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(2011-2012)
Jean-Benoît Gabriel
(Fundp - Cedocef)
Une collaboration
CFWB - FUNDP (Cedocef) - FIFF - IFC
Formation à l’analyse du film - Prix lycéen du cinéma belge francophone - J-B. Gabriel (fundp - cedocef) 1
Table des matières
Formation à l’analyse du film - Prix lycéen du cinéma belge francophone - J-B. Gabriel (fundp - cedocef) 2
Introduction
Note d’intention
Principe
Dans son ouvrage intitulé L’hypothèse cinéma, Petit traité de transmission du cinéma
à l’école et ailleurs, Alain Bergala expose une démarche qu’il appelle « l’analyse de
création ». Cette manière de faire me semble particulièrment adaptée aux élèves, car
elle lie des éléments d’analyse spécifiques du film et une réflexion profonde sur l’art
cinématographique. Bergala suggère que l’on propose à l’élève de revenir un peu en
amont du film, au moment où les choix étaient encore possibles pour le réalisateur.
L’idée est qu’il se mette dans la peau d’un réalisateur en se posant les mêmes
questions que celui-ci. Le « comment j’aurais fait moi » revient à dire : « pourquoi
l’a-t-il fait comme ça lui ? ». Pourquoi le choix de ce cadrage à tel moment, cette
disposition dans l’image, ce traitement de la couleur, cette place de la caméra par
rapport au sujet, ce choix de comédien, de jeu, cette association de plans, cette
longueur de plan, pourquoi avoir privilégié tel son plutôt que tel autre, etc. Derrière
ces intentions supposées, ce sont surtout les effets produits sur le spectateur qui
sont interrogés.
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Disposer : placer les choses les unes par rapport aux autres. Au tournage :
les acteurs, les éléments du décor, les objets, les figurants, etc. Au
montage : déterminer l’ordre relatif des plans. Au mixage, disposer les
ambiances et les sons seuls par rapport aux images.
I. 1. L’élection
Les notions formelles - que nous allons aborder - de champ, hors-champ (les 6
segments du hors-champ de Noël Burch) et contrechamp prennent, ici, tout leur sens. Il
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faut également faire percevoir aux élèves la sélection opérée à l’intérieur même du
champ par le choix des éléments et leur disposition. L’opération de sélection donne
également du sens à l’échelle des plans et aux mouvements de caméra qui sont souvent
enseignés comme des points de grammaire détachés de tout contexte. Les notions
d’entrée de champ et de sortie de champ, par un déplacement dans le cadre ou du cadre
lui-même (ce qui peut être une des explications d’un mouvement de caméra
observé) relèvent aussi d’une question de choix opéré avec le cadre.
Sans oublier le son sur lequel une sélection s’opère aussi. Faire prendre
conscience aux élèves que les sons qu’ils entendent ont fait l’objet d’un choix
(notions de sons seuls, pistes sonores, mixage…), c’est aussi révéler la construction de
toute fiction et les effets recherchés sur le spectateur. Pour l’opération de sélection,
les questions qui doivent revenir comme un leitmotiv, qui relèvent de l’observation
et de l’interprétation, sont : Qu’est-ce que je vois et ne vois pas ? Qu’est-ce que j’entends et
n’entends pas ? Questions qui peuvent aussi se formuler en termes d’intentions :
Qu’est-ce qu’on montre et qu’est-ce qu’on me cache ? Qu’est-ce qu’on me fait entendre et qu’on me
tait ? Questions qui doivent se doubler de la question de l’intention : Pourquoi ?
I. 2. La disposition
Une fois les choix opérés sur les éléments, le cinéaste peut s’atteler à
organiser leur disposition. Il ne s’agit plus seulement de voir quelle image et quel
son ont été sélectionnés, mais quelle image pour quel son (et inversement). C’est
Michel Chion qui propose les questions les plus pertinentes en matière de rapport
son/image : Qu’est-ce que j’entends de ce que je vois ? Qu’est-ce que je vois de ce que j’entends ?
Les sons et les images se complètent-ils, se contredisent-ils ou se redoublent-ils (quant à la vitesse,
aux rapports dur/doux, figuratif/abstrait, riche/pauvre) ? Par rapport aux mouvements de
l’image, comment le son se comporte-t-il ? Les ignore-t-il ? Les exagère-t-il ? Les accompagne-t-il
discrètement ? (Chion, 2005).Les rapports son/image introduisent les notions de son
in, off (ou hors-champ), over (ou off) et font appel aux niveaux narratifs de l’analyse
textuelle : le son off (ou hors-champ) est un son diégétique ; le son over (ou off) est
un son extradiégétique. L’opération de disposition porte aussi sur les divers éléments
qui composent l’image. L’intérieur du champ fait l’objet d’une composition esthétique
qu’on peut étudier en termes de rapports entre l’avant-plan et l’arrière-plan (et
simultanéité possible des actions), en termes de lignes (verticales, horizontales,
obliques) et d’équilibre ou de déséquilibre, en termes d’espace (ouvertures de champ),
de combinaison de couleurs ou de teinte dominante, de formes, de lumières... La
disposition des plans entre eux influe également sur le sens : quelle autre
signification surgit quand celui-ci est placé avant ou après celui-là ? La disposition
des sons, par le mixage, peut révéler la mise en évidence de l’un par rapport à l’autre.
Toutes ces questions, parfois subtiles, de disposition relèvent de la mise en scène,
au sens large. Des options de disposition peuvent faire revenir sur des sélections
opérées en amont. Aussi, le cinéma est-il proche de la sculpture, cet art où l’on
progresse en enlevant de la matière. Les cinéastes ont coutume de dire que l’on
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tourne contre le scénario et que l’on monte contre le tournage. Cela pourrait
signifier que chaque « disposition » (tournage et montage) se révèle chaque fois plus
efficace dans son expression que la précédente, au point d’inviter le cinéaste à
sélectionner davantage, progressivement.
I. 3. L’attaque
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et 140). Reste à l’enseignant d’élire ces films, dans le grand nombre, de les disposer
dans son programme et de choisir une manière des les attaquer dans le cadre de son
cours. Le prix des lycéens du cinéma de la communauté française offre, à mon sens,
une belle occasion au cinéma d’entrer à l’école.
