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NOTULES & CITATIONS

Il y a le monde moderne. Le monde moderne a fait à l'humanité des conditions telles, si entièrement et si
absolument nouvelles, que tout ce que nous savons par l'histoire, tout ce que nous avons appris des
humanités précédentes ne peut aucunement nous servir, ne peut pas nous faire avancer dans la
connaissance du monde où nous vivons. Il n'y a pas de précédents. (Charles Péguy, Note conjointe sur M.
Descartes et la philosophie cartésienne ; nouvelle Pléiade, 1992, tome III p. 1455-56).

Il n’y a pas de crise de l’enseignement ; il n'y a jamais eu de crise de l'enseignement ; les crises de
l'enseignement ne sont pas des crises de l'enseignement ; elles sont des crises de vie ; […] c’est en effet à
l’enseignement que les épreuves éternelles attendent, pour ainsi dire, les changeantes humanités ; le reste
d’une société peut passer, truqué, maquillé ; l’enseignement ne passe point ; quand une société ne peut pas
enseigner, ce n’est point qu’elle manque accidentellement d’un appareil ou d’une industrie ; quand une
société ne peut pas enseigner, c'est que cette société ne peut pas s'enseigner ; c'est qu'elle a honte, c'est
qu'elle a peur de s'enseigner elle-même ; pour toute humanité, enseigner, au fond, c'est s'enseigner ; une
société qui n'enseigne pas est une société qui ne s'aime pas ; qui ne s'estime pas ; et tel est précisément le
cas de la société moderne. (Charles Péguy, Cahiers de la quinzaine, VI, 2, 11 octobre 1904, « Pour la rentrée
» ; nouvelle Pléiade, 1987, tome I p. 1390).

Quarante ans est un âge terrible. Car il ne nous trompe plus. Quarante ans est un âge implacable. Il ne se
laisse plus tromper. Il ne nous en conte plus. Et il ne veut plus, il ne souffre plus que l’on lui en conte. Il ne
cache rien. On ne lui cache plus rien. Il ne nous cache plus rien. Tout se dévoile ; tout se révèle. Tout se
trahit. Quarante ans est un âge impardonnable, ce qui […] veut dire qu’il ne pardonne rien. Car c'est l'âge où
nous devenons ce que nous sommes. (Charles Péguy, Victor-Marie, comte Hugo ; Cahiers de la quinzaine,
XII, 1, 23 octobre 1910 ; nouvelle Pléiade, 1992, tome III p. 170)

C'est une des confusions les plus fréquentes […] que de confondre précisément l'homme, l'être de l'homme
avec ces malheureux personnages que nous jouons. Dans ce fatras et dans cette hâte de la vie moderne on
n'examine rien ; il suffit qu'un quiconque fasse quoi que ce soit, (ou même fasse semblant), pour qu'on dise,
(et même pour qu'on croie), que c'est là son être. Nulle erreur de compte n'est peut-être aussi fausse et
peut-être aussi grave. Par conséquent nulle erreur n'est aussi communément répandue. Un homme est de
son extraction, un homme est de ce qu'il est. Il n'est pas de ce qu'il fait pour les autres, pour les
successeurs. Ce seront peut-être les autres, ce seront peut-être les successeurs qui seront de cela. Mais lui
ne l'est pas. / Le père n'est pas de lui-même, il est de son extraction ; et ce sont ses enfants peut-être qui
seront de lui. (Charles Péguy, L’Argent ; Cahiers de la quinzaine, XIV, 6, 16 février 1913 ; nouvelle Pléiade,
1992, tome III p. 808-809).

Tous les régimes de faiblesse, tous les régimes de capitulation devant l’ennemi sont aussi ceux des plus
grands massacres de la population militaire et de la population civile. Rien n’est meurtrier comme la
faiblesse et la lâcheté. Rien n’est humain comme la fermeté. C’est Richelieu qui est humain littéralement et
c’est Robespierre qui est humain. Les régimes de lâcheté sont ceux qui coûtent le plus au monde, et en
définitive ce sont ceux qui peuvent finir et les seuls qui finissent réellement dans l’atrocité. […] Les régimes
qui ne commencent pas par annuler les mauvais bergers finissent toujours par massacrer le troupeau
même. (Charles Péguy, L’Argent suite ; Cahiers de la quinzaine, XIV, 9, 27 avril 1913 ; nouvelle Pléiade, 1992,
tome III p. 925-926).

