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CATÉGORIE PÉDAGOGIQUE
P1 F1 – Français 3 (F1)
2e Bac. NPrim
Horaire adapté (HA)
Zoheir AHAJJAM
1
1 La construction
principe
du alphabétique : vers la
lecture et l’écriture
sommaire
Principe alphabétique
Code et principe alphabétiques :
généralités
Démarche didactique
1 Principe alphabétique
Voici un tableau qui présente la progression envisagée sur les deux premiers cycles
2
2 Code et principe alphabétiques : généralités
1. Pour une analyse détaillée du principe alphabétique, voir Josette Aldeguer-Trotel, La Construction du principe
alphabétique de la maternelle au cycle 2, Retz, 2009.
Processus Décodage (de l’écrit à l’oral : chaine graphique > chaine orale)
Unités linguistiques Lettre (L) > graphème (G) > phonème (P) > syllabe (S) > mot oral (M)
Processus Encodage (de l’oral à l’écrit : chaine orale > chaine graphique)
Unités linguistiques mot oral (M) > syllabe (S) > phonème (P) > graphème (G) > lettre (L)
Exemple
Lecture : le mot graphique « pirate »
analyse syllabique : identification exhaustive et localisation des syllabes : « pirate
» = pi
+ ra + te ;
analyse phonémique : identification exhaustive des graphèmes constitutifs des
syllabes : [pi] = /p/ + /i/, [ra] = /r/ + /a/ & [te] = /t/ + /e/. Puis conversion de
ces graphèmes en phonèmes : /p/ > [p], /i/ > [i], /r/ > [r], /a/ > [a], /t/ > [t]
et /e/ > [ə] ;
fusion phonémique : constituer les syllabes [pi], [ra] et [tə] ;
combinatoire et mémorisation : assembler les syllabes dans l’ordre pour
constituer le mot [piratə].
Écriture : le mot oral [tomatə] :
Analyse syllabique : du mot oral en ses syllabes successives : [to] + [ma] + [tə] ;
Analyse phonémique : des syllabes aux phonèmes successifs : [to]= [t] + [o], [ma]=
[m] + [a] et [tə] = [t] + [ə] ;
Conversion et assemblage : conversion des phonèmes en graphèmes : [t] = /t/,
[o] = /o/, [m] = /m/, [a] = /a/, [t] = /t/ et [ə] = /e/ ;
Combinatoire graphémique : assemblage des graphèmes pour constituer le mot
graphique « tomate ».
Les difficultés que peuvent rencontrer les élèves sont relatives à l’ensemble des
compétences précitées.
• En lecture, la combinatoire syllabique suppose (outre le découpage syllabique de la
chaine orale) :
– le traitement successif et exhaustif des syllabes (on lit de gauche à droite) ;
– la mémorisation de chaque syllabe identifiée au niveau de la combinatoire
(pour pouvoir prononcer « pirate », il faut mémoriser pi-, puis pira- pour
atteindre pirate).
Ces opérations constituent pour un apprenti lecteur une charge cognitive impor-
tante ; par conséquent, les activités d’automatisation sont à multiplier.
• En écriture, les mêmes difficultés et charges cognitives se rencontrent, auxquelles
s’adjoint la mémorisation de la graphie des lettres (capitale/cursive, imprimerie/
manuscrite).
• Et, pour ces deux tâches (lecture/écriture), une double mémorisation est exigée :
– mémorisation de l’ordre séquentiel des phonèmes infra-syllabiques (dans tomate
il faut savoir que la syllabe to- est constituée des phonèmes sont [t] puis [o] et
non l’inverse) ;
– mémorisation des correspondances graphophonologiques, ce qui peut poser
problème au niveau des graphèmes complexes fréquents en français comme
dans les mots suivants : éléphant ([elefã]), château ([∫ato]), courgette ([kurʒԑtə]),
etc.
Toutefois, il convient de nuancer ces difficultés au regard de la capacité du cerveau
à reproduire des schémas (voir les procédures générales d’acquisition des langues
vivantes détaillées dans le CERCL). Ainsi, lorsque le cerveau saisi le fonctionnement
du système de correspondances graphophonologiques, il le reporte naturellement
sur l’ensemble des signes et cela soulage l’activité cognitive de l’élève (on parle alors
d’auto-apprentissage par généralisation analogique). C’est donc avec une méthode
extrêmement précise et des activités d’automatisation fréquentes qu’il convient
d’aborder le principe alphabétique.
On cerne dès lors tout le rôle de l’enseignant dans le modèle qu’il représente pour
les élèves. L’enfant est capable naturellement mais inconsciemment de reproduire
des mots et de les assembler pour en faire des phrases. Toutefois, cette capacité
naturelle n’est pas une simple reproduction de la parole de l’adulte : c’est parce
que l’enfant a intégré – au contact de l’adulte – la capacité inconsciente à
discriminer les unités morphologiques de sa langue maternelle (gazouillis >
babillages > langage articulé), qu’il est capable de parler, mais ce n’est que par la
fréquentation de l’écrit que cette compétence de l’enfant peut s’affiner. C’est
d’ailleurs ce que montrent les travaux de Jacques Fijalkow1 : en lecture et en écriture,
le contact précoce avec l’écrit provoque un apprentissage incident (i. e. implicite)
qui précède l’apprentissage explicite du principe alphabétique. De fait, les
programmes proposent que les élèves soient dès la PS mis en contact non
seulement avec des œuvres de littérature de jeunesse mais également avec la dictée
à l’adulte afin de prendre conscience explicitement que l’écrit encode du son.
