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LES MISSIONS LEGALES LES PLUS COURANTES

DU CODE DES SOCIETES


LES MISSIONS LEGALES
LES PLUS COURANTES
DU CODE DES SOCIETES
Pouvoirs individuels d'investigation
et de contrôle des associés
Dissolution et liquidation
Transformation
Fusion/scission

J. Colson
J. De Blay
J. De Coster
G. Delvaux
H. Fronville
C. Janssens
R. Van Boven
E. Vanderstappen
I. Van De Woesteyne
J. Van Droogbroeck
J. Van Wemmel
J. Verstraelen

2007
Les interprétations de la loi et les opinions des auteurs sont exprimées sous
leur responsabilité personelle.
D/0147/2007/211
ISBN 978 90 8661 724 1

© la Charte
rue Guimard 19, 1040 Bruxelles
Tél. (02) 512 29 49 Fax (02) 512 26 93
E-mail: bande@diekeure.be
Internet: www.bande.be

Aucun extrait de cette édition ne peut, même partiellement, être communiqué au public, repro-
duit ni traduit ou adapté sous quelque forme que ce soit moyennant photocopie, microfilm,
enregistrement ou tout autre moyen, ou être saisi dans une banque de données sans l’autori-
sation écrite et préalable de l’éditeur.

107708
PREFACE

PREFACE

En mars 2007, l’IEC a organisé une journée d’étude relative aux missions de contrôle
particulières de l’expert-comptable prévues par le Code des sociétés.

Si l’objectif initial était de rassembler les exposés de la journée d’étude, le Conseil a


finalement décidé de faire de cette édition un ouvrage de base le plus complet possi-
ble concernant les missions de contrôle particulières. Cela s’inscrit dans le cadre du
remaniement et de l’actualisation du Vade-mecum de l’Expert-comptable et du Con-
seil fiscal, publié en 2004.

Le présent ouvrage constitue la deuxième partie du Vade-mecum remanié.


La première partie reprendra la législation relative à l’Institut et aux professions
d’expert-comptable et de conseil fiscal, et paraîtra d’ici l’assemblée générale de 2008.
Une troisième partie contiendra les règles déontologiques et devrait être prête pour
l’assemblée générale de 2009.

La structure de la présente partie est conçue de manière telle que vous y retrouverez
toutes les informations (législation, normes, rapports, modèles). Par ailleurs, une at-
tention particulière a été accordée aux implications fiscales résultant de l’exécution
de ces missions.

Durant le stage, l’Institut consacre une attention particulière à ces missions parce que
leur bonne exécution est essentielle pour les sociétés qui, de cette manière, donnent
une orientation différente à leur structure ou leur existence.
Les rapports établis à la suite de ces missions doivent d’ailleurs être envoyés à l’IEC
et sont vérifiés, en ce qui concerne leur qualité et leur exactitude, par la commission
d’accompagnement et de surveillance de l’Institut.

Les modèles repris dans cet ouvrage servent de fil conducteur, mais l’exécution des
missions est généralement dans chaque cas spécifique, de sorte qu’une appréciation
individuelle des documents soumis par l’entreprise s’avère nécessaire.

Je tiens par la présente à remercier les coauteurs de cette partie du Vade-mecum, qui
sont mentionnés dans cet ouvrage, mais aussi les collaborateurs de l’Institut qui ont,
eux aussi, contribué à sa réalisation, plus particulièrement Nicole HORMANS et
Muriel TILMANT pour la relecture des textes et des traductions.

André BERT
Président de l’IEC

V
PREFACE

VI
TABLE DES MATIERES

TABLE DES MATIERES

Préface V

Chapitre 1.
Points déontologiques importants lors de l’acceptation et de l’exécution
d’une mission légale de contrôle 1
Par R. Van Boven et J. Van Droogbroeck

1.1. Introduction 3
1.2. Obligations déontologiques de l'expert-comptable externe lors de
l'acceptation d'une mission de contrôle 4
1.2.1. Exigences professionnelles 4
1.2.1.1. L'organisation optimale du bureau 4
1.2.1.2. La compétence professionnelle personnelle de l'expert-
comptable 5
1.2.2. Compétence juridique pour l'acception de la mission 5
1.2.2.1. Etre inscrit sur la sous-liste des experts-comptables
externes 5
1.2.2.2. Ne pas faire l'objet de mesures d'interdiction ou de
certaines sanctions 6
1.2.3. Indépendance et impartialité 7
1.2.3.1. L'incompatibilité en raison de la fonction occupée par
des parents ou alliés dans l'entreprise contrôlée 8
1.2.3.2. L'incompatibilité en raison de l'exercice de fonctions
et d'autres missions 8
1.2.3.3. L'indépendance financière d'une entreprise 10
1.2.3.4. Les normes de contrôle 10
1.2.4. Etablissement d'une lettre de mission 10
1.2.5. Information au confrère prédécesseur 11
1.2.6. Responsabilité professionnelle et assurance 11
1.3. Obligations déontologiques pendant l'exécution des missions de contrôle 12
1.3.1. Désignation d'un représentant permanent 12
1.3.2. Interdiction de déléguer la mission de contrôle et assistance 13
1.3.3. Constitution d'un dossier de travail 14
1.3.4. Secret professionnel 15
1.3.5. Exécution consciencieuse de la mission 16
1.4. Obligations déontologiques lorsque les missions de contrôle sont
achevées 17
1.4.1. Communication à la Commission d'accompagnement et de
surveillance 17
1.4.2. Conservation du dossier de travail 18

VII
TABLE DES MATIERES

Chapitre 2.
Le rôle de l’expert-comptable dans le cadre des pouvoirs individuels
d’investigation et de contrôle des associés 19

2.1. Dispositions légales pertinentes 21


2.1.1. Pouvoir individuel d'investigation et de contrôle - généralités 21
2.1.2. Dispositions propres à la société coopérative 21
2.2. Aspects juridiques 22
Par R. Van Boven
2.2.1. Champ d'application 22
2.2.1.1. Généralités 22
2.2.1.2. Cas particuliers 24
2.2.2. Le régime particulier des sociétés coopératives 27
2.2.2.1. Champ d'application et ratio legis 27
2.2.2.2. Le ou les associés chargés du contrôle 28
2.2.2.3. La représentation par un expert-comptable externe 31
2.2.2.4. Le rapport avec l'article 166 C. soc. 33
2.2.3. Représentation ou assistance par un expert-comptable 33
2.2.4. Exercice du pouvoir d'investigation et de contrôle 37
2.2.5. Etendue du pouvoir d'investigation et de contrôle 39
2.2.6. Fin du pouvoir d'investigation et de contrôle 40
2.2.7. La rémunération de l'expert-comptable 40
2.2.8. Possibilités d'action et sanctions 41
2.3. Mission de l’expert-comptable externe 43
Par J. Colson et C. Janssens
2.3.1. Rapport 43
2.3.2. Structure du rapport 44
2.3.3. Mission 45
2.3.3.1. Commentaires 45
2.3.3.2. Exemples 46
2.3.3.3. Rappel 49
2.3.4. Identification de l'opération 49
2.3.4.1. Cadre juridique de l'opération 49
2.3.4.2. Identification de l'entreprise 50
2.3.5. Situation active et passive et comptes de résultats 51
2.3.6. Méthodologie et constats 52
2.3.7. Constats particulièrement importants 57
2.3.8. Informations complémentaires à donner au client 58
2.3.9. Limite de l'avis de l'expert-comptable indépendant 58
2.3.10. Conclusion 59
2.4. Quelques aspects comptables 61
Par H. Fronville
2.4.1. Contexte légal 61
2.4.1.1. Absence de commissaire 61
2.4.1.2. Pouvoir d'investigation et de contrôle de l'associé 62
2.4.1.3. Représentation ou assistance par un expert-comptable 62
2.4.2. Définition de la mission 63
2.4.3. Rémunération de l'expert-comptable 63

VIII
TABLE DES MATIERES

2.4.4. Relations avec le commissaire 63


2.4.5. Demande de contrôle et obligations légales 64
2.4.5.1. Rappel du cadre légal de la comptabilité 64
2.4.5.2. Rappel du caractère complet de la comptabilité, de
son appropriation et de sa structure 72
2.4.5.3. Contrôles mathématique à effectuer 79
2.4.5.4. Démarche comptable aboutissant à la clôture des
comptes annuels 82

Chapitre 3.
La dissolution et la liquidation de sociétés 87

3.1. Dispositions légales pertinentes 89


3.1.1. Dissolution et liquidation - généralités 89
3.1.2. Dispositions propres à la SPRL 96
3.1.3. Dispositions propres à la SC 96
3.1.4. Dispositions propres à la SA 97
3.1.5. Dispositions propres à la SCA 97
3.2. Les aspects juridiques et comptables 97
3.2.1. Introduction 97
Par J. Van Wemmel
3.2.2. Les aspects juridiques 99
3.2.2.1. La phase qui précède la décision de dissolution 99
Par R. Van Boven
3.2.2.2. La décision de dissolution 105
Par R. Van Boven
3.2.2.3. La liquidation 107
Par J. Van Wemmel
3.2.2.4. La loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés 143
en vue d’améliorer la procédure de liquidation
Par R. Van Boven
3.2.2.5. La liquidation déficitaire : un phénomène à part 159
Par J. Van Wemmel
3.2.3. Les aspects comptables 161
Par J. Van Wemmel
3.3. Les aspects fiscaux 168
3.3.1. Impôts directs: Les principes fiscaux de base en ce qui concerne
la liquidation de sociétés 168
Par J. Verstraelen et I. Van De Woesteyne
3.3.1.1. Principes généraux 168
3.3.1.2. Quelques exemples simples 171
3.3.1.3. Autres cas d'application du régime fiscal de la
liquidation 177
3.3.2. Impôts indirects 178
3.3.2.1. Les conséquences de la liquidation en matière de
droits d’enregistrement et, plus particulièrement,

IX
TABLE DES MATIERES

l’acquisition par les associés de biens immobiliers


provenant de la société 178
Par J. De Blay
3.3.2.2. Les conséquences de la liquidation en matière de TVA 209
Par J. Van Wemmel
3.4. Documents types et modèle de rapport 212
Par J. Van Wemmel
3.5. Normes relatives au contrôle à opérer lors de la proposition
de dissolution d’une société dont la responsabilité est limitée 222

Chapitre 4.
La transformation de sociétés 245

4.1. Dispositions légales pertinentes 247


4.2. Aspects juridiques 260
4.2.1. Questions particulières 260
Par J. De Coster
4.2.2. Rapport de contrôle à l’occasion de la transformation d’une
société 264
Par C. Janssens
4.3. Aspects fiscaux 314
Par J. Verstraelen
4.4. Normes relatives au rapport à rédiger à l’occasion de la transformation
d’une société 315

Chapitre 5.
La fusion et la scission (partielle) de sociétés 339

5.1. Dispositions légales pertinentes 341


5.1.1. Notions 341
5.1.2. Responsabilité du professionnel 342
5.1.3. Fusion par absorption et par constitution de nouvelles sociétés 343
5.1.4. Scission par absorption et par constitution de nouvelles sociétés 346
5.1.5. La constitution d'une société européenne par la fusion 350
5.2. Aspects juridiques et comptables 352
5.2.1. Les fusions et les scissions 352
Par G. Delvaux
5.2.2. La scission partielle: analyse de quelques points incertains
du droit des entreprises 536
Par R. Van Boven et E. Vanderstappen
5.3. Aspects fiscaux 551
Par J. Verstraelen et I. Van De Woesteyne
5.4. Normes relatives au contrôle des opérations de fusion et de scission de
sociétés commerciales 631

X
LES MISSIONS LEGALES LES PLUS COURANTES
DU CODE DES SOCIETES
LES MISSIONS LEGALES
LES PLUS COURANTES
DU CODE DES SOCIETES
Pouvoirs individuels d'investigation
et de contrôle des associés
Dissolution et liquidation
Transformation
Fusion/scission

J. Colson
J. De Blay
J. De Coster
G. Delvaux
H. Fronville
C. Janssens
R. Van Boven
E. Vanderstappen
I. Van De Woesteyne
J. Van Droogbroeck
J. Van Wemmel
J. Verstraelen

2007
Les interprétations de la loi et les opinions des auteurs sont exprimées sous
leur responsabilité personelle.
D/0147/2007/211
ISBN 978 90 8661 724 1

© la Charte
rue Guimard 19, 1040 Bruxelles
Tél. (02) 512 29 49 Fax (02) 512 26 93
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duit ni traduit ou adapté sous quelque forme que ce soit moyennant photocopie, microfilm,
enregistrement ou tout autre moyen, ou être saisi dans une banque de données sans l’autori-
sation écrite et préalable de l’éditeur.

107708
PREFACE

PREFACE

En mars 2007, l’IEC a organisé une journée d’étude relative aux missions de contrôle
particulières de l’expert-comptable prévues par le Code des sociétés.

Si l’objectif initial était de rassembler les exposés de la journée d’étude, le Conseil a


finalement décidé de faire de cette édition un ouvrage de base le plus complet possi-
ble concernant les missions de contrôle particulières. Cela s’inscrit dans le cadre du
remaniement et de l’actualisation du Vade-mecum de l’Expert-comptable et du Con-
seil fiscal, publié en 2004.

Le présent ouvrage constitue la deuxième partie du Vade-mecum remanié.


La première partie reprendra la législation relative à l’Institut et aux professions
d’expert-comptable et de conseil fiscal, et paraîtra d’ici l’assemblée générale de 2008.
Une troisième partie contiendra les règles déontologiques et devrait être prête pour
l’assemblée générale de 2009.

La structure de la présente partie est conçue de manière telle que vous y retrouverez
toutes les informations (législation, normes, rapports, modèles). Par ailleurs, une at-
tention particulière a été accordée aux implications fiscales résultant de l’exécution
de ces missions.

Durant le stage, l’Institut consacre une attention particulière à ces missions parce que
leur bonne exécution est essentielle pour les sociétés qui, de cette manière, donnent
une orientation différente à leur structure ou leur existence.
Les rapports établis à la suite de ces missions doivent d’ailleurs être envoyés à l’IEC
et sont vérifiés, en ce qui concerne leur qualité et leur exactitude, par la commission
d’accompagnement et de surveillance de l’Institut.

Les modèles repris dans cet ouvrage servent de fil conducteur, mais l’exécution des
missions est généralement dans chaque cas spécifique, de sorte qu’une appréciation
individuelle des documents soumis par l’entreprise s’avère nécessaire.

Je tiens par la présente à remercier les coauteurs de cette partie du Vade-mecum, qui
sont mentionnés dans cet ouvrage, mais aussi les collaborateurs de l’Institut qui ont,
eux aussi, contribué à sa réalisation, plus particulièrement Nicole HORMANS et
Muriel TILMANT pour la relecture des textes et des traductions.

André BERT
Président de l’IEC

V
PREFACE

VI
TABLE DES MATIERES

TABLE DES MATIERES

Préface V

Chapitre 1.
Points déontologiques importants lors de l’acceptation et de l’exécution
d’une mission légale de contrôle 1
Par R. Van Boven et J. Van Droogbroeck

1.1. Introduction 3
1.2. Obligations déontologiques de l'expert-comptable externe lors de
l'acceptation d'une mission de contrôle 4
1.2.1. Exigences professionnelles 4
1.2.1.1. L'organisation optimale du bureau 4
1.2.1.2. La compétence professionnelle personnelle de l'expert-
comptable 5
1.2.2. Compétence juridique pour l'acception de la mission 5
1.2.2.1. Etre inscrit sur la sous-liste des experts-comptables
externes 5
1.2.2.2. Ne pas faire l'objet de mesures d'interdiction ou de
certaines sanctions 6
1.2.3. Indépendance et impartialité 7
1.2.3.1. L'incompatibilité en raison de la fonction occupée par
des parents ou alliés dans l'entreprise contrôlée 8
1.2.3.2. L'incompatibilité en raison de l'exercice de fonctions
et d'autres missions 8
1.2.3.3. L'indépendance financière d'une entreprise 10
1.2.3.4. Les normes de contrôle 10
1.2.4. Etablissement d'une lettre de mission 10
1.2.5. Information au confrère prédécesseur 11
1.2.6. Responsabilité professionnelle et assurance 11
1.3. Obligations déontologiques pendant l'exécution des missions de contrôle 12
1.3.1. Désignation d'un représentant permanent 12
1.3.2. Interdiction de déléguer la mission de contrôle et assistance 13
1.3.3. Constitution d'un dossier de travail 14
1.3.4. Secret professionnel 15
1.3.5. Exécution consciencieuse de la mission 16
1.4. Obligations déontologiques lorsque les missions de contrôle sont
achevées 17
1.4.1. Communication à la Commission d'accompagnement et de
surveillance 17
1.4.2. Conservation du dossier de travail 18

VII
TABLE DES MATIERES

Chapitre 2.
Le rôle de l’expert-comptable dans le cadre des pouvoirs individuels
d’investigation et de contrôle des associés 19

2.1. Dispositions légales pertinentes 21


2.1.1. Pouvoir individuel d'investigation et de contrôle - généralités 21
2.1.2. Dispositions propres à la société coopérative 21
2.2. Aspects juridiques 22
Par R. Van Boven
2.2.1. Champ d'application 22
2.2.1.1. Généralités 22
2.2.1.2. Cas particuliers 24
2.2.2. Le régime particulier des sociétés coopératives 27
2.2.2.1. Champ d'application et ratio legis 27
2.2.2.2. Le ou les associés chargés du contrôle 28
2.2.2.3. La représentation par un expert-comptable externe 31
2.2.2.4. Le rapport avec l'article 166 C. soc. 33
2.2.3. Représentation ou assistance par un expert-comptable 33
2.2.4. Exercice du pouvoir d'investigation et de contrôle 37
2.2.5. Etendue du pouvoir d'investigation et de contrôle 39
2.2.6. Fin du pouvoir d'investigation et de contrôle 40
2.2.7. La rémunération de l'expert-comptable 40
2.2.8. Possibilités d'action et sanctions 41
2.3. Mission de l’expert-comptable externe 43
Par J. Colson et C. Janssens
2.3.1. Rapport 43
2.3.2. Structure du rapport 44
2.3.3. Mission 45
2.3.3.1. Commentaires 45
2.3.3.2. Exemples 46
2.3.3.3. Rappel 49
2.3.4. Identification de l'opération 49
2.3.4.1. Cadre juridique de l'opération 49
2.3.4.2. Identification de l'entreprise 50
2.3.5. Situation active et passive et comptes de résultats 51
2.3.6. Méthodologie et constats 52
2.3.7. Constats particulièrement importants 57
2.3.8. Informations complémentaires à donner au client 58
2.3.9. Limite de l'avis de l'expert-comptable indépendant 58
2.3.10. Conclusion 59
2.4. Quelques aspects comptables 61
Par H. Fronville
2.4.1. Contexte légal 61
2.4.1.1. Absence de commissaire 61
2.4.1.2. Pouvoir d'investigation et de contrôle de l'associé 62
2.4.1.3. Représentation ou assistance par un expert-comptable 62
2.4.2. Définition de la mission 63
2.4.3. Rémunération de l'expert-comptable 63

VIII
TABLE DES MATIERES

2.4.4. Relations avec le commissaire 63


2.4.5. Demande de contrôle et obligations légales 64
2.4.5.1. Rappel du cadre légal de la comptabilité 64
2.4.5.2. Rappel du caractère complet de la comptabilité, de
son appropriation et de sa structure 72
2.4.5.3. Contrôles mathématique à effectuer 79
2.4.5.4. Démarche comptable aboutissant à la clôture des
comptes annuels 82

Chapitre 3.
La dissolution et la liquidation de sociétés 87

3.1. Dispositions légales pertinentes 89


3.1.1. Dissolution et liquidation - généralités 89
3.1.2. Dispositions propres à la SPRL 96
3.1.3. Dispositions propres à la SC 96
3.1.4. Dispositions propres à la SA 97
3.1.5. Dispositions propres à la SCA 97
3.2. Les aspects juridiques et comptables 97
3.2.1. Introduction 97
Par J. Van Wemmel
3.2.2. Les aspects juridiques 99
3.2.2.1. La phase qui précède la décision de dissolution 99
Par R. Van Boven
3.2.2.2. La décision de dissolution 105
Par R. Van Boven
3.2.2.3. La liquidation 107
Par J. Van Wemmel
3.2.2.4. La loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés 143
en vue d’améliorer la procédure de liquidation
Par R. Van Boven
3.2.2.5. La liquidation déficitaire : un phénomène à part 159
Par J. Van Wemmel
3.2.3. Les aspects comptables 161
Par J. Van Wemmel
3.3. Les aspects fiscaux 168
3.3.1. Impôts directs: Les principes fiscaux de base en ce qui concerne
la liquidation de sociétés 168
Par J. Verstraelen et I. Van De Woesteyne
3.3.1.1. Principes généraux 168
3.3.1.2. Quelques exemples simples 171
3.3.1.3. Autres cas d'application du régime fiscal de la
liquidation 177
3.3.2. Impôts indirects 178
3.3.2.1. Les conséquences de la liquidation en matière de
droits d’enregistrement et, plus particulièrement,

IX
TABLE DES MATIERES

l’acquisition par les associés de biens immobiliers


provenant de la société 178
Par J. De Blay
3.3.2.2. Les conséquences de la liquidation en matière de TVA 209
Par J. Van Wemmel
3.4. Documents types et modèle de rapport 212
Par J. Van Wemmel
3.5. Normes relatives au contrôle à opérer lors de la proposition
de dissolution d’une société dont la responsabilité est limitée 222

Chapitre 4.
La transformation de sociétés 245

4.1. Dispositions légales pertinentes 247


4.2. Aspects juridiques 260
4.2.1. Questions particulières 260
Par J. De Coster
4.2.2. Rapport de contrôle à l’occasion de la transformation d’une
société 264
Par C. Janssens
4.3. Aspects fiscaux 314
Par J. Verstraelen
4.4. Normes relatives au rapport à rédiger à l’occasion de la transformation
d’une société 315

Chapitre 5.
La fusion et la scission (partielle) de sociétés 339

5.1. Dispositions légales pertinentes 341


5.1.1. Notions 341
5.1.2. Responsabilité du professionnel 342
5.1.3. Fusion par absorption et par constitution de nouvelles sociétés 343
5.1.4. Scission par absorption et par constitution de nouvelles sociétés 346
5.1.5. La constitution d'une société européenne par la fusion 350
5.2. Aspects juridiques et comptables 352
5.2.1. Les fusions et les scissions 352
Par G. Delvaux
5.2.2. La scission partielle: analyse de quelques points incertains
du droit des entreprises 536
Par R. Van Boven et E. Vanderstappen
5.3. Aspects fiscaux 551
Par J. Verstraelen et I. Van De Woesteyne
5.4. Normes relatives au contrôle des opérations de fusion et de scission de
sociétés commerciales 631

X
CHAPITRE 1.

POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS


LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECU-
TION D’UNE MISSION LEGALE DE
CONTROLE
R. VAN BOVEN,
Conseiller juridique
J. VAN DROOGBROECK,
Juriste auprès de l’IEC
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

1.1. INTRODUCTION

Cet article veut proposer au lecteur une synthèse des principales obligations déonto-
logiques que l’expert-comptable externe doit respecter dans le cadre de l’acceptation
et de l’exécution d’une mission légale de contrôle. Il abordera également les obliga-
tions déontologiques à respecter après l’exécution de cette mission.

Les principales obligations du professionnel sont reprises aux articles 28 et 32 de la


loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales, dans le règlement
déontologique fixé par arrêté royal (1) et dans les normes de contrôle de l’Institut des
Experts-comptables et des Conseils fiscaux (2) (dénommé ci-dessous «IEC»).

Les normes de contrôle règlent les aspects déontologiques relatifs à l’exécution des
missions de contrôle. La norme générale de contrôle s’applique à toutes les missions
de contrôle. En complément de la norme générale de contrôle, l’IEC a édicté des
normes de contrôle qui ont plus spécifiquement trait aux missions légales de contrô-
le. En cas de conflit entre la norme de contrôle générale et une norme de contrôle
spécifique, cette dernière prime. Ainsi, il existe des normes concernant la vérification
et/ou correction des comptes annuels (décision du Conseil de l’IEC du 24 février
1992), la dissolution et la liquidation de sociétés dont la responsabilité est limitée
(décision du Conseil de l’IEC du 2 décembre 2002), la fusion et la scission de socié-
tés commerciales (décision du Conseil de l’IEC du 2 décembre 2002) et la transfor-
mation en une autre forme juridique (décision du Conseil de l’IEC du 7 octobre 2002).

Le règlement déontologique stipule «qu’en fonction des circonstances», l’expert-


comptable tiendra compte également des recommandations de l’IEC (3). Le Conseil
a édicté des recommandations qui s’appliquent à la rédaction du rapport de contrôle
dans le cas d’une liquidation de société et de l’adoption d’une nouvelle forme juridi-
que (4).

Le Conseil de l’IEC est compétent pour définir les normes et recommandations tech-
niques et déontologiques pour l’exercice de la fonction d’expert-comptable (5). Le
législateur a jugé opportun de déléguer sa compétence législative aux titulaires de la
profession d’expert-comptable, par le biais de l’organisation professionnelle de droit
public dont ils sont membres, celle-ci agissant en qualité d’autorité disciplinaire pour
veiller à leur respect (auto-régulation).

L’expert-comptable externe doit se conformer aux normes de contrôle de l’Institut


(6). Il lui est non seulement conseillé de s’y conformer afin de couvrir sa responsabi-

(1) A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.
(2) Successeur en droit de l’Institut des Experts-Comptables (IEC).
(3) Art. 2 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.
(4) J. VAN WEMMEL «Rapport et contrôle de l’expert-comptable externe en cas de liquidation de socié-
tés», L’Expert-comptable & le Conseil fiscal belges, 1999, n° 3, pp. 4-9 et M. VERSCHELDEN «Rapport
et contrôle de l’expert-comptable externe en cas de transformation de sociétés», L’Expert-comptable & le
Conseil fiscal belges, 1999, n° 4, pp. 9-16.
(5) Art. 27 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.
(6) Art. 2 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.

3
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

lité disciplinaire, mais leur respect est également approprié pour évaluer sa responsa-
bilité contractuelle vis-à-vis du client et sa responsabilité civile extracontractuelle
vis-à-vis des tiers (7). Le juge peut qualifier une infraction aux normes de contrôle de
non-exécution contractuelle ou de fait dommageable (8) au sens des articles 1382 et
1383 du Code civil, et condamner le professionnel à des dommages-intérêts appro-
priés.

1.2. OBLIGATIONS DEONTOLOGIQUES DE L’EXPERT-COMPTABLE EXTER-


NE LORS DE L’ACCEPTATION D’UNE MISSION DE CONTROLE

1.2.1. Exigences professionnelles

Avant d’accepter une mission, l’expert-comptable externe doit vérifier s’il dispose
des capacités, des collaborations et du temps requis pour son bon accomplissement
(9).

Cette «auto-analyse» couvre les aspects suivants:

1.2.1.1. L’organisation optimale du bureau

Le professionnel dispose du temps et des moyens requis pour accomplir la mission


de manière hautement qualitative. L’aspect «temps» est explicite. Un professionnel
diligent doit évaluer le temps dont il a besoin pour accomplir la mission. Il garantit au
client qu’il terminera la mission dans le délai légal ou contractuel. Si le professionnel
et son client ne fixent pas de délai contractuel, le professionnel doit, en l’absence
d’un délai légal, terminer la mission dans un délai raisonnable. Le professionnel doit
aussi avoir suffisamment de ressources matérielles et humaines à sa disposition pour
accomplir la mission, par exemple, un bureau bien équipé où il conserve le dossier de
travail et sa documentation professionnelle, et éventuellement l’assistance de per-
sonnel administratif et de collaborateurs spécialisés. En ce qui concerne les moyens
financiers, l’expert-comptable est en droit de demander à son client une provision qui
lui permettra de couvrir les frais. C’est ce que recommande le Conseil de l’IEC (10).

(7) En ce qui concerne le régime de responsabilité de l’expert-comptable, voir B. TILLEMAN, «Les


sanctions réprimant l’absence de rapports ainsi que les défauts de rédaction ou la remise tardive de rap-
ports concernant l’assemblée générale», L’Expert-Comptable belge, 1994, n° 2, pp. 21-34 et R. DEVLOO,
«La responsabilité de l’expert-comptable et du conseil fiscal. Les nouveaux aspects», L’Expert-comptable
& le Conseil fiscal belges, 1999, n° 4 (partie 1) et 2000, n° 1 (partie 2).
(8) L. CORNELIS, Beginselen van het Belgische buitencontractuele aansprakelijkheidsrecht, I, Antwer-
pen, Maklu, 1989, n°s 153 et s.
(9) Art. 28, § 2, 1°, de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales. Voir aussi la
Norme générale de contrôle de l’IEC (décision du Conseil de l’IEC du 30 septembre 1991).
(10) C. HUGE, «Règles déontologiques en matière d’honoraires et de clauses de non-concurrence chez les
avocats et les membres de l’IEC», IEC-Info, 2003, n° 16, pp. 4-6.

4
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

1.2.1.2. La compétence professionnelle personnelle de l’expert-comptable

L’expert-comptable doit vérifier si, en tant que professionnel, il dispose de l’expé-


rience et des connaissances techniques suffisantes pour accomplir la mission. Afin de
garantir la compétence de l’expert-comptable, le règlement de stage exige que le
stagiaire démontre ses connaissances des missions de contrôle en présentant les épreu-
ves intermédiaires et l’examen d’aptitude (11). En outre, le stagiaire doit réellement
exercer des activités d’expert-comptable, en ce compris les diverses missions de con-
trôle que le législateur a confiées aux experts-comptables. Le maître de stage veille à
ce que le stagiaire accumule suffisamment d’expérience en la matière (12). La norme
relative à la formation permanente encourage aussi bien les stagiaires que les ex-
perts-comptables à se perfectionner dans cette matière, en reconnaissant que la for-
mation continue dans le domaine du «contrôle» est une activité de formation qui
contribue à améliorer les connaissances professionnelles (13). La norme relative à la
formation permanente impose également à l’expert-comptable de disposer d’une
documentation adaptée. Cette obligation déontologique renforce l’obligation que la
norme générale de contrôle lui impose, à savoir s’appuyer sur une littérature spécia-
lisée pendant l’exécution de sa mission.

1.2.2. Compétence juridique pour l’acceptation de la mission

Le fait que l’expert-comptable réponde aux conditions du point 1.2.1. ci-dessus n’im-
plique pas automatiquement qu’il est juridiquement en droit d’accepter la mission.
Le professionnel doit vérifier notamment s’il répond à la fois aux deux conditions
suivantes:

1.2.2.1. Etre inscrit sur la sous-liste des experts-comptables externes

N’importe quel expert-comptable n’est pas juridiquement habilité à accepter une


mission légale de contrôle. Seuls les experts-comptables inscrits sur la sous-liste des
experts-comptables externes sont juridiquement habilités à proposer ou à accepter
régulièrement des missions de contrôle.

Les experts-comptables externes sont des personnes physiques qui exercent ou en-
tendent exercer tout ou partie des activités de l’expert-comptable, à titre exclusif,
principal ou accessoire, en dehors d’un contrat de travail ou d’une fonction rémuné-
rée par les pouvoirs publics (14). Ainsi, des personnes qui exercent la profession
d’expert-comptable dans le cadre d’un contrat de travail ou en tant que fonctionnaire

(11) Art. 38 et 50 de l’A.R. du 8 avril 2003 relatif à l’examen d’admission, au stage et à l’examen d’apti-
tude d’expert-comptable et/ou de conseil fiscal.
(12) Art. 37 et 43 de l’A.R. du 8 avril 2003 relatif à l’examen d’admission, au stage et à l’examen d’apti-
tude d’expert-comptable et/ou de conseil fiscal.
(13) Art. 4 de la Norme relative à la formation permanente (décision du Conseil de l’IEC du 7 septembre
1998).
(14) Art. 35 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.

5
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

n’ont pas le statut d’expert-comptable externe. Le législateur a réservé la qualité


d’expert-comptable externe aux personnes qui exercent des activités d’expert-comp-
table en tant qu’indépendants à titre principal ou accessoire (profession libérale).
Toute société qui s’est vu conférer la qualité d’expert-comptable externe est inscrite,
à sa demande, sur la sous-liste des experts-comptables externe, lorsqu’elle exerce ou
entend exercer tout ou partie des activités d’un expert-comptable (15).

L’IEC inscrit une personne physique sur la sous-liste des experts-comptables exter-
nes à compter du jour où celle-ci a prêté le serment prescrit par la loi devant le tribu-
nal de commerce (16). La loi du 22 avril 1999 relative au professions comptables et
fiscales impose aux personnes physiques de prêter préalablement serment au mo-
ment de leur affiliation à l’Institut des Experts-comptables et des Conseils fiscaux ou
lorsqu’elles demandent le statut d’expert-comptable externe par la suite. Aux termes
de la loi du 21 février 1985 relative à la réforme du révisorat d’entreprise, le profes-
sionnel était inscrit au «registre des experts-comptables externes» le jour où le Con-
seil de l’Institut des Experts-Comptables (IEC) lui conférait cette qualité. Les per-
sonnes physiques qui, au moment de l’entrée en vigueur de la loi du 22 avril 1999,
étaient déjà inscrites au registre des experts-comptables externes ne doivent pas prê-
ter serment pour conserver cette qualité. En effet, l’Institut des Experts-comptables
et des Conseils fiscaux est titulaire des droits et obligations de l’Institut des Experts-
Comptables (17).

Il en résulte que les experts-comptables honoraires et les experts-comptables stagiai-


res ne peuvent effectuer des missions de contrôle parce qu’ils ne sont plus (pas)
inscrits sur la sous-liste des experts-comptables externes. Les experts-comptables
qui exercent la profession dans le cadre d’un contrat de travail ou d’une fonction
rémunérée par les pouvoirs publics («experts-comptables internes») ne sont pas non
plus en droit d’accepter des missions de contrôle. En revanche, les membres de l’Ins-
titut des Réviseurs d’entreprises sont habilités à accepter les missions de contrôle que
la loi a réservées à l’expert-comptable externe (18).

1.2.2.2. Ne pas faire l’objet de mesures d’interdiction ou de certaines sanctions

Certaines dispositions juridiques et déontologiques interdisent (de manière limitée)


au professionnel d’accepter ou de proposer des missions de contrôle. Ainsi, les socié-
tés d’experts-comptables constituées au sein d’un groupe de sociétés, ou d’un grou-
pement professionnel ou par une ou plusieurs entreprises, ne sont pas habilitées à
effectuer des missions de contrôle pour des clients qui ne font pas partie du cercle des
entreprises du groupe en question, du groupement professionnel ou de ses associés
(19). En l’absence d’une définition spéciale dans la réglementation des sociétés pro-

(15) Art. 36 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.
(16) Art. 19, 6°, de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.
(17) Art. 2 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.
(18) Art. 37 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.
(19) Art. 7 de l’A.R. du 4 mai 1999 relatif à l’Institut des Experts-comptables et des Conseils fiscaux et art.
21 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.

6
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

fessionnelles, l’IEC interprète la notion de «groupe» suivant la signification que lui


confère le droit général des sociétés (art. 16 C. soc.). Il est interdit de contourner cette
limitation par une participation dans une société d’experts-comptables ordinaire, re-
connue par l’Institut, à laquelle cette restriction ne s’applique pas (20). Les disposi-
tions déontologiques qui, pour préserver l’indépendance de l’expert-comptable, sti-
pulent que dans certains cas, il ne peut accepter une mission, doivent être comprises
comme une mesure d’interdiction.

L’interdiction d’effectuer des missions de contrôle peut aussi être la conséquence de


la sanction consistant à interdire à l’expert-comptable (personne physique ou socié-
té) d’accepter de nouvelles missions ou de poursuivre une mission déjà acceptée
(21). Le Conseil de l’IEC peut ordonner cette injonction contre un professionnel qui
a enfreint les obligations de l’article 28 de la loi du 22 avril 1999, comme par exem-
ple, l’exécution indépendante et objective de la mission, la formation professionnelle
permanente et le principe du travail consciencieux. Le Conseil peut s’y résoudre
après une mise en demeure préalable de l’expert-comptable concerné et après l’avoir
enjoint de régulariser l’infraction dans un délai imparti. Les instances disciplinaires,
à savoir la Commission de discipline et la Commission d’appel, sont également juri-
diquement compétentes pour imposer cette sanction (22). Une suspension exécutoire
ordonnée par les instances disciplinaires de l’IEC interdit également l’exécution de
missions de contrôle pendant l’application de cette sanction.

1.2.3. Indépendance et impartialité

L’expert-comptable externe ne peut accepter une mission que s’il a l’indépendance et


l’impartialité requises pour son accomplissement (23). Dans le cas contraire, il ne
peut l’accepter. Si au cours de l’exécution de la mission, il est confronté à une situa-
tion qui menace son indépendance ou son impartialité, il doit renoncer à la poursui-
vre et transmettre le dossier à un autre professionnel (24). Le principe d’indépendan-
ce et d’impartialité s’applique aussi aux collaborateurs de l’expert-comptable exter-
ne et aux personnes à qui il fait appel (25).

Outre le principe général d’indépendance, le règlement de déontologie vise certains


cas particuliers, à savoir:

(20) Question n° 18 de M. Georges LENSSEN du 21 janv. 2000, Q.R., Ch. repr., sess. ord. 1999-2000, 21
fév. 2000, pp. 2128-2131.
(21) Art. 29 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.
(22) Art. 29 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales (sanction administra-
tive) et art. 5, § 1, c), de la loi du 22 avril 1999 relative à la discipline professionnelle des experts-compta-
bles et des conseils fiscaux.
(23) Art. 3, 28, § 2, et 31, 2°, de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales, art.
3 et art. 9 à 15 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie. Voir aussi la Norme générale
de contrôle de l’IEC (décision du Conseil de l’IEC du 30 septembre 1991).
(24) Art. 9, premier alinéa, de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-
comptables.
(25) Art. 9, deuxième alinéa, de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-
comptables.

7
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

1.2.3.1. L’incompatibilité en raison de la fonction occupée par des parents ou


alliés dans l’entreprise contrôlée (26)

L’expert-comptable externe ne peut accepter aucune mission de monopole dans une


société dans laquelle lui-même, son conjoint ou tous les deux, un parent ou allié
jusqu’au deuxième degré, exerce une fonction qui peut influencer son libre arbitre et
sa liberté d’appréciation.

Il s’agit des fonctions suivantes:

a. actionnaire principal de la société ou propriétaire de l’entreprise;


b. administrateur, gérant ou délégué à la gestion journalière de la société ou d’une
société dont elle dépend en qualité d’entreprise liée;
c. employé ou professionnel indépendant ayant une influence significative sur l’éta-
blissement des comptes annuels de la société ou d’une société dont elle dépend en
qualité d’entreprise liée.

Cette règle s’applique à tous les associés au sein d’une société d’experts-comptables.
Le personnel, les stagiaires et les autres collaborateurs de l’expert-comptable externe
chargé d’une mission de monopole ne peuvent pas être impliqués dans la réalisation
de cette mission, dès lors qu’elle concerne des sociétés dans lesquelles eux-mêmes,
leur conjoint ou leurs parents ou alliés jusqu’au deuxième degré, exercent l’une des
fonctions précitées.

1.2.3.2. L’incompatibilité en raison de l’exercice de fonctions et d’autres mis-


sions

L’expert-comptable externe ne peut accepter aucune mission de contrôle des comp-


tes annuels ou autres documents comptables d’une entreprise, lorsqu’il exerce ou a
exercé depuis moins de deux années, soit des fonctions d’administrateur ou gérant,
soit des responsabilités de direction impliquant une influence notable sur les services
comptables, dans cette entreprise ou dans une entreprise liée (27). L’interdiction s’ap-
plique également à la société d’experts-comptables dont il fait partie et aux associés
d’une telle société. Un collaborateur de l’expert-comptable externe ou de la société
d’experts-comptables qui se trouverait dans une telle situation ne pourrait prendre
aucune part aux travaux de contrôle.

L’expert-comptable externe chargé du contrôle des comptes annuels ou d’autres do-


cuments comptables de l’entreprise ne peut accepter aucune autre fonction, mandat
ou mission le conduisant à prendre part à la gestion ou à représenter les intérêts de
cette entreprise à quelque titre que ce soit, à l’exception de la représentation de celle-

(26) Art. 10 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.
(27) Art. 13, § 1er, de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.

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POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

ci en matière fiscale (28). Cette règle s’applique à ses collaborateurs permanents et à


ses stagiaires. En ce qui concerne la représentation d’une entreprise assujettie, l’ex-
pert-comptable externe ne peut représenter aucune entreprise en matière fiscale s’il a
effectué une mission de contrôle dans cette entreprise (29).

Lorsque des personnes avec lesquelles l’expert-comptable externe a conclu une con-
vention d’association ou de collaboration professionnelle exercent une fonction, un
mandat ou une mission, quelle qu’en soit la nature, dont l’objet serait susceptible de
devoir être vérifié par l’expert-comptable externe dans le cadre d’une mission de
contrôle, celui-ci examinera si la nature et l’importance de ces services ne portent pas
préjudice à sa propre indépendance. Est aussi visée par cette disposition toute activité
de tenue de comptabilité, c’est-à-dire les opérations comptables qui s’étendent jus-
qu’à l’établissement de la balance des comptes après inventaire (30).

Toute attestation ou rapport rédigé par un expert-comptable externe en exécution


d’une mission de monopole doit préciser si l’expert-comptable accomplit ou a ac-
compli ou non d’autres prestations pour compte de l’entreprise intéressée, l’associa-
tion, la société ou l’entreprise liée à l’association ou la société intéressée, durant la
période visée par son rapport ou son attestation (31).

Il est interdit à l’expert-comptable externe d’accepter, dans l’entreprise où il accom-


plit une mission ou dans une entreprise liée à celle-ci, une autre fonction, un mandat
ou une mission qui serait de nature à mettre en cause l’indépendance de sa mission
(32).

L’expert-comptable externe ne peut, directement ou indirectement, accepter ou pour-


suivre une mission, une fonction ou un mandat, lorsque son accomplissement pour-
rait le placer dans une situation de conflit d’intérêts susceptible de porter atteinte à
son indépendance dans l’opinion qu’il doit émettre. Il doit immédiatement en infor-
mer son client et veiller à ce que toute mesure utile soit prise afin de préserver les
intérêts du client (33).

Ce principe s’applique à l’expert-comptable, à la société ou l’association dont il fait


partie, à ses associés et à ses collaborateurs permanents.

(28) Art. 13, § 2, de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.
(29) Art. 34, 5°, de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.
(30) Art. 13, § 3, de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.
(31) Art. 12 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.
(32) Art. 15 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.
(33) Art. 11 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.

9
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

1.2.3.3. L’indépendance financière d’une entreprise (34)

Les experts-comptables externes ne peuvent limiter leur activité de manière telle que
leurs revenus professionnels dépendent uniquement, soit d’un nombre très restreint
de missions ou fonctions, soit de missions et de fonctions relevant toutes, en fait,
d’un même groupe d’intérêts ou d’une même autorité.

1.2.3.4. Les normes de contrôle

Outre le règlement de déontologie, les normes de contrôle prévoient parfois pour


certaines missions de contrôle spécifiques l’interdiction d’accepter la mission dans le
but de garantir l’indépendance. Les normes de contrôle stipulent le plus souvent que
l’expert-comptable qui agit en qualité de conseil habituel ne peut être chargé de la
mission de contrôle. Un expert-comptable ne peut pas contrôler son propre travail de
manière objective et impartiale. Les normes de contrôle contiennent également des
dispositions relatives aux périodes transitoires (cooling-off). Ces règles interdisent à
l’expert-comptable d’accepter d’autres missions que l’établissement de rapports de
contrôle pendant une période déterminée, antérieure ou postérieure à l’accomplisse-
ment de la mission de contrôle.

1.2.4. Etablissement d’une lettre de mission

Le Conseil de l’IEC recommande généralement à ses membres d’établir avec leurs


clients une lettre de mission qui précisera les devoirs réciproques du client et de
l’expert-comptable, les conditions pécuniaires et les délais qui doivent être respectés
(35). Les normes de contrôle spécifiques contiennent également un certain nombre
de recommandations concernant les mentions à reprendre dans la lettre de mission.
Les experts-comptables et leurs clients peuvent spécifier dans une lettre de mission
les prestations du professionnel et le montant des honoraires à payer par le client,
auxquels viendront s’ajouter éventuellement d’autres remarques pertinentes en rap-
port avec l’exécution de la mission.

Un ordre professionnel ne peut contraindre un affilié à conclure avec son client une
convention écrite qui précise les mentions devant y apparaître (36). En effet, un code
déontologique ne peut déroger au principe juridique de la liberté de contracter que
peut invoquer le client. Etant donné que les principes généraux du droit des contrats
(notamment le consensualisme) sont fixés par la loi, à savoir le Code civil, seul le
législateur peut réglementer la relation contractuelle entre le client et l’expert-comp-
table. Les normes déontologiques de l’IEC et un règlement déontologique fixé par
arrêté royal sont subordonnés à la loi.

(34) Art. 14 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.
(35) Décision du Conseil de l’IEC du 8 juin 1998. Cette recommandation est publiée dans le Vade-mecum
de l’IEC, édition 2004, p. 573.
(36) C.E., n° 144.181, du 4 mai 2005 (Institut professionnel des agents immobiliers).

10
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

1.2.5. Information au confrère prédécesseur

Avant d’accepter tout mandat ou mission, l’expert-comptable externe doit s’informer


auprès de l’entreprise ou de l’institution concernée, sur le fait qu’un autre expert-
comptable externe est chargé ou a été chargé, au cours des douze mois écoulés, d’une
mission dans la même entreprise. Chaque fois qu’un expert-comptable externe est
amené à effectuer des travaux dans une société ou organisme dans lequel un autre
expert-comptable externe exerce une mission, il ne peut accomplir des travaux sur
place qu’après avoir informé ce dernier, de préférence par écrit, de son intervention
(37).

1.2.6. Responsabilité professionnelle et assurance

En vertu de l’article 33 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables


et fiscales, l’expert-comptable externe est responsable, conformément au droit com-
mun, de l’exécution de sa mission professionnelle, et il ne peut se soustraire à sa
responsabilité ni la restreindre au moyen d’une convention particulière.

Toutefois, conformément à l’article 17 de la loi du 22 juillet 1953 créant un Institut


des Réviseurs d’entreprises et organisant le contrôle public de la profession de révi-
seur d’entreprises, un plafond de responsabilité juridique s’applique à l’expert-comp-
table externe qui accomplit une mission qui lui est confiée en vertu de la loi au com-
missaire ou, en l’absence d’un commissaire, à un réviseur d’entreprises ou un expert-
comptable. Le plafond de responsabilité s’élève à trois millions d’euros si la mission
est effectuée dans une société non cotée en Bourse, et à douze millions d’euros si la
société est cotée en Bourse.

Par conséquent, dans le cas où l’expert-comptable externe est chargé d’une mission
particulière (38), les plafonds de responsabilité susmentionnés sont d’application.
Cela signifie que l’action en responsabilité à l’encontre de l’expert-comptable exter-
ne ne peut dépasser ces montants, même si la charge réelle du sinistre, supportée par
le client ou le tiers préjudicié, est plus élevée.

Les plafonds ne s’appliquent pas dans le cas où une infraction a été commise par
l’expert-comptable externe dans une intention frauduleuse ou dans le but de nuire.

En vertu également de l’article 33 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions


comptables et fiscales, les experts-comptables externes sont tenus de faire couvrir

(37) Art. 25 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables. Voir
aussi la recommandation déontologique du 5 décembre 1997 concernant les relations entre les membres
de l’IRE et de l’IEC en termes d’exercice de la profession (quatrième principe). Cette recommandation est
publiée dans le Vade-mecum de l’IEC, édition 2004, p. 669.
(38) Notamment dans le cadre de la dissolution d’une société (art. 181 C. soc.), dans le cadre de la trans-
formation des sociétés (art. 777 C. soc.), de la fusion/scission des sociétés (art. 695, 708, 731 et 746 C.
soc.), de l’émission d’actions sans valeur nominale en dessous du pair comptable (art. 582 C. soc.), de la
limitation ou de la suppression du droit de préférence (art. 596 C. soc.)...

11
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

leur responsabilité civile professionnelle par un contrat d’assurance approuvé par le


Conseil de l’Institut. A cette fin, l’IEC a souscrit une police collective qui couvre la
responsabilité civile professionnelle de l’expert-comptable externe. En ce qui con-
cerne l’exécution des missions particulières prévues par le Code des sociétés, cette
police prévoit une couverture de trois millions d’euros.

1.3. OBLIGATIONS DEONTOLOGIQUES PENDANT L’EXECUTION DES MIS-


SIONS DE CONTROLE

1.3.1. Désignation d’un représentant permanent (39)

Si l’entreprise contrôlée confie une mission particulière à une société professionnelle


d’experts-comptables, cette dernière doit désigner parmi ses associés, gérants ou ad-
ministrateurs, un représentant (personne physique) qui sera chargé de l’exécution de
cette mission au nom et pour compte de la société d’experts-comptables.

En principe, la société d’experts-comptables choisit librement l’associé ou le gérant/


administrateur qui sera désigné comme représentant permanent. Cependant, si une
mission de contrôle est confiée à une société de droit étranger agréée par l’IEC, cette
mission ne peut être exécutée en Belgique que par une personne physique ayant la
qualité d’expert-comptable IEC ou sous la direction effective de celle-ci (40).

La société ne peut licencier son représentant que si elle désigne simultanément son
successeur. En ce qui concerne la désignation et la fin de la mission du représentant
permanent, les règles applicables sont les mêmes que s’il effectue cette mission en
son propre nom et pour son propre compte.

L’expert-comptable externe (personne physique), qui agit en qualité de représentant


permanent, signe le rapport de contrôle, sauf en cas de force majeure où il délègue
cette compétence à un autre expert-comptable externe (41).

Les conditions et la responsabilité civile, pénale et disciplinaire, qui s’appliquent au


représentant permanent sont les mêmes que s’il accomplissait la mission en son pro-
pre nom et pour son propre compte. Cependant, cette règle de responsabilité n’exclut
pas une condamnation solidaire de la personne morale et de la personne physique/du
représentant.

(39) Art. 32 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales; pour un commentaire
détaillé de cette obligation, voir R. VAN BOVEN, «De bevoegdheden voor de oprichting van een profes-
sionele vennootschap», B. TILLEMAN, A. BENOIT-MOURY, O. CAPRASSE et N. THIRION (eds.), La
constitution de sociétés et la phase de démarrage d’entreprises, Bruges, Die Keure, 2003, pp. 412-414,
n°s 3-9.
(40) Art. 22 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.
(41) Art. 18 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.

12
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

1.3.2. Interdiction de déléguer la mission de contrôle et assistance

En principe, l’expert-comptable qui a accepté la mission ne peut pas la déléguer à un


tiers (42). L’interdiction ne porte que sur les «éléments essentiels» de la mission.
L’examen des documents comptables et la conclusion de cette analyse relèvent en
tout cas de l’essence même de la mission. Il en va de même de la signature du rapport
(43).

En effet, le transfert du dossier doit rester interdit. A notre avis, la convention entre
un expert-comptable externe et son client est conclue intuitu personae. Le contrat est
conclu intuitu personae lorsque la personne du débiteur (professionnel) et/ou les ca-
ractéristiques du contrat étaient des éléments décisifs qui ont amené le créancier (client)
à conclure la convention (44). C’est le cas ici. Pour le client, la compétence profes-
sionnelle de l’expert-comptable, sa compétence juridique et son indépendance sont
les éléments décisifs qui l’ont poussé à lui confier la mission de contrôle. L’interdic-
tion se justifie aussi par la protection du monopole de l’expert-comptable externe. En
effet, la législation qui réserve la mission de contrôle à un expert-comptable externe
(ou à un réviseur d’entreprises) pourrait être aisément détournée si les transferts étaient
librement autorisés.

Le transfert est néanmoins possible dans des circonstances exceptionnelles, dûment


motivées par écrit (45). Le règlement de déontologie ou les normes de contrôle de
l’IEC ne définissent pas la notion de «circonstances exceptionnelles». De multiples
situations de force majeure, comme la destruction du bureau par un incendie ou une
maladie grave et de longue durée, peuvent contraindre le professionnel à déléguer la
mission à un confrère. En dehors des cas de force majeure, le transfert d’un dossier
est également possible – et même obligatoire –, si pendant l’accomplissement de sa
mission, le professionnel rencontre une situation qui menace son indépendance.

L’expert-comptable qui succède à un autre expert-comptable ou à un réviseur d’en-


treprises doit en avertir celui-ci (46). L’expert-comptable prédécesseur peut présen-
ter ses documents de travail à son successeur pour information, sans pour autant
pouvoir les lui céder (47).

Les règles de déontologie ne stipulent pas expressément que le client doit marquer
son accord à propos du transfert. En effet, une règle du droit général des obligations
stipule qu’un contrat ne peut être annulé unilatéralement (art. 1134 Code civil) ou
que le débiteur ne peut déléguer son engagement sans l’accord du créancier concerné
(art. 1275 Code civil). Le respect de cette règle constitue lui aussi une obligation
déontologique. En effet, le règlement de déontologie impose à l’expert-comptable de

(42) Art. 17 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.
(43) Art. 18 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.
(44) L. CORNELIS, Algemene theorie van de verbintenis, Anvers, Intersentia, 2000, n° 154.
(45) Article 17 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.
(46) Norme générale de contrôle de l’IEC (décision du Conseil de l’IEC du 30 septembre 1991).
(47) Ibid.

13
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

se conformer aux dispositions légales et réglementaires dans l’exercice de sa profes-


sion (48). Le client peut marquer son accord à propos du transfert, soit au moyen
d’une clause spéciale dans la convention conclue avec le professionnel, soit au mo-
ment du transfert même.

L’interdiction de déléguer la mission de contrôle n’empêche pas le professionnel de


se faire assister par des tiers dans l’exécution de la mission. L’expert-comptable ne
peut se faire assister que par un autre expert-comptable, par son(ses) stagiaire(s) ou
par son(ses) collaborateur(s) permanent(s) (49).

Le règlement de déontologie (50) prévoit, dans les limites permises par les normes de
révision usuelles de l’Institut et sous la responsabilité de l’expert-comptable chargé
de la mission, les formes d’assistance suivantes:

1° faire appel à la collaboration d’un autre expert-comptable ou d’une personne qui


dispose à l’étranger d’une qualité reconnue équivalente à celle d’expert-compta-
ble;
2° faire appel aux services d’un expert indépendant d’une autre discipline lorsque
ses vérifications le requièrent. L’expert-comptable peut, par exemple, demander
l’avis d’un juriste spécialisé en droit des sociétés ou en droit pénal des affaires,
etc.;
3° décider de l’utilisation qu’il pourrait faire de certaines vérifications effectuées
par le personnel de la société contrôlée. Ainsi, l’expert-comptable peut éventuel-
lement tenir compte du rapport établi par le service d’audit interne de l’entreprise
contrôlée.

1.3.3. Constitution d’un dossier de travail

Pour chaque mission de monopole qui lui est confiée, l’expert-comptable doit consi-
gner ou faire consigner par écrit la nature des travaux accomplis en personne ou par
des collaborateurs, de façon à garder de manière fidèle la trace de l’exécution de la
mission (51). L’expert-comptable doit également préparer un programme de travail
approprié. Ce programme de travail consiste en une description des travaux de con-
trôle à effectuer et comprend aussi un calendrier d’exécution de ces travaux (52).

Les documents de travail doivent être conçus d’une manière telle qu’ils puissent fournir
une preuve de l’importance et de la nature du travail effectué ainsi qu’une justifica-

(48) Article 2 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.
(49) Article 17, premier alinéa, de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-
comptables.
(50) Article 17, troisième alinéa, 2°, de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des
experts-comptables. Voir aussi la Norme générale de contrôle de l’IEC (décision du Conseil de l’IEC du
30 septembre 1991).
(51) Art. 16, second alinéa, de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-
comptables. Voir aussi la Norme générale de contrôle de l’IEC (décision du Conseil de l’IEC du 30 sep-
tembre 1991).
(52) Norme générale de contrôle de l’IEC (décision du Conseil de l’IEC du 30 septembre 1991).

14
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

tion des conclusions auxquelles les travaux ont permis d’aboutir (53). La norme gé-
nérale de contrôle et les normes de contrôle propres aux missions spécifiques déter-
minent la composition du dossier de travail. Les pièces qui font obligatoirement par-
tie du dossier de travail sont couvertes par le secret professionnel et restent la pro-
priété de l’expert-comptable, même après l’accomplissement de la mission (54).

1.3.4. Secret professionnel

En principe, l’expert-comptable externe doit respecter le secret professionnel. Le


secret professionnel s’applique aussi aux personnes qui travaillent dans le bureau de
l’expert-comptable et l’assistent, ou aux personnes qui participent à l’exécution de la
mission. Les autres experts-comptables externes et conseils fiscaux externes à l’inté-
rieur ou à l’extérieur du bureau, les stagiaires et les personnes dont ils répondent
(personnel administratif et spécialisé) sont tenus au secret professionnel (55). Selon
l’IEC, le dossier de travail est de toute façon couvert par le secret professionnel (56).

L’expert-comptable externe peut faire appel à des spécialistes externes qui le con-
seillent à propos de certains aspects de la mission de contrôle ou de l’entreprise à
contrôler. Il se peut aussi que l’expert-comptable établisse des contacts avec d’autres
professionnels qui accomplissent d’autres missions en rapport avec la mission de
contrôle, par exemple un notaire qui passe un acte relatif à la transformation de la
forme juridique. Ces professionnels exercent parfois une profession réglementée qui
leur impose aussi le secret professionnel. C’est le cas des notaires, avocats, conseils
fiscaux.

Si l’expert-comptable externe collabore avec d’autres professionnels, tenus eux aussi


au secret professionnel, la théorie du secret professionnel partagé s’applique. D’après
cette théorie, l’expert-comptable externe pourrait valablement communiquer des in-
formations confidentielles à une autre personne tenue au secret professionnel et dé-
fendant les intérêts du même client, si cette information est nécessaire à l’exécution
de sa mission et si l’information communiquée se limite strictement à ce qui est
indispensable pour atteindre cet objectif (57). La jurisprudence (58) autorise égale-
ment l’expert-comptable qui fait l’objet de poursuites disciplinaires de la part de
l’IEC, suite à des infractions à la déontologie en rapport avec la mission de contrôle
effectuée, à communiquer des éléments confidentiels à l’autorité disciplinaire, qui
doit simultanément garantir et respecter le secret professionnel. Les normes relatives
à la fusion et à la scission prévoient des règles spécifiques concernant l’échange

(53) Ibid.
(54) Ibid.
(55) Art. 58 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.
(56) Norme générale de contrôle de l’IEC (décision du Conseil de l’IEC du 30 septembre 1991).
(57) B. ALLEMEERSCH, «Het toepassingsgebied van art. 458 Strafwetboek. Over het succes van het
beroepsgeheim en het geheim van dat succes», R.W., 2003-2004, pp. 8-9.
(58) Cass., 15 décembre 1994, Arr. Cass., 1992, p. 1119, n° 560 et L. HUYBRECHTS, «Aspecten van het
beroepsgeheim», Strafrecht en strafprocesrecht. XXXIIe cycle postuniversitaire Willy delva 2005-06, Me-
chelen, Kluwer, 2006, p. 246.

15
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

d’informations avec les professionnels qui participent à l’exécution de la mission


(59).

1.3.5. Exécution consciencieuse de la mission

L’expert-comptable externe doit effectuer la mission de contrôle qui lui est confiée
avec tout le soin exigé (principe de vigilance) (60). En ce qui concerne l’appréciation
de sa responsabilité disciplinaire, il est important qu’il accomplisse la mission en
respectant les normes déontologiques qui s’appliquent aux missions de contrôle. Un
professionnel consciencieux effectuera toujours une mission de contrôle en se con-
formant aux normes déontologiques prescrites. L’expert-comptable vérifie la comp-
tabilité de l’entreprise, mais dans son rapport il ne se prononce pas sur l’opportunité
de la décision de l’entreprise qui est à la base de sa mission (61).

Cela implique que des peines disciplinaires peuvent être infligées à l’encontre de
l’expert-comptable qui, dans l’exercice de la mission de contrôle, a manqué à ses
obligations professionnelles ou aux principes de dignité, de probité et de délicatesse
(62).

Diverses sources de droit définissent le contenu des obligations professionnelles (63):

– les dispositions légales et réglementaires en rapport avec l’exercice d’une mis-


sion de contrôle, par exemple les dispositions du Code des sociétés qui définis-
sent la mission de contrôle et en déterminent les modalités (64);
– les dispositions légales et réglementaires qui règlent l’exercice de la profession
d’expert-comptable, notamment la loi du 22 avril 1999 relative aux professions
comptables et fiscales et l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontolo-
gie des experts-comptables, par exemple les règles en matière d’indépendance et
de secret professionnel;
– les normes techniques et déontologiques édictées par l’IEC, par exemple la nor-
me générale de contrôle et les normes de contrôle réglementant une mission de
contrôle spécifique (65);
– la convention liant l’expert-comptable à son client (66);
– la littérature spécialisée (67).

(59) Voir rubriques 1.3.2., 1.3.4. et 1.3.5. Normes relatives au contrôle des opérations de fusion et de
scission de sociétés commerciales (décision du Conseil de l’IEC du 2 décembre 2002).
(60) Art. 16, premier alinéa, de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-
comptables et art. 28, § 2, 2°, de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.
(61) Norme générale de contrôle de l’IEC (décision du Conseil de l’IEC du 30 septembre 1991).
(62) Art. 4 de la loi du 22 avril 1999 relative à la discipline professionnelle des experts-comptables et des
conseils fiscaux.
(63) Norme générale de contrôle de l’IEC (décision du Conseil de l’IEC du 30 septembre 1991).
(64) Ibid.
(65) Ibid.
(66) Ibid.
(67) Ibid.

16
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

Définir les principes de dignité, de délicatesse et de probité est plus malaisé. L’inter-
prétation de ces concepts vagues et abstraits est donnée en dernière instance par l’IEC,
sous le contrôle des instances disciplinaires.

1.4. OBLIGATIONS DEONTOLOGIQUES LORSQUE LES MISSIONS DE


CONTROLE SONT ACHEVEES

1.4.1. Communication à la Commission d’accompagnement et de surveillance

Le législateur a attribué au Conseil de l’IEC la compétence de créer des commissions


consultatives ayant pour tâche de préparer ses décisions et de lui adresser des avis et
des propositions (68). En ce qui concerne le contrôle de l’exercice de la profession
d’expert-comptable, le Conseil a chargé la Commission d’accompagnement et de
surveillance (ci-après «la commission») de vérifier si les rapports de contrôle sont
conformes aux règles déontologiques et, en particulier, aux normes de contrôle, et de
vérifier si le membre concerné a respecté la norme relative à la formation permanente
(69).

L’expert-comptable doit transmettre une copie du rapport de contrôle à la commis-


sion dans un certain délai, en vue d’un contrôle confraternel (70). Le rapport de con-
trôle établi à l’occasion de la mise en liquidation d’une société doit être transmis à la
commission dans les 15 jours qui suivent son établissement (71). Les autres rapports
de contrôle doivent être communiqués dans les 15 jours à dater de leur dépôt au
greffe du tribunal de commerce (72).

La commission dispose, pour le compte du Conseil, des compétences d’investigation


suivantes (73):

– exiger d’un membre la production de toute information, de toute justification et


de tout document, et notamment de son plan de travail et ses notes de missions;
– faire procéder auprès du membre à des enquêtes sur ses méthodes de travail, son
organisation, les diligences accomplies et la manière dont il exerce sa mission.

Si la commission constate des infractions, le contrôle administratif peut se transfor-


mer en enquête disciplinaire. Pendant l’enquête, l’expert-comptable externe ne peut
se retrancher derrière son droit au silence en matière disciplinaire et refuser de com-

(68) Art. 7, § 3, et art. 28 de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.
(69) Vade-mecum IEC, édition 2004, p. 330. Voir aussi l’art. 7 de la Norme relative à la formation perma-
nente du 7 septembre 1998.
(70) Norme générale de contrôle de l’IEC (décision du Conseil de l’IEC du 30 septembre 1991).
(71) Décision du Conseil de l’IEC du 19 août 1996.
(72) Vade-mecum IEC, édition 2004, p. 595.
(73) Art. 28, § 2, de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales et art. 28 de
l’A.R. du 2 mars 1989 fixant le règlement d’ordre intérieur de l’Institut des Experts-Comptables. Voir
aussi l’art. 4 de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.

17
POINTS DEONTOLOGIQUES IMPORTANTS LORS DE L’ACCEPTATION ET DE L’EXECUTION D’UNE
MISSION LEGALE DE CONTROLE

muniquer à l’IEC des documents que la loi l’oblige à établir (74). Par conséquent, il
doit toujours communiquer le dossier de travail à l’Institut, sauf s’il peut invoquer
une raison légale telle que l’expiration du délai réglementaire ou légal de conserva-
tion de ces documents.

Si la commission constate des infractions aux règles déontologiques, elle peut re-
commander au Conseil de renvoyer le dossier devant la Commission de discipline.
Le Conseil n’est pas tenu de suivre cet avis. La décision de (ne pas) renvoyer un
membre devant la Commission de discipline est de la compétence exclusive du Con-
seil (75). Cette pratique est admise par le Conseil (76) et par la Commission de disci-
pline (77). Le Conseil peut aussi imposer à l’expert-comptable une interdiction ad-
ministrative de poursuivre une mission de contrôle en cours ou d’en accepter de nou-
velles.

1.4.2. Conservation du dossier de travail

L’expert-comptable externe qui a exécuté une mission doit conserver ses documents
de travail pendant une période de cinq ans commençant à la date du rapport qu’ils ont
permis d’établir (78). Cette obligation permet à l’IEC de contrôler le respect des
obligations déontologiques.

(74) Cass., 27 avril 2001, R.W., 2001-2002, p. 164 et Cass., 3 juin 2005, D.04.0016.N, www.cass.be. Voir
aussi la Commission d’appel IEC, chambre néerlandophone, 13 novembre 2002, non publié.
(75) Le Conseil supérieur des professions économiques est habilité, sans intervention du Conseil, à sou-
mettre un dossier à la Commission de discipline de l’IEC.
(76) Procès-verbal de la réunion du Conseil de l’IEC du 7 juillet 2003. Voir aussi le Vade-mecum de l’IEC,
édition 2004, p. 331.
(77) Commission de discipline IEC, 10 janvier 2003, dossier 966/N/2002, et Commission de discipline
IEC, 23 mai 2003, dossier 988/N/2002.
(78) Art. 16 in fine de l’A.R. du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.
Contre: Norme générale de contrôle de l’IEC (délai de conservation de 10 ans).

18
CHAPITRE 2.

LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS


LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS
D’INVESTIGATION ET DE CONTROLE DES
ASSOCIES
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

2.1. DISPOSITIONS LEGALES PERTINENTES

2.1.1. Pouvoir individuel d’investigation et de contrôle – généralités

Article 165 C. soc. – nomination d’un commissaire

Au cas où, en application de l’article 141, aucun commissaire ne doit être nommé,
l’organe de gestion est néanmoins tenu de soumettre à l’organe compétent la deman-
de d’un ou de plusieurs associés visant à la nomination d’un commissaire, chargé des
fonctions visées à l’article 142.

Article 166 C. soc. – pouvoir individuel d’investigation et de contrôle

Au cas où aucun commissaire n’est nommé, chaque associé a, nonobstant toute sti-
pulation contraire des statuts, individuellement les pouvoirs d’investigation et de
contrôle des commissaires. Il peut se faire représenter ou se faire assister par un
expert-comptable.

Article 167 C. soc. – rémunération de l’expert-comptable par la société

La rémunération de l’expert-comptable visée à l’article 166 incombe à la société s’il


a été désigné avec son accord ou si cette rémunération a été mise à sa charge par
décision judiciaire. En ces cas, les observations de l’expert-comptable sont commu-
niquées à la société.

2.1.2. Dispositions propres à la société coopérative

Article 385 C. soc.

Par dérogation à l’article 166, les statuts peuvent prévoir que les pouvoirs d’investi-
gation et de contrôle des associés individuels sont délégués à un ou plusieurs associés
chargés de ce contrôle. Ces associés chargés du contrôle sont nommés par l’assem-
blée générale des associés. Ils ne peuvent exercer aucune autre fonction, ni accepter
aucun autre mandat dans la société. Ils peuvent se faire représenter par un expert-
comptable externe. La rémunération de l’expert-comptable externe incombe à la so-
ciété s’il a été désigné avec son accord ou si cette rémunération a été mise à sa charge
par décision judiciaire. Dans ces cas, les observations de l’expert-comptable externe
sont communiquées à la société.

21
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

2.2. ASPECTS JURIDIQUES

Le pouvoir individuel d’investigation et de contrôle des associés

Par R. VAN BOVEN,


Conseiller juridique

2.2.1. Champ d’application

2.2.1.1. Généralités

Le législateur a inscrit l’article 166 C. soc. parmi les dispositions communes à toutes
les personnes morales. Par conséquent, cette disposition légale s’applique à toutes les
sociétés dotées de la personnalité juridique (1), à savoir la SNC, la SCS, la SCRI, la
SCRL, la SCE, la SPRL, la SA, la SE, la SCA et le GIE.

L’article 166 C. soc. ne s’applique pas à la société agricole (2). Dans ce type de
société, les associés non actifs ont toutefois le droit de prendre connaissance sur
place des livres et documents de la société deux fois par an (3).

L’article 385 C. soc. édicte un régime quelque peu dérogatoire pour les sociétés coo-
pératives.

Le pouvoir individuel d’investigation et de contrôle des associés ne peut s’exercer


que dans:

a. les SNC, SCS, SCRI:


– «grandes» ou «petites» dont tous les associés à responsabilité illimitée sont des
personnes physiques,
– «petites», sur une base individuelle, où un ou plusieurs des associés à responsabi-
lité illimitée sont une personne morale,
SAUF SI elles ont nommé un commissaire;

b. les SPRL, SCRL, SA, SE, SCE, SCA à considérer, sur une base individuelle,
comme «petites», sauf si:
– elles font partie d’un groupe tenu d’établir des comptes consolidés,
– elles sont cotées en Bourse,
et SAUF SI elles ont nommé un commissaire;

c. les groupements d’intérêt économique, à la condition qu’aucun de leurs membres


ne soit soumis au contrôle d’un commissaire;
SAUF S’ils ont nommé un commissaire.

(1) Art. 55bis C. soc.


(2) Art. 827 C. soc.
(3) Art. 828 C. soc.

22
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

La désignation d’un commissaire dans la société concernée limite donc la possibilité


d’exercer ce pouvoir individuel d’investigation et de contrôle. Il ne peut s’exercer
qu’en l’absence de nomination d’un commissaire. La désignation d’un commissaire
au sein de la société peut découler, d’une part, du fait qu’elle est une «grande» société
au regard des critères du Code des sociétés ou du fait qu’elle est une petite société
cotée. Dans ces cas, elle est tenue de désigner un commissaire (lecture conjointe des
articles 141, 142 et 130 C. soc.). Par ailleurs, une société doit soumettre la nomina-
tion d’un commissaire à l’assemblée générale quand un ou plusieurs associés le de-
mandent (4). Toutefois, une telle demande de nomination d’un commissaire ne peut
aucunement être dictée par le seul but d’entraver l’exercice du pouvoir individuel
d’investigation et de contrôle des associés (5).

Les associés ne peuvent pas abuser de leur droit d’exercer ce pouvoir individuel
d’investigation et de contrôle (6). Cela pourrait être le cas si un associé se servait de
son droit de contrôle pour causer un dommage à ses coassociés (7) ou à la société, ou
pour s’octroyer (8) un avantage concurrentiel (9).

Les statuts ne peuvent pas limiter ou annihiler la possibilité d’exercer le pouvoir


individuel d’investigation et de contrôle (10). En revanche, ils peuvent prévoir l’obli-
gation de nommer un commissaire au sein de la société (quelle que soit sa taille), ce

(4) Art. 165 C. soc.


(5) Bruxelles, 14 janvier 1999, Rev. prat. soc., 1999, p. 301; W. DERIJCKE, l.c., p. 319; R. PRIOUX,
«L’information des actionnaires de sociétés anonymes est-elle satisfaisante?», Actualités en droit des af-
faires. 10 ans VANHAM&VANHAM, VANHAM&VANHAM, 2003, p. 646; G. ROSSELLE et O. VAN
OUTRYVE, «Artikelen 165-167 W. Venn.», 30 mars 2005, in Vennootschappen en verenigingen. Artikel-
sgewijze commentaar met een overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Kluwer, p. 9; voyez contra: B.
VERSCHELDEN, l.c., pp. 214 et 218. D’après cet auteur, le droit individuel d’investigation d’un associé
subsiste si l’assemblée générale nomme un commissaire après que cet associé ait fait connaître son inten-
tion d’exercer son droit de contrôle.
(6) W. DERIJCKE, «Le pouvoir individuel d’investigation et de contrôle dans la société anonyme par ses
actionnaires: amicitia furor brevis est?», Rev. prat. soc., 1999, p. 319; B. VERSCHELDEN, «Bijstand aan
vennoten», in X., De wettelijke en bijzondere opdrachten van de accountant en bedrijfsrevisor. Liber
amicorum Marcel Verschelden, Diegem, Ced. Samsom, 2001, p. 214; A. GOEMINNE, «Het controlerecht
van de individuele vennoot» (note sous Anvers, 21 novembre 1995), A.J.T., 1996-’97, p. 77; K. GEENS,
«Vennootschapsrecht 1989 (tweede deel)», T.R.V., 1990, p. 225; K. GEENS et H. LAGA, «Overzicht van
rechtspraak vennootschappen 1986-1991», T.P.R., 1993, p. 1085; P. VANDEPITTE et J.-M. GOLLIER,
«De individuele controlebevoegdheid van de vennoot in kleine en middelgrote vennootschappen: enkele
beschouwingen» (note sous Réf. Comm. Bruxelles, 20 décembre 1988), T.R.V., 1990, p. 575; G. ROSSEL-
LE et O. VAN OUTRYVE, «Artikelen 165-167 W. Venn.», 30 mars 2005, in Vennootschappen en vereni-
gingen. Artikelsgewijze commentaar met een overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Kluwer, p. 9.
(7) Réf. Comm. Bruxelles, 20 décembre 1988, T.R.V., 1990, p. 571.
(8) A. GOEMINNE, l.c., p. 77.
(9) B. VERSCHELDEN, l.c., p. 214; K. GEENS, «Over de uitgestrektheid van de individuele onderzoeks-
en controlebevoegdheid van de vennoot en over zijn vertegenwoordiging door een accountant», (note sous
Réf. Comm. Dendermonde, 1er mars 1989), T.R.V., 1989, p. 225; P. VANDEPITTE et J.-M. GOLLIER,
l.c., p. 575; K. GEENS et H. LAGA, «Overzicht van rechtspraak vennootschappen 1986-1991», T.P.R.,
1993, p. 1085; R. PRIOUX, «L’information des actionnaires de sociétés anonymes est-elle satisfaisante?»,
Actualités en droit des affaires. 10 ans VANHAM&VANHAM, VANHAM&VANHAM, 2003, p. 645.
(10) Art. 166 C. soc.

23
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

qui exclut de facto ce pouvoir individuel d’investigation et de contrôle (11). D’où la


question suivante: les actionnaires peuvent-ils limiter ou exclure l’exercice du pou-
voir individuel d’investigation et de contrôle dans un pacte d’actionnaires? Certains
auteurs (12) répondent par l’affirmative, sous cette réserve qu’une telle clause d’un
pacte d’actionnaires ne serait pas opposable à la société et à ceux de ses actionnaires
qui ne sont pas parties à cette convention. D’autres (13) estiment par contre qu’une
disposition statutaire ou, a fortiori, contractuelle ne saurait venir exclure le droit de
contrôle individuel.

2.2.1.2. Cas particuliers

a. Actions détenues en usufruit

Il n’existe pas en droit belge des sociétés de règle spécifique concernant le sort d’ac-
tions détenues en usufruit. Seul l’article 237, alinéa 2, C. soc. prévoit, pour la
SPRLU, que sauf dispositions contraires des statuts, celui qui hérite de l’usufruit des
parts d’un associé unique exerce les droits attachés à celles-ci.

Il n’est dès lors pas étonnant qu’une telle lacune ait mené, sur cette question de savoir
qui, de l’usufruitier ou du nu-propriétaire, est fondé à exercer les droits attachés à des
actions détenues en usufruit, à des réponses divergentes (14).

Il nous semble néanmoins qu’il faut reconnaître tant à l’usufruitier qu’au nu-proprié-
taire la possibilité d’exercer le pouvoir individuel d’investigation et de contrôle des
associés (15). Un exercice efficace des droits des associés, conforme à leur finalité,
nécessite en effet de reconnaître un droit à l’information plein et entier, et cela non
seulement à l’usufruitier, mais aussi au nu-propriétaire (16). Pendant la durée de
l’usufruit, le nu-propriétaire possède en effet un droit réel qui lui est propre, qu’il
peut protéger et dont il peut disposer tout comme l’usufruitier le peut. En particulier,

(11) M. DE WOLF, «Article 166 C. Soc.», 17 mai 2004, in Commentaire systématique du Code des
sociétés, p. 3, n° 4; INSTITUT DES RÉVISEURS D’ENTREPRISES, La société et son commissaire. Cas pratiques,
études IRE, 2004, p. 25; G. ROSSELLE et O. VAN OUTRYVE, «Artikelen 165-167 W. Venn.», l.c., pp. 9-
10, n° 14.
(12) G. ROSSELLE et O. VAN OUTRYVE, «Artikel 165-167 W. Venn.», l.c., p. 8.
(13) INSTITUT DES RÉVISEURS D’ENTREPRISES, La société et son commissaire. Cas pratiques, o.c., p. 26.
(14) Voyez au sujet de cette discussion: H. LAGA et V. LIETAER, «Eigendomsbetwistingen bij aande-
len», in B. TILLEMAN et B. DU LAING (éd.), Onderneming en effecten, Bruges, Die Keure, 2001, pp.
471-472.
(15) Dans ce sens: W. PINTENS, B. VAN DER MEERSCH et K. VANWINCKELEN, Inleiding tot het
familiaal vermogensrecht, Leuven, Universitaire Pers Leuven, 2002, p. 958 (concernant l’action en dési-
gnation d’un expert du droit des sociétés); G. ROSSELLE et O. VAN OUTRYVE, «Artikelen 165-167 W.
Venn.», 30 mars 2005, in Vennootschappen en verenigingen. Artikelsgewijze commentaar met een over-
zicht van rechtspraak en rechtsleer, Kluwer, p. 11.
(16) W. PINTENS, B. VAN DER MEERSCH et K. VANWINCKELEN, o.c., pp. 957-958.

24
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

il a le droit de vérifier si l’usufruitier use de ses droits sur les actions d’une façon
conforme à leur finalité (17).

b. Actions mises en gage

Sauf dispositions en sens contraire du contrat de gage, le pouvoir individuel d’inves-


tigation et de contrôle reviendra au débiteur gagiste. En principe, le créancier gagiste
ne peut en effet pas exercer les droits sociaux attachés aux actions gagées (18).

c. Dissolution et liquidation

D’après certains auteurs (19), les pouvoirs individuels d’investigation et de contrôle


des associés prennent fin de plein droit lors de la mise en liquidation de la société, et
cela par analogie avec le mandat de commissaire qui prend fin lui aussi lors de cette
mise en liquidation. Le contrôle permanent est en effet, dès cet instant, remplacé par
un contrôle qui, conformément à l’article 194 C. soc., intervient à l’occasion de la
clôture de la liquidation.

Nous ne pouvons adhérer pleinement à cette thèse. Tout d’abord, la majorité de la


doctrine (20) soutient, assurément à la lumière de la nouvelle formulation de l’article
194 C. soc., que le commissaire demeure en fonction lors de la dissolution de la
société et, partant, que dans les sociétés sans commissaire, le pouvoir individuel d’in-
vestigation et de contrôle des associés subsiste. Les articles 141 et suivants et 166 et

(17) A. VERBEKE, «Creatief met vruchtgebruik», T. Not., 1999, p. 560; J. DU MONGH, «De erfover-
gang van aandelen», Not. Fisc. M., 2003, n° 8, p. 214.
(18) B. VAN BRUYSTEGEM, «Enkele aspecten van de algemene vergadering van aandeelhouders in de
N.V., B.V.B.A. en de C.V.», N.F.M., 1995, p. 4; F. BOUCKAERT, Notarieel vennootschapsrecht N.V. en
B.V.B.A., Anvers, Kluwer, 2000, pp. 300-301; S. BEYAERT, «Contractuele aspecten van pand op aande-
len», in B. TILLEMAN et B. DU LAING (éd.), Onderneming en effecten, Bruges, die Keure, 2001, p. 408.
(19) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, Diegem, Ced.
Samsom, 1995, pp. 59-60; H. DU FAUX, «De la liquidation des sociétés commerciales», Rép. Not., t. XII,
Droit commercial, Liv. VI, Bruxelles, Larcier, 2003, p. 55, n° 18; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation,
Bruxelles, Wolters Kluwer Belgique, 2004, p. 265, n° 534.
(20) E. DE BIE et M. CORYNEN, «Artikel 194 W. Venn.», février 2001, in Vennootschappen en vereni-
gingen. Artikelsgewijze commentaar met overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Malines, Kluwer, p. 12;
JAN RONSE INSTITUUT (éd.), Het Wetboek van vennootschappen en zijn uitvoeringsbesluit, Kalmthout, Biblo,
2002, p. 123; D. VAN GERVEN et M. WYCKAERT, «Kroniek vennootschapsrecht 2001-2002», T.R.V.,
2002, n° 6, p. 419, n° 26; M. VANDERLINDEN, E. VANDERSTAPPEN, P. PAUWELS et J.P. VINCKE,
La société et son commissaire. Cas pratiques, études IRE, 2004, pp. 72-73; J. MALHERBE, Ph. LAM-
BRECHT et Ph. MALHERBE, Précis de droit des sociétés, Bruxelles, Bruylant, 2004, p. 843, n° 1373; T.
BAART et S. ROEMERS, «Bedenkingen bij de sluiting van de vereffening van een (deficitaire) vereffe-
ning», T.R.V., 2005, p. 293; F. WALSCHOT, «De revisor, de ontbinding en de vereffening van vennoots-
chappen», in M. DE WOLF et D. VAN CUTSEM, Bedrijfsrevisoraat: nieuwe verwachtingen, nieuwe
eisen, Bruges, die Keure, 2006, p. 290, n° 614; H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen
buiten faillissement», in H. BRAECKMANS, H. COUSY, E. DIRIX, B. TILLEMAN et M. VANMEE-
NEN (éd.), Curatoren en vereffenaars: actuele ontwikkelingen, Anvers, Intersentia, 2006, p. 235, n° 93.

25
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

suivants C. soc. figurent en effet parmi les dispositions du Code des sociétés qui sont
communes à toutes les personnes morales (Livre IV), que celles-ci soient en liquida-
tion ou non. En outre, il n’existe pas le moindre motif justifiant d’exercer la fonction
de commissaire et le pouvoir individuel d’investigation et de contrôle autrement dans
une société en liquidation. Il n’est pas opportun, eu égard à la complexité d’une liqui-
dation et dans un souci de protection des actionnaires et des créanciers, de limiter le
rôle du commissaire et des associés à une intervention en fin de liquidation (21).

L’article 194 C. soc. accorde certes un droit individuel d’investigation aux associés,
mais il est à distinguer du pouvoir individuel d’investigation et de contrôle prévu aux
articles 166 et 385 C. soc., dès lors que ce droit d’investigation ne leur est accordé
qu’à l’issue de la liquidation.
Il nous (22) apparaît par conséquent que les pouvoirs individuels d’investigation et
de contrôle des associés subsistent au-delà de la dissolution de la société.

d. Faillite

La faillite d’une société ne met pas fin au pouvoir individuel d’investigation et de


contrôle des associés. Les articles 166 et suivants C. soc. figurent en effet parmi les
dispositions du Code des sociétés qui sont communes à toutes les personnes morales
(Livre IV), que celles-ci aient été déclarées en faillite ou pas, peu importe.

e. Actions nominatives communes de personnes mariées

L’article 1401, 5°, C. civ. détermine que les droits résultant de la qualité d’associé
liés à des parts ou actions sociales communes dans des sociétés où toutes les parts ou
actions sociales sont nominatives, sont propres si celles-ci sont attribuées à un seul
conjoint ou inscrites à son nom. A cet égard, on peut se demander si le pouvoir indi-
viduel d’investigation et de contrôle des associés est à considérer comme un droit
résultant de la qualité d’associé que seul peut exercer le conjoint au nom duquel les
actions sont inscrites dans le registre des actions, conformément à l’article 1401, 5°,
C. civ. précité. Selon nous (23), il faut admettre que oui.

(21) Voyez T. BAART et S. ROEMERS, «Bedenkingen bij de sluiting van de vereffening van een (defici-
taire) vereffening», l.c., p. 294, n° 9 (concernant la mission du commissaire).
(22) Egalement dans ce sens, T. BAART et S. ROEMERS, «Bedenkingen bij de sluiting van de vereffe-
ning van een (deficitaire) vereffening», l.c., p. 293, n° 9.
(23) Partagent cette même opinion: B. WAÛTERS, Aandelen en echtscheiding, Anvers, Maklu, 2000, p.
74 (et la doctrine citée); W. PINTENS, B. VAN DER MEERSCH et K. VANWINCKELEN, Inleiding tot
het familiaal vermogensrecht, Leuven, Universitaire Pers Leuven, 2002, p. 144, n° 262; Y.-H. LELEU,
«Les actionnaires mariés sous le régime de la communauté légale», O. CAPRASSE (éd.), Le statut des
actionnaires (S.A., S.P.R.L., S.C.) – questions spéciales, Bruxelles, Larcier, 2006, p. 184.

26
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

2.2.2. Le régime particulier des sociétés coopératives

2.2.2.1. Champ d’application et ratio legis

Dans une société coopérative, ainsi que nous l’avons déjà indiqué, il y a la possibilité
de déroger à l’article 166 C. soc. Les statuts peuvent en effet attribuer le pouvoir
individuel d’investigation et de contrôle à un ou plusieurs associés chargés de l’exer-
cer.

Ce régime a été instauré au départ du constat que les sociétés coopératives ont en
général un actionnariat très étendu et qu’en pratique, l’exercice du droit de contrôle
individuel peut dès lors déboucher sur des problèmes. En outre, les associés sont
souvent aussi clients de la société; ce qui confère au droit d’accès et de consultation
de ses livres un caractère pour le moins particulier (24).

L’article 385 C. soc. s’applique aux sociétés coopératives, à savoir la société coopé-
rative à responsabilité illimitée (SCRI), la société coopérative à responsabilité limi-
tée (SCRL) et la société coopérative européenne (SCE).

Cette possibilité de désigner des associés chargés d’exercer les pouvoirs d’investiga-
tion et de contrôle doit figurer dans les statuts.

Si plusieurs associés sont chargés du pouvoir d’investigation et de contrôle, chacun


d’eux en dispose dans toute sa plénitude (25). Cela résulte en effet du texte même de
l’article 385 C. soc., lequel stipule que les pouvoirs d’investigation et de contrôle des
associés individuels peuvent être délégués à un ou plusieurs associés chargés de ce
contrôle. Les statuts peuvent toutefois prévoir que ces associés agiront en collège.
S’ils ne disent rien concernant les modalités de fonctionnement de ce collège, ce
seront les règles ordinaires des assemblées délibérantes qui trouveront à s’appliquer
(26), (27).

(24) J.P. MAES et K. VAN HULLE, De hervorming van het bedrijfsrevisoraat, Anvers, Kluwer rechtswe-
tenschappen, 1985, p. 64.
(25) Th. DELAHAYE, La société coopérative à responsabilité illimitée en droit commercial belge, Bruxelles,
Bruylant, 1994, pp. 434-435, n° 683; A. VAN HULLE et K. VAN HULLE, De Coöperatieve Vennoots-
chap, Anvers, Kluwer Rechtswetenschappen België, 1996, p. 377, n° 538; B. TILLEMAN, «De organen
van de coöperatieve vennootschap», Après-midi d’études M&D seminars, De voordelen van een coöpera-
tieve vennootschap, 25 septembre 1997, pp. 34-35.
(26) Art. 63 C. soc.
(27) A. VAN HULLE et K. VAN HULLE, De Coöperatieve Vennootschap, o.c., p. 377, n° 538.

27
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

2.2.2.2. Le ou les associés chargés du contrôle

a. Nomination et qualité

Conformément à l’article 385 C. soc., la nomination des associés chargés du contrôle


relève de la compétence de l’assemblée générale des associés. Cette dernière ne peut
pas déléguer cette compétence à un autre organe de la société (28).

Sauf disposition statutaire contraire (29), les associés chargés du contrôle sont nom-
més à la majorité absolue, c’est-à-dire que la décision est prise si la proposition sou-
mise à l’assemblée y recueille plus de la moitié des voix exprimées (30). La nomina-
tion peut également faire l’objet d’une assemblée générale écrite, à la condition que
tous les associés y consentent et que la décision soit prise à l’unanimité des voix (31).

La loi n’impose pas aux associés chargés du contrôle d’avoir d’autre qualité que celle
d’associé (32). Les statuts peuvent par contre imposer certaines conditions à ce ni-
veau (33).

Les associés chargés du contrôle ne peuvent exercer aucune autre fonction ni accep-
ter aucun autre mandat dans la société. (34) Cette interdiction ne vaut pas pour l’ex-
pert-comptable externe qui représente les associés chargés du contrôle dans l’exerci-
ce de leur pouvoir d’investigation et de contrôle (35). Ce dernier aura bien évidem-
ment à prendre en compte les obligations déontologiques qui lui incombent en matiè-
re d’indépendance (36).

Il n’y a pas lieu de déposer la nomination du ou des associés chargés du contrôle au


greffe du tribunal de commerce ni de les publier aux annexes du Moniteur belge.

b. Qualification du rapport de droit

D’après certains auteurs (37), le rapport de droit existant entre le ou les associés
chargés du contrôle et la société s’apparente à un mandat, dès lors que ces associés

(28) Th. DELAHAYE, La société coopérative à responsabilité illimitée en droit commercial belge, o.c.,
pp. 426-427, n° 666.
(29) Ibid., p. 426, n° 666.
(30) F. HELLEMANS, De algemene vergadering, Kalmthout, Biblo, 2001, pp. 612-613, n° 552.
(31) Art. 382 C. soc.
(32) Th. DELAHAYE, La société coopérative à responsabilité illimitée en droit commercial belge, o.c., p.
425, n° 663; A. VAN HULLE et K. VAN HULLE, De Coöperatieve Vennootschap, o.c., p. 377, n° 540.
(33) J.P. MAES et K. VAN HULLE, De hervorming van het bedrijfsrevisoraat, o.c., p. 64.
(34) Art. 385 C. soc.
(35) Th. DELAHAYE, La société coopérative à responsabilité illimitée en droit commercial belge, o.c., p.
426, n° 664.
(36) Art. 9 et suiv. de l’arrêté royal du 1er mars 1998 fixant le règlement de déontologie des experts-
comptables, M.B., 31 mars 1998.
(37) A. VAN HULLE et K. VAN HULLE, De Coöperatieve Vennootschap, o.c., pp. 378-380, n°s 542-545;
B. TILLEMAN, «De organen van de coöperatieve vennootschap», l.c., p. 35.

28
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

sont nommés par l’assemblée générale. De plus, leur mission s’apparente, dans son
essence, à celle du commissaire dans le régime antérieur à la loi du 21 février 1985.

Thierry Delahaye (38) est au contraire d’avis que ce rapport de droit ne saurait s’ap-
parenter à un mandat, dès lors qu’avec une telle qualification, l’associé chargé du
contrôle aurait l’obligation et non pas seulement la faculté d’exercer le pouvoir d’in-
vestigation et de contrôle. D’après cet auteur, ce rapport de droit est plutôt à considé-
rer comme un contrat sui generis, qui se situe entre la délégation de pouvoirs, le
mandat et le louage d’ouvrage et d’industrie. Nous ne pouvons toutefois nous rallier
à cette conception. Le mandat se définit en effet comme un acte par lequel le mandant
donne le pouvoir au mandataire de faire quelque chose en son nom et pour son comp-
te (39). La délégation du pouvoir individuel d’investigation et de contrôle n’implique
pas selon nous pour le mandataire (en l’espèce, le ou les associés chargés du contrô-
le) l’obligation de poser effectivement des actes d’investigation et/ou de contrôle. Il
s’agit là en effet d’une délégation du pouvoir d’investigation et de contrôle et non
d’une obligation d’investigation et de contrôle. De plus, si certains associés veulent
instaurer un contrôle obligatoire, ils peuvent demander à l’organe de gestion de pro-
poser la nomination d’un commissaire à l’assemblée générale (40).

c. Rémunération

Si l’on part du principe que le rapport de droit entre le ou les associés chargés du
contrôle et la société s’apparente à un mandat, aucune rémunération n’est en principe
due (41). Certains auteurs (42) estiment néanmoins que, dans le présent cas, la mis-
sion du ou des associés chargés du contrôle est en principe rémunérée, par analogie
avec le mandat de gestion.

Par contre, si l’on qualifie le rapport de droit existant entre le ou les associés chargés
du contrôle et la société de louage d’ouvrage et d’industrie, une rémunération est en
principe due (43).

En tout état de cause, c’est à l’assemblée générale qu’il revient de fixer l’éventuelle
rémunération du ou des associés chargés du contrôle (44). Les statuts peuvent toute-
fois attribuer cette compétence à l’organe de gestion de la société (45). Voilà qui n’est

(38) Th. DELAHAYE, La société coopérative à responsabilité illimitée en droit commercial belge, o.c., p.
429, n° 670.
(39) Art. 1984 C. civ.
(40) Art. 165 C. soc.
(41) Art. 1986 C. civ.
(42) A. VAN HULLE et K. VAN HULLE, De Coöperatieve Vennootschap, o.c., p. 378, n° 542.
(43) Th. DELAHAYE, La société coopérative à responsabilité illimitée en droit commercial belge, o.c., p.
429, n° 671.
(44) Ibid., p. 429, n° 671; A. VAN HULLE et K. VAN HULLE, De Coöperatieve Vennootschap, o.c., p.
378, n° 542.
(45) Ibid., p. 429, n° 671; A. VAN HULLE et K. VAN HULLE, De Coöperatieve Vennootschap, o.c., pp.
378-379, n° 542.

29
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

guère conseillé, car confier à l’organe de gestion le soin de fixer la rémunération du


ou des associés chargés du contrôle, ce serait mettre dans ses mains un instrument lui
permettant d’influencer ou de faire pression sur ces associés (46).

d. Durée

Sauf disposition en sens contraire des statuts ou de la décision de nomination, les


associés chargés du contrôle sont nommés pour une durée indéterminée (47).

e. Terme

Si l’on donne au rapport de droit existant entre le ou les associés chargés du contrôle
et la société la qualification d’un mandat, l’assemblée générale peut démettre ces
associés à tout moment de leur mandat (48).

Le ou les associés chargés du contrôle ont toujours la possibilité de présenter leur


démission, mais pas de façon intempestive (49) (50).

Si l’on donne au rapport de droit existant entre le ou les associés chargés du contrôle
et la société la qualification d’un louage d’ouvrage et d’industrie, l’assemblée géné-
rale a toujours la possibilité de révoquer leur mission (51).

Ici aussi, le ou les associés chargés du contrôle ont toujours la possibilité de présenter
leur démission (52).

f. Une obligation d’exercer le pouvoir d’investigation et de contrôle?

Selon nous, le ou les associés chargés du contrôle n’ont pas d’obligation d’exercer le
pouvoir d’investigation et de contrôle. Ce ou ces associés peuvent donc tout aussi
bien ne pas user de leur droit (53). Cela résulte de l’article 385 C. soc. qui prévoit la
possibilité de déléguer les pouvoirs d’investigation et de contrôle des associés indivi-

(46) Th. DELAHAYE, La société coopérative à responsabilité illimitée en droit commercial belge, o.c., p.
429, n° 671.
(47) Ibid., o.c., p. 432, n° 675; A. VAN HULLE et K. VAN HULLE, De Coöperatieve Vennootschap, o.c.,
p. 379, n° 543.
(48) Art. 2004 C. civ.
(49) Art. 2007 C. civ.
(50) A. VAN HULLE et K. VAN HULLE, De Coöperatieve Vennootschap, o.c., p. 379, n° 543.
(51) Art. 1794 C. civ.
(52) Th. DELAHAYE, La société coopérative à responsabilité illimitée en droit commercial belge, o.c., p.
434, n° 681.
(53) Ibid., p. 428, n°s 669 et 430, n° 672; voyez contra: A. VAN HULLE et K. VAN HULLE, De Coöpe-
ratieve Vennootschap, o.c., p. 381, n° 546: pour ces auteurs, l’associé chargé du contrôle a bel et bien une
obligation de contrôle.

30
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

duels à un ou plusieurs associés chargés de ce contrôle. Comme la doctrine (54) est


unanime à soutenir l’absence d’obligation pour les associés d’exercer leurs pouvoirs
d’investigation et de contrôle (dans le cadre de l’article 166 C. soc.), il faut admettre
que cela vaut tout autant pour le ou les associés chargés du contrôle. De plus, si
certains associés veulent instaurer un contrôle obligatoire, ils peuvent demander à
l’organe de gestion de proposer la nomination d’un commissaire à l’assemblée géné-
rale (55).

2.2.2.3. La représentation par un expert-comptable externe

Conformément à l’article 385 C. soc., les associés chargés du contrôle peuvent se


faire représenter, dans l’exercice de leur pouvoir d’investigation et de contrôle, par
un expert-comptable externe. Se fondant sur l’adage «qui peut le plus, peut le moins»
(56), doctrine et jurisprudence (57) sont d’accord pour dire que cet expert-comptable
peut non seulement représenter le ou les associés chargés du contrôle, mais aussi le
ou les assister. La loi du 2 août 2002 (loi dite de corporate governance) a du reste

(54) J.P. MAES et K. VAN HULLE, De hervorming van het bedrijfsrevisoraat en de organisatie van het
accountantsberoep, o.c., p. 62; K. GEENS, «Over de uitgestrektheid van de individuele onderzoeks- en
controlebevoegdheid van de vennoot en over zijn vertegenwoordiging door een accountant», T.R.V., 1989,
p. 225; J. LIEVENS, «De wettelijke bescherming van de minderheidsaandeelhouder», T.R.V., 1988, nu-
méro additionnel, p. 38; P. VANDEPITTE et J.M. GOLLIER, «De individuele controlebevoegdheid van
de vennoot in kleine en middelgrote vennootschappen: enkele beschouwingen» (note sous Réf. Comm.
Bruxelles, 20 décembre 1988), T.R.V., 1990, p. 575; A. GOEMINNE, «Het controlerecht van de individue-
le vennoot», A.J.T., 1996-97, p. 77; H. OLIVIER et V. VAN DE WALLE, «Art. 64, par. 2 Venn. W.
«, septembre 1997, in Artikelsgewijze commentaar vennootschapsrecht, Anvers, Kluwer Rechtswetens-
chappen, ouvrage à feuillets mobiles, p. 3; W. DERIJCKE, «Le pouvoir individuel d’investigation et de
contrôle dans la société anonyme par ses actionnaires: amicitia furor brevis est?», R.P.S., 1999, p. 319; L.
LIEVENS, Wetboek van vennootschappen. Een artikelsgewijze commentaar op Boek IV, Titel VI en Titel
VII: jaarrekeningen en controle, Gand, Mys&Breesch, 2001, p. 102; K. GEENS et H. LAGA, «Overzicht
van rechtspraak vennootschappen 1986-1991», T.P.R., 1993, p. 1085; B. SMETS et J.P. VINCKE, De
Coöperatieve vennootschap, Anvers, Standaard Uitgeverij, 2000, p. 113; R. PRIOUX, «L’information des
actionnaires de sociétés anonymes est-elle satisfaisante?», l.c., p. 645 (note 70); A. VAN HULLE et K.
VAN HULLE, De coöperatieve vennootschap, o.c., p. 382, n° 547.
(55) Art. 165 C. soc.
(56) B. TILLEMAN, De geldigheid van besluiten van de algemene vergadering. Het nieuwe artikel 190bis
Venn. W., Biblo, Kalmthout, 1994, p. 216; K. GEENS, «Over de uitgestrektheid van de individuele onde-
rzoeks- en controlebevoegdheid van de vennoot en over zijn vertegenwoordiging door een accountant»,
l.c., pp. 225-226; K. GEENS et H. LAGA, «Overzicht van rechtspraak vennootschappen 1986-1991», l.c.,
p. 1086; H. OLIVIER et V. VAN DE WALLE, «Art. 64, par. 2 Venn. W.», l.c., p. 4; J. LIEVENS, «De
wettelijke bescherming van de minderheidsaandeelhouder», l.c., p. 38.
(57) Bruxelles, 14 janvier 1999, R.P.S., 1999, p. 301; J. ’t KINT, Les modifications apportées au droit des
sociétés anonymes par la loi du 5 décembre 1984 et par la loi du 21 février 1985, Bruxelles, Larcier, 1985,
p. 168; J. LIEVENS, «De wettelijke bescherming van de minderheidsaandeelhouder», l.c., p. 38; P. VAN-
DEPITTE et J.M. GOLLIER, «De individuele controlebevoegdheid van de vennoot in kleine en middel-
grote vennootschappen: enkele beschouwingen», l.c., p. 578; A. GOEMINNE, «Het controlerecht van de
individuele vennoot», l.c., p. 77; W. DERIJCKE, «Le pouvoir individuel d’investigation et de contrôle
dans la société anonyme par ses actionnaires: amicitia furor brevis est?», l.c., p. 316; H. JONGELING,
Jaarvergadering en jaarverslag 2001, Ced. Samsom, Diegem, 2001, p. 70; L. LIEVENS, Wetboek van
vennootschappen. Een artikelsgewijze commentaar op Boek IV, Titel VI en Titel VII: jaarrekeningen en
controle, o.c., p. 101; F. DE BAUW, Les assemblées générales dans les sociétés anonymes, Bruxelles,
Bruylant, 1996, p. 223; M. DE WOLF, «Des devoirs de contrôle des associés non gérants et non fonda-
teurs», R.P.S., 1996, p. 354.

31
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

adapté l’article 166 C. soc. en ce sens. L’article 385 du même Code, lui, est resté
inchangé. Sans doute un oubli du législateur.

Comme la désignation de cet expert-comptable externe émane du ou des associés


(58) qui souhaitent exercer leur droit de contrôle, ce sont en principe aussi ce ou ces
derniers qui le rémunéreront.

Le Code des sociétés (59) prévoit toutefois deux exceptions à ce niveau. Tout d’abord,
c’est la société qui rémunérera l’expert-comptable quand ce dernier aura été nommé
avec son accord (60). Par ailleurs, une décision judiciaire, prise le cas échéant en
référé, peut aussi mettre la rémunération de l’expert-comptable à la charge de la so-
ciété (61). Le tribunal peut être amené à statuer dans ce sens suite à la révélation
d’irrégularités de gestion ou du fait que le refus de l’organe de gestion n’était pas
raisonnablement motivé (62).

Dans la pratique (63), on constate que les tribunaux imputent souvent ce coût à la
société sans grande motivation. Bien que, dans ce cas, les rapports de droit restent
inchangés – l’expert-comptable est toujours le représentant du ou des associés char-
gés du contrôle qui l’ont chargé d’exercer cette mission et n’est par conséquent pas
un mandataire de la société – l’expert-comptable devra alors communiquer ses
conclusion à la société (64), sans préjudice bien sûr de son obligation de les transmet-
tre aussi à l’associé ou aux associés chargés du contrôle en question (65). Le législa-

(58) Voyez à ce sujet B. VERSCHELDEN, «Bijstand aan vennoten», in De wettelijke en bijzondere opdrach-
ten van de accountant en bedrijfsrevisor. Liber amicorum Marcel Verschelden, Diegem, Ced. Samsom,
2001, pp. 215-216.
(59) Art. 385 C. soc.
(60) Durant les travaux préparatoires, le ministre de la Justice avait indiqué que chaque associé ou action-
naire a le droit de faire supporter le coût de l’expert-comptable par la société et qu’en cas de refus, le juge
déciderait ex aequo et bono, voyez Doc. parl., Ch. repr., 1982-83, n° 552/35, p. 35; dans ce sens: P.
VANDEPITTE et J.M. GOLLIER, «De individuele controlebevoegdheid van de vennoot in kleine en
middelgrote vennootschappen: enkele beschouwingen», l.c., p. 578.
(61) A. GOEMINNE, «Het controlerecht van de individuele vennoot», l.c., p. 77; K. GEENS, «Over de
uitgestrektheid van de individuele onderzoeks- en controlebevoegdheid van de vennoot en over zijn ver-
tegenwoordiging door een accountant», l.c., p. 226; K. GEENS et H. LAGA, «Overzicht van rechtspraak
vennootschappen 1986-1991», l.c., p. 1088.
(62) J.P. MAES et K. VAN HULLE, De hervorming van het bedrijfsrevisoraat, o.c., p. 63; L. LIEVENS,
Wetboek van vennootschappen. Een artikelsgewijze commentaar op Boek IV, Titel VI en Titel VII: jaarre-
keningen en controle, o.c., p. 101; K. GEENS, «Over de uitgestrektheid van de individuele onderzoeks- en
controlebevoegdheid van de vennoot en over zijn vertegenwoordiging door een accountant», l.c., p. 226;
A. GOEMINNE, «Het controlerecht van de individuele vennoot», l.c., p. 77; J. LIEVENS, «De wettelijke
bescherming van de minderheidsaandeelhouder», l.c., p. 39.
(63) Réf. Comm. Dendermonde, 1er mars 1989, T.R.V., 1989, p. 224 et la note de K. GEENS; Comm.
Bruxelles, 13 octobre 1988, T.R.V., 1989, p. 220; voyez, dans un sens différent: Réf. Comm. Bruxelles, 15
juin 1989, T.R.V., 1990, p. 565, et la note.
(64) Art. 167 C. soc.
(65) L. LIEVENS, Wetboek van vennootschappen. Een artikelsgewijze commentaar op Boek IV, Titel VI
en Titel VII: jaarrekeningen en controle, o.c., pp. 100 et 102; A. GOEMINNE, «Het controlerecht van de
individuele vennoot», l.c., p. 77; J. LIEVENS, «De wettelijke bescherming van de minderheidsaandeel-
houder», l.c., p. 39; E. WYMEERSCH, o.c., p. 453; Comm. Bruxelles, 13 octobre 1988, T.R.V., 1989, p.
220.

32
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

teur n’explicite pas davantage la façon, le lieu et le moment où l’expert-comptable


doit communiquer ses observations à la société. Le mieux serait qu’il les communi-
que par écrit à l’organe de gestion au siège de la société (66).

2.2.2.4. Le rapport avec l’article 166 C. soc.

Si les statuts n’ont pas prévu la possibilité de confier le pouvoir individuel d’investi-
gation et de contrôle à un ou plusieurs associés chargés de ce contrôle, ce droit re-
vient, conformément à l’article 166 C. soc., à chaque associé de la société coopérati-
ve (67).

2.2.3. Représentation ou assistance par un expert-comptable

L’article 166 C. soc. permet à l’actionnaire de se faire représenter ou assister dans


l’exercice de son pouvoir d’investigation et de contrôle par un expert-comptable,
inscrit sur la sous-liste des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-
comptables et des Conseils fiscaux. Cette mission ressortit du monopole de l’expert-
comptable; un réviseur d’entreprises ne peut donc pas l’exercer (68).

Initialement, l’article 166 C. soc. prévoyait seulement la possibilité de se faire repré-


senter par un expert-comptable. A la lumière de la doctrine et de la jurisprudence en
vigueur, cette disposition a été récemment (69) adaptée, en ce sens qu’un associé
peut à présent non seulement se faire représenter dans l’exercice de son pouvoir indi-
viduel d’investigation et de contrôle, mais aussi se faire assister par un expert-comp-
table. Se fondant sur l’adage «qui peut le plus, peut le moins» (70), la majorité de la

(66) R. VAN BOVEN, «Le rôle de l’expert-comptable dans le pouvoir individuel d’investigation et de
contrôle des associés (Art. 166 C. Soc.)», Accountancy & Tax, 2002, n° 2, p. 31.
(67) J.P. MAES et K. VAN HULLE, De hervorming van het bedrijfsrevisoraat, o.c., p. 64; A. VAN HUL-
LE et K. VAN HULLE, De Coöperatieve Vennootschap, o.c., p. 382.
(68) Réf. Comm. Bruxelles, 13 octobre 1988, T.R.V., 1989, p. 220; L. LIEVENS, o.c., p. 100; E. WY-
MEERSCH, Algemeen vennootschapsrecht, U.G., 2001, p. 453; G.L. BALLON, K. GEENS et J. STUY-
CK, Handels- en vennootschapsrecht, Anvers, Kluwer Rechtswetenschappen België, 1999, p. 309; K.
GEENS, l.c., p. 503; J. LIEVENS, l.c., p. 38; J.P. MAES et K. VAN HULLE, o.c., p. 62; H. OLIVIER et V.
VAN DE WALLE, l.c., p. 4; A. GOEMINNE, l.c., p. 77; G. ROSSELLE et O. VAN OUTRYVE, «Artike-
len 165-167 W. Venn.», 30 mars 2005, in Vennootschappen en verenigingen. Artikelsgewijze commentaar
met een overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Kluwer, p. 16; voyez contra: W. DERIJCKE, l.c., p. 317.
(69) Art. 6 de la loi modifiant le Code des sociétés et la loi du 2 mars 1989 relative à la publicité des
participations importantes, dans les sociétés cotées en bourse et réglementant les offres publiques d’acqui-
sition, M.B., 22 août 2002.
(70) B. TILLEMAN, De geldigheid van besluiten van de algemene vergadering. Het nieuwe artikel 190bis
Venn. W., Biblo, Kalmthout, 1994, p. 216; K. GEENS, «Over de uitgestrektheid van de individuele onde-
rzoeks- en controlebevoegdheid van de vennoot en over zijn vertegenwoordiging door een accountant»,
l.c., pp. 225-226; K. GEENS et H. LAGA, «Overzicht van rechtspraak vennootschappen 1986-1991»,
T.P.R., 1993, p. 1086; H. OLIVIER et V. VAN DE WALLE, l.c., p. 4; J. LIEVENS, l.c., p. 38.

33
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

doctrine et de la jurisprudence (71) ont en effet accepté que l’expert-comptable puis-


se non seulement représenter l’associé ou les associés individuels, mais aussi les
assister. Nous trouvons un autre argument allant dans ce sens dans l’exposé des mo-
tifs du projet de loi de réforme du révisorat d’entreprise. Il y est notamment dit «que
l’article prévoit dans la même hypothèse que chaque associé peut se faire représenter
et a fortiori se faire assister» (72).

Malheureusement, le législateur n’a pas mis le texte de l’article 385 C. soc. en con-
formité. Celui-ci dit toujours que les associés chargés du contrôle peuvent se faire
représenter par un expert-comptable dans l’exercice de leur pouvoir individuel d’in-
vestigation et de contrôle. A la lumière de la doctrine et de la jurisprudence citées ci-
dessus, on peut toutefois admettre que là aussi, l’expert-comptable peut non seule-
ment représenter les associés individuels, mais également les assister (73). Sans dou-
te s’agit-il là, répétons-le, d’un oubli du législateur.

Représenter, c’est «agir à la place de» et cela exclut la présence de l’associé ou des
associés concernés lors des investigations et du contrôle. Assister, cela implique par
contre la possibilité pour l’associé ou les associés concernés d’être présents lors des
investigations et du contrôle.

L’expert-comptable qui, dans l’exercice de cette mission, prend connaissance des


documents de la société est lié par son secret professionnel. D’après l’article 58 de la
loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales (74), l’expert-
comptable externe est en effet tenu par le secret professionnel édicté à l’article 458
du Code pénal.

Par voie de conséquence, l’expert-comptable externe a l’obligation de tenir secrète


toute information dont il a eu connaissance durant l’exercice de son office ou de sa
fonction, pour autant du moins que cette information ait un lien raisonnable avec
l’exercice de cet office ou de cette fonction et soit par essence confidentielle (75).
Sont par essence confidentiels tous les documents que l’expert-comptable externe a
obtenus dans le cadre de l’exercice de sa profession et qui n’ont pas été publiés (76).

(71) Bruxelles, 14 janvier 1999, Rev. prat. soc., 1999, p. 301; J. ’t KINT, Les modifications apportées au
droit des sociétés anonymes par la loi du 5 décembre 1984 et par la loi du 21 février 1985, Bruxelles,
Larcier, 1985, p. 168; J. LIEVENS, l.c., p. 38; P. VANDEPITTE et J.M. GOLLIER, l.c., p. 578; A. GOE-
MINNE, l.c., 77; W. DERIJCKE, l.c., p. 316; H. JONGELING, Jaarvergadering en jaarverslag 2001,
Ced. Samsom, Diegem, 2001, p. 70; L. LIEVENS, o.c., p. 101; F. DE BAUW, Les assemblées générales
dans les sociétés anonymes, Bruxelles, Bruylant, 1996, p. 223; M. DE WOLF, «Des devoirs de contrôle
des associés non gérants et non fondateurs», Rev. prat. soc., 1996, p. 354.
(72) Doc. parl., Ch. repr., 1982-83, n° 552/1, p. 14; K. GEENS et H. LAGA, «Overzicht van rechtspraak
vennootschappen 1986-1991», T.P.R., 1993, p. 1087.
(73) En ce sens: A. VAN HULLE et K. VAN HULLE, o.c., p. 377; B. SMETS et J.P. VINCKE, o.c., p. 113.
(74) M.B., 11 mai 1999.
(75) T. AFSCHRIFT, «Le secret professionnel de l’expert-comptable à l’égard de l’administration fisca-
le», L’expertise comptable en pleine évolution, Liber Amicorum Raymond Krockaert, Tielt, Lannoo, 1998,
p. 22; B. ALLEMEERSCH, «Het toepassingsgebied van art. 458 Strafwetboek. Over het succes van het
beroepsgeheim en het geheim van dat succes», R.W., 2003-2004, p. 12; L. HUYBRECHTS, «Het zaken-,
bank- en beroepsgeheim in het strafproces», in Ondernemingsstrafrecht, Bruges, Die Keure, 1999, p. 150;
D. KIGANAHE et Y. POULLET, Le secret professionnel, Bruxelles, La Charte, 2002, p. 33.
(76) T. AFSCHRIFT, o.c., p. 23.

34
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

La forme et le support de l’information n’interviennent pas pour déterminer si une


information est couverte par le secret professionnel ou pas: ainsi, des déclarations
verbales peuvent être secrètes, mais aussi des lettres, enregistrements, documents
électroniques et autres objets corporels renfermant des informations confidentielles
(77). L’expert-comptable externe qui remplit une mission dans le cadre de l’article
166 C. soc. doit donc tenir secrète toute information confidentielle dont il prend con-
naissance au cours de cette mission.

A cet égard, on peut se demander si cette obligation de respect du secret profession-


nel qui pèse sur l’expert-comptable vaut également à l’égard de l’actionnaire qu’il
représente ou qu’il assiste dans l’exercice de son pouvoir individuel d’investigation
et de contrôle. D’après nous (78), la réponse est négative, dès lors que la mission de
l’expert-comptable présenterait davantage d’analogie avec celle d’un commissaire
qu’avec celle d’un expert mandataire.

Autre question: l’expert-comptable peut-il assister à l’assemblée générale pour y exer-


cer le pouvoir individuel d’investigation et de contrôle du ou des associés qu’il repré-
sente ou assiste? Il n’existe pas d’unanimité à ce sujet.

D’après certains auteurs (79), le droit d’assistance peut aussi s’exercer à l’assemblée
générale. Ils se fondent sur la référence que fait le Code des sociétés au pouvoir
d’investigation et de contrôle d’un commissaire (80) pour soutenir qu’on ne saurait
dénier à l’expert-comptable l’accès à l’assemblée générale.

D’autres (81) répondent à cette question par la négative au motif que l’expert-comp-
table, dans l’exercice du pouvoir d’investigation et de contrôle des associés, n’est
qu’un mandataire de l’associé ou des associés en question et qu’il ne défend par
conséquent que leurs intérêts, ceci contrairement au commissaire qui est un manda-
taire de la société. En outre, on peut se demander si la présence à l’assemblée généra-
le fait bien partie du «pouvoir d’investigation et de contrôle» du commissaire (82).

(77) B. ALLEMEERSCH, o.c., p. 12; T. AFSCHRIFT, o.c., p. 22.


(78) De la même opinion: K. GEENS, «Over de uitgestrektheid van de individuele onderzoeks- en contro-
lebevoegdheid van de vennoot en over zijn vertegenwoordiging door een accountant», l.c., p. 226.
(79) J. RONSE, J.-M. NELISSEN GRADE, K. VAN HULLE, J. LIEVENS et H. LAGA, «Overzicht
rechtspraak (1978-1985) vennootschappen», T.P.R., 1986, p. 1326; A. VAN HULLE et K. VAN HULLE,
o.c., p. 278; E. JANSSENS et J. LEMMENS, «De Wet Corporate Governance: De nacht is het duisterst
voor dageraad», Acc. Bedr., 2003, n° 1, p. 14.
(80) Art. 166 C. soc.
(81) W. DERIJCKE, «Le pouvoir individuel d’investigation et de contrôle dans la société anonyme par ses
actionnaires: amicitia furor brevis est?», Rev. prat. soc., 1999, p. 317; G. RAUCQ, «Les assemblées géné-
rales d’une société ordinaire», B. CARTUYVELS (éd.), Le droit des sociétés. Aspects pratiques et con-
seils des notaires, Bruxelles, Bruylant, 1999, p. 404; F. DE BAUW, o.c., p. 224; Ch. VAN DER ELST,
«Besluitvorming en werking van de vennootschapsorganen», in Vlaamse conferentie der Balie van Gent
et M. TISON (éd.), Omgaan met vennootschappen. Regulering en rechtspraktijk, Anvers, Maklu, 2002, p.
41.
(82) En ce sens, voyez B. TILLEMAN, De geldigheid van besluiten van de algemene vergadering. Het
nieuwe artikel 190bis Venn. W., Kalmthout, Biblo, 1994, p. 216.

35
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

Dans un souci de sécurité juridique, il paraît indiqué que l’expert-comptable deman-


de à l’actionnaire ou aux actionnaires concernés de lui confier un mandat en vue de le
ou de les représenter à l’assemblée générale. A cet égard, cependant, une lecture
approfondie des statuts de la société s’imposera. En pratique, nous constatons en
effet que les statuts ne permettent souvent de mandater qu’un coassocié. Dans une
SPRL, les statuts peuvent même exclure complètement un tel droit de délégation.

En tout état de cause, l’expert-comptable pourra toujours participer (83) à l’assem-


blée générale si cette dernière l’y autorise. Par référence aux règles ordinaires des
assemblées délibérantes (84) et à la nature propre aux assemblées générales de socié-
tés (85), la majorité de la doctrine (86) estime qu’une décision à la majorité simple
suffit, sans avoir à prendre en compte aucun quorum de présences. Les abstentions ne
sont pas prises en compte (87).

Naturellement, une clause statutaire peut aussi prévoir la possibilité pour l’expert-
comptable de participer, le cas échéant, à l’assemblée générale (88).

La réponse à cette question peut avoir d’importantes conséquences pour la régularité


des décisions de l’assemblée générale à laquelle l’expert-comptable assistait ou non.
Si l’on part du principe qu’il n’a pas accès à l’assemblée générale dans le présent cas,
tout ayant droit peut (89), en vertu de l’article 64, alinéa 1er, C. soc., tenter de requérir
la nullité des décisions de l’assemblée générale à laquelle l’expert-comptable a indû-
ment participé. Pour autant qu’il n’ait pris part qu’aux délibérations, les décisions de
l’assemblée générale ne seront entachées de nullité que si la présence de l’expert-
comptable a pu influencer la prise de décision par ses éventuelles questions ou obser-
vations (90). La preuve de ce fait est souvent difficile à rapporter (91). Si l’expert-
comptable a en outre indûment pris part au vote, la preuve de son influence peut
provenir du fait que le quorum de présences et de majorité n’aurait pas été atteint s’il

(83) Sans droit de vote.


(84) Art. 63 C. soc.
(85) F. HELLEMANS, De algemene vergadering. Een onderzoek naar haar grondslagen, haar bestaansre-
den en de geldigheid van haar besluiten, Kalmthout, Biblo, 2001, pp. 612-613.
(86) J. VAN RYN, Principes de droit commercial, Bruxelles, Bruylant, 1954, I, p. 441; B. TILLEMAN,
o.c., p. 215; F. DE BAUW, o.c., p. 250; X., LEXICON N.V., Ced. Samsom, Diegem, A - 4/4.
(87) G. RAUCQ, o.c., p. 423; F. DE BAUW, o.c., p. 214; F. HELLEMANS, o.c., p. 613.
(88) F. DE BAUW, o.c., p. 214, n° 488; F. HELLEMANS, o.c., pp. 508-509, n° 460.
(89) Dans la pratique, il s’agira surtout des actionnaires individuels ou, dans certains cas, du ou des com-
missaires, des administrateurs et gérants de la société ou, le cas échéant, de la société elle-même.
(90) F. DE BAUW, Les assemblées générales dans les sociétés anonymes, Bruxelles, Bruylant, 1996, pp.
313-315.
(91) B. TILLEMAN, De geldigheid van besluiten van de algemene vergadering, o.c., p. 220.

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LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

n’avait pas assisté à l’assemblée générale. Sinon, la preuve de cette influence sera
plus difficile à rapporter (92).
Si l’on part au contraire du principe que l’expert-comptable peut accéder à l’assem-
blée générale, son exclusion illégitime peut également déboucher sur une annulation
des décisions de l’assemblée générale fondée sur l’article 64, alinéa 1er, C. soc., s’il
est démontré que ce dernier aurait pu, par ses éventuelles questions ou observations,
exercer une influence sur la prise de décision (93).

2.2.4. Exercice du pouvoir d’investigation et de contrôle

La doctrine (94) est unanime à admettre qu’il n’existe aucune obligation pour l’ac-
tionnaire d’exercer son pouvoir d’investigation ou de contrôle. Il peut par consé-
quent tout aussi bien ne pas user de son droit. L’exercice lacunaire ou l’absence d’exer-
cice de ce pouvoir par un associé peut donc difficilement mener à sa responsabilité,
dès lors que les pouvoirs n’existent que dans l’intérêt des associés et non dans l’inté-
rêt de tiers (95) (96).

Si plusieurs associés souhaitent exercer leur pouvoir individuel de contrôle, ceux-ci


peuvent se faire représenter par un seul expert-comptable. Relevons à ce propos, et
c’est primordial, que cet expert-comptable est désigné non pas par l’assemblée géné-
rale en tant que telle, mais par (l’ensemble des) associés concernés. Toute autre posi-

(92) B. TILLEMAN, De geldigheid van besluiten van de algemene vergadering, o.c., pp. 220-221.
(93) B. TILLEMAN, De geldigheid van besluiten van de algemene vergadering, o.c., p. 219.
(94) J.P. MAES et K. VAN HULLE, De hervorming van het bedrijfsrevisoraat en de organisatie van het
accountantsberoep, Anvers, Kluwer, 1985, p. 62; K. GEENS, «Over de uitgestrektheid van de individuele
onderzoeks- en controlebevoegdheid van de vennoot en over zijn vertegenwoordiging door een accoun-
tant», l.c., p. 225; J. LIEVENS, «De wettelijke bescherming van de minderheidsaandeelhouder», T.R.V.,
1988, numéro additionnel, p. 38; P. VANDEPITTE et J.M. GOLLIER, «De individuele controlebevoegd-
heid van de vennoot in kleine en middelgrote vennootschappen: enkele beschouwingen» (note sous Réf.
Comm. Bruxelles, 20 décembre 1988), T.R.V., 1990, p. 575; A. GOEMINNE, l.c., p. 77; H. OLIVIER et V.
VAN DE WALLE, «Art. 64, par. 2 Venn. W.», in Artikelsgewijze commentaar vennootschapsrecht, An-
vers, Kluwer Rechtswetenschappen, ouvrage à feuillets mobiles, p. 3; W. DERIJCKE, l.c., p. 319; W.
DERIJCKE, l.c., L. LIEVENS, Wetboek van vennootschappen. Een artikelsgewijze commentaar op Boek
IV, Titel VI en Titel VII: jaarrekeningen en controle, Gent, Mys&Breesch, 2001, p. 102; K. GEENS et H.
LAGA, «Overzicht van rechtspraak vennootschappen 1986-1991», T.P.R., 1993, p. 1085; B. SMETS et
J.P. VINCKE, De Coöperatieve vennootschap, Anvers, Standaard Uitgeverij, 2000, p. 113; R. PRIOUX,
«L’information des actionnaires de sociétés anonymes est-elle satisfaisante?», l.c., p. 645 (note 70); A.
VAN HULLE et K. VAN HULLE, De coöperatieve vennootschap, Anvers, Kluwer Rechtswetenschappen
België, 1996, p. 382; G. ROSSELLE et O. VAN OUTRYVE, «Artikelen 165-167 W. Venn.», 30 mars
2005, in Vennootschappen en verenigingen. Artikelsgewijze commentaar met een overzicht van rechts-
praak en rechtsleer, Kluwer, p. 10; M. DE WOLF, «Article 166 C. Soc.», 17 mai 2004, Commentaire
systématique du «nouveau» Code des sociétés, Anvers, Editions Kluwer, pp. 3-4, n° 5.
(95) J. LIEVENS, l.c., p. 102.
(96) Un jugement du tribunal de commerce de Namur a paru marquer un revirement dans cette conception
traditionnelle (Comm. Namur, 20 novembre 1995), Rev. prat. soc., 1996, p. 349; le tribunal a estimé que
dans ce cas-ci, l’obligation du commissaire s’applique à tout associé. Et en l’espèce, comme les associés
n’avaient pas posé d’actes d’investigation, le tribunal les en a rendus responsables. Ce jugement a toute-
fois été réformé ensuite (Liège, 17 décembre 1996, J.L.M.B., 1998, p. 583).

37
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

tion aboutirait à faire méconnaître à la société ses obligations légales en matière de


contrôle, dès lors que l’assemblée générale ne peut user de son droit de contrôle que
par la nomination d’un commissaire. Ce commissaire ne peut être qu’un réviseur
d’entreprises (97).

L’actionnaire ou, le cas échéant, l’expert-comptable qui le représente ou l’assiste ne


doit pas préalablement informer l’organe de gestion de son intention d’exercer le
pouvoir individuel d’investigation et de contrôle (98). En pratique, l’expert-compta-
ble en avertira souvent l’organe de gestion au préalable et par écrit, pour pouvoir
recouvrer ses honoraires auprès de la société (99).

Dans l’exercice de cette mission, l’expert-comptable doit se garder de nuire à son


indépendance (100). Il doit exercer sa mission avec compétence, objectivité et indé-
pendance. L’exercice des pouvoirs d’investigation et de contrôle n’inclut donc pas la
défense des revendications de l’actionnaire. (101)

Le droit de contrôle s’exerce obligatoirement au siège de la société (102). L’action-


naire ou l’expert-comptable ne pourra par conséquent pas emporter d’originaux des
pièces examinées (103). Une partie de la doctrine (104) défend la possibilité pour
l’actionnaire ou l’expert-comptable de se faire remettre des copies de ces pièces.
Certains auteurs de doctrine et certaines décisions de jurisprudence (105) estiment
toutefois que l’exercice du droit d’investigation et de contrôle par un actionnaire ne
lui donne jamais le droit de copier des documents. L’expert-comptable qui demande
des copies de documents dans l’exercice de cette mission est en tout cas tenu par son
secret professionnel.

(97) B. VERSCHELDEN, o.c., pp. 215-216; G. ROSSELLE et O. VAN OUTRYVE, «Artikelen 165-167
W. Venn.», 30 mars 2005, in Vennootschappen en verenigingen. Artikelsgewijze commentaar met een
overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Kluwer, p. 16.
(98) I. VEROUGSTRAETE, «Le contrôle financier des sociétés anonymes», Les sociétés commerciales,
Bruxelles, Ed. du Jeune Barreau, 1985, p. 294; K. GEENS, «Over de uitgestrektheid van de individuele
onderzoeks- en controlebevoegdheid van de vennoot en over zijn vertegenwoordiging door een accoun-
tant», l.c., p. 224; B. VERSCHELDEN, l.c., p. 214; G. ROSSELLE et O. VAN OUTRYVE, «Artikelen
165-167 W. Venn.», 30 mars 2005, in Vennootschappen en verenigingen. Artikelsgewijze commentaar met
een overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Kluwer, p. 12.
(99) G. ROSSELLE et O. VAN OUTRYVE, «Artikelen 165-167 W. Venn.», 30 mars 2005, in Vennoots-
chappen en verenigingen. Artikelsgewijze commentaar met een overzicht van rechtspraak en rechtsleer,
Kluwer, p. 12.
(100) Art. 31, 2°, de la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales.
(101) E. WYMEERSCH, «Rôle des experts-comptables et des conseils fiscaux dans l’entreprise: perspec-
tives», Accountancy & Tax, 2002, n° 2, p. 40.
(102) P. FRANCOIS (note sous Réf. Comm., 23 novembre 1982), J. Liège, 1983, p. 448; J. LIEVENS, l.c.,
p. 38; B. VERSCHELDEN, o.c., p. 214.
(103) J. LIEVENS, l.c., p. 38; G. ROSSELLE et O. VAN OUTRYVE, «Artikelen 165-167 W. Venn.», 30
mars 2005, in Vennootschappen en verenigingen. Artikelsgewijze commentaar met een overzicht van rechts-
praak en rechtsleer, Kluwer, p. 13.
(104) L. LIEVENS, o.c., p. 72.
(105) Anvers, 27 juin 2002, NJW, 2003, p. (201) 204, JDSC, 2004, p. (297) 304, et la note; G. ROSSELLE
et O. VAN OUTRYVE, «Artikelen 165-167 W. Venn.», 30 mars 2005, in Vennootschappen en verenigin-
gen. Artikelsgewijze commentaar met een overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Kluwer, p. 13.

38
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

2.2.5. Etendue du pouvoir d’investigation et de contrôle

Pour apprécier l’étendue des pouvoirs individuels d’investigation et de contrôle de


l’associé (et donc aussi de l’expert-comptable externe qui le représente ou l’assiste
(106)), il faut se référer à la définition légale de la mission d’un commissaire (107).
L’article 166 C. soc. se réfère en effet expressément au pouvoir d’investigation et de
contrôle d’un commissaire. D’après l’article 142 C. soc., cette mission consiste à
contrôler la situation financière, les comptes annuels et la régularité, au regard du
Code des sociétés et des statuts, des opérations à constater dans les comptes annuels.
A cet effet, l’associé (ou l’expert-comptable qui le représente ou l’assiste) peut à tout
moment prendre connaissance sur place des livres, des lettres, des procès-verbaux et
en général de tous documents et écrits de la société. En outre, il peut demander tous
éclaircissements et renseignements à l’organe de gestion, aux mandataires et aux
préposés de la société et procéder à toutes les vérifications qu’il juge nécessaires
(108).

D’après certaines décisions de jurisprudence (109) et certains auteurs de doctrine


(110), le pouvoir individuel d’investigation et de contrôle ne peut s’exercer que pour
l’exercice comptable en cours. Ce pouvoir ne s’étendrait aux exercices comptables
antérieurs que si les comptes annuels y relatifs n’étaient pas encore approuvés (111).
Nous souhaitons toutefois faire observer que le contrôle de la situation financière
d’une société requiert dans certains cas l’examen de plusieurs exercices comptables
(112).

En principe, le pouvoir d’investigation et de contrôle ne pourra pas s’étendre à une


autre société où son titulaire n’est pas associé ou actionnaire. Ceci étant, la Cour
d’appel de Bruxelles a pourtant jugé, dans un arrêt du 14 janvier 1999 (113), que s’il
existe des indices sérieux d’une collaboration frauduleuse entre les deux sociétés, le

(106) J. LIEVENS, l.c., p. 38; A. GOEMINNE, «Het controlerecht van de individuele vennoot», A.J.T.,
1996-97, p. 77; Les statuts non plus ne pourraient pas limiter ces pouvoirs, voyez E. WYMEERSCH,
Algemeen vennootschapsrecht, o.c., p. 453.
(107) A. GOEMINNE, l.c., p. 76; B. SMETS et J.P. VINCKE, o.c., p. 112; L. LIEVENS, o.c., p. 100; W.
DERIJCKE, l.c., p. 318.
(108) Art. 137, § 1er, C. soc.
(109) Réf. Comm. Bruxelles, 27 septembre 1988, T.R.V., 1989, p. 217; Réf. Comm. Bruxelles, 13 octobre
1988, T.R.V., 1989, p. 220; Réf. Comm. Bruxelles, 20 décembre 1988, T.R.V., 1990, p. 574.
(110) K. GEENS, l.c., p. 225.
(111) Anvers, 27 juin 2002, NJW, 2003, p. (201) 204, JDSC, 2004, p. (297) 304, et la note (Le pouvoir
d’investigation et de contrôle ne peut pas s’exercer à propos d’exercices comptables dont les comptes
annuels ont déjà été approuvés); Réf. Comm. Bruxelles, 20 décembre 1989, T.R.V., 1989, p. 571; B. VERS-
CHELDEN, o.c., p. 215; L. LIEVENS, o.c., p. 101; K. GEENS et H. LAGA, «Overzicht van rechtspraak
vennootschappen 1986-1991», T.P.R., 1993, p. 1086.
(112) Dans ce sens: W. DERIJCKE, l.c., p. 318; P. VANDEPITTE et J.M. GOLLIER, l.c., p. 575; L.
LIEVENS, o.c., p. 101; A. GOEMINNE, l.c., p. 76; B. VERSCHELDEN, l.c., p. 215; G. ROSSELLE et O.
VAN OUTRYVE, «Artikelen 165-167 W. Venn.», 30 mars 2005, in Vennootschappen en verenigingen.
Artikelsgewijze commentaar met een overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Kluwer, p. 15.
(113) Bruxelles, 14 janvier 1999, J.D.S.C., 2001, p. (225) 227, et la note X.; R.P.S., 1999, p. (301) 313, et
la note W. DERIJCKE.

39
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

juge des référés peut décider d’étendre le pouvoir de contrôle à l’autre société. En
l’espèce, on s’était servi de cette autre société dans le cadre d’une construction pure-
ment destinée à court-circuiter le droit de contrôle d’un associé (114).

2.2.6. Fin du pouvoir d’investigation et de contrôle

Le pouvoir individuel d’investigation et de contrôle prend en principe fin dès l’ins-


tant où la société a nommé un commissaire (115), sauf si cette désignation n’avait
d’autre but que d’entraver l’exercice de ce pouvoir (116).

2.2.7. La rémunération de l’expert-comptable

Comme la désignation de l’expert-comptable externe émane du ou des associés (117)


qui souhaitent exercer leur droit de contrôle, ce sont en principe aussi ce ou ces der-
niers qui le rémunéreront.

Le Code des sociétés prévoit toutefois deux exceptions à ce niveau. Tout d’abord,
c’est la société qui rémunérera l’expert-comptable quand ce dernier aura été nommé
avec son accord (118). Par ailleurs, une décision judiciaire, prise le cas échéant en
référé, peut aussi mettre la rémunération de l’expert-comptable à la charge de la so-
ciété (119). Le tribunal peut être amené à statuer dans ce sens suite à la révélation

(114) Voyez à ce propos, X., «Reconnaissance du droit d’investigation individuel des associés malgré la
présence d’un commissaire-réviseur» (note sous Bruxelles, 14 janvier 1999), J.D.S.C., 2001, p. 228; G.
ROSSELLE et O. VAN OUTRYVE, «Artikelen 165-167 W. Venn.», l.c., p. 13.
(115) Réf. Hasselt, 19 décembre 1997, T.R.V., 1998, p. 533; Réf. Bruges, 24 août 1996, D.A.O.R., 1996,
p. 99;W. DERIJCKE, o.c., p. 319; H. OLIVIER et V. VAN DE WALLE, l.c., p. 3; L. LIEVENS, o.c., p.
100; D. VAN GERVEN et M. WYCKAERT, «Kroniek vennootschapsrecht 1999-2000», T.R.V., 2000, p.
343; M. VANDER LINDEN, De besloten vennootschap met beperkte aansprakelijkheid B.V.B.A., Bruxel-
les, I.P.C.F., 1999, p. 61; A. VAN HULLE et K. VAN HULLE, o.c., p. 382; J.P. MAES et K. VAN HULLE,
o.c., p. 62: D’après ces auteurs, le pouvoir individuel d’investigation et de contrôle de l’article 166 du C.
soc. s’éteint dès la nomination, pour quelque motif que ce soit, d’un commissaire.
(116) Bruxelles, 14 janvier 1999, Rev. prat. soc., 1999, p. 301; W. DERIJCKE, o.c., p. 319; D. VAN
GERVEN et M. WYCKAERT, l.c., pp. 343-344; voyez contra: B. VERSCHELDEN, l.c., pp. 214 et 218:
D’après cet auteur, le pouvoir individuel d’investigation et de contrôle d’un associé subsiste si l’assemblée
générale a nommé un commissaire après que l’associé ait fait connaître son intention d’exercer son droit
de contrôle.
(117) Voyez à ce sujet B. VERSCHELDEN, l.c., pp. 215-216.
(118) Durant les travaux préparatoires, le ministre de la Justice avait indiqué que chaque associé ou action-
naire a le droit de faire supporter le coût de l’expert-comptable par la société et qu’en cas de refus, le juge
déciderait ex aequo et bono, voyez Doc. parl., Ch. repr., 1982-83, n° 552/35, p. 35; dans ce sens: P.
VANDEPITTE et J.M. GOLLIER, l.c., p. 578.
(119) A. GOEMINNE, l.c., p. 77; K. GEENS, «Over de uitgestrektheid van de individuele onderzoeks- en
controlebevoegdheid van de vennoot en over zijn vertegenwoordiging door een accountant», l.c., p. 226;
K. GEENS et H. LAGA, «Overzicht van rechtspraak vennootschappen 1986-1991», T.P.R., 1993, p. 1088.

40
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

d’irrégularités de gestion ou du fait que le refus de l’organe de gestion n’était pas


raisonnablement motivé (120).

Dans la pratique (121), on constate que les tribunaux imputent souvent ce coût à la
société sans grande motivation. Bien que, dans ce cas, les rapports de droit restent
inchangés – l’expert-comptable est toujours le représentant du ou des associés char-
gés du contrôle qui l’ont chargé d’exercer cette mission et n’est par conséquent pas
un mandataire de la société – l’expert-comptable devra alors communiquer ses con-
clusions à la société (122), sans préjudice bien sûr de son obligation de les transmet-
tre aussi à l’associé ou aux associés chargés du contrôle en question (123). Le légis-
lateur n’explicite pas davantage la façon, le lieu et le moment où l’expert-comptable
doit communiquer ses observations à la société. Le mieux serait qu’il les communi-
que par écrit à l’organe de gestion au siège de la société (124).

2.2.8. Possibilités d’action et sanctions

L’associé qui se sent entravé dans l’exercice de son pouvoir individuel d’investiga-
tion et de contrôle peut toujours s’adresser au président du tribunal de commerce
pour mettre fin à cette situation (125).

Les administrateurs ou les gérants qui refusent d’apporter leur collaboration à l’exer-
cice de ce pouvoir violent ce faisant une des dispositions du Code des sociétés (plus
précisément l’article 166 de ce Code) et peuvent par conséquent être tenus responsa-
bles, tant vis-à-vis de la société qu’à l’égard des tiers, de tous les dommages qui en
résulteraient (126).

Le refus des administrateurs ou des gérants d’apporter leur collaboration à l’exercice


du pouvoir individuel d’investigation et de contrôle des associés est en outre passible
de sanctions pénales. En vertu de l’article 170, 3°, C. soc., les personnes qui mettent

(120) J.P. MAES et K. VAN HULLE, o.c., p. 63; L. LIEVENS, o.c., p. 101; K. GEENS, «Over de uitges-
trektheid van de individuele onderzoeks- en controlebevoegdheid van de vennoot en over zijn vertegenwoor-
diging door een accountant», l.c., p. 226; A. GOEMINNE, l.c., p. 77; J. LIEVENS, l.c., p. 39; G. ROSSEL-
LE et O. VAN OUTRYVE, «Artikelen 165-167 W. Venn.», 30 mars 2005, in Vennootschappen en vereni-
gingen. Artikelsgewijze commentaar met een overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Kluwer, p. 18.
(121) Réf. Comm. Dendermonde, 1er mars 1989, T.R.V., 1989, p. 224 et la note K. GEENS; Comm.
Bruxelles, 13 octobre 1988, T.R.V., 1989, p. 220; voyez dans un sens différent: Réf. Comm. Bruxelles, 15
juin 1989, T.R.V., 1990, p. 565, et la note.
(122) Art. 167 C. soc.
(123) L. LIEVENS, o.c., pp. 100 et 102; A. GOEMINNE, l.c., p. 77; J. LIEVENS, l.c., p. 39; E. WY-
MEERSCH, o.c., p. 453; Comm. Bruxelles, 13 octobre 1988, T.R.V., 1989, p. 220.
(124) R. VAN BOVEN, «Le rôle de l’expert-comptable dans le pouvoir individuel d’investigation et de
contrôle des associés (Art. 166 C. Soc.)», Accountancy & Tax, 2002, n° 2, p. 31.
(125) L. LIEVENS, o.c., p. 72; J. LIEVENS, l.c., p. 39; B. VERSCHELDEN, l.c., p. 214; W. DERIJCKE,
l.c., p. 320.
(126) Art. 263 C. soc. (SPRL); art. 408, alinéa 2, C. soc. (SCRL); art. 528 C. soc. (SA); art. 657 C. soc.
(SCA).

41
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

obstacle aux vérifications auxquelles elles sont tenues de se soumettre en vertu du


présent titre (127) ou refusent de donner les renseignements qu’elles sont tenues de
fournir en vertu du présent titre ou qui donnent sciemment des renseignements inexacts
ou incomplets seront en effet punies d’un emprisonnement d’un mois à un an et/ou
d’une amende de 50 à 10 000 EUR (à multiplier par les décimes additionnels légaux).

(127) Il s’agit du Titre VII relatif au contrôle des comptes annuels et des comptes annuels consolidés.

42
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

2.3. MISSION DE L’EXPERT-COMPTABLE EXTERNE

EXEMPLE DE RAPPORT A ETABLIR PAR L’EXPERT-COMPTABLE


DANS LE CADRE DE SA MISSION D’ASSISTANCE A UN OU PLU-
SIEURS ASSOCIES EN APPLICATION DES ARTICLES 166 ET 385 DU
C. SOC. – DROIT DE CONTROLE INDIVIDUEL D’UN ASSOCIE DANS
DES SOCIETES DOTEES DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE

Par Jacques COLSON et Claude JANSSENS


Experts-comptables, membres de la commission d’accompagnement et de surveillan-
ce

2.3.1. Rapport

Le présent article a pour seul objet de commenter le rapport du professionnel, résultat


de la mission d’assistance ou de représentation prévue par les articles 166 et 385 C.
soc., en fonction de son caractère spécifique et des références aux différentes nor-
mes, recommandations ou notes techniques émises par les instituts concernés.

Le rapport du professionnel doit être établi de manière à faire savoir, à expliquer et à


justifier (128) le déroulement et les résultats de la mission qui lui est confiée.

Dans une étude sur l’information légale des actionnaires des SA, SPRL et SC, Ra-
phaël Prioux, avocat au barreau de Bruxelles et maître de conférences à l’Université
libre de Bruxelles, écrit, en parlant du contenu des rapports spéciaux, ce qui suit:

«En pratique, la rédaction de ces rapports peut donner lieu à diverses difficultés rela-
tives à la qualité et l’étendue des informations qu’ils doivent contenir.

On retrouve souvent des rapports de quelques lignes dont la rédaction sibylline laisse
souvent perplexe quant au respect légal: de tels rapports, parfois même issus de docu-
ments types, ne posent guère de difficultés concrètes lorsque les actionnaires s’enten-
dent, surtout s’ils contrôlent conjointement la société. En revanche, le respect de la
loi lors de la rédaction des rapports se pose de façon plus problématique s’il y a des
tensions entre actionnaires. Il en va de même lorsque, pour une raison ou une autre,
les administrateurs ne peuvent compter sur des actionnaires «bienveillants» ou sim-
plement «passifs»…

Evidemment, la question de savoir si le libellé d’un rapport spécial est suffisamment


complet, pertinent et précis laisse une place importante à l’appréciation in concreto.
En cas de litige, ce sont les tribunaux ou les arbitres compétents qui doivent trancher,

(128) Cf. Petit Robert.

43
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

éventuellement à la lumière du principe général de transparence (129). Ce principe


nous paraît particulièrement propice pour ce type d’appréciation: nous avons ainsi
proposé la reconnaissance de ce principe, non pas en tant que droit absolu à l’infor-
mation, comme ce fut parfois affirmé dans certaines décisions de jurisprudence, mais
comme «garantie» des droits et obligations légales à l’information.»

Pour rencontrer cette affirmation, la commission de surveillance et d’accompagne-


ment de l’Institut des Experts-comptables et des Conseils fiscaux veille tout particu-
lièrement à la qualité de l’information traduite dans les rapports établis par les ex-
perts-comptables externes par un contrôle systématique de ceux-ci.

2.3.2. Structure du rapport

Le présent article n’a pas pour objet d’imposer une structure rigide et incontournable
aux rapports que les professionnels sont chargés d’établir. Il doit être un guide et, à ce
titre, ne peut être considéré comme un document immuable.

Le rapport prévu par les articles 166 et 385 C. soc., comme tout rapport d’expertise,
doit être articulé autour de trois grands axes:

– l’introduction;
– le corps du rapport;
– la conclusion.

A titre d’exemple:

a) l’introduction doit principalement faire apparaître les chapitres suivants:

– la mission;
– l’identification de l’opération.

b) le corps du rapport comprend:

– l’état résumant la situation active et passive et les comptes de résultats faisant


l’objet du contrôle;
– la méthodologie et les constats;
– les constats particulièrement importants;
– la limite de l’avis de l’expert indépendant;
– les informations complémentaires.

c) les conclusions.

(129) R. PRIOUX, «La transparence, principe général de droit en matière d’information des actionnaires
et du marché», J.T., 1994, p. 217 – B. FERON et B.TAEVERNIER, Principes généraux du droit des
marchés financiers, Bruxelles, Larcier, 1997, p. 168.

44
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

2.3.3. Mission

2.3.3.1. Commentaires

Les normes générales de révision prévoient que le professionnel mentionne en ter-


mes généraux, dans son rapport, la mission qui lui est confiée, la référence au docu-
ment de désignation et la façon dont il a exercé son contrôle sur l’état comptable
remis à l’assemblée générale.

Le rapport du professionnel doit être précis et concis, sans pour autant dévoiler des
informations qui pourraient nuire aux tiers.

Comme dans tout rapport, le chapitre réservé à la mission identifiera le client (130),
le professionnel (131), l’objet de la mission et soulignera l’unicité du rapport, le
respect du monopole des commissaires-réviseurs, l’indépendance du professionnel
ainsi que la référence au document de désignation:

– pour le client: s’il s’agit d’une personne physique, le rapport mentionnera sa pro-
fession et ses coordonnées; s’il s’agit d’une personne morale, on n’y reprendra
que les coordonnées de la société.

– pour le professionnel: ce chapitre mettra en évidence ses qualités, sous contrainte


des dispositions déontologiques en la matière, ainsi que ses coordonnées. Lors-
que le professionnel est une société civile professionnelle, il y aura lieu de stipu-
ler le nom du professionnel qui la représente. Si le professionnel est un expert-
comptable, il devra bien spécifier qu’il est «expert-comptable, inscrit au tableau
des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-comptables et des Con-
seils fiscaux, sous le numéro ……..….».
Seuls les experts-comptables externes ont la capacité juridique d’effectuer la mis-
sion de contrôle en application des articles 166 et 385 C. soc. Nous vous rappe-
lons, à cet effet, que dans une société où aucun commissaire n’est en fonction, le
professionnel en charge de cette mission ne peut pas être le conseiller habituel de
la société pour laquelle il est fait rapport. Le professionnel ne peut avoir effectué
aucune autre mission régulière dans la société au cours des deux années précé-
dentes, si ce n’est une ou plusieurs autres missions de contrôle (132).

– la date de la lettre de mission ou du contrat ainsi que l’objet de la mission et la


date de la situation contrôlée devront également apparaître dans ce chapitre.

(130) Lorsqu’il y a représentation, le client a la qualité de mandant et le professionnel celle de mandataire.


(131) Ibid.
(132) Cf. article 13, § 3, de l’A.R. de déontologie du 1er mars 1998, plus explicitement exprimé, par
exemple, dans les Normes relatives au contrôle à opérer lors de la proposition de dissolution d’une société
dont la responsabilité est limitée (art. 181 C. soc.).

45
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

– le professionnel affirmera «avoir reçu confirmation qu’aucun autre confrère ni


réviseur d’entreprises n’a été chargé de la présente mission et qu’il n’existe pas
de commissaire».

– le principe fondamental d’indépendance du professionnel sera également souli-


gné. A cet égard, le professionnel indiquera l’identité de la personne en charge de
la tenue de la comptabilité, pour autant qu’il s’agisse d’un professionnel externe.

2.3.3.2. Exemples

Première hypothèse: le client est un associé agissant avec l’accord de l’organe de


gestion et le professionnel est un expert-comptable, personne physique – cas du
contrôle portant sur l’ensemble de la comptabilité

I. MISSION

À la demande de Monsieur Jean-Louis BERTRAND, associé de la SA DEPOVER


TRANSPORT, et en accord avec l’organe de gestion de l’entreprise représenté par
Monsieur Albert STREBELLE, agissant en qualité d’administrateur délégué de la
société, j’ai reçu mission de l’assister dans l’exercice de son droit de contrôle
individuel prévu par l’article 166 C. soc.
J’agis en ma qualité d’expert-comptable externe inscrit sous le nom de Robert
TABULA sur la sous-liste des experts-comptables externes de l’Institut des Ex-
perts-comptables et des Conseil fiscaux, sous le n° 0000 2 F 00, dont le cabinet est
situé rue des Alleux verts 72, à Aysaville.

J’ai accepté d’effectuer cette mission de contrôle portant sur l’ensemble de la


comptabilité de la SA DEPOVER TRANSPORT, sise rue des Pensionnés 22, à
0000 Normaville.

En date du 25 juillet 2002, j’ai également reçu une lettre de Monsieur STREBEL-
LE marquant son accord sur le contrôle demandé par Monsieur Jean-Louis BER-
TRAND.

Cette mission n’a fait l’objet d’aucune demande auprès d’un confrère expert-comp-
table et/ou réviseur d’entreprises, et la société ne répond pas aux critères requis
pour la désignation d’un commissaire.
Je ne suis pas le conseiller habituel de la société concernée, cette fonction étant
exercée par Monsieur Nestor COUVREUR, expert-comptable externe inscrit sur
la sous-liste des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-comptables
et des Conseil fiscaux, sous le n° 0000 2 F 00, dont le cabinet est situé rue des
Pensionnés 45, à Normaville.

46
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

Deuxième hypothèse: le client est un associé agissant sans l’accord de l’organe


de gestion et le professionnel est un expert-comptable, personne physique – cas
du contrôle portant sur l’ensemble de la comptabilité.

I. MISSION

Par lettre du 25 juillet 2002 et à la demande de Monsieur Jean-Louis BERTRAND,


associé de la SA DEPOVER TRANSPORT, individuellement et sans l’accord de
l’organe de gestion de l’entreprise, j’ai été chargé de bien vouloir l’assister dans
l’exercice de son droit de contrôle individuel prévu par l’article 166 C. soc. en ma
qualité d’expert-comptable externe, inscrit sous le nom de Robert TABULA sur la
sous-liste des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-comptables et
des Conseils fiscaux, sous le n° 0000 2 F 00, dont le cabinet est situé rue des
Alleux verts 72, à Aysaville.

J’ai accepté d’effectuer cette mission de contrôle portant sur l’ensemble de la comp-
tabilité de la SA DEPOVER TRANSPORT, sise rue des Pensionnés 22, à 0000
Normaville.

Cette mission n’a fait l’objet d’aucune demande auprès d’un confrère expert-comp-
table et/ou réviseur d’entreprises, et la société ne possède aucun commissaire.
Je ne suis pas le conseiller habituel de la société concernée, cette fonction étant
actuellement exercée par Monsieur Nestor COUVREUR, expert-comptable exter-
ne inscrit sur la sous-liste des experts-comptables externes de l’Institut des Ex-
perts-comptables et des Conseils fiscaux, sous le n° 0000 2 F 00, dont le cabinet
est situé rue des Pensionnés 45, à Normaville.

Troisième hypothèse: le client est un associé ou un groupe d’associés agissant


conformément aux statuts, qui prévoient, selon l’article 385 C. soc., que les pou-
voirs individuels d’investigation et de contrôle des associés sont délégués à un ou
plusieurs associés – cas du contrôle portant sur l’ensemble de la comptabilité.

I. MISSION

A la demande de Monsieur Jean-Louis BERTRAND (Messieurs ……….),


associé(s) de la SA DEPOVER TRANSPORT, dont le pouvoir de contrôle est
prévu dans les statuts conformément aux prescrits de l’article 385 C. soc., j’ai été
chargé, par lettre du 25 juillet 2002, de l’assister (les assister) dans l’exercice de
son (leur) droit de contrôle en ma qualité d’expert-comptable externe inscrit sous
le nom de Robert TABULA sur la sous-liste des experts-comptables externes de
l’Institut des Experts-comptables et des Conseils fiscaux, sous le n° 0000 2 F 00,
dont le cabinet est situé rue des Alleux verts 72, à Aysaville.

47
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

J’ai accepté d’effectuer cette mission de contrôle portant sur l’ensemble de la comp-
tabilité de la SA DEPOVER TRANSPORT, sise rue des Pensionnés 22, à 0000
Normaville.

Cette mission n’a fait l’objet d’aucune demande auprès d’un confrère expert-comp-
table et/ou réviseur d’entreprises, et la société ne possède aucun commissaire.
Je ne suis pas le conseiller habituel de la société concernée, cette fonction étant
exercée par Monsieur Nestor COUVREUR, expert-comptable externe inscrit sur
la sous-liste des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-comptables
et des Conseils fiscaux, sous le n° 0000 2 F 00, dont le cabinet est situé rue des
Pensionnés 45, à Normaville.

Variante des trois hypothèses: le contrôle porte sur des points particuliers de la
comptabilité ou de l’état comptable

I. MISSION

A la demande de ………………….

J’ai accepté d’effectuer cette mission de contrôle portant sur les éléments décrits
ci-dessous ressortissant de la comptabilité de la SA DEPOVER TRANSPORT,
sise rue des Pensionnés 22, à 0000 Normaville, sous réserve qu’il puisse être jugé
utile et nécessaire que ce contrôle soit étendu à l’ensemble de l’état comptable sur
la base des premiers constats.

Cette mission ……………………

Variante des précédentes hypothèses: le contrôle est confié à une société civile
d’experts-comptables

I. MISSION

A la demande de ……………………………, en ma qualité de société civile d’ex-


perts-comptables inscrite sous le nom de CEF Robert TABULA sur la sous-liste
des experts-comptables, personne morale, de l’Institut des Experts-comptables et
des Conseils fiscaux, sous le n° 0000 4 F 00, dont le cabinet est situé rue des
Alleux verts 72, à Aysaville et représentée par Robert TABULA, expert-compta-
ble externe, inscrit sur la sous-liste des experts-comptables externes de l’Institut
des Experts-comptables et des Conseil fiscaux, sous le n° 0000 4 F 00, il m’a été
demandé de bien vouloir l’assister dans l’exercice de son droit de contrôle indivi-
duel prévu par l’article 166 C. soc.

48
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

La société civile précitée a accepté d’effectuer cette mission de contrôle portant


sur l’ensemble de la comptabilité de la SA DEPOVER TRANSPORT, sise rue des
Pensionnés 22, à 0000 Normaville.

2.3.3.3. Rappel

Comme pour toutes les missions d’expertise et/ou de contrôle, le professionnel rem-
plira sa mission en respectant une discrétion particulière quant à l’objet de la tâche
qui lui est confiée.
Ainsi, dans une demande de confirmation de solde à un tiers, il ne sera pas indiqué
que la question est posée dans le cadre d’une procédure de dissolution de la société.
Lorsque la mission est effectuée avec l’accord de l’organe de gestion, tel que prévu
par l’article 167 C. soc., une copie du rapport sera également communiquée à la
société.

2.3.4. Identification de l’opération

L’identification de l’opération a pour but de déterminer les éléments susceptibles


d’influencer l’état comptable, et en particulier les règles d’évaluation.

Pour donner un caractère complet à son rapport, le professionnel chargé de la rédac-


tion pourra subdiviser ce chapitre comme suit:

– cadre juridique de l’opération;


– identification de l’entreprise;
– description des dirigeants (133) et des associés/actionnaires connus.

Le professionnel identifie l’opération à travers le cadre juridique et l’identification


de l’entreprise, tant dans le cadre économique, que social et environnemental. Com-
me pour l’ensemble du rapport, l’information sera donnée en respectant le droit des
tiers à ne pas être cités.

2.3.4.1. Cadre juridique de l’opération

Il s’agit d’une opération de contrôle relevant des activités visées aux articles 166 et
385 C. soc., qui permet au(x) client(s) de se faire une opinion la plus correcte possi-

(133) Il faut comprendre par dirigeants les membres de l’organe de gestion ainsi que les autres délégués et
subdélégués exerçant un mandat ou des fonctions de direction, tels que les membres du comité de direc-
tion, le fondé de pouvoirs, le directeur général.

49
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

ble sur la situation de la société. En fonction des circonstances, l’avis de l’expert peut
avoir une portée limitée. La mission d’assistance ou de représentation a donc pour
objectif de mettre en évidence les manquements éventuellement présents dans la comp-
tabilité afin de répondre au souci des clients d’approuver des comptes corrects, com-
plets et fidèles.

Modèle

La mission qui m’a été confiée par Monsieur Jean-Louis BERTRAND, associé de
la SA DEPOVER TRANSPORT, en accord avec l’organe de gestion de ladite
société, doit permettre de mettre en évidence le caractère correct des comptes cou-
rants de Messieurs DUPOND et DUBOIS.
J’ai procédé aux différents contrôles généralement admis pour effectuer ce genre
de mission, dont les explications sont reprises au chapitre «Méthodologie et cons-
tats».

2.3.4.2. Identification de l’entreprise

Modèle

Dénomination, objet et siège social

La SA DEPOVER TRANSPORT a été constituée sous la dénomination de SPRL


DURAND & DUBOIS, le 6 mars 1983, aux termes d’un acte reçu par Maître
Jacques POULAERT, notaire à Normaville, et les statuts ont été publiés par extrait
aux annexes du Moniteur belge, le 23 mars 1983, sous le numéro 1984-6; son
siège social était à cette époque sis rue du Mercator 27, à (0000) Normaville.
Actuellement, la société est reprise sous le numéro d’entreprise 000.000.000; son
siège social est situé rue des Pensionnés 22, à 0000 Normaville.

Sur la base du rapport du réviseur d’entreprises Jean-Louis LECOMTE, du 8 avril


1994, l’assemblée générale extraordinaire a également décidé de transformer la
société en société anonyme et de renommer la société en DURANBOIS TRANS-
PORT pour être ensuite renommée en «DEPOVER TRANSPORT», à l’occasion
de l’augmentation du capital du 19 novembre 2001.

La SA DEPOVER TRANSPORT a pour objet: l’exploitation d’une agence doua-


nière, tous conditionnements maritimes, tous transports national ou international,
et l’affrètement et le stockage de tous biens, dans le sens le plus large du terme. La
société réalisera son objet social tant en Belgique qu’à l’étranger, de la manière
qui lui semble la plus appropriée. L’objet peut être réalisé, soit directement, soit
indirectement par voie de fusion, cession, participation ou intervention financière
dans des entreprises similaires.

50
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

La société peut construire, acheter, vendre, prendre en location, louer et échanger


tous biens meubles et immeubles. En général, la société peut exercer toutes activi-
tés commerciales, financières et d’entreprises qui peuvent contribuer directement
ou indirectement à la réalisation de son objet social.

Autorisation d’exploitation et accès à la profession

Monsieur Jean-Louis BERTRAND, mon client, ainsi que le conseiller habituel de


la société, Monsieur Nestor COUVREUR, expert-comptable, m’ont affirmé que
la société disposait de toutes les autorisations requises, ce que j’ai pu vérifier.

Immatriculations et obligations diverses

La société était immatriculée au R.C. de Flocon-sur-Mer, sous le numéro 472.584,


et à la TVA, sous le numéro BE 000.000.000. Elle est actuellement identifiée à la
Banque Carrefour, sous le numéro 000.000.000.

Historique et structure du capital

Il résulte d’un acte reçu le 23 avril 1995 par le notaire Jacques Poelart, de résiden-
ce à Normaville, que s’est tenue, à cette date, une assemblée générale extraordi-
naire ayant décidé d’augmenter le capital de 0 000 000 BEF pour le porter de
0 000 000 BEF à 2 500 000 BEF . En date du 28 février 1997, le capital de
2 500 000 BEF était représenté par 500 actions détenues par:

– Monsieur Albert DUBOIS, demeurant à (0000) Normaville, rue du Mercator


82, à raison de 250 actions;
– Monsieur Gérard DURAND, demeurant à (0000) Normaville, rue du Mercator
23, à raison de 250 actions.

Il résulte d’un procès-verbal dressé le 19 novembre 2001 par Maître Jacques POE-
LAERT, notaire à Normaville, que le capital a été augmenté pour être porté à trois
cent soixante mille euros (360 000,00 EUR), sans modification de la répartition de
l’actionnariat.

2.3.5. Situation active et passive et comptes de résultats

Le rapport reprendra, s’il échet, un état résumant la situation active et passive ainsi
que le compte de résultats (provisoire) et les informations relatives aux annexes, le
tout arrêté à la date la plus proche possible de la date de contrôle. Ces documents
seront, pour autant que faire se peut, rédigés et signés par l’organe de gestion.
A défaut, le professionnel décrira les documents dont il a pu disposer pour faire son
contrôle.

51
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

J’ai pris connaissance des éléments de la comptabilité disponibles auxquels j’ai pu


avoir accès au siège de la société. Les pièces auxquelles je n’ai pu avoir accès
seraient en possession d’une société sœur.
J’ai également pris contact avec Monsieur …………………….., administrateur
délégué de ladite société sœur.

2.3.6. Méthodologie et constats

La méthodologie dépend généralement tant de l’objet de la mission, que de l’existen-


ce ou non d’une structure administrative valable, et surtout de la volonté des diri-
geants de permettre aux associés d’exercer pleinement leur droit de contrôle indivi-
duel. Dans la méthodologie décrite, le professionnel doit y reprendre:

– le caractère unique de la comptabilité;


– le caractère légal de la comptabilité;
– l’irréversibilité des écritures comptables;
– la fiabilité du support informatique.

Exemple n° 1 – Contrôle général avec difficulté d’obtenir certains renseigne-


ments utiles et nécessaires pour se prononcer – SA DEPOVER TRANSPORT

La technique de contrôle utilisée a été adaptée à la nature et à l’étendue des opéra-


tions reprises dans la comptabilité. Compte tenu de la structure sociétaire, qui ne
permet pas de conclure à l’existence ou non d’un contrôle interne suffisant, et d’un
nombre élevé de pièces justificatives, la mission de contrôle est basée sur une
technique d’échantillonnage. L’organisation administrative et comptable, telle que
décrite, ne me permet pas de garantir l’absence de fraude et d’erreurs.

Caractère unique de la comptabilité

Pour les exercices antérieurs à la reprise de la société, il ne m’a pas été possible
d’obtenir de l’organe de gestion l’engagement écrit du caractère complet des si-
tuations qui m’ont été présentées, reprenant tous les avoirs, dettes, droits, obliga-
tions et engagements de la société. Il ressort néanmoins des sondages effectués
que la présomption d’une comptabilité parallèle ne peut être établie.

Caractère légal de la comptabilité

Le caractère légal de la comptabilité est mis en évidence, dans une PME, par la
concordance des comptes du journal d’inventaire, des comptes déposés et des comp-
tes internes justificatifs de la déclaration fiscale et de la réouverture. Je n’ai pas pu
voir le journal d’inventaire, mais, pour trois des cinq exercices concernés, j’ai
établi la concordance avec les trois autres points, ce qui est suffisant.

52
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

Caractère irréversible des écritures comptables

J’ai pu vérifier le caractère irréversible des écritures comptables par des tests por-
tant sur la reconstitution en mouvements de certaines opérations présentes dans
les différents journaux. J’ai pu reconstituer les mouvements de la balance des comp-
tes généraux.

Caractère fiable du support informatique de la comptabilité

Par sondages, j’ai vérifié que les opérations comptables reprises dans les journaux
étaient reportées dans le grand livre. La technique sur laquelle je me suis basé
repose sur:

– les équations de contrôle portant sur la comparaison entre les totaux en mou-
vements des journaux, et ceux repris dans la balance des comptes généraux,
après y avoir préalablement contrôlé les additions afin de vérifier la cohérence
entre les impressions et le report du contenu des compteurs utilisés lors de
l’impression des listings;
– le cycle complet d’opérations économiques au départ des pièces justificatives
qui ont été pointées dans les journaux, les balances des comptes individuels et
le grand livre (historique des comptes généraux).

Exemple n° 2 – SPRL DUBLOC CONSTRUCT: recherche du caractère légal de


la comptabilité dans une société de construction

Une comptabilité conforme à la loi

Il faut comprendre par comptabilité conforme à la loi, une comptabilité qui res-
pecte, d’une part, les principes fondamentaux des règles usuelles de la comptabi-
lité par parties doubles et, d’autre part, les règles spécifiquement décrites dans la
loi comptable et ses arrêtés d’exécution.

La notion de règles usuelles est confirmée par l’article 4 de la loi de 1975: «Toute
comptabilité est tenue conformément aux règles usuelles de la comptabilité en
partie double» (134).

Il existe deux types de règles usuelles tout à fait différentes, mais complémentai-
res, pour permettre d’établir des comptabilités comparables.

Le premier groupe de règles concerne la technique d’enregistrement dans les comp-


tes, tandis que l’autre concerne les règles fondamentales de valorisation. Nous
sommes donc en présence de deux types de règles:

(134) Il faut comprendre «comptabilité par parties doubles» ou «digraphique».

53
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

– la technique d’enregistrement;
– les règles d’inventaire et de valorisation.

1. La technique d’enregistrement

L’entreprise doit tenir une comptabilité unique, irréversible et appropriée à la na-


ture et à l’étendue de ses activités, en se conformant aux dispositions particulières
qui la concernent.

1.1. Le caractère unique de la comptabilité

Rien ne me permet de confirmer ou d’infirmer que les documents comptables que


j’ai pu consulter reprennent bien tous les avoirs, dettes, droits, engagements et
obligations de la société.

1.2. Le caractère officiel de la comptabilité

Celui-ci ne peut être démontré que par la concordance du journal d’inventaire, des
bilans déposés et des annexes fiscales et de la réouverture. Je n’ai pas pu constater
la présence du journal d’inventaire.

1.3. Le caractère officiel irréversible de la comptabilité

Celui-ci n’a pu être contrôlé en l’absence du journal centralisateur.

1.4. Le caractère correct du report des écritures comptables dans le grand livre

La forme des journaux et des balances ne permet pas d’établir, sauf contrôle par
échantillonnage, que les écritures apparaissant dans les journaux sont bien repor-
tées dans le grand livre. Notre confrère Nestor COUVREUR, expert-comptable,
m’a confirmé «qu’il n’existait pas de comptabilité analytique» et «que le logiciel
comptable utilisé était “xyz”, dont la fiabilité est faible».

1.5. Le caractère approprié de la comptabilité

L’analyse de la présente section s’inspire de l’article intitulé «La comptabilité ana-


lytique est-elle une obligation légale?» publié dans l’IEC-Info n° 21/janvier 2001
de l’Institut des Experts-comptables et des Conseils fiscaux.

– Appropriation générale de la comptabilité

Les documents comptables disponibles mettent en évidence l’absence d’une comp-


tabilité appropriée à la nature et à l’étendue de l’activité économique. Une comp-
tabilité appropriée doit donc posséder un plan comptable lui permettant d’enregis-
trer dans ses comptes chaque événement économique que vit l’entreprise (flux de
biens, flux juridiques ou monétaires) et de valoriser chaque élément de ses actifs
et de ses passifs.

54
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

– L’absence de comptabilité analytique par parties doubles

Dans le cas de la SPRL DUBLOC CONSTRUCT, l’absence d’une telle comptabi-


lité est un manquement aux obligations légales d’appropriation de la comptabilité
à la nature et à l’étendue de ses activités économiques. En effet, il est important de
souligner que certaines entreprises, de par la nature de leur cycle d’exploitation,
génèrent des stocks que l’on retrouve sous un ou plusieurs postes du bilan, comme
les en-cours de fabrication, les produits semi-finis, les produits finis et les com-
mandes en cours. Cette présence à l’actif du bilan entraîne nécessairement l’obli-
gation de déterminer la valeur d’acquisition de ces postes et l’importance de la
variation de ceux-ci.

Nous savons que ces différents types de stock doivent être évalués à leur valeur
d’acquisition, dans le sens que lui donne l’article 37 de l’A.R. du 30 janvier 2001
portant exécution du Code des sociétés. Celui-ci stipule que «(Le coût de revient)
s’obtient en ajoutant au prix d’acquisition des matières premières, des matières
consommables et des fournitures, les coûts de fabrication directement imputables
aux produits ou au groupe de produits considérés ainsi que la quote-part des coûts
de production qui ne sont qu’indirectement imputables au produit ou groupe de
produits considérés. (...)»

Nous savons également que, dans les règles particulières prévues par l’arrêté royal
du 8 octobre 1976, les §§ 2 et 3 de l’article 27 prévoient respectivement que «Les
en-cours de fabrication sont, sans préjudice de l’article 31, alinéas 1er et 3, évalués
à leur coût de revient» et que «Les commandes en cours d’exécution sont évaluées
à leur coût de revient majoré, compte tenu du degré d’avancement des travaux de
fabrication ou des prestations, de l’excédent de prix stipulé au contrat par rapport
au coût de revient. Lorsque cet excédent est devenu raisonnablement certain, une
entreprise peut toutefois adopter pour règle de maintenir les commandes en cours
d’exécution ou certaines catégories d’entre elles au bilan à leur coût de revient».
Les dispositions de l’article 27 citées appartiennent aux règles usuelles prévues
par l’article 4 de la loi du 17 juillet 1975 et sont reprises par l’arrêté royal du 30
janvier 2001 en ses articles 69, pour le § 2, et 71, pour le § 3.

Une variation de stock ne peut évidemment être enregistrée dans la comptabilité


que par une écriture comptable, ce qui implique l’existence d’une pièce justifica-
tive dont l’obligation est rappelée par l’article 6 de la loi du 17 juillet 1975.

1.6. Le caractère correct des écritures comptables

– Analyse de l’articulation correcte des écritures comptables existantes

Je n’ai pas vérifié le caractère correct de l’articulation des écritures comptables


sur la base de la personnalistique, étant donné que ce critère qualitatif ne pourrait
influencer mes conclusions sur le caractère non conforme de la comptabilité à la
loi.

55
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

– Analyse du caractère correct, complet et fidèle de l’opération économique dé-


crite par l’écriture comptable

Le délai imparti pour vérifier si la comptabilité était conforme à la loi et l’absence


de comptabilité analytique ne m’a pas permis de vérifier par l’analyse des flux le
caractère complet, correct et fidèle des opérations décrites dans la comptabilité.
Dans le cas présent, l’absence de ce contrôle qualitatif ne peut avoir d’influence
sur le caractère non conforme à la loi de la comptabilité, compte tenu des autres
manquements majeurs.

– Le caractère correct des pièces justificatives


Les pièces justificatives sur lesquelles reposent les écritures comptables doivent
pouvoir y être liées par des mentions comme la date, le numéro d’ordre chronolo-
gique, l’imputation comptable, et être revêtues de l’approbation de l’organe de
gestion ou de son délégué. Ce n’est pas le cas en ce qui concerne les pièces justi-
ficatives de la SPRL DUBLOC CONSTRUCT. Les écritures comptables ne repo-
sent donc pas sur des pièces justificatives correctement établies. Toutefois, j’attire
l’attention sur le fait que cette rigueur est souvent ignorée pour des raisons de
productivité et de délai par les fiduciaires.
Dans le cas qui nous occupe, compte tenu du nombre de pièces justificatives et du
nombre de chantiers, le respect de cette règle élémentaire était primordial.

2. Les règles d’inventaire et de valorisation


Les règles de valorisation utilisées dans le droit comptable belge relèvent de la
notion de la valeur aux coûts historiques, à l’exclusion de règles particulières en
ce qui concerne les règles d’évaluation d’inventaire. Les règles en continuité et en
discontinuité sont respectivement prévues par les §§ 1 et 2 de l’article 28 de l’arrê-
té royal du 30 janvier 2001. La notion de plus-value évoquée dans le rapport de
gestion des comptes arrêtés au 31.12. …… est réglementée par l’article 57, § 1er,
de l’arrêté royal du 30 janvier 2001. Des plus-values ont également été dégagées
avant …….. et avec certitude en ……….. ou avant …….
A la lecture du rapport de gestion cité ci-avant, on peut constater une justification
de la restructuration, dont une plus-value sur le siège social de 221 704,48 BEF, et
ce dans le respect de l’article 57, § 1er, de l’A.R. du 30 janvier 2001. Compte tenu
de la situation de la société, il était complètement inapproprié de procéder à la
réévaluation de l’immeuble qui abrite le siège social. Pour rappel, lorsque des
actifs sont nécessaires à la poursuite des activités de l’entreprise ou à une partie de
celles-ci, ils ne peuvent être réévalués que dans la mesure où la plus-value expri-
mée est justifiée par la rentabilité de l’activité de la société. Or, la construction où
se situe le siège social, et qui est également une salle d’exposition, était un actif
nécessaire aux activités de l’entreprise ou à une partie de celles-ci.
La plus-value inappropriée a eu pour effet immédiat de rehausser la valeur des
fonds propres afin de mieux échapper à l’application des articles 333 et 334 C.
soc. Lorsque l’on constate également une régularisation des comptes clients pour

56
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

43 064,16 EUR et fournisseurs pour 53 930,29 EUR, soit ensemble 96 994,45


EUR, sans pièces justificatives probantes apparentes et doublée par l’absence d’une
comptabilité analytique, on peut se demander en quoi les comptes annuels arrêtés
au 31.12……. étaient corrects, complets et fidèles.

2.3.7. Constats particulièrement importants


Contrôle général avec difficulté d’obtenir certains renseignements utiles et né-
cessaires pour se prononcer – SA DEPOVER TRANSPORT

Anomalies constatées

Les nombreux montants repris dans les comptes d’attente, le solde de ceux-ci, et le
nombre de reclassements effectués pour garantir le suivi des clients, soulignent un
des points faibles de la comptabilité. Il est impossible de mettre en évidence si ce
manque de suivi est né de la négligence de l’ancien organe de gestion ou de retards
nés dans le chef du teneur de la comptabilité, voire des deux. Je souligne, à cet
effet, que la comptabilité est tenue sous la responsabilité de l’organe de gestion et
que le teneur de comptes n’est qu’un mandataire de celui-ci. La responsabilité
éventuelle de ce dernier étant une variable qui n’a pas lieu d’entrer en considéra-
tion pour le présent rapport.

De nombreuses négligences apparaissent quant au suivi des opérations liées à la


sécurité sociale et/ou à l’Administration de la TVA.

Incidences

* Réductions de valeur sur les comptes clients

Le manque évident de suivi des comptes clients dans le cadre particulier de la


récupération des créances et la non-application correcte des réductions de valeur a
eu pour incidence que Monsieur Jean-Louis BERTRAND a dû constater la non-
valeur de nombreuses créances. Ce point relève tant de la mauvaise gestion que de
la mauvaise application des règles d’évaluation prévues par l’article 28, § 1er, de
l’A.R. du 30 janvier 2001.

Le montant des créances douteuses prises en charge et mises en évidence par le


conseil habituel de l’entreprise, et dont la base de calcul a été vérifiée par sonda-
ges, peut donc être estimé au montant repris par celui-ci dans la comptabilité, à
savoir de …………………………… (……………… EUR).

* Intérêts de retard et majorations ONSS

L’incidence des retards d’enregistrement et/ou de paiement nés sous la responsa-


bilité de l’organe de gestion précédent se traduit dans les exercices ……., …….. et

57
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

……., à travers les comptes 650100 «Intérêts de retard», 6606000 «Amendes fis-
cales», 666100 «Frais de justice», 666200 «Majorations ONSS».

Les différents montants comptabilisés dans ces comptes de charges par le con-
seiller habituel de l’entreprise, dont la justification m’a été entièrement donnée et
confirmée par les différents tests de contrôle, peuvent être considérés comme exacts.

Cette situation peut être résumée en EUR comme suit:

N-2 N-1 N Total


650100 Intérêts de retard ONSS 3 505,61 7 592,15 0,00 11 097,76
656300 Intérêts de retard fiscaux 0,00 322,40 0,00 322,40
666200 Majorations ONSS 5 204,19 0,00 -7 886,76 -2 682,57
666000 Amendes fiscales 0,00 1 123,00 0,00 1 123,00
TOTAUX 8 709,80 9 037,55 -7 886,76 9 860,59

soit, neuf mille huit cent soixante euros cinquante-neuf eurocentimes (9 860,59
EUR).

* Intérêts de retard et majorations TVA

La situation des intérêts et majorations établie par Monsieur Jean-Louis BER-


TRAND, que nous avons vérifiée par sondages dans le cadre de l’ensemble des
opérations comptables, peut être considérée comme exacte.

* Comptes courants de Messieurs DUPOND et DUBOIS

Les montants des créances sur Messieurs DUPOND et DUBOIS repris dans la
comptabilité peuvent être considérés comme corrects après les corrections et re-
classements établis par Monsieur Jean-Louis BERTRAND. Ils sont donc respecti-
vement de 74 629,23 EUR et de 64 749,38 EUR.

2.3.8. Informations complémentaires à donner au client

En ce qui concerne l’objet social, le second paragraphe de l’objet dénature l’objet


social de l’entreprise qui, dans les dispositions actuelles de différents accès aux pro-
fessions et/ou agréation, pourrait faire croire que la société dispose des autorisations
nécessaires pour toutes ses activités, ce qui n’est pas nécessairement le cas.

2.3.9. Limite de l’avis de l’expert-comptable indépendant

Le cas échéant, et en fonction de la spécificité de la mission reçue de son client,


l’expert-comptable fera part de limites conventionnelles et/ou techniques qui pour-

58
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

raient avoir une incidence sur l’avis repris dans la conclusion de son rapport, par
exemple:

Nous attirons l’attention sur le fait qu’il existe une différence fondamentale entre
la notion de pièce justificative prévue par les concepts et les règles fondamentales
de la comptabilité par parties doubles, et confirmée par la loi, et la notion retenue
dans la pratique. En effet, si à juste titre les pièces justificatives sur lesquelles
reposent les écritures comptables doivent pouvoir y être liées par des mentions
comme la date, le numéro d’ordre chronologique, l’imputation comptable, et être
revêtues de l’approbation de l’organe de gestion ou de son délégué, cette rigueur
est souvent ignorée pour des raisons de productivité et de délai par les fiduciaires.

Mes conclusions tiennent compte des constats suivants:

– qu’aucune pièce justificative n’est revêtue de la signature de l’organe de ges-


tion pour accord;
– l’absence de conformité des pièces justificatives internes comporte le risque
que celles-ci ne correspondent pas toujours à un événement économique vécu
par l’entreprise contrôlée. Compte tenu de l’apparence généralement correcte
de ces pièces, il ne nous a pas été permis de déceler celles qui ne le seraient pas
dans la comptabilité ou que les techniques d’échantillonnage n’auraient pas pu
faire ressortir.

En fonction du cadre fixé à la mission, les différents contrôles ne portent pas sur
l’inventaire physique des actifs, le contrôle des obligations et les droits et engage-
ments repris ou non dans la comptabilité.

2.3.10. Conclusion

Exemple n° 1 – Contrôle général avec difficulté d’obtenir certains renseigne-


ments utiles et nécessaires pour se prononcer – SA DEPOVER TRANSPORT

Le présent rapport a été établi, dans le cadre de la mission de contrôle demandée


en date du …………..par Monsieur Jean-Louis BERTRAND et avec le consente-
ment de la société, par le soussigné Robert TABULA, expert-comptable inscrit sur
la sous-liste des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-comptables
et des Conseils fiscaux, sous le numéro …………

Sur la base des éléments en ma possession, j’ai effectué les contrôles les plus
appropriés pour répondre aux interrogations de mon client. Sous réserve des men-
tions reprises au chapitre «Limite de l’avis de l’expert indépendant», j’ai effectué
des tests en ayant pour objectif de donner un avis sur la qualité de la comptabilité
de la société, et par voie de conséquence sur le caractère correct, complet et fidèle
de celle-ci.

59
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

J’ai pu prendre connaissance de la comptabilité et des différents travaux effectués


par mes confrères Messieurs Henry Xavier MOL et Jean-Louis BERTRAND, tous
deux inscrits régulièrement sur la sous-liste des experts-comptables externes de
l’Institut des Experts-comptables et des Conseils fiscaux.
J’ai exécuté les différents contrôles généralement admis pour effectuer cette mis-
sion, dont la méthodologie et le cadre limité sont décrits respectivement aux cha-
pitres ….. et …… du corps du présent rapport.

Sous réserve de la limite d’avis reprise sous cette dénomination au ………., rien
ne me permet de croire que la comptabilité, après les travaux effectués par mon
confrère Jean-Louis BERTRAND, ne pourrait être considérée comme complète,
correcte et fidèle, et par voie de conséquence, je suis d’avis que les constats repris
au chapitre «Constats particulièrement importants» peuvent seuls être pris en con-
sidération à charge ou à décharge de Messieurs DUPOND et DURAND.

Il en ressort que l’on ne peut pas établir que Messieurs DUPOND et DURAND
auraient pu présenter des états erronés en vue d’attirer les associés actuels de la SA
DEPOVER TRANSPORT dans le capital de la SA DURANBOIS TRANSPORT.

Je souligne également qu’une mission de contrôle aurait dû être effectuée lors du


projet de reprise de la société par les nouveaux actionnaires.

Aysaville, le 00.00.0000

Robert TABULA
Expert-comptable 0000 2 F 00

Exemple n° 2 – SPRL DUBLOC CONSTRUCT: recherche du caractère légal de


la comptabilité dans une société de construction

Le présent rapport a été établi, dans le cadre de la mission de contrôle demandée


en date du …………..par Monsieur Jean-Claude BLOQUIER et avec le consente-
ment de la société, par le soussigné Robert TABULA, expert-comptable inscrit sur
la sous-liste des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-comptables
et des Conseils fiscaux, sous le numéro …………

Sur la base des éléments en ma possession pour exercer la mission, j’ai effectué
les contrôles les plus appropriés pour répondre aux interrogations de mon client.
C’est ainsi que, sous contrainte des éléments signalés au chapitre «Limite de l’avis
de l’expert indépendant», j’ai effectué toute une série de tests en vue de me pro-
noncer sur:

– la technique d’enregistrement;
– les règles d’inventaire et de valorisation.

60
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

De ces différents contrôles, découlent les constats suivants:

– la technique d’enregistrement utilisée pour la tenue de la comptabilité de la


SPRL DUBLOC CONSTRUCT ne permet pas d’avoir une comptabilité ap-
propriée à la nature et à l’étendue des activités économiques de l’entreprise.
En plus des différents constats décrits dans le corps du rapport, il y a lieu plus
particulièrement de signaler l’absence d’une comptabilité analytique. En effet,
compte tenu de la complexité du suivi des chantiers, du nombre et de la nature
des intervenants, et ainsi de la valorisation des imputations par destination, la
SPRL DUBLOC CONSTRUCT était dans l’obligation de tenir une comptabi-
lité analytique d’exploitation, qui seule aurait pu permettre de vérifier le carac-
tère correct, complet et fidèle des opérations décrites et valorisées dans les
comptes de résultats et dans les stocks;

– les règles de valorisation utilisées pour la réalisation des inventaires préalables


à l’établissement du bilan ne sont pas conformes aux prescrits des articles 28,
§ 1er, et 57, § 1er, de l’arrêté royal du 30 janvier 2001. Elles ont subi un ensem-
ble de variations permettant d’éviter l’application de l’article 333 C. soc.

A notre avis, la comptabilité de la SPRL DUBLOC CONSTRUCT ne peut être


considérée comme conforme à la loi.

Les données et constatations reprises dans ce rapport ne peuvent être utilisées à


d’autres fins que celles mentionnées dans la lettre de mission.

Aysaville, le 00.00.0000

Robert TABULA
Expert-comptable 0000 2 F 00

2.4. QUELQUES ASPECTS COMPTABLES

Par Hugues FRONVILLE


Expert-comptable, réviseur d’entreprises

2.4.1. Contexte légal

Article 166 et suivants du Code des sociétés

2.4.1.1. Absence de commissaire

Le pouvoir individuel d’investigation et de contrôle des associés disparaît avec la


nomination d’un commissaire; néanmoins, la jurisprudence estime parfois que la

61
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

décision de procéder à une telle nomination doit être suspendue au motif que cette
nomination n’avait pas d’autre but que de court-circuiter l’associé évincé.

La Cour d’appel de Bruxelles (14 janvier 1999) a confirmé une ordonnance suspen-
dant les effets de l’assemblée générale qui avait décidé de nommer un commissaire
aux seules fins de tenir en échec le droit de contrôle individuel exercé par l’associé
demandeur, rappelant que «si le droit de contrôle individuel doit être maintenu dans
des limites raisonnables, il ne pourrait cependant être réduit à néant par de grossiè-
res manières d’évitement telles que la désignation d’un commissaire postérieure à la
demande».

2.4.1.2. Pouvoir d’investigation et de contrôle de l’associé


En l’absence de commissaire, chaque associé a individuellement les mêmes pouvoirs
d’investigation et de contrôle que les commissaires.

Cela signifie, en liaison avec l’article 137 du Code des sociétés, que les associés
peuvent «à tout moment, prendre connaissance, sans déplacement, des livres, de la
correspondance, des procès-verbaux et généralement de tous les documents et de
toutes les écritures de la société. Ils peuvent requérir de l’organe de gestion, des
agents et préposés de la société toutes les explications et informations et procéder à
toutes les vérifications qui leur paraissent nécessaires.

Ils peuvent requérir de l’organe de gestion d’être mis en possession, au siège de la


société, d’informations relatives aux sociétés liées ou aux autres sociétés avec les-
quelles il existe un lien de participation, dans la mesure où ces informations leur
paraissent nécessaires pour contrôler la situation financière de la société.

Ils peuvent requérir de l’organe de gestion qu’il demande à des tiers la confirmation
du montant de leurs créances, dettes et autres relations avec la société contrôlée».

2.4.1.3. Représentation ou assistance par un expert-comptable


L’article 166 du Code des sociétés prévoyait initialement qu’en l’absence de com-
missaire, l’associé ou l’actionnaire pouvait se faire représenter par un expert-comp-
table. Le texte conférait donc une compétence exclusive aux membres de l’Institut
des Experts-comptables et des Conseils fiscaux (IEC).

Cela signifie que ce contrôle ne peut pas être assuré par un réviseur d’entreprises.

Bien que le texte légal ne parlât à l’origine que de représentation, selon la doctrine et
la jurisprudence, il fallait entendre la mission de l’expert-comptable comme une mis-
sion de représentation et d’assistance.

La loi du 2 août 2002 a modifié en ce sens l’article 166 du Code des sociétés pour
prévoir explicitement que l’associé peut non seulement se faire représenter, mais
également se faire assister par un expert-comptable.

62
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

Cela signifie qu’il peut participer au contrôle aux côtés de l’expert-comptable qu’il a
choisi.

2.4.2. Définition de la mission

Comme indiqué ci-avant, la mission de l’expert-comptable assistant ou représentant


un associé sera définie par ce dernier, mais ses pouvoirs d’investigation seront ceux
du commissaire si un commissaire avait été désigné.