Il me faut une journée pour faire l'histoire d'une seconde. Il me faut une année pour faire l'histoire d'une
minute. Il me faut une vie pour faire l'histoire d'une heure. Il me faut une éternité pour faire l'histoire d'un
jour. On peut tout faire, excepté l'histoire de ce que l'on fait. (Charles Péguy, Clio, dialogue de l’histoire et de
l’âme païenne ; nouvelle Pléiade, 1992, tome III p. 1147).

Aimer, c'est donner raison à l'être aimé qui a tort. (Charles Péguy, Note conjointe sur M. Descartes et la
philosophie cartésienne ; nouvelle Pléiade, 1992, tome III p. 1285).

Avoir la paix, le grand mot de toutes les lâchetés civiques et intellectuelles. Tant que le présent est présent,
tant que la vie est vivante, tant que la liberté est libre elle est bien embêtante, elle fait la guerre. (Charles
Péguy, Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne ; nouvelle Pléiade, 1992, tome III p.
1413).

On s’étudie trois semaines, on s’aime trois mois, on se dispute trois ans, on se tolère trente ans, et les
enfants recommencent. (Hippolyte Taine, Notes sur Paris. Vie et opinions de M. Frédéric-Thomas
Graindorge, chap. V, éd. Hachette, 1867, p. 51).

L'amour physique est la clé de presque toutes les vies. On le sait, on n'ose le dire, de peur de passer pour un
obsédé sexuel. (Jacques de Bourbon-Busset, L'Amour durable. Journal III, Gallimard, 1969, p. 90).

Je ne peux plus tenir entre tes mains ton visage mais ton regard donne un sens au théâtre où mon ombre
s'agite. Je m'arrange pour citer ton nom et tout prend forme et densité. En t'évoquant je me fais exister.
Grâce à toi, mon centre est ailleurs qu'en moi. C'était vrai, toi vivante. C'est encore vrai, toi morte. Je suis
orienté par l'infini de ton visage. Je t'aime tendrement. Je fais bouger la photo où brillent tes yeux de
douceur et de victoire et tu te mets à vivre, tu es vivante. (Jacques de Bourbon-Busset, L'Absolu vécu à
deux, )

Celle que j'aime et mon œuvre sont aussi inséparables que l'aubier et l'écorce. Mon journal est, à partir de
L., une métaphysique éclatée de l'amour. (Jacques de Bourbon-Busset, La Force des jours, …..)

Il n'y a pas d'amour conjugal, mais il y a un amour nuptial et c'est le plus grand. (Jacques de Bourbon-
Busset, Tu ne mourras pas,....)

La Complicité assure la durée d'un amour mais aussi d'un atome, d'une cellule, d'une étoile, d'une galaxie.
Le premier et le dernier mot du cosmos, c'est la dualité-complicité. La complicité est la passion de l'univers.
Le secret du monde est qu'il se trouve à deux. (Jacques de Bourbon-Busset, L'Audace d'aimer,....)

Je ne sais pas comment t'appeler et cela en dit long. Nous sommes amants, mais le lien de l'étreinte est à la
fois puissant et fragile. J'espère que nous sommes amis, mais l'amitié vraie se nourrit de nombre d'années.
Assurément nous sommes complices, mais dans quel but ? Je crois que chacun de nous a besoin de l'autre
pour être sûr de sa propre existence. Nous nous renforçons mutuellement dans la conviction que nous ne
sommes pas du pur néant, c'est déjà beaucoup. Pouvons-nous aller plus loin ? (Jacques de Bourbon-Busset,
L'Amour confiance, …..)

