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ASSOCIATION FRANÇAISE DES TUNNELS

ET DE L’ESPACE SOUTERRAIN
Organisation nationale adhérente à l’AITES

www.aftes.asso.fr

Recommandations
de l’AFTES

Les conditions d’emploi


du boulonnage
GT6&7R3F1
A.F.T.E.S.
GROUPES DE TRAVAIL 6 et7
BÉTON PROJETÉ / SOUTENEMENT REVETEMENT

TEXTE PROVISOIRE DES


RECOMMANDATIONS AVANT APPROBATION DÉFINITIVE, L'A.F.T.E.S.
SUR LES CONDITIONS D'EMPLOI recueillera avec intérêt toute suggestion relative à ce
DU BOULONNAGE texte.
Tous droits de reproduction, traduction, adaptation, totales ou partielles sous quelques formes que ce soit sont expressément réservés

Projet présenté par C. LOUIS (animateur du groupe de travail NO 6 avec la collaboration de : )


Groupe 6 Groupe 7
M.BONNAIRE M.CUEILHES M.HUG M. RESSE M. DESSENNE
M. GELS A M. DUFFAUT M. LACHAUD M.SAILLET M. G EST A
M. COLLA M. ERAUD M. LETHUAIRE M. VINCENT M.GODARD
M. COLOMBE! M.FINDELING M.PIRAUD M. MALCOR
M. COMBE M.GAUTRAIS M. RAFFOUX M. LEGRAND

AVANT PROPOS OBJECTIFS DES RECOMMANDATIONS


DEFINITION Le texte ci-dessous a pour objectifs de préciser les
conditions d'emploi du boutonnage dans les travaux sou-
On appelle boutonnage le renforcement du terrain par
terrains (à l'exclusion des exploitations minières) et de
des barres généralement métalliques de longueur comprise
faciliter le choix des paramètres du boutonnage.
entre 1,5 et 10 m, placées à l'intérieur du terrain à partir
de la surface libre.
1. - INTRODUCTION
Les tirants se distinguent des boulons par deux carac-
tères principaux : leur longueur dépasse généralement Le rôle des boulons d'ancrage est d'armer le terrain
10 m, et ils sont tendus volontairement à une fraction c'est-à-dire de limiter les déformations du massif, d'amé-
importante de leur force de rupture. liorer globalement sa résistance à la traction et au cisail-
lement, et surtout d'éviter sa dégradation progressive,
RAPPEL HISTORIQUE tout en permettant une libération partielle des contrain-
Le boutonnage a été employé d'abord dans des ter- tes.
rains stratifiés ou schisteux, avec une orientation préfé- Associé ou non à un garnissage (*) plus ou moins
rentielle perpendiculaire aux bancs ou aux feuillets. Il continu de la surface du massif, le boutonnage constitue
associe alors des dalles individuelles trop minces par un soutènement suspendu qui présente, sur les soutène-
rapport à la portée pour former une dalle d'épaisseur ments intérieurs à la section du type portiques ou
suffisante. Il a été employé aussi avec un rôle analogue cintres, l'avantage d'une plus grande souplesse tout en
à celui des étriers de béton armé (pour reprendre l'ef- associant plus directement le terrain lui-même à la
fort tranchant). Enfin, il a été étendu aux massifs ro- fonction du soutènement.
cheux à structure quelconque, notamment aux terrains
irrégulièrement fracturés et même à certains terrains Les principaux types de boulons actuellement sur le
meubles. marché sont :
a) les boulons à ancrage ponctuel, soit mécanique par
Les premiers boulons dans les ardoisières de la région coquilles à expansion, soit par scellement sur faible
d'Angers, étaient en bois de châtaignier et leur scelle-
longueur (moins du quart de la longueur totale) générale-
ment était obtenu sur toute la longueur par gonflement
ment à la résine, ou au mortier.
hygroscopique. Les boulons d'acier se sont développés
dans les mines sédimentaires dans les années 1950, b) les boulons scellés au mortier sur toute leur longueur.
d'abord avec un dispositif d'ancrage très simple par fente Le mortier peut être mis en place par coffrage perdu
et coin, puis avec des dispositifs à serrage par vis. Le scel- (coquilles perforées), par cartouche, ou par injection
lement au mortier de ciment, puis à la résine est apparu avant ou après l'introduction de la barre).
ensuite. Plus récemment, des boulons à base de fibre de c) les boulons scellés a la résine sur toute leur longueur.
verre ont été mis sur le marché et des études portent sur d) les boulons foncés ou vissés dans les terrains meu-
des boulons de fibres végétales ou synthétiques et de bles.
résine polymérisée in situ.
Les trois derniers types sont dits à ancrage réparti,
A l'heure actuelle, la technique de soutènement par par opposition à l'ancrage ponctuel.
boutonnage reste encore très empirique. Dans ce domai-
Les paramètres d'un soutènement par boutonnage,
ne, comme dans de nombreux autres, des sciences de
sont principalement :
l'ingénieur, l'expérience a précédé la théorie. Les princi-
pes d'action des boulons (travaillant par traction, cisail- — le type d'ancrage et de boulon,
lement limitant les effets de la dilatance etc ...) restent
mal connus mais la pratique a montré que ce mode de
soutènement était particulièrement efficace et économi- {*) Par garnissage, il faut entendre tout dispositif mis en place à
que. la surface de la cavité reliant les boulons entre eux (coque de
béton projeté, treillis soudé, grillage, plaque etc . . .).