La mission de l’expert-comptable sera donc l’exercice d’un contrôle plénier cou-


vrant l’ensemble des comptes annuels.

Il y a lieu de noter que la jurisprudence a considéré que ce droit de contrôle individuel


est limité par l’étendue de la mission légale de contrôle du commissaire et ne s’étend
donc pas aux exercices antérieurs.

La mission de l’expert-comptable fixée à l’article 166 du Code des sociétés ne doit


pas être confondue avec la mission d’expert-vérificateur fixée à l’article 168 du Code
des sociétés.

En effet, l’article 168 du Code des sociétés prévoit la nomination possible d’un ex-
pert par le tribunal ayant pour mission de vérifier les livres et les comptes de la socié-
té si:

_ il existe des indices d’atteinte grave ou de risque d’atteinte grave aux intérêts de
la société;
_ la requête est présentée par un ou plusieurs associés possédant au moins 1 % des
voix attachées à l’ensemble des titres existants ou possédant des titres représen-
tant une fraction de capital égale à 1 250 000 EUR au moins.

2.4.3. Rémunération de l’expert-comptable

Il appartient à l’associé de rémunérer l’expert-comptable qu’il désigne pour l’assister


ou le représenter; néanmoins, l’article 167 du Code des sociétés prévoit que si l’ex-
pert-comptable a été désigné avec l’accord de la société, ou si cette rémunération a
été mise à sa charge par une décision judiciaire, la société prendra en charge ses
honoraires.

Dans ce cas, les observations de l’expert-comptable seront communiquées à la socié-


té.

2.4.4. Relations avec le commissaire

La désignation d’un commissaire ferait perdre à l’actionnaire minoritaire le pouvoir


d’investigation et de contrôle que lui reconnaît l’article 166 du Code des sociétés.

63
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

Néanmoins, comme indiqué ci-avant, si la désignation n’avait d’autre but que d’en-
traver un droit de contrôle régulier, elle peut justifier l’exception à ce principe, no-
tamment si la désignation du commissaire intervient postérieurement à la demande
de contrôle de l’associé (voir point 1.1 ci-avant).

Il y a lieu de noter que la désignation d’un expert-vérificateur en vertu de l’article


168 du Code des sociétés ne prévoit pas que cette désignation interviendra au cas où
aucun commissaire n’est nommé.

Il y a également lieu de noter que l’article 168 du Code des sociétés, quand il parle
d’expert-vérificateur, ne limite pas ce rôle à un expert-comptable.

2.4.5. Demande de contrôle et obligations légales

2.4.5.1. Rappel du cadre légal de la comptabilité

a. La loi du 7 mai 1999 relative au Code des sociétés et ses arrêtés royaux

Suite à l’entrée en vigueur le 6 février 2001 de la loi du 7 mai 1999 relative au Code
des sociétés et à l’arrêté royal du 30 janvier 2001 portant exécution du Code des
sociétés, le droit comptable des sociétés émane, d’une part, de la loi du 17 juillet
1975 relative à la comptabilité des entreprises et, d’autre part, du Code des sociétés.
Les entreprises qui ne sont pas à forme sociétaire restent régies par la loi du 17 juillet
1975 sur la comptabilité des entreprises.

Nous reprenons ci-après un extrait du rapport au Roi de l’arrêté royal du 30 janvier


2001:

«La loi du 7 mai 1999 contenant le Code des sociétés a intégré dans ledit Code
l’obligation d’établissement et de publicité des comptes annuels et des comptes con-
solidés pour les sociétés. Par contre, les obligations des sociétés en matière de tenue
de la comptabilité continueront à reposer dans la loi du 17 juillet 1975 relative à la
comptabilité et aux comptes annuels des entreprises telle que modifiée par la loi du 7
mai 1999 qui en modifie aussi l’intitulé en «loi du 17 juillet 1975 relative à la comp-
tabilité des entreprises».

L’entrée en vigueur du Code des sociétés aura dès lors pour conséquence que, désor-
mais, les obligations en matière de tenue de la comptabilité des entreprises, en ce
compris les sociétés, émaneront, comme c’est le cas aujourd’hui, de la loi du 17
juillet 1975, tandis que les obligations des sociétés en matière d’établissement, de
contrôle et de publicité des comptes annuels et des comptes consolidés émaneront du
Code des sociétés, la forme et le contenu desdits comptes étant déterminés par l’ar-
rêté soumis à votre signature de même que les règles relatives à leur publicité.

En ce qui concerne les entreprises qui ne sont pas des sociétés et qui ne sont, partant,
pas soumises aux dispositions du Code, leurs obligations en matière d’établissement,

64
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

de contrôle et de publicité des comptes annuels et des comptes consolidés émaneront,


comme aujourd’hui, de la loi du 17 juillet 1975, dont les articles 10 et 11 contrain-
dront les entreprises non soumises au Code des sociétés et à ses arrêtés d’exécution
à s’y conformer néanmoins en ce qui concerne la forme, le contenu, le contrôle et la
publicité des comptes annuels et des comptes consolidés.

En conséquence, les dispositions de l’arrêté royal du 8 octobre 1976 relatif aux comptes
annuels des entreprises, de celui du 6 mars 1990 relatif aux comptes consolidés des
entreprises et de celui du 25 novembre 1991 relatif à la publicité des actes et docu-
ments des sociétés et entreprises telles que reprises dans l’arrêté d’exécution du Code
continueront à s’appliquer tant aux sociétés qu’aux autres entreprises non sociétai-
res. Le champ d’application de la réglementation comptable reste donc inchangé.

Il a été profité de l’intégration des dispositions de l’arrêté royal du 8 octobre 1976


relatif aux comptes annuels des entreprises et de celui du 6 mars 1990 relatif aux
comptes consolidés des entreprises dans l’arrêté d’exécution qui vous est soumis
pour, d’une part, structurer de manière différente ces dispositions et pour, d’autre
part, y apporter les différentes adaptations signalées ci-après.

En ce qui concerne la structure des dispositions réglementaires constituant le droit


commun comptable en matière de comptes statutaires et de comptes consolidés, un
souci pédagogique et de lisibilité a tout d’abord conduit à adapter, de manière paral-
lèle, l’ordonnancement des dispositions des arrêtés royaux du 8 octobre 1976 et du 6
mars 1990.

Ainsi, le titre premier relatif aux comptes annuels du livre II de l’arrêté, qui reprend,
sans les modifier au fond, les dispositions de l’arrêté royal du 8 octobre 1976 et de
son annexe, est constitué tout d’abord d’un chapitre premier énonçant les principes
généraux.

Dans le chapitre II relatif aux règles d’évaluation, ont été regroupés dans différentes
sections les principes généraux en la matière (détermination des règles d’évaluation,
continuité et discontinuité, évaluation distincte, prudence, sincérité et bonne foi...),
les règles en matière de détermination de la valeur d’acquisition (principes et excep-
tions), les dispositions relatives aux amortissements et réductions de valeur (section
III), aux provisions pour risques et charges (section IV) et aux plus-values de rééva-
luation (section V).

Sont ensuite reprises dans différentes sous-sections de la section VI (règles particu-


lières) les règles d’évaluation spécifiques à certains postes du bilan et à certaines
opérations particulières telles que les fusions, les scissions, les apports de branches
d’activités et d’universalités.

Suivant en cela la suggestion formulée par la Commission des Normes comptables


dans son bulletin n° 45 (page 11), l’intégration des articles 36bis à 36quinquies de
l’arrêté royal du 8 octobre 1976 dans l’arrêté d’exécution du Code des sociétés cons-
titue l’occasion d’adapter ces dispositions de manière à rattacher le champ d’appli-

65
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

cation des articles 36bis à 36quater non plus aux opérations de fusion (ou de scis-
sion) réalisées en conformité avec les dispositions du droit des sociétés, mais aux
opérations de fusion ou de scission telles que définies par le droit des sociétés, à
savoir les articles 672 à 675 du Code des sociétés, et de rattacher le champ d’appli-
cation de l’article 36quinquies non plus aux opérations d’apports d’une branche
d’activités ou d’une universalité de biens réalisées sous le bénéfice de l’article 46, §
1er, 2°, C.I.R. 92, mais aux opérations d’apports d’une branche d’activités ou d’une
universalité de biens telles que définies par le droit des sociétés (articles 678 et 679
du Code des sociétés).

Le chapitre III est quant à lui consacré à la structure des comptes annuels. Il contient
les principes généraux en matière de structure, les schémas des comptes annuels
complets et abrégés et le contenu de certaines rubriques (du bilan, du compte de
résultats et contenu de certaines mentions requises pour l’annexe).
Par ailleurs, dans la mesure où l’établissement de l’annexe requiert que soient four-
nies des indications relatives aux droits et engagements hors bilan, il a été considéré
que devaient être reprises dans la sous-section relative au contenu de certaines men-
tions requises pour l’annexe les définitions prévues au chapitre II de l’annexe à l’ar-
rêté royal du 12 septembre 1983 déterminant la teneur et la présentation d’un plan
comptable minimum normalisé.

Le titre II du livre II, qui est consacré aux comptes consolidés, reprend successive-
ment les règles de l’arrêté royal du 6 mars 1990 relatif aux comptes consolidés rela-
tives au périmètre de consolidation, les principes généraux, les règles d’évaluation,
les méthodes de consolidation et la structure des comptes consolidés.
Un parallélisme plus étroit a aussi été créé en ce qui concerne la formulation des
principes généraux en matière de comptes annuels et de comptes consolidés en pre-
nant pour modèle l’expression de ces principes dans les 4e et 7e directives.
Ainsi, conformément auxdites directives (article 2 de la 4e directive et article 16 de la
7e directive), il est proposé d’énoncer dorénavant le principe de régularité des comp-
tes avant le principe de l’image fidèle.
Le souci de regrouper les dispositions de manière plus logique a aussi conduit à
isoler le principe selon lequel les comptes doivent être complets, du principe de l’image
fidèle, et à réunir les exigences relatives au caractère complet (principe d’exhausti-
vité, interdiction de la compensation et mention des droits et engagements hors bi-
lan) au sein d’une seule disposition. Le gouvernement est conscient de ce que, sur
certains points, le libellé de différentes dispositions pourrait encore être amélioré.
Ce travail de réécriture sera accompli ultérieurement au fur et à mesure des adapta-
tions qui seront apportées à l’arrêté à la suite, par exemple, d’adaptations aux direc-
tives européennes dont il assure la transposition.

Les règles en matière de publicité des comptes annuels et des comptes consolidés
prévues notamment dans l’arrêté du 25 novembre 1991 relatif à la publicité des actes
et documents des sociétés et entreprises sont désormais reprises dans le titre III du
livre II. L’intégration de ces dispositions dans l’arrêté a aussi constitué l’occasion
pour en modifier la structure afin d’en accroître la lisibilité et la clarté en suivant le
plus fidèlement possible l’ordre et la terminologie des articles correspondants du
Code des sociétés.»

66
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

a.1. Les personnes morales régies par le Code des sociétés

Pour rappel, les personnes morales visées par le Code des sociétés sont les sociétés
avec ou sans personnalité juridique reconnues par le Code des sociétés dans son arti-
cle 2.

- Article 2, § 1er: le Code des sociétés reconnaît trois sociétés qui ne bénéficient pas
de la personnalité juridique:

- la société de droit commun;


- la société momentanée (en remplacement de l’association momentanée);
- la société interne (en remplacement de l’association en participation).

- Article 2, § 2: le Code des sociétés reconnaît huit sociétés dotées de la personna-


lité juridique:

- SNC
- SCS
- SPRL
- SC (SCRL OU SCRI (135))
- SA
- SCA
- GIE
- S.AGR.

Les sociétés doivent donc se référer:

- à la loi du 17 juillet 1975 relative à la comptabilité des entreprises en ce qui


concerne les obligations en matière de tenue de la comptabilité;

- au Code des sociétés et ses arrêtés royaux en ce qui concerne les obligations en
matière d’établissement, de contrôle et de publicité des comptes annuels et des
comptes consolidés.

Les dispositions relatives à la comptabilité, aux comptes annuels et comptes consoli-


dés, au contrôle des comptes et à la publicité des comptes annuels se retrouvent:

- dans le livre IV du Code des sociétés relatif aux dispositions communes aux per-
sonnes morales régies par le présent Code:

- Titre VI: Comptes annuels et comptes consolidés (articles 92 à 129),


- Titre VII: Contrôle des comptes annuels et des comptes consolidés (articles
130 à 171);

- dans l’arrêté royal du 30 janvier 2001 portant exécution du Code des sociétés:

(135) SCRI et non plus SCRIS.

67
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

- Livre II: Comptes annuels, comptes consolidés et formalités de publicité (ar-


ticles 22 à 183).

a.2. Les entreprises non régies par le Code des sociétés

Pour rappel, les entreprises visées par la loi du 17 juillet 1975 relative à la comptabi-
lité des entreprises (article 1er) sont, outre les sociétés commerciales ou à forme com-
merciale:

- les commerçants personnes physiques;


- les groupements européens d’intérêt économique (136);
- les organismes publics qui exercent une mission statutaire à caractère commer-
cial, financier ou industriel;
- les autres organismes, dotés ou non d’une personnalité juridique propre, qui exer-
cent avec ou sans but de lucre une activité à caractère commercial, financier ou
industriel, auxquels la loi serait rendue applicable par arrêté royal;
- aux succursales belges d’entreprises étrangères, de groupements européens d’in-
térêt économique ou de personnes physiques ayant leur domicile à l’étranger.

La loi du 17 juillet 1975 relative à la comptabilité des entreprises et l’arrêté royal du


12 septembre 1983 restent donc d’application pour les entreprises non régies par le
Code des sociétés en ce qui concerne les obligations en matière de tenue de compta-
bilité.
Dans certains cas, les articles 10 et 11 de la loi du 17 juillet 1975 relative à la comp-
tabilité des entreprises peuvent contraindre les entreprises non soumises au Code des
sociétés et à ses arrêtés d’exécution à s’y conformer en ce qui concerne les obliga-
tions en matière d’établissement, de contrôle et de publicité des comptes annuels et
des comptes consolidés.

b. Les modifications apportées à la loi du 7 mai 1999 et à son arrêté royal d’exécu-
tion du 30 janvier 2001

Les modifications suivantes ont été apportées au Code des sociétés depuis le 7 mai
1999:

- A.R. du 17 février 2000

Modification de:

- l’article 12, § 2, de la loi du 17 juillet 1975 relative à la comptabilité et aux


comptes annuels des entreprises: relèvement des critères de taille pour les
PME suite à l’introduction de l’euro;

(136) A l’instar des groupements d’intérêt économique belges qui sont considérés comme des sociétés
dans le Code des sociétés.

68
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

- l’article 9 de l’A.R. du 6 mars 1990 relatif aux comptes consolidés des entre-
prises: relèvement des critères de taille pour les comptes consolidés suite à
l’introduction de l’euro.

- Loi du 23 janvier 2001 (loi de réparation)

Correction de différents articles et notamment l’article 436, § 2, relatif à la trans-


formation juridique d’une SCRI en SCRL (le rapport de l’expert devra se pronon-
cer sur le fait que l’actif net de l’état comptable a été surévalué).

- A.R. du 13 juillet 2001

Remplacement dans la loi du 7 mai 1999 des montants en BEF par des montants
en EUR revus dans certains cas à la baisse (pour éviter de devoir modifier les
statuts des sociétés existantes) de:

- les articles 214 et 390 du Code des sociétés relatifs au capital des SPRL et
SCRL: 18 550 EUR (< 750 000 BEF);

- les articles 439 et 634 du Code des sociétés relatifs au capital des SA et à
l’actif net réduit à un montant inférieur à: 61 500 EUR (< 2 500 000 BEF);

- les articles 409 (faillite, chiffre d’affaires de 620 000 EUR > 25 millions de
BEF et total de bilan de 370 000 EUR < 15 millions de BEF) et 416 (action
minoritaire, fraction du capital de 1 250 000 EUR > 50 millions de BEF);

- l’article 665 du Code des sociétés relatif au capital d’une société à finalité
sociale qui prend la forme d’une SCRL: part fixe de 6 150 EUR (< 250 000
BEF) et libéré à concurrence de 2 500 EUR (> 100 000 BEF);

- l’article 794 du Code des sociétés relatif au capital d’une société agricole:
6 150EUR (< 250 000 BEF).

- A.R. du 11 décembre 2001

Abrogation de l’article 21, alinéa 3, relatif à l’information par le greffier du trans-


fert du siège social ou de la succursale à la Banque nationale.

Remplacement à partir du 1er janvier 2002 dans l’arrêté royal du 30 janvier 2001
des montants en BEF par des montants en EUR:

- l’article 178 du Code des sociétés relatif aux frais de publicité des comptes
annuels et comptes consolidés;

- l’article 183 du Code des sociétés relatif aux frais de copie de la Banque natio-
nale 291 EUR (sur papier) et 271 EUR (par voie informatique).

69
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

c. La composition de notre droit comptable

Notre droit comptable commun relatif à la comptabilité, aux comptes annuels et comp-
tes consolidés, au contrôle des comptes et à la publicité des comptes annuels se com-
pose à présent des législations suivantes:

AVANT ACTUELLEMENT

1. Loi du 17 juillet 1975 (comptabilité 1. Loi du 17 juillet 1975 (comptabilité)


et comptes annuels)

2. A.R. du 12 septembre 1983 (PCMN) 2. A.R. du 12 septembre 1983 (PCMN)

3. A.R. du 12 septembre 1983 (portant 3. A.R. du 12 septembre 1983 (portant


exécution de la loi du 17 juillet 1975) exécution de la loi du 17 juillet 1975)

4. A.R. du 8 octobre 1976 Abrogé


(comptes annuels) (137)

5. A.R. du 6 mars 1990 Abrogé


(comptes consolidés) (138)

6. LCSC (139) 4. Code des sociétés et ses A.R.


d’exécution

7. A.R. du 25 novembre 1991 (publi- Abrogé


cité des actes et documents) (140)

8. Loi du 22 juillet 1953 (création de


l’IRE – article 33, § 2) (141)

9. Loi du 20 septembre 1948 (organi- 5. Loi du 20 septembre 1948 (organi-


sation de l’économie – articles 15 à sation de l’économie – article 15bis)
15quinquies sur la mission du révi-
seur auprès du conseil d’entreprise)
(142)

10. A.R. du 17 mars 1986 (présentation Abrogé


par les conseils d’entreprise de can-
didats à la mission de commissaire
ou de réviseur d’entreprises) (143)

(137) Les articles sont repris soit dans la loi du 7 mai 1999, soit dans l’A.R. du 30 janvier 2001.
(138) Ibid.
(139) Ibid.
(140) Les articles sont repris dans l’A.R. du 30 janvier 2001.
(141) Les articles sont repris dans la loi du 7 mai 1999.
(142) Une partie des articles sont repris dans l’A.R. du 30 janvier 2001.
(143) Les articles sont repris dans l’A.R. du 30 janvier 2001.

70
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

11. A.R. du 4 mars 1997 (articles 26,


52bis, § 6, 190quinquies, § 2, des
anciennes LCSC) (144)

12. A.R. du 7 juillet 1999 (caractère


public des opérations financières)

Notons que l’incorporation de dispositions comptables dans le Code des sociétés


aggrave la responsabilité des organes de gestion et du commissaire en cas de non-
respect.

d. Aggravation de la responsabilité depuis l’incorporation d’obligations compta-


bles dans le Code des sociétés

L’incorporation de différentes dispositions provenant d’autres législations dans le


Code des sociétés aggrave la responsabilité du commissaire et de l’organe de gestion,
car le non-respect de ces dispositions devient à présent une infraction au Code des
sociétés et entraîne par conséquent l’application des sanctions prévues par le Code
des sociétés.

C’est notamment le cas en matière de consolidation et de contrôle dans les sociétés


où il existe un conseil d’entreprise.

En ce qui concerne l’organe de gestion, cette responsabilité est rappelée au sein de


chaque livre relatif à la forme sociétaire (Article 263 pour les SPRL et 528 pour les
SA):

Les gérants/Les administrateurs «sont solidairement responsables, soit envers la so-


ciété, soit envers les tiers, de tous dommages et intérêts résultant d’infractions aux
dispositions du présent Code ou des statuts sociaux.

Ils ne seront déchargés de cette responsabilité, quant aux infractions auxquelles ils
n’ont pas pris part, que si aucune faute ne leur est imputable et s’ils ont dénoncé ces
infractions à l’assemblée générale la plus prochaine après qu’ils en auront eu con-
naissance.»

En ce qui concerne le commissaire, l’article 140 du Code des sociétés (ancien article
64octies des LCSC) précise sa responsabilité:

«Les commissaires sont responsables envers la société des fautes commises par eux
dans l’accomplissement de leurs fonctions.

Ils répondent solidairement tant envers la société qu’envers les tiers de tout domma-
ge résultant d’infractions aux dispositions du présent Code ou des statuts. Ils ne sont
(144) Ibid.

71
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

déchargés de leur responsabilité, quant aux infractions auxquelles ils n’ont pas pris
part, que s’ils prouvent qu’ils ont accompli les diligences normales de leur fonction
et qu’ils ont dénoncé ces infractions à l’organe de gestion et, le cas échéant, s’il n’y
a pas été remédié de façon adéquate, à l’assemblée générale la plus prochaine après
qu’ils en auront eu connaissance.»

En outre, le commissaire doit faire mention des infractions dans son rapport (article
144, alinéa 1, 6°, du Code des sociétés – ancien article 65 des LCSC):

«Le rapport des commissaires […] indique […]:

6° s’ils n’ont point eu connaissance d’opérations conclues ou de décisions prises en


violation des statuts ou du présent Code. Toutefois, cette mention peut être omise
lorsque la révélation de l’infraction est susceptible de causer à la société un préjudi-
ce injustifié, notamment parce que l’organe de gestion a pris des mesures appro-
priées pour corriger la situation d’illégalité ainsi créée.»

Notons que la décharge de l’organe de gestion et des commissaires n’est valable que
si les actes faits en dehors des statuts ou en contravention du présent Code ont été
spécialement indiqués dans la convocation (article 554 du Code des sociétés).

En outre, le Code des sociétés inclut à présent également des dispositions pénales en
cas de non-respect des dispositions relatives au contrôle des comptes annuels et des
comptes consolidés via l’article 171 du Code des sociétés.

Finalement, il convient de signaler que le Code des sociétés reconnaît dorénavant


que dans la SPRL et la SCRL l’assemblée générale est habilitée à exercer l’action
sociale non seulement contre les administrateurs ou gérants, mais également contre
les commissaires (articles 289 et 415 du Code des sociétés). Ce droit n’est plus réser-
vé uniquement à la SA (article 561 du Code des sociétés).

2.4.5.2. Rappel du caractère complet de la comptabilité, de son appropriation


et de sa structure

a. La comptabilité doit être complète

Le caractère complet de la comptabilité ressort de l’article 3 de la loi du 17 juillet


1975 qui stipule que la comptabilité des personnes morales doit couvrir l’ensemble
de leurs opérations, de leurs avoirs et droits de toute nature, de leurs dettes, obliga-
tions et engagements de toute nature.

b. La comptabilité doit être appropriée

L’entreprise doit tenir une comptabilité appropriée à la nature et à l’étendue de ses


activités en se conformant aux dispositions légales qui les concernent (article 2 de la
loi du 17 juillet 1975).

72
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

La comptabilité doit être suffisamment détaillée pour permettre l’enregistrement de


toutes les opérations conformément aux dispositions légales, ainsi que l’établisse-
ment et le contrôle des comptes annuels.

Cette exigence implique que l’organisation de la comptabilité et l’articulation des


comptes soient telles qu’elles permettent de répondre aux autres besoins d’informa-
tion de l’entreprise elle-même ainsi que des tiers auxquels des comptes doivent être
rendus ou auxquels des comptes doivent être fournis.

c. L’organisation de la comptabilité doit être structurée pour répondre aux impéra-


tifs légaux et aux besoins de gestion, d’information et de contrôle

La comptabilité doit être organisée dans le respect des dispositions légales portant
notamment sur:

- l’utilisation d’un système de livres et de comptes ainsi que leur conservation (ar-
ticles 4, 5, 8 et 9);
- l’inscription des opérations sans retard, de manière fidèle et complète et par ordre
de dates (article 4);
- la tenue d’une comptabilité en partie double (article 4);
- le respect d’un plan comptable (article 4);
- l’existence de pièces justificatives et leur conservation (articles 6 et 9);
- la réalisation d’un inventaire au moins annuel (article 7).

Le respect de ces dispositions légales permet d’assurer la fiabilité des informations


générées par les comptes annuels.

De plus, la comptabilité doit répondre aux besoins de gestion, d’information et de


contrôle, tant interne qu’externe.

Notons que la comptabilité doit être tenue dans la langue prescrite par les lois en
vigueur en la matière.

c.1. L’utilisation d’un système de livres et de comptes

Les opérations doivent être inscrites, sans retard, de manière fidèle et par ordre de
dates, soit dans un livre journal unique, soit dans un système de journaux spécialisés.
Dans ce dernier cas, toutes les données déposées dans les journaux spécialisés sont
introduites, avec indications des différents comptes mis en mouvement, par voie de
centralisation, dans un livre central.

Les opérations enregistrées dans les livres sont méthodiquement inscrites ou transpo-
sées dans les comptes.

Les livres et comptes de l’entreprise peuvent être établis dans la forme et par tous les
moyens ou procédés appropriés, notamment ceux mis à la disposition des entreprises
par les techniques modernes, à condition que le procédé utilisé confère par lui-même

73
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

un caractère suffisant d’authenticité aux écritures comptables et adopte des mesures


propres à permettre le contrôle de la comptabilité.

Lorsque la comptabilité centralisatrice se trouve en Belgique et la comptabilité des


succursales à l’étranger, ou lorsque la comptabilité des succursales se trouvant à l’étran-
ger prend en charge des frais enregistrés dans une comptabilité tenue à l’étranger, les
entreprises doivent être à même de justifier les opérations s’y rapportant.

1° Les livres

Répondant au principe et aux possibilités de la division du travail comptable, les


journaux auxiliaires (journal auxiliaire unique ou journaux auxiliaires subdivisés en
journaux spécialisés) reçoivent l’inscription des opérations de même nature (factures
de ventes, factures d’achats, opérations financières, opérations diverses, etc.) et leur
totaux font périodiquement l’objet d’une écriture récapitulative. Les opérations des
journaux auxiliaires sont reportées aux comptes soit par duplication ou par report
manuel.

Les livres et journaux imposés par la loi doivent être tenus de manière à garantir leur
continuité matérielle ainsi que la régularité et l’irréversibilité des écritures.

Les livres sont tenus par ordre de dates, sans blancs ni lacunes. En cas de rectifica-
tion, l’écriture primitive doit rester lisible. Les journaux et les livres comptables sont
cotés. Ils forment chacun dans sa fonction une série continue. Ils sont identifiés par la
spécification de cette fonction, par leur place dans cette série et par le nom, la raison
sociale ou la dénomination particulière de l’entreprise.

Pour suivre l’évolution des techniques et procédés comptables, le législateur a per-


mis que le journal auxiliaire unique et les journaux auxiliaires spécialisés puissent
être tenus, non seulement sous forme de registres, mais aussi sur feuillets mobiles ou
sur tout autre support approprié (par exemple, des listings d’ordinateurs).

Toutefois, si ce support n’assure pas l’inaltérabilité des données enregistrées, celles-


ci doivent également être constatées par un document directement intelligible.

2° Les comptes

Les entreprises doivent également tenir des comptes qui sont la transposition métho-
dique des données enregistrées dans les livres. Ne pas tenir des comptes constitue
donc une infraction sanctionnée par l’article 16.

Ni la loi ni les arrêtés royaux ne se prononcent sur la forme matérielle des comptes ni
sur le support matériel sur lequel ils doivent être tenus.

Les comptes peuvent être tenus, soit dans un registre, soit dans les journaux par ven-
tilation des données qui y sont enregistrées, soit sur des fiches, soit sur des supports
magnétiques.

74
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

3° Conservation des livres

La loi impose la conservation des livres pendant dix ans à partir du 1er janvier qui suit
leur clôture. Le non-respect de cette obligation constitue donc une infraction sanc-
tionnée par l’article 16.

Il est conseillé à l’entreprise de tenir un répertoire des divers livres ou documents en


tenant lieu, constituant les comptabilités.

c.2. L’inscription des opérations sans retard, de manière fidèle et complète et par
ordre de dates

Les opérations doivent être inscrites, sans retard, de manière fidèle et par ordre de
dates, soit dans un livre journal unique, soit dans un système de journaux spécialisés.

c.3. La tenue d’une comptabilité par parties doubles

Tout fait comptable enregistré au journal (ou dans les journaux auxiliaires spéciali-
sés), au débit d’un compte, doit trouver sa contrepartie au crédit d’un ou de plusieurs
comptes.

En conséquence, toute écriture qui enregistre un mouvement de valeurs doit néces-


sairement être passée deux fois:

- d’une part, au débit d’un ou de plusieurs comptes;


- d’autre part, au crédit d’un ou de plusieurs comptes.

De ce fait, comme corollaire:

- il doit toujours y avoir égalité entre les totaux du débit et les totaux du crédit du
journal;
- il doit toujours y avoir égalité entre, d’une part, les totaux des mouvements des
débits et ceux des crédits des comptes et, d’autre part, entre ces totaux et ceux du
journal.

La vérification de ces égalités nécessite la tenue en «mouvement» des comptes aux-


quels les écritures au journal sont transposées.

La règle fondamentale de la comptabilité par parties doubles s’oppose donc à la te-


nue des comptes uniquement par soldes.

Les logiciels inspirés des méthodes américaines qui organisent la comptabilité par
soldes ne répondent pas aux critères de la loi.

c.4. Le respect d’un plan comptable

La codification et le libellé des comptes prévus au plan comptable minimum norma-


lisé doivent être respectés.

75
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

Les opérations sont enregistrées dans des comptes dont le titre correspond à leur
nature. Les écritures rappellent les numéros et les intitulés des comptes.

Les opérations concernant des comptes différents sont comptabilisées distinctement


sans compensation.

L’arrêté relatif au plan comptable minimum normalisé ne requiert pas que chacun des
comptes prévus au plan comptable de l’entreprise soit ouvert matériellement, de
manière distincte. Ainsi, lorsqu’un compte comporte des sous-comptes, le premier
coïncidera avec la somme des seconds sans qu’il soit nécessaire de reporter systéma-
tiquement ou périodiquement, de manière synthétique dans le premier, des données
enregistrées dans les seconds.

Cette possibilité doit s’apprécier dans l’application de l’article 5 de l’arrêté royal


relatif aux comptes annuels. Rappelons ce que dit cet article.

«Le plan comptable de l’entreprise doit être conçu ou ajusté de manière telle que le
bilan et le compte de résultats procèdent sans addition ou omission de la BALANCE
DES COMPTES établie après mise en concordance visée à l’article 7, alinéa 2, de la
loi».

Par «sans addition», il faut entendre sans ADJONCTION D’ELEMENTS EXTRA-


COMPTABLES.

c.5. L’obligation de l’établissement d’un plan comptable et de la balance

Les comptes ouverts sont définis dans un plan comptable approprié à l’entreprise. Ce
plan est tenu en permanence, tant au siège de l’entreprise qu’aux sièges des services
comptables importants de l’entreprise, à la disposition de ceux qui sont concernés par
lui (notamment le commissaire, le conseil d’entreprise, les agents des administra-
tions fiscales, ...).

La loi du 17 juillet 1975 stipule en son article 4, alinéa 4, que le Roi détermine la
teneur et la présentation d’un plan comptable minimum normalisé dont il définit le
contenu et le mode de fonctionnement des comptes y relatifs.

Il a fallu attendre l’arrêté royal du 7 mars 1978 pour que pareil plan soit imposé aux
entreprises et l’arrêté royal du 12 septembre 1983 pour que l’établissement d’un nou-
veau plan comptable minimum normalisé remplace celui de 1978. De légères modi-
fications sont encore intervenues ultérieurement et ont encore été apportées en fonc-
tion de l’arrêté royal portant sur les fusions et scissions (3 décembre 1993).

Comme indiqué dans le rapport au Roi précédant l’arrêté relatif au plan comptable
minimum normalisé, la préoccupation suivante a été à la base de la conception de ce
plan: assurer que le bilan et le compte de résultats procèdent sans addition ou omis-
sion de la balance des comptes établie après mise en concordance de ceux-ci avec les
données de l’inventaire.

76
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

Ce même lien n’est pas imposé par ledit article 5 quant aux données à mentionner
dans l’annexe. Il a néanmoins été indiqué de prévoir, dans le plan comptable mini-
mum normalisé, l’introduction des comptes pour certaines des données de l’annexe,
celles qui font généralement l’objet d’un traitement comptable.

Le plan comptable minimum normalisé respecte les principes de base du plan comp-
table général belge de 1964.

Il est:
1. Réservé uniquement à la COMPTABILITE GENERALE des entreprises;
2. Constitué de CLASSES HOMOGENES;
3. De CONCEPTION SIMPLE ET CLAIRE;
4. ADAPTABLE aisément aux conditions et aux besoins particuliers des diverses
branches d’activités;
5. Suffisamment SOUPLE pour suivre les nouveaux développements de la techni-
que comptable.
Le plan comptable minimum normalisé ne constitue donc pas un carcan pour l’entre-
prise. Sa consécration par voie réglementaire a offert l’avantage de clarifier et d’uni-
fier les concepts comptables et la nomenclature des comptes.

Le plan comptable minimum normalisé comprend les comptes de la comptabilité


générale, c’est-à-dire celle qui enregistre les mouvements conduisant au bilan et au
compte de résultats.

La grande diversité des opérations internes intervenant dans la fabrication et la com-


mercialisation de produits ne permet pas l’intégration des comptes de la comptabilité
analytique d’exploitation dans le plan comptable minimum normalisé. Cette compta-
bilité comporte un ensemble de comptes ayant pour objet de suivre les conditions
internes de l’exploitation, notamment par l’analyse des charges, de leur évolution et
de leur comparaison avec des prévisions ou des normes. Ces comptes doivent refléter
notamment les analyses des coûts, les coûts de revient, les produits des ventes, pré-
sentés selon les diverses optiques de gestion possibles et satisfaisant aux besoins de
la direction de l’entreprise.

Toutes ces analyses varient selon la nature des activités, la structure et l’importance
des entreprises. C’est à juste titre que la réglementation comptable laisse, dans ce
domaine, la plus grande liberté aux utilisateurs (voir article 2 de la loi du 17 juillet
1975).

Ceux-ci pourront, par l’utilisation des classes laissées libres dans le plan, articuler
une comptabilité analytique à la comptabilité générale par l’emploi de «doubles im-
putations». Ils pourront ainsi opter pour une comptabilité analytique d’exploitation
autonome ou s’en tenir, pour le calcul des coûts, à des moyens extracomptables et,
notamment, à l’établissement de décomptes d’exploitation.

Comme les comptes annuels doivent procéder sans addition ni omission de la balan-
ce des comptes établie après mise en concordance de ceux-ci avec les données de

77
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

l’inventaire, il est indispensable de prévoir dans le plan comptable des niveaux de


totalisation correspondant avec les éléments devant obligatoirement figurer aux comp-
tes annuels (schéma complet et abrégé des comptes à présenter à la Centrale des
bilans).

La balance est une pièce comptable à établir et à conserver pendant cinq ans.

c.6. Justification des opérations à enregistrer – Les pièces justificatives

Toute écriture comptable doit s’appuyer sur une pièce justificative (externe ou inter-
ne) datée. Elle doit porter un numéro de référence à rappeler lors de l’enregistrement
comptable de l’opération.

Nous rappelons ci-après l’importance de la pièce justificative, car, en effet, préala-


blement à l’analyse des différents postes de l’actif, du passif et des comptes de résul-
tats et des engagements de toutes natures de l’entreprise, il y a lieu de construire son
opinion sur le système comptable employé, l’enregistrement comptable et la tenue de
la comptabilité. Comme il a été rappelé ci-avant, les opérations comptables seront
inscrites sans retard, de manière fidèle et par ordre de dates dans un système de jour-
naux spécialisés (facturier d’entrée, de sortie, ...).

Les données déposées dans les journaux spécialisés seront introduites avec indica-
tion des différents comptes mis en mouvement par voie de centralisation dans le
journal central.

La justification des opérations à enregistrer sera faite par la pièce justificative:

1. Toute opération enregistrée en comptabilité doit être appuyée d’une pièce justifi-
cative datée et portant un indice de référence à celle-ci;

2. Ces pièces doivent être classées méthodiquement. L’entreprise utilisera, à cet ef-
fet, le mode de classement et le numérotage des pièces appropriés à son organisa-
tion comptable;

3. Les services comptables doivent refuser la comptabilisation d’opérations non jus-


tifiées par des documents probants, dûment signés par les organes de gestion de
l’entreprise. Leur attention sera particulièrement attirée sur les opérations justi-
fiées par des documents établis par l’entreprise et, notamment, sur les pièces comp-
tables relatives aux frais de déplacement et de réception, au paiement des com-
missions secrètes et de libéralités, aux mouvements relatifs à la constitution et
aux prélèvements sur les provisions pour risques et charges, aux attributions à
titres divers aux administrateurs, directeurs et associés de sociétés, à l’évaluation
des biens à l’inventaire, à l’enregistrement des engagements et revenus, aux opé-
rations financières et autres intervenants à l’intérieur du groupe, etc.;

4. Les pièces justificatives doivent être conservées, en original ou en copie, durant


dix ans. Le délai est réduit à trois ans pour les pièces qui ne sont pas appelées à
faire preuve à l’égard des tiers.

78
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

Exemples de pièces justificatives:

_ les factures fournisseurs, les factures aux clients, les pièces de caisse, de banque,
de CCP (= pièces de base);

_ ordres d’achat, bons de commande, bons de livraison (pièces justificatives com-


plémentaires aux pièces de base);

_ les opérations diverses reprenant les corrections des comptes avec explications de
ces corrections;

_ les écritures d’amortissements avec décision des taux à appliquer déterminées par
l’organe de gestion, les variations de stocks, les salaires et appointements, ...;

_ les balances des comptes particuliers clients et fournisseurs, avec la justification


des soldes de tous les comptes, les tableaux d’amortissements avec les états dé-
taillés; les copies des inventaires physiques, avec les méthodes d’évaluation adop-
tées en ce qui concerne les stocks, les encours de fabrication, les produits finis, ...

2.4.5.3. Contrôles mathématiques à effectuer

a. Régularité de la comptabilité

Doit-on prévoir les calculs de vraisemblance et d’égalité?

OUI, mais uniquement par le professionnel dans le cadre de sa fonction d’expert-


comptable ou de réviseur.

Comme les comptes annuels doivent procéder sans addition ni omission de la balan-
ce des comptes établie après mise en concordance de ceux-ci avec les données de
l’inventaire, il est indispensable de prévoir dans le plan comptable des niveaux de
totalisation correspondant avec les éléments devant obligatoirement figurer aux comp-
tes annuels (schéma complet et abrégé des comptes).

En vue de s’assurer de la régularité de la comptabilité tenue suivant les principes de


la comptabilité par parties doubles, on veillera à:

1. L’égalité entre le débit et le crédit de l’enregistrement de chaque opération comp-


table;
2. L’égalité du débit et du crédit de tout journal auxiliaire;
3. L’égalité de l’ensemble des pièces enregistrées et des journaux auxiliaires;
4. L’égalité entre le total des mouvements du débit et des mouvements du crédit de
la balance des comptes;
5. L’égalité des totaux des mouvements du débit et des totaux des mouvements du
crédit du grand livre des comptes;
6. L’égalité des totaux des journaux auxiliaires et des totaux du grand livre;
7. L’égalité du total des soldes du grand livre et du total des soldes de la balance;

79
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

8. L’égalité des totaux des mouvements et des soldes des comptes individuels (clients
– fournisseurs) et des totaux des mouvements et des soldes des comptes collectifs
correspondants;
9. Etc.

La vérification mathématique de ces mouvements et soldes est indispensable pour se


prononcer sur la régularité des enregistrements comptables des opérations de l’entre-
prise.

b. Ecriture récapitulative (centralisation des écritures)

La loi du 17 juillet 1975 prévoyait que toutes les données enregistrées dans les jour-
naux auxiliaires étaient introduites aux différents comptes mis en mouvement par
voie de centralisation dans un livre centralisateur unique.

Devant la difficulté d’interprétation correcte de cette présentation, une modification


du texte a été apportée par l’arrêté royal n° 22.

Dans le texte amendé, la centralisation ne relève plus comme telle et directement des
dispositions de la loi; elle répond quant à sa forme, quant à sa périodicité et quant au
degré de détail auquel elle est située, aux seuls impératifs de gestion de l’entreprise,
à la nature et à l’étendue de ses activités et, d’autre part, aux exigences découlant, le
cas échéant, de l’alinéa 4.

L’inscription au livre central (livre qui doit être visé et, le cas échéant, paraphé) n’a
d’autre but que d’assurer périodiquement l’irréversibilité des écritures; aussi, n’est-
elle prescrite que lorsque cette irréversibilité n’est pas déjà assurée par le fait que les
journaux auraient été soumis à ces mêmes formalités.

A cet effet, l’alinéa 3 nouveau prescrit, dans ce cas, l’inscription mensuelle au moins
dans le livre central d’une écriture de synthèse récapitulant l’ensemble des opéra-
tions enregistrées au cours de la période dans les journaux auxiliaires.

Pour rencontrer les difficultés d’interprétation auxquelles le texte ancien a donné


lieu, l’alinéa 4 nouveau indique les mentions que cette écriture récapitulative doit
comporter:

_ si la technique comptable adoptée par l’entreprise comporte l’inscription simul-


tanée des données dans les journaux auxiliaires et dans les comptes concernés,
elle comportera au minimum le total des mouvements enregistrés au débit et au
crédit dans chacun de ces journaux;

_ si tel n’est pas le cas, l’écriture récapitulative devra comporter le total des mou-
vements enregistrés dans l’ensemble des journaux auxiliaires, ventilés selon les
comptes généraux ou les rubriques de synthèse prévus au plan comptable de l’en-
treprise que ces mouvements ont concernés.

80
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

Par «rubrique de synthèse», il faut entendre les rubriques du plan comptable de l’en-
treprise qui, dans le plan comptable minimum normalisé, sont identifiées par un nombre
à deux chiffres ou qui, dans le plan comptable de l’entreprise, revêtent une importan-
ce comparable.

Cette inscription au livre central pourra être trimestrielle au moins, dans le cas des
petites entreprises visées à l’article 5 de la loi qui, malgré l’option qui leur est ouverte
par cet article de ne tenir qu’une comptabilité simplifiée, auraient décidé de tenir une
comptabilité complète.

Les dispositions relatives aux formalités de visa et de paraphe prévues à l’article 8


sont reprises dans l’arrêté royal du 12 septembre 1983 portant exécution de la loi du
17 juillet 1975.

Si la comptabilité est tenue par ordinateur, deux hypothèses peuvent être envisagées:

a. les opérations sont enregistrées méthodiquement par genre d’activités compta-


bles (ventes, achats, mouvements financiers, ...) et, dans ce cas, l’ordinateur sort
séparément des listings par genre d’activités (à considérer comme journaux spé-
cialisés);

b. Toutes les opérations sont enregistrées indifféremment de leur nature et l’ordina-


teur sort un listing reprenant l’ensemble des opérations (à considérer comme journal
auxiliaire unique).

Dans la première hypothèse, l’écriture récapitulative à porter au livre central com-


portera:

- mouvements du facturier de sortie X X


- mouvements du facturier d’entrée X X
- mouvements des opérations financières X X
- mouvements des opérations diverses X X

—- —-
TOTAL DES MOUVEMENTS DU MOIS X X

Dans la seconde hypothèse, l’écriture récapitulative à porter au livre central sera la


suivante:

- mouvements du journal auxiliaire du mois de X X

Les listings d’ordinateur constituent dans les deux hypothèses des PIECES JUSTIFI-
CATIVES datées, qui doivent être numérotées et être conservées. L’écriture ou les
écritures récapitulatives rappelleront le numéro des listings qui doivent être classés.

81
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

2.4.5.4. Démarche comptable aboutissant à la clôture des comptes annuels


a. Les écritures de fin d’exercice
Elles seront la résultante de l’inscription des données d’inventaire, des rectifications
éventuelles suite aux contrôles effectués et de l’affectation des résultats suivant pro-
position de l’organe de gestion sous condition suspensive d’approbation de l’assem-
blée générale.
Préalablement à la révision à effectuer sur les différents postes de l’actif, du passif,
du compte de résultats et des engagements, l’expert doit construire son opinion sur la
base du système comptable employé, l’enregistrement comptable et la tenue de la
comptabilité.
La justification des opérations enregistrées sera faite par la pièce justificative.
Il est à souligner que les opérations diverses reprenant les écritures de clôture doivent
être accompagnées d’un libellé permettant de donner l’explication succincte de la
justification de ces écritures.

La vérification systématique ou par sondage des pièces justificatives permettra de


justifier l’ensemble des comptes principaux. S’il échet, des rectifications seront pro-
posées à l’organe de gestion.

Suivant l’importance de la mission de l’expert, celui-ci vérifiera également l’existen-


ce des biens repris au bilan tels que les immobilisés, les stocks, les disponibles et la
réalité des éléments de passif.

La vérification de l’évaluation arrêtée par l’organe de gestion doit confirmer que la


valeur attribuée aux existences est réelle et qu’elle est établie suivant les dispositions
légales.

En dehors des écritures de redressement comptable, l’attention de l’expert sera atti-


rée principalement sur l’analyse, la justification et la réalité économique des postes
dont nous reproduisons ci-après une synthèse des éléments à prévoir pour l’établisse-
ment des comptes annuels définitifs. Il va de soi que l’expert devra proposer et discu-
ter l’ensemble des écritures avec l’organe de gestion.

L’attention de l’expert sera attirée sur les points particuliers suivants:


- plus-values dégagées (amortissements);
- mutation et cession d’immobilisé;
- amortissements exceptionnels;
- fixation des réserves immunisées sur cession.

Valorisation des inventaires


Fin de période suivant les règles d’évaluation:
- vérification du stock à rotation lente et des stocks obsolètes, de manière à déter-
miner les réductions de valeur à appliquer;

82
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

- vérification éventuelle des bénéfices pris en compte sur commandes en cours


d’exécution;
- passation des écritures.

Réduction de valeur à appliquer sur les postes d’actif, et notamment: extourne


des comptes clients présentant un risque d’irrécouvrabilité vers la rubrique des créances
douteuses. En conséquence, dotation aux réductions de valeur avec justification (let-
tre d’avocat, faillite, ...).

Tenir compte des factures à établir, c’est-à-dire établies la période suivante, mais
relatives à la période écoulée.

Tenir compte des prorata de frais, d’intérêts payés d’avance.

Détermination des provisions et impôts différés


- dotation, reprise, utilisation de la provision pour contestation d’impôts;
- dotation, reprise, utilisation de la provision pour grosses réparations, gros entre-
tien;
- dotation, reprise, utilisation de la provision pour litiges éventuels;
- dotation, reprise, utilisation de la provision pour garanties techniques;
- vérification des impôts différés (justification).

Tenir compte des factures à recevoir des fournisseurs dont les factures ont été reçues
la période suivante, mais qui sont relatives à la période écoulée.

Tenir compte des commissions, honoraires à payer, ...

Ajuster la provision:
- pour pécules de vacances employés: 18,80 % sur rémunérations brutes;
- pour pécules de vacances ouvriers: 10,27 % sur les 108/100e des salaires bruts, à
l’exception de la réglementation particulière concernant le secteur de la construc-
tion;
- tenir compte de la provision pour assurance-loi du quatrième trimestre au cas où
le décompte définitif n’est pas parvenu;
- tenir compte des assurances responsabilité civile;
- tenir compte de la provision pour gratifications concernant la période écoulée.
Tenir compte des prorata d’intérêts à payer auprès des organismes financiers.
Calculer et tenir compte de la charge fiscale estimée en déterminant la base imposa-
ble.
Affectation des résultats.

Détermination du tableau d’amortissements


Suivant le plan d’amortissements arrêté par le conseil d’administration et la vérifica-
tion de l’enregistrement des écritures comptables adéquates.

83
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

L’attention du réviseur sera attirée sur les points particuliers suivants:

- plus-values dégagées (amortissements);


- mutation et cession d’immobilisés;
- amortissements exceptionnels;
- fixation des réserves immunisées sur cession.

Vérification des factures à établir, c’est-à-dire établies la période suivante, mais


relatives à la période écoulée.

Vérification des prorata de frais, d’intérêts payés d’avance.

Détermination des provisions et impôts différés

- dotation, reprise, utilisation de la provision pour contestation d’impôts;


- dotation, reprise, utilisation de la provision pour grosses réparations, gros entre-
tien;
- dotation, reprise, utilisation de la provision pour litiges éventuels;
- dotation, reprise, utilisation de la provision pour garanties techniques;
- vérification des impôts différés (justification).

Vérification des factures à recevoir des fournisseurs dont les factures ont été re-
çues la période suivante, mais qui sont relatives à la période écoulée.

- vérification des commissions, honoraires à payer, ...

Vérification de l’ajustement de la provision:

- pour pécules de vacances employés: 18,80 % sur rémunérations brutes;


- pour pécules de vacances ouvriers: 10,27 % sur les 108/100e des salaires bruts, à
l’exception de la réglementation particulière concernant le secteur de la construc-
tion;
- vérification de la provision pour assurance-loi du quatrième trimestre au cas où le
décompte définitif n’est pas parvenu;
- vérification des assurances responsabilité civile;
- vérification de la provision pour gratifications concernant la période écoulée.

Vérification des prorata d’intérêts à payer auprès des organismes financiers.

Vérification du calcul de la charge fiscale estimée en déterminant la base impo-


sable.

Vérification de l’affectation des résultats en fonction des statuts et de l’applica-


tion du Code des sociétés.

84
LE ROLE DE L’EXPERT-COMPTABLE DANS LE CADRE DES POUVOIRS INDIVIDUELS D’INVESTIGATION
ET DE CONTROLE DES ASSOCIES

b. Démarche comptable aboutissant à l’établissement des comptes annuels


suivant sa nature Pièce justificative (qualité, ...)

imputée suivant PCMN (+
règles d’évaluation)
! importance de la pièce
justificative. Toute écriture
comptable s’appuie sur une
pièce justificative (probante)
suivant organisation comptable

F.E. F.S. O.D. .......

Centralisation suivant instructions

Grand livre des comptes généraux


Journal
Par informatique

central
1 écriture
débit/
crédit

par mois
Balance des comptes généraux

Mouvements débit/crédit doivent


correspondre au total

Stocks
Livre d’inventaire Ecriture d’inventaire + rectifications
affectations…

! Importance de la pièce
Balance des comptes généraux justificative.
Toute écriture comptable
s’appuie sur une pièce
justificative (probante)



COMPTES ANNUELS

Irréversibilité des doivent procéder directement


écritures


Contrôle de cohérence
Idem fournisseurs
clients
= technique de classement par nature d’opération permettant de
La comptabilité générale donner les résultats et le patrimoine de l’entreprise globalement

85
CHAPITRE 3.

LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE
SOCIETES
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

3.1. DISPOSITIONS LEGALES PERTINENTES

3.1.1. Dissolution et liquidation – généralités

Article 181 C. soc. – rapport de l’organe de gestion – état de la situation active et


passive – mission du professionnel

§ 1er. La proposition de dissolution d’une société coopérative à responsabilité limi-


tée, d’une société en commandite par actions, d’une société privée à responsabilité
limitée, d’une société européenne, d’une société coopérative européenne ou d’une
société anonyme fait l’objet d’un rapport justificatif établi par l’organe de gestion et
annoncé dans l’ordre du jour de l’assemblée générale appelée à statuer.

A ce rapport est joint un état résumant la situation active et passive de la société,


arrêté à une date ne remontant pas à plus de trois mois. Sauf dérogation motivée, cet
état est établi conformément aux règles d’évaluation fixées en exécution de l’article
92 pour les cas où la société renonce à poursuivre ses activités ou lorsque la perspec-
tive de continuité de ses activités ne peut être maintenue.

Le commissaire ou, à défaut, un réviseur d’entreprises ou un expert-comptable exter-


ne désigné par l’organe de gestion fait rapport sur cet état et indique, notamment, s’il
reflète complètement, fidèlement et correctement la situation de la société.

§ 2. Une copie des rapports et de l’état résumant la situation active et passive, visés
au § 1er, est adressée aux associés conformément aux articles 269, 381 et 535, suivant
le cas, s’il s’agit d’une société privée à responsabilité, d’une société coopérative,
d’une société anonyme ou d’une société en commandite par actions.

§ 3. La décision de l’assemblée générale prise en l’absence des rapports prévus par le


présent article est frappée de nullité.

§ 4. Avant de dresser l’acte authentique de la décision de dissolution de la société, le


notaire doit vérifier et attester l’existence et la légalité externe des actes et formalités
incombant, en vertu du § 1er, à la société auprès de laquelle il instrumente.

L’acte reproduit les conclusions du rapport établi conformément au § 1er par le com-
missaire ou par le réviseur d’entreprises ou par l’expert-comptable externe.

Article 182 C. soc. – dissolution judiciaire des sociétés qui ne sont plus actives

§ 1er. A la demande de tout intéressé ou du ministère public, le tribunal peut pronon-


cer la dissolution d’une société restée en défaut de satisfaire à l’obligation de déposer
les comptes annuels conformément aux articles 98 et 100 pour trois exercices consé-
cutifs, à moins qu’une régularisation de la situation ne soit possible et n’intervienne
avant qu’il soit statué sur le fond.

§ 2. L’action en dissolution visée au § 1er ne peut être introduite qu’à l’expiration


d’un délai de sept mois suivant la date de clôture du troisième exercice comptable.

89
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Cette action est dirigée contre la société.

La dissolution produit ses effets à dater de la décision qui la prononce.

Toutefois, elle n’est opposable aux tiers qu’à partir de la publication de la décision
prescrite par l’article 74 et aux conditions prévues par l’article 67, sauf si la société
prouve que ces tiers en avaient antérieurement connaissance.

§ 3. Le tribunal peut soit prononcer la clôture immédiate de la liquidation, soit déter-


miner le mode de liquidation et désigner un ou plusieurs liquidateurs. Lorsque la
liquidation est terminée, le liquidateur fait rapport au tribunal et, le cas échéant, lui
soumet une situation des valeurs sociales et de leur emploi.

Le tribunal prononce la clôture de la liquidation.

§ 4. Le Roi détermine la procédure de consignation des actifs qui appartiendraient à


la société et le sort de ces actifs en cas d’apparition de nouveaux passifs.

Article 183 C. soc. – conséquences de la mise en liquidation – modification de la


dénomination – transfert du siège

§ 1er. Les sociétés sont, après leur dissolution, réputées exister pour leur liquidation.

Toutes les pièces émanant d’une société dissoute mentionnent qu’elle est en liquida-
tion.

§ 2. Toute modification de la dénomination d’une société en liquidation est interdite.

§ 3. Une procédure de transfert du siège d’une société en liquidation ne peut être mise
à exécution qu’après homologation par le tribunal de commerce dans le ressort du-
quel se trouve le siège de la société.

L’homologation est sollicitée par voie de requête à la diligence du liquidateur.

Le tribunal statue toutes affaires cessantes. Le ministère public est entendu. Le tribu-
nal accorde l’homologation s’il estime que le transfert du siège est utile pour procé-
der à la liquidation.

Un acte portant transfert d’une société en liquidation ne peut être valablement déposé
conformément à l’article 74 que si le tribunal de commerce y joint une copie de la
décision d’homologation.

Article 184 C. soc. – mode de liquidation – confirmation de l’homologation du


liquidateur – motifs d’exclusion

§ 1er. A défaut de dispositions statutaires contraires, le mode de liquidation est déter-


miné par l’assemblée générale.

90
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Les liquidateurs n’entrent en fonction qu’après confirmation, par le tribunal de com-


merce, de leur nomination résultant de la décision prise par l’assemblée générale. Le
tribunal compétent est celui de l’arrondissement où la société a son siège le jour de la
décision de dissolution. Si le siège de la société a été déplacé dans les six mois précé-
dant la décision de dissolution, le tribunal compétent est celui de l’arrondissement où
la société avait son siège avant que celui-ci ne soit déplacé. Le tribunal n’accorde
confirmation de la nomination qu’après avoir vérifié que les liquidateurs offrent tou-
tes les garanties de probité. Le tribunal statue également sur les actes que le liquida-
teur a éventuellement accomplis entre sa nomination par l’assemblée générale et la
confirmation de cette nomination. Il peut confirmer ces actes de manière rétroactive,
ou les annuler s’ils constituent une violation manifeste des droits de tiers. Un acte
portant nomination d’un liquidateur ne peut être valablement déposé conformément
à l’article 74 que si le tribunal de commerce y joint une copie de la décision de
confirmation ou d’homologation.

Ne peuvent être désignés comme liquidateurs, ni les personnes qui ont été condam-
nées pour infraction aux articles 489 à 490bis du Code pénal ou pour vol, faux, con-
cussion, escroquerie ou abus de confiance, ainsi que tout dépositaire, tuteur, adminis-
trateur ou comptable, qui n’a pas rendu et soldé son compte en temps utile. Cette
exclusion ne peut intervenir que pour autant qu’elle advienne dans un délai de dix
ans, prenant cours à dater d’une décision définitive de condamnation ou de l’absence
de reddition et solde de compte en temps utile.

Ne peuvent non plus être nommées comme liquidateur, sauf homologation par le
tribunal compétent, les personnes qui ont été déclarées en faillite sans avoir obtenu la
réhabilitation et celles qui ont encouru une peine d’emprisonnement, même avec
sursis, pour l’une des infractions mentionnées à l’article 1er de l’arrêté royal n° 22 du
24 octobre 1934 relatif à l’interdiction judiciaire faite à certains condamnés et faillis
d’exercer certaines fonctions, professions ou activités, pour une infraction à la loi du
17 juillet 1975 relative à la comptabilité des entreprises ou à ses arrêtés d’exécution,
ou pour une infraction à la législation fiscale.

En cas de refus d’homologation ou de confirmation, le tribunal compétent désigne


lui-même le liquidateur, éventuellement sur proposition de l’assemblée générale.

Le tribunal de commerce est saisi par requête unilatérale de la société, déposée con-
formément aux articles 1025 et suivants du Code judiciaire. La requête est signée par
l’organe compétent de la société ou par un avocat et accompagnée d’un état compta-
ble de l’actif et du passif. Le tribunal statue au plus tard dans les vingt-quatre heures
du dépôt de la requête.

Le tribunal peut également être saisi par requête du procureur du Roi ou de tout tiers
intéressé, conformément aux articles 1034bis et suivants du Code judiciaire.

Dans les sociétés en nom collectif et dans les sociétés en commandite simple, les
décisions ne sont valablement prises que par l’assentiment de la moitié des associés
possédant les trois quarts de l’avoir social: à défaut de cette majorité, il est statué par
les tribunaux.

91
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Les liquidateurs forment un collège.

Au cas où le liquidateur est une personne morale, la personne physique qui représen-
te le liquidateur doit être désignée dans l’acte de nomination. Toute modification à la
désignation de cette personne physique doit être décidée conformément au présent
paragraphe, et déposée et publiée conformément à l’article 74, 2°.

§ 2. En cas de non-respect des articles 189bis et 190, § 1er, le tribunal compétent peut,
sur requête du ministère public ou de tout tiers intéressé, pourvoir au remplacement
du liquidateur après l’avoir entendu.

Article 185 C. soc. – pas de nomination d’un liquidateur


A défaut de nomination de liquidateurs, les associés gérants dans les sociétés en nom
collectif ou en commandite, les membres du conseil d’administration ou les mem-
bres du conseil de direction dans une société européenne ou une société coopérative
européenne et les administrateurs ou les gérants dans les sociétés anonymes, les so-
ciétés privées à responsabilité limitée, les sociétés coopératives et les groupements
d’intérêt économique, seront, à l’égard des tiers, considérés comme liquidateurs.

Il en va de même en cas de clôture immédiate de la liquidation conformément à


l’article 182.

Article 186 C. soc. – compétence du(des) liquidateur(s)


A défaut de disposition contraire dans les statuts ou dans l’acte de nomination, les
liquidateurs peuvent intenter et soutenir toutes actions, recevoir tous paiements, don-
ner mainlevée avec ou sans quittance, réaliser toutes les valeurs mobilières de la
société, endosser tous effets de commerce, transiger ou compromettre sur toutes con-
testations. Ils peuvent aliéner les immeubles par adjudication publique, s’ils jugent la
vente nécessaire pour payer les dettes sociales.

Article 187 C. soc. – compétence du(des) liquidateur(s)


Ils peuvent, mais seulement avec l’autorisation de l’assemblée générale, donnée con-
formément à l’article 184, continuer, jusqu’à réalisation, l’industrie ou le commerce,
emprunter pour payer les dettes sociales, créer des effets de commerce, hypothéquer
les biens, les donner en gage, aliéner les immeubles, même de gré à gré, et faire
apport du patrimoine dans d’autres sociétés.

Article 188 C. soc. – compétence du(des) liquidateur(s)


Les liquidateurs peuvent exiger des associés le paiement des sommes qu’ils se sont
engagés à verser et qui paraissent nécessaires au paiement des dettes et des frais de
liquidation.

Article 189 C. soc. – convocation obligatoire de l’assemblée générale


Les liquidateurs doivent convoquer l’assemblée générale des associés sur la deman-
de d’associés représentant le cinquième du capital social et ils doivent convoquer

92
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

l’assemblée générale des obligataires sur la demande d’obligataires représentant le


cinquième du montant des obligations en circulation.

Article 189bis C. soc. – état de la situation de la liquidation

Les liquidateurs transmettent au cours des sixième et douzième mois de la première


année de la liquidation un état détaillé de la situation de la liquidation au greffe du
tribunal de commerce dans l’arrondissement duquel se trouve le siège de la société.

Cet état détaillé, qui comporte notamment l’indication des recettes, des dépenses, des
répartitions, ainsi que de ce qu’il reste à liquider, est versé au dossier de liquidation
visé à l’article 195bis.

A partir de la deuxième année de la liquidation, cet état détaillé n’est transmis au


greffe et versé au dossier de liquidation que tous les ans.

Article 190 C. soc. – paiement des créanciers

§ 1er. Les liquidateurs, sans préjudice des droits des créanciers privilégiés, paieront
toutes les dettes, proportionnellement et sans distinction entre les dettes exigibles et
les dettes non exigibles, sous déduction de l’escompte pour celles-ci.
Ils pourront cependant, sous leur garantie personnelle, payer d’abord les créances
exigibles, si l’actif dépasse notablement le passif ou si les créances à terme ont une
garantie suffisante et sauf le droit des créanciers de recourir aux tribunaux.

Avant la clôture de la liquidation, les liquidateurs soumettent le plan de répartition de


l’actif entre les différentes catégories de créanciers pour accord au tribunal de com-
merce dans l’arrondissement duquel se trouve le siège de la société.

Le tribunal peut requérir du liquidateur tous renseignements utiles pour vérifier la


validité du plan de répartition.

§ 2. Après le paiement ou la consignation des sommes nécessaires au paiement des


dettes d’une société, les liquidateurs distribueront aux associés les sommes ou va-
leurs qui peuvent former des répartitions égales; ils leur remettront les biens qui auraient
dû être conservés pour être partagés.

Ils peuvent, moyennant l’autorisation indiquée en l’article 187, racheter les actions
de la société, soit à la bourse, soit par souscription ou soumission, auxquelles tous les
sociétaires seraient admis à participer.

Article 191 C. soc. – conflit d’intérêt dans le chef d’un liquidateur

Dans les sociétés anonymes, les sociétés européennes et les sociétés privées à res-
ponsabilité limitée, le membre du collège des liquidateurs qui a, directement ou indi-
rectement, un intérêt opposé de nature patrimoniale à une décision ou à une opération
soumise au collège, est tenu de se conformer aux articles 259 et 523, applicables par
analogie.

93
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Au cas où un seul liquidateur est nommé et qu’il se trouve dans cette opposition
d’intérêts, il en réfère aux associés et la décision ne pourra être prise ou l’opération
ne pourra être effectuée pour le compte de la société que par un mandataire ad hoc.

Si le liquidateur est l’associé unique d’une société privée à responsabilité limitée,


l’article 261 est applicable par analogie.

Article 192 C. soc. – responsabilité du liquidateur

Les liquidateurs sont responsables tant envers les tiers qu’envers les associés, de
l’exécution de leur mandat et des fautes commises dans leur gestion.

Article 193 C. soc. – comptes annuels

Chaque année, les liquidateurs soumettent à l’assemblée générale de la société les


comptes annuels avec l’indication des causes qui ont empêché la liquidation d’être
terminée.

S’il s’agit d’une société anonyme, d’une société européenne, d’une société coopéra-
tive européenne, d’une société coopérative, d’une société en commandite par actions
ou d’une société privée à responsabilité limitée, ils doivent établir des comptes an-
nuels conformément à l’article 92, les soumettre à l’assemblée générale et, dans les
trente jours de la date de l’assemblée et au plus tard sept mois après la date de clôture
de l’exercice, les déposer à la Banque nationale de Belgique, accompagnés des autres
documents prévus par le présent article; les articles 101 et 102 sont applicables à ce
dépôt.

Article 194 C. soc. – clôture de la liquidation

Après la liquidation et au moins un mois avant l’assemblée générale ou la réunion


des associés, les liquidateurs déposent un rapport sur l’emploi des valeurs sociales au
siège de la société et soumettent les comptes et pièces à l’appui. Ces rapports sont
contrôlés par le commissaire. A défaut d’un tel commissaire, les associés disposent
d’un droit individuel d’investigation, pour lequel ils peuvent se faire assister d’un
expert-comptable ou d’un réviseur d’entreprises.

L’assemblée entend le cas échéant le rapport du commissaire et statue sur la décharge


des liquidateurs.

Article 195 C. soc. – clôture de la liquidation

§ 1er. La clôture de la liquidation sera publiée conformément aux articles 67 et 73.

Cette publication contiendra en outre:

1° l’indication de l’endroit désigné par l’assemblée générale, où les livres et docu-


ments sociaux devront être déposés et conservés pendant cinq ans au moins;

94
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

2° l’indication des mesures prises en vue de la consignation des sommes et valeurs


revenant aux créanciers ou aux associés et dont la remise n’aurait pu leur être faite.

§ 2. Dans le cas d’une clôture judiciaire de la liquidation de la société, l’extrait de la


décision judiciaire passée en force de chose jugée ou exécutoire par provision pro-
nonçant la clôture judiciaire de la liquidation de la société, de même que l’extrait de
la décision judiciaire réformant le jugement exécutoire par provision précité, seront
publiés conformément aux articles 67 et 73.

Cet extrait contiendra:


1° la dénomination sociale et le siège social;
2° la date de la décision et la juridiction qui l’a prononcée;
3° le cas échéant, les noms, prénoms et adresses des liquidateurs; au cas où le liquida-
teur est une personne morale, l’extrait contiendra la désignation ou la modification à
la désignation de la personne physique qui la représente pour l’exercice des pouvoirs
de liquidation;
4° l’indication de l’endroit où les livres et documents sociaux sont déposés et seront
conservés, pendant cinq ans au moins et, l’indication de la consignation des sommes
et valeurs revenant aux créanciers ou aux associés et dont la remise n’aurait pu leur
être faite.

Article 195bis C. soc. – dossier de liquidation

Il est tenu au greffe, pour chaque liquidation, un dossier contenant:

1° le dossier visé à l’article 67, § 2;

2° la copie des rapports visés à l’article 181, § 1er;

3° une copie des états de liquidation visés à l’article 189bis;

4° les extraits des publications prévues aux articles 74, 2°, et 195;

5° le cas échant, la liste des homologations et des confirmations.

Tout intéressé peut prendre gratuitement connaissance du dossier et en obtenir copie


moyennant paiement des frais de greffe.

Article 196 C. soc. – dispositions pénales

Seront punis d’une amende de cinquante euros à dix mille euros:

1° les administrateurs ou gérants qui n’ont pas présenté le rapport spécial accompa-
gné du rapport du commissaire, du réviseur d’entreprises ou de l’expert-comptable
externe conformément à l’article 181;

95
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

2° les liquidateurs qui contreviennent à l’une des obligations des articles 81, 82, 83,
1°, 84 à 87, 95 et 96;

3° les liquidateurs qui ont négligé de convoquer l’assemblée générale conformément


à l’article 189 dans les trois semaines de la réquisition qui leur en a été faite;

4° les liquidateurs qui négligent de soumettre à l’assemblée générale les comptes


annuels ou les résultats de la liquidation, conformément aux articles 193 et 194;

5° les liquidateurs qui négligent de transmettre au greffe du tribunal de commerce


dans l’arrondissement duquel se trouve le siège de la société l’état détaillé de la situa-
tion de la liquidation, conformément à l’article 189bis.

Si la violation des dispositions visées à l’alinéa 1er, 2°, a lieu dans un but frauduleux,
ils peuvent en outre être punis d’un emprisonnement d’un mois à un an ou de ces
deux peines cumulées.

3.1.2. Dispositions propres à la SPRL

Article 343 C. soc.

Sauf dispositions contraires des statuts, les sociétés privées à responsabilité limitée
sont constituées pour une durée illimitée.
Si une durée est fixée, l’assemblée générale peut décider, dans les formes prescrites
pour la modification des statuts, la prorogation pour une durée limitée ou illimitée.
La dissolution de la société à durée limitée ou illimitée peut être demandée en justice
pour de justes motifs. En dehors de ce cas, la dissolution de la société ne peut résulter
que d’une décision prise par l’assemblée générale dans les formes prescrites pour la
modification des statuts. Les articles 39, 5°, et 43 ne sont pas applicables.

Article 344 C. soc.

En cas de décès de l’associé unique et à défaut de tout successible, la succession sera


acquise à l’état et la société sera dissoute de plein droit.

Dans ce cas, le président du tribunal de commerce désignera un liquidateur à la re-


quête de tout intéressé. Les articles 1025 à 1034 du Code judiciaire sont d’applica-
tion.

3.1.3. Dispositions propres à la SC

Article 386 C. soc.

Sauf dispositions contraires des statuts, les règles suivantes sont applicables:
(...)

96
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

3° la dissolution de la société coopérative à durée limitée ou illimitée peut être de-


mandée en justice pour de justes motifs. En dehors de ce cas, la dissolution de la
société ne peut résulter que d’une décision prise par l’assemblée générale dans les
formes prescrites pour la modification des statuts. Les articles 39, 5°, et 43 ne sont
pas applicables à la dissolution de la société coopérative.

3.1.4. Dispositions propres à la SA

Article 645 C. soc.

Sauf dispositions contraires des statuts, les sociétés anonymes sont constituées pour
une durée illimitée. Si une durée est fixée, l’assemblée générale peut décider, dans
les formes prescrites pour la modification des statuts, la prorogation pour une durée
limitée ou illimitée.

La dissolution de la société à durée limitée ou illimitée peut être demandée en justice


pour de justes motifs. En dehors de ce cas, la dissolution de la société ne peut résulter
que d’une décision prise par l’assemblée générale dans les formes prescrites pour la
modification des statuts. Les articles 39, 5°, et 43 ne sont pas applicables à la dissolu-
tion de la société anonyme.

3.1.5. Dispositions propres à la SCA

Article 657 C. soc.

Les dispositions relatives aux sociétés anonymes sont applicables aux sociétés en
commandite par actions, sauf les modifications indiquées dans le présent livre ou
celles qui résultent du livre XII.

3.2. LES ASPECTS JURIDIQUES ET COMPTABLES

3.2.1. Introduction

Par Joseph VAN WEMMEL


Expert-comptable externe, réviseur d’entreprises

La «loi de réparation» du 13 avril 1995 modifiant les lois coordonnées sur les socié-
tés commerciales a profondément changé la façon dont les sociétés sont dissoutes et
liquidées.

L’obligation de faire établir, préalablement à la décision de dissolution de l’assem-


blée générale, un rapport de contrôle par le commissaire ou, à défaut, par un réviseur
d’entreprises ou un expert-comptable externe, a ainsi, entre autres, été introduite.

97
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Ce rapport doit se baser sur un état résumant la situation active et passive de la socié-
té établi sous la responsabilité de l’organe de gestion et arrêté à une date ne remontant
pas à plus de trois mois précédant la passation de l’acte notarié décidant de la disso-
lution (1). Cette innovation constituait une première mesure de contrôle en vue d’évi-
ter les abus par rapport à la loi sur les faillites.

Assez curieusement, l’article 181, § 4, C. soc. dispose que seules les conclusions du
rapport établi par le professionnel doivent être reproduites dans l’acte notarié déci-
dant de la dissolution, contrairement à d’autres missions légales (2) pour lesquelles le
rapport complet du professionnel doit être annexé à l’acte.

La loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés, en vue d’améliorer la procédure
de liquidation (3), a apporté des précisions dans ce domaine, et tend à octroyer da-
vantage de contrôle et de pouvoir aux tribunaux de commerce dans la procédure de
liquidation.

Le nouvel article 195bis C. soc. stipule ainsi que le rapport de contrôle du profession-
nel doit intégralement être reproduit dans le dossier de liquidation.

Le phénomène de la «liquidation de sociétés» a déjà fait l’objet d’une jurisprudence


très divergente, la Cour de cassation ayant même jugé à un certain moment que lors-
qu’une société est mise en liquidation, elle ne peut, après six mois, plus être déclarée
en faillite.

Dans son arrêt du 17 juin 1994, la Cour de cassation (4) a mis en pièces la théorie
selon laquelle une société en liquidation ne peut plus être déclarée en faillite après
l’expiration d’une période de six mois depuis sa mise en liquidation. La Cour consi-
dérait dans cet arrêt «qu’en vertu de l’article 178 des lois coordonnées sur les socié-
tés commerciales (actuel article 183, § 1er, C. soc.), une société commerciale est,
après sa dissolution, réputée exister pour sa liquidation […] que la société qui est
dissoute et qui est mise en liquidation ne perd pas son caractère commercial détermi-
né par son objet statutaire mais, au contraire, conserve ce caractère jusqu’à sa liqui-
dation totale […] que l’interdiction de déclarer un commerçant en faillite plus de six
mois après la cessation de son commerce ne peut s’appliquer à une société commer-
ciale dissoute dont la liquidation n’est pas clôturée.»

(1) Art. 181, § 1er, C. soc.; E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13
avril 1995, Bruxelles, IEC, 1995, pp. 30-31; B. TILLEMAN, Ontbinding van vennootschappen, Kal-
mthout, Biblo, 1997, p. 63, n° 82.
(2) Voir art. 783 C. soc. relatif à la transformation de sociétés.
(3) M.B., 26 juin 2006.
(4) Cass., AR C.93.0503.N, 17 juin 1994 (Faillite Lederstanding Valentine N.V. / Lederstanding N.V. en
liquidation, Markant B.V.B.A.) http://www.cass.be (18 octobre 2001), A.J.T., 1994-95, p. 44, note, Arr.
Cass., 1994, p. 637, concl. Y. BRESSELEERS, Bull., 1994, 624, D.A.O.R., .1994, n° 32, p. 93, note D.
PHILIPPE, J.D.S.C., 2000 (synthèse), p. 392, note M. DELVAUX, J.T., 1995, p. 27, Pas., 1994, I, p. 624,
R.W., 1994-95, p. 561, concl. Y. BRESSELEERS, Rev. prat. soc., 1994, p. 415, concl. Y. BRESSELEERS,
W. DERIJCKE, T. Not., 1995, p. 245, T.B.H., 1994, p. 876, note P. GERARD, T.R.V., 1994, p. 598, note P.
TERMOTE.

98
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

L’article 2 de la loi du 8 août 1997 sur les faillites dispose également que la personne
morale dissoute peut être déclarée en faillite jusqu’à six mois après la clôture de la
liquidation.

La jurisprudence a également répondu de manières différentes à la question de savoir


si une liquidation peut être «déficitaire». Un récent arrêt de la Cour de cassation (5)
admet la liquidation déficitaire à condition que les créanciers maintiennent leur con-
fiance en la liquidation et aux liquidateurs.

3.2.2. Les aspects juridiques

3.2.2.1. La phase qui précède la décision de dissolution

Par Rutger VAN BOVEN,


Conseiller juridique

a. L’obligation d’établir un rapport spécial: champ d’application de l’article 181 C.


soc.

L’article 181 C. soc. impose une série d’obligations particulières qui précèdent la
décision de dissolution volontaire. L’article 181 C. soc. (anciennement l’article 178bis
LCSC) a été introduit par la loi du 13 avril 1995.

L’article 181 C. soc. ne s’applique qu’à la SCRL, la SCA, la SPRL, la SE, la SCE et
la SA. La SNC, la SCS, la SCRI, la société agricole et le groupement d’intérêt écono-
mique échappent par conséquent au champ d’application de l’article 181 C. soc.

L’article 181 C. soc. ne s’applique qu’à la dissolution volontaire d’une société et non
à la dissolution judiciaire et à la dissolution de plein droit (6). Dans ce sens, on se
référera à une décision du président du tribunal de commerce de Mons (7), qui jugea
qu’il y avait fraude à la loi, en ce que les statuts de la société avaient été modifiés – de
durée indéterminée à durée déterminée – et que la société avait été dissoute le lende-
main de la modification des statuts, de sorte qu’elle avait été soustraite aux obliga-
tions de l’article 181 C. soc.

(5) Cass., 6 mars 2003, T.R.V., 2003, 413.


(6) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 181 W. Venn.», février 2001, in Vennootschappen en verenigin-
gen. Commentaar met overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Malines, Kluwer, p. 7, n° 6; Ph. JEHASSE,
Manuel de la liquidation, Bruxelles, Wolters Kluwer Belgique, 2004, p. 594, n° 1158; H. BRAECK-
MANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», H. BRAECKMANS, H. COUSY, E.
DIRIX, B. TILLEMAN et M. VANMEENEN (eds.), Curatoren en vereffenaars: actuele ontwikkelingen,
Anvers, Intersentia, 2006, p. 193, n° 5.
(7) Trib. comm. Mons, 14 juillet 2000, T.R.V., 2000, p. 389 et s., note de R. TAS; voyez également M.
CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 181 W. Venn.», l.c., p. 8, n° 6; H. BRAECKMANS, «Vereffening van
vennootschappen buiten faillissement», l.c., p. 193, n° 5.

99
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

L’article 181 C. soc. touche à l’ordre public (8). En effet, cette disposition n’a pas été
introduite uniquement dans le but d’informer correctement les actionnaires, mais
également pour permettre au liquidateur de disposer d’un état résumant fidèlement la
situation active et passive (9). Bien que le liquidateur ne soit pas le représentant des
créanciers, il doit néanmoins agir dans leur intérêt. Il ne serait dès lors pas conceva-
ble que les actionnaires, dont les intérêts ne sont pas toujours similaires à ceux des
créanciers dans le cadre d’une liquidation, puissent renoncer à l’application de l’arti-
cle 181 C. soc. En outre, le non-respect de l’article 181 C. soc. est sanctionné pénale-
ment (10).
Les statuts ne peuvent par conséquent déroger à l’article 181 C. soc. Les actionnaires
ne peuvent pas non plus renoncer valablement à l’obligation d’établir un rapport
spécial, prévue à l’article 181 C. soc., pas même s’ils sont tous présents et prennent à
ce sujet une décision à l’unanimité.

b. L’application de l’article 181 C. soc. dans le cadre de la procédure d’alarme

Conformément à l’article 633 C. soc. (11), l’assemblée générale doit délibérer et


statuer sur la dissolution de la société au cas où, par suite de perte, l’actif net de la
société est réduit à un montant inférieur à la moitié du capital social. Le cas échéant,
le conseil d’administration justifie ses propositions dans un rapport spécial tenu à la
disposition des actionnaires au siège de la société. Si le conseil d’administration pro-
pose la poursuite des activités, il expose dans son rapport les mesures qu’il compte
adopter en vue de redresser la situation financière de la société.

La question se pose de savoir si l’article 181 C. soc. trouve à s’appliquer si le conseil


d’administration propose la dissolution de la société dans le cadre de la procédure
d’alarme, ou si l’assemblée générale décide de dissoudre la société malgré que le
conseil d’administration ait proposé des mesures de redressement.

Dans le cas où le conseil d’administration propose la dissolution de la société, il


convient, selon nous (12), d’admettre que l’article 181 C. soc. trouve à s’appliquer de

(8) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, Bruxelles,
IEC, 1995, p. 39; F. BOUCKAERT, Notarieel vennootschapsrecht N.V. en B.V.B.A., Anvers, Kluwer, 2000,
p. 906, n° 18.22/1; M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 181 W. Venn.», l.c., pp. 24-25, n° 33; Ph.
JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 75-76, n° 99; voyez en sens contraire: B. TILLEMAN,
Ontbinding van vennootschappen, Kalmthout, Biblo, 1997, p. 69, n° 103: qui déclare que l’art. 178bis C.
soc. (actuellement l’art. 181 C. soc.) n’est qu’impératif.
(9) Doc. parl., Sén., 1993-1994, n° 1086/2, p. 405.
(10) R. VAN BOVEN et L. DHAENE, «Drijfveren voor de oprichting van een vennootschap met rechts-
persoonlijkheid: is er nog plaats voor de wilsvrijheid van partijen?», B. TILLEMAN, A. BENOIT-MOU-
RY, O. CAPRASSE et N. THIRION (eds.), La constitution de sociétés et la phase de démarrage d’entre-
prises, Bruges, La Charte, 2003, p. 16, n° 20: La présence d’une sanction pénale est une indication impor-
tante qu’une disposition est d’ordre public.
(11) Pour la SA; art. 332 C. soc. (SPRL); art. 431 C. soc. (SCRL); art. 657 C. soc. (SCA).
(12) Dans le même sens: C. VAN SANTVLIET, «Artikel 103 van de vennootschappenwet (de alarmbel-
procedure): een stand van zaken», T.B.H., 1997, pp. 603-604, nos 32-34; B. TILLEMAN, Ontbinding van
vennootschappen, o.c., pp. 89-90, n° 152; E. DE BIE et G. BATS, «Ontbinding en vereffening», in Statu-
.../...

100
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

manière cumulée avec les règles relatives à la procédure d’alarme. La législation


spéciale (article 633 C. soc.) ne s’applique en effet que pour autant qu’elle déroge au
droit commun (article 181 C. soc.). Cela signifie que le conseil d’administration ne
devra pas, le cas échéant, établir de rapport spécial de gestion, puisqu’un tel rapport
a déjà dû être rédigé dans le cadre de la procédure d’alarme (13). L’organe de gestion
devra toutefois présenter un état résumant la situation active et passive, arrêté à une
date ne remontant pas à plus de trois mois, ainsi qu’un rapport de contrôle du com-
missaire ou, à défaut, d’un réviseur d’entreprises ou d’un expert-comptable externe.

Dans le cas où le conseil d’administration propose des mesures de redressement, la


majorité de la doctrine (14) admet que l’état résumant la situation active et passive et
le rapport de contrôle ne doivent pas être rédigés et joints aux convocations (confor-
mément à l’article 181 C. soc.). Si l’assemblée générale décide le cas échéant de
dissoudre la société, l’assemblée sera reportée afin de permettre à l’organe de gestion
de respecter les obligations prévues à l’article 181 C. soc. (15). Certains auteurs (16)
estiment toutefois que dans l’hypothèse précitée, un état résumant la situation active
et passive et un rapport de contrôle doivent être rédigés et joints aux convocations
(conformément à l’article 181 C. soc.). L’article 633 C. soc. stipule en effet que l’as-
semblée générale doit être convoquée en vue de «délibérer et de statuer sur la disso-
lution éventuelle de la société et éventuellement d’autres mesures annoncées dans
l’ordre du jour». Comme il ne peut être statué valablement sur la dissolution de la
société si le rapport spécial ou l’état résumant la situation active et passive font dé-
faut, ces documents doivent être disponibles lors de la première assemblée générale.

tenwijziging doorgelicht, Bruges, La Charte, 1999, pp. 90-91; F. BOUCKAERT, «Notarieel vennoots-
chapsrecht: capita selecta», T. Not., 2004, p. 626, n° 48; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p.
76, n° 100; J. MALHERBE, Ph. LAMBRECHT, Ph. MALHERBE, Précis de droit des sociétés, Bruxel-
les, Bruylant, 2004, p. 698, n° 1162; P. HAINAUT-HAMENDE et G. RAUCQ, Les sociétés anonymes.
Constitution et fonctionnement, Bruxelles, Larcier, 2005, p. 692, n° 556; S. DE SCHRIJVER, «l’article
633 C. Soc.», 12 avril 2007, Commentaire systématique du Code des sociétés, Bruxelles, éditions Kluwer,
pp. 15-16, nos 35-37; voyez également à la fin de ce chapitre: paragraphe 1.2.2. des Normes de contrôle à
opérer lors de la proposition de dissolution d’une société dont la responsabilité est limitée.
(13) Voyez en sens contraire: P. HAINAUT-HAMENDE et G. RAUCQ, Les sociétés anonymes. Constitu-
tion et fonctionnement, o.c., p. 692, n° 556.
(14) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 36; B.
TILLEMAN, Ontbinding van vennootschappen, o.c., p. 90, n° 152; M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel
181 W. Venn.», l.c., p. 24, n° 32; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 76-77, n° 100; P.
HAINAUT-HAMENDE et G. RAUCQ, Les sociétés anonymes. Constitution et fonctionnement, o.c., p.
692, n° 556; voyez également à la fin de ce chapitre: paragraphe 1.2.2. des Normes de contrôle à opérer
lors de la proposition de dissolution d’une société dont la responsabilité est limitée.
(15) L’art. 181 C. soc. n’a en effet pas été introduit uniquement dans le but d’informer correctement les
actionnaires, mais également pour permettre au liquidateur de disposer d’un état résumant fidèlement la
situation active et passive. S’il est éventuellement possible de soutenir que les actionnaires ne doivent pas
être informés lorsqu’ils prennent eux-mêmes l’initiative de dissoudre la société, le fait que les actionnaires
prennent eux-mêmes cette initiative n’enlève rien à la nécessité pour le liquidateur de disposer d’un état
résumant fidèlement la situation active et passive.
(16) S. DE SCHRIJVER, «Artikel 633 W. Venn.», décembre 2002, in Vennootschappen en verenigingen.
Artikelsgewijze commentaar met overzicht van rechtspraak en rechtsmeer, Malines, Kluwer, p. 17, n° 40;
E. DE BIE et G. BATS, «Ontbinding en vereffening», l.c., p. 91.

101
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

c. Rapport de l’organe de gestion

Conformément à l’article 181, § 1er, alinéa 1er, C. soc., la proposition de dissolution


doit être commentée dans un rapport de l’organe de gestion. Ce rapport est inscrit à
l’ordre du jour de l’assemblée générale appelée à statuer sur la dissolution.

La loi ne donne aucune indication concernant le contenu du rapport de gestion. On


considère généralement que le rapport doit au moins mentionner les motifs de la
dissolution et ses effets (17).

Les motifs d’une dissolution volontaire peuvent être variés: désaccord entre les asso-
ciés, difficultés d’ordre économique dans le secteur au sein duquel la société est acti-
ve, volonté de cesser les activités, ... (18)

Au niveau des effets de la dissolution, il y a lieu de les analyser tant pour les action-
naires (remboursement ou non de l’apport, bonus de liquidation, libération du capital
non encore appelé) que pour les tiers – en particulier les créanciers de la société et les
travailleurs – (caractère déficitaire de la liquidation, cession de l’entreprise en activi-
té, fermeture de l’entreprise, licenciement collectif, ...) (19).

d. Etat résumant la situation active et passive

Un état résumant la situation active et passive est joint au rapport de l’organe de


gestion, arrêté à une date ne remontant pas à plus de trois mois avant l’assemblée
générale qui statue sur la dissolution (20). Ce délai de trois mois vaut également si
l’assemblée générale statuant sur la dissolution est reportée (parce que le quorum des
présences n’a pas pu être atteint lors de la première assemblée générale) (21).

«La possibilité existe de déroger à l’article 28, § 2, de l’arrêté royal du 30 janvier


2001, lorsqu’il y a poursuite prévue de l’activité économique s’étalant sur une pério-
de de plus d’un an. Cette situation n’empêche pas l’application des règles de discon-

(17) B. TILLEMAN, Ontbinding van vennootschappen, o.c., p. 62, n° 78; M. CORYNEN et E. DE BIE,
«Artikel 181 W. Venn.», l.c., p. 9, n° 8; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 595, n° 1160; H.
BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», l.c., p. 194, n° 8.
(18) B. TILLEMAN, Ontbinding van vennootschappen, o.c., p. 62, n° 78; M. CORYNEN et E. DE BIE,
«Artikel 181 W. Venn.», l.c., p. 9, n° 9; H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten
faillissement», l.c., p. 194, n° 8.
(19) B. TILLEMAN, Ontbinding van vennootschappen, o.c., p. 62, n° 78; M. CORYNEN et E. DE BIE,
«Artikel 181 W. Venn.», l.c., pp. 9-10, n° 10; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 595-596,
n° 1160.
(20) K. VAN HULLE, «Bepalingen inzake het commissariaat, de openbaarmaking van de jaarstukken, de
jaarrekening en het jaarverslag», in JAN RONSE INSTITUUT (ed.), De nieuwe Vennootschapswetten van 7 en 13
april 1995, Kalmthout, Biblo, 1995, p. 248; B. TILLEMAN, Ontbinding van vennootschappen, o.c., p. 63,
n° 82; M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 181 W. Venn.», l.c., pp. 11-12, n° 13; Ph. JEHASSE, Manuel
de la liquidation, o.c., p. 600, n° 1166; H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten
faillissement», l.c., p. 195, n° 10.
(21) B. TILLEMAN, Ontbinding van vennootschappen, o.c., p. 64, n° 83; Ph. JEHASSE, Manuel de la
liquidation, o.c., p. 600, n° 1166.

102
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

tinuité et l’article 28, § 2, doit être appliqué en tenant compte des dispositions pré-
vues par l’article 29 afin de pouvoir respecter les prescrits de l’article 24, ce qui
laissera le sous-ensemble utile à l’exploitation avec des règles équivalentes à celles
qui existent en continuité. Dans l’hypothèse des tenants qui est le maintien des règles
de continuité, ils devront le faire dans le respect de l’article 30 de l’arrêté royal du 30
janvier 2001, qui lui prévoit que «Les règles d’évaluation visées à l’article 28, § 1er,
et leur application doivent être identiques d’un exercice à l’autre. Toutefois, elles
sont adaptées au cas où, notamment à la suite d’une modification importante des
activités de la société, de la structure de son patrimoine ou des circonstances écono-
miques ou technologiques, les règles d’évaluation antérieurement suivies ne répon-
dent plus au prescrit de l’article 24, alinéa 1er». C’est ainsi que, si l’on suit la posi-
tion de l’un ou de l’autre, l’on doit arriver à une situation active et passive semblable.
Il est important de rappeler que chaque élément du patrimoine fait l’objet d’une éva-
luation distincte conformément à l’article 31 de l’arrêté royal du 30 janvier 2001. Dès
lors, on peut, en vertu de l’article 181 C. soc., dispenser certains éléments formant
tout ou partie des actifs de l’application de l’article 28, § 2, si l’on possède pour ceux-
ci la certitude juridique que la valeur comptable correspondra à la valeur de réalisa-
tion: par exemple, lorsque l’on possède une convention de rachat, etc.» (22)

e. Rapport de contrôle du réviseur d’entreprises ou de l’expert-comptable externe

Conformément à l’article 181, § 1er, dernier alinéa, C. soc., le commissaire ou, à


défaut, un réviseur d’entreprises ou un expert-comptable externe désigné par l’orga-
ne de gestion fait rapport sur cet état résumant la situation active et passive, et indi-
que notamment s’il reflète complètement, fidèlement et correctement la situation de
la société.

L’Institut des Experts-comptables et des Conseils fiscaux (IEC) et l’Institut des Révi-
seurs d’entreprises (IRE) ont élaboré des normes de contrôle communes pour l’exé-
cution de cette mission. Ces normes ont été reprises plus loin dans cet ouvrage.

f. Sanctions en cas d’absence des rapports spéciaux

Conformément à l’article 181, § 3, C. soc., la décision de l’assemblée générale rela-


tive à la dissolution de la société est frappée de nullité si le rapport spécial de gestion
et/ou le rapport de contrôle de l’expert-comptable externe/du réviseur d’entreprises
font défaut.

La procédure et les effets de la nullité sont déterminés aux articles 178 à 180 C. soc.
Cela signifie notamment que:

(22) Extrait de l’article de C. JANSSENS et J.G. DIDIER, «Règles d’évaluation de l’état de la situation
active et passive en discontinuité prévu dans le cadre de l’application de l’article 181 C. soc.», R.B.C.,
OECCBB, 12/2007.

103
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

– la nullité doit être demandée au tribunal de commerce (23);


– la nullité peut être réclamée par tout intéressé (24);
– en principe, la nullité a un effet rétroactif: lorsque la nullité est susceptible de
porter atteinte aux droits acquis de bonne foi par un tiers à l’égard de la société
sur la base de la décision de l’assemblée, le tribunal peut déclarer sans effet la
nullité à l’égard de ces tiers, sous réserve du droit des demandeurs à des domma-
ges-intérêts (25).

La méconnaissance des obligations en matière de rapports qui sont prévues à l’article


181 C. soc. est également sanctionnée pénalement. Ainsi, les administrateurs ou gé-
rants qui n’ont pas présenté le rapport spécial accompagné du rapport du commissai-
re, du réviseur d’entreprises ou de l’expert-comptable externe, conformément à l’ar-
ticle 181 C. soc., sont punis d’une amende de 50 à 10 000 EUR (26).

Enfin, le non-respect de l’article 181 C. soc. peut engager la responsabilité des admi-
nistrateurs pour violation des dispositions du Code des sociétés (27).

g. Information des actionnaires

Selon l’article 181, § 2, C. soc., une copie des rapports (rapport spécial de gestion et
rapport de contrôle) et de l’état résumant la situation active et passive est adressée
aux associés conformément aux articles 269 (SPRL), 381 (SCRL) ou 535 (SA – SCA)
C. soc.

h. Rôle du notaire

L’article 181, § 4, C. soc. prescrit que le notaire atteste, après vérification, l’existence
et la légalité externe des actes et formalités incombant à la société en vertu du § 1er.
Le notaire ne doit pas se soucier de la légalité interne des actes (28). Il doit donc
uniquement vérifier si les rapports prescrits et l’état résumant la situation active et
passive sont présents et si ces rapports satisfont formellement aux prescrits légaux
(e.a., la signature).

Les conclusions du rapport de contrôle doivent être reprises dans l’acte notarié con-
tenant la décision de dissolution (29).

(23) Art. 178 C. soc.


(24) Art. 178 C. soc.
(25) Art. 180 C. soc.
(26) Art. 196, 1°, C. soc.
(27) Art. 528 C. soc. (SA); art. 263 C. soc. (SPRL); art. 408, alinéa 2, C. soc. (SCRL); art. 657 C. soc.
(SCA).
(28) B. TILLEMAN, Ontbinding van vennootschappen, o.c., p. 68, n° 99; M. CORYNEN et E. DE BIE,
«Artikel 181 W. Venn.», l.c., p. 19, n° 24; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 78, n° 102; H.
BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», l.c., p. 198, n° 16.
(29) Art. 181, § 4, alinéa 2, C. soc.

104
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

i. Obligations en matière de publication


Une copie du rapport spécial de gestion et du rapport de contrôle doit être déposée
dans le dossier de liquidation au greffe du tribunal de commerce (30). Tout intéressé
peut prendre gratuitement connaissance du dossier et en obtenir copie moyennant
paiement des frais de greffe (31).

3.2.2.2. La décision de dissolution


Par Rutger VAN BOVEN,
Conseiller juridique

a. Organe compétent
La décision de dissolution volontaire incombe exclusivement à l’assemblée générale
(32).

b. Exigences en matière de quorum


S’il s’agit de la dissolution volontaire d’une SA (33), d’une SCA (34), d’une SPRL
(35), d’une SCRL ou d’une SCRI (36), la décision de dissolution doit être prise selon
les règles applicables en cas de modification des statuts. Cela signifie qu’au moins la
moitié du capital social doit être représenté. Si ce n’est pas le cas, une deuxième
assemblée générale doit être convoquée, qui pourra décider quel que soit le quorum
des présences. La décision de dissolution doit par ailleurs réunir les trois quarts des
voix (37).

La SNC et la SCS ne peuvent en principe être dissoutes volontairement que par déci-
sion unanime de tous les associés (38). Les statuts peuvent toutefois prévoir que la
décision de dissolution est prise à la majorité (simple ou spéciale) des associés (39).

(30) Art. 195bis, alinéa 1er, 2°, C. soc.


(31) Art. 195bis, alinéa 2, C. soc.
(32) F. HELLEMANS, De algemene vergadering, Kalmhout, Biblo, 2001, p. 547, n° 498; art. 645, alinéa
2, C. soc. (SA); art. 343, alinéa 3, C. soc. (SPRL); art. 386, 3°, C. soc. (SCRL-SCRI).
(33) Art. 645, alinéa 2, C. soc.
(34) Art. 657 C. soc.: étant entendu qu’une modification des statuts, sauf dispositions statutaires contrai-
res, requiert également l’accord du (des) gérant(s).
(35) Art. 343, alinéa 3, C. soc.
(36) Art. 386, 3°, C. soc.
(37) Art. 558 C. soc. (SA); art. 286 C. soc. (SPRL); art. 382, alinéa 2, C. soc. (SCRL – SCRI): dans la
SCRL et la SCRI, les statuts peuvent déroger à ces quorums; art. 657 C. soc. (SCA).
(38) B. VAN BRUYSTEGEM, «Enkele aspecten van de vennootschap onder firma», in FÉDÉRATION ROYALE
DES NOTAIRES DE BELGIQUE (ed.), Miskende vennootschapsvormen, Anvers, Kluwer rechtswetenschappen,
1991, p. 29; B. TILLEMAN, Ontbinding van vennootschappen, o.c., p. 41; B. VAN BRUYSTEGEM,
Enkele aspecten van de vennootschap onder firma, de commanditaire vennootschap en de commanditaire
vennootschap op aandelen in het licht van het Wetboek van vennootschappen, Diegem, Ced. Samsom,
2001, p. 57.
(39) B. VAN BRUYSTEGEM, «Enkele aspecten van de vennootschap onder firma», l.c., p. 30; B. TILLE-
MAN, Ontbinding van vennootschappen, o.c., pp. 41-42; B. VAN BRUYSTEGEM, Enkele aspecten van
de vennootschap onder firma, de commanditaire vennootschap en de commanditaire vennootschap op
aandelen in het licht van het Wetboek van vennootschappen, o.c., p. 57.

105
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Le groupement d’intérêt économique ne peut être dissout qu’à l’unanimité des voix
(40).

Pour ce qui concerne la société agricole, la décision de dissolution est prise à l’unani-
mité des voix des associés gérants et à la majorité des trois quarts des voix des asso-
ciés commanditaires (41).

c. Forme

Pour ce qui concerne la SA, la SCA, la SPRL, la SCRL, la SE et la SCE, la décision


de dissolution doit être constatée de manière authentique. Conformément à l’article
66, dernier alinéa, C. soc., toute modification conventionnelle de l’acte constitutif
doit en effet, à peine de nullité, être faite en la forme requise pour cet acte. Comme la
dissolution de la société suppose une modification de l’acte constitutif et que les
formes de sociétés précitées ne peuvent être constituées que par acte authentique, la
décision de dissolution doit par conséquent être constatée par acte authentique (42).

Pour ce qui concerne la SNC, la SCS, la SCRI, le GIE et la S. Agr., la décision de


dissolution peut être prise par acte privé, même si ces sociétés ont été constituées par
acte authentique (43). Conformément à l’article 66, dernier alinéa, C. soc., toute mo-
dification conventionnelle de l’acte constitutif doit en effet, à peine de nullité, être
faite en la forme requise pour cet acte. Comme la dissolution de la société suppose
une modification de l’acte constitutif et que les formes de sociétés précitées peuvent
être constituées par acte privé, la décision de dissolution peut par conséquent être
constatée par acte privé.

d. Obligations en matière de publication

Conformément à l’article 74, 1°, C. soc., la décision de dissolution est déposée au


greffe du tribunal de commerce (formulaire I) et publiée aux annexes du Moniteur
belge. Tant que cette publication n’a pas eu lieu, la décision de dissolution volontaire
n’est pas opposable aux tiers, sauf si la société prouve que ces tiers en avaient anté-
rieurement connaissance (44).

(40) Art. 867, 3°, juncto 864 C. soc.


(41) Art. 833, alinéa 3, juncto 826 C. soc.
(42) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 43; B.
TILLEMAN, Ontbinding van vennootschappen, o.c., p. 58, n° 68; E. DE BIE et G. BATS, «Ontbinding en
vereffening», l.c., p. 94; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 72, n° 94.
(43) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 43; B.
TILLEMAN, Ontbinding van vennootschappen, o.c., pp. 56-57, n° 64; voyez à ce propos: B. WAÛTERS,
«Artikel 66 W. Venn.», 14 décembre 2006, in Vennootschappen en verenigingen. Commentaar met over-
zicht van rechtspraak en rechtsleer, Malines, Kluwer, p. 6, n° 6.
(44) Art. 76 C. soc.

106
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

3.2.2.3. La liquidation

Par Joseph VAN WEMMEL,


Expert-comptable externe, réviseur d’entreprises

a. Statut juridique de la société en liquidation

– La société est réputée exister pour sa liquidation

On s’attend normalement à ce que la dissolution d’une société mette un terme à son


existence juridique et fasse disparaître sa personnalité juridique. Cela n’est toutefois
pas le cas. Après sa dissolution, la société est en effet réputée exister pour sa liquida-
tion (45). Cette fiction légale témoigne d’une vision claire de la procédure de liquida-
tion, car pour une liquidation adéquate, il n’est pas indiqué que les actifs, ainsi que
les droits et créances de la société, se retrouvent dans le patrimoine personnel des
actionnaires directement après la dissolution. Ceci ne ferait que donner lieu à des
difficultés insurmontables.

La liquidation entraîne malgré tout un changement dans le statut juridique de la so-


ciété. Ce n’est qu’en vue d’un déroulement sans encombres des opérations de liqui-
dation que la société est réputée exister (46). Ceci implique que l’activité de la socié-
té – mise à part l’exception prévue par l’article 187 C. soc. – ne peut normalement
plus être poursuivie, et que seules les transactions commerciales entamées avant la
dissolution peuvent être liquidées. Par conséquent, la société se trouve pendant sa
liquidation dans une situation de «capacité limitée».

Le fait que la société continue d’exister en tant que personne morale distincte en vue
de sa liquidation a d’importantes conséquences juridiques, notamment:

a) la société reste seule propriétaire du patrimoine social. Les créanciers des asso-
ciés distincts n’ont aucune prise sur celui-ci;

b) les associés ne peuvent réclamer l’apposition des scellés sur les biens appartenant
au patrimoine distinct de la personne morale. Ils ne deviennent copropriétaires du
patrimoine social qu’au moment de la clôture de la liquidation;

c) la société conserve son siège social et sa dénomination (47).


Dans le cas où vous intervenez comme liquidateur en votre qualité d’expert-comp-
table, il est indiqué d’enregistrer le siège de la société à un endroit qui soit contrô-
lable pour le liquidateur. Vous pouvez très bien vous imaginer quelles peuvent
être les conséquences pour la signification d’un pli judiciaire, d’un exploit d’huis-
sier, d’une citation, pour la réception du courrier, etc;

(45) Art. 183, § 1er, C. soc.


(46) Art. 183 § 1er, C. soc.
(47) Art. 183, §§ 2 et 3, C. soc.

107
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

d) la société reste tenue à tous ses engagements vis-à-vis des tiers, et continue en
outre à exercer ses droits vis-à-vis des tiers. Il n’est dès lors pas nécessaire que les
liquidateurs reprennent les actions en justice déjà introduites (48). La société peut
être déclarée en faillite, même si six mois se sont écoulés depuis sa dissolution
(49).

– Quel est le sort des administrateurs et de l’assemblée générale des associés/ac-


tionnaires de la société en liquidation?

La liquidation d’une société est confiée à un ou plusieurs liquidateurs. La question se


pose de savoir à cet égard quel est le sort des organes sociaux (conseil d’administra-
tion, administrateur, assemblée générale) autour desquels tournait l’existence de la
société avant la dissolution.

La mise en liquidation met un terme, de plein droit, au mandat des gérants ou admi-
nistrateurs. L’administration et la représentation de la société sont en effet confiées,
dès la mise en liquidation, à un ou plusieurs liquidateurs. Nonobstant la cessation de
leur mandat, on admet que les gérants ou administrateurs d’une société mise en liqui-
dation puissent prendre toutes les mesures nécessaires à une transition aisée vers le
régime de liquidation. Ils pourront ainsi convoquer une assemblée générale en vue de
la désignation d’un liquidateur dans le cas où les statuts ne désignent pas de liquida-
teur et que l’assemblée générale a omis de nommer un liquidateur dans la décision de
dissolution (50).

La cessation du mandat des gérants ou administrateurs, suite à la mise en liquidation,


n’implique aucune décharge. Pour obtenir quittance, les gérants ou administrateurs
devront soumettre les comptes annuels relatifs à la période couvrant la durée de leur
mandat – généralement ceux de l’année au cours de laquelle la décision de dissolu-
tion a été prise – à l’assemblée générale. L’assemblée générale devra toutefois être
convoquée par le ou les liquidateurs. Lorsque l’assemblée générale refuse de donner
quittance, seuls les liquidateurs pourront décider d’engager l’action sociale (actio
mandati) (51).

L’assemblée générale continue à jouer un rôle significatif pendant la liquidation. Ceci


ressort du fait que:

a) les liquidateurs doivent convoquer l’assemblée générale en vue d’obtenir son ac-
cord pour accomplir certaines actions (52);

b) les liquidateurs peuvent convoquer à tout moment l’assemblée générale afin de


recueillir son avis sur certains points;

(48) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 55.
(49) Ibid., p. 55.
(50) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp. 56-
57.
(51) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, Wolters Kluwer Belgique, 2004, p. 264, n° 531.
(52) Art. 187 C. soc.

108
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

c) les liquidateurs sont tenus de convoquer l’assemblée générale une fois par an
pour faire le compte-rendu de l’état de la liquidation. Ils établiront également des
comptes annuels, les présenteront à l’assemblée générale et les déposeront dans
les trente jours auprès de la Banque nationale de Belgique (53);

d) les liquidateurs sont tenus de convoquer l’assemblée générale en vue de la clôture


de la liquidation (54). Depuis le 6 juillet 2006, le liquidateur doit toutefois, avant
la clôture de la liquidation, soumettre le plan de répartition de l’actif entre les
différentes catégories de créanciers pour accord au tribunal de commerce. Le tri-
bunal peut requérir du liquidateur tous renseignements utiles pour vérifier la vali-
dité du plan de répartition (55);

e) les liquidateurs doivent convoquer l’assemblée générale sur la demande d’asso-


ciés représentant le cinquième du capital social (56).

Il existe un désaccord (57) quant à la question de savoir si l’assemblée générale peut


encore procéder à une modification des statuts pendant la liquidation. La majorité
des auteurs (58) est d’accord pour dire qu’une modification des statuts reste encore
possible après la mise en liquidation, pour autant qu’elle ne compromette pas le dé-
roulement de la liquidation et ne porte pas préjudice aux droits des tiers. L’assemblée
générale pourra ainsi procéder à la conversion des titres au porteur en actions nomi-
natives, à une modification de l’exercice et à un changement de l’organisation de la
liquidation. En revanche, l’assemblée générale d’une société en liquidation ne pourra
pas procéder à un changement de nom de la société (59), à une réduction de capital
(60) ou à une modification de la clause dans laquelle une personne déterminée est
désignée comme liquidateur (61). Le déplacement du siège de la société n’est possi-
ble que moyennant l’homologation du tribunal de commerce (62). En ce qui concer-
ne ce dernier point, il convient de renvoyer à un arrêt de la Cour d’appel de Gand
(63), dans lequel le juge a jugé que le règlement de la liquidation proprement dit ne
requiert pas le déplacement du siège dans les bureaux du liquidateur. Si nécessaire, le
liquidateur peut en effet dévier la correspondance vers son bureau, et toutes les noti-
fications peuvent, en vertu de l’article 42, 7°, C. jud., être faites à son adresse. Le

(53) Art. 193 C. soc.


(54) Art. 194 C. soc.; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 403, n° 846.
(55) Art. 190, § 1er, C. soc.
(56) Art. 189 C. soc.
(57) Voir à ce sujet, E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril
1995, o.c., pp. 58-59.
(58) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp. 58-
60; J. MALHERBE, Ph. LAMBRECHT et Ph. MALHERBE, Précis de droit des sociétés, Bruxelles,
Bruylant, 2004, o.c., p. 843, n° 1373; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 262-263, n° 529.
(59) Art. 183, § 2, C. soc.
(60) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 59;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 262-263, n° 529.
(61) J. VAN RYN, Principes, II, p. 105, n° 1052.
(62) Art. 183, § 3, C. soc.
(63) Gand, 13 janvier 2003, R.W., 2003-2004, p. (871) 872, note F. VAN REMOORTEL, «Homologatie
van het besluit tot verplaatsing van de zetel van een vennootschap in vereffening».

109
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

juge a en outre jugé que les droits des créanciers pouvaient être lésés du fait du dépla-
cement du siège, étant donné que le déplacement du siège social impliquait en l’espè-
ce un déplacement en dehors de l’arrondissement judiciaire initial.

– Quelles mentions spécifiques doivent apparaître sur les documents sociaux d’une
société en liquidation?

Conformément à l’article 183, § 1er, C. soc., toutes les pièces émanant d’une société
dissoute doivent mentionner qu’elle est en liquidation. Si cette disposition n’est pas
respectée, la responsabilité de la société et de ses liquidateurs sera compromise sur la
base du droit commun.

b. Les liquidateurs

– Le liquidateur en tant qu’organe et mandataire

La liquidation d’une société doit être exécutée par un ou plusieurs liquidateurs. Il


importe de déterminer le statut juridique du liquidateur. Il convient à cet égard d’opé-
rer une distinction importante au niveau de ce qui suit:

a) vis-à-vis des tiers, les liquidateurs agissent en tant qu’organe de la société, c’est-
à-dire qu’ils tirent leur pouvoir de représentation directement de leur fonction
prévue par la loi. Pendant la liquidation, ce pouvoir de représentation organique
revient exclusivement aux liquidateurs. Ceci a pour effet, entre autres, qu’ils ne
doivent jamais produire de procuration (64);

b) vis-à-vis de la société, les liquidateurs sont – tout comme les administrateurs pour
la dissolution – tenus en tant que mandataires. Ceci a pour effet, entre autres, que
le liquidateur ne devient pas commerçant du fait de l’exercice de sa fonction, sauf
lorsqu’il fait de la liquidation de sociétés sa profession habituelle à titre accessoi-
re ou principal. Il convient d’indiquer que les liquidateurs sont les mandataires de
la société en liquidation, et non de chaque actionnaire individuellement ou des
créanciers (65).

– Qui peut devenir liquidateur?

La loi ne stipule aucune exigence de compétence spéciale à ce sujet. Toute personne


étant capable de se lier peut par conséquent être nommée comme liquidateur. Il con-

(64) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp. 65-
66; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 196, n° 368; H. BRAECKMANS, «Vereffening van
vennootschappen buiten faillissement», in H. BRAECKMANS, H. COUSY, E. DIRIX, B. TILLEMAN et
M. VANMEENEN (eds.), Curatoren en vereffenaars: actuele ontwikkelingen, Anvers, Intersentia, 2006,
pp. 211-212, n° 43.
(65) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 66;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 200-204, n°s 379-387; H. BRAECKMANS, «Vereffe-
ning van vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 212, n° 44.

110
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

vient toutefois de nuancer quelque peu ici depuis l’entrée en vigueur de la loi du 2
juin 2006. En effet, le liquidateur doit désormais, conformément à l’article 184 C.
soc., offrir toutes les garanties de probité et ne peut répondre à l’un des motifs d’ex-
clusion énumérés à l’article 184, § 1er, troisième alinéa, C. soc.

En général, cette fonction est confiée aux anciens administrateurs de la société, à un


associé ou actionnaire, ou encore à une personne qui possède des compétences pro-
fessionnelles spécifiques à cet effet. Un expert-comptable peut être liquidateur. Les
missions du liquidateur d’une société relèvent du cadre des activités de l’expert-comp-
table (66).

Une personne morale peut être nommée liquidateur. Le cas échéant, la personne phy-
sique qui la représente pour l’exécution de la liquidation doit être désignée dans la
décision de nomination (67).

– Nomination des liquidateurs

a) Par qui les liquidateurs sont-ils nommés (68)?

1. Nomination dans les statuts

Les associés sont libres de fixer le mode de nomination des liquidateurs dans les
statuts de la société. Il est même déjà possible de désigner les liquidateurs par leur
nom dans les statuts. Une clause statutaire usuelle consiste à nommer les anciens
gérants ou administrateurs de la société à l’avance comme liquidateurs. Les statuts
peuvent également prévoir que la nomination sera faite par une tierce personne: par
exemple, le président du tribunal de commerce de la juridiction dans laquelle la so-
ciété a son siège social (69).

Les nouvelles obligations imposées par la loi du 2 juin 2006 n’ôtent rien à la possibi-
lité de nommer le ou les liquidateurs dans les statuts (70).

2. Nomination par l’assemblée générale

Si rien n’a été prévu dans les statuts, l’assemblée générale est – même après la loi du
2 juin 2006 – compétente pour nommer le ou les liquidateurs.

(66) X., Vade-mecum de l’Expert-comptable et du Conseil fiscal, IEC, 2004, p. 437.


(67) Art. 74, 2°, c), C. soc.
(68) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp. 67-
70; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 173-183, n°s 298-328.
(69) Ph. JEHASSE, «La loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés en vue d’améliorer la procédure
de liquidation: exposé des principes et analyse critique», DAOR, 2007, p. 129.
(70) K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot verbetering van de veref-
feningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», T.R.V., 2007, p. 5 (note en bas de page 18); S. JAC-
MAIN, «Actualités en matière de liquidation de sociétés – la nouvelle loi du 2 juin 2006 modifiant le Code
des sociétés», M. GREGOIRE, A. CHAMBEROD, S. JACMAIN, D. WEINBERGER et V. DE FRAN-
QUEN, Actualité du droit des procédures collectives, Bruxelles, Bruylant, 2007, p. 67; Ph. JEHASSE, «La
loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés en vue d’améliorer la procédure de liquidation: exposé
des principes et analyse critique», l.c., p. 131.

111
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Dans la société en nom collectif et la société en commandite simple, la décision de


nomination doit être prise par la moitié des associés, qui détiennent en outre trois
quarts du patrimoine social. A défaut d’une telle majorité, c’est le tribunal de com-
merce qui statue (71).

Dans les autres sociétés dotées de la personnalité juridique, le liquidateur peut être
nommé à la majorité absolue, même s’il est désigné dans la décision de dissolution
proprement dite (72).

Le liquidateur peut être nommé dans la décision de dissolution ou par une décision
ultérieure de l’assemblée générale (assemblée générale extraordinaire). Dans ce der-
nier cas, l’assemblée générale doit être convoquée par les derniers administrateurs ou
gérants en fonction (73). Il en va de même lorsque la société a été dissoute suite à une
décision judiciaire, pour des motifs légaux, par exemple (74). Si le conseil d’admi-
nistration ne prend aucune initiative en l’espèce, il peut en être prié par les associés
représentant ensemble un cinquième ou plus du capital social (75). Bien que la loi
utilise la forme du pluriel (associés), il est généralement admis que la demande de
convocation puisse également émaner d’un seul actionnaire. Il suffit pour cela que ce
dernier satisfasse à la condition de détenir 1/5e du capital social (76). Le droit des
actionnaires de faire convoquer une assemblée générale est d’ordre public. Par con-
séquent, les statuts ne peuvent exclure ce droit, mais ils peuvent toutefois prévoir un
seuil plus bas. Les statuts peuvent ainsi ouvrir la demande de convocation aux asso-
ciés détenant moins de 1/5e du capital social, voire à tout associé, même s’il ne dé-
tient qu’une part (77). Si les administrateurs ou gérant(s) ne donnent pas suite à la
demande de convocation de l’assemblée générale, les associés peuvent s’adresser au
commissaire de la société. Si ce dernier est également en défaut, les associés peuvent
se tourner vers le tribunal afin d’entendre ordonner aux administrateurs ou gérant(s)
ou, le cas échéant, au commissaire, de convoquer une assemblée générale, ou d’obte-
nir l’accord nécessaire pour convoquer eux-mêmes une assemblée générale (78).

3. Nomination par le tribunal

Conformément à l’article 184 C. soc., le tribunal ne peut intervenir dans la nomina-


tion du ou des liquidateurs que dans des cas exceptionnels. C’est le cas lorsque, en ce
qui concerne la société en nom collectif et la société en commandite simple, la majo-
rité requise n’est pas atteinte.

(71) Art. 184, § 1er, huitième alinéa, C. soc.


(72) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 176; E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation
des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 68.
(73) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 68; H.
BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», o.c., pp. 215-216, n° 51.
(74) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 68.
(75) Art. 532 C. soc. (SA); art. 268, § 1er, C. soc. (SPRL).
(76) F. HELLEMANS, De algemene vergadering, Kalmthout, Biblo, 2001, p. 391, n° 361.
(77) F. DE BAUW, Les assemblées générales dans les sociétés anonymes, Bruxelles, Bruylant, 1996, p.
26, n° 34.
(78) F. DE BAUW, Les assemblées générales dans les sociétés anonymes, o.c., p. 27, n°s 36-37.

112
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 2 juin 2006, le tribunal de commerce peut,


éventuellement sur proposition de l’assemblée générale, procéder à la nomination du
liquidateur en cas de refus de confirmation ou d’homologation du liquidateur nommé
par l’assemblée générale.

Si la société ne parvient pas à nommer un liquidateur ou s’il existe un différend en la


matière, le liquidateur peut être désigné par le tribunal (79).

b) Publication de la nomination et de la cessation du mandat du liquidateur

La décision de l’assemblée générale relative à la nomination du ou des liquidateurs et


à la détermination de leurs compétences doit, depuis l’entrée en vigueur de la loi du
2 juin 2006, être déposée au greffe du tribunal de commerce, accompagnée d’une
copie de la décision de confirmation ou d’homologation. La nomination du liquida-
teur est ensuite publiée aux annexes du Moniteur belge (80). Il convient de signaler à
cet égard que l’obligation de déposer le texte intégral des statuts (coordonnés) s’ap-
plique également aux sociétés en liquidation (81).

Le retrait du mandat du liquidateur, la révocation et le décès du liquidateur doivent


également être publiés aux annexes du Moniteur belge (82). Dans le cas où le liqui-
dateur vient à décéder, une déclaration est signée par les organes de la société compé-
tents. Cette déclaration est déposée au greffe en vue de la publication, sous la forme
d’une mention, aux annexes du Moniteur belge (83).

Il ne faut pas oublier de communiquer les pouvoirs des liquidateurs et leur signature
aux banques.

c) Qu’en est-il si aucun liquidateur n’est nommé?

Il peut arriver qu’une société se trouve en liquidation et qu’aucun liquidateur ne soit


nommé. Cela sera le cas, entre autres, lorsque la société a été dissoute de plein droit
– sans que les associés et le monde extérieur ne le remarquent – en raison de l’expi-
ration du délai. La question se pose de savoir quelles conséquences juridiques peut
avoir l’absence de nomination de liquidateurs, plus précisément vis-à-vis des tiers
qui traitent avec la société. L’article 185 C. soc. prévoit dans ce cas une protection
spéciale pour les tiers qui traitent avec une société en liquidation. Cet article dispose
plus précisément que, à défaut de nomination de liquidateurs, les associés-gérants
dans les sociétés en nom collectif ou en commandite, (les membres du conseil d’ad-
ministration ou les membres du conseil de direction dans une société européenne) et
les administrateurs ou les gérants dans les sociétés anonymes, les sociétés privées à

(79) K. GEENS, M. DENEF, R. TAS, F. HELLEMANS et J. VANANROYE, «Overzicht van rechtspraak


vennootschappen 1992-1998», T.P.R., 2000, p. 495, n° 488; H. BRAECKMANS, «Vereffening van ven-
nootschappen buiten faillissement», o.c., p. 216, n° 53.
(80) Art. 74, 2°, c), C. soc.
(81) Q.R., Ch. repr., 1972-1973, n° 46, p. 2372.
(82) Art. 74, 2°, c), C. soc.
(83) Art. 74, 4°, b), C. soc.

113
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

responsabilité limitée, les sociétés coopératives et les groupements d’intérêt écono-


mique, seront, à l’égard des tiers, considérés comme liquidateurs. Les tiers peuvent
par conséquent continuer à engager des actions contre la société, et ce de façon tout à
fait valable. L’article 185 C. soc. autorise les tiers à engager une action en responsa-
bilité contre les derniers gérants ou administrateurs en fonction, s’ils subissent un
préjudice en raison de l’absence de liquidateurs (84).

L’article 185 C. soc. n’accorde aucun pouvoir de représentation actif aux administra-
teurs ou gérants considérés comme liquidateurs, mais seulement un pouvoir de repré-
sentation passif (85). Ils ne pourront par conséquent intenter aucune action pour le
compte de la société dissoute (assignation d’un créancier à payer ou d’un associé à
libérer entièrement le capital, entre autres).

– Nombre de liquidateurs

Bien que le Code des sociétés fasse mention à différents endroits de liquidateurs au
pluriel, il est également possible qu’un seul liquidateur soit nommé (86). Si plusieurs
liquidateurs sont nommés, ils forment un collège (87) qui délibère de la façon prévue
dans les statuts. Si rien n’a été défini à ce sujet dans les statuts, les liquidateurs déli-
bèrent selon les règles habituelles des assemblées délibératoires (88) (majorité sim-
ple, sans tenir compte d’éventuelles abstentions) (89).

– Rémunération des liquidateurs

La liquidation d’une société est dans de nombreux cas une tâche considérable. Il est
dès lors d’usage que les liquidateurs soient rémunérés à cet effet (90).

Le mode de calcul de la rémunération du liquidateur peut être fixé dans les statuts ou
défini par l’assemblée générale. La rémunération peut également être fixée par le
tribunal (91). Elle peut être définie par mission, ou sur la base forfaitaire, ou encore
sur la base d’un pourcentage de l’actif à partager (92).

Normalement, la rémunération du liquidateur ne comprend pas les salaires des mem-


bres du personnel devant éventuellement être engagés en vue de la liquidation ni les
frais engagés dans l’intérêt de la société. Il est toutefois conseillé de le préciser.

(84) E. DE BIE, «Artikel 185 W. Venn.», février 2001, in Vennootschappen en verenigingen. Artikelsgewi-
jze commentaar met overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Malines, Kluwer, p. 5.
(85) Cass., 5 janvier 1911, Pas., 1911, I, p. 68, concl. Av. gén. TERLINDEN; E. DE BIE, «Artikel 185 W.
Venn.», l.c., p. 5; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 182, n° 326; H. BRAECKMANS,
«Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 215, n° 48.
(86) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 65;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 172, n° 295; H. BRAECKMANS, «Vereffening van
vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 213, n° 45.
(87) Art. 184, deuxième alinéa, C. soc.
(88) Art. 63 C. soc.
(89) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 173, n° 296.
(90) H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 221, n° 65.
(91) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 204, n° 389.
(92) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 206, n° 393.

114
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Lorsque le liquidateur est rémunéré sur la base de la réalisation de l’actif de la socié-


té, on applique souvent le barème en vigueur pour la rémunération des curateurs en
matière de faillite. Avant l’entrée en vigueur de la loi du 8 août 1997 sur les faillites
(c’est-à-dire, le 1er janvier 1998), ces barèmes étaient fixés par les différents tribu-
naux de commerce. La loi du 8 août 1997 sur les faillites a toutefois amené une
uniformisation du mode de calcul des frais et honoraires des curateurs (93).

Conformément à l’arrêté royal du 10 août 1998 établissant les règles et barèmes rela-
tifs à la fixation des honoraires et des frais de curateurs (94), les honoraires et frais
sont fixés comme suit:

Les honoraires consistent en une indemnité proportionnelle calculée par tranche sur
la base des actifs récupérés et réalisés (95). L’indemnité proportionnelle par tranche
est établie conformément au tableau ci-après, avec un montant minimal de (750 EUR)
(96).

a) tranches successives b) pourcentage applicable c) montant cumulé des


tranches précédentes
0,01 à 20 000 EUR 20 % –
20 000,01 à 39 500 EUR 16 % 4 000 EUR
39 500,01 à 54 500 EUR 12 % 7 120 EUR
54 500,01 à 96 500 EUR 10 % 8 920 EUR
96 500,01 à 238 000 EUR 6% 13 120 EUR
238 000,01 à 719 000 EUR 5% 21 610 EUR
719 000,01 à 1 438 000 EUR 3% 45 660 EUR
1 438 000,01 à 2 380 000 EUR 2% 67 230 EUR
86 070 EUR

Les ventes d’immeubles grevés d’hypothèques ou de privilèges immobiliers réali-


sées à l’intervention du curateur donnent droit à des honoraires distincts à charge des
créanciers concernés et dans la mesure de leurs droits. Ces honoraires sont calculés
conformément au barème particulier suivant (97):

a) tranches successives b) pourcentage applicable c) montant cumulé des


tranches précédentes
0,01 à 250 000 EUR 5% –
250 000,01 à 1 250 000 EUR 3% 12 500 EUR
1 250 000,01 à 2 500 000 EUR 2% 42 500 EUR
au-delà de 2 500 000 EUR 1% 67 500 EUR

(93) Art. 33 de la loi sur les faillites; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 205-206, n°s 392-
393.
(94) Cet arrêté royal a été modifié par l’A.R. du 20 juillet 2000 (M.B., 30 août 2000) et par l’A.R. du 10
mai 2006 (M.B., 1er juin 2006).
(95) Art. 1er, A.R. du 10 août 1998.
(96) Art. 2, A.R. du 10 août 1998.
(97) Art. 6, A.R. du 10 août 1998.

115
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Le curateur a droit à une indemnité distincte et forfaitaire pour les frais administratifs
dont la liste est reproduite ci-après, lesquels sont destinés à couvrir des dépenses qui
présentent un lien direct avec la gestion des faillites dont il est chargé.

Tarif forfaitaire (98):

– frais de correspondance ordinaire: 7,50 EUR;


– frais de correspondance recommandée: 10 EUR;
– frais de correspondance circulaire: 5 EUR;
– frais d’établissement des documents sociaux, par membre du personnel: 42 EUR;
– frais de communications téléphoniques vers l’étranger: tarif de l’opérateur télé-
phonique + 25 %;
– frais de déplacement sans que l’indemnité puisse excéder 0,30 EUR par kilomè-
tre;
– frais de réexpédition du courrier du failli, selon le tarif fixé par les modalités
d’exécution de l’article 144 de la loi du 21 mars 1991 portant réforme de certai-
nes entreprises publiques économiques.

En principe, la rémunération ne sera exigible qu’au moment de la clôture de la liqui-


dation. Les parties peuvent toutefois déroger à cette règle et convenir que des avan-
ces soient demandées (99).

Les «honoraires» du liquidateur ne bénéficient d’aucun privilège particulier (100) et


tombent simplement dans la masse après la faillite (101). La rémunération du liqui-
dateur nommé volontairement ou du liquidateur nommé de plein droit ne peut ressor-
tir au privilège des frais de justice (102) ni à celui des frais de conservation de la
chose (103).

– Fin du mandat du liquidateur

Le mandat du liquidateur prend fin dans les cas suivants:

a) pour des raisons qui sont propres à la personne du liquidateur (décès, interdic-
tion, incapacité manifeste, faillite (si le liquidateur est un commerçant)) (104);

(98) Art. 11, A.R. du 10 août 1998.


(99) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 82;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 206-208, n°s 394-399; H. BRAECKMANS, «Vereffe-
ning van vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 221, n° 65.
(100) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 208, n° 400.
(101) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 213, n° 409.
(102) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 209, n° 401; H. BRAECKMANS, «Vereffening van
vennootschappen buiten faillissement«, o.c., pp. 222-223, n° 66: si le liquidateur a été nommé par le
tribunal, celui-ci pourra invoquer le privilège des frais de justice.
(103) Ce privilège ne peut en effet se rapporter à une universalité. Le patrimoine à liquider d’une société
est considéré comme une universalité, voir K. BYTTEBIER, Voorrechten en hypotheken in hoofdlijnen,
Anvers, Maklu, p. 413, n° 434; R. DEKKERS et E. DIRIX, Handboek burgerlijk recht. Deel II. Zaken-
recht – zekerheden – verjaring, Anvers, Intersentia, 2005, p. 417 (note en bas de page 153); Ph. JEHASSE,
Manuel de la liquidation, o.c., p. 209, n° 402; H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen
buiten faillissement», o.c., pp. 222-223, n° 67.
(104) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 217, n° 422, p. 219, n° 429, p. 219, n° 430.

116
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

b) Démission du liquidateur
Un liquidateur peut toujours démissionner, même s’il a été nommé dans les sta-
tuts (105). Cette démission ne peut toutefois porter préjudice à la société. La
démission ne peut dès lors pas être inopportune ou intempestive. Si tel est le cas,
le liquidateur devra éventuellement (en vertu de l’article 2007, deuxième alinéa,
C. civ.) dédommager la société (106).

Le liquidateur doit porter sa démission à la connaissance de l’assemblée générale


et, s’il y a plusieurs liquidateurs, à ses collègues liquidateurs (107). Le liquidateur
convoquera à cet effet une assemblée générale extraordinaire qui prendra acte de
sa démission et nommera un nouveau liquidateur (108);

c) Révocation du mandat du liquidateur


Il convient à ce sujet d’opérer une distinction en fonction de la manière dont le
liquidateur a été nommé:

1) le liquidateur a été nommé par l’assemblée générale, mais le tribunal de com-


merce refuse de confirmer ou d’homologuer sa nomination: le tribunal de
commerce désigne lui-même un liquidateur, éventuellement sur proposition
de l’assemblée générale (109),

2) le liquidateur a été nommé par l’assemblée générale, et sa nomination a été


confirmée ou homologuée par le tribunal de commerce. Le liquidateur peut à
tout moment être révoqué par l’assemblée générale qui en décide à la majorité
simple ou, pour ce qui est de la société en nom collectif et de la société en
commandite simple (110), si la décision est prise par la moitié des associés
possédant les trois quarts de l’avoir social (111). Si dans ce dernier cas la
majorité spéciale n’est pas atteinte, chaque associé peut soumettre la décision
au tribunal (112),

3) le liquidateur a été nommé dans les statuts et sa nomination a été confirmée ou


homologuée par le tribunal de commerce: la réponse à cette question n’est pas
univoque. Certains auteurs (113) estiment que le liquidateur ne peut pas, le
(105) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 215, n° 413.
(106) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp. 74-
75; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 216, n° 419.
(107) Voir autrement E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril
1995, o.c., p. 75; H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», o.c., p.
219, n° 59: Ces auteurs affirment qu’il n’est pas requis de porter la démission à la connaissance de l’as-
semblée générale dans le cas où plusieurs liquidateurs ont été nommés. Le cas échéant, il suffit que le
liquidateur informe les autres liquidateurs de sa démission.
(108) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 75;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 215, n°s 414 et 416, p. 216, n° 417.
(109) Art. 184, § 1er, cinquième alinéa, C. soc.
(110) Voir art. 184 C. soc.
(111) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp. 72-
73; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 224-225, n°s 447 et 448.
(112) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 225, n° 449.
(113) Voir Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 222, n° 437 (et la doctrine cité dans les notes
en bas de page 1157 et 1158).

117
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

cas échéant, être révoqué dès lors qu’il a accepté la nomination, étant donné
que sa nomination fait l’objet d’un contrat synallagmatique. On peut toutefois
s’adresser au tribunal en vue de demander la dissolution de ce contrat (en
vertu de l’article 1184 C. civ.) pour cause de non-respect des obligations léga-
les et contractuelles qui pèsent sur le liquidateur (114). Selon une autre doctri-
ne (115), le mandat du liquidateur peut, le cas échéant, être révoqué par l’as-
semblée générale, s’il en est décidé à la majorité requise pour une modifica-
tion des statuts. Afin de dissiper tout doute, il est indiqué de fixer le mode de
révocation d’un liquidateur statutaire dans les statuts,

4) le liquidateur a été nommé par le tribunal: il ne peut être révoqué que par une
décision judiciaire (116);

d) La déclaration de faillite d’une société en liquidation ne met pas un terme au


mandat du liquidateur. Ses pouvoirs sont toutefois suspendus pendant la durée de
la faillite. Il devra en effet représenter la société lorsque les intérêts de celle-ci
entrent en conflit avec ceux de la masse des créanciers (117). Lorsqu’il est mis un
terme au mandat du liquidateur pour l’une ou l’autre raison, cette information
doit être rendue publique.

c. Pouvoirs des liquidateurs

Lorsque plusieurs liquidateurs sont nommés, ils forment un collège (118).

Le liquidateur posant des actes qui outrepassent ses pouvoirs et qui ne sont pas ap-
prouvés par l’assemblée générale peut en être tenu responsable envers la société. Il
est donc très important que le liquidateur soit conscient des limites de sa tâche. Ces
limites découlent de la loi, des statuts et également de son acte de désignation (par le
tribunal de commerce) (119).

– Régime statutaire ou légal?

Les articles 186, 187 et 188 C. soc. contiennent une énumération des actes que peut
poser le liquidateur en vue de la réalisation de l’actif. Cette énumération légale n’est
pourtant – à l’exception de l’article 188 C. soc. – qu’un droit complémentaire (120).

(114) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 222, n° 437.


(115) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 222-223, n° 438; H. BRAECKMANS, «Vereffe-
ning van vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 220, n° 62.
(116) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp. 73-
74; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 226, n° 451; H. BRAECKMANS, «Vereffening van
vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 221, n° 63.
(117) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 75;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 220, n° 432; H. BRAECKMANS, «Vereffening van
vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 221, n° 64.
(118) Art. 184, § 1er, neuvième alinéa, C. soc.
(119) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 79.
(120) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp. 111
et 113-114; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 314-315, n°s 641-643.

118
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Cela signifie que les associés peuvent élargir ou restreindre les pouvoirs du liquida-
teur dans les statuts ou dans la décision de nomination des liquidateurs (121).

On admet que les pouvoirs du ou des liquidateurs peuvent être modifiés même après
leur nomination par décision de l’assemblée générale. Dans le cas où les pouvoirs ont
été définis dans les statuts, ils ne pourront être modifiés que moyennant la majorité
prévue pour une modification des statuts (122).

En pratique, le mieux est que l’expert-comptable reçoive les pouvoirs les plus éten-
dus possible dans le cadre de sa nomination en vue d’éviter tout conflit ultérieur avec
les actionnaires.

Les actes arrêtant le mode de liquidation et les pouvoirs des liquidateurs sont déposés
dans le dossier social, et un extrait est publié aux annexes du Moniteur belge (123).

– Le régime légal

Lorsque les associés n’ont rien décidé concernant le mode de réalisation de l’actif, le
régime légal prévu aux articles 186 et 187 C. soc. est d’application. Les pouvoirs
revenant aux liquidateurs en vertu des articles 186 et 187 C. soc. peuvent être classés
en deux catégories principales, à savoir:

– les pouvoirs dits ordinaires: il s’agit des pouvoirs qui se rapportent aux actes
quotidiens et courants liés à la liquidation et qui ne peuvent être accomplis que
par les liquidateurs (124);

– les actes pour lesquels les liquidateurs ont besoin du consentement de l’assem-
blée générale. Il s’agit ici d’actions plutôt importantes énumérées à l’article 187
C. soc.

Ces deux catégories principales sont commentées plus en détail ci-après.

Nous nous penchons ensuite sur la possibilité pour le ou les liquidateurs d’exiger des
associés le paiement des sommes qu’ils se sont engagés à verser et qui paraissent
nécessaires au paiement des dettes et des frais de liquidation (125).

a) Pouvoirs ordinaires (article 186 C. soc.)

En vertu de l’article 186 C. soc., les liquidateurs sont compétents pour accomplir
certains actes seuls et sans aucune formalité. On admet que le liquidateur peut, outre
ces actes, encore accomplir d’autres actes résultant de la nature de sa fonction (126).

(121) H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 225, n° 70.
(122) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 314, n° 642.
(123) Art. 74, 2°, C. soc.
(124) Art. 186 C. soc.
(125) Art. 188 C. soc.
(126) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 78;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 321, n° 654.

119
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Il est généralement admis que le liquidateur peut accomplir tous les actes de conser-
vation et de gestion (127). Le liquidateur peut ainsi convoquer une assemblée géné-
rale (128), exécuter les accords conclus pour la mise en liquidation (129), demander
le concordat judiciaire ou la faillite (130), licencier le personnel (131), souscrire une
police d’assurance (132), faire établir au début de l’exercice de sa fonction un inven-
taire de l’actif de la société, etc.

L’article 186 C. soc. attribue les pouvoirs suivants au(x) liquidateur(s):

1. Intenter et soutenir toutes actions au nom de la société

Toutes sortes d’actions sont visées ici: tant l’injonction de payer pour les débiteurs de
mauvaise volonté que l’intentement d’une action sociale pour cause de responsabili-
té des anciens administrateurs (133).

2. Recevoir tous paiements

Les paiements à la société en liquidation ne seront valables que s’ils sont effectués en
mains du ou des liquidateurs (134). Les débiteurs qui font leurs paiements à une autre
personne (à l’ancien administrateur, par exemple), ne seront pas exemptés et risquent
même de payer deux fois (135).

3. Donner mainlevée avec ou sans quittance

On entend ici que les liquidateurs peuvent autoriser la mainlevée d’inscriptions hy-
pothécaires. La mainlevée avec quittance suppose que la créance garantie par l’ins-
cription est entièrement remboursée. La mainlevée sans quittance se présente dans le
cas où la créance n’est pas (entièrement) remboursée. En pratique, le liquidateur n’y
procédera que s’il dispose de suffisamment de garanties que la créance sera payée
(par exemple, une sûreté alternative) (136). Les liquidateurs devront toutefois être
prudents en l’espèce, étant donné que leur responsabilité peut éventuellement être
compromise si la société ou des tiers subissent un dommage du fait de cette action
(137).

(127) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 78;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 321, n° 654.
(128) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 78.
(129) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 78;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 321, n° 654.
(130) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 78.
(131) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 321, n° 654.
(132) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 321, n° 654.
(133) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp.
106-107; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 326, n° 663.
(134) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 331, n° 677.
(135) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 331, n° 677.
(136) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 186 W. Venn.», février 2001, in Vennootschappen en vereni-
gingen. Commentaar met overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Mechelen, Kluwer, p. 9, n° 11; Ph.
JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 332-333, n°s 681 et 682.
(137) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 333, n° 682.

120
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

4. Réaliser toutes les valeurs mobilières de la société

Les liquidateurs peuvent vendre toutes les valeurs mobilières de la société de la ma-
nière qu’ils estiment la plus appropriée: globalement ou en lots, en vente publique ou
de gré à gré (138). En revanche, l’apport de valeurs mobilières dans une autre société
est soumis à l’autorisation de l’assemblée générale (139). Il faut entendre par valeurs
mobilières tous les biens corporels (voitures, machines, portefeuilles de titres, mar-
chandises, etc.) et droits incorporels (brevets, licences, concessions, savoir-faire,
marques, clientèle, etc.) qui sont considérés comme meubles par le Code civil. La
vente de valeurs mobilières qui sont immobilières par destination, en même temps
que le bien immeuble dont elles font partie, est toutefois soumise à l’autorisation de
l’assemblée générale (140). Il est généralement admis que le liquidateur peut égale-
ment vendre le fonds de commerce sans l’autorisation de l’assemblée générale (141).

5. Endosser tous effets de commerce

Ce pouvoir s’inscrit dans le droit fil de ceux qui sont cités au point 4: l’endossement
d’un effet de commerce aura généralement sa réalisation pour effet (142).

Les liquidateurs n’ont toutefois pas le pouvoir d’accepter des lettres de change.

6. Transiger ou compromettre sur toutes contestations

Les liquidateurs peuvent même conclure des transactions avec le ou les anciens gé-
rants ou administrateurs concernant l’action sociale pour cause de responsabilité de
ces derniers (143).

On admet généralement que le liquidateur ne peut pas conclure de transaction avec


les actionnaires ou avec certains d’entre eux concernant les versements à effectuer
sur leurs actions (144).

7. Aliéner les immeubles de la société par adjudication publique

Le liquidateur ne peut aliéner les immeubles de la société par adjudication publique


que s’il l’estime nécessaire pour le paiement des dettes de la société (145). Les liqui-

(138) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 186 W. Venn.», l.c., p. 10, n° 12; Ph. JEHASSE, Manuel de
la liquidation, o.c., p. 336, n° 693.
(139) Voir art. 187 C. soc.
(140) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 186 W. Venn.», l.c., p. 10, n° 12; Ph. JEHASSE, Manuel de
la liquidation, o.c., p. 336, n° 690.
(141) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 186 W. Venn.», l.c., p. 10, n° 12; Ph. JEHASSE, Manuel de
la liquidation, o.c., p. 336, n° 691.
(142) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 338, n° 697.
(143) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 110;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 338-339, n° 700.
(144) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 110;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 339, n° 702.
(145) Art. 186 C. soc.

121
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

dateurs en décident souverainement, sans la possibilité pour les actionnaires ou asso-


ciés de s’adresser au tribunal (146).

b) Actes requérant l’autorisation de l’assemblée générale (article 187 C. soc.)

Un certain nombre d’actes importants ne peuvent être accomplis par les liquidateurs
que moyennant l’accord de l’assemblée générale. Comme déjà indiqué ci-avant, l’ar-
ticle 187 C. soc. est de droit complémentaire, de sorte que les statuts ou la décision de
nomination (ou une décision ultérieure) peuvent en disposer autrement (147). La
décision de l’assemblée générale par laquelle le liquidateur est habilité à accomplir
ces actes, doit être prise à la majorité prévue à l’article 184 C. soc. (majorité absolue
dans la société anonyme, la société en commandite par actions, la société privée à
responsabilité limitée, la société coopérative et la société européenne, et par la moitié
des associés détenant au moins trois quarts du capital social pour ce qui est de la
société en nom collectif et la société en commandite simple) (148).

Les actes que le liquidateur ne peut en principe accomplir qu’avec l’autorisation de


l’assemblée générale, sont les suivants:

1) continuer l’industrie ou le commerce de la société

Inutile de démontrer que la continuation provisoire des activités de la société s’impo-


se dans un certain nombre de cas afin de permettre une reprise en souplesse du fonds
de commerce, par exemple. Les liquidateurs doivent demander l’autorisation de l’as-
semblée générale à cet effet.

Il n’est pas toujours aussi facile de faire la distinction entre la continuation réelle des
activités et la liquidation des contrats en cours, pour laquelle aucune autorisation
n’est requise. La Cour de cassation (149) a jugé à cet égard que les liquidateurs peu-
vent faire sans l’autorisation de l’assemblée générale tout ce qui est de nature à me-
ner les opérations en cours d’exécution à bonne fin (150).

L’autorisation de l’assemblée générale pour continuer provisoirement les activités de


la société implique également l’autorisation d’accomplir toutes les opérations qui y
sont liées, en ce compris celles qui requièrent normalement une autorisation en vertu

(146) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 186 W. Venn.», l.c., p. 11, n° 13; Ph. JEHASSE, Manuel de
la liquidation, o.c., p. 342, n° 711.
(147) Voir aussi F. BOUCKAERT, Notarieel vennootschapsrecht N.V. en B.V.B.A., Anvers, Kluwer, 2000,
p. 928; H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 227, n° 74.
(148) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 187 W. Venn.», février 2001, in Vennootschappen en vereni-
gingen. Commentaar met overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Malines, Kluwer, p. 4, n° 3; Ph. JE-
HASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 336, n° 691; H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennoots-
chappen buiten faillissement», o.c., p. 227, n° 75.
(149) Cass., 12 mai 1885, Pas. 1885, I, p. 91.
(150) Egalement de cet avis, Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 356, n° 739; O. RALET,
Responsabilités des dirigeants de sociétés, Bruxelles, Larcier, 1996, p. 207, n° 146.

122
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

de l’article 187 C. soc. (entre autres, contracter des crédits bancaires, tirer et accepter
des lettres de change, etc.) (151).

Le liquidateur ne peut en aucun cas continuer l’exploitation sans restriction ou com-


mencer des activités autres que celles que la société exerçait avant sa mise en liquida-
tion. Dans le cas contraire, il peut être personnellement tenu responsable des domma-
ges qui en résultent, même si ces dommages n’ont pas été occasionnés par des erreurs
qu’il aurait commises lors de l’exploitation, mais résultent exclusivement des cir-
constances de marché (défavorables) (152).

2) emprunter pour payer les dettes sociales de la société

Ce pouvoir peut parfois être très utile, afin d’éviter qu’un créancier privilégié ne
saisisse les biens de la société, par exemple.

3) créer des effets de commerce

Par effets de commerce, il faut entendre: les lettres de change et billets à ordre. Les
chèques ne sont pas compris ici, étant donné qu’ils sont toujours utilisés comme
moyen de paiement (153).

Créer implique aussi bien le fait de tirer que d’accepter des lettres de change et billets
à ordre (154).

4) hypothéquer les biens de la société et les donner en gage

Le liquidateur ne peut toutefois constituer aucune sûreté en garantie de dettes dans la


masse (155).

5) aliéner les immeubles de la société de gré à gré

6) faire apport du patrimoine dans d’autres sociétés

L’apport peut se rapporter à une partie ou à l’ensemble de l’avoir de la société en


liquidation (156).

(151) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 117;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 356, n° 740.
(152) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 117;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 357, n° 741.
(153) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 187 W. Venn.», l.c., p. 9, n° 11; Ph. JEHASSE, Manuel de la
liquidation, o.c., p. 361, n°s 752 et 360, n° 749.
(154) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 187 W. Venn.», l.c., p. 9, n° 11; Ph. JEHASSE, Manuel de la
liquidation, o.c., p. 360, n° 750.
(155) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 187 W. Venn.», l.c., p. 10, n° 12.
(156) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 187 W. Venn.», l.c., p. 11, n° 15; Ph. JEHASSE, Manuel de
la liquidation, o.c., p. 368, n° 775.

123
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

L’avoir de la société en liquidation peut être apporté dans une ou plusieurs sociétés
(157).

L’apport peut se rapporter à (une partie de) l’actif de la société en liquidation, sans
que la société acquéreuse ne reprenne les dettes (liées à cet actif) (actif brut), ou à
(une partie de) l’actif de la société en liquidation avec reprise des dettes (liées à cet
actif) (actif net) par la société acquéreuse. Le liquidateur réalisera ensuite les titres
reçus en échange de l’apport, ou une partie, en vue de payer les dettes en souffrance.
Les titres (subsistants) seront partagés entre les actionnaires ou associés au moment
de la clôture de la liquidation (158). Ces titres doivent toutefois facilement être négo-
ciables. Dans le cas contraire, les associés restent en fin de compte, avec leurs titres,
liés à un avoir sur la liquidation sur lequel ils avaient compté.

Etant donné que l’article 190, § 1er, C. soc. a été complété par un alinéa prévoyant
l’accord préalable du tribunal de commerce concernant le partage de l’actif entre les
créanciers, nous supposons que l’apport de l’avoir social devra désormais être sou-
mis à l’approbation du tribunal de commerce.

c) Exiger le paiement des titres (article 188 C. soc.)

Conformément à l’article 188 C. soc., les liquidateurs peuvent exiger le paiement des
sommes qu’ils se sont engagés à verser et qui paraissent nécessaires au paiement des
dettes et des frais de liquidation. Comme déjà indiqué ci-avant, l’article 188 C. soc.
revêt un caractère impératif (159). Le liquidateur ne peut dès lors être privé de ce
pouvoir ni par les statuts ni par l’assemblée générale.

Le liquidateur décide souverainement si des versements supplémentaires sont requis,


sans que les actionnaires ou associés puissent s’y opposer. La responsabilité du ou
des liquidateurs peut toutefois être compromise s’ils ont causé un préjudice aux asso-
ciés ou actionnaires suite à une demande de versement supplémentaire injustifiée
(160).

Les liquidateurs ne peuvent répercuter sur les associés que les sommes que ceux-ci
s’étaient engagés à verser (161). Si la date du versement de l’apport fixée par les
statuts n’est pas encore expirée, les liquidateurs devront patienter.

(157) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 187 W. Venn.», l.c., p. 12, n° 17; Ph. JEHASSE, Manuel de
la liquidation, o.c., p. 369, n° 776.
(158) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 187 W. Venn.», l.c., p. 11, n° 16; Ph. JEHASSE, Manuel de
la liquidation, o.c., p. 368, n° 775.
(159) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 315, n° 643; M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel
188 W. Venn.», février 2001, in Vennootschappen en verenigingen. Commentaar met overzicht van rechts-
praak en rechtsleer, Malines, Kluwer, p. 3, n° 2.
(160) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 188 W. Venn.», l.c., p. 5, n° 4.
(161) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 351, n° 730.

124
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Les liquidateurs doivent en outre tenir compte de l’égalité entre les associés. Cela
signifie qu’ils doivent s’adresser dans la même mesure à tous les actionnaires ou
associés (162).

d. Déroulement de la liquidation

La liquidation de la société se déroule en principe en TROIS phases importantes:

a) la réalisation de l’actif;

b) le paiement des dettes;

c) le partage du solde entre les actionnaires.

– La réalisation de l’actif

La tâche du liquidateur consiste à réaliser l’actif le plus avantageusement possible


afin de pouvoir payer les dettes et de partager l’éventuel solde restant.

a) Inventaire

La loi n’impose aucune obligation au liquidateur concernant l’établissement d’un


inventaire. Les statuts ou la décision de nomination peuvent toutefois prévoir une
telle obligation. Mais c’est généralement le contraire qui se passe en pratique, et le
liquidateur est expressément exempté dans la décision de nomination de l’obligation
de dresser un inventaire. Une telle exemption doit être considérée comme une dé-
charge de sa responsabilité vis-à-vis des actionnaires ou des associés (163).

Il est toutefois conseillé, selon nous (164), que le liquidateur dresse un inventaire de
l’actif et du passif, même s’il en est exempté dans la décision de nomination. Le
liquidateur doit en effet rendre compte, au moment de la clôture, des valeurs de la
société. Même si l’obligation existe dans certaines formes de sociétés d’établir, préa-
lablement à la décision de dissolution, un état résumant la situation active et passive
et de faire contrôler cet état par un réviseur d’entreprises ou un expert-comptable
(165), des changements peuvent parfois survenir dans l’actif dans la période entre la
constatation de cet actif et la décision de dissolution. En outre, la mention de certains
biens dans cet actif ne garantit pas que ces biens soient encore effectivement présents
dans le patrimoine de la société au moment de sa dissolution.

(162) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 112.
(163) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 186 W. Venn.», l.c., pp. 5-6, n°s 4-5; Ph. JEHASSE, Manuel
de la liquidation, o.c., pp. 329-330, n°s 670-675.
(164) Du même avis, H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», o.c.,
p. 225, n° 69.
(165) En vertu de l’art. 181 C. soc.

125
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Pour pouvoir vérifier dans quelle mesure l’inventaire des dettes et créances est cor-
rectement établi, le liquidateur envoie une circulaire:

– à tous les créanciers en leur demandant de confirmer leur créance et de bien vou-
loir accorder un délai pour permettre la liquidation;

– à tous les débiteurs, en même temps qu’un extrait de compte et une demande de
paiement.

Conformément à l’article 28, § 2, de l’arrêté royal du 30 janvier 2001 portant exécu-


tion du Code des sociétés, l’inventaire, dans le cas où la société renonce à poursuivre
ses activités ou lorsque la perspective de continuité de ses activités ne peut être main-
tenue, devra tenir compte des valeurs de réalisation et non des valeurs comptables. Il
y aura donc peut-être application de dépréciations et enregistrement de plus-values.

L’inventaire doit permettre au liquidateur de vérifier si un paiement intégral des det-


tes est possible. Si cela n’est pas le cas, il y a deux possibilités: demander la faillite
OU obtenir un accord avec les créanciers chirographaires.

Le législateur a déjà fourni avec la loi de réparation du 13 avril 1995 (introduction de


l’article 181 C. soc.) et plus tard avec la loi du 2 juin 2006 (confirmation ou homolo-
gation du liquidateur) beaucoup d’efforts pour rendre le processus de liquidation plus
transparent et tempérer la responsabilité des liquidateurs. Les liquidateurs seront ain-
si déjà suffisamment informés par le biais des rapports devant nécessairement être
établis préalablement à la décision de dissolution (166), à savoir:

a) le rapport des gérants ou administrateurs;

b) l’état résumant la situation active et passive, arrêté à une date ne remontant pas à
plus de trois mois;

c) le rapport de l’expert-comptable externe concernant l’état résumant la situation


active et passive, dont il doit ressortir que cet état reflète complètement, fidèle-
ment et correctement la situation de la société.

En ce qui concerne la notion de «complètement, fidèlement et correctement»,


nous renvoyons aux normes relatives au contrôle à opérer lors de la proposition
de dissolution d’une société dont la responsabilité est limitée, qui ont été publiées
dans notre revue Accountancy & Tax (167).

(166) Cette obligation ne s’applique que s’il s’agit de la dissolution d’une SCRL, d’une SCA, d’une
SPRL, d’une SA ou d’une SE (voir art. 181, § 1er, C. soc.).
(167) X., «Normes relatives au contrôle à opérer lors de la proposition de dissolution d’une société dont la
responsabilité est limitée», Accountancy & Tax, 2003, n° 2, pp. 27-35. Les normes figurent in extenso à la
fin de ce chapitre.

126
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

b) Réalisation de l’actif

Le liquidateur doit réaliser les éléments meubles et immeubles de l’actif de la maniè-


re la plus avantageuse possible. A cet égard, le liquidateur doit veiller à ne pas ac-
complir d’actes dits interdits. Le texte explicite suivant a été publié dans «L’Expert
Comptable belge» (168):
L’achat par des mandataires ou leurs intermédiaires de biens qu’ils sont chargés de
vendre, est interdit et nul (art. 1596 C. civ.).
L’article 1596 du Code civil doit du reste être considéré comme l’expression d’un
principe général selon lequel il est interdit d’accomplir tout acte à la suite duquel les
intérêts personnels des liquidateurs pourraient entrer en conflit avec ceux de la so-
ciété.
Le liquidateur ne peut pas non plus accomplir des actes de disposition à titre gratuit.
Une société a en effet toujours un but lucratif (voir Liège, 4 juin 1980, Rev. prat. soc.,
1981, p. 205) (traduction libre).

L’une des manières de réaliser l’actif peut consister à continuer l’exploitation de


l’industrie ou du commerce. Cette continuation des activités de la société est toute-
fois limitée par le fait de la dissolution de la société qui n’existe plus qu’en raison des
exigences de la liquidation. La société ne peut dès lors être continuée qu’en vue de la
liquidation. La société dissoute ne peut commencer de nouvelles activités et peut
encore uniquement recevoir des indemnités trouvant leur origine dans des contrats
qui ont été conclus avant la dissolution.

Une autre manière de réaliser l’actif consiste à apporter l’avoir dans une entreprise
existante ou à constituer.

L’article 442bis C.I.R. 1992 s’applique également en cas de liquidation volontaire


(169).

c) Problématique particulière en matière de réserve de propriété

L’article 101 de la loi du 8 août 1997 sur les faillites rend également, sous certaines
conditions, une clause de réserve de propriété opposable après la faillite. La question
se pose de savoir si cette opposabilité s’applique également dans d’autres cas de
concours, dont la liquidation. Il ne semble pas y avoir d’unanimité à ce propos dans
la doctrine. Certains auteurs (170) et une certaine jurisprudence (171) estiment que
(168) X, «Liquidations de société», L’Expert Comptable belge, 1990, n° 1, pp. 12-13.
(169) Cass., 22 septembre 2006, T.R.V., 2007, p. (41) 44, avec note F. PARREIN, «De niet-tegenstelbaa-
rheid aan de fiscus van de overdracht van een handelsfonds bij vereffening».
(170) E. DIRIX, «Zekerheden, eigendomsvoorbehoud en rangregeling», in H. BRAECKMANS, H. COU-
SY, E. DIRIX, B. TILLEMAN et M. VANMEENEN (eds.), Curatoren en vereffenaars: actuele ontwikke-
lingen, Anvers, Intersentia, 2006, p. 582, n° 110; voir également: I. VEROUGSTRAETE, Manuel de la
faillite et du concordat, Diegem, Kluwer Editions Juridiques Belgique, 1998, p. 463, n° 833: Cet auteur
affirme que l’opposabilité de la réserve de propriété est défendable; J. PEETERS, «Artikel 190 W. Venn.»,
22 mars 2004, in Vennootschappen en verenigingen. Artikelsgewijze commentaar met overzicht van rechts-
praak en rechtsleer, pp. 23-24, n° 23: cet auteur révèle que la Cour de cassation n’a pas encore adhéré à la
thèse de l’opposabilité de la réserve de propriété.
(171) Anvers, 18 novembre 2002, R.W., 2003-2004, p. (629) 630.

127
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

oui, d’autres (172) estiment que non en l’absence de disposition expresse en ce sens.

Le cas échéant, l’opposabilité ne s’applique que dans la mesure où le contrat y affé-


rent a, au plus tard au moment de la livraison du bien, été convenu par écrit et que les
biens ne sont pas devenus immeubles par incorporation. L’action en revendication
doit en outre être exercée au plus tard avant le dépôt du premier procès-verbal de
vérification des créances, c’est-à-dire tout au plus deux mois après la déclaration de
faillite (173).

Il convient également de signaler à cet égard que les curateurs peuvent s’opposer à la
revendication, moyennant le paiement du prix convenu, à l’exclusion des intérêts et
pénalités, qui restent des dettes dans la masse (174). Le motif sous-jacent est que le
créancier qui invoque la réserve de propriété ne peut quand même pas procéder à la
revendication s’il reçoit le principal de la livraison. La formulation est toutefois mal-
heureuse, parce que les «pénalités» sont de toute façon nulles. On entend plutôt ici
les «dommages et intérêts», ou mieux encore, toutes les formes de dommages et
intérêts résultant d’un défaut de paiement.

L’article 102 de la loi sur les faillites répète l’ancien régime relatif à la remise possi-
ble d’effets de commerce. L’article 103 répète celui des marchandises conservées ou
consignées. L’article 104 se rapporte aux marchandises qui ne sont pas encore arri-
vées dans les magasins du failli et l’article 106 aux marchandises qui n’ont pas enco-
re été expédiées. Dans ces deux cas, le vendeur peut retenir les marchandises, sauf si
le curateur préfère faire livrer et paie le prix (175).

L’article 105 de la loi sur les faillites dispose que les frais liés à la revendication
doivent être payés par le revendiquant et que celui-ci doit rembourser les acomptes
reçus.
Compte tenu de cette problématique dans la loi sur les faillites, il convient également
de supposer que la «revendication» des marchandises par les fournisseurs peut se
faire sur une base légale. Le simple fait d’accepter qu’un fournisseur puisse réclamer
les ou «ses» stocks, est exclu. En effet, le fournisseur devra démontrer que la réserve
de propriété émise est «usuelle». La simple modification des conditions de vente sur
ses factures ne sera pas suffisante. Il devra pouvoir prouver que l’ancien organe de
gestion s’est engagé avec lui depuis un certain temps déjà et que cet organe était
conscient du fait que le fournisseur pouvait «revendiquer» les marchandises.

L’expert-comptable chargé du contrôle devra, par conséquent, préalablement à la


mise en liquidation, examiner de manière approfondie la possibilité de vendre les
stocks. Il ne sera pas suffisant à cet égard de fixer et décrire la valeur de réalisation. Il
devra également déterminer la «possibilité de réalisation».

(172) F. T’KINT, Sûretés et principes généraux du droit de poursuite des créanciers, Bruxelles, Larcier,
2004, p. 255, n° 495; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 306, n° 630.
(173) Art. 101 de la loi sur les faillites.
(174) Art. 108 de la loi sur les faillites.
(175) Art. 107 de la loi sur les faillites.

128
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

– Apurement du passif – paiement des dettes

a) Principes

L’article 190, § 1er, C. soc. énumère les principes devant être pris en considération par
les liquidateurs pour le paiement des dettes. Les liquidateurs doivent avant tout payer
les créanciers privilégiés. Ce qui reste doit être réparti «au marc le franc», c’est-à-
dire proportionnellement entre les créanciers.

Suite à la loi du 2 juin 2006, les liquidateurs devront toutefois soumettre, avant la
clôture de la liquidation, le plan de répartition de l’actif entre les différentes catégo-
ries de créanciers pour accord au tribunal de commerce (176).

b) Créances exigibles et non exigibles

Lorsque les liquidateurs procèdent au paiement, ils doivent payer en même temps les
créances exigibles et les créances à terme (sous déduction de l’escompte, certes)
(177). L’article 190, § 1er, C. soc. prévoit toutefois une exception à cette règle. Les
liquidateurs peuvent ainsi d’abord payer les dettes exigibles, si:

– l’actif dépasse notablement le passif (dettes à plus et moins de 1 an);


– les créances à terme ont une garantie suffisante.

Dans ce dernier cas, les liquidateurs sont toutefois responsables sous leur garantie
personnelle, et les créanciers, à terme, ont le droit de recourir aux tribunaux s’ils ne
sont pas d’accord.

Tout ceci sous réserve que le tribunal de commerce soit d’accord avec le plan de
répartition de l’actif entre les différentes catégories de créanciers (178).

c) Actions contestées

Presque chaque liquidation s’accompagne d’actions contestées. Dans l’attente d’une


décision du tribunal concernant ces actions, les liquidateurs ont intérêt à consigner ou
bloquer les sommes nécessaires pour le cas où ils sont condamnés au paiement. Il en
va de même pour les créanciers qui n’ont pas pu être joints ou qui refusent le paie-
ment. Dans le dernier cas, les liquidateurs devront faire une offre de paiement.

d) Les créanciers privilégiés

Nous avons déjà mentionné plus haut que la liquidation ne touche pas aux droits des
créanciers privilégiés (179). Ils pourront réclamer le paiement intégral de leur créan-

(176) Nouvel art. 190, § 1er, C. soc.


(177) Art. 190, § 1er, C. soc.
(178) Nouvel art. 190, § 1er, C. soc., introduit par l’art. 4 de la loi du 2 juin 2006.
(179) Voir art. 190, § 1er, C. soc.: «(…) sans préjudice des droits des créanciers privilégiés …».

129
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

ce et peuvent même accomplir des actes d’exécution à cet effet contre la société. Cela
signifie qu’ils pourront éventuellement provoquer pendant la liquidation la réalisa-
tion forcée de l’actif de la société à leur avantage (180). Si les liquidateurs veulent
éviter cela, ils ne pourront rien faire d’autre que de payer immédiatement les créan-
ciers privilégiés. Le liquidateur qui omet de payer, à partir des revenus de la vente du
mobilier d’un immeuble loué par la société en liquidation, les loyers entre-temps
échus, est ainsi tenu responsable envers le locataire impayé (181).

Il convient toutefois de nuancer ce qui précède: seul le titulaire d’une sûreté réelle
(par exemple, une hypothèque) ou d’un privilège particulier (par exemple, proprié-
taire – bailleur) peut imposer sa volonté (182).

e) Concours de créanciers bénéficiant d’un privilège général

Dans un arrêt du 19 janvier 1984 (183), la Cour de cassation a décidé que le principe
d’égalité entre les créanciers, prévu à l’article 190, § 1er, C. soc., s’oppose à ce que
des actes d’exécution, qui pourraient porter préjudice aux créanciers conjoints, soient
posés par les créanciers qui ne bénéficient pas d’un privilège spécial ou d’une sûreté
réelle. En l’espèce, l’Office national de sécurité sociale avait accompli des actes d’exé-
cution.

f) Egalité entre les créanciers (chirographaires) ordinaires

Dès le moment où la société est mise en liquidation (184), le concours existe entre les
créanciers ordinaires et les créanciers bénéficiant d’un privilège général (185) de la
société. Ceci implique que leurs droits sont à ce moment irrévocablement fixés (186)
et qu’une stricte égalité doit régner entre eux. Ces règles empiriques ont été confir-
mées dans deux arrêts de cassation importants (187). On évite ainsi qu’un créancier
impétueux ou simplement diligent exerce une pression sur les liquidateurs pour se
faire payer en priorité, ce qui est bien évidemment préjudiciable aux autres créan-
ciers ordinaires.

(180) K. GEENS, M. DENEF, R. TAS, F. HELLEMANS et J. VANANROYE, «Overzicht van rechtspraak


vennootschappen 1992-1998», l.c., p. 488, n° 481.
(181) Gand, 15 mars 2001, TWVR 2001, p. 77, note F. MOEYKENS, «De verantwoordelijkheid van de
vereffenaar van een vennootschap tot het respecteren van de voorrechten».
(182) J. PEETERS, «Artikel 190 W. Venn.», l.c., p. 13, n°s 12 et 16, n° 14.
(183) Cass., A.R. 6898, 19 janvier 1984 (ONSS / Manutentions, triages et travaux), Arr. Cass., 1983-84, p.
583; Bull., 1984, p. 546; J.T., 1984, p. 548; Pas., 1984, I, p. 546; Rev. prat. soc., 1985, p. 239, note F. ‘T
KINT, T.B.H., 1984, p. 614.
(184) Bruxelles, 30 mai 2006, D.A.O.R., 2007, p. (200) 202; J. PEETERS, «Artikel 190 W. Venn.», l.c., p.
13, n° 11; H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 208, n°
36.
(185) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 271, n° 543; H. BRAECKMANS, «Vereffening van
vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 208, n° 36; D. VAN GERVEN, «Kroniek Vennootschapsrecht
2005-2006», T.R.V., 2006, p. 514, n° 25.
(186) Cass., 23 septembre 2004, R.C.J.B., 2005, p. (435) 445.
(187) Cass., 24 mars 1977, R.W., 1977-78, pp. 383 et 385, avec note L. SIMONT; R.C.J.B., 1977, p. 628
avec note Ph. GERARD; voir aussi: F. T’KINT, Le concours des créanciers d’une société en liquidation,
Rev. prat. soc., 1977, n° 5946, pp. 161 et s.; J. PEETERS, «Artikel 190 W. Venn.», l.c., p. 11, n° 10.

130
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Le principe d’égalité entre les créanciers entraîne un certain nombre de profondes


conséquences:

a) la compensation (188) est exclue entre les dettes dont l’une des deux n’est pas
certaine ou exigible au moment de la mise en liquidation (189);

b) le vendeur de biens meubles ne peut pas, après la mise en liquidation, intenter une
action en dissolution du contrat de vente ou une action en revendication (190).
Les clauses de réserve de propriété ne pourront pas non plus être invoquées con-
tre la masse des créanciers de la société en liquidation. Le vendeur peut toutefois,
le cas échéant, invoquer l’article 20, 5°, de la loi hypothécaire (privilège du ven-
deur impayé). Il est toutefois requis à cet effet qu’il s’agisse d’un bien meuble
corporel ou incorporel, que le bien soit en possession de l’acquéreur, qu’il n’ait
subi aucun traitement et qu’il ne soit pas devenu immeuble par destination ou
incorporation (191);

c) dès la mise en liquidation, le cours des intérêts sur les créances ordinaires est
suspendu dans la relation entre les créanciers (192). Vis-à-vis de la société, les
intérêts continuent donc simplement à courir. Cela signifie que, si après le paie-
ment des créances, tel que défini au moment de la mise en liquidation, l’actif
n’est pas encore épuisé, les liquidateurs sont tenus de payer les intérêts à partir de
la date de mise en liquidation soit intégralement, soit proportionnellement, en
fonction de la taille de l’actif restant (193).

g) Dettes de la masse contre dettes dans la masse

Comme déjà mentionné ci-avant, le concours ne touche pas chaque créancier. Les
créances privilégiées – à l’exception des dettes bénéficiant d’un privilège général –
tombent ainsi en dehors du concours. Il convient en outre d’opérer une distinction
entre lesdites «dettes dans la masse» et «dettes de la masse». Ces dernières échappent
au principe d’égalité et doivent par conséquent être payées en priorité par rapport aux
dettes dans la masse (194).

La Cour de cassation n’avançait initialement qu’un seul critère chronologique pour


faire la distinction entre les dettes dans la masse et les dettes de la masse. Les dettes

(188) Compensation légale, conventionnelle ou judiciaire.


(189) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp.
136-137; J. PEETERS, «Artikel 190 W. Venn.», l.c., pp. 17-19, n°s 16-17.
(190) J. PEETERS, «Artikel 190 W. Venn.», l.c.
(191) Art. 20, 5°, loi hypothécaire; J. PEETERS, «Artikel 190 W. Venn.», l.c., p. 23, n° 22.
(192) Cass., 24 mars 1977, R.W., 1977-78, pp. 383 et 385, avec note L. SIMONT; R.C.J.B., 1977, p. 628
avec note Ph. GERARD; J. MALHERBE, Ph. LAMBRECHT et Ph. MALHERBE, Précis de droit des
sociétés, o.c., p. 845, n° 1375; Ce principe est critiqué dans la doctrine: voir J. PEETERS, «Artikel 190 W.
Venn.», l.c., pp. 25-26, n° 27.
(193) Bruxelles, 30 mai 2006, DAOR, 2007, p. (200) 203; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c.,
pp. 283-284, n°s 573-574; J. PEETERS, «Artikel 190 W. Venn.», l.c., p. 25, n° 26.
(194) F. BOUCKAERT, Notarieel vennootschapsrecht N.V. en B.V.B.A., o.c., p. 934; J. PEETERS, «Arti-
kel 190 W. Venn.», l.c., pp. 13-17, n°s 12-14.

131
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

dans la masse étaient les dettes nées avant la mise en liquidation, les dettes de la
masse étaient les dettes nées après la mise en liquidation (195).

Ce critère purement chronologique se heurtait à des objections parce qu’il conduisait


à des conséquences iniques et une inégalité de traitement des créanciers. C’est la
raison pour laquelle la Cour de cassation a ajouté dans un certain nombre d’arrêts de
principe (196), outre le critère chronologique, encore un critère fonctionnel: une det-
te ne peut être mise à charge de la masse que lorsque le liquidateur a contracté quali-
tate qua des engagements en vue de l’administration de ladite masse. Sont dès lors
qualifiables de dettes de la masse la continuation de l’activité commerciale, l’exécu-
tion des conventions, l’utilisation de biens meubles et immeubles (197).

Selon une certaine doctrine (198), la rémunération du liquidateur doit être qualifiée
de dette dans la masse. Le droit à rémunération du liquidateur n’est en effet pas un
droit qualitate qua, mais une indemnité qui fait partie de la relation interne entre la
société et le liquidateur, agissant en son nom propre et non qualitate qua. D’autres
auteurs (199) considèrent la rémunération du liquidateur comme une dette de la mas-
se.

– Partage du solde de l’actif

Le solde de liquidation – c’est-à-dire ce qui reste après l’apurement de toutes les


dettes vis-à-vis des tiers, mais avant le remboursement aux actionnaires ou associés
de leurs apports effectivement versés – doit avant tout être affecté au remboursement
aux actionnaires ou associés des apports effectivement versés (200).

Dans le cas où le solde de liquidation est inférieur au total des apports effectivement
versés et que toutes les parts sont entièrement libérées dans la même mesure, le rem-
boursement sera effectué proportionnellement à la valeur nominale ou au pair comp-
table des actions (201). Si le solde de liquidation est inférieur au total des apports
effectivement versés et que toutes les parts ne sont pas entièrement libérées dans la
même mesure, la perte doit être répartie entre les associés ou actionnaires en fonction

(195) H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 223, n° 68.
(196) Cass., 16 juin 1988, R.W., 1988-89, p. 433; T.R.V., 1988, p. 352, note J. LIEVENS, «Vennootschap in
vereffening: boedelschulden geherdefinieerd»; R.C.J.B., 1990, p. 5, note I. VEROUGSTRAETE; K.
GEENS, M. DENEF, R. TAS, F. HELLEMANS et J. VANANROYE, «Overzicht van rechtspraak ven-
nootschappen 1992-1998», l.c., pp. 488-489, n° 482.
(197) H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 224, n° 68.
(198) Voir H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», o.c., p. 224, n°
68 (et la doctrine citée en note en bas de page 139).
(199) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp. 84-
85; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 210, n° 403; M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel
184 W. Venn.», l.c., p. 30, n° 48; A. DE WILDE, «Boedelschulden en lopende overeenkomsten», in H.
BRAECKMANS, H. COUSY, E. DIRIX, B. TILLEMAN et M. VANMEENEN (eds.), Curatoren en ve-
reffenaars: actuele ontwikkelingen, Anvers, Intersentia, 2006, p. 610, n° 37.
(200) J. PEETERS, «Artikel 190 W. Venn.», 22 mars 2004, in Vennootschappen en verenigingen. Artikel-
sgewijze commentaar met overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Malines, Kluwer, 43, n° 46.
(201) J. PEETERS, «Artikel 190 W. Venn.», l.c., p. 44, n° 46.

132
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

de la partie du capital qui est représentée par leurs actions, quel que soit le niveau de
libération des actions (202).

S’il reste encore quelque chose après le remboursement des apports effectivement
versés, cette somme est partagée entre les associés ou actionnaires à la clôture de la
liquidation. Si les statuts ne fixent pas le partage du solde de liquidation net, la part de
chaque actionnaire ou associé est proportionnelle à son apport (203).

Conformément à l’article 190, § 2, C. soc., le liquidateur distribuera aux associés ou


actionnaires les sommes ou valeurs qui peuvent former des répartitions égales; il leur
remettra les biens qui ont dû être conservés pour être partagés (en indivision). L’actif
en indivision est attribué aux associés ou actionnaires conjointement, qui doivent
alors procéder eux-mêmes au partage conformément aux dispositions du Code civil
(204). En pratique, le liquidateur aura en majeure partie réalisé l’actif de la société et
partagera le produit entre les associés ou actionnaires. Il est même possible d’arrêter
cette méthode par décision de l’assemblée générale. Il est évident que les opérations
de partage se dérouleront plus facilement lorsque les associés ou actionnaires sont
peu nombreux. C’est la raison pour laquelle l’article 190, § 2, C. soc. autorise les
liquidateurs, moyennant l’accord de l’assemblée générale, à racheter les actions de la
société, et ce uniquement par souscription ou soumission, auxquelles tous les asso-
ciés ou actionnaires seraient admis à participer.

e. Nouvelles obligations des liquidateurs (205)

La loi du 2 juin 2006 (206) a profondément modifié la procédure de liquidation sur


certains points. Ces modifications sont commentées infra dans une autre partie. Nous
nous limitons ci-après à une simple énumération de quelques nouvelles obligations
imposées par cette loi.

– Introduction de l’art. 189bis C. soc.

Les liquidateurs devront désormais transmettre au cours des sixième (6e) et douziè-
me (12e) mois de la première année (1re) de la liquidation, un état détaillé de la situa-
tion de la liquidation au greffe du tribunal de commerce.

(202) J. PEETERS, «Artikel 190 W. Venn.», l.c., p. 46, n° 50; voir aussi M. WYCKAERT, Kapitaal in N.V.
en B.V.B.A., Kalmthout, Biblo, 1995, p. 523.
(203) Art. 30 C. soc.
(204) J. PEETERS, «Artikel 190 W. Venn.», l.c., p. 53, n° 62.
(205) Pour un commentaire des nouvelles obligations, voir R. VAN BOVEN, cet ouvrage; voir aussi R.
VAN BOVEN, «Ontbinding van vennootschappen: rechtbank van koophandel ziet voortaan toe op de
vereffeningsprocedure», T. Not., 2006, n° 10, pp. 508-515; H. BRAECKMANS, «Vereffening van ven-
nootschappen: nieuwe bevoegdheid van de rechtbank van koophandel», R.W., 2006-07, pp. 662-673; E.L.
SPRUYT, «Vereffening «new look»: enkele voor de praktijk belangrijke aandachtspunten», Nieuwsbrief
Notariaat 2007, n° 1, pp. 1-7; K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De wet van 2 juni 2006 tot
verbetering van de vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», T.R.V., 2007, pp. 3-20.
(206) Loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés en vue d’améliorer la procédure de liquidation,
M.B., 26 juin 2006.

133
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

A partir de la deuxième (2e) année de la liquidation, cet état détaillé n’est transmis au
greffe que tous les ans.

L’article 189bis C. soc. stipule qu’un «état détaillé de la situation de la liquidation»


doit être transmis au greffe. Cette disposition ne précise pas s’il s’agit d’un «état»
résumant la situation active et passive ou d’un rapport du liquidateur concernant l’état
de la situation de la réalisation de l’actif et/ou du paiement des dettes. Nous estimons
qu’il est souhaitable que le liquidateur établisse un état détaillé dans lequel il expli-
que ses activités, les éventuelles difficultés, litiges, attentes et le déroulement de la
liquidation en général, ainsi qu’un état résumant la situation active et passive des
cinq et des onze premiers mois de la liquidation, quelle que soit la date de clôture.

– Ajout à l’art. 190, § 1er, C. soc.

Avant la clôture de la liquidation, les liquidateurs soumettent le plan de répartition de


l’actif entre les différentes catégories de créanciers pour accord au tribunal de com-
merce dans l’arrondissement duquel se trouve le siège de la société.

Le tribunal peut requérir du liquidateur tous renseignements utiles pour vérifier la


validité du plan de répartition.

– Insertion de l’art. 195bis C. soc.

Il est tenu au greffe, pour chaque liquidation, sous peine d’amendes, un dossier con-
tenant:

a) le dossier visé à l’article 67, § 2, C. soc., plus précisément tous les actes, modifi-
cations, actes de coordination, démissions et nominations, changement de siège,
etc.

b) les rapports visés à l’article 181, § 1er, C. soc.


– la proposition de dissolution commentée dans un rapport établi par l’organe de
gestion;
– un état résumant la situation active et passive, arrêté à une date ne remontant pas
à plus de trois mois et établi conformément à l’article 92 C. soc. (que ce soit ou
non suivant l’article 28, § 1er, ou l’article 28, § 2, A.R. 30 janvier 2001);
– un rapport du commissaire ou, à défaut, d’un réviseur d’entreprises ou d’un ex-
pert-comptable externe;
– l’acte portant la décision de dissolution de la société (établi par le notaire).

c) les rapports visés à l’article 189bis C. soc.


– 1re année: états semestriels de l’état de la liquidation;
– à partir de la 2e année: état annuel de l’état de la liquidation;

d) les extraits des actes de démission et de nomination, conformément aux publica-


tions prévues aux articles 74, 2e, et 195.

134
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

e) la liste des homologations et des confirmations.

Les insertions et ajouts précités doivent permettre aux tribunaux de commerce d’ins-
taurer environ le même contrôle que celui qui existe pour le curateur.

f. Compte rendu annuel de l’assemblée générale – comptes annuels – commissaire

Conformément à l’article 193 C. soc., les liquidateurs soumettent chaque année à


l’assemblée générale de la société les comptes annuels avec l’indication des causes
qui ont empêché la liquidation d’être terminée.

Il revient au liquidateur de convoquer chaque année une assemblée générale en vue


de présenter les comptes annuels. La majorité, dans la doctrine (207), maintient que
le liquidateur n’est pas lié à cet égard par la date de l’assemblée générale ordinaire
fixée dans les statuts. Le liquidateur peut par conséquent fixer librement la date et
l’heure de cette assemblée générale, à condition qu’elle ait lieu dans les six mois
suivant la date de clôture de l’exercice (208).

Les comptes annuels doivent seulement être présentés à l’assemblée générale, ils ne
doivent pas être approuvés par cette dernière (209).

S’il s’agit d’une société anonyme, d’une société coopérative, d’une société en com-
mandite par actions ou d’une société privée à responsabilité limitée, les liquidateurs
doivent établir des comptes annuels conformément à l’article 92 C. soc., les soumet-
tre à l’assemblée générale et, dans les trente jours de la date de l’assemblée et au plus
tard sept mois après la date de clôture de l’exercice, les déposer à la Banque nationale
de Belgique, accompagnés des autres documents prévus par le présent article; les
articles 101 et 102 sont applicables à ce dépôt. On admet qu’il convient d’entendre
par «autres documents prévus par le présent article» le rapport indiquant les causes
qui ont empêché la liquidation d’être terminée (210).

Les premiers comptes annuels devant être établis par les liquidateurs se rapporteront
à la partie restante de l’exercice au cours duquel la société a été mise en liquidation.

(207) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 604, n° 1175; P. HAINAUT-HAMENDE et G.


RAUCQ, Les sociétés anonymes. Constitution et fonctionnement, Bruxelles, Larcier, 2005, p. 699, n° 567;
H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», l.c., p. 211, n° 41.
(208) Art. 92, § 1er, deuxième alinéa, C. soc.; P. HAINAUT-HAMENDE et G. RAUCQ, Les sociétés
anonymes. Constitution et fonctionnement, o.c., p. 699, n° 567.
(209) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp. 57-
58; F. BOUCKAERT, Notarieel vennootschapsrecht N.V. en B.V.B.A., o.c., p. 931; M. CORYNEN et E.
DE BIE, «Artikel 193 W. Venn.», février 2001, in Vennootschappen en verenigingen. Artikelsgewijze com-
mentaar met overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Malines, Kluwer, p. 6, n° 2; Ph. JEHASSE, Manuel
de la liquidation, o.c., p. 260, n° 522 et p. 605, n° 1180; T. BAART et S. ROEMERS, «Bedenkingen bij de
sluiting van de vereffening van een (deficitaire) vereffening», T.R.V., 2005, p. 291; H. BRAECKMANS,
«Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», l.c., p. 211, n° 41.
(210) H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», l.c., p. 211, n° 42; en
ce sens: M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 193 W. Venn.», l.c., p. 10, n° 8.

135
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Les comptes annuels relatifs à la partie déjà expirée doivent en effet être établis par
les derniers administrateurs ou gérants en fonction (211).

Les liquidateurs qui négligent de soumettre à l’assemblée générale les comptes an-
nuels ou les résultats de la liquidation, conformément aux articles 193 et 194 C. soc.,
peuvent être punis d’une amende de 50 à 10 000 EUR (212). Les liquidateurs qui
manquent aux obligations de dépôt sont solidairement tenus de payer l’amende ad-
ministrative imposée par l’article 129bis C. soc. (213)

Selon une certaine doctrine (214), le mandat de commissaire prend fin de plein droit
au moment de la mise en liquidation de la société. Le contrôle annuel effectué par le
commissaire est en effet remplacé à partir de ce moment par un contrôle à la fin de la
liquidation (conformément à l’article 194 C. soc.). D’autres auteurs (215) estiment
que depuis la reformulation de l’article 194 C. soc. (216), la mission du commissaire
continue tout simplement.

g. Clôture de la liquidation

– Une seule assemblée

Avant l’entrée en vigueur de la loi du 2 juin 2006, il était d’usage – pour ce qui était
des simples liquidations – de dissoudre et de liquider la société dans un seul acte. Le
délai d’un mois visé à l’article 194 C. soc. (217) est en effet prévu dans l’intérêt des
associés, de sorte qu’ils peuvent – moyennant l’unanimité des actionnaires ou asso-
ciés – y renoncer (218).

(211) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 193 W. Venn.», l.c., p. 6, n° 2; H. BRAECKMANS, «Veref-


fening van vennootschappen buiten faillissement», l.c., p. 211, n° 41.
(212) Art. 196, 4°, C. soc.
(213) Art. 196bis C. soc.
(214) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 265, n° 534; P. HAINAUT-HAMENDE et G.
RAUCQ, Les sociétés anonymes. Constitution et fonctionnement, o.c., p. 697, n° 563.
(215) K. GEENS, F. HELLEMANS, F. JENNE, J.-P. MAES, Y. STEMPNIERWSKY, M. WAUTERS, L.
WEYTS et M. WYCKAERT, Het wetboek van vennootschappen en zijn uitvoeringsbesluit, Kalmthout,
Biblo, 2002, p. 123; J. MALHERBE, Ph. LAMBRECHT et Ph. MALHERBE, Précis de droit des socié-
tés, o.c., p. 843, n° 1373; T. BAART et S. ROEMERS, «Bedenkingen bij de sluiting van de vereffening
van een (deficitaire) vereffening», T.R.V., 2005, p. 293; H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennoots-
chappen buiten faillissement», l.c., p. 235, n° 93; F. WALSCHOT, «De revisor, de ontbinding en de veref-
fening van vennootschappen», in M. DE WOLF et D. VAN CUTSEM (eds.), Bedrijfsrevisoraat: nieuwe
verwachtingen, nieuwe eisen, Bruges, die Keure, 2006, p. 290, n° 614; INSTITUT DES RÉVISEURS D’ENTREPRISES,
Vademecum 2005. Tome I: Doctrine, Anvers, Standaard Uitgeverij, 2005, p. 472.
(216) L’art. 194 C. soc. prévoit en effet qu’après la liquidation, les liquidateurs doivent établir les comptes,
qui doivent être contrôlés par le commissaire.
(217) L’art. 194 C. soc. oblige le liquidateur à déposer, au moins un mois avant l’assemblée générale (qui
décide de la clôture de la liquidation), les comptes et documents au siège de la société.
(218) L. WEYTS, «Ontbinding, vereffening en sluiting van de vereffening van een vennootschap in één
dag: het kan», T.R.V., 2003, p. 288; D. VAN GERVEN et M. WYCKAERT, «Kroniek Vennootschapsrecht
2002-2003», T.R.V., 2003, p. 629, n° 30.

136
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

La loi du 2 juin 2006 a élargi l’article 190, § 1er, C. soc. à l’obligation de soumettre le
«plan de répartition de l’actif…» à l’approbation du tribunal de commerce et d’atten-
dre son avis concernant la répartition proposée. Nous supposons par conséquent que
la liquidation ne peut être clôturée, en d’autres termes que le liquidateur ne peut
convoquer l’assemblée générale qu’après que le tribunal de commerce a donné son
accord (219).

– La clôture de la liquidation

Conformément à l’article 194 C. soc., les liquidateurs doivent, après la liquidation et


au moins un mois avant l’assemblée générale qui décide de la clôture de la liquida-
tion, déposer les comptes et pièces à l’appui au siège de la société.

Toujours suivant cette disposition, ces documents sont contrôlés par le commissaire.
A défaut de commissaire, les associés disposent d’un droit individuel d’investiga-
tion, pour lequel ils peuvent se faire assister d’un expert-comptable externe ou d’un
réviseur d’entreprises.

L’assemblée entend le cas échéant le rapport du commissaire et statue sur la décharge


des liquidateurs.

La décision de l’assemblée générale de clôturer la liquidation peut être prise sans


exigence de quorum. La décision de clôturer la liquidation est prise à la majorité
simple, sauf disposition contraire dans les statuts. La décision ne doit pas être prise
en forme authentique, sauf si des biens immeubles doivent encore être attribués aux
actionnaires (220). La décision de clôturer la liquidation implique nécessairement
l’approbation des comptes de liquidation et l’octroi de la décharge au liquidateur
(221).

La décision de clôturer la liquidation sous réserve de la compétence du liquidateur


(ou d’un tiers) de régler encore certaines choses au nom et pour le compte de la
société, n’a pas d’effet. La société continue le cas échéant d’exister. Une nouvelle
décision est dès lors requise pour clôturer la liquidation (222).

L’assemblée générale doit également désigner l’endroit où les livres et documents


sociaux doivent être déposés et conservés pendant au moins cinq ans, et doit égale-

(219) Concernant cette problématique, voir R. VAN BOVEN, «La loi du 2 juin 2006 modifiant le Code
des sociétés en vue d’améliorer la procédure de liquidation», cet ouvrage.
(220) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 410, n° 861 et p. 411, n° 862; M. CORYNEN et E.
DE BIE, «Artikel 194 W. Venn.», février 2001, in Vennootschappen en verenigingen. Artikelsgewijze com-
mentaar met overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Malines, Kluwer, p. 14, n° 15; H. BRAECKMANS,
«Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», l.c., p. 250, n° 117.
(221) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 409, n° 858; M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel
194 W. Venn.», l.c., p. 13, n° 13; H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillisse-
ment», l.c., p. 249, n° 115.
(222) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 194 W. Venn.», l.c., p. 16, n° 16.

137
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

ment prendre les mesures nécessaires pour la consignation des sommes et valeurs
revenant aux créanciers ou aux associés et dont la remise n’aurait pu leur être faite
(223).