Le point de soudure entre intelligence et sensibilité évoque la charnière secrète entre monde visible et
monde invisible. (Jacques de Bourbon-Busset, La Nature est un talisman, …)

Qui a juré sa foi est libre pour tout le reste. Quand l'âme s'engage, l'esprit se libère. Ame constante, esprit
libre. Qui a un point fixe peut se payer le luxe de l'errance. La foi jurée est le prix de la liberté de l'esprit. La
liberté de l'esprit est-elle une valeur en soi ? Oui. Sans elle, il n'y a pas d'activité de l'esprit et l'esprit n'est
rien s'il n'est en acte. Mais l'action pour l'action n'a pas de sens. Il lui faut un but et, pour l'esprit, ce but est
la recherche de la vérité... Tous les matins, je retrouve mon esprit d'entreprise, tous les soirs mon esprit de
méditation. A mes yeux, les deux se valent. Aux vôtres ? je n'en sais rien et peu m'importe. Cela ne
m'importe que si vous désirez vous en entretenir avec moi et, alors, je ferai mon possible pour me mettre à
votre place. (Jacques de Bourbon-Busset, Foi jurée Esprit libre, …..)

Un baiser légal ne vaut jamais un baiser volé. (Maupassant, Le Père Milon, « Confessions d’une femme » ;
Pléiade Contes et nouvelles tome I, 1974, p. 468).

Amour ! pourquoi fais-tu l’état heureux de tous les êtres et le malheur de l’homme ? C'est qu'il n'y a que le
physique de cette passion qui soit bon ; c'est que, malgré ce que peuvent dire les gens épris, le moral n'en
vaut rien. Qu'est-ce en effet que le moral de l'amour ? la vanité ; vanité dans le plaisir de la conquête, erreur
qui vient de ce qu'on en fait trop de cas ; vanité dans le désir de la conserver exclusivement, état
malheureux qu'accompagne toujours la jalousie, petite passion, si basse qu'on voudrait la cacher ; vanité
dans la manière d'en jouir, qui fait qu'on ne multiplie que ses gestes et ses efforts sans multiplier ses
plaisirs ; vanité dans la façon même de la perdre, on veut rompre le premier ; car si l'on est quitté, quelle
humiliation ! et cette humiliation se tourne en désespoir lorsqu'on vient à reconnaître qu'on a été
longtemps dupe et trompé. (Buffon, Discours sur la nature des animaux ; Pléiade, 2007, p. 477-478).

Ces mots lui semblaient doux et caressants. Dits par l’autre tout à l’heure, ils l’irritaient et l’écœuraient. Car
les paroles d’amour, qui sont toujours les mêmes, prennent le goût des lèvres dont elles sortent.
(Maupassant, Bel-Ami, II, 5 ; Pléiade Romans, 1987, p. 419).

Il n'est pire servitude que l'espoir d'être heureux. (Carlos Fuentes, Diane ou La chasseresse solitaire,
Gallimard, 1994, phrase d’incipit, p. 9).

[Qui sera juge en matière de langage ?] Ce ne sera pas l’historien de la langue, qui n’a la parole que pour le
passé ; ce ne sera pas non plus le linguiste, qui a la charge de décrire les lois du langage, mais non de les
dicter ; ce ne sera pas le statisticien, qui ne fait qu’enregistrer l’usage. À qui donc attribuer l’autorité ? Elle
appartient à l’inventeur, à celui qui crée les formes dont se sert ensuite le commun des hommes, à
l’écrivain, au philosophe, au poète… Nous sommes la foule, qui habillons notre pensée du vêtement créé
par eux ; nous usons de ce vêtement et nous l’usons. Par nous-mêmes, nous ne pouvons contribuer que
peu de chose au développement du langage ; encore est-ce seulement sous la direction de ces maîtres.
Il faut nous résigner à n’être que des écoliers, et ce n’est pas aux écoliers à commander. (Adolphe Noreen,
Sur la correction de la langue, Upsal, 1888 ; cité par Michel Bréal, Essai de sémantique (science des
significations), Hachette, 1897, p. 303-304).

On mesure l'intelligence d'un individu à la quantité d'incertitudes qu'il est capable de supporter (Emmanuel
Kant.....)

Il y a un signe infaillible auquel on reconnaît qu'on aime quelqu'un d'amour, c'est quand son visage vous
inspire plus de désir physique qu'aucune autre partie de son corps. (Michel Tournier)

Le Temps est le professeur universel de la République (Lakanal)

Que penser de ces vies infimes devenues cendres....