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— la nature du matériau constituant la barre (acier, rise les mouvements relatifs entre les blocs traversés par
fibres de verre, bois/stratifié ou autres matériaux ...} ses le boulon, même si sa déformation totale est faible, et
caractéristiques mécaniques (notamment son allonge- enfin le risque d'inefficacité du boulonnage en cas d'alté-
ment à la rupture, et son état de surface (lisse ou crénelé) ration ou de délitage du terrain (non revêtu) au voisinage
— la longueur et la section de la barre. de la plaque d'appui.
— le plan de boulonnage (espacement ou densité,
orientation).
— la nature des plaques d'appui et du garnissage
éventuel.
— la mise en tension éventuelle.
D'une manière générale le type d'ancrage optimal dé-
pend directement de la nature du terrain, alors que la
longueur optimale et la disposition des boulons sont
plutôt conditionnées par la géométrie de l'ouvrage.
Tous droits de reproduction, traduction, adaptation, totales ou partielles sous quelques formes que ce soit sont expressément réservés

Quant à la densité de boulonnage qui est l'un des para-


mètres essentiels du dimensionnement, elle est fonction
à la fois du terrain, de l'état initial des contraintes, de
l'ouvrage et de la méthode de creusement. Pour tout
projet de boulonnage d'un ouvrage souterrain ces liaisons
peuvent être schématisées conformément à la figure 1