La décision de clôturer la liquidation doit être déposée au greffe du tribunal de com-


merce et publiée aux annexes du Moniteur belge. Cette publication contient en outre
l’indication de l’endroit où les livres et documents sociaux devront être déposés et
conservés pendant cinq ans au moins, et des mesures prises en vue de la consignation
des sommes et valeurs revenant aux créanciers ou aux associés et dont la remise
n’aurait pu leur être faite (224).

– Effets de la clôture de la liquidation

La clôture de la liquidation a pour effet que la société n’existe plus en tant que per-
sonne morale (active). La société mènera encore pendant cinq ans une existence pu-
rement passive en la personne du liquidateur (225). Attendu que la société n’existe
plus en tant que telle et qu’elle n’a plus d’avoirs, les créanciers sociétaires auront du
mal à mener leur action à bonne fin. S’ils peuvent démontrer que le liquidateur a
commis une faute, ce dernier sera toutefois personnellement tenu de payer les dettes.

Les créanciers peuvent toutefois encore jouer d’autres atouts en provoquant notam-
ment la faillite de la société pendant six mois à compter de la clôture de la liquidation
(226) (227). Ils devront démontrer à cet effet que la société avait cessé de payer et
que son crédit était ébranlé au moment de la clôture.

Enfin, les créanciers pourront encore réclamer l’annulation de la décision de clôturer


la liquidation s’ils démontrent que la clôture a eu lieu en fraude de leurs droits (frau-
de paulienne – article 1167 C. civ.) (228). L’annulation peut éventuellement être ré-
clamée en vertu de l’article 64, 3°, C. soc. (excès de pouvoir ou détournement de
pouvoir) (229). L’annulation a pour effet que la société est de nouveau dotée de la
personnalité juridique et qu’elle redevient titulaire de l’actif qui est passé dans le
patrimoine privé des actionnaires suite à la clôture (230).

(223) Art. 195, § 1er, 1° et 2°, C. soc.


(224) Art. 195, § 1er, C. soc.
(225) Art. 198, § 1er, troisième tiret, C. soc.
(226) Art. 1er, dernier alinéa, de la loi sur les faillites du 8 août 1997.
(227) J. MALHERBE, Ph. LAMBRECHT et Ph. MALHERBE, Précis de droit des sociétés, o.c., p. 853,
n° 1384; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 423, n° 882.
(228) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 194 W. Venn.», l.c., p. 3134, n° 32; H. BRAECKMANS,
«Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», l.c., p. 253, n° 123.
(229) F. BOUCKAERT, Notarieel vennootschapsrecht N.V. en B.V.B.A., o.c., p. 946; H. BRAECKMANS,
«Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», l.c., p. 254, n° 123.
(230) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 194 W. Venn.», l.c., p. 33, n° 32; E. DE BIE et J. DE
LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp. 197-199.

138
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

h. Responsabilité civile du liquidateur

– Principe

Conformément à l’article 192 C. soc., les liquidateurs sont responsables tant envers
les tiers (lisez: les créanciers (231)) qu’envers les associés (lisez: la société (232)) de
l’exécution de leur mandat et des fautes commises dans leur gestion.

Vis-à-vis de la société, la situation des liquidateurs est claire: ils sont les mandataires
de la société et sont responsables en tant que tels. Leur situation est fort comparable
à celle des administrateurs (233). Pour l’exercice de leur mandat, les liquidateurs
sont responsables envers la société et non envers les associés individuellement (234).

Vis-à-vis des tiers, les liquidateurs n’agissent pas en tant que mandataires. Leur res-
ponsabilité trouve son origine dans l’article 192 C. soc. Cette responsabilité s’écarte
du droit commun selon lequel seul le donneur d’ordre peut tenir le mandataire res-
ponsable pour les fautes commises par ce dernier dans l’exercice de sa fonction.

Au décès du liquidateur, les préjudiciés peuvent se retourner contre la succession et


les héritiers qui ont accepté la succession. Il est impossible de se retourner contre les
héritiers réservataires qui ont rejeté la succession (235).

Si la faute du liquidateur est de nature (quasi-)délictuelle, celui-ci pourra être amené


à se justifier en vertu des articles 1382 et 1383 C. civ. (236)

– Responsabilité envers la société

La responsabilité du ou des liquidateurs est compromise par l’actio mandati, égale-


ment appelée action sociale (237). La décision d’engager l’actio mandati revient par
conséquent à l’assemblée générale (238).

(231) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 88;
M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 192 W. Venn.», l.c., p. 6, n° 5; Ph. JEHASSE, Manuel de la
liquidation, o.c., p. 459, n° 936.
(232) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 87;
M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 192 W. Venn.», février 2001, in Vennootschappen en verenigingen.
Artikelsgewijze commentaar met overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Malines, Kluwer, p. 4, n° 3; Ph.
JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 453, n° 923.
(233) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 87.
(234) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 87;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 453, n° 923.
(235) Gand, 27 avril 2004, T.G.R., 2004, p. 314.
(236) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 447, n° 908.
(237) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 87;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 452, n° 922.
(238) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 87;
M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 192 W. Venn.», l.c., p. 4, n° 4; Ph. JEHASSE, Manuel de la
liquidation, o.c., p. 454, n° 927.

139
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

L’action en responsabilité contre les liquidateurs ne peut être intentée par le biais de
l’action minoritaire (239).

Le liquidateur ne peut plus être tenu responsable par la société si celle-ci lui a donné
quittance. La quittance découle automatiquement de la clôture de la liquidation (240).

Le liquidateur qui, en vue de permettre la transition de l’entreprise dans le cadre de la


liquidation, a licencié un travailleur protégé sans motif grave et sans demander préa-
lablement la reconnaissance de l’existence de motifs économiques ou techniques à la
commission paritaire, a commis une faute dans l’exercice de son mandat. Etant don-
né que la société n’aurait pas dû payer d’indemnité de licenciement sans le licencie-
ment fautif, le liquidateur a été condamné à se porter garant de la masse de la faillite
(241).

– Responsabilité envers les tiers

Il arrive fréquemment que des tiers – généralement des créanciers mécontents – com-
promettent la responsabilité des liquidateurs. C’est le cas, entre autres, pour:

– le liquidateur qui, en cas de liquidation déficitaire, paie les dettes dans la masse
au moyen des liquidités disponibles, commet une faute, si de ce fait et à ce mo-
ment une dette certaine et liquide de rang supérieur bénéficiant d’un privilège
général ne peut être acquittée (242);
– le liquidateur qui omet de payer, au moyen du produit de la vente du mobilier
d’un bien immeuble loué par la société en liquidation, les loyers entre-temps échus,
a été tenu responsable envers le locataire impayé (243);
– le liquidateur qui, à la clôture de la liquidation, partage tous les actifs entre les
associés et ne tient pas compte à cet égard des créanciers impayés, commet une
faute qui compromet sa responsabilité personnelle (244);
– le liquidateur commet une faute lorsqu’il place le prix de vente du fonds de com-
merce sur un compte bancaire auprès de l’établissement de crédit auquel la socié-
té est redevable de sommes importantes. Le liquidateur aurait dû prévoir que l’éta-
blissement de crédit affecterait par compensation les sommes à la réduction de sa
créance. Le rang des créanciers n’a en outre pas été pris en considération pour le
paiement des dettes (245);

(239) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 87;
M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 192 W. Venn.», l.c., p. 5, n° 4.
(240) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 87;
M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 192 W. Venn.», l.c., p. 9, n° 10; Ph. JEHASSE, Manuel de la
liquidation, o.c., p. 455, n° 930.
(241) C. trav. Gand, 8 novembre 2002, Soc. Kron., 2005, p. 198; D. VAN GERVEN, «Kroniek vennoots-
chapsrecht 2004-2005», T.R.V., 2005, p. 237, n° 85.
(242) Anvers, 12 septembre 2002, J.D.S.C., 2005, p. 300, note M. DELVAUX.
(243) Gand, 15 mars 2001, TWVR, 2001, p. 77, note F. MOEYKENS, «De verantwoordelijkheid van de
vereffenaar van een vennootschap tot het respecteren van de voorrechten».
(244) Liège, 20 mars 1991, J.T., 1992, p. 16.
(245) Com. Anvers, 13 janvier 2006, R.W., 2005-2006, p. 1553; D. VAN GERVEN, «Kroniek vennoots-
chapsrecht 2005-2006», T.R.V., 2006, p. 545, n° 91.

140
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

– le liquidateur commet une faute lorsqu’il a partagé le bonus de liquidation et un


certain nombre de dettes sans tenir compte de la dette fiscale dont il avait ou
devait avoir connaissance, et sans avoir consigné les sommes nécessaires à cet
effet (246).

– Responsabilité de droit commun

Les liquidateurs sont bien évidemment également responsables de leurs fautes extra-
contractuelles (en vertu de l’article 1382 C. civ.).

Le liquidateur sera ainsi, en vertu de l’article 1382 C. civ., personnellement responsa-


ble envers les associés individuels de l’abus qu’il fait de sa fonction. Cela sera le cas,
par exemple, s’il vend le fonds de commerce à un prix trop bas à un groupe d’anciens
actionnaires.

Les liquidateurs sont également responsables de leurs fautes de droit commun envers
les tiers. Le liquidateur est tenu, en tant qu’organe de représentation de la société
dissoute, dans le mois qui suit celui au cours duquel elle a cessé ses paiements, d’en
faire la déclaration tel que prescrit à l’article 9 de la loi sur les faillites. A défaut, il
peut être tenu responsable de l’augmentation du passif de la société à partir du mo-
ment où il aurait dû accomplir la déclaration (247).

Le fait d’hésiter pendant deux mois avant de décider de la déclaration de faillite en


toute connaissance de cause, peut difficilement être considéré comme un acte illégi-
time du liquidateur (248).

– Responsabilité de plusieurs liquidateurs

Sauf disposition contraire dans les statuts ou la décision de nomination (249), les
liquidateurs sont individuellement responsables de leurs erreurs. Lorsque toutefois
les liquidateurs ont commis des fautes communes ou concurrentes qui ont contribué
au même dommage et que la part individuelle de chaque liquidateur dans le domma-
ge ne peut être constatée, ils seront tenus in solidum (conjointement) à l’indemnisa-
tion de l’intégralité du dommage. Les liquidateurs qui se sont abstenus ou qui ont
voté contre sont, le cas échéant, délivrés de toute responsabilité (250).

(246) Cass., 21 octobre 2005, T.F.R., 2006, p. (327) 331, avec note A. DOOLAEGE et C. VAN HOUTE,
«Over fout en «geconsommeerde» fout bij de vijfjarige verjaringstermijn voor de persoonlijke aansprake-
lijkheidsvordering tegen vereffenaars»; T.B.H., 2006, p. 779; Liège, 30 juin 2004, J.L.M.B., 2006, p. 915;
Trib. Gand, 23 mai 2002, Recueil annuel de jurisprudence en droit des sociétés commerciales, 2003, p.
311, note M.A. DELVAUX.
(247) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 192 W. Venn.», l.c., p. 18, n° 23.
(248) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 192 W. Venn.», l.c., p. 19, n° 23.
(249) M. CORYNEN et E. DE BIE, «Artikel 192 W. Venn.», l.c., p. 7, n° 8.
(250) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp. 89-
90; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 448, n°s 910-912.

141
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

– Prescription

Des actions en justice peuvent être intentées contre le liquidateur d’une société sous
le couvert d’une double qualité. Il peut, d’une part, être concerné «en cette qualité»
(c’est-à-dire en tant que représentant de la société dissoute) et, d’autre part, pour des
fautes qu’il aurait commises dans l’exercice de sa fonction. La prescription des pre-
mières actions citées est réglée par l’article 198, § 1er, troisième tiret, C. soc. La
prescription du deuxième type d’actions en responsabilité est réglée par l’article 198,
§ 1er, quatrième tiret, C. soc.

Conformément à l’article 198, § 1er, troisième alinéa, C. soc., sont prescrites par cinq
ans toutes actions contre les liquidateurs, en cette qualité ou, à défaut, contre les
personnes considérées comme liquidateurs en vertu de l’article 185, à partir de la
publication de la clôture de la liquidation prescrite par l’article 195 C. soc. Ont ainsi
été jugées tomber sous le coup de cette prescription, l’action en annulation de la
décision de l’assemblée générale de procéder à la dissolution anticipée de la société
et à la nomination du liquidateur, ainsi que l’action en obtention d’un document ap-
partenant aux archives de la société (251).

Conformément à l’article 198, § 1er, quatrième tiret, C. soc., sont prescrites par cinq
ans toutes actions contre les liquidateurs, pour faits de leurs fonctions, à partir de ces
faits ou, s’ils ont été celés par dol, à partir de la découverte de ces faits. Cette dispo-
sition règle donc la prescription de l’action en responsabilité intentée contre les liqui-
dateurs pour des fautes commises dans l’exercice de leur fonction. La prescription
peut intervenir avant la clôture de la liquidation.

L’article 198, § 1er, quatrième alinéa, C. soc. parle de «toutes» actions. Le délai de
prescription raccourci s’applique par conséquent aussi bien à l’actio mandati (action
sociale) qu’à l’action en responsabilité intentée par les créanciers (252).

La loi du 2 juin 2006 modifiant la procédure de liquidation permet au tribunal de


commerce d’avoir une idée du déroulement de la liquidation. Il convient de signaler
à cet égard que de nombreux tribunaux suivaient déjà régulièrement le déroulement
de liquidations (surtout déficitaires) par le biais de leurs chambres d’enquêtes com-
merciales.

i. Responsabilité pénale du liquidateur

L’article 196 C. soc. énumère les motifs de responsabilité pénale qui s’appliquent
spécifiquement au liquidateur, à savoir:

(251) A. VAN OEVELEN, «Artikel 198 §1 W. Venn.», novembre 2000, in Vennootschappen en verenigin-
gen. Artikelsgewijze commentaar met overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Malines, Kluwer, p. 13, n°
10.
(252) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 99;
A. VAN OEVELEN, «Artikel 198 §1 W. Venn.», novembre 2000, in Vennootschappen en verenigingen.
Artikelsgewijze commentaar met overzicht van rechtspraak en rechtsleer, Malines, Kluwer, p. 13, n° 10;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 464, n° 947.

142
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

«Seront punis d’une amende de cinquante à dix mille euros (253):



2° les liquidateurs qui contreviennent à l’une des obligations des articles 81, 82, 83,
1°, 84 à 87, 95 et 96;
3° les liquidateurs qui ont négligé de convoquer l’assemblée générale conformément
à l’article 189 dans les trois semaines de la réquisition qui leur en a été faite;
4° les liquidateurs qui négligent de soumettre à l’assemblée générale les comptes
annuels ou les résultats de la liquidation, conformément aux articles 193 et 194;
5° les liquidateurs qui négligent de transmettre au greffe du tribunal de commerce
dans l’arrondissement duquel se trouve le siège de la société, l’état détaillé de la
situation de la liquidation, conformément à l’article 189bis (254).
Si la violation des dispositions visées à l’alinéa 1er, 2°, a lieu dans un but frauduleux,
ils peuvent en outre être punis d’un emprisonnement d’un mois à un an ou de ces
deux peines cumulées.»

3.2.2.4. La loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés en vue d’améliorer
la procédure de liquidation

Par Rutger VAN BOVEN,


Conseiller juridique

La problématique selon laquelle la procédure de liquidation actuelle accorde trop


peu d’importance aux droits des créanciers a conduit le législateur à modifier celle-
ci en profondeur. En effet, dans le passé, les créanciers n’étaient pas informés de la
manière dont la liquidation était réglée et n’avaient aucune vue sur les actes posés
par le liquidateur pendant la procédure de liquidation. Les modifications tendent
principalement à attribuer au tribunal de commerce un rôle plus actif dans le proces-
sus de liquidation (255). Les nouvelles dispositions figurent dans la loi du 2 juin
2006 modifiant le Code des sociétés en vue d’améliorer la procédure de liquidation,
qui a été publiée au Moniteur belge du 26 juin 2006. Nous vous donnons ci-après un
aperçu des nouveautés.

a. La nomination du liquidateur

a.1. Le liquidateur est nommé par l’assemblée générale

L’assemblée générale est toujours, dans le nouveau régime, l’organe compétent pour
nommer le ou les liquidateurs.
Dans les sociétés en nom collectif et dans les sociétés en commandite simple, les
décisions sont prises par la moitié des associés, qui doivent posséder en outre les trois
quarts de l’avoir social. A défaut de cette majorité, c’est le tribunal de commerce qui
statue.

(253) A multiplier par les décimes additionnels légaux (5,5).


(254) Inséré par la loi du 2 juin 2006.
(255) Doc. parl., Ch. repr., 2004-2005, n° 1906/001, pp. 5-6.

143
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Dans les autres sociétés dotées de la personnalité juridique, le liquidateur peut être
nommé à la majorité absolue des voix, même s’il est désigné dans l’acte de dissolu-
tion proprement dit (256).

Dans le cas où plusieurs liquidateurs sont nommés, ils agissent en collège (257).

a.2. La nomination du liquidateur doit être confirmée ou homologuée par le tribunal


de commerce

1. Principe: la nomination du liquidateur est confirmée par le tribunal de commerce


(258)

Comme déjà mentionné ci-avant, l’assemblée générale est toujours l’organe compé-
tent pour nommer le ou les liquidateurs. La nouveauté est que le ou les liquidateurs
n’entrent en fonction qu’une fois leur nomination confirmée par le tribunal de com-
merce. Cette disposition est assez curieuse lorsque l’on sait que le juge peut, à son
tour, confirmer ou annuler les actes posés par le liquidateur avant la (non-)confirma-
tion. Le liquidateur peut dès lors déjà poser des actes préalablement à la (non-)confir-
mation, avec le risque toutefois que ceux-ci soient annulés par la suite (259).

Critères concernant la confirmation

La confirmation du tribunal ne sera accordée qu’après avoir vérifié que les liquida-
teurs offrent toutes les garanties de probité. On peut se demander ce qu’il faut enten-
dre par là. Les travaux préparatoires signalent, à ce sujet, que le tribunal devra con-
trôler deux choses, à savoir si les motifs d’exclusion sont ou pas d’application (voir
infra) et s’il est satisfait ou pas aux conditions de l’homologation (voir infra). Le juge
peut, à cet effet, demander un extrait du registre pénal et procéder aux vérifications
nécessaires concernant les personnes qui ont été déclarées en faillite (260). Par con-
séquent, le liquidateur sera confirmé dans sa fonction lorsqu’aucun motif d’exclu-
sion ne lui est applicable et lorsqu’il ne répond pas aux conditions de l’homologa-
tion. Dans sa circulaire, la ministre Onkelinx ajoute que les infractions au Code des
sociétés (dont l’absence de dépôt de comptes annuels en tant qu’administrateur) peu-
vent également être prises en considération en la matière (261). La pratique montre
en tout cas que certains tribunaux donnent de la condition de probité une interpréta-
tion plus large que celle prévue dans les travaux préparatoires. C’est ainsi que la
confirmation d’un liquidateur a été refusée, parce que celui-ci, en tant qu’administra-

(256) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, Bruxelles, éditions Kluwer, 2004, p. 176; E. DE BIE et J.
DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, Bruxelles, IEC, 1995, p. 68.
(257) Nouvel art. 184, § 1er, alinéas huit à dix, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).
(258) Nouvel art. 184, § 1er, deuxième et cinquième alinéas, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).
(259) Voir à ce sujet Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, pp. 86 et 88-89. S. JACMAIN, «Actua-
lités en matière de liquidation de sociétés – la nouvelle loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés»,
M. GREGOIRE, A. CHAMBEROD, S. JACMAIN, D. WEINBERGER et V. DE FRANQUEN, Actualité
du droit des procédures collectives, Bruxelles, Bruylant, 2007, p. 69.
(260) Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, p. 102.
(261) Circulaire de la ministre Onkelinx, p. 3.

144
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

teur d’une autre société, avait omis pendant plusieurs années consécutives de dépo-
ser des comptes annuels (262). Certains auteurs plaident pour une interprétation mar-
ginale du droit de contrôle, étant donné que la loi du 2 juin 2006 organise en soi une
intervention systématique dans un rapport de droit privé (263).

En principe, il n’incombe pas au liquidateur de fournir la preuve de sa probité (264).


Compte tenu du fait que le juge doit – s’il est saisi par une requête – se prononcer
dans les vingt-quatre heures, il est toutefois conseillé que le liquidateur qui demande
la confirmation constitue un dossier dont il ressort qu’il satisfait aux conditions de la
probité. Pour ce qui est de l’expert-comptable et du conseil fiscal, ils pourraient pro-
duire un certificat de bonne vie et mœurs, ainsi qu’un document de l’Institut attestant
leur affiliation. Il y a lieu d’observer à cet égard que l’administration communale ne
délivre plus de certificats de bonne vie et moeurs.

Sort des actes posés entre le moment de la nomination et celui de la confirmation

Comme déjà mentionné plus haut, le juge qui se prononce sur la confirmation de la
nomination peut également juger de la validité des actes posés par le liquidateur, le
cas échéant, entre le moment de sa nomination par l’assemblée générale et la confir-
mation de celle-ci par le tribunal de commerce.

Plus précisément, le juge peut confirmer ces actes avec effet rétroactif ou les annuler
s’ils sont manifestement contraires aux droits de tiers. En conséquence, il peut arri-
ver que le juge confirme les actes posés par le liquidateur préalablement à la procédu-
re de confirmation (dans l’intérêt de la société et de tiers), alors que le liquidateur ne
satisfait pas aux conditions de probité (265).

Il se recommande dès lors d’inscrire dans la requête tous les actes que le liquidateur
a éventuellement posés préalablement à sa (non-)confirmation, avec la demande ex-
presse de confirmer ceux-ci (266).

(262) Comm. Anvers, 15 septembre 2006, R.W., 2006-07, p. 692.


(263) K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot verbetering van de
vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», T.R.V., 2007, p. 9.
(264) Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, pp. 87-88; voir autrement: H. BRAECKMANS,
«Vereffening van vennootschappen: nieuwe bevoegdheid van de rechtbank van koophandel», R.W., 2006-
07, p. 666: qui dit que la charge de la preuve en matière de probité du (des) liquidateur(s) incombe à la
société.
(265) Voir également Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, p. 88; R. VAN BOVEN, «Ontbinding
van vennootschappen: rechtbank van koophandel ziet voortaan toe op de vereffeningsprocedure», T. Not.,
2006, n° 10, p. 509; S. JACMAIN, «Actualités en matière de liquidation de sociétés – la nouvelle loi du 2
juin 2006 modifiant le Code des sociétés», l.c., p. 73; K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De
Wet van 2 juni 2006 tot verbetering van de vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p.
7: ces derniers auteurs recommandent que le liquidateur pose le moins d’actes possible entre le moment de
sa nomination par l’assemblée générale et sa confirmation par le tribunal. L’assemblée générale peut éven-
tuellement inscrire une telle limitation dans sa décision de nomination.
(266) R. VAN BOVEN, «Ontbinding van vennootschappen: rechtbank van koophandel ziet voortaan toe
op de vereffeningsprocedure», l.c., p. 509; H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen: nieuwe
bevoegdheid van de rechtbank van koophandel», l.c., p. 667.

145
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Refus de confirmation

Lorsque le tribunal refuse de confirmer la nomination du liquidateur, il désigne lui-


même un liquidateur, éventuellement sur proposition de l’assemblée générale. Lors-
que l’assemblée générale ne propose pas d’autre liquidateur, le tribunal peut, par
conséquent, lui demander de se prononcer à ce sujet.

En matière de désignation du remplaçant, le tribunal dispose d’une liberté de choix


absolue et n’est pas tenu, le cas échéant, par la deuxième proposition de l’assemblée
générale (267).

A cet égard, on est en droit de se demander qui fixe la rémunération du liquidateur


désigné par le tribunal. En principe, il revient en effet à l’assemblée générale de fixer
la rémunération du liquidateur. Le cas échéant, on pourrait envisager comme possibi-
lité (268) d’appliquer au liquidateur désigné par le tribunal le régime qui avait été
fixé par l’assemblée générale pour le liquidateur désigné par ses soins. Cette façon de
procéder peut cependant poser des problèmes, si l’assemblée générale avait prévu un
mandat non rémunéré ou, précisément, une rémunération excessive. Autre solution
(269), le liquidateur désigné par le tribunal pourrait convoquer une assemblée géné-
rale afin de fixer sa rémunération. Le liquidateur désigné par le tribunal pourrait
également soumettre un relevé des frais au tribunal, afin que ce dernier répercute ces
frais sur la liquidation (270).

2. Cas particulier: la nomination du liquidateur doit être homologuée par le tribunal


de commerce (271)

Dans un certain nombre de cas, les personnes désignées par l’assemblée générale ne
peuvent intervenir en tant que liquidateur, sauf moyennant homologation par le tribu-
nal de commerce. Notez qu’ici, contrairement à ce qui est le cas dans la procédure de
confirmation, la possibilité pour le juge de se prononcer sur la validité des actes que
le liquidateur aurait éventuellement posés entre le moment de sa nomination et celui
de son homologation (éventuelle) n’est pas prévue. Cette impossibilité est d’ailleurs
contenue dans l’utilisation du terme «homologuer». Homologuer implique, en effet,

(267) H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen: nieuwe bevoegdheid van de rechtbank


van koophandel», l.c., p. 668.
(268) K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot verbetering van de
vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p. 12.
(269) H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen: nieuwe bevoegdheid van de rechtbank
van koophandel», l.c., p. 668; K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot
verbetering van de vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p. 12.
(270) H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen: nieuwe bevoegdheid van de rechtbank
van koophandel», l.c., p. 668; K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot
verbetering van de vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p. 12.
(271) Nouvel art. 184, § 1er, quatrième et cinquième alinéas, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).

146
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

qu’un acte est approuvé par une mesure qui lui donne une force exécutoire, ce qui a
comme conséquence que tous les actes posés par la personne concernée avant l’ho-
mologation ne sont pas valables (272).

Le texte de la loi, lorsqu’il dit que «Ne peuvent non plus être nommés comme liqui-
dateur, sauf homologation par le tribunal compétent…», donne l’impression que le
liquidateur ne peut être nommé par l’assemblée générale qu’après son homologation.
Par conséquent, l’assemblée générale devrait d’abord proposer un liquidateur, ensui-
te le présenter pour homologation et, enfin, le nommer lors d’une nouvelle assemblée
générale. Etant donné les conséquences pratiques d’une telle procédure (à savoir:
l’organisation de deux assemblées générales), nous pensons que telle ne peut pas
avoir été l’intention du législateur.

Cas

Les personnes suivantes ne peuvent remplir un mandat de liquidateur, sauf moyen-


nant homologation par le tribunal de commerce:

_ les personnes qui ont été déclarées en faillite sans avoir obtenu la réhabilitation;
_ les personnes qui ont encouru une peine d’emprisonnement, même avec sursis,
pour l’une des infractions mentionnées à l’article 1er de l’arrêté royal n° 22 du 24
octobre 1934 relatif à l’interdiction judiciaire faite à certains condamnés et faillis
d’exercer certaines fonctions, professions ou activités;
_ les personnes qui ont encouru une peine d’emprisonnement, même avec sursis,
pour une infraction à la loi du 17 juillet 1975 relative à la comptabilité des entre-
prises ou à ses arrêtés d’exécution;
_ les personnes qui ont encouru une peine d’emprisonnement, même avec sursis,
pour une infraction à la législation fiscale.

Refus d’homologation

Si le tribunal refuse d’homologuer la nomination du liquidateur, il désigne lui-même


un liquidateur, éventuellement sur proposition de l’assemblée générale. En matière
de désignation du remplaçant, le tribunal dispose d’une liberté de choix absolue et
n’est pas tenu, le cas échéant, par la deuxième proposition de l’assemblée générale
(273).

(272) Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, p. 57 (Audition publique Jeanine Windey); R. VAN
BOVEN, «Ontbinding van vennootschappen: rechtbank van koophandel ziet voortaan toe op de vereffe-
ningsprocedure», l.c., p. 510; Circulaire de la ministre Onkelinx, p. 3; S. JACMAIN, «Actualités en matiè-
re de liquidation de sociétés – la nouvelle loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés», l.c., p. 69; en
ce sens: K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot verbetering van de
vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p. 11.
(273) H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen: nieuwe bevoegdheid van de rechtbank
van koophandel», l.c., p. 668.

147
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

3. Cas particulier: interdiction d’intervenir en tant que liquidateur pendant dix ans
(274)

Certaines personnes ne peuvent exercer un mandat de liquidateur pendant un délai de


dix ans. Il s’agit:
_ des personnes qui ont été condamnées pour infraction aux articles 489 à 490bis
(délits de faillite) du Code pénal;
_ des personnes qui ont été condamnées pour vol, concussion, escroquerie ou abus
de confiance. On arrive ici à l’étonnante constatation qu’une personne qui a en-
couru une peine d’emprisonnement pour vol, escroquerie ou abus de confiance
peut demander l’homologation (voir supra, B), tandis qu’une personne qui a en-
couru une amende pour l’un de ces délits est privée, pendant 10 ans, de la possi-
bilité d’exercer un mandat de liquidateur;
_ tout dépositaire, tuteur, administrateur ou comptable qui n’a pas rendu et soldé
son compte en temps utile.

A première vue, il semble exister sur ce point une divergence entre la formulation
française et néerlandaise du texte de loi. Le texte français parle, en effet, de «[...]
ou comptable qui n’a pas rendu et soldé son compte en temps utile», tandis que le
texte néerlandais parle de «[...] rekenplichtige die niet tijdig rekening en veran-
twoording heeft gedaan en niet tijdig heeft afgerekend». Bien que les deux textes
aient été accordés entre eux dans leur version originale, le texte néerlandais a été
adapté par la suite afin de le conformer à la formulation usuelle (275).

Le délai de dix ans commence à courir à partir de la décision définitive de condamna-


tion ou de l’absence de reddition et solde de compte en temps utile.

4. Le liquidateur est une personne morale

Au cas où le liquidateur est une personne morale, la personne physique qui représen-
te le liquidateur doit être désignée dans l’acte de nomination (276). Le législateur ne
précise toutefois pas expressément si cette personne physique est, elle aussi, assujet-
tie à la procédure de confirmation et d’homologation. Il convient cependant de con-
sidérer que tel est bien le cas. Selon nous (277), ceci ressort clairement de la ratio
legis de la loi. En outre, le remplacement de cette personne physique est soumis à la
procédure (278).

5. Tribunal compétent (279)


Le tribunal compétent est celui de l’arrondissement où la société a son siège le jour
de la décision de dissolution. Si le siège de la société a été déplacé dans les six mois
(274) Nouvel art. 184, § 1er, troisième alinéa, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).
(275) Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, pp. 100-101.
(276) Nouvel art. 184, § 1er, dixième alinéa, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).
(277) Voir aussi la circulaire de la ministre Onkelinx, p. 2.
(278) Nouvel art. 184, § 1er, dixième alinéa, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).
(279) Nouvel art. 184, § 1er, deuxième alinéa, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).

148
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

précédant la décision de dissolution, le tribunal compétent est celui de l’arrondisse-


ment où la société avait son siège avant que celui-ci ne soit déplacé.

6. Procédure (280)

Le tribunal de commerce est saisi soit par requête unilatérale (281) (introduite par la
société), soit par requête contradictoire (282) (introduite par le procureur du Roi ou
tout tiers intéressé).

La procédure par requête unilatérale a été introduite suite au constat que, dans cer-
tains cas, il est requis que des actes puissent rapidement être posés par le liquidateur
(par exemple, concernant les assurances, les denrées périssables, les cessions de fonds
de commerce) (283).

La requête unilatérale doit répondre aux conditions des articles 1025 et suivants du
Code judiciaire. Par conséquent, la requête doit, à peine de nullité, contenir les men-
tions suivantes:
_ la date de la requête;
_ les données d’identité du requérant;
_ l’objet et la cause de la demande; et
_ le juge qui doit en connaître.

Bien qu’il n’y ait pas de politique uniforme en la matière (284), nous pouvons recom-
mander de joindre les annexes suivantes à la requête unilatérale (285):

_ uniquement en cas de dissolution d’une SA, SPRL, SCRL, SCA ou SE:


o l’état résumant la situation active et passive (visé à l’article 181 C. soc.),
o une copie du rapport justificatif établi par l’organe de gestion (visé à l’article
181 C. soc.),
o une copie du rapport de contrôle du commissaire ou, à défaut, du réviseur
d’entreprises ou d’un expert-comptable externe (visé à l’article 181 C. soc.);

_ toutes les dissolutions:


o une copie certifiée conforme par le notaire du PV de l’assemblée générale
extraordinaire ou une copie de la décision des associés dont il ressort que la
dissolution de la société a été décidée et portant nomination du liquidateur,

(280) Nouvel art. 184, § 1er, sixième et septième alinéas, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).
(281) Nouvel art. 184, § 1er, sixième alinéa, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).
(282) Nouvel art. 184, § 1er, septième alinéa, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).
(283) Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, p. 84.
(284) Dans la pratique, les greffes des différents tribunaux de commerce s’avèrent avoir leur propre poli-
tique en ce qui concerne ces annexes.
(285) Voir H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen: nieuwe bevoegdheid van de recht-
bank van koophandel», l.c., p. 669; E.L. SPRUYT, «Vereffening ‘new look’: enkele voor de praktijk
belangrijke aandachtspunten», Nieuwsbrief Notariaat, 2007, n° 1, p. 2; S. JACMAIN, «Actualités en
matière de liquidation de sociétés – la nouvelle loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés», l.c., pp.
77-78.

149
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

o une copie de l’acte de constitution de la société,


o une copie des statuts coordonnés de la société,
o le cas échéant, une liste détaillée des actes que le liquidateur a posés entre le
jour de sa nomination par l’assemblée générale et sa demande de confirma-
tion (avec, en annexe, une copie des justificatifs requis), avec la demande de
les confirmer conformément à l’article 184, § 1er, C. soc.,
o éventuellement, un extrait du casier judiciaire. Les informations sur le passé
judiciaire des personnes physiques peuvent être obtenues via le Casier judi-
ciaire central à Bruxelles (SPF Justice) ou le casier judiciaire communal du
domicile du liquidateur. L’article 634 du Code d’instruction criminelle dispo-
se qu’une condamnation pénale qui a fait l’objet d’une réhabilitation ne peut
plus être mentionnée dans les extraits du casier judiciaire. Les condamnations
pénales effacées ou ayant fait l’objet d’une réhabilitation ne constituent ce-
pendant pas un obstacle à la confirmation ou l’homologation. Les articles 620
et 634 du Code d’instruction criminelle disposent en effet que la réhabilitation
ou l’effacement fait cesser, pour l’avenir, dans la personne du condamné, tous
les effets (négatifs) de la condamnation.
La ministre de la Justice a rédigé le 2 février 2007 une circulaire (n° 95, M.B.,
9 février 2007) qui règle la délivrance des extraits du casier judiciaire (com-
munal) aux particuliers. A l’avenir, l’administration communale ne délivrera
plus de «certificats de bonne vie et mœurs», mais des «extraits du casier judi-
ciaire communal». Le contenu de ces extraits concorde avec les informations
sauvegardées dans le Casier judiciaire central du SPF Justice. La circulaire
n’est valable qu’en attendant une réglementation légale. Le 1er mars 2007, le
Conseil des ministres a approuvé un avant-projet de loi relatif aux extraits de
casier judiciaire délivrés aux particuliers,
o une déclaration sur l’honneur, signée par le liquidateur, dans laquelle celui-ci
déclare n’avoir jamais été déclaré en faillite et n’avoir jamais encouru aucune
condamnation figurant dans les motifs d’exclusion énumérés à l’article 184, §
1er, C. soc.,
o un état comptable de l’actif et du passif (286). S’il s’agit de la dissolution
d’une SA, SPRL, SCRL, SCA ou SE, il est, selon nous, possible de se confor-
mer à cette obligation par le dépôt de l’état de la situation active et passive
précité, qui doit être établi par l’organe de gestion dans le cadre de l’article
181 C. soc. (287) S’il s’agit en revanche de la dissolution d’une autre société
n’étant pas dotée de la personnalité juridique complète – qui n’a pas appliqué
volontairement la procédure de l’article 181 C. soc. –, il faudra, selon nous,
déposer un état de la situation active et passive qui – par analogie avec l’arti-
cle 181 C. soc. – ne pourra pas dater de plus de trois mois à partir de la déci-
sion de dissolution.

(286) Cette obligation est imposée par le nouvel art. 184, § 1er, sixième alinéa, C. soc. (introduit par l’art.
2 de la loi).
(287) Egalement dans ce sens: K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot
verbetering van de vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p. 13 (note de bas de page
65); S. JACMAIN, «Actualités en matière de liquidation de sociétés – la nouvelle loi du 2 juin 2006
modifiant le Code des sociétés», l.c., p. 78.

150
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

En outre, il est recommandé de produire tant la requête unilatérale que les annexes en
double exemplaire (288).

La requête est signée par l’organe compétent de la société ou par un avocat et accom-
pagnée d’un état comptable de l’actif et du passif. A cet égard, la question se pose de
savoir quel organe est compétent pour le dépôt de la requête. Cette compétence ne
peut, en aucun cas, revenir à l’assemblée générale, étant donné que celle-ci n’est pas
compétente pour représenter la société (289). Elle ne peut en principe pas non plus
revenir au liquidateur, puisque celui-ci n’entre en fonction qu’après la confirmation
ou l’homologation de sa nomination par le tribunal de commerce. Le liquidateur
peut, dans tous les cas, demander sa confirmation en tant que tiers intéressé (voir
infra) (290).

L’organe de gestion, bien qu’il ne soit plus en fonction dès l’instant où l’assemblée
générale a nommé un liquidateur (291), pourrait éventuellement signer la requête,
étant donné qu’il peut encore prendre les mesures qui sont nécessaires pour faciliter
la transition vers le régime de liquidation (292). Nous plaidons cependant pour que la
compétence de signature et de dépôt de la requête soit attribuée au liquidateur. L’as-
semblée générale peut, dans sa décision de nomination, accorder un mandat à cet
effet au liquidateur (293). La ministre Onkelinx (294) reconnaît elle aussi en la per-
sonne du liquidateur l’organe compétent pour signer et déposer la requête, même s’il
n’a pas été mandaté à cet effet par l’assemblée générale.

Le tribunal statue au plus tard dans les vingt-quatre heures du dépôt de la requête
(295). Le délai de vingt-quatre heures commence à courir à partir de la mise au rôle,

(288) E.L. SPRUYT, «Vereffening ‘new look’: enkele voor de praktijk belangrijke aandachtspunten», l.c.,
p. 2.
(289) Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, p. 58; B. TILLEMAN, Bestuur van vennootschap-
pen, Kalmthout, Biblo, 2005, p. 541, n° 879; K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van
2 juni 2006 tot verbetering van de vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p. 13.
(290) Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, p. 28 (Audience publique Marieke Wyckaert); K.
BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot verbetering van de vereffenings-
procedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p. 13.
(291) B. TILLEMAN, Bestuur van vennootschappen, o.c., p. 379, n° 624; Ph. LEHASSE, Manuel de la
liquidation, o.c., p. 196, n° 368; E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du
13 avril 1995, o.c., p. 56.
(292) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 57.
(293) Dans le même sens: Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, p. 59; E.L. SPRUYT, «Vereffe-
ning ‘new look’: enkele voor de praktijk belangrijke aandachtspunten», Nieuwsbrief Notariaat 2007, n° 1,
p. 2; K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot verbetering van de
vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p. 13; S. JACMAIN, «Actualités en matière de
liquidation de sociétés – la nouvelle loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés», l.c., pp. 75-76.
(294) Circulaire de la ministre Onkelinx, p. 5; voir aussi H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennoots-
chappen: nieuwe bevoegdheid van de rechtbank van koophandel», l.c., p. 668 (Tous deux estiment qu’un
mandat accordé par l’assemblée générale n’est pas requis à cet effet).
(295) Au cours des travaux préparatoires, la question de la réalisation pratique de cette obligation a été
soulevée (voir Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, pp. 101-102).

151
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

après paiement du droit de mise au rôle (actuellement 52 EUR (296)) sur le compte
du greffe (297).

Le tribunal peut également être saisi par requête (contradictoire) du procureur du Roi
ou de tout tiers intéressé, conformément aux articles 1034bis et suivants du Code
judiciaire (298). Il est surprenant à cet égard que le législateur n’ait pas prévu, dans
ce cas, un délai de vingt-quatre heures au cours duquel le juge doit se prononcer.
Pourtant, les intérêts du ministère public ou des tiers intéressés peuvent également
être servis par un traitement rapide de leur requête (299).

La requête est préférée à l’assignation, en raison du coût de cette dernière (300).

7. Publication de la nomination du ou des liquidateurs

L’acte portant nomination du liquidateur doit être déposé au greffe du tribunal de


commerce. Ce dépôt n’est désormais valable que si une copie de la confirmation ou
de l’homologation par le tribunal de commerce est jointe à l’acte (301).

Si le liquidateur est une personne morale, la personne physique qui représente celle-
ci pour l’exécution de la liquidation doit, selon nous (comme indiqué précédemment)
être soumise à la procédure de confirmation ou d’homologation. Ce qui est surpre-
nant à cet égard, c’est que le législateur n’a visiblement pas jugé nécessaire de pré-
voir que, dans ce cas, la décision de nomination ne peut être déposée valablement que
si une copie de la décision de confirmation ou d’homologation y est jointe. Selon
nous, il faut cependant considérer que, dans ce cas aussi, les deux décisions doivent
être déposées conjointement, ce qui résulte du fait que le remplacement de cette per-
sonne est bel et bien soumis au dépôt conjoint (302).

a.3. La possibilité d’utiliser des recours

La loi du 2 juin 2006 n’indique pas expressément s’il existe une possibilité de recours
contre une décision du tribunal de commerce concernant la confirmation ou l’homo-

(296) Art. 269/2, 2°, C. enreg.


(297) E.L. SPRUYT, «Vereffening ‘new look’: enkele voor de praktijk belangrijke aandachtspunten»,
Nieuwsbrief Notariaat, 2007, n° 1, p. 3.
(298) Nouvel art. 184, § 1er, septième alinéa, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).
(299) Egalement dans ce sens: S. JACMAIN, «Actualités en matière de liquidation de sociétés – la nou-
velle loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés», l.c., p. 79; voir à ce propos, K. BYTTEBIER et T.
VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot verbetering van de vereffeningsprocedure: enkele
eerste kanttekeningen», l.c., p. 15.
(300) Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, p. 80.
(301) Nouvel art. 184, § 1er, deuxième alinéa, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).
(302) Nouvel art. 184, § 1er, dernier alinéa, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).

152
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

logation du liquidateur. Par conséquent, nous estimons que le droit commun est d’ap-
plication et qu’un recours (appel, opposition de tiers) est possible (303).

b. Obligation de justification supplémentaire pour le liquidateur (304)

Les liquidateurs transmettront désormais, au cours des sixième et douzième mois de


la première année de la liquidation, un état détaillé de la situation de la liquidation au
greffe du tribunal de commerce dans l’arrondissement duquel se trouve le siège de la
société.

A partir de la deuxième année de la liquidation, cet état détaillé n’est transmis au


greffe et versé au dossier de liquidation que tous les ans.

La loi n’indique pas de quelle manière ces états intermédiaires doivent être transmis
au tribunal ni comment ils doivent être présentés. Dans sa circulaire (305), la minis-
tre Onkelinx indique qu’en la matière la loi n’impose aucune exigence de forme ni
modalité de notification. Il nous paraît dès lors possible de transmettre ces états au
greffe par courrier recommandé (306).

Cet état est versé au dossier de liquidation (voir infra), mais n’est pas publié au Mo-
niteur belge (pas davantage sous forme de communication) (307).

L’obligation précitée doit permettre au tribunal, sur la base de l’état annuel, de con-
trôler si le liquidateur exerce convenablement sa mission (308).

b.1. Etat détaillé

Cet état comporte notamment l’indication des recettes, des dépenses, des réparti-
tions, ainsi que de ce qu’il reste à liquider (309). Le législateur s’est inspiré, pour
l’instauration de cette obligation, de l’article 34 de la loi sur les faillites (310).

(303) Egalement dans ce sens: K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot
verbetering van de vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p. 15; S. JACMAIN, «Ac-
tualités en matière de liquidation de sociétés – la nouvelle loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des socié-
tés», l.c., p. 79.
(304) Nouvel art. 189bis C. soc. (introduit par l’art. 3 de la loi).
(305) Circulaire de la ministre Onkelinx, p. 5.
(306) Egalement dans ce sens: E.L. SPRUYT, «Vereffening ‘new look’: enkele voor de praktijk belangri-
jke aandachtspunten», l.c., p. 4; S. JACMAIN, «Actualités en matière de liquidation de sociétés – la
nouvelle loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés», l.c., p. 81.
(307) Circulaire de la ministre Onkelinx, pp. 5-6; E.L. SPRUYT, «Vereffening ‘new look’: enkele voor de
praktijk belangrijke aandachtspunten», l.c., p. 4.
(308) Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, p. 61.
(309) Nouvel art. 189bis C. soc. (introduit par l’art. 3 de la loi).
(310) Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, p. 61 (Audience publique Jeanine Windey).

153
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

b.2. Sanctions

En cas de non-respect des obligations précitées, le tribunal de commerce peut, uni-


quement sur requête du ministère public ou de tout tiers intéressé, pourvoir au rem-
placement du liquidateur. Le liquidateur doit, préalablement au remplacement, être
entendu (311). Le tribunal n’est pas tenu, le cas échéant, de procéder au remplace-
ment. Il pourrait éventuellement imposer un délai supplémentaire pour présenter les
documents nécessaires (312).

Le non-respect des obligations précitées est, en outre, sanctionné par une amende de
50 à 10 000 EUR (313).

c. Répartition de l’actif entre les créanciers

Le Code des sociétés prévoyait déjà la possibilité pour le ou les liquidateurs, compte
tenu des droits des créanciers privilégiés, de rembourser les dettes d’une manière
proportionnelle et sans distinction entre les dettes exigibles et non exigibles, et pour
ce qui est de ces dernières, sous déduction d’un escompte. Ils peuvent toutefois, à
leurs propres risques et périls, payer les dettes exigibles dans le cas où les profits
dépassent considérablement les charges ou lorsque les créances sont assorties de ga-
ranties suffisantes, et ce, sans préjudice du droit des créanciers de s’adresser au tribu-
nal.

Avant la clôture de la liquidation, le liquidateur devra désormais soumettre le plan de


répartition de l’actif entre les différentes catégories de créanciers, pour accord, au
tribunal de commerce dans l’arrondissement duquel se trouve le siège de la société
(314).

La loi ne dit cependant rien sur la manière dont cet accord doit être demandé. Selon la
ministre (315), il doit être demandé par requête unilatérale. La loi ne précise pas
davantage dans quel délai le juge doit se prononcer. Par conséquent, le tribunal peut
se prononcer de manière souveraine sur cette requête (316).
Le cas échéant, la requête unilatérale doit être déposée et signée par un avocat (317).

(311) Nouvel art. 184, § 2, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).


(312) Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, p. 85.
(313) Nouvel art. 196, 5°, C. soc. (introduit par l’art. 6 de la loi); à multiplier par les centimes additionnels
légaux (5,5).
(314) Nouvel art. 190, § 1er, troisième alinéa, C. soc. (introduit par l’art. 4 de la loi).
(315) Circulaire de la ministre Onkelinx, p. 6; également dans ce sens: H. BRAECKMANS, «Vereffening
van vennootschappen: nieuwe bevoegdheid van de rechtbank van koophandel», l.c., p. 670, n° 29; K.
BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot verbetering van de vereffenings-
procedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p. 17 (note 88); S. JACMAIN, «Actualités en matière de
liquidation de sociétés – la nouvelle loi du 2 juin 2006 modifiant le Code des sociétés», l.c., p. 82; voir
autrement: L. GORDTS et A. ROUCOURT, «De nieuwe procedure voor de vereffening van vennoots-
chapppen», TAA, 2006, n° 5, p. 18 (Ces auteurs considèrent qu’une requête formelle n’est pas nécessaire).
(316) Sans qu’il puisse ainsi se rendre coupable de déni de justice (art. 5 C. jud.). E.L. SPRUYT, «Veref-
fening ‘new look’: enkele voor de praktijk belangrijke aandachtspunten», l.c., p. 4.
(317) Art. 1026, 5°, C. jud.; art. 1027 C. jud.

154
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

La déclaration d’accord couvre également les actes antérieurs. Par conséquent, les
paiements déjà effectués par le liquidateur seront validés (318).

Le tribunal peut requérir du liquidateur tous renseignements utiles pour vérifier la


validité du plan de répartition (319).

Ni le plan de répartition (320) ni le jugement par lequel le juge marque son accord
(321) ne sont repris dans le dossier de liquidation (322) et ils ne doivent pas davanta-
ge être publiés aux annexes du Moniteur belge.

Sanctions

En cas de non-respect des obligations précitées, le tribunal de commerce peut, uni-


quement sur requête du ministère public ou de tout tiers intéressé, pourvoir au rem-
placement du liquidateur après l’avoir entendu (323).

d. Dossier de liquidation

Il est désormais tenu au greffe, pour chaque liquidation, un dossier contenant:

- le dossier de la société;
- la copie des rapports qui, conformément à l’article 181, § 1er, doivent être établis
suite à la dissolution d’une société (rapport de gestion, rapport de contrôle);
- une copie des états de liquidation détaillés (voir supra);
- les extraits des actes relatifs à la nomination et à la cessation des fonctions du ou
des liquidateurs, ainsi que de l’acte de clôture de la liquidation;
- le cas échéant, la liste des homologations et des confirmations.

Si le siège de la société a été déplacé dans les six mois précédant la décision de
dissolution, l’homologation ou la confirmation doit être demandée au tribunal de
l’arrondissement où la société avait son siège avant que celui-ci ne soit déplacé, tan-
dis que l’acte de nomination et la confirmation ou l’homologation doivent être dépo-
sés au greffe du tribunal de commerce de l’arrondissement où la société a son siège
après que celui-ci a été déplacé.

Tout intéressé peut prendre gratuitement connaissance du dossier et en obtenir copie


moyennant paiement des frais de greffe (324).

(318) Doc. parl., Ch. repr., 2005-2006, n° 1906/005, p. 81.


(319) Nouvel art. 190, § 1er, dernier alinéa, C. soc. (introduit par l’art. 4 de la loi).
(320) Circulaire de la ministre Onkelinx, p. 6.
(321) E.L. SPRUYT, «Vereffening ‘new look’: enkele voor de praktijk belangrijke aandachtspunten», l.c.,
p. 4.
(322) Voir infra, d. Dossier de liquidation
(323) Nouvel art. 184, § 2, C. soc. (introduit par l’art. 2 de la loi).
(324) Nouvel art. 195bis C. soc. (introduit par l’art. 5 de la loi).

155
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

A cet égard, il y a lieu de souligner que le législateur n’a pas repris le plan de réparti-
tion de l’actif entre les créanciers dans l’énumération des documents qui doivent
figurer dans le dossier de liquidation. A défaut d’une disposition expresse en ce sens,
nous pensons qu’il n’est guère probable que le plan de répartition puisse être repris
dans ce dossier. Le greffier et le personnel du greffe sont en effet tenus au secret
professionnel (325), et l’intégration du plan de répartition dans un dossier qui peut
être consulté par tout intéressé peut constituer une infraction à cette obligation de
secret professionnel (326).

e. Dissolution et liquidation en un seul acte

Avant l’entrée en vigueur de la loi du 2 juin 2006, la pratique consistait – en ce qui


concerne les liquidations simples – à dissoudre et liquider la société en un seul acte.
Le délai d’un mois prévu à l’article 194 C. soc. (327) est en effet inscrit dans l’intérêt
des associés, de manière à ce que ceux-ci puissent y renoncer, moyennant l’unanimi-
té de tous les actionnaires et associés (328).

On est en droit de se demander si cette façon de procéder est toujours possible depuis
l’entrée en vigueur de la loi du 2 juin 2006.

La plupart des auteurs (329) répondent à cette question par la négative. Pour ce faire,
ils s’appuient sur la nouvelle obligation de confirmation/homologation du liquida-
teur et de présentation pour accord du plan de répartition de l’actif entre les créan-
ciers. Etant donné qu’en pratique, il est impossible de remplir ces deux obligations le
même jour, la «procédure en un jour» n’est plus envisageable. En outre, il faut dispo-
ser d’une décision de dissolution, si le tribunal veut procéder à la confirmation ou à
l’homologation du liquidateur (330).

Selon nous, il convient de nuancer quelque peu le point de vue ci-dessus. D’un point
de vue technique et juridique, il nous paraît toujours possible de dissoudre et de
liquider en un seul acte, à savoir en faisant usage de la condition suspensive (331).
L’assemblée générale décidera alors de dissoudre la société et procédera à la nomina-

(325) P. LAMBERT, Secret professionnel, Bruxelles, Bruylant, 2005, p. 259, n° 336.


(326) Voir concernant le dossier de faillite, M. VANMEENEN, «Commentaar bij art. 38-39 Faillisse-
mentswet 1997», 26 januari 2004, in Handels- en economisch recht. Commentaar met overzicht van rechts-
praak en rechtsleer, Malines, Kluwer, pp. 8-9.
(327) L’art. 194 du C. soc. oblige le liquidateur à déposer au moins un mois avant l’assemblée générale
(qui décide de clôturer la liquidation) les comptes et les pièces au siège de la société.
(328) L. WEYTS, «Ontbinding, vereffening en sluiting van de vereffening van een vennootschap in één
dag: het kan», T.R.V., 2003, p. 288.
(329) L. GORDTS et A. ROUCOURT, «De nieuwe procedure voor de vereffening van vennootschappen»,
l.c., p. 19; H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen: nieuwe bevoegdheid van de recht-
bank van koophandel», l.c., p. 665, n° 15; K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2
juni 2006 tot verbetering van de vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p. 17, n° 21.
(330) Comm. Tongres, 19 septembre 2006, R.W., 2006-07, pp. 692-693.
(331) Egalement dans ce sens: E.L. SPRUYT, «Vereffening ‘new look’: enkele voor de praktijk belangri-
jke aandachtspunten», l.c., p. 7.

156
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

tion d’un liquidateur (sous condition suspensive ou non de sa confirmation ou de son


homologation par le tribunal). Ensuite, l’assemblée générale décidera dans le même
acte de clôturer la liquidation sous la condition suspensive que le juge marque son
accord sur le plan de répartition de l’actif entre les créanciers. Dès que la (les)
condition(s) suspensive(s) se réalise(nt), la clôture de la liquidation est un fait. Néan-
moins, l’utilisation de la condition suspensive n’est guère répandue en pratique.

La ministre Onkelinx (332) se prononce aussi, dans sa circulaire, en faveur de la


procédure en un jour. Ainsi, sous réserve des prérogatives des cours et tribunaux,
dans le cadre de la dissolution volontaire, la dissolution et la liquidation en un seul
acte serait encore possible aux conditions suivantes:
1) si aucun liquidateur n’est désigné (333);
2) s’il n’y a pas de passif (334);
3) si tous les actionnaires ou associés sont présents ou valablement représentés à
l’assemblée générale;
4) si la décision est prise à l’unanimité des voix.

f. Entrée en vigueur et régime transitoire

La loi ne prévoit aucun délai spécial concernant l’entrée en vigueur. Par conséquent,
les nouvelles obligations imposées par la loi sont d’application à partir du dixième
jour suivant la publication de celle-ci au Moniteur belge, soit à partir du 6 juillet
2006.

L’article 7 de la loi du 2 juin 2006 prévoit une période transitoire pour les liquidations
qui sont encore en cours au moment de son entrée en vigueur. Le régime transitoire
est libellé comme suit: «Dans l’année de la publication de la présente loi au Moni-
teur belge, les liquidateurs prennent, pour les liquidations en cours au moment de
son entrée en vigueur, les mesures nécessaires pour se conformer à ses dispositions.»

Bien que la disposition précitée ait déjà donné lieu à diverses interprétations, elle est
interprétée comme suit par la ministre Onkelinx:

1) le régime transitoire s’applique aux liquidations en cours le 6 juillet 2006.


Pour qu’il soit question d’une liquidation en cours, il suffit que la décision de
dissolution par l’assemblée générale ait été prise avant cette date (335);

(332) Circulaire de la ministre Onkelinx, p. 8.


(333) Ceci a pour conséquence que les administrateurs seront considérés comme liquidateurs à l’égard des
tiers (art. 185 C. soc.).
(334) E. SPRUYT souligne qu’en pratique, il y aura bien toujours çà et là des passifs (e.a., les honoraires
de l’expert-comptable ou de l’avocat qui a accompagné la société pendant le processus de liquidation, les
honoraires du notaire pour l’établissement du PV de l’assemblée générale extraordinaire, les dettes fisca-
les, ...), voir E.L. SPRUYT, «Vereffening ‘new look’: enkele voor de praktijk belangrijke aandachtspun-
ten», l.c., p. 6.
(335) Circulaire de la ministre Onkelinx, p. 7.

157
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

2) la loi prévoit une période transitoire d’un an. Cela signifie que – pour les
liquidations en cours – les liquidateurs ont le temps jusqu’au 26 juin 2007
pour se conformer aux nouvelles obligations (336);

3) les liquidations en cours qui sont clôturées avant le 26 juin 2007 ne doivent
pas se conformer aux nouvelles obligations (337);

4) les liquidations en cours qui ne sont pas clôturées avant le 26 juin 2007 doi-
vent se conformer pour cette date à toutes les nouvelles obligations (demande
de confirmation ou d’homologation, éventuellement demande de confirma-
tion des actes intermédiaires, état de la situation de la liquidation, plan de
répartition de l’actif entre les créanciers) de la loi (338).

La question de savoir si la nouvelle réglementation peut ou non être appliquée avec


effet rétroactif aux liquidations qui étaient déjà en cours au moment de l’entrée en
vigueur de la loi du 2 juin 2006 a déjà fait couler beaucoup d’encre. A cet égard, la
règle générale est que la loi ne peut disposer que pour l’avenir (339). Le législateur
est cependant libre de déroger à cette règle, mais il faut que cette dérogation se fasse
de façon explicite et claire (340). Certains auteurs (341) soutiennent que la loi du 2
juin ne prévoit pas explicitement un effet rétroactif, de sorte que les liquidateurs qui
étaient nommés avant le 6 juillet 2006 ne doivent pas demander leur confirmation ni
la confirmation des actes qu’ils ont posés entre-temps. Selon ces mêmes auteurs, il y
a lieu de suivre un raisonnement identique pour les motifs d’exclusion figurant à
l’article 184, § 1er, troisième et quatrième alinéas, C. soc. Les obligations concernant
l’établissement d’un état détaillé de la situation de la liquidation, de la déclaration
d’accord sur le plan de répartition entre les créanciers et du dossier de liquidation
semblent en revanche ne poser guère de problèmes, étant donné que ces dispositions
peuvent être immédiatement appliquées aux liquidations en cours. Herman Braeck-
mans (342) y ajoute encore un argument textuel. La loi dispose en effet que le liqui-
dateur n’entre en fonction qu’après que le tribunal de commerce a procédé à la con-
firmation de sa nomination. Etant donné qu’un liquidateur qui a été nommé avant le

(336) Q.R., Sén., 2005-2006, 12 juillet 2006 (Question n° 3-5632 BROTCORNE); L. GORDTS et A.
ROUCOURT, «De nieuwe procedure voor de vereffening van vennootschapppen», l.c., p. 18; E.L. SPRUYT,
«Vereffening ‘new look’: enkele voor de praktijk belangrijke aandachtspunten», l.c., p. 5; H. BRAECK-
MANS, «Vereffening van vennootschappen: nieuwe bevoegdheid van de rechtbank van koophandel», l.c.,
p. 671.
(337) Q.R., Sén., 2005-2006, 12 juillet 2006 (Question n° 3-5632 BROTCORNE); H. BRAECKMANS,
«Vereffening van vennootschappen: nieuwe bevoegdheid van de rechtbank van koophandel», l.c., p. 672;
E.L. SPRUYT, «Vereffening ‘new look’: enkele voor de praktijk belangrijke aandachtspunten», l.c., p. 5.
(338) Circulaire de la ministre Onkelinx, p. 7.
(339) Art. 2 du C. civ.
(340) K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot verbetering van de
vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p. 18.
(341) K. BYTTEBIER et T. VAN DE GEHUCHTE, «De Wet van 2 juni 2006 tot verbetering van de
vereffeningsprocedure: enkele eerste kanttekeningen», l.c., p. 19 (Ces auteurs recommandent que le liqui-
dateur nommé avant le 6 juillet 2006 demande, pour toute sûreté, sa confirmation).
(342) H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen: nieuwe bevoegdheid van de rechtbank
van koophandel», l.c., p. 672.

158
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

6 juillet 2006 (entrée en vigueur de la loi) est déjà entré en fonction, il ne doit plus
demander sa confirmation.

3.2.2.5. La liquidation déficitaire: un phénomène à part

Par Joseph VAN WEMMEL,


Expert-comptable externe, réviseur d’entreprises

Comme déjà mentionné ci-avant, un commerçant est tenu, conformément à l’article


9, premier alinéa, de la loi sur les faillites, dans le mois qui suit celui au cours duquel
il a cessé ses paiements, d’en faire la déclaration au greffe du tribunal compétent. Le
liquidateur est par conséquent tenu de déclarer la faillite dès lors que les conditions
sont remplies à cet effet.

La question qui se pose à cet égard est de savoir à partir de quel moment la liquida-
tion aboutit sur le terrain de la faillite, et la faillite doit par conséquent être demandée.
Il peut en effet être indiqué, pour diverses raisons, d’empêcher la faillite: éviter la
responsabilité des fondateurs et/ou des administrateurs, éviter que certains actes com-
mis pendant la période considérée soient sanctionnés, éviter l’image négative d’une
faillite (343).

La réponse à cette question est étroitement liée à la question de savoir si une liquida-
tion déficitaire est possible. On parle de liquidation déficitaire lorsque la réalisation
de l’ensemble de l’actif ne suffit pas pour acquitter la totalité des dettes de la société
dissoute (344).

Une doctrine (345) et jurisprudence (346) récentes s’expriment en faveur de la liqui-


dation déficitaire, à condition que certaines conditions soient remplies.

La Cour de cassation a ainsi jugé dans un récent arrêt du 14 janvier 2005 (347) que:
«une société en liquidation qui ne peut payer ses dettes exigibles ou ne pourra les
(343) H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», l.c., p. 236, n° 95.
(344) T. BAART et S. ROEMERS, «Bedenkingen bij de sluiting van de vereffening van een (deficitaire)
vereffening», l.c., p. 288; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 434, n° 894; H. BRAECK-
MANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», l.c., p. 241, n° 100.
(345) S. VANDE WIELE, «La faillite d’une société en liquidation», Accountancy & Tax, 2003, n° 4, pp.
41-52; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 434, n° 895 (et la doctrine citée en note en bas de
page 2263); D. VAN GERVEN, «Kroniek vennootschapsrecht 2004-2005», T.R.V., 2005, p. 246, n° 103;
T. BAART et S. ROEMERS, «Bedenkingen bij de sluiting van de vereffening van een (deficitaire) veref-
fening», p. 291; H. BRAECKMANS, «Vereffening van vennootschappen buiten faillissement», l.c., p.
241, n° 100.
(346) Voir S. VANDE WIELE, «La faillite d’une société en liquidation», Accountancy & Tax, 2003, n° 4,
pp. 41-52 et la jurisprudence qui y est citée; Cass. 6 mars 2003, T.R.V., 2003, pp. (413) 416-417, avec note;
Cass., 14 janvier 2005, T.R.V., 2005, p. (27) 31, avec note M. WYCKAERT. «De smalle grenslijn tussen
een deficitaire vereffening en een failliete vennootschap in vereffening»; Com. Mons, 8 mars 2001, T.R.V.,
2001, pp. (505) 512-513, avec note S. LOOSVELD, «De beoordeling van de faillissementsvoorwaarden
in geval van een vennootschap in vereffening».
(347) Cass., 14 janvier 2005, T.R.V., 2005, p. (27) 31, avec note M. WYCKAERT. «De smalle grenslijn
tussen een deficitaire vereffening en een failliete vennootschap in vereffening».

159
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

acquitter à court terme, à laquelle ses créanciers refusent d’accorder un délai de


grâce ou une remise de dette et qui n’obtient pas de nouveau crédit, est en état de
faillite. Que le fait que les créanciers ou une partie significative des créanciers main-
tiennent leur confiance en le liquidateur et la liquidation peut constituer un élément
sur lequel le juge fonde sa décision suivant laquelle la société en liquidation conser-
ve son crédit et, dès lors, n’est pas en état de faillite. Une société en liquidation dont
le liquidateur solde dans les limites légalement admises les dettes exigibles et con-
serve la confiance des créanciers, n’a en principe pas cessé ses paiements de maniè-
re persistante.»

Dans un jugement du tribunal de commerce de Termonde du 6 février 2006 (348), le


juge a statué comme suit: «[…] La liquidation déficitaire ne démontre donc pas en
soi que les conditions de la faillite sont remplies. Le tribunal estime par conséquent
que le crédit n’est pas ébranlé étant donné qu’il est démontré que les créanciers ont
toute confiance en la liquidation et le liquidateur. Les conditions de la faillite ne sont
pas remplies.» [Traduction libre]

Dans un autre arrêt du 6 février 2006, la Cour d’appel de Gand (349) a également
jugé qu’une liquidation déficitaire est possible lorsque la société en liquidation a
acquis la confiance des créanciers. Le juge a également jugé – selon nous, à juste titre
– que le professionnel a établi son rapport (en application de l’article 181, § 1er, C.
soc.) conformément à l’article 28, § 1er, de l’arrêté royal du 30 janvier 2001, étant
donné que la société avait dès le début l’intention de poursuivre ses activités en vue,
d’une part, d’une reprise éventuelle et, d’autre part, la limitation du passif social
(C.C.T. 24, Législation sociale).

La jurisprudence a fixé quelques lignes directrices sur la base desquelles la situation


de faillite d’une société en liquidation doit être appréciée, à savoir:

1) les conditions de la faillite doivent être appréciées en fonction de la situation


particulière dans laquelle se trouve la société en liquidation (350). La société en
liquidation se trouve dans une situation de concours. Si les actifs disponibles pour
acquitter le passif sont insuffisants, tous les créanciers doivent céder une part
proportionnelle sur leur créance. Une liquidation déficitaire n’est par conséquent
pas une raison en soi pour prononcer la faillite (351);

2) il ne sera pas question d’un ébranlement de crédit si les créanciers acceptent de


n’être que partiellement remboursés dans le cadre de la liquidation (352). Il ne
(348) Com. Termonde, 6 février 2006, A.R. A/06/00395, non pub.
(349) Gand, 6 février 2006, non pub.
(350) M. WYCKAERT, «De smalle grenslijn tussen een deficitaire vereffening en een failliete vennoots-
chap in vereffening», note sous Cass., 14 januari 2005, T.R.V., 2005, p. 33; T. BAART en S. ROEMERS,
«De rol van de aandeelhouders, de vereffenaars en de commissaris bij de sluiting van de (deficitaire)
vereffening», T.R.V., 2005, p. 290.
(351) M. WYCKAERT, «De smalle grenslijn tussen een deficitaire vereffening en een failliete vennoots-
chap in vereffening», l.c., p. 33.
(352) Cass. 18 février 2005, RABG, 2006, p. 625, note S. LOOSVELD, «De staking van betaling bij een
vennootschap in vereffening»; M. WYCKAERT, «De smalle grenslijn tussen een deficitaire vereffening
en een failliete vennootschap in vereffening», l.c., p. 33

160
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

peut dès lors, dans ce même contexte, être question d’une cessation des paie-
ments. Les deux critères sont pour ainsi dire assimilés (353);

3) la majorité des créanciers doit avoir confiance en la personne du liquidateur et la


procédure de liquidation (354). Le juge du fond conservera une marge importante
pour l’appréciation de cette condition (355).

3.2.3. Les aspects comptables

Par Joseph VAN WEMMEL,


Expert-comptable externe, réviseur d’entreprises

Les statuts de la société ne sont pas modifiés lors d’une mise en liquidation (356)
(avis CNC 170/2). Ceci implique, entre autres, que la comptabilité de la société con-
tinue tout simplement après la mise en liquidation de celle-ci et que toutes les opéra-
tions se poursuivent (357).

En vertu de l’article 193 C. soc., le liquidateur doit également établir sur la base
annuelle des comptes annuels conformément à l’article 92 C. soc., les soumettre à
l’assemblée générale et, dans les trente jours de la date de l’assemblée et au plus tard
sept mois après la date de clôture de l’exercice, les déposer à la Banque nationale de
Belgique.

La question a été posée à la Commission des Normes comptables (CNC) de savoir


quelles obligations doivent être respectées en matière de reddition de comptes en cas
de mise en liquidation d’une société.

La CNC a adopté un curieux point de vue (358):


«Bien qu’il n’existe pas d’obligations légales explicites à ce sujet, la Commission est
d’avis que, pour distinguer clairement les responsabilités respectives des adminis-
trateurs et des liquidateurs et pouvoir leur accorder la décharge souhaitée, il est du
plus haut intérêt d’établir des comptes dès le début de la liquidation pour la période
«d’activité normale» de l’entreprise.

Pour rendre ces comptes opposables aux tiers, il s’indique que l’organe chargé de
l’administration établisse un bilan, un compte de résultats et une annexe pour la
partie de l’exercice qui prend fin par la dissolution de la société et de soumettre ces
(353) T. BAART et S. ROEMERS, «De rol van de aandeelhouders, de vereffenaars en de commissaris bij
de sluiting van de (deficitaire) vereffening», l.c., p. 290.
(354) M. WYCKAERT, «De smalle grenslijn tussen een deficitaire vereffening en een failliete vennoots-
chap in vereffening», l.c., p. 33; T. BAART et S. ROEMERS, «De rol van de aandeelhouders, de vereffe-
naars en de commissaris bij de sluiting van de (deficitaire) vereffening», l.c., p. 290.
(355) M. WYCKAERT, «De smalle grenslijn tussen een deficitaire vereffening en een failliete vennoots-
chap in vereffening», l.c., p. 33.
(356) Avis n° 170-2, Bulletin CNC, n° 45, février 1999, pp. 17-18.
(357) Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., pp. 252-253, n° 503.
(358) Avis n° 110-7, Bulletin CNC, n° 24, septembre 1989, pp. 6-7.

161
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

documents établis sous la forme de comptes annuels à l’approbation de l’assemblée


générale et de les publier conformément aux règles qui s’appliquent à la forme de
société en cause.
De leur côté, les liquidateurs sont tenus, dès la mise en liquidation de la société,
d’établir annuellement un inventaire et des comptes annuels, de soumettre ces comp-
tes annuels pour information à l’assemblée générale et de les publier par dépôt au
greffe (article 187 L.C.S.C.; voy. à ce propos l’avis 110-6 publié dans le Bulletin n°
17 de septembre 1985, pp. 19-21).
A cet égard, la Commission souligne qu’en cas de mise en liquidation dans le cou-
rant de l’exercice, le premier compte de résultats établi par les liquidateurs couvrira
la période prenant cours à la date de mise en liquidation pour prendre fin à la date de
clôture de l’exercice fixée par les statuts. En effet, la mise en liquidation ne modifie
pas les statuts de la société concernée.»
Ce qui précède nous semble étrange. D’une part, la CNC affirme dans son avis que
«la mise en liquidation ne modifie pas les statuts de la société concernée» et, d’autre
part, elle maintient que deux états «intermédiaires» doivent être établis:
– un par l’organe de gestion avant la mise en liquidation (jusqu’à la date de l’acte
de dissolution);
– un par le liquidateur à partir de la mise en liquidation jusqu’à la date de clôture de
l’exercice fixée par les statuts.
Selon nous, le liquidateur ne doit établir qu’une seule fois des comptes annuels qui se
rapportent à la totalité de l’exercice tel que fixé par les statuts.
L’ancien organe de gestion ne peut en effet valablement obtenir décharge que lors
d’une assemblée générale convoquée par le liquidateur, qui jugera de l’administra-
tion de l’organe de gestion (359). En outre, les comptes annuels de la société en
liquidation ne doivent pas être approuvés par cette assemblée générale. Cela n’empê-
che pas, selon nous, d’accorder la décharge à l’organe de gestion, et non au liquida-
teur. La décharge ne peut être accordée à ce dernier qu’à la clôture de la liquidation
(360).
A des fins d’exhaustivité, la CNC affirme dans son avis 110-6 que les comptes an-
nuels doivent être établis comme suit:
«– que les liquidateurs doivent établir des «comptes annuels» (comprenant le bilan,
le compte de résultats et l’annexe);
– que ces comptes annuels doivent être fondés sur un inventaire;
– que ces comptes annuels doivent être établis en conformité avec la loi du 17 juillet
1975 sur la comptabilité et les comptes annuels des entreprises et avec les arrêtés
pris pour son exécution (361) (cf. à ce sujet l’article 40 de l’arrêté royal du 8 octobre
1976 sur les comptes annuels (362)).»

(359) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., pp. 56-
57; Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 264, n° 531.
(360) E. DE BIE et J. DE LEENHEER, Liquidation des sociétés après la loi du 13 avril 1995, o.c., p. 87;
Ph. JEHASSE, Manuel de la liquidation, o.c., p. 452, n° 920.
(361) A présent l’A.R. du 30 janvier 2001 portant exécution du Code des sociétés.
(362) A présent l’art. 28, § 1er et 2, A.R. 30 janvier 2001.

162
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Il arrive souvent que les associés ou actionnaires souhaitent, pendant la liquidation,


prendre une avance, ou aient déjà pris une avance sur le futur solde à partager (actif
net) de la société en liquidation.

Le liquidateur devra toutefois tenir compte à cet égard de l’article 190, § 2, C. soc.
qui stipule que le liquidateur ne peut procéder à la distribution entre les actionnaires
ou associés qu’après le paiement de TOUTES les dettes ou la consignation des som-
mes destinées aux créanciers supposés (dettes contestées). Il convient en outre de
tenir compte de l’obligation introduite par la loi du 2 juin 2006 de soumettre le plan
de répartition de l’actif entre les différentes catégories de créanciers pour accord au
tribunal de commerce, préalablement à la clôture de la liquidation. Cet accord couvre
également les actes commis dans le passé. Par conséquent, les paiements qui ont été
effectués antérieurement par le liquidateur seront validés par cet accord (363).

En ce qui concerne l’attribution d’avances aux associés, la CNC affirme dans son
avis 170-2 que les avances aux associés sur la répartition de l’actif net ne peuvent
être imputées directement ou par le biais des comptes d’affectations et de prélève-
ments aux différents postes concernés des capitaux propres.

Il découle de ces deux constatations que les avances aux associés sur la répartition de
l’actif net ne peuvent – contrairement aux répartitions de capitaux propres effectuées
au cours de la vie de la société – être imputées (directement ou par le biais des comp-
tes d’affectations et de prélèvements) aux différents postes concernés des capitaux
propres.
Il s’ensuit que ces avances sur répartition devront, jusqu’à la clôture de la liquidation,
faire l’objet dans la comptabilité d’un compte distinct de la classe 1 (par exemple
19), et dans les comptes annuels, d’une rubrique distincte «Avance aux associés sur
la répartition de l’actif net», sans qu’il y ait lieu de ventiler ces avances selon qu’elles
concernent le capital social, les primes d’émission ou les réserves.

Deux approches peuvent, selon la CNC, être envisagées:


– la première consiste à porter le montant de l’avance consentie à l’actif. En ce cas,
il n’y a pas d’impact sur l’expression des fonds propres de la société concernée;
– la deuxième consiste à porter le montant de l’avance au passif en déduction glo-
bale, mais explicite, des «capitaux propres».

De l’avis de la Commission, la préférence doit être donnée à la seconde approche. La


question se pose toutefois de savoir si les sommes attribuées au titre d’avances sur la
répartition de l’actif net constituent véritablement un actif. Dans l’ordre normal des
choses, il n’en résultera pas, à l’avenir, un flux de ressources favorables à l’entrepri-
se. Par ailleurs, le montant des capitaux propres auquel cette seconde approche con-
duit est plus conforme à la réalité.
Lorsque la liquidation est terminée, le compte «Avance aux associés sur la répartition
de l’actif net» est soldé par le débit des divers comptes de capitaux propres.

(363) Doc. parl., Ch. repr., 2005-06, n° 1906/005, p. 81.

163
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Dans le cadre de cette approche, les écritures à enregistrer se présentent dès lors
comme suit:

- lors de la décision d’attribution d’une avance:


19 Avance aux associés sur la répartition de l’actif net (–)

à 48 Associés

48 Associés

à 55 Etablissements de crédit

- lorsque la liquidation est terminée:


100
11 Primes d’émission
13 Réserves
[14 Bénéfice reporté]
à 19 Avance aux associés sur répartition de l’actif net (–)

[14 Perte reportée (–)]

Source: Bulletin CNC, n° 45, février 1999, pp. 17-18.

Mon confrère Albert Bauwens, expert-comptable et réviseur d’entreprises, va encore


beaucoup plus loin dans son syllabus «Updating boekhoudrecht».

Il suppose en effet que toutes les charges et tous les produits doivent être enregistrés
sur des comptes séparés après la mise en liquidation, de manière à bien pouvoir dis-
tinguer ce qui s’est passé avant et après la mise en liquidation de la société.

190xxx Avance sur répartition de l’actif net


1659xx Provisions pour frais de liquidation
665xxx Pertes de liquidation sur immobilisations
666xxx Frais de liquidation
765xxx Plus-values de liquidation sur immobilisations (attention: pla-
nification – impôts)
766xxx Autres produits de liquidation (art. 28, § 1er)
70xxx9 Conversion en cas de poursuite des activités
766xxx Autres produits de liquidation, etc.
411/451x9 Comptes TVA distincts à utiliser pendant la liquidation
440xx9 Fournisseurs après la mise en liquidation
400xx9 Clients après la mise en liquidation

164
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Application article 28 66xxxx Amortissements


exceptionnels
Amortissements et 2009xx Amortissement
décomptabilisation frais d’établissement
à 200xxx Frais
d’établissement
6602xx Amortissement
exceptionnel immobili-
sations corporelles
à 239xxx Amortissement
immobilisations corporelles
Provisions pour charges 666xxx Frais de
– pour préavis, etc. liquidation
à 1659xx Provision
liquidation
Inscription de frais dans 66xxx Honoraires
66xxx 66xxy ……….
66xxz ……….
à 440xxx
Distribution partielle 190xx Distribution
actionnaires partielle
à 55xxx Banque
453xx Précompte mobi-
lier retenu
Solde de liquidation 100xxx Capital
11xxxx Primes d’émission
13xxxx Réserves
140xxx Bénéfice reporté
à 141 Perte reportée
190xxx Distribution
partielle
453xxx Précompte
mobilier retenu

La comptabilisation distincte des charges et produits APRES la liquidation, sur des


comptes distincts, permet à l’assemblée générale d’avoir une vue sur les activités du
liquidateur.

Cette approche tient quelque peu compte de l’avis 110-7 de la CNC, dans lequel elle
propose d’établir deux «comptes annuels» lorsque la liquidation a lieu au milieu d’un
exercice.

Il vaut mieux alors séparer les résultats de l’exercice «partiel». En outre, la question
se pose de savoir si deux clôtures sont possibles, comme déjà indiqué ci-avant.

Qu’en est-il du traitement comptable de dettes impayées en raison d’une insuffisance


d’actifs à la clôture de la liquidation?

165
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

La CNC renvoie dans son avis 170-1 à son avis 143-1 (364).

Elle était arrivée à la conclusion que, lorsque le concordat judiciaire prévoit une
remise partielle ou totale de dette, la dette en question doit être annulée du passif du
débiteur et cette mutation patrimoniale doit être traduite dans le compte de résultats,
même si le débiteur est tenu de payer ces dettes concordataires s’il est en mesure de
le faire plus tard.
Les mêmes principes peuvent être appliqués aux dettes qui, lors de la liquidation de
la société, sont remises ou auxquelles le créancier renonce explicitement. Le débiteur
«s’enrichit» en effet à concurrence du montant qui est remis ou auquel il est renoncé,
et ce montant doit être exprimé dans ses comptes comme un résultat exceptionnel.
La situation est très différente lorsqu’au moment de la clôture de la liquidation, tou-
tes les dettes ne peuvent être remboursées en raison d’une insuffisance d’actifs. La
jurisprudence (365) est en effet unanime à ce sujet: «[...] la société en liquidation
n’est pas libérée des obligations qu’elle a contractées, à concurrence du passif qui
excède son avoir et dont elle ne peut assumer la charge. Elle en demeure intégrale-
ment tenue. La situation créée par une liquidation déficitaire n’entame pas le droit
des créanciers d’obtenir paiement». Ces dettes impayées doivent dès lors rester comp-
tabilisées, dans l’état de liquidation, au titre de dettes de la société, ce qui donnera
lieu à des capitaux propres négatifs.
Une provision doit-elle être constituée pour les dettes vis-à-vis du personnel en cas
de fermeture de l’entreprise?

La CNC affirme dans son avis 107-4 (366) que la constitution d’une provision dé-
pend de la décision prise par l’organe compétent de fermer l’entreprise ou une frac-
tion importante de celle-ci.
La CNC renvoie également à l’article 40 (actuel article 28, § 1er et § 2, de l’arrêté
royal du 30 janvier 2001) concernant le mode de liquidation: évaluation dans la con-
tinuité ou la discontinuité.
«Aussi longtemps que l’organe compétent n’a pas décidé la cessation des activités
ou d’une fraction importante des activités ou aussi longtemps qu’une telle décision
n’est pas probable, il n’est pas loisible à une entreprise de constituer une provision
relative aux charges qui lui incomberaient en une telle occurrence.
L’arrêté dispose, en effet, que les provisions pour risques et charges ont pour objet
de couvrir des pertes ou charges nettement circonscrites quant à leur nature, mais
qui, à la date de clôture de l’exercice, sont ou probables ou certaines, mais dont le
montant ne peut être qu’estimé. Il résulte de cette disposition que les simples éven-
tualités ne peuvent motiver la constitution d’une provision. A l’instar des risques
généraux, elles ne peuvent être rencontrées que par la création de réserves.

(364) Avis n° 170-1, Bulletin CNC, n° 13, janvier 1984, pp. 25-27 (concernant le concordat judiciaire sur
les dettes).
(365) G. HORSMANS et F. T’KINT, «Chronique de Jurisprudence», J.T., 1977, pp. 434 et 435.
(366) Avis n° 107-4, Bulletin CNC, n° 9, décembre 1981, p. 6.

166
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Par contre, dès lors que la décision de fermeture a été prise ou est imminente, la
constitution d’une provision, notamment en vue de la couverture des charges socia-
les à supporter à la suite du licenciement de personnel, est non seulement autorisée,
mais elle s’impose. Cette obligation découle de l’article 40 de l’arrêté qui dispose
d’une façon explicite qu’en cas de liquidation d’une branche d’activité ou de l’en-
semble de l’entreprise, une provision doit être formée pour faire face au coût des
indemnités à verser au personnel et aux autres charges inhérentes à la liquidation.»

Selon nous, la CNC a oublié une chose à cet égard, à savoir l’article 24 de la CCT
Législation sociale en vertu duquel une procédure importante (et relativement lon-
gue) doit être suivie afin de permettre à l’entreprise de licencier son personnel. La
pratique nous apprend qu’une telle procédure s’étend facilement sur trois à quatre
mois, afin de permettre au liquidateur, ou à l’organe de gestion avant la mise en
liquidation, de se faire une idée des «pertes ou charges clairement décrites» à couvrir.

Nous pensons dès lors qu’une provision doit être constituée pour la mise en liquida-
tion de la société lorsqu’il est certain qu’aucune continuité n’est possible (reprise de
l’entreprise ou continuation par liquidation et maintien de l’effectif afin de permettre
ce qui précède, article 28, § 1er, A.R. 30 janvier 2001).

Même lorsqu’il est certain qu’une reprise n’est pas possible, et que la fermeture est
une certitude, il ne sera pas facile pour l’organe de gestion, en vertu de l’article 28, §
2, A.R. 30 janvier 2001, de constituer la provision obligatoire.

Ce n’est qu’en cas de discontinuité de l’entreprise que la provision doit, selon nous,
être constituée, avec tous les problèmes qui s’ensuivent.

Règles d’évaluation: un «détail» non négligeable pour la liquidation de sociétés

L’article 9, § 1er, de la loi du 17 juillet 1975 relative à la comptabilité des entreprises


stipule que toute entreprise procède, une fois l’an au moins, avec bonne foi et pruden-
ce, aux opérations de relevé, de vérification, d’examen et d’évaluation nécessaires
pour établir à la date choisie un inventaire complet de ses avoirs et droits de toute
nature, de ses dettes, obligations et engagements de toute nature relatifs à son activité
et des moyens propres qui y sont affectés. Les pièces de l’inventaire sont transcrites
dans un livre. Les pièces dont le volume rend la transcription difficile sont résumées
dans le livre auquel elles sont annexées.

On constate fréquemment dans la pratique que l’on oublie souvent d’établir les livres
prescrits par la loi. Inutile de préciser que la législation doit également être respectée
en l’espèce (367).

La législation relative aux règles d’évaluation est plus qu’importante pour la mise en
liquidation de sociétés. L’arrêté royal du 30 janvier 2001 y consacre même une dis-
position distincte très importante, à savoir l’article 28, § 1er et § 2, que nous reprodui-
sons ci-après in extenso.
(367) Avis n° 7-3, Bulletin CNC, n° 8, avril 1981, pp. 10-11.

167
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

«§ 1er. Chaque société détermine les règles qui, dans le respect des dispositions du
présent chapitre, mais compte tenu de ses caractéristiques propres, président aux
évaluations dans l’inventaire prévu à l’article 9, § 1er, de la loi du 17 juillet 1975
relative à la comptabilité des entreprises et, notamment, aux constitutions et ajuste-
ments d’amortissements, de réductions de valeur et de provisions pour risques et
charges ainsi qu’aux réévaluations.
Ces règles sont arrêtées par l’organe d’administration de la société et actées dans le
livre prévu à l’article 9, § 1er, de la loi du 17 juillet 1975 relative à la comptabilité des
entreprises. Elles sont résumées dans l’annexe; ce résumé doit, conformément à l’ar-
ticle 24, alinéa 1er, être suffisamment précis pour permettre d’apprécier les méthodes
d’évaluation adoptées.
Sans préjudice du § 2, ces règles sont établies et les évaluations sont opérées dans
une perspective de continuité des activités de la société.
§ 2. Les dispositions du présent titre sont applicables aux sociétés en liquidation.
Dans les cas où, en exécution ou non d’une décision de mise en liquidation, la société
renonce à poursuivre ses activités ou lorsque la perspective de continuité de ses
activités, visée au § 1er, alinéa 3, ne peut être maintenue, les règles d’évaluation sont
adaptées en conséquence et, notamment:
a) les frais d’établissement doivent être complètement amortis;
b) les immobilisations et les actifs circulants font, le cas échéant, l’objet d’amortisse-
ments ou de réduction de valeur additionnels pour en ramener la valeur comptable à
la valeur probable de réalisation;
c) des provisions sont formées pour faire face aux charges inhérentes à la cessation
des activités, notamment au coût des indemnités à verser au personnel.
L’alinéa 2 est également applicable en cas de fermeture d’une branche d’activité ou
d’un établissement de la société, en ce qui concerne les actifs, les passifs et les enga-
gements relatifs à cette branche d’activité ou à cet établissement.»

3.3. LES ASPECTS FISCAUX

3.3.1. Impôts directs: Les principes fiscaux de base en ce qui concerne la liquida-
tion de sociétés

Par Jozef VERSTRAELEN,


Conseil fiscal Deloitte, chargé de cours à l’Université d’Anvers
et
Inge VAN DE WOESTEYNE
Chargée de cours à l’Université de Gand

3.3.1.1. Principes généraux

Les sociétés dissoutes (concerne les dissolutions opérées à partir du 1er janvier 1990)
demeurent soumises au régime normal d’imposition à l’impôt des sociétés, indépen-

168
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

damment du fait qu’elles poursuivent ou non leurs activités d’exploitation après leur
dissolution.

Le bénéfice imposable de la société dissoute comprend également les plus-values


réalisées ou constatées à l’occasion du partage de son avoir social.

Par conséquent, lorsque le liquidateur d’une société dissoute répartit directement tout
ou partie des actifs aux actionnaires à l’occasion du partage de l’avoir social, il con-
vient de tenir compte de la valeur réelle des actifs répartis (au jour de la répartition) et
d’inclure les plus-values «réparties» dans le bénéfice imposable de la société.

Si, lors de la liquidation, des actions qui se trouvent dans le patrimoine de la société
sont réparties, les éventuelles plus-values sur ces actions réparties sont exonérées
pour autant que les conditions propres à ce régime d’exonération soient remplies
(368).

Tout ce qu’une société en liquidation répartit à ses actionnaires – sous quelque forme
que ce soit – en plus de la valeur réévaluée du capital fiscal libéré (369), est considéré
comme un dividende distribué.

Les répartitions qui sont faites aux actionnaires sont réputées provenir successive-
ment:
- d’abord, de la valeur réévaluée du capital fiscal libéré;
- ensuite, des bénéfices antérieurement réservés déjà soumis à l’impôt des sociétés,
en ce compris les plus-values réalisées ou constatées à l’occasion du partage de
l’avoir social;
- et enfin, des réserves exonérées.

(368) Q. parl. n° 49 du 9 août 1995, Bull. contr., n° 755, p. 3233, confirmée par la Q. parl. n° 202 du 7 mars
1997, Bull. contr., n° 776, p. 2504.
(369) Les coefficients de réévaluation applicables, visés à l’article 2, § 1, 7°, CIR 1992, sont les suivants:
Années Coefficients applicables
1918 et précédentes 16,33
1919 11,49
1920 6,15
1921 6,30
1922 6,43
1923 4,37
1924 3,89
1925 4,02
1926 2,72
1927 à 1934 incluse 2,35
1935 1,86
1936 à 1943 incluse 1,70
1944 à 1948 incluse 1,14
1949 1,10
1950 et suivantes 1,-
Pour une analyse détaillée de la notion de «capital fiscal libéré», voir J.-P. LAGAE, Vennootschapsbelas-
ting, Diegem, Ced. Samsom, 1998, p. 377 et suivantes, et le Commentaire administratif de l’article 184
CIR 1992.

169
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Lorsque le partage de l’avoir social s’effectue par fractions successives, il y a distri-


bution d’un dividende à chaque fois qu’une répartition dépasse la différence entre,
d’une part, le montant du capital fiscal libéré à la dissolution réévalué à la date de
cette répartition et, d’autre part, les répartitions antérieures, elles-mêmes réévaluées
aux coefficients applicables à la même date pour les années pendant lesquelles ces
répartitions ont eu lieu.
A cet égard, une distribution de dividende – à savoir une répartition en sus du (mon-
tant réévalué du) capital fiscal libéré – laquelle provient, selon l’ordre indiqué, de
bénéfices antérieurement réservés déjà soumis à l’impôt des sociétés, ne fait pas naî-
tre de base imposable. La distribution du dividende est en effet compensée par une
réduction à due concurrence des réserves taxées. La répartition de plus-values laten-
tes, en revanche, fait toujours apparaître une base imposable à l’impôt des sociétés.
Une distribution de dividende au départ de réserves exonérées a pour effet qu’il n’est
plus satisfait, à concurrence du montant de cette distribution, à la condition d’intan-
gibilité, de sorte que cette réserve devient imposable à concurrence dudit montant. A
cet égard, les précisions suivantes s’imposent:
- si, en vue de déterminer le capital fiscal libéré, un coefficient de réévaluation
supérieur à 1 doit être appliqué, une éventuelle réserve exonérée pourra être ré-
partie, «en exemption d’impôt», à hauteur de la réévaluation (370);
- si, à la date du partage de l’avoir social, la société affiche encore des pertes fisca-
les à reporter, celles-ci peuvent servir à neutraliser la base imposable qui résulte
de la répartition d’une réserve exonérée (ou d’une plus-value latente).
Bien que l’intention du législateur lors de l’instauration de la loi de réforme du 22
décembre 1989 eût clairement été de soumettre le dividende distribué dans le cadre
d’une liquidation au précompte mobilier normal, la loi du 23 octobre 1991 (371) a
instauré – avec effet rétroactif – une exonération de précompte mobilier sur cette
distribution de dividende.
La loi du 24 décembre 2002 (372) a instauré un précompte mobilier de 10 % sur le
dividende de liquidation. Aux termes de ladite loi, ce précompte mobilier de 10 %
était dû sur les dividendes de liquidation distribués à partir du 1er janvier 2002 (pour
les liquidations qui n’étaient pas encore clôturées à la date du 25 mars 2002). Dans un
arrêt du 23 juin 2004 (373), la Cour d’arbitrage a supprimé l’assujettissement au
précompte mobilier des dividendes attribués ou mis en paiement avant le 1er janvier
2003. Le précompte mobilier au taux de 10 % ne s’applique donc qu’aux dividendes
distribués à partir du 1er janvier 2003.
Le précompte mobilier de 10 % retenu est libératoire dans le chef de l’actionnaire-
personne physique (pour qui les actions de la société liquidée font partie du patrimoi-

(370) Les réserves exonérées sur la base de l’article 47 CIR 1992 demeurent toutefois intégralement impo-
sables en cas de cessation de l’exploitation, et le deviennent donc au plus tard à la date de clôture de la
liquidation. Le solde des subsides en capital exonérés devient imposable lors de l’aliénation ou de la mise
au rebut des actifs subsidiés, et donc certainement à la clôture de la liquidation.
(371) M.B., 15 novembre 1991.
(372) M.B., 31 décembre 2002 (deuxième édition).
(373) M.B., 13 juillet 2004 (deuxième édition).

170
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

ne privé), de sorte qu’une éventuelle plus-value réalisée ne sera pas imposable et une
éventuelle perte non déductible.

Dans le chef d’un actionnaire-personne physique qui affectait les actions de la socié-
té liquidée à l’exercice de son activité professionnelle, le dividende de liquidation
réparti est considéré comme un revenu mobilier.

La différence entre la valeur d’acquisition de la participation détenue dans la société


liquidée et le capital fiscal libéré réparti à cet actionnaire constitue une plus-value ou
une moins-value réalisée.

Le revenu mobilier perçu est imposé au taux progressif et la plus-value réalisée au


taux spécial de 16,5 % ou au taux progressif selon que les actions de la société liqui-
dée aient été affectées à l’exercice de l’activité professionnelle pendant plus de cinq
ans ou pendant cinq ans au plus.

Une moins-value est admise fiscalement et vient en l’occurrence en déduction du


revenu mobilier perçu.

Le précompte mobilier retenu par la société liquidée est imputable et éventuellement


récupérable dans le chef d’un tel actionnaire.

Si l’actionnaire est une société, il convient de s’assurer, avant de retenir les 10 % de


précompte mobilier, que l’on n’est pas en présence d’un cas d’exonération du pré-
compte mobilier conformément à l’article 106 AR/CIR 1992. La condition que la
société ait conservé la participation minimale pendant une période ininterrompue
d’un an doit être remplie au moment de la clôture de la liquidation (à cet instant, les
actions en question disparaissent en effet du patrimoine de l’actionnaire).

Si le précompte mobilier doit être retenu, il est en principe déductible (et éventuelle-
ment récupérable) dans le chef de cet actionnaire-société. A cet égard, il convient de
tenir compte des dispositions de l’article 282 CIR 1992, telles que modifiées par la
loi du 24 décembre 2002.

Dans le chef d’un actionnaire-société, la plus-value sur les actions de la société liqui-
dée réalisée à l’occasion de la liquidation entre en considération pour la déduction
RDT (article 202, § 1er, 2°, CIR 1992); une moins-value fiscale n’est en revanche pas
déductible, sauf si la perte est à ce point importante que – et dans la mesure où – le
capital fiscal libéré correspondant à cette participation soit lui aussi perdu.

3.3.1.2. Quelques exemples simples (374)

Les principes décrits ci-dessus peuvent être illustrés à l’aide des quelques exemples
simples suivants. A cet égard, nous nous limiterons aux conséquences dans le chef de

(374) Pour des exemples détaillés, voir les numéros 208/23, 208/24, 208/25, 208/26, 208/31 et 208/33
Com.IR 1992.

171
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

la société dissoute et partirons du principe que les actionnaires de cette société sont
des sociétés dont la participation dans la société dissoute ouvre droit à une exonéra-
tion du précompte mobilier de 10 % dû sur les dividendes de liquidation distribués.

Exemple 1

Le bilan de la société A à la date de clôture de sa liquidation se présente comme suit.

A
Liquidités 8 000 Capital (libéré après 1950) 3 000
Réserve légale 300
Réserves disponibles 4 700
_____ _____
8 000 8 000

Le montant qui entre en considération pour une répartition est de 8 000.

Cette répartition sera imputée:


- d’abord, sur le capital fiscal libéré -3 000
- ensuite, sur les bénéfices antérieurement réservés déjà soumis à l’impôt
des sociétés -5 000
_____
0

Le dividende distribué s’élève à 5 000 (cette distribution est compensée par une ré-
duction à due concurrence des réserves taxées) et n’est pas, compte tenu des hypothè-
ses formulées, soumis au précompte mobilier.

Dans la déclaration de liquidation de A, ceci sera traité de la manière suivante (375):

Réserve légale 300 → 0


Réserves disponibles 4 700 → 0
Mouvement - 5 000
Dividende 5 000
Résultat imposable 0

(375) Dans la pratique, il est indiqué, lors de la clôture de la liquidation, d’introduire une déclaration à
l’impôt des sociétés portant sur toutes les opérations réalisées pendant la période imposable qui se termine
à la date de clôture de la liquidation, ainsi qu’une déclaration distincte – appelée «déclaration de liquida-
tion» – qui porte exclusivement sur la clôture de la liquidation proprement dite. Dans cette dernière décla-
ration, la situation de départ des réserves équivaut à la situation de clôture de la déclaration précédente,
tandis que la situation finale reflète les conséquences fiscales de la clôture de la liquidation (les éventuelles
répartitions qui ont lieu à la suite de la clôture de la liquidation). L’éventuel dividende qui est réputé être
distribué lors de la clôture est également mentionné dans cette déclaration. Les pertes fiscalement reporta-
bles qui subsistent dans la déclaration de liquidation après utilisation éventuelle (s’il apparaît une base
imposable à la clôture de la liquidation), sont définitivement perdues. Il n’est toutefois pas obligatoire de
traiter la clôture de la déclaration dans une déclaration distincte; cela peut se faire dans la déclaration
relative aux opérations de la «dernière» période imposable (cf. l’exemple sous 208/33 Com.IR 1992).
Selon nous, il est cependant plus pratique de traiter la clôture de la liquidation dans une déclaration distinc-
te.

172
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Exemple 2

Le bilan de la société A à la date de clôture de sa liquidation se présente comme suit.

A
Liquidités 12 000 Capital (libéré après 1950) 3 000
Réserve légale 300
Réserves disponibles 4 700
Réserves immunisées 4 000
______ ______
12 000 12 000

Le montant qui entre en considération pour une répartition dans le chef de A est de
12 000.

Cette répartition sera imputée:


- d’abord, sur le capital fiscal libéré -3 000
- ensuite, sur les bénéfices antérieurement réservés déjà soumis à l’impôt
des sociétés -5 000
- et enfin, sur les réserves exonérées -4 000

La répartition des réserves exonérées entraîne leur imposabilité.

- La base imposable s’élève à: 4 000


- Le montant dû à l’impôt des sociétés (33,99 %) s’élève à: 1 360

Un montant de 10 640 (12 000 – 1 360) est finalement réparti aux actionnaires de A.
Un montant de 7 640 (10 640 – 3 000) est en l’occurrence réparti en sus du capital
fiscal libéré, de sorte qu’un dividende de 7 640 est réputé distribué. Compte tenu des
hypothèses formulées, ce dividende n’est pas soumis au précompte mobilier de 10 %.

Dans la déclaration de liquidation, la clôture de la liquidation sera traitée de la maniè-


re suivante:

Réserve légale 300 → 0


Réserves disponibles 4 700 → 0
Mouvement - 5 000
Dépenses non admises 1 360
(l’impôt à payer)
Dividende 7 640
Résultat imposable 4 000

Réserves exonérées 4 000 → 0

Exemple 3

Le bilan de la société A à la date de clôture de sa liquidation se présente comme suit.

173
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

A
Liquidités 12 000 Capital (libéré en 1938) 3 000
Réserve légale 300
Réserves disponibles 4 700
Réserves immunisées 4 000
______ ______
12 000 12 000

Le montant qui entre en considération pour une répartition dans le chef de A est de
12 000.

Cette répartition sera imputée:


- d’abord, sur le capital fiscal libéré
3 000 x 1,7 (coefficient de réévaluation pour l’année 1938) -5 100
- ensuite, sur les bénéfices antérieurement réservés déjà soumis à l’impôt
des sociétés -5 000
- et enfin, sur les réserves exonérées -1 900

La répartition des réserves exonérées entraîne leur imposabilité.

- La base imposable s’élève à 1 900


- Le montant dû à l’impôt des sociétés (33,99 %) s’élève à 646

Les réserves exonérées demeurent exonérées à concurrence de 2 100 (4 000 – 1 900),


suite à la réévaluation du capital libéré à concurrence de 2 100.

Un montant de 11 354 (12 000 – 646) est finalement réparti aux actionnaires de A. Un
montant de 6 254 (11 354 – 5 100) est en l’occurrence réparti en sus du capital libéré
(réévalué), de sorte qu’un dividende égal à 6 245 est réputé distribué. Compte tenu
des hypothèses formulées, ce dividende de liquidation n’est pas soumis au précomp-
te mobilier de 10 %.

Dans la déclaration de liquidation, la clôture de la liquidation sera traitée de la maniè-


re suivante:

Réserve légale 300 → 0


Réserves disponibles 4 700 → 0
Mouvement - 5 000
Dépenses non admises 646
(l’impôt à payer)
Dividende 6 254
Résultat imposable 1 900

Réserves exonérées 4 000 → 2 100

174
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Exemple 4

Le bilan de la société A à la date de clôture de sa liquidation se présente comme suit.

A
Actifs 12 000 Capital (libéré après 1950) 3 000
Réserve légale 300
Réserves disponibles 4 700
Réserves immunisées 4 000
______ ______
12 000 12 000
La liquidation s’opère par la répartition des actifs en nature; la valeur vénale des
actifs à cette date s’élève à 20 000 et la plus-value latente répartie (8 000) ne concer-
ne pas des actions.
Le montant qui entre en considération pour une répartition dans le chef de A est de
20 000.
Cette répartition sera imputée:
- d’abord, sur le capital fiscal libéré -3 000
- ensuite, sur les bénéfices antérieurement réservés déjà soumis à l’impôt
des sociétés -5 000
- et enfin, sur les réserves exonérées -4 000
La répartition des réserves exonérées et de la plus-value latente (autre qu’une plus-
value sur des actions qualifiantes) entraîne leur imposabilité.
- La base imposable s’élève à (4 000 + 8 000) 12 000
- Le montant dû à l’impôt des sociétés (33,99 %) s’élève à 4 079
Un montant de 15 921 (20 000 – 4 079) est finalement réparti aux actionnaires de A;
le liquidateur de A doit en l’occurrence conserver des actifs d’une valeur de 4 079
qu’il réalisera afin de payer l’impôt dû.
Une répartition d’un montant de 12 921 (15 921 – 3 000) est effectuée en plus du
capital fiscal libéré, de sorte qu’un dividende de 12 921 est réputé distribué. Compte
tenu des hypothèses formulées, ce dividende de liquidation n’est pas soumis au pré-
compte mobilier de 10 %.
Dans la déclaration de liquidation, la clôture de la liquidation sera traitée de la maniè-
re suivante:
Réserve légale 300 → 0
Réserves disponibles 4 700 → 0
Mouvement - 5 000
Dépenses non admises 4 079
(l’impôt à payer)
Dividende 12 921
Résultat imposable 12 000
Réserves exonérées 4 000 → 0

175
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Remarque: Régime de liquidation applicable aux sociétés dissoutes avant le 1er


janvier 1990

Les sociétés dissoutes avant le 1er janvier 1990 demeurent soumises à l’«ancien»
régime de la liquidation (376).

Dans le chef de la société dissoute, le régime normal d’imposition à l’impôt des


sociétés cesse d’être applicable à partir de la date de sa dissolution. Au régime nor-
mal d’imposition à l’impôt des sociétés se substitue le régime spécial de la liquida-
tion qui consiste à imposer les répartitions que la société fait à ses actionnaires en sus
de la valeur réévaluée du capital:

– au taux de 43 % en ce qui concerne la répartition des réserves (imposées ou im-


munisées) telles qu’elles existaient au jour de la dissolution de la société;
– au taux de 21,5 % en ce qui concerne l’excédent de la répartition;

l’ensemble des charges de la liquidation, en ce compris la cotisation spéciale propre-


ment dite, pouvant être déduit en vue de la détermination de la base imposable.

Ces tarifs ont été réduits, à compter de l’exercice d’imposition 2006, par la loi du
11 mai 2005 M.B.,
( 26 mai 2005), à respectivement 33 % et 16,5 % (la contribution
complémentaire de crise n’est pas due).

Il serait donc logique que tant les 43 % (33 %) sur les réserves que les 21,5 % (16,5 %)
sur l’excédent soient tous deux calculés «en dedans» (377).

(376) Telle n’était assurément pas l’intention de l’auteur original des textes qui ont conduit à la loi de
réforme du 22 décembre 1989. C’est la raison pour laquelle l’article 118 de l’ancien CIR 1964 – qui
disposait qu’une cotisation spéciale était due sur les sommes réparties en sus de la valeur réévaluée du
capital lors du partage de l’avoir social par suite de dissolution notamment – a été réécrit (par l’article 283
de la loi de réforme) pour devenir l’actuel 209 CIR 1992, et l’article 131 CIR 1964 – qui contenait les tarifs
de la cotisation spéciale de liquidation – a été abrogé (par l’article 309/8° de la loi de réforme). Le nouveau
régime de la liquidation a été rendu applicable aux «opérations réalisées à partir du 1er janvier 1990»
(article 333, 9°, de la loi de réforme). Par «opération», l’auteur original visait non seulement la dissolution
de la société, mais également toute vente d’actifs ou répartition qu’une société, qui avait déjà été dissoute
avant le 1er janvier 1990, avait réalisée après cette date. Si, à l’occasion d’une vente, des plus-values
étaient réalisées, celles-ci devenaient imposables (actuel article 208 CIR 1992); en cas de répartition en
sus (de la valeur éventuellement réévaluée) du capital fiscalement libéré, il était initialement prévu qu’un
précompte mobilier soit payé (la répartition de réserves immunisées entraînait leur imposabilité). Ce n’est
qu’à l’occasion de la discussion concernant l’exigibilité de ce précompte mobilier – question qui a été
tranchée par la loi du 23 octobre 1991 qui dispose qu’en l’espèce, aucun précompte mobilier n’est dû
(actuel article 264, alinéa premier, 2°, CIR 1992) – que l’Administration a insisté sur l’interprétation selon
laquelle le nouveau régime de la liquidation n’était applicable qu’aux sociétés qui avaient été dissoutes à
partir du 1er janvier 1990 et que l’ancien régime de la liquidation demeurait applicable aux sociétés qui
avaient été dissoutes avant le 1er janvier 1990 (même si le CIR ne prévoit aucune mesure transitoire en la
matière). Par l’arrêt du 17 mai 2001, la Cour d’appel de Bruxelles confirme cette interprétation adminis-
trative (pour un commentaire succinct, voir Fiscologue 805, p. 10).
(377) Cf. Van Istendael, F., «De inkomstenbelasting en de fusie van vennootschappen», Leuven, Acco,
1979, Vol. I, 153; Verstraelen, J., «Fusie, splitsing en omzetting van vennootschappen» in Fiscaal Praktijk-
boek ’89, Ed. Maeckelbergh, W., Kluwer, 1989, p. 69.

176
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

L’Administration commençait par calculer les 43 % sur les réserves et, si ce montant
pouvait être prélevé sur l’excédent, elle le faisait. Ce qu’il restait de l’excédent était
ensuite imposé au taux de 21,5 % calculé «en dedans». Si les 43 % sur les réserves ne
pouvaient pas être prélevés sur le boni de liquidation proprement dit, la base imposa-
ble toute entière était imposée au 43/143. L’interprétation de l’Administration a été
confirmée par la jurisprudence (378).

Ces tarifs ne figurent pas dans le CIR. Ce sont les tarifs de la cotisation spéciale de
liquidation tels qu’ils figuraient à l’article 131 CIR 1964 avant que cet article soit
abrogé par la loi de réforme et que ces tarifs soient réduits par la loi du 11 mai 2005.
Ces tarifs ne figurent plus aujourd’hui que dans la case «Cotisations distinctes» du
formulaire de déclaration à l’impôt des sociétés.

Cette cotisation spéciale de liquidation était une cotisation de substitution: c’était la


société dissoute elle-même qui était imposée en lieu et place des actionnaires de
ladite société dissoute. Toute plus-value qu’un actionnaire personne physique réali-
sait lors de l’obtention de la répartition de liquidation sur ses actions de la société
liquidée, restait exonérée. Dans le chef de l’actionnaire société, une telle plus-value
était considérée comme un revenu mobilier exonéré (RME) pour lequel – en guise de
compensation du précompte mobilier (25 %) que cette société devait retenir si elle
répartissait à son tour la répartition de liquidation obtenue à ses actionnaires – un
précompte mobilier fictif de 25/75 était accordé. Ce précompte mobilier fictif était –
à l’instar du précompte mobilier ordinaire – non seulement déductible, mais égale-
ment récupérable. Contrairement à l’ancien (mais aussi à l’actuel) régime RDT, il ne
doit pas être satisfait à la condition de participation permanente (durée de conserva-
tion minimale) pour le RME.

3.3.1.3. Autres cas d’application du régime fiscal de la liquidation

Le régime décrit ci-dessus qui constitue le régime fiscal applicable en cas de dissolu-
tion et de liquidation de sociétés, est également applicable:

- en cas de fusion par absorption ou par constitution d’une nouvelle société, en cas
de scission par absorption ou par constitution de nouvelles sociétés, en cas de
scission mixte ou en cas d’opérations assimilées à une fusion par absorption (fu-
sion silencieuse). Sont visées toutes les formes de fusion et de scission au sens
des articles 671 à 676 C. soc.;
- en cas d’opérations assimilées à une fusion ou à une scission sans que toutes les
sociétés transférantes cessent d’exister (article 677 C. soc.). Est également visée
la scission partielle; il n’existe à l’heure actuelle encore aucune définition de la
notion de «fusion partielle» (voir ci-dessous);
- en cas de dissolution sans partage de l’avoir social dans des cas autres que les cas
visés ci-dessus. Est visée la réunion de toutes les actions d’une société donnée
entre les mains d’une seule personne physique;

(378) Gent, 22 december 1987, A.F.T., 1988, p. 193, note G. Jorion.

177
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

- en cas d’adoption d’une autre forme juridique, lorsque la transformation ne s’opère


pas conformément aux articles 774 à 787 du C. soc.;
- en cas de transfert à l’étranger du siège social, du principal établissement ou du
siège de direction ou d’administration;
- en cas d’agrément en tant que société d’investissement à capital fixe en biens
immobiliers (SICAF immobilière) ou en actions non cotées (PRICAF publique),
par la Commission bancaire, financière et des assurances.

L’assimilation de principe de la fusion et de la scission avec la dissolution et la liqui-


dation, même si ces opérations sont réalisées conformément aux prescriptions du
droit des sociétés, résulte des conditions propres que le Code des impôts sur les reve-
nus fixe en vue de l’application du régime de neutralité fiscale (comme la condition
que l’opération réponde à des besoins légitimes de caractère financier ou économi-
que). L’assimilation offre au fisc une position de repli pour le cas où le régime de
neutralité fiscale de la fusion ou scission ne peut être autorisé pour des raisons fisca-
les.

3.3.2. Impôts indirects

3.3.2.1. Les conséquences de la liquidation en matière de droits d’enregistre-


ment et, plus particulièrement, l’acquisition par les associés de biens
immobiliers provenant de la société

Par Jos DE BLAY,


Expert-comptable, conseil fiscal

a. Introduction

Les raisons qui peuvent pousser des associés à apporter ou à isoler des biens immobi-
liers dans une société sont nombreuses. Cette solution est souvent envisagée pour des
raisons économiques et/ou financières, pour des raisons fiscales ou dans le cadre de
la préparation d’une succession familiale.

Au cours de la dernière décennie du XXe siècle, les gouvernements successifs ont


toutefois envisagé et même instauré diverses mesures d’alourdissement de la pres-
sion fiscale à charge des sociétés détentrices d’un patrimoine immobilier. Citons à
cet égard les mesures spécifiques suivantes:

• suppression de la possibilité d’amortir sur une base dégressive les immobili-


sations dont l’usage a fait l’objet d’une cession à des tiers (immeubles loués)
(379);
• suppression de la déduction pour investissement pour les biens immobiliers
dont l’usage a été cédé, à moins que cette cession n’ait été effectuée à des

(379) Art. 1er A.R. du 5 août 1991 (M.B., 10 septembre 1991).

178
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

personnes physiques qui affectent ces immobilisations à la réalisation de bé-


néfices ou de profits (380);
• réduction du délai de récupération des droits d’enregistrement en cas de re-
vente (381);
• limitation de la possibilité de bénéficier d’une réduction du précompte immo-
bilier en cas d’improductivité d’un bien immobilier;
• suppression de la possibilité d’imputer une partie du précompte immobilier
payé sur l’impôt des sociétés (382). En revanche, le précompte immobilier
constitue à présent une charge professionnelle entièrement déductible, en ce
compris les éventuels majorations, intérêts de retard et frais;
• suppression de l’imputation du précompte immobilier fictif (383);
• instauration de la disposition anti-abus de l’art. 344 CIR 92 qui, dans certains
cas, peut avoir un impact au cours de l’existence des sociétés immobilières
(384);
• réforme des règles relatives aux avantages de toute nature en cas de mise d’un
bien immobilier à la disposition d’une personne physique (385);
• augmentation du droit d’enregistrement applicable à l’apport par des person-
nes physiques d’habitations dans des sociétés, application du droit propor-
tionnel aux ventes publiques (386), et modification des articles 44, 115bis et
159, 7° et 14°.

Parmi les autres mesures d’alourdissement de la pression fiscale à charge de toutes


les sociétés – et pas seulement des sociétés immobilières –, on trouve notamment les
mesures suivantes:

• imposition d’une cotisation annuelle à charge des sociétés destinée au statut


social des indépendants (387);
• instauration d’un précompte mobilier de 10 % sur les dividendes de liquida-
tion (388).

Pour décourager l’évasion fiscale qui consiste (consistait) à apporter des biens im-
mobiliers dans des sociétés, le gouvernement Dehaene I a même envisagé, à l’autom-
ne 1993, d’instaurer un impôt spécial sur le patrimoine immobilier des sociétés. Cet
impôt devait s’élever, selon le communiqué de presse, à 39 % (+ 3 %) du revenu
cadastral des habitations (389). Fort heureusement, le gouvernement a vite compris
que cette mesure aurait des effets pervers sur les secteurs de l’immobilier et de la
construction, de sorte qu’elle a été abandonnée.

(380) Art. 3 Loi du 28 décembre 1992 (M.B., 31 décembre 1992 – troisième édition).
(381) Art. 62 Loi du 28 décembre 1992 (M.B., 31 décembre 1992).
(382) Art. 10 Loi du 22 juillet 1993 (M.B., 26 juillet 1993).
(383) Art. 11 Loi du 22 juillet 1993 (M.B., 26 juillet 1993).
(384) Par. 1er de l’art. 344 CIR 92, inséré par l’art. 16 de la loi du 22 juillet 1993 (M.B., 26 juillet 1993).
(385) A.R. du 18 février 1994 (M.B., 26 février 1994).
(386) Art. 40, 45 et 49 Loi du 30 mars 1994 (M.B., 31 mars 1994 – deuxième édition).
(387) Loi du 30 décembre 1992 portant des dispositions sociales et diverses (M.B., 9 janvier 1993).
(388) Art. 5 Loi du 24 décembre 2002 (M.B., 31 décembre 2002 – deuxième édition).
(389) Voir: PLAN GLOBAL, édition spéciale INBEL, 1993, p. 60.

179
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Tout comme l’associé – personne physique ou société – peut être tenté, pour diverses
raisons, d’apporter des biens immobiliers dans une société, il peut également vouloir
prélever ces biens immobiliers de la société. Cette volonté de prélèvement peut no-
tamment être inspirée par des motifs d’ordre économique, financier ou familial.

Parmi les motifs d’ordre économique, on peut évoquer la volonté des associés d’une
société d’isoler le patrimoine immobilier de l’activité d’exploitation et d’ainsi le sous-
traire au risque d’entreprise (par exemple, en cas de faillite) ou encore de regrouper
le patrimoine immobilier dans une société distincte en vue d’améliorer la transparen-
ce des flux financiers dans une structure de groupe. Parmi les motifs d’ordre familial,
on trouve le souci de préparer la succession familiale, en rapport ou non avec une
autre activité existante. Parmi les motifs d’ordre financier, enfin, on citera la possibi-
lité de disposer directement des revenus locatifs du bien immobilier loué, etc.

Au vu de la liste susmentionnée des mesures d’alourdissement de la pression fiscale


à charge des sociétés détentrices d’un patrimoine immobilier, il n’y a rien d’étonnant
à ce que des motifs d’ordre fiscal puissent également être à l’origine de la volonté de
certains associés de prélever des biens immobiliers d’une société.

b. Comment prélever des biens immobiliers d’une société?

Le prélèvement de biens immobiliers d’une société peut, juridiquement parlant, s’opé-


rer de deux façons selon les objectifs que l’on se fixe (390):

b.1. La première façon de procéder (pas de dissolution, la société de laquelle le bien


immobilier est prélevé continue d’exister après le prélèvement) concerne les
actes juridiques suivants:
a. la vente;
b. l’échange;
c. l’apport;
d. la donation;
e. la dation en paiement;
f. la réduction de capital en nature (si possible);
g. la distribution de dividende en nature.

Ces opérations constituent autant d’instruments juridiques permettant de prélever un


ou plusieurs biens immobiliers d’une société sans que la société doive être dissoute.

b.2. La deuxième façon de procéder (dissolution) porte sur les actes suivants:
a. la dissolution;
b. la fusion, la scission;
c. et la dissolution après réunion de toutes les actions entre les mains d’une
seule personne.

(390) E. SPRUYT et P. VAN MELKEBEKE, «Onttrekking van onroerend goed aan een vennootschap –
bespreking van de artikelen 129 en 130 W. Reg.», in Zakelijke rechten en fiscaliteit, Maklu, 2004, pp. 223-
275.

180
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

c. Le moment du prélèvement

c.1. Le prélèvement en cours d’existence de la société et préalablement à la dissolu-


tion

Pour un commentaire plus détaillé des conséquences juridiques de chacune des pos-
sibilités de l’instrumentaire juridique présenté au point b.1. (cf. ci-dessus) visant à
prélever un bien immobilier en cours d’existence d’une société, nous renvoyons à
l’article mentionné en note de bas de page et publié dans Zakelijke rechten en fiscali-
teit, Maklu, 2004, pp. 223-275 (391).

c.2. Le prélèvement dans le cadre de la dissolution de la société

Dans le présent chapitre ayant trait à la «Dissolution de sociétés», nous nous intéres-
serons plus en détail aux aspects du prélèvement de biens immobiliers dans le cadre
de la dissolution de la société.

1. La dissolution volontaire classique

Les actionnaires/associés d’une société peuvent toujours décider de dissoudre pré-


maturément la société, que cette dernière ait été constituée pour une durée indétermi-
née ou pour une durée déterminée.

En cas dissolution, les dispositions du C. soc., ainsi que les dispositions statutaires en
vigueur, doivent être respectées.

Il convient également de préciser, en ce qui concerne cette technique de prélèvement


d’un bien immobilier, que la décision de dissoudre la société n’a pas pour conséquen-
ce immédiate de faire disparaître la société en tant que personne morale. Après disso-
lution, la société est en effet réputée exister pour sa liquidation (392). La décision de
dissoudre une société ne crée pas d’indivision entre les actionnaires, et la personne
morale en liquidation demeure propriétaire du patrimoine social, notamment du pa-
trimoine immobilier, le cas échéant.

Après la dissolution, le liquidateur se substitue à l’organe de gestion et est notam-


ment chargé de réaliser les actifs et d’apurer les dettes, en tenant compte à cet égard
des modifications apportées à la procédure de liquidation par la loi du 2 juin 2006
(393). Cf. ci-dessous. En matière de biens immobiliers, l’art. 186 C. soc. prévoit que
le liquidateur peut aliéner les immeubles de la société par adjudication publique, s’il
juge la vente nécessaire pour payer les dettes sociales de la société. Après paiement

(391) E. SPRUYT et P. VAN MELKEBEKE, «Onttrekking van onroerend goed aan een vennootschap –
bespreking van de artikelen 129 en 130 W. Reg.», in Zakelijke rechten en fiscaliteit, Maklu, 2004, pp. 223-
275.
(392) Art. 183, § 1er, C. soc.
(393) Loi du 2 juin 2006, M.B., 26 juin 2006.

181
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

des dettes (ou consignation des sommes nécessaires au paiement des dettes), le liqui-
dateur procède à la clôture de la liquidation et, à cette occasion, remet les actifs
restants, y compris l’éventuel bien immobilier à prélever, aux actionnaires. Les ac-
tionnaires deviennent alors propriétaires en indivision – proportionnellement à leur
participation dans le capital – du patrimoine de la société, y compris du bien immobi-
lier. Ils peuvent ensuite sortir d’indivision et attribuer le bien immobilier à un ou
plusieurs actionnaires déterminés. Le procès-verbal de clôture de la liquidation avec
attribution du bien immobilier prélevé est un acte authentique destiné à être déposé
au bureau des hypothèques.

Dans l’article déjà cité en note de bas de page, les auteurs E. SPRUYT et P. VAN
MELKEBEKE s’interrogent sur la nécessité pour le liquidateur de procéder à l’attri-
bution effective du bien immobilier à tous les associés/actionnaires (394).

On notera également qu’en 2006 plusieurs modifications ont été apportées dans le C.
soc. (395) dans le but d’instaurer un contrôle judiciaire de la liquidation de sociétés:

– conformément aux dispositions de l’article 184 C. soc., les liquidateurs n’en-


trent en fonction qu’après que leur nomination a été confirmée par le tribunal
de commerce;
– le nouvel art. 189bis prévoit que le liquidateur transmette, à intervalles régu-
liers, un état détaillé de la situation de la liquidation au greffe du tribunal de
commerce;
– avant la clôture de la liquidation, les liquidateurs soumettent le plan de répar-
tition de l’actif entre les différentes catégories de créanciers pour accord au
tribunal de commerce (art. 190 C. soc.).

Au n° 10918 de WERDEFROY o.c., il est dit expressément qu’il est clair qu’un trans-
fert pur et simple (en néerlandais WERDEFROY utilise le «stommelingse overdracht»)
de biens à l’occasion d’une liquidation n’est désormais plus possible (396).

2. La dissolution par réunion de toutes les actions entre les mains d’une seule person-
ne

A la lumière de ce qui a été dit au 2.2.1., il convient de s’intéresser d’un peu plus près
à la situation dans laquelle une société ne compte plus qu’un seul associé ou action-
naire. Ce qui suit est notamment inspiré de F. WERDEFROY, «Registratierechten
2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II, sous n° 10918.

(394) Selon E. SPRUYT et P. VAN MELKEBEKE, le liquidateur pourrait se contenter de faire constater
par l’assemblée générale que les opérations de liquidation sont achevées, que par conséquent la société a
cessé d’exister et que le bien immobilier qui figure encore à l’actif de la société a été transféré en indivi-
sion vers le patrimoine privé des associés/actionnaires. En agissant de la sorte, le liquidateur évite, selon
les auteurs, plusieurs formalités immobilières, comme l’envoi d’attestations fiscales (art. 443 CIR) et le
respect des dispositions du décret relatif à l’assainissement du sol (pas de convention relative à la cession
d’un terrain).
(395) Loi du 2 juin 2006, M.B., 26 juin 2006.
(396) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 10918.

182
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Comme vous le savez, la SPRL peut continuer d’exister avec un seul associé.

En revanche, lorsque moins de deux actionnaires comparaissent à l’acte constitutif


d’une SA, ou lorsque moins de trois associés comparaissent à l’acte d’une société
coopérative à responsabilité limitée, ces sociétés peuvent être déclarées nulles (art.
454, 4°, et art. 403, 4°, C. soc.). Il en va de même pour la SCA par renvoi aux dispo-
sitions applicables à la SA (voir art. 657 C. soc.).

En ce qui concerne la SA, la SCA et la SPRL, il convient de préciser que l’acquisition


du bien immobilier de la société n’a pas lieu par le simple fait de la réunion de toutes
les actions entre les mains d’une seule personne. Ce simple fait n’entraîne par ailleurs
pas la dissolution de plein droit de la société. Conformément aux dispositions du
C. soc. (pour la SA et la SCA, voir l’art. 646 C. soc. et pour la SPRL, voir l’art. 213
C. soc.), l’actionnaire unique de ces sociétés dispose d’un délai de régularisation
d’un an pour faire entrer de nouveaux actionnaires dans la société ou pour mettre la
société en dissolution, sous peine d’être réputé caution solidaire de toutes les obliga-
tions de la société nées après la réunion de toutes les actions entre ses mains, et ce dès
l’expiration du délai précité d’un an (397).

Le groupement d’intérêt économique est quant à lui dissous lorsqu’il ne comprend


plus qu’un seul membre (art. 867, 6°, C. soc.).

En ce qui concerne la SE (la société européenne), l’art. 941 C. soc. dispose que le
tribunal de commerce peut prononcer la dissolution de la SE qui a son siège statutaire
en Belgique si son administration centrale n’y est pas située.

En ce qui concerne la SNC et la SCS, le C. soc. ne contient aucune disposition spéci-


fique en la matière. Tout comme dans le groupement d’intérêt économique, la réu-
nion de toutes les actions entre les mains d’une seule personne entraîne la dissolution
de la société. Cela n’implique pas pour autant que le bien immobilier qui dépendrait
d’une telle société devienne la propriété de l’associé/actionnaire unique. La société
continue d’exister pour sa liquidation (art. 183, § 1er, 1er al., C. soc.). Avant que la
liquidation puisse être clôturée (et que l’associé/actionnaire unique puisse prendre
possession du bien immobilier), il faut que le liquidateur transmette le plan de répar-
tition de l’actif.

La société de droit commun, la société momentanée et la société interne (l’ancienne


association en participation) sont soumises aux dispositions relatives au partage des
successions (art. 55 C. soc.). Ces sociétés sont en effet dénuées de personnalité juri-
dique. Lorsque ces sociétés qui comptent normalement plusieurs associés cessent
d’exister parce qu’elles ne comptent plus qu’un seul associé, l’indivision prend fin
par le transfert de parts indivises et sera traitée comme telle sur le plan fiscal.

Pour un commentaire plus détaillé de ces cas particuliers, nous renvoyons à F. WER-
DEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006,

(397) Pour les dispositions relatives à la responsabilité solidaire de l’associé unique de la SPRL, voir l’art.
213 C. soc.

183
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

volume II, n° 10918, ainsi qu’au n° 10922 pour les sociétés de personnes et au n° 1072
pour les sociétés de capitaux.

3. La fusion et la scission

Le cas échéant, le prélèvement de biens immobiliers peut également s’opérer par le


biais d’une fusion ou d’une scission de la société. Il va sans dire que le champ d’ap-
plication de cette méthode est limité aux cas où le prélèvement doit s’effectuer en
faveur d’une société actionnaire. Cette dernière doit en l’occurrence faire en sorte
d’être la société absorbante (398).

• Fusion

Dans le cas d’une fusion, il s’agira d’une fusion par absorption (où la société absor-
bante est donc actionnaire de la société absorbée).

• Scission

Dans le cas d’une scission, il s’agira:


o d’une scission par absorption (où la société bénéficiaire est actionnaire de la
société scindée);
o d’une scission par absorption et constitution de sociétés nouvelles;
o d’une scission partielle (où la société bénéficiaire est actionnaire de la société
partiellement scindée).

Sur le plan juridique et, plus particulièrement, en droit des sociétés, il est intéressant
de préciser que la scission partielle peut être utilisée, par exemple, pour isoler un bien
immobilier unique d’une société existante dans une autre société.

Attention, si l’on souhaite prélever un bien immobilier d’une société par la technique
de la fusion ou de la scission (partielle), il faut respecter un certain nombre de condi-
tions et formalités légales en vue de pouvoir bénéficier de tous les effets juridiques
(notamment la succession de l’universalité des droits) et de toutes les conséquences
fiscales (notamment le principe de neutralité) de l’opération. Pour un commentaire
détaillé, nous renvoyons aux autres textes sur la question contenue dans la présente
publication.

d. Le prélèvement de biens immobiliers et le régime des droits d’enregistrement

Les articles 129 et 130 C. enreg.

Les articles 129 et 130 C. enreg. visent pratiquement tous les procédés par lesquels
un bien immobilier est prélevé d’une société par ses associés, à l’exception des pro-
cédés par lesquels un bien immobilier est transféré par apport en société.
(398) E. SPRUYT, Onttrekken van onroerend goed aan de vennootschap, A.F.T., n° 3, mars 1995, p. 91.

184
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Les articles 129 et 130 C. enreg. s’énoncent comme suit:

Art. 129:

L’acquisition par un ou plusieurs associés, autrement que par voie d’apport en so-
ciété, d’immeubles situés en Belgique, provenant d’une société en nom collectif ou
d’une société en commandite simple, d’une société de personnes à responsabilité
limitée ou d’une société agricole, donne lieu, de quelque manière qu’elle s’opère, au
droit établi pour les ventes.

En cas de remise des biens sociaux par le liquidateur de la société en liquidation à


tous les associés, l’alinéa qui précède s’applique à l’attribution ultérieure des biens
à un ou plusieurs associés.

L’alinéa 1er n’est pas applicable en ce qui concerne:

1° les immeubles apportés à la société, lorsqu’ils sont acquis par la personne


qui a effectué l’apport;
2° les immeubles acquis par la société avec paiement du droit d’enregistrement
fixé pour les ventes, lorsqu’il est établi que l’associé qui devient propriétaire
de ces immeubles faisait partie de la société au jour de l’acquisition par celle-
ci.

Art.130:

L’acquisition par un ou plusieurs associés, autrement que par voie d’apport en so-
ciété, d’immeubles situés en Belgique provenant d’une société par actions, ou d’une
société coopérative, donne lieu, de quelque manière qu’elle s’opère, au droit établi
pour les ventes.

d.1. Champ d’application

Nous verrons successivement que le champ d’application des articles précités se li-
mite:

• aux sociétés dotées de la personnalité juridique;


• aux biens immobiliers situés en Belgique;
• aux acquisitions autrement que par voie d’apport.

1. Sociétés dotées de la personnalité juridique

Le champ d’application des articles 129 et 130 se limite aux acquisitions par des
associés – personnes physiques, sociétés ou autres personnes morales – d’immeubles
provenant de sociétés dotées de la personnalité juridique.

Concrètement, il s’agit des sociétés commerciales dotées de la personnalité juridi-


que visées à l’art. 2, § 2, C. soc., à savoir:
o la société en nom collectif (SNC);

185
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

o la société en commandite simple (SCS);


o la société privée à responsabilité limitée (SPRL);
o la société coopérative, qui peut être tant à responsabilité limitée (SCRL), qu’à
responsabilité illimitée (SCRI);
o la société anonyme (SA);
o la société en commandite par actions (SCA).

A cet égard, il importe peu qu’il s’agisse de sociétés civiles ou commerciales.

Les groupements d’intérêt économique

Il existe un régime particulier applicable aux groupements d’intérêt économique (399).


Sont visés le groupement d’intérêt économique (GIE) (400) et le «groupement euro-
péen d’intérêt économique» (GEIE) (401).

Ces groupements ne sont pas soumis au régime de droit commun des articles 129 et
130 C. enreg., mais bien au régime particulier de l’art. 159, 12°, C. enreg.

La remise des biens immobiliers aux membres est en l’occurrence exemptée du droit
proportionnel et uniquement soumise au droit fixe général de 25 EUR à condition:
• que le membre qui acquiert le bien immobilier l’ait lui-même apporté;
• que la remise intervienne à la suite du retrait du membre ou de la dissolution
du groupement.
Ces conditions sont cumulatives et doivent donc être toutes deux remplies. A défaut,
le droit de vente reste dû.

Sociétés dénuées de la personnalité juridique: à considérer comme de simples indivi-


sions

Etant donné qu’il n’existe aucune réglementation légale expresse concernant les droits
d’enregistrement dus sur l’acquisition par des associés de biens immobiliers prove-
nant de sociétés sans personnalité juridique, telles la société de droit commun, la
société momentanée et la société interne sans personnalité juridique, ces sociétés
sont considérées en vue du prélèvement des droits d’enregistrement comme de sim-
ples indivisions, de sorte que le droit de partage de 1 % visé aux articles 109 à 114 C.
enreg. s’applique, le cas échéant, en cas de prélèvement d’un bien immobilier d’une
telle société (402).

(399) Nieuwsbrief Notariaat Fiscaal, n° 4, 14 septembre 1989, pp. 4/6-4/8 et n° 6, 11 octobre 1989, pp. 6/
6-6/7; Circ. n° 8, 31 août 1989, Rec. gén. enr. not., n° 23.791.
(400) Articles 839 à 873 C. enreg.
(401) Loi du 12 juillet 1989 portant diverses mesures d’application du Règlement CEE n° 2137/85 du 25
juillet 1985 relatif à l’institution d’un groupement européen d’intérêt économique, M.B., 22 août 1989, p.
14385.
(402) Pour un commentaire détaillé, voir F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e
édition mise à jour, 2006, volume II, n° 1091.

186
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Sociétés étrangères

Bien que les articles 129 et 130 C. enreg. visent manifestement les sociétés belges, on
peut néanmoins supposer que ces dispositions s’appliquent également à l’acquisition
par des associés de biens immobiliers situés en Belgique et provenant de sociétés
étrangères dotées de la personnalité juridique. A cet égard, il importe peu que le
siège de la société se trouve sur le territoire d’un Etat membre de l’Union européenne
ou ailleurs (403). Une décision de l’Administration confirme en effet que le prélève-
ment d’un bien immobilier situé en Belgique d’une société privée néerlandaise (BV)
relève du champ d’application de l’art. 129 C. enreg. (404)

A contrario, les sociétés étrangères dénuées de la personnalité juridique relèvent du


champ d’application des articles 109 à 114 du C. enreg., à l’exclusion des articles 129
et 130 C. enreg.

2. Biens immobiliers situés en Belgique

En vue de l’application du régime des articles 129 et 130 C. enreg., il est indispensa-
ble que les biens immobiliers soient situés en Belgique.

Afin d’établir quels sont les biens immobiliers visés par les articles 129 et 130 C.
enreg., il convient d’appliquer les mêmes critères qu’en vue d’apprécier l’exigibilité
du droit de vente fixé par l’art. 44 C. enreg. (405).

TVA ou droits d’enregistrement?

Si l’acquisition qui relève du champ d’application des articles 129 et 130 C. enreg.
porte sur une nouvelle construction, celle-ci peut être soumise à la TVA. Dans la
mesure où la TVA est due sur l’acquisition, le droit d’enregistrement n’est pas dû,
ainsi que le prévoit l’art. 159, 8°, C. enreg. Le terrain qui ne peut être soumis à la TVA
ne peut évidemment pas être exonéré des droits d’enregistrement.

Le fait que la TVA ne soit pas effectivement exigible en vertu de l’art. 11 C.TVA –
notamment dans le cas de la cession d’une universalité de biens ou d’une branche
d’activité – n’exclut pas l’application de l’art. 159, 8°, C. enreg. (406).

(403) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 10916.
(404) 18 novembre 1999, n° E.E./97.591, Rép. R.J., R 129/23.01.
(405) Pour un commentaire détaillé, voir F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e
édition mise à jour, 2006, volume II, n°s 146 et suivants et n° 10914.
(406) Déc. 12 octobre 1988, Rép. R.J., R 129/14.03.

187
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

3. Acquisitions autrement que par voie d’apport

Les articles 129 et 130 visent les acquisitions par un associé – personne physique ou
personne morale – de biens immobiliers situés en Belgique et provenant d’une socié-
té.

Sont en l’occurrence visés tous les actes juridiques d’acquisition à titre onéreux ou
gratuit, sans distinction aucune selon que l’acquisition est translative ou déclarative
en vertu du droit commun. En fait, il n’est même pas requis qu’elle soit translative ou
déclarative. De même, il importe peu que l’acquisition ait lieu en cours d’existence
de la société ou après sa dissolution.

Exception: l’apport en société

Lorsqu’un bien immobilier est apporté par une société dans une autre société, seul le
droit fixe est dû:
• en raison de l’assujettissement au droit d’apport de 0 %;
• ou en raison du fait que l’apport concerne l’universalité des biens ou une ou
plusieurs de ses branches d’activité (407).

Le fait que la société bénéficiaire détient une participation dans l’autre société ne
peut jouer aucun rôle à cet égard (408).

Attention! Cas particulier: la réunion de toutes les actions entre les mains d’une
seule personne ou fusion silencieuse: changement de point de vue de l’Administra-
tion suite à un arrêt rendu en 2006 par la Cour de cassation.

Les opérations assimilées à une fusion sont décrites aux articles 676 et 677 C. soc.

La fusion silencieuse est la première opération visée à l’art. 676 C. soc. Il s’agit en
l’occurrence d’une opération où la société absorbante détient 100 % des actions de la
société absorbée.

Jusqu’il y a peu, l’Administration (409) considérait qu’en l’occurrence, il ne pouvait


être question d’apport et que, par conséquent, les articles 115 et 117 (qui exigent un
apport) ne s’appliquaient pas à la fusion silencieuse.

Le Tribunal de Tongres, rejoint par la Cour d’appel d’Anvers, s’est toutefois opposé
à ce point de vue de l’Administration, estimant qu’il s’agissait bien en l’occurrence
d’une opération assimilée à une fusion, laquelle doit être exonérée du droit d’enregis-
trement en application de l’art. 117 C. enreg. (410).

(407) Voir art. 117 C. enreg.


(408) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 10917.
(409) Déc. 9 novembre 1993, n° E.E./93.980, Rép. R.J., R 117, § 1er/10.01; Rec. gén. enr. not. 1994/2,
n° 24.317.
(410) Trib. Tongres, 21 mars 2002, Not. Fisc. M., 2003/2-3, pp. 92-93; Rec. gén. enr. not., 2002/10,
n° 25.311; Anvers, 30 octobre 2003, Rec. gén. enr. not., 2004, n° 25.414.

188
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Dans un arrêt du 9 mars 2006, la Cour d’appel a quant à elle décidé que dans le cas
d’une opération assimilée à une fusion par absorption sur la base de l’art. 676, 1°, C.
soc., à savoir dans le cas d’une fusion silencieuse, l’actionnaire unique-société ac-
quiert le patrimoine de la société absorbée par voie d’apport (selon le tribunal de
première instance et la Cour d’appel, par voie de fusion). Il s’ensuit qu’aucun droit
d’enregistrement ne peut être perçu sur la base des articles 129 et 130 C. enreg.

La Cour de cassation a également décidé qu’en cas d’apport d’une universalité de


biens à l’occasion d’une fusion silencieuse, l’exonération visée à l’art. 117, § 1er, C.
enreg. s’appliquait même si cette opération ne s’accompagnait pas de l’émission d’ac-
tions.

Pour un commentaire plus détaillé, nous renvoyons à: Cour de cassation, 9 mars


2006, T.F.R., octobre 2006, pp. 720-728, note de J. VERSTRAELEN.

L’Administration s’est depuis rangée à ce point de vue (411).

Ce revirement a pour conséquence directe que la fusion silencieuse sera exonérée de


tout droit proportionnel, même si la société absorbée renferme des biens immobiliers
(412).

d.2. Règle générale: le droit établi pour les ventes

Les articles 129, alinéa premier, et 130 C. enreg. consacrent le principe selon lequel
l’acquisition par un ou plusieurs associés, autrement que par voie d’apport, d’im-
meubles situés en Belgique et provenant d’une société dotée de la personnalité juridi-
que, donne lieu, de quelque manière qu’elle s’opère, au droit établi pour les ventes.

Cela signifie que les opérations visées à l’art. 129, alinéa premier, et 130 C. enreg.,
sont assimilées à une cession à titre onéreux de biens immobiliers.

Concrètement, cela implique que le droit d’enregistrement de 10 % (pour la Flandre)


ou de 12,5 % (pour Bruxelles et la Wallonie) sera dû:
• sur le prix de vente (art. 45 C. enreg.);
• ou sur la valeur vénale (413), s’il s’avérait que celle-ci est supérieure au prix
de vente (art. 46 C. enreg.).

(411) Déc. n° E.E./95.655, Rép. R.J., R 10.01, où il est dit expressément que l’Administration se range à ce
point de vue et que donc la décision administrative du 9 novembre 1993 est annulée.
(412) E. SPRUYT, «Geruisloze fusie met onroerend goed – fiscus legt zich neer bij Cassatie», Nieuwsbrief
Registratierechten, 2006, n° 3, pp. 5-6.
(413) La valeur vénale est la valeur marchande objective que l’on obtient en cas de vente dans des condi-
tions normales, c’est-à-dire en assurant une publicité suffisante et en attirant un nombre suffisant d’ama-
teurs, mais aussi en tenant compte de tous les facteurs objectifs susceptibles d’influencer la valeur du bien.
Les aspects subjectifs ne sont en l’occurrence pas pris en considération.

189
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Il peut éventuellement être fait application du droit d’enregistrement réduit pour les
habitations modestes et les petites propriétés rurales (414) ou des tarifs visés aux
articles 62 et suivants C. enreg. (415)

En cas de revente dans les deux ans de l’acte authentique d’acquisition, l’intéressé
peut obtenir le remboursement des droits d’enregistrement prélevés à concurrence de
3/5e du montant payé (36 % pour les biens immobiliers situés en Région de Bruxel-
les-Capitale), à condition que l’acquisition ait été soumise aux droits d’enregistre-
ment au taux de 10 ou 12,5 % (416).

Comme nous l’avons déjà évoqué ci-dessus, l’acquisition d’une nouvelle construc-
tion peut, dans certains cas, être soumise à la TVA, auquel cas aucun droit d’enregis-
trement n’est dû sur la nouvelle construction proprement dite (mais bien sur le ter-
rain) (417).

Remarque préliminaire: le régime de la liquidation: principe général

L’acte proprement dit qui constate la décision de dissolution et de mise en liquidation


est normalement soumis au droit fixe général de 25 EUR.

En ce qui concerne la cession (partage/attribution/vente…) des biens immobiliers


proprement dits, nous renvoyons à ce qui a été dit ci-dessus concernant la règle géné-
rale visée aux articles 129 et 130 C. enreg., à savoir l’application du droit de vente.

En principe, il n’y a cependant taxation avec application du droit d’enregistrement


que lorsque l’on procède concrètement à la liquidation et au partage et qu’en l’espè-
ce, les biens immobiliers sont attribués ou transmis d’une manière quelconque à un
ou plusieurs des associés. Voir également supra, point 1. La dissolution volontaire
classique.

Rappelons à cet égard que le droit d’enregistrement proportionnel établi pour les
ventes est dû suivant la règle générale si un bien immobilier est attribué à un ou
plusieurs associés ou actionnaires de la société suite à la liquidation.

d.3. Sociétés de personnes: la SNC, la SCS, la SPRL et la S. Agr.

L’art. 129 C. enreg. prévoit toutefois plusieurs exceptions à l’application du droit


établi pour les ventes en faveur des sociétés qui ont été constituées sous la forme
d’une SNC, d’une SCS, d’une SPRL ou d’un S. Agr.

(414) Art. 53 et s. C. enreg. – 5 % pour les habitations modestes et les petites propriétés rurales situées en
Région flamande et 6 % pour celles situées en Région wallonne.
(415) 5 % ou 8 % pour les agents immobiliers selon que les immeubles sont situés en Région flamande, en
Région wallonne ou en Région de Bruxelles-Capitale.
(416) Art. 212 C. enreg.
(417) Art. 159, 8°, C. enreg.

190
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Ces exceptions sont visées à l’art. 129, alinéas 2 et 3, C. enreg. et peuvent être clas-
sées schématiquement en trois catégories:
1° l’acquisition par tous les associés réunis en cas de remise par le liquidateur (art.
129, alinéa deux, C. enreg.): application du droit fixe général et application diffé-
rée de l’art. 129, alinéa 1er, C. enreg. lors de l’attribution future à un ou plusieurs
associés;
2° l’acquisition par l’associé qui avait apporté l’immeuble (art. 129, alinéa 3, 1°, C.
enreg.); et
3° l’acquisition par un associé d’immeubles acquis par la société lorsque l’associé
devenant propriétaire faisait partie de la société au jour de l’acquisition par celle-
ci (art. 129, alinéa 3, 2°, C. enreg.).

La non-application de la règle générale visée à l’art. 129, alinéa 1er, C. enreg. en cas
d’application des exceptions visées aux points 2° et 3°, a pour effet que la nature de
l’acquisition doit être déterminée en vertu du droit commun en vue de la taxation
(418).

Concrètement, cela signifie:


• que le droit de vente est dû si l’acquisition est translative selon les critères du
droit commun (par exemple, la vente par la société à un associé, même pen-
dant la liquidation);
• que le droit de partage est dû si l’acquisition résulte de l’attribution ou de la
cession entre associés d’une masse indivise (par exemple, le partage entre les
associés après la dissolution de la société);
• que seul le droit fixe général est dû si l’acquisition résulte d’un fait.

Passons à présent à un commentaire plus détaillé de chacune des exceptions concer-


nant les sociétés de personnes.

1. Première exception: l’acquisition par tous les associés réunis: art. 129, alinéa deux,
C. enreg.

Commentaire

L’art. 129, alinéa 2, C. enreg. (419) dispose qu’en cas de remise des biens sociaux par
le liquidateur de la société en liquidation à tous les associés, l’art. 129, alinéa 1er,
C. enreg. ne s’applique qu’à l’attribution ultérieure des immeubles à un ou plusieurs
associés (de la société de personnes en question).

Concrètement, cela implique que le procès-verbal de liquidation avec remise par le


liquidateur des immeubles aux associés en indivision n’est soumis qu’au droit fixe
général (25 EUR). Les droits d’enregistrement au taux de 10 ou 12,5 % ne seront en

(418) Exposé des motifs de la loi du 23 décembre 1958, sous l’art. 129 C. enreg.
(419) Rappelons une fois encore, pour le confort du lecteur, les dispositions de l’art. 129, alinéa deux, C.
enreg.: En cas de remise des biens sociaux par le liquidateur de la société en liquidation à tous les asso-
ciés, l’alinéa qui précède s’applique à l’attribution ultérieure des biens à un ou plusieurs associés. Cf.
supra.

191
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

principe prélevés que par la suite lors de l’acte constatant la sortie d’indivision des
associés et l’attribution des biens immobiliers à un ou plusieurs associés. Etant en-
tendu qu’il convient également d’établir à cette occasion dans quelle mesure l’acqui-
sition peut ou non bénéficier de l’une des exceptions visées à l’art. 129, alinéa 3,
C. enreg.

Quand l’acquisition est-elle exclusivement soumise au droit fixe général de


25 EUR?

Lorsque l’acquisition d’un immeuble par un associé résulte exclusivement (pure-


ment et simplement) d’un fait et non d’une convention, seul le droit fixe général de
25 EUR est dû.

Les trois cas dans lesquels seul le droit fixe général de 25 EUR sera dû sont énumérés
dans la Nieuwsbrief Notariaat Fiscaal du 14 janvier 1994, n° 2, p. 4:

1) lorsque l’acte constate qu’un associé de la société immobilière, qui se trouve dans
l’une des deux situations d’exception visées à l’art. 129, alinéa 3, C. enreg., a
acquis les actions qui lui manquaient par succession et procède ensuite à la disso-
lution et à la liquidation de la société;

2) lorsqu’il ne naît aucune «indivision», par exemple en cas de dissolution d’une


SPRL unipersonnelle avec attribution de l’immeuble au seul associé qui se trouve
en outre dans l’une des situations d’exception visées à l’art. 129, alinéa 3, C.
enreg. (420).
Puisqu’une telle SPRL unipersonnelle ne compte qu’un associé, il ne se forme
par conséquent pas d’indivision lors de la dissolution de la société;

3) lorsque l’acquisition n’entraîne aucune modification au niveau de l’indivision.

Exemple: Dissolution d’une SPRL ayant pour seuls associés deux conjoints ma-
riés sous le régime de la communauté des biens, avec attribution de l’immeuble
aux associés.
La communauté matrimoniale est assimilée à une «indivision» en vue de l’appli-
cation du droit d’enregistrement. Par conséquent, lorsque par suite de la dissolu-
tion de la société, les conjoints associés entrent en indivision et que l’immeuble
est ensuite acquis par les deux associés pour compte de la communauté, il n’inter-
vient aucune modification au niveau de l’indivision existante et le droit de parta-
ge n’est pas exigible.

Comme nous l’avons déjà exposé ci-dessus, les droits d’enregistrement au taux
de 10 %, 12,5 % ou 1 % (art. 129, alinéa 3) ne seront dus que lors de l’attribution
ultérieure à un ou plusieurs des associés.

(420) Déc. 8 juillet 2002, n° E.E./98.710, Rép. R.J., R 24.01.

192
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Passons à présent en revue quelques cas particuliers:

• la société compte plusieurs associés à la clôture de la liquidation mais aucun


d’entre eux ne peut prétendre au bénéfice des exceptions visées à l’art. 129,
alinéa 3, C. enreg. (par exemple, l’associé qui a apporté un immeuble a cédé
ses parts à d’autres). Bien que dans cette hypothèse il n’y ait pas lieu d’appli-
quer l’exception visée à l’art. 129, alinéa 2, C. enreg., le texte de cette dispo-
sition ne semble toutefois pas s’opposer expressément à la perception immé-
diate du droit de vente (421);
• un immeuble est prélevé de la société en cours d’existence de la société (par
exemple, à l’occasion d’une réduction de capital en nature) et remis, sans
contrepartie, à tous les associés réunis, proportionnellement à leurs droits dans
la société. L’Administration accepte l’application de l’art. 129, alinéa 2,
C. enreg. (422);
• la remise aux associés n’est pas pure et simple, en ce sens qu’elle n’a pas lieu
proportionnellement à leurs droits respectifs dans la société. L’exception vi-
sée à l’art. 129, alinéa 2, C. enreg. ne peut par conséquent pas être invoquée
(423).

Opérations entre associés après la remise

Après remise par le liquidateur des biens sociaux aux associés, ces derniers devien-
nent les propriétaires indivis des biens acquis, proportionnellement à leur participa-
tion dans la société.

Si, par la suite, les parts acquises sont modifiées par des conventions entre tous les
associés ou entre certains associés, le droit de partage devient exigible, tel que visé à
l’art. 110, alinéas 1 et 2, C. enreg., à l’égard des associés qui peuvent invoquer l’une
des exceptions visées à l’art. 129, alinéa 3, C. enreg., pour les immeubles dans les-
quels ils acquièrent des parts. Si ces exceptions ne sont pas applicables, la simple
modification des parts suffit pour que le droit de vente devienne exigible sur les parts
acquises, même si ces parts sont moins importantes que la participation précédem-
ment détenue dans la société (424).

Exemple

Dupont et Janssens fondent une SNC dans laquelle ils deviennent associés à parts
égales suite à l’achat d’un immeuble. Peeters devient ensuite actionnaire de la SNC
et Dupont et Janssens lui cèdent chacun un tiers de leur participation. La participation
de chaque associé dans la société est à présent d’un tiers. Quelques années plus tard,

(421) Voir F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volu-
me II, n° 10932.
(422) Déc. 18 janvier 1966, Rép. R.J., R 129/06.02; Rec. gén. enr. not., n° 21.005.
(423) Déc. 18 janvier 1966, Rép. R.J., R 129/06.02; Rec. gén. enr. not., n° 21.005.
(424) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 10933.

193
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

la société est dissoute et le patrimoine social, dont l’immeuble, est remis par le liqui-
dateur aux associés. Cet acte est soumis au droit fixe général de 25 EUR.

Ensuite, par convention conclue entre Dupont, Janssens et Peeters, l’immeuble est
attribué à concurrence de 8/12e à Dupont, de 1/12e à Janssens et de 3/12e à Peeters.
Dupont obtient 4/12e de plus, il peut dès lors bénéficier de l’avantage visé à l’art. 129,
alinéa 3, C. enreg. et ne paiera donc pas le droit de partage de 1 % sur ces 4/12e;
Peeters obtient le quart de l’immeuble, mais tombe sous le coup de l’application de
l’article 129, alinéa 1er, C. enreg. et paiera le droit de vente sur ses 3/12e.

Si, par la suite, l’immeuble est par exemple attribué entièrement à Dupont, le droit de
partage de 1 % sera alors calculé sur la valeur totale de l’immeuble.

2. Deuxième exception: l’acquisition par l’associé qui a lui-même apporté l’immeu-


ble: article 129, alinéa 3, 1°, C. enreg.

Ratio legis

L’exception visée à l’art. 129, alinéa trois, 1°, trouve avant tout sa raison d’être dans
le fait que dans cette hypothèse toute fraude est exclue. Ensuite, parce que d’un point
de vue économique, il n’y a aucun raison contraignante d’imposer l’acquisition sur
une base autre que sur la base de son caractère de droit commun. A l’époque, l’asso-
cié a normalement déjà été imposé sur les immeubles apportés par lui et à nouveau
acquis. Bien que la première acquisition soit séparée de la seconde par l’acquisition
par la société, la séparation des patrimoines de la société et des associés est plus
théorique que réelle dans les sociétés de personnes, de sorte qu’il serait exagéré,
après la disparition de la personne morale, d’imposer à nouveau la reprise de l’im-
meuble apporté (425).

Commentaire

Selon l’art. 129, alinéa 3, 1°, C. enreg, seul le droit de partage de 1 % (art. 109 C.
enreg.) est dû lors de la liquidation de telles sociétés, à condition que l’associé qui
acquiert le bien immobilier, l’ait lui-même apporté dans la société à l’époque.

Remarque préliminaire:
Attention, le prélèvement d’un immeuble en application des exceptions visées à l’art.
129, alinéa 3, C. enreg. n’entraîne pas l’exonération automatique du droit d’enregis-
trement proportionnel. Cette disposition de loi a seulement pour effet que le prélève-
ment sera imposé selon sa nature juridique réelle.

Il sera procédé à une analyse de l’acquisition sur la base des critères du droit commun
afin de pouvoir établir le caractère de droit civil de la transaction (426).

(425) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 1094.
(426) Exposé des motifs de la loi du 23 décembre 1958, Rec. gén. enr. not., n° 19.855.

194
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

L’analyse de ce caractère permettra d’établir sur quelle base le prélèvement sera fina-
lement imposé:
• soit il sera soumis au droit de vente de 10 ou 12,5 % si l’acquisition peut, sur
la base des critères précités, être qualifiée d’acte juridique de cession à titre
onéreux. Ce sera le cas d’une vente ou d’un échange;
• soit il sera soumis au droit de partage de 1 % si l’acquisition de l’immeuble en
application de l’article 129, alinéa 3, C. enreg., peut être qualifiée de partage
ou de cession, à titre onéreux, de parts indivises entre copropriétaires. En l’es-
pèce, le droit de partage de 1 % sera exigible en application de l’art. 109
C. enreg.

Apport d’une part indivise

L’associé qui, conjointement avec d’autres associés, a apporté un bien immobilier,


n’a en fait apporté qu’une part indivise et ne peut par la suite, à l’occasion de la
liquidation de la société et du partage entre les associés lors duquel un immeuble
entier lui est attribué, invoquer l’application de l’article 129, alinéa trois, C. enreg.,
que pour la part qu’il a lui-même apportée dans la société. Le droit de vente sera dû
sur les autres parts en vertu de la règle générale visée à l’art. 129, alinéa 1er, C. enreg.
(427)

Exemple:
1° A, B et C fondent une société en nom collectif. Ensemble, ils apportent un im-
meuble dans la société qu’ils détiennent à concurrence d’un tiers chacun. Après la
dissolution de la société et la remise des biens sociaux par le liquidateur à tous les
associés réunis, les associés B et C cèdent leur part (deux tiers) de l’immeuble à
A. Quels sont les droits dus? Le droit de vente est dû sur les deux tiers de l’im-
meuble. Aucun droit de partage n’est dû, en revanche, puisque le droit de vente
est exigible pour toutes les parts cédées. L’application de l’art. 110 C. enreg. est
donc exclue;
2° même exemple, à la différence près qu’en cours d’existence de la société C a cédé
ses parts à A et B. La cession ultérieure de B à A porte en l’espèce sur la moitié de
l’immeuble. En application de l’art. 129, alinéa 1er, C. enreg., le droit de vente
sera néanmoins dû sur les deux tiers (428).

Acquisition par un conjoint et acquisition ultérieure par l’autre conjoint non-associé

Est visé le cas où un apport en société est effectué par une personne mariée sous le
régime de la communauté des biens. Bien que les actions attribuées en contrepartie
d’un tel apport tomberont toujours dans la communauté matrimoniale (et reviendront
donc aux deux époux), il se peut que seul le conjoint apporteur soit associé de la
société. La loi du 1er avril 1987 a en effet instauré un art. 1401, 5°, C. civ. aux termes
duquel sont propres (font partie du patrimoine propre) les droits résultant de la quali-

(427) Q.R., Ch. repr., 1961-1962, p. 14; Déc. 17 novembre 1961, n° E.E./77.132; Rép. RJ, R 129/07.01.
(428) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 1096. Il cite également un troisième exemple.

195
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

té d’associé liés à des actions communes dans des sociétés où toutes les actions sont
nominatives, si celles-ci sont attribuées à un seul conjoint ou inscrites à son nom. Il
en résulte une situation où les actions en tant que telles font partie de la communauté
matrimoniale, mais où leurs accessoires, en l’occurrence les droits résultant de la
qualité d’associé liés aux actions acquièrent un caractère propre (429). Imaginons à
présent que, par la suite, le bien apporté soit (aussi) acquis par le conjoint qui n’est
pas titulaire des droits résultant de la qualité d’associé et qui, en d’autres termes, n’a
jamais été associé de la société, la question qui se pose est de savoir si, lors du prélè-
vement de ce bien immobilier, l’exception de l’art. 129, alinéa 3, 1°, C. enreg. peut
être appliquée à la part attribuée dans son ensemble. E. SPRUYT comme F. WER-
DEFROY considèrent que la réponse à cette question est oui (430). En vertu du droit
matrimonial, les deux époux ont en effet toujours été considérés comme l’associé
apportant, de sorte qu’ils doivent tous deux pouvoir bénéficier de l’avantage de
l’art. 129, alinéa 3, 1°, C. enreg. en cas de prélèvement ultérieur. L’Administration
partage cet avis, du moins à condition que la communauté matrimoniale n’ait pas
encore été dissoute au moment du prélèvement du bien immobilier (431).

Société unipersonnelle à responsabilité limitée – Cession de parts

Imaginons que le fondateur d’une SPRL unipersonnelle apporte un immeuble lors de


la création de la société. Par la suite, il cède ses parts dans la société à un tiers. Dans
ce cas précis, lors de la dissolution future de la SPRL unipersonnelle, l’acquisition de
l’immeuble par ce tiers tombera sous le coup de l’application de l’art. 129 et le droit
de vente sera exigible. Attention: à condition bien entendu que la cession des parts à
ce tiers n’ait pas été considérée, en raison des circonstances, comme une vente du
patrimoine social de la SPRL unipersonnelle.

Qu’en est-il en cas d’absorption ou de scission de la société?

Pour un commentaire détaillé de ces cas particuliers, nous renvoyons à F. WERDE-


FROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volu-
me II, n° 10982.

(429) F. BOUCKAERT, «Huwelijksvermogensrecht en vennootschappenrecht», Gezin en recht in een


postmoderne samenleving, Gand, Mys et Breesch, 1994, n° 7, p. 315; dans le même sens: Dossier 6240,
Verslagen en debatten van het Comité voor Studie en Wetgeving, années 1993-1994, Gilly, Imprimerie
Duculot, p. 470; J. VAN BAEL, «De invoering van art. 1401, 5, B.W. en de BVBA», R.W., 1987-1988, pp.
566 et s.; DU FAUX, «De lidmaatschapsrechten bedoeld in artikel 1041, 5 B.W.», T. Not., 1987, pp. 464-
472.
(430) E. SPRUYT, Onttrekken van onroerend goed aan de vennootschap, A.F.T., n° 3, mars 1995, p. 96; F.
WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II, n° 1097.
(431) Déc. 21 avril 1961, n° E.E./76673, Rép. R.J., 129/03. Si, à l’inverse, la communauté matrimoniale
est déjà dissoute au moment du prélèvement, l’Administration considère que l’attribution au conjoint (ex-
conjoint) de l’associé constitue une cession à titre onéreux de sorte que le droit de vente devient exigible
(Déc. 29 septembre 1962, n° E.E./77561, Rép. R.J., 129/09).

196
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

3. Troisième exception: l’acquisition par l’associé d’immeubles acquis par la société


avec paiement du droit de 10 % ou 12,5 % lorsque l’associé devenant propriétaire
faisait partie de la société au jour de l’acquisition par celle-ci: article 129, alinéa 3,
2°, C. enreg.

Ratio legis

Pour la ratio legis, voir supra, 2. Deuxième exception: l’acquisition par l’associé qui
a lui-même apporté l’immeuble: article 129, alinéa 3, 1°, C. enreg.».

Commentaire des conditions

L’art. 129, alinéa 3, 2°, C. enreg. (432) dispose que l’acquisition par un associé d’un
immeuble provenant d’une société, échappe à l’art. 129, alinéa 1er, C. enreg. à condi-
tion:

1° qu’à l’époque, l’immeuble ait été acquis par la société avec paiement du droit de
vente de 10 ou 12,5 %; et
2° que l’associé qui acquiert l’immeuble puisse prouver qu’il était associé au mo-
ment où la société a acquis l’immeuble. Il importe peu en l’occurrence que l’ac-
quisition initiale ait eu lieu par achat ordinaire, par échange ou à l’occasion d’un
apport mixte. Il n’est pas requis que l’associé soit (ait été) associé sans interrup-
tion. Il suffit qu’il ait été associé au moment où la société a acquis l’immeuble et
au moment où l’immeuble lui est attribué (voir infra point 4. Récupération d’une
participation).

Il s’agit de conditions cumulatives qui doivent dès lors être toutes deux remplies.

Dès lors que ces conditions sont remplies, les acquisitions sont imposées selon leur
nature juridique réelle: cession, partage, etc. Et ce selon les règles du droit commun.

Nous allons à présent nous intéresser plus en détail à la première condition: acquisi-
tion avec paiement du droit de vente de 10 ou 12,5 %:

Premièrement, il est requis que la société ait elle-même acquis l’immeuble prélevé,
avec paiement du droit de vente, à l’occasion de sa constitution ou en cours d’exis-
tence.

La condition du paiement du droit de vente n’est pas remplie dans les cas suivants:
• acquisition par la société soumise au droit d’apport (art. 115bis C. enreg.).
Attention à l’apport d’une habitation par une personne physique et à l’apport
mixte, voir ci-dessous;
(432) L’article 129, alinéa trois, 2°, C. enreg. s’énonce comme suit:
L’alinéa 1er n’est pas applicable en ce qui concerne:
1° [...]
2° les immeubles acquis par la société avec paiement du droit d’enregistrement fixé pour les ventes,
lorsqu’il est établi que l’associé qui devient propriétaire de ces immeubles, faisait partie de la société au
jour de l’acquisition par celle-ci.

197
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

• acquisition par la société par suite de prescription;


• acquisition par la société d’immeubles pour les avoir personnellement cons-
truits sur un terrain d’un tiers qui avait autorisé la société à les construire et
qui est resté propriétaire du terrain (433).

Le paiement par la société du droit de vente ne doit toutefois pas découler obligatoi-
rement de l’application de l’art. 44 C. enreg. En d’autres termes, la société ne doit pas
obligatoirement avoir acheté le bien, ni l’avoir acquis par échange.

Toute opération qui rend le droit de vente exigible entre en considération. Sont donc
également visées les acquisitions en application des articles 74 et 75 C. enreg. (mobi-
lisation par anticipation), en application de l’art. 113 C. enreg., ou encore en applica-
tion de l’art. 120 (apport mixte), 129, 130 ou de l’art. 188 C. enreg. (434). L’avantage
visé à l’art. 129, alinéa 3, C. enreg. est également accordé si l’acquisition par la
société, en tant qu’opération accessoire, n’a pas été effectivement soumise à l’impôt,
notamment en cas d’acquisition par échange (435).

Apport d’une habitation

Le droit est dû sur l’apport d’un «immeuble qui est en tout ou partie affecté ou desti-
né à l’habitation par une personne physique», bref sur l’apport d’une habitation. Par
conséquent, le bien a été acquis par la société avec paiement du droit. L’associé ap-
portant mais aussi, selon F. WERDEFROY, l’associé qui devient propriétaire de l’im-
meuble considéré, qui faisait partie de la société lorsque l’immeuble en question a été
apporté, pourra bénéficier de l’exception visée à l’art. 129, alinéa 3, 2°, C. enreg.
(436).

Apport mixte

En vue de l’application de l’art. 129, alinéa 3, C. enreg., il convient, le cas échéant,


d’également tenir compte du fait que l’apport des biens immobiliers dans la société a
été partiellement soumis au droit de vente en application de l’art. 120 C. enreg. (ap-
port mixte). L’exception prévue à l’article 129, alinéa 3, 2°, s’applique à l’égard des
associés qui, à la date de l’apport, faisaient partie de la société, à concurrence de la
fraction des biens immobiliers à laquelle le droit a été appliqué lors de l’apport (437)
(438).

(433) Déc. 13 avril 1961, n° E.E./76.496, Rép. R.J., R 129/02.01.


(434) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 1100.
(435) Rec. gén. enr. not., n° 20.072-57.
(436) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 11003.
(437) Déc. 31 juillet 1961, T. Not., 1962, p. 78; pour un exemple n° E.E./76.496, Rép. R.J., R 129/02.01.
(438) Pour en savoir plus, voir également F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e
édition mise à jour, 2006, volume II, n° 11002

198
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Illustrons ce qui vient d’être dit par un exemple:

Dupont et Janssens fondent une SPRL.

Description de l’apport de Dupont:


– un terrain d’une valeur de 20 000 EUR situé en Flandre;
– et des biens mobiliers pour une valeur de 180 000 EUR.

Le montant total de l’apport de Dupont s’élève à 200 000 EUR.

Rémunération de l’apport de Dupont par la SPRL:


– par des actions à concurrence de 90 000 EUR;
– par une reprise de dettes à concurrence de 110 000 EUR.

Droits dus lors de la constitution de la société sur l’apport de Dupont:


– droit d’apport 0 % x 90 000 = 0 EUR;
– droit de vente 10 % x 110 000/200 000 = 55 %;
0,55 x 20 000 = 11 000 x 10 % = 1 100 EUR.

Par la suite, la SPRL est dissoute et le terrain, dont la valeur s’élève alors à 40 000
EUR, est attribué à Janssens.

Taxation:
– 110 000/200 000 (55 %) x 40 000 = 22 000 à 1 %, soit 220 EUR (en applica-
tion de l’art. 129, alinéa 3, 2°, C. enreg.);
– le solde de 40 000 – 22 000 = 18 000 x 10 % = 1 800 EUR (en application de
l’art. 129, alinéa 1er, C. enreg.).

La deuxième condition revient à dire que l’associé apportant doit pouvoir prouver
qu’il était effectivement associé à la date où la société a acquis l’immeuble avec
paiement du droit de vente.

4. Autres cas particuliers

• Récupération d’une participation:

L’application de l’art. 129, alinéa 3, 1° et 2°, suppose que l’associé bénéficiaire soit
resté dans la société après son apport. Si, par la suite, il cède son apport avant d’ac-
quérir à nouveau une participation dans la société, il ne peut pas, selon une certaine
jurisprudence, prétendre à l’application de l’art. 129, alinéa 3, C. enreg., lors de la
récupération des biens immobiliers qu’il a lui-même apportés à l’époque (439).

(439) Trib. Anvers, 14 septembre 1988, Rec. gén. enr. not., n° 23.697.

199
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

La Cour d’appel d’Anvers a cassé ce jugement par arrêt du 16 mars 1994 (440).
L’application de l’art. 129, alinéa 3, C. enreg. n’exige pas que l’associé ait été associé
sans interruption. L’Administration s’est rangée à cette décision.

• Acquisition par des héritiers ou légataires

Le régime d’exception visé à l’art. 129, alinéa 3, 1° et 2°, est également applicable si
l’héritier ou le légataire de l’associé qui a apporté le bien à l’époque ou qui était déjà
associé au moment de son acquisition avec paiement du droit de vente de 10 % ou
12,5 %, acquiert ledit bien, à condition que l’héritier ou légataire ait pris la place de
son prédécesseur en cette qualité en vue de l’attribution du bien immobilier.

Une circulaire administrative, ainsi que plusieurs décisions, le confirment (441).


A cet égard, il importe peu:
• que les héritiers aient hérité des actions de l’associé ou des biens acquis lors
de la remise aux associés après la dissolution de la société;
• que l’acquisition ait lieu par les héritiers ou légataires réunis ou par l’un d’en-
tre eux;
• qu’après le décès, les héritiers se soient mutuellement cédé des parts ou ac-
tions, à condition qu’à la date d’acquisition, l’héritier bénéficiaire possède
encore des parts ou actions qui autorisent l’application de l’art. 129, alinéa 3,
C. enreg (442);
• que le bénéficiaire soit un successeur à titre universel de l’associé décédé ou
que la participation ait été acquise par un légataire à titre particulier (443);
• que l’héritier ou légataire bénéficiaire n’ait pas hérité de toutes les actions de
son prédécesseur en droit. L’héritier ou légataire peut donc éventuellement
avoir acquis une partie des actions de son prédécesseur en droit par voie de
donation.

Il est en revanche requis:

• que l’héritier bénéficiaire ait acquis la participation de l’associé décédé en


tout ou en partie par héritage; l’héritier qui n’a droit qu’à l’usufruit ou à la
nue-propriété dans la succession de l’associé décédé ne peut, selon le cas,
bénéficier de l’application de l’art. 129, alinéa 3, C. enreg., que pour l’usu-
fruit ou la nue-propriété des biens attribués, même si ces biens ouvrent droit à
la pleine propriété au niveau de la masse à liquider en raison d’une participa-
tion personnelle dans la société;
• qu’une part de la participation ait été directement acquise par héritage
(F. WERDEFROY , o.c., n° 1095). Si l’associé a donné sa participation de son

(440) Anvers, 16 mars 1994, Rec. gén. enr. not., n° 24.574.; Nieuwsbrief Notariaat, 1994, 13, pp. 4-6.
(441) Circ. n° 36 du 24 décembre 1958, Rép. R.J., 129/01-01; Déc. 17 mai 1960, n° E.E./76.113, Rép. R.J.,
129/01.02; T. Not., 1961, p. 110; Déc. 11 février 1976, n° E.E./84.237, Rép. R.J., 120/01-03, Rec.gén. enr.
not., n° 22.078.
(442) Q.R., Sén., 1966-1967, n° 14, 392; Question du sénateur VAN HOUTTE, 12 janvier 1967; T. Not.,
1967, p. 61.
(443) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 1095.

200
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

vivant, l’avantage de l’art. 129, alinéa 3, C. enreg., ne s’applique pas au dona-


taire, même si l’associé apporteur était déjà décédé au moment de la liquida-
tion de la société et qu’il laisse pour seul héritier la personne à laquelle il a
jadis donné sa participation. Il ne pourrait en aller autrement que si la dona-
tion ne comprenait pas l’ensemble de la participation constituée des parts ac-
quises lors de l’apport.

• Absorption ou scission de société


Avant la loi du 29 juin 1993 modifiant, en ce qui concerne les fusions et scissions de
sociétés, les lois coordonnées sur les sociétés commerciales, l’Administration consi-
dérait que le droit de vente était dû:
– en cas d’absorption d’une SNC par une SPRL, sur l’acquisition après la fu-
sion par un ou plusieurs associés d’immeubles apportés dans la SNC ou ache-
tés par ces derniers (444);
– en cas de scission d’une SPRL en plusieurs SPRL nouvelles, sur l’acquisition
après la scission par un ou plusieurs associés d’immeubles apportés dans l’an-
cienne SPRL ou achetés par ces derniers (445).
Les modifications apportées aux lois coordonnées sur les sociétés commerciales en
ce qui concerne les fusions et les scissions font qu’à présent l’ensemble du patrimoi-
ne de la société dissoute par fusion ou scission est transféré de plein droit, sans délai
et sans liquidation préalable, aux sociétés bénéficiaires, de sorte que ces dernières
acquièrent la qualité de successeur en droit à titre universel des sociétés dissoutes et
poursuivent en cette qualité la personnalité juridique des dites sociétés (art. 682, 3°,
C. soc.).
Selon F. WERDEFROY et E. SPRUYT notamment, cela signifie que dans les cas
considérés, les associés acquièrent à présent les immeubles en leur qualité de succes-
seurs à titre universel, de sorte que l’exception visée à l’art. 129, alinéa 3, C. enreg.
peut être appliquée à ces acquisitions, comme elle l’est dans le cas d’héritiers (cf. ci-
dessus) (446).

• Bâtiments construits par la société

Plusieurs cas de figure seront évoqués ci-après:

Bâtiments construits par la société sur un terrain apporté ou acheté

L’acquisition du bien immobilier (terrain et bâtiments) par un associé qui faisait par-
tie de la société au moment de l’achat du terrain par la société sort du champ d’appli-

(444) Déc. 10 mai 1976, Rec. gén. enr. not., n° 22.091; Rev. prat. soc., 1976, p. 175, avec note de P.
COPPENS.
(445) Déc. 29 décembre 1976, T. Not., 1977, p. 192; Rec. gén. enr. not., n° 22.134; Rev. prat. soc., 1977, p.
175, avec note AUTENNE.
(446) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 10982; E. SPRUYT, Onttrekken van onroerend goed aan de vennootschap, A.F.T., n° 3, mars 1995, pp.
97-98.

201
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

cation de l’art. 129, alinéa 1er, C. enreg., de sorte que l’exception visée à l’art. 129,
alinéa trois, C. enreg. peut être appliquée, tant pour le terrain que pour les bâtiments.
Les bâtiments n’ont en effet aucune existence juridique propre dès lors qu’ils sont
unis au terrain par incorporation (447). Par conséquent, l’acquisition par l’associé
n’entraînera normalement pas l’application du droit de partage sur le terrain et les
bâtiments.

Bien que cette décision ne vise apparemment que l’hypothèse de l’art. 129, alinéa 3,
2°, C. enreg. (acquisition du terrain par la société avec paiement du droit de vente),
plusieurs auteurs considèrent que les mêmes principes s’appliquent lorsque le terrain
a été apporté par l’associé bénéficiaire dans la société et que cette dernière a ensuite
construit le bâtiment sur le terrain (448).

Bien immobilier acquis par la société avec paiement du droit de vente pour le terrain
et sous le régime de la TVA pour le bâtiment

Comme dans le cas ci-dessus, l’attribution future du bien immobilier (terrain et bâti-
ment) à un associé qui faisait déjà partie de la société au moment de l’achat par la
société, remplit également les critères de l’art. 129, alinéa 3, C. enreg. (449).

Construction par la société de bâtiments sur le terrain d’un tiers – associé ou non –
qui a donné son autorisation en vue de la construction des bâtiments

En l’occurrence, l’acquisition ultérieure des bâtiments par l’associé (même si celui-


ci est lui-même propriétaire du terrain) ne pourra pas bénéficier des exceptions vi-
sées à l’art. 129, alinéa 3, C. enreg. Les bâtiments n’ont en effet pas été apportés par
l’associé bénéficiaire, ni acquis par la société avec paiement du droit de vente (450).

Si toutefois la société renonce préalablement à son droit de superficie, le propriétaire


du terrain – associé ou non – acquiert les bâtiments par incorporation; il s’agit en
l’occurrence d’une acquisition en vertu de la loi qui sort du champ d’application de
l’art. 129 C. enreg. Cette acquisition ne donne pas lieu à l’application du droit pro-
portionnel.

Si la société avait acheté le terrain après la construction des bâtiments, l’associé bé-
néficiaire aurait pu bénéficier de l’exception de l’art. 129, alinéa 3, C. enreg., à con-
dition qu’il ait déjà fait partie de la société à la date d’achat du terrain. Dans ce cas,
l’acquisition donne lieu à l’application du droit de partage sur le terrain et les bâti-
ments (451).

(447) Déc. 25 mars 1963, n° E.E./76.167, Rép. R.J., 129/10.01.


(448) Voir notamment E. SPRUYT, Onttrekken van onroerend goed aan de vennootschap, A.F.T., n° 3,
mars 1995, pp. 97-98.
(449) Déc. 10 décembre 1985, Rép. R.J., R 129/14.02; Rec. gén. enr. not., n° 23.413.
(450) Déc. 13 avril 1961, Rép. R.J., R 129/02.
(451) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 11004.

202
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Attribution lors de la dissolution ou en cours d’existence de la société

En vue de l’application de l’art. 129, alinéa 3, C. enreg., il n’y a pas lieu de faire la
distinction selon que l’attribution des biens immobiliers aux associés a lieu après la
dissolution ou en cours d’existence de la société (partage partiel). Le droit réduit peut
donc être appliqué à l’acte par lequel les associés d’une SPRL décident de prélever
un bien immobilier de la société et de réduire le capital à due concurrence (452).

L’ouvrage de F. WERDEFROY, “Registratierechten 2006-2007”, Kluwer, 7e édition


mise à jour, 2006, volume II, n° 11004, contient encore d’autres exemples en la ma-
tière.

d.4. Taxation selon la nature juridique conformément au droit commun – tarif appli-
cable

1. Généralités

On peut d’ores et déjà conclure de ce qui précède que le prélèvement d’un bien im-
mobilier en application de l’une des exceptions visées à l’art. 129, alinéa 3, C. enreg.
n’entraîne pas l’exonération du droit d’enregistrement proportionnel.

L’article 129, alinéa 3, C. enreg. a seulement pour effet que le prélèvement de l’im-
meuble sera imposé selon sa nature juridique réelle ou, en d’autres termes, dans le
respect du caractère de droit civil de l’acquisition (453).

Il s’agira de procéder à une analyse de l’acquisition sur la base des critères du droit
commun afin de pouvoir établir le caractère de droit civil de l’opération.

L’Administration impose en effet les acquisitions qui relèvent du champ d’applica-


tion de l’art. 129, alinéa 3, C. enreg., selon leur nature juridique réelle, ce contraire-
ment à l’art. 129, alinéa 1er, C. enreg. qui prescrit la perception du droit de vente,
indépendamment de la nature de la convention conclue selon le droit civil (454).

2. Droit de partage de 1 %

Lorsque les biens immobiliers d’une société sont attribués à un actionnaire qui les a
apportés ou à un actionnaire qui faisait partie de la société lorsque les biens ont été
acquis avec paiement du droit de vente, l’art. 109 C. enreg. (à savoir, le droit de
partage de 1 %) est d’application.

(452) Déc. 31 juillet 1961, n° E.E./176.400.


(453) Exposé des motifs de la loi du 23 décembre 1958 sous l’article 129, Rec. gén. enr. not., n° 19.855;
Trib. Gand, 8 juin 1989, Rec. gén. enr. not, n° 23.790.
(454) Exposé des motifs de la loi du 23 décembre 1958 sous l’art. 129 C. enreg., Rec. gén. not., 1957,
n° 19855, p. 374;Trib. Gand, 8 juin 1989, Rec. gén. enr. not., 1992, 23790, p. 43.

203
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

• Attribution de l’immeuble tout entier à un seul ou plusieurs associés

Si l’associé en question se voit attribuer l’immeuble tout entier, le droit de 1 % sera


perçu sur la valeur totale de l’immeuble.

Si, en revanche, l’immeuble est acquis par plusieurs associés, le droit de partage ne
peut être appliqué qu’aux quotités que chacun d’entre eux reçoit en plus. Les opéra-
tions de partage entre associés ne relèvent pas du champ d’application de l’art. 113 C.
enreg. parce que la remise par le liquidateur n’a pas valeur d’acquisition convention-
nelle, laquelle est requise en vue de l’application de l’art. 113 C. enreg.

En vue du calcul du droit de partage en cas de sortie partielle d’indivision, il convient


de tenir compte des parts que les actionnaires possèdent dans les immeubles ou dans
la société à la date du partage et pas de celles qu’ils possédaient à la date de l’acqui-
sition des immeubles par la société.

Nous renvoyons à cet égard à une décision administrative de 1966 (455):

«En cas d’attribution, à titre de lotissement partiel, à plusieurs associés d’une socié-
té de personnes, d’un immeuble acquis par cette société avec paiement du droit d’en-
registrement établi pour les ventes, à un moment où les attributaires faisaient partie
de la société, la base de perception du droit de 1 %, dû sur la valeur des quotités
cédées – soit, en l’occurrence, la quotité qui excède celle à concurrence de laquelle
l’un ou l’autre attributaire est intéressé dans la société –, est déterminée en tenant
compte, non pas des parts que possédaient les associés au moment où l’immeuble est
devenu la propriété de la société, mais bien des parts qu’ils possèdent au jour du
lotissement partiel».

Commentons à présent cette décision à l’aide d’un exemple:

En 1990, Dupont et Janssens fondent une SPRL, dans laquelle ils détiennent chacun
une participation de 50 %. En 1991, la SPRL achète un immeuble soumis aux droits
d’enregistrement de 12,5 %. En 1992, Peeters devient actionnaire à concurrence d’un
tiers, Dupont et Janssens lui cédant chacun un tiers de leur participation. En 2006, la
société est dissoute et liquidée et l’immeuble est attribué à Dupont et Janssens à
concurrence de 50 % chacun. Les parts que Dupont et Janssens possèdent dans la
société (et dans l’immeuble) sont d’un tiers chacun; ils acquièrent toutefois chacun
une moitié de l’immeuble, de sorte que le droit de partage est dû sur les quotités
obtenues en plus par Dupont et Janssens, soit sur un tiers pour eux deux.

Si par la suite Dupont et Janssens mettent fin à l’indivision en attribuant l’immeuble


à l’un d’entre eux ou s’ils modifient l’indivision par l’attribution à Janssens, par
exemple, d’une part indivise supplémentaire, le droit de partage de 1 % est dû, tel que
visé dans la décision citée, sur la valeur totale de l’immeuble ou sur les quotités
obtenues en plus, selon le cas.

(455) Déc. 18 janvier 1966, Rép. R.J., 129/06-02 et Rec. gén. enr. not., 1967, n° 21005, p. 72.

204
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

• Attribution d’un immeuble à un associé à la condition que l’associé apure une


dette de la société

Si un associé acquiert un immeuble de la société à la condition qu’il apure une dette


de la société, il ne s’agit pas pour autant d’une vente (avec application du droit de
vente). Il s’agit toujours d’une attribution qui rend le droit de partage exigible en
application de l’art. 129, alinéa 3, C. enreg. L’attribution ne devient une vente que si
l’associé en paie le prix à la société.

Si une somme d’argent est payée à la société, le droit de vente sera dû. Cet aspect doit
donc être précisé dans l’acte notarié (456).

• Cas du prélèvement par partage partiel en cours d’existence de la société

Il est généralement admis que des actifs soient prélevés de la société, sans rémunéra-
tion, par le biais d’une réduction de capital opérée en cours d’existence de la société
et soient, à l’intervention de tous les associés, partagés ou attribués à l’associé qui se
retire de la société sans que la dissolution de la société s’ensuive. L’Administration
adhère elle aussi à ce point de vue (457).

Dans la décision du 31 juillet 1961, n° E.E./75.332, Rép. R.J., 129-06, notamment,


l’Administration a décidé que le droit de partage de 1 % était dû au titre de partage
partiel sur l’acte par lequel les associés d’une SPRL décident de prélever des biens
immobiliers de la société, de réduire le capital à due concurrence – réduction de
capital en nature – et de se partager ces biens immobiliers, dès lors que le(s) associé(s)
bénéficiaire(s) peu(ven)t invoquer l’une des exceptions visées à l’art. 129, alinéa 3,
C. enreg.

3. Le droit de vente (10 ou 12,5 %)

Si l’acquisition par le(s) associé(s) d’un immeuble de la société peut, sur la base des
critères du droit commun, être qualifiée d’acte translatif de propriété à titre onéreux,
le droit de vente de 10 ou 12,5 % sera dû en application de l’art. 44 C. enreg.

Quelques exemples:

• vente par la société à un associé contre paiement d’un prix en espèces.


Exemple: Janssens achète un immeuble de la société, dont il est (le seul) asso-

(456) W. VAN DE PUTTE, Het registratierecht inzake de vermogensoverdracht tussen natuurlijke perso-
nen en handelsvennootschappen, Bruylant, 1994, p. 174
(457) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 1103; SCHICKS, Dict., v° Société, n°s 84 et 108; HAUCHAMPS, Enregistrement des actes de partage,
n° 292; Déc. 31 juillet 1961, n° E.E./76.400, Rép. R.J., R 129/06.01, Rec. gén. enr. not., n° 20.605; Déc.
18 janvier 1966, n° E.E./79.332, Rép. R.J., R 129/06.02; Rec. gén. enr. not., n° 21.005; Rec. gén. enr. not.,
n° 20.496; a contrario: BEATSE, Rev. prat. not., 1927, p. 68.

205
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

cié, contre un prix à payer. Le droit de vente est dû, même si Janssens a lui-
même apporté l’immeuble;
• échange d’immeubles entre la société et un associé.
Exemple: Dupont cède un immeuble de bureaux à sa SPRL en échange d’un
immeuble de rapport appartenant à la SPRL (458);
• dation en paiement en vue de l’extinction d’une créance: droit de vente appli-
cable.
Exemple: imaginons qu’en cours d’existence d’une SPRL, un immeuble qui
tombe sous le coup de l’exception visée à l’art. 129 C. enreg., soit cédé aux
associés en échange de la remise à concurrence de la valeur de l’immeuble
d’une créance que les associés ont sur la société: il s’agit en l’occurrence d’un
cas de dation en paiement. L’opération est par conséquent soumise au droit de
vente (459);
• réduction de capital et remboursement d’une somme d’argent à chaque ac-
tion, suivis de l’exécution de cette obligation par la société par le biais du
transfert d’un immeuble à l’associé: droit de vente applicable (460);
• vente publique des immeubles d’une société dissoute à la demande du liqui-
dateur et attribution aux associés suite à la vente publique: droit de vente ap-
plicable (461).

4. Acquisition résultant d’un fait: droit fixe général de 25 EUR?

On peut conclure de ce qui précède que les opérations visées à l’art. 129, alinéa 1er,
C. enreg. sont soumises au droit de vente, dès lors que des associés acquièrent des
immeubles d’une société, sans distinction aucune selon que cette acquisition résulte
d’une convention ou d’un fait.

Si toutefois l’art. 129, alinéa 3, C. enreg. est d’application, le droit de vente ou droit
de partage n’est exigible qui si l’acquisition résulte d’une convention. Le droit com-
mun qui, dans cette hypothèse, règle le statut fiscal de l’acquisition ne connaît pas
d’imposition pour les acquisitions résultant d’un fait (462).

Pour un commentaire détaillé des cas où seul le droit fixe général de 25 EUR est dû,
nous renvoyons supra au point d.3. Première exception: l’acquisition par tous les
associés réunis: art. 129, alinéa 2, C. enreg., et plus particulièrement au sous-titre
Quand l’acquisition est-elle exclusivement soumise au droit fixe général de
25 EUR?

(458) Voir également X, «Le droit d’enregistrement sur les actes des sociétés», Rec. gén. enr. not., 1959,
n° 20072, n° 57, p. 161.
(459) A.C., note sous Trib. Anvers, 20 mai 1966, Rec. gén. enr. not., 1967, n° 21004, p. 68.
(460) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 6492.
(461) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 1103, avec renvois détaillés.
(462) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 1105.

206
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

d.5. Les sociétés de capitaux et les sociétés coopératives

Contrairement à l’art. 129 C. enreg., l’art. 130 C. enreg. ne prévoit aucune exception
en cas d’acquisition par un ou plusieurs associés, autrement que par voie d’apport,
d’immeubles situés en Belgique et provenant d’une société de capitaux (la SA et la
SCA) ou d’une société coopérative (la SCRL et la SCRI).