II. Le scénario
II. 1. Théorie
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Le conflit peut
• se manifester de différentes manières : il peut venir de l’extérieur (On enferme
Tania dans un centre fermé), il peut être intérieur (un adulte retrouve sa peau
d’adolescent) ;
• être multiple (son milieu l’empêche de devenir ce qu’il veut - comédien -
d’avouer son amour à celle qu’il aime, …) ;
• être changeant (le gamin cherche son père, puis il cherche un foyer) ;
• concerner le spectateur (voir un garçon maltraité par son père et être
impuissant)
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Schéma (sur le modèle de Lavandier et Baroni) :
Incident décisif
(révélateur)
et objectif
défini Climax
sives
rogres
rés
tions p
olu
incidents Co mplica
tio
déclencheurs
n
x x x x x x x x xxxxx
1 2 3 situation finale
situation initiale
Ce schéma, certes critiquable et remis en question par certains films, décrit assez
justement le mécanisme narratif de la plupart dont le but est de créer et d’entretenir
une tension chez le spectateur, pour le soulager ensuite. On peut traduire ceci par
« nouer et dénouer ».
Alors que la plupart des ouvrages traitant du scénario semblent d’accord sur
ces éléments de base et les trois grandes étapes (héritées d’Aristote), une autre voix
se fait entendre - celle de John Truby (2010) - qui distingue sept étapes clefs de la
structure narrative :
1. Faiblesse et besoin ;
2. Désir ;
3. Adversaire ;
4. Plan du héros ;
5. Confrontation finale ;
6. Révélation personnelle ;
7. Nouvel équilibre.
La dynamique du film repose, selon lui, sur les faiblesses du héros (des manques
qu’il va devoir combler : une faiblesse psychologique - qui l’entrave - ou/et morale
- qui, dans ce cas, blesse aussi les autres) et des besoins (ce qu’il doit faire pour
combler ces manques) qui vont déterminer son désir (qui correspond à l’objectif
qu’il se fixe ; ce qui est plus concret pour le spectateur). Le héros, une fois l’épreuve
de confrontation passée, comprend quelque chose sur lui-même (révélation
personnelle) qui lui permet de trouver un équilibre qu’il n’avait pas au début de
l’histoire (ce schéma semble convenir assez bien au scénario de Quartier Lointain).
Notons que les personnages (le protagoniste en tête) font l’objet d’une
caractérisation qui peut être de différents types : « physique (corps, traits du visage,
habitudes vestimentaires, âge) ; sociologique (nom, classe sociale, langage, famille,
profession) ; psychologique (traits de caractère, attitude morale, vices et vertus) ;
comportementale (manies, style de vie, hobbies, secrets) » (Dellisse, 20).
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II. 1. 3. Mise en garde sur l’excès de théorisation :
Il faut donc rester ouvert, à mon sens, aux diverses interprétations proposées par
les élèves (lorsqu’elles sont argumentées) et ne pas décider trop vite - au risque de
se tromper - d’un seul élément déclencheur que l’élève doit impérativement
identifier. L’intérêt est de faire faire des liens entre les événements et de montrer
qu’il y a une logique narrative dans le film, que plusieurs éléments contribuent à
provoquer le conflit qui pousse le protagoniste à agir.
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II. 1. 5. Analyse sémantique
Notes :
Formellement, l’écriture du scénario impose certaines règles dictées par les besoins
du tournage et du montage (il doit pouvoir être lisible pour chaque utilisation
singulière, par chaque membre de l’équipe en fonction de sa tâche) :
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• Il est divisé en séquences numérotées :
o une séquence correspond à un lieu qui est précisé (nommé et portant
l’indication « Int » ou « Ext ») et à un moment (« Jour » ou « Nuit »,
parfois précisé). Par exemple, la première séquence d’Illégal se note :
« 1. Int. - Palier- chambre - Jour/soir »
o On parle aussi de « scène » au cinéma, mais ce mot est souvent utilisé
dans des sens différents. Il me semble que le sens de scène pris
comme « action identifiable » peut être aisément compris par les
élèves et utile à l’analyse (dans les expressions « c’est la scène de
l’entrée de la star dans la boutique », « la scène de la course d’aviron »,
etc.). Notez que les significations que j’attribue à « séquence » et
« scène » sont celles utilisées par les réalisateurs. Les scénaristes, selon
Dellisse (47-48), leur attribueraient les significations exactement
inverses.
• Un séquencier : document qui reprend la succession des séquences du film
en les résumant brièvement (sans dialogue). Il sert à avoir une vision globale
du film dans son déroulement narratif. Ce document peut aussi servir, pour
le scénariste, d’étape intermédiaire dans la création du scénario (entre le
synopsis - résumé de quelques lignes - et la continuité dialoguée)
• dans sa version la plus aboutie, le scénario est appelé continuité dialoguée.
o Elle comprend les descriptions (des lieux, personnages, actions) et les
dialogues.
o On n’y écrit que ce qu’on voit et ce qu’on entend, au moment où cela
se passe. Pour cette raison, on utilise exclusivement l’indicatif présent.
o Un scénario ne peut pas être explicatif. Ce qui revient à dire qu’il faut
montrer et non dire. Il arrive que des explications soient glissées dans
les paroles des personnages ou dans la voix off. C’est souvent perçu
comme une erreur de scénario. On dit d’ailleurs, péjorativement, que
ce sont des films très « littéraires » (donc, pas vraiment des films, en
quelque sorte). L’usage de la voix off (ou over, voir chapitre « son »)
est dès lors un exercice périlleux (la voix off de Quartier Lointain
cherche d’ailleurs à s’effacer un maximum)
o Un personnage sera caractérisé d’abord par ses actions (ensuite par
son langage). De même, il est préférable que le conflit ne soit jamais
être verbalisé dans un film (ce qui est pourtant d’usage dans les films
de guerre classiques). Ainsi, le film demande-t-il un grand travail au
spectateur qui doit lui-même comprendre la nature du conflit,
combler les blancs. L’écriture du scénario fait déjà prendre conscience
que le cinéma est un art perceptif.