NATURE DU TERRAIN I | CARACTÉRISTIQUES DU BOULONNAGE |

*• Orientation des boulons

Type de boulons

«^ Densité du boulonnage

Portée profondeur Longueur et diamètre


des boulons

• Répartition dans le profil

Fig. 1 Facteurs déterminant un soutènement par boulonnage


en travaux souterrains.
Fig. 2 Soutènement d'un toit par boulonnage et grillage
Idoc. COLDENBERG)
La mise en place des boulons comprend (sauf dans le
cas,d)ci-dessus) deux opérations successives :
— la perforatiorïdu trou
— l'ancrage ou le scellement de la barre
On notera que le diamètre du trou à percer est tou-
jours défini précisément par les dispositifs d'ancrage ou
scellement.
2. - CHOIX DU TYPE DE BOULONS
Le choix du meilleur type de boulon dépend de deux
conditions principales :
— la possibilité d'enfiler la barre dans le trou donc la
stabilité du trou pendant une courte durée.
— la possibilité d'assurer une liaison solide et perma-
nente entre la tige et le terrain.
En raison de la grande variété des terrains il serait très
difficile de les classer suivant ces deux conditions. Aussi
la méthode inverse est employée, les conditions de terrain
optimales étant évoquées ci-dessous pour chaque type de
boulon.
2.1.- Boulons à ancrage ponctuel
2.1.1.- Ancrage mécanique ( Fig. 2 et 3.)
Les coquilles à expansion sollicitent la roche de façon
intense et ponctuelle en compression radiale et en cisail-
lement. Ce type de boulon exige donc impérativement
une roche suffisamment résistante (quelques dizaines de
MPa en compression simple) pour que l'ancrage ne rippe
pas, même à long terme, suite à un fluage de la roche. A Fig. 3 TUNNEL ROUTIER DU FREJUS - (côté français» -
cette limitation s'ajoutent, d'une part, le risque de co- Boulonnage de la voûte au voisinage du front - Largeur excavée
11m, hauteur de couverture de l'ordre de 1000 m dans des schis-
rosion par les eaux souterraines, d'autre part, l'absence tes lustrés (boulons d'ancrage à expansion 0 20 mm, longueur
de liaison continue entre l'acier et le rocher, ce qui auto- 4,65 m, densité : 1 boulon /m2) - (doc. LENOIR et MERNIER)

