvent être réalisées. Cette section sera utile à l’étude de l’atome d’hydrogène au chapitre
suivant.
Nous travaillerons ici dans la représentation |ri où l’observable moment cinétique L prend la forme
~
L=R×P → r × ∇. (5.101)
i
En coordonnées sphériques, on a
∂ 1 ∂ 1 ∂
∇ = r̂ + θ̂ + φ̂ (5.102)
∂r r ∂θ r sin θ ∂φ
et
r = rr̂ (5.103)
avec r > 0, θ ∈ [0, π], φ ∈ [0, 2π[. Utilisant ces deux expressions dans l’équation (5.101), on peut
écrire
~ ∂ ∂ 1 ∂
L= r(r̂ × r̂) + (r̂ × θ̂) + (r̂ × φ̂) . (5.104)
i ∂r ∂θ sin θ ∂φ
Puisque
r̂ × r̂ = 0 r̂ × θ̂ = φ̂ r̂ × φ̂ = −θ̂, (5.105)
Afin d’obtenir les expressions pour les composantes Lx , Ly et Lz du moment cinétique, il est utile
d’exprimer les vecteurs unitaires θ̂ et φ̂ en coordonnées cartésiennes :
De ces expressions, on obtient facilement les expressions en représentation position des opérateurs
d’échelles :
L± = Lx ± iLy
~ ∂ ∂
= (− sin φ ± i cos φ) − cot θ(cos φ ± i sin φ) (5.112)
i ∂θ ∂φ
∂ ∂
= ±~e±iφ ± i cot θ .
∂θ ∂φ
L’expression pour L2 sera aussi utile. Pour l’obtenir, on utilise la relation (5.55) :
On vérifie que
∂2 ∂2
2 ∂ 2 ∂
L+ L− = −~ 2
+ cot θ + cot θ 2
+i (5.114)
∂θ ∂θ ∂φ ∂φ
et donc que
1 ∂2
2 2 1 ∂ ∂
L = −~ sin θ + . (5.115)
sin θ ∂θ ∂θ sin2 θ ∂φ2
Finalement, il sera aussi utile d’exprimer l’opérateur laplacien en coordonnées sphériques
2 1 ∂ 2 ∂ 1
∇ = 2 r − 2 2 L2 . (5.116)
r ∂r ∂r r ~
Dans la représentation |ri, les fonctions propres des opérateurs L2 et Lz associées aux valeurs
propres l(l + 1)~2 et m~ sont solutions des équations différentielles suivantes
Les opérateurs L2 et Lz n’ont aucune dépendance radiale et par conséquent ces deux équations
aux valeurs propres ne peuvent déterminer la dépendance radiale de la fonction d’onde ψ(r, θ, φ).
Ainsi, l’ensemble {L2 , Lz } ne forme pas un ECOC. La détermination de la fonction d’onde peut être
5.4 Application au moment cinétique orbital 135
complétée par la solution d’une troisième équation différentielle. Par exemple, pour un hamiltonien
invariant sous rotation :
~∇2
Hψ(r, θ, φ) = − + V (r) ψ(r, θ, φ) = Eψ(r, θ, φ). (5.119)
2m
On cherche maintenant les valeurs de l et m admissibles et la forme des Ylm (θ, φ). L’équation aux
valeurs propres pour Lz en coordonnées sphériques est
~ ∂ m
Lz Ylm (θ, φ) = Y (θ, φ) = m~Ylm (θ, φ) (5.125)
i ∂φ l
dont les solutions sont de la forme
ce qui implique
e2πim = 1. (5.128)
En effet, si Ylm (θ, φ) n’était pas continue, elle ne serait pas dérivable partout et ne pourrait par
conséquent pas être une fonction propre de Lz = (~/i)∂/∂φ. Une discussion intéressante de cela et
se basant sur des arguments souvent laisser sous silence par les livres d’introduction à la mécanique
quantique se trouve à la section §10.2 de la Réf. [5].
136 Moment cinétique en mécanique quantique
Nous avons montré à la section §5.3.2 que m ne peut être qu’entier ou demi-entier. Puisqu’une
valeur demi-entière de m conduit à exp(2πim) = −1, on en conclut que dans le cas d’un moment
cinétique orbital, m ne peut prendre que les valeurs entières
Puisque m ne peut prendre que des valeurs entières, on conclut donc aussi qu’il doit en être de
même pour l.
On a donc
∂
− l cot θ Fll (θ) = 0 (5.132)
∂θ
dont la solution est
Fll (θ) = cl sinl θ, (5.133)
avec cl est une constante de normalisation. Ainsi, pour chaque valeur admissible de l, il existe une
fonction Yll (θ, φ) unique (à une phase près) :
Yll (θ, φ), Yll−1 (θ, φ), . . . , Ylm (θ, φ), . . . Yl−l (θ, φ). (5.135)
0 2 -1 2
Y0 (θ) Y1 (θ)
0 2
Y1 (θ) 0
Y2 (θ)
2
1 2
Y2 (θ) 2 2
Y2 (θ)
Figure 5.2: Module carré de quelques-unes des premières harmoniques sphériques Ylm (θ, φ). Le module carré
de ces fonctions ne dépend que de l’angle θ.
p dm
Plm (u) = (1 − u2 )m m Pl (u) (−1 ≤ u ≤ +1) (5.137)
du
avec
(−1)l dl
Pl (u) = (1 − u2 )l (5.138)
2l l! dul
le polynôme de Legendre régulier.