o Conseil didactique : pour comprendre en quoi consiste l’écriture d’un
scénario, d’un point de vue à la fois artistique et technique (formel),
rien ne vaut l’exercice d’écriture. Faire écrire un extrait de scénario à
ses élèves est un exercice très intéressant à expérimenter en classe,
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pour plusieurs raisons :
§ l’élève fait tout de suite la distinction avec l’écriture dite
« littéraire » ;
§ il apprend à suggérer tout en allant à l’essentiel ;
§ il pense à montrer et non à dire (leitmotiv de certains écrivains
américains : « Show not tell »)
§ il doit penser en image et en son
§ il doit écrire avec une perception du temps qui s’écoule. Car le
temps de la lecture doit correspondre au temps du film. En
effet, une page de scénario correspond, à peu près, à une
minute de film (pour une scène qui doit durer, il faut décrire
longuement)
• La note d’intention : descriptif des intentions du réalisateur (« Pourquoi je
veux faire ce film » ou « Ce que je veux dire en faisant ce film »). Notons que
ces intentions ne sont pas toujours très claires pour le réalisateur lui-même
(les frères Dardenne disent qu’ils ne savent pas pourquoi ils font leurs films,
avant de les faire. Après, ils comprennent, un peu). Elle est jointe au scénario
et est adressée au producteur potentiel, dans un premier temps, à la
commission du film qui délivre les aides de financement, ensuite. Elle est
censée donner de bons arguments aux personnes qui vont chercher un
financement (producteur) ou soutenir le film par un fonds d’aide accordé par
l’Etat (Commission du film de la CFWB), un prêt accordé par la région
(Wallimage), etc.
o Conseil didactique : du point de vue de l’enseignant, il peut être
intéressant de demander aux élèves d’écrire la note d’intention d’un
des cinq films vus en classe. Cette note, comme son nom l’indique,
doit mettre le doigt sur ce qui est visé dans le film, derrière l’histoire
proprement dite. Il s’agit donc ici d’un exercice plus abstrait qui
consiste à deviner les intentions de l’auteur et, ainsi, tenter de
comprendre le ou les significations implicites du film. Si les intentions
sont claires dans Illégal (« alerter sur le traitement des sans-papiers en
Belgique »; revendiqué, par ailleurs, sous forme de pétition), elles le
sont sans doute moins dans les autres films, d’où l’intérêt de l’exercice
(et de la confrontation des réponses) qui, à mon sens, touche au coeur
du travail interprétatif.
II. 2. Exercices
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• Extraits choisis de trois scénarios : Illégal, Quartier lointain, Les barons
(Annexe 1, 30-38)
2. Décrivez, avec les éléments du texte (actions ou paroles prononcées), le
personnage principal et/ou les personnages secondaires : faiblesse, besoin,
désir, relation avec les autres, etc.
• Le gamin au vélo , séq. 18-19 (Annexe 2, 39)
3. Repérez, dans un dialogue, le naturel et le non-dit : phrases inachevées,
coupures, changement de sujet, sous-entendu, mensonges,…
• Illégal, séq. 103 (Annexe 3, 41)
4. Jouez le dialogue en testant plusieurs intentions différentes en vue de
l'interprétation.
• La régate, Séq. 104 B (Annexe 4, 43)
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1. Imaginez et formulez des pitchs, à partir de diverses contraintes et stimuli
(déclencheurs) : un film connu (un des cinq films en imaginant un autre pitch,
à partir du titre : Illégal, La régate, Le gamin au vélo, les barons, Quartier lointain) ; un
titre de film inconnu ou imaginé; une situation du quotidien, une image, une
scène mimée, un lieu, des personnages…
2. Créez des personnages : faites-en le portrait le plus complet (mêlant éléments
de carcatérisation et faiblesses, désirs secrets ou avoués). Remarque : une fois
le personnage défini, il suffit de le mettre dans une situation problématique et
de « voir » comment il va réagir (avec sa logique propre).
3. Rédigez une description (avec contraintes et consignes formelles)
4. Imaginez (il faut parfois se formuler mentalement les mots ou les tester
oralement) et écrivez un dialogue (voir consignes d’écriture pour qu’un
dialogue paraisse naturel)
5. A partir d’un pitch commun, pointez les éléments constitutifs et décrivez la
structure narrative (étapes)
6. Rédigez le séquencier de ce film imaginé
7. Travail final :
a. écrivez une continuité dialoguée pour un court-métrage de 5 minutes (une
page par minute).
b. Écrivez la contiuité dialoguée d’une ou deux séquences d’un long métrage
(5 pages).
8. Autres : …
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Le découpage (ou « découpage technique ») consiste à fractionner le scénario
en plans : valeur, contenu et place de la caméra. Les options de cadrage (que
montrer ?), de placement (d’où ?) et d’angle (comment ?) sont motivées par des
intentions.
III. 2. L’image
III. 2. 1. Théorie
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Il faut aussi observer
• l’agencement des plans
• leur interaction (champ/contrechamp, raccords divers, contamination de
sens)
• leur durée (par rapport à la séquence, à l’ensemble du rythme du film).
Enfin, il ne faut pas oublier que l’image est toujours associée à du son et que
cette union transforme autant l’un que l’autre.
III. 2. 1. 2. Glossaire
• plan : plus petite unité de film comprise entre deux collures au montage (ou – pour le
tournage – morceau de pellicule enregistrée entre le démarrage et l’arrêt de la caméra).
Remarque : le « plan » est parfois confondu avec la grosseur du plan (cf la terminologie de
l’échelle des plans : un « gros plan », un « plan large »…)
• séquence : unité de temps et d’espace (dans un scénario, les séquences sont numérotées et
identifiées par la précision du lieu suivie de Int/Ext, Jour/Nuit) : phot. 19 (47)
• plan-séquence : plan qui dure le temps d’une séquence (« un plan pour toute la
séquence »)
• cadre : il délimite la surface matérielle de l’image : le cadre montre (champ) et cache (hors-
champ)
• champ : c’est l’espace de la représentation contenu dans le cadre. Ce qui lui fait face
(lorsque l’on retourne la caméra à 180°), c’est le contrechamp (figure classique du
dialogue : champ/contrechamp)
• le « champ/contrechamp » est un type de raccord –voir ci-dessous (celui d’une
conversation entre deux personnes qui se font face, par ex) : phot.5 et 6 (45) et 17 (47)
• hors-champ : c’est l’espace imaginaire suggéré et caché par le cadre.
- Il peut être interpellé par
§ un regard : phot. 11 (46)
§ des sons hors-champ
§ une sortie ou une entrée dans le champ
§ un personnage en amorce, etc.
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- Nous pouvons avoir accès au hors-champ par un mouvement de caméra (c’est le
plan fixe qui nous le rend inaccessible).