Cet affichage évolutif permet aux élèves de prendre conscience que l’écrit
transcrit les comptines que l’enseignant leur apprend. La présence d’indices
iconographiques élaborés par les élèves permet aux non lecteurs de retrouver de
quelle comptine il s’agit.
Les compétences précitées doivent donc faire l’objet d’une approche méthodique
et progressive qui commence dès la maternelle.
3 Démarche didactique
L’objectif est de faire passer l’enfant d’une approche intuitive et implicite à une
approche réflexive et de plus en plus explicite des unités phonologiques de différents
niveaux. Cette démarche favorise la construction du principe alphabétique.
Sont conseillées les démarches didactiques de recherche et d’appropriation.
1. Un grand merci à Mme Marion Lugez et à sa classe de PS/MS de l’école de Monfina en site isolé de Guyane pour nous
avoir fourni l’ensemble des photographies d’affichage en classe du présent ouvrage.
• au contrôle kinesthésique en situation d’écriture : la capacité à écrire nécessite la
connaissance du code graphique mais se joue également au niveau de la maitrise
des gestes graphiques (lettres capitales et cursives) ;
• à la prononciation des élèves : en effet, des difficultés de prononciation (souvent
visibles dans les productions d’élèves en 1 re Prim/2e Prim) peuvent engendrer des
difficultés dans la discrimination fine des syllabes et phonèmes. Ces difficultés
peuvent être liées à des problèmes de réception (audition ou prononciation de
l’entourage de l’enfant, notamment en situation de plurilinguisme) ou de
production (contrôle insuffisant de l’appareil phonatoire par l’enfant).
L’enseignant doit donc permettre aux élèves d’exercer leur audition et leur
phonation, ce qui facilitera – sans toutefois la garantir – l’acquisition du principe
alphabétique.
« Cher Père Noël. Je voudrais le déguisement de Belle et Sébastien et aussi la peluche de Belle
et Sébastien ».
DÉFINITION
Le terme de conscience phonologique désigne la conscience explicite des
unités phonologiques de tout petit niveau, c’est-à-dire les syllabes et les
phonèmes. Voici la définition proposée par l’université Laval au Canada1 :
« La conscience phonologique est un terme général qui correspond à l’habileté
à identifier et à manipuler les mots dans une phrase et les parties d’un mot (les
syllabes, les rimes et les phonèmes). La conscience phonémique, qui est le plus
haut niveau de la conscience phonologique, correspond à l’habileté à identifier
et à manipuler les phonèmes. »
Pour atteindre ce degré de conscience, il convient donc de permettre aux élèves
d’adopter une approche réflexive de la chaine orale, des activités de manipulations
(repérer, découper, dénombrer, localiser…) qui doivent porter sur des unités
phonologiques de plus en plus petites : mot > syllabe > phonème.
Le phonème étant une unité infra-syllabique, il est logiquement plus compliqué à
identifier que la syllabe : aborder le principe alphabétique doit donc se faire
d’abord par une identification fine de l’unité syllabique (prononçable) de la langue.
Cette approche permet à l’élève de se familiariser avec les opérations
d’identification, de repérage et de localisation de la syllabe. Cette étape permet
ensuite à l’élève d’atteindre progressivement la conscience phonémique.
Toutefois, la découverte de la syllabe ne peut se faire sans un travail préalable et
structuré sur la face sonore de la langue, travail qui se construit dans des
associations de termes s’appariant par une syllabe identique à l’attaque ou à la
rime.
La progressivité des programmes offre donc une approche implicite (face sonore)
puis explicite de la syllabe et du phonème.
Vous trouverez sur le site de l’académie de Rennes 2 un exemple de séquence très
intéressant sur le travail sur la face sonore et le passage au phonème.
➥➥Voir aussi chapitre xxx « Les représentations visuelles de la chaine orale ».
2 La conscience syllabique
DÉFINITION
La conscience syllabique désigne la capacité à traiter séquentiellement et
exhaustivement les syllabes d’un mot oral ou écrit.
Exemple
Niveau 1re Prim
➥Consigne 1 : Dans les mots suivants, colorie les cases selon le nombre
de syllabes entendues.
chame
au
poisso
serpe
tobog
nt
1 Pour le concours, il convient d’être capable de verbaliser les distinctions entre ces différentes activités qui relèvent de
gan
compétences distinctes.
Exemple (suite)
➥Consigne 2 : Dans les mots suivants, certaines syllabes ont été effacées.
Retrouve-les et recopie-les.
avio a___
n _
chie ____
n
enfa __
nt fant
arbr ar _ _
e _
➥Consigne 3 : Remets les syllabes dans l’ordre pour former les mots
correspondants aux images. Tu peux t’aider des listes précédentes.
3 La conscience phonémique
L’objectif est une maitrise de plus en plus explicite de ce qu’est le phonème
(identification, quantification et localisation). Cette maitrise passe par une
représentation visuelle des phonèmes, qui permet repérage et mise en relation des
unités phono- logiques et graphiques. Cette analyse phonémique constitue la
dernière étape de la construction du principe alphabétique.