Déchiffrer la vérité de soi dans ce monde-ci, se déchiffrer soi-même dans la méfiance à l'égard de soi et du
monde, dans la crainte et le tremblement à l'égard de Dieu, c'est cela et cela seulement qui pourra nous
donner accès à la vraie vie. (Michel Foucault, Le Gouvernement de soi et des autres, in Le Courage de la
Vérité, Le Seuil, ; 1984, p.308)

Pour savoir écrire, il faut avoir lu, et pour savoir lire, il faut savoir vivre... (Guy Debord, Thèses sur
l'Internationale Situationniste et son temps, n° 29 in La véritable scission dans l'internationale, Paris, Champ
Libre, 1972)

Si l'on prenait la langue dans le temps, sans la masse parlante — supposons un individu isolé vivant
pendant plusieurs siècle — on ne constaterait peut-être aucune altération ; le temps n'agirait pas sur elle.
(Ferdinand de Saussure, C.L.G., p. 113)

Comme le voulait Saussure, la langue est à la fois un système serré et une substance glissante....

" Nosce te Ipsum "


" Felix qui rerum cognoscere causas potuit "

" On n'est jamais si malheureux qu'on croit, ni si heureux qu'on avait espéré " La Rochefoucauld, Pensées 9

L'homme emporte dans le silence et la mort Ce qu'il renonça de posséder dans la vie

Comprendre le comprendre d'un poème, tenter sur du particulier, toujours, l'épreuve d'un universel,
lui-même obscur, multiple. […] Le savoir philologique fait toujours un meilleur écrin au poème
que l'ignorance, tout en n'étant qu'une boite vide par lui-même " H. Meschonnic, " Prosodie, poème du
poème " in Histoire et Grammaire du Sens, Hommage à J.-Cl. Chevalier, A. Colin, 1996, p. 222.

" La meilleure philosophie relativement au monde, c'est d'allier à son égard le sarcasme de la gaîté avec
l'indulgence du mépris " Chamfort.

" L'architecture, c'est ce qui reste de l'édifice, la pierre ôtée " Plotin

La musique parle une langue universelle, par laquelle l'esprit est excité librement et sans but. Elle lui fait un
tel bien, lui est si connue et si familière, qu'en ces courts instants, il lui semble qu'il se trouve dans sa patrie.
Tout ce qui est amour et bonté, passé et futur, s'élève en lui, en même temps que l'espoir et le désir. Notre
langue, à l'origine, était bien plus musicale ; ce n'est que peu à peu qu'elle s'est ainsi prosaïsée et assourdie.
Elle est devenue un simple bruit, un son, s'il est permis d'avilir ainsi ce mot très beau. Il faut qu'elle
redevienne un chant. Novalis, http://www.jose-corti.fr/titresenlisant/fragments.html, trad. Maeterlinck.

Qui ne porte au plus profond de soi des regards, des sourires, des plaintes, des paroles déposées par
d'autres en legs obscurs ou lumineux, en offrandes ou en forme de plaies, selon? Toute vie est composée de
nœuds de filiation, de rencontres, d'échanges, d'alliances et de ruptures, aussi divers que multiples. Toute
vie est pétrie de traces, de résonances, parsemée de fragments d'autres vies,
de bris de témoignages, traversée de reflets... Tout silence est tissé de rumeur, toute solitude est visitée par
d'invisibles présences, toute parole frémit d'infimes réverbérations. Qui ne porte au plus profond de soi des
regards, des sourires, des plaintes, des paroles déposées par d'autres en legs obscurs ou lumineux, en
offrandes ou en forme de plaies, selon? Sylvie Germain. Les Céphalophores.

Je garde tous nos baisers, je garde les heures où l’on ne faisait rien, je garde les jours où je ne te voyais pas
et où tu me manquais, je garde tous ces moments, toute cette vie que tu veux oublier, je garde, je garde
toute cette vie future que nous ne partagerons pas, je la garde pour moi, elle sera comme éclat de blessure
vivante qui tous les jours me rappellera combien nous nous sommes aimés. Pascal Rambert, Passagère de
la tour.

