Vous êtes sur la page 1sur 15

Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement

__________________________________________________________________________________

1- Introduction

Les éléments d'une structure peuvent se détruire sous l'effet des charges de plusieurs manières
différentes. Par exemple sous l'effet d'une flexion ou d'une traction excessive un élément
ductile se rompt, alors qu'un autre élément composé d'un matériau fragile se brise. Ainsi des
fractures peuvent apparaître dans un élément soumis à des charges cycliques. Dans la plupart
des cas que nous avons vu jusque là les modes de rupture peuvent être évités en limitant les
contraintes et les déformations aux limites admissibles. La résistance et la rigidité d'un
élément sont donc les critères importants dans la conception des structures.
L'expérience courante montre qu'une barre longue soumise à un effort de compression peut se
rompre par un phénomène de courbure de grande amplitude (i.e., flambement en mode de
flexion dit aussi flambement d'Euler).
Ce chapitre est consacré à l'étude de ce phénomène d'instabilité (Barres élancées
comprimées).

2- Equilibre élastique (Stable et instable)

L'équilibre élastique est stable si le corps après déformation tend à revenir à son état initial
quand on élimine l'action extérieure qui était à l'origine de cette déformation. Un équilibre est
instable si sous l'action d'une sollicitation quelconque, le corps en déformation continue de se
déformer dans le même sens que cette déviation imprégnée et ne revient pas à son état initial
lorsque la sollicitation cesse son action. Entre ces deux états d'équilibre se trouve un état
transitoire dit critique: le corps peut conserver la forme initiale ou bien la perdre sous une
sollicitation aussi petite qu'elle soit.
La Fig. II.1 montre les cas possibles de déformation d'une poutre axialement chargée, ainsi
qu'une analogie représentée par l'équilibre d'une boule sur des surfaces concaves, convexes ou
planes.

Fig. II.1 Stabilité et instabilité d'une barre comprimée

__________________________________________________________________________________
7
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________

On appelle charge critique Pcr, la charge qui, une fois dépassée, provoque la perte de stabilité
de la forme initiale du corps. Pour assurer la stabilité des éléments en compression il faut donc
limiter la force de compression à la force critique.

3- Force Critique

Considérons une barre de longueur L et de section S articulée à ses extrémités et soumise à


un effort de compression (Fig. II.2). L'expression de la force critique Pcr est déterminée à
partir de l'équation différentielle de la déformée de la barre:

Fig. II.2

(2-1)


I: le plus petit moment d'inertie (car le flambement se produira autour de l'axe fort)
v(x): la flèche
M(x) : moment fléchissant égal à:

M(x) = P × v(x) (2-2)

(2-2) en (2-1)  (2-3)

L'equation (2-3) est une équation différentielle de second ordre dont la solution est:

v(x)=A sin(kx) + B cos(kx) (2-4)

Où (2-5)

__________________________________________________________________________________
8
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________

à partir des conditions aux limites:

v(0)=0 (2-6.a)

v(L)=0 (2-6.b)

La première condition (Eq. (2-6.a)) donne B = 0 et la seconde (Eq. (2-6.b)) donne:

A sin(kL)=0 (2-7)

la solution de cette dernière équation est:

kL=n (2-8)

(2-5) en (2-8)  (2-9)

Fig. II.3 Les deux premiers modes de flambement

Donc pour le mode fondamental qui est toujours suffisant pour le calcul au flambement, la
charge critique devient:

(2-10)

L'équation (2-10) est dite aussi flambement d'Euler.

3.1- Longueur effective

La force critique d'une barre dépend des modes de fixation de ses extrémités. Ces modes
influent sur la forme de flambement. Ainsi une barre de longueur L encastrée à une extrémité
et libre à l'autre, se flambe d'une façon analogue à celle de la moitié d'une barre articulée aux
extrémités de longueur 2L.

__________________________________________________________________________________
9
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________

Fig. II.4 Simplification de la longueur de flambement d'une barre encastrée-libre

On écrit alors l'équation d'Euler sous la forme:

(2-11)


Leff = µL: la longueur effective.
µ : est un coefficient numérique dépendant des conditions aux limites de la barre.