– association des mots qui sont identiques à l’attaque ou à la rime (ex. avion-
ami/ ami-souris) ;
– repérage puis localisation des voyelles-cibles (ex. idée – ordinateur – ami) ;
– repérage des phonèmes communs à des syllabes (ex. comptine, virelangue…) ;
– repérage des graphèmes communs à des syllabes ;
– mise en relation des phonèmes et des graphèmes (commencer alors par les
graphèmes simples).
• ◗ Compétences complémentaires acquises au cours des activités :
– prise de conscience de la présence de lettres muettes à la finale des mots ;
– familiarisation avec différentes écritures (capitale/cursive).
Exemple
Niveau 1re Prim : fusion phonémique
Voici un exemple d’activité relatif à la fusion phonémique : utilisation du mini-
livre (tutoriel de création facilement trouvable sur internet). Cette activité peut
être poursuivie tout au long du cycle 2, et même évoluer au cycle 3 :
• ➥ en C1, ne proposer que le phonème /p/ qui présente l’avantage de n’avoir qu’une
seule forme unique (en minuscule ou majuscule d’imprimerie : l’arrondi est à
droite de la barre), les autres consonnes seront introduites en C2 ;
• ➥ différer l’introduction des graphèmes complexes peu fréquents (« aon » pour /ã/).
• ➥ formaliser chaque élément du code par l’association d’un graphème avec une
représentation iconique d’un mot dit de référence contenant le phonème qu’il
transcrit. Le mot de référence doit être, si possible, choisi par rapport à son
phonème initial car c’est la position la plus aisément repérable.
• ➥ structurer progressivement l’ensemble des éléments du code, en favorisant la
mémorisation et la compréhension par des représentations visuelles, qui doivent
être un outil d’aide, non seulement à la mémorisation du code, mais également à
l’acquisition du principe alphabétique.
• ➥ des procédures de remédiation et de différenciation qui doivent prendre en
compte l’hétérogénéité des élèves.
Exemple
Niveau 2e Prim : discrimination phonémique et correspondances graphophonologiques
◗ ➥ Consigne 1 : J’entoure le son [o] dans le texte suivant.
Un tour en canoë,
Pendant les vacances, il faisait beau. Alors, avec mes parents, nous sommes allés faire un
tour en canoë. L’eau du fleuve était belle, les oiseaux volaient tout autour de nous. Il y en a
même un qui s’est posé sur l’avant du bateau et qui s’est ensuite envolé très haut dans le
ciel.
Piste de différenciation : jouer sur la longueur du texte ou sur sa casse, souligner les
mots qui contiennent le son [o]…
◗ ➥ Consigne 2 : Je recopie les mots dans la bonne colonne du tableau.
Je vois :
• ➥ à montrer que l’écrit transcrit du son : l’écrit est donc un type de graphisme différent
du dessin.
La difficulté vient de ce que les enfants peuvent confondre « lettres » et « graphèmes »,
or il faut absolument éviter cet écueil. Pour ce faire, il est d’usage de montrer la
différence entre ces deux unités par un affichage visuel clair.
L’apprentissage du nom des lettres peut se faire dès 3 ans puisqu’il relève de la
seule mémoire ; en revanche, l’apprentissage des graphèmes, qui relève d’une véritable
analyse (segmentation, identification, localisation et fusion), doit se faire plus tard (5-
6 ans).
Pour aider les élèves dans cette distinction entre lettre et graphème, il convient de
signifier que la lettre a un nom quand les graphèmes ont une valeur phonique (ex.
la lettre a porte le nom /a/ et le graphème /a/ fait le son [a]).
Exemple
Niveau 1re/2e Mat : « Le livre des prénoms »
Voici des exemples de travaux menés à Monfina sur les lettres initiales des
prénoms :
Classement par
ordre
alphabétique.
2.2 La forme de la lettre
Une lettre n’a pas une forme mais plusieurs (majuscules ou minuscules
d’imprimerie/cursives) et doit pouvoir être identifiée au-delà de sa diversité 1. Pour
faciliter l’identification et la mémorisation, il convient de mettre en place un
a
affichage des lettres dans les quatre types d’écriture (a, A, , A) et de proposer
régulièrement des activités permettant aux élèves, à partir d’un modèle, d’écrire les
différentes lettres.
Exemple
Niveau 1re Prim : « Mon emploi du temps »
Voici un exemple de travail alliant plusieurs compétences afférentes aux domaines
suivants : enrichir son vocabulaire (jours de la semaine) ; se situer dans le temps
(emploi du temps et activités hebdomadaires) ; travailler la graphie et la lecture
(encodage et décodage par recopiage de minuscules manuscrites et
reconnaissance/lecture en minuscules d’imprimerie grâce aux étiquettes).
Consigne : Je recopie en écriture cursive les mots en bleu, puis je colle
l’étiquette correspondante. Je décore ensuite selon mes activités.
Exemple
Niveau 1re/2e Mat : la forme des lettres
Voici un exemple de travail à faire sur les formes des lettres mettant en œuvre
des compé- tences sensori-motrices (école Monfina) :
Sur cette image on voit que l’élève a été conduit à produire une graphie ample
de la lettre s sur
un support solide (carton) qu’il a ensuite découpé (reproduisant ainsi
implicitement le même tracé). Par la suite il a été invité à peindre la lettre
(usage d’un matériel différent, la peinture) puis à la décorer avec une ficelle qui
impose un mouvement ample et courbe (proche du geste de l’élève lorsqu’il
s’agissait pour lui de dessiner la lettre).