Un homme qui lit, ou qui pense, ou qui calcule, appartient à l’espèce et non au sexe ; dans ses meilleurs
moments il échappe même à l’humain... (Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien)

Toute langue est étrangère à ce qu'elle prétend signifier (Alain Bosquet, Le verbe est un navire, 1998, p.287)

La langue est un système périphérique de saisie du pensable, lequel système intègre en lui, en les
circonscrivant, des systèmes plus étroits, différemment limités, qui tous en reproduisent la forme générale
(Gustave Guillaume, Principes de linguistique théorique, 1952, p. 25)

La langue représente en nous l'institué à partir duquel et avec les moyens duquel nous parlons. La parole,
quand elle s'engage, et déjà quand elle se prépare, trouve la langue préconstruite en nous ((Gustave
Guillaume, Principes de linguistique théorique, 1952, p. 92)

Chaque langue contient, préfabrique, impose à ses locuteurs une certaine manière de regarder le monde,
d'analyser l'expérience que nous avons du monde (Georges Mounin, Les problèmes théoriques de la
traduction, 1963, p. 272)
Les jeux de langage sont les formes de langage par lesquelles un enfant commence à utiliser les mots.
L'étude des jeux de langage est l'étude de formes primitives du langage, ou de langages primitifs. (Ludwig
Wittgenstein, Le Cahier bleu, in Tractatus logico-philosophicus, 1996, p. 56)

L'objectivité exige, pour être accomplie, que l'agent de la représentation se donne à voir en pensée en la
projetant effectivement hors de lui, ce qui suppose l'existence d'un autre être également capable de
représentation et de pensée. Or, de pensée à pensée, la seule instance capable de médiatiser leur puissance
concurrente est la langue, ce qui, du même coup conditionne et engendre la nécessité qui la pousse à
mener à son terme le contenu actuel de la pensée. (Gustave Guillaume....)

Système de la personne :
Je/Tu vs Il = corrélation de personnalité
Je = personne subjective vs Tu= non subjective
Je vs Tu = corrélation de subjectivité
Pour Benveniste Pb LG 1966, p. 232.

Pour Guillaume, Séminaire EPHE 1942


La présence (rapport interlocutif) s'oppose à l'absence (hors-rapport interlocutif), comme, dans l'espace le
MOI s'oppose au HORS-MOI, et comme, dans le temps les personnes interlocutives (Je vs Tu) s'oppose à la
personne délocutée (il, elle). Ce qui permet de préciser encore la relation de personnes : la personne
générique, c'est ce dont on parle, tout ce qui peut être dit en discours. Au niveau du genre, la 3e personne
est la personne fondamentale.
Personnes spécifiques en langue :
Présence à la conversation :
Personnes interlocutives.
Présence absolue : productrice du discours : Je
Présence relative : réceptrice du discours.
Immanence à l'interlocution

Absence à la conversation :
Personne non-interlocutive : Il, Elle

Il apparaît dès lors que la 3e personne fait partie intégrante du système :


En tant que personne spatiale comme hors-moi.
En tant que personne temporelle comme délocutée, exclue du rapport allocutif. C'est donc, si l'on veut, une
non-personne interlocutive, mais pas une non-personne au sens strict.
La 3e personne se définit donc comme pourvue de deux traits négatifs : non-locuteur et non- allocutaire, et
d'un trait positif : délocuté (personne dont il es parlé, sans plus). Ce qui permet de rendre compte dans le
style narratif anglais des oppositioins : I said / I says ; et danbs le style hypocoristique français fu « Il ». Il
avait un gros bobo, le petit garçon... Si la phrase est transcrite au présent : Il a un gros bobo, le petit garçon
(c'est moi qui parle!). Avec l'imparfait, le locuteur exprime non sa propre pensée, mais ce qu'il imagine
affectueusement être la pensée de l'autre : une traduction.

A propos des personnes plurielles : Il existe théoriquement trois principaux degrés d'allocutivité :
a) Tu / Toi allocutivité directe
b) Vous allocutivité médiatisée
c) Il / Lui allocutivité indirecte (marque la plus grande distance du moi par suppression du contact
allocutif direct.

A propos du Il impersonnel : Il pleut... Il me semble que...


