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Amorce : François Villon a été condamné à mort pour le meurtre d'un notable. Sa condamnation à
mort sera annulée.
Présentation de l'extrait : Cet événement lui inspirera la lyrique « Ballade des pendus », sans
doute écrite dans les années 1460, composée de trois dizains de décasyllabes et d’un envoi (adresse)
de cinq vers, et sans doute inspirée des émotions de Villon en prison. Le poète y donne la parole à
des pendus fictifs qui proclament l'universalité du genre humain, invitant ainsi le destinataire à
s'identifier au sujet de l'énonciation et à se placer sous le regard de Dieu.
2) Un tableau pathétique.
Ce réalisme ne rend que plus poignante le spectacle de la mort.
• La dimension de spectacle est renforcée par la description des corps, présentée d’un point
de vue extérieur (« Vous nous voyez ci attachés », v. 5), et donc a priori du lecteur, témoin
de cette plainte des pendus.
• Villon insiste particulièrement sur la durée du supplice : « jamais nul temps » (v. 25), «
sans cesser » (v. 27). L’emploi du présent dans le poème contribue à figer cet événement
dans l’instant, donnant une impression de durée (valeur durative du présent).
• Les pendus s’adressent directement à leurs « Frères humains » (les témoins/lecteurs) à
l’impératif pour demander leur pitié : « N’ayez les cœurs contre nous endurcis / Car, si pitié
de nous pauvres avez » (v. 3-4).
2) Le memento mori.
La confrontation de ces deux mondes bien distincts n’empêche pas Villon de montrer à quel point la
barrière est fine entre ces deux groupes : il est évident que les vivants finiront eux-mêmes par
mourir.
Ce rappel de la condition mortelle de l’homme constitue ce que l’on appelle un memento mori,
expression latine signifiant « souviens-toi que tu vas mourir ».
• Le refrain, « Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre », relie les vivants et les morts
à travers Dieu. Le mot « tous » peut désigner les pendus seuls ou de l’humanité tout entière
(comme semble l’indiquer l’adresse « Hommes », v. 34).
• Les morts s’expriment depuis le gibet où ils ont été pendus (« ci attachés » v. 5, « le vent
[…] nous charrie », sous-entendu au bout de leur corde, v. 26-27), et donc après leur mort.
Ce procédé, appelé prosopopée (figure de style qui consiste à faire parler un élément qui ne
devrait pas pouvoir s’exprimer, comme un mort, un animal, un objet), fait une forte
impression sur le lecteur, qui se sent directement visé par ces paroles.