Dans le même ordre d’esprit (activités sensori-motrices autour des lettres), voir les
documents suivants (consultés en février 2017) :
• ➥ Contribution de l’exploration tactile de lettres dans un programme de
préparation à l’apprentissage de la lecture en grande section : www.cndp.fr/
bienlire/04-media/a-contribution-Imp.htm.
• ➥ Diaporama graphisme/écriture à l’école maternelle : www.ac-grenoble.fr/portail-
pedagogique07/histoire_art/file/diaporama-graphisme-ecriture-2009-46pages.pdf
• ➥ Les gestes de l’écriture : do1re Primlayer.fr/15716002-Les-gestes-de-l-ecriture.html
2.4 Graphisme
L’expérience préconise des exercices graphiques nombreux dès le C1. Voici les
compétences attendues dans ce domaine selon les cycles :
ou
3 L'iconicité
3.1 De l’iconicité à l’écriture
La représentation iconique donne aux mots un visuel accessible aux enfants non
lecteurs, en particulier au cycle 1, ce qui est indispensable à la construction du
principe alphabétique. Par conséquent, l’enseignant devra apporter un soin tout
particulier au choix des mots que les élèves vont manipuler.
Voici des exemples qui montrent l’apport de l’iconicité et le lien avec l’écriture :
Exemple
1. Entoure le dessin si tu
entends [ə]
Les mots doivent être en adéquation avec l’objectif d’apprentissage qui est
prioritairement l’acquisition des correspondances graphophonologiques. Par
conséquent, le nombre de mots disponibles se trouve ainsi souvent réduit.
Voici d’autres critères qui entrent en jeu dans le choix des mots par les manuels et
les enseignants :
• ➥ leur catégorie : ce qui peut constituer une approche implicite de la notion ;
A. Bentolila );
• ➥ l’enrichissement lexical : désignation des représentations iconographiques ;
• ➥ possibilité ou non d’une représentation des mots : détritus est plus difficilement
représentable que poubelle ;
• ➥ l’accessibilité des enfants aux mots : syntagme est moins accessible que
groupe, maracuja que pomme.
l’identification d’un dessin se fait par rapport à ce que l’on connait, un même
dessin peut donc représenter deux choses différentes pour deux enfants distincts
(ex. là où l’un identifiera une voiture, l’autre identifiera un 44), ce qui pose des
problèmes pour l’identification des syllabes et des phonèmes (ex. si l’on veut faire
apprendre le son [wa] de voiture aux enfants et que l’un dit [katrkatr]) ;
• ➥ la polysémie des représentations : décontextualisés, les dessins peuvent être
polysémiques (ex. le loup pourra être identifié comme un chien), lever cette
ambigüité suppose d’alourdir la représentation (ex. représenter à côté du loup le
petit chaperon rouge) ;
• ➥ la prise en compte d’éléments spécifiques du dessin : l’utilisation de flèches conduit
à cette spécification (cf. l’exercice 1 de l’exemple supra, section 3.1).
Pour pallier ces difficultés, l’enseignant peut prendre le temps de nommer les images
avant la réalisation de la tâche.
L’enfant doit être confronté à l’écrit en situation de lecture (réception) et d’écriture
(production). L’image doit donc progressivement être mise en relation avec la
réalisation graphique du mot qu’elle représente.
Exemple
Niveau 1re Prim, lien entre représentation iconographique et graphie
◗◗Consigne 1 (résolution de problème et lien graphie-phonie) : Je recopie sur la ligne les
bonnes syllabes pour former le mot correspondant au dessin.
Syllabes :
ve li mo vé ta ra ka vo veau la mo ta do lo mi pa
. . étoile
. . BATEAU
. . sapin
. . vélo
5 Lire et écrire
• ➥ bien parler ;
À consulter
• ➥ Pour la lecture : www.lire-ecrire.org > Conseils pratiques > Aider à apprendre >
Lire et écrire : maternelle et 1re Prim > Méthodes d’apprentissage de la lecture –
2012.
• ➥ Pour la production d’écrit : Production d’écrit du cycle 3 au collège .
1
Sommaire
Étapes d’apprentissage de la lecture
Entrer dans l’écrit au cycle 1
Apprendre à lire au cycle 2
La lecture au cycle 3
Démarches et méthodes d’apprentissage de la lecture
mot oral et qu’un mot se prononce toujours (ou presque) de la même façon. Il va
donc chercher à prononcer le mot. C’est là que les enfants peuvent prendre seuls
des livres et en raconter l’histoire en faisant semblant de lire.
• ➥ 3 stade orthographique : au 1 Prim (parfois fin de la 3 e mat.), l’enfant se
e re
situer dans le temps et l’espace s’affine peu à peu, il est en mesure de repérer et
d’organiser les indications spatio-temporelles d’un texte. Il peut donc commencer
à relier les différents indices pour construire du sens, donc produire des
inférences :
Exemple
Exemple de procédure inférentielle
Texte : « La maman de Marie est venue la chercher à l’école. À la maison elle a
gouté du chocolat et des gâteaux. »
On peut inférer, entre les deux phrases, qu’il y a eu un déplacement de Marie et
sa maman de l’école à la maison, même si ce n’est pas explicité.
• ➥ 3e étape, réalisation d’inférences complexes, par repérage des marqueurs logiques
: au C3, l’enfant peut identifier les marqueurs logiques et les mettre en relation
pour inférer du sens, c’est ce qui va lui permettre d’accéder à l’implicite du texte
et de l’interpréter (accession progressive à la pensée abstraite).
