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~~ ·

' L'HUMANITEDŒU
ALARECHERCBI
'

Au cours
des millénai-
res, les hom-
mes ont recher-
ché Dieu d'innom-
brables façons. C'est
ainsi que, dans le
monde entier, le phéno-
mène religieux a pris une
variété extraordinaire de
formes - de la luxuriance de
l'hindouisme au monothéisme
juif, en passant par l'islam et les
Eglises de la chrétienté, sans oublier
les philosophies orientales, telles que le
shintô, le taoïsme, le bouddhisme ou le
confucianisme. Dans de vastes régions du
globe, l'humanité s'est aussi tournée vers l'ani-
misme, la magie, le spiritisme ou le chamanisme.
Cette. recherche de Dieu a-t-elle été couronnée de
succès? Quelles que soient vos croyances, nous vous
invitons à revivre à travers ce livre la quête passionnante
de l'humanité à la recherche du vrai Dieu. - Les éditeurs.
© 1990
W ATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY OF PENNSYLVANIA
Tous droits réservés
L'humanité à la recherche de Dieu
Éditeurs:
W ATCHTOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY OF NEW YORK, INC.
INTERNATIONAL BIBLE STUDENTS AsSOCIATION
Brooklyn, New York, U.S.A.
Première édition anglaise: 3 000000 d'exemplaires
Abréviations bibliographiques des traductions de la Bible et des autres livres religieux
cités dans cet ouvrage:
BG - LaBhagavad-Gità telle qu'elle est, édition complète, traduction
de A. C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada ( 1976-1979)
Ce - La Bible du Centenaire ( 1928-1947)
DM - I.e Coran, traduction de D. Masson ( 1967)
EM - I.e Coran, traduction d'Edouard Montet ( 1958)
!nt - The Kingdom lnterlinear Translation ofthe Greek Scriptures ( 1985)
Ka - I.e Coran, traduction de Kasimirski ( 1970)
MN - l.es Saintes Ecritures- Traduction du monde nouveau ( 1987)
Os - La Bible, Emile Osty ( 1973)
RB - I.e Coran, traduction de Régis Blachère ( 1966)
Sg - La Sainte Bible, nouvelle version Se gond révisée ( 1978)
Sauf indication, les références bibliques renvoient aux Saintes Ecritures - Traduction
du monde nouveau.
Bibliographie sommaire
• Abingdon Dictionary of Living Religions, K. Crim, 1981. • Anctent Near Eastern Texts Relating to
the Old Testament, ). Pritch:trd, 1969. •Ancien! Sun Kingdoms of the Amerlcas, The, V. von Hagen,
1961. • Archeology of World Religions, The, ). Finegan, 1952. •Bible of the World, The, Robert
O. Blllou, 1939. • Buddhism, Richard A. Gard, 1961. • Crucible o/Chrlstianity, The, A. Toynbee, 1975.
• Encyclopaedia ]udaica, 1973. • Encyc/opedia of Eastern Phtlosophy and Religion, The, 1989.
• Encyclopedla of World Faiths, The, P. Bishop et M. Darton, 1988. •Great Aslan Religions, corédigt:
par George Fry, 1984. •Great Volces of the Reformation, Harry Emerson Fosdick, 1952. • Here I Stand,
Roland Bainton, 1950. •Hindouisme, L ', louis Renou, PUF, 1951. • Hlndu Mythology, W. Wilkins,
1988. •Histoire de la Civilisation, W. et A. Durant, Rencontre, 1962-1969. • History of the Arabs,
Philip Hiui, 1943. • Inslght on the Scrlptures, Watchtower Bible and Tract Society of N.Y., Inc., 1988.
•Islam, John Alden Williams, 1961. •judaïsme, Le, Arthur Hcnzbcrg, 1961. • Kodansha Encyclope·
dia of fapan, 1983. •Lao Tsu, Tao Te Ching, A New Translation, Gia·fu Feng et J. English, 1972.
•Man's Religions, John Noss, 1980. • Manual of Buddhism, A, Nârada Thcra, 1949. •Mixture of
Shintoism and Buddhism, The, Hidenori Tsuji, 1986. •Mythologie générale, Félix Guir.md, Larousse,
1935. • Mythology - An 11/ustrated Encyclopedia, R. Cavendish, 1980. •New Encyclopœdia Brltan·
nlca, The, 1987. •Oxford Dictlonary of Popes, The,]. Kelly, 1986. • Philosophy of Confucius, The,
traduction de). Legge. •Reformation of the Sixteenth Century, The, Roland Bain ton, 1965. •Sagesse
de Confucius, La, lin Young, 1949. • Search for the Christian Doctrine, The, R. Hanson, 1988.
• Servetus and Calvin, R. Willis, 1877. •Sources de l'athéisme contemporain, Aux, Marcel Ncusch, Le
Centurion, 1977. •South A.merlcan Mythology, H. Osborne, 1983. • Story of the Refonnation, The,
William Stevenson, 1959. • Symbolism of Hindu Gods and Rituals, The, A. Parthasarathy, 1985. • Vies
des douze Césars, Suétone, traduction de Pierre Grimal, 1973. • World Religions - From Ancient
History to the Present, G. Parrinder, 1983.

Mankind's Searchfor God French ( sh-F)


Made in the United States of America
Imprimé aux Etats-Unis d'Amérique
_ _ _ _ _ _ TABLE DES MATIÈRES,_ _ _ _ __

Chapitre Page
l. Paurquoi s'intéresser au.x autres religions? 5
2. La religion: D'où vient-elle? 19
3. Mythologie: Des traits wmmuns 41
4. À la recherche de /'inconnu par la magie et le spiritisme 69
5. L'hindouisme: À la recherche de la Délivranœ 95
6. Le bouddhisme: À la recherche de /'Illumination,
mais sans Dieu 129
7. Taoïsme et confucianisme: À la recherche de la voie du del 161
8. Le shintO: À la recherche de Dieu au japon 187
9. Le judaïsme: À la recherche de Dieu par /'Écriture
et la tradition 205
10. Le christianisme: jésus était-il le chemin menant àDieu? 235
11. L'apostasie: Une barriére sur le chemin menant àDieu 261
12. L'islam: Le chemin menant à Dieu par la soumission 284
13. La Réforme: Un nauveau taurnant dans la recherche 306
14. L'incroyance aujourd'hui: Faut-il poursuivre la recherche? 329
15. Un retour au vrai Dieu 344
16. Le vrai Dieu et votre avenir 366
Index 380
Source des photographies 383

Couleurs utilisées pour indiquer la répartition des religions dans le monde (cartes des pages de garde)
Blanc: régions inhabitées
Religions
Chrétienté lslim Hindouisme Bouddhisme Shintô Judaïsme cribalc:s
\_

.& Les hindous vénèrent Des catholiques ~


le Gange, sincères
qu'ils appellent prient Marie
Ganga miitii, àl'aide
"notre Mère le Gange". d'un chapelet.

T Dans certains pays De fidèles musulmans T


bouddhistes, la plupart font un pèlerinage
des hommes vivent tem- à La Mecque
porairement en moines, une fois
vêtus d'une robe safran. dans leur vie.
_ _ _ _ _ _ _ _.CHAPITRE 1- - - - - - - -

Pourquoi s'intéresser
aux autres religions?
nUEL que soit l'endroit où vous vivez, vous l'avez pro-
~ment constaté: la religion occupe une place dans la
vie de millions de personnes, à commencer par la vôtre
peut-être. Dans les pays hindouistes, vous verrez souvent les
gens accomplir la pûjâ, une cérémonie au cours de laquelle
les dévots présentent à leurs dieux des offrandes de noix de
coco, de fleurs, de pommes ... Sur le front des croyants, un
prêtre apposera la tilaka, une marque faite avec un pigment
rouge ou jaune. Chaque année, des millions d'hindous se
pressent sur les rives du Gange pour se purifier dans ses
eaux.
2
Dans les pays catholiques, on voit les gens prier dans
des églises et des cathédrales, tenant un crucifix ou égre-
nant un chapelet avec lequel ils comptent les prières qu'ils
adressent à Marie. On reconnaît facilement les religieuses et
les prêtres à leurs vêtements sombres.
3 Les pays protestants abritent une multitude de chapel-

les et de temples. Le dimanche, les paroissiens s'y ras-


semblent dans leurs plus beaux habits pour chanter des
cantiques et entendre des sermons. Les membres du clergé
se distinguent souvent par leur costume noir et leur col
d'ecclésiastique.
4 Dans les pays musulmans, cinq fois par jour vous

entendrez le muezzin qui, du haut d'un minaret, appelle


1-7. Quelles sont quelques-unes des pratiques religieuses qui ont
cours dans le monde?
Pourquoi s 'intéresser aux autres religions? 5
Des Témoins de Jéhovah prêchant au Japon;
leur prédication les a fait connaître dans le monde entier.

les fidèles à la salât, la prière rituelle. Pour les musulmans,


l'islam a pour livre sacré le Qur'an; ils croient que l'ange Ga-
briel le transmit au prophète Mul).ammad de la part de Dieu
au vn° siècle de notre ère.
5 Dans de nombreux pays bouddhistes, les moines que
l'on croise dans la rue sont généralement vêtus d'une robe
safran, noire ou rouge; on les tient pour des modèles de
piété. Les vieux temples, exhibant leurs bouddhas sereins,
attestent l'ancienneté de la foi bouddhique.
6 Surtout pratiqué au Japon, le shintô, avec ses autels do-

mestiques et ses offrandes aux ancêtres, est intimement as-


socié à la vie quotidienne. Les Japonais n'hésitent pas à prier
pour les choses les plus terre à terre, avant de passer un exa-
men scolaire par exemple.
7 Une autre activité religieuse connue dans le monde en-

tier est la diffusion de Bibles et de publications bibliques


dans les rues ou de maison en maison. Ceux qui s'y em-
6 L'humanité à la recherche de Dieu
ploient proposent les périodiques La Tour de Garde et Ré-
veillez-vous!, grâce auxquels la plupart des gens les identi-
fient à des Témoins de Jéhovah.
8
Qu'indiquent ces manifestations si diverses de ferveur
religieuse que l'on observe partout dans le monde? Ceci: De-
puis des milliers d'années, l'homme a des aspirations et des
besoins spirituels. La vie humaine est parsemée de difficul-
tés et de soucis, traversée de doutes et d'interrogations, sans
compter l'énigme qu'est la mort. Exprimant sa sensibilité re-
ligieuse de nombreuses et diverses façons, l'homme a cher-
ché refuge et soulagement auprès de Dieu ou de divinités.
La religion tente également d'apporter une réponse à ces
grandes questions: Pourquoi sommes-nous sur la terre?
Quel sens faut-il donner à la vie? Quel est l'avenir de l'hu-
manité?
9 A l'opposé, on trouve des millions de gens athées qui ne

professent aucune religion ni ne croient en un dieu quel-


conque. Les agnostiques, eux, pensent que Dieu est inconnu
et vraisemblablement inconnaissable. Pourtant, cela ne si-
gnifie nullement que ces personnes n'obéissent à aucun
principe, à aucune ·morale, pas plus d'ailleurs que l'apparte-
nance à une religion ne garantit le respect de valeurs mora-
les. Du reste, si l'on définit la religion comme "une disci-
pline, une loi, un joug, un indissoluble engagement", force
est d'admettre que la majorité des gens, athées et agnosti-
ques y compris, manifestent dans leur vie une forme ou une
autre de dévotion. - Le Robert, dictionnaire de la langue
française.
10
Qu'on le veuille ou non, dans un monde que les
moyens de transport et de communication rendent chaque
8. Que révèle l'histoire de la pratique religieuse?
9. En quel sens la plupart des gens manifestent-ils dans leur vie
une forme ou une autre de dévotion?
10. La religion exerce-t-elle une influence dans le monde aujour-
d 'hui? Expliquez.
Pourquoi s 'intéresser aux autres religions? 7
jour plus petit et où tant de religions coexistent, il est iné-
vitable que certaines croyances prennent une dimension
internationale. Le scandale qui a entouré en 1989 la publica-
tion des Versets sataniques par celui qu'on a qualifié de
'musulman apostat' montre à l'évidence qu'un émoi re-
ligieux peut gagner la planète entière. Des chefs religieux
musulmans ont exigé que ce livre soit interdit et même que
son auteur soit mis à mort. Pourquoi les controverses reli-
gieuses suscitent-elles des réactions aussi vives?
11
Il nous faut, pour le savoir, nous familiariser avec l'his-
toire des religions. Dans son livre Les religions dans le monde
- de ! 'Antiquité à nos jours ( angl. ), Geoffrey Parrinder tient
ces propos: "Ce n'est pas trahir sa foi que de se livrer à
l'étude des religions. C'est au contraire l'élargir en décou-
vrant comment d'autres ont cherché la vérité et en quoi
cette quête les a enrichis." La connaissance engendre la
compréhension, et la compréhension amène à tolérer ceux
qui pensent autrement que nous.
À quoi bon chercher?
12
Avez-vous jamais dit ou pensé: ']'ai ma religion. C'est
une question personnelle dont je ne discute pas.' Nos con-
ceptions religieuses, c'est indéniable, nous sont très person-
nelles, car dès le berceau nos parents et nos proches
ont implanté dans notre esprit leurs orientations morales ou
religieuses. En conséquence, nous adoptons d'ordinaire
les mêmes valeurs religieuses que nos parents et nos
grands-parents. L'appartenance à une religion relève pres-
que des traditions familiales. Qu'en résulte-Hl? Dans bien
des cas, notre religion a été choisie par d'autres, en fonction
de l'époque et de l'endroit où nous sommes nés. Pour re-
prendre les termes de l'historien Arnold Toynbee, l'adhé-
11. Pourquoi n'est-il pas déplacé de se pencher sur les croyances
d'autrui?
12. Par quels facteurs la religion de quelqu'un est-elle générale-
ment déterminée?
8 L'humanité à la recherche de Dieu
'~
.y.
!'..;.,~

Baptême d'un nouveau-né dans une église de la chrétienté.


La religion qu'on reçoit à la naissance est-elle nécessairement la bonne?

sion d'un individu à une foi particulière est souvent déter-


minée "par l'accident géographique de la localisation de son
lieu de naissance".
13 Faut-il en conclure que la religion imposée à la nais-

sance correspond forcément à la vérité, à toute la vérité? Si


vous étiez né en Italie ou en Amérique du Sud, vous n'auriez
probablement pas eu d'autre choix que celui d'être élevé
13, 14. Pourquoi n'est-il pas raisonnable de croire que la religion
qu'on reçoit à la naissance est nécessairement celle que Dieu
approuve?
Pourquoi s'intéresser aux autres religions? 9
dans la religion catholique. Si vous aviez vu le jour en Inde,
il y a de fortes chances que vous soyez devenu hindouiste,
ou peut-être sikh si vous étiez natif du Pendjab. Si vos pa-
rents étaient pakistanais, vous seriez sans doute musulman.
Si enfin vous étiez venu au monde dans un pays socialiste
ces dernières décennies, vous auriez vraisemblablement
reçu une éducation athée. - Galates 1:13, 14; Actes 23:6.
14
En ce cas, la religion qu'on reçoit à la naissance est-elle
nécessairement la bonne, celle que Dieu approuve? Si l'on
avait admis cette hypothèse tout au long des milliers d'an-
nées écoulées, une large fraction de l'humanité pratiquerait
encore le chamanisme primitif ou d'anciens cultes de la fer-
tilité. Ce principe aurait prévalu: 'Ce qui était assez bon pour
mes ancêtres l'est également pour moi.'
15 Au cours des six derniers millénaires, l'expression reli-

gieuse a pris des formes très diverses. L'exploration du con-


tenu et de l'origine des croyances d'autres peuples offre
donc une occasion d'élargir ses connaissances et d'ouvrir
son esprit. Cet examen peut également nous donner une vi-
sion plus nette et plus souriante de l'avenir.
16 Aujourd'hui, dans de nombreux pays, l'immigration et

les mouvements de population amènent des gens de reli-


gions différentes à vivre côte à côte. Celui qui comprend les
conceptions religieuses d'autrui est mieux à même de com-
muniquer avec des personnes de toutes confessions et
d'avoir avec elles des échanges constructifs. Cette compré-
hension contribue aussi à désamorcer les haines qui ron-
gent un monde aligné sur des frontières religieuses. On a
beau désapprouver totalement telle ou telle croyance, rien
cependant n'autorise à haïr quelqu'un simplement parce
qu'il voit les choses sous un jour différent. - 1 Pierre 3: 15;
1Jean4:20, 21; Révélation 2:6.
15, 16. Quels avantages y a-t-il à examiner d'autres religions?
10 L'humanité à la recherche de Dieu
17
La loi des Juifs de !'Antiquité stipulait: "Ne hais point
ton frère en ton cœur: reprends ton prochain, et tu n'assu-
meras pas de péché à cause de lui. Ne te venge ni ne garde
rancune aux enfants de ton peuple, mais aime ton pro-
chain comme toi-même: je suis l'Eternel [Jéhovah]." (Léviti-
que 19: 17, 18, Rabbinat français). De son côté, le fondateur
du christianisme déclara: "Mais je vous le dis, à vous qui
écoutez: Continuez d'aimer vos ennemis, de faire du bien
à ceux qui vous haïssent, ( ... ) et votre récompense sera
grande, et vous serez fils du Très-Haut, car il est bon pour les
ingrats et les méchants.'' (Luc 6:27, 35). Sous le titre "L'Exa-
minée", le Qur'an émet un principe similaire (Sourate 60:7,
RB): "Peut-être Allah établira-Hl de l'amitié entre vous et
17. Pourquoi ne devrions-nous pas haïr ceux qui n'ont pas les
mêmes croyances que nous?

Sacrifice humain chez les Aztèques.


- Toutes les religions sont-elles vraiment
"autant de routes menant à la vérité"?
ceux [des Infidèles] que vous traitez en ennemis. Allah est
omnipotent. Allah est absoluteur et miséricordieux."
18
Si la tolérance et la compréhension mutuelle s'impo-
sent, n'en concluons pas toutefois que toutes les croyances
se valent. Notez ces propos de l'historien Geoffrey Parrin-
der: "On entend parfois dire que les religions tendent toutes
vers le même but, qu'elles sont autant de routes menant à
la vérité, ou encore que leurs doctrines sont iden-
tiques( ... ). Pourtant, les anciens Aztèques, qui offraient au
soleil le cœur encore palpitant de leurs victimes, n'avaient
certainement pas une religion aussi bonne que celle du pai-
sible Bouddha." Du reste, n'est-ce pas à Dieu de définir ce
qui est acceptable ou non en matière de culte? - Michée
6:8.
Sur quels critères juger une religion?
19
La plupart des religions reposent sur un ensemble de
croyances ou de dogmes qui, souvent, forment une théolo-
gie très complexe, inaccessible au laïc moyen. Dans tous les
cas, on peut néanmoins établir un rapport de cause à effet
entre les enseignements d'une religion et l'influence qu'ils
devraient avoir sur la personnalité et la conduite du
croyant. Ainsi, le comportement de quelqu'un renvoie en
principe un reflet plus ou moins nuancé de ses conceptions
religieuses. Quelle influence votre religion a-t-elle sur vous?
Vous rend-elle plus aimable, plus généreux? Vous incite-
r-elle à être plus honnête, plus humble, plus tolérant, plus
compatissant? Ces questions ne sont pas hors de propos. Jé-
sus Christ, un grand enseignant religieux, a en effet déclaré:
"Tout bon arbre produit de beaux fruits, mais tout arbre
pourri produit des fruits sans valeur; un bon arbre ne peut
porter des fruits sans valeur, pas plus qu'un arbre pourri ne
18. En quel sens toutes les croyances ne se valent-elles pas?
19. Quelle influence une religion devrait-elle avoir sur la conduite
du croyant?
12 L ' humanité à la recherche ae Dieu
Des millions de gens ont tué et ont été tués sous le couvert de la religion.

peut produire de beaux fruits . Tout arbre qui ne produit pas


de beaux fruits est coupé et jeté au feu. Ainsi donc, c'est à
leurs fruits que vous reconnaîtrez ces hommes-là." - Mat-
thieu 7:17-20.
20
L'histoire de l'humanité nous conduit inévitablement à
nous interroger sur le rôle qu'a joué la religion dans les
nombreuses guerres qui ont déchiré les hommes et causé
20. Le rôle qu'a joué la religion au cours de !'Histoire soulève
quelles questions?
Pourquoi s'intéresser aux autres religions? 13
d'indicibles souffrances. Pourquoi tant de gens ont-ils tué
ou ont-ils été tués sous le couvert de la religion? Les Croisa-
des, !'Inquisition, les conflits du Moyen-Orient et d'Irlande
du Nord, la lutte sanglante entre l'Iran et l'Iraq ( 1980-1988),
les affrontements entre hindous et sikhs en Inde - tous ces
événements amènent les gens réfléchis à mettre en question
la morale et les croyances religieuses. - Voir l'encadré ci-
dessous.

/3 religion, l'amour et la haine


• "Les guerres de religion sont millier." - Charles Caleb
presque toujours d'une extrême Colton ( 1825 ).
violence. Quand des gens se • "Nous sommes juste assez
disputent un territoire pour un religieux pour nous haïr, mais
enjeu économique, il vient un pas assez pour nous aimer les
moment où le prix à payer est uns les autres." - Jonathan
trop élevé, et ils recherchent Swift (1667-1745).
un compromis. Quand ils
luttent pour une cause • "Jamais on ne fait le mal si
religieuse, compromis et pleinement et si gaiement que
concessions leur paraissent quand on le fait par
haïssables." - Roger Shinn, conscience." - Blaise
professeur d'éthique sociale, Pascal ( 1623-1662 ).
Union Theological Scminary, • "Le but véritable d'une
New York. religion supérieure, c'est de
• "Les hommes se querelleront communiquer les
pour la religion, écriront sur la enseignements spirituels et les
religion, combattront pour vérités qui sont son essence à
la religion, mourront pour la des âmes aussi nombreuses que
religion; ils feront tout pour possible, afin que chacune de
la religion, sauf vivre pour ces âmes soit ensuite capable de
elle ( .. . ). Pour chaque remplir la vraie fin de
crime que la vraie religion a l'Homme. La vraie fin de
permis d'éviter, les fausses l 'Hommc est de glorifier Dieu
religions ont fourni le prétexte et de jouir de Lui à jamais."
d'en commettre un - Arnold Toynbee, historien.
21 Sous ce rapport, la chrétienté a fait preuve d'une hy-
pocrisie notoire. Au cours des deux guerres mondiales, sur
l'ordre de chefs politiques "chrétiens", des catholiques ont
tué d'autres catholiques, et des protestants d'autres protes-
tants. Or, la Bible établit un contraste on ne peut plus net
entre les œuvres de la chair et le fruit de l'esprit. Elle décrit
les premières en ces termes: "Ce sont la fornication, l'impu-
reté, l'inconduite, l'idolâtrie, la pratique du spiritisme, les
inimitiés, la querelle, la jalousie, les accès de colère, les dis-
putes, les divisions, les sectes, les envies, les beuveries, les
orgies et autres choses semblables. Et à ce propos je vous
préviens, comme je vous ai déjà prévenus: ceux qui pra-
tiquent de telles choses n'hériteront pas du royaume de
Dieu." C'est là pourtant ce que de prétendus chrétiens prati-
quent depuis des siècles, et souvent sous l'œil complaisant
du clergé. - Galates 5:19-21.
22
Par contre, la Bible définit l'excellent fruit de l'esprit
par ces mots: "C'est l'amour, la joie, la paix, la longanimité, la
bienveillance, la bonté, la foi, la douceur, la maîtrise de soi.
Contre de telles choses il n'y a pas de loi." Toutes les reli-
gions devraient produire ce fruit paisible. En est-il ainsi? La
vôtre le produit-elle? - Galates 5:22, 23.
23 Le présent ouvrage, qui montre comment l'homme a

recherché Dieu au travers des religions, devrait répondre à


certaines de nos interrogations. Mais sur quels critères faut-
il juger une religion et, surtout, sur les critères de qui?
'Ma religion me suffit'
24Beaucoup de gens coupent court à toute discussion sur
des questions religieuses en disant: 'Ma religion me suffit. Je
ne fais de mal à personne et je rends service quand je le
peux.' Est-ce pousser assez loin le raisonnement? En matière
21. Citez quelques-uns des fruits produits par la chréùenté.
22, 23. Par contre, quel fruit la vraie religion devrait-elle produire?
24, 25. Quel défi touchant la religion chacun doit-il relever?
Pourquoi s'intéresser aux autres religions? 15
de religion, peut-on s'en remettre à nos seuls critères per-
sonnels?
25Si, comme l'affirme un dictionnaire, la religion est
"l'expression d'une croyance respectueuse de l'homme en
un pouvoir supérieur considéré comme le créateur et le
maître de l'univers", la vraie question devrait être: Ma reli-
gion est-elle bonne aux yeux de celui qui est le créateur et
le maître de l'univers? Selon cette même définition, le Créa-
teur serait en droit de dé-
Toutes les religions terminer la conduite, le
devraient produire culte et les enseigne-
ments qui sont accep-
un fruit paisible. tables et ceux qui ne le
En est-il ainsi? sont pas. Pour ce faire, il
devrait révéler sa volonté
aux humains et permettre à chacun de s'y référer facile-
ment. Il faudrait de surcroît que ces révélations divines de-
meurent harmonieuses et conséquentes, même si elles
étaient dispensées à plusieurs siècles d'intervalle. Chaque
humain a donc un défi à relever: se livrer à une recherche
personnelle pour découvrir ce qui plaît à Dieu.
26
La Bible compte parmi les livres les plus anciens qui
revendiquent l'inspiration divine. C'est également l'ouvrage
qui a été le plus diffusé et le plus traduit au cours de !'His-
toire. Il y a près de deux mille ans, un de ses rédacteurs dé-
clara: "Ne vous modelez plus sur ce système de choses-ci,
mais transformez-vous en renouvelant votre esprit, afin de
constater par vous-mêmes quelle est la bonne, l'agréable et
la parfaite volonté de Dieu." (Romains 12:2). Sur quelle base
peut-on définir quelle est la volonté de Dieu? Le même ré-
dacteur écrivit plus loin: "Toute Ecriture est inspirée de Dieu
et utile pour enseigner, pour reprendre, pour remettre les
26. Quel livre sacré doit servir d'étalon pour déterminer le culte
que Dieu agrée? Pourquoi?
16 L ·humanité à la recherche de Dieu
choses en ordre, pour discipliner dans la justice, pour que
l'homme de Dieu soit tout à fait qualifié, parfaitement
équipé pour toute œuvre bonne." Etant inspirée de Dieu, la
Bible sert donc d'étalon pour définir avec certitude le culte
que Dieu agrée. - 2 Timothée 3: 16, 17.
27
La Bible, dans sa partie la plus ancienne, est antérieure
à tous les autres écrits religieux. La Torah, ou cinq premiers
livres de la Bible, renferme la Loi consignée par Moïse sous
l'inspiration divine. Elle remonte aux xve et xv1e siècles
avant notre ère. A titre de comparaison, le Rig-Veda (un re-
cueil d'hymnes hindous) fut achevé vers 900 avant notre
ère et, du reste, ne se présente pas comme un écrit inspiré.
"Les Trois corbeilles" du canon bouddhique datent du
v• siècle avant notre ère. Le Qur'an, que Dieu aurait transmis
aux hommes par l'intermédiaire de l'ange Gabriel, fut ré-
digé au vn• siècle de notre ère. Le Livre de Mormon, censé-
ment remis à Joseph Smith aux Etats-Unis par un ange du
nom de Moroni, date, lui, du XIXe siècle. Si, comme on le fait
valoir, certains de ces ouvrages sont effectivement le fruit
de l'inspiration divine, leurs doctrines ne doivent pas
contredire les enseignements de la Bible, qui contient quant
à elle les écrits initialement inspirés par Dieu. Ces ouvrages
doivent par ailleurs répondre à certaines des questions qui
déconcertent le plus les humains.
Des questions qui méritent une réponse
28
1) La Bible enseigne-t-elle ce qui est cru et enseigné
dans la plupart des religions, par exemple que l'homme pos-
sède une âme immortelle qui, à la mort, s'en va dans un au-
tre monde - dans "l'au-delà", au ciel, en enfer, au purga-
toire - ou bien se réincarne sur la terre?
27. a) Sur quels écrits sacrés différentes religions s'appuient-elles?
b) De quelle valeur sont leurs enseignements par rapport à ceux de
la Bible?
28. Enoncez quelques questions qui méritent une réponse.
Pourquoi s'intéresser aux autres religions? 17
2) La Bible dit-elle que le Souverain de l'univers n'a pas
de nom? Le présente-t-elle comme le Dieu unique, comme
un Dieu en trois personnes, ou comme une multitude de
dieux?
3) D'après la Bible, quel était le dessein de Dieu à l'ori-
gine, lorsqu'il mit l'homme sur la terre?
4) La Bible annonce-t-elle que la terre sera détruite un
jour, ou parle-t-elle simplement de la fin, ou conclusion, du
présent monde corrompu?
5) Comment trouver la véritable paix intérieure et obte-
nir le salut?
29
Certes, chaque religion apporte ses réponses; toutefois,
si nous sommes en quête de la "religion pure", il nous fau-
dra tôt ou tard nous rallier aux conclusions auxquelles Dieu
désire nous amener (Jacques 1:27; Os; Sg). Pourquoi cela?
Parce que nous nous en tiendrons au principe sui-
vant: "Que Dieu soit reconnu véridique, tout homme fût-il
reconnu menteur, comme c'est écrit: 'Afin que tu apparais-
ses juste dans tes paroles et que tu sois victorieux lorsqu'on
te juge."' - Romains 3:4*.
30
Maintenant que nous avons de bonnes raisons d'exa-
miner les religions du monde, penchons-nous sur les débuts
de la quête spirituelle de l'humanité. Que sait-on sur la fa-
çon dont la religion est apparue? Quel genre de culte prati-
quaient les peuples anciens, supposés primitifs?
• Si vous désirez connaître tout de suite les réponses que la Bible
fournit à ces questions, nous vous suggérons de consulter les textes
suivants: 1) Genèse 1:26; 2:7; Ezéchiel 18:4, 20; Lévitique 24:17, 18; Mat-
thieu 10:28; 2) Deutéronome 6:4; 1Corinthiens8:4-6; 3) Genèse 1:27, 28;
Révélation 21:1-4; 4) Ecclésiaste 1:4; Matthieu 24:3, 7, 8; 5)Jean 3:16; 17:3;
Philippiens 2:5-11; 4:6, 7; Hébreux 5:9.

29. a) Quel principe devrait-on adopter dans notre recherche de


la vérité? b) Quelles réponses la Bible fournit-elle à nos questions?
30. Quelles questions seront notamment abordées dans le chapitre
suivant?
18 L'humanité à la recherche de Dieu
_ _ _ _ _ _ _ _C
. HAPITRE2 _ _ _ _ _ _ __

La religion
D'où vient-elle?
S1 L'ON en croit les archéologues et les anthropologues,
l'histoire de la religion a commencé avec celle de l'homme.
On décèle une forme ou une autre de culte même dans les
civilisations les plus rudimentaires, celles que l'on dit
"primitives". D'après la Nouvelle Encyclopédie britannique
( angl. ), "en quelque lieu ou époque que ce soit, les ethnolo-
gues n'ont encore découvert aucun peuple totalement dé-
nué de sens religieux".
2
Outre son ancienneté, la religion se caractérise aussi par
sa remarquable variété. Des chasseurs de têtes de la jungle
bornéenne aux Esquimaux de l'Arctique, en passant par les
nomades du Sahara et les habitants des grandes métropoles,
il n'est pas de peuple ou de nation qui n'adore un ou plu-
sieurs dieux et ne pratique un culte spécifique. Le phéno-
mène religieux présente une diversité stupéfiante.
3 Plusieurs questions nous viennent tout naturellement à

l'esprit: D'où ces nombreuses religions tirent-elles leur


origine? Ces cultes, qui à la fois divergent et se ressemblent,
ont-ils pris corps séparément, ou à partir d'une même
source? Au fond, demandera-t-on peut-être, pourquoi lare-
ligion existe-t-elle? Comment est-elle apparue? Pour tous
ceux qui désirent connaître la vérité sur les religions et sur
1, 2. Qu'a-t-on observé quant à l'ancienneté et à la diversité des
religions?
3. Quelles questions touchant les religions pratiquées dans le
monde méritent réflexion?
La religion: D'où vient-elle? 19
les croyances religieuses, ces questions sont du plus haut in-
térêt.
Les origines
4
Lorsqu'on évoque l'origine des religions, les gens pen-
sent tout de suite, selon leur confession, à Mul).ammad, au
Bouddha, à Confucius ou encore à Jésus. A chaque mouve-
ment religieux, on peut presque toujours associer un per-
sonnage central censé avoir fondé 'la vraie religion': un ré-
formateur iconoclaste, un philosophe moraliste ou encore
un héros populaire et philanthrope. Beaucoup de ces hom-
mes ont laissé derrière eux un enseignement oral ou des
écrits qui portaient en germe une religion nouvelle. Avec le
temps, leurs propos, leurs faits et gestes ont été remodelés,
enjolivés et revêtus d'une aura mystique. Certains de ces
chefs spirituels ont même été divinisés.
5 Bien qu'ils soient regardés comme les fondateurs

des grandes religions que nous connaissons, notons toute-


fois que ces hommes n'ont pas, à proprement parler, in-
venté la religion. Le plus souvent, et même si la plupart
d'entre eux revendiquaient l'inspiration divine, ils tiraient
leurs enseignements de concepts religieux qui existaient
déjà. D'autres ont simplement modifié ou réformé des systè-
mes religieux devenus déficients dans un domaine ou dans
un autre.
6 Illustrons cela. Selon les sources disponibles, le Boud-

dha fut d'abord un prince. Ebranlé en découvrant autour de


lui les souffrances et les conditions de vie déplorables qui
régnaient dans la société hindouiste, il se mit à chercher un
remède aux vicissitudes de la vie. Le bouddhisme fut l'abou-
tissement de sa quête. Mul).ammad, lui, était fort troublé par
l'idolâtrie et la conduite immorale qui entachaient les prati-
ques religieuses de son temps. Il affirma avoir reçu des révé-
4. Que savons-nous des fondateurs de nombreuses religions?
5, 6. Comment bon nombre de religions ont-elles vu le jour?
20 L 'humanité à la recherche de Dieu
Le Bouddha, Confucius, Luther
et d'autres ont modifié des systèmes
religieux qui existaient déjà;
ils n'ont pas inventé la religion.

lations spéciales de la part de Dieu. Ces révélations formè-


rent le Qur'an et furent le point de départ d'un nouveau
mouvement religieux: l'islam. Quant au protestantisme, il
est sorti du catholicisme à la suite de la Réforme qui
commença au début du xvre siècle, lorsque Martin Luther
s'insurgea contre la vente d'indulgences par l'Eglise.
7
On connaît donc fort bien tout ce qui touche aux reli-
gions pratiquées de nos jours: leur origine, leur développe-
ment, leurs fondateurs, leurs écrits sacrés, etc. Est-on aussi
bien renseigné sur les religions qui les ont précédées? Et sur
celles qui existaient encore avant? Si nous remontons assez
loin dans le passé, nous finirons tôt ou tard par nous de-
mander: d'où vient la religion? Pour le savoir, il nous faut à
l'évidence porter nos regards au delà de l'horizon religieux
de nos contemporains.
7. Quelles questions touchant la religion restent à élucider?
La religion: D'où vient-elle? 21
Des théories en quantité
8
L'étude de l'origine et du développement des religions
est relativement récente. Dans les siècles passés, les gens
adoptaient d'ordinaire les traditions religieuses de l'endroit
où ils naissaient et qu'on leur enseignait dès l'enfance. La
majorité d'entre eux se contentaient des explications trans-
mises par leurs parents et leurs grands-parents, qui pas-
saient à leurs yeux pour détenir la vraie religion. On avait
peu de raisons de remettre en cause quoi que ce soit, ni de
chercher à savoir quand, comment ou pourquoi la religion
avait vu le jour. Ne disposant d'ailleurs que de moyens de
communication et de déplacement très limités, bien des
gens ne soupçonnaient même pas l'existence de systèmes
religieux autres que le leur.
9
Les choses prirent toutefois une nouvelle tournure au
XIX e siècle. Le succès que remporta la théorie de l'évolution
dans les milieux intellectuels et l'avènement de la recherche
scientifique incitèrent beaucoup de gens à mettre en ques-
tion les systèmes établis, y compris la religion. Comprenant
que les cultes en place n'offraient pas le meilleur champ
d'investigation, certains chercheurs se mirent à étu-
dier les vestiges de civilisations anciennes ou les sociétés
primitives qui existaient encore dans les endroits les plus
reculés de la planète. Ils les passèrent au crible de la psycho-
logie, de la sociologie, de l'anthropologie, etc., espérant dé-
couvrir pourquoi et comment la religion était apparue.
10 A quoi ces recherches ont-elles abouti? Aussi nom-

breuses, semble-Hl, que les chercheurs eux-mêmes, quan-


tité de théories contradictoires virent soudain le jour, riva-
lisant d'audace et d'originalité. Certains travaux firent date,
8. Comment les gens ont-ils considéré la religion pendant des
siècles?
9. Depuis le XIX e siècle, de quelles façons a-t-on cherché à savoir
comment et pourquoi la religion avait fait son appariùon?
10. A quoi la recherche des origines de la religion a-t-elle abouti?
22 L ' humani té à la recherche de Dieu
tandis que d'autres tombèrent dans l'oubli. Un aperçu de
ces recherches enrichira nos connaissances et nous aidera à
mieux comprendre le comportement religieux de nos sem-
blables.
11
L'anthropologue anglais Edward Tylor ( 1832-1917)
proposa la théorie dite de l'animisme. D'après Tylor, l'expé-
rience des rêves, des visions, des hallucinations et le constat
de l'inactivité des cadavres amenèrent les peuples primitifs
à croire qu'une âme (latin anima) habitait le corps. Selon
cette théorie, puisque l'on
L'avènement rêve souvent des êtres
de la recherche chers que l'on a perdus,
scientifique c'est que l'âme survit,
qu'elle quitte le corps et
et la théorie
s'en va résider dans les ar-
de l'évolution bres, les rochers, les riviè-
ont amené beaucoup res, etc. Par la suite, on en
de gens à mettre vint à diviniser et à ren-
la religion en question. dre un culte aux morts et
aux objets censés abriter
une âme. Voilà comment, si l'on en croit Tylor, la religion se-
rait née.
12
Robert Marett ( 1866-1943 ), autre anthropologue an-
glais, affina la théorie de Tylor en avançant le concept de
préanimisme. Après avoir étudié les croyances des Mélané-
siens des îles du Pacifique et celles des indigènes d'Afrique
et d'Amérique, Marett parvint à la conclusion que la notion
d'âme individuelle était étrangère aux peuples primitifs. Ces
gens, pensait-il, croyaient plutôt qu'une force imper-
sonnelle et surnaturelle animait toute chose. A son sens,
l'effroi inspiré par cette croyance fut la première forme
11. En quoi consiste la théorie de l'animisme?
12. Expliquez ce qu'est la théorie du préanimisme.
La religion: D ' où vient-elle? 23
d'expérience religieuse. Pour Marett, la religion fut
essentiellement une réaction viscérale de l'homme face à
l'inconnu. Il se plaisait à dire que la religion "se dansait plus
qu'elle ne se pensait".
13
En 1890, James Frazer (1854-1941 ), un Ecossais spécia-
liste des folklores anciens, publia Le rameau d 'or, ouvrage
de poids dans lequel il avança que la religion tirait son ori-
gine de la magie. D'après Frazer, les hommes se sont d'abord
efforcés d'avoir prise sur leur propre vie et sur le monde
extérieur en simulant ce qu'ils observaient dans la nature. Ils
s'imaginaient par exemple attirer la pluie en répandant de
l'eau sur le sol tout en battant du tambour pour imiter le
tonnerre, ou encore pensaient nuire à un ennemi en enfon-
çant des épingles dans une figurine. Ils se mirent à recourir
aux rites, aux sortilèges et aux objets magiques en toutes
sortes de circonstances. Devant l'inefficacité de ces prati-
ques, l'homme a ensuite cherché, non plus à dominer les
forces surnaturelles, mais à se les concilier en les implorant.
Les rites et les incantations se muèrent en sacrifices et en
prières: la religion était née. Pour citer Frazer, la religion a
'sens de propitiation ou de conciliation des puissances supé-
rieures'.
14 Il n'est pas jusqu'au célèbre psychanalyste autrichien

Sigmund Freud ( 1856-1939) qui, dans son livre Totem et Ta-


bou, ne se pencha lui aussi sur l'origine de la religion. Fidèle
à ses conceptions, il fit dériver les premières formes de reli-
gion de ce qu'il appela une névrose dans le rapport au père.
Il partit de l'hypothèse que dans la société primitive, comme
chez les bœufs et les chevaux sauvages, c'est le père qui do-
minait le clan. Les fils, qui à la fois haïssaient et admiraient le
13. Quelle théorie James Frazer avança-Hl pour expliquer l'appa-
rition de la religion?
14. Pour Sigmund Freud, d'où venait la religion?
24 L'humanité à la recherche de Dieu
,..
\
\

-".1i/
·:-r._\ Pour le psychanalyste
-~
.. ~~I
autrichien
-.i.,., Sigmund Freud,
~ la religion
, \..,1..r . t découle de la crainte
,'~:>J de l'image paternelle.

père, se rebellèrent un jour contre lui et le tuèrent. Voulant


s'approprier ses pouvoirs, 'ces primitifs cannibales dévorè-
rent leur victime'. Par la suite, pris de remords, ils inventè-
rent les rites et les rituels afin d'expier leur meurtre. Selon la
thèse freudienne, la représefltation du père devint Dieu, ri-
tes et rituels constituèrent la première forme de religion, et
l'acte de dévoration du père assassiné trouva son prolonge-
ment dans la pratique de la communion, qu'observent de
nombreuses religions.
15 Bien d'autres théories sur l'origine de la religion pour-

raient figurer ici. La plupart, cependant, sont tombées dans


l'oubli et, pour tout dire, aucune d'elles ne s'est vraiment
imposée par sa vraisemblance ou sa solidité. Pourquoi? La
raison est simple: !'Histoire n'a jamais fourni aucune preuve
de leur véracité. Ces théories n'ont été que des construc-
tions intellectuelles, des conjectures éphémères bien vite
balayées par les dernières innovations en date.
De mauvaises bases
16
Après des années de recherches laborieuses, et de l'avis
de beaucoup, il est très peu probable qu'une découverte
15. Que sont devenues la plupan des théories traitant de l'origine
des religions?
16. Pourquoi, malgré des années de recherche, n'a-t-on pu expli-
quer comment la religion est apparue?
La religion: D 'où vient·elle? 25
décisive vienne un jour éclairer les origines de la religion.
C'est que, d'une part, les ossements et autres vestiges ne
nous disent rien sur la façon dont les hommes de l'Antiquité
raisonnaient, sur les craintes qui les habitaient ni sur ce qui
les poussait à adorer. Tous les enseignements tirés de ces ob-
jets ne sont, au mieux, que de savantes suppositions. D'autre
part, les pratiques religieuses qui ont cours aujourd'hui chez
les peuplades dites primitives - les aborigènes d'Australie
par exemple - ne permettent pas forcément d'extrapoler
ce que pensaient ou faisaient les peuples du passé. Nul ne
sait avec certitude si les cultures de ces peuples ont changé
au fil des siècles ni, le cas échéant, en quoi consistaient ces
changements.
17
Relevant toutes ces incertitudes, l'ouvrage Les religions
dans le monde - de !'Antiquité à nos jours (angl.), dresse ce
constat: "Les historiens de la religion savent aujourd'hui qu'il
est impossible de remonter aux origines de la religion." Sur
la démarche de ces historiens, on lit cependant: "Dans le
passé, bien trop de théoriciens ne se sont pas tant appliqués
à décrire ou à expliquer le phénomène religieux qu'à es-
sayer de s'en débarrasser. Si, pensaient-ils, on parvenait à
prouver que les premières formes de religion reposent sur
des illusions, on ébranlerait du même coup les religions plus
élaborées qui leur ont succédé."
18
Voilà précisément pourquoi n'ont pas tenu les explica-
tions avancées par les différents "scientifiques" qui se sont
penchés sur l'origine de la religion. La logique veut que l'on
17. a) Que savent aujourd'hui les historiens de la religion? b) Quel
semble être le principal souci de ceux qui se livrent à l'étude des
religions?
18. a) Pourquoi les chercheurs n'ont-ils pas réussi à expliquer
l'origine des religions? b) Quelles étaient, semble-t-il, les véritables
intentions des "scientifiques" qui se sont penchés sur la religion?
26 L'humanité à la recherche de Dieu
Les théories qui faisaient de la terre le centre de l'univers conduisirent
à des conclusions erronées sur le mouvement des planètes.

ne tire de conclusion exacte qu'à partir de prémisses exac-


tes. Celui qui part sur de mauvaise bases a peu de chan-
ces d'aboutir à une conclusion valable. Les "scientifiques"
n'ayant jamais pu expliquer le phénomène religieux de fa-
çon satisfaisante, on est en droit de s'interroger sur la valeur
de leurs prémisses. Cherchant à tout prix une 'explication'
conforme à leurs conceptions toutes faites, c'est de Dieu
qu'ils ont essayé de 'se débarrasser'.
19 On pourrait rapprocher cette tentative des multiples

19. Quel principe fondamental faut-il respecter pour que des re-
cherches scientifiques aboutissent? Donnez un exemple.
La religion: D ' où vient-elle? 27
hypothèses émises par les astronomes avant le xv1c siècle
pour expliquer le mouvement des planètes. Si les théories
foisonnaient, aucune à vrai dire ne donnait pleine satisfac-
tion. Pourquoi? Parce qu'elles partaient toutes du principe
que la terre était le centre de l'univers et que c'étaient les
étoiles et les planètes qui gravitaient autour d'elle. L'astrono-
mie ne fit des progrès sensibles qu'à partir du moment où les

fJ sens religieux de l'homme: Comment l'expliquer?


• Dans son livre Les rtligions puissance supérieure et, finale -
dt /'humanité ( angl. ), John ment, en un esprit universel
Noss fait cette remarque: ou suprahumain qui entend
"Chacune à leur manière, les préserver les valeurs suprêmes
religions enseignent que de la vie humaine."
l'homme ne se suffit pas, et ne La religion répond par con-
peut se suffire, à lui-même. Un séquent à un besoin fondamen-
lieu vital le relie, l'assujettit tal de l'homme, comparable au
aux forces qui, à l'extérieur de besoin de se nourrir. S'il est
lui, animent la Nature et la So- possible d'apaiser sa faim en
ciété. Plus ou moins consciem- avalant n'importe quel aliment
ment, il sait qu'il n'est pas une n'importe quand, nous savons
force autonome capable d'exis- qu'à la longue notre santé en
ter indépendamment du pâtira. Pour rester en bonne
monde ." condition physique, il nous
Dans la même veine, le livre faut absorber une nourriture
Lts religions dans le monde - saine et nutritive. De même,
de /'Antiquité à nos jours seule une nourriture spirituelle
ajoute: "L'étude de la religion saine nous gardera en bonne
fait apparaître un de ses traits santé spirituelle. C'est pour-
essentiels: le désir intense d'at- quoi la Bible déclare:
tacher une valeur à l'existence, "L'homme ne vit pas seule-
de croire que la vie n'est pas ment de pain, mais ( .. . ) de
un phénomène fortuit, vide de toute déclaration de la bouche
sens. La recherche du sens de de Jéhovah." - Deutéronome
la vie amène à croire en une 8:3.
scientifiques - et l'Eglise catholique - se montrèrent dis-
posés à accepter l'idée que la terre n'était pas le centre de
l'univers, mais qu'elle tournait autour du soleil, le cœur du
système solaire. Voyant que les nombreuses thèses en pré-
sence ne rendaient pas compte des faits observés, des cher-
cheurs ouverts aux idées neuves ont préféré revoir leurs
hypothèses de travail plutôt que d'élaborer de nouvelles
théories. C'est cette démarche-là qui les mena à la solu-
tion.
2°Ce principe vaut également pour l'étude des origines

de la religion. Gagnés à l'athéisme ou à la théorie couram-


ment admise de l'évolution, beaucoup de gens tiennent
pour acquis que Dieu n'existe pas. Partant, ils estiment qu'il
ne faut pas chercher la raison d'être de la religion ailleurs
qu'en l'homme lui-même - dans ses pensées et ses besoins,
dans ses peurs et ses "névroses". Reprenant à leur compte les
propos de Voltaire qui déclara un jour: "Si Dieu n'existait pas,
il faudrait l'inventer", ils soutiennent que Dieu est une in-
vention humaine. - Voir l'encadré de la page 28.
21
Puisque les nombreuses théories émises jusqu'à ce jour
n'ont fourni aucune réponse probante, ne serait-il pas judi-
cieux de reprendre les recherches à la base? Ne serait-il pas
plus logique de déplacer le champ d'investigation, plutôt
que de s'obstiner dans une voie sans issue? Un esprit ouvert
admettra volontiers que cette démarche serait à la fois
conforme à la raison et à l'esprit scientifique. Au demeurant,
nous disposons d'un exemple qui illustre bien le caractère
logique de ce procédé.
20. a) Sur quelles prémisses erronées la recherche "scientifique"
des origines de la religion s'appuyait-elle? b) A quel besoin fonda-
mental Voltaire fit-il allusion?
21. L'insuffisance des nombreuses théories sur l'origine de la reli-
gion nous amène à quelle conclusion logique?
La religion: D'où vient-elle? 29
Une longue quête
22
Au 1er siècle de notre ère, Athènes était un centre cul-
turel brillant. Il se trouvait toutefois parmi les Athéniens di-
verses écoles de pensée. Les épicuriens et les stoïciens, par
exemple, concevaient chacun les dieux à leur façon, ce qui
favorisa l'adoration de multiples divinités et l'apparition de
nombreux cultes. La ville d'Athènes finit par abriter quan-
tité de temples et d'idoles. - Actes 17:16.
23
Vers l'an 50 de notre ère, l'apôtre chrétien Paul se ren-
dit à Athènes et exposa aux Athéniens une conception des
choses complètement différente. Il leur dit: "Le Dieu qui a
fait le monde et toutes les choses qui y sont, étant, - Il l'est,
Celui-là, - Seigneur du ciel et de la terre, n'habite pas dans
des temples faits à la main, et il n'est pas non plus servi par
des mains humaines, comme s'il avait besoin de quoi que ce
soit, parce que c'est lui qui donne à toutes les personnes la
vie et le souffle et toutes choses." - Actes 17:24, 25.
24
En d'autres termes, Paul expliquait aux Athéniens que
le vrai Dieu, celui "qui a fait le monde et toutes les choses
qui y sont", n'est pas le produit de l'imagination humaine, et
qu'il ne peut non plus être servi au moyen d'un culte in-
venté par l'homme. La vraie religion ne se réduit pas à une
tentative unilatérale de l'homme destinée à combler un vide
psychologique ou à conjurer certaines frayeurs. Au con-
traire, puisque le vrai Dieu est aussi le Créateur, celui qui a
implanté en l'homme la faculté de penser et de raisonner, la
logique voudrait qu'il ait donné aux humains les moyens de
nouer des relations satisfaisantes avec lui. C'est précisément
ce à quoi il a veillé, ainsi que Paul l'explique: "D'un seul
homme il a fait toutes les nations d'hommes pour habiter
22. Comment les nombreuses théories des Athéniens au sujet de
leurs dieux influencèrent-elles leur culte?
23. Quelle conception totalement nouvelle l'apôtre Paul exposa-
t-il aux Athéniens à propos de Dieu?
24. En réalité, qu'enseignait Paul aux Athéniens sur le vrai culte?
30 L 'humanité à la recherche de Dieu
sur toute la surface de la terre, ( ... ) pour qu'ils cherchent
Dieu, si toutefois ils le cherchent à tâtons et le trouvent vrai-
ment, quoiqu'en réalité il ne soit pas loin de chacun de
nous." - Actes 17:26, 27.
25 Remarquez le point clé de l'argumentation de Paul:

"D'un seul homme [Dieu] a fait toutes les nations d'hom-


mes." Malgré la diversité des nations, réparties sur la terre
entière, les scientifiques savent aujourd'hui que les hommes
appartiennent tous à une seule et même famille. Cette no-
tion est lourde d'implications, car l'appartenance à l'espèce
humaine signifie bien plus qu'une parenté biologique et gé-
nétique. Elle touche d'autres domaines encore.
26 Voici par exemple ce qu'on lit dans l'ouvrage Histoire

des cultes dans le monde ( angl.) à propos du langage hu-


main. "Ceux qui se sont livrés à l'étude comparée des lan-
gues du monde ont tiré la conclusion que voici: toutes les
langues peuvent être regroupées par familles linguistiques,
auxquelles on s'accorde à attribuer la même origine." Autre-
ment dit, les langues ne sont pas apparues séparément, con-
trairement à ce que voudraient faire croire les évolutionnis-
tes lorsqu'ils postulent qu'en Afrique, en Europe ou en Asie
les hommes des cavernes ont progressivement abandonné
leurs grognements pour se doter d'un langage propre. Les
faits démontrent qu'il n'en a pas été ainsi, mais que les lan-
gues ont à l'évidence "la même origine".
27
Si cela est vrai du langage, un trait si particulier à l'es-
pèce humaine, ne pourrait-on pas logiquement en conclure
que la notion d'Etre divin et les croyances de l'homme ont,
elles aussi, une même origine? Au reste, la religion n'est-elle
25. ~x_Pliquez l'argument clé de Paul concernant l'origine de l'hu-
man!le.
26. Qu'a-t-on appris sur les langues, qui appuie l'argument clé
avancé par Paul?
27. Pourquoi est-il logique de penser que la notion d'Etre divin et
les croyances de l'homme ont toutes une même origine?
La religion: D'où vient-elle? 31
pas liée à la pensée, et la pensée à la faculté de parler? N'en
déduisons pas que toutes les religions sont issues d'une re-
ligion unique, mais plutôt qu'on devrait retrouver l'origine
de leurs croyances dans un même fonds d'idées religieuses.
Peut-on le vérifier? Et à supposer que les religions humaines
se soient effectivement développées à partir d'une même
source, quelle est cette source? Comment la connaître?
Semblables malgré leurs différences
28
Nous répondrons à ces questions en suivant la mé-
thode qui a permis aux linguistes de remonter aux sources
du langage. En rapprochant les langues pour repérer leurs
similitudes, l'étymologiste est en mesure de retrouver leur
origine. Pareillement, si nous mettons les religions en paral-
lèle pour examiner leurs doctrines, leurs légendes, leurs ri-
tes, leurs célébrations, leurs institutions, etc., nous saurons
s'il y a entre elles un fil conducteur, et, le cas échéant, nous
verrons où ce fil nous conduit.
29
A première vue, les nombreuses religions qui existent
aujourd'hui semblent présenter des divergences marquées.
Néanmoins, si l'on élague leur part de fioritures et d'ajouts,
et que l'on gomme les particularités dues au climat, à la lan-
gue, au pays d'origine, et d'autres facteurs encore, il est frap-
pant de constater à quel point la plupart des cultes se res-
semblent.
30 En voici un exemple. Bien des gens ne sauraient imagi-

ner deux religions plus éloignées que le catholicisme occi-


dental et le bouddhisme pratiqué en Orient. Mais que
remarque-t-on lorsqu'on fait abstraction des disparités
28. Comment déterminer si les religions pratiquées dans le monde
ont ou non une origine commune?
29. A quoi peut-on attribuer bon nombre des différences qui
existent entre les religions?
30. Quels points communs remarquez-vous entre le catholicisme
et le bouddhisme?
32 L ' humanité à la recherche de Dieu
à Bouddhisme:
déesse chinoise Catholicisme: à
de la Miséricorde la Vierge
Bouddhisme
avec son enfant. et l'enfant Jésus.
et catholicisme:
pourquoi ont-ils
'f Bouddhiste tibétain tant de points Femme catholique 'f
utilisant le moulin en commun? priant à l'aide
à prières d'un chapelet.
et le chapelet.
linguistiques et culturelles qui les opposent? Si l'on est ob-
jectif, il faudra admettre que le catholicisme et le boud-
dhisme ont de nombreux points en commun. L'un et l'autre
fourmillent de rites et de célébrations, recourent aux cier-
ges, à l'encens, à l'eau bénite, au chapelet, à des images de
saints, à des livres de priè-
res, et même au signe de Tout semble indiquer
croix. Ces religions, qui qu'il existait un fonds
toutes deux entretiennent de croyances
des monastères où vivent
des moines et des religieu-
dans lequel toutes
ses, se rapprochent encore les religions auraient
par le célibat de leurs prê- puisé leurs doctrines
tres, les vêtements spé- de base.
ciaux, les jours de fête, et
par diverses prescriptions alimentaires. Cette énumération
est loin d'être exhaustive, mais elle illustre bien notre pro-
pos. Elle soulève une question de fond: Pourquoi deux reli-
gions qui d'emblée semblent si différentes ont-elles tant de
points communs?
31 Cette comparaison, fort instructive dans le cas du ca-

tholicisme et du bouddhisme, est tout aussi révélatrice


quand on l'étend à d'autres religions. On se rend compte
alors que certaines croyances et certains enseignements
sont presque universels. La plupart d'entre nous sommes fa-
miliarisés avec des doctrines telles que l'immortalité de
l'âme humaine, la vie au ciel promise à tous les bons, les
tourments éternels réservés aux méchants dans un monde
souterrain, le purgatoire, un dieu composé de trois person-
nes ou d'une multitude de dieux, une déesse mère de dieu
ou reine du ciel. En outre, quantité de légendes et de mythes
sont tout aussi répandus: l'homme perdant la faveur divine
31. Quels points communs remarquez-vous entre les autres reli-
gions?
34 L 'humanité à la recherche de Dieu
en voulant illicitement atteindre l'immortalité, la né-
cessité d'offrir des sacrifices pour expier les péchés, la quête
d'un arbre de vie ou d'une fontaine de Jouvence, la présence
parmi les humains de dieux ou de demi-dieux qui engen-
drèrent des descendants suprahumains, et la venue d'un dé-
luge catastrophique qui fit périr le plus clair de l'humanité*.
32 Quelle conclusion tirer de tout ce qui précède? Les

peuples qui croyaient à ces mythes et à ces légendes vi-


vaient éloignés les uns des autres. Ils possédaient une cul-
ture et des traditions spécifiques. Leurs us et coutumes
n'étaient aucunement apparentés. Et pourtant, dès qu'on se
place sur le plan religieux, on s'aperçoit que leurs croyances
convergeaient. Même si certains groupes ne partageaient
pas la totalité des croyances mentionnées plus haut, tous en
revanche croyaient au moins à quelques-unes d'entre elles.
Une question s'impose: pourquoi ces ressemblances? Tout
semble indiquer qu'il existait un fonds de croyances dans
lequel toutes les religions auraient, à des degrés divers, puisé
leurs doctrines de base. Le temps faisant son œuvre, ces
doctrines ont été enjolivées, modifiées, et de nouveaux en-
seignements ont vu le jour. Nul ne peut néanmoins nier
l'existence d'une trame générale.
33 En toute logique, les similitudes décelables entre les

croyances fondamentales des nombreuses religions du


monde sont une preuve éloquente qu'elles ne sont pas ap-
parues indépendamment, mais qu'au contraire, il y a bien
longtemps, elles ont emprunté leurs conceptions à une
même source. Mais laquelle?
• Vous trouverez une comparaison détaillée des diverses légendes di-
luviennes recensées chez différents peuples dans l'ouvrage intitulé La
perspicacité gr✠aux Ecritures, publié en anglais par la Watchtower Bible
and Tract Society of New York, !ne., 1988, volume 1, pages 328, 610 et 611.

32, 33. a) Que peut-on conclure au vu des similitudes frappantes


qui rapprochent les religions du monde? b) Quelle question se
pose?
La religion: D'où vient-elle? 35
Les légendes
chinoises parlent
d'un âge d'or
dans les temps
mythiques,
sous le règne
de Huangdi
(l'empereur Jaune).

Un tlge d'or antique


34
Au nombre des légendes qui figurent souvent dans le
patrimoine des religions, il en est une qui dépeint les pre-
miers temps de l'humanité comme un âge d'or. L'homme vi-
vait dans l'innocence, heureux et en paix, il était proche de
Dieu et ne connaissait ni la maladie ni les affres de la mort.
A quelques variantes près, cette idée d'un antique paradis
idéal revient fréquemment dans les récits légendaires et
dans les textes sacrés.
35 L'Avesta, le livre sacré du zoroastrisme, religion de la

Perse antique, parle du "beau Yima, le bon pasteur", comme


du premier mortel avec qui conversa Ahura Mazda (le créa-
teur). Ahura Mazda chargea Yima d' "entretenir [ses) créatu-
res, de les gouverner, de veiller sur elles". Pour ce faire, Yima
devait construire "un Var", ou refuge souterrain, destiné à
recevoir toutes les créatures vivantes. Il n'y avait là "ni arro-
34. Quelle légende concernant les premiers temps de l'humanité
figure souvent dans le patrimoine des religions?
35. Décrivez les croyances du zoroastrisme relatives à un âge d'or
originel.
36 L 'humanité à la r echerche de Dieu
gance, ni bassesse, ni stupidité, ni violence, ni pau-
vreté, ni tromperie, ni homme chétif ou difforme, ni
homme de taille anormale ou aux dents mal faites. Ceux qui
y vivaient ne présentaient aucun des signes dont le démon
marque le corps des mortels. Ils résidaient parmi des arbres
parfumés et des colonnes d'or; ils étaient les plus grands, les
meilleurs, les plus beaux qui soient sur cette terre, c'était
une race d'hommes grands et beaux".
36 Dans l' Antiquité grecque, Les Travaux et les jours d'Hé-
siode décrivait, sous la forme d'un poème, les cinq âges
de l'humanité. Durant le premier, "l'âge d'or", les hommes
jouissaient d'une félicité complète. On y lit ceci:
"D'or fut la première race d'hommes périssables
que créèrent les Immortels( ... ).
Ils vivaient comme des dieux, le cœur libre de soucis,
à l'écart et à l'abri des peines et des misères:
la vieillesse misérable sur eux ne pesait pas;
mais, bras et jarret toujours jeunes,
ils s'égayaient dans les festins, loin de tous les maux."
Selon la mythologie grecque, cet âge d'or légendaire prit fin
lorsqu'Epiméthée épousa la belle Pandore, que Zeus, le dieu
de l'Olympe, lui avait envoyée en présent. Un jour, Pandore
souleva le couvercle du grand vase qu'elle portait, quand
soudain les malheurs, les plaies et les maladies qu'il renfer-
mait se répandirent sur l'humanité, qui ne devait jamais plus
s'en affranchir.
37Les anciennes légendes de la Chine font elles aussi état
d'un âge d'or, aux jours de Huangdi, l'empereur Jaune, qui
aurait régné cent ans au xxv1e siècle avant notre ère. Il aurait
36. En quels termes Je poète grec Hésiode dépeignait-il un "âge
d'or"?
37. Décrivez l'ancienne légende chinoise qui fait état d'un "para-
dis" au commencement de l'histoire humaine.
La religion: D'où vient-elle? 37
inventé tout ce qui a trait à la civilisation - les vêtements et
l'habitation, les moyens de transport, les armes et la guerre,
l'administration des terres, l'artisanat, l'élevage des vers à
soie, la musique, le langage, les mathématiques, le calen-
drier, etc. Sous son règne, dit-on, "il n'y avait en Chine ni vo-
leurs ni querelles; les hommes étaient humbles et vivaient
paisiblement. Favorisées par des pluies et un climat propi-
ces, les récoltes étaient abondantes année après année. Plus
étonnant encore, les bêtes sauvages ne tuaient pas, et les ra-
paces étaient inoffensifs. En un mot, l'histoire de la Chine
commença dans un paradis". Aujourd'hui encore, les Chi-
nois disent descendre de l'empereur Jaune.
38
Les religions de nombreux autres peuples - Egyp-
tiens, Tibétains, Péruviens, Mexicains, pour ne citer
qu'eux - comportent des récits légendaires comparables,
qui décrivent les premiers hommes vivant dans la perfec-
tion et la félicité. Est-ce un pur effet du hasard si tous ces
peuples partageaient les mêmes conceptions sur leur ori-
gine, alors que de longues distances les séparaient et
que leurs cultures, leurs langues et leurs coutumes diffé-
raient totalement? Est-ce fortuitement qu'ils ont tous choisi
d'expliquer leurs origines de la même façon? Cela n'est ni
très logique ni très probable. A toutes ces légendes doivent
plutôt se trouver mêlées quelques vérités universelles tou-
chant l'origine de l'homme et de la religion.
39 Il est effectivement possible de dégager une vaste zone

commune entre les récits légendaires qui se rapportent aux


origines de l'humanité. Si on les met en parallèle, une vision
plus nette se dessine: Dieu crée le premier homme et la pre-
38. A quelle conclusion nous amènent tous les récits légendaires
comparables qui traitent des débuts de l'humanité?
39. A quelle reconstitution parvient-on en rapprochant les nom-
breuses légendes qui se rapportent aux débuts de l'humanité?
38 L ' humanité à la recherche de Dieu
SYRIE


BABYLONE
ÉLAM

ÉGYPTE
PERSE

En se dispersant sur toute la terre à partir de la Mésopotamie,


les humains emportèrent avec eux leurs croyances et leurs souvenirs.

mière femme, qu'il place dans un paradis. Comblés et heu-


reux au départ, ils ne tardent pas à se rebeller et perdent ce
paradis idéal pour ne plus connaître que dur labeur et souf-
france. Par la suite, les humains deviennent si mauvais que
Dieu décide de les punir en faisant venir sur eux un déluge,
qui les détruit tous à l'exception d'une famille. Cette famille
s'agrandissant, une partie de ses membres se liguent contre
Dieu pour construire une tour gigantesque. Dieu ruine leur
projet en confondant leur langage et en les dispersant jus-
qu'aux extrémités de la terre.
4
°Cette reconstitution n'est-elle que le fruit d'un exer-
cice intellectuel? Nullement. Il s'agit là d'un résumé des
11 premiers chapitres du livre biblique de la Genèse. Nous
ne traiterons pas ici de l'authenticité de la Bible; nous nous
contenterons de noter que le récit biblique de l'histoire ori-
ginelle de l'homme entre dans la structure de nombreuses
40. Expliquez quels rappons existent entre la Bible et les légendes
relatives à l'origine des religions.
La religion: D'où vient-elle? 39
légendes*. Ce récit révèle qu'en se dispersant sur toute la
terre à partir de la Mésopotamie, les humains emportèrent
avec eux leurs souvenirs, leurs habitudes et leurs idées. Au
fil du temps, ces éléments furent mis en forme, modifiés, et
finirent par constituer la trame de toutes les religions de la
terre. Autrement dit, pour reprendre l'analogie citée plus
haut, le récit de la Genèse constituerait le fonds original,
parfaitement limpide, duquel ont été tirés les principaux
concepts sur les débuts de l'humanité et d'où sont sorties les
diverses religions pratiquées dans le monde. Malgré l'ajout
de doctrines et d'usages spécifiques, cette parenté ne fait au-
cun doute.
41
Dans les prochains chapitres de ce livre, nous exami-
nerons plus en détail comment certaines religions ont vu le
jour et se sont développées. Vous prendrez intérêt à noter
ce qui les différencie, mais également ce qui les rappro-
che. Vous serez en mesure de les situer dans l'histoire de
l'homme en général et dans celle des religions en particu-
lier. Vous découvrirez quels liens les livres ou les écrits sa-
crés ont entre eux, quelles conceptions religieuses ont in-
fluencé les hommes qui ont fondé ou dirigé une religion,
quelle influence ces religions ont exercée sur le comporte-
ment des humains et sur le cours de !'Histoire. En étudiant
sous ces différents aspects la longue recherche qu'ont me-
née les hommes pour trouver Dieu, vous serez mieux à
même de discerner le vrai du faux en matière de culte et de
doctrines.
* Vous trouverez de plus amples détails sur cette question dans le livre
intitulé La Bible: Parole de Dieu ou des hommes?, publié par la Watchtower
Bible and Tract Society of New York, Inc., 1989.

41. Qu'êtes-vous invité à noter en examinant les chapitres suivants


de ce livre?
40 L'humanité à la recherche de Dieu
_ _ _ _ _ _ _ _CHAPITRE3 _ _ _ _ _ _ __

Mythologie
Des traits communs
RURQUOI s'intéresser aux mythes? Faut-il y voir autre
chose que des récits très anciens forgés de toutes pièces?
Nombre de mythes, il est vrai, sont purement imaginaires.
D'autres, par contre, procèdent de faits réels, témoin, dans le
monde entier, les mythes et les légendes qui s'inspirent du
déluge universel rapporté dans la Bible.
2
Les mythes sont dignes d'intérêt: ils sont à la base de
croyances et de rites qui se sont perpétués jusqu'à nos jours.
Par exemple, la croyance à l'immortalité de l'âme se re-
trouve dans les mythes assyro-babyloniens, puis égyptiens,
grecs et romains, et jusque dans la chrétienté, où elle a pris
valeur de dogme. Les mythes attestent que les hommes de
l'Antiquité se tournaient vers les dieux et cherchaient à
donner un sens à leur vie. Dans ce chapitre, nous examine-
rons brièvement quelques-uns des thèmes mythiques que
se partagent les principales cultures du monde. Ce faisant,
nous remarquerons que la création, le déluge, les faux dieux
et les demi-dieux, l'immortalité de l'âme et le culte du soleil
reviennent régulièrement parmi les traits communs du ca-
talogue mythologique. Quelle en est la raison?
3 Le mythe a très souvent pris naissance à partir d'un fait

historique, d'un personnage ou d'un événement dont cer-


taines caractéristiques ont été exagérées ou déformées avec
1-3. a) Pourquoi devrions-nous nous intéresser aux mythes?
b) Qu'allons-nous examiner dans ce chapitre?
Mythologie: Des traits communs 41
le temps. L'un de ces faits historiques est consigné dans la
Bible. Il s'agit du récit de la création*.
La création: le réel et l'imaginaire
4
Si les récits mythiques de la création abondent, pas un
cependant n'approche la simplicité et la cohérence du récit
biblique (Genèse, chapitres 1 et 2). La mythologie grecque,
par exemple, a des accents pour le moins barbares. Le pre-
mier Grec à mettre systématiquement ces récits par écrit fut
Hésiode. Au vm• siècle avant notre ère, il composa la Théogo-
nie, dans laquelle il expose la naissance des dieux et l'ori-
gine de l'univers en commençant par Grea ou Gaia (la
Terre), qui donne le jour à Ouranos (le Ciel). Dans L'histoire
du monde classique (Oxford; angl.), Jasper Griffin restitue
en ces termes la suite du récit:
5 "Hésiode raconte la succession des dieux du ciel, his-

toire que connaissait déjà Homère. Ouranos était à l'origine


• Vous trouverez de plus amples détails sur la création dans le livre
intitulé La vie: comment est-elle apparue? Evolution ou création?, publié par
la Watchtower Bible and Tract Society.

4, S. Citez quelques croyances de la mythologie grecque.

Le mont Olympe, en Grèce, demeure supposée des dieux.


Divinités grecques et romaines
Nombre de dieux et de déesses de la mythologie grecque occupaient une
fonction comparable dans le panthéon romain. En voici une liste abrégée.
Grèce Rome Fonction
Aphrodite Vénus Déesse de l'amour
Apollon Apollon Dieu de la lumière, de la médecine
et de la poésie
Arès Mars Dieu de la guerre
Artémis Diane Déesse de la chasse et de l'enfantement
Asclépios Esculape Dieu de la santé
Athéna Minerve Déesse des arts, de la guerre et de la sagesse
Cronos Saturne Pour les Grecs, chef des Titans
et père de Zeus. Dans la mythologie romaine,
il est aussi une divinité agricole
Démèter Cérès Déesse de la terre féconde et cultivée
Dionysos Bacchus Dieu du vin, de la fertilité et du délire orgiaque
Éros Cupidon Dieu de l'amour
Gza Tellus Symbole de la terre, mère et
épouse d'Ouranos
Héphaïstos Vulcain Forgeron des dieux; dieu
du feu et des forges
Héra Junon Protectrice du mariage et des femmes.
Pour les Grecs, sœur et femme de Zeus;
dans la mythologie romaine, femme de Jupiter
Hermès Mercure Messager des dieux; dieu
du commerce et de la science; protecteur
des voyageurs, des voleurs et des vagabonds
Hestia Vesta Déesse du feu domestique
Hypnos Somnus Dieu du sommeil
Ouranos Uranus Fils et époux de Ga:a et père
des Titans
Pluton, Hadès Pluton Souverain des Enfers
Poséidon Neptune Dieu de la mer. Dans la mythologie grecque,
il est aussi le dieu des tremblements de terre
et des chevaux
Rhéa Ops Sœur et épouse de Cronos
Zeus Jupiter Roi des dieux
D'après la Mythologie générale (Larousse)

Mythologie: Des traits communs 43


le dieu suprême, mais il faisait disparaître ses enfants. Gaia
incita donc son fils Cronos à châtrer son père. Par la suite,
Cronos dévora à son tour ses enfants, jusqu'à ce que Rhéa, sa
femme, lui donne à manger une pierre à la place de Zeus. Le
jeune Zeus fut élevé en Crète; il contraignit son père à dé-
gorger ses frères; avec leur aide et celle d'autres alliés, il
triompha de Cronos et des Titans, qu'il précipita dans le Tar-
tare."
6 D'où les Grecs tenaient-ils ce mythe curieux? Griffin

poursuit: "Il semble que les sources les plus lointaines se


trouvent à Sumer. La succession des dieux, la castration, l'in-
gestion, la pierre, tous ces thèmes sont attestés, sous diffé-
rentes formes, dans les récits orientaux. Leur ressemblance
avec les écrits d'Hésiode n'a rien d'une coïncidence." C'est
donc dans l'antique Mésopotamie et à Babylone qu'il nous
faut chercher l'origine de quantité de mythes qui se sont in-
filtrés dans d'autres cultures.
7
Il est malaisé de reconstituer la mythologie des ancien-
nes religions populaires de la Chine, car bon nombre
d'écrits furent détruits entre 213 et 191 avant notre ère*.
Certains mythes ont toutefois été préservés, tel celui qui dé-
peint la formation de la terre. Anthony Christie, professeur
d'art oriental, écrit: "Le chaos primitif est présenté comme
semblable à un œuf de poule. Il n'y avait encore ni ciel ni
terre. De cet œuf naquit Pangu; les parties lourdes formè-
rent la terre et les parties légères le ciel. Pangu est représenté
* Nous parlerons de la mythologie chinoise plus récente, qui s'est
modelée sous la triple influence du bouddhisme, du taoïsme et du confu-
cianisme, dans les chapitres 6 et 7.

6. D'après Jasper Griffin, quelle est l'origine probable de la plus


grande partie de la mythologie grecque?
7. a) Pourquoi est-il malaisé de reconstituer les mythes de la
Chine antique? b) Selon un mythe chinois, comment la terre et
l'homme ont-ils été créés? (Voir Genése 1:27; 2:7.)
44 L 'humanité à la recherche de Dieu
sous la forme d'un nain vêtu d'une peau d'ours ou d'un pa-
gne de feuilles . Pendant 18000 ans, la distance qui sépare le
ciel de la terre s'accrût chaque jour de IO pieds. Simultané-
ment, le corps de Pangu grandissait pour combler le vide.
Après sa mort, des parties de son corps se changèrent en di-
vers éléments naturels. ( ...) Les puces qui rampaient sur lui
devinrent les hommes."
8 En Amérique du Sud, une légende inca raconte qu'un

créateur mythique attribua une langue à chaque peuple. "Il


donna à chaque nation la langue qu'elle devait parler( ...). Il
communiqua à chacun l'être et l'âme, à l'homme comme à
8. D'après la mythologie inca, comment les différentes langues
sont-elles apparues?

Dieux et déesses assyro-babyloniens


Anou: le dieu suprême, qui règne (l Rois 11:5, 33), Aphrodite en
sur les espaces célestes; père d'Ish· Grèce, Vénus à Rome.
tar.
Mardouk: occupe la première
Ashour: figure guerrière, dieu na· place parmi les dieux babyloniens;
tional des Assyriens; également dieu "absorbe tous les autres dieux et se
de la fertilité. substitue à eux dans leurs attribu·
tions diverses". Les Israélites le con·
Îa: dieu de l'élément liquide. Père naissaient sous le nom de Mérodac.
de Mardouk. Avenit Outa·Napishtim
de la venue du déluge. Shamash: dieu solaire de la lu·
mière et de la justice. Précurseur de
Enlil ( Bêl ): seigneur de J'atmo· l'Apollon des Grecs.
sphère; la mythologie grecque lui
donna Zeus pour pendant Les Baby· Sîn: dieu Lune, membre de la triade
Ioniens l'assimilèrent à Mardouk où figuraient aussi Shamash (le so·
(Bêl). lei!) et Ishtar (la planète Vénus).
Ishtar: personnification divine de Tammouz (Doumouzi): dieu des
la planète Vénus; la prostitution sa· moissons. Amant d'Ishtar.
crée faisait panie de son culte. Elle
fut Astané en Phénicie, Atargatis en (D'après la Mythologie générale
Syrie, Ashtoreth dans la Bible [Larousse])
la femme, et ordonna à chaque nation de disparaître sous la
terre. C'est par ce chemin que chaque nation se rendit dans
la région qui lui avait été assignée." (Fables et rites aes Incas
[angl.] de Crist6bal de Molina de Cuzco, cité dans Mythologie
d'Amérique au sua [angl.]). Il semble que les faits rapportés
dans le récit biblique à propos de la confusion des langues
à Babel soient à l'origine de ce mythe inca (Genèse 11:1-9).
Mais penchons-nous à présent sur le déluge relaté dans la
Bible en Genèse 7:17-24.
Le déluge: mythe ou réalité?
9
Faisant un saut de quelque 4 500 ans dans le passé, la Bi-
ble nous conduit aux environs de l'an 2 500 avant notre ère.
Elle nous apprend que des fils spirituels de Dieu, entrés en
rébellion, ont revêtu la forme humaine afin de "prendre
pour eux des femmes". Ces unions contre nature ont donné
naissance à des Néphilim, des êtres violents qui furent "le~
hommes forts du temps jadis, les hommes de renom". Leur
mépris de la loi avait à ce point gagné le monde antédilu-
vien que Jéhovah fit cette déclaration: " 'Je vais effacer de la
surface du sol les hommes que j'ai créés( ... ), car je regrette
de les avoir faits.' Mais Noé trouva faveur aux yeux de Jé-
hovah." La suite du récit décrit les dispositions particulières
que Noé devait prendre pour assurer sa survie, celle de sa fa-
mille et d'un certain nombre d'espèces animales lorsque le
déluge se produirait - Genèse 6:1-8, 13 à 8:22; 1Pierre3:19,
20; 2 Pierre 2:4; Jude 6.
10
Dans l'esprit des critiques modernes, le récit des évé-
nements antédiluviens rapporté dans la Genèse est un my-
9. a) Que dit la Bible des conditions qui régnaient sur la terre
avant le déluge? b) Que devaient faire Noé et sa famille fX)Uf
survivre au déluge?
10. Pourquoi ne faut-il pas considérer le récit biblique du déluge
comme un mythe?
46 L'humanité à la recherche de Dieu
Tablette d'argile en cunéiforme reproduisant une partie
de l'épopée de Gilgamesh.

the patent. Pourtant, des hommes fidèles, tels Esaïe, Ezé-


chiel, Jésus Christ, les apôtres Pierre et Paul, tenaient l'his-
toire de Noé pour authentique. Disons aussi, à l'appui de sa
véracité, que ce récit trouve un écho dans un nombre con-
sidérable de mythologies du monde entier, dans l'antique
épopée de Gilgamesh notamment, comme dans des légen-
des chinoises, aztèques, inca et maya. Sans perdre de vue
la narration biblique, arrêtons-nous maintenant sur la
mythologie assyro-babylonienne et sur sa version du
Mythologie: Des traits communs 47
déluge*. - Esaïe 54:9; Ezéchiel 14:20; Matthieu 24:37; Hé-
breux 11:7.
Le déluge et l'homme-dieu Gilgamesh
11
Transportons-nous quatre millénaires en arrière. Nous
voilà en présence d'une célèbre légende akkadienne: l'épo-
pée de Gilgamesh. Nous la connaissons principalement
grâce à un texte cunéiforme provenant de la bibliothèque
d'Assourbanipal, qui régna de 668 à 627 avant notre ère
dans l'antique ville de Ninive.
12
Cette épopée raconte les exploits de Gilgamesh, être
aux deux tiers divin et un tiers humain. Une des versions de
l'épopée se lit ainsi: "A Ourouk il bâtit des murs, un grand
rempart et Eanna, le temple béni, pour Anou le dieu du fir-
mament et pour Ishtar la déesse de l'amour et de la guerre."
(Voir la liste des dieux et des déesses assyro-babyloniens à
l'encadré de la page 45.) Mais Gilgamesh n'est pas précisé-
ment le genre de créature que l'on souhaite avoir pourvoi-
sin. Les habitants d'Ourouk se plaignent de lui aux dieux:
"Son désir ne laisse pas une vierge à son amoureux, ni la fille
du guerrier, ni la femme du noble."
13 Quelle réponse les dieux font-ils aux plaintes des Ou-

roukiens? La déesse Arourou crée Enkidou pour qu'il soit le


rival humain de Gilgamesh. Or, loin de se combattre, les
deux personnages se lient d'amitié. Quand, dans la suite
de l'épopée, Enkidou meurt, Gilgamesh s'écrie, bou-
leversé: "Quand je serai mort ne vais-je pas moi aussi de-
• Les preuves de l'historicité du déluge sont examinées en détail dans
l'ouvrage intitulé La perspicacité grâce aux Ecritures (angl.) volume 1,
pages 327, 328, 609-612, publié par la Société Watchtower.

11. Comment l'épopée de Gilgamesh nous est-elle parvenue?


12. Qui était Gilgamesh, et qu'est-ce qui le rendait impopulaire?
(Voir Genèse 6:1, 2.)
13. a) Que firent les dieux, et qu'entreprit Gilgamesh? b) Qui était
Outa-Napishtim?
48 L ' humanité à la recherche de Dieu
venir comme Enkidou. Le chagrin et la tristesse ont envahi
mes entrailles; me voici par peur de la mort errant dans les
prairies." Voulant découvrir le secret de l'immortalité, il part
à la recherche de Outa-Napishtim, le survivant du déluge
qui partage l'immortalité avec les dieux.
14 Gilgamesh arrive enfin en présence de Outa-

Napishtim, qui lui raconte l'histoire du déluge. Dans la ta-


blette XI de l'épopée, celle du déluge, Outa-Napishtim dé-
taille les instrucùons qu'il a reçues avant le déluge: "Détruis
ta maison et construis un bateau, abandonne tes biens et
cherche la vie( ... ). Rassemble à l'intérieur du bateau la se-
mence de tous les êtres vivants." Tout ceci ne ressemble-Hl
pas, sous certains aspects, à ce qu'on lit dans la Bible à pro-
pos de Noé et du déluge? Outa-Napishtim n'est pas en me-
sure, hélas! d'octroyer l'immortalité à Gilgamesh qui, déçu,
rentre à Ourouk. Le récit s'achève avec sa mort. L'épopée de
Gilgamesh chante surtout la tristesse et le senùment de frus-
tration qui accompagnent la mort et l'au-delà. Ces peuples
de !'Antiquité n'avaient pas trouvé le Dieu de vérité et d'es-
pérance. Toutefois, il existe un lien très net entre cette épo-
pée et la descripùon simple que fait la Bible du monde
antédiluvien. Examinons à présent le récit du déluge tel
qu'il apparaît dans d'autres légendes.
Le déluge dans d'autres cultures
is Un mythe sumérien, plus ancien encore que l'épopée
de Gilgamesh, met en scène "Ziousoudra, la réplique du Noé
biblique, dépeint comme un roi pieux, craignant les dieux
et guettant sans cesse une révélation divine par le rêve ou
par la conjuration". (Ancient Near Eastern Texts Relating to
14. a) Quelles instructions Outa-Napishtim reçut-il? (Voir Genèse
6:13-16.) b) Comment le voyage épique de Gilgamesh s'est-il ter-
. '?
mme.
15. En quoi le récit sumérien du déluge nous intéresse-t-il?
Mythologie: Des traits communs 49
Anubis, le dieu à tête de chacal, place dans le plateau gauche de la balance
le cœur du défunt représentant son âme et dans l'autre Maât, la déesse
de la Vérité et de la Justice, symbolisée par une plume; Thot inscrit
le résultat de la pesée sur sa tablette avant de le communiquer à Osiris.

the Old Testament.) Selon l'ouvrage cité, ce mythe est, "de


tous les écrits sumériens mis au jour jusqu'alors, celui qui
offre le parallèle le plus rigoureux et le plus frappant avec le
récit biblique". Les civilisations babylonienne et assyrienne
portent l'empreinte de Sumer, qui les a précédées.
16 Le livre La Chine - Une histoire de l'art ( angl.) raconte

qu'un des dirigeants de la Chine antique, Yu, fut "le vain-


queur des Grandes eaux. Yu fit s'écouler les eaux du déluge
dans les fleuves et dans les mers, ce qui permit à son peuple
de revenir sur ses terres" . Le mythologue Joseph Campbell
parle en ces termes de la "Période des Dix Rois" de la Chine
antique: "A cette ère importante qui s'acheva par un déluge,
la mythologie primitive de l'époque Zhou rattache dix em-
pereurs. Il semble donc que nous ayons affaire à une adap-
tation locale de l'ancienne liste des rois de Sumer." Camp-
16. D'où les légendes chinoises relatives au déluge tirent-elles
peut-être leur origine?
50 L ' humanité à la recherche de Dieu
bell poursuit en citant d'autres particularités des lé-
gendes chinoises qui paraissent "accréditer la thèse d'une
origine mésopotamienne". Voilà qui nous ramène à l'idée
que bien des mythes ont une origine commune. L'histoire
du déluge est également attestée sur le continent américain,
notamment au Mexique des xv• et XVIe siècles, à l'époque
des Aztèques.
17
Selon la mythologie aztèque, quatre mondes se sont
succédé. Durant le premier, la terre était habitée par des
géants (une autre réminiscence des Néphilim, les géants
dont parle la Bible en Genèse 6:4). Les légendes aztèques fai-
saient état d'un déluge primordial au cours duquel "les eaux
d'en haut se mêlèrent à celles d'en bas; elles firent disparaî-
tre l'horizon et engloutirent tout dans un océan cosmique
intemporel". Le dieu Tlaloc, qui régnait sur la pluie et sur
l'eau, ne donnait pas pour autant la pluie à bon compte. Il
l'accordait en effet "en échange du sang des victimes qu'on
lui sacrifiait, dont les larmes simuleraient et, par là même,
stimuleraient la chute de la pluie". (Encyclopédie illustrée de
la mythologie (angl.].) D'après une autre légende, le qua-
trième monde était gouverné par Chalchiuhtlicue, la déesse
de l'eau, dont l'univers fut englouti par une inondation. Les
hommes en réchappèrent en se transformant en poissons!
18
Les Incas entretenaient eux aussi des légendes du dé-
luge. L'écrivain britannique Harold Osborne explique: "Les
récits d'un déluge sont peut-être la caractéristique la plus
constante des mythes de l'Amérique du Sud( ... ). Les mythes
diluviens sont très répandus, tant parmi les peuples des ré-
gions montagneuses que chez les tribus des plaines tropica-
les. Le déluge est généralement associé à la création et à
une épiphanie (manifestation) du dieu-créateur. ( ...) Il est
17. Quelles légendes diluviennes avaient cours chez les Aztèques?
18. Quels récits dominent la mythologie de l'Amérique du Sud?
(Voir Genèse 6:7, 8; 2 Pierre 2:5.)
Mythologie: Des traits communs 51
quelquefois considéré comme un châtiment divin, destiné à
effacer un monde d'humains et à préparer la venue d'une
nouvelle race."
19 Pareillement, les Mayas du Mexique et d'Amérique

centrale avaient leur version d'un déluge prenant la forme


d'une inondation universelle appelée Haiyococab, terme qui
signifie "eau sur la terre". Selon l'évêque catholique Las Ca-
sas, les Indiens guatémaltèques "lui donnaient le nom de Bu-
tic, mot qui désigne de nombreuses eaux associées au ju-
gement dernier. Ils croyaient en effet à l'imminence d'un
nouveau Butic, qui serait un jugement accompagné d'un dé-
luge non plus d'eau, mais de feu" . Il existe certes bien d'au-
tres légendes diluviennes dans le monde. Celles que nous
venons de citer suffisent néanmoins à leur attribuer pour
même origine l'événement historique relaté dans la Genèse.
L'immortalité de l'tlme:
Une croyance omniprésente
20
Toutefois, les mythes ne s'inspirent pas tous d'un fait
réel ni de la Bible. Dans leur recherche de Dieu, les humains
se sont raccrochés à tout ce qu'ils ont pu trouver. Ils se sont
laissé abuser par une illusion, celle de l'immortalité. Comme
nous le verrons tout au long de ce livre, la croyance à l'im-
mortalité de l'âme et à ses variantes a traversé plusieurs mil-
lénaires avant de nous être léguée. Dans l'Antiquité, les peu-
ples de culture assyro-babylonienne croyaient à une vie
après la mort. L'ouvrage Mythologie générale, publié chez
Larousse, fournit ces précisions: "Sous la terre, par delà
l'abîme de l'Apsou [empli d'eau douce et encerclant la terre],
se trouve la demeure infernale, où descendent les hommes
après leur mort. C'est 'la terre sans retour'( ... ). Dans cette ré-
gion, où règne une obscurité éternelle, les edimmou - c'est
19. Décrivez la légende maya concernant le déluge.
20. Comment les Assyro-Babyloniens envisageaient-ils la vie après
la mort?
52 L ' humanité à la recherche de Dieu
le nom que portent les âmes des morts -, 'vêtus, comme
l'oiseau, d'un vêtement d'ailes', sont confondus pêle-mêle."
La légende plaçait ce monde souterrain sous l'autorité de la
déesse Ereshkigal, "princesse de la grande terre" .
21
Les Egyptiens croyaient eux aussi à l'immortalité de
l'âme. Avant d'accéder à un lieu de repos et de bonheur,
l'âme devait être mise en balance avec Maât, déesse de la Vé-
rité et de la Justice, symbolisée par une plume, image de la
vérité. La pesée s'effectuait avec le concours d'Anubis, le
dieu à tête de chacal, ou d'Horus, le dieu Faucon. Si Osiris
rendait un arrêt favorable, l'âme s'en allait goûter la féli-
cité auprès des dieux. (Voir l'illustration de la page 50.) Ici,
comme en maints autres endroits, la religion, la vie et les ac-
tions des hommes ont été façonnées par un même concept
babylonien, l'immortalité de l'âme.
22
Dans la Chine antique, la mythologie avait entre autres
thèmes la survie après la mort et l'obligation de veiller au
bonheur de ses ancêtres. On voyait en eux "des esprits
doués de vie et de puissance, tous très soucieux du bien-être
de leurs descendants, mais susceptibles de s'irriter et de pu-
nir ceux qui viendraient à leur déplaire". On devait assurer
aux défunts tout ce qui pourrait leur être utile, y compris
des serviteurs qui les accompagneraient dans la mort. C'est
ainsi que "certains rois Shang( ...) furent inhumés avec un
groupe de cent à trois cents personnes, immolées pour les
servir dans l'autre monde. (Sous ce rapport, la Chine ne dif-
fère guère de l'Egypte, de l'Afrique, du Japon et d'au-
tres pays où l'on pratiquait également ce genre de sacri-
fice. )"(Les religions de l'homme [angl.], John Noss). Dans les
cas précités, ces sacrifices humains furent inspirés par la
21. D'après les Egyptiens, que devenaient les morts?
22. Comment les Chinois considéraient-ils les morts, et que fai-
saient-ils pour eux?
Mythologie: Des traits communs 53
croyance à l'immortalité de l'âme. - Comparer avec Ecclé-
siaste 9:5, 10; Esaïe 38:18, 19.
23
Les Grecs, qui s'étaient forgé de nombreuses divinités
mythologiques, s'intéressaient eux aussi aux morts et à leur
sort. Si l'on en croit les mythes, l'Empire des ténèbres avait
pour maître le fils de Cronos, qui était aussi le frère des
dieux Zeus et Poséidon. Son empire fut baptisé de son nom,
Hadès. Comment les âmes des défunts parvenaient-elles
dans l'Hadès*?
24
L'écrivain Ellen Switzer précise: "Le monde souterrain
était peuplé de créatures terrifiantes. Là, Charon dirigeait la
barque qui transportait ceux qui venaient de mourir du
pays des vivants au monde souterrain. Comme Charon fai-
sait payer la traversée [du fleuve Styx], les Grecs plaçaient
souvent une pièce de monnaie sous la langue des cadavres
qu'ils enterraient pour qu'ils aient de quoi acquitter le prix
de leur passage. Les âmes des morts qui n'étaient pas en me-
sure de payer étaient retenues du mauvais côté du fleuve,
dans une sorte de no man's land, d'où elles pouvaient reve-
nir hanter les vivants#."
25
La notion d'âme telle que la concevait la mythologie
grecque gagna du terrain à Rome, et les philosophes grecs
• Le terme "Hadès" apparaît dix fois dans les Ecritures grecques chré-
tiennes où il désigne, non pas un personnage mythologique, mais
la tombe où vont tous les hommes. Il correspond à l'hébreu she 'ôl.
- Comparer Psaume 16:10 avec Actes 2:27, Traduction interlinéaire
du Royaume (angl.). - Voir La perspicacité grâce aux Ecritures, volume 1,
pages 1015, 1Ùl6, publié par la Société Watchtower.
# Il est à noter que Outa-Napishtim, un des héros de l'épopée de
Gilgamesh, avait aussi un passeur, Our-Shanabi, qui fit traverser à Gilga-
mesh les eaux de la Mort pour rencontrer le survivant du déluge.