La figure 5.2 illustre quelques-unes des premières harmoniques sphériques. Les harmoniques
sphériques illustrées sont :
1/2
3 1/2
1
Y00 (θ, φ) = ; Y10 (θ, φ)
= cos θ;
4π 4π
3 1/2
1/2
15
Y1±1 (θ, φ)=∓ sin θe±iφ ; ±1
Y2 (θ, φ) = ∓ sin θ cos θe±iφ ;
8π 8π
5 1/2 15 1/2 2 ±2iφ
0 ±2
Y2 (θ, φ) = (3 cos2 θ − 1); Y2 (θ, φ) = sin θe . (5.139)
16π 32π
138 Moment cinétique en mécanique quantique
Une fonction quelconque de θ et φ, f (θ, φ), peut donc être développée sur la base des harmoniques
sphériques
∞ X
X l
f (θ, φ) = clm Ylm (θ, φ) (5.142)
l=0 m=−l
avec Z 2π Z π
clm = dφ sin θdθYlm∗ (θ, φ)f (θ, φ). (5.143)
0 0
θ →π−θ
(5.144)
φ → π + φ.
Sous cette inversion, on peut montrer que les harmoniques sphériques sont de parité définie :
La parité de Ylm (θ, φ) est donc celle de l. Elle est indépendante de m. On peut aussi montrer que le
complexe conjugué de Ylm (θ, φ) est
Considérons une particule dont l’état est décrit par la fonction d’onde
En utilisant la décomposition (5.120) en parties radiale et angulaire, on écrit cette fonction d’onde
sous la forme
ψ(r, θ, φ) = R(r)Y (θ, φ). (5.148)
5.4 Application au moment cinétique orbital 139
Étant donné la forme purement angulaire de L± obtenue à l’Éq. (5.112), on vérifie facilement que
En comparant cette dernière expression avec l’expression (5.94) projetée dans la base |ri
p
L± ψk,l,m (r, θ, φ) = ~ l(l + 1) − m(m ± 1)ψk,l,m±1 (r, θ, φ)
p (5.151)
= ~ l(l + 1) − m(m ± 1)Rk,l,m±1 (r)Ylm±1 (θ, φ),
on en déduit que
Rk,l,m (r) = Rk,l,m± 1 (r) (5.152)
et donc que la partie radiale de la fonction d’onde est indépendante du nombre quantique m. On
peut donc écrire
ψk,l,m (r, θ, φ) = Rk,l (r)Ylm (θ, φ). (5.153)
Puisque les harmoniques sphériques satisfont déjà la relation d’orthonormalité (5.140), on en déduit
que les fonctions radiales Rk,l (r) sont elles-mêmes orthonormales
Z ∞
∗
r2 drRk,l (r)Rk0 ,l (r) = δkk0 . (5.155)
0
Des fonctions radiales ayant la même valeur du nombre quantique l mais des nombres quantiques k
différents sont orthogonales.
arbitraire. On imagine maintenant faire une mesure simultanée des grandeurs physiques correspondant
à L2 et Lz . Quels sont les résultats possibles ? Comme toujours, ces résultats sont les valeurs propres
0, 2~2 , 6~2 , . . . , l(l + 1)~2 , . . . de L2 et 0, ±~, ±2~, . . . , ±m~, . . . , ±l~ de Lz .
140 Moment cinétique en mécanique quantique
Afin de déterminer les probabilités correspondantes, on décompose la fonction d’onde ψ(r) sur la
base complète ψk,l,m (r)
X
ψ(r) = ck,l,m Rk,l (r)Ylm (θ, φ), (5.157)
k,l,m
Le projecteur correspondant à une mesure de L2 et de Lz ayant donnée les résultats l(l + 1)~2 et
m~ est
X
P = |klmihklm|. (5.159)
k
On somme sur k puisque la mesure effectuée ne spécifie pas ce nombre quantique. Suivant la règle
de Born Éq. (2.2), la probabilité correspondante est
X
PL2 ,Lz (l, m) = |ck,l,m |2 . (5.160)
k
De la même façon, pour une mesure de L2 seulement avec résultat l(l + 1)~2 on trouve
l
X l
X X
PL2 (l) = PL2 ,Lz (l, m) = |ck,l,m |2 , (5.161)
m=−l m=−l k
Notons que la restriction à l ≥ |m| est automatique car il n’y aura jamais de coefficient ck,l,m non
nul pour |m| supérieurs à l.