Exemple
Texte : « Il a pris son parapluie malgré le soleil. »
L’enfant – à partir de malgré – va inférer une contradiction entre les deux périodes
« il a pris son parapluie » et « le soleil », en effet la seconde période suppose un
ciel radieux, donc sans nuages de pluie.
Voici le calcul inférentiel de l’enfant :
fait : il a pris son parapluie ;
inférence : donc il pleut ;
contradiction : mais il fait beau.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31
2.3 Écrit en C1
En C1 il s’agit avant tout de faire comprendre aux élèves la nature des écrits, leurs
variétés ainsi que les fonctions langagières de l’écrit en réception et production
(l’écrit produit quelque chose sur le récepteur et induit donc un comportement
particulier de la part du scripteur).
Les compétences retenues sont les suivantes :
• ➥ écouter l’écrit et le comprendre : compréhension en réception et diversité des textes vus ;
4 La lecture au cycle 3
Il s’agit alors de :
• ➥ faire lire dans toutes les disciplines : la lecture n’est plus seulement un objet
d’apprentissage mais devient un moyen d’apprentissage, un outil : lire permet de
s’approprier des connaissances.
• ➥ faire lire la littérature : il s’agit en effet de continuer à apprendre à lire (faire de
l’élève un lecteur autonome et motivé), d’enrichir sa culture littéraire et générale,
et de lier littérature et instruction civique. Les supports exploitables sont les
œuvres patrimoniales et contemporaines, sous forme d’extrait ou d’œuvre
intégrale.
• ➥ entrainer l’élève à lire à haute voix.
Voici des repères pour organiser la progressivité au sein du C3 dont l’objectif
principal est de permettre aux élèves de gagner en rapidité et fluidité. Pour ce faire,
des temps de lecture à voix haute et de lecture silencieuse doivent être aménagés dans
les séances.
• ➥ Les méthodes analytiques : inverses des précédentes, elles préconisent que l’enfant
2
doit d’abord rencontrer des phrases qu’il analyse pour atteindre les mots. La
programmation passe donc par la mémorisation d’un stock de mots avant
d’apprendre le code.
1. Voir Boite à outil pour une définition des différentes méthodes de lecture synthétique.
2. Voir Boite à outil pour une définition des différentes méthodes de lecture analytique.
5.2 Le questionnement des textes
L’accès à la compréhension passe par un questionnement. Le terme de questionne-
ment des textes désigne l’ensemble du processus par lequel le lecteur construit les
informations qui lui permettront de saisir le sens global du texte. Il peut être
individuel/collectif, oral/écrit. On parle de questionnaire pour désigner un
dispositif écrit élaboré par l’enseignant ou le manuel, parfois aussi avec les élèves,
et qui impose le relevé ou la construction d’informations déterminées. Le
questionnaire peut aussi constituer un dispositif d’évaluation de la compréhension.
Questionner un texte sert à :
• ➥ élaborer un projet de lecture : orienter la lecture en s’appuyant sur le titre,
l’illustration, le paratexte ou les lectures précédentes. L’élève émet alors des
hypothèses qu’il va chercher à vérifier par la lecture. L’objectif est alors de
motiver et de faciliter la lecture, par l’ouverture d’un horizon d’attentes ;
• ➥ construire le sens d’un texte : l’objectif est de conduire l’élève d’une lecture
littérale à une compréhension fine, par reconstitution des étapes de la
compréhension. La différenciation se situe dans les questionnaires ;
• ➥ conduire un débat interprétatif : l’objectif est d’amener l’élève à prendre du recul
par rapport à sa compréhension. Il faut donc envisager les différentes
interprétations possibles et argumenter en s’appuyant sur les mots du texte et sur
ses connaissances propres ;
• ➥ susciter l’écriture : le questionnement du texte permet de prolonger l’activité sur
une production d’écrit (« rédaction à partir de ») ;
• ➥ susciter la métacognition : l’objectif est de faire comprendre les stratégies qui ont
été utilisées pour arriver à lire le texte, ainsi que les difficultés rencontrées en lecture
ou compréhension, et les stratégies de remédiations utilisées. Ce questionnement
met en exergue les compétences à combiner pour parvenir à comprendre un texte
ainsi que celles à acquérir pour améliorer sa lecture.
scripteur. En 1re mat, l’élève apprend à voir et comparer les traces écrites, il se
crée des points de repère spatio-temporel et commence à maitriser son geste ;
• ➥ 2 étape : il réalise des tracés intentionnels et plus complexes. En 2 mat, l’élève
e e
affine ses gestes, apprend à les orienter, à régulariser ses tracés et à les structurer.
Il peut donc commencer à écrire quelques mots en relation avec son vécu ;
•➥ 3 étape : il maitrise le sens directionnel et affine sa motricité, il devient
e
Exemple
Voici un exemple de dictée à l’adulte réalisée, afin que vous puissiez vous rendre
compte de l’importance de l’exercice pour l’évaluation du passage langage
d’action-langage d’évocation et de l’étayage du maitre :
Consigne : Est-ce que tu peux raconter ce que tu as fait pendant les vacances ?
« Pendant ces vacances on est allé chez Manou et Grand-père. On a acheté le petit
poney qui marche tout seul. [L’élève regarde par la fenêtre] Le loup est dehors.