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Ceci dit, ces boulons présentent les avantages suivants : stratifiés.
— mise en œuvre simple et rapide (sans matériel acces- En contrepartie, ils nécessitent une mise en œuvre
soire autre que celui nécessaire à la foration) et permet- particulièrement soignée du fait de la difficulté du con-
tant un contrôle immédiat. trôle. Ils ne permettent pas, de plus, la mise en précon-
— possibilité de régler leur tension, éventuellement trainte du terrain encaissant, ce qui est le propre des
en plusieurs étapes ancrages ponctuels. Enfin, leur rupture éventuelle est
— effet de soutènement immédiat difficilement décelable par observation directe.
— mise en précontrainte possible (très utile en parti- Le choix entre un scellement réparti soit à la résine,
culier dans le boulonnage complémentaire mis en œuvre soit au ciment est d'abord une question de possibilités de
à moyen ou long terme). foration. Concernant le scellement à la résine, la foration
en petit diamètre est la seule admissible pour des raisons
— possibilités, par le choix de l'ancrage et de l'acier, économiques et techniques. Cette méthode convient
de s'adapter aux déformations des terrains (en limitant aux formations homogènes où les débris de foration ne
par le jeu du glissement la tension maximale dans la sont ni trop plastiques (bourrage), ni trop fragiles (coin-
barre) cement des écailles), ni trop abrasives (usures de petits
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Ils sont donc particulièrement adaptés lorsque les taillants). Dans les mines, les boulons sont souvent courts
conditions suivantes sont remplies : et restent de faible diamètre, ce qui explique la tendance
à avoir recours au scellement à la résine, qui se prête
— recherche d'un effet à court terme (soutènement
avantageusement à la mécanisation du boulonnage. Par
ou ouvrage provisoire)
contre en génie civil où les conditions varient beaucoup,
— roches dures (Rc minimal de l'ordre de 30 MPa) (*) on adopte plutôt la foration percutante de plus gros
— massif peu fracturé : module de fracturation Mf > diamètre pour des boulons plus longs, ce qui impose
10 cm, même pour des ouvertures de fractures de l'ordre le scellement au mortier de ciment.
de 1 cm.
2.2.7.- Scellement au coulis ou au mortier injecté (Fig. 4.)
Les boulons à ancrage mécanique ponctuel sont très
utiles pour "épingler" localement les blocs ou les dal- Les boulons scellés au mortier injecté ne sont efficaces
les instables d'une voûte (une seule fissure à bloquer), ou qu'après un certain durcissement du mortier, c'est-à-dire
pour agir rapidement contre l'écaillage des roches dures au moins plusieurs heures après leur mise en œuvre. Ils
à grande profondeur (empêcher la formation de fissures n'ont donc pas d'effet de soutènement rigoureusement
normales au boulon). immédiat et il ne faut donc pas compter sur eux pour la
protection des ouvriers qui travaillent au front de taille
Dans certains cas les boulons à ancrage ponctuel peu- d'un tunnel. Par ailleurs, ils conviennent assez bien dans
vent être injectés après leur mise en tension. De telles les terrains poussants qu'il importe de laisser se déformer
injections (de mortier ou produits bitumineux plus dé- avant le blocage définitif. Dans certains cas, si l'on re-
formables) permettent non seulement d'accroître la pé- cherche un effet de soutènement immédiat, on peut uti-
rennité des boulons en protégeant les tiges contre la cor- liser soit un scellement mixte (avec une cartouche de
rosion (si ces dernières sont métalliques) mais elles con- résine au fond d'un trou plein de mortier) soit un scelle-
tribuent à éliminer un inconvénient majeur en milieux ment avec un mortier à prise rapide.
aquifères. Les trous de boulonnage non injectés consti-
tuent en effet un réseau de drainage qui se traduit par Techniquement les boulons au mortier peuvent être
une augmentation des venues d'eau. mis en œuvre dans une gamme de terrains plus vaste que
les boulons à la résine; il suffit en effet de pouvoir forer
2.7.2.- Ancrage ponctuel à la résine ouau mortier un trou d'ancrage qui soit stable pendant quelques minu-
Ce type d'ancrage peut être utilisé dans les conditions tes. On peut donc s'accommoder de roches très fracturées
suivantes : ou présentant des cavités. Le mortier peut être mis en
œuvre par injection avant la pose du boulon, tous les
— dans les roches dures, scellement court (40 cm) vides du terrain se trouvent alors remplis. L'introduc-
ou tendres, scellement plus long, 10 < Rc < 30 MPa, tion du boulon qui chasse le mortier excédentaire per-
catégorie VI dans la classification précitée. met en plus de réaliser une injection plus ou moins partiel-
— dans les massifs avec des fissures peu ouvertes le du terrain (par effet de piston).
Les ancrages ponctuels à la résine ou au mortier La mise en œuvre de boulons au mortier exige que la
peuvent être plus longs que les ancrages mécaniques, ils teneur en eau du terrain soit surveillée avec attention.
s'accomodent donc mieux des roches moins résistantes. Il arrive en effet que dans les terrains saturés le durcisse-
De plus la pérennité de l'ancrage est supérieure. Les ment du mortier soit entravé par excès d'eau inversement,
risques de glissement du scellement sont plus limités des terrains secs et finement divisés peuvent dessécher,
que pour les ancrages à coquilles à expansion. par absorption de l'eau de gâchage, le mortier injecté.
2.2.- Boulons scellés sur toute leur longueur
Les boulons scellés à la résine ou au mortier de ci-
ment sur toute leur longueur présentent tout d'abord
tous les avantages de l'ancrage réparti :
— faible sollicitation spécifique de la surface d'adhé-
rence
— excellente protection contre la corrosion
— effet mécanique optimal dans les terrains fissurés
(l'ouverture même minime d'une fissure mobilise immé-
diatement toute la résistance du boulon)
— limitation des déplacements relatifs dans les terrains

(*) Ce qui correspond aux catégories I à V dans la classifica-


tion APTES du groupe 7 Soutènement Revêtement, publié dans Fig. 4 Boulonnage à ancrage réparti - scellement au mortier
Tunnels et Ouvrages Souterrains, N° 1 Janv/fév 74 (p.31 -39) (autoroute A8 Nice)