Aux termes de l’art. 130 C. enreg., toutes les acquisitions par les associés, sauf celles
par voie d’apport, d’immeubles situés en Belgique et provenant d’une société de
capitaux ou d’une société coopérative, belge ou étrangère, doivent être soumises au
droit de vente.

Il n’est fait aucune distinction selon que:


– l’acquisition résulte d’une convention ou découle d’un fait;
– l’acquisition se fasse par un ou plusieurs associés ou par tous les associés
réunis, comme c’est le cas lors de la remise par le liquidateur de la société à
tous les associés réunis en indivision (463);
– l’acquisition se fasse par l’associé qui a apporté l’immeuble dans la société ou
par un autre associé;
– l’associé bénéficiaire soit une personne physique ou une personne morale;
– l’acquisition résulte d’une vente, d’un échange, d’une dation en paiement,
d’une dissolution, d’un partage partiel (par exemple, réduction de capital en
nature, départ volontaire d’un associé d’une société coopérative).
Attention: dans le cas d’une dissolution après réunion de toutes les actions
entre les mains d’une seule personne assimilée par le droit des sociétés à une
«fusion par absorption» en application de l’art. 676, 1°, C. soc.: récent chan-
gement de point de vue de l’Administration fiscale, voir supra, point 3. Acqui-
sations autrement que par voie d’apport.

Comme nous l’avons déjà exposé ci-dessus, la seule restriction à la règle de l’art. 130
C. enreg. concerne l’acquisition par voie d’apport. En effet, lorsqu’un immeuble est
apporté par une société dans une autre société, qui détient une participation dans la
première société, l’apport est soumis au seul droit d’apport, ou il est exonéré notam-
ment en application de l’art. 117 C. enreg., ou il n’est pas du tout imposable comme
c’est le cas de l’apport dans une société étrangère (464).

Transformation d’une société de capitaux en une société de personnes

Il est de pratique courante de transformer une société de capitaux, une SCRL ou une
SCRI en l’une des formes juridiques visées à l’article 129, alinéa 1er, C. enreg. (par

(463) Déc. 11 août 1960, n° E.E./76.353, Rép. R.J., 130/01. Le droit de vente est dû au moment de la
remise par le liquidateur à tous les associés en indivision. Le droit de partage (1 %) est ensuite dû, en
application de l’art. 109 C. enreg., sur l’acte ultérieur par lequel les propriétaires indivis se partagent les
biens.
(464) F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 11061.

207
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

exemple, en une SPRL) pour ensuite pouvoir procéder au prélèvement d’un bien
immobilier en application des exceptions visées à l’art. 129, alinéa 3, C. enreg. (465)

Ce qui précède mérite quelques explications. Conformément aux dispositions de la


loi du 23 février 1967, la transformation d’une société n’affecte en rien la personna-
lité juridique de cette société (voir art. 775 C. soc.) pour autant que la transformation
s’opère dans le respect des conditions définies par le Code des sociétés. Par consé-
quent, l’Administration a décidé que lorsqu’une SA est transformée en une SPRL, les
exceptions visées à l’art. 129, alinéa 3, C. enreg. s’appliquent aux immeubles qui ont
été apportés dans la SA ou acquis par elle avant la transformation, de même qu’aux
immeubles qui ont été apportés ou acquis après la transformation (466).

La requalification possible de la transformation en une société de personnes, suivie


par l’attribution d’immeubles sur la base de la disposition anti-abus de droit de l’art.
18, § 2, C. enreg., demeure à l’heure actuelle plutôt rare (467).

Certains auteurs craignent toutefois qu’une telle façon de procéder – transformation


d’une SA en une SPRL pour ensuite prélever les immeubles de la société en applica-
tion de l’art. 129, alinéa 3, C. enreg. – constitue une forme d’abus de droit tel que visé
à l’art. 18, § 2, C. enreg. (468) et d’aucuns se posent la question de savoir s’il ne
s’agit pas en l’occurrence d’un exemple classique d’une doctrine step-by-step (469).

Afin d’éviter toute discussion, nous recommandons de laisser s’écouler un peu de


temps entre les opérations de transformation et de prélèvement. L’Administration
pourra difficilement prouver, dès lors que plusieurs années se sont écoulées depuis la
transformation, que celle-ci a été opérée en vue du prélèvement futur de l’immeuble
au taux réduit de l’art. 129, alinéa 3, C. enreg.

(465) E. SPRUYT, Onttrekken van onroerend goed aan de vennootschap, A.F.T., n° 3, mars 1995, p. 104.
(466) Déc. 14 septembre 1972, Rép. R.J., R 129/04.01; Rec. gén. enr. not., n° 21.656, obs.
(467) W. VAN DE PUTTE, «Actuele aspecten van het registratierecht inzake de vermogensoverdracht
tussen natuurlijke personen en handelsvennootschappen», in Facetten van ondernemingsrecht. Liber Ami-
corum Professor Frans Bouckaert, Leuven, Universitaire Pers Leuven, 2000, n° 17.282; dans le même
sens F. WERDEFROY, «Registratierechten 2006-2007», Kluwer, 7e édition mise à jour, 2006, volume II,
n° 1098.
(468) E. SPRUYT, «De anti-rechtsmisbruikbepaling in het Wetboek der registratie- en successierechten»,
in Fiscaal Praktijkboek ’94-’95, Kluwer Rechtswetenschappen, p. 10; J. VERSTAPPEN et P. VAN MEL-
KEBEKE, «Een copernicaanse revolutie inzake registratie- en successierechten: de anti-misbruikmaatre-
gel», Notarius, 1996, 1, p. 13, n° 32.
(469) En ce qui concerne les conditions d’application et le rayon d’action de l’article 18, § 2, C. enreg.,
nous renvoyons à: T. WUSTENBERGHS, T.F.R., 277, pp. 212-214.

208
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

3.3.2.2. Les conséquences de la liquidation en matière de TVA

Par Joseph VAN WEMMEL


Expert-comptable externe, réviseur d’entreprises

a. Réalisation d’opérations imposables (à la TVA)

Pour avoir le droit de déduire la taxe payée en amont, le contribuable doit avoir
exprimé le souhait de réaliser des opérations (imposables). C’est l’un des préceptes
de base de la législation TVA. Le droit à déduction naît lorsque germe l’idée de
réaliser des opérations imposables (470). L’idée en question doit bien entendu être
confirmée par des éléments objectifs attestant la véracité des intentions.

Une société en liquidation demeure assujettie à la TVA. Cela signifie qu’elle doit
satisfaire aux obligations qui lui incombent en vertu du Code de la TVA. Parallèle-
ment à ces obligations, elle conserve le droit de déduire la taxe payée en amont sur
les achats de biens et services effectués dans le cadre de ses activités de liquidation.

Bien qu’avec le temps elle finisse par ne plus exercer d’activité (imposable) et que
l’intention de réaliser des opérations imposables disparaisse totalement, la société en
liquidation conserve son droit à déduction de la TVA. Cette situation résulte du fait
que la liquidation s’inscrit dans le cycle de vie économique de toute société. Plus
précisément, la cessation de l’activité doit être considérée comme faisant partie inté-
grante de toute activité économique au sens de l’article 4 de la sixième directive.
Dans cette optique, la Cour de justice des Communautés européennes a décidé que le
droit à déduction de la TVA devait être accordé aux entreprises en liquidation jusqu’à
ce que la clôture de la liquidation soit effective (471).

L’Administration sera souvent encline – à tort cependant – à revoir la déduction opé-


rée dès lors qu’il apparaît qu’aucune opération imposable n’est plus réalisée et que
seule la TVA est encore déduite.

b. Révision de la déduction de la TVA opérée sur les biens d’investissement

Bien que la société en liquidation demeure soumise à la législation TVA, il convient


de porter une attention particulière à la révision de la déduction de la TVA opérée sur
les biens d’investissement (472).

En quoi consiste le principe de la révision de la déduction de la TVA sur les biens


d’investissement? La déduction de la TVA s’opère en principe immédiatement et
entièrement. Cela signifie que lors de l’acquisition d’un bien quelconque affecté à
l’exercice de l’activité professionnelle, la TVA grevant le prix d’achat est portée en

(470) Principe généralement admis comme jurisprudence constante de la Cour de justice des Communau-
tés européennes et récemment confirmé par la Cour d’appel de Gand (Gand, 7 mars 2006).
(471) Cela ressort notamment de l’article 4 de la 6e directive, C.J.C.E., 3 mars 2005, affaire C-32/03.
(472) C.TVA, article 48, § 2.

209
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

déduction de la TVA due sur les opérations à la sortie. Pour les biens d’investisse-
ment, cette déduction n’est toutefois pas définitive. Elle s’acquiert à mesure que le
bien d’investissement est utilisé. Dès lors que le bien n’est plus affecté à un usage
professionnel, une partie de la TVA initialement déduite doit être reversée au Trésor.
Le montant à reverser est déterminé en fonction du nombre d’années pendant les-
quelles le bien d’investissement a été affecté à l’exercice de l’activité professionnel-
le.

Un bien d’investissement est un bien corporel (mobilier ou immobilier) qui est affec-
té de manière durable à l’exercice d’une activité professionnelle (473). Précisons à
cet égard qu’une prestation de services portée à l’actif (par exemple, des frais d’étu-
des en vue de la réorganisation de l’entreprise) n’est pas considérée comme un bien
d’investissement. Sont également exclus en tant que biens d’investissement les droits
réels autres que les droits de propriété sur des biens immobiliers (474).

Sont en revanche soumises à révision les opérations qui ont pour objet la constitu-
tion, la transformation ou l’amélioration des biens d’investissement considérés (475).
Il s’ensuit que les prestations de services relatives à ces biens d’investissement sont
également soumises à révision.

La période de révision applicable est de 5 ou 15 ans (476). La période de révision


normale est de 5 ans (477). Elle est portée à 15 ans pour les biens d’investissement
qui ont trait à la construction d’un immeuble. Bien qu’il ait été dit ci-dessus que les
services ne constituaient pas des biens d’investissement, le commentaire administra-
tif dispose expressément que les frais d’architecte exposés lors de la construction
d’un immeuble font partie intégrante de la base soumise à révision. Cela résulte de
l’article 7 de l’A.R. n° 3 (voir ci-dessus).

Les biens consignés dans le registre des biens d’investissement seront évalués quant
au caractère professionnel de leur usage, tandis que la TVA déduite sera soumise à
révision en fonction du nombre d’années pendant lesquelles les biens ont été affectés
à un usage professionnel. A cet égard, la TVA est acquise à concurrence de 1/5e ou 1/
15e par année écoulée depuis l’année d’acquisition du bien d’investissement considé-
ré (ou depuis l’année au cours de laquelle le droit à déduction a pris naissance) (478).
Le calcul s’effectue par année calendrier – indépendamment de la date de clôture de
l’exercice (479). L’année où le droit à déduction prend naissance est l’année calen-
drier où la facture est reprise dans la case 82 de la déclaration à la TVA, à savoir
l’année où la TVA grevant l’investissement est déduite. L’année calendrier court du

(473) A.R. n° 3, article 6.


(474) C.TVA, article 9, alinéa deux, 2°.
(475) A.R. n° 3, article 7.
(476) Précisons par souci d’exhaustivité que les investissements dans des immeubles effectués avant le 1er
janvier 1996 sont soumis à une période de révision de dix ans.
(477) C.TVA, article 48, § 2.
(478) A.R. n° 3, article 9.
(479) A.R. n° 3, article 2.

210
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

1er janvier au 31 décembre, de sorte que le droit à déduction pour une année considé-
rée est définitivement acquis au 1er janvier de l’année calendrier suivante, indépen-
damment de la date d’acquisition du bien d’investissement. A l’expiration de chaque
année calendrier suivante, un cinquième ou un quinzième supplémentaire est ajouté à
la TVA acquise sur les biens d’investissement.

Néanmoins, l’Administration de la TVA peut autoriser que la période de révision


commence à courir le 1er janvier de l’année où le bien d’investissement est mis en
service (480).

Quand la révision doit-elle être envisagée?

En principe, une révision est opérée lorsque le bien d’investissement n’est plus affec-
té (entièrement) à un usage professionnel (481). Il y a en fait cinq cas dans lesquels
une révision doit être opérée. Premièrement, il y a révision en cas de modification du
pourcentage d’usage professionnel. Deuxièmement, une révision doit être opérée en
cas de modification des éléments qui ont servi de base à la détermination de la déduc-
tion initiale. Troisièmement, la TVA doit être revue si un bien lors de l’achat duquel
la TVA n’a pu être entièrement déduite est vendu. Quatrièmement, une révision doit
avoir lieu lorsque les biens cessent d’exister dans l’entreprise (en cas de perte, de vol
ou de destruction). Cinquièmement et dernièrement, la TVA doit être revue dès qu’une
personne perd la qualité d’assujetti. Seuls les deuxième et cinquième cas de figure
relèvent du cadre du présent ouvrage.

Le cinquième cas de figure évoqué ci-dessus est celui de la révision de la TVA suite
à la perte de la qualité d’assujetti. Or, conformément à la 6e directive, la société en
liquidation conserve sa qualité d’assujetti, de sorte que la révision proprement dite ne
doit avoir lieu qu’au moment de la clôture définitive de la liquidation. Pourtant, dans
certains cas, le deuxième cas de figure peut être invoqué afin qu’une révision soit
opérée avant cette date. Ce sera notamment le cas lorsque, à la cessation de l’activité,
un bâtiment d’exploitation n’est pas directement vendu ou partagé, mais temporaire-
ment loué à des tiers. Dans ce cas, l’affectation du bien immobilier change, et puis-
que la location constitue une activité non soumise à la TVA (482), la TVA initiale-
ment déduite devra être soumise à révision.

La révision ne peut bien entendu être appliquée qu’aux biens d’investissement qui
n’ont pas encore fait l’objet d’une opération taxée, en l’occurrence une vente soumi-
se à la TVA. Il s’ensuit que la révision de la TVA ne devra être opérée que sur les
biens d’investissement qui sont attribués en nature aux actionnaires en tant que ré-
munération nette de leur participation dans la société. L’ensemble des éléments de
l’actif sera généralement réalisé avant le partage du patrimoine. Pourtant, le partage
en nature présente certains avantages, essentiellement au niveau des droits d’enregis-
trement, mais nous y reviendrons plus en détail ci-avant.

(480) Commentaire TVA n° 399.


(481) C.TVA, article 48, § 2; A.R. n° 3, article 9.
(482) C.TVA, article 44, § 3, 2°.

211
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

3.4. DOCUMENTS TYPES ET MODELE DE RAPPORT

Par Joseph VAN WEMMEL,


Expert-comptable externe, réviseur d’entreprises

Rapport établi à l’occasion de la dissolution de la


société privée à responsabilité limitée

«…………………………………………….»

dont le siège social est établi à

…………………………………………
…………………………………………

1. DESIGNATION

Par lettre de désignation du ………………………………………, le gérant de la


SPRL «……………………………………………….», ayant son siège social à
………………………………..……………………………………………………., a
désigné la société soussignée, ………………………………………………….., ayant
son siège à................................................................................................, en vue de faire
rapport, conformément aux dispositions de l’article 181 C. soc., sur la situation acti-
ve et passive de la société au ………………………………………………...

La procédure de contrôle vise à vérifier si cet état comptable reflète complètement,


fidèlement et correctement la situation de la société.

Confirmation m’a été donnée qu’aucun autre expert-comptable externe ni réviseur


d’entreprises n’a été chargé de cette mission et qu’aucun commissaire n’a été désigné
dans la société.

L’article 181 C. soc. précité s’énonce comme suit:

Article 181

§ 1er. La proposition de dissolution d’une société coopérative à responsabilité


limitée, d’une société en commandite par actions, d’une société privée à respon-
sabilité limitée, d’une société européenne ou d’une société anonyme fait l’objet

212
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

d’un rapport justificatif établi par l’organe de gestion et annoncé dans l’ordre du
jour de l’assemblée générale appelée à statuer.
A ce rapport est joint un état résumant la situation active et passive de la société,
arrêté à une date ne remontant pas à plus de trois mois. Sauf dérogation motivée,
cet état est établi conformément aux règles d’évaluation fixées en exécution de
l’article 92 pour les cas où la société renonce à poursuivre ses activités ou lors-
que la perspective de continuité de ses activités ne peut être maintenue.
Le commissaire ou, à défaut, un réviseur d’entreprises ou un expert-comptable
externe désigné par l’organe de gestion fait rapport sur cet état et indique, no-
tamment, s’il reflète complètement, fidèlement et correctement la situation de la
société.

§ 2. Une copie des rapports et de l’état résumant la situation active et passive,


visés au § 1er, est adressée aux associés conformément aux articles 269, 381 et
535, suivant le cas, s’il s’agit d’une société privée à responsabilité limitée, d’une
société coopérative, d’une société anonyme ou d’une société en commandite par
actions.

§ 3. La décision de l’assemblée générale prise en l’absence des rapports prévus


par le présent article est frappée de nullité.

§ 4. Avant de dresser l’acte authentique de la décision de dissolution de la socié-


té, le notaire doit vérifier et attester l’existence et la légalité externe des actes et
formalités incombant, en vertu du § 1er, à la société auprès de laquelle il instru-
mente.
L’acte reproduit les conclusions du rapport établi conformément au § 1er par le
commissaire ou par le réviseur d’entreprises ou par l’expert-comptable externe.»

L’acte sera reçu par Maître …………………..........................……………., notaire à


…………………...

2. IDENTIFICATION DE L’OPERATION PROJETEE

2.1. Historique de la société

La SPRL «………………………………………………………..», ayant son siège à


……………., …………………………………………………….., a été créée par acte
reçu par Maître …………………………….......................……………, notaire à
…………………………., le …………..........…………………………, publié aux an-
nexes du Moniteur belge du ………………………………………………., sous le
numéro ………………………………, non modifié depuis cette date.

La société porte le numéro d’entreprise: …………………………………………..

La société porte le numéro de TVA: BE …………………………………………….

213
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

La SPRL «…………………………………………..» a pour objet:

....................................................................................................................................
....................................................................................................................................
....................................................................................................................................
....................................................................................................................................
....................................................................................................................................
....................................................................................................................................
....................................................................................................................................
....................................................................................................................................
....................................................................................................................................
....................................................................................................................................
....................................................................................................................................
....................................................................................................................................

Le capital de la SPRL «……………………………………...………………………..»


s’élève à…………………………...…..euros (………………………………………..
EUR) et est représenté par ………………........………. (………………) actions d’une
valeur nominale de ……………....….. (…………………………………… EUR) par
action.

Conformément aux mentions du registre des actionnaires, les …………………………


(……………....…………) actions appartiennent en pleine propriété aux associés sui-
vants:
1. .................................................................... actions

2. .................................................................... actions

3. .................................................................... actions
___________

Soit au total actions


==========

La comptabilité de la SPRL «……………………..………………………» est infor-


matisée et tenue avec l’aide d’un expert-comptable externe.

2.2. La dissolution

Le gérant propose la dissolution et en expose les conséquences dans son rapport du


…………………………………………...

Les motifs juridiques – économiques justifiant la dissolution sont les suivants:

214
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

2.3. Mission

J’ai notamment été chargé de vérifier si l’état comptable visé dans le rapport reflète
complètement, fidèlement et correctement la situation de la SPRL
«………………………………………………………………..».

3. SITUATION ACTIVE ET PASSIVE AU ………………………..

La situation active et passive de la société a été arrêtée au ………………….………….,


la date normale de clôture de l’exercice étant le………………………....……………...

Le bilan qui m’a été soumis n’a pas encore été approuvé par une assemblée générale.

La situation active et passive arrêtée au ……………………..…………… se présen-


te comme suit:

ACTIF

III. Immobilisations corporelles ………..


IV. Immobilisations financières ………..
VII. Créances à un an au plus ………..
IX. Valeurs disponibles ………..
X. Comptes de régularisation ………..
_________

TOTAL DE L’ACTIF ………..


========

PASSIF

I. Capital souscrit …………


IV. Réserves …………
V. Perte reportée …………
VII. Provisions pour risques et charges …………
VIII. Dettes à plus d’un an …………
IX. Dettes à un an au plus …………
_________

TOTAL DU PASSIF …………


========

215
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

4. DESCRIPTION DE LA SITUATION ACTIVE ET PASSIVE


AU ……………………………….

ACTIF

TOTAL DE L’ACTIF
========
PASSIF
TOTAL DU PASSIF
========

5. RESUME DE LA SITUATION AU …………………..

ACTIF
_________
…………..

PASSIF

_________
………….
_________
CAPITAUX PROPRES …………..
========

6. JUSTIFICATION

I. Capital

A. Capital souscrit ..................

La société a été créée le …………………………….. avec un capital de …………….


EUR.

Le capital est représenté par ………….. actions d’une valeur nominale de


…………….EUR par action.

216
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

IV. Réserves

A. Réserve légale …………


D. Réserves disponibles …………
________
…………..

L’historique des réserves m’a été communiqué.

V. ………………………reporté(e) ……………

L’historique du résultat m’a été communiqué. __________

CAPITAUX PROPRES ……………


=========

7. GARANTIES

Aucune garantie réelle n’a été constituée ni irrévocablement promise par l’entreprise
sur ses actifs.

8. MODE D’EXECUTION DU CONTROLE

La situation active et passive a été contrôlée conformément aux normes de l’Institut


des Experts-comptables et des Conseils fiscaux.

L’organisation administrative de la société, telle qu’elle transparaît du système de


contrôle interne, m’a permis de me faire un avis tant sur la description que sur l’éva-
luation des éléments de la situation active et passive arrêtée au ………………………..
Les lacunes dans l’organisation administrative ont été comblées par un contrôle ma-
tériel plus étendu.

Ma visite de l’entreprise et mes contacts avec les responsables de la société et leur


conseil m’ont permis de réunir toutes les informations que j’ai jugées utiles pour me
faire une idée précise de l’opération envisagée et formuler un jugement objectif con-
cernant la fiabilité de la situation active et passive.

9. RAPPORT DU GERANT

J’ai pris connaissance du rapport prescrit par l’article 181 du Code des sociétés dans
lequel le gérant commente la proposition de dissolution.

217
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

10. INFORMATION A L’INTENTION DE L’ASSEMBLEE GENERALE

– Il n’y a aucune information que je considère indispensable à la bonne information


de l’assemblée générale qui ne figure déjà dans le rapport du gérant.

– Il n’y a aucun événement porté à ma connaissance après la date d’établissement


de la situation active et passive qui:

• soit influence directement le caractère complet, fidèle et correct de la descrip-


tion ou de l’évaluation des éléments de la situation active et passive et est tel
qu’il aurait dû figurer dans cet état comptable s’il avait été connu de l’organe
de gestion au moment de l’établissement de la situation active et passive;

• soit n’influence pas directement la description ou l’évaluation des éléments


de la situation active et passive mais est tel qu’il exercera une influence nota-
ble sur l’évolution future de la position financière ou sur les résultats futurs de
l’entreprise.

– Les actionnaires sont tenus de se conformer aux statuts de la société en matière de


présence et de représentation, ainsi qu’aux prescriptions du Code des sociétés:

• la nomination du liquidateur sera soumise à la confirmation ou à l’homologa-


tion préalable du tribunal de commerce (article 184, § 1er, du Code des socié-
tés);

• étant donné qu’il existe déjà un accord concernant la cession du fonds de


commerce, le siège de la société sera déplacé à l’adresse suivante:

L’homologation préalable du tribunal de commerce est requise à cet effet.

11. CONCLUSION

La situation active et passive de la SPRL «………………...…………………………»,


ayant son siège social à ………………………….................………………………….,
……………...……………………, qui a été établie par le gérant de la société dans le
cadre de la procédure de liquidation prévue par le droit des sociétés et arrêtée au
………………….……………….., soit il y a moins de trois mois, sur la base de
laquelle la dissolution est proposée, tenant compte des perspectives de la liquidation
de la société, indique un total bilantaire de …………………………………………….
………………………………………….……………. (………………………. EUR)
et un résultat corrigé de ………………...……………(…………..………….. EUR).
L’actif/passif net s’élève à …….....….…………………………………………………
……………………… ……………………………… (…………………….. EUR).

Les travaux de contrôle réalisés conformément aux normes professionnelles en vi-


gueur montrent que cet état reflète complètement, fidèlement et correctement la si-

218
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

tuation de la société, pour autant que les perspectives du gérant soient effectivement
réalisées par ceux qui supporteront le risque de la liquidation.

OU

Les travaux de contrôle réalisés conformément aux normes professionnelles en vi-


gueur nous permettent de confirmer que cet état comptable découle correctement de
la comptabilité de la société. En revanche, les perspectives de la liquidation nous
paraissent extrêmement aléatoires, compte tenu de la nature des actifs et des passifs,
de sorte qu’il nous est impossible de déterminer de manière raisonnable dans quelle
mesure cet état reflète complètement et fidèlement la situation de la société dans la
perspective de sa liquidation.

Il n’y a aucune autre information que je considère indispensable à la bonne informa-


tion des actionnaires ou des tiers.

Fait à, ……………………………………………..

12. ANNEXES

SPRL «………………………………………………………………………………»
....................................................................................................................................
....................................................................................................................................
_________________________________________________________________

A l’attention de

..........................................................

Monsieur,

Concerne: mise en liquidation de la SPRL «……………………………………..»,


ayant son siège social à ………………………………………………………………

En ma qualité de gérant de la société sous rubrique, je souhaite désigner …….… en


qualité d’expert-comptable externe chargé de l’établissement du rapport de contrôle
conformément aux dispositions de l’article 181 du Code des sociétés.

Vous trouverez ci-joint les documents suivants:

1. Situation active et passive arrêtée au ………………………….de la société;

219
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

2. Rapport spécial du gérant conformément aux dispositions de l’article 181 du


Code des sociétés.

Veuillez noter que la société sera mise en liquidation en l’étude de Maître


…………………………………………….., notaire à ……………………………….

Nous sommes également en mesure de vous confirmer qu’aucun autre réviseur d’en-
treprises ni expert-comptable externe n’a été chargé de cette mission et qu’aucun
commissaire n’a été désigné dans la société.

Veuillez agréer, Monsieur, ................ l’expression de ma considération distinguée.

...............................................
Gérant

Société privée à responsabilité limitée «………………………………………….»


....................................................................................................................................

Numéro d’entreprise:
Numéro de TVA: BE

RAPPORT DU GERANT A L’ASSEMBLEE GENERALE EXTRAORDINAIRE

Chers actionnaires,

Par la présente, nous avons l’honneur de vous faire rapport, conformément à l’article
181 du Code des sociétés, sur la situation active et passive de la société et de proposer
sa mise en liquidation.

Conformément aux dispositions de l’article 181 du Code des sociétés, nous avons
établi la situation active et passive au ……………………………………….., con-
formément aux règles d’évaluation arrêtées en exécution de l’AR du 30.01.2001,
plus précisément de son article 28, § 1er et § 2, relatif à la comptabilité et aux comptes
annuels des entreprises.

L’état précité arrêté au …………………………………… est annexé au présent rap-


port et peut être résumé comme suit:

ACTIF

III. Immobilisations corporelles …………….


IV. Immobilisations financières …………….

220
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

VI. Stocks et commandes en cours d’exécution ……………


VII. Créances à un an au plus ……………
IX. Valeurs disponibles ……………
X. Comptes de régularisation ……………
__________

……………

PASSIF

VIII. Dettes à plus d’un an ……………


IX. Dettes à un an au plus ……………
X. Comptes de régularisation ……………
__________

……………
__________

CAPITAUX PROPRES NEGATIFS (-) …………..


==========

STRUCTURE DES CAPITAUX PROPRES

I. Capital souscrit ………….


IV. Réserves ………….
V. Perte reportée (-) ………….
Perte de l’exercice (-) ………….
__________

CAPITAUX PROPRES NEGATIFS (-) ………….


=========

Malgré les efforts répétés du gérant en vue de développer d’autres activités confor-
mes à l’objet de la société, parallèlement aux réalisations existantes du promoteur, il
s’avère impossible d’améliorer le chiffre d’affaires de la société.

Les obligations financières importantes donnent une charge d’intérêts de


………………………… EUR jusqu’au ……………………………….

Compte tenu de ces éléments, nous sommes contraints de proposer la dissolution et


la mise en liquidation de la société.

Suite à la dissolution de la société, les biens immobiliers seront réalisés et leur réali-
sation devrait permette d’apurer toutes les dettes de la société.

Conformément aux statuts, nous avons l’honneur de convoquer l’assemblée générale


extraordinaire des actionnaires laquelle se tiendra en l’étude de Maître
……………………………, notaire à……………………………………………...

221
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Les actionnaires sont tenus de se conformer aux statuts de la société en matière de


présence et de représentation, ainsi qu’aux prescriptions du Code des sociétés:

– la nomination du liquidateur sera soumise à la confirmation ou à l’homologa-


tion préalable du tribunal de commerce (article 184, § 1er, du Code des socié-
tés);

– étant donné qu’il existe déjà un accord concernant la cession du fonds de


commerce, le siège de la société sera déplacé à l’adresse suivante: ..................

L’homologation préalable du tribunal de commerce est requise à cet effet.

A l’occasion de l’assemblée générale extraordinaire, les actionnaires devront se pro-


noncer sur la dissolution de la société.

Nous avons prié Monsieur/Madame ............................., de la société ..............................,


ayant son siège à ............................., de faire rapport, conformément aux dispositions
de l’article 181 du Code des sociétés, sur la situation active et passive arrêtée au
………………………........……… et d’établir si cet état reflète complètement, fidè-
lement et correctement la situation de la société.

………………………………………
……………………..
Gérant

3.5. NORMES RELATIVES AU CONTROLE A OPERER LORS DE LA PRO-


POSITION DE DISSOLUTION D’UNE SOCIETE DONT LA RESPONSA-
BILITE EST LIMITEE (ART. 181 C. SOC.)

Vu la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales;

Considérant que les présentes normes ont été élaborées en collaboration avec l’Ins-
titut des Réviseurs d’entreprises;

Vu l’avis du Conseil supérieur du Révisorat et de l’Expertise comptable du 1er juillet


1997;

Considérant que les normes, approuvées par le Conseil de l’IEC le 24 novembre


1997, doivent être adaptées aux dispositions du Code des sociétés;

Le Conseil de l’IEC a adopté en sa séance du 2 décembre 2002, une nouvelle version


des normes relatives au contrôle à opérer lors de la proposition de dissolution d’une
société dont la responsabilité est limitée;

***

222
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

CHAPITRE 1. INTRODUCTION

1.1. Définitions

La réglementation comptable

– En ce qui concerne la tenue de la comptabilité:


• la loi du 17 juillet 1975 relative à la comptabilité des entreprises (loi compta-
ble) et ses arrêtés d’exécution du 12 septembre 1983,
• le Code des sociétés (C. soc.);

– En ce qui concerne l’établissement des comptes annuels:


• le Code des sociétés (art. 92) et son arrêté d’exécution du 30 janvier 2001.
La société concernée peut en outre être soumise au respect d’une réglementa-
tion spécifique.

Le professionnel

Par professionnel, il faut entendre pour l’application des présentes normes le réviseur
d’entreprises ou l’expert-comptable externe.

1.2. Champ d’application

Les présentes normes sont d’application pour la mission de contrôle effectuée


par un professionnel dans le cadre de l’article 181 C. soc.

La procédure de l’article 181 C. soc. précité a pour but de permettre aux action-
naires de s’exprimer en connaissance de cause sur la proposition de dissolution
d’une société sur la base d’une situation active et passive.

1.2.1. L’article 181 C. soc. concerne la proposition de dissolution d’une société ano-
nyme, d’une société privée à responsabilité limitée, d’une société coopérative à res-
ponsabilité limitée et d’une société en commandite par actions.

L’article n’est pas d’application en ce qui concerne la proposition de liquidation d’une


société en nom collectif, d’une société en commandite simple, d’une société coopé-
rative à responsabilité illimitée. Il ne s’applique pas davantage aux sociétés agrico-
les, aux groupements d’intérêt économique, aux groupements européens d’intérêt
économique ni aux associations sans but lucratif.

La société pour laquelle vous êtes prié d’établir le rapport relève-t-elle du champ
d’application de l’article 181, § 1er, du C. soc.?

La terminologie prévue dans le C. soc. a-t-elle été respectée lors de l’établisse-


ment du rapport?

223
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

1.2.2. L’article 181 C. soc. concerne les cas dans lesquels la dissolution de la société
est proposée à l’assemblée générale. S’il n’y a pas de proposition de dissolution de la
société, il n’y a pas lieu d’appliquer la procédure.

Ainsi, dans le cadre des articles 332, 431 et 633 C. soc. ou d’une procédure concorda-
taire, la procédure de l’article 181 C. soc. doit seulement être appliquée si la dissolu-
tion de la société est proposée dans l’ordre du jour figurant dans la convocation.

La proposition de dissolution de la société a-t-elle effectivement été portée à l’or-


dre du jour de l’assemblée générale extraordinaire appelée à se prononcer sur la
dissolution?

Toutefois, si l’assemblée générale décide en séance, sans qu’une proposition lui en


ait été faite dans l’ordre du jour, de procéder à la dissolution de la société, l’article
181 C. soc. doit être appliqué.

En avez-vous fait mention dans votre rapport?

1.3. Obligations comptables

La situation active et passive doit comprendre au moins un bilan ou une situa-


tion intermédiaire comparable ainsi qu’une annexe explicative qui pourra com-
prendre entre autres un résumé des droits et engagements. La situation active et
passive doit découler sans addition ni omission de la balance des comptes.

1.3.1. S’il propose de cesser les activités de l’entreprise ou si la perspective de con-


tinuité des activités ne peut être maintenue, l’organe de gestion devrait établir une
situation active et passive en discontinuité, en appliquant les règles d’évaluation éta-
blies par l’article 28, § 2, de l’arrêté royal du 30 janvier 2001 portant exécution du
Code des sociétés.

Lorsque vous avez envoyé votre rapport à la commission d’accompagnement et


de surveillance, y avez-vous joint la situation active et passive établie par l’organe
de gestion?

Les droits et engagements hors bilan ont-ils été correctement résumés dans la si-
tuation active et passive établie par l’organe de gestion?

La situation active et passive doit découler sans addition ni omission de la balance


des comptes. Les corrections comptables découlant de l’application de l’article 28,
§ 2, précité doivent être traitées dans la comptabilité (voir 2.5.). Par situation inter
-
médiaire comparable, on entend une situation active et passive établie selon les prin-
cipes et comprenant au moins les rubriques prévues par l’arrêté royal du 30 janvier
2001 portant exécution du Code des sociétés relatif aux comptes annuels.

224
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

La situation active et passive découle-t-elle sans addition ni omission de la balan-


ce des comptes?

Les corrections comptables ont-elles effectivement été traitées dans la comptabili-


té?

Dans les cas où il propose de poursuivre les activités pendant la liquidation, l’organe
de gestion pourrait établir une situation active et passive de continuité. La dérogation
pourrait être justifiée dans le cas où il est probable que, nonobstant la liquidation,
l’exploitation se prolongera pendant plus d’un an (voir 2.5.1.). L’organe de gestion
doit motiver sa décision (art. 181, § 2, C. soc.).

La décision d’établir la situation active et passive en continuité est-elle motivée


dans le rapport spécial de l’organe de gestion?

Conservez-vous les pièces justificatives y relatives dans votre dossier de travail?

Le rapport spécial de l’organe de gestion a-t-il été dûment signé?

Disposez-vous d’un exemplaire dûment signé de ce rapport spécial dans votre


dossier de travail?

La situation active et passive doit être établie sans procéder à l’affectation du résultat
de l’exercice en cours. Le résultat de l’exercice en cours jusqu’à la date de clôture de
l’état sera mentionné sous une rubrique distincte du résultat reporté.

Le résultat de l’exercice en cours est-il bien mentionné sous une rubrique distincte
du «résultat reporté»?

➾ Rem.: C’est important, d’une part, parce que ce résultat peut encore changer
et, d’autre part, parce qu’il n’a pas encore fait l’objet d’une proposition d’affec-
tation approuvée par une assemblée générale.

1.3.2. Lorsque l’organe de gestion établit une situation active et passive en disconti-
nuité, il est recommandé de la comparer avec la situation active et passive en conti-
nuité dans l’annexe explicative. Si l’organe de gestion ne procède pas à cette compa-
raison, le professionnel examinera l’opportunité de la reprendre dans son rapport.

La situation active et passive en continuité a-t-elle été comparée à la situation


active et passive en discontinuité?

Avez-vous également présenté les différences constatées lors du contrôle dans un


état comparatif?

225
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

1.3.3. Les règles du Code des sociétés relatives à l’approbation des comptes annuels
demeurent intégralement d’application. L’organe de gestion établira des comptes
annuels sur le dernier exercice complet ainsi que les comptes annuels de la période
qui s’est écoulée depuis la clôture du dernier exercice jusqu’à la décision de dissolu-
tion de la société par devant notaire. Le commissaire, si cette fonction est pourvue,
établira un rapport sur ces comptes ou, le cas échéant, à défaut de leur établissement,
un rapport de carence.

1.4. Objet de la mission

La mission du professionnel consiste à faire rapport sur l’état résumant la situa-


tion active et passive établi par l’organe de gestion et à vérifier, notamment, s’il
reflète complètement, fidèlement et correctement la situation de la société.

Le but de la mission est de vérifier si l’état donne aux actionnaires et au liquida-


teur et, le cas échéant, au conseil d’entreprise, une vue de la réalité de l’actif net
et ceci, en principe, dans la perspective de la réalisation.

1.4.1. Le rapport sur l’état de la situation active et passive doit être établi par le
commissaire de la société si cette fonction a été pourvue.
Lorsqu’aucun commissaire n’a été nommé, le rapport peut être établi par un profes-
sionnel, spécialement désigné par l’organe de gestion.

Un commissaire a-t-il été nommé ou aurait-il dû être nommé dans la société à


contrôler?

➾ Rem.: Si un commissaire a été nommé, c’est lui qui est chargé d’établir le
rapport de contrôle. Si, à tort, aucun commissaire n’a été nommé, tout profes-
sionnel est autorisé à établir le rapport, sans oublier de préciser que la société a
manqué à ses obligations légales en la matière.

1.4.2. La mission de contrôle consiste à vérifier que l’état donne aux actionnaires et
au liquidateur une vue de la réalité de l’actif net à un moment donné, en tenant comp-
te du caractère nécessairement aléatoire des prévisions de réalisation des actifs dans
un contexte de liquidation.

Avez-vous suffisamment insisté sur le caractère aléatoire présumé des perspecti-


ves de réalisation dans votre rapport de contrôle?

On distinguera cet objectif de celui du contrôle des comptes annuels, lesquels reflè-
tent une situation financière destinée à donner aux actionnaires et aux tiers une infor-
mation périodique sur le patrimoine, la situation financière et les résultats de l’entre-
prise. Le professionnel doit adapter ses travaux de contrôle à l’objectif spécifique de
la mission.

1.4.3. Le rapport du professionnel sera en forme longue, c’est-à-dire qu’il donnera


une description appropriée des postes significatifs de la situation active et passive en
attachant une attention particulière aux règles d’évaluation et aux principaux travaux

226
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

de contrôle effectués. Le rapport doit contribuer à donner une vue de la réalité de


l’actif net aux actionnaires et au liquidateur.

Votre rapport est-il suffisamment descriptif, de façon à donner une image précise
des actifs, créances et dettes, droits et engagements de la société?

Le rapport ne doit pas être déposé au greffe du tribunal de commerce.

➾ Rem.: La loi du 2 juin 2006 a modifié cette disposition; le rapport complet


devra désormais être déposé au greffe et versé au dossier de liquidation.

Les conclusions du rapport du professionnel sont reproduites dans l’acte authentique


qui constate la dissolution. L’extrait de cet acte authentique, qui doit être déposé au
greffe et publié aux annexes du Moniteur belge, ne doit pas reprendre ces conclu-
sions.

Avez-vous demandé au notaire instrumentant qu’il vous remette le projet d’acte


constatant la décision de dissolution afin d’y vérifier que vos conclusions y ont été
correctement reproduites?

1.4.4. L’état comptable doit être complet. Ceci signifie qu’il doit comprendre tous les
éléments actifs et passifs qui font partie d’une situation patrimoniale établie confor-
mément au droit comptable. Il y a lieu de prêter attention au fait que l’état de liquida-
tion a pour effet de transformer en dettes liquides des engagements hors bilan qui
étaient soit ignorés en termes de continuité d’exploitation, soit classés parmi les en-
gagements; il en va ainsi, par exemple, des constitutions devenues obligatoires de
provisions pour risques et charges résultant des engagements en matière sociale (pas-
sif social) ou en matière environnementale (passif écologique), des obligations liées
aux ruptures de baux et aux charges fiscales liées à la liquidation.

Avez-vous suffisamment insisté sur ces obligations dans votre rapport?

1.4.5. L’état comptable doit être correct. Ceci signifie qu’il doit être conforme à la
comptabilité. Les redressements à opérer avant et après les corrections de valeur
requises par la réglementation comptable doivent être dûment comptabilisés, quand
bien même la décision de dissoudre la société ne deviendra certaine qu’après la déci-
sion de l’assemblée générale. Si cette décision n’était pas prise, il appartiendrait à
l’organe de gestion de la société d’apprécier dans quelle mesure certaines opérations
doivent être extournées.

La situation active et passive présentée découle-t-elle de la balance des comptes?

Les corrections ont-elles été comptabilisées conformément aux dispositions de


l’art. 28, § 2, de l’A.R. du 30 janvier 2001?

Le rapport renvoie-t-il bien à l’article 28, § 2, de l’A.R. du 30 janvier 2001?

Ne renvoie-t-il pas erronément à l’ancien article 40 de l’A.R. du 8 octobre 1976?

227
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

1.4.6. L’état comptable doit être fidèle à la réalité. Ceci signifie que les évaluations
doivent être faites de bonne foi et que l’organe de gestion doit, si nécessaire, complé-
ter l’état comptable par des notes explicatives des choix opérés en matière d’évalua-
tion.

Faites-vous mention dans votre rapport de la décision de l’organe de gestion con-


cernant l’application ou la modification des règles d’évaluation?

1.4.7. Le chef d’entreprise est tenu de remettre aux membres du conseil d’entreprise
tout document communiqué aux associés (article 2 de l’A.R. du 27 novembre 1973).
Le commissaire doit s’assurer que le conseil d’entreprise a été dûment informé selon
les exigences des articles 2 et 25 de l’arrêté royal du 27 novembre 1973.

1.5. Délais à respecter dans l’exécution de la mission

L’état comptable doit être arrêté à une date ne remontant pas à plus de trois
mois par rapport à la date de l’assemblée générale appelée à se prononcer sur la
décision de dissoudre la société.

La date de clôture de la situation active et passive établie par l’organe de gestion


remonte-t-elle à plus de trois mois par rapport à la date de l’assemblée générale?

1.5.1. Le délai de trois mois n’est pas modifié par la convocation d’une seconde
assemblée générale, lorsque l’absence de quorum de présence a empêché l’assem-
blée générale de délibérer valablement.

L’attention des actionnaires a-t-elle été attirée sur le fait qu’une nouvelle situation
active et passive doit être établie dès lors que le délai de trois mois est écoulé?

➾ Rem.: Si le délai de trois mois est écoulé, il faut reprendre la procédure au


début.

1.5.2. Pour autant que l’état comptable, par analogie avec l’article 143 C. soc., lui ait
été remis un mois avant l’assemblée générale appelée à se prononcer sur la dissolu-
tion, le professionnel doit remettre son rapport à la société quinze jours au moins
avant cette même date. A défaut d’avoir reçu les documents en temps utile et s’il n’est
pas en mesure de respecter le délai légal, il s’en justifiera dans son rapport à l’assem-
blée générale en mentionnant, le cas échéant, la façon dont ses contrôles en ont été
influencés.

Si les documents destinés à étayer votre rapport de contrôle vous ont été remis
tardivement, en avez-vous fait mention dans votre rapport?

La réception tardive des pièces justificatives a-t-elle influencé vos travaux de con-
trôle?

228
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

1.5.3. Lorsque la proposition de dissolution découle de l’application des règles pré-


vues en cas de perte partielle du capital social (art. 633 C. soc.) (483), l’assemblée
générale doit être convoquée dans les deux mois de la constatation de la perte. La
combinaison des deux dispositions légales a pour effet de ramener les délais d’élabo-
ration et de contrôle de l’information au mieux à six semaines. Le professionnel doit
prendre conscience de ces délais lors de l’acceptation de sa mission.

La procédure d’alarme est-elle applicable? Si oui, en avez-vous fait mention dans


votre rapport?

➾ Rem.: La responsabilité de l’organe de gestion risque d’être engagée de ce


fait.

1.6. Aspects déontologiques

1.6.1. Il est recommandé de faire signer une lettre de mission dans laquelle les men-
tions suivantes seront reprises:

– description de la mission;
– responsabilité de l’organe de gestion pour l’établissement de l’état de la situation
active et passive et de l’annexe explicative éventuelle;
– responsabilité de l’organe de gestion pour le caractère correct, complet et fidèle
des informations mises à la disposition du professionnel;
– responsabilité de l’organe de gestion pour fournir en temps voulu tous les docu-
ments et pièces nécessaires, en ce compris le rapport de l’organe de gestion;
– délai pour la délivrance du rapport de contrôle;
– mode de calcul et conditions de paiement des honoraires.

Les éléments précités ont-ils été repris dans une lettre de mission signée par le
client?

Lorsque vous avez envoyé votre rapport à la commission d’accompagnement et


de surveillance, y avez-vous joint une copie de la lettre de mission signée?

➾ Rem.: Le procès-verbal de l’organe de gestion faisant état de la désignation


de l’expert-comptable, ne peut être assimilé à une lettre de mission.

1.6.2. Dans les sociétés où aucun commissaire n’est en fonction, le professionnel ne


peut pas être le conseiller habituel de la société pour laquelle il est fait rapport.

Le professionnel ne peut avoir effectué aucune autre mission récurrente dans la so-
ciété au cours des deux années précédentes, si ce n’est une ou plusieurs missions de
contrôle.

Votre indépendance est-elle compromise par l’acceptation de la mission de con-


trôle?

(483) Pour la SA; article 332 C. soc. (SPRL); article 431 C. soc. (SCRL).

229
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

➾ Rem.: Afin de permettre à la commission d’accompagnement et de surveillance


de s’assurer que votre indépendance est garantie, nous vous conseillons de men-
tionner l’identité du professionnel qui accompagne habituellement la société
contrôlée et de préciser si vous avez exécuté des missions autres que de contrôle
au cours des deux dernières années.

Le professionnel qui établit le rapport de contrôle dans le contexte d’une opération de


dissolution peut être désigné aux fonctions de liquidateur de la société dissoute. Lors-
qu’il existe un risque de conflit d’intérêts ou d’atteinte au principe général d’indé-
pendance, le professionnel devra décliner l’offre qui lui est faite.

➾ Rem.: Cette disposition est contestée par certains tribunaux de


commerce.

1.6.3. Le commissaire doit assister à l’assemblée générale qui est appelée à délibé-
rer sur la base d’un rapport établi par lui, sauf dans la mesure où il présenterait un
juste motif.

A la demande expresse de l’organe de gestion et avec l’accord de l’assemblée géné-


rale, le professionnel assistera aux délibérations de celle-ci.

Avez-vous fait mention dans votre rapport de la demande qui vous a été faite par
l’organe de gestion d’éventuellement assister à l’assemblée générale extraordinaire?

1.6.4. Le professionnel remplira sa mission en respectant une discrétion particulière


sur l’objet de la tâche qui lui est confiée, vis-à-vis des tiers. Ainsi, dans une demande
de confirmation de solde à un tiers, il ne sera pas indiqué que la question est posée
dans le cadre d’une procédure de dissolution de la société.

N’y a-t-il dans votre rapport aucune information ou annotation susceptible de com-
promettre la confidentialité du dossier?

➾ Rem.: Depuis l’instauration de l’article 195bis du C. soc., le rapport complet


est déposé au greffe du tribunal de commerce, où il peut être consulté librement.

CHAPITRE 2. TRAVAUX DE CONTROLE

2.1. Le professionnel exécute sa mission conformément à un programme de tra-


vail approprié. Ses différentes démarches de contrôle ainsi que les éléments
probants qui les appuient sont consignés dans un dossier de travail.

2.1.1. Le programme de travail relatif au contrôle plénier de l’état comptable établi


à l’occasion de la dissolution de la société comprendra en principe les éléments sui-
vants:
– appréciation de l’organisation administrative de la société et des risques particu-
liers auxquels elle est exposée;

230
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Les risques particuliers auxquels la société contrôlée est exposée figurent-ils dans
le rapport?

➾ Rem.: Dans la pratique, on constate que les provisions constituées en vue de


couvrir la responsabilité décennale des entreprises du secteur de la construction
n’apparaissent pas dans la situation active et passive.

– vérification de la fiabilité de la situation comptable découlant de la comptabilité


établie selon les principes de continuité;

Faites-vous dans votre rapport une évaluation du système de contrôle interne ou


ce système est-il inexistant dans la société contrôlée?

➾ Rem.: Il n’existe dans la plupart des PME aucun système de contrôle interne,
ce qui oblige le professionnel à soumettre les différents éléments de la situation
active et passive à des contrôles substantiels.

– vérification des corrections de valeur requises par l’article 28, § 2, de l’arrêté


royal du 30 janvier 2001;

Les règles d’évaluation modifiées ont-elles été arrêtées sur une base réglementée
et consignées dans le livre d’inventaire?

– examen du rapport spécial de l’organe de gestion;

Faites-vous mention de l’examen de ce rapport et en avez-vous repris la synthèse


dans votre rapport?

➾ Rem.: Lorsque vous envoyez votre rapport à la commission d’accompagne-


ment et de surveillance, nous vous conseillons d’y joindre une copie du rapport
spécial signé par l’organe de gestion.

– établissement du rapport de contrôle.

2.1.2. Dans l’exécution de sa mission, le professionnel réunit tous les documents et


données propres à justifier les diligences de contrôle qu’il a accomplies. Ces docu-
ments seront conservés pendant au moins cinq années après l’assemblée générale qui
a décidé la dissolution de la société.

2.1.3. Le dossier de travail comprendra en principe les éléments suivants:

– un document attestant l’attribution de la mission de contrôle;


– un mémorandum résumant les constatations relatives à l’organisation comptable;
– les derniers comptes annuels approuvés par l’assemblée générale et, le cas échéant,
le projet de comptes annuels du dernier exercice qui n’aurait pas encore été sou-
mis à l’approbation de l’assemblée;
– le programme de contrôle des comptes de dissolution;

231
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

– l’état comptable avant application de l’article 28, § 2, de l’arrêté royal du 30


janvier 2001, ne remontant pas à plus de trois mois;
– les éléments probants validant les rubriques de l’état comptable;
– le même état comptable corrigé en valeur liquidative;
– le rapport de l’organe de gestion ou le projet de rapport.

➾ Rem.: En cas de convocation par la commission d’accompagnement et de


surveillance, la composition du dossier de contrôle sera vérifiée.

2.2. Dans la première phase de ses travaux de contrôle, le professionnel identi-


fie l’opération projetée. A cet effet, il étudie le rapport de l’organe de ges-
tion de la société à l’assemblée générale. Il réunit en outre toutes les infor-
mations nécessaires pour acquérir une connaissance suffisante de la socié-
té, de ses risques et de l’environnement économique dans lequel elle évolue.

➾ Rem.: Ces informations doivent être conservées dans le dossier de travail et


peuvent être produites à l’occasion d’un contrôle confraternel.

2.2.1. Le rapport de l’organe de gestion de la société doit justifier la proposition de


dissolution ainsi que les règles d’évaluation adoptées dans l’état comptable qui lui
est annexé. Dans la mesure où l’état comptable qui y est annexé n’est pas établi
conformément à l’article 28, § 2, de l’arrêté royal du 30 janvier 2001, le rapport doit
motiver la dérogation (ci-dessus 1.3.1.). Le professionnel prêtera une attention parti-
culière à cette motivation lorsqu’elle existe.

Avez-vous prêté une attention suffisante aux éléments précités dans votre rapport?

Avez-vous procédé à un contrôle plénier tel que les normes le prescrivent?

Il est exceptionnel qu’un contrôle limité soit réalisé dans le cadre du rapport de
contrôle d’une dissolution. Le choix de ce type de contrôle doit dès lors être justi-
fié et motivé dans le rapport de contrôle.

En cas de contrôle limité, une réserve doit toujours être émise.

2.2.2. Si le rapport de l’organe de gestion de la société n’est pas disponible au mo-


ment où il commence ses travaux, le professionnel interrogera les dirigeants pour se
faire une idée précise de l’objectif poursuivi et des circonstances prévues pour la
liquidation. Toutefois, il devra toujours être en possession du rapport dûment signé
de l’organe de gestion avant de signer son propre rapport (voir 3.7.1.).

2.2.3. L’identification de l’opération a pour but de déterminer les éléments suscepti-


bles d’influencer soit l’établissement de l’état comptable, dont en particulier les rè-
gles d’évaluation, soit la décision de la dissolution que les associés sont appelés à
prendre.

232
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

2.2.4. La connaissance de l’environnement économique est nécessaire pour pouvoir


se former un jugement sur la pertinence des règles d’évaluation adoptées et de leur
application.

Les motifs juridiques et/ou économiques justifiant la dissolution figurent-ils dans


le rapport de l’organe de gestion soumis à l’assemblée générale extraordinaire?

2.3. Dans la deuxième phase de ses travaux, le professionnel effectue l’analyse


de l’organisation administrative de la société, principalement les mesures
qui assurent la fiabilité du système comptable.

2.3.1. Le professionnel doit étudier les conditions dans lesquelles l’information comp-
table est élaborée. S’il est le commissaire de la société, il doit seulement s’assurer de
la continuité du système de contrôle interne depuis sa précédente révision. Dans le
cas contraire, il doit mettre en oeuvre les diligences requises pour s’assurer de l’exis-
tence de procédures internes appropriées à la taille et à l’activité de l’entreprise, ga-
rantissant la fiabilité des données.

L’analyse des règles de procédure internes (ou l’absence de telles règles) figure-t-
elle dans votre rapport?

➾ Rem.: De ces règles de procédure internes dépend la fiabilité de la comptabilité


qui vous est soumise et de la situation active et passive qui en résulte. En l’absence
de telles règles, les contrôles substantiels doivent généralement être étendus.

2.3.2. Si le professionnel constate que l’organisation administrative et comptable est


appropriée pour les besoins de l’établissement de l’état comptable de dissolution, il
peut poursuivre normalement ses travaux de contrôle.

Traitez-vous dans votre rapport de l’organisation administrative et comptable?

S’il constate des lacunes notables dans l’organisation administrative et comptable, il


doit développer les tests destinés à valider les soldes repris dans l’état comptable, en
fonction de ces lacunes. Si les faiblesses de l’organisation administrative et compta-
ble rendent impossible le développement d’un programme approprié de validation
des rubriques comptables, il en tirera les conclusions dans son rapport selon ce qui
est dit au chapitre 4.

➾ Rem.: L’utilisation de clichés du genre «Les lacunes administratives ont été


comblées par un contrôle plus étendu» ne permet pas de satisfaire à l’obligation
précitée.

2.4. Dans la troisième phase de sa mission, le professionnel rassemblera les élé-


ments probants lui permettant de valider les comptes du bilan tels qu’ils
découlent de la comptabilité, avant que les corrections requises par l’article
28, § 2, de l’arrêté oyal
r du 30 janvier 2001 soient apportées.

233
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

2.4.1. La collecte d’éléments probants concerne la vérification des objectifs de la


mission tels que définis par la loi et commentés au paragraphe 1.4. des présentes
normes.
Les travaux de contrôle comprennent l’examen du compte de résultats ainsi que des
droits et engagements hors bilan.

Conservez-vous les pièces justificatives de cet examen dans votre dossier de tra-
vail?

Votre rapport contient-il une description des éventuels droits et engagements hors
bilan existants?

Ces droits et engagements hors bilan apparaissent-ils comme certains dans la si-
tuation active et passive?

2.4.2. Le professionnel détermine la nature et le volume des éléments probants né-


cessaires pour se former une opinion en fonction:

– des conclusions de son évaluation de l’organisation administrative et comptable;


– des risques spécifiques liés à la situation de l’entreprise;
– du principe général de l’importance relative.

Ces éléments probants lui permettront de motiver ses décisions.

Disposez-vous d’une copie de ces éléments probants?

Conservez-vous ces copies dans le dossier de contrôle?

Avez-vous demandé un relevé hypothécaire afin de vérifier les garanties existan-


tes et/ou une éventuelle inscription sur le fonds de commerce?

2.4.3. Dans le contexte du paragraphe 2.4.2., en vue de l’expression de son opinion,


le professionnel prête une attention particulière à la propriété des actifs, à l’existence
des actifs et des passifs, à l’exhaustivité des dettes et des provisions.

Avez-vous vérifié si la société à liquider présentait des risques particuliers (no-


tamment sur le plan environnemental)?

Avez-vous vérifié si la société a occupé du personnel, si toutes les obligations en


la matière ont été respectées et si des provisions ont été constituées?

Avez-vous vérifié si toutes les obligations contractuelles en vigueur ont été res-
pectées (bail, travaux de réparation à l’expiration du bail, dommages et intérêts)?

Disposez-vous de certitudes suffisantes concernant l’évaluation des immobilisa-


tions à leur valeur comptable?

234
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Avez-vous vérifié avec suffisance la recouvrabilité des autres créances (par exem-
ple, C/C associés, gérants, etc.)?

Y a-t-il des frais pour remboursement anticipé d’emprunts contractés?

Les dettes latentes ont-elles été converties en dettes certaines (notamment certains
risques, obligations environnementales, locatives et autres, obligations à l’égard
du personnel)?

Des fournisseurs ont-ils émis une réserve de propriété concernant certaines im-
mobilisations ou certains stocks?

Comment les dettes en souffrance seront-elles liquidées?


Les moyens disponibles sont-ils suffisants pour liquider ces dettes?

Des provisions ont-elles éventuellement été constituées à cet effet?

En faites-vous mention dans votre rapport?

2.5. Dans la quatrième phase de ses travaux, le professionnel étudie les correc-
tions de valeur apportées aux comptes en application de l’article 28, § 2, de
l’arrêté royal du 30 janvier 2001.

Une provision suffisante a-t-elle été constituée en vue de couvrir les frais de disso-
lution et de liquidation (frais relatifs au rapport de contrôle, à la passation de l’ac-
te, à la tenue de la comptabilité pendant la liquidation, aux déclarations fiscales, à
la tenue des assemblées générales, honoraires du liquidateur, frais de dépôt des
comptes annuels, etc.)?

2.5.1. L’organe de gestion peut justifier que l’article 28, § 2, de l’arrêté royal du 30
janvier 2001 ne soit pas appliqué à tout ou partie des rubriques comptables (ci-dessus
1.3.1.). Il en irait ainsi, par exemple, lorsque certains aspects de l’activité devraient
être poursuivis pendant plusieurs années (exemple: charbonnages).

Si la situation active et passive a été établie en continuité, en avez-vous fait men-


tion dans votre rapport?

Avez-vous fait référence à l’adaptation des règles d’évaluation si par la suite la


situation active et passive était établie en discontinuité?

Par ailleurs, l’organe de gestion pourrait justifier qu’aucune correction ne soit appor-
tée sur la base de l’article 28, § 2, de l’arrêté royal du 30 janvier 2001, lorsqu’il existe
de réelles possibilités que la dissolution n’entraîne pas la discontinuité totale ou par-
tielle parce que des perspectives sérieuses existent de transfert, de tout ou partie de
l’exploitation, à une autre entreprise qui assumera la poursuite de cette exploitation.

235
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

2.5.2. Les redressements requis ne concernent que des diminutions de valeur des
éléments d’actif pour les ramener à la valeur probable de réalisation.

En application de la réglementation comptable:


– les frais d’établissement doivent être complètement amortis;
– les actifs font, le cas échéant, l’objet d’amortissements complémentaires ou de
réduction de valeur pour ramener leur valeur à la valeur probable de réalisation;
– des provisions sont formées pour faire face à la cessation d’activités; comme
exemples de telles provisions, on citera les indemnités à verser au personnel, les
coûts de remise en état de biens loués, les charges environnementales (assainisse-
ment du site,...), les pénalités pour rupture anticipée de contrats, etc.;
– une provision pour les charges fiscales liées à l’ensemble des opérations de cessa-
tion des activités doit être constituée. La taxation du boni de liquidation à distri-
buer, le cas échéant, aux actionnaires, n’est pas une charge de la liquidation sus-
ceptible d’être provisionnée.

Ces obligations comptables ont-elles été respectées et appliquées par l’organe de


gestion de la société contrôlée?

➾ Rem.: L’impôt sur le boni de liquidation à répartir éventuellement entre les


actionnaires ne constitue pas une charge à provisionner à charge de la liquida-
tion.

2.5.3. En recherchant la valeur probable de réalisation, l’organe de gestion de l’en-


treprise émet un jugement de bonne foi sur sa meilleure estimation actuelle des pers-
pectives de réalisation des actifs. Le professionnel ne sera amené à émettre une opi-
nion contraire que si, à son avis, les estimations s’écartent manifestement de l’appré-
ciation que peut en faire un chef d’entreprise avisé et prudent placé dans les mêmes
circonstances.

2.5.4. L’état comptable ne peut faire apparaître des plus-values de réévaluation que
dans la mesure où elles répondent aux principes généraux de l’article 57 de l’arrêté
royal du 30 janvier 2001. Toutefois, le professionnel pourrait recommander à l’orga-
ne de gestion de faire mention dans une note annexe à l’état comptable de dissolu-
tion, des plus-values latentes probables, y compris sur les valeurs incorporelles, lors-
que cette information lui paraît indispensable à la bonne information des actionnai-
res.

➾ Rem.: Les immobilisations peuvent éventuellement être comptabilisées à leur


valeur de réalisation, même si elles ne sont réalisées qu’à une date ultérieure.

2.6. Le professionnel doit examiner dans quelle mesure les dispositions légales et
réglementaires relatives à la comptabilité et aux comptes annuels sont res-
pectées. La vérification du respect du Code des sociétés et des statuts incom-
be au commissaire, conformément aux règles générales de son mandat.

236
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

2.6.1. Conformément à l’article 16 de la loi du 17 juillet 1975 relative à la comptabi-


lité des entreprises, le professionnel qui constate des infractions à la loi comptable
doit au moins émettre des réserves dans son rapport. La conformité à la loi concerne
aussi bien les règles formelles de tenue des comptes que la situation active et passive.

En particulier, le professionnel vérifiera que:

– les règles d’évaluation adaptées aux circonstances de la liquidation sont approu-


vées par l’organe de gestion;
– les livres légaux sont régulièrement tenus;
– le plan comptable est approprié et l’état comptable de liquidation découle sans
addition ni omission de la balance des comptes;
– etc.

Ressort-il de votre rapport que cet examen a été effectué?

Conservez-vous les pièces justificatives nécessaires dans votre dossier de travail?

2.6.2. Si le professionnel prend connaissance d’un fait ou d’une décision qui pour-
rait constituer la violation d’une disposition légale et réglementaire ayant une in-
fluence significative sur les comptes soumis à son examen, il doit en premier lieu
réunir toutes les informations nécessaires sur la portée du fait ou de la décision con-
cernée et sur son caractère effectivement irrégulier. Il documentera ses constatations
et évoquera la question avec la direction de la société.

Sans préjudice aux règles spécifiques applicables au commissaire, lorsque les effets
de la situation irrégulière sur les comptes ne peuvent être corrigés au vu des circons-
tances, le professionnel pourra opter pour une des attitudes suivantes:

– soit notifier les éléments constatés par écrit à l’organe de gestion et émettre des
réserves expresses dans son rapport en ce qui concerne les effets des irrégularités
sur les comptes contrôlés;

– soit notifier les éléments constatés par écrit à l’organe de gestion et refuser de
poursuivre la mission.

Si de telles infractions ont été constatées, conservez-vous une prise de position


écrite à ce sujet dans votre dossier de travail?

2.6.3. Si le commissaire constate une infraction au droit des sociétés et aux statuts
qui n’aurait pas fait l’objet d’une correction appropriée par l’organe de gestion avant
qu’il ne dépose son propre rapport, il doit envisager d’informer l’assemblée générale
sans autre délai, selon ce qui est dit à l’article 140 C. soc.

237
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

CHAPITRE 3. RAPPORT

3.1. Le professionnel mentionne, en termes généraux, dans son rapport, la mission


qui lui est confiée, la référence au document de désignation et la façon dont il
a exercé son contrôle sur l’état comptable remis à l’assemblée générale.

Faites-vous référence à la lettre de confirmation dans votre rapport?

➾ Rem.: Pour le bon ordre, une table des matières avec renvoi aux pages corres-
pondantes est indispensable.

➾ Rem.: Nous vous recommandons d’annexer une copie de la lettre de désigna-


tion signée à votre rapport.

3.1.1. Dans l’identification de l’opération, le professionnel devra inclure:

a) l’identification de la société (dénomination sociale, siège social, le cas échéant,


registre de commerce, etc.);

➾ Rem.: Le registre du commerce a entre-temps été supprimé par la loi du 16


janvier 2003 portant création d’une Banque-carrefour des entreprises.

b) la date à laquelle l’état comptable a été arrêté par l’organe de gestion de l’entre-
prise, en précisant clairement que le document est établi sous la responsabilité de
cet organe;

c) dans quelle mesure la société applique les règles d’évaluation spécifiques au cas
où la continuité de l’exploitation n’est plus assurée;

d) un résumé de la motivation de l’organe de gestion à sa proposition de dissolution.

➾ Rem.: Nous vous recommandons d’indiquer la structure de l’actionnariat


dans votre rapport, pour autant que celle-ci soit connue (éventuellement la liste
des actionnaires présents à la dernière assemblée générale) et de faire de même
pour l’organe de gestion (quand a-t-il été nommé? est-il toujours en fonction?
quand l’avis de nomination a-t-il été publié? etc.).

3.2. Le professionnel expose la façon dont il a effectué ses contrôles. Il spécifie


dans quelle mesure il a pu appuyer ses travaux sur une organisation admi-
nistrative et comptable suffisante dans le contexte de l’opération.

3.2.1. Le rapport du professionnel exposera si l’organisation administrative et comp-


table de la société lui a permis de former son opinion sur le caractère complet et
correct de l’état comptable.

238
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Si les procédures et systèmes d’organisation utilisés présentent des lacunes notables,


le professionnel s’efforcera de mettre en œuvre des contrôles alternatifs suffisants. Si
ceci n’est pas possible, il devra, selon le cas, délivrer une attestation avec réserve,
faire une déclaration d’abstention ou refuser son attestation.

Le type de contrôle appliqué à l’organisation administrative et comptable a-t-il été


explicité de manière suffisamment claire?

3.3. Dans la mesure où ils sont significatifs par rapport à la décision de dissolu-
tion, le rapport du professionnel doit mentionner les événements qui se sont
produits ou qui ont été portés à sa connaissance après la clôture de l’état
comptable.

3.3.1. Le professionnel mentionne tout fait porté à sa connaissance après la date de


l’établissement de l’état comptable et qui, s’il avait été connu avant cette date, aurait
entraîné une modification significative de cet état.

3.3.2. Le professionnel mentionne tout fait porté à sa connaissance après la date de


l’établissement de l’état comptable et qui est susceptible d’exercer une influence
notable sur les perspectives de liquidation, même s’il n’influence pas nécessairement
la présentation de l’état comptable.

Avez-vous consigné dans votre rapport les événements importants qui se sont pro-
duits après l’établissement de la situation active et passive par l’organe de gestion
(par exemple, vente d’actifs, nouveaux engagements, accords de reprise, etc.)?

3.4. Le professionnel expose dans son rapport les faits qu’il a constatés et qu’il
juge indispensables à l’information de l’assemblée générale en rapport avec
la dissolution de la société lorsqu’ils ne figurent pas dans le rapport de l’or-
gane de gestion.

3.4.1. L’objet de la mission porte sur l’état comptable exclusivement. Les autres
renseignements que le professionnel estimerait nécessaire de faire figurer dans son
rapport n’influencent pas la conclusion de ce rapport.

3.4.2. Si le professionnel estime que les notes explicatives (notamment sur les plus-
values non exprimées) sont importantes pour la compréhension de l’état comptable,
il pourra attirer l’attention du lecteur sur ce point dans son rapport.

Les faits utiles à l’assemblée générale ont-ils été consignés dans le rapport ou
l’absence de tels faits précisée dans le rapport?

3.5. Lorsque le professionnel estime devoir soit émettre des réserves, soit refuser
son attestation, soit émettre une déclaration d’abstention, il doit en exposer
les motifs de façon claire et circonstanciée dans le corps de son rapport.

239
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

3.5.1. Lorsque le professionnel n’a pas été en mesure de réunir les informations
indispensables à ses contrôles soit parce que les données fournies par les parties sont
insuffisantes, soit parce que le professionnel se trouve confronté à une incertitude
déterminante pour la valorisation des actifs en valeur de réalisation ou pour l’évalua-
tion des passifs, en ce compris les charges et provisions afférentes à la liquidation, il
est en droit de s’abstenir d’émettre une opinion. Il doit par contre exposer de façon
circonstanciée les raisons de sa décision.

3.5.2. Le professionnel qui constate, au cours de ses travaux de contrôle, une infrac-
tion à la réglementation comptable en rapport avec l’établissement de l’état compta-
ble devra en faire mention dans son rapport conformément à l’article 16 de la loi du
17 juillet 1975 relative à la comptabilité des entreprises.

3.5.3. Le professionnel n’émettra des réserves que dans le cas où elles sont signifi-
catives pour l’appréciation de la situation active et passive.

Les réserves ne pourront être d’une nature telle qu’elles enlèvent toute portée à l’at-
testation.

Avez-vous, le cas échéant, exposé les motifs de votre non-approbation de façon


claire et circonstanciée dans votre rapport?

3.6. Le professionnel reproduit ou joint à son rapport l’état comptable qui en


fait l’objet.

L’état comptable établi par l’organe de gestion est-il reproduit dans le rapport ou,
mieux encore, joint au rapport?

Le rapport contient-il une description détaillée appropriée des postes de la situa-


tion active et passive?

La situation active et passive a-t-elle été signée par l’organe de gestion?

3.7. Le rapport du professionnel sera daté et signé du jour où les travaux de


contrôle ont été achevés.

➾ Rem.: Si le rapport n’a pas été daté, le respect des délais ne peut être contrôlé.

Un exemplaire signé du rapport a-t-il été transmis à l’Institut des Experts-compta-


bles et des Conseils fiscaux?

3.7.1. Si le rapport écrit de l’organe de gestion justifiant la dissolution de la société


n’a pas pu être obtenu par le professionnel avant qu’il n’établisse son propre rapport,
le professionnel ne peut pas délivrer son rapport.

240
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Si le commissaire n’a pas reçu le rapport approuvé par l’organe de gestion auquel est
jointe la situation active et passive, quinze jours avant la date prévue pour l’assem-
blée générale, il doit établir sans délai un rapport justifiant qu’il n’est pas en mesure
de formuler son opinion conformément à l’article 181 C. soc.

Conservez-vous un exemplaire signé du rapport écrit de l’organe de gestion dans


votre dossier de travail?

➾ Rem.: La loi du 7 mai 1999 contenant le Code des sociétés a remplacé l’article
178bis LCSC par l’article 181 C. soc., depuis le 6 février 2001.

S’il reçoit les documents requis ultérieurement, il établira un rapport sur l’opération
daté du jour où les travaux de contrôle ont été achevés.

L’influence de la réception tardive des documents sur les travaux de contrôle a-t-
elle été précisée dans le rapport?

Une réserve éventuelle a-t-elle été émise le cas échéant?

CHAPITRE 4. CONCLUSION

4.1. La conclusion du rapport doit contenir l’attestation, c’est-à-dire l’avis du


professionnel sur l’ensemble des éléments de l’état comptable dans le cadre
de l’opération projetée.

Précisez-vous dans la conclusion que le rapport a été établi dans le cadre de la


procédure de liquidation volontaire, tel que prévu dans le cadre de l’opération
projetée?

4.2. Une attestation sans réserve doit mentionner notamment selon quelles rè-
gles d’évaluation (valeurs liquidatives ou valeurs de continuité) l’état comp-
table est établi et s’il reflète complètement, fidèlement et correctement la
situation de la société.

4.2.1. Si l’état comptable est établi en utilisant les valeurs liquidatives, la déclara-
tion approbative sans réserve reproduira une mention de principe selon laquelle l’or-
gane de gestion s’est efforcé de bonne foi de prévoir la valeur de réalisation des
actifs, ainsi que les charges et provisions afférentes à la liquidation, mais les évalua-
tions restent assorties d’une importante marge d’incertitude.

Précisez-vous dans votre rapport selon quelles règles d’évaluation l’état compta-
ble a été établi?

Avez-vous procédé à un contrôle plénier?

241
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Avez-vous fait mention des motifs pour lesquels vous avez opté pour un contrôle
limité?

La conclusion est-elle conforme aux constatations formulées dans votre rapport?

➾ Rem.: L’actif net n’est pas égal au total du bilan puisque des provisions ont
été enregistrées.

➾ Rem.: Les suppositions et prévisions n’ont pas leur place dans le rapport. Le
contrôle vise à établir si la situation active et passive établie est complète, fidèle
et correcte.

4.2.2. Si l’état comptable est établi en utilisant des valeurs de continuité, la déclara-
tion approbative sans réserve mentionnera expressément que le professionnel juge
cette dérogation justifiée.

L’utilisation des valeurs de continuité a-t-elle été justifiée en termes suffisamment


clairs dans la conclusion?

4.3. Lorsque le professionnel estime devoir soit émettre des réserves, soit refu-
ser son attestation, soit émettre une déclaration d’abstention, ceci doit être
formulé avec précision et clarté dans la conclusion de son rapport. Les motifs
en seront brièvement résumés.

4.3.1. Lorsque le professionnel constate, à l’occasion de ses travaux de contrôle, une


infraction à la réglementation comptable en rapport avec l’établissement de l’état
comptable, ses réserves sur ce point seront reproduites dans la conclusion de son
rapport.

Le motif de la non-approbation est-il formulé dans des termes suffisamment clairs


et précis dans la conclusion?

4.4. Si l’état comptable de dissolution fait apparaître un passif net, le montant


doit en être mentionné expressément dans la conclusion du rapport.

Avez-vous prêté une attention suffisante à la situation aléatoire de la société con-


trôlée?

➾ Rem.: La responsabilité de l’organe de gestion pourrait en l’occurrence être


engagée.

➾ Rem.: Il est recommandé de renvoyer aux articles correspondants du Code


des sociétés et de la législation sur les faillites, et de reprendre ces articles dans
votre rapport.

➾ Rem.: Par souci de clarté, il est préférable de parler de «passif net» plutôt que
d’ «actif net négatif».

242
LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION DE SOCIETES

Annexe

Exemple de conclusion d’un rapport sans réserve liée aux perspectives de réali-
sation

Dans le cadre des procédures de dissolution prévues par le droit des sociétés, l’orga-
ne de gestion de la société ..... a établi un état comptable arrêté au .... qui, tenant
compte des perspectives d’une liquidation de la société, fait apparaître un total de
bilan de EUR... et un actif net de.... EUR. Il ressort de nos travaux de contrôle effec-
tués conformément aux normes professionnelles applicables que cet état traduit com-
plètement, fidèlement et correctement la situation de la société, pour autant que les
prévisions de l’organe de gestion soient réalisées avec succès par le liquidateur.

Exemple de conclusion d’un rapport avec réserve liée aux perspectives de réali-
sation

Dans le cadre des procédures de dissolution prévues par le droit des sociétés, l’orga-
ne de gestion de la société ..... a établi un état comptable arrêté au .... qui, tenant
compte des perspectives d’une liquidation de la société, fait apparaître un total de
bilan de EUR... et un actif net de.... EUR. À l’issue de nos travaux de contrôle effec-
tués selon les normes professionnelles applicables, nous pouvons confirmer que cet
état comptable découle correctement de la comptabilité de la société. Par contre, vu
la nature des actifs et des passifs, les perspectives de réalisation s’avèrent excessive-
ment aléatoires en manière telle qu’il ne nous est pas possible de déterminer de ma-
nière raisonnable dans quelle mesure cet état traduit complètement et fidèlement la
situation de la société dans une perspective de liquidation.

Exemple de conclusion d’un rapport sur une dissolution avec passif net

Dans le cadre des procédures de dissolution prévues par le droit des sociétés, l’orga-
ne de gestion de la société ..... a établi un état comptable arrêté au .... qui, tenant
compte des perspectives d’une liquidation de la société, fait apparaître un total de
bilan de EUR... et un passif net de.... EUR. Il ressort de nos travaux de contrôle
effectués conformément aux normes professionnelles applicables que cet état traduit
complètement, fidèlement et correctement la situation de la société, pour autant que
les prévisions de l’organe de gestion soient réalisées par le liquidateur.

243
CHAPITRE 4.

LA TRANSFORMATION DE SOCIETES
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

4.1. DISPOSITIONS LEGALES PERTINENTES

A. Transformation de sociétés – généralités

Article 774 C. soc. – champ d’application


Le présent livre s’applique à toutes les personnes morales régies par le présent code,
à l’exception des sociétés agricoles et des groupements d’intérêt économique et sans
préjudice des dispositions spécifiques applicables à la SE ou à la SCE.
Les dispositions du présent livre sont également applicables à la transformation de
personnes morales autres que des sociétés dans l’une des formes de sociétés commer-
ciales énumérées à l’article 2, § 2, du présent code, dans la mesure où les lois particu-
lières relatives à ces personnes morales le prévoient et dans le respect des disposi-
tions spéciales de ces mêmes lois particulières.

Article 775 C. soc. – maintien de la personnalité juridique


L’adoption d’une autre forme juridique par une société constituée sous l’une des
formes énumérées à l’article 2, § 2, n’entraîne aucun changement dans la personnali-
té juridique de la société qui subsiste sous la nouvelle forme.

Article 776 C. soc. – état de la situation active et passive


Préalablement à la transformation, est établi un état résumant la situation active et
passive de la société, arrêté à une date ne remontant pas à plus de trois mois.

Lorsque dans des sociétés autres que les sociétés en nom collectif et les sociétés
coopératives à responsabilité illimitée, l’actif net est inférieur au capital social repris
dans l’état précité, l’état mentionnera en conclusion le montant de la différence.

Dans les sociétés en nom collectif et les sociétés coopératives à responsabilité illimi-
tée, cet état indique quel sera le capital social de la société après sa transformation.
Ce capital ne pourra être supérieur à l’actif net tel qu’il résulte de l’état précité.

Article 777 C. soc. – mission de l’expert-comptable


Le commissaire ou, lorsqu’il n’y a pas de commissaire, un réviseur d’entreprises ou
un expert-comptable externe désigné par l’organe de gestion ou, dans les sociétés en
nom collectif et les sociétés coopératives, par l’assemblée générale, fait rapport sur
cet état et indique notamment s’il y a eu la moindre surestimation de l’actif net.

Si, au cas visé dans l’article 776, alinéa 2, l’actif net est inférieur au capital repris
dans l’état résumant la situation active et passive de la société, le rapport mentionne-
ra en conclusion le montant de la différence.

Article 778 C. soc. – rapport de l’organe de gestion


La proposition de transformation fait l’objet d’un rapport justificatif établi par l’or-
gane de gestion et annoncé dans l’ordre du jour de l’assemblée appelée à statuer. A ce
rapport est joint l’état résumant la situation active et passive de la société.

247
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Article 779 C. soc. – communication aux actionnaires

Une copie du rapport de l’organe de gestion et du rapport du commissaire, du révi-


seur d’entreprises ou de l’expert-comptable externe ainsi que le projet de modifica-
tions aux statuts sont annexés à la convocation des associés en nom.

Ils sont également transmis sans délai aux personnes qui ont accompli les formalités
requises par les statuts pour être admises à l’assemblée.

Tout associé a le droit d’obtenir gratuitement, sur la production de son titre, quinze
jours avant l’assemblée, un exemplaire de ces documents.

Article 780 C. soc. – sanction pour absence de rapport

La décision d’une assemblée générale de transformer la société est frappée de nullité


lorsqu’elle a été prise en l’absence des rapports prévus par ce chapitre.

Article 781 C. soc. – décision de transformation

§ 1er. Sans préjudice des dispositions particulières énoncées dans le présent article et
sous réserve de dispositions statutaires plus rigoureuses, l’assemblée générale ne peut
décider de la transformation de la société que dans le respect des règles de présence
et de majorité suivantes:

1° ceux qui assistent à la réunion doivent représenter, d’une part, la moitié du capital
social et, d’autre part, s’il en existe, la moitié du nombre total des parts bénéficiaires;

2° a) une proposition de transformation n’est acceptée que si elle réunit les quatre
cinquièmes au moins des voix;

b) nonobstant toute disposition contraire des statuts, les parts bénéficiaires donneront
droit à une voix par titre. Elles ne pourront se voir attribuer dans l’ensemble un nom-
bre de voix supérieur à la moitié de celui attribué à l’ensemble des actions, ni être
comptées dans le vote pour un nombre de voix supérieur aux deux tiers du nombre
des voix émises par les actions. Si les votes soumis à la limitation sont émis en sens
différents, la réduction s’opèrera proportionnellement; il n’est pas tenu compte des
fractions de voix;

c) dans les sociétés en commandite simple et dans les sociétés coopératives, le droit
de vote des associés est proportionnel à leur part dans l’avoir social et le quorum de
présence se calcule par rapport à cet avoir social.

§ 2. S’il existe plusieurs catégories d’actions ou de parts et si la transformation en-


traîne une modification de leurs droits respectifs, les dispositions de l’article 560, à
l’exception de l’alinéa 2 et du 1° de l’alinéa 4, sont applicables. L’assemblée générale
ne pourra toutefois valablement délibérer et statuer que si elle réunit dans chaque
catégorie les conditions de présence et de majorité fixées par le § 1er.

248
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

§ 3. En cas de transformation en société anonyme d’une société en commandite par


actions ou d’une société coopérative, il doit être convoqué une nouvelle assemblée
générale, si le quorum de présence visé au § 1er, 1°, n’est pas atteint.

Pour que la nouvelle assemblée délibère et statue valablement, il suffira qu’une por-
tion quelconque du capital y soit représentée.

§ 4. La transformation d’une société en commandite simple ou d’une société en com-


mandite par actions requiert en outre l’accord de tous les associés commandités.

Pour la transformation en société en commandite par actions, l’accord de tous les


associés désignés en qualité de commandités est requis.

§ 5. L’accord de tous les associés est également requis:

1° pour la décision de transformation en société en nom collectif ou en société en


commandite simple;

2° pour la décision de transformation en société coopérative à responsabilité illimitée


d’une société en commandite simple, d’une société en commandite par actions, d’une
société privée à responsabilité limitée ou d’une société anonyme;

3° pour la décision de transformation d’une société en nom collectif ou d’une société


coopérative à responsabilité illimitée;

4° si la société n’existe pas depuis deux ans au moins;

5° si les statuts prévoient qu’elle ne pourra adopter une autre forme. Une telle clause
des statuts ne peut être modifiée que dans les mêmes conditions.

§ 6. Dans les sociétés coopératives, chaque associé a la faculté, nonobstant toute


disposition contraire des statuts, de démissionner à tout moment au cours de l’exerci-
ce social et sans avoir à satisfaire à aucune autre condition, dès la convocation de
l’assemblée générale appelée à décider la transformation de la société.

La démission doit être notifiée à la société par lettre recommandée à la poste déposée
cinq jours au moins avant la date de l’assemblée. Elle n’aura d’effet que si la propo-
sition de transformation est adoptée.

Les convocations à l’assemblée reproduisent le texte du présent paragraphe, alinéas


1 et 2.

Article 782 C. soc. – modification des statuts

Immédiatement après la décision de transformation, les statuts de la société sous sa


forme nouvelle, y compris les clauses qui modifieraient son objet social, sont arrêtés
aux mêmes conditions de présence et de majorité que celles requises pour la transfor-
mation.

249
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

A défaut, la décision de transformation reste sans effet.

Article 783 C. soc. – forme et obligation de publication

Toute transformation est, à peine de nullité, constatée par un acte authentique.

Cet acte reproduit la conclusion du rapport établi par le commissaire, le réviseur ou


l’expert-comptable externe.

L’acte de transformation et les statuts sont publiés simultanément conformément à


l’article 74. L’acte de transformation est publié en entier; les statuts le sont par extrait
conformément aux articles 69, 71 et 72.

Les mandats authentiques ou privés sont, ainsi que le rapport du commissaire, du


réviseur ou de l’expert-comptable externe, déposés en expédition ou en original en
même temps que l’acte auquel ils se rapportent.

La transformation est opposable aux tiers aux conditions prévues à l’article 76.

Article 784 C. soc. – exclusions

Les articles 213, alinéa 1er, 219, 224, 225, 226, 3°, et 6° à 9°, 229, 231, 314 et 315 ne
sont pas applicables en cas de transformation en société privée à responsabilité limi-
tée.

Les articles 395, 399, 401, 405, 424 et 665, § 2 ne sont pas applicables en cas de
transformation en société coopérative à responsabilité limitée.

Les articles 444, 449, 453, 6° et 9° à 12°, 450, alinéa 2, 451, 452, 456, 459, 610 et 611
ne sont pas applicables en cas de transformation en société anonyme.

Les articles 444, 449, 453, 6° et 9° à 12°, 451, 452 et 658, en tant qu’il règle la
responsabilité des fondateurs, ne sont pas applicables en cas de transformation en
société en commandite par actions.

Article 785 C. soc. – responsabilités à l’occasion de la transformation

Les associés d’une société en nom collectif et les membres de l’organe de gestion de
la société à transformer sont tenus solidairement envers les intéressés, malgré toute
stipulation contraire:

1° de la différence éventuelle entre l’actif net de la société après transformation et le


capital social minimal prescrit par le présent Code;

2° de la surévaluation de l’actif net apparaissant à l’état prévu à l’article 776;

3° de la réparation du préjudice qui est une suite immédiate et directe soit de la nullité
de l’opération de transformation en raison de la violation des règles prévues à l’arti-

250
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

cle 227, 2° à 4°, 403, 2° à 4°, 454, 2° à 4°, appliquées par analogie, ou à l’article 783,
alinéa 1er, soit de l’absence ou de la fausseté des énonciations prescrites par les arti-
cles 226, à l’exception du 3° et des points 6° à 9°, 453, à l’exception du 6° et des
points 9° à 12° et 783, alinéa 2.

Article 786 C. soc. – responsabilités à l’occasion de la transformation


En cas de transformation d’une société en nom collectif, d’une société en commandi-
te simple ou d’une société en commandite par actions, les associés en nom collectif et
les associés commandités restent tenus solidairement et indéfiniment à l’égard des
tiers, des engagements de la société antérieurs à l’opposabilité aux tiers de l’acte de
transformation conformément à l’article 76.

En cas de transformation en société en nom collectif, en commandite simple ou par


actions, les associés en nom collectif ou les associés commandités répondent indéfini-
ment à l’égard des tiers, des engagements de la société antérieurs à la transformation.

En cas de transformation en société coopérative à responsabilité limitée, d’une socié-


té anonyme, d’une société en commandite par actions ou d’une société privée à res-
ponsabilité limitée, la part fixe du capital prévue à l’article 390, alinéa 1er, est égale
au montant du capital de la société avant sa transformation.

En cas de transformation d’une société coopérative à responsabilité illimitée en une


société où la responsabilité de tous ou de certains associés est limitée, les coopéra-
teurs restent tenus envers les tiers dans les limites originaires des engagements de la
société antérieurs à l’opposabilité aux tiers de l’acte de transformation conformé-
ment à l’article 76.

Article 787 C. soc. – dispositions propres à la SNC


Lorsque les statuts d’une société en nom collectif prévoient qu’en cas de décès d’un
associé, la société continuera avec ses ayants cause ou certains d’entre eux, lesquels
auront la qualité de commanditaires, les articles 776 à 785 et 786, alinéas 3 et 4, ne
sont pas d’application à la transformation résultant de cette disposition statutaire.

La transformation est constatée, soit par un acte authentique, soit par un acte sous
seing privé, qui est publié par extrait de la manière prévue aux articles 69 et 74.

Article 788 C. soc. – dispositions pénales


Sont punis d’une amende de cinquante euros à dix mille euros:

1° les membres de l’organe de gestion qui n’ont pas rédigé un état résumant la situa-
tion active et passive de la société et qui n’ont pas désigné un commissaire, un révi-
seur ou un expert-comptable externe, comme il est prévu à l’article 777;

2° les membres de l’organe de gestion qui n’ont pas repris les conclusions du rapport
du commissaire, du réviseur ou de l’expert-comptable externe, dans l’acte constatant
la transformation comme il est prévu à l’article 783, alinéa 2;

251
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3° les membres de l’organe de gestion qui n’ont pas présenté le rapport spécial ac-
compagné du rapport du commissaire, du réviseur ou de l’expert-comptable externe,
comme il est prévu aux articles 778 et 779.

B. Transformation d’une SCRL en SCRI

Article 435 C. soc.

Nonobstant toute stipulation contraire, la modification des statuts qui vise à transfor-
mer une société coopérative à responsabilité limitée en une société coopérative à
responsabilité illimitée requiert l’accord unanime des associés.

Une telle modification doit être constatée par acte authentique. Par dérogation à l’ar-
ticle 66, alinéa 3, la forme authentique n’est pas obligatoire pour les modifications
statutaires ultérieures de la société coopérative à responsabilité illimitée.

C. Transformation d’une SCRI en SCRL

Article 436 C. soc.

§ 1er. Nonobstant toute stipulation contraire, la modification des statuts qui vise à
transformer une société coopérative à responsabilité illimitée en une société coopéra-
tive à responsabilité limitée est décidée par l’assemblée générale, dans les conditions
requises pour la modification des statuts.

Par dérogation à l’article 66, alinéa 3, une telle modification doit être constatée par
un acte authentique à peine de nullité. La forme authentique doit également, à peine
de nullité, être donnée à toute modification ultérieure des statuts.

§ 2. La modification est décidée après l’établissement d’un état résumant la situation


active et passive de la société, arrêté à une date ne remontant pas à plus de trois mois
et indiquant quel est le montant de l’actif net. Un réviseur d’entreprises ou un expert-
comptable externe désigné par les associés fait rapport sur cet état et indique notam-
ment si l’actif net y a été surévalué.

§ 3. L’acte constatant l’établissement d’une société coopérative à responsabilité limi-


tée précise le montant de la part fixe du capital social, déterminé conformément à
l’article 390.

§ 4. La responsabilité limitée ne vaut que pour les engagements de la société posté-


rieurs au moment où cette modification est opposable aux tiers conformément à l’ar-
ticle 76.

§ 5. Les administrateurs sont tenus solidairement envers les intéressés:

252
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

1° de la différence éventuelle entre l’actif net tel qu’il résulte de l’état et le montant
du capital fixe visé au § 3;

2° de la réparation du préjudice qui est une suite immédiate et directe de la surévalua-


tion manifeste de l’actif net apparaissant à l’état précité;

3° de la réparation du préjudice qui est une suite immédiate et directe de la nullité


résultant d’une violation du § 1er, alinéa 2.

D. Transformation d’une SE en SA

Article 66 Règlement (CE) n° 2157/2001 du Conseil du 8 octobre 2001 relatif au


statut de la société européenne (SE)

1. La SE peut se transformer en société anonyme relevant du droit de l’Etat membre


de son siège statutaire. La décision concernant la transformation ne peut être prise
avant deux ans à partir de son immatriculation et avant que les deux premiers comp-
tes annuels n’aient été approuvés.

2. La transformation d’une SE en société anonyme ne donne lieu ni à dissolution, ni


à création d’une personne morale nouvelle.

3. L’organe de direction ou d’administration de la SE établit un projet de transforma-


tion et un rapport expliquant et justifiant les aspects juridiques et économiques de la
transformation et indiquant les conséquences pour les actionnaires et pour les tra-
vailleurs de l’adoption de la forme de société anonyme.

4. Le projet de transformation fait l’objet d’une publicité effectuée selon les modali-
tés prévues par la loi de chaque Etat membre, conformément à l’article 3 de la direc-
tive 68/151/CEE, un mois au moins avant la date de la réunion de l’assemblée géné-
rale appelée à se prononcer sur la transformation.

5. Avant l’assemblée générale visée au paragraphe 6, un ou plusieurs experts indé-


pendants désignés ou agréés, selon les dispositions nationales adoptées en applica-
tion de l’article 10 de la directive 78/855/CEE, par une autorité judiciaire ou adminis-
trative de l’Etat membre dont relève la SE qui se transforme en société anonyme,
attestent que la société dispose d’actifs au moins équivalents au capital.

6. L’assemblée générale de la SE approuve le projet de transformation ainsi que les


statuts de la société anonyme. La décision de l’assemblée générale doit être prise
dans les conditions prévues par les dispositions nationales adoptées en application de
l’article 7 de la directive 78/855/CEE.

Article 943 C. soc.

Le projet de transformation est établi par le conseil d’administration ou par le conseil


de direction. Ce projet est déposé conformément à l’article 75.

253
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Article 944 C. soc.

Le ou les experts indépendants, visés à l’article 66, 5, du règlement (CE) n° 2157/


2001 sont soit le commissaire, soit, lorsqu’il n’y a pas de commissaire, un réviseur
d’entreprises ou un expert-comptable externe désigné par le conseil d’administration
ou le conseil de direction.

Article 945 C. soc.

L’assemblée générale décide de la transformation conformément à l’article 699.

E. Transformation d’une SA en SE

Article 37 Règlement (CE) n° 2157/2001 du Conseil du 8 octobre 2001 relatif au


statut de la société européenne (SE)

1. Une SE peut être constituée conformément à l’article 2, paragraphe 4.

2. Sans préjudice de l’article 12, la transformation d’une société anonyme en SE ne


donne lieu ni à dissolution ni à création d’une personne morale nouvelle.

3. Le siège statutaire ne peut pas être transféré d’un Etat membre à un autre confor-
mément à l’article 8 à l’occasion de la transformation.

4. L’organe de direction ou d’administration de la société considérée établit un projet


de transformation et un rapport expliquant et justifiant les aspects juridiques et éco-
nomiques de la transformation et indiquant les conséquences pour les actionnaires et
pour les travailleurs de l’adoption de la forme de la SE.

5. Le projet de transformation fait l’objet d’une publicité effectuée selon les modali-
tés prévues par la loi de chaque Etat membre, conformément à l’article 3 de la direc-
tive 68/151/CEE, un mois au moins avant la date de la réunion de l’assemblée géné-
rale appelée à se prononcer sur la transformation.

6. Avant l’assemblée générale visée au paragraphe 7, un ou plusieurs experts indé-


pendants désignés ou agréés, selon les dispositions nationales adoptées en applica-
tion de l’article 10 de la directive 78/855/CEE, par une autorité judiciaire ou adminis-
trative de l’Etat membre dont relève la société qui se transforme en SE, attestent,
conformément à la directive 77/91/CE(8), mutatis mutandis, que la société dispose
d’actifs nets au moins équivalents au capital augmenté des réserves que la loi ou les
statuts ne permettent pas de distribuer.

7. L’assemblée générale de la société considérée approuve le projet de transforma-


tion ainsi que les statuts de la SE. La décision de l’assemblée générale doit être prise
dans les conditions prévues par les dispositions nationales adoptées en application de
l’article 7 de la directive 78/855/CEE.

254
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

8. Les Etats membres peuvent subordonner une transformation au vote favorable


d’une majorité qualifiée ou de l’unanimité des membres au sein de l’organe de la
société à transformer dans lequel la participation des travailleurs est organisée.

9. Les droits et obligations de la société à transformer en matière de conditions d’em-


ploi résultant de la législation, de la pratique et de contrats de travail individuels ou
des relations de travail au niveau national et existant à la date de l’immatriculation
sont transférés à la SE du fait même de cette immatriculation.

Article 890 C. soc.

Le projet de transformation d’une société anonyme en SE est établi par le conseil


d’administration.

Article 891 C. soc.

Le projet de transformation est déposé conformément à l’article 75.

Article 892 C. soc.

Le ou les experts indépendants, visés à l’article 37, 6, du règlement (CE) n° 2157/


2001 sont soit le commissaire, soit, lorsqu’il n’y a pas de commissaire, un réviseur
d’entreprises ou un expert-comptable externe désigné par le conseil d’administra-
tion.

Article 893 C. soc.

L’assemblée générale approuve le projet de transformation ainsi que les statuts de la


SE dans les conditions prévues par l’article 699.

F. Transformation d’une SCE en SC

Article 76 Règlement (CE) n° 1435/2003 du Conseil du 22 juillet 2003 relatif au


statut de la société coopérative européenne (SEC)

1. La SEC peut se transformer en coopérative relevant du droit de l’Etat membre de


son siège statutaire. La décision concernant la transformation ne peut être prise avant
deux ans à partir de son immatriculation et avant que les deux premiers comptes
annuels n’aient été approuvés.

2. La transformation d’une SEC en coopérative ne donne lieu ni à dissolution, ni à


création d’une personne morale nouvelle.

3. L’organe de direction ou d’administration de la SEC établit un projet de transfor-


mation et un rapport expliquant et justifiant les aspects juridiques et économiques de
la transformation, ainsi que ses conséquences en matière d’emploi, et indiquant les

255
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

conséquences de l’adoption de la forme de coopérative pour les membres et les titu-


laires des titres de l’article 14 ainsi que pour les travailleurs.

4. Le projet de transformation fait l’objet d’une publicité effectuée selon le mode


prévu par la législation de chaque Etat membre, un mois au moins avant la date de la
réunion de l’assemblée générale appelée à se prononcer sur la transformation.

5. Avant l’assemblée générale visée au paragraphe 6, un ou plusieurs experts indé-


pendants désignés ou agréés, selon les dispositions nationales, par une autorité judi-
ciaire ou administrative de l’Etat membre dont relève la SEC qui se transforme en
coopérative, attestent que cette dernière dispose d’actifs correspondant au moins au
capital.

6. L’assemblée générale de la SEC approuve le projet de transformation ainsi que les


statuts de la coopérative. La décision de l’assemblée générale est prise dans les con-
ditions prévues par les dispositions nationales.

Article 1006 C. soc.

Le projet de transformation est établi par le conseil d’administration ou par le conseil


de direction. Ce projet est déposé conformément à l’article 75.

Article 1007 C. soc.

Le ou les experts indépendants, visés à l’article 76, § 5, du Règlement (CE)


n° 1435/2003 sont soit le commissaire, soit, lorsqu’il n’y a pas de commissaire, un
réviseur d’entreprises ou un expert-comptable externe désigné par le conseil d’admi-
nistration ou le conseil de direction.

Article 1008 C. soc.

L’assemblée générale décide de la transformation conformément à l’article 781.

G. Transformation d’une SC en SCE

Article 35 Règlement (CE) n° 1435/2003 du Conseil du 22 juillet 2003 relatif au


statut de la société coopérative européenne (SEC)

1. Sans préjudice de l’article 11, la transformation d’une coopérative en SEC ne don-


ne lieu ni à dissolution de la coopérative, ni à création d’une personne morale nouvel-
le.

2. Le siège statutaire ne peut pas être transféré d’un Etat membre à un autre confor-
mément à l’article 7 à l’occasion de la transformation.

3. L’organe de direction ou d’administration de la coopérative considérée établit un


projet de transformation et un rapport expliquant et justifiant les aspects juridiques et

256
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

économiques de la transformation, ainsi que les conséquences sur l’emploi, et indi-


quant les conséquences pour les membres et pour les travailleurs de l’adoption de la
forme de la SEC.

4. Le projet de transformation fait l’objet d’une publicité effectuée selon les modali-
tés prévues par la loi de chaque Etat membre, un mois au moins avant la date de la
réunion de l’assemblée générale appelée à se prononcer sur la transformation.

5. Avant l’assemblée générale visée au paragraphe 6, un ou plusieurs experts indé-


pendants désignés ou agréés, conformément aux dispositions nationales, par une
autorité judiciaire ou administrative de l’Etat membre dont relève la coopérative qui
se transforme en SEC, attestent, mutatis mutandis, que les dispositions de l’article
22, paragraphe 1, point b), sont respectées.

6. L’assemblée générale de la coopérative considérée approuve le projet de transfor-


mation ainsi que les statuts de la SEC.

7. Les Etats membres peuvent subordonner une transformation au vote favorable


d’une majorité qualifiée ou de l’unanimité au sein de l’organe de contrôle de la coo-
pérative à transformer dans lequel la participation des travailleurs est organisée.

8. Les droits et obligations de la coopérative à transformer en matière de conditions


d’emploi, aussi bien individuelles que collectives, résultant de la législation, de la
pratique et de contrats de travail individuels ou des relations de travail au niveau
national et existant à la date de l’immatriculation sont transférés à la SEC du fait
même de cette immatriculation.

Article 960 C. soc.

Le projet de transformation d’une société coopérative en SCE est établi par le conseil
d’administration ou l’administrateur unique.

Article 961 C. soc.

Le projet de transformation est déposé conformément à l’article 75.

Article 962 C. soc.

Le ou les experts indépendant(s), visés à l’article 35, 5, du règlement (CE) n° 1435/


2003 sont soit le commissaire, soit, lorsqu’il n’y a pas de commissaire, un réviseur
d’entreprises ou un expert-comptable externe désigné par le conseil d’administration
ou l’administrateur unique.

H. Transformation d’une ASBL en société à finalité sociale

Article 4 Loi historique sur les associations sans but lucratif, les associations
internationales sans but lucratif et les fondations

257
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Une délibération de l’assemblée générale est requise pour:


...
8° la transformation de l’association en société à finalité sociale;
...

Article 26bis Loi historique sur les associations sans but lucratif, les associations
internationales sans but lucratif et les fondations
L’association peut se transformer en une des formes de sociétés énumérées à l’article
2 des lois sur les sociétés commerciales, coordonnées le 30 novembre 1935, pour
autant qu’il s’agisse d’une société à finalité sociale conformément à l’article 164bis
des mêmes lois.
Cette transformation n’entraîne aucun changement dans la personnalité juridique de
l’association qui subsiste sous sa nouvelle forme.

Article 26ter Loi historique sur les associations sans but lucratif, les associations
internationales sans but lucratif et les fondations
La proposition de transformation fait l’objet d’un rapport justificatif établi par le
conseil d’administration et annoncé dans l’ordre du jour de l’assemblée appelée à
statuer.
A ce rapport est joint un état résumant la situation active et passive de l’association,
arrêté à une date ne remontant pas à plus de trois mois. Un réviseur d’entreprises ou
un expert-comptable inscrit au tableau des experts-comptables externes de l’Institut
des Experts-Comptables désigné par le conseil d’administration, fait rapport sur cet
état et indique notamment s’il traduit d’une manière complète, fidèle et correcte la
situation de l’association.
Une copie de ces rapports ainsi que le projet de modifications aux statuts sont an-
nexés à la convocation à l’assemblée.

Article 26quater Loi historique sur les associations sans but lucratif, les associa-
tions internationales sans but lucratif et les fondations
§ 1er. La décision de transformation est soumise aux conditions de l’article 8, alinéas
2 et 3.
§ 2. Immédiatement après la décision de transformation, les statuts de la société sont
arrêtés aux mêmes conditions. A défaut, la décision de transformation reste sans ef-
fet.
§ 3. Les convocations à l’assemblée reproduisent le texte des §§ 1er et 2 du présent
article.

Article 26quinquies Loi historique sur les associations sans but lucratif, les asso-
ciations internationales sans but lucratif et les fondations
Les dispositions prévues aux articles 170 et 171 des lois sur les sociétés commercia-
les, coordonnées le 30 novembre 1935, sont applicables.

258
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Article 26sexies Loi historique sur les associations sans but lucratif, les associa-
tions internationales sans but lucratif et les fondations

§ 1er. L’actif net de l’association tel qu’il résulte de l’état visé à l’article 26ter doit
entrer dans la composition du capital social de la société ou être versé à un compte de
réserve indisponible.
§ 2. Le montant de cet actif net ne peut faire l’objet d’aucun remboursement ou
distribution aux associés, conformément à ce que prévoit l’article 164quater des lois
sur les sociétés commerciales, coordonnées le 30 novembre 1935.

Article 26septies Loi historique sur les associations sans but lucratif, les associa-
tions internationales sans but lucratif et les fondations

Les administrateurs de l’association qui se transforme sont tenus solidairement en-


vers les intéressés, nonobstant toute stipulation contraire:

1° de la différence éventuelle entre le montant de l’actif net de la société au moment


de la transformation et le montant minimal du capital social ou de la part fixe de
celui-ci tel que prescrit par les lois sur les sociétés commerciales, coordonnées le 30
novembre 1935;

2° de la réparation du préjudice qui est une suite immédiate et directe de la surévalua-


tion manifeste de l’actif net apparaissant dans l’état prévu à l’article 26ter;

3° de la réparation du préjudice qui est une suite immédiate et directe, soit de la


nullité de l’opération de transformation en raison de la violation des règles prévues à
l’article 13ter, alinéa 1er, 2° à 4°, 144, alinéa 2, 1° à 3°, appliquées par analogie, ou
170, alinéa 1er, des lois sur les sociétés commerciales coordonnées le 30 novembre
1935 soit de l’absence ou de la fausseté des énonciations prescrites par les articles 30,
alinéa 1er, à l’exception des 11° et 15° à 18°, 121, alinéa 1er, à l’exception des 8° et
12° et 170, alinéa 2, des mêmes lois coordonnées.

Article 668 C. soc.

§ 1er. Lorsqu’une association sans but lucratif s’est transformée en société à finalité
sociale conformément aux articles 26bis à 26septies de la loi du 27 juin 1921, le
montant d’actif net visé à l’article 26sexies, § 1er, de cette loi doit être identifié dans
les comptes annuels de la société.

§ 2. Ce montant ne peut faire l’objet, sous quelque forme que ce soit, d’un rembour-
sement aux associés ou d’une distribution.

Après le règlement de tous les créanciers sociaux en cas de cessation, le liquidateur


ou, le cas échéant, le curateur donne à ce montant une affectation qui se rapproche
autant que possible du but assigné à la société conformément à l’article 661, 2°.

Ce montant est soumis au régime prévu à l’article 663, si, par suite d’une modifica-
tion statutaire, la société n’est plus une société à finalité sociale.

259
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Article 669 C. soc.


A la requête soit d’un associé, soit d’un tiers intéressé, soit du ministère public, le
tribunal condamne solidairement soit les administrateurs ou gérants, soit le ou les
liquidateurs, soit le ou les curateurs au paiement des sommes qui auraient été rem-
boursées ou distribuées en contrariété avec l’article 668, § 2, alinéa 1er. Ces sommes
sont soit versées à un compte de réserve indisponible, soit affectées par le tribunal
conformément à l’article 668, § 2, alinéa 2.
Les personnes visées à l’alinéa 1er peuvent aussi agir contre les bénéficiaires si elles
prouvent que ceux-ci connaissaient l’irrégularité des remboursements ou distributions
effectués en leur faveur ou ne pouvaient l’ignorer compte tenu des circonstances.

I. Transformation d’une fondation privée en fondation d’intérêt public


Article 44 Loi historique sur les associations sans but lucratif, les associations
internationales sans but lucratif et les fondations
§ 1er. Par acte authentique et moyennant l’approbation du Roi, toute fondation privée
peut, en se conformant aux dispositions du présent titre, se convertir en fondation
d’utilité publique. Cette conversion n’entraîne aucun changement dans la personnali-
té juridique de la fondation.
§ 2. A l’acte sont joints:
1° un rapport justificatif établi par le conseil d’administration;
2° un état résumant la situation active et passive de la fondation, arrêté à une date ne
remontant pas à plus de trois mois;
3° un rapport sur cet état indiquant notamment s’il traduit d’une manière complète,
fidèle et correcte la situation de la fondation, établi par un réviseur d’entreprises, ou
un expert-comptable inscrit au tableau des Experts-Comptables externes de l’Insti-
tut des experts-comptables, désigné par le conseil d’administration.
L’acte est déposé au dossier visé à l’article 31, et publié conformément au § 4 de cette
disposition.

4.2. ASPECTS JURIDIQUES


4.2.1. Questions particulières
Par Johan DE COSTER,
Expert-comptable, réviseur d’entreprises

1. Article 776 du Code des sociétés – Délai de trois mois

Dans le rapport de l’assemblée générale de l’IRE du 8 mars 1975, le Conseil de l’IRE


s’est prononcé sur la date sur laquelle il faut se baser pour calculer le délai de trois
mois prescrit par l’article 776 C. soc.

260
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

La Commission juridique de l’IRE a décidé à l’époque que la date à partir de laquelle


le délai devait être calculé était celle à laquelle l’assemblée générale extraordinaire
devait se prononcer sur la transformation. Cette interprétation figure également dans
les normes de contrôle relatives à cette mission légale de transformation.

L’assemblée générale visée par les normes est l’assemblée qui ne réunit éventuelle-
ment pas un quorum suffisant pour prendre la décision ou l’assemblée générale ex-
traordinaire qui prend effectivement la décision de la transformation.

En l’espèce, il faut préciser qu’un problème relatif au délai de trois mois est une
question délicate qui suscite des divergences d’opinions parmi les juristes. Le profes-
sionnel, à savoir le réviseur d’entreprises ou l’expert-comptable, a exécuté sa mis-
sion lorsqu’il a rendu son rapport de contrôle lors d’une assemblée générale qui peut
se tenir dans les trois mois à compter de la date de l’état résumant la situation active
et passive de la société. L’ajournement éventuel de l’assemblée générale extraordi-
naire (dans la mesure où elle est d’application dans le cadre légal) parce que les
conditions de présence n’ont pas été remplies ne relève pas de la compétence du
professionnel, à savoir le réviseur d’entreprises ou l’expert-comptable.

2. Affectation des bénéfices pendant l’exercice courant

Lors de la transformation d’une société coopérative ou d’une SPRL en une SA, on


constate parfois que le capital ne suffit pas pour constituer le capital minimal de
61 500,00 EUR. Pour y remédier , on convoquera parfois une assemblée générale
extraordinaire qui précédera la transformation et qui réservera et incorporera dans le
capital le résultat de l’exercice en cours, tel qu’il ressort de l’état intermédiaire requis
pour la transformation. Si la transformation intervient sur la base d’un état intermé-
diaire au 30 septembre, le résultat de 9 mois serait donc déjà affecté.

On a demandé à la Commission juridique de l’IRE de contrôler la légalité de cette


technique. La Commission juridique estime que, si les statuts le spécifient – ce qui
est généralement le cas – seule l’assemblée annuelle peut statuer sur l’affectation des
bénéfices (sans préjudice du versement de dividendes intérimaires dans la SA); aucun
résultat ne peut être affecté pendant un exercice courant.

Dans ce cas, est seul compétente à cet effet l’assemblée annuelle qui statue sur la
base de comptes annuels relatifs à un exercice clôturé et non sur la base d’un état
intermédiaire.

Si la société souhaite néanmoins incorporer le résultat de l’exercice courant dans le


capital avant la transformation, la Commission juridique estime qu’il faut d’abord
convoquer une assemblée générale extraordinaire qui modifie les statuts et abrège
l’exercice à cette occasion. Ensuite, des comptes annuels seront établis sur cet exer-
cice abrégé. Enfin, il faudrait convoquer une deuxième assemblée générale extraor-
dinaire qui réservera ces bénéfices sur la base de ces comptes annuels et incorporera
ensuite ces réserves dans le capital. Cette dernière procédure est indubitablement
complexe, mais conforme aux dispositions légales.

261
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3. Augmentation de capital et état de l’actif et du passif lors de la transformation

Souvent, le capital est majoré avant la transformation d’une SPRL en une SA, mais
après la constatation de l’état de l’actif et du passif, afin d’atteindre le capital mini-
mal d’une SA.

Comment le professionnel doit-il traiter une telle augmentation de capital dans son
rapport de contrôle? Le texte de loi stipule que le rapport du professionnel doit no-
tamment mentionner si les capitaux propres de la société sont inférieurs au capital
social incorporé dans l’état, auquel cas il mentionne la différence. Il est clair qu’une
augmentation de capital effectuée après la date de l’état ne peut être incorporée dans
cet état. Il s’agit dans ce cas d’anticiper un acte notarié à date fixe qui doit encore être
passé. Si l’on procède de cette manière, le professionnel doit indiquer que l’état ne
traduit pas fidèlement la situation de la société, étant donné que ce capital ne répond
pas à la réalité.

Le professionnel ne peut donc pas tenir compte d’une augmentation de capital qui
doit encore être exécutée ou qui a été exécutée après la date de l’état.
Toutefois, il pourrait éventuellement signaler l’augmentation de capital prévue dans
le rapport de contrôle sans que cela n’influence pour autant sa décision.
Enfin, il faut rappeler que le Code des sociétés tient l’organe de gestion (solidaire-
ment) responsable de la différence entre l’actif net après la transformation et le capi-
tal minimal légal.

4. Quorum de présence lors de la transformation de sociétés

Une attention particulière doit être accordée aux dispositions relatives au quorum de
présence et au quorum d’approbation, tels qu’ils figurent à l’article 781 du Code des
sociétés, qui stipule comme règle de base que les personnes présentes ne doivent pas
seulement représenter la moitié du capital social, mais aussi la moitié du nombre
total de parts bénéficiaires s’il existe de tels titres, et qu’une proposition de transfor-
mation n’est acceptée que si au moins quatre cinquièmes des voix marquent leur
accord sur la proposition de transformation.

Sur la base de l’article 781, § 3, du Code des sociétés, une deuxième assemblée
générale extraordinaire doit être convoquée si le quorum de présence visé n’est pas
atteint en cas de transformation d’une société en commandite par actions ou d’une
société coopérative en une société anonyme. Pour que la deuxième assemblée géné-
rale puisse valablement délibérer et statuer, il suffit qu’une portion quelconque du
capital y soit représentée.

Par ailleurs, il faut stipuler expressément que, dans des conditions normales, l’article
781, § 1er, C. soc. ne prévoit pas de deuxième assemblée générale parce qu’au moins
la moitié du capital doit être représentée lors de l’assemblée générale avec quatre
cinquièmes des voix. Une deuxième assemblée générale est prévue uniquement en

262
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

cas de transformation d’une société en commandite par actions ou d’une société coo-
pérative en une société anonyme tel que visé à l’article 781, § 3, C. soc.

Remarquons par ailleurs que dans une société coopérative, chaque associé peut dé-
missionner à tout moment en cours d’exercice à partir de la convocation de l’assem-
blée générale extraordinaire qui doit statuer sur la transformation de la société, sans
qu’il ne doive satisfaire à aucune autre condition et nonobstant toute disposition con-
traire dans les statuts.

Une attention spécifique est également accordée à la disposition de l’article 781, § 5,


C. soc., qui stipule que l’accord de tous les associés est requis, notamment:

1. Si la société n’existe pas depuis deux ans au moins;


2. Si les statuts prévoient qu’elle ne peut adopter aucune autre forme juridique parce
que de telles dispositions des statuts ne peuvent être modifiées que dans les mê-
mes conditions.

5. Augmentation du capital dans une SPRL par apport en nature, suivie par une
réduction de capital par l’exonération de la libération suivie par une transfor-
mation en une SA
Supposons une SPRL qui a été constituée avec un capital de 62 500,00 EUR (sous-
criptions en espèces). Le capital a été libéré à concurrence de 41 150,00 EUR (il reste
donc encore 21 350,00 EUR à libérer).
Les opérations envisagées sont:

• augmentation de capital par apport en nature d’un terrain estimé à 21 350,00 EUR;
• suivie d’une réduction de capital de 21 350,00 EUR par dispense de la libération du
capital qui n’a pas encore été entièrement libéré lors de la constitution de la société;
• suivie de la transformation de la société en une SA.

La question est notamment de savoir dans quelle mesure les mouvements de capital
doivent être pris en compte dans l’état comptable qui précède la transformation. Une
autre question porte sur la procédure de réduction de capital.

En ce qui concerne l’état comptable, il est établi que le capital à indiquer doit être le
capital qui figure également dans les statuts à la date en vigueur pour la clôture de
l’état comptable qui est requis pour la transformation de la société. S’il est requis que
les divers mouvements de capital interviennent à la même date que la transformation
de la forme juridique pour parvenir au capital minimal légal, ces opérations n’ont
aucune influence sur l’état comptable, puisque que les mouvements de capital ne
sont pas intervenus avant la date de l’état de l’actif et du passif. Il appartient toutefois
à un organe de gestion d’indiquer dans le rapport spécial qu’il doit établir et, le cas
échéant, au professionnel dans son propre rapport de contrôle que les différentes
opérations sont envisagées et doivent être réalisées à la date de la transformation
pour parvenir à un capital souscrit entièrement libéré conformément aux exigences
du Code des sociétés.

263
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Une deuxième question est celle de savoir dans quelle mesure les opérations succes-
sives d’augmentation de capital et de réduction de ce capital peuvent entraîner une
difficulté pour la modification de la forme juridique. La dispense de libération est
assimilée à une réduction de capital avec distribution aux associés et, par conséquent,
les articles 317 et 318, 613 et 614 C. soc. qui offrent aux créanciers la possibilité
d’exiger une sûreté dans un délai de deux mois suivant la publication de la réduction
de capital aux annexes du Moniteur belge sont d’application. Sur le plan comptable,
la réduction de capital ne peut être définitivement actée avant que le délai de deux
mois stipulé dans l’article n’ait expiré ou avant que tous les créanciers n’aient obtenu
satisfaction.
Cependant, cette situation ne doit pas entraver le règlement de la transformation par-
ce que le capital social doit s’élever au moins au minimum légal, même après la
réduction de capital.

4.2.2. Rapport de contrôle à l’occasion de la transformation d’une société

Par Claude JANSSENS,


Expert-comptable, membre de la commission d’accompagnement et de
surveillance

RAPPORT DE CONTROLE DE LA SITUATION D’UNE SOCIETE


A FORME COMMERCIALE A L’OCCASION DE LA
TRANSFORMATION EN UNE AUTRE FORME JURIDIQUE

1. Généralités

Le présent texte a pour objet de présenter nos réflexions de professionnels à d’autres


professionnels sur la manière d’établir le rapport de contrôle de la situation d’une
société à forme commerciale à l’occasion de la transformation en une autre forme
juridique.

1.1. Définitions

Nous utilisons les définitions reprises dans les «Normes relatives au rapport à rédiger
à l’occasion de la transformation d’une société», qui sont entrées en application le
même jour que le Code des sociétés.

1.1.1. La réglementation comptable

En ce qui concerne la réglementation comptable, les normes font référence à la loi du


17 juillet 1975 relative à la comptabilité des entreprises (loi comptable), à ses arrêtés
d’exécution du 12 septembre 1983 ainsi qu’à la section 1re «Comptes annuels», cha-
pitre 1er «Comptes annuels, rapport de gestion et formalité de publicité», titre VI
«Comptes annuels et comptes consolidés» du Code des sociétés.

264
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Le professionnel tiendra compte également des éléments des doctrines comptables,


et principalement des techniques de comptabilisation qui relèvent de la tradition comp-
table et du savoir-faire des professionnels qui, sans être contraires aux dispositions
précédentes, sont omises ou non explicitées.

1.1.2. L’arrêté relatif aux comptes annuels

L’article 92 C. soc. et l’arrêté royal du 30.01.2001 portant exécution du Code des


sociétés.

1.1.3. Le professionnel

Pour l’application des normes, il faut comprendre par professionnel le réviseur d’en-
treprises inscrit au tableau des réviseurs de l’Institut des Réviseurs d’entreprises ou
l’expert-comptable inscrit au tableau des experts-comptables externes de l’Institut
des Experts-comptables et des Conseils fiscaux.

1.2. Le Code des sociétés

Les missions relatives au rapport à rédiger à l’occasion de la transformation d’une


société ne relèveront plus des articles 164 à 169 des lois coordonnées sur les sociétés
commerciales mais bien des dispositions prévues au livre XII «La transformation des
sociétés» du Code des sociétés, et plus particulièrement ses articles 776 et 777, ainsi
que les dispositions particulières de l’article 436, § 2, du livre VII «La société coopé-
rative», titre III «Du changement de la responsabilité des associés d’une société coo-
pérative».

LIVRE XII – La transformation des sociétés

L’article 775 C. soc. confirme que «l’adoption d’une autre forme juridique par une
société constituée sous l’une des formes énumérées à l’article 2, § 2, C. soc. n’entraî-
ne aucun changement dans la personnalité juridique de la société qui subsiste sous la
nouvelle forme.»

L’article 774 C. soc. stipule quant à lui que les dispositions du livre XII du Code des
sociétés s’appliquent à toutes les personnes morales régies par le Code, à l’exception
des sociétés agricoles et des groupements d’intérêt économique.

La transformation reste, comme c’était le cas dans le cadre des lois coordonnées sur
les sociétés commerciales (cf. art. 165 LCSC), une disposition légale par laquelle une
personne morale existante adopte une autre forme juridique tout en gardant son iden-
tité, ses droits et obligations comme sujet du droit. Cette possibilité permet aux asso-
ciés d’adopter pour leur entreprise une forme qui requiert des capitaux en mesure
avec leur possibilité, et ce, dans l’attente de pouvoir disposer de moyens supérieurs et
de pouvoir ainsi adopter une autre forme juridique ultérieurement. Ce procédé com-
prend un risque important, compte tenu du fait qu’une entreprise doit adopter la for-

265
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

me juridique la plus adéquate, non en fonction de la capacité financière de ses asso-


ciés, mais en fonction des besoins requis pour la réalisation et la pérennité de son
objet social.

Les sociétés auxquelles fait référence l’article 775 C. soc. et énumérées à l’article 2,
§ 2, C. soc. sont les suivantes:

– la société en nom collectif, en abrégé SNC;


– la société en commandite simple, en abrégé SCS;
– la société privée à responsabilité limitée, en abrégé SPRL;
– la société coopérative, qui peut être à responsabilité limitée, en abrégé SCRL,
ou à responsabilité illimitée, en abrégé SCRI;
– la société anonyme, en abrégé SA;
– la société en commandite par actions, en abrégé SCA.

Le groupement d’intérêt économique, en abrégé GIE, n’est pas lié à l’article 775 C.
soc. en application de l’article 774 C. soc.

Article 776: «Préalablement à la transformation, est établi un état résumant la situa-


tion active et passive de la société, arrêté à une date ne remontant pas à plus de trois
mois.

Lorsque dans des sociétés autres que les sociétés en nom collectif et les sociétés
coopératives à responsabilité illimitée, l’actif net est inférieur au capital social repris
dans l’état précité, l’état mentionnera en conclusion le montant de la différence.

Dans les sociétés en nom collectif et les sociétés coopératives à responsabilité illimi-
tée, cet état indique quel sera le capital social de la société après sa transformation.
Ce capital ne pourra être supérieur à l’actif net tel qu’il résulte de l’état précité.»

Article 777: «Le commissaire ou, lorsqu’il n’y a pas de commissaire, un réviseur
d’entreprises ou un expert-comptable externe désigné par l’organe de gestion ou,
dans les sociétés en nom collectif et les sociétés coopératives, par l’assemblée géné-
rale, fait rapport sur cet état et indique notamment s’il y a eu la moindre surestimation
de l’actif net.

Si, au cas visé par l’article 776, al. 2, l’actif net est inférieur au capital repris dans
l’état résumant la situation active et passive de la société, le rapport mentionnera en
conclusion le montant de la différence.»

1.3. Les normes de contrôle

Afin de permettre à tout professionnel de mieux comprendre l’objet de la mission


relative au contrôle de la situation d’une société à forme commerciale à l’occasion de
la transformation en une autre forme juridique et, par voie de conséquence, de lui
permettre d’appréhender le rapport à établir dans sa forme minimale, il existe des

266
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

normes établies en commun par l’Institut des Experts-comptables et des Conseils


fiscaux et l’Institut des Réviseurs d’entreprises. Ces normes sont généralement la
suite de recommandations préalablement établies.

C’est sur la base des normes relatives au rapport à rédiger à l’occasion de la transfor-
mation d’une société que nous avons établi le présent texte. Ces normes sont entrées
en vigueur simultanément avec le Code des sociétés, le 06.02.2001. Elles ont toute-
fois été adaptées pour tenir compte de la loi de réparation du 23.01.2001.

2. Le rapport de contrôle de la situation d’une société à forme commerciale à


l’occasion de la transformation en une autre forme juridique, à l’exclusion du
rapport prévu en cas de transformation d’une société coopérative à responsabi-
lité illimitée en une société coopérative à responsabilité limitée

2.1. Les normes de contrôle applicables lors de l’élaboration du rapport de


contrôle

2.1.1. Champ d’application

Les nouvelles normes sont donc d’application depuis l’entrée en vigueur du Code
des sociétés. Entrent dans leur champ d’application les transformations de sociétés
constituées sous l’une des formes énumérées à l’article 2, § 2, C. soc. en une société
d’une autre forme (art. 774 C. soc.), à savoir les sociétés citées supra au point 1.2. du
présent texte, soit:

– la société en nom collectif, en abrégé SNC;


– la société en commandite simple, en abrégé SCS;
– la société privée à responsabilité limitée, en abrégé SPRL;
– la société coopérative, qui peut être à responsabilité limitée, en abrégé SCRL,
ou à responsabilité illimitée, en abrégé SCRI;
– la société anonyme, en abrégé SA;
– la société en commandite par actions, en abrégé SCA.

Les normes de contrôle ne sont pas d’application, conformément au paragraphe 1.2.2.


de celles-ci, dans les cas suivants:

– la transformation d’une association d’assurance mutuelle en société à finalité


sociale (Chap. Vquinquies de la loi du 9 juillet 1975 relative au contrôle des
entreprises d’assurance);

– la transformation d’une association sans but lucratif en une société à finalité


sociale (art. 26ter de la loi du 27 juin 1921 sur les associations sans but lucra-
tif, les associations internationales sans but lucratif et les fondations);

– la transformation d’une fondation privée en une fondation d’utilité publique


(art. 44 de la loi du 27 juin 1921 sur les associations sans but lucratif, les
associations internationales sans but lucratif et les fondations);

267
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

– la modification de la forme juridique d’une société agricole, d’un groupement


d’intérêt économique ou d’un groupement européen d’intérêt économique en
une société ou une association d’une autre forme (art. 774 C. soc.);
ainsi que dans les cas prévus par le paragraphe 1.2.3. «Ne peut être considérée com-
me une transformation la modification d’une société à objet commercial en une so-
ciété à objet civil et inversement, lorsque la même forme juridique commerciale de la
société est maintenue, de même que l’adoption ou l’abandon de la qualité à finalité
sociale.» L’article 775 C. soc. ne concerne, en effet, que les sociétés dont les formes
sont visées à l’article 2, § 2, C. soc., c’est-à-dire uniquement les sociétés dotées de la
personnalité juridique.

2.1.2. L’aspect comptable (1)

La synthèse 1.3. des normes est également claire en ce qui concerne les aspects comp-
tables:
«La situation active et passive est un état qui consiste en un bilan ou une situation
comptable intermédiaire équivalente accompagnée dans les deux cas d’une annexe
explicative qui peut comprendre, entre autres, un résumé des droits et engagements.
La situation active et passive doit résulter sans addition ni omission de la balance des
comptes.» (Normes, Synthèse 1.3., al. 1)

«La situation active et passive doit être arrêtée à une date qui ne remonte pas à plus de
trois mois à compter de la date de l’assemblée générale convoquée pour se prononcer
sur la transformation de la société.» (Normes, synthèse 1.3., al. 2, et § 1.3.3.) (cf. art.
776 C. soc.)
«Par situation comptable intermédiaire équivalente, il faut entendre un état actif et
passif établi selon les mêmes principes et comprenant au moins les mêmes rubriques
que celles qui figurent dans la réglementation comptable en ce qui concerne l’établis-
sement des comptes annuels. La situation active et passive doit résulter sans addition
ni omission de la balance des comptes.» (Normes, § 1.3.1., al. 1)

«La situation comptable intermédiaire doit être établie en tenant compte des correc-
tions de valeur, des prorata de charges (y compris la rémunération des dirigeants,
l’amortissement, les variations de stocks, les pécules de vacances, les primes de fin
d’année et autres primes à payer, la charge d’impôt, etc.) conformément aux règles
d’évaluation.» (Normes, § 1.3.1., al. 2)

«Par actif net, il faut entendre le capital, les primes d’émission, les plus-values de
réévaluation, les réserves, le bénéfice ou la perte reportée ainsi que les subsides en
capital.» (Normes, § 1.3.2., al. 1)

«Par capital, il faut entendre l’addition du capital libéré et de la partie du capital


souscrit qui a été appelée, mais non versée. Le capital social à prendre en considéra-
(1) Normes relatives au contrôle de la citation d’une société à forme commerciale à l’occasion de la
transformation en une autre forme juridique. Synthèse 1.3. Aspects comptables.

268
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

tion pour établir les termes de la comparaison des SA, des SCA et des SPRL est celui
qui est déterminé par les statuts de la société à la date d’établissement de l’état résu-
mant la situation active et passive; les primes d’émission et autres éléments de fonds
propres ne sont pas pris en considération. En ce qui concerne les sociétés en nom
collectif, il faut se référer au capital qui sera fixé par les statuts de la société après sa
transformation (art. 776, al. 3, C. soc.). Pour déterminer le capital des sociétés coopé-
ratives (constitué des parts fixes et variables), le professionnel consultera le registre
des coopérateurs à la date de clôture de la situation active et passive.» (Normes,
§ 1.3.2., al. 2)

Le montant du bénéfice de l’exercice en cours ne peut être pris en considération pour


une éventuelle augmentation de capital que, pour autant que le professionnel se soit
assuré soit de l’existence d’éléments de fonds propres suffisants dûment approuvés
par l’assemblée générale, soit de la modification préalable de la date de clôture statu-
taire de l’exercice afin de permettre d’incorporer au capital le bénéfice de l’exercice
dûment approuvé par l’assemblée générale. (Normes, § 1.3.2., al. 3, et 4.2.4., al. 2)

«On rappellera qu’un impôt différé doit être calculé pour les plus-values réalisées,
mais fiscalement immunisées de façon temporaire ainsi que pour les subsides en
capital.» (Normes, § 1.3.2., al. 4)

«Lorsque le droit des sociétés prévoit la possibilité de convoquer une seconde assem-
blée générale (art. 781, § 3, C. soc. concernant les SCA), le délai de trois mois n’en
est pas modifié; cela signifie que ce délai se calcule seulement par rapport à la pre-
mière assemblée générale.» (Normes, § 1.3.3., al. 2)

2.1.3. Déontologie

Nous attirons l’attention sur le fait qu’il est recommandé de faire signer une lettre de
mission ou un contrat dans lequel est circonscrite la mission (Normes, § 1.5.1.). Voir
à ce sujet la section 3.1. de notre modèle de rapport.

Le paragraphe 1.5.2. des normes nous rappelle les règles générales de déontologie
qui veulent que si un expert-comptable ou un réviseur d’entreprises a été précédem-
ment consulté par les parties en relation avec cette mission, le professionnel devra
prendre contact avec celui-ci notamment dans le but d’obtenir, dans le respect des
règles du secret professionnel, des informations sur les circonstances qui auraient pu
conduire le client à consulter un autre professionnel et de s’assurer du paiement au(x)
confrère(s) des honoraires dus et non contestés.

«Dans les sociétés où aucun commissaire n’est en fonction, le professionnel ne peut


pas être le conseiller habituel de la société pour laquelle il est fait rapport. Le profes-
sionnel ne peut avoir effectué aucune autre mission récurrente dans la société au
cours des deux années précédentes, si ce n’est une ou plusieurs missions de contrôle.
Il ne peut exercer aucune mission récurrente autre qu’une mission de contrôle dans la
société pendant les deux années qui suivent.» (Normes, § 1.5.3.).

269
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Il est important de savoir que l’on ne peut interpréter stricto sensu la notion de récur-
rence, compte tenu des dispositions de l’art. 13, § 3, de l’arrêté royal du 1er mars 1998
fixant le règlement de déontologie des experts-comptables.

«Le commissaire doit assister à l’assemblée générale qui est appelée à délibérer sur
la base d’un rapport établi par lui, sauf s’il est empêché pour un juste motif (articles
272/274, 412, 538/540 C. soc.).

A la demande expresse de l’organe d’administration et avec l’accord de l’assemblée


générale, le professionnel qui n’est pas commissaire assistera aux délibérations de
celle-ci.» (Normes, § 1.5.4.)

En ce qui concerne les professionnels experts-comptables, nous rappelons que le


rapport de contrôle de la situation d’une société à forme commerciale à l’occasion de
la transformation en une autre forme juridique, fait partie des rapports dont il doit
transmettre une copie à la commission d’accompagnement et de surveillance de l’Ins-
titut des Experts-comptables et des Conseils fiscaux.

2.1.4. Remarques

Dans leur paragraphe 1.3.4., les normes stipulent que dans une SA, SPRL, une SC ou
une SCA, le professionnel doit remettre son rapport à la société au moins quinze
jours avant la date de l’assemblée générale qui doit décider sur la transformation.
Lorsque le professionnel ne peut respecter les délais fixés par la loi en raison du
retard dans la communication des documents légaux, il se doit d’en faire mention
dans son rapport à l’assemblée générale, et, si ce retard a pu influencer ses contrôles,
d’en expliquer la façon (2).

2.2. Contenu et structure du rapport

2.2.1. Le contenu du rapport

2.2.1.1. Le rapport à travers le Code des sociétés

Parmi les règles prévues par la loi à l’occasion de la transformation d’une société à
forme commerciale en une autre forme juridique, il n’existe aucune disposition quant
à la structure et au contenu du rapport du professionnel.

2.2.1.2. Le rapport à travers les normes

Le chapitre 3 des normes est consacré au corps du rapport à établir par le profession-
nel tandis que le chapitre 4 concerne la conclusion de celui-ci. Le chapitre 3 peut se
résumer par le contenu de ses synthèses.

(2) Normes relatives au contrôle de la situation d’une société à forme commerciale à l’occasion de la
transformation en une autre forme juridique, § 1.3.4. de la synthèse 1.3. Aspects comptables.

270
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Suivant les normes, dans son rapport, le professionnel doit mentionner en termes
généraux la mission qui lui a été confiée ainsi que la référence au document qui le
désigne et la façon dont il a exercé son contrôle sur la situation active et passive qui
sera remise à l’assemblée générale par l’organe de gestion (cf. Normes, synthèse
3.1.). Il doit y exposer la façon dont il a effectué ses vérifications et spécifier dans
quelle mesure il a pu appuyer ses travaux sur une organisation administrative et comp-
table suffisante dans le contexte de l’opération (cf. Normes, synthèse 3.2.). Bien que,
suivant la norme, la situation active et passive doit être reproduite dans le corps du
rapport ou peut être jointe en annexe (cf. Normes, synthèse 3.3.), pour la compréhen-
sion par un tiers non averti, il est souhaitable que cette situation soit reprise, au moins
en synthèse, dans le corps du rapport.

Le professionnel doit également mentionner qu’il a pris connaissance du rapport de


l’organe de gestion prévu à l’article 778 C. soc. et faire part de tout renseignement
qu’il juge indispensable à l’information de l’assemblée générale en rapport avec le
changement de la forme juridique de la société ne figurant pas dans le rapport précité
(cf. Normes, synthèse 3.4.).

Lorsque le professionnel est dans l’impossibilité de conclure de manière approbative


et sans réserve, il en exposera les raisons en termes clairs (3.5.). La dernière synthèse
(3.6.) stipule que le rapport doit être signé et daté au jour où les travaux de contrôle
ont été achevés.

Le chapitre 4 des normes est consacré aux conclusions.

2.2.2. La structure du rapport

La structure du rapport n’est pas spécifiquement abordée par les normes. Toutefois,
lorsque celles-ci font référence aux travaux à effectuer, elles font apparaître une ébau-
che de structure à travers le contenu. Elles stipulent, en effet, en leur paragraphe
2.1.1., que: «Le programme de travail relatif au contrôle de la situation active et
passive établie à l’occasion de la transformation comprendra en principe les étapes
suivantes:

– identification de l’opération projetée;


– appréciation de l’organisation administrative et comptable de l’entreprise et
des risques auxquels elle est exposée;
– vérification de la situation active et passive;
– examen du respect des dispositions légales et statutaires en relation avec l’opé-
ration projetée;
– examen du rapport spécial de l’organe de gestion;
– établissement du rapport.»

Pour le professionnel, il s’agit donc d’apprécier de quelle manière il peut classer,


scinder ou regrouper ces différentes étapes pour établir son rapport, sachant que tout
rapport doit comprendre trois parties essentielles:

271
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

– l’introduction, dans laquelle on expose sommairement les faits. Il s’agit d’un


exposé des faits qui doit permettre à son (ou ses) destinataire(s) de compren-
dre non seulement les faits générateurs du rapport, mais également de l’obli-
ger à circonscrire le problème et à le définir exactement;
– le corps du rapport qui présente le développement des propositions et, dans
notre cas, l’exposé des travaux et l’avis du professionnel. Il s’agit bien de la
partie la plus longue dans laquelle le professionnel fera apparaître en tout ou
partie le contenu de ses feuilles de travail ou encore des éléments recueillis
dans son dossier de contrôle;
– la conclusion ou la solution proposée, c’est-à-dire, dans notre cas, les conclu-
sions.

En fait, un rapport doit permettre à celui qui le lit de se faire une idée exacte de
certains faits ou de certaines situations. De plus, le destinataire ne doit pas être obligé
de le lire entièrement pour savoir de quoi il s’agit. Il pourra simplement prendre
connaissance de la démonstration de ce qui apparaît dans les conclusions lors d’une
lecture ultérieure.

C’est à travers les différentes missions de contrôle que l’on retrouve les invariants
qui nous permettent, à la lecture des travaux de Gérard Delvaux (3), de pouvoir émet-
tre un avis quant à la structure du rapport résultant des contrôles qui étaient prévus en
application des articles 164, § 2, 166 ou 167 LCSC d’application et qui sont actuelle-
ment prévus en application du Code des sociétés. L’exposé des faits, la présentation
des acteurs concernés, formant en principe l’introduction, font l’objet de deux chapi-
tres distincts:

– MISSION;
– IDENTIFICATION DE L’OPERATION.

Le corps du rapport où doivent se trouver les éléments descriptifs de la situation, la


synthèse des travaux effectués, voire, comme dans certains rapports spécifiques abou-
tissant à des valorisations, l’exposé de méthodes et la démonstration de leur bien-
fondé, pourra ici être favorablement scindé comme suit:

– ETAT RESUMANT LA SITUATION ACTIVE ET PASSIVE;


– COMMENTAIRES SUR LES POSTES LES PLUS SIGNIFICATIFS DU BILAN;
– CALCUL DE L’ACTIF NET ET DE SA POSITION PAR RAPPORT AU CAPITAL SOCIAL;
– METHODOLOGIE;
– RAPPORT DE L’ORGANE D’ADMINISTRATION;
– INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES A FOURNIR A L’ASSEMBLEE GENERALE.

Le rapport se terminant tout naturellement par la (ou les) conclusion(s).

(3) Gérard DELVAUX, Hugues FRONVILLE, Jean-Louis SERVAIS, Analyse des comptes annuels et mis-
sions spéciales en cas de liquidation et de transformation de sociétés, Collection: Manuel pratique des
contrôles et redressements comptables, Tome 3, Editions comptabilité et productivité – D/1997/1375/4.

272
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3. Modèle de rapport

3.1. Mission

3.1.1. Commentaires

Comme nous l’avons rappelé au point 2.2.1.2. du présent texte, le professionnel doit
mentionner, en termes généraux, dans son rapport, la mission qui lui est confiée, la
référence au document de désignation et la façon dont il a exercé son contrôle sur
l’état comptable remis à l’assemblée générale. (cf. Normes, synthèse 3.1.).

Le professionnel réserve donc son premier chapitre à la description de la mission qui


lui est confiée ainsi qu’aux références de la lettre de mission reçue de son mandant.
C’est ainsi que ce chapitre identifiera le mandant, le mandataire, l’objet de la mis-
sion. Il soulignera l’unicité du rapport, le respect du monopole des commissaires,
l’indépendance du professionnel ainsi que la référence au document de désignation.

Pour le mandant, s’il s’agit d’une personne physique, on fera part de sa profession et
de ses coordonnées. S’il s’agit d’une personne morale, on ne reprendra que ses coor-
données.
Pour le mandataire, c’est-à-dire le professionnel, ce chapitre mettra en évidence ses
qualités, sous contrainte des dispositions déontologiques en la matière, ainsi que ses
coordonnées. Lorsque le mandataire est une société civile professionnelle, il y a lieu
de stipuler par qui elle est représentée. Si le mandataire est un expert-comptable, il
devra bien spécifier qu’il est «expert-comptable, inscrit au tableau des experts-comp-
tables externes de l’Institut des Experts-comptables et des Conseils fiscaux, sous le
numéro ……..….». La qualité d’expert-comptable identifie la compétence technique
de l’auteur. Si cela est nécessaire, ce n’est pourtant pas suffisant. Il y a lieu de souli-
gner que l’expert-comptable est inscrit au tableau des experts-comptables externes.
En effet, seuls ces derniers ont la capacité juridique d’effectuer la mission de contrôle
prévue en application des articles 777 et 436, § 2, C. soc. Nous vous rappelons, à cet
effet, que dans une société où aucun commissaire n’est en fonction, le professionnel
ne peut pas être le conseiller habituel de la société pour laquelle il est fait rapport (4).
Le professionnel ne peut avoir effectué aucune autre mission récurrente dans la so-
ciété au cours des deux années précédentes, si ce n’est une ou plusieurs missions de
contrôle (5).

Dans ce chapitre:

– la date de la lettre de mission ou du contrat sera également spécifiée;


– l’objet de la mission y apparaîtra ainsi que la date de la situation contrôlée;

– le professionnel devra écrire: «J’ai reçu confirmation qu’aucun autre confrère


ni réviseur d’entreprises, n’a été chargé de la présente mission» tandis que le
(4) Normes relatives au contrôle de la situation d’une société à forme commerciale à l’occasion de la
transformation en une autre forme juridique, § 1.5.3., al. 1, de la synthèse 1.5. Aspects déontologiques.
(5) Dito, § 1.5.3., al. 2.

273
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

réviseur d’entreprises substituera le mot «expert-comptable» à celui de «révi-


seur d’entreprises»;

– la non-atteinte au respect du monopole de commissaire étant garantie par les


termes «et qu’il n’existe pas de commissaire»;

– l’indépendance du professionnel sera également soulignée. Pour ce faire, le


professionnel indiquera qui tient la comptabilité du client. Soit il signalera
que la comptabilité est tenue au sein de la société, sous la responsabilité de
l’organe de gestion, soit il identifiera le professionnel concerné.

Au paragraphe 1.5.1., les normes recommandent de faire signer une lettre de mission
ou un contrat dans lequel les mentions suivantes seront reprises:

– la description de la mission;
– la spécification qu’aucun professionnel n’a été chargé de la même mission
dans les douze derniers mois;
– la notification de la responsabilité de l’organe de gestion pour l’établissement
d’un état de la situation active et passive conforme aux dispositions légales et
de l’annexe explicative éventuelle en ce qui concerne les autres sociétés cons-
tituées sous une des formes énumérées à l’article 2, § 2, C. soc. en une société
d’une autre forme (Art. 774 et 436, § 2, C. soc.);
– la notification de la responsabilité de l’organe de gestion pour fournir en temps
voulu tous les documents et pièces nécessaires, en ce compris le rapport de
l’organe de gestion;
– le délai pour la délivrance du rapport de contrôle;
– le mode de calcul et conditions de paiement des honoraires.

3.1.2. Analyse

La synthèse 1.4. des normes stipule que: «La mission du professionnel consiste à
vérifier l’état résumant la situation active et passive établi par l’organe de gestion et
à faire rapport sur cet état en indiquant notamment s’il y a eu la moindre surévalua-
tion de l’actif net.

La procédure a pour but de permettre aux associés de se prononcer en connaissance


de cause sur la transformation de la société ainsi que de veiller à la protection du
capital dans l’intérêt des tiers.»

«Le rapport sur l’état de la situation active et passive doit être établi par le commis-
saire de la société si cette fonction a été pourvue.

Lorsqu’aucun commissaire n’a été nommé, le rapport est établi par un professionnel
qui a été spécialement désigné à cette fin par l’organe de gestion.» (cf. Normes, §
1.4.1.)

274
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

La mission de contrôle a pour but de vérifier dans quelle mesure l’état comptable
fournit aux associés et aux tiers une vue de la réalité de l’actif net arrêté à un moment
donné, et ce, dans le contexte de la transformation. Le professionnel doit vérifier,
d’une part, pour les missions relevant de l’article 777 C. soc., que l’actif net de la
société après transformation est supérieur au capital social minimal prescrit par le
Code et, d’autre part, qu’il n’existe pas la moindre surévaluation de l’actif net.

Il prêtera une attention particulière à la surévaluation éventuelle des fonds propres


ainsi qu’à l’existence du capital minimal requis pour l’adoption de la nouvelle forme
sociale (art. 785 C. soc.).

On distinguera cet objectif du contrôle des comptes annuels, lesquels reflètent une
situation financière destinée à fournir aux associés et aux tiers une information pério-
dique sur le patrimoine, la situation financière et les résultats de l’entreprise.

«Le professionnel doit adapter ses travaux à l’objectif spécifique de sa mission, à


savoir l’identification de toute surévaluation de l’actif net. En conséquence, le pro-
gramme de travail sera orienté vers l’identification des surévaluations éventuelles
des rubriques d’actif ainsi que des sous-évaluations des provisions pour risques et
charges et des dettes. Il ne doit pas couvrir tous les aspects qui seraient nécessaires
dans le cadre de l’attestation de l’image fidèle des comptes annuels (structure des
résultats, situation financière, etc.).» (Normes, § 1.4.3., al. 1)

«Le principe de l’importance relative s’applique dans la mise en oeuvre des vérifica-
tions et des ajustements éventuels relatifs aux rubriques de l’actif, des provisions et
des dettes. Par contre, pour ce qui concerne la conclusion relative à l’actif net, toute
surévaluation, quelle que soit son importance, devrait être mentionnée.» (Normes, §
1.4.3., al. 2)

«L’objet de cette mission entre dans le champ d’application de l’article 16 de la loi du


17 juillet 1975 relative à la comptabilité des entreprises (anciennement 17). Cette
disposition s’applique en sachant que les diligences normales de contrôle sont moins
étendues que celles qui sont requises pour la certification des comptes annuels. Le
professionnel qui constate l’existence d’une infraction aux dispositions de la loi comp-
table est tenu d’en faire état dans son rapport, sauf dans la mesure où elle aura fait
l’objet d’une correction appropriée.» (Normes, § 1.4.4.)

C’est donc à chaque professionnel, en sa qualité d’expert, d’apprécier l’importance


de ses contrôles, pour autant que l’on puisse raisonnablement penser qu’ils sont suf-
fisants pour pouvoir identifier la moindre surestimation de l’actif net sans effectuer
un contrôle complet. Il est toutefois intéressant de souligner qu’effectuer un contrôle
limité pour vérifier qu’il n’existe pas la moindre surestimation a de quoi laisser dubi-
tatif un magistrat, et prête ainsi assez facilement le flanc à l’argumentation des avo-
cats d’une éventuelle partie adverse. Il faut donc se rappeler qu’une norme n’est
jamais qu’un minimum minimorum.

275
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3.1.3. Modèles

A) Première hypothèse: le mandant est le conseil d’administration et le manda-


taire est un expert-comptable personne physique: cas de la transformation d’une
SA en SPRL

‘1. MISSION

En date du seize mars deux mil un, le soussigné Pierre DUPONT, expert-compta-
ble inscrit sur la liste des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-
comptables et des Conseils fiscaux sous le numéro 1989 2F 47, et dont les bureaux
sont établis à Bruxelles, boulevard de la Cambre 24, déclare avoir été mandaté par
le conseil d’administration de la SA AYSALSERVICES, dont le siège social est
situé à Bruxelles, boulevard de la Cambre 33, en vue de faire rapport sur l’état
résumant la situation active et passive de la société, arrêté le 31/12/2001, confor-
mément à l’article 777 C. soc., en vue de la transformation de la société anonyme
en société privée à responsabilité limitée.

J’ai reçu confirmation qu’aucun autre expert-comptable ni réviseur d’entreprises


n’a été chargé de la présente mission et qu’il n’existe pas de commissaire.
La comptabilité est tenue par mon confrère Alain CHARTIER*, inscrit sur la liste
des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-Comptables et des Con-
seils fiscaux sous le numéro 4545 2F 35, dont les bureaux sont situés à 6000 Char-
leroi, rue du Charnoy 14.

B) Deuxième hypothèse: Le mandataire, expert-comptable personne physique,


a reçu une lettre du conseil d’administration: cas de la transformation d’une SA
en SPRL

‘1. MISSION

En date du seize mars deux mil un, le soussigné Pierre DUPONT, expert-compta-
ble inscrit sur la liste des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-
Comptables et des Conseils fiscaux sous le numéro 1989 2F 47, et dont les bu-
reaux sont établis à Bruxelles, boulevard de la Cambre 24, déclare avoir été man-
daté par une lettre de Monsieur Louis COURTOIS, industriel, domicilié avenue
Louise 104 à (1050) Bruxelles, agissant pour le compte du conseil d’administra-
tion de la SA AYSALSERVICES, dont il est le président, en vue de faire rapport
sur l’état résumant la situation active et passive de la société, arrêté le 31/12/2001,
conformément à l’article 777 C. soc., en vue de la transformation de la société
anonyme en société privée à responsabilité limitée.
Le siège social de la SA AYSALSERVICES est situé à Bruxelles, boulevard de la
Cambre 33.

J’ai reçu confirmation qu’aucun autre confrère ni réviseur d’entreprises n’a été
chargé de la présente mission et qu’il n’existe pas de commissaire.

276
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

La comptabilité est tenue par mon confrère Alain CHARTIER* , inscrit sur la liste
des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-comptables et des Con-
seils fiscaux sous le numéro 4545 2F 35, dont les bureaux sont situés à 6000 Char-
leroi, rue du Charnoy 14.

C) Troisième hypothèse: le mandant est un conseil d’administration et le man-


dataire, une société civile professionnelle: cas de la transformation d’une SA en
SPRL

‘1. MISSION

En date du seize février mil neuf cent nonante-huit, la société civile professionnel-
le à forme de SPRL DUPONT & Partner, agréée auprès de l’Institut des Experts-
comptables et des Conseils fiscaux sous le numéro 21584 3F 95, dont les bureaux
sont établis à Bruxelles, boulevard de la Cambre 24, représentée par son gérant
Monsieur Pierre DUPONT, expert-comptable inscrit au tableau des experts-comp-
tables externes de l’Institut des Experts-comptables et des Conseils fiscaux sous le
numéro 1989 2F 47, déclare avoir été mandatée par le conseil d’administration de
la SA AYSALSERVICES, dont le siège social est situé à Bruxelles, boulevard de
la Cambre 33, en vue de faire rapport sur l’état résumant la situation active et
passive de la société, arrêté le 31/12/2000, conformément à l’article 777 C. soc.,
en vue de la transformation de la société anonyme en société privée à responsabi-
lité limitée.

J’ai reçu confirmation qu’aucun autre confrère ni réviseur d’entreprises n’a été
chargé de la présente mission, et qu’il n’existe pas de commissaire.

La comptabilité est tenue par mon confrère Alain CHARTIER*, inscrit sur la liste
des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-Comptables et des Con-
seils fiscaux sous le numéro 4545 2F 35, dont les bureaux sont situés à 6000 Char-
leroi, rue du Charnoy 14.

3.1.4. Rappel

Le professionnel remplira sa mission en respectant une discrétion particulière sur


l’objet de la tâche qui lui est confiée vis-à-vis des tiers. Ainsi, dans une demande de
confirmation de solde à un tiers, il ne sera pas indiqué que la question est posée dans
le cadre d’une procédure de transformation de société.

(*) Lorsque la comptabilité est tenue par un cabinet de réviseurs d’entreprises, la formulation sera adaptée
en conséquence, tandis que pour une société fiduciaire dont les activités relèvent du contrôle de l’IPCF, il
y aura lieu de mentionner le nom du mandataire «comptable agréé IPCF» par exemple: «La comptabilité
est tenue par la Fiduciaire du Val de Sambre, dont les bureaux sont situés à (5060) SAMBREVILLE, Val
de Sambre 98, représentée à l’égard des tiers, pour ce qui est des prestations comptables, telles que men-
tionnées à l’article 4 de l’arrêté royal du 19 mai 1992, par Monsieur Jean LARUE, comptable agréé IPCF
sous le n° 100323.»

277
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3.2. L’identification de l’opération

3.2.1. Généralités

En leur paragraphe 3.1.1., les normes prévoient ce que doit reprendre au minimum ce
chapitre:

«Dans l’identification de la mission qui lui est confiée, le professionnel devra inclu-
re:

a) l’identification de la société (dénomination sociale, siège social, le cas échéant


registre de commerce, etc.);
b) la date à laquelle l’état comptable a été arrêté par l’organe de gestion de l’en-
treprise, en précisant clairement que le document est établi sous la responsa-
bilité de cet organe;
c) un résumé de l’opération dans le cadre de laquelle s’effectue la transformation
et de la motivation de l’organe de gestion.» (Normes, § 3.1.1.)

En ce qui concerne l’identification, les normes relèvent également que:

«Lorsqu’il effectue la vérification de la situation active et passive de la société à


l’occasion de l’adoption par celle-ci d’une autre forme juridique, le professionnel
procède, dans le cadre de la première phase de ses travaux, à l’identification de l’opé-
ration projetée.» (Normes, synthèse 2.2.)

«Le professionnel réunit d’abord des informations essentielles concernant la société,


ses règles d’évaluation, la structure de son capital, la composition de son actionnariat
ainsi que les principaux risques propres à cette entreprise ou à son activité qui sont
susceptibles d’influencer de manière significative l’élaboration de la situation active
et passive.» (Normes, § 2.2.1.)

«Le professionnel étudie les modalités prévues pour l’adoption d’une nouvelle forme
juridique, et plus particulièrement le rapport spécial de l’organe de gestion compre-
nant l’exposé de l’intérêt que présente l’opération pour la société. Le professionnel
doit prêter une attention particulière à la motivation des parties ainsi qu’aux risques
éventuels de rupture de l’égalité entre les associés à l’occasion de l’opération de
transformation.» (Normes, § 2.2.2., al. 1)

«Si le rapport spécial de l’organe de gestion n’est pas disponible au moment où il


commence ses travaux, le professionnel interrogera les dirigeants pour se faire une
idée précise de l’objectif poursuivi et des circonstances prévues pour la transforma-
tion.» (Normes, § 2.2.2., al. 2)

«Lorsque le professionnel identifie l’opération projetée, il est de bon usage de prêter


attention à l’application éventuelle d’autres dispositions du Code des sociétés (par
exemple, application des articles 332, 431 et 633 C. soc., augmentation de capital par
apport en nature simultanée, etc.).» (Normes, § 2.2.3.)

278
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Pour donner un caractère complet à son rapport, le professionnel chargé de la rédac-


tion pourra donc favorablement subdiviser ce chapitre comme suit:

– cadre juridique de l’opération;


– identification de l’entreprise;
– description des dirigeants;
– décision de transformation de la société.

Dans ce chapitre, le professionnel tâchera d’identifier l’opération à travers le cadre


juridique et l’identification de l’entreprise, tant dans un contexte humain, qu’écono-
mique, social et environnemental. Comme pour l’ensemble du rapport, l’information
sera donnée en respectant le droit des tiers.

3.2.2. Le cadre juridique de l’opération

3.2.2.1. Les cas spécifiques

En ce qui concerne le cadre juridique de l’opération, le professionnel tiendra compte


des aspects spécifiques à la forme juridique de départ et à la nouvelle forme juridique
adoptée par la société.

3.2.2.2. Modèle du point «cadre juridique» du chapitre «Identification»

‘2. IDENTIFICATION DE L’OPERATION

2.1. CADRE JURIDIQUE DE L’OPERATION

L’objet de la présente mission entre dans le cadre de l’application de l’article 777


C. soc., qui prévoit qu’un réviseur d’entreprises ou un expert-comptable inscrit
sur la liste des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-comptables et
des Conseils fiscaux doit établir un rapport sur l’état résumant la situation active et
passive présenté en annexe du rapport établi par le conseil d’administration à titre
de justificatif de la transformation de la société. Le rapport du réviseur d’entrepri-
ses ou de l’expert-comptable externe indiquera notamment si l’actif net de l’état
présente la moindre surestimation. Si l’actif social net est inférieur au capital so-
cial repris dans l’état précité, le rapport mentionnera en conclusion le montant de
la différence.
Ce changement n’apportera aucune modification à l’objet social, au capital ni aux
réserves.

Le point 2.1. sera éventuellement complété d’informations sur les modifications qui
pourraient être apportées à la structure financière préalablement ou simultanément à
la transformation.

Par exemple, en cas d’augmentation du capital et d’absorption des pertes, le profes-


sionnel complétera celui-ci par:

279
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Il faut toutefois signaler que, préalablement à cette transformation, une augmenta-


tion de capital aura lieu par ……………………, suivie d’une réduction du capital
de ……………………., en vue de l’absorption (d’une partie) des pertes repor-
tées.

3.2.2.3. L’identification de l’entreprise

L’identification de l’entreprise sera une véritable fiche d’identité de celle-ci établie


de la manière la plus complète, dans le respect des tiers connus et à venir.

Elle reprendra au minimum:

– l’identification de la personne morale proprement dite;


– la description de la structure et de la répartition de l’actionnariat;
– la description des dirigeants;
– la décision de modification de forme juridique.

3.2.2.4. L’identification

3.2.2.4.1. Que doit reprendre l’identification?

L’identification reprendra la dénomination de la société, y compris sa forme abrégée,


son siège social, sa constitution et sa forme juridique, ainsi que l’évolution de son
capital et de ses statuts à travers le temps, sa durée et son objet. Cette identification
sera complétée d’informations permettant de l’identifier le cas échéant, telles que le
numéro de TVA, le numéro de registre de commerce ou des sociétés civiles, l’accès à
la profession et sa situation en matière de réglementation générale sur la protection
du travail (autorisation d’exploitation).

Prenons par exemple:

A) L’hypothèse d’une usine constituée en société anonyme

‘2.2. IDENTIFICATION DE L’ENTREPRISE

‘2.2.1. IDENTIFICATION

Dénomination: AYSALSERVICES SA
Siège social: boulevard de la Cambre 33 à Bruxelles

Constitution et forme juridique: 10.11.1982 La société a été constituée par-de-


vant maître Charlotte BERTRAND,
notaire à Bruxelles, en date du
10.11.1982, au capital de deux mil-
lions cinq cent mille francs belges.

280
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Acte publié aux annexes du Moni-


teur belge du 24.11.1982.
27.02.1987 Augmentation de capital d’un mil-
lion deux cent cinquante mille francs
belges, portant ainsi le capital à trois
millions sept cent cinquante mille
francs, avec distribution de nouvel-
les actions. Moniteur belge du
01.03.1987.
Durée: La durée de la société est illimitée.
Objet social: La société a pour objet la fabrication d’ustensiles
de ménage en aluminium ainsi que certains ac-
cessoires de même matière. La société peut, di-
rectement ou indirectement, par voie d’apport, de
cession ou de participation, ou de toute autre
manière, s’intéresser dans toutes les sociétés ou
entreprises ayant un objet social similaire ou con-
nexe.
Elle peut effectuer toutes opérations industriel-
les, financières ou commerciales qui se rappor-
tent directement ou indirectement, en tout ou en
partie, à son objet social ou qui seraient de nature
à favoriser son objet social.
TVA n° 403.375.580 Registre de commerce de Bruxelles 167312.
Autorisation d’exploitation: Expiration ou renouvellement prévu au
01.01.2004.

B) L’hypothèse d’une société civile d’architectes ayant adopté la forme d’une


SPRL

‘2.2. IDENTIFICATION DE L’ENTREPRISE

‘2.2.1. IDENTIFICATION

Dénomination: ARCHCRA
Siège social: boulevard de la Paix 33 à 5000 Namur

Constitution et forme juridique: 23.04.1996 La société a été constituée par-de-


vant maître Adrien NEUS, notaire à
Namur, en date du 23 avril 1996, acte
enregistré à Namur 1, le 02.05.1996,
volume 793, folio 78, case 20, rôle
5, renvoi 1. Le capital est fixé à sept
cent cinquante mille francs représen-
té par 3750 parts sociales. Acte pu-

281
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

blié aux annexes du Moniteur belge


du 12.05.1996, sous le numéro N.
960518-365.
Durée: La durée de la société est illimitée.
Objet social: La société a pour objet de permettre à ses asso-
ciés architectes, régulièrement inscrits au tableau
provincial de Namur de l’Ordre national des Ar-
chitectes, d’exercer la profession d’architecte dans
le strict respect des normes et des directives déon-
tologiques et des usages de la profession. Elle
pourra, tant en Belgique qu’à l’étranger, réaliser
toutes les opérations généralement quelconques
en rapport avec la profession d’architecte, et no-
tamment:
– toutes activités d’un bureau d’études et d’ar-
chitecture;
– toutes expertises immobilières, judiciaires ou
privées;
– l’assistance, le conseil, toutes études en ma-
tières urbanistique, architecturale, technique
et environnementale;
– le syndic d’immeuble placé sous le régime de
la copropriété.
La société peut, en outre, s’intéresser par toutes
les voies dans toutes les affaires, entreprises ou
sociétés ayant un objet analogue, similaire ou
connexe ou qui soit de nature à favoriser le déve-
loppement de son entreprise.
Exigences légales particulières Conformément aux exigences légales et déonto-
et déontologiques: logiques, la majorité des parts doit appartenir à
des architectes habilités à exercer la profession.
Si, pour quelque raison que ce soit, la société ne
répondait plus aux conditions légales et déonto-
logiques, elle se verrait formellement interdire
d’exercer toutes activités ayant trait à la profes-
sion d’architecte.

3.2.2.4.2. Description de la structure et de la répartition de l’actionnariat

La description de la structure et de la répartition de l’actionnariat donnera la descrip-


tion et la répartition du capital.

282
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

A) Exemple pour l’hypothèse de la société anonyme identifiée ci-avant

‘2.2.2. DESCRIPTION DE LA STRUCTURE ET DE LA REPARTITION DE


L’ACTIONNARIAT

‘2.2.2.1. Description

Le capital souscrit de AYSALSERVICES SA s’élève à trois millions sept cent


cinquante mille francs belges et est représenté par trois mille sept cent cinquante
actions nominatives sans valeur nominale auxquelles sont attachés les mêmes droits.
Il n’y a pas de warrants ni d’obligations convertibles de la AYSALSERVICES SA.

‘2.2.2.2. Répartition du capital

Titulaires Titres nominatifs Valeur relative


DURAND Louis 2 000 53 %
DURAND Jacques 1 000 27 %
BOSMANS Nelly 750 20 %
Total: 3 750 100 %

Soit 92 960,07 EUR. Préalablement à l’opération, le capital sera porté à 93 750,00 EUR.

B) Exemple pour l’hypothèse de société civile à forme de SPRL identifiée ci-


avant

‘2.2.2. DESCRIPTION DE LA STRUCTURE ET DE LA REPARTITION DE


L’ACTIONNARIAT

‘2.2.2.1. Description

Le capital social est fixé à la somme de sept cent cinquante mille francs. Il est
représenté par sept cent cinquante parts sociales de mille francs chacune. Le capi-
tal souscrit a été libéré à concurrence d’un tiers par un versement en espèces, soit
deux cent cinquante mille francs.

‘2.2.2.2. Répartition du capital

Conformément aux exigences légales et déontologiques, la majorité des parts doit


appartenir à des architectes habilités à exercer la profession. La répartition de cel-
les-ci se présente comme suit:

Titulaires Professions Nombre de parts


LORAND Robert Ingénieur 250
BALZA Emile Architecte 250
BERTRAND Louis Architecte 250
Total: 750

283
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3.2.2.4.3. Identification des associés et description des dirigeants

Toujours dans un esprit de clarté et dans un souci d’informer les tiers concernés, le
professionnel, à travers le dossier qu’il s’est constitué en vue de mieux appréhender
la société sur laquelle il doit exercer son contrôle, va reprendre dans son rapport:
d’une part, l’identification des associés et, d’autre part, la description des dirigeants.
Pour la société anonyme, on décrira uniquement les dirigeants.

A) Hypothèse de la société anonyme précitée

‘2.2.3. DESCRIPTION DES DIRIGEANTS

Le conseil d’administration est composé:

• d’un président:

– Monsieur Louis DURAND, de nationalité belge, administrateur délégué, do-


micilié avenue Louise 104 à 1050 Bruxelles;

• de deux administrateurs:

– Monsieur Jacques DURAND, de nationalité belge, docteur en médecine,


domicilié boulevard Tirou 223 à 6000 Charleroi;

– Madame Nelly BOSMANS, de nationalité belge, domiciliée boulevard Ti-


rou 223 à 6000 Charleroi.

B) Hypothèse de la société civile sous forme de SPRL

‘2.2.3. IDENTIFICATION DES ASSOCIES

1. Monsieur Robert Albert Joël LORAND, ingénieur, né à Charleroi, le six juillet


mil neuf cent soixante-deux, époux de Claudine RENARD, demeurant et do-
micilié à 6000 Charleroi, avenue de la Bergerie 14.
2. Monsieur Emile Jean Jacques Ghislain BALZA, architecte, né à Namur, le
dix-neuf mai mil neuf cent soixante et un, époux de Francine DELPOORTE,
demeurant à 5000 Namur, chaussée de Wépion 243, en date de la constitution.
3. Monsieur Louis Jacques Hervé Jules BERTRAND, architecte, né à Aiseau, le
16 mars mil neuf cent quarante-cinq, époux de Roberte VAN ASCHE, demeu-
rant à 5060 Tamines, rue Val de Sambre 3.

‘2.2.4. DESCRIPTION DES DIRIGEANTS

Le conseil de gérance est composé de gérants statutaires, à savoir les trois associés
ci-dessus préqualifiés.

284
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3.2.2.4.4. Décision de transformation de la forme juridique

La synthèse 3.4. des normes prévoit que le professionnel doit mentionner qu’il a pris
connaissance du rapport de l’organe de gestion prévu par l’article 778 C. soc., rap-
port qui doit justifier la proposition de transformation et exposer les motifs de l’opé-
ration.

A) Hypothèse: cas de notre exemple avec la SA AYSALSERVICES

‘2.2.5. DECISION DE TRANSFORMATION

J’ai pris connaissance du rapport du conseil d’administration établi conformément


à l’article 778 C. soc., dans lequel l’intérêt de changement de forme juridique est
clairement exposé. Cette transformation est motivée, d’une part, compte tenu de
l’impossibilité d’ouvrir le capital à des tiers et, d’autre part, en vue de renforcer le
caractère familial de l’entreprise.

B) Hypothèse: cas d’une sprl se transformant en SA

‘2.2.5. J’ai pris connaissance du rapport de l’organe de gestion établi conformé-


ment à l’article 778 C. soc. La décision de transformation est motivée du fait que:

– l’état actuel du marché offre à la société des perspectives d’avenir intéressan-


tes, et qu’il y a donc lieu d’adopter une structure juridique plus adéquate en
vue de pouvoir créer des synergies par l’entrée de nouveaux partenaires finan-
ciers, ceci assurant ainsi la pérennité de l’entreprise;
– la transformation de la société en société anonyme permettra la création de ce
nouveau partenariat et offrira de plus larges possibilités de financement qui
permettront d’améliorer la structure financière de la société.

3.3. La situation active et passive

3.3.1. Généralités

Les normes relatives au contrôle à opérer lors de la proposition de transformation


précisent ce qu’il faut attendre des aspects comptables, que nous avons repris au
point 2.1.2. du présent texte. Vu que les normes ne donnent pas un éclairage particu-
lier quant à la présentation de la situation active et passive, il nous semble utile de
revenir à la notion générale de rapport et de ce que doit contenir le corps de celui-ci.
La présentation et la description des comptes devront être suffisantes pour que le
lecteur qui le désire y retrouve les éléments descriptifs ou analytiques lui permettant
de comprendre comment le professionnel est arrivé à sa conclusion.

En effet, seul un rapport établi de manière classique, c’est-à-dire présentant un carac-


tère complet, peut permettre de répondre au souhait du § 1.4., al. 2, des normes qui

285
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

prescrit que: «La procédure a pour but de permettre aux associés de se prononcer en
connaissance de cause sur la transformation de la société ainsi que de veiller à la
protection du capital dans l’intérêt des tiers.»

3.3.2. Commentaires sur les postes les plus significatifs de la situation active et
passive

Le paragraphe 2.5.1. des normes confirme que l’état résumant la situation active et
passive prévu par les articles 776 et 436, § 2, C. soc. sera composé au moins du bilan
ou d’une situation intermédiaire équivalente, selon les principes développés ci-des-
sus dans les aspects comptables.

Le paragraphe 2.5.2. stipule que: «Lorsque, par suite des vérifications opérées, il
s’avère que des corrections doivent être apportées à la situation active et passive, le
professionnel doit s’assurer que ses corrections ont été comptabilisées afin que l’état
résumant la situation active et passive découle sans addition ni omission de la balan-
ce des comptes.

Le professionnel doit vérifier dans quelle mesure il a été tenu compte de tous les
éléments susceptibles d’influencer négativement le patrimoine de la société.

Le capital social mentionné dans l’état comptable doit être celui qui existe à la date à
laquelle cet état comptable est établi. Une modification du capital qui devrait être
réalisée après cette date ne saurait être incluse dans les comptes. Le professionnel
peut faire état de la modification de capital projetée dans le corps de son rapport, sans
que cette mention puisse influencer la conclusion (voir aussi 2.8.1.). (6)»

«La loi impose au professionnel de faire rapport sur l’état comptable. Ce rapport
portera sur les éléments suivants:

a) l’état comptable découle sans addition ni omission de la balance des comptes;

b) la présentation de l’état comptable est conforme à la structure des comptes an-


nuels établis en conformité avec la réglementation;

c) les règles d’évaluation appliquées sont conformes à la réglementation comptable


et toutes les corrections de valeurs (amortissement, réductions de valeurs et pro-

(6) Normes, § 2.8.1. «Le professionnel sera attentif à l’évolution du capital social après la date de l’état
comptable et jusqu’à la signature de son rapport. En particulier, dans les sociétés coopératives, il y a lieu
de prêter attention à l’évolution de la part variable du capital; le cas échéant, le professionnel mentionnera
le risque de modification du capital variable postérieurement à la signature de son rapport».

286
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

visions) ont été apportées à la date de clôture de la situation active et passive en


manière telle que l’état comptable forme une base raisonnable pour le calcul de
l’actif net.

Si le professionnel l’estime nécessaire, il pourra commenter le point c) ci-dessus en


passant en revue les rubriques significatives de l’état comptable. (…).» (Normes, §
3.3.1.)

Compte tenu de ce qui précède, nous suggérons que le professionnel décrive de ma-
nière sommaire les postes les plus significatifs. De plus, il signalera les diligences
qu’il a prises en vue de s’assurer de la propriété des actifs, de l’existence des actifs et
des passifs et de l’exhaustivité des dettes et des provisions. Nous soulignons, encore
une fois, le devoir de discrétion et le respect du droit des tiers. Il ne sera donc jamais
question de donner, dans le corps du rapport, la liste nominative des débiteurs et/ou
des créanciers commerciaux ou privés, à l’exclusion des associés et des sociétés liées.

3.3.3. Etat résumant la situation active et passive (Chapitre III)

‘3. ETAT RESUMANT LA SITUATION ACTIVE ET PASSIVE DE LA SO-


CIETE ARRÊTE LE 31.12.2001

‘3.1. ACTIF

ACTIFS IMMOBILISES

II IMMOBILISATIONS INCORPORELLES 18 839,90 18 839,90


III IMMOBILISATIONS CORPORELLES 158 250,22
A. TERRAINS ET CONSTRUCTIONS 124 938,34
B. INSTALLATIONS, MACHINES ET OUTILLAGES 24 982,66
C. MOBILIERS ET MATERIELS ROULANT 3 916,72
D. LOCATION-FINANCEMENT ET DROIT SIMILAIRE 4 412,50

ACTIFS CIRCULANTS

VI STOCKS ET COMMANDES EN COURS 96 174,01


A. STOCKS 96 174,01

VII CREANCES A UN AN AU PLUS 305 172,4


A. CREANCES COMMERCIALES 198 490,70
B. AUTRES CREANCES 106 681,70

IX. VALEURS DISPONIBLES 16 375,38 16 375,38

TOTAL DE L’ACTIF 594 811,91 594 811,91

287
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3.2. PASSIF

CAPITAUX PROPRES

I. CAPITAL 92 960,07
A. CAPITAL SOUSCRIT 92 960,07

IV. RESERVES 143 778,24


A. RESERVES LEGALES 6 197,34
B. RESERVES DISPONIBLES 137 580,90

V. PERTES REPORTEES -95 217,12 -95 217,12

DETTES

IX. DETTES A UN AN AU PLUS 453 290,72

A. DETTES A PLUS D’UN AN ECHEANT DANS


L’ANNEE 3 924,87
B. DETTES FINANCIERES 21 233,62
C. DETTES COMMERCIALES 392 562,35
E. DETTES FISCALES, SOCIALES ET SALARIALES 30 854,64
F. AUTRES DETTES 4 715,24

TOTAL DU PASSIF 594 811,91 594 811,91

3.3.4. Commentaires sur les postes les plus significatifs de la situation active et
passive, sans tenir compte des règles d’évaluation prévues en cas de discon-
tinuité

Les normes, cf. 2.4.2., prévoient que «Le professionnel détermine la nature et le
volume des éléments probants nécessaires pour se former une opinion en fonction:

– des risques spécifiques liés à la situation de l’entreprise;


– des conclusions de son évaluation de l’organisation administrative et comptable;
– du principe général de l’importance relative.

Il doit toujours être en mesure de motiver ses décisions.»

Compte tenu de ce qui précède, nous suggérons que la description des postes les plus
significatifs reprenne la description sommaire du contenu du poste, les diligences
prises par le professionnel en vue de s’assurer de la propriété des actifs, de l’existen-
ce des actifs et des passifs et de l’exhaustivité des dettes et des provisions. Nous
soulignons, encore une fois, le devoir de discrétion et le respect du droit des tiers. Il
ne sera donc jamais question de donner, dans le corps du rapport, la liste nominative

288
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

des débiteurs et/ou des créanciers commerciaux ou privés, à l’exclusion des associés
et des sociétés liées.

3.3.5. Modèle

‘4. COMMENTAIRES SUR LES POSTES LES PLUS SIGNIFICATIFS DE


LA SITUATION ACTIVE ET PASSIVE ARRETEE AU 31.12.2001

‘4.1. ACTIF

IMMOBILISATIONS

IMMOBILISATIONS INCORPORELLES

La société a fait l’acquisition en 1998 de l’apport d’une branche d’activité ayant


fait l’objet du rapport de Monsieur LECOMTE, réviseur d’entreprises à Bruxel-
les, dont la valeur du goodwill était à 3 800 000 BEF (94 199,54 EUR), et qui, au
31.12.2001, a été amorti pour une valeur de 3 040 000 BEF (75 359,64 EUR).

Libellé Valeur Amt actés Amt de Amt actés Valeur


d’acquisition n-1 l’exercice cumulés résiduelle
Goodwill 94 199,54 56 519,73 18 839,91 75 359,64 18 839,90

IMMOBILISATIONS CORPORELLES

– TERRAINS ET CONSTRUCTIONS

Il existe dans la société deux bâtiments, dont l’un a fait l’objet d’une acquisition
devant maître ROLE, en date du 31.03.1986, pour une valeur d’acquisition de
3 600 000 BEF (89 241,67 EUR). Cette bâtisse est établie sur une parcelle, à front
du boulevard de la Cambre, cadastrée Section A, numéro 294t6 et partie du numé-
ro 294u6, contenant, d’après mesurage, dix ares quatre-vingt-trois centiares, joi-
gnant ledit boulevard. La société a reçu par la suite une autorisation de construire
un bâtiment administratif, dont la valeur d’acquisition est de 7 200 000 BEF
(178 483,34 EUR). Nous avons pu recevoir copie des factures internes relatives à
la construction et avons pu effectuer une vérification des pièces justificatives de
cette facturation interne. Il existe un rapport établi par Monsieur ROBERT expert
immobilier, daté de 1989, estimant la valeur vénale de ce bâtiment à 6 500 000
BEF (161 130,79 EUR).

289
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Chacun de ces bâtiments a fait l’objet d’amortissements normaux, à savoir:

Libellé Valeur Amortisse- Amortisse- Amortisse- Valeur


d’acqui- ments actés ments de ments actés résiduelle
sition n-1 l’exercice
Bâtiments
industriels 89 241,67 44 620,84 2 974,72 47 595,56 41 646,11
Bâtiments
administratifs 178 483,34 89 241,67 5 949,44 95 191,11 83 292,23
TOTAL 267 725,01 133 862,01 8 924,16 142 786,67 124 938,34

– INSTALLATIONS, MACHINES ET OUTILLAGES

Les installations du bâtiment industriel comprennent l’ensemble des travaux de


modernisation des installations d’origine du bâtiment industriel effectués en 1996,
et plus spécifiquement du câblage électrique ainsi que des installations en vue
d’absorber les gaz et les bruits. Travaux réalisés en vue de respecter les normes
imposées par la Réglementation générale de la protection du travail.

J’ai pu vérifier les valeurs comptabilisées sous cette rubrique sur la base d’un
échantillon représentatif de 50 % des pièces justificatives.

Le poste des machines comprend une machine à sable ainsi que des tours de frai-
sage, etc.
Les différentes machines sont identifiées dans un tableau. J’ai, d’une part, vérifié
l’existence physique des machines. J’ai procédé à la vérification des différentes
factures pour les machines achetées à des tiers et j’ai pris connaissance du rapport
de Monsieur LECOMTE, réviseur d’entreprises, pour les machines ayant fait l’objet
d’un apport. L’ensemble des machines ont été acquises lors du premier exercice et
sont complètement amorties.

Les installations ainsi que les machines ont fait l’objet d’amortissements normaux.
En synthèse, le tableau d’amortissement se présente comme suit:

Libellé Valeur Amortisse- Amortisse- Amortisse- Valeur


d’acquisition ments actés ments de ments actés résiduelle
n-1 l’exercice cumulés
Installations 62 469,17 31 234,59 6 246,92 37 486,51 24 982,66
Machines 158 651,86 158 651,86 0 158 651,86 0
Total 221 121,03 189 886,45 6 246,92 196 138,37 24 982,66

– MOBILIER ET MATERIEL ROULANT

En date du 31.12.2001, le parc de véhicules de la société a été complètement réa-


lisé et la vente a été effectuée sur la base du marché des occasions et a fait l’objet
d’une facturation. J’ai pu prendre connaissance des pièces justificatives relatives à
cette opération.

290
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Le mobilier du bâtiment industriel peut être décrit comme un ensemble de tables,


d’établis, d’armoires de rangement, etc. Le mobilier des bâtiments administratifs
est représenté principalement par du mobilier et du matériel de bureau. Le tableau
d’amortissement se résume comme suit:

Tableau Valeur Amortisse- Amortisse- Amortisse- Valeur


d’amortissement d’acquisi- ments ments de ments résiduelle
du mobilier tion actés cum. l’exercice cumulés
n-1
Mob. bât. indus.:
1990 15 865,19 15 865,19 0 15 865,19 0
Mob. bât. indus.:
1996 3 718,40 1 859,20 371,84 2 231,04 1 487,36
Mob. bât. indus.:
2000 1 239,47 123,95 123,95 247,90 991,57
∑ bât. industriel: 20 823,06 17 848,34 495,79 18 344,13 2 478,93
Mob. bât. adm.:
1990 5 949,44 5 949,44 0 5 949,44 0
Mob. bât. adm.:
2000 2 974,72 1 487,36 297,47 1 784,83 1 189,89
∑ bât. administratif 8 924,16 7 436,80 297,47 7 734,27 1 189,89
∑ du mobilier: 29 747,22 25 285,14 793,26 26 078,40 3 668,82

Après vérification des tableaux d’amortissement, j’ai constaté une erreur de 247,90
EUR (3 916,72 – 3 668,82). En effet, les amortissements actés sur «autres mobi-
liers» auraient dû être de 3 668,82 EUR au lieu de 3 916,72 EUR. Monsieur Louis
DURAND s’est engagé à faire rectifier ce poste.

– MATERIEL EN LOCATION-FINANCEMENT

En 1999, pour pouvoir faire une commande particulière, la société a fait l’acquisi-
tion d’une machine spécifique à certaines coulées. Cette acquisition a fait l’objet
d’un contrat de location-financement. Contrairement aux autres postes des immo-
bilisations, les amortissements de cette machine ont été mensualisés et prévus sur
42 mois.

Tableau d’amortissement du matériel en location-financement:

Valeur Amortisse- Amortisse- Amortisse- Valeur


d’acquisi- ments actés ments de ments cum. résiduelle
tion cum. N-1 l’exercice
Matériel
type A: 14 055,56 6 358,47 4 015,87 10 374,34 3 681,22

Le présent tableau met également en évidence un écart par rapport au bilan de


731,28 EUR (4 412,50 – 3 681,22). Monsieur Louis DURAND s’est également
engagé à faire rectifier ce poste dans la comptabilité.

291
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

STOCKS

Les stocks comprennent normalement des stocks de marchandises et de matières


premières.
L’ensemble des stocks de matières premières a été valorisé au prix moyen pondé-
ré. J’ai vérifié les différents contrats portant sur l’acquisition des matières premiè-
res et sur les cours acheteurs et vendeurs ainsi que les écritures relatives aux utili-
sations de matières premières.

Il existe un stock de marchandises dont l’inventaire est arrêté au 31.12.2001. J’ai


effectué un inventaire sur des articles représentant 50 % du stock. Sur la base des
mouvements, j’ai reconstitué l’état établi lors de l’inventaire au 31.12.2001. Je
n’ai constaté aucun écart. Le stock d’un import de 96 174,01 EUR repris dans
l’état est donc statistiquement correct.

CREANCES A UN AN AU PLUS

– CREANCES COMMERCIALES

Compte tenu de la spécificité des travaux de l’entreprise, les pièces font toujours
l’objet d’un bon de commande, voire d’une offre et de bons de réception. Sur la
base d’un échantillon, j’ai donc pu vérifier que chaque facture correspondait à une
ou plusieurs livraisons effectives de marchandises ou de pièces et, par conséquent,
que les créances commerciales étaient certaines. J’ai également procédé à la véri-
fication des paiements reçus après le 31.12.2001, de la vitesse de mobilisation des
créances au cours de l’exercice 2001 ainsi qu’à une comparaison du chiffre d’af-
faires pour chacun de ceux-ci. Je n’ai pas pu mettre en évidence d’autres clients
douteux que ceux repris en compte par l’entreprise.

Le portefeuille des effets à recevoir ainsi que les bordereaux de dépôt d’effets à
l’encaissement ont fait l’objet d’une attention toute particulière. J’ai reçu, par écrit,
du banquier X, la position de la société DURAND SERVICES SA, celle-ci a ren-
forcé ma conviction de la non-existence d’effets escomptés.

L’ensemble des créances commerciales d’une valeur globale de 198 490,70 EUR
est composé des clients, des effets à recevoir, des effets à l’encaissement, des
clients douteux et des réductions de valeur sur ceux-ci. Le détail de mes différents
contrôles, ainsi que la balance des comptes individuels clients et des extraits du
grand livre, font partie de mon dossier de contrôle.

– AUTRES CREANCES

Les autres créances d’un import de 106 681,70 EUR sont représentées par le compte
courant d’un employé de 581,46 EUR et celui de Monsieur Louis DURAND. Le
compte de ce dernier s’élevant à 106 100,24 EUR.

Le compte courant de l’employé, qui résulte de l’usage d’une carte de crédit, a fait
l’objet d’une note de frais approuvée par l’administrateur délégué, tandis que le

292
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

compte courant de Monsieur DUPONT a fait l’objet d’une analyse de ses diffé-
rents mouvements. De plus, l’intéressé m’a confirmé par écrit avoir connaissance
de l’ensemble des mouvements faisant partie de son compte courant et d’être de
manière irrévocable redevable de cette somme envers la société.

‘4.2. PASSIF

CAPITAL

Le capital de la société dont l’historique fait l’objet d’un point particulier du pré-
sent rapport, est représenté par 7 500 actions nominatives sans valeur nominale
réparties comme suit:

Titulaires Titres nominatifs Valeur relative


DURAND Louis 2 000 53 %
DURAND Jacques 1 000 27 %
BOSMANS Nelly 750 20 %
Total: 3 750 100 %

Valeur en euros: 92 960,07 EUR

DETTES A UN AN AU PLUS

– DETTES A PLUS D’UN AN ECHEANT DANS L’ANNEE

Dans ce poste, l’on retrouve la dernière annuité du contrat de location-finance-


ment passé avec la société LOCFIN, sous le n° 874-9876564-22, pour l’acquisi-
tion de la machine de type A.

Mensualités Capital Intérêts Remb. en Annuité Solde


capital
7 14 055,56 EUR 566,78 EUR 2 031,59 EUR 2 598,37 EUR 12 023,98 EUR
12 12 023,98 EUR 484,83 EUR 3 969,52 EUR 4 454,35 EUR 8 054,46 EUR
12 8 054,46 EUR 324,79 EUR 4 129,58 EUR 4 454,37 EUR 3 924,87 EUR
11 3 924,87 EUR 158,26 EUR 3 924,87 EUR 4 083,13 EUR 0,00 EUR
42 0,00 EUR 1 534,66 EUR 14 055,56 EUR 0,00 EUR 0,00 EUR

– DETTES DIVERSES

Les dettes diverses correspondent au compte courant de la carte de crédit utilisée


par l’employé à qui elle est confiée. Le relevé de la société CREDICART, reçu
ultérieurement, confirme l’existence de cette dette de 4 715,24 EUR au 31.12.2001.

293
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3.4. Le calcul de l’actif net

L’expert-comptable ou le réviseur d’entreprises en charge de l’établissement du rap-


port doit calculer l’actif net de la société.

Le professionnel devra calculer l’actif net et le comparer au capital social, quand bien
même cet actif net serait égal ou supérieur au capital minimal, souscrit et/ou libéré,
prévu par le Code des sociétés. (Cf. Normes, § 4.2.1, point 4.2.2.1.)

«Le capital social mentionné dans l’état comptable doit être celui qui existe à la date
à laquelle cet état comptable est établi. Une modification du capital qui devrait être
réalisée après cette date ne saurait être incluse dans les comptes. Le professionnel
fera état du projet de modification du capital dans le corps de son rapport, sans que
cette mention puisse influencer la conclusion.» (Normes, § 2.5.2., al. 3)

«Le professionnel devra faire preuve d’une prudence particulière, lorsqu’il apparaît
que l’actif net se rapproche du montant du capital. Il devra renforcer son attention et
l’étendue de ses contrôles lorsque l’actif net est inférieur ou légèrement supérieur
seulement au capital minimal requis pour la forme de société dans laquelle la trans-
formation s’opère. En effet, conformément à l’article 785 C. soc., «les associés en
nom, gérants ou administrateurs de la société qui se transforme sont responsables
solidairement de la différence éventuelle entre l’actif net de la société après transfor-
mation et le capital social minimum. En cas de transformation d’une SCRI en une
SCRL, l’article 436, § 5, C. soc. stipule que les administrateurs sont tenus solidaire-
ment de la différence entre les fonds propres et le montant légal minimum du capital
fixe.» (Normes, §. 2.6.1., al. 1)

«Lorsqu’un engagement hors bilan pourrait influencer de façon significative le mon-


tant de l’actif net, le professionnel appréciera s’il convient de compléter ses conclu-
sions en fonction du risque que cet engagement peut entraîner. Ceci est particulière-
ment important lorsque le montant du capital minimal pourrait ne plus être réuni.»
(Normes, § 2.6.1.)

Lorsque l’actif net est inférieur au capital repris dans l’état résumant la situation
active et passive de la société, le professionnel donnera également la position de
l’actif net par rapport au capital, puisque la différence doit être, dans ce cas, reprise
dans les conclusions (art. 777, al. 2., C. soc.). Toujours dans l’esprit de permettre au
lecteur de mieux appréhender la situation, le professionnel complétera cette informa-
tion en donnant la position de l’actif net par rapport au capital nécessaire après trans-
formation, même lorsque celle-ci n’est pas requise par le Code.

