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LA PHONOLOGIE

(d’après Enseigner la lecture au cycle 2 – Nathan)

Les programmes du cycle 2 demandent que les élèves soient capables de saisir les relations
entre l’oral et l’écrit en identifiant de manière explicite les correspondances entre son et signe
pour maîtriser la combinatoire, accéder au déchiffrement et à la reconnaissance des mots.
Pour ce faire, chaque élève doit être capable de repérer, d’isoler et de manipuler les
constituants de la chaîne sonore.

Qu’est-ce que la phonologie ?

C’est la science qui décrit les systèmes de sons des langues et leurs règles d’agencement. Elle
permet de différencier les différents mots de la langue. Ce système permet d’engendrer
l’ensemble des mots de la langue. Ce système de sons produit des significations.

Les unités phonologiques :


- L’unité de base est la syllabe, qui est une unité d’articulation. Chaque mouvement
articulatoire permet la production d’une syllabe. Traditionnellement, on considère que la
présence d’un e muet à la fin d’un mot ne crée pas une nouvelle syllabe. Des variations
régionales de prononciation peuvent rendre un mot mono-syllabique, dissyllabique :
l’important est d’appliquer toujours la même règle de découpage syllabique pour tous les
mots.
- La syllabe peut être divisée en unités plus petites. Elle est décomposable en 2 parties :
l’attaque et la rime. L’attaque est la consonne ou le groupe de consonnes initial de la
syllabe ; la rime est constituée par l’ensemble des phonèmes qui suivent.
- Chacune de ces unités est également divisible en unités élémentaires : les phonèmes. Le
phonème est la plus petite unité phonologique qui permet de différencier deux mots. Un
phonème est transcrit par un graphème : celui-ci est le plus souvent constitué d’une lettre,
mais il peut l’être par plusieurs. Le même phonème peut être transcrit par plusieurs
graphèmes.
Le français comporte 37 phonèmes, transcrits avec 26 lettres qui permettent de composer
93 graphèmes. Ils ont donc une importance particulière car les systèmes alphabétiques
sont fondés sur la représentation graphique des ces unités.

Liens entre les connaissances phonologiques et apprentissage de la lecture

Pour comprendre le système alphabétique, qui code des unités infrasyllabiques, l’élève doit
concevoir l’existence d’unités plus petites que la syllabe.
Cette capacité peut être développée en entraînant les élèves à reconnaître les points communs
entre les mots oraux ; ce peuvent être une syllabe, une attaque, une rime, un début, une
voyelle….

En français, la syllabe est une unité phonologique et orthographique de base. Cette unité joue
un rôle durable dans la reconnaissance des mots écrits. La conscience de la syllabe orale ne
pose que rarement des difficultés aux élèves débutants lecteurs. Elle doit être confortée et

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exercée à la maternelle. Cette conscience peut servir de point d’appui pour le repérage des
syllabes écrites.
Les élèves doivent ensuite être prêts à concevoir l’existence d’unités à l’intérieur des syllabes.
On peut travailler sur les changements de signification dus aux changements d’unités
infrasyllabiques : rime, début, voyelle, attaque, coda. On aide ainsi l’élève à ne pas se
focaliser sur la signification des mots, mais à centrer son attention sur leur forme.
La capacité à décomposer la syllabe est une condition nécessaire à l’apprentissage de la
lecture ; la conscience des phonèmes (conscience phonémique) en est une conséquence.
L’apprentissage du décodage porte sur les graphèmes, les phonèmes et leur mise en
correspondance. Le plus difficile est l’identification des phonèmes.

Des exercices métaphonologiques

La réflexion sur la structure de la langue est généralement absente de l’expérience linguistique


orale. Cependant, les prélecteurs entendent bien les différences entre les phonèmes, mais ne
sont pas préparés à analyser la structure sonore des syllabes, analyse nécessaire pour maîtriser
le code alphabétique.
Maîtriser la correspondance grapho-phonétique demande à la fois de ne pas confondre les
lettres, mais aussi de reconnaître à l’oral les phonèmes au sein d’unités signifiantes.