Notons que la décomposition (5.157) est plus générale que nécessaire car les opérateurs L2 et Lz
n’agissent que sur la partie angulaire de ψ(r). Afin de déterminer les probabilités, on peut donc se
contenter de décomposer sur la base des harmoniques sphériques (qui sont complètes). Dans cette
base, on trouve
X
ψ(r) = al,m (r)Ylm (θ, φ) (5.163)
l,m
avec Z 2π Z π
al,m (r) = dφ sin θdθ Ylm∗ (θ, φ)ψ(r, θ, φ), (5.164)
0 0
où on a simplement utilisé l’expression (5.143). En comparant les décompositions (5.157) et (5.163),
on évidemment que
X
al,m (r) = ck,l,m Rk,l (r). (5.165)
k
5.4 Application au moment cinétique orbital 141
De même, en comparant l’expression (5.164) pour al,m et l’expressions (5.158) pour ck,l,m on trouve
Z ∞
∗
ck,l,m = r2 drRk,l (r)al,m (r) (5.166)
0
Maintenant, prenant le module carré de al,m (r) et utilisant l’orthonormalité des Rk,l (r), on montre
que
2
Z ∞ Z ∞ X
r2 dr|al,m (r)|2 = r2 dr ck,l,m Rk,l (r)
0 0
k
X Z ∞
= r2 drc∗k,l,m ck0 ,l0 ,m0 Rk,l
∗
(r)Rk0 ,l0 (r)
k,k0 0
(5.167)
X
= c∗k,l,m ck0 ,l0 ,m0 δk,k0
k,k0
X
= |ck,l,m |2
k
En utilisant ce dernier résultat, on peut écrire la probabilité PL2 ,Lz (l, m) sous la forme
X Z ∞
PL2 ,Lz (l, m) = |ck,l,m |2 = r2 dr|al,m (r)|2 . (5.168)
k 0
et ∞
X Z
PLz (m) = r2 dr|al,m (r)|2 . (5.170)
l≥|m| 0
Ainsi, afin d’obtenir des prédictions physiques concernant les grandeurs physiques L2 et Lz , il est
suffisant de décomposer toutes fonctions d’onde sur la base des harmoniques sphériques.
Notons finalement (sans démonstration) que puisque Lz n’agit que sur φ, seule la dépendance
sur cette variable est importante dans le calcul de PLz (m). On peut donc utiliser le fait que les
harmoniques sont le produit d’une fonction de θ et d’une fonction de φ
eimφ
Ylm (θ, φ) = Zlm (θ) √ (5.171)
2π
pour décomposer ψ(r) en série de Fourier
X eimφ
ψ(r, θ, φ) = bm (r, θ) √ (5.172)
m 2π
avec Z 2π
1
bm (r, θ) = √ dφe−imφ ψ(r, θ, φ). (5.173)
2π 0
142 Moment cinétique en mécanique quantique
Dans ce cas, on peut montrer que la probabilité PLz (m) prend la forme
Z ∞ Z π
2
PLz (m) = r dr sin θdθ|bm (r, θ)|2 . (5.174)
0 0
Une décomposition en série de Fourier de la fonction d’onde ψ(r, θ, φ) est donc suffisante afin de
déterminer les probabilités correspondant à la mesure de Lz .
5.5 Problèmes
Problème 5.1. Montrez que pour qu’un opérateur commute avec toutes les composantes du vecteur
moment cinétique, il suffit qu’il commute avec deux d’entre elles.
Problème 5.2. On considère un système dans l’état
r r
15 1
ψ(θ, φ) = −iα sin θ cos θ sin φ + cos θ.
2π 8π
b) Lors d’une mesure de L2 sur ψ(θ, φ), quels résultats peut-on obtenir ? Quelles sont, en principe,
les valeurs de Lz compatibles avec ces résultats ?
c) Lors d’une mesure de Lz sur ψ(θ, φ), quels résultats peut-on obtenir ? Déterminez les probabilités
correspondantes.
b) On mesure L2z sur cet état. Donnez les résultats possibles ainsi que les projecteurs et probabilités
correspondantes.
L’atome d’hydrogène
Dans ce chapitre, nous étudierons un modèle simplifié de l’atome d’hydrogène. Nous considérerons
cet atome comme formé d’un électron sans spin et non-relativiste placé dans le champ coulombien
d’un proton. Résoudre ce problème consiste donc à déterminer les états propres de l’hamiltonien
p2e p2p e2
H= + − , (6.1)
2me 2mp 4π0 |r e − r p |
où pe , pp , r e , r p désignent les opérateurs impulsion et position de l’électron et du proton. Une
description plus détaillée incluant les effets relativistes et le spin requiert l’utilisation de l’équation de
Dirac, qui sera abordée dans le troisième cours de mécanique quantique. Nous obtiendrons néanmoins
une très bonne approximation pour les fonctions et énergies propres de l’atome d’hydrogène.