‘5. CALCUL DE L’ACTIF NET ET DE SA POSITION PAR RAPPORT AU


CAPITAL

‘5.1. ACTIF
II IMMOBILISATIONS INCORPORELLES 18 839,90
III IMMOBILISATIONS CORPORELLES 158 250,22

294
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

VI STOCKS ET COMMANDES EN COURS 96 174,01

VII CREANCES A UN AN AU PLUS 305 172,40

IX. VALEURS DISPONIBLES 16 375,38

TOTAL DE L’ACTIF 594 811,91

5.2. DETTES

A. DETTES A PLUS D’UN AN ECHEANT DANS


L’ANNEE 3 924,87
B. DETTES FINANCIERES 21 233,62
C. DETTES COMMERCIALES 392 562,35
E. DETTES FISCALES, SOCIALES ET SALARIALES 30 854,64
F. AUTRES DETTES 4 715,24

TOTAL DES DETTES: 453 290,72

5.3. ACTIF NET: 141 521,19

Position de l’actif net par rapport au capital

PAR RAPPORT AU CAPITAL DE LA SITUATION PAR RAPPORT AU CAPITAL SOCIAL


ACTIVE ET PASSIVE DE LA SA MINIMAL D’UNE SPRL

ACTIF NET: 141 521,19 ACTIF NET: 141 521,19


CAPITAL SOCIAL: 92 960,07 CAPITAL SOCIAL: 18 600,00
SOIT SUPERIEUR DE: 78 807,88 SOIT SUPERIEUR DE: 122 921,19

L’actif net de la société de 141 521,19 EUR est supérieur au capital social présenté
dans la situation active et passive d’un import de 78 807,88 EUR et au capital
social minimal prévu par le Code des sociétés en ce qui concerne les SPRL.

3.5. Mode d’exécution du contrôle

3.5.1. Les travaux de contrôle dans le rapport

Le professionnel va réserver un chapitre dans lequel il va exposer la façon dont il a


effectué ses contrôles. Il spécifie dans quelle mesure il a pu appuyer ses travaux sur
une organisation administrative et comptable suffisante dans le contexte de l’opéra-
tion.

Son rapport va au minimum reprendre les points relevants du travail qu’il a exécuté
dans le cadre de son contrôle. Sommairement, il rappelle ses différentes démarches,
et plus particulièrement en ce qui concerne:

295
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

– l’identification de l’opération et de la société;


– l’organisation administrative, le contrôle interne, et éventuellement les dé-
marches alternatives de contrôle en cas de carence de ceux-ci;
– les diligences effectuées en vue de se garantir du caractère complet et réel des
actifs, des passifs, des droits, obligations et engagements de la société;
– les attentions particulières portées au respect des dispositions légales, en ce
compris les dispositions prévues en ce qui concerne la transformation;
– etc.

3.5.2. Les travaux de contrôle


Nous ne reviendrons pas sur la méthodologie du contrôle proprement dit. Nous nous
limiterons aux rappels des normes en cette matière. Toutefois, nous invitons les lec-
teurs plus particulièrement intéressés sur ce point à consulter les livres, brochures et
mémoires signalés dans notre bibliographie, ainsi que les différents travaux écrits sur
les techniques de contrôle par Gérard Delvaux, Hugues Fronville et Jean-Louis Ser-
vais.

Un programme de travail
«Le professionnel exécute sa mission conformément à un programme de travail ap-
proprié. Ses différentes démarches de contrôle ainsi que les éléments probants qui les
appuient sont consignés dans un dossier de travail.» (Normes, synthèse 2.1.) Ce dos-
sier de travail, qu’il devra conserver au moins cinq ans à dater de la date de l’assem-
blée générale ayant décidé de la transformation (cf. Normes, 2.1.2.), pourra être exi-
gé au cours d’un éventuel contrôle confraternel.

Au risque de nous répéter, nous revenons aux différentes étapes du programme de


travail citées dans le paragraphe 2.1.1. des normes, que nous avons déjà citées au
point 2.2.2. du présent texte. Elles consistent en:

– l’identification de l’opération projetée;


– l’appréciation de l’organisation administrative et comptable de l’entreprise et
des risques auxquels elle est exposée;
– la vérification de la situation active et passive;
– l’examen du respect des dispositions légales et statutaires en relation avec
l’opération projetée;
– l’examen du rapport spécial de l’organe de gestion;
– l’établissement du rapport.

3.5.2.1. L’organisation administrative, le contrôle interne et les dispositions al-


ternatives
Le professionnel effectue l’analyse de l’organisation administrative, et principale-
ment des mesures qui assurent la fiabilité du système comptable. (cf. Normes, syn-
thèse 2.3.)

«Le professionnel doit étudier les conditions dans lesquelles l’information compta-
ble est élaborée. S’il est le commissaire de la société, il doit seulement s’assurer de la

296
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

continuité du système de contrôle interne. A défaut, il doit mettre en œuvre les dili-
gences requises pour vérifier l’existence de procédures internes appropriées à la taille
et à l’activité de l’entreprise, lui garantissant la fiabilité des données.» (Normes,
§ 2.3.1.)

«Si le professionnel constate que l’organisation administrative et comptable est ap-


propriée pour les besoins de sa vérification de la situation active et passive, il peut
poursuivre normalement ses travaux.

S’il constate des lacunes notables dans l’organisation administrative, il doit étendre
les tests destinés à valider les soldes repris dans l’état comptable en fonction de ces
lacunes. Si les faiblesses de l’organisation administrative et comptable rendent im-
possible le développement d’un programme approprié de validation des rubriques de
la situation active et passive, il en tirera les conclusions dans son rapport, selon ce qui
est dit au chapitre 3 des présentes normes.» (Normes, § 2.3.2.)

Il est nécessaire d’attirer l’attention sur l’importance donnée au contrôle interne, alors
que, dans la plupart des PME, il sera toujours insuffisant. A ce sujet, on trouve dans le
Vade-mecum de l’IRE «Déontologie et normes de révision», 1999, Ced-Samsom, en
page 445, le texte suivant:

«7. Le contrôle interne dans les PME

Le paragraphe 3.3.7., alinéa 3, des normes générales de révision stipule que «l’im-
possibilité de respecter les principes du contrôle interne dans une petite ou moyenne
entreprise ne devrait pas nécessairement conduire le réviseur à développer un com-
mentaire sur ce point dans la seconde partie de son rapport. Une telle mention sera
évitée lorsque l’organisation administrative, y compris les mécanismes de contrôle
interne, est jugée appropriée à la nature et à l’étendue des activités de l’entreprise.»
(Modifications – Rapport du Conseil 1997, p. 341).

Dans la majorité des PME où le contrôle interne est inexistant, la présence des jour-
naux légaux, la correction des équations de contrôle et un échantillonnage significa-
tif (7) permettent de croire qu’en dépit de l’absence de contrôle interne, l’état comp-
table présenté est complet, correct et fidèle.»

3.5.2.2. Les opérations de contrôle

Le professionnel effectuera également la collecte d’éléments probants et limités aux


objectifs de la mission (cf. Normes, § 2.4.1.), dont il aura déterminé la nature et le
volume nécessaire pour se former une opinion en fonction des risques spécifiques
liés à la situation de l’entreprise, de son appréciation de l’organisation administrative
et comptable et du principe général de l’importance relative. (cf. Normes, § 2.4.2.,
al. 1) «Il devra toujours être en mesure de motiver ses décisions.» (Normes, § 2.4.2.,
al. 2)

(7) Dans le cas d’une PME, si le professionnel prend connaissance de 50 % des pièces justificatives, il
prendra seulement un risque de 5 % de ne pas voir une erreur.

297
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

«Le professionnel mettra en oeuvre un programme de travail approprié de telle ma-


nière que le risque d’émettre une conclusion erronée sur l’état comptable soit ramené
à un niveau acceptable; dans la détermination des vérifications à effectuer, il tiendra
compte du principe général d’importance relative.» (Normes, § 2.4.3., al. 1)

«La mise en oeuvre du principe général d’importance relative doit être adaptée à
l’objectif d’identification de surévaluations dans les rubriques de l’actif et de sous-
évaluations dans les rubriques du passif autre que les capitaux propres. En consé-
quence, le professionnel pourra réduire ses travaux lorsqu’il a pu conclure, confor-
mément au paragraphe 2.4.2. (Normes), que le risque qu’il existe des inexactitudes
conduisant à la surévaluation des capitaux propres est peu important.» (Normes, §
2.4.3., al. 2)

«Si le professionnel a des raisons de considérer qu’il se trouve peut-être en présence


de la moindre surestimation de l’actif net, il doit accomplir dans pareil cas des tra-
vaux complémentaires ou plus étendus, pour lui permettre de conclure s’il y a eu la
moindre surestimation de l’actif net.» (Normes, § 2.4.3., al. 3)

«Le professionnel prête une attention aux méthodes d’évaluation et aux modifica-
tions éventuelles de celles-ci à l’occasion de la transformation.» (Normes, § 2.4.4.)

«Lorsque le professionnel constate l’existence de créances sur des associés, il exami-


ne spécialement la solvabilité de ceux-ci.» (Normes, § 2.4.5.) En ce qui concerne la
présence de comptes courants dans une PME, la prudence requiert d’établir, au mini-
mum, un document analytique des différentes opérations justifiant le solde de ses
comptes courants complété par la déclaration manuscrite du titulaire comme quoi il
marque son accord sur les mouvements de son (ou de ses) compte(s) courant(s), sur
le montant de sa dette envers la société et comme quoi il a reçu toutes les explications
nécessaires lui permettant cette déclaration.

«Les travaux du professionnel doivent être suffisants pour lui permettre de conclure
que l’état résumant la situation active et passive forme une base raisonnable pour le
calcul de l’actif net.» (Normes, Chapitre 2.5.)

«Lorsque, par suite des vérifications opérées, il s’avère que des corrections doivent
être apportées à la situation active et passive, le professionnel doit s’assurer que ses
corrections ont été comptabilisées afin que l’état résumant la situation active et pas-
sive découle sans addition ni omission de la balance des comptes.» (Normes, § 2.5.2.,
al. 1)

«Le professionnel doit vérifier dans quelle mesure il a été tenu compte de tous les
éléments susceptibles d’influencer négativement le patrimoine de la société.» (Nor-
mes, § 2.5.2., al. 2)

3.5.2.3. Le respect des dispositions légales

Le professionnel doit également prêter une attention toute particulière à toute viola-
tion de la législation comptable ou de la législation sur les sociétés commerciales ou

298
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

des statuts qui pourrait avoir une influence sur la situation active et passive qui lui est
soumise ou sur la bonne fin de l’opération (cf. Normes, synthèse 2.7.). Le profession-
nel tiendra compte également des infractions aux autres dispositions légales, comme
la Réglementation générale sur la protection du travail, dont la violation peut altérer
de manière plus que significative la situation active et passive ainsi que la bonne fin
de l’opération, voire la continuité de l’entreprise.

«Le professionnel examinera les règles formelles de tenue des comptes ainsi que les
éléments relatifs à l’information externe pour autant qu’ils soient en relation avec la
mission légale de transformation; en particulier, il vérifiera notamment que:

– les livres légaux sont régulièrement tenus;


– les règles d’évaluation ont été approuvées par l’organe de gestion;
– le plan comptable est approprié à la nature et à l’étendue des activités de l’en-
treprise;
– etc.» (Normes, § 2.7.1.)

Lorsqu’il constate des infractions à la loi ou à ses arrêtés d’exécution, le profession-


nel doit émettre des réserves dans son rapport.

«Si le professionnel prend connaissance d’un fait ou d’une décision qui pourrait cons-
tituer la violation d’une disposition légale ayant une influence significative sur les
comptes soumis à son examen, il doit en premier lieu réunir toutes les informations
nécessaires sur la portée du fait ou de la décision concernée et sur son caractère
effectivement irrégulier. Il documentera ses constatations, prendra contact avec le
professionnel qui serait le conseiller habituel de l’entreprise (8) et évoquera la ques-
tion avec la direction de la société.

Lorsque les effets de la situation irrégulière sur les comptes ne peuvent pas être cor-
rigés, au vu des circonstances, le professionnel pourra opter pour une des attitudes
suivantes:

– soit notifier les éléments constatés par écrit au conseil d’administration ou au


gérant, et refuser de poursuivre la mission;
– soit notifier les éléments constatés par écrit au conseil d’administration et
émettre des réserves expresses dans son rapport en ce qui concerne les effets
des irrégularités constatées sur la situation active et passive.» (Normes, § 2.7.2.)

«Le professionnel examine également les droits attachés aux différentes catégories
d’actions ou de parts, y compris les droits attachés aux parts non représentatives du
capital social. S’il constate que le principe d’égalité entre les différents associés ris-
que d’être mis en péril de façon significative par la réalisation de l’opération, il en
fait état dans son rapport.» (Normes, § 2.7.3.)

(8) Voir la recommandation de déontologie datée du 5 septembre 1997 de l’Institut des Réviseurs d’entre-
prises, relative aux relations entre les membres de l’IRE et de l’IEC dans le cadre de l’exercice de la
profession, Rapport annuel IRE, 1997, pp. 24-25.

299
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

La succession des différents contrôles imposés par les normes nous permet de croire
que, pour la majorité des PME, la succession des tâches demandées au professionnel
le met en présence d’un contrôle complet. En effet, dans la plupart des PME, rien que
le contrôle des pièces justificatives avec un échantillon d’au moins cinquante pour
cent, situe le risque de ne pas voir une erreur à un seuil maximal de cinq pour cent.

Le contrôle complet n’étant pas exclu des contrôles appropriés vers la moindre sures-
timation de l’actif net, le professionnel pourra soit opter pour un programme de tra-
vail approprié, soit pour un programme conduisant à un contrôle complet.

3.5.2.4. Modèles

‘6. MODE D’EXECUTION DU CONTROLE

‘6.1. Environnement général

J’ai pu obtenir les données suffisantes pouvant me permettre d’avoir une vue d’en-
semble sur l’évolution des comptes de résultats du secteur dans lequel l’entreprise
se situe ainsi que sur les différents indicateurs prévisionnels. Les données ainsi
obtenues portent sur:

– l’analyse du marché de l’entreprise et de la position de celle-ci sur ce marché,


en sa qualité de vendeur et d’acheteur, y compris sur le marché du travail;
– l’appréciation de la structure humaine et la capacité de la direction à conduire
l’entreprise en tant qu’organisation humaine;
– l’analyse des risques inhérents au contexte juridique de l’entreprise;
– tout élément qui par sa présence et/ou son absence peut avoir une influence sur
l’existence et/ou la non-existence de la moindre surestimation (accès à la pro-
fession, permis d’exploitation, règles particulières environnementales, etc.).

‘6.2. Evaluation du contrôle interne

Compte tenu du nombre restreint de personnel travaillant au sein de la société, il


n’existe pas de moyens et de mesures particulières adoptés par l’organe de gestion
autres que le suivi de l’administrateur délégué pour assurer dans la mesure du
possible que:

– les activités soient conduites de façon efficace et ordonnée, selon la politique


fixée par l’organe de gestion;
– des procédures adéquates soient adoptées pour éviter les conflits d’intérêts et
d’abus de biens sociaux;
– les actifs soient sauvegardés;
– les fraudes et erreurs soient prévenues et détectées.

L’adaptation des principes généraux du contrôle interne à cette entreprise, et no-


tamment la séparation des fonctions des dispositions de valeurs et de biens, de
conservation de celles-ci et de l’enregistrement des mutations, n’est pas possible

300
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

avec pour seuls acteurs un administrateur délégué et un employé technico-com-


mercial.

Bien qu’il n’existe ni organigramme des fonctions, ni schéma de circulation inter-


ne des documents, j’ai pu constater une certaine rigueur administrative et l’usage
de documents clairs et spécialisés.

J’ai également pu m’assurer de la qualité de:

– la technique d’enregistrement de la comptabilité par parties doubles;


– l’organisation de la circulation des biens et valeurs;
– la vérification de la bonne organisation des moyens informatiques.

L’ensemble de mes contrôles me permet de croire que l’inexistence de contrôle


interne n’a pas eu, pour la période contrôlée, une influence significative sur le
caractère complet, fidèle et correct de la comptabilité.

Néanmoins, j’ai demandé une lettre d’affirmation à l’organe de gestion, qui me


certifie que la situation présentée reprend bien tous les avoirs, les dettes, les droits,
les obligations et les engagements de la société.

‘6.3. La technique d’enregistrement de la comptabilité

L’entreprise tient une comptabilité appropriée à la nature et à l’étendue de ses


activités en se conformant aux dispositions légales particulières qui la concernent.
Les règles d’évaluation sont établies conformément aux dispositions du chapitre
II de l’arrêté royal du 8 octobre 1976 relatif aux comptes annuels des entreprises.

La comptabilité est tenue par mon confrère Alain CHARTIER, plus précisément
qualifié au chapitre I du présent rapport.

J’ai vérifié, par application des équations de contrôle, que tout événement écono-
mique est bien enregistré dans la comptabilité de manière digraphique et, par la
présence du livre d’inventaire et du journal centralisateur, que les enregistrements
étaient irréversibles. J’ai également vérifié la réalité économique des enregistre-
ments sur la base d’un échantillonnage significatif portant sur le caractère authen-
tique des pièces justificatives, sur le caractère complet des enregistrements, l’in-
ventaire et différents tests de cohérence issus de l’analyse financière. La situation
présentée résulte bien, sans addition ni omission, de la balance des comptes géné-
raux qui m’a été transmise. J’ai également pu constater que la comptabilité tenait
correctement ses comptes et que l’on y retrouvait bien, par exemple, les charges
financières nonéchues du contrat de location-financement ainsi que l’éventualité
de la levée de l’option reprise audit contrat.

‘6.4. Autres travaux effectués

Au cours de ma mission, j’ai pris contact avec mon confrère Alain CHARTIER et
j’ai recueilli toutes les informations complémentaires à celles décrites aux points

301
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

ci-avant et jugées utiles pour l’exercice de cette mission, qu’elles portent sur les
exercices antérieurs, l’état concerné ou les événements postérieurs à la date de
l’établissement de cet état. L’administrateur délégué de la société a répondu avec
clarté à mes demandes d’explications et d’informations.

‘6. MODE D’EXECUTION DU CONTROLE

J’ai procédé à un contrôle complet, conformément aux dispositions des normes


relatives au contrôle à opérer lors de la proposition de transformation d’une socié-
té à forme commerciale en une autre forme juridique. J’ai notamment:

– pris connaissance de l’existence (de la non-existence) des journaux légaux, de


manière à me garantir de l’irréversibilité des écritures comptables;
– établi les différentes équations de contrôle en vue de m’apporter la garantie
que toutes les écritures comptables étaient bien reportées dans le grand livre;
– pris connaissance de l’existence du journal des parts (registre, etc.).

Compte tenu de la taille de l’entreprise, il n’existe pas de contrôle interne. Cepen-


dant, mes différents contrôles me permettent de croire que l’absence de celui-ci
n’a aucune incidence sur le caractère complet, fidèle et correct de l’état comptable
présenté. J’ai toutefois demandé et obtenu de l’organe de gestion une lettre d’in-
tention me confirmant que la situation présentée reprenait bien tous les avoirs,
dettes, droits, engagements et obligations de l’entreprise.

L’entreprise tient une comptabilité appropriée à la nature et à l’étendue de ses


activités en se conformant aux dispositions légales particulières qui la concernent.
Les règles d’évaluation sont établies conformément aux dispositions du chapitre
II de l’arrêté royal du 8 octobre 1976 relatif aux comptes annuels des entreprises.
La situation qui m’a été présentée résulte bien, sans addition ni omission, de la
balance des comptes généraux qui m’a été transmise.

Toutefois, la société ne comptabilise pas ses comptes d’ordre, mais j’ai pu consta-
ter que ceux-ci étaient mentionnés dans les annexes des comptes annuels (par
exemple, les charges financières nonéchues du contrat de location-financement
ainsi que la valeur de la levée éventuelle de l’option).

Le professionnel pourra compléter ce point en signalant les documents importants


dont il aurait pu prendre connaissance ou dont il a reçu copie. Par exemple, lorsque la
transformation est effectuée dans le cadre d’un plan de continuité, en raison de l’ap-
plication des articles 633 et 634 C. soc., avec une augmentation du capital par apport
de créance, le professionnel pourra compléter son texte comme suit:

En outre, j’ai pu prendre connaissance et obtenir copie:

– du rapport spécial du conseil d’administration, conformément aux articles 633


et 634 C. soc.;

302
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

– de la décision de poursuivre les activités;


– des (projets de) rapports spéciaux du conseil d’administration et du réviseur
d’entreprises, conformément à l’article 602 C. soc.

3.6. Rapport de l’organe d’administration

Bien que ce point soit déjà traité dans le chapitre «Identification de l’opération» et
qu’il pourrait favorablement faire partie du chapitre relatif au mode d’exécution du
contrôle, on lui réservera un chapitre. Nous croyons en effet utile de mettre ce point
en évidence.

Modèle

‘7. RAPPORT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

J’ai pris connaissance du rapport du conseil d’administration établi conformément


à l’article 778 du C. soc. et dont il est plus amplement question au point 2.2.5. du
présent rapport.

3.7. Informations à fournir à l’assemblée générale

Dans un même souci de clarté, le professionnel réservera également un chapitre spé-


cifique aux informations à fournir à l’assemblée générale. En fonction du contenu du
rapport, le professionnel fera part du fait qu’il a ou qu’il n’a pas d’informations com-
plémentaires à donner à l’assemblée générale.

«Le professionnel mentionne qu’il a pris connaissance du rapport de l’organe de


gestion prévu à l’article 778 C. soc. Il expose dans son rapport tout renseignement
qu’il juge indispensable à l’information de l’assemblée générale en rapport avec le
changement de la forme juridique de la société et qui ne figure pas dans le rapport de
l’organe de gestion.» (Normes, synthèse 3.4.)

3.7.1. Hypothèse: il n’y a pas d’information à fournir

Plaçons notre exemple dans le cas de la société SERVICES COURTOIS SA

‘8. INFORMATIONS A FOURNIR A L’ASSEMBLEE GENERALE

Il n’y a pas d’information que j’estime indispensable à fournir à l’assemblée géné-


rale et qui ne figurerait pas dans le rapport du conseil d’administration.

303
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3.7.2. Hypothèse: il y a des informations à fournir

Plaçons notre exemple dans le cas de la société civile à forme de SPRL

‘8. INFORMATIONS A FOURNIR A L’ASSEMBLEE GENERALE

Il y a lieu de signaler aux membres de l’assemblée générale qu’il nous semble


important de lui faire part des difficultés qui pourraient naître en raison de
……………………………..…
Il nous semblerait également utile que l’organe de gestion puisse appuyer ses af-
firmations sur la base d’une étude chiffrée plus élaborée, voire même sur la base
d’un plan financier. Il n’y a pas d’autres informations que j’estime indispensables
à fournir à l’assemblée générale et qui ne figurent pas dans le rapport du gérant.

3.8. Evénements postérieurs à la date d’établissement de l’état

3.8.1. Normes

«Lorsque’au cours de ses travaux, le professionnel constate des événements posté-


rieurs à la date de clôture de la situation active et passive qui peuvent avoir un effet
significatif soit sur la présentation de la situation active et passive, soit sur le montant
de l’actif net, le professionnel doit en faire mention dans son rapport.» (Normes,
synthèse 2.8)

3.8.2. Modèles

3.8.2.1. Lorsqu’il n’existe pas d’événements significatifs

‘9. EVENEMENTS POSTERIEURS A LA DATE D’ETABLISSEMENT DE


L’ETAT RESUMANT LA SITUATION ACTIVE ET PASSIVE

Je n’ai pas été informé d’événements qui se sont produits après la date à laquelle
l’état résumant la situation active et passive a été établi et qui auraient une influen-
ce sur l’existence et/ou la non-existence de la moindre surestimation ou qui auraient
une influence notable sur les perspectives de la transformation, sans avoir pour
autant une influence sur l’existence et/ou la non-existence de la moindre suresti-
mation.

304
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3.8.2.2. Lorsqu’il existe des événements postérieurs significatifs ayant une in-
fluence sur l’état résumant la situation active et passive de la société

‘9. EVENEMENTS POSTERIEURS A LA DATE D’ETABLISSEMENT DE


L’ETAT RESUMANT LA SITUATION ACTIVE ET PASSIVE

J’ai été informé d’événements qui se sont produits après la date à laquelle l’état
résumant la situation active et passive a été établi et qui ont une influence signifi-
cative sur l’existence et/ou la non-existence de la moindre surestimation. En effet,
………………

3.8.2.3. Modèle de chapitre 9, lorsqu’il existe des événements postérieurs qui


sont susceptibles d’exercer une influence notable sur les perspectives de la trans-
formation, sans avoir pour autant une influence sur l’état résumant la situation
active et passive

‘9. EVENEMENTS POSTERIEURS A LA DATE D’ETABLISSEMENT DE


L’ETAT RESUMANT LA SITUATION ACTIVE ET PASSIVE

J’ai été informé d’événements qui se sont produits après la date à laquelle l’état
résumant la situation active et passive a été établi et qui, sans avoir une influence
sur celle-ci, auront une influence notable sur les perspectives de la transformation.
Il s’agit de ……………………

3.9. Conclusions du rapport

3.9.1. Rappels

Les conclusions doivent être clairement formulées. Elles doivent permettre au lec-
teur, tant initié dans sa matière – comme le juriste et le comptable – que non nécessai-
rement initié – comme l’associé –, de comprendre la situation et d’en avoir une vue
exacte, sans bien sûr qu’il ne soit contraint à se reporter au corps du rapport et éven-
tuellement à ses démonstrations.

Elles ne seront pas non plus la synthèse du rapport. Elles ne devront reprendre que les
informations réellement utiles pour avoir cette vue exacte. Après avoir fait un rappel
sommaire mais explicite des éléments d’introduction, des chapitres «Mission» et «Iden-
tification de l’opération», le professionnel donnera un récapitulatif des éléments pro-
bants, de ses avis, des conclusions de chapitre, des propositions s’il échet, avant d’émet-
tre sa (ou ses) conclusion(s) générale(s) ou spécifique(s), suivant la mission qui lui a
été confiée.

305
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3.9.2. Les normes

La synthèse 4.1. des normes se consacre aux conclusions, et stipule que: «La conclusion
du rapport du professionnel doit contenir son avis sur l’absence de toute surévalua-
tion de l’actif net.»

En outre, il devra indiquer que:

– l’opération a été contrôlée, conformément aux présentes normes;


– ses travaux ne font pas apparaître la moindre surestimation de l’actif net;

ainsi que tout autre renseignement qu’il juge indispensable à l’information des ac-
tionnaires tiers dans le contexte de l’opération de transformation.

«Lorsque le professionnel estime que des redressements auraient dû être apportés à


la situation active et passive qui lui a été présentée pour calculer l’actif net, il doit
exprimer ses réserves en termes clairs dans la conclusion. Il peut se référer aux exem-
ples de conclusions reproduits en annexe.» (Normes, § 4.1.2.). Ces conclusions sont
reproduites également dans le présent texte au point 3.9.4.

«Si l’actif net est supérieur au capital, il doit le dire, mais il ne doit mentionner ni le
montant de l’actif net, ni la différence dans son attestation.» (Normes, § 4.2.1.). Tan-
dis que «si l’actif net (ou passif net) est inférieur au capital, il doit mentionner le
montant de l’actif net (ou passif net) ainsi que la différence dans ses conclusions.»
(Normes, § 4.2.2.)

«Même lorsque la société qui se transforme a un actif net inférieur au capital minimal
souscrit et/ou libéré prévu par le Code des sociétés, la transformation peut avoir lieu.»
(Normes, § 4.2.2.2., al. 1)

«Toutefois, le professionnel devra expressément rappeler dans son rapport, et éven-


tuellement dans les conclusions de ce rapport, le risque spécifique qui en découle, à
savoir notamment la responsabilité encourue par les personnes visées à l’article 785
C. soc. et le fait que toute personne intéressée peut demander en justice la dissolution
de la société (art. 333 et 634 C. soc.). Cette mention peut être omise dans les conclu-
sions dans le cas où des apports extérieurs suffisants seraient prévus.» (Normes,
§ 4.2.2.2., al. 2)

«Lorsque l’actif net est inférieur au capital simplement du fait de l’existence d’un
capital non appelé, il appartient au professionnel de nuancer l’expression de son opi-
nion. Il pourra tenir compte des indices tendant à démontrer que certains associés ne
seront pas en mesure de libérer le solde.» (Normes, § 4.2.2.3.) Il nous semble qu’il
est plus prudent pour le professionnel de lire qu’il «devra tenir compte».

Lorsque l’actif net correspond au moins au montant exprimé du capital social, mais
que ce montant est inférieur au capital minimal prévu par le Code des sociétés, le
professionnel doit en faire mention dans les conclusions de son rapport et faire appli-
quer le second alinéa du § 4.2.2.2. des normes citées ci-dessus.

306
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

«Il y a lieu de mentionner l’insuffisance du capital minimum de la forme de société


vers laquelle la transformation a lieu, lorsque le capital minimum prévu par le Code
des sociétés n’est pas atteint, même lorsque l’actif net est supérieur audit minimum
légal.» (Normes, § 4.2.4., al. 1)

«Dans de tels cas, il est d’usage que la société décide d’augmenter son capital préala-
blement à l’opération de transformation afin de réunir le capital minimum requis par
la forme de société dans laquelle elle se transforme. Le professionnel doit alors s’as-
surer soit de l’existence d’éléments de fonds propres suffisants (excédant les pertes
reportées) dûment approuvés par l’assemblée générale, soit de la modification préa-
lable de la date de clôture statutaire de l’exercice, afin de permettre d’incorporer au
capital le bénéfice de l’exercice dûment approuvé par l’assemblée générale.» (Nor-
mes, § 4.2.4., al. 2)

«La transformation d’une société à responsabilité illimitée en une SPRL ou une SCRL
peut se réaliser, pour autant que l’actif net corresponde au moins au capital minimum
à libérer (6 200 EUR). S’il échet, il faudra cependant mentionner l’insuffisance du
capital souscrit et le risque qui en découle du point de vue de la responsabilité des
parties.» (Normes, § 4.2.5.)

«Lorsque la société se trouve, après transformation, dans la situation prévue par les
articles 332 ou 633 C. soc., le professionnel en fera mention dans son rapport et, le
cas échéant, dans sa conclusion.» (Normes, § 4.2.6.)

La conclusion du rapport du professionnel doit contenir son avis sur l’ensemble des
éléments de la situation active et passive dans le cadre de l’opération projetée.

Tandis que la synthèse 4.3. reprend que: «Lorsque le professionnel n’a pas été en
mesure de réunir les informations indispensables à ses contrôles, soit parce que les
données fournies par les parties sont insuffisantes, soit parce que le professionnel se
trouve confronté à une incertitude déterminante pour la valorisation des actifs ou
passifs, il est en droit de s’abstenir d’émettre une opinion.»

«La conclusion de son rapport recommandera aux parties de retarder l’opération jus-
qu’à ce que des renseignements complémentaires aient pu être réunis en vue d’appor-
ter des précisions jugées indispensables pour prendre la décision en connaissance de
cause.» (Normes, § 4.3.1.)

3.9.3. Remarques

«Si le professionnel est dans l’impossibilité de délivrer une attestation approbative


sans réserve, il en exposera les motifs en termes clairs.» (Normes, synthèse 3.5.)

«Le professionnel doit mentionner dans son rapport tout redressement significatif
conduisant à la surévaluation de l’actif net qui doit être apporté à la situation active et
passive annexée au rapport de l’organe de gestion de la société.

307
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Au cas où ces redressements auraient pour effet de rendre l’actif net inférieur au
capital social, le professionnel utilisera les chiffres redressés par lui pour de l’actif
net mentionné dans les conclusions de son rapport.» (Normes, § 3.5.1.)

«Le professionnel qui constate au cours de ses travaux une infraction à la loi compta-
ble et à ses arrêtés d’exécution en rapport avec l’établissement de l’état comptable,
devra, sans préjudice d’aspects formels d’importance mineure, en faire mention dans
son rapport conformément à l’article 16 de la loi du 17 juillet 1975 relative à la
comptabilité des entreprises» (Normes, § 3.5.2.)

Le professionnel qui constate au cours de ses travaux une infraction significative au


Code des sociétés et aux statuts, en fait mention dans son rapport dans la mesure où
cette infraction peut avoir une incidence:

– soit sur la décision de l’assemblée générale;


– soit sur la présentation de la situation active et passive et/ou le calcul de l’actif
net.»

La synthèse 3.6. des normes rappelle que le rapport du professionnel sera daté et
signé du jour où les travaux de contrôle ont été achevés, tandis que le paragraphe
3.6.1. stipule que, si le professionnel n’a pu obtenir le rapport de l’organe de gestion
avant l’établissement de son rapport, il ne pourra le délivrer signé. Dans un tel cas, il
y a lieu d’établir un rapport de carence.

«Les conclusions du rapport du professionnel sont reproduites dans l’acte authenti-


que qui constate la décision de transformation. L’extrait de cet acte authentique, qui
doit être déposé au greffe du tribunal de commerce et publié aux annexes du Moni-
teur belge, doit reprendre ces conclusions.» (Normes, Chap. 4.4.)

3.9.4. Exemples de conclusions données par les normes en ses annexes

A) Exemples de conclusions sans réserve

CONCLUSIONS

Nos travaux ont eu pour seul but d’identifier toute surévaluation de l’actif net
mentionné dans la situation active et passive au (date) dressée par l’organe de
gestion de la société. Ces travaux effectués conformément aux normes relatives au
rapport à rédiger à l’occasion de la transformation de la société en une autre forme
juridique, n’ont pas fait apparaître la moindre surévaluation de l’actif net. L’actif
net constaté dans la situation active et passive susvisée pour un montant
de...................... EUR n’est pas inférieur au capital social de...............................
EUR.

308
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

B) Exemples de conclusions sans réserve, lorsque la condition de capital n’est


pas remplie

B.1.) L’actif net est inférieur au capital mentionné dans l’état comptable

CONCLUSIONS

Nos travaux ont eu pour seul but d’identifier toute surévaluation de l’actif net
mentionné dans la situation active et passive au (date) dressée par l’organe de
gestion de la société. Ces travaux effectués conformément aux normes relatives au
rapport à rédiger à l’occasion de la transformation de la société en une autre forme
juridique n’ont pas fait apparaître la moindre surévaluation de l’actif net. L’actif
net constaté dans la situation active et passive susvisée pour un montant de.........
EUR est inférieur de......... au capital social de...... EUR.

B.2.) L’actif net est inférieur au capital minimum de la société vers laquelle la
société se transforme

CONCLUSIONS

Nos travaux ont eu pour seul but d’identifier toute surévaluation de l’actif net
mentionné dans la situation active et passive au (date) dressée par l’organe de
gestion de la société. Ces travaux effectués conformément aux normes relatives au
rapport à rédiger à l’occasion de la transformation de la société en une autre forme
juridique, n’ont pas fait apparaître la moindre surévaluation de l’actif net.
L’actif net constaté dans la situation active et passive susvisée pour un montant
de.......... est inférieur de......... au capital minimal prévu pour la constitution
d’une............... Sous peine de responsabilité des administrateurs (selon le cas, gé-
rants ou associés), l’opération ne peut se réaliser que moyennant des apports exté-
rieurs complémentaires.

C) Exemple de conclusions avec réserve et actif net supérieur au capital

CONCLUSIONS

Nos travaux ont eu pour seul but d’identifier toute surévaluation de l’actif net
mentionné dans la situation active et passive au (date) dressée par l’organe de
gestion de la société. De ces travaux effectués conformément aux normes relatives
au rapport à rédiger à l’occasion de la transformation de la société en une autre
forme juridique, il découle que des surestimations de l’actif net ont été identifiées,
dont le montant net s’élève à............. L’actif net constaté dans la situation active et
passive, après déduction des surévaluations susvisées, représente un montant
de.........., qui n’est pas inférieur au capital de............

309
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

D) Exemple de conclusions avec réserve et actif net inférieur au capital

CONCLUSIONS

Nos travaux ont eu pour seul but d’identifier toute surévaluation de l’actif net
mentionné dans la situation active et passive au (date) dressée par l’organe de
gestion de la société. De ces travaux effectués conformément aux normes relatives
au rapport à rédiger à l’occasion de la transformation de la société en une autre
forme juridique, il découle que des surestimations de l’actif net ont été identifiées,
dont le montant net s’élève à ............. L’actif net constaté dans la situation active
et passive, après déduction des surévaluations susvisées, représente un montant de
........... La différence avec le capital social de .................., mentionné dans la si-
tuation active et passive, est de .......................

3.9.5. Remarques

Il est évident que les modèles annexés aux normes et présentés ci-après peuvent être
complétés d’informations jugées nécessaires par le professionnel, par exemple. Il
pourra signaler qu’il s’agit d’un état ne remontant pas à plus de trois mois, ainsi que
le montant de l’actif et du passif, du montant des bénéfices reportés et ou des pertes
reportées. S’il le juge utile, compte tenu de la situation, le professionnel rappellera la
responsabilité encourue par les personnes visées à l’article 785 C. soc. C’est ainsi
que le professionnel pourra présenter, lorsqu’il n’y a pas de réserve, ses conclusions
comme suit:

CONCLUSIONS

L’état des actifs et passifs de la ……………………. «………………………….»,


dont le siège social est situé à ………………………………….., a été établi dans
le cadre de la procédure prévue par le Code des sociétés. Cet état, qui n’est donc
pas antérieur à trois mois de l’assemblée générale prévue en vue de se prononcer
sur la transformation en une autre forme juridique, présente un total de bilan de
…………… EUR et un actif net de ……………… EUR.

De nos contrôles effectués conformément aux normes relatives au contrôle de la


situation d’une société à forme commerciale à l’occasion de la transformation en
une autre forme juridique, il résulte que cette situation active et passive ne présen-
te pas de surestimation et que les fonds propres (l’actif net) se montant à ……….
EUR, ne sont pas inférieurs au capital social enregistré dans la situation active et
passive.

Lorsqu’il s’agit de conclusions avec réserve et présentant un actif net inférieur au


capital, comme suit:

310
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

CONCLUSIONS

L’état des actifs et passifs de la ……………………. «………………………….»,


dont le siège social est situé à …………………………………, a été établi dans le
cadre de la procédure prévue par le Code des sociétés, arrêté au ………..
Cet état, qui n’est donc pas antérieur à trois mois de l’assemblée générale prévue
en vue de se prononcer sur la transformation en une autre forme juridique, présen-
te un total de bilan de …………… EUR et un actif net de …………………..
EUR.

De nos contrôles effectués conformément aux normes relatives au contrôle de la


situation d’une société à forme commerciale à l’occasion de la transformation en
une autre forme juridique, il découle que la situation active et passive qui nous a
été remise ne peut être considérée comme ne présentant pas la moindre surestima-
tion sans que des redressements significatifs soient apportés. Compte tenu des
redressements décrits dans notre rapport, l’actif net (le passif net) de la société est
de ………. EUR.
La différence avec le capital social de ……… EUR, mentionné dans la situation
active et passive, est de ………. EUR.

3.10. Les parties accessoires spécifiques au rapport

3.10.1.La table des matières

Cette partie accessoire du rapport peut devenir indispensable, si le rapport, compte


tenu de certaines particularités du dossier, comprend un nombre important de pages,
de tableaux, etc. La table des matières se devra d’être à la fois claire et complète.

3.10.2.Les annexes

Dans certains cas, de manière à alléger le corps du rapport de certains tableaux ou


pièces à l’appui des travaux effectués, on constituera, pour autant que cela soit indis-
pensable à la compréhension de celui-ci, un ensemble d’annexes à joindre au rapport.

311
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

BIBLIOGRAPHIE

DOCUMENTS

Normes relatives au contrôle de la situation


d’une société à forme commerciale à l’occa-
sion de la transformation en une autre forme
juridique (7.10.2002).

LIVRES, BROCHURES ET
GUIDES

IEC/IAB en collaboration avec l’IRE Code des sociétés, Edition 2000, la Charte,
et l’IPCF IEC/IRE/IPCF.
Guide des Sociétés, Gaston van den AVYLE,
Editions «SERVICE».
Vademecum du Réviseur d’entreprises, Déon-
tologie et normes de révision – 1999,
Collection de textes rassemblés par H. Oli-
vier, directeur général de l’IRE et V. Van de
Walle, conseiller juridique, Ced-Samsom, D/
1998/0247/262 – ISBN 90-5754-360-5.
Gérard DELVAUX La transformation des sociétés commerciales:
mission de contrôle de l’expert-comptable et
du réviseur, 2005. Editions comptabilité et
productivité
Raphaël PRIOUX L’information légale des actionnaires des SA,
SPRL et SC, 2e édition, Kluwer, éditions juri-
diques, Belgique, ISBN 90 6439 473 3, D-
1987-0009-30.
Marcel SPREUTELS Théorie et pratique du rapport, Bibliothèque
générale des sciences économiques, publiée
sous la direction de Jules BAUDE, Les édi-
tions Comptables, Commerciales et Financiè-
res, 1951.

REVUES & ARTICLES

Claude JANSSENS Le rapport de liquidation prévu par l’article


178bis des LCSC: exemple de rapport dans
une PME, Les Forums de l’audit, Revue bel-
ge de la Comptabilité, 1999-2, n° 2, juin 1999,
Ordre des Experts-Comptables et Comptables
brevetés de Belgique, pages 41 à 70 – Le rap-
port de liquidation prévu par l’article 178bis
des LCSC, L’expert-Comptable et le conseil
fiscal, juillet, août, septembre 1999, Revue de
l’IEC – Institut des Experts-comptables et des

312
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Conseils fiscaux, pages 10 à 37, avec traduc-


tion dans la version néerlandophone de la re-
vue.

André KILESSE Le nouveau régime de liquidation des socié-


tés anonymes – SPRL et SCA – norme de con-
trôle spécifique IEC, Droit des sociétés, Re-
vue belge de la Comptabilité, 1996-4, n° 4,
décembre 1996, Ordre des Experts-Compta-
bles et Comptables brevetés de Belgique.

SEMINAIRES

Micheline CLAES La transformation, Les Forums de l’audit,


Ordre des Experts-Comptables et Comptables
brevetés de Belgique, séance du 19.10.1999:
exposé théorique.
Micheline CLAES, La transformation, Les Forums de l’audit,
Claude JANSSENS Ordre des Experts-Comptables et Comptables
brevetés de Belgique, séance du 27.10.1998.
Gérard DELVAUX La transformation, Les Forums de l’audit,
Ordre des Experts-Comptables et Comptables
brevetés de Belgique, séance du 13.12.2000.
Gérard DELVAUX, La transformation, Les Forums de l’audit,
Claude JANSSENS Ordre des Experts-Comptables et Comptables
brevetés de Belgique, séances des 22 et
29.10.2003.
Hugues FRONVILLE La transformation, Les Forums de l’audit,
Ordre des Experts-Comptables et Comptables
brevetés de Belgique, séance du 26.10.1999:
exercice pratique.
Claude JANSSENS La transformation, Les Forums de l’audit,
Ordre des Experts-Comptables et Comptables
brevetés de Belgique, séance du 20.12.2000.

313
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

4.3. ASPECTS FISCAUX

Par Jozef VERSTRAELEN,


Conseil fiscal Deloitte, chargé de cours à l’Université d’Anvers

En matière d’impôts sur les revenus (9), une distinction est opérée lors de l’adoption
d’une autre forme juridique entre les opérations qui en principe ne sont pas soumises
à l’impôt, d’une part, et les opérations imposables en principe, d’autre part; toutefois,
dans le cas d’une transformation imposable en principe, il est prévu un régime d’im-
position neutre.

1. Transformation où en principe il n’y a pas d’imposition

Le Code des sociétés stipule que la personnalité juridique d’une société constituée
sous l’une des formes juridiques énumérées à l’article 2, § 2, C. soc. demeure inchan-
gée lorsque cette société adopte une autre forme juridique mentionnée dans ledit
article (article 775 C. soc.).

En matière d’impôts sur les revenus, une telle transformation ne constitue pas en
principe une opération imposable: l’article 210, § 1er, 3°, CIR 1992 exclut en outre
explicitement l’application des articles 208 et 209 (régime fiscal de la liquidation)
dans le cas de la transformation d’une société conformément aux dispositions du
Livre XII du Code des sociétés.

Cela signifie donc évidemment que dans le cas d’une telle transformation la valeur
fiscale des éléments de l’actif et la composition du patrimoine fiscal (capital fiscal
libéré, réserves imposées et réserves exonérées) demeurent inchangées.

2. Transformation où en principe il y a imposition

a) Les opérations autres que celles mentionnées au point 1 constituent en principe


des opérations imposables et sont par conséquent, en vertu de l’article 210, § 1er,
3°, CIR 1992, en principe, soumises au régime fiscal de la liquidation.

Toutefois, lorsqu’une société résidente (10) adopte une autre forme juridique, si
cette opération est en principe imposable, l’article 214, § 1er, CIR 1992 prévoit un
régime d’imposition neutre (en d’autres termes, le régime fiscal de la liquidation
demeure également dans ce cas sans effet) lorsque l’évaluation des éléments de

(9) En matière de droits d’enregistrement, aucun droit proportionnel n’est dû en cas d’adoption d’une
autre forme juridique (article 121 C. enreg.). En matière de TVA, l’adoption d’une autre forme juridique
n’a aucune implication; la transformation doit cependant être communiquée à l’Administration (formulai-
re 604B).
(10) Pour cette notion, veuillez consulter l’article 2, § 1er, 5°, b, CIR 1992.

314
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

l’actif et du passif, y compris le capital et les réserves, n’est pas modifiée à l’oc-
casion de la transformation.

Sauf dans le cas où une société résidente est transformée en une société agricole
qui n’a pas opté pour l’assujettissement à l’impôt des sociétés, les articles 208 et
209 CIR 1992 ne sont pas d’application. Si toutefois cette société agricole a opté
dès le début (valablement) pour une personnalité juridique fiscale, le régime de
liquidation neutre en cas de transformation est applicable (211/134 Com.IR 1992).

b) Pour l’élaboration du régime de liquidation neutre en cas de transformation, l’ar-


ticle 214, § 1er, premier alinéa in fine, CIR 1992 renvoie à l’article 212 de ce code.

Cela implique que les amortissements, les déductions pour investissement, les
moins-values ou les plus-values sur les éléments de la «nouvelle société» doivent
être effectués comme si la transformation n’avait pas eu lieu et que le patrimoine
fiscal (capital fiscal libéré, réserves imposables et réserves exonérées) de la «nou-
velle société» est également constitué comme si la transformation n’avait pas eu
lieu (11).

La «nouvelle société» pourra continuer à utiliser intégralement les pertes fiscales


cédées par la société transformée.

4.4. NORMES RELATIVES AU RAPPORT A REDIGER A L’OCCASION DE LA


TRANSFORMATION D’UNE SOCIETE
Vu la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales;
Considérant que les présentes normes ont été élaborées en collaboration avec l’Ins-
titut des Réviseurs d’entreprises;
Vu l’avis du Conseil supérieur des Professions économiques du 9 septembre 2002;
Considérant que les normes, approuvées par le Conseil de l’IEC en sa séance du 5
juin 2000, et entrées en vigueur le 6 février 2001, doivent être adaptées aux modifi-
cations apportées aux dispositions sur les sociétés commerciales, plus spécialement
la loi de réparation du 23 janvier 2001;
Le Conseil de l’IEC en sa séance du 7 octobre 2002 a approuvé une nouvelle version
des normes relatives au rapport à rédiger lors de la transformation d’une société.
Ces adaptations, qui ont également été communiquées au Conseil supérieur des Pro-
fessions économiques, entrent immédiatement en vigueur.

***
(11) Il n’est pas exigé qu’au moment de la transformation, le capital fiscal libéré et les réserves éventuel-
lement reprises dans le capital, apparaissent séparément dans le bilan de la «nouvelle société» (211/31,
dernier alinéa, Com.IR 1992). Il est toutefois exigé que l’actionnariat ou l’objet social de la «nouvelle
société» demeure inchangé au moment de la transformation pour pouvoir bénéficier du régime d’imposi-
tion neutre en cas de transformation (211/32 Com.IR 1992).

315
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

CHAPITRE 1. INTRODUCTION

1.1. Définitions

La réglementation comptable

– En ce qui concerne la tenue de la comptabilité:


• la loi du 17 juillet 1975 relative à la comptabilité des entreprises (loi compta-
ble) et ses arrêtés d’exécution du 12 septembre 1983;
• le Code des sociétés.

– En ce qui concerne l’établissement des comptes annuels:


• le Code des sociétés (art. 92) et l’arrêté d’exécution du 30 janvier 2001.

La société concernée peut cependant être soumise au respect d’une réglementation


spécifique.

Le professionnel

Par professionnel, il faut entendre pour l’application de la présente norme le réviseur


d’entreprises ou l’expert-comptable externe.

1.2. Champ d’application

Ces normes sont d’application pour la mission que le professionnel doit exercer
dans le cadre de l’article 777 ou de l’article 436, § 2, du Code des sociétés (C.
soc.).

1.2.1. Ces normes sont d’application aux transformations d’une société constituée
sous l’une des formes énumérées à l’article 2, § 2, C. soc. en une société d’une autre
forme (articles 774 et 436 C. soc.).

1.2.2. Ces normes ne sont pas d’application dans les cas suivants:

– la transformation d’une association d’assurance mutuelle en société à forme com-


merciale (chap. Vquinquies de la loi du 9 juillet 1975 relative au contrôle des
entreprises d’assurance);
– la transformation d’une association sans but lucratif en une société à finalité so-
ciale (art. 26ter de la loi du 27 juin 1921 sur les associations sans but lucratif, les
associations internationales sans but lucratif et les fondations);
– la transformation d’une fondation privée en une fondation d’utilité publique (art.
44 de la loi du 27 juin 1921 sur les associations sans but lucratif, les associations
internationales sans but lucratif et les fondations);
– la modification de la forme juridique d’une société agricole, d’un groupement
d’intérêt économique ou d’un groupement européen d’intérêt économique en une
société ou une association d’une autre forme (art. 774 C. soc.).

316
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

L’établissement d’un rapport de contrôle est-il obligatoire pour la forme de société


qui vous a chargé d’établir le rapport?
N’établissez-vous pas de rapport de contrôle en cas de transformation d’une so-
ciété constituée sous une forme pour laquelle il n’existe pas d’obligation en la
matière?

1.2.3. Ne peut être considérée comme une transformation, la modification d’une so-
ciété à objet commercial en une société à objet civil et inversement, lorsque la même
forme juridique commerciale de la société est maintenue, de même que l’adoption ou
l’abandon de la qualité de société à finalité sociale.
1.2.4. Les normes générales de révision de l’IEC ne sont pas applicables à la présente
mission.

1.3. Aspects comptables


La situation active et passive est un état qui consiste en un bilan ou une situation
comptable intermédiaire équivalente accompagnée dans les deux cas d’une an-
nexe explicative qui peut comprendre, entre autres, un résumé des droits et en-
gagements. La situation active et passive doit résulter sans addition ni omission
de la balance des comptes.
La situation active et passive doit être arrêtée à une date qui ne remonte pas à
plus de trois mois à compter de la date de l’assemblée générale convoquée pour
se prononcer sur la transformation de la société.

1.3.1. Par situation comptable intermédiaire équivalente, il faut entendre un état actif
et passif établi selon les mêmes principes et comprenant au moins les mêmes rubri-
ques que celles qui figurent dans la réglementation comptable en ce qui concerne
l’établissement des comptes annuels. La situation active et passive doit résulter sans
addition ni omission de la balance des comptes.
La situation comptable intermédiaire doit être établie en tenant compte des correc-
tions de valeur, des prorata de charges (y compris la rémunération des dirigeants,
l’amortissement, les variations de stocks, les pécules de vacances, les primes de fin
d’année et autres primes à payer, la charge d’impôt, etc.) conformément aux règles
d’évaluation.
La situation active et passive à la date de l’assemblée générale spéciale remonte-t-
elle à plus de trois mois?

➾ Rem.: Il est préférable d’attirer l’attention sur ce point.

1.3.2. Par actif net, il faut entendre le capital, les primes d’émission, les plus-values
de réévaluation, les réserves, le bénéfice ou la perte reportée ainsi que les subsides en
capital.

Par capital, il faut entendre l’addition du capital libéré et de la partie du capital sous-
crit qui a été appelée mais non versée. Le capital social à prendre en considération

317
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

pour établir les termes de la comparaison des SA, des SCA et des SPRL est celui qui
est déterminé par les statuts de la société à la date d’établissement de l’état résumant
la situation active et passive; les primes d’émission et autres élément de fonds pro-
pres ne sont pas pris en considération. En ce qui concerne les sociétés en nom collec-
tif, il faut se référer au capital qui sera fixé par les statuts de la société après sa
transformation (art. 776, al. 3, C. soc.). Pour déterminer le capital des sociétés coopé-
ratives (constitué des parts fixe et variable), le professionnel consultera le registre
des coopérateurs à la date de clôture de la situation active et passive.

Le montant du bénéfice de l’exercice en cours ne peut être pris en considération pour


une éventuelle augmentation de capital, sauf à mettre en oeuvre la procédure évo-
quée ci-dessous (4.2.4.). Le résultat de l’exercice en cours jusqu’à la date de clôture
de la situation active et passive sera mentionné sous une rubrique séparée du résultat
reporté, parmi les fonds propres.

Le résultat de l’exercice en cours n’a-t-il pas été ajouté à tort au résultat reporté?

On rappellera qu’un impôt différé doit être calculé pour les plus-values réalisées
mais fiscalement immunisées de façon temporaire ainsi que pour les subsides en
capital.

Les impôts différés sur les plus-values temporairement exonérées et les subsides
en capital ont-ils été calculés?

➾ Rem.: Il s’agit d’une sous-estimation du passif dont il doit être fait mention.

1.3.3. Le délai de trois mois doit être calculé à partir de la date de la situation active
et passive jusqu’à la date de l’assemblée générale qui se prononce sur la transforma-
tion.

Lorsque le droit des sociétés prévoit la possibilité de convoquer une seconde assem-
blée générale (art. 781, § 3, C. soc. concernant la transformation en SA d’une SCA ou
d’une SC), le délai de trois mois n’en est pas modifié; cela signifie que ce délai se
calcule seulement par rapport à la première assemblée générale.

1.3.4. Dans la SA, la SPRL, la SC et la SCA., le professionnel doit remettre son


rapport à la société au moins quinze jours avant la date de l’assemblée générale qui
doit décider sur la transformation. Si le professionnel n’a pas reçu les documents
légaux en temps voulu et en conséquence, s’il n’a pas la possibilité de respecter les
délais fixés par la loi, il doit s’en justifier dans son rapport à l’assemblée générale en
mentionnant, le cas échéant, la façon dont ses contrôles en ont été influencés.

Le rapport a-t-il été envoyé à temps à la commission d’accompagnement et de


surveillance?

➾ Rem.: Le rapport doit être envoyé à la commission d’accompagnement et de


surveillance dans le délai de quinze jours.

318
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Le rapport a-t-il été transmis aux actionnaires dans le délai de 15 jours avant l’as-
semblée générale appelée à se prononcer sur la transformation de la société?

Avez-vous suffisamment insisté sur le respect de ce délai dans votre rapport?

Avez-vous clairement décrit dans votre rapport les raisons éventuelles et les con-
séquences sur l’établissement du rapport du non-respect de ce délai?

1.4. Objet de la mission

La mission du professionnel consiste à vérifier l’état résumant la situation acti-


ve et passive établi par l’organe de gestion et à faire rapport sur cet état en
indiquant notamment s’il y a eu la moindre surévaluation de l’actif net.

La procédure a pour but de permettre aux associés de se prononcer en connais-


sance de cause sur la transformation de la société ainsi que de veiller à la protec-
tion du capital dans l’intérêt des tiers.

1.4.1. Le rapport sur l’état de la situation active et passive doit être établi par le
commissaire de la société si cette fonction a été pourvue.

Lorsqu’aucun commissaire n’a été nommé, le rapport est établi par un professionnel
qui a été spécialement désigné à cette fin par l’organe de gestion.

Un commissaire a-t-il été nommé ou aurait-il dû être nommé dans la société à


contrôler?

➾ Rem.: Si un commissaire a été nommé, c’est lui qui est chargé d’établir le
rapport de contrôle. Si, à tort, aucun commissaire n’a été nommé, tout profes-
sionnel est autorisé à établir le rapport, sans oublier de préciser que la société a
manqué à ses obligations légales en la matière et que, de ce fait, la responsabilité
de l’organe de gestion peut être mise en cause.

1.4.2. La mission du professionnel a pour but de vérifier:

a) que l’actif net de la société après transformation est supérieur au capital social
minimum prescrit par le Code des sociétés;

b) qu’il n’existe pas la moindre surévaluation de l’actif net.

On distinguera cet objectif du contrôle des comptes annuels, lesquels reflètent


une situation financière destinée à fournir aux associés et aux tiers une information
périodique sur le patrimoine, la situation financière et les résultats de l’entreprise.

1.4.3. Le professionnel doit adapter ses travaux à l’objectif spécifique de sa mission,


à savoir l’identification de toute surévaluation de l’actif net. En conséquence, le pro-
gramme de travail sera orienté vers l’identification des surévaluations éventuelles

319
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

des rubriques d’actif ainsi que des sous-évaluations des provisions pour risques et
charges et des dettes. Il ne doit pas couvrir tous les aspects qui seraient nécessaires
dans le cadre de l’attestation de l’image fidèle des comptes annuels (structure des
résultats, situation financière, etc.).

Le principe de l’importance relative s’applique dans la mise en oeuvre des vérifica-


tions et des ajustements éventuels relatifs aux rubriques de l’actif, des provisions et
des dettes. Par contre, pour ce qui concerne la conclusion relative à l’actif net, toute
surévaluation, quelle que soit son importance, devrait être mentionnée.

La situation active et passive présentée a-t-elle été établie conformément à l’en-


semble des règles relatives à l’établissement des comptes annuels (par exemple,
les amortissements et les comptes de régularisation n’ont pas été adaptés propor-
tionnellement)?

Les règles d’évaluation ont-elles été adaptées en fonction de la transformation et


ces décisions ont-elles été prises par l’organe de gestion sur une base légale?

1.4.4. L’objet de cette mission entre dans le champ d’application de l’article 16 de la


loi du 17 juillet 1975 relative à la comptabilité des entreprises (anciennement 17).
Cette disposition s’applique en sachant que les diligences normales de contrôle sont
moins étendues que celles qui sont requises pour la certification des comptes an-
nuels. Le professionnel qui constate l’existence d’une infraction aux dispositions de
la loi comptable est tenu d’en faire état dans son rapport, sauf dans la mesure où elle
aura fait l’objet d’une correction appropriée.

Avez-vous constaté des infractions aux dispositions de la loi du 17 juillet 1975 et


de l’A.R. du 30 janvier 2001?

Ces infractions ont-elles été suffisamment commentées dans votre rapport?

1.5. Aspects déontologiques

1.5.1. Il est recommandé de faire signer une lettre de mission dans laquelle les men-
tions suivantes seront reprises:

– description de la mission;
– qu’aucun professionnel n’a été chargé de la même mission dans les douze der-
niers mois;
– responsabilité de l’organe de gestion pour l’établissement d’un état de la situation
active et passive conforme aux dispositions légales et de l’annexe explicative
éventuelle;
– responsabilité de l’organe de gestion pour fournir en temps voulu tous les docu-
ments et pièces nécessaires, en ce compris le rapport de l’organe de gestion;
– délai pour la délivrance du rapport;
– mode de calcul et conditions de paiement des honoraires.

320
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

1.5.2. Conformément aux règles générales de déontologie, si un expert-comptable


externe ou un réviseur d’entreprises a été précédemment consulté par les parties en
relation avec cette mission, le professionnel devra prendre contact avec celui-ci no-
tamment dans le but:

– d’obtenir, dans le respect des règles du secret professionnel, des informations sur
les circonstances qui auraient pu conduire le client à consulter un autre profes-
sionnel;

– de s’assurer du paiement des honoraires dus et non contestés.

Faites-vous mention du fait qu’un autre professionnel a été désigné préalablement


en vue d’établir le rapport de transformation? Avez-vous pris contact avec ce pro-
fessionnel?

Faites-vous mention du fait que vous avez pris contact avec le professionnel habi-
tuel de la société?

1.5.3. Le professionnel s’acquitte en toute indépendance de la mission qui lui a été


confiée, conformément aux principes généraux de la déontologie (12). Dans les so-
ciétés où aucun commissaire n’est en fonction, le professionnel ne peut pas être le
conseiller habituel de la société pour laquelle il est fait rapport.

Avez-vous identifié le professionnel habituel de la société dans votre rapport, de


sorte qu’il puisse être clairement établi que votre indépendance n’est pas compro-
mise?

Le professionnel ne peut avoir effectué aucune autre mission récurrente dans la so-
ciété au cours des deux années précédentes, si ce n’est une ou plusieurs missions de
contrôle. Il ne peut exercer aucune mission récurrente autre qu’une mission de con-
trôle dans la société pendant les deux années qui suivent.

1.5.4. Le commissaire doit assister à l’assemblée générale qui est appelée à délibérer
sur la base d’un rapport établi par lui, sauf dans la mesure où il présenterait un juste
motif (art. 272/274, 412, 538/540 C. soc.).

A la demande expresse de l’organe d’administration et avec l’accord de l’assemblée


générale, le professionnel qui n’est pas commissaire assistera aux délibérations de
celle-ci.

Précisez-vous dans votre rapport si oui ou non vous assisterez à l’assemblée géné-
rale extraordinaire à la demande de l’organe de gestion?

(12) Il y a lieu de tenir compte de la recommandation de déontologie du 5 décembre 1997 relative aux
relations entre les membres de l’IRE et de l’IEC dans le cadre de l’exercice de la profession (voir Rapport
annuel IEC, 1997, p. 19).

321
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

CHAPITRE 2. TRAVAUX DE VERIFICATION

2.1. Le professionnel exécute sa mission conformément à un programme de tra-


vail approprié. Ses différents travaux ainsi que les éléments probants qui les
appuient sont consignés dans un dossier de travail.

2.1.1. Le programme de travail relatif au contrôle de la situation active et passive


établie à l’occasion de la transformation comprendra en principe les étapes suivantes:

– identification de l’opération projetée;


– appréciation de l’organisation administrative et comptable de l’entreprise et des
risques auxquels elle est exposée;
– vérification de la situation active et passive;
– examen du respect des dispositions légales et statutaires en relation avec l’opéra-
tion projetée;
– examen du rapport spécial de l’organe de gestion;
– établissement du rapport.

L’opération projetée a-t-elle été clairement identifiée?

2.1.2. Dans l’exécution de sa mission, le professionnel réunit les documents et don-


nées propres à justifier les vérifications qu’il a accomplies. Ces documents seront
conservés pendant au moins cinq années après l’assemblée générale qui a décidé la
modification de la forme juridique de la société.

2.1.3. Le dossier de travail comprend au moins les éléments suivants:

– un document attestant l’attribution de la mission;


– un mémorandum résumant les constatations relatives à l’organisation administra-
tive et comptable;
– les derniers comptes annuels ainsi que la situation active et passive sur laquelle le
professionnel fait rapport;
– le programme de vérification visé ci-dessus au paragraphe 2.1.1.;
– les éléments probants validant les rubriques de la situation active et passive;
– le rapport spécial de l’organe de gestion relatif à la transformation.

Votre dossier de contrôle contient-il suffisamment de ces documents et pièces jus-


tificatives?

2.1.4. Le professionnel prendra contact dès que possible avec le notaire appelé à
instrumenter afin d’obtenir le projet d’acte relatif à la transformation ainsi que le
projet de nouveaux statuts.

Faites-vous clairement référence à l’examen du projet d’acte notarié dans lequel


votre conclusion sera intégralement reproduite pour ensuite être publiée?

322
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

2.2. Lorsqu’il effectue la vérification de la situation active et passive de la société


à l’occasion de l’adoption par celle-ci d’une autre forme juridique, le profes-
sionnel procède, dans le cadre de la première phase de ses travaux, à l’identifi-
cation de l’opération projetée.

2.2.1. Le professionnel réunit d’abord des informations essentielles concernant la


société, ses règles d’évaluation, la structure de son capital, la composition de son
actionnariat ainsi que les principaux risques propres à cette entreprise ou à son activi-
té qui sont susceptibles d’influencer de manière significative l’élaboration de la si-
tuation active et passive.

Avez-vous précisé les droits éventuels attachés aux différentes catégories d’ac-
tions?

Avez-vous accordé suffisamment d’attention aux informations concernant la so-


ciété, notamment:

a) avez-vous défini son objet?


b) avez-vous exposé ses règles d’évaluation de manière satisfaisante?
c) avez-vous défini la structure de son capital de manière satisfaisante?
d) avez-vous défini les actionnaires de manière satisfaisante?
e) avez-vous exprimé les principaux risques auxquels l’entreprise est exposée?

2.2.2. Le professionnel étudie les modalités prévues pour l’adoption d’une nouvelle
forme juridique, et plus particulièrement le rapport spécial de l’organe de gestion
comprenant l’exposé de l’intérêt que présente l’opération pour la société. Le profes-
sionnel doit prêter une attention particulière à la motivation des parties ainsi qu’aux
risques éventuels de rupture de l’égalité entre les associés à l’occasion de l’opération
de transformation.

Avez-vous expliqué de manière satisfaisante la motivation des parties et la viola-


tion éventuelle de l’égalité entre les associés?

Si le rapport spécial de l’organe de gestion n’est pas disponible au moment où il


commence ses travaux, le professionnel interrogera les dirigeants pour se faire une
idée précise de l’objectif poursuivi et des circonstances prévues pour la transforma-
tion.

➾ Rem.: Lorsque vous envoyez votre rapport à la commission d’accompagne-


ment et de surveillance, il est recommandé d’y joindre une copie du rapport
spécial signé par l’organe de gestion.

Conservez-vous l’original signé du rapport de l’organe de gestion dans votre dos-


sier de travail?

323
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

2.2.3. Lorsque le professionnel identifie l’opération projetée, il est de bon usage de


prêter attention à l’application éventuelle d’autres dispositions du Code des sociétés
(par exemple, application des articles 332, 431 et 633 C. soc., augmentation de capi-
tal par apport en nature simultanée, etc.).

La procédure d’alarme est-elle (éventuellement) d’application?

Cette procédure d’alarme est-elle commentée de manière satisfaisante dans votre


rapport?

2.3. Dans la deuxième phase de ses travaux, le professionnel effectue l’analyse


de l’organisation administrative, et principalement des mesures qui assurent la
fiabilité du système comptable.
2.3.1. Le professionnel doit étudier les conditions dans lesquelles l’information comp-
table est élaborée. S’il est le commissaire de la société, il doit seulement s’assurer de
la continuité du système de contrôle interne. A défaut, il doit mettre en oeuvre les
diligences requises pour vérifier l’existence de procédures internes appropriées à la
taille et à l’activité de l’entreprise, lui garantissant la fiabilité des données.

2.3.2. Si le professionnel constate que l’organisation administrative et comptable est


appropriée pour les besoins de sa vérification de la situation active et passive, il peut
poursuivre normalement ses travaux.

S’il constate des lacunes notables dans l’organisation administrative, il doit étendre
les tests destinés à valider les soldes repris dans l’état comptable en fonction de ces
lacunes. Si les faiblesses de l’organisation administrative et comptable rendent im-
possible le développement d’un programme approprié de validation des rubriques de
la situation active et passive, il en tirera les conclusions dans son rapport selon ce qui
est dit au chapitre 3 des présentes normes.

Insistez-vous suffisamment dans votre rapport sur les contrôles que vous avez
réalisés afin de vous assurer de l’indélébilité des données comptables?

2.4. Dans la troisième phase de sa mission, le professionnel rassemble les élé-


ments probants lui permettant de valider les soldes de comptes apparaissant
dans la situation active et passive annexée au rapport de l’organe de gestion.
2.4.1. La collecte d’éléments probants est limitée aux objectifs de la mission telle que
définie dans le Code des sociétés et commentée au paragraphe 1.4. des présentes
normes.
2.4.2. Le professionnel détermine la nature et le volume des éléments probants né-
cessaires pour se former une opinion en fonction:

– des risques spécifiques liés à la situation de l’entreprise;


– des conclusions de son évaluation de l’organisation administrative et comptable;
– du principe général de l’importance relative.

324
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Il doit toujours être en mesure de motiver ses décisions.

2.4.3. Le professionnel mettra en oeuvre un programme de travail approprié de telle


manière que le risque d’émettre une conclusion erronée sur l’état comptable soit ra-
mené à un niveau acceptable; dans la détermination des vérifications à effectuer, il
tiendra compte du principe général d’importance relative.

Précisez-vous dans votre rapport si les livres légaux et autres journaux ont été
correctement tenus?

La mise en oeuvre du principe général d’importance relative doit être adaptée à l’ob-
jectif d’identification de surévaluations dans les rubriques de l’actif et de sous-éva-
luations dans les rubriques du passif autres que les capitaux propres. En conséquen-
ce, le professionnel pourra réduire ses travaux lorsqu’il a pu conclure, conformément
au paragraphe 2.4.2., que le risque qu’il existe des inexactitudes conduisant à la suré-
valuation des capitaux propres est peu important.

Si le professionnel a des raisons de considérer qu’il se trouve peut-être en présence


de la moindre surestimation de l’actif net, il doit accomplir dans pareil cas des tra-
vaux complémentaires ou plus étendus, pour lui permettre de conclure s’il y a eu la
moindre surestimation de l’actif net.

2.4.4. Le professionnel prête une attention aux méthodes d’évaluation et aux modifi-
cations éventuelles de celles-ci à l’occasion de la transformation.

Les règles d’évaluation ont-elles été approuvées par l’organe de gestion et inscri-
tes dans le livre d’inventaire?

2.4.5. Lorsque le professionnel constate l’existence de créances sur des associés, il


examine spécialement la solvabilité de ceux-ci.

Traitez-vous dans votre rapport de la solvabilité des associés ou gérants concer-


nant une dette envers la société?

2.5. Les travaux du professionnel doivent être suffisants pour lui permettre de
conclure que l’état résumant la situation active et passive forme une base rai-
sonnable pour le calcul de l’actif net.

2.5.1. L’état résumant la situation active et passive prévue par l’article 776 et l’article
436, § 2, C. soc. sera composé au moins du bilan ou d’une situation intermédiaire
équivalente, selon les principes développés ci-dessus au paragraphe 1.3.1., ainsi que,
dans les deux cas, d’une annexe comprenant notamment un résumé des engagements
et recours.

Traitez-vous dans votre rapport des droits et engagements hors bilan?

2.5.2. Lorsque, par suite des vérifications opérées, il s’avère que des corrections doi-
vent être apportées à la situation active et passive, le professionnel doit s’assurer que

325
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

ses corrections ont été comptabilisées afin que l’état résumant la situation active et
passive découle sans addition ni omission de la balance des comptes.

A-t-il été précisé que la situation active et passive découle sans addition ni omis-
sion de la balance des comptes?

Le professionnel doit vérifier dans quelle mesure il a été tenu compte de tous les
éléments susceptibles d’influencer négativement le patrimoine de la société.

Le capital social mentionné dans l’état comptable doit être celui qui existe à la date à
laquelle cet état comptable est établi. Une modification du capital qui devrait être
réalisée après cette date ne saurait être incluse dans les comptes. Le professionnel
fera état du projet de modification du capital dans le corps de son rapport, sans que
cette mention puisse influencer la conclusion (voir aussi 2.8.1.).

Avez-vous comparé l’actif net de la situation active et passive avec le capital indi-
qué dans cet état comptable et précisez-vous qu’il est supérieur ou inférieur au
capital requis dans la forme de société transformée?

Pour les SNC, faites-vous référence au capital qui sera fixé dans les statuts APRES
la transformation de la société (art. 773, 3e alinéa, C. soc.)?

Pour les sociétés coopératives (dans lesquelles le capital se compose d’une partie
fixe et d’une partie variable), avez-vous consulté le registre des coopérants à la
date de la situation active et passive (art. 357 C. soc)?

2.6. Le professionnel calcule l’actif net de la société en prêtant attention au res-


pect des dispositions légales et statutaires, principalement en ce qu’elles affec-
tent la composition du capital social de la société.

2.6.1. Le professionnel devra faire preuve d’une prudence particulière lorsqu’il appa-
raît que l’actif net se rapproche du montant du capital. Il devra renforcer son attention
et l’étendue de ses contrôles lorsque l’actif net est inférieur ou légèrement supérieur
seulement au capital minimal requis pour la forme de société dans laquelle la trans-
formation s’opère. En effet, conformément à l’article 785 C. soc., «les associés en
nom, gérants ou administrateurs de la société qui se transforme sont responsables
solidairement de la différence éventuelle entre l’actif net de la société après transfor-
mation et le capital social minimal. En cas de transformation d’une SCRI en une
SCRL, l’article 436, § 5, C. soc. stipule que les administrateurs sont tenus solidaire-
ment de la différence entre les fonds propres et le montant légal minimal du capital
fixe.»

Procédez-vous à des contrôles plus pointus, dès lors que l’actif net est inférieur ou
seulement légèrement supérieur au capital minimal requis dans la nouvelle forme
de société?

326
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Faites-vous référence dans votre rapport à la responsabilité des personnes visées à


l’article 785 C. soc. (membres de l’organe de gestion) et aux conséquences éven-
tuelles des articles 333 et 634 C. soc.?

➾ Rem.: Pour la SCRL, nous renvoyons à l’art. 432 C. soc.

Lorsqu’un engagement hors bilan pourrait influencer de façon significative le mon-


tant de l’actif net, le professionnel appréciera s’il convient de compléter ses conclu-
sions en fonction du risque de perte que cet engagement peut entraîner. Ceci est par-
ticulièrement important lorsque le montant du capital minimal pourrait ne plus être
réuni.

2.7. Dans l’exécution de sa mission, le professionnel doit prêter attention à toute


violation de la législation comptable ou de la législation sur les sociétés commer-
ciales ou des statuts qui pourrait avoir une influence sur la situation active et
passive, et plus généralement sur la bonne fin de l’opération de changement de
la forme juridique de la société.

2.7.1. Le professionnel examinera les règles formelles de tenue des comptes ainsi
que les éléments relatifs à l’information externe pour autant qu’ils sont en relation
avec la mission légale de transformation; en particulier, il vérifiera notamment que:

– les livres légaux sont régulièrement tenus;


– les règles d’évaluation ont été approuvées par l’organe de gestion.

Faites-vous état dans votre rapport des éventuelles infractions à la législation comp-
table, au droit des sociétés et aux statuts?

Les livres légaux sont-ils régulièrement tenus?

Les règles d’évaluation ont-elles été approuvées par l’organe de gestion et inscri-
tes dans le livre d’inventaire?

2.7.2. Si le professionnel prend connaissance d’un fait ou d’une décision qui pourrait
constituer la violation d’une disposition légale ayant une influence significative sur
les comptes soumis à son examen, il doit en premier lieu réunir toutes les informa-
tions nécessaires sur la portée du fait ou de la décision concernée et sur son caractère
effectivement irrégulier. Il documentera ses constatations, prendra contact avec le
professionnel qui serait conseiller habituel de l’entreprise (13), et évoquera la ques-
tion avec la direction de la société.

(13) Il y a lieu de tenir compte de la recommandation de déontologie du 5 décembre 1997 relative aux
relations entre les membres de l’IRE et de l’IEC dans le cadre de l’exercice de la profession (voir Rapport
annuel de l’IEC, 1997, p. 19).

327
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Avez-vous pris contact avec le professionnel habituel de la société afin de discuter


des éventuelles infractions aux dispositions légales ou réglementaires?

Lorsque les effets de la situation irrégulière sur les comptes ne peuvent pas être cor-
rigés, au vu des circonstances, le professionnel pourra opter pour une des attitudes
suivantes:

– soit notifier les éléments constatés par écrit au conseil d’administration ou au


gérant et refuser de poursuivre la mission;

– soit notifier les éléments constatés par écrit au conseil d’administration et émettre
des réserves expresses dans son rapport en ce qui concerne les effets des irrégula-
rités constatées sur la situation active et passive.

2.7.3. Le professionnel examine les droits attachés aux différentes catégories d’ac-
tion ou parts, y compris les droits attachés aux parts non représentatives du capital
social. S’il constate que le principe d’égalité entre les différents associés risque d’être
mis en péril de façon significative par la réalisation de l’opération, il en fait état dans
son rapport.

Avez-vous précisé les droits éventuels attachés aux différentes catégories d’ac-
tion?

2.8. Lorsque, au cours de ses travaux, le professionnel constate des événements


postérieurs à la date de clôture de la situation active et passive qui peuvent avoir
un effet significatif soit sur la présentation de la situation active et passive, soit
sur le montant de l’actif net, le professionnel doit en faire mention dans son
rapport.

Avez-vous fait toute la lumière sur les faits éventuels qui ont été constatés après
établissement de la situation active et passive et qui peuvent être utiles à l’assem-
blée générale?

Ces faits laissent-il voir l’opération envisagée sous un jour nouveau?

Les frais de la transformation ont-ils été prévus dans la situation active et passive?

➾ Rem.: Il s’agit d’une sous-estimation du passif, dont il doit également être fait
mention dans le rapport.

2.8.1. Le professionnel sera attentif à l’évolution du capital social après la date de


l’état comptable et jusqu’à la signature de son rapport. En particulier, dans les socié-
tés coopératives, il y a lieu de prêter attention à l’évolution de la part variable du
capital; le cas échéant, le professionnel mentionnera le risque de modification du
capital variable postérieurement à la signature de son rapport.

328
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

CHAPITRE 3. LE RAPPORT

3.1. Le professionnel mentionne, en termes généraux, dans son rapport, la mis-


sion qui lui est confiée, la référence au document de désignation et la façon dont
il a exercé son contrôle sur la situation active et passive remise à l’assemblée
générale.

➾ Rem.: Une table des matières avec renvoi aux pages correspondantes est sou-
haitable, dans la mesure où elle améliore la lisibilité du rapport.

3.1.1. Dans l’identification de la mission qui lui est confiée, le professionnel devra
inclure:

a) l’identification de la société (dénomination sociale, siège social, le cas échéant


registre de commerce, etc.);

➾ Rem.: La loi du 16 janvier 2003 portant création d’une Banque-carrefour des


entreprises a entre-temps supprimé le registre du commerce.

b) la date à laquelle l’état comptable a été arrêté par l’organe de gestion de l’entre-
prise, en précisant clairement que le document est établi sous la responsabilité de
cet organe;

c) un résumé de l’opération dans le cadre de laquelle s’effectue la transformation et


de la motivation de l’organe de gestion.

3.2. Le professionnel expose la façon dont il a effectué ses vérifications. Il spéci-


fie dans quelle mesure il a pu appuyer ses travaux sur une organisation adminis-
trative et comptable suffisante dans le contexte de l’opération.

3.2.1. Le professionnel doit mentionner dans son rapport que l’objet de sa mission est
l’identification de toute surévaluation de l’actif net apparaissant dans la situation
active et passive dressée par l’organe de gestion. En conséquence, le programme de
travail a été orienté vers l’identification des surévaluations éventuelles des rubriques
d’actif ainsi que des sous-évaluations des provisions pour risques et charges et des
dettes. Il n’a pas couvert tous les aspects qui seraient nécessaires dans le cadre de
l’attestation de l’image fidèle des comptes annuels (structure du résultat, situation
financière, etc.).

L’actif net de la société après transformation est-il supérieur au capital social mi-
nimal légal prescrit par le C. soc.?

Y-a-t-il une quelconque surestimation de l’actif net (sous-estimation du passif)?

3.2.2. Le rapport du professionnel exposera si l’organisation administrative et comp-


table de la société lui a permis de former son opinion tant sur la description que sur
l’évaluation des éléments constitutifs de la situation comptable.

329
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

➾ Rem.: L’utilisation de clichés du genre: «Les lacunes administratives ont été


compensées par un contrôle plus étendu» ne satisfait pas à l’obligation précitée.

Si l’organisation administrative et comptable présente des lacunes notables, le pro-


fessionnel s’efforcera de mettre en oeuvre des contrôles alternatifs suffisants. Si ceci
n’est pas possible, il ne pourra pas délivrer une attestation sans réserve.

Avez-vous prêté une attention suffisante à l’organisation administrative et comp-


table de l’entreprise?

➾ Rem.: Il est ainsi plus facile de juger des surestimations éventuelles.

3.3. Le professionnel reproduit dans son rapport la situation active et passive


qui en est l’objet ou la joint en annexe. Il doit apparaître clairement que cette
situation active et passive est dressée sous la responsabilité de l’organe de ges-
tion.

3.3.1. La loi impose au professionnel de faire rapport sur l’état comptable. Ce rapport
portera sur les éléments suivants:

a) l’état comptable découle sans addition ni omission de la balance des comptes;

b) la présentation de l’état comptable est conforme à la structure des comptes an-


nuels établis en conformité avec la réglementation;

c) les règles d’évaluation appliquées sont conformes à la réglementation comptable


et toutes les corrections de valeur (amortissement, réductions de valeur et provi-
sions) ont été apportées à la date de clôture de la situation active et passive en
manière telle que l’état comptable forme une base raisonnable pour le calcul de
l’actif net.

Si le professionnel l’estime nécessaire, il pourra commenter le point c) ci-dessus en


passant en revue les rubriques significatives de l’état comptable. Il devra compléter
son rapport dans les hypothèses visées aux paragraphes 3.3.2., 3.3.3. et 3.3.4. ci-
dessous.

L’état comptable résumant la situation active et passive découle-t-il sans addition


ni omission de la balance des comptes?

L’état comptable résumant la situation active et passive a-t-il été établi conformé-
ment aux dispositions légales en la matière?

Toutes les corrections de valeur (amortissements, réductions de valeur et provi-


sions) ont-elles été reprises dans la situation active et passive?

330
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3.3.2. Si le professionnel considère que des modifications doivent être apportées à


l’état comptable, il formulera des réserves dans son rapport en mentionnant les cor-
rections significatives qu’il estime nécessaires, selon ce qui est dit ci-dessous au pa-
ragraphe 3.5.

Des modifications ont-elles été apportées à l’état comptable? Avez-vous formulé


une réserve dans votre rapport concernant les corrections significatives?

3.3.3. Si le professionnel estime que l’annexe explicative visée au paragraphe 1.3. est
importante pour la compréhension des rubriques de la situation active et passive, il
devra le signaler dans son rapport. Ceci concerne en particulier les modifications de
règles d’évaluation qui auraient été apportées pour l’établissement de l’état compta-
ble. Parmi les autres renseignements que le professionnel devrait inclure dans son
rapport, on notera spécialement:
– des engagements significatifs (litiges en cours; engagements importants de ga-
rantie, etc.);
– des difficultés financières graves rendant la survie de la société aléatoire même
après la transformation; selon l’usage en matière d’attestation des comptes annuels,
la perspective d’appréciation de la continuité sera normalement d’une année;
– des modifications du capital postérieures à la date de l’état comptable.

Faites-vous référence dans votre rapport à des événements significatifs, tels que
litiges en instance, obligations importantes liées à des garanties, etc.?
Faites-vous référence, le cas échéant, au caractère aléatoire de la situation, aux
articles du C. soc. relatifs à la procédure d’alarme et aux conséquences éventuelles
de la législation sur les faillites?

3.3.4. En outre, le professionnel mentionne tout fait porté à sa connaissance après la


date de la situation comptable et qui, s’il avait été connu avant cette date, aurait
entraîné une modification significative de cet état.

Faites-vous référence dans votre rapport à des faits significatifs survenus après
l’établissement de la situation active et passive?

3.4. Le professionnel mentionne qu’il a pris connaissance du rapport de l’orga-


ne de gestion prévu à l’article 778 C. soc. Il expose dans son rapport tout rensei-
gnement qu’il juge indispensable à l’information de l’assemblée générale en rap-
port avec le changement de la forme juridique de la société et qui ne figure pas
dans le rapport de l’organe de gestion.
Mentionnez-vous dans votre rapport que vous avez pris connaissance du rapport
de l’organe de gestion et des informations qui y figurent?
Y a-t-il d’autres informations utiles à l’assemblée générale qui ne figurent pas
dans le rapport de l’organe de gestion?

331
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

3.4.1. Le professionnel mentionne les faits significatifs portés à sa connaissance après


la date de l’état comptable, susceptibles d’exercer une influence notable sur la déci-
sion de l’assemblée générale, même s’ils n’influencent pas nécessairement l’état comp-
table.

3.5. Si le professionnel est dans l’impossibilité de délivrer une attestation appro-


bative sans réserve, il en exposera les motifs en termes clairs.

Votre conclusion avec réserve précise-t-elle de manière satisfaisante les motifs de


cette réserve?

3.5.1. Le professionnel doit mentionner dans son rapport tout redressement significa-
tif conduisant à la surévaluation de l’actif net qui doit être apporté à la situation
active et passive annexée au rapport de l’organe de gestion de la société.

Au cas où ces redressements auraient pour effet de rendre l’actif net inférieur au
capital social, le professionnel utilisera les chiffres redressés par lui pour de l’actif
net mentionné dans les conclusions de son rapport.

3.5.2. Le professionnel qui constate, au cours de ses travaux, une infraction à la loi
comptable et à ses arrêtés d’exécution en rapport avec l’établissement de l’état comp-
table, devra, sans préjudice d’aspects formels d’importance mineure, en faire men-
tion dans son rapport conformément à l’article 16 de la loi du 17 juillet 1975 relative
à la comptabilité des entreprises.

3.5.3. Le professionnel qui constate au cours de ses travaux une infraction significa-
tive au Code des sociétés et aux statuts, en fait mention dans son rapport dans la
mesure où cette infraction peut avoir une incidence:

– soit sur la décision de l’assemblée générale;


– soit sur la présentation de la situation active et passive et/ou le calcul de l’actif
net.

Le bénéfice de l’exercice est-il utilisé indûment pour une éventuelle augmentation


de capital?

➾ Rem.: Ce bénéfice doit être mentionné sous une rubrique distincte du résultat
étant donné qu’il n’est pas encore définitif et qu’une assemblée générale n’a pas
encore décidé de son affectation.

3.6. Le rapport du professionnel sera daté et signé du jour où les travaux ont été
achevés.

3.6.1. Si le rapport écrit de l’organe de gestion justifiant l’opération de transforma-


tion n’a pas pu être obtenu par le professionnel avant qu’il n’établisse son propre
rapport, le professionnel ne peut pas délivrer son rapport signé.

332
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Dans ce cas, le commissaire devrait délivrer un rapport de carence.

Le rapport de contrôle est-il daté?

➾ Rem.: Cela permet de vérifier si votre rapport a été envoyé à la commission


dans le délai prescrit.

Le rapport envoyé était-il signé?

CHAPITRE 4. CONCLUSION DU RAPPORT

4.1. La conclusion du rapport du professionnel doit contenir son avis sur l’ab-
sence de toute surévaluation de l’actif net.

4.1.1. Dans sa déclaration, outre la mention prévue au 4.2., le professionnel doit


indiquer:

– que l’opération a été contrôlée conformément aux présentes normes;


– que ses travaux ne font pas apparaître la moindre surestimation de l’actif net;
– tout autre renseignement qu’il juge indispensable à l’information des actionnai-
res et des tiers dans le contexte de l’opération de transformation.

4.1.2. Lorsque le professionnel estime que des redressements auraient dû être appor-
tés à la situation active et passive qui lui est présentée pour calculer l’actif net, il doit
exprimer ses réserves en termes clairs dans la conclusion. Il peut se référer aux exem-
ples de conclusion reproduits en annexe.

➾ Rem.: Les documents et rapports types reproduits dans le présent ouvrage


peuvent également être utilisés à cet effet.

4.2. Dans sa conclusion, le professionnel doit se prononcer explicitement sur le


rapport de l’actif net au capital.

4.2.1. Si l’actif net est supérieur au capital, il doit le dire mais il ne doit mentionner ni
le montant de l’actif net ni la différence dans son attestation.

Votre conclusion fait-elle explicitement mention du rapport entre l’actif net et le


capital?

Si l’actif net est inférieur au capital, cette différence apparaît-elle dans votre
conclusion?

➾ Rem.: Dans ce cas, un montant n’est pas nécessaire.

4.2.2. Si l’actif net (ou passif net) est inférieur au capital, il doit mentionner le mon-
tant de l’actif net (ou passif net) ainsi que la différence dans ses conclusions.

333
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

Faites-vous référence dans votre conclusion à une éventuelle augmentation de capi-


tal qui s’avérerait nécessaire?

Avez-vous précisé que l’actif net était supérieur au capital?

4.2.2.1. Le professionnel devra calculer l’actif net et le comparer au capital social


quand bien même cet actif net serait égal ou supérieur au capital minimal, souscrit et/
ou libéré, prévu par le Code des sociétés.

4.2.2.2. Même lorsque la société qui se transforme a un actif net inférieur au capital
minimal souscrit et/ou libéré prévu par le Code des sociétés, la transformation peut
avoir lieu.

Toutefois, le professionnel devra expressément rappeler dans son rapport, et éven-


tuellement dans les conclusions de ce rapport, le risque spécifique qui en découle, à
savoir notamment la responsabilité encourue par les personnes visées à l’article 785
C. soc. et le fait que toute personne intéressée peut demander en justice la dissolution
de la société. (art. 333 et 634 C. soc.). Cette mention peut être omise dans les conclu-
sions dans le cas où des apports extérieurs suffisants sont prévus.
➾ Rem.: Pour la SCRL, nous renvoyons à l’art. 432 C. soc.
4.2.2.3. Lorsque l’actif net est inférieur au capital simplement du fait de l’existence
d’un capital non appelé, il appartient au professionnel de nuancer l’expression de son
opinion. Il pourra tenir compte des indices tendant à démontrer que certains associés
ne seront pas en mesure de libérer le solde.

4.2.3. Lorsque l’actif net correspond au moins au montant exprimé du capital social
mais que ce montant est inférieur au capital minimal requis par le Code des sociétés,
le professionnel doit en faire mention dans les conclusions de son rapport. Le second
alinéa du paragraphe 4.2.2.2. est d’application.

4.2.4. Il y a lieu de mentionner l’insuffisance du capital minimal de la forme de


société vers laquelle la transformation a lieu, lorsque le capital minimal prévu par le
Code des sociétés n’est pas atteint, même lorsque l’actif net est supérieur audit mini-
mum légal.

Dans de tels cas, il est d’usage que la société décide d’augmenter son capital préala-
blement à l’opération de transformation afin de réunir le capital minimal requis par la
forme de société dans laquelle elle se transforme. Le professionnel doit alors s’assu-
rer soit de l’existence d’éléments de fonds propres suffisants (excédant les pertes
reportées) dûment approuvés par l’assemblée générale, soit de la modification préa-
lable de la date de clôture statutaire de l’exercice afin de permettre d’incorporer au
capital le bénéfice de l’exercice dûment approuvé par l’assemblée générale.

4.2.5. La transformation d’une société à responsabilité illimitée en une SPRL ou une


SCRL peut se réaliser pour autant que l’actif net corresponde au moins au capital

334
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

minimal à libérer (6 200 EUR). S’il échet, il faudra cependant mentionner l’insuffi-
sance du capital souscrit et le risque qui en découle du point de vue de la responsabi-
lité des parties.

4.2.6. Lorsque la société se trouve, après transformation, dans la situation prévue par
les articles 332 ou 633 C. soc., le professionnel en fera mention dans son rapport et,
le cas échéant, dans sa conclusion.

4.3. Lorsque le professionnel n’a pas été en mesure de réunir les informations
indispensables à ses contrôles soit parce que les données fournies par les parties
sont insuffisantes, soit parce que le professionnel se trouve confronté à une in-
certitude déterminante pour la valorisation des actifs ou passifs, il est en droit
de s’abstenir d’émettre une opinion.

4.3.1. La conclusion de son rapport recommandera aux parties de retarder l’opération


jusqu’à ce que des renseignements complémentaires aient pu être réunis en vue d’ap-
porter des précisions jugées indispensables pour prendre la décision en connaissance
de cause.

4.4. Les conclusions du rapport du professionnel sont reproduites dans l’acte


authentique qui constate la décision de transformation. L’extrait de cet acte
authentique qui doit être déposé au greffe du tribunal de commerce et publié
aux annexes du Moniteur belge doit reprendre ces conclusions.

Avez-vous précisé que la conclusion de votre rapport doit être reproduite dans
l’acte authentique constatant la décision de transformation?

Avez-vous demandé au notaire instrumentant qu’il vous remette le projet d’acte,


de sorte que vous puissiez vérifier si votre conclusion y a été correctement repro-
duite?

ANNEXE 1

1. Exemple de conclusion sans réserve

CONCLUSION

Nos travaux ont eu notamment pour but d’identifier toute surévaluation de


l’actif net mentionné dans la situation active et passive au … (date) dressée
par l’organe de gestion de la société. Ces travaux effectués conformément aux
normes relatives au rapport à rédiger à l’occasion de la transformation de la
société n’ont pas fait apparaître la moindre surévaluation de l’actif net. L’actif
net constaté dans la situation active et passive susvisée pour un montant de …
euros n’est pas inférieur au capital social de … euros.

335
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

2. Exemple de conclusion sans réserve lorsque la condition de capital n’est


pas remplie

2.1. L’actif net est inférieur au capital mentionné dans l’état comptable

Nos travaux ont eu notamment pour but d’identifier toute surévaluation de


l’actif net mentionné dans la situation active et passive au … (date) dressée
par l’organe de gestion de la société. Ces travaux effectués conformément aux
normes relatives au rapport à rédiger à l’occasion de la transformation de la
société n’ont pas fait apparaître la moindre surévaluation de l’actif net. L’actif
net constaté dans la situation active et passive susvisée pour un montant de
........... euros est inférieur de ........... euros au capital social de .......... euros.

2.2. L’actif net est inférieur au capital minimal de la société vers laquelle la
société se transforme

Nos travaux ont eu notamment pour but d’identifier toute surévaluation de


l’actif net mentionné dans la situation active et passive au … (date) dressée
par l’organe de gestion de la société. Ces travaux effectués conformément aux
normes relatives au rapport à rédiger à l’occasion de la transformation de la
société n’ont pas fait apparaître la moindre surévaluation de l’actif net. L’actif
net constaté dans la situation active et passive susvisée pour un montant de
........... euros est inférieur de ........... euros au capital minimal prévu pour la
constitution d’une ...... (société anonyme). Sous peine de responsabilité des
administrateurs (selon le cas, gérants ou associés), l’opération ne peut se réa-
liser que moyennant des apports extérieurs complémentaires.

3. Exemple de conclusion avec réserve et actif net supérieur au capital

CONCLUSION

Nos travaux ont eu notamment pour but d’identifier toute surévaluation de


l’actif net mentionné dans la situation active et passive au … (date) dressée
par l’organe de gestion de la société. De ces travaux effectués conformément
aux normes relatives au rapport rédigé à l’occasion de la transformation d’une
société, il découle que des surestimations de l’actif net ont été identifiées,
dont le montant net s’élève à ............. euros. L’actif net constaté dans la situa-
tion active et passive, après déduction des surévaluations susvisées, représen-
te un montant de …….. euros, qui n’est pas inférieur au capital de ………
euros.

4. Exemple de conclusion avec réserve et actif net inférieur au capital

CONCLUSION

Nos travaux ont eu notamment pour but d’identifier toute surévaluation de


l’actif net mentionné dans la situation active et passive au …(date) dressée
par l’organe de gestion de la société. De ces travaux effectués conformément

336
LA TRANSFORMATION DE SOCIETES

aux normes relatives au rapport rédigé à l’occasion de la transformation d’une


société, il découle que des surestimations de l’actif net ont été identifiées,
dont le montant net s’élève à........... euros. L’actif net constaté dans la situa-
tion active et passive, après déduction des surévaluations susvisées, représen-
te un montant de ……… euros. La différence avec le capital social de .........
euros mentionné dans la situation active et passive est de .......... euros.

***

ANNEXE 2: Exemple chiffré en milliers d’EUROS des hypothèses évoquées aux


paragraphes 2.6. et 4.2. des normes

1. Transformation d’une SPRL en SA

Norme Capitaux Capital avant l’opération Capital après l’opération


propres
souscrit libéré souscrit libéré
2.6.1. 2 600 2 500 2 500 2 500 2 500
4.2.2.1. 9 000 10 000 10 000 10 000 10 000
4.2.2.2. 1 500 2 500 2 500 2 500 2 500
4.2.2.2. 300 750 750 2 500 2 500
4.2.3. 1 000 750 750 2 500 2 500
4.2.4. 3 000 1 500 1 500 2 500 2 500

2. Transformation d’une SA en une SPRL

Norme Capitaux Capital avant l’opération Capital après l’opération


propres
souscrit libéré souscrit libéré
4.2.2.1. 1 200 1 250 1 250 750 750
4.2.2.1. 1 200 1 500 1 250 750 500
4.2.2.1. 600 2 500 2 500 750 750
4.2.2.1. 600 1 500 1 250 750 500
4.2.2.2. 200 2 500 2 500 750 750

3. Société à responsabilité illimitée-société coopérative à responsabilité limitée

Norme Capitaux Capital avant l’opération Capital après l’opération


propres
souscrit *libéré souscrit libéré
4.2.5. 300 750 250 750 250

* sous seing privé porté à 750.

337
CHAPITRE 5.

LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE


SOCIETES
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

5.1. DISPOSITIONS LEGALES PERTINENTES

La législation en matière de fusion et de scission a été reprise sous les articles 670 à
773 du Code des sociétés. Nous reproduisons ci-après les dispositions qui ont un lien
direct avec l’exercice, par le professionnel, des missions de contrôle dans le cadre
d’une fusion ou d’une scission.

5.1.1. Notions

Article 670 C. soc. – champ d’application

Le présent livre s’applique à toutes les sociétés dotées de la personnalité juridique,


régies par le présent Code, à l’exception des sociétés agricoles et des groupements
d’intérêt économique.

Article 671 C. soc. – fusion par absorption

La fusion par absorption est l’opération par laquelle une ou plusieurs sociétés trans-
fèrent à une autre société, par suite d’une dissolution sans liquidation, l’intégralité de
leur patrimoine, activement et passivement, moyennant l’attribution à leurs associés
d’actions ou de parts de la société absorbante et, le cas échéant, d’une soulte en
espèces ne dépassant pas le dixième de la valeur nominale des actions ou parts attri-
buées, ou à défaut de valeur nominale, de leur pair comptable.

Article 672 C. soc. – fusion par constitution

La fusion par constitution d’une nouvelle société est l’opération par laquelle plu-
sieurs sociétés transfèrent à une nouvelle société qu’elles constituent, par suite de
leur dissolution sans liquidation, l’intégralité de leur patrimoine, activement et passi-
vement, moyennant l’attribution à leurs associés d’actions ou de parts de la nouvelle
société et, le cas échéant, d’une soulte en espèces ne dépassant pas le dixième de la
valeur nominale des actions ou parts attribuées ou, à défaut de valeur nominale, de
leur pair comptable.

Article 673 C. soc. – scission par absorption

La scission par absorption est l’opération par laquelle une société transfère à plu-
sieurs sociétés, par suite de sa dissolution sans liquidation, l’intégralité de son patri-
moine, activement et passivement, moyennant l’attribution aux associés de la société
dissoute d’actions ou de parts des sociétés bénéficiaires des apports résultant de la
scission et, le cas échéant, d’une soulte en espèces ne dépassant pas le dixième de la
valeur nominale des actions ou parts attribuées ou, à défaut de valeur nominale, de
leur pair comptable.

Article 674 C. soc. – scission par constitution

La scission par constitution de nouvelles sociétés est l’opération par laquelle une
société transfère à plusieurs sociétés qu’elle constitue, par suite de sa dissolution sans

341
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

liquidation, l’intégralité de son patrimoine, activement et passivement, moyennant


l’attribution aux associés de la société dissoute d’actions ou de parts des nouvelles
sociétés et, le cas échéant, d’une soulte en espèces ne dépassant pas le dixième de la
valeur nominale des actions ou parts attribuées ou, à défaut de valeur nominale, de
leur pair comptable.

Article 675 C. soc. – scission mixte

La scission mixte est l’opération par laquelle, par suite de sa dissolution sans liquida-
tion, une société transfère à une ou plusieurs sociétés existantes et à une ou plusieurs
sociétés qu’elle constitue, l’intégralité de son patrimoine, activement et passivement,
moyennant l’attribution aux associés de la société dissoute d’actions ou de parts des
sociétés bénéficiaires.

Article 676 C. soc. – opérations assimilées

Sauf disposition légale contraire, sont assimilées à la fusion par absorption:

1° l’opération par laquelle une ou plusieurs sociétés transfèrent, par suite d’une dis-
solution sans liquidation, l’intégralité de leur patrimoine, activement et passivement,
à une autre société qui est déjà titulaire de toutes leurs actions et des autres titres
conférant un droit de vote dans l’assemblée générale;

2° l’opération par laquelle une ou plusieurs sociétés transfèrent, par suite d’une dis-
solution sans liquidation, l’intégralité de leur patrimoine, activement et passivement,
à une autre société, lorsque toutes leurs actions et les autres titres conférant un droit
de vote dans l’assemblée générale appartiennent soit à cette autre société, soit à des
intermédiaires de cette société, soit à ces intermédiaires et à cette société.

Article 677 C. soc. – opérations assimilées

Sont assimilées à la fusion ou à la scission, les opérations définies aux articles 671 à
675, sans que toutes les sociétés transférantes cessent d’exister.

5.1.2. Responsabilité du professionnel

Article 687 C. soc.

...

Chaque associé de la société dissoute peut, de même, exercer une action en responsa-
bilité contre le commissaire, le réviseur d’entreprises ou l’expert-comptable externe
qui a établi le rapport visé aux articles 695, 708, 731 et 746 pour les dommages subis
par suite d’une faute commise par celui-ci dans l’accomplissement de sa mission.

Cet article n’est pas applicable aux opérations assimilées au fusion par absorption.

342
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

5.1.3. Fusion par absorption et par constitution de nouvelles sociétés

Articles 693 et 706 C. soc. – proposition de fusion

Article 693

Les organes de gestion des sociétés appelées à fusionner établissent par acte authen-
tique ou par acte sous seing privé un projet de fusion.

Le projet de fusion mentionne au moins:

1° la forme, la dénomination, l’objet et le siège social des sociétés appelées à fusion-


ner;

2° le rapport d’échange des actions ou parts et, le cas échéant, le montant de la soulte;

3° les modalités de remise des actions ou parts de la société absorbante;

4° la date à partir de laquelle ces actions ou parts donnent le droit de participer aux
bénéfices ainsi que toute modalité relative à ce droit;

5° la date à partir de laquelle les opérations de la société à absorber sont considérées


du point de vue comptable comme accomplies pour le compte de la société absorban-
te;

6° les droits assurés par la société absorbante aux associés des sociétés à absorber,
qui ont des droits spéciaux, ainsi qu’aux porteurs de titres autres que les actions, ou
les mesures proposées à leur égard;

7° les émoluments attribués aux commissaires, aux réviseurs d’entreprises ou aux


experts-comptables externes chargés de la rédaction du rapport prévu à l’article 695;

8° tous avantages particuliers attribués aux membres des organes de gestion des so-
ciétés appelées à fusionner.

Six semaines au moins avant l’assemblée générale appelée à se prononcer sur la


fusion, le projet de fusion doit être déposé au greffe du tribunal de commerce par
chacune des sociétés appelées à fusionner.

Article 706

Les organes de gestion des sociétés appelées à fusionner établissent par acte authen-
tique ou par acte sous seing privé un projet de fusion.

Le projet de fusion mentionne au moins:

1° la forme, la dénomination, l’objet et le siège social des sociétés appelées à être


dissoutes ainsi que de la nouvelle société;

343
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2° le rapport d’échange des actions ou parts et, le cas échéant, le montant de la soulte;

3° les modalités de remise des actions ou parts de la nouvelle société;

4° la date à partir de laquelle ces actions ou parts donnent le droit de participer aux
bénéfices ainsi que toute modalité relative à ce droit;

5° la date à partir de laquelle les opérations des sociétés appelées à être dissoutes sont
considérées du point de vue comptable comme accomplies pour le compte de la nou-
velle société;

6° les droits assurés par la nouvelle société aux associés des sociétés appelées à être
dissoutes, qui ont des droits spéciaux, ainsi qu’aux porteurs de titres autres que les
actions, ou les mesures proposées à leur égard;

7° les émoluments attribués aux commissaires, aux réviseurs d’entreprises ou aux


experts-comptables externes chargés de la rédaction du rapport prévu à l’article 708;

8° tous avantages particuliers attribués aux membres des organes de gestion des so-
ciétés appelées à être dissoutes.

Six semaines au moins avant l’assemblée générale appelée à se prononcer sur la


fusion, le projet de fusion doit être déposé au greffe du tribunal de commerce par
chacune des sociétés appelées à fusionner.

Articles 694 et 707 C. soc. – rapport circonstancié de l’organe de gestion

Article 694

Dans chaque société, l’organe de gestion établit un rapport écrit et circonstancié qui
expose la situation patrimoniale des sociétés appelées à fusionner et qui explique et
justifie, du point de vue juridique et économique, l’opportunité, les conditions, les
modalités et les conséquences de la fusion, les méthodes suivies pour la détermina-
tion du rapport d’échange des actions ou des parts, l’importance relative qui est don-
née à ces méthodes, les valeurs auxquelles chaque méthode parvient, les difficultés
éventuellement rencontrées, et le rapport d’échange proposé.

Article 707

Dans chaque société, l’organe de gestion établit un rapport écrit et circonstancié qui
expose la situation patrimoniale des sociétés appelées à être dissoutes et qui explique
et justifie, du point de vue juridique et économique, l’opportunité, les conditions, les
modalités et les conséquences de la fusion, les méthodes suivies pour la détermina-
tion du rapport d’échange des actions ou des parts, l’importance relative qui est don-
née à ces méthodes, les valeurs auxquelles chaque méthode parvient, les difficultés
éventuellement rencontrées, et le rapport d’échange proposé.

344
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Articles 695 et 708 C. soc. – mission du professionnel

Article 695
Dans chaque société, un rapport écrit sur le projet de fusion est établi soit par le
commissaire, soit, lorsqu’il n’y a pas de commissaire, par un réviseur d’entreprises
ou par un expert-comptable externe désigné par les administrateurs ou les gérants.

Le commissaire, le réviseur d’entreprises ou l’expert-comptable désignés doivent


notamment déclarer si, à leur avis, le rapport d’échange est ou non pertinent et rai-
sonnable.

Cette déclaration doit au moins:


1° indiquer les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange propo-
sé;

2° indiquer si ces méthodes sont appropriées en l’espèce et mentionner les valeurs


auxquelles chacune de ces méthodes conduisent, un avis étant donné sur l’importan-
ce relative donnée à ces méthodes dans la détermination de la valeur retenue.

Le rapport indique en outre les difficultés particulières d’évaluation s’il en existe.

Le commissaire, le réviseur d’entreprises ou l’expert-comptable désigné peuvent pren-


dre connaissance sans déplacement de tout document utile à l’accomplissement de
leur mission. Ils peuvent obtenir auprès des sociétés qui fusionnent toutes les expli-
cations ou informations et procéder à toutes les vérifications qui leur paraissent né-
cessaires.

Lorsque le rapport concerne une société absorbante ayant la forme de société privée
à responsabilité limitée, de société coopérative à responsabilité limitée, de société
européenne, de société coopérative européenne ou de société anonyme, les articles
313, 423 ou 602 ne s’appliquent pas.

Article 708
Sans préjudice de l’article 705, § 3, un rapport écrit sur le projet de fusion est établi
dans chaque société, soit par le commissaire, soit, lorsqu’il n’y a pas de commissaire,
par un réviseur d’entreprises ou par un expert-comptable externe désignés par les
administrateurs ou les gérants.

Le commissaire, le réviseur d’entreprises ou l’expert-comptable désignés doivent


notamment déclarer si, à leur avis, le rapport d’échange est ou non pertinent et rai-
sonnable.

Cette déclaration doit au moins:


1° indiquer les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange propo-
sé;

345
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2° indiquer si ces méthodes sont appropriées en l’espèce et mentionner les valeurs


auxquelles chacune de ces méthodes conduisent, un avis étant donné sur l’importan-
ce relative donnée à ces méthodes dans la détermination de la valeur retenue.

Le rapport indique en outre les difficultés particulières d’évaluation s’il en existe.

Le commissaire, le réviseur d’entreprises, ou l’expert-comptable désignés peuvent


prendre connaissance sans déplacement de tout document utile à l’accomplissement
de leur mission. Ils peuvent obtenir auprès des sociétés qui fusionnent toutes les
explications ou informations et procéder à toutes les vérifications qui leur paraissent
nécessaires.

5.1.4. Scission par absorption et par constitution de nouvelles sociétés

Articles 728 et 743 C. soc. – proposition de scission

Article 728

Les organes chargés de la gestion des sociétés participant à la scission établissent un


projet de scission par acte authentique ou par acte sous seing privé.

Le projet de scission mentionne au moins:

1° la forme, la dénomination, l’objet et le siège social des sociétés participant à la


scission;

2° le rapport d’échange des actions ou parts et, le cas échéant, le montant de la soulte;

3° les modalités de remise des actions ou parts des sociétés bénéficiaires;

4° la date à partir de laquelle ces actions ou parts donnent le droit de participer aux
bénéfices ainsi que toute modalité relative à ce droit;

5° la date à partir de laquelle les opérations de la société à scinder sont considérées du


point de vue comptable comme accomplies pour le compte de l’une ou l’autre des
sociétés bénéficiaires;

6° les droits assurés par les sociétés bénéficiaires aux associés de la société à scinder
ayant des droits spéciaux et aux porteurs de titres autres que des actions ou les mesu-
res proposées à leur égard;

7° les émoluments attribués aux commissaires, aux réviseurs d’entreprises ou aux


experts-comptables externes chargés de la rédaction du rapport prévu à l’article 731;

8° tous avantages particuliers attribués aux membres des organes de gestion des so-
ciétés participant à la scission;

346
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

9° la description et la répartition précises des éléments du patrimoine actif et passif à


transférer à chacune des sociétés bénéficiaires;

10° la répartition aux associés de la société à scinder des actions ou parts des sociétés
bénéficiaires, ainsi que le critère sur lequel cette répartition est fondée.

Six semaines au moins avant l’assemblée générale appelée à se prononcer sur la


scission, le projet de scission doit être déposé au greffe du tribunal de commerce par
chacune des sociétés participant à la scission.

Article 743

Les organes chargés de la gestion des sociétés participant à la scission établissent un


projet de scission par acte authentique ou par acte sous seing privé.

Le projet de scission mentionne au moins:

1° la forme, la dénomination, l’objet et le siège social de la société à scinder ainsi que


des nouvelles sociétés;

2° le rapport d’échange des actions ou parts et, le cas échéant, le montant de la soulte;

3° les modalités de remise des actions ou parts des nouvelles sociétés;

4° la date à partir de laquelle ces actions ou parts donnent le droit de participer aux
bénéfices ainsi que toute modalité relative à ce droit;

5° la date à partir de laquelle les opérations de la société à scinder sont considérées du


point de vue comptable comme accomplies pour le compte de l’une ou l’autre des
nouvelles sociétés;

6° les droits assurés par les nouvelles sociétés aux associés de la société à scinder
ayant des droits spéciaux et aux porteurs de titres autres que des actions ou les mesu-
res proposées à leur égard;

7° les émoluments attribués aux commissaires, aux réviseurs d’entreprises ou aux


experts-comptables externes chargés de la rédaction du rapport prévu à l’article 746;

8° tous les avantages particuliers attribués aux membres des organes de gestion des
sociétés participant à la scission;

9° la description et la répartition précises des éléments du patrimoine actif et passif à


transférer à chacune des nouvelles sociétés;

10° la répartition aux associés de la société à scinder des actions ou parts des nouvel-
les sociétés, ainsi que le critère sur lequel cette répartition est fondée.

347
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Six semaines au moins avant l’assemblée générale appelée à se prononcer sur la


scission, le projet de scission doit être déposé au greffe du tribunal de commerce par
chacune des sociétés participant à la scission.

Articles 730 et 745 C. soc. – rapport circonstancié de l’organe de gestion

Article 730

Dans chaque société, l’organe de gestion établit un rapport écrit et circonstancié qui
expose la situation patrimoniale des sociétés participant à la scission et qui explique
et justifie, du point de vue juridique et économique, l’opportunité des conditions, les
modalités et les conséquences de la scission, les méthodes suivies pour la détermina-
tion du rapport d’échange des actions ou des parts, l’importance relative qui est don-
née à ces méthodes, les valeurs auxquelles chaque méthode parvient, les difficultés
éventuellement rencontrées, et le rapport d’échange proposé.
Lorsque la société absorbante est une société privée à responsabilité limitée, une
société coopérative à responsabilité limitée, une société européenne, une société coo-
pérative européenne ou une société anonyme, le rapport fait, en outre, mention du
rapport visé selon le cas aux articles 313, 423 ou 602; il indique aussi le greffe du
tribunal de commerce où celui-ci doit être déposé.

Article 745

Dans chaque société, l’organe de gestion établit un rapport écrit et circonstancié qui
expose la situation patrimoniale des sociétés participant à la scission et qui explique
et justifie, du point de vue juridique et économique, l’opportunité des conditions, les
modalités et les conséquences de la scission, les méthodes suivies pour la détermina-
tion du rapport d’échange des actions ou des parts, l’importance relative qui est don-
née à ces méthodes, les valeurs auxquelles chaque méthode parvient, les difficultés
éventuellement rencontrées, et le rapport d’échange proposé.

Lorsque la nouvelle société est une société privée à responsabilité limitée, une socié-
té coopérative à responsabilité limitée, une société européenne, une société coopéra-
tive européenne ou une société anonyme, le rapport fait, en outre, mention du rapport
visé selon le cas aux articles 219, 395 ou 444; il indique aussi le greffe du tribunal de
commerce où celui-ci doit être déposé.

Articles 731 et 746 C. soc. – mission du professionnel

Article 731

Dans chaque société, un rapport écrit sur le projet de scission est établi soit par le
commissaire, soit, lorsqu’il n’y a pas de commissaire, par un réviseur d’entreprises
ou un expert-comptable externe désigné par les administrateurs ou les gérants.

Le commissaire, le réviseur d’entreprises ou l’expert-comptable désignés doivent


notamment déclarer si, à leur avis, le rapport d’échange est ou non pertinent et rai-
sonnable.

348
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Cette déclaration doit au moins:

1° indiquer les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange propo-


sé;

2° indiquer si ces méthodes sont appropriées en l’espèce et mentionner les valeurs


auxquelles chacune de ces méthodes conduit, un avis étant donné sur l’importance
relative donnée à ces méthodes dans la détermination de la valeur retenue.

Le rapport indique en outre les difficultés particulières d’évaluation s’il en existe.

Le commissaire, le réviseur d’entreprises ou l’expert-comptable désignés peuvent


prendre connaissance sans déplacement de tout document utile à l’accomplissement
de leur mission. Ils peuvent obtenir auprès des sociétés qui participent à la scission
toutes les explications ou informations et procéder à toutes les vérifications qui leur
paraissent nécessaires.

Lorsque le rapport concerne une société absorbante ayant la forme de société privée
à responsabilité limitée, de société coopérative à responsabilité limitée, de société
européenne, une société coopérative européenne ou de société anonyme, il peut être
établi par le commissaire ou par le réviseur d’entreprises qui a établi le rapport visé
selon le cas aux articles 313, 423 ou 602.

Article 746

Dans chaque société, un rapport écrit sur le projet de scission est établi soit par le
commissaire, soit, lorsqu’il n’y a pas de commissaire, par un réviseur d’entreprises
ou un expert-comptable externe désigné par les administrateurs ou les gérants.

Le commissaire, le réviseur d’entreprises ou l’expert-comptable désigné doit notam-


ment déclarer si, à son avis, le rapport d’échange est ou non pertinent et raisonnable.

Cette déclaration doit au moins:

1° indiquer les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange propo-


sé;

2° indiquer si ces méthodes sont appropriées en l’espèce et mentionner les valeurs


auxquelles chacune de ces méthodes conduit, un avis étant donné sur l’importance
relative donnée à ces méthodes dans la détermination de la valeur retenue.

Le rapport indique en outre les difficultés particulières d’évaluation s’il en existe.

Le commissaire, le réviseur d’entreprises ou l’expert-comptable désignés peuvent


prendre connaissance sans déplacement de tout document utile à l’accomplissement
de leur mission. Ils peuvent obtenir auprès des sociétés qui participent à la scission
toutes les explications ou informations et procéder à toutes les vérifications qui leur
paraissent nécessaires.

349
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Lorsque l’une au moins des nouvelles sociétés a la forme de société privée à respon-
sabilité limitée, de société coopérative à responsabilité limitée, de société européen-
ne, de société coopérative européenne ou de société anonyme, le rapport peut être
établi par le commissaire ou par le réviseur d’entreprises qui a établi le rapport visé à
l’article 219, à l’article 395 ou à l’article 444.

Articles 734 et 749 C. soc. – possibilité de dérogation pour la rédaction des rap-
ports prescrits

Article 734

Les sociétés participant à la scission peuvent ne pas appliquer les articles 730, 731 et
733, ce dernier en tant qu’il se rapporte aux rapports, si tous les associés et tous les
porteurs de titres conférant un droit de vote à l’assemblée générale renoncent à leur
application.

Cette renonciation est établie par un vote exprès à l’assemblée générale appelée à se
prononcer sur la participation à la scission.

L’ordre du jour de cette assemblée générale mentionne l’intention de la société de


faire usage de cette disposition et reproduit les alinéas 1er et 2 du présent article.

Article 749

Les sociétés participant à la scission peuvent ne pas appliquer les articles 745, 746 et
748, ce dernier en tant qu’il se rapporte aux rapports, si tous les associés et tous les
porteurs de titres conférant un droit de vote à l’assemblée générale renoncent à leur
application.

Cette renonciation est établie par un vote exprès à l’assemblée générale appelée à se
prononcer sur la participation à la scission.

L’ordre du jour de cette assemblée générale mentionne l’intention de la société de


faire usage de cette disposition et reproduit les alinéas 1er et 2.

5.1.5. La constitution d’une société européenne par la fusion

Article 879 C. soc. – proposition de fusion

Le projet de fusion est établi par le conseil d’administration ou par le conseil de


direction.

Article 20 Règlement (CE) n° 2157/2001 du Conseil de 8 octobre 2001 relatif au


statut de la société européenne (SE) – proposition de fusion

1. Les organes de direction ou d’administration des sociétés qui fusionnent établis-


sent un projet de fusion. Ce projet comprend:

350
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

a) la dénomination sociale et le siège statutaire des sociétés qui fusionnent ainsi que
ceux envisagés pour la SE;

b) le rapport d’échange des actions et, le cas échéant, le montant de la soulte;

c) les modalités de remise des actions de la SE;

d) la date à partir de laquelle ces actions donnent le droit de participer aux bénéfices
ainsi que toute modalité particulière relative à ce droit;

e) la date à partir de laquelle les opérations des sociétés qui fusionnent sont considé-
rées du point de vue comptable comme accomplies pour le compte de la SE;

f) les droits assurés par la SE aux actionnaires ayant des droits spéciaux et aux por-
teurs de titres autres que des actions ou les mesures envisagées à leur égard;

g) tout avantage particulier attribué aux experts qui examinent le projet de fusion
ainsi qu’aux membres des organes d’administration, de direction, de surveillance ou
de contrôle des sociétés qui fusionnent;

h) les statuts de la SE;

i) des informations sur les procédures selon lesquelles les modalités relatives à l’im-
plication des travailleurs sont fixées conformément à la directive 2001/86/CE.

2. Les sociétés qui fusionnent peuvent ajouter d’autres éléments au projet de fusion.

Article 880 C. soc. – proposition de fusion

Le projet de fusion est déposé conformément au présent Code et les indications pré-
vues à l’article 21 du règlement (CE) n° 2157/2001 sont publiées conformément à
l’article 74.

Article 22 Règlement (CE) n° 2157/2001 du Conseil de 8 octobre 2001 relatif au


statut de la société européenne (SE) – fusion par constitution – possibilité d’éta-
blir un rapport de contrôle unique

En lieu et place des experts opérant pour le compte de chacune des sociétés qui fu-
sionnent, un ou plusieurs experts indépendants, au sens de l’article 10 de la directive
78/855/CEE, désignés à cet effet et sur demande conjointe de ces sociétés par une
autorité judiciaire ou administrative de l’Etat membre dont relève l’une des sociétés
qui fusionnent ou la future SE, peuvent examiner le projet de fusion et établir un
rapport unique destiné à l’ensemble des actionnaires.

Les experts ont le droit de demander à chacune des sociétés qui fusionnent toute
information qu’ils jugent nécessaires pour leur permettre de remplir leur mission.

351
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Article 881 C. soc. – possibilité d’établir un rapport de contrôle unique

L’autorité prévue à l’article 22 du règlement (CE) n° 2157/2001 est le président du


tribunal de commerce statuant conformément à l’article 588, 14° du Code judiciaire.

5.2. ASPECTS JURIDIQUES ET COMPTABLES

5.2.1. Les fusions et les scissions

Par Gérard DELVAUX,


Expert-comptable, réviseur d’entreprises

Généralités – Textes Légaux

Préliminaires et avertissements

La loi du 29 juin 1993 publiée aux annexes du Moniteur belge du 21 juillet 1993 et
votée à l’unanimité des voix le 15 octobre 1992 par la Chambre des représentants a
été entérinée par le vote des sénateurs le 17 juin 1993.
La mission spéciale dévolue par le régime des fusions et scissions de sociétés tant
aux experts-comptables externes qu’aux réviseurs est entrée en vigueur le 1er octobre
1993 et comporte dès lors une mise à jour qui sera exposée ci-après afin d’indiquer
de manière pratique les diligences professionnelles à mettre en œuvre afin d’exécuter
la mission.

Les textes légaux ont mis notre droit des sociétés en conformité avec la troisième
directive des Communautés économiques européennes.

Avant la loi du 29 juin 1993 reprise dans le Code des sociétés par la loi du 7 mai 1999
modifiée le 23 janvier 2001, le régime juridique de la fusion et de la scission ne
faisait pas l’objet de dispositions légales spécifiques en droit commercial belge. En-
core tout récemment, une telle opération nécessitait une mise en liquidation des so-
ciétés absorbées avec toutes les contraintes inhérentes à une telle procédure. Depuis
l’entrée en vigueur de cette loi, l’évaluation des actifs et passifs (en matière de fu-
sions) est établie en régime de continuité.

Le Code des sociétés, en son livre XI, a confirmé la mission au commissaire de la


société (s’il s’agit d’une grande entreprise au sens de l’article 10 de la loi comptable)
ou au réviseur ou à l’expert- comptable externe, toujours dans le but d’informer cor-
rectement et entièrement les actionnaires et les tiers concernés.

Nous aborderons donc différents points de réflexion, et notamment:

➢ l’analyse juridique des principaux articles du Code des sociétés (C. soc.);

352
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

➢ le développement de cas pratiques de fusion et de scission en indiquant plus spé-


cialement le rôle, les travaux de contrôle, les rapports de l’expert-comptable et du
réviseur ainsi que les normes de travail à respecter.

Texte legal

(articles 670 à 758 du Code des sociétés – Loi du 7 mai 1999 – M.B., 6 août 1999,
avec entrée en vigueur le 6 février 2001 – Modifications intervenues par la loi du 23
janvier 2001)

On trouvera à l’annexe 1 les articles du Code des sociétés concernant les fusions et
scissions.

LES FUSIONS
La fusion par absorption
a. Définition
Le législateur a envisagé ce premier type de fusion qui se trouve contenu dans l’arti-
cle 671 du Code des sociétés.
La fusion par absorption
La fusion par absorption est l’opération par laquelle une ou plusieurs sociétés
transfèrent à une autre société, par suite d’une dissolution sans liquidation, l’in-
tégralité de leur patrimoine, activement et passivement, moyennant l’attribu-
tion à leurs associés d’actions ou de parts de la société absorbante et, le cas
échéant, d’une soulte en espèces ne dépassant pas le dixième de la valeur nomi-
nale des actions ou parts attribuées, ou à défaut de valeur nominale, de leur pair
comptable.

Société anonyme A = Société anonyme B =


absorbante absorbée

ACTIF PASSIF ACTIF PASSIF dissolution


de B sans
CAPITAL CAPITAL liquidation
= transfert
des actifs et
RESERVES ACTIF RESERVES passifs,
engagements
ACTIF vers A

PASSIF PASSIF
EXIGIBLE EXIGIBLE

353
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Société anonyme A après fusion

ACTIF PASSIF
CAPITAL A NOUVEAU
CAPITAL B CAPITAL
A
RESERVES A NOUVELLES
DE RESERVES
A A
RESERVES B

Passif exigible
de A
PROVENANT
DE
B
Passif exigible
provenant de B

b. Exemple simplifié

Par hypothèse, il n’y a pas de plus-value latente, pas de goodwill et il n’existe pas de
comptes réciproques.
Les situations des sociétés A et B avant fusion sont reprises ci-après ainsi que la
situation de la société A après fusion.

BILAN en EUR Société anonyme A Société Société A


= société anonyme B issue de
absorbante = société la fusion
absorbée
A l’actif
Immobilisations corporelles 1 000 500 1 500
Stocks 500 250 750
Créances 500 250 750
Disponible 200 100 300
2 200 1 100 3 300
Au passif
Capital souscrit représenté par
2 500 actions sdvn (1) 1 000 500 1 500
Dettes à plus d’un an 500 250 750
Dettes à un an au plus 700 350 1 050
2 200 1 100 3 300

(1) Sans désignation de valeur nominale.

354
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le capital social de la société issue de la fusion sera l’addition du capital souscrit de


A et du capital souscrit de B, soit A = 1 000 + B = 500 = 1 500.

Dans le cas présent, le capital social de A et de B correspond à l’actif net de A et de B.


Dans la pratique, les capitaux propres sont généralement constitués du capital sous-
crit + des réserves, c’est ainsi que les capitaux propres de A et de B auraient pu se
présenter comme suit:

A B

Capital souscrit 750 400


Réserves 150 200
Bénéfice reporté 100
Perte reportée - 100
——— ———
1 000 500

Les capitaux propres de la société A issue de la fusion se présentent alors comme suit:

Capital souscrit 1 150


Réserves 350
———
1 500

Il s’agit de la simple addition des éléments constitutifs des capitaux propres.

Suivant le concept du droit des sociétés, l’on ne pourra jamais exprimer (directement
et comptablement) de plus-values lors de la fusion des sociétés en présence. S’il y
avait des plus-values non exprimées, il y aurait lieu alors de les exprimer dans la
rémunération attribuée en contrepartie de l’apport, mais jamais dans la comptabili-
té en fonction:

➢ de la continuité comptable, juridique des éléments de patrimoine tels qu’ils


résultent des comptes de l’absorbante et de l’absorbée;
➢ de la neutralité fiscale de l’opération.

Dans le cas simplifié précité, la rémunération pourra s’établir comme suit pour les
actionnaires de la société absorbée B:

Capital A: 1 000 000 EUR


Valeur d’une action A: 1 000 000 EUR/2 500 = 400 EUR

soit: 500 000/400 = 1 250 actions

Capital B: 500 000 EUR


Valeur d’une action B: 500 000 EUR/2 500 = 200 EUR

355
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Il sera donc attribué aux actionnaires de B (société en dissolution sans liquida-


tion):

Après fusion, le capital souscrit de A s’élève alors à 1 500 000 EUR (valeur unitaire
400 EUR) représenté par 3 750 actions sdvn (soit 2 500 actions des actionnaires A +
1 250 actions des actionnaires B).

Il s’agit ici d’un exemple simplifié, sans tenir compte d’éléments incorporels ni de
plus-values.

Reprenons l’exemple ci-avant en prenant les hypothèses suivantes:

➾ le goodwill déterminé de la même manière pour A et B arrive aux valeurs


suivantes en fonction de la rentabilité et de modes de calcul usuels:

A: 500 B: 1 500

➾ les plus-values nettes sur immobilisations corporelles à dire d’expert, en te-


nant compte d’une charge fiscale latente, s’établissent comme suit:

A: 500 B: 1 000

De telle sorte que les valeurs de A et de B ressortent ainsi à (000 EUR):

Pour A Pour B

Capital souscrit 1 000 500


Goodwill 500 1 500
Plus-value nette 500 1 000

2 000 3 000

La valeur d’une action s’élève alors à:

Pour A 2 000 000 EUR/2 500 = 800 EUR

Pour B 3 000 000 EUR/2 500 = 1 200 EUR

Lors de l’absorption de B, il sera alors remis aux actionnaires de B 3 000 000/800 =


3 750 actions nouvelles sdvn.

Après fusion, le capital souscrit de A (société absorbante) s’élèvera alors à 1 500 000
EUR représenté par 6 250 actions sdvn (soit 2 500 actions des actionnaires de A + 3
750 actions des actionnaires de B).

Les droits des actionnaires de B sont ainsi sauvegardés et nous pouvons constater que
la continuité comptable et juridique est respectée.

356
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

S’il échet, une soulte en espèces peut être attribuée aux associés, mais celle-ci ne peut
dépasser 10 % de la valeur nominale des actions attribuées.

Première hypothèse
Elle est développée comme suit:
➢ pas de goodwill;
➢ pas de plus-value latente.

Il est attribué 1 250 actions sdvn aux actionnaires de B


représentant une augmentation de capital de 500 000 EUR,
soit soulte maximale: 10 % de 500 000 EUR = 50 000 EUR.

Deuxième hypothèse
En tenant compte du goodwill et d’une plus-value latente sur immobilisations
incorporelles.

Il est attribué 3 750 actions sdvn aux actionnaires de B


représentant une augmentation de capital de 500 000 EUR,
soit soulte maximale: 10 % de 500 000 EUR = 50 000 EUR.

c. Cas particulier

L’article 681 consacre la possibilité pour une société en liquidation ou en faillite


d’être absorbée.

La fusion ou la scission peut également avoir lieu lorsqu’une ou plusieurs des


sociétés dont le patrimoine sera transféré sont en liquidation ou en faillite pour-
vu qu’elles n’aient pas encore commencé la répartition de leurs actifs entre les
associés.
Dans ce cas, toutes les missions qui, en vertu du présent titre, incombent à l’or-
gane de gestion de la société en liquidation ou en faillite sont remplies par les
liquidateurs ou par les curateurs.

d. Analyse du cadre légal

Il est à noter que dans le cadre de cette législation, il n’y a plus lieu de procéder à une
mise en liquidation du patrimoine de la société absorbée. On assiste par conséquent à
la continuité de la société absorbée au travers de l’absorbante avec les conséquences
qu’une telle opération peut engendrer au niveau des actes posés lorsqu’ils sont «in-
tuitu personae». Ce phénomène de continuité juridique et comptable découle du fait
que la société absorbée est dissoute, mais sans qu’il y ait lieu de procéder à une
liquidation de son patrimoine. C’est ainsi qu’il lui est autorisé d’apporter à la société
existante, l’absorbante, ou à la nouvelle société à constituer, l’ensemble du patrimoi-
ne actif et passif de l’absorbée, moyennant rémunération fixée essentiellement en
actions ou parts. En effet, si le versement d’une soulte en espèces est permis, cette

357
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

dernière ne peut en aucun cas excéder un dixième de la valeur nominale ou du pair


comptable des actions échangées.

La sanction prévue en cas de dépassement du dixième autorisé de la soulte est la


NULLITE de la fusion prononcée par le tribunal de commerce à la requête de tout
tiers intéressé (actionnaire, créancier, société concurrente, administration fiscale ou
autres).
La nullité ainsi prononcée ne sortira pas ses effets à l’égard des tiers de la société
absorbante impliqués de bonne foi dans l’opération. Il leur sera néanmoins loisible
d’introduire, en ce cas, une action en dommages et intérêts sous réserve de prouver le
préjudice subi.

Lorsque la nullité est de nature à porter atteinte aux droits acquis de bonne foi par un
tiers à l’égard de la société absorbante, le tribunal peut déclarer sans effet la nullité à
l’égard de ces droits, sous réserve du droit du demandeur à des dommages et intérêts,
s’il y a lieu.

Caractéristiques essentielles ressortant du cadre légal

La fusion par absorption présente donc quatre caractéristiques essentiel-


les:

1) l’existence préalable d’au moins deux sociétés;


2) le transfert de l’ensemble du patrimoine, activement et passivement, et
engagements de la ou des sociétés absorbées à la société absorbante, sauf
fusion partielle, article 677 C. soc.;
3) la dissolution sans liquidation de la ou des sociétés absorbées;
4) l’attribution aux actionnaires/associés de la ou des sociétés absorbées
d’actions ou de parts de la société absorbante et éventuellement d’une
soulte ne dépassant pas 10 % de la valeur nominale des actions ou parts
attribuées.

Les opérations qui ne présentent pas simultanément ces quatre caractéristiques es-
sentielles ne sont pas des fusions.

Il en sera notamment ainsi des opérations suivantes:

➢ l’apport de branche d’activité (condition 2 non remplie) (à l’exception de la


fusion partielle);

➢ l’opération par laquelle une société dont l’actif net est nul ou négatif est absor-
bée par une autre société (condition 4 non remplie), étant entendu que par
actif net, il faut ici entendre la valeur de l’actif apporté tel qu’il est évalué en
termes d’apports en nature et non pas l’actif net comptable (cf. VAN OM-

358
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

MESLAGHE P., “La réforme des fusions et des scissions de sociétés en droit
belge”, in Innovaties in het Vennootschapsrecht, Louvain-la-Neuve, 1992,
p. 124);

➢ l’apport de l’actif brut d’une société à une autre, parce que, dans ce cas, les
actions/parts de la société absorbante ne sont pas remises directement aux
associés de la société apporteuse qui doit supporter son propre passif, de sorte
qu’il y a nécessairement liquidation (condition 3 non remplie);

➢ le transfert du patrimoine social (actif et passif) d’une société, moyennant une


somme d’argent, parce que cette opération est une cession de fonds de com-
merce et que même si la société qui cède le fonds disparaît suite à l’opération,
les associés perdent cette qualité et se voient rembourser leurs mises (condi-
tions 3 et 4 non remplies);

➢ l’opération par laquelle une société transfère à une autre l’intégralité de son
patrimoine moyennant attribution d’une soulte en espèces supérieure à 10 %
de la valeur nominale des actions ou parts attribuées (condition 4 non rem-
plie).

La société absorbante est considérée comme la continuité comptable, juridique


et économique de la société absorbée.

Il en découle les conséquences suivantes:

➢ les actifs et les passifs doivent se retrouver inchangés dans les comptes de
la société absorbante. Les actifs qui ont fait, antérieurement, l’objet
d’amortissements ou de réductions de valeur ne peuvent donc pas être
repris par la société absorbante pour leur valeur nette mais distinctement
en valeur d’acquisition et amortissements pratiqués et réductions de va-
leur opérées;
➢ les différents éléments des capitaux propres de la société absorbée doi-
vent se retrouver sous la qualification et pour les montants pour lesquels
ils figuraient dans les comptes de la société absorbée;
➢ dans le chef des entreprises actionnaires de la société absorbée, les ac-
tions de la société absorbante qu’elles reçoivent en échange des actions de
la société absorbée qu’elles détenaient sont évaluées à la valeur compta-
ble des actions de la société absorbée auxquelles elles se substituent.

Les rapports de valeur entre les entreprises avant la fusion déterminent les rap-
ports au sein de l’actionnariat après la fusion. L’évaluation de la valeur des
sociétés fusionnantes et de leurs parts sociales servira uniquement de base à la
détermination du nombre des actions de la société absorbante à attribuer aux
anciens actionnaires de la société absorbée. Les valeurs d’échange qui diffèrent
en principe des valeurs comptables ne seront jamais exprimées dans la compta-
bilité.

359
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

e. Cheminement des opérations lors d’une fusion par absorption

e.1. Projet de fusion (2)

Dans chaque société concernée par la fusion, l’organe chargé de l’administration


établit un projet de fusion comportant une série d’informations, dont notamment:

a) la forme, la dénomination, l’objet et le siège social des sociétés appelées à


fusionner;
b) le rapport d’échange des actions ou parts et, le cas échéant, le montant de la
soulte;
c) les modalités de remise des actions ou parts de la société absorbante;
d) la date à partir de laquelle ces actions ou parts donnent le droit de participer
aux bénéfices ainsi que toute modalité relative à ce droit;
e) la date à partir de laquelle les opérations de la société absorbée sont considé-
rées du point de vue comptable comme accomplies pour le compte de la so-
ciété absorbante;
f) les droits assurés par la société absorbante aux actionnaires ou aux associés
des sociétés absorbées, qui bénéficient de droits spéciaux, ainsi qu’aux por-
teurs de titres autres que les actions, ou les mesures proposées à leur égard;
g) les émoluments spéciaux attribués, le cas échéant, aux commissaires ou les
émoluments attribués aux réviseurs d’entreprises ou aux experts-comptables
inscrits au tableau des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-
comptables et des Conseils fiscaux chargés de la rédaction du rapport prévu à
l’article 708 C. soc.;
h) tous les avantages particuliers attribués aux membres des organes d’adminis-
tration des sociétés appelées à fusionner.

Les projets de fusion peuvent être établis par acte sous seing privé ou par acte authen-
tique.

Le projet de fusion doit être déposé au greffe du tribunal de commerce par chacune
des sociétés qui fusionnent au moins six semaines avant l’assemblée générale appe-
lée à se prononcer sur la fusion.

Les organes d’administration en cause, en vue de simplifier le processus, peuvent


s’entendre pour rédiger en commun le projet de fusion et le déposer en même temps
aux greffes respectifs des tribunaux de commerce dans le ressort desquels les entre-
prises concernées ont leur siège social.

e.2. Rapports des conseils d’administration

Au projet de fusion est joint un rapport spécial justificatif à établir, respectivement


pour ce qui les concerne, par le conseil d’administration de la société absorbée et de
(2) Lorsque le projet de fusion est supérieur de six mois au moins A la fin de l’exercice auquel se rappor-
tent les derniers comptes annuels, les actionnaires ont le droit de prendre connaissance au siège social d’un
état comptable arrêté dans les trois mois précédant la date du projet de fusion.

360
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

la société absorbante. Ce rapport circonstancié doit expliquer et justifier tant au point


de vue juridique qu’économique:

➢ l’opportunité de l’opération (pour l’absorbée et pour l’absorbante);


➢ les conditions de l’opération de fusion;
➢ les modalités de l’opération projetée;
➢ les conséquences pour chacune des sociétés concernées;
➢ les méthodes d’évaluation retenues pour calculer le rapport d’échange des
actions ou parts;
➢ les valeurs auxquelles aboutissent ces différentes méthodes;
➢ le rapport d’échange proposé.

Les arguments et motifs d’une fusion de société sont nombreux et dépendent de


circonstances économiques très variées, comme par exemple:

➢ le repositionnement de l’entreprise vers un créneau plus prometteur;


➢ la continuité de l’entreprise;
➢ la mise en commun permettant d’acquérir un pouvoir d’achat plus im-
portant en imposant ses conditions;
➢ l’abaissement du coût de revient par une plus grande spécialisation ou
par des complémentarités;
➢ la diminution des charges fixes;
➢ l’atténuation de la concurrence;
➢ l’avantage de synergies de recherche;
➢ le développement de marchés plus importants.

e.3. Intervention du professionnel comptable

Pour assurer une meilleure protection des tiers et la transparence des informations
qui leur sont fournies dans le cadre de restructurations d’entreprises, le législateur a
prévu l’intervention d’un professionnel garant de cette transparence. L’expert-comp-
table externe ou le réviseur devra rédiger un rapport concluant sur le caractère perti-
nent et raisonnable du rapport d’échange proposé.

1. Administration de la mission

Cette mission spécifique implique de la part du professionnel mandaté une compé-


tence juridique et comptable de très haut niveau, ce qui entraîne, par conséquent, le
classement de ce type de mission dans la catégorie des missions de haute technicité.

2. L’accomplissement de la mission: les diligences juridiques et comptables à accom-


plir

Les diligences juridiques pour cette mission peuvent être synthétisées comme suit:

➢ vérifier l’identité, la forme, l’objet et le siège social des sociétés qui fusion-
nent (ou se scindent);

361
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

➢ vérifier les modalités rendues applicables par le conseil d’administration à


l’échange d’actions ou de parts décrites dans le projet de fusion;
➢ vérifier l’adéquation des statuts (nouveaux ou à adapter) pour ce qui concerne
la date à partir de laquelle les actions échangées donneraient droit aux bénéfi-
ces;
➢ vérifier les avantages particuliers reconnus par la société absorbante aux ac-
tionnaires de la ou des sociétés absorbées;
➢ vérifier les avantages particuliers que l’on prévoit d’octroyer aux administra-
teurs des différentes sociétés appelées à fusionner (la ou les absorbées et l’ab-
sorbante);
➢ vérifier les motivations juridiques énoncées dans le rapport justificatif du con-
seil d’administration et qui sous-tendent l’opération de fusion projetée;
➢ vérifier le respect des conditions légales de forme et de fond de l’opération de
fusion;
➢ vérifier, plus qu’en toute autre circonstance, qu’aucun événement postérieur
ne s’est produit qui modifie de manière substantielle le patrimoine actif et
passif de la ou des sociétés absorbées et/ou de l’absorbante;
➢ vérifier que le projet de fusion et le rapport du conseil d’administration ainsi
que le rapport de l’expert sont bien annoncés dans l’ordre du jour de l’assem-
blée générale.

Au titre de diligences comptables et d’audit, citons:


➢ vérifier le rapport d’échange proposé et le montant de la soulte;
➢ vérifier les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange des
actions et parts et leur approbation aux circonstances;
➢ vérifier l’importance relative qui est attachée à ces méthodes;
➢ vérifier les valeurs auxquelles aboutissent ces différentes méthodes et les dif-
ficultés engendrées dans leur détermination;
➢ vérifier la date à laquelle les opérations de l’absorbée sont comptablement
considérées comme accomplies pour le compte de l’absorbante;
➢ vérifier l’état comptable ne remontant pas à plus de trois mois de la date du
projet de fusion (lorsque ce dernier est postérieur de six mois à la dernière
clôture des comptes annuels);
➢ vérifier les évaluations et notamment la politique d’amortissement et de pro-
vision (prorata temporis) appliquée ou toute modification intervenue aux rè-
gles d’évaluation.

3. Le rapport du professionnel comptable

Ce rapport comprendra, en outre, les informations suivantes, et notamment:


➢ les différentes méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange
des actions et l’indication que ces méthodes sont appropriées en l’espèce;
➢ les résultats auxquels aboutissent ces différentes méthodes et leur adéquation
à l’opération projetée;
➢ l’avis sur l’importance relative donnée à ces méthodes dans la détermination
de la valeur retenue;
➢ les difficultés particulières d’évaluation rencontrées.

362
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

L’expert-comptable externe ou le réviseur devra se prononcer sur le caractère appro-


prié des méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange et sur le carac-
tère «pertinent et raisonnable» de ce dernier.

Son rôle n’est donc pas de proposer lui-même des méthodes d’évaluation et un rap-
port d’échange, mais bien de refléter, par écrit, son opinion sur les points énoncés ci-
dessus.

On ne peut cependant exclure que le professionnel comptable, en vue de conforter


ses conclusions, développe d’autres approches que celles de l’organe d’administra-
tion. L’on ne peut davantage interdire que l’assemblée générale, informée du rapport
de contrôle, ne s’écarte du rapport d’échange proposé dans le projet de fusion.

4. Période qui sépare la rédaction du projet de fusion et les assemblées générales

Une procédure d’information complémentaire est mise en place au cas où, durant les
six semaines qui séparent la rédaction du projet de fusion et les assemblées générales
appelées respectivement à se prononcer, des modifications substantielles seraient
survenues dans le patrimoine des sociétés: il incombe dans ce cas au conseil d’admi-
nistration de la ou des sociétés absorbées de communiquer au conseil d’administra-
tion des autres sociétés impliquées quelles sont les modifications du patrimoine actif
et passif intervenues au cours de cette période. Les actionnaires des sociétés impli-
quées dans cette opération de fusion se verront informés par leurs conseils d’admi-
nistration respectifs.
La même responsabilité incombe à l’organe d’administration de la société absorban-
te vis-à-vis des sociétés absorbées.

Tout actionnaire a le droit, un mois au moins avant la date de la réunion de l’assem-


blée générale appelée à se prononcer sur le projet de fusion, de prendre connaissance
au siège social des documents suivants:

1) le projet de fusion;
2) les rapports du conseil d’administration et de l’expert-comptable externe ou
du réviseur;
3) les comptes annuels des trois derniers exercices de chacune des sociétés qui
fusionnent;
4) pour les sociétés anonymes, les sociétés en commandite par actions, les socié-
tés privées à responsabilité limitée et les sociétés coopératives à responsabili-
té limitée, les rapports des administrateurs ou gérants et les rapports des com-
missaires des trois derniers exercices;
5) lorsque le projet de fusion est établi selon les mêmes méthodes et suivant la
même présentation que les derniers comptes annuels, il n’est pas nécessaire
de procéder à un nouvel inventaire. Les évaluations figurant au dernier bilan
ne peuvent être modifiées qu’en fonction des mouvements d’écriture. Il doit
être tenu compte cependant des amortissements et provisions intérimaires ainsi
que des changements importants de valeurs n’apparaissant pas dans les écri-
tures.

363
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

5. Les assemblées générales appelées à fusionner

La décision de fusionner est de la compétence exclusive de l’assemblée générale aux


conditions prévues pour la modification des statuts:
➢ quorum de présence minimale de 50 % du capital social. A défaut d’atteindre
ce quorum, une seconde assemblée générale est nécessaire et cette dernière
décidera valablement, quel que soit le nombre de présents;
➢ la majorité minimale est de 3/4 des voix.

Les conditions reprises ci-dessous sont minimales, car si les statuts fixent des moda-
lités plus rigoureuses, seules ces dernières sont d’application. Le troisième paragra-
phe de ce même article stipule des majorités encore plus rigoureuses (unanimité)
dans les cas suivants:
➢ dans les sociétés absorbantes ou absorbées qui sont des sociétés en nom col-
lectif;
➢ dans les sociétés absorbées lorsque la société absorbante est:
o une société en nom collectif,
o une société en commandite simple,
o une société coopérative à responsabilité illimitée (article 699, § 4, C. soc.).

Le cas échéant, l’accord unanime des titulaires de parts non représentatives du capi-
tal social peut être requis (article 699, § 5, C. soc.).

Enfin, en ce qui concerne les sociétés en commandite simple et les sociétés en com-
mandite par actions, l’accord de tous les associés COMMANDITES est requis.

Si le projet de fusion peut être rédigé en la forme authentique ou sous seing privé, le
procès-verbal actant la décision de l’assemblée générale de fusionner doit, quant à
lui, être établi par acte authentique à peine de nullité et doit reprendre expressément
les conclusions du rapport du réviseur ou de l’expert-comptable.

Simultanément à cette décision de fusion, l’assemblée générale se doit d’adopter les


modifications nécessaires à la réalisation de la fusion; à défaut, la décision de fusion
resterait sans effet.

La fusion n’est effectivement réalisée que lorsque toutes les sociétés concernées par
l’opération auront voté la fusion et adapté leurs statuts en conséquence.

6. Effets juridiques de la fusion

Les effets juridiques de la fusion sont:

1) les sociétés absorbées cessent d’exister;


2) les actionnaires ou associés des sociétés absorbées deviennent actionnaires ou
associés de la société absorbante;
3) l’ensemble du patrimoine actif et passif de chaque société absorbée est trans-
féré à la société absorbante.

364
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La fusion n’est opposable aux tiers qu’aux conditions de publicité prescrites par l’ar-
ticle 76 C. soc.

Outre les obligations déjà citées à charge du conseil d’administration ou de gérance


(rédaction du projet de fusion, information complémentaire à fournir en cas de modi-
fication du patrimoine d’une des sociétés), il revient à cet organe de répartir les ac-
tions à remettre en contrepartie aux actionnaires des sociétés absorbées et d’assurer
la mise à jour des registres d’actionnaires.

Comme en matière de réduction du capital par remboursement aux actionnaires (arti-


cle 613 C. soc.), la nouvelle législation a prévu une mesure protectrice des créanciers
des sociétés concernées par la fusion à la section 4 intitulée «fixation de sûretés».

L’article 684 prescrit, en effet, que:


Art. 684, § 1er. Au plus tard dans les deux mois de la publication aux annexes
du Moniteur belge des actes constatant la fusion ou la scission, les créanciers
de chacune des sociétés qui participent à la fusion ou à la scission dont la
créance est antérieure à cette publication et n’est pas encore échue peuvent
exiger une sûreté, nonobstant toute convention contraire.
La société bénéficiaire à laquelle cette créance a été transférée et, le cas
échéant, la société dissoute peuvent chacune écarter cette demande en payant
la créance à sa valeur, après déduction de l’escompte.
A défaut d’accord ou si le créancier n’est pas payé, la contestation est soumi-
se par la partie la plus diligente au président du tribunal de commerce dans
le ressort duquel la société débitrice a son siège. La procédure est introduite
et instruite comme en référé; il en est de même de l’exécution de la décision
rendue.
Tous droits sauf au fond, le président détermine la sûreté à fournir par la
société et fixe le délai dans lequel elle doit être constituée, à moins qu’il ne
décide qu’aucune sûreté ne sera fournie, eu égard soit aux garanties et privi-
lèges dont jouit le créancier, soit à la solvabilité de la société bénéficiaire.
Si la sûreté n’est pas fournie dans les délais fixés, la créance devient immé-
diatement exigible et, dans le cas d’une scission, les sociétés bénéficiaires sont
tenues solidairement pour cette obligation.
§ 2. Le § 1er n’est pas applicable aux fusions d’institutions financières soumi-
ses au contrôle de la Commission bancaire et financière.

7. Responsabilités

Le régime des responsabilités peut se résumer par l’article 685 en ce qui concerne la
société absorbée et la société absorbante comme suit:
Art. 685, § 1er. Si la société dissoute est une société en nom collectif, une socié-
té en commandite simple, une société en commandite par actions, ou une
société coopérative à responsabilité illimitée, les associés en nom collectif, les
associés commandités ou les coopérateurs restent tenus solidairement et in-
définiment à l’égard des tiers, des engagements de la société dissoute anté-

365
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

rieurs à l’opposabilité aux tiers de l’acte de fusion ou de scission conformé-


ment à l’article 76.
§ 2. Si la société bénéficiaire est une société en nom collectif, une société en
commandite simple, une société en commandite par actions ou une société
coopérative à responsabilité illimitée, les associés en nom collectif, les asso-
ciés commandités ou les coopérateurs répondent solidairement et indéfini-
ment à l’égard des tiers, des engagements de la société dissoute antérieurs à
la fusion ou à la scission et qui, dans ce dernier cas, ont été transmis à la
société bénéficiaire conformément au projet de scission et aux articles 729, §
2, et 744, § 2.
Ils peuvent cependant être exonérés de cette responsabilité par une clause
expresse insérée dans le projet et l’acte de fusion ou de scission, opposable
aux tiers conformément à l’article 76.

Les comptes annuels à établir et qui concernent la période située entre les derniers
comptes annuels approuvés de la société absorbée et la date où les opérations con-
clues par l’absorbée sont enregistrées comptablement dans le chef de l’absorbante
relèvent de la compétence et de la responsabilité des administrateurs de l’absorbée.

Les administrateurs et l’expert-comptable ou le réviseur sont responsables des fautes


commises dans l’accomplissement de leurs mandats respectifs:

➢ les administrateurs de la société ABSORBEE pour les fautes commises dans


la préparation et la réalisation de la fusion;
➢ le commissaire (cas d’une grande entreprise), le réviseur ou l’expert-compta-
ble externe (dans les autres cas) pour les fautes commises dans le cadre de leur
mission de contrôle.

Sanctions en cas de non-respect des formalités légales

Toute opération de fusion peut être annulée par le tribunal de commerce à la requête
de tout intéressé:

➢ si les décisions des assemblées générales respectives (de l’absorbée et de l’ab-


sorbante) n’ont pas été constatées par acte authentique;
➢ si les mêmes décisions se fondent dans l’une des hypothèses visées à l’article
64 C. soc.

Art. 64. Est frappée de nullité, la décision prise par une assemblée générale:
1° lorsque la décision prise est entachée d’une irrégularité de forme, si le
demandeur prouve que cette irrégularité a pu avoir une influence sur la dé-
cision;
2° en cas de violation des règles relatives à son fonctionnement ou en cas de
délibération sur une question étrangère à l’ordre du jour lorsqu’il y a inten-
tion frauduleuse;
3° lorsque la décision prise est entachée de tout autre excès de pouvoir ou de
détournement de pouvoir;

366
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

4° lorsque les droits de vote qui sont suspendus en vertu d’une disposition
légale non reprise dans le présent Code ont été exercés et que, sans ces droits
de vote illégalement exercés, les quorums de présence ou de majorité requis
pour les décisions d’assemblée générale n’auraient pas été réunis;
5° pour toute autre cause prévue dans le présent Code.

f. Nullité de la fusion (ou de la scission)

La section VI du Code des sociétés reprend notamment ce qui suit:

Art. 688. Le tribunal de commerce prononce à la requête de tout intéressé la


nullité de la fusion ou de la scission lorsque la soulte en espèces dépasse le
dixième de la valeur nominale des actions ou parts attribuées ou, à défaut de
valeur nominale, de leur pair comptable.
Lorsque la nullité est de nature à porter atteinte aux droits acquis de bonne
foi par un tiers à l’égard de la société bénéficiaire, le tribunal peut déclarer
sans effet la nullité à l’égard de ces droits, sous réserve du droit du deman-
deur à des dommages-intérêts s’il y a lieu.

Art. 689. Le tribunal de commerce peut, à la requête de tout intéressé, pro-


noncer la nullité de la fusion ou de la scission si les décisions des assemblées
générales qui ont approuvé la fusion ou la scission n’ont pas été constatées
par acte authentique ou si ces décisions ont été prises en l’absence des rap-
ports de l’organe de gestion, des commissaires, des réviseurs d’entreprises
ou des experts-comptables externes prévus par le présent livre.
Lorsqu’il est possible de porter remède à l’irrégularité susceptible d’entraî-
ner la nullité de la fusion ou de la scission, le tribunal compétent accorde aux
sociétés intéressées un délai pour régulariser la situation.

Art. 690. La décision judiciaire prononçant la nullité d’une fusion ou d’une


scission par constitution prononce également la nullité des nouvelles socié-
tés.

Art. 691. L’extrait de la décision judiciaire passée en force de chose jugée ou


exécutoire par provision prononçant la nullité d’une fusion ou d’une scis-
sion, de même que l’extrait de la décision judiciaire réformant le jugement
exécutoire par provision précité sont déposés et publiés conformément à l’ar-
ticle 74.

Cet extrait contiendra:


1° la dénomination sociale de chacune des sociétés ayant participé à la fusion
ou à la scission;
2° la date de la décision et la juridiction qui l’a prononcée;
3° le cas échéant, les nom, prénoms et adresse des liquidateurs; au cas où le
liquidateur est une personne morale, l’extrait contiendra la désignation ou
la modification à la désignation de la personne physique qui la représente
pour l’exercice des pouvoirs de liquidation.

367
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Art. 692. La nullité ne porte pas atteinte par elle-même à la validité des obli-
gations nées à la charge ou au profit des sociétés bénéficiaires entre le mo-
ment où la fusion ou la scission est réalisée conformément à l’article 701,
alinéa 2, ou à l’article 738, alinéa 2, et la publicité de la décision prononçant
l’annulation de la fusion ou de la scission.
Les sociétés ayant participé à la fusion ou à la scission répondent solidaire-
ment de ces obligations nées à la charge des sociétés bénéficiaires.

g. Opposabilité aux travailleurs

Une question intéressante se pose pour les travailleurs qui changent d’employeur
tout en restant dans les mêmes murs en ce qui concerne leur garantie d’emploi.

La convention collective n° 32 concernant le maintien des droits des travailleurs en


cas de changement d’employeur du fait d’un transfert conventionnel d’entreprise y
répond. Celle-ci stipule en effet que le maintien des droits des travailleurs dans tous
les cas de changement d’employeur est garanti. On entend par transfert convention-
nel d’entreprise la modification du statut juridique d’une entreprise, la constitution
de société, la cession ou encore la fusion, l’absorption et la scission.

La convention s’applique tant au travailleur qu’à l’employeur. Conformément à l’ar-


ticle 5, alinéa 1er, le cessionnaire (le nouvel employeur) est tenu de reprendre les
obligations qui résultent d’un contrat de travail existant à la date du transfert.

Pour ce qui est des régimes complémentaires de prévoyance sociale, il faut noter que
la protection des intérêts des travailleurs est assurée par une autre convention collec-
tive qui stipule qu’en cas de cession totale ou partielle d’une entreprise, le nouvel
employeur est tenu de respecter la convention qui liait l’ancien employeur, jusqu’à ce
que celle-ci cesse de produire ses effets.

Pour ce qui est du cas spécifique des cessions, scissions, fusions et absorptions de
sociétés, le conseil d’entreprise doit être consulté effectivement sur les répercussions
sociales de ces modifications de structure. Ceci signifie que cette consultation donne
lieu à un dialogue avec les représentants des travailleurs en ce qui concerne la garan-
tie de la continuité des droits aux régimes complémentaires de prévoyance sociale
dont jouissent les travailleurs concernés par ces modifications de structure.

L’article 6 de la convention stipule que le changement d’employeur ne constitue pas


en lui-même un motif de licenciement pour le cédant ou le cessionnaire. Il reste ce-
pendant acquis que le travailleur peut toutefois être licencié pour motif grave ou pour
des raisons économiques, techniques ou d’organisation impliquant des changements
sur le plan de l’emploi.

L’article 7, quant à lui, exclut du bénéfice de l’article 6 les travailleurs qui accomplis-
sent une période d’essai, ceux qui sont licenciés dans la perspective de l’âge de la
pension, ou encore les personnes liées par un contrat de travail pour étudiants.

368
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Trois difficultés essentielles se présentent lors d’un transfert conventionnel d’entre-


prise:

➢ Quelles sont les conséquences du transfert sur les institutions existantes (Con-
seil d’entreprise, Conseil de sécurité et d’hygiène)?
Le tout est de savoir si chaque entreprise conserve son caractère d’unité tech-
nique d’exploitation. Si oui, les conseils d’entreprises continuent à fonction-
ner. Dans le cas contraire, les conseils d’entreprises sont regroupés jusqu’aux
prochaines élections;

➢ En quoi le transfert affecte-t-il la situation des représentants des travailleurs


ainsi que les candidats non élus?
Dans ce cas, le texte légal est explicite:

«Les membres qui représentaient le personnel et les candidats continuent à


bénéficier des mesures de protection prévues à l’article 21 de la loi du 20
septembre 1948.»;

➢ Comment calculer la moyenne des travailleurs occupés dans l’entreprise pour


vérifier s’il y a lieu d’instituer ou renouveler l’un des deux organes ou les
deux?
En principe, la moyenne des travailleurs occupés dans l’entreprise se calcule
en divisant par 365 le total des jours civils pendant lesquels chaque travailleur
a été inscrit dans le registre du personnel au cours d’une période de quatre
trimestres précédant le trimestre dans lequel se situe l’affichage de l’avis an-
nonçant la date des élections.

La fusion par constitution d’une nouvelle société

a. Définition

Le législateur a envisagé ce deuxième type de fusion qui se trouve contenu dans


l’article 672 C. soc.

La fusion par constitution d’une nouvelle société

Art. 672. La fusion par constitution d’une nouvelle société est l’opération
par laquelle plusieurs sociétés transfèrent à une nouvelle société qu’elles cons-
tituent, par suite de leur dissolution sans liquidation, l’intégralité de leur
patrimoine, activement et passivement, moyennant l’attribution à leurs as-
sociés d’actions ou de parts de la nouvelle société et, le cas échéant, d’une
soulte en espèces ne dépassant pas le dixième de la valeur nominale des ac-
tions ou parts attribuées ou, à défaut de valeur nominale, de leur pair comp-
table.

369
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Société anynome A Société anynome B

CAPITAL CAPITAL

RESERVES RESERVES

ACTIF ACTIF

PASSIF PASSIF
EXIGIBLE EXIGIBLE


= Dissolution de A et de B sans liquidation
= Transfert des actifs, passifs, engagements de A
et B vers NEW C

NEW C S.A.
ACTIF PASSIF
CAPITAL A NOUVEAU
CAPITAL B CAPITAL C

PROVENANT RESERVES A NOUVELLES


DE RESERVES C
A
RESERVES B

Passif exigible
provenant
PROVENANT de A
DE
B Passif exigible
provenant
de B

b. Exemple simplifié

Nous reprenons l’exemple repris au point b. «La fusion par absorption».

Le principe général de résolution du cas présenté reste identique, à l’exception du fait


que, dans le cadre d’une fusion par absorption, une des sociétés en présence subsiste
et est alors dénommée la société absorbante.
Lors d’une fusion par constitution d’une nouvelle société, les sociétés A et B présen-
tées sont dissoutes sans liquidation au moment du transfert de l’ensemble de leur
patrimoine respectif, sans exception, à une autre société C qui sera ainsi constituée.

370
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

En conséquence, les sociétés anonymes A et B disparaissent (sont dissoutes) pour


donner naissance à une nouvelle société C.

Première hypothèse
Ne tenant pas compte du goodwill ni des plus-values.

La nouvelle société disposera d’un capital social souscrit de EUR (000) 1 500
représenté par 3 750 actions sdvn, soit:
_ 2 500 actions de C issues de la dissolution de la société A et transmises à ses
actionnaires;
_ + 1 250 actions de C issues de la dissolution de la société B et transmises à ses
actionnaires.

Deuxième hypothèse
Tenant compte d’une plus-value et du goodwill.

La nouvelle société C disposera d’un capital souscrit de EUR (000) 1 500 repré-
senté par 6 250 actions sdvn, soit:
_ 2 500 actions de C issues de la dissolution de la société A et transmises à ses
actionnaires;
_ + 3 750 actions de C issues de la dissolution de la société B et transmises à ses
actionnaires.

S’il échet, une soulte en espèces peut être attribuée aux associés, mais celle-ci ne peut
dépasser le dixième de la valeur nominale des actions ou parts attribuées ou, à défaut
de valeur nominale, de leur pair comptable.

Première hypothèse
Comme développée ci-avant, pas de goodwill ni de plus-value latente.

Il est attribué 2 500 actions de C sdvn aux actionnaires de la société A


représentant un capital souscrit de (000 EUR) 1 000,
soit soulte maximale pour les actionnaires de A:
10 % de 1 000 000 EUR = 100 000 EUR

Il est attribué 1 250 actions de C sdvn aux actionnaires de la société B


représentant un capital souscrit de (000 EUR) 500,
soit soulte maximale pour les actionnaires de B:
10 % de 500 000 EUR = 50 000 EUR
————————
Soit au total 150 000 EUR

Deuxième hypothèse
Tenant compte du goodwill et d’une plus-value latente sur immobilisations incor-
porelles

Le montant de la soulte maximale à attribuer aux actionnaires de A et de B reste


comme indiqué dans la première hypothèse à (globalement): 150 000 EUR

371
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

c. Cas particulier

Comme indiqué au point c. de «La fusion par absorption», l’article 681 C. soc.
consacre la possibilité pour une société en liquidation ou en faillite de fusionner par
la constitution d’une nouvelle société, pour autant que cette société n’ait pas encore
commencé la répartition de ses actifs entre les associés.
Cette mission d’apport à la constitution incombe soit au liquidateur ou au curateur
qui remplace dans ce cas l’organe de gestion.

d. Analyse du cadre légal

d.1. En général

En ce qui concerne la fusion par création d’une société nouvelle, sous réserve de
quelques règles particulières, les principes déjà énoncés pour la fusion par absorption
restent d’application:

➢ quelle que soit la forme choisie pour la nouvelle société, il faut respecter les
conditions de forme et de fond prescrites par le Code des sociétés;
➢ quelle que soit la forme de la nouvelle société, l’acte constitutif doit être cons-
taté par acte authentique, reproduisant les conclusions du rapport du réviseur
ou de l’expert-comptable;
➢ si la forme choisie est:
o la société anonyme,
o la société en commandite par actions,
o la société coopérative à responsabilité limitée,
o la société privée à responsabilité limitée;
les règles applicables aux apports en nature ne s’appliquent pas en l’espè-
ce;
➢ simultanément à la décision prise par l’assemblée générale de fusionner, elle
doit également se prononcer sur l’acte constitutif et les statuts de la nouvelle
société, aux mêmes conditions de quorum et de majorité. A défaut, la décision
de fusionner resterait sans effet. En conséquence, la fusion sera effectivement
réalisée lorsque la nouvelle société sera constituée.

d.2. Les caractéristiques essentielles

Elles peuvent être résumées comme suit:


1) deux ou plus de deux sociétés préexistantes fusionnant au profit d’une
nouvelle société qu’elles constituent;
2) transfert de l’ensemble du patrimoine, activement et passivement et des
engagements des sociétés à fusionner, à une nouvelle société à constituer;
3) dissolution sans liquidation des sociétés à fusionner (sauf fusion partiel-
le, article 677 C. soc.);
4) attribution aux actionnaires ou associés des sociétés fusionnées des actions
ou parts de la nouvelle société et éventuellement d’une soulte ne dépas-
sant pas 10 % de la valeur nominale des actions ou des parts attribuées.

372
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La remarque essentielle formulée lors de l’analyse de la fusion par absorption reste


identique en ce qui concerne la continuité de la ou des sociétés fusionnées à travers la
nouvelle entité.

e. Cheminement des opérations lors d’une fusion par constitution d’une nouvelle
société

Il reste identique à ce qui est repris en détail au point e. «La fusion par absorption».
Mais que faut-il retenir de la procédure concernant la fusion par constitution d’une
nouvelle société ?

1) le projet de fusion doit être établi et correspond à celui imposé par la fusion
par absorption (cf. e.1.);

2) au projet de fusion est joint le rapport justificatif de l’organe d’administration


des sociétés en présence. Nous rappelons que le rapport doit expliquer et
justifier tant du point de vue juridique qu’économique l’opportunité des
opérations de fusion, les conditions, les modalités de l’opération projetée,
les conséquences pour chacune des sociétés concernées, les méthodes d’éva-
luation retenues pour le calcul du rapport d’échange et les valeurs aux-
quelles aboutissent les différentes méthodes. Les arguments devront être
développés dans le rapport spécial justificatif à établir;

3) l’intervention du professionnel s’effectuera comme indiqué au point e.3. de


«La fusion par absorption» suivant les normes relatives au contrôle des opé-
rations de fusion et de scission de l’IEC et de l’IRE. Nous insistons sur l’im-
portance de la rédaction du rapport qui devra notamment se prononcer sur le
caractère approprié des méthodes suivies pour la détermination du rapport
d’échange et sur le caractère pertinent de celui-ci;

4) l’information des actionnaires est identique à la fusion par absorption;

5) la protection des créanciers est identique à la fusion par absorption;

6) la décision de fusion doit être prise par l’assemblée générale de chacune des
sociétés qui fusionne;

7) immédiatement après la décision de fusion, le projet d’acte constitutif et les


statuts de la nouvelle société doivent être approuvés par l’assemblée générale;

8) la fusion est réalisée lorsque la nouvelle société est constituée;

9) la constitution de la nouvelle société est soumise à toutes les conditions pré-


vues par le Code des sociétés pour la forme de société qui a été choisie, avec
les exceptions suivantes:

373
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

a) elle sera toujours constituée par acte authentique,


b) il n’y a pas application des dispositions relatives au contrôle des apports
ne consistant pas en numéraire;

10) la publication des décisions est identique à la fusion par absorption.

Opérations assimilées à la fusion par absorption

a. Définition

Le législateur envisage ici la fusion entre une société mère détenant 100 % des ac-
tions de sa filiale.
L’article 676 C. soc. reprend ce qui suit:

Art. 676. Sauf disposition légale contraire, sont assimilées à la fusion par
absorption:
1° l’opération par laquelle une ou plusieurs sociétés transfèrent, par suite
d’une dissolution sans liquidation, l’intégralité de leur patrimoine, active-
ment et passivement, à une autre société qui est déjà titulaire de toutes leurs
actions et des autres titres conférant un droit de vote dans l’assemblée géné-
rale;
2° l’opération par laquelle une ou plusieurs sociétés transfèrent, par suite
d’une dissolution sans liquidation, l’intégralité de leur patrimoine, active-
ment et passivement, à une autre société, lorsque toutes leurs actions et les
autres titres conférant un droit de vote dans l’assemblée générale appartien-
nent soit à cette autre société, soit à des intermédiaires de cette société, soit à
ces intermédiaires et à cette société.

b. Exemple simplifié

Prenons l’exemple repris ci-dessous:

Le bilan de la société anonyme A au 31 décembre XX se présente en synthèse comme


suit:

Société A – société mère (absorbante)

Bilan 31/12/XX - EURO 1er cas 2e cas 3e cas


Actif
Immobilisations corporelles 1 000 1 000 1 000
Immobilisations financières (100 % B) 500 300 1 000
Créances 500 500 100
Disponible 200 400 100
2 200 2 200 2 200

374
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Passif
Capital souscrit représenté par 2 500
actions sdvn 1 000 1 000 1 000
Dettes à plus d’un an 500 500 500
Dettes à un an au plus 700 700 700
2 200 2 200 2 200

Le bilan de la société anonyme B au 31 décembre XX se présente en synthèse comme


suit:

Société B

Bilan 31/12/XX - EURO 1er cas 2e cas 3e cas


Actif
Immobilisations corporelles 500 500 500
Stocks 250 250 250
Créances 250 250 250
Disponible 100 100 100
1 100 1 100 1 100

Bilan 31/12/XX - EURO 1er cas 2e cas 3e cas


Passif
Capital souscrit représenté par 2 500
actions sdvn 500 500 500
Dettes à plus d’un an 250 250 250
Dettes à un an au plus 350 350 350
1 100 1 100 1 100

Premier cas

Les fonds propres de la société anonyme B s’élèvent à EUR (000) 500.


La société absorbante A détient 100 % des actions de B reprises en immobilisations
financières pour EUR (000) 500.

Il s’agit d’un cas d’école, car le montant de l’immobilisation financière correspond


exactement aux capitaux propres de la société absorbée.

Comptablement, après réalisation de la fusion, l’écriture suivante sera enregistrée


dans les comptes de la société anonyme A, société absorbante, sur la base du bilan au
31/12/XX:

Débit Crédit
Immobilisations corporelles 500
Stocks 250
Créances 250
Disponible 100

375
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

à Immobilisations financières * 500


Dettes à plus d’un an 250
Dettes à un an au plus 350
1 100 1 100

* Les actions en portefeuille de B détenues par la société anonyme A seront alors


détruites. La comptabilisation de l’opération se basera sur l’acte authentique et,
s’il échet, sur les différents rapports spéciaux émis par le conseil d’administration
des sociétés absorbantes et absorbées. De telle sorte que la société B sera dissoute
sans liquidation et toutes les opérations effectuées depuis le 01/01/XX+1 le se-
ront pour le compte de la société A.

Le bilan de la société A se présentera alors comme suit:

Bilan 31/12/XX – EUROS Avant fusion Incorpo- Après fusion


ration de B
Actif
Immobilisations corporelles 1 000 500 1 500
Immobilisations financières 500 0 0
Stocks 0 250 250
Créances 500 250 750
Disponible 200 100 300
2 200 1 100 2 800
Passif
Capital souscrit 1 000 0 1 000
Dettes à plus d’un an 500 250 750
Dettes à un an au plus 700 350 1 050
2 200 600 2 800

Deuxième cas

Les fonds propres de la société anonyme B s’élèvent à EUR (000) 500.


La société absorbante A détient 100 % des actions de B reprises en immobilisations
financières pour EUR (000) 300.

Comptablement, après réalisation de la fusion, l’écriture suivante sera enregistrée


dans les comptes de la société anonyme A, société absorbante:

Sur la base du bilan au 31/12/XX Débit Crédit


Immobilisations corporelles 500
Stocks 250
Créances 250
Disponible 100

376
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

à Immobilisations financières 300


Dettes à plus d’un an 250
Dettes à un an au plus 350
1 100 900

➜ La différence constatée de 200 EUR est le profit réalisé sur l’opération de fusion
qui résulte de la différence entre l’immobilisation financière 300 et la valeur de l’en-
treprise B (500). L’écart de fusion ainsi constaté sera porté au compte de résultats

Débit Crédit
à 75 ou 76 200
1 100 1 100

Les actions en portefeuille de B détenues par la société anonyme A seront détruites.


La comptabilisation de l’opération se basera sur l’acte authentique et les différents
rapports spéciaux émis par les conseils d’administration des sociétés absorbantes et
absorbées. De telle sorte que la société B sera dissoute sans liquidation et toutes les
opérations effectuées depuis le 01/01/XX+1 le seront pour compte de la société A.

Le bilan de la société A se présentera alors comme suit:

Bilan 31/12/XX - EUROS Avant fusion Incorpo- Après fusion


ration de B
Actif
Immobilisations corporelles 1 000 500 1 500
Immobilisations financières 300 0 0
Stocks 0 250 250
Créances 500 250 750
Disponible 400 100 500
2 200 1 100 3 000
Passif
Capital souscrit 1 000 0 1 000
Bénéfice reporté 200
Dettes à plus d’un an 500 250 750
Dettes à un an au plus 700 350 1 050
2 200 600 3 000

Troisième cas

Les fonds propres de la société anonyme B s’élèvent au 31/12/XX à EUR (000) 500

A, société absorbante, détient 100 % des actions de B reprises en immobilisations


financières pour EUR (000) 1 000

377
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Comptablement, après réalisation de la fusion, l’écriture suivante sera enregistrée


dans les comptes de la société anonyme A, société absorbante:

Sur la base du bilan au 31/12/XX Débit Crédit


Immobilisations corporelles 500
Stocks 250
Créances 250
Disponible 100
à Immobilisations financières 1 000
Dettes à plus d’un an 250
Dettes à un an au plus 350
1 100 1 600

➜ La différence constatée de 500 EUR est la perte réalisée sur l’opération de fusion
qui résulte de la différence entre l’immobilisation financière de 1 000 et la valeur de
l’entreprise B (500) (étant donné qu’il n’y a pas de plus-value latente). L’écart de
fusion ainsi constaté sera porté au compte de résultats ou, le cas échéant, en immobi-
lisations incorporelles et amorti. La charge sera fiscalement non déductible et comp-
tabilisée, soit au débit

Débit Crédit
De 65 ou 66 500
1 600 1 600

Les actions en portefeuille de B détenues par la société anonyme A seront détruites.


La comptabilisation de l’opération se basera sur l’acte authentique et les différents
rapports spéciaux émis par les conseils d’administration des sociétés absorbantes et
absorbées.
De telle sorte que la société B sera dissoute sans liquidation et toutes les opérations
effectuées depuis le 01/01/XX+1 le seront pour compte de la société A.

Le bilan de la société A se présentera alors comme suit:

Bilan 31/12/XX - EUROS Avant fusion Incorpo- Après fusion


ration de B
Actif
Immobilisations corporelles 1 000 500 1 500
Immobilisations financières 1 000 0 0
Stocks 0 250 250
Créances 100 250 350
Disponible 100 100 200
2 200 1 100 2 300
Passif
Capital souscrit 1 000 0 1 000

378
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Perte reportée (de fusion) * -500 0 -500


Dettes à plus d’un an 500 250 750
Dettes à un an au plus 700 350 1 050
1 700 600 2 300

* Le cas échéant, il est autorisé de comptabiliser la perte de fusion en immobilisa-


tions incorporelles à amortir, par exemple, en 5 ans.

D’autres commentaires seront effectués plus avant sur la base des avis de la Commis-
sion des Normes comptables, car, en effet, préalablement à sa comptabilisation en
résultat ou en immobilisation incorporelle, l’écart de fusion sera partiellement ou
totalement réparti, s’il échet, sur les autres actifs.
Cette différence sera imputée sur les actifs qui ont une valeur supérieure à la valeur
comptable et dont la plus-value n’a pas été exprimée.

c. Cas particuliers

L’avis 919/42, portant sur le traitement comptable de fusions, commentera notam-


ment les cas particuliers suivants:
1) l’entreprise absorbante et l’entreprise absorbée ne détiennent pas d’actions
l’une de l’autre. Il n’est pas attribué de soulte en espèces. L’entreprise absor-
bée ne détient pas d’actions propres;
2) l’entreprise absorbante et l’entreprise absorbée ne détiennent pas d’actions
l’une de l’autre. Il n’est pas attribué de soulte en espèces. L’entreprise absor-
bée détient des actions propres;
3) l’entreprise absorbante et l’entreprise absorbée ne détiennent pas d’actions
l’une de l’autre. L’entreprise absorbée ne détient pas d’actions propres. Il est
attribué une soulte en espèces;
4) l’entreprise absorbante détient des actions de l’entreprise absorbée. Il n’est
pas attribué de soulte en espèces. L’entreprise absorbée ne détient pas d’ac-
tions propres;
5) l’entreprise absorbée détient des actions de l’entreprise absorbante. Il n’est
pas attribué de soulte en espèces. L’entreprise absorbée ne détient pas d’ac-
tions propres.

d. Analyse du cadre legal

d.1. Avertissement

En ce qui concerne la fusion d’une société mère avec sa filiale, sous réserve de quel-
ques règles particulières, les principes fondamentaux restent identiques.

379
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

d.2. Les caractéristiques essentielles

Elles peuvent se résumer comme suit:

1) l’existence préalable d’au moins deux sociétés;


2) le transfert de l’ensemble du patrimoine, activement et passivement, et
des engagements de la ou des sociétés absorbées à la société absorbante;
3) la dissolution sans liquidation de la ou des sociétés absorbées;
4) l’annulation des titres (actions ou parts) de la société absorbée à l’actif
de la société absorbante.

e. Cheminement des opérations lors d’une fusion par absorption d’une société déte-
nue à 100 % par la société absorbante

La démarche est raccourcie par rapport à celle de la fusion par absorption reprise au
point e. de «La fusion par absorption» de la présente analyse. En effet, il faut signa-
ler qu’en dehors du projet de fusion, aucun rapport ne doit être réalisé. Il est néan-
moins conseillé d’établir dans chaque société un rapport spécial du conseil d’admi-
nistration motivant l’opération.

Le projet de fusion reprendra notamment en détail:


➢ la description de l’opération;

➢ l’historique des sociétés à fusionner en reprenant les bilans arrêtés ainsi que la
date à partir de laquelle les opérations de la société absorbée seront considé-
rées du point de vue comptable comme accomplies pour le compte de la ou les
sociétés absorbantes;

➢ la cause de non-échange de titres (article 703, § 2, C. soc.). Dans le cas pré-


sent, comme indiqué dans l’exemple simplifié, les actions de la société absor-
bée disparaissent du patrimoine de la société absorbante, mais les titres sont
évidemment remplacés par les actifs et passifs exigibles ainsi que l’ensemble
des engagements contractés par la société absorbée;

➢ la motivation de la fusion

A titre d’exemple:
«L’opportunité de la fusion se justifie tant au niveau juridique qu’économi-
que. L’organisation et l’expérience de la société absorbée apporteront une amé-
lioration sensible de l’activité.
Les tâches administratives seront simplifiées et les coûts réduits. […]»;

➢ les modalités de la fusion


La fusion est établie sur la base du bilan des deux sociétés arrêté, par exemple,
au 31 décembre (date de clôture de l’exercice) et approuvé en assemblée gé-
nérale ordinaire par les associés des deux sociétés.

380
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Toutes les opérations effectuées à partir du 1er janvier +1 par la société anony-
me absorbée le seront aux profits et risques de la société anonyme absorbante.
La fusion par absorption comprend la totalité des avoirs, actifs et passifs, ainsi
que les droits et engagements de la société absorbée.
La société issue de la fusion reprendra l’ensemble des engagements de la so-
ciété absorbée.
Aucun avantage particulier ne sera attribué aux membres des organes de ges-
tion des sociétés appelées à fusionner.

f. Problème posé lorsque la société dissoute possède des immeubles dans le cadre
d’une fusion entre deux sociétés dont l’une possède la totalité du capital de l’autre

Lorsque la société dissoute possède des immeubles, la fusion ne peut bénéficier de


l’immunité prévue par l’article 117, § 1er, du Code des droits d’enregistrement qui
s’applique en cas de fusion par apport.

L’Administration de la TVA, de l’enregistrement et des domaines motive ses argu-


ments sur la circulaire n° 12/1999 du 3 juin 1999, de telle sorte qu’une telle fusion
aura pour conséquence l’application du droit d’enregistrement au taux de 12,5 %.

g. Fusion partielle: cas d’exception

g.1. L’article 677 C. soc. prévoit:

Sont assimilées à la fusion (ou à la scission) les opérations définies aux articles 671 à
675, sans que toutes les sociétés transférantes cessent d’exister.

Ce nouvel article 677 est une reformulation de l’article 174/65 des lois coordonnées
sur les sociétés commerciales tel qu’inséré par l’article 72 de la loi du 13 avril 1995
(M.B., 17 juin 1995 – 8 août 1995).
Avec ces opérations, sont visées les fusions partielles.

Lors d’une fusion partielle, une partie du patrimoine d’une société est transférée à
une autre société et les actionnaires reçoivent directement en échange des actions de
la nouvelle société. La société qui a transféré une partie de son patrimoine subsiste;
elle subit cependant une réduction de capital qui est égale à la valeur de la partie de
son patrimoine cédé.

g.2. Commentaires

Pour qu’il y ait fusion, il faut au moins deux sociétés en présence. La limite entre la
fusion et la scission est faible dans le cas des opérations assimilées, dites de «fusion
ou de scission partielle».

381
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

En effet, selon mon analyse, le Code des sociétés manque de clarté en cette matière
pour l’application pratique des opérations assimilées.

On parlera de fusion partielle lorsque deux sociétés sont en présence et transfèrent


chacune une partie de leur patrimoine soit à une nouvelle société à constituer, soit à
une autre société préexistante. Il s’agit d’un cas relativement exceptionnel qui, à mon
avis, trouve plus fréquemment son développement dans les sociétés appartenant à un
groupe.

Par contre, on parle de scission dans le cas d’une seule entreprise qui se scinde par-
tiellement tout en subsistant pour donner naissance:

➢ à une société à constituer par transfert d’une partie de son activité;


➢ à une ou plusieurs sociétés préexistantes par transfert d’une partie de son
activité.

La société ayant transféré une partie de son patrimoine subsiste et devra subir alors
une réduction de capital à concurrence des éléments cédés. Ceci est un cas d’excep-
tion opposé à la notion même de scission qui implique nécessairement la disparition
de la société scindée.

La fusion concerne également plusieurs sociétés en présence transférant à la consti-


tution d’une nouvelle société leurs activités similaires.

Le schéma posé en postulat de départ pour définir la différence entre une fusion
partielle et scission partielle peut être établi comme suit:

Fusion partielle

1er cas
Société anonyme A Société anonyme B
Activités (1) et (2) (1) (2) (1) (2)

Société anonyme C = S.A. préexistante



Par apport (de 2) à une


société préexistante

382
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2e cas
Société anonyme A Société anonyme B
(1) (2) (1) (2)


Activités (1) en (2) ➜


Société anonyme C

Issue du transfert des


activités de la S.A. A (2)
et de la S.A. B (2)

Par constitution
et apport de (2) ➜

Scission partielle

1er cas

Société anonyme A

Activités (1) en (2) (1) Restantes (2) Transférées à la constitution de


la S.A. B

Activités Société anonyme B
Issue du transfert des
➜ activités de la S.A. A (2)

2e cas

Société anonyme A

Activités (1) en (2) (1) Restantes (2) Transférées à la constitution de


la S.A. B

Activités Société anonyme B
Augmentation de capital
par transfert des activités (2)
➜ de la S.A. A

383
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Exemple simplifié

Il sera développé ici un exemple simplifié de fusion partielle. Les exemples de scis-
sion partielle seront repris au chapitre II du présent ouvrage.

Par hypothèse, les bilans de la S.A. A et de la S.A. B ne contiennent aucune plus-value


latente et le goodwill ne sera pas exprimé et il n’existe aucun compte réciproque.

Le cas visé indique que des activités communes sont développées au sein des deux
sociétés. Ces activités seront transférées activement, passivement, en ce compris les
engagements au sein de la société anonyme C préexistante.

Le bilan de la S.A. A se présente en synthèse comme suit au 31 décembre XX en (000)


EUR

Cette société développe, par hypothèse, deux activités dont l’une est connexe et com-
plémentaire avec les activités développées dans la S.A. B et dans la S.A. C et sera
transférée à cette dernière par fusion de ces activités.

dont activités
à transférer
àC

A l’actif
Immobilisations corporelles 1 000 500
Stocks 500 250
Créances 500 250
Disponible 200 100
2 200 1 100

dont activités
à transferer
àC

Au passif
Capital souscrit (2 500 actions sdvn) 500 250
Réserves 500 250
Dettes à plus d’un an 500 250
Dettes à un an au plus 700 350
2 200 1 100

Le bilan de la S.A. B se présente en synthèse comme suit au 31 décembre XX en (000)


EUR

Cette société développe, par hypothèse, deux activités dont l’une est connexe et com-
plémentaire avec les activités développées dans la S.A. A et dans la S.A. C et sera
transférée à cette dernière par fusion de ces activités.

384
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

dont activités
à transférer
àC

A l’actif
Immobilisations corporelles 2 000 1 000
Stocks 1 000 500
Créances 1 000 500
Disponible 400 200
4 400 2 200

Au passif
Capital souscrit (5 000 actions sdvn) 1 000 500
Réserves 1 000 500
Dettes à plus d’un an 1 000 500
Dettes à un an au plus 1 400 700
4 400 2 200

Le bilan de la S.A. C, société absorbante d’une des deux activités de A et de B, se


présente en synthèse comme suit au 31 décembre XX en (000) EUR

Ce bilan est établi suivant les mêmes règles d’évaluation que la partie du patri-
moine de A et de B qui sera transférée. Il est à souligner que l’activité de C est
entièrement consacrée aux activités développées chez A et B pour le rapport d’échan-
ge.

A l’actif
Immobilisations corporelles 4 000
Stocks 2 000
Créances 2 000
Disponible 800
8 800
Au passif
Capital souscrit (10 000 actions sdvn) 2 000
Réserves 2 000
Dettes à plus d’un an 2 000
Dettes à un an au plus 2 800
8 800

La valeur intrinsèque ou substantielle des éléments de patrimoine à transférer de A et


de B et dans la S.A. C est par hypothèse identique à sa valeur comptable.

385
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

L’activité transférée de A ressort à: 500


représentant un capital de 250
à transférer
et des réserves de 250
à transférer

L’activité transférée de B ressort à: 1 000


représentant un capital de 500
à transférer
et des réserves de 500
à transférer

La répartition entre le capital et les réserves à transférer a été calculée par pourcenta-
ge proportionnel.
Par hypothèse, la valeur de C ressort à: 4 000
(capital souscrit 2 000 + réserves 2 000)

La valeur d’une action de C s’établit à:

4 000 000 EUR/10 000 = 400

En rémunération des transferts opérés, il sera remis aux actionnaires:

de A 500 000/400 = 1 250 actions de C


de B 1 000 000/400 = 2 500 actions de C

identiques aux précédentes et jouissant des mêmes droits à dater de la réalisation


effective de la fusion.

De telle sorte que l’augmentation de capital de C s’élèvera à: 750


Le capital social de C s’élèvera alors à (000) EUR: 2 750
et sera représenté par 13 750 actions sdvn

L’écriture comptable au sein de la S.A. A sera la suivante:

Débit Crédit
Capital souscrit 250
Réserves 250
Dettes à plus d’un an 250
Dettes à un an au plus 350
1 100
à Immobilisations corporelles 500
Stocks 250
Créances 250
Disponible 100
1 100

386
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le conseil d’administration de la S.A. A, par exemple, peut proposer à l’assemblée


générale de ne pas modifier la représentation du nouveau capital.
C’est ainsi que le nouveau capital de cette société s’élèvera à EUR (000) 250 et sera
représenté par 2 500 actions sdvn.

Après transfert et fusion partielle avec la S.A. C, le bilan de la S.A. A se présentera alors
en synthèse comme suit:

A l’actif
Immobilisations corporelles 500
Stocks 250
Créances 250
Disponible 100
1 100

Au passif
Capital souscrit (2 500 actions sdvn) 250
Réserves 250
Dettes à plus d’un an 250
Dettes à un an au plus 350
1 100

L’écriture au sein de la S.A. C sera inverse à celle passée au sein de la S.A. A

L’écriture comptable au sein de la S.A. B sera la suivante:

Débit Crédit

Capital souscrit 500


Réserves 500
Dettes à plus d’un an 500
Dettes à un an au plus 700
2 200
à Immobilisations corporelles 1 000
Stocks 500
Créances 500
Disponible 200
2 200

Le conseil d’administration de la S.A. B, par exemple, peut proposer à l’assemblée


générale de ne pas modifier la représentation du nouveau capital.
C’est ainsi que le capital, après réduction, s’élèvera à EUR (000) 500 et sera repré-
senté par 5 000 actions sdvn.