23. a) Dans la mythologie grecque, qui était Hadès, et que dési-


gnait-il aussi? b) Qu'est-ce que !'Hadès dont parle la Bible?
24. a) Selon la mythologie grecque, que se passait-il dans le
monde souterrain? b) Quelle similitude existe entre l'épopée de
Gilgamesh et la mythologie grecque?
25. Qui se laissa gagner par le concept grec de l'âme?
54 L'humanité à la recherche de Dieu
Chalchiuhtlicue, déesse aztèque de l'eau douce;
récipient en forme de chouette comportant une cavité destinée
à recevoir, croit-on, le cœur des victimes immolées.

comme Platon (vers 427-347 av. n. è.) exercèrent un fort as-


cendant sur les premiers penseurs chrétiens apostats qui,
sans que rien dans la Bible ne les y autorisât, firent de l'im-
mortalité de l'âme une de leurs doctrines.
26 Les Aztèques, les Incas et les Mayas croyaient eux aussi
à l'immortalité de l'âme. La mort leur était tout aussi mys-
térieuse qu'à d'autres civilisations, et pour s'y résoudre ils
s'entouraient de cérémonies et de croyances. Dans son livre,
l'archéologue et historien Victor von Hagen explique: "En
réalité, les morts étaient toujours vivants: ils étaient simple-
ment entrés dans une nouvelle phase; ils étaient invisi-
bles, impalpables, invulnérables. Les morts( ... ) étaient deve-
nus les membres invisibles du clan." - The Ancient Sun
Kingdoms of the Americas. - Comparer avec Juges 16:30;
Ezéchiel 18:4, 20.
27
Le même ouvrage déclare que "l'lndien [inca] croyait à
l'immortalité; il pensait au fond que personne ne mourait,
( ...)que le cadavre reprenait vie et se chargeait de pouvoirs
26, 27. Comment les Aztèques, les Incas et les Mayas voyaient-ils la
mon?
Mythologie: Des traits communs 55
occultes". Les Mayas croyaient également à l'existence de
l'âme, à 13 cieux et à 9 enfers. Ainsi, en quelque lieu que ce
soit, les hommes se sont appliqués à nier la mort, et l'im-
mortalité de l'âme leur a fourni une béquille toute trouvée.
- Esaïe 38: 18; Actes 3:23.
28
La mythologie africaine fait elle aussi allusion à la sur-
vie de l'âme. De nombreux Africains vivent dans la crainte
des âmes des morts. La Mythologie générale précise: "A cette
croyance est liée celle de l'existence persistante de l'âme
après la mort. Les magiciens commandent aussi aux âmes à
l'aide de leurs pouvoirs. Souvent les âmes des morts émi-
grent dans les corps de certains animaux ou se réincarnent
même dans des plantes." C'est pourquoi les Zoulous évitent
d'exterminer certaines espèces de serpents qu'ils croient
être l'esprit d'un de leurs parents.
29 Dans le Sud-Est africain, les Masaïs croient en un créa-

teur nommé 'Ng ai. Auprès de chaque Masaï, 'Ng ai place un


ange gardien qui, à l'heure de la mort, emporte l'âme
dans l'autre monde. La Mythologie générale relate une lé-
gende zouloue sur la mort, dans laquelle le premier homme,
Ouncoulouncoulou, joue le rôle de l'Etre suprême. Un jour,
Ouncoulouncoulou envoya le caméléon dire aux humains:
"Que les hommes ne meurent pas!" Le caméléon se mit
en route, mais flâna en chemin. Ouncoulouncoulou envoya
donc un lézard qu'il chargea d'un message très dif-
férent: "Que les hommes meurent!" Le lézard arriva le pre-
mier et, "depuis lors, aucun homme n'a échappé à la mort".
A peu de choses près, cette légende se retrouve chez les Be-
chouana, les Bassoutos et les Baronga.
3o Plus nous avancerons dans notre examen de la recher-

28. Citez quelques croyances qui ont cours en Afrique.


29. A quelles légendes certaines tribus du sud de l'Afrique adhè-
rent-elles? (Voir Genèse 2:15-17; 3:1-5.)
30. Qu'apprendrons-nous encore dans ce livre à propos de l'âme?
56 L'humanité à la recherche de Dieu
che qu'ont menée les hommes pour trouver Dieu, plus
nous mesurerons l'influence considérable que le mythe de
l'immortalité de l'âme a exercée et exerce toujours sur les
humains.
Culte du soleil et sacrifices humains
31 La mythologie égyptienne embrasse un large pan-
théon de dieux et de déesses. Comme dans maintes sociétés
antiques, les Egyptiens recherchaient Dieu, mais ils étaient
enclins à adorer ce grâce à quoi leur vie matérielle se perpé-
tuait, le soleil. Sous le nom de Rê (Amon-Rê), ils vénéraient
le souverain maître du ciel qui, chaque jour, parcourait le
ciel de l'orient à l'occident dans sa barque et qui, la nuit ve-
nue, naviguait entre les écueils du monde inférieur.
32 Les sacrifices humains étaient un trait commun du

culte solaire au sein des religions aztèque, inca et maya. Les


Aztèques observaient un cycle régulier de fêtes religieuses,
31. a) Que croyaient les Egyptiens à propos de Rê, le dieu du
soleil? b) En quoi cela contraste-t-il avec ce que dit la Bible?
(Psaume 19:4-6.)
32. Décrivez le déroulement d'une fête célébrée en l'honneur de
Xiutecuhtli (Huehueteotl), le dieu du feu.

La triade
égyptienne:
de gauche
à droite,
Horus,
Osiris
etlsis.
L'Intihuatana, en médaillon,
poteau où l'on "ench:ûnait"
le soleil, peut-être dans le cadre
du culte solaire
pratiqué à Machu Picchu.

Machu Picchu, au Pérou,


où les Incas adoraient le soleil.
accompagnées de sacrifices humains offerts à leurs dif-
férentes divinités, et tout particulièrement dans le cadre du
culte de Tezcatlipoca, le dieu du soleil. Pareillement, lors de
la fête célébrée en l'honneur de Xiutecuhtli (Huehueteotl),
le dieu du feu, "les prisonniers de guerre dansaient aux cô-
tés de leurs vainqueurs, après quoi( ... ) on les entraînait à la
hâte vers un foyer incandescent et on les précipitait dans les
braises. On les en retirait encore vivants pour leur arracher
le cœur qui battait toujours afin de l'offrir aux dieux". -
The Ancient Sun Kingdoms ofthe Americas.
33 Plus au sud, la religion des Incas possédait son propre

appareil de sacrifices et de mythes. Dans leur culte, les Incas


de l'Antiquité immolaient des enfants et des animaux à Inti,
le Soleil, et à Viracocha, le créateur.
Dieux et déesses mythiques
34 La principale triade égyptienne se compose d'Isis, sym-
bole divin de la Mère, d'Osiris, son frère et époux, et d'Ho-
rus, leur fils, traditionnellement représenté sous la forme
d'un faucon. Les statues égyptiennes montrent quelquefois
Isis allaitant son enfant, dans une pose qui n'est pas sans
rappeler le thème de la Vierge à l'Enfant, que l'on retrouve
plus de deux mille ans plus tard dans les sculptures et les
peintures de la chrétienté. C'est comme dieu des morts
qu'Osiris, l'époux d'Isis, devint populaire, car il pro-
mettait aux âmes des défunts une félicité éternelle dans
l'autre monde.
35 Hathor était la déesse égyptienne de l'amour, de la joie,

de la musique et de la danse. Elle devint la reine des morts,


33. a) Quels éléments la religion inca comportait-elle? b) Que dit
la Bible à propos des sacrifices humains? (Voir 2 Rois 23:5, 11;
Jérémie 32:35; Ezéchiel 8:16.)
34. De qui la principale triade égyptienne était-elle composée, et
quelles fonctions revenaient à ses membres?
35. Qui était Hathor, et à quelle période de l'année la célébrait-on
principalement?
Mythologie: Des traits communs 59
fJ soldat romain et ses dieux
Rome était réputée pour la tel à Jupiter. On s'attendait à ce
discipline de ses armées. La que tous les soldats commémo-
cohésion de l'empire repo- rent la naissance, l'accession au
sait sur le moral et l'effica- trône et les victoires des empe-
cité de ses légions. La reli- reurs déifiés." Ces usages ne dif-
gion avait-elle également un fèrent guère de ceux des armées
rôle à jouer? Tout à fait; et il modernes, où le culte fait inter-
est heureux que les Romains venir aumôniers, autels et dra-
aient laissé derrière eux peaux.
quantité de vestiges: voies, Quelle activité religieuse ve-
forteresses, aqueducs, am- nait ensuite dans la vie d'un sol-
phithéâtres, temples. Au dat romain? Le culte des dieux
nord de l'Angleterre, par protecteurs et de l'esprit qui
exemple, le Northumberland gardait chacune des unités; "à
est parcouru par le célèbre quoi s'ajoutaient les divinités
mur d'Hadrien, construit qu'il avait rapportées de son
vers l'an 122 de notre ère. pays natal".
Que nous ont appris les fouil- "En dernier lieu figuraient les
les sur la vie des garnisons cultes personnels. Aussi long-
romaines et sur la place qu'y temps qu'un soldat remplissait
occupait la religion? ses obligations vis-à-vis des cul-
A proximité des ruines tes officiels, il était libre d'ado-
d'un fort romain mis au jour rer les dieux de son choix." Cet
sur le mur d'Hadrien se apparent contexte de liberté de
trouve le musée de House- culte souffrait néanmoins
steads. On y trouve ce pan- "quelques exceptions, au nom-
neau explicatif: "La vie reli- bre desquelles le druidisme,
gieuse du soldat romain dont les pratiques étaient jugées
revêtait trois facettes. En inhumaines, et notamment le
premier ( ... )venait le culte christianisme, qu'on soupçon-
des empereurs déifiés et des nait de déloyauté envers l'Etat".
divinités protectrices de - Voir Luc 20:21-25; 23: 1, 2;
Rome, telles que Jupiter, Vic- Actes 10:1, 2, 22.
toria et Mars. Tous les ans, A Carrawburgh, en 1949, on a
sur la place d'armes de cha- également découvert un sanc-
que fort, on consacrait un au- tuaire de Mithra, dans une tour-
60 L ' humanité à la recherche de Dieu
bière jouxtant le mur d'Ha- trouvé la représentation d'un
drien. (Voir la photographie.) dieu solaire, des autels et une
Les archéologues situent sa inscription en latin portant
construction aux alentours de entre autres ces mots: "A Mi-
l'an 205 de notre ère. On y are- thra, le dieu invincible."
J_p dieux d'Égypte face aux dix plaies
En envoyant les dix plaies, Jéhovah exécuta son jugement sur
les dieux impuissants de l'Egypte. - Exode 7:14 à 12:32.
Plaie Description
1 Le Nil et les autres eaux changés en sang. Humilia·
tion du dieu du Nil, Hâpi.
2 Grenouilles. Heqet, la déesse grenouille, fut incapable
d'y faire obstacle.
3 Poussière changée en moustiques. Thot, le maître
des arts magiques, ne put aider les magiciens d'Egypte.
4 Les taons envahissent toute l'Egypte à l'exception
du pays de Goschen où résidaient les Israélites. Pas un
dieu ne fut en mesure de s'y opposer - ni Thot, le
maître des arts magiques, ni même Ptah, le créateur de
l'univers.
5 Peste sur le bétail. Ni la déesse Hathor, représentée
sous la forme d'une vache, son animal sacré, ni le tau·
reau Apis ne purent la détourner.
6 Furoncles. Thot, Isis et Ptah, divinités de la guérison,
n'apportèrent aucun soulagement.
7 Tonnerre et grêle. Dévoilèrent l'impuissance de Resh·
pou, le maître de la foudre, et de Thot, dieu de la pluie
et du tonnerre.
8 Sauterelles. Coup porté à Min, dieu de la reproduc·
tion et protecteur des récoltes.
9 Trois jours de ténèbres. Déshonneur pour Rê, dieu
du soleil par excellence, et pour Horus, autre dieu so·
Jaire.
10 Mort des premiers-nés, y compris du fils aîné de
Pharaon que l'on considérait comme un dieu incarné.
Rê (Amon-Rê), dieu du soleil, figuré parfois par un bé·
lier, fut incapable de la conjurer.

62 L 'humanité à la recherche de Dieu


tenant l'échelle qui leur permettait de monter aux cieux.
Ainsi que l'explique la Mythologie générale, on don-
nait en son honneur de grandes fêtes, "surtout au nouvel
an, anniversaire de sa naissance. Avant l'aurore, les prêtres-
ses montaient sur les terrasses l'image de la déesse pour
l'exposer aux rayons du soleil levant; des réjouissances sui-
vaient, prétexte à un véritable carnaval, et la journée se ter-
minait dans les chants et dans l'ivresse". Aujourd'hui, des
milliers d'années plus tard, les fêtes du nouvel an sont-elles
si différentes?
36 Le panthéon égyptien comptait un grand nombre de

dieux et de déesses zoomorphes, tels que le taureau Apis, le


bélier Bendedet, la grenouille Heqet, la vache Hathor et le
crocodile Sobek (Romains 1:21-23). C'est dans ce contexte
36. a) Dans quel contexte religieux la nation d'Israël se trouvait-
elle au XVIe siecle avant notre ère? b) Quelle signification particu-
lière revêtirent les dix plaies?

Représentations d'Horus, le faucon, d' Apis, le taureau, et de Heqet,


la grenouille. Les dieux égyptiens furent incapables de conjurer
les plaies envoyées par Jéhovah en empêchant
par exemple l'eau du Nil de se changer en sang.
religieux que les Israélites se trouvèrent en esclavage au
XVIe siècle avant notre ère. Pour les délivrer du joug d'un
pharaon obstiné, Jéhovah, le Dieu d'Israël, dut faire venir
dix plaies sur l'Egypte (Exode 7:14 à 12:36). Ces plaies infli-
gèrent aux dieux mythiques de l'Egypte une humiliation en
règle. - Voir l'encadré de la page 62.
37 Tournons-nous à présent vers les dieux de l'antiquité

grecque et romaine. Rome emprunta à la Grèce bon nombre


de ses divinités, dont elle adopta aussi bien les vertus que les
vices. (Voir les encadrés des pages 43 et 66.) Vénus et Flore,
par exemple, étaient des prostituées éhontées; Bacchus était
un ivrogne et un viveur; Mercure un voleur de grand che-
min; Apollon un séducteur. On raconte que Jupiter, le père
des dieux, eut des relations adultères ou incestueuses avec
pas moins de 59 femmes! (Remarquable réminiscence des
anges rebelles qui cohabitèrent avec des femmes avant le
déluge!) Les fidèles imitent volontiers la conduite des dieux
qu'ils adorent. Que des empereurs romains comme Tibère,
Néron et Caligula aient vécu dans la dépravation, pratiquant
37. a) Quel genre de dieux les Romains adoraient-ils? b) Quel
effet la conduite des dieux avait-elle sur leurs adorateurs?
c) Qu'est-il arrivé à Paul et à Barnabas dans la ville de Lystres?

Divinités grecques: de gauche àdroite, Aphrodite;


Zeus portant Ganymède, l'échanson des dieux; Artémis.
l'adultère, la fornication et le meurtre, ne saurait donc sur-
prendre.
38 Les Romains incorporèrent dans leur culte les dieux de

diverses civilisations. Ils embrassèrent par exemple avec en-


thousiasme le culte de Mithra, dieu perse de la lumière dont
ils firent leur dieu solaire (voir l'encadré des pages 60 et 61 ),
et celui d'Atargatis (Ishtar), la Déesse Syrienne. Ils converti-
rent Artémis, la déesse chasseresse des Grecs, en Diane, et se
firent des variantes de l'Isis égyptienne. Rome adopta égale-
ment les trois déesses celtiques de la fécondité. - Actes
19:23-28.
39 Le culte public, qui se pratiquait dans des centaines de

sanctuaires et de temples, était réglé par une foule de prê-


tres, tous "placés sous l'autorité du grand pontife (Pontifex
Maximus], chef de la religion officielle". (!!tlas du monde ro-
main.) Selon le même ouvrage, une des cérémonies romai-
nes avait pour nom le taurobole: "On égorgeait un taureau
au-dessus d'une fosse où se tenait le fidèle; le sang devait lui
rendre sa pureté originelle."
Le christianisme:
Mythes et légendes?
40
A en croire certains critiques modernes, le christia-
nisme n'est pas, lui non plus, exempt de mythes et de légen-
des. Est-ce vrai? Pour nombre d'érudits, la naissance virgi-
nale de Jésus, ses miracles et sa résurrection ne sont que des
mythes. Quelques-uns avancent même que Jésus n'a jamais
existé, mais que sa légende trouve ses racines dans une my-
thologie bien plus ancienne et dans le culte du soleil. Joseph
Campbell, un mythologue, écrit: "Plusieurs spécialistes ont
38. a) Quel genre de cultes pratiquait-on à Rome? b) Quelle place
la religion occupait-elle dans la vie du soldat romain?
39. a) Qui dirigeait la prêtrise romaine? b) Décrivez une des
cérémonies religieuses en vigueur à Rome.
40. Que pensent nombre d'érudits des événements survenus dans
les débuts du christianisme?
Mythologie: Des traits communs 65
donc postulé que ni Jean [le baptiseur] ni Jésus n'ont réelle-
ment existé, mais qu'ils dérivent d'un dieu aquatique et
d'un dieu solaire." N'oublions pas toutefois que cette thèse
émane principalement de personnes athées qui nient systé-
matiquement l'existence de Dieu.
41
Ce scepticisme fait pourtant bon marché des réalités
historiques. Notons ce qu'écrivit l'historien juif Flavius Josè-
phe (vers 37-100 de n. è.): "Il y avait des Juifs pour penser
que, si l'armée d'Hérode avait péri, c'était par la volonté di-
vine et en juste vengeance de Jean surnommé Baptiste. En
effet, Hérode l'avait fait tuer, quoique ce fût un homme de
bien." - Marc 1:14; 6:14-29.
42 Le même historien certifie également l'historicité de

41, 42. Quels faits viennent confirmer l'historicité du christianisme


primitif?

Afythologie et christianisme
Lorsque le christianisme - d'après l'appellation la·
fit son apparition, il y a près tine - Mercure et Jupiter.
de 2 000 ans, le culte des Selon le récit, "le prêtre de
dieux mythiques de la Grèce Zeus, dont le temple était
et de Rome était très en fa· devant la ville, amena aux
veur. En Asie Mineure, ces portes des taureaux et des
divinités étaient encore ado· guirlandes et voulait offrir
rées sous leur nom grec. des sacrifices avec les fou·
C'est pourquoi, après que les les". (Actes 14:8· 18.) Paul et
apôtres Paul et Barnabas eu- Barnabas eurent beaucoup
rent opéré une guérison, les de peine à persuader la foule
habitants de Lystres ( aujour· de ne pas leur offrir des sa-
d'hui en Turquie) les quali· crifices. Voilà qui montre à
fièrent de "dieux" et les ap· quel point les peuples du
pelèrent respectivement passé prenaient à cœur leur
Hermès et Zeus, et non pas mythologie.
Jésus Christ lorsqu'il parle d'un certain "Jésus, homme sage,
si toutefois il faut l'appeler un homme". Il ajoute: "Pilate
[l'a] condamné( ... ). Et le groupe appelé d'après lui celui des
Chrétiens n'a pas encore disparu*." - Voir Marc 15:1-5, 22-
26; Actes 11 :26.
4
3 Voilà pourquoi l'apôtre Pierre, qui fut témoin oculaire
de la transfiguration de Jésus, écrivit avec une pleine con-
viction: "Non, ce n'est pas en suivant des fables [grec mu-
thos] ingénieusement imaginées que nous vous avons fait
connaître la puissance et la présence de notre Seigneur Jésus
Christ, mais c'est pour être devenus témoins oculaires de sa
magnificence. Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire,
quand des paroles comme celles-ci furent portées jusqu'à
lui par la gloire magnifique: 'Celui-ci est mon Fils, mon
bien-aimé, que moi j'ai agréé.' Oui, ces paroles, nous les
avons entendues qui étaient portées depuis le ciel, alors que
nous étions avec lui sur la sainte montagne." - 2 Pierre
1:16-18#.
44
Lorsque l'opinion d' "experts" s'oppose à la Pa-
role de Dieu, nous nous devons d'appliquer le principe posé
plus haut, savoir: "Alors de quoi s'agit-il? Si quelques-uns
n'ont pas fait montre de foi, leur manque de foi va-t-il ren-
dre inopérante la fidélité de Dieu? Que ce ne soit jamais le
cas! Mais que Dieu soit reconnu véridique, tout homme fût-
il reconnu menteur, comme c'est écrit: 'Afin que tu ap-
paraisses juste dans tes paroles et que tu sois victorieux lors-
qu'on te juge.'" - Romains 3:3, 4.
• Antiquités judaïques, traduction de G. Mathieu & L. Herrmann,
pp. 145, 146, tome quatrième.
" Vous trouverez de plus amples renseignements sur le christianisme
au chapitre 10.

43. Quelle raison Pierre avait-il de croire au Christ?


44. Quel principe biblique devrait l'emporter lorsqu'une opinion
humaine s'oppose à la Parole de Dieu?
Mythologie: Des traits communs 67
Des traits communs
45
Ce rapide survol de quelques-unes des mythologies du
monde entier a mis en lumière certains caractères com-
muns, dont beaucoup trouvent leur source à Babylone, en
Mésopotamie, berceau de la plupart des religions. Ces traits
communs sont perceptibles dans les faits relatifs à la créa-
tion, dans l'évocation d'un temps où la terre était peuplée de
demi-dieux et de géants, dans la venue d'un déluge qui dé-
truisit les méchants, ou encore dans des notions religieuses
de fond, telles que le culte du soleil et l'immortalité de l'âme.
46
Si l'on s'en réfère à la Bible, ces traits communs s'expli-
quent par le fait qu'après le déluge, et sur l'ordre de Dieu, les
humains se sont dispersés à partir de Babel en Mésopotamie,
voilà plus de 4 200 ans. Bien qu'ils se soient séparés en fa-
milles et en tribus de langues différentes, ils ont emporté
avec eux une même culture historique de base et les mêmes
croyances fondamentales (Genèse 11:1-9). Au fil des siècles,
chaque groupe culturel a déformé ou enjolivé ce patri-
moine, donnant ainsi naissance à bien des fables, des légen-
des et des mythes qui sont parvenus jusqu'à nous. Mais ces
mythes, qui ont rompu avec les vérités bibliques, n'ont pas
rapproché les hommes du vrai Dieu.
47
Toutefois, le sens religieux des humains s'est exprimé
de maintes autres façons: spiritisme, chamanisme, magie,
culte des ancêtres, pour ne citer que celles-là. Ces pratiques
nous éclairent-elles sur la recherche qu'ont menée les hom-
mes pour trouver Dieu?
45. Citez quelques-uns des traits communs aux mythologies du
monde entier.
46, 47. a) Quelle explication biblique rend compte de l'origine
des différentes mythologies et de leurs traits communs? b) Quelles
autres facettes des cultes anciens allons-nous examiner à présent?
68 L 'humanité à la recherche ae D i eu
_ _ _ _ _ _ _ _CHAPITRE4 _ __ _ _ _ __

À la recherche
de l'inconnu par
la magie et le spiritisme
"H OMMES d'Athènes, je vois qu'en toutes choses
vous êtes, semble-Hl, plus que les autres, voués à la crainte
des divinités." (Actes 17:22). C'est en ces termes que l'apôtre
chrétien Paul s'adressa à des gens rassemblés sur !'Aréopage,
ou colline de Mars, dans l'antique cité d'Athènes. Pourquoi
cette remarque? Peu auparavant, Paul s'était aperçu que "la
ville était pleine d'idoles". (Actes 17: 16.) Mais qu'avait-il ob-
servé au juste?
2
Sans nul doute, cette ville cosmopolite offrit aux re-
gards de Paul une pléiade de dieux grecs et romains dont le
culte, à l'évidence, se mêlait étroitement à la vie des gens.
Parce qu'ils ne voulaient pas risquer d'offenser une divi-
nité influente ou redoutable en négligeant de la vénérer, les
Athéniens avaient même pris soin d'introduire dans leurs
dévotions le culte d'un "Dieu inconnu". (Actes 17:23.) Leur
crainte des divinités était donc bien réelle.
3 La crainte des divinités, notamment de dieux inconnus,

n'est assurément pas l'apanage des Athéniens du 1er siècle.


Des millénaires durant, ce sentiment de crainte a pesé sur la
1. Quels propos Paul adressa-Hl à des Athéniens rassemblés sur
!'Aréopage? Pourquoi?
2. Comment les Athéniens montraient-ils leur crainte des divini-
tés?
3. La crainte des divinités est-elle l'apanage des Athéniens?
À la recherche de l'inconnu 69
majeure partie de l'humanité. En maints endroits du monde,
presque tous les aspects de la vie humaine sont associés de
près ou de loin à des divinités ou à des esprits. Comme l'a
montré le chapitre précédent, les mythologies d'Egypte, de
Grèce, de Rome, de Chine et d'autres pays de !'Antiquité
étaient intimement liées à la croyance aux dieux et aux
esprits, croyance qui jouait un rôle considérable dans la vie
des individus et des peuples. Au Moyen Age, des histoires
d'alchimistes, de magiciens et de sorciers circulaient d'un
bout à l'autre de la chrétienté. Sous ce rapport d'ailleurs, les
choses n'ont guère changé.
Rites et superstitions aujourd'hui
4
Consciemment ou non, les gens accomplissent de
nombreuses actions qui s'inspirent de pratiques et de
croyances superstitieuses dont certaines ont un lien avec
des divinités ou avec des esprits. Saviez-vous, par exemple,
que la célébration des anniversaires de naissance est issue
de l'astrologie, qui attache une grande importance à la date
exacte où l'on vient au monde? Et le gâteau d'anniversaire?
Il semble qu'il ait un rapport avec la déesse grecque Artémis,
dont on fêtait l'anniversaire avec des gâteaux au miel en
forme de lune surmontés de bougies. Saviez-vous encore
que le port de vêtements noirs lors d'un enterrement était à
l'origine une ruse destinée à ne pas attirer l'attention des
esprits mauvais censés rôder en cette occasion? En Afrique
noire, des gens se peignent en blanc; dans d'autres pays,
ceux qui portent le deuil se vêtent de couleurs inhabituelles
pour que les esprits ne les reconnaissent pas.
5 Outre ces coutumes populaires, les gens du monde en-

tier ont leurs superstitions et leurs craintes. Pour les Occi-


dentaux, briser un miroir, croiser un chat noir ou passer
4. Citez quelques coutumes populaires qui semblent avoir un lien
avec des divinités ou des esprits.
5. Quelles superstitions courantes connaissez-vous?
70 L'humanité à la recherche de Dieu
Un miroir brisé, un chat noir et certains chiffres
font l'objet de superstitions. En chinois et en japonais,
"quatre" se prononce de la même manière que "mort".

sous une échelle sont autant de mauvais présages, au même


titre que la date du vendredi 13, ou du mardi 13 selon l'en-
droit. En Orient, les Japonais ferment leur kimono en rabat-
tant le pan de gauche sur celui de droite, alors que l'on fait
l'inverse dans le cas des morts. On construit sa maison en
veillant à ce qu'aucune porte ni aucune fenêtre ne soit
orientée au nord-est, afin que les démons, supposés venir de
cette direction, n'en trouvent pas l'entrée. Aux Philippines,
avant d'enterrer un mort, on lui retire ses chaussures et on
les dépose à côté de ses jambes, pour que "saint" Pierre
lui fasse bon accueil. Les personnes âgées conseillent aux
enfants de bien se tenir, car, leur disent-elles, "saint" Michel,
À la recherche de l'inconnu 71
dont le visage se dessine sur la lune, les observe et écrit tout
ce qu'ils font.
6 La croyance aux esprits et aux divinités ne s'exprime
pas seulement au travers de coutumes et de superstitions
d'apparence anodine. Dans les tribus primitives comme
dans les sociétés modernes, les hommes recourent à divers
procédés pour conjurer, ou du moins apaiser, les esprits
qu'ils redoutent, et pour s'attirer les faveurs d'esprits bien-
veillants. Peut-être penserons-nous ici aux peuplades de
jungles ou de montagnes reculées, qui font appel aux mé-
diums, aux médecins sorciers ou aux chamanes (prêtres-
magiciens) en cas de maladie ou de difficulté. Toutefois,
dans les villes, petites ou grandes, on consulte aussi des as-
trologues, des parapsychologues, des diseurs de bonne
aventure et des devins pour connaître l'avenir ou avant
de prendre une décision importante. Certaines personnes,
même si elles disent appartenir à une religion, s'adonnent à
ces pratiques avec enthousiasme. Beaucoup d'autres ont fait
du spiritisme, de la magie noire et des sciences occultes une
religion à part entière.
7
D'où ces pratiques et ces superstitions tirent-elles leur
origine? Sont-elles simplement des façons différentes de
s'approcher de Dieu? Surtout, que procurent-elles à ceux
qui les observent? Pour le savoir, portons nos regards sur
l'histoire de l'homme et intéressons-nous aux premières
formes de culte.
À la recherche de l'inconnu
8
Contrairement aux allégations des évolutionnistes,
l'homme possède un sens spirituel qui le distingue des créa-
6. Quelle influence le spiritisme exerce-Hl sur les gens à notre
époque?
7. Quelles questions méritent d'être examinées?
8. Sous quel aspect unique l'homme se distingue-Hl des créatures
inférieures?
72 L'humanité à la recherche de Dieu
tures inférieures. Il a un appétit inné de découvrir ce qu'il
ne connaît pas. Il s'interroge sans cesse: Quel est le sens de
la vie? Que se passe-t-il après la mort? Quelle place l'homme
occupe-Hl dans le monde matériel? Et dans l'univers? Il est
également habité par le désir de nouer des liens avec quel-
que chose de plus grand ou de plus puissant que lui, quel-
que chose qui l'aiderait à maîtriser un tant soit peu son
environnement et à diriger sa vie. - Psaume 8:3, 4; Ecclé-
siaste 3:11; Actes 17:26-28.
9 Dans son livre Dieu était déjà là, Ivar Lissner s'exprime

ainsi: "Avec une énergie stupéfiante, (l'homme] s'est, à tou-


tes les époques, efforcé de se hausser au-dessus de sa con-
dition. Ses tentatives n'ont jamais eu pour unique objectif la
satisfaction des seuls besoins matériels. Il chercha, tâtonna,
s'efforça d'atteindre l'inaccessible. Or, cette exigence parti-
culière à l'homme [sa spiritualité], cette force mystérieuse
qui le pousse procèdent de l'esprit et de l'intelligence per-
pétuellement en quête d'un idéal qu'elle ne conçoit qu'im-
parfaitement et qui a pour nom Dieu."
10
Bien entendu, ceux qui ne croient pas en Dieu ont une
vision des choses très différente. D'ordinaire, ils associent
les inclinations dont nous venons de parler à des besoins
humains, psychologiques par exemple, comme l'a montré
le chapitre 2. Pourtant, les faits ne nous enseignent-ils pas
que, face à un danger ou dans une situation désespérée, la
plupart des gens ont pour premier mouvement d'en appeler
à Dieu ou d'invoquer une puissance supérieure? Cela n'est
pas moins vrai aujourd'hui que par le passé. Lissner pour-
suit: "Les ethnographes qui ont étudié les peuples primitifs
archaïques ont tous été frappés par la connaissance qu'ils
9. Comment un auteur a-t-il défini la spiritualité?
10. Qu'est-ce qui montre que l'homme éprouve naturellement le
besoin de rechercher Dieu?
À la recherche de l'inconnu 73
Àgauche, la basilique Notre-Dame-de-Guadalupe, au Mexique, où
des catholiques viennent prier dans l'espoir d'une guérison miraculeuse.
Àdroite, Stonehenge, en Angleterre, où, dit-on,
les druides rendaient autrefois un culte au soleil.

avaient de la divinité, du souvenir qu'ils conservaient d'un


dieu suprême."
11
Quant à savoir comment les humains ont essayé de
satisfaire ce désir inné d'accéder à l'inconnu, c'est là une
tout autre question. Les chasseurs nomades et les gardiens
de troupeaux craignaient les bêtes sauvages. Les cultiva-
teurs, eux, se montraient particulièrement attentifs aux
conditions climatiques et aux saisons. Les comportements
différaient sensiblement selon que l'on habitait dans la jun-
gle, dans un désert ou dans la montagne. Pour apaiser ces
craintes diverses et répondre à ces besoins multiples, les
hommes ont élaboré un nombre stupéfiant de pratiques
religieuses destinées à invoquer les divinités bienveillantes
et à neutraliser celles qui leur inspiraient de la terreur.
12
Malgré leur extrême variété, ces pratiques présentent
un certain nombre de traits communs. Citons la vénération
11. A quoi ont abouti les effons de l'homme pour accéder à
l'inconnu? (Voir Romains 1:19-23.)
12. Quels traits communs les pratiques religieuses des peuples du
monde entier présentent-elles?
74 L'humanité à la recherche de Dieu
craintive d'esprits et de puissances surnaturelles, la magie,
la divination par les signes et les présages, par l'astrologie et
par diverses autres techniques. Partout, à toutes les époques
et jusqu'à nos jours, ces pratiques ont joué un rôle essentiel
dans la formation de la pensée religieuse. C'est ce que nous
allons examiner à présent.
Esprits et puissances surnaturelles
13 Aux temps les plus reculés de !'Histoire, la vie humaine

semblait peuplée de mystères, de phénomènes inexplica-


bles et déconcertants. Pourquoi une personne pleine de vi-
gueur tombait-elle malade du jour au lendemain? Pourquoi
le ciel refusait-il la pluie à la saison habituelle? Pourquoi un
arbre mort en apparence reverdissait-il et débordait-il de
vie à une certaine période de l'année? Mystère aussi pour un
homme que son ombre, le battement de son cœur ou sa
respiration.
14 Mû par des dispositions spirituelles innées, l'homme

allait tout naturellement attribuer ces phénomènes et ces


événements mystérieux à quelque puissance surnaturelle.
Cependant, faute de directives et d'explications exactes,
l'être humain vit rapidement son univers se peupler d'âmes,
d'esprits, de revenants et de démons. Ainsi, les Algonquins,
tribu indienne de l'Amérique du Nord, désignent l'âme
d'une personne par le terme otahchuk, qui signifie "son om-
bre"; en Asie du Sud-Est, les Malais croient qu'à la mort l'âme
d'un homme s'échappe par ses narines. La croyance aux
esprits et à la survie des âmes, de même que les diver-
ses tentatives pour entrer en communication avec l'autre
monde, ont aujourd'hui un caractère à peu près universel.
15
Sur un même plan, d'autres éléments de notre milieu
13. Qu'est-ce qui a pu laisser perplexes les peuples du passé?
14, 15. Faute de directives et d 'explications, à quoi l'homme a-t-il
probablement attribué ce qu'il ne savait expliquer? (Voir 1 Samuel
28:3-7.)
À la recherche de l'inconnu 75
naturel - le soleil, la lune, les étoiles, les océans, les rivières,
les montagnes - semblaient doués de vie et influencer di-
rectement les activités humaines. Ces éléments paraissant
exister dans leur sphère propre, on en a fait des divinités et
des esprits parfois bienveillants et secourables, parfois mé-
chants et dangereux. Avec le temps, presque toutes les reli-
gions firent la part belle au culte de ces éléments tirés de la
création.
16 Des croyances de ce genre sont
La magie attestées dans presque toutes les ci-
semble vilisations de l'Antiquité. Les Babylo-
parfois niens et les Egyptiens adoraient des
divinités solaires et lunaires ainsi
efficace. que des constellations, auxquelles
venaient s'ajouter des animaux et des bêtes sauvages. Les
hindous sont connus pour leur panthéon pléthorique, qui
compte des millions de dieux. De tout temps, les Chinois
ont révéré leurs montagnes sacrées et leurs divinités fluvia-
les; ils expriment aussi leur piété filiale en rendant un culte
à leurs ancêtres. Les anciens druides des îles Britanniques
considéraient le chêne comme un arbre sacré et attachaient
un prix particulier au gui de chêne. A leur tour, les Grecs et
les Romains allongèrent cette liste; la croyance aux esprits,
aux divinités, aux âmes, aux démons et à une multitude
d'objets sacrés s'enracina très profondément.
17
S'il est aujourd'hui des gens pour taxer toutes ces
croyances de superstitions, notons néanmoins que ces no-
tions entrent toujours dans les pratiques religieuses de
nombreux peuples. On tient encore pour sacrés certains
16. Quelles formes le culte des esprits, des divinités et des objets
sacrés a-t-il prises?
17. Quelle forme le culte des choses créées revêt-il de nos jours
encore?
76 L 'humanité à la recherche de Dieu
rochers à la forme insolite, de vieux arbres, des montagnes,
des rivières et mille autres choses qu'on élève en objets de
dévotion et auprès desquels on construit des autels, des
sanctuaires ou des temples. Ainsi, un hindou n'a pas de plus
cher désir que de se baigner une fois dans sa vie dans le
Gange, le fleuve sacré, et d'y faire disperser ses cendres
après sa mort. Pour les bouddhistes, c'est vivre un moment
inoubliable que d'aller adorer au sanctuaire de Bodhgayâ,
en Inde, là où le Bouddha aurait connu l'Eveil au pied de
l'arbre Bô. Des catholiques se rendent à genoux à la basili-
que Notre-Dame-de-Guadalupe, au Mexique, ou bien,
dans l'espoir d'une guérison, se baignent dans l'eau "mira-
culeuse" du sanctuaire de Lourdes. De nos jours encore, on
vénère bien davantage les choses qui ont été créées que
Celui qui les a créées. - Romains 1:25.
La magie fait son apparition
18
Une fois admise la croyance qui faisait du monde ina-
nimé le domaine d'esprits bienfaisants ou maléfiques, on
n'était plus loin de franchir une autre étape: se mettre en
contact avec le monde spirituel pour obtenir aide et bien-
faits de la part des bons esprits et pour apaiser les mauvais.
C'est ainsi que la magie fit son apparition et qu'elle se déve-
loppa presque partout dans le monde, jusqu'à notre époque.
- Genèse 41:8; Exode 7:11, 12; Deutéronome 18:9-11, 14;
Esaïe 47:12-15; Actes 8:5, 9-13; 13:6-11; 19:18, 19.
19 Au sens premier, la magie se définit comme l'art de

manipuler ou de capter des forces naturelles ou surnaturel-


les pour les mettre au service de l'homme. Ignorant les cau-
ses de nombreux phénomènes de la vie courante, les
membres des sociétés primitives en vinrent à penser qu'ils
pourraient obtenir certains effets en répétant des mots
18. A quoi la croyance aux esprits et aux divinités a-t-elle abouti?
19. a) Qu'est-ce que la magie? b) Pourquoi beaucoup de gens y
croient-ils?
À la recherche de l ' inconnu 77
magiques ou en accomplissant certains rites. Et les quelques
succès qu'ils obtinrent donnèrent du crédit aux procédés
magiques. On rapporta, par exemple, que les médecins sor-
ciers de l'archipel de Mentawei, à l'ouest de Sumatra - qui
étaient avant tout des magiciens - , savaient étonnamment
bien soigner la diarrhée. Le traitement magique consistait à
faire allonger le patient sur le ventre au bord d'une falaise
et à lui prescrire de lécher le sol de temps en temps. Qu'est-
ce qui faisait le succès de cette thérapeutique? Au sommet
des falaises, le sol contenait du kaolin, une argile blanche
qu'on utilise couramment aujourd'hui comme antidiar-
rhéique.
20
Des performances de ce genre firent vite oublier tous
les revers et assurèrent la renommée de ces praticiens qui,
rapidement, acquirent un grand prestige mêlé de crainte au
sein de la communauté dont ils devinrent les prêtres, les
chefs, les chamanes, les sorciers ou les médiums. Les gens
venaient leur soumettre ce qui les préoccupait: une maladie
à soigner ou à prévenir, un objet à retrouver, un voleur à
confondre, une influence néfaste à détourner ou une ven-
geance à assouvir. Avec le temps apparut un large éven-
tail de pratiques et de rites superstitieux qui prenaient en
charge l'ensemble de ces situations ainsi que d'autres évé-
nements de la vie courante, tels que la naissance, la majorité,
les fiançailles, le mariage, la mort et les funérailles. Le pou-
voir magique, auréolé de mystère, régenta bientôt tous les
aspects de la vie des hommes.
Danses de la pluie et sortilèges
21
Bien que les rites magiques varient considérablement
d'un peuple à l'autre, les notions sur lesquelles ils se fondent
présentent une similitude frappante. D'abord, une idée de
20. Comment la magie en vint-elle à régenter la vie des humains?
21, 22 . Qu'entend-on par "magie imitative"? Donnez des
exemples.
78 L ' humanité à la recherche de Dieu
base: le semblable appelle le semblable; on peut obtenir le
résultat désiré par l'imitation, ce qu'on a parfois appelé ma-
gie imitative. En Amérique du Nord, par exemple, lorsque
les récoltes se mouraient faute de pluie, les Indiens Omahas
dansaient autour d'un récipient rempli d'eau. L'un d'eux
buvait un peu de cette eau et la recrachait en l'air pour
imiter le brouillard ou une fine pluie. Ou encore, pour s'as-
surer qu'il ne rentrera pas bredouille de la chasse à l'ours, un
chasseur imitait un ours blessé en se roulant sur le sol.
22
D'autres peuples possédaient des rituels plus élaborés,
assortis de chants et d'offrandes. Les Chinois fabriquaient
un immense dragon de papier ou de bois qui représentait le
dieu de la pluie, et le menaient en procession; ou bien ils
plaçaient l'idole à l'extérieur du temple, au soleil, pour que,
sentant elle-même la chaleur, elle daigne envoyer la pluie.
Les Ngonis d'Afrique orientale se rendent dans le temple de
la Pluie et versent de la bière dans un pot enfoui dans le
sol. On prononce ensuite cette prière: "Maître chauta, votre
cœur s'est endurci à notre égard, que voulez-vous que nous
fassions? Nous allons périr. Donnez des pluies à vos enfants,
voici la bière que nous vous donnons." Les assistants se par-
tagent alors le reste de la bière. Puis on chante et on danse
en agitant des branches que l'on trempe dans l'eau.
23
La magie repose également sur une autre notion: les
objets qui ont appartenu à une personne continuent d'agir
sur elle, même après qu'elle s'en est séparée. De là est née
l'idée de jeter un sort à quelqu'un en se servant d'un objet
qui lui a appartenu. Dans l'Angleterre des xvre et xvrre siècles,
comme dans le reste de l'Europe, on croyait toujours que
des magiciens ou des sorcières avaient le pouvoir de cau-
ser du tort de cette manière. Les techniques magiques
23. Comment la sorcellerie et les sortilèges ont-ils fait leur appari-
tion? (Voir Lévitique 19:31; 20:6, 27; Deutéronome 18:10-13.)
À la recherche de l ' inconnu 79
Certains
consultent
des chamanes
et des sorciers.

D'autres
participent
à des séances
de spiritisme,
se servent de oui-ja,
de boules de cristal
et de tarots,
ou se font dire
la bonne aventure.

pouvaient prendre diverses formes, telles que modeler une


figurine en cire de la personne à laquelle on voulait nuire et
y planter des aiguilles, écrire son nom sur un bout de papier
et le brûler, enterrer un de ses vêtements, ou encore se livrer
à des manipulations sur ses cheveux, ses rognures d'ongles,
sa sueur et même sur ses excréments. Des agissements de ce
genre étaient courants, car en 1542, en 1563 et en 1604, le
Parlement anglais promulgua des Actes par lesquels il décla-
rait la sorcellerie passible de mort. Sous une forme ou sous
une autre, et aussi loin que l'on remonte, la grande majorité
des peuples de la terre ont pratiqué ce type de magie.
En quête de signes et de présages
24
Bien souvent, on recourt à la magie pour essayer de
découvrir, au moyen de signes et de présages, des informa-
tions secrètes ou ce que réserve l'avenir. Cet art, dans lequel
les Babyloniens étaient passés maîtres, a pour nom la di-
vination. Selon l'ouvrage Magie, surnaturalisme et religion
( angl. ), les Babyloniens "excellaient dans l'art de prédire
24. a) Qu'est-ce que la divination? b) Comment les Babyloniens la
pratiquaient-ils?
80 L'humanité à la recherche de Dieu
l'avenir en observant le foie ou les intestins d'animaux sa-
crifiés, le feu et la fumée, l'éclat de pierres précieuses; ils
déduisaient les événements futurs du murmure des sources
et de la forme des plantes.( ... ) Les phénomènes atmosphé-
riques, pluie, nuages, vent, éclairs, étaient perçus comme de
sinistres présages; les fissures d'un meuble ou d'une boiserie
auguraient de ce qui allait arriver.( ... ) Les mouches et autres
insectes, de même que les chiens, véhiculaient des messages
occultes".
25 Dans la Bible, le livre d'Ezéchiel raconte que lors d'une

de ses campagnes militaires "le roi de Babylone s'est arrêté


au carrefour, à la tête des deux chemins, pour recourir à la
divination. Il a secoué les flèches. Il a interrogé au moyen
des téraphim; il a examiné le foie" . (Ezéchiel 21:21.) Des
incantateurs, des sorciers et des prêtres-magiciens étaient
officiellement attachés à la cour du roi de Babylone. - Da-
pfel 2:1 -3, 27, 28.
25. De quelles pratiques divinatoires de la Babylone antique Ezé-
chiel et Daniel ont-ils parlé?
À la recherche de l ' inconnu 81
La divination orientale, par des inscriptions tracées sur des écailles
de tortue et par le symbole du yin/yang, remonte à un passé lointain.

26
En Orient, comme en Occident, on a également donné
dans diverses formes de divination. Les Grecs venaient con-
sulter leurs oracles à propos des grands événements politi-
ques et sur des questions privées, telles que le mariage, les
voyages ou les enfants. L'oracle le plus célèbre se trouvait
à Delphes. Ses réponses, censées émaner du dieu Apollon,
étaient données par une prêtresse, la Pythie, sous la forme
de sons inarticulés que les prêtres interprétaient et transfor-
maient en vers ambigus. Un exemple type fut cette réponse
que reçut Crésus, roi de Lydie: "Si Crésus franchit l'Halys, il
détruira un grand empire." Mais en fait d'empire, ce fut le
sien qui fut détruit. Crésus fut en effet vaincu par Cyrus le
Perse lorsqu'il franchit l'Halys pour envahir la Cappadoce.
27 En Occident, l'art de la divination atteignit des som-

mets chez les Romains qui, dans presque tout ce qu'ils


entreprenaient, s'inquiétaient des augures et des présages.
Quel que soit leur niveau social, les Romains croyaient aux
vertus de l'astrologie, de la sorcellerie, des talismans, de la
26. Quelle forme de divination était prisée des Grecs?
27. Quelle place la divination occupait-elle chez les Romains?
82 L ' humanité à la recherche de Dieu
bonne aventure et de bien d'autres procédés divinatoires.
Selon Edward Gibbon, spécialiste d'histoire romaine, "les
différents cultes admis dans l'empire étaient considérés par
le peuple comme également vrais". Cicéron, homme politi-
que et orateur célèbre, était expert à rechercher des présa-
ges dans le vol des oiseaux. D'après Pétrone, historien latin,
à en juger par la multitude des religions et des cultes prati-
qués dans certaines villes romaines, il devait s'y trouver plus
de dieux que d'habitants.
28
En Chine, on a exhumé plus de 100000 os et écailles
oraculaires datant du deuxième millénaire avant notre ère
(dynastie Shang). Les prêtres Shang s'en servaient pour
interroger les dieux à tout propos, du temps qu'il ferait
au mouvement des troupes. La question posée était tout
d'abord inscrite sur l'os, en caractères archaïques. Puis l'os
était chauffé et l'on examinait ses craquelures. On inscrivait
ensuite les réponses sur le même os. Certains épigraphistes
sont d'avis que l'écriture chinoise s'est développée à partir
de ces caractères archaïques.
29 Le traité de divination de la Chine antique que l'on

connaît le mieux a pour nom le Yi jing (Livre [ou Canon] des


mutations). Il aurait été rédigé par les deux premiers empe-
reurs de la dynastie Zhou, Wen Wang et Zhou Gong, au
xne siècle avant notre ère. Cet ouvrage explique de fa-
çon détaillée l'interaction de deux forces contraires
appelées yin/yang (obscurité-lumière, négatif-positif,
mâle-femelle, lune-soleil, terre-ciel, etc.) qu'aujourd'hui en-
core de nombreux Chinois assimilent aux principes qui di-
rigent la vie humaine. Selon le Yi jing, toutes choses dans
l'univers sont en perpétuelle mutation, rien n'est perma-
nent. Pour mener à bien une tâche, quelle qu'elle soit, il faut
28. Comment les Chinois de !'Antiquité pratiquaient-ils la divina-
tion?
29. Quel principe divinatoire est exposé dans le Yi jing?
À la r echerche de l'inconnu 83
s'informer de tous les changements en cours, puis agir en
harmonie avec le déroulement des choses. On pose donc
des questions, on jette les sorts, puis on consulte le Yi jing.
Depuis des siècles en Chine, ce manuel sert de support à
toutes sortes de techniques divinatoires, à la géomancie no-
tamment.
De l'astronomie à l'astrologie
30 Depuis fort longtemps, l'agencement du soleil, de la

lune, des étoiles et des planètes fascine les humains. On a


découvert en Mésopotamie des listes de constellations qui
datent de 1800 avant notre ère. Grâce à des outils de ce
genre, les Babyloniens surent prévoir de nombreux événe-
ments astronomiques, tels que les éclipses de lune, les levers
et couchers des constellations et certains mouvements pla-
nétaires. Les Egyptiens, les Assyriens, les Chinois, les In-
diens, les Grecs, les Romains et d'autres peuples de !'Anti-
quité scrutèrent eux aussi le ciel et consignèrent avec soin
le fruit de leurs observations. Ces relevés leur servirent à
établir des calendriers qui réglaient le rythme des activités
annuelles.
31
Partant de ces observations astronomiques, on s'aper-
çut que certains événements terrestres semblaient corres-
pondre à des phénomènes célestes. Le cycle des saisons, par
exemple, était étroitement associé au mouvement du soleil,
les marées descendaient et montaient en phase avec la lune,
et la crue annuelle du Nil était invariablement précédée de
l'apparition de Sirius, l'étoile la plus brillante du ciel. On en
a conclu tout naturellement que les corps célestes jouaient
un rôle déterminant dans la venue de tel ou tel événement
terrestre. Les Egyptiens, d'ailleurs, appelaient Sirius "Celle
qui ramène le Nil". Que les étoiles puissent agir sur le cours
des événements, voilà qui bien vite donna l'idée d'utiliser
30. Décrivez les débuts de l'astronomie.
31. Comment l'astronomie engendra-t-elle l'astrologie?
84 L'humanité à la recherche de Dieu
L'astrologie: une science?
L'astrologie aff1rme que le soleil, les étoiles, la lune et les
autres planètes influent sur le cours des événements terrestres
et que la position de ces astres au moment de la naissance a une
incidence sur la vie de tout un chacun. Toutefois, les découver-
tes scientifiques lui opposent quelques obstacles de taille ...
• Les travaux astronomiques de masses de matériaux rocheux et
Copernic, de Galilée et de Ke- de gaz se déplaçant à grande vi-
pler, par exemple, ont apporté tesse dans l'espace?
la preuve que la terre n'est pas • Grâce à la génétique, on sait
le centre de l'univers. D'autre maintenant que les bases de no-
part, on sait aujourd'hui que, tre personnalité sont jetées, non
bien souvent, les étoiles qui pas à la naissance, mais lors de
semblent appartenir à une la conception, quand l'un des
constellation donnée ne sont
millions de spermatozoïdes du
pas toutes rattachées au même
père féconde l'ovule de la mère.
groupe stellaire. Certaines
d'entre elles se trouvent par- C'est pourtant la date de nais-
fois aux confins de l'espace, sance que l'on retient pour éta-
alors que d'autres sont relati- blir l'horoscope. Ce décalage
vement proches de nous. Les d'environ neuf mois devrait, en
propriétés zodiacales attri- termes astrologiques, détermi-
buées à chaque constellation ner une tout autre personnalité.
sont donc purement fictives. • Dans son déplacement appa-
• Les planètes Uranus, Neptune rent parmi les constellations, le
et Pluton étaient inconnues soleil a aujourd'hui à peu près
des premiers astrologues, car un mois de retard sur son cycle
elles n'ont été découvertes d'il y a 2 000 ans, quand furent
qu'après l'invention du téles- établies les cartes et les tables
cope. Dès lors, comment leur astrologiques. Ainsi, d'après ces
"influence" pouvait-elle être cartes, un individu né fin juin,
prise en compte dans les thè- début juillet, se trouve placé
mes astraux établis des siècles sous le signe du Cancer ( carac-
auparavant? Comment, de sur- tère hypersensible, morose,
croît, telle planète pourrait- timide). En réalité, le soleil tra-
elle être "faste" ou telle autre verse à ce moment-là la constel-
"néfaste", alors qu'au plan lation des Gémeaux, censée pro-
scientüique ces corps célestes duire des gens communicatüs,
ne sont rien d'autre que des spirituels et bavards.
Il est donc clair que l'astrologie ne relève
ni de la science ni de la raison.
ces astres pour prédire l'avenir. Ainsi, l'astronomie engen-
dra l'astrologie. Rois et empereurs ne tardèrent pas à entre-
tenir à leur cour des astrologues chargés d'interroger les
étoiles sur les questions d'intérêt national. De son côté,
l'homme du commun scrutait lui aussi les astres pour tenter
de percer les mystères de son avenir.
32 L'histoire de l'astrologie nous ramène, une fois en-

core, à Babylone. Dans l'esprit des Babyloniens, si les dieux


avaient pour demeure terrestre les temples, ils avaient aussi
une demeure céleste, les étoiles. Cette conception les amena
à regrouper les étoiles par constellations et à voir dans les
phénomènes célestes inhabituels - éclipses, apparition
d'étoiles particulièrement lumineuses ou de comètes - des
signes annonciateurs d'une guerre ou d'un malheur. Parmi
les objets mis au jour en Mésopotamie se trouvaient des
centaines de tablettes astrologiques rédigées à l'intention
des rois. On y lisait par exemple qu'une prochaine éclipse
de lune présageait la défaite d'un ennemi ou que l'appari-
tion de telle planète dans une constellation donnée amène-
rait un "grand courroux" sur la terre.
33 La déclaration caustique du prophète Esaïe annonçant

la destruction de Babylone illustre à quel point les Babylo-


niens se fiaient à cet art divinatoire. Nous lisons: "Reste donc
avec tes sortilèges et avec l'abondance de tes sorcelleries,
dans lesquels tu as peiné depuis ta jeunesse( ...). Qu'ils se
lèvent donc et qu'ils te sauvent, les adorateurs des cieux, les
contemplateurs des étoiles, ceux qui, aux nouvelles lunes,
divulguent la connaissance au sujet des choses qui vien-
dront sur toi!" - Esaïe 47:12, 13.
34 De Babylone, l'astrologie gagna l'Egypte, l'Assyrie, la

32. Quelles pratiques astrologiques avaient cours à Babylone?


33. Que dédara Esaïe au sujet des Babyloniens "contemplateurs
des étoiles"?
34. Qu'étaient les "mages" qui rendirent visite à l'enfant Jésus?
86 L 'humani té à la recherche de D i eu
Quantité de gens lisent leur horoscope; ils pensent
que la position du soleil, de la lune, des étoiles et des planètes
au moment de leur naissance a une incidence sur leur vie.

Perse, la Grèce, Rome et l'Arabie. En Orient, les peuples de


l'Inde et de la Chine disposaient également de systèmes as-
trologiques très élaborés. Les "mages" qui, selon l'évangé-
liste Matthieu, rendirent visite à l'enfant Jésus étaient en
réalité "des astrologues venus des régions de l'orient". (Mat-
thieu 2:1, 2.) Des biblistes pensent que ces astrologues ap-
partenaient peut-être à l'école chaldéenne et médo-perse de
Parthie, une ancienne province perse qui devint par la suite
l'Empire parthe.
À la recherche de l ' inconnu 87
35Ce sont toutefois les Grecs qui donnèrent à l'astrologie
sa forme actuelle. Au ne siècle de notre ère, Claude Ptolé-
mée, astronome grec vivant à Alexandrie, en Egypte, com-
pila toutes les données astrologiques disponibles à son épo-
que sous la forme de quatre livres, le Tetrabiblos. Texte de
base de l'astrologie jusqu'à notre époque, cet ouvrage fut à
l'origine de l'astrologie dite généthliaque, qui consiste à pré-
dire l'avenir d'un individu en se fondant sur la carte du ciel
de naissance, ou horoscope, qui indique la position qu'oc-
cupaient le soleil, la lune et diverses planètes au sein des
constellations à l'heure et au lieu de la naissance.
36 Au XIVe et au xve siècle, l'astrologie s'était largement

implantée en Occident. Discipline universitaire, elle faisait


appel à des rudiments de langues et de mathématiques. Les
astrologues étaient considérés comme des savants. L'œuvre
de Shakespeare fourmille d'allusions à l'influence des astres
sur la vie humaine. Chaque cour royale, de même qu'un
grand nombre d'aristocrates, entretenait des astrologues
que l'on consultait à loisir. On formait rarement un pro-
jet quelconque - guerre, construction, transaction ou
voyage - sans avoir au préalable scruté les étoiles. L'astro-
logie avait acquis sa respectabilité.
37 Largement dépouillée de son aura scientifique par les

progrès de la science et les travaux d'astronomes tels que


Copernic et Galilée, l'astrologie a cependant survécu jusqu'à
ce jour. (Voir l'encadré de la page 85.) Dans les pays de
haute technologie comme dans les villages reculés des pays
en développement, cet art mystérieux inventé par les Baby-
loniens, développé par les Grecs puis répandu par les Ara-
35. Comment l'astrologie a-t-elle évolué depuis l'époque des
Grecs?
36. Quels faits attestent que l'astrologie a acquis de la respectabi-
lité?
37. Quel effet les progrès de la science ont-ils eu sur l'astrologie?
88 L'humanité à la recherche de Dieu
bes, exerce aujourd'hui encore sa fascination tant sur
l'homme de la rue que sur les chefs d'Etat.
L'avenir lu sur le visage et dans la main
38 Ceux que les signes et les présages célestes laissent
perplexes disposent de méthodes divinatoires plus immé-
diates et plus faciles à mettre en œuvre. Le Zohar, ou Sefer
ha-Zohar(hébreu, Livre de la Splendeur), ouvrage mystique
juif du XIIIe siècle, expliquait: "Sur le firmament qui entoure
l'univers, les étoiles et les planètes offrent à la vue une mul-
titude de figures. Elles révèlent des choses cachées et de
profonds mystères. A l'égal, la peau qui enveloppe l'être
humain offre des formes et des traits qui sont les étoiles de
notre corps." Cette philosophie fut à l'origine de nouveaux
procédés divinatoires consistant à recueillir des indices pro-
phétiques par l'examen du visage ou de la main. Il n'en
reste pas moins que ces pratiques, toujours très courantes
en Orient et en Occident, dérivent en èroite ligne de l'astro-
logie et de la magie.
39 La physiognomonie a pour objet de prédire l'avenir

d'un individu en examinant les traits de son visage, la forme


de ses yeux, de son nez, de ses dents et de ses oreilles. En
1531, un certain Jean d'Indagine publia à Strasbourg une
physiognomonie qui exposait, sur des gravures très expres-
sives, des visages présentant différentes formes d'yeux,
d 'oreilles, de nez, d'oreilles, etc., assorties des inter-
prétations de l'auteur. Notons au passage que Jean d'Inda-
gine s'appuyait sur cette déclaration de Jésus, consignée en
Matthieu 6:22: "Si donc ton œil est simple, tout ton corps
sera lumineux", pour affirmer que de grands yeux brillants
et ronds témoignent de l'intégrité et de la bonne santé de
leur possesseur, tandis que de petits yeux caves trahissent
38. Quelle est l'origine des techniques divinatoires qui se fondent
sur l'analyse de la main et du visage?
39. Qu'est-ce que la physiognomonie, et comment s'en est-on
servi?
À la recherche de l ' inconnu 89
Le dévot secoue la boîte pour en faire sortir un bâtonnet;
il obtiendra un message assorti d'une interprétation.

l'envie, la méchanceté, la méfiance. Cela n'empêcha pas Bar-


tolommeo Code de soutenir, dans son Compendium de phy-
siognomonie (un ouvrage de la même veine paru en 1533),
que les yeux grands et ronds dénotaient l'inconstance et la
paresse.
40 Si l'on en croit les devins, juste après la tête, la main est

la partie du corps qui reflète le mieux les fluides célestes. Il


n'est dès lors pas surprenant que la lecture des lignes de la
main, ou chiromancie, soit fréquemment employée pour
40. a) Qu'est-ce que la chiromancie? b) Quel appui lui a-t-on
cherché dans la Bible?
90 L'humanité à la recherche de Dieu
déterminer le caractère et le destin d'une personne. Cher-
chant l'aval de la Bible, les chiromanciens médiévaux mi-
rent en avant certains passages des Ecritures, tels que ceux-
ci: "Sur la main de tout homme il met un sceau, pour que
tous les mortels reconnaissent son œuvre", et: "Une longue
vie est dans sa main droite, dans sa main gauche, richesses
et gloire." (Job 37:7, Osty; Proverbes 3:16, Pirot-Clamer). On
s'est aussi intéressé aux bosses, ou monts, de la main, cen-
sées représenter les planètes et receler à ce titre des rensei-
gnements sur l'individu et sur son avenir.
41
En Orient, la lecture de l'avenir dans les traits du visage
ou dans les lignes de la main est extrêmement populaire.
Aux devins et aux conseillers professionnels, il faut ajouter
une foule d'amateurs, séduits par une multitude de livres et
d'écrits de tous niveaux destinés au grand public. Si la chi-
romancie est souvent un jeu, beaucoup de gens la prennent
cependant au sérieux. Il est d'ailleurs rare qu'ils s'en tien-
nent à une seule forme de divination. Dans les moments
difficiles ou à la veille de décisions importantes, ils se ren-
dent au temple - bouddhique, taoïste, shintô ou autre -
pour prendre l'avis des dieux. Ils passent ensuite chez l'as-
trologue pour interroger les étoiles, puis chez le diseur de
bonne aventure pour se faire lire les lignes de la main ou les
traits du visage. Après quoi ils rentrent chez eux et consul-
tent leurs ancêtres. Ils espèrent ainsi trouver, soit ici, soit là,
une réponse qui leur semble convenir à la situation.
Un divertissement anodin?
42Il est naturel que tout un chacun cherche à savoir ce
que l'avenir lui réserve. Universel aussi est le désir de pré-
server son bonheur et d'écarter le malheur. C'est du reste
la raison pour laquelle les humains ont, de tout temps,
41. De quelles manières les Orientaux pratiquent-ils la divination?
42. A quoi le désir naturel de connaître l'avenir a-t-il conduit
l'homme?
À la recherche de l'inconnu 91
recherché la direction des esprits et des divinités. Ce faisant,
ils se sont engagés dans le spiritisme, la magie, l'astrologie
et dans d'autres pratiques superstitieuses. Jadis, pour se pro-
téger, les hommes portaient des amulettes et des talismans,
et, pour se faire guérir, s'adressaient à des chamanes ou à des
sorciers. A notre époque, on arbore encore des médailles de
"saint" Christophe ou des porte-bonheur; on participe à des
séances de spiritisme, on se sert de oui-ja, de boules de cris-
tal, d'horoscopes et de tarots. Pour ce qui est du spiritisme
et de la superstition, les humains ne semblent guère avoir
changé.
43
Dans l'esprit de bien des gens, il est clair que ces prati-
ques ne reposent sur rien et qu'elles relèvent exclusivement
de la superstition; ils diront peut-être qu'ils les considèrent
comme un simple divertissement. D'autres soutiennent
même que la magie et la divination sont bénéfiques, qu'elles
donnent de l'assurance à ceux que les difficultés de la vie
intimident. Mais ne s'agit-il vraiment que d'un divertisse-
ment anodin, d'un coup de pouce psychologique? Quelle
est la véritable origine des formes de spiritisme et de magie
mentionnées dans ce chapitre, sans compter celles dont
nous n'avons pas parlé?
44
En examinant le spiritisme, la magie et la divination
sous divers angles, nous n'avons pas manqué de constater
qu'ils ont un rapport étroit avec la croyance à la survie des
âmes et aux esprits, bons ou mauvais. Cette croyance aux
esprits, à la magie et à la divination se fonde par conséquent
sur une forme de polythéisme lui-même enraciné dans la
doctrine de l'immortalité de l'âme. Peut-on valablement
édifier ses conceptions religieuses sur une telle base? En
43. a) Quelle idée beaucoup de gens se font-ils du spiritisme, de la
magie et de la divination? b) Que nous faut-il savoir sur les
pratiques superstitieuses?
44. Fondamentalement, sur quoi repose l'ensemble de ces pra-
tiques?
92 L'humanité à la recherche de Dieu
matière de culte, pareil fondement vous semble-t-il satisfai-
sant?
45 Les chrétiens durer siècle ont dû répondre à ces mêmes

questions, car ils vivaient parmi les Grecs et les Romains,


peuples qui observaient des rites superstitieux et qui ado-
raient quantité de dieux et de divinités. Une des pratiques
en vigueur consistait à offrir de la nourriture à une idole,
puis à en consommer une partie. Quelqu'un qui aimait le
vrai Dieu et qui désirait lui plaire pouvait-il prendre part à
ce genre de rites? Voyons comment l'apôtre Paul répondit à
cette question.
46 "Donc, pour ce qui est de manger des aliments offerts

aux idoles, nous savons qu'une idole n'est rien dans le


monde et qu'il n'y a pas d'autre Dieu, hormis un seul. Car,
bien qu'il y ait ceux qu'on appelle 'dieux', soit au ciel, soit
sur la terre, tout comme il y a beaucoup de 'dieux' et beau-
coup de 'seigneurs', cependant pour nous il n'y a qu'un seul
Dieu, le Père, de qui sont toutes choses, et nous pour lui."
(1 Corinthiens 8:4-6). Pour Paul et pour les chrétiens du
rer siècle, la vraie religion n'avait rien de commun avec le
culte de plusieurs dieux, ou polythéisme. Elle requérait au
contraire que l'on s'attache à "un seul Dieu, le Père", dont la
Bible révèle le nom en ces mots: "Pour qu'on sache que toi,
dont le nom est Jéhovah, tu es, toi seul, le Très-Haut sur
toute la terre." - Psaume 83:18.
47 Si Paul a déclaré qu' "une idole n'est rien", il n'a toute-

fois pas nié l'existence des "dieux" et des "seigneurs" que les
hommes invoquent au moyen de la magie, de la divination
et des sacrifices. Pourquoi? L'apôtre en a donné la raison un
peu plus loin dans sa lettre: "Mais je dis que les choses que
45. A quelle question les chrétiens du 1er siècle ont-ils dû répondre
relativement aux offrandes de nourriture faites aux idoles?
46. Que croyaient Paul et les premiers chrétiens à propos de Dieu?
47. Comment Paul a-t-il dévoilé la véritable identité de 'ceux
qu'on appelle dieux et seigneurs, soit au ciel, soit sur la terre'?
À la recherche de l'inconnu 93
sacrifient les nations, elles les sacrifient à des démons et non
à Dieu." (1 Corinthiens 10:20). En rendant un culte à leurs
dieux et à leurs seigneurs, les nations adoraient en réalité
les démons, des créatures angéliques, ou spirituelles, qui se
sont rebellés contre le vrai Dieu et ralliés à leur chef, Satan
le Diable. - 2 Pierre 2:4; Jude 6; Révélation 12:7-9.
48
Il n'est pas rare que des gens prennent en pitié les
peuples réputés primitifs, autrefois esclaves de leurs super-
stitions et de leurs craintes. Ils disent éprouver de la répu-
gnance pour les sacrifices sanglants et les rites cruels, à juste
titre d'ailleurs. Il n'empêche que le vaudou, le satanisme et
même les sacrifices humains sont toujours d'actualité. Ces
pratiques, extrêmes peut-être, montrent cependant que
l'intérêt pour l'occultisme ne se dément pas. "Divertisse-
ment anodin", ou objet de curiosité au départ, ses effets
sont souvent tragiques, et parfois mortels. Il est certaine-
ment sage de prendre en compte cet avertissement biblique:
"Gardez votre équilibre, soyez vigilants. Votre adversaire, le
Diable, comme un lion rugissant, circule cherchant à dévo-
rer quelqu'un." - 1 Pierre 5:8; Esaïe 8:19, 20.
49 Après nous être arrêtés sur les origines de la religion,

sur l'exubérance des mythologies antiques et sur les diver-


ses formes de spiritisme, de magie et de superstition, nous
allons à présent tourner notre attention vers les grandes
religions du monde: l'hindouisme, le bouddhisme, le
taoïsme, le confucianisme, le shintô, le judaïsme, les Eglises
de la chrétienté et l'islam. Comment sont-elles ap-
parues? Quels sont leurs enseignements? Quelle influence
exercent-elles sur leurs membres? Ces différentes ques-
tions, et d'autres encore, feront l'objet des chapitres sui-
vants.
48. Quels dangers l'occultisme présente-Hl de nos jours encore, et
comment peut-on s'en protéger?
49. Qu'allons-nous examiner dans les chapitres suivants?
94 L'humanité à la recherche de Dieu
_ _ _ _ __ _ _CHAPITRES _ _ __ __ __

L'hindouisme
Àla recherche de la Délivrance
"Dans la société hindoue, il est de coutume, sitôt levé, d'al-
ler se baigner à la rivière, ou de prendre un bain chez soi
s'il n'y a pas de cours d'eau à proximité. C'est là, pense-
t-on, un moyen de se purifier. Après quoi, toujours à jeun,
on se rend au temple pour faire des offrandes de fleurs et
de nourriture au dieu de la localité; des fidèles lavent
l'idole et l'enduisent de poudre rouge et jaune.
"Presque toutes les maisons ont un coin de mur, parfois
même une pièce entière, réservé au culte de la divinité que
s'est choisie la famille. Dans certains endroits, on rend un
culte fervent à Ganesha, le dieu à tête d'éléphant. On
s'adresse tout particulièrement à lui pour faire réussir une
entreprise, car il a, croit-on, le pouvoir d'enlever les obsta-
cles. Ailleurs, on accordera peut-être la préférence à
Krishna, à Râma, à Shiva, à Durgâ ou à d'autres divinités
encore." - Tara C., Katmandou, Népal.

QU'EST-CE au juste que l'hindouisme? Correspond-il au


cliché qu'on reprend en Occident: vénération d'animaux et
bains dans le Gange, sur fond de système de castes? Ou est-il
plus que cela? En vérité, l'hindouisme recouvre bien davan-
tage; c'est une autre conception de la vie, totalement étran-
gère aux valeurs occidentales. En général, les Occidentaux
1. a) Décrivez quelques coutumes hindoues. b) Dans quel do-
maine les conceptions occidentales et hindoues diffèrent-elles no-
tamment?
L'hindouisme: À la recherche de la Délivrance 95
Ganesha, le dieu à tête d'éléphant, fils de Shiva et de Pârvatî.
Divinité de la chance.
considèrent la vie comme une suite chronologique d'événe-
ments qui s'inscrivent dans !'Histoire. Pour les hindous, la vie
obéit à un cycle perpétuel dans lequel l'histoire humaine n'a
que peu d'importance.
2
Religion sans credo fixe, sans clergé hiérarchisé ni au-
torité suprême, l'hindouisme ne se laisse pas facilement
appréhender, malgré la présence en son sein de svâmi
(enseignants) et de guru (ou gourous; maîtres spirituels). Un
livre d'histoire le définit à grands traits comme "l'ensemble
des croyances et des institutions qui se sont développées
depuis la composition du Veda, ses textes anciens (et les plus
saints), jusqu'à nos jours". Un autre ouvrage déclare: "Nous
pourrions envisager l'hindouisme comme l'attachement et la
dévotion aux dieux Vishnu ou Çiva [Shiva), à la déesse
Shakti, ou encore à leurs incarnations, à leurs manifestations,
à leurs épouses ou à leur progéniture." Cette définition
englobe par conséquent le culte de Râma et de Krishna
(deux incarnations de Vishnu), celui de Durgâ, de Skanda et
de Ganesha (respectivement l'épouse et les fils de Shiva).
Pourtant, en dépit des 330 millions de dieux qu'on lui prête,
l'hindouisme ne serait pas une religion polythéiste. Pour-
quoi?
3 A. Parthasarathy, écrivain indien, avance cette explica-

tion: "Les hindous ne sont pas polythéistes. L'hindouisme ne


parle que d'un seul Dieu ( ... ). Les dieux et les déesses du
panthéon hindou servent uniquement à figurer les pouvoirs
et les fonctions du seul Dieu suprême de l'univers sensible."
4
Les hindous appellent souvent leur religion sanâtana-
dharma, la loi ou l'ordre éternel. Le terme "hindouisme*" est

• L'appellation "hindouisme" a été forgée en Europe.

2, 3. a) Pourquoi l'hindouisme est-il difficile à appréhender?


b) Comment un écrivain indien situe-t-il l'hindouisme par rapport
au polythéisme?
4. Que recouvre le terme "hindouisme"?
L'hindouisme: À la recherche de la Délivrance 97
une dénomination des plus floues. Il recouvre une multitude
de religions et de sectes (sarripradaya) qui, au fil des millé-
naires, sont apparues et se sont multipliées dans le cadre
complexe de la mythologie hindoue primitive. Cette mytho-
logie est si difficile à démêler que la Mythologie générale,
publiée chez Larousse, tient sur elle ces propos: "La mytho-
logie indienne est une jungle inextricable d'exubérantes
frondaisons. Lorsqu'on s'y trouve engagé, on perd la clarté
du jour et toute netteté d'orientation." Ce chapitre abordera
néanmoins quelques-uns des traits caractéristiques et des
enseignements de l'hindouisme.
Aux sources de l'hindouisme
5 Moins répandu que d'autres grandes religions, l'hin-

douisme comptait cependant près de 700 millions d'adeptes


en 1990, soit approximativement 1 humain sur 8 (13 % de la
population mondiale). Comme presque tous vivent en Inde,
on peut naturellement se demander pour quelle raison et de
quelle façon l'hindouisme s'est particulièrement fixé dans ce
pays.
6 Si l'on en croit certains historiens, les bases de l'hin-

douisme auraient été jetées voilà plus de 3 500 ans, lorsque


des Aryens de race blanche venus du nord-ouest migrèrent
dans la vallée de l'Indus, qui s'étend en gros sur les territoires
actuels du Pakistan et de l'Inde. De là, ils progressèrent vers
le bassin du Gange et à travers l'Inde. Des experts sont d'avis
que ces émigrants tiraient leurs conceptions religieuses d'un
ancien fonds de croyances iraniennes et babyloniennes. On
retrouve d'ailleurs dans l'hindouisme un thème commun à
bien d'autres cultures: la légende d'un déluge. - Voir l'en-
cadré de la page 120.
5. Quelle place l'hindouisme occupe-Hl dans le monde?
6, 7. a) Selon certains historiens, comment l'hindouisme est-il ap-
paru en Inde? b) Quelle version l'hindouisme donne-t-il du dé-
luge? c) D'après l'archéologue John Marshall, quel genre de reli-
gion pratiquait-on dans la vallée de l'lndus avant l'arrivée des
Aryens?
98 L'humanité à la recherche de Dieu
Linga, symboles phalliques vénérés par les hindous.
Shiva (dieu de la fertilité) est ici représenté avec quatre têtes,
à l'intérieur d'un linga.

7 Mais à quoi ressemblait la religion qui se pratiquait dans

la vallée de l'Indus avant l'arrivée des Aryens? L'archéologue


Sir John Marshall parle de "'la Grande Déesse-mère', dont les
figurines présentent parfois une femme enceinte, mais le
plus souvent une femme nue portant des colliers serrés
autour du cou et une coiffure ( ...). Vient ensuite le 'Dieu
Mâle', 'dans lequel on reconnaît immédiatement un proto-
type du Shiva historique', en position assise, les plantes des
pieds jointes (une posture de yoga), ithyphallique (ce qui
n'est pas sans évoquer le culte du linga [phallus]), et entouré
d'animaux (ce qui vaut à Çiva l'épithète de 'Seigneur des
bêtes sauvages'). Les phallus et les vulves de pierre foison-
nent, ( ... ) signalant le culte du linga et de la yoni attribués à
Çiva et à son épouse". (Les religions dans le monde - de
!'Antiquité à nos jours [angl.].) Aujourd'hui encore, on vénère
Shiva comme le dieu de la fertilité, le dieu du phallus (linga).
Il a pour monture le taureau Nandi.
8 L'exégète hindou Swami Sankarananda ne partage pas

8, 9. a) Comment un exégète hindou réfute-Hl la théorie de


Marshall? b) Quels argumentS a-t-on échangés à propos d'objetS
vénérés par les hindous et par les "chrétiens"? c) Sur quoi reposent
les textes sacrés de l'hindouisme?
L'hindouisme: À la recherche de la Délivrance 99
l.J sikhisme: une réforme religieuse

~
Le temple
d'or
des sikh
à Amritsar,
dans le Pendjab
(Inde).

Le sikhisme, qui a pour emblème s'inspirant de ce que l'hindouisme


trois épées et un cercle, compte plus et l'islam avaient de meilleur.
de 17 millions de fidèles, qui vivent La mission de Nânak tient en une
presque tous au Pendjab. Le temple phrase: "Il n'y a qu'un seul Dieu, et
d'or des sikh se dresse au milieu Il est notre Père; nous devons donc
d'un lac artificiel à Amritsar, la
tous être frères." De même que les
ville sainte du sikhisme. Les hom-
musulmans, les sikh croient en un
mes se reconnaissent aisément à
seul Dieu et proscrivent l'usage
leurs turbans bleus, blancs ou noirs.
d'idoles (Psaume 115:4·9; Matthieu
Le port de cette coiffe et des che-
23:8, 9). Ils adhèrent aux croyances
veux longs est un aspect essentiel
traditionnelles de l'hindouisme:
de leur foi.
l'immortalité de l'âme, la réincarna-
Sikh est un terme hindî qui signi- tion et le Karma. Les sikh pratiquent
fie "disciple". Les sikh sont les dis- leur culte dans des lieux appelés
ciples de Guru Nânak, le fondateur gurdwârâ. - Voir Psaume 103: 12,
de leur mouvement. Ils observent 13; Actes 24: 15.
également les enseignements des
dix guru (Nânak et ses neuf succes- Guru Nânak formulait ainsi l'un
seurs) dont les écrits sont consi- de ses grands commandements: "Re·
gnés dans le Guril Granth Sàhib, mémorez-vous Dieu constamment,
leurs Ecritures sacrées. Le sikhisme répétez Son nom." Dieu est désigné
vit le jour au début du XVIe siècle, par l'expression le "Seul Vrai", mais
lorsque Guru Nânak entreprit de n'est pas nommé (Psaume 83 : 16-18 ).
former une religion d'union en Un autre commandement stipulait:
"Partage ce que tu possèdes avec ce- raient cinq symboles, dits les
lui qui est moins fortuné que toi." "cinq k": les cheveux non coupés
C'est pourquoi chaque temple sikh ( kes) (symbole de spiritualité) et re-
dispose d'un langar, "cuisine gra- tenus par un peigne ( kangha) ( sym-
tuite", où n'importe qui peut venir bole d'ordre et de discipline), une
prendre un repas sans rien payer. Il épée ( kirpan) (figurant la dignité,
existe même des chambres gratuites le courage et l'abnégation), un bra-
où les voyageurs ont la possibilité celet de métal ( kara) (représentant
de passer la nuit. - Jacques l'union avec Dieu) et une culotte
2:14-17. courte ( kacch) (évoquant la modes-
le dernier guru des sikh, Govind tie et symbolisant la retenue mo-
Singh ( 1666-1708), créa l'ordre du rale). - Voir Le grand atlas univer-
Khâlsâ dont les membres arbo- salis des religions, page 89.

~le turban bleu


figure un esprit aussi large
que le ciel et qui ne fait
aucune place aux préjugés.

@
Le turban blanc
désigne une personne sainte
menant une vie exemplaire.

Ct
le turban noir
rappelle la persécution
des sikh par les Britanniques
en 1919.
les autres couleurs
relèvent du goût de chacun.
Au cours d'une cérémonie,
un prêtre sikh relate
l'histoire des armes sacrées.
l'interprétation de Sir John Marshall. Il affirme au contraire
que ces pierres que l'on vénérait, certaines sous le nom de
Siva-linga, symbolisaient à l'origine le "feu du ciel, ou encore
le soleil et le feu qu'il dégage, c'est-à-dire ses rayons". (The
Rigvedic Culture of the Pre-Historie Indus.) Il fait valoir qu' "au
départ le culte du sexe ( ...) n'était pas d'essence religieuse,
qu'il n'est qu'un sous-produit et une perversion de sa forme
première. Ce sont les gens qui ont ramené à leur niveau des
concepts trop élevés qu'ils n'étaient pas à même de com-
prendre". Il retourne ensuite l'argument contre les Occiden-
taux qui décrient l'hindouisme, en rappelant que les chré-
tiens vénèrent la croix, un symbole phallique d'origine
païenne, ce qui fait d'eux "les fervents d'un culte du sexe".
9 Avec le temps, les croyances, les mythes et les légendes

de l'Inde ont été couchés par écrit. Ils forment à présent les
textes sacrés de l'hindouisme. En dépit de leur volume
considérable, ces écrits ne cherchent pas à présenter la
religion hindoue comme un bloc uniforme.
Les textes sacrés de l'hindouisme
10 Les textes les plus anciens forment le Veda, un recueil
d'hymnes et de prières divisé en quatre parties: le Rig-Veda,
le Sama- Veda, le Yajur- Veda et l'Atharva-Veda. Sa rédaction,
qui s'est étalée sur plusieurs siècles, s'est achevée aux alen-
tours de l'an 900 avant notre ère. La littérature védique s'est
par la suite enrichie d'autres documents, parmi lesquels les
Brâhmana et les Upanishad.
11
Rédigés au plus tôt vers l'an 300 avant notre ère, les
Brâhmana s'attachent à définir la bonne façon d'exécuter les
rites et les sacrifices domestiques ou publics, dont ils com-
mentent avec minutie la signification profonde. Les Upani-
10. Quels sont quelques-uns des textes les plus anciens de l'hin-
douisme?
11. a) En quoi les Brâhmana et les Upanishad diffèrent-ils?
b) Quelles doctrines sont exprimées dans les Upanishad?
102 L'humanité à la recherche de Dieu
shad (littéralement, "assis aux pieds d'un maître"), connus
également sous le nom de Vedânta, furent consignés entre
600 et 300 avant notre ère. Ce sont des traités sur ce qui, dans
la philosophie hindoue, détermine chaque pensée et chaque
action. C'est dans ces écrits que se trouvent exprimées la
doctrine du samsâra (transmigration de l'âme) et celle du
Karma (croyance selon laquelle la condition présente d'un
individu résulte des actions accomplies lors d'une vie anté-
rieure).
12
Mentionnons aussi un autre groupe de textes, les Pu-
râna, longs récits allégoriques qui décrivent les nombreuses
actions légendaires des dieux, des déesses et des héros
hindous. Le vaste catalogue sacré hindou renferme aussi des
épopées, le Râmaya'(la et le Mahâbhârata. La première relate
l'histoire du "Seigneur Râma, ( ... ) le personnage le plus
glorieux de la littérature sacrée", pour reprendre les propos
de A. Parthasarathy. Le Râmaya'(la, qui jouit d'une immense
popularité auprès des hindous, fut rédigé vers le N e siècle
avant notre ère. Il raconte les aventures du héros Râma
(Râmachandra ), que les hindous considèrent comme la per-
sonnification du fils, du frère et du mari idéal. Il passe pour
le septième avatâra (incarnation) de Vishnu, et son nom est
souvent utilisé dans les formules de salutation.
13 Selon Bhaktivedanta Swami Prabhupâda, fondateur de

!'Association internationale pour la Conscience de Krishna,


"la Bhagavad-Gitâ [une partie du Mahâbhârata] enseigne la
moralité la plus haute.( ... ) La Bhagavad-Gitâ constitue donc
la voie suprême de religion et de moralité. ( ... ) C'est en elle,
en son enseignement ultime, que réside le sommet de la
moralité et de la religion: s'abandonner à l<r$1).a [Krishna)".
-BG.

12. Qui était Râma, et où trouve-t-on le récit de ses aventures?


13, 14. a) Comment une source hindoue définit-elle 1aBhagavad-
Gitâ? b) Que signifient les termes "Shruti" et "Smriti", et qu'est-ce
que le Manu Smriti?
L ' hi ndouisme: À la recherche de la Délivrance 103
l.J jaïnisme, religion du renoncement et de la non-violence
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Culte
jaïna
aux pieds
d'une statue
de saint
Gomateshvara
haute de
17mètres,
dans le Karnâtaka
(Inde).

Le jaïnisme, avec le svastika de l'ahimsâ très loin en se munissant


l'Inde antique pour emblème, fut d'un balai souple avec lequel il
fondé au VI' siècle avant notre ère écartait doucement les insectes qui
par Nâtaputta Vardhamâna, un ri- se trouvaient sur son chemin. Son
che prince indien, mieux connu respect pour la vie l'incitait égale-
sous le nom de Vardhamâna Mahâ- ment à veiller à la pureté et à l'in-
vira (titre signifiant "Grand tégrité de son âme.
Homme• ou "Grand Héros"). Il De nos jours, ses disciples prati-
entreprit une vie de renoncement quent toujours le renoncement et
et d'ascèse. S'étant mis en quête de le respect de toute créature, dans
la connaissance, il allait nu par les l'espoir d'améliorer leur Karma.
villages et les plaines du centre de
On notera une fois de plus l'in-
l'Inde "pour tenter d'échapper au
fluence puissante que la croyance à
cycle lugubre naissance-
l'immortalité de l'âme exerce sur
mort-renaissance". (Guide illustré
des religions dans le monde.) Il
les humains.
pensait que l'âme n'accède au salut La communauté jaïna compte
qu'au prix d'un renoncement et aujourd'hui moins de quatre mil-
d'une maîtrise de soi extrêmes et lions de fidèles, dont la plupart vi-
par une stricte application de vent en Inde, dans la région de
l'ahimsâ, la non-violence à l'égard Bombay et dans la province du Gu-
de tout être vivant. Il poussa jarât.
14 La Bhagavad-Gïta (Chant Divin), qui, dit-on, "renferme

la quintessence de la sagesse védique de l'Inde", a la forme


d"'un dialogue entre Sri Kf~l).a [Krishna), Maître Souverain,
et Arjuna, Son ami et dévot intime, - dialogue par quoi Il
instruit ce dernier, en plein champ de bataille, sur la science
de la réalisation spirituelle". La Bhagavad-Gïta ne représente
cependant qu'une fraction de la vaste littérature sacrée
hindoue. Une partie de ces textes (Veda, Brâhmana et Upa-
nishad) sont dits "Shruti", "ce qui a été entendu". On les tient
donc pour le produit d'une révélation directe. D'autres ou-
vrages, tels les épopées et les Purâna, appartiennent à la
"Smriti", "ce qui est retenu par la mémoire". Ils ont en
conséquence été composés par des hommes, à partir toute-
fois de la révélation. L'un d'eux, le Manu Smriti, jette les
bases de la religion et des lois qui régissent la société
hindoue, tout en posant le principe du système des cas-
tes. Examinons maintenant quelques-unes des croyances
auxquelles ces écrits ont donné naissance.
Enseignement s et conduite: ahimsa et varna
15 Dans l'hindouisme, comme dans d'autres religions, la
pensée et la conduite du croyant sont en partie modelées par
certaines notions-clés. Un aspect essentiel est celui d'ahimsâ
(sanskrit ahirrzsa), le concept de non-violence qui valut à
Mohandas Gândhî ( 1869-1948), le "Mahâtma", une renom-
mée internationale. (Voir l'encadré de la page 113.) Cette
philosophie invite les hindous à ne pas tuer ni rudoyer
d'autres créatures. C'est une des raisons qui les incitent à
vénérer certains animaux, tels la vache, le serpent et le singe.
Les plus fervents partisans de l'ahimsâ et du strict respect de
la vie sont les adeptes du jaïnisme (mouvement fondé au
vie siècle avant notre ère). Les jaïna marchent nu-pieds et
vont jusqu'à se couvrir la bouche d'un écran pour ne pas
15. a) Expliquez ce qu'est l'ahimsâ, et dites comment les jaïna la
mettent en pratique. b) Comment Gândhî considérait-il l'ahimsâ?
c) En quoi les sikh se distinguent-ils des hindous et des jaïna?
L 'hindouisme: À la recherche de la Délivrance 105
~elques termes hindous
ahimsâ (sanskrit ahi1]1sii ): non· jîva (ou prân, prâni): âme indivi·
violence; devoir de ne blesser ni de ne duelle ou être vivant.
tuer aucun être vivant; doctrine à l'ori· Karma: principe selon lequel tout acte
gine du végétarisme des hindous et du porte des fruits bons ou mauvais, qui se·
respect qu'ils portent aux animaux. ront rétribués dans une vie future par le
âshrama: ermitage ou tout autre lieu jeu de la transmigration de l'âme.
où enseigne un guru (maître spiri· Kshatriya: dirigeants, administrateurs
tue!). et hommes de guerre, deuxième caste de
âtman: esprit; associé à ce qui est im· la société hindoue.
périssable. Souvent traduit à tort par mahant: saint homme ou enseignant.
"âme". Voir1ïva.
mahâtma: saint hindou (de mahâ,
avatâra: manifestation ou incarnation "élevé ou grand", et dtman, "esprit").
d'une divinité hindoue. mantra: formule sacrée censée possé·
bhakti: dévotion d'un fidèle à une di· der un pouvoir magique; c'est aussi la
vinité; moyen d'accéder au salut. formule que reçoit le nouvel initié à
une secte et qui accompagne les prières
hindi: point carmin que les femmes et les incantations.
mariées portent sur le front.
mâyâ: l'univers considéré comme une
Brahman: l'illtime Réalité. Voir illusion.
page 116. moksha, ou mukti: délivrance du cy·
brâhmana: prêtre, membre de la plus cle des réincarnations, qui met fin à la
haute des castes. transmigration de l'âme. C'est l'équiva·
lent du Nirvâna, l'union de l'âme indi·
dharma: Ordre général de tout ce qui viduelle avec le Brahman, la Réalité su·
est et par lequel on juge qu'une action prême.
est bonne ou mauvaise.
OM, AUM: mot symbolique représen·
ghât: escalier en plate-forme sur les tant le Brahman et utilisé comme objet
berges d'une rivière. de méditation; on reconnaît en lui la vi·
bration mystique; il sert aussi de man·
guru: enseignant ou maître spirituel. tra.
Harijân: "peuple de Dieu"; nom bien· paramâtman: !'Esprit Suprême, l'at-
veillant donné par Mahâtma Gândhî man universel, identique au Brahman.
aux membres de la caste des Intou·
chables. pûjâ: culte.
japa: culte rendu à la Divinité par la sâdhu: saint homme hindou; un ascète
ou un yogi.
répétition d'un de ses noms; le fidèle
pratique cet exercice à l'aide d'un samsâra: transmigration d'une âme im·
malâ, un chapelet à 108 grains. mortelle.
De gauche à droite: mahant hindou; sâdhu debout en méditation; guru au Népal.

