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L’ocEan: enjeu mondial

et solution planetaire

RAPPORT STRATEGIQUE 2022-2023


L’ocEan: enjeu mondial
et solution planetaire
RAPPORT STRATEGIQUE 2022-2023

Sous la direction de Mohammed Tawfik MOULINE,


Directeur Général de l’Institut Royal des Etudes Stratégiques
Grille de lecture

Le Rapport Stratégique 2022/2023 de l’Institut Royal des Etudes


Stratégiques (IRES) se présente, pour la première fois, sous un
format hybride : un rapport de synthèse en versions papier et
électronique ainsi qu’une série de documents d’approfondissement
(Wikis), publiée sur la plateforme digitale d’Intelligence Prospective
de l’IRES (IIP).

Pour faciliter la navigation entre le rapport de synthèse et les Wikis


disponibles sur le site web de l’IRES, des QR codes ont été insérés
en marge du texte concerné. Il suffit de les photographier/flasher
à l’aide d’un smartphone pour accéder directement aux documents
de référence. Au niveau de la version digitale, des liens hypertextes
renvoient directement aux documents correspondants.

Les termes accompagnés d’un astérisque (*) sont définis dans le


glossaire en ligne .

Légende :

En bordeaux : les éléments importants


En gras : les titres et mots-clés
En bleu : les liens hypertextes

3

Sommaire
Liminiare........................................................................................................................7
I – Les enjeux de l’océan..........................................................................................17
Comprendre l’océanosphère...................................................................................21
Une planète ‘’ extra-terrestre ‘’ ?................................................................... .21
Un océan unique global......................................................................................22
Un espace mal connu............................................................................................23
L’océan, clé de l’habitabilité de la planète...................................................27
Anticiper son devenir................................................................................................33
Un océan de plus en plus chaud....................................................................... 34
Un océan aux nouvelles conditions environnementales………………...........38
L’altération de la biosphère marine.....................................................................47
Conclusion de la 1ère partie......................................................................................55
Un risque existentiel pour l’humanité.....................................................55
Deux enjeux urgents.............................................................................................55
A retenir.......................................................................................................................57
II – Les enjeux de l’interface Terre-Mer..............................................................59
Comprendre l’interface Terre-Mer........................................................................63
Une interface physique et culturelle...............................................................63
Une interface socio-économique.....................................................................69
Une interface géostratégique............................................................................78
Anticiper les impacts ...............................................................................................93
Les enjeux Terre – Mer............................................................................ ..........93
Les impacts Mer – Terre 2030-2050.............................................................109
Conclusion de la 2ème partie .......................................................................... ......122
Une océanosphère aujourd’hui en danger...................................................122
Vers une mise à mal de l’humanité demain..................................................123
Rendre l’invisible visible....................................................................................123
A retenir.....................................................................................................................125
III - Les clés de la durabilité ................................................................................127
Repenser le problème et ses solutions ..............................................................129
Le paysage kaléidoscopique des solutions actuelles.................................129
Les difficultés rencontrées...............................................................................135
La rupture dans la continuité..........................................................................140
Pour une gouvernance mondiale de l’océan ....................................................147
Application de principes directeurs...............................................................147
Gouverner un bien commun de l’humanité.................................................158
Gouverner c’est prévoir....................................................................................171
Le Maroc aquapreneur .........................................................................................181
La diplomatie océane........................................................................................182
L’enjeu de la sécurité.........................................................................................191
Le pari de l’économie océanique soutenable..............................................197
Conclusion de la 3ème partie..................................................................................224
A retenir ...................................................................................................................226
Conclusion ..............................................................................................................228
Glossaire ................................................ .................................................................231
Références ............................................ .................................................................259

5
Liminaire
L’océan joue un rôle fondamental dans l’habitabilité
de notre planète. Il détermine les climats de la Terre et les
phénomènes météorologiques, fournit l’eau nécessaire
à la vie, procure l’oxygène et la nourriture, qui assurent le
maintien de la vie en mer et sur terre et offre de nombreux
services écosystémiques. L’océan a ainsi absorbé plus de 90%
de la chaleur induite par l’émission des gaz à effet de serre
et 30% des émissions de carbone d’origine anthropique.