- Noël Burch (Praxis du cinéma) a défini 6 lieux pour le hors-champ
§ les quatre premiers sont figurés par les quatre bords du cadre
§ le 5ème se situe du côté de la caméra
§ le 6ème est constitué par ce qui est caché par un élément du décor
• ex: cadre dans le cadre : phot. 1 et 2, (45)
• Echelle des plans (Pinel)
§ Référence au décor
• PG (général) ou PL (large) : le décor + autour
• PE (d’ensemble) : le décor
• ½ E (Plan de demi-ensemble) : une partie du décor
§ Référence au personnage
• PM (moyen) ou PP (plan pied) : des pieds à la tête
• PA (américain) : à mi-cuisse
• PRT (rapproché – ou serré – taille)
• PRP (rapproché poitrine)
• PRE (rapproché épaules)
• GP (gros plan) : la tête ou un membre du corps – « Insert » est
utilisé pour désigner le GP d’un objet : phot.15 et 16 (46)
• TGP (très gros plan) : isole une partie du visage ou d’un membre du
corps
• Angle : l’angle de prise de vues dépend de la position de l’objectif par rapport au champ.
Celui-ci paraît normal quand il est « à hauteur d’homme » ; placé un peu au-dessus donne
une « plongée », un peu en dessous donne une « contre-plongée » : phot. 7 et 8 (45).
Cette sensation dépend non seulement de l’œil de la caméra, mais également du sujet filmé
(s’il s’agit du point de vue d’un enfant, l’angle peut être considéré comme « normal »).
• Premier plan (Avant-plan), second plan, arrière-plan : plans imaginaires parallèles au
plan de l’image, étagés dans la profondeur illusionniste figurée le long de l’axe de la prise de
vue : phot. 14 (46)
• Profondeur de champ : portion d’espace dans laquelle l’image est nette (à ne pas
confondre avec la profondeur de l’espace représenté. Un espace profond peut être
représenté et devenir flou dès le second plan). Le choix de profondeur de champ est
révélateur de la construction du récit car elle désigne ce qui est à voir.
- focale (abréviation de « distance focale » qui désigne la distance qui sépare le foyer
du centre optique de l’objectif, le diaphragme)
§ le choix de la focale détermine l’angle de vue du champ :
• la longue focale aplatit les plans, écrase la perspective, isole les
personnages du décor
• la courte focale détache les plans et plonge les personnages dans le
décor
• Amorce : un personnage ou un objet est en amorce quand il est placé au premier plan, au
bord du champ (par exemple, on peut voir chaque personnage en amorce, de dos, dans une
conversation filmée en champ-contrechamp) : phot. 13 (46) et 17 (47)
• Mouvements :
- panoramique : rotation de la caméra sur son axe
§ horizontal (gauche à droite ou droite à gauche), vertical (de haut en bas ou
bas en haut)
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- travelling : déplacement de la caméra dans l’espace
§ peut être réalisé par divers moyens : chariot sur rail, grue, voiture, caméra
portée…
§ peut être un déplacement vers l’avant, vers l’arrière, latéralement,
verticalement (de haut en bas, de bas en haut) ou circulairement
§ steadicam système de fixation employé en caméra portée et pourvu d’un
dispositif anti-vibratoire qui relie la caméra et l’opérateur par un harnais.
§ zoom : travelling optique (objectif à focale variable qui permet de passer du
grand angle à une longue focale)
- pano-travelling combine les deux
III. 2. 2. Exercices
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III. 2. 2. 2. Propostion d’exercices pour la production
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III. 3. Le son
III. 3. 1. Théorie
S’il apparaît clairement à l’élève que l’image a subi un traitement qu’il faut
interpréter, cela est moins évident pour le son. Et pourtant, le travail sonore et les
effets esthétiques produits sont, dans un film, aussi importants que ceux de l’image,
si pas davantage – Robert Bresson écrivait, dans Notes sur le cinématographe,
« Lorsqu’un son peut remplacer une image, supprimer l’image ou la neutraliser.
L’oreille va davantage vers le dedans, l’œil vers le dehors ». Pour l’enseignant, la
première étape est sans doute celle qui consiste à faire prendre conscience à l’élève
qu’il y a également une sélection opérée sur les sons. On n’entend pas tout ce
qu’on voit – comme on ne voit pas tout ce qu’on entend. Ce travail de sélection
répond également à des intentions artistiques qu’il faut interroger.
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au monde de l’histoire racontée. L’expression « voix mentale » est sans doute
la plus appropriée.
C’est à une véritable éducation de l’oreille de l’élève que l’enseignant doit s’atteler,
afin que celui-ci puisse distinguer et identifier les caractéristiques sonores et leur
relation à l’image.
• Quels sons entend-on dans telle séquence ?
• Que voit-on de ce qu’on entend et qu’entend-on de ce qu’on voit ?
• Quel son est mis en évidence par rapport aux autres ? A quel moment ?
• Comment définirions-nous la texture de tel son ?
• Comment se comportent les sons par rapport aux mouvements de l’image ?
• Que signifient-ils ? etc.
Un exercice efficace pour percevoir le travail sonore du film est celui que
Michel Chion appelle « La méthode des caches ». Il consiste à visionner plusieurs
fois une même séquence :
• d’abord, son et image, sans consigne de lecture (on pose ensuite la question de
ce qui a été entendu)
• en masquant l’image ensuite (on constate que des sons qu’on n’avait pas
perçus apparaissent et que ceux-ci peuvent être perçus comme ils sont et
non comme l’image les transforme)
• en coupant le son (cette fois, c’est l’image qui apparaît comme elle est et non
comme le son la transforme ; on prend aussi conscience, par son absence, de
l’importance qu’avait le son dans l’interprétation qu’on se faisait de la
séquence)
• en restituant enfin image et son (l’effet bénéfique des visions « réduites » se
fait alors sentir)
• Son hors-champ : son dont la source est en dehors du champ, mais dans la diégèse (son
acousmatique)
§ Son hors-champ actif : qui pose question (de sa source)
§ Son hors-champ passif : sans question
• Son off (ou « over », de « voice over » en anglais – « off » étant employé alors pour désigner
seulement le son hors-champ) : source absente de l’image et non-diégétique (voix de
commentaire ou de narration, musique dite « de fosse »). Remarque : la voix de narration
d’un personnage qui raconte une histoire passée n’appartient pas à la diégèse régissant
l’image, mais à une autre diégèse (cf les niveaux narratifs).
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Dans le champ Hors du champ Hors de la diégèse
Michel Chion SON IN SON HORS-CHAMP SON OFF
Autres (<USA) SON IN SON OFF SON OVER
• Son interne : qui correspond à l’intérieur physique (son interne objectif, comme la
respiration, les battements de cœur) ou mental (son interne subjectif ou mental, comme les voix
mentales, les souvenirs,…)
• Le montage son : sélection et disposition des sons sur les « pistes son » de la timeline du
banc de montage (on peut supprimer des ambiances ou/et ajouter des sons seuls - sons
« additionnels », musique, etc.)