Shakti: énergie féminine ou épouse Upanishad: anciens textes à caractère


d'une divinité; s'applique particulière· poétique comptant parmi les écrits sacrés
ment à l'épouse de Shiva. de l'hindouisme; ils sont aussi appelés Ve·
dânta, "Fin du Veda".
shraddhâ: rites importants destinés à
honorer les ancêtres et à aider l'âme Vaishya: marchands et paysans; la troi·
des défunts à réaliser le moksha. sième des castes de la société hindoue.
Shûdra: ouvriers, la plus basse des Veda: écrits sacrés à forme poétique, les
quatre castes hindoues. plus anciens textes de la littérature in·
dienne.
svâmi: enseignant ou chef spirituel de
Yoga: de la racine Yuj, "unir", "relier";
haut niveau. recherche de l'union avec le Principe uni·
tilaka: marque apposée sur le front, si· verse!. On le connaît surtout comme une
gnifümt que le fidèle se souvient du technique de méditation associée à des
Seigneur dans toutes ses activités. postures et à des exercices respiratoires.
L'hindouisme distingue au moins quatre
Trimûrti: trinité hindoue formée de principales formes de yoga, ou voies. Voir
Brahmâ, Vishnu et Shiva. page 110.
)

\
Nonnes jaïna
portant
le mukha-vastrlka,
ou écran,
pour éviter de tuer
un insecte
en l'avalant.

risquer d'avaler un insecte. (Voir l'encadré de la page 104 et


la photographie de la page 108.) Les sikh, à l'opposé, sont
connus pour leurs traditions guerrières. "Singh", nom de
famille courant dans leur communauté, signifie "lion". -
Voir l'encadré des pages 100 et 101. 11-
16 Une des caractéristiques les plus connues de l'hin-
douisme est son système de castes (varna), une structure qui
divise la société en classes rigides. (Voir l'encadré de la
page 113.) Un observateur ne manquera pas de s'apercevoir
que ce système de stratification sociale, pourtant rejeté par
les bouddhistes et les jaïna, cloisonne encore la société
hindoue. Comparable à la discrimination raciale qui subsiste
aux Etats-Unis ou ailleurs, le système des castes reste pro-
fondément ancré dans la mentalité indienne. On pourrait
rapprocher la conscience de classe des hindous à celle qui
existe toujours, à un degré moindre, dans la société britan-
nique ou dans d'autres nations (Jacques 2:1-9). En Inde, on
naît au sein d'un système de castes rigoureux, auquel il
est pratiquement impossible d'échapper. Du reste, l'hin-
dou moyen ne cherche pas à s'y soustraire. Il considère le
sort qui lui échoit comme prédéterminé, inéluctable; c'est
16. a) Comment la plupart des hindous considèrent-ils le système
des castes? b) Qu'a déclaré Gândhî à propos de ce système?
108 L'humanité à la recherche de Dieu
pour lui le fruit de son Karma, la rétribution des actes qu'il
a accomplis lors d'une vie antérieure. Mais comment les
castes sont-elles apparues? Cette question nous oriente, une
fois de plus, vers la mythologie hindoue.
17
D'après la mythologie de l'Inde, il y avait à l'origine
quatre grandes castes originelles correspondant aux diverses
parties du corps de Purusha, l'"Homme primordial". Les
strophes du Rig-Veda déclarent:
"Lorsque les Dieux eurent découpé l'Homme, comment en
disposèrent-ils (les parts)?
Que (devint) sa bouche? que (devinrent) ses bras? comment
furent appelés ses cuisses et ses pieds?
Sa bouche devint le brahmane [membre de la plus haute des
castes]; ses deux bras, le noble [râjanya);
Ses deux cuisses, le producteur [Vaishya); le serf[Shûdra)
quant à lui naquit de ses deux pieds." - Cosmogonies vé-
diques.
18 On estime donc que les brahmanes (brâhmana ), mem-
bres de la caste sacerdotale, la plus élevée de toutes, sont nés
de la bouche de Purusha, la partie la plus noble de son corps.
Les Kshatriya, ou Râjanya (administrateurs et hommes de
guerre), sont issus de ses bras. La classe des marchands et
des paysans, les Vaishya (Vaiçya ), est sortie de ses cuisses. La
caste inférieure, les Shûdra (Çûdra), est une classe d'ouvriers
provenant de ses pieds, la partie la plus basse de son corps.
19 Au fil des siècles sont même apparues des castes de plus

basse condition: les hors-castes et les Intouchables, que


Mahâtma Gândhî appela avec plus de bienveillance les Ha-
rijân, "peuple du dieu Vishnu". Même si l'intouchabilité a été
abrogée en Inde en 1948, les Intouchables n'en continuent
pas moins à mener une existence très rude.
17, 18. D'après la mythologie de l'Inde, quelle est l'origine du
système des castes?
19. Quelles autres castes ont fait leur apparition?
L 'hindouisme: À la recherche de la Délivrance 109
~atre fafons de réaliser le moksha
L'hindouisme offre au moins quatre façons de réaliser le
moksha, la délivrance de l'âme. Ces voies sont aussi appelées
yoga ou mârga.
!. Karma-yoga: "La voie de l'action, ou ques permettant de connaître la nature
karma-yoga, discipline de l'action. du Soi et de l'univers. Le mot d'ordre
Karma-mârga désigne avant tout l'ac- du jnâna·mârga: ne pas agir, être.
complissement du dharma qui s'appli- [C'est nous qui soulignons.] Mieux,
que aux êtres selon leur condition. Cer- cette voie permet à ceux qui s'y adon-
tains devoirs incombent à tous, tels que nent d'atteindre le moksha dès la vie
l'ahimsâ, l'abstention d'alcool et de présente." (Les grandes religions
viande, mais le dharma personnel dé- d'Asie). Ce yoga introspectif, qui s'ac-
pend de la caste et de l'état de vie de compagne de privations et se pratique
chacun." - Les grandes religions d'Asie à l'écart du monde, exige maîtrise de
(angl.). soi et reniement
Ce Karma se pratique dans les strictes 3. Bhakti-yoga: "Aspect aujourd'hui
limites de la caste, dont on préserve la le plus populaire de la tradition hin-
pureté en s'interdisant de se marier ou doue. C'est la voie de la dévotion, en·
de manger avec un membre d'un groupe core appelée bhakti-mârga. Plus facile
social différent, chaque caste étant déter· et plus spontanée que le karma-mârga,
minée par le Karma accumulé lors d'une ( ...) la bhakti est ouverte à tous, hom-
mes et femmes de tous âges et de toutes
existence antérieure. On considère donc
castes. ( ...) [Elle] laisse libre cours à
l'appartenance à telle ou telle caste non l'émotion et aux désirs plutôt que de
comme une injustice, mais comme le ré· chercher à les dominer par un yoga
sultat d'une précédente incarnation. La d'ascèse ( ...). (Elle] consiste exclusive-
philosophie hindoue ne place pas tous ment à s'attacher à des êtres divins."
les hommes et toutes les femmes sur le Ajoutons qu'il y a 330 millions de
même pied d'égalité; elle tient compte dieux à vénérer. Selon cette doctrine
de leur caste, de leur sexe et de leur cou- traditionnelle, connaître, c'est aimer.
leur, les peaux les plus claires étant d'or- En somme, la bhakti peut se définir
dinaire l'apanage des castes les plus éle· comme "l'attachement sentimental au
vées. dieu que l'on s'est choisi". - Les gran-
2. Jiiâna-yoga: "La voie de la connais· des religions d'Asie.
sance, ou jnâna-yoga, discipline de la 4. Râja-yoga: Méthode faisant interve-
connaissance. Contrairement à la voie de nir "des postures spéciales, des techni-
l'action, karma-mârga, qui impose des ques respiratoires et la répétition ryth-
devoirs spécifiques à chaque circons· mique de formules appropriées". (Les
tance de la vie, jfiâna-mârga fournit des religions de l'humanité [ angl.).) Elle
méthodes philosophiques et psychologi· corn pte huit degrés.
20
Le temps passant, les castes se sont diversifiées, au
point de devenir presque aussi nombreuses que les métiers
qui se pratiquent en Inde. En réalité, cet ancien système de
castes, qui assigne à chacun une place dans la hiérarchie
sociale, repose également sur des découpes raciales. Il "prend
en compte différents types raciaux, des 'Aryens' [à la peau
claire], aux peuples de souche prédravidienne (plus sombres
de peau]". Le terme "varna", rendu par caste, signifie
"couleur". "Les trois castes supérieures étaient composées
d'Aryens, au teint clair; la quatrième, qui englobait les abo-
rigènes à la peau sombre, n'était pas aryenne." (Myths and
Legends Series - India, Donald Mackenzie). Il est avéré que
le système des castes en vigueur en Inde et appuyé par la
doctrine du Karma condamne des millions de gens à souffrir
perpétuellement de la pauvreté et de l'injustice.
Le terrible cycle des existences
21
L'éthique et le comportement d'un hindou sont intime-
ment liés à une autre croyance fondamentale: la loi du
Karma, selon laquelle chaque acte porte des fruits, bons ou
mauvais. C'est le Karma qui détermine chacune des renais-
sances que connaîtra l'âme par le jeu de la transmigration,
ou réincarnation. Le GarwJ,a-Purava donne ces explications:
"L'homme crée lui-même son propre destin, et même dans sa
vie fœtale il subit la dynamique des œuvres accomplies au
cours de son existence antérieure. Qu'il se terre dans la mon-
tagne ou s'assoupisse au cœur de la mer, qu'il soit en sécurité
sur les genoux de sa mère ou tenu à bout de bras au-dessus
de la tête maternelle, l'homme ne peut échapper à ses actions
passées. ( ... ) Quel que soit le moment, ou quelle que soit
l'époque, tout ce qui doit lui advenir l'atteindra à coup sûr,
exactement à la date prévue."
20. Décrivez d'autres aspects du système des castes.
21. Selon le Garuçta-Purâ1J,Cl, comment le Karma détermine-Hl le
destin d'une personne?
L'hindouisme: À la recherche de la Délivrance 111
On lit encore:
"La connaissance acquise durant l'existence précédente, les
biens offerts par charité au cours de la vie antérieure et les
œuvres accomplies lors d'une incarnation antérieure, tout
cela précède l'âme de l'homme dans le lieu où elle se rend."
22
Sur quoi s'articule cette croyance? La doctrine du
Karma est indissociable de la notion d'âme immortelle, mais
elle imprime à cette notion un sens différent de celui que lui
prête la chrétienté. Les hindous croient que chaque âme
individuelle, jîva ou prém*, connaît de multiples réincarna-
tions et peut-être aussi l' "enfer". Elle doit donc s'efforcer de
s'unir à la "Réalité suprême", au Brahman, ou Brahm (à ne
pas confondre avec le dieu hindou Brahmâ). Dans la chré-
tienté, en revanche, l'âme peut avoir différentes destinées au
gré des convictions de chacun: le ciel, l'enfer, le purgatoire
ou les limbes. - Ecclésiaste 9:5, 6, 10; Psaume 146:4.
2
3 Un des effets de la croyance au Karma se manifeste
chez les hindous par une tendance au fatalisme. Ils estiment
que le statut social et les conditions d'existence d'un indi-
vidu sont la juste rétribution d'actes antérieurs toujours
mérités, quels qu'ils soient. L'hindou peut s'efforcer d'accu-
muler du bon Karma et espérer renaître dans un contexte
plus supportable. Voilà pourquoi il se résoudra plus facile-
ment à son sort qu'un Occidental. Un hindou voit en cela un
principe de causalité lié à son existence précédente, principe
qui consisterait à moissonner durant sa vie ce qu'on aurait
semé au cours d'une vie antérieure. Ce concept est bien sûr
• Le mot sanskrit atma, ou atman, souvent rendu par "âme", corres-
pond plus exactement au mot "esprit". - Voir le Dictionnaire des religions
de Paul Poupard (PUF), page 119, et la brochure La victoire sur la mort:
est·elle à votre portée? publiée en 1986 par la Watchtower Bible and Tract
Society of New York, Inc.

22. a) De quelles façons différentes conçoit-on la destinée de


l'âme après la mort dans l'hindouisme et dans la chrétienté?
b) Qu'enseigne la Bible sur l'âme?
23. Comment la croyance au Karma rejaillit-elle sur la façon dont
les hindous considèrent l'existence? (Voir Galates 6:7-10.)
112 L ' humanité à la recherche de Dieu
Afahâtma Gândhî et le système des castes

Mahâtma
Gândhî
(1869-1948),
illustre
leader
hindou
et défenseur
de l'ahimsâ.

"La non-violence est mon pre- et à la hiérarchisation du système


mier article de foi. C'est aussi le des castes, et il promut l'égalité
dernier article de mon credo." - des sexes dans tous les domaines."
Mahâtma Gândhî, 23 mars 1922. Comment Gândhî considérait-il
Mahâtma Gândhî, qui milita pour le sort réservé aux Intouchables?
l'indépendance de l'Inde (admise Dans une lettre adressée àJawâhar-
par la Grande-Bretagne en 1947) à lâl Nehru le 2 mai 1933, il écrivit:
la tête d'un mouvement non vio- "Le mouvement Harijân a pris trop
lent, se rendit également célèbre en d'ampleur pour qu'on se contente
luttant pour que des millions d'hin- d'y réfléchir. On ne peut rien ima-
giner de pire. Pourtant, je ne peux
dous comme lui accèdent à de meil-
me résoudre à me couper de la reli-
leures conditions de vie. Le profes- gion, ni par conséquent de l'hin-
seur indien M. Rege explique: "ll fit douisme, sans lequel la vie me pè-
de l'aht7J1Sa (la non-violence) sa serait. Atravers l'hindouisme,
base doctrinale; il voyait en elle un j'aime le christianisme, j'aime l'is-
moyen d'assurer à chacun dignité lam et bien d'autres religions
et bien-être. Il déniait toute auto- encore. ( ... ) Mais je ne peux le souf-
rité aux textes hindous qui allaient frir quand il s'accompagne de l'in-
à l'encontre de l'ahi1f1sa. Il s'atta- touchabilité." - The Essenttal
qua avec courage à l'intouchabilité Gandhi.
totalement subordonné à la croyance à une âme humaine
immortelle et à sa faculté de passer d'une vie à une autre,
qu'elle soit humaine, animale ou végétale.
24 Quel est en définitive le but ultime de la foi hindoue?

Réaliser le moksha, la libération ou délivrance du cycle


douloureux des renaissances et des existences successives.
C'est pour l' "âme", non pour le corps, échapper à la nécessité
de s'incarner à nouveau. "Chaque hindou souhaitant accéder
au moksha, c'est-à-dire en finir avec une longue suite d'in-
carnations, sa mort, a-t-on pu lire, est l'événement le plus
important de sa vie." La réalisation du moksha passe par
plusieurs voies, ou mârga. (Voir l'encadré de la page llO.) Il
est surprenant de constater tout ce que cette doctrine doit à
la notion d'immortalité de l'âme enseignée dans la Babylone
antique.
25 Toutefois, selon la Bible, le mépris de la vie matérielle

est aux antipodes du dessein que Jéhovah Dieu conçut à


l'origine pour l'humanité. Ayant créé le premier homme et
la première femme, il leur offrit de goûter sur la terre une
vie heureuse et pleine d'agréments. La Bible le relate en ces
termes:
"Et Dieu se mit à créer l'homme à son image, à l'image de
Dieu il le créa; il les créa mâle et femelle. En outre, Dieu les
bénit et Dieu leur dit: 'Soyez féconds, et devenez nombreux,
et remplissez la terre, et soumettez-la, et tenez dans la sou-
mission les poissons de la mer, et les créatures volantes des
cieux, et toute créature vivante qui se meut sur la terre.'( ... )
Après cela, Dieu vit tout ce qu'il avait fait et voici que cela
était très bon." (Genèse 1:27-31).
La Bible annonce que la terre va prochainement entrer dans
une ère de paix et de justice. Chaque famille disposera d'un
24. Qu'est-ce que le moksha, et comment chaque hindou espère-
t-il le réaliser?
25. En quoi la façon dont les hindous considèrent la vie diffère-
t-elle des vues exprimées dans la Bible?
114 L'humanité à la recherche de Dieu
logement décent et jouira d'une santé parfaite. Les hommes
se verront offrir une vie sans fin. - Esaïe 65:17-25; 2 Pierre
3:13; Révélation 21:1 -4.
26 Parlons à présent des dieux auxquels doit plaire un
hindou en quête d'un bon Karma.
Le panthéon hindou
27
Bien que l'hindouisme soit à même de revendiquer des
millions de divinités, dans la pratique quelques dieux seule-
ment ont polarisé la vénération des diverses sectes hindouis-
tes. Trois des plus grands dieux de l'Inde coexistent au sein
de la "Trimûrti", une trinité ou triade de dieux. - L'encadré
des pages 116 et 117 dresse une liste d'autres dieux hindous.
28
Cette triade se compose de Brahmâ le Créateur, de
Vishnu le Conservateur et de Shiva le Destructeur. Tous trois
ont au moins une épouse ou parèdre. Brahmâ est l'époux de
Sarasvatî, la déesse du savoir. Vishnu a pour femme Lakshmî,
tandis que Shiva eut pour première épouse Satî, qui se donna
la mort. Elle fut la première femme à pratiquer la suttie en
s'immolant par le feu. Observant son exemple mythique, des
milliers de veuves indiennes se sont volontairement laissées
26. A quelle question nous faut-il répondre à présent?
27, 28. a) De quels dieux la Trimûrti hindoue se compose-t-elle?
b) Qui sont leurs épouses ou parèdres? c) Citez d'autres dieux et
déesses hindous.

Le culte
du serpent
se pratique
surtout
au Bengale.
La divinité
des serpents
a pour nom
Manasâ.
~elques dieux et déesses de l'hindouisme
truction. On la représente souvent avec

~
une longue langue rouge qui lui sort de
la bouche.
Krishna: huitième incarnation de
Vishnu et divinité espiègle de la Bhaga·
vad·Gïta. Il est l'amant des gopî, ou va·
chères.
Aditî: mère des dieux; déesse du ciel.
L'Infini (s'écrit alors Aditi ). Lakshmî: déesse de la beauté et de la
Agni: dieu du feu. chance; parèdre de V1Shnu.
Bouddha: Gautama, fondateur du Manasâ: divinité des serpents.
bouddhisme; les hindous voient en lui Manu: progéniteur de la race humaine;
une incarnation ( avatâra) de Vishnu. il fut sauvé du déluge par un grand pois·
Brahmâ: le Dieu Créateur, principe de son.
la création de l'univers. Un des dieux de Mitra: dieu de la lumière. Les Romains le
la Tri.mûrti (triade). connaissaient sous le nom de Mithra.
Brahman, ou Brahm: la réalité su· Nandi: le taureau, monture de Shiva.
prême et cranscendante de l'univers, re·
présenté par la syllabe OM ou AUM Nâtarâja: Shiva dansant au milieu d'un
(voir son symbole ci-dessus). On l'assi· cercle de flammes.
mile aussi à l' Atman. Certains hindous Pârvatî ou Umâ: parèdre de Shiva Elle
considèrent le Brahman comme un paraît également sous les traits des dées·
principe divin impersonne~ ou !'Ultime ses Durgâ ou Kâlî.
Réalité.
Prajâpati: Créateur del'univers, "Sei·
Durgâ: épouse ou sha.kti de Shiva; gneur des créatures", père des dieux, des
identifiée à Kâlî. démons et de toutes les autres créatures.
Ganesha: fils de Shiva, dieu à tête Il recevra par la suite le nom de
d'éléphant, "Celui qui enlève les obsta· Brahmâ.
des", dieu de la chance. On le nomme Purusha: "homme cosmique", dont le
aussi Ganapati et Gajânana. démembrement fut à l'origine des quatre
Gangâ: une des épouses de Shiva et grandes castes.
personnification du Gange. Râdhâ: compagne de Krishna.
Hanumân: dieu singe, fidèle disciple de Râma, Râmachandra: septième incar·
Râma. nation de Vishnu. L'épopée du Ra·
Himâlaya: "domaine des neiges", père maya~a relate l'histoire de Rima et de
de Pârvatî. sa femme Sîtâ.
Kâlî: parèdre noire de Shiva (sa Sarasvatî: déesse du savoir et sha.kti de
sha.kti) et déesse sanguinaire de la des· Brahmâ le Créateur.
De gaucheà droite en tournant: Nâtarâja (Shiva dansant); Sarasvaû;
Krishna; Durgâ (Kâlî).

Shashth1: déesse qui protège la femme Soma: terme qui désigne une divinité
et l'enfant lors de l'accouchement et une drogue; l'élixir de longue vie.
ShiVll: dieu de la fertilité, de la mort et Vishnu: le Conservateur de la vie; le
troisième membre de la Trimûrti.
de la destruction; un des membres de la (Sources: Dictionnaire de la dvilisation
Trimûrti. Il a pour symboles le trident indienne; Dictionnaire de la sagesse
et le pballus. orientale.)
Vishnu, en compagnie de son épouse Lakshmî, repose
sur les anneaux enroulés du serpent Ananta, tandis que s'élève
de son nombril un lotus portant le dieu Brahmâ à quatre têtes.

brûler vives sur le bûcher funéraire de leur mari. Cette


coutume, qui s'est perpétuée des siècles durant, est aujour-
d'hui interdite par la loi. Shiva a une autre épouse, qui porte
divers noms et titres. Paisible sous la forme de Pârvatî, de
Umâ ou encore de Gaurî, la Fauve, elle est aussi une divinité
terrible quand elle a pour nom Durgâ ou Kâlî.
29 Pour être la figure centrale de la mythologie hindoue,

Brahmâ n'occupe pourtant qu'une place minime auprès de


la masse des fidèles. Malgré son épithète de Créateur, il ne
possède d'ailleurs que très peu de sanctuaires. La mythologie
29. Quelle place les hindous accordent-ils à Brahmâ? (Voir Actes
17:22-31.)
118 L'humanité à la recherche de Dieu
attribue la création de l'univers matériel à une cause, un
principe, un Etre suprême - Brahman ou Brahm, que l'on
symbolise par la syllabe sacrée OM, ou AUM. Les trois mem-
bres de la triade hindoue sont vus comme des éléments de
cet "Etre premier"; tous les autres dieux en sont des mani-
festations. Quel que soit donc le dieu que l'on place au rang
suprême, cette divinité englobe tout. Voilà pourquoi, bien
qu'ils vénèrent ouvertement des millions de dieux, la plu-
part des hindous ne reconnaissent qu'un seul Dieu véritable,
susceptible de revêtir des formes multiples, masculines, fé-
minines et même animales. Partant, les indianistes sont
prompts à faire valoir le caractère résolument monothéiste
de l'hindouisme. L'évolution de la pensée védique a toute-
fois amené la dissolution de la notion d'Etre suprême au
profit d'une réalité, d'un principe divin impersonnel.
3o Vishnu, dieu solaire et cosmique à valeur bienveillante,
est la divinité principale des adeptes du vaishnavisme. On le
retrouve à travers dix avatâra (incarnations), dont ceux de
Râma, de Krishna et du Bouddha*. Une autre manifestation
de Vishnu est l'avatâra Nârâyana, que l'on représente "sous
la forme d'un homme endormi sur les anneaux du serpent
Shesha ou Ananta. Il flotte sur l'océan cosmique en compa-
gnie de son épouse, la déesse Lakshmî, assise à ses pieds. De
son nombril sort un lotus duquel surgit le dieu Brahmâ". -
The Encyclopedia of World Faiths.
31 Shiva, encore appelé Maheshvara (le Maître Absolu) et

Mahâdeva (le Grand Dieu), est la deuxième divinité majeure


• Le dixième avatâra, encore à venir, est le Kalki, que l'on dépeint "sous
les traits d'un jeune homme éblouissant monté sur un cheval blanc et
tenant une épée qui rayonne comme un météore, semant de toutes pans
la mort et la destruction". "Il viendra rétablir la justice sur la terre et
restaurer une ère de pureté et d'innocence." - Les religions de l 'Inde
( angl. ); Dictionnaire d'hindouisme ( angl. ). - Voir Révélation 19: 11-16.

30. Décrivez quelques-uns des avatâra de Vishnu?


31. Quel genre de dieu Shiva est-il?
L ·hindouisme: À la recherche de la Délivrance 119
de l'hindouisme. Son culte a pour nom le shaivisme. On
décrit Shiva comme "l'Ascète, le grand yogin, celui qui, assis,
le corps couvert de cendres et la chevelure tressée, s'absorbe
dans la méditation sur les pentes des Himâlaya". Il est
également célèbre "pour son érotisme, tant dans son rôle de
dieu de la fertilité qu'en sa qualité de Mahâdeva, le Seigneur
de l'univers". (The Encyclopedia of World Faiths.) On l'adore
au travers du linga, un symbole phallique. - Voir les pho-
tographies de la page 99.
32 Comme beaucoup d'autres religions, l'hindouisme vé-

nère une Grande Déesse, tantôt aimable, tantôt redoutable.


32. a) Quels aspects la déesse Kâli revêt-elle? b) Comment son
culte a-t-il fourni la racine d'un mot anglais?

ijne version indienne du déluge


"A Manu [progéniteur et pre- tructeur viendra; construis alors
mier législateur de la race hu- une nef et viens à moi. Lorsque le
maine], certain matin, on apporta flot sera là, tu monteras dans ta
de l'eau pour qu'il se lave les nef et je te sauverai!' "
mains ( ... ). Or, tandis qu'il faisait
ses ablutions voici qu'un poisson Manu suivit les instructions que
[Matsya, un avatâra de Vishnu] se le poisson lui avait données.
trouva dans ses mains! Quand le flot destructeur arriva,
"et ce poisson lui dit: 'garde- le poisson remorqua la nef jus-
moi avec toi, je te sauverai!' - 'et qu'aux "montagnes qui sont dans
de quoi me sauveras-tu?' lui de- le Nord. Arrivés là: 'je t 'ai sauvé',
manda Manu. - 'Un flot viendra dit le poisson, 'maintenant, atta-
qui emportera toutes créatures che ta nef à un arbre, mais tant
ici-bas: c'est de cela que je te sau- que tu resteras sur cette montagne
verai!' - 'Te garder!' reprit prends garde de n'être point
Manu 'mais comment?' " coupé de l'eau: au fur et à mesure
Le poisson expliqua à Manu ce qu'elle descendra, descends à sa
qu'il attendait de lui. Après quoi, suite.' " - Satapatha-Brdhma1;1a
"il continua d'expliquer à Manu: ( traduit du sanskrit par jean Va-
'telle ou telle année, un flot des- renne); voir Genèse 6:9 à 8:22.
Sous son visage le plus séduisant, c'est Pârvatî, ou encore
Umâ. Mais elle prend aussi un aspect terrifiant sous les traits
de Durgâ ou de Kâlî, déesse cruelle qui se repaît de sacrifices
sanglants. En tant que Divine Mère, Kâlî Mâ (Mère noire de
la terre) est la divinité de prédilection des adeptes du shak-
tisme. Représentée sous la forme d'une femme nue jus-
qu'aux hanches, elle est parée d'ornements macabres, de
serpents et de crânes. Autrefois, certains de ses sectateurs, les
Thugs, lui offraient des victimes humaines en les étranglant.
De leur nom dérive le mot anglais "thug", "étrangleur, assas-
sin" .
Le rôle du Gange dans l'hindouisme
33 Il est impossible de parler du panthéon hindou en

passant sous silence le plus sacré des fleuves de l'Inde, le


Gange. La mythologie hindoue a souvent un lien direct avec
celle que les dévots hindous nomment Garigâ Mâtâ, "notre
Mère le Gange". (Voir la carte de la page 123.) Une prière dite
en son honneur lui donne 108 noms différents. Pourquoi les
fidèles hindous vénèrent-ils ce fleuve avec tant de zèle?
Parce que non seulement le Gange assure l'essentiel de leur
subsistance, mais aussi parce qu'il a des sources mythiques.
Les hindous pensent en effet que le Gange coulait autrefois
dans les cieux, où il formait la Voie lactée. Comment est-il
devenu un fleuve terrestre?
34 A quelques variantes près, la plupart des hindous
l'expliqueraient ainsi: Mahârâjah Sagara avait 60000 fils qui
furent consumés par le feu de Kapila, une des manifestations
de Vishnu. Leur âme fut condamnée à rester en enfer, à
moins que la déesse Gangâ n'accepte de descendre des cieux
pour les purifier et ôter la malédiction qui pesait sur
eux. Bhâgîratha, un petit-fils de Sagara, implora Brahmâ
d'envoyer sur la terre la Gangâ céleste. Voici une des
33. Pourquoi les hindous tiennent-ils le Gange pour sacré?
34. Selon une légende hindoue, comment le Gange aurait-il pris
naissance?
L 'hindouisme: À la recherche de la Déli vrance 121
versions de ce qui arriva alors: " 'Comment pourrais-je des-
cendre sur la terre?' répondit Ganga. 'Je suis un torrent si
puissant que je fracasserais le soubassement de la terre.'
Aussi, [Bhâgîratha ], après avoir fait pénitence pendant mille
ans, alla-Hl trouver le dieu Çiva, le plus grand de tous les
ascètes, et le convainquit de se tenir au-dessus de la terre
parmi les roches et les glaces de !'Himalaya. Çiva avait les
cheveux tressés en chignon et il laissa Ganga descendre des
cieux sur sa chevelure qui absorba en douceur le choc
impétueux. Ganga alors s'écoula doucement sur la terre et
descendit des montagnes et à travers la plaine, apportant
l'eau et la vie à la terre desséchée." - De l'océan jusqu'au
ciel, Edmund Hillary.
3s Les adorateurs de Vishnu proposent une version assez
différente des origines du Gange en s'appuyant sur le Vi~r;,u­
Purar;,a, un texte ancien. Nous lisons:
"C'est à cet endroit [le saint trône de Vishnu) que prend sa
source le Gange qui efface tous les péchés( ... ). Il jaillit de
l'ongle du gros orteil gauche de Vishnu.''
Ou, comme le dirait en sanskrit un adorateur de Vishnu:
"Visflu-padabja-sambhüta ·, c'est- à-dire "né du pied
pareil-au-lotus de Vishnu".
36 Les hindous prêtent au Gange le pouvoir de libérer, de

purifier et de guérir les croyants. Ainsi lit-on encore dans le


Vi~r;,u-Purar;,a:
"Purifiés par un bain dans ses eaux, et l'esprit absorbé en
Keshava [Vishnu), les saints obtiennent la Délivrance. Qu'on
en entende parler, qu'on le désire, qu'on le voie, qu'on le tou-
che, qu'on s'y baigne ou qu'on le chante, jour après jour le
fleuve sacré purifie tous les êtres. Même s'exclamer: 'Gangâ,
Gangâ!' à mille lieues suffit à racheter les péchés de trois vies
antérieures."
35. Comment les adorateurs de Vishnu expliquent-ils l'origine du
Gange?
36. Quelles vertus les hindous prêtent-ils aux eaux du Gange?
122 L'humanité à la recherche de Dieu
Le Gange pan:ourt
plus de 2 400 kilomètres
entre l'Him21aya et Calcutta
à l'embouchure du delta
du Bangladesh.

Ganga Matas' écoule


sur la tête de Shiva
et descend le long
de ses cheveux.

'INDE
Le Brahmâ'IJ4,a-Purâ'JJ,a ajoute:
"Un seul bain dévotionnel dans les eaux pures de la Gangâ
protège la famille de centaines de milliers de dangers. Les pé-
chés accumulés de génération en génération sont effacés. Il
suffit de se plonger dans la Gangâ pour être immédiatement
purifié."
37 Les hindous se pressent sur les berges du Gange pour

accomplir les rites de la pûjâ (service divin): offrandes de


fleurs et récitations de prières. Ils reçoivent aussi la tilaka,
une marque faite avec une pâte rouge ou jaune qu'un prêtre
leur dessine sur le front. Puis les fidèles entrent dans l'eau et
se livrent à leurs ablutions. Bien que le fleuve soit très pollué
par les égouts, les résidus chimiques et les cadavres qu'on y
rejette, nombreux sont-ils à boire un peu de son eau. L'attrait
spirituel du Gange est tel, en effet, que des millions d'hin-
dous aspirent à se baigner, ne serait-ce qu'une fois, dans leur
'fleuve sacré', qu'il soit propre ou non.
3s Des bûchers funéraires sont installés sur les berges du
fleuve. C'est là que l'on vient faire incinérer ses morts, dont
les cendres seront ensuite jetées dans l'eau; pratique réputée
donner à l'âme un passeport pour la félicité éternelle. Ceux
qui n'ont pas les moyens de payer une crémation se conten-
tent de confier au fleuve le corps enveloppé d'un linceul. Le
cadavre s'y décomposera ou servira de pâture aux charo-
gnards. Une question vient donc s'ajouter à celles que nous
avons déjà considérées: Qu'enseigne l'hindouisme sur la vie
après la mort?
L'hindouisme et l'tlme
39 La réponse se dégage de cet extrait de la Bhagavad-
Gitâ:
"A l'instant de la mort, l'âme prend un nouveau corps, aussi
37, 38. Pourquoi des millions d'hindous se pressent-ils sur les
berges du Gange?
39, 40. Qu'a dit un commentateur hindou au sujet de l'âme?
124 L ' humanité à la recherche de Dieu
naturellement qu'elle est passée, dans le précédent, de l'en-
fance à la jeunesse, puis à la vieillesse." - Chapitre 2, ver-
set 13.
40 Un hindou commente ainsi ce verset: "Chaque être est

une âme spirituelle, distincte de toute autre. A chaque ins-


tant celle-ci change de corps et se manifeste sous la forme
d'un enfant, puis d'un adolescent, d'un adulte, d'un vieillard.
Mais à travers ces mutations, elle reste identique à elle-même
et ne subit aucun changement. Finalement, à la mort de
l'enveloppe charnelle qu'elle habitait, cette âme transmigre
dans une autre. Sachant que l'âme est certaine de revêtir un
autre corps, matériel ou spirituel, pour une nouvelle vie,
Arjuna ne peut avoir aucune raison solide de se lamenter sur
[la mort]."
41 Cette explication, qui définit "chaque être" comme

étant une âme "distincte de toute autre", s'harmonise avec


ce que la Bible déclare en Genèse 2:7, savoir:
"Alors Jéhovah Dieu forma l'homme de la poussière du sol et
souffla dans ses narines le souffle de vie, et l'homme devint
une âme vivante."
Ceci posé, il importe de déterminer si l'homme, avec toutes
ses fonctions organiques et ses facultés mentales, est en
lui-même une âme, ou bien s'il possède une âme distincte de
son corps. Est-il ou a-t-il une âme? La citation qui suit lève
toute équivoque quant à la pensée hindoue.
42 Le verset 17 du 2e chapitre de la Bhagavad-Gîtâ stipule:

"Sache que ne peut être anéanti ce qui pénètre le corps tout


entier. Nul ne peut détruire l'âme impérissable."
Ce verset fait l'objet du commentaire que voici:
"Chaque corps est donc l'enveloppe charnelle d'une âme dis-
tincte, perceptible à travers la conscience individuelle, sa ma-
nifestation extérieure."
41. D'après la Bible, que faut-il distinguer à propos de l'âme?
42. Relativement à l'âme, en quoi l'hindouisme et la Bible diffè-
rent-ils?
L'hindouisme: À la recherche de la Délivrance 125
Alors que dans la Bible l'homme est une âme, dans l'hin-
douisme, par contre, il possède une âme. La différence est de
taille et ne manque pas de se répercuter sur les doctrines qui
découlent de l'une ou l'autre de ces conceptions. - Léviti-
que 24:17, 18.
43 La doctrine de l'immortalité de l'âme provient en der-

nière analyse d'un fonds très ancien de croyances religieu-


ses, la Babylone antique. Elle suppose logiquement une "vie
après la mort", dont les prolongements fournissent du reste
la matière de maints enseignements religieux; citons notam-
ment la réincarnation, le ciel, l'enfer, le purgatoire, les lim-
bes. Dans l'esprit des hindous, le ciel et l'enfer sont des lieux
par lesquels transite l'âme en attendant sa réincarnation. Un
autre aspect remarquable de l'hindouisme est la façon dont
il envisage l'enfer.
L'enfer vu par les hindous
44
On lit dans la Bhagavad-Gïta:
"Pour les hommes dont la famille n'est plus régie par l'ordre,
ô Janârdana, il est une demeure assurée en enfer!" - Chant I,
44; collection Points, série Sagesses, Fayard 1972.
Ce verset est ainsi commenté: "L'homme doit [se] purifier de
tous ses actes coupables. S'il y manque, ses actions déméri-
toires le forceront à renaître sur des planètes infernales, où
il mènera une vie des plus misérables." On notera cependant
une légère divergence avec la doctrine des tourments éter-
nels enseignée dans la chrétienté: "Le [châtiment] ( ... )n'est
pas éternel." Mais quelle idée les hindous se font-ils de
l'enfer?
43. a) D'où la doctrine de l'immortalité de l'âme tire-t-elle son
origine? b) Quels en sont les prolongements?
44. A quoi savons-nous que l'hindouisme enseigne la doctrine des
tourments dans un enfer?
126 L'humanité à la recherche de Dieu
45 Le texte qui suit, extrait du MarkarJ,<jeya Purar:ia, décrit
les tribulations d'un pécheur:
"Les émissaires de Yama [le dieu de la mort) s'empressent de
le lier dans d'affreux nœuds coulants et le conduisent vers le
sud, tout tremblant sous les coups de bâton. Il pousse des
hurlements d'horreur et de désespoir tandis que les émissai-
res de Yama le traînent sur le sol couvert de Kusha [une
plante], d'épines, de fourmilières, de piquants et de pierres, le
sol d'où jaillissent des flammes par endroits, rempli de trous,
rendu incandescent par la chaleur du soleil, brûlé par ses
rayons. Entraîné par les terribles émissaires et dévoré par des
centaines de chacals, le pécheur se rend à la demeure de
Yama par le chemin de l'épouvante.( ... )
"Quand son corps est brûlé, il ressent d'intolérables brûlures;
et quand son corps est battu ou tailladé, il éprouve de violen-
tes douleurs.
"Par la destruction de son corps, et bien qu'elle en revête un
autre, la créature qui a commis des actes nuisibles endure
ainsi un supplice sans fin.( ... )
"Puis, pour que ses péchés soient complètement expiés, on
emmène le pécheur dans un autre enfer. Après être passé par
tous les enfers, il prend la forme d'un animal. S'incarnant en-
suite en vers, en insectes, en mouches, en bêtes féroces, en
moustiques, en éléphants, en arbres, en chevaux, en vaches
et en différentes formes de vies impures et misérables, il re-
vient à l'état humain, renaissant bossu, laid ou nain, ou Chân-
dâla Pukkasa."
46 Comparons maintenant ce récit avec ce que dit la Bible

à propos des morts:


"Les vivants, en effet, se rendent compte qu'ils mourront;
mais quant aux morts, ils ne se rendent compte de rien du
tout, et ils n'ont plus de salaire, car leur souvenir est oublié.
De plus, leur amour et leur haine et leur jalousie ont déjà péri,

45. Comment les tourments de l'enfer hindou ont-ils été décrits?


46, 47. Que dit la Bible sur la condition des morts, et que peut-on
en conclure?
L'hindouisme: À la recherche de la Délivrance 127
et ils n'ont plus de portion, pour des temps indéfinis, dans
tout ce qui doit se faire sous le soleil. Tout ce que ta main
trouve à faire, fais-le avec ta vigueur, car il n'y a ni œuvre, ni
combinaison, ni connaissance, ni sagesse dans le Schéol, le
lieu où tu vas." - Ecclésiaste 9:5, 6, 10.
47
Si, comme l'affirme la Bible, l'homme ne possède pas
une âme, mais qu'il est lui-même une âme, cela revient à dire
que l'existence consciente cesse avec la mort et que l'homme
n'éprouve plus alors ni félicité ni souffrance. La doctrine
confuse de l' "au-delà" perd du même coup toute consis-
tance*.
Un rival apparaît
48
Cet examen nécessairement rapide de l'hindouisme
a révélé une religion d'aspect polythéiste, mais d'essence
monothéiste, centrée sur la croyance au Brahman, la cause,
le principe, l'Etre suprême, symbolisé par la syllabe sacrée
OM, ou AUM, et apte à revêtir divers noms et formes.
L'hindouisme enseigne aussi la tolérance et encourage à se
montrer bon envers les animaux.
49 Par contre, certaines facettes de l'hindouisme - la loi

du Karma et le système injuste des castes, l'idolâtrie et les


divergences relevées dans les mythes - ont conduit des
penseurs à s'interroger sur les vertus de cette foi. L'un d'eux
naquit dans le nord-est de l'Inde vers 560 avant notre ère. Il
s'appelait Siddhârtha Gautama. Il fonda une religion qui, à
défaut de se développer en Inde, s'épanouit surtout à l'exté-
rieur, comme va le montrer le chapitre suivant. Cette nou-
velle religion reçut un nom: le bouddhisme.
• La résurrection des morts dont il est question dans la Bible n'est pas
apparentée à la doctrine de l'immortalité de l'âme. Voir le chapitre 10.

48, 49. a) En guise de révision, rappelez quelques enseignements


de l'hindouisme. b) Pourquoi certains penseurs se som-ils interro-
gés sur les vertus de la foi hindoue? c) Quel personnage allait
remettre en cause la pensée hindoue?
128 L'humanité à la recherche de Dieu
_ _ _ _ _ _ _ _CHAPITRE6 _ _ _ _ _ _ __

Le bouddhisme:
Àla recherche de l1llumination,
mais sans Dieu
Ru connu hors d'Asie au début du xxe siècle, le boud-
dhisme est aujourd'hui une des grandes religions mondia-
les. Beaucoup d'Occidentaux sont surpris de le voir
s'implanter jusque dans leur voisinage. Sa propagation
s'explique en grande partie par la présence de réfugiés un
peu partout dans le monde. Des communautés asiatiques
assez importantes se sont notamment fixées en Europe de
l'Ouest, en Amérique du Nord et en Australie. Et lorsque les
immigrants, dont le nombre va croissant, s'installent dans
un pays d'adoption, ils apportent leur religion avec eux.
C'est ainsi que de plus en plus d'Occidentaux se trouvent
pour la première fois au contact du bouddhisme. Ajoutons
le laxisme et l'appauvrissement spirituel des Eglises tradi-
tionnelles, et l'on comprendra pourquoi certains se conver-
tissent à cette "nouvelle" religion. - 2 Timothée 3:1, 5.
2
Selon !'Annuaire 1989 de !'Encyclopédie britannique, le
bouddhisme totaliserait quelque 300 millions d'adeptes,
dont 200000 en Europe occidentale, 200000 en Amérique
du Nord, 500000 en Amérique latine et 300000 en Union
soviétique. La plupart des fidèles, cependant, vivent dans
des pays d'Asie, tels que Sri Lanka, Myanma (la Birmanie), la
1. a) Quelle place le bouddhisme a-t-il prise dans la société occi-
dentale? b) Comment s'est-il propagé en Occident?
2. Où trouve-t-on aujourd'hui des adeptes du bouddhisme?
Le bouddhisme: À la recherche de l 'illumination 129
Thaïlande, le Japon, la Corée et la Chine. Mais, se deman-
dera-t-on, qui était le Bouddha? Comment le bouddhisme
a-t-il pris naissance? Quels sont ses enseignements et ses
pratiques?
Le problème des sources
3 "La vie du Bouddha nous apparaît surtout à travers les
textes canoniques, dont les plus riches et les plus complets
ont été rédigés en pâli, une ancienne langue de l'Inde." (Les
religions dans le monde - de ! 'Antiquité à nos jours [angl. ]).
En clair, cela signifie que l'on ne dispose d'aucune source
d'époque susceptible de nous renseigner sur Siddhârtha
Gautama, le fondateur du bouddhisme, qui vivait dans le
nord de l'Inde au VIe siècle avant notre ère. C'est là, bien sûr,
une première difficulté. Une autre, plus sérieuse encore, est
de savoir à quand remontent les "textes canoniques" et
comment ils ont été élaborés.
4
D'après la tradition bouddhique, 500 moines se réuni-
rent en concile peu après la mort de Gautama pour fixer
l'enseignement authentique du Maître. Les lettrés boud-
dhistes et les historiens ne sont pas unanimes à reconnaître
l'historicité de ce concile. Retenons toutefois que selon les
textes bouddhiques eux-mêmes, l'enseignement authenti- 1
que établi à cette occasion ne fut pas couché par écrit, mais
confié à la mémoire des disciples. La rédaction des textes
sacrés ne devait intervenir que bien plus tard.
5 Si l'on se réfère à des chroniques sri-lankaises du IVe et

du VIe siècle de notre ère, les premiers "textes canoniques"


pâli furent rédigés sous le règne de Vattagâmani Abhaya, au
3. De quelles sources dispose-t-on sur la vie du Bouddha?
4. Comment l'enseignement authentique du Bouddha fut-il
d'abord préservé?
5. A quand remonte la rédaction des textes pâli?
130 L'humanité à la recherche de Dieu
Kôfu,Japon Â
T New York, États-Unis

Le style des temples bouddhiques varie selon les pays.

1er siècle avant notre ère. Les autres récits de la vie du Boud-
dha n'auraient pas été consignés avant le 1er, voire le vesiècle
de notre ère, soit près d'un millénaire après sa mort.
6 Comme le relève un dictionnaire (Abingdon llictionary

6. Quelles critiques formule-t-on à propos des "textes canoni-


ques"? (Voir 2 Timothée 3:16, 17.)
Le bouddhisme: À la recherche de l 'illumination 131
of Living Religions), "les 'biographies' sont à la fois tardives
et criblées de légendes et de mythes; en outre, les textes
canoniques les plus anciens cristallisent une longue tradi-
tion orale qui, semble-t-il, a souffert quelques retouches et
de nombreux ajouts". Un savant a même "soutenu que pas
un seul mot des enseignements mis par écrit ne pouvait,
avec une certitude totale, être attribué à Gautama". Ces cri-
tiques se justifient-elles?
Conception et naissance du Bouddha
7
Considérons les lignes qui suivent, empruntées auxjâ-
taka, une partie du canon pâli, et au Buddhacarita, une
biographie du Bouddha composée en sanskrit au IIe siècle
de notre ère. Voici tout d'abord comment la reine Mahâ-
mâyâ, la mère du Bouddha, aurait conçu son fils pendant la
célébration d'une fête estivale, alors qu'elle rêvait.
"Les quatre souverains divins des points cardinaux l'enlevè-
rent avec son lit et la portèrent sur l'Himâlaya ( ... ).Survinrent
les quatre femmes de ces souverains, qui emmenèrent la
reine au lac Anavatapta, où ils lui firent prendre un bain, afin
de la purifier de toute souillure humaine.( ... ) Ensuite, on la
conduisit vers une montagne d'argent, au milieu de laquelle
était une grotte d'or, arrangée comme un palais, et on fa dé-
posa sur un lit de repos, dont la tête était tournée vers
l'Orient. A ce moment, le Bodhisarva [le futur Bouddha] prit
la forme d'un Eléphant Blanc,( ... ) monta sur la Montagne
d'Argent,( ... ) et après avoir fait trois fois le tour du lit de re-
pos, en prenant la droite, en signe de respect, il ouvrit le flanc
droit de la reine, et entra ainsi dans son sein."
8Informé de ce rêve par sa femme, le roi fit venir, pour
interpréter le songe, 64 prêtres hindous éminents à qui il
7. Selon des textes bouddhiques, comment la mère du Bouddha
conçut-elle son fils?
8. Quelle prédiction fut énoncée quant à l'avenir du Bouddha?
132 L'humanité à la recherche de Dieu
Relief en pierre,
le Rêve de Mâyâ
(Gândhâra,
Pakistan),
représentant
le futur Bouddha
sous la forme
d'un éléphant blanc
auréolé, entrant
dans le flanc droit
de la reine Mâyâ
pour la féconder.

offrit de la nourriture et des vêtements. Il obtint cette ré-


ponse:
"Ne soyez pas inquiet, ô Roi; la reine a conçu et mettra au
monde un fils( ...). S'il vit dans le monde il deviendra un Roi
qui sera le maître de la terre; s'il renonce au monde, il devien-
dra un Bouddha qui écartera, dans l'univers, le voile du pé-
ché et de la folie."
9 Sur ce, 32 signes miraculeux se seraient produits:
"Les dix mille mondes se mirent soudain à trembler, à frémir
et à s'agiter.( ...) Le feu des enfers s'éteignit;( ... ) toutes les
créatures guérirent de leurs maladies;( ...) les instruments de
musique rendirent des sons sans qu'on en jouât;(... ) l'eau de
la mer devint douce;( ... ) les dix mille mondes formèrent en-
semble des couronnes de fleurs ( ... ) délicieusement belles à
voir."
10Puis le Bouddha naquit de façon insolite dans un parc
planté de sals, le bois de Lumbinî. Parvenue au pied d'un sal
9. Quels événements extraordinaires auraient suivi la déclaration
annonçant ce que serait l'avenir du Bouddha?
10. En quels termes les textes sacrés bouddhiques décrivent-ils la
naissance du Bouddha?
Le bouddhisme: À la recherche de l 'illumination 133
Moines et fidèles bouddhistes dans un temple
à New York.

gigantesque, la reine voulut saisir l'une des branches; celle-


ci se pencha et se présenta à portée de sa main. Alors,
s'agrippant à la branche, elle accoucha debout.
"Il sortit du ventre de sa mère comme un prêcheur de la doc-
trine descendant du siège de la doctrine, comme un homme
qui descend un escalier, étendant ses deux mains et ses deux
pieds, pur de toute souillure du sein de sa mère( .. .)."
"Aussitôt né, le [futur Bouddha] se dressa sur ses deux pieds
et fit sept pas en direction du nord, un grand parasol blanc se
tenant au-dessus de lui, et, après s'être tourné successive-
ment vers chacun des autres points cardinaux, il s'écria d'une
voix triomphante: 'Dans le monde, je suis le plus excellent;
134 L'humanité à la recherche de Dieu
dans le monde, je suis le meilleur! C'est là ma dernière nais-
sance; il n'y aura plus désormais pour moi de nouvelle exis-
tence.'"
11
L'enfance du Bouddha, ses rencontres avec de jeunes
admiratrices, ses pérégrinations et presque tous les autres
événements de sa vie font également l'objet de récits d'une
égale luxuriance. Dès lors, il n'est guère surprenant que la
plupart des spécialistes ne prêtent à ces récits qu'une valeur
légendaire ou mythique. Un administrateur du British Mu-
seum laisse même entendre que cet "amoncellement de lé-
gendes et de miracles( ... ) interdit toute reconstitution de la
vie du Bouddha historique".
12
Parallèlement à ces mythes, un récit traditionnel de la
vie du Bouddha est aussi très répandu. Dans un ouvrage
moderne (Manuel de bouddhisme [angl.]) publié à Colombo
(Sri Lanka), on peut en lire cette version simplifiée:
"En 623 avant notre ère, le jour de la pleine lune du mois de
mai, naquit dans la région du Népal un prince indien de la li-
gnée des Shâkya, du nom de Siddhatta Gotama*. Son père
était le roi Suddhodana, et sa mère la reine Mahâmâyâ. Il fut
élevé par Mahâpajâpatî Gotamî, car sa mère mourut quelques
jours après l'avoir mis au monde.
"A l'âge de 16 ans, il épousa sa cousine, la belle princesse
Yashodharâ.
• Forme translittérée du pâli, ou Siddhârtha Gautama en translittéra-
tion sanskrite. On hésite pour la date de sa naissance entre 560, 563 et 567
avant notre ère. La plupart des spécialistes s'entendent sur la date de 560,
ou du moins situent sa naissance au cours du VJ 0 siècle avant notre ère.

11. A quelle conclusion un certain nombre de spécialistes ont-


ils abouti à propos des biographies du Bouddha contenues dans les
textes sacrés?
12, 13. a) Quel récit donne-t-on traditionnellement de la vie du
Bouddha? b) Quelle date retient-on généralement pour la nais-
sance du Bouddha? (Voir Luc 1:1-4.)
Le bouddhisme: À la recherche de l 'illumination 135
"Pendant près de treize ans il goûta aux joies du mariage et
vécut dans le luxe de son palais, ignorant tout des vicissitu-
des de la vie hors des portes du palais.
"Mais avec le temps, la vérité se fit jour dans son esprit. Du-
rant sa 29e année, qui fut le tournant de sa vie, naquit son fils
Râhula. Cette naissance le troubla, car il comprit que tous les
hommes sans exception doivent naître, tomber malades et
mourir. Se rendant compte que la vie comportait nécessaire-
ment des sujets d'affliction, il résolut de trouver le remède
aux maux de l'humanité.
"Renonçant aux agréments de sa vie royale, il quitta nuitam-
ment le palais( ... ), coupa ses cheveux et prit la robe dure-
nonçant pour s'en aller mener une vie errante, à la recherche
de la Vérité."
13 Ces quelques données biographiques se démarquent

nettement des récits fantastiques contenus dans les "textes


canoniques". Mis à part la date de sa naissance, elles ne sont
généralement pas contestées.
L'illumination: Comment s'est-elle produite?
14 Qu'est-ce qui fut, dans la vie de Gautama, le "tournant"
dont nous venons de parler? Apercevant pour la première
fois un malade, un vieillard et un mort, il commença à se
tourmenter à propos du sens de la vie: les hommes ne nais-
sent-ils que pour souffrir, vieillir puis mourir? Il aurait en-
suite vu un saint homme, qui s'était détaché de ce monde
pour se mettre en quête de la vérité. Cette rencontre l'incita
à quitter sa famille. Renonçant à ses biens et à son titre
princier, il passa six années à chercher en vain la solution
auprès de religieux hindous et de gourous. Il s'adonna à la
méditation, pratiqua le jeûne et le yoga, poussant très loin
le renoncement, mais il ne trouva ni la paix de l'esprit ni
l'illumination.
14. Quel fut le tournant de la vie de Gautama?
136 L 'humanité à la recherche de Dieu
15 Il finit par prendre conscience qu'une ascèse excessive
était tout aussi vaine que la vie de plaisirs qu'il menait au-
paravant. Il rejeta donc les modes de vie extrêmes qui
avaient été les siens pour emprunter ce qu'il appela la Voie
du Milieu. Ayant décrété que la réponse devait venir de sa
propre conscience, il s'assit sous un arbre pippal (figuier
indien) pour méditer. Résistant aux attaques et aux tenta-
tions du démon Mâra, il poursuivit résolument sa médita-
tion pendant quatre semaines (sept semaines selon d'autres
sources), jusqu'au moment où il aurait atteint l'Illumination
en transcendant la vraie nature de toute chose.
16 C'est ainsi que, conformément à la terminologie boud-
dhique, Gautama devint le Bouddha, l'Eveillé, ou l'Illuminé.
Il avait atteint le Nirvâna, le but ultime, un état de complète
sérénité et d'Illumination, le dégagement des désirs et des
souffrances. On désigne aussi Gautama par le titre de Shâ-
kyamuni, "le Sage des Shâkya", et lui-même se donnait sou-
vent le nom de Tathâgata (celui qui vint [pour enseigner]).
Les différentes sectes bouddhiques ne s'accordent pas sur la
vraie nature du Bouddha. Pour certains, il n'est qu'un sim-
ple humain qui a découvert la voie de l'Illumination et l'a
enseignée à ses disciples. D'autres le considèrent comme le
dernier d'une série de Bouddha venus dans le monde pour
prêcher et raviver le dharma (palî dhamma), doctrine ou
voie préconisée par le Bouddha. D'autres encore voient en
lui un Bodhisattva, personnage qui, étant parvenu à l'Eveil,
aurait différé son entrée dans le Nirvâna afin d'aider les
autres à atteindre l'Illumination. Quelque définition qu'on
en donne, l'illumination est un concept fondamental dans
tous les courants du bouddhisme.
15. Comment Gautama aurait-il finalement atteint l'illumination?
16. a) Que devint Gautama? b) Quelles opinions différentes ont
cours quant à la nature du Bouddha?
Le bouddhisme: À la recherche de / 'Illumination 137
Qu'est-ce que l'illumination?
17
Ayant atteint l'Illumination et hésité quelque temps,
le Bouddha entreprit de prêcher aux hommes la nouvelle
doctrine, le dharma. Il donna son premier discours, proba-
blement le plus important, à Bénarès, dans le "Parc des Ga-
zelles", devant cinq bhikku (disciples ou moines). Il leur
enseigna que le candidat au salut devait emprunter la Voie
du Milieu en se gardant autant des plaisirs sensuels que des
mortifications. Il lui faudrait aussi discerner et observer les
Quatre Nobles Vérités (voir l'encadré de la page suivante),
qui peuvent se résumer ainsi:
1) Toute existence est douloureuse.
2) La souffrance provient du désir, de la soif de jouissance.
3) La suppression du désir met fin à la souffrance.
4) La suppression du désir s'obtient en suivant le Noble Sen-
tier Octuple, qui régit la conduite, les pensées et les vues
de l'individu.
18
Ce sermon qui expose la Voie du Milieu et les Quatre
Nobles Vérités touche à l'essence même de !'Illumination
et passe pour le résumé de l'enseignement du Bouddha.
(Comparer avec Matthieu 6:25-34; 1 Timothée 6: 17-19; Jac-
ques 4: 1-3; 1 Jean 2:15-17.) Gautama ne prétendait pas de-
voir son sermon à l'inspiration divine, mais il disait de lui-
même: "Le Tathâgata a découvert. .." Sur son lit de mort, il
aurait fait à ses disciples cette recommandation: "Prenez la
vérité comme refuge. Ne cherchez pas de refuge en quel-
qu'un d'autre que vous-mêmes." D'après le Bouddha, l'Illu-
mination ne résulte pas d'une action divine, mais plutôt
d'efforts faits individuellement pour posséder la pensée
correcte et accomplir de bonnes actions.
17. a) Où et devant qui le Bouddha prononça-t-il son premier
sermon? b) Expliquez brièvement ce que sont les Quatre Nobles
Vérités.
18. Que disait le Bouddha sur la source de son Illumination? (Voir
Job 28:20, 21 , 28; Psaume lll:lO.)
138 L'humanité à la recherche de Dieu
19 On comprend aisément pourquoi cet enseignement

fut favorablement accueilli par la société indienne de l'épo-


que. Il censurait en effet les pratiques avides et corrompues
19. Pourquoi le message du Bouddha fut-il accueilli favorablement
à son époque?

J.JS Q;tatre Nobles Vérités enseignées par le Bouddha


Le Bouddha exposa les bases de sa doctrine sous la
forme des "Quatre Nobles Vérités". Nous citons ici le
Dhamma-Cakkappavattana-Sutta (Fondation du
royaume de la vérité), tel qu'il figure dans L'enseigne-
ment du Bouddha de Walpola Rahula.
• "Voici, ô bhikkhus, la No- l'existence et du devenir,
ble Vérité sur dukkha [ dou- et la soif de la non-
leur]. La naissance est existence (auto-
dukkha, la vieillesse est annihilation ).
dukkha, la maladie est • "Voici, ô bhikkhus, la
dukkha, la mort est Noble Vérité sur la cessa-
dukkha, être uni à ce que tion de dukkha. C'est la
l'on n'aime pas est dukkha, cessation complète de
être séparé de ce que l'on cette 'soif', la délaisser, y
aime est dukkha, ne pas renoncer, s'en libérer,
avoir ce que l'on désire est s'en détacher.
dukkha( ... ).
• "Voici, ô bhikkhus, la
• "Voici, ô bhikkbus, la No- Noble Vérité sur le Sen-
ble Vérité sur la cause de tier qui conduit à la ces-
dukkha. C'est cette 'soif' sation de dukkha. C'est
(désir, tanha) qui produit le Noble Sentier Octuple,
la re-existence et le re- à savoir: la vue juste, la
devenir, qui est liée à une pensée juste, la parole
avidité passionnée et qui juste, l'action juste, le
trouve une nouvelle jouis- moyen d'existence juste,
sance tantôt ici, tantôt là, l'effort juste, l'attention
c'est-à-dire la soif des plai- juste, la concentration
sirs des sens, la soif de juste."
des brahmanes, la caste sacerdotale hindoue, et réprouvait
l'ascétisme rigoureux des jaïna et d'autres mouvements
mystiques. Il éliminait du même coup les sacrifices et les
rites, les myriades de dieux et de déesses, ainsi que l'oppres-
sif système des castes qui réglementait strictement l'ensem-
ble de la vie sociale. En un mot, il promettait la Délivrance
à quiconque se montrait disposé à suivre la voie tracée par
le Bouddha.
Expansion du bouddhisme
20
En acceptant la doctrine du Bouddha, les cinq bhikku
formèrent la première Sangha, ou communauté de moines.
Ainsi furent réunis les "Trois Joyaux" (Triratna) du boud-
dhisme: le Bouddha, le Dharma et la Sangha, censés faire
avancer les humains sur la voie de !'Illumination. Gautama
Bouddha était maintenant prêt à prêcher d'un bout à l'autre
de la vallée du Gange. Des gens de tous rangs sociaux et
de toutes conditions se déplaçaient pour l'écouter et deve-
naient ses disciples. A sa mort, survenue dans sa 81 e année,
il avait acquis renommée et respect. Il aurait eu pour ses
disciples ces dernières paroles: "La périssabilité est la loi des
choses; ne relâchez pas vos efforts!"
21Au me siècle avant notre ère, soit 200 ans environ
après la mort du Bouddha, apparut le plus ardent propa-
gateur du bouddhisme, l'empereur Ashoka. Ce souverain,
qui étendit son règne sur la presque totalité de l'Inde,
était troublé par les bouleversements et les carnages
qu'entraînaient ses conquêtes. Il se convertit au boud-
dhisme dont il favorisa officiellement l'expansion, faisant
20. a) Quels sont les "Trois Joyaux" du bouddhisme? b) Quelle
ampleur le Bouddha donna-t-il à sa prédication?
21. a) Qui contribua à la diffusion du bouddhisme? b) A quoi ses
efforts ont-ils abouti?
140 L'humanité à la recherche de Dieu
Images du Bouddha
exécutant divers gestes
symboliques.
• entrée dans
leNirvâna

ériger des sanctuaires, convoquant des conciles et invi-


tant son peuple à se conformer aux préceptes du Boud-
dha. Il envoya également des missionnaires partout en
Inde, à Sri Lanka, en Syrie, en Egypte et en Grèce. Ce sont
essentiellement les efforts d'Ashoka qui ont transformé
le bouddhisme, une secte indienne, en une religion d'am-
pleur mondiale. Avec juste raison certains voient en lui
le second fondateur du bouddhisme.
Le bouddhisme: À la recherche de l 'illumination 141
22
De Sri Lanka, le bouddhisme se propagera à l'est, vers
Myanma (la Birmanie), la Thaïlande et d'autres régions d'In-
dochine. Au nord, il atteindra le Cachemire et l'Asie cen-
trale. De là, dès le rer siècle de notre ère, des moines
bouddhistes franchiront des montagnes et des déserts in-
hospitaliers pour l'introduire en Chine, d'où il gagnera faci-
lement la Corée et le Japon. La Voie bouddhique se répandra
aussi au Tibet, voisin septentrional de l'Inde, où, se mêlant
aux croyances locales, elle donnera naissance au lamaïsme,
qui dominera la vie religieuse et politique du pays. Au vie ou
au vue siècle, le bouddhisme se sera solidement implanté
dans toute l'Asie du Sud-Est et l'Extrême-Orient. Mais quelle
place occupait-il en Inde?
23 Tandis que le bouddhisme se développait dans d'au-

tres pays, il enregistrait en Inde un déclin régulier. Un fossé


22. Comment le bouddhisme gagna-Hl toute l'Asie?
23. Qu'advint-il du bouddhisme en Inde?

Au VII' siècle de notre ère, le bouddhisme avait débordé les frontières


del 'Inde pour se répandre dans tout l'est del' Asie.

Bérurès

INDE

SRI LANKA
- Ill' SIÈO.EAVANTNOTREÈRE
- 1« SIÈa.EAVANTNOTREÈRE
- 1« SIÈa.EDENOTREÈRE

-1~.:-c~~-·
- IV' SlÈa.E DE NOTRE ÈRE
-
-
VI'
VII'
SIÈa.EDENOTREÈRE
SIÈa.EDENOTREÈRE
' - - ..••. -....._. ""1'
~ _, ·-.
se creusa peu à peu entre les laïcs et les moines absorbés par
les spéculations philosophiques et métaphysiques. La perte
du soutien royal et l'assimilation de croyances et de prati-
ques hindoues hâtèrent, elles aussi, le recul du bouddhisme
en Inde. Les lieux saints du bouddhisme, tels Lumbinî, où
naquit Gautama, ou Bodhgayâ, là où il aurait atteint l' "Il-
lumination", tombèrent en ruines. Au xme siècle, le boud-
dhisme avait presque disparu de son pays d'origine.
24 Au cours du xxe siècle, le bouddhisme a dû affronter

un autre revirement de situation. Les bouleversements po-


litiques en Chine, en Mongolie, au Tibet et dans le Sud-Est
asiatique l'ont durement frappé. Des milliers de monastères
et de temples ont été saccagés, des centaines de milliers de
moines et de nonnes chassés, emprisonnés, parfois exé-
cutés. Néanmoins, le bouddhisme demeure vivace dans la
pensée et dans les coutumes des habitants de ces pays.
25 En Europe et en Amérique du Nord, la démarche

bouddhique qui consiste à rechercher la "vérité" en soi-


même semble exercer un puissant attrait, et les techni-
ques de méditation qui l'accompagnent offrent un moyen
d'échapper à la fébrilité de la vie occidentale. Préfaçant l'ou-
vrage Bouddhisme vivant ( angl. ), Tenzin Gyatso, le Dalaï-
Lama en exil, écrit à ce sujet: "C'est peut-être aujourd'hui le
rôle du bouddhisme de rappeler aux Occidentaux la di-
mension spirituelle de leur vie."
Les diverses voies du bouddhisme
26
Le terme "bouddhisme", que l'on associe gene-
ralement à une religion bien définie, recouvre en réalité
plusieurs écoles de pensée. Ces écoles interprètent diverse-
ment la nature du Bouddha ou ses enseignements et possè-
dent chacune leurs doctrines, leurs pratiques et leurs écrits.
24, 25. Qu'a encore connu le bouddhisme au cours du xxe siède?
26. Quelles divisions distingue-t-on au sein du bouddhisme?
Le bouddhisme: À la recherche de /'Illumination 143
Elles se ramifient à leur tour en une multitude de groupes
et de sectes, imprégnés pour la plupart des cultures et des
traditions qui les environnent.
27
Le Theravâda (Doctrine des Anciens), encore appelé
Hînayâna (Petit Véhicule), école bouddhique florissante à
Sri Lanka, à Myanma (la Birmanie), en Thaïlande, au Cam-
bodge et au Laos, est considéré par certains comme l'école
conservatrice. Il met l'accent sur l'acquisition de la sagesse
et sur l'obtention du salut par le renoncement au monde et
par une vie monacale consacrée à l'étude et à la méditation.
28
Dans certains pays qui adhèrent au Theravâda, il est
courant de croiser des groupes de jeunes hommes vêtus
d'une robe safran, le crâne rasé et les pieds nus, portant un
bol à aumônes pour recevoir leur nourriture quotidienne
des laïcs, qui ont charge de pourvoir à leurs besoins. Les
hommes ont également coutume de se retirer dans un mo-
nastère au moins une partie de leur vie. Le but de cette vie
monastique est de devenir un arhat, quelqu'un qui, en attei-
gnant la perfection spirituelle, se libère du cycle des renais-
sances qui retient l'être dans les chagrins et la souffrance. Le
Bouddha a montré la voie; il incombe à chacun de la suivre.
29 Le Mahâyâna (Grand Véhicule) est une forme de

bouddhisme surtout répandue en Chine, en Corée, au Japon


et au Viêt Nam. Elle doit son nom à l'importance qu'elle
attache à cette déclaration du Bouddha: "La vérité et la voie
du salut s'offrent à tous les hommes, qu'ils vivent dans une
caverne, un monastère ou une maison. ( ... ) Cela n'est pas
réservé à ceux qui renoncent au monde." Les doctrines ma-
hâyâniques se fondent sur l'idée que l'amour et la compas-
sion du Bouddha sont tels qu'il ne refuse à personne le salut.
27, 28. Comment décririez-vous le bouddhisme Theravâda? (Voir
Philippiens 2:12; Jean 17:15, 16.)
29. Quelles sont les caractéristiques du bouddhisme Mahâyâna?
(Voir 1 Timothée 2:3, 4; Jean 3: 16.)
144 L 'humanité à la recherche de Dieu
Elles enseignent que la Nature-de-Bouddha est présente en
chaque être humain et que tout homme est à même de
devenir un Bouddha, un "Eveillé", ou Bodhisattva. L'Illumi-
nation ne s'obtient pas ici par une autodiscipline rigou-
reuse, mais en exerçant la foi dans le Bouddha et en faisant
preuve de compassion envers toutes les formes de vie. Le
Mahâyâna remporta évidemment un grand succès auprès

lJ bouddhisme et Dieu
"Le bouddhisme enseigne le moyen de cultiver une bonté
et une sagesse parfaites sans l'aide d'un Dieu personnel;
d'acquérir la connaissance suprême sans 'révélation'; ( ... )
d'être racheté sans racheteur, de gagner un salut dans le-
quel chacun est son propre sauveur." - Le message du
bouddhisme ( angl. ), du Bhikkhu Subhadra, cité dans
Qu'est-ce que le bouddhisme? (angl. ).
Les bouddhistes sont-ils galité des chances, par des
donc athées? L'ouvrage inti- souffrances et par des luttes
tulé Qu'est-ce que le boud- continuelles."
dhisme?, publié par la loge Ainsi, en théorie, le boud-
bouddhique de Londres, ré-
pond: "Si par athéisme on dhisme ne prône pas la
entend signifier le rejet d'un croyance en Dieu ou en un
Dieu personnel, alors nous Créateur. Pourtant, dans
sommes athées." On lit en· presque tous les pays où il se
core: "Un esprit évolué ac- pratique, on trouve des tem-
cepte tout aussi facilement ples bouddhiques et des
l'idée d'un univers régi par stûpa; les images et les reli-
une Loi éternelle que la no- ques de différents Bouddha
tion d'un personnage éloi· ou Bodhisattva reçoivent des
gné qu'il ne verra peut-être prières, des offrandes et le
jamais, qui demeure il ne culte des dévots. Le Boud-
sait où, et qui, à un certain dha, qui n'a jamais prétendu
moment, a créé à partir de être Dieu, est néanmoins de-
rien un Univers hostile, mar- venu un dieu au plein sens
qué par l'injustice, par l'iné- du terme.
de la masse des fidèles, sensibles à ses aspects pratiques.
Cette attitude libérale favorisa toutefois l'éclosion d'une di-
versité de mouvements et de cultes.
30
Au nombre des sectes mahâyâniques qui se sont déve-
loppées en Chine et au Japon, citons l'école bouddhique de
la Terre pure et celle du Zen. La première est axée sur la foi
dans le pouvoir salvateur de Bouddha Amida, qui promit à
ses fidèles qu'ils renaîtraient sur la Terre pure, le paradis de
l'Ouest. De ce lieu de joie et de délices, peuplé de dieux et
d'humains, il serait ensuite facile d'accéder au Nirvâna. En
répétant - jusqu'à plusieurs milliers de fois par jour - la
prière "Je mets ma confiance en Bouddha Amida", le dévot
se purifie dans l'espoir de parvenir à !'Illumination ou de
renaître dans le paradis de l'Ouest.
1
3 Le bouddhisme Zen (l'école Chan en Chine) tire son
nom de la pratique de la méditation. Les termes chan (en
chinois) et zen (en japonais) répondent en effet au sanskrit
dhyâna, que l'on traduit par "méditation". Cette discipline
ne privilégie guère l'étude, les bonnes actions et les rites; on
peut atteindre à !'Illumination aussi simplement qu'en mé-
ditant sur des questions de nature paradoxale, par exemple:
'Quel son émet une seule main qui claque?' ou: 'Que trouve-
r-on là où il n'y a rien?' Le côté mystique du bouddhisme
Zen aime à s'exprimer dans les arts raffinés: composition
florale, calligraphie, peinture à l'encre, poésie, jardi-
nage, etc., autant de domaines qui ont valu au zen un accueil
favorable en Occident. Des centres de méditation zen sont
ouverts aujourd'hui dans de nombreux pays occidentaux.
32 On trouve en dernier lieu le bouddhisme tibétain, ou

30. A quoi aspirent les dévots de l'école bouddhique de la "Terre


pure"? (Voir Matthieu 6:7, 8; 1 Rois 18:26, 29.)
31. Quelles sont les particularités du bouddhisme Zen? (Voir Phi-
lippiens 4:8.)
32. A quelles pratiques le bouddhisme tibétain fait-il appel?
146 L 'humanité à la recherche de Dieu
Tokyo Oapon ): procession commémorant la naissance du Bouddha.
L'éléphant blanc au deuxième plan représente le Bouddha.

lamaïsme. Cette forme de bouddhisme est parfois appelée


Mantrayâna (Véhicule du Mantra) parce qu'elle fait large-
ment appel aux mantra, suites de syllabes chargées ou non
de sens et inlassablement répétées. Le culte insiste moins
sur la sagesse et la compassion que sur les rites, les prières,
la magie et le spiritisme. Plusieurs milliers de fois par jour,
on répète des prières en s'aidant de chapelets ou de moulins
à prières. L'apprentissage des rites complexes ne s'effectue
qu'oralement sous la conduite de lamas (supérieurs des mo-
nastères) dont les plus connus sont le Dalaï-Lama et le Pan-
chen Lama. A la mort d'un lama, on se met à la recherche
d'un enfant en qui le défunt se serait réincarné pour devenir
le nouveau chef spirituel. Le titre de lama en est cependant
venu à désigner tous les moines, qui, selon une estimation,
constituaient à une époque environ un cinquième de la po-
pulation du Tibet. Les lamas étaient aussi enseignants, mé-
decins, propriétaires fonciers et hommes politiques.
Le bouddhisme: À la recherche de l 'illumination 147
33 Ces grands courants du bouddhisme se subdivisent en
de nombreux groupes ou sectes. Certains se rangent der-
rière un maître particulier, tel Nichiren au Japon, qui ensei-
gnait que l'ensemble de la doctrine du Bouddha était con-
tenue dans le Sûtra du Lotus, ou Nun Qinhai à Taiwan, qui
fit un grand nombre d'adeptes. Sous cet angle, le boud-
dhisme ne diffère guère de la chrétienté, ramifiée elle aussi
en de multiples Eglises et sectes. Il est du reste fréquent que
des gens se disent bouddhistes et pratiquent tout à la fois le
taoïsme, le shintô, le culte des ancêtres et même certains
rites de la chrétienté*. Toutes les sectes bouddhiques pré-
tendent néanmoins que leurs croyances et leurs pratiques
s'appuient sur les enseignements du Bouddha.
Les Trois corbeilles
et les autres Écritures bouddhiques
4
3 Les enseignements attribués au Bouddha se sont trans-
mis oralement et n'ont été fixés par écrit que plusieurs siè-
cles après sa mort. Tout au plus ces textes nous apprennent-
ils ce que les disciples des générations ultérieures pensaient
connaître des paroles ou des actes de leur maître. Pour com-
pliquer les choses, à l'époque de leur rédaction, le boud-
dhisme s'était déjà scindé en diverses écoles. Par voie de
conséquence, ces documents présentent le bouddhisme
sous des jours très différents.
35 Les écrits bouddhiques les plus anciens datent du
1er siècle avant notre ère. Ils ont été rédigés en pâli, qui serait,
• Nombre de bouddhistes japonais célèbrent Noël avec ostentation.

33. En quoi les divisions du bouddhisme rappellent-elles celles de


la chrétienté? (Voir 1 Corinthiens 1:10.)
34. De quoi faut-il tenir compte quand on examine les enseigne-
ments bouddhiques?
35. Quels sont les plus anciens textes sacrés du bouddhisme?
148 L ' humanité à la recherche de Dieu
pense-t-on, apparenté à la langue maternelle du Bouddha.
Reconnus comme authentiques par l'école Theravâda, ils
sont répartis en 31 livres regroupés en trois recueils ou Ti-
pi.taka (sanskrit Tripitaka: "Trois corbeilles" ou "Trois re-
cueils"). Le Vinaya-pitaka (corbeille de la discipline) traite
essentiellement des règles particulières aux moines et aux
nonnes. Le Suttapitaka (corbeille des Ecritures) contient le
texte des sermons, des paraboles et des proverbes pronon-
cés par le Bouddha et par ses principaux disciples. Enfin,
l'Abhidhammapitaka (corbeille de la doctrine appro-
fondie) renferme une série de commentaires sur les doc-
trines bouddhiques.
36 D'autre part, la volumineuse littérature du Mahâyâna

se compose surtout de textes sanskrits, chinois et tibétains.


A eux seuls, les textes chinois rassemblent plus de 5 000 vo-
lumes. Cette classe d'ouvrages aborde quantité de thèmes
qui ne figurent pas dans les textes plus anciens. On y
trouve un nombre vertigineux de récits relatifs à de multi-
ples Bouddha, qui auraient chacun dirigé une ère bouddhi-
que longue de plusieurs millions d'années. Un dictionnaire
a donc pu à juste titre écrire que ces textes "se caractérisent
par leur variété, leur imagination débridée, leurs personna-
ges extravagants et leurs répétitions intempestives".
37 Comme on le devine, peu de gens étaient en mesure

de comprendre ces traités d'un haut niveau d'abstraction.


En conséquence, ces ajouts tardifs entraînèrent le boud-
dhisme bien loin de la doctrine originelle. Selon le
Vinaya-pitaka, le Bouddha souhaitait que ses idées soient
comprises de tous, et pas seulement des gens cultivés. Il
veilla d'ailleurs à ce qu'elles soient enseignées dans la
36. Par quoi se caractérise la littérature bouddhique du Mahâyâna?
37. Les écrits du Mahâyâna soulevèrent quelles difficultés? (Voir
Philippiens 2:2, 3.)
Le bouddhi sme: À la recherche de ! 'Illumination 149
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Pages du Sütra du Lotus ( x• siècle), en chinois,


décrivant le pouvoir du Bodhisattva Guanyin de sauver
du feu et del' eau. Le Bodhisattva Kshitigarbha, àdroite, était populaire
en Corée au XIVe siècle.

langue du commun peuple, et non dans la langue sacrée,


mais morte, de l'hindouisme. Aux Theravâdin qui objectent
que ces livres ne sont pas canoniques, les tenants du Ma-
hâyâna répondent que Gautama Bouddha a d'abord instruit
les gens simples et ignorants, révélant par la suite aux gens
instruits et sages les enseignements contenus dans les livres
du Mahâyâna.
Le cycle du Karma et du samsdra
38 Si le bouddhisme a dans une certaine mesure libéré les
gens du joug de l'hindouisme, il n'en repose pas moins sur
deux idées-forces héritées de la culture hindoue: le Karma
et le samsâra. Le bouddhisme originel se démarque de l'hin-
douisme en ce qu'il nie l'existence d'une âme immortelle,
mais envisage l'homme comme "une combinaison de forces
38. a) Dans quel domaine les enseignements du bouddhisme re-
coupent-ils ceux de l'hindouisme? b) Comment le bouddhisme
envisage-Hl l'âme en théorie et en pratique?
150 L'humanité à la recherche de Dieu
ou d'énergies physiques et mentales"*. Il conserve néan-
moins l'idée que tous les humains passent d'une vie à une
autre au travers d'innombrables renaissances (samsâra) et
qu'ils subissent les conséquences de leurs actes présents et
passés (le Karma). Pour aussi séduisante qu'elle paraisse, la
voie de !'Illumination et de la délivrance de ce cycle sus-
cite quelques questions: Est-elle solidement étayée? Quelle
preuve a-t-on que toutes les souffrances résultent d'actes
accomplis au cours d'une existence précédente? Au reste,
dispose-t-on d'un indice quelconque de la réalité d'une vie
antérieure?
39 On a pu lire ces explications sur la loi du Karma:

"Le Kamma [équivalent pâli de Karma) est en lui-même une


loi. Mais qui dit loi ne dit pas forcément législateur. Les lois
courantes de la nature, la gravitation par exemple, se passent
de législateur. La loi du Kamma n'a pas plus qu'elles besoin
d'un législateur. Elle opère dans son domaine propre sans
l'intervention d'une autorité extérieure et autonome." - M a-
nuel de bouddhisme ( angl.).
40 Est-ce là un raisonnement sans faille? Les lois de la
nature se passent-elles vraiment d'un législateur? Wernher
von Braun, spécialiste des fusées, a déclaré un jour: "Les lois
de l'univers sont si précises que nous n'avons aucune diffi-
culté à construire un vaisseau spatial pour aller sur la lune
et nous pouvons minuter le voyage à la fraction de seconde.
• Certaines doctrines bouddhiques, telles que l'anatta (Non-Soi), nient
l'existence d'une âme immuable et impérissable. Mais les bouddhistes,
notamment en Extrême-Orient, croient aujourd'hui pour la plupart à la
transmigration d'une âme immortelle, comme le montrent à l'évidence le
culte qu'ils rendent à leurs ancêtres et leur croyance aux tourments de
l'enfer.

39. En quels termes un texte bouddhique explique-Hl la loi du


Karma?
40. a) De quoi les lois de la nature sont-elles l'indice? b) Que dit la
Bible sur l'enchaînement des causes et des effets?
Le bouddhisme: À la recherche de ! 'Illumination 151
Ces lois ont nécessairement été promulguées par quel-
qu'un." La Bible, quant à elle, parle aussi de l'enchaînement
des causes et des effets. Elle déclare: "On ne se moque pas
de Dieu. En effet, quoi que l'homme sème, c'est aussi ce qu'il
moissonnera." (Galates 6:7). Loin d'affirmer que cette loi se
passe d'un législateur, elle soutient qu' "on ne se moque pas
de Dieu", faisant savoir par là même que cette loi a été mise
en action par Celui qui l'a conçue, Jéhovah.
41
La Bible explique en outre que "le salaire que paie le
péché, c'est la mort", et que "celui qui est mort se trouve
quitte de son péché". Même les tribunaux en conviennent:
personne ne doit purger deux fois sa peine pour un délit.
Pourquoi faudrait-il donc qu'un individu qui s'est déjà ac-
quitté de ses fautes en mourant ait à renaître pour subir de
nouveau la rétribution de ses actes passés? Ignorant de sur-
croît pour quelles actions passées il est châtié, comment
peut-il se repentir et s'amender? Peut-on dans ce cas parler
de justice? Quelle place pareil jugement fait-il à la miséri-
corde, que l'on tient pour la première qualité du Bouddha?
Ayant dit par contre: "Le salaire que paie le péché, c'est la
mort", la Bible ajoute: "Mais le don que donne Dieu, c'est la
vie éternelle par Christ Jésus notre Seigneur." Elle renferme
la promesse que Dieu mettra fin à la corruption, au péché et
à la mort, et qu'il libérera toute l'humanité pour l'élever à la
perfection. - Romains 6:7, 23; 8:21; Esaïe 25:8.
42 Voici maintenant en quels termes Walpola Ra-

hula, exégète bouddhiste, parle du cycle des renaissances:


"Un être n'est qu'une combinaison de forces ou d'énergies
physiques et mentales. Ce que nous appelons mort, c'est l'ar-
41. a) Quelle comparaison peut-on établir entre la loi du Karma et
les lois qu'appliquent les tribunaux? b) Opposez le Karma à la
promesse que contient la Bible.
42. Quelle explication un exégète bouddhiste donne-t-il du cycle
des renaissances?
152 L ' humanité à la recherche de Dieu
rêt complet du fonctionnement de l'organisme physique. Ces
forces, ces énergies prennent-elles fin absolument avec la
cessation du fonctionnement de l'organisme? Le boud-
dhisme dit: non. La volonté, le désir, la soif d'exister, de con-
tinuer, de devenir, est une force formidable qui meut l'en-
semble des vies, des existences, le monde entier. C'est la force
la plus grande, l'énergie la plus puissante qui soit au monde.
Selon le bouddhisme, elle ne cesse pas d'agir avec l'arrêt du
fonctionnement de notre corps, qui pour nous est la mort,
mais elle continue à se manifester sous une autre forme, pro-
duisant une re-existence qu'on appelle renaissance."
43
A la conception, l'être humain reçoit une part égale de
ses gènes de l'un et l'autre de ses parents. Il ne peut donc en
aucun cas être exactement semblable à celui ou à celle qu'il
aurait été lors d'une vie antérieure. Le phénomène des re-
naissances ne peut en conséquence se prévaloir d'aucune
base scientifique. Ceux qui y croient se réfèrent souvent
aux propos de personnes qui disent reconnaître des visages,
des événements ou des endroits qui leur étaient étrangers.
Est-ce logique? Affirmer que celui qui se souvient de faits
survenus jadis a vécu dans le passé, c'est aussi conclure
qu'une personne qui prédit l'avenir - et beaucoup s'en
disent capables - a forcément vécu dans le futur, ce qui
n'est évidemment pas le cas.
44
Plus de 400 ans avant le Bouddha, la Bible parlait d'une
force vitale et décrivait ce qui se produit lorsque quelqu'un
meurt. Nous y lisons: "Alors la poussière retourne à la terre
comme elle était, et l'esprit retourne au vrai Dieu qui l'a
donné." (Ecclésiaste 12:7). Le mot rendu ici par "esprit"
43. a) Biologiquement, qu'est-ce qui détermine la configuration
génétique d'un individu? b) Quelle "preuve" avance-t-on parfois
pour appuyer la doctrine des renaissances? c) Cette "preuve" de la
renaissance est-elle en harmonie avec le sens commun?
44. Comparez ce que dit la Bible sur !'"esprit" avec la doctrine
bouddhique des renaissances.
Le bouddhisme: À la recherche de l'illumination 153

1
vient du terme hébreu roua(t qui désigne la force vitale ani-
mant toutes les créatures vivantes, les humains comme les
animaux (Ecclésiaste 3:18-22). On relève cependant une
différence capitale: la roua(t est une force impersonnelle qui
ne possède pas de volonté propre ni ne conserve la person-
nalité ou une caractéristique quelconque du défunt. Elle ne
transmigre pas non plus dans un autre individu à la mort,
mais 'retourne au vrai Dieu qui l'a donnée'. En d'autres ter-
mes, l'espérance de revivre - par une résurrection - dé-
pend entièrement de Dieu. - Jean 5:28, 29; Actes 17:31.
Le Nirvtlna: accéder à l'inaccessible?
45 Examinons à présent ce qu'a enseigné le Bouddha à
propos de l'Illumination et du salut. Dans le bouddhisme, le
salut est interprété avant tout comme le dégagement de la
loi du Karma et du samsâra, comme l'accession au Nirvâna.
Qu'est-ce donc que le Nirvâna? Les textes bouddhiques af-
firment qu'on ne peut ni le décrire ni l'expliquer, mais seu-
lement en faire l'expérience. Ce n'est pas un lieu céleste où
vont les morts, mais plutôt un état accessible à tous, dès la
vie présente. Par lui-même, le mot "Nirvâna" signifierait
"exsufflation, extinction". On l'a donc défini comme la ces-
sation de toute passion et de tout désir; l'absence de toute
sensation, telle que la douleur, la peur, la privation, l'amour
ou la haine; un état de paix ininterrompue, de repos, d'im-
mutabilité. Le Nirvâna apparaît essentiellement comme
l'abolition de l'existence individuelle.
46 Dans l'enseignement du Bouddha, l'Illumination et le

salut (la perfection du Nirvâna) s'obtiennent non grâce à


l'intervention d'un Dieu ou d'une force extérieure, mais
par des efforts fournis individuellement pour accomplir de
45. En quoi consiste le concept bouddhique du Nirvâna?
46, 47. a) Dans l'enseignement du Bouddha, comment obtient-on
le salut? b) Pourquoi est-il contraire au sens commun de recher-
cher le salut là où le bouddhisme espère le trouver?
154 L'humanité à la recherche de Dieu
bonnes actions et cultiver la pensée juste. Une question se
pose toutefois: Peut-il sortir quelque chose de parfait de
quelque chose d'imparfait? La vie ne nous enseigne-t-elle
pas, comme le prophète hébreu Jérémie le constata, qu' "à
l'homme tiré du sol n'appartient pas sa voie. Il n'appartient
pas à l'homme qui marche de diriger son pas". (Jérémie
10:23.) Si personne n'est en mesure de diriger parfaitement
ses actes dans les affaires de la vie courante, est-il logique
d'espérer acquérir le salut éternel par ses seuls efforts? -
Psaume 146:3, 4.
47
A l'image d'un homme pris dans des sables mouvants
dont il ne peut se dégager par lui-même, tous les humains
sont pris au piège du péché et de la mort, et pas un d'entre
eux n'est en mesure d'en desserrer l'étreinte (Romains 5:12).
Malgré cela, le Bouddha a prêché un salut que l'on n'obtient
que par ses seuls efforts. Avant de mourir, il exhorta ses
disciples par ces mots: "Soyez un refuge pour vous-mêmes,
ne cherchez pas d'autre refuge. Prenez la vérité comme
lampe, prenez la vérité comme refuge. Ne cherchez pas de
refuge en quelqu'un d'autre que vous-mêmes."
Illumination ou désillusion?
48
Quel effet la doctrine bouddhique a-t-elle sur les
croyants? Suscite-t-elle une foi et une piété véritables? Le
livre Bouddhisme vivant rapporte que dans certains pays
bouddhistes même "les moines s'intéressent peu aux subti-
lités de leur religion. Ils considèrent généralement le Nir-
vâna comme un objectif à jamais hors d'atteinte et prati-
quent rarement la méditation. Hormis une vague étude du
Tipitaka, ils s'attachent à favoriser la charité et l'harmonie
au sein de la société". S'exprimant sur le regain d'intérêt
48. a) Selon un ouvrage, quel effet certaines notions complexes
du bouddhisme, telles que le Nirvâna, ont-elles sur les croyants?
b) A quoi a abouti, en certains endroits, le regain d'intérêt que le
bouddhisme enregistre depuis quelque temps?
156 L'humanité à la recherche de Dieu

1
qu'enregistre le bouddhisme depuis quelque temps, !'Ency-
clopédie universelle (japonais) tient ces propos: "Plus l'étude
du bouddhisme devient complexe, plus elle s'éloigne de
son but premier: guider l'homme. Ainsi considéré, ce retour
à une étude rigoureuse du bouddhisme ne traduit pas né-
cessairement un regain de vitalité. Force est plutôt de cons-
tater que lorsqu'une religion devient l'objet d'une métaphy-
sique savante, c'est qu'elle inspire de moins en moins une
foi vivante."
49 Au centre du bouddhisme, il y a l'idée que l'Illumina-

tion et le salut s'acquièrent par la connaissance et l'intelli-


gence. Toutefois, les doctrines compliquées issues des diffé-
rentes écoles bouddhiques n'ont su engendrer, comme on
l'a dit, qu'une espérance "à jamais hors d'atteinte", hors de
la portée des fidèles en général, qui ne voient plus dans leur
religion qu'une incitation à faire le bien assortie de
quelques rites et préceptes élémentaires. Le bouddhisme
n'aborde pas les grandes questions qui préoccupent
l'homme: D'où venons-nous? Pourquoi sommes-nous sur la
terre? Quel sera l'avenir des humains et celui de la planète?
49. Qu'est devenu le bouddhisme pour beaucoup de gens?