Eléments pour organiser une progression :


- prêter attention à l’aspect formel des mots
- identifier les invariants phonologiques
- segmenter les mots sur commande

Progression selon la nature des unités linguistiques :


- la syllabe (identification aisée et précoce)
- les rimes (assez faciles à percevoir)
- les phonèmes
- et plus particulièrement les consonnes
On tiendra compte aussi de la place du phonème dans le mot, et du caractère familier du mot
employé.

Trois critères peuvent aider à construire ces progressions :


- des critères relatifs à la nature des unités linguistiques (syllabes, rimes, attaques,
phonèmes), à leur position (syllabe en position initiale, interne, finale ; phonème en
attaque , en rime, en position interne), à leur structure (syllabes : V, CV, CCV, CVC,
CCVC ; phonèmes : V, C ; rimes : V, VC ; attaque : C,CC…)
- des critères relatifs à la nature du lexique (noms communs/noms propres/mots outils), à sa
régularité orthographique ou à sa fréquence d’usage (mots familiers, mots rares, mots
étrangers, mots inventés)
- des critères relatifs à la nature des opérations intellectuelles mobilisées (compréhension /
production) : catégorisation d’éléments phonologiques (découvrir une règle de tri,
appliquer cette règle pour classer des items, proposer de nouveaux items conformes à la
règle), transformation d’éléments phonologiques ;

Types d’exercices :
- juger de la longueur phonologique ; déconnecter le jugement phonologique du jugement
sémantique (un mot court pour un grand objet et inversement). Centrer l’attention des
élèves sur les durées des émissions sonores.

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- Identifier les invariants : détecter l’intrus (rime différente, début différent).
- Analyse segmentale : dénombrer les phonèmes qui constituent une syllabe ou un mot
(frappement de mains, montrer avec ses doigts), ajouter ou retirer un phonème au début,
au milieu, à la fin d’un mot ou d’une syllabe.

Quand commencer ?

Il semble possible de faciliter l’apprentissage de la lecture en installant au préalable les


connaissances métaphonologiques nécessaires. Ceci est à faire sans mettre la charrue avant les
bœufs : il faut commencer par repérer les syllabes, puis les décomposer pour repérer des rimes
communes et des débuts de syllabes communs. Le but n’est pas de maîtriser le décodage
avant le CP, mais de le rendre possible dès le CP.

Ces manipulations phonologiques ne sont utiles que si leur lien avec les caractéristiques de
l’écrit alphabétique est mis en évidence. En GS les jeux métaphonologiques doivent être
accompagnés par une mise en évidence de la pertinence pour l’écrit, des variations orales
ainsi manipulées.

Décodage et apprentissage de la lecture

La recherche montre que l’apprentissage des correspondances phonème – graphème ne peut


être rendue responsable de difficultés d’accès au sens chez certains enfants. Ce n’est pas le
traitement du code alphabétique en lui-même qui fait obstacle à la compréhension, mais le fait
d’y consacrer toute son attention. L’élève ne peut alors se préoccuper du sens du texte, et
donc le comprendre.
L’enjeu n’est donc pas de contourner l’indispensable apprentissage du code, mais de
l’automatiser de telle manière que le lecteur n’y consacre pas trop de sa capacité
attentionnelle et dispose de son intelligence pour avoir accès au sens. C’est ce qui peut
expliquer qu’on rencontre de bons décodeurs qui ne sont pas de bons compreneurs.
Manipuler la phonologie est donc nécessaire à l’apprentissage de la lecture ; elle doit être
réinvestie dans l’activité de décodage ; cela n’implique en rien que l’on doive réduire la
lecture au seul décodage, ni qu’on ignore la finalité de l’accès au sens , du plaisir de lire et de
l’utilité de la lecture.
Cet apprentissage des correspondances lettres-sons doit faire l’objet d’un enseignement
systématique, avec la poursuite d’un vocabulaire visuel, pour permettre l’appariement direct
des mots écrits et de leur signification. Mais il faut au préalable que soit compris par tous les
élèves le principe alphabétique.

Démarche analytique ou synthétique

En fait, l’analyse et la synthèse se complètent.


- l’analyse permet d’utiliser les connaissances accumulées dans la répétition des rencontres
des mots écrits pour aider à la lecture des mots nouveaux.
- La synthèse vise à permettre l’utilisation efficace en lecture des savoirs alphabétiques
installés dans l’enseignement explicite.