Toutefois, le devenir de l’océan, patrimoine commun


de l’humanité et moteur de la vie de notre planète, représente
aujourd’hui un risque existentiel majeur pour la survie des
êtres vivants, alors que, paradoxalement, nous avons plus
que jamais besoin de ses services.

En effet, la santé de l’océan se détériore à une vitesse


insoupçonnée. Mal connu des scientifiques, peu voire pas
pris en compte par les politiques, négligé par une civilisation
consumériste, qui n’a pas pris conscience de sa vulnérabilité,
l’océan planétaire est en souffrance.

Les multiples services écosystémiques océaniques


et côtiers se dégradent, les littoraux commencent à voir
leur trait de côte se modifier et l’eau monter, les ouragans
s’intensifient et les phénomènes climatiques extrêmes se
multiplient, le vivant marin s’asphyxie, les espèces toxiques
prolifèrent et des zones entières de l’océan ne peuvent déjà
plus abriter la vie. D’où la nécessité de trouver des solutions
robustes, efficientes et rapides à cette situation, dont
l’aggravation est irréversible dans les années à venir.

7
Comment repenser la question de l’océan à l’aune
des multiples pressions anthropiques et du réchauffement
climatique en cours ? Comment embrasser l’ampleur de ce
sujet en termes sociaux, économiques, géopolitiques et de
gouvernance ? Autant de questions, qui pour être résolues,
nécessitent d’abord une compréhension et une connaissance
de l’océan, de son fonctionnement et des risques anthropiques
et naturels responsables de son dérèglement.

Mais est-il encore temps d’agir ? Oui, parce que


l’enjeu est majeur et la capacité de récupération de l’océan
est remarquable. La pandémie de la Covid-19 a montré
que la Nature est capable de reprendre ses droits et que
l’autoépuration de l’air et de l’eau a pu s’effectuer dès que les
activités polluantes ont cessé durant la première période du
grand confinement.

Car si l’océan est l’enjeu, il est aussi la solution : le seul


moyen de ralentir le changement climatique pour donner à
l’humanité le temps de transformer ses modes de vie et de
développer une civilisation plus responsable envers la planète
et envers les générations futures.

Le Maroc, pays maritime, est concerné à plus d’un titre


par la problématique de l’océan. Il ne peut pas être en reste
d’une mobilisation pour la sauvegarde de l’océan. Le Royaume
se doit de maîtriser ces questions pour s’engager pleinement
comme il l’a toujours fait. Depuis le Sommet de Rio en
1992, le Maroc n’a pas cessé d’œuvrer pour une politique de
développement durable. Il a ainsi opté pour une stratégie en
faveur de la coopération régionale et internationale.

En tant qu’Etat partie de la Convention des Nations


Unies sur le droit de la mer qu’il a ratifiée le 31 mai 2007,
le Royaume a, également, signé plusieurs conventions
internationales pour la préservation du milieu marin et
de la biodiversité et pour la lutte contre le réchauffement
climatique et la pollution.

8
La volonté de s’inscrire dans l’effort international pour
la lutte contre le changement climatique, qui est à l’origine
du réchauffement de l’océan, existe au plus haut niveau de
l’Etat comme cela est attesté par l’engagement et les efforts
de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, notamment :

• ‘’L’Appel de Tanger‘’ pour une action solidaire et forte


en faveur du climat, lancé, le 20 septembre 2015, par
le Souverain marocain et le Président François Hollande,

• l’adhésion à l’Accord de Paris et à la Déclaration de la


première initiative ‘’Because the ocean’’,

• l’organisation de la COP 22 à Marrakech en novembre


2016,

• la tenue, à l’occasion de la COP 22, d’une journée


thématique ‘’ Océan’’ le 11 novembre 2016 dans la
zone verte de la société civile et d’une journée spéciale
‘’Ocean Action Day’’ le 12 novembre 2016 dans le cadre
de l’Agenda global de l’action des Nations Unies,

• le lancement de programmes et de plans d’action dans


le cadre de l’adaptation au changement climatique,

• le développement des énergies renouvelables, qui


représenteraient 52% de la capacité électrique installée
en 2030, contre près de 40% en 2022.

Puissance navale dès le moyen âge, qui lui a permis


de s’inscrire dans l’histoire et d’échanger tant avec les Etats
du voisinage qu’avec les civilisations lointaines, le Maroc
accorde une place toute particulière :

• à la Méditerranée, en tant qu’espace régional commun


de paix, de stabilité et de prospérité : le renforcement
du partenariat euro méditerranéen devrait permettre de
réduire les écarts de développement entre les deux rives.