Après transfert et fusion partielle avec la S.A. C, le bilan de la S.A. B se présentera en


synthèse comme suit:

387
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

A l’actif
Immobilisations corporelles 1 000
Stocks 500
Créances 500
Disponible 200
2 200

Au passif
Capital souscrit (2 500 actions sdvn) 500
Réserves 500
Dettes à plus d’un an 500
Dettes à un an au plus 700
2 200

L’écriture au sein de la S.A. C sera inverse à celle passée au sein de la S.A. B.

Comme indiqué plus avant, la représentation du capital souscrit sera augmentée par
la création de 3 750 actions sdvn nouvelles identiques aux précédentes et jouissant
des mêmes droits.

Après transfert et fusion partielle, le bilan de la S.A. C se présentera alors en synthèse


comme suit:
Situation Transfert Transfert Après
initiale de l’activité de l’activité fusion
A B
Actif
Immobilisations corporelles 4 000 500 1 000 5 500
Stocks 2 000 250 500 2 750
Créances 2 000 250 500 2 750
Disponible 800 100 200 1 100
8 800 1 100 2 200 12 100
Passif
Capital souscrit représenté par
13 750 actions sdvn 2 000 250 500 2 750
Réserves 2 000 250 500 2 750
Dettes à plus d’un an 2 000 250 500 2 750
Dettes à un an au plus 2 800 350 700 3 850
8 800 1 100 2 200 12 100

La difficulté résidera dans le fait d’isoler précisément l’ensemble des actifs, passifs
et engagements de A et de B qui seront transférés à C

En ce qui concerne la S.A. A et la S.A. B, ainsi que la S.A. C, toutes les formalités
inhérentes à l’opération de fusion partielle sont reprises au point g.3. Cadre légal ci-
après.

388
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

C’est ainsi que pour les opérations assimilées à la fusion en dehors des projets de
fusion à établir par les S.A. A, B et C, aucun rapport complémentaire n’est à réaliser.

g.3. Cadre légal


En ce qui concerne ce cas particulier de fusion partielle, les principes repris au point
d. de «Opérations assimilées à la fusion par absorption». restent identiques.
Nous reprenons ci-après l’article 719 C. soc. et son commentaire:
Art. 719. Les organes de gestion des sociétés appelées à fusionner établissent
par acte authentique ou par acte sous seing privé un projet de fusion.
Le projet de fusion mentionne au moins:
1° la forme, la dénomination, l’objet et le siège social des sociétés appelées à
fusionner;
2° la date à partir de laquelle les opérations de la société absorbée sont con-
sidérées du point de vue comptable comme accomplies pour le compte de la
société absorbante;
3° les droits assurés par la société absorbante aux associés des sociétés absor-
bées, qui ont des droits spéciaux, ainsi qu’aux porteurs de titres autres que
les actions, ou les mesures proposées à leur égard;
4° tous avantages particuliers attribués aux membres des organes de gestion
des sociétés appelées à fusionner.
Six semaines au moins avant l’assemblée générale appelée à se prononcer
sur la fusion, le projet de fusion doit être déposé au greffe du tribunal de
commerce par chacune des sociétés appelées à fusionner.
▫ Lég.: L’art. 719 C. soc. est une reformulation de l’art. 174/24 et 174/25 LCSC, tel
qu’inséré par l’art. 1er L. du 29 juin 1993 (M.B., 21.07.1993).
Comm.:
– Pour les opérations assimilées à la fusion par absorption, voir les articles 676 et 677
C. soc. et les commentaires à cet endroit;
– En dehors d’un projet de fusion, aucun rapport n’est réalisé.

h. Fusion fille-mère: autre cas d’exception


Exemple simplifié

Le bilan de la S.A. A au 31/12/XX se présente en synthèse comme suit (000 EUR):

A L’ACTIF AU PASSIF
Immobilisations corporelles 1 000 Capital souscrit 1 000
Immobilisations financières (représenté par 4 000 actions sdvn)
(soit 100 % des actions de B) 500 Réserves 1 000
Stocks 500 Dettes à un an au plus 500
Créances et disponibles 500
2 500 2 500

389
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le bilan de la société B au 31/12/XX se présente en synthèse comme suit:

A L’ACTIF 1er cas 2e cas 3e cas

Immobilisations corporelles 500 200 200


Stocks 250 350 500
Créances et disponibles 250 200 300
1 000 750 1 000

AU PASSIF 1er cas 2e cas 3e cas

Capital souscrit représenté par 1 000


actions sdvn 250 200 250
Réserves 250 50 350
500 250 600
Dettes à un an au plus 500 500 400
1 000 750 1 000

Les conseils d’administration de A et de B décident, pour des raisons économiques


justifiées, que la S.A. B, filiale à 100 % de A, absorbe la S.A. A.

Premier cas

En conséquence, la S.A. B va se retrouver avec ses propres actions à concurrence de


500 EUR. De ce fait, nous nous trouvons devant le cas d’une fusion-renonciation à
concurrence de l’augmentation de capital projetée, car la société absorbée détient des
actions de la société absorbante.

Cette situation est par ailleurs visée par l’article 211, § 2, al. 2, CIR 92 qui évoque la
réduction des fonds propres de la société absorbante par ordre d’imputation sur les
réserves taxées ensuite sur les réserves immunisées et finalement sur le capital libéré.

Si la société B procède à une fusion classique, la totalité de l’apport de A est rémuné-


rée par des actions nouvelles et ensuite il y aura annulation des actions propres déte-
nues.

Dans ce cas, l’augmentation du capital de B s’établira à concurrence de 1 000 avec un


accroissement des réserves à concurrence de 1 000 et ensuite une diminution du capi-
tal souscrit à concurrence de 250 et une diminution des réserves à concurrence de
250.

La situation active et passive de la S.A. B s’établira alors comme suit:

390
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

ACTIF Situation Accroissement en Situation


initiale conséquence de la après
fusion fusion

Immobilisations corporelles 500 1 000 1 500


Immobilisations financières 500 -500
Stocks 250 500 750
Créances et disponibles 250 500 750
1 000 2 500 -500 3 000

PASSIF Situation Accroissement en Situation


initiale conséquence de après
la fusion fusion

Capital souscrit 250 1 000 -250 1 000


Réserves 250 1 000 -250 1 000
500 2 000
Dettes à un an au plus 500 500 1 000
1 000 2 500 -500 3 000

L’opération reprise ci-avant est équivalente à la fusion par absorption classique et


toutes les formalités prévues par le Code des sociétés seront d’application.

La valeur d’une action de B avant l’augmentation de capital ressort à:

Capital souscrit 250


Réserves 250
——
500

500 000 EUR/1 000 = 500

La valeur de A ressort à 2 000. En rémunération de l’augmentation de capital de


1 000au sein de la S.A. B, il sera attribué 4 000 actions sdvn de B aux actionnaires de
A en échange des 4 000 actions qu’ils détenaient sur la S.A. A.

Ces actions sont identiques aux précédentes et jouissent des mêmes droits et partici-
pent aux résultats à partir du 01/XX+1.

De telle sorte qu’après l’opération de fusion décidée par les deux conseils d’adminis-
tration, le capital social de la société anonyme B s’élèvera à (EUR 000) 1 000 et sera
représenté par 2 000 actions sdvn.
Simultanément à cette augmentation de capital, il sera inscrit une réserve disponible
à concurrence de 1 000, cette réserve provenant de la société A absorbée.

391
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Deuxième cas

La situation active et passive de la S.A. B s’établira comme suit:

ACTIF Situation Accroissement en Situation


initiale conséquence de la après
fusion fusion
Immobilisations corporelles 200 1 000 1 200
Immobilisations financières 500 -500
Stocks 350 500 850
Créances et disponibles 200 500 700
750 2 500 -500 2 750

PASSIF Situation Accroissement en Situation


initiale conséquence de la après
fusion fusion
Capital souscrit 200 1 000 -200 1 000
Réserves 50 1 000 -300 750
250 2 000 1 750
Dettes à une an au plus 500 500 1 000
750 2 500 -500 2 750

La valeur d’une action de B avant l’augmentation de capital ressort à:

Capital souscrit 200


Réserves 50
——-
250

250 000 EUR/1 000 = 250

La valeur de A ressort à 2 000. En rémunération de l’augmentation de capital de


1 000 au sein de laS.A. B, il sera attribué 8 000 actions sdvn de B aux actionnaires de
A en échange des 4 000 actions qu’ils détenaient sur la S.A. A.
Ces actions sont identiques aux précédentes et jouiront des mêmes droits et participe-
ront aux résultats à partir du 01/01/X+1.

Après annulation des actions propres reprises pour 500 à l’actif du bilan, le capital
souscrit s’élèvera à 1 000 et sera représenté par 8 000 actions sdvn. Simultanément à
l’augmentation de capital, il sera inscrit une réserve disponible à concurrence de 750.
Cette réserve provient de la société A absorbée.

A savoir:

392
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

➢ prélèvement de 50 sur les réserves initiales de B;


➢ prélèvement de 200 sur le capital initial de B;
➢ prélèvement de 250 sur les réserves de A lors de l’augmentation de capital.

Soit:

1) capital souscrit ancien 200


+ augmentation de capital provenant de A pour 1 000
– prélèvement sur le capital souscrit initial 200
soit 1 000 nouveau capital souscrit.

2) réserves anciennes 50
+ augmentation des réserves provenant de A pour 1 000
– prélèvement de 50 sur les réserves initiales de B
– prélèvement du solde de 250
soit 750 nouvelles réserves.

Troisième cas

La situation active et passive de la S.A. B s’établira comme suit:

ACTIF Situation Accroissement en Situation


initiale conséquence de la après
fusion fusion
Corporelles 200 1 000 1 200
Financières 500 -500
Stocks 500 500 1 000
Créances et disponible 300 500 800
1 000 2 500 -500 3 000

PASSIF Situation Accroissement en Situation


initiale conséquence de la après
fusion fusion
Capital souscrit 250 1 000 -150 1 100
Réserves 350 1 000 -350 1 000
600 2 000 2 100
Dettes à un an au plus 400 500 900
1 000 2 500 -500 3 000

La valeur d’une action de B avant l’augmentation de capital ressort à:

Capital souscrit 250


Réserves 350
——
600

600 000 EUR/1 000 = 600

393
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La valeur de A ressort à 2 000.

En rémunération de l’augmentation de capital de 1 000 au sein de la S.A. B, il sera


attribué:
2 000 000/600 = 3 333,3 actions, arrondi à 3 333 actions sdvn de B
aux actionnaires de A en échange des 4 000 actions qu’ils détenaient sur la S.A. A.

Il y a lieu de voir si l’échange est réalisable, auquel cas une autre rémunération est
possible dans le cas présent sans léser les anciens actionnaires: on pourrait très bien
indiquer que les actionnaires de A recevront une action de B pour une action de A.
Ceci est valable pour les premier et deuxième cas développés.

Après annulation des actions propres reprises pour 500 à l’actif du bilan, le capital
souscrit s’élèvera à 1 100 et sera représenté (par exemple) par 4 000 actions sdvn.
Simultanément à l’augmentation de capital, il sera inscrit une réserve disponible à
concurrence de 1 000.

A savoir:
➢ prélèvement de 350 sur les réserves initiales de B;
➢ prélèvement de 150 sur le capital initial de B.
——
500

Il est à souligner que les rapports des conseils d’administration devront expliquer et
motiver l’opération d’un point de vue économique. Cette motivation est d’autant
plus importante qu’à première analyse, il est souhaitable d’effectuer l’opération dans
le sens naturel d’absorption de la fille par la mère.

LES SCISSIONS

La scission par absorption

a. Définition

Le législateur a envisagé ce type de scission qui se trouve défini dans l’article 673 C.
soc.

Art. 673. La scission par absorption est l’opération par laquelle une société
transfère à plusieurs sociétés, par suite de sa dissolution sans liquidation,
l’intégralité de son patrimoine, activement et passivement, moyennant l’at-
tribution aux associés de la société dissoute d’actions ou de parts des sociétés
bénéficiaires des apports résultant de la scission et, le cas échéant, d’une
soulte en espèces ne dépassant pas le dixième de la valeur nominale des ac-
tions ou parts attribuées ou, à défaut de valeur nominale, de leur pair comp-
table.

394
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Société anonyme A à scinder


ACTIF PASSIF
Capital A à
transférer à B
Actifs A à Capital A à = dissolution sans liquidation de A
transférer à B transférer à C
Actifs – Passifs – Engagements A
Passifs A => transférer à B
à transférer à B
Actifs – Passifs – Engagements A
transférer à C
=>
Actifs A à
transférer à C Passifs A à
transférer à C Société anonyme B
après transfert

ACTIF PASSIF
S.A. B avant transfert de A Capital B initial
ACTIF PASSIF (1)
Actifs initiaux Capital provenant
Capital B B de A (1)

Actifs B Passifs
initiaux de B
Passifs B
Actifs provenant
de A
Passifs provenant
S.A. C avant transfert de A => de A
ACTIF PASSIF
Société anonyme C
Capital C après transfert

Actifs C ACTIF PASSIF

Passifs C Captial C (2)


Capital provenant
de A (2)
Actifs C
(1) Nouveau capital B = initiaux Passifs initiaux
Capital initial de B de C
+ partie A transférée
Actifs provenant
(2) Nouveau capital C de A
Capital initial de C => Passifs provenant
+ partie A transférée de A

395
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

b. Exemples simplifies

Premier cas

Par hypothèse, les bilans présentés au 31 décembre XX ne contiennent pas de plus-


value latente, et aucun goodwill ne sera exprimé. Il n’existe aucun lien entre les so-
ciétés en présence (ni participation, ni créance, ni dette).
Le bilan au 31 décembre XX de la société anonyme A (société à scinder) se présente
en synthèse comme suit:

Activités à Activités à TOTAL


apporter de la apporter de la
S.A. B S.A. C
A l’actif
Immobilisations 500 1 000 1 500
corporelles
Stocks 250 500 750
Créances 250 500 750
Disponible 100 200 300
1 100 2 200 3 300

Au passif
Capital souscrit répré-
senté par 40 000 ac-
tions sdvn 333 667 1 000
Réserves 167 333 500
Dettes à plus d’un an 250 500 750
Dettes à un an au plus 350 700 1 050
1 100 2 200 3 300

Le bilan au 31 décembre XX de la société anonyme B (société absorbante, d’une


partie des activités de A) se présente en synthèse comme suit:

A l’actif
Immobilisations corporelles 2 000
Stocks 1 000
Créances 1 000
Disponible 400
4 400
Au passif
Capital souscrit représenté par 4 000 actions sdvn 1 000
Réserves 1 000
Dettes à plus d’un an 1 000
Dettes à un an au plus 1 400
4 400

396
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le bilan au 31 décembre XX de la société anonyme C (société absorbante d’une


partie des activités de A) se présente en synthèse comme suit:

A l’actif
Immobilisations corporelles 250
Stocks 125
Créances 125
Disponible 50
550

Au passif
Capital souscrit représenté par 4 000 actions sdvn 100
Réserves 150
Dettes à plus d’un an 125
Dettes à un an au plus 175
550

L’actif net de la S.A. B ressort alors à:

Capital souscrit 1 000


Réserves 1 000
——–
2 000

La valeur d’une action de B ressort ainsi à:

2 000 000 EUR/4 000 = 500

L’actif net de la S.A. C ressort alors à:

Capital souscrit 100


Réserves 150

250

La valeur d’une action de C ressort ainsi à:

250 000 EUR/4 000 = 62,50

Comme il est exposé au projet de scission par absorption, l’assemblée générale extra-
ordinaire de la S.A. A aura à son ordre du jour la dissolution anticipée de la société
pour effectuer la scission par apport de l’ensemble de ses actifs, passifs et engage-
ments:

397
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Pour partie à la société anonyme B (000 EUR)

La valeur apportée s’élève à 500


dont 333 en capital et 167 en réserve

Le nombre d’actions de B à remettre aux actionnaires de A s’établit comme


suit:
500 000/500 = 1 000 actions de B
identiques aux précédentes et jouissant des mêmes droits et avantages à partir de la
date effective de la scission.

Pour partie à la société anonyme C (000 EUR)

La valeur apportée s’élève à 1 000


dont 667 en capital et 333 en réserve

Le nombre d’actions de C à remettre aux actionnaires de A s’établit comme


suit:
1 000 000/62,5 = 16 000 actions de C
identiques aux précédentes et jouissant des mêmes droits et avantages à partir
de la date effective de la scission.

Le rapport d’échange s’établit comme suit:

Contre remise de 40 000 actions de A, les actionnaires de A recevront 1 000 actions


de B et 16 000 actions de C.

Le capital social des sociétés B et C, après scission de A, s’établira comme suit:

Pour la S.A. B

Le capital souscrit de B s’élèvera à EUR (000) (1 000 + 333) = 1 333 et sera représen-
té par 5 000 actions sdvn.
Les réserves de B s’établiront à:
EUR (000) (1 000 + 167) = 1 167

De telle sorte que la valeur d’une action ressort à:

EUR (000) (1 333 + 1 167)/5 000 = 500

Pour la S.A. C

Le capital souscrit de C s’élèvera à EUR (000) (100 + 667) = 767 et sera représenté
par 20 000 actions sdvn.

398
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Les réserves de C s’établiront à:


EUR (000) (150 + 333) = 483

De telle sorte que la valeur d’une action ressort à:


EUR (000) (767 + 483/20 000) = 62,50

Deuxième cas

Reprenons l’exemple ci-avant en prenant les hypothèses suivantes:


➢ le goodwill déterminé de la même manière pour chacune des activités de A,
pour B, pour C arrive aux valeurs suivantes en fonction de la rentabilité de
chaque activité et suivant les modes de calcul usuels;
➢ les plus-values nettes sur immobilisations corporelles ont été correctement
établies de la même manière et à dire d’expert.

De telle sorte que les valeurs économiques de chacune des activités de A, de B et de


C ressortent alors comme suit:
Activités de A à apporter à la S.A. B
Capital 333
Réserves 167
Plus-values nettes 500
Goodwill 500
———
soit 1 500
Activités de A à apporter à la S.A. C
Capital 667
Réserves 333
Plus-values nettes 200
Goodwill 1 300
———
soit 2 500
Pour la S.A. B
Capital souscrit 1 000
Réserves 1 000
Goodwill 2 000
———
soit 4 000
Pour la S.A. C
Capital souscrit 100
Réserves 150
Plus-values nettes 50
Goodwill 100
——
soit 400

399
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La valeur d’une action de B ressort ainsi à:

4 000 000 EUR/4 000 = 1 000

La valeur d’une action de C ressort ainsi à:

400 000 EUR/4 000 = 100

Comme il est exposé au projet de scission, l’assemblée générale extraordinaire de la


S.A. A aura à son ordre du jour la dissolution anticipée de la société pour effectuer la
scission par apport de l’ensemble de ses actifs, passifs et engagements:

Pour partie à la société anonyme B (000 EUR)

La valeur économique de la valeur apportée de A s’élève à 1 500.

Le nombre d’actions de B à remettre aux actionnaires de A s’établit comme


suit:

1 500 000/1 000 = 1 500 actions de B

identiques aux précédentes et jouissant des mêmes droits et avantages à partir


de la date effective de la scission.

Ces 1 500 actions représentent une augmentation de capital de 333 chez B et de


réserves à concurrence de 167 (en fonction de la continuité comptable et juridique de
l’opération).

Pour partie à la société anonyme C (000 EUR)

La valeur économique de la valeur apportée de A s’élève à 2 500

Le nombre d’actions de C à remettre aux actionnaires de C s’établit comme


suit:

2 500 000/100 = 25 000 actions de C

identiques aux précédentes et jouissant des mêmes droits et avantages à partir


de la date effective de la scission.

Ces 25 000 actions représentent une augmentation de capital de 667 et de réserves à


concurrence de 333 (en fonction de la continuité comptable et juridique de l’opéra-
tion).

400
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le rapport d’échange s’établit comme suit:

Contre remise de 40 000 actions de A, les actionnaires de A recevront 1 500 actions


de B et 25 000 actions de C.

Le capital social des sociétés B et C, après scission de A, s’établira comme suit:

Le capital souscrit de B s’élèvera à 1 333 et sera représenté par 5 500 actions sdvn.
Les réserves de B s’établiront à 1 667.

La valeur économique d’une action ressort alors:


Capital 1 333
Réserves 1 167
Goodwill (de A) 500
Plus-values nettes (de A) 500
Goodwill (de B) 2 000
———-
soit 5 500
: 5,5
———-
1 000

Le capital souscrit de C s’élèvera à EUR (000) 767 et sera représenté par 29 000
actions sdvn.
Les réserves de B s’établiront à 483.

La valeur économique d’une action ressort alors:


Capital souscrit 767
Réserves 483
Goodwill (de A) 1 300
Plus-values de A 200
Goodwill de C 100
Plus-value de C 50
———-
2 900
: 29
———-
soit 100

c. Cas particuliers

Nous référons le lecteur à l’article 681 C. soc. qui indique notamment que la scission
peut également avoir lieu lorsque la société scindée est en liquidation ou en faillite
pourvu qu’elle n’ait pas encore commencé la répartition de son actif entre les asso-
ciés.

401
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La soulte en espèces ne peut dépasser 10 % de la valeur nominale des actions ou parts


attribuées ou à défaut de valeur nominale de leur pair comptable, auquel cas, le tribu-
nal de commerce prononce la nullité de l’opération. Nous donnons par ailleurs réfé-
rence à ce qui est dit à l’article 688 C. soc.

d. Analyse du cadre légal

Le rôle, les travaux de contrôle et les rapports de l’expert-comptable externe et du


réviseur ainsi que les normes de travail à respecter sont fondamentalement identiques
en matière de scission par rapport à ce qui est prévu en matière de fusion.

Cependant, en cas de scission par absorption, l’article 730 indique que lorsque la
société absorbante est une société privée à responsabilité limitée, une société coopé-
rative à responsabilité limitée ou une société anonyme, le rapport (spécial de chaque
société en présence) fait, en outre, mention du rapport visé selon le cas aux articles
313, 423, 602, …

L’article 313 mentionne notamment ce qui suit:

Art. 313. Au cas où l’augmentation de capital comporte des apports en natu-


re, un rapport est préalablement établi par le commissaire, ou, s’il n’y en a
pas un, par un réviseur d’entreprises désigné par l’organe de gestion.
Ce rapport porte notamment sur la description de chaque apport en nature
et sur les modes d’évaluation adoptés. Il indique si les estimations auxquelles
conduisent ces modes d’évaluation correspondent au moins au nombre et à
la valeur nominale ou au pair comptable et, le cas échéant, à la prime d’émis-
sion des parts à émettre en contrepartie. Le rapport indique quelle est la
rémunération effectivement attribuée en contrepartie des apports.
Ce rapport est joint à un rapport spécial dans lequel l’organe de gestion
expose, d’une part, l’intérêt que présentent pour la société tant les apports
que l’augmentation de capital proposée et, d’autre part, les raisons pour les-
quelles, éventuellement, il s’écarte des conclusions du rapport annexé.
Le rapport du réviseur et le rapport spécial de l’organe de gestion sont dépo-
sés au greffe du tribunal de commerce conformément à l’article 75. Ces rap-
ports sont annoncés dans l’ordre du jour de l’assemblée générale appelée à
délibérer sur l’augmentation du capital. Une copie des rapports est transmi-
se conformément à l’article 269.
L’absence des rapports prévus par cet article entraîne la nullité de la déci-
sion de l’assemblée générale.

L’article 423 reprend ce qui suit:

Art. 423, § 1er. Lorsqu’une augmentation de capital comporte des apports en


nature, un rapport est établi préalablement soit par le commissaire, soit, pour
la société qui n’en a pas, par un réviseur d’entreprises désigné par l’organe
de gestion.

402
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Ce rapport porte sur la description de chaque apport en nature et sur les


modes d’évaluation adoptés. Il indique si les estimations auxquelles condui-
sent ces modes d’évaluation correspondent au moins au nombre et à la va-
leur nominale et, le cas échéant, à la prime d’émission des parts à émettre en
contrepartie. Le rapport indique quelle est la rémunération effectivement
attribuée en contrepartie des apports.
A ce rapport est joint un rapport spécial dans lequel l’organe de gestion ex-
pose, d’une part, l’intérêt que présentent pour la société les apports et, d’autre
part, les raisons pour lesquelles, éventuellement, il s’écarte des conclusions
du rapport annexé.
Le rapport du réviseur et le rapport spécial de l’organe de gestion sont dépo-
sés au greffe du tribunal de commerce conformément à l’article 75. Ces rap-
ports sont annoncés dans l’ordre du jour de l’assemblée générale qui doit
décider de l’augmentation de capital. Une copie des rapports est transmise
aux associés conformément à l’article 381.
§ 2. Lorsque l’apport en nature n’est pas effectué dans le cadre de l’augmen-
tation de la part fixe du capital social, ces rapports sont soumis à la première
assemblée générale qui se prononce sur la valeur attribuée à l’apport et à sa
rémunération, à la majorité requise pour l’augmentation de la part fixe du
capital social, sans tenir compte des voix attachées aux parts émises en échange
de cet apport.
§ 3. L’absence des rapports prévus par cet article entraîne la nullité de la
décision de l’assemblée générale.

L’article 602 stipule:

Art. 602. Au cas où l’augmentation de capital comporte des apports en natu-


re, un rapport est préalablement établi, soit par le commissaire, soit, pour les
sociétés qui n’en ont pas, par un réviseur d’entreprises désigné par le conseil
d’administration.
Ce rapport porte notamment sur la description de chaque apport en nature
et sur les modes d’évaluation adoptés. Il indique si les estimations auxquelles
conduisent ces modes d’évaluation correspondent au moins au nombre et à
la valeur nominale ou, à défaut de valeur nominale, au pair comptable et, le
cas échéant, à la prime d’émission des actions à émettre en contrepartie.
Le rapport indique quelle est la rémunération effectivement attribuée en con-
trepartie des apports.
Ce rapport est joint à un rapport spécial dans lequel le conseil d’administra-
tion expose, d’une part, l’intérêt que présentent pour la société tant les ap-
ports que l’augmentation de capital proposée et, d’autre part, les raisons
pour lesquelles, éventuellement, il s’écarte des conclusions du rapport an-
nexé.
Le rapport du réviseur et le rapport spécial du conseil d’administration sont
déposés au greffe du tribunal de commerce conformément à l’article 75.
Lorsque l’augmentation du capital est décidée par l’assemblée générale con-
formément à l’article 581, les rapports prévus à l’alinéa 3 sont annoncés dans
l’ordre du jour. Une copie peut en être obtenue conformément à l’article 535.

403
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

L’absence des rapports prévus par cet article entraîne la nullité de la déci-
sion de l’assemblée générale.

A la différence de ce qui est dit à l’article 695 C. soc. concernant le rapport écrit
sur le projet de fusion, les rapports de contrôle tels que visés ci-avant aux arti-
cles 313, 423, 602 sont exigés pour la société absorbante.
Le réviseur d’entreprises qui a établi le rapport pour la société absorbante en
vue de la fusion peut aussi établir le rapport de contrôle qui est exigé pour les
apports en nature.

Néanmoins, l’article 734 C. soc. prévoit la dispense de rapports:

Art. 734. Les sociétés participant à la scission peuvent ne pas appliquer les
articles 730, 731 et 733, ce dernier en tant qu’il se rapporte aux rapports, si
tous les associés et tous les porteurs de titres conférant un droit de vote à
l’assemblée générale renoncent à leur application.
Cette renonciation est établie par un vote exprès à l’assemblée générale ap-
pelée à se prononcer sur la participation à la scission.
L’ordre du jour de cette assemblée générale mentionne l’intention de la so-
ciété de faire usage de cette disposition et reproduit les alinéas 1er et 2 du
présent article.

L’article 734 C. soc. trouve son origine dans l’article 10 de la sixième directive qui
autorise les Etats membres à permettre aux sociétés participant à la scission de faire
l’économie des rapports des organes chargés de l’administration et des rapports d’ex-
perts, si tous les actionnaires et les porteurs des autres titres conférant un droit de vote
à l’assemblée générale y ont renoncés.

Ce «régime de faveur» remplace le régime prévu dans la troisième directive lorsque


la société absorbante est titulaire soit de toutes les actions, soit de 90 % ou plus des
actions des sociétés absorbées (article 24 et suivants de la 3e directive).

Il est apparu en effet, lors des travaux d’élaboration de la sixième directive, que le
«régime de faveur» prévu dans la troisième directive n’était pas transposable en cas
de scission.

Alors que dans la troisième directive le «système de faveur» est appelé à jouer dans
une relation mettant en jeu des sociétés dont l’une possède 90 % ou plus des actions
des autres sociétés, dans la scission, la relation se noue entre trois sociétés au mini-
mum dont deux possèdent ensemble 90 % ou plus des actions de la troisième.

Ces 90 % ou plus peuvent soit se trouver dans le patrimoine d’une seule des sociétés
bénéficiaires, soit être répartis dans le patrimoine de ces sociétés. Dans cette dernière
hypothèse, les raisons qui motivaient la suppression des rapports d’administrateurs
ou d’experts dans la troisième directive n’existent plus, le critère des 90 % ou plus
étant devenu inadéquat.

404
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Pour cette raison, la sixième directive a opté pour un autre système dont le gouverne-
ment estime pouvoir faire usage dans la mesure où il ne devrait concerner que très
peu de cas et ne s’appliquer, en raison de sa rigueur même, que dans des sociétés
comptant peu d’associés, telles les sociétés à caractère familial. Le moyen d’établir
la renonciation aux rapports qui a été choisi, à savoir un vote exprès à l’assemblée
générale, implique d’ailleurs que tous les actionnaires ou associés assistent à cette
assemblée générale, ce qui devrait constituer pour eux une garantie suffisante du
respect de leur droit à exiger cette information s’ils ont le moindre doute quant à
l’opportunité et la régularité de l’opération de scission.

Il suffira d’ailleurs qu’un seul actionnaire ou associé refuse ce vote de renonciation


pour que l’assemblée ne puisse valablement délibérer sur la scission et doive être
reconvoquée, cette fois après rédaction des rapports. Cette circonstance devrait éga-
lement inciter les administrateurs ou gérants à faire preuve de circonspection lors-
qu’ils décideront de faire usage des possibilités offertes par cet article 734 C. soc.

Le gouvernement n’a pas retenu la proposition de rédaction formulée par le Conseil


d’Etat. Il est clair en effet que, dans la pratique, ce ne sont pas les associés ou porteurs
de titres conférant un droit de vote à l’assemblée générale qui prendront l’initiative
de renoncer aux rapports visés à l’article 734 C. soc. L’appréciation de l’opportunité
de faire usage de cette faculté est laissée à la société elle-même, agissant par ses
gérants ou son conseil d’administration.

Même si cette faculté est prévue par la loi, il est préférable pour des raisons de trans-
parence, de neutralité fiscale de ne pas faire appel à la dispense de rapport circonstan-
cié et de rapport écrit du commissaire.

Nous pensons que le bon sens indique l’obligation pour l’organe chargé de l’ad-
ministration d’établir un rapport écrit et circonstancié qui expose la situation
patrimoniale des sociétés participant à la scission et qui explique et justifie, du
point de vue juridique et économique, l’opportunité, les conditions, les modali-
tés et les conséquences de la scission, les méthodes suivies pour la détermination
du rapport d’échange.

En effet, le réviseur d’entreprises demandera ce rapport justificatif afin d’éta-


blir son rapport prévu dans le cas présent par les articles 313, 423 et 620 C. soc.
en cas d’augmentation de capital.

De plus, l’intérêt économique et social d’une telle opération est important, car il
devra nécessairement être prouvé d’un point de vue fiscal.

Les caractéristiques essentielles et les effets de la scission par absorption méritent


d’être synthétisés comme suit:

1) la société scindée cesse d’exister;


2) les associés ou actionnaires de la société scindée deviennent actionnaires
ou associés d’une ou plusieurs sociétés bénéficiaires, conformément à la
répartition prévue au projet de scission;

405
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

3) l’ensemble du patrimoine actif et passif et des engagements de la société


scindée est transféré aux sociétés bénéficiaires, conformément à la ré-
partition prévue au projet de scission;
4) l’opposabilité aux tiers a lieu dans les mêmes conditions que dans le cas
d’une fusion par absorption.

e. Déroulement des opérations lors d’une scission par absorption

e.1. Projet de scission

Comme dans le cas d’une fusion, les organes d’administration des sociétés partici-
pant à l’opération établissent un projet de scission soit par acte authentique, soit par
acte sous seing privé reprenant une série d’informations (article 728 C. soc.):

a) la forme, la dénomination, l’objet et le siège social des sociétés participant à la


scission;
b) le rapport d’échange des actions ou parts et, le cas échéant, le montant de la
soulte;
c) les modalités de remise des actions ou parts des sociétés bénéficiaires;
d) la date à partir de laquelle ces actions ou parts donnent le droit de participer
aux bénéfices ainsi que toute modalité relative à ce droit;
e) la date à partir de laquelle les opérations de la société scindée sont considérées
du point de vue comptable comme accomplies pour le compte de l’une ou de
l’autre des sociétés bénéficiaires;
f) les droits assurés par les sociétés bénéficiaires aux actionnaires ou aux asso-
ciés de la société scindée ayant des droits spéciaux et aux porteurs de titres
autres que les actions ou les mesures proposées à leur égard;
g) les émoluments spéciaux attribués le cas échéant aux commissaires ou les
émoluments attribués aux réviseurs d’entreprises ou aux experts-comptables
inscrits au tableau des experts-comptables externes de l’Institut des Experts-
comptables et des Conseils fiscaux chargés de la rédaction du rapport prévu à
l’article 731;
h) tous avantages particuliers attribués aux membres des organes d’administra-
tion des sociétés participant à la scission;
i) la description et la répartition précises des éléments du patrimoine actif et
passif à transférer à chacune des sociétés bénéficiaires;
j) la répartition aux actionnaires ou associés de la société scindée des actions ou
parts des sociétés bénéficiaires, ainsi que le critère sur lequel cette répartition
est fondée.

Ce projet de scission doit être accompagné de deux rapports:

➢ le premier, celui du conseil d’administration de chaque société concernée jus-


tifiant juridiquement et économiquement l’opération;
➢ le second, celui du commissaire, du réviseur d’entreprises ou de l’expert-comp-
table externe qui aura à se prononcer sur le caractère pertinent et raisonnable
du rapport d’échange proposé.

406
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le projet de scission doit être déposé au greffe du tribunal de commerce par chacune
des sociétés participant à la scission six semaines au moins avant l’assemblée géné-
rale appelée à se prononcer sur la scission.

e.2. Rapport des conseils d’administration

Dans chaque société, l’organe d’administration établit un rapport écrit et circonstan-


cié qui expose la situation active et passive des sociétés participant à la scission et qui
explique et justifie du point de vue juridique et économique:

➢ l’opportunité;
➢ les conditions;
➢ les modalités;
➢ les conséquences de la scission.

Il devra également expliquer les méthodes suivies pour la détermination du rap-


port d’échange des actions ou des parts, l’importance relative qui est donnée à
ces méthodes, les valeurs auxquelles chaque méthode conduit, les difficultés éven-
tuellement rencontrées et le rapport d’échange proposé.

La justification qui sera donnée est essentielle, car elle permettra d’établir «les be-
soins légitimes de caractère financier ou économique» de l’opération tels que pres-
crits fiscalement (art. 211 CIR 1992).

e.3. L’intervention d’un professionnel comptable

Le rôle de l’expert-comptable ou du réviseur d’entreprises lorsqu’il n’y a pas de


commissaire au sein des sociétés bénéficiaires de l’apport du patrimoine, activement
et passivement de la société avant scission, est d’établir exactement, comme pour la
fusion, un rapport écrit portant sur le projet de scission.
L’accomplissement de la mission concerne les diligences juridiques et comptables à
accomplir.

Les diligences juridiques pour cette mission peuvent être synthétisées comme suit:

➢ vérifier l’identité, la forme, l’objet et le siège social de la (ou des) société(s)


qui se scinde(nt);
➢ vérifier les modalités rendues applicables par le conseil d’administration à
l’échange d’actions ou de parts décrites dans le projet de scission;
➢ vérifier l’adéquation des statuts (nouveaux ou à adapter) pour ce qui concerne
la date à partir de laquelle les actions échangées donneraient droit aux bénéfi-
ces;
➢ vérifier les avantages particuliers reconnus par la société absorbante aux ac-
tionnaires de la ou des sociétés scindées;
➢ vérifier les avantages particuliers que l’on prévoit d’octroyer aux administra-
teurs des sociétés participant à la scission;

407
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

➢ vérifier les motivations juridiques énoncées dans le rapport justificatif du con-


seil d’administration et qui sous-tendent l’opération de scission projetée;
➢ vérifier le respect des conditions légales de forme et de fond de l’opération de
scission;
➢ vérifier – plus qu’en toute autre circonstance – qu’aucun événement posté-
rieur ne s’est produit qui modifie de manière substantielle le patrimoine actif
et passif de la ou des sociétés scindées et/ou de l’absorbante;
➢ vérifier que le projet de scission et le rapport du conseil d’administration ainsi
que le rapport de l’expert sont bien annoncés dans l’ordre du jour de l’assem-
blée générale;
➢ …

Au titre des diligences comptables et d’audit, citons:

➢ vérifier le rapport d’échange proposé entre les actions de la société scindée et


les actions des sociétés issues de la scission et éventuellement le montant de la
soulte;
➢ vérifier les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange des
actions et parts et leur appropriation aux circonstances;
➢ vérifier l’importance relative qui est attachée à ces méthodes;
➢ vérifier les valeurs auxquelles aboutissent ces différentes méthodes et les dif-
ficultés engendrées dans leur détermination;
➢ vérifier la date à laquelle les opérations de la société scindée sont comptable-
ment considérées comme accomplies pour le compte de l’absorbante;
➢ vérifier l’état comptable ne remontant pas à plus de trois mois de la date du
projet de scission (lorsque ce dernier est postérieur de six mois à la dernière
clôture des comptes annuels);
➢ vérifier les évaluations et notamment la politique d’amortissement et de pro-
vision (prorata temporis) appliquée ou toute modification intervenue aux rè-
gles d’évaluation;
➢ …

e.4. Le rapport du professionnel en cas de scission de société (article 731 C. soc.)

Chaque société concernée par l’opération de scission doit faire appel à un profession-
nel comptable. L’objet du rapport établi par le commissaire ou le réviseur d’entrepri-
ses ou l’expert-comptable externe désigné est de refléter, par écrit, son opinion sur:

➢ le projet de scission qui comporte un certain nombre d’informations;


➢ le rapport d’échange proposé, les méthodes d’évaluation aboutissant à ce rap-
port d’échange et les difficultés éventuelles qu’elles ont pu engendrer;
➢ l’adéquation entre la méthode choisie et l’opération de scission sous revue;
➢ le montant de la soulte fixée et ne pouvant dépasser 1/10e de la valeur nomina-
le ou du pair comptable des actions échangées.

Le rapport indique en outre les difficultés particulières d’évaluation s’il en existe.

408
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Il est clair et ressort de la loi qu’actuellement seul le réviseur d’entreprises peut éta-
blir le rapport prévu aux articles 313, 423, 602 C. soc. et que l’opération a contrario
des fusions fait référence à l’application des dispositions relatives au contrôle des
apports ne consistant pas en numéraire.

Néanmoins, l’expert-comptable externe pourra, lorsqu’il n’y a pas de commissaire,


établir un rapport sur le projet de scission tel qu’il est indiqué à l’article 731 C. soc.

e.5. Modification importante entre la date de l’établissement du projet de scission et


l’assemblée générale

L’article 732 C. soc. indique à ce sujet:

Art. 732. Les organes de gestion de chacune des sociétés concernées par la
scission sont tenus d’informer l’assemblée générale de leur société ainsi que
les organes de gestion de toutes les autres sociétés concernées par la scission
de toute modification importante du patrimoine actif et passif intervenue
entre la date de l’établissement du projet de scission et la date de la dernière
assemblée générale qui se prononce sur la scission.
Les organes de gestion qui ont reçu cette information sont tenus de la com-
muniquer à l’assemblée générale de leur société.

e.6. Répartition d’un élément du patrimoine non attribué dans le projet de scission
(article 729 C. soc.)

Art. 729. Lorsqu’un élément du patrimoine actif n’est pas attribué dans le
projet de scission et que l’interprétation du projet ne permet pas de décider
de la répartition de cet élément, celui-ci ou sa contre-valeur est réparti entre
toutes les sociétés bénéficiaires de manière proportionnelle à l’actif net attri-
bué à chacune de celles-ci dans le projet de scission.
Lorsqu’un élément du patrimoine passif n’est pas attribué dans le projet de
scission et que l’interprétation du projet ne permet pas de décider de la ré-
partition de cet élément, chacune des sociétés bénéficiaires en est solidaire-
ment responsable.

Commentaires

C’est souvent le cas, notamment en matière fiscale (soit a posteriori, l’on découvre
un impôt supplémentaire à payer ou un dégrèvement éventuel).

Généralement, l’acte notarié spécifiera aussi que si la société avant scission devait
ultérieurement supporter des charges non réclamées et non provisionnées au jour de
la scission, les sociétés issues de celle-ci en supporteraient la charge pour la partie
propre à leur activité cédée à partir de la date de la scission. Pour ce qui est antérieur
à cette période, la répartition s’effectuera (par exemple) comme suit:
C 40 % D 60 %

409
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Les sociétés issues de la scission jouiront du bénéfice et supporteront les charges


éventuelles de toutes conventions en cours avec les clients, le personnel et les autres
tiers pour la partie qui leur est propre à partir du (date de l’effet de la scission)…

e.7. Information des actionnaires (article 733 C. soc.)

L’article 733 est applicable à la scission par absorption de la société.

Art. 733, § 1er. Dans chaque société, le projet de scission et les rapports pré-
vus aux articles 730 et 731 ainsi que la possibilité réservée aux associés d’ob-
tenir lesdits documents sans frais sont annoncés dans l’ordre du jour de l’as-
semblée générale appelée à se prononcer sur le projet de scission.
Une copie en est adressée aux porteurs d’actions nominatives un mois au
moins avant la réunion de l’assemblée générale.
Elle est généralement transmise sans délai aux personnes qui ont accompli
les formalités requises par les statuts pour être admises à l’assemblée.

Toutefois, lorsque les sociétés sont des sociétés coopératives à responsabilité


limitée, le projet et les rapports visés à l’alinéa 1er ne doivent pas être trans-
mis aux associés conformément aux alinéas 2 et 3.
Dans ce cas, tout associé a le droit de prendre connaissance desdits docu-
ments au siège social conformément au § 2 et d’en obtenir copie, conformé-
ment au § 3, un mois au moins avant la réunion de l’assemblée générale.
§ 2. Tout associé a en outre le droit, un mois au moins avant la date de la
réunion de l’assemblée générale appelée à se prononcer sur le projet de scis-
sion, de prendre connaissance au siège social des documents suivants:
1° le projet de scission;
2° les rapports visés aux articles 730 et 731;
3° les comptes annuels des trois derniers exercices, de chacune des sociétés
concernées par la scission;
4° pour les sociétés anonymes, les sociétés en commandite par actions, les
sociétés privées à responsabilité limitée, les sociétés européennes et les socié-
tés coopératives à responsabilité limitée, les rapports des administrateurs,
des membres du conseil de direction, des membres du conseil de surveillance
ou gérants et les rapports de commissaires des trois derniers exercices;
5° lorsque le projet de scission est postérieur de six mois au moins à la fin de
l’exercice auquel se rapportent les derniers comptes annuels, d’un état comp-
table arrêté dans les trois mois précédant la date du projet de scission et
rédigé conformément aux alinéas 2 à 4.
Cet état comptable est établi selon les mêmes méthodes et suivant la même
présentation que les derniers comptes annuels.
Il n’est toutefois pas nécessaire de procéder à un nouvel inventaire.
Les modifications des évaluations figurant au dernier bilan peuvent être li-
mitées à celles qui résultent des mouvements d’écriture. Il doit être tenu comp-
te cependant des amortissements et provisions intérimaires ainsi que des chan-
gements importants de valeurs n’apparaissant pas dans les écritures.

410
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

§ 3. Tout associé peut obtenir sans frais et sur simple demande une copie
intégrale ou, s’il le désire, partielle, des documents visés au § 2, à l’exception
de ceux qui lui ont été transmis en application du § 1er.

e.8. Qualité des associés (article 735 C. soc.)

Art. 735, § 1er. Une société privée à responsabilité limitée ou une société coo-
pérative ne peut participer à une opération de scission en tant que société
bénéficiaire que si les associés de la société à scinder remplissent les condi-
tions requises pour acquérir la qualité d’associé de cette société bénéficiaire.
§ 2. Dans les sociétés coopératives, chaque associé a la faculté, nonobstant
toute disposition contraire des statuts, de démissionner à tout moment au
cours de l’exercice social et sans avoir à satisfaire à aucune autre condition,
dès la convocation de l’assemblée générale appelée à décider la scission de la
société au profit de sociétés bénéficiaires dont l’une au moins a une autre
forme.
La démission doit être notifiée à la société par lettre recommandée à la poste
déposée cinq jours au moins avant la date de l’assemblée. Elle n’aura d’effet
que si la scission est décidée.
Les convocations à l’assemblée reproduisent le texte des alinéas 1er et 2 du
présent paragraphe.

Commentaire

L’équivoque ancienne est donc levée sur la possibilité de pouvoir scinder une société
au profit de sociétés bénéficiaires dont l’une au moins à une autre forme.

e.9. Autres dispositions légales

1. Quorum d’accord des associés: assemblée générale décidant de la scission

L’article 736 C. soc. reprend ce qui suit:

Art. 736, § 1er. Sans préjudice des dispositions particulières énoncées dans le
présent article et sous réserve de dispositions statutaires plus rigoureuses,
l’assemblée générale ne peut décider de la scission de la société que dans le
respect des règles de présence et de majorité suivantes:
1° ceux qui assistent à la réunion doivent représenter la moitié au moins du
capital social. Si cette condition n’est pas remplie, une nouvelle convocation
sera nécessaire et la nouvelle assemblée délibérera et statuera valablement,
quelle que soit la portion du capital représentée;
2° a) une proposition de scission n’est acceptée que si elle réunit les trois
quarts des voix;
b) dans les sociétés en commandite simple et dans les sociétés coopératives, le
droit de vote des associés est proportionnel à leur part dans l’avoir social et
le quorum de présence se calcule par rapport à l’avoir social.

411
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

§ 1erbis. L’article 582 n’est pas applicable.


§ 2. S’il existe plusieurs catégories d’actions, titres ou parts, représentatifs
ou non du capital exprimé, et si la scission entraîne une modification de leurs
droits respectifs, l’article 560, alinéa 4, s’applique.
§ 3. L’accord de tous les associés est requis:
1° dans les sociétés qui sont des sociétés à scinder ou bénéficiaires en nom
collectif;
2° dans la société à scinder lorsque l’une au moins des sociétés bénéficiaires
est:
a) une société en nom collectif;
b) une société en commandite simple;
c) une société coopérative.
Dans les cas visés à l’alinéa 1er, l’accord unanime des titulaires de parts non
représentatives du capital social est, le cas échéant, requis.
L’alinéa 1er, 2°, c), et l’alinéa 2 ne sont pas applicables au cas où la société
bénéficiaire est une société coopérative à responsabilité limitée.
§ 4. Dans les sociétés en commandite simple et dans les sociétés en comman-
dite par actions, l’accord de tous les associés commandités est en outre re-
quis.
§ 5. Lorsque le projet de scission prévoit que la répartition aux associés de la
société à scinder des actions ou parts des sociétés bénéficiaires ne sera pas
proportionnelle à leurs droits dans le capital de la société à scinder, la déci-
sion de la société à scinder de participer à l’opération de scission est prise par
l’assemblée générale statuant à l’unanimité.

▫ Lég.: L’art. 736 C. soc. est inspiré par l’art. 174/34 LCSC tel qu’inséré par l’art. 2
L. du 29 juin 1993 (M.B., 21.07.1993).

Bibl.: – Bouckaert, F., Notarieel vennootschapsrecht, II, Antwerpen, Kluwer, 2000,


Deuxième édition, n° 1966, n° 19.25; Scholten, Y., «Juridische splitsing van ven-
nootschappen», in Goed en Trouw, Zwolle, Tjeenk-Willink, 1984, 223.

Comm.: – Puisque les sociétés coopératives en participation ont été supprimées par
la loi du 13 avril 1995 «modifiant les lois sur les sociétés commerciales, coordonnées
le 30 novembre 1935», le renvoi à cette forme de société n’a plus été repris.
– En principe l’échange a lieu proportionnellement aux droits des anciens actionnai-
res dans le patrimoine de la société absorbée. Les actions ne sont pas réparties pro-
portionnellement lorsqu’un actionnaire de la société absorbée reçoit plus dans une
des sociétés scindées ou reçoit moins dans une autre société scindée que ce à quoi il
a droit. (Voir Bouckaert, F., Notarieel vennootschapsrecht, Deuxième édition, 19.25).
– Cela ne relève pas de la distinction, de la catégorie des actions d’une des sociétés
scindées et la distinction, la catégorie des actions dans une autre société scindée, si la
distinction tient compte des droits des actionnaires de la société absorbée. (Voir Schol-
ten, Y., «Juridische splitsing van vennootschappen», in Goed en trouw, Zwolle, 1984,
223). ▫

412
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2. Acte authentique

L’article 737 reprend ce qui suit:

Art. 737. Dans chaque société participant à la scission, le procès-verbal de


l’assemblée générale qui constate la participation à l’opération de scission
est, à peine de nullité, établi par acte authentique.
L’acte reproduit les conclusions du rapport visé à l’article 731.
Le notaire doit vérifier et attester l’existence et la légalité, tant interne qu’ex-
terne, des actes et formalités incombant à la société auprès de laquelle il ins-
trumente.

3. Modification aux statuts

L’article 738 énonce:

Art. 738. Immédiatement après la décision de participation à la scission, les


modifications éventuelles des statuts d’une société bénéficiaire, y compris les
clauses qui modifieraient son objet social, sont arrêtées aux conditions de
présence et de majorité requises par le présent code. A défaut, la décision de
participation à la scission reste sans effet.
La scission est réalisée lorsque sont intervenues les décisions concordantes
prises au sein de toutes les sociétés intéressées.

4. Publication des actes

Art. 739. Sous réserve des modalités déterminées aux alinéas 2 et 3, les actes
constatant les décisions de participation à une opération de scission prises au
sein de la société scindée et des sociétés bénéficiaires sont déposés et publiés
par extrait conformément à l’article 74 et, le cas échéant, les actes modifiant
les statuts d’une société bénéficiaire sont déposés et publiés conformément à
l’article 74.

Ils sont publiés simultanément dans les quinze jours du dépôt de l’acte cons-
tatant la décision de participation à la scission prise par l’assemblée générale
qui s’est réunie en dernier lieu.
Une société bénéficiaire peut procéder elle-même aux formalités de publicité
concernant la société scindée.

5. Effets de la scission

L’article 682 mentionne ce qui suit:

Art. 682. La fusion ou la scission entraînent de plein droit et simultanément


les effets suivants:
1° par dérogation à l’article 183, § 1er, les sociétés absorbées cessent d’exis-
ter; toutefois, pour l’application des articles 178, 688 et 689, les sociétés dis-

413
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

soutes sont réputées exister durant le délai de six mois prévu par l’article
198, § 2, … et si une action en nullité est intentée, pendant la durée de l’ins-
tance jusqu’au moment où il sera statué sur cette action en nullité par une
décision coulée en force de chose jugée;
2° les associés de sociétés dissoutes deviennent associés des sociétés bénéfi-
ciaires, le cas échéant conformément à la répartition prévue au projet de
scission;
3° l’ensemble du patrimoine actif et passif de chaque société dissoute est trans-
féré aux sociétés bénéficiaires, le cas échéant conformément à la répartition
prévue au projet de scission et dans le respect des articles 729 et 744.
Le 2° de l’alinéa 1er n’est pas applicable aux opérations assimilées aux fu-
sions par absorption.

6. Réalisation des parts ou actions

L’article 740 C. soc. reprend ce qui suit:

Art. 740, § 1er. A moins qu’il en ait été décidé autrement par les sociétés inté-
ressées, les actions ou parts émises par une société bénéficiaire en contrepar-
tie de la part de patrimoine de la société scindée qui lui revient, sont répar-
ties entre les associés de la société scindée à la diligence et sous la responsabi-
lité de l’organe qui était chargé de la gestion de cette société au moment de la
scission.
S’il y a lieu, cet organe assure la mise à jour des registres d’actions nomina-
tives ou de parts sociales.
Les frais de ces opérations sont supportés par les sociétés bénéficiaires, cha-
cune pour leur part.
§ 2. Aucune action ou part d’une société bénéficiaire ne peut être attribuée
en échange d’actions ou de parts de la société scindée détenues:
1° soit par cette société bénéficiaire elle-même ou par une personne agissant
en son nom propre, mais pour le compte de la société;
2° soit par la société scindée elle-même ou par une personne agissant en son
nom propre, mais pour le compte de la société.

7. Publication des actes – Recours des créanciers

L’article 684 C. soc. énonce ce qui suit:

Art. 684, § 1er. Au plus tard dans les deux mois de la publication aux Annexes
du Moniteur belge des actes constatant la fusion ou la scission, les créanciers
de chacune des sociétés qui participent à la fusion ou à la scission dont la
créance est antérieure à cette publication et n’est pas encore échue peuvent
exiger une sûreté, nonobstant toute convention contraire.
La société bénéficiaire à laquelle cette créance a été transférée et, le cas
échéant, la société dissoute peuvent chacune écarter cette demande en payant
la créance à sa valeur, après déduction de l’escompte.
A défaut d’accord ou si le créancier n’est pas payé, la contestation est soumi-
se par la partie la plus diligente au président du tribunal de commerce dans

414
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

le ressort duquel la société débitrice a son siège. La procédure est introduite


et instruite comme en référé; il en est de même de l’exécution de la décision
rendue.

Tous droits sauf au fond, le président détermine la sûreté à fournir par la


société et fixe le délai dans lequel elle doit être constituée, à moins qu’il ne
décide qu’aucune sûreté ne sera fournie, eu égard soit aux garanties et privi-
lèges dont jouit le créancier, soit à la solvabilité de la société bénéficiaire.

Si la sûreté n’est pas fournie dans les délais fixés, la créance devient immé-
diatement exigible et, dans le cas d’une scission, les sociétés bénéficiaires sont
tenues solidairement pour cette obligation.
§ 2. Le § 1er n’est pas applicable aux fusions d’institutions financières soumi-
ses au contrôle de la Commission bancaire et financière.

8. Etablissement des comptes relatifs à la scission

L’article 741 C. soc. reprend:

Art. 741. Les comptes annuels de la société scindée, pour la période comprise
entre la date de clôture du dernier exercice social dont les comptes ont été
approuvés et la date visée à l’article 728, § 2, 5°, sont établis par les organes
de gestion de cette société, conformément aux dispositions du présent Code
qui lui sont applicables.
Ils sont soumis à l’assemblée générale de chacune des sociétés bénéficiaires
suivant les règles applicables à ces sociétés pour leurs comptes annuels.
Sous réserve de l’article 687, l’assemblée générale des sociétés bénéficiaires
se prononce sur la décharge à donner aux organes de gestion et de contrôle
de la société scindée.

9. Responsabilité des associés des SNC, SCS, SCA, SCRL

L’article 685 C. soc. indique:

Art. 685, § 1er. Si la société dissoute est une société en nom collectif, une socié-
té en commandite simple, une société en commandite par actions, ou une
société coopérative à responsabilité illimitée, les associés en nom collectif, les
associés commandités ou les coopérateurs restent tenus solidairement et in-
définiment à l’égard des tiers, des engagements de la société dissoute anté-
rieurs à l’opposabilité aux tiers de l’acte de fusion ou de scission conformé-
ment à l’article 76.
§ 2. Si la société bénéficiaire est une société en nom collectif, une société en
commandite simple, une société en commandite par actions ou une société
coopérative à responsabilité illimitée, les associés en nom collectif, les asso-
ciés commandités ou les coopérateurs répondent solidairement et indéfini-
ment à l’égard des tiers, des engagements de la société dissoute antérieurs à
la fusion ou à la scission et qui, dans ce dernier cas, ont été transmis à la

415
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

société bénéficiaire conformément au projet de scission et aux articles 729,


§ 2, et 744, § 2.
Ils peuvent cependant être exonérés de cette responsabilité par une clause
expresse insérée dans le projet et l’acte de fusion ou de scission, opposable
aux tiers conformément à l’article 76.

10. Responsabilité des actionnaires, des experts-comptables et réviseurs

L’article 687 C. soc. indique:

Art. 687. Les associés de la société dissoute peuvent exercer contre les ad-
ministrateurs ou gérants de cette société une action en responsabilité pour
obtenir la réparation du préjudice qu’ils auraient subi par suite d’une faute
commise lors de la préparation et de la réalisation de la fusion ou de la scis-
sion.
Chaque associé de la société dissoute peut, de même, exercer une action en
responsabilité contre le commissaire, le réviseur d’entreprises ou l’expert-
comptable externe qui a établi le rapport visé aux articles 695, 708, 731 et
746 pour les dommages subis par suite d’une faute commise par celui-ci dans
l’accomplissement de sa mission.
Cet article n’est pas applicable aux opérations assimilées à la fusion par ab-
sorption.

11. Nullité de la scission

Nous référons le lecteur aux articles 688 et 689 énoncés dans le cas de fusion au
chapitre I, car il s’agit de dispositions communes aux fusions et aux scissions.

La scission par constitution d’une nouvelle société

a. Définition

Le Code des sociétés indique ce qui suit:

Art. 674. La scission par constitution de nouvelles sociétés est l’opération par
laquelle une société transfère à plusieurs sociétés qu’elle constitue, par suite
de sa dissolution sans liquidation, l’intégralité de son patrimoine, activement
et passivement, moyennant l’attribution aux associés de la société dissoute
d’actions ou de parts des nouvelles sociétés et, le cas échéant, d’une soulte en
espèces ne dépassant pas le dixième de la valeur nominale des actions ou
parts attribuées ou, à défaut de valeur nominale, de leur pair comptable.

416
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

S.A. A à scinder

Actif Passif => (3) = dissolution sans liquidation de A


Capital A à
transférer à B
Actifs A à Capital A => (4)
transférer à B transférer à C

Société anonyme B
Passif A issue de la scission de A
transférer à B

Actifs A à
transférer à C Passif A
transférer à C

Actif Passif
Capital provenant
de A
Actifs
=> provenant Passifs provenant
de A de A

Société anonyme C
issue de la scission de A

Actif Passif
Capital provenant
de A
Actifs
=>
provenant Passifs provenant
de A de A

b. Exemple simplifié

Par hypothèse, les bilans présentés au 31 décembre XX ne contiennent ni de plus-


value latente ni de goodwill. Il n’existe aucun lien entre les sociétés en présence (ni
participation, ni créance, ni dette).

(3) Actifs – Passifs – Engagements de A transférés à B


(4) Actifs – Passifs – Engagements de A transférés à C

417
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le bilan au 31 décembre XX de la S.A. A (société à scinder) se présente en synthèse


comme suit:

Activité à Activité à TOTAL


apporter à la apporter à la
S.A. B S.A. B
A l’actif
Immobilisations
corporelles 500 1 000 1 500
Stocks 250 500 750
Créances 250 500 750
Disponibles 100 200 300
1 100 2 200 3 300

Au passif
Capital souscrit repré-
senté par 40 000 ac-
tions sdvn 333 667 1 000
Réserves 167 333 500
Dettes à plus d’un an 250 500 750
Dettes à un an au plus 350 700 1 050
1 100 2 200 3 300
Comme il est exposé au projet de scission par constitution de société, l’assemblée
générale extraordinaire de la S.A. A aura à son ordre du jour la dissolution anticipée de
la société pour effectuer la scission par apport de l’ensemble de ses activités à deux
nouvelles sociétés à constituer:
– Pour partie à la société anonyme B (000 EUR);
• la valeur apportée s’élève à 500 dont 333 en capital et 167 en réserves;
• le nombre d’actions de B à remettre aux actionnaires de A s’établira, par exem-
ple, à (pour faciliter l’échange) 40 000 actions de B sdvn.
– Pour partie à la société anonyme C (000 EUR);
• la valeur apportée s’élève à 1 000 dont 667 en capital et 333 en réserves;
• le nombre d’actions de C à remettre aux actionnaires de A s’établira, par exem-
ple, à 40 000 actions de B sdvn.
Le rapport d’échange s’établit alors comme suit:
Contre remise d’une action ancienne de A, remise aux actionnaires de A d’une
action de B et d’une action de C.

Le capital social des sociétés B et C après scission s’établira comme suit:


Pour la S.A. B
Le capital souscrit de B s’élèvera à EUR (000) 333 et sera représenté par
40 000 actions sdvn.
Les réserves de B ressortiront à EUR (000) 167.

418
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Pour la S.A. C
Le capital souscrit de C s’élèvera à EUR (000) 667 et sera représenté par
40 000 actions sdvn.
Les réserves de C s’établiront à EUR (000) 333.

c. Cas particulier

De même que pour la scission par absorption, la scission par constitution de nouvel-
les sociétés permet et consacre, par l’article 681 C. soc., la possibilité pour une socié-
té en liquidation ou en faillite de transférer son patrimoine par cette voie pour autant
qu’aucune répartition n’ait été effectuée.

d. Cadre légal

d.1. Généralité

La scission par création de nouvelles sociétés ne se différencie pas des principes


énoncés précédemment visant la scission par absorption:

➢ quelle que soit la forme choisie pour la nouvelle société, il faut respecter les
conditions de forme et de fond prescrites par le Code des sociétés;

➢ quelle que soit la forme de la nouvelle société, l’acte constitutif doit être cons-
taté par acte authentique reproduisant les conclusions du rapport du réviseur
ou de l’expert-comptable;

➢ les règles applicables aux apports en nature s’appliquent et en conséquence un


rapport de réviseur d’entreprises sera exigé.

d.2. Les caractéristiques essentielles de la scission par constitution peuvent être ré-
sumées comme suit:

1) la société scindée cesse d’exister en donnant naissance à plusieurs sociétés;


2) les associés ou actionnaires de la société scindée deviennent associés ou ac-
tionnaires des nouvelles sociétés;
3) l’ensemble du patrimoine et des engagements, sans exception, est transféré
aux nouvelles sociétés suivant la réalité économique prévue au projet de
scission;
4) l’opération est applicable aux tiers aux conditions prévues dans le cadre de
la fusion ou de la scission.

419
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

e. Déroulement des opérations lors d’une scission par constitution de sociétés nou-
velles

Nous renvoyons le lecteur au cheminement similaire développé au point e. «La fu-


sion par absorption».
Parcourons de manière synthétique ce qu’il y a lieu de retenir.

e.1. Le projet de scission doit être établi et correspond à ce qui est imposé dans le
schéma de scission par absorption.

e.2. Au projet de scission est joint le rapport de justification du conseil d’administra-


tion de la société à scinder.
Il faut insister pour que le rapport explique et justifie tant du point de vue juridique
qu’économique l’opportunité pour la société de réaliser des opérations de scissions,
les conditions, les modalités de l’opération projetée, les conséquences, les méthodes
d’évaluation, le rapport d’échange.
Les arguments devront être développés dans le rapport spécial de justification.

e.3. L’intervention du professionnel comptable s’effectuera comme indiqué au chapi-


tre IV, point 2, suivant les normes relatives au contrôle des opérations de fusion et de
scission de l’IEC (5) et de l’IRE (6).
Nous insistons sur l’importance de la rédaction du rapport qui devra notamment se
prononcer sur le caractère approprié des méthodes suivies pour la détermination du
rapport d’échange proposé entre les actionnaires de la société scindée et les action-
naires des sociétés issues de la scission et éventuellement le montant de la soulte.

e.4. L’information des actionnaires est identique à ce qui est dit pour la scission par
absorption.

e.5. La scission sera réalisée après constitution des nouvelles sociétés.


La constitution des nouvelles sociétés est soumise à toutes les conditions prévues par
le Code des sociétés pour la forme de sociétés qui a été choisie, mais elle sera tou-
jours constituée par acte authentique et, dans le cas présent, il y a application des
dispositions relatives au contrôle des apports ne consistant pas en numéraire par un
réviseur d’entreprises.

La scission mixte

a. Définition

Le Code des sociétés indique en la matière ce qui suit:

Art. 675. La scission mixte est l’opération par laquelle, par suite de sa disso-
lution sans liquidation, une société transfère à une ou plusieurs sociétés exis-

(5) Institut des Experts-comptables et des Conseils fiscaux.


(6) Institut des Réviseurs d’entreprises.

420
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

tantes et à une plusieurs sociétés qu’elle constitue, l’intégralité de son patri-


moine, activement et passivement, moyennant l’attribution aux associés de
la société dissoute d’actions ou de parts des sociétés bénéficiaires.

SCISSION MIXTE: A une ou plusieurs sociétés existantes et à une ou plusieurs so-


ciétés à constituer.

Par hypothèse:
➾ à une société existante B;
➾ à une société à constituer C.

S.A. A à scinder
Actif Passif => Actifs – Passifs – Engagements A transférés à B
Capital A
transférer à B
Actifs A à Capital A =>
transférer à B transférer à C
= dissolution sans liquidation de A

Passif A
transférer à B

S.A. B (absorbante)
Actifs A Actif Passif
transférer à C Passif A
transférer à C Capital B initial

Actifs initiaux de B Capital provenant


de A

S.A. B avant transfert


Actif Passif Passifs initiaux
de B
Capital B

Actif B => Actifs provenant


de A Passifs provenant
Passif B de A

Société anonyme C issue de la scission de A


Actifs – Passifs – Engagements A transférés à C Actif Passif
Capital provenant
de A
Actif provenant
=>
de A Passifs provenant
de A

421
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

b. Exemples simplifiés
Premier cas
Par hypothèse, les bilans présentés au 31 décembre XX ne contiennent ni de plus-
value latente ni de goodwill. Il n’existe aucun lien entre les sociétés en présence (ni
participation, ni créance, ni dette).

Le bilan au 31 décembre XX de la société anonyme A (société à scinder) se présente


en synthèse comme suit:

N.B.: une séparation exacte entre les activités à scinder est effectuée ci-après.

Activités A Activités à
isolées à la fusionner
constitution avec B
de C
A l’actif
Immobilisations
corporelles 1 500 1 000 500
Stocks 750 500 250
Créances 750 500 250
Disponible 300 200 100
3 300 2 200 1 100
Au passif
Capital souscrit repré-
senté par 40 000 ac-
tions sdvn 1 000 667 333
Réserves 500 333 167
Dettes à plus d’un an 750 500 250
Dettes à un an au plus 1 050 700 350
3 300 2 200 1 100

Le bilan au 31 décembre XX de la société anonyme B (société absorbante) se présen-


te en synthèse comme suit:

A l’actif
Immobilisations corporelles 200
Stocks 100
Créances 100
Disponible 50
450
Au passif
Capital souscrit représenté par 4 000 actions sdvn 100
Réserves 50
Dettes à plus d’un an 100
Dettes à un an au plus 200
450

422
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le capital social de la société anonyme B issue de la scission par absorption sera


l’addition des éléments transférés soit:

100 + 333 = EUR (000) 433

Les réserves de B ressortant à 50 + 167 = EUR (000) 217

Le capital social de la société anonyme C issue de la scission apparaît alors à EUR


(000) 667 et les réserves de C issues de la scission ressortent à 333.

Suivant le concept du droit des sociétés, l’on ne pourra jamais exprimer de plus-value
lors de la scission.
Les éventuelles plus-values non exprimées interviendraient dans le calcul de la ré-
munération attribuée en contrepartie de l’activité scindée.
En fonction des concepts de continuité comptable et juridique, on ne pourrait jamais
exprimer de telles plus-values en comptabilité car, si c’était le cas, la neutralité fisca-
le de l’opération serait remise en cause et on ne parlerait pas de scission.

Dans le cas simplifié présenté, la rémunération des différents éléments scindés pour-
ra s’établir comme suit:

Pour la société anonyme B

Le capital de cette société s’élève au départ à EUR (000) 100


et est représenté par 4 000 actions sdvn
Les réserves s’élèvent à EUR (000) 50
——
Soit capitaux propres EUR (000) 150

La valeur d’une action de B avant scission s’établit à:

150 000 EUR/4 000 = 37,50

Il sera donc attribué aux actionnaires de A en rémunération des éléments transférés à


B:

(333 000 + 167 000)/37,5 = 13 333 actions sdvn

identiques aux précédentes et jouissant des mêmes droits que les actions existantes et
participant aux résultats à dater de l’assemblée générale extraordinaire décidant de la
scission.
Après scission, le capital souscrit de B s’élèvera à EUR (000) 433 et sera représenté
par 17 333 actions sdvn (soit 4 000 initialement + 13 333).

Pour la société anonyme C issue de la scission:

Le capital souscrit s’élèvera à EUR (000) 667


et sera représenté par 40 000 actions sdvn.

423
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Reprenons l’exemple développé ci-avant en prenant les hypothèses suivantes:

Deuxième cas

Le goodwill déterminé de la même manière pour A et B arrive aux valeurs suivantes:

Pour B EUR (000) 850


Pour A:
Partie isolée à apporter à la constitution de C: EUR (000) 500
Partie scindée et absorbée EUR (000) 1 000 par B

La valeur de B ressort ainsi à:

Capital souscrit 100


Réserves 50
Goodwill 850
——
EUR (000) 1 000

La valeur d’une action de B avant l’apport de partie de la société anonyme A à scin-


der ressort alors à:

EUR (000) 1 000/4 000 = 250

Lors de la scission, il sera donc attribué 6 000 actions nouvelles de B aux actionnaires
de A en rémunération des éléments transférés à B sur la base de leur valeur économi-
que, à savoir:

Capital souscrit transféré 333


Réserves 167
—— 500
Goodwill 1 000
——
EUR (000) 1 500

1 500 000/250 = 6 000 actions sdvn

identiques aux précédentes et jouissant des mêmes droits que les actions existantes et
participant aux résultats à dater de l’assemblée générale extraordinaire décidant de la
scission.

Après scission, le capital souscrit de B s’élèvera à EUR (000) 433 et sera représenté
par 10 000 actions sdvn (soit 4 000 initialement + 6 000).

Pour la société anonyme C issue de la scission, le capital social s’élèvera à EUR


(000) 667 et sera représenté, par exemple, par 40 000 actions sdvn.

424
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

De telle sorte qu’il sera donc remis aux actionnaires de A contre remise des 40 000
actions qu’ils détiennent sur la société:
➢ 40 000 actions nouvelles de la S.A. C issue de la scission;
➢ 6 000 actions nouvelles de la S.A. B (société ayant absorbé une partie des
activités de A).

Le rapport d’échange pourra parfois s’avérer plus difficile à calculer lorsque les ac-
tions sont détenues par un grand nombre d’actionnaires possédant un petit nombre
d’actions. Chaque cas devra être analysé en fonction des circonstances.

Pour des questions de répartition, il peut s’avérer indispensable d’attribuer une soulte
en espèces aux associés de la société dissoute. Cette soulte en espèces ne pourra
dépasser le 1/10e de la valeur nominale des actions ou parts attribuées ou, à défaut de
valeur nominale, de leur pair comptable.

C’est ainsi qu’en ce qui concerne les cas présentés, le montant en espèces ne pourra
dépasser:

Pour le premier cas présenté

Il est attribué 13 333 actions représentant une augmentation de capital de 333 000
EUR, soit une soulte maximale: 10 % de 333 000 = 33 300.
33 300
Il est attribué 40 000 actions représentant un capital de 667 000 EUR,
soit une soulte maximale: 10 % de 667 000 = 66 700
——--———
Soit au total maximum en espèces EUR 100 000

Pour le deuxième cas présenté

Tenant compte de la valeur économique des éléments cédés ainsi que de la société
qui va recevoir l’apport, il est attribué 40 000 actions nouvelles de la société C repré-
sentant un capital de 667 000 EUR, soit une soulte maximale:
10 % de 667 000 = 66 700

Il est attribué 6 000 actions nouvelles de la société B pour une


augmentation de capital de 333 000, soit une soulte maximale:
10 % de 333 000 EUR 33 300
—————
Soit au total maximum en espèces 100 000

c. Cadre légal – caractéristiques essentielles de la scission – déroulement des opé-


rations

Nous référons le lecteur aux commentaires donnés sur la scission par absorption et
par création de nouvelles sociétés, applicables à la scission mixte, qui est une conju-
gaison des deux modes de scission.

425
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La scission partielle: cas d’exception

a. L’article 677 reprend:

Sont assimilées à la fusion ou à la scission, les opérations définies aux articles


671 à 675, sans que toutes les sociétés transférantes cessent d’exister.

b. Commentaires et évolution

L’opération de scission partielle est un cas d’exception, car dans les principes géné-
raux de la scission, la société transfère, par suite de sa dissolution sans liquidation,
l’intégralité de son patrimoine.

Il s’agit d’une opération à caractère particulier, car le législateur a voulu aligner l’opé-
ration sur le régime des scissions.

Il faut observer des travaux préparatoires de la loi du 16 juillet 2001 la déclaration


gouvernementale qui indique que le gouvernement prendra en outre les initiatives
requises pour que la scission partielle soit également considérée comme une opéra-
tion neutre sur le plan comptable conformément au principe de continuité, et ce, dans
le même sens qu’en ce qui concerne la scission ordinaire.

Au regard de ce qui précède et dans un souci de cohérence avec le traitement comp-


table adopté pour les opérations de restructuration, la Commission des Normes comp-
tables est amenée à considérer qu’il y a lieu d’appliquer à la scission partielle le
régime portant exécution du Code des sociétés pour les scissions ordinaires.
Une incertitude fiscale subsiste encore toutefois. Celle-ci devrait cependant être le-
vée en fonction du caractère de neutralité fiscale d’une telle opération si elle répond
aux besoins légitimes économiques et si elle est effectuée en regard du droit des
sociétés.

Il faut insister sur le fait que, depuis la loi du 13 avril 1995, le droit des sociétés admet
la scission partielle. Pour bénéficier du régime d’exonération d’impôts sur les reve-
nus, les scissions partielles doivent porter sur une universalité ou une branche d’acti-
vité. Il faut cependant ajouter qu’à la question de savoir si la scission doit nécessaire-
ment porter sur une branche d’activité ou une universalité, le ministre des Finances a
répondu qu’il ne pouvait rien confirmer tant que son administration mène une enquê-
te à ce sujet. Il nous semble cependant qu’une telle opération doit nécessairement
porter sur une branche d’activité ou une universalité.

c. Exemple simplifié

Par hypothèse, il n’y a pas de plus-value latente, pas de goodwill à exprimer et il


n’existe aucun compte réciproque ni de participation réciproque.

426
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Premier cas

Le bilan de la société anonyme A se présente en synthèse comme suit au 31 décembre


XX en EUR (000):
Cette société développe deux activités. L’une des activités connexe et complémentai-
re aux activités développées par la société anonyme B sera transférée à cette dernière
par scission partielle des activités (A survit au transfert partiel de son activité à B, et
poursuit l’exploitation de l’activité non transférée).

Dont activité
à transférer
avec B
A l’actif
Immobilisations corporelles 1 000 500
Stocks 500 250
Créances 500 250
Disponible 200 100
2 200 1 100
Au passif
Capital souscrit représenté par 2 500 actions
sdvn 667 333
Réserves 333 167
Dettes à plus d’un an 500 250
Dettes à un an au plus 700 350
2 200 1 100

Le bilan de la société anonyme B, société absorbante de l’activité de A, se présente


en synthèse comme suit au 31 décembre XX:
Ce bilan a été établi suivant les mêmes règles d’évaluation que la partie du patrimoi-
ne de A qui sera transférée.

A l’actif
Immobilisations corporelles 400
Stocks 150
Créances 450
Disponible 150
1 150
Au passif
Capital souscrit représenté par 8 000 actions sdvn 200
Réserves 50
Dettes à plus d’un an 600
Dettes à un an au plus 300
1 150

La valeur intrinsèque ou substantielle de l’activité de A transférée et de B est par


hypothèse identique à sa valeur comptable.

427
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

L’activité transférée de A ressort à: 500 représentant un capital et des réserves à trans-


férer pour 500. Le calcul de la répartition entre le capital et les réserves à transférer à
la société anonyme B se calculera par pourcentage de la valeur globale de A à répartir
entre le capital souscrit et les réserves, à savoir:

Capital souscrit A 500 50 %


représenté par 2 500 actions sdvn
Réserves de A 500 50 %
-------- ---------
Actif net 1 000 soit 100 %

D’où transfert vers B:

Capital souscrit 50 % de 500 = 250


Réserves 50 % de 500 = 250
——
500

Par hypothèse, la valeur de B ressort à 250 (capital souscrit 200 + réserves 50).
La valeur d’une action de B s’établit à:

250 000 EUR/8 000 = 31,25

En rémunération du transfert opéré, il sera remis aux actionnaires de A:

500 000 EUR/31,25 = 16 000

16 000 actions de B identiques aux précédentes et jouissant des mêmes droits à dater
de la réalisation effective de la scission.

De telle sorte que l’augmentation de capital de B s’élèvera à 250. En rémunération, il


sera attribué aux actionnaires de A 16 000 actions nouvelles de B sdvn.

Le capital social de B s’élèvera alors à 450 et sera représenté par 24 000 actions sdvn.

L’écriture comptable au sein de la société anonyme A sera la suivante:

Débit Crédit
Capital souscrit 250
Réserves 250
Dettes à plus d’un an 350
Dettes à un an au plus 350
à Immobilisations corporelles 500
Stocks 250
Créances 100
Disponibles 100
1 100 1 100

428
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le conseil d’administration peut proposer à l’assemblée générale de ne pas modifier


la représentation nouvelle du capital.
C’est ainsi que le capital souscrit de A s’élèvera alors à 250 et sera représenté par 2
500 actions sdvn.
Après transfert et scission partielle avec la société anonyme B, le bilan de la société
anonyme A se présentera alors en synthèse comme suit:

A l’actif
Immobilisations corporelles 500
Stocks 250
Créances 250
Disponible 100
1 100
Au passif
Capital souscrit réprésenté par 2 500 actions sdvn 250
Réserves 250
Dettes à plus d’un an 250
Dettes à un an au plus 350
1 100
L’écriture comptable au sein de la société anonyme B sera la suivante:

Débit Crédit
Immobilisations corporelles 500
Stocks 250
Créances 250
Disponible(s) 100
à Capital souscrit 250
Réserves 250
Dettes à plus d’un an 250
Dettes à un an au plus 350
1 100 1 100
Comme indiqué plus avant, la représentation du capital souscrit sera augmentée par
la création de 16 000 actions sdvn nouvelles identiques aux précédentes et jouissant
des mêmes droits.
Après transfert et scission partielle, le bilan de la société anonyme B se présentera
alors en synthèse comme suit:
Situation Transfert
initiale l’activité Après scission
de A
Actif
Immobilisations corporelles 400 500 900
Stocks 150 250 400
Créances 450 250 700
Disponible 150 100 250
1 150 1 100 2 250

429
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Situation Transfert
initiale l’activité Après scission
de A
Passif
Capital souscrit représenté par
24 000 actions sdvn 200 250 450
Réserves 50 250 300
Dettes à plus d’un an 600 250 850
Dettes à un an au plus 300 250 650
1 150 1 100 2 250

La difficulté résultera de l’obligation d’isoler correctement l’ensemble des actifs,


passifs et engagements de A qui seront transférés à B.

En ce qui concerne la société A, toutes les formalités inhérentes développées précé-


demment et relatives à l’opération de scission par absorption doivent être effectuées.

C’est ainsi que notamment:


➢ un rapport du conseil d’administration doit être établi (article 730);
➢ un projet de scission doit être rédigé (article 728);
➢ un rapport du professionnel doit être rédigé (article 731).

En ce qui concerne la société B, les mêmes rapports que ceux établis par A doivent
être rédigés.

Deuxième cas
Reprenons les mêmes données qu’en ce qui concerne le premier cas. Il existe des
plus-values latentes non exprimées tant chez A (pour la partie transférée) qu’au sein
de la société anonyme B. De plus, en fonction des mêmes critères d’évaluation, un
goodwill important ressort tant de l’activité transférée que de la société anonyme B.
C’est ainsi que l’activité à transférer de A vers B ressort de manière identique à:
Capital souscrit 250
Réserves 250
——
500
+ Goodwill 500
———
soit une valeur économique à transférer de 1 000
De plus, la valeur de B s’établit en fonction des plus-values nettes dégagées ainsi que
de l’appréciation du goodwill à:
Capital souscrit + réserves 250
augmenté d’éléments non exprimés évalués à 750
———
laissant ainsi apparaître une valeur économique de 1 000

430
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La valeur d’une action de B ressort à:

1 000 000 EUR/8 000 = 125

En rémunération du transfert opéré, il sera remis aux actionnaires de A:

1 000 000 EUR/125 = 8 000

8 000 actions de B identiques aux précédentes et jouissant des mêmes droits à dater
de la réalisation effective de la scission.

De telle sorte que l’augmentation de capital de B s’élèvera à 250. En rémunération, il


sera attribué aux actionnaires de A 8 000 actions nouvelles de B sdvn.

Le capital social de B s’élèvera ainsi à 450 et sera représenté par 16 000 actions sdvn.

Les écritures comptables tant chez A que chez B seront identiques à celles reprises
plus avant en fonction du grand principe de la continuité comptable et juridique à
respecter.

Ainsi, le bilan de la société anonyme A se présentera de manière identique au premier


cas développé et la représentation de son capital pourra être maintenue à 2 500 ac-
tions sdvn.

En ce qui concerne B, le bilan présenté dans le premier cas restera identique mais en
fonction de l’évaluation et du nouveau rapport d’échange calculé ci-dessus, la repré-
sentation du capital sera différente, à savoir 16 000 actions sdvn (8 000 actions initia-
les + 8 000 actions nouvelles identiques aux précédentes).

d. Exemple de projet de scission partielle

A titre d’exemple, nous reprendrons point c. Exemple de projet de scission partielle,


(à la fin du chapitre), ce qu’il faut retenir des scissions, un projet de scission partielle
d’une entreprise commerciale qui développe deux activités:

1) les travaux de peinture;


2) la commercialisation des matériaux de construction.

Cette deuxième activité subsistera au sein de la société à scinder. Il ne sera pas fait
appel au réviseur d’entreprises, car l’organe de gestion opte pour l’application de
l’article 749 C. soc.

431
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

AVIS DE LA COMMISSION DES NORMES COMPTABLES

A. Avis n° 124-1: Fusions, apport d’une branche d’activité, scission (7)


Montants correspondants de l’exercice précédent

L’arrêté royal du 8 octobre 1976 impose la mention, au regard de chaque poste des
comptes annuels, du montant correspondant de l’exercice précédent. Il prévoit aussi
qu’en cas de modification importante de la présentation des comptes annuels, à la
suite d’une modification importante de la structure du patrimoine, des produits ou
des charges de l’entreprise, les montants de l’exercice précédant sont, aux seules fins
de la comparabilité, redressés par application des critères retenus pour l’exercice.

La question a été posée de savoir si cette dernière disposition implique qu’en cas de
fusion par absorption, d’apport de branches d’activités ou de scission, les comptes de
l’exercice précédent soient redressés de manière à indiquer quelle aurait été la situa-
tion patrimoniale et quels auraient été les résultats de l’entreprise si l’absorption,
l’apport ou la scission était intervenue au cours de l’exercice précédent.

La Commission a répondu à cette question par la négative; dans de nombreux cas, un


redressement a posteriori des chiffres ne s’avèrera pas possible, faute de données
adéquates; en outre, le redressement des chiffres relatifs à l’exercice précédent aurait
pour effet d’éliminer l’impact de l’opération en cause sur les comptes annuels; enfin,
il rendrait difficile le maintien de la continuité dans les tableaux de l’annexe, princi-
palement dans l’état des immobilisations.

C’est pourquoi la Commission a recommandé que, dans de tels cas, les indications
nécessaires pour assurer la comparabilité des comptes annuels successifs et montrer
l’influence réelle de la restructuration intervenue soient plutôt fournies dans l’an-
nexe, sous la forme la plus appropriée dans le cas d’espèce. Parmi ces indications, un
bilan ou des comptes annuels redressés de l’exercice précédent pourront fréquem-
ment s’avérer appropriés.

B. Avis n° 166-1: Avis portant sur le traitement comptable des fusions (8)

SECTION I: INTRODUCTION

L’arrêté royal du 3 décembre 1993 (publié au Moniteur belge du 23 décembre 1993


et dénommé ci-après l’«arrêté fusions») introduit un régime de droit comptable pour
les fusions et scissions réalisées en conformité avec les articles (174/1 à 174/52 LCSC)
670 à 758 C. soc.

Le présent Bulletin se limitera à la fusion par absorption, étant donné que cette forme
de fusion sert de modèle pour les autres formes de fusion et de scission, tant dans le
droit des sociétés que dans le droit comptable.

(7) Bulletin CNC, n° 7, juin 1980, p. 5.


(8) Bulletin CNC, n° 32, juin 1994, pp. 1-27.

432
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Sous l’angle du droit des sociétés, une opération de fusion se caractérise par le fait
que l’intégralité du patrimoine d’une ou de plusieurs sociétés est transféré, par suite
d’une dissolution sans liquidation, à une autre société, moyennant l’attribution d’ac-
tions ou de parts de la société absorbante aux actionnaires de la ou des sociétés absor-
bées.

Comme le souligne le rapport au Roi précédant l’«arrêté fusions», le principe de


continuité qui caractérise dorénavant les opérations de fusion dans le droit des socié-
tés est repris en droit comptable.

L’«arrêté fusions» consacre dès lors, pour ces opérations, le principe de la continuité
comptable. En principe, les éléments d’actif et de passif de la société absorbée sont
repris dans la comptabilité de la société absorbante à la valeur pour laquelle ils figu-
raient dans les comptes de la société absorbée au moment où la fusion est réputée
intervenir sous l’angle comptable, et la composition des éléments des capitaux pro-
pres de la société absorbée reste inchangée.

Il en résulte que, si les valeurs d’échange qui servent à déterminer le rapport d’échan-
ge entre les actions de l’entreprise absorbée et celles de l’entreprise absorbante ne
correspondent pas aux valeurs comptables – ce qui sera généralement le cas – elles ne
seront pas exprimées dans la comptabilité.

Ce qui précède tient à la différence de nature des processus d’évaluation et de traite-


ment comptable.

D’une part, il est clair que les rapports de valeur entre les entreprises avant la fusion
déterminent les rapports au sein de l’actionnariat après la fusion. C’est la raison pour
laquelle il convient de rechercher un rapport d’échange équitable entre les actions
anciennes de la société absorbée et les actions nouvelles de la société absorbante, ce
qui peut se traduire par la formule suivante:

valeur (d’échange) par action de l’entreprise absorbée


valeur (d’échange) par action de l’entreprise absorbante
=
nombre d’actions nouvelles de l’entreprise absorbante
nombre d’actions existantes de l’entreprise absorbée

D’autre part, le traitement dans les comptes de l’opération de fusion doit être guidé
par les principes comptables dans un souci de continuité. C’est pour cette raison que
la nouvelle réglementation relative aux fusions tend à éviter dans la mesure du possi-
ble que:

➢ les éléments des capitaux propres de l’entreprise absorbée soient convertis en


capital et que des ajustements découlant de corrections de valeur afférentes à
des éléments d’actif et de passif soient apportés au résultat, ce qui modifierait
l’appréciation de la rentabilité;
➢ le sens de la fusion soit déterminant pour son traitement comptable.

433
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

SECTION II: TRAITEMENT COMPTABLE

1. L’entreprise absorbante et l’entreprise absorbée ne détiennent pas d’actions


l’une de l’autre. Il n’est pas attribué de soulte en espèces. L’entreprise absorbée
ne détient pas d’actions propres (application de l’article 36bis, §§ 2 et 4) (9) –
application de l’article 78, §§ 2 et 4, A.R. C. soc.

Aux termes de l’«arrêté fusions», les différents éléments de l’actif et du passif de


l’entreprise absorbée, y compris les éléments de ses capitaux propres, sont transférés
dans la comptabilité de l’entreprise absorbante à la valeur pour laquelle ils figuraient
dans la comptabilité de l’entreprise absorbée à la date visée à l’article (174/2, § 2, e),
des lois coordonnées sur les sociétés commerciales) 693 C. soc.

En ce qui concerne les éléments constitutifs des capitaux propres, le capital de l’en-
treprise absorbée sera additionné au capital de l’entreprise absorbante; il en sera de
même pour les primes d’émission, les plus-values de réévaluation, les réserves, le
résultat reporté et les subsides en capital.

Des corrections de valeur peuvent être opérées avant la fusion par l’entreprise absor-
bée, mais doivent évidemment satisfaire aux dispositions du droit comptable com-
mun.

a. Le capital de l’entreprise absorbante est composé d’actions sans valeur nominale

De manière générale, l’addition du capital de l’entreprise absorbée à celui de l’entre-


prise absorbante aura pour effet, compte tenu du rapport d’échange retenu, que le
pair comptable des actions de l’entreprise absorbante sera modifié dans un sens ou
dans un autre, du fait de la fusion. Cette modification n’a toutefois pas d’incidence
sur la traduction comptable de l’opération: il n’y a pas lieu d’opérer des ajustements
de capital, à moins que l’on ne souhaite maintenir l’ancien pair comptable (pour ces
ajustements: voir ci-dessous au point b.).

Exemple
(Dans les bilans qui suivent, les montants sont chaque fois exprimés en milliers de
francs, le nombre d’actions étant quant à lui exprimé en unités).

BILAN A
Actifs immobilisés 3 080 Capital 1 800
Réserves 1 670
Actifs circulants 1 610 3 470
Provisions 400
Dettes 820

4 690 4 690

(9) La Commission n’entend pas prendre position A propos du concept «pair comptable».

434
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Nombre d’actions: 1 200 sans valeur nominale


Valeur d’échange convenue de l’entreprise A: 3 750 000
Valeur d’échange par action A: 3 750 000/1 200 = 3 125

BILAN B
Actifs immobilisés 12 660 Capital 4 000
Réserves 8 900
Actifs circulants 5 720 12 900
Provisions 1 680
Dettes 3 800

18 380 18 380

Nombre d’actions: 2 000 sans valeur nominale


Valeur d’échange convenue de l’entreprise B: 12 500 000
Valeur d’échange par action B: 12 500 000/2 000 = 6 250

La détermination du rapport d’échange et du nombre d’actions à émettre se présente-


ra comme suit:

➾ A absorbe B: 2 A = 1 B = 2 000 B x 2 = 4 000 actions nouvelles A

➾ B absorbe A: 1 B = 2 A = 1 200 A x 1/2 = 600 actions nouvelles B

BILAN A + B ou B + A
Actifs immobilisés Capital
3 080 + 12 660 15 740 1 800 + 4 000 5 800
Réserves
Actifs circulants 1 670 + 8 900 10 750
1 610 + 5 720 7 330 16 370

Provisions
400 + 1 680 2 080
Dettes
820 + 3 800 4 620

23 070 23 070

On constate que, sous l’angle comptable, la fusion par absorption de B conduit au


même résultat que la fusion par absorption de A.

Notons toutefois que si A est l’entreprise absorbante, l’émission des actions nouvel-
les s’opère en dessous du pair comptable (4 000 000/4 000 = 1 000 par action nouvel-
le contre 1 800 000/1 200 = 1 500 par action existante). Dans ce cas, l’article 33bis,
§ 6, des lois coordonnées sur les sociétés commerciales est d’application (actuelle-
ment 582 C. soc.).

435
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

b. Le capital de l’entreprise absorbante est composé d’actions avec valeur nominale


Si les actions de la société absorbante ont une valeur nominale, cette dernière ne sera
pas affectée par la fusion.
Si la société absorbante est une société privée à responsabilité limitée, elle ne pourra
créer que des actions de valeur nominale identique (par application de l’article 124
LCSC).
La valeur nominale d’une action nouvelle correspondra donc par définition à la va-
leur nominale d’une action existante de la société absorbante.
Le montant dont le capital de l’entreprise absorbante est augmenté ne correspondra
toutefois généralement pas au montant du capital de l’entreprise absorbée. C’est en
effet le rapport d’échange qui détermine le nombre d’actions nouvelles à émettre
ainsi que, si on le multiplie par la valeur nominale des actions émises, le montant de
l’augmentation de capital.
De manière générale, il n’y aura donc pas concordance entre le capital de l’entreprise
absorbée et le montant de l’augmentation de capital dans l’entreprise absorbante, ce
qui nécessitera, en application (de l’article 36bis, § 4) de l’article 78 A.R. C. soc., les
ajustements suivants:
➢ si le montant dont le capital de la société absorbante est augmenté est plus
élevé que le capital de la société absorbée, la différence sera prélevée, selon
les modalités décidées par l’assemblée générale de fusion, sur les autres élé-
ments des capitaux propres de la société absorbée;
➢ dans le cas inverse, la différence sera portée en prime d’émission.
Voici, à titre d’illustration, un exemple de tels ajustements (en reprenant les mêmes
données que celles énoncées ci-dessus):

BILAN A
Actifs immobilisés 3 080 Capital 1 800
Réserves 1 670
Actifs circulants 1 610 3 470
Provisions 400
Dettes 820

4 690 4 690

Nombre d’actions A: 1 200 d’une valeur nominale de 1 500

BILAN B
Actifs immobilisés 12 660 Capital 4 000
Réserves 8 900
Actifs circulants 5 720 12 900
Provisions 1 680
Dettes 3 800
18 380 18 380

436
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Nombre d’actions B: 2 000 d’une valeur nominale de 2 000


Rapport d’échange: 2 A = 1 B

b.1. A absorbe B en maintenant la valeur nominale des actions A

2 A = 1 B => création de 2 000 x 2 = 4 000 actions nouvelles A d’une valeur nominale


de 1 500.
Le capital de A est donc augmenté de 4 000 x 1 500 = 6 000 000, ce qui représente 2
000 000 de plus que le capital de B. Cette différence est, suivant les modalités déci-
dées par l’assemblée générale de fusion, prélevée sur les réserves de B.

BILAN A + B
Actifs immobilisés Capital
3 080 + 12 660 15 740 1 800 + 4 000 + 2 000 7 800
Réserves
Actifs circulants 1 670 + 8 900 – 2 000 8 570
1 610 + 5 720 7 330 16 370
Provisions
400 + 1 680 2 080
Dettes
820 + 3 800 4 620

23 070 23 070

b.2. B absorbe A en maintenant la valeur nominale des actions B

2 A = 1 B => création de 1 200 x _ = 600 actions nouvelles B d’une valeur nominale


ou d’un pair comptable de 2 000.
Le capital de B est donc augmenté de 600 x 2 000 = 1 200 000, ce qui représente 600
000 de moins que le capital de A. Cette différence est portée en prime d’émission.

BILAN A + B
Actifs immobilisés Capital
3 080 + 12 660 15 740 4 000 + 1 800 – 600 5 200
Prime d’émission
Actifs circulants + 600 600
1 610 + 5 720 7 330 Réserves
8 900 + 1 670 10 570
Provisions
400 + 1 680 2 080
Dettes
820 + 3 800 4 620

23 070 23 070

437
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

c. Charges et produits de l’entreprise absorbée

(Les lois sur les sociétés commerciales prévoient) Le Code des sociétés prévoit à
propos des charges et produits de l’entreprise absorbée que:

➢ le projet de fusion mentionne la date à partir de laquelle les opérations de la


société absorbée sont considérées du point de vue comptable comme accom-
plies pour le compte de la société absorbante (art. 174/2, § 2, e), LCSC), arti-
cle 693 C. soc.;

➢ les comptes annuels de la société absorbée qui précèdent le moment de la


fusion, comportent les opérations de la période comprise entre la date de clô-
ture du dernier exercice et la date visée à l’article (174/2, § 2, e), LCSC) 693
C. soc.

Il en résulte que:

➢ les charges et produits de l’entreprise absorbée qui se rapportent à la période


antérieure à la date visée à l’article (174/2, § 2, e), LCSC) 693 C. soc. figure-
ront dans les derniers comptes annuels de la société absorbée;

➢ les charges et produits de l’entreprise absorbée qui se rapportent à la période


comprise entre la date visée à l’article (174/2, § 2, e), LCSC) 693 C. soc., et la
date à laquelle la fusion est accomplie sous l’angle du droit des sociétés, figu-
reront dans les comptes annuels de l’entreprise absorbante.

2. L’entreprise absorbante et l’entreprise absorbée ne détiennent pas d’actions


l’une de l’autre. Il n’est pas attribué de soulte en espèces. L’entreprise absorbée
détient des actions propres (application de l’article 36bis, § 3)

L’article (174/11, § 2, 2°, LCSC) 703, § 2, C. soc. dispose qu’aucune action ou part
de la société absorbante ne peut être attribuée en échange d’actions ou de parts de la
société absorbée détenues par la société absorbée elle-même.

Il en résulte qu’au moment de la fusion, les actions propres détenues par la


société absorbée sont annulées et que ses capitaux propres sont diminués à con-
currence de la valeur comptable de ces actions.

Si, lors du rachat, une réserve indisponible pour actions propres a été constituée, le
montant dont les capitaux propres sont diminués est imputé à cette réserve. Si, en
violation de l’article (52bis, § 2, LCSC) 623 C. soc., il n’a pas été constitué de réser-
ve indisponible, l’imputation s’effectue conformément à l’article (52bis, § 6, LCSC)
623 C. soc.: ce sont les réserves disponibles qui sont diminuées et, à défaut de pa-
reilles réserves, le capital.

438
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Exemple
Les données sont celles énoncées au point 1.a., à la différence près que B détient
10 % d’actions propres d’une valeur comptable de 1 300 000.
A (dont les actions n’ont pas de valeur nominale) absorbe B.

BILAN A
Actifs immobilisés 3 080 Capital 1 800
Réserves 1 670
Actifs circulants 1 610 3 470
Provisions 400
Dettes 820

4 690 4 690

BILAN B
Actifs immobilisés 12 660 Capital 4 000
Réserve indisponible
actions propres 1 300
Actifs circulants 4 420 Réserves disponibles 7 600
Actions propres 1 300 Dettes 12 900
Provisions 1 680
Dettes 3 800
18 380 18 380

BILAN A + B
Actifs immobilisés Capital
3 080 + 12 660 15 740 1 800 + 4 000 5 800
Réserves
Actifs circulants 1 670 + 7 600 + 1 300 - 1 300 9 270
1 610 + 4 420 6 030 15 070
Provisions
400 + 1 680 2 080
Dettes
820 + 3 800 4 620

21 770 21 770
3. L’entreprise absorbante et l’entreprise absorbée ne détiennent pas d’actions
l’une de l’autre. L’entreprise absorbée ne détient pas d’actions propres. Il est
attribué une soulte en espèces (application de l’article 36bis, § 5, de l’A.R. du 8
juillet 1976) – actuellement article 78, § 5, A.R. C. soc.
L’article (174/1, § 1er, LCSC) 671 C. soc. dispose qu’il peut être attribué une soulte
en espèces ne dépassant pas le dixième de la valeur nominale des actions ou parts
attribuées ou, à défaut de valeur nominale, de leur pair comptable.

439
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Sous l’angle du droit comptable, la soulte attribuée est réputée être prélevée sur les
capitaux propres de la société absorbée. Ce prélèvement est effectué selon les moda-
lités décidées par l’assemblée générale de fusion et ne peut porter que sur des mon-
tants susceptibles d’être distribués.

A défaut de décision de l’assemblée générale, le prélèvement est réputé s’opérer,


dans l’ordre, sur le bénéfice reporté, sur les réserves disponibles et sur les autres
réserves que la loi et les statuts permettent de distribuer.

Exemple
Les données sont celles énoncées au point 1.a. (dont les actions n’ont pas de valeur
nominale). A absorbe B, mais procède à l’émission de 3 808 actions nouvelles et
attribue une soulte en espèces de 600 000 (soit 192 x 3 125).

BILAN A
Actifs immobilisés 3 080 Capital 1 800
Réserves 1 670
Actifs circulants 1 610 3 470
Provisions 400
Dettes 820

4 690 4 690

BILAN B
Actifs immobilisés 12 660 Capital 4 000
Réserves 8 900
Actifs circulants 5 720 12 900
Provisions 1 680
Dettes 3 800

18 380 18 380

BILAN A + B
Actifs immobilisés Capital
3 080 + 12 660 15 740 1 800 + 4 000 5 800
Réserves
Actifs circulants 1 670 + 8 900 - 600 9 970
1 610 + 5 720 – 600 6 730 15 770
Provisions
400 + 1 680 2 080
Dettes
820 + 3 800 4 620

22 470 22 470

440
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

4. L’entreprise absorbante détient des actions de l’entreprise absorbée. Il n’est


pas attribué de soulte en espèces. L’entreprise absorbée ne détient pas d’actions
propres (application de l’article 36bis, § 6, LCSC) actuellement article 78, § 6,
A.R. C. soc.

L’article (174/11, § 2, 1°, LCSC) 703, § 2, C. soc. dispose qu’aucune action ou part
de la société absorbante ne peut être attribuée en échange d’actions ou de parts de la
société absorbée détenues par la société absorbante elle-même.

Dans l’état actuel du droit des sociétés, l’entreprise absorbante n’est plus rémunérée
pour les actions qu’elle détient dans l’entreprise absorbée. Par conséquent, aucune
action nouvelle n’est créée en contrepartie de son pourcentage de participation dans
l’entreprise absorbée.

Sous l’angle du droit comptable, il en résulte que la valeur comptable de la participa-


tion en question est remplacée par la quotité correspondante de l’actif et du passif de
l’entreprise absorbée. Simultanément, cette participation est compensée par la quote-
part qu’elle représente dans les capitaux propres de l’entreprise absorbée.

Si l’on constate une différence entre la valeur comptable des actions détenues dans la
société absorbée et la quote-part qu’elles représentent dans les capitaux propres de
celle-ci, cette différence est traitée selon sa nature ou son origine.

Quelques aspects particuliers de cette réglementation sont commentés ci-après.

a. La valeur comptable des actions détenues dans l’entreprise absorbée correspond


à la quote-part que ces actions représentent dans les capitaux propres de celle-ci

Exemple
Les données sont celles énoncées au point 1.a., mais A détient 20 % des actions de B,
la valeur comptable de celles-ci correspondent à la quote-part que ces actions repré-
sentent dans les capitaux propres de B (soit 20 % x 12 900 = 2 580). A absorbe B.

BALANS A
Actifs immobilisés 500 Capital 1 800
Réserves 1 670
Participation B (20 %) 2 580 3 470
Provisions 400
Actifs circulants 1 610 Dettes 820

4 690 4 690

Nombre d’actions A: 1 200

441
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

BILAN B
Actifs immobilisés 12 660 Capital 4 000
Réserves 8 900
Actifs circulants 5 720 12 900
Provisions 1 680
Dettes 3 800

18 380 18 380

Nombre d’actions B: 2 000


Rapport d’échange 2 A = 1 B

A absorbe B et devrait donc créer 2 000 x 2 = 4 000 actions nouvelles, dont 4 000 x
20 % =800 lui reviendraient comme actions propres.

Etant donné qu’il n’est pas attribué d’actions en échange des actions que l’entreprise
A détient dans l’entreprise B, A ne crée que 4 000 – 800 = 3 200 actions nouvelles qui
sont attribuées dans la proportion suivante: 2 A = 1 B.

La quotité des capitaux propres de B qui correspond au pourcentage de participation


de A dans B (20 % x 12 900 000) est compensée par la valeur comptable de la parti-
cipation de A dans B. Il en résulte que les différents éléments des capitaux propres de
B ne sont en principe repris qu’à concurrence du pourcentage de participation qui
n’était pas en possession de A.

BILAN A + B
Actifs immobilisés Capital
500 + 12 660 13 160 1 800 + 80 % van 4 000 5 000
Réserves
Participations B (20 %) 1 670 + 80 % van 8 900 8 790
2 580 – 2 580 0
Provisions
Actifs circulants 400 + 1 680 2 080
1 610 + 5 720 7 330 Dettes
820 + 3 800 4 620

20 490 20 490

Il y a lieu néanmoins de tenir compte de:

➢ l’application éventuelle de l’article (36bis, § 4, LCSC) 78, §§ 4 et 6, A.R. C.


soc. (voir supra);
➢ la modification éventuelle de la qualification fiscale des réserves de la société
absorbée (article 36bis, § 6, alinéa 1er, in fine, LCSC), actuellement article 78,
§ 6, A.R. C. soc.

442
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Sous l’angle du droit comptable, il peut être dérogé au principe d’intégration propor-
tionnelle des différentes catégories de réserves, afin de reconstituer dans l’entreprise
absorbante les réserves immunisées de l’entreprise absorbée.

Exemple

En reprenant les données énoncées à l’exemple A (B ayant toutefois des réserves


disponibles d’un montant de 8 000 et des réserves immunisées d’un montant de 900),
le bilan de fusion se présentera comme suit:

BILAN A
Actifs immobilisés 500 Capital 1 800
Participation B (20 %) 2 580 Réserves 1 670
Actifs circulants 1 610 3 470
Provisions 400
Dettes 820

4 690 4 690

BILAN B
Actifs immobilisés 12 660 Capital 4 000
Réserves immunisées 900
Actifs circulants 5 720 Réserves disponibles 8 000
12 900
Provisions 1 680
Dettes 3 800
18 380 18 380

Si l’entreprise A absorbe l’entreprise B, chaque composante des capitaux propres de


B ne sera reprise qu’à concurrence de 80 %, réserves immunisées comprises.

Pour éviter cette situation, le montant dont sont diminuées les réserves (telles que
définies par la réglementation comptable) peut être imputé par priorité aux réserves
autres que les réserves immunisées.

Le montant de 900 représentant les réserves immunisées de B sera donc intégrale-


ment repris dans le bilan A + B, mais sera déduit des réserves disponibles.

443
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

BILAN A + B
Actifs immobilisés Capital
500 + 12 660 13 160 1 800 + 4 000 – 800 5 000
Réserves immunisées
0 + 900 900
Participation B Réserves disponibles
2 580 – 800 – 180 – 1 600 0 1 670 + 8 000 – 1 600 – 180 7 890
13 790
Actifs circulants Provisions
1 610 + 5 720 7 330 400 + 1 680 2 080
Dettes
820 + 3 800 4 620

20 490 20 490

b. La valeur comptable des actions détenues dans l’entreprise absorbée ne corres-


pond pas à la quote-part que ces actions représentent dans les capitaux propres
de celle-ci (art. 36bis, § 6, alinéa 2, LCSC) actuellement article 78, § 6, A.R.
C. soc.

Le plus souvent, lors d’une fusion, une différence apparaîtra entre la valeur compta-
ble des actions de l’entreprise absorbée et la quote-part qu’elles représentent dans les
capitaux propres de celle-ci. Cette différence doit être traitée selon sa nature ou son
origine. Différentes situations peuvent se présenter:

b.1. La valeur comptable des actions dans la comptabilité de la société absorbante


est supérieure à la quote-part que ces actions représentent dans les capitaux pro-
pres de celle-ci

Il convient en premier lieu d’examiner si les dispositions du droit comptable com-


mun n’imposent pas un ajustement des capitaux propres de l’entreprise absorbée:

➢ l’article (28, § 2, alinéa 3 in fine, de l’arrêté royal du 8 octobre 1976) 61, § 1,


A.R. C. soc. dispose que les amortissements complémentaires ou exception-
nels qui s’avèrent ne plus être justifiés doivent faire l’objet d’une reprise;
➢ les articles (19, alinéa 6, du même arrêté) 49 et 55 A.R. C. soc. disposent que
les réductions de valeur et provisions ne peuvent être maintenues dans la me-
sure où elles excèdent en fin d’exercice une appréciation actuelle.

En ce sens, l’«arrêté fusions» confirme les règles d’évaluation de droit commun qui
s’appliquent indépendamment de toute opération de fusion.

Il est évident que les entreprises absorbées ont également la faculté, en application
des dispositions du droit comptable commun:

444
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

➢ soit de réévaluer des immobilisations corporelles ou financières lorsque la


valeur de celles-ci, déterminée en fonction de leur utilité pour l’entreprise,
présente un excédent certain et durable par rapport à leur valeur d’utilisation;
➢ soit de procéder à des reprises d’amortissements actés sur des immobilisa-
tions corporelles et incorporelles si, en raison de modifications des circons-
tances économiques ou technologiques, le plan d’amortissement antérieure-
ment pratiqué s’avère avoir été trop rapide.

Les corrections de valeur découlant de l’application de telles dispositions de droit


commun sont compensées par la valeur comptable des actions détenues dans la so-
ciété absorbée, et ce, à concurrence du pourcentage de participation.

La différence qui subsiste après les ajustements précités doit être imputée, dans la
mesure du possible, aux éléments de l’actif qui ont une valeur supérieure à leur va-
leur comptable ou aux éléments du passif qui ont une valeur inférieure à leur valeur
comptable.

Ces imputations de valeur expriment les différences de valorisation constatées au


moment de la fusion. Elles sont limitées au montant de l’écart de fusion qui subsiste
et sont entièrement compensées par la valeur comptable des actions détenues dans
l’entreprise absorbée. Elles sont par ailleurs opérées de manière directe, c’est-à-dire
sans passage par le compte de résultats.

Si, après avoir constaté les corrections de valeur et les ajustements en application des
dispositions du droit comptable commun et/ou effectué les imputations de valeur au
moment de la fusion, la valeur comptable des actions reste supérieure à la fraction
qu’elles représentaient dans les capitaux propres de la société absorbée, cette diffé-
rence est, selon le cas, soit portée à l’actif au titre de goodwill, soit prise en charge par
l’entreprise absorbante.

b.2. La valeur comptable des actions dans la comptabilité de la société absorbante


est inférieure à la quote-part que ces actions représentent dans les capitaux pro-
pres de celle-ci

Cette situation doit d’abord être analysée à la lumière des dispositions du droit comp-
table commun afin d’examiner si les capitaux propres de l’entreprise absorbée ne
sont pas surévalués.

➢ l’article (28, § 2, alinéa 2, de l’arrêté royal du 8 octobre 1976) 61, § 1er, A.R.
C. soc. dispose tout d’abord que des amortissements complémentaires ou ex-
ceptionnels doivent être actés si, en raison d’une altération ou de modifica-
tions des circonstances économiques ou technologiques, la valeur comptable
des immobilisations corporelles et incorporelles dont l’utilisation est limitée
dans le temps, dépasse leur valeur d’utilisation par la société;
➢ les articles (31, alinéa 3, du même arrêté royal) 70, 72, 75 A.R. C. soc. dispo-
sent par ailleurs que des réductions de valeur complémentaires sont actées

445
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

pour tenir compte soit de l’évolution de leur valeur de marché ou de réalisa-


tion, soit des aléas justifiés par la nature des avoirs en cause ou de l’activité
exercée;
➢ enfin, l’article (19, alinéa 3, du même arrêté) 33 A.R. C. soc. impose l’obliga-
tion de tenir compte de tous les risques prévisibles.

Si l’écart de fusion constaté ne peut être éliminé par application des dispositions
précitées, il est porté au compte de résultats de l’entreprise absorbante. La société
absorbante aura en effet bénéficié, suite à l’opération de fusion, d’un actif net qui
sera supérieur à la valeur comptable des actions concernées.

Il convient à présent d’analyser le traitement de l’écart de fusion lorsque la valeur


comptable des actions détenues dans l’entreprise absorbée est supérieure à la quote-
part qu’elles représentaient dans les capitaux propres de celle-ci.

Les données sont celles énoncées au point 1.a., mais A détient 20 % des actions de B,
la valeur comptable de celles-ci dépassant de 65 la quote-part qu’elles représentent
dans les capitaux propres de B (20 % x 12 900 = 2 580).

L’entreprise A absorbe l’entreprise B.

BILAN A
Actifs immobilisés 500 Capital 1 800
Participation B (20 %) 2 645 Réserves 1 670
Actifs circulants 1 545 3 470
Provisions 400
Dettes 820

4 690 4 690

BILAN B
Actifs immobilisés 12 660 Capital 4 000
Réserves 8 900
Créances à plus d’un an 5 720 12 900
Provisions 1 680
Dettes 3 800

18 380 18 380

(1) Il ressort d’une appréciation actuelle que les provisions de B sont surévaluées à
concurrence de 50.

Par application des articles (19, dernier alinéa, de l’arrêté royal du 8 octobre 1976)
49, 55 A.R. C. soc., cette provision sera ramenée à 1 630, entraînant la constatation
d’un résultat à due concurrence.

446
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

BILAN B
Actifs immobilisés 12 660 Capital 4 000
Réserves 8 900
Résultat reporté 50
Créances à plus d’un an 5 720 12 900
Provisions 1 680 – 50 1 630
Dettes 3 800

18 380 18 380

(2) Après adaptation des capitaux propres de B en application des dispositions du


droit comptable commun, il reste une différence de 55 entre la valeur comptable des
actions B et leur quote-part dans les capitaux propres de B (20 % x 12 950).

Il reste alors à examiner, sur la base de certains exemples, si une imputation peut être
opérée sur les actifs ayant une valeur réelle supérieure à leur valeur comptable ou sur
les passifs ayant une valeur réelle inférieure à leur valeur comptable.

(2.1.) Imputation sur une immobilisation corporelle

Si B peut imputer par exemple 60 à un actif immobilisé, cette imputation est limitée
au montant de la différence qui subsiste, en l’occurrence 55.

BILAN A + B
après imputation sur une immobilisation corporelle
Actifs immobilisés Capital
500+ 12 660 + 55 13 215 1 800 + 4 000 – 800 5 000
Réserves
Participation B 1 670 + 8 950 – 1 790 8 830
2 645 – 800 – 1 790 – 55 0 13 830
Provisions
Créances à plus d’un an 5 720 400 + 1 630 2 030
Dettes
Actifs circulants 1 545 820 + 3 800 4 620

20 480 20 480

(2.2.) Imputation sur une créance actualisée

Si B peut imputer par exemple 60 à une créance dont le montant est actualisé, cette
imputation est limitée au montant de la différence qui subsiste, en l’occurrence 55.

Cette créance reste actée à sa valeur nominale et la différence est imputée à un comp-
te de régularisation et, par la suite, prise en résultats sur la base actualisée, par appli-
cation de l’article (27bis, § 2, de l’arrêté royal du 8 octobre 1976), article 67 A.R. C.
soc.

447
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

BILAN A + B
après imputation sur une créance actualisée
Actifs immobilisés Capital
500 + 12 660 13 160 1 800 + 4 000 – 800 5 000
Réserves
Participation B 1 670 + 8 950 – 1 790 8 830
2 645 – 800 – 1 790 – 55 0 13 830
Provisions
Créances à plus d’un an 5 720 400 + 1 630 2 030
Actifs circulants 1 545 Dettes
Compte de régularisation 55 820 + 3 800 4 620

20 480 20 480

(2.3.) Imputation sur une dette actualisée

Si B peut imputer par exemple 60 à une dette dont le montant est actualisé, cette
imputation est limitée au montant de la différence qui subsiste, en l’occurrence 55.

Cette dette reste actée à sa valeur nominale. Le montant de la différence entre la


valeur nominale et la valeur actuelle, montant limité à l’écart de fusion qui subsiste,
est imputé à un compte de régularisation et, par la suite, pris en résultats sur la base
actualisée (application de l’article 27bis, § 4, de l’A.R. du 8 octobre 1976), actuelle-
ment articles 67 et 73 A.R. C. soc.

BALANS A + B
après imputation sur une dette actualisé
Actifs immobilisés Capital
500 + 12 660 13 160 1 800 + 4 000 – 800 5 000
Réserves
Participation B 1 670 + 8 950 – 1 790 8 830
2 645 – 800 – 1 790 – 55 0 13 830
Provisions
Créances à plus d’un an 5 720 400 + 1 630 2 030
Actifs circulants 1 545 Dettes
Compte de régularisation 55 820 + 3 800 4 620

20 480 20 480

c. Subsides en capital et plus-values de réévaluation


c.1. Subsides en capital
L’article (36bis, § 6, LCSC) 78, § 6, A.R. C. soc. dispose que les différents éléments
des capitaux propres de l’entreprise absorbée ne sont repris dans les comptes de la
société absorbante qu’à concurrence de la fraction de ceux-ci correspondant aux ac-
tions qui sont échangées (sous réserve de l’application de l’article (36bis, § 4, LCSC)

448
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

78, § 4, A.R. C. soc. et d’une modification de la qualification fiscale des réserves de


l’entreprise absorbée).
Il en résulte qu’en cas de fusion, les subsides en capital de l’entreprise absorbée sont
eux aussi annulés à concurrence du pourcentage de participation de l’entreprise ab-
sorbante dans l’entreprise absorbée.
Les impôts différés afférents aux subsides en capital de l’entreprise absorbée sont
repris dans les comptes de l’entreprise absorbante en vue de couvrir les impôts affé-
rents à ces subsides.
Exemple
Les données sont celles énoncées au point 1.a., si ce n’est que la société B a bénéficié
d’un subside en capital de 1 000 (le taux d’imposition étant à cette date de 40 %).

BILAN A
Actifs immobilisés 500 Capital 1 800
Participation B (20 %) 2 580 Réserves 1 670
Actifs circulants 1 610 3 470
Provisions 400
Dettes 820

4 690 4 690

BILAN B
Actifs immobilisés 12 660 Capital 4 000
Réserves 8 300
Impôts différés 600
Actifs circulants 5 720 12 900
Provisions 1 280
Dettes 3 800

18 380 18 380

BILAN A + B
Actifs immobilisés Capital
500 + 12 660 13 160 1 800 + 4 000 – 800 5 000
Réserves
Participation B 1 670 + 8 300 – 1 660 8 310
2 580 – 800 – 1 660 – 120 0 Subsides en capital
600 – 120 480
Actifs circulants 13 790
1 610 + 5 720 7 330 Provisions
400 + 1 280 1 680
Impôts différés 400
Dettes
820 + 3 800 4 620
20 490 20 490

449
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

c.2. Plus-values de réévaluation

Tout comme les subsides en capital, les plus-values de réévaluation de la société


absorbée sont annulées au moment de la fusion à concurrence du pourcentage de
participation de l’entreprise absorbante dans l’entreprise absorbée.

Si l’actif réévalué est aliéné, il sera tenu compte de la partie de la plus-value de


réévaluation «compensée», lors de la fusion.

Exemple
Les données sont celles énoncées au point 1.a., mais B possède un immeuble d’une
valeur d’acquisition de 400 et réévalué à concurrence de 600.

BILAN A
Actifs immobilisés 500 Capital 1 800
Participation B (20 %) 2 580 Réserves 1 670
Actifs circulants 1 610 3 470
Provisions 400
Dettes 820

4 690 4 690

BILAN B
Actifs immobilisés 12 660 Capital 4 000
Réserves 8 300
Plus-value de réévaluation 600
Actifs circulants 5 720 12 900
Provisions 1 680
Dettes 3 800

18 380 18 380

BILAN A + B
Actifs immobilisés Capital
500 + 12 660 13 160 1 800 + 4 000 – 800 5 000
Réserves
Participation B 1 670 + 8 300 – 1 660 8 310
2 580 – 800 – 1 660 – 120 0 Plus-value de réévaluation
600 – 120 480
Actifs circulants 13 790
1 610 + 5 720 7 330 Provisions
400 + 1 680 2 080
Dettes
820 + 3 800 4 620

20 490 20 490

450
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Si l’actif réévalué (d’une valeur d’acquisition de 400) est vendu pour 1 000, une plus-
value de 480 est actée.

Débit Crédit
416 Créances diverses 1 000
121 Plus-values de réévaluation 480

à 221 Immobilisations corporelles 400


228 Plus-values actées sur Immobilisations
corporelles 600
763 Plus-values sur réalisations d’actifs
immobilisés 480
1 480 1 480

Un montant de 120 (soit 20 % de la plus-value de réévaluation initiale de 600) a été


compensé, lors de la fusion, par la valeur d’acquisition de la participation détenue
dans l’entreprise B.

5. L’entreprise absorbée détient des actions de l’entreprise absorbante. Il n’est


pas attribué de soulte en espèces. L’entreprise absorbée ne détient pas d’actions
propres

L’article (174/11, § 2, LCSC) 703, § 2, C. soc. dispose uniquement qu’il ne peut être
attribué d’actions en échange des actions que l’entreprise absorbée détient dans l’en-
treprise absorbante.

Au moment de la fusion, les actions que l’entreprise absorbée détenait dans l’entre-
prise absorbante sont donc incorporées comme actions propres aux éléments d’actif
de l’entreprise absorbante, à la suite de la transmission à titre universel de l’ensemble
des éléments d’actif et de passif.

L’article (52bis, § 2, LCSC) 623 C. soc. dispose qu’au moment de l’acquisition de


ses actions propres, une réserve indisponible, dont le montant est égal à la valeur
pour laquelle ces actions sont portées à l’inventaire, doit être constituée.

Ces actions propres peuvent:


➢ être détruites, soit immédiatement, soit dans un délai de douze mois à compter
de la fusion;
➢ être aliénées dans un délai de douze mois à compter de la fusion;
➢ être aliénées partiellement dans un délai de douze mois à compter de la fusion.
La valeur nominale ou le pair comptable des actions non aliénées ne peut, à
l’expiration de ce délai, dépasser 10 % du capital souscrit (article 52bis, § 4,
3°, alinéa 2, LCSC) – actuellement article 622, § 2, C. soc.;
➢ être nulles de plein droit si, dans un délai de douze mois à compter de la
fusion, elles n’ont pas été aliénées ou annulées dans les limites précitées.

451
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Exemple

Les données sont celles énoncées au point 1.a., mais B détient 50 % des actions de A.
A absorbe B.

BILAN A
Actifs immobilisés 3 080 Capital 1 800
Réserves 1 670
Actifs circulants 1 610 3 470
Provisions 400
Dettes 820

4 690 4 690

BILAN B
Actifs immobilisés 10 660 Capital 4 000
Participations A (50 %) 2 000 Réserves 8 900
Actifs circulants 5 720 12 900
Provisions 1 680
Dettes 3 800

18 380 18 380

Si l’entreprise A absorbe l’entreprise B, constitue une réserve indisponible pour ac-


tions propres et détruit ensuite les actions propres acquises, on obtient la situation
suivante:

BILAN A + B
Actifs immobilisés Capital
3 080 + 10 660 13 740 1 800 + 4 000 5 800
Réserves
Actifs circulants 1 670 + 8 900 – 2 000 8 570
1 610 + 5 720 7 330 14 370
Réserve indisponible pour
actions propres
Actions propres 2 000 – 2 000 0
2 000 – 2 000 0 Provisions
400 + 1 680 2 080
Dettes
820 + 3 800 4 620

21 070 21 070

On remarquera que le montant des capitaux propres correspond à celui qui aurait
résulté d’une fusion en sens inverse, pour laquelle l’écart de fusion non imputé aurait

452
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

été pris en charge. L’éclatement des capitaux propres sera toutefois différent selon le
sens de l’opération.

BILAN B + A
Actifs immobilisés Capital
10 660 + 3 080 13 740 4 000 + 1 800 – 900 4 900
Réserves
Actifs circulants 8 900 + 1 670 – 835 9 735
5 720 + 1 610 7 330 Perte - 265
14 370
Provisions
1 680 + 400 2 080
Dettes
3 800 + 820 4 620

21 070 21 070

Si les entreprises fusionnantes détiennent des actions l’une de l’autre, la direction


que prendra la fusion ne sera donc pas sans incidence sur le traitement de la différen-
ce existant entre la valeur comptable de ces actions et la quote-part des capitaux
propres correspondant à ces actions.

En effet:

➢ s’il s’agit d’une fusion dans laquelle la société absorbante détenait au préala-
ble des actions de la société absorbée, l’écart de fusion sera soit affecté soit
pris en résultat;
➢ s’il s’agit en revanche d’une fusion impliquant une société absorbée qui déte-
nait au préalable des actions de la société absorbante, la destruction des ac-
tions propres ainsi attribuées impliquera une imputation directe aux fonds pro-
pres.

LE ROLE, LES TRAVAUX DE CONTROLE, LES RAPPORTS DE L’EX-


PERT-COMPTABLE ET DU REVISEUR ET LES NORMES DE TRAVAIL
A RESPECTER DANS LE CADRE DES MISSIONS DE FUSION ET DE
SCISSION DE SOCIETES

De la fusion, de la scission

Le déroulement de la mission de l’expert est défini dans ce qui est indiqué dans les
articles 693 et suivants C. soc. et plus particulièrement concernant son rapport dans
l’article 695 C. soc.

453
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Fusion par absorption

Mission: contact éventuel avec le .....> Lettre de confirmation


confrère

Connaissance générale de l’entre- .....> Au point de vue technologique,
prise absorbante et de son environ- administratif et commercial
nement Statuts, comptes annuels, PV,
Documentation de base nécessaire règles d’évaluation ...

Connaissance générale de la ou des .....> Idem que ci-avant


entreprises absorbées et de leur
environnement
Documentation de base nécessaire

Documents spécifique à l’opéra- .....> - Rapport spécial de l’organe de ges-


tion projetée otion chargé de l’administration
- Opportunité de l’opération projetée
de fusion
- Situation comptable récente

Etude de l’organisation adminis- .....> Organigramme fonctionnel,


trative et comptable évaluation par questionnaires
Evaluation du contrôle interne
des entreprises

Contrôle des différentes situations .....> Vérification de l’exactitude sur la base


comptables à la même date, mêmes de la technique habituelle de contrôle
règles d’évaluation

Vérification des méthodes suivies .....> Sur la base des techniques habituelles
pour le rapport d’échange d’évaluation
Vérification de la bonne appro-
priation des méthodes
Difficultés particulières
d’évaluation

Dernière vérification de manière


à contrôler qu’il n’y a pas d’événe-
ments susceptibles de modifier
les évaluations retenues

ETABLISSEMENT DU RAPPORT = CARACTERE PERTINENT ET


ECRIT SUR LE PROJET RAISONNABLE DU RAPPORT
D’ECHANGE

454
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Fusion par constitution d’une nouvelle société

Le déroulement de la mission de l’expert est défini dans ce qui est indiqué dans les
articles 705 et suivants C. soc., et plus particulièrement concernant son rapport dans
l’article 708 C. soc.

Mission: contact éventuel avec le .....> Lettre de confirmation


confrère

Connaissance générale des entre- .....> Au point de vue technologique, ad-


prises transférantes et de leur ministratif et commercial
environnement .....> Statuts, comptes annuels, PV, règles
Documentation de base nécessaire d’évaluation ...

Connaissance de l’environnement .....> Projet des statuts de la nouvelle société


de la nouvelle société issue de la
fusion

Documents spécifiques à l’opé- .....> - Rapport spécial de l’organe de gestion


ration projetée chargé de l’administration
- Opportunité de l’opération projetée de
fusion
- Situation comptable récente

Etude de l’organisation admini- .....> Organigramme fonctionnel,


strative et comptable évaluation par questionnaires
Evaluation du contrôle interne
des entreprises

Contrôle des différentes situations .....> Vérification de l’exactitude sur la


comptables à la même date, même base de la technique habiuelle de
règles d’évaluation contrôle

Vérification des méthodes suivies .....> Sur la base des techniques habituelles
pour le rapport d’échange d’évaluation
Vérification de la bonne appro-
priation des méthodes
Difficultés particulières
d’évaluation

Dernière vérification de manière


à contrôler qu’il n’y a pas d’évène-
ments susceptibles de modifier les
évaluation retenues

ETABLISSEMENT DU RAPPORT = CARACTERE PERTINENT ET


ECRIT SUR LE PROJET RAISONNABLE DU RAPPORT
D’ECHANGE
455
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Scission par absorption

Le projet de scission, l’information des actionnaires, la protection des créanciers, la


publication, le rapport du professionnel comptable sur le projet de scission, le rapport
prévu par les articles 313, 423 et 602 C. soc. concernent l’apport en nature.

Nous reproduisons ci-après la démarche synthétique au déroulement des travaux de


l’expert-comptable et du réviseur.

Expert- Révi-
comp- seur
table

Mission: contact éven- ➨ Art. 674 C. soc. X X


tuel avec le confrère Lettre de confirmation

Connaissance générale Au point de vue technologique, X X


de la société avant ➨ administratif et commercial.
scission et de son Statuts, comptes annuels, PV,
environnement règles d’évaluation, etc.

Documents spécifiques - Rapport spécial de l’organe X X


à l’opération projetée de gestion chargé de l’admi-
nistration
➨ - Opportunité de l’opération
- Situation comptable ne re-
montant pas à plus de trois
mois du projet de scission
(10)

Etude d’organisation X X
administrative et comp- Organigramme fonctionnel
table de la société avant ➨ Evaluation par questionnaire
scission

Contrôle de la situation Vérification de l’exactitude sur X X


comptable avant ➨ la base de la technique habi-
scission tuelle de contrôle
+ Règles d’évaluation

Contrôle de la situation Vérification de l’exactitude X X


comptable de l’absor- ➨ + Règles d’évaluation
bante

(10) Lorsque ce dernier est portérieur de six mois à la dernière clôture des comptes annuels.

456
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

- Vérification des mé- Sur la base des techniques X X


thodes suivies pour la habituelles d’évaluation
détermination du
rapport d’échange

- Vérification de la bon-
ne appropriation des
méthodes
- Difficultés particulières

Dossier vérification de Vérification rapide sur la base X X


manière à contrôler qu’il d’une situation récente + lettre

n’y a pas d’éléments sus- d’affirmation de la direction
ceptibles de modifier les
évaluations

ETABLISSEMENT DU = CARACTERE PERTINENT X X


RAPPORT FINAL ET RAISONNABLE DU

ECRIT SUR LE RAPPORT D’ECHANGE
PROJET

+ RAPPORT PREVU
PAR LES ARTICLES ➨ X
313, 423 ET 602

Ce rapport porte notamment:


➢ sur chaque apport en nature et sur les modes d’évaluation adoptés;
➢ il indique si les valeurs auxquelles conduisent ces modes d’évaluation corres-
pondent au nombre et à la valeur nominale ou, à défaut de valeur nominale, au
pair comptable des actions à émettre en contrepartie;
➢ le rapport indique quelle est la rémunération effectivement attribuée en con-
trepartie des apports.

+ RAPPORT SPÉCIAL DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

Scission par constitution de sociétés nouvelles

Le déroulement de la mission de l’expert-comptable, du réviseur d’entreprises ou du


commissaire est quasi identique au schéma repris sous 1.0.2. concernant la scission
par absorption.

L’opération est relativement plus simple, étant donné qu’il n’y a pas de calcul d’échan-
ge avec une société absorbante préexistante.

Le projet de scission, l’information des actionnaires, la protection des créanciers, la


publication, le rapport du professionnel comptable sur le projet de scission, le rapport
prévu par l’article 444 C. soc. concernant l’apport en nature sont indiqués dans le cas
présent.

457
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Nous reproduisons, ci-après, la démarche synthétique au déroulement des travaux de


l’expert-comptable et du réviseur.
Expert- Révi-
comp- seur
table

Mission: contact éven- ➨ Art. 746 C. soc. X X


tuel avec le confrère Lettre de confirmation

Connaissance générale Au point de vue technologique, X X


de la société avant scis- ➨ administratif et commercial.
sion et de son Statuts, comptes annuel, PV,
environnement règles d’évaluation, etc.

Documents spécifiques - Rapport spécial de l’organe X X


à l’opération projetée de gestion chargé de l’admini-
stration
➨ - Opportunité de l’opération
- Situation comptable ne re-
montant pas à plus de trois
mois du projet de scission (11)

Etude d’organisation
administrative et comp- Organigramme fonctionnel X X
table de la société avant ➨ Evaluation par questionnaire
scission

Contrôle de la situation Vérification de l’exactitude sur X X


administrative et comp- ➨ la base de la technique habitu-
table avant scission elle de contrôle

- Vérification des mé- Sur la base des techniques X X


thodes suivies pour la habituelles d’évaluation
détermination du rap- ➨
port d’échange
- Vérification de la bon-
ne appropriation des
méthodes
- Difficultés particulières

Vérification des statuts X X


de la nouvelle société

(11) Lorsque ce dernier est portérieur de six mois à la dernière clôture des comptes annuels.

458
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Dossier vérification de Vérification rapide sur la base X X


manière à contrôler qu’il d’une situation récente + lettre

n’y a pas d’éléments sus- d’affirmation de la direction
ceptible de modifier les
évaluations

ETABLISSEMENT DU = CARACTERE PERTINENT X X


RAPPORT FINAL ➨ ET RAISONNABLE DU
ECRIT SUR LE RAPPORT D’ECHANGE
PROJET

+ RAPPORT PREVU X
PAR L’ARTICLE 444 ➨

Ce rapport porte notamment:


➢ sur chaque apport en nature et sur les modes d’évaluation adoptés;
➢ il indique si les valeurs auxquelles conduisent ces modes d’évaluation corres-
pondent au nombre et à la valeur nominale ou, à défaut de valeur nominale, au
pair comptable des actions à émettre en contrepartie;
➢ le rapport indique quelle est la rémunération effectivement attribuée en con-
trepartie des apports.

+ RAPPORT SPECIAL DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

MISSION: LA PREMIERE ETAPE

Rôle de l’expert-comptable externe ou du réviseur d’entreprises

Le rôle du commissaire ou du réviseur d’entreprises ou de l’expert-comptable est


d’établir un rapport écrit portant sur le projet de fusion ou de scission et de déclarer
si, à son avis, le rapport d’échange est ou non pertinent et raisonnable, en indiquant
clairement:

➢ le type d’attestation qu’il va délivrer;

➢ si le projet de fusion ou de scission qui lui a été soumis et sur lequel ont porté
entre autres ses différents contrôles reprend toutes les informations légale-
ment requises;

➢ si les informations reprises sont correctes et correspondent à la réalité;

➢ si le rapport d’échange proposé par l’organe d’administration est correct, per-


tinent et raisonnable, si la méthode d’évaluation choisie pour définir ce rap-
port d’échange n’a pas suscité de difficultés particulières et qu’elle répond à
la réalité;

459
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

➢ que, le cas échéant, la soulte en espèces de …………… EUR ne dépasse nul-


lement le dixième de la valeur nominale des actions échangées;

➢ que les opérations de la société absorbée seront considérées comme accom-


plies pour compte de la société absorbante à la date du …/…/……;

➢ s’il n’y a pas eu d’événements postérieurs à la date à laquelle est effectué le


rapport qui auraient modifié l’ensemble de l’actif et du passif de la société, de
sorte que les conclusions ne doivent pas être modifiées.

Exécution de la mission, programmation et contrôle

Ce point particulier s’applique d’une manière générale à l’ensemble des missions de


l’expert-comptable externe ou du réviseur et fait partie intégrante de son organisa-
tion, permettant d’exécuter tous les types de missions compatibles avec la profes-
sion. L’organisation du cabinet devra être adaptée afin de garantir que chaque mis-
sion est accomplie en conformité avec l’exigence de compétence et d’indépendance
que le client est en droit d’attendre d’un professionnel de la révision.

Avant d’accepter une mission, l’expert-comptable externe ou le réviseur doit s’assu-


rer:

1) qu’il dispose de la compétence et de l’expérience nécessaires pour effectuer


les travaux;
2) qu’il dispose du personnel qualifié.

LA PREMIERE ETAPE

A. De s’assurer qu’il n’y a pas de confrère chargé de fait ou de droit de la même


mission;

B. D’identifier la mission:
– fusion par absorption,
– fusion par constitution,
– scission par absorption,
– scission par constitution;

C. De faire une étude préalable suite aux entretiens avec les différents responsables.
Les premiers entretiens permettront d’évaluer le temps nécessaire à l’exécution
de la mission et de déterminer ainsi le budget global des honoraires.
Effectuer l’approche budget/temps à valoriser sur la base de la qualification des
collaborateurs et des honoraires de l’expert-comptable ou du réviseur;

D. De confirmer la mission en indiquant le programme des différents travaux à exé-


cuter en contrepartie d’honoraires en respectant les règles déontologiques. Lors
de la confirmation, il sera donc précisé le détail des prestations assorties des con-
ditions financières. Par ailleurs, le montant des honoraires devra être indiqué dans
le projet de fusion (ou de scission).

460
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

A titre indicatif, on trouvera ci-après un aide-mémoire résumant le budget/temps, par


exemple, d’une fusion par absorption.

Heures de prestation
Expert- Collabo-
comptable rateur
Réviseur

Contact préalable
Examen de la documentation de base.

Contrôle:

de la société absorbée
- examen de l’organisation administrative dans une
perspective de contrôle de fiabilité et de sécurité
(contrôle interne);
- examen du fonctionnement du contrôle interne;
- respect des dispositions légales et statutaires;
- suivi de l’évolution;
- examen de la situation intermédiaire (valorisation).

de la société absorbante

Idem que ci-dessus:


- vérification du rapport des conseils d’administration;
- vérification du projet de fusion;
- vérification des méthodes suivies pour le rapport
d’échange;
- vérification de la bonne appropriation des diverses
méthodes;
- vérification des modifications éventuelles intervenues
depuis le début des travaux.

établissement du rapport
- discussion avec l’organe de gestion;
- assistance à l’assemblée générale extraordinaire.

Le budget/temps ainsi établi permettra de fixer les honoraires.

Le coût de l’ensemble des prestations est fixé comme l’exige le projet de fusion.

Le règlement de discipline des deux Instituts donne les modalités des honoraires. De
ces dispositions et des usages, on doit retenir les points communs suivants:

➢ les rémunérations des experts-comptables et des réviseurs doivent être équita-


bles et constituer la juste rémunération du travail de qualité fourni comme un
service rendu;

461
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

➢ pour répondre aux qualités d’indépendance qu’exige leur fonction, l’expert-


comptable externe et le réviseur d’entreprises doivent établir leurs honoraires
sur une base différente de celle appliquée dans les relations «employeur –
employé» dans lesquelles le temps consacré et le taux de la rémunération sont
les seuls facteurs qui entrent en ligne de compte;

➢ les paramètres à retenir pour la fixation des honoraires doivent être fixés en
fonction de la nature, de la complexité et de l’importance de la mission, ainsi
que de la responsabilité encourue par le professionnel, de la compétence par-
ticulière et de la notoriété de ce dernier.

LA DEUXIEME ETAPE

La connaissance générale de l’entreprise à scinder, de l’absorbante et absorbée ainsi


que de son environnement (suivant le cas).

Connaissance générale de l’entreprise: documentation de base

Il s’agit d’une mission de contrôle et, en conséquence, le contrôle couvre tous les
aspects de l’entreprise. Il peut être plus limité lorsqu’il s’agit d’une société où le
contrôle est déjà effectué dans le cadre d’une mission essentiellement de contrôle
(soit commissaire). En effet, dès lors l’expert ou le commissaire possède déjà une
connaissance générale de l’entreprise.

Le dossier de contrôle à ouvrir devra contenir un certain nombre de documents. L’ob-


jectif essentiel est de permettre à l’expert d’acquérir de l’entreprise une compréhen-
sion suffisante afin de la situer, de connaître ses perspectives et ses contraintes.

Le dossier devra comporter un certain nombre de renseignements, tant sur les socié-
tés absorbées que sur l’absorbante ou la société à scinder, et notamment:

➢ l’historique de l’entreprise comprenant les statuts, les modifications aux sta-


tuts, l’organigramme, la liste des administrateurs, les pouvoirs du conseil, les
signatures autorisées, le système comptable employé, les trois derniers comp-
tes annuels avec les rapports de gestion du ou des commissaires;

➢ l’analyse succincte technologique des produits fabriqués, la description du


processus de fabrication, la manière dont la comptabilité analytique est élabo-
rée;

➢ l’analyse succincte du chiffre d’affaires en reprenant l’organisation commer-


ciale, la concurrence, l’analyse du marché, les budgets et prévisions …

La connaissance de l’entreprise et de son fonctionnement permettra à l’expert de


porter une appréciation critique sur le système de contrôle interne afin d’évaluer la
fiabilité de celui-ci en préliminaire de l’étendue du contrôle, du bilan et des résultats
des sociétés faisant l’objet de l’opération de fusion.

462
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Un problème se pose presque toujours dans les petites entreprises ou dans les entre-
prises où le capital est détenu en majorité par une seule personne. Dans ce type de
société, le contrôle des comptes devra s’effectuer alors d’une manière plus approfon-
die par rapport aux sondages éventuels généralement admis en matière de contrôle.

Le réviseur ou l’expert-comptable externe devra toutefois:

1) examiner la conception générale du système comptable afin d’apprécier son


aptitude à refléter correctement les transactions effectuées par l’entreprise;
2) vérifier le caractère exhaustif et correct des enregistrements comptables;
3) apprécier la fiabilité du contrôle interne en regard de la taille de l’entreprise.

Documents spécifiques à l’opération projetée

L’expert-comptable devra également se faire remettre pour examen:

1) le projet de fusion ou de scission qui est obligatoire par écrit, mais pas néces-
sairement par acte authentique.
Tous les organes chargés de l’administration de toutes les sociétés qui fusion-
nent établissent ensemble, en commun, un projet de fusion. En ce qui concer-
ne la scission, la société à scinder ainsi que l’absorbante établissent un projet
de scission;

2) la preuve du dépôt du projet de fusion ou de scission au greffe du tribunal de


commerce, au plus tard six semaines avant les assemblées générales devant se
prononcer sur la fusion ou la scission;

3) la preuve de la publication du projet de fusion ou de scission;

4) le rapport spécial de l’organe chargé de l’administration des sociétés à fusion-


ner ou de la société à scinder ainsi que de la société bénéficiaire de la scission,
lorsqu’il s’agit d’une scission par absorption;

5) il est à noter qu’une procédure d’information complémentaire aux assemblées


générales des sociétés absorbées et absorbantes ou de la société à scinder est
mise en place au cas où, durant les six semaines qui séparent la rédaction du
projet de fusion ou de scission et les assemblées générales appelées respecti-
vement à se prononcer, des modifications substantielles seraient survenues
dans le patrimoine des sociétés absorbantes et absorbées ou de la société qui
se scinde.

La planification du programme de travail de l’expert-comptable externe ou du révi-


seur devra prévoir les délais légaux et notamment tenir compte du fait que tout ac-
tionnaire a le droit, un mois au moins avant la date de la réunion de l’assemblée
générale appelée à se prononcer sur le projet de fusion ou de scission, de prendre
connaissance au siège social des données suivantes:

463
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

1) du projet de fusion, du projet de scission;


2) des rapports du conseil d’administration, du commissaire, de l’expert-comptable
ou réviseur;
3) a) des comptes annuels des trois derniers exercices de chacune des sociétés qui
fusionnent (N.B.: pour les sociétés anonymes, sociétés en commandite par
actions, sociétés privées à responsabilité limitée, sociétés coopératives à res-
ponsabilité limitée, les rapports des administrateurs, gérants et commissaires
des trois derniers exercices),
b) ces mêmes documents concernent également la société qui se scinde et l’ab-
sorbante;
4) lorsque le projet de fusion ou de scission est postérieur de six mois au moins à la
fin de l’exercice auquel se rapportent les derniers comptes annuels, d’un état comp-
table arrêté dans les trois mois précédant la date du projet de fusion ou de scission
(même méthode et même présentation que les comptes annuels).

La situation comptable dont il est question ne doit pas nécessairement procéder d’un
nouvel inventaire. Ceci relève cependant de l’appréciation du réviseur ou de l’ex-
pert-comptable externe, bien que le législateur n’impose pas automatiquement l’obli-
gation d’un inventaire complet.

LA TROISIEME ETAPE

La troisième étape de la mission est l’étude de l’organisation administrative et, en


particulier, l’organisation comptable des sociétés absorbées et de l’absorbante, afin
de savoir si l’information est fiable. La démarche est identique dans le cadre d’une
scission.

Nous référons le lecteur à toute mission générale de contrôle permettant de délivrer


une attestation.

En synthèse, l’expert-comptable externe ou le réviseur devra nécessairement baser


son analyse sur:

1) l’organisation administrative et comptable de l’entreprise absorbante et des en-


treprises absorbées ou de la société qui se scinde;

2) l’analyse du contrôle interne qui peut se définir comme étant l’ensemble des
moyens et mesures adoptés par les organes de direction d’une entreprise dans le
but d’assurer que:
➢ les affaires se déroulent de façon efficace et normale,
➢ des procédures sont adoptées pour éviter les conflits d’intérêts et biens so-
ciaux,

464
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

➢ les actifs sont sauvegardés,


➢ les enregistrements comptables sont complets et corrects, …

Le rapport de l’expert-comptable externe ou du réviseur devra nécessairement don-


ner un avis sur le contrôle interne de la société contrôlée.

LA QUATRIEME ETAPE

Contrôle des différentes situations comptables à la même date et établies suivant les
mêmes règles d’évaluation.

L’état comptable

Il ne peut remonter à plus de trois mois de la date du projet de fusion ou de scission


lorsque ce dernier est postérieur à six mois de la dernière clôture des comptes an-
nuels.

Par exemple:

Clôture au 31/12/XX Projet de fusion ou de Comptes (états


scission comptables) à examiner
31/01/XX + 1 X 31/12
28/02/XX + 1 X 31/12
31/03/XX + 1 X 31/12
30/04/XX + 1 X 31/12
31/05/XX + 1 X 31/12
30/06/XX + 1 X 31/12
31/07/XX + 1 X 30/04
31/08/XX + 1 X 30/05
30/09/XX + 1 X 30/06
31/10/XX + 1 X 30/07
30/11/XX + 1 X 31/08
31/12/XX + 1 X 30/09

Il est à remarquer que le projet de fusion ou de scission doit être déposé au greffe du
tribunal de commerce du ressort du siège social des sociétés participantes à l’opéra-
tion de fusion ou de scission six semaines au moins avant la date de l’assemblée
générale extraordinaire décidant de l’opération.

Le contrôle des différentes situations comptables

Dans la plupart des cas, c’est un contrôle limité qui sera effectué en fonction du délai
assez court d’exécution de la mission. En effet, il faut tenir compte des délais d’infor-
mation pour les actionnaires qui doivent disposer des différents documents et notam-
ment du rapport du réviseur et/ou de l’expert-comptable externe un mois au moins
avant la réunion de l’assemblée générale.

465
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La qualification du contrôle devra être spécifiée en préalable dans la partie exposant


la mission dans le rapport du réviseur ou de l’expert-comptable externe.

La révision de l’état comptable s’effectuera sur la base des règles d’évaluation qui
ont été arrêtées par les conseils d’administration des différentes sociétés.
Ces règles d’évaluation doivent être identiques d’une société par rapport à l’autre.

La révision des différents états comptables qui devront être arrêtés aux mêmes dates
permettra à l’expert-comptable ou au réviseur de déterminer:

➢ que la comptabilité et les comptes sont tenus et présentés en conformité avec


les dispositions légales et réglementaires;
➢ que les situations, tant des sociétés absorbées, de l’absorbante, que de la so-
ciété qui se scinde, donnent une image fidèle du patrimoine, de la situation
financière de chaque société, ainsi que des résultats qui leur sont propres,
compte tenu des dispositions légales et réglementaires;
➢ la pertinence du rapport d’échange.

Modes d’évaluation

Importance de l’évaluation

Le travail de contrôle des modes d’évaluation des entreprises à fusionner ou à scinder


est évidemment essentiel, car c’est cet examen et cette analyse qui permettront de
fixer les rapports d’échange.

En matière d’évaluation d’entreprise, il n’y a pas d’étalon unanimement reconnu.

Il existe bien sûr de nombreuses formules scientifiques destinées à charpenter l’idée


que l’on peut se faire de la valeur d’une entreprise.
On veillera néanmoins à éviter une application aveugle et sans discernement de tels
calculs; ils peuvent servir de point de repère, mais doivent être évidemment confir-
més par une analyse plus économique, plus fondamentale et plus individuelle.

Evaluer une entreprise est un mélange de science, d’expérience et, bien sûr, de bon
sens. En préalable, il y a bien entendu lieu de s’assurer que les données comptables
servant de base à l’évaluation sont correctes.

Le commissaire ou le réviseur d’entreprises ou l’expert-comptable externe désigné


doit notamment déclarer si, à son avis, le rapport d’échange est ou non pertinent et
raisonnable. Cette déclaration doit au moins indiquer:

a) les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange proposé;


b) si ces méthodes sont appropriées en l’espèce.

Le rapport indique en outre les difficultés particulières d’évaluation s’il en existe.

466
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Notions de base
La valeur économique d’une entreprise peut être considérée comme étant:
a) la valeur de sa substance, c’est-à-dire de son patrimoine;
b) corrigée de sa capacité bénéficiaire (soit, notamment, sa rentabilité).
C’est cette valeur économique qui devra être arrêtée afin de permettre et de fixer le
rapport d’échange en cas de fusion ou de scission.
Valeur substantielle
Au départ, il y a donc lieu d’arrêter la valeur substantielle de l’entreprise, c’est-à-dire
la valeur de l’ensemble du patrimoine (non seulement les biens, mais également les
droits et les engagements), que les biens soient corporels ou incorporels et évalués en
termes de continuité d’exploitation.
Bien entendu, la valeur substantielle se différencie de la valeur comptable apparais-
sant au bilan, puisque celle-ci est le fruit de la valeur d’acquisition ou de la valeur
nominale, déduction faite d’amortissements et de réductions de valeur éventuelle-
ment corrigés par des réévaluations qui ne sont jamais obligatoires.
Le travail menant de la valeur nette comptable à la valeur substantielle devra donc
tenir compte des valeurs incorporelles éventuelles, de plus-values ou moins-values
latentes, ainsi que de corrections des provisions et impôts différés, si celles-ci, bien
entendu, ne correspondent pas ou plus à la réalité économique.
Capacité bénéficiaire
La capacité bénéficiaire peut être définie comme étant le bénéfice susceptible d’être
réalisé durablement dans le futur par l’entreprise, notamment par référence aux ré-
sultats du passé.
Cette capacité bénéficiaire sera également capitalisée, c’est-à-dire ramenée au jour
de l’évaluation, en tenant compte des trois facteurs variables suivants:
a) bénéfices futurs;
b) taux de capitalisation;
c) la durée de prise en compte de cette capacité bénéficiaire (encore appelée
«durée de la rente de goodwill»).
a) Bénéfices
Dans le cadre d’une évaluation, ce qui importe pour l’investisseur, c’est bien en-
tendu l’avenir et donc les bénéfices futurs. Néanmoins, ceux-ci se basent généra-
lement sur les références au passé afin de confirmer les extrapolations, même si
ces références au passé doivent être rectifiées sur base des prévisions futures.
b) Taux de capitalisation
Il s’agit ici d’un taux d’intérêt moyen fixant le taux de l’argent sur une durée de
moyen terme (par exemple, entre 5 et 8 ans) et avec un débiteur de référence (par
exemple, les fonds d’Etat). Toutefois, ce taux d’intérêt allant servir de base de
calcul à la capitalisation peut être augmenté afin de tenir compte de ce que l’on
appelle la prime de risque qui peut être estimée entre 25 et 50 % du taux de base.

467
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

c) La durée
On tiendra compte ici de la durée durant laquelle les bénéfices futurs estimés
pourront être réalisés, soit en général sur un moyen terme qui peut porter de cinq
à huit ans en moyenne.

Ces trois critères ainsi que les fourchettes chiffrées qui sont données sont évidem-
ment des moyennes qui peuvent être contredites dans des cas bien particuliers. En
effet, comme indiqué ci-dessus, l’évaluation des entreprises ne relève ni de l’applica-
tion du Code des sociétés ni de la multiplication d’une formule scientifique qui pour-
rait servir d’étalon à toutes les entreprises et serait unanimement reconnue.
La capacité d’adaptation à l’individualité analysée est donc primordiale.

Valeur boursière

On peut également se demander si l’évaluation d’une entreprise peut être arrêtée à sa


valeur boursière, c’est-à-dire au nombre d’actions multipliées par le cours boursier
de celles-ci (encore appelée «capitalisation boursière»).

Cette valeur ne constitue pas, en réalité, le résultat d’une évaluation, mais bien un
prix de marché entre les acheteurs et les vendeurs.

Elle peut donc servir à titre indicatif ou alors dans un panier réunissant plusieurs
méthodes d’évaluation dans lequel la valeur boursière entrera en ligne de compte.

Bien entendu, dans le cas d’une fusion, la valeur boursière ne pourra être retenue que
dans la mesure où les deux entreprises sont cotées afin de maintenir, comme indiqué
également ci-dessus, l’homogénéité des règles d’évaluation arrêtées.

Dans la pratique, on constate souvent une pondération des méthodes d’évaluation


arrêtées tenant compte d’une évaluation économique et de la valeur boursière, dans
des pourcentages qui dépendront des cas particuliers.

On constate dans les principales formules d’évaluation utilisées une modulation de


ces critères en leur donnant une importance relative différente afin de faire porter
l’importance sur tel ou tel critère.

Règles d’évaluation spécifiques

Enfin, il faut signaler qu’en dehors des formules d’évaluation générales employant
les critères développés ci-dessus, il existe des règles d’évaluation non écrites mais
spécifiques à des secteurs d’activité bien précis. En effet, dans beaucoup de domai-
nes très particuliers, des règles coutumières existent; leur caractère écrit n’empêche
pas, dans bien des cas, un consensus sur les méthodes employées. Bien entendu, elles
devraient alors être confirmées par des éléments développés au point précédent.

CINQUIEME ETAPE

Etablissement du rapport écrit sur le projet de fusion ou le projet de scission.

468
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Rapport du conseil d’administration, projet de fusion, projet de scission, objet


du rapport de révision

Préalablement à l’établissement du rapport qui est la conclusion du travail de l’ex-


pert-comptable externe ou du réviseur, celui-ci devra vérifier expressément l’évolu-
tion de chaque société faisant partie de la fusion ou de la société qui se scinde, car, en
effet, toute modification importante entre la date du projet de fusion ou de scission et
la date de l’assemblée générale doit être non seulement signalée par le conseil d’ad-
ministration à l’assemblée générale, mais doit faire l’objet d’une rectification si cel-
le-ci est significative.

Le législateur fixe en matière de rapport écrit la mission du commissaire, de l’expert-


comptable externe ou du réviseur. Comme par le passé, l’organe chargé de l’adminis-
tration et le commissaire ou le réviseur doivent établir un rapport sur la base de leurs
responsabilités propres. C’est ainsi que le professionnel comptable devra disposer au
préalable du rapport écrit du conseil d’administration. Celui-ci devra:

1) exposer la situation patrimoniale des sociétés appelées à fusionner ou de la


société qui se scinde;
2) expliquer et justifier d’un point de vue juridique et économique l’opportunité,
les conditions, les modalités et conséquences de la fusion ou de la scission;
3) décrire les conséquences de la fusion ou de la scission et les méthodes suivies
pour le rapport d’échange des actions ou parts;
4) expliquer et justifier, en ce qui concerne les méthodes, l’importance relative
donnée à la méthode choisie et indiquer les valeurs auxquelles chaque métho-
de parvient;
5) expliquer les difficultés éventuellement rencontrées et le rapport d’échange
proposé.

Se basant sur le projet de fusion ou de scission, la situation comptable et le rapport de


l’organe d’administration, le commissaire, l’expert-comptable ou le réviseur désigné
devra notamment déclarer par écrit:

1) si, à son avis, le rapport d’échange est ou non pertinent et raisonnable, en


indiquant au moins:

➢ les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange proposé,


➢ si ces méthodes sont appropriées en mentionnant les valeurs auxquelles cha-
cune de ces méthodes conduit,
➢ un avis sur l’importance relative donnée aux méthodes dans la détermination
de la valeur retenue.

2) les difficultés particulières d’évaluation, s’il en existe.

L’expert-comptable ou le réviseur devra vérifier que la procédure a été correctement


respectée concernant l’établissement, le contenu et la publication dans les délais du
projet de fusion ou du projet de scission (six semaines au moins avant l’assemblée
générale devant se prononcer sur la fusion ou sur la scission).

469
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

CE QU’IL FAUT RETENIR DES FUSIONS

Fusion par absorption

1er cas

S.A. A = société absorbée


S.A. B = absorbante

➜ Patrimoine A
transféré

= continuité juridique et
comptable

NB: lors du transfert = addition des éléments transférés (actifs, passifs exigibles,
capital, réserves)

2e cas

S.A. A S.A. B S.A. C = dissolution sans liquidation


(1) (2) (3)


Société D préexistante:
absorbante
Rapport d’échange =
S.A. D Remise d’actions de la S.A. D aux
actionnaires de A, B, C, …

Patrimoine A Le cas échéant, une soulte en


➜ transféré espèces ne dépassant pas 1/10e de la
valeur nominale des actions de D
Patrimoine B ➜ attribuées aux actionnaires
transféré A, B, C, … (soit 10 %
du capital transféré)
Patrimoine C ➜
transféré

(1) (2) (3) Transfert intégralité actif, passif, engagements

470
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

RAPPORTS A ETABLIR
Rapport spécial Projet de Professio- Apport
du conseil fusion nel (rap- en nature
d’administration port
d’échange)
1. Auprès de la ou des
sociétés transférantes oui oui oui non

2. Auprès de
l’absorbante oui oui oui non

Constatation de la réalisation de la fusion = acte authentique dans (1) et (2)

Fusion par constitution d’une nouvelle société

= dissolution sans liquidation


S.A. A S.A. B S.A. C

(1) (2) (3)


S.A. D = Nouvelle société issue de A, B, C


Patrimoine =D
➜ A transféré

Rapport d’échange
Patrimoine
= remise d’actions de la nouvelle so-
B transféré
➜ ciété anonyme D aux actionnaires de
Patrimoine A, B, C, …
C transféré
Le cas échéant, une soulte en espèces
ne dépassant pas 1/10e de la valeur
nominale des actions de D attribuées
aux actionnaires A, B, C, ... (= 10 %
du capital transféré)

= Continuité juridique et comptable


des contrats
NB: lors du transfert = addition des
éléments transférés de A, B, C, ...
chez D (= actifs, passifs exigibles,
capital, réserves, subsides,
provisions)

(1) (2) (3) Overdracht van het actief, passief, verplichtingen.

471
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

RAPPORT A ETABLIR
Rapport Projet de Profession- Apport en
spécial du conseil fusion nel (rap- nature
d’administration port
d’échange)
1. Auprès de la ou des
sociétés transférantes oui oui oui non
(dissoutes sans liqui-
dation)

2. Après de la nouvel-
le société non non non non
Cependant acte authentique reprenant les conclusions du rapport d’échange +
respect du Code des sociétés pour les conditions de fond et de forme.
L’assemblée générale des sociétés transférantes doit se prononcer sur l’acte
constitutif.
Constatation de la réalisation de la fusion = acte authentique dans (1) et (2)
Opérations assimilées à la fusion
Fusion par absorption d’une société détenant 100 % des titres de l’absorbée.
S.A. A = Holding B
Immobilisa- détenant B à 100 %
tion financière
B (100 %)
S.A. B = pas de rapport d’échange
= dissolution de B sans liquidation
Remplacement chez A des actifs et passifs
de B et engagements et annulation de l’im-
mobilisation financière en remplaçant par
actifs et passifs
= destruction des actions de B

Si immobilisation fiancières >


que capitaux propres de B
= perte en 65 ou immobilisation incor-
porelle à émettre (DNA)

Si immobilisations financières <


que capitaux propres de B
= profit en 75 (= accroissement des
capitaux propres)

= continuité juridique et comptable de B


chez A après fusion

472
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

RAPPORT A ETABLIR
Rapport spécial Projet de Profession- Aport en
du conseil fusion nel (rap- nature
d’administration port
d’échange)
1. Auprès de la société
absorbante (= mère) non oui non non

2. Auprès de l’absor-
bée (= fille) non oui non non

Constatation de la réalisation de la fusion = acte authentique dans (1) et (2)

Exemples de rapports de l’expert-comptable externe, du conseil d’administra-


tion

Avertissement
Il ne sera repris que le rapport spécial du conseil d’administration et le projet de
fusion de l’absorbante car les rapports sont identiques tant chez l’absorbante que
chez l’absorbée.

a. Exemple de rapport spécial du conseil d’administration de l’absorbante société


anonyme A

S.A. «A»
Siège social ………………………………..

RAPPORT SPECIAL DE L’ORGANE DE GESTION DANS LE


CADRE DE LA FUSION ENVISAGEE

En application de l’article 694 C. soc., nous avons l’honneur de vous exposer:

• la situation patrimoniale des sociétés appelées à fusionner;


• la justification du point de vue juridique et économique;
• l’opportunité, les conditions, les modalités et les conséquences de la fusion;
• les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange;
• les valeurs auxquelles parviennent les méthodes arrêtées et les éventuelles
difficultés rencontrées;
• le rapport d’échange proposé.

473
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

I. IDENTIFICATION DES SOCIETES APPELEES A FUSIONNER

1.1. La S.A. A

La société a été constituée aux termes d’un acte reçu par le notaire ………….., de
résidence à ………………., en date du …………….., et ses statuts ont été publiés
par extrait aux annexes du Moniteur belge du ………., sous le numéro …………

La société est immatriculée au registre de commerce de ………, sous le numéro


……., ainsi qu’à l’Administration de la TVA, sous le numéro ………...

La dernière modification aux statuts concernant une augmentation du capital social a


été publiée aux annexes du Moniteur belge du ………., sous le numéro …….

La société a pour objet:

1) l’entreprise de travaux publics et privés, ainsi que toutes les activités qui s’y rat-
tachent directement ou indirectement, et notamment la signalisation routière et
l’entreprise de travaux de peinture, de décoration, de tapissage et d’ameublement;
2) le négoce, l’importation, l’exportation, par elle-même ou en qualité d’agent ou
courtier, de tous articles, produits et marchandises quelconques.

Elle pourra réaliser son objet en tous lieux en Belgique ou à l’étranger. Elle pourra
notamment faire toutes opérations industrielles, commerciales, financières et civiles,
mobilières et immobilières, ayant un rapport direct ou indirect avec son objet ou
pouvant en faciliter la réalisation; s’intéresser par voie d’association, d’apports ou de
fusion, de souscription, de participation, d‘intervention financière ou autrement, dans
toutes les sociétés ou entreprises existantes ou à créer, dont l’objet serait analogue au
sien ou connexe ou qui seraient susceptibles de constituer pour elle une source ou un
débouché.

Le capital social, suivant l’article 5 des statuts, est fixé à 223 104,17 EUR. Il est
représenté par neuf mille (9 000) actions sans désignation de valeur nominale, repré-
sentant chacune un neuf millième (1/9 000e) du capital social.

1.2. La S.A. B, ayant son siège social à ………….., rue ……………, a été constituée
suivant un acte reçu par le notaire …………., de résidence à ………, en date du
………., et ses statuts publiés aux annexes du Moniteur belge du ………., sous le n°
……. A cette époque, la dénomination sociale de la société était
«……………………...». Cette dénomination a été changée par acte du notaire préci-
té en date du ……….. Cette modification a été publiée aux annexes du Moniteur
belge du ………., sous le numéro …….

474
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La société est immatriculée au registre de commerce de ………, sous le numéro


……., ainsi qu’à l’Administration de la TVA, sous le n° ………...

La société a pour objet:

1) l’étude et la réalisation de tous projets, travaux et entreprises, tant en Belgique


qu’à l’étranger, dans le domaine de la protection de l’aménagement et de l’amé-
lioration de l’environnement;
2) le négoce, achat, vente, importation, exportation ou transit, en Belgique ou à l’étran-
ger, de tous biens meubles et immeubles, marchandises et denrées de toutes pro-
venances et toutes destinations.

Elle pourra réaliser son objet pour son compte ou pour compte de tiers en qualité de
commissionnaire, agent ou courtier, à l’aide de ses fonds propres ou à l’aide de fonds
empruntés à des tiers, à l’exclusion de tout appel à l’épargne publique; elle pourra
faire toutes études, analyses, recommandations, surveillance de travaux, établisse-
ment de devis, prix de revient, frais de gestion, prester tous services, prendre tous
brevets et licences, en assumer l’exploitation, les déposer, céder ou concéder.

De façon générale, la société peut accomplir, en Belgique ou à l’étranger, toutes les


opérations généralement quelconques, commerciales, industrielles, financières, mo-
bilières ou immobilières, se rapportant directement ou indirectement à son objet.

Elle peut s’intéresser par toutes voies dans toutes entreprises ou sociétés ayant un
objet analogue au sien ou qui soit de nature à favoriser son développement ou cons-
tituant pour elle une source de débouchés.

Le capital social

En date du ……….. s’est réunie l’assemblée générale extraordinaire de la société


afin de procéder à l’augmentation de capital de la société. Cette augmentation a été
publiée aux annexes du Moniteur belge du ………….., sous le n° ………..

Le capital social, suivant l’article 5 des statuts, est fixé à 148 736,11 EUR. Il est
représenté par 6 000 actions d’une valeur nominale de 24,79 EUR.

La société B a développé un objet social connexe et complémentaire à la S.A. A.


L’avantage de cette fusion est évident et permettra de réaliser d’importantes syner-
gies et de mieux se positionner sur le marché.

475
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

II. SITUATION PATRIMONIALE DES SOCIETES APPELEES A FUSION-


NER

2.1. Pour la S.A. A

A L’ACTIF AU PASSIF

ACTIFS IMMOBILISES 84 062 CAPITAUX PROPRES 184 187

II. Immobilisations incorpo-


relles 1 670 I. Capital 223 104
III. Immobilisations corpo-
relles 30 222 IV. Réserves 21 323
IV. Immobilisations finan-
cières 52 170 V. Perte reportée -60 240

ACTIFS CIRCULANTS 844 612 PROVISIONS ET IMPOTS 54 536


DIFFERES

VI. Stocks et commandes en VII. Provisions pour risques


cours d’exécution 131 777 et charges 54 536
VII. Créances à un an au plus 671 112
IX. Valeurs disponibles 38 481 DETTES 689 951
X. Comptes de régularisation 3 242
VIII. Dettes à plus d’un an 4 689
IX. Dettes à un an au plus 681 758
X. Comptes de régularisation 3 504

TOTAL DE L’ACTIF 928 674 TOTAL DU PASSIF 928 674

2.2. Pour la s.a. B

A L’ACTIF AU PASSIF

ACTIFS IMMOBILISES 38 809 CAPITAUX PROPRES 110 522


III. Immobilisations corpo-
relles 32 336 I. Capital 148 736
IV. Immobilisations finan-
cières 6 473 IV. Réserves 3 099
V. Perte reportée -41 313

ACTIFS CIRCULANTS 217 894 PROVISIONS ET IMPOTS 12 394


DIFFERES
VI. Stocks et commandes en VII. Provisions pour risques
cours d’exécution 8 201 et charges 12 394

476
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

VII. Créances à un an au plus 205 223


IX. Valeur disponibles 2 873 DETTES 133 787
X. Comptes de régularisation 1 597
IX. Dettes à un an au plus 133 787

TOTAL DE L’ACTIF 256 703 TOTAL DU PASSIF 256 703

III. DETERMINATION DES METHODES SUIVIES

3.1. LE RAPPORT D’ECHANGE SE BASE:

• sur les mêmes règles d’évaluation, tant pour la société absorbante (A) que pour la
société absorbée (B);
• sur les mêmes méthodes de valorisation.

C’est ainsi qu’il ressort des comptes annuels des deux sociétés (annexe 1 A; annexe 2
B) les éléments de base suivants:

Pour la S.A. A

Les critères d’évaluation sont identiques aux critères appliqués à la société B (absor-
bée), de telle sorte que les éléments constitutifs des comptes annuels sont compara-
bles.

L’actif net ressort à: EUR


Capital souscrit 223 104
(représenté par 9 000 actions, sans désignation de valeur nominale)
Réserves 21 323
Perte reportée -60 240
184 187

L’évolution des résultats est la suivante au 31.12.2001:

2001 - EUR 2000 - EUR 1999 - EUR


Résultats nets 4 633 -1 072 825
Amortissements 26 625 30 127 17 363
Provisions 29 747 24 789 0
Cash-flow 61 005 53 844 18 188

Soit résultat moyen pour les trois derniers exercices: EUR

Résultats 1 462
Amortissements 24 705
Provisions 18 179
Cash-flow 44 346

477
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Pour la S.A. B

L’actif net ressort à:


EUR
Capital souscrit 148 736
(représenté par 6 000 actions, sans désignation de valeur nominale)
Réserves 3 099
Perte reportée -41 313
110 522
L’évolution des résultats est la suivante au 31.12.2001:

2001 - EUR 2000 - EUR 1999 – EUR


Résultats nets 11 280 -3 506 3 150
Amortissements 9 762 3 498 7 022
Provisions 2 479 9 916 0
Cash-flow 23 521 9 908 10 172

Soit résultat moyen pour les trois derniers exercices: EUR

Résultats 3 641
Amortissements 6 761
Provisions 4 132
Cash-flow 14 534

Tant pour la société absorbante (A) que pour la société absorbée (B), il n’existe aucu-
ne plus ou moins-value latente qui n’aurait été exprimée dans les comptes, de telle
sorte que, dans le cas présent, l’actif net tel qu’il ressort ci-avant correspond à la
valeur intrinsèque ou à la valeur substantielle des entreprises en présence.

Les méthodes de valorisation retenues sont développées et reprises à l’annexe 3 pour


A et 4 pour B.

Elles aboutissent aux évaluations suivantes:

Pour A

- Pour rappel, au 31 décembre 2001, la valeur comptable s’élève à: 184 188

La valeur intrinsèque ou substantielle est identique, car pas de plus-value ou de


moins-value.

- Sur la base des différentes méthodes d’évaluation développées au rapport spécial


du conseil d’administration, la valeur moyenne de différentes méthodes et la
moyenne des trois dernières années aboutissent à:

180 477 + 184 999 + 189 247


3 184 908

478
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Il est constaté que la valeur comptable est quasi identique à la valeur économique de
A, sur la base des différentes méthodes d’évaluation.

Pour B

- Pour rappel, au 31.12.2001, la valeur comptable s’élève à: 110 522

La valeur intrinsèque ou substantielle est identique, car pas de plus-value ou de


moins-value.

- Sur base des différentes méthodes d’évaluation développées au rapport spécial du


conseil d’administration, la valeur moyenne des différentes méthodes et la moyenne
des trois dernières années aboutissent à:

105 483 + 107 122 + 108 673


3 107 093

Il est constaté que la valeur comptable est quasi identique à la valeur économique de
B, sur la base des différentes méthodes d’évaluation.

La valeur comptable des deux sociétés pourrait raisonnablement être retenue comme
rapport d’échange. Néanmoins, les deux conseils d’administration ont décidé, de
commun accord, de reprendre comme valeur d’échange des titres détenus par les
actionnaires de la société absorbée (B) lors de l’augmentation de capital de 148 736
EUR de la société absorbante (A) l’échange d’un titre ancien de B contre un titre
nouveau de A. De telle sorte qu’après l’augmentation de capital de A, le capital sous-
crit s’élèvera à 371 840 EUR et sera représenté par 15 000 actions sans désignation
de valeur nominale, représentant chacune 1/15 000e de la valeur de la S.A. A.

La motivation retenue par les deux conseils d’administration résulte de la conclusion:

• que la valeur économique de chaque entreprise ressort de manière quasi identique


à la valeur comptable;
• que la valeur comptable de chaque entreprise est inférieure à la valeur du capital
initial souscrit en conséquence des pertes antérieures connues par les deux socié-
tés.

Néanmoins, malgré l’avantage financier pour les actionnaires de B qui sera dévelop-
pé ci-après dans un souci total d’information vis-à-vis de l’assemblée générale extra-
ordinaire à réunir, les deux conseils d’administration jugent opportun de prendre com-
me rapport d’échange pour les actionnaires de B une action ancienne contre une
action nouvelle en fonction de l’évolution des résultats positifs des deux sociétés qui,
suivant les espérances des deux conseils d’administration, pourront très rapidement
absorber les pertes cumulées et rétablir une situation des capitaux propres telle qu’el-
le était au départ des souscriptions respectives.

Bien que cette augmentation de capital ne s’effectue pas en espèces, nous calculerons
ci-après l’incidence pour les anciens actionnaires de la limitation de leur droit de

479
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

préférence en conséquence de l’augmentation de capital à intervenir par la fusion par


absorption de B. C’est ainsi que nous déterminerons les conséquences financières du
rapport d’échange pour les anciens actionnaires de l’absorbante.

Il ressort des comptes annuels de la S.A. A:

• que la valeur comptable d’une action s’élève à:

184 188 EUR = 20,465 EUR


9 000

• qu’en fonction de l’actif net au 31.12.2001 de B (société absorbée), le nombre


d’actions à remettre aux actionnaires de B pourrait s’établir comme suit:

110 522 EUR = 5 401 actions


20,465

Or, il est décidé conventionnellement par les deux conseils d’administration, et en


fonction du caractère précaire et momentané des pertes cumulées, de remettre aux
anciens actionnaires de B, contre la remise d’une action ancienne, une action nouvel-
le de A, soit au total 6 000 actions identiques aux précédentes en rémunération de
l’augmentation de capital de 148 736 EUR constatée.

L’incidence financière positive pour les actionnaires de B est en conséquence négati-


ve pour les actionnaires avant fusion de la S.A. A et peut actuellement et globalement
s’établir à:

(6 000 – 5 401 = 599) actions x 20,465 EUR = 12 258

après l’augmentation de capital en conséquence de la fusion des deux sociétés.

La valeur d’une action s’établira alors à:

(184 188 + 110 522) EUR = 19,647 EUR


15 000

tandis qu’avant fusion, la valeur d’une action ressortait à: 20,465 EUR

d’où incidence négative pour les anciens actionnaires de A par action: - 0,818 EUR

D’autre part, avant l’augmentation de capital, les actionnaires anciens de A déte-


naient 100 % du droit de vote, tandis qu’après l’augmentation de capital en consé-
quence de la fusion, les anciens actionnaires disposent alors de 60 % du droit de vote
global. Une dilution de 40 % est alors constatée par l’entrée des anciens actionnaires
de B.

480
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Malgré ces incidences négatives, les deux conseils d’administration décident, dans
l’intérêt social, le rapport d’échange tel qu’exposé ci-avant. L’augmentation de capi-
tal sera de 148 736 EUR contre remise de 6 000 actions sans désignation de valeur
nominale identiques aux précédentes et jouissant des mêmes droits et participant aux
résultats à dater de la réalisation effective de la fusion.

Le capital social sera fixé à 371 840 EUR et représenté par 15 000 actions sans dési-
gnation de valeur nominale, représentant chacune 1/15 000e du capital social.

IV. MOTIVATION DE LA FUSION

L’opération de fusion renforce inévitablement l’assise financière de la S.A. A.

Dans le cadre de l’activité, l’opération projetée permettra de repositionner l’entrepri-


se vers son secteur mobilité qui sera de plus en plus important à l’avenir.

En effet, lors du sommet de Rio de Janeiro, en 1992, les pays industrialisés ont décidé
de réduire les effets nocifs sur l’ozone, le «Protocole de Montréal» limitant l’utilisa-
tion de certains produits nocifs.

Les fabricants ont développé, à ce jour, des peintures classiques, écologiques à l’eau
et organiques, ainsi que des sprays plastiques extrêmement fins en 0,75 mm.

Les camions de marquage de la nouvelle génération peuvent pulvériser tous ces pro-
duits, et particulièrement les peintures à l’eau chauffées à basse température permet-
tant de ne plus bloquer la circulation par des cônes de balisage.

Le remplissage de ces camions et pick-up de grosse capacité allant jusqu’à plus de


3 000 litres se fait par aspiration d’un autre camion de réapprovisionnement.

L’utilisation de l’airless permet une moindre usure des pistolets, lorsque les billes ne
sont pas incorporées à la peinture, mais saupoudrées sous pression.

Le développement de l’électronique permet, en temps réel, de voir la mesure du dé-


bit, la quantité au m2 pulvérisée suivant le poids spécifique et par sorte de peinture
(1.3, 1.2, 1.4, 1.5 kg au litre débité, avec affichage immédiat).

Ce type d’ordinateur de bord est similaire aux ordinateurs de véhicules BMW, Mer-
cedes, Ford, …

Le jour, la date, l’heure, le nombre de mètres courants, la largeur, la quantité totale, la


peinture dans la cuve, … l’ensemble peut être imprimé.

Les camions sont protégés par un amortisseur anti-choc à l’arrière et une cabine de
protection (comprenant l’air filtré conditionné, un réseau de télécommunications chauf-
feur/cabine arrière/véhicule de réapprovisionnement).

481
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La vitesse de marquage peut varier de 20 à 40 km/h suivant la quantité de peinture


demandée et la garantie de résultat.

La mise en commun des activités permettra, suivant l’espérance des conseils d’admi-
nistration de la S.A. A et de la S.A. B, de conquérir des marchés nouveaux en fonction
des agréations et des synergies inévitables en matière de recherche.

Ces synergies portent également sur un meilleur contrôle des charges fixes des deux
entités réunies.
C’est donc dans l’intérêt social que la fusion est proposée par le conseil d’administra-
tion.

V. MODALITES DE LA FUSION

La fusion est établie sur la base des comptes annuels des deux sociétés arrêtés au
31 décembre 2001.Toutes les opérations effectuées à partir du 1er janvier 2002 par la
société B le seront au profit et aux risques de la S.A. A, société absorbante.

La fusion par absorption comprend la totalité des avoirs, actifs et passifs, ainsi que
les droits et engagements de la S.A. B, société absorbée.

La S.A. A issue de la fusion reprendra l’ensemble des engagements et des risques de la


société absorbée.

Aucun avantage particulier ne sera attribué aux membres des organes d’administra-
tion des sociétés appelées à fusionner.

Les projets de fusion seront déposés par chacune des sociétés.

La remise des actions et la responsabilité de l’échange incomberont au conseil d’admi-


nistration de la S.A. A, société absorbante.

Les nouvelles actions de la S.A. A remises en échange des actions de la S.A. B, société
absorbée, jouiront des bénéfices à partir du 1er janvier 2002.

Au terme des opérations de fusion, le bilan au 31 décembre 2001 de la S.A. A se


présentera comme suit (en EUR arrondis):

482
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

ACTIF S.A. A S.A. B S.A. A au


01.01.2002

ACTIFS IMMOBILISES 84 062 38 809 122 871

II. Immobilisations incorporelles 1 670 0 1 670


III.Immobilisations corporelles 30 222 32 336 62 558
IV. Immobilisations financières 52 170 6 473 58 643

ACTIFS CIRCULANTS 844 612 217 894 1 062 506

VI. Stocks et commandes en cours 131 777 8 201 139 978


VII.Créances à un an au plus 671 112 205 223 876 335
IX. Valeurs disponibles 38 481 2 873 41 354
X. Comptes de régularisation 3 242 1 597 4 839
TOTAL DE L’ACTIF 928 674 256 703 1 185 377

PA S S I F S.A. A S.A. B S.A. A au


01.01.2002

CAPITAUX PROPRES 184 187 110 522 294 709

I. Capital 223 104 148 736 371 840


IV. Réserves 21 323 3 099 24 422
V. Perte reportée -60 240 -41 313 -101 553

PROVISIONS ET IMPOTS DIFFERES 54 536 12 394 66 930

VII. Provisions et impôts différés 54 536 12 394 66 930

DETTES 689 951 133 787 823 738

VIII. Dettes à plus d’un an 4 689 0 4 689


IX. Dettes à un an au plus 681 758 133 787 815 545
X. Comptes de régularisation 3 504 0 3 504
TOTAL DU PASSIF 928 674 256 703 1 185 377

Enfin, en application de l’article 695 C. soc., nous avons chargé Monsieur


……………….., expert-comptable, dont les bureaux sont établis à ……………….,
d’établir le rapport prévu.

Fait à …………….., le …………………..


Ont signé
Les membres du conseil d’administration

483
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

b. Exemple de projet de fusion de l’absorbante S.A. A

S.A. A
Siège social ……………………………….

Registre de commerce ………………………………… – TVA …………

PROJET DE FUSION
de la S.A. A
PAR ABSORPTION
de la S.A. B

En notre qualité de conseil d’administration de la société anonyme A, nous déclarons


établir le projet de fusion conformément à l’article 693 C. soc.

I. IDENTIFICATION DES SOCIETES APPELEES A FUSIONNER

La société anonyme A, ayant son siège social à ……………………………………,


se propose de fusionner par absorption de la société anonyme B, ayant son siège
social à ………………………………..

Les sociétés appelées à fusionner peuvent être identifiées comme suit:

1.1. La S.A. A

La société a été constituée aux termes d’un acte reçu par le notaire …………., de
résidence à ………………, en date du ………., et ses statuts ont été publiés par
extrait aux annexes du Moniteur belge du ………., sous le numéro …….

La société est immatriculée au registre de commerce de ………, sous le numéro


……., ainsi qu’à l’Administration de la TVA, sous le numéro ………...

La dernière modification aux statuts concernant une augmentation du capital social a


été publiée aux annexes du Moniteur belge du ………., sous le numéro ………..

484
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La société a pour objet:

L’entreprise de travaux publics et privés, ainsi que toutes les activités qui s’y ratta-
chent directement ou indirectement, et notamment la signalisation routière et l’entre-
prise de travaux de peinture, de décoration, de tapissage et d’ameublement.

Le négoce, l’importation, l’exportation, par elle-même ou en qualité d’agent ou cour-


tier, de tous articles, produits et marchandises quelconques.

Elle pourra réaliser son objet en tous lieux en Belgique ou à l’étranger. Elle pourra
notamment faire toutes opérations industrielles, commerciales, financières et civiles,
mobilières et immobilières, ayant un rapport direct ou indirect avec son objet ou
pouvant en faciliter la réalisation; s’intéresser par voie d’association, d’apports ou de
fusion, de souscription, de participation, d‘intervention financière ou autrement, dans
toutes les sociétés ou entreprises existantes ou à créer, dont l’objet serait analogue au
sien ou connexe ou qui seraient susceptibles de constituer pour elle une source ou un
débouché.

Le capital social, suivant l’article 5 des statuts, est fixé à 223 104,17 EUR. Il est
représenté par neuf mille (9 000) actions sans désignation de valeur nominale, repré-
sentant chacune un neuf millième (1/9 000e) du capital social.

1.2. La S.A. B ayant son siège social à ………….., rue ……………., a été constituée
suivant un acte reçu par le notaire …………., de résidence à ………, en date du
…………., et ses statuts publiés aux annexes du Moniteur belge du ………., sous le
n° ……. A cette époque, la dénomination sociale de la société était
«………………….». Cette dénomination a été changée par acte du notaire précité en
date du ……….. Cette modification a été publiée aux annexes du Moniteur belge du
………., sous le numéro …...

La société est immatriculée au registre de commerce de Bruxelles, sous le numéro


……., ainsi qu’à l’Administration de la TVA, sous le n° ………...

La société a pour objet:

L’étude et la réalisation de tous projets, travaux et entreprises, tant en Belgique qu’à


l’étranger, dans le domaine de la protection de l’aménagement et de l’amélioration de
l’environnement.

Le négoce, achat, vente, importation, exportation ou transit, en Belgique ou à l’étran-


ger, de tous biens meubles et immeubles, marchandises et denrées de toutes prove-
nances et toutes destinations.

Elle pourra réaliser son objet pour son compte ou pour compte de tiers en qualité de
commissionnaire, agent ou courtier, à l’aide de ses fonds propres ou à l’aide de fonds
empruntés à des tiers, à l’exclusion de tout appel à l’épargne publique; elle pourra

485
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

faire toutes études, analyses, recommandations, surveillance de travaux, établisse-


ment de devis, prix de revient, frais de gestion, prester tous services, prendre tous
brevets et licences, en assumer l’exploitation, les déposer, céder ou concéder.

De façon générale, la société peut accomplir, en Belgique ou à l’étranger, toutes les


opérations généralement quelconques, commerciales, industrielles, financières, mo-
bilières ou immobilières, se rapportant directement ou indirectement à son objet.

Elle peut s’intéresser par toutes voies dans toutes entreprises ou sociétés ayant un
objet analogue au sien ou qui soient de nature à favoriser son développement ou
constituant pour elle une source de débouchés.

Le capital social

En date du ………. s’est réunie l’assemblée générale extraordinaire de la société afin


de procéder à l’augmentation de capital de la société. Cette augmentation a été pu-
bliée aux annexes du Moniteur belge du ………., sous le n°………...

Le capital social, suivant l’article 5 des statuts, est fixé à 148 736,11 EUR. Il est
représenté par 6 000 actions d’une valeur nominale de 24,79 EUR.

La société B a développé un objet social connexe et complémentaire à la S.A. A.


L’avantage de cette fusion est évident et permettra de réaliser d’importantes syner-
gies et de mieux se positionner sur le marché.

II. DESCRIPTION DES SOCIETES APPELEES A FUSIONNER

Les sociétés sont appelées à fusionner sur la base des comptes annuels arrêtés au
31.12.2001.

Ces comptes seront approuvés préalablement à l’opération de fusion par un point


spécial qui sera prévu à l’assemblée générale extraordinaire décidant de la fusion de
la société anonyme A par absorption de la société anonyme B.

En application de l’article 693 C. soc., la date à partir de laquelle les opérations de la


société absorbée (B) seront considérées du point de vue comptable comme accom-
plies pour le compte de la société absorbante (A) est le 1er janvier 2002.

Les situations comptables prises en considération en termes de bilan au 31.12.2001


se résument comme suit:

486
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2.1. POUR LA S.A. A

A L’ACTIF AU PASSIF

ACTIFS IMMOBILISES 84 062 CAPITAUX PROPRES 184 187


II. Immobilisations incor-
porelles 1 670 I. Capital 223 104
III. Immobilisations corpo- IV. Réserves 21 323
relles 30 222 V. Perte reportée -60 240
IV. Immobilisations finan-
cières 52 170

ACTIFS CIRCULANTS 844 612 PROVISIONS ET IMPOTS 54 536


DIFFERES
VI. Stocks et commandes en 131 777 VII. Provisions pour risques 54 536
cours d’exécution et charges
VII. Créances à un an au plus 671 112
IX. Valeurs disponibles 38 481 DETTES 689 951
X. Comptes de régularisation 3 242 VIII. Dettes à plus d’un an 4 689
IX. Dettes à un an au plus 681 758
X. Comptes de régularisation 3 504

TOTAL DE L’ACTIF 928 674 TOTAL DU PASSIF 928 674

2.2. POUR LA S.A. B

A L’ACTIF AU PASSIF

ACTIFS IMMOBILISES 38 809 CAPITAUX PROPRES 110 522


III. Immobilisations cor-
porelles 32 336 I. Capital 148 736
IV. Immobilisations finan- IV. Réserves 3 099
cières 6 473 V. Perte reportée -41 313
ACTIFS CIRCULANTS 217 894 PROVISIONS ET IMPOTS 12 394
DIFFERES
VI. Stocks et commandes en 8 201 VII. Provisions pour risques 12 394
cours d’exécution et charges
VII. Créances à un an au plus 205 223
IX. Valeurs disponibles 2 873 DETTES 133 787
X. Comptes de régularisation 1 597 IX. Dettes à un an au plus 133 787

TOTAL DE L’ACTIF 256 703 TOTAL DU PASSIF 256 703

487
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

III. FIXATION DU RAPPORT D’ECHANGE

3.0. Avertissement

Comme le décrit clairement le rapport spécial que nous avons établi exposant la si-
tuation patrimoniale des deux sociétés appelées à fusionner, nous expliquons, d’une
part, du point de vue juridique et économique, l’opportunité, les conditions, les mo-
dalités et les conséquences de la fusion et, d’autre part, nous développons les métho-
des suivies pour la détermination du rapport d’échange des actions et l’importance
relative qui est donnée à ces méthodes, ainsi que les valeurs auxquelles chaque mé-
thode parvient. C’est ainsi que nous reprendrons, ci-après, le développement en syn-
thèse des accords qui ont été pris entre les deux conseils d’administration aboutissant
au rapport d’échange proposé.

3.1. Le rapport d’échange se base:

• sur les mêmes règles d’évaluation, tant pour la société absorbante (A) que pour la
société absorbée (B);
• sur les mêmes méthodes de valorisation.

C’est ainsi qu’il ressort des comptes annuels des deux sociétés les éléments de base
suivants:

Pour la S.A. A

Les critères d’évaluation sont identiques aux critères appliqués à la société B (absor-
bée), de telle sorte que les éléments constitutifs des comptes annuels sont compara-
bles.