[L’élève regarde l’ensei- gnant écrire] Le balai nouveau qu’on a acheté avec les
longs poils et le petit que j’ai fait tomber. » L’élève oscille entre langage
d’évocation (deux premières phrases qui correspondent à la consigne) et langage
d’action (après avoir regardé par la fenêtre, l’élève change de sujet, perd de vue
la tâche : le loup est dehors), puis il semble reprendre, mais l’absence de
cohérence ne permet pas au lecteur d’établir les inférences nécessaires pour
construire du sens.
En situation de dictée à l’adulte, l’enseignant se fait « secrétaire ». Par conséquent
son étayage correspond à celui vu précédemment dans le chapitre sur le langage
oral : motiver l’élève face à la tâche ; réduire les degrés de liberté ; maintenir l’orien-
tation de l’objectif ; signaler les caractéristiques de la tâche ; contrôler la frustration
et rendre l’expérience moins difficile ; proposer des solutions. Si au C1 la dictée à
l’adulte est la seule entrée possible dans l’écrit, au C2 on favorisera une
progression allant de la dictée à l’adulte (début de cycle) à l’écriture individuelle
(fin de cycle) en passant par l’écriture collective en atelier (milieu de cycle).
Exemple
Niveau 1re Prim : guidage graphique
Consigne : Poursuis les frises comme sur le modèle.
Exemple
Niveau 1re Prim : guidage sans tracé de la
« Aujourd’hui on va écriredu
silhouette . Alors on commence tous ensemble dans l’air et
mot
papa
puis
écriraonsur l’ardoise. On commence : je monte l’amorce du p [le doigt monte],
puis
le je descends
jambage du p [le bras descend], puis je remonte au même endroit [le bras
remonte]
finis par leetpont
je du p. Je lève mon stylo [la main se referme et se rapproche du
corps]. je
tenant Main-
vais faire le premier a : je commence par la panse du a [le bras fait un
cercle démar- rant à 2 h 10 et partant vers la gauche], puis je fais la hampe [le
bras redescend].
recommence : [leEtbras
je fait le mouvement en même temps que l’enseignant
p et puis le a .
parle] : je fais leVoilà, on peut maintenant écrire papa sur l’ardoise. Vous êtes
prêts ?… »
2.4 Écrit
Au cycle 1, l’entrée dans l’écrit se fait en lien avec la découverte de la lecture, par
conséquent nous renvoyons au chapitre xxxx. Pour le cycle 2 en revanche, les
choses sont plus précises ainsi que le montrent les compétences ci-dessous citées :
Exemple
Exemple de séquence sur la production d’écrits
La démarche présentée est traditionnelle :
➥lecture de texte : étude de textes d’auteurs pour s’informer et s’inspirer ;
➥choix des outils : utiliser des outils pour comprendre et interpréter les textes ;
➥rédaction du premier jet : transférer les compétences acquises précédemment.
On demande alors généralement la rédaction d’un brouillon, la correction de ce
brouillon et la mise au propre ;
➥évaluation sommative : l’enseignant note la production précédente.
Recourir à l’écriture pour réfléchir et pour apprendre
•➥ Écrits de travail pour formuler des impressions de lecture, émettre des
hypothèses, articuler des idées, hiérarchiser, lister.
•➥ Écrits de travail pour reformuler, produire des conclusions provisoires, des
résumés.
•➥ Écrits réflexifs pour expliquer une démarche, justifier une réponse, argumenter.
Produire des écrits variés en s’appropriant les différentes dimensions
de l’activité d’écriture
•➥ Connaissance des caractéristiques principales des différents genres d’écrits.
•➥ Construction d’une posture d’auteur.
•➥ Mise en œuvre (guidée, puis autonome) d’une démarche de production de textes.
•➥ Connaissances sur la langue.
•➥ Mobilisation des outils liés à l’étude de la langue à disposition dans la classe.
Cycle 3 Réécrire à partir de nouvelles consignes ou faire évoluer son texte
•➥ Conception de l’écriture comme un processus inscrit dans la durée.
•➥ Mise à distance de son texte pour l’évaluer.
•➥ Expérimentation de nouvelles consignes d’écriture.
•➥ Enrichissement, recherche de formulations plus adéquates.
Prendre en compte les normes de l’écrit pour formuler, transcrire et réviser
•➥ Prise de conscience des éléments qui assurent la cohérence du texte
(connecteurs logiques, temporels, reprises anaphoriques, temps verbaux)
pour repérer des dysfonctionnements.
•➥ Mobilisation des connaissances portant sur la ponctuation (utilité, usage,
participation au sens du texte) et sur la syntaxe (la phrase comme unité de
sens).
•➥ Prise en compte de la notion de paragraphe et des formes d’organisation du
texte propres aux différents genres et types d’écrits.
•➥ Mobilisation des connaissances portant sur l’orthographe grammaticale.
•➥ Mobilisation des connaissances portant sur l’orthographe lexicale.
4 Évaluer l’écrit
Dans les tests nationaux, l’évaluation est essentiellement diagnostique.
Dans les classes, les trois phases du processus d’écriture permettent de mettre en
œuvre des évaluations diagnostiques (premier jet) et formatives/formatrices
(révision-réécriture). Dans l’idéal, il s’agit d’amener l’élève à auto-évaluer son
écrit, ce qui peut se présenter sous trois modalités :
• ➥ l’auto-évaluation : l’élève est seul face à sa production ;
Matériel
– feuilles A4 partagées en deux sur lesquelles figureront d’un côté le texte avec
ses erreurs, de l’autre côté, les erreurs corrigées.