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2.2.2.- Scellement à la résine (Fig. 5 et 6)
Le scellement à la résine atteint pratiquement sa résis-
tance définitive dans l'heure qui suit la pose du boulon
et s'oppose donc rapidement à la décompression des ter-
rains. Il exige cependant un calibrage soigné du trou
d'ancrage et un choix corrélatif du diamètre de la barre.
Cette condition suppose que la roche soit saine, c'est-
à-dire homogène, sans cavité, à fissuration fermée et
peu développée (Mf > 10 cm) .(**) Si ces conditions
sont respectées le scellement à la résine peut s'accomo-
der de roches très tendres,comme la craie ou les marnes.
Son utilisation en présence d'eau est rendue délicate par
des problèmes d'adhérence et parfois par des phéno-
mènes chimiques (polymérisation, retard ou défaut de
prise). Il existe à présent des résines spéciales à prise
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ultra-rapide qui ne sont plus affectées par l'action de fig. 5 Bourres d'ancrage pour le boutonnage à la résine (doc.
l'eau. Les résines ont l'inconvénient d'être sensibles TITANITE)
à la température, et de plus conservation limitée.
En raison des techniques de mise en œuvre, la longueur
des scellements à la résine peut difficilement dépasser
4 m.
2.3.- Boulons foncés dans le terrain
Les boulons foncés directement dans le terrain sont
utilisés lorqu'il n'est pas possible de forer un trou d'an-
crage stable assez longtemps pour pouvoir introduire un
boulon. C'est le cas des terrains à la fois tendres (cohé-
sion<0,1MPa et hétérogènes, catégories VI et VII), com-
me les poudingues faiblement cimentés mais à fort frot-
tement, ou trop peu cohérents (sables argileux). Cette
technique a l'inconvénient d'exiger un marteau perfora-
teur particulièrement lourd travaillant en percussion
pour vaincre la résistance au frottement latéral. Ce sys-
tème d'ancrage foncé dans le terrain peut être considéra-
blement amélioré par l'emploi de boulons creux munis
de perforations latérales, dans lequels on injecte un mor-
tier qui consolidera le terrain aux alentours (sols hétéro-
gènes et poreux, moraines).
Dans les argiles très plastiques (catégorie VIII), il peut Fig. 6 Tige d'ancrage - Scellement à la résine - et ses accessoires
(en Fibres de verre) - (doc. CELTITE)
arriver que le trou d'ancrage se referme par fluage des
parois ou encore que l'adhérence du scellement (résine
ou mortier) dans le terrain soit insuffisante. Dans de
telles circonstances, il est parfois possible de visser des culier des boulons à ancrage ponctuel, destinés à s'oppo-
barres nervurées dans le terrain par vibro-percussion. La ser à l'écaillage des piédroits, des boulons plus courts
résistance à l'arranchement de ces ancrages reste généra- sont en général utilisés (longueur comprise entre D/3 et
lement faible (10 à 20 klM/ml) D/4).
2.4.- Tableau récapitulatif Des nuances sont certes à apporter à ces indications
Le tableau récapitulatif de la fîg. 7 faitapparaftre les relatives à la longueur des boulons. L'idée essentielle à
domaines d'application optimaux de chaque type de retenir est que les terrains à fort rayon de décompression
boulon. Finalement les seuls terrains qui ne sont pas nécessiteront, pour leur soutènement, des longueurs de
boulonnables sont soit les terrains à la fois trop fracturés boulons plus notables tandis que pour le boulonnage de
pour que le trou d'ancrage soit stable et trop durs pour sécurité (en rocher fracturé peu décomprimé) des bou-
permettre le fonçage d'une barre, soit les terrains insuf- lons courts peuvent suffire (la longueur des boulons peut
fisamment cohérents ou frottants (catégorie IX et X être dans ce cas sans rapport avec la portée de l'excava-
qui correspondent dans cette classification aux remblais tion).
plastiques peu consolidés, aux sables ou graviers gorgés La section des boulons à ancrage ponctuel dépend de la
d'eau, avec vases et sols plastiques saturés). force à laquelle il est prévu de les faire travailler et n'est
3. - INFLUENCE DE LA GEOMETRIE pas liée à leur longueur. Pour les boulons à ancrage
DE L'OUVRAGE réparti, on observe une certaine proportionnalité entre
longueur et diamètre conformément au tableau indicatif
Dans les ouvrages souterrains,la longueur des boulons suivant :
de soutènement est choisie en fonction du diamètre D
iportée horizontale) de l'ouvrage; elle varie entre D/2
Longueur (m) 2 4 6
pour les terrains très déformable et D/3 pour les terrains
peu déformables mais fracturés, pour les cavités cou- Diamètre 0(mm) 16 20 25 32
rantes de section inférieure à 200 m2. Dans le cas parti-