• Le mixage : réglages des niveaux sonores et des raccords son.
• Point d’écoute (spatial et/ou subjectif). S’il est partagé avec un personnage, on parle
parfois d’auricularisation (terme de François Jost). Correspond à ocularisation (pour
l’image)
• Un son acousmatique : un son qu’on entend sans voir sa cause.
• Raccord : « la jointure qui relie l’un à l’autre les bords de deux plans. Le plan 1 et le plan
2 ont été coupés. Les bords de la coupe sont rapprochés. Ils sont collés l’un à l’autre »
(Comolli)
o raccord discret ou visible (effet d’immersion ou de distanciation, de rupture)
o types de raccords :
o raccord de regard : le plan 1 montre un personnage regardant ; le plan 2 montre ce
qu’il voit (ou inversement) : phot.5 - 6 et 7 - 8 (45)
o raccord de mouvement : le mouvement d’un personnage entamé dans le plan 1 se
poursuit dans le plan 2
o raccord dans l’axe : du plan 1 au plan 2, on change de valeur de plan tout en
restant dans le même axe.
o raccord dans l’axe inverse : le plan 2 est dans l’axe inverse du plan 1
(Champ/contrechamp à 180°)
o raccord d’angle : du plan 1 au plan 2, la caméra a simplement changé d’angle (de
position) pour viser le même objet.
o raccord avec champ vide : le plan 1 est laissé vide un moment après une sortie de
champ, ou le plan 2 est montré vide un moment avant une entrée de champ
o champ/contrechamp : on montre deux personnes (ou autres) qui se font face (pas
nécessairement dans un axe inverse total). Remarque : au tournage on doit
respecter l’axe imaginaire entre les deux personnes et ne pas le franchir quand on
passe de l’un à l’autre, sinon le montage donnera l’impression qu’elles ne se font
pas face. On parle alors de « saute d’axe » – celle-ci peut être intentionnelle pour
produire un effet de surprise ou autre.
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o Raccord délibérément mal conçu
o La saute peut être une forme de raccord obligé quand il s’agit d’éviter des
temps morts ou des redites par la suppression de quelques images au
milieu d’un plan (interview pour la TV)
• montage alterné
o Forme de montage qui alterne les plans montrant des actions qui se
passent simultanément dans des lieux différents (exemples : scènes de
poursuite ou d’actions non liées mais qui sont censées se passer
simultanément – ils se préparent, elle et lui, pour aller danser)
• montage parallèle
o Forme de montage qui alterne des plans appartenant à des séquences qui
n’ont, entre elles, aucune relation de simultanéité (forme discursive et non
narrative, utilisée à des fins souvent rhétoriques de symbolisation)
• postproduction désigne toutes les opérations qui suivent le tournage : montage image,
étalonnage (harmonisation numérique des lumières et des couleurs), montage son, mixage
et tirage des copies
• postsynchronisation : enregistrement du dialogue, en studio, en cherchant le
synchronisme avec le mouvement des lèvres visible à l’écran (« doublage » : postsynchro
faite par d’autres comédiens que ceux présents au tournage)
III. 3. 2. Exercices
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6. Observez le traitement image et son, dans l’attribution du point de vue
pour
a. Séquence où Thomas voit son père dans une bijouterie.
b. Séquence d’entrée en scène de Malika ou de son
prédendant (entrée star)
7. Comparez les raccords entre séquences
a. Le gamin au vélo entre 59 et 60 (« Tu dois me promettre
une chose : ne plus jamais aller avec ce type, ne plus
jamais te laisser approcher par lui. Promis ? »)
b. La régate (« ne t’avise jamais de voler. C’est grave de
voler » suit la séquence 40 du vol de la palette.
8. Observez et interprétez les changements de rythme dans Le gamin au vélo.
9. Autres : …
1. Son : Sur une séquence muette (avec un logiciel de montage de type Final
Cut Pro), l’exercice consiste à ajouter les sons (bruits, ambiance) et/ou à
ajouter une musique.
2. Montage : Suite logique de l’exercice pratique du tournage, l’exercice
pratique de montage, quant à lui, donne à l’élève le sentiment de pouvoir
créer des effets (suspense ou surprise, rythme, contagion des plans, effets
sonores, etc). Sur la longueur d’un film, il exerce l’esprit de synthèse et la
faculté de mémorisation : l’élève doit non seulement avoir une vue
d’ensemble du film qu’il est en train de monter pour pouvoir en gérer le
rythme, mais il doit aussi avoir constamment en tête la matière filmée qu’il a
dérushée afin de retrouver une prise qu’il avait écartée et qui se révèlerait
finalement utile dans la version qui prend forme. C’est au montage que
l’élève expérimente vraiment les effets de l’élection des images et des sons. Il
voit, en outre, qu’il peut faire varier le temps d’une scène (l’étirer ou
l’allonger) dans la disposition en champ/contrechamp, par l’attaque que
constitue la coupe de chaque plan.
3. Autres : …
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IV. Deux autres notions :
Autrement dit, lorsqu’un élève parle de « point de vue », il doit préciser s’il s’agit
du :
• Sens narratif : l’histoire est vécue du « point de vue » d’un personnage
principal, c’est-à-dire, à travers son « foyer de perception » (le personnage
principal est celui qui vit le conflit le plus fort, que le spectateur est censé
partager). Remarque : « l’identification » du spectateur peut être dite primaire
(il s’identifie à la caméra) ou secondaire (il s’identifie au personnage). Note : on
peut combiner les deux, lorsque la caméra montre ce que voit le personnage.
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• Sens cognitif (savoir) : Qui sait quoi ? (« Focalisation », Genette)
o Le spectateur en sait plus que le personnage : focalisation
spectatorielle (ou focalisation zéro)- « ironie dramatique »
o Le spectateur en sait autant que le personnage : focalisation interne
o Le spectateur en sait moins que le personnage : focalisation externe
§ Phot. 12 (45)
• Sens perceptif (voir et entendre): Qui voit quoi ?
o « Point de vue physique partagé » : le spectateur voit du même point
de vue (ou presque) que le personnage :
§ (que Jost appelle « ocularisation »
• primaire = un personnage en amorce voit quelque chose
que nous voyons également : phot. 17 (47)
• secondaire = le champ montre qu’il voit et le
contrechamp, ce qu’il voit et que nous voyons
également. Le contrechamp est « ancré » dans le regard
d’un personnage ) : phot. 5 et 6 (45)
o « Ecoute partagée » : le spectateur entend ce qu’un personnage est
censé entendre. Un mouvement de tête, un regard, une expression…
indiquent au spectateur que le personnage entend comme lui
(« auricularisation » de Jost)
• Sens physique : la place de la caméra (d’où l’on voit), « l’angle » de la prise
de vue.