L’atome d’hydrogène est un système à deux corps dont l’interaction est décrite par un potentiel
central V (r p − r e ) ne dépendant que de la distance |r e − r p | entre les corps. On montrera ici qu’il
est possible de réduire ce système à un système effectif à un corps.
avec
P2 p2
Hcm = Hrel = + V (r), (6.5)
2M 2µ
et l’où l’on a introduit la masse totale M et la masse réduite µ :
mp me
M = mp + me µ= . (6.6)
mp + me
Ainsi, toute variable associée au mouvement du centre de masse commute avec toute autre variable
associée au mouvement relatif. Ces relations de commutation conduisent à
On peut ainsi trouver une base propre de H sous la forme de fonctions qui seront simultanément
états propres de P et de Hrel . Ce type de transformations des opérateurs préservant les relations de
commutation (6.7) est connu sous le nom de transformation canonique.
eiK·R/~ , (6.10)
où K est un vecteur d’onde arbitraire. La base recherchée est donc de la forme
On cherchera donc à résoudre dans le reste de ce chapitre l’Éq (6.12) pour le mouvement relatif.
Puisque p et r satisfont les relations de commutation canoniques de l’observable impulsion et
position, cela revient à étudier le mouvement d’une particule de masse µ dans le potentiel V (r).
Puisque mp me , on a µ ≈ me et on négligera la petite différence entre µ et me .
6.2 Mouvement dans un potentiel central 145
Suivant les résultats de la section précédente, on cherche à résoudre l’équation de Schrödinger pour
une particule ayant Hrel comme hamiltonien et où V (r) est un potentiel central ne dépendant que
de |r| = r. En représentation de position, ceci conduit à l’équation de Schrödinger indépendante du
temps suivante
~2 ∇2
− + V (r) ψ(r) = Eψ(r), (6.14)
2m
où l’on prit m = µ pour alléger la notation. Puisque le potentiel est central, il est utile de passer aux
coordonnées sphériques. Utilisant l’expression (5.116) pour l’opérateur laplacien dans ce système de
coordonnées,
1 ∂
2 2 ∂ 1 2
∇ = 2 r − L , (6.15)
r ∂r ∂r r2 ~2
on peut écrire l’équation de Schrödinger sous la forme
~2 1 ∂ L2
2 ∂
− r + + V (r) ψ(r, θ, φ) = Eψ(r, θ, φ). (6.16)
2m r2 ∂r ∂r 2mr2
Tel que discuté au chapitre précédent, les composantes de l’observable moment cinétique L commutent
avec l’hamiltonien [H, L] = 0 et l’ensemble {H, L2 , Lz } forme un ECOC. Les fonctions propres du
système seront donc de la forme
ψ(r, θ, φ) = R(r)Y (θ, φ), (6.17)
où les Y (θ, φ) sont les harmoniques sphériques qui sont fonctions propres de L2 et Lz
~2 Y ∂ l(l + 1)~2
2 ∂R
− r + RY + V (r)RY = ERY. (6.20)
2m r2 ∂r ∂r 2mr2
En divisant par Y de part et d’autre, on obtient une équation différentielle seulement pour la partie
radiale R(r) de la fonction d’onde
~2 1 ∂ l(l + 1)~2
2 ∂
− r + V (r) + R(r) = ER(r). (6.21)
2m r2 ∂r ∂r 2mr2
On remarque que la partie radiale dépend du nombre quantique l mais pas du nombre quantique m.
On pourra donc écrire la fonction d’onde recherchée comme
où k est le nombre quantique distinguant les différentes valeurs propres de la partie radiale. Les
énergies propres correspondantes Eklm seront donc dégénérées 2l + 1 fois, correspondant aux
146 L’atome d’hydrogène
différentes valeurs possibles de m = l, l − 1, . . . , −l. On note aussi que la partie angulaire Ylm (θ, φ)
de la fonction d’onde ne dépend pas du potentiel V (r). La forme du potentiel n’influence donc que
la partie radiale R(r).
Afin de résoudre ce système, il est utile de réécrire l’équation radiale sous la forme
~2
2
l(l + 1)~2
∂ 2 ∂
− + + V (r) + R(r) = ER(r). (6.23)
2m ∂r2 r ∂r 2mr2
et d’introduire la fonction d’onde réduite
l=1
l=0
distance, r
Figure 6.1: Potentiel effectif Veff (r) en fonction de la séparation r et pour différentes valeurs de l. On a ici
pris V (r) ∝ −1/r comme pour l’atome d’hydrogène. Rouge : l = 0, bleu : l = 1 et vert : l = 2.
~2 d2 e2 1 l(l + 1)~2
− u(r) + − + u(r) = Eu(r). (6.31)
2m dr2 4π0 r 2mr2
Dans cette section, on cherchera à résoudre cette équation afin de déterminer u(r) et les énergies
propres E permises. Le potentiel effectif correspondant admet des solutions d’énergie positive et
d’énergie négative. Pour ces premières (E > 0), on obtient un continuum d’énergies possibles
correspondantes à des états non liés. Dans le second cas (E < 0), on obtient des énergies discrètes
correspondantes à des états liés du proton et de l’électron. Ce sont ces dernières qui nous intéresseront
dans cette section.