L’actif net ressort à: EUR

Capital souscrit 223 104


(représenté par 9 000 actions, sans désignation de valeur nominale)
Réserves 21 323
Pertes reportées -60 240
184 187

L’évolution des résultats est la suivante au 31.12.2001:

2001 - EUR 2000 - EUR 1999 - EUR


Résultats nets 4 633 -1 072 825
Amortissements 26 625 30 127 17 363
Provisions 29 747 24 789 0
Cash-flow 61 005 53 844 18 188

488
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Soit résultat moyen pour les trois derniers exercices: EUR

Résultats 1 462
Amortissements 24 705
Provisions 18 179
Cash-flow 44 346

Pour la S.A. B

L’actif net ressort à: EUR

Capital souscrit 148 736


(représenté par 6 000 actions, sans désignation de valeur nominale)
Réserves 3 099
Pertes reportées -41 313
110 522
L’évolution des résultats est la suivante au 31.12.2001:
2001 - EUR 2000 - EUR 1999 – EUR
Résultat nets 11 280 -3 506 3 150
Amortissements 9 762 3 498 7 022
Provisions 2 479 9 916 0
Cash-flow 23 521 9 908 10 172

Soit résultat moyen pour les trois derniers exercices: EUR

Résultats 3 641
Amortissements 6 761
Provisions 4 132
Cash-flow 14 534

Tant pour la société absorbante (A) que pour la société absorbée (B), il n’existe aucu-
ne plus ou moins-value latente qui n’aurait été exprimée dans les comptes, de telle
sorte que, dans le cas présent, l’actif net tel qu’il ressort ci-avant correspond à la
valeur intrinsèque ou à la valeur substantielle des entreprises en présence.

Les méthodes de valorisation retenues ont été développées et reprises à l’annexe du


rapport spécial des conseils d’administration de la S.A. A et la S.A. B et peuvent se
résumer comme suit:

Pour A

Méthodes classiques
C’est-à-dire que la valeur de l’entreprise se base sur l’actif net corrigé augmenté de
l’évaluation du fonds de commerce. Le fonds de commerce étant un multiple du
bénéfice net ou du cash-flow, l’application de ces méthodes ne prend pas en compte
la valeur de la direction du personnel et ne projette pas l’entreprise dans son avenir.

489
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Il sera pris un taux d’actualisation du marché qui se base sur le rendement des obliga-
tions en y ajoutant une prime de risque de 50 % du taux normal. Le taux pris en
considération s’élève ainsi à 7,5 %.

Méthode de rendement
Il s’agit de l’application du bénéfice moyen futur durant 5 ans sur la base d’un taux
d’actualisation de 7,5 %.

Méthode UEC
Il s’agit de l’application moyenne de la méthode simplifiée et normale suivant la
rentabilité dégagée par l’entreprise sur une durée de 5 ans et sur la base d’un taux de
7,5 %.

Autres méthodes
Nous avons repris en moyenne la méthode anglo-saxonne des praticiens et l’actuali-
sation des cash-flows.

Elles aboutissent aux évaluations suivantes (en EUR):

- pour rappel, au 31.12.2001, la valeur comptable s’élève à EUR:


184 188

La valeur intrinsèque ou substantielle est identique, car pas de plus-value ou de


moins-value.

- Sur la base des différentes méthodes d’évaluation développées au rapport spécial


du conseil d’administration, la valeur moyenne des différentes méthodes et la
moyenne des trois dernières années aboutissent à EUR:

180 477 + 184 999 + 189 247 184 908


3

Il est constaté que la valeur comptable est quasi identique à la valeur économique de
A, sur la base des différentes méthodes d’évaluation.

Pour B

- Pour rappel, au 31.12.2001, la valeur comptable s’élève à EUR: 110 522

La valeur instrinsèque ou substantielle est identique, car pas de plus-value ou de


moins-value.

- Sur la base des différentes méthodes d’évaluation développées au rapport spécial


du conseil d’administration, la valeur moyenne des différentes méthodes et la
moyenne des trois dernières années aboutissent à EUR:

105 483 + 107 122 + 108 673 107 093


3

490
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Il est constaté que la valeur comptable est quasi identique à la valeur économique de
B, sur la base des différentes méthodes d’évaluation.

La valeur comptable des deux sociétés pourrait raisonnablement être retenue comme
rapport d’échange. Néanmoins, les deux conseils d’administration ont décidé, de
commun accord, de reprendre comme valeur d’échange des titres détenus par les
actionnaires de la société absorbée (B) lors de l’augmentation de capital de 148 736
EUR de la société absorbante (A), l’échange d’un titre ancien de B contre un titre
nouveau de A. De telle sorte qu’après l’augmentation de capital de A, le capital sous-
crit s’élèvera à 371 840 EUR et sera représenté par 15 000 actions sans désignation
de valeur nominale, représentant chacune 1/15 000e de la valeur de la S.A. A.

La motivation retenue par les deux conseils d’administration résulte de la conclusion:

• que la valeur économique de chaque entreprise ressort de manière quasi identique


à la valeur comptable;
• que la valeur comptable de chaque entreprise est inférieure à la valeur du capital
initial souscrit en conséquence des pertes antérieures connues par les deux socié-
tés.

Néanmoins, malgré l’avantage financier pour les actionnaires de B qui sera dévelop-
pé ci-après dans un souci total d’information vis-à-vis de l’assemblée générale extra-
ordinaire à réunir, les deux conseils d’administration jugent opportun de prendre com-
me rapport d’échange pour les actionnaires de B une action ancienne contre une
action nouvelle en fonction de l’évolution des résultats positifs des deux sociétés qui,
suivant les espérances des deux conseils d’administration, pourront très rapidement
absorber les pertes cumulées et rétablir une situation des capitaux propres telle qu’el-
le était au départ des souscriptions respectives.

Bien que cette augmentation de capital ne s’effectue pas en espèces, nous calcule-
rons, ci-après, l’incidence pour les anciens actionnaires de la limitation de leur droit
de préférence en conséquence de l’augmentation de capital à intervenir par la fusion
par absorption de B. C’est ainsi que nous déterminerons les conséquences financiè-
res du rapport d’échange pour les anciens actionnaires de l’absorbante.

Il ressort des comptes annuels de la S.A. A:

• que la valeur comptable d’une action s’élève à:

184 188 EUR = 20,465


9 000

• qu’en fonction de l’actif net au 31.12.2001 de B (société absorbée), le nombre


d’actions à remettre aux actionnaires de B pourrait s’établir comme suit:

110 522 EUR = 5 401 actions


20,465

491
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Or, il est décidé conventionnellement par les deux conseils d’administration, et


en fonction du caractère précaire et momentané des pertes cumulées, de remet-
tre aux anciens actionnaires de B, contre la remise d’une action ancienne, une
action nouvelle de A, soit au total 6 000 actions identiques aux précédentes en
rémunération de l’augmentation de capital de 148 736 EUR constatée.

L’incidence financière positive pour les actionnaires de B est en conséquence négati-


ve pour les actionnaires avant fusion de la S.A. A et peut actuellement et globalement
s’établir à:

(6 000 – 5 401 = 599) actions x 20,465 EUR = 12 258

après l’augmentation de capital en conséquence de la fusion des deux sociétés.

La valeur d’une action s’établira alors à:

(184 188 + 110 522) EUR = 19,647 EUR


15 000

tandis qu’avant fusion, la valeur d’une action ressortait à: 20,465 EUR

d’où incidence négative pour les anciens actionnaires de A par action: – 0,818 EUR

D’autre part, avant l’augmentation de capital, les actionnaires anciens de A déte-


naient 100 % du droit de vote, tandis qu’après l’augmentation de capital en consé-
quence de la fusion, les anciens actionnaires disposent alors de 60 % du droit de vote
global. Une dilution de 40 % est alors constatée par l’entrée des anciens actionnaires
de B.

Malgré ces incidences négatives, les deux conseils d’administration décident, dans
l’intérêt social, le rapport d’échange tel qu’exposé ci-avant. L’augmentation de capi-
tal sera de 148 736 EUR contre remise de 6 000 actions sans désignation de valeur
nominale identiques aux précédentes et jouissant des mêmes droits et participant aux
résultats à dater de la réalisation effective de la fusion.

Le capital social sera fixé à 371 840 EUR et représenté par 15 000 actions sans dési-
gnation de valeur nominale, représentant chacune 1/15 000e du capital social.

IV. MOTIVATION DE LA FUSION


L’opération de fusion renforce inévitablement l’assise financière de la S.A. A.
Dans le cadre de l’activité, l’opération projetée permettra de repositionner l’entrepri-
se vers son secteur mobilité qui sera de plus en plus important à l’avenir.
En effet, lors du sommet de Rio de Janeiro, en 1992, les pays industrialisés ont décidé
de réduire les effets nocifs sur l’ozone, le «Protocole de Montréal» limitant l’utilisa-
tion de certains produits nocifs.

492
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Les fabricants ont développé, à ce jour, des peintures classiques, écologiques à l’eau
et organiques, ainsi que des sprays plastiques extrêmement fins en 0,75 mm.

Les camions de marquage de la nouvelle génération peuvent pulvériser tous ces pro-
duits et particulièrement les peintures à l’eau chauffées à basse température permet-
tant de ne plus bloquer la circulation par des cônes de balisage.

Le remplissage de ces camions et pick-up de grosse capacité allant jusqu’à plus de 3


000 litres se fait par aspiration d’un autre camion de réapprovisionnement.

L’utilisation de l’airless permet une moindre usure des pistolets, lorsque les billes ne
sont pas incorporées à la peinture, mais saupoudrées sous pression.

Le développement de l’électronique permet, en temps réel, de voir la mesure du dé-


bit, la quantité au m_ pulvérisée suivant le poids spécifique et par sorte de peinture
(1.3, 1.2, 1.4, 1.5 kg au litre débité, avec affichage immédiat).

Ce type d’ordinateur de bord est similaire aux ordinateurs de véhicules BMW, Mer-
cedes, Ford, …

Le jour, la date, l’heure, le nombre de mètres courants, la largeur, la quantité totale, la


peinture dans la cuve, … l’ensemble peut être imprimé.

Les camions sont protégés par un amortisseur anti-choc à l’arrière et une cabine de
protection (comprenant l’air filtré conditionné, un réseau de télécommunications chauf-
feur/cabine arrière/véhicule de réapprovisionnement).

La vitesse de marquage peut varier de 20 à 40 km/h suivant la quantité de peinture


demandée et la garantie de résultat.

La mise en commun des activités permettra, suivant l’espérance des conseils d’admi-
nistration de la S.A. A et de la S.A. B, de conquérir des marchés nouveaux en fonction
des agréations et des synergies inévitables en matière de recherche.

Ces synergies portent également sur un meilleur contrôle des charges fixes des deux
entités réunies. C’est donc dans l’intérêt social que la fusion est proposée par le con-
seil d’administration.

V. MODALITES DE LA FUSION

La fusion est établie sur la base des comptes annuels des deux sociétés arrêtés au
31 décembre 2001.Toutes les opérations effectuées à partir du 1er janvier 2002 par la
S.A. B le seront au profit et aux risques de la S.A. A, société absorbante.

La fusion par absorption comprend la totalité des avoirs, actifs et passifs, ainsi que
les droits et engagements de la S.A. B, société absorbée.

493
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La S.A. A issue de la fusion reprendra l’ensemble des engagements et des risques de la


société absorbée.

Les émoluments attribués à l’expert-comptable chargé de l’opération de fusion, dans


le cadre de la rédaction du rapport prévu à l’article 693 C. soc., Monsieur
………………, dont les bureaux sont établis à ………………………………….,
s’élèveront à ………. EUR, hors TVA.

Comme indiqué au chapitre précédent, il sera créé 6 000 actions nouvelles de la S.A.
A contre la remise des 6 000 actions anciennes détenues par les actionnaires de la S.A.
B, qui deviennent alors actionnaires de la S.A. A, représentant un capital supplémen-
taire de 148 735 EUR.

Les actions nouvelles seront sans désignation de valeur nominale, identiques aux
précédentes et jouissant des mêmes droits et avantages à partir de la réalisation effec-
tive de la fusion.

Au terme des opérations de fusion, le bilan au 1er janvier 2002 de la S.A. A s’établira
comme suit (en EUR arrondis):

ACTIF S.A. A S.A. B S.A. A au


01.01.2002
ACTIFS IMMOBILISES 84 062 38 809 122 871

II. Immobilisations incorporelles 1 670 0 1 670


III.Immobilisations corporelles 30 222 32 336 62 558
IV. Immobilisations financières 52 170 6 473 58 643

ACTIFS CIRCULANTS 844 612 217 894 1 062 506

VI. Stocks et commandes en cours 131 777 8 201 139 978


VII.Créances à un an au plus 671 112 205 223 876 335
IX. Valeurs disponibles 38 481 2 873 41 354
X. Comptes de régularisation 3 242 1 597 4 839

TOTAL DE L’ACTIF 928 674 256 703 1 185 377

494
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

PASSIF S.A. A S.A. B S.A. A au


01.01.2002

CAPITAUX PROPRES 184 187 110 522 294 709

I. Capital 223 104 148 736 371 840


IV.Réserves 21 323 3 099 24 422
V. Perte reportée -60 240 -41 313 -101 553

PROVISIONS ET IMPOTS DIFFERES 54 536 12 394 66 930

VII. Provisions et impôts différés 54 536 12 394 66 930

DETTES 689 951 133 787 823 738

VIII. Dettes
à plus d’un an 4 689 0 4 689
IX.Dettes à un an au plus 681 758 133 787 815 545
X. Comptes de régularisation 3 504 0 3 504

TOTAL DU PASSIF 928 674 256 703 1 185 377

Les projets de fusion seront déposés par chacune des sociétés appelées à fusionner au
greffe du tribunal de commerce de ………...

Fait à ………….., le ……………………………….

Ont signé

Les administrateurs

c. Exemple de rapport de l’expert-comptable

FUSION DE LA

S.A. A
Siège social ……………………………………

PAR ABSORPTION DE LA
S.A. B

Rapport prévu par l’article 695 C. soc.

495
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

I. M I S S I O N

Je soussigné, …………………., expert-comptable, dont les bureaux sont situés à


………………………………., désigné par le conseil d’administration de la S.A. A,
rue ……………. à ………….., et par le conseil d’administration de la S.A. B, dont le
siège social se trouve ……………………………., ai l’honneur de présenter ci-après,
conformément à l’article 695 C. soc., le rapport prévu par la loi sur les projets de
fusion.

L’opération prévoit la fusion de la S.A. A par absorption de la S.A. B.

En vertu de la mission qui m’a été confiée, le rapport sur le projet de fusion portera
sur:

• la déclaration de la pertinence ou non et du caractère raisonnable du rapport


d’échange;
• les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange proposé;
• l’appropriation ou non des différentes méthodes et le maintien des valeurs aux-
quelles chacune de ces méthodes conduit, ainsi qu’un avis sur l’importance rela-
tive donnée à ces méthodes dans la détermination de la valeur retenue;
• le cas échéant, les difficultés engendrées par l’évaluation.

La présente opération ne prévoit aucune soulte en espèces.

J’ai effectué, selon les modes usuels et en conformité avec les normes de l’Institut
des Experts-comptables et des Conseils fiscaux, des vérifications concernant l’exis-
tence et la sincérité des actifs et passifs des sociétés anonymes A et B.

Je signale que la société ………………………, dont le siège social est situé à


……………………………., exerce une mission permanente de vérification au sein
de la société.

J’ai reçu confirmation écrite de ma mission par courrier du ………. dans lequel les
conseils d’administration des sociétés anonymes A et B me confirment qu’aucun
confrère n’a été chargé de la même mission.

On trouvera ci-après les résultats des travaux auxquels j’ai procédé.

II. IDENTIFICATION DE L’OPERATION PROJETEE

2.0. Les sociétés sont appelées à fusionner sur la base des comptes annuels arrêtés au
31.12.2001.

Ces comptes seront approuvés préalablement à l’opération de fusion par un point


spécial qui sera prévu à l’assemblée générale extraordinaire décidant de la fusion de
la société anonyme A par absorption de la société anonyme B.

496
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

En application de l’article 693 C. soc., la date à partir de laquelle les opérations de la


société absorbée (B) seront considérées du point de vue comptable comme accom-
plies pour le compte de la société absorbante (A) est le 1er janvier 2002.

2.1. Du rapport spécial des conseils d’administration des sociétés entrant dans
le périmètre de la fusion

J’ai examiné les rapports spéciaux du conseil d’administration de la S.A. A (société


absorbante) et de la S.A. B (société absorbée).
Ce rapport explique la situation patrimoniale au 31 décembre 2001 des sociétés ap-
pelées à fusionner. Il explique et justifie du point de vue juridique et économique
l’intérêt social, l’opportunité, les conditions, les modalités, les conséquences de la
fusion, ainsi que les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange
des parts. Il expose l’importance de ces méthodes et les valeurs auxquelles chaque
méthode aboutit.

2.2. Du projet de fusion des sociétés entrant dans le périmètre de la fusion

Le projet de fusion établi par les organes chargés de l’administration des sociétés
anonymes A et B indique clairement les points à reprendre et prévus à l’article 693 C.
soc., et notamment:

• la forme, la dénomination, l’objet social des sociétés appelées à fusionner;


• le rapport d’échange des actions;
• les modalités de remise des actions de la société absorbante;
• la date à partir de laquelle ces actions auront le droit de participer aux bénéfices;
• la date à partir de laquelle les opérations de la société à absorber sont considérées
du point de vue comptable comme accomplies pour le compte de la société absor-
bante;
• les droits assurés par la société absorbante aux actionnaires de la société à absor-
ber;
• les émoluments attribués au réviseur chargé de la rédaction du présent rapport;
• s’il échet, les avantages particuliers attribués aux membres des organes de ges-
tion des sociétés appelées à fusionner.

Comme il sera exposé au présent rapport pour la détermination du rapport d’échange,


les méthodes proposées et la méthode retenue sont correctes et appropriées.
Il n’existe pas de soulte en espèces.

J’ai pu constater:

• que le projet de fusion a été déposé au greffe du tribunal de commerce de


………………., en date du …………..;
• qu’il n’existe pas d’événements importants de nature à modifier le rapport
d’échange proposé ainsi que la fusion des deux sociétés;
• que l’information des tiers est complète et que les rapports spéciaux des con-
seils d’administration des sociétés anonymes A et B correspondent exacte-
ment à ce qui est prévu par l’article 694 C. soc.

497
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2.3. Identification de la S.A. A (société absorbante) et de la S.A. B (société absor-


bée)

2.3.0. S.A. A

La société a été constituée aux termes d’un acte reçu par le notaire …………., de
résidence à ………………, en date du ………., et ses statuts ont été publiés par
extrait aux annexes du Moniteur belge du ………., sous le numéro …….

La société est immatriculée au registre de commerce de …………., sous le numéro


……., ainsi qu’à l’Administration de la TVA, sous le numéro ………...

La dernière modification aux statuts concernant une augmentation du capital social a


été publiée aux annexes du Moniteur belge du ………., sous le numéro ……….

La société a pour objet:

L’entreprise de travaux publics et privés, ainsi que toutes les activités qui s’y ratta-
chent directement ou indirectement, et notamment la signalisation routière et l’entre-
prise de travaux de peinture, de décoration, de tapissage et d’ameublement.

Le négoce, l’importation, l’exportation, par elle-même ou en qualité d’agent ou cour-


tier, de tous articles, produits et marchandises quelconques.

Elle pourra réaliser son objet en tous lieux en Belgique ou à l’étranger. Elle pourra
notamment faire toutes opérations industrielles, commerciales, financières et civiles,
mobilières et immobilières, ayant un rapport direct ou indirect avec son objet ou
pouvant en faciliter la réalisation; s’intéresser par voie d’association d’apports ou de
fusion, de souscription, de participation, d‘intervention financière ou autrement, dans
toutes les sociétés ou entreprises existantes ou à créer, dont l’objet serait analogue au
sien ou connexe ou qui seraient susceptibles de constituer pour elle une source ou un
débouché.

Le capital social, suivant l’article 5 des statuts, est fixé à 223 104,17 EUR. Il est
représenté par neuf mille (9 000) actions sans désignation de valeur nominale, repré-
sentant chacune un neuf millième (1/9 000e) du capital social.

2.3.1. s.a. B

Ayant son siège social à ………….., rue ……………., a été constituée suivant un
acte reçu par le notaire …………., de résidence à ………, en date du ………., et ses
statuts publiés aux annexes du Moniteur belge du ………., sous le n° ……. A cette
époque, la dénomination sociale de la société était «………………….».
Cette dénomination a été changée par acte du notaire précité en date du ………..
Cette modification a été publiée aux annexes du Moniteur belge du ………., sous le
numéro …...
La société est immatriculée au registre de commerce de …………, sous le numéro
……., ainsi qu’à l’Administration de la TVA, sous le n° ………...

498
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La société a pour objet:


L’étude et la réalisation de tous projets, travaux et entreprises, tant en Belgique qu’à
l’étranger, dans le domaine de la protection de l’aménagement et de l’amélioration de
l’environnement.

Le négoce, achat, vente, importation, exportation ou transit, en Belgique ou à l’étran-


ger, de tous biens meubles et immeubles, marchandises et denrées de toutes prove-
nances et toutes destinations.

Elle pourra réaliser son objet pour son compte ou pour compte de tiers en qualité de
commissionnaire, agent ou courtier, à l’aide de ses fonds propres ou à l’aide de fonds
empruntés à des tiers, à l’exclusion de tout appel à l’épargne publique; elle pourra
faire toutes études, analyses, recommandations, surveillance de travaux, établisse-
ment de devis, prix de revient, frais de gestion, prester tous services, prendre tous
brevets et licences, en assumer l’exploitation, les déposer, céder ou concéder.

De façon générale, la société peut accomplir, en Belgique ou à l’étranger, toutes les


opérations généralement quelconques, commerciales, industrielles, financières, mo-
bilières ou immobilières, se rapportant directement ou indirectement à son objet.

Elle peut s’intéresser par toutes voies dans toutes entreprises ou sociétés ayant un
objet analogue au sien ou qui soit de nature à favoriser son développement ou cons-
tituant pour elle une source de débouchés.

Le capital social
En date du ………. s’est réunie l’assemblée générale extraordinaire de la société afin
de procéder à l’augmentation de capital de la société. Cette augmentation a été pu-
bliée aux annexes du Moniteur belge du ………., sous le n° ………..

Le capital social, suivant l’article 5 des statuts, est fixé à 148 736,11 EUR. Il est
représenté par 6 000 actions d’une valeur nominale de 24,79 EUR.

La société B a développé un objet social connexe et complémentaire à la S.A. A.


L’avantage de cette fusion est évident et permettra de réaliser d’importantes syner-
gies et de mieux se positionner sur le marché.

III. METHODE D’EXECUTION DU CONTROLE


Préalablement aux conclusions à émettre sur le rapport d’échange des actions et de
son caractère pertinent et raisonnable et avant de dire si la méthode est appropriée en
indiquant les valeurs auxquelles conduit chacune des méthodes, j’ai procédé plus
particulièrement à l’examen:
• des bilans de la S.A. A (société absorbante) et de la S.A. B (société absorbée) au 31
décembre 2001;
• des règles d’évaluation qui sont identiques, tant pour l’absorbante que pour l’ab-
sorbée;

499
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

• des méthodes de valorisation identiques.

On trouvera ci-après la synthèse des éléments vérifiés, ainsi qu’en annexes 1 et 2, les
bilans et résultats au 31 décembre 2001 servant de base à la fusion de la S.A. A par
absorption de la S.A. B.

3.1. BILAN AU 31.12.2001 DE LA S.A. A

A L’ACTIF AU PASSIF
Actifs immobilisés 84 062 Capitaux propres 184 187
II. Immobilisations incor-
porelles 1 670 I. Capital 223 104
III. Immobilisations corpo-
relles 30 222 IV. Réserves 21 323
IV. Immobilisations finan-
cières 52 170 V. Perte reportée -60 240

Actifs circulants 844 612 Provisions et impôts différés 54 536


VI. Stocks et commandes en 131 777 VII. Provisions pour risques 54 536
cours d’exécution et charges
VII. Créances à un an au plus 671 112
IX. Valeurs disponibles 38 481 Dettes 689 951
X. Comptes de régularisation 3 242 VIII. Dettes à plus d’un an 4 689
IX. Dettes à un an au plus 681 758
X. Comptes de régularisation 3 504
TOTAL DE L’ACTIF 928 674 TOTAL DU PASSIF 928 674

3.2. BILAN AU 31.12.2001 DE LA S.A. B

A L’ACTIF AU PASSIF
Actif immobilisés 38 809 Capitaux propres 110 522
III. Immobilisations corpo-
relles 32 336 I. Capital 148 736
IV. Immobilisations finan-
cières 6 473 IV. Réserves 3 099
V. Perte reportée -41 313

Actifs circulants 217 894 Provisions et impôts différés 12 394


VI. Stocks et commandes en 8 201 VII. Provisions pour risques 12 394
cours d’exécution et charges
VII. Créances à un an au plus 205 223
IX. Valeurs disponibles 2 873 Dettes 133 787
X. Comptes de régularisation 1 597 IX. Dettes à un an au plus 133 787
TOTAL DE L’ACTIF 256 703 TOTAL DU PASSIF 256 703

L’organisation administrative et comptable des sociétés appelées à fusionner m’a


permis d’apprécier la fiabilité et l’exactitude des documents financiers qui sont à la
base des évaluations arrêtées.

500
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

IV. APPRECIATION DES METHODES D’EVALUATION RETENUES POUR


LE RAPPORT D’ECHANGE

4.0. Avertissement

Afin d’éclairer le lecteur, je reprendrai ci-après le chapitre particulier repris dans le


projet de fusion qui développe complètement les différentes méthodes retenues pour
le rapport d’échange.

Le rapport d’échange se base:

• sur les mêmes règles d’évaluation, tant pour la société absorbante (A) que pour la
société absorbée (B);
• sur les mêmes méthodes de valorisation.

C’est ainsi qu’il ressort des comptes annuels des deux sociétés les éléments de base
suivants:

Pour la S.A. A

Les critères d’évaluation sont identiques aux critères appliqués à la société B (absor-
bée), de telle sorte que les éléments constitutifs des comptes annuels sont compara-
bles.

L’actif net ressort à: EUR

Capital souscrit 223 104


(représenté par 9 000 actions, sans désignation de valeur nominale)
Réserves 21 323
Perte reportée -60 240
184 187

L’évolution des résultats est la suivante au 31.12.2001:

2001 – EUR 2000 - EUR 1999 - EUR


Résultats nets 4 633 -1 072 825
Amortissements 26 625 30 127 17 363
Provisions 29 747 24 789 0
Cash-flow 61 005 53 844 18 188

Soit, résultat moyen pour les trois derniers exercices: EUR

Résultats 1 462
Amortissements 24 705
Provisions 18 179
Cash-flow 44 346

501
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Pour la S.A. B

L’actif net ressort à: EUR

Capital souscrit 148 736


(représenté par 6 000 actions, sans désignation de valeur nominale)
Réserves 3 099
Pertes reportée -41 313
110 522
L’évolution des résultats est la suivante au 31.12.2001:

2001 – EUR 2000 – EUR 1999 - EUR


Résultats nets 11 280 -3 506 3 150
Amortissements 9 762 3 498 7 022
Provisions 2 479 9 916 0
Cash-flow 23 521 9 908 10 172

Soit, résultat moyen pour les trois derniers exercices: EUR

Résultats 3 641
Amortissements 6 761
Provisions 4 132
Cash-flow 14 534

Tant pour la société absorbante (A) que pour la société absorbée (B), il n’existe aucu-
ne plus ou moins-value latente qui n’aurait été exprimée dans les comptes, de telle
sorte que, dans le cas présent, l’actif net tel qu’il ressort ci-avant correspond à la
valeur intrinsèque ou à la valeur substantielle des entreprises en présence.
Les méthodes de valorisation retenues ont été développées et reprises à l’annexe du
rapport spécial des conseils d’administration respectifs et peuvent se résumer comme
suit:

Méthodes classiques
C’est-à-dire que la valeur de l’entreprise se base sur l’actif net corrigé augmenté de
l’évaluation du fonds de commerce. Le fonds de commerce étant un multiple du
bénéfice net ou du cash-flow, l’application de ces méthodes ne prend pas en compte
la valeur de la direction du personnel et ne projette pas l’entreprise dans son avenir.
Il sera pris un taux d’actualisation du marché qui se base sur le rendement des obliga-
tions en y ajoutant une prime de risque de 50 % du taux normal. Le taux pris en
considération s’élève ainsi à 7,5 %.

Méthode de rendement
Il s’agit de l’application du bénéfice moyen futur durant 5 ans sur la base d’un taux
d’actualisation de 7,5 %.

Méthode UEC
Il s’agit de l’application moyenne de la méthode simplifiée et normale suivant la renta-
bilité dégagée par l’entreprise sur une durée de 5 ans et sur la base d’un taux de 7,5 %.

502
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Autres méthodes
Nous avons repris en moyenne la méthode anglo-saxonne des praticiens et l’actuali-
sation des cash-flows.

Elles aboutissent aux évaluations suivantes (en EUR):

Pour A

- Pour rappel, au 31.12.2001, la valeur comptable s’élève à EUR: 184 188

La valeur intrinsèque ou substantielle est identique, car pas de plus-value ou de


moins-value.

- Sur la base des différentes méthodes d’évaluation développées au rapport spécial


du conseil d’administration, la valeur moyenne des différentes méthodes et la
moyenne des trois dernières années aboutissent à EUR:

180 477 + 184 999 + 189 247 184 908


3

Il est constaté que la valeur comptable est quasi identique à la valeur économique de
A, sur la base des différentes méthodes d’évaluation.

Pour B

- Pour rappel, au 31.12.2001, la valeur comptable s’élève à EUR: 110 522

La valeur instrinsèque ou substantielle est identique, car pas de plus-value ou de


moins-value.

- Sur la base des différentes méthodes d’évaluation développées au rapport spécial


du conseil d’administration, la valeur moyenne des différentes méthodes et la
moyenne des trois dernières années aboutissent à EUR:

105 483 + 107 122 + 108 673 107 093


3

Il est constaté que la valeur comptable est quasi identique à la valeur économique de
B, sur la base des différentes méthodes d’évaluation.

La valeur comptable des deux sociétés pourrait raisonnablement être retenue


comme rapport d’échange. Néanmoins, les deux conseils d’administration ont
décidé, de commun accord, de reprendre comme valeur d’échange des titres
détenus par les actionnaires de la société absorbée (B) lors de l’augmentation de
capital de 148 736 EUR de la société absorbante (A), l’échange d’un titre ancien
de B contre un titre nouveau de A. De telle sorte qu’après l’augmentation de
capital de A, le capital souscrit s’élèvera à 371 840 EUR et sera représenté par

503
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

15 000 actions sans désignation de valeur nominale, représentant chacune


e
1/15 000 de la valeur de la S.A. A.

La motivation retenue par les deux conseils d’administration résulte de la conclusion:

• que la valeur économique de chaque entreprise ressort de manière quasi identique


à la valeur comptable;
• que la valeur comptable de chaque entreprise est inférieure à la valeur du capital
initial souscrit en conséquence des pertes antérieures connues par les deux socié-
tés.

Néanmoins, malgré l’avantage financier pour les actionnaires de B qui sera dévelop-
pé ci-après dans un souci total d’information vis-à-vis de l’assemblée générale extra-
ordinaire à réunir, les deux conseils d’administration jugent opportun de prendre com-
me rapport d’échange pour les actionnaires de B une action ancienne contre une
action nouvelle en fonction de l’évolution des résultats positifs des deux sociétés qui,
suivant les espérances des deux conseils d’administration, pourront très rapidement
absorber les pertes cumulées et rétablir une situation des capitaux propres telle qu’el-
le était au départ des souscriptions respectives.

Bien que cette augmentation de capital ne s’effectue pas en espèces, nous calculerons
ci-après l’incidence pour les anciens actionnaires de la limitation de leur droit de
préférence en conséquence de l’augmentation de capital à intervenir par la fusion par
absorption de B. C’est ainsi que nous déterminerons les conséquences financières du
rapport d’échange pour les anciens actionnaires de l’absorbante.

Il ressort des comptes annuels de la S.A. A:

• que la valeur comptable d’une action s’élève à:

184 188 EUR = 20,465


9 000

• qu’en fonction de l’actif net au 31.12.2001 de B (société absorbée), le nombre


d’actions à remettre aux actionnaires de B pourrait s’établir comme suit:

110 522 EUR = 5 401 actions


20,465

Or, il est décidé conventionnellement par les deux conseils d’administration, et en


fonction du caractère précaire et momentané des pertes cumulées, de remettre aux
anciens actionnaires de B, contre la remise d’une action ancienne, une action nouvel-
le de A, soit au total 6 000 actions identiques aux précédentes en rémunération de
l’augmentation de capital de 148 736 EUR constatée.

L’incidence financière positive pour les actionnaires de B est en conséquence négati-


ve pour les actionnaires avant fusion de la S.A. A et peut actuellement et globalement
s’établir à:

504
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

(6 000 – 5 401 =) 599 actions x 20,465 EUR = 12 258

après l’augmentation de capital en conséquence de la fusion des deux sociétés.

La valeur d’une action s’établira alors à:


(184 188 + 110 522) EUR = 19,647
15 000
tandis qu’avant fusion, la valeur d’une action ressortait à: EUR 20,465
d’où incidence négative pour les anciens actionnaires de A par action: -0,818

D’autre part, avant l’augmentation de capital, les actionnaires anciens de A déte-


naient 100 % du droit de vote, tandis qu’après l’augmentation de capital en consé-
quence de la fusion, les anciens actionnaires disposent alors de 60 % du droit de vote
global. Une dilution de 40 % est alors constatée par l’entrée des anciens actionnaires
de B.

Malgré ces incidences négatives, les deux conseils d’administration décident dans
l’intérêt social du rapport d’échange tel qu’exposé dans le projet de fusion, c’est-à-
dire d’une augmentation de capital de 148 736 EUR contre remise de 6 000 actions
sans désignation de valeur nominale identiques aux précédentes et jouissant des mê-
mes droits et participant aux résultats à dater de la réalisation effective de la fusion.

Le capital social sera fixé à 371 840 EUR et représenté par 15 000 actions sans dési-
gnation de valeur nominale, représentant chacune 1/15 000e du capital social.

4.1. Conclusion de l’expert-comptable

Le rapport d’échange proposé a été fixé, après examen des différentes méthodes ha-
bituelles d’évaluation, en respectant l’intérêt social et en se fondant sur le fait que:

• la valeur économique de la S.A. A (société absorbante) et de la S.A. B (société


absorbée) ressort de manière quasi identique à la valeur comptable, ainsi qu’il a
été exposé au point 4.0. du présent rapport;
• la valeur comptable de chaque entreprise est inférieure à la valeur de souscription
initiale du capital de la S.A. A et de la S.A. B en conséquence des pertes antérieures
au 31 décembre 2001 accusées par les deux sociétés.

Il m’est avis qu’en fonction de ce qui est énoncé ci-avant et compte tenu des
résultats actuellement positifs des sociétés à fusionner, la méthode retenue d’aug-
menter le capital à concurrence de 148 736 EUR contre la remise de 6 000 ac-
tions sans désignation de valeur nominale, identiques aux précédentes, et jouis-
sant des mêmes droits et participant aux résultats à dater de la réalisation effec-
tive de la fusion comportant l’échange d’un titre ancien de la société B par la
remise de ce titre par les actionnaires de la société absorbée contre la remise
d’une nouvelle action de A S.A. (société absorbante), paraît pertinente et raison-
nable.

505
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Etant donné ces éléments, il ne m’est pas apparu de difficultés particulières d’évalua-
tion et finalement le rapport d’échange proposé a été fixé en prenant en considération
la méthode d’évaluation paraissant la plus adéquate et acceptable dans le cas d’espè-
ce.

Au terme des opérations de fusion, le bilan au 1er janvier 2002 de la S.A. A s’établira
en synthèse comme suit:

ACTIF S.A. A S.A. B S.A. A au


01.01.2002
ACTIFS IMMOBILISES 84 062 38 809 122 871

II. Immobilisations incorporelles 1 670 0 1 670


III. Immobilisations corporelles 30 222 32 336 62 558
IV. Immobilisations financières 52 170 6 473 58 643

ACTIFS CIRCULANTS 844 612 217 894 1 062 506

VI. Stocks et commandes en cours 131 777 8 201 139 978


VII. Créances à un an au plus 671 112 205 223 876 335
IX. Valeurs disponibles 38 481 2 873 41 354
X. Comptes de régularisation 3 242 1 597 4 839
TOTAAL ACTIVA 928 674 256 703 1 185 377

PASSIF S.A. A S.A. B S.A. A au


01.01.2002
CAPITAUX PROPRES 184 187 110 522 294 709

I. Capital 223 104 148 736 371 840


IV. Réserves 21 323 3 099 24 422
V. Perte reportée -60 240 -41 313 -101 553

PROVISIONS ET IMPOTS DIFFERES 54 536 12 394 66 930

VII. Provisions et impôts différés 54 536 12 394 66 930

DETTES 689 951 133 787 823 738

VIII. Dettes à plus d’un an 4 689 0 4 689


IX. Dettes à un an au plus 681 758 133 787 815 545
X. Comptes de régularisation 3 504 0 3 504
TOTAL DU PASSIF 928 674 256 703 1 185 377

C’est ainsi que les différents conseils d’administration proposeront à l’assemblée


générale extraordinaire de réunir une augmentation de capital de 148 736 EUR, par
apport de l’ensemble des actifs, passifs et engagements de la société B (absorbée).

506
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Cette augmentation de capital sera rémunérée, comme indiqué au présent rapport,


par 6 000 actions identiques aux actions existantes et jouissant des mêmes droits et
avantages et participant aux bénéfices à dater du 1er janvier 2002. De telle sorte qu’après
l’augmentation de capital, celui-ci s’élèvera à 371 840 EUR et sera représenté par 15
000 actions au porteur, sans désignation de valeur nominale, représentant 1/15 000e
de l’avoir social.

Comme exposé dans le rapport de fusion, la fusion par absorption de la S.A. B par la
S.A. A permettra de consolider la position des activités réunies sur le marché par un
effet de synergie immédiat.

V. CONCLUSIONS

Les vérifications auxquelles j’ai procédé en vertu de l’article 695 C. soc., conformé-
ment aux normes de l’Institut des Experts-comptables et des Conseils fiscaux, me
permettent de déclarer:

• que le projet de fusion qui m’a été remis et sur lequel ont porté mes différents
contrôles reprend toutes les informations légalement requises;
• que le rapport d’échange proposé par le conseil d’administration de la S.A. A (so-
ciété absorbante) et le conseil d’administration de la S.A. B (société absorbée) est,
à mon avis, pertinent et raisonnable;
• que les méthodes d’évaluation appliquées sont appropriées en l’espèce;
• qu’il ne m’est pas apparu de difficultés particulières d’évaluation.

En conséquence, en échange d’une action représentative du capital social de la S.A. B,


il sera remis une action nouvelle de capital de la S.A. A.

La rémunération ainsi exprimée se traduira au travers d’une augmentation de capital


de 148 736 EUR, représentée par une rémunération de 6 000 actions nouvelles, iden-
tiques aux précédentes, pour porter celui-ci de 223 104 EUR à 371 840 EUR, repré-
senté par 15 000 actions sans désignation de valeur nominale.

Il m’est avis que le rapport d’échange ainsi déterminé m’apparaît comme pertinent et
raisonnable et les méthodes d’évaluation appropriées conduisent à la justification de
la méthode retenue.

Fait à …………….., le ……………………….

Expert-comptable

507
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

d. Exemple de projet de fusion dans le cadre d’une société détenant 100 % des ac-
tions de sa filiale

S.A. A
Siège social …………………………………..
R.C. ………….. – T.V.A. ……………….

PROJET DE FUSION
de la S.A. B

PAR ABSORPTION
de la S.A. A

En notre qualité de conseil d’administration de la S.A. ………., nous déclarons établir


le projet de fusion conformément à l’article 719 C. soc.

I. DESCRIPTION DE L’OPERATION PROJETEE

La société anonyme B ayant son siège social à ………….., rue ………………., se


propose de fusionner par absorption de la société anonyme A ayant son siège social à
………….., rue ………………..

Les sociétés appelées à fusionner peuvent être identifiées comme suit:

1.1. S.A. B

La société a été constituée aux termes d’un acte reçu par le notaire ……….., de
résidence à ………, le ………., et ses statuts ont été publiés par extrait aux annexes
du Moniteur belge du ………., sous le numéro ……….

La société est immatriculée au registre de commerce de ………, sous le numéro


……., ainsi qu’à l’Administration de la TVA, sous le numéro BE ………...

La société a pour objet principal, tant en Belgique qu’à l’étranger, l’exploitation de


maison de repos et de seigneurie, et toutes activités s’y rapportant; la société a égale-
ment pour objet toutes activités ayant trait aux loisirs de personnes du troisième âge,
les soins de santé sous toutes ses formes.

La société peut accomplir toutes opérations commerciales, industrielles, mobilières,


immobilières, financières, se rapportant directement ou indirectement à cet objet.

La société peut s’intéresser par toutes voies de droit dans toutes affaires, entreprises
ou sociétés ayant un objet identique, analogue ou connexe, ou qui soit de nature à

508
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

favoriser le développement de son entreprise, à lui procurer les matières premières


ou à faciliter l’écoulement de ses produits.

Le capital est fixé à la somme de 10 000 000 EUR, représenté par 100 actions de
capital sans désignation de valeur nominale, numérotées de 1 à 100.

En application de son objet social, la S.A. B exploite une maison de repos et de soins
dénommée «…………..», située à ………….., rue ………………..

Cette activité est développée dans un immeuble détenu par la S.A. A et concédé à la
S.A. B par un bail emphytéotique souscrit le ………., par-devant Maître ……………,
notaire, de résidence à ……….

1.2. S.A. A

La société anonyme A dont le siège social est actuellement situé à ………….., rue
………………., a été constituée aux termes d’un acte reçu par le notaire ……….., de
résidence à ………, le ………., et ses statuts ont été publiés par extrait aux annexes
du Moniteur belge du ………., sous le numéro ………..

Les statuts ont été modifiés à plusieurs reprises et en dernier lieu aux termes d’un
procès-verbal dressé par le notaire …………………, de résidence à ………, en date
du ………., dont l’extrait a été publié aux annexes du Moniteur belge du ………..,
sous le numéro ………..

La société a pour objet la gestion de son patrimoine immobilier. Elle peut accomplir
toutes opérations commerciales, industrielles, mobilières, immobilières et financiè-
res se rapportant directement ou indirectement à cet objet.

Il lui est interdit d’exercer l’activité de marchand de biens.

Le capital social s’élève à 70 000 000 EUR, représenté par 350 actions nominatives,
sans désignation de valeur nominale.

La S.A. A est propriétaire du bien immeuble situé à l’angle de la rue …………… et de


la rue …………, commune de ………., division, section …, numéro ……., pour une
superficie totale de …… ares …… centiares.

Comme indiqué ci-avant, l’immeuble prédécrit est donné à bail emphytéotique au


profit de la S.A. B.

II. DESCRIPTION DES SOCIETES APPELEES A FUSIONNER

Les sociétés sont appelées à fusionner sur la base d’une situation arrêtée au 30 juin
2000.

509
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

En application de l’article 719 C. soc., la date à partir de laquelle les opérations de la


société absorbée seront considérées du point de vue comptable comme accomplies
pour le compte de la société absorbante est le 1er juillet 2000.

Les situations comptables prises en considération peuvent se résumer comme suit:

2.1. S.A. B

La situation au 30 juin 2000 se résume comme suit: EUR

A L’ACTIF AU PASSIF

II. Immobilisations incor-


porelle 46 403 I. Capital 10 000 000
III. Immobilisations cor-
porelle 9 205 983 IV. Réserves 200 000
IV. Immobilisations
financières 106 860 348 V. Perte reportée -1 615 621
VI. Stocks et commandes
en cours d’exécution 558 878 VIII. Dettes à un an au plus 94 040 421
VII. Créances à un an 2 582 132 IX. Dettes à un an au plus 23 206 246
au plus
IX. Valeurs disponibles 7 783 620 X. Comptes de régula-
X. Comptes de régularisa- risation 1 755 588
tion 549 270
TOTAL DE L’ACTIF 127 586 634 TOTAL DU PASSIF 127 586 634

2.2. S.A. A

La situation au 30 juin 2000 se résume comme suit: EUR

A L’ACTIF AU PASSIF

III. Immobilisations cor-


porelles 105 766 946 I. Capital 70 000 000
IV. Immobilisations
financières 4 662 634 V. Perte reportée 0
VII. Créances à un an au 161 655 VIII. Dettes à plus d’un an 54 083 333
plus
IX. Valeurs disponibles 1 000 000 IX. Dettes à un an au plus 1 926 607
X. Comptes de régulari- X. Comptes de régulari-
sation 346 797 sation 120 357

TOTAL DE L’ACTIF 111 938 032 TOTAL DU PASSIF 111 938 032

510
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2.3. Détention des actions représentatives du capital de la s.a. A, société absorbée

Les 350 actions nominatives sans désignation de valeur nominale représentant la


totalité du capital de la S.A. A, société absorbée, sont détenues par la S.A. B, société
absorbante. Elles figurent au bilan au 30.06.2000 sous la rubrique:

IV. IMMOBILISATIONS FINANCIÈRES


A. Entreprises liées
1. Participations pour un montant de: 106 662 634 EUR

En effet, par convention du …………, la S.A. ……………… dont le siège social est
établi à ………….., rue …………………., a cédé à la S.A. B la totalité des 350 ac-
tions nominatives représentant le capital de la S.A. A.

L’article 676 C. soc. prévoit que cette opération est assimilée à une fusion par absorp-
tion, mais dispense les conseils d’administration et le réviseur d’établir les rapports.

III. FIXATION DU RAPPORT D’ECHANGE

Compte tenu du fait que la S.A. B, société absorbante, détient l’ensemble des actions
représentatives du capital de la S.A. A, société absorbée, et en application de l’article
726, § 2, C. soc., aucune action de la société absorbante, la S.A. B, ne pourra être
attribuée en échange des actions de la S.A. A, société absorbée.

En conséquence, il n’y a pas lieu de déterminer un rapport d’échange entre les ac-
tions de la S.A. B et les actions de la S.A. A.

L’article 676, 2°, C. soc. assimile à la fusion par absorption «l’opération par laquelle
une ou plusieurs sociétés transfèrent, par suite d’une dissolution sans liquidation,
l’intégralité de leur patrimoine, activement et passivement, à une autre société, lors-
que toutes leurs actions et les autres titres conférant un droit de vote dans l’assem-
blée générale appartiennent soit à cette autre société, soit à des intermédiaires de
cette société, soit à ces intermédiaires et à cette société.»

IV. MOTIVATION DE LA FUSION

Dans le cadre de la création d’une maison de repos, la S.A. A a été constituée en


……… par ……………. afin de permettre l’acquisition de terrains situés
……………….. et d’y ériger un immeuble de standing à usage de maison de repos.

Le montage financier établi en son temps a été sanctionné par la hauteur des taux
d’intérêt débiteurs nécessaires afin de financer la construction.

Afin de poursuivre le souci premier qui était la création et la gestion d’une maison de
repos, les actionnaires de la S.A. A ont vendu l’ensemble des parts représentatives du
capital de cette société à la S.A. ……………………, moyennant le schéma suivant:

511
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

- la S.A. A a érigé, au moyen des capitaux du nouvel actionnaire, une maison de


repos avec un coût maximal de 150 000 000 EUR;
- un bail emphytéotique de 27 ans a été souscrit entre la S.A. B et la S.A. A afin de
mettre l’immeuble à disposition de la S.A. B, société chargée de la gestion de
la maison de repos.

A l’époque, la S.A. …………………… souhaitait investir dans ce secteur non mar-


chand et se positionner notamment sur de nouveaux produits d’assurance liés à ce
secteur d’activité.

L’ouverture de la maison de repos intervient le ………………, ainsi que la mise en


application du bail emphytéotique.

Entre …. et …., la S.A. B acquiert, au cours de ces années, une excellente réputation,
ainsi qu’un très bon taux d’occupation.

A la fin de l’année …., et dans le cadre de la fusion intervenue entre la S.A.


…………………… et l’assureur ……., la compagnie fusionnée revoit ses axes stra-
tégiques et décide de céder son parc immobilier affecté au secteur non marchand des
maisons de repos.

Par courrier du ………., la société ………………… informe la S.A. A qu’elle recher-


che sur le marché allemand «un acquéreur-investisseur pour l’immeuble détenu par
la S.A. A».

L’acquisition de la S.A. A (et donc de son immeuble) était indispensable pour éviter
qu’un tiers (financier ou autre) ne l’acquière, avec tous les risques qui pourraient en
résulter, notamment en fin de bail emphytéotique, soit dans moins de 17 ans.

Cette décision de vente risquait à terme d’enlever à la S.A. A l’outil de travail que
constitue l’immeuble en question.

La S.A. B a ainsi pu acquérir l’ensemble des actions représentatives du capital de la


S.A. A,permettant ainsi la récupération de l’outil nécessaire à son activité.

En effet, la possibilité de devenir propriétaire de l’immeuble affecté à l’exploitation


de la maison de repos développée par la S.A. B garantit l’assise, la continuité et la
pérennité de celle-ci.

Afin d’éviter, notamment, les coûts liés au maintien des deux sociétés liées par le bail
emphytéotique, il a été décidé de procéder à la fusion de celles-ci. Cette fusion per-
mettra également de faciliter et de rationaliser la gestion de ce qui constitue une
entité économique unique.

De plus, l’opération va renforcer l’assise financière de la S.A. B, dont le patrimoine


s’enrichira d’un immeuble évalué à plus de 180 000 000 EUR, alors que les dettes
relatives à celui-ci s’élèvent à (valeur arrondie) 56 000 000 EUR.

512
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

V. MODALITES DE LA FUSION
La fusion est établie sur la base d’une situation des deux sociétés arrêtée au 30 juin
2000. Toutes les opérations effectuées à partir du 1er juillet 2000 par la S.A. A le seront
au profit et aux risques de la S.A. B, société absorbante.
La fusion par absorption comprend la totalité des avoirs, actifs et passifs, ainsi que
les droits et engagements de la S.A. A, société absorbée.
La société issue de la fusion reprendra l’ensemble des engagements de la société
absorbée. Aucun avantage particulier ne sera attribué aux membres des organes de
gestion des sociétés appelées à fusionner.
Au terme des opérations de fusion, le patrimoine des sociétés appelées à fusionner
s’établira comme suit à dater du 1er juillet 2000:
ACTI F S.A. B S.A. A Retrai- S.A. B après
tements fusion

II. Immobilisations incor-


porelles 46 403 46 403
III. Immobilisations cor-
porelles 9 205 983 105 766 946 114 972 929
Imputation article 78,
§ 6 (*) 51 052 613 51 052 613
IV. Immobilisations finan- 106 860 348 4 662 634 -106 860 348
cières -4 662 634
VI. Stocks et commandes
en cours 558 878 558 878
VII. Créances à un an au plus 2 582 132 161 655 2 743 787
IX. Valeurs disponibles 7 783 620 1 000 000 8 783 620
X. Comptes de régularisa-
tion 549 270 346 797 896 067
TOTAL DE L’ACTIF 127 586 634 111 938 032 -60 470 369 179 054 297

PA S S I F S.A. B S.A. A Retraite- S.A. B après


ments fusion

I. Capital (*) 10 000 000 70 000 000 -70 000 000 10 000 000
IV. Réserves 200 000 200 000
V. Perte reportée -1 615 621 -14 192 265 14 192 265 -1 615 621
VII. Dettes à plus d’un an 94 040 421 54 083 333 148 123 754
IX. Dettes à un an au plus 23 206 246 1 926 607 - 4 662 634 20 470 219
X. Comptes de régularisa-
tion 1 755 588 120 357 1 875 945
TOTAL DU PASSIF 127 586 634 111 938 032 -60 470 369 179 054 297
(*) Les capitaux propres de la société absorbée sont éliminés et la différence est
imputée sur l’immeuble à concurrence de: 51 052 613 EUR Ì106 860 348 – (70 000 000
– 14 192 265)˝ (application de l’article 78, §§ 6 et 7, A.R. C. soc.).

513
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Article 78, §§ 6 et 7
Si la société absorbante ou une autre société absorbée simultanément détenait des
actions de la société absorbée, ces actions sont annulées lors de la fusion, et les
différents éléments des capitaux propres de la société absorbée ne sont repris dans
les comptes de la société absorbante qu’à concurrence de la fraction de ceux-ci cor-
respondant aux actions de la société absorbée ayant donné lieu à attribution d’ac-
tions de la société absorbante. Il est toutefois tenu compte, le cas échéant, de la
modification, à la suite de la fusion, de la qualification fiscale des réserves de la
société absorbée.
Si la valeur pour laquelle les actions de la société absorbée qui n’ont pas donné lieu
à attribution d’actions de la société absorbante en application de l’article 703, § 2,
2°, du Code des sociétés figuraient dans les comptes de la société qui les détenait,
diffère de la quote-part que ces actions représentaient dans les capitaux propres de
la société absorbée, la différence est traitée selon sa nature ou son origine:
a) En cas d’excédent de la valeur comptable des actions en cause par rapport à la
quote-part qu’elles représentaient dans les capitaux propres de la société absor-
bée, la différence est imputée, dans la mesure du possible, aux éléments de l’actif,
y compris les actifs incorporels, qui ont une valeur supérieure au montant pour
lequel ils figuraient dans les comptes de la société absorbée. Dans la mesure où
la différence est imputable à une surévaluation de dettes ou à des amortisse-
ments, réductions de valeur ou provisions actés au compte de résultats de la so-
ciété absorbée, devenus sans objet ou excédentaires, ceux-ci font l’objet, au mo-
ment de la fusion, de reprises ou de redressements à concurrence de cet excédent,
par le compte de résultats.
En effet, l’immeuble a incontestablement une valeur supérieure à celle qui figurait
dans les comptes de la société absorbée. Un rapport d’expertise daté du ……….
arrête la valeur de vente de gré à gré à 184 400 000 EUR, soit un excédent brut de
l’ordre de 80 000 000 EUR par rapport à la valeur nette comptable.
En application des règles de fusion, l’imputation à la valeur comptable de l’immeu-
ble d’un montant complémentaire de 51 052 613 EUR nous semble donc raisonna-
ble.
Compte tenu de l’absence de rapport d’échange en application de l’article 726, § 2,
C. soc., il ne sera pas créé de nouvelles actions au sein de la S.A. B et donc le capital
de celle-ci sera maintenu à 10 000 000 EUR, représenté par 100 actions, sans dési-
gnation de valeur nominale.
Les projets de fusion seront déposés par chacune des sociétés appelées à fusionner au
greffe du tribunal de commerce de ………...
Fait à ………………, le ………………….
Ont signé,

Administrateur délégué Administrateur

514
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

CE QU’IL FAUT RETENIR DES SCISSIONS

Scission par absorption

S.A. A
= dissolution sans
Société à Acti- Acti- liquidation de A
scinder vités vites

S.A. B

Société →
absorbante
Transfert
activités A Rapport d’échange =
Remise d’actions de
B et C aux actionnai-
S.A. C res de A

Le cas échéant, une


soulte en espèces ne
dépassant pas 1/10e

Transfert des actions de B et de
activités A C attribuées

= CONTINUITE
JURIDIQUE ET
COMPTABLE

RAPPORT A ETABLIR
Rapport Projet de Profession- Apports Remar-
spécial du scission nel (rapport en ques
conseil d’échange) nature
d’admini-
stration
1. Auprès de la OUI OUI OUI OUI *
société scindée
2. Auprès des OUI OUI OUI OUI *
sociétésabsorbantes
A.G. extraordinaire = acte authentique

* Les rapports ne sont pas obligatoires si unanimité de ne pas les établir. Mais pro-
jet de scission toujours obligatoire.

515
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Scission par constitution

Société à
scinder
S.A. A
Activités à Activités à = dissolution sans
transférer à B transférer à C liquidation de A
à constituer à constituer

Sociétés à
constituer
>

>
S.A. B S.A. C

issue des issue des Rapport d’échange =


activités activités remise d’actions de B
de A transférées de A transférées et de C aux actionnai-
res de A.
Le cas échéant, une
soulte en espèces ne dé-
passant pas 1/10e des
actions de B et de C at-
tribuées

= CONTINUITE
JURIDIQUE ET
COMPTABLE

RAPPORTS A ETABLIR
Rapport Projet de Profession- Apports Remar-
spécial du scission nel (rapport en ques
conseil d’échange) nature
d’admini-
stration
1. Auprès de la OUI OUI OUI OUI *
société scindée
2. Auprès des OUI OUI OUI OUI *
sociétés absorbantes

A.G. extraordinaire = acte authentique

* Les rapports ne sont pas obligatoires si unanimité de ne pas les établir. Mais pro-
jet de scission toujours obligatoire.

516
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Scission mixte

Société à
scinder
S.A. A
Activités à Activités à Activités à = dissolution sans
transférer transférer transférer liquidation de A
àB àC àD
à constituer à constituer préexistante

Sociétés à
constituer
>

>

Rapport d’échange =
NV B NV C Remise d’actions
de B, C, D aux
Issue des Issue des
actionnaires de A
activités activités
de A de A
transférées transférées

Le cas échéant, une


Sociétés à
soulte en espèces ne
absor-
dépassant pas 1/10e des
bante
actions de B, C, D
>

attribuées
S.A. D
= transfert des
= continuité
activités de A
juridique et
comptable

RAPPORTS A ETABLIR
Rapport Projet de Profession- Apports Remar-
spécial du scission nel (rapport en ques
conseil d’échange) nature
d’admini-
stration
1. Auprès de la OUI OUI OUI OUI *
société scindée
2. Auprès des OUI OUI OUI OUI *
sociétés absorbantes

A.G. extraordinaire = acte authentique

* Les rapports ne sont pas obligatoires si unanimité de ne pas les établir. Mais pro-
jet de scission toujours obligatoire.

517
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Opération assimilée à la scission = scission partielle

= Opération assimilée à la scission par absorption, par constitution, mixte.

Les rapports à établir sont identiques à ce qui est indiqué aux points des 3 pages
précédentes du présent chapitre.

RAPPORTS A ETABLIR
Rapport Projet de Profession- Apports Remar-
spécial du scission nel (rapport en ques
conseil d’échange) nature
d’admini-
stration
1. Auprès de la OUI OUI OUI OUI *
société scindée
2. Auprès des OUI OUI OUI OUI *
sociétés absorbantes

A.G. extraordinaire = acte authentique

* Les rapports ne sont pas obligatoires si unanimité de ne pas les établir. Mais pro-
jet de scission toujours obligatoire.

518
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

a. Opération assimilée à la scission par absorption = scission partielle

Société à
scinder
S.A. A
Activités à Activités à Activités
transférer transférer restantes
àB àC dans A Transfert d’activités
= absorbante = absorbante après B, C, mais A reste
transfert et subsiste

Sociétés
absor-
bantes
= sociétés S.A. B S.A. C
préexis-
tantes Rapport d’échange =
Remise d’actions de B
et C aux actionnaires
de A

Le cas échéant, une


Activités soulte en espèces ne
transférées dépassant pas 1/10e des
provenant actions de B et C
de A attribuées

= CONTINUITE
Activités JURIDIQUE ET
transférées COMPTABLE
provenant
de A

519
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

b. Opération assimilée à la scission par constitution = scission partielle

Société à
scinder
S.A. A
Activités Activités Activités
à transférer à transférer restantes
àBà àBà dans A Transfert d’activités
constituer constituer après à B, C. Mais A reste
transfert et subsiste

Sociétés à
constituer
>

>

Rapport d’échange =
S.A. B S.A. C Remise d’actions de
B et C aux
Issue des Issue des actionnaires de A
activités de activités de
A A Le cas échéant, une
transférées transférées soulte en espèces ne
dépassent pas 1/10e des
actions de B et C
attribuées

= continuité juridique
et comptable

520
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

c. Opération assimilée à la scission mixte = scission partielle

Société à
scinder
NV A
Activités Activités Activités Transfert des
à transférer restantes transférer activités à B, C.
àB dans A àC A subsiste
à constituer société
existante

Société à
constituer
>

Rapport d’échange =
S.A. B Remise d’actions
de B et C aux
Issue des actionnaires de A
activités
de A
transférées
>

Société
absorbante
S.A. C

= transfert Le cas échéant, une


des activités soulte en espèces ne
de A dépassant pas 1/10e
des actions de B et C
attribuées

= continuité
juridique
Exemples de rapports et de projets de scission et comptable

a. Exemple de rapport spécial du conseil d’administration

CIBEL
Société anonyme
avenue de Lima 45, boîte 15 – 1020 Bruxelles
Registre de commerce de Bruxelles n° 423.221
Numéro national 345.321.214

521
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

RAPPORT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

dans le cadre de la scission par


création de deux sociétés nouvelles

– DJERBA, société anonyme, avenue de Lima 45, boîte 15 –


1020 Bruxelles

– CIBEL NOUVELLE, société anonyme, avenue de Lima 45, boîte 15 –


1020 Bruxelles

En application de l’article 730 C. soc., nous avons l’honneur de vous faire part de
notre rapport relatif à la scission que nous projetons au sein de la société anonyme
CIBEL, par création de deux nouvelles sociétés, la S.A. DJERBA et la S.A. CIBEL
NOUVELLE.
Cette scission entraîne, bien entendu, l’échange des actions de la société scindée et
des nouvelles actions dans les sociétés nouvelles bénéficiaires de l’apport.
La situation patrimoniale de la société à scinder peut être résumée comme suit:

s.a. CIBEL, situation au 31.12.N

A L’ACTIF AU PASSIF

III. Immobilisations corpo- 2 311 979 VII. Dettes à plus d’un an 1 918 003
relles
IV. Immobilisations finan- 472 IX. Dettes à un an au plus 570
cières
VII. Créances à un an au plus 566 X. Comptes de régularisation 826
IX. Valeurs disponibles 6 203
X. Comptes de régularisation 774

TOTAL DE L’ACTIF 2 319 994 TOTAL DU PASSIF 1 919 399


Capital souscrit 400 595

L’opportunité de la scission se justifie, à notre avis, tant au niveau juridique, écono-


mique, que patrimonial, par le fait que l’activité actuelle de la société à scinder peut
entraîner une interaction de deux activités distinctes, à savoir l’exploitation de l’im-
meuble dénommé «Résidence Dominique» et l’exploitation de l’immeuble dénom-
mé «Résidence les Charmes» liés à des activités distinctes, mais complémentaires
qui, à l’avenir, seront dissociées. Cette situation présenterait des complications au
niveau administratif en fonction d’un nouvel actionnariat distinct et futur des socié-
tés issues de la scission et participant en unité distincte de moyens à l’activité écono-
mique développée au sein des bâtiments d’exploitation assurant la pérennité des ac-
tivités commerciales exercées par chaque groupe d’actionnaires.

522
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

A l’issue de la scission, les deux sociétés bénéficiaires de celle-ci disposeront, chacu-


ne, du patrimoine immobilier, ainsi que des créances et dettes et de la trésorerie affec-
tés à l’objet qui sera développé par chacune d’elle. La répartition est reprise en an-
nexe du présent rapport.

Le rapport d’échange a été fixé comme suit:

Chaque action de la société scindée donnera droit à une action de la S.A. DJERBA et
à une action de la S.A. CIBEL NOUVELLE.

Evaluation des sociétés bénéficiaires des apports

La valeur des sociétés bénéficiaires de l’apport sera arrêtée à la valeur comptable des
apports de scission.
La valeur de chaque action des sociétés bénéficiaires de la scission sera définie selon
leur valeur dans les capitaux propres de l’entreprise.

• Une action de la S.A. DJERBA 200 298 = 108,27 EUR


1 850 actions

• Une action de la S.A. CIBEL NOUVELLE 200 298 = 108,27 EUR


1 850 actions

Ces évaluations sont acceptables en raison du fait que ces sociétés seront constituées
au moment de la scission par les apports résultant de la scission et en raison de la
rémunération proposée pour les apports en nature aux sociétés bénéficiaires de ces
apports.

Evaluation de la société scindée

L’évaluation de la société scindée s’effectuera à la valeur de l’actif net comptable


correspondant dans le cas présent au capital souscrit.

Rapport d’échange

L’apport des valeurs actives et passives de la société scindée à la société anonyme


«DJERBA» issue de la scission s’effectue, comme indiqué dans l’annexe du rapport,
pour un montant de 200 298 EUR se détaillant comme suit:

Valeur d’actif 1 122 667 EUR


Valeur de passif (à déduire) -922 369 EUR
soit une valeur d’actif net de: 200 298 EUR

Cet apport devrait être rémunéré par la création et la remise de 1 850 actions, sans
désignation de valeur nominale, représentant la valeur de l’apport au sein de la socié-
té à concurrence de 200 298 EUR.

523
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

L’apport des valeurs actives et passives de la société scindée à la société anonyme


«CIBEL NOUVELLE» issue de la scission s’effectue pour un montant de EUR 200 298
se détaillant comme suit:

Valeur d’actif 1 276 577 EUR


Valeur de passif (à déduire) -1 076 279 EUR
soit une valeur d’actif net de: 200 298 EUR

Cet apport devrait être rémunéré par la création et la remise de 1 850 actions, sans
désignation de valeur nominale, représentant la valeur de l’apport au sein de la socié-
té à concurrence de 200 298 EUR.

En fonction de ce qui précède, le rapport d’échange peut être fixé comme suit:
en échange de:

1 850 actions de la société scindée CIBEL représentant 100 % du


capital et valorisées à la valeur de l’actif net comptable de la société
arrêté au 31.12.N, soit: 400 595 EUR
===========
Il sera remis:

• 1 850 actions de la société anonyme «DJERBA», sans désigna-


tion de valeur nominale, représentant la valeur de l’apport au sein
de la société à concurrence de: 200 298 EUR

• 1 850 actions de la société anonyme «CIBEL nouvelle», sans dé-


signation de valeur nominale, représentant la valeur de l’apport
au sein de la société à concurrence de 200 297 EUR
400 595 EUR
===========

Compte tenu de la concordance entre l’évaluation des actions de la société scindée et


l’évaluation des actions des sociétés bénéficiaires de la scission, on peut juger perti-
nente et raisonnable la proposition faite dans le projet de scission d’échanger une
action de la société scindée contre une action de la S.A. «DJERBA» et une action de la
S.A. «CIBEL NOUVELLE».

Compte tenu de ce qui précède:

• constitution de nouvelles sociétés au moment de la scission;


• échange d’une action de la société scindée contre une action de la S.A. DJERBA et
une action de la S.A. CIBEL NOUVELLE.

Le conseil d’administration n’a retenu qu’une et une seule méthode pour fixer la
valeur des sociétés et le rapport d’échange qui en résulte. Aucune difficulté particu-
lière n’a été rencontrée pour établir ce rapport d’échange.

524
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

En vertu des articles 219, 395, 444 et 746, 742 et suivants C. soc., nous avons chargé
Monsieur …………………, expert-comptable, d’établir les rapports prévus aux arti-
cles précités.

Fait à …………, le

Ont signé,

Les administrateurs,

b. Exemple de projet de scission

CIBEL
Société anonyme
avenue de Lima 45, boîte 15 – 1020 Bruxelles
Registre de commerce de Bruxelles n° 423.221
Numéro national 345.321.214

PROJET DE SCISSION
par création de deux sociétés nouvelles

– DJERBA, société anonyme, avenue de Lima 45, boîte 15 – 1020


Bruxelles

– CIBEL Nouvelle, société anonyme, avenue de Lima 45, boîte 15 –


1020 Bruxelles

En notre qualité d’administrateur de la société anonyme CIBEL, nous déclarons éta-


blir le projet de scission, conformément à l’article 743 C. soc.

I. DESCRIPTION DE L’OPERATION PROJETEE

1.1. Historique de la société prenant part à la scission, la s.a. CIBEL

La société a été constituée par un acte reçu par-devant Maître …………….., notaire
à ……., le …………, et ses statuts ont été publiés aux annexes du Moniteur belge du
……………, sous le numéro ……….. La société n’a subi aucune modification de ses
statuts depuis sa constitution.

La société est inscrite au registre de commerce de Bruxelles, sous le numéro 423 221,
et porte le numéro national 345 321 214.

525
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le capital est fixé à 400 595 EUR et est représenté par 1 850 actions sans désignation
de valeur nominale, représentant chacune 1/1 850e du capital social.

La société a été constituée pour une durée illimitée.

La société a pour objet:

– l’achat et la vente, le louage, la gestion et l’administration de tous biens mobiliers


et immobiliers et des sociétés, et de tout ce qui s’y rapporte directement ou indi-
rectement;
– d’effectuer en général toutes actions commerciales, industrielles, financières, mo-
bilières et immobilières ayant un rapport direct ou indirect avec sa raison sociale
ou qui pourraient en faciliter entièrement ou partiellement la réalisation;
– de participer par mise de fonds, fusion, souscription ou autres interventions auprès
de toutes sociétés existantes ou à constituer, tant en Belgique qu’à l’étranger, et
dont l’objet est équivalent ou similaire au sien.

Cette énumération est explicative et non limitative et doit être comprise dans le sens
le plus large. La société peut faire tout ce qui est utile ou nécessaire à l’accomplisse-
ment de son objet social.

Les actions sont actuellement détenues comme suit:

– Monsieur ………………. demeurant à ………… 1 800 actions


– Madame ………………. demeurant à …………. 25 actions
– Madame ………………. demeurant à …………. 25 actions
Total 1 850 actions

1.2. Opération projetée

L’assemblée générale extraordinaire à convoquer au sein de la S.A. CIBEL aura no-


tamment à son ordre du jour la dissolution anticipée de la société pour effectuer la
scission par apport de l’universalité de ses avoirs, actifs, passifs et engagements liés
à ses activités, à la date de la création de deux nouvelles sociétés.

L’universalité des avoirs, actifs, passifs et engagements liés à ses activités sera ap-
portée:

Pour partie

A la société anonyme «DJERBA», dont le siège social est établi à 1020 Bruxelles,
avenue de Lima 45, boîte 15.

Cette société sera constituée, conformément à l’article 753 C. soc., immédiatement


après la décision de scission.

Son capital sera composé de l’apport en nature de l’universalité des avoirs, actifs,
passifs et engagements issue de la scission.

526
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La société aura pour objet:

– l’achat et la vente, le louage, la gestion et l’administration de tous biens mobiliers


et immobiliers et des sociétés et de tout ce qui s’y rapporte directement ou indi-
rectement;
– d’effectuer en général toutes actions commerciales, industrielles, financières, mo-
bilières et immobilières ayant un rapport direct ou indirect avec sa raison sociale
ou qui pourraient en faciliter entièrement ou partiellement la réalisation;
– de participer par mise de fonds, fusion, souscription ou autres interventions auprès
de toutes sociétés existantes ou à constituer, tant en Belgique qu’à l’étranger, et
dont l’objet est équivalent ou similaire au sien.

Cette énumération est explicative et non limitative et doit être comprise dans le sens
le plus large. La société peut faire tout ce qui est utile ou nécessaire à l’accomplisse-
ment de son objet social.

Pour partie

A la société anonyme «CIBEL NOUVELLE», dont le siège social est établi à 1020 Bruxel-
les, avenue de Lima 45, boîte 15.

Cette société sera constituée, conformément à l’article 753 C. soc., immédiatement


après la décision de scission.

Son capital sera composé de l’apport en nature de l’universalité des avoirs, actifs,
passifs et engagements issue de la scission.

La société aura pour objet:

– l’achat et la vente, le louage, la gestion et l’administration de tous biens mobiliers


et immobiliers et des sociétés, et de tout ce qui s’y rapporte directement ou indi-
rectement;
– d’effectuer en général toutes actions commerciales, industrielles, financières, mo-
bilières et immobilières, ayant un rapport direct ou indirect avec sa raison sociale
ou qui pourraient en faciliter entièrement ou partiellement la réalisation;
– de participer par mise de fonds, fusion, souscription ou autres interventions auprès
de toutes sociétés existantes ou à constituer, tant en Belgique qu’à l’étranger, et
dont l’objet est équivalent ou similaire au sien.

Cette énumération est explicative et non limitative et doit être comprise dans le sens
le plus large. La société peut faire tout ce qui est utile ou nécessaire à l’accomplisse-
ment de son objet social.

1.3. Conditions générales de l’apport

L’apport envisagé est effectué sur la base des comptes arrêtés au 31 décembre N de la
société à scinder.

527
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Toutes les opérations effectuées depuis le 1er janvier N+1 le seront au profit et aux
risques des sociétés issues de la scission. S’il devait résulter des dettes ou créances
antérieures au 31 décembre N et non reprises dans les comptes au 31.12.N, celles-ci
seront mises en charges ou en produits dans les deux sociétés bénéficiaires de la
scission, chacune au prorata de l’actif net transféré.

La répartition des éléments apportés aux sociétés absorbantes, suite à la scission, sera
développée en annexe.

II. RAPPORT D’ECHANGE

Chaque action de la société scindée donnera droit à une action de la S.A. «DJERBA»
et à une action de la S.A. «CIBEL NOUVELLE».

La valeur de chaque action des sociétés bénéficiaires de la scission sera définie selon
leur valeur dans les capitaux propres de l’entreprise.

– Une action de la S.A. «DJERBA» 200 298 = 108,27 EUR


1 850 actions

– Une action de la S.A. «CIBEL Nouvelle» 200 298 = 108,27 EUR


1 850 actions

Ces évaluations sont acceptables en raison du fait que ces sociétés seront constituées
au moment de la scission par les apports résultant de la scission et en raison de la
rémunération proposée pour les apports en nature aux sociétés bénéficiaires de ces
apports.

2.1. Evaluation de la société scindée

Compte tenu de ce qui précède:

– constitution de nouvelles sociétés au moment de la scission;


– échange d’une action de la société scindée contre une action de la S.A. «DJER-
BA» et une action de la S.A. «CIBEL NOUVELLE».

L’évaluation de la société scindée s’effectuera à la valeur de l’actif net comptable


correspondant au capital souscrit.

2.2. Rapport d’échange

L’apport des valeurs actives et passives de la société scindée à la société anonyme


«DJERBA» issue de la scission s’effectue, comme indiqué dans l’annexe du rapport,
pour un montant de 200 298 EUR se détaillant comme suit:

528
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Valeur d’actif 1 122 667 EUR


Valeur de passif (à déduire) -922 369 EUR
soit une valeur d’actif net de: 200 298 EUR

Cet apport devrait être rémunéré par la création et la remise de 1 850 actions, sans
désignation de valeur nominale, représentant la valeur de l’apport au sein de la socié-
té à concurrence de 200 298 EUR.

L’apport des valeurs actives et passives de la société scindée à la société anonyme


«CIBEL NOUVELLE» issue de la scission s’effectue pour un montant de 200 298 EUR
se détaillant comme suit:

Valeur d’actif 1 276 577 EUR


Valeur de passif (à déduire) -1 076 279 EUR
soit une valeur d’actif net de: 200 298 EUR

Cet apport devrait être rémunéré par la création et la remise de 1 850 actions, sans
désignation de valeur nominale, représentant la valeur de l’apport au sein de la socié-
té à concurrence de 200 298 EUR.

En fonction de ce qui précède, le rapport d’échange peut être fixé comme suit:

en échange de:

1 850 actions de la société scindée CIBEL, représentant 100 % du


capital et valorisées à la valeur de l’actif net comptable de la société
arrêté au 31.12.N, soit: 400 595 EUR
===========

Il sera remis:

• 1 850 actions de la société anonyme « DJERBA », sans désigna-


tion de valeur nominale, représentant la valeur de l’apport au sein
de la société à concurrence de: 200 298 EUR

• 1 850 actions de la société anonyme « CIBEL nouvelle », sans


désignation de valeur nominale, représentant la valeur de l’ap-
port au sein de la société à concurrence de 200 297 EUR
400 595 EUR
===========

Compte tenu de la concordance entre l’évaluation des actions de la société scindée et


l’évaluation des actions des sociétés bénéficiaires de la scission, on peut juger perti-
nente et raisonnable la proposition faite dans le projet de scission d’échanger une
action de la société scindée contre une action de la S.A. «DJERBA» et une action de la
S.A. «CIBEL NOUVELLE».

529
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

III. MODALITES DE LA SCISSION

La scission est établie sur la base de la situation active et passive de la société arrêtée
au 31 décembre N. Toutes les opérations effectuées depuis cette date par la société
scindée le seront au profit et aux risques des sociétés issues de la scission.

Il sera échangé une action de la société scindée contre une action de la S.A. «DJER-
BA» et une action de la S.A. «CIBEL NOUVELLE». Aucune soulte ne sera payée.

Les actions des sociétés bénéficiaires seront remises au moment de la constitution


des sociétés et de la réalisation de l’apport en nature provenant de la scission.

Les nouvelles actions des sociétés bénéficiaires de la scission remises en échange des
actions de la société scindée jouiront des bénéfices à partir du 1er janvier N+ 1.

Aucun avantage particulier ne sera attribué aux membres des organes d’administra-
tion des sociétés appelées à la scission.

Les émoluments spéciaux attribués aux experts-comptables chargés de la mission


peuvent être globalement fixés à ……. EUR

Au terme des opérations de scission, les fonds propres des sociétés bénéficiaires de la
scission peuvent se résumer comme suit:

S.A. «DJERBA» S.A. «CIBEL NOUVELLE»

Capital 200 298 EUR 200 297 EUR

Représenté par:
à l’occasion et à l’issue de la scission 1 850 actions 1 850 actions

Le présent rapport sera déposé par la société appelée à se scinder au greffe du tribunal
de commerce de son siège social.

Fait à ……………, le

Ont signé,

Les administrateurs,

530
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

c. Exemple de projet de scission partielle

SPRL JANSSENS
Grand Rue 150, 7740 PECQ OBIGIES
Registre de commerce de Tournai numéro 4.926
Numéro de TVA: 534.201.424

__________

SPRL PICARD à constituer


Grand Rue 150, 7740 PECQ OBIGIES

__________

PROJET DE SCISSION PARTIELLE PAR


CONSTITUTION D’UNE NOUVELLE SOCIETE

L’organe de gestion de la société privée à responsabilité limitée

1) JANSSENS, ayant son siège social Grand Rue 150 à 7740 PECQ OBIGIES,
SPRL
composée de:

a) Monsieur Claude ARTURO, gérant, demeurant Grand Rue 150 à 7740 PECQ
OBIGIES

a établi le présent projet de scission conformément aux articles 743 et suivants


C. soc. afin de le soumettre à l’assemblée générale des associés.

PROJET DE SCISSION PARTIELLE

1. DESCRIPTION DE LA SCISSION PARTIELLE

La scission partielle s’effectuera par le transfert de la branche d’activité de travaux


de peinture à une société nouvelle sans que la société transférante ne cesse d’exister,
et ce, conformément à l’article 677 C. soc.

L’opération se caractérisera par l’attribution des actions nouvelles en rémunération


de l’apport aux associés de la société apporteuse.

531
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2. MENTIONS PREVUES PAR L’ARTICLE 743 DUDIT CODE

A. Renseignements généraux sur les sociétés concernées par la scission partielle:

1. SPRL JANSSENS, société à scinder


_ société privée à responsabilité limitée;
_ ayant son siège social Grand Rue 150 à 7740 PECQ OBIGIES;
_ constituée aux termes d’un acte reçu par le notaire Léon DOCHY, résidant à Pecq,
en date du 17 décembre 1995, publié aux annexes du Moniteur belge du 4 janvier
1996, sous le numéro 960423-22;
_ immatriculée au registre de commerce de Tournai, sous le numéro 4926;
_ assujettie à la taxe sur la valeur ajoutée, sous le numéro 534.201.424;
_ dont l’objet social est le suivant:
«La société, sous réserve du respect des lois d’accès aux professions réglemen-
tées, a pour objet:
1° Les travaux de peinture, la vente de peinture au détail …
2° Les matériaux de construction.
La société pourra accomplir toutes opérations se rapportant directement ou indi-
rectement à son objet social ou qui seraient de nature à en faciliter la réalisation»

2. SPRL PICARD, société à constituer


_ société privée à responsabilité limitée;
_ son siège social se situera Grand Rue 150 à 7740 PECQ OBIGIES;
_ dont l’objet social sera le suivant:
«La société a pour objet les travaux de peinture, la vente de peinture au détail, …
La société pourra effectuer toutes opérations généralement quelconques, tant mo-
bilières qu’immobilières, tant d’administration que de gestion, de nature à facili-
ter la réalisation de son objet social.»

B. Rapport d’échange des actions


Chaque propriétaire d’une part sociale de la société à scinder se verra attribuer une
part sociale de la société nouvelle.

C. Modalités de remise des parts de la nouvelle société


Le capital social de la nouvelle société sera représenté par cent parts sociales sans
désignation de valeur nominale.
Ces cent parts nouvelles seront inscrites au nom des associés de la société scindée
dans le registre des associés.

D. Date à partir de laquelle les parts donnent le droit de participer aux bénéfices des
deux sociétés
Cette date est fixée au 1er janvier 2002.

E. Date à partir de laquelle les opérations de la société scindée seront, du point de vue
comptable, considérées comme accomplies pour le compte de la société bénéficiaire
de l’apport
Cette date est fixée au 1er janvier 2002.

532
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

F. Droits spéciaux
Il n’existe pas dans la société scindée d’associés ayant des droits spéciaux, ni de
porteurs de titres autres que des parts sociales.

G. Emoluments spéciaux attribués à l’expert-comptable


Sans objet, suite à l’application de l’article 749 C. soc.

H. Les avantages particuliers attribués aux membres des organes de gestion des so-
ciétés appelées à fusionner
Aucun avantage particulier n’est accordé au gérant de la société appelée à se scinder.

I. Description et répartition des éléments du patrimoine actif et passif à transférer à la


nouvelle société

BILAN APRES REPARTITION AU 31.12.2001

Société Société Société


scindée nouvelle après scission
SPRL Janssens SPRL Picard SPRL Janssens

ACTIF
ACTIFS IMMOBILISES
• Immobilisations incorporelles
Divers programmes comptables 601,14 601,14 0
• Immobilisations corporelles
Installations, aménagements
Ce poste comprend divers aménage-
ments
Occupés pour moitié par les deux
branches d’activité 10 192,27 5 096,13 5 096,14
Mobilier et matériel roulant
Divers mobilier de bureau 2 668,40 1 893,10 775,30
Matériel de bureau
(machines à calculer, ordinateurs,
imprimantes) 3 205,91 1 516,81 1 689,10
Matériel roulant 0 PM
Mercedes E250 avec auto-radio
Audi A3 PM
Aménagements divers 1 368,42 1 368,42 0

ACTIFS CIRCULANTS
• Créances commerciales
Solde au 31.12.2001 35 821,1
1
Branche Peinture 17 209,24
Branche Matériaux 18 61
1,87
• Autres créances
Impôt à récupérer – Ex. imp. 2002 777,64
Relatif à la branche Matériaux 777,64

533
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Société Société Société


scindée nouvelle après scission
SPRL Janssens SPRL Picard SPRL Janssens
• Placements de trésorerie 25 538,04
Solde carnet de dépôt au 31.12.2001 16 936,01
Ce poste a été réparti conformément
à l’article 744 C. soc. 8 602,03
• Valeurs disponibles
Solde compte bancaire au 31.12.2001 19 176,42
Ce poste a été réparti conformément
à l’article 744 C. soc. 12 717,21 6 459,21
• Compte de régularisation
Compte d’attente 247,89 0 247,89
TOTAL ACTIF 99 597,24 57 338,06 42 259,18
PASSIF
FONDS PROPRES
• Capital souscrit 24 789,35 16 439,56 8 349,79
• Capital non appelé -18 592,01 -12 330,22 -6 261,79
• Réserve légale 619,73 411,00 208,73
• Réserves disponibles 52 861,61 35 056,41 17 805,20
• Résultat reporté 9 393,08 6 229,49 3 163,59
69 071,76 45 806,24 23 265,52
DETTES A UN AN AU PLUS
• Dettes commerciales
Solde au 31.12.2001 11 882,42
Branche Peinture 6 224,99
Branche Matériaux 5 657,43
• Dettes fiscales 2 860,27
Impôt à payer – Branche matériaux
Solde c/c TVA au 31.12.2001 483,32
2 376,95
• Dettes sociales 15 782,79
Solde rémunération 12/2001 5 306,83 750,21
Provision CP 9 725,75
TOTAL PASSIF 99 597,24 57 338,06 42 259,18

J. Répartition aux associés de la société à scinder des parts de la nouvelle société

Le capital de la nouvelle société s’élèvera à 58 136,46 EUR libérés à concurrence de


45 806,24 EUR d’apport en nature constitué de la branche d’activité de comptabilité
cédée.

En vue de maintenir les obligations de libération du capital souscrit par les fonda-
teurs à la constitution de la société scindée, le capital de la nouvelle société a été
majoré de la partie du capital souscrit non versé de la société scindée, et ce, propor-
tionnellement à l’actif net transféré.

534
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Conformément à l’article 78 de l’A.R. C. soc. du 30.01.2001, les différents éléments


des capitaux propres de la société à scinder sont transférés proportionnellement dans
la comptabilité des sociétés participant à l’opération.

La nouvelle société bénéficiaire de l’apport reçoit un actif net comptable de 45 806,24


EUR qui viendra en libération du capital de la nouvelle société.

Les 45 806,24 EUR correspondent ainsi aux éléments des fonds propres transférés à
la nouvelle société et répartis comme suit:

– Capital souscrit: 16 439,56


– Capital non appelé: -12 330,22
– Réserve légale: 411
– Réserves disponibles: 35 056,41
– Résultat reporté: 6 229,49

Les cent parts sociales représentant le capital social de la nouvelle société seront
réparties entre les associés de la société scindée comme suit:

Parts
Claude Arturo (96 %) 96
Daniel Arturo (4 %) 4
100

3. AUGMENTATION DU CAPITAL DE LA SOCIETE SCINDEE

Immédiatement après la décision de scission, il sera procédé à l’augmentation du


capital de la société scindée. En effet, suite à l’opération de scission, le capital de la
société scindée s’élève à 8 349,79 EUR, soit un montant inférieur au capital minimal
légal.
Cette augmentation de capital sera réalisée par prélèvement sur les réserves disponi-
bles à concurrence de 10 150,21 EUR et sans création de nouvelles parts sociales.
Le capital social s’élèvera après l’augmentation à 18 500 EUR libérés à concurrence
de 12 238,21 EUR et représentés par cent parts sociales sans désignation de valeur
nominale.

4. COÛT DE L’OPERATION DE FUSION

Les frais générés par cette scission partielle seront supportés par les sociétés partici-
pant à la scission proportionnellement à l’actif net:

– transféré à la société nouvelle;


– conservé par la société scindée.

5. MENTIONS COMPLEMENTAIRES

1) le présent projet de scission sera déposé au plus tard le ……………….. au greffe


du tribunal de commerce compétent par la société scindée;

535
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2) il sera soumis à l’assemblée générale de la société scindée six semaines au moins


après le dépôt dont question ci-dessus, étant entendu que le gérant fera tout ce qui
est en son pouvoir pour que la date de cette assemblée générale puisse être le
……………………..;
3) le présent projet est établi en trois exemplaires originaux, chaque version étant
équivalente, à savoir un pour l’organe de gestion de la société scindée, un aux fins
de dépôt et un pour le notaire instrumentant.
Fait à Obigies, le
Le gérant de la SPRL JANSSENS
Claude ARTURO

5.2.2. La scission partielle: analyse de quelques points incertains du droit des


entreprises

Par Rutger VAN BOVEN,


Conseiller juridique
et Erwin VANDERSTAPPEN,
Conseiller juridique auprès de l’IRE

1. Origine, définition et formes de scission partielle

L’origine de la scission partielle – aussi dénommée scission à la française – remonte


à l’insertion dans les lois coordonnées sur les sociétés commerciales, par la loi du 13
avril 1995, d’une section VIIIquater relative aux apports d’universalité ou de bran-
che d’activité, et plus spécialement de l’article 174/65 (12).

Cet article 174/65 ne contenait pas de définition de la scission partielle. Il stipulait


seulement que «les articles 174/1 à 174/52 (dispositions relatives à la fusion et à la
scission de sociétés) sont applicables respectivement aux opérations définies aux
articles 174/1 (fusion par absorption), 174/17 (fusion par constitution d’une nouvelle
société) 174/26 (scission par absorption), 174/45 (scission par constitution de nou-
velles sociétés) et 174/52 (scission par absorption et par constitution de nouvelles
sociétés), sans que toutes les sociétés transférantes cessent d’exister.» Alors que,
normalement, les sociétés transférantes cessent bel et bien d’exister lors d’une fusion
ou scission ordinaire.

Lors de la codification du droit des sociétés (par la loi du 7 mai 1999 contenant le
Code des sociétés), le contenu de l’article 174/65 s’est retrouvé dans l’article 677 C.
soc., conçu en ces termes: «sont assimilées à la fusion ou à la scission, les opérations
définies aux articles 671 à 675, sans que toutes les sociétés transférantes cessent
d’exister.»

(12) Pour un commentaire général de cet article, voyez T. TILQUIN, «Une nouvelle forme de réorganisa-
tion de sociétés: l’article 174/65 des lois coordonnées sur les sociétés commerciales», Bulletin d’informa-
tion IRE, 1996/8, pp. 8-9.

536
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Vu que le régime fiscal des «opérations assimilées à une fusion ou scission» était
incertain, celles-ci étaient, en pratique, pour ainsi dire inconnues. Le changement à
ce niveau est venu de la loi du 16 juillet 2001 portant modification de la loi du 29
avril 1999 relative à l’organisation du marché de l’électricité, de la loi du 12 avril
1965 relative au transport de produits gazeux et autres par canalisations et du Code
des impôts sur les revenus 1992 (13). Cette loi n’a réglementé que le régime fiscal
des opérations assimilées à une scission. Ses travaux préparatoires (14) indiquent à
ce propos qu’il n’était pas encore possible d’élaborer de régime d’exemption pour les
opérations assimilées à une fusion, dès lors que, jusque-là, on n’avait pas donné de
contenu concret au concept de «fusion partielle» (15).

D’après ces travaux préparatoires (16), la scission partielle se définit comme «une
opération qui consiste à transférer une partie de l’avoir social d’une société A à une
société B et à ce qu’en outre, les actionnaires de la société A, tout en gardant leurs
actions A, reçoivent aussi de nouvelles actions B. La société A qui n’a transféré de
cette façon qu’une partie de son avoir social continue donc d’exister: elle subit ce-
pendant une réduction de l’avoir social qui est égale à la partie de son avoir social
transférée à la société B.»

Par analogie à la scission ordinaire, on peut distinguer trois formes de scission par-
tielle (17): la scission partielle par constitution, la scission partielle par absorption et
la scission partielle mixte.

Lors d’une scission partielle par constitution d’une ou de nouvelle(s) société(s), une
partie des éléments du patrimoine de la société partiellement scindée est transférée à
une ou plusieurs sociétés nouvellement constituées.

Dans le cas d’une scission partielle par absorption, une partie des éléments du patri-
moine de la société partiellement scindée est transférée à une ou plusieurs sociétés
préexistantes.

(13) M.B., 20 juillet 2001.


(14) Doc. parl., Ch. repr., 2000-2001, n° 1052/003, p. 8.
(15) Concernant la distinction avec une fusion partielle, voyez entre autres: F. BOUCKAERT, Notarieel
vennootschapsrecht, N.V. en B.V.B.A., Partie 2, Kluwer, 2000, p. 1042, n° 19.62/1; L. DE BROECK et D.
VAN LAERE, «Babylonische spraakverwarring over definitie partiële fusie of splitsing», Fisc. Act., 21 no-
vembre 2001, pp. 6-8; L. DE BROECK et D. VAN LAERE, «Vennootschapsrechtelijke en fiscale aspec-
ten van een partiële fusie of splitsing», in Fiscaal praktijkboek 2001-2002 – Directe belastingen, Ced.
Samsom, 2002, pp. 149-150; D. GARABEDIAN, «La scission partielle, nouveau mode de réorganisation
des sociétés introduit par la loi du 13 avril 1995», Rev. prat. soc., 1998, pp. 177-178, n° 15; H. VERS-
TRAETE, «Partiële fusie of splitsing», Fiscoloog Tribune, 20 septembre 2001, pp. 8-9, n° 5.2.2.; H. VERS-
TRAETE, «Régime fiscal pour les fusions ou scissions partielles?», Fiscologue, 2001, p. 2, n° 800; M.
WAUTERS, «Delen om te krijgen. Continuïteit bij de met splitsing gelijkgestelde verrichting», T.R.V.,
2002, pp. 288-289, n°s 18-19; E. POTTIER et D. HEENEN, «La scission partielle: une réalité en droit
belge? Réflexions au sujet d’une disposition légale aux contours incertains», Liber Amicorum Michel
Coipel, Bruxelles, Kluwer, 2004, pp. 700-701; M. WAUTERS, Art. 677, Comm.V. & V., Anvers, Kluwer,
2004, pp. 6-7, n°s 7.
(16) Doc. parl., Ch. repr., 2000-2001, n° 1052/003, p. 6.
(17) K. BYTTEBIER, Fusies en overnames, Bruges, die Keure, 2006, p. 99, n° 179.

537
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La scission partielle mixte vise quant à elle l’hypothèse où une partie des éléments de
patrimoine scindés est transférée à une société nouvellement constituée et une autre
partie à une société préexistante.

Le présent article part de la définition de la scission partielle donnée dans les travaux
préparatoires (18). Ci-après, nous approfondirons quelques points incertains du droit
des entreprises – principalement du droit des sociétés, mais aussi, quoique d’une
façon bien plus indicative, du droit comptable et fiscal – auxquels on peut être con-
fronté dans le cadre d’une scission partielle.

2. La nature des éléments patrimoniaux partiellement scindés: nécessairement


une branche d’activité?

L’article 174/65 des lois coordonnées sur les sociétés commerciales, actuel article
677 C. soc., faisait partie, ainsi que nous l’avons déjà indiqué ci-dessus, d’une sec-
tion qui traitait des apports d’une universalité ou d’une branche d’activité.

Avant l’entrée en vigueur du Code des sociétés le 6 février 2001, une certaine doctri-
ne (19) en déduisait que les éléments de patrimoine partiellement scindés devaient
constituer soit une branche d’activité, soit une universalité, c’est-à-dire la totalité du
patrimoine de la société.

Suite à la codification du droit des sociétés, l’article 677 C. soc. n’est plus placé sous
la rubrique «apports d’une universalité ou d’une branche d’activité», mais sous une
rubrique qui a exclusivement trait aux fusions, scissions et opérations assimilées. La
majorité de la doctrine (20) est dès lors d’avis que les éléments de patrimoine trans-
férés ne doivent pas nécessairement constituer une branche d’activité du point de vue
du droit des sociétés, et cela par analogie avec la scission ordinaire, où ne prévaut pas

(18) La majorité de la doctrine (fiscale) a du reste adopté cette définition de la notion de scission partielle.
Voyez H. DE WULF, «Partiële splitsing», Acc&Bedr., 2002, n° 4, p. 7, n° 14 et les renvois en note de bas
de page.
(19) D. GARABEDIAN, l.c., p. 176, n° 14 qui renvoie aux auteurs suivants: J. LIEVENS, De repara-
tiewet vennootschapsrecht 1995, Gand, Mys & Breesch, 1995, p. 150, n° 344; T. TILQUIN, «Le transfert
d’une universalité ou d’une branche d’activité», J.T., 1996, n° 6-16, pp. 495-498; G.-A. DAL et P. DE
WOLF, «La société et sa restructuration», Droit des sociétés: les lois des 7 et 13 avril 1995, rapports de la
journée d’étude de l’UCL du 29 septembre 1995, p. 293, n° 12; plus nuancé: B. GLANSDORFF, «Fu-
sions, scissions, transferts d’universalités et de branches d’activité», Evolutions récentes et perspectives
du droit des sociétés commerciales et de l’entreprise en difficulté, Jeune Barreau de Bruxelles, 1996, pp.
176-177, n° 33.
(20) Voyez entre autres J.J. COUTURIER, «De ‘partiële splitsing’ belastingvrij», A.F.T, 2001, p. 367; H.
DE WULF, l.c., p. 12, n° 32; W. VANDENBERGHE, «Partiële splitsing. Waarom nog splitsen als men kan
partieel splitsen?», T.F.R., 2002, pp. 240-241; J. VERSTRAELEN et I. VAN DE WOESTEYNE, «De
volledig belastingvrije partiële splitsing in de inkomstenbelastingen», T.F.R., 2002, p. 392; M. WAU-
TERS, l.c., p. 292, n° 22; T. BLOCKERYE, H. VANGINDERTAEL et L. MERTENS, «La scission partiel-
le et la loi du 16 juillet 2001 instaurant le régime fiscal des opérations assimilées aux fusions et scissions:
la dernière pierre A l’édifice?», C&FP, avril 2002, p. 178, n° 18; C. CHEVALIER, Vademecum Vennoots-
chapsbelasting 2003, Bruxelles, Larcier, 2003, p. 1445; E. POTTIER et D. HEENEN, l.c., p. 701; M.
WAUTERS, Art. 677, o.c., p. 9, n° 11.

538
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

non plus d’obligation de partager le patrimoine de la société de telle façon que cha-
que société cessionnaire recueille une branche d’activité (21).

Au niveau du droit fiscal, il faut toutefois opérer une distinction entre les impôts
directs et indirects.

Au niveau des impôts directs, il n’est pas a priori requis que la scission partielle porte
sur une branche d’activité.

Il faut toutefois nuancer quelque peu. En effet, il ne peut y avoir de neutralité fiscale,
au sens de l’article 211 CIR 92, pour une scission partielle que si celle-ci répond à des
besoins légitimes de caractère financier ou économique (22). La doctrine fiscale (23)
a dès lors pointé du doigt le danger de voir l’Administration fiscale estimer qu’une
scission partielle ne répond pas à de tels besoins légitimes si le patrimoine scindé ne
constitue pas une activité autonome susceptible de fonctionner par ses propres moyens.

Au niveau des impôts indirects, par contre, le Code des droits d’enregistrement, d’hy-
pothèque et de greffe et le Code de la taxe sur la valeur ajoutée exigent que les ap-
ports forment une branche d’activité (24).

Ainsi, à certaines conditions, l’article 117, § 2, C. enreg. exonère du droit (propor-


tionnel) de 0,5 % les apports effectués par une société, dont le siège de direction
effective ou le siège statutaire est établi sur le territoire d’un Etat membre des Com-
munautés européennes, des biens composant une ou plusieurs de ses branches d’acti-
vité.

La TVA n’est pas due non plus en cas d’apport d’une branche d’activité (voyez les
articles 11 (livraison de biens) et 18, § 3, C.TVA).

Six ans après l’entrée en vigueur du Code des sociétés et de la loi du 16 juillet 2001,
nous constatons que cette différence entre la législation des sociétés et la législation
en matière d’impôts indirects au sujet du niveau de cohérence des éléments à scinder

(21) J.J. COUTURIER, l.c., p. 367; H. DE WULF, l.c., p. 12, n° 32; M. WAUTERS, «Delen om te krijgen.
Continuïteit bij de met splitsing gelijkgestelde verrichting», l.c., p. 292, n° 22; M. WAUTERS, Art. 677,
o.c., p. 9, n° 11.
(22) J. VERHOEYE, «Scission A la française» kan voortaan belastingvrij «, Fisc. Act., 23 mai 2001,. 8; L.
DE BROECK et D. VAN LAERE, «Vennootschapsrechtelijke en fiscale aspecten van een partiële fusie of
splitsing», in o.c., pp. 169-172.
(23) P. DRIJKONINGEN et A. SOETAERT, «Une ‘scission partielle’ doit-elle porter sur une branche
d’activité?», Fiscologue, 2001, n° 822, p. 3 et s.; J. VERSTRAELEN et I. VAN DE WOESTEYNE, l.c., p.
394; H. DE WULF, l.c., pp. 12 et 19, n°s 32 et 55.
(24) D. GARABEDIAN, l.c., pp. 183 et 187, n°s 20 et 22; T. BLOCKERYE, H. VANGINDERTAEL et L.
MERTENS, l.c., pp. 195, 196 et 200, n°s 87 et 107; H. DE WULF, l.c., p. 19, n° 56; H. LAMON, «Demer-
ger and Partial Disposal of Businesses: Status in Belgian Law», European Taxation, octobre 2001, p. 373;
P. VERSCHELDEN, «De partiële splitsing: vennootschapsrechtelijke, fiscale en boekhoudkundige aspec-
ten (deel 3)», Actuele voorinformatie «Ondernemingsbibliotheek», 8 mars 2002, p. 11; L. DE BROECK et
D. VAN LAERE, «Vennootschapsrechtelijke en fiscale aspecten van een partiële fusie of splitsing», in
o.c., pp. 183-186; W. VANDENBERGHE, Van ontbinding tot fusie, Malines, Kluwer, 2003, pp. 668-669.

539
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

du patrimoine de la société partiellement scindée constitue un obstacle au développe-


ment de ce genre d’opérations. On ne peut dès lors, nous semble-t-il, que déplorer
que la proposition de loi (25) du sénateur Jan Steverlyck d’étendre l’exonération des
droits d’enregistrement et de la TVA à la scission partielle qui ne constitue pas un
apport de branche d’activité n’ait pu bénéficier du soutien parlementaire nécessaire
pour la faire aboutir.

3. Le projet de scission partielle

La procédure en matière de scission partielle débute par l’obligation faite à l’organe


de gestion d’établir un projet de scission partielle.

A l’occasion d’une scission partielle par absorption, il y a lieu de déposer aux gref-
fes des tribunaux de commerce autant de projets de scission qu’il y a de sociétés
participant à l’opération, alors même que le projet de scission partielle serait identi-
que dans toutes ces sociétés (26).

Par contre, dans le cadre d’une scission partielle par constitution d’une ou de
nouvelle(s) société(s), seuls l’organe ou les organes de gestion de la ou des sociétés
existant à ce moment-là doivent établir le projet de scission (27). L’article 743 C. soc
se réfère certes aux «organes de gestion des sociétés qui participent à la scission»,
mais cela ne peut néanmoins pas se rapporter à la société nouvelle à constituer. La
constitution d’une nouvelle société est en effet un instrument de la scission (28).

4. Le rapport en matière d’apports en nature et le rapport spécial des fonda-


teurs ou de l’organe de gestion

Une application conséquente des règles de la scission à la scission partielle implique,


pour la ou les sociétés de capitaux (29) bénéficiaires d’un apport en nature, l’obliga-
tion d’établir un rapport à ce sujet (30). Certains auteurs (31) estiment même que
cette obligation incombe aussi à la société de capitaux partiellement scindée. Ce rap-

(25) Doc. parl., Sén., 2001-2002, n° 2-1083.


(26) F. BOUCKAERT, o.c., p. 1048, n° 19.66/2; S. STROBBE, N. BLAUWBLOMME et D. BEECK-
MAN, «De partiële splitsing», in séminaire Ernst & Young, 2002, p. 16, point 9.A.1.
(27) T. TILQUIN, Traité des fusions et scissions, Bruxelles, Kluwer Editions Juridiques Belgique, 1993,
pp. 176-177 et 184; P. VERSCHELDEN, «De partiële splitsing: vennootschapsrechtelijke aspecten», Ac-
countancy Actualiteit, 5 février 2002, p. 3; en ce sens: H. DE WULF, «Vennootschapsrecht. Partiële split-
sing», in Rechtskroniek voor het notariaat, partie 1, Bruges, Die Keure, 2002, p. 95.
(28) T. TILQUIN, o.c., p. 177.
(29) Soit une société qui a la forme juridique d’une SA, SPRL, SCRL ou SCA.
(30) Article 730, alinéa 2, C. soc. (scission partielle par absorption); Article 745, alinéa 2, C. soc. (scission
partielle par constitution d’une ou de nouvelle(s) société(s)); S. STROBBE, N. BLAUWBLOMME et D.
BEECKMAN, l.c., pp. 20-21, points 9.A.2. et 9.A.3.; P. VERSCHELDEN, «De partiële splitsing: ven-
nootschapsrechtelijke aspecten», l.c., p. 6; J.J. COUTURIER, l.c., p. 369, d’après qui il ne faut établir le
rapport prescrit en matière d’apports en nature qu’au sein de la (ou des) société(s) qui en bénéficie(nt); K.
BYTTEBIER, Fusies en overnames, o.c., p. 104, n° 190.
(31) H. DE WULF, l.c., p. 13, n° 35; M. WAUTERS, «Delen om te krijgen. Continuïteit bij de met split-
sing gelijkgestelde verrichting», l.c., p. 291, n° 22.

540
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

port que seul peut établir le commissaire de la société ou, à défaut de commissaire, un
réviseur d’entreprises, donne une description de chaque apport en nature, ainsi que
des méthodes adoptées pour son évaluation. En outre, il indique si les valeurs aux-
quelles conduisent ces méthodes correspondent au moins au nombre et à la valeur
nominale ou, à défaut de valeur nominale, au pair comptable des actions à émettre en
contrepartie de l’apport, plus l’éventuel agio (32). Ce rapport indique quelle est la
rémunération effectivement attribuée en contrepartie de l’apport.

A l’occasion d’une scission partielle par constitution d’une ou de nouvelle(s) société(s),


les fondateurs ne doivent toutefois pas exposer, dans un rapport spécial (33), l’intérêt
que revêt l’apport en nature pour la société qui en bénéficie et, le cas échéant aussi,
les raisons pour lesquelles ils s’écartent des conclusions du rapport du réviseur d’en-
treprises. Cela ressort expressément de l’article 742, § 3, C. soc., qui exclut l’applica-
tion de l’article 444, dernier alinéa, C. soc. (34) en cas de scission partielle par cons-
titution d’une nouvelle société.

En revanche, dans le cadre d’une scission partielle par absorption, l’organe de ges-
tion de la société absorbante doit établir un rapport spécial – aussi nommé rapport de
scission (35) – où il expose l’intérêt que présente l’apport en nature pour la société et,
éventuellement aussi, les raisons pour lesquelles il s’écarte des conclusions du rap-
port du réviseur d’entreprises. Cela résulte expressément de l’article 730, dernier
alinéa, C. soc.

5. La possibilité de renoncer à établir les rapports prescrits – l’application des


articles 734 et 749 C. soc. à la scission partielle

Dans le cadre d’une scission (36), les articles 734 C. soc. (scission par absorption) et
749 C. soc. (scission par constitution d’une ou de nouvelle(s) société(s)) permettent
de renoncer à établir le rapport de l’organe de gestion, ainsi que le rapport spécial du
commissaire, du réviseur d’entreprises ou de l’expert-comptable externe, si tous les
associés et tous les porteurs de titres conférant un droit de vote à l’assemblée généra-
le sont présents ou représentés et y ont renoncé. Cette renonciation est établie par un
vote exprès à l’assemblée générale appelée à se prononcer sur la participation à la
scission, et doit expressément figurer à l’ordre du jour.

Une certaine pratique notariale manifeste quelques réticences à ce niveau. A son es-
time, «une opération assimilée à une scission» n’est pas une scission ordinaire, ce qui
oblige dès lors à suivre la procédure complète.

(32) G. BATS, B. DE KLERCK, M. VAN DER LINDEN et E. VANDERSTAPPEN, Inbreng in natura en


quasi-inbreng. Praktische toepassingsgevallen, Bruges, die Keure, 2006, pp. 9-22.
(33) Art. 444, dernier alinéa, C. soc. (SA); art. 219, dernier alinéa, C. soc. (SPRL); art. 395, dernier alinéa,
C. soc. (SCRL); art. 657 C. soc. (SCA).
(34) Pour la SA; art. 395, dernier alinéa, C. soc. (SCRL); art. 219, dernier alinéa, C. soc. (SPRL).
(35) S. STROBBE, N. BLAUWBLOMME et D. BEECKMAN, l.c., p. 20, point 9.A.2.; P. VERSCHEL-
DEN, «De partiële splitsing: vennootschapsrechtelijke aspecten», l.c., pp. 4-5.
(36) Cette possibilité de renonciation n’est pas prévue pour les opérations de fusion.

541
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

L’analogie existant entre scissions partielle et ordinaire (37) nous conduit toutefois
(38) à admettre que cette possibilité de renonciation vaut aussi à l’égard de la scission
partielle.

Cette possibilité de renonciation s’applique-t-elle aussi au rapport à faire à l’occasion


d’un apport en nature? C’est contesté, mais d’après une majorité de la doctrine (39), il
faut répondre par la négative. En effet, l’obligation d’établir un rapport pour les ap-
ports en nature, dès lors qu’elle a trait à la constitution du capital, a une autre finalité
et une autre portée. En outre, l’article 734 C. soc. doit faire l’objet d’une interpréta-
tion restrictive, celui-ci constituant une exception au principe général (40). Pour toute
sûreté, et plus particulièrement en raison du risque (41) de ne pas respecter sinon la
législation des sociétés, mieux vaudra par conséquent établir ces rapports (42).

Nous sommes d’avis que la possibilité de renonciation ne vaut pas pour le rapport à
établir à l’occasion d’un apport en nature, et cela si l’on veut donner des articles 734
et 749 C. soc. une interprétation conforme aux directives européennes, en l’occurren-
ce la sixième (43) directive relative aux sociétés. L’article 10 de cette directive auto-
rise certes les Etats membres à dispenser de l’obligation d’établir un rapport, mais il
ne fait référence qu’aux rapports imposés par l’article 8, §§ 1 et 2, de la directive.
Comme l’obligation d’établir un rapport dans le cadre d’un apport en nature figure à
l’article 8, § 3, la possibilité d’y renoncer ne saurait s’y appliquer.

6. La responsabilité des fondateurs dans le cadre d’une scission partielle par


constitution d’une ou de nouvelle(s) société(s)

Si une société est déclarée en faillite dans les trois ans qui suivent sa constitution, ses
fondateurs sont tenus solidairement envers les intéressés – dans une proportion fixée
par le juge – de ses engagements si son capital social était, lors de sa constitution,
manifestement insuffisant pour assurer l’exercice normal de l’activité projetée pen-
dant une période de deux ans au moins. Son plan financier est alors transmis au

(37) F. BOUCKAERT, o.c., p. 1042, n° 19.63/1; M. WAUTERS, «Delen om te krijgen. Continuïteit bij de
met splitsing gelijkgestelde verrichting», l.c., p. 291, n° 22; H. DE WULF, l.c., p. 11, n° 30; T. BLOCKE-
RYE, H. VANGINDERTAEL et L. MERTENS, l.c., p. 176, n° 15; E. POTTIER et D. HEENEN, l.c., p.
703; L. DE BROECK et D. VAN LAERE, «Vennootschapsrechtelijke en fiscale aspecten van een partiële
fusie of splitsing», in o.c., pp. 152-153; M. WAUTERS, Art. 677, o.c., p. 10, n° 13; K. BYTTEBIER,
Fusies en overnames, o.c., p. 99, n° 179.
(38) Egalement dans ce sens: S. STROBBE, N. BLAUWBLOMME et D. BEECKMAN, l.c., pp. 20-21,
points 9.A.2. et 9.A.3.; P. VERSCHELDEN, «De partiële splitsing: vennootschapsrechtelijke aspecten»,
l.c., pp. 5-6; J.J. COUTURIER, l.c., p. 368.
(39) H. BRAECKMANS, «Fusies en splitsingen (eerste deel)», R.W., 1993-94, p. 1443; Ph. ERNST et J.
VERSTRAELEN, Reorganisatie van vennootschappen. Fusie, (partiële) splitsing, inbreng van bedrijfs-
tak of van algemeenheid, Malines, Ced. Samsom, 2002, p. 165; K. BYTTEBIER, Fusies en overnames,
o.c., p. 85, n° 143.
(40) H. BRAECKMANS, l.c., p. 1443; Ph. ERNST et J. VERSTRAELEN, o.c., p. 165.
(41) Sans compter d’éventuelles implications fiscales dues A l’article 344 CIR 92.
(42) S. STROBBE, N. BLAUWBLOMME et D. BEECKMAN, l.c., pp. 21-22, point 9.A.3.
(43) Sixième directive 82/891/CEE du Conseil du 17 décembre 1982 concernant les scissions des sociétés
anonymes.

542
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

tribunal par le notaire, à la demande du juge-commissaire ou du procureur du Roi


(44).

Il faut relever, à cet égard, que dans le cadre d’une scission partielle par constitution
d’une ou de nouvelle(s) société(s) anonymes ou sociétés en commandite par actions,
aucune distinction n’est à opérer entre «fondateurs» et «souscripteurs» et que donc
de simples souscripteurs n’échappent pas à la responsabilité des fondateurs. Cela
résulte expressément de l’article 742, § 3, C. soc., qui exclut expressément l’applica-
tion de l’article 450, alinéa 2, 2e phrase et des articles 451 et 452 C. soc. à une scis-
sion partielle par constitution d’une ou de nouvelle(s) société(s) (45).

La question de l’existence d’une responsabilité des fondateurs est étroitement liée à


une autre, à savoir celle des personnes à considérer comme fondateurs dans le cadre
d’une scission partielle par constitution d’une ou de nouvelle(s) société(s).

Concernant la fusion/scission ordinaire par constitution d’une (de) nouvelle(s)


société(s), les positions de la doctrine à ce sujet sont les suivantes:

– la société absorbée ne peut avoir la qualité de fondateur, vu que la fusion (ou la


scission) la fait disparaître (46);

– les actionnaires de la société absorbée (ou scindée) n’ont pas davantage cette
qualité (47), dès lors que la nouvelle société ne sera pas nécessairement consti-
tuée par tous les anciens actionnaires à l’unanimité des voix. Cela aboutirait en
effet à une conclusion inacceptable, à savoir que tous les actionnaires sont des
fondateurs, en ce inclus ceux qui étaient absents ou ont émis un vote négatif (48);

– les administrateurs ou gérants de la société absorbée (ou scindée) ne peuvent voir


leur responsabilité engagée, dès lors que la loi ne l’a pas prévu (49).
(44) Article 229, 5°, C. soc. (SPRL); Article 405, 5°, C. soc. (SCRL); Article 456, 4°, C. soc. (SA); Article
657 C. soc. (SCA).
(45) Ph. ERNST et J. VERSTRAELEN, o.c., p. 93.
(46) J.-M. NELISSEN GRADE, «Rechtshandelingen die leiden tot een fusie», in JAN RONSE INSTITUUT
(ed.), De nieuwe fusiewetgeving 1993: vennootschapsrechtelijke en fiscaalrechtelijke aspecten, Kalmthout,
Biblo, 1994, p. 84; F. BOUCKAERT et L. WEYTS, «Opbouw van de akte houdende fusie en splitsing», in
JAN RONSE INSTITUUT (ed.), De nieuwe fusiewetgeving 1993: vennootschapsrechtelijke en fiscaalrechtelijke
aspecten, Kalmthout, Biblo, 1994, p. 204; T. TILQUIN, o.c., pp. 236-237, n° 333; K. GEENS, «De nieuwe
wet inzake fusies en splitsingen», T.R.V., 1993, p. 69; F. BOUCKAERT, «Fusies, splitsingen en overdrach-
ten onder algemene titel», in JAN RONSE INSTITUUT (ed.), Knelpunten van dertig jaar vennootschapsrecht,
Kalmthout, Biblo, 1999, p. 701; Ph. ERNST et J. VERSTRAELEN, o.c., pp. 93-94; P. COUSSEMENT et
M. TISON, «Oprichtersaansprakelijkheid», site Internet du Financial Law Institute, p. 5; J. VAN BAEL,
Fusies en splitsingen, Anvers, Kluwer, 1993, p. 120, n° 153; J. VAN BAEL, «Herstructurering, fusies en
splitsingen», in séminaire IBR-KFBN (IRE-FRNB), Revisoren en notarissen: de synergieën optimalise-
ren, 18 octobre 2002, p. 10.
(47) T. TILQUIN, o.c., p. 237, n° 333; K. GEENS, l.c., p. 68, n° 40; J. VAN BAEL, o.c., p. 119, n° 153; J.
VAN BAEL, l.c., p. 10.
(48) F. BOUCKAERT et L. WEYTS, l.c., p. 204; F. BOUCKAERT, «Fusies, splitsingen en overdrachten
onder algemene titel», in o.c., p. 701; Ph. ERNST et J. VERSTRAELEN, o.c., p. 94.
(49) F. BOUCKAERT et L. WEYTS, l.c., p. 204; K. GEENS, l.c., p. 69; Ph. ERNST et J. VERSTRAE-
LEN, o.c., p. 94; contra, voyez: F. BOUCKAERT, «Fusies, splitsingen en overdrachten onder algemene
titel», in o.c., p. 701.

543
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Etant donné l’éventuelle impossibilité, le cas échéant, de désigner un fondateur, ou


tout au moins qu’il n’existe pas de certitude quant à la personne à considérer comme
fondateur, la majorité de la doctrine (50) soutient dès lors qu’en cas de fusion/scis-
sion par constitution d’une ou de nouvelle(s) société(s), il ne peut exister de respon-
sabilité des fondateurs.

Alors qu’il est quasiment impossible de désigner des «fondateurs» dans le cadre d’une
scission ordinaire, ce n’est pas le cas dans le cadre d’une scission partielle. En effet,
d’une part, la société scindée poursuit son existence, ce qui permettrait éventuelle-
ment de la considérer comme fondateur et, d’autre part, on peut aussi considérer
comme tels les actionnaires de la société partiellement scindée, vu qu’ils recueillent
directement des actions de la société nouvellement constituée (51).

Ce qui précède nous amène à penser qu’il y a lieu, en la matière, de faire preuve
d’une certaine prudence, vu le risque de voir des tribunaux de commerce attribuer la
qualité de fondateurs à des actionnaires ou des administrateurs (ou des gérants).

7. L’obligation d’établir un plan financier

A ce niveau, il faut distinguer selon que la scission partielle se fait par absorption ou
constitution d’une ou de nouvelle(s) société(s), ou qu’il s’agit d’une scission partielle
mixte.

A. La scission partielle par absorption


A défaut de disposition expresse qui aille dans ce sens dans le Code des sociétés, il
n’y a pas lieu d’établir de plan financier à l’occasion d’une scission partielle par
absorption.

B. La scission partielle par constitution d’une ou de nouvelle(s) société(s)


Comme les prescriptions relatives à la scission ordinaire s’appliquent dans toute la
mesure du possible à la scission partielle (52), il convient de passer préalablement en
revue les positions de la doctrine sur l’obligation d’établir un plan financier à l’occa-
sion d’une scission ordinaire. Nous verrons ensuite si ces arguments peuvent s’appli-
quer également à la scission partielle.

(50) T. TILQUIN, o.c., p. 236, n° 333; H. BRAECKMANS, l.c., p. 1424; F. BOUCKAERT, «Fusies,
splitsingen en overdrachten onder algemene titel», in o.c., p. 701; J. VAN BAEL, o.c., p. 120, n°s 153 et
130, n° 172; J. VAN BAEL, l.c., p. 10; Ph. ERNST et J. VERSTRAELEN, o.c., p. 148.
(51) L’approche A préférer, d’après P. COUSSEMENT et M. TISON; voyez P. COUSSEMENT et
M. TISON, «Oprichtersaansprakelijkheid»,l.c., p. 7, n° 11.
(52) F. BOUCKAERT, Notarieel vennootschapsrecht N.V. en B.V.B.A., o.c., p. 1042; J.J. COUTURIER,
«De ‘partiële splitsing’ belastingvrij», A.F.T., 2001, n° 10, pp. 367-370; Ph. ERNST et J. VERSTRAE-
LEN, Reorganisatie van vennootschappen. Fusie, (partiële) splitsing, inbreng van bedrijfstak of van alge-
meenheid, o.c., p. 468; J. VERSTRAELEN et I. VAN DE WOESTEYNE, «De volledig belastingvrije
partiële splitsing in de inkomstenbelastingen», T.F.R., 2002, p. 393; H. DE WULF, «Partiële splitsing»,
Acc&Bedr., 2002, n° 4, pp. 8 et 11-12; W. VANDENBERGHE, «Partiële splitsing. Waarom nog splitsen
als men kan partieel splitsen?», T.F.R., 2002, p. 243.

544
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

a. La scission ordinaire
Au regard du Code des sociétés, la scission par constitution d’une ou de nouvelle(s)
société(s) devrait en principe donner lieu à l’établissement d’un plan financier.

Cela résulte expressément de l’article 742 C. soc. (53) D’une part, cette disposition
légale stipule que la constitution d’une nouvelle société doit le cas échéant remplir
toutes les conditions prescrites par le Code des sociétés pour la forme sociétaire choi-
sie. D’autre part, elle énumère les obligations en principe prévues lors d’une consti-
tution qu’il n’y a pas lieu de respecter à l’occasion d’une scission par constitution
d’une ou de nouvelle(s) société(s). Comme l’obligation d’établir un plan financier
n’apparaît pas dans cette énumération, l’établissement d’un plan financier serait en
principe toujours requis à l’occasion d’une scission par constitution d’une ou de
nouvelle(s) société(s).

La majorité de la doctrine (54) estime néanmoins qu’il ne faut pas établir de plan
financier dans ce cas, en s’appuyant sur les considérations suivantes:

– les fondateurs établissent le plan financier pour se protéger des conséquences


d’une faillite résultant d’une sous-capitalisation de leur société. Une société qui
naît d’une scission ne saurait toutefois fonctionner en étant dotée d’un capital
insuffisant, eu égard aux garde-fous que le législateur a instaurés en la matière
(55): ainsi, les rapports détaillés (56) à établir offrent déjà à eux seuls des garan-
ties suffisantes et rendent superflu l’établissement d’un plan financier en plus
(57);

– le principe de continuité empêche de considérer les nouvelles sociétés comme


des sociétés dont l’activité n’aurait débuté qu’au moment de la scission ou de leur
constitution (58);
(53) Qui traite de la scission par constitution de nouvelles sociétés.
(54) T. TILQUIN, Traité des fusions et scissions, Bruxelles, Kluwer Editions Juridiques Belgique, 1993,
pp. 233-234; F. BOUCKAERT et L. WEYTS, «Opbouw van de akte houdende fusie en splitsing», in JAN
RONSE INSTITUUT (ed.), De nieuwe fusiewetgeving 1993: vennootschapsrechtelijke en fiscaalrechtelijke as-
pecten, Kalmthout, Biblo, 1994, pp. 203-204; F. BOUCKAERT, «Fusies, splitsingen en overdrachten
onder algemene titel», in JAN RONSE INSTITUUT (ed.), Knelpunten van dertig jaar vennootschapsrecht, Kal-
mthout, Biblo, 1999, p. 701; J. VAN BAEL, «Herstructurering, fusies en splitsingen», in séminaire IBR-
KFBN (IRE-FRNB), Revisoren en notarissen: de synergieën optimaliseren, 18 octobre 2002, p. 10; C.
VAN SANTVLIET, «Verslag», in JAN RONSE INSTITUUT (ed.), Knelpunten van dertig jaar vennootschapsrecht,
o.c., p. 727; Ph. ERNST et J. VERSTRAELEN, Reorganisatie van vennootschappen. Fusie, (partiële)
splitsing, inbreng van bedrijfstak of van algemeenheid, Malines, Ced. Samsom, 2002, p. 94; P. HAI-
NAUT-HAMENDE, «Article 440 C. soc.», l.c., p. 8.
(55) F. BOUCKAERT et L. WEYTS, «Opbouw van de akte houdende fusie en splitsing», l.c., pp. 203-
204; T. TILQUIN, Traité des fusions et scissions, o.c., p. 234; C. VAN SANTVLIET, «Verslag», l.c., p.
727.
(56) Entre autres, l’obligation faite au conseil d’administration d’établir un rapport détaillé contenant un
état patrimonial des sociétés concernées et qui explicite et justifie l’opération d’un point de vue juridique
et économique.
(57) F. BOUCKAERT et L. WEYTS, «Opbouw van de akte houdende fusie en splitsing», l.c., pp. 203-
204; T. TILQUIN, Traité des fusions et scissions, o.c., p. 234; C. VAN SANTVLIET, «Verslag», l.c., p.
727; P. HAINAUT-HAMENDE, «Article 440 C. soc.», l.c., p. 8.
(58) F. BOUCKAERT et L. WEYTS, «Opbouw van de akte houdende fusie en splitsing», l.c., p. 204; J.
VAN BAEL, l.c., p. 10.

545
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

– difficile aussi d’admettre qu’il faudrait justifier (dans un plan financier) le capital
de la ou des nouvelle(s) société(s) à constituer, dès lors qu’il a déjà été justifié
auparavant (59) et qu’en outre, il n’y a pas de liberté pour le fixer (60). Etant
donné la continuité comptable, les différents éléments des capitaux propres sont
en effet repris dans la comptabilité de la société absorbante pour la valeur à la-
quelle ils apparaissaient dans la comptabilité de la société absorbée (61);

– on peut se demander qui serait chargé, le cas échéant, d’établir un plan financier
en qualité de fondateur. Selon certains auteurs (62), cela ne peut en tout cas pas
échoir aux actionnaires qui n’étaient pas présents ou qui ont émis un vote négatif
lors de l’assemblée générale qui a décidé de constituer la société, ni aux adminis-
trateurs (63), dès lors que la loi ne l’a pas prévu.

A ce propos, il nous faut également relever que la sixième directive (scissions) (64)
ne renferme pas la moindre disposition sur l’établissement ou non d’un plan finan-
cier. Et cette obligation ne figure pas davantage dans la liste de celles prescrites par la
loi à peine de nullité (article 742, § 3 (scission), C. soc.).

b. La scission partielle

La scission partielle est une «opération assimilée à une scission» (65), à laquelle les
règles de la scission ordinaire s’appliquent dans toute la mesure du possible (66). En
principe, il faudra par conséquent, en vertu de l’article 742 C. soc., établir un plan
financier à l’occasion d’une scission partielle par constitution d’une nouvelle société.

On pourrait toutefois soutenir que les arguments soulevés par la doctrine (concernant
la scission ordinaire) à l’appui d’une absence d’obligation d’établir un plan financier

(59) T. TILQUIN, Traité des fusions et scissions, o.c., p. 234; J.M. NELISSEN GRADE, «Rechtshande-
lingen die leiden tot een fusie», in JAN RONSE INSTITUUT (ed.), De nieuwe fusiewetgeving 1993: vennoots-
chapsrechtelijke en fiscaalrechtelijke aspecten, o.c., p. 83; P. HAINAUT-HAMENDE, «Article 440 C.
soc.», l.c., p. 8.
(60) C. VAN SANTVLIET, «Verslag», l.c., p. 727.
(61) Ibid., p. 727.
(62) Th. TILQUIN, Traité des fusions et des scissions, o.c., pp. 236-237, n° 333; F. BOUCKAERT, Nota-
rieel vennootschapsrecht N.V. en B.V.B.A., o.c., p. 701; Ph. ERNST et J. VERSTRAELEN, Reorganisatie
van vennootschappen. Fusie, (partiële) splitsing, inbreng van bedrijfstak of van algemeenheid, o.c., pp.
93-94.
(63) Voyez contra: P. COUSSEMENT et M. TISON, «Oprichtersaansprakelijkheid», in FLI Working Pa-
per Series (http://www.law.rug.ac.be/fli/WP/WPindex.html), p. 6, n° 10: Ces auteurs estiment que la res-
ponsabilité des fondateurs incombe, le cas échéant, aux administrateurs des sociétés absorbées ou scin-
dées. Ce sont en effet les administrateurs qui pilotent le processus de prise de décision.
(64) Sixième directive 82/891/CEE du Conseil du 17 décembre 1982 fondée sur l’article 54, paragraphe 3,
point g) du Traité et concernant les scissions des sociétés anonymes.
(65) Voyez l’article 677 C. soc.
(66) F. BOUCKAERT, Notarieel vennootschapsrecht N.V. en B.V.B.A., o.c., p. 1042; J.J. COUTURIER,
«De ‘partiële splitsing’ belastingvrij», A.F.T., 2001, n° 10, pp. 367-370; Ph. ERNST et J. VERSTRAE-
LEN, Reorganisatie van vennootschappen. Fusie, (partiële) splitsing, inbreng van bedrijfstak of van alge-
meenheid, o.c., p. 468; J. VERSTRAELEN et I. VAN DE WOESTEYNE, «De volledig belastingvrije
partiële splitsing in de inkomstenbelastingen», T.F.R., 2002, p. 393; H. DE WULF, «Partiële splitsing»,
Acc&Bedr, 2002, n° 4, pp. 8 et 11-12; W. VANDENBERGHE, «Partiële splitsing. Waarom nog splitsen als
men kan partieel splitsen?», T.F.R., 2002, p. 243.

546
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

dans ce cas, sont tout aussi valables pour la scission partielle. Voilà qui mérite pour-
tant d’être quelque peu nuancé. Alors qu’il est quasiment impossible de désigner des
«fondateurs» dans le cadre d’une fusion ou d’une scission ordinaire, tel n’est pas le
cas dans le cadre d’une scission partielle. En effet, d’une part, la société partiellement
scindée poursuit son existence, ce qui permettrait éventuellement de la considérer
comme fondatrice, et d’autre part, on pourrait aussi considérer ses actionnaires com-
me tels, vu qu’ils recueillent directement des actions de la société nouvellement cons-
tituée (67). Ce qui précède amène dès lors certains auteurs (68) à soutenir que dans le
cadre d’une scission partielle par constitution d’une nouvelle société, il y aurait bien
lieu d’établir un plan financier.

A notre avis, il est conseillé d’établir un plan financier à l’occasion d’une scission
partielle par constitution d’une nouvelle société. D’une part, on pallie ainsi à l’insé-
curité juridique à laquelle on aboutirait sinon, vu le risque de voir des tribunaux de
commerce retenir le cas échéant la responsabilité des fondateurs et dès lors prier le
notaire instrumentant de produire le plan financier établi avant la constitution de la
société. Et, d’autre part, le fait que l’opération ne se serait pas déroulée conformé-
ment aux dispositions du Code des sociétés peut poser un risque fiscal, ce que permet
aussi d’éviter l’accomplissement de cette formalité (69).

C. La scission partielle mixte

Une scission partielle peut aussi intervenir par absorption et par constitution d’une
ou de plusieurs nouvelles sociétés. Le cas échéant, il faudra alors respecter les obli-
gations qui prévalent pour chacune des opérations respectives: scission partielle par
absorption – scission partielle par constitution d’une ou de nouvelle(s) société(s)
(70).

8. Le traitement comptable et l’imputation sur les capitaux propres

Dans les travaux préparatoires de la loi du 16 juillet 2001, le gouvernement fédéral


avait annoncé qu’il prendrait les initiatives requises pour rendre la scission partielle
également neutre sur le plan comptable, conformément au principe de continuité (71),
ce qui nécessitait une adaptation de l’arrêté royal du 30 janvier 2001 portant exécu-
tion du Code des sociétés (72).

Jusqu’à présent, l’arrêté royal du 30 janvier 2001 n’a toujours pas été modifié sur ce
point. Les articles 78 à 80 de cet arrêté, relatifs aux fusions et scissions, ne se réfèrent
toujours pas aux opérations qui y sont assimilées, visées à l’article 677 C. soc. En mai
2002, la Commission des Normes comptables a publié un avis sur le traitement comp-

(67) L’approche A préférer d’après P. COUSSEMENT et M. TISON; voyez P. COUSSEMENT et M.


TISON, «Oprichtersaansprakelijkheid», l.c., p. 7, n° 11.
(68) P. COUSSEMENT et M. TISON, «Oprichtersaansprakelijkheid», l.c., pp. 6-7, n° 11.
(69) Voyez l’article 211 CIR 92.
(70) Article 758 C. soc.
(71) Doc. parl., Ch. repr., 2000-2001, n° 1052/003, p. 7.
(72) Voyez A ce sujet T. BLOCKERYE, H. VANGINDERTAEL et L. MERTENS, l.c., pp. 179-180, n°s
21-23; H. DE WULF, l.c., pp. 17-18, n°s 51-52; W. VANDENBERGHE, o.c., pp. 654-655.

547
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

table de certaines opérations visées à l’article 677 du Code des sociétés (73). Elle y
estime qu’il faut appliquer mutatis mutandis les règles comptables applicables aux
scissions ordinaires, autrement dit un traitement comptable conforme au principe de
continuité. La Commission relève dans la foulée qu’il faudrait examiner aussi s’il ne
serait pas opportun, eu égard aux normes comptables internationales et étrangères, de
traiter une fusion, une scission et une opération qui y est assimilée conformément au
principe de continuité.

Qu’en est-il à présent de l’imputation sur les capitaux propres? Une scission partielle
a pour effet de diminuer les capitaux propres de la société partiellement scindée pro-
portionnellement aux éléments de patrimoine transférés (74).

Comme dans le cas d’une scission ordinaire, il faudra vraisemblablement procéder à


un partage des éléments composant les capitaux propres (75). Une partie du capital et
des réserves étant transférée à la ou aux société(s) bénéficiaire(s) (76), le patrimoine
de la société partiellement scindée sera diminué du capital apporté, des primes d’émis-
sion, des bénéfices mis en réserve et éventuellement du résultat reporté (77).

Il existe toujours un vide juridique concernant le traitement comptable d’une scission


partielle. En l’absence d’une base réglementaire, le traitement comptable d’une scis-
sion partielle fiscalement neutre peut en effet toujours se faire sans respecter le prin-
cipe de continuité (78). Au nom de la sécurité juridique, nous osons donc espérer que
cette lacune sera comblée le plus vite possible.

9. Les obligations à l’égard du conseil d’entreprise

Dans le cadre d’une scission partielle, on peut aussi s’interroger sur les informations
à fournir au conseil d’entreprise et sur son droit de présentation. On peut ainsi se
demander à quel moment il faut l’informer de l’intention de procéder à une scission
partielle.

Comme une telle opération peut sans conteste avoir un impact sur les «capitaux pro-
pres» de la société, il faut assurément l’annoncer au conseil d’entreprise conformé-
ment à l’article 2 de l’arrêté royal du 27 novembre 1973 portant réglementation des
informations économiques et financières à fournir aux conseils d’entreprise.

(73) Avis de la CNC n° 166-2, Bull. CNC, mai 2002, n° 47, pp. 42-44.
(74) F. BOUCKAERT, o.c., p. 1042, n° 19.62/1; Y. DEWAEL et G. DELVAUX, Les fusions – Les scis-
sions, Restructuration de sociétés. Bruxelles, E.C.P., 2002, p. 28; L. DE BROECK et D. VAN LAERE,
«Vennootschapsrechtelijke en fiscale aspecten van een partiële fusie of splitsing», in o.c., p. 188; en ce
sens: H. DE WULF, l.c., p. 14, n° 40.
(75) W. VANDENBERGHE, o.c., pp. 654-655.
(76) F. BOUCKAERT, o.c., p. 1042, n° 19.62/1.
(77) Ibid.
(78) Pour un exemple détaillé, voyez J. VERSTRALEN et I. VAN DE WOESTEYNE, «Over de boekhoud-
kundige verwerking van de partiële splitsing en de gedeeltelijke belaste partiële splitsing in de inkomsten-
belastingen», T.F.R., 2004, pp. 599-610.

548
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Une fusion – et par analogie une scission ordinaire et une scission partielle – est,
logiquement, une information occasionnelle au sens de l’article 2 précité de l’A.R.
du 27 novembre 1973.

Cette information doit intervenir le plus rapidement possible. Quand la décision émane
du chef d’entreprise, le conseil d’entreprise en sera informé avant son exécution. Et,
en tout cas, il doit être informé avant de procéder à toute autre annonce (79).

Nous pensons pouvoir en déduire l’obligation d’informer le conseil d’entreprise d’une


scission partielle dès l’instant où l’organe de gestion en a pris la décision et, au plus
tard, le jour du dépôt du projet de scission partielle au greffe du tribunal de commer-
ce.

Une autre question a trait à la nomination d’un commissaire à l’occasion d’une scis-
sion partielle.

Comme la société partiellement scindée continue d’exister à la suite d’une scission


partielle, ses organes de gestion et de contrôle poursuivent aussi leur existence. La
scission partielle n’occasionne par conséquent aucun changement au niveau du man-
dat de commissaire de la société partiellement scindée (80).

Dans le cadre d’une scission partielle par constitution d’une nouvelle société, nous
estimons que le conseil d’entreprise de la société partiellement scindée continue d’exis-
ter lui aussi et qu’il devient par ailleurs également le conseil d’entreprise de la société
nouvellement constituée, pour autant qu’on puisse parler d’une unité technique d’ex-
ploitation. Conformément à l’article 14, § 2, b (1), de la loi du 20 septembre 1948
portant organisation de l’économie, plusieurs entités juridiques peuvent en effet cons-
tituer une seule unité technique d’exploitation.

Quand la nouvelle société doit nommer un commissaire conformément aux articles


15, 141 et 142 C. soc., ce dernier est nommé par l’assemblée générale sur présenta-
tion du conseil d’entreprise (articles 155 et 156 C. soc.). Conformément à l’article
160 C. soc., la nomination d’un commissaire qui s’est faite sans présentation du con-
seil d’entreprise est nulle. En fait, elle est «annulable», vu qu’il revient au président
du tribunal de commerce de prononcer la nullité (81).

Selon nous, il résulte de ce qui précède qu’il peut y avoir deux commissaires diffé-
rents pour un seul et même conseil d’entreprise.

(79) Ministère fédéral de l’Emploi et du Travail, Guide pratique A l’intention des membres du conseil
d’entreprise, Première partie, Vade-Mecum, Bruxelles, janvier 2004, p. 61.
(80) M. VANDER LINDEN, E. VANDERSTAPPEN, P. PAUWELS et J.-P. VINCKE, De vennootschap
en haar commissaris. Praktische toepassingsgevallen, Studies IBR (Etudes IRE), 2004, p. 71, point 6.6.
(81) Ibid., p. 31, point 2.2.2.

549
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

10. La dispense de demander un certificat fiscal conformément aux articles


442bis CIR 92 et 93undecies B C.TVA

En vertu des articles 442bis CIR 92 et 93undecies B C.TVA; «la cession en propriété
ou en usufruit, d’un ensemble de biens, composés entre autres d’éléments qui per-
mettent de retenir la clientèle, affectés à l’exercice d’une profession libérale, charge
ou office ou d’une exploitation industrielle, commerciale ou agricole» est à notifier
dans un certain délai au receveur des contributions ou, en matière de TVA, au fonc-
tionnaire chargé du recouvrement, et cela à peine d’inopposabilité et, par conséquent,
de responsabilité solidaire du cessionnaire pour les dettes d’impôt du cédant. Une
scission partielle comportera dans bien des cas une cession d’un tel ensemble de
biens.

Les articles 442, § 4, CIR 92 et 93undecies B, § 4, C.TVA dérogent à ces règles


d’inopposabilité et d’exigence d’un certificat fiscal, en prévoyant qu’elles ne s’appli-
quent pas aux cessions réalisées par un curateur, un commissaire au sursis ou dans le
cadre d’une opération de fusion, de scission, d’apport d’une universalité de biens ou
d’une branche d’activité réalisée conformément aux dispositions du Code des socié-
tés.

Les articles précités ne mentionnent pas expressément les opérations assimilées à


une scission. Le fait que le régime fiscal d’une scission partielle ne correspond pas
complètement à celui d’une scission ordinaire et que l’article 210, § 1er, 1°bis, CIR
92 relatif à l’impôt de liquidation a par contre été étendu aux opérations assimilées à
une fusion et à une scission, milite toutefois en faveur d’une obligation d’appliquer
les articles 442bis CIR 92 et 93undecies B C.TVA.

Etant donné l’analogie opérée avec la scission ordinaire en droit des sociétés (82),
nous estimons cependant que le régime des articles 442bis CIR 92 et 93undecies B
C.TVA ne s’applique pas à la scission partielle. Eu égard à la sécurité juridique et
compte tenu de l’interdiction d’étendre par analogie des dispositions légales d’ordre
public (83), on ne peut que regretter que le législateur n’ait pas, en même temps qu’il
étendait l’article 210 CIR 92 à la scission partielle, affiné aussi les articles 442bis
CIR 92 et plus récemment l’article 93undecies B C.TVA.

A l’occasion d’une scission partielle, la société bénéficiaire pourra par contre, con-
formément à l’article 686 C. soc., être tenue responsable des dettes d’impôt de la
société absorbée ou scindée à concurrence de l’actif net que celle-ci lui a transféré.

(82) M. WAUTERS, l.c., pp. 291-292, n°s 22-23; H. DE WULF, l.c., p. 11, n° 30; T. BLOCKERYE, H.
VANGINDERTAEL et L. MERTENS, l.c., p. 176, n° 15; E. POTTIER et D. HEENEN, l.c., p. 703; L. DE
BROECK et D. VAN LAERE, «Vennootschapsrechtelijke en fiscale aspecten van een partiële fusie of
splitsing», in o.c., pp. 152-153; M. WAUTERS, Art. 677, o.c., p. 10, n° 13.
(83) L. DE BROECK et D. VAN LAERE, «Fiscale regeling ‘afsplitsing’ heeft ongewilde gevolgen», Fisc.
Act., 26 septembre 2001, p. 7; L. DE BROECK et D. VAN LAERE, «Vennootschapsrechtelijke en fiscale
aspecten van een partiële fusie of splitsing», in o.c., p. 175.

550
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Conclusion

Depuis les années nonante, les restructurations de sociétés sont légion dans la vie
économique. Une des techniques de réorganisation employée est la scission partielle
qui a vu le jour avec la loi du 13 avril 1995.

En l’absence d’un régime fiscal adéquat, la scission partielle est toutefois restée rela-
tivement méconnue jusqu’à l’entrée en vigueur, le 6 février 2001, de la loi du 16
juillet 2001. Alors que les dispositions en matière d’impôts indirects (TVA et droits
d’enregistrement) – pour les articles se référant à une scission – n’ont pas été affinées
dans leur ensemble, celles relatives aux impôts directs (impôts sur les revenus), par
contre, ont été adaptées à cette opération, quoiqu’en partie seulement. Une différence
est aussi née entre droit fiscal et droit des sociétés quant à savoir si cette opération
doit porter ou non sur une branche d’activité.

Il règne par ailleurs jusqu’à ce jour une incertitude au niveau de la procédure du droit
des sociétés: l’analogie avec la scission ordinaire peut-elle trouver à s’appliquer à
tout moment? Il serait dès lors souhaitable que le Code des sociétés contienne, à
l’instar de la procédure prescrite par ce Code pour toutes les formes de scission ordi-
naire, une procédure complète pour toutes les formes de scission partielle. Par ailleurs,
on pourrait insérer dans l’article 677 C. soc. la définition contenue dans les travaux
préparatoires de la loi du 16 juillet 2001. Et enfin, il reste à attendre la réglementa-
tion, annoncée déjà en 2001 par le gouvernement fédéral, relative au traitement comp-
table de cette opération.

5.3. ASPECTS FISCAUX

Par Jozef VERSTRAELEN,


Conseil fiscal Deloitte, chargé de cours à l’Université d’Anvers
et Inge VAN DE WOESTEYNE,
Chargée de cours à l’Université de Gand

PARTIE I: FUSIONS ET SCISSIONS

Section 1: Introduction

Aspects du droit des sociétés (84)

La loi du 29 juin 1993 (85) a transposé en droit belge l’essentiel des dispositions de la
troisième directive (86) du Conseil du 9 octobre 1978 concernant les fusions et de la
(84) Pour un commentaire détaillé, voir notamment T. TILQUIN, Traité des fusions et scissions, Bruxel-
les, Kluwer, 1993, 659 p. Pour une approche pratique détaillée, voir notamment Ph. ERNST et J. VERS-
TRAELEN, Reorganisatie van vennootschappen, in Fiscale praktijkstudies, Malines, Ced. Samsom,
2002, 1-222.
(85) M.B., 21 juillet 1993.
(86) Directive 78/855/CEE, J.O.C.E., n° L 295 du 20 octobre 1978, p. 36.

551
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

sixième directive (87) du Conseil du 17 décembre 1985 concernant les scissions. A


cette occasion, les notions de «fusion par absorption», «fusion par constitution d’une
nouvelle société», «opération assimilée à une fusion par absorption» (la fusion dite
«silencieuse»), «scission par absorption», «scission par constitution de nouvelles so-
ciétés» et «scission mixte» ont été définies en tant qu’actes juridiques distincts. Des
règles de procédure spécifiques à suivre pour que ces opérations de réorganisation
puissent aboutir, ont également été fixées.

A l’époque, ces définitions et règles de procédure ont été consignées dans le Code de
commerce, Livre I, Titre IX «Sociétés commerciales», aux Sections VIII bis (fu-
sions) et VIII ter (scissions). Dans le nouveau Code des sociétés (en vigueur depuis le
6 février 2001), ces dispositions constituent le Livre XI, «Restructuration de socié-
tés».

Les fusions et scissions sont définies par les nouvelles dispositions comme des actes
juridiques distincts par lesquels l’intégralité du patrimoine d’une ou plusieurs socié-
tés est transférée vers une société unique (en cas de fusion) ou vers plusieurs sociétés
(en cas de scission) par suite d’une dissolution sans liquidation.

Ce transfert est rémunéré par de nouvelles actions de la (des) société(s) absorbante(s)


ou bénéficiaire(s), éventuellement complétées par une soulte en espèces limitée (la
soulte en espèces est limitée au dixième de la valeur nominale ou, à défaut de valeur
nominale, du pair comptable des actions attribuées). Quant à la scission mixte, une
précision s’impose en ce qui concerne la soulte en espèces: la définition de la scission
mixte donnée à l’article 675 C. soc. ne fait pas référence à une éventuelle soulte en
espèces de sorte que si l’on se base sur le Code des sociétés, aucune soulte en espèces
ne peut être prévue en cas de scission mixte.

La rémunération du transfert n’est pas attribuée à la (aux) société(s) absorbée(s) ou


scindée(s), mais directement à leurs actionnaires.

Alors que dans les troisième et sixième directives, il n’est question que de fusions et
scissions entre sociétés anonymes, la loi de transposition a étendu le champ d’appli-
cation de ces opérations à d’autres formes de sociétés. Le droit des sociétés belge
autorise par ailleurs les fusions et scissions entre sociétés de forme juridique diffé-
rente.

Lors de la transposition initiale, seule la procédure de la fusion par absorption a été


réglementée en détail; les procédures relatives aux autres opérations de restructura-
tion ont quant à elles été réglées par des renvois à cette réglementation détaillée.
Dans le nouveau Code des sociétés, le législateur a choisi de réglementer en détail la
procédure relative à chaque opération de restructuration individuelle.

Lorsqu’une opération de restructuration déterminée est envisagée, il suffit par consé-


quent de suivre à la lettre la procédure définie dans le Code des sociétés.

(87) Directive 82/891/CEE, J.O.C.E., n° L 378 du 31 décembre 1982, p. 47.

552
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Dans la pratique, le respect des procédures prescrites en cas de fusion et de scission


ne pose pratiquement aucun problème. Les procès-verbaux des assemblées générales
extraordinaires de fusion ou de scission sont – à peine de nullité – établis par acte
authentique; le notaire instrumentant doit, après vérification, attester l’existence et la
légalité, tant interne qu’externe, des actes et formalités incombant à la société auprès
de laquelle il instrumente (article 700 C. soc).

Les dispositions du droit des sociétés visent à garantir que l’intégralité du patrimoine
de la (des) société(s) dissoute(s), à savoir tant ses (leurs) droits que ses (leurs) obliga-
tions, sera transférée de plein droit vers la (les) société(s) absorbante(s) ou
bénéficiaire(s). L’opposabilité incontestée erga omnes du patrimoine transféré était
en effet l’objectif des directives précitées (88).

Aspects fiscaux

Avant le 1er octobre 1993, la «fusion» et la «scission» n’existaient pas en tant qu’ac-
tes juridiques distincts. Ces opérations étaient considérées tant par la jurisprudence
que par la doctrine comme une succession d’actes individuels convergents.

Ainsi l’absorption classique (l’actuelle fusion par absorption avec rémunération inté-
grale en actions) résultait-elle des étapes suivantes (89):

- la société à absorber était dissoute et mise en liquidation, le liquidateur étant char-


gé, en vue de la liquidation, d’apporter l’intégralité du patrimoine de la société
dissoute dans la société absorbante;
- à cet effet, la société absorbante procédait à une augmentation de capital à con-
currence de la valeur réelle de la société à absorber et à l’émission de nouvelles
actions en rémunération de l’apport;
- par l’intermédiaire du liquidateur de la société à absorber, les actionnaires échan-
geaient leurs actions de la société à absorber contre de nouvelles actions de la
société absorbante;
- après cet échange d’actions, la société absorbée n’avait plus que ses actions pro-
pres pour seul élément de patrimoine et la liquidation pouvait être clôturée.

(88) Dans le contexte belge, cette opposabilité erga omnes du transfert du patrimoine de la société absor-
bée en cas de fusion était assurée, avant l’instauration de la loi du 29 juin 1993, sur la base de la jurispru-
dence de la Cour de cassation (Cass., 30 avril 1970, Pas., I, 1970, p. 749 et R.W., 1970-71, p. 605).
En ce qui concerne les scissions, en revanche, la Cour d’appel de Bruxelles a considéré que les sociétés
nées de la scission n’étaient pas les successeurs en droit à titre universel de la société scindée (Bruxelles,
5 décembre 1991, T.R.V., 1992, p. 253, note J. TYTECA. La doctrine, toutefois, a défendu le point de vue
selon lequel il y a succession en droit à titre universel en cas de scission également (voir notamment P.
VAN OMMESLAGHE, «La transmission des obligations en droit positif belge», La transmission des
obligations, IXC Journées Jean Dalia, 1978, p. 188; A. DELAHAYE, «La scission d’une société», Rev.
prat. soc., 1985, n° 6336, p. 154).
(89) Pour une analyse détaillée des notions telles qu’elles étaient définies à l’époque et de leur évolution
historique, voir F. VANISTENDAEL, De inkomstenbelasting en de fusie van vennootschappen, I, Lou-
vain, Acco, 1979, pp. 1-116. Pour une description succincte, voir J. VERSTRAELEN, «Fusie, splitsing en
omzetting van vennootschappen», in W. MAECKELBERGH (éd.), Fiscaal Praktijkboek ’89. Directe be-
lastingen, Anvers, Kluwer Rechtswetenschappen, 1989, pp. 59-93.

553
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La fusion proprement dite, lors de laquelle une nouvelle société était créée, et la
scission étaient réalisées de façon analogue.

L’élément essentiel commun à toutes ces opérations était qu’au moins une société
était dissoute et mise en liquidation. Dès lors, les dispositions fiscales en matière de
liquidation (90) s’appliquaient en principe en cas de fusion et de scission.

Pour les fusions et scissions opérées avant le 1er janvier 1990, cela impliquait l’appli-
cation du régime spécial de liquidation en vigueur à l’époque; pour les fusions et
scissions opérées à partir du 1er janvier 1990, le régime de liquidation applicable était
le régime instauré par la loi de réforme du 22 décembre 1989 (91).

Comme nous l’avons exposé ci-dessus, les fusions et les scissions sont définies, de-
puis le 1er octobre 1993, comme des actes distincts par lesquels l’intégralité du patri-
moine de la société absorbée ou scindée, selon le cas, est transférée par suite d’une
dissolution sans liquidation. Cela étant, les fusions et scissions opérées à partir du 1er
octobre 1993 sont en principe soumises au régime fiscal de la liquidation.

Tant pour les fusions (scissions) opérées avant le 1er janvier 1990 que pour les fusions
(scissions) opérées à partir du 1er janvier 1990, l’application du régime fiscal de la
liquidation aurait notamment pour conséquence que toutes les plus-values latentes
sur les éléments de patrimoine transférés, en ce compris le goodwill, deviendraient
en principe imposables. Etant donné que les éventuels impôts à payer peuvent, éco-
nomiquement parlant, faire obstacle aux fusions et scissions envisagées, le législa-
teur a donc prévu (à juste titre) des dispositions fiscales visant à exonérer fiscalement
ces opérations (92). Jusqu’au 1er octobre 1993, le contribuable pouvait ainsi choisir
d’opter ou non pour le régime de neutralité fiscale. Pour les opérations réalisées à
partir du 1er octobre 1993, en revanche, l’application du régime de neutralité fiscale
est obligatoire dès lors que les conditions d’application sont remplies.

Avant le 1er janvier 1990, le régime de neutralité fiscale était un véritable régime
d’exonération. Ainsi les plus-values latentes sur les éléments de patrimoine transfé-
rés (en ce compris le goodwill) de la société absorbée ou scindée étaient-elles exoné-
rées au moment de la fusion ou de la scission, tandis que lorsqu’à la suite d’une
fusion mère/fille, le capital fiscal libéré, les réserves taxées et les réservées exonérées
de la société absorbée ne pouvaient être que partiellement transférés à la société mère,
la disparition de la partie non transférée de ces éléments ne faisait pas apparaître de
base imposable.

Aussi, la possibilité qu’une matière imposable puisse disparaître définitivement a été


l’une des raisons qui ont poussé le législateur à modifier en profondeur le régime de
neutralité fiscale, ce qu’il a fait par le biais de la loi de réforme du 22 décembre 1989.

(90) Sauf s’il était satisfait aux conditions en vigueur à l’époque en vue de l’application du régime de
neutralité fiscale et que le contribuable optait pour l’application dudit régime.
(91) M.B., 29 décembre 1989.
(92) Article 124 CIR 1964 (pour les scissions réalisées à partir du 1er janvier 1971) et article 211 et suivants
CIR 1992.

554
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Pour les opérations réalisées avant le 1er janvier 1990, l’exonération totale n’est plus
garantie, en cas d’application du régime de neutralité fiscale, que lorsque le patrimoi-
ne acquis par la (les) société(s) absorbante(s) (ou bénéficiaire(s)) est rémunéré inté-
gralement par de nouvelles actions. Si ce n’est pas le cas, par exemple parce que la
société absorbante détient des actions de la société absorbée ou parce qu’une soulte
en espèces est prévue (par hypothèse dans les limites fixées par le droit des sociétés),
l’application du régime de la liquidation sera partielle et soumise à des conditions
bien précises.

Pour les opérations réalisées à partir du 1er octobre 1993, les modalités pratiques de
l’application partielle du régime de la liquidation ont été entièrement reformulées
dans la loi du 6 août 1993, de même que les conditions d’application du régime de
neutralité fiscale des fusions et scissions (93).

Pour les fusions mère-fille (la société absorbante détient des actions dans la société
absorbée) réalisées à partir du 15 janvier 1999, la loi du 22 décembre 1998 (94) a
précisé les aspects techniques du régime de neutralité fiscale, d’une part, et étendu le
régime de neutralité fiscale aux subsides en capital, d’autre part.

Dans le présent article, nous ne nous intéresserons, en ce qui concerne les fusions
mère-fille, qu’aux aspects techniques de ces opérations, tels qu’ils s’appliquent de-
puis le 15 janvier 1999 (à savoir depuis l’entrée en vigueur de la loi du 22 décembre
1998) (95).

Aspects comptables

L’arrêté royal du 3 décembre 1993 (96) a instauré, depuis le 1er octobre 1993, le
principe dit de continuité du traitement comptable des fusions et scissions, dans l’ar-
rêté royal du 8 octobre 1976 relatif aux comptes annuels.

En cas de fusion ou de scission avec rémunération intégrale en nouvelles actions, ce


principe de continuité comptable implique que:
– dans le chef de la (des) société(s) absorbante(s) ou bénéficiaire(s), les éléments
acquis dans le cadre de la fusion ou de la scission, sont inscrits à la valeur comp-
table pour laquelle ils figuraient dans la comptabilité de la (des) société(s)
absorbée(s) ou scindée(s) et sur base de laquelle l’opération a lieu; et
– (en cas de fusion) les comptes de capitaux propres de la société absorbée sont
«retranscrits» ligne par ligne dans la comptabilité de la société absorbante (97).
Dans le cas d’une scission, le mode de répartition des comptes de capitaux pro-

(93) M.B., 31 août 1993.


(94) M.B., 15 janvier 1999.
(95) Les implications technico-fiscales de la loi du 22 décembre 1998 n’ont toujours pas fait l’objet d’un
commentaire administratif.
(96) M.B., 23 décembre 1993.
(97) Dans le cas de fusions mère/fille, des règles particulières s’appliquent, lesquelles seront illustrées ci-
dessous à l’aide d’exemples.

555
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

pres dans le chef des sociétés bénéficiaires n’est pas expressément réglé par la loi
(98).

Le principe de continuité comptable s’applique également dans le chef de l’action-


naire-société de la société absorbée (autre que l’éventuelle société absorbante): les
actions de la société absorbante acquises suite à l’échange d’actions doivent être
comptabilisées à la valeur comptable des actions échangées de la société absorbée
(99). En cas de scission, les actions des sociétés bénéficiaires acquises par l’action-
naire (autre qu’une éventuelle société bénéficiaire) de la société scindée sont comp-
tabilisées globalement à la valeur comptable des actions échangées de la société scin-
dée (100).

Le principe de continuité comptable a été consacré dans l’arrêté royal du 3 décembre


1993 lequel renvoie à la procédure applicable aux fusions et scissions définie par le
droit des sociétés. Depuis le 6 février 2001, le principe de continuité comptable figu-
re également dans l’arrêté royal du 30 janvier 2001 portant exécution du Code des
sociétés (101) lequel ne renvoie plus qu’aux définitions des notions de fusion et de
scission (102).

Section 2: Principes de base

Introduction

Bien que depuis le 1er octobre 1993, plus aucune société ne soit liquidée (même si au
moins une société est toujours dissoute) en cas de fusion ou de scission, le Code des
impôts sur les revenus prévoit l’application de principe du régime fiscal de la liquida-
tion à la (aux) société(s) dissoute(s) dans le cadre d’une telle opération (article 210,
§1er, 1° CIR 1992).

De même, dans les cas où il est satisfait aux conditions d’application du régime de
neutralité fiscale, le régime fiscal de la liquidation demeure applicable - sous une
forme certes adaptée - lorsque le transfert du patrimoine de la société absorbée ou
scindée n’est pas rémunéré intégralement par de nouvelles actions de la (des) société(s)

(98) Le mode de répartition à privilégier dans la pratique sera illustré ci-dessous à l’aide d’exemples.
(99) Dans le cas d’une fusion mère/fille – c’est-à-dire d’une fusion où la rémunération ne se fait pas
intégralement en actions – ce principe de continuité s’applique également dans le chef de l’actionnaire-
société autre que la société absorbante.
(100) La ventilation de cette valeur comptable entre les actions des sociétés bénéficiaires sera commentée
ci-dessous.
(101) M.B., 6 février 2001.
(102) Il s’ensuit notamment que lorsqu’une fusion intervient entre deux sociétés établies dans un Etat
membre de l’Union européenne où la notion a été instaurée conformément à la troisième directive, l’échange
d’actions doit être comptabilisé par la société belge actionnaire de la société absorbée dans le respect du
principe de continuité.

556
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

absorbante(s) ou bénéficiaire(s).

Pour un commentaire des règles de base du régime fiscal de la liquidation, nous


renvoyons au chapitre 3, sous le point 3.3. Les aspects fiscaux, 3.3.1. Impôts directs,
dans la présente édition.

Afin d’éviter que l’application du régime de la liquidation ne fasse économiquement


obstacle à un projet de fusion ou de scission, le législateur a instauré (de longue date
(103)) un régime de neutralité fiscale.

A cet égard, l’Administration a accepté – pour les opérations réalisées avant 1993 –
que le contribuable concerné (en principe la société absorbée ou scindée) se voie
offrir la possibilité de choisir entre une fusion ou une scission fiscalement neutre ou
une fusion ou une scission taxée.

Pour les opérations réalisées à partir du 1er octobre 1993, le contribuable n’a plus ce
choix: le régime de neutralité fiscale sera appliqué automatiquement dès lors que les
conditions à cet effet sont remplies (104).

§ 1. Conditions d’application du régime de neutralité fiscale des fusions ou scis-


sions

Pour les fusions et scissions opérées à partir du 1er octobre 1993, les conditions d’ad-
mission au bénéfice du régime de neutralité fiscale (instaurées par la loi du 6 août
1993) sont les suivantes (article 211, § 1er, alinéa 2, CIR 1992):

a. la société absorbante ou bénéficiaire doit être une société résidente;


b. l’opération doit être réalisée conformément aux dispositions du Code des socié-
tés;
c. l’opération doit répondre à des besoins légitimes de caractère financier ou écono-
mique.

A. La société absorbante ou bénéficiaire doit être une société résidente

Pour les fusions ou scissions opérées avant le 1er octobre 1993, il était également
requis, en vue de l’admission au bénéfice du régime de neutralité fiscale, que la (les)
société(s) absorbante(s) ou bénéficiaire(s) fû(ssen)t soumise(s) à l’impôt des sociétés
belge (article 211 CIR 1992 tel qu’il existait avant sa reformulation par la loi du 6
août 1993 et l’article 124 CIR 1964).

(103) Pour les scissions réalisées à partir du 1er janvier 1971.


(104) Lors des travaux parlementaires de la loi du 6 août 1993 (cette loi a reformulé les conditions d’ad-
mission au bénéfice du régime de neutralité fiscale), le ministre des Finances a précisé expressément que
le régime de neutralité fiscale n’était plus facultatif (Exposé des motifs, Doc. parl., Sén., 1992-1993, 765/
1, p. 4; un Avis publié au Moniteur belge du 12 août 1993 avait déjà annoncé qu’il serait mis fin au
caractère facultatif du régime de neutralité fiscale, p. 18018).

557
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

L’exonération d’impôt prévue par le régime de neutralité fiscale consiste exclusive-


ment en un report, et ne peut en aucun cas conduire à un dégrèvement définitif. Par
conséquent, les latences fiscales qui existent dans le chef de la société absorbée ou
scindée doivent rester accessibles au fisc, même si ces sociétés disparaissent à la
suite de la fusion ou de la scission; d’où la condition que la société absorbante ou
bénéficiaire soit une société résidente.

Cette condition est toutefois contraire à la directive fiscale sur les fusions du 23 juillet
1990 (telle que modifiée par la directive 2005/19/CE du 17 février 2005) (105).

B. L’opération doit être réalisée conformément aux dispositions du Code des


sociétés

Depuis le 1er octobre 1993, les fusions et scissions sont réglementées en détail par le
Code des sociétés. Il apparaît dès lors comme logique que depuis cette date, le res-
pect des dispositions du Code des sociétés constitue une condition sine qua non en
vue de pouvoir bénéficier du régime de neutralité fiscale.

Cette condition ne pose pas véritablement de problème dans la pratique. Dans l’acte
notarié de fusion (ou de scission), le notaire instrumentant doit en effet «vérifier et
attester l’existence et la légalité, tant interne qu’externe, des actes et formalités in-
combant à la société auprès de laquelle il instrumente» (article 700 C. soc.), de sorte
qu’il n’arrive que très exceptionnellement qu’une fusion ou scission (envisagée com-
me fiscalement neutre) soit finalement imposée sur la base de cette condition.

C. L’opération doit répondre à des besoins légitimes de caractère financier ou


économique

Lors de l’instauration de cette condition par la loi du 6 août 1993, le ministre des
Finances a déclaré que cette disposition anti-abus de droit trouvait son origine dans
l’article 11, 1, a) de la directive fiscale sur les fusions et qu’elle n’autorisait pas le fisc
à s’immiscer dans les choix économiques ou stratégiques des entreprises. A cet égard,
le ministre a renvoyé à la jurisprudence constante selon laquelle l’Administration ne
peut s’ingérer dans la gestion des entreprises et précisé que cette disposition ne con-
cernerait que les constructions juridiques qui, bien qu’elles soient autorisées, sont
anormales par nature et dont l’un des objectifs principaux ou manifestes est d’éluder
l’impôt (106).

(105) Tout au long du second semestre de l’année 2006 et jusqu’au printemps de l’année 2007 inclus, les
parlementaires ont travaillé sur un avant-projet de loi visant l’implémentation complète de la directive
fiscale sur les fusions. L’avant-projet n’a cependant pas été déposé avant la dissolution des chambres en
vue des élections du 10 juin 2007.
(106) Doc. parl., Ch. repr., 1991-1992, 491/5, pp. 83 et 95.

558
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Puisque cette disposition anti-abus de droit spécifique compte expressément au nom-


bre des conditions à remplir pour que le régime de neutralité fiscale soit d’applica-
tion, la charge de la preuve en la matière reposerait sur les sociétés concernées (107).

Il est dès lors recommandé aux organes de gestion des sociétés participant à la fusion
ou à la scission d’accorder dans leurs rapports spéciaux l’attention nécessaire au com-
mentaire et à la justification obligatoire de l’opportunité de la fusion ou de la scission
sur les plans juridique et économique.

En ce qui concerne la présence ou l’absence de besoins légitimes de caractère finan-


cier ou économique, un accord écrit (ruling) peut toujours être demandé au préalable
– du moins selon l’Administration.

§ 2. Fusion ou scission avec rémunération intégrale en actions

A. Fusion avec rémunération intégrale en actions

1. Conséquences pour la (les) société(s) absorbée(s)

Conformément aux dispositions de l’article 210, § 1er, CIR 1992, le régime de la


liquidation s’applique en principe en cas de fusion. En cas d’application du régime de
neutralité fiscale, toutefois, il convient de préciser les modalités d’application du
régime fiscal de la liquidation (en d’autres termes les articles 208 et 209 CIR 1992).

Si le patrimoine transféré de la société absorbée est rémunéré intégralement en nou-


velles actions de la société absorbante, l’application des articles 208 et 209 CIR 1992
est exclue (article 211, § 1er, alinéa 1er, CIR 1992).

Cela signifie que:


– dans le chef de la société absorbée, toutes les plus-values latentes sur les éléments
de patrimoine transférés (en ce compris un éventuel goodwill) resteront exoné-
rées (l’article 208 CIR 1992 ne trouve pas à s’appliquer); et que
– le patrimoine de la société absorbée est réputé non réparti, de sorte qu’il ne peut
être question d’une distribution de dividende (l’article 209 CIR 1992 ne trouve
pas à s’appliquer). Aucune réserve exonérée de la société absorbée ne deviendra
pas conséquent imposable au moment de la fusion.

(107) Doc. parl., Sén., 1992-1993, 765/2; 211/24 Com.IR 1992. Selon Van Crombrugge, toutefois, la
charge de la preuve incombe au fisc, tandis qu’en cas de contestation concernant la présence ou l’absence
de besoins légitimes de caractère financier ou économique, le fisc ou le juge n’aurait qu’un droit de contrô-
le marginal (S. VAN CROMBRUGGE, «Fusies en splitsingen in het Inkomstenbelastingrecht anno 1993»,
T.R.V., 1993, p. 371, n° 35). L’interprétation de l’Administration est clairement contraire aux dispositions
de la directive sur les fusions du 23 juillet 1990 (complétée par la directive du 17 février 2005); cf. l’Expo-
sé des motifs de la loi du 28 juillet 1992 suite à l’instauration d’une disposition analogue concernant les
apports fiscalement neutres.

559
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2. Conséquences pour la société absorbante

2.1. Eléments de patrimoine transférés

a) Transfert des caractéristiques fiscales

L’idée du régime de neutralité fiscale est que la renonciation à l’imposition dans le


chef de la (des) société(s) absorbée(s) au moment de la fusion, ne peut entraîner une
perte de matière imposable.

Il s’ensuit – pour faire court – que tous les éléments de patrimoine de la (des) société(s)
absorbée(s) sont transférés à la société absorbante avec maintien de l’ensemble de
leurs caractéristiques fiscales, comme s’il n’y avait pas eu de transfert. Ce principe
général ne figure pas dans la loi en tant que tel. La loi définit cependant expressément
les aspects fiscaux auxquels ce principe s’applique:

- la valeur fiscale à prendre en compte concernant les éléments transférés dans le


chef de la société absorbante en vue du calcul des amortissements et des moins-
values ou plus-values, est basée sur la valeur fiscale que ces éléments transférés
avaient avant la fusion dans le chef de la société absorbée (article 212, alinéa 1er,
CIR 1992);
- les déductions pour investissement non encore utilisées auxquelles la société ab-
sorbée avait encore droit, peuvent continuer à être utilisées par la société absor-
bante (article 212, alinéa 1er, CIR 1992) (108);
- les réductions de valeur, provisions, sous-estimations et surestimations, subsides
en capital, créances et plus-values qui existaient dans le chef de la société absor-
bée moyennant le respect des conditions visées dans le CIR 1992 à cet effet,
continuent d’exister aux mêmes conditions dans le chef de la société absorbante
(article 212, alinéa 2, CIR 1992); par conséquent si, avant la fusion, la société
absorbée avait réalisé une plus-value qui avait été soumise en vertu de l’article 47
CIR 1992 au régime de la taxation étalée et si, au moment de la fusion, le remploi
n’a pas encore eu lieu et que le délai de remploi n’est pas encore écoulé, cette
plus-value reste soumise au régime de la taxation étalée dans le chef de la société
absorbante. Il appartient à la société absorbante de procéder au remploi ad hoc et
de le faire dans le délai de remploi initialement prévu (article 212, alinéa 2 in
fine).

La neutralité fiscale n’est toutefois pas appliquée de manière cohérente à tous les
aspects.

(108) Cela vaut tant pour les déductions pour investissement que la société absorbée n’a pas encore obte-
nues en raison de l’insuffisance de bénéfices, que pour les déductions pour investissement qui n’ont pas
encore pu être appliquées en raison de la limite de déduction afférente à l’exonération reportée sur la base
de l’article 72, alinéa 2, CIR 1992, ou encore pour les déductions pour investissement étalées non encore
obtenues (211/79, alinéa premier, Com.IR 1992).
En ce qui concerne l’excédent de crédit d’impôt pour recherche et développement, il n’existe à l’heure
actuelle aucune réglementation légale. L’avant-projet dont question ci-dessus prévoyait une limitation de
cet excédent, inspirée de la limitation des pertes fiscales à reporter. Une limitation comparable a également
été prévue pour l’excédent de déduction ordinaire pour investissement.

560
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Ainsi les pertes fiscales à reporter et l’ancien crédit d’impôt visé à l’article 289bis, §
2, CIR 1992 (109) auquel la société absorbée avait encore droit avant la fusion, ne
seront pas transférés de façon illimitée à la société absorbante, tandis que les pertes
fiscales à reporter et le crédit d’impôt auquel la société absorbante avait droit avant la
fusion, ne pourront plus être utilisés que dans une mesure limitée après la fusion
(article 206, § 2, et article 292bis CIR 1992).

Si la société absorbée ou scindée possède des actions pour lesquelles il peut être
renoncé à la perception du précompte mobilier sur dividendes sur la base de l’article
106, § 6, AR/CIR 1992, la durée de conservation minimale d’un an dans le chef de la
société absorbante ou bénéficiaire devra être calculée à partir de la date de la fusion
ou de la scission; la durée de conservation minimale ne peut donc pas être calculée
comme si la fusion ou la scission n’avait pas eu lieu (110).

b) Traitement comptable des éléments de patrimoine transférés

L’A.R. du 3 décembre 1993 a inséré le principe dit de continuité dans l’arrêté royal
du 8 octobre 1976 relatif aux comptes annuels. Depuis le 6 février 2001, ces disposi-
tions comptables sont reprises dans l’A.R. du 30 janvier 2001 portant exécution du
Code des sociétés (ci-après dénommé AR/C. soc.).

En ce qui concerne les éléments de patrimoine transférés, ce principe de continuité


implique que – dans le cas d’une fusion avec rémunération intégrale en actions – tous
les éléments de l’actif et du passif de la société absorbée, y compris les amortisse-
ments, les réductions de valeur et les provisions constituées par elle, ainsi que ses
droits et engagements sont transférés dans la comptabilité de la société absorbante à
la valeur pour laquelle ils figuraient dans la comptabilité de la société absorbée, à la
date à laquelle la fusion s’est accomplie du point de vue comptable (article 78, § 2, et
article 80 AR/C. soc.).

2.2. Transfert des capitaux propres

a) Transfert des «capitaux propres fiscaux»

Dans le cas d’une fusion avec rémunération intégrale en nouvelles actions, le princi-
pe de neutralité fiscale implique, en ce qui concerne les «capitaux propres fiscaux»
de la société absorbée, que les éléments constitutifs de ces capitaux propres (à savoir
le capital fiscal libéré, les réserves taxées et les réserves exonérées) sont intégrale-
ment transférés à la société absorbante (article 211, § 2, alinéa 1er, CIR 1992). Dans la
déclaration fiscale de la société absorbante pour la période imposable au cours de
laquelle la fusion a eu lieu, les réserves transférées sont ajoutées ligne par ligne à la

(109) Il n’existe à l’heure actuelle aucune réglementation légale concernant l’excédent de déduction des
intérêts notionnels. L’avant-projet de loi dont question ci-dessus prévoyait une limitation de l’excédent,
inspirée de la limitation des pertes fiscales à reporter.
(110) 211/81 Com.IR 1992.

561
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

situation des réserves considérées de la société absorbante en début de période impo-


sable. Le capital fiscal libéré est inscrit dans le relevé 328D (les réserves transférées
sont respectivement inscrites dans le relevé des réserves taxées, le 328 R, et le relevé
des réserves immunisées, le 328S).

b) Traitement comptable

Le principe de continuité comptable implique que les différents éléments comptables


constitutifs des capitaux propres de la société absorbée soient enregistrés dans la
comptabilité de la société absorbante à la valeur pour laquelle ils figuraient dans la
comptabilité de la société absorbée au moment où la fusion est réputée avoir lieu sur
le plan comptable (c’est-à-dire la date à partir de laquelle les opérations de la société
à absorber sont réputées, d’un point de vue comptable, être effectuées pour le compte
de la société absorbante) (article 78, § 2, AR/C. soc.) (111).

Si le capital de la société absorbante est constitué d’actions avec valeur nominale,


plusieurs nouvelles actions (avec valeur nominale) devront être émises sur la base du
rapport d’échange – lequel est en principe déterminé en tenant compte à la fois de la
valeur réelle de la société absorbante et de celle de la société absorbée; le montant de
l’augmentation de capital qui en résulte ne sera généralement pas égal au montant du
capital de la société absorbée. Si le montant dont le capital de la société absorbante
doit être augmenté est supérieur au montant du capital de la société absorbée, la
différence doit être prélevée sur les autres éléments des capitaux propres de la société
absorbée. C’est l’assemblée générale de fusion qui décide sur quels éléments ce pré-
lèvement doit être imputé (article 78, § 4, AR/C. soc.). Si le montant dont le capital
de la société absorbante doit être augmenté est inférieur au capital de la société absor-
bée, la différence doit être portée en prime d’émission (article 78, § 4 in fine, AR/C.
soc.).

3. Conséquences pour l’actionnaire-société de la société absorbée

Les actions détenues par les actionnaires de la société absorbée sont échangées con-
tre de nouvelles actions de la société absorbante.

Dans le chef de l’actionnaire-société, l’éventuelle plus-value réalisée est exonérée et


la valeur fiscale des actions acquises dans la société absorbante reste égale à la valeur
fiscale des actions échangées de la société absorbée au moment de la fusion (article
45, § 1er, CIR 1992).

L’actionnaire-société est tenu de respecter la condition d’intangibilité concernant les


plus-values réalisées. La loi du 22 décembre 1998 a cependant modifié l’article 190

(111) Si la fusion a été opérée avant le 1er octobre 1993, la société absorbante a procédé à une augmenta-
tion de capital d’un montant égal à la valeur de l’apport reçu (soit normalement la valeur réelle de la
société absorbée). Cette augmentation de capital comprenait, d’un point de vue fiscal, le capital fiscal
libéré, les réserves taxées et les réserves exonérées de la société absorbée, ainsi que les plus-values expri-
mées au moment de la fusion et non taxées sur les actifs transférés, en ce compris l’éventuel goodwill.

562
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

CIR 1992 – pour les opérations réalisées à partir du 1er octobre 1993 – en ce sens que,
si la plus-value n’est pas exprimée conformément au droit comptable, cette exonéra-
tion s’applique sans que la condition d’intangibilité doive être respectée (articles 20
et 80, § 5, de la loi du 22 décembre 1998). Pour les opérations réalisées à partir du 1er
octobre 1993, le droit comptable prescrit en effet que dans le chef de l’actionnaire-
société de la société absorbée, les actions acquises dans la société absorbante doivent
être enregistrées dans ses comptes à la valeur pour laquelle les actions de la société
absorbée qui ont été échangées y figuraient (à partir du 6 février 2001, article 41, §
1er, alinéa 2, AR/C. soc.) (112).

En cas d’aliénation future des actions acquises dans la société absorbante, la plus-
value réalisée lors de l’aliénation sera calculée sur la base de la valeur fiscale des
actions échangées de la société absorbée et sera – pour autant que la condition à cet
effet soit remplie – définitivement exonérée (article 192 CIR 1992).

4. Exemples

Pour des exemples concernant le traitement comptable des fusions avec rémunéra-
tion intégrale en actions, nous renvoyons à l’Avis 166-1 de la Commission des nor-
mes comptables (Bull. CNC, n° 32, juin 1994, Partie II, 1.).

B. Scission avec rémunération intégrale en actions

1. Conséquences pour la société scindée

Conformément aux dispositions de l’article 210, § 1er, CIR 1992, le régime de la


liquidation s’applique en principe en cas de scission. En cas d’application du régime
de neutralité fiscale, toutefois, il convient de préciser les modalités d’application des
articles 208 et 209 CIR 1992.

Si le patrimoine transféré de la société scindée est rémunéré intégralement en nou-


velles actions des sociétés bénéficiaires, l’application des articles 208 et 209 CIR
1992 est – tout comme lors d’une fusion avec rémunération intégrale en actions –
exclue (article 211, § 1er, alinéa 1er, CIR 1992).

Cela signifie que dans le chef de la société scindée, toutes les plus-values latentes sur
les éléments de patrimoine transférés (en ce compris un éventuel goodwill) seront
exonérées et que le patrimoine de la société scindée ne sera pas réputé réparti et,
partant, qu’aucun dividende ne sera réputé distribué. Aucune réserve exonérée de la
société scindée ne deviendra donc imposable au moment de la scission.

(112) Avant cette date, article 29, § 1erbis, de l’arrêté royal du 8 octobre 1976 relatif aux comptes annuels,
instauré par l’article 2 de l’A.R. du 3 décembre 1993.

563
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2. Conséquences pour les sociétés bénéficiaires

2.1. Eléments de patrimoine transférés

a) Transfert des caractéristiques fiscales

Les effets du principe de neutralité fiscale sont les mêmes en cas de scission qu’en
cas de fusion: les éléments de patrimoine de la société scindée sont – selon la répar-
tition précisée dans le projet de scission (113) – transférés aux sociétés bénéficiaires
avec maintien de leurs caractéristiques fiscales.

Les pertes fiscales à reporter de la société scindée sont reportées sur les sociétés
bénéficiaires au prorata des valeurs fiscales nettes des patrimoines transférés à ces
sociétés (article 206, § 2, CIR 1992). La même réglementation s’applique à l’ancien
crédit d’impôt visé à l’article 289bis, § 2, CIR 1992 (article 292bis).

En ce qui concerne le «transfert» aux sociétés bénéficiaires des déductions pour in-
vestissement non encore utilisées par la société scindée, il convient de faire la dis-
tinction suivante:

- les déductions pour investissement que la société scindée n’a pas encore obtenues
au moment de la scission en raison de l’insuffisance de bénéfices, et les déduc-
tions pour investissement qui n’ont pas encore pu être appliquées en raison de la
limite de déduction afférente à l’exonération reportée sur la base de l’article 72,
alinéa 2, CIR 1992, doivent être réparties entre les sociétés bénéficiaires au pro-
rata des valeurs fiscales nettes des éléments transférés à ces sociétés;
- les déductions pour investissement étalées que la société scindée n’a pas encore
obtenues au moment de la scission, sont attribuées à la société bénéficiaire qui
acquiert l’élément auquel la déduction étalée se rapporte.

b) Traitement comptable des éléments de patrimoine transférés

Le droit comptable déclare le principe de continuité comptable applicable aux fu-


sions (visé aux actuels articles 78 et 79 AR/C. soc.), également applicable aux scis-
sions (114).

Il s’ensuit que chaque société bénéficiaire est tenue de comptabiliser les actifs et
passifs, et droits et obligations, qui lui sont transférés à la valeur pour laquelle ces
éléments figuraient dans la comptabilité de la société scindée au moment où la scis-
sion a eu lieu sur le plan comptable (115).

(113) Cf. article 728, alinéa 2, 9°, C. soc.


(114) Article 80, alinéa 1er, AR/C. soc.
(115) Article 80, alinéa 2, AR/C. soc.

564
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2.2. Transfert des capitaux propres

a) Transfert des «capitaux propres fiscaux»

En cas de scission avec rémunération intégrale en actions, les sociétés bénéficiaires


acquièrent les éléments des capitaux propres fiscaux de la société scindée compris
dans la valeur fiscale nette (le capital fiscal libéré, les réserves taxées et les réserves
exonérées autres que les plus-values de réévaluation exonérées, les réductions de
valeur exonérées et les provisions pour risques et charges) au prorata de la valeur
fiscale nette des éléments transférés à ces sociétés (article 213 CIR 1992) (116).

b) Traitement comptable

Conformément aux dispositions du droit comptable, le principe de continuité comp-


table doit être appliqué aux capitaux propres de la société scindée selon les mêmes
modalités qu’en cas de fusion, et ce sur la part de ces capitaux propres apportée à
chaque société bénéficiaire (égale à la valeur comptable nette des éléments transférés
à cette société bénéficiaire) (117).

La valeur comptable de chaque élément des capitaux propres de la société scindée


doit donc être répartie entre les sociétés bénéficiaires. Le droit comptable ne précise
toutefois pas comment ces différents éléments doivent être répartis entre les sociétés
bénéficiaires (118).

Il est dès lors indiqué, selon nous, de partir de la répartition fiscale des capitaux
propres de la société scindée convenue entre les sociétés bénéficiaires et d’ensuite
faire correspondre, autant que possible, le «contenu» des capitaux propres compta-
bles dans le chef de ces sociétés avec cette répartition fiscale.

Cette façon de procéder, que nous recommandons vivement, sera illustrée dans les
exemples ci-dessous.

(116) Les modalités de cette répartition seront précisées ci-après à l’aide d’exemples.
(117) Article 80, alinéa 2, AR/C. soc.
(118) Le patrimoine attribué à chaque société bénéficiaire doit bien entendu être égal à la valeur comptable
nette des éléments transférés à cette société: la somme des éléments de capitaux propres attribués aux
sociétés bénéficiaires doit être égale aux capitaux propres de la société scindée et la somme des parties
d’élément de capitaux propres attribuées aux sociétés bénéficiaires doit en principe être égale à l’élément
correspondant des capitaux propres de la société scindée. Si une société bénéficiaire émet des actions avec
valeur nominale, elle devra éventuellement, tout comme en cas de fusion, procéder à des corrections; ainsi
le montant dont le capital de la société bénéficiaire devra être augmenté pourra-t-il être inférieur ou supé-
rieur au capital attribué d’un point de vue comptable, de sorte que la différence devra être portée en prime
d’émission ou prélevée sur les autres éléments des capitaux propres attribués (article 78, § 4, AR/C. soc.).

565
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

3. Conséquences pour les actionnaires de la société scindée

Suite à la scission, les actionnaires de la société scindée échangent leurs actions de la


société scindée – en principe au prorata de leur participation – contre de nouvelles
actions des sociétés bénéficiaires (119).

Dans le chef de l’actionnaire-société, l’échange d’actions sera comptabilisé dans le


respect du principe de continuité (article 41, § 1, alinéa 2, AR/C. soc.). Cela signifie
que la valeur comptable totale des actions acquises dans les sociétés bénéficiaires
devra être égale à la valeur comptable des actions échangées de la société scindée. Le
droit comptable ne précise toutefois pas comment cette valeur comptable globale
doit être ventilée entre les différentes participations acquises.

Selon nous, elle doit l’être au prorata des valeurs nettes réelles des éléments attribués
aux différentes sociétés bénéficiaires.

Sur le plan fiscal, l’éventuelle plus-value que l’actionnaire-société réalise à l’occa-


sion de l’échange d’actions, reste exonérée (article 45, § 1er, alinéa 1er, CIR 1992).
Puisqu’en application du principe de continuité comptable, cette éventuelle plus-va-
lue ne peut être exprimée, il ne doit en l’occurrence pas être satisfait à la condition
d’intangibilité (article 190, alinéa 3, CIR 1992).

La valeur fiscale totale des participations acquises dans les sociétés bénéficiaires est
égale à la valeur fiscale des actions échangées de la société scindée (article 45, § 1er,
alinéa 2, CIR 1992). Le Code ne donne toutefois aucune indication concernant la
façon dont cette valeur fiscale doit être ventilée entre les différentes participations
acquises. Selon nous, elle doit l’être au prorata des valeurs nettes réelles des élé-
ments attribués aux différentes sociétés bénéficiaires.

En cas d’aliénation future de ces participations, la plus-value réalisée lors de l’aliéna-


tion sera calculée sur la base de la valeur fiscale des actions échangées de la société
scindée et sera – pour autant que les conditions à cet effet soient remplies – définiti-
vement exonérée (article 192 CIR 1992).

4. Exemples

Exemple 1

Les principes exposés ci-dessus peuvent être illustrés à l’aide de l’exemple simplifié
suivant.

Le bilan de la société A avant scission est constitué des éléments suivants:

(119) Sauf si, conformément aux dispositions de l’article 736, § 5, C. soc., il est décidé que la répartition
des nouvelles actions des sociétés bénéficiaires entre les actionnaires de la société scindée ne se fait pas
proportionnellement à leur participation.

566
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

A
Actifs 14 000 Capital 3 000
Réserve légale 300
Réserves disponibles 4 700
Réserves immunisées 2 000
(art. 36 CIR 1964)
Dettes 4 000
______ ______
14 000 14 000

Imaginons à présent que la société A soit scindée en deux sociétés B et C à constituer


dans le cadre d’une opération fiscalement neutre. A cette occasion, B acquiert 5 500
d’actifs et 1 500 de dettes et C 8 500 d’actifs et 2 500 de dettes.

Imaginons également que la valeur fiscale des éléments du patrimoine de A corres-


ponde à leur valeur comptable.

L’un des actionnaires de A est une société D, laquelle détient une participation de
80 % dansA (le prix d’acquisition de cette participation de 80 % est de 7 500).

Supposons à présent que la valeur réelle de A au moment de la scission est de 20 000.


Le partage de l’avoir social s’effectue à concurrence de 9 000 en faveur de B et de
11 000 en faveur de C.

Dans le chef des sociétés B et C

Abstraction faite de la structure des capitaux propres, les bilans de B et C après ac-
quisition des éléments du patrimoine de A se présentent respectivement comme suit:

B C
Actifs 5 500 CP 4 000 Actifs 8 500 CP 6 000
Dettes 1 500 Dettes 2 500
_____ _____ _____ _____
5 500 5 500 8 500 8 500

Sur les 10 000 de valeur fiscale nette initiale de A, 4 000 sont attribués à B et 6 000 à
C.

Le capital fiscal libéré de A (3 000), ses réserves taxées (5 000) et ses réserves exoné-
rées (2 000) sont réparties fiscalement entre B et C suivant les mêmes proportions.

D’un point de vue fiscal, on obtient donc la situation suivante dans le chef de B et C:
B C
Capital fiscal libéré 1 200 1 800
Réserves taxées 2 000 3 000
Réserves exonérées 800 1 200

567
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Les capitaux propres comptables de B (4 000) et C (6 000) peuvent être présentés de


manière telle que la structure comptable de ces capitaux propres corresponde en tous
points à leur structure fiscale.

Les écritures comptables à passer par B sont dès lors les suivantes:

Actifs 5 500
à Capital 1 200
Réserve légale 120
Réserves disponibles 1 880
Réserves immunisées 800
Dettes 1 500

Et celles à passer par C:

Actifs 8 500
à Capital 1 800
Réserve légale 180
Réserves disponibles 2 820
Réserves immunisées 1 200
Dettes 2 500

Les réserves taxées et les réserves exonérées (ventilées ligne par ligne) sont inscrites
comme situation de départ de la période imposable dans la première déclaration fis-
cale de B et C.

Après la scission, les bilans de B et C se présentent respectivement comme suit:

B C
Actifs 5 500 Capital 1 200 Actifs 8 500 Capital 1 800
Réserve Réserve
légale 120 légale 180
Réserves 1 880 Réserves 2 820
disponibles disponibles
Réserves 800 Réserves
immunisées immunisées 1 200
Dettes 1 500 Dettes 2 500
_____ _____ _____ _____
5 500 5 500 8 500 8 500

Dans le chef de l’actionnaire-société D

La valeur des actions émises par B et C suite à l’acquisition des éléments du patri-
moine de A s’élève respectivement à 9 000 et 11 000.