Femme bouddhiste en prière devant un autel familial;


enfants prenant part au service du temple.
50 Des bouddhistes sincères admettent que les doctrines
compliquées et les rites pesants du bouddhisme contempo-
rain ont été une source de confusion et de désillusion. Par
leurs actions humanitaires, des mouvements et autres asso-
ciations d'obédience bouddhique ont soulagé quantité de
gens dans un certain nombre de pays. Mais cette religion
a-t-elle tenu sa promesse, celle de conduire les humains à
l'illumination véritable et à la Délivrance?
L 'Illumination sans Dieu?
51 Des biographies du Bouddha rapportent qu'il se trou-
vait un jour dans une forêt. Prenant quelques feuilles dans
sa main, il dit aux disciples qui l'accompagnaient: "Ce que je
vous ai révélé est comparable à une poignée de feuilles en
regard des frondaisons d'une forêt tout entière." Il s'ensuit
donc que le Bouddha n'avait enseigné qu'une fraction de ce
qu'il savait. On relève cependant une omission importante:
Gautama Bouddha n'a rien dit, ou presque, sur Dieu; il n'a
pas non plus prétendu être Dieu. Il aurait affirmé à ses dis-
ciples: "S'il existe un Dieu, c'est pure folie de supposer qu'il
s'intéresse à mes activités quotidiennes", et: "Il n'est pas de
dieux qui aient le pouvoir ou le désir de venir en aide aux
hommes."
52 Sous cet angle, le bouddhisme ne représente qu'un ap-

port minime à la recherche qu'ont menée les hommes pour


trouver le vrai Dieu. Une encyclopédie (The Encyclopedia of
World Faiths) observe que "le bouddhisme primitif semble
ne s'être nullement préoccupé de l'existence de Dieu, et en
tout cas n'enseigne ni ne requiert la croyance en Dieu". Le
50. Quelle question se pose au vu des actions menées par des
bouddhistes sincères? (Voir Colossiens 2:8.)
51. a) Que nous apprend une anecdote sur les enseignements du
Bouddha? b) Quelle omission importante ses enseignements lais-
sent-ils apparaître? (Voir 2 Chroniques 16:9; Psaumes 46:1; 145:18.)
52. a) Quelle place Dieu occupe-t-il dans le bouddhisme? b) De
quoi le bouddhisme fait-il abstraction?
Le bouddhisme: À la recherche de / 'Illumination 159
bouddhis!l).e, qui préconise la recherche individuelle du sa-
lut par un retournement de la conscience ou de l'esprit sur
lui-même à la recherche de l'illumination, se montre en fait
agnostique, si ce n'est athée. (Voir l'encadré de la page 145.)
Voulant secouer le joug de l'hindouisme, de ses supersti-
tions, de sa mythologie pléthorique, le bouddhisme a versé
dans un autre extrême. Il a fait délibérément abstraction du
concept fondamental d'un Etre suprême, par lequel toutes
choses existent et se meuvent. - Actes 17:24, 25.
53 Ce mode de pensée égocentrique et indépendant a gé-

néré un vaste dédale de légendes, de traditions et de doctri-


nes complexes auxquelles se sont mêlées, au fil des siècles,
les interprétations de multiples sectes et écoles de pensée.
Ce qui, à l'origine, devait fournir une solution simple aux
difficultés de la vie, s'est transformé en un système philoso-
phique et religieux incompréhensible pour la grande majo-
rité des gens. Le bouddhiste moyen s'attache surtout à ado-
rer des idoles et des reliques, des dieux et des démons, des
esprits et des ancêtres, et à accomplir maints autres rites et
pratiques qui n'ont pas grand-chose à voir avec les ensei-
gnements de Gautama Bouddha. A l'évidence, il est vain de
chercher à atteindre l'illumination sans Dieu.
54 Vers l'époque où Gautama Bouddha cherchait la voie

de l'illumination, dans un autre endroit de l'Asie vivaient


deux philosophes dont les idées allaient modeler la pensée
de millions de gens. Ces deux sages, vénérés par des géné-
rations de Chinois et par d'autres peuples encore, avaient
pour nom Laozi et Confucius. Qu'ont-ils enseigné, et quel
rôle ont-ils joué dans la recherche qu'ont menée les hom-
mes pour trouver Dieu? Ces questions feront l'objet du cha-
pitre suivant.
53. Que peut-on dire d'une recherche de !'Illumination menée
sans Dieu? (Voir Proverbes 9:10;Jérémie 8:9.)
54. De quels autres penseurs orientaux allons-nous maintenant
examiner les enseignements?
160 L 'humanité à la recherche de Dieu
W..
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"'
~~~~~~~~·CHAPITRE7~~~~~~~~

Taoïsmt; et confucianisme
A la recherche
de la voie du ciel
Le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme sont
les trois grandes religions de la Chine et de
!'Extrême-Orient. A la différence du bouddhisme
toutefois, les deux premières n'ont pas pris une am-
pleur mondiale, leur rayonnement restant essentiel-
lement limité à la Chine et aux peuples de culture
chinoise. Bien que le nombre de leurs pratiquants
n'ait pas été officiellement recensé en Chine, on
peut affirmer que, pris ensemble, le taoïsme et le
confucianisme ont nourri la vie religieuse d'un
homme sur quatre au cours des deux millénaires
écoulés.

'QUE cent fleurs s'épanouissent, que cent écoles ri-


valisent.' Prononcée dans un discours en 1956, cette décla-
ration désormais célèbre de Mao Zedong (Mao Tsé-toung),
alors président de la République populaire de Chine, para-
phrasait en réalité l'expression qu'employaient les lettrés
chinois pour décrire la période que connut la Chine entre le
vc et le rne siècle avant notre ère, à l'époque des "Royaumes
1. (Inclure l'introduction.) a) Où le taoïsme et le confucianisme
sont-ils pratiqués, et sur quelle échelle? b) A quelle période de-
vons-nous remonter pour en examiner les enseignements?
Taoïsme et confucianisme 161
combattants". A cette heure de !'Histoire, la puissante
dynastie Zhou (Tcheou) (vers 1122-256 av. n. è.) s'était
émiettée en plusieurs Etats féodaux vaguement apparentés,
dont les luttes incessantes faisaient peser un lourd fardeau
sur les épaules du peuple.
2
Les troubles et les souffrances qu'elles provoquaient
compromirent gravement l'autorité de la classe dirigeante
traditionnelle, les gens du commun refusant de se soumettre
plus longtemps aux caprices de l'aristocratie et d'en suppor-
ter les conséquences sans se plaindre. On assista alors à un
foisonnement d'idées et d'aspirations longtemps refrénées
qui s'épanouirent telles "cent fleurs". Différentes écoles de
pensée apparurent, dissertant sur l'art de gouverner, les lois,
l'ordre social, la conduite et la morale, abordant des sujets
aussi variés que l'agriculture, la musique ou la littérature,
s'intéressant aux moyens de retrouver des conditions de vie
plus sereines. Ces écoles de pensée, que l'on baptisa les "cent
2. a) Qu'est-ce qui suscita l'éclosion des "cent écoles" de pensée?
b) Que subsiste-t-il de l'action de ces "cent écoles"?

Tr_anscription des termes chinois


Conformément à l'usage international et à la plupart des
ouvrages paraissant en français, les termes chinois utilisés
dans ce livre ont été transcrits selon le système pinyin. On a
toutefois fait suivre la transcription française E.F.E.O. entre
parenthèses pour les noms chinois mieux connus sous cette
dernière forme, par exemple:
Beijing (Péktn)
Dao (Tao)
Daode jing (Tao Te Ktng)
Kongfuzi (K'ong-fou-tseu)
Laozi (Lao-tseu)
Mao Zedong (Mao Tsé-toung)
Sima Qian (Sseu-ma Ts'ien)
Zhuangzi (Tchouang-tseu)
écoles", n'eurent pour la plupart qu'une action éphémère.
Deux d'entre elles, néanmoins, acquirent un grand prestige,
au point d'influencer la vie des Chinois pendant plus de
deux millénaires. On les connaît aujourd'hui sous les noms
de taoïsme et de confucianisme.
Qu'est-ce que le Dao?
3 On ne peut comprendre pourquoi le taoïsme et le
confucianisme se sont si profondément et si durablement
implantés en Chine, comme d'ailleurs au Japon, en Corée et
dans les nations d'alentour, sans avoir quelque lumière sur
un concept chinois fondamental, le Dao (Tao). Au sens
propre, le terme Dao désigne "une voie, une route, un
chemin". Par extension, il est devenu
"une méthode, un principe ou une doc-

il
trine". Les Chinois estimaient que l'har-
monie et l'ordre perceptibles dans l'uni-
vers étaient des manifestations du Dao,
une sorte de volonté divine ou de loi
omniprésente régulant l'univers. En
d'autres termes, ils ne croyaient pas Le Dao,
l'univers régi par un Dieu créateur, mais 'la Voie
liaient la cause de toute chose à une
providence, à une volonté céleste ou, de
plus simplement, au ciel lui-même. l'homme'.
4
Transposant la notion de Dao à la
société humaine, les Chinois pensaient qu'il y a une façon
naturelle et correcte de faire chaque chose, que tout ce qui
existe, y compris l'être humain, doit occuper la place qui lui
échoit et remplir sa fonction propre. Ils croyaient, par
exemple, que si le souverain s'acquittait de ses devoirs en
3. a) Définissez Je concept chinois du Dao. b) Quelle cause pre-
mière les Chinois substituaient-ils au Créateur? (Voir Hébreux 3:4.)
4. Comment les Chinois transposèrent-ils la notion de Dao dans la
société humaine? (Voir Proverbes 3:5, 6.)
Taoïsme et confucianisme 163
gouvernant avec justice et en veillant à accomplir les rites
sacrificiels dus au ciel, la nation connaîtrait la paix et pros-
pérerait. De même, si le peuple se montrait disposé à cher-
cher la Voie, ou Dao, et à l'observer, l'harmonie, la paix et
l'efficacité s'installeraient partout. Si par contre il la contra-
riait, ou lui résistait, il n'en résulterait que chaos et désastre.
5 Cette volonté d'établir l'accord avec le Dao pour ne pas

en perturber le flux est un pivot de la philosophie et de la


pensée religieuse chinoise. Le taoïsme et le confucianisme
sont, pourrait-on dire, deux modalités d'un même concept.
Le taoïsme privilégie le mysticisme et, sous sa forme origi-
nelle, préconise le non-agir, le calme, la passivité, la vie
solitaire et le retour à la nature. L'idée qui prévaut est que
les choses seraient au mieux si les gens s'abstenaient d'agir
et s'abandonnaient au mouvement naturel. A l'inverse, le
confucianisme privilégie le pragmatisme. Il enseigne que
l'ordre social ne règne que lorsque tous les hommes jouent
le rôle qui leur revient et s'acquittent de leurs devoirs. A cette
fin, le confucianisme codifie l'ensemble des rapports hu-
mains et sociaux et propose un schéma de conduite adapté
à chaque cas: gouvernant-gouverné, père-fils, mari-femme,
etc. Il est temps maintenant de répondre aux questions
suivantes: Comment ces deux systèmes sont-ils venus à
l'existence? Quels en sont les fondateurs? Comment prati-
que-t-on ces religions de nos jours? Quel rôle ont-elles joué
dans la recherche qu'ont menée les hommes pour trouver
Dieu?
Le taoïsme: À l'origine, une philosophie
6 Au départ, le taoïsme ressemblait davantage à une phi-

losophie qu'à une religion. Son fondateur, Laozi (Lao-tseu),


5. a) Sous quel angle le taoïsme aborde-t-il le Dao? b) Quel aspect
du Dao le confucianisme privilégie-Hl? c) A quelles questions
nous faut-il répondre?
6. a) Que sait-on sur le fondateur du taoïsme? b) Pourquoi l'a-
t-on appelé Laozi?
164 L'humanité à la recherche de Dieu
6- ,-~~~,-:.-:--~,!

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excédé par l'anarchie et la misère de son temps, chercha le


soulagement en se mettant à l'écart de la société et en se
rapprochant de la nature. De l'homme, on ne sait que peu
de choses; il aurait vécu au vie siècle avant notre ère, mais
rien n'est certain. D'ordinaire, on lui donne le nom de Laozi,
qui signifie "ancien maître" ou "le Vieux", car, à en croire la
légende, sa mère l'aurait porté dans son sein si longtemps
qu'il avait déjà les cheveux blancs lors de sa naissance.
7
La seule biographie officielle de Laozi est contenue dans
le Shiji (Cheki, Mémoires historiques) dû à Sima Qian (Sseu-
ma Ts'ien), un historien de cour respecté qui vécut au ue et
au 1er siècle avant notre ère. Selon cet ouvrage, Laozi s'appe-
lait en réalité Li Er et il exerçait les fonctions de commis aux
archives impériales de Luoyang, dans le centre de la Chine.
Sima Qian ajoute ces précisions:
"Pour avoir longtemps servi à la cour des Tcheou et en avoir
constaté la décadence, il aurait abandonné sa charge, serait ar-
rivé à la passe de l'Ouest Yin Xi, le gardien du poste, lui aurait
alors demandé: 'Puisque vous allez vivre en ermite, veuillez
écrire un livre pour mon édification.' C'est ainsi que Laozi écri-
vit un ouvrage en deux parties: l'une sur la Voie (Dao), l'autre
sur la vertu (De)- L'ouvrage compte plus de cinq mille caractè-
res. Sitôt achevée sa tâche, Laozi s'en alla Nul ne put rien savoir
sur sa fin."
7. Qu'apprend-on sur Laozi dans les "Mémoires historiques"?
Taoïsme et confucianisme 165
8 De nombreux spécialistes doutent de l'authenticité de

ce récit. Quoi qu'il en soit, le livre qui vit le jour reçut le nom
de Daode jing (Tao Te King; rendu généralement par "Livre
de la Voie et de la Vertu") et il passe pour le pilier du taoïsme.
Il est rédigé en vers concis et sibyllins, dont certains ne se
composent que de trois ou quatre mots. Le laconisme de la
forme et la modification du sens de certains caractères
utilisés par Laozi ont donné lieu à plus d'une interprétation.
Un aperçu du "Daode jing"
9Tout au long du Daode jing, Laozi discourt sur le Dao,
la voie suprême de la nature, qu'il transpose à toutes les
sphères de l'activité humaine. Pour donner un aperçu du
Daode jing, nous nous servirons dans ce chapitre de la
traduction récente de Ma Kou, préfacée et adaptée par Marc
de Smedt. Au sujet du Dao, nous lisons:
8. a) Quel livre Laozi aurait-il rédigé? b) Pourquoi ce livre a-t-il
donné lieu à plus d'une interprétation?
9. Comment Laozi décrivit-il le Dao dans le Daode jing?

Taiwan: Temple taoïste dédié à Mazu, la "Sainte Mère Céleste".


"Quelque chose de confus et mélangé était là
Avant la naissance du ciel et de la terre( ... )
Capable d'être la genèse de l'univers
Son nom reste inconnu
On l'appelle Tao." - Chapitre 25.
"La voie leur donne vie
La vertu [De) élève
La matière donne une forme
L'environnement les conduit à la maturité.
Ainsi la multiplicité des êtres
Révère la voie et honore la vertu [De)." - Chapitre 51.
10
Que déduire de ces lignes énigmatiques? Ceci: Dans
l'esprit des taoïstes, c'est le Dao, mystérieux principe cosmi-
que, qui est à l'origine de l'univers matériel. Le taoïsme se
donne ainsi pour but de chercher le Dao en se retirant du
monde pour vivre en harmonie avec la nature. Ce concept
transparaît également dans la façon dont le taoïsme envisage
le comportement des humains. Le Daode jing décrit en ces
termes la conduite idéale:
"Plutôt que tenir et remplir jusqu'à ras bord
Mieux vaut savoir s'arrêter à temps.
Marteler et aiguiser sans cesse
Ne préserve pas la lame.
Tout l'or et le jade qui remplissent une salle
Ne peuvent être gardés par personne.
Qui tire fierté de sa richesse et puissance
S'attire le malheur.
L'ouvrage accompli
Se retirer
Tel est le sens de la voie." - Chapitre 9.
11
Ces quelques passages rappellent que le taoïsme était,
du moins au départ, une école de philosophie. Devant les
injustices, les souffrances, les ravages et les incohérences

10. a) Quel but le taoïsme se donne-t-il? b) Comment le taoïsme


applique-Hl ce concept au comportement humain?
11. Comment pourrait-on définir l'idéal taoïste?
Taoïsme et confucianisme 167
d'un régime féodal inflexible, les taoïstes pensaient trouver
la paix et l'harmonie en revenant aux traditions d'autrefois,
quand il n'y avait ni roi ni ministres pour dominer le peuple.
A leurs yeux, la vie idéale consistait à vivre paisiblement à
la campagne, à l'unisson de la nature. - Proverbes 28:15;
29:2.
Le deuxième grand Maître du ta<>ïsme
12
La pensée philosophique de Laozi fut enrichie par
Zhuangzi (Tchouang-tseu), ou "Maître Zhuang" (369-286
av. n. è.), que l'on considéra comme le plus éminent succes-
seur de Laozi. Dans son livre, le Zhuangzi, il ne se contenta
pas d'approfondir le concept du Dao; il élargit également la
notion du yin/ yang tout d'abord exposée dans le Yi jing.
(Voir la page 83.) Selon Zhuangzi, rien n'est vraiment per-
manent ou absolu, toutes choses sont alternativement sou-
mises au jeu de deux forces opposées. Dans le chapitre
intitulé "La crue d'automne", il écrivit:
"Le Tao n'a ni fin ni commencement. Ce sont tous les êtres qui
meurent et qui naissent.( ... ) La vie des êtres est pareille au ga-
lop du cheval. En chacun de ses mouvements, il se modifie, en
chacun de ses instants il se déplace. Vous me demandez ce que
vous devez faire, ce que vous ne devez pas faire? Eh bien lais-
sez-vous aller à vos transformations naturelles."
13 Fidèle à sa philosophie de l'inaction, le taoïsme juge

inopportune toute tentative visant à modifier le cours natu-


rel des choses. Tôt ou tard, tout ce qui existe se transformera
en son contraire. La situation présente est-elle insupporta-
ble? elle va s'améliorer bien vite; est-elle agréable? bientôt
elle aussi aura changé. (Comparer avec Ecclésiaste 5:18, 19.)
Zhuangzi est surtout connu des gens ordinaires par le récit
de son rêve, symbolique de sa philosophie de l'existence:
12. a) Qui était Zhuangzi? b) Quel fut son apport aux enseigne-
ments originaux de Laozi?
13. a) Dans la pensée de Zhuangzi, quel regard le taoïsme porte-
r-il sur la vie? b) Grâce à quel rêve Zhuangzi est-il surtout connu?
168 L'humanité à la recherche de Dieu
"Jadis, Tchouang Tcheou rêva qu'il était un papillon voltigeant
et satisfait de son sort et ignorant qu'il était Tcheou lui-même.
Brusquement il s'éveilla et s'aperçut avec étonnement qu'il
était Tcheou. Il ne sut plus si c'était Tcheou rêvant qu'il était un
papillon, ou un papillon rêvant qu'il était Tcheou."
14 Cette philosophie a marqué de son empreinte la poésie

et la peinture chinoise des générations ultérieures. (Voir la


page 171.) Mais le taoïsme n'allait pas rester longtemps une
philosophie du non-agir.
Une philosophie devient religion
15 Tandis qu'ils s'appliquaient à ne faire qu'un avec la
nature, les taoïstes furent fascinés par sa pérennité et par son
pouvoir de régénération. L'idée fut émise que celui qui
réaliserait l'harmonie avec le Dao, la voie de la nature, serait
peut-être en mesure d'en percer les secrets et de s'immuniser
contre les maux du corps, les maladies, voire contre la mort.
Bien que Laozi n'ait pas directement abordé cette question,
elle apparaît en filigrane dans certains passages du Daode
jing. On lit par exemple au chapitre 16: "L'éternel coïncide
avec le tao. Qui fait un avec la voie du tao, rien ne peut
l'atteindre, même la mort*."
16
Zhuangzi alimenta lui aussi les spéculations sur ce
thème. Ainsi, le Zhuangzi restitue un dialogue entre deux
personnages mythiques. L'un demande: "Malgré votre grand
âge vous avez conservé le teint d'un petit enfant. Pourquoi?"
"C'est, répond le deuxième, que j'ai entendu le Tao." D'un
* Lin Yutang donne cette version: "Uni au Tao, il est éternel, et sa vie
durant, il est à l'abri du mal."

14. Dans quels domaines l'influence du taoïsme se retrouve-t-elle?


15. a) Fascinés par la nature, à quelle idée les taoïstes parvinrent-
ils? b) De quels passages du Daode jing cette idée s'inspirait-elle?
16. Comment, dans ses écrits, Zhuangzi alimenta-Hl les croyances
taoïstes dans le surnaturel?
Taoïsme et confucianisme 169
autre philosophe taoïste, Zhuangzi écrivit: "Lie-tseu se dépla-
çait en chevauchant le vent. Il voyageait de la façon la plus
agréable et s'en revenait au bout de quinze jours. Certes, un
tel homme est rare parmi ceux qui ont atteint à la félicité."
17
Des récits de ce genre enflammèrent l'imagination des
taoïstes, lesquels s'essayèrent à la méditation, eurent recours
à des procédés diététiques et à des exercices respiratoires
censés retarder le dépérissement du corps et la mort. Avant
longtemps, des légendes se mirent à circuler, parlant d'im-
mortels capables de chevaucher les nuages et d'apparaître
puis de disparaître à volonté, vivant un nombre incalculable
d'années sur des montagnes sacrées ou des îles lointaines en
se nourrissant de rosée ou de fruits merveilleux. L'histoire
de la Chine rapporte qu'en 219 avant notre ère Shi Huangdi,
l'empereur Qin, envoya une flotte de navires avec à leur
bord 3 000 garçons et filles à la recherche de l'île légendaire
de Peng Lai, le paradis des Immortels, pour en rapporter la
plante d'immortalité. Comme on l'aura deviné, ils ne revin-
rent point avec l'élixir convoité. Ce sont eux qui, selon la
tradition, auraient peuplé les îles qui forment l'archipel du
Japon.
18
Les pratiques magiques associées au taoïsme prirent un
nouvel essor sous la dynastie Han (206 av. n. è. à 220 de
n. è.). On dit que l'empereur Wudi, qui par ailleurs fit du
confucianisme la doctrine officielle, s'intéressait de près à
l'immortalité physique que recherchaient les taoïstes. Il se
passionna tout particulièrement pour la fabrication de 'pilu-
les d'immortalité' par le moyen de l'alchimie. Dans la pensée
taoïste, la vie résulte de la combinaison du yin/yang (aspect
17. A quelles pratiques taoïstes ces spéculations donnèrent-elles
naissance, et quel en fut le résultat? (Voir Romains 6:23; 8:6, 13.)
18. a) La fabrication de 'pilules d'immortalité' repose sur quel
concept taoïste? b) Quelles autres pratiques magiques le taoïsme
élabora-t-il?
170 L 'humanité à la recherche de Dieu
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Montagnes
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dans la brume, ~
eaux tranquilles,
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arbres courbés et
sages solitaires...
Ces thèmes populaires
de la peinture
paysagiste
chinoise évoquent
l'idéal taoïste:
vivre en harmonie
avec la nature.

féminin-aspect masculin). En faisant fondre du plomb (som-


bre, yin) et du mercure (brillant, yang), les alchimistes
simulaient un processus naturel par lequel ils pensaient
obtenir une pilule qui rendrait immortel. Les adeptes du
taoïsme élaborèrent aussi des exercices proches du yoga, des
techniques respiratoires, des règles diététiques et des prati-
ques sexuelles supposées renforcer le principe vital et pro-
longer l'existence. A cette panoplie venait s'ajouter l'usage
de talismans qui, croyait-on, rendaient invisible et invulné-
rable aux armes, donnaient le pouvoir de marcher sur l'eau
ou de se déplacer dans les airs. Pour repousser les esprits
mauvais et les animaux sauvages, on fixait aussi sur les
bâtiments et au-dessus des portes des sceaux magiques
portant généralement le symbole du yin/ yang.
Taoïsme et confucianisme 171
19
Au IIe siècle de notre ère, le taoïsme se structura. Un
certain Zhang Daoling (Tchang Tao-ling) fonda une société
secrète taoïste dans l'ouest de la Chine; il opérait des guéri-
sons miraculeuses et s'adonnait à l'alchimie. Les membres de
cette société devaient verser cinq boisseaux de riz en guise
de cotisation. De là vient le nom de "taoïsme des Cinq
Boisseaux de riz*" (Wudoumi Doo) attribué à l'école qu'il
avait créée. Zhang, qui affirmait avoir reçu une révélation de
Laozi, devint le premier "Maître céleste". On dit qu'il réussit
à préparer l'élixir de longue vie et que, s'étant rendu sur le
Longhushan (la montagne du dragon (et] du tigre) dans la
province du Jiangxi, il s'éleva jusqu'au ciel, monté sur un
tigre. Zhang Daoling fut à l'origine d'une longue lignée de
"Maîtres célestes" taoïstes qui passent pour ses réincarna-
tions.
Face au bouddhisme
20 Au VIIe siècle, sous la dynastie Tang (618-907 den. è.),
le bouddhisme s'immisça dans la vie religieuse de la Chine.
Pour le neutraliser, le taoïsme se donna le statut de religion
et fit valoir ses racines chinoises. On déifia Laozi et l'on fixa
le canon des textes taoïstes. Des temples, des monastères et
des couvents furent créés, et l'on fonda des ordres de moines
et de nonnes plus ou moins calqués sur le modèle bouddhi-
que. Le taoïsme incorpora à son panthéon quantité de dieux,
de déesses, de fées et d'immortels issus du folklore chinois,
tels les Huit Immortels (baxian), le Seigneur du Foyer (Zao-
jun), les dieux protecteurs des villes (chenghuang) et les
divinités gardiennes des portes (menshen). Un amalgame se
* Un boisseau est une mesure de capacité utilisée pour les matières
sèches; il équivaut ici à 88 décilitres.

19. Comment le taoïsme se structura-Hl?


20. Comment le taoïsme tenta-Hl de neutraliser l'influence du
bouddhisme?
172 L'humanité à la recherche de Dieu
Agauche, ancienne sculpture taoïste
représentant le dieu de la Longévité
en compagnie des Huit Immortels.
Adroite, prêtre taoïste en costume
d'apparat célébrant un enterrement.
forma à partir d'éléments empruntés au bouddhisme, aux
superstitions traditionnelles, au spiritisme et au culte des
ancêtres. - 1 Corinthiens 8:5.
21
Le temps passant, le taoïsme fit une part de plus en plus
large au spiritisme et aux superstitions. Ses adeptes se con-
tentaient alors d'adorer au temple leurs dieux et leurs dées-
ses de prédilection, sollicitant leur protection contre le mal
et leur aide pour amasser des biens terrestres. On louait les
services de prêtres pour procéder aux funérailles, choisir
21. Avec le temps, que devint le taoïsme, et comment s'opéra ce
changement?
Taoïsme et confucianisme 173
l'emplacement idéal d'une tombe, d'une maison ou d'un
commerce, communiquer avec les défunts, écarter les mau-
vais esprits et les revenants, célébrer les fêtes et accomplir
divers autres rites. L'école de philosophie mystique des
premiers jours était donc devenue une religion où se mê-
laient esprits immortels, enfers et demi-dieux - autant de
croyances erronées puisées dans l'ancien fonds babylonien.
L'autre grand sage de la Chine
22
Nous n'avons parlé jusqu'ici que du taoïsme, de ses
débuts, de son développement et de sa dégénérescence.
Rappelons toutefois qu'il n'est que l'une des "cent écoles" qui
fleurirent en Chine à l'époque des Royaumes combattants.
Une autre école qui vint à tenir un rôle de premier plan, pour
finalement s'imposer, avait pour nom le confucianisme.
Comment se hissa-t-elle à cette position? De tous les sages
chinois, Confucius est sans doute celui qu'on connaît Je
mieux hors de Chine; mais qui était-il réellement, et qu'en-
seigna-t-i!?
2 3 Pour faire plus ample connaissance avec lui, reportons-

nous de nouveau au Shiji (Mémoires historiques) de Sima


Qian. S'il s'est peu étendu sur la vie de Laozi, Sima Qian a
donné en revanche une biographie détaillée de Confucius.
Voici, sur le personnage, quelques extraits du Shiji traduits
par !'écrivain chinois Lin Yutang:
"Confucius naquit dans le village de Tséou qui faisait partie du
comté de Tch'ang ping, dans l'Etat de Lou [Lu]. [Sa mère]
adressa des prières à la colline de Ni-tsiou pour avoir un enfant
et elle fut exaucée car elle eut un fils, la 22< année du règne de
Shiang, duc de Lou (551 av. J.-C.). Comme il était venu au
22. Quelle école de pensée s'imposa en Chine, et quelles questions
nous faut-il examiner?
23. Quels détails les "Mémoires historiques" fournissent-elles sur la
personne de Confucius?
174 L ' humanité à la recherche de Dieu
monde avec une grosse bosse sur la tête, on l'appela Tsiou (col-
line). Son nom littéraire était Tchongni et son nom de famille
K'ong*."
24 Confucius perdit son père peu après sa naissance.

Quoique pauvre, sa mère fit en sorte qu'il reçoive une solide


instruction. Enfant, Confucius manifesta un vif intérêt pour
l'histoire, la poésie et la musique. D'après les Entretiens, un
des Quatre Livres du confucianisme, il entreprit l'étude des
belles-lettres à l'âge de 15 ans. A 17 ans, on lui confia un
modeste travail de fonctionnaire au pays de Lu, sa terre
natale.
* Confucius est une latinisation du chinois Kongfuzi (K'ong-fou-tseu),
qui signifie "Maître K'ong". Elle fut forgée par des Jésuites venus en Chine
au XVI' siècle, lorsqu'ils recommandèrent au pape d'ajouter Confucius à la
liste des saints de l'Eglise catholique.

24. Quelle fut la jeunesse de Confucius?

/J confucianisme: philosophie ou religion?


Confucius ayant peu parlé vertu et excellence morale, et
de Dieu, on considère généra- qui gouvernait la totalité du
lement le confucianisme cosmos. Deuxièmement, il in-
comme une philosophie et sistait beaucoup sur l'obser-
non comme une religion. A vation scrupuleuse des rites
l'examen toutefois, les maxi- et des cérémonies accompa-
mes et les manières d'agir de gnant le culte du ciel et celui
Confucius laissent entendre des esprits des ancêtres.
qu'il était animé de senti-
ments religieux, témoin ces Bien que Confucius n'ait ja-
deux constatations: Premiè- mais voulu donner à ces no-
rement, il révérait un pou- tions un caractère religieux,
voir spirituel suprême, Tian ses idées sont, dans l'esprit
(T'ien) en chinois, c'est-à- de générations de Chinois, ce
dire le Ciel, qui, pensait-il, qui correspond le mieux au
était à l'origine de toute mot "religion".
25 Sa situation financière s'améliora, semble-t-il, ce qui lui

permit de se marier à l'âge de 19 ans; il eut un fils dans


l'année qui suivit. Alors qu'il se trouvait dans sa 25e année,
sa mère mourut. Manifestement très affecté, Confucius, qui
observait scrupuleusement les traditions des anciens, se
retira de la vie publique et garda le deuil pendant 27 mois
auprès de sa tombe, offrant aux Chinois une démonstration
de la piété filiale classique.
Confucius l'enseignant
26 Par la suite, Confucius quitta sa famille pour devenir

enseignant itinérant. Il enseignait entre autres la musique, la


poésie, la littérature, l'instruction civique, la morale et les
sciences, ou du moins les éléments qu'on en possédait à
l'époque. Sa réputation commençait à se répandre, car, à un
certain moment, il aurait regroupé autour de lui jusqu'à
3 000 élèves.
27
En Orient, on vénère surtout Confucius en sa qualité de
maître enseignant. Sur sa tombe, à Qufu (province de Shan-
dong), son épitaphe l'appelle simplement: "Ancien et très
saint enseignant." Un auteur occidental décrit ainsi les pro-
cédés pédagogiques de Confucius: "Il se déplaçait à pied
'd'un lieu à un autre, accompagné par ceux qui s'instrui-
saient de ses vues'. Lorsque ses pérégrinations l'emmenaient
assez loin, il empruntait un char tiré par un bœuf. L'allure
paisible de l'animal permettait à ses élèves de le suivre à pied.
Tout semble indiquer qu'il puisait la matière de ses entre-
tiens dans les faits qui survenaient en cours de route."
Remarquons au passage qu'indépendamment de Confucius,
Jésus utilisa une méthode semblable quelques siècles plus
tard.
25. Comment Confucius réagit-il à la mon de sa mère? (Voir
Ecclésiaste 9:5, 6; Jean 11:33, 35.)
26. Quelle carrière Confucius entreprit-il après la mon de sa mère?
27. Que sait-on des procédés pédagogiques employés par Confu-
cius? (Voir Matthieu 6:26, 28; 9:16, 17; Luc 12:54-57; Jean 4:35-38.)
176 L'humanité à la recherche de Dieu
[Js Quatre Livres et les cinq classiques du confucianisme

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Les Quatre Livres Les cinq classiques


1. La Grande Étude (Da 1. Le Canon des poèmes (Shi
xue ), texte de base entrant jing), recueil de 305 poésies dépei-
dans la formation d'un gnant la vie quotidienne aux débuts
homme de qualité; le premier de la dynastie Zhou ( 1000-600
qu'étudiaient autrefois les av. n. è.).
écoliers chinois. 2. Le Canon des documents ( Shu
2. L'invariable Milieu jing), ouvrage couvrant 17 siècles de
( Zhong yong ), traité sur le l'histoire de la Chine à compter de la
développement de la nature dynastie Shang ( 1766-1122 av. n. è. ).
humaine par la pratique de la 3. Le Canon des mutations (Yi
modération. jing), livre de divination interpré-
3. LesEntretiens(Lunyu), tant les 64 combinaisons possibles de
recueil de sentences pronon- six lignes pleines ou brisées.
cées par Confucius; elles pas- 4. Le Mémorial des rites (Liji),
sent p0Ur la source principale recueil de règles relatives aux céré-
de la pensée confucéenne. monies et aux rites.
4. Le Mencius (Mengzi), 5. Les Annales des printemps et
textes et maximes de Mengzi automnes (Chunqiu), chronique
(Mencius), le plus éminent du pays de Lu, terre natale de Confu-
disciple de Confucius. cius, pour la période 721-478 av. n. è.
28
Si Confucius fut parmi les Orientaux un enseignant
vénéré, c'est indubitablement en raison de son érudition,
notamment dans les domaines de l'histoire et de la morale.
Lin Yutang écrit: "L'attrait qu'exerçait Confucius était sans
doute beaucoup moins dû au fait qu'il était l'homme le plus
sage de son temps, que parce qu'il en était le plus grand
érudit, le seul capable de disserter sur les anciens livres et la
sagesse antique." Voyant dans cet amour de l'instruction la
raison vraisemblable du triomphe du confucianisme sur les
autres écoles de pensée, Lin Yutang ajoute: "Les maîtres
confucianistes avaient quelque chose de précis à enseigner
et les élèves quelque chose de précis à apprendre (c'est-à-
dire la science historique), tandis que les autres écoles
n'avaient rien d'autre à présenter que leurs opinions."
"Seul le ciel me connaît"
29
Bien qu'il fût un enseignant réputé, Confucius ne con-
sidérait pas l'enseignement comme le but de sa vie. Il pensait
que ses principes éthiques et moraux étaient capables de
stabiliser le monde troublé dans lequel il vivait, à condition
seulement que les dirigeants consentent à les mettre en
usage en lui confiant, ainsi qu'à ses élèves, des fonctions
gouvernementales. Il quitta donc Lu, son pays natal, accom-
pagné de quelques-uns de ses plus proches disciples, voya-
geant d'un Etat à un autre en quête du prince avisé qui
adopterait ses vues sur l'art de gouverner et sur l'ordre social.
Quel en fut le résultat? Le Shiji répond: "Puis il quitta (le pays
de) Lou; il fut chassé (du pays) de Ts'i; il fut rejeté (des pays)
de Song et de Wei; il se trouva en péril entre (les pays) de
Tch'en et de Ts'ai." Après 14 années passées sur les routes, il
revint à Lu, certes déçu, mais non brisé.
28. Selon !'écrivain chinois Lin Yutang, pourquoi Confucius de-
vint-il un enseignant vénéré?
29. a) Quelle était la véritable ambition de Confucius? b) Com-
ment essaya-Hl de la réaliser, mais quel résultat obtint-il?
178 L 'humanité à la recherche de Dieu
3o Jusqu'à la fin de ses jours, il se consacra à écrire et à
enseigner. (Voir l'encadré de la page 177.) Regrettant sans
aucun doute d'être méconnu, il eut toutefois ces mots: "Je
n'accuse pas le Ciel, je ne blâme pas les hommes. ]'étudie
ici-bas, et je suis entendu d'en haut. Seul le Ciel me connaît."
Il s'éteignit en 479 avant notre ère, à l'âge de 73 ans.
Les grands thèmes du confucianisme
31 S'il fut un érudit et un enseignant hors du commun,

Confucius ne restreignit nullement son influence aux cer-


cles de lettrés. Outre l'enseignement de règles régissant la
conduite et la morale, il avait pour ambition de restaurer
l'ordre et la paix au sein d'une société déchirée par de
continuelles guerres féodales. Cet objectif, enseignait-il, se-
rait atteint si tous les hommes, de l'empereur aux gens du
peuple, s'enquéraient du rôle qui leur revenait dans la so-
ciété et s'y conformaient.
30. Quelles œuvres littéraires constituent la base du confucia-
nisme?
31. Selon l'enseignement de Confucius, comment parviendrait-on
à restaurer l'ordre dans la société?

Confucius,
le grand sage
de la Chine,
est vénéré
comme
un enseignant
en matière
de morale
et d'éthique.
32 Ce principe confucéen a pour nom li, terme qui signifie

propriété, courtoisie, ordre des choses, et, par extension,


rites, cérémonie, vénération. A la question: "Quel est donc ce
fameux 'li'?", Confucius répondit un jour:
"De tous les principes qui guident une nation, 'li' est le plus
grand. Sans lui, nous ne savons comment adorer convenable-
ment les esprits de l'univers; ni comment établir les devoirs ré-
ciproques qui existent entre le roi et ses ministres, le souverain
et ses sujets, les aînés et les jeunes; ni comment distinguer les
différents degrés de parenté au sein de la famille. C'est pour-
quoi le sage a tant de considération pour ce principe."
33 En conséquence, li est la règle de conduite qui doit

guider l'homme de qualité (junzi, parfois traduit par


"homme supérieur") dans tous ses rapports avec autrui. Que
chacun s'efforce de l'observer, dit Confucius, et tout sera
"réglé dans la famille, dans l'Etat et dans le monde". C'est
ainsi que l'on réalise le Dao, la voie du ciel. Mais quelles sont
les modalités de li? Cette question nous amène à aborder une
autre grande idée du confucianisme: la notion de ren (jen),
d'humanité ou de bienveillance.
34 Alors que li préconise la maîtrise de soi par le respect

de règles extérieures, ren, lui, s'intéresse à la nature humaine,


à la personne intérieure. La thèse confucéenne, telle qu'elle
fut surtout développée par Mengzi (Mencius), le princi-
pal disciple de Confucius, affirme la bonté naturelle de
l'homme. C'est donc le perfectionnement individuel, fondé
sur l'étude et la connaissance, qui guérira tous les maux de
la société. Voici ce qu'on peut lire dans la Grande Etude, au
chapitre premier:
"Les connaissances morales étant parvenues à leur dernier de-
gré de perfection, les intentions sont ensuite rendues pures et
sincères; les intentions étant rendues pures et sincères, l'âme se

32, 33. a) Qu'est-ce que le concept confucéen de li? b) D'après


Confucius, que résulterait-il de sa mise en pratique?
34. Qu'est-ce que le concept confucéen de ren, et comment con-
tribuerait-il à guérir les maux de la société?
180 L'humanité à la recherche de Dieu
Séoul (Corée): Des cérémonies accompagnées de musique
perpétuent les rites confucéens à Sung Kyun Kwan,
une école confucianiste fondée au XIV• siècle.

pénètre ensuite de probité et de droiture; l'âme étant pénétrée


de probité et de droiture, la personne est ensuite corrigée et
améliorée; la personne étant corrigée et améliorée, la famille est
ensuite bien dirigée; la famille étant bien dirigée, le royaume
est ensuite bien gouverné; le royaume étant bien gouverné, le
monde ensuite jouit de la paix et de la bonne harmonie. Depuis
l'homme le plus élevé en dignité, jusqu'au plus humble et plus
obscur, devoir égal pour tous: corriger et améliorer saper-
sonne; ou le perfectionnement de soi-même est la base fonda-
mentale de tout progrès et de tout développement moral."
35 En conséquence, selon Confucius, l'observation de li
permettrait de se conduire correctement dans n'importe
quelle circonstance, tandis que la pratique de ren conduirait
à traiter chacun avec bienveillance. La société devrait alors
en théorie goûter la paix et l'harmonie. L'idéal confucéen,
ayant li et ren pour racines, se résume ainsi:
35. a) Comment peut-on résumer les principes de li et de ren?
b) Comment ces principes se reflètent-ils dans les conceptions des
Chinois?
Taoïsme et confucianisme 181
Qu 'ils soient bouddhistes, taoïstes ou confucianistes,
la plupart des Chinois (de gauche à droite) honorent leurs ancêtres
à la maison, rendent un culte au dieu de la richesse et offrent
des sacrifices au temple les jours de fête.

"Bonté du père, piété filiale du füs


Bonnes manières du frère aîné, humilité et respect du plus
jeune
Equité du mari, obéissance de la femme
Compassion des anciens, déférence des plus jeunes
Bienveillance des dirigeants, loyauté des ministres et des su-
jets."
Ces principes nous font mieux comprendre pourquoi la
plupart des Chinois, et même d'autres Orientaux, sont si
attachés aux liens familiaux, au travail, à l'étude et aux
convenances. Pour le meilleur, comme pour le pire, ces
notions confucéennes ont, au fil des siècles, profondément
façonné la conscience chinoise.
182 L'humanité à la recherche de Dieu
Promu culte d'État
36 L'avènement du confucianisme marqua la fin de la
période des "cent écoles". Les empereurs de la dynastie Han
virent dans le concept confucéen de loyauté envers le sou-
verain un moyen tout trouvé de renforcer le pouvoir impé-
rial. Sous le règne de l'empereur Wudi, déjà mentionné à
propos du taoïsme, le confucianisme acquit le statut de culte
d'Etat. Seuls ceux qui étaient versés dans les classiques du
confucianisme étaient appelés à des charges officielles, et
tous ceux qui briguaient des fonctions au sein du gouverne-
ment devaient se soumettre à des examens nationaux por-
tant sur ces ouvrages. Les rites confucéens devinrent la
religion de la maison royale.
37 Ce changement contribua largement à rehausser

l'image de Confucius au sein de la société chinoise. A l'ins-


tigation des empereurs Han, on prit l'habitude d'aller offrir
des sacrifices sur sa tombe. Le Maître fut également revêtu
de titres honorifiques. Puis, en 630 de notre ère, Taizong, un
empereur Tang, décréta qu'un temple d'Etat devait être érigé
dans toutes les provinces et dans tous les cantons de l'em-
pire, et que des sacrifices y seraient régulièrement offerts.
Pour simplifier les choses, on éleva Confucius au rang d'un
dieu. Dès lors, le confucianisme ne se différencia plus guère
du taoïsme et du bouddhisme. - Voir l'encadré de la
page 175.
L'héritage de la sagesse orientale
38Après la chute de la dernière dynastie chinoise en 1911,
le confucianisme et le taoïsme ont fait l'objet de vives
36. Comment le confucianisme acquit-il le statut de culte d'Etat?
37. a) Comment le confucianisme devint-il une religion? b) Pour-
quoi le confucianisme est-il plus qu'une simple philosophie?
38. a) Qu'ont dû affronter le taoïsme et le confucianisme depuis
1911? b) Que peut-on toujours dire des idées essentielles de ces
deux religions?
Taoïsme et confucianisme 183
critiques et même de persécutions. Le taoïsme s'est vu repro-
cher ses pratiques magiques et superstitieuses. On a accusé
le confucianisme d'avoir cautionné le régime féodal et em-
prisonné les esprits dans la servilité, favorisant l'asservisse-
ment du peuple en général et celui des femmes en parti-
culier. Toutefois, malgré ces condamnations officielles, les
idées essentielles de ces deux religions ont si profondément
imprégné l'âme chinoise qu'elles exercent, aujourd'hui en-
core, un puissant ascendant sur quantité de gens.
39 A titre d'exemple, reportons-nous à un article intitulé

"Rites chinois: Devenus rares à Beijing [Pékin], ils fleurissent


dans les régions côtières", paru en 1987 dans un journal
canadien (Globe and Mail). On y apprenait qu'en dépit de
40 années de régime athée, les rites funèbres, les services
religieux dans les temples et maintes pratiques superstitieu-
ses n'avaient pas disparu des campagnes chinoises. L'article
expliquait: "Il y a dans la plupart des villages un spécialiste
dufengshui. C'est souvent un villageois âgé, habile dans l'art
de lire la direction des vents (feng) et l'orientation de l'eau
(shui) afin de déterminer l'endroit qui sera le plus favorable
pour creuser la tombe familiale, construire une maison ou
installer les meubles du salon."
40 Ailleurs, le taoïsme et le confucianisme ont subsisté
partout où la culture chinoise a survécu. A Taiwan, un
homme qui affirme descendre de Zhang Daoling occupe les
fonctions de "Maître céleste" et ordonne des prêtres taoïstes
(Daoshi). Mazu, une déesse populaire à qui l'on donne le titre
de "Sainte Mère Céleste", est vénérée comme la patronne de
l'île, des marins et des pêcheurs. Les gens en général s'appli-
quent de leur côté à faire des offrandes et à sacrifier aux
39. Que rapporte un journal à propos des superstitions religieuses
en vigueur en Chine?
40. Quelles pratiques religieuses ont cours à Taiwan?
184 L'humanité à la recherche de Dieu
esprits des fleuves, des montagnes et des étoiles; aux divini-
tés tutélaires des métiers; aux dieux de la santé, de la chance
et de la richesse*.
41
Quel est aujourd'hui l'état du confucianisme? Sa prati-
que s'est vue réduite au statut de patrimoine national. A
Qufu, ville natale de Confucius, l'Etat chinois assure, à l'in-
tention des touristes, la conservation du temple consacré à
Confucius et de sa propriété familiale. Selon la revue China
Reconstructs, on a monté des représentations destinées à
"faire revivre les rites qui accompagnaient le culte de Con-
fucius". A Singapour, à Taiwan, à Hong-Kong et dans d'autres
régions d'Extrême-Orient, on célèbre encore l'anniversaire
de Confucius.
42 De l'histoire du confucianisme et du taoïsme, il ressort

ceci: Indépendamment de sa logique et de ses bonnes inten-


tions, un système de pensée qui repose sur une sagesse et
des raisonnements humains est inapte à conduire les hom-
mes au vrai Dieu. Pourquoi? Parce qu'il néglige un élément
fondamental: la volonté et les exigences d'un Dieu person-
nel. Le confucianisme recherche dans la nature humaine une
force qui pousse au bien. Le taoïsme, lui, s'en remet à la
nature tout court. L'un et l'autre cependant ne s'adressent
pas à la bonne source; leur démarche revient à adorer ce qui
a été créé plutôt que le Créateur. - Psaumes 62:9; 146:3, 4;
Jérémie 17:5.
43 Par ailleurs, le culte traditionnel des ancêtres et des

• Un mouvement taoïste actif à Taiwan, le Tiarutao (la voie céleste),


affirme être un amalgame de cinq religions mondiales: le taoïsme, le
confucianisme, le bouddhisme, le christianisme et l'islam.

41. Sous quelle forme le confucianisme se pratique-Hl encore?


42. Pourquoi le taoïsme et le confucianisme sont-ils inaptes à
conduire les hommes au vrai Dieu?
43. Comment les religions traditionnelles ont-elles défavorisé les
Chinois dans leur ensemble dans la recherche du vrai Dieu?
Taoïsme et confucianisme 185
idoles, la vénération du Ciel conçu comme principe gouver-
nant le cosmos, l'adoration des esprits de la nature et les rites
qui s'y rattachent, toutes ces pratiques font à ce point panie
de la pensée chinoise qu'on ne songerait pas à mettre en
doute leur bien-fondé. Il est d'ailleurs souvent très difficile
de parler à un Chinois d'un Dieu ou d'un Créateur personnel,
tant ce concept lui est étranger. - Romains 1:20-25.
44 Incontestablement, la nature recèle des merveilles qui
témoignent d'une sagesse stupéfiante. Les humains, quant à
eux, sont dotés de facultés remarquables que sont la raison
et la conscience. Or, comme l'a montré le chapitre 6 consacré
au bouddhisme, ces merveilles naturelles ont conduit des
esprits réfléchis à conclure qu'il existe forcément un Archi-
tecte, un Créateur. (Voir les pages 151et152.) S'il en est ainsi,
ne serait-il pas logique de se mettre à sa recherche? Telle est
précisément l'invitation qu'il nous lance: "Levez vos yeux en
haut et voyez. Qui a créé ces choses? C'est Celui qui fait sortir
leur armée d'après le nombre, et qui les appelle toutes par
leur nom." (Esaïe 40:26). Si nous acceptons cette invitation,
non seulement nous parviendrons à connaître le Créateur,
Jéhovah Dieu, mais nous saurons également quel avenir il
réserve à l'humanité.
45 Aux religions qui, tels le bouddhisme, le confucianisme

et le taoïsme, ont façonné la vie religieuse des peuples de


l'Orient, il faut associer un autre culte, typiquement japonais
celui-là: le shintô. En quoi se distingue-Hl des trois pre-
miers? Comment est-il apparu? A-t-il conduit les hommes au
vrai Dieu? Telles sont les questions qui feront l'objet du
chapitre suivant.
44. a) A quelle conclusion les esprits réfléchis aboutissent-ils en
examinant les merveilles de la nature? b) Quelle invitation nous est
lancée?
45. Sur quelle autre religion orientale allons-nous maintenant
nous pencher?
186 L ' humanité à la recherche de Dieu
~~~~~~~~CHAPITRES ~~~~~~~~

Leshinto
À la recherche de Dieu au japon
"Mon père était prêtre shintô. On nous apprit en consé-
quence à déposer chaque matin un bol de riz cuit à la va-
peur et un verre d'eau sur le kamidana [autel familial
shintô ) avant de prendre notre petit déjeuner. Nos dévo-
tions terminées, nous descendions le bol et mangions le
riz. ]'avais la conviction que ce rite nous vaudrait la pro-
tection des dieux.
"Avant d'acheter une maison, nous avons pris soin de
consulter un chamane (un médium) pour nous assurer
que notre nouvelle maison était favorablement située
par rapport à l'ancienne. Il nous signala que des démons
se tenaient à trois de nos portes et nous prescrivit d'ob-
server le rituel de purification préconisé par mon père.
Nous avions donc l'habitude de purifier ces endroits
avec du sel une fois par mois." - Mayumi T.

LE SHINTO est une religion essentiellement japonaise.


Selon le Nihon Shukyo jiten (Encyclopédie des religions
japonaises), "la formation du shintô se confond presque avec
la culture ethnique du Japon; cette culture religieuse n'est
jamais sortie du cadre social nippon". Le rayonnement éco-
nomique et culturel du Japon moderne nous amène cepen-
dant à nous intéresser aux facteurs religieux qui ont façonné
l'histoire de ce pays et la personnalité de ses habitants.
1. (Inclure l'întroduction.) Où le shintô est-il essentiellement pra-
tiqué, et que font certains de ses fidèles?
Le shintô: À la recherche de Dieu au japon 187
2
Le shintô revendique 91 millions de fidèles au Japon,
soit environ les trois quarts de la population. Une enquête
d'opinion publique a cependant révélé que seulement deux
millions de Japonais, soit à peine 3 % de la population adulte,
s'en réclamaient effectivement. Toutefois, selon Sugata Ma-
saaki, qui effectue des recherches sur cette religion, "le
shintô est si étroitement lié à la vie quotidienne des Japonais
que c'est à peine si les gens se rendent compte qu'il existe.
Pour les Japonais, c'est moins une religion qu'un élément de
leur cadre de vie: ils ne le remarquent pas plus que l'air qu'ils
respirent". Même ceux qui se disent indifférents aux ques-
tions religieuses achètent des amulettes shintô pour se pré-
munir contre les accidents de la circulation, se marient
conformément aux traditions shintô ou bien dépensent leur
argent lors des fêtes annuelles du shintô.
Les origines
3 Le terme "shintô" fut créé au VIe siècle de notre ère pour
distinguer le culte indigène national du bouddhisme qui
2. Quelle place le shintô occupe-Hl dans la vie des Japonais?
3, 4. Dans quelles circonstances la religion du Japon reçut-elle le
nom de shintô?

Fidèle
du shintô
invoquant la
bienveillance
des dieux.
commençait à s'implanter au Japon. "'La religion nationale
du Japon' ( ...) est bien sûr antérieure à l'introduction du
bouddhisme, précise Sachiya Hiro, spécialiste des religions
japonaises, mais elle existait au niveau subconscient, sous la
forme de coutumes et d' 'usages'. Avec l'arrivée du boud-
dhisme, on a pris conscience que ces usages constituaient
une religion autochtone, distincte du bouddhisme venu de
l'étranger." Comment cette religion japonaise s'est-elle déve-
loppée?
4
Il est difficile de déterminer avec précision à quel mo-
ment est né le shintô primitif, la "religion nationale du
Japon". Après la création des premières rizières, "la rizicul-
ture ne pouvait être pratiquée que par des communautés
stables et bien organisées, lit-on dans une

~'*'
encyclopédie (Kodansha Erzcyclopedia of
]apan). C'est alors qu'apparurent les rites
agricoles, qui allaient occuper une grande
place dans le shintô". Les peuples anciens

~~
se donnèrent quantité de dieux de la na-
ture et se mirent à les vénérer.
5 Outre l'adoration de ces divinités, la

crainte des âmes des morts incita ces Shintô,


hommes du passé à inventer des rites
'La voie
destinés à apaiser les défunts. Ces rites
donnèrent naissance au culte des ancê- des dieux'.
tres. Dans les croyances shintô, l'âme con-
serve la personnalité du défunt, mais elle est souillée par la
mort au moment du décès. Lorsque la famille du disparu
accomplit les rites du souvenir, l'âme se purifie, perd toute
méchanceté pour être dès lors pacifique et bienveillante. Au
bout d'un certain temps, l'esprit de l'ancêtre disparu accède
à la position de dieu ancestral, c'est-à-dire protecteur. Ainsi,
S. a) Comment considère-t-on les morts dans le shintô? b) Com-
parez cette façon de considérer les morts avec ce que dit la Bible.
Le shintô: À la recherche de Dieu au japon 189
dans le shintô également, l'immortalité de l'âme joue-t-elle
un rôle fondamental en ce qu'elle conditionne la pensée et
les actions des fidèles. - Psaume 146:4; Ecclésiaste 9:5, 6, 10.
6 On pensait que l'atmosphère était remplie de divinités

de la nature et d'ancêtres divinisés "flottant" dans l'air. Lors


des fêtes, on priait les dieux de descendre dans l'endroit
qu'on avait sanctifié pour les recevoir. On disait que les
dieux venaient résider temporairement dans des shintai, des
objets de culte tels qu'un arbre, une pierre, un miroir, une
épée. Les rites d'évocation des dieux étaient présidés par des
chamanes, ou médiums.
7 Peu à peu, les sites où les dieux "se posaient" ne furent
plus seulement purifiés à l'occasion des fêtes; ils devinrent
des lieux de culte permanents. On construisit des sanctuaires
aux dieux bienveillants, ceux dont l'action était jugée béné-
fique. Au début, les gens ne se faisaient pas d'images de leurs
6, 7. a) Quelle idée les fidèles du shintô se faisaient-ils de leurs
dieux? b) Qu'est-ce qu'un shintai, et quel rôle joue-t-il dans le
shintô? (Voir Exode 20:4, 5; Lévitique 26:1; 1 Corinthiens 8:5, 6.)

C'est parfois une montagne entière, le mont Fuji par exemple,


qui devient un shintai (objet de culte).
divinités; ils adoraient les shintai, censés abriter les esprits
des dieux. C'était parfois une montagne entière, le mont Fuji
par exemple, qui servait de shintai. Le Japon finit par comp-
ter tellement de dieux que les Japonais créèrent l'expression
yaoyorozu-no-kami, qui signifie littéralement "huit millions
de dieux" ("kami" se traduisant par "dieux" ou "divinités").
\ Par cette formule on entend aujourd'hui d' "innombrables
dieux", tant il est vrai que le nombre des divinités shintô ne
cesse de croître.

li déesse du Soleil dans les mythes shintô


D'après un mythe shintô, déesse Amano Uzume
il y a bien longtemps le commença à exécuter une
dieu Izanagi "se lava l'œil danse en frappant des
gauche et donna ainsi nais- pieds sur un baquet. Tout
sance à la grande déesse en dansant avec frénésie,
Amaterasu, déesse du So- elle se dépouilla de ses vê-
leil". Un jour Susanoo, dieu tements. Les dieux se mi-
de la plaine des mers, fit rent à rire. Intriguée par
tellement peur à Amate- toute cette agitation, Ama-
rasu que la déesse "terri- terasu regarda au-dehors
fiée se cacha dans la grotte et se vit dans le miroir. At-
rocheuse du ciel et avec un tirée par sa propre image,
rocher barra l'entrée. Le elle sortait peu à peu de la
monde fut plongé dans les grotte lorsque le dieu de la
ténèbres". Les dieux déli- Force la saisit par la main
bérèrent donc sur les et la fit sortir complète-
moyens de l'en faire sortir. ment. "Le monde fut de
Ils firent apporter des nouveau illuminé par le
coqs, dont le chant prédit rayonnement de la déesse
l'aurore, et fabriquèrent du Soleil." - Mythologie
un grand miroir. Sur les générale (Larousse). -
branches de l'arbre Sakaki, Voir Genèse 1:3-5, 14-19;
ils fixèrent des joyaux et Psaumes 74:16, 17;
différentes étoffes. La 104:19-23.
8 Les rites shintô se concentrant autour des sanctuaires,
chaque clan s'attacha pieusement une divinité tutélaire.
Cependant, lorsque la famille impériale unifia la nation au
vue siècle de notre ère, elle éleva sa déesse du Soleil Amate-
rasu-ô-mikami au rang de divinité nationale, faisant d'elle la
figure centrale du panthéon shintô. (Voir l'encadré de la
page 191.) Avec le temps, on forgea le mythe selon lequel
l'empereur était un descendant direct de la déesse du So-
leil. A l'appui de cette croyance, deux importants ouvrages
shintô, le Kojiki et le Nihonshoki, furent compilés au vrn• siè-
cle de notre ère. Ces livres - composés de mythes chan-
tant la grandeur de la famille impériale, descendante des
dieux - contribuèrent à asseoir la suprématie des empe-
reurs.
Une religion de fêtes et de rites
9 Ces deux livres de mythologie shintô ne sont pas tenus
pour des écrits inspirés. A noter d'ailleurs qu'on ne reconnaît
au shintô ni "bible" ni fondateur. "Il y a dans le shintô toute
une série d' 'absences', explique Shouichi Saeki, un spécia-
liste du shintô. Outre l'absence de doctrines bien définies et
l'absence de théologie, il se caractérise pour ainsi dire par
une absence de préceptes.( ... ) Bien qu'élevé dans une famille
traditionnellement attachée au shintô, je ne me rappelle pas
avoir reçu une éducation religieuse digne de ce nom." (C'est
nous qui soulignons). Les fidèles du shintô n'accordent
guère d'importance aux doctrines et aux préceptes, ni même
quelquefois à ce qu'ils vénèrent. "Fréquemment, dit un
chercheur, le dieu d'un sanctuaire était remplacé par un
8. a) Dans la mythologie shintô, comment Amaterasu-ô-mikami
fut-elle formée et contrainte à répandre de la lumière? b) Com-
ment Amaterasu-ô-mikami devint-elle la divinité nationale, et quel
lien avait-elle avec les empereurs?
9. a) Pourquoi un spécialiste a-t-il parlé des "absences" du shintô?
b) Quelle importance le shintô accorde-t-il aux doctrines? (Voir
Jean 4:22-24.)
192 L ' humanité à la recherche de Dieu
autre, et parfois les gens qui l'adoraient et le priaient ne s'en
apercevaient pas."
10
Mais alors, demandera-t-on, à quoi les tenants du
q
1 shintô attachent-ils le plus d'importance? Un ouvrage
t. -
10. A quoi les tenants du shintô attachent-ils la plus grande impor-
tance?

[J shinto - Religion de fêtes


Au Japon, on célèbre des fêtes, ou matsurl, tout
au long de l 'année. En voici quelques-unes, parmi
les principales:
• Sho-gatsu, ou Fête du Nouvel An; • Niiname-sat, fête célébrée par la
du l"au3janvier. famille impériale en novembre,
• Setsubun, fête célébrée le 3 fé- lorsque l'empereur, le grand prê-
vrier; on jette des fèves à l'intérieur tre du shintô impérial, goûte le riz
et autour des maisons en criant: nouveau.
"Que les démons sortent, que la • Shicht-go-san, signifiant "sept-
chance rentre!"
cinq-trois"; fête célébrée le 15 no-
•Hina Matsurl, ou Fête des Pou- vembre par les familles adeptes du
pées; destinée aux petites filles, elle shintô. Les chiffres sept, cinq et
a lieu le 3 mars. On compose un éta-
trois passent pour d'importantes
lage chargé de poupées représen-
années de transition; les enfants
tant des anciens personnages de la
cour impériale. vêtus de kimonos multicolores se
rendent au sanctuaire familial.
• Fête des Garçons, le 5 mai; des
Koi-nobori (manches à air en forme • On célèbre aussi de nombreuses
de carpe, symbole de la force) sont fêtes bouddhiques, notamment le
fixés à des mâts. 8 avril, la naissance du Bouddha,
• Tsukimi, contemplat ion de la et, le 15 juillet, l'O-bon, que l'on
pleine lune de la mi-automne; on clôture en envoyant sur un cours
offre de petits gâteaux ronds à base d'eau ou sur la mer des lanternes
de riz et les prémices des récoltes. censées "guider les esprits des an-
• Kanname-sai, l'empereur offre le cêtres durant leurretourvers l'au-
riz nouveau au mois d'octobre. tremonde".
consacré à la culture japonaise répond: "A l'origine, le shintô
considérait comme 'bonnes' les actions qui favorisaient
l'harmonie et la prospérité d'une petite collectivité, et
comme 'mauvaises' celles qui y nuisaient." Vivre en bonne
intelligence avec les dieux, avec la nature et avec la commu-
nauté passait donc pour la vertu suprême; tout acte qui
perturbait l'harmonie paisible du groupe était jugé mauvais,
indépendamment de sa valeur morale.
11
Faute de doctrines ou d'enseignements explicites, le
shintô entend encourager l'harmonie au sein de la commu-
nauté grâce à des rites et à des fêtes. "L'aspect le plus
important du shintô, lit-on dans l'encyclopédie Nihon Shu-
kyo ]iten, a trait à la célébration des fêtes." (Voir l'encadré de
la page 193 ). Les fêtes données en l'honneur des dieux
ancestraux favorisaient l'esprit de coopération au sein des
collectivités rizicoles. Les fêtes principales étaient et sont
encore liées à la culture du riz. Au printemps, les villageois
prient le "dieu des rizières" de descendre dans leur village et
de leur donner une récolte abondante. En automne, ils
remercient les dieux pour le riz qu'ils ont récolté. Pendant
les fêtes, ils mènent leurs dieux en procession sur un mi-
koshi, un sanctuaire portatif, et partagent avec eux la bière
de riz (saké) et la nourriture.
12
Aux yeux d'un fidèle du shintô, la communion avec les
dieux n'est possible qu'après s'être purifié de tous ses péchés
et autres impuretés morales. Telle est précisément la fonc-
tion des rites. Il existe deux façons de purifier un homme ou
un objet, le o-haraï et le misogi. Le o-haraï est pratiqué par
un prêtre shintô qui brandit au-dessus du fidèle ou de l'objet
à purifier une branche de sakaki (un arbuste toujours vert)
au bout de laquelle sont suspendues des bandes de papier
11. Quel rôle les fêtes jouent-elles dans le culte shintô et dans la vie
quotidienne?
12. Quels rites de purification se pratiquent dans la religion shintô,
et dans quel but?
194 L 'humanité à la recherche de Dieu
Pratiquants du shintô portant
un mikoshi (sanctuaire portatü)
et, ci-dessus, parés de feuilles
de roses trémières ( aoi)
_ lors de la fête de Aoi à Kyôto.

ou de lin. Le misogi, quant à lui, s'effectue avec de l'eau. Ces


rites de purification sont si indispensables au culte shintô
qu'une autorité japonaise a pu écrire: "On peut affirmer sans
risque d'erreur que, privé de ces rites, le shintô ne saurait
demeurer [une religion]."
Souplesse du shinto
13 Les fêtes et les rites n'ont cessé d'accompagner le shintô
malgré les transformations qu'il a subies au cours des siècles.
Quelles transformations? On a comparé le shintô à une
poupée que l'on peut habiller de différentes façons. A l'arri-
vée du bouddhisme, il a endossé l'enseignement du Boud-
dha. Quand le peuple a eu besoin de normes morales, il s'est
coulé dans le moule confucéen. Le shintô a fait preuve d'une
extrême souplesse.
14 L'histoire du shintô a très tôt été marquée par le syn-

crétisme, la fusion d'éléments provenant d'autres religions.


13, 14. Comment le shintô s'est-il adapté à d'autres religions?
Le shintô: À la recherche de Dieu au japon 195
S'il est vrai que le shintô a emprunté au confucianisme et au
taoïsme, connu au Japon comme "la voie du yin et yang", il
a surtout fusionné avec le bouddhisme.
15
Par réaction au bouddhisme venu de Chine et de Corée,
les Japonais baptisèrent leurs pratiques religieuses tradition-
nelles du nom de shintô, la "voie des dieux". Face à cette
religion nouvelle, le pays se divisa en deux camps: partisans
et adversaires du bouddhisme. Les premiers avaient pour
argument: 'Les nations voisines ont toutes embrassé cette
confession; pourquoi pas le Japon?' A quoi les seconds
rétorquaient: 'Si nous nous mettons à adorer les dieux de nos
voisins, nous allons nous attirer la colère de nos dieux.' Au
terme d'un débat qui dura plusieurs décennies, les tenants
du bouddhisme l'emportèrent. A la fin du vi• siècle de notre
ère, époque de la conversion du prince Shôtoku, le boud-
dhisme s'était solidement implanté au Japon.
16
Alors qu'il gagnait les communautés rurales, le boud-
dhisme se heurta à des divinités shintô régionales profondé-
ment enracinées dans la vie sociale. Les deux cultes ne
pouvaient coexister qu'en pactisant. Des moines bouddhis-
tes qui pratiquaient l'ascétisme dans les montagnes contri-
buèrent à réaliser cette fusion. Les montagnes étant suppo-
sées abriter des divinités shintô, les pratiques ascétiques de
15, 16. a) Comment des fidèles du shintô ont-ils réagi face au
bouddhisme? b) Comment la fusion du bouddhisme et du shintô
s'opéra-t-elle?
Pour purifier et
protéger les humains
et les objets,
on balance au-dessus
d'eux une branche
d'arbuste toujours
vert à laquelle sont
suspendues
des bandes de papier
ou de lin.
Pour un Japonais, il n'est pas contradictoire de prier successivement
devant un sanctuaire shintô (à gauche) puis devant un autel bouddhique.

ces moines donnèrent l'idée d'amalgamer bouddhisme


et shintô, et de construire des jinguji, ou "temples-
sanctuaires*". Petit à petit s'opéra la fusion des deux re-
ligions sous l'impulsion du bouddhisme et des nouvelles
théories religieuses qu'il formulait.
17
Parallèlement naissait une autre croyance qui faisait du
Japon une nation divine. Lorsque les Mongols attaquèrent le
Japon, au xme siècle, on créa le concept de kami-kaze (litté-
ralement "vents divins"). Par deux fois les Mongols se lancè-
rent à l'assaut de l'île de Kyü shü avec des forces navales
considérables, et par deux fois des tempêtes leur firent
• Au Japon, on appelle "temples" les lieux de culte bouddhiques, et
"sanctuaires" ceux des fidèles du shintô.

17. a) Que signifie le terme kami-kaze? b) Quel rapport le concept


de kami-kaze a-t-il avec la croyance faisant du Japon une nation
divine?
Le shintô: À la recherche de Dieu au japon 197
échec. Les Japonais attribuèrent ces tempêtes, ou ces vents
(kaze), à l'action de leurs divinités shintô (kami), ce qui
valut à ces dieux un surcroît de prestige.
18
Dépositaires d'une confiance accrue, les dieux shintô
passèrent bientôt pour les dieux originels, tandis que les
Bouddha ("ceux qui ont reçu l'lllumination") et les Bodhi-
sattva (Bouddha en puissance qui aident les hommes à
atteindre !'Illumination; voir les pages 136 à 138, 145 et 146)
n'étaient plus que de simples manifestations de la divinité à
un moment donné et dans un lieu précis. La rivalité shintô-
bouddhisme amena la formation de diverses écoles shintô.
Certaines exaltaient les vertus du bouddhisme, tandis que
d'autres magnifiaient le panthéon shintô, et que d'autres
encore accommodaient leurs enseignements d'éléments em-
pruntés à une forme tardive de confucianisme.
Culte de l'empereur et shintO d'État
19
Après bien des années de compromis, les théologiens
shintô décrétèrent que leur religion avait été contaminée par
la pensée religieuse chinoise et préconisèrent le retour aux
anciennes traditions japonaises. Une nouvelle école shintô,
connue sous le nom de Renaissance du shintô, fit son
apparition. Norinaga Motoori, un lettré du XVIIIe siècle, fut un
18. Comment le shintô rivalisa-Hl avec d'autres religions?
19. a) Quel était le but des tenants de la Renaissance du shintô?
b) Quel mode de pensée les enseignements de Norinaga Motoori
engendrèrent-ils? c) A quoi Dieu nous invite-Hl?

L'empereur
Hirohito
(sur 1' estrade)
était adoré
comme le descendant
de la déesse du Soleil.
de ses théologiens les plus éminents. Désireux de remonter
aux sources de la culture japonaise, Motoori entreprit l'étude
des classiques et plus particulièrement des textes shintô du
Kojiki. Il enseignait la suprématie d'Amaterasu-ô-mikami, la
déesse du Soleil, et imputait vaguement les phénomènes
naturels aux autres dieux. S'il faut en croire Motoori, la
providence divine est imprévisible, et c'est être irrévéren-
cieux que d'essayer de la comprendre. Sa pensée pourrait
tenir dans cette formule: ne posez aucune question et sou-
mettez-vous à la providence divine. - Esaïe 1:18.
20
Un de ses disciples, Atsutane Hirata, élargit la thèse de
Motoori et tenta de purifier le shintô de toute "contamina-
tion" chinoise. Comment s'y prit-il? Il fusionna tout bonne-
ment le shintô avec la théologie "chrétienne" apostate. Com-
parant Amenominakanushi-no-kami, un dieu mentionné
dans le Kojiki, au Dieu du "christianisme", il flanquait ce
Maître de l'univers de deux divinités subordonnées, le
"haut et auguste Kami merveilleux qui produit (Takami-
musubi-no-kami) et le divin Kami merveilleux qui produit
(Kami-musubi-no-kami), qui semblent figurer les principes
mâle et femelle". (Les religions au japon, angl.) Il adopta
même la croyance au dieu en trois personnes du catholi-
cisme, quoique ce concept ne devînt jamais la clef de voûte
du shintô. Avec le temps, cependant, l'amalgame opéré par
Hirata entre "christianisme" et shintô fit pénétrer dans la
pensée shintô la notion de monothéisme telle qu'on la
trouvait dans la chrétienté. - Esaïe 40:25, 26.
21
La théologie conçue par Hirata fournit une armature
idéologique à "la vénération du souverain", mouvement qui
provoqua la chute de la dictature militaire féodale des
20, 21. a) Quelle méthode un théologien shintô utilisa-Hl pour
tenter de purifier le shintô de la "contamination" chinoise? b) A
quel mouvement la philosophie de Hirata donna-t-elle son arma-
ture idéologique?
Le shintô: À la recherche de Dieu au japon 199
shogun et conduisit à la restauration du pouvoir impérial en
1868. Le gouvernement impérial rétabli, les disciples de
Hirata furent nommés fonctionnaires d'une "administration
des cultes" et se firent les champions d'un mouvement
visant à faire du shintô la religion d'Etat. Aux termes de la
nouvelle constitution, l'empereur passait pour un descen-
dant direct de la déesse du Soleil Amaterasu-ô-mikami et sa
personne était jugée "sacrée et inviolable". C'est ainsi qu'il
devint le dieu suprême du shintô d'Etat. - Psaume 146:3-5.
L' "Édit sacré" du shintô
22
Si le shintô pouvait se prévaloir d'un ensemble de
prières, de rites et de textes anciens (le Kojiki, le Nihonshoki
et le Engishiki), le shintô d'Etat se devait lui aussi de posséder
un livre sacré. En 1882, l'empereur Meiji émit un rescrit
impérial intéressant les soldats et les marins. Comme ce
document émanait de l'empereur, les Japonais virent en lui
un édit sacré qui fit bientôt l'objet de la méditation quoti-
dienne des hommes enrôlés dans l'armée. Une idée s'en
dégageait particulièrement: il fallait, avant toute autre dette
ou obligation, s'acquitter de ses dettes et de ses obligations
envers l'empereur divinisé.
23 Les textes sacrés du shintô s'enrichirent d'un nouvel

élément lorsque l'empereur promulgua, en date du 30 octo-


bre 1890, le rescrit sur l'éducation. "Non seulement [ce texte]
définissait les bases du système éducatif, mais il devenait de
fait le texte sacré du shintô d'Etat", explique Shigeyoshi
Murakami, un spécialiste en la matière. Ce rescrit entendait
démontrer que l'éducation reposait sur les relations "histo-
riques" qui unissaient les ancêtres mythiques des empereurs
à leurs sujets. Mais comment les Japonais reçurent-ils ces
édits?
22, 23. a) Quels sont les deux rescrits promulgués par l'empereur?
b) Pourquoi les tenait-on pour sacrés?
200 L 'humanité à la recherche de Dieu
24 "Lorsque j'étais écolière, le sous-directeur apportait res-
pectueusement sur l'estrade une boîte en bois qu'il tenait à
hauteur de ses yeux, se souvient Asano Koshino. Le directeur
prenait la boîte et en sortait le rouleau sur lequel était
consigné le rescrit impérial sur l'éducation. Pendant sa lec-
ture, nous devions garder la tête baissée jusqu'à la formule
de conclusion: 'Le nom de Sa Majesté et Son sceau.' Ce texte
nous a été lu si souvent que nous le connaissions par cœur."
Jusqu'en 1945, par le biais d'un système éducatif axé sur la
mythologie, la nation entière fut conditionnée pour se vouer
sans réserve à l'empereur. Aux yeux des Japonais, le shintô
d'Etat était la religion suprême. Les 13 sectes parallèles, qui
enseignaient d'autres doctrines, reçurent le nom peu flatteur
de shintô des sectes.
La mission religieuse du Japon:
Conquérir le monde
25 Le shintô d'Etat fut également doté de son idole. "Cha-

que matin, raconte Masato, un Japonais âgé, je frappais dans


mes mains en direction du soleil, symbole de la déesse
Amaterasu-ô-mikami, puis tourné vers l'est, vers le palais
impérial, je rendais un culte à l'empereur." L'empereur était
adoré par ses sujets à la manière d'un dieu. Sa qualité de
descendant de la déesse du Soleil lui conférait la suprématie
politique et religieuse. Pour reprendre les propos d'un pro-
fesseur japonais, "l'empereur est dieu fait homme. Il est la
manifestation de la Divinité".
26 En conséquence de quoi la doctrine se fit jour selon

laquelle "le pays du Mikado [l'empereur] se trouve être le


centre du monde phénoménal. A partir de là, nous devons
étendre ce Grand Esprit dans le monde entier. ( ... )Etendre
24. a) Illustrez la façon dont on considérait les rescrits impériaux.
b) Comment le shintô d'Etat a-t-il donné naissance au culte de
l'empereur?
25. Comment les Japonais considéraient-ils leur empereur?
26. A quelle doctrine le culte de l'empereur donna-t-il naissance?
Le shintô: À la recherche de Dieu au japon 201
le Grand Japon sur la terre et faire accéder le monde entier
au pays des Dieux, telles sont les tâches les plus urgentes du
moment; encore une fois, c'est là à jamais notre objectif
immuable". (Philosophie politique et shintô moderne [angl.),
D. Holtom.) Voilà qui était aux antipodes de la séparation de
l'Eglise et de l'Etat!
27
Dans son livre Les religions de l'humanité (angl.), John
Noss écrit: "Les militaires japonais se rallièrent promptement
à ces vues. Dans leur philosophie de la guerre, ils reprirent
l'idée que la mission sacrée du Japon était la conquête. Leurs
propos auguraient bien de ce qu'allait engendrer un natio-
nalisme chargé de toutes les valeurs de la religion." Quelle
tragédie, en effet, attendait les Japonais et d'autres peuples
en raison surtout du mythe shintô de la divinité de l'empe-
reur et à cause de l'amalgame de la religion et du nationa-
lisme!
28
Les Japonais en général n'eurent guère d'autre possibi-
lité que d'adorer l'empereur dans le cadre du shintô d'Etat
et du système impérial. La doctrine enseignée par Norinaga
Motoori, 'ne rien demander et se soumettre à la providence
divine', avait pénétré les esprits et modelé la pensée des
Japonais. En 1941, au cours de la Seconde Guerre mondiale,
la nation entière fut mobilisée sous la bannière du shintô
d'Etat pour soutenir l'effort de guerre du Japon au nom de
l' "homme-dieu vivant". 'Le Japon est une nation divine,
pensaient alors les Japonais, et les kami-kaze, les vents
divins, se mettront à souffler en cas de crise.' Les soldats et
leurs familles priaient leurs dieux protecteurs de leur accor-
der la victoire.
29 La défaite de la nation "divine", vaincue en 1945 par le

27. Comment les militaristes se servirent-ils du culte de l'empereur


du Japon?
28. Quelle part le shintô eut-il dans l'effort de guerre du Japon?
29. Qu'est-ce qui amena beaucoup de Japonais à perdre la foi au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale?
202 L 'humanité à la recherche de Dieu
Une jeune femme fixe sur le sanctuaire un ema
(une plaque de bois portant une prière) qu'elle a acheté.

souffle des deux bombes atomiques qui détruisirent Hiro-


shima et la presque totalité de Nagasaki, plongea le shintô
dans une crise grave. Du jour au lendemain, Hirohito, le chef
divin réputé invincible, ne fut plus qu'un homme, un empe-
reur vaincu. La foi des Japonais volait en éclats. Les kami-
kaze avaient trahi la nation. Selon l'encyclopédie Nikon
Shukyo ]iten, "une des raisons [de la crise) fut le sentiment
d'avoir été trahi. ( ... ) Pire, l'univers du shintô ne put fournir
aucune explication religieuse convaincante pour lever les
doutes suscités [par la défaite). Faute d'une réflexion reli-
gieuse plus poussée, la majorité des gens tendit à penser: 'Il
n'y a ni dieu ni Bouddha.'"
La voie de l'harmonie véritable
30La voie suivie par le shintô d'Etat montre à l'évidence
que chacun se doit d'analyser les croyances traditionnelles
auxquelles il adhère. En optant pour le militarisme, peut-être
les fidèles du shintô voulaient-ils réaliser l'harmonie avec
30. a) Quelle leçon peut-on tirer du rôle joué par le shintô au
cours de la Seconde Guerre mondiale? b) En matière de culte,
pourquoi est-il capital de faire usage de sa raison?
Le shintô: À la recherche de Dieu au japon 203
leurs compatriotes. Toujours est-il que cette démarche fut
loin de favoriser l'harmonie, ni dans le monde ni dans les
familles auxquelles la guerre arracha des pères et des fils.
Avant d'offrir sa vie à quelqu'un, il convient de réfléchir à
qui et à quelle cause on va se vouer. Un enseignant chrétien
s'adressa en ces termes à des Romains qui s'étaient autrefois
voués au culte de l'empereur: "Je vous supplie ( ... ) de pré-
senter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu,
un service sacré avec usage de votre raison." Si les chrétiens
de Rome devaient faire usage de leurs facultés de raisonner
pour choisir à qui ils se voueraient, il nous est tout aussi
indispensable de faire usage de notre raison pour détermi-
ner qui nous adorerons. - Romains 12:1, 2.
31 Dans l'esprit des fidèles du shintô en général, l'aspect

essentiel de la religion ne consistait pas à identifier avec


précision un dieu unique. "Les gens du peuple, explique
Hidenori Tsuji, qui enseigne l'histoire religieuse du Japon, ne
faisaient aucune distinction entre les dieux et les Bouddha.
Il leur importait guère que leurs supplications soient enten-
dues par des dieux ou par des Bouddha, pourvu que les
récoltes soient abondantes, les maladies absentes et les fa-
milles à l'abri du malheur." Mais cette conception les a-t-elle
conduits au vrai Dieu? Leur a-t-elle valu ses bénédictions?
La réponse de !'Histoire est claire.
32 A la recherche d'un dieu, les fidèles du shintô se

sont appuyés sur la mythologie pour poser leur empereur


- pourtant simple homme - en dieu, le prétendu descen-
dant de la déesse du Soleil Amaterasu-ô-mikami. Toutefois,
plusieurs millénaires avant que le shintô n'apparaisse, le vrai
Dieu s'était fait connaître à un homme de foi, un Sémite
originaire de Mésopotamie. Le chapitre suivant traitera de
cet événement capital et de ses répercussions.
31. a) De quoi nombre de fidèles du shintô se contentaient-ils?
b) Quelles questions faut-il se poser?
32. De quoi le chapitre suivant traitera-t-il?
204 L'humanité à la recherche de Dieu
_ _ _ _ __ _ _CHAPITRE9' - - - - - - - - -

, Lejudaïsme
A la recherche de Dieu
par! 'Écriture et la tradition
MOÏSE, Jésus, Mahler, Marx, Freud, Einstein ... Qu'avaient
tous ces hommes en commun? Tous étaient Juifs, et tous ont
à leur manière exercé une influence sur l'histoire et sur la
culture de l'humanité. Indéniablement, les Juifs se distin-
guent depuis des milliers d'années. La Bible elle-même en
témoigne.
2
A la différence d'autres religions et cultures anciennes,
le judaïsme a un fondement historique, et non mythologique.
Néanmoins, certains poseront peut-être cette question: Les
Juifs forment une minorité si infime - ils ne sont que
quelque 18 millions sur plus de 5 milliards d'humains - à
quoi bon s'intéresser à leur religion?
Pourquoi s'intéresser au judaïsme
3L'une des raisons est que la religion juive a une histoire
longue de quelque 4 000 ans et que d'autres grandes religions
sont plus ou moins redevables à ses Ecritures. (Voir l'encadré
de la page 220.) Le christianisme, par exemple, fondé par
Jésus (hébreu Yéshoua '),un Juif du 1er siècle, a ses racines dans
1, 2. a) Quels sont quelques Juifs célèbres qui ont influencé l'his-
toire et la culture de l'humanité? b) Quelle quesùon certains
poseront-ils peut-être?
3, 4. a) De quoi se composent les Ecritures hébraïques? b) Quelles
sont quelques-unes des raisons pour lesquelles nous devnons exa-
miner la religion juive et ses racines?
Le judaïsme: À la recherche de Dieu 205
Abram
(Abraham),
l'ancêtre
des Juifs,
adorait
Jéhovah Dieu
ilyaprès
de4000ans.

les Ecritures hébraïques. De même, comme le montre la


lecture de n'importe quelle portion du Qur'an, l'islam égale-
ment doit beaucoup à ces écrits (Qur'an, sourate 2:49-57;
32:23, 24). Ainsi, l'examen de la religion juive nous révèle du
même coup les origines de centaines d'autres religions et
sectes.
4
Une seconde raison, déterminante, est que la religion
juive constitue un jalon essentiel dans la recherche qu'ont
menée les hommes pour trouver le vrai Dieu. D'après les
Ecritures hébraïques, en effet, Abram, l'ancêtre des Juifs,
adorait déjà le vrai Dieu il y a près de 4000 ans*. Il est donc
logique de s'interroger sur la façon dont les Juifs et leur foi
sont devenus ce qu'ils sont. - Genèse 17:18.
Origine des Juifs
5Sans entrer dans les détails, disons que les Juifs descen-
dent d'une antique branche sémitique de langue hébraïque
• Voir Genèse 5:22-24, Les Saintes Ecritures - Traduction du monde
nouveau, édition anglaise à références de 1984, deuxième note sur le
verset 22.

5, 6. Expliquez brièvement l'origine des Juifs et de leur nom.


206 L'humanité à la recherche de Dieu
(Genèse 10:1, 21-32; 1Chroniques1:17-28, 34; 2:1, 2). Voilà
près de 4000 ans, leur ancêtre Abram émigra d'Ur des Chal-
déens, une métropole prospère de Sumer, pour s'installer au
pays de Canaan, au sujet duquel Dieu avait déclaré: "C'est à
ta postérité que je destine ce pays*." (Genèse 11:31 à 12:7).
Appelé "Abram l'Hébreu" en Genèse 14:13, son nom fut
changé plus tard en "Abraham". (Genèse 17:4-6.) A partir de
lui, les Juifs ont dressé une généalogie qui commence avec
son fils Isaac et son petit-fils Jacob, dont le nom fut changé
en Israël (Genèse 32:27-29). Israël eut 12 fils, qui fondèrent
12 tribus. L'une d'elles était Juda, d'où dérive le mot "Juif".
- 2 Rois 16:6, MN.
6 Avec le temps, le mot "Juif" fut utilisé pour désigner tous

les Israélites, et plus seulement les descendants de Juda (Es-


ther 3:6; 9:20). Puisque les registres généalogiques juifs furent
détruits en 70 de notre ère, quand les Romains rasèrent
Jérusalem, aucun Juif ne peut aujourd'hui déterminer avec
exactitude de quelle tribu il descend. De toute façon, l'an-
cienne religion juive a évolué au cours des millénaires. Ac-
tuellement, le judaïsme est pratiqué par les millions de Juifs
de la République d'Israël et de la Diaspora (dispersion dans
le monde). Quel est le fondement de cette religion?
Moïse, la Loi et une nation
7
En 1943 avant notre ère#, Dieu choisit Abram comme
serviteur spécial; il lui fit ensuite un serment solennel en
raison de sa fidélité, Abram s'étant montré disposé à offrir
son fils Isaac en sacrifice, même si ce sacrifice ne fut jamais
• Sauf indication, toutes les citations de ce chapitre sont tirées de la
Bible du Rabbinat français, traduite sous la direction du Grand-Rabbin
ZadocKahn.
" La chronologie proposée ici prend le texte biblique pour autorité.
(Voir le livre ·route Ecriture est inspirée de Dieu et utile ·, publié par la
Watchtower Bible and Tract Society of N.Y., Inc., étude 3, "Comment
situer les événements dans le cours du temps".)

