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Pierre GORGES Les pieds sur Terre ? Paris le 22 décembre 2021 .

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Que faire ?

Que faire dans ce Monde dont le motif est d’échapper et de poursuivre le un, depuis treize milliards d’an-
nées ? Ce Monde, présence de trois miracles ** : sa création, la naissance de la vie, l’invention de la Langue !
Que faire dans ce Monde qui a fait advenir : la Terre, la vie, le corps animal, la Langue et qui fait naître chacun de
nous, à un moment, en un lieu ? Admettre qu’il existe, sinon nous ne serions pas là, à nous poser cette
question ! Accepter ce qu’il en est pour nous, dont la castration, dont ce fait-ci : le mien, le tien, le sien, le notre,
le vôtre : le leurre !

Parions !

L’existence du Réel à l’œuvre : le Monde, fait foi. Sa création et la Limite relevant du seul Réel.
L’inertie du Monde, la poursuite du déploiement de son offre et la part langagière, constituent nos ressources,
certaines ! Elles suffisent à poursuivre l’objet qui comble le manque animal, le besoin, voire les forfaits que nous
venons d’évoquer. Mais seule la foi 1 : qui engage chacun, sans certitude, permet de dépasser ces exigences bru-
tales et poursuivre ce qui est propre à l’homme : notre désir **, un par un. Admettre que tout cela, dont la Li-
mite, nous échappe, et accepter de se donner la peine d’y assumer sa participation, font du Réel et de sa part lan-
gagière, une splendide providence **.
Du fait du Monde, nous pouvons par symétrie, rêver de nous affranchir ? Heureusement, avec la langage,
nous pouvons choisir de nous arrêter aux portes de la création et du franchissement de la Limite, sous peine de
nous y écraser ; ce à quoi nous condamnent nombre des forfaits que nous venons d’évoquer.
Bien difficile pour chacun, d’abandonner sa petite ou grande foi en sa propre démiurgie, rémanence mater-
nelle ! Mais le fait que nous ne soyons pas pour tout dans ce qui arrive, ne fait pas que chacun n’y soit pour rien.
Au contraire ! Non pas à sa seule initiative, mais, homme au Monde, chacun à, à assumer la rencontre avec
l’autre**, ce qui échappe : le Monde, l’inconscient et les autres. Le croisement, la croix, avons-nous vus, est la
reconnaissance de la condition de la reproduction, du renouvellement, de la surprise. La rencontre est la condi-
tion de l’existence *, de la vie et l’occasion d’une possible relation d’échange élaborée avec l’autre. Assumons-en
le mouvement, les logiques et les constructions qui se manifestent sous milles formes. A nous de les rendre heu-
reuses
Etre assujetti * est la condition du jeu langagier, en écart avec le Réel, ce qui rend possible le bon usage de
notre promotion par le Monde. Sans certitude, mais possiblement prometteur ! Nous manifestons cette promo-
tion, outre vie courante, sous forme de rimes et de raisons * : en jouant de la musique, en dansant et en représen-
tant le Monde et la vie sous mille et une belles choses. Récits et explications, Histoire et mathématisations ; Opé-
ras et autres chef-d’œuvres majeures, en sont des manifestations. Chacun à tout instant et tout homme dans son
rôle de parents et de soignant, a, à assumer le fait d’être dépassé, condition d’un futur : de la promesse, de la
surprise. Car, outre l’adaptation à l’environnement, que permet le Réel ? La biologie à l’œuvre : la vie et aussi,
pour l’homme cet autre atout : la Langue, investie d’entrée de jeu ! La puissance d’un langage vigoureux et ri-
goureux, à valeur possiblement métaphorique **, permet adaptabilité et élaborations de toutes sortes, qui dé-
passent largement la vie de chacun, jusqu’à une sorte d’immortalité * comme l’a souligné RICHELIEU.