– feuilles 50 × 60 cm sur lesquelles des colonnes seront dessinées sur l’ensemble de la
page.
– de gros feutres.
Premier temps (1/2 heure)
Les élèves sont répartis par groupes hétérogènes de 4 ou 5. L’activité est présentée :
on annonce aux élèves que l’on va construire un outil en commun pour s’aider
dans la production d’écrit, pour corriger ses erreurs et ne plus en faire.
Identification et relevé des erreurs
Les erreurs (entre 10 et 15) ont été relevées dans des productions récentes des
élèves de la classe.
Consignes
Les erreurs sont présentées soulignées par l’enseignant. Il est demandé aux élèves
d’écrire sur la partie droite de la feuille les mots corrigés. Les élèves corrigent avec les
moyens du bord.
En circulant entre les groupes, l’enseignant peut accélérer la correction en
rectifiant, en apportant éventuellement la solution.
Mise en commun
On affiche au tableau une feuille en faisant bien la distinction (couleurs entre
erreurs barrées et formes rectifiées.
Deuxième temps (1/2 h) : le classement
On distribue des feuilles de papier 50 × 60 sur lesquelles des colonnes ont été
dessinées à l’avance.
Consignes
– Vous allez classer les erreurs dans les colonnes de la feuille.
– Pour cela, vous allez mettre ensemble les erreurs qui se ressemblent et vous allez
donner un titre à chaque colonne. Ce titre doit permettre d’identifier l’erreur, il
doit être une aide pour la correction de cette erreur.
– Vous utiliserez autant de colonnes que vous voudrez. Ce n’est pas parce que la
page est découpée en colonnes qu’il faut toutes les remplir.
…/…
Document A (suite)
Pendant le travail des groupes, l’enseignant rappelle la consigne : ce titre est-t-il une
aide à la correction ? » Il ne doit pas souffler de catégories toutes prêtes. Il ne doit pas
s’affoler de classements aberrants, mais demander à ce que toutes les erreurs soient
classées.
Troisième temps (1 h) : le classement collectif
Les élèves se retrouvent dans le groupe-classe pour la confrontation des classements.
La démarche
Tous les classements sont affichés. Le rôle de l’enseignant est alors d’aider à
établir le classement collectif.
L’exploitation pédagogique
Lorsqu’il estime être arrivé à un classement exploitable, et qu’il sent que les élèves
commencent à se lasser, l’enseignant décide de conserver cet état final, mais
tempo- raire. Il demande aux élèves de proposer un codage pour les colonnes qui
ont reçu un titre efficace. Désormais, lorsqu’il rencontrera dans les écrits d’élèves
une erreur de ce type il la codera et l’élève pourra la corriger.
Selon une démarche constructiviste, les activités menées doivent être à l’initiale d’une
réflexion puis d’une déduction.
3. Le principe alphabétique
Comparaison de manuels de 1re Prim.
1. Quelle est la compétence visée par les documents A, B et C ?
2. Dans les documents A, B et C, quelles différences remarquez-vous dans l’approche
du phonème [s] ? Y-a-t-il une approche qui vous parait plus pertinente que les
autres ? Si oui, laquelle et pourquoi ? Sinon, pourquoi ?
3. Quelle exploitation proposeriez-vous du document D ?
Document A Patasson, cycle 2, 1re PRIM, Delagrave, 2000.
233
Document B Grindelire, cycle 2, 1re PRIM, Bordas, 1999.
Document C Dagobert, cycle 2, niveau 2, Istra, 2000.
235
4. Les correspondances graphophonologiques
Proposez une exploitation en classe du document suivant :
Révision :
les graphèmes g- et gu-
gruyère • •
glace • •
guitare • •
bague • •
gâteau • •
gorille • •
➍ Complète la leçon.
Le graphème g produit le son [g] devant une.....ou devant les voyelles …, … et …,
sinon il produit le son [. ] . Le graphème gu produit le son [g] devant les voyelles … et …
5. Lectures et évaluations
Vous définirez les critères d’évaluation que vous pourriez appliquer à la lecture à
haute voix du texte suivant, par des élèves de 5e Prim, cette lecture à haute voix
ayant été préalablement préparée.
Il était une fois une veuve qui avait deux filles : l’ainée lui ressemblait si fort d’humeur
et de visage, que, qui la voyait, voyait la mère. Elles étaient toutes deux si
désagréables et si orgueilleuses, qu’on ne pouvait vivre avec elles. La cadette, qui
était le vrai portrait de son père pour la douceur et l’honnêteté, était avec cela une
des plus belles filles qu’on eût su voir. Comme on aime naturellement son
semblable, cette mère était folle de sa fille ainée, et, en même temps, avait une
aversion effroyable pour la cadette. Elle la faisait manger à la cuisine et travailler
sans cesse.
Il fallait, entre autres choses, que cette pauvre enfant allât, deux fois le jour, puiser
de l’eau à une grande demi-lieue du logis, et qu’elle rapportât plein une grande
cruche. Un jour qu’elle était à cette fontaine, il vient elle une pauvre femme qui lui
pria de lui donner à boire.