** Mf Module de facturation défini par C. LOUIS 1974, para- Cette relation découle, d'une part des contraintes de
mètre équivalent à ID (intervalle entre les discontinuités) ou S mise en œuvre (le boulon ne doit pas flamber lors de son
(espacement des discontinuités de chaque famillle) introduites
par le groupe de travail n° 1 (Tunnels et ouvrages souterrains, introduction) et, d'autre part, de la nécessité d'assurer
n° 28 Juillet-Août 1978 p. 176-185). une grande surface d'adhérence. La quantité d'acier utili-

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catégorie boulon boulon Ba rre non bou-
Nature du terrain ancrage scellé à scellé au
TOS n°1 ponctuel lonnable
1974 la résine mortier foncée vissée

Roches dures (Rc > 30 MPa)


- risque d'écaillage (Rc< 3 y h) I • •
- pas d'écaillage (Rc> 3 ^ h)
à
• peu fracturé (Mf >10cm) • •
• fracturé (Mf < 10 cm) V •
Roches tendres
0,5MPa<Rc«20MPa)
- peu fracturé (Mf >10 cm) • •
VI
- fracturé ( 6 < Mf < 1 0 cm) •
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- très fracturé (Mf < 3cm) •


- très fracturé, sans cohésion •

Sols (Rc< 0,5 MPa)


--cohérent (c>0,1 MPa) • •
- peu cohérent (0,02 < c < 0,1 MPa) VII
• non frottait (argile) •
• frottant (poudinges) •
- incohérent (c< 0,02 MPa) VIII •
(sable sec, argile très plastique)
IX
- sols peu consolidés •
- terrains coulants X •
Cas particuliers
Massifs hétérogènes avec fort contraste
de résistance (blocs rocheux dans gangue •
argileuse)

Rc — résistance à compression uniaxiale


Mf = module ou maille de fracturation, dimensions moyennes des blpcs élémentaires du massif
c = cohésion
Fig. 7 Schématisation des conditions d'emploi du boutonnage selon la nature du terrain
(Ces données sont purement indicatives, elles sont à considérer avec beaucoup de réserves)