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BIBLIOGRAPHIE
Analyse du film :
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• AUMONT, J., MARIE, M., Dictionnaire théorique et critique du Cinéma, Armand Colin,
2008.
• AUMONT, J., BERGALA, A., MARIE, M., VERNET, M., Esthétique du film,
Armand Colin, 2008.
• BARONI, R., La tension narrative, Seuil, 2007.
• BORDWELL, D., THOMPSON, K., L’art du film : une introduction, De Boeck, 2ème
édition, 2009.
• BRISELANCE, M-F., Leçons de scénario – les 36 situations dramatiques, Nouveau monde
éditions, 2006.
• CARRIERE Jean-Claude et BONITZER Pascal, Exercice du scénario, La fémis, 1990.
• CHION, M., L’audio-vision, Armand Colin, Cinéma, 2005.
• CHION, M, Ecrire un scénario, Cahier du cinéma, 1998.
• DELLISSE,L., L’invention du scénario, Les impressions nouvelles, 2006.
• FAUCON, T., Penser et expérimenter le montage, Presses Sorbonne nouvelle, 2009.
• GAUDREAULT, A. et JOST, F., Le Récit cinématographique, Ed. Armand Colin, Coll.
Armand Colin Cinéma, 2005.
• GARDIES, A., Le récit filmique, Hachette, Supérieur, 1993.
• GOLIOT-LETE, A. et VANOYE, F., Précis d’analyse filmique, Armand Colin, 2007.
• JOLY, M., Introduction à l’analyse de l’image, Armand Colin, coll. 128, 2008.
• JOURNOT, M-T., Le vocabulaire du cinéma, Armand Colin, coll 128, 2008 (2è éd).
• LAVANDIER, Y., La dramaturgie, Le clown et l’enfant, 1997.
• MURCIA, C., Nouveau Roman Nouveau Cinéma, Nathan, 1998.
• NACACHE, J., L’acteur de cinéma, Armand Colin, 2005.
• PINEL, V., Vocabulaire technique du cinéma, Ed. Nathan, coll Université, 1999.
• SOJCHER Frédéric (coordonné par), La direction d’acteur, Carnation Incarnation, Rocher,
2008.
• TRUBY John, L’anatomie du scénario, Nouveau monde, 2010.
DVD :
• BERGALA, A., Le point de vue (dvd et livret), Scérén-cndp, coll. L’Eden Cinéma, 2007.
• COMOLLI, J-L., Les raccords au cinéma. Geste et pensée au montage.(dvd et livret), Scérén-
Cndp, 2010.
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Enseignement du cinéma dans le secondaire
• BERGALA Alain, L’hypothèse cinéma. Petit traité de transmission du cinéma à l’école et ailleurs,
Cahiers du Cinéma, 2006.
• BOURDIER, P. (2004) « Les représentations des enseignants de français à l’égard du
cinéma en contexte scolaire » in Fleury-Vilatte B. et Walter J., Questions de communication,
Enseignement du cinéma et de l’audiovisuel. Etat des lieux et perspectives, série actes 2, Université
de Metz, pp 149-157.
• BOURDIER, P. (2008), Un grand écran pour les lettres, Paris : L’Harmattan.
• CONDÉ, M., FONCK, V., VERVIER, A. (2006), A l’école du cinéma, De Boeck et Larcier.
• DESBARATS, F. (2002), Origines, conditions et perspectives idéologiques de l’enseignement du cinéma
dans les lycées, sous la direction de Guy Chapouillé, 27 mai 2002, micro-fiches de la
Bibliothèque du film de la Cinémathèque française.
• HABI, M. (2009), « Le cinéma : une discipline sans matière », in Recherches, Le cinéma en
classe de français, Revue de didactique et de pédagogie du français, n°51, Lille, pp 7-36.
• LAPLANTINE, F. (2007), Leçons de cinéma pour notre époque, Téraèdre/Revue Murmure.
• Le cinéma en classe de français, revue Recherches (2009), n°51, Lille, Presses universitaires
Charles de Gaulle/Lille 3.
• Enseignement du cinéma et de l’audiovisuel, revue Questions de communication (2004), série acte 2,
Université de Metz.
Remerciements :
Merci à tous ceux qui ont collaboré de près ou de loin à cette formation :
• Les auteurs, producteurs et distributeurs par leur aimable autorisation et
pour l’envoi des scénarios et dvd.
• Les responsables de la CFWB, en particulier, Marie-Laurence Deprez, pour
sa disponibilité.
• Les Facultés universitaires de Namur pour la logistique, le cedocef en
particulier.
• Le FIFF pour la communication et l’invitation aux projections.
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ANNEXES
1) ILLEGAL (EXTRAIT) :
IVAN Off
Salut.
TANIA
Ca va ?
IVAN Off
Monsieur Nowak est là.
TANIA
Quoi ?
IVAN Off
Je te le passe, il veut te parler...
TANIA
Merde.
TANIA
Bien, et vous ?
MONSIEUR NOWAK
Ça me désole de te savoir dans cette situation. Tu sais
que j’ai beaucoup d’affection pour Ivan et toi.
TANIA
Merci.
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MONSIEUR NOWAK
Je t’avoue que je suis aussi un peu inquiet...
TANIA
Vous pouvez vous rassurer. Ils n’ont aucun document.
Ils ne savent pas qui je suis.
MONSIEUR NOWAK
Pas encore. N’oublie pas que je risque gros pour
t’avoir aidée... Je ne voudrais pas qu’Ivan ait des
problèmes...
TANIA
Je ne dirai rien, je vous en donne ma parole.
MONSIEUR NOWAK
Pour l’appartement, je veux bien vous le laisser si Ivan
me donne un coup de main après l’école.
TANIA
Merci pour votre bonté, mais il est bien chez Zina.
Encore une fois, merci.
MONSIEUR NOWAK
Je te repasse Ivan. Bon courage, ma fille.
TANIA
Portez-vous bien, au revoir.
TANIA
Il est parti ?
IVAN Off
Ouais.
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Il ne faut surtout pas travailler pour lui, tu m’entends ?
Nowak est un maffieux, une crapule ( ! )
IVAN Off
Sans blague.
