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ACTUS LOCALES / SOCIÉTÉ

ALAIN BAUER : POURQUOI IL FAUT « CHANGER DE CULTURE »


SUR LA CYBERSÉCURITÉ ET LA GESTION DE CRISE

02 SEP
2022
CHARLIE RÉNÉ

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En conférence hier soir sur la cybersécurité, le professeur de criminologie doit animer, ce vendredi,
une formation à la gestion de crise auprès de responsables de l’administration du Pays. Pour le
médiatique expert, sollicité de Paris à New York, sur un sujet comme sur l’autre, seul un changement
de culture peut aider la Polynésie à avancer.

Non, la Polynésie n’est pas « isolée ». En tout cas pas concernant les « cybermenaces », sujet sur lequel
Alain Bauer a animé une conférence au lycée hôtelier de Punaauia hier soir. Le professeur de
criminologie, qui dispense ses conseils de l’Europe aux États-Unis, en est à son troisième passage au
fenua. Il a enchaîné ces derniers jours les rencontres institutionnelles – du vice-rectorat au haussariat
en passant par Teva Rohfritsch ou Tematai Le Gayic. Avec à chaque fois le même message : le risque
cyber est en pleine explosion au niveau mondial – le nombre d’attaques « double à décuple » tous les
ans, explique-t-il – et le fenua ne sera pas épargné. Ou plutôt n’est pas épargné : « Au cours des quelques
derniers mois, vous avez eu une grande banque, une grande usine de jus de fruit, des entreprises non identifiés
du fait de l’importance des menaces, et des dizaines, centaines, voire milliers de victimes individuelles, rappelle
le spécialiste. Le jour où on a connecté un ordinateur, un téléphone à l’internet en Polynésie, on est devenu
global. La Polynésie n’a pas été isolée du reste du monde, elle a donc les mêmes risques, les mêmes menaces et
les mêmes problématiques ».

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Les cyberattaques, malgré quelques affaires retentissantes, et certaines obligations légales de


déclarations, « on n’en connait qu’une petite partie », explique Alain Bauer. Et personne ne semble à l’abri.
Ni les géants – pour preuve que « tout le monde est touché », l’ancien chef de la sécurité de Twitter qui a
« lancé l’alerte » sur les failles du réseau – ni les petits, les chiffres le montrent. Quel est le moteur de
cette intensification de la cybermenace ? La hausse des usages, les tensions internationales ? « Le fric, le
flouze, le blé, la monnaie », répond le criminologue.

Réguler le « Far West » d’internet

Vol ou destruction de données, espionnage, hameçonnage… Qu’on parle de « pêche au chalut ou de


pêche à la ligne », c’est toute une série d’opérateurs aux « objectifs très différents » qui font avancer,
jour après jour, les techniques d’attaque. Et le privé n’est pas le seul concerné : mardi, Amelie, le
système français de sécurité sociale a été déconnecté de la plateforme nationale France Connect
« parce qu’il avait été hacké et qu’il n’était plus sûr » note par exemple le conférencier. Comment réagir ? « Il
faudrait un code, comme le code de la route », reprend-t-il. Mais il a fallu du temps pour que l’automobile
ne développe des règles claires de protection des conducteurs et des piétons, des système
d’identification, de sécurité, des feux ou des ceintures de sécurité. En matière de cyber, « on est un peu à
l’époque où on demandait à chaque voiture a être accompagné de coureurs avec une trompette et une
lanterne » poursuit-il dans sa métaphore. Bref, le monde se pose la question de la régulation de
l’internet depuis plusieurs décennies. « Il faut protéger le meilleur, garantir la liberté d’accès et la protection
des données individuelles, mais aussi se préserver des trolls et des hackers ». Bref, faire sortir le cyber du
« Far-West ».

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Mieux réguler internet ? Mettre en place « un code de la cyber-route » ? Pas si facile pour une
collectivité comme la Polynésie. Les initiatives nationales voire internationales sont bien évidemment à
suivre de près, mais le Pays, à son niveau et ses compétences, a des latitudes de manœuvre, explique
Alain Bauer. Un avis adressé, donc à l’administration de la Polynésie qui envoie ce vendredi matin
plusieurs de ses chefs de service en formation avec le conférencier, mais sur un autre thème : la gestion
de crise.

Gestion de crise : les Français préfèrent oublier

Car d’après le professeur en criminologie, c’est une matière dans laquelle l’administration française – et
a fortiori, l’administration polynésienne, qui en a pris certains traits – n’excelle pas, loin de là. « Les
Anglo-saxons vous expliquent qu’il n’y a pas de problème, la crise est possible, combien ça coûte ? sourit-t-il.
Les Français, eux, vous expliquent qu’elle n’est pas possible, et que surtout il ne faut pas se préparer sinon elle
pourrait nous voir ». Il ne s’agirait pas de se préparer à tous les imprévus, mais à « changer de culture »
sur le sujet pour apprendre à aborder les crises quelles qu’elles soient de la bonne façon, sans se
réfugier dans de longs protocoles et en s’appuyant sur les expériences passées. « Il faut cesser
l’amnésie » insiste le professeur de criminologie qui pointe, pour l’exemple, que la France était, en 2010
« parfaitement prêt à une crise pandémique majeure ». « Elle n’a pas eu lieu, on a décidé qu’elle n’aurait
jamais lieu, alors on a détruit avec détermination ce qu’on avait mis 10 ans à construire ».

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Autre enseignement de la crise Covid, pour Alain Bauer. « Ceux qui ont dit la vérité, qui ont dit qu’ils ne
savaient pas ou qu’ils s’étaient trompés, s’en sont mieux sortis que les autres ».

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CRASH AIR MOOREA : LES RESPONSABLES JOURNAL DE 7H30, LE 2/09/22


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