7. Quel serment Dieu fit-il à Abraham, et pourquoi?


Le judaïsme: À la recherche de Dieu 207
consommé (Genèse 12:1-3; 22:1-14). Dans son serment,
Dieu déclara: "Je jure par moi-même, a dit l'Eternel [hébreu
i11i1', YHWH], que, parce que tu as agi ainsi, parce que tu n'as
point épargné ton enfant, ton fils unique, je te comblerai de
mes faveurs; je multiplierai ta race comme les étoiles du
ciel( ... ). Et toutes les nations de la terre s'estimeront heu-
reuses par ta postérité, en récompense
de ce que tu as obéi à ma voix." Ce
serment fut répété au fils d'Abraham,
puis à son petit-fils, puis transmis dans
la tribu de Juda et la lignée de David. Le
concept strictement monothéiste d'un
Dieu personnel traitant directement
L'étoile
avec les humains était unique dans le de David,
monde antique, et il en vint à constituer symbole non
la base de la religion juive. - Genèse biblique
22:15-18; 26:3-5; 28:13-15; Psaume 89:4,
5, 29, 30, 36, 37 (Psaume 89:3, 4, 28, 29,
d'Israël et
35, 36, MN). du judaïsme.
8 Pour réaliser les promesses qu'il avait faites à Abraham,

Dieu posa le fondement d'une nation en contractant une


alliance spéciale avec les descendants du patriarche. Il
institua cette alliance par l'intermédiaire de Moïse, le grand
conducteur des Hébreux qui fut le médiateur entre Dieu et
Israël. Qui était Moïse, et pourquoi revêt-il tant d'impor-
tance aux yeux des Juifs? Le récit biblique de l'Exode nous
apprend qu'il naquit en Egypte (1593 av. n. è.) de parents
israélites qui étaient des esclaves en captivité, comme le
reste de leur peuple. C'est lui que 'l'Eternel fit sortir' pour
conduire son peuple vers la liberté, en Canaan, la Terre
promise (Deutéronome 6:23; 34:10). Outre ses fonctions de
8. Qui était Moïse, et quel rôle joua-t-il en Israël?
208 L'humanité à la recherche de Dieu
prophète, de juge, de conducteur et d'historien, Moïse as-
suma en faveur des Israélites le rôle capital de médiateur de
l'alliance de la Loi que Dieu conclut avec eux. - Exode 2:1
à 3:22.
9 La Loi qu'Israël accepta se composait des Dix Paroles

ou Commandements et de plus de 600 lois qui formaient


un catalogue complet de directives et d'instructions réglant
la conduite quotidienne. (Voir l'encadré de la page 211.) Ces
lois avaient trait au profane comme au sacré, aux exigences
physiques et morales aussi bien qu'au culte rendu à Dieu.
1
° Cette alliance de la Loi ou constitution religieuse
donna la forme et le fond de la foi des patriarches. En
conséquence, les descendants d'Abraham devinrent une
nation vouée au service de Dieu. La religion juive com-
mença à prendre une tournure définitive, et la nation fut
organisée pour le culte et le service de son Dieu. En Exode
19:5, 6, Dieu promit aux Israélites: "Si vous êtes dociles à ma
voix, si vous gardez mon alliance, ( ... ) vous serez pour moi
une dynastie de [prêtres] et une nation sainte." Les Israélites
deviendraient de cette manière un 'peuple élu' qui servirait
les desseins de Dieu. Cependant, l'accomplissement des
promesses liées à l'alliance dépendait d'une condition: "Si
vous êtes dociles à ma voix." Etant vouée à Dieu, la nation
avait désormais des obligations envers lui. C'est pourquoi
ultérieurement (au vrne siècle av. n. è.) Dieu put dire aux
Juifs: "Vous, vous êtes mes témoins, dit l'Eternel [hébreu ii1ii',
YHWH], et le serviteur choisi par moi." - Isaïe [Esaïe]
43:10, 12.
9, 10. a) Qu'était la Loi que Dieu transmit à Israël par l'intermé-
diaire de Moïse? b) Quels aspects de la vie les Dix Commande-
ments touchaient-ils? c) Quelles obligations l'alliance de la Loi
imposait-elle à Israël?
Le judafsme: À la recherche de Dieu 209
Une nation de prêtres,
de prophètes et de rois
11
La nation d'Israël était encore dans le désert, en route
pour la Terre promise, qu'une prêtrise fut mise en place dans
la lignée d'Aaron, le frère de Moïse. Une grande tente porta-
tive (ou tabernacle) devint le centre du culte et des sacrifices
des Israélites (Exode, chapitres 26 à 28). La nation d'Israël
arriva par la suite en Terre promise, Canaan, et la conquit,
conformément à l'ordre de Dieu (Josué 1:2-6). Finalement,
une royauté terrestre fut instituée et, en 1077 avant notre ère,
David, de la tribu de Juda, monta sur le trône. Sous son règne,
la royauté et la prêtrise furent solidement établies dans un
nouveau centre national, Jérusalem. - 1 Samuel 8:7.
12
Après la mort de David, son fils Salomon bâtit à Jérusa-
lem un temple magnifique, qui remplaça le tabernacle. Dieu
ayant conclu avec David une alliance aux termes de laquelle
la royauté resterait pour toujours dans sa lignée, on s'atten-
dait à ce qu'un Roi oint, le Messie, naisse un jour parmi les
descendants de David. Les prophéties indiquaient que par
l'intermédiaire de ce Roi messianique, ou "postérité", Israël
et toutes les nations bénéficieraient d'une domination par-
faite (Genèse 22:18). Cet espoir prit racine, et la nature mes-
sianique de la religion juive devint évidente. - 2 Samuel
7:8-16; Psaume 72:1-20; Esaïe 11:1-10; Zacharie 9:9, 10.
I3 Toutefois, les Juifs se laissèrent influencer par la fausse
religion des Cananéens et d'autres nations qui les entou-
raient. Cela les amena à rompre leurs relations d'alliance avec
Dieu. Dans le but de les corriger et de les ramener dans ses
voies, Jéhovah envoya au peuple une succession de pro-
phètes qui lui transmirent ses messages. C'est ainsi que les
11. Comment la prêtrise et la royauté furent-elles mises en place?
12. Quelle promesse Dieu avait-il faite à David?
13. De qui Dieu se servait-il pour corriger les récidives d'Israël?
Donnez un exemple.
210 L 'humanité à la recherche de Dieu
Dix Commandements pour régir le culte et la conduite
Des millions de gens ont entendu parler des Dix Com-
mandements, mais peu les ont jamais lus. C'est la raison
qui nous pousse à les reproduire presque en entier ici.
• "Tu n'auras point d'autre dieu que moi.
• "Tu ne te feras point d'idole, ni une image
quelconque de ce qui est en haut dans le ciel,
ou en bas sur la terre, ou dans les eaux au-
dessous de la terre. Tu ne te prosterneras
point devant elles, tu ne les adoreras point;
( ... ){A cette date reculée, 1513 avant notre
ère, ce commandement condamnant l'tdold-
trle étatt untque en son genre.]
• "Tu n'invoqueras point le nom de l'Eternel
[hébreu: ;-,,;1'] ton Dieu à l'appui du men-
songe;( ... )
• "Pense au jour du Sabbat pour le sanctifier.
(. .. ) l'Eternel a béni le jour du Sabbat et l'a
sanctifié.
• "Honore ton père et ta mère ( ... ).
• "Ne commets point d'homicide. Malgré la loi unique que
Dieu lui donna, Israël
• "Ne commets point d'adultère. adopta le culte du veau
auquel se livraient
• "Ne commets point de larcin. ses voisins païens
• "Ne rends point contre ton prochain un (veau d'or, Byblos).
faux témoignage.
• "Ne convoite pas la maison de ton prochain; ( ... ) la femme de ton
prochain, son esclave ni sa servante, son bœuf ni son âne, ni rien de ce
qui est à ton prochain." - Exode 20:3-17.
Bien que seuls les quatre premiers commandements aient
un lien direct avec les croyances et le culte, les autres
indiquaient le rapport qui existe entre une conduite droite
et de bonnes relations avec le Créateur.
prophéties devinrent un autre aspect unique de la religion
des Juifs, composant même la plus grande partie des Ecritures
hébraïques, dont 18 des livres portent le nom de prophètes.
- Esaïe 1:4-17.
14 Les grandes figures parmi ces prophètes furent Esaïe,
Jérémie et Ezéchiel, qui tous trois avertirent la nation que
Jéhovah était sur le point de la punir pour son culte idolâtri-
que. Le châtiment tomba en 607 avant notre ère, quand à
cause de l'apostasie d'Israël Jéhovah permit à Babylone, alors
puissance mondiale, de renverser Jérusalem et son temple, et
d'emmener la nation en captivité. Les prédictions des pro-
phètes se révélèrent exactes; !'Histoire a retenu l'exil imposé
à Israël pendant 70 ans, exil qui dura une bonne partie du
VIe siècle avant notre ère. - 2 Chroniques 36:20, 21; Jérémie
25:11, 12; Daniel 9:2.
15 En 539, Cyrus le Perse vainquit Babylone, après quoi il

permit aux Juifs de retourner dans leur pays et de rebâtir le


temple à Jérusalem. Un reste des Juifs s'y rendit, mais la
majorité demeura sous l'influence de la société babylo-
nienne. Plus tard, les Juifs subirent l'empreinte de la culture
perse. Par la suite, des communautés juives apparurent au
Moyen-Orient et autour de la Méditerranée. Dans chaque
communauté se profila une nouvelle forme de culte ratta-
chée à la synagogue, lieu où se réunissaient les Juifs de
chaque ville. Il va de soi que cette disposition fit perdre de
son importance au temple reconstruit à Jérusalem. Dès lors,
les Juifs disséminés constituèrent à proprement parler une
Diaspora. - Ezra [Esdras] 2:64, 65.
14. Quels événements survenus en Israël donnèrent raison aux
prophètes?
15. a) Comment une nouvelle forme de culte prit-elle racine chez
les Juifs? b) Quelles conséquences le culte synagogal eut-il sur celui
célébré à Jérusalem?
212 L'humanité à la recherche de Dieu
Le judaïsme s'hellénise
16 Constamment ballottée au ive siècle avant notre ère, la
communauté juive fut emportée par les flots d'une culture
non juive qui déferlaient sur le monde méditerranéen et
au-delà. Ces eaux venues de Grèce hellénisèrent le judaïsme.
17 En 332 avant notre ère, le général grec Alexandre le

Grand se rendit maître du Moyen-Orient par une conquête


éclair; les Juifs l'accueillirent à bras ouverts quand il se pré-
senta à Jérusalem*. Les successeurs d'Alexandre poursuivi-
rent l'exécution de son projet d'hellénisation en imprégnant
systématiquement l'Empire de la langue, de la culture et de
la philosophie grecque. Les cultures grecque et juive passè-
rent en conséquence par un processus de fusion qui devait
donner des résultats surprenants.
18
Les Juifs de la Diaspora se mirent à parler le grec au lieu
de l'hébreu. C'est pourquoi, vers le début du me siècle avant
notre ère, fut entreprise la première traduction en grec des
Ecritures hébraïques, appelée la Septante. Grâce à elle, de
nombreux Gentils se familiarisèrent avec la religion juive et
en vinrent à la respecter; certains même s'y convertirent#. Les
• L'historien juif du 1°' siècle Yoseph ben Mattiryahu (Flavius Josèphe)
rapporte que lorsqu'Alexandre arriva à Jérusalem, les Juifs lui ouvrirent
les portes de la ville et lui montrèrent la prophétie du livre de Daniel
écrite plus de 200 ans auparavant, qui décrivait clairement les conquêtes
d'Alexandre, le "prince grec". - Histoire ancienne des juifs, livre Xl,
chapitre VIII 4; Daniel 8:5-8, 21.
" Durant la période des Maccabées (Hasmonéens, de 165 à 63 av. n. è.),
des chefs juifs tels que Jean Hyrcan n 'hésitèrent pas à convertir par la
force des populations entières au judaïsme. Détail intéressant, au début de
notre ère, 10 96 du monde méditerranéen était juif. Ce chiffre indique
clairement l'impact qu'avait eu le prosélytisme juif.

16, 17. a) Quelle influence nouvelle envahissait le monde médi-


terranéen au N e siècle avant notre ère? b) Qui furent les instru-
ments de l'expansion de la culture grecque, et comment? c) Quelle
en fut la conséquence sur le judaïsme?
18. a) Pourquoi la Septante, traduction en grec des Ecritures hé-
braïques, fut-elle nécessaire? b) Quel aspect de la culture grecque
eut une influence particulière sur les Juifs?
Le judaïsme: À la recherche de Dieu 213
Juifs, de leur côté, devinrent des experts dans la pensée
grecque; quelques-uns se firent même philosophes, ce qui
était entièrement nouveau pour les Juifs. Philon d'Alexan-
drie, qui vécut au rer siècle de notre ère, en est un exemple:
il s'efforça d'expliquer le judaïsme dans des termes emprun-
tés à la philosophie grecque, comme si tous deux exprimaient
les mêmes vérités ultimes.
19 Résumant cette période d'échanges entre la culture

grecque et la culture juive, Max Dimont, un auteur juif,


déclare: "Enrichis par la pensée platonicienne, par la logique
aristotélicienne et par la science euclidienne, les lettrés juifs
étudièrent la Torah avec des armes nouvelles.( ... ) Ils se mirent
à ajouter la logique grecque à la révélation hébraïque." Les
événements qui allaient se produire sous la domination ro-
maine, qui s'étendit à l'Empire grec puis à Jérusalem en 63
avant notre ère, ouvriraient la voie à des changements de plus
grande portée encore.
Le judaïsme sous la domination romaine
20 Le judaïsme du rer siècle de notre ère se trouvait à une
étape particulière. Max Dimont affirme qu'il était "pris entr:e
le cerveau de la Grèce et l'épée de Rome" . Les Juifs nourris-
saient de grandes espérances, du fait de l'oppression politi-
que et des interprétations des prophéties messianiques,
surtout celles de Daniel. Ils étaient divisés en factions. Les
Pharisiens mettaient l'accent sur une loi orale (voir l'encadré
de la page 221) au détriment des sacrifices offerts au temple.
Les Sadducéens insistaient sur l'importance du temple et de
la prêtrise. Il y avait encore les Esséniens, les Zélotes et les
Hérodiens. Tous avaient des opinions religieuses et philoso-
phiques divergentes. On appelait les chefs juifs rabbins ou
rabbis (maîtres, enseignants); en raison de leur connaissance
19. En quels termes un auteur juif décrit-il la période d'échanges
entre les cultures grecque et juive?
20. Quelle était la situation religieuse des Juifs au 1er siècle de notre
ère?
214 L'humanité à la recherche de Dieu
de la Loi, leur prestige augmenta et ils devinrent une nouvelle
sorte de chefs spirituels.
21 Les divisions internes et externes se perpétuaient dans

le judaïsme, particulièrement en Israël. Finalement, une ré-


bellion caractérisée éclata contre Rome, si bien qu'en 70 de
notre ère l'armée romaine assiégea Jérusalem, ravagea la ville,
brûla son temple jusqu'à ses fondations et dispersa ses habi-
tants. Qui plus est, l'entrée de Jérusalem fut par décret rigou-
reusement interdite aux Juifs. Sans temple, sans terre, avec
un peuple dispersé d'un bout à l'autre de l'Empire romain, le
judaïsme ne pourrait survivre qu'à travers un nouveau mode
d'expression.
22 Les Sadducéens ayant disparu à la suite de la destruction

du temple, la loi orale dont les Pharisiens s'étaient faits les


défenseurs devint le centre d'un nouveau judaïsme: le ju-
daïsme rabbinique. On encouragea davantage l'étude, les
prières et les œuvres pieuses qui remplacèrent les sacrifices
21. Quels événements eurent de lourdes conséquences sur les Juifs
des deux premiers siècles de notre ère?
22. a) Quelle incidence la disparition du temple à Jérusalem eut-
elle sur le judaïsme? b) Comment les Juifs divisent-ils la Bible?
c) Qu'est-ce que le Talmud, et comment prit-il forme?

Scribe juif
copiant
un texte
hébreu.
et les pèlerinages au temple. On pouvait dès lors pratiquer le
judaïsme n'importe où, n'importe quand, dans n'importe
quel contexte culturel. Les rabbins couchèrent la loi orale par
écrit, non sans avoir compilé des commentaires sur elle, puis
des commentaires sur les commentaires; l'ensemble devint
connu sous le nom de Talmud. - Voir l'encadré des pa-
ges 220 et 221.
23
Quel fut le résultat de ces diverses influences? Dans son
livre intitulé Les juifs, Dieu et l'histoire, Max Dimont dit que
les Pharisiens portaient le flambeau de l'idéologie et de la
religion juive, "mais le flambeau lui-même portait la marque
des philosophes grecs". La majeure partie du Talmud avait
beau être d'un légalisme extrême, ses illustrations et ses
explications reflétaient nettement l'influence de la philoso-
phie grecque. Il exposait par exemple en termes juifs des
concepts religieux grecs, tels que celui de l'immortalité de
l'âme. Incontestablement, en cette ère rabbinique nouvelle,
la vénération du Talmud - qui était à l'époque un mélange
de philosophie légaliste et de philosophie grecque - s'in-
tensifia parmi les Juifs, à tel point qu'au Moyen Age ils le
révéraient davantage que la Bible elle-même.
Le judaïsme au Moyen Âge
24 Au Moyen Age (d'environ 500 à 1500 de n. è.), deux
communautés juives distinctes firent leur apparition: les Juifs
séfarades, qui prospérèrent sous la domination musulmane
en Espagne, et les Juifs ashkénazes en Europe centrale et de
l'Est. Les deux communautés produisirent des exégètes rab-
biniques dont les écrits et les pensées forment toujours la
base de l'interprétation religieuse juive. Il est à noter que
nombre des coutumes et des pratiques religieuses du ju-
23. Sur quoi mit-on désormais l'accent sous l'influence de la pen-
sée grecque?
24. a) Quelles sont les deux communautés principales qui virent
le jour parmi les Juifs au Moyen Age? b) Quelle influence eurent-
elles sur le judaïsme?
216 L'humanité à la recherche de Dieu
daïsme actuel virent le jour au Moyen Age. - Voir l'encadré
de la page 231.
25 Au xue siècle, on commença à expulser les Juifs de

plusieurs pays. Abba Eban, écrivain israélien, explique dans


Mon peuple: Histoire du peuple juif: "Dans tous les pays ( ... )
soumis à l'influence intransigeante de l'Eglise, c'était toujours
la même histoire: l'avilissement, les
tortures, les massacres, l'exil." En Les Juifs
1492, l'Espagne redevenue catholi- séfarades et
que ordonna à son tour l'expulsion
de tous les Juifs de son territoire. A ashkénazes
la fin du xve siècle, les Juifs avaient formèrent deux
donc été chassés de presque tous communautés.
les pays d'Europe occidentale et
s'étaient réfugiés en Europe de l'Est ou dans les pays du
pourtour méditerranéen.
26
Au cours des siècles marqués par l'oppression et la
persécution des Juifs, de nombreux soi-disant messies se
levèrent parmi eux en différents endroits du monde. Tous
reçurent un certain crédit, mais leur histoire finit invariable-
ment dans la désillusion. Au xvue siècle, de nouvelles initia-
tives s'avérèrent nécessaires pour revigorer les Juifs et les
sortir de cette sombre période. Au milieu du xvme siècle, le
peuple juif vit poindre un remède à son désespoir. C'était le
hassidisme (voir l'encadré de la page 226), un amalgame de
mysticisme et d'extase religieuse exprimés dans la dévotion
et les activités de tous les jours. A l'opposé, vers la même
époque, le philosophe Moses Mendelssohn, un Juif allemand,
proposa une autre solution, la voie de la Haskala, ou Lumière,
qui devait conduire à ce qui est historiquement considéré
comme le "judaïsme moderne".
25. Quelle attitude l'Eglise catholique adopta-t-elle envers les Juifs
en Europe?
26. a) Qu'est-ce qui désillusionna les Juifs? b) Quelles branches
principales commencèrent à se développer parmi les Juifs?
Le judaïsme: À la recherche de Dieu 217
De la "Lumière" au sionisme
27
D'après Moses Mendelssohn ( 1729-1786), les Juifs se-
raient acceptés s'ils se dégageaient des restrictions imposées
par le Talmud et se conformaient à la culture occidentale. Il
fut à son époque l'un des Juifs les plus respectés du monde
gentil. Cependant, de violentes explosions d'antisémitisme
éclatèrent de nouveau au xrxe siècle, particulièrement en
Russie "chrétienne", ce qui fit perdre leurs illusions aux
adeptes de son mouvement et en amena un grand nombre à.
rechercher un refuge de nature politique. Beaucoup aban-
donnèrent l'idée d'un Messie qui ramènerait les Juifs en Israël
et commencèrent à préparer l'avènement d'un Etat juif par
d'autres moyens. Cela aboutit au sionisme, qui est "la sécula-
risation du ( ... ) messianisme juif", comme le définit une
autorité.
28
Le meurtre de quelque six millions de Juifs européens
dans !'Holocauste perpétré par les nazis ( 1935-1945) donna
au sionisme son élan final et lui gagna de grandes sympathies
dans le monde entier. Le rêve sioniste devint réalité en 1948
avec la création de l'Etat d'Israël, ce qui nous conduit main-
tenant à parler du judaïsme moderne et à soulever la ques-
tion: Quelles sont les croyances des Juifs aujourd'hui?
Dieu est Un
29En termes concis, le judaïsme est la religion d'un peuple.
Autrement dit, un converti se fait membre du peuple juif en
même temps que de la religion juive. C'est une religion
27. a) Quelle influence Moses Mendelssohn exerça-Hl sur le com-
portement des Juifs? b) Pourquoi de nombreux Juifs rejetèrent-ils
l'espérance en un Messie personnel?
28. Quels événements du xxc siède ont changé le comportement
des Juifs?
29. a) En termes simples, qu'est-ce que le judaïsme moderne?
b) Comment l'identité juive s'exprime-t-elle? c) Quelles sont quel-
ques fêtes et coutumes juives?
218 L'humanité à la recherche de Dieu
monothéiste au sens le plus strict du terme; elle soutient que
Dieu intervient dans l'histoire de l'homme, surtout en rap-
port avec les Juifs. Le culte juif comporte plusieurs fêtes
annuelles et diverses coutumes. (Voir l'encadré des pages 230
et 231.) Bien qu'il n'existe pas de credo ni de dogmes recon-
nus par tous les Juifs, la confession de l'unicité de Dieu
exprimée dans le Shema, une prière basée sur Deutéronome
6:4, constitue une partie essentielle du culte synagogal: "En-
tends, ô Israël: le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est un."
3o Cette croyance en un seul Dieu fut léguée au christia-
nisme et à l'islam. Voici ce qu'en dit un rabbin du nom de
]. Hertz: "Cette déclaration sublime du monothéisme absolu
était une déclaration de guerre contre toutes les formes de
polythéisme ( ... ). De la même manière, le Shema exclut la
Trinité du credo chrétien comme une violation de l'unicité
de Dieu*." Mais intéressons-nous à présent aux croyances des
Juifs relatives à la vie après la mort.
La mort, l'dme et la résurrection
3J L'une des croyances élémentaires du judaïsme moderne
est que l'homme possède une âme immortelle qui survit à la
mort de son corps. Cependant, tire-t-elle son origine de la
Bible? L'Encyclopédie judaïque (angl.) reconnaît franche-
ment: "C'est probablement sous l'influence grecque que la
• Selon la Nouvelle encyclopédie britannique, "le credo trinitaire du
christianisme ( ... ) le démarque des deux autres religions monothéistes
classiques [le judaïsme et l'islam]". La Trinité fut élaborée par l'Eglise alors
que "la Bible des chrétiens ne contient concernant Dieu aucune assertion
qui soit expressément trinitaire".

30. a) Comment les Juifs perçoivent-ils Dieu? b) Sous quel rap-


port ['idée que les Juifs se font de Dieu s'oppose-t-elle à celle de la
chrétienté?
31. a) Comment la doctrine de l'immortalité de l'âme s'est-elle
introduite dans l'enseignement juif? b) Quel dilemme l'enseigne-
ment de l'immortalité de l'âme posa-Hl?
Le judaïsme: À la recherche de Dieu 219
]Js écrits sacrés des Hébreux
Les premiers écrits sacrés des Hébreux sont appelés "Tanak". Le nom
"Tanak" vient des trois divisions de la Bible juive en hébreu: Torah
(Loi), Nebiim (Prophètes) et Ketoubim (Ecrits); il est formé par les
initiales des trois parties. Ces livres furent rédigés en hébreu et en
araméen entre le XVIe et lev< siècle avant notre ère.
Les Juifs croient que leur rédaction fut plus ou moins inspirée par
Dieu. C'est pourquoi ils les classent dans cet ordre d'importance, consi-
dérant les derniers comme moins inspirés que les premiers:
Torah - les cinq livres de En bas, ancienne Torah provenant de ce
Moïse ou Pentateuque (du grec qu'on appelle la Tombe d'Esther, en Iran;
signifiant "cinq rouleaux"), la à droite, hymne de louange hébreu et yid-
Lo~ comprenant la Genèse, dish basé sur des versets des Écritures.
!'Exode, le Lévitique, les Nom-
bres et le Deutéronome. Toute·
fois, le terme "Torah" peut aussi
désigner la Bible juive dans son
entier aussi bien que la loi orale
et le Talmud. (Voir page sui·
vante.)
Nebiim - les Prophètes, qui
vont de Josué aux grands pro-
phètes, Esaïe, Jérémie et Ezé-
chiel, et incluent les 12 "petits"
prophètes, d'Osée à Malachie.
Ketoubim - les Ecrits, consti-
tués des œuvres poétiques: les
Psaumes, les Proverbes, Job, le
Cantique des cantiques et les La-
mentations. Ils englobent égale-
ment Ruth, !'Ecclésiaste, Esther,
Daniel, Esdras, Néhémie ainsi
que le premier et le deuxième li-
vre des Chroniques.
I:, Talmud Sinaï, mais il lui a aussi révélé des
explications précises sur la ma-
Pour les Gentils, la Bible juive, nière d'appliquer cette Loi, lesquel-
ou "Tanak", est le plus important les devaient se transmettre de bou-
des écrits juifs. Néanmoins, ce che à oreille. C'est ce qu'on appela
n'est pas l'avis des Juifs. Nombre la loi orale. Ainsi, le Talmud est le
d'entre eux souscriraient à ce résumé écrit de cette loi orale, aug-
commentaire d' Adin Steinsaltz, menté d'explications et de com-
un rabbin: "Si la Bible est la mentaires postérieurs; il fut com-
pierre angulaire du judaïsme, le pilé par des rabbins à partir du
Talmud en est le pilier central, u• siècle de notre ère jusqu'au
quis' élève sur les fondations et Moyen Age.
soutient tout l'édifice spirituel et On divise généralement le Tal-
intellectuel ( ... ). Aucun ouvrage mud en deux parties principales:
n'a eu une influence comparable, La Mishna: Un recueil de commen-
en théorie et en pratique, sur la taires ajoutés à la Loi écrite et basés
vie juive." (The Essential Tal- sur les explications de rabbins appe·
mud). Qu'est-ce donc que le Tal- lés Tannaïm (enseignants). Elle fut
mud? mise par écrit à la fin du 11• et au dé·
Pour les Juifs orthodoxes, Dieu but du m• siècle de notre ère.
n'a pas seulement donné la loi La Guemara (appelée au départ le
écrite, ou Torah, à Moise au mont Talmud): Un recueil de commentaires

l l"\1'nU11~i1::l
.<
1':!'
sur la Mishna élaborés par des rabbins
qui vécurent à une période posté-
rieure (du m' au v1' siècle de notre
ère).
Outre ces deux divisions princi-
pales, le Talmud peut inclure des
commentaires sur la Guemara faits
par des rabbins au Moyen Age.
Parmi les plus éminents figuraient
les rabbins Rashi (Solomon ben
iii.I"\ ,,.,.,
"' . "'''=:>><"JI,
iwjln.,1:i•n:'l uu~·1 1 -
•\.If'\\ ù .pm~ ,,.., \!"liu• -
...,,- Isaac, 1040-llOS ), qui rendit le lan-
~,.,;., 1'" IÔ"••u " '" 1 ~. w':li~ :-t~i1
gage complexe du Talmud large-
• .µ1uil.l nrt11:riunp~ ·• ' - , ment plus compréhensible, et Ram-
~ ~,;~~n~;~~~~ , ~ ~~~'"i'l!.'~ ban (Moses ben Maimon, plus
• '"•rnol'""'"'l l'lN \:11!)' 'J::l1
connu sous le nom de Maimonide,
~ï~X'1 · i:_.:., n~m ~ï':!ii1 1135-1204 ), qui réorganisa le Tal-
;-h-:~-·~·~1;,ï!t!:'~ 'ibNS mud en une version concise
1 <· ~~ i11~! 1::l:(ii1 010 i1:-q ( "Mishné Torah"), le rendant ainsi
accessible à tous les Juifs.
doctrine de l'immortalité de l'âme s'est introduite dans le
judaïsme." Elle provoqua toutefois un dilemme doctrinal,
comme l'indique la même source: "Fondamentalement, les
deux croyances à la résurrection et à l'immortalité de l'âme
sont contradictoires. L'une se rapporte à une résurrection
collective à la fin des jours, autrement dit les morts qui
dorment dans la terre se lèveront de la tombe, tandis que
l'autre se rapporte à la condition de l'âme après la mort du
corps." Comment la théologie juive résolut-elle ce dilemme?
"On affirma qu'à la mort d'un individu son âme continuait
de vivre dans un autre monde (cela engendra toutes les
croyances relatives au ciel et à l'enfer), alors que son corps
demeurait dans la tombe en attendant la résurrection physi-
que de tous les morts sur la terre."
32 Arthur Hertzberg, chargé de cours, écrit: "Pour la Bible

[hébraïque] elle-même, le cadre dans lequel la vie de l'homme


se déroule, c'est ce monde-ci. Il n'y existe de doctrine ni du
ciel ni de l'enfer, mais seulement une conception, qui s'af-
firme de plus en plus, d'une résurrection dernière des morts
au terme des jours." Voilà une explication simple et exacte
du concept biblique, selon lequel "les morts ne savent quoi
que ce soit;( ... ) car il n'y aura ni activité, ni projet, ni science,
ni sagesse dans le Cheol [la tombe où vont tous les hommes],

32. Que dit la Bible à propos des morts?

Famille juive
hassidique
célébrant
le sabbat.
vers lequel tu te diriges". - Ecclésiaste 9:5, 10; Daniel 12:1, 2;
Esaïe 26:19.
33 D'après !'Encyclopédie judaïque, "durant la période rab-
binique, la doctrine de la résurrection des morts est considé-
rée comme l'une des doctrines centrales du judaïsme" et "doit
être distinguée de la croyance à( ...) l'immortalité de l'âme*".
Aujourd'hui, par contre, si l'immortalité de l'âme est acceptée
par toutes les branches du judaïsme, ce n'est pas le cas de la
résurrection des morts.
34 A l'inverse de la Bible, le Talmud, influencé qu'il était
par l'hellénisme, regorge d'explications, d'histoires sur l'im-
mortalité de l'âme, et même de descriptions de l'âme. La
littérature mystique juive postérieure, la Kabbale, va même
jusqu'à enseigner la réincarnation (transmigration des âmes),
qui est dans son essence un enseignement des anciens hin-
dous (voir le chapitre 5). En Israël actuellement, elle est
couramment acceptée comme un enseignement juif et joue
un rôle important dans les croyances et la littérature hassi-
diques. Par exemple, dans son livre intitulé Les récits hassidi-
ques, Martin Buber raconte l'histoire d'une âme sortie de
l'école d'Elimelekh, un rabbin de Lisensk: "Le Jour du Pardon,
lorsque Rabbi Abraham d'Apta donnait lecture du cérémo-
nial accompli par le grand-prêtre dans le Saint des Saints, il
ne prononçait jamais les paroles du texte: 'Et il disait', mais il
les remplaçait par: 'Et je disais.' Car il n'avait pas oublié le
• Non seulement la résurrection est appuyée par la Bible, mais elle était
enseignée comme un article de foi dans la Mishna (Sanhedrin 10:1) et
était mentionnée dans le dernier des 13 articles de foi de Maimonide.
Jusqu'au xx< siècle, nier la résurrection était considéré comme une héré-
sie.

33. Comment, au départ, les Juifs voyaient-ils la doctrine de la


résurrection?
34. Par contraste avec le point de vue biblique, comment le Tal-
mud dépeint-il l'âme? Qu'en disent des écrivains postérieurs?
Le judaïsme: À la recherche de Dieu 223
temps que son âme habitait le corps d'un grand-prêtre à
Jérusalem."
35 Le judaïsme réformé est allé jusqu'à rejeter la croyance
à la résurrection. Il a enlevé ce mot des livres de prières de
la réforme pour ne reconnaître que la croyance à l'immorta-
lité de l'âme. Combien plus limpide est la pensée biblique,
exprimée par exemple en Genèse 2:7: "Le SEIGNEUR Dieu
forma l'homme de la poussière du sol et souffla dans ses
narines le souffle de vie; et l'homme devint une âme vivante."
(jewish Publication Society). La combinaison du corps et de
l'esprit, ou force de vie, produit "une âme vivante*". (Genèse
2:7; 7:22; Psaume 146:4.) Inversement, quand un humain
pécheur meurt, l'âme meurt (Ezéchiel 18:4, 20). Ainsi, à sa
mort l'homme cesse d'avoir une vie consciente. Sa force de
vie retourne à Dieu qui la lui a donnée (Ecclésiaste 3:19; 9:5,
10; 12:7). Le véritable espoir pour les morts, d'après la Bible,
réside dans la résurrection - hébreu te/:ziyath hamméthim ou
"renaissance des morts".
36 Cette conclusion va peut-être surprendre même de
nombreux Juifs, mais c'est en la résurrection que les adora-
teurs du vrai Dieu ont espéré pendant des milliers d'années.
Il y a environ 3 500 ans, Job, fidèle malgré ses souffrances,
parla d'une époque à venir où Dieu le relèverait du Schéol,
la tombe (Job 14:14, 15). Le prophète Daniel reçut également
l'assurance qu'il serait relevé "à la fin des jours". - Daniel
12:2, 13.
37 Absolument rien dans !'Ecriture ne permet d'affirmer

• "La Bible ne dit pas que nous avons une âme. 'Nefesh' est la personne
elle-même, son besoin de nourriture, le sang qui coule dans ses veines,
son être." - H. Orlinsh.-y, Hebrew Union College.

35. a) Quelle position le judaïsme réformé a-t-il adoptée pour ce


qui est de l'immortalité de l'âme? b) Qu'enseigne clairement la
Bible à propos de l'âme?
36, 37. Que croyaient les fidèles Hébreux des temps bibliques
quant à une vie future?
224 L'humanité à la recherche de Dieu
que ces fidèles Hébreux croyaient avoir une âme immortelle
qui survivrait dans un au-delà. Sans conteste, ils avaient
suffisamment de raisons de croire que le Souverain Seigneur,
qui compte et qui dirige les étoiles de l'univers, se souvien-
l drait également d'eux au moment de la résurrection. Ils
s'étaient montrés fidèles à lui et à son nom. Lui se montrerait
fidèle envers eux. - Psaumes 18:26 (25, MN); 147:4; Esaïe
25:7, 8; 40:25, 26.
Le judaïsme et le nom de Dieu
38 Le judaïsme enseigne que si le nom de Dieu existe sous

forme écrite, il est trop sacré pour être prononcé*. A cause


de cet enseignement, sa prononciation correcte s'est perdue
au cours des deux derniers millénaires. Pourtant, les Juifs
n'ont pas toujours soutenu pareille. opinion. Il y a quelque
3 500 ans, Dieu dit à Moïse: "Parle ainsi aux enfants d'Israël:
'L'Eternel [hébreu i11i1', YHWH], le Dieu de vos pères, le Dieu
d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, m'envoie vers vous.' Tel est
mon nom à jamais, tel sera mon attribut dans tous les âges."
(Exode 3:15; Psaume 135: 13 ). Quel était ce nom, cet attribut?
La note d'une version juive en anglais (Tanakh, A New Trans-
lation of the Holy Scriptures) déclare: "Le nom YHWH (lu
traditionnellement Adonaï "le SEIGNEUR") est associé ici à la
racine hayah 'être'." Nous sommes donc en présence du saint
nom de Dieu ou Tétragramme, les quatre consonnes hébraï-
ques YHWH (Yahweh) qui sous leur forme latinisée ont fini
au fil des siècles par être connues en français sous le nom
JÉHOVAH.
39 Tout au long de l'Histoire, les Juifs ont accordé une
grande importance au nom personnel de Dieu, même si
* Voir Exode 6:3 dans la version de Cahen, où la note explicite l'expres-
sion "sous mon nom l'Eternel" par "le nom tétragramme".

38. a) Qu'est-il advenu de l'emploi du nom de Dieu au cours des


siècles? b) D'où vient le nom de Dieu?
39. a) Pourquoi le nom divin est-il important? b) Pourquoi les
Juifs cessèrent-ils de prononcer le nom de Dieu?
Le judaïsme: À la recherche de Dieu 225
/J judaïsme - Une religion aux voix multiples
les diverses branches du judaïsme se distinguent par des différences considérables.
Traditionnellement, le judaïsme met en avant la pratique religieuse. Des débats portant
plus sur des questions de rites que sur les croyances ont suscité de graves tensions parmi
les Juifs et ont provoqué la formation de trois grands courants dans le judaïsme.
.......
LE JUDAÏSME ORTHODOXE
- Non seulement cette branche
accepte la Bible hébraïque ("Ta-
nak") comme Ecriture inspirée,
1"1·- · ,
mais elle croit aussi que Moïse re-
çut de Dieu la loi orale au mont Si-
naï en même temps que la Loi
écrite. Les Juifs orthodoxes obser-
vent scrupuleusement les comman-
dements des deux lois. Ils atten-
dent toujours le Messie et croient
que celui-ci introduira Israël dans
un âge d'or. En raison de divergen-
ces d'opinions au sein de la bran-
che orthodoxe, plusieurs factions De nos jours, les Hassidim vi-
se sont formées, dont le hassidisme. vent principalement aux Etats-
Unis et en Israël. Ils portent des
Hassidim (ljasidim, signifiant "les vêtements particuliers, d'un style
pieux") - Ils passent pour ultra- qui était courant en Europe de
orthodoxes. Leur groupe fut fondé l'Est au xvm' et au xrx' siècle,
au milieu du xvm' siècle, en Eu- presque entièrement noirs, par
rope de l'Est, par Israël ben Eliézer, lesquels ils sont très remarqués,
connu sous le nom de Baal Shem surtout dans les villes modernes.
Tov ("Maître du Bon Nom"). Ils Ils sont aujourd'hui divisés en sec-
suivent un enseignement qui met tes regroupées autour de diffé-
en valeur la musique et la danse, rents rebs éminents. Un groupe
dont il résulte une joie mystique. très actif est constitué des louba-
Nombre de leurs croyances, y com- vitch, qui se livrent à un prosély-
pris la réincarnation, sont fondées tisme intensif parmi les Juifs. Cer-
sur les livres juifs mystiques appe- tains groupes croient que seul le
lés Kabbale (Cabale). Ils sont diri- Messie est en droit de faire de
gés aujourd'hui par les rebs ("rab- nouveau d'Israël la nation des
bins" en yiddish), ou Zaddikim, Juifs, si bien qu'ils sont opposés à
que leurs disciples tiennent pour l'Etat laïc d'Israël.
des hommes extrêmement justes LE JUDAÏSME RÉFORMÉ (égale-
ou saints. ment appelé "libéral" et "progres-
Agauche, des Juifs devant le mur des Lamentations àJérusalem;
au-dessous, un Juif en prière, avec Jérusalem à l'arrière-plan.

sif") - Parti d'Europe occidentale avait rejeté trop de pratiques juives


au début du xrx• siècle, ce mouve- traditionnelles. Le judaïsme conser·
ment est basé sur les idées de Mo- vateur n'accepte pas que Moïse ait
ses Mendelssohn, un intellectuel reçu de Dieu la loi orale, mais sou·
juif du XVIII 0 siècle qui pensait que tient que les rabbins ont inventé la
les Juifs devaient assimiler la cul- Torah orale en cherchant à adapter
ture occidentale au lieu de se tenir
le judaïsme à une nouvelle époque.
à l'écart des Gentils. Les Juifs de la
réforme nient que la Torah soit la Les Juifs conservateurs se soumet·
vérité révélée par Dieu. Pour eux, tent à la loi rabbinique et aux pré-
les lois juives sur l'alimentation, la ceptes bibliques tant que ceux-ci
pureté et l'habillement sont obso- "tiennent compte des exigences
lètes. Ils croient à ce qu'ils appel- modernes de la vie juive". (Le livre
lent "une ère messianique de fra- de la connaissance juive [ angl. ). )
ternité universelle". Ces dernières Ils emploient l'hébreu et l'anglais
années, ils sont revenus à un ju- dans leur liturgie et conservent des
daïsme plus traditionnel. lois alimentaires strictes ( Kash-
LE JUDAÏSME CONSERVATEUR routh ). Les hommes et les femmes
- Il apparut en Allemagne en ont le droit de s'asseoir ensemble
1845 comme une ramification du pendant le culte, ce que ne permet-
judaïsme réformé qui, pensait-on, tent pas les orthodoxes.
aujourd'hui on met beaucoup moins l'accent sur son emploi
que par le passé. Dans Le Talmud, A. Cohen déclare: "Une
vénération spéciale entourait le 'nom distinctif' ( chem hame-
phorach) de l'Etre divin qui l'avait révélé à Israël, son tétra-
gramme sacré, JHVH." On vénérait le nom divin parce qu'il
représentait et caractérisait la personne même de Dieu. Après
tout, c'est Dieu lui-même qui a fait connaître son nom et a
invité ses adorateurs à l'employer. C'est ce que souligne le
fait que le nom divin apparaît 6828 fois dans la Bible hébraï-
que. Il n'empêche que les Juifs fervents ont le sentiment qu'il
est irrespectueux de prononcer le nom personnel de Dieu*.
40 A propos de l'ancienne injonction rabbinique (mais non

biblique) défendant de prononcer le nom divin, A. Marmor-


stein, un rabbin, écrit: "Il fut un temps où cette interdiction
(d'employer le nom divin] était parfaitement étrangère aux
Juifs( ... ). Ni en Egypte ni à Babylone les Juifs ne connaissaient
ou n'observaient de loi interdisant l'emploi du nom de Dieu,
le Tétragramme, dans la conversation courante ou dans les
salutations. Pourtant, entre le me siècle avant notre ère et le
me siècle de notre ère, une telle interdiction existait et était
partiellement observée." (The Old Rabbinic Doctrine of Cod).
Non seulement il était permis d'employer le nom divin dans
les périodes antérieures, mais encore, dit Cohen, "il y eut un
temps où l'on soutint que même les laïques devaient faire du
nom divin un libre usage et s'en servir ouvertement.( ...) On
a supposé que cette recommandation pouvait provenir du
désir de distinguer le Juif du (non-Juif]".
* L'Encyclopédie judaïque dit: "Si l'on évite de prononcer le nom divin
YHWH, c'est ( ... ) à cause d'une mauvaise compréhension du troisième
commandement (Ex. 20: 7; Deut. 5: 11 ), comme s'il signifiait: 'Tu ne dois pas
prendre le nom de YHWH ton Dieu en vain', alors qu'il veut dire en
réalité: 'Tu ne dois pas faire de faux serments par le nom de YHWH ton
Dieu.'"

40. Qu'ont déclaré certaines autorités juives à propos de l'usage du


nom divin?
228 L 'humanité à la recherche de Dieu
41 Comment, en ce cas, en vint-on à condamner l'usage du

nom divin? Marmorstein répond: "L'opposition hellénistique


(d'influence grecque) à la religion des Juifs, l'apostasie des
prêtres et des nobles, introduisirent et établirent la règle
interdisant de prononcer le Tétragramme dans le Sanctuaire
(le temple à Jérusalem]." Ils mirent un zèle si excessif à éviter
de prendre le nom de Dieu en vain qu'ils cessèrent complè-
tement de l'employer oralement et qu'ils obscurcirent l'iden-
tification du vrai Dieu. Sous la pression combinée de l'oppo-
sition religieuse et de l'apostasie, le nom divin tomba en
désuétude parmi les Juifs.
42 Toutefois, Cohen donne cette précision: "A l'époque
biblique, l'usage de ce nom dans le langage courant ne sem-
ble avoir soulevé aucun scrupule." Le patriarche Abraham
"proclama le nom de l'Eternel (le Tétragramme)". (Genèse
12:8.) La majorité des rédacteurs de la Bible hébraïque em-
ployèrent librement mais respectueusement le nom de Dieu,
jusqu'à la rédaction du livre de Malachie au vc siècle avant
notre ère. - Ruth 1:8, 9, 17.
43
Ainsi, il est absolument évident que les anciens Hébreux
utilisaient et prononçaient le nom divin. Marmorstein admet
ceci à propos du changement qui intervint ensuite: "Car à
cette époque, dans la première moitié du me siècle [av. n. è.J,
on peut noter dans l'emploi du nom de Dieu un grand
changement, qui provoqua de nombreuses mutations dans
la tradition théologique et philosophique juive, dont les ef-
fets se font sentir jusqu'à ce jour." Entre autres conséquences
41. Selon un rabbin, qu'est-ce qui aboutit à l'interdiction d'em-
ployer le nom de Dieu?
42. Qu'indique le récit biblique quant à l'usage du nom divin?
43. a) Qu'est-ce qui est absolument évident en ce qui concerne
l'usage que les Juifs faisaient du nom divin? b) Quand les Juifs
cessèrent d'employer le nom divin, quelle en fut une des consé-
quences indirectes?
Le judaïsme: À la recherche de Dieu 229
Qelques fêtes et coutumes importantes
La plupart des fêtes juives sont fondées sur la Bible. En général,
il s'agit de fêtes saisonnières qui correspondent aux différentes '
récoltes, ou de fêtes liées à des événements historiques.
• Shabbat (sabbat) - Le septième
jour de la semaine juive (du coucher
du soleil le vendredi au coucher du
soleil le samedi) est censé sanctifier
la semaine. L'observance spéciale de
ce jour constitue une partie essen-
tielle du culte. Les Juifs se rendent
alors à la synagogue où on lit la To-
rah et prononce des prières. -
Exode 20:8-11.
• Yom Kippour - Jour du Pardon,
fête solennelle caractérisée par des
jeûnes et un examen de conscience. Il
est le point culminant des Dix Jours tre ère. Elle se distingue d'ordinaire
de Pénitence qui commencent avec en ce qu'on fait brûler des bougies
Rosh ha-Shana, le Nouvel An juif, qui pendant huit jours.
tombe en septembre d'après le calen-
drier profane juif. - Lévitique 16:29- • Pourim - Fête des Sorts. Célé-
31; 23:26-32. brée fin février ou début mars en
souvenir de la délivrance des Juifs
• Soukkot (en haut, à droite)
en Perse au v' siècle avant notre
- Fête des Cabanes ou Tabernacles,
ou de la Récolte. Elle célèbre la ré- ère, alors que Haman avait ourdi un
colte et la fin de la majeure partie de génocide. - Esther 9:20·28.
l'année agricole. Elle a lieu en octo- • Pessa\l - Fête de la Pâque. Insti-
bre. - Lévitique 23:34-43; Nombres tuée pour commémorer la déli-
29: 12-38; Deutéronome 16: 13-15. vrance d'Israël de la captivité en
• Hanoukka - Fête de l'inaugura- Egypte ( 1513 av. n. è. ). Elle est la
tion. Fête populaire observée en plus grande et la plus ancienne fête
décembre et qui commémore la libé- juive. Observée le 14 Nisan ( calen-
ration des Juifs de la domination drier juif), elle tombe généralement
syro-grecque par les Maccabées et la à la fin de mars ou au début d'avril.
nouvelle inauguration du temple à Chaque famille juive se réunit pour
Jérusalem en décembre 165 avant no- partager le repas pascal, ou Séder.
Pendant les sept jours suivants, on ne
peut pas consommer de levain. Cette
période est appelée la fête des Gâ-
teaux non fermentés ( Matsot). - ~~~~;ç~~~~
t7-....rr~i.~,.~,..,.~"Z.!$""'C"Jl l
Exode 12:14-20, 24-27. ;:;~ ;:.n~~\~...-;:

_Qelques coutumes juives


;:~:g§.§:l2
~~~~;~.,ç;.~
.........,, ..;-,1,.,,-.,~.,~~~
~·'' ""-1 ~·,:.'l =~ ~.~ho r,.f ~ r.n
;°""-,.':! ' :'1/ fr :'l!C'>:l.,.,.Jfll" '"'W~
•La circoncision - Il s'agit pour ·~ r:-1 :o':'T' ~' ~\l:i r.~~ \.~.,.~
~ ........ ~•:r:-e1~ • .,J>n,~~~

g~1r:ftfi~
les garçons juifs d'une importante cé-
rémonie qui se déroule Je huitième
jour. On l'appelle souvent l'alliance
d'Abraham, car la circoncision était
Je signe de l'alliance que Dieu avait • Mezouza (ci-dessus) - Il est gé-
conclue avec lui. Les hommes qui se néralement facile de reconnaître un
convertissent au judaïsme doivent foyer juif à la mezouza, ou étui à
aussi se faire circoncire. - Genèse rouleau, fixée sur Je montant droit
17:9-14. de la porte d'entrée. Concrètement,
la mezouza est un petit parchemin
• Bar Mitsva (en bas) - Autre rite
sur lequel sont inscrites les paroles
essentiel du judaïsme. Ce terme, qui
contenues en Deutéronome 6:4-9 et
signifie littéralement "fils du com-
11:13-21. On Je roule à l'intérieur
mandement", "désigne l'accession à
d'un petit étui qu'on fixe à la porte
la majorité religieuse et légale ainsi
de chaque pièce d'habitation.
que Je moment où les garçons attei-
gnent en théorie ce statut, à 13 ans et • Yarmoulka ou kippa (calotte
un jour". Il n'est devenu une cou- pour les hommes) - D'après l'En-
tume juive qu'au xvc siècle de notre cyclopédie judaïque, "les Juifs or-
ère. - Encyclopédie judaïque. thodoxes ( ...) considèrent Je fait de
se couvrir la tête, tant à l'extérieur
qu'à l'intérieur de la synagogue,
comme un signe d'allégeance à la
tradition juive". Nulle part la Bible
hébraïque n'exige qu'on se couvre la
tête pendant Je culte; c'est pourquoi
Je Talmud en parle comme d'une
coutume facultative. Les femmes jui-
ves hassidiques se couvrent la tête
en permanence ou se rasent la tête
et portent une perruque.
de l'abandon du nom divin, le concept d'un Dieu anonyme
contribua à la création d'un vide théologique, qui facilita le
développement de la doctrine trinitaire de la chrétienté*. -
Exode 15: 1-3.
44
Le refus d'employer le nom divin rabaisse le culte du
vrai Dieu. Un commentateur dit à ce sujet: "Malheureusement,
quand on parle de Dieu comme du 'Seigneur', l'expression,
quoiqu'exacte, est froide et sans relief( ... ). Il faut se rappeler
qu'en traduisant YHWH ou Adonaï par 'Seigneur', on intro-
duit dans de nombreux passages de l'Ancien Testament une
touche d'abstraction, de formalité et de vague qui est totale-
ment étrangère au texte original." (The Knowledge of Cod in
Ancient Israel). Il est regrettable de constater l'absence du
nom sublime et chargé de sens, Yahweh ou Jéhovah, dans de
nombreuses traductions de la Bible, alors qu'il apparaît for-
mellement des milliers de fois dans le texte hébreu original.
- Esaïe 43:10-12.
Les Juifs attendent-ils toujours le Messie?
45 Les Ecritures hébraïques contiennent maintes prophé-
ties qui alimentaient l'espérance messianique des Juifs voilà
plus de 2000 ans. Selon 2 Samuel 7:11-16, le Messie naîtrait
dans la lignée de David. Esaïe 11: 1-10 annonçait qu'il appor-
terait justice et paix à toute l'humanité. Daniel 9:24-27 révélait
• George Howard, professeur de religion et d'hébreu à l'université de
Géorgie, déclare: "Avec le temps, on associa de plus en plus ces deux
personnages [Dieu et Christ], au point qu'il devint souvent impossible de
les distinguer. Il se peut donc que la suppression du Tétragramme ait été
pour une bonne part dans le déclenchement des débats christologiques et
trinitaires postérieurs qui déchirèrent l'Eglise des premiers siècles. Quoi
qu'il en soit, la suppression du Tétragramme créa probablement un climat
théologique différent de celui qui régnait au premier siècle, durant la
période du Nouveau Testament." - Revue d 'archéologie biblique (angl.),
mars 1978.

44. Quelles furent quelques-unes des autres incidences de la sup-


pression du nom de Dieu?
45. Quelles raisons bibliques a-t-on de croire en un Messie?
232 L 'humanité à la recherche de Dieu
Juifs dévots portant des phylactères, ou étuis à rouleaux de prière,
au bras et au front.

la chronologie permettant de déterminer quand apparaîtrait


le Messie et quand il serait retranché, c'est-à-dire mis à mort.
46 Comme l'explique !'Encyclopédie judaïque, on fondait

de grandes espérances sur le Messie au 1er siècle. On s'atten-


dait à ce qu'il soit "un descendant de David doté de qualités
charismatiques, qui, à ce que les Juifs de la période romaine
croyaient, serait suscité par Dieu pour briser le joug des
païens et pour régner sur un royaume d'Israël restauré". Mais
le Messie militant que les Juifs attendaient ne se présentait
pas.
47 Cependant, comme le fait remarquer la Nouvelle ency-

clopédie britannique, l'espérance messianique était indispen-


sable pour préserver l'unité des Juifs à travers leurs multiples
épreuves: "Dans une très large mesure, le judaïsme doit in-
contestablement sa survie à sa foi inébranlable dans les
46, 47. a) Quelle sorte de Messie les Juifs qui vivaient sous la
domination romaine attendaient-ils? b) Quel changement les aspi-
rations messianiques des Juifs ont-elles subi?
Le judaïsme: À la recherche de Dieu 233
promesses et l'avenir messianiques." Mais avec la montée du
judaïsme moderne entre le xvrne et le xrxe siècle, de nom-
breux Juifs cessèrent d'attendre passivement le Messie. Pour
finir, l'Holocauste perpétré par les nazis fit perdre à beaucoup
leur patience et leur espoir. Ils commencèrent à considérer
le message messianique comme un handicap, ce qui les
amena à le réinterpréter simplement comme la promesse
d'une nouvelle ère de prospérité et de paix. Depuis cette
époque, à quelques exceptions près, on peut difficilement
dire que l'ensemble des Juifs attendent un Messie personnel.
48 La transformation du judaïsme en une religion non

messianique soulève de graves questions. Le judaïsme s'est-il


trompé pendant des milliers d'années en croyant que le
Messie serait une personne? Quelle forme de judaïsme peut
aider quelqu'un à trouver Dieu? L'ancien judaïsme bardé de
philosophie grecque? Ou l'une des formes de judaïsme non
messianique qui ont évolué au cours des deux derniers siè-
cles? Ou alors existe-t-il un autre sentier encore qui préserve
fidèlement, intacte, l'espérance messianique?
49 Ces questions posées, nous suggérons aux Juifs sincères

de reconsidérer la question du Messie en examinant les af-


firmations touchant Jésus de Nazareth, non tel que la chré-
tienté l'a décrit, mais comme les rédacteurs juifs des Ecritures
grecques le présentent. La différence est considérable. Si les
Juifs ont rejeté Jésus, les religions de la chrétienté y sont pour
quelque chose, à cause de leur doctrine non biblique de la
Trinité, qui est parfaitement inacceptable pour tout Juif qui
chérit l'enseignement pur selon lequel "l'Eternel est notre
Dieu, l'Eternel est un". (Deutéronome 6:4.) Nous vous invi-
tons donc à lire le chapitre suivant avec un esprit ouvert, afin
de découvrir le Jésus des Ecritures grecques.
48. Quelles questions peut-on logiquement soulever en rappon
avec le judaïsme?
49. Quelle invitation est adressée aux Juifs sincères?
234 L'humanité à la recherche de Dieu
_ _ _ _ _ _ __ CHAPITRE 10 _ _ __ _ _ __

Le christianisme:
jésus était-il le chemin
menant à Dieu?
Jusqu'à présent, nous nous sommes penchés sur les
grandes religions qui, à l'exception du judaïsme, sont
dans une large mesure fondées sur la mythologie. Nous
allons maintenant examiner une autre religion, qui
prétend rapprocher les humains de Dieu: le christia-
nisme. Sur quoi le christianisme repose-t-il? Sur des my-
thes, ou sur des faits historiques?

~HISTOIRE de la chrétienté* n'a pas servi la cause du


christianisme; elle est par trop connue pour ses guerres, son
Inquisition, ses croisades et son hypocrisie religieuse. Les
musulmans pieux notamment allèguent la corruption et la
décadence morales de l'Occident "chrétien" pour rejeter le
christianisme. Indéniablement, les nations dites chrétiennes
ont perdu leur gouvernail moral et ont fait naufrage sur les
écueils que sont le manque de foi, l'avidité et la recherche
des plaisirs.
• Par "chrétienté", nous entendons le domaine religieux assujetti aux
religions qui se veulent chrétiennes. Le "christianisme" désigne le mode
d'adoration et le moyen d'accès auprès de Dieu que Jésus Christ a ensei-
gnés.

1. a) Pourquoi l'histoire de la chrétienté amène-t-elle certains à


s'interroger sérieusement sur le christianisme? b) Quelle distinc-
tion faisons-nous entre chrétienté et christianisme?
Le christianisme: jésus était-il le chemin? 235
2
Les principes qui guidaient les premiers chrétiens
n'avaient rien de commun avec les mœurs permissives
d'aujourd'hui. C'est ce qu'atteste Elaine Pagels dans son livre
Adam, Eve et le serpent; elle y déclare: "Nombre de chrétiens
de l'Eglise primitive étaient fiers de leur continence sexuelle.
Ils rejetaient la polygamie, souvent même le divorce, permis
par la tradition juive, et répudiaient les pratiques sexuelles
extra-conjugales communément admises par les païens,
dont la prostitution et l'homosexualité."
3 Ilconvient donc de se demander: L'histoire de la chré-
tienté et ses mœurs actuelles reflètent-elles vraiment les
enseignements de Jésus Christ? Quelle sorte d'homme était
Jésus? A-t-il aidé l'humanité à se rapprocher de Dieu? Etait-il
le Messie promis des prophéties hébraïques? Ce sont là
quelques-unes des questions que nous considérerons dans
ce chapitre.
Jésus était-il le Messie?
4
Au travers des chapitres précédents, nous avons cons-
taté que la mythologie joue un rôle prépondérant dans
presque toutes les grandes religions du monde. Par contre,
quand nous avons exploré les origines du judaïsme dans le
dernier chapitre, nous ne sommes pas partis d'un mythe,
mais de l'histoire véridique d'Abraham, de ses ancêtres et de
ses descendants. De même, le cas du christianisme et de son
fondateur, Jésus, nous ramène, non à la mythologie,
mais à un personnage historique. - Voir l'encadré de la
page 237.
2, 3. a) Qu'est-ce qui différencie la conduite des premiers chré-
tiens de celle des membres de la chrétienté aujourd'hui? b) A
quelles questions serait-il bon de répondre?
4. Au cours de notre examen des grandes religions du monde,
quelle différence avons-nous remarquée entre leurs origines et
celles du christianisme?
236 L 'humanité à la recherche de Dieu
j(sus était-il un mythe? .
"L'histoire de la vie du fonda- vers l'an 52 (voir Actes 18:1, 2 ).
teur du christianisme est-elle un Remarquez que Suétone ne re-
produit du chagrin, de l'imagina- mettait nullement en cause
tion et de l'espérance des hom- l'existence de Christ. Sûrs de leur
mes, un mythe comparable aux fait et malgré des persécutions
légendes de Krichna, d'Osiris, qui mettaient leur vie en péril, les
d' Attis, d'Adonis, de Dionys~s et .premiers chrétiens proclamaient
de Mithra?", telle est la question leur foi des plus activement. Il est
soulevée par l'historien Will Du- très improbable qu'ils auraient
r.1;nt. Il ,
. repon,dq_u' au 1cr"'ll
siec e .a risqué leur vie pour un mythe. La
negahon del existence de Chnst mort et la résurrection de Jésus
"paraît ne s'être jamais produite avaient eu lieu de leur vivant, et
de la part même des païens les certains d'entre eux en avaient
plus opposés au christianisme même été les témoins oculaires.
naissant ou de ses adversaires
juifsn. - Histoire de la Civilisa- L'historien Will Durant tire
tion: Partie III - César et le cette conclusion: "Qu 'une poi-
Christ. gnée de gens très simples aient
L'historien romain Suétone imaginé, au cours d'une seule gé-
(vers 69-140 den. è.) déclara à nération, une personnalité si
propos de l'empereur Claude puissante et si attirante, une éthi-
dans Vies des 12 Césars: "Il que si élevée, la vision d'une fra-
expulsa de Rome des Juifs qui ternité humaine si riche en inspi-
provoquaient perpétuellement rations, serait un miracle plus
des troubles, à l'instigation de incroyable qu'aucun de ceux que
Chrestos [Christ]. n Cela eut lieu racontent les évangiles. n

Jésus prêcha et accomplit des miracles dans cette région


de la Palestine antique, la Galilée.
Jésus se servit de nombreuses illustrations pour enseigner:
il parla entre autres de semailles, de moisson, de pêche,
d'une perle, de troupeaux et d'une vigne (Matthieu 13:3-47; 25 :32
5 Le premier verset des Ecritures grecques chrétiennes,

plus connues sous le nom de Nouveau Testament (voir


l'encadré de la page 241 ), se lit comme suit: "Livre de
l'histoire de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham."
(Matthieu 1: 1). Ne s'agit-il que d'une affirmation gratuite
lancée par Matthieu, cet ancien collecteur d'impôts juif qui
écrivit une biographie de Jésus, dont il avait été un proche
disciple? Certainement pas. En effet, les 15 versets suivants
exposent la lignée complète des descendants d'Abraham
jusqu'à Jacob, qui "devint père de Joseph, l'époux de Marie,
de laquelle naquit Jésus, qui est appelé le Christ". Ainsi, Jésus
descendait bien d'Abraham, de Juda et de David, ce qui
attestait triplement qu'il était la "postérité" promise en Ge-
nèse 3:15, et celle d'Abraham. - Genèse 22:18; 49:10; 1 Chro-
niques 17: 11.
6 Un autre élément identifierait la Postérité messianique:

son lieu de naissance. Où Jésus est-il né? Matthieu nous


apprend que Jésus est "né à Bethléhem de Judée, au.~s
d'Hérode, le roi". (Matthieu 2:1.) Le récit du médecin Luc
confirme ce renseignement lorsqu'jl dit à propos du futur
père adoptif de Jésus: "Joseph aussi monta de Galilée, de la
ville de Nazareth, en Judée, à la ville de Dayid qui s'appell e_
Bethléhem, - earce qu'il faisait partie de la maison et de la
famille de David, - pour se faire enregistrer avec Marie qui,
comme promis,1lui ayait été donnée en mariage et qui se
trouva it alors enceinte." - Luc 2:4, 5.
7
Il importait que Jésus naisse à Bethléhem plutôt qu'à
Nazareth ou dans une autre ville, en raison de cette prophé-
tie énoncée au vme siècle avant notre ère par le prophète
hébreu Michée: "Et toi, ô Bethléhem Ephrathah, celle qui est
5. a) Qu'est-ce qui attestait triplement que Jésus était la "postérité"
promise d'Abraham? b) Qui écrivit les Ecritures grecques chré-
tiennes?
6, 7. Pourquoi le lieu de naissance de Jésus avait-il de l'impor-
tance?
Le christianisme: jésus était-il le chemin? 239
trop petite pour se trouver parmi les milliers de Juda, de toi
sortira vers moi celui qui doit devenir chef en Israël, dont
l'origine est depuis les premiers temps, depuis les jours des
temps indéfinis." (Michée 5:2). Ainsi, le lieu de naissance de
Jésus fournissait une indication supplémentaire de sa qualité
de Postérité et de Messie promis. - Jean 7:42.
8
A dire vrai, Jésus a accompli bien d'autres prophéties
des Ecritures hébraïques, présentant par là toutes les garan-
ties qu'il était le Messie promis. Vous pouvez retrouver
quelques-unes de ces prophéties dans la Bible. (Voir l'enca-
dré de la page 245*.) Mais à présent, examinons brièvement
le message et le ministère de Jésus.
Jésus indique le chemin
9 Le récit biblique rapporte que Jésus fut élevé comme

tous les jeunes Juifs de son temps; il fréquentait la synagogue


de sa ville et le temple de Jérusalem (Luc 2:41-52). Quand il
eut 30 ans, il commença son ministère public. En premier
lieu, il alla trouver son cousin Jean, qui baptisait les Juifs dans
le Jourdain en symbole de repentance. Luc raconte: "Or,
quand tout le peuple fut baptisé, Jésus aussi fut baptisé et,
comme il priait, le ciel s'ouvrit et l'esprit saint descendit sur
lui sous une forme corporelle, comme une colombe, et une
voix vint du ciel: 'Tu es mon Fils, le bien-aimé; je t'ai agréé.'"
- Luc 3:21-23; Jean 1:32-34.
10
En temps voulu, Jésus entama son ministère à titre de
Fils oint de Dieu. Il parcourut d'un bout à l'autre la Galilée
• Voir aussi !'Auxiliaire pour une meilleure intelligenœ de la Bible, publié
f'ar la Watchtower Bible and Tract Society of New York, !ne., pages 1007
a 1010, à l'entrée "Messie".

8. Citez quelques prophéties accomplies par Jésus.


9. a) Comment Jésus commença-t-il son ministère public?
b) D'où tenons-nous que Dieu approuvait Jésus?
10, 11. a) Citez quelques caractéristiques des méthodes de prédi-
cation et d'enseignement de Jésus. b) Comment Jésus montra-Hl
l'importance du nom de son Père?
240 L ' humanité à la recherche de Dieu
Qi a écrit la Bible?
La Bible des chrétiens se com- est la Révélation, ou Apocalypse, rédi-
pose de 39 livres pour ce qui est gée par Jean.
·des Ecritures hébraïques (voir en- Que tant de personnes, issues de
cadré page 220), que beaucoup ap- milieux différents, ayant vécu à des
pellent Ancien Testament, et de époques différentes et baigné dans
27 livres pour ce qui est des Ecri- des cultures différentes,. aient pro-
tures grecques chrétiennes, sou- duit un livre aussi harmonieux
vent désignées par l'expression prouve avec force que la Bible n'est
Nouveau Testament•. La Bible est pas simplement le fruit de l'intelli-
donc une bibliothèque miniature gence humaine, mais qu 'elle fut ins-
renfermant 66 livres qu'une qua- pirée par Dieu. Du reste, ne déclare-
rantaine d'hommes écrivirent sur t-elle pas elle-même: "Toute Ecriture
une période de 1600 ans (de 1513 est inspirée de Dieu [littéralement
"soufflée par Dieu"] et utile pour en-
av. n. è. à 98 den. è. ).
seigner." C'est donc sous l'influence
Les Ecritures grecques comp- de l'esprit saint, ou force agissante de
tent quatre Evangiles, ou récits Dieu, que les Ecritures furent rédi-
rapportant la vie de Jésus et par- gées. - 2 Timothée 3:16, 17,Int.
lant de la bonne nouvelle qu'il
prêcha. Deux d'entre eux furent Cette inscription romaine incomplète
rédigés par des disciples proches contenant le nom de Ponce Pilate
de Christ: Matthieu, un collecteur en latin (deuxième ligne,
d'impôts, et Jean, un pêcheur. Les "IVS PILATVS") confirme qu'il fut
deux autres le furent par des un personnage influent en Palestine,
croyants du 1" siècle: Marc, et le comme le dit la Bible.
médecin Luc (Colossiens 4: 14 ).
Les Evangiles sont suivis des Actes
des Apôtres, écrits par Luc, qui re-
tracent l'activité missionnaire des
premiers chrétiens. Ensuite figu-
rent 14 lettres envoyées parl'apô-
tre Paul à divers chrétiens et
congrégations, puis des lettres
émanant de Jacques, de Pierre, de
Jean et de Jude. Le dernier livre

• Les Bibles catholiques com-


prennent quelques livres supplé-
mentaires, les apocryphes, que ni
les Juifs ni les protestants ne consi-
dèrent comme canoniques.
et la Judée, en prêchant le message relatif au Royaume de
Dieu et en opérant divers miracles, telles des guérisons.
Jamais il n'accepta d'argent en retour; il ne recherchait non
plus ni la richesse ni la gloire. Jésus disait au contraire qu'il
y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir. En outre, il
enseigna à ses disciples comment prêcher. - Matthieu 8:20;
10:7-13; Actes 20:35.
11
Si on analyse le message et les méthodes de Jésus, on
remarque une nette différence entre
lui et de nombreux prédicateurs de Grâce à la puissance
la chrétienté. Il ne manipulait pas les dedeDieu, Jésus accomplit
nombreux miracles;
foules en jouant sur leurs sentiments un jour, il calma
ou en les menaçant du feu de l'enfer. une tempête. .,_
Jésus, lui, touchait le cœur et l'esprit
de ses auditeurs en faisant simplement appel à la logique et
à des paraboles, ou illustrations, qu'il tirait de la vie courante.
Son célèbre Sermon sur la montagne constitue un échantil-
lon remarquable de ses enseignements et de ses méthodes.
Ce sermon englobe le Notre Père, dans lequel, en mettant à
la première place la sanctification du nom de Dieu, Jésus
établit clairement quelles sont les priorités d'un chrétien.
(Voir l'encadré des pages 258 et 259.) - Matthieu 5: 1 à 7:29;
13:3-53; Luc 6:17-49.
12
Dans ses relations avec ses disciples en particulier et
avec les gens en général, Jésus faisait preuve d'amour et de
compassion (Marc 6:30-34 ). Il ne se contentait pas de prêcher
le Royaume de Dieu; il donnait lui-même l'exemple en
matière d'amour et d'humilité. C'est pourquoi il put dire à
ses disciples dans les dernières heures de sa vie: "Je vous
donne un commandement nouveau: que vous vous aimiez
12. a) De quelles manières Jésus faisait-il montre d'amour dans
ses enseignements et dans ses actions? b) Le monde serait-il diffé-
rent si l'amour chrétien était vraiment mis en pratique?
242 L 'humanité à la recherche de Dieu
les uns les autres, et que, comme je vous ai aimés, vous aussi
vous vous aimiez les uns les autres. A ceci tous reconnaîtront
que vous êtes mes disciples: si vous avez de l'amour entre
vous." (Jean 13:34, 35). En somme, l'essence du christianisme
réside dans la pratique d'un amour désintéressé basé sur des
principes (Matthieu 22:37-40). Concrètement, cela signifie
qu'un chrétien devrait aimer ses ennemis, même s'il hait
leurs œuvres mauvaises (Luc 6:27-31 ). Réfléchissez un ins-
tant. Comme le monde serait différent si tous les humains
manifestaient ce genre d'amour! - Romains 12:17-21;
13:8- 10.
13 Cependant, à l'inverse de Confucius et de Laozi par

exemple, Jésus enseigna bien davantage qu'une morale ou


une philosophie. Il n'affirma pas non plus, comme le Boud-
dha, qu'on peut se faire l'artisan de son salut en se mettant
en quête de la connaissance et de !'Illumination. Il montra
que le salut vient de Dieu: "Car Dieu a tant aimé le monde
qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque exerce la
foi en lui ne soit pas détruit, mais ait la vie éternelle. Car Dieu
a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour qu'il juge le
monde, mais pour que le monde soit sauvé par son entre-
mise." - Jean 3:16, 17.
14 En manifestant l'amour de son Père dans ses paroles et

dans ses actes, Jésus rapprochait les gens de Dieu. Voilà, entre
autres, pourquoi il pouvait déclarer: "Je suis le chemin, et la
vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. ( ... ) Celui
qui m'a vu a vu aussi le Père. Comment se fait-il que tu dises:
'Montre-nous le Père'? Ne crois-tu pas que je suis en union
avec le Père et que le Père est en union avec moi? Les choses
que je vous dis, je ne les dis pas de mon propre chef; mais
13. En quoi l'enseignement de Jésus différait-il de celui de Confu-
cius, de Laozi, et du Bouddha?
14. Pourquoi Jésus était-il fondé à dire: "Je suis le chemin, et la
vérité, et la vie"?
244 L'humanité à la recherche de Dieu
Le Messie dans les prophéties bibliques
Prophétie Événement Accomplissement
Gen.49:10 Né d2ns la tribu de Juda Mat. 1:2-16; Luc 3:23-33
Ps. 132:11 ; Dans la famille de David, Mat. 1:1, 6-16; 9:27;
Es. 9 :7 fils de Jessé Actes 13:22, 23
Michée 5:2 Né à Bethléhem Luc 2:4-ll;Jean 7:42
Es. 7:14 Né d'une vierge Mat. 1:18-23; Luc 1:30-35
Osée 11:1 Appelé d'Egypte Mat. 2:15
Es. 61:1, 2 Chargé d'une mission Luc 4:18-21
Es. 53 :4 Porteur de nos maladies Mat. 8:16, 17
Ps.69:9 Zélé pour la maison de Mat. 21: 12, 13; Jean 2: 13-17
Jéhovah
Es. 53:1 Pas cru Jean 12 :37, 38; Rom. 10:11, 16
Zach.9:9; Acclamé en roi et Mat. 21:1-9; Marc 11:7-11
Ps. 118:26 venant au nom de Jéhovah
Es. 28:16; Rejeté, mais devenu la Mat. 21:42,45, 46;
Ps. 118:22, 23 maîtresse pierre de l'angle Actes 3:14; 4:11; 1Pierre2:7
Ps.41:9; Trahi par un apôtre Mat. 26:47-50;
109:8 Jean 13: 18, 26-30
Zach. 11:12 Trahi pour 30 pièces Mat. 26:15; 27:3-10;
d'argent Marc 14:10, 11
Es. 53:8 Jugé et condamné Mat. 26:57-68; 27:1, 2, 11-26
Es. 53 :7 Silencieux devant Mat. 27:12-14;
ses accusateurs Marc 14:61; 15:4, 5
Ps.69:4 Haï sans raison Luc 23:13-25;Jean 15:24, 25
Es. 50:6; On le frappa, Mat. 26:67; 27:26, 30;
Michée 5:1 on lui cracha dessus Jean 19:3
Ps. 22:18 Sorts jetés pour distribuer Mat. 27:35;Jean 19:23, 24
ses vêtements
Es. 53:12 1 Compté parmi les pécheurs Mat. 26:55, 56; 27:38;
Luc22:37
Ps. 69:21 Reçut du vinaigre et du fiel Mat. 27:34, 48;
Marc 15:23, 36
Ps. 22:1 Abandonné par Dieu Mat. 27:46; Marc 15:34
Ps. 34:20; Aucun os brisé Jean 19:33, 36
Ex. 12 :46
Es. 53:5; Transpercé Mat. 27:49;Jcan 19:34, 37;
Zach. 12 :10 Rév. 1:7
Es. 53:5, 8, Mort sacrificielle pour Mat. 20:28;Jean 1:29;
11, 12 effacer les péchés Rom. 3:24; 4 :25
Es. 53 :9 Enterré avec les riches Mat. 27:57-60;Jean 19:38-42
Jonas 1:17; Dans la tombe trois jours, Mat. 12:39, 40; 16:21;
2:10 puis ressuscité 17:23; 27:64
le Père qui demeure en union avec moi fait ses œuvres. ( ...)
Vous avez entendu que je vous ai dit: Je m'en vais, et je
reviens vers vous. Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de
ce que je m'en vais vers le Père, car le Père est plus grand
que moi." (Jean 14:6-28). Sans conteste, Jésus était "le che-
min, et la vérité, et la vie", car il ramenait les Juifs au vrai
Dieu, Jéhovah, son Père. Avec Jésus, la
recherche qu'ont menée les hommes
pour trouver Dieu prenait soudain un
nouvel essor grâce à Dieu lui-même:
dans son amour suprême, il avait en-
:ii:i'
voyé Jésus sur la terre afin que, tel un Le Tétra-
phare de lumière et de vérité, celui-ci gramme,
guide les hommes vers lui, le Père. -
Jean 1:9-14; 6:44; 8:31, 32. ou quatre
15 S'inspirant du ministère et de consonnes
l'exemple de Jésus, le missionnaire Paul YHWH
put tenir ce discours aux Grecs d'Athè- (Jéhovah).
nes: "Et d'un seul homme il [Dieu] a fait
toutes les nations d'hommes pour habiter sur toute la surface
de la terre, et il a établi par décret les temps assignés et les
limites fixées de l'habitation des hommes, pour qu'ils cher-
chent Dieu, si toutefois ils le cherchent à tâtons et le trouvent
vraiment, quoiqu'en réalité il ne soit pas loin de chacun de
nous. C'est par lui, en effet, que nous avons la vie, et que
nous nous mouvons, et que nous existons." (Actes 17:26-28).
Il est possible de trouver Dieu, pourvu que l'on soit prêt à
faire l'effort de le rechercher (Matthieu 7:7, 8). Dieu s'est
rendu manifeste et a prouvé son amour en concevant la
terre, qui entretient des formes de vie d'une variété qui
semble infinie. Il fournit ce qui est nécessaire à tous les
hommes, qu'ils soient justes ou injustes. Dieu a encore
15. a) Que doit-on faire pour trouver Dieu? b) Qu'est-ce qui, sur
la terre, atteste l'amour de Dieu?
246 L'humanité à la recherche de Dieu
pourvu les humains de sa Parole écrite, la Bible, et il a envoyé
son Fils comme sacrifice rédempteur*. Enfin, Dieu a accordé
aux hommes l'aide dont ils ont besoin pour trouver le
chemin qui mène à lui. - Matthieu 5:43-45; Actes 14:16, 17;
Romains 3:23-26.
16 Il va de soi que les chrétiens doivent témoigner leur

amour non en paroles seulement, mais surtout en actes.


L'apôtre Paul a écrit à ce sujet: "L'amour est longanime et
bon. L'amour n'est pas jaloux, il ne se vante pas, ne se gonfle
pas d'orgueil, ne se conduit pas avec indécence, ne cherche
pas son propre intérêt, ne s'irrite pas. Il ne tient pas compte
du mal subi. Il ne se réjouit pas de l'injustice, mais se réjouit
avec la vérité. Il supporte tout, croit tout, espère tout, endure
tout. L'amour ne passe jamais." - 1 Corinthiens 13:4-8.
17
Jésus souligna aussi la nécessité de proclamer le
Royaume des cieux, la domination de Dieu sur l'humanité
soumise. - Matthieu 10:7; Marc 13:10.
Les chrétiens: tous des évangélisateurs
18
Dans son Sermon sur la montagne, Jésus mit les foules
qui l'écoutaient devant leur responsabilité d'éclairer autrui
par leurs paroles et par leurs actions. Il dit: "Vous êtes la
lumière du monde. Une ville ne peut être cachée quand elle
est située sur une montagne. On allume une lampe pour la
mettre, non pas sous le panier de mesure, mais sur le
porte-lampe, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la
maison. Pareillement, que votre lumière brille devant les
• L'enseignement biblique de la rançon et son importance seront
expliqués au chapitre 15.

16, 17. Comment les vrais chrétiens doivent-ils manifester leur


amour?
18. a) Que souligna Jésus dans son Sermon sur la montagne?
b) Quelle responsabilité incombe à chaque chrétien? c) Comment
Jesus prépara-t-il ses disciples à leur ministère, et quel message
devaient-ils prêcher?
Le christianisme: jésus était-il le chemin? 247
hommes, pour qu'ils voient vos belles œuvres et rendent
gloire à votre Père qui est dans les cieux." (Matthieu 5: 14-16).
Jésus forma ses disciples de façon qu'ils sachent prêcher et
enseigner lorsqu'ils seraient ministres itinérants. Quel serait
leur message? Le même que le sien: le Royaume de Dieu,
appelé à diriger la terre avec justice. Jésus expliqua un jour:
"Je dois annoncer la bonne nouvelle du royaume de Dieu à
d'autres villes aussi, car c'est pour cela que j'ai été envoyé."
(Luc 4:43; 8:1; 10:1-12). Toujours d'après Jésus, au nombre
des éléments du signe qui distinguerait les derniers jours
figurerait 'cette bonne nouvelle du royaume qui serait prê-
chée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes
les nations; et alors viendrait la fin'. - Matthieu 24:3-14.
19
En l'an 33, avant de monter au ciel, Jésus ressuscité
laissa ces instructions à ses disciples: "Tout pouvoir m'a été
donné dans le ciel et sur la terre. Allez donc et faites des
disciples des gens de toutes les nations, les baptisant au nom
du Père et du Fils et de l'esprit saint, leur enseignant à
observer toutes les choses que je vous ai commandées. Et
voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la conclusion
du système de choses." (Matthieu 28:18-20). C'est une des
raisons pour lesquelles le christianisme, depuis ses tout
premiers débuts, est une religion au prosélytisme actif. Cela
lui a valu haine et jalousie de la part des adeptes des religions
dominantes de l'époque, grecque et romaine, lesquelles se
fondaient sur la mythologie. La persécution dont Paul fit
l'objet à Ephèse en apporte une preuve frappante. - Actes
19:23-41.
20
D'autres questions se posent maintenant: Le message
relatif au Royaume de Dieu prenait-il les morts en compte?
D'après le Christ, quel espoir y avait-il pour les morts?
19, 20. a) Pourquoi le véritable christianisme est-il depuis tou-
jours une religion de prédicateurs actifs? b) Quelles questions
fondamentales exigent maintenant une réponse?
248 L ' humanité à la recherche de Dieu
Proposait-il à ses disciples de soustraire leur "âme immor-
telle" à un "enfer de feu"? Qu'en est-il vraiment? - Matthieu
4:17.
Un espoir de vie éternelle
21
La meilleure façon de pénétrer l'espérance que Jésus
prêchait est peut-être d'examiner ce qu'il dit et fit à la mort
de son ami Lazare. Comment Jésus considérait-il ce décès?
Alors qu'il se rendait chez Lazare, Jésus déclara à ses disciples:
"Lazare, notre ami, repose, mais je vais là-bas pour le tirer du
sommeil." (Jean 11 :11). Jésus comparait la condition de
Lazare au sommeil. Quand on dort profondément, on n'est
conscient de rien, ce qui s'accorde avec la pensée hébraïque
que l'on trouve en Ecclésiaste 9:5: "Les vivants, en effet, se
rendent compte qu'ils mourront; mais quant aux morts, ils
ne se rendent compte de rien du tout."
22
Bien que Lazare fût mort depuis quatre jours, nous
notons que Jésus ne laissa nullement entendre que son âme
était allée au ciel, en enfer ou au purgatoire. Quand Jésus
arriva à Béthanie et que Marthe, la sceur de Lazare, vint à sa
rencontre, il lui affirma: "Ton frère ressuscitera." Que répon-
dit-elle? Dit-elle qu'il était déjà au ciel? Sa réponse fut: "Je
sais qu'il ressuscitera à la résurrection au dernier jour." Voilà
qui prouve qu'à l'époque les Juifs espéraient en la résurrec-
tion, c'est-à-dire en une nouvelle vie sur la terre. - Jean
11:23, 24, 38, 39.
23
Jésus ajouta alors: "Je suis la résurrection et la vie. Celui
qui exerce la foi en moi, même s'il meurt, viendra à la vie;
quiconque vit et exerce la foi en moi ne mourra jamais.
Crois-tu cela?" (Jean 11:25, 26). Pour appuyer ses dires, Jésus
21, 22. a) A quoi Jésus compara-Hl la mon de Lazare, et pour-
quoi? b) Quelle espérance Marthe nourrissait-elle à propos de son
frère decédé?
23. Quel miracle Jésus accomplit-il, et quel effet eut-il sur ceux qui
le virent?
Le christianisme: jésus était-il le chemin? 249
se rendit à la caverne où Lazare était enseveli, puis il le
rappela à la vie devant les yeux de ses sœurs, Marie et Marthe,
et de leurs voisins. Le récit poursuit: "Beaucoup d'entre les
Juifs qui étaient venus près de Marie et qui avaient vu ce
qu'il avait fait, eurent alors foi en lui( ...). La foule donc qui
était avec lui quand il avait appelé Lazare hors du tombeau
commémoratif et l'avait relevé d'entre les morts, rendait
témoignage." (Jean 11:45; 12:17). Ils avaient vu le miracle de
leurs yeux, si bien qu'ils y croyaient et témoignaient de sa
réalité. Les opposants religieux de Jésus devaient pareille-
ment croire à ce qui s'était produit, puisque d'après le récit
les prêtres en chef et les Pharisiens complotaient de tuer
Jésus, "car cet homme, disaient-ils, opère beaucoup de si-
gnes". - Jean 11:30-53.
24 Où Lazare était-il allé durant les quatre jours pendant

lesquels il était mort? Nulle part. Il était inconscient, endormi


dans la tombe dans l'attente de la résurrection. Jésus lui
accorda la bénédiction d'être relevé miraculeusement d'en-
tre les morts. Mais si l'on s'en réfère au récit de Jean, Lazare
ne fit état d'aucun passage ni au ciel, ni en enfer, ni au
purgatoire au cours de ces quatre jours. La raison en est
simple: il n'avait pas d'âme immortelle susceptible de se
rendre à de tels endroits*. - Job 36:14; Ezéchiel 18:4.
25
En conséquence, quand Jésus parlait de vie éternelle, il
songeait soit à la vie que mèneraient au ciel ceux qui,
• L'expression "âme immortelle" ne figure dans aucun verset de la
Bible. Le mot grec traduit par "immortel" et "immortalité" n 'apparaît que
trois fois; il s'applique à un nouveau corps spirituel qu'on revêt ou
acquiert, non à quelque chose d 'inhérent à l'homme. Il est employé à
propos de Ch rist et des chrétiens oints de l'esprit, qui deviennent rois à
ses côtés dans son Royaume céleste. - 1 Corinthiens 15:53, 54; 1 Timo-
thée 6:16; Romains 8:17; Ephésiens 3:6; Révélation 7:4; 14:1-5.

24. a) Où Lazare est-il resté pendant quatre jours? b) Que dit la


Bible au sujet de l'immortalité?
25. a) Quand la Bible parle de vie éternelle, de quoi est-il ques-
tion? b) De quoi dépend la venue du Royaume promis par Dieu?
250 L 'humanité à la recherche de Dieu
Le récit de la résurrection de Lazare ne mentionne nullement
ni même ne laisse entendre que celui-ci avait une âme immortelle.

transformés en esprits immortels, régneraient avec lui dans


son Royaume, soit à la vie sans fin que connaîtraient des
humains sur la terre devenue un paradis, sous la domination
de ce Royaume* (Luc 23:43; Jean 17:3 ). Dieu a promis de
procurer de nombreuses bénédictions à la terre en y résidant
figurément avec l'humanité obéissante. Seulement, la réali-
sation de toutes ces paroles dépend évidemment d'une
* Vous trouverez un examen détaillé de ce qu'est la domination du
Royaume au chapitre 15.
Le christianisme: jésus était-il le chemin? 251
chose: Dieu a-t-il réellement envoyé et agréé Jésus? - Luc
22:28-30; Tite 1:1, 2; Révélation 21:1-4.
L'approbation de Dieu - Une réalité,
pas un mythe
26
Comment savons-nous que Jésus était approuvé par
Dieu? D'abord, lors de son baptême, une voix se fit entendre
du ciel, disant: "Celui-ci est mon Fils, le bien-aimé, que j'ai
agréé." (Matthieu 3:17). Plus tard, l'approbation de Jésus fut
confirmée devant d'autres témoins. Les disciples Pierre, Jac-
ques et Jean, d'anciens pêcheurs en Galilée, accompagnèrent
Jésus sur une haute montagne (probablement le mont Her-
mon, qui culmine à 2 814 mètres). Là, un prodige s'opéra sous
leurs yeux: "Et [Jésus) fut transfiguré devant eux, et son
visage brilla comme le soleil, et ses vêtements de dessus
devinrent éblouissants comme la lumière. Et voilà que leur
apparurent Moïse et Elie, qui conversaient avec lui.( ...) voici
qu'une nuée lumineuse les enveloppa de son ombre, et voici
qu'une voix sortit de la nuée, disant: 'Celui-ci est mon Fils,
le bien-aimé, que j'ai agréé; écoutez-le.' En entendant cela,
les disciples tombèrent sur leur face et furent pris d'une
grande peur." - Matthieu 17:1-6; Luc 9:28-36.
27
Cette confirmation audible et visible venant de Dieu
fortifia énormément la foi de Pierre, car il écrivit par la suite:
"Non, ce n'est pas en suivant des fables [grec muthoïs,
mythes) ingénieusement imaginées que nous vous avons fait
connaître la puissance et la présence de notre Seigneur Jésus
Christ, mais c'est pour être devenus témoins oculaires de sa
magnificence. Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire,
quand des paroles comme celles-ci furent portées jusqu'à lui
par la gloire magnifique: 'Celui-ci est mon Fils, mon bien-
26. Quel événement marquant eut lieu en présence des disciples
Pierre, Jacques et Jean?
27. a) Quel effet la transfiguration produisit-elle sur les disciples?
b) Qu'est-ce qui nous montre que Jésus n'était pas un mythe?
252 L ' humanité à la recherche de Dieu
aimé, que moi j'ai agréé.' Oui, ces paroles, nous les avons
entendues qui étaient portées depuis le ciel, alors que nous
étions avec lui sur la sainte montagne." (2 Pierre 1:16-18).
Pierre, Jacques et Jean, disciples juifs, contemplèrent de leurs
yeux le miracle que fut la transfiguration de Jésus, et ils
entendirent la voix approbatrice de Dieu provenant du ciel.
Leur foi reposait donc sur une réalité qu'ils avaient vue et

Pierre, Jacques et Jean savaient que l'approbation de Jésus


par Dieu ne relevait pas d'un mythe; ils en avaient vu et entendu
la preuve lors de la transfiguration.
entendue, et non sur la mythologie ni sur des "fables jui-
ves". (Voir l'encadré de la page 237.) - Matthieu 17:9; Tite
1:13, 14*.
La mort de Jésus suivie d'un autre miracle
28
En l'an 33 de notre ère, Jésus fut arrêté et jugé par les
chefs religieux juifs, qui l'accusaient faussement d'avoir
blasphémé en se disant le Fils de Dieu (Matthieu 26:3, 4,
59-67). Comme ces Juifs n'avaient pas le droit de le mettre
à mort, ils le livrèrent aux chefs romains, devant lesquels de
nouveau ils l'incriminèrent à tort, alléguant cette fois qu'il
interdisait de payer les impôts à César et qu'il se prétendait
roi. - Marc 12:14-17; Luc 23:1-11; Jean 18:28-31.
29 Jésus fut renvoyé d'un chef à l'autre, jusqu'à ce que

Ponce Pilate, gouverneur romain, devant l'insistance de la


foule agitée par des motifs religieux, choisisse la voie de la
facilité: il condamna Jésus à mort, en vertu de quoi Jésus
endura une mort ignominieuse, sur un poteau, puis son
corps fut déposé dans un tombeau. Mais dans les trois jours
qui suivirent eut lieu un événement qui métamorphosa les
disciples de Jésus; d'inconsolables qu'ils étaient, ils devinrent
des croyants joyeux, des évangélisateurs zélés. - Jean 19:16-
22; Galates 3:13.
30 Les chefs religieux, soupçonnant les disciples de Jésus

de vouloir monter une supercherie, allèrent présenter cette


requête à Pilate: "'Seigneur, nous nous sommes rappelés que
cet imposteur a dit, quand il vivait encore: "Après trois jours
• Dans cette vision, "Moïse" et "Elie" symbolisaient la Loi et les Prophè-
tes, qui furent accomplis par Jésus. Vous trouverez une explication plus
complète de la transfiguration dans !'Auxiliaire pour une meilleure intelli-
gence de la Bible, pages 1477 et 1478.

28. Quelles fausses accusations lança-t-on contre Jésus en l'an 33?


29. Comment Jésus mourut-il?
30. Quelles mesures les chefs religieux prirent-ils pour empêcher
toute mystification?
254 L ·humanité à la recherche de Dieu
je dois être relevé." Ordonne donc qu'on s'assure de la tombe
jusqu'au troisième jour, pour que ses disciples ne viennent
pas le dérober et ne disent pas au peuple: "Il a été relevé
d'entre les morts!" et cette dernière imposture sera pire que
la première.' Pilate leur dit: 'Vous avez une garde. Allez,
assurez-vous-en, comme vous savez le faire.' Ils allèrent donc
et s'assurèrent de la tombe, en scellant la pierre et en laissant
la garde." (Matthieu 27:62-66). Cela s'avéra-Hl vraiment sûr?
31 Le troisième jour après la mort de Jésus, trois femmes

vinrent à sa tombe pour enduire son corps d'huile parfumée.


Que découvrirent-elles? "Et de très grand matin, le premier
jour de la semaine, elles vinrent au tombeau commémoratif,
alors que le soleil s'était levé. Et elles se disaient entre elles:
'Qui nous roulera la pierre de devant la porte du tombeau
commémoratif?' Or, en regardant, elles s'aperçurent que la
l pierre avait été roulée, et pourtant elle était fort grande. En
, entrant dans le tombeau commémoratif, elles virent un
jeune homme assis, sur la droite, vêtu d'une longue robe
blanche, et elles furent saisies de stupeur. Il leur dit: 'Ne soyez
pas saisies de stupeur. Vous cherchez Jésus le Nazaréen, qui
a été attaché sur un poteau. Il a été relevé, il n'est pas ici.
Voyez le lieu où on l'avait mis. Mais allez dire à ses disciples
et à Pierre: "Il vous précède en Galilée; c'est là que vous le
verrez, comme il vous l'a dit."'" (Marc 16:1-7; Luc 24:1-12).
La garde déléguée spécialement par les chefs religieux
n'avait pu empêcher le Père de Jésus de le ressusciter. S'agit-il
d'un mythe ou d'un fait historique?
32 Quelque 22 ans après, Paul, un ancien persécuteur des

chrétiens, expliqua dans l'une de ses lettres ce qui l'avait


amené à croire en la résurrection du Christ: "Car je vous ai
31. Que se passa-t-il quand des femmes fidèles se rendirent au
tombeau de Jésus?
32. Pour quelles raisons solides Paul croyait-il à la résurrection de
Jésus?
Le christianisme: jésus était-il le chemin? 255
.J

transmis, avec les premières choses, ce que j'ai reçu moi ausi:
que Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures; et
qu'il a été enseveli, oui, qu'il a été relevé le troisième jour
selon les Ecritures; et qu'il est apparu à Céphas, puis aux
douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la
fois, dont la plupart sont demeurés en vie jusqu'à présent,
mais quelques-uns se sont endormis dans la mort. Ensuite,
il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres." ( 1 Corinthiens
15:3-7). Il est clair que Paul avait de solides raisons de risquer
sa vie pour la cause de Jésus ressuscité; l'une d'elles était
l'attestation d'environ 500 témoins oculaires qui avaient vu
Jésus ressuscité (Romains 1:1 -4)! Paul savait que Jésus avait
été ressuscité; il avait d'ailleurs une raison plus puissante
encore de l'affirmer, comme il l'écrivit ensuite: "Et, en tout
dernier lieu, il m'est apparu à moi aussi, comme à l'avorton."
- 1Corinthiens15:8, 9; Actes 9:1-19.
33 Les premiers chrétiens étaient prêts à mourir en mar-

tyrs dans les arènes romaines. Pourquoi? Parce qu'ils sa-


vaient que leur foi était fondée sur des réalités historiques,
non sur des mythes. Jésus était bel et bien le Christ ou Messie
promis dans les prophéties; il avait été envoyé sur la terre
par Dieu; il avait été agréé par son Père; il était mort sur un
poteau en Fils intègre; et il avait été ressuscité d'entre les
morts. - 1 Pierre 1:3, 4. ~.
34 Nous vous recommandons de lire tout le chapitre 15

de la première lettre de Paul aux Corinthiens; vous compren-


drez ce que Paul croyait relativement à la résurrection et
pourquoi celle-ci est essentielle à la foi chrétienne. Le mes-
sage de l'apôtre se résume en ces mots: "Mais maintenant
Christ a été relevé d'entre les morts, prémices de ceux qui
33. Pourquoi les premiers chrétiens étaient-ils prêts à mourir en
martyrs pour leur foi?
34. Selon l'apôtre Paul, pourquoi la résurrection est-elle essentielle
à la foi chrétienne?
256 L'humanité à la recherche de Dieu
se sont endormis dans la mort. En effet, puisque la mort est
venue par un homme [Adam], c'est aussi par un homme que
vient la résurrection des morts. Car, de même qu'en Adam
tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront
rendus à la vie." - 1 Corinthiens 15:20-22.
35 La résurrection de Jésus Christ a donc un but, qui est

de procurer finalement des bienfaits à l'humanité tout en-


tière*. Elle permit aussi à Jésus de réaliser le reste des
prophéties messianiques. Il doit bientôt étendre sa juste
domination, qu'il exerce depuis les cieux invisibles, à la terre
purifiée. Alors existeront ce que la Bible appelle "un nouveau
ciel et une nouvelle terre" dans lesquels Dieu "essuiera toute
larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus; ni deuil, ni cri,
ni douleur ne seront plus. Les choses anciennes ont disparu".
- Révélation 21:1-4.
Apostasie et persécution sont annoncées
36 Peu après la mort et la résurrection de Jésus se produisit
un autre miracle qui prodigua aux premiers chrétiens force
et impulsion dans la prédication. Le jour de la Pentecôte de
l'an 33, du ciel Dieu répandit son esprit saint ou force
agissante sur quelque 120 disciples réunis à Jérusalem. Quel
effet cela eut-il? "Et ils virent apparaître des langues, comme
de feu; elles se distribuaient, et il s'en posa une sur chacun
d'eux, et tous se trouvèrent remplis d'esprit saint et com-
mencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'esprit
leur donnait de s'exprimer." (Actes 2:3, 4). Les Juifs de langue
étrangère qui se trouvaient à Jérusalem à ce moment-là
• Vous trouverez de plus amples renseignements sur la résurrection
de Jésus dans le livre La Bible: Parole de Dieu ou des hommes?, publié en
1989 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.,
pages 78 à 86.

35. De quelles bénédictions Dieu a-t-il promis de combler la terre


et l'humanité (Esaïe 65:17-25)?
36. Qu'arriva-t-il à la Pentecôte de l'an 33, et quelles conséquences
cela eut-il?
Le christianisme: jésus était-il le chemin? 257
]!sus et le nom de Dieu
Quand il enseigna à ses disciples de quelle manière prier, Jésus dit:
"Vous devez donc prier ainsi: 'Notre Père qui es dans les
cieux, que ton nom soit sanctifié! Que ton royaume vienne!
Que ta volonté se fasse, comme dans le ciel, aussi sur la
terre!'" - Matthieu 6:9, 10.
Jésus savait que le nom de son m'as aimé soit en eux, et
Père est d'une importance capi- moi en union avec eux."
tale, et il le mettait en évidence. - Jean 12:28; 17:6, 26.
Il déclara à l'adresse de ses enne- Jésus étant Juif, le nom de son
mis religieux: "je suis venu au
Père, Jéhovah, ou Yahweh, lui
nom de mon Père, mais vous
était forcément familier, car il
ne me recevez pas; si un au-
tre arrivait en son propre connaissait ces versets: " 'Vous
êtes mes témoins', telle est la
nom, vous le recevriez. ( ... )
Je vous l'ai dit, mais vous ne déclaration de Jéhovah,
croyez pas. Les œuvres que je 'oui, mon serviteur que j'ai
fais au nom de mon Père, ce choisi, afin que vous sachiez
sont elles qui rendent témoi- et ayez foi en moi, et que
gnage de moi." - Jean 5:43; vous compreniez que je suis
10:25; Marc 12:29, 30. le Même. Avant moi aucun
Dieu ne fut formé, et après
Dans une prière à son Père, Jé- moi il continua de n'y en
sus s'exclama: "'Père, glorifie avoir aucun. ( ... ) Vous êtes
ton nom.' Une voix vint donc donc mes témoins', telle est
du ciel: 'Je l'ai glorifié etje le
la déclaration de Jéhovah,
glorifierai encore.'"
'et je suis Dieu.'" - Esaïe
Par la suite, Jésus prononça 43:10, 12.
cette autre prière: "J'ai mani-
festé ton nom aux hommes Il s'ensuit que Jéhovah choisit
que tu m'as donnés du milieu les Juifs, en tant que peuple,
du monde. Ils étaient à toi, et pour être ses témoins. Comme
tu me les as donnés, et ils ont Jésus était Juif, lui aussi était un
observé ta parole. ( ... )Et je témoin de Jéhovah. - Révéla·
leur ai fait connaître ton tion 3:14.
nom et je le ferai connaître, Il semble qu'au 1er siècle la plu·
afin que l'amour dont tu part des Juifs ne prononçaient
plus le nom révélé de Dieu. Néan-
moins, des manuscrits prouvent
que les premiers chrétiens, qui se
servaient de la Septante, la traduc·
tion grecque des Ecritures hébraï-
ques, voyaient le Tétragramme
hébreu reproduit dans le texte
grec. George Howard, professeur
de religion et d'hébreu, déclare:
"Comme la Septante utilisée et ci-
tée par l'Eglise du Nouveau Testa-
ment contenait le nom divin sous
sa forme hébraïque, les rédacteurs
du Nouveau Testament ont sans
doute conservé le Tétragramme
dans leurs citations. Mais quand la
forme hébraïque du nom divin a
été [par la suite] abandonnée en
faveur de divers termes sup-
pléants, il a aussi disparu des pas- Fragment de papyrus (1er siècle av. n. è.)
sages du Nouveau Testament qui montrant le nom de Dieu en hébreu
citaient la Septante." dans la Septante grecque.
Le professeur Howard en déduit
que les chrétiens du rcr siècle de· l'accusèrent d'avoir accompli
vaient clairement comprendre des miracles "seulement parce
des textes comme Matthieu 22:44, qu'il s'était rendu maître du
dans lequel Jésus citait les Ecritu- nom 'secret' de Dieu". - Le
res hébraïques à ses ennemis. Ho· livre de la connaissance
ward dit: "L'Eglise du rcr siècle li· juive ( angl.).
sait probablement: 'YHWH a dit à Il est certain que Jésus con-
mon Seigneur' " au lieu de la ver· naissait le nom unique de Dieu.
sion postérieure: " 'Le Seigneur a Il l'utilisait sûrement malgré la
dit à mon Seigneur', ( ...)qui est tradition juive en vigueur à
aussi ambiguë qu'imprécise." l'époque. Il ne permit pas à des
- Psaume 110:1. traditions humaines de pren-
Jésus employait le nom divin; dre le pas sur la loi de Dieu.
on en a la preuve en ce que des - Marc7:9-13;Jean 1:1·3, 18;
Juifs, des siècles après sa mort, Colossiens 1:15, 16.
furent stupéfaits d'entendre ces Juifs de Galilée, censément
ignorants, parler dans leurs langues. Beaucoup se mirent à
croire. Le message chrétien se répandit ensuite comme une
traînée de poudre lorsque ces nouveaux croyants juifs re-
tournèrent dans leurs pays d'origine. - Actes 2:5-21.
37 Mais de sombres nuages s'amoncelèrent bientôt. Les
Romains se mirent à redouter cette religion nouvelle et
apparemment athée, puisque dépourvue d'idoles. L'empe-
reur Néron fut l'initiateur d'une persécution sauvage des
chrétiens qui se poursuivit tout au long des trois premiers
siècles de notre ère*. De nombreux chrétiens furent con-
damnés à mourir dans les amphithéâtres pour satisfaire la
soif de sang d'empereurs et de foules sadiques qui se mas-
saient là à seule fin de regarder des prisonniers jetés aux
bêtes sauvages.
38
Un autre facteur, que les apôtres avaient prédit, jeta le
trouble dans la congrégation chrétienne à ses débuts. Pierre
écrivit: "Mais il y eut aussi de faux prophètes parmi le peuple,
comme il y aura de même parmi vous de faux enseignants.
Ceux-ci introduiront discrètement des sectes destructrices
et iront jusqu'à renier le propriétaire qui les a achetés,
amenant sur eux une prompte destruction." (2 Pierre 2: 1-3).
Il annonçait l'apostasie, l'abandon du vrai culte, un compro-
mis avec les courants religieux du monde romain qu'impré-
gnaient la philosophie et la pensée grecques! Comment
l'apostasie apparut-elle? Le prochain chapitre répondra à
cette question ainsi qu'à d'autres qui lui sont liées. - Actes
20:30; 2 Timothée 2:16-18; 2 Thessaloniciens 2:3.
• Suétone, biographe romain (vers 69-140 den. è.), rapporta que sous
le règne de Néron "on frappa de supplices les chrétiens, espèce d'hommes
adonnés à une superstition nouvelle et nuisible".

37. Quelle fut la réaction de certains dirigeants romains face à la


nouvelle religion que constituait le christianisme?
38. Quel état de choses prédit jetterait le trouble dans la congréga-
tion chrétienne primitive?
260 L 'humanité à la recherche de Dieu
_ _ _ _ _ _ _ _CHAPITRE 11 _ _ _ _ _ _ __

L'apostasie
Une barrière sur le chemin
menant à Dieu
LES 400 premières années de l'histoire de la chrétienté
sont de toute première importance. Pourquoi? Pour la même
raison que les premières années de la vie d'un enfant sont
très importantes; ce sont des années de formation qui posent
le fondement de sa personnalité future. Que révèlent donc
les premiers siècles de la chrétienté?
2
Avant de répondre à cette question, rappelons-nous une
vérité énoncée par Jésus Christ: "Entrez par la porte étroite;
car large et spacieuse est la route qui mène à la destruction,
et nombreux sont ceux qui entrent par elle; mais étroite est
la porte et resserrée la route qui mène à la vie, et peu
nombreux sont ceux qui la trouvent." La route de l'op-
portunisme est large; celle des principes justes est étroite.
- Matthieu 7:13, 14.
3 Dans les débuts du christianisme, deux chemins s'ou-
vraient à ceux qui embrassaient cette religion impopulaire:
soit adhérer aux enseignements et aux principes du Christ
et des Ecritures, lesquels ne souffrent aucun compromis; soit
emprunter le chemin large et facile du compromis avec le
monde de l'époque. Comme nous allons le voir, l'histoire des
1, 2. a) Pourquoi les 400 premières années de l'histoire de la
chrétienté sont-elles importantes? b) Quelle vérité Jésus énonça-
t-il à propos du choix qui s'offre à nous?
3. Quelle était l'alternative dans les débuts du christianisme?
r 'apostasie: Une barrière 261
quatre premiers siècles de notre ère révèle quel chemin la
majorité finit par choisir.
L'attrait de la philosophie
4
L'historien Will Durant explique: "Elle (la synthèse chré-
tienne] ne se réduisit pas, en effet, aux emprunts de l'Eglise
à d'autres coutumes et formes religieuses courantes dans la
Rome (païenne] antérieure au christianisme; l'étole et d'au-
tres vêtements de prêtres païens, l'usage de l'encens et de
l'eau sacrée (bénite) pour les purifications, les cierges et la
lumière perpétuellement allumée devant l'autel, l'adoration
des saints, l'architecture de la basilique, le droit romain à la
base du droit canon, le titre de pontifex maximus pour le
souverain pontife, et, au rve siècle, la langue latine ( ... ). De
bonne heure, les évêques, plutôt que les préfets romains,
seront les dispensateurs de l'ordre et les agents du pouvoir
dans les cités; les métropolitains ou archevêques supporte-
ront, s'ils ne les supplantent, les gouverneurs provinciaux, et
le synode des évêques succédera à l'assemblée provinciale.
4. D'après l'historien Durant, quelle influence la Rome païenne
eut-elle sur l'Eglise primitive?

Les premiers chrétiens et la Rome païenne


"Avec l'émergence du christia· l'initiation masculine, la prosti·
nisme dans l'Empire romain, les tution, féminine ou masculine,
païens convertis durent, eux était banale et légale et le di·
aussi, envisager de changer de vorce, l'avortement, la contra·
mentalité et de comportement. ception et l'infanticide des su-
Leur éducation amenait les jets d'intérêt pratique. Au grand
païens à considérer le mariage étonnement des familles, ils fu·
essentiellement comme un ar· rent nombreux à embrasser la
rangement social et économi· foi chrétienne, qui s'opposait à
que; les relations homosexuelles ces pratiques." - Adam, Eve et
faisaient partie intégrante de le serpent, Elaine Pagels.
L'Eglise chrétienne suivit les traces de l'Etat romain."
- Histoire de la Civilisation: Partie III - César et le Christ.
5 Cette propension aux compromis avec le monde ro-
main contraste très vivement avec les enseignements du
Christ et des apôtres. (Voir l'encadré de la page 262.) L'apôtre
Pierre donna ce conseil: "Bien-aimés,(... ) je réveille, par un
rappel, votre faculté de réfléchir lucidement, pour que vous
vous souveniez des paroles énoncées à l'avance par les saints
prophètes et du commandement du Seigneur et Sauveur,
transmis par vos apôtres. Vous donc, bien-aimés, possédant
cette connaissance anticipée, soyez sur vos gardes, de peur
que vous ne vous laissiez entraîner avec eux par l'erreur des
gens qui bravent la loi et que vous ne veniez à déchoir de
votre propre fermeté." Quant à Paul, il fit cette exhortation
sans équivoque: "Ne formez pas avec les incroyants un
attelage mal assorti. En effet, quels rapports y a-t-il entre la
justice et le mépris de la loi? Ou quelle association y a-t-il
entre la lumière et les ténèbres? ( ... ) '"C'est pourquoi sortez
du milieu d'eux, et séparez-vous", dit Jéhovah, "et ne tou-
chez plus à la chose impure"'; '"et je vous accueillerai."'"
- 2 Pierre 3:1, 2, 17; 2 Corinthiens 6:14-17; Révélation 18:2-5.
6 Malgré ces mises en garde précises, les chrétiens apos-

tats du ne siède adoptèrent l'apparat de la religion romaine


païenne. Ils s'écartèrent de la pureté de leurs origines bibli-
ques pour se revêtir du vêtement et des titres qu'arboraient
les païens romains, et pour s'imprégner de philosophie
grecque. Le professeur Wolfson, de l'Université Harvard,
explique dans Le creuset du christianisme ( angl.) qu'au ne siè-
de un flot de "Gentils ayant reçu une formation philosophi-
que" se convertit au christianisme. Ces admirateurs de la
5. En quoi les compromis de l'Eglise avec le monde romain païen
tranchent-ils avec les écrits chrétiens?
6, 7. a) Quelle influence la philosophie grecque exerça-t-elle sur
les "peres" de l'Eglise primitive? b) Dans quels enseignements
l'influence grecque était-elle particulièrement perceptible? c) Quel
avertissement Paul lança-t-il à propos de la philosophie?
L'apostasie: Une barrière 263
sagesse des Grecs pensaient qu'il existait des points com-
muns entre la philosophie grecque et les enseignements des
Ecritures. Wolfson poursuit: "Quelquefois, chacun à sa ma-
nière, ils ont énoncé l'idée que la philosophie est un don
spécial de Dieu aux Grecs au moyen de la raison humaine,
au même titre qu'il gratifia les Juifs de l'Ecriture au moyen
de la révélation directe." Et ce professeur d'ajouter: "Les Pères
de l'Eglise ( ... ) entreprirent de montrer systématiquement
que derrière le langage simple dans lequel l'Ecriture se plaît
à s'exprimer se cachent les enseignements des philosophes
exposés dans les termes techniques obscurs qu'ils inven-
taient dans leur Académie, leur Ly-
cée et leur Portique [des centres de
discussion philosophique]."
7 Une telle attitude laissait la

porte ouverte à l'infiltration de la


philosophie et de la terminologie
grecque dans les enseignements de
la chrétienté, particulièrement la
Le triangle, doctrine de la Trinité et la croyance
à une âme immortelle. Wolfson dé-
symbole du mystère clare à ce propos: "Les Pères [de
de la Trinité l'Eglise] se mirent à rechercher
dans la chrétienté. dans la terminologie philosophique
deux termes techniques adaptés,
l'un pour désigner la réalité selon laquelle chaque membre
de la Trinité est une personne distincte, l'autre pour signifier
leur unité commune sous-jacente." Ils durent cependant
admettre que "la conception d'un Dieu trine est un mystère
que la raison humaine est incapable de résoudre". A l'op-
posé, Paul avait clairement perçu le danger d'une telle con-
tamination et d'une telle 'perversion de la bonne nouvelle'
quand il écrivit aux chrétiens galates et colossiens: "Prenez
garde qu'il ne se trouve quelqu'un qui vous emporte comme
264 L'humanité à la recherche de Dieu
une proie au moyen de la philosophie [grec philosophias] et
de vaines tromperies, selon la tradition des hommes, selon
les choses élémentaires du monde, et non selon Christ."
- Galates 1:7-9; Colossiens 2:8; 1 Corinthiens 1:22, 23.
La résurrection rendue nulle
8 Comme nous l'avons constaté tout au long de ce livre,

l'homme s'est toujours débattu avec l'énigme que pose la


brièveté de son existence, qui prend fin avec la mort. Un
écrivain allemand, Gerhard Herm, a déclaré dans son livre
intitulé Les Celtes - Le peuple qui est sorti des ténèbres (ail.):
"Entre autres, la religion s'efforce aussi de faire accepter aux
croyants l'idée qu'ils doivent mourir. Elle peut y parvenir en
leur promettant une vie meilleure outre-tombe, une renais-
sance, ou les deux." Presque toutes les religions tournent
autour de la croyance selon laquelle l'âme humaine est
immortelle et se rend dans un autre monde ou transmigre
dans une autre créature à la mort.
9 Aujourd'hui, la plupart des religions de la chrétienté

partagent cette croyance. Miguel de Unamuno, un éminent


philosophe espagnol du xxe siècle, a écrit à propos de Jésus:
"Peut-être croyait-il à la résurrection de la chair [comme
celle de Lazare (voir les pages 249 à 252)) à la façon
judaïque, non à l'immortalité de l'âme à la façon platoni-
cienne [grecque)( ... ). On en peut trouver des preuves dans
n'importe quel livre d'exégèse honnête." Il conclut: "L'im-
mortalité de l'âme( ... ) est un dogme philosophique païen."
(L'agonie du christianisme). Ce "dogme philosophique
païen" s'infiltra dans l'enseignement de la chrétienté, alors
que manifestement le Christ n'y souscrivait nullement.
- Matthieu 10:28; Jean 5:28, 29; 11:23, 24.
8. Avec quelle énigme l'homme s'est-il toujours débattu, et com-
ment la plupart des religions se sont-elles efforcées de la résoudre?
9. A quelle conclusion le philosophe espagnol Mi&uel de Una-
muno est-il parvenu quant à savoir si Jésus croyait a la résurrec-
tion?
L'apostasie: Une barrière 265
10
La subtile influence de la philosophie grecque consti-
tua un facteur déterminant de l'expansion de l'apostasie qui
suivit la mort des apôtres. Dans le droit fil de l'enseigne-
ment grec de l'immortalité de l'âme, il fallut trouver à cette
dernière diverses destinations: le ciel, l'enfer de feu, le
purgatoire, le paradis, les limbes*. La classe sacerdotale, qui
jonglait avec de tels enseignements, n'eut alors aucun mal
à tenir ses ouailles dans la soumission, dans la crainte de
l'au-delà, ni à leur extorquer toutes sortes de dons. Ceci
nous amène à soulever une autre question: Comment la
• Les expressions "âme immortelle", "enfer de feu", "purgatoire" et
"limbes" ne figurent nulle part dans les textes originaux hébreu et grec de
la Bible. Par contre, le mot grec rendu par "résurrection" (anastasis) y
apparaît 42 fois.

10. Quelles furent quelques-unes des conséquences de la croyance


à l'immortalité de l'âme?

Christianisme contre chrétienté


Porphyre, un philosophe du le Dieu de tout. Ce sont ses
rne siècle originaire de Tyr qui disciples qui abandonnèrent
s'opposait au christianisme, son enseignement et qui in-
posa la question de savoir "si ventèrent une nouvelle voie
ce n'étaient pas les disciples de dans laquelle Jésus (et non le
Jésus, plutôt que Jésus lui- seul Dieu) faisait l'objet du
même, qui étaient les auteurs culte et de l'adoration. ( ... )
de la forme particulière revê- [Porphyre] mit le doigt sur
tue par la religion chrétienne. une question embarrassante
Porphyre (et Julien [un empe- pour les penseurs chrétiens:
reur romain du IVe siècle la foi chrétienne se base-
opposé au christianisme]) t-elle sur la prédication de Jé-
montra, sur la base du Nouveau sus ou sur des idées forgées
Testament, que Jésus ne pré- par ses disciples des généra-
tendait pas être Dieu et qu'il tions après sa mort?". - Les
ne parlait pas de lui dans sa chrétiens comme les Ro-
prédication, mais du seul Dieu, mains les voyaient ( angl. ).
chrétienté s'est-elle dotée d'une classe sacerdotale distincte?
- Jean 8:44; 1Timothée4:1, 2.
Formation du clergé
11 L'apostasie transparut dans un autre changement: le
ministère confié à tous les chrétiens, selon ce que Jésus et
les apôtres avaient enseigné, devint l'apanage de la prêtrise
hiérarchisée qui se mettait en place dans la chrétienté
(Matthieu 5:14-16; Romains 10:13-15; 1Pierre3:15). Au r<r siè-
cle, après la mort de Jésus, c'étaient ses apôtres ainsi que
d'autres chrétiens, les anciens de Jérusalem ayant les quali-
tés spirituelles requises, qui conseillaient et dirigeaient
la congrégation chrétienne. Aucun d'eux ne s'élevait au-
dessus des autres. - Galates 2:9.
12
En 49 de notre ère, ils durent se réunir à Jérusalem
pour régler des questions qui touchaient l'ensemble des
chrétiens. Le récit biblique rapporte qu'après avoir discuté
franchement, "les apôtres et les anciens [Présbutéroï], ainsi
que toute la congrégation, jugèrent bon d'envoyer à Antio-
che, avec Paul et Barnabas, des hommes choisis parmi eux,
( ... ) et ils écrivirent ceci par leur main: 'Les apôtres et les
anciens, vos frères, à ceux des frères d'Antioche, de Syrie et
de Cilicie qui viennent des nations, salut!'" De toute évi-
dence, les apôtres et les anciens formaient un instrument
chargé de diriger et d'administrer les congrégations chré-
tiennes disséminées. - Actes 15:22, 23.
13 Si au départ du christianisme il était prévu qu'un

collège central résidant à Jérusalem dirige la totalité des


croyants, comment ces derniers étaient-ils dirigés dans
chaque congrégation? Une lettre de Paul à Timothée atteste
11, 12. a) Dans quoi l'apostasie transparut-elle encore? b) Quel
rôle les apôtres et les anciens de Jérusalem jouaient-ils?
13. a) Quelle disposition était prise pour assurer la surveillance
directe de chacune des congrégations chrétiennes au 1er siècle?
b) Quelles étaient les conditions requises des anciens dans les
congrégations?
L'apostasie: Une barrière · 267
Fi:_erre et la papauté
En Matthieu 16: 18,Jésus dit à l'apôtre Pierre: "Et moi je te dis
que tu es Pierre [Roc] [grec Pétros] et sur ce roc [grec pétra] je
bâtirai mon Eglise; et les Portes de l'Hadès ne prévaudront pas
contre elle." (Os). Se fondant sur ce texte, l'Eglise catholique pré-
tend que Jésus bâtit son Eglise sur Pierre qui, dit-elle, fut le pre-
mier d'une lignée ininterrompue d'évêques de Rome, les succes-
seurs de Pierre.
Qui était le roc dont Jésus parla pierre angulaire de fondement."
en Matthieu 16: 18: Pierre ou Jésus - 1Pierre2:4-8; Ephésiens 2:20.
lui-même? Le contexte indique que Aucun indice, ni dans l'Ecriture
la discussion engagée avait trait à ni dans l'Histoire, ne donne à pen-
l'identification de Jésus au "Christ, ser que Pierre détenait la pri-
le Fils du Dieu vivant", comme le mauté parmi ses compagnons.
qualifia Pierre lui-même (Matthieu L'apôtre n'en fait état nulle part
16: 16, Os). En toute logique, le roc dans ses lettres, et les trois autres
surlequelseraitsolidementfondée Evangiles, dont celui de Marc (que
l'Eglise serait Jésus, et non Pierre, celui-ci rédigea apparemment
qui allait renier le Christ à trois re- d'après le récit que lui rapporta
prises. - Matthieu 26:33-35, Pierre), ne mentionnent même
69-75. pas cette déclaration de Jésus à
Pierre. - Luc 22 :24-26; Actes
Comment savons-nous que le 15:6-22; Galates 2:11-14.
Christ est la pierre de fondement?
On ne dispose d'aucune preuve
Grâce au propre témoignage de
absolue que Pierre se soit jamais
Pierre, qui écrivit: "Vous appro-
rendu à Rome ( 1 Pierre 5: 13 ).
chant de lui comme d'une pierre
Quand Paul vint à Jérusalem, "Jac-
vivante, rejetée par les hommes, il ques, Céphas [Pierre] et Jean, ceux
est vrai, mais choisie et précieuse qui semblaient être des colonnes",
auprès de Dieu ( ... ). En effet on lui apportèrent leur soutien. A
trouve dans l'Ecriture: 'Voici que je cette époque, Pierre était donc
pose en Sion une pierre, choisie, l'un des piliers de la congréga-
une pierre angulaire de fondement, tion, lesquels se trouvaient au
précieuse; et celui qui exerce la foi moins au nombre de trois. Il
en elle ne sera absolument pas n'était nullement un "pape", et
déçu.' " Paul déclara de son côté: n'avait ni cette réputation ni celle
"Et vous avez été édifiés sur le fon- d'être un "évêque" dominant de
dement des apôtres et des prophè- Jérusalem. - Galates 2:7-9; Actes
tes, Christ Jésus lui-même étant la 28:16, 30, 31.
que les congrégations étaient pourvues de surveillants (grec
épiskopoi; qui a donné le mot "épiscopal"), qui étaient des
anciens (présbutéroï) au sens spirituel, des hommes que leur
conduite et leur spiritualité rendaient aptes à enseigner
leurs compagnons chrétiens (1 Timothée 3:1-7; 5:17). Au
1er siècle, ces hommes ne composaient pas un clergé séparé
des laïcs. Ils ne portaient pas de vêtements distinctifs. C'était
leur spiritualité qui les distinguait. En fait, chaque congré-
gation comprenait un collège d'anciens (surveillants); elle
ne subissait pas la domination monarchique d'un seul
homme. - Actes 20:17; Philippiens 1:1.
14.Ce n'est qu'avec le temps que le mot épiskopos* (sur-

veillant, intendant) fut converti en "évêque", au sens de


prêtre ayant juridiction sur les autres membres du clergé
dans son diocèse. Bernardino Llorca, un jésuite espagnol,
explique: "Au début, on ne faisait pas assez la distinction
• Le mot grec épiskopos signifie littéralement 'celui qui surveille'. En
latin, il est devenu episwpus, après quoi il a donné •évêque' en français.

14. a) Comment les surveillants chrétiens finirent-ils par céder la


place aux évêques de la chrétienté? b) Qui brigua la primauté
parmi les évêques?

Le Vatican
(son drapeau figure ~
IUIJI
ci-dessous) envoie
des diplomates auprès . '": :..~~ '··
de différents
gouvernements.
entre les évêques et les presbytres; on ne s'attachait qu'à la
signification des termes: évêque est l'équivalent d'intendant;
presbytre est l'équivalent d'ancien. ( ... ) Mais petit à petit, la
distinction se précisa. Le nom d'évêque en vint à désigner
les intendants les plus importants, revêtus de l'autorité
sacerdotale suprême, dotés de la faculté d'imposer les mains
et de conférer la prêtrise." (Historia de la Iglesia Cat6lica).
En fait, l'épiscopat devint une sorte de système monarchi-
que, surtout à partir du début du rve siècle. Une hiérarchie
ou corps dirigeant d'ecclésiastiques fut instituée, et pour
finir l'évêque de Rome, qui se prétendait le successeur de
Pierre, fut reconnu par beaucoup comme évêque suprême
et pape.
15 Aujourd'hui, dans les différentes Eglises de la chré-
tienté, les évêques sont nantis de prestige et de pouvoir, ils
sont généralement bien rémunérés et font souvent partie de
l'élite dirigeante de leur nation. Mais un monde sépare leur
position élevée et altière de la simplicité avec laquelle
les congrégations chrétiennes primitives étaient organi-
sées sous la direction du Christ puis des anciens, ou surveil-
lants. Que dire du gouffre qui démarque Pierre de ses
soi-disant successeurs, qui depuis longtemps règnent dans
le cadre somptueux du Vatican? - Luc 9:58; 1 Pierre 5:1-3.
Pouvoir et prestige du pape
16
Au nombre des premières congrégations, qui accep-
taient la direction des apôtres et des anciens de Jérusalem,
figurait celle de Rome. La vérité chrétienne avait probable-
ment gagné cette ville peu après la Pentecôte de l'an 33
15. Quel gouffre sépare le mode de direction des premiers chré-
tiens de celui de la chrétienté?
16, 17. a) Comment savons-nous que la première congrégation de
Rome n'était pas dirigée par un éveque ou un pape? b) Comment
en vint-on à employer le titre "pape"?
270 L'humanité à la recherche de Dieu
(Actes 2:10). Comme n'importe quelle autre congrégation
chrétienne de l'époque, celle de Rome avait des anciens,
organisés en un collège de surveillants au sein duquel
aucun membre ne détenait la primauté. Il est indubitable
qu'aucun des premiers surveillants de la congrégation de
Rome n'était considéré par ses contemporains comme un
évêque ou comme un pape, car l'épiscopat monarchique
n'existait pas encore. Il est difficile de déterminer quel fut le
point de départ exact de l'épiscopat monarchique, ou d'un
seul homme, mais les faits indiquent qu'il commença à voir
le jour au 11• siècle. - Romains 16:3-16; Philippiens 1:1.
17
Le titre "pape" (du grec papas, père) ne fut pas em-
ployé pendant les deux premiers siècles de notre ère. Mi-
chael Walsh, un ancien jésuite, déclare: "Il semble qu'il fallut
attendre le me siècle pour qu'un évêque de Rome soit appelé
'pape'; ce titre fut conféré au pape Calliste( ... ). A la fin du
v• siècle, le titre 'pape' désignait d'ordinaire l'évêque de
Rome et personne d'autre. Toutefois, c'est seulement au
XIe siècle qu'un pape put exiger que ce titre ne s'applique
qu'à lui seul." - Histoire illustrée des papes (angl.).
18
L'un des premiers évêques de Rome à imposer son
autorité fut Léon 1er (pape de 440 à 461 de n. è.). Michael
Walsh poursuit: "Léon s'appropria le titre autrefois païen de
pontijex maximus, que s'attribuent encore les papes aujour-
d'hui et que portèrent les empereurs romains jusque vers la
fin du rve siècle." Léon 1er se justifiait en s'appuyant sur
l'interprétation catholique des paroles de Jésus contenues
en Matthieu 16:18, 19. (Voir l'encadré de la page 268.) Il
"déclara que puisque saint Pierre était le premier parmi les
apôtres, l'Eglise de saint Pierre devait se voir accorder la
18. a) Qui fut l'un des premiers évêques de Rome à imposer son
autorité? b) Sur quoi repose la prétention papale à la primauté?
c) Comment faut-il comprendre Matthieu 16:18, 19?
L'apostasie: Une barrière 271
primauté parmi les Eglises". (Les religions de l'humanité
[angl.].) Par cette manœuvre, Léon 1er établissait clairement
que si l'empereur détenait le pouvoir temporel à Constan-
tinople, en Orient, pour sa part, il exerçait le pouvoir
spirituel depuis Rome, en Occident. La réalité de ce pouvoir
fut ensuite démontrée quand le pape Léon III couronna
Charlemagne empereur du Saint Empire romain en l'an 800.
19 Depuis 1929, les gouvernements considèrent le pape

de Rome comme le dirigeant d'un Etat souverain distinct, la


cité du Vatican. C'est pourquoi l'Eglise catholique romaine
est la seule organisation religieuse habilitée à envoyer des
représentants diplomatiques, les. nonces, auprès des diffé-
rents gouvernements du monde (Jean 18:36). On décerne
au pape de nombreux titres, tels Vicaire de Jésus Christ,
Successeur du Prince des Apôtres, Pontife suprême de
l'Eglise universelle, Patriarche d'Occident, Primat d'Italie,
Souverain de l'Etat de la Cité du Vatican. On le déplace en
grande pompe, et on lui assigne les mêmes honneurs qu'à
un chef d'Etat. Par contraste, remarquez quelle fut la réac-
tion de Pierre, censément le premier pape et évêque de
Rome, quand le centurion romain Corneille tomba à ses
pieds pour lui rendre hommage: "Pierre le releva en disant:
'Lève-toi; moi aussi, je ne suis qu'un homme.'" - Actes
10:25, 26; Matthieu 23:8-12.
20
La question est à présent de savoir comment l'Eglise
apostate des premiers siècles acquit autant de pouvoir et de
prestige. Comment la simplicité, l'humilité du Christ et des
premiers chrétiens cédèrent-elles la place à l'orgueil et au
faste de la chrétienté?
19, 20. a) Comment considère-t-on le pape à notre époque?
b) Quels sont quelques-uns des titres officiels que porte le pape?
c) Quel contraste la conduite des papes offre-t-elle avec celle de
Pierre?
272 L ' humanité à la r echerche de Dieu
Le fondement de la chrétienté
21 La nouvelle religion apparue dans l'Empire romain
connut un tournant décisif en 313 de notre ère: cette
année-là eut lieu la prétendue conversion de l'empereur
Constantin au "christianisme". Comment en était-il venu à
se convertir? En 306, Constantin avait succédé à son père; il
finit par diriger l'Empire romain aux côtés de Licinius. Il
était influencé par la dévotion de sa mère pour le christia-
nisme et par sa propre croyance en la protection divine.
Avant d'aller livrer une bataille près de Rome, au pont
Milvius, en 312, il prétendit avoir reçu en rêve la consigne
de peindre le monogramme "chrétien" - les lettres grec-
ques khi et rhô, les deux premières du nom Christ en grec
- sur les boucliers de ses soldats*. Protégées par ce 'talis-
man sacré', les forces de Constantin vainquirent son en-
nemi, Maxence.
22 Peu après avoir gagné cette bataille, Constantin pré-

tendit être devenu croyant, mais il attendit d'être à l'article


de la mort pour se faire baptiser, quelque 24 ans plus tard.
Il gagna encore le soutien des "chrétiens" de son empire de
f
par "son adoption du Khi-Rhô [ deux lettres grecques]
comme emblème( ... ). Le Khi-Rhô avait néanmoins déjà été
utilisé en ligature [assemblage de lettres] tant dans des
contextes païens que chrétiens". - Le creuset du christia-
nisme, édité par Arnold Toynbee.
23 Ainsi, le fondement de la chrétienté était posé. A ce

• Une légende populaire veut que Constantin ait eu la vision d'une


croix, accompagnée de ces paroles en latin: 'In hoc signo vinces· (Par ce
signe tu vaincras). Certains historiens sont d'avis qu'il lut plus probable-
ment en grec ·En toutoï nika ' (En cela conquiers). Certains érudits
mettent cette légende en doute parce qu'elle contient des anachronismes.

21, 22. Quel changement notable est censé s'être produit dans la
vie de Constantin, et comment l'exploita-Hl?
23. a) Selon un commentateur, quand la chrétienté vit-elle le
jour? b) Pourquoi peut-on affirmer que le Christ n'a pas fondé la
chrétienté?
L ' apostasie: Une barrière 273
sujet, Malcolm Muggeridge, auteur britannique, a écrit dans
son livre La fin de la chrétienté ( angl. ): "La chrétienté vit le
jour avec l'empereur Constantin." Il précisait toutefois sa
pensée par ce commentaire perspicace: "On pourrait même
dire que Christ a personnellement aboli la chrétienté avant
qu'elle ne voie le jour lorsqu'il déclara que son royaume ne
faisait pas partie de ce monde; c'était l'une de ses déclara-
tions les plus lourdes de conséquences et les plus importan-
tes." On pourrait ajouter: et l'une des plus universellement
méconnues par les chefs religieux et politiques de la chré-
tienté. - Jean 18:36.
24 Avec le soutien de Constantin, la religion de la chré-

tienté devint la religion officielle de l'Etat romain. Elaine


Pagels, professeur de religion, explique: "Les évêques chré-
tiens, autrefois susceptibles d'être arrêtés, torturés puis exé-
cutés, étaient maintenant exemptés d'impôt, recevaient des
dons du trésor impérial, et possédaient prestige et même
influence à la cour; leurs églises acquéraient de nouvelles
richesses, du pouvoir et imposaient le respect." Ils étaient
devenus les amis de l'empereur, les amis du monde romain.
- Jacques 4:4.
Constantin, l'hérésie et l'orthodoxie
25 Pourquoi la "conversion" de Constantin fut-elle déter-
minante? Parce qu'il était empereur, et qu'en tant que tel il
exerça une puissante emprise dans les affaires de l'Eglise
"chrétienne", divisée sur sa doctrine. Or, Constantin voulait
unifier son empire. A l'époque, les évêques de langue grec-
que et ceux de langue latine étaient déchirés par un débat
sur "la relation entre la 'Parole' ou 'Fils' de 'Dieu' qui avait
24. Quel changement la "conversion" de Constantin provoqua-
t-elle dans l'Eglise?
25. a) Quel débat théologique faisait rage à l'époque de Constan-
tin? b) Avant le IVe siècle, comment concevait-on les relations qui
unissent le Christ à son Père?
274 L'humanité à la recherche de Dieu
été incarné en Jésus, et 'Dieu' lui-même, dorénavant ap-
pelé 'le Père' - son nom, Yahweh, ayant été généralement
oublié". (The Columbia History of the World.) Certains pen-
chaient pour le point de vue que corroborait la Bible, c'est-à-
dire que le Christ, le Logos, avait été créé et était par con-
séquent subordonné au Père (Matthieu 24:36; Jean 14:28;
1 Corinthiens 15:25-28). Parmi ceux-là figurait Arius, un
prêtre d'Alexandrie, en Egypte. Un professeur de théolo-
gie, R. Banson, déclare: "Avant que n'éclate la controverse
arienne [au IVe siècle], on ne trouve aucun théologien, ni
dans l'Eglise d'Orient ni dans l'Eglise d'Occident, qui ne
tienne pas d'une façon ou d'une autre le Fils pour subor-
donné au Père." - La recherche de la doctrine chrétienne sur
Dieu ( angl. ).
26Pour d'autres, la subordination du Christ à Dieu était
une hérésie; ils préféraient adorer Jésus comme "Dieu in-
carné". Pourtant, le professeur Banson affirme que la pé-
riode en question (le IVe siècle) "n'était pas l'histoire de
la défense d'une orthodoxie [trinitaire] acceptée et établie
26. Où en était l'enseignement de la Trinité au début du rv< siècle?

Le concile de Nicée posa le fondement


de ce qui allait devenir
la doctrine de la Trinité.
contre les assauts d'une hérésie notoire [l'arianisme]. A
l'égard du sujet discuté au départ, il n'existait jusqu'alors
aucune doctrine orthodoxe". Il poursuit: "Tous les partis
étaient persuadés que l'autorité de !'Ecriture prêchait en leur
faveur. Chacun reprochait aux autres de ne se conformer ni
à l'orthodoxie, ni à la tradition, ni à !'Ecriture." Cette ques-
tion théologique divisait profondément les rangs du clergé.
- Jean 20:17.
27
Comme Constantin désirait unifier son empire, en 325
il convoqua ses évêques en concile à Nicée, située dans la
partie orientale de son domaine et au sud du Bosphore par
rapport à la nouvelle ville de Constantinople. On y parlait le
grec. Entre 250 et 318 évêques s'y seraient rendus, soit une
minorité seulement, et la plupart venaient des régions où
l'on parlait le grec. Même le pape Sylvestre rer était absent*.
Au prix d'âpres débats, ce concile, qui n'était somme toute
pas vraiment représentatif, fixa le Credo de Nicée qui incli-
nait nettement vers la pensée trinitaire. Cependant, il ne
régla pas la controverse doctrinale. Il n'éclaircit pas le rôle
de l'esprit saint de Dieu dans la théologie trinitaire. Le débat
se poursuivit des décennies durant, et il fallut pour obtenir
l'adhésion de tous recourir à d'autres conciles, à l'autorité de
différents empereurs et au bannissement. C'était une victoire
pour la théologie, mais une défaite pour ceux qui s'en
tenaient aux Ecritures. - Romains 3:3, 4.
* Un dictionnaire (The Oxford Dictionary of Popes) dit à propos de
Sylvestre I'": "Bien qu'il fût pape pendant presque vingt-deux ans sous le
règne de Constantin le Grand (306-337), une période déterminante pour
l'Eglise, il semble avoir joué un rôle insignifiant dans les grands événe-
ments qui se déroulaient. ( ... ) Constantin se confiait certainement à des
évêques, qu'il consultait pour mener sa politique ecclésiastique; mais
(Sylvestre) n 'était pas de leur nombre."

27. a) Que fit Constantin dans l'intention de clore le débat sur la


nature de Jésus? b) Le concile de Nicée était-il vraiment représen-
tatif de l'Eglise? c) Le Credo de Nicée mit-il un terme à la contro-
verse portant sur la doctrine de la Trinité qui prenait forme?
276 L ' humanité à la recherche de Dieu
La vénération de Marie avec un enfant, au centre, est le pendant
du culte bien plus ancien de déesses païennes: à gauche, Isis et Horus,
Égypte; à droite, Mater Matuta, Rome.

28Les siècles passant, l'une des conséquences de l'ensei-


gnement de la Trinité fut que l'image exacte du seul vrai
Dieu Jéhovah se perdit dans le dédale de la théologie Christ-
Dieu de la chrétienté*. Un autre corollaire de cette théologie
fut que si Jésus était vraiment Dieu incarné, la mère de Jésus,
Marie, devenait logiquement la "Mère de Dieu". Avec le
temps, cette conclusion amena les "chrétiens" à pratiquer
différentes formes de vénération mariale, en dépit de l'ab-
sence de tout texte attribuant quelque rôle important à
Marie, sinon celui de l'humble mère biologique de Jésus#
* Vous trouverez un examen approfondi du débat portant sur la
Trinité dans la brochure de 32 pages intitulée Doit-on croire à la Trinité?,
publiée en 1989 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York,
lnc.
# Marie est mentionnée par son nom ou en sa qualité de mère de Jésus
dans 24 textes des quatre Evangiles et dans un verset des Actes. Elle n'est
citée dans aucune lettre apostolique.

28. a) Quels furent quelques-uns des corollaires de la docUine de


la Trinité? b) Pourg,_uoi rien dans la Bible n'autorise-Hl à vénérer
Marie comme la "Mere de Dieu"?
L'apostasie: Une barrière 277
(Luc 1:26-38, 46-56). Au cours des siècles, l'Eglise catholique
romaine affina et enjoliva son enseignement faisant de Marie
la Mère de Dieu, à tel point que nombre de catholiques
vénèrent aujourd'hui Marie avec bien plus de ferveur qu'ils
n'adorent Dieu.
Les schismes de la chrétienté
29
Une autre caractéristique de l'apostasie est qu'elle en-
gendre la division. L'apôtre Paul avait prophétisé: "Je sais
qu'après mon départ il s'introduira parmi vous des loups
tyranniques qui ne traiteront pas le troupeau avec tendresse,
et que du milieu de vous se lèveront des hommes qui
proféreront des choses tortueuses, afin d'entraîner les disci-
ples à leur suite." Paul avait donné aux Corinthiens des
conseils précis à cet égard: "Or je vous exhorte, frères, par le
nom de notre Seigneur Jésus Christ, à parler tous en parfait
29. Contre quoi Paul mit-il les chrétiens en garde?

Églises orthodoxes d'Orient


- Sveti Nikolaj (Sofia,
Bulgarie) et, au-dessous,
Saint-Vladimir
(New Jersey, États-Unis).
accord, et à ce qu'il n'y ait pas de divisions parmi vous, mais
que vous soyez étroitement unis dans le même esprit et dans
la même pensée." Malgré l'exhortation de Paul, l'apostasie et
les divisions ne tardèrent pas à prendre racine. - Actes
20:29, 30; 1 Corinthiens 1:10.
3o Quelques décennies après la mort des apôtres, des
schismes s'étaient déjà déclarés parmi les chrétiens. Will
Durant explique: "Celse [un opposant au christianisme du
n• siècle] lui-même avait remarqué, sarcastique, que les
chrétiens étaient 'partagés en maintes factions, chaque indi-
vidu désirant avoir son propre parti'. Vers 187, Irénée faisait
une liste de vingt variétés de christianisme; vers 384, Epi-
phane en comptera quatre-vingts." - Histoire de la Civilisa-
tion: Partie III - César et le Christ.
31 Constantin favorisa la partie orientale et grecque de
son empire en faisant bâtir une nouvelle capitale immense
sur un site qui fait aujourd'hui partie de la Turquie. Il l'appela
Constantinople (l'actuelle Istanbul). La conséquence en fut
qu'au fil des siècles l'Eglise catholique se divisa radicalement
tant en fonction de la langue que de la géographie, la Rome
latine d'Occident s'opposant à la Constantinople d'expres-
sion grecque en Orient.
32 La chrétienté était toujours secouée par des débats sur

différents aspects de la Trinité, qui n'était pas encore défini-


tivement établie. On tint un autre concile en 451 à Chalcé-
doine pour définir le caractère des "natures" du Christ.
L'Occident accepta le credo rédigé par ce concile, mais les
Eglises d'Orient le rejetèrent, ce qui provoqua la formation
30. Quelle situation se développa rapidement dans l'Eglise primi-
tive?
31. Qu'est-ce qui provoqua une division radicale dans l'Eglise
catholique?
32, 33. a) Quels autres facteurs de division déchirèrent la chré-
tienté? b) Que dit la Bible à propos de l'usage des images dans le
culte?
L 'apostasie: Une barrière 279
de l'Eglise copte en Egypte et en Abyssinie, et des Eglises
"jacobites" de Syrie et d'Arménie. En outre, l'unité de l'Eglise
catholique était constamment menacée par des divisions
portant sur d'abstruses questions théologiques, qui avaient
surtout rapport à la définition de la doctrine de la Trinité.
33 Une autre cause de division fut la vénération des ima-
ges. Au vrn< siècle, les évêques d'Orient s'insurgèrent contre
cette forme d'idolâtrie; ils entrèrent alors dans ce qu'on
dénomme leur période iconoclaste, ou de destruction des
images. Avec le temps, ils retournèrent à l'usage des icônes.
- Exode 20:4-6; Esaïe 44:14-18.
34 Une nouvelle grande épreuve survint quand l'Eglise
d'Occident ajouta le mot latinfilioque ("et du Fils") au Credo
de Nicée pour indiquer que le Saint-Esprit procédait à la fois
du Père et du Fils. Finalement, cette addition datant du
VIe siècle aboutit à un désaccord quand "en 876 un synode
(d'évêques] réuni à Constantinople condamna le pape d'une
part en raison de ses activités politiques, d'autre part parce
qu'il ne corrigeait pas la clause du filioque, qui constituait
une hérésie. Cette action était un aspect du rejet total par
l'Orient de la prétention du pape à la juridiction universelle
sur l'Eglise". (Les religions de l'humanité.) En 1054, le repré-
sentant du pape excommunia le patriarche de Constantino-
ple, qui riposta en maudissant le pape. Cette scission fut à
l'origine de la formation des Eglises orthodoxes d'Orient
- grecque, russe, roumaine, polonaise, bulgare, serbe, et
d'autres Eglises autocéphales.
35 Un autre mouvement commença à son tour à perturber

l'Eglise. Au xrr< siècle, Pierre Waldo, originaire de Lyon,


"recruta quelques érudits pour lui traduire la Bible en langue
d'oc [un dialecte du sud de la France]. Il étudia cette traduc-
34. a) Qu'est-ce qui provoqua un désaccord majeur dans l'Eglise
catholique? b) Comment ce désaccord se termina-Hl?
35. Qui étaient les Vaudois, et en quoi leurs croyances différaient-
elles de celles de l'Eglise catholique?
280 L 'humanité à la recherche de Dieu
tion avec soin et en conclut que les chrétiens devraient vivre
comme les apôtres, sans propriété individuelle". (L '.Age de la
Foi, Will Durant.) Il fonda un mouvement de prédicateurs
qui devinrent connus sous le nom de Vaudois. Ceux-ci
rejetaient la prêtrise catholique, les indulgences, le purga-
toire, la transsubstantiation et d'autres pratiques et croyan-
ces catholiques. Ils se répandirent dans d'autres pays. Le
concile de Toulouse tenta d'enrayer leur expansion en 1229
en interdisant la possession de livres des Ecritures. Seuls les
livres de liturgie étaient autorisés, et seulement en latin, une
langue morte. Mais la division et la persécution religieuse
n'en demeurèrent pas là.
Persécution des Albigeois
36 Un autre mouvement prit naissance au xne siècle dans
le sud de la France: celui des Albigeois (aussi appelés catha-
res), ainsi nommés d'après la ville d'Albi, où ce mouvement
comptait de nombreux adeptes. Ils avaient leur propre
36, 37. a) Qui étaient les Albigeois, et à quoi croyaient-ils?
b) Quelle répression les Albigeois subirent-ils?

Les croisades
"chrétiennes" furent
organisées non
seulement pour libérer
Jérusalem de l'islâm,
mais aussi
pour massacrer
des "hérétiques",
comme les Vaudois
et les Albigeois.
clergé célibataire, qui entendait être salué révérencieuse-
ment. Ils croyaient que Jésus avait parlé par figure quand,
lors de son dernier souper, il avait dit du pain: "Ceci est mon
corps." (Matthieu 26:26, Ce). Ils rejetaient les doctrines de la
Trinité, de la naissance virginale de Jésus, de l'enfer de feu
et du purgatoire. Ils critiquaient donc activement les ensei-
gnements de Rome. C'est pourquoi le pape Innocent III
donna des instructions pour qu'on persécute les Albigeois.
"S'il est nécessaire, précisa-Hl, vous pouvez demander aux
princes et au peuple de les exterminer par l'épée."
37 On organisa donc une croisade contre les "hérétiques".
A Béziers, les croisés catholiques massacrèrent 20000 hom-
mes, femmes et enfants. Après que bien du sang eut été versé
et que les Albigeois furent vaincus, la paix fut établie en
1229. Le concile de Narbonne "interdit à tout laïc de possé-
der n'importe quel livre de la Bible". A l'évidence, les diffi-
cultés de l'Eglise catholique étaient dues à l'existence de
traductions de la Bible dans la langue du peuple.
38 L'Eglise prit une autre mesure: elle mit en place !'Inqui-

sition, un tribunal destiné à juguler l'hérésie. Le peuple était


déjà pétri d'intolérance; il était superstitieux et prêt à lyncher
et à exterminer les "hérétiques". Les conditions qui régnaient
au xme siècle se prêtaient à des abus de pouvoir de la
part de l'Eglise. Néanmoins, "les hérétiques condamnés par
l'Eglise devaient être livrés au 'bras séculier' - les autorités
locales - et brûlés". (L 'Age de la Foi.) En laissant aux
autorités séculières le soin de procéder aux exécutions,
l'Eglise se donnait l'apparence de ne pas avoir de sang sur
les mains. L'Inquisition inaugura une ère de persécution
religieuse qui se traduisit par de mauvais traitements, de
fausses accusations, des dénonciations anonymes, des meur-
tres, des vols, la torture et la mort lente de milliers de gens
qui osaient croire à autre chose qu'aux enseignements de
38. Qu'était l'inquisition, et comment fonctionnait-elle?
282 L'humanité à la recherche de Dieu
Tomas de Torquemada,
moine dominicain, dirigea
la cruelle Inquisition
espagnole, qui arrachait
des confessions
en recourant à la torture.

l'Eglise. La liberté religieuse était bafouée. Restait-il un espoir


pour les humains qui recherchaient le vrai Dieu? Le chapi-
tre 13 répondra à cette question.
39 Pendant que la chrétienté essuyait tous ces déboires, au
Moyen-Orient un Arabe s'élevait seul contre l'apathie reli-
gieuse et l'idolâtrie de son peuple. Il fonda au vr1e siècle un
mouvement religieux auquel obéissent et se soumettent
aujourd'hui près d'un milliard d'humains. Ce mouvement est
l'islam. Le prochain chapitre, consacré à l'histoire de son
prophète-fondateur, explique certains de ses enseignements
ainsi que leur origine.
39. Quel mouvement religieux prit naissance au vue siècle, et de
quelle façon?
L'apostasie: Une barrière 283
~~~~~~~~CHAPITRE12~~~~~~~~

L'islam: Le chemin
menant à Dieu
par la soumission
" ~JI ~JI Jil r-1
Au NOM d'Allah Le Très Miséricordieux, Le Compatis-
sant." Cette phrase traduit le texte arabe reproduit ci-dessus,
qui est tiré du Qur'ân ou Coran. On lit ensuite: "Louange à
Allah, Le Maître des mondes, Le Très Miséricordieux, Le
Compatissant, Le Roi du jour du jugement! C'est Toi que nous
servons: c'est Toi dont nous implorons le secours! Guide-
nous dans la voie droite, la voie de ceux en qui Tu Te plais,
et non de ceux qui sont l'objet de Ta colère et qui sont dans
l'erreur." - Le Coran, sourate 1:1-7, EM*.
2
Ces paroles forment Al-Fatifla ("La Liminaire"), le pre-
mier chapitre, ou sourate, du livre sacré des musulmans, le
saint Qur'ân, ou Coran. Etant donné que plus du sixième de
la population du globe est musulmane et que les musulmans
pieux répètent ces versets au moins cinq fois par jour dans
leurs prières, ces paroles doivent être parmi les plus récitées
sur la terre.
• "Qur'an" (qui signifie "récitation") est l'orthographe que privilégient
les écrivains musulmans; nous l'utiliserons dans ce chapitre. Il faut savoir
que la langue originale du Qur'an est l'arabe, et qu'aucune traduction
française n'est unanimement acceptée. Dans les citations, le premier
chiffre représente le chapitre, ou sourate, et le second la référence du
verset.

1, 2. a) Quelles sont les premières paroles du Qur'an? b) Pourquoi


ces paroles sont-elles importantes aux yeux des musulmans? c) En
quelle langue le Qur'an fut-il écrit à l'origine, et que signifie le mot
"Qur'àn"?

284 L'humanité à la recherche de Dieu


3 D'après un ouvrage de référence, on compte plus de
900 millions de musulmans sur la planète, ce qui place l'islam
au rang de seconde religion après l'Eglise catholique par le
nombre. Elle est peut-être la grande religion qui se propage
le plus vite dans le monde, puisqu'elle gagne particulière-
ment du terrain en Afrique et en Occident.
4
Le terme islam est chargé de sens pour un musulman,
car il signifie "soumission", "abandon" à Allah ou "enga-
gement" envers lui; d'après un historien, "il exprime le
3. Quelle est l'imponance de l'islam aujourd'hui?
4. a) Que signifie le terme "islam"? b) Que veut dire le mot
"musulman"?

Le Qur'an et la Bible
"Il a fait descendre sur toi le tes), Saül, David, Salomon,
Livre avec la Vérité; celui-ci dé- Elie, Job et Jonas (dont la sou-
clare véridique ce qui était avant rate 10 porte le nom). L'his-
lui. Il avait fait descendre la Tora toire de la création et de la
et l'Evangile - direction, aupa- chute d'Adam est citée cinq
ravant, pour les hommes - et il fois, celle du déluge huit fois
avait fait descendre la Loi." - et celle de Sodome huit fois. En
Sourate 3:3, 4,DM. fait, le Coran contient plus de
parallèles avec le Pentateuque
"Presque tous les récits histori- qu'avec n'importe quelle autre
ques du Coran ont un pendant partie de la Bible. ( ... )
biblique ( ... ). Parmi les personna· "Du Nouveau Testament,
ges del' Ancien Testament figu- Zacharie, Jean le Baptiste,
rent en bonne place Adam, Noé, Jésus ( 'Ïsâ) et Marie sont les
Abraham (mentionné quelque seuls personnages mis en va-
soixante-dix fois dans vingt-cinq leur. ( ... )
sourates différentes et dont le "Une étude comparée des
nom constitue le titre de la sou- ( ... ) récits coraniques et bibli·
rate 14 ), Ismaël, Lot, Joseph (à ques ( ... ) ne révèle aucune dé-
qui la sourate 12 est consacrée), pendance verbale [aucune cita·
Moïse (dont le nom apparaît dans tion textuelle]." - Histoire
trente-quatre sourates différen· des Arabes.
musulmane,
Muhammad monta
au èiel depuis
ce rocher qui
se trouve dans
le Dôme du Rocher,
à Jérusalem.

sentiment le plus profond de ceux qui ont prêté l'oreille à la


prédication de Mohammed". "Musulman" veut dire 'celui qui
suit l'islam'.
5 Les musulmans croient que leur foi est l'aboutissement

des révélations transmises aux fidèles Hébreux et aux chré-


tiens du passé. Sous certains rapports, toutefois, leurs ensei-
gnements diffèrent de ceux de la Bible, même si le Qur'an cite
les Ecritures hébraïques et grecques*. (Voir l'encadré de la
page 285.) Pour mieux comprendre la foi musulmane, il nous
faut savoir comment, où et quand cette religion prit naissance.
L'appel de Mul}ammad
6 MuQ.ammad# naquit à La Mecque (arabe Makka), en

* Les musulmans croient que la Bible contient des révélations de Dieu,


mais que certaines furent falsifiées au cours des siècles.
# En français, on orthographie le nom du prophète de plusieurs façons
(Mohammed, Mul).ammad, Mahomet). Bon nombre de sources musulma-
nes préfèrent Mul).ammad, que nous emploierons. Les musulmans turcs
préfèrent Muhammed.

5. a) Que croient les musulmans à propos de l'islam? b) Quels


sont les points communs entre la Bible et le Qur'an?
6. a) Quel était le centre du culte arabe au temps de Mul:J.ammad?
b) Quelle tradition existait relativement à la Ka'ba?
286 L'humanité à la recherche de Dieu
Arabie Saoudite, vers 570 de notre ère. Son père, 'Abd Allah,
mourut avant sa naissance. Sa mère, Amina, mourut alors
qu'il avait environ six ans. A l'époque, les Arabes rendaient
une forme de culte à Allâh; leur centre religieux se situait
dans la vallée de La Mecque, sur le site sacré de la Ka'ba, un
simple bâtiment cubique où l'on vénérait un météorite noir.
Selon la tradition islamique, "la Ka'ba fut construite par
Adam suivant un modèle céleste et fut rebâtie après le
déluge par Abraham et Ismaël". (Histoire des Arabes [angl.],
Philip Hitti.) Elle devint un sanctuaire dédié à 360 idoles,
une pour chaque jour de l'année lunaire.
7 En grandissant, Mul)ammad remit en cause les prati-

ques religieuses de son temps. John Noss déclare dans son


livre Les religions de l'humanité (angl.): "[Mul)ammad] était
troublé par les heurts incessants qui déchiraient les chefs
des Qurayshites [tribu à laquelle appartenait Mul)ammad],
engagés ouvertement dans des conflits religieux et des
querelles d'honneur. Il se désolait encore plus des survivan-
ces primitives dans la religion arabe, ainsi que du poly-
théisme et de l'animisme idolâtriques, de l'immoralité
sexuelle qui avait cours lors des réunions et des fêtes reli-
gieuses, de l'ivrognerie, du jeu et de la danse, autant de
choses qui étaient en vogue, et de ce qu'on enterrait vives
les filles nouveau-nées non désirées, pas seulement à La
Mecque, mais encore dans toute l'Arabie." - Sourate 6:137.
8 Mul)ammad avait une quarantaine d'années quand il

devint prophète. Il avait l'habitude d'aller méditer seul dans


une caverne d'une montagne proche, appelée Ghar I:Iirâ'; il
affirma avoir reçu son appel à devenir prophète à l'une de
ces occasions. La tradition musulmane rapporte qu'à cet
endroit un ange, identifié par la suite à Gabriel, lui ordonna
de réciter au nom d'Allâh. Mul)ammad ne répondit pas, si
7. Quelles pratiques religieuses troublaient Mul).ammad?
8. Dans quelles circonstances Mul).ammad devint-il prophète?
L ' islam: Le chemin menant à Dieu par la soumission 287
. -
bien que l'ange 'le saisit de force et le serra si fort que la
pression devint insupportable'. L'ange répéta alors son or-
dre. De nouveau, Mul).ammad ne broncha pas; alors l'ange
'l'étouffa' une nouvelle fois. Il renouvela l'opération à trois
reprises avant que Mul).ammad ne se mette à réciter ce qu'on
allait tenir pour la première d'une série de révélations qui
constituent le Qur'an. Une autre tradition raconte que l'ins-
piration divine parvint à Mul).ammad comme par le tinte-
ment d'une cloche. - Le Livre de la Révélation ( angl. ), Sa/:zi(l
Al-Bukhari.
Révélation du Qur'an
9Qu'est-ce qui passe pour être la première révélation
reçue par Mul).ammad? Les autorités islamiques s'accordent
généralement à affirmer qu'il s'agissait des cinq premiers
versets de la sourate 96, intitulée Al-'Alaq, "Le caillot de

.I~
~.
sang". On y lit:
"Au nom de Dieu: celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux. ~ .
1. , .
Lis au Nom de ton Seigneur qui a créé!
Il a créé l'homme d'un caillot de sang.
Lis!..
Car ton Seigneur est le Très-Généreux
qui a instruit l'homme au moyen du calame,
et lui a enseigné ce qu'il ignorait."
-DM.
10 Selon Le Livre de la Révélation, une source arabe, Mu-

1).ammad répondit: "Je ne sais pas lire." Il dut donc apprendre


les révélations par cœur pour être en mesure de les répéter
et de les réciter. Les Arabes avaient la mémoire exercée, et
Mul).ammad ne faisait pas exception. Combien de temps lui
fallut-il pour recevoir tout le message du Qur'ân? On
pense d'ordinaire que les révélations lui parvinrent sur
9. Quelle fut, dit-on, la première révélation de MuI:iammad? (Voir
Révélation 22:18, 19.)
10-12. Comment le Qur'an fut-il sauvegardé?
288 L'humanité à la recherche de Dieu
une période de 20 à 23 ans, d'environ 610 de notre ère
jusqu'à sa mort en 632.
11
Les sources musulmanes expliquent qu'aussitôt après
avoir reçu chaque révélation, Mul)ammad la récitait à ceux
qui se trouvaient à proximité. Ceux-ci l'apprenaient par
cœur à leur tour et la récitaient pour s'en souvenir. Comme
les Arabes ne connaissaient pas le papier, Mul)ammad fit
écrire les révélations par des scribes sur les matériaux rudi-
mentaires dont on disposait alors, tels que des omoplates de
chameaux, des feuilles de palmier, du bois et du parchemin.
Ce n'est cependant qu'après la mort du prophète que les
successeurs et compagnons de Mul)ammad donnèrent au
Qur'an sa forme actuelle. Cela se produisit sous le règne des
trois premiers califes, ou chefs musulmans.
12
Muhammad Pickthall, un traducteur, écrit: "Toutes les
sourates du Qur'an avaient été couchées par écrit avant la
mort du Prophète, et de nombreux musulmans avaient
gravé tout le Qur'an dans leur mémoire. Mais les sourates
écrites étaient disséminées parmi le peuple; et lorsqu'au
cours d'une bataille ( ... ) un grand nombre de ceux qui
connaissaient tout le Qur'an par cœur furent tués, on ras-
sembla la totalité du Qur'an et on le mit par écrit."
13 La vie islamique est régie par trois autorités: le Qur'an,

13. a) Citez trois sources de l'enseignement et de la vie islamique.


b) Comment certains érudits islamiques considèrent-ils la traduc-
tion du Qur'ân?

L'arabe est
la langue
requise
pour lire
leQur'an~
le l).adîth et la sharï'a. (Voir l'encadré ci-dessous.) Les musul-
mans croient que le Qur'an en arabe est la forme la plus pure
de la révélation, car, selon eux, c'est dans cette langue que
Dieu s'exprima par l'intermédiaire de Gabriel. La sourate
43:3 dit: "Oui, nous en avons fait un Coran arabe! - Peut-
être comprendrez-vous!" (DM). Dès lors, toute traduction
est vue comme une édulcoration qui fait perdre au texte une
partie de sa pureté. D'ailleurs, certains érudits islamiques
refusent de traduire le Qur'an. A leurs yeux, "traduire, c'est
toujours trahir", si bien que "les musulmans ont de tout
temps désapprouvé et parfois interdit toute tentative pour

!Js trois sources de l'enseignement et de la vie islamique


Le saint Qur'ân, qui aurait été les plans religieux, politique et
révélé à Mul).ammad par l'ange Ga- social. "Tous les actes de
briel. La signification et les paroles l'homme sont classés en cinq
du Qur'ân en arabe sont considé- catégories dans la loi: 1) ceux
rées comme inspirées. qui sont regardés comme un
devoir absolu (Jar(l) (pour les-
Le 1}.adïth, ou sunna, "les actes,
quels on est récompensé si on
les déclarations et l'approbation si-
les accomplit ou puni si on ne
lencieuse ( taqrir) du Prophète ( ...)
les accomplit pas]; 2) les actes
fixés au cours du deuxième siècle louables ou méritoires ( musta-
[ A.H.) sous la forme de l).adïths
l;iabb) [pour lesquels on est ré-
écrits. Un l).adïth est donc la mise
compensé, mais non puni si on
par écrit d'une action ou de paroles ne les accomplit pas]; 3) les ac-
du Prophète". Il peut aussi désigner tes permis (jii 'iz, mubiil;i ), qui
les actions ou les paroles de l'un des sont indifférents selon la loi;
'compagnons de Mul).ammad ou de 4) les actes blâmables
leurs successeurs'. Dans un l).adïth, ( makrüh ), qui sont désa p-
seul le sens passe pour inspiré. prouvés, mais non passibles de
- Histoire des Arabes. punition; 5) les actes interdits
La shari'a, ou loi canonique, ba- ( l;iariim ), qui entraînent un
sée sur les principes du Qur'ân, rè- châtiment." - Histoire des
gle la vie entière du musulman, sur Arabes.
le rendre dans une autre langue'', déclare]. Williams, maître
de conférences, spécialiste de l'histoire islamique.
Expansion de l'islam
14
Mul).ammad rencontra de grands obstacles pour fon-
der sa nouvelle religion. Il fut rejeté par les habitants de La
Mecque, et même par sa propre tribu. Après avoir été
persécuté et haï 13 ans durant, il déplaça ses activités au
nord, à Yathrib, connue par la suite sous le nom de al-
Madïna (Médine), la ville du prophète. Cette émigration,
l'hijra, qui eut lieu en 622 de notre ère, fut un jalon impor-
tant de l'histoire de l'islam; cette date fut par la suite retenue
comme point de départ du calendrier islamique*.
15 Finalement, Mul).ammad accéda au pouvoir quand il

obtint la reddition de La Mecque en janvier de l'an 630


(8 A.H.) et qu'il en devint le chef. Détenant l'autorité tem-
porelle et religieuse, il était à même de débarrasser la Ka'ba
des images idolâtriques qu'elle renfermait et d'en faire le
pôle d'attraction des pèlerinages à La Mecque, qui se perpé-
tuent à notre époque. - Voir les pages 289 et 303.
16
Quelques décennies après la mort de Mul).ammad,
survenue en 632, l'islam s'était propagé jusqu'en Afghanis-
tan et même en Tunisie, en Afrique du Nord. Au début du
vme siècle, la foi du Qur'an avait pénétré en Espagne et
atteint la frontière française. Le professeur Ninian Smart a
déclaré à ce sujet dans son livre Origines de la longue quête
( angl. ): "Considéré d'un point de vue humain, l'exploit
* Ainsi, l'année musulmane est précisée par A.H. (latin "anno hegirae",
annéede l'exode), et non par A.D. ("anno Domini", année du Seigneur) ou
de n. è. (de notre ère).

14. Quel événement fut un jalon important au début de l'histoire


de l'islam?
15. Comment La Mecque devint-elle le principal lieu de pèlerinage
de l'islam?
16. Jusqu'où l'islam se propagea-t-il?
292 L'humanité à la recherche de Dieu
réalisé par un prophète arabe ayant vécu au VI e et au
VIIe siècle après Christ est renversant. Cet homme fut à
l'origine d'une nouvelle civilisation. Mais il va de soi que
pour le musulman cette œuvre était divine et l'exploit
accompli par Allah."
Divisions à la mort de Mu'J;tammad
17
La mort du prophète provoqua une crise. Il mourut
sans laisser de descendant mâle et sans avoir clairement
désigné de successeur. Philip Hitti explique: "Le califat [di-
gnité de calife] est donc la difficulté la plus ancienne que
l'islam ait eu à résoudre. Cette question est toujours brû-
lante. ( ... ) Pour reprendre les paroles de l'historien musul-
man Al-Shahrastanï [1086-1153], 'jamais un débat n'entraîna
dans l'islam autant d'effusions de sang que celui portant sur
le califat (imâma )'." Comment résolut-on le problème en
632? "Abu-Bakr ( ... ) fut désigné (le 8 juin 632) comme
successeur de MuJ:tammad par une sorte d'élection à laquelle
participèrent les chefs présents dans la capitale, al-Madïna."
- Histoire des Arabes.
18 Le successeur du prophète allait être un chef, un kha-
lifa, ou calife. Cependant, la question de savoir qui étaient
les successeurs authentiques de MuJ:tammad devint une
cause de divisions dans les rangs de l'islam. Les musulmans
sunnites acceptent le principe d'une charge élective plutôt
qu'attribuée en fonction des liens du sang avec le prophète.
Ils croient par conséquent que les trois premiers califes, Abü
Bakr (le beau-père de MuJ:tammad), 'Umar (le conseiller du
prophète) et 'Uthman (le gendre du prophète), étaient les
successeurs légitimes de MuJ:tammad.
19 Les musulmans shï'ites ne sont pas de cet avis: ils

disent que l'autorité véritable se transmet dans la lignée du


17. A quelle grande difficulté l'islam fut-il confronté à la mort de
Muhammad?
18, i9. Qu'est-ce qui divise les musulmans sunnites et shï'ites?
L'islam: Le chemin menant à Dieu par la soumission 293
prophète par son cousin et gendre 'Alï ibn AbI 'falib, le
premier imam (chef et successeur), qui épousa Fatima, la
fille préférée de Mul)ammad. De leur mariage naquirent
I:Iasan et I:Iusayn, petits-fils de Mul)ammad. Les shI'ites
prétendent aussi "que dès le départ Allah et son Prophète
avaient clairement désigné 'AlI comme seul successeur légi-
time, mais que les trois premiers califes avaient usurpé la
charge qui lui revenait de droit". (Histoire des Arabes.)
Evidemment, telle n'est pas l'opinion des musulmans sun-
nites.
20
Qu'arriva-Hl à 'AII? Lorsqu'il régna en qualité de qua-
trième calife (656-661 ), une lutte pour le pouvoir s'engagea
entre lui et le gouverneur de Syrie, Mu'awiya. Ils se livrèrent
bataille, mais pour ne pas répandre davantage de sang
musulman, ils soumirent leur querelle à un arbitrage. En
acceptant cet arbitrage, 'AlI affaiblit sa cause et s'aliéna
nombre de ses disciples, dont les kharidjites (séparatistes),
qui devinrent ses ennemis mortels. En 661, 'Alï fut assassiné
par un zélote kharidjite avec un sabre empoisonné. Les deux
groupes (les sunnites et les shI'ites) étaient à couteaux tirés.
La branche sunnite de l'islam choisit alors un chef d'entre
les Omeyyades, de riches chefs de La Mecque qui n'étaient
pas de la famille du prophète.
21
Pour les shI'ites, I:Iasan, fils premier-né de 'AlI et petit-
fils du prophète, était le véritable successeur de Mul)ammad.
Toutefois, il abdiqua et fut assassiné. Son frère I:Iusayn
devint le nouvel imam, mais lui aussi fut tué, par les troupes
omeyyades le IO octobre 680. Sa mort, ou son martyre,
comme le considèrent les shI'ites, a eu un effet considérable
sur le shfat 'Ali, le parti de 'AlI, jusqu'à ce jour. Ils croient
que 'Alï fut le véritable successeur de Mul)ammad et le
premier "imam protégé par Dieu de l'erreur et du péché".
20. Qu'arriva-Hl à 'Ail, le gendre de MuI:iammad?
21. Pour les shï'ites, qui furent les successeurs de MuI:iarnmad?
294 L ' humanité à la recherche de Dieu
'Alï et ses successeurs furent considérés par les shï'ites
comme des enseignants infaillibles dotés du "don divin de
l'impeccabilité". La plus importante branche des shï'ites
croit qu'il n'y a eu que 12 vrais imams, et que le dernier,
Mul).arnmad al-Munta?:ar, disparut (en 878) "dans la grotte
de la grande mosquée de Sâmarrâ sans laisser de descen-
dance". De cette manière, "il devint 'l'imâm caché ( mustatir)'
ou 'attendu (munta;çar)'. ( ... )En temps voulu, il apparaîtra
en qualité de Mahdi (celui que guide Dieu) pour rétablir le
véritable islâm, conquérir le monde entier et introduire un
court millénium avant la fin de toutes choses". - Histoire
des Arabes.
22
Chaque année, les shï'ites commémorent le martyre de
l'imâm f:Iusayn. Ils font des processions au cours desquelles
certains s'entaillent la chair avec des couteaux ou des épées
et s'infligent d'autres souffrances. Plus récemment, on a
davantage parlé des musulmans shï'ites en raison de leur
zèle à défendre les causes islamiques. Ils ne représentent
pourtant dans le monde que 20 % des musulmans, dont la
majorité est sunnite. Mais, à présent, penchons-nous sur
quelques enseignements de l'islâm et voyons l'influence
qu'exerce la foi islamique sur la vie des musulmans.
L'Ptre suprême: Dieu et non Jésus
23
Les trois grandes religions monothéistes du monde
sont le judaïsme, le christianisme et l'islâm. Mais à l'époque
où Mul).arnmad apparut, au début du vue siècle, les deux
prtrnières religions s'étaient à ses yeux écartées du chemin
de la vérité. En fait, selon certains commentateurs islami-
ques, le Qur'ân sous-entend le rejet des Juifs et des chrétiens
quand il déclare: "Non pas le chemin de ceux qui encourent
22. Comment les shï'ites commémorent-ils le martyre de I:Iusayn?
23, 24. Comment MuJ::tammad et les musulmans considéraient-ils
le judaïsme et le christianisme?
L'islam: Le chemin menant à Dieu par la soumission 295
.............

ta colère ni celui des égarés." (Sourate 1:7, DM). Pourquoi en


est-il ainsi?
24 Un commentaire coranique déclare: "Les gens du Livre

prirent une mauvaise direction: les Juifs en rompant leur


alliance et en calomniant Marie et Jésus( ... ) et les chrétiens
en faisant de l'Apôtre Jésus l'égal de Dieu" au moyen de la
doctrine de la Trinité. - Sourate 4: 153-176, DM.
25 Le principal enseignement de l'islam, pour simplifier,

est ce qu'on appelle la shahâd.a, ou profession de foi, que


chaque musulman connaît par cœur: "La ilâh illa Allâh;
Mul;ammad rasülAllâh. ·(Il n'y a de Dieu qu'Allah; MuI:iam-
mad est l'envoyé d'Allah). Elle s'accorde avec cette déclara-
tion coranique: "Votre Dieu est le Dieu unique; il n'y en a
point d'autre, il est le clément et le miséricordieux." (Sourate
2:158, Ka). Cette pensée fut énoncée 2000 ans plus tôt,
lorsque cet appel fut lancé à Israël: "Ecoute, ô Israël: Jéhovah,
notre Dieu, est un seul Jéhovah." (Deutéronome 6:4). En
Marc 12:29, environ 600 ans avant MuI:iammad, Jésus répéta
ce commandement, qui est le plus important; nulle part
25. Quelles déclarations parallèles trouve-t-on dans le Qur'an et
dans la Bible?

l.Js cinq piliers de la foi


1. Foi en un seul Dieu, Allâh (sourate 23:116, 117 ).
2. Foi en les anges (sourate 2:177).
3. Foi en plusieurs prophètes, mais un seul message. Adam fut le
premier prophète. Il y en eut d'autres, tels Abraham, Moïse, Jésus
et "le Sceau des Prophètes", Mul;lammad (sourates 4:136; 33:40).
4. Foi en un jour de jugement (sourate 15:35, 36).
5. Foi en l'omniscience de Dieu, sa prescience et sa détermination de
tous les événements. Cependant, l'homme est libre de ses actes.
[Les sectes islamiques sont divisées sur la question du libre arbi-
tre.] (sourate 9:51 ).
Jésus ne prétendit être Dieu ni être son égal. - Marc 13:32;
Jean 14:28; 1 Corinthiens 15:28.
26 A propos de l'unicité de Dieu, le Qur'ân déclare:
"Croyez donc en Dieu et à ses apôtres, et ne dites point: Il y
a Trinité. Cessez de le faire. Ceci vous sera plus avantageux.
Car Dieu est unique." (Sourate 4:169, Ka). Il est néanmoins
à noter que le véritable christianisme n'enseigne pas la
Trinité. C'est une doctrine d'origine païenne introduite par
les apostats de la chrétienté après la mort du Christ et des
apôtres. - Voir le chapitre 11 *.
Âme, résurrection, paradis et feu de l'enfer
27
L'islâm enseigne que l'homme possède une âme qui va
dans un au-delà. Le Qur'ân déclare: "Allah rappelle ( ... ) les
âmes au moment de leur mort ainsi que celles qui ne
meurent point durant leur sommeil. Il retient celles dont Il
a décrété la mort." (Sourate 39:42, RB). Cependant, la sou-
rate 75 est entièrement consacrée à Qiyamat, "La Résurrec-
tion". (DM.) Elle dit en partie: "Je jure par le Jour de la
Résurrection! ( ... )L'homme pense-t-il que nous ne rassem-
blerons pas ses ossements? ( ... )Il demande: 'Quand donc
viendra le Jour de la Résurrection?' ( ...)Celui [Allâh] qui a
fait cela n'aurait-il pas le pouvoir de rendre la vie aux
morts?" - Sourate 75:1, 3, 6, 40, DM.
28
D'après le Qur'ân, les âmes ont différentes destinées,
soit un jardin paradisiaque ou le châtiment dans un enfer
brûlant. On lit dans le Qur'ân: "Ils demanderont quand sera
• Vous trouverez d'autres renseignements sur la Trinité et la Bible dans
la brochure Doit·on croire à la Trinité?, publiée en 1989 par la Watchtower
Bible and Tract Society of New York, Inc.

26. a) Que pensent les musulmans de la Trirùté? b) La Trinité


est-elle enseignée dans la Bible?
27. Que dit le Qur'an au sujet de l'âme et de la résurrection?
(Comparer avec Lévitique 24:17, 18; Ecclésiaste 9:5, 10; Jean
5:28, 29.)
28. Que dit le Qur'an au sujet de l'enfer? (Comparer avec Job 14:13;
Jérémie 19:5; 32:35; Actes 2:25-27; Romains 6:7, 23.)
L ' islam: Le chemin menant à Dieu par la soumission 297
De gauche à droite en tournant: Dôme
du Rocher,Jérusalem; mosquées en Iran,
en Afrique du Sud et en Turquie.
le jour du jugement, Le jour où ils seront éprouvés par le
Feu. (Il leur sera répondu): 'Goûtez (maintenant) votre
épreuve!'" (Sourate 51: 12-14, EM). "[Aux Infidèles) un tour-
ment en la Vie Immédiate. Certes, le Tourment de la [Vie]
Dernière est plus pénible et ils n'ont point, contre Allah, de
protecteur." (Sourate 13:34, RB). La question est posée: "Et
qui te fera connaître ce que c'est? C'est un feu ardent."
(Sourate 101:7, 8, EM). Ce sort funeste est décrit en détail:
"Ceux qui auront été incrédules en Nos aya [révélations],
Nous leur ferons affronter un Feu [et], chaque fois que leur
peau sera desséchée, Nous la leur changerons par une autre,
afin qu'ils goûtent le Tourment [en éternité]. Allah est puis-
sant et sage." (Sourate 4:56, RB). Une autre description
précise: "En vérité, l'Enfer est une embuscade: ( ... ) Ils y
demeureront longtemps. Ils n'y goûteront ni fraîcheur, ni
boisson, si ce n'est de l'eau bouillante et du pus (des réprou-
vés)." - Sourate 78:21, 23-25, EM.
29 Les musulmans croient que l'âme d'un mort va dans le
barzakh, ou "barrière", le lieu ou l'état où sont les hommes
après la mort et avant le Jugement (Sourate 23:99, 100, DM,
note). L'âme y reste consciente et endure ce qu'on appelle
le "châtiment de la tombe" si la personne était méchante, ou
jouit de la félicité si elle a été fidèle. Les fidèles doivent
quand même subir quelques tourments en raison des pé-
chés, si rares soient-ils, qu'ils ont commis durant leur vie. Le
Jour du Jugement, chacun affronte sa destinée éternelle, ce
qui met un terme à cet état intermédiaire*.
* A propos de l'âme et du feu de l'enfer, consulter ces textes bibliques:
Genèse 2:7; Ezéchiel 18:4; Actes 3:23. Voir Comment raisonner à partir des
Ecritures, pages 27 à 32; 123 à 130, publié en 1986 par la Watchtower Bible
and Tract Society of New York, Inc.

29. Opposez les enseignements islamique et biblique touchant


l'âme et sa destinée.
L'islam: Le chemin menant à Dieu par la soumission 299
30 Par contre, aux justes sont promis des jardins paradi-

siaques: "Nous introduirons ceux qui croient et qui font le


bien dans des Jardins où coulent les ruisseaux. Ils y demeu-
reront, à tout jamais." (Sourate 4:57, DM). "Ce Jour-là, la seule
occupation des hôtes du Paradis sera de se réjouir. En
compagnie de leurs épouses, ils se tiendront sous des om-
brages, accoudés sur des lits d'apparat." (Sourate 36:55, 56,
DM). "Nous avons écrit dans les Psaumes, après le Rappel
[donné à Moïse]: 'En vérité, mes serviteurs justes hériteront
de la terre."' La note portant sur ce verset renvoie le lecteur
à Psaume 37:29 (voir aussi Psaumes 25: 13; 37: 11) et aux
paroles de Jésus consignées en Matthieu 5:4 [5:5, MN] (Sou-
rate 21:105, DM). La mention d'épouses nous amène à une
autre question.
Monogamie ou polygamie?
31 La polygamie est-elle de règle chez les musulmans?
Bien que le Qur'an l'autorise, nombre de musulmans n'ont
qu'une femme. Des batailles meurtrières laissèrent tant de
veuves que le Qur'an permit la polygamie: "Si vous craignez
d'être injustes envers les orphelins, n'épousez que peu de
femmes, deux, trois ou quatre parmi celles qui vous auront
plu. Si vous craignez encore d'être injustes, n'en épousez
qu'une seule ou une esclave." (Sourate 4:3, Ka). Selon une
biographie de Mul)ammad écrite par Ibn Hisham, le pro-
phète se maria avec Khadïja, une riche veuve de 15 ans plus
âgée que lui. Quand elle mourut, il épousa plusieurs femmes.
A sa mort, il laissa neuf veuves.
32 Il existe dans l'islam une autre forme de mariage

dénommée mut'a. On la définit comme "un contrat spécial


30. Qu'est-ce qui est promis aux justes selon le Qur'an? (Comparer
avec Esaïe 65:17, 21-25; Luc 23:43; Révélation 21:1-5.)
31. Que dit le Qur'an au sujet de la polygamie? (Comparer avec
1 Corinthiens 7:2; 1 Timothée 3:2, 12.)
32. Qu'est-ce que le mariage qualifié de mut'a?
300 L ' humanité à la recherche de Dieu
conclu entre un homme et une femme qui se proposent et
acceptent de se marier pour une période limitée et moyen-
nant une dot précise, comme dans un contrat de mariage
permanent". (Islamuna, Mu$!afa al-Rafi'I.) Les sunnites l'ap-
pellent le mariage pour le plaisir, et les shI'ites le mariage
temporaire. Le même ouvrage ajoute: "Les enfants [issus de
ces mariages] sont légitimes et ont les mêmes droits que les
enfants issus d'un mariage permanent." Apparemment, cette
forme de mariage temporaire eut cours à l'époque de Mu-
I:iammad, qui l'a tolérée. Les sunnites affirment qu'elle fut
interdite par la suite, tandis que les imamites, le groupe
shI'ite le plus important, croient qu'elle est toujours valide.
En fait, beaucoup la pratiquent, surtout quand un homme
doit demeurer éloigné de sa femme pendant une longue
période.
L'islam dans la vie quotidienne
33 L'islam comporte cinq obligations principales et cinq
croyances fondamentales. (Voir les encadrés des pages 296
et 303.) L'une de ces obligations consiste pour le fidèle à
prier cinq fois par jour en direction de La Mecque (salat). Le
jour du sabbat musulman (vendredi), les hommes vont en
masse prier à la mosquée lorsqu'ils entendent l'appel que
psalmodie le muezzin du haut du minaret. Aujourd'hui, de
nombreuses mosquées n'appellent plus les fidèles à la prière
de cette façon, mais en passant un enregistrement.
34 La mosquée (arabe masjid) est le lieu de culte musul-
man, qualifié par le roi Fahd Bin Abdul Aziz d'Arabie Saou-
dite de "pierre angulaire de l'appel à Dieu". Il a défini la
mosquée comme "un lieu de prière, d'étude, d'activités
juridiques et judiciaires, de consultation, de prédication,
d'information, d'enseignement et de préparation. ( ...) La
33. Quels sont les cinq piliers de l'observance et de la foi?
34. Qu'est-ce qu'une mosquée, et à quoi sert-elle?
L'islam: Le chemin menant à Dieu par la soumission 301
mosquée est le cœur de la société musulmane". On trouve
de nos jours ces lieux de culte dans le monde entier. L'une
des plus célèbres de !'Histoire est la Mezquita (Mosquée) de
Cordoue, en Espagne, qui pendant des siècles fut la plus
grande du monde. Sa partie centrale est aujourd'hui occupée
par une cathédrale catholique.
Conflit avec la chrétienté divisée
35 A partir du vue siècle, l'islam se répandit à l'ouest en
Afrique du Nord, à l'est au Pakistan, en Inde et au Bangla-
desh, et au sud en Indonésie. (Voir la carte aux pages de
garde en début d'ouvrage.) Ce faisant, il entra en conflit avec
une Eglise catholique militante, qui organisa des croisades
pour reprendre la Terre sainte aux musulmans. En 1492, la
reine Isabelle et le roi Ferdinand d'Espagne achevèrent la
reconquête catholique de leur pays. Les musulmans et les
Juifs durent se convertir ou quitter le pays. L'inquisition
catholique fit bientôt disparaître la tolérance mutuelle qui
avait été de rigueur quand les musulmans dominaient l'Es-
pagne. L'islam survécut toutefois; il s'est même rétabii et
grandement propagé au xxc siècle.
36 Pendant que l'islam s'étendait, l'Eglise catholique tra-
versait une période troublée et essayait de maintenir l'unité
en son sein. Mais deux éléments éminemment influents
allaient apparaître, qui continueraient d'ébranler l'image
monolithique de l'Eglise. C'étaient l'imprimerie et la traduc-
tion de la Bible dans la langue du peuple. Le chapitre suivant
racontera comment la chrétienté s'est fractionnée sous l'ac-
tion conjuguée de ces éléments et d'autres encore.
35. Dans les temps passés, quelles ont été les relations entre l'islam
et le catholicisme?
36. Quels événements avaient lieu dans l'Eglise catholique pen-
dant que l'islam s'étendait?
302 L'humanité à la recherche de Dieu
LaMezqutta de Cordoue
fut autrefois la plus grande
mosquée du monde.
(Une cathédrale catholique
en occupe aujourd'hui
le centre.)

l.Js cinq piliers de l'observance


1. Répéter le credo ( shahdda ): "Il n'y a de Dieu qu'Allah;
Mu:tiammad est l'envoyé d'Allah." (sourate 33:40).
2. La prière (~aliit) en direction de La Mecque cinq fois par jour
(sourate 2: 144 ).
3. L'aumône (zakât), l'obligation de donner un pourcentage de
ses revenus et de la valeur de certains biens (sourate 24:56).
4. Le jeûne ( ~awm ), surtout le mois pendant lequel on célèbre le
ramacJ.an (sourate 2: 183-185 ).
5. Le pèlerinage ( f.iajj). Une fois dans sa vie, tout musulman doit
se rendre à La Mecque. Seules la maladie et la pauvreté l'en
dispensent (sourate 3:97 ).
La foi baba 'ie: Recherche de l'unité mondiale
1
La foi baha'ie n'est pas une secte de l'islam, mais une ramifi-
cation de la religion des babïs, un groupe de Perse (aujourd'hui
l'Iran) qui se sépara de la branche shï'ite de l'islam en 1844. Le
chef des babïs était Mïrza 'Alï Mul;iammad de Shïraz, qui se pro-
clama le Bab ("la porte") et l'imdm-mahdï ("le chef bien
guidé") issu de la lignée de Mul;iammad. Il fut exécuté par les
autorités persanes en 1850. En 1863, Mïrza l;loseyn 'Alï Nürï, un
membre éminent du groupe babï, "déclara qu'il était 'Celui que
Dieu manifestera', annoncé par le Bab". Il prit aussi le nom de
Baha'u'llah ("Gloire de Dieu") et fonda une nouvelle religion, la
foi baha'ie.
2
Baha'u'llah fut banni de Moïse, Krishna, Zoroastre, le
Perse et finalement emprisonné Bouddha, Jésus, Mul;iammad, le
à Akko (aujourd'hui Acre, en Is- Bab et Baha'u'llah. Ils croient
raël). C'est là qu'il écrivit sa que ces messagers furent en-
principale œuvre, al-Kittib al- voyés pour guider l'humanité
aqdas (le Livre très saint) et au travers d'un processus évolu-
qu'il donna à la foi baha'ie la tif dans lequel l'apparition du
forme d'un enseignement com- Bab donna le départ d'une nou-
plet. A la mort de Baha'u'llah, velle ère. Les baha'is affirment
la direction de la religion nais- qu'à ce jour le message du Bab
sante passa à son fils, 'Abdul- est à la fois la révélation divine
Baha', puis à son petit-fils, la plus complète·et le principal
Soghi Efendi Rabbanï, et en instrument transmis par Dieu
1963 à un corps administratif qui rendra l'unité mondiale
élu, appelé la Maison univer- possible. - 1Timothée2:5, 6.
selle de Justice.
4 L'un des préceptes baha'is
>Les baha'is croient que Dieu
s'est révélé à l'homme au fondamentaux est "que toutes
moyen de "manifestations divi- les grandes religions du monde
nes", comprenant Abraham, sont d'origine divine, que leurs
principes de base sont en com-
1, 2. Quelle est l'origine de la foi plète harmonie" . Elles "diffè-
baha'ie? rent seulement dans les aspects
3-7. a) Citez quelques croyances non essentiels de leurs doctri-
baha 'ies. b) En quoi les croyances
bahii 'ies diffèrent-elles des enseigne· nes" . - 2 Corinthiens 6:14-18;
ments de la Bible? 1Jean5:19, 20.
.. •
,l .

i
)
auxquels sont ajoutés certains
jours intercalaires.)
1 La foi bahâ'ie ne comporte
pas de nombreux rites ni n'a
de clergé. Quiconque professe
!'-' croire en Bahâ'u'llâh et ac-
cepte ses enseignements peut
-àt-- devenir un adepte. Les bahâ'is
se réunissent pour pratiquer
leur culte le premier jour de
chaque mois bahâ'i.
Le sanctuaire bahi'i 8 Les bahâ'is considèrent
au siège mondial à Haïfa, qu'ils ont une mission: la con-
en Israël. quête spirituelle de la planète.
Ils s'efforcent de répandre
5 Les bahâ'is croient à l'unicité leur foi par des discussions,
de Dieu, à l'immortalité de l'âme par l'exemple, par leur partici-
et à l'évolution (biologique, spi- pation aux réalisations de la
rituelle et sociale) de l 'huma- société et par des campagnes
nité. En revanche, ils rejettent d'information. Ils croient à
les idées couramment admises l'obéissance absolue aux lois
sur les anges, la Trinité, l'ensei- du pays dans lequel ils vivent
gnement hindou de la réincarna- et, bien qu'ils votent, ils ne
tion ainsi que la perte de la per- prennent pas part à la politi-
fection par l'homme, et donc la que. Ils préfèrent effectuer un
rançon fournie par le sang de Jé- service non combattant dans
sus Christ. - Romains 5: 12; Mat- l'armée lorsque c'est possible,
thieu 20:28. mais ne sont pas objecteurs de
conscience.
6 La fraternité humaine et
9 En raison de leur activité
l'égalité des sexes sont au nom-
missionnaire, les bahâ'is ont
bre des principales croyances ba- connu un accroissement ra-
hâ'ies. Les bahâ'is sont monoga- pide ces dernières années. Ils
mes. Au moins une fois par jour, estiment être près de 5 000 000
ils prononcent une des trois de croyants dans le monde,
prières révélées par Bahâ'u'llâh. quoique les adeptes adultes
Ils jeûnent du lever au coucher soient en réalité un peu plus
du soleil pendant les 19 jours du de 2 300 000 actuellement.
mois bahâ'i de 'Alâ, qui tombe en
mars. (Le calendrier bahâ'i se 8, 9. Q!iclle estla mission des ba-
compose de 19 mois de 19 jours, hà'is?
_ _ _ _ _ _ _ _CHAPITRE 13 _ _ _ _ _ _ __

La Réforme
Un nouveau tournant
dans la recherche
"L A VÉRITABLE tragédie pour l'Eglise médiévale, c'est
qu'elle n'évolua pas avec son temps. ( ...) Loin de suivre le
progrès, loin de donner une direction spirituelle, elle était
rétrograde et décadente, corrompue à tous les niveaux."
Tels sont les termes dans lesquels le livre L'histoire de la
Réforme ( angl.) décrit la puissante Eglise catholique ro-
maine, qui domina la plus grande partie de l'Europe du v<
au xve siècle de notre ère.
2
Comment, de toute-puissante qu'elle était, l'Eglise de
Rome se retrouva-t-elle 'décadente et corrompue'? Com-
ment la papauté, qui revendiquait la succession apostolique,
manqua-t-elle à ses devoirs au point de ne pas même
fournir de "direction spirituelle"? Et quelle fut la consé-
quence de ce manquement? Pour connaître la réponse à ces
questions, il nous faut examiner brièvement quelle sorte
d'Eglise elle était devenue au juste et quel rôle elle jouait
dans la recherche que menaient les hommes pour trouver
le vrai Dieu.
Le déclin de l'Église
3 A la fin du xve siècle, l'Eglise de Rome possédait tant de

1, 2. a) En quels termes un livre sur la Réforme décrit-il l'Eglise


catholique romaine du Moyen Age? b) Quelles questions cela
soulève-Hl sur la situation de l'Eglise de Rome?
3. a) Quelle était la situation matérielle de l'Eglise catholique à la
fin du xvc siècle? b) Par quels moyens l'Eglise s'efforça-t-elle de
conserver sa grandeur?
306 L'humanité à la recherche de Dieu
Ces estampes du xvi< siècle opposent Christ chassant les changeurs
du temple et le pape vendant des indulgences.

paroisses, de monastères et de couvents d'un bout à l'autre


de son domaine qu'elle était le plus grand propriétaire
terrien d'Europe. On a dit qu'elle possédait la moitié des
terres en France et en Allemagne, et au moins les deux
cinquièmes en Suède et en Angleterre. Qu'en résulta-Hl? La
"splendeur de Rome s'accrut démesurément à la fin du
XIVe siècle et au début du xv 0 , et son importance politique
augmenta temporairement", dit le livre Histoire de la civili-
sation (angl.). Cependant, toute cette grandeur se payait:
pour la conserver, la papauté dut trouver de nouvelles
sources de revenus. L'historien Will Durant a détaillé les
différents moyens qu'elle mit en œuvre:
"Tout ecclésiastique nommé était requis de remettre à la Curie
pontificale - bureaux administratifs de la papauté - la moitié
du revenu de sa charge pour la première année (annate ), et en-
suite chaque année la dixième partie du revenu, ou dîme. Un
nouvel archevêque devait payer au pape une somme impor-
tante pour le pallium - bande de lainage blanc qui servait de
confirmation et d'insigne de son autorité. A la mort de tout
cardinal, archevêque, évêque ou abbé, ses possessions person-
nelles retournaient à la papauté. ( ... )Toute faveur ou tout
jugement obtenu de la Curie correspondait à un don en
La Réforme: Un nouveau tournant 307
reconnaissance, et le jugement était parfois dicté par l'impor-
tance de ce présent."
4
Les énormes sommes d'argent qui s'entassaient dans les
coffres du pape année après année furent à l'origine de
maints abus et d'une grande corruption. Quelqu'un a dit
que 'même un pape ne peut toucher de la poix sans se
souiller les doigts'. Or, durant cette période de son histoire,
l'Eglise connut ce qu'un historien a appelé "une succession
de papes très mondains": Sixte IV (pape de 1471 à 1484)
dépensa une fortune pour construire la Chapelle Sixtine,
dont le nom vient du sien, et pour enrichir ses nombreux
neveux et nièces; Alexandre VI (pape de 1492 à 1503), le
célèbre Rodrigo Borgia, reconnut et favorisa ouvertement
ses enfants illégitimes; Jules II (pape de 1503 à 1513 ), un
neveu de Sixte IV, préférait les guerres, la politique et les
arts à ses devoirs ecclésiastiques. Erasme, érudit catholique
hollandais, était donc pleinement fondé à écrire en 1518:
"L'impudicité de la Curie romaine a atteint son point culmi-
nant."
5 La corruption et l'immoralité n'étaient pas le propre de

la papauté. Un dicton disait alors: "Si tu veux la perte de ton


fils, fais-le prêtre." Les récits de l'époque confirment cet état
de choses. Selon Will Durant, en Angleterre, pour ce qui est
des "accusations d'incontinences (sexuelles] enregistrées en
1499, ( ... )les coupables ecclésiastiques se montaient à quel-
que 23 % du total, bien que le clergé correspondît probable-
ment à moins de 2 % de la population. Certains confesseurs
sollicitaient des faveurs de leurs pénitentes. Des milliers de
prêtres avaient des concubines; en Allemagne, ils en avaient
presque tous". (Comparer avec 1 Corinthiens 6:9-11; Ephé-
siens 5:5.) La déchéance morale touchait d'autres domaines
4. Quel effet les richesses amassées par l'Eglise eurent-elles sur la
papauté?
5. Qu'indiquent les récits de l'époque à propos de la moralité du
clergé?
308 L ' humanité à la recherche de Dieu
encore. Un Espagnol qui vécut à ce moment-là aurait for-
mulé cette plainte: "Je me rends compte qu'on ne peut guère
obtenir quoi que ce soit des ministres du Christ à moins de
leur donner de l'argent; au baptême de l'argent ( ... ), au
mariage de l'argent, pour une confession de l'argent - non,
pas d'extrême-onction [le dernier sacrement] sans argent!
Ils ne feront pas sonner de cloches sans argent, pas d'enter-
rement à l'Eglise sans argent; à tel point qu'il semblerait que
le Paradis soit fermé à ceux qui n'ont pas d'argent." -
Comparer avec 1 Timothée 6: 10.
6 Pour résumer la situation dans laquelle se trouvait

l'Eglise catholique au début du XVIe siècle, nous citerons


Machiavel, célèbre philosophe italien de cette période:
"Si la religion du christianisme avait été conservée selon les or-
donnances du fondateur, l'Etat et les corps de la chrétienté eus-
sent été beaucoup plus unis et heureux qu'ils ne le sont. Il ne
peut non plus y avoir une plus grande preuve de sa décadence
que le fait que plus les peuples sont près de Rome, capitale de
leur religion, et moins ils sont religieux."
Premières tentatives de réforme
7
Des hommes tels qu'Erasme et Machiavel n'étaient pas
les seuls à se rendre compte de la crise que traversait l'Eglise;
l'Eglise elle-même en avait conscience. Des conciles furent
convoqués pour répondre à quelques plaintes et s'attaquer
à quelques abus, mais sans effets durables. Se complaisant
dans leur gloire et leur pouvoir personnels, les papes décou-
rageaient toute véritable tentative de réforme.
8
Si l'Eglise avait mis plus d'ardeur à faire le ménage en
son sein, peut-être la Réforme n'aurait-elle jamais éclos. Mais
6. Quelle description Machiavel fit-il de l'Eglise catholique (Ro-
mains 2:21-24)?
7. Quels efforts timides l'Eglise fit-elle en vue de refréner quelques
abus?
8. Que provoqua la négligence prolongée de l'Eglise?
La Réforme: Un nouveau tournant 309
faute de mesures, on se mit à réclamer une réforme tant à
l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Eglise. Au chapitre 11, nous
avons déjà parlé des Vaudois et des Albigeois. Certes, on les
avait condamnés pour hérésie, on les avait réprimés sans
pitié; malgré tout, ils avaient éveillé chez le peuple un
sentiment d'insatisfaction vis-à-vis des abus du clergé ca-
tholique, et ils avaient suscité le désir de revenir à la Bible.
Nombre des premiers réformateurs reprirent ce genre de
thèmes.
Protestations au sein de l'Église
9 Souvent appelé "l'étoile de la Réforme" , John Wycliffe
(1330?-1384) était prêtre catholique et professeur de théo-
logie à Oxford, en Angleterre. Bien au courant des abus
perpétrés dans l'Eglise, il écrivit et prêcha par exemple
contre la corruption dans les ordres monastiques, contre les
taxes papales, contre la doctrine de la transsubstantiation
(selon laquelle le pain et le vin utilisés lors de la messe sé
changent littéralement en le corps et le sang de Jésus
Christ), contre la confession et l'ingérence de l'Eglise dans
les affaires temporelles.
10
Wycliffe se montra particulièrement virulent quand il
s'en prit à la négligence de l'Eglise à enseigner la Bible. Il
déclara un jour: "Plût à Dieu que chaque paroisse de ce pays
ait une bonne Bible et de bonnes interprétations de l'évan-
gile, que les prêtres les étudient assidûment, et qu'ils ensei-
gnent vraiment l'évangile et les commandements de Dieu
au peuple!" A cette fin, Wycliffe entreprit dans les dernières
années de sa vie de traduire en anglais la Vulgate, la Bible
latine. Aidé de ses associés, notamment de Nicolas de Here-
ford, il produisit la première Bible complète en langue
anglaise. Incontestablement, ce fut là le plus grand apport
9. Qui était John Wycliffe, et contre quoi prêcha-Hl?
10. Comment Wycliffe montra-Hl son dévouement à la Bible?
310 L 'humanité à la recherche de Dieu
Jan Hus sur
le bûcher.