9
L’édification de grands projets d’infrastructure (complexe
portuaire de Tanger-Med, zone franche de Nador), s’inscrit
dans ‘’Notre projet stratégique qui vise à faire de l’espace
méditerranéen un puissant levier pour le décollage et le
développement national, pour le partenariat économique
et pour le brassage culturel.’’

Extrait du Discours Royal à l’occasion de Sa Visite


Officielle dans la région de l’Oriental, le 18 mars 2003

• à l’Atlantique, espace international à vocation non


seulement à faciliter des relations dynamiques avec le
continent américain mais aussi à constituer une grande
zone d’interdépendance forte avec les pays d’Afrique
de l’Ouest, notamment, en matière de développement
durable et de sécurité :

‘’Le Royaume du Maroc, du fait de sa position


géostratégique, pourrait jouer un rôle constructif dans
le prolongement de la ‘’Route de la soie maritime’’, non
seulement vers l’Europe Atlantique, mais également et
surtout, vers les pays de l’Afrique de l’Ouest, avec lesquels
Mon pays entretient des liens multidimensionnels.’’

Extrait du Discours Royal adressé aux participants


au Sommet du Forum de coopération sino‑africain, le 5
décembre 2015
‘’Nous avons à cœur de faire de la région du Sahara
marocain un axe d’échanges commerciaux et d’interactions
humaines entre l’Afrique et l’Europe.’’

Extrait du Message Royal adressé aux participants au


premier Congrès africain ‘’ l’Entretien, la Sauvegarde du
Patrimoine Routier et l’Innovation Technique’’, le 4 mai 2016.

10
De plus, Son Altesse Royale la Princesse Lalla
Hasnaa, Présidente de la Fondation Mohammed VI pour
la protection de l’Environnement et Marraine de l’Alliance
pour la ‘’Décennie des sciences océaniques* pour le
développement durable’’, a réitéré l’engagement du Maroc
en faveur de la réalisation des objectifs de cette Décennie,
lors de l’événement de haut niveau ‘’A Brave New ocean’’,
organisé le 10 février 2021, en marge des travaux du
Conseil exécutif de la Commission Océanographique
Intergouvernementale.

Dans le sillage des Orientations Royales, l’IRES


accorde depuis 2015 une attention particulière aux
questions marines et maritimes :

• Organisation d’une rencontre internationale autour


des enjeux géostratégiques des espaces maritimes, en
novembre 2015.

• Elaboration du rapport stratégique 2017 ‘’Enjeux


planétaires de la biosphère’’, ayant mis en évidence
l’océan comme facteur de rupture majeure dans
l’écosystème terrestre.

• Tenue, en septembre 2018, d’une journée de réflexion


sur ‘’Le détroit de Gibraltar : enjeux, défis et approches
des acteurs’’.

• Organisation, en février 2020, d’une conférence


internationale sur les problématiques majeures et les
solutions durables concernant les mers et les océans.

Aujourd’hui, il apparaît plus urgent que jamais de


montrer l’enjeu planétaire que représente le devenir de
l’océan et des zones côtières, non seulement en termes de
développement soutenable mais aussi en ce qui concerne
la survie même de l’espèce humaine.

11
C’est pourquoi l’IRES, dans la logique désormais
affirmée de ses rapports stratégiques, a choisi de poser
sereinement ces enjeux pour proposer des stratégies de
réponse et des pistes d’action durable, s’inscrivant dans
le modèle de développement esquissé dans son Rapport
Stratégique 2019/2020.

Le rapport stratégique 2022/2023 de l’IRES est


une contribution du Maroc à la réflexion et aux actions
à l’échelle planétaire dans le cadre de la ‘’Décennie
des Nations Unies des sciences océaniques* pour le
Développement durable 2021-2030’’.

Conçu conformément à la méta-méthode


prospective (Comprendre, Anticiper, Proposer), il est
élaboré selon la nouvelle grille de lecture du monde,
adoptée par l’IRES, qui repose sur les cinq piliers : le
recentrage sur l’humain, la reconsidération du rapport de
l’Homme à la Nature, la planétarisation, l’exponentialité
et la gouvernance.