Les calculs nécessaires à la résolution de cette équation sont relativement simples, mais fastidieux.
Puisqu’il s’agit de l’un des problèmes importants de la mécanique quantique, et l’un des seuls
solubles exactement, il est toutefois satisfaisant de faire le calcul en détail.
Puisque l’on s’intéresse à E < 0, κ est réelle. En divisant l’équation radiale Eq. (6.31) par E de
chaque côté, on obtient
~2 d2 e2 1 1 l(l + 1)~2
− u(r) + − + u(r) = u(r),
2mE dr2 4π0 E r 2mEr2
(6.33)
1 d2 me2
1 l(l + 1)
⇒ 2 2 u(r) + − u(r) = u(r).
κ dr 2π0 ~2 κ (κr) (κr)2
148 L’atome d’hydrogène
me2
ρ = κr ρ0 = , (6.34)
2π0 ~2 κ
ce qui conduit à
d2
ρ0 l(l + 1)
u(ρ) + − u(ρ) = u(ρ),
dρ2 ρ ρ2
(6.35)
d2
ρ0 l(l + 1)
⇒ 2 u(ρ) = 1 − + u(ρ).
dρ ρ ρ2
Examinons d’abord le comportement de cette équation dans deux limites. Premièrement, on considère
le cas où ρ → ∞. On a alors approximativement
d2
u(ρ) ≈ u(ρ) (6.36)
dρ2
pour ρ grand. Dans la limite opposée ρ → 0 (et pour l 6= 0), le terme centrifuge en 1/ρ2 domine et
l’équation radiale prend la forme approximative
d2 l(l + 1)
2
u(ρ) ≈ u(ρ). (6.39)
dρ ρ2
pour ρ petit.
Les deux formes asymptotiques que l’on vient d’obtenir suggèrent un nouveau changement de
variable. On définit une fonction v(ρ) qui tient compte de ces formes asymptotiques
La forme de la solution pour v(ρ) sera plus simple que celle pour u(r). Afin d’utiliser cette nouvelle
fonction dans la solution de l’équation radiale, on commence par exprimer la dérivée seconde de
6.3 Atome d’hydrogène 149
du d l+1 −ρ
= ρ e v
dρ dρ
d
= (l + 1)ρl e−ρ v − ρl+1 e−ρ v + ρl+1 e−ρ v (6.43)
dρ
dv
= ρl e−ρ (l + 1 − ρ)v + ρ
dρ
et donc
d2 u
d l −ρ dv
= ρe (l + 1 − ρ)v + ρ
dρ2 dρ dρ
l−1 −ρ dv l −ρ dv
= lρ e (l + 1 − ρ)v + ρ −ρe (l + 1 − ρ)v + ρ
dρ dρ
2
(6.44)
dv dv d v
+ ρl e−ρ (−1)v + (l + 1 − ρ) + +ρ 2
dρ dρ dρ
d2 v
l −ρ l(l + 1) dv
=ρe −2l − 2 + ρ + v + 2(l + 1 − ρ) + ρ 2
ρ dρ dρ
Portant ce résultat et la définition Éq. (6.42) de v(ρ) dans l’expression (6.35) pour l’équation radiale,
on obtient
d2 v
l(l + 1) dv
ρl e−ρ
−2l − 2 + ρ + v + 2(l + 1 − ρ) + ρ 2
ρ dρ dρ
(6.45)
ρ0 l(l + 1) l+1
= 1− + ρ e−ρ
v
ρ ρ2
(" # )
l(l +1) dv d2 v
⇒ −2l − 2 + ρ + v + 2(l + 1 − ρ) + ρ 2
ρ dρ dρ
" # (6.46)
l(l + 1)
= ρ − ρ0 + v
ρ
d2 v
dv
⇒ [−2l − 2] v + 2(l + 1 − ρ) + ρ 2 = −ρ0 v. (6.47)
dρ dρ
d2 v dv
ρ + 2(l + 1 − ρ) + [ρ0 − 2(l + 1)] v = 0. (6.48)
dρ2 dρ
Le gain par rapport à la forme Eq. (6.35) de l’équation radiale est que la dépendance des coefficients
de cette nouvelle expression est en ρ plutôt qu’en 1/ρ. Ceci simplifiera la solution.