Fig. II.5 Les différentes valeurs du coefficient µ pour le calcul de la longueur effective

__________________________________________________________________________________
10
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________

3.2 - Contrainte critique de flambement

La valeur de la contrainte critique de flambement est donnée par la formule:

(2-12)

Ou

: est le plus petit rayon de giration de la section S

En définissant l'élancement de la barre, l'équation (2-12) devient:

(2-13)

Puisque la contrainte critique σcr ne doit pas dépasser la limite de proportionnalité σpr dite
aussi fy du matériau de la barre, on peut donc déterminer un élancement limite λlim au-dessous
de laquelle on n'est plus autorisé de se servir de la formule ci-dessus :

(2-14)

et par conséquent

(2-15)

Ainsi pour l'acier, λlim = 100; pour la fonte λlim = 80 et pour le bois λlim = 70.
Le phénomène de flambement est observé aussi au-delà du domaine élastique. Dans ce cas, la
valeur de la contrainte critique est calculée d'après les données expérimentales de Yassinski.
Pour diffèrent matériaux elle est donnée par la formule empirique suivante:

σcr = a - bλ + cλ2 (2-16)

Les valeurs de a, b et c sont données pour l'Acier doux:

La formule de Yassinski est appliquée quand σcr est plus petite que σec (limite d'écoulement)
pour les matériaux ductiles et plus petite que la limite de résistance pour les matériaux
fragiles. Ainsi pour un matériau ductile la courbe σcr = f(λ) est caractérisée par 3 phases
distinctes (Fig. II.6): Un palier horizontal correspondant à σcr = σec,
__________________________________________________________________________________
11
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________
une droite oblique correspondant aux contraintes post-elastiques et l'hyperbole d'Euler qui
correspond au domaine élastique avec λ > λlim.

Fig. II.6 σcr = f(λ)

4 - L'effet des imperfections

Dans les structures réelles, les imperfections sont inévitables et peuvent produire des résultats
erronés en comparaison avec ceux des structures parfaites développés précédemment. Ces
imperfections peuvent être géométriques (défauts de planéité) ou matérielles (contraintes
résiduelles).
Pour les imperfections géométriques, considerons une barre de longueur L avec une
imperfection initiale de la forme suivante:

(2-17)

En cas de sollicitation axiale, l'équilibre impose:

EI v'' + N (v+v0) = 0 (2-18)

L'Equation. (2-18) est de deuxieme ordre dont la solution est:

v(x)=A sin (kx) + B cos (kx) + (2-19)

Où (2-20)
à partir des conditions aux limites:

v(0)=0 (2-21.a)

v(L)=0 (2-21.b)
__________________________________________________________________________________
12
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________
Nous aurons A = B = 0

 v(x) = (2-22)

Et en conséquence

v(x) total= v(x)+v0(x)=

D'ou l'amplitude maximale

e= (2-23)

 (2-24)

ainsi l'équation (2-24) donne l'évolution de l'effort normal (N) avec l'amplitude maximale (e)
(voir Fig. II.7)

N
Ncr

e0 e

Fig. II.7 N = f(e)

__________________________________________________________________________________
13
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________

Exercice 2.1 :
z
On considère une poutre encastrée-libre, b=150 mm
de type IPE 300, de longueur L=8.00 m, tf=10.7 mm
soumise à un effort normal rigoureusement appliqué
au centre de gravité de la section libre. tw=7.1 mm

-Que peut-on dire de cette section? y


h=300 mm
-Calculer la force critique de flambement

Données : G=81 Gpa et E=210 Gpa

IPE 300

Aperçu sur les théorie des poutres à parois minces

Le centre de torsion (centre de flexion) est défini comme le point de la section transversale
ayant la propriété suivante :

si la charge extérieure transversale , y compris les réactions d'appuis passent par ce point , la
poutre reste donc dans les conditions de flexion transversale

GC C G

Section bi-symétrique Section mono-symétrique


si cette pièce est supposée si cette pièce est simplement appuyé et
simplement appuyée et soumise à soumise à son poids propre , alors dans ce
son poids propre , alors dans ce cas cas nous aurons un couplage flexion-torsion
la pièce développe une flexion

Fig. II.8 Comparaison entre une section Mono-symétrique et une section Bi-symétrique

__________________________________________________________________________________
14
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________
- Modèles de Vlassov (Torsion non uniforme)