Les mots reconnus par des procédures de reconnaissance lexicale visuelle présentent un
certain nombre de régularités orthographiques. Celles-ci sont en correspondance avec des
régularités phonologiques dans la prononciation de ces mots. Cette correspondance est utilisée

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par le système cognitif comme un mécanisme d’auto-apprentissage, ce qui permet la lecture
de mots nouveaux orthographiquement proches de mots connus.

Au départ, l’apprenti lecteur n’a pas conscience d’opérer ces analogies. Cette procédure peut
être accompagnée pédagogiquement en présentant des mots qui l’autorisent, puis en mettant
en place des exercices pour la développer (« c’est comme dans »).
Au début de l’apprentissage de la lecture, il est donc intéressant et important que les mots
écrits nouveaux soient orthographiquement proches de ceux déjà rencontrés. L’élève peut
faire ainsi spontanément un lien entre les différentes séquences d’apprentissage ; l’enseignant
peut mettre en place des exercices de similarité entre mots connus et mots nouveaux.
Cependant, ce repérage n’est pas forcément conscient. La maîtrise du code alphabétique en
implique une connaissance explicite, par la prise de conscience des unités que le code met en
relation.
Il y a donc d’un côté l’affinage progressif de processus analogiques, et d’autre part un
enseignement du code alphabétique pour ne pas laisser s’installer des connaissances
lacunaires et instables.
L’activité d’analyse doit se doubler d’une activité de synthèse qui permet de reconstruire les
unités globalement reconnues. L’appui sur l’écriture peut ici constituer une aide notable à
l’apprentissage de la lecture.

Faut-il utiliser le nom des lettres ou le son des lettres ?

Il est nécessaire de connaître les lettres de l’alphabet pour aider à l’apprentissage de la lecture.
On peut le commencer de manière précoce ; on utilisera pour ce faire le nom des lettres.
Le nom des lettres permet de mieux former les concepts, et de rattacher les différentes
réalisations graphiques de chaque lettre. L’élève capable d’identifier les lettres saura que les
mots écrits peuvent être décomposés en leurs constituants orthographiques (nature segmentale
des mots écrits).
Cette prise de conscience permet ensuite de soupçonner que les mots oraux ont également une
nature segmentale. Les sons des lettres seront appris ultérieurement comme une propriété de
ces lettres qui ont par ailleurs un nom. Cette introduction du son des lettres est nécessaire lors
de l’apprentissage systématique de la lecture et constitue un préalable indispensable à la
fusion syllabique.
Lors de l’introduction du son des lettres, il ne faut pas oublier que les consonnes ne peuvent
être prononcées que si elles sont suivies d’une voyelle. Chaque nouvelle consonne doit donc
être introduite avec une des voyelles déjà étudiée.
L’étude des lettres s’accompagnera de leur calligraphie, pour pouvoir les identifier par leurs 3
composantes : nom, valeur sonore conventionnelle et tracé.

Inclure l’enseignement de la phonologie dans la pratique pédagogique au cycle 2

GS : conforter la sensibilité phonologique et mettre en place la capacité d’analyse


phonologique de décomposition de la syllabe (nécessaire pour aborder un système
alphabétique d’écriture).
Utiliser des mots réels d’abord (faciliter le maintien en mémoire), puis des mots inventés
(mettre en évidence l’existence d’un niveau formel indépendant des significations).
Liste des prénoms des élèves = support privilégié.
Support imagé : exercice plus attrayant ; facilite la mise en mémoire.

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Fin de GS / CP : accompagner l’installation des capacités de reconnaissance des mots écrits.
Introduire les correspondances graphèmes – phonèmes. Manipuler les phonèmes (dès la fin de
GS), à partir du moment où préalablement est installée la capacité de repérer les syllabes, de
les décomposer pour repérer rimes et débuts de syllabes communs.

CE1 : automatisation de l’utilisation du code alphabétique. Mêmes exercices que ceux du CP.
Centrer l’attention des élèves sur la variété des orthographes correspondant aux mêmes
contours sonores. Montrer l’importance de la prise en compte de la morphologie.

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