John Wycliffe,
réformateur
et traducteur
de la Bible
en anglais.

de Wycliffe à la recherche que menaient les hommes pour


trouver Dieu.
11
Les écrits de Wycliffe ainsi que des parties de la Bible
furent propagés dans toute l'Angleterre par un groupe
de prédicateurs souvent dénommés les "pauvres prêtres",
parce qu'ils allaient pieds nus, vêtus simplement, et ne
possédaient aucun bien. On les appelait aussi, par dérision,
lollards, mot qui dérive du moyen allemand lollaert, "qui
marmonne des prières ou des hymnes". (Brewer 's Dictio-
nary of Phrase and Fable.) "En quelques années, leur nom-
bre s'accrut considérablement, déclare le livre Les l.ollards
(angl.). On a estimé qu'au moins un quart de la nation
penchait réellement pour ces opinions ou les professait." Il
va de soi que tous ces remous n'échappèrent pas à l'Eglise.
Ce n'est que grâce au crédit dont il jouissait dans les milieux
dirigeant et scolastique que Wycliffe put mourir en paix, le
dernier jour de l'an 1384. Ses disciples eurent moins de
chance. Sous le règne d'Henri IV d'Angleterre, ils furent
taxés d'hérésie, ce qui valut à nombre d'entre eux d'être
emprisonnés, torturés ou brûlés vifs.
12
Un homme fut fortement influencé par John Wycliffe:
le Bohémien (Tchèque) Jan Hus (1369?-1415), qui lui aussi
11. a) Que réussirent à faire les disciples de Wycliffe? b) Qu'ar-
riva-Hl aux lollards?
12. Qui était Jan Hus, et contre quoi prêcha-t-il?
La Réforme: Un nouveau tournant 311
était prêtre catholique, et recteur de l'université de Pra-
gue. Comme Wycliffe, Hus prêcha contre la corruption de
l'Eglise catholique et souligna l'importance de lire la Bible,
ce qui lui attira rapidement les foudres de sa hiérarchie. En
1403, les autorités lui ordonnèrent de cesser de prêcher des
idées qui s'opposaient à la papauté, les idées de Wycliffe,
dont les livres étaient brûlés en public. Toutefois, Hus
continua d'écrire certains des réquisitoires les plus cinglants
contre les pratiques de l'Eglise, notamment la vente des
indulgences pontificales*. Il fut condamné et excommunié
en 1410.
13
Hus soutenait la Bible sans compromis. "Se rebeller
contre un pape dévoyé, c'est obéir à Christ", écrivit-il. De
plus, il enseignait que la véritable Eglise, loin de se limiter
au pape et au catholicisme établi, "est la totalité des élus et
le corps mystique du Christ, dont la tête est le Christ; et
l'épouse du Christ, que, dans son immense amour, il racheta
avec son propre sang". (Voir Ephésiens 1:22, 23; 5:25-27.)
Pour toutes ces raisons, il comparut au concile de Constance
où il fut condamné pour hérésie. Déclarant qu' "il vaut
mieux mourir sain que vivre malade", il refusa de se rétrac-
ter et mourut sur le bûcher en 1415. Le même concile
ordonna qu'on exhumât les ossements de Wycliffe et qu'on
les brûlât, alors qu'il était mort et enterré depuis plus de
30 ans!
14 Un autre des premiers réformateurs fut le moine do-

minicain Jérôme Savonarole (1452-1498), du monastère San


Marco à Florence, en Italie. Enflammé par l'esprit de la
Renaissance italienne, Savonarole dénonça la corruption de
* Lettres de pardon des péchés émanant du pape.

13. a) Qu'était la véritable Eglise, au dire de Hus? b) Que valut à


Hus sa ténacité?
14. a) Qui était Jérôme Savonarole? b) Que tenta-t-il de faire, et y
parvint-il?
312 L'humanité à la recherche de Dieu
l'Eglise et de l'Etat. Prétendant se fonder sur l'Ecriture, sur
des visions et sur des révélations qu'il aurait reçues, il
chercha à instaurer un Etat chrétien, un ordre théocratique.
En 1497, le pape l'excommunia. L'année suivante, il fut
arrêté, torturé puis pendu. Ses dernières paroles furent:
"Mon Seigneur est mort pour mes péchés; ne lui donnerai-je
pas cette pauvre vie avec joie?" Son corps fut brûlé et ses
cendres jetées dans l'Arno. Savonarole se qualifia avec juste
raison de "précurseur" et de "sacrifice". Seulement quelques
années plus tard, la Réforme éclatait de toutes parts en
Europe.
Une maison divisée
15 Quand la tempête de la Réforme se déchaîna, elle
ébranla la maison religieuse de la chrétienté en Europe
occidentale. Jusqu'alors sous la domination presque absolue
de l'Eglise catholique romaine, cette maison se divisa. Le sud
de l'Europe - l'Italie, l'Espagne, l'Autriche et certaines
régions de France - demeura en majorité catholique. Le
reste de l'Europe se sépara en trois courants principaux:
luthérien en Allemagne et en Scandinavie; calviniste (ou
réformé) en Suisse, aux Pays-Bas, en Ecosse et dans plu-
sieurs régions de France; et anglican en Angleterre. Au
milieu de ces courants apparurent çà et là des groupes plus
petits, mais plus radicaux, d'abord les anabaptistes, puis les
mennonites, les huttérites et les puritains, qui par la suite
emportèrent leurs croyances en Amérique du Nord.
16
Les années passant, ces principaux courants se frac-
tionnèrent pour former les centaines de confessions qui
existent aujourd'hui - presbytérienne, épiscopalienne, mé-
thodiste, baptiste, congrégationaliste, pour n'en citer que
15. Dans quelle mesure le mouvement réformateur divisa-Hl
l'Eglise en Europe occidentale?
16. En fin de compte, que devint la chrétienté (Marc 3:25)?
La Réforme: Un nouveau tournant 313
quelques-unes. La chrétienté devint vraiment une maison
divisée. Mais qu'est-ce qui suscita toutes ces divisions?
Luther et ses thèses
17
Si l'on devait désigner une date ayant marqué le début
de la Réforme protestante, ce serait le 31 octobre 1517, jour
où le moine augustin Martin Luther ( 1483-1546) placarda
ses 95 thèses à la porte de l'église du château de Wittenberg,
en Saxe, un Etat allemand. Mais qu'est-ce qui avait provoqué
cet événement révolutionnaire? Qui était Martin Luther? Et
contre quoi protestait-il?
18
Comme ses prédécesseurs Wycliffe et Hus, Martin Lu-
ther était un moine érudit. Il était aussi docteur en théologie
et professeur d'études bibliques à l'université de Witten-
berg. Luther se tailla une solide réputation de par son
intelligence de la Bible. Même s'il avait des idées arrêtées sur
17. A quelle date pourrait-on situer le début officiel de la Réforme
protestante?
18. a) Qui était Martin Luther? b) Qu'est-ce qui décida Luther à
afficher ses thèses?

Martin Luther, à droite,


protesta contre la vente
des indulgences
par le moine Johannes Tetzel.
la question du salut, ou de la justification, par la foi plutôt
que par les œuvres ou par la pénitence, il n'avait nullement
l'intention de rompre avec l'Eglise de Rome. En réalité, il
avait affiché ses thèses par réaction à un incident spécifique;
il ne s'agissait pas d'une révolte préméditée. Il protestait
contre la vente des indulgences.
19 A l'époque de Luther, les indulgences pontificales

étaient vendues publiquement, non seulement en faveur


des vivants, mais encore pour les morts. "A peine dans ce
tronc est tombée une obole, du purgatoire une âme au
paradis s'envole", disait un adage. Pour les gens ordinaires,
une indulgence devint presque une assurance d'impunité
quel que soit le péché, et la repentance en fit les frais.
"Partout, écrivit Erasme, on vend la rémission des tourments
infligés au purgatoire; non seulement on la vend, mais on
oblige ceux qui la refusent à l'accepter."
20
En 1517, Johannes Tetzel, frère dominicain, vint ven-
dre des indulgences àJüterbog, près de Wittenberg. L'argent
obtenu devait en partie financer la reconstruction de la
basilique Saint-Pierre de Rome; il devait aussi aider Albert
de Brandebourg à rembourser l'argent qu'il avait emprunté
pour acheter à la curie romaine le poste d'archevêque de
Mayence. Tetzel déployant ses talents de marchand, le peu-
ple afflua vers lui. Luther s'en indigna; c'est pourquoi il
employa le moyen le plus rapide dont il disposait pour
exprimer publiquement son opinion sur cette affaire aber-
rante: il afficha 95 points de débat sur la porte de l'église.
21
Luther appela ses 95 thèses Controverse destinée à
19. Quel profit tirait-on de la vente des indulgences à l'époque de
Luther?
20. a) Pourquoi Johannes Tetzel se rendit-il à Jüterbog? b) Quelle
réaction la vente des indulgences à laquelle se livrait Tetzel provo-
qua-t-elle chez Luther?
21. Quels arguments Luther opposa-t-il à la vente des indul-
gences?
La Réforme: Un nouveau tournant 315
montrer la vertu des indulgences. Il ne visait pas tant à défier
l'autorité de l'Eglise qu'à dénoncer les excès, les exactions
qui accompagnaient la vente des indulgences pontificales.
Cela ressort des thèses suivantes:
"5. Le pape ne veut, ni ne peut remettre aucune peine, excepté
celles qu'il a imposées ( ... ) de sa propre volonté ( ... ).
20. Par conséquent, le pape, lorsqu'il parle de rémission plé-
nière de toutes les peines, ne les comprend pas absolument
toutes, mais seulement celles qu'il a lui-même imposées. (... )
36. N'importe quel chrétien, vraiment repentant, a pleine ré-
mission de la peine et de la faute; elle lui est due même sans let-
tres d'indulgences."
22
Avec la presse à imprimer, qu'on venait de découvrir,
ces idées explosives ne mirent pas longtemps à atteindre
d'autres parties de l'Allemagne - et Rome. Le débat ébau-
ché sous des allures de querelle académique se mua bientôt
en controverse portant sur des questions de foi et sur
l'autorité du pape. Au départ, l'Eglise de Rome engagea un
débat avec Luther et lui ordonna de se rétracter. Le refus de
Luther amena les pouvoirs ecclésiastique et politique à faire
pression sur lui. En 1520, le pape émit une bulle, ou édit, qui
interdisait à Luther de prêcher et ordonnait l'autodafé de
ses livres. Par défi, Luther brûla la bulle papale en public. Le
pape l'excommunia en 1521. .j
23
Plus tard, la même année, Luther fut cité devant la
diète, ou assemblée, à Worms. Il fut jugé par l'empereur du
Saint Empire romain, Charles Quint, catholique fervent,
ainsi que par les six électeurs des Etats allemands et par
d'autres chefs et dignitaires, religieux et séculiers. Sommé
une nouvelle fois de se rétracter, Luther fit cette déclaration
célèbre: "A moins d'être convaincu par le témoignage de
22. a) Qu'est-ce qui se développait à mesure que le message de
Luther se répandait? b) Qu'arriva-t-il à Luther en 1520, et quelle en
fut l'issue?
23. a) Qu'était la diète de Worms? b) En quels termes Luther
ex:posa-t-il sa position à Worms, et quelle en fut la conséquence?
316 L'humanité à la recherche de Dieu
!'Ecriture et par des raisons évidentes ( ... )je ne puis ni ne
veux rien rétracter, car il n'est ni sûr ni salutaire d'agir
contre sa conscience. Que Dieu me soit en aide! Amen." En
conséquence de quoi l'empereur le mit au ban de l'empire.
Néanmoins, le chef de l'Etat allemand où il vivait, !'Electeur
Frédéric de Saxe, vint à son secours en lui offrant un refuge
au château de la Wartburg.
24 Ces mesures n 'empêchèrent pas les idées de Luther de

se répandre. Pendant dix mois, en sécurité à la Wartburg,


Luther se consacra à la traduction de la Bible et écrivit
beaucoup. Il traduisit les Ecritures grecques en allemand à
partir du texte grec établi par Erasme. Il s'attaqua ensuite
aux Ecritures hébraïques. La Bible de Luther s'avéra répon-
dre parfaitement aux besoins du peuple. Selon un rapport,
"on en vendit cinq mille exemplaires en deux mois et deux
cent mille en douze ans". On compare souvent l'influence
de cette version sur la langue et la culture allemande à celle
de la Bible du roi Jacques sur l'anglais.
25 Dans les années qui suivirent la diète de Worms, le

mouvement réformateur gagna tant de faveur auprès du


peuple qu'en 1526 l'empereur accorda à chaque Etat alle-
mand le droit de choisir entre luthéranisme et catholicisme.
Cependant, en 1529, il revint sur sa décision; quelques
princes allemands protestèrent: c'est ainsi que le nom de
protestant fut rattaché au mouvement de la Réforme. L'an-
née suivante, en 1530, à la diète d'Augsbourg, l'empereur
tenta de concilier les deux parties. Les luthériens présentè-
rent leurs croyances dans un document, la Confession
d'Augsbourg, rédigée par Philipp Melanchthon, mais basée
sur les enseignements de Luther. Le ton de ce document
avait beau être conciliateur, l'Eglise le rejeta, et le fossé qui
24. Que fit Luther pendant son séjour au château de la Wartburg?
25. a) D'où vient le nom de protestant? b) Qu'était la Confession
d'Augsbourg?
La Réforme: Un nouveau tournant 317
séparait le protestantisme du catholicisme devint infran-
chissable. De nombreux Etats allemands, suivis de près par
les Etats scandinaves, prirent parti pour Luther.
Réforme ou révolte?
26 Quelles idées fondamentales séparaient les protestants
des catholiques? D'après Luther, elles étaient au nombre de
trois. D'abord, Luther croyait que le salut provient de la
"justification par la foi seule" (latin sala fide)* et non grâce
à l'absolution donnée par un prêtre ni par des œuvres de
pénitence. Ensuite, il enseignait que le pardon n'est accordé
que par la grâce de Dieu (sala gratia) et non de par l'autorité
de prêtres ou de papes. Enfin, Luther soutenait que tout
point de doctrine doit être appuyé par !'Ecriture unique-
ment (sala scriptura) et non par des papes ou par des
conciles.
27
Cela n'empêcha pas Luther de "conserver, des croyan-
ces et de la liturgie anciennes, tout ce qu'il put adapter à ses
conceptions personnelles du péché et de la justification",
rapporte l'Encyclapédie catholique (angl.). La Confession
d'Augsbourg déclare que dans la foi luthérienne "il n'y a
rien qui soit contraire aux Ecritures ou à l'Eglise catholique,
ou même à l'Eglise romaine, pour autant que les auteurs
connaissent cette Eglise". En réalité, la foi luthérienne telle
que la présentait la Confession d'Augsbourg reprenait des
* Lucher tenait tant au concept de "justification par la foi seule" que
dans sa traduction de la Bible il ajouta le mot "seule" en Romains 3:28. Il
se méfiait aussi du livre de Jacques parce qu'on y lit que "la foi sans les
œuvres est morte". (Jacques 2:17, 26.) Il ne comprenait pas que, dans la
lettre aux Romains, Paul parlait des œuvres de la Loi juive. - Romains
3:19, 20, 28.

26. D'après Luther, quelles idées fondamentales séparaient le pro-


testantisme du catholicisme?
27. a) Quels enseignements et pratiques non bibliques des catho-
liques les protestants conservèrent-ils? b) Quels changements les
protestants exigeaient-ils?
318 L ' humanité à la recherche de Dieu
doctrines contraires aux Ecritures, telles que la Trinité,
l'immortalité de l'âme et les tourments éternels, ainsi que
des pratiques comme le baptême des nouveau-nés et les
fêtes de l'Eglise. D'un autre côté, les luthériens exigeaient
certains changements: ils voulaient par exemple que le
peuple soit autorisé à recevoir le vin aussi bien que le pain
lors de la communion, et qu'on abolisse le célibat des
prêtres, les vœux monastiques et la confession obligatoire*.
28
D'une façon générale, la Réforme défendue par Luther
et ses disciples réussit à les soustraire au joug papal. Néan-
moins, Jésus déclara en Jean 4:24: "Dieu est Esprit, et ceux
qui l'adorent doivent l'adorer avec l'esprit et la vérité." On
peut affirmer qu'avec Martin Luther la recherche menée par
les hommes pour trouver le vrai Dieu ne prit qu'un nouveau
tournant; on était encore loin du sentier étroit de la vérité.
- Matthieu 7:13, 14; Jean 8:31, 32.
La réforme de Zwingli en Suisse
29 Pendant que Luther se débattait avec les émissaires du

pape et les autorités civiles en Allemagne, Ulrich Zwingli


(1484-1531 ), prêtre catholique, entamait un mouvement de
réforme à Zurich, en Suisse. Comme on parlait allemand
dans la région, les gens étaient déjà touchés par les vents de
réforme qui soufflaient du nord. Vers 1519, Zwingli se mit
à prêcher contre les indulgences, la mariolâtrie, le célibat
des prêtres et d'autres doctrines de l'Eglise catholique. Bien
que Zwingli se prétendît indépendant de Luther, il parta-
geait ses idées dans de nombreux domaines et distribuait
* Martin Luther s'était marié en 1525 à Katharina von Bora, une an-
cienne religieuse qui s'était échappée d'un cloître cistercien. Ils eurent six
enfants. Luther déclara s'être marié pour trois raisons: pour plaire à son
père, pour contrarier le pape et le Diable, et pour sceller son témoignage
avant son martyre.

28. En quoi la Réforme réussit-elle, et en quoi échoua-t-elle?


29. a) Qui était Ulrich Zwingli, et contre quoi prêcha-t-il? b) En
quoi fa réforme de Zwingli différait-elle de celle de Luther?
La Réforme: Un nouveau tournant 319
~

ses écrits dans tout le pays. A l'opposé toutefois de Luther,


qui était plus conservateur, Zwingli prônait l'abolition de
tous les vestiges de l'Eglise catholique: des images, des
crucifix, des vêtements sacerdotaux, et même de la musique
liturgique.
30 Les deux réformateurs étaient cependant divisés par

une controverse plus grave, qui portait sur !'Eucharistie ou


messe (communion). Luther ne démordait pas d'une inter-
prétation littérale de ces paroles de Jésus: "Ceci est mon
corps." Il croyait que le corps et le sang du Christ étaient
miraculeusement présents dans le pain et le vin servis lors
de la communion. Zwingli, en revanche, affirmait dans son
traité intitulé Sur le souper du Seigneur que la déclaration de
Jésus "doit être prise figurément ou métaphoriquement;
'Ceci est mon corps' signifie 'le pain représente mon corps'
ou 'est une figure de mon corps'". Cette divergence entraîna
les deux réformateurs sur des chemins différents.
31 Zwingli continua de prêcher ses doctrines réformées à

Zurich, où il opéra de nombreux changements. D'autres


villes se rallièrent bientôt à lui, mais la plupart des habitants
de la campagne, plus attachés à la tradition, se crampon-
naient au catholicisme. Le conflit entre les deux factions
s'envenima à tel point qu'une guerre civile éclata entre l_
Suisses protestants et catholiques. Zwingli, qui servait dans p
l'armée comme aumônier, fut tué à la bataille de Kappel,
près du lac de Zug, en 1531. Quand la paix fut rétablie,
chaque canton se vit octroyer le droit de choisir sa religion,
protestante ou catholique.
Anabaptistes, mennonites et huttérites
32 Certains protestants trouvaient toutefois que les réfor-

mateurs n'avaient pas suffisamment rejeté les défauts de


30. Quelle question divisait Zwingli et Luther?
31. A quoi aboutit l'œuvre de Zwingli en Suisse?
32. Qui étaient les anabaptistes, et qu'est-ce qui leur valut ce nom?
320 L'humanité à la recherche de Dieu
l
l'Eglise catholique papiste. A leur sens, l'Eglise chrétienne ne
devait se composer que de pratiquants fidèles qui se fe-
raient baptiser, et non de tous les membres d'une commu-
nauté ou d'une nation. C'est pourquoi ils rejetaient le bap-
tême des nouveau-nés et exigeaient la séparation de l'Eglise
et de l'Etat. Comme ils rebaptisaient secrètement leurs com-
pagnons croyants, on leur donna le nom d'anabaptistes
(ana voulant dire "de nouveau" en grec). Du fait qu'ils
refusaient de porter les armes, de prêter serment ou d'assu-
mer des fonctions publiques, ils étaient considérés comme
une menace pour la société, et ils furent persécutés tant par
les catholiques que par les protestants.
33 Les anabaptistes vécurent d'abord en petits groupes

éparpillés en Suisse, en Allemagne et aux Pays-Bas. Etant


donné qu'ils prêchaient leurs croyances partout où ils al-
laient, leur nombre augmenta rapidement. En 1534, empor-
tés par leur ferveur religieuse, un groupe d'anabaptistes
abandonnèrent leur pacifisme et prirent la ville de Münster.
Ils voulaient en faire une Nouvelle Jérusalem organisée en
une communauté pratiquant la polygamie, mais leur mou-
vement fut vite endigué avec une rare violence. Cette
tentative porta atteinte à la réputation des anabaptistes, qui
r< furent presque exterminés. En réalité, la majorité des ana-
baptistes étaient des gens simples et croyants qui s'effor-
çaient de mener une vie tranquille, à part. Parmi leurs
héritiers les mieux organisés, on dénombrait les mennoni-
tes, disciples du réformateur néerlandais Menno Simons, et
les huttérites, dirigés par le Tyrolien Jakob Hutter. Pour fuir
la persécution, certains d'entre eux émigrèrent en Europe
de l'Est (en Pologne, en Hongrie et même en Russie),
d'autres en Amérique du Nord, où on les retrouva finale-
ment dans les communautés huttérites et amish.
33. a) Pourquoi le mouvement anabaptiste fut-il violemment
réprimé? b) Comment l'influence anabaptiste s'étendit-elle?
La Réforme: Un nouveau tournant 321
Jean Calvin, à gauche, fit brûler Michel Servet, à droite,
pour hérésie.

''Des erreurs du dogme trinitaire"


A 20 ans, Michel Servet parler. Mais ce sont les calvi-
( 1511-1553 ), un Espagnol qui nistes qui le firent arrêter, ju-
avait étudié le droit et la méde- ger et brûler à petit feu. Cal-
cine, publia De Trinitatis erro- vin se justifia en disant:
ribus (Des erreurs du dogme "Quand les papistes sont si
trinitaire), dans lequel il dé- brutaux et si violents pour
clara qu'il 'n'emploierait pas le défendre leurs superstitions
mot Trinité, qu'on ne trouve qu'ils se déchaînent cruelle-
pas dans !'Ecriture, et qui sem- ment pour verser le sang in-
ble uniquement perpétuer une nocent, les magistrats chré-
erreur philosophique'. Il taxa tiens n'auraient-ils pas honte
la Trinité de doctrine "incom- de se montrer moins ardents
préhensible, incompatible avec pour défendre la vérité cer-
la nature des choses, et que taine?" Le fanatisme et la
l'on peut même regarder haine de Calvin aveuglèrent
comme blasphématoire"! son jugement et l'amenèrent
L'Eglise catholique con- à bafouer les principes chré-
damna Servet pour son franc- tiens. - Voir Matthieu 5:44.
Apparition du calvinisme
34 La Réforme progressa en Suisse sous l'impulsion d'un
Français nommé Jean Cauvin ou Jean Calvin (1509-1564),
qui entra en contact avec les enseignements protestants au
cours de ses études en France. En 1534, Calvin quitta Paris
où sévissaient des persécutions religieuses et s'établit à Bâle,
en Suisse. Pour défendre les protestants, il publia l'institu-
tion de la religion chrétienne, dans laquelle il résuma les
idées des premiers pères de l'Eglise et des théologiens
médiévaux, ainsi que celles de Luther et de Zwingli. On en
vint à considérer cet ouvrage comme le fondement doctri-
nal de toutes les Eglises réformées établies par la suite en
Europe et en Amérique.
35 Dans l'institution, Calvin exposait sa théologie. Pour

lui, Dieu est le souverain absolu, dont la volonté détermine


et règle toute chose. Par contre, l'homme déchu est pécheur
et ne mérite absolument rien. Le salut ne dépend donc pas
des belles œuvres de l'homme, mais de Dieu - d'où la
doctrine de la prédestination que défendait Calvin, à propos
de laquelle il écrivit:
"Nous disons que le Seigneur a une fois constitué en son con-
seil éternel et immuable, lesquels il voulait prendre à salut, et
lesquels il voulait laisser en ruine. Ceux qu'il appelle à salut,
nous disons qu'il les reçoit de sa miséricorde gratuite, sans
avoir égard aucun à leur propre dignité. Au contraire que l'en-
trée de vie est forclose à tous ceux qu'il veut livrer en damna-
tion, et que cela se fait par son jugement occulte et incompré-
hensible: combien qu'il soit juste et équitable."
L'austérité d 'un tel enseignement se percevait dans d'autres
domaines. Calvin soutenait que les chrétiens doivent mener
une vie sainte et vertueuse, s'abstenant non seulement du
34. a) Qui était Jean Calvin? b) Quel livre important écrivit-il?
35. a) Comment Calvin expliquait-il sa doctrine de la prédestina-
tion? b) Comment l'austérité de cette doctrine se reflétait-elle dans
d'autres aspects de l'enseignement de Calvin?
La Réforme: Un nouveau tournant 323
péché, mais aussi des plaisirs et de la frivolité. En outre, il
affirma que l'Eglise, qui rassemble les élus, doit être exemp-
tée de toute restriction civile, et que c'est uniquement par
le moyen de l'Eglise que l'on peut établir une société
véritablement pieuse.
36 Peu après avoir publié l'institution, Calvin fut con-

vaincu par Guillaume Farel, un autre réformateur français,


de s'installer à Genève. Ensemble ils travaillèrent à mettre
en œuvre les principes du calvinisme. Leur but était de
transformer Genève en cité de Dieu, une théocratie ou
domination divine qui cumulerait les fonctions de l'Eglise
et de l'Etat. Ils instituèrent un règlement strict, assorti de
sanctions, qui régissait tout, depuis l'instruction religieuse
et les offices de l'Eglise jusqu'aux mœurs publiques, en
passant par l'hygiène ou la prévention des incendies par
exemple. Un texte historique rapporte qu' "un coiffeur fut
emprisonné deux jours pour avoir coiffé une mariée d'une
manière jugée inconvenante; la mère et deux amies de
l'épousée, qui avaient apporté leur concours, subirent la
même peine. Le magistrat punissait aussi ceux qui dansaient
ou qui jouaient aux cartes". Ceux qui ne suivaient pas
Calvin en matière de théologie se voyaient infliger de durs
traitements. Le plus célèbre d'entre eux fut !'Espagnol Mi-
guel Serveto, ou Michel Servet, qui fut brûlé vif. - Voir
l'encadré de la page 322.
37
Calvin continua d'appliquer sa réforme à Genève jus-
qu'à sa mort en 1564, et l'Eglise réformée s'implanta solide-
ment. Les réformateurs protestants qui fuyaient la persécu-
tion dans d'autres pays affluèrent à Genève, adoptèrent les
idées calvinistes et devinrent les initiateurs des mouve-
36. a) Que tentèrent Calvin et Farel à Genève? b) Quel règlement
strict instituèrent-ils? c) Quelle fut l'une des conséquences notoires
des mesures extrêmes prises par Calvin, et comment se justifia-Hl?
37. Par quel moyen l'influence de Calvin s'étendit-elle bien au delà
des frontières de la Suisse?
324 L 'humanité à la recherche de Dieu
ments de réforme dans leurs pays d'origine. Le calvinisme
se répandit rapidement en France, où les huguenots (c'est
ainsi qu'on appelait les calvinistes français) endurèrent de
sévères persécutions de la main des catholiques. Aux Pays-
Bas, les calvinistes participèrent à l'établissement de l'Eglise
réformée des Pays-Bas. En Ecosse, sous la conduite zélée de
l'ancien prêtre catholique John Knox, l'Eglise presbyté-
rienne d'Ecosse fut créée dans la droite ligne du calvinisme.
Le calvinisme joua encore un rôle dans la Réforme en
Angleterre, d'où les puritains l'emmenèrent en Amérique du
Nord. Par conséquent, bien que Luther ait mis en route la
Réforme protestante, c'est Calvin qui, de loin, exerça la plus
grande influence sur son développement.
La Réforme en Angleterre
38 Totalement en marge des mouvements réformateurs
d'Allemagne et de Suisse se situe la Réforme anglaise, dont
les racines remontent aux jours de John Wycliffe, qui en-
gendra l'esprit protestant en Angleterre en prêchant contre
le clergé et en mettant l'accent sur la Bible. D'autres imitè-
rent ses efforts pour traduire la Bible en anglais. William
Tyndale, qui dut s'enfuir d'Angleterre, publia son Nouveau
Testament en 1526. Il fut par la suite trahi à Anvers, attaché
à un poteau, étranglé, et son corps fut brûlé. Miles Coverdale
acheva la traduction de Tyndale, et une version intégrale de
la Bible fut éditée en 1535. Sans aucun doute, la publication
de la Bible dans la langue du peuple fut l'événement qui
contribua le plus à la naissance de la Réforme en Angleterre.
39 La rupture officielle avec le catholicisme eut lieu lors-

que Henri VIII ( 1491-1547), à qui le pape avait conféré le


titre de Défenseur de la foi, proclama en 1534 !'Acte de
suprématie, par lequel il s'érigeait en chef de l'Eglise
38. Comment l'œuvre de John Wycliffe engendra-t-elle l'esprit
protestant en Angleterre?
39. Quel rôle Henri VIII joua-t-il dans la Réforme en Angleterre?
La Réforme: Un nouveau tournant 325
d'Angleterre. Henri VIII ferma aussi les monastères et répar-
tit leurs propriétés dans la petite noblesse. En outre, il
ordonna qu'on place une Bible en anglais dans chaque
Eglise. Cependant, l'intervention de Henri VIII était plus
d'ordre politique que religieux. Il désirait s'affranchir de
l'autorité du pape, particulièrement dans ses affaires matri-
moniales*. Sur le plan religieux, il demeura catholique sous
tous les rapports, sauf de nom.
4
° Ce fut sous le long règne ( 1558-1603) d'Elisabeth ire
que l'Eglise d'Angleterre adopta les pratiques protestantes,
bien qu'elle gardât dans une large mesure sa structure
catholique. On mit un terme à l'allégeance au pape, au
célibat des prêtres, à la confession et à d'autres coutumes
catholiques, tout en conservant la structure épiscopale de
l'Eglise, c'est-à-dire une hiérarchie comprenant des arche-
vêques et des évêques ainsi que des ordres de moines et de
religieuses#. Ce conservatisme engendra un grand mécon-
tentement, à la suite duquel divers groupes dissidents se
formèrent. Les puritains réclamaient une réforme plus pro-
fonde, en vue de purifier leur Eglise de toutes les pratiques
catholiques; les séparatistes et les indépendants affirmaient
que les affaires de l'Eglise devaient être traitées par des
anciens (presbytres) locaux. De nombreux dissidents se
réfugièrent aux Pays-Bas ou en Amérique du Nord, où ils
établirent les Eglises congrégationaliste et baptiste. En An-
gleterre apparurent également la Société des Amis (qua-
• Henri VIII eut six femmes. Contre la volonté du pape, il fit annuler
son premier mariage et divorça d'une autre femme. Il fit décapiter deux
de ses femmes, et deux moururent de mort naturelle.
# Le mot grec épiskopos est traduit par "évêque" dans plusieurs Bibles
françaises.

40. a) Quels changements eurent lieu dans l'Eglise d'Angleterre


sous le règne d'Elisabeth l'e? b) Quels groupes dissidents finirent
par se former en Angleterre, aux Pays-Bas et en Amérique du
Nord?
326 L 'humanité à la recherche de Dieu
kers), fondée par George Fox (1624-1691 ), et les méthodis-
tes dirigés par John Wesley ( 1703-1791). - Voir le tableau
ci-dessous.
Les conséquences
41 Maintenant que nous avons considéré les trois grands

courants de la Réforme - luthérien, calviniste et angli-


can - , il nous faut nous arrêter et en faire le bilan. Indé-
niablement, la Réforme a changé le cours de !'Histoire en
Occident. "La Réforme a eu pour effet de donner au peuple
une soif de liberté et d'une citoyenneté plus élevée et plus
pure. Partout où la cause protestante s'est répandue, elle a
rendu les masses plus revendicatrices", a écrit John Hurst
dans son livre intitulé Brève histoire de la Réforme ( angl. ).
De nombreux spécialistes pensent que la civilisation occi-
dentale telle que nous la connaissons n'aurait jamais vu le
jour sans la Réforme. Quoi qu'il en soit, il nous faut nous
demander: Qu'a apporté la Réforme sur le plan religieux? De
41. a) De l'avis de certains spécialistes, quel effet la Réforme a-
t-elle eu sur l'Histoire? b) Quelles questions faut-il soulever?

Départ de
l'apostasie
11• 1v•

:z
siècle siècle
(Constantin)

0d~Oh~oxe luth' f calviniste


- rient erienne
1
""" 7~"' /.11...d ""':>"'"~' ~'"''!
. copte
Jacobite presbytérienne
:inglicane

grecque asuédoise reformees


roumaine
et autres
américaine
et autres \ ~ méthodiste
Armée du Salut
baptiste
Tableau simplifié des
principales religions de la chrétienté
congrégationaliste
quel profit a-t-elle été dans la recherche qu'ont menée les
hommes pour trouver le vrai Dieu?
42
Sans conteste, son plus grand service, la Réforme l'a
rendu en divulguant la Bible dans la langue du peuple, qui
pour la première fois disposait de la Parole de Dieu dans son
entier et pouvait se nourrir spirituellement en la lisant. Mais
il ne suffit évidemment pas de lire la Bible. La Réforme
affranchit-elle le peuple non seulement de l'autorité papale,
mais encore des doctrines et des dogmes erronés qui le
tenaient captif depuis des siècles? - Jean 8:32.
43
Presque toutes les Eglises protestantes souscrivent aux
mêmes symboles - les symboles de Nicée, d'Athanase et
des Apôtres-, sur lesquels reposent certaines des doctrines
que le catholicisme enseigne depuis des siècles, comme la
Trinité, l'immortalité de l'âme et l'enfer. Ces enseignements
contraires aux Ecritures ont donné au peuple une image
déformée de Dieu et de son dessein. Au lieu d'aider les
hommes dans leur recherche du vrai Dieu, les nombreuses
sectes et confessions venues à l'existence dans le sillage du
vent de liberté soufflé par la Réforme protestante n'ont été
bonnes qu'à les diriger dans de multiples directions. Elles
sont si différentes et si confuses qu'elles ont conduit main-
tes personnes à douter de l'existence même de Dieu. Le
résultat en fut, au XIXe siècle, une vague d'athéisme et
d'agnosticisme. Il en sera question dans le prochain cha-
pitre.
42. a) Quel est sans conteste le plus grand service qu'a rendu la
Réforme? b) Quelle question s'impose quant aux véritables résul-
tats de la Reforme?
43. a) A quels symboles la plupart des Eglises protestantes actuel-
les souscrivent-elles, et de quelles croyances sont-ils les fonde-
ments? b) Quelle incidence la diversité et le vent de liberté pro-
duits par la Réforme ont-ils eue sur la recherche qu'ont menée les
hommes pour trouver Dieu?
328 L 'humanité à la recherche de Dieu
_ _ _ _ _ _ _ _CHAPITRE 14_ _ _ _ _ _ __

L'incroyance aujourd'hui
Faut-ilpoursuivre
la recherche?
"Dieu cesse de faire partie des préoccupations habituelles des
hommes. On s'y réfère de moins en moins pour scander les jour-
nées ou prendre une décision. ( ... )Dieu a cédé la place à d'au-
tres valeurs: la rentabilité, l'efficacité. S'il pouvait être perçu
autrefois comme donnant sens à toutes les activités humaines,
il est aujourd'hui relégué dans les oubliettes de l'histoire. ( ... )
Dieu s'est effacé des consciences." - Aux sources de l'athéisme
contemporain.

IL N'Y A pas si longtemps, Dieu occupait une place prépon-


dérante dans la vie des Occidentaux. Pour être accepté dans la
société, on devait afficher une certaine foi en Dieu, même si
tout le monde ne pratiquait pas avec sincérité ce qu'il préten-
dait croire. On gardait prudemment pour soi ses doutes et ses
incertitudes. Quiconque les aurait exprimés en public aurait
choqué, risquant même d'être mis au ban de la société.
2
Mais aujourd'hui le vent a tourné. Quiconque a de solides
convictions religieuses passe aux yeux de beaucoup pour
quelqu'un de borné, de dogmatique, voire de fanatique. Dans
l. (Inclure l'introduction.) a) En quels termes le livre Aux sources
de l'athéisme contemporain décrit-il la croyance en Dieu aujour-
d'hui? b) En quoi l'incroyance d'aujourd'hui contraste-t-elle de
façon frappante avec les conditions qui régnaient il n'y a pas si
longtemps?
2. a) Pourquoi beaucoup de gens ont-ils cessé de rechercher
Dieu? b) Quelles questions faut-il poser?
L'incroyance aujourd 'hui: Faut-il poursuivre la recherche? 329
de nombreux pays, la majorité des habitants ne se soucient
guère de Dieu et de la religion, quand ils ne s'en désintéressent
pas complètement. La plupart ont cessé de rechercher Dieu,
soit parce qu'ils ne croient pas qu'il existe, soit parce qu'ils en
doutent. A telle enseigne que certains ont qualifié notre épo-
que de 'postchrétienne'. Il est donc nécessaire de poser ces
questions: Comment les gens ont-ils pu à ce point perdre la
notion de Dieu? Qu'est-ce qui a provoqué ce changement?
A-t-on des raisons valables de poursuivre la recherche de
Dieu?
Contrecoup de la Réforme
3 Comme nous l'avons vu au chapitre 13, la Réforme pro-
testante du xvre siècle transforma le point de vue du peuple sur
l'autorité, qu'elle soit religieuse ou autre. Au conformisme et à
la soumission se substituèrent la liberté d'expression et la
revendication. Même si la généralité des gens ne sortirent pas
de la religion traditionnelle, certains prirent des orientations
plus radicales: ils remirent en question les dogmes et les
enseignements fondamentaux des Eglises établies. D'autres
encore, conscients que la religion a eu tout au long de !'Histoire
une part de responsabilité dans les guerres, les souffrances et
les injustices, devinrent sceptiques sur toute forme de religion.
4
Déjà en 1572, un rapport intitulé Dissertation sur le pré-
sent état de l'Angleterre (angl.) contenait cette remarque: "Le
royaume est divisé en trois partis: les papistes, les athées et les
protestants. Tous trois sont populaires: le premier et le second
parce que, vu leur nombre, on n'ose pas leur déplaire." Selon
une estimation, on comptait 50000 athées à Paris en 1623, bien
qu'on employât ce terme dans un sens assez vague. En tous les
3. Quelle fut l'une des conséquences de la Réforme protestante?
4. a) Selon les récits contemporains, quelle était l'étendue de
l'athéisme en Angleterre et en France au XVIe et au XVIIe siècle?
b) Qui la Réforme fit-elle sortir de l'ombre en voulant mettre un
terme à la domination papale?
330 L 'humanité à la recherche de Dieu
cas, il est clair qu'en voulant mettre un terme à la domination
du pape, la Réforme avait fait sortir de l'ombre ceux qui
contestaient les religions établies. C'est ce que confirment Will
et Ariel Durant dans Histoire de la civilisation: Partie VII
- Prélude à ! 'Ere des Lumières: "Les penseurs d'Europe
- avant-garde de l'esprit européen - ne discutaient plus de
l'autorité du pape; ils débattaient de l'existence de Dieu."
L'assaut de la science et de la philosophie
5 Outre que la chrétienté se fractionnait elle-même, d'autres
influences minaient sa position. La science, la philosophie, le
laïcisme et le matérialisme contribuèrent à semer le doute et à
encourager le scepticisme sur Dieu et sur la religion.
6 Le développement de la connaissance scientifique mit en
doute nombre des enseignements de l'Eglise qui reposaient sur
une interprétation erronée de certains passages bibliques. Par
exemple, les découvertes d'astronomes tels que Copernic ou
Galilée réfutaient purement et simplement la doctrine géocen-
trique de l'Eglise, qui faisait de la terre le centre de l'univers.
De même, quand on comprit les lois naturelles qui régissent le
monde physique, on jugea inutile d'attribuer à Dieu ou à la
Providence des phénomènes jusqu'alors mystérieux, tels le
tonnerre, les éclairs ou l'apparition de certaines étoiles et
comètes. On se mit aussi à suspecter les "miracles" et "l'inter-
vention divine" dans les affaires humaines. Tout d'un coup,
Dieu et la religion paraissaient périmés à beaucoup; certains de
ceux qui se voulaient à la page eurent tôt fait de se détourner
de Dieu pour se rallier au culte de la vache sacrée qu'était la
science.
S. Quelles influences hâtèrent la montée de l'incroyance?
6. a) Quel effet le développement de la connaissance scientifique
eut-il sur de nombreux enseignements de l'Eglise? b) Que firent
certains de ceux qui se voulaient à la page?
L 'incroyance aujourd 'hui: Faut-il poursuivre la recherche? 331
7
Sans conteste, c'est la théorie de l'évolution qui porta le
coup le plus rude à la religion. En 1859, le naturaliste anglais
Charles Darwin (1809-1882) publia L'origine des espèces, livre
dans lequel il récusait carrément l'enseignement biblique qui
veut que Dieu ait tout créé. Comment les Eglises réagirent-
elles? Au début, le clergé d'Angleterre et d'autres pays s'éleva
contre cette théorie. Mais son opposition s'atténua rapidement.
On aurait dit que les spéculations de Darwin fournissaient à de
nombreux ecclésiastiques le prétexte qu'ils cherchaient pour
justifier les doutes qu'ils entretenaient en secret. Ainsi, du
vivant de Darwin, "la plupart des ecclésiastiques réfléchis et
éloquents étaient parvenus à la conclusion que l'évolution
était tout à fait compatible avec une compréhension éclairée
des Ecritures", dit !'Encyclopédie de la religion (angl.). Au lieu
de défendre la Bible, la chrétienté finit par céder aux pressions
de l'opinion scientifique et composa avec les idées en vogue.
Ce faisant, elle ne fit que saper la foi en Dieu. - 2 Timothée
4:3, 4.
8
A mesure que s'écoulait le xrxe siècle, les critiques s'atta-
quèrent plus audacieusement à la religion. Non contents de
dévoiler les erreurs des Eglises, ils mirent la religion en cause
jusque dans ses fondements. Ils soulevèrent des questions du
genre: Qu'est-ce que Dieu? Pourquoi en a-t-on besoin? Quelle
incidence la croyance en Dieu a-t-elle eue sur la société? Des
hommes comme Ludwig Feuerbach, Karl Marx, Sigmund
Freud et Friedrich Nietzsche présentèrent leurs arguments en
termes philosophiques, psychologiques et sociologiques. On
entendit des théories comme 'Dieu n'est qu'un produit de
7. a) Qu'est-ce qui porta incontestablement le coup le plus rude à
la religion? b) Comment réagirent les Eglises devant le darwi-
nisme?
8. a) Qu'est-ce que les critiques de la religion mirent en cause au
XIXe siècle? b) Citez quelques théories connues émises par ces
critiques. c) Pourquoi beaucoup de gens embrassèrent-ils rapide-
ment les idées antireligieuses?
332 L'humanité à la recherche ae Dieu
Darwin, Marx, Freud, Nietzsche et d'autres ont émis des théories
qui ont sapé la foi en Dieu.

l'imagination', 'la religion est l'opium du peuple', 'Dieu est


mort'. Elles paraissaient tellement plus neuves, tellement plus
attrayantes que les dogmes et les traditions ternes et inintelli-
gibles des Eglises! Il semblait que beaucoup de gens avaient
enfin trouvé le moyen d'exprimer clairement les doutes qu'ils
entretenaient depuis longtemps au fond de leur esprit. Ils
embrassèrent spontanément ces idées comme s'il s'était agi
d'un nouvel évangile.
Le grand compromis
9
Qu'ont fait les Eglises assaillies et passées au crible de la
science et de la philosophie? Loin de prendre position en
faveur des enseignements de la Bible, elles ont succombé aux
pressions, elles ont fait des compromis sur des articles de foi
aussi fondamentaux que la création et l'authenticité de la
Bible. Quelles en ont été les conséquences? La crédibilité des
9. a) Qu'ont fait les Eglises devant l'assaut de la science et de la
philosophie? b) Qu'ont provoqué les compromis consentis par les
Eglises?
L ' incroyance aujourd 'hui: Faut-il poursuivre la recherche? 333
Eglises de la chrétienté a baissé peu à peu, et la foi de nombreu-
ses personnes a été ébranlée. En ne se défendant pas, les Eglises
ont laissé la porte grande ouverte aux masses qui n'avaient
plus qu'à les quitter. Bien des gens en sont venus à regarder la
religion comme une simple relique sociologique, tout juste
bonne à marquer les grands moments de la vie: la naissance, le
mariage et la mort. En somme, beaucoup ont abandonné la
recherche du vrai Dieu.
10
Tous ces éléments considérés, il est logique de se deman-
der: La science et la philosophie ont-elles réellement signé
l'arrêt de mort de la croyance en Dieu? L'échec des Eglises
invalide-t-il la Bible, qu'elles prétendent enseigner? Faut-il
vraiment continuer à rechercher Dieu? Répondons briève-
ment à ces questions.
Raisons de croire en Dieu
11
Quelqu'un a dit que deux livres démontrent l'existence
de Dieu: le "livre" de la création, c'est-à-dire la nature qui nous
entoure, et la Bible. Ils ont constitué à eux deux le fondement
de la croyance de millions d'humains par le passé comme à
notre époque. L'un de ces humains, un roi qui vécut au
xr 0 siècle avant notre ère, impressionné par les cieux étoilés,
s'exclama en termes poétiques: "Les cieux proclament la gloire
de Dieu; et l'étendue annonce l'œuvre de ses mains." (Psaume
19: 1). Au xxe siècle, devant la vision spectaculaire qu'il avait de
la terre depuis son engin spatial en orbite autour de la lune, un
astronaute ne put s'empêcher de réciter ces paroles: "Au com-
mencement Dieu créa les cieux et la terre." - Genèse 1:1.
12
Cependant, ces deux livres sont l'objet d'attaques de la
10. Quelles questions capitales faut-il considérer?
11. a) Quels sont les deux livres qui constituent depuis longtemps
le fondement de la croyance en Dieu? b) Quelle incidence ces
livres ont-ils eue sur les humains?
12. De quelles attaques le livre de la création et la Bible sont-ils
l'objet?
334 L 'humanité à la recherche de Dieu
part des athées. Selon eux, en explorant le monde qui nous
entoure, la science a prouvé que la vie est apparue non grâce
à une création intelligente, mais par un hasard aveugle et par
le processus fortuit de l'évolution. Ils prétendent qu'il n'y eut
pas de Créateur et qu'il est superflu de se demander si Dieu
existe. De plus, nombre d'entre eux sont persuadés que la Bible
est périmée, illogique, et partant qu'on ne peut y croire. A leurs
yeux, il ne subsiste plus aucune raison de croire à l'existence
de Dieu. Leur raisonnement tient-il? Qu'indiquent les faits?
Hasard ou dessein?
13 S'il n'y a pas eu de Créateur, la vie est forcément apparue
spontanément, par hasard. Pour cela, il aurait fallu que d'une
façon ou d'une autre les éléments chimiques adéquats soient
réunis dans les bonnes proportions, à la bonne température,
sous la pression voulue et moyennant d'autres facteurs essen-
tiels, et il aurait fallu que ces conditions soient maintenues le
temps nécessaire. Par ailleurs, pour que la vie apparaisse et
subsiste sur la terre, il aurait fallu que ce concours de circons-
tances se répète des milliers de fois. Mais quelles étaient les
chances que cela se produise ne serait-ce qu'une seule fois?
13. Qu'est-ce qui aurait dû se produire pour que la vie apparaisse
par hasard?

Le "livre" de la création
et la Bible posent
le fondement
de la croyance en Dieu.
14
Les évolutionnistes admettent que la probabilité pour
que les bons atomes et les molécules appropriées s'agencent et
forment une simple molécule protéique est de 1 contre 10 113
(1 suivi de 113 zéros). Or, selon les estimations des savants, ce
nombre dépasse le nombre total des atomes de tout l'univers!
Et les mathématiciens considèrent comme impossible un évé-
nement qui a moins d'une chance sur 10 50 de se produire. Mais
il faut bien davantage qu'une simple molécule protéique pour
que la vie existe. Rien que pour maintenir une cellule en
activité, il faut quelque 2000 protéines différentes, et les
chances de les obtenir toutes par hasard sont de 1 sur 1040000 !
"A moins que, par ses préjugés nés de ses croyances sociales ou
de sa formation scientifique, dit l'astronome Fred Hoyle, on
soit persuadé que la vie est née [spontanément] sur la terre, ce
simple calcul écarte complètement cette idée."
15 D'autre part, en étudiant le monde physique, des infimes

particules subatomiques aux gigantesques galaxies, les scien-


tifiques ont découvert que tous les phénomènes naturels
connus obéissent à certaines lois fondamentales. Autrement
dit, ils ont constaté que dans l'univers tout se déroule avec
ordre et logique. Ils ont réussi à ramasser cette logique et cet
ordre en formules mathématiques. "Rares sont les scientifiques
que n'impressionnent pas la simplicité et l'élégance de ces lois,
qui dépassent presque l'entendement", écrit Paul Davies, pro-
fesseur de physique, dans la revue New Scientist.
16 Toutefois, ce qui est très intrigant dans ces lois, c'est

14. a) Quelle est la probabilité de la formation fortuite d'une


simple molécule proteique? b) Au vu des calculs mathématiques,
la vie a-t-elle pu naîue par hasard?
15. a) Qu'ont découvert les scientifiques en étudiant le monde
physique? b) Qu'a dit un professeur de physique à propos des lois
de la nature?
16. a) Quelles sont quelques constantes fondamentales qu'on
uouve dans les lois de la nature? b) Qu'arriverait-il si les valeurs de
ces constantes étaient un tant soit peu changées? c) Qu'en a conclu
un professeur de physique quant à l'univers et à noue existence?
336 L 'humanité à la recherche ae Dieu
D ' UN ATOME
D' HYDROGÈNE

Nuage électronique-

PROTON & N o yau

La vie et l'univers n'existeraient


pas si certains paramètres
inhérents à leur conception ÉLECTRON 8
subissaient
des variations infimes.

qu'elles comprennent certains paramètres dont les valeurs


doivent être fixées avec précision pour qu'existe l'univers tel
que nous le connaissons. Parmi ces constantes fondamentales,
citons l'unité de charge électrique portée par un proton, la
masse de certaines particules fondamentales et la constante de
gravitation universelle découverte par Newton et désignée
communément par la lettre C. A ce propos, le professeur
Davies précise: "Des variations même infimes des valeurs de
certaines d'entre [ces constantes fondamentales] bouleverse-
raient l'aspect de l'univers. Par exemple, Freeman Dyson a
expliqué que si les forces qui lient les nucléons (les protons et
les neutrons) étaient seulement de quelques centièmes plus
grandes, l'univers serait dépourvu d'hydrogène. Des étoiles
comme le soleil n'existeraient pas, pas plus que l'eau. La vie, du
moins telle que nous la connaissons, serait impossible. Bran-
don Carter a montré que de très petits changements de G
transformeraient toutes les étoiles en géantes bleues ou en
naines rouges, ce qui aurait des conséquences aussi désastreu-
ses sur la vie." C'est pourquoi Davies tire cette conclusion: "On
conçoit en ce cas qu'il n'y ait qu'un seul type d'univers
L'incroyance aujourd 'hui: Faut-il poursuivre la recherche? 337
Plus nous connaissons le monde
qui nous entoure, plus nous
avons de preuves de l'existence
d'un Créateur intelligent.

possible. S'il en est ainsi, il est remarquable de penser que notre


existence d'êtres conscients est une conséquence inéluctable de la
logique. " - C'est nous qui soulignons.
17
Que déduire de tout ce qui précède? En premier lieu, si
l'univers est régi par des lois, un législateur intelligent a
forcément formulé ou établi ces lois. Ensuite, puisqu'il apparaît
que les lois gouvernant l'univers sont prévues pour que la vie
existe et pour que des conditions favorables l'entretiennent,
elles répondent manifestement à un dessein. Une conception et
un dessein ne sont pas des caractéristiques du hasard aveugle;
17. a) Qu'indiquent clairement la conception et le dessein mani-
festes dans l'univers? b) Comment la Bible le confirme-t-elle?
338 L'humanité à la recherche de Dieu
, ce sont précisément les traits d'un Créateur intelligent. La Bible
va tout à fait dans ce sens lorsqu'elle déclare: "Ce qu'on peut
connaître de Dieu est parmi eux manifeste, parce que Dieu le
leur a manifesté. En effet, ses qualités invisibles se voient
distinctement depuis la création du monde, car elles sont
perçues par l'intelligence grâce aux choses qui ont été faites,
oui, sa puissance éternelle et sa divinité." - Romains 1:19, 20;
Esaïe 45:18; Jérémie 10:12.
Des preuves abondantes
18
Bien entendu, le bel ordonnancement de l'univers n'est
pas le seul à témoigner d'une conception et d'un dessein; on
les retrouve aussi dans la manière dont les créatures vivantes,
simples ou complexes, accomplissent leurs activités quoti-
diennes, se comportent les unes envers les autres et par rapport
à leur environnement. Par exemple, presque tous les organes
du corps humain - le cerveau, l'œil, l'oreille, la main -
témoignent d'une conception si compliquée que la science
moderne est incapable de l'expliquer complètement. Il y a
aussi la faune et la flore. La migration annuelle de certains
oiseaux qui parcourent des milliers de kilomètres au-dessus
des terres et des mers, le processus de la photosynthèse dans
les plantes, le développement d'un œuf fécondé en un orga-
nisme complexe composé de milliards de cellules différen-
ciées aux fonctions précises - pour ne citer que quelques
exemples-, voilà autant de preuves remarquables qui témoi-
gnent d'une conception intelligente*.
* Vous trouverez une explication détaillée des preuves de l'existence
de Dieu dans le livre La vie: comment est-elle apparue? Evolution ou
création? publié en 1985 par la Watchtower Bible and Tract Society of
New York, Inc., pages 142 à 178.

18. a) Dans quoi peut-on encore discerner une conception intelli-


gente et un dessein? b) Quels exemples familiers attestant une
conception intelligente pourriez-vous citer?
L'incroyance aujourd 'hui: Faut-il poursuivre la recherche? 339
preuves de l~authenticité de la Bible
Son auteur unique: De son pre- "Les romans, les légendes et les
mier livre, la Genèse, au dernier, la faux témoignages ont bien soin de
Révélation, la Bible se compose de situer les événements qu'ils rela-
66 livres écrits par une quaran- tent dans des endroits reculés et à
taine de personnes issues de mi- des époques indéfinies ( ... ). Par
lieux différents, ayant reçu une contre, les narrations bibliques
éducation différente et ayant nous donnent avec une très grande
exercé des métiers différents. Sa ré- précision la date et le lieu des évé-
daction s'est échelonnée sur 16 siè- nements qu'elles relatent." (Ezé-
cles, de 1513 avant notre ère à 98 chiel 1: 1-3 ). Le Nouveau Diction-
de notre ère. Pourtant, il en est naire biblique ( angl.) déclare de
résulté un livre harmonieux et co- son côté: "[Le rédacteur des Actes]
hérent, qui développe avec logique situe sa narration dans le cadre de
un thème dominant: la justification l'histoire contemporaine; ses pages
de Dieu et l'accomplissement de sont pleines de références à des
son dessein grâce au Royaume magistrats siégeant dans des villes,
messianique. - Voir encadré à des gouverneurs provinciaux et à
page 241. des rois soumis à l'Empire, ainsi
Son exactitude historique: Les que d'autres détails du même
événements rapportés dans la Bi- genre. Ces références s'avèrent
ble sont en complète harmonie l'une après l'autre conformes aux
avec les faits historiques établis. Le lieux et aux époques dont il est
livre Un juriste examine la Bible question." - Actes 4:5, 6; 18:12;
( angl.) renferme cette remarque: 23:26.

19D'aucuns rétorquent cependant que la science a réalisé


des progrès et a expliqué nombre de ces chefs-d'œuvre. C'est
vrai. Dans une certaine mesure, la science a élucidé de nom-
breux phénomènes autrefois mystérieux. Mais ce n'est pas
parce qu'un enfant découvre le fonctionnement d'une montre
que cette montre n'a pas été conçue et fabriquée par quel-
19. a) Les explications scientifiques de certains phénomènes
prouvent-elles qu'aucune intelligence ne les a conçus? b) Qu'ap-
prenons-nous en étudiant le monde qui nous entoure?
340 L 'humanité à la recherche de Dieu
Son exactitude scientifique: tion de Jérusalem, l'avènement
Dans le livre du Lévitique, les Israé- puis la chute des rois médo-perses
lites reçurent des lois sur la quaran- et grecs étaient prédits avec tant
taine et l'hygiène, alors que les na- de détails que les critiques ont
tions environnantes ignoraient tout prétendu à la légère que ces pro-
de telles mesures. Le cycle de la phéties avaient été écrites après
pluie et de l'évaporation sur les coup (Esaïe 13: 17-19; 44:27 à
océans, inconnu dans !'Antiquité, est 45:1; Ezéchiel 26:3-7; Daniel 8:1-
décrit en Ecclésiaste 1:7. Les versets 7, 20-22). Des prophéties concer-
d'Esaïe 40:22 et de Job 26:7 affir-
nant Jésus et énoncées des siècles
ment que la terre est sphérique et
avant sa naissance se sont accom-
suspendue dans l'espace, ce que la
science ne confirma qu'au XVI' siè- plies à la lettre. (Voir encadré
cle. Plus de 2 200 ans avant que Wil- page 245.) Quant aux prophéties
liam Harvey ne publie ses décou- de Jésus annonçant la destruction
vertes sur la circulation du sang, de Jérusalem, elles se réalisèrent
Proverbes 4:23 parlait du rôle du avec précision (Luc 19:41 -44;
cœur humain. Ainsi, bien que la 21 :20, 21 ). Les prophéties de Jé-
Bible ne soit pas un manuel de sus et de l'apôtre Paul désignant
science, quand elle aborde des ques- les derniers jours s'accomplissent
tions scientifiques elle témoigne à notre époque (Matthieu 24;
d'une connaissance profonde et lar- Marc 13; Luc 21; 2 Timothée 3:1-
gement en avance sur son temps. 5). Toutefois, la Bible attribue
Ses prophéties infaillibles: La toutes les prophéties à une seule
destruction de l'ancienne Tyr, la et même Source, Jéhovah Dieu.
chute de Babylone, la reconstruc- - 2 Pierre 1:20, 21.

qu'un. Pareillement, ce n'est pas parce que nous comprenons


le mécanisme merveilleux de nombreux éléments du monde
physique qu'aucune intelligence ne les a conçus. Au contraire,
plus nous en apprenons sur le monde qui nous entoure, plus
nous accumulons de preuves de l'existence d'un Créateur
intelligent, Dieu. Un esprit ouvert se sentira donc poussé à
reconnaître avec le psalmiste: "Que tes œuvres sont nombreu-
ses, ô Jéhovah! Toutes, tu les as faites avec sagesse. La terre est
pleine de tes productions." - Psaume 104:24.
L 'incroyance aujourd'hui: Faut-il poursuivre la recherche? 341
La Bible: peut-on y croire?
20
Néanmoins, il ne suffit pas de croire que Dieu existe pour
avoir envie de le rechercher. Des millions d'humains de nos
jours n'ont pas totalement perdu la foi en Dieu, mais cela ne les
incite pas pour autant à le rechercher. George Gallup Jr, statis-
ticien américain, fait remarquer qu' "en réalité, sous le rapport
de la tricherie, de la fraude fiscale et des larcins, il n'y a pas
grande différence entre les gens qui ont une religion et ceux
qui n'en ont pas, en grande partie parce que pour beaucoup la
religion n'est qu'une façade". Il ajoute que "bien des gens se
fabriquent simplement une religion qui ne les dérange pas, qui
leur chatouille les oreilles et qui ne les remet pas nécessaire-
ment en question. Quelqu'un a appelé cela la religion à la carte.
C'est là le principal défaut du christianisme dans ce pays [les
Etats-Unis] aujourd'hui: on ne croit pas avec conviction".
21
Ce "principal défaut" est dû essentiellement au manque
de connaissance biblique et de foi en la Bible. Mais quelle raison
a-t-on de croire à la Bible? D'abord, il est à noter qu'au cours de
!'Histoire aucun autre livre n'a sans doute été plus injustement
critiqué, attaqué, haï et controversé. Pourtant, la Bible a survécu
à toutes les tourmentes, et elle est devenue le livre le plus traduit
et le plus diffusé. Cela en soi fait de la Bible un livre hors du
commun. Toutefois, on dispose de preuves abondantes et
convaincantes établissant que la Bible est un livre inspiré par
Dieu et digne d'être cru. - Voir l'encadré des pages 340 et 341.
22
Même si de nombreuses personnes ont plus ou moins
prétendu que la Bible n'est pas scientifique, qu'elle se contredit
et qu'elle est périmée, les faits leur donnent tort. Son auteur
unique, son exactitude historique et scientifique, et ses prophé-
ties infaillibles nous amènent inévitablement à cette conclu-
20. Qu'est-ce qui montre qu'il ne suffit pas de croire en Dieu pour
avoir envie de le rechercher?
21, 22. a) Qu'est-ce 9ui fait de la Bible un livre hors du commun?
b) Quelles preuves elémentaires démontrent l'authenticité de la
Bible? Expliquez.
342 L 'humanité à la recherche de Dieu
sion: la Bible est la Parole inspirée de Dieu. L'apôtre Paul
l'affirme quant à lui: "Toute Ecriture est inspirée de Dieu et
utile." - 2 Timothée 3:16.
L'incroyance: un défi à relever
23 Que conclure après avoir considéré les faits que présen-

tent le livre de la création et la Bible? Que ces livres ont tout


autant de valeur aujourd'hui que par le passé. Si nous sommes
prêts à approfondir la question sans nous laisser influencer par
des préjugés, nous nous apercevons que toutes les objections
peuvent être surmontées avec logique. Les réponses sont à
portée de main, pour peu que nous nous donnions la peine de
les chercher. Jésus n'a-t-il pas dit: "Continuez à chercher, et
vous trouverez." - Matthieu 7:7; Actes 17: 11.
24 Au fond, la plupart des gens qui ont cessé de rechercher

Dieu n'ont pas renoncé parce qu'ils ont pesé personnellement


les faits et qu'ils ont mis la Bible en défaut. Non, beaucoup ont
renoncé parce que la chrétienté n'a pas présenté le vrai Dieu de
la Bible. Un écrivain français, P. Valadier, l'a dit d'ailleurs: "C'est
la tradition chrétienne qui a produit l'athéisme comme son
fruit; elle a abouti au meurtre de Dieu dans la conscience des
hommes, puisqu'elle leur présente un Dieu devenu incroyable."
Quoi qu'il en soit, nous pouvons puiser du réconfort dans ces
paroles de l'apôtre Paul: "Alors de quoi s'agit-il? Si quelques-uns
n'ont pas fait montre de foi, leur manque de foi va-t-il rendre
inopérante la fidélité de Dieu? Que ce ne soit jamais le cas! Mais
que Dieu soit reconnu véridique, tout homme fût-il reconnu
menteur." (Romains 3:3, 4). Effectivement, nous avons toutes
les raisons du monde de continuer à rechercher le vrai Dieu.
Dans les derniers chapitres de ce livre, nous verrons comment
cette recherche a été menée à son terme, et quel sera l'avenir de
l'humanité.
23. Que peut-on conclure au sujet de la Bible quand on examine
les faits?
24. a) Pourquoi beaucoup om-ils cessé de rechercher Dieu? b) Où
pouvons-nous puiser du réconfort? c) Que verrons-nous à la fin de
ce livre?
L'incroyance aujourd 'hui: Faut-il poursuivre la recherche? 343
_ _ _ _ _ _ _ _CHAPITRE 15 _ _ _ _ _ _ __

Un retour
au vrai Dieu
"Je vous donne un commandement nouveau: que vous vous
aimiez les uns les autres, et que, comme je vous ai aimés, vous
aussi vous vous aimiez les uns les autres. A ceci tous recon·
naîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l'amour
entre vous." - Jean 13:34, 35.

PAR ces paroles, Jésus établissait un critère auquel devraient


satisfaire ceux qui se prétendraient ses vrais disciples. L'amour
chrétien devait transcender toutes les divisions raciales, triba-
les et nationales. Cela exigerait des vrais chrétiens qu'ils ne
fassent "pas partie du monde" au même titre que Jésus ne faisait
et ne fait toujours "pas partie du monde". - Jean 17:14, 16;
Romains 12:17-21.
2
Comment le chrétien montre-t-il qu'il ne fait "pas partie
du monde"? Quelle doit être, par exemple, son attitude à l'égard
des troubles politiques, des révolutions et des guerres de notre
époque? L'apôtre chrétien Jean écrivit, en harmonie avec les
paroles de Jésus citées plus haut: "Quiconque ne pratique pas
la justice n'est pas issu de Dieu, ni celui qui n'aime pas son frère.
Car voici le message que vous avez entendu dès le commence-
ment: que nous nous aimions les uns les autres." Jésus lui-
même expliqua pourquoi ses disciples n'avaient pas combattu
pour le délivrer; il dit: "Mon royaume ne fait pas partie de ce
monde. Si mon royaume faisait partie de ce monde, mes gens
auraient combattu( ... ). Mais voilà, mon royaume ne vient pas
de là." Même quand la vie de Jésus fut en jeu, ses gens
1, 2. Quel effet l'amour devrait-il avoir parmi les vrais chrétiens?
344 L ' humanité à la recherche de Dieu
n'essayèrent pas d'empêcher sa mort en recourant à la force, à
la manière du monde. - 1 Jean 3: 10-12; Jean 18:36.
3 Plus de 700 ans avant Christ, Esaïe avait prédit que des gens
de toutes les nations s'uniraient dans le vrai culte de Jéhovah
et n'apprendraient plus la guerre. Il déclara: "Et il adviendra
sans faute, dans la période finale des jours, que la montagne de
la maison de Jéhovah se trouvera solidement établie au-dessus
du sommet des montagnes, ( ... ) et vers elle devront affluer
toutes les nations. Et assurément de nombreux peuples iront et
diront: 'Venez et montons à la montagne de Jéhovah, à la
maison du Dieu de Jacob; et il nous instruira de ses voies, et
nous marcherons dans ses sentiers.' Car de Sion sortira la loi, et
de Jérusalem la parole de Jéhovah. Et il rendra sentence au
milieu des nations et remettra les choses en ordre concernant
de nombreux peuples. Et ils devront forger leurs épées en socs
de charrue et leurs lances en cisailles à émonder. Une nation ne
lèvera pas l'épée contre une nation, et ils n'apprendront plus la
guerre*." - Esaïe 2:2-4.
4
De toutes les religions du monde, laquelle s'est démarquée
en remplissant ces conditions? Qui, malgré la prison, les camps
de concentration et des condamnations à mort, a refusé d'ap-
prendre la guerre?
Amour chrétien et neutralité
5 Les Témoins de Jéhovah sont mondialement connus pour
leur neutralité chrétienne, attitude qu'ils adoptent personnel-
lement et en conscience. Tout au long du xx 0 siècle, ils ont
• Ces deux dernières phrases figurent sur le "Mur d'Esaïe" devant les
bâtiments des Nations unies ainsi que sur une statue érigée dans les
jardins de cette organisation; la raison en est que l'un des objectifs des
Nations unies est d'accomplir ces paroles.

3, 4. a) Qu'avait prédit Esaïe à propos de "la période finale des


jours"? b) Quelles questions exigent une réponse?
5. Comment les Témoins de Jéhovah ont-ils à titre individuel
montré leur neutralité chrétienne, et pourquoi?
Un retour au vrai Dieu 345
T'.fE~.-+S~,~;t BE;\T -~H~~ ~Xlb:;si ''é'j
P l'. CWSH~RE.S . .~N D \rf-'EIR. SJ'if.1\RSLJ.201
r------~ .. -- .
PF>.UNI N C H O KS!, -.: AtlO ' . S 1 ~AiLL >.;QT Lll'
~~_S\X{~=--') AG~llNS~J '>:A~} 9 '\-~~h':i.I:
· c:·.: 1-,· ·
- r, - -,
-·.JJv
. r
T-:- ,
-l-~ ' . "\
WA- ANY\VO'<\
'>SAlA:
---·-~~-·-··- ... - ,.--

"Nous forgerons nos épées en socs


de charrue", lit-on sous une statue
de l'O.N.U. dédiée à la paix;
le "Mur d'Ésaïe" cite le texte biblique.

enduré la prison, les camps de concentration, la torture, la


déportation et d'autres persécutions, parce qu'ils refusent de
sacrifier l'amour et l'unité qui caractérisent leur congrégation
internationale de chrétiens attachés à Dieu. Dans l'Allemagne
nazie, entre 1933 et 1945, environ un millier de Témoins
moururent et des milliers furent emprisonnés parce qu'ils
refusaient de soutenir l'effort de guerre de Hitler. De même,
dans l'Espagne fasciste de Franco, des centaines de jeunes
Témoins ont été jetés en prison; beaucoup sont restés en
moyenne dix années dans des prisons militaires plutôt que
d'apprendre la guerre. A ce jour encore, dans plusieurs pays, de
nombreux jeunes Témoins de Jéhovah purgent de longues
peines de prison en raison de leur neutralité chrétienne.
Cependant, les Témoins de Jéhovah ne contrecarrent pas les
projets militaires des gouvernements. Dans tous les conflits et
les guerres qui ont secoué le xxc siècle, ils sont demeurés
strictement neutres par rapport aux affaires politiques. Cette
constante de leurs croyances, la neutralité, les identifie aux
vrais disciples du Christ et les différencie des religions de la
chrétienté. - Jean 17:16; 2 Corinthiens 10:3-5.
346 L 'hum'anité à la recherche de Dieu
La neutralité chrétienne dans la Rome païenne
Conformément aux principes d'amour et de paix enseignés par Jésus,
et s'appuyant sur leur étude de la Parole de Dieu, les premiers chrétiens
ne participaient pas aux guerres ni ne s'entraînaient en vue d'y prendre
part. Jésus avait dit: "Mon royaume ne fait pas partie de ce monde. Si mon
royaume faisait partie de ce monde, mes gens auraient combattu pour
que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais voilà, mon royaume ne vient pas
de là." - Jean 18:36.
Beaucoup plus tard, en 295 de Jéhovah du monde entier, après
notre ère, Maximilien de Théveste, avoir étudié personnellement la Bi·
fils d'un vétéran de l'armée ro· ble, ont écouté la voix de leur cons·
maine, fut enrôlé pour le service cience en adoptant une position
militaire. Quand le proconsul lui identique. Il est des pays où certains
demanda son nom, il répondit: d'entre eux l'ont payé de leur vie;
"Pourquoi veux·tu savoir mon dans l'Allemagne nazie notamment,
nom? Je suis objecteur de cons· beaucoup furent fusillés, pendus ou
cience au service militaire: je suis décapités pendant la Seconde
chrétien. ( ... )Je ne peux servir; je Guerre mondiale. Mais leur unité
ne peux pécher contre ma cons· mondiale, fondée sur l'amour chré·
cience." Le proconsul l'avertit tien, n'a jamais été brisée. Personne,
qu'il perdrait la vie s'il n'obéissait au cours d'une guerre, n'est jamais
pas. "Je ne veux pas servir. Tu mort des mains d'un chrétien Té·
peux me couper la tête, mais je ne moin de Jéhovah. L'Histoire aurait
servirai pas dans les armées du vraiment été différente si tous les
monde, je.veux uniquement servir prétendus chrétiens avaient aussi
mon Dieu." - La religion vue par appliqué la règle de l'amour énon·
un historien, Arnold Toynbee. cée par le Christ. - Romains 13:8·
Anotre époque, les Témoins de 10; 1 Pierre 5:8, 9.

6 En adhérant à la Bible et en suivant l'exemple du Christ,

les Témoins de Jéhovah démontrent qu'ils pratiquent le culte


du vrai Dieu, Jéhovah. Ils reconnaissent que l'amour de Dieu
6, 7. Qu'est-ce que les Témoins de Jéhovah ont compris au sujet du
christianisme?
Un retour au vrai Dieu 347
transparaît dans la vie et le sacrifice de Jésus. Ils comprennent
que le véritable amour chrétien produit une famille internatio-
nale et indivisible de frères, qui est au-dessus des dissensions
politiques, raciales et nationales. En d'autres termes, le christia-
nisme est plus qu'international, il est supranational; il surpasse
les frontières, l'autorité ou les intérêts nationaux. Il tient la race
humaine pour une même famille, issue d'un ancêtre commun
et ayant un Créateur commun, Jéhovah Dieu. - Actes 17:24-28;
Colossiens 3:9-11.
7
Alors que presque toutes les autres religions ont été
impliquées dans des guerres - fratricides et homicides -, les
Témoins de Jéhovah ont montré qu'ils prennent à cœur la
prophétie d'Esaïe 2:4, citée plus haut. 'Mais, demanderez-vous
peut-être, d'où viennent les Témoins de Jéhovah? Comment
sont-ils organisés?'
Les témoins de Dieu: une longue lignée
8 Il y a plus de 2 700 ans, le prophète Esaïe lança aussi
l'invitation suivante: "Recherchez Jéhovah, pendant qu'on peut
le trouver. Appelez vers lui, pendant qu'il est proche. Que le
méchant quitte sa voie et l'homme malfaisant ses pensées; et
qu'il revienne à Jéhovah, qui aura pitié de lui, et à notre Dieu,
car il pardonnera largement!" - Esaïe 55:6, 7.
9 Des siècles plus tard, l'apôtre chrétien Paul expliqua aux
Grecs d'Athènes qui étaient "voués à la crainte des divinités
[mythologiques]": "D'un seul homme [Dieu] a fait toutes les
nations d'hommes pour habiter sur toute la surface de la terre,
et il a établi par décret les temps assignés et les limites fixées de
l'habitation des hommes, pour qu'ils cherchent Dieu, si toute-
fois ils le cherchent à tâtons et le trouvent vraiment, quoiqu'en
réalité il ne soit pas loin de chacun de nous." - Actes 17:22-28.
10
Dieu n'était certainement pas loin d'Adam et d'Eve, ses
créatures humaines. Il leur parlait, leur communiquait ses

8, 9. Quelle invitation Dieu a-t-il lancée à l'humanité?


10. Comment savons-nous que Dieu n'était pas loin d'Adam, d'Eve
et de leurs enfants?
348 L'humanité à la recherche de Dieu
commandements et leur exprimait ses souhaits. En outre, Dieu
ne se cacha pas à leurs fils, Caïn et Abel. Il conseilla Caïn, qui
était rongé par la haine et qui enviait son frère dont le sacrifice
avait été agréé par Dieu. Néanmoins, au lieu de changer sa
façon d'adorer, Caïn fit montre de jalousie, d'intolérance reli-
gieuse, et il assassina son frère. - Genèse 2:15-17; 3:8-24; 4:1-16.
11
Abel, par sa fidélité à Dieu jusqu'à la mort, devint le
premier martyr*. Il fut également le premier témoin de Jého-
vah et le précurseur d'une longue lignée de témoins fidèles qui
se sont succédé tout au long de !'Histoire. C'est pourquoi Paul
put déclarer: "Par la foi, Abel offrit à Dieu un sacrifice de plus
grande valeur que celui de Caïn et, grâce à elle, il reçut le
témoignage qu'il était juste, Dieu rendant témoignage à propos
de ses dons; et grâce à elle, bien que mort, il parle encore."
- Hébreux 11:4.
12
Toujours dans la lettre aux Hébreux, Paul dresse une
longue liste d'hommes et de femmes fidèles, tels Noé, Abraham,
Sara et Moïse, qui, de par leur intégrité, formèrent une "grande
nuée de témoins (grec marturônJ" et furent des exemples ainsi
qu'un encouragement pour d'autres humains qui désiraient
connaître et servir le vrai Dieu. Ces hommes comme ces
femmes entretenaient des relations avec Jéhovah Dieu. Ils
l'avaient recherché et ils l'avaient trouvé. - Hébreux 11:1 à
12:1.
i3 L'un de ces témoins se distingua parmi les autres; dans le

* Le mot grec martur, d'où vient le mot français "martyr" ("qui porte
témoignage par sa mort", An Expository Dictionary of New Testament
Words, W. Vine), signifie en réalité "témoin" ("qui déclare, ou peut décla-
rer ce qu'il a lui-même vu ou entendu, ou qui sait par tout autre moyen" ,
A Greek-English Lexicon of the New Testament,]. Thayer).

11. a) Que signifie le mot "martyr"? b) Comment Abel devint-il le


..... premier martyr?
12. Citez d'autres exemples de témoins de Jéhovah fidèles.
13. a) Pourquoi Jésus est-il une manifestation remarquable de
l'amour de Dieu? b) Sous quel rapport Jésus est-il particulièrement
un exemple pour ses disciples?
Un retour au vrai Dieu 349
livre de la Révélation, il est appelé "Jésus Christ, 'le Témoin
fidèle'" . Jésus est encore une preuve évidente de l'amour de
Dieu, comme Jean l'a écrit: "Nous avons vu et attestons que le
Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. Quiconque
confesse que Jésus Christ est le Fils de Dieu, Dieu demeure en
union avec lui et lui en union avec Dieu. Et nous, nous avons
appris à connaître et nous avons cru l'amour que Dieu a dans
notre cas." Né Juif, Jésus fut un véritable témoin; il mourut en
martyr, par fidélité à son Père, Jéhovah. Pareillement, les
authentiques disciples du Christ seraient à toutes les époques
ses témoins et ceux du vrai Dieu, Jéhovah. - Révélation 1:5;
3:14; 1Jean4:14-16; Esaïe 43:10-12; Matthieu 28:19, 20; Actes 1:8.
14 La prophétie d'Esaïe précisait qu'un retour au vrai Dieu,

Jéhovah, s'opérerait; ce serait une caractéristique de "la période


finale des jours", que d'autres passages de la Bible appellent "les
derniers jours*". Eu égard à la diversité des religions et à la
confusion qui règne en leur sein, et que nous avons décrites
dans ce livre, une question se pose: Qui, en ces derniers jours
que nous traversons, a réellement recherché le vrai Dieu pour
le servir "avec l'esprit et la vérité"? Pour répondre, nous devons
d'abord nous attarder sur des événements qui se sont déroulés
au xrxe siècle. - Esaïe 2:2-4; 2 Timothée 3:1-5; Jean 4:23, 24.
Un jeune homme à la recherche de Dieu
15 En 1870, un jeune homme plein de zèle, Charles Taze
Russell (1852-1916), commença à se poser de nombreuses
questions à propos des enseignements traditionnels de la
chrétienté. Durant sa jeunesse, il travailla au magasin de con-
fection de son père à Allegheny, une ville industrielle et animée
(aujourd'hui un quartier de Pittsburgh), en Pennsylvanie, aux
• Vous trouverez un examen détaillé des "derniers jours" dans le livre
Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis,
publié en 1982 par la Watchrower Bible and Tract Society of New York,
!ne., chapitre 18.

14. Quelle question appelle maintenant une réponse?


15. a) Qui était Charles Taze Russell? b) De quoi doutait-il notam-
ment?
350 L'humanité à la recherche de Dieu
Etats-Unis. Il connaissait les religions presbytérienne et congré-
gationaliste. Cependant, des enseignements comme la prédes-
tination et les tourments éternels dans le feu de l'enfer le
troublaient. Quelles raisons avait-il de douter de ces doctrines,
fondamentales dans certaines religions de la chrétienté? Il
écrivit: "Un Dieu qui créerait par sa puissance des êtres humains
en les prédestinant aux supplices éternels ne serait ni sage, ni
juste, ni bienveillant. Sa morale serait inférieure à celle de bien
des hommes." - Jérémie 7:31; 19:5; 32:35; 1Jean4:8, 9.
16
Russell n'avait pas encore 20 ans qu'il organisa une étude
16, 17. a) A quels enseignements le groupe d'étude biblique de
Russell s'intéressa-Hl particulièrement? b) Quel grave désaccord
survint, et que répondit Russell?

Les Témoins
de Jéhovah
croient
que le sacrifice
du Christ
a été offert
pour racheter
les péchés
de l'humanité.