On suppose maintenant que la solution v(ρ) peut s’exprimer comme une série de puissances en ρ
∞
X
v(ρ) = cs ρs . (6.49)
s=0
150 L’atome d’hydrogène
Sous cette forme, on a comme tâche de déterminer les coefficients (c0 , c1 , . . . ). Pour ce faire, on
porte cette forme pour v(ρ) dans l’équation (6.48). Déterminons d’abord les dérivées première et
seconde de v(ρ) :
∞
dv X
= scs ρs−1 . (6.50)
dρ
s=0
où l’on a laissé tomber le terme s0 = −1 puisqu’il ne contribue pas à la somme. Utilisant ce résultat,
on a pour la dérivée seconde
∞ ∞
d2 v d X s
X
= (s + 1)cs+1 ρ = s(s + 1)cs+1 ρs−1 . (6.52)
dρ2 dρ
s=0 s=0
On ne retrouve dans cette expression que des puissances s de ρ, sauf dans le deuxième terme où
l’on trouve ρs+1 . Un simple changement d’indice de sommation s0 = s + 1 permet de faire passer ce
terme à une puissance s. En effet,
∞ ∞ ∞ ∞
0 0
X X X X
ρ (s + 1)cs+1 ρs = (s + 1)cs+1 ρs+1 = s0 cs0 ρs = s0 cs0 ρs . (6.54)
s=0 s=0 s0 =1 s0 =0
s(s + 1)cs+1 ρs + 2(l + 1)(s + 1)cs+1 ρs − 2scs ρs + [ρ0 − 2(l + 1)] cs ρs = 0 (6.56)
ou encore
2(s + l + 1) − ρ0
cs+1 = cs . (6.57)
(s + 1)(s + 2l + 2)
En partant de c0 , une constante qui pourra être fixée par la condition de normalisation, on a donc
une expression pour construire les coefficients cs de manière récursive. Nous avons donc en main la
solution complète pour l’atome d’hydrogène.
6.3 Atome d’hydrogène 151
On considère pour commencer le cas où s est grand, ce qui correspond à ρ grand car alors les grandes
puissances de s dominent. Dans ce cas, on a
2s 2
cs+1 ≈ cs = cs . (6.58)
s(s
+ 1) s+1
On a gardé ici s + 1 et non pas simplement s au dénominateur seulement pour nous faciliter la tâche
dans ce qui suit. Dans cette approximation, on a donc que
2 2 2 2 2 2 2s
cs = cs−1 = × cs−2 = × × cs−3 = . . . = c0 . (6.59)
s s s−1 s s−1 s−2 s!
Ce qui nous permet d’écrire
∞
X 2s
v(ρ) = c0 ρs = c0 e2ρ (6.60)
s!
s=0
et donc
u(ρ) = c0 ρl+1 eρ . (6.61)
Pour les grandes valeurs de ρ, cette solution diverge. Ceci n’est pas admissible physiquement et par
conséquent on doit en conclure que la série doit se terminer à une puissance finie de ρ de façon a
éviter cette divergence. Il doit donc exister une valeur maximale de l’indice de sommation smax qui
est telle que
csmax +1 = 0. (6.62)
2(smax + l + 1) − ρ0
csmax +1 = cs =0 (6.63)
(smax + 1)(smax + 2l + 2) max
⇒ 2(smax + l + 1) − ρ0 = 0. (6.64)
n ≡ (smax + l + 1) (6.65)
on a que
ρ0 = 2n. (6.66)
Notons que n est un entier puisque smax en est un par définition et que l est le nombre quantique
associé à la partie angulaire de la fonction d’onde et est lui-même un entier. Notons aussi que la
valeur minimale que peut prendre n est l’unité.
Ce résultat implique la quantification des niveaux d’énergie pour l’atome d’hydrogène. En effet,
selon les équations (6.32) et (6.34) :
√
−2mE me2
κ= ρ0 = , (6.67)
~ 2π0 ~2 κ
152 L’atome d’hydrogène
Il s’agit de la formule de Bohr. Ce résultat a été obtenu en 1913 par Bohr, en utilisant un mélange
incertain de mécanique quantique et classique puis a été retrouvé par Schrödinger en 1927 avec
l’approche présentée ici ne se basant que sur la mécanique quantique. Il s’agit sans contredit de l’un
des résultats les plus importants de la mécanique quantique.
me2
1 1
κ= ≡ , (6.70)
4π0 ~2 n a0 n
où
4π0 ~2
a0 = ∼ 0.529 × 10−10 m = 5.29 nm (6.71)
me2
est le rayon de Bohr. Utilisant cette définition et (6.34) à nouveau, on obtient
r
ρ= . (6.72)
a0 n
Notons finalement que, malgré que a0 ∼ 5.29 nm semble une bien petite grandeur, les transistors
dans nos ordinateurs font moins de 30 nm. La technologie de masse actuelle s’approche donc des
limites où la mécanique quantique s’avère importante. Il s’agit d’une motivation importante pour la
recherche sur les ordinateurs quantiques.
En tenant compte du nombre quantique n, les fonctions d’ondes de l’atome d’hydrogène peuvent
s’écrire sous la forme
ψnlm (r, θ, φ) = Rnl (r)Ylm (θ, φ). (6.73)
Utilisant l’expression (6.24) pour R en fonction de u puis l’expression (6.42) pour u en fonction de
v, on obtient
l+1
1 1 r
Rnl (r) = ρl+1 e−ρ v(ρ) = e−r/a0 n v(ρ), (6.74)
r r a0 n
où v(ρ) est un polynôme de degré smax = n − l − 1 en ρ et dont les coefficients sont donnés par la
relation récursive
2(s + l + 1) − ρ0
cs+1 = cs . (6.75)
(s + 1)(s + 2l + 2)
6.3 Atome d’hydrogène 153
Considérons maintenant en plus de détails les premiers états de l’atome d’hydrogène. L’énergie de
l’état fondamental (n=1) est
" 2 #
e2
m
E1 = − = −13.6 eV. (6.76)
2~2 4π0
Les énergies E > 0 correspondant à des états non liés, 13.6 eV est donc l’énergie qu’il faut donner
pour ioniser l’atome d’hydrogène 1 . Puisque n = smax + l + 1, on a donc smax = l = 0 pour n = 1.