Il consiste en un rapport de synthèse et une


plateforme de connaissance digitale, constituée d’une
série de 26 focus, de 4 fiches ‘‘Bonne pratique’’, de 5
fiches ‘‘en Marche’’ (initiatives en cours de déploiement),
de 6 fiches ‘‘Data’’ (données quantitatives), de notes
complémentaires, ainsi que d’illustrations graphiques, de
vidéos et d’autres sources informationnelles..

Ce format hybride permet de répondre à quatre


objectifs à savoir :

• faciliter l’appropriation des enjeux océaniques par les


décideurs grâce à une synthèse rassemblant l’essentiel
de l’analyse,

• permettre aux étudiants, aux chercheurs et aux


professionnels, qui auraient besoin d’éléments plus
détaillés, d’avoir accès à la riche collection de données
et d’analyses de l’IRES, disponible sur la plateforme
digitale de ce rapport,

12
• contribuer à l’alphabétisation océanique des jeunes, des
élus, des membres de la société civile, …,

• inscrire la question de l’océan dans le long terme en la


dotant désormais d’une mise à jour au fil de l’eau sur le site
associé.

Destinée d’abord à comprendre l’écosystème océanique


comme un ensemble global et mondial : l’océanosphère, la
première partie du rapport stratégique 2022/2023 dessine
les caractéristiques et la situation (chapitre 1) et anticipe les
évolutions possibles (chapitre 2).

La seconde partie montre les interactions, qui lient


l’humanité et l’océan dans son rôle d’interface entre la Nature
et la culture (chapitre 1) et détaille les altérations que le
développement récent de l’humanité cause à l’océan et les
‘‘effets retours’’ auxquels celle-ci devrait faire face au cours de
ce siècle (chapitre 2).

La troisième partie propose des pistes de solutions


pour remédier à cette situation, à travers un renversement
du paradigme dominant de l’Anthropocène au profit d’une
pensée nouvelle de la soutenabilité (chapitre 1), d’une avancée
significative de la gouvernance mondiale (chapitre 2) et du
développement océanique du Maroc, en tant qu’aquapreneur,
un pays qui a sa propre vision de l’avenir de l’océan, qui est
protecteur et entrepreneur du monde aquatique (chapitre 3).

Mohammed Tawfik MOULINE


Directeur Général de l’Institut Royal
des Etudes Stratégiques

13
La carte de Spilhaus représente les océans du monde comme un seul plan d'eau.
Projet Spilhaus ArcGIS, CC BY-ND

14
15
Partie I
Les enjeux de l’océan
L’immensité et l’inhospitalité de l’océan sont à
l’origine de la profonde méconnaissance que nous en
avons. Sa faune, sa flore, ses mécanismes géophysiques
et chimiques demeurent encore largement inconnus. Bien
qu’il soit une composante de la planète Terre, l’océan peut
être considéré comme une planète à part entière : tout y
est différent.

De la respiration à la reproduction, de la
communication à la propulsion, les espèces qui y vivent et
ses écosystèmes sont aussi étranges que pourraient l’être
ceux de Jupiter ou de lo.

Il s’agit donc, ici, de considérer l’océan comme


un nouveau monde à explorer, un milieu hautement
interdépendant, complexe et difficile à étudier.

Il faudrait des siècles à l’humanité, au rythme actuel


de l’accumulation des connaissances en océanographie*,
pour maîtriser le sujet. Mais elle n’en a plus le temps.

Le 25 septembre 2019, le Groupe d’experts


intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a
rendu public son rapport intitulé ‘’L’océan et la cryosphère*
dans le contexte du changement climatique1’’.

17
Son constat est sans appel : le niveau de la mer
s’élève à un rythme de plus en plus rapide et l’absorption
croissante de CO2 par l’océan a entraîné une acidification,
qui s’accélère.

Celle-ci, combinée au réchauffement et à


la désoxygénation* des eaux, cause de nombreux
dommages au système océanique et à la biodiversité
marine. Les impacts ne se limitent pas aux milieux
directement affectés et contribuent au réchauffement
global de façon alarmante.

Pour appréhender correctement ces enjeux, il


convient tout d’abord de comprendre :

• le fonctionnement des principaux éléments


constitutifs de l’océan global,
• les liens entre l’océan global et le climat, ainsi que son
rôle dans sa régulation,
• la nature et l’importance des services écosystémiques
de l’océan.