1Qu’on en commun par exemple, Boudhisme et monothéisme juif ? Il existe, d’abord, quelque chose qui dépasse l’homme. Ce qu’a
souligné SPINOZA. Natura sive Deus ;: c’est la nature si ce n’est Dieu ! Les chrétiens ne savent pas ça, puisque le fait de ne pas y
croire en Dieu, l’anihile. Là est la fiblesse radicale de la théorisation lacanienne.
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Pour tout homme : soi et tout autant comme parent et soignant, il importe de parier 2 sur la suite. Et parier
sur chaque enfant, pour son avenir. La condition indispensable, est d’apprendre à admettre et faire face à la vie :
de se retrousser les manches. Avant FREUD, c’est un pari de même essence, exemple parmi d’autres, qui a per-
mis en 1793 à Philippe PINEL, de soutenir le mouvement de libération des aliénés, de leur chaines physiques. Un
pari de les libérer d’une certaine forme d’obscurantisme qui les entouraient et souvent, les entourent encore.
Ce qui au fond est encore et toujours vrai pour chacun de nous. C’est un tel pari, qu’avec d’autres, j’ai tenté de
relever durant quarante ans, modestement y compris auprès des personnes prises dans la psychoses. Constatons
que les avancées de FREUD, insistant sur le rôle du langage et la responsabilité de chacun 3, rencontrent encore
de nos jours, bien des réticences, voire des refus. Très dommageables pour tous.
Pour l’heure, voici trois « vignettes » cliniques, dans le droit fil de ce que nous avons abordé, à l’occasion de la
néoténie. Il donnent un aperçu sur le vif, de ce que le pari sur la puissance du langage qui habite et qu’habite cha-
cun, permet d’envisager, à condition de jouer le jeu : admettre la castration, comme le fait l’un, assumer * ce qu’il
avance en parlant, comme le fait un autre et comme le troisième, ne pas se voiler la face !
« Dure ! », est la réponse, rassurante et charmante, de cette toute toute jeune fille à qui Bernard GOLSE avait
posé la question : « comment va la vie ? ». Sa réponse admet bel et bien la castration !
A cette occasion, j’ajoute volontiers un exemple significatif de la dynamique langagière, complexe, à l’œuvre
dès l’enfance. Adressant à Lucien, quatre ans, un : non ! à propos d’une modeste bêtise à laquelle il allait se livrer
dans son cabinet, ma femme ajoute à ce : non ! : tous les désirs ne sont pas bons ! Réponse immédiate : Julien, se
bouche les oreilles des deux mains : alors ça ! J’veux pas entendre ça ! Aveu qui nous a fait bien rire !
Je pense aussi à ce jeune : Marin, que j’ai reçu et dont la diplopie a disparue après trois entretiens. Miraculeu-
sement », au dire de son entourage. Vraisemblablement avait-il admis de regarder le monde ** en face !

Regarder en face ce monde des hommes, celui dont il jouent entre grandeur et décadence ! Au
choix !

Sans condition ?

Serions-nous, sans ce Monde qui ne cesse d’exister à ce qu’il n’est pas ? Ce Monde, présence de trois miracles
** : sa création, la naissance de la vie, l’invention de la Langue ! Autonome, Il est cet autre nécessaire, qui, en
symétrie, confère à tout homme une solide hétéronomie. Chacun, divisé entre un corps animal et la Langue en
écart avec le Réel, mais dont la grammaire est fondée sur les mêmes logiques que la Réel. Entre les deux : un de-
gré de liberté. Ainsi, le Monde offre-t-il à tout homme, là où il est, là où il en est, la possibilité de vivre décem-
ment.

A chacun de l’assumer ! Il s’agit de quitter son enfance et être pour quelque chose dans ce qui lui arrive et
arrive à la Planète. Il s’agit d’accepter ce qui est, se retrousser les manches pour participe à l’effort, et tout au-
tant renoncer à l’illusion de la toute puissance, à la Liberté ! Un degré de liberté n’est pas la liberté : cette illu-
sion, à terme mortifère ! Nous le constatons à présent.
Et sans garantie de succès ! Puisque face aux dérèglements que nous avons déclenchés et dont à présent nous
connaissons les causes, il s’agit de laisser la nature retrouver ses équilibres ! Relevant, non de nous, mais du
seul Réel, c’est la condition pour y vivre. Or au vu de nos forfaits, l’inconnue de l’acceptabilité d’une quel-