TANIA sèche
C’est pas le moment de plaisanter.
IVAN Off
Et on fait comment pour vivre ? Tu veux pas que je
vienne avec toi. Tu crois que c’est mieux ? Hé ben, non,
c’est pire. Toi, au moins, tu bouffes gratos.
Tania raccroche au nez d’Ivan. Elle reprend le cornet, le frappe plusieurs fois
contre le téléphone, raccroche brutalement.
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2) QUARTIER LOINTAIN (EXTRAIT)
VOIX CONTROLEUR
Contrôle des billets... Monsieur?...
Monsieur!
THOMAS
Je n'ai pas eu le temps de le
composter...
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C'était la ville où j'avais passé
mon enfance... Je n'y étais pas revenu depuis
une éternité.
THOMAS
Pardon, le prochain train pour
Paris, c'est à quelle heure?
LE CHEF DE GARE
17h20 mais il risque d’avoir un peu
de retard.
VOIX DE CATHERINE
Vous êtes bien chez Catherine Verniaz.
Laissez-moi un message gentil et j'aurai envie
de vous rappeler.
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3. LES BARONS (EXTRAIT) :
Hassan debout sur une petite scène d’un cabaret/restaurant bruxellois. Face à lui,
Jacques, un homme d’une bonne cinquantaine d’années l’observe. Il se défoule de
sa relation avec son père !
HASSAN
Dès le départ, il me protégeait contre l’ambition.
Vous imaginez le conflit à 18 ans (Hassan joue les deux rôles :
lui et son père) : Papa, au risque de te laisser perplexe, je
t’annonce que… J’veux faire rire les gens!
Imaginez : vous avez ça en vous depuis votre enfance, depuis
votre naissance, déjà j’suis né un premier avril ! C’était écrit
quoi ! Je rêvais pas d’être pompier ou astronaute ! Moi je rêvais
d’être le mec qui écrit les blagues derrière chaque jour du
calendrier ! T’imagines ! 365 blagues par an, faut être
passionné ! Il y a un gros travail derrière ! T’écris pas les blagues
d’été comme les blagues d’hiver !
Mettez-vous à ma place : je rêve de ça depuis toujours quand
j’annonce à mon père : “Papa, j’ai envie de faire rire les gens !“ et
qu’il vous répond (il prend soudain un air sérieux et une voix
grave): “Très drôle, Hassan !“, vous le prenez comment ?!-
Jacques sourit.
HASSAN
Et puis, mon père de toute façon…
HASSAN
(au caméraman)
Qu’est-ce que tu fais ? T’es en train de filmer ?
LE CAMÉRAMAN
(goguenard)
Ben on peut rien te cacher !
HASSAN
Vas-y, coupe ta caméra ! Coupe ta caméra !
JACQUES
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C’est quoi le problème ? Il fait son boulot ! C’est pour les 10
ans du cabaret!
HASSAN
C’est pas ça ! Mais on n’est pas à Kaboul pour filmer les gens
sans prévenir !
LE CAMÉRAMAN
Moi, je m’en fous c’est pour votre promo… Alors, tu t’arranges
avec la journaliste ! MALIKA ! MALIKA !
MALIKA (une belle jeune femme de 28 ans, décontractée et sûre d’elle) apparaît au
ralenti du fond de la pièce. Elle éteint son gsm et aperçoit Hassan, surprise. Elle lui
sourit.
VOIX OFF HASSAN
Malika la star du quartier, de la communauté toute entière.
Elle avait fait un truc de taré: pour devenir journaliste, elle avait
fait des études de journalisme ! Comme quoi, des fois, ça
marche.
Avec elle, nous nous approchons d’Hassan qui nous parle face caméra. La voix off
devient in.
HASSAN
J’étais fou amoureux d’elle. Et à mon avis, je devais pas être le
seul : elle présentait le journal le plus regardé du pays, rediffusé
en boucle toute la nuit. Tout le monde le regardait et quand je dis
tout le monde c’est vraiment tout le monde !
En plus Malika c’était la sœur de Mounir ! Et chez nous, tu
touches pas à la sœur des potes, parce c’est comme des potes
mais avec des cheveux longs !
Jacques va à sa rencontre et lui serre la main. Un bref instant, nous voyons Mounir,
portant la même coiffure que Malika, serrer la main de Jacques.
JACQUES
Bonjour madame, je vous remercie d’être venue…
MALIKA
(très professionnelle, mais reportant son attention vers Hassan)
Pas de problème… C’est avec plaisir.
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Elle s’approche ensuite d’Hassan. Ils hésitent tous les deux : la bise ou la main ? Ils
finissent par se serrer la main… Le caméraman observe ce manège, amusé.
MALIKA
Hassan, comment va la famille ? Raja, à l’école, ça va ?
HASSAN
Hamdoulilah, merci.
MALIKA
Alors, ça y est ?! Tu te lances ?! Il était temps !
HASSAN (gêné)
Petit à petit…
J’peux te parler deux secondes ?
HASSAN
Excuse-moi t’es plus présentatrice ? Ils t’ont retrogradée ?
MALIKA
(souriante)
Non, non, j’suis toujours présentatrice mais des fois je choisis un
sujet que j’aime bien, que j’aimerais développer, approfondir,
enfin connaître, quoi…
Hassan est tellement stressé qu’il ne comprend pas le sous-entendu, ne voit pas la
perche que lui tend Malika. Il est trop préoccupé par sa présence dans le sujet télé.
HASSAN
Et comment ça va se passer au journal ? Comment tu vas lancer
le sujet : “reportage, moi-même“ ?!
MALIKA
Ah c’est vrai, j’y avais pas pensé…
HASSAN
J’vais être brusque, mais j’aimerais que tu me coupes au
montage…
MALIKA (étonnée)
Hassan, c’est l’occasion rêvée ! Tu passes à la télé ! C’est une
bonne amorce pour annoncer ça à tout le monde ? Ton père
sera fier de toi, non ? Je peux même t’interviewer, si tu veux !
Formation à l’analyse du film - Prix lycéen du cinéma belge francophone - J-B. Gabriel (fundp - cedocef) 37
HASSAN
Heuh… Un autre jour ou dans une autre vie ! Je me rends
compte que tu connais pas mon père ! Comment te métaphorer
les conséquences : Tu connais la fête du mouton ?
MALIKA
Ben oui, la fête du sacrifice !
HASSAN
Bon, tu remplaces “mouton“ par “Hassan“ !
MALIKA
(souriante)
Tu vas un peu loin, tu crois pas ?
HASSAN
S’il te plaît !