Les conséquences dans le chef de l’actionnaire-société D sont les suivantes

568
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

a) Du point de vue comptable


La valeur comptable de la participation détenue par D dans A (7 500) doit être répar-
tie comme suit: 3 375 (7 500 x 9 000/20 000) en ce qui concerne le patrimoine trans-
féré à B et 4 125 (7 500 x 11 000/20 000) en ce qui concerne le patrimoine transféré
à C.
Les écritures à passer par D suite à l’échange d’actions sont, selon le principe de
continuité comptable, les suivantes:
Participation B 3 375
Participation C 4 125
à Participation A 7 500
b) Du point de vue fiscal
Avant la scission, la valeur fiscale de la participation détenue par D dans A était de 7
500. A l’occasion de l’échange d’actions, D acquiert des actions de B d’une valeur
réelle de 7 200 (9 000 x 80 %) et des actions de C d’une valeur réelle de 8 800 (11 000
x 80 %). B réalise donc une plus-value de 8.500 (7 200 + 8 800 – 7 500). Cette plus-
value est exonérée (article 45, § 1er, alinéa 1er, CIR 1992); puisque cette plus-value
n’est pas exprimée en application du principe de continuité comptable, il ne doit pas
être satisfait à la condition d’intangibilité en vue de l’exonération (article 190, alinéa
3, CIR 1992).
Dans le chef de D, la valeur fiscale de la participation dans B est égale à 3 375 et la
valeur fiscale de la participation dans C à 4 125 (article 45, § 1er, alinéa 2, CIR 1992).

Exemple 2
Les choses se compliquent d’un point de vue technique dès lors que les valeurs fisca-
les et comptables des éléments transférés ne correspondent pas. Illustrons ce cas de
figure à l’aide d’un exemple (en l’occurrence, nous nous intéresserons uniquement à
la situation dans le chef des sociétés bénéficiaires).
Partant des mêmes données que dans l’exemple 1, nous supposons à présent qu’une
plus-value de réévaluation de 1 000 a été exprimée sur un actif d’une valeur compta-
ble de 0. Pour le reste, les valeurs comptables correspondent aux valeurs fiscales.
Le bilan de la société à scinder se présente comme suit:

A
Actifs 14 000 Capital 3 000
Actif 1 1 000 Réserve légale 300
Plus-values de réévaluation 1 000
Réserves disponibles 4 700
Réserves immunisées 2 000
(art. 36 CIR 1964)
Dettes 4 000
______ ______
15 000 15 000

569
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

a) La valeur fiscale nette du patrimoine transféré à B et C est positive

A est scindée en deux nouvelles sociétés B et C à constituer dans le cadre d’une


opération fiscalement neutre. A cette occasion, B acquiert 5 500 d’actifs non rééva-
lués et 1 500 de dettes et C acquiert l’actif réévalué, 8 500 d’actifs non réévalués et 2
500 de dettes.

Abstraction faite de la structure de leurs capitaux propres, les bilans de B et C se


présentent respectivement comme suit:

B C
Actifs 5 500 CP 4 000 Actifs 8 500 CP 7 000
Dettes 1 500 Actif 1 1 000 Dettes 2 500
_____ _____ _____ _____
5 500 5 500 9 500 9 500

La valeur fiscale nette de A est de 10.000. Celle-ci est transférée à concurrence de 4


000 à B (5 500 – 1 500) et de 6 000 à C (9 500 – 1 000 – 2 500). Le capital fiscal libéré
de A (3 000) et ses réserves taxées (5 000) doivent donc être attribuées à concurrence
de 40 % à B et de 60 % à C.

En ce qui concerne l’attribution des réserves exonérées de A, il convient d’opérer une


distinction entre les réserves exonérées à prendre en compte en vue de la détermina-
tion de la valeur fiscale nette de A et celles à ne pas prendre en compte.

D’un point de vue fiscal, seules les réserves exonérées qui entrent en considération
en vue de la détermination de la valeur fiscale nette de A sont attribuées à B et à C au
prorata des valeurs fiscales nettes respectivement transférées à B et à C. La réserve
exonérée qui n’entre pas en considération en vue de la détermination de la valeur
fiscale nette de la société scindée (en l’espèce la plus-value de réévaluation) sera
attribuée fiscalement à la société à laquelle est attribué l’actif auquel cette réserve se
rapporte (120).

Du point de vue fiscal, on obtient donc la situation suivante dans le chef de B et de C:

B C
Capital fiscal libéré 1 200 1 800
Réserves taxées 2 000 3 000
Réserves exonérées 800 1 200
Plus-values de réévaluation 1 000

Les capitaux propres comptables de B et C peuvent être présentés de manière telle


que la structure comptable de ces capitaux propres corresponde en tous points à leur
structure fiscale.

(120) 211/55 Com.IR 1992.

570
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Les écritures comptables à passer par B sont dès lors les suivantes:

Actifs 5 500
à Capital 1 200
Réserve légale 120
Réserves disponibles 1 880
Réserves immunisées 800
Dettes 1 500

Et celles à passer par C:

Actifs 8 500
Actif 1 1 000
à Capital 1 800
Réserve légale 180
Plus-value de réévaluation 1 000
Réserves disponibles 2 820
Réserves immunisées 1 200
Dettes 2 500

Dans les déclarations fiscales de B et C, les réserves taxées (case IA) et les réserves
exonérées (case IB) acquises doivent, tout comme dans l’exemple 1, être inscrites
comme situation de départ de la période imposable.

Après la scission, les bilans de B et C se présentent respectivement comme suit:

B C
Actifs 5 500 Capital 1 200 Actifs 8 500 Capital 1 800
Réserve légale 120 Actif 1 1 000 Réserve légale 180
Réserves 1 880 Plus-values 1 000
disponibles de réévaluation
Réserves 800 Réserves 2 820
immunisées disponibles
Dettes 1 500 Réserves 1 200
immunisées
Dettes 2 500
_____ _____ _____ _____
5 500 5 500 9 500 9 500

b) La valeur fiscale nette du patrimoine transféré à l’une des sociétés bénéficiai-


res est négative

Supposons à présent que la société A précitée est scindée dans le cadre d’une opéra-
tion fiscalement neutre. A cette occasion, tous les actifs non réévalués et un montant
de 3 400 de dettes sont transférés à B, tandis que C se voit attribuer l’actif réévalué et
un montant de 600 de dettes.

571
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Abstraction faite de la structure de leurs capitaux propres, les bilans de B et C se


présentent respectivement comme suit:

B C
Actifs 14 000 CP 10 600 Actifs 1 000 CP 400
Dettes 3 400 Dettes 600
______ ______ _____ _____
14 000 14 000 1 000 1 000

La valeur fiscale nette de A est de 10 000. La valeur fiscale nette du patrimoine


transféré à B est de 10 600 et la valeur fiscale nette du patrimoine transféré à C de 0
(en fait -600, mais lorsqu’un patrimoine transféré a une valeur fiscale nette négative,
cette valeur fiscale nette est ramenée à 0) (121).

Le capital fiscal libéré de A, ses réserves taxées et ses réserves exonérées qui entrent
en considération pour une répartition proportionnelle, doivent donc être attribués in-
tégralement à B. Puisque l’actif réévalué est transféré à C, la plus-value de réévalua-
tion doit être attribuée intégralement à C.

Du point de vue fiscal, on obtient donc la situation suivante dans le chef de B et de C:

B C
Capital fiscal libéré 3 000 0
Réserves taxées 5 000 0
Réserves immunisées 2 000 0
Plus-values de réévaluation 1 000

La structure comptable des capitaux propres de B (10 600) et de C (400) ne peut donc
plus correspondre à leur structure fiscale. En effet, il y a un «excédent» comptable de
600 dans le chef de B et un déficit de 600 dans le chef de C.

D’un point de vue comptable, les capitaux propres de 400 de C seront exclusivement
constitués (d’une partie) de la plus-value de réévaluation, tandis que d’un point de
vue fiscal, la plus-value de réévaluation sera attribuée à C à concurrence de son mon-
tant total, à savoir 1 000.

Dans le chef de B, l’ «excédent» de 600 sera comptabilisé en réserves immunisées.

Les écritures comptables à passer par B sont dès lors les suivantes:

Actifs 14 000
à Capital 3 000
Réserve légale 300
Réserves disponibles 4 700
Réserves immunisées (2 000 + 600) 2 600
Dettes 3 400
(121) 211/54 Com.IR 1992.

572
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Et celles à passer par C:

Actif 1 1 000
à Plus-values de 400
réévaluation
Dettes 600

Les montants correspondants doivent à nouveau être inscrits dans les cases IA et IB
des déclarations fiscales de B et C (122).

Après la scission, les bilans de B et C se présentent respectivement comme suit:

B C
Actifs 14 000 Capital 3 000 Actif 1 1 000 Plus-values
de réévaluation 400
Réserve 300 Dettes 600
légale
Réserves 4 700
disponibles
Réserves 2 600
immunisées
Dettes 3 400

______ ______ _____ _____


14 000 14 000 1 000 1 000

Remarques

(i) Il va sans dire qu’il convient de veiller à ce que le capital de C atteigne au moins
le minimum légal (à cette fin, la plus-value de réévaluation de 400 pourrait être
incorporée – éventuellement en partie – au capital).

(ii) Il apparaît une double imposition latente à concurrence de la partie de la plus-


value de réévaluation qui ne figure pas dans le patrimoine comptable de C.

En effet,
– Si, après son acquisition, l’actif 1 est vendu pour 1 000, par exemple, C réalise
une plus-value fiscale de 1 000. D’un point de vue technico-fiscal, la plus-
value de réévaluation exonérée de 400 est convertie en une réserve taxée et les
autres 600 portés en dépenses non admises.
Un montant de 600 sera également taxé dans le chef de B au moment où la
condition d’intangibilité ne sera plus remplie pour la réserve exonérée de 600
(le même montant d’impôt est en principe dû lors de la répartition de cette
réserve à l’occasion de la liquidation de B; voir toutefois ci-dessous).
(122) Dans le chef de B, la réserve exonérée supplémentaire de 600 ne doit apparaître que dans la situation
en fin de période imposable.

573
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

– Si l’actif n’est pas vendu, les amortissements comptables actés sur la plus-
value exprimée ne seront pas admis fiscalement. Sur le plan fiscal, la plus-
value de réévaluation actée de 400 sera d’abord convertie – au prorata des
amortissements – en une réserve taxée. Les amortissements actés sur le solde
de la plus-value exprimée (600) seront neutralisés par la comptabilisation d’un
excédent d’amortissements. La remise à zéro de cet excédent d’amortisse-
ments (suite à l’aliénation de l’actif 1 ou éventuellement à la liquidation de A)
sera neutralisée fiscalement par l’inscription d’un même montant en dépenses
non admises (123).
Comme dans le cas ci-dessus, le même montant de 600 sera également taxé
dans le chef de B dès lors que la condition d’intangibilité ne sera plus remplie.

La taxation éventuelle de cette réserve exonérée supplémentaire dans le chef de B est


une conséquence plutôt indésirable de la façon dont l’Administration interprète le
traitement technique d’une telle scission.

Dans la pratique, l’Administration s’est montrée disposée à confirmer en pareille


situation:

- qu’aussi longtemps que la société bénéficiaire en question continue de satisfaire à


la condition d’intangibilité en ce qui concerne cette réserve exonérée supplémen-
taire, ladite réserve demeure effectivement exonérée;
- et que, si au moment de la liquidation de la société bénéficiaire, cette réserve
exonérée supplémentaire est répartie (et devient donc imposable suite à cette dis-
tribution de dividende), la situation des réserves taxées en début de période impo-
sable peut être augmentée à concurrence d’un montant égal au dividende distri-
bué.

§ 3. Fusion ou scission avec rémunération partielle en actions en raison d’une


participation détenue par la société absorbante (ou une société bénéficiaire) dans
la société absorbée (ou scindée)

A. Fusion mère-fille

1. Conséquences pour la société absorbée: régime de liquidation adapté

Si la société absorbante détient une participation dans la société absorbée, ces actions
ne peuvent être échangées au moment de la fusion (article 703, § 2, 1°, C. soc.).
L’apport de la partie du patrimoine de la société absorbée qui est représentée par les
actions que la société absorbante détient dans cette société, n’est donc pas rémunéré
par la société absorbante par l’émission de nouvelles actions; dans le chef de la socié-
té absorbante, ces actions seront annulées au moment de la fusion (article 78, § 6,
AR/C. soc.).
Si, au moment de la fusion, la société absorbante détient déjà la participation dans la
société absorbée (soit directement, soit par le biais d’intermédiaires) (124), aucune

(123) 211/58 in fine, Com.IR 1992.


(124) à savoir une opération assimilée à une fusion par absorption sur la base de l’article 676 C. soc.

574
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

nouvelle action ne sera par conséquent émise par la société absorbante à l’occasion
de la fusion dite «silencieuse».

Pour bien comprendre le traitement fiscal du régime de neutralité fiscale dans le chef
de la société absorbante dans le cas d’une fusion mère/fille, il convient d’examiner
selon quelles modalités et dans quelle mesure le régime de la liquidation défini aux
articles 208 et 209 CIR 1992 trouve ou ne trouve pas à s’appliquer.

Pour les opérations réalisées à partir du 15 janvier 1999, les principes sont les sui-
vants.

Les articles 208 et 209 CIR 1992 ne s’appliquent en aucun cas aux plus-values de
réévaluation et plus-values constatées au moment de la fusion (éléments qui ne font
pas partie de la valeur fiscale nette (125) de la société absorbée), pas plus qu’ils ne
s’appliquent aux plus-values qui bénéficient du régime de la taxation étalée en vertu
de l’article 47 CIR 1992 ou encore aux subsides en capital exonérés sur la base de
l’article 362 CIR 1992 (éléments qui font effectivement partie de la valeur fiscale
nette de la société absorbée).

L’article 209 CIR 1992 demeure toutefois applicable dans la mesure où l’apport du
patrimoine (fiscal) de la société absorbée (qui entre en considération pour une répar-
tition) n’est pas rémunéré par de nouvelles actions émises par la société absorbante
(c’est-à-dire à hauteur de la participation que la société mère absorbante détient dans
la société fille absorbée au moment de la fusion). Dans le cas d’une fusion mère-fille,
il s’agira donc avant tout de déterminer le patrimoine fiscal qui entre en considéra-
tion pour une répartition en vertu de l’article 209 CIR 1992.

La valeur fiscale nette de la société absorbée qui entre en considération pour une
répartition à l’occasion de la fusion mère-fille, s’obtient en déduisant les plus-values
visées à l’article 47 CIR 1992 et les subsides en capital visés à l’article 362 CIR
1992, lesquels sont encore exonérés au moment de la fusion, de la valeur fiscale nette
totale de cette société (de laquelle les plus-values de réévaluation et les plus-values
constatées au moment de la fusion ont déjà été déduites). Le patrimoine fiscal de la
société ainsi déterminé est réputé réparti à hauteur de la participation détenue par la
société absorbante dans la société absorbée.

(125) Notion de valeur fiscale nette. Le Code des impôts sur les revenus ne donne aucune définition de la
notion de valeur fiscale nette. La notion est généralement définie comme la différence entre la valeur
fiscale des actifs et la valeur fiscale des capitaux d’emprunt. Il s’agit en d’autres termes de la valeur fiscale
de l’actif net.
A l’occasion des travaux parlementaires de la loi du 6 août 1993, il a été précisé que l’on pouvait à cet
égard se référer au commentaire administratif qui dispose (211/37 Com.IR 1992) que, pour la détermina-
tion de la valeur fiscale nette, on agira comme si la société scindée avait préalablement adapté sa comp-
tabilité à sa situation fiscale, c’est-à-dire:
a) que les «réserves non comptabilisées» (excédents d’amortissements, sous-évaluations de stocks, ré-
ductions de valeur taxées sur créances commerciales, provisions pour risques et charges taxées, autres
sous-estimations d’actif et surestimations de passif) doivent être ajoutées à la valeur comptable des
éléments auxquels elles se rapportent;
b) que les plus-values non réalisées, provisoirement exprimées et non taxées, doivent être déduites de la
valeur comptable des éléments auxquels elles se rapportent.

575
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Conformément aux dispositions de l’article 209 CIR 1992 (auquel l’article 211, § 1er,
CIR 1992 renvoie), cette répartition est imputée d’abord sur le montant réévalué du
capital fiscal libéré (qui correspond à la participation (126)), ensuite sur les bénéfices
antérieurement réservés déjà soumis à l’impôt des sociétés et enfin sur les bénéfices
antérieurement exonérés (donc sur les réservés exonérées qui sont comprises dans la
valeur fiscale nette qui entre en considération pour une répartition).

Si la distribution du dividende est imputée sur des bénéfices antérieurement réservés


déjà soumis à l’impôt des sociétés, elle ne donne pas lieu à une base imposable: la
distribution de dividende est en l’occurrence compensée par une réduction à due
concurrence des réserves taxées.

La partie du dividende distribué qui doit être imputée sur les réserves exonérées, en
revanche, donne lieu à une base imposable. Cette partie du dividende distribué ne
peut en effet pas être compensée par une réduction à due concurrence des réserves
taxées. Les pertes fiscales à reporter de la société absorbée qui sont éventuellement
encore disponibles, peuvent bien entendu être utilisées afin de neutraliser la base
imposable ainsi obtenue. Seul le solde après utilisation des pertes fiscales à reporter
de la société absorbée, entre en considération pour le calcul du report des pertes dans
le chef de la société mère absorbante, et ce dans les limites des dispositions de l’arti-
cle 206, § 2, CIR 1992 (127).

Toute répartition effectuée en sus du montant réévalué du capital après déduction de


l’éventuel montant dû à l’impôt des sociétés est considérée comme un dividende
distribué. Le précompte mobilier de 10 % sur les dividendes de liquidation instauré
par la loi du 24 décembre 2002 n’est pas applicable au dividende de liquidation répu-
té distribué à l’occasion d’une opération fiscalement neutre de fusion mère-fille (ar-
ticle 264, alinéa 1er, 2°, premier tiret, CIR 1992).

Les réductions de valeur et provisions de la société fille absorbée qui sont exonérées
sur la base de l’article 48 CIR 1992 et reprises telles quelles dans la comptabilité de
la société mère absorbante, sont également exclues du patrimoine fiscal susceptible
de répartition (128).

2. Conséquences pour les actionnaires de la société absorbée (autres que la so-


ciété mère absorbante)

Les actionnaires de la société absorbée (autres que la société mère absorbante) échan-
gent leurs actions de la société absorbée – au prorata de leur participation – contre de
nouvelles actions de la société absorbante.

(126) Cette imputation proportionnelle sur le capital fiscal libéré ne peut être inférée du texte de l’article
211, § 1er ni de l’article 209 CIR, mais bien de l’article 211, § 2, alinéa 3, CIR.
(127) Voir ci-dessous.
(128) 211/88 Com.IR 1992. Ces éléments ne font pas partie de la valeur fiscale nette de la société.

576
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le traitement fiscal et comptable de cet échange d’actions est identique au traitement


décrit dans le cadre d’une fusion avec rémunération intégrale en actions.

3. Conséquences pour la société absorbante

La société mère absorbante a en fait une double qualité; elle est à la fois la société
absorbante et un actionnaire de la société absorbée. En sa qualité d’actionnaire, elle
ne se voit cependant pas attribuer d’actions de la société absorbante (qui n’est autre
qu’elle-même), tandis que ses actions de la société absorbée sont annulées. La partie
du patrimoine de la société absorbée qui correspond aux actions annulées est réputée
lui avoir été attribuée.

3.1. Eléments de patrimoine transférés

Etant donné qu’en l’occurrence, la société mère absorbante agit purement et simple-
ment en qualité de société absorbante, le traitement fiscal et comptable des éléments
de patrimoine transférés est en principe le même que dans le cas d’une fusion avec
rémunération intégrale en actions: dans le chef de la société absorbante, les éléments
de patrimoine transférés sont traités, d’un point de vue fiscal, comme s’il n’y avait
pas eu de transfert et, d’un point de vue comptable, dans le respect du principe de
continuité (129).

3.2. Transfert des capitaux propres

a) Transfert des capitaux propres fiscaux

Le montant non réévalué du capital fiscal libéré et les bénéfices antérieurement réser-
vés de la société absorbée sont diminués dans le chef de la société absorbante à con-
currence de la partie de l’«apport» qui n’est pas rémunéré par de nouvelles actions
(article 212, § 2, alinéa 1er, CIR 1992). Cette diminution est imputée proportionnelle-
ment sur le capital fiscal libéré et sur les réserves et, pour ces dernières, en priorité
sur les réserves taxées (article 212, § 2, alinéa 3, CIR 1992). Aucune diminution n’est
toutefois imputée sur les éléments des capitaux propres fiscaux de la société absor-
bée qui ont été exclus de la valeur fiscale de ces capitaux susceptibles de répartition
(toutes les plus-values de réévaluation, les plus-values exonérées sur la base de l’ar-
ticle 47 CIR 1992 et les subsides en capital exonérés) (article 211, § 2, alinéa 4, CIR
1992).

Pour que les réserves exonérées qui apparaissent dans la comptabilité de la société
absorbée (les plus-values de réévaluation, les plus-values visées à l’article 47 CIR
1992 et les subsides en capital visés à l’article 362 CIR 1992), qui en application de
la présente règle ont été transférées intégralement à la société mère absorbante, res-
tent exonérées dans le chef de cette dernière, il faut que la condition d’intangibilité

(129) Pour le cas exceptionnel où il peut être dérogé au principe de continuité comptable concernant les
éléments de l’actif transférés, voir ci-dessous.

577
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

soit toujours remplie. Si, par la suite, au moment de la fusion, ces réserves sont rédui-
tes sur la base des règles comptables applicables (130), les écritures de correction
nécessaires devront être passées afin de pouvoir continuer à satisfaire à la condition
d’intangibilité pour ces réserves exonérées.

De même, aucune diminution ne peut être imputée sur les réductions de valeur et
provisions exonérées visées à l’article 48 CIR 1992, qui sont comptabilisées en tant
que telles dans la comptabilité de la société absorbante.

b) Transfert des capitaux propres comptables

Dans le cas d’une fusion mère/fille, l’article 78, § 6, AR/C. soc. dispose que les
éléments des capitaux propres de la société fille absorbée ne sont repris dans les
comptes de la société mère absorbante qu’à concurrence de la fraction de ceux-ci
correspondant aux actions de la société absorbée qui ont été échangées contre des
actions de la société absorbante. La partie des capitaux propres comptables de la
société fille qui correspond à la participation que la société mère absorbante détient
dans la société fille absorbée n’est donc pas reprise dans les comptes de la société
mère.

Lors de ce transfert limité des éléments des capitaux propres comptables de la société
fille absorbée à la société mère absorbante, il convient néanmoins de tenir compte de
l’imputation fiscale au niveau des réserves suite à la répartition fiscale effectuée à
l’occasion de la fusion mère/fille (article 78, § 6 in fine, AR/C. soc.). L’imputation
fiscale de la répartition s’effectue, à l’instar de l’imputation comptable, de manière
proportionnelle sur le capital et sur les réserves et, pour ces dernières, en priorité sur
les réserves taxées (donc normalement sur les réserves disponibles ou sur le bénéfice
reporté, mais aussi, si besoin est, sur la réserve légale et sur les réserves indisponibles
taxées) et ensuite seulement sur les réserves exonérées. Il convient donc de respecter
cet ordre d’imputation fiscale lors du traitement comptable (131).

3.3. Plus-values ou moins-values sur les actions annulées

a) Du point de vue comptable

Dans la pratique, il arrive rarement que, dans le chef de la société absorbante, la


valeur comptable des actions de la société absorbée corresponde parfaitement à la
fraction que ces actions représentent dans les capitaux propres de la société absorbée.

(130) Voir point b) ci-dessous.


(131) La situation se complique encore davantage sur le plan technique lorsque le capital social n’est pas
exclusivement constitué du capital fiscal libéré mais comprend également des réserves taxées ou exoné-
rées (qui entrent ou non en considération pour une répartition fiscale), qu’une partie d’une plus-value de
réévaluation est constituée fiscalement d’une réserve taxée ou qu’il existe des réserves occultes. La façon
dont ces complications sont traitées sur le plan technique sera illustrée ci-après à l’aide d’exemples simpli-
fiés.

578
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

A l’occasion de la fusion mère-fille, ces actions sont annulées et il en résulte presque


toujours une plus-value ou moins-value (comptable) de fusion. L’article 78, § 7, AR/
C. soc. indique comment cette différence doit être traitée (132).

Dans le cas d’une plus-value (comptable) de fusion, il convient de passer des écritu-
res de correction – abstraction faite des éventuelles écritures de correction résultant
de prescriptions fiscales – si, dans les comptes de la société absorbée, certains actifs
avaient été surévalués ou certains passifs sous-évalués. En effet, si tel est le cas, les
corrections nécessaires doivent être apportées au moment de la fusion (amortisse-
ments, réductions de valeur, provisions) et la différence prise en résultat (article 78, §
7, b, AR/C. soc.).

Dans le cas d’une moins-value (comptable) de fusion, il peut être dérogé au principe
de continuité comptable et la différence peut, si cela se justifie, être imputée sur les
actifs absorbés d’une valeur supérieure au montant pour lequel ils figuraient dans la
comptabilité de la société absorbée (article 78, § 7, a, alinéa 1er, AR/C. soc.). En
outre, le droit comptable dispose que «dans la mesure où cette différence (à savoir la
perte de fusion) est imputable à une surévaluation de dettes ou à des amortissements,
réductions de valeur ou provisions actés au compte de résultats de la société absor-
bée, devenus sans objet ou excédentaires, ceux-ci font l’objet, au moment de la fu-
sion, de reprises ou de redressements à concurrence de cet excédent, par le compte de
résultats» (article 78, § 7, a, alinéa 1er in fine, AR/C. soc.).

L’écart qui subsiste après ces imputations peut, si cela se justifie, être porté à la rubri-
que «goodwill» ou, dans le cas contraire, être pris en résultat (article 78, § 7, a, alinéa
2, AR/C. soc.) (133).

b) Du point de vue fiscal

Le résultat (fiscal) de fusion dans le chef de la société absorbante suite à l’annulation


des actions de la société absorbée est égal à la différence entre la valeur de la réparti-
tion fiscale qui est réputée avoir lieu dans le chef de la société absorbée et la valeur
fiscale de ces actions annulées.

i) La société absorbante réalise une plus-value fiscale sur les actions annulées

Dans le cas d’un résultat positif, cette plus-value (fiscale) de fusion entre en considé-
ration pour la déduction RDT à 95 % (134) – si la participation annulée elle-même

(132) L’article 78, § 7, AR/C. soc. renvoie erronément à l’article 703, § 2, 2°, C. soc; l’article visé est en
l’occurrence l’article 703, § 2, 1°, C. soc.
(133) Dans le cas d’une plus-value (comptable) de fusion comme dans celui d’une moins-value (compta-
ble) de fusion, il est recommandé de toujours procéder aux corrections requises, à l’exception – dans le cas
d’une moins-value (comptable) de fusion – de l’expression de plus-values sur les actifs absorbés ou d’un
goodwill, au niveau des comptes de la société absorbée sur la base desquels la fusion est opérée, et pas au
moment de la fusion.
(134) La déduction prévue dans l’avant-projet de loi évoqué ci-dessus était de 100 %.

579
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

entrait en considération à cette fin – (article 202, § 1er, 2°, CIR 1992); si la participa-
tion n’entrait pas en considération pour la déduction RDT, la plus-value fiscale est
imposable.

ii) La société absorbante réalise une moins-value fiscale sur les actions annulées

Lorsque, dans le chef de la société mère absorbante, la valeur fiscale des actions
annulées est supérieure à la valeur fiscale nette de la répartition, la différence entre
les deux valeurs représente une perte fiscale qui, quelle que soit son importance, ne
peut être qualifiée de charge professionnelle. Cette perte (fiscale) de fusion doit tou-
jours être portée en dépenses non admises.

L’exception à la non-déductibilité prévue à l’article 198, 7°, CIR 1992 ne s’applique


pas (135) en raison de l’absence de partage complet de l’avoir social. Depuis le 1er
octobre 1993, la société absorbée n’est plus liquidée en vertu du droit des sociétés. La
déductibilité doit toutefois être rejetée parce que d’un point de vue fiscal, il n’y a pas
de partage complet. En effet, dans le cas d’une fusion fiscalement neutre, l’applica-
tion du régime fiscal de la liquidation n’implique pas que le total des capitaux pro-
pres fiscaux de la société absorbée soit réputé réparti.

Dans le cas d’une moins-value comptable sur les actions annulées, nous avons indi-
qué ci-dessus que la perte comptable peut être «compensée» – au moment de l’opéra-
tion et bien entendu uniquement dans la mesure où ces plus-values peuvent être jus-
tifiées – par l’expression de plus-values sur les actifs transférés et éventuellement
même par l’expression d’un goodwill.

La loi du 22 décembre 1998 a ajouté un troisième alinéa à l’article 212 CIR 1992 qui
dispose que les plus-values exprimées (en ce compris le goodwill) sont considérées
comme non réalisées de sorte que la condition d’intangibilité doit être remplie pour
que ces plus-values demeurent exonérées.

Si le transfert de ces plus-values exprimées (en ce compris le goodwill) vers une


réserve exonérée (à charge du débit d’un compte de résultats) est sans influence sur le
montant des capitaux propres de la société absorbante, il influence leur structure; en
effet, une réserve exonérée et une perte comptable reportée sont comptabilisées à
concurrence du montant du transfert (136).

Afin d’éviter l’impact économique défavorable potentiel de ce «changement de struc-


ture» des capitaux propres, l’exposé de motifs de la loi du 22 décembre 1998 prévoit
une alternative technique au transfert d’une réserve exonérée à charge du débit d’un
compte de résultats: un sous-compte de la rubrique ‘capital’ peut être débité et un
autre sous-compte de la rubrique ‘capital’ crédité à concurrence du montant des plus-
values d’apport (137).

(135) 211/106 Com.IR 1992.


(136) Abstraction faite des autres résultats que la société absorbante réalise au cours de l’exercice pendant
lequel la fusion a lieu.
(137) Exposé des motifs, Doc. parl., Ch. repr., 1997-1998, 1608/1, p. 20.

580
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le sous-compte débité de la rubrique «capital» est traité fiscalement comme une


réserve en capital taxée négative et le sous-compte crédité de la même rubrique ‘ca-
pital’ comme une réserve en capital exonérée.

Les amortissements actés sur les plus-values exprimées (en ce compris le goodwill)
sont fiscalement non admis. Si la solution du transfert vers une réserve exonérée est
retenue, les amortissements sur les plus-values exprimées (en ce compris le good-
will) seront neutralisés fiscalement par l’imposition de cette réserve exonérée au fur
et à mesure des amortissements actés. Si la solution retenue est celle de la comptabi-
lisation via deux sous-comptes de la rubrique ‘capital’, les amortissements sur les
plus-values exprimées (en ce compris le goodwill) seront neutralisés fiscalement en
réduisant le montant de la réserve taxée négative en capital à concurrence du montant
de la réduction de la réserve immunisée en capital. Cette opération est comptabilisée
en extournant (chaque année) l’écriture initiale qui utilisait les sous-comptes de la
rubrique ‘capital’ à concurrence de l’amortissement fiscalement rejeté (la réserve
taxée négative en capital devient donc moins négative à concurrence de l’amortisse-
ment fiscalement rejeté et l’augmentation des réserves taxées qui en résulte compen-
se cette charge d’amortissement).

Cette mesure vaut pour les fusions et scissions réalisées à partir du 1er octobre 1993.
Etant donné que le fondement légal de cette mesure n’existe que depuis le 15 janvier
1999 (jour de la publication de la loi du 22 décembre 1998 au Moniteur belge), la
(les) société(s) absorbante(s) ou bénéficiaire(s) qui satisfaisai(en)t aux conditions
d’application de cette mesure mais qui ne l’avai(en)t pas encore appliquée au 15
janvier 1999, s’est (se sont) vue(s) offrir la possibilité de régulariser (sa) leur situa-
tion (c’est-à-dire de réaliser le transfert requis pour satisfaire à la condition d’intangi-
bilité); cette régularisation devait avoir lieu au plus tard lors de la clôture des pre-
miers comptes annuels après le 15 janvier 1999.

Les principes énoncés ci-dessus peuvent être illustrés à l’aide de l’exemple simple
suivant.

Exemple

Imaginons que les bilans respectifs de la société absorbante A et de la société à absor-


ber B se présentent comme suit (les valeurs comptables indiquées correspondent aux
valeurs fiscales):

A
Participation dans B (100 %) 3 000 Capital 3 000

B
Actifs 2 000 Capital 2 000

Supposons à cet égard que la différence entre la valeur de la participation détenue par
A dans B et l’actif net de B s’explique par un goodwill et que ce goodwill est exprimé
au moment de l’absorption de B par A.

581
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Dans le chef de A, la fusion est comptabilisée comme suit:

Actifs 2 000
Goodwill 1 000
à Participation dans B 3 000

Afin de satisfaire à la condition d’intangibilité en ce qui concerne la «plus-value


d’apport» de 1 000, A dispose de deux possibilités:

1re possibilité

A passe l’écriture de correction suivante:

Transfert vers les réserves immunisées 1 000


à Réserves immunisées 1 000

de sorte que le bilan de A après fusion se présente comme suit:

A
Actifs 2 000 Capital 3 000
Goodwill 1 000 Réserves immunisées 1 000
Perte reportée - 1 000
_____ _____
3 000 3 000

La perte (fiscale) de fusion est de 1 000 (la valeur fiscale de la répartition s’élève à 2
000 et la valeur fiscale nette de la participation annulée à 3 000). Grâce à cette écritu-
re de correction, la condition d’intangibilité est non seulement remplie, mais on ob-
tient également un résultat comptable global (-1 000) égal à la perte (fiscale) de fu-
sion. Cette perte (fiscale) de fusion n’est pas admise de sorte qu’un montant de 1 000
doit être porté en dépenses non admises.

2e possibilité

Afin d’éviter la présentation plutôt «dérangeante» du bilan ci-dessus, A peut passer


l’écriture suivante:

Capital (1) 1 000


à Capital (2) 1 000

en utilisant deux sous-comptes différents de la rubrique «capital».

Le sous-compte débité est traité fiscalement comme une réserve taxée négative en
capital (à inscrire comme telle en situation de fin de période imposable dans la décla-
ration), ce résultat fiscal négatif étant compensé par l’inscription d’un montant de
1 000 (correspondant à la perte (fiscale) de fusion) en dépenses non admises.

582
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le sous-compte crédité est traité fiscalement comme une réserve exonérée en capital,
laquelle sera réduite à concurrence des amortissements actés sur le goodwill, tandis
que la réserve taxée négative en deviendra moins négative à concurrence du même
montant. Chaque année, l’écriture ci-dessus sera extournée à concurrence du mon-
tant des amortissements, tandis que la réduction de la réserve taxée négative en capi-
tal compensera la charge d’amortissement.

Selon cette méthode, le bilan de A après fusion se présente comme suit:

A
Actifs 2 000 Capital 3 000
Goodwill 1 000
_____ _____
3 000 3 000

4. Exemples

Nous allons à présent commenter les principes exposés ci-dessus à l’aide des exem-
ples élémentaires suivants.

Dans le cas d’une fusion mère/fille, ces principes prescrivent l’application de la mé-
thode suivante:

4.1. Dans le chef de la société absorbée

La valeur fiscale de la répartition doit être déterminée dans le chef de la société


absorbée.
Les étapes pour y parvenir sont les suivantes:

a) Il est recommandé de partir de la valeur fiscale nette (VFN) de la société absorbée


(ce qui exclut déjà les plus-values latentes et plus-values de réévaluation, de même
que les réductions de valeur/provisions exonérées).

b) Après cela, il convient de déterminer la valeur fiscale nette de la société absorbée


qui entre en considération pour une répartition (en déduisant les éventuelles plus-
values et subsides en capital exonérés en vertu de l’article 47 CIR 1992 de la
valeur fiscale nette).

c) Il convient ensuite de déterminer le montant de la répartition (du moins dans un


premier temps) proportionnellement à la participation détenue par la société ab-
sorbante dans la société absorbée et de décider de l’imputation de cette réparti-
tion.
Si l’imputation s’effectue sur les réserves exonérées, ces dernières deviennent
imposables à concurrence du montant de l’imputation. L’impôt n’est pas réparti à
la société absorbante actionnaire, de sorte que pour obtenir la répartition fiscale
définitive, l’impôt à payer doit être déduit de la répartition obtenue «dans un
premier temps». Le montant réparti en sus (du montant réévalué) du capital fiscal

583
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

libéré réparti est considéré comme un dividende distribué (soumis au précompte


mobilier de 10 %).

Les montants ainsi obtenus permettent de remplir correctement la déclaration de fu-


sion dans le chef de la société absorbée.

4.2. Dans le chef de la société absorbante

a) Dans le chef de la société absorbante, le résultat (fiscal) de fusion équivaut à la


différence entre la valeur fiscale de la répartition que cette dernière est réputée
obtenir et la valeur fiscale nette des actions annulées. Une plus-value (fiscale) de
fusion peut bénéficier de la déduction RDT si les conditions à cet effet sont rem-
plies; une perte (fiscale) de fusion, en revanche, ne sera pas admise et devra être
portée en dépenses non admises.

b) La fusion est comptabilisée dans le respect du principe de continuité comptable


(laquelle peut être rompue dans le cas d’une perte (comptable) de fusion). Il s’en-
suit qu’en vertu de l’article 78, § 6 in fine, AR/C. soc., il convient de tenir compte
de l’imputation fiscale de la répartition fiscale.

c) Des corrections sont nécessaires afin de pouvoir satisfaire en permanence à la


condition d’intangibilité, à savoir:

– pour les réserves exonérées de la société absorbée qui ne peuvent être réduites
dans le chef de la société absorbante, mais à concurrence desquelles un comp-
te de réserves immunisées a été réduit,
– et pour les éventuelles plus-values d’apport exprimées (dans le cas d’une per-
te (comptable) de fusion).

Ces corrections font que non seulement la condition d’intangibilité est remplie en
permanence en ce qui concerne ces éléments, mais également que l’on obtient un
résultat comptable global correspondant au résultat (fiscal) de fusion. Toutefois,
dans le cas de réserves fiscales occultes et de l’utilisation de la technique de l’écri-
ture «capital à capital», le résultat comptable global ne correspondra pas au résul-
tat (fiscal) de fusion de sorte que d’autres corrections seront nécessaires dans la
déclaration fiscale.

Les exemples ci-dessous ont été développés en application de cette méthode.

Exemple 1: Article 36 CIR 1964

La société A absorbe la société B dans le cadre d’une opération fiscalement neutre


basée sur les données suivantes.

A
90 % B 2 500

584
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

B
Actifs 6 000 Capital 1 000
Réserve légale 100
Réserves disponibles 2 900
Réserves immunisées 2 000
_____ (art. 36 CIR 1964) _____
6 000 6 000

Dans le chef de la société absorbée B


VFN de B 6 000
VFN de B qui entre en considération pour une répartition: 6 000
Montant réputé réparti (dans un premier temps): 90 % x 6 000 5 400
Cette répartition est imputée sur:
- le capital fiscal libéré (90 % x 1 000) -900
- les réserves - 4 500
→ les bénéfices antérieurement réservés déjà été soumis à l’impôt
des sociétés → 3 000
→ les réserves exonérées → 1 500
L’imputation sur les réserves exonérées entraîne leur imposabilité:
Base imposable 1 500
Impôt (33,99 %) 510
La répartition fiscale s’élève finalement à 4 890 (5 400 – 510), avec un dividende
distribué de 3 990 (4 890 – 900), non soumis au précompte mobilier de 10 %.

Dans le chef de la société absorbante A


1. Résultat fiscal de A suite à l’annulation de la participation de 90 % dans B:
Répartition fiscale – valeur fiscale de la participation = 4 890 – 2 500 = 2 390 (RDT)
2. Ecritures à passer dans la comptabilité de A:
Actifs B 6 000
à Capital (138) 100
Réserves immunisées (139) 500
Dette d’impôt 510
Participation B 2 500
Produit exceptionnel 2 390

(138) 10 % x 1 000.
(139) Les capitaux propres comptables de B s’élèvent à 6 000. Par conséquent, les capitaux propres de A
doivent, lors de l’enregistrement de la fusion, être augmentés de 600. De ces 600, 100 sont portés en
capital, de sorte qu’il en reste encore 500. Lors de leur enregistrement, il convient de tenir compte du
traitement fiscal. Les réserves fiscales de B (au total 5 000) seront donc ramenées à 500 dans le chef de A,
cette réduction (de 4 500) étant imputée en priorité sur les réserves taxées. Cela signifie qu’aucun montant
de réserves taxées de B n’est enregistré dans la comptabilité de A mais bien un montant de 500 de réserves
exonérées. Les 500 restants sont donc comptabilisés dans les réserves immunisées.

585
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Exemple 2: Article 47 CIR 1992 (ou subsides en capital exonérés, article 362
CIR 1992)

La société A absorbe la société B dans le cadre d’une opération fiscalement neutre


basée sur les données suivantes.

A
90 % B 2 500

B
Actifs 6 000 Capital 1 000
Réserve légale 100
Réserves disponibles 2 900
Réserves immunisées 1 320
(art. 47 CIR 1992)
Impôts différés 680
_____ _____
6 000 6 000

Dans le chef de la société absorbée B

VFN de B 6 000

VFN de B qui entre en considération pour une répartition (140): 4 000

Montant réputé réparti (dans un premier temps): 90 % x 4 000 3 600


Cette répartition est imputée sur:
– le capital fiscal libéré (90 % x 1 000) - 900
– les réserves - 2 700
→ les bénéfices antérieurement réservés déjà été soumis à l’impôt
des sociétés → 2 700
Base imposable 0

La répartition fiscale reste égale à 3 600, avec un dividende distribué de 2 700 (3 600
– 900), non soumis au précompte mobilier de 10 %.

Dans le chef de la société absorbante A

1. Résultat fiscal de A suite à l’annulation de la participation de 90 % dans B:


Répartition fiscale – valeur fiscale de la participation = 3 600 – 2 500 = 1 100
(RDT)

(140) 6 000 – 2 000 (la rubrique comptable «Impôts différés» constitue donc, sur le plan fiscal, une réserve
exonérée).

586
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2. Ecritures à passer dans la comptabilité de A:


Actifs 6 000
à Capital (141) 100
Réserve légale (142) 10
Réserves disponibles 290
Réserves immunisées 132
Impôts différés 680
Participation B 2 500
Résultat exceptionnel 2 288
3. Corrections
Condition d’intangibilité à respecter en vue de l’application de l’article 47: déjà
remplie à concurrence de 812 (132 + 680); encore à remplir à concurrence de
1 188.
Ecriture de correction:
Transfert vers les réserves immunisées 1 188
à Réserves immunisées 1 188
Résultat comptable global: 2 288 – 1 188 = 1 100 = résultat fiscal (RDT)

Exemple 3: Plus-value de réévaluation

La société A absorbe la société B dans le cadre d’une opération fiscalement neutre


basée sur les données suivantes.

A
90 % B 2 500

B
Actifs 6 000 Capital 1 000
Réserve légale 100
Plus-value de réévaluation 1 200
Réserves disponibles 1 700
Réserves immunisées 2 000
(art. 36 CIR 1964)
_____ _____
6 000 6 000

(141) 10 % de 1 000.
(142) Les capitaux propres comptables de B s’élèvent à 5 320. Par conséquent, les capitaux propres de A
doivent, lors de l’enregistrement de la fusion, être augmentés de 532. De ces 532, 100 sont portés en
capital, de sorte qu’il en reste encore 432. Lors de leur enregistrement, il convient de tenir compte du
traitement fiscal. Les réserves taxées seront donc ramenées à 300. Un montant de 10 sera donc comptabi-
lisé dans la réserve légale et un montant de 290 dans les réserves disponibles. Le solde de 132 (432 – 10 –
290) sera quant à lui comptabilisé dans les réserves immunisées.

587
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Dans le chef de la société absorbée B

VFN de B (6 000 – 1 200) 4 800

VFN de B qui entre en considération pour une répartition: 4 800

Montant réputé réparti (dans un premier temps): 90 % x 4 800 4 320


Cette répartition est imputée sur:
- le capital fiscal libéré (90 % x 1 000) - 900
- les réserves - 3 420
→ les bénéfices antérieurement réservés déjà été soumis à l’impôt
des sociétés → 1 800
→ les réserves exonérées → 1 620

L’imputation sur les réserves exonérées entraîne leur imposabilité:


Base imposable 1 620
Impôt (33,99 %) 550

La répartition fiscale s’élève finalement à 3 770 (4 320 –550), avec un dividende


distribué de 2 870 (3 770 – 900), non soumis au précompte mobilier de 10 %.

Dans le chef de la société absorbante A

1. Résultat (fiscal) de fusion:


Répartition fiscale – valeur fiscale de la participation = 3 770 – 2 500 = 1 270 (RDT)

2. Ecritures à passer dans la comptabilité de A:

Actifs 6 000
à Capital (143) 100
Plus-value de 120
réévaluation (144)
Réserves immunisées 380
Dette d’impôt 550
Participation B 2 500
Résultat exceptionnel 2 350

(143) 10 % de 1 000.
(144) Les capitaux propres comptables de B s’élèvent à 6 000. Par conséquent, les capitaux propres de A
doivent, lors de l’enregistrement de la fusion, être augmentés de 600. De ces 600, 100 sont portés en
capital, de sorte qu’il en reste encore 500. Lors de leur enregistrement, il convient de tenir compte du
traitement fiscal. Les réserves taxées de B sont donc réduites à concurrence de leur montant total (1 800)
dans le chef de A, tandis que les réserves exonérées qui ont été prises en considération pour une répartition
(à savoir 2 000) sont réduites à concurrence de 1 620. Lors de l’enregistrement de la fusion, un montant de
380 est donc porté en réserves immunisées. Le solde de (120) est comptabilisé comme plus-value de
réévaluation, à savoir le seul autre compte de capitaux propres que B avait.

588
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

3. Corrections

Condition d’intangibilité concernant la plus-value de réévaluation: remplie à con-


currence de 120; encore à remplir à concurrence de 1 080.

Ecriture de correction:

Transfert vers les réserves immunisées 1 080


à Réserves immunisées 1 080

Résultat comptable final: 2 350 – 1 080 = 1 270 = résultat fiscal (RDT).

La réserve immunisée de 1 080 est traitée comme une plus-value de réévaluation


(145).

Exemple 4: Excédent d’amortissements (ou provision taxée, ou autres réserves


occultes)

La société A absorbe la société B dans le cadre d’une opération fiscalement neutre


basée sur les données suivantes.

A
90 % B 2 500

B
Actifs 6 000 Capital 1 000
(excédent d’amortissements Réserve légale 100
de 400)
Réserves disponibles 2 900
Réserves immunisées 2 000
(art. 36 CIR 1964)
_____ _____
6 000 6 000

(145) Il ne peut y avoir de transfert direct vers un compte de plus-values de réévaluation à charge du
compte de résultats (article 57, § 3, AR/C. soc.). Après passation de l’écriture de correction indiquée, la
réserve immunisée peut éventuellement être «transférée» vers le compte de plus-values de réévaluation à
concurrence de 1 080.

589
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Dans le chef de la société absorbée B

VFN de B (6 000 + 400) 6 400

VFN de B qui entre en considération pour une répartition: 6 400

Montant réputé réparti (dans un premier temps): 90 % x 6 400 5 760


Cette répartition est imputée sur:
– le capital fiscal libéré (90 % x 1 000) - 900
– les réserves - 4 860
→ les bénéfices antérieurement réservés déjà été soumis à l’impôt
des sociétés → 3 400
→ les réserves exonérées → 1 460

L’imputation sur les réserves exonérées entraîne leur imposabilité:


Base imposable 1 460
Impôt (33,99 %) 496

La répartition fiscale s’élève finalement à 5 264 (5 760 – 496), avec un dividende


distribué de 4 362 (5 264 – 900), non soumis au précompte mobilier de 10 %.

Dans le chef de la société absorbante A

1. Résultat (fiscal) de fusion:


Répartition fiscale – valeur fiscale de la participation = 5 264 – 2 500 = 2 764
(RDT)

2. Ecritures à passer dans la comptabilité de A:

Actifs 6 000
à Capital (146) 100
Réserves immunisées (147) 500
Dette d’impôt 496
Participation dans B 2 500
Résultat exceptionnel 2 404

3. Corrections

(i) Condition d’intangibilité à respecter en vue de l’application de l’(ancien) arti-


cle 36: remplie à concurrence de 500; encore à remplir à concurrence de 40.

(146) 10 % de 1 000.
(147) Les capitaux propres comptables de B s’élèvent à 6 000. Par conséquent, les capitaux propres de A
doivent, lors de l’enregistrement de la fusion, être augmentés de 600. De ces 600, 100 sont portés en
capital, de sorte qu’il en reste encore 500. Lors de leur enregistrement, il convient de tenir compte du
traitement fiscal. Les réserves taxées de B (au total 3 400) sont donc réduites à concurrence de leur mon-
tant total dans le chef de A, tandis que les réserves exonérées de B (2 000) sont réduites à concurrence de
1 460. Le solde de 500 ne peut donc être comptabilisé que dans les réserves immunisées.

590
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Ecriture de correction:
Transfert vers réserves immunisées 40
A Réserves immunisées 40
(ii) Excédent d’amortissements: actifs sous-estimés de 400
Correction:
par le biais de l’écriture de correction suivante:
Actifs 400
A Résultat 400
ou, par le biais de l’inscription dans la déclaration d’une sous-estimation d’ac-
tif (excédent d’amortissements de 400 dans la situation en fin de période im-
posable uniquement).
(iii) Conséquence de (i) et (ii)
Si la sous-estimation de l’actif est corrigée par le biais d’une écriture de cor-
rection, le résultat comptable total s’élève à: 2 404 – 40 + 400 = 2 764 =
résultat fiscal (RDT).
Si cette sous-estimation est corrigée par le biais de la déclaration, le résultat
comptable s’élève à: 2 404 – 40 = 2 364; un excédent d’amortissements de 2
364 + 400 = 2 764 est inscrit dans la déclaration = résultat fiscal (RDT).

B. Scission

1. Généralités

Dans le cadre d’une scission, si une société bénéficiaire détient une participation
dans la société scindée, il convient de procéder comme suit:

- le patrimoine transféré aux sociétés bénéficiaires est déterminé sur la base des
règles habituelles en matière de scission;
- dans le chef de la société bénéficiaire-actionnaire de la société scindée, la partici-
pation détenue dans la société scindée est ventilée au prorata de la valeur réelle
du patrimoine qui lui est personnellement transféré et de la valeur réelle du patri-
moine qui est transféré à l’autre (aux autres) société(s) bénéficiaire(s). En ce qui
concerne la partie de la participation qui correspond au patrimoine qui lui est
transféré, on agit comme dans le cas d’une fusion mère/fille (cette partie de la
participation est annulée); l’autre partie est échangée contre de nouvelles actions
de l’autre (des autres) société(s) bénéficiaire(s) (148).

(148) Cette façon de procéder est conforme à l’interprétation du droit des sociétés qui a été faite par le
ministère de la Justice lors de la présentation d’un cas concret. En revanche, elle diffère de celle qui est
développée sous le numéro 211/130 Com.IR 1992. Lors de la prochaine actualisation du commentaire
administratif de l’article 211 CIR 1992, il devrait être tenu compte de l’interprétation du ministère de la
Justice.

591
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2. Exemple

Ces principes peuvent être illustrés à l’aide de l’exemple simplifié suivant.

Le bilan de la société A se présente comme suit:

A
Actifs 14 000 Capital 3 000
Réserve légale 300
Réserves disponibles 4 700
Réserves immunisées 2 000
(art. 36 CIR 1964)
Dettes 4 000
______ ______
14 000 14 000

La société A est scindée et à cette occasion, un montant de 5 500 d’actifs et un mon-


tant de 1 500 de dettes sont transférés à sa société mère à 80 %, à savoir la société B,
et le solde de 8 500 d’actifs et de 2 500 de dettes est transféré à une nouvelle société
à constituer, à savoir la société C.

La valeur réelle de A est de 20 000, la valeur réelle du patrimoine transféré à B est de


9 000, et celle du patrimoine transféré à C de 11 000.

La société bénéficiaire-actionnaire B a acquis les actions de A pour 7 500 et son bilan


se présente comme suit:

B
Participation A (80 %) 7 500 Capital 7 500

2.1. Détermination du patrimoine fiscal attribué à B et à C

La valeur fiscale nette de A est de 10 000; la valeur fiscale nette du patrimoine trans-
féré à B est 4 000 (5 500 – 1 500) et la valeur fiscale nette du patrimoine transféré à
C de 6 000 (8 500 – 2 500).

Le capital fiscal libéré de A (3 000), ses réserves taxées (5 000) et ses réserves exoné-
rées (2 000) doivent par conséquent être partagés entre B et C selon les proportions
suivantes, à savoir 4 000/10 000 pour B et 6 000/10 000 pour C.

Sur le plan fiscal, B et C se voient donc respectivement attribuer les montants sui-
vants:

B C
Capital fiscal libéré 1 200 1 800
Réserves taxées 2 000 3 000
Réserves exonérées 800 1 200

592
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2.2. Traitement dans le chef de A et de B

La valeur comptable de la participation détenue par B dans A, à savoir 7 500, corres-


pond à concurrence de 3 375 (7 500 x 9 000/20 000) au patrimoine transféré à B et à
concurrence de 4 125 (7 500 x 11 000/20 000) au patrimoine transféré à C.

Dans le chef de A

Puisque B détient 80 % des actions de A, 80 % (149) du patrimoine fiscal qui lui est
attribué et qui entre en considération pour une répartition sur la base des règles appli-
cables en matière de fusion mère/fille, sera réputé réparti.

La valeur fiscale nette qui entre en considération pour une répartition s’élève à 4 000.

Montant réputé réparti (dans un premier temps): 80 % x 4 000 3 200


Cette répartition est imputée sur:
- le capital fiscal libéré (80 % x 1 200) - 960
- les réserves - 2 240
→ les bénéfices antérieurement réservés déjà été soumis à l’impôt
des sociétés → 2 000
→ les réserves exonérées → 240

L’imputation sur les réserves exonérées entraîne leur imposabilité:


Base imposable 240
Impôt (33,99 %) 82

La répartition fiscale s’élève finalement à 3 118 (3 200 – 82), avec un dividende


distribué de 2 158 (3 118 – 960), non soumis au précompte mobilier de 10 %.

Dans le chef de B

(i) Echange des actions de A représentatives du patrimoine transféré par A à C

C émettra des actions d’une valeur réelle de 11 000. Etant donné que B est action-
naire à 80 % de la société scindée, B acquiert 80 % de ces actions de C en échange
du nombre d’actions de A correspondant au patrimoine transféré à C. B compta-
bilise ces actions de C, dans le respect du principe de continuité comptable, à 4
125 (étant la valeur comptable des actions de A correspondant au patrimoine trans-
féré à C). La plus-value réalisée par B à l’occasion de cet échange d’actions de-
meure exonérée sans que la condition d’intangibilité doive être respectée (article
45, § 1er, alinéa 1er, et article 190, alinéa 3, CIR 1992). Cette plus-value s’élève à
4 675 (11 000 x 80 % = 8 800; 8 800 – 4 125 = 4 675). La valeur fiscale des
actions de C acquises s’élève à 4 125 (article 45, § 1er, alinéa 2, CIR 1992).

(149) Nous supposons que les sociétés considérées ont opté pour un partage proportionnel.

593
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

(ii) Annulation des actions de A représentatives du patrimoine transféré par A à B

Le résultat fiscal sur les actions annulées est égal à la différence entre la réparti-
tion fiscale (3 118) et la valeur fiscale des actions annulées (3 375). Il y a donc
une perte fiscale de 257, laquelle n’est pas déductible fiscalement (article 198, 7°,
CIR 1992).

Etant donné que la valeur fiscale des éléments de l’actif de A correspondait à leur
valeur comptable – et en l’absence de plus-values (telles que visées à l’article 47
CIR 1992) soumises à la taxation étalée et de subsides en capital – le résultat
comptable sera également une perte de 257.

Dans l’hypothèse où le résultat comptable négatif n’est pas «compensé» par les plus-
values exprimées au moment de l’opération ni par le goodwill (150), les écritures à
passer par B seront les suivantes:

Participation C 4 125
Actifs 5 500
Charges exceptionnelles 257
à Capital (1 200 – 960) 240
Réserves immunisées (800 – 240) 560
Dettes 1 500
Dette d’impôt 82
Participation A 7 500

2.3. Traitement dans le chef de C

Les capitaux propres comptables de C (6 000) peuvent être présentés de manière telle
que leur structure comptable corresponde à leur structure fiscale (1 800 + 3 000 + 1
200 = 6 000).

Les écritures à passer par C sont dès lors les suivantes:

Actifs 8 500
à Capital 1 800
Réserve légale 180
Réserves disponibles 2 820
Réserves immunisées 1 200
Dettes 2 500

(150) Etant donné la valeur réelle du patrimoine transféré à B (9 000), un goodwill de 257 sera comptabi-
lisé dans la pratique. La condition d’intangibilité doit également être remplie à concurrence de 257 (voir
ci-dessus).

594
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2.4. Bilans respectifs de B et de C après la scission

B C
Part. C 4 125 Capital 7 740 Actifs 8 500 Capital 1 800
Actifs 5 500 Réserves 560 Réserve légale 180
immunisées
Perte reportée -257 Réserves 2 820
disponibles
Dettes 1 500 Réserves 1 200
immunisées
Dette d’impôt 82 Dettes 2 500
_____ _____ _____ _____
9 625 9 625 8 500 8 500

§ 4. Rémunération partielle en nouvelles actions en raison du paiement d’une


soulte en espèces

A. Fusion

1. Conséquences dans le chef de la société absorbée

En cas de fusion par absorption ou de fusion par constitution d’une nouvelle société,
le droit des sociétés autorise que les actionnaires de la société absorbée reçoivent, en
rémunération du transfert du patrimoine de cette société, une soulte en espèces en
plus d’actions de la société absorbante. Le montant de la soulte en espèces ne peut
toutefois pas dépasser un dixième de la valeur nominale ou, à défaut de valeur nomi-
nale, du pair comptable des actions attribuées.

D’un point de vue comptable, cette soulte en espèces est réputée être prélevée sur les
capitaux propres de la société absorbée (151). Normalement, il appartient à l’assem-
blée générale de fusion organisée par la société absorbée de déterminer sur quels
éléments des capitaux propres la soulte en espèces sera prélevée (152).

Si l’assemblée générale de fusion ne précise pas sur quelle rubrique des capitaux
propres la soulte en espèces doit être prélevée, le prélèvement doit, d’un point de vue
comptable, s’opérer dans l’ordre, sur le bénéfice reporté, sur les réserves disponibles
et sur les autres réserves que la loi et les statuts permettent de distribuer (153).

D’un point de vue fiscal, l’attribution d’une soulte en espèces dans les limites autori-
sées par le droit des sociétés (154) implique que, dans le chef de la société absorbée,

(151) Article 78, § 5, alinéa 1er, et article 80 AR/C. soc.


(152) Article 78, § 5, alinéa 2, et article 80 AR/C. soc.
(153) Article 78, § 5, alinéa 3, et article 80 AR/C. soc.
(154) Une soulte en espèces d’un montant supérieur à la limite autorisée par le droit des sociétés implique
que la fusion n’est plus opérée conformément aux dispositions du Code des sociétés de sorte que le régime
de neutralité fiscale ne s’applique pas; en l’occurrence, l’opération sera une opération taxée.

595
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

le patrimoine est réputé réparti à concurrence du montant cette soulte en espèces. Le


patrimoine fiscal de la société absorbée qui entre en considération pour cette réparti-
tion est déterminé de la même manière que dans le cas d’une fusion mère-fille.

D’un point de vue fiscal toujours, la soulte en espèces est d’abord imputée sur les
réserves taxées, ensuite, si ces réserves sont insuffisantes, sur les réserves exonérées
et, enfin, sur le capital fiscal libéré (article 211, § 2, alinéa 2, CIR 1992). La soulte en
espèces imputée sur les réserves est considérée comme un dividende distribué en
vertu de l’article 209 CIR 1992. A noter également que même dans le cas d’une
opération fiscalement neutre, le précompte mobilier de 10 % instauré par la loi du 24
décembre 2002 est en principe dû sur ce dividende (de liquidation).

Nous considérons qu’il est extrêmement rare, dans la pratique, qu’une fusion ait lieu
avec attribution d’une soulte en espèces et, si tel est le cas, cette soulte en espèces
sera toujours prélevée sur les réserves taxées. Nous pensons également qu’il est tou-
jours possible, dans la pratique, d’éviter qu’une soulte en espèces soit attribuée lors
d’une fusion (155).

2. Conséquences dans le chef de la société absorbante

En ce qui concerne le transfert des éléments de patrimoine (actifs et passifs) à la


société absorbante, les conséquences sont les mêmes que dans le cas d’une fusion
avec rémunération intégrale en actions.

Le montant du capital libéré, des réserves taxées et des réserves exonérées est réduit,
dans le chef de la société absorbante, à concurrence du montant de la soulte en espè-
ces, la réduction étant imputée d’abord sur les réserves taxées, ensuite sur les réser-
ves exonérées et enfin sur le capital fiscal libéré.

Aucune réduction ne peut toutefois être imputée sur les éléments qui, dans le chef de
la société absorbée, ne peuvent faire l’objet d’aucune répartition fiscale (article 211,
§ 2, alinéa 4, CIR 1992).

3. Conséquences dans le chef d’une société-actionnaire de la société absorbée

Si, d’un point de vue comptable, la soulte en espèces est prélevée sur le capital (ou la
prime d’émission), elle n’est pas portée en résultat (article 41, § 1er, alinéa 2, AR/C.
soc.) De même si, d’un point de vue fiscal, la soulte en espèces est imputée sur le
capital fiscal libéré, il n’apparaît aucune base imposable. La valeur fiscale des ac-
tions obtenues sera en l’occurrence égale à la valeur fiscale des actions échangées,
diminuée de la soulte en espèces obtenue.

(155) Eventuellement en modifiant le nombre d’actions de sorte que la valeur par action avant la fusion est
adaptée.

596
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Si, tant d’un point de vue comptable que d’un point de vue fiscal, la soulte en espèces
est prélevée sur les réserves, elle est portée en résultat. Un précompte mobilier de 10
% devra en principe être retenu sur ce dividende distribué par la société absorbée ou
scindée; il convient toutefois de s’assurer préalablement que l’on n’est pas en présen-
ce d’un cas d’exonération tel que prévu à l’article 106 AR/CIR 1992.

Si le précompte mobilier est dû, celui-ci pourra être liquidé et éventuellement récu-
péré suivant les règles habituelles. Le dividende (à savoir la soulte en espèces) obte-
nu par l’actionnaire-société entrera en considération pour la déduction RDT et la
valeur fiscale des actions obtenues sera égale à la valeur fiscale des actions échan-
gées.

Dans la situation (certes exceptionnelle) où la soulte en espèces est prélevée, d’un


point de vue comptable, sur le capital (ou la prime d’émission) mais imputée, d’un
point de vue fiscal, sur les réserves, cette dernière ne devra pas – dans l’état actuel du
droit comptable, en l’occurrence selon l’article 41, § 1er, alinéa 2, AR/C. soc. – être
portée en résultat.

La valeur fiscale des actions obtenues sera en l’occurrence égale à la valeur fiscale
des actions échangées; selon nous, une sous-estimation d’actifs (à savoir des actions
obtenues) devra être enregistrée à concurrence du montant de la soulte en espèces et
ce résultat fiscal entrera en considération pour la déduction RDT.

4. Exemple

Les principes énoncés ci-dessus peuvent être illustrés à l’aide de l’exemple suivant.

A
Actifs 7 000 Capital 2 000
Réserve légale 200
Réserves disponibles 2 800
Réserves immunisées 2 000
_____ _____
7 000 7 000

La valeur réelle de A au moment de la fusion s’élève à 10 000; le capital est représen-


té par 1 000 actions (sans valeur nominale).

B
Actifs 4 000 Capital 1 000
Réserve légale 100
Réserves disponibles 1 900
Réserves immunisées 1 000
_____ _____
4 000 4 000

597
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La valeur réelle de B au moment de la fusion s’élève à 5 500; le capital est représenté


par 100 actions (sans valeur nominale).

La société D détient 100 % des actions de B (prix d’acquisition 1 800; D a détenu ces
actions en pleine propriété pendant une période ininterrompue d’au moins un an avant
la fusion).

Opération:
- A absorbe B dans le cadre d’une opération fiscalement neutre
- Rémunération: 540 nouvelles actions + une soulte en espèces de 100
(540 x 10 = 5 400; 5 400 + 100 = 5 500)
- L’assemblée générale de B décide de prélever la soulte en espèces sur les réserves
disponibles.
Dans le chef de la société absorbée B
– Dividende distribué: 100, compensé par une réduction à due concurrence des
réserves taxées.
– Dividende distribué à l’actionnaire-société D: 100 (le précompte mobilier de 10 %
n’est pas dû compte tenu des hypothèses formulées).
Dans le chef de la société absorbante A
Ecritures à passer dans la comptabilité de A:
Actifs 4 000
à Capital 1 000
Réserve légale 100
Réserves disponibles 1 800
Réserves immunisées 1 000
Etablissements de crédit 100
Dans le chef des actionnaires de la société absorbée B
Actionnaire-société D (100 %)
– Obtient: 540 nouvelles actions A d’une valeur de 5 400, ainsi qu’une soulte en
espèces de 100
– Du point de vue comptable (principe de continuité comptable):
Participation A 1 800
Ets de crédit 100
à Participation B 1 800
Produits exceptionnels 100
– Du point de vue fiscal:
• la plus-value d’échange, égale à 3 600 (5 400 – 1 800), demeure exonérée sans
qu’il doive être satisfait à la condition d’intangibilité (articles 45, § 1er, alinéa
1er, et 190, alinéa 3, CIR 1992)
• la valeur fiscale de la participation A est de 1 800
• le bénéfice réalisé entre en considération pour la déduction RDT – si la parti-
cipation B satisfaisait aux conditions à cet effet.
– Remarque:
Si D avait comptabilisé l’opération en méconnaissance du droit comptable:

598
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Participation A 1 700
Ets de crédit 100
à Participation B 1 800
Une sous-estimation d’actif de 100 devrait être enregistrée dans le chef de D et la
déduction RDT serait accordée à concurrence du même montant (si la participation B
échangée satisfaisait aux conditions à cet effet).

B. Scission avec soulte en espèces

En cas de scission par absorption ou de scission par constitution de nouvelles socié-


tés (mais pas en cas de scission mixte), le droit des sociétés autorise également l’attri-
bution d’une soulte en espèces.

Les conséquences dans le chef de la société scindée sont les mêmes que les consé-
quences dans le chef de la société absorbée dans le cas d’une fusion avec soulte en
espèces.

Nous avons expliqué ci-dessus dans quelle mesure le patrimoine fiscal de la société
absorbée devait être réduit dans le chef de la société absorbante dans le cas d’une
fusion avec soulte en espèces.

Dans le cas d’une scission avec soulte en espèces, cette réduction du patrimoine
fiscal de la société scindée ne doit avoir lieu que dans le chef de la société bénéficiai-
re qui ne rémunère pas les éléments de patrimoine obtenus de la société scindée
intégralement en nouvelles actions. Les capitaux propres fiscaux attribués à chaque
société bénéficiaire telle que visée ci-dessus, doivent être réduits à concurrence de la
soulte en espèces qui lui est attribuée (156).

§ 5. Rémunération partielle en actions en raison d’actions propres détenue par


la société absorbée ou scindée

A. Fusion

Si la société absorbée possède des actions propres, ces actions sont annulées à l’occa-
sion de la fusion. Ces actions ne peuvent en effet pas être échangées contre des ac-
tions de la société absorbante (p. ex., articles 703, § 2, 2°, C. soc., article 78, § 3, 1°,
AR/C. soc.). Par conséquent, la réserve indisponible que la société absorbée avait
constituée pour ces actions propres (d’un montant égal à la valeur comptable de ces
actions propres) disparaîtra également et ne sera pas transférée à la société absorban-
te (article 78, § 3, 2°, AR/C. soc.) (157).

(156) 211/121 Com.IR 1992.


(157) Pour un exemple, voir Avis 166-1 de la Commission des Normes comptables, Bull. CNC, n° 32, juin
1994, p. 10.

599
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

B. Scission

Cette situation est en tous points comparable à celle d’une fusion où la société absor-
bée possède des actions propres.

§ 6. Opération fiscalement neutre de fusion inversée mère/fille

A. Généralités

Dans le cas d’une fusion par absorption où la société absorbée détient une participa-
tion dans la société absorbante (également appelée downstream merger), la société
absorbante acquiert des actions propres à la suite de la fusion (la société absorbante
rémunère le montant total du patrimoine transféré de la société absorbée, y compris
les actions propres, en nouvelles actions à émettre).

Etant donné qu’il s’agit d’une acquisition d’actions propres à titre universel, la limite
de 10 % applicable en cas d’acquisition «ordinaire» d’actions propres ne s’applique
pas (article 621, 2°, C. soc.).

Si les actions ne sont pas annulées directement après la fusion, la réserve spéciale
pour actions propres doit être constituée. Il convient en outre de s’assurer qu’à l’ex-
piration d’un délai de douze mois après acquisition, la société ne possède plus qu’un
nombre d’actions propres dont la valeur nominale totale ou, à défaut de valeur nomi-
nale, le pair comptable ne dépasse pas 10 % du capital souscrit à l’expiration de ce
délai de douze mois (article 622, § 2, alinéa 2, 4°, C. soc.).

Lors de ce calcul, il convient de tenir compte de toutes les actions de la société absor-
bante (y compris des actions de la société absorbante qui ont été émises en rémunéra-
tion du transfert du patrimoine complet de la société absorbée) et du fait que la limite
de 10 % est déterminée sur la base du nombre total d’actions de la société absorbante
qui subsiste après annulation d’un certain nombre d’actions propres.

Bien que l’article 622, § 2, alinéa 2, 4°, C. soc. prévoie que l’«excédent» (à savoir la
quotité au-delà de la limite de 10 %) d’actions obtenues doit être aliéné dans ce délai
de douze mois, la doctrine admet que cet excédent d’actions propres (ou toutes les
actions obtenues) puisse être annulé dans le même délai; cette annulation a lieu en
l’occurrence sur décision d’une assemblée générale extraordinaire (158).

B. Aspects fiscaux

Cette annulation d’actions propres est soumise aux dispositions applicables en la


matière: au moment de l’annulation, un dividende est distribué, lequel est réputé être

(158) J.-M. NELISSEN-GRADE, «Het gelijkheidsbeginsel in het bijzonder bij inkoop van eigen aandelen
en kapitaalvermindering», in Knelpunten van dertig jaar vennootschapsrecht, Kalmthout, Biblo, 1999,
pp. 677 et 679.

600
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

égal à la différence entre la valeur des actions (annulées) et la quote-part du capital


fiscal libéré (éventuellement réévalué sur la base des coefficients visés à l’article 2,
§ 6, CIR 1992) qui correspond aux actions annulées (article 186 CIR 1992). Le pré-
compte mobilier de 10 % n’est pas dû sur ce dividende réputé distribué (article 264,
alinéa 1er, 2°, deuxième tiret, CIR 1992).

En cas d’annulation ordinaire d’actions propres, la «valeur des actions annulées»


équivaut à leur valeur réelle (159). Si les actions annulées sont obtenues à la suite
d’une opération fiscalement neutre de fusion inversée, en revanche, la «valeur des
actions annulées» équivaut à leur valeur fiscale (160).

Dans la pratique, les actions obtenues à l’occasion d’une fusion inversée seront géné-
ralement annulées directement après la fusion.

Si cette annulation est imputée intégralement sur les réserves taxées, la distribution
de dividende qui est réputée avoir lieu à cette occasion, sera compensée par une
réduction des réserves taxées. Une réserve en capital taxée d’un montant égal à la
réduction du capital fiscal libéré correspondant aux actions annulées, sera déclarée
(article 188 CIR 1992). L’annulation de ces actions propres n’aboutit donc pas à une
base imposable.

Il peut arriver que la différence entre la valeur fiscale des actions annulées et la quote-
part du capital fiscal libéré correspondant à ces actions annulées, soit négative. En
pareille situation, aucun dividende n’est réputé distribué. Si l’annulation de ces ac-
tions propres est imputée sur les réserves taxées et que le montant du capital fiscal
«disparu» (à savoir la quote-part du capital fiscal libéré correspondant aux actions
annulées) est déclaré comme une réserve en capital taxée, il en résulte un accroisse-
ment des réserves. Etant donné qu’aucune base imposable ne peut résulter d’une telle
situation, la situation des réserves taxées en début de période imposable doit être
augmentée à concurrence de cet accroissement (161).

Si les réserves taxées ne sont pas suffisantes pour que l’annulation des actions pro-
pres puisse être imputée sur ces réserves, il peut être procédé à une réduction de
capital formelle à concurrence de l’ «insuffisance» des réserves taxées.
Dans la mesure où le montant de la réduction comptable du capital est inférieur à la
quote-part du capital libéré correspondant aux actions annulées, une réserve en capi-
tal taxée doit être déclarée.
Dans la mesure où le montant de la réduction comptable du capital est supérieur à la
quote-part du capital libéré correspondant aux actions annulées, la situation des ré-
serves taxées en début de période imposable peut être augmentée dans la déclaration
fiscale de façon à éviter toute base imposable; c’est comme si cette partie du capital
était convertie en réserves taxées, sachant que la situation des réserves taxées en
début de période imposable peut être augmentée (162).

(159) 186/17, alinéa 3, Com.IR 1992.


(160) 186/17, dernier alinéa, et 211/86, alinéa 2, Com.IR 1992.
(161) 211/86, alinéa 4, Com.IR 1992.
(162) 185/24 et 186/12, alinéa 3, Com.IR 1992.

601
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

L’annulation des actions n’aboutira à une base imposable à concurrence du montant


des actions que si cette annulation est imputée sur des réserves exonérées.

C. Exemple

Imaginons les sociétés A et B dont les bilans respectifs se présentent comme suit:

A
Actifs 6 000 Capital 3 000
Participation B (80 actions) 2 500 Réserve légale 300
Réserves disponibles 1 200
Réserves immunisées 1 000
Dettes 3 000
_____ _____
8 500 8 500

B
Actifs 14 000 Capital 3 000
Réserve légale 300
Réserves disponibles 4 700
Réserves immunisées 2 000
Dettes 4 000
______ ______
14 000 14 000

La valeur fiscale des éléments de patrimoine correspond à leur valeur comptable. Il y


a 100 actions A et 200 actions B.

La valeur réelle de A est de 12 000 et la valeur réelle de B de 24 000. L’opération


fiscalement neutre de fusion par absorption de A par B est comptabilisée comme suit
dans le chef de B:

Actifs 6 000
Participation B (80 actions) 2 500
à Capital 3 000
Réserve légale 300
Réserves disponibles 1 200
Réserves immunisées 1 000
Dettes 3 000

Etant donné que la valeur réelle du patrimoine transféré à B est de 12 000 et qu’une
action B vaut 120 (24 000: 200 = 120), B émettra 100 nouvelles actions en rémunéra-
tion du patrimoine obtenu. Les actionnaires de A obtiennent donc, pour chaque ac-
tion A, une nouvelle action B (en effet, une action A vaut également 120).

602
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

1. Annulation immédiate de toutes les actions propres obtenues

Le bilan de B après fusion se présente comme suit:

B
Actifs (14 000 + 6 000) 20 000 Capital (3 000 + 3 000) 6 000
Participation B (80 actions) 2 500 Réserve légale (300 + 300) 600
Réserves disponibles 5 900
Réserves immunisées 3 000
Dettes (4 000 + 3 000) 7 000
______ ______
22 500 22 500

A et B décident d’annuler les actions propres immédiatement après la fusion et d’im-


puter cette annulation sur les réserves disponibles.

L’écriture suivante est donc passée immédiatement après la comptabilisation de la


fusion:

Réserves disponibles 2 500


à Participation B 2 500
(80 actions propres)

Le bilan de B se présente donc comme suit:

B
Actifs 20 000 Capital 6 000
Réserve légale 600
Réserves disponibles 3 400
Réserves immunisées 3 000
Dettes 7 000
______ ______
20 000 20 000

Conséquences fiscales

Comme nous l’avons exposé ci-dessus, en cas d’annulation des actions propres obte-
nues à la suite d’une fusion fiscalement neutre, la différence positive entre la valeur
fiscale des actions annulées et la quote-part du capital fiscal libéré correspondant à
ces actions annulées, est considérée comme un dividende distribué (sur lequel le
précompte mobilier de 10 % n’est pas dû).

Après la fusion, le nombre total d’actions B est de 300 et le capital fiscal libéré de B
de 6 000. Chaque action B correspond donc à un montant de capital fiscal libéré de
20. Le capital libéré représenté par les 80 actions propres annulées s’élève donc à
1 600. Lors de l’annulation des 80 actions propres, un montant de 900 (2 500 – 1 600)
sera donc considéré comme dividende distribué. Le capital fiscal libéré de B devra
également être réduit à concurrence de 1 600 (article 188 CIR 1992).

603
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Suite à l’annulation des 80 actions propres – imputée sur les réserves disponibles –
les réserves disponibles sont réduites de 2 500. A cette réduction des réserves taxées
à concurrence de 2 500 s’oppose la comptabilisation d’une réserve en capital taxée
de 1 600 (le montant à concurrence duquel le capital fiscal libéré est réduit) et la
distribution d’un dividende de 900. L’annulation des actions propres n’aboutit donc
pas à une base imposable.

2. Pas d’annulation immédiate des actions propres

Si les actions propres ne sont pas annulées immédiatement après la fusion, la réserve
pour actions propres doit bien entendu être constituée.

Le bilan de B après la fusion et après la constitution de cette réserve pour actions


propres se présente comme suit:

B
Actifs 20 000 Capital 6 000
Participation B (80 actions propres) 2 500 Réserve légale 600
Réserve pour actions propres 2 500
Réserves disponibles 3 400
Réserves immunisées 3 000
Dettes 7 000
______ ______
22 500 22 500

Imaginons que B décide d’annuler un certain nombre d’actions propres avant l’expi-
ration du délai de 12 mois pendant lequel le nombre total d’actions propres peut
dépasser 10 % du nombre total d’actions B, tout en veillant à ce que le nombre maxi-
mum d’actions propres qu’il pourra effectivement conserver à l’expiration de ce dé-
lai, reste effectivement en sa possession.

B devra donc annuler 56 actions propres avant l’expiration de ce délai (163).

S’il annule 56 actions propres, il restera au total 244 (300 – 56) actions B et B en
gardera 24 (80 – 56) en sa possession (soit un nombre inférieur à la limite de 10 % du
nombre total d’actions B restant après annulation des 56 actions propres).

La valeur comptable (et fiscale) de ces 56 actions s’élève à 1 750 (2 500 x 56/80). Les
écritures à passer lors de l’annulation des actions propres sont dès lors les suivantes:

Réserve pour actions propres 1 750


à Actions propres 1 750

L’annulation des 56 actions propres n’aboutit pas à une base imposable: la réduction
des réserves taxées à concurrence de 1 750 suite à l’imputation de l’annulation, est
(163) Le plus petit nombre x (= nombre d’actions à annuler) qui satisfait à la condition 80 – x ≤ 10 % (300
– x) est 56.

604
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

compensée par un dividende distribué de 630 (égal à la valeur fiscale des actions
annulées, soit 1 750, diminuée de la quote-part du capital fiscal libéré correspondant
à ces actions, soit 1 120 (56 x 20)) et par l’enregistrement d’une réserve en capital
taxée d’un montant de 1 120.

§ 7. Clauses de rétroactivité comptable dans le cadre de fusions et scissions

En cas de fusion ou de scission, le projet de fusion ou de scission doit mentionner la


date à partir de laquelle les activités de la société à absorber ou à scinder sont suppo-
sées, d’un point de vue comptable, être accomplies pour compte de la (des) société(s)
absorbante(s) ou bénéficiaire(s).

Il s’ensuit que les charges et produits de la société à absorber ou à scinder qui ont trait
à la période comprise entre cette date repère comptable et la date à laquelle la fusion
ou la scission est accomplie sur le plan juridique (normalement la date des assem-
blées générales extraordinaires de fusion des sociétés concernées) doivent apparaître
dans les comptes annuels de la (des) société(s) absorbante(s) ou bénéficiaire(s).

Selon l’avis dominant à la fois dans la jurisprudence et la doctrine, cette rétroactivité


comptable ne s’applique en principe pas au niveau fiscal (164).

Dans son commentaire (165), l’Administration considère que cette rétroactivité comp-
table ne lui est en principe pas opposable.

Par tolérance, l’Administration est toutefois disposée à renoncer à ce principe de


non-opposabilité de la clause de rétroactivité comptable dans le cadre de fusions et
scissions, si cette rétroactivité:

- correspond à la réalité et porte sur une courte période; et


- n’empêche pas une juste application de la législation fiscale.

En ce qui concerne la durée de la période de rétroactivité, l’Administration considère


qu’une clause de rétroactivité comptable de plus de sept mois ne peut être considérée,
dans des circonstances normales, comme portant sur une courte période (166).

En ce qui concerne la condition de la juste application de la législation fiscale, l’Ad-


ministration précise que l’acceptation de la période de rétroactivité ne peut avoir
(164) Cf. S. VAN CROMBRUGGE, «Retroactiviteitsclausules bij splitsing», T.V.R., 1995, p. 62 et J.-P.
LAGAE, Vennootschapsbelasting, Diegem, Ced. Samsom, 1998, p. 32, avec à chaque fois d’autres ren-
vois ibidem.
(165) 211/14 Com.IR 1992, ce qui, concernant les fusions et scissions, ne fait que préciser ce qui est
formulé en termes généraux au point 340/82 Com.IR 1992.
(166) Des circonstances exceptionnelles peuvent faire en sorte qu’une fusion ou une scission, pour laquel-
le une rétroactivité comptable de moins de sept mois était normalement prévue, doive être différée, de
sorte que la période de rétroactivité finale dépasse sept mois. Si cette rétroactivité prolongée n’empêche
pas une juste application de la législation comptable et si les circonstances à cause desquelles la période de
rétroactivité dépasse sept mois sont convaincantes, on constate dans la pratique que l’Administration con-
sent à une plus longue période de rétroactivité.

605
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

pour effet que le montant total des pertes fiscales encore à récupérer après l’opération
fiscalement neutre, soit plus important que si les fractions à appliquer à cet effet,
telles que visées à l’article 206, § 2, CIR 1992 (167), étaient déterminées à la date de
l’opération proprement dite.

La pratique montre que le fisc accepte généralement les clauses de rétroactivité dans
le cadre de fusions ou de scissions fiscalement neutres (qui répondent à des besoins
légitimes de caractère économique ou financier).

Remarque

Absorption d’une société dissoute

Une société dissoute – qui n’a pas été dissoute à l’occasion d’une fusion ou d’une
scission, mais par exemple de plein droit en raison de l’expiration du terme pour
lequel elle a été constituée – peut être absorbée ou scindée (168).

Selon l’Administration, la date de rétroactivité fiscale ne peut, en pareille situation,


être antérieure à la date de constitution de la société absorbante (169). En d’autres
termes, si en pareille situation, l’accomplissement comptable de la fusion a lieu à une
date antérieure à la constitution de la société absorbante, le fisc refusera la rétroacti-
vité fiscale (170).

En outre, il est impératif (depuis le 1er octobre 1993) – en vue de l’application du


régime de neutralité fiscale – qu’une telle absorption réponde à des besoins légitimes
de caractère économique ou financier. A cet égard, le fait que la société nouvellement
constituée n’exerce aucune activité propre avant la fusion peut poser problème.

§ 8. Pertes fiscales à reporter

A. Bref historique

La déduction des pertes professionnelles antérieures a jadis souvent posé problème


lorsqu’une société bénéficiaire et une société déficitaire fusionnaient (ou lorsqu’une

(167) Voir ci-dessous.


(168) Cette possibilité d’absorption ou de scission conformément au droit des sociétés est expressément
prévue à l’article 681 du Code des sociétés. En ce qui concerne l’application des dispositions du droit des
sociétés, il convient de préciser que la société absorbante (dans le cas d’une fusion par absorption) doit
obligatoirement exister (être constituée) avant la fusion et que les liquidateurs ne peuvent avoir commencé
à répartir l’avoir social entre les actionnaires.
(169) 211/23, premier tiret, Com.IR 1992.
(170) Cette dernière condition n’a pas été imposée dans le commentaire administratif sur le régime de
fusion applicable avant le 1er janvier 1990 (cf. 124/4 Com.IR 1964). Etant donné que l’Administration
accepte normalement la rétroactivité comptable, dans les limites et aux conditions visées sous les numéros
211/12 et suivants du Com.IR 1992 en cas de fusion ou de scission par constitution de sociétés nouvelles
(où la (les) société(s) bénéficiaire(s) n’existe(nt) bien entendu pas encore à la date repère comptable), cette
attitude paraît pour le moins étrange dès lors que la société absorbée ou scindée est une société dissoute.

606
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

branche d’activité bénéficiaire ou une universalité de biens était apportée dans une
société déficitaire).

Suite à l’arrêt de la Cour de cassation du 8 juin 1936, il a été admis que les pertes
professionnelles étaient exclusivement déductibles des bénéfices imposables réalisés
par la même personne morale ou la même société (171). Dès lors, sous l’ancien régi-
me (à savoir le régime applicable aux fusions et scissions opérées avant le 1er octobre
1993), les pertes professionnelles à reporter enregistrées par la (les) société(s)
(fusionnée(s) ou scindée(s)) dissoute(s) et, à l’époque, également liquidée(s) et rela-
tives à des périodes imposables antérieures, n’étaient donc plus déductibles.

La pratique a alors développé une construction par laquelle des sociétés déficitaires
ou des sociétés qui affichaient d’importantes pertes à reporter absorbaient des socié-
tés bénéficiaires (ou des branches d’activité bénéficiaires d’autres sociétés). Cette
forme d’optimisation fiscale reposait sur le libre choix de la voie la moins imposée:
sans violer la loi et profitant de la liberté contractuelle, les sociétés désireuses de
bénéficier d’un régime fiscal plus favorable développaient ainsi une construction
juridique aux effets acceptables.

L’Administration a tenté de combattre ces formes de réorganisations d’entreprises,


les considérant comme simulées car non conformes à la réalité économique.

Cette approche a été rejetée par la Cour de cassation dans un arrêt du 22 mars 1990
(172).

Au fil des ans, le législateur est également intervenu à plusieurs reprises afin de com-
battre les formes de réorganisations impropres d’entreprises.

- La loi du 22 décembre 1989 a instauré une limitation spécifique des pertes lors de
réorganisations exemptées. Elle a instauré un étalement dans le temps de la dé-
duction des pertes antérieures de la (des) société(s) absorbante(s) ou bénéficiaire(s)
de l’ordre de 20 %, par période imposable, du montant déductible avant l’opéra-
tion. En d’autres termes, les pertes professionnelles antérieures demeurent inté-
gralement récupérables, mais leur déduction a été étalée sur au moins cinq pério-
des imposables. Cette limitation s’appliquait aux opérations réalisées avant le 1er
janvier 1990 et à partir de l’exercice d’imposition 1991.
Pour les fusions ou les scissions opérées à partir du 1er janvier 1990 (ainsi que
pour les apports d’une branche d’activité ou d’une universalité de biens), cette
même loi a instauré une règle qui a entraîné la non-déductibilité définitive d’une
partie des pertes antérieures de la (des) société(s) absorbante(s) ou bénéficiaire(s):
ces pertes ne restaient déductibles qu’en proportion de la part que la valeur fiscale
nette de la société absorbante ou bénéficiaire avant l’opération représente dans la
valeur fiscale nette de cette société après l’opération.

(171) Cass., 8 juin 1936, Pas., I, 1936, p. 282.


(172) Cass., 22 mars 1990, F.J.F., 1990, pp. 90/95.

607
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

- La loi du 20 juillet 1991 (173) a précisé qu’en cas d’application de la règle préci-
tée après une restructuration exemptée, il ne peut être tenu compte de la valeur de
la participation détenue dans la société absorbée ou apportante en vue de la déter-
mination de la valeur fiscale nette de la société absorbante.

- Cette même loi du 20 juillet 1991 a par ailleurs ajouté un cinquième alinéa à
l’ancien article 206 du CIR 1992. Depuis le 1er janvier 1993, toute déduction de
pertes après une fusion ou une scission (de même qu’après l’apport d’une bran-
che d’activité ou d’une universalité de biens) est refusée si l’opération ne répond
pas à des besoins légitimes de caractère financier ou économique.

- Le régime légal de déduction des pertes lors de fusions et scissions (ainsi que lors
de l’apport d’une branche d’activité ou d’une universalité de biens), tel qu’il figu-
re aujourd’hui à l’article 206, § 2, CIR 1992, a été une nouvelle fois modifié en
profondeur par la loi du 6 août 1993. Vous trouverez ci-dessous un aperçu du
régime actuel.

B. Déduction des pertes après une réorganisation fiscalement neutre: régime


applicable aux opérations fiscalement neutres réalisées à partir du 1er octobre
1993

1. Introduction

La loi du 6 août 1993 a instauré une dérogation légale au point de vue de la jurispru-
dence selon lequel les pertes ne peuvent être récupérées que par le contribuable ou
l’entreprise qui les a éprouvées.

Le législateur a jugé qu’il était souhaitable de supprimer, sur le plan fiscal, la distinc-
tion entre la situation où la société déficitaire est absorbée – dans le cadre d’une
opération fiscalement neutre – par une autre société, et celle lors de laquelle la socié-
té déficitaire absorbe elle même cette autre société – toujours dans le cadre d’une
opération fiscalement neutre –, en permettant de transférer, dans une certaine propor-
tion, les pertes de la société déficitaire à la société bénéficiaire après l’opération
exemptée (174).

Le nouveau régime de déduction des pertes de sociétés qui ont fait l’objet d’une
réorganisation exemptée, vise à éviter que le montant des pertes antérieures encore
déductibles après l’opération, ne soit influencé par le sens de l’absorption.

L’article 206, § 2, CIR 1992 prévoit en la matière un régime spécial applicable en cas
de fusion ou de scission fiscalement neutre (mais aussi en cas d’apport fiscalement
neutre d’une branche d’activité ou d’une universalité de biens). Ce régime prévoit,

(173) M.B., 1er août 1990.


(174) Projet de loi portant des dispositions fiscales en matière de fusion et de scission de sociétés, Exposé
des motifs, Doc. parl., Sén., 1992-1993, n° 765/1, p. 1.

608
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

d’une part, une limitation quantitative des pertes à reporter après la fusion ou la scis-
sion (ou l’apport) fiscalement neutre (article 206, § 2, alinéa 1er, CIR 1992) et, d’autre
part, une possibilité de report sinon impossible sur la base des principes classiques du
droit fiscal (article 206, § 2, alinéa 2, CIR 1992).

2. Pertes de la société absorbante ou bénéficiaire: limitation de la déduction des


pertes («limitation de déduction»)

Lorsqu’une société a absorbé tout ou partie d’une autre société dans le cadre d’une
opération fiscalement neutre de fusion ou de scission, les pertes professionnelles qu’elle
a éprouvées avant l’opération ne sont déductibles qu’en proportion de la part que la
valeur fiscale nette de la société absorbante ou bénéficiaire avant l’opération repré-
sente dans le total des valeurs fiscales nettes de cette société et des éléments absorbés
avant l’opération.

3. Pertes de la société absorbée ou scindée: report des pertes («règle de report»)

Comme nous l’avons exposé ci-dessus, avant la loi du 6 août 1993 (pour les opéra-
tions réalisées avant le 1er octobre 1993), la déduction des pertes antérieures n’était
possible que dans le chef de la société qui les avait personnellement éprouvées: le
report des pertes éprouvées par la société absorbée n’était pas possible, pas même
lors d’opérations exemptées. Le non-report des pertes antérieures de la société absor-
bée était en fait une anomalie dans le cas d’une opération exemptée. Il était en effet
contraire au principe de neutralité prévu par la législation sur les restructurations
exemptées.

Pour les fusions exemptées opérées à partir du 1er octobre 1993, les pertes profes-
sionnelles déductibles que la société absorbée avait éprouvées avant la fusion, peu-
vent être reportées sur la société absorbante. La déduction de ces pertes profession-
nelles sera toutefois limitée dans les mêmes proportions que la déduction des pertes
professionnelles de la société absorbante (article 206, § 2, alinéa 2, CIR 1992).

Les pertes de la société absorbée ne seront déductibles dans le chef de la société


absorbante qu’en proportion de la part que la valeur fiscale nette des éléments absor-
bés avant la fusion représente dans le total de la valeur fiscale nette, avant la fusion
également, de la société absorbante et des éléments absorbés.

Les pertes de la société absorbée ne seront donc déductibles dans le chef de la société
absorbante qu’à concurrence du montant obtenu en multipliant le montant total des
pertes à récupérer de la société absorbée par la fraction suivante:

VFN de la société absorbée avant l’opération


total de la VFN, avant l’opération, de la société absorbée et de la société absorbante

Dans le cas d’une scission fiscalement neutre, la formule susmentionnée ne s’appli-


que qu’après la répartition préalable des pertes professionnelles de la société scindée

609
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

entre les sociétés bénéficiaires. Cette répartition s’effectue en proportion de la part


que la valeur fiscale nette des éléments absorbés par chacune des sociétés bénéficiai-
res représente dans la valeur fiscale nette totale de la société scindée (article 206, § 2,
alinéa 2 in fine, CIR 1992).

La formule suivante s’applique par conséquent à chaque société bénéficiaire:

VFN des éléments absorbés x VFN des éléments absorbés avant l’opération
VFN totale de la société scindée Total de la VFN avant l’opération de la société
bénéficiaire et des éléments absorbés

Cela implique que dans le cas d’une scission par constitution de nouvelles sociétés,
les pertes fiscales à récupérer dont la société scindée dispose au moment de la scis-
sion, sont intégralement maintenues; elles sont reportées sur les sociétés bénéficiai-
res en proportion de la part que les valeurs fiscales nettes des éléments de patrimoine
transférés représentent dans la valeur fiscale nette de la société scindée (la deuxième
fraction est en l’occurrence égale à 1).

C. Exemples

Cas 1: Fusion par absorption

Données

Les pertes professionnelles antérieures de la société A s’élèvent à 1 000.


La valeur fiscale nette de A s’élève à 3 000.
La valeur fiscale nette de B s’élève à 7 000.

Première possibilité: la société A absorbe la société B

Le montant des pertes professionnelles antérieures de A qui reste déductible (limita-


tion de déduction) dans le chef de A après l’absorption est égal à:

1 000 x 3 000 = 300


7 000+3 000

Deuxième possibilité: la société B absorbe la société A

Le montant des pertes professionnelles antérieures de A qui reste déductible (règle de


report) dans le chef de B après l’absorption est égal à:

1 000 x 3 000 = 300


3 000+7 000

Le fait qu’avant l’opération, la société absorbante possède des actions de la société


absorbée ou que la société absorbée possède des actions de la société absorbante,
n’influence nullement le résultat obtenu, étant donné que l’on se base toujours sur la

610
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

valeur fiscale nette avant l’opération (la réduction du patrimoine qui résulte du fait
que l’apport n’est pas rémunéré intégralement en nouvelles actions parce que la so-
ciété absorbante possède des actions de la société absorbée, est dès lors sans influen-
ce sur cette fraction).

Cas 2: Fusion par constitution d’une nouvelle société

Données

Les pertes professionnelles antérieures de la société A s’élèvent à 1 000.


La valeur fiscale nette de A s’élève à 3 000.
La valeur fiscale nette de B s’élève à 7 000.

A et B fusionnent par la constitution d’une nouvelle société C.

Le montant des pertes professionnelles antérieures de A qui reste déductible (règle de


report) dans le chef de B après l’absorption est égal à:

1 000 x 3 000 = 300


3 000+7 000

Cas 3: Fusion entre deux sociétés qui affichent des pertes professionnelles anté-
rieures

Données

Les pertes professionnelles antérieures de la société A s’élèvent à 1 000 et celles de la


société B à 2 000.
La valeur fiscale nette de A s’élève à 3 000.
La valeur fiscale nette de B s’élève à 7 000.

Le montant des pertes professionnelles antérieures qui reste déductible après l’opéra-
tion (les scénarios possibles sont les suivants: A absorbe B, B absorbe A ou A et B
fusionnent en C) est égal à:
– pertes professionnelles antérieures de A: 1 000 x 3 000 = 300
10 000
– pertes professionnelles antérieures de B: 2 000 x 7 000 = 1 400
10 000
– pertes professionnelles antérieures encore déductibles après une opération de fu-
sion: 1 700.

Cas 4: Scission par constitution de nouvelles sociétés


Données
Les pertes professionnelles antérieures de la société A s’élèvent à 1 000.
La valeur fiscale nette de A s’élève à 3 000.

611
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

A est scindée par la constitution des sociétés B et C.


Un montant de 1 200 de la valeur fiscale nette de A est apporté à B et un montant de
1 800 à C.

Règle de report des pertes de A:

- déductibles dans le chef de B: 1 000 x 1 200 x 1 200 = 400


3 000 1 200+0

- déductibles dans le chef de C: 1 000 x 1 800 x 1 800 = 600


3 000 1 800+0

En cas de scission par constitution de nouvelles sociétés, les pertes à reporter sont
donc intégralement maintenues.

Cas 5: Scission par absorption

Données

Les pertes professionnelles antérieures de la société A s’élèvent à 1 000.


La valeur fiscale nette de A s’élève à 3 000.
A est scindée par absorption par les sociétés B (d’une valeur fiscale nette de 2 800) et
C (d’une valeur fiscale nette de 3 200).

Un montant de 1 200 de la valeur fiscale nette de A est absorbé par B et un montant de


1 800 par C.

Règle de report des pertes de A:

- déductibles dans le chef de B:1 000 x 1 200 x 1 200 = 120


3 000 1 200+2 800

- déductibles dans le chef de C:1 000 x 1 800 x 1 800 = 216


3 000 1 800+3 200

Cas 6: Valeurs fiscales nettes négatives (pour plus de détails, voir point D)

Données

Les pertes professionnelles antérieures de la société A s’élèvent à 1 000.


La valeur fiscale nette de A est négative (p. ex., -2 000), de sorte qu’elle doit être
ramenée à 0.
La valeur fiscale nette de B s’élève à 7 000.
La valeur fiscale nette totale de A et B confondues s’élève, avant l’opération, à: 0 +
7 000 = 7 000.

612
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Le montant des pertes professionnelles antérieures de A qui reste déductible après


l’opération, après application soit de la limitation de déduction (A absorbe B), soit de
la règle de report (B absorbe A ou A et B fusionnent en C), est égal à:

1 000 x 0 =0
0+7 000

D. Notion de valeur fiscale nette

1. Définition

Le Code des impôts sur les revenus ne contient aucune définition de la notion de
valeur fiscale nette. La notion est généralement définie comme la différence entre la
valeur fiscale de l’actif et la valeur fiscale des capitaux d’emprunt. Il s’agit en d’autres
termes de la valeur fiscale de l’actif net.

A l’occasion des travaux parlementaires de la loi du 6 août 1993, il a été précisé que
l’on pouvait à cet égard se référer au commentaire administratif (175) qui dispose
que, pour la détermination de la valeur fiscale nette, on agira comme si la société
scindée avait préalablement adapté sa comptabilité à sa situation fiscale, c’est-à-dire:

- que les «réserves non comptabilisées» (excédents d’amortissements, sous-éva-


luations de stocks, réductions de valeur taxées sur créances commerciales, provi-
sions pour risques et charges taxées, autres sous-estimations d’actif et surestima-
tions de passif) doivent être ajoutées à la valeur comptable des éléments auxquels
elles se rapportent (176);
- que les plus-values non réalisées, provisoirement exprimées et non taxées, doi-
vent être déduites de la valeur comptable des éléments auxquels elles se rappor-
tent.

L’utilisation d’une notion comptable différente fait qu’une valeur fiscale nette peut
être négative. En l’occurrence, elle est ramenée à zéro pour le calcul des fractions
(177). A cet égard, une fraction dont le numérateur est égal à 0 sera toujours égale à 0,
même si le dénominateur est nul lui aussi (178).

Il résulte de la formule susmentionnée que le montant des pertes déductibles qui reste
déductible ou qui est reporté, augmente à mesure que la valeur fiscale nette de la
société qui dispose de pertes fiscales augmente.

(175) 211/37 Com.IR 1992.


(176) Les réductions de valeur et provisions exonérées ne font pas partie de la valeur fiscale nette.
(177) 211/37, dernier alinéa, Com.IR 1992.
(178) Le Tribunal de première instance d’Anvers s’est rangé à ce point de vue (logique) de l’Administra-
tion dans un jugement du 17 avril 2002, mais ce jugement a été annulé par la Cour d’appel d’Anvers dans
un arrêt du 7 novembre 2006 (T.F.R., 2007, n° 328 note de J. VERSTRAELEN).

613
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2. Moment de la détermination de la valeur fiscale nette

En ce qui concerne la société absorbée, les pertes fiscales soumises à la limitation de


déduction sont les pertes qui ont été éprouvées jusqu’à la date où la fusion ou scission
produit ses effets sur le plan comptable (et est admise sur le plan fiscal). La valeur
fiscale nette de la société absorbée doit être déterminée à la même date (179).

En ce qui concerne la société absorbante, il est généralement admis que la limitation


de déduction concerne les pertes fiscales qui ont été éprouvées au cours d’exercices
antérieurs déjà clôturés (180). La perte fiscale de l’exercice au cours duquel l’opéra-
tion a lieu, c’est-à-dire l’exercice au cours duquel l’acte notarié constatant la décision
de procéder à l’opération est passé, n’est pas visée par l’article 206, § 2, CIR 1992.
La doctrine est en revanche loin d’être unanime en ce qui concerne la date à laquelle
la valeur fiscale nette de la société absorbante doit être déterminée. Certains auteurs,
à l’avis desquels nous nous rangeons, considèrent qu’en ce qui concerne la société
absorbante ou bénéficiaire, la valeur fiscale nette doit être déterminée au même mo-
ment que les pertes fiscales, c’est-à-dire à la date du dernier exercice clôturé (181).
D’autres auteurs, en revanche, sont d’avis que la valeur fiscale nette doit être déter-
minée au même moment pour la société absorbante et pour la société absorbée, à
savoir à la date à partir de laquelle l’apport est réputé produire ses effets sur le plan
comptable (182). En ce qui concerne la société absorbante ou bénéficiaire, cela signi-
fie que la valeur fiscale nette doit éventuellement être déterminée en cours d’exerci-
ce.

Illustrons ce qui vient d’être dit à l’aide d’exemples:

(i) Supposons que l’exercice des sociétés A et B coïncide avec l’année civile et que
B est absorbée par A dans le cadre d’une opération fiscalement neutre réalisée le
30 juin N + 1, basée sur les comptes annuels au 31 décembre N, avec rétroactivité
comptable (et fiscalement admise) au 1er janvier N + 1.

Les valeurs fiscales nettes de A et B doivent être déterminées au 31 décembre N.

Les pertes fiscales à récupérer de A qui entrent en considération pour un maintien


limité, sont les pertes existantes au 31 décembre N (telles qu’elles apparaissent
dans la déclaration à l’impôt des sociétés qu’A introduit pour la période imposa-
ble qui se clôture le 31 décembre N).

Une déclaration à l’impôt des sociétés doit également être introduite pour B pour
la période imposable qui se clôture le 31 décembre N. Les pertes fiscales à récu-

(179) L. DILLEN et Th. JANSSENS, «De aftrek van vorige beroepsverliezen na belastingvrije fusies en
splitsingen», T.F.R., 1994, p. 223, n° 18.
(180) L. DILLEN et Th. JANSSENS, «De aftrek van vorige beroepsverliezen na belastingvrije fusies en
splitsingen», T.F.R., 1994, p. 222, n° 16; Question n° 342 du 4 janvier 1993, Q.R., Ch. repr., 1992-1993, n°
49, p. 4097.
(181) L. DILLEN et Th. JANSSENS, «De aftrek van vorige beroepsverliezen na belastingvrije fusies en
splitsingen», T.F.R., 1994, p. 223, n° 19.
(182) M. TAHON, «Reorganisatieverrichtingen en verliesrekening», T.F.R., 1996, p. 224.

614
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

pérer y déclarées, peuvent cependant servir à compenser l’éventuelle base impo-


sable résultant de la fusion proprement dite (p. ex. dans le cas où A détient des
actions B et où une réserve exonérée lui est répartie à la suite d’une fusion mère-
fille). Les pertes fiscales de B qui entrent en considération pour un report limité
sont celles qui apparaissent dans la déclaration de fusion de B.

(ii) Supposons que l’exercice des sociétés A et B coïncide avec l’année calendrier et
que B soit absorbée par A dans le cadre d’une opération fiscalement neutre réali-
sée le 15 octobre N + 1, basée sur les comptes au 30 juin N +1, avec rétroactivité
comptable (et fiscalement admise) au 1er juillet N + 1.

Cela implique que B a un dernier exercice séparé qui va du 1er janvier N + 1 au 30


juin N + 1 et qu’une déclaration à l’impôt des sociétés doit être introduite pour
cette période également. Une déclaration de fusion doit en outre être introduite
pour B. Les pertes fiscales mentionnées dans cette déclaration de fusion entrent
en considération pour un report limité.

Il n’y a pas lieu, d’un point de vue strictement juridique, d’établir des comptes au
30 juin N + 1 pour A et, même si tel est le cas (et ce le sera généralement dans la
pratique), cela n’implique pas pour autant une période imposable distincte du 1er
janvier N + 1 au 30 juin N + 1 pour A, alors que c’est le cas pour B.

Selon nous, la valeur fiscale nette de B sera donc déterminée au 30 juin N + 1 et


celle de A au 31 décembre N. Les pertes fiscales de A qui peuvent faire l’objet
d’un maintien (limité) sont les pertes telles qu’elles apparaissent dans sa déclara-
tion à l’impôt des sociétés pour la période imposable qui se clôture le 31 décem-
bre N.

§ 9. Ancien crédit d’impôt visé à l’art. 289bis, § 2, CIR 1992

L’ancien crédit d’impôt visé à l’article 289bis, § 2, CIR 1992, non encore imputé, des
sociétés participant à une opération fiscalement neutre de fusion ou de scission, est
soumis au même traitement que les pertes fiscales à récupérer de ces sociétés (article
292bis CIR 1992).

Le report (limité) du crédit d’impôt non encore imputé de la société absorbée n’a pas
pour effet de prolonger le délai dans lequel ce crédit d’impôt doit être utilisé (article
292bis, alinéa 5, CIR 1992).

§ 10. Fusion ou scission juridique taxée

A. Problématique

Depuis le 1er octobre 1993, lorsqu’une fusion ou une scission est opérée conformé-
ment au droit des sociétés, le principe de continuité comptable doit être respecté

615
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

(pour les opérations réalisées après le 6 février 2001, ce principe de continuité doit
être respecté dès lors que l’opération répond aux définitions formulées dans le Code
des sociétés).

Etant donné que le respect du droit des sociétés est également requis pour que la
fusion ou la scission puisse bénéficier du régime de neutralité fiscale, l’opération de
fusion ou de scission sera comptabilisée conformément à ce principe de continuité
dès lors que les sociétés concernées considèrent que les conditions de l’article 211,
§ 1er, alinéa 2, CIR 1992 sont remplies.

Si par la suite, à l’occasion d’un contrôle fiscal, l’Administration considère que l’opé-
ration de fusion ou de scission en question ne répond pas à des besoins légitimes de
caractère financier ou économique, elle qualifiera la fusion ou la scission d’opération
taxée.

Si le contribuable concerné ne peut se pourvoir en réclamation, ni prouver devant les


cours ou tribunaux que la fusion ou scission répond effectivement à des besoins légi-
times de caractère financier ou économique, l’opération initialement considérée comme
fiscalement neutre sera finalement convertie en une fusion ou scission taxée.

L’article 210, § 1er, 1°, CIR 1992 dispose en l’occurrence que le régime de la liquida-
tion (articles 208 et 209 CIR 1992) est d’application, de sorte que la valeur réelle de
l’avoir social de la société absorbée ou scindée au moment de l’opération de fusion
ou de scission est assimilée à une somme répartie en cas de partage de l’avoir social
(article 210, § 2, CIR 1992).

En principe, cela implique que:

- dans le chef de la société absorbée ou scindée, toutes les plus-values latentes


constatées à la date de l’opération de fusion ou de scission sur les éléments de
l’actif apportés dans la (les) société(s) absorbante(s) ou bénéficiaire(s) (en ce com-
pris éventuellement un goodwill) deviennent imposables;
- les réserves immunisées de la société absorbée ou scindée deviennent imposables
dans la mesure où elles sont réputées réparties;
- dans le chef de la (des) société(s) absorbante(s) ou bénéficiaire(s), la valeur fisca-
le de ces éléments doit être déterminée à leur valeur réelle au moment de l’opéra-
tion;
- dans le chef de la (des) société(s) absorbante(s) ou bénéficiaire(s) toujours, le
capital fiscal libéré résultant de l’apport du patrimoine de la société absorbée ou
scindée doit être déterminé sur la base de la valeur réelle de l’apport au moment
de l’opération.

Etant donné que l’opération de fusion ou de scission était comptabilisée suivant le


principe de continuité, il fallait trouver une solution (technico-fiscale) qui conduise,
en cas de fusion ou de scission taxée, à une situation fiscale correcte dans le chef de
la (des) société(s) absorbante(s) ou bénéficiaire(s).

616
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

B. Solution technico-fiscale

Depuis la reformulation de l’article 210 CIR 1992 par la loi du 16 juillet 2001 (183),
les dispositions fiscales relatives au problème en question figurent à l’article 210,
§ 4, CIR 1992.

En cas de fusion ou de scission, on considère que, dans le chef de la société absorban-


te ou bénéficiaire:
- le capital libéré par l’«apport» est censé correspondre à la valeur réelle de l’avoir
social net «apporté» à cette société (pour autant que ces «apports» soient rémuné-
rés par de nouvelles actions);
- la valeur d’acquisition des éléments «apportés» est censée correspondre à leur
valeur réelle au moment de l’opération.

Afin de déterminer la valeur réelle de l’avoir social de la société absorbée ou scindée,


il faut tenir compte non seulement de toutes les plus-values latentes sur les éléments
de l’actif, mais aussi de l’impôt des sociétés et du précompte mobilier éventuelle-
ment dus en raison de l’imposabilité de la fusion ou de la scission (l’impôt des socié-
tés n’ayant bien entendu pas été établi en tant que dette fiscale estimée au moment de
l’opération).

Le montant de capital fiscal libéré qui apparaît dans le chef de la (des) société(s)
absorbante(s) ou bénéficiaire(s) en raison de l’imposabilité de l’opération et qui ne
peut être enregistré au niveau de l’augmentation de capital et de la prime d’émission
qui ont été comptabilisés à l’époque de la réalisation de la fusion ou de la scission, est
comptabilisé en application d’une solution technico-fiscale comme une réserve taxée
négative en capital.

La différence entre la valeur comptable des actifs apportées et leur valeur fiscale (en
principe égale à leur valeur réelle) est compensée par le biais d’une solution tech-
nico-fiscale qui consiste à comptabiliser une réserve occulte intitulée «sous-estima-
tion d’actifs».

L’écriture initiale fiscalement neutre doit également être extournée par le biais d’amor-
tissements fiscaux (184).

Etant donné que le problème en question peut se poser pour les opérations de fusion
ou de scission réalisées à partir du 1er octobre 1993, cette disposition est dès lors
d’application aux opérations réalisées à partir de cette date.

(183) M.B., 20 juillet 2001.


(184) Pour plus de détails techniques, voir Ph. ERNST et J. VERSTRAELEN, «Reorganisatie van ven-
nootschappen: Fusie, (partiële) splitsing, inbreng van bedrijfstak of van algemeenheid», dans Fiscale Prak-
tijkstudie, Ced. Samsom, 2002, p. 455 et suivantes; I. VAN DE WOESTEYNE, Fusie en splitsing van
vennootschappen in de inkomstenbelasting. Het spanningsveld tussen de boekhoudkundige verwerking en
de fiscale behandeling, Intersentia, 2000, p. 284 et suivantes.

617
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

PARTIE II: SCISSION PARTIELLE

Section 1: Introduction

La loi du 16 juillet 2001 portant modification de la loi du 29 avril 1999 relative à


l’organisation du marché de l’électricité, de la loi du 12 avril 1965 relative au trans-
port de produits gazeux et autres par canalisations et du Code des impôts sur les
revenus 1992 (185) contient les dispositions qui rendent la scission partielle fiscale-
ment neutre – également appelée «scission à la Française» – possible.

Ces dispositions ont été insérées par le biais d’amendements gouvernementaux dans
le projet de loi portant modification de la loi du 29 avril 1999 relative à l’organisation
du marché de l’électricité (186). La justification de ces amendements dispose que par
scission partielle d’une société A, il convient d’entendre l’opération par laquelle A
transfère une partie de son avoir social (actif et passif) à une société B existante ou à
constituer et par laquelle les actions que B émet – à concurrence de la valeur de
l’avoir social obtenu - sont directement attribuées aux actionnaires de A (187).

Les actionnaires de A conservent donc toutes leurs actions A et obtiennent en plus


plusieurs actions B au prorata de leur participation dans A. La société A quant à elle
continue d’exister avec les éléments non transférés à B et avec un avoir social d’un
montant égal à l’avoir social initial diminué d’un montant égal à l’avoir social trans-
féré.

Le Code de commerce (Titre IX, Sociétés commerciales) contenait en son article


174/65 une disposition peu claire – instaurée par la loi du 13 avril 1995 (188) – à
propos de laquelle il était admis que (même si cette disposition figurait dans la sec-
tion «apport d’une universalité de biens ou d’une branche d’activité») qu’elle s’ap-
pliquait également à la scission partielle (189).

La scission partielle est expressément considérée dans le nouveau Code des sociétés
comme une opération assimilée à une scission (article 677 C. soc.). La scission par-
tielle diffère de l’apport d’une branche d’activité à deux égards. D’une part, le patri-
moine transféré dans le cadre d’une scission partielle ne doit pas répondre à la défini-
tion plutôt restrictive de «branche d’activité»; d’autre part, ce sont les actionnaires de
la société scindée et pas la société elle-même qui se voient attribuer les nouvelles
actions émises par la société bénéficiaire.

(185) M.B., 20 juillet 2001.


(186) Doc. parl., Ch. repr., 2000-2001, Doc. 50, 1052/003, ci-après dénommé Doc. 50, 1052/003.
(187) Doc. 50, 1052/003, p. 6.
(188) Article 72 de la loi du 13 avril 1995 (M.B., 17 juin 1995; entrée en vigueur le 1er juillet 1996).
(189) Pour un commentaire du contexte historique dans lequel cette disposition a été instaurée, nous
renvoyons à D. GARABEDIAN, «La scission partielle, nouveau mode de réorganisation des sociétés
introduit par la loi du 13 avril 1995», Rev. prat. soc., 1998, p. 163.

618
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La scission partielle diffère de la scission ordinaire par le fait que dans une scission
ordinaire, la société scindée disparaît, alors que dans une scission partielle, elle con-
tinue d’exister (190).

Etant donné que le nouveau Code des sociétés est entré en vigueur le 6 février 2001,
il a été décidé dans la justification des amendements au projet de loi portant modifi-
cation de la loi du 29 avril 1999 relative à l’organisation du marché de l’électricité,
d’également mettre le régime de neutralité fiscale en cas de scission partielle à dispo-
sition à partir de cette date (191); l’article 16 de la loi du 16 juillet 2001 dispose en
effet que les nouvelles dispositions fiscales sont applicables aux opérations réalisées
à partir du 6 février 2001.

Conformément au droit des sociétés, la scission partielle devra donc être opérée dans
le respect d’une procédure (proposition de scission, rapports des organes de gestion,
du commissaire-réviseur, du réviseur d’entreprises ou de l’expert-comptable externe,
rapports concernant un apport en nature, délai d’attente minimum de six semaines
entre le dépôt de la proposition et la décision de scission des assemblées générales)
en tous points analogue à la procédure à suivre en matière de scission (192).

Cette même justification met également en perspective le fait que le droit comptable
sera adapté de manière telle que la scission partielle, à l’instar de la scission ordinai-
re, sera comptabilisée suivant le principe de continuité (193). A ce jour, cette adapta-
tion de l’AR/C. soc., telle qu’elle a été envisagée dans la justification, n’a toutefois
pas encore eu lieu. Si l’on se fonde sur une lecture littérale des dispositions actuelles
– les articles 80, 78, 79 et 41, § 1er, alinéa 2, AR/C. soc. – on peut dire que les sociétés
concernées ne peuvent à l’heure actuelle toujours pas être contraintes de comptabili-
ser une scission partielle suivant le principe de continuité; dans son avis 166/2, la
Commission des normes comptables s’est néanmoins prononcée en faveur d’une comp-
tabilisation de la scission partielle conforme au principe de continuité comptable
(194).

D’un point de vue fiscal, la scission partielle est considérée comme une opération en
principe taxée (article 210, § 1er, 1°bis, CIR 1992), à laquelle le régime de neutralité
fiscale (article 211, § 1er, alinéa 1er, CIR 1992) doit être appliqué, dès lors que les
conditions de l’article 211, § 1er, aliéna 2, CIR 1992 sont remplies.

(190) Lors du traitement fiscal de la scission partielle, la société scindée (et qui continue donc à exister)
doit être considérée comme une nouvelle société qui acquiert les éléments non transférés.
(191) Doc. 50, 1052/003, p. 6.
(192) Cf. J. COUTURIER, «De partiële splitsing belastingvrij», A.F.T., 2001, pp. 367-370.
(193) Doc. 50, 1052/003, p. 7; en ce qui concerne la scission ordinaire, ce principe de continuité comptable
est visé aux articles 41, § 1er, alinéa deux, et 80 de l’AR/C. soc.
(194) Avis n° 166-2, Bull. CNC, n° 47, mai 2002, p. 2.

619
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Section 2: Scission partielle taxée (195)

Abstraction faite des opérations impliquant une SICAF immobilière ou une PRICAF,
une scission partielle taxée sera tout aussi exceptionnelle qu’une fusion ou scission
ordinaire (juridique) taxée.

En effet, étant donné que l’option de l’opération taxée ne peut être retenue, l’opéra-
tion s’effectuera normalement selon le régime de neutralité fiscale; l’opération ne
deviendra une opération taxée que si le fisc parvient à faire valoir – éventuellement
au terme d’une longue procédure – que l’opération ne répond pas à des besoins légi-
times de caractère économique ou financier.

§ 1. Dans le chef de la société bénéficiaire

Tout comme dans le cas d’une fusion taxée ou d’une scission ordinaire taxée, la
société bénéficiaire obtient, suite à la scission partielle taxée, un capital fiscal libéré
égal à la valeur réelle de l’avoir social obtenu (pour autant que l’ «apport» soit rému-
néré par de nouvelles actions), déduction faite éventuellement de la dette d’impôt des
sociétés et du précompte mobilier à retenir. Parallèlement, la valeur fiscale des élé-
ments obtenus est égale à leur valeur réelle au moment de leur obtention (article 210,
§ 4, CIR 1992).

§ 2. Dans le chef de la société partiellement scindée

La loi du 16 juillet 2001 a inséré plusieurs dispositions dans l’article 210 CIR 1992
qui concernent tout particulièrement les conséquences d’une scission partielle taxée
dans le chef de la société partiellement scindée.

Ainsi le régime de la liquidation ne s’appliquera-t-il pas, dans le cas d’une scission


partielle taxée, à l’avoir social total de la société partiellement scindée, mais unique-
ment à la partie transférée de l’avoir social (article 210, § 3, 1er alinéa, CIR 1992). En
l’occurrence, le montant qualifié de somme répartie est assimilé à la valeur réelle de
cet avoir social transféré (article 210, § 3, alinéa 2, CIR 1992).

L’article 210, § 3, alinéa 3, CIR 1992 indique de quelle façon le capital fiscal libéré
auquel la société partiellement scindée a encore droit après la scission, doit être dé-
terminé: le capital fiscal libéré de cette société avant la scission, est déterminé au
prorata des valeurs réelles de l’avoir social conservé et de l’avoir social transféré et
le capital fiscal libéré auquel la société a encore droit après la scission est égal à
l’avoir social conservé. La répartition est donc uniquement imputée sur l’autre partie
du capital fiscal libéré.

(195) Pour un commentaire détaillé, voir I. VAN DE WOESTEYNE et J. VERSTRAELEN, «De volledi-
ge belaste partiële splitsing in de inkomstenbelastingen», T.F.R., 2004, n° 270, pp. 951-972.

620
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Section 3: Scission partielle fiscalement neutre

§ 1. Introduction

Comme nous l’avons déjà exposé ci-dessus, une scission partielle est considérée com-
me une opération en principe taxée. A cet effet, l’article 12 de la loi du 16 juillet 2001
a inséré dans l’article 210, § 1er, CIR 1992 un 1°bis qui dispose que les articles 208 et
209 CIR 1992 sont également applicables «en cas d’opération assimilée à la fusion
ou à la scission, sans que toutes les sociétés transférantes cessent d’exister».

Sont considérées à cet égard comme des opérations taxées, l’opération assimilée à la
scission visée à l’article 677 C. soc (la scission partielle), mais aussi l’opération assi-
milée à la fusion visée dans le même article 677 C. soc., sans que toutes les sociétés
transférantes cessent d’exister.

N’est en l’occurrence pas visée l’opération assimilée à une fusion par absorption
visée à l’article 676 C. soc. (la situation où une société mère absorbe sa filiale à 100
%); cette opération est en effet visée à l’article 210, § 1er, 1°, CIR 1992 et ne subit
aucune modification suite à l’instauration des nouvelles dispositions (196).

Le fait que l’opération assimilée à la fusion telle que visée à l’article 677 C. soc. soit
visée à l’article 210, § 1er, 1°bis, 1992 comme une opération en principe taxée, doit
être considéré comme une ‘mesure de sécurité’. Selon la justification des amende-
ments, il n’existe actuellement en droit belge aucune définition concrète de la notion
de fusion partielle de sorte qu’aucun régime d’exonération ne peut encore être élabo-
ré en la matière (197).

Si toutefois l’on pouvait donner une définition de cette opération, ce serait en tous les
cas, selon l’état actuel de la législation, celle d’une opération taxée étant donné que
l’article 211, § 1er, alinéa 1er, a étendu le régime de la neutralité fiscale à la scission
partielle (opération assimilée à la scission conformément à l’article 677 C. soc.) mais
pas à l’opération assimilée à la fusion conformément à l’article 677 C. soc. Le nouvel
article 211, § 1er, alinéa 1er, CIR 1992 ne renvoie en effet qu’à la fusion, à la scission
ou à l’opération assimilée à une fusion par absorption, telles que visées à l’article
210, § 1er, 1° (à savoir la fusion ou scission «ordinaire» et la fusion silencieuse) et à
l’opération assimilée à la scission telle que visée à l’article 210, § 1er, 1°bis (à savoir
la scission partielle), et donc pas à l’opération assimilée à la fusion, telle que visée à
l’article 210, § 1er, 1°bis.

§ 2. Conditions

S’il est satisfait aux conditions de l’article 211, § 1er, alinéa 2, CIR 1992, la scission
partielle sera automatiquement une opération fiscalement neutre (c’est-à-dire sans

(196) Doc. 50, 1052/003, p. 8.


(197) Doc. 50, 1052/003, p. 8.

621
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

possibilité d’opter pour une scission partielle taxée). Les conditions à remplir à cet
effet sont bien entendu les mêmes que pour toute opération de fusion ou de scission.

§ 3. Conséquences d’une scission partielle fiscalement neutre

Dans l’hypothèse où la société bénéficiaire ne possède pas d’actions de la société


partiellement scindée et qu’aucune soulte en espèces n’est attribuée, les conséquen-
ces d’une scission partielle fiscalement neutre peuvent être résumées comme suit
(198):

- Dans le chef de la société qui se sépare d’une partie de son avoir social, toutes les
plus-values latentes au moment de la fusion (y compris le goodwill) restent exo-
nérées et aucun dividende n’est réputé distribué.

Sur le plan comptable, une partie de l’avoir social de cette société – égal à la
valeur comptable nette des éléments transférés – est toutefois transféré. Sur le
plan fiscal, le capital libéré, les réserves taxées et les réserves exonérées (qui sont
comprises dans la valeur fiscale nette) de la société qui se sépare d’une partie de
son avoir social, sont répartis entre cette société et la société bénéficiaire, au pro-
rata de la valeur fiscale nette des éléments non transférés et de la valeur fiscale
nette des éléments transférés (article 213, alinéa 2, CIR 1992). Les réserves exo-
nérées qui ne sont pas comprises dans la valeur fiscale nette sont attribuées fisca-
lement à la société qui conserve ou obtient l’élément auquel cette réserve exoné-
rée se rapporte.

- Dans le chef de la société qui obtient les éléments transférés, ces éléments conser-
vent toutes leurs caractéristiques fiscales comme s’il n’y avait pas eu de scission.

- Chaque actionnaire de la société partiellement scindée conserve l’ensemble de


ses actions de la société transférante et obtient en plus de nouvelles actions de la
société bénéficiaire (au prorata de sa participation).

Une fiction est en fait créée par laquelle l’actionnaire échange ses actions de la
société transférante contre ces mêmes actions plus les nouvelles actions de la
société bénéficiaire qui lui sont attribuées; l’article 45, § 1er, alinéa 1er, CIR 1992
a été complété par la loi du 16 juillet 2001 afin de garantir que la plus-value
réalisée lors de cet «échange d’actions» soit et reste exonérée aux mêmes condi-
tions que dans le cas d’un échange normal d’actions faisant suite à une fusion ou
à une scission ordinaire.

Si l’opération est comptabilisée suivant le principe de continuité, aucune plus-


value ni moins-value ne sera exprimée à la suite de cet «échange d’actions». La

(198) Voir pour ces situations: J. VERSTRAELEN et I. VAN DE WOESTEYNE, «Over de boekhoudkun-
dige verwerking van de partiële splitsing en de gedeeltelijk belaste partiële splitsing in de inkomstenbelas-
tingen», T.R.F., 2004, n° 264, pp. 599-610.

622
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

valeur comptable des actions de la société transférante doit être déterminée au


prorata des valeurs réelles des éléments «conservés» et des éléments «transfé-
rés». Après l’«échange d’actions», la valeur comptable des actions de la société
transférante sera égale à la partie du prorata relative à la valeur réelle des élé-
ments conservés et la valeur comptable des nouvelles actions obtenues de la so-
ciété bénéficiaire sera égale à la partie du prorata relative à la valeur réelle des
éléments transférés.

Sur le plan fiscal, la valeur fiscale des actions de la société transférante doit, selon
nous, également être déterminée au prorata des valeurs réelles des éléments «con-
servés» et des éléments «transférés».

- Si au moment de la scission partielle, la société partiellement scindée affiche des


pertes fiscales à reporter, celles-ci seront réparties entre cette société et la société
bénéficiaire au prorata de la valeur fiscale nette de l’avoir social conservé et de
l’avoir social transféré. Une même répartition est appliquée à la partie non encore
imputée de l’ancien crédit d’impôt visé à l’article 289bis, § 2, CIR 1992 ainsi
qu’à la partie non encore utilisée de la déduction pour investissement unique (199).
Les déductions pour investissement étalées reviennent, après la scission partielle,
à la société dans laquelle se trouvent les éléments auxquels ces déductions se
rapportent (200).

Section 4: TVA - Droits d’enregistrement

Si l’avoir social transféré constitue une branche d’activité, l’opération pourra être
réalisée en exemption d’impôts, y compris d’impôts indirects (articles 117, § 2, et
120 in fine, C. enreg. et articles 11 et 18, § 3, CTVA; en matière de droits d’enregis-
trement, seul le droit fixe de 25 EUR sera dû).

Si l’avoir social transféré ne constitue pas une branche d’activité, aucune exonéra-
tion de TVA ne pourra être accordée et l’article 117, § 2, C. enreg. ne sera pas d’appli-
cation.

Pour les opérations réalisées à partir du 1er janvier 2006, le droit d’apport de 0,5 % est
supprimé; mais si l’avoir social transféré ne constitue pas une branche d’activité, la
réglementation applicable en matière d’apport mixte continue de s’appliquer.

(199) En ce qui concerne un éventuel traitement fiscal de l’excédent de déduction des intérêts notionnels,
de l’excédent de crédit d’impôt pour recherche et développement et de l’excédent de déduction ordinaire
pour investissement, l’avant-projet de loi visé ci-dessus prévoyait une limitation, inspirée de la limitation
applicable dans le cas de pertes fiscales à reporter.
(200) Justification de l’amendement n° 10 du Gouvernement, Doc. parl., Ch. repr., 2000-2001, DOC 50
1052/003, p. 9.

623
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Section 5: Exemples

Dans les exemples développés ci-dessous, la scission partielle est comptabilisée sui-
vant le principe de continuité. La comptabilisation d’une scission partielle est donc
en tous points comparable à la comptabilisation d’une scission ordinaire, telle qu’ex-
posée ci-dessus (201).

Exemple 1

Les principes précités peuvent être illustrés à l’aide de l’exemple simplifié suivant.

Le bilan de la société A avant scission se présente comme suit:

A
Actifs 14 000 Capital 3 000
Réserve légale 300
Réserves disponibles 4 700
Réserves immunisées 2 000
(art. 36 CIR 1964)
Dettes 4 000
______ ______
14 000 14 000

Imaginons que la société A soit partiellement scindée dans le cadre d’une opération
fiscalement neutre à l’occasion de laquelle un montant de 5 500 d’actifs et un mon-
tant de 1 500 de dettes sont transférés vers une nouvelle société B, de sorte que la
société A conserve donc un montant de 8 500 d’actifs et un montant de 2 500 de
dettes.

Supposons que les valeurs fiscales des éléments de l’avoir social de A correspondent
à leurs valeurs comptables.

A est détenue à concurrence de 80 % par un actionnaire-société D qui a acquis les


actions pour un montant de 7 500.

La valeur réelle de A au moment de la scission partielle s’élève à 20 000 dont 9 000


sont transférés et 11 000 conservés.

Dans le chef des sociétés A et B

Abstraction faite de la structure des capitaux propres, les bilans respectifs de A et B


après la scission partielle se présentent comme suit:

(201) Pour plus de détails techniques, voyez les exemples développés dans J. VERSTRAELEN et I. VAN
DE WOESTEYNE, «De volledig belastingvrije partiële splitsing in de inkomstenbelastingen», 2002, T.F.R.,
n° 220, pp. 391-414.

624
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

A B
Actifs 8 500 CP 6 000 Actifs 5 500 CP 4 000
Dettes 2 500 Dettes 1 500
_____ _____ _____ _____
8 500 8 500 5 500 5 500

Sur les 10 000 de valeur fiscale nette initiale de A, 4 000 sont transférés à B et 6 000
conservés dans A. Le capital fiscal libéré initial de A (3 000), ses réserves taxées (5
000) et ses réserves exonérées (2 000) sont en partie transférés à B et en partie con-
servés dans A suivant le même rapport.

Sur le plan fiscal, les situations respectives de A et B après la scission partielle se


présentent comme suit:

A B
Capital fiscal libéré 1 800 1 200
Réserves taxées 3 000 2 000
Réserves exonérées 1 200 800

Après la scission partielle, les capitaux propres comptables de A (6 000) et de B


(4 000) peuvent donc être «présentés» de manière telle que leur structure comptable
soit parfaitement conforme à leur structure fiscale.

Dans le chef de A, la scission partielle sera donc de préférence comptabilisée comme


suit:

Capital 1 200
Réserve légale 120
Réserves disponibles 1 880
Réserves immunisées 800
Dettes 1 500
à Actifs 5 500

Et dans le chef de B:

Actifs 5 500
à Capital 1 200
Réserve légale 120
Réserves disponibles 1 880
Réserves immunisées 800
Dettes 1 500

Dans la déclaration de A, la situation des réserves imposables en fin de période impo-


sable est réduite de 2 000 (réserve légale réduite de 120 et réserves disponibles rédui-
tes de 1 880) et la situation des réserves exonérées en fin de période imposable rédui-
te de 800. La réduction des réserves taxées ne peut avoir d’impact sur le plan fiscal,
de sorte que dans le chef de A, la situation des réserves taxées en début de période
imposable doit également être réduite de 2 000.

625
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

B quand à elle indique dans la case IA de sa déclaration le montant des réserves


taxées obtenues (ligne par ligne) au début de la période imposable et fait de même
pour les réserves exonérées au début de la période qu’elle mentionne dans la case IB
de la déclaration.

Les bilans respectifs de A et B après la scission partielle se présentent comme suit:

A B
Actifs 8 500 Capital 1 800 Actifs 5 500 Capital 1 200
Réserve 180 Réserve 120
légale légale
Réserves 2 820 Réserves 1 880
disponibles disponibles
Réserves 1 200 Réserves 800
immunisées immunisées
Dettes 2 500 Dettes 1 500
_____ _____ _____ _____
8 500 8 500 5 500 5 500

Dans le chef de l’actionnaire D

Les actions émises par B à l’occasion de cette acquisition ont une valeur réelle de
9 000.

D conserve les actions A et acquiert des actions B d’une valeur réelle de 7 200 (9 000
x 80 %).

a) Du point de vue comptable

La valeur comptable de la participation détenue par D dans A (7 500) doit être venti-
lée comme suit, à savoir 3 375 (7 500 x 9 000/20 000) d’avoir transféré et 4 125 (7
500 x 11 000/20 000) d’avoir conservé.

D comptabilise l’échange fictif d’actions suivant le principe de continuité compta-


ble:

Participation B 3 375
à Participation A 3 375

b) Du point de vue fiscal

La valeur fiscale de la participation A (avant la scission) s’élève à 7 500 et corres-


pond à concurrence de 3 375 (7 500 x 9 000/20 000) à l’avoir transféré.

Lors de l’échange fictif d’actions, D réalise par conséquent une plus-value fiscale de
3 825 (9 000 x 80 % = 7 200; 7 200 – 3 375 = 3 825). Cette plus-value reste exonérée

626
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

(article 45, § 1er, alinéa 1er, CIR 1992) sans qu’il doive être satisfait à la condition
d’intangibilité (article 190, alinéa 3, CIR 1992).

Dans le chef de D, la valeur fiscale des actions B obtenues est égale à 3 375 (article
45, § 1er, alinéa 2, CIR 1992).

Exemple 2: Article 47 CIR 1992 (ou subsides en capital exonérés, article 362
CIR 1992)

L’exemple suivant illustre que, dans la pratique, les complications techniques ne sont
pas à exclure mêmes dans les situations les plus simples (nous nous limiterons en
l’occurrence à la situation dans le chef de la société partiellement scindée et dans
celui de la société bénéficiaire).

Imaginons la société A suivante:

A
Actifs 12 000 Capital 3 000
Actif 1 2 000 Réserve légale 300
Réserves disponibles 4 700
Réserves immunisées 1 320
Impôts différés 680
Dettes 4 000
______ ______
14 000 14 000

Après avoir été entièrement amorti, un actif est vendu pour 2 000. A décide de recou-
rir au régime de la taxation étalée et réinvestit le produit de la vente dans un actif 1.

A fait l’objet d’une scission partielle à l’occasion de laquelle un montant de 4 500


d’actifs (actif 1 non compris) et un montant de 1 500 de dettes sont transférés à une
nouvelle société à constituer; A conserve donc un montant de 7 500 d’actifs, l’actif 1
et un montant de 2 500 de dettes.

Abstraction faite de la structure des capitaux propres, les bilans respectifs de A et B


après la scission partielle se présentent comme suit (étant donné que A conserve l’ac-
tif 1, la rubrique «impôts différés» est maintenue dans le chef de A):

A B
Actifs 7 500 CP 6 320 Actifs 4 500 CP 3 000
Actif 1 2 000 Impôts 680 Dettes 1 500
différés
Dettes 2 500
_____ _____ _____ _____
9 500 9 500 4 500 4 500

627
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

La valeur fiscale nette de A avant la scission partielle s’élève à 10 000; la valeur


fiscale nette des éléments conservés par A s’élève à 7 000; la valeur fiscale nette des
éléments transférés à B s’élève à 3 000.

Le capital fiscal libéré de A, ses réserves taxées et ses réserves exonérées doivent être
attribués à A et à B proportionnellement à ces valeurs fiscales nettes.

Les patrimoines fiscaux respectifs de A et B après la scission partielle se présentent


comme suit:

A B
Capital fiscal libéré 2 100 900
Réserves taxées 3 500 1 500
Réserves exonérées 1 400 600

Les capitaux propres comptables de B (3 000) peuvent par conséquent être «présen-
tés» conformément à son patrimoine fiscal.

Le montant des réserves exonérées attribuées à A s’élève à 1 400, dont 680 apparais-
sent dans la rubrique «impôts différés». Par conséquent, les capitaux propres comp-
tables de A (6 320) peuvent être «présentés» conformément aux éléments fiscaux
restants (2 100 + 3 500 + 1 400 – 680 = 6 320).

Cette scission partielle sera de préférence comptabilisée comme suit:

Dans le chef de A

Capital 900
Réserve légale 90
Réserves disponibles 1 410
Réserves immunisées 600
Dettes 1 500
à Actifs 4 500

Dans le chef de B

Actifs 4 500
à Capital 900
Réserve légale 90
Réserves disponibles 1 410
Réserves immunisées 600
Dettes 1 500

Les inscriptions nécessaires concernant le transfert des réserves taxées et des réser-
ves exonérées doivent apparaître dans les déclarations fiscales de A et B.

Les bilans respectifs de A et B après la scission partielle se présentent comme suit:

628
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

A B
Actifs 7 500 Capital 2 100 Actifs 4 500 Capital 900
Actif 1 2 000 Réserve 210 Réserve 90
légale légale
Réserves 3 290 Réserves 1 410
disponibles disponibles
Réserves 720 Réserves 600
immunisées immunisées
Impôts 680 Dettes 1 500
différés
Dettes 2 500
_____ _____ _____ _____
9 500 9 500 4 500 4 500

Puisque l’actif de remploi (l’actif 1) est resté dans A, la plus-value initialement réali-
sée de 2 000 sera intégralement imposée dans le chef de A. Proportionnellement aux
amortissements actés sur l’actif 1, la réserve immunisée restante de 720 et les impôts
différés de 680 seront imposés en priorité (il peut être indiqué, après comptabilisa-
tion de la scission partielle, de transférer les impôts différés à concurrence d’un mon-
tant de 204 vers les réserves immunisées; 33,99 % de 1 400 disparaissent ainsi de la
rubrique «impôts différés»). Le solde de la plus-value soumise à la taxation étalée,
soit 600, est imposé au titre de dépense non admise au prorata des amortissements
actés sur l’actif 1.

Puisque la réserve exonérée attribuée à B de 600 deviendra en principe également


imposable (dès que la condition d’intangibilité ne sera plus remplie et au plus tard
lors de la clôture de la liquidation de B), il y a un risque de double taxation indésira-
ble. Mais tout comme pour la scission ordinaire, une solution pratique peut être trou-
vée.

629
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Bibliographie

- Tilquin, Th., Traité des fusions et scissions, Kluwer, 1993, 659 p.

- Van De Woesteyne, I., Fusie en splitsing van vennootschappen, Het spannings-


veld tussen de boekhoudkundige verwerking en de fiscale behandeling, Intersen-
tia Rechtswetenschappen, 2000, 565 p.

- Ernst, Ph. et Verstraelen, J., Reorganisatie van vennootschappen, Fusie, (partiële)


splitsing, inbreng van bedrijfstak of van algemeenheid, Ced.Samsom, 2002, 767
p.

- Blockerye, Th., Acquisitions et fusions, Bruylant, 2004, 396 p.

- Verstraelen, J., De herstructureringsbepalingen in de wet van 22 december 1998,


T.F.R., 176, février 2000, pp. 151-169.

- Couturier, J., De “partiële splitsing” belastingvrij, A.F.T., octobre 2001, pp. 365-
377.

- Verstraelen, J. et Van De Woesteyne, I., De volledig belastingvrije partiële split-


sing in de inkomstenbelasting, T.F.R., 220, avril 2002, pp. 391-414.

- Blockerye, Th., Van Gindertael, H., Mertens, L., La loi du 16 juillet 2001 instau-
rant le régime fiscal des opérations assimilées aux fusions et scissions: la dernière
pierre à l’édifice de la «scission partielle»?, R.G.F., mai 2002, pp. 120-133.

- Verstraelen, J. et Van De Woesteyne, I., Over de boekhoudkundige verwerking


van de partiële splitsing en de gedeeltelijk belaste partiële splitsing in de inkoms-
tenbelasting, T.F.R., 264, juin 2004, pp. 599-610.

- Van De Woesteyne, I., De “negatief belaste reserve in kapitaal” en de interferen-


tie met de reserve “overgedragen verlies”, A.F.T., août-septembre 2004, Partie 1,
pp. 12-25.

- Van De Woesteyne, I., De “negatief belaste reserve in kapitaal” en de interferen-


tie met de reserve “overgedragen verlies”, A.F.T., octobre 2004, Partie 2, pp. 8-
30.

- Van De Woesteyne, I. et Verstraelen, J., De volledig belaste partiële splitsing in de


inkomstenbelastingen, T.F.R., 270, novembre 2004, pp. 951-972.

630
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

5.4. NORMES RELATIVES AU CONTROLE DES OPERATIONS DE FUSION


ET DE SCISSION DE SOCIETES COMMERCIALES

Vu la loi du 22 avril 1999 relative aux professions comptables et fiscales;

Considérant que les présentes normes ont été élaborées en collaboration avec l’Ins-
titut des Réviseurs d’entreprises;

Vu l’avis du Conseil supérieur du Révisorat et de l’Expertise comptable du 8 septem-


bre 1995;

Considérant que les normes, approuvées par le Conseil de l’IEC le 27 novembre


1995, applicables depuis le 1er janvier 1996, doivent être adaptées à la nouvelle nu-
mérotation des articles du Code des sociétés;

Le Conseil de l’IEC a adopté en sa séance du 2 décembre 2002 une version ainsi


adaptée des normes relatives au contrôle des opérations de fusion et de scission de
sociétés commerciales;

***

CHAPITRE 1. INTRODUCTION

1.1. Champ d’application

Les présentes normes s’appliquent aux opérations de fusion et de scission de


sociétés commerciales ou à forme commerciale, ainsi qu’aux opérations assimi-
lées, visées au livre XI C. soc. relatif aux restructurations de sociétés.

1.1.1. Sont visées par le paragraphe 1.1., les opérations de fusion par absorption et de
fusion par constitution d’une société nouvelle ainsi que les opérations de scission par
absorption, de scission par constitution de nouvelles sociétés ou par combinaison de
ces deux méthodes.

1.1.2. Aucune intervention d’un professionnel en application des présentes normes


n’est requise dans les opérations assimilées à fusion par l’article 676 C. soc. (dissolu-
tion après réunion des titres en une seule main) ainsi que dans une scission, lorsque
tous les actionnaires ou associés et tous les porteurs de titres conférant un droit de
vote à l’assemblée générale renoncent à leur application par un vote exprès acquis
lors de l’assemblée générale appelée à se prononcer sur la participation à la scission
(art. 734 C. soc.).

Avez-vous fait mention du contrôle de cette décision dans votre rapport?

Disposez-vous d’une copie signée de cette décision dans votre dossier de travail?

631
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Par professionnel, les présentes normes entendent le réviseur d’entreprises ou l’ex-


pert-comptable inscrit au tableau des experts-comptables externes de l’Institut des
Experts-comptables et des Conseils fiscaux.

1.1.3. La fusion et la scission peuvent concerner des sociétés dont la forme juridique
est différente sans qu’il soit procédé préalablement à une modification de la forme
juridique de l’une d’entre elles afin de la rendre compatible. De l’avis du Conseil de
l’Institut, l’établissement d’une situation intermédiaire et la mission de contrôle pré-
vue à l’occasion du changement de forme juridique (art. 776 et 777 C. soc.) ne s’ap-
pliquent pas.

Les rapports ont-ils été établis sur la base d’une situation active et passive ne
remontant pas plus à plus de six mois à compter de la date de la signature du projet
de la fusion?

➾ Rem.: Un état intermédiaire ne remontant pas à plus de trois mois est requis
si la situation active et passive remonte à plus de six mois à compter de la date de
la signature du projet de fusion (art. 697, § 2, 5°, C. soc.).

1.1.4. Lorsque l’objet social de la société absorbante doit être modifié, cette modifi-
cation doit intervenir immédiatement après la décision de fusion aux conditions de
présence et de majorité requises par le Code des sociétés. L’article 701, al. 1er, C. soc.
ne renvoie pas à l’article 559 C. soc (202).; de l’avis du Conseil de l’Institut, l’éta-
blissement d’une situation intermédiaire et la mission de contrôle prévue à l’occasion
de la modification de l’objet social ne s’appliquent pas.

1.1.5. La procédure de fusion prévoit que les sociétés concernées ne doivent pas se
soumettre aux formalités légales de contrôle des apports en nature (art. 695,
dernier alinéa, C. soc. et 705, § 3, C. soc.). Par contre, le contrôle des apports
en nature demeure, en principe, requis par l’article 730, 2e al., C. soc. dans les cas de
scission.

➾ Rem.: Le rapport concernant l’apport en nature peut également être établi


par un professionnel autre que celui qui a été chargé du rapport de contrôle
concernant la scission.

En toute hypothèse, les normes de l’IRE relatives au contrôle des apports et quasi-
apports ne trouvent pas application dans les procédures visées par les présentes nor-
mes.

1.1.6. Dans la société anonyme, si l’opération conduit à émettre les actions sous le
pair comptable des actions de la société absorbante sans valeur nominale, les infor-
mations requises par l’article 582 C. soc. découlent naturellement du projet de fusion
et des rapports qui l’accompagnent. Les formalités prévues par cette disposition (art.
699, § 1er, C. soc.) ne s’appliquent pas.

(202) Pour la SA; article 287 C. soc. (SPRL); article 413 C. soc. (SCRL).

632
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

1.2. Objet de la mission

Le professionnel chargé de rédiger le rapport mentionné par les articles 695,


708, 731 et 746 C. soc. a pour mission de vérifier que les informations fournies
dans le projet de fusion et les rapports des conseils d’administration permettent
à l’assemblée générale de prendre sa décision en parfaite connaissance de cause
et de déclarer notamment dans quelle mesure le rapport d’échange des titres est
pertinent et raisonnable du point de vue des actionnaires ou des associés de la
société à laquelle il fait rapport.

1.2.1. La mission du professionnel ne peut être isolée du contexte global de l’opéra-


tion. Il doit être attentif à l’ensemble des éléments qui justifient la fusion ou la scis-
sion ou qui peuvent influencer la décision de l’assemblée générale. Il doit prendre en
considération toutes les informations contenues dans le projet de fusion mais égale-
ment les autres données portées à la connaissance des actionnaires et associés dans
toutes les sociétés concernées.

1.2.2. Le professionnel adresse son rapport à l’assemblée générale de la société qui


l’a mandaté. Il informe les actionnaires ou associés de cette société de tout élément
qui pourrait s’avérer préjudiciable aux intérêts de tout ou partie d’entre eux. Lorsque
la même personne est appelée à faire rapport aux assemblées générales de plusieurs
des sociétés, il préférera normalement exposer son point de vue détaillé dans un avis
cohérent reproduit dans les rapports distincts qu’il adresse aux assemblées générales,
faisant ressortir les avantages attribués à ou les inconvénients supportés par l’une ou
l’autre partie.

Si vous avez été désigné par les différentes sociétés concernées, avez-vous reçu
l’autorisation des différents organes de gestion et avez-vous respecté les obliga-
tions déontologiques en la matière?

1.2.3. En application des articles 700, al. 3, 713, al. 3, 737, al. 3, et 752, al. 3, C. soc.,
le notaire est chargé de vérifier et d’attester l’existence et la légalité, tant interne
qu’externe, des actes et formalités incombant à la société auprès de laquelle il instru-
mente. Il importe que le professionnel établisse dès que possible un contact avec le
notaire qui instrumente pour la même société. Si dans le courant de ses travaux nor-
maux, il fait des constatations qui pourraient s’avérer importantes pour la bonne fin
des actes et formalités, il lui est conseillé de porter ces constatations à la connaissan-
ce du notaire. Lorsqu’il est consulté à propos du projet de fusion ou de scission, le
professionnel recommandera de faire établir ce projet devant notaire ou de le faire
vérifier et déposer par les soins de ce dernier.

Avez-vous fait, dans le cadre de vos travaux normaux, des constatations qui pour-
raient s’avérer importantes pour la bonne fin des actes et formalités?

Avez-vous attiré l’attention du notaire instrumentant sur ces constatations?

633
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

1.3. Aspects déontologiques

Le professionnel qui accepte une mission dans le cadre d’une opération de fu-
sion ou de scission doit disposer des capacités, des collaborations et du temps
requis pour son bon accomplissement. Lorsque plusieurs professionnels inter-
viennent dans une même opération, ils doivent se communiquer mutuellement
les conclusions de leurs investigations avant le dépôt de leur rapport.

1.3.1. Le rapport sur une opération de fusion ou de scission doit être établi par le
commissaire de la société si cette fonction a été pourvue. Lorsqu’un commissaire
différent est en fonction dans chacune des sociétés concernées, chacun fait rapport à
l’assemblée générale qui l’a désigné. Lorsqu’aucun commissaire n’a été nommé ain-
si que dans le cas exceptionnel où celui-ci aurait un juste motif de désistement, le
rapport peut être établi par un réviseur d’entreprises ou par un expert-comptable ins-
crit au tableau des experts-comptables externes, spécialement désigné par le conseil
d’administration ou par les gérants.

Avez-vous vérifié si un commissaire a été désigné dans l’une des sociétés concer-
nées?

➾ Rem.: Si un commissaire a été nommé, c’est lui qui est chargé d’établir le
rapport de contrôle. Si, à tort, aucun commissaire n’a été nommé, tout profes-
sionnel est autorisé à établir le rapport, sans oublier de préciser que la société a
manqué à ses obligations légales en la matière et que de ce fait, la responsabilité
de l’organe de gestion peut être mise en cause.

1.3.2. Il est recommandé de rédiger une lettre de mission fixant, dans le respect des
règles légales, les modalités de l’intervention du professionnel. Ceci concerne no-
tamment le mode de calcul et de paiement des honoraires, le délai de dépôt du ou des
rapports ainsi que des tâches complémentaires éventuelles allant au-delà du prescrit
légal.

Il est également recommandé d’inclure les mentions suivantes dans la lettre de mis-
sion:

– la société n’a contacté aucun autre professionnel pour l’exécution de la mission;


– la société devra, conformément à la loi, communiquer au professionnel toutes les
informations et explications requises par l’exercice de sa mission, l’autoriser à
effectuer les vérifications nécessaires et à communiquer les informations au pro-
fessionnel qui effectue la même mission dans une des autres sociétés concernées;
– l’organe d’administration remettra en temps voulu son projet de rapport au pro-
fessionnel;
– l’organe d’administration a pris conscience du fait que plusieurs méthodes d’éva-
luation doivent être prises en considération.

➾ Rem.: Il est recommandé d’annexer au rapport une copie de la lettre de mis-


sion signée, ainsi que les situations actives et passives des sociétés concernées, les

634
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

différents projets de fusion ou de scission et les rapports des différents organes


de gestion.

1.3.3. Le professionnel ne peut accepter ou poursuivre une mission dans le cadre


d’une fusion ou d’une scission de sociétés s’il n’est pas assuré de pouvoir exprimer
son opinion en toute indépendance par rapport aux parties concernées.
Même si son rapport n’est adressé qu’à une seule des sociétés fusionnantes, le profes-
sionnel doit conserver une attitude intègre et fonder les raisonnements inclus dans
son rapport sur des éléments justifiés par l’économie d’entreprise.

1.3.4. Au cours de la mission, il est recommandé que les professionnels collaborent


par un échange des informations pertinentes pour l’accomplissement de leurs mis-
sions respectives. Cette procédure est cependant subordonnée à l’accord écrit de la
société qui les désigne et vis-à-vis de laquelle il supporterait une responsabilité en
cas de violation du secret professionnel. Si, pour un motif quelconque, l’autorisation
était refusée ou limitée, le professionnel devra demander que ce refus soit notifié par
écrit. Il doit en informer son confrère et envisager avec lui l’opportunité de refuser la
poursuite de la mission si la limitation n’est pas justifiée par des motifs acceptables
ou si l’exécution de cette mission en devient impossible.

La déclaration écrite de la société commanditaire concernant la limitation de la


transmission d’informations aux autres sociétés concernées par la fusion figure-t-
elle dans votre dossier de travail?

1.3.5. Lorsque les rapports requis par la loi doivent être élaborés par plusieurs profes-
sionnels dans les sociétés concernées par une opération de fusion ou de scission,
ceux-ci sont tenus:

a) d’entrer en contact l’un avec l’autre dans le plus bref délai;


b) de se communiquer mutuellement les conclusions de leurs investigations avant le
dépôt de leur rapport;
c) de s’abstenir de toute critique sur les rapports ou conclusions de l’autre profes-
sionnel sans l’en avoir préalablement informé et lui avoir fait connaître les points
sur lesquels porte la divergence.

Lorsque les sociétés ont autorisé par écrit la collaboration (ci-dessus, 1.3.2 et 1.3.4),
les professionnels sont tenus de répondre favorablement aux demandes raisonnables
qu’ils s’adressent. Ils commettent une faute déontologique en retenant une informa-
tion dont ils ne peuvent ignorer qu’elle est importante pour le bon accomplissement
de la mission de l’autre professionnel.

L’échange d’informations ne porte pas préjudice au droit de chaque professionnel


d’obtenir directement auprès de chacune des sociétés concernées toutes les explica-
tions ou informations et procéder à toutes les vérifications qui leur paraissent néces-
saires.

1.3.6. Le commissaire doit assister à l’assemblée générale qui est appelée à délibérer
sur la base d’un rapport établi par lui, sauf dans la mesure où il présenterait un juste

635
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

motif (art. 5382 et 540, al. 23 , C. soc.). Il est recommandé que le réviseur d’entrepri-
ses ou l’expert-comptable qui établit un rapport sur un projet de fusion ou de scission
procède de même, avec autorisation de l’assemblée, lorsque les caractéristiques de
l’opération sont susceptibles de donner lieu, au sein de l’assemblée générale, à des
débats sur les aspects financiers de l’opération.

CHAPITRE 2. TRAVAUX DE CONTROLE

2.1. Travaux préliminaires

Avant d’élaborer son programme de travail, le professionnel doit prendre con-


naissance des éléments essentiels de l’opération projetée. Les travaux prélimi-
naires comprennent les aspects de connaissance générale des sociétés concer-
nées et l’identification des objectifs de l’opération ainsi que des circonstances
qui l’entourent.

2.1.1. La collecte d’informations sur les sociétés comporte au moins:

– les documents statutaires;


– l’identification des organes d’administration;
– la structure du capital en prêtant particulièrement attention aux droits attachés
aux différentes catégories d’actions ou de parts représentatives ou non du capital
social;
– les comptes annuels et autres informations financières;
– les informations sur l’organisation administrative et comptable des sociétés;
– les caractéristiques spécifiques et conditions de l’activité économique (par exem-
ple, client unique, difficultés d’environnement, etc.) et du secteur.

➾ Rem.: Il est préférable de disposer des relevés hypothécaires et des attesta-


tions d’assainissement de sol relatives aux éventuels biens immobiliers des so-
ciétés concernées, ainsi que des confirmations écrites des organismes de crédit
des sociétés concernées par la fusion ou la scission.

2.1.2. L’identification de l’opération implique la prise de connaissance du projet de


fusion et une discussion approfondie avec les responsables de l’entreprise sur la por-
tée précise des informations qui y sont reproduites.
Le professionnel doit disposer des rapports, fussent-ils en projet, établis par l’organe
d’administration de chaque société concernée par l’opération. En effet, ces rapports
contiennent des informations essentielles dont le professionnel doit nécessairement
tenir compte:

– un exposé de la situation patrimoniale des sociétés concernées;


– l’explication et la justification, du point de vue juridique et économique, de
l’opportunité, des conditions, des modalités et des conséquences de l’opération;
– le rapport d’échange des actions ou parts: les méthodes suivies pour sa détermi-
nation, l’importance relative qui est donnée à ces méthodes, les valeurs auxquel-

636
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

les chaque méthode parvient et les difficultés éventuellement rencontrées dans la


fixation du rapport d’échange.

Compte tenu de la volonté expresse des différents organes de gestion de ne retenir


qu’une seule méthode, l’unique méthode retenue s’est-elle vue conférer une im-
portance absolue, de sorte qu’aucune importance relative n’a été conférée aux
autres méthodes?

➾ Rem.: Par exemple, la fusion entre une société de patrimoine et une société
opérationnelle.

2.1.3. Le professionnel prendra contact avec le professionnel chargé, le cas échéant,


de la même mission dans les autres sociétés concernées ainsi qu’avec le ou les notai-
res appelés à instrumenter.

Avez-vous pris contact avec les différents professionnels chargés de la même mis-
sion ainsi qu’avec les notaires appelés à instrumenter?

Il s’efforcera d’obtenir le projet de statuts ou de modification statutaire et portera une


attention particulière notamment aux clauses relatives au capital et aux droits des
différentes catégories d’actions ou de parts représentatives ou non du capital social,
ainsi qu’aux clauses d’agrément éventuelles.

2.1.4. Le commissaire doit s’assurer que tous les documents communiqués aux asso-
ciés (projet de fusion, rapport de l’organe d’administration, ...) ont été remis aux mem-
bres du conseil d’entreprise dans les délais imposés (art. 2 A.R. 27 novembre 1973).

2.2. Programme de travail

Le professionnel exécute sa mission conformément à un programme de travail


approprié portant sur toutes les sociétés concernées par l’opération de fusion ou
de scission. Ce programme tiendra compte de la collaboration qui doit s’établir
entre les professionnels conformément aux présentes normes.

2.2.1. Le programme de travail doit concerner toute les sociétés impliquées dans
l’opération. Lorsque des professionnels différents sont désignés dans plusieurs so-
ciétés, chacun peut se baser sur les travaux effectués par l’autre, à condition d’avoir
pu s’assurer du caractère approprié de ceux-ci. Sans préjudice du paragraphe 1.3.5, il
est recommandé que les deux professionnels s’autorisent la consultation réciproque
de leurs documents de travail. Si des doutes existent sur le caractère approprié des
vérifications opérées, chaque professionnel pourra, dans le respect des règles de con-
fraternité, demander à l’autre d’effectuer des travaux complémentaires ou effectuer
lui-même des vérifications supplémentaires de documents ou comptes.

Avez-vous suivi la recommandation qui vous a été faite et autorisé les autres pro-
fessionnels concernés à consulter les documents de travail?

637
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2.2.2. Le programme de travail relatif à une opération de fusion ou de scission com-


prendra au moins les éléments suivants, compte tenu de l’utilisation des travaux des
professionnels concernés:

– contrôle de la situation patrimoniale des sociétés concernées par l’opération; ce


contrôle doit comprendre les diligences suffisantes pour justifier une application
raisonnable des méthodes d’évaluation;
– collecte et contrôle de tous les éléments nécessaires à l’évaluation des sociétés
concernées, et en particulier les comptes de résultats;
– analyse du rapport d’échange des actions ou parts des sociétés concernées;
– appréciation des informations contenues dans les documents transmis ou à trans-
mettre aux assemblées générales;
– rédaction du rapport.

Le programme de travail ne doit pas être définitivement fixé au début des travaux. Il
s’adaptera aux constatations résultant du contrôle ainsi qu’aux modifications éven-
tuelles que les parties apporteraient à l’opération.

2.3. Documents de travail

Dans l’exécution de sa mission, le professionnel réunit tous les documents et


données économiques qu’il juge indispensables à son contrôle de:

– l’évaluation des sociétés concernées;


– l’analyse du rapport d’échange; et
– des autres informations du projet de fusion et scission.

2.3.1. Les éléments suivants doivent en tout état de cause figurer dans le dossier de
contrôle:

– projet de fusion ou de scission;


– états financiers utilisés pour l’évaluation des sociétés concernées par l’opération
(y compris les règles d’évaluation);

➾ Rem.: Une copie du rapport concerné établi par l’organe de gestion est en
l’occurrence requise (un simple renvoi aux annexes des comptes annuels ne suf-
fit pas).

– le cas échéant, l’état intermédiaire prévu par les articles 697, § 2, 5°, 710, § 2, 5°,
733, § 2, 5°, et 748, § 2, 5°, C. soc.;
– éléments probants validant les données servant au calcul du rapport d’échange, et
en particulier la documentation qui appuie le contrôle des états financiers;
– informations nécessaires sur l’harmonisation des méthodes d’évaluation utilisées
par les deux sociétés en vue de calculer le rapport d’échange;
– informations sur toute modification significative du patrimoine intervenue entre
la date d’établissement des états financiers utilisés pour l’évaluation et la date à
laquelle le professionnel fait rapport;

638
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

– informations requises par les autres mentions obligatoires du projet de fusion ou


de scission.

2.4. Evaluation économique des sociétés concernées

Avant d’exprimer une opinion sur le rapport d’échange, le professionnel doit


effectuer un contrôle approprié des états financiers et des autres informations
utilisées pour l’évaluation des sociétés concernées. Il doit ensuite apprécier la
pertinence des évaluations en portant un jugement sur les méthodes choisies, la
pondération retenue entre diverses méthodes pour la détermination de la valeur
retenue et la façon dont elles sont appliquées.

2.4.1. Le professionnel doit identifier les méthodes d’évaluation retenues par chacu-
ne des sociétés concernées et s’assurer que ces méthodes sont acceptables. Il doit
ensuite identifier les éléments d’information indispensables pour mettre en œuvre
chacune de ces méthodes. Dans son rapport, les méthodes appliquées feront l’objet
d’une description appropriée afin d’éviter toute difficulté quant à leur compréhen-
sion.

2.4.2. Le professionnel doit examiner si chaque méthode d’évaluation est appropriée


en l’espèce et s’il n’existe pas de méthode plus appropriée. Une méthode d’évalua-
tion sera acceptable en principe, lorsqu’elle est généralement admise par la doctrine
scientifique ou professionnelle ou lorsqu’elle est spécialement appropriée au cas d’es-
pèce et dûment justifiée au regard de l’économie d’entreprise. Les méthodes d’éva-
luation doivent être appropriées aux entreprises concernées en vue de la recherche de
la parité d’échange la plus pertinente. Le jugement du professionnel sur ce choix doit
être guidé par l’objectif de comparabilité des évaluations. Une évaluation appropriée
s’opère par référence à des critères significatifs et diversifiés (donnant un éclairage
différent). Il est généralement de bon usage de faire le choix au moins d’une méthode
fondée sur l’analyse des valeurs patrimoniales (fondée sur l’actif net corrigé) et d’une
méthode fondée sur les aspects de rendement.

2.4.3. Le professionnel doit s’assurer que les méthodes d’évaluation retenues par les
organes d’administration des sociétés concernées sont correctement appliquées, se-
lon ce qui est dit aux paragraphes 2.4.4 et 2.4.5.

2.4.4. Lorsqu’il vérifie l’application correcte d’une méthode d’évaluation basée sur
des données comptables historiques, le professionnel focalisera ses contrôles sur la
fiabilité des états financiers de chaque société concernée. Dans la mesure du possi-
ble, il s’appuiera sur les travaux des autres professionnels impliqués dans les procé-
dures de contrôle.

➾ Rem.: Par exemple, un expert immobilier.

L’objectif de comparaison des valeurs respectives des sociétés entraîne les consé-
quences suivantes:

639
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

a) les méthodes de réactualisation des coûts historiques doivent être homogènes dans
les sociétés concernées;
b) des corrections d’évaluations comptables qui apparaîtraient nécessaires doivent
être opérées dans le but d’assurer la comparabilité des données comptables. A cet
égard, on pourra tenir compte notamment des écarts découlant de règles d’éva-
luation différentes, de l’application du principe de prudence ou d’éléments dé-
coulant de la fiscalité latente;
c) l’approche patrimoniale doit être faite sur des bases globalement homogènes te-
nant compte aussi bien des intérêts des actionnaires minoritaires que des perspec-
tives d’intégration des entités fusionnées dans l’ensemble nouveau.

Les trois derniers comptes annuels des sociétés concernées, qui ne font pas partie
du contrôle, doivent-ils également être en possession du professionnel chargé du
contrôle (art. 697, § 2, 3°)?

2.4.5. Lorsqu’il est fait usage de prévisions, le professionnel doit recueillir des infor-
mations sur les hypothèses qui sont à la base de ces prévisions. Il doit s’assurer que
ces hypothèses sont suffisamment décrites et ne sont pas manifestement déraisonna-
bles ou contradictoires avec d’autres informations généralement tenues pour vraies.
Les méthodes prévisionnelles sont acceptables dans la mesure où elles sont appli-
quées par une société qui dispose d’informations analytiques ou budgétaires suffi-
samment précises. Ne peut être considérée comme une méthode généralement admi-
se la simple extrapolation linéaire de données antérieures non corrigées. De même,
les données financières futures servant de base au calcul ne peuvent s’étendre au-
delà d’une période raisonnable, sans porter préjudice aux méthodes d’actualisation.

2.4.6. Le professionnel doit examiner l’importance relative donnée à chaque métho-


de d’évaluation dans la détermination de la valeur retenue. Cet examen sera guidé par
l’objectif d’une parité d’échange pertinente et raisonnable de telle manière qu’aucun
actionnaire ne puisse être nettement désavantagé par ce rapport d’échange.

Parmi les méthodes d’évaluation envisagées, les parties peuvent légitimement déci-
der d’en appliquer une seule pour le calcul du rapport d’échange, considérant que sa
pertinence enlève toute importance relative aux autres méthodes. Les conditions doi-
vent être interprétées de façon restrictive en manière telle que la solution ne peut être
qu’exceptionnelle. En fonction des circonstances particulières de chaque société, le
choix de la méthode comme l’importance relative qui lui est donnée dans le calcul de
la valeur peuvent diverger d’une société à l’autre. Lorsque le rapport d’échange qui
en résulterait en deviendrait préjudiciable pour une des parties concernées (par exem-
ple, en raison de la composition de son patrimoine), on ne peut utiliser des méthodes
identiques dans les sociétés concernées.

➾ Rem.: Voir aussi remarque précédente au point 2.1.2.

2.4.7. Le professionnel doit réunir toutes les informations significatives, même pos-
térieures à la date de clôture des états financiers servant de base au calcul de la parité
d’échange. Lorsqu’une modification importante du patrimoine actif et passif d’une

640
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

des entreprises concernées par l’opération intervient entre la date de l’établissement


du projet de fusion et la date de l’assemblée générale, l’organe d’administration doit
le porter à la connaissance des actionnaires, conformément aux articles 696, 709, 732
et 747 C. soc. Avant qu’il ne dépose son rapport, le professionnel s’assure que l’orga-
ne d’administration a pris conscience, le cas échéant, de la nécessité de communi-
quer certains faits connus. A défaut, il lui en fait part par écrit. De plus, il examine
dans quelle mesure ce fait pourrait mettre gravement en cause la pertinence du rap-
port d’échange; il envisage la nécessité d’inclure des réserves dans son rapport.

Les informations significatives postérieures à l’établissement du projet de fusion


et entraînant une modification importante des états financiers ont-elles été com-
muniquées aux organes de gestion concernés chargés de les communiquer aux
actionnaires?

Avez-vous émis une réserve à ce propos dans votre rapport?

2.4.8. Lorsqu’un état intermédiaire est établi conformément aux articles 697, § 2, 5°,
710, § 2, 5°, 733, § 2, 5°, et 748, § 2, 5°, C. soc., le professionnel doit examiner cet
état en vue d’inclure des commentaires circonstanciés dans son rapport au cas où:

a) cet état ferait apparaître que la pertinence du rapport d’échange est gravement
remise en cause postérieurement à la date du projet de fusion;
b) cet état serait établi d’une façon qui pourrait s’avérer gravement trompeuse pour
les actionnaires auxquels il est remis.

2.5. Analyse du rapport d’échange et du nombre d’actions à émettre

Le professionnel doit vérifier que le rapport d’échange est calculé de façon cor-
recte au départ de l’évaluation économique des sociétés concernées, selon ce qui
est dit ci-dessus (2.4), et en assurant un traitement équitable pour les différentes
catégories d’actions ou parts.

➾ Rem.: Pour le calcul du rapport d’échange, la valeur des actions ou parts ne


doit pas forcément correspondre à leur valeur comptable, puisque l’on peut éven-
tuellement choisir d’utiliser la valeur d’apport comme valeur comptable.

2.5.1. Le professionnel rassemble toute information susceptible de l’assister dans le


jugement qu’il doit émettre sur le caractère pertinent et raisonnable du rapport d’échan-
ge des actions.

2.5.2. En fonction de l’évaluation économique de la société, du nombre des actions


existantes et des droits qui y sont attachés, une valeur est attribuée à chaque action ou
part dans le but de déterminer le rapport d’échange.

Une valeur a-t-elle été attribuée à chaque action en vue de la détermination du


rapport d’échange?

641
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

2.5.3. Lorsque le professionnel constate l’existence d’actions propres dans le patri-


moine d’une société absorbée ou d’actions d’une société fusionnée dans le patrimoi-
ne de l’autre, il doit vérifier que le calcul de la parité d’échange en tient compte. En
particulier, aucune action ou part de la société absorbante ne peut être attribuée en
échange d’actions ou parts de la société absorbée dans les conditions visées aux arti-
cles 703, § 2, 717, § 2, 740, § 2, et 756, § 2, C. soc.

➾ Rem.: Conformément aux dispositions de l’article 621, 2°, C. soc., l’article


620 C. soc. n’est pas d’application dans le cas d’un apport d’une universalité de
biens (voir procédure art. 760 C. soc.).

2.5.4. Le professionnel vérifie que le nombre de parts à émettre par la société absor-
bante ou par la société nouvelle correspond exactement à ce qui est nécessaire en
fonction de la parité d’échange. Il s’assure que le mouvement du compte capital est
calculé correctement en distinguant, le cas échéant, la catégorie à laquelle les actions
appartiennent et les droits spécifiques qui y sont attachés.

Le professionnel doit vérifier que la répartition respecte les règles statutaires des
sociétés concernées ou, à défaut, que des décisions spécifiques sont soumises aux
actionnaires (modification des statuts, modification des droits des actions).

La répartition respecte-t-elle les dispositions statutaires des sociétés concernées?

Les décisions spécifiques ont-elles été soumises aux actionnaires, dès lors que la
répartition n’est pas conforme aux dispositions statutaires des sociétés concer-
nées?

2.6. Contrôle des autres informations

Le professionnel examine le projet de fusion ou de scission afin de déterminer,


d’une part, si toutes les données requises par la loi y sont reprises et si ces infor-
mations correspondent aux renseignements qu’il a pu recueillir auprès des or-
ganes des sociétés concernées.

2.6.1. Le professionnel doit examiner l’ensemble du projet de fusion ou de scission.


Bien que la première responsabilité en matière de respect des formalités légales ap-
partienne au notaire (ci-dessus, 1.2.3), il ne peut pas limiter son analyse aux éléments
qui concernent le rapport d’échange.
Il doit s’assurer que l’ensemble des informations requises par les articles 693 et 706
C. soc. ou 728 et 743 C. soc., selon le cas, sont correctement mentionnées et, à défaut,
attirer sans délai l’attention de l’organe d’administration qui l’a mandaté et, le cas
échéant, l’autre professionnel, sur le caractère incomplet ou imprécis du document.

Toutes les mentions obligatoires figurent-elles dans le projet de fusion ou de scis-


sion? Si non, en avez-vous informé l’organe de gestion des sociétés concernées?

642
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Lorsqu’une contradiction apparaît entre le projet de fusion ou de scission et les infor-


mations dont dispose le professionnel, celui-ci doit s’enquérir auprès de toutes les
sociétés concernées de la correcte information à retenir. Si celle-ci ne correspond pas
au projet de fusion ou de scission, il en fera état dans son rapport. Cet examen portera
aussi bien sur les informations requises par la loi que sur les informations financières
qui seraient volontairement incluses dans le projet.

Le professionnel doit également s’assurer que, conformément à la loi, le même docu-


ment a été déposé au greffe du tribunal de commerce du siège social de chacune des
sociétés concernées par l’opération.

Etiez-vous en possession de la copie du projet de fusion ou de scission déposé au


greffe du tribunal de commerce avant de signer votre rapport?

2.6.2. Lorsqu’il examine un projet de scission, le professionnel doit prêter une atten-
tion particulière à la description précise des éléments de patrimoine actif, passif, des
droits et engagements hors bilan et des autres obligations contractuelles (telles que
baux, personnel, assurances, contrats d’approvisionnement et concessions, etc.), à
transférer à chacune des sociétés bénéficiaires ainsi qu’à la répartition aux actionnai-
res ou associés de la société scindée des actions ou parts des sociétés bénéficiaires
ainsi qu’au critère sur lequel cette répartition est fondée. S’il a des doutes sur le
caractère suffisamment précis des descriptions et répartitions d’actifs et de passifs, il
lui est recommandé de prendre contact avec le notaire sur ce sujet et d’en informer le
conseil d’administration. Le rapport du professionnel ne peut pas suppléer les insuf-
fisances du projet de scission. Lorsque la répartition n’est pas proportionnelle aux
droits des actionnaires ou associés dans le capital de la société scindée, en fonction
des circonstances, il lui est recommandé de rappeler dans son rapport que l’opération
requiert une décision à l’unanimité (art. 736, § 5, et 751, § 5, C. soc.). Lorsque le
projet de scission ne comprend pas de clause résiduaire (en manière telle que chaque
élément du patrimoine soit attribué), le professionnel jugera utile de rappeler à l’or-
gane d’administration, de la manière qu’il estime opportune, le contenu des articles
729 et 744 C. soc..

Avez-vous porté une attention suffisante aux éléments et aspects suivants?

a) la description précise des éléments de l’actif et du passif à transférer à chaque


société bénéficiaire;
b) les droits et engagements hors bilan;
c) la répartition entre les actionnaires ou associés de la société à scinder des ac-
tions des sociétés bénéficiaires, et le critère sur lequel cette répartition est fon-
dée.

➾ Rem.: L’organe de gestion peut, par exemple, constater dans le projet que
«tous les actifs et/ou passifs non répartis, seront réputés acquis par la société
‘X’.»

643
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

CHAPITRE 3. CONTENU DU RAPPORT

3.1. Identification

Le professionnel mentionne, en termes généraux, dans son rapport, la mission


qui lui est confiée, la référence aux documents de désignation, l’identification de
l’opération de fusion ou de scission ainsi que la façon dont il a exercé son contrô-
le sur l’évaluation des sociétés concernées et le rapport d’échange.

3.1.1. Dans l’identification de l’opération de fusion ou de scission, le professionnel


devra inclure:

a) l’identification des sociétés concernées (dénomination sociale, siège social, le


cas échéant, registre de commerce, etc.);

➾ Rem.: La loi du 16 janvier 2003 portant création d’une Banque-carrefour des


entreprises a entre-temps supprimé le registre de commerce.

b) la référence au projet de fusion ou de scission avec mention de la date de dépôt au


greffe du tribunal de commerce par chacune des sociétés concernées;

➾ Rem.: Il est recommandé de présenter clairement dans le rapport quelles


seront pour les actionnaires les conséquences de la fusion ou scission lorsqu’une
partie de la société à scinder est absorbée par une société existante.

c) le rapport d’échange des actions des sociétés concernées proposé dans ledit projet
de fusion ou de scission.

3.1.2. Le professionnel doit exposer la façon dont il a effectué ses travaux ainsi que
les difficultés rencontrées dans l’exécution de sa mission. Il fera référence aux pré-
sentes normes et indiquera dans quelle mesure il a collaboré avec d’autres profes-
sionnels dans l’exécution de ses contrôles. Le professionnel veillera à obtenir le pro-
jet de rapport du conseil d’administration des différentes sociétés concernées dans un
délai suffisant pour le bon accomplissement de sa mission.

3.1.3. Le professionnel mentionne si l’organisation administrative et comptable des


sociétés concernées par l’opération lui a permis de se former une opinion sur la qua-
lité des documents financiers servant de base aux évaluations. En cas de lacunes
notables ainsi qu’en cas d’infraction significative constatée à la loi comptable et à ses
arrêtés d’exécution ayant un effet sur l’opération, le professionnel devra émettre des
réserves dans son rapport. La constatation d’infractions à d’autres législations devra
conduire le professionnel à apprécier l’impact des irrégularités sur l’opération. Il
devra en tenir compte dans la formulation de son opinion sur le rapport d’échange.

Avez-vous suffisamment insisté dans votre rapport sur les contrôles que vous avez
réalisés afin de vous assurer de l’indélébilité des données comptables?

644
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

3.1.4. Le professionnel indiquera dès le début de son rapport toutes autres difficultés
qu’il aurait rencontrées dans l’exécution de sa mission, et notamment celles qui dé-
couleraient d’une restriction dans l’accès aux informations.

Avez-vous fait mention au début de votre rapport des autres difficultés auxquelles
vous avez été confronté?

3.2. Appréciation des méthodes d’évaluation

Dans la seconde partie de son rapport, le professionnel doit exposer les princi-
pales données relatives à la situation financière des sociétés concernées, les mé-
thodes utilisées pour l’évaluation, leur importance relative dans le calcul de la
valeur ainsi que son avis sur l’application correcte de ces méthodes.

3.2.1. Dans le chapitre relatif aux méthodes d’évaluation, le professionnel effectue


une analyse distincte de la situation financière de chaque société concernée (cf. para-
graphe 1.3.5).

Avez-vous effectué une analyse distincte de chacune des sociétés concernées?

3.2.2. Il appartient aux organes d’administration des sociétés concernées de détermi-


ner les méthodes utilisées pour l’évaluation des sociétés et l’établissement du rapport
d’échange. Ces méthodes doivent être exposées et justifiées dans le rapport que ces
organes d’administration établissent distinctement. Le professionnel doit rappeler
dans son propre rapport quelles sont les méthodes utilisées. Si les rapports des diffé-
rents organes d’administration concernés ne sont pas cohérents sur ce point, il en fera
état expressément. Le professionnel doit noter l’importance relative donnée aux dif-
férentes méthodes d’évaluation dans le calcul de la valeur de la société analysée.

Les rapports des différents organes de gestion concernés sont-ils cohérents?

3.2.3. Le professionnel doit déclarer que les méthodes d’évaluation retenues ont été
correctement appliquées. Le cas échéant, il précisera que les redressements d’évalua-
tion nécessaires dans un but de comparabilité ont été correctement exécutés. Lors-
qu’il est fait usage de prévisions, le professionnel doit déclarer que les méthodes
utilisées sont acceptables et que les hypothèses retenues ne sont pas manifestement
déraisonnables ou contradictoires avec d’autres informations généralement tenues
pour vraies.

Déclarez-vous que les méthodes d’évaluation retenues ont été correctement appli-
quées?

3.2.4. Le professionnel doit déclarer dans quelle mesure les méthodes d’évaluation
utilisées sont acceptables en théorie ainsi que dans le cas d’espèce soumis à son
examen. Pour chacune des méthodes utilisées, il indiquera la valeur de l’entreprise
qui en résulte. Il mentionnera également la valeur qui résulte de la pondération entre
les différentes méthodes.

645
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

Déclarez-vous que la méthode d’évaluation utilisée est acceptable en théorie?

3.2.5. Le professionnel doit émettre des réserves sur les modes d’évaluation lors-
qu’une ou plusieurs méthodes ne sont pas jugées acceptables ou lorsque leur applica-
tion a été effectuée de façon incorrecte ou dans des conditions non susceptibles d’as-
surer la comparabilité. Si la comparabilité des modes d’évaluation entre les deux
sociétés est affectée de façon sensible, le rapport du professionnel devra mentionner
les causes du manque de comparabilité, leur justification, ainsi que leur conséquence
sur le rapport d’échange. Si au départ de plusieurs méthodes d’évaluation, une seule
d’entre elles est retenue dans les rapports des organes d’administration, le profes-
sionnel ne sera pas tenu d’émettre des réserves lorsqu’il est d’avis qu’aucune autre
méthode ne conduit à des évaluations pertinentes et raisonnables.

Emettez-vous des réserves dès lors que vous jugez une ou plusieurs méthodes
d’évaluation inacceptables?

Les causes du manque de comparabilité entre les méthodes d’évaluation des so-
ciétés concernées et leurs conséquences sont-elles explicitées dans le rapport?

➾ Rem.: Voir également la remarque sur le paragraphe 2.1.2.

3.3. Analyse du rapport d’échange

Le professionnel doit exposer dans son rapport le mode de calcul du rapport


d’échange en vue de déterminer dans quelle mesure celui-ci est pertinent et rai-
sonnable.

3.3.1. Le professionnel doit exposer dans son rapport la valeur attribuée aux actions
ou parts de chacune des sociétés concernées ainsi que le nombre d’actions ou parts à
émettre par la société absorbante ou par la société nouvellement constituée.

La valeur attribuée aux actions de chacune des sociétés concernées est-elle expo-
sée dans le rapport?

3.3.2. Pour que le rapport d’échange soit pertinent et raisonnable, il faut:

a) qu’il se base sur des valeurs d’entreprises calculées sur des bases comparables. Si
les méthodes utilisées dans les différentes sociétés concernées ne sont pas identi-
ques ou appliquées de la même manière, le professionnel exposera dans quelle
mesure cette divergence est justifiée par les circonstances de fait. Si la justifica-
tion n’est pas acceptable, il émettra des réserves sur la pertinence du rapport
d’échange;
b) qu’il respecte équitablement les droits légitimes des actionnaires majoritaires com-
me minoritaires; ceci suppose notamment que des actionnaires ne risquent pas
d’être fortement désavantagés par le rapport d’échange.

646
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

On ne peut écarter l’hypothèse d’un rapport d’échange considéré comme pertinent et


raisonnable, alors même que des critiques pourraient être adressées aux méthodes
d’évaluation des sociétés concernées.

3.3.3. Le professionnel doit tenir compte des mesures destinées à équilibrer le rap-
port d’échange, par exemple: le versement d’une soulte en espèces, le rachat d’ac-
tions, la distribution d’un dividende intérimaire, l’augmentation de capital, l’émis-
sion de titres hors capital, etc. Le cas échéant, le rapport du professionnel contiendra
un commentaire approprié sur les mesures de cette nature. Il exposera leur influence
sur les droits respectifs des catégories d’actionnaires ainsi que sur le rapport d’échan-
ge.

Votre rapport fait-il mention de l’influence éventuelle des mesures prises en vue
d’équilibrer le rapport d’échange sur les droits respectifs des catégories d’action-
naires?

3.3.4. L’opinion du professionnel sur le caractère pertinent et raisonnable du rapport


d’échange ne peut être que positive ou négative. Une déclaration peut demeurer po-
sitive nonobstant le fait qu’elle contienne certaines réserves. Toutefois, le profession-
nel ne peut joindre à sa déclaration des réserves telles qu’elles en détruisent la valeur
ou la portée. Un rapport d’abstention n’est pas approprié en l’espèce, car si les don-
nées de base sont incertaines, on ne peut qualifier l’opération de raisonnable.

3.4. Opinion sur les autres informations

Le professionnel doit inclure, dans son rapport, toutes les observations qu’il
juge indispensables pour permettre l’interprétation précise des éléments finan-
ciers contenus dans le projet de fusion ou de scission.

3.4.1. Dans l’hypothèse d’une fusion, le rapport du professionnel mentionnera que


les autres informations financières figurant dans le projet de fusion ont été soumises
à son examen. Si le professionnel acquiert la conviction que certaines informations
financières sont erronées ou susceptibles d’être interprétées de façon erronée par tout
ou partie des actionnaires, il inclura une observation à ce sujet dans son rapport.

Formulez-vous une remarque dans votre rapport dès lors que certaines informa-
tions financières figurant dans le projet de fusion sont susceptibles d’être interpré-
tées de façon erronée par tout ou partie des actionnaires?

Dans l’hypothèse d’une scission, le professionnel mentionnera ces mêmes éléments


et indiquera en outre que:

– la description et la répartition des éléments du patrimoine actif et passif à transfé-


rer à chacune des sociétés bénéficiaires sont précises et correspondent aux don-
nées d’un inventaire établi à la date prévue pour la scission;

647
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

– la répartition des actions ou parts entre les actionnaires ou associés de la société


scindée est soit proportionnelle, soit soumise à une décision unanime de l’assem-
blée générale de la société scindée; dans ce second cas, le professionnel donnera
une opinion sur le caractère équitable de la répartition proposée.

3.4.2. Le professionnel n’est pas tenu d’émettre une opinion sur le rapport de l’orga-
ne d’administration de chacune des sociétés concernées par l’opération. Toutefois,
lorsqu’il constate que, malgré les remarques qu’il aurait faites à cet organe, ce rap-
port, ou l’état intermédiaire, visé aux articles 697, § 2, 5°, et 710, § 2, 5°, C. soc.
(également applicable aux scissions, art. 733, § 2, 5°, et 748, § 2, 5°, C. soc.), con-
tiennent des indications susceptibles d’induire gravement en erreur les actionnaires
appelés à voter sur l’opération, il doit en faire état dans son rapport et formuler, le cas
échéant, des réserves.

De même, lorsque le professionnel a constaté que, nonobstant les remarques qu’il lui
aurait adressées, l’organe d’administration de la société n’a pas communiqué à l’as-
semblée générale et à l’organe d’administration d’une autre société concernée par
l’opération, une modification importante du patrimoine actif et passif intervenue en-
tre la date d’établissement du projet de fusion et la date de dépôt du rapport, il intro-
duit un commentaire approprié dans son rapport et formule, le cas échéant, des réser-
ves.

Avez-vous fait mention d’un commentaire dans votre rapport ou émis une réserve
dans votre conclusion concernant une modification importante du patrimoine actif
et passif intervenue entre la date d’établissement du rapport de fusion ou de scis-
sion et la date de son dépôt?

3.5. Conclusion du rapport

Le rapport du professionnel doit contenir une conclusion dans laquelle il résu-


me son opinion sur l’ensemble des éléments constitutifs de l’opération.

3.5.1. La conclusion sera reproduite dans l’acte notarié constatant la décision de fu-
sion ou de scission (art. 700, al. 2, 713, al. 2, 737, al. 2, et 752, al. 2, C. soc.). En
conséquence, le professionnel doit mentionner dans cette conclusion tous les élé-
ments qu’il estime devoir porter à la connaissance des actionnaires ainsi que des
tiers. Il veillera cependant à ne pas alourdir inutilement le texte par des indications
d’importance mineure.

Vous êtes-vous assuré que votre conclusion a été correctement reproduite dans le
projet d’acte du notaire?

3.5.2. Une déclaration approbative sans réserve doit au moins:

a) mentionner que le professionnel a effectué ses travaux conformément aux pré-


sentes normes;

648
LA FUSION ET LA SCISSION (PARTIELLE) DE SOCIETES

b) indiquer la valeur retenue pour chaque catégorie d’actions ou parts de chaque


société concernée, afin de mettre en évidence le rapport d’échange par catégorie
d’actions ou parts;
c) déclarer que le rapport d’échange est pertinent et raisonnable.

3.5.3. Le professionnel reprendra dans sa conclusion destinée à être publiée toutes les
réserves contenues dans le corps du rapport.

3.6. Date du rapport

Le rapport du professionnel ne peut être daté et signé qu’après qu’il ait pu s’as-
surer du caractère définitif du rapport de l’organe d’administration de la socié-
té qui l’a désigné.

3.6.1. Le rapport sur le projet de fusion ou de scission sera daté et signé du jour où les
travaux de contrôle ont été achevés. Vu que le rapport de l’organe d’administration
contient la justification des évaluations et du rapport d’échange, cette date ne peut
être antérieure à la date du rapport définitif de l’organe d’administration qui a dési-
gné le professionnel.

➾ Rem.: Le professionnel s’assurera, avant de signer son rapport, que tous les
projets de fusion ou de scission, ainsi que les différents rapports des organes de
gestion des différentes sociétés, dûment signés, figurent dans son dossier de tra-
vail.

3.6.2. Le rapport doit être adressé à la société en autant d’exemplaires qu’il y a de


sociétés concernées par l’opération, un mois au moins avant la réunion de l’assem-
blée générale. Lorsque cette dernière date est dépassée, le rapport doit exposer de
façon claire les motifs qui ont empêché le professionnel de déposer ce document
dans les délais requis par la loi. Un exemplaire du rapport est également transmis
simultanément aux notaires concernés par l’opération.

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