Adélaïde SEBA Éléonore GOFFIN

Les yeux rouges

Myriam Leroy
Il était une fois, dans un royaume fort fort lointain, une
jeune et innocente princesse aimée de tous. Elle était
l’héritière du trône d’Alphéa, un royaume calme et
prospère. Notre belle demoiselle était fiancée au valeureux
et talentueux prince Simon, un musicien et un ami hors
paire.
Tout allait au mieux dans la vie de la jeune fille, jusqu’au
jour où un étrange visiteur fit son apparition.
Il s’appelait Denis et il était enchanté. Il se présenta à la
cour comme l’héritier du trône du royaume voisin
Enchancia.
Restant à l’écart des autres nobles du château, il passait
son temps à roder dans les couloirs du palais. La princesse
ne remarquait pas sa présence, il était pour elle un énième
membre de la noblesse en visite chez elle.
Mais un jour alors qu’elle se baladait seule dans les jardins,
il l’interpella. Il lui dit qu’elle était fort charmante et
demanda à lui porter compagnie. Sans lui donner
l’autorisation, il la suivit dans sa promenade.
Il lui raconta sa vie, son union barbante qui avait donné
naissance, il y a 7 ans ,à un magnifique fils. Ses devoirs
qu’il trouvait ennuyeux mais qui lui permettait d’être à
l’abri du besoin grâce à sa rente mensuelle de 3000 écus. Il
lui parla ensuite de ses idées, de ses passions. Pendant ce
temps, elle l’écoutait déballer son quotidien mais sans
révéler le sien, se contentant de répondre brièvement à ses
questions. Elle termina cette balade en ayant apprit à le
connaître et en comprenant bien qu’ils n’avaient aucun
point commun.
Les jours qui suivirent, il vint souvent lui rendre visite pour
chercher sa compagnie. La plupart du temps elle se défilait
prétendant que ses devoirs lui laissaient aucun moment de
liberté. Quand elle ne trouvait plus excuse, pour échapper
à leur rencontre, il lui faisait toujours un long monologue
sur sa vie et ses idées.
Dans les premiers temps, cette présence ne la gêna pas.
Mais au fur et à mesure des semaines, sa compagnie lui
pesait. Il la mettait mal à l’aise mais elle était trop polie
pour refuser ses avances.
Elle décida d’aller chercher conseils auprès de ses amies
les fées. Elles lui expliquèrent simplement que si elle ne
pouvait plus le supporter, elle ne devait plus répondre à ses
invitations.
Suivant leurs bons conseils, la princesse évita tout contact
avec Denis mais celui ci n’apprécia pas ce changement si
soudain. Alors, à son tour, il prit une décision. S’il ne
pouvait pas être l’ami de notre princesse alors il serait son
ennemi.
D’abord il la harcèle, la suivant partout où elle allait, lui
envoyant des lettres auxquelles elle ne répondit pas. La
jeune femme se sentait de plus en intimidée par cet
homme à qui pourtant elle n’avait rien fait.
Ensuite voyant que ses méthodes pour la ramener à lui
étaient vaines, il lui inventa des scandales sur elle dans
l’objectif qu’elle ne soit plus l’innocente princesse que tout
le monde semblait aimer et chérir. Et même si une bonne
partie de la cour ignorait ces indignations, d’autres
préféraient le croire sur parole ce qui blessa la demoiselle.
Mais elle reçut beaucoup de soutien de ses amis et de son
fiancé ce qu’il lui permette de passer au-dessus de ses
mensonges. Car si elle s’y intéressait et qu’elle revenait
vers lui, cela ne voulait-il pas dire qu’elle approuvait toutes
ces rumeurs ?
Cependant toutes ces manipulations ne lui suffire pas
puisqu’il voulait la détruire entièrement. Pour ce faire, il dut
révéler sa véritable identité. Denis n’était pas le prince
héritier d’un royaume voisin, c’était un sorcier maléfique
qui voulait s’emparer du trône.
Pour atteindre son objectif il n’y avait qu’un seul obstacle
sur sa route, la princesse. Afin de se débarrasser de la
jeune fille, il lui jeta un sort. La princesse perdit alors toute
sa raison, tous ses repères et s’éloigna de ses proches en
qui elle avait perdu toute confiance. Elle se renferma sur
elle-même préférant s’enfermer dans sa solitude. Elle avait
l’impression que tout le monde la jugeait et la surveillait. Le
pire c’est qu’elle sentait le poids du regard du sorcier dans
son dos sans pour autant jamais l’apercevoir.
Il fallut beaucoup de temps à notre pauvre princesse pour
accepter que les fées lui viennent en aide pour la soigner.
Elle retrouva petit à petit sa pleine conscience et ses amis.
Le sorcier voyant l’héritière victorieuse, il comprit que
quoiqu’il fasse, la princesse se relèverait et nul sort ne
pourrait changer cela. Alors il repartit d’où il venait et on
entendit plus jamais parlé de lui.
La princesse ne se remit pas vraiment de cette
mésaventure, gardant à jamais en elle le poids de ce
regard maléfique dans son dos et n’oubliant jamais que le
jour où il s’en était allé, elle avait les yeux rouges.