'

'
Eif

hebdomadaire de la Bible avec d'autres jeunes hommes. Ils se


mirent à analyser ce qu'enseignait la Bible sur différents sujets,
notamment l'immortalité de l'âme, le sacrifice rédempteur du
Christ et sa seconde venue. En 1877, à 25 ans, Russell vendit sa
part de l'entreprise florissante de son père pour entamer une
carrière de prédicateur à plein temps.
17
En 1878, un grave désaccord opposa Russell à l'un de ses
collaborateurs, qui avait rejeté l'enseignement selon lequel la
mort du Christ pouvait faire propitiation pour les pécheurs.
Russell lui objecta ces arguments: "Le Christ nous a apporté
différents bienfaits par sa mort et sa résurrection. Il fut notre
substitut dans la mort; il mourut en juste pour les injustes
- tous étaient injustes. Jésus Christ par la grâce de Dieu goûta
la mort pour tous les hommes. ( ...) Il devint l'auteur du salut
éternel en faveur de tous ceux qui lui obéissent." Il poursuivit:
"Racheter signifie récupérer par achat. Qu'est-ce que le Christ
récupéra par achat pour tous les hommes? La vie. Nous l'avons
perdue à cause de la désobéissance du premier Adam. Le
second Adam [le Christ) la récupéra par achat avec sa propre
vie." - Marc 10:45; Romains 5:7, 8; 1 Jean 2:2; 4:9, 10.
18
Défenseur ardent et irréductible de la doctrine de la
rançon, Russell rompit tout lien avec cet ancien collaborateur.
En juillet 1879, il commença à publier le Phare de la Tour de
Sion, Messager de la présence de Christ, connu mondialement
aujourd'hui sous le titre La Tour de Garde annonce le Royaume
de Jéhovah. En 1881, il s'associa à d'autres chrétiens voués à
Dieu et fonda une association biblique à but non lucratif.
C'était la Zion's Watch Tower Tract Society, aujourd'hui la
Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania, qui est
l'instrument juridique dont se servent les Témoins de Jéhovah.
Dès les tout premiers débuts, Russell insista pour qu'on ne fasse ;:.·
pas de collectes aux réunions des congrégations et qu'on ne A
sollicite pas d'offrandes dans les publications de la Société
18. a) Que se passa-t-il à la suite du désaccord sur la rançon?
b) Quel modèle les Etudiants de la Bible suivaient-ils pour ce qui
était des offrandes?
352 L 'humanité à la recherche de Dieu
Watch Tower. Les gens qui se joignirent à Russell pour étudier
la Bible en profondeur furent simplement appelés les Etudiants
de la Bible.
Retour à la vérité biblique
19 L'étude de la Bible amena Russell et ses associés à répudier
des enseignements de la chrétienté, tels que la mystérieuse
"Très-Sainte Trinité", l'âme immortelle inhérente à l'homme et
les tourments éternels dans le feu de l'enfer. Ils contestèrent
aussi la nécessité d'un clergé séparé des laïcs et formé dans des
séminaires. Ils voulaient revenir au christianisme originel,
caractérisé par l'humilité, au sein duquel des anciens ayant les
qualités spirituelles requises dirigeaient les congrégations sans
espérer ni salaire ni rémunération. - 1 Timothée 3:1-7; Tite
1:5-9.
20
Dans le cadre de leur examen de la Parole de Dieu, ces
Etudiants de la Bible s'intéressèrent de près aux prophéties des
Ecritures grecques chrétiennes qui se rapportent à "la fin du
monde" et à la "venue" du Christ (Matthieu 24:3, Os). En se
penchant sur le texte grec, ils découvrirent que la "venue" du
Christ était en réalité une "parousia • ou présence invisible. C'est
pourquoi le Christ avait informé ses disciples des preuves qui
témoigneraient de sa présence invisible au temps de la fin, et
non d 'une future venue visible. Ne s'arrêtant pas là, les Etu-
diants de la Bible désiraient ardemment comprendre la chro-
nologie biblique relative à la présence du Christ. Russell et ses
associés ne saisirent pas tous les détails, mais ils comprirent que
1914 serait une date cruciale de l'histoire humaine. - Matthieu
24:3-22; Luc 21:7-33,Int.
21
Russell savait qu'il fallait accomplir une grande œuvre de
prédication. Il percevait la portée de ces paroles de Jésus
19. Quels enseignements de la chrétienté les Etudiants de la Bible
répudièrent-ils?
20. Que découvrirent ces Etudiants de la Bible à propos de la
parousia du Christ et de 1914?
21. De quelle responsabilité Russell et ses compagnons croyants se
sentaient-ils investis?
Un retour au vrai Dieu 35 3
consignées par Matthieu: "Et cette bonne nouvelle du royaume
sera prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour
toutes les nations; et alors viendra la fin." (Matthieu 24: 14; Marc
13:10). La prédication de ces Etudiants de la Bible avant 1914
avait un caractère urgent. Ils pensaient que leur activité pren-
drait fin cette année-là, et donc qu'ils devaient faire tous leurs
efforts pour aider autrui à connaître "cette bonne nouvelle du
royaume". Les sermons bibliques de Russell furent publiés dans
des milliers de journaux du monde entier.
Épreuves et changements
22
En 1916, à 64 ans, Charles Taze Russell mourut subitement
au cours d'une tournée de prédication aux Etats-Unis. Qu'al-
lait-il advenir des Etudiants de la Bible? Disparaîtraient-ils,
comme s'ils n'étaient que les disciples d'un homme? Comment
affronteraient-ils les épreuves suscitées par la Première Guerre
mondiale ( 1914-1918), ce carnage dans lequel les Etats-Unis
étaient sur le point d'être entraînés?
3 Les propos de William Van Amburgh, un administrateur
2

de la Société Watch Tower, donnent une bonne idée de la


réaction qu'eurent la plupart des Etudiants de la Bible: "Cette
œuvre mondiale n'est pas l'œuvre d'un seul homme. Elle est
bien trop vaste. C'est l'œuvre de Dieu et elle ne change pas.
Dieu a employé de nombreux serviteurs dans le passé, et sans
doute fera-Hl appel à bien d'autres dans l'avenir. Nous ne nous
sommes pas consacrés à un homme, ni à l'œuvre d'un homme,
mais à l'accomplissement de la volonté de Dieu, telle qu'il nous
la révèle par sa Parole et sa providence. Dieu est toujours à la
barre." - 1 Corinthiens 3:3-9.
24
En janvier 1917, Joseph Rutherford, homme de loi et
étudiant sincère de la Bible, fut élu second président de la
Société Watch Tower. Il était dynamique et ne se laissait pas
22-24. a) Quelle fut la réaction de la pluJ?art des Etudiants de la
Bible à la mort de Russell? b) Qui succeda a Russell à la présidence
de la Société Watch Tower?
354 L'humanité à la recherche de Dieu
intimider. Il savait que le Royaume de Dieu devait être prêché.
- Marc 13:10.
Un zèle renouvelé et un nouveau nom
25 La Société Watch Tower organisa des assemblées aux

Etats-Unis en 1919 et en 1922. Après la persécution qui avait


sévi dans le pays pendant la Première Guerre mondiale, ces
rassemblements étaient presque une nouvelle Pentecôte pour
les quelques milliers d'Etudiants de la Bible de l'époque (Actes
2: 1-4). Au lieu de céder à la crainte de l'homme, ils répondirent
avec plus d'ardeur encore à l'appel biblique leur enjoignant
d'aller prêcher aux nations. En 1919, la Société Watch Tower
édita en plus de La Tour de Garde un périodique qu'elle intitula
L '.Age d'Or; il est aujourd'hui connu dans le monde entier sous
le titre Réveillez-vous!. Il a été un instrument efficace pour
réveiller les gens quant à la signification de l'époque que nous
vivons et pour les inciter à mettre leur confiance dans les
promesses d'un monde nouveau et paisible qu'a énoncées le
Créateur.
26
Pendant les années 20 et 30, les Etudiants de la Bible
mirent de plus en plus l'accent sur la méthode qu'utilisaient les
premiers chrétiens pour prêcher: ils allaient de maison en
maison (Actes 20:20 ). Chaque croyant avait la responsabilité de
donner le témoignage concernant la domination du Royaume
du Christ au plus grand nombre de personnes. En étudiant la
Bible, ils discernèrent nettement que l'humanité se trouve face
à une question capitale, celle de la souveraineté universelle, et
que Jéhovah Dieu la trancherait en écrasant Satan et en faisant
cesser les œuvres par lesquelles il saccage la terre (Romains
16:20; Révélation 11:17, 18). Le contexte de cette question
laissait apparaître que le salut de l'homme était secondaire par
rapport à la justification de Dieu, le Souverain légitime. C'est
25. Comment les Etudiants de la Bible relevèrent-ils le défi posé
par la situation qui régnait après la Première Guerre mondiale?
26. a) Sur quelle responsabilité les Etudiants de la Bible mirent-ils
de plus en plus l'accent? b) Qu'est-ce que les Etudiants de la Bible
discernèrent plus nettement dans les Ecritures?
Un retour au vrai Dieu 355
l.Js croyances des Témoins de Jéhovah
Question: Qu'est-ce qu'une âme? - elle, elle mourra." - Ezéchiel
Réponse: Dans la Bible, l'âme (hé- 18:4.
breu nèphèsh; grec psukhê) est soit Question: Dieu est-il une Trinité?
une personne, soit un animal, soit la Réponse: Les Témoins de Jéhovah
vie qui anime l'un ou l'autre. croient que Jéhovah est le Souve-
"Puis Dieu dit: 'Que la terre pro- rain Seigneur de l'univers et qu'il
duise des âmes vivantes selon leurs n'a pas d'égal. "Ecoute, ô Israël: Jé-
espèces: animal domestique, et ani- hovah, notre Dieu, est un seul Jého-
mal qui se meut, et bête sauvage de vah." (Deutéronome 6:4 ). Jésus
la terre selon son espèce!' Alors Jé- Christ, la Parole, était une créature
hovah Dieu forma l'homme de la
spirituelle; il est venu sur la terre
poussière du sol et souffla dans ses
narines le souffle de vie, et l'homme par obéissance à son Père. Il est
devint une âme vivante." - Genèse soumis à Jéhovah. "Mais quand tou-
1:24; 2:7. tes choses lui auront été soumises
[au Christ], alors le Fils aussi se
Les animaux et l'homme SONT
soumettra lui-même à Celui qui lui
des âmes vivantes. L'âme n'est pas
quelque chose qui vit indépendam- a soumis toutes choses, afin que
ment du corps. Elle peut mourir et Dieu soit tout pour tous." - 1 Co-
meurt effectivement. "Voici, toutes rinthiens 15:28; voir aussi Matthieu
les âmes - elles m'appartiennent. 24:36; Marc 12:29;Jean 1:1-3, 14-
Comme l'âme du père, ainsi, pareil- 18; Colossiens 1: 15-20.
lement, l'âme du fils - elles m'ap- L'esprit saint est la force agis-
partiennent. L'âme qui pèche sante de Dieu, son énergie en ac-

Les Témoins
de Jéhovah
se réunissent
régulièrement
dans des Salles
du Royaume
pour étudier
la Bible.
tion, et non une personne. - Actes Question: Les Témoins de Jéhovah
2:1-4, 17, 18. célèbrent-ils la messe ou commu-
Question: Les Témoins de Jého- nion?
vah adorent-ils ou vénèrent-ils des Réponse: Les Témoins de Jéhovah
idoles? ne croient pas à la transsubstantia-
Réponse: Les Témoins de Jého- tion qu'enseigne l'Eglise catholique.
vah ne pratiquent aucune forme Ils célèbrent le Repas du Seigneur à
d'idolâtrie, que ce soit envers des la date correspondant au 14 Nisan
idoles, des personnes ou des orga- juif (généralement en mars ou en
nisations. avril) pour commémorer chaque
année la mort de Christ. Lors de
"Nous savons qu'une idole n'est cette réunion, ils font passer dans
rien dans le monde et qu'il n'y a toute la congrégation du pain sans
pas d'autre Dieu, hormis un seul. levain et du vin rouge qui symboli-
Car, bien qu'il y ait ceux qu'on sent le corps sans péché de Christ et
appelle 'dieux', soit au ciel, soit sur son sang sacrificiel. Seuls ceux qui
la terre, tout comme il y a beau- ont l'espérance de régner avec
coup de 'dieux' et beaucoup de Christ dans son Royaume céleste
'seigneurs', cependant pour nous il participent à ces emblèmes. - Marc
n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de 14:22-26; Luc 22:29; 1 Corinthiens
qui sont toutes choses, et nous 11:23-26; Révélation 14:1-5*.
pour lui; et il n'y a qu'un seul Sei-
gneur, Jésus Christ, par l'entremise • Vous trouverez d'autres rensei-
de qui sont toutes choses, et nous gnements sur ce sujet dans le livre
par son entremise." - 1 Corin- Comment raisonner à partir des Ecri-
tures, publié en 1986 par la Watch-
thiens 8:4-6; voir aussi Psaume tower Bible and Tract Society of
135:15-18. New York, !ne., pages 241 à 249.

Salles du Royaume:
lchihara, Japon
(page précédente),
et Boituva, Brésil.
pourquoi il faudrait sur la terre de fidèles témoins disposés à
proclamer les desseins et la suprématie de Dieu. Comment ce
besoin allait-il être comblé? - Job 1:6-12; Jean 8:44; 1 Jean
5:19, 20.
27
En juillet 1931, les Etudiants de la Bible tinrent une
assemblée à Columbus, aux Etats-Unis, au cours de laquelle
les milliers d'assistants adoptèrent une résolution: ils prirent
joyeusement 'le nom que le Seigneur Dieu leur avait donné de
sa propre bouche et par lequel ils désiraient être connus et
appelés, c'est-à-dire le nom de "témoins de Jéhovah" '. Depuis
cette date, les Témoins de Jéhovah se sont fait connaître dans
le monde entier non seulement par leurs croyances, mais aussi
par leur prédication zélée de maison en maison et dans les rues.
(Voir les pages 356 et 357.) - Esaïe 43:10-12; Matthieu 28:19,
20; Actes 1:8.
28
En 1935, les Témoins eurent une intelligence plus claire
de ce qu'étaient la classe du Royaume céleste, qui régnera avec
le Christ, et les sujets terrestres de ce Royaume. Ils savaient déjà
que le nombre des chrétiens oints de l'esprit appelés à régner
avec le Christ depuis les cieux se limiterait à 144000. Quelle
espérance aurait donc le reste de l'humanité? Un gouverne-
ment a besoin de sujets pour justifier son existence. Ce gouver-
nement céleste, le Royaume, aurait aussi des millions de sujets
obéissants sur la terre. Il s'agirait de la "grande foule que
personne ne pouvait dénombrer, de toutes nations et tribus et
peuples et langues", qui crie: "Le salut, nous le devons à notre
Dieu [Jéhovah] qui est assis sur le trône, et à !'Agneau [Jésus
Christ]." - Révélation 7:4, 9, 10; 14:1-3; Romains 8:16, 17.
29 En comprenant ce qu'était la grande foule, les Témoins de

Jéhovah s'aperçurent qu'ils avaient un défi démesuré à relever:


trouver et enseigner les millions d'humains qui recherchaient
le vrai Dieu et qui composeraient cette "grande foule". Cette
27. a) Quel événement très important eut lieu en 1931? b) Quelles
sont quelques-unes des croyances qui distinguent les Témoins?
28. En 1935, que comprirent plus clairement les Témoins quant à
la domination du Royaume?
29. Quel défi les Témoins perçurent-ils et relevèrent-ils?
358 L'humanité à la recherche de Dieu
tâche ne s'effectuerait qu'au prix d'une campagne internatio-
nale d'enseignement. Elle nécessiterait la formation d'orateurs
et de ministres. Il faudrait des écoles. Le troisième président de
la Société Watch Tower prit conscience de tout cela.
On recherche dans le monde entier
les hommes en quête de Dieu
30 En 1931, on ne comptait même pas 50000 Témoins

répartis dans moins de 50 pays. Les événements des années 30


et 40 ne furent pas pour faciliter la prédication qu'ils effec-
tuaient, puisque c'est alors qu'apparurent le fascisme et le
nazisme, et qu'éclata la Seconde Guerre mondiale. En 1942,
Joseph Rutherford mourut. La Société Watch Tower allait avoir
besoin d'une direction vigoureuse pour continuer de stimuler
la prédication des Témoins de Jéhovah.
31 En 1942, à 36 ans, Nathan Knorr fut choisi comme

troisième président de la Société Watch Tower. C'était un


organisateur énergique, pleinement conscient qu'il fallait pro-
mouvoir la prédication de la bonne nouvelle dans le monde
entier aussi vite que possible, même si les nations étaient
toujours aux prises dans la Seconde Guerre mondiale. Il mit
donc immédiatement à exécution le projet d'une école de
missionnaires, qu'on appela Galaad, !'Ecole biblique de la
Société Watchtower*. Les cent premiers étudiants, tous minis-
tres à plein temps, s'inscrivirent en janvier 1943. Pendant
presque six mois, ils étudièrent intensivement la Bible et
d'autres sujets liés au ministère chrétien avant de rejoindre leur
affectation, principalement dans des pays étrangers. Jusqu'en
1990, 89 classes ont reçu leur diplôme, et des milliers de
ministres sortis de Galaad sont allés servir par toute la terre.
* Galaad, qui vient de Gal'édh en hébreu, signifie "monceau-témoin".
Voir aussi !'Auxiliaire pour une meilleure intelligence ae la Bible, pages 565
et 569. - Genèse 31:47-49.

30. Quels événements des années 30 et 40 éprouvèrent les Té-


moins?
31. Qu'est-ce qui fut inauguré en 1943, ce qui permit d'étendre la
prédication de la bonne nouvelle?
Un retour au vrai Dieu 359
3z En 1943, il n'y avait que 126329 Témoins qui prêchaient
dans 54 pays. Malgré l'opposition acharnée qu'ils avaient
rencontrée de la part du nazisme, du fascisme, du commu-
nisme, de l'Action catholique et de prétendues démocraties au
cours de la Seconde Guerre mondiale, les Témoins de Jéhovah
avaient atteint un maximum de plus de 176 000 proclamateurs
du Royaume en 1946. Quarante-quatre ans plus tard, ils sont
près de quatre millions à s'activer dans plus de 200 pays, îles et
territoires. Sans l'ombre d'un doute, ils se sont fait connaître
dans le monde entier en s'identifiant clairement par leur nom
et par leurs actions. Mais d'autres facteurs ont contribué dans
une grande part à leur efficacité. - Zacharie 4:6.
Une organisation qui enseigne la Bible
33 Les Témoins de Jéhovah, répartis en plus de 60 000 con-
grégations dans le monde, tiennent chaque semaine dans leurs
Salles du Royaume des réunions où ils étudient la Bible. Au
cours de ces réunions, ils n'accomplissent pas de rites ni ne
jouent sur les sentiments, mais ils acquièrent la connaissance
exacte de Dieu, de sa Parole et de ses desseins. Ainsi, les
Témoins de Jéhovah se réunissent trois fois par semaine dans
le but de mieux comprendre la Bible et d'apprendre à prêcher
et à enseigner son message. - Romains 12:1, 2; Philippiens
1:9-11; Hébreux 10:24, 25.
34 Au nombre des réunions qui ont lieu en semaine figure

!'Ecole du ministère théocratique, à laquelle les membres de la


congrégation peuvent s'inscrire. Cette école, que préside un
ancien, un chrétien qualifié, a pour but d'apprendre aux
hommes, aux femmes et aux enfants l'art d'enseigner et de
s'exprimer conformément aux principes bibliques. L'apôtre
Paul déclara: "Que votre parole soit toujours exprimée avec
32. Quel accroissement les Témoins de Jéhovah ont-ils connu
depuis 1943?
33. Pourquoi les Témoins de Jéhovah ont-ils des Salles du
Royaume?
34. Quel est le but de !'Ecole du ministère théocratique?
360 L 'humanité à la recherche de Dieu
Qe!ques pays où les Témoins prêchent
Pays Témoins actifs Pays Témoins actifs
Afrique du Sud 46000 Hongrie 10000
Allemagne (R.F.A.) 129000 Inde 9000
Argentine 79000 Italie 172000
Australie 51000 Japon 138000
Liban 2500
Brésil 267000
Mexique 277000
Canada 98000
Nigéria 137000
Colombie 42000
Philippines 102000
Corée 57000 Pologne 91000
Espagne 78000 Porto Rico 24000
États-Unis 818000 Portugal 36000
Finlande 17000 Salvador 18000
France 109000 Venezuela 47000
Grande-Bretagne 117000 Zambie 72000
Grèce 24000 36 sous interdiction 220000

Chiffres mondiaux de 1989 60192 congrégations 3787 000 Témoins

charme et assaisonnée de sel, pour savoir comment vous devez


répondre à chacun!" Lors de leurs réunions chrétiennes, les
Témoins apprennent également à exposer le message du
Royaume "avec douceur et un profond respect". - Colossiens
4:6; 1 Pierre 3:15.
· 35 Un autre jour de la semaine, les Témoins se retrouvent
pour écouter un discours biblique de 45 minutes; après quoi
la congrégation examine pendant une heure, au moyen de
questions et de réponses, un thème biblique concernant
35. Quelles autres réunions les Témoins tiennent-ils, et quels bien-
faits apportent-elles?
Un retour au vrai Dieu 361
l'enseignement ou la conduite des chrétiens. Les membres de
la congrégation y participent librement. Chaque année, les
Témoins assistent également à trois rassemblements plus im-
portants, des assemblées qui durent de un à quatre jours,
auxquelles se rendent généralement des milliers d'assistants
pour écouter des discours bibliques. Grâce à ces réunions et à
d'autres, toutes gratuites, chaque Témoin approfondit sa con-
naissance des promesses de Dieu relatives à la terre et à
l'humanité; il reçoit un excellent enseignement en matière de
morale chrétienne. Chacun se rapproche du vrai Dieu, Jého-
vah, en suivant les enseignements et l'exemple de Jésus Christ.
- Jean 6:44, 65; 17:3; 1Pierre1:15, 16.
Comment les Témoins sont-ils organisés?
36 En toute logique, si les Témoins de Jéhovah tiennent des
réunions et sont organisés pour prêcher, ils doivent avoir
quelqu'un à leur tête. Ils n'ont toutefois pas de clergé rémunéré
ni de chef charismatique qu'ils aduleraient (Matthieu 23:10).
Jésus a dit: "Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuite-
ment." (Matthieu 10:8; Actes 8:18-21). Dans chaque congréga-
tion, il y a des anciens et des serviteurs ministériels ayant les
qualités spirituelles requises, dont beaucoup occupent un
emploi profane et ont une famille à charge; ces hommes
s'offrent volontairement pour enseigner et diriger la congréga-
tion. Cela correspond précisément au modèle laissé par les
chrétiens du 1er siècle. - Actes 20:17; Philippiens 1:1; 1 Timo-
thée 3:1-10, 12, 13.
37 Comment ces anciens et ces serviteurs ministériels sont-

ils nommés à ces fonctions? Ils le sont sous la direction d'un


collège central composé d'anciens, oints de l'esprit et originai-
res de différents pays; ce collège fonctionne de la même façon
que celui des apôtres et des anciens à Jérusalem, qui était à la
36. a) Les Témoins ont-ils un clergé rémunéré? b) Qui, dans ce
cas, encadre la congrégation?
37. Comment les anciens et les serviteurs ministériels sont-
ils nommés?
362 L'humani té à la r echerche de D i eu
tête de la congrégation chrétienne primitive. Comme nous
l'avons vu au chapitre 11, aucun apôtre n'avait la primauté sur
les autres. Les décisions étaient prises collégialement et respec-
tées par les congrégations disséminées dans tout le monde
romain antique. -Actes 15:4-6, 22, 23, 30, 31.
3s Aujourd'hui, le Collège central des Témoins de Jéhovah
procède de la même façon. Il se réunit chaque semaine à son
siège mondial, à Brooklyn (New York), puis envoie de là des
instructions aux Comités de filiale du monde entier qui diri-
gent les activités ministérielles dans chaque pays. En suivant
l'exemple des premiers chrétiens, les Témoins de Jéhovah ont
réussi à prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu pour
ainsi dire partout sur la terre. Cette œuvre se poursuit à l'échelle
mondiale. - Matthieu 10:23; 1 Corinthiens 15:58.
38. Comment le Collège central fonctionne-Hl?

Salles d'assemblées
des Témoins de Jéhovah:
vue aérienne de la salle
de East Pennines,
Angleterre.

Salle d'assemblées
de Fort Lauderdale,
Floride (États-Unis);
les discours y sont présentés
en anglais, en espagnol
et en français.
Siège mondial de la Société
Watch Tower, Brooklyn (New
York); bureaux, imprimeries
et bâtiments d'habitation.

Une grande foule afflue vers le vrai Dieu


39 Au cours du xxe siècle, le nombre des Témoins de Jéhovah
a augmenté dans le monde entier, même dans des pays où ils
sont interdits ou proscrits. Ces interdictions ont été essentiel-
lement imposées par des régimes qui ne comprenaient pas la
position neutre des Témoins de Jéhovah par rapport à la
politique et au nationalisme du monde. (Voir l'encadré de la
page 347.) Cela n'a pas empêché dans ces pays des dizaines de
milliers de gens de reconnaître dans le Royaume de Dieu le seul
espoir de paix et de sécurité véritables pour l'humanité. Dans
la majorité des pays, un témoignage immense a été donné, au
point que maintenant on compte des millions de Té-
moins actifs dans le monde entier. - Voir le tableau de
la page 361.
39. a) Pourquoi les Témoins adoptent-ils une position neu-
tre dans les affaires politiques? b) Les Témoins ont-ils prospéré
sous l'interdiction?
364 L'humanité à la recherche de Dieu
Filiales de la Société Watch
Tower (de gauche à droite

{it: __ ~ . SA iiil
et de haut en bas): .
Afrique du Sud, Espagne ~~<Cllli!!lllllLi
~ b4?~
._
0
et Nouvelle-Zélande.

40 Soutenus par leur amour chrétien et par leur espérance


d' 'un nouveau ciel et d'une nouvelle terre', les Témoins de
Jéhovah attendent pour l'avenir proche des événements qui
vont secouer le monde et mettre un terme à toute l'injustice et
à toute la corruption qui affligent l'humanité. C'est pourquoi
ils continueront de rendre visite à leurs semblables, s'efforçant
sincèrement de rapprocher les personnes au cœur droit du vrai
Dieu, Jéhovah. - Révélation 21:1-4; Marc 13:10; Romains
10:11-15.
41
Mais, selon les prophéties de la Bible, qu'est-ce qui attend
l'humanité, la religion et notre planète polluée? Le dernier
chapitre répondra à cette question capitale. - Esaïe 65:17-25;
2 Pierre 3:11-14.
40, 41. a) Qu'attendent à présent les Témoins de Jéhovah? b) A
quelle question faut-il encore répondre?
Un retour au vrai Dieu 365
_ _ _ _ _ _ _ _CHAPITRE 16_ _ _ _ _ _ __

LevraiDieu
et votre avenir
"Dans cet univers mystérieux, il y a une chose dont l'Homme
peut être sûr. L'Homme lui-même n'est certainement pas la
plus grande présence de l'Univers. ( ... )Il y a dans l'Univers
une présence spirituellement plus grande que l'Homme. ( ... )
Le but de l'Homme est de chercher la communion avec la pré-
sence cachée derrière les phénomènes, et de la rechercher dans
le dessein de mettre son.moi en harmonie avec cette réalité spi-
rituelle absolue." - La religion vue par un historien, Arnold
Toynbee.

DURANT la plus grande partie des six derniers millénaires,


les hommes ont recherché, avec plus ou moins d'ardeur, cette
"réalité spirituelle absolue". Chaque grande religion a donné à
cette réalité un nom différent. Selon que vous êtes hin-
dou, musulman, bouddhiste, adepte du shintô, confucianiste,
taoïste, juif, chrétien ou autre, vous désignez la "réalité spiri-
tuelle absolue" par un nom spécifique. La Bible, quant à elle,
attribue à cette réalité un nom, un genre et une personnalité:
elle l'appelle Jéhovah, le Dieu vivant. Ce Dieu unique s'adressa
à Cyrus le Grand, roi de Perse, en ces termes: "Je suis Jéhovah,
et il n'y en a pas d'autre. Moi excepté, il n'y a pas de Dieu. (...)
Moi, j'ai fait la terre et sur elle j'ai créé l'homme." - Esaïe 45:5,
12, 18; Psaume 68:19, 20.
l. (Inclure l'introduction.) a) Qu'a reconnu l'historien Toynbee
à propos de l'homme et de l'univers? b) A qui la Bible identifie-
t-elle la "réalité spirituelle absolue"?
366 L'humanité à la recherche de Dieu
Jéhovah: Dieu de prophéties dignes de foi
2
La recherche qu'ont menée les hommes pour trouver
Dieu devrait, en fait, aboutir à Jéhovah. Celui-ci s'est révélé être
le Dieu des prophéties, capable d'annoncer la fin dès le com-
mencement. Il déclara par la bouche du prophète Esaïe: "Sou-
venez-vous des premières choses d'autrefois, que je suis le
Divin et qu'il n'y a pas d'autre Dieu, ni personne qui soit
semblable à moi; Celui qui depuis le commencement révèle la
conclusion, et depuis le temps jadis les choses qui n'ont pas
été faites; Celui qui dit: 'Mon propre conseil tiendra, et tout ce
qui fait mes délices, je le ferai'( ... ). Oui, je l'ai prononcé, et je
le ferai survenir. Je l'ai formé, et je l'exécuterai." - Esaïe
46:9-11; 55:10, 11.
3 Avec un Dieu de prophéties aussi digne de foi, nous

pouvons savoir ce qui va arriver au système mondial de la


religion, qui cause tant de divisions. Nous pouvons également
prédire ce qu'il va advenir des puissantes organisations poli-
tiques qui semblent présider à la destinée de l'humanité. Bien
plus, nous pouvons annoncer quelle fin attend "le dieu de ce
système de choses", Satan, qui "a aveuglé l'esprit des incrédu-
les" en se servant d'une multitude de religions, qui ont éloigné
l'humanité du vrai Dieu, Jéhovah. Pourquoi Satan aveugle-Hl
les hommes? "De peur que ne les éclaire l'éclatante lumière de
la glorieuse bonne nouvelle au sujet du Christ, qui est l'image
de Dieu." - 2 Corinthiens 4:3, 4; 1 Jean 5:19.
4 Nous pouvons aussi savoir ce qui suivra ces événements

prédits. Qu'adviendra-Hl de la terre? Sera-t-elle polluée? sac-


cagée? déboisée? Ou assistera-t-on à une régénération de la
planète et de la race humaine? Comme nous allons le voir, la
2. Si nous voulons des renseignements dignes de confiance sur
l'avenir, vers qui devons-nous nous tourner, et pourquoi?
3. a) Quels événements pouvons-nous voir à l'avance grâce aux
prophéties de la Bible? b) Qu'a fait Satan aux incrédules, et pour-
quoi?
4. A quelles questions concernant la terre et l'avenir faut-il ré-
pondre?
Le vrai Dieu et votre avenir 367
Bible répond à toutes ces questions. Mais penchons-nous
d'abord sur les événements qui surviendront sous peu.
"Babylone la Grande" identifiée
5 Le livre biblique de la Révélation fut révélé à l'apôtre Jean
sur l'île de Patmos, en l'an 96 de notre ère. Il dépeint de façon
frappante les grands événements qui doivent se produire au
temps de la fin, que d'après la Bible l'humanité vit depuis
1914*. Entre autres images symboliques, Jean eut la vision
d'une prostituée vulgaire et impudente, appelée "Babylone la
Grande, la mère des prostituées et des choses immondes de la
terre". Dans quelle condition se trouvait-elle? "J'ai vu, rapporta
Jean, que la femme était ivre du sang des saints et du sang des
témoins de Jésus." - Révélation 17:5, 6.
6 Qui cette femme représente-t-elle? Nous ne sommes pas

laissés dans le doute quant à son identité. Nous pouvons la


démasquer en procédant par élimination. Dans la même vi-
sion, Jean entend un ange dire: "Viens, je te montrerai le
jugement de la grande prostituée qui est assise sur de nom-
breuses eaux, avec laquelle les rois de la terre ont commis la
fornication, tandis que ceux qui habitent la terre ont été
enivrés du vin de sa fornication." Si les rois de la terre,
autrement dit les dirigeants, commettent la fornication avec
elle, la prostituée ne peut pas représenter les éléments politi-
ques qui dirigent le monde. - Révélation 17:1, 2, 18.
7
Le même récit ajoute que "les marchands itinérants de la
terre se sont enrichis grâce à la puissance de son luxe scanda-
• Vous trouverez un examen détaillé des derniers jours dans le livre
Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis,
publié en 1982 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York,
Inc., pages 148 à 154.

5. Quelle vision Jean eut-il?


6. Pourquoi Babylone la Grande ne représente-t-elle pas les élé-
ments politiques qui dirigent le monde?
7. a) Pourquoi Babylone la Grande ne figure-t-elle pas les élé-
ments commerciaux? b) Que représente Babylone la Grande?
368 L ' humanité à la recherche de Dieu
leux". Babylone la Grande ne peut donc figurer les éléments
commerciaux ou financiers du monde, les "marchands". En
outre, le texte divinement inspiré déclare: "Les eaux que tu as
vues, là où est assise la prostituée, représentent des peuples et
des foules et des nations et des langues." Quel autre élément
dominant du système actuel reste-Hl, qui corresponde à la
description d'une prostituée symbolique commettant la forni-
cation avec les dirigeants politiques, commerçant avec le
monde des affaires et glorieusement assise sur des peuples, des
foules, des nations et des langues? C'est là le portrait de la
fausse religion sous toutes ses facettes! - Révélation 17: 15;
18:2, 3.
8 Cette identification de Babylone la Grande est confirmée

par la condamnation qu'un ange prononce à son sujet, en


raison de ses "pratiques spirites, (par lesquelles] toutes les
nations ont été égarées". (Révélation 18:23.) Toutes les formes
de spiritisme sont de nature religieuse et inspirées par des
démons (Deutéronome 18:10-12). Par conséquent, Babylone
la Grande symbolise forcément une entité religieuse. D'après
les indications que fournit la Bible, il s'agit de l'empire univer-
sel de la fausse religion, fausse religion que Satan inculque aux
humains afin de les détourner du vrai Dieu, Jéhovah. - Jean
8:44-47; 2 Corinthiens 11:13-15; Révélation 21:8; 22: 15.
9 Comme nous l'avons vu tout au long de ce livre, malgré

leur confusion, les religions du monde offrent des traits com-


muns. Nombre d'entre elles plongent leurs racines dans la
mythologie. Presque toutes ont en commun la croyance à une
âme humaine supposée immortelle qui, à la mort, se rendrait
dans un au-delà ou transmigrerait dans une autre créature.
Beaucoup croient aussi à un redoutable lieu de tourment et de
torture appelé enfer. D'autres s'apparentent par d'anciennes
croyances païennes à des triades, des trinités et des déesses-
8. Quels autres faits confirment l'identification de Babylone la
Grande?
9. Quels traits communs retrouve-t-on dans de nombreuses reli-
gions?
Le vrai Dieu et votre avenir 369
mères. Il est donc des plus approprié de les regrouper toutes
sous un symbole aux multiples composantes, la prostituée
"Babylone la Grande". - Révélation 17:5.
Il est temps de fuir la fausse religion
10
D'après les prophéties bibliques, quel sera le sort final de
cette prostituée qui étend son influence à tout le globe? Dans
un langage symbolique, le livre de la Révélation décrit sa
destruction par les éléments politiques. Ceux-ci sont symbo-
lisés par "dix cornes" qui donnent leur soutien aux Nations
unies, "une bête sauvage de couleur écarlate" qui est l'image
du système politique satanique souillé de sang. - Révélation
16:2; 17:3-16*.
11
L'empire universel de la fausse religion, forgé par Satan,
sera détruit parce que Dieu aura condamné les fausses reli-
gions. Elles auront été trouvées coupables de fornication spi-
rituelle en ce ·qu'elles se seront faites les complices de leurs
amants politiques tyranniques et les auront soutenus. Elles ont
souillé de sang innocent les pans de leurs vêtements lorsque,
par patriotisme, elles ont pris part aux guerres aux côtés de
l'élite dirigeante de chaque nation. C'est pourquoi Jéhovah
met dans le cœur des éléments politiques de dévaster Baby-
lone la Grande, accomplissant ainsi sa volonté à son encontre.
- Révélation 17: 16-18.
12
Puisque tel est l'avenir qui attend les religions du monde,
que devez-vous faire? La réponse est contenue dans ces paro-
• Vous trouverez une étude détaillée de ces prophéties de la Révélation
dans le livre La Révélation: le grand dénouement est proche!, publié en 1988
par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc., chapitres 33
à 37.

10. Quelle fin connaîtra la prostituée religieuse d'après les prophé-


ties?
11. a) Pourquoi Dieu condamne-Hl la fausse religion? b) Qu'arri-
vera-t-il à Babylone la Grande?
12. a) Que devez-vous faire pour être épargné lors de la destruc-
tion de Babylone? b) Par quels enseignements la vraie religion se
distingue-t-elle?
370 L ' humanité à la recherche de Dieu
les que Jean entendit du ciel: "Sortez d'elle, mon peuple, si vous
ne voulez pas participer avec elle à ses péchés, et si vous ne
voulez pas recevoir une part de ses plaies. Car ses péchés se
sont amoncelés jusqu'au ciel, et Dieu s'est souvenu de ses actes
d'injustice." Il est donc temps d'obéir à l'injonction angélique
de sortir de l'empire satanique de la fausse religion et de
pratiquer le vrai culte de Jéhovah. (Voir l'encadré de la
page 377.) - Révélation 17: 17; 18:4, 5; voir aussi Jérémie 2:34;
51:12, 13.
Har-Maguédon est proche
13 La Révélation déclare qu'en un "seul jour, viendront ses

plaies: mort, deuil et famine, et elle sera brûlée par le feu,


complètement". Toutes les prophéties de la Bible indiquent
que ce "seul jour", ou courte période d'exécution, est mainte-
nant proche. En fait, la destruction de Babylone la Grande
inaugurera une époque de "grande tribulation" qui se termi-
nera par "Har-Maguédon", "la guerre du grand jour de Dieu le
Tout-Puissant". A l'issue de cette guerre ou bataille d'Har-
Maguédon, le système politique de Satan sera vaincu et lui-
même sera jeté dans un abîme. Le jour se lèvera alors sur un
monde nouveau et juste. - Révélation 16:14-16; 18:7, 8; 21:1-4;
Matthieu 24:20-22.
14
Aujourd'hui déjà, une autre prophétie importante de la
Bible est près de s'accomplir sous nos yeux. L'apôtre Paul
formula cette prédiction qui est également une mise en garde:
"Or, quant aux temps et aux époques, frères, vous n'avez pas
besoin qu'on vous écrive quoi que ce soit. Car vous savez fort
bien vous-mêmes que le jour de Jéhovah vient exactement
comme un voleur dans la nuit. Quand ils diront: 'Paix et
sécurité!', alors une destruction soudaine doit être tout de suite
sur eux, comme les affres de l'angoisse sur la femme enceinte;
et ils n'échapperont absolument pas." - 1 Thessaloniciens
5:1-3.
13. Quels événements doivent bientôt avoir lieu?
14, 15. Quelle prophétie biblique semble près de s'accomplir?
Le vrai Dieu et votre avenir 371
15 Il semblerait que les nations, auparavant belliqueuses et

méfiantes à l'égard l'une de l'autre, se dirigent actuellement


avec prudence vers une situation dans laquelle elles seront en
mesure de proclamer la paix et la sécurité mondiales. Ainsi
avons-nous une confirmation supplémentaire de la proximité
du jour où le jugement de Jéhovah sera exécuté sur la fausse
religion, sur les nations et sur leur chef, Satan. - Sophonie 2:3;
3:8, 9; Révélation 20: 1-3.
16
Des millions de gens aujourd'hui vivent comme si les
biens matériels étaient les seules valeurs durables. Pourtant,
tout ce qu'offre l'actuel monde corrompu n'est que superficiel
et éphémère. C'est la raison pour laquelle ce conseil de Jean
est on ne peur plus pertinent: "N'aimez pas le monde ni les
choses qui sont dans le monde. Si quelqu'un aime le monde,
l'amour du Père n'est pas en lui; car tout ce qui est dans le
monde, - le désir de la chair, le désir des yeux et l'exhibition
de ses ressources, - ne provient pas du Père, mais provient
du monde. Et le monde passe et son désir aussi, mais celui qui
fait la volonté de Dieu demeure pour toujours." Ne préfére-
riez-vous pas demeurer pour toujours? - 1Jean2:15-17.
Un monde nouveau est promis
17 Puisque Dieu va juger le monde par l'intermédiaire de
Jésus Christ, que se passera-Hl ensuite? Il y a longtemps, dans
les Ecritures hébraïques, Dieu prédit qu'il réaliserait son des-
sein originel envers l'humanité sur la terre: il voulait voir une
famille humaine obéissante jouir de la vie parfaite sur la terre
transformée en paradis. Ce n'est pas parce que Satan a tenté
de renverser ce dessein que Dieu a annulé sa promesse. Le roi
David écrivit en effet: "Car les malfaiteurs seront retranchés,
mais ce sont ceux qui espèrent en Jéhovah qui posséderont la
terre. Et un peu de temps encore, et le méchant ne sera plus ( ... ).
16. Pourquoi le conseil de Jean est-il on ne peut plus pertinent
aujourd'hui?
17. Quel sera l'avenir de ceux qui recherchent le vrai Dieu?
372 L 'humanité à la recherche de Dieu
La terre est un paradis en puissance - il lui faut pour le devenir
effectivement un gouvernement mondial à la fois juste et permanent;
or, c'est ce que Dieu promet.

Les justes posséderont la terre, et sur elle ils résideront pour


toujours." - Psaume 37:9-11, 29; Jean 5:21-30.
18
Quel sera alors l'état de la terre? Sera-t-elle complètement
polluée? calcinée? déboisée? Pas du tout. A l'origine, Jéhovah
désirait que la terre soit un parc bien entretenu, paradisiaque,
où régnerait l'harmonie. De telles conditions existent poten-
tiellement, malgré les ravages que l'homme fait subir à la
planète. Mais Jéhovah a promis de "saccager ceux qui sacca-
gent la terre". Jamais avant le xxe siècle le globe ne s'était
trouvé au bord de la ruine. Voilà une raison de plus de croire
que Jéhovah est sur le point d'agir en faveur de sa propriété,
de protéger sa création. - Révélation 11:18; Genèse 1:27, 28.
18-20. Quels changements la terre connaîtra-t-elle?
Le vrai Dieu et votre avenir 373
i9 Ce changement doit avoir lieu peu après la mise en place
par Dieu 'd'un nouveau ciel et d'une nouvelle terre'. Cela ne
signifie pas que le ciel et la planète vont être remplacés, mais
qu'une domination nouvelle et spirituelle s'exercera sur la
terre restaurée, habitée par une société d'humains régénérés.
Dans ce monde nouveau, on n'exploitera pas ses semblables
ni ne maltraitera les animaux. Il n'y aura ni violence ni
meurtre. Personne ne sera sans abri, ne mourra de fairn ni ne
sera opprimé. - Révélation 21:1; 2 Pierre 3:13.
20
La Parole de Dieu déclare: " 'Et assurément ils bâtiront des
maisons et les occuperont; et assurément ils planteront des
vignes et en mangeront le fruit. Ils ne bâtiront pas pour que
quelqu'un d'autre occupe; et ils ne planteront pas pour que
quelqu'un d'autre mange. Car les jours de mon peuple seront

Avant de retourner au ciel, Jésus ordonna à ses disciples de prêcher


et d'enseigner la bonne nouvelle sur toute la terre.
comme les jours d'un arbre; et mes élus utiliseront jusqu'au
bout l'œuvre de leurs mains.( ...) Le loup et l'agneau paîtront
comme un seul, et le lion mangera de la paille comme le
taureau; et quant au serpent, sa nourriture sera la poussière.
On ne fera pas de mal et on ne causera aucun ravage dans
toute ma montagne sainte', a dit Jéhovah." - Esaïe 65:17-25.
Le fondemen t du monde nouveau
21
'Comment tout cela sera-t-il possible?' vous demandez-
vous peut-être. C'est que 'Dieu, qui ne peut mentir, a promis
avant des temps de longue durée' que l'humanité retrouverait
les conditions originelles et vivrait éternellement dans la
perfection. L'apôtre Pierre parla du fondement de cette espé-
rance dans la première lettre qu'il adressa à ses compagnons
chrétiens oints de l'esprit; il écrivit: "Béni soit le Dieu et Père
de notre Seigneur Jésus Christ, car, selon sa grande miséri-
corde, il nous a donné une nouvelle naissance, pour une
espérance vivante, grâce à la résurrection de jésus Christ d'entre
les morts, pour un héritage incorruptible, immaculé et inflé-
trissable." - Tite 1:1, 2; 1 Pierre 1:3, 4.
22
La résurrection de Jésus Christ est le fondement de cette
espérance en un monde nouveau et juste, car c'est lui que Dieu
a établi pour gouverner depuis les cieux la terre purifiée. Paul
souligna également que la résurrection du Christ était indis-
pensable: "Mais maintenant Christ a été relevé d'entre les
morts, prémices de ceux qui se sont endormis dans la mort.
En effet, puisque la mort est venue par un homme, c'est aussi
par un homme que vient la résurrection des morts. Car, de
même qu'en Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ
tous seront rendus à la vie." - 1 Corinthiens 15:20-22.
23
La mort sacrificielle du Christ, qui fournit une rançon
21. Pourquoi le monde nouveau est-il une certitude?
22. Qu'est-ce qui constitue le fondement de l'espérance en un
monde nouveau, et pourquoi?
23. a) Pourquoi la résurrection du Christ est-elle indispensable?
b) Quel ordre Jésus donna-t-il à ses disciples après sa résurrection?
Le vrai Dieu et votre avenir 375
correspondante, et sa résurrection ont posé le fondement de
l'espérance en "un nouveau ciel", la domination du Royaume,
et en une race humaine transformée, régénérée, une nouvelle
société ou "nouvelle terre". La résurrection du Christ donna
également de l'élan à ses fidèles apôtres dans l'œuvre de
prédication et d'enseignement. Le récit nous dit: "Or les onze
disciples allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus [ressuscité]
leur avait donné rendez-vous, et quand ils le virent, ils lui
rendirent hommage, mais quelques-uns doutèrent. Et Jésus
s'avança et leur parla, disant: 'Tout pouvoir m'a été donné dans
le ciel et.sur la terre. Allez donc et faites des disciples des gens
de toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils
et de l'esprit saint, leur enseignant à observer toutes les choses
que je vous ai commandées. Et voici que je suis avec vous tous
les jours jusqu'à la conclusion du système de choses.'" - Mat-
thieu 19:28, 29; 28:16-20; 1 Timothée 2:6.
24
La résurrection de Jésus est encore la garantie d'une autre
bénédiction promise à l'humanité: la résurrection des morts.
En relevant Lazare d'entre les morts, Jésus donna le gage d'une
résurrection à venir, mais sur une plus grande échelle. (Voir
les pages 249 et 250.) Jésus avait dit: "Ne soyez pas surpris de
ceci, car l'heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux
commémoratifs entendront sa voix et sortiront, ceux qui ont
fait des choses bonnes, pour une résurrection de vie, ceux qui
ont pratiqué des choses mauvaises, pour une résurrection de
jugement." - Jean 5:28, 29; 11:39-44; Actes 17:30, 31.
25
Quelle joie ce sera d'accueillir les êtres qui nous étaient
chers! Chaque génération le fera probablement l'une après
l'autre. Dans le monde nouveau, chacun sera en mesure de
décider, dans des conditions parfaites, s'il adorera le vrai Dieu,
Jéhovah, ou s'il perdra la vie pour s'être opposé à lui. Il
24. De quelle autre bénédiction la résurrection de Jésus est-elle la
garantie?
25. a) Quel choix s'offrira à tous les habitants du monde nou-
veau? b) Quelle religion prévaudra dans le monde nouveau?
376 L 'humanité à la recherche de D i eu
Comment identifier la vraie religion
1. La vraie religion rend un
culte au seul vrai Dieu, Jéhovah.
- Deutéronome 6:4, 5; Psaume 146:5·
10; Matthieu 22:37, 38.
2. La vraie religion permet
d'accéder auprès de Dieu par l'en·
tremise de Jésus Christ. - Jean
17:3, 6·8; 1 Timothée 2:5, 6; 1Jean
4:15.
3. La vraie religion enseigne et
manifeste un amour désintéressé.
- Jean 13:34, 35; 1Corinthiens13:1·
8; 1Jean 3: 10-12.
4. La vraie religion ne se souille
pas avec la politique ni dans les
conflits du monde. Elle reste neu- Témoins prêchant
tre en temps de guerre. - Jean aux Pays-Bas.
18:36; Jacques 1:27.
S. La vraie religion reconnaît pas l'homme. C'est à Dieu qu'elle
que Dieu est véridique en accep- rend gloire. - 1 Pierre 5: l ·4; 1 Co·
tant la Bible comme Sa Parole. rinthiens 9: 18; Matthieu 23:5· 12.
- Romains 3:3, 4; 2 Timothée 3:16, 9. La vraie religion proclame
17; 1Thessaloniciens2:13. que l'unique espérance de
6. La vraie religion n'excuse ni l'homme réside dans le Royaume
la guerre ni la violence. - Michée de Dieu, non dans une philoso-
4:2·4; Romains 12:17-21; Colossiens phie politique ou sociale. - Marc
3:12-14. 13:10; Actes 8:12; 28:23, 30, 31.
· 7. La vraie religion parvient à 10. La vraie religion enseigne
unir des gens de toutes races, lan- la vérité sur le dessein de Dieu
gues et tribus. Elle ne prêche ni le envers l'homme et la terre. Elle
nationalisme ni la haine, mais n'enseigne pas les mensonges re-
l'amour. - Esaïe 2:2·4; Colossiens ligieux que sont l'immortalité de
3:10, 11; Révélation 7:9, 10. l'âme et les tourments éternels
8. La vraie religion encourage à en enfer. Elle enseigne que Dieu
servir Dieu, non pour réaliser un est amour. - Juges 16:30; Esaïe
gain égoïste ou obtenir un salaire, 45:12, 18; Matthieu 5:5; 1Jean4:7· ll ;
mais par amour. Elle ne glorifie Révélation 20:13, 14.
n'existera alors qu'une seule religion, une seule forme de culte.
Toutes les louanges iront au Créateur plein d'amour, et chaque
humain obéissant fera écho à ces paroles du psalmiste: "Je
t'exalterai, ô mon Dieu, le Roi, et je bénirai ton nom pour des
temps indéfinis, oui, pour toujours.( ...) Jéhovah est grand et
infiniment digne d'être loué, et sa grandeur est inscrutable."
- Psaume 145:1-3; Révélation 20:7-10.
26
Maintenant que vous avez comparé les grandes religions
du monde, nous vous invitons à examiner plus en profondeur
la Parole de Dieu, la Bible, sur laquelle sont basées les croyan-
ces des Témoins de Jéhovah. Il vous appartient de réunir les
preuves qu'on peut trouver le vrai Dieu. Que vous soyez
hindou, musulman, bouddhiste, adepte du shintô, confucia-
niste, taoïste, juif, chrétien ou membre d'une autre religion, il
est temps aujourd'hui que vous considériez les relations que
vous entretenez avec le vrai Dieu vivant. On a probablement
décidé à votre place de votre religion en fonction de votre lieu
de naissance, que vous ne pouviez évidemment pas choisir.
Assurément, vous ne perdrez rien à approfondir ce que la Bible
dit au sujet de Dieu. Ce peut être pour vous une occasion
unique d'apprendre vraiment quel est le dessein de Dieu, le
Souverain Seigneur, envers la terre et l'humanité qui la peuple.
Oui, votre recherche sincère du vrai Dieu peut aboutir si vous
étudiez la Bible avec les messagers de Jéhovah, ses Témoins,
qui vous ont procuré ce livre.
27
Ce n'est pas en vain que Jésus a dit: "Continuez à deman-
der, et Pon vous donnera; continuez à chercher, et vous
trouverez; continuez à frapper, et l'on vous ouvrira." Vous
pouvez faire partie de ceux qui ont trouvé le vrai Dieu si vous
tenez compte de ce message du prophète Esaïe: "Recherchez
Jéhovah, pendant qu'on peut le trouver. Appelez vers lui,
26. Pourquoi devriez-vous examiner la Parole de Dieu, la Bible?
27. a) Quelle invitation Jésus vous adresse-t-il à vous aussi? b) En
harmonie avec le thème de ce livre, à quoi Esaïe invite-t-il tout un
chacun?
378 L'humanité à la recherche de Dieu
La résurrection des morts réjouira
la famille humaine dans le monde entier.

pendant qu'il est proche. Que le méchant quitte sa voie et


l'homme malfaisant ses pensées; et qu'il revienne à Jéhovah,
qui aura pitié de lui, et à notre Dieu, car il pardonnera
largement!" - Matthieu 7:7; Esaïe 55:6, 7.
28
Si vous recherchez le vrai Dieu, n'hésitez pas à contacter
les Témoins de Jéhovah*. Sans qu'il vous en coûte rien, ils
seront heureux de vous aider à connaître intimement le Père
et sa volonté pendant qu'il en est encore temps. - Sophonie
2:3.
* Voir la liste d'adresses à la page 384.

28. Qui peut vous aider à trouver le vrai Dieu?


Le vrai Dieu et votre avenir 379
enseignements fond:1mcnuux: Bouddhisme tlbét2in ( L2- philosophie ou religion?: 175
Jndex 17-18
Luther: 317
Dl2.isme ): 33, 146-8
Bouddhisme Zen: 146
promu religion d'Eur: 183
r:i.isons de son succès: 178
première Bible complète en remède:iux m:iuxde bso-
Bnhmi,Cré:m:ur: 115-16, 118 ciété?: 180
Abd'349 :mg!:lis: 310 Bnhm:tD, Bnhm, ré:dité su-
qui sont ses rédacteurs?: 241 Zhlng Inoling (Tch:i.ng T:io-
Abr:am, Abnh.am, :mcètrc des prèmc: hindoue: 116. 119 llng): 172
souhJ.it de Wyclî!fc: 310
Juifs: 206-7 C:ün, imolér:i.nce religieuse: Confucius : 20-1, 174-9
origine: 206-7 Tyncb.lc: 325
Bonne aventure 349 c:monisé: 175
Agnosticisme, définition: 7 Chine:83-4 C:ilvin,Jon: 322·5 culte i notre époque: 181, 185
Abimsi (non-violence:): chironuncie: 90-1 doctrine de: b prédcstina- déifié: 183
105-6 géom:mcie: 84 tlon: 323 mê:thoded'ensc:ignement: 176
j:iinismc: 104·5, 108 oncle de Delphes: 82 favooblt 3. une vie austère: signification du nom: 176
point de vue de G3.ndhi: 11 3 323-4 'le plus gr:i.nd érudit': 178
~~~~,~~ monie: 89-90
Albigeois: 310 3
trlit commun i différentes re-
fit brQler Servet: 322
Institution: 323
Consuntin le Gnod
concile de Nicée: 276
formation: 281·2
persécution: 282 ligions: 74-5 réformes 2 Genève: 324 conversion: 273-4
Alchimie, taoïste: 170-2 Yijing: 83-4. 168 C:impbcll,Joseph, légende favorisa les Grecs: 279
chinoise du déluge: 50- 1 vision d'une croix: 273
Alcnndrc le Gnnd, accueilli ~~nk;:..n/9 82-3 'Jésus, un mythe': 65-6 'fondateur de l:i chrétienté':
P1rlesJuifs:213 'B:ibyloniens. m:i.îtrcs dans C:i.stcs, point de vue de 273-4
All:lll, Die:u pour les musul- l':i.rtdel:i.':80-1 Gândhi: 113 Copernic:: 88, 331
m:ms: 284, 287 Bouddh2, Le (Voir :1.ussi G:1.u- qu:urc principllcs: 108-9, 111 Covcrcb.le, Miles: 325
Ame (Voir aussi Jmmort:dlté t2m2, SiddMrth2) Célib2t ecclésWtique: 34 Cré:l.tion, preuves: 336-9
dcl'àmc) lUtres Bouddhl: 149 Ch:i.ron: 54 Cronos: 43·4, 54
Algonquins: 75 points de vue sur Sl n:1.turc: Chine, Hu:ingdi (l'empereur Cultedcs:tD<:ltrcs: 151, 185
cc qu'enseigne b. Bible: 125·8, 137·8
224,356 s!gnific:nion du terme: 137 pune)' 36-8 Culte du soleil, Aztèques:
kgended'un 3.ge d'or: 37 57,59
concept origin:1.l bouddhi- Bouddhisme: 129-60 OSOr:J.Cuilircs: 83
que:: 151 Egyptiens: 57
:1.gnost!quc?: 159·60 rites pour amener la pluie: 79 lncs:57-9
Ml.b.i.5:75 lthéc?: 145 Shi Hu.mgdi: 170
Amour, définition: 247 Bodhg:i.yà, Indc: 77. 143 D2W-L2m.2: 143, 147
superstitions: 71. 76-7
Bodhismv:i: 137. 145, 150 D2vid, roi, alii2ncc de Dieu
Ao2b:lptistcs: 313, 320-1 Chrétienté: 309, 313 :J.VCC:210
Anubis, dieu égyptien: 50. 53 bois de Lumbint 133-4. 143 croisades pour m:i.ssacrer les
bouddhisme Zen: 146 hérétiques: 281-2 Déesse-mère: 277-8
Apostasie, :i..nnoncéc p:i.r les culted'inuges: 157 catholicisme: 33. 277-8
:ipôtrcs: 263·5, 278-9 définition: 235
déclin en Inde: 142-3 évêques: 267, 269-70 Chine: 33
d.lns le christianisme: 260
~P.'a~~~~,
cfforu personnels: 138
Asbkénnes: 216 empereur Ashok:J.: 140-1 p;~~t~:,~e~~~~~: ijJ 99. 120-1
Astrologie: 84·9 étendue 2u vu• siècle: 142-3 'évêques :1.cquièrcnt du prcs- uoïsme ( Muu ): 184
exp:msion en Inde: 140-1 Déluge, récit biblique: 46-8
:;~~l~~~ f~~~~~~:s~~~l~- lllumin:ition: 138-40
K:lrnu: 150-2
tige'; 274
'fondée p2r Consuntin': 273 Démonisme, s:icrifices hu-
tions ct relevés: 84, 86 'guerres de religion': 14 m:1.ins: 94
constclbtions: 86 M:iMyln:i: 144-6, 149-50 'premières facuons': 279 s:iunisme: 94
horoscope: 88 n:ituredu Bouddh:i: 137·8 'preuve dcs:i déodence': 309
Nirvân:i: 137·8, 146, 154 Diète de Worms: 316
m:i.gcs:87 'tradition 2 abouti au meurtre Dieu, croy:i.nce :ituquê:e: 334-5
origine: 84, 86 nombred':ideptcs: 129 de Dieu': 343
pipp:tl(:irbre): 137 nom: 225, 228-9, 232
Sirius et k Nil: 84 Cbristi2nisme, collège cen- raisons de croire en: 334
Tetrabiblos de Ptolémée: 88 prop:igé p:i.r des réfugiés :isi:iti-
ques: 129 tt'll: 267 reb.tions avec: 378-9
tr:1.i1 commun 1 différentes rc- définition: 235 serment fait 3 Abnh:im: 207-8
ligîons: 74·5 Qu:itre Nobles Vérités: 138-9
ren:iiss:ince(s:1msln): 151 fondé sur l'amour: 244, Dieux, :mimis.me: 23
une science?: 85 247.344 :i.ssyro-b:l.b}' loniens: 45
rcsscmbl:mce :ivec le cuholi-
~~~~~~~r~~~;y~
Athéisme : 329-34 cisme: 33-4 égyptiens: 50, 59. 62-4
Angleterre en 1572: 330 Rome 66
éehecdcsEgliscs:333
sectes: 143-8
succès en Occident: 143 p:iknne: 347 fil~J~~i:· ?1~-~·
P:i.risen 1623: 330 Sûtra du Lotus: 148, 150 n~~~~~~~f~lîtique aujour- rom:i.ins: 43. 60-1, 64-6
Réforme: 330-1 tend:mccs:1.ctuelles: 156. 158 shintô: 190·2
~~~e~ ~Jcféh~o;J!c~!~3~~ 1-4 Terre pure: 146
textes: 148-50
~~l~~~~~~~~féj~Strice: 247-8 sud-:iméricalns: 57·9
uoistcs: 172
Athènes, "Dieu inconnu": 69 'continence des prc:mierschré-
~~~~;(:rt~~;in3~);
Di.eux rom2ins
témoign:1ge de P:i.ul: 30-1, 69 144, ticns': 236 dépr:i.vés:64-5
temples et idoles: 30, 69 149-50 'l':ivoir inuginé ser:J.it un mira- plus de dieux que d'habi-
B2bcl' 39-40, 68 Trois corbeilles: 17.149 cle: încroy:ible': 237 unts: 83
TroisJoy:iux: 140 'p:iïensdurem envisager de Divination (Voir :iussi Bonne
8:1.bylone, source des croy:in·
ccsreligkuses:39 Voie du milieu: 137-8
yog:t: 136 ·~~~~~~~~:t~~sme avait été
2ventucc)
géom.:J.ncic: 84
82bylonc la Gnnde: 368-70 ·n'enseigne p:i.s J:i croy:incc: en conservé. ~·: 309 or:i.cle de Delphes: 82
'sonez d'elle': 371 Dieu': 159 'soupçonné de déloy:iuté': 60 yin/yang: 82-3
B:l.hi'is: 304·5 Bouddhisme de b. Terre Concile de Nkéc, ab5c:nce du Zohar: 89
croy:mccs:304·5 pure: 146 P'P'' 276 'B:ibyloniens, m:iîtres d:ms
fon<bteur: 304 convoqué par Consuntin: ?.76 l'mdeb.':80-1
Bouddhisme Hin2yi02 (Voir
8:1.ptême: 321 Bouddhisme Ther:1.v1d:i) présence des évêques: 276 Divinités (Voir DleUJ:)
nouve:i.u-nés: 9. 319 Confuci2nisme: 161-3. 174-86 Dix Comm2ndements
Bouddhisme M:1.hiyin:i: 144- concept de Olo: 163-4
Bhagavad-Gitd: 103, 105 loi donnée à rsn.tl: 211
enseignement sur l'enfer: 126 6, 149-50 concept de li: 180-2 Durgi, Kilî: 116-17, 121
littér:uure s:icrtt hindoue: !05 Bouddhisme M:1.ntr:1.yi02 concept de rcn: 180-2
Eb20, Abln, ·persécution c:i.-
(Voir Bouddhisme tibé- inapte à conduire les hommes
Bible, :iuthcnticité: 340-3 tholique des juifs': 217
confirm:ition de l'existence de t2in) :iu vr:ii Dieu: 185
BouddhlsmeThen.vid2: 144. influence: 183-6 tglisc 2ngUc2ne: 313
Pil:itc:241 Eglise d'Angleterre: 325-7
Coverd:i.le:325 149-50 Livres et d:i.ssiques: 177
tg11sc lnptlste, 326-7 Galilée, :istronome: 88, 331 Huttérltcs: 313. 321 glorifi:i le nom de son Père:
Égllsc c:atbollquc romaine Gindbi, M:abitm:a, :ihimsi: ldolitrlc, point de vue bibli· 258·9
dupelet: 5, 33 !05, Hl que: 211, 357 lieu de naiss:mce: 239-40
commcnuîrcs dt M1chi2· ordonn::i 1 ses disciples de prê·
G:t.Dcsb2, dieu de l:i. ch:incc: Immort:ùitéde l'imc, cher:376
vcl:309 96, 116 croyance à l'
immora.lilé: des prêtres: 308 mythique?: 65·7, 237, 252·4
Gange, fleuve s:i.cré hindou: 4. Afrique: 56 pierre de fondement de
p:iJ>2Ulé: 268-72 Algonquins (Indiens): 75
pcncbru 12 Réforme en 77, 1214 l'Eglise:268
rôle de Shiv:t: 122·3 i l'origine de superstitions: 92 pr:ttiqu:i l':imour: 242. 244,
Suissc:320 Assyro-b:i.byloniens: 52·3
période iconoclaste: 280 rôle de Vishnu: 122 344
Azteques, Jnos. Mayas: 55·6
plus gr:md propriéuirc terrien vallée: 140 lnhi'is' 305
preuves qu'il éuit le Messie:
d'Europe: 307 G2utama. Siddh1rth2 (le bouddhisme moderne: 151 236.239
schisme des Eglises copte et P· Bouddh2)' 20, llHO résurrection: 255, 375
cobitc: 279-80 devient le Bouddha: 137 ~~fu;~re 1:t Bible: 224.5 résurrection donna de J'él:in :i
schisme d'Orient: 280 époquedes:1. naiss:mce: 135 croy:i.nce commune aux reli- 1:1 prédic::ition: 376
se divis2 en fonction de b. bn· Illumin:ition: 136 gions: 369· 70 résurrection est le fondement
légendes: 132·5 du monde nouve:i.u: 375·6
sF~f1~~~~~~~~~fu~~:
219 Egypte 53. 59
m:1.nque de sou rces écrites sur: Grècc:54·5 iémoin de Jéhov::ih: 258
dhismc: 33·4 131}2 hindouisme: 112. 114 ITT.nsfigur:ttion: 252·4
utilis:l des illustr:ttions:
~~f~~~ 1;~gue du commun
'Eglise cmprunu 2ux coutu· 1 jud:tlsme: 219,222·5
mes ~cnnes': 262 musulnuns: 297. 299·300 238,242
'p:i.pcs très moncbins': 308 peuple: 149-50 Josèphe, Fl:avius, Juifs font
'P:lr.!.dis fermé 1 ceux qui n'ont 'il n'est p:is de dieux qui :iient ~~~i~i~J~~6c: 250, 356 bon accueil l Alex:indre: 213
~d'argent': 309 le pouvoir de venir en ::iide shintô: 189-90 'Hérode bit tuer Je:in': 66
'rétrogr.idc, déc.dente, cor· aux hommes': 159 uolsme: 174 'jésus, homme sage': 67
rompue': 306 'Ne cherchez p:is de refuge en 'dogme p:ticn': 265 Jucbismc: 205·34
quelqu'un d'autre que vous·
Égli~~~~:lrég:atio112- mêmes': 138.156
'en conITT.diction avec b résur·
rection': 222
circoncision: 231
conservateur: 227
Égllsc d'Écosse: 325 'ne rel:lchez p:is vos cf· 'influence grecque d:tns le ju· divisions religieuses: 226-7
fons!': 140 d:lisme': 219. 222 f?tes et coutumes: 23(}- l
Église et État, point de vue de
ùlvin: 324 Gibbon, Edw:ird, divination Indiens d'Amérique du Nord h:lSSidisme: 217, 223. 226
point de vue dc:s :m2lnptis· chez les Romains: 83 croy:incc des Algonquins sur immorulitéde !'~me: 219,
tc:s:321 Gllg2mesh, épopée de' 1'3.me:75 222·5
tglbc méthodi5tc: 327 47'9. 54 Om:ih:i.s, cbnse de b pluie: 79 influence grecque: 214
Enkidou: 48·9 Indulgences pontificales: Ketoubim: 220
Église réformée d' Allcma· mezouZ:t: 231
gnc:325 légende: 48·9 312.315
Ouu·N::ipishtim: 49 monothéisme: 208, 218· 19
Églhcs calvinistes (ou réfor· ubleue d'argile: 47 Inquisition, Sainte, fonction· Nebiim: 220
mées),lll.327 nemenc et conséquences: nom de Dieu: 225. 228·9, 232
Hu.sucnots: 325 Hadès, dieu et empire: 54 282·3 nombre d':ideptes: 205
prCdcstirution: 323 H:ar·M2gu&lon: 371 Tomis de Torqucnucb: 283 orthodoxe: 226
Trinité: 322 H2sk:ll2 {Lu ml ère) Isis, déesse égyptienne: 59 Pique(Pess:ilt): 23(}-I
Églises luthériennes: 313 annonce le jucbisme moderne: lslim: 284·303 pourquoi s'y intéresser?: 205-6
scmbb.blcs :i.u otholicismc: 217·18 cinq piliers de 12 foi: 296 réformé: 224.226-7
318·19 H:assid.im, croy:mces: 226 cinq piliers de l'obser· religion d'un peuple: 218
Églhcs orthodoxes d'Orient, loub:i.vicch: 226 vance: 303 sabb:tt(Sh::ibb:tt):230
form:uion: 280 rédts hassidiques, Les: 223 cxp:insion: 292, 302 T2.lmud:221
tmtc. Sirius. ·eeue qui n· Tor:ih: 17, 220
mene le Nir: 84
Hathor: 59. 62·3
Henri VIII, rupture avec le
~~~~ ~m~~;~=f9o;>"1 Yom Kippour: 230
mosquées: 298, 301·2 ·nurque des philosophes
Enrcr, ce qu'enseigne b Bible: P>P"l25.0 muezzin: 5, 301 grecs':216
127·8 Hermès, P:tul appelé: 66 nombre de musulmms: 285 Judaïsme conscrv:ateur,
d:ms le bouddhisme: 155 Hé> iode (poète grec), 2ge Qur'in: 6, 17. 284·91 croyances: 227
d:ms le 12oisme: 174 d'or: 37 Qur'in, b:ufith, sh:irî':t: 290- J
cbns l'hindouisme: 126-7 Jud.2isme onhodoxc: 226
Les Travaux et les jours: 37 saJàt:6,30I Jud:üsmc ré!ormé, croymces:
d10s l'islim: 297. 299
tourments étemcls: 34 Théogonie: «
42, shahMa, profession de
224. 226·7
Hindouisme: 95· 128 foi:296
Espagne, expulsion des Juifs: sigoifiotion du terme: 285·6 Juifs, 205·34
217.302 coutumes religieuses: 95 expulsés d'Esp::i~ne: 217
reconquête: 302 définition: 97 Jainismc: 104·5, 108 forment une nation: 209
dieux et déesses: 116-17 Japon, légende sur ses origi· origine du nom: 207
Esprit(s ), croy:incc 2ux: 75-6 écrits smis: 17, 102·3. 105,
ce qu'enseigne l:t Bible: 153·4 nes: 170 K:a'b::a, description: 287, 289
107 Jéhonb, 225, 228·9, 232,
Évé_<Jucs, premiers chrétiens enseignements et conduite: Kum:a,Biblcréfute: 151·2
n'cuient p:is évêques: 267·70 105·14 366-7 d:i.ns le bouddhisme: 151
'de b pcrsecution 2u pres· histoire: 98·9. 102 Dieu de prophéties: 245. 367 définition: 103, 106
tige':274 p:is une religion polythéiste?:
forme btiniséc:: 225 effet: 112
tvolutJon, effet sur 12 reli· nom employé 6828 fois: 228 Garu{la·Puràtia ( ciu·
97. 119
gion: 332 point de vue sur 12 vie: 95, 97 Jérusalem, interdite aux tion): 111
re:i.ction du dergé: 332 pQji: 5, 124 Juifs: 215 Knorr, Nath.20, président de b.
viep:is:tpp:iruep:irh:lS:ltd: -~ 97, IOl, 116
ruée p:ir les Rom:iins: 207. 215 société Watch Tower: 359
336 terminologie: 106-7 renversée p:i.r B:i.bylone: 212
Knox, John, réfornuteur écos·
'évolution comp:itiblc avec b tr:tnsmigr:ttion de l'!lme: 124'6 Jésus Christ, accomplissement s:i.is:325
Bible':332 yoga: 110 des prophéties: 245
'Jung.le incxtrietble d'exubé- accomplu des mincies: 242. La Mecque, déb:i:rnsséc de ses
Fox, Gœrgc, qu:tkers: 326-7 idoles:292
Fnzcr,J:a.mcs, sur b magic: 24 rantes frondaisons': 98 249-51
agréé p:tr Dieu: 252-4 pèlerin:ige: 4, 289, 303
Freud, Sigmund, théories psy· Horus: 59. 62 si1e de b K:i.'b:i.: 287, 289
Hoyle, Fred, naiss2nce de la b:i.ptêmc et onction: 24-0
cbologiqueso24·5. 332 considéré comme subordonné Langues, 'une même ori·
Gz:a, déesse grecque: 42·4 vie: 336 :1.u Père: 275 gine':3l
G:ù:a.ad, Ecole biblique de b Huguenots: 325 fit conn:iître le chemin menant La~tf~L:ao-ueu), uoismc:
Watcbtowcr, foncbtion: 359 Hus,J:an: 311-12 i Dieu: 244. 246
l.n:uc, relevé d'encre les Mormon, Livre de: 17 P:tndott, légende grecque: 37 'lustcs héritent de b. terre': 300
moru: 249·51 Mosquée: 298, 303 P:a.J>!=. pap:auté: 268·72 'l'enfer est un feu :irdcnt': 299
i:~~~~~if~~~~~~f~ reli· ~~~,"~~ah::~ft1{:ii2s~f- d~~~~~d'un Eut souvc· ·~~t~i~~1irc: il y :a Tri·
gions: 34-5 m:me': 301-2 Léon f": 271·2 'Tourmcnc de l'enfer': 299
L~~:: ~rr le déluge M=~~~::dis:ilrl 1 devenir ~~~ell~=.f~Tt p:is un pape: 't~~~~ts<bns le feu de l'en·
chinoises: 50-1 début de s:i vie: 286-7 268, 272 R2bblns, cnseign:mts juifs:
49
~~Siesh: s- ~~i~~~~nd~Y.r:ii~~o-1 fr~~~~,~~!~b~~:f~icéc:276 ~;;]n: 221
indiennes: 120 m:i.ri:iges: 300 ticres: 272 Jù.shi: 221
5
!:~;.{é~icincs: s1-2 ~~~~ ~~~}~~~ des révéb· :~ieeu~~i~i~t::i~~i~B Rim:a: 97, 103, I 16
sumériennes: 49-50 tians: 288, 290 de': 271 Rameau d'or, Le, dcJ:r.mcs
Linga, bouddhique: 157 question de s:r. succession: P:tr:adls Fr:r.zer: 24
culcc du: 99, 102 293-5 cc qu'enseigne b Bible: 372-5 R.2.nçon
L:~!~~:~~~~cc~~~~cil- ~u;~~;gpris JXlrcœur: ~~~~~~ ~~u~~~~~::6297 , ~~~~~.Pfi~ ~3'is: 305
3
nismc: 178 ~cjcrc 1~Mec9uc:2?2 299-300 Rê. Amon-Re
Loll:trds: 311 :i.~cu_n dcb:u n C?tr:l 1 ~ 3 d:ms Pentecôte, Dieu réJXlnd son es- dieu égyptien du soleil: 57
Lourdes, Fr:ancc, s:i.nc- ~1~~2~~unt d effusions de prit sur les chrétiens: 257, 260 Réforme: 306-28
tu:i.ire: 77 'mogtt :tu ciel': 286 Pharisiens: 214·15 1n~icnssymbolcs conscr·
Luther, Mutin: 21, 314-19 Mul;lammad al-Munta:µr Pl~ (apôtre) . vcs: 3~8 ,
:Ufich:i. ses thèses: 314-16 12• imàm cr M:i.hdi: 295 n est JX1S le premier JX1pc: 268 confcmon d Augsbourg:
m:i.ri:l.gc: 319 Murd'Hadricn culte ro- Plaies, sur l'Egypte: 62·4 317-18
~~~g,o1nd~~~!~~~~~l?n- m:i.in: 60 ' Polythéisme: 92-3, 97, 11.9 ~~~~~~p~;~~~~ le dé·
ciennes': 318 Musulnun(s ) , pourquoi ils rc- Ponc~ Pilate, concbmn:i.tion but: 314
· justification par b. foi": 318 jcttcm}uils et chrc:ucns: dcJ~u.s:,25! divulg::r.tion de b Bible: 328
Mait décs.sc égyptienne de l:i. 295-6 historiette: 2 1 95 ~hèscs de Lu~cr:.315·16
Vérité· 50 53 shi'ites: 293·5 Pontifa Maximus, d:i.ns b rc· lrOIS cour.tors prmc1p:iux: 313
M:t$ic! ~p~ition: 77 _8 :~:~~~~~; ~; terme: 286 til~~~~~~~~~~c ~~~~c: 65
3 1 u::r~~i~ n du nom ·protes·
17
~~~~~~~ine de b rcli· MYt:h~logic: 41·68 262, 271 , , . RéinC2matlon (Voir aussi
gion: 24 afn,c:11n~: 56 Porphyn=,J.esusnc pretcnd1t ~r:ans.mlgr:atlon)
dans le uoismc: 170-1 :i.z~cq~c. 51, 55, 57, 59 p:is èrre Dieu: 266 Bible rtfutc: 153-4
m:tgic imiutive: 79 chmo!SC: 44-5.,50- l, 53·4 Prédestination, rhéologie de croy:mce,bouddhiquc: 151-3
Ngonis (Afrique oricnulc): 79 ~cmc~re des dieux: 42 C:tlvin: 323 m:ûtrcs cdestes uoïstes: 172
Om:i.h:is(Amériqucdu ~;'ff P=~~:.{l.9 59 · 62 " 4 Prière,ch:i.pclct: 33 Religion .
Nord):79 ~ue: 4i-4, 54 moulinl prières: 33. 147 com~cnt identifier la
sor_ts: 79 , , fmmorulité de 1'3.mc· 41 52·5 Prophètes hébreux, envoyés ~r.uc: 377
t~J~ commun :t differcntes rc- inca: 45 _6, 55 · ' p:tr Jéhovah: 210, 212 dcfinition: 7, 16, 265
hg1ons: 74-5 may:i.: 52 , S6 Ptolémée, Claude, :i.stronomc emprunts à une mèmc
M~:u2:;):n1~f Mao Tsé- rom:i.inc: 43, 60·1, 64·5. ' grec: 88 p~:;~~i~c universel: 19, 73·4
Marie (mère de Jésus) N~t;~n~ ~~~~·;r:bohsccs P~atoire: 315 sens rcligic~x de !'homme,
d~~::~-f7~;1mcbMèrcdc Ni~i~ · ~:!:~~~7 325-6 ~f~:1;~~i~~~1-1ucr?:28
nombre de fois où son nom :i.p- ~~~l~c~ct~~JJ:Jq1i~ 137 Qur'in, bogue :i.r:tbt: 284, soulll~e des::mg: 37i~
26
v~~:i.;;ti~~2~~blc:277 154, 156 . , é290~1edcréd:iction:290 ~~~:~~cs~~~~fJn~u2c~-=5
Marx, K2rl: 332_3 Nom de Dieu: 225, 228·9, .f:limin:l.irc": 284 ~.1ts communs: 32 . ,
Médecins sorciers: 78 :i.;;;~~ts en f:lveur de son "Le ~Ilot ~e ~:tng": 288 ·~~~~ ~lgf'~~~~r;4c1encc :14
Méditation, bouddhisme utilis:ltion: 228-9 ~~.~~~bl,iq~lc~ 28 ~ 'homme pcrpéruclkmcnt en
Zen: 146 pronondations'estpcr· rz~.290 rcvca ons. ,.quète\73
G:tuum:t: 137 ..duc: 2.25. . première révébtion: 288 1m~ssi~lc de remonter aux
Mendelssohn, Moses mtcrd1cuon du nom : 228 significtion du icrmc· ., 84 origines: 26
Hask:tfa: 217·18, 227 :~isons de l'interdiction': 229 tr::lduction: 291 ·~ :1.:i. ~cl.igloo et b h~inc': 14
Mennonites: 313, 321 rcdacteursd~_N.ouvc;iu Tesu· tr:r.nsmis p:ir Gabriel: 6, 287. 8 .rc~g!on à b carte: 342
Messe (communion ou Eu· ment on~ ut1hsc le Tecr1- Qur'in ( clutions) religions tcn~cm routes vers
charlstic):320 ,sr:tmme,: 259 . 'Allahéublitl':i.mitié': 11 ·12 lemèmebur:l 2
point de vue biblique: 357 supprcss!on du Tctr::1· 'Allah rappelle les !lmes': 297 Rep:is du Sei~n~ur ,
Messie, concc t juif: 233-4 , gr:tmmc: ~ 32 'ime va d:ms le barzakh': 299 croy:i.i;ice de Zwmgh: 320
concept rcjctf: 218, 234 Nouvc:au c1~l et nouvelle, 'chwger de pc:lU afin de goO· p~rtk_1p:i.nts:_357
espér:mcc mcs.si:tnique :i.ujour· t~e , cspcr:tncc dcschre· ter le tourment': 299 Temoms le cdèbrcnt: 357
d'hui: 234 ucns: 365 . . ·comp:ignic d'épouses': 300 Résurrection, celle de Jésus
faux messies: 217 nouvelle dommauon: 372·4 'Cor.in :i.r:tbt': 291 n'est p:lS un mythe: 255-6
prophéties bibliques: 232- Nouvel an 'demeurer longtemps d:i.ns cc qu'enseigne la Bible: 222·5
3, 245 célébré en Egypte: 63 !'Enfer': 299 dans l:t théologie juive: 222
Mi.thn, dieu rom:tin: 60-1, 65 OM,, AUM, rerme symbolique :ric~~tie ~icu unique': 296 dans le christi:tnisme: 375-
Moïse, conductcurdes Hé· hmdou: 106, 116, 119 .,S:l . 9 , 6.37?. _
brcux: 208 _9 Osiris, frère d'Isis: 59 cpouscr ~eux, trois ou qu:i.trc dans J 15Jam:_297
Moksha, définition: 114 juge desimcs: 50, 53 . .fa~~d~d;d~ l:i. Tor:i et ~~~:1~66 249-51
voies qui mènent 1u: 1IO Ouncoulouncoulou: !'tende l'Ev:i.ngile': 285 ·conception qui s':Ufirmc de
Monde nouveau zouloue s~r la mon. 5 'j:trdins pour les :hnes qui font plus en plus': 222
promis p:i.r Dieu: 372-5 Ounnos, dieu grec: 42·3 le bien': 300 'en contr::1dicrion :i.vec l'lm-
unc seule religion: 378 'Paix et sé<:urité': 371-2 'Jour de la Résurrection': 297 morulltéde 1'3.mc': 219, 222
'une des doctrines centnles du Guru N3n:tk, fond:1tcur: 100 Zhu:tngzi (Tchou:tng-tscu ): débat ~ionné 274-6
jud:tlsmc': 223 significttion des différents tur- 168-9 déb:u sur b cb.use du//l/o-
b::ms:l()().I Témoins dejéhonh: 344-65 qut: 280
Rhé:l. déesse grecque: 43-4 tr.tditions guerrières: 108 exclue p:ir le Shem:i: 219
:idopcem le nom: 358
Russell, Charles T.: 350-4 Sionisme, 'sécubrisation du :inc1ens et serviteurs, J>1S de minimise la pbcc de Dieu: 277
débu1 de s;i. vie: 350-1 mcssi:tnisme': 218 clcrgé:362-3 position de Servet: 322
ronde le Phare de la Tour de 144000 :tppelés :l régner: 358 rcjctéc p:trArius: 275
Slon:352 Sorcellerie, interdite par le rejetéepar lesb:lh2'is: 305
P:trlcment: 80 Collège ccntr:il: 363
fonde une :tSSOCi:ttion bibli- croy::mccs: 356-8 rejette p::i.r les musulm:tns:
que: 352 m:tgiciens et sorcières: 70. 79 296-7
discernent b. question de b
met en doute des doctrines: Spiritisme' 69·94 souvcnineté: 355 rejetée par les Témoins: 356
350-3 permet d'identifier B:tbylonc "8r:mde foule~: 358-9 ':tucunc doctrine onhodoxc :iu
point de vue sur b parou- b Gr::mde: 369 Jcsus, un témoin: 349-50 1v~s i ècle': 275-6
sia:353 Suétone La Tour de Garde, L 'Age d'Or, 'Bible e:'l'.clut la Trinité': 219
point de vue sur 1914: 353 'Chrestos (Christ J': 237 Réveflltz-vous!: 352, 355 'Eglise primitive ten:tit le fi ls
question de b. r:inçon: 352 'chrétiens, hommes :adonnés :l
Rutherford,) ., président de b une superstition nou-
lignécl p:mird'Abcl: 349
mouvement supr:m2cion1l: ·~~~~~~;a~~~~~~~~~sion
Sociélc: Watch Towa: 354-5 vellc': 260 348 du Tétr:i.gr:i.mmc': 232
S:ldducé:eos: 214-15 Supcrstitioos: 70-2 nombre en 1931.1943. 1946, ·mys1è:rc que 13. r::i.ison est inc ·
amulcues et ulismans: 92 1989- 359-61 p:iblcdc résoudre': 264
Satan, Di:able, aveugle les in- :innivcrsaires de n::i.isS:tncc: 70 'philosophie grecque': 263-4
crédules: 367 pcrséaués: 345-6, 360
chiffres: 71 politiquement neutres: 345-6 Tyndale, Wlllb.m., tn.duc1ion
13.ncé d:tns l'::i.bîmc; 371 Chine: 71 , 76. 184
M!lr:a, démon bouddhique: 137 prédiction de maison en mai- dela8iblc:325
Sati, suicide de veuves: 115, 118
divenisscmenl ::i.nodin?:
91·2,94 '°"' 355, 358
réunions où ils étudient la Bi- Ummuno, Miguel de (philo-
S:lvoo:arole,J&ômc, rHornu- druides: 76 ble, 36o-2 sopbe csp:agnol)
!eur iulicn: 312· 13 immortalité de J'3me: 92 'immorulilé de l'ime est un
Tétr:agr:unme dogme p::i.ïen ': ~65
Science, effet sur la religion: j:lpon' 71 :tpp:tr::i.î! 6828 fois: 228
Philippines: 71 ·2 'jésus croyah pcut-€:trc 3. 13. ré-
331·2 par! de vêtements noirs lors qu::i.trc consonnes: 225. 246 surrection':265
Séf:ar:adc:s, commun:tU!é d'un enterrement: 70 ilc::i.r:ic1érisaitl1pcrsonnc V:an Amburgh, W.
juivc:2 16 UOÏSICS: 173-4
mèmc de Dieu : 228 'Dieu ioujoursà 13. b:irre': 354
Septante Survcill:ants. :anciens Tetzel,Joh2nncs, ven1c d'in-
dulgcnces:315 Vaudois: 280-1, 310
époque de s::i. tr.tduction: 213 n'éuicm p1Sdcsévêques: Vishnu,dix2V:1él.n.: 119
nom de Dieu: 259 270-1 Totnn et Tabou, de Sigmund
Frcud: 24 le Conscrv11eur: 115, 117
Servet, Michel premiers chrétiens: 267, 269
réformateur espagnol: 322 Symboles de l:a cbré- Toynbee, Arnold Wesley. John, fondateu r de
Shcma, prière juive: 219 tienté: 328 '::i.ccident géogn.phique de son l'Eglise méthocHsce: 327
Sbint6: 187-204 Syn:agogue: 212 lieu de naissance': 8-9 Winen~rg. foyer de la Ré-
' b. vr:aie fin de l'Homme': 14 forme: 314-15
::i.dcptes: 188 Talmud, Guem:ir:a: 221 'réalité spirituelle': 366
Am::i.!er:isu, déesse du Soleil: immort::llicé de 1'1mc: 223 Wycllffc, Joho, réform::i.ccur
191-2, 200 Mishn::i.: 221 Tr:aosflgur:ation ::i.ngb.is: 310-12.325
:!mes des morts: 189-90 révéré davanugc que 1:1 Bi- cémoip:aage de Pierre: 67
une ré:llitt, pas un mythe: YHWll, Tétr:igr.:imme: 225, 232
coutumes religieuses: 187 blc:216
culte de l'empereur: 199-203 tr.tdltions or:i.les: 216, 221 252-4 Yijing'
d1vin21ion: 83-4. 168
culte des ::i.ncêtrcs: 189 T:an:ak, trois divisions de b. Bi- Transmigr:ation (Voir ::i.ussi
écrits shintô: 192. 200-1 bic hébr:iïque: 220 Ré:ine:tm:ation) Yin/ y:a.og, concept uoiste: 168
face ::i.u bouddhisme: 196-8 croyance juive: 223 technique divin::i.toirc: 82-3
T:aoisme: 161-74
fêtes: 193-5 concept de Dao: 163-4, 166-7 rcjctéepar lcs b:lhi'is: 305 Yog:" no. 136
J:aml, dieux: 191 s::i.ms:lr:i. hindou: 103. 106
kami-ka:e: 197-8 c~~;~~ :l l'immort:tlité: '3mc dans un Jutre corps': z:i~~·;~~4~.lfrlé: 66
rescrits impéri:lux: 200-1 Daodejing: 166-7, 169 223-4
shinui: 190- 1 Zhuangzi (Tchou:ang-tseu ),
tmmonels: 170 Tri:adc(s), ~ypcienncs: 59 uoisme: 168-70
'1bsenccs': 192 in:tple :i. conduire les hommes hindouc(TrimOrti): 115·17
'voicdcs dicux': 196 :au vr:ii Dieu: 185 Trinité Zoro:astrismc, Ahur.t M:tzd:i. lc
Sbin, Destructeur: 115, 117 influence sur J'::i.rt: 171 commune 2 différences rcli- crbteur: 36
M:ihcshv::i.r:t. M::ah:ldev::i.: 119-20 Uozi(l..aO-lSCU): 165-6 gions: 369 Avesu,livreS:tcré:36
prototype de ShiV1: 99 m::i.itre céleste: 172, 184-5 contribu:i 2 un vide théologi- Zwingli, Ulrich, réfonn21eur
Sikkhisme: 100-1 Yijing' 83, 168 que: 229, 232 suissc:319-20

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d'apparition sur une même page (de gauche à droite en tournant). •Page 4, (1) Ladislav Janicek,
~ Transglobe Agency, Hambourg; (3) Camerapix; (4) G. Deichmann, Transglobe Agency, Hambourg.
• Page 21 , (1) Photo: Andy Bernhaut Archive; (2) Université Sung Kyun Kwan, Séoul, Corée.
• Page 25, Medicine and the Ar1is1 (Ars Medica) avec l'autorisation du Philadelphia Museum of Art
(Hermann Struck). •Page 27, avec l'autorisation de la British Library. •Page 33, (1) Musée Guimet,
Paris; ( 4) Ernst Haas, Transglobe Agency, Hambourg. •Page 36, avec l'aimable autorisation de l'univer-
sité de Hong-Kong. •Page 39, Pictorial Archive (Near Eastern History) Est. •Page 47, The University
Museum, université de Pennsylvanie (nég. n• 22065 ). •Page 50, avec l'aimable autorisation des adminis-
trateurs du British Museum. •Page 55 , ( 1, 2) avec l'aimable autorisation du British Museum. •Page 57,
Musée du Louvre, Paris. •Page 61 , (1, 3) avec l'aimable autorisation de English Heritage ; (2) avec
l'aimable autorisation du Colchester and Essex Museum. •Page 63, ( 1) Pictorial Archive (Near Eastern
History) Est.; (2, 3) avec l'aimable autorisation du British Museum; ( 4) Musée du Louvre, Paris.
•Page 64, (1) Musée de Rhodes, Grèce; (2) Musée d'Olympie, Grèce; (3) Musée de Cos,
Grèce. •Page 82, (1) Academia Sinica, Taipei. •Page 87, (2, 3) photos NASA. •Page 99,
(2, 3) avec l'aimable autorisation du British Museum. •Page 100, (2) VIDOC (Visuele
Documentatie) Koninklijk Instituut voor de Tropen, Amsterdam. •Page 101, (1) Ann &
Bury Pmless. • Page 107, ( 1) Baldev, Transglobe Agency, Hambourg; ( 2) Gurmeet Thukral,
Transglobe Agency, Hambourg. •Page 117, (1) Art Gallery, Thanjavur, Inde. Photo de
Eswar Katkar. •Page 118, avec l'aimable autorisation des administrateurs du Victoria
and Albert Museum. •Page 123, (3) Harry Burdich, Transglobe Agency, Hambourg.
•Page 133, avec l'aimable autorisation des administrateurs du British Museum. •Page 150,
(1) avec l'autorisation de la British Library. •Page 165, collection du National Palace
Museum, Taipei, Taiwan. •Page 173, ( 1) avec l'aimable autorisation du British Museum.
•Page 177, (2) Université Sung Kyun Kwan, Séoul, Corée. •Page 181 , Université Sung
Kyun Kwan, Séoul, Corée. • Page 198, photo U .S. National Archives. •Page 211, Musée du
Louvre, Paris. •Page 215 , GPO, Térusalem. •Page 220, Estate of Roloff Beny. •Page 221,
avec l'autorisation de la British I'..ibrary. •Page 222, Bob Stoff. •Page 226, Horst Lôber,
Transglobe Agency, Hambourg. •Page 227, GPO,Jérusalem. •Page 230, Garo Nalbandian.
•Page 231, (2) GPO,Jérusalem. •Page 233, GPO, Jérusalem. •Page 237, Pictorial Archive
(Near Eastern History) Est. •Page 238, (2, 3, 6) J.lictorial Archive (Near Eastern History)
Èst. •Page 241, Bureau israélien des Antiquités et des musées; photo: musée d'Israël, Jérusa-
lem. •Page 259, Société Royale de Papyrologie du Caire. •Page 264, photo: serv1cio de
Cultura-Instituciôn Principe de Viana, del Gobierno de Navarra. • Page 275, ( 1) Scala/Art
Resource; (2) photo: servicio de Cultura-Instituciôn Principe de Viana, del Gobierno de
Navarra. •Page 277, (1) Museo Egizio, Turin; (3) Scala/ Art Resource. •Page 283 , avec
l'aimable autorisation de la Biblioteca Nacional, Madrid, Espagne; (2-4) Exposiciôn de
Antiguos Instrumentas de Tortura, Tolède, Espagne. •Page 286, ( 1, 2) Garo Nalbandian.
• Page 289, ( 1-4) Camerapix. • Page 290, Camerapix. • Page 298, ( 1) Garo Nalbandian;
(2) Carl Purcell, Transglobe Agency, Hambourg. •Page 307, The Pierpont Morgan Library,
New York. •Page 314, (2) Kunstsammlungen der Veste Coburg. •Page 333, ( 1) d'après une
photographie de Mme. J. Cameron; (2) photo: New York Times, Berlin-33225115; ( 3) Na-
tional Library of Medicine; ( 4) avec l'aimable autorisation des administrateurs du British
Museum. •Page 335, ( 1) photo NASA. •Page 337, ( 1) photo NASA.

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