La théorie générale de la torsion des poutres à sections ouvertes a été développée dans sa
forme finale par B.Z Vlassov dans les années 1930. Dans le cas des profilés ouverts à parois
minces type (I, U, C, Z), les différents points de la section peuvent avoir, en plus des
déplacements régis par la torsion uniforme, des déplacements longitudinaux complémentaires
dus au gauchissement de la section. Nous illustrons ce problème, en considérant une poutre
console en I (Figure. II.9), ou une force longitudinale F est appliquée au niveau de la
semelle inférieure de l'extrémité libre. Les excentricités de la charge par rapport au centre de
gravité sont ey=b/2 et ez=h/2. D'après la théorie classique, ce chargement engendre une
flexion composée avec un effort normal N=F et deux moments de flexion My =Fez, et Mz =F
ey (Figure.II.9-b). La charge longitudinale donnant la traction seule est représentée par le
chargement (Figure.II.9-c). De la même manière, les charges longitudinales dues aux
moments fléchissant My et Mz sont représentées dans les figures (II.9-d et II.9-e). Mais en
superposant les trois cas de chargement (Figure.II.9-c, d et e), l’état de chargement trouvé
dans (Figure.II.9-f) est diffèrent de la sollicitation initiale. Pour retrouver le chargement
initialement imposé, on doit ajouter celui de la Figure.II.9-g. Une telle charge équivaut à
deux moments fléchissant égaux et de signes opposés, appelée Bimoment (Figure.II.9-h),
ce dernier engendre ce qu’on appelle le gauchissement torsionnel.

__________________________________________________________________________________
15
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________

Fig. II.9 Comparaison entre une section Mono-symétrique et une section Bi-symétrique

__________________________________________________________________________________
16
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________

Contrairement aux théories classiques (CBT, FSDT..etc) régissant le comportement des


section pleines, on peut remarquer facilement de la cinématique (2-25) que le déplacement
longitudinal du a la torsion existe ce qui explique gauchissement de la section transversale.

u  u0 -yv0'  zw0'  ' (2-25.a)


v  v0 -( z  zc ) (2-25.b)
w  w0 +( y-yc ) (2-25.c)

Charge q

G y

zc
C 
z
yc

y M
(z-zc)
v0
M'
w0

(y-yc)
z

Fig. II.10 Cinématique d'un point M d'une section quelconque

Les forces critiques de flambement peuvent être obtenus par un développement énergétique
en partant du champ de déplacement des Equations (2-25)

(2-26.a)

(2-26.b)

(2-26.c)

__________________________________________________________________________________
17
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________
Iw et J sont le moment d'inertie sectorielle et le moment d'inertie de la torsion respectivement.
Ces 02 constantes sont données dans le tableau des Caractéristiques géométriques des sections
transversales (dans la dernière page de ce chapitre).

Les équations (2-26.a) et (2-26.b) expriment le flambement d'Euler (mode de flexion), tandis que
l'équation (2-26.c) exprime le flambement en mode de torsion.

N.B: L'élément flambe suivant le mode qui correspond à la valeur minimale des trois forces critiques
données par les équations (2-26)

Exercice 2.2:

Soit une poutre simplement appuyée dont la section est représentée dans la figure. 2, cette
poutre est soumise à un effort normal rigoureusement appliqué au centre de gravité de la
section. b =8.5cm

-Calculer la force critique de flambement pour les deux cas:


1er cas L=2 m

tf = 5 mm

h=17 cm
2eme cas L=4 m
-Commenter les résultats

Données : G=81 Gpa ; E=210 Gpa ; A= 17x10-4 m2;


tw = 5 mm
Iy= Iz=204.88x10-8 m4 ;

Figure. 2

Solution 2.2

1er cas calcul des forces critiques pour L=2 m

2eme cas calcul des forces critiques pour L=4 m

__________________________________________________________________________________
18
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________

Les poutres courtes à section en croix, flambent en mode de torsion, tandis que les poutres
élancées possédant le même type de sections flambent en mode de flexion où l'expression
d'Euler est suffisante.

__________________________________________________________________________________
19
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________

Caractéristiques géométriques de quelques profilés à parois minces

t
t w
h

__________________________________________________________________________________
20
Pr. N. Ziane
Cours de Stabilité des éléments en structures métalliques Chapitre II Flambement
__________________________________________________________________________________

__________________________________________________________________________________
21
Pr. N. Ziane

Vous aimerez peut-être aussi