Puisque l = 0, on a donc aussi m = 0. L’état propre correspondant est donc
avec
1 r c0 −r/a0
R10 (r) = e−r/a0 c0 = e (6.78)
r a0 a0
puisque c0 est le seul coefficient non nul. On obtient c0 de la condition de normalisation Eq. (5.124)
Z ∞
|c0 |2 ∞ −2r/a0 2
Z
a0 2
|R01 (r)|2 r2 dr = 2 e r dr = |c0 |2 =1 ⇒ c0 = √ . (6.79)
0 a 0 0 4 a0
√
Puisque Y00 (θ, φ) = 1/ 4π, on trouve finalement pour l’état propre |100i
1
ψ100 (r, θ, φ) = p e−r/a0 . (6.80)
πa30
2.0
a) 0.5 r2|R10|2 b)
1.5 R10 0.4
r2|R(r)|2
1.0 0.3 r2|R21|2
R(r)
R20 0.2
0.5 r2|R20|2
R21 0.1
0.0
0.0
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
r/a0 r/a0
Figure 6.2: Partie radiale a) et densité de probabilité b) correspondante pour la fonction d’onde de l’atome
d’hydrogène. Le maximum de la probabilité s’éloigne de r = 0, c’est-à-dire comme le minimum de Veff (r)
illustré à la Fig. 6.1.
On en déduit donc
c0 r
v(ρ) = (1 − ρ)c0 ⇒ R20 (r) = 1− e−r/2a0 , (6.84)
2a0 2a0
où c0 est à nouveau à être déterminé en utilisant la condition de normalisation.
Pour l = 1, il n’y a qu’un terme non nul, soit c0 , dans la série récursive et on trouve
c0 −r/2a0
R21 (r) = re . (6.85)
4a20
Déterminons maintenant le niveau de dégénérescence g(n) pour n arbitraire. À n fixe, les valeurs
admissibles de l sont selon Eq. (6.65)
l = 0, 1, 2, . . . , n − 1. (6.86)
Finalement, il est possible d’obtenir une forme plus compacte pour v(ρ) en terme de fonctions
spéciales, on obtient 2
v(ρ) = L2l+1
n−l−1 (2ρ), (6.88)
où p
d
Lpq−p (x) = (−1) p
Lq (x) (6.89)
dx
est le polynôme associé de Laguerre et
q
d
x
e−x xq
Lq (x) = e (6.90)
dx
2. Voir l’exercice 13.2.1. de la Réf. [6].
6.4 Problèmes 155
E [eV]
(300); 3s (31[-1,0,1]); 3p (32[-2,-1,0,1,2]); 3d
g=9
(200); 2s (21[-1,0,1]); 2p
-3.4 g=4
(100); 1s
-13.6 g=1
Figure 6.3: Énergies propres de l’atome d’hydrogène et leur degré de dégénérescence. La notation spectrosco-
pique pour les différents états est aussi donnée.
6.4 Problèmes
avec A, B > 0. On cherche a déterminer les niveaux d’énergie d’une particule de masse m dans ce
potentiel.
Problème 6.3. On considère une particule de masse M libre de se déplacer sur la surface d’un
cylindre de rayon R.
Problème 6.4. On considère une particule de masse m libre de se déplacer entre deux sphères
concentriques impénétrables de rayons a et b, avec a > b. Déterminez l’énergie du fondamental ainsi
que la fonction d’onde ψ(r) correspondante.
a) Commencez par obtenir la fonction d’onde non normalisée du fondamental en utilisant les
conditions aux frontières.
Les postulats de la mécanique quantique décrivent deux sortes d’évolution pour les systèmes
quantiques. Premièrement, l’équation de Schrödinger décrit une évolution unitaire donc réversible.
D’autre part, le postulat de réduction décrit une évolution abrupte et non-réversible. Dans l’esprit
de ce postulat, le système à mesurer est décrit par les lois de la mécanique quantique et l’appareil
de mesure est décrit par les lois de la mécanique classique. Il existe donc en quelque sorte dans cette
description une “frontière” entre les mondes quantiques et classiques. Mais comment décider où
placer cette frontière ?
Dans la présente section nous adopterons un différent point de vue sur la mesure. Nous traiterons
en effet le système à mesurer et l’appareil de mesure sur le même pied d’égalité, c’est-à-dire tous
deux utilisant la mécanique quantique et donc l’équation de Schrödinger. L’approche décrite dans
cette section est due au mathématicien John von Neumann.
où λ est une constante réelle décrivant la ‘force’ de ce couplage et Os est, tel qu’indiqué plus haut,
l’observable du système que l’on cherche à mesurer. L’hamiltonien total décrivant le système et
l’appareil de mesure est donc
2
Pm
H = Hs + + λOs Pm . (A.3)
2m
158 Théorie quantique de la mesure
?