MALIKA
(faussement grave, surjouant la femme concernée)
Et la liberté de la presse, qu’est-ce que t’en fais ?
Un blanc.
HASSAN
Mais on est dans un cabaret de 20 places, à Bruxelles, dans le
cul de sac d’une rue à sens unique ! Qu’est-ce que les gens s’en
branlent !
Elle rit.
MALIKA
(le charriant)
Bon, je verrai, là je te laisse, faut que j’assume mon travail,
MOI !.
HASSAN
Alors, j’te dis merci d’avance ?
MALIKA
Je sais pas, on verra.
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ANNEXE 2 : Caractérisation du personnage :
Cyril aide Samantha à dénouer les cordes qui retiennent le vélo VTT dépassant
du coffre arrière de la voiture...
Cyril
Y a la griffe sur la fourche, c’est le mien. Il l’a
volé... Combien vous l’avez payé ?
Samantha
Peu importe.
Le directeur
Peut-être que ton père a eu besoin d’argent pour
payer son gaz ou son électricité…
Cyril
Non. Il aurait jamais fait ça.
Le directeur
Dis merci à madame.
Cyril
Merci.
Cyril roule sur le parking, se met sur une roue, roule sur une roue en se dirigeant
vers l’allée, fait un peu de sur-place, revient vers la voiture dont Samantha, aidée
par le directeur, termine de redresser la banquette arrière... Cyril se met à
nouveau sur une roue, roule quelques mètres jetant un œil vers Samantha pour
voir si elle le regarde... Elle le regarde au moment où elle va remonter dans sa
voiture.
Samantha
Bravo !... Au revoir.
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demi-tour et se met à pédaler très vite en direction de la voiture de Samantha qui
déjà s’éloigne dans l’allée...
Le directeur (criant)
Cyril ! Cyril !... Reviens !
Cyril roule, debout sur son vélo, le plus vite qu’il peut pour rattraper la voiture...
Arrivant au carrefour avec la route, la voiture ralentit, Cyril se rapproche et
arrive à hauteur de la voiture au moment où elle va redémarrer pour emprunter
la route, il frappe avec la main contre la portière arrière... la voiture s’arrête...
Samantha ouvre sa fenêtre latérale, Cyril sur son vélo est près de la portière, il
ne laisse pas le temps à Samantha de dire un mot.
Cyril
Je pourrai venir chez vous les week-ends ?
Samantha
... Euh ... ça ne se décide pas comme ça... Je dois
en parler avec ton directeur et...
Cyril
Il sera d’accord, presque tout le monde ici a une
famille d’accueil. Vous pouvez aller lui parler
maintenant.
Samantha
Non, j’suis déjà en retard à mon travail. Je lui
téléphonerai... au revoir.
Cyril
Vous dites ça mais vous ne le ferez pas.
Samantha
Si, je le ferai. Au revoir.
La voiture démarre et disparaît sous le regard de Cyril... qui ensuite fait demi-
tour et s’éloigne dans l’allée au bout de laquelle on aperçoit les silhouettes du
directeur et de l’éducatrice venant vers lui.
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ANNEXE 3 : dialogue naturel (Illégal)
Tania jette un œil vers l’horloge murale du couloir qui indique 19 heures. Tania
ferme les yeux, l’air catastrophé. Elle se reprend :
TANIA
Passe-le moi.
IVAN Off
Ouais ?
TANIA froide
Alors, c’était comment ?
IVAN Off
Rien de sorcier. J’ai posté des lettres, porté des colis.
TANIA
Donc, tu travailles pour Monsieur Nowak.
IVAN Of
Et alors ?
TANIA
Et alors ? J’abandonne... Fais tes affaires : on rentre. Je vais
demander un départ volontaire.
Silence…
IVAN Off
J’aurais pas dû les laisser t’emmener. J’aurais dû les tuer ces
deux fils de pute ! Je me suis enfui comme un lâche.
TANIA
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Tu ne t’es pas enfui, tu as fait ce qu’il fallait faire.
IVAN Off
Tu me manques trop... Excuse-moi, m’man, je suis une
merde : j’ai pas été chez Monsieur Nowak, j’étais avec
Djamel…
TANIA
... Je t’aime très fort.
IVAN Off
Moi aussi.
TANIA
On fait la paix ?
IVAN Off
On fait la paix.
TANIA
Je te jure qu’on va s’en sortir. Je te le promets.
Une fois raccroché, Tania repart vers la salle de douche avec un sourire de
soulagement.
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ANNEXE 4 : dialogue et différences entre scénario et tournage (+montage)
LA REGATE (Extrait)
Alexandre pousse son père, qui le repousse… plaque son père à la taille pour se
frayer un passage mais le père saisit son poignet…
THIERRY
Qu’est-ce t’essaies de faire, pissaud ?
THIERRY
Baisse les yeux !
THIERRY
Tu gâcheras pas ma vie, tu m’entends !
Il baisse les yeux, le père relâche la pression… Soudain, Alexandre jette un brutal
coup de pied dans le genou de son père… Alexandre dépasse son père… Se
retourne, culpabilisé…
ALEXANDRE
Pardon ! … J’voulais pas !
De rage, le père le poursuit (du couloir chambre vers la salle à manger), l’arrête par
le bras, donne un coup sec… Alexandre hurle…
ALEXANDRE
Tu me l’as cassé !
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Arrête ce cirque ! … Sois un peu un homme !
ALEXANDRE
C’est cassé !
THIERRY (paniqué)
J’ai rien fait ! … Je t’ai pas touché ! … On
l’aurait entendu… Tu sais encore bouger ? …
Montre-moi !
Alexandre cloue son père sur place… court de la salle à manger dans le hall… Son
père tente de le poursuivre mais son fils lui a claqué la porte d’entrée au nez…Déjà,
il détale dans les escaliers du building…
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ANNEXE 5 : photogrammes
1. Cadre dans le cadre (isolement) 2. Cadre dans cadre(rassemblement)
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9. Regard caméra (= métalepse, ici) 10. Passage d’une séquence à l’autre (métalepse 2)
15 et 16 Inserts
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17. Ci-dessus : Raccord champ/contrechamp avec amorce
18. Ci-dessus : raccord audio et regard 19. ci-dessous : transition entre séquences
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Annexe 6 : extraits de Jirô Taniguchi, Quartier lointain, L’intégrale, adaptation de Frédéric Boilet,
traduit du japonais par Kaoru Sekizumi et Frédéric Boilet, Casterman, 2006, pp 26-35.
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