18
A partir de cette vision systémique, les perspectives
à venir font davantage sens. Anticiper ces évolutions
demande une évaluation précise de la situation actuelle
et une meilleure connaissance aussi bien des facteurs de
dégradation que ceux susceptibles de changer la donne,
les game-changers.

Cette connaissance est le seul moyen de mieux


estimer l’ampleur des impacts dus aux transformations en
cours.

19
20
Chapitre 1 : Comprendre l’océanosphère
Océan Atlantique, océan Pacifique, océan Indien,
océan Arctique et océan Austral… Parler de l’océan, en
dépit de la multiplicité de ses formes apparentes (océans,
mers, détroits, ...) n’est pas une vue de l’esprit. Car il s’agit
bien d’un seul système océanique à l’échelle de la planète,
dont les différents milieux sont interconnectés. Pour
bien comprendre cet écosystème global particulièrement
méconnu – l’océanosphère* – il est nécessaire de l’aborder
comme un objet unique et multidimensionnel.

Une planète ‘’ extra-terrestre ‘’ ?


Cette masse liquide salée, d’environ 1,3 milliard de
kilomètres cubes, qui recouvre 71% de la surface terrestre
et comporte 95% de la biosphère*2, abrite toutes les
composantes d’une planète à part entière : des conditions
physico-chimiques spécifiques, une faune et une flore
particulières, une géographie complète (reliefs, tectonique,
conditions géologiques) et un ensemble complexe
d’interactions avec les milieux, qui l’entourent (lithosphère*,
cryosphère*, atmosphère*, biosphère*).

Cette analogie est, particulièrement, pertinente au


regard des traits constitutifs de l’océanosphère* :

• De l’eau à la place de l’air : l’océan mondial représente


93,9% du volume total de l’hydrosphère de la Terre
(eau liquide, solide et gazeuse), d’où son étroite
interconnexion avec la cryosphère* et l’atmosphère*,
mais aussi avec la lithosphère* qu’il modèle (érosion,
accrétion).

L’eau océanique est aussi un important réservoir de


chaleur, qui conditionne les températures littorales, tandis
que ses différences thermiques génèrent les courants
marins. La combinaison des forces gravitationnelles
imprime à ce fluide un mouvement perpétuel (vagues,
marées).

21
• Une pression double de celle de la surface : la pression
océanique ajoute la pression atmosphérique à la pression
hydrostatique : elle est 2 kg au cm² à 10 mètres de
profondeur et d’une tonne par cm² à 10.000 mètres.

• Une salinité mortelle pour la plupart des espèces


animales terrestres : si la salinité de l’océan est stable
dans sa composition (sodium et chlore), ses différentes
concentrations d’une région océanique à une autre
conditionnent fortement l’écosystème, qui s’y développe,
de même que la densité et l’indice de réfraction de l’eau
salée (plus elle est froide, plus elle est dense), d’où le
mouvement des masses océaniques profondes (circulation
thermohaline*).

L’ensemble de ces critères se conjugue pour rendre


l’océan, particulièrement, hostile aux espèces vivantes
terrestres inadaptées à la respiration sous l’eau, aux fortes
pressions et à l’ingestion d’une telle concentration de sel.

Un océan unique global


L’océanosphère* est traditionnellement subdivisée en
fonction de la taille et de la morphologie des espaces marins
en océans, mers, détroits et golfes. Elle a, d’abord, été perçue
comme étant composée de 3 océans, qui ont été nommés
par les cartographes et les voyageurs européens au 19ème
siècle, à savoir l’Atlantique, le Pacifique et l’Indien. Suite à
la découverte des régions polaires à la fin du 19ème siècle3,
deux océans ont été ajoutés : l’océan Arctique et l’océan
Antarctique.

Mais en fait, il n’existe qu’un seul système océanique:


l’océan planétaire ou encore l’océan global, car en dehors des
mers fermées telles que la mer Morte, la mer Caspienne ou
la mer d’Aral, tous les autres espaces marins (les 5 océans
précités ainsi que les mers ouvertes ou semi fermées et les
détroits) sont connectés et constituent une étendue d’eau
salée ininterrompue autour des continents et des îles.