1 0 1
0
Figure A.1: Système couplé à un appareil de mesure. Ici, on représente symboliquement un qubit couplé à
un appareil servant à distinguer si le qubit est dans l’état |0i ou |1i.
l’observable à mesurer Os est une constante du mouvement. De cette façon, la grandeur physique
que l’on cherche à mesurer ne change pas au cours de la mesure. On supposera ici que cette relation
est satisfaite. Notons qu’une mesure respectant cette condition est dite non-desctuctive, ou encore
quantum non-demolition (QND) en anglais.
de sorte que l’impulsion du pointeur est une constante du mouvement, tandis que sa position ne
l’est pas. Nous verrons à la fin de cette section que l’information par rapport à l’observable Os sera
encodée dans la position du pointeur. La lecture de la position du pointeur correspondra donc à une
mesure de l’observable Os .
Puisque les trois termes de H commutent les uns avec les autres, nous avons
2
Pm
U (t) = e−iHt/~ = e−iHs t/~ e−i 2m t/~ e−iλtOs Pm /~ . (A.8)
Afin de déterminer l’évolution due à U (t) sur un état arbitraire, on commence par écrire l’observable
Os dans la base où elle est diagonale [en utilisant le théorème de décomposition spectrale, Eq. (1.192)] :
X X
Os = oα |αihα| ≡ oα Pα avec Os |αi = oα |αi. (A.10)
α α
Puisque Pα Pα0 = Pα δαα0 , il n’y aura jamais de termes croisés dans l’expansion de ( α oα Pα )n et
P
donc
∞
XX 1 X
U (t) = (−iλtPm oα /~)n Pα = e−iλtoα Pm /~ Pα . (A.12)
α
n! α
n=0
L’expression pour l’opérateur d’évolution est substantiellement simplifiée puisqu’il ne reste plus
qu’un opérateur dans l’exponentielle.
On utilise maintenant ce résultat afin de déterminer l’évolution d’un état combiné système +
pointeur. On prendra l’état initial du système comme arbitraire
X
|φs (0)i = cα |αi (A.13)
α
Utilisant les résultats précédents pour l’opérateur d’évolution, on obtient pour l’état au temps t
X
|ψ(t)i = U (t) cα |αi ⊗ |β(0)i
α
X
= cα U (t) (|αi ⊗ |β(0)i)
α
X (A.16)
= cα Pα0 |αi ⊗ e−iλtoα0 Pm /~ |β(0)i
α,α0
X
= cα |αi ⊗ e−iλtoα Pm /~ |β(0)i.
α
Afin de compléter le calcul, on doit d’abord déterminer l’effet de exp (−iλtoα Pm / ~) sur |xi. Afin de
déterminer cet effet rappelons que, tel que montré à l’Eq. (1.73),
∞
X ∞
X
[X, F (P )] = fn [X, P n ] = i~ fn nP n−1 = i~F 0 (P ). (A.17)
n=0 n=0
160 Théorie quantique de la mesure
1
0
0 1
+ 1
0
0 1
Figure A.2: Représentation de l’enchevêtrement entre un système (ici un qubit) et un appareil de mesure.
En raison de l’enchevêtrement, la mesure de l’état de l’appareil de mesure projette le qubit sur la base des
états {|0i, |1i}.
On a donc
[Xm , e−iλtoα Pm /~ ] = +λtoα e−iλtoα Pm /~ (A.18)
et par conséquent
L’opérateur exp (−iλtoα Pm /~) agit donc comme opérateur de translation sur les états propres de
position. Utilisant ce résultat, on trouve que la translation de l’état |β(0)i donne
Z
−iλtoα Pm /~ 1 2 2
e |β(0)i = p√ dx e−x /2σ |x + λtoα i
πσ
Z
1 2 2
(A.23)
= p√ dx e−(x−λtoα ) /2σ |xi
πσ
= |β(λtoα )i.
Tel qu’illustré à la figure A.2, l’état du pointeur est donc enchevêtré avec celui du système. Si
l’incertitude σ sur la position du pointeur est plus petite que le déplacement du pointeur λtoα , alors
161
une observation de la position du pointeur correspond à une mesure de l’observable Os . L’état après
la mesure du pointeur sera
|αi ⊗ |β(λtoα )i (A.25)
avec probabilité |cα |2 . C’est le résultat que l’on aurait obtenu si nous n’avions pas inclus l’appareil
de mesure dans la description quantique du système et simplement utilisé les postulats dès le début.
Bibliographie
Paradoxe EPR, 64
Photon
polarisation, 82
Principe de correspondance, 68
Spin, 85
Stern, Otto, 83
Temps de vie, 74
Transformation
canonique, 144
Visibilité, 93