2 Un pari, non pécuniaire, bien sûr, mais ouverture à la vie ! Voir IV sans ma mère ? Chapitre 1 Je veux maman ! ce qui Fait foi *
Mais alors en outre un Acte de foi * en ce qui échappe vraiment, à présent comme au futur, après avoir vraiment quitter l’origine.
Cette origine, qui demeure énigmatique pour tout homme, prend pour certain, le nom de Dieu. Pensons au pari de PASCAL *. ( Voir
L’enjeu ? la Limite ! ) Acte qui seul permet de dépasser la maîtrise, cette illusion, que notre relative compréhension et saisie du
présent, poussent à accréditer.

3 Le Ché voi * que chacun peut supposer au Monde, à sa providence, du fait du regard initial de sa mère, passant ensuite à l’exigence
du regard de son père, tournée vers un futur où je dois l’assume, devient alors : en quoi y suis-je, comme personne : Che me voi ?
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conque condition, par un nombre suffisant d’entre nous, pèse lourd. Cet l’effort et ce renoncement concernant
un par un, tous le hommes de la Planète !

Il s’agit de tâcher à réhabiliter l’éthique *, bien mal en point ! Certes, rien de nouveau sous le soleil !
Mais l’intolérance est à son comble : l’autre n’a plus droit de cité ! Or, il s’agit que chacun accepte la Limite et
son au delà, ce qui paraît lui échapper : l’altérité, les autres et la part de soi-même qui échappe, mais d’abord cet
autre * le Monde, consistant * conformément à seules et propres lois.
Et nous le savons bien. Lorsque l’échappement n’est pas admis, c’est la pulsion de la capture immédiate qui
échappe et nous condamne à la laisser brutalement à prendre le dessus. Ce qui nous entraine aux méfaits qui
s’exercent contre le Monde et les autres. Outre asservissement, guerres, vol, élimination 4, un autre exemple no-
toire : les méfaits à la part femelle de l’humanité, à la maternité ** qui nous dépasse. Ce qui depuis toujours, a
nuit et continue à nuire, à notre « moitié » femme
Il s’agit aussi, de faire que la parole * retrouve son crédit 5, comme au temps de NEWTON par exemple.
Il s’agit, troisièmement, de faire que le privé et le publique, existent 6, l’un par rapport à l’autre, soutenus par
chacun.
Il s’agit aussi de faire que nos instruments si élaborés de nos jours, visent à n’être, humainement, que des or-
thèses ! Qu’elle no visent pas à être des prothèses * de ce qui illusoirement, apparait comme nos insuffisances :
alors qu’elles ne relèvent simplement que de nos vraies limites : de la castration.

Ne devons nous pas être honnête, admettre notre dette ? Ne s’agirait-il pas de pratiquer véritablement, la
tolérance, ce qui a présidé aux soins que nous a prodigués notre mère au moment de la néoténie, du temps de
nos premières années 7? Pratique du bord, de la caresse ! L’amour, ce prodige ; sa douce capture et le doux aban-
don non sans l’admiration, que nous alors, permis, notre mère. Puis son pari : la foi en l’avenir !

4 Méfaits que nous ne connaissons que trop. Au choix :


Asservir : de la perversion ordinaire au goulag, en passant par l’esclavage !
Ecraser : de la vénalité, l’injure, la torture et au viol, en passant par la guerre et nos exactions !
Voler : du braconnage à l’escroquerie et au rapt !
Eliminer : de la rééducation aux génocides, en passant par les exécutions et les gaz !

5 Parole ! * : Parole d’homme * : accrédité * par une personne et adressée *

6 Res publica * Et c.f. Emission Répliques du 5 septembre 2020 * La vie la mort à la lumière du coronavirus

7 IV Serais-je sans ma mère ?


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Pierre GORGES Les pieds sur Terre ? Paris le 22 décembre 2021 .

( Journal Le Monde, environ 11 octobre 2020 ? )

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