« Oui-dà, ma bonne mère», dit cette belle fille ; et, rinçant aussitôt sa cruche, elle
puisa de l’eau au plus bel endroit de la fontaine et la lui présenta, soutenant
toujours la cruche, afin qu’elle bût plus aisément. La bonne femme, ayant bu, lui dit
: « Vous êtes si belle, si bonne et si honnête, que je ne puis m’empêcher de vous
faire un don » ; car c’était une fée qui avait pris la forme d’une pauvre femme de
village, pour voir jusqu’où irait l’honnêteté de cette jeune fille. « Je vous donne
pour don, pour- suivit la fée, qu’à chaque parole que vous direz il vous sortira de la
bouche ou une fleur, ou une pierre précieuse. »
Lorsque cette belle fille arriva au logis, sa mère la gronda de revenir si tard de la
fontaine.
« Je vous demande pardon, ma mère, dit cette pauvre fille, d’avoir tardé si longtemps
» ; et, en disant ces mots, il lui sortit de la bouche deux roses, deux perles et deux
gros diamants. « Que vois-je là ! dit sa mère tout étonnée ; je crois qu’il lui sort de la
bouche des perles et des diamants. D’où vient cela, ma fille ? » (Ce fut là la première
fois qu’elle l’appela sa fille.) La pauvre enfant lui raconta naïvement tout ce qui lui
était arrivé, non sans jeter une infinité de diamants. « Vraiment, dit la mère, il faut
que j’y envoie ma fille. Tenez, Fanchon, voyez ce qui sort de la bouche de votre
sœur quand elle parle ; ne seriez-vous pas bien aise d’avoir le même don? Vous n’avez
qu’à aller puiser de l’eau à la fontaine, et, quand une pauvre femme vous demandera
à boire, lui en donner bien honnêtement. » « Il me ferait beau voir, répondit la
brutale, aller à la fontaine ! » « Je veux que vous y alliez, reprit la mère, et tout à
l’heure. »
Elle y alla, mais toujours en grondant ; elle prit le plus beau flacon d’argent qui
fût au logis. Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine, qu’elle vit sortir du bois
une dame magnifiquement vêtue, qui vient lui demander à boire. C’était la même
fée qui avait apparu à sa sœur, mais qui avait pris l’air et les habits d’une princesse,
pour voir jusqu’où irait la malhonnêteté de cette fille. « Est-ce que je suis ici venue, lui
dit cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire ? Justement j’ai apporté un
flacon d’argent tout exprès pour donner à boire à madame ! J’en suis d’avis : buvez à
même si vous voulez. » « Vous n’êtes guère honnête, reprit la fée, sans se mettre en
colère. Eh bien ! Puisque vous êtes si peu obligeante, je vous donne pour don qu’à
chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent, ou un
crapaud. »
…/…
Document (suite)
D’abord que sa mère l’aperçut, elle lui cria : « Eh bien ! Ma fille ! » « Eh bien ! Ma
mère ! » lui répondit la brutale, en jetant deux vipères et deux crapauds. « O ciel,
s’écria la mère, que vois-je là ? C’est sa sœur qui est en cause, elle me le paiera. » Et
aussitôt elle courut pour la battre. La pauvre enfant s’enfuit et alla se sauver dans la
forêt prochaine. Le fils du roi, qui revenait de la chasse, la rencontra et, la voyant si
belle, lui demanda ce qu’elle faisait là toute seule et ce qu’elle avait à pleurer. « Hélas,
Monsieur, c’est ma mère qui m’a chassée du logis. » Le fils du roi, qui vit sortir de
sa bouche cinq ou six perles et autant de diamants, lui pria de lui dire d’où cela lui
venait. Elle lui conta toute son aventure. Le fils du roi en devint amoureux et,
considérant qu’un tel don valait mieux que tout ce qu’on pouvait donner en
mariage à une autre, l’emmena au palais du roi son père, où il l’épousa.
Pour sa sœur, elle se fit tant haïr, que sa propre mère la chassa de chez elle. Et la
malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulut la recevoir,
alla mourir au coin d’un bois.
rentes productions les unes avec les autres (par groupe avec étayage de
l’enseignant et avec la grille de critères établie avant), ce qui
favoriserait une première prise de conscience des qualités et problèmes
(cohérence, construction des phrases…). On peut prendre le temps,
avant cette étape, de reprendre la grille de critères élaborée pour en
faire une grille d’auto-évaluation ;
• ➥ se servir d’outils pour améliorer sa production en activités décrochées : à
partir des erreurs constatées lors de l’étape précédente, proposer aux élèves
d’élaborer des outils (ou se servir d’outils déjà existants comme les
fiches-outils) afin d’y remédier. Les séances peuvent donc porter soit
sur un objectif précis en étude de la langue (emploi des temps, usage
des connecteurs…), soit sur les stratégies narratives, avec un éventuel
recours aux prototypes déjà analysés précédemment ;
• ➥ réécriture partielle ou totale du texte initial.
– est-ce que le lecteur fait des efforts pour produire des effets de sens ?
– change-t-il de ton lorsqu’il change de personnage ?
– le lecteur cherche-t-il à adapter le ton aux sentiments des personnages ?
• ➥ prise en compte de l’auditoire :
6. Correction
Il s’agit du premier jet d’une production d’un élève de 5e fait en fin
d’année. A ce moment, les compétences attendues en rédaction sont les
suivantes :
• ➥ Maitriser la cohérence des temps dans un récit d’une dizaine de lignes.