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Lundi 23 janvier 2023

Séance 5 : Texte 4 : Un journal, La Vie Française.


Support : Extrait du chapitre 6 de Bel-Ami : « M.Walter, qui l’appréciait
cependant (…) toutes ces mains différentes. »

Problématique : Comment Maupassant, à travers son personnage


principal, nous présente-t-il le fonctionnement de la presse au XIXe siècle ?

I- Le rôle des Échos

a- Présentation des Échos


b- Des manipulateurs de l’opinion

Tout d’abord, nous remarquons que cet extrait nous donne à lire le rôle
des « Échos », une rubrique du journal La Vie Française dirigée par M.Walter.
Le passage s’ouvre ainsi sur une définition des « Échos » : ils sont « la moelle
du journal », et par cette métaphore, nous comprenons déjà qu’ils sont à la fois
ce qui lui donne la vie et ce qui en constitue la meilleure part. D’ailleurs, la suite
du premier paragraphe permet de justifier cette expression, d’une part en
expliquant le rôle de cette rubrique, d’autre part en posant des exemples précis.
Une phrase, introduite par le présentatif « C’est par eux » et construite sur
une gradation, montre comment les « Échos » manipulent l’opinion. En effet,
bien que l’expression, « on lance les nouvelles », rôle tout à fait attendu de la
presse, reste neutre, « on fait courir les bruits », est une expression plus
péjorative qui renvoie aux commérages et signale d’emblée un rôle plus
sournois. Cela se trouve confirmé par « on agit sur le public et sur la rente » qui
souligne l’objectif final, et par la conjonction de coordination « et » qui appuie
le rapport étroit entre la presse et la finance.
Dans le deuxième paragraphe, l’anaphore « il faut » qui comporte un verbe
employé sur le ton impératif montre bien l’exigence du métier de journaliste qui
suppose une rigueur et une moralité irréprochables. Pourtant, chacune des
phrases accentue, au contraire, l’immoralité des comportements et des objectifs
de ceux qui travaillent aux « Échos ». Par le lexique choisi, la pratique du
journaliste est d’emblée présentée comme souterraine, hypocrite. Le champ
lexical de la perfidie dans la phrase « il faut savoir glisser, sans avoir l’air de
rien, la chose importante, plutôt insinuée que dite. » met en valeur la
dissimulation, idée reprise dans la phrase suivante par l’emploi du mot « sous-
entendus ». Pire encore, une série d’antithèses, « démentir » face à « affirmer »,
« affirmer » face à « que personne ne croie », achève de montrer au lecteur que
le fonctionnement de cette presse est absurde. Ainsi, le faux devient vrai, le vrai
devient faux, et l’opinion se laisse guider.
De plus, le paragraphe se clôt sur cette même idée de profit, puisque, pour
vendre le journal, il faut viser le plus large public possible, d’où le lexique : «
que chacun trouve, chaque jour, une ligne au moins qui l’intéresse », « que tout
le monde les lise », et comme en témoigne aussi l’énumération en gradation, «
penser à tout et à tous », « à tous les mondes », « à toutes les professions ».
Cette énumération se fonde d’ailleurs sur plusieurs antithèses, entre « Paris » et
« la Province », soit la ville et la campagne, l’« Armée », symbole de l’ordre,
face aux « Peintres », symboles d’une vie de bohème plus en marge de la
société, le « Clergé », donc la religion, face à l’« Université », soit le lieu de la
science et de la pensée critique, enfin les « Magistrats », illustrant le respect de
la loi et de la morale, face aux « Courtisanes », par définition en dehors de la
morale.

Ainsi, Maupassant nous donne à lire l’image d’une presse qui ne recule devant
rien pour séduire, prête à tout pour appâter toutes les opinions qui se mêlent et
se côtoient, mais avec un unique objectif : un intérêt purement économique.
Nous allons d’ailleurs voir que l’auteur nous fournit une image de plus en plus
sombre de la presse, à travers une description du chef de cette rubrique et une
présentation plus générale de l’organisation du journal.

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