sée de ce fait est en général trop élevée, l'expérience résine, c'est la longueur des scellements qui peut diffici-
montrant qu'un boulon se rompt très rarement en trac- lement dépasser 4 m; au delà de cette dimension, il de-
tion. L'idéal serait des boulons à grande surface d'adhé- vient difficile, voire impossible.de perforer les cartouches
rence (boulons creux ou plats, profilés), travaillant d'une de résine lors de l'introduction de la tige.
manière analogue aux armatures de la terre armée. Ces
Pour le boutonnage des parois de surface importante,
considérations concernent les boulons travaillant en
la longueur des boulons est proportionnée aux dimen-
traction; pour ceux sollicités au cisaillement, les fortes
sions de la paroi à conforter. Une limitation apparaît en
sections d'acier constituent, par contre un élément favo-
raison des difficultés de pose des boulons classiques de
rable.
plus de 12 m de longueur. Il faut alors passer aux tirants
Les dimensions de la cavité ont également une cer- d'ancrage, ou à un système mixte associant, d'une part,
taine influence sur le choix du type du boulon, pour des des boulons courts (4-5 m) et denses, destinés à créer une
raisons de mise en œuvre. De ce point de vue, les bou- croûte résistante en surface et, d'autre part, quelques
lons à ancrage ponctuel sont les plus commodes et peu- tirants de grande longueur (plusieurs dizaines de mètres)
vent être posés sans problème, quelle que soit leur lon- qui ancrent cette croûte en profondeur. Ce système
gueur. Par contre, les boulons scellés au mortier deman- s'applique en particulier au confortement du toit et des
dent un certain effort, s'ils sont introduits dans des trous parois des grandes excavations souterraines.
d'ancrage préalablement remplis de mortier. Pour des
4. - INFLUENCE DE LA METHODE D'EXECUTION
boulons de 4 m de longueur et au delà, l'utilisation d'un
marteau vibreur sur glissière devient nécessaire. Pour les La méthode de creusement d'un ouvrage souterrain a
boulons de grande longueur (au delà de 10 m) l'injection une influence décisive sur la "quantité de soutènement"
au mortier peut se faire après l'introduction de la barre nécessaire, donc sur la densité de boutonnage qui pourra
dans le trou d'ancrage. varier du simple au triple. Le soutènement ayant pour
effet de s'opposer à la décompression irréversible des
Les boulons scellés à la résine sont particulièrement terrains (ou de la contenir dans des limites précises), il
indiqués dans les petites galeries, où un marteau à colon- devra être d'autant plus lourd qu'il est mis en œuvre
ne téléscopique (semi stoper) suffit pour forer le trou et plus tard. Le boutonnage devra donc être d'autant plus
poser le boulon. Pour des boulons de plus de 3 m de important (longueur, densité) :
longueur, il est indispensable d'avoir un appareil de bou- — que les boulons sont mis en œuvre tardivement "
lonnage automatique également à glissière. Ce qui limite — que l'excavation a un aspect irrégulier
la longueur des boulons à ancrage réparti, scellés à la — que le terrain a été ébranlé par le tir