22
Un espace mal connu

Depuis la première expédition océanographique du


‘’H.M.S. Challenger’’ en 18724, les connaissances sur l’océan
et son fonctionnement ont évolué grâce au développement
des programmes de recherche et au progrès technologique
des plateformes d’observation et des capteurs.

L’océan global demeure, néanmoins, très peu connu.


Il est même moins bien connu que l’espace5 : seulement
250 000 espèces ont pu être recensées sur les 10 millions
d’espèces estimées6, 7, 8.

Il subsiste, également, une méconnaissance de la


physiographie détaillée ainsi que de la nature des fonds
marins et de leur substratum, en particulier dans les zones
abyssales, qui occupent 60% de la surface de l’océan.

La cartographie des fonds marins a connu, certes,


un essor dans le cadre de la course à l’établissement des
zones économiques exclusives9 durant les années 1980 et
l’extension du plateau continental10 au cours de la décennie
2000, espaces institués par la Convention internationale
du Droit de la mer11, mais ces initiatives n’ont concerné que
certains Etats côtiers.

Sur un autre registre, l’étude de la biodiversité* a été


lancée dans le cadre de programmes internationaux et de
réseaux tels que Marine Biodiversity Observation Network12
et des plateformes à accès libre ont été développées
telles que : EurOBIS, Aphia et WoRMS14. Concernant la
cartographie, la Directrice Générale de l’UNESCO15 s’est
engagée dans un communiqué à mobiliser la communauté
internationale pour qu’au moins 80% des fonds marins
soient cartographiés d’ici 2030.

23
La faiblesse des connaissances sur cet espace
stratégique peut s’expliquer par plusieurs facteurs,
regroupés en 2 grandes catégories. La première est liée
aux caractéristiques de l’océan et ses paramètres physico-
chimiques. La seconde catégorie de facteurs16 est inhérente
aux spécificités des sciences océaniques*.

Ainsi, 10% seulement des régions océaniques, situées


en dessous de 200 mètres de profondeur ont pu être
explorées (soit 5% de la masse océanique totale). Alors que 12
astronautes déjà ont marché sur la Lune, seules 4 personnes
sont descendues à plus de 10 000 mètres de profondeur.

Bien que nombre de mécanismes océaniques


demeurent inconnus, deux caractéristiques permettent
néanmoins d’appréhender les évolutions en cours.

Un océan global composite et


multifonctionnel
L’océan global est un système composite complexe
et multifonctionnel, mais dont le fonctionnement doit être
considéré dans sa globalité. En effet, d’une part, ses trois
composantes, à savoir : les fonds marins, les masses d’eaux
océaniques et les ressources vivantes sont étroitement liées
et fortement interdépendantes. D’autre part, l’océan est
le siège d’interactions de processus (d’échelles multiples)
physiques, géochimiques et écosystémiques, forcées ou
intrinsèques.

Par ailleurs, il vit en complète et complexe interaction


avec l’atmosphère*17, la cryosphère*18, les biomes terrestres19
et la lithosphère*20 terrestre.

Ces interactions sont illustrées par les nombreux
cycles, qui gèrent la vie sur Terre et qui contribuent à générer
des ressources non vivantes :
• le cycle de l’eau,
• les cycles de Milankovitch et les variations climatiques,
• le cycle géologique,

24
• le cycle de Wilson,
• les cycles biogéochimiques : le cycle du Carbone, le cycle
de l’azote et le cycle du phosphore.

Au niveau de l’espace océanique, il existe deux grands


sous-espaces :

• Les eaux de surface (couches supérieures et


intermédiaires) régulent le climat global en contrôlant les
échanges de chaleur et de carbone entre l’atmosphère*
et l’océan profond, façonnent les écosystèmes marins en
accueillant la majeure partie de la production primaire*
de l’océan (notamment le phytoplancton*) et assurent
l’oxygénation des couches océaniques profondes.

• L’océan profond abrite un relief démesuré et actif du fait


de sa jeunesse (220 millions d’années) – volcans, chaînes
dorsales, plaines abyssales, fosses, rifts, ... – où se
distinguent des milieux extrêmes (zones hydrothermales,
bassins de saumure) dotés d’écosystèmes complexes.