C'est ce que Gérard Moignet appelle la personne d'univers, qui représente le hors-moi par excellence, ce
qu'on ne pourra jamais faire entrer dans le rapport d'interlocution, qui peut faire d'un 'Il » un « Tu » voire
un « Je ». André Joly, Revue des Langues Romanes, 1973, 1, pp. 4-48.
« Notre tête est ronde pour permettre à la pensée de changer de direction » Picabia

« En France, il semble que l’heure soit au retour en force de la volonté d’utiliser les cours d’histoire comme
support à la propagation d’un roman national mythifié, ainsi qu’à l’incompréhension, y compris aux plus
hautes sphères de l’État français, des mécanismes fondamentaux des sciences humaines et sociales. Le
grand public est en demande d’informations scientifiques gratuites et facilement accessibles. En témoigne
le succès de Wikipédia et des chaines de vulgarisation francophones diffusées sur la plateforme de vidéos
Youtube. La formation à l’utilisation active, et non à la simple consommation, des outils numériques
disponibles sur internet, constitue l’un des enjeux de l’éducation et de l’auto-défense intellectuelle de tout
citoyen du XXIe siècle. Le modèle traditionnel d’enseignement vertical, où le professeur incarne l’autorité
intellectuelle par excellence, est remis en question par l’accessibilité inédite et exponentielle d’un savoir
sans cesse renouvelé. En témoigne la possibilité de suivre gratuitement des formations diplômantes, en e-
learning, d’universités internationales prestigieuses telles que Harvard, Berkeley, le Massachusetts Institute
of Technology, Oxford ou la Sorbonne Aujourd’hui, la fonction de l’enseignant consiste moins en une
transmission de connaissances qu’en une formation à l’esprit critique, au scepticisme et à la méthode
scientifique. Par la définition même de son travail, l’historien a un formidable rôle à jouer » Kévin Vanehuin,
consulté le 18 janvier 2017 sur le site http://ahl.hypotheses.org/266?utm_source=lettredans cette forme
renouvelée d’éducation

The Bridge of Sans Luis Rey, Thornton Wilder, Pulitzer Prize, 1928. L'histoire de l'effondrement en 1714 du
plus beau pont du Pérou, entraînant la mort de cinq personnes. Un texte qui se lit comme une parabole du
combat que l'homme mène pour trouver quelque sens au hasard et aux tragédies inexplicables : « But soon
we will die, and all memories of those five will have left Earth, and we ourselves shall be loved for a while
and forgotten. But the love will have been enough ; all those impulses of love return to the love that made
them. Even memory is not necessary for love. There is a land of the living and a land of the dead, and the
brifge is love. The only survival, the only meaning »

Humboldt : « La langue n'est pas un ensemble de signe conceptuels arbitraires ou passés dans l'usage au
gré du hasard, et il est impossible de penser qu'un mot n'ait d'autre destination et force que de rappeler
quelque objet existant hors de lui et dans la réalité ou pensé dans l'esprit » De l'Influence de la diversité des
langues sur la littérature et la culture de l'esprit, textes présentés et traduits, commentés par Denis
Thouard, Paris, 2000, p. 120-121.

« Les idées et la langue qui sert à les exprimer sont si étroitement liées ensemble qu'elles tiennent, à bien
peu de différences près, constamment la même marche et sont assujetties à une influence continuellement
réciproque. » Essai sur les langues du nouveau continent, cf. ci-dessus, p. 53.

Chaque langue exprime et crée à la fois des « caractères nationaux. La « nation » (groupe culturel à
caractères spécifiques) influe sur sa langue qui elle-même influe sur la nation., l'une ne préexistant jamais
complètement à l'autre. Ce sont des « visions du monde » (Weltansichten) qui séparent les peuples.

« Il n'y a donc que l'enthousiasme qui soit capable de réveiller et de maîtriser l'imagination et c'est au poète
de l'inspirer. C'est peut-être la raison pour laquelle il est impossible de sentir entièrement un poète
étranger. L'enthousiasme se compose d'une infinité de rapports que les objets ont avec nos sentiments et
notre caractère ; et il faut être élevé dans l'habitude d'une langue, avoir pensé et senti avec elle, pour que
chaque phrase et chaque mot se présentent à nous avec toutes ses nuances, qu'il réveille tous les souvenirs
capables de renforcer l'idée qu'il nous offre. Les mots d'une langue étrangère ressemblent véritablement à
des signes morts ; au lieu que ceux de la nôtre sont vivants, pour ainsi dire, parce qu'ils se lient à tout ce qui
respire autour de nous. » Sur le caractère national des langues, cf. ci-dessus, pp. 29-30.

Et l'on peut même, suivant Humboldt, aller jusqu'à dire ce que Vigny formulait lui aussi au sujet de la
traduction de Shakespeare, que chaque individu possède une langue propre dans la mesure où ce qu'on lie
aux mots dépend d'un parcours, d'une histoire individuelle :
« Chaque âge, chaque classe de la société, chaque auteur célèbre, enfin si on regarde aux nuances les plus
fines, chaque individu qui a l'esprit un peu cultivé, se forme dans le sein de la même nation une langue à
part, attache des idées autrement modifiées aux mêmes mots, et attire insensiblement le langage commun
dans ce qu'il y a de plus essentiel, dans les nuances les plus intimes de la pensée et du sentiment. » Essai
sur les langues du nouveau continent, p. 56, cf. ci-dessus.

C'est pourquoi Cassandre n'est pas comprise : la langue est individuelle et non commune, elle est
indissociable d'un effort herméneutique des interlocuteurs, car elle ne se réduit pas à une simple
communication de contenus.

L'immersion culturelle comme manière de dépasser ou du moins d'apprivoiser une altérité fondamentale

« Les abeilles pillotent de çà de là les fleurs ; mais elles en font après le miel qui est tout leur » Montaigne,
Les Essais, 1, 26.

« Adonis, un des noms syriens du Soleil. Peut-être d'a- privatif et sanscrit dân, couper. Proprement, le non-
coupé, le non-échancré par opposition à la lune dont le nom signifie dans plusieurs langues l'échancrée par
allusion aux périodiques échancrures de ce satellite de la terre » Charles Toubin, Essai d'étymologie
historique et géographique, Paris, Alphonse Picard, 82, rue Bonaparte, 1892, 462 p. p. 7.

Valery Larbaud surnomme Moulins : Pont sur Sableuse ou Somnole sur Lente.....

Montesquieu avait élaboré au XVIIIe siècle la théorie des trois pouvoirs. Il convient aujourd'hui de coiffer
ces derniers d'un quatrième pouvoir supra-ordonnant :
Le pouvoir médiatique et informatif,
Le pouvoir législatif,
Le pouvoir exécutif et
Le pouvoir judiciaire.

« Un universitaire français aujourd’hui est de moins en moins un grand intellectuel ou un grand chercheur,
et de plus en plus un petit bureaucrate s’acquittant de tâches médiocres dans des lieux médiocres pour un
salaire médiocre. On lui demande de faire tourner silencieusement la machine à illusion, la chaîne à
produire du diplôme. Certains, résignés, finissent par l’accepter. Presque tous ont le plus grand mal à
avancer des recherches ». (Pierre Jourde, Université : la grande illusion, Paris, Éd. L’Esprit des péninsules, p.
112)

" J'aurai rêvé ma vie à l'instar des rivières


" Vivant en même temps la source et l'océan
" Sans pouvoir me fixer même un mince moment
" Entre le mont, la plaine et les plages dernières.

" Suis-je ici, suis-je là ? Mes rives coutumières


" Changent de part et d'autre et me laissent errant.
" Suis-je l'eau qui s'en va, le nageur descendant
" Plein de trouble pour ce qu'il laissa derrière ?

" Ou serais-je plutôt sans même le savoir


" Celui qui dans la nuit n'a plus que la ressource
" De chercher l'océan du côté de la source
" Puisqu'est derrière lui le meilleur de l'espoir ?

Supervielle
Et Camoens sur le Nunc, l’instant…
La vie de moi subrepticement s'échappe,
Mais peut-on seulement dire que je vis encore ?
Le temps et sa brévité me passent sous les yeux
Je m'apitoie sur mon passé et tandis que je parle
Mes jours continuent de s'écouler à la même cadence
Et la douleur en moi s'installe à mesure que mon âge s'évapore.

Ralph Waldo Emerson : “Do not go where the path may lead, go instead where there is no path and leave a
trail.”

Martial : « Stultum est difficiles habere nugas »…. Il est ridicule de s’amuser à des travaux laborieux et nos
travaux ne passent que pour des billevesées, ou des amusettes….

Hippolyte Taine : « l’homme n’est pas un assemblage de pièces contiguës, mais une machine de rouages or -
donnés ; il est un système et non un amas »

Baudelaire : « De la langue et de l’écriture, prises comme opérations magiques, sorcellerie évocatoire. »


(Fusées, XI).

Jerome Rose à propos de Wilhelm Backhaus : « Celui qui m’a le plus marqué, sur place, c’est Wilhelm Back-
haus. Mais Baller m’avait prévenu : Backhaus était une sorte de monstre. Avant la guerre, Baller l’avait vu
profiter des montagnes, de promenades dans la nature, de lectures intensives pendant tout un été suisse,
sans qu’il ne touche à son clavier. Dix jours avant le début de la saison, Backhaus se remettait au travail, et
la qualité technique, la puissance, l’élévation spirituelle, le fini de ses exécutions étaient tout bonnement
écrasants. J’ai parfois l’impression que plus personne ne comprend rien à la stature d’un maître tel que lui.
Un Backhaus traversait la scène, s’asseyait sans manière et délivrait un jeu magistral, dépourvu d’effet, de
surcroît. Concentration absolue. Et ce profil de statue… Ce genre de pianistes n’avait en fait qu’à s’asseoir,
c’était déjà grandiose ! Et quand ils jouaient… Son récital Beethoven, pour moi, reste inoubliable. »

Ouk Elabon Polin, Elpîs ephe kaka


Ils ne prirent pas la ville, car attendre et espérer sont toujours de mauvais conseil...

Maria Casarès à Albert Camus, le 4 juin 1950 : « Nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes recon-
nus, nous nous sommes abandonnés l’un à l’autre, nous avons réussi un amour brûlant de cristal pur, te
rends-tu compte de notre bonheur et de ce qui nous a été donné ? »

All the world's a stage,


And all the men and women merely players;
They have their exits and their entrances;
And one man in his time plays many parts,
His acts being seven ages. At first the infant,
Mewling and puking in the nurse's arms,
And then the whining schoolboy, with his satchel,
And shining morning face, creeping like snail
Unwillingly to school. And then the lover,
Sighing like furnace, with a woeful ballad
Made to his mistress' eyebrow. Then a soldier,
Full of strange oaths, and bearded like the pard,
Jealous in honour, sudden and quick in quarrel,
Seeking the bubble reputation
Even in the cannon's mouth. And then the justice,
In fair round belly with good capon lin'd,
With eyes severe, and beard of formal cut,
Full of wise saws and modern instances;
And so he plays his part. The sixth age shifts
Into the lean and slipper'd pantaloon,
With spectacles on nose and pouch on side,
His youthful hose well sav'd, a world too wide
For his shrunk shank; and his big manly voice,
Turning again toward childish treble, pipes
And whistles in his sound. Last scene of all,
That ends this strange eventful history,
Is second childishness and mere oblivion,
Sans teeth, sans eyes, sans taste, sans everything.

William Shakespeare
From As You Like It, Act 2, Scene 7

« La fonction de l’écrivain est de faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne s’en
puisse dire innocent. Et comme il s’est une fois engagé dans l’univers du langage, il ne peut plus
feindre qu’il ne sache pas parler […] ; le silence se définit par rapport aux mots, comme la pause, en
musique, reçoit son sens des groupes de notes qui l’entourent. Ce silence est un moment du
langage ; se taire ce n’est pas être muet, c’est refuser de parler, donc parler encore. Si donc un écri-
vain a choisi de se taire sur un aspect quelconque du monde, ou selon une locution qui dit bien ce
qu’elle veut dire : de le passer sous silence, on est en droit de lui poser une […] question : pourquoi
as-tu parlé de ceci plutôt que de cela et — puisque tu parles pour changer — pourquoi veux-tu chan-
ger ceci plutôt que cela ? » Jean-Paul Sartre, « Qu’est-ce que la littérature ? », Situations, II, 1948,
p. 74-75.

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