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Par suite, pour une roche et une géométrie d'ouvrage blindages et revêtements qui constituent des éléments de
identiques, le nombre de boulons nécessaire sera réduit soutènement linéaires ou de surface. En fait, les bou-
dans les cas suivants : lons mis en œuvre en grand nombre assurent globalement
— prédécoupage à l'explosif un soutènement tridimensionnel.
— excavation à la machine foreuse En marge de son efficacité, le boulonnage se caracté-
II est de plus nécessaire que le boulonnage soit com- rise comme un moyen de soutènement sans encombre-
patible avec les phases d'exécution et le matériel travail- ment et son renforcement n'engage pas le gabarit.
lant au front (machines foreuses, etc . . .) qui ont été La difficulté majeure réside dans le fait que l'aptitu-
préalablement choisis une fois pour toutes. de du terrain à être boulonnée, et donc l'efficacité du
Quelle que soit la méthode de creusement, le boulon- boulonnage, est délicate à cerner à priori. Cet inconvé-
nage constitue l'un des moyens les plus efficaces pour vient doit être associé au risque lié au fait qu'une mau-
apporter un confortement supplémentaire rapide des vaise qualité de mise en œuvre du boulonnage et son
cavités souterraines présentant des désordres à évolution éventuelle inefficacité ne sont pas directement visibles
quasi catastrophique à plus ou moins long terme. Il est sur les chantiers. C'est la raison pour laquelle l'emploi
à noter que ce moyen confortatif présente l'avantage du boulonnage comme moyen de soutènement nécessite
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appréciable de ne pas engager le gabarit. Il peut donc une large expérience et suppose le contrôle de l'efficaci-
être mis en œuvre comme renforcement d'un soutène- té du soutènement par mesures d'auscultation.
ment insuffisant ou déficient à moyen ou long terme.
On distingue donc deux types de boulonnage dans
le creusement d'un tunnel :
— le boulonnage primaire, le plus souvent à ancrage
réparti, sans précontrainte donc passif ( exception pour
les boulons à ancrage ponctuel parfois utilisés). Ce bou-
lonnage est mis en œuvre au front immédiatement après
l'excavation.
— le boulonnage secondaire mis en œuvre en arrière
du front en cas de nécessité, suite à un comportement
inquiétant du terrain. Ce confortement complémen-
taire peut être :
— soit de même nature que le boulonnage primaire (en
augmentant toutefois la longueur des boulons)
— soit dans le cas d'une confortation à long terme, de
nature différente permettant une mise en précontrainte.
5. - SCHEMA DE BOULONNAGE (Fig. 8.) Fig. 8 TUNNEL AUTOROUTIER du ROSTI (Autoroute A8 à
l'est de Nice) - Soutènement par béton projeté et boulonnage
Les boulons d'ancrage mis en œuvre comme éléments (boulons de 4 m 0 26 mm, scellés au mortier/
de soutènement sont généralement posés radialement
dans le plan de la section du tunnel.
C'est l'une des-raisons pour lesquelles les schémas de
boulonnage sont souvent présentés sous forme de profils-
types perpendiculaires aux tunnels. Ces profils fixent les
caractéristiques du boulonnage (type, longueur, réparti-
tion etc. . .). La densité globale du boulonnage (nombre
de boulons au m2) est ensuite déterminée par la distance
entre les profils types, cette distance peut être variable
selon la nature des terrains pour un profil type donné.

Dans certains cas, il peut être tout-à-fait justifié de Références :


boulonner dans des directions n'appartenant pas au plan
de section du tunnel, ou plus généralement dans une 1) C. LOUIS et J. PIRAUD - Groupes de travail 6 et 7
direction non perpendiculaire à la paroi à soutenir. La de l'AFTES.
direction optimale de boulonnage peut être dictée par Technologie du boulonnage - Tunnels Ouvrages
l'orientation ou la nature de la fracturation. C'est le cas Souterrains Nov/Déc. 1974
notamment pour le soutènement des terrains stratifiés 2) Numéro spécial de la Revue de l'Industrie Minérale
très anisotropes, pour le blocage des épontes de faille ou consacré au Boulonnage, Tome I et II, 1978
encore pour le "présoutènement vers l'avant", avant 3)HABENICHT fi. - Anker und Ankerungen zur
un abattage délicat. Stabilisierung des Gebirges - Springer Verlag Wien
New-York 1976 ( 194 p)
6. - CONCLUSION
4) HOBST L. and I. ZAJIC - Anchoring in rock - Elsevier
Le soutènement par boulonnage dans les travaux sou- Amsterdam 1977
terrains est très efficace dans une vaste gamme de ter- 5) LOUIS C. (1974) — Reconnaissance des massifs ro-
rains. En particulier pour la méthode de construction de cheux par sondages et classification géotechnique
tunnels basée sur la mise en œuvre d'un soutènement des roches - Annales ITBTP suppl. au n° 319, Juil/
immédiat par béton projeté et boulonnage, il joue un Août 1974 ( p. 97-122).
rôle particulièrement important.
6) Groupe de Travail n° 1 de l'AFTES - Recommanda-
Le boulonnage est l'un des rares moyens de soutène- tions pour une description des massifs rocheux à
ment qui traite le terrain en profondeur autour de la l'étude de la stabilité des ouvrages souterrains Tun-
cavité. En souterrain, il apparaft certes comme un élé- nels et Ouvrages Souterrains n° 28 Juil/Août 1978
ment ponctuel — en comparaison avec les cintres et les (p. 176-185).

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