Deux grands mouvements de circulation sont


essentiels aux échanges entre ces deux sous-espaces :
d’une part, la circulation thermohaline*, horizontale et
permanente, qui dissipe la chaleur et sépare des biomes
distincts au sein de l’océan mondial et, d’autre part, le
phénomène d’upwelling*, une remontée verticale d’eaux
froides riches en nutriments.

Cette tridimensionnalité caractéristique de l’océan se


matérialise par la colonne d’eau*, qui s’étend de la surface
jusqu’au fond des océans. Ses propriétés (température,
pression, luminosité, composition) à différentes profondeurs
déterminent la distribution des organismes vivants dans
l’océan.

25
L’univers sous-estimé du vivant marin
Le volume habitable de l’océan, qui est 642 fois
supérieur à celui du continent, abrite une proportion
importante des espèces vivantes de la Terre 22,23,24. Cette
ressource exceptionnelle, essentielle à la vie sur la planète
ainsi qu’au bien-être et à l’alimentation de l’humanité,
représente donc un enjeu majeur. Parmi ces espèces,
les micro-organismes et les animaux marins dotés d’une
forme d’intelligence supérieure retiennent particulièrement
l’attention.

En effet, les micro-organismes marins sont les piliers


de la vie océanique et de l’oxygénation de la Terre. Les virus
maintiennent la biodiversité des écosystèmes marins et
facilitent le brassage génétique. Le phytoplancton* (50% de
la matière organique planétaire) produit plus de la moitié de
l’oxygène terrestre grâce à la photosynthèse* et consomme
plus de la moitié du CO2 26,27,28. Indispensable à la vie marine,
il est à la base de la chaîne alimentaire océanique.

Par ailleurs, certaines espèces marines sont dotées de


capacités cognitives exceptionnelles en termes de langage,
de mémorisation, de reconnaissance, de conscience de soi et
des autres, de communication réfléchie, d’apprentissage,…30.
Cette forme d’intelligence supérieure mérite d’être étudiée
et d’être prise en considération dans les stratégies de
conservation.

Toutefois, l’estimation réelle de la biodiversité* est


rendue difficile, tant par la rareté des inventaires qualitatifs
et quantitatifs des espèces marines, en particulier, celles des
grandes profondeurs, que par la dégradation des écosystèmes,
qui a sûrement entrainé la disparition d’espèces non encore
répertoriées31.

Réservoir de la plus grande biodiversité*, avec des


organismes marins appartenant à cinq groupes, à savoir :
les animaux32, les plantes34, les mycètes35, le protiste et les
monères36, l’océan est un vivier d’écosystèmes.

26
La vie se développe dans toute la colonne d’eau*
depuis la surface jusqu’aux fonds marins. La distribution
spatiale des bio- ressources marines est déterminée par
plusieurs facteurs : leur mode de vie (mobilité, nutrition
et reproduction), la température, les paramètres physico-
chimiques et la nature des fonds marins.

Pendant longtemps, il a été considéré que les formes


de vie prospéraient surtout au niveau du littoral et de la
plateforme continentale. Mais les dernières découvertes ont
montré l’existence d’une faune diversifiée dans les zones
abyssales et, surtout, l’existence de niches écologiques
variées telles que les récifs coralliens d’eau chaude et les
monts carbonatés de coraux d’eau froide, les plateformes
continentales et insulaires des régions tropicales, les sources
hydrothermales océaniques et les champs de nodules
polymétalliques 37,38,39.

L’océan, clé de l’habitabilité de la planète


L’océan joue un rôle fondamental dans l’habitabilité de
la planète, c’est-à-dire sa capacité à accueillir et à développer
la vie. Cet important réservoir planétaire fournit l’eau
nécessaire à la vie, procure l’oxygène et la nourriture, qui
assurent le maintien de la vie en mer et sur Terre, détermine
les climats de la Terre et les phénomènes météorologiques et
fournit de nombreux services écosystémiques.

Le régulateur du climat
L’océan forme un système complexe nécessaire au
maintien de la vie sur Terre grâce à sa production d’oxygène,
son absorption de gaz carbonique et sa contribution
essentielle au climat.

L’océan est le principal régulateur du climat de la


planète, du fait de sa capacité à absorber les radiations
solaires et de ses propriétés physico-chimiques qui lui
permettent d’interagir mécaniquement avec les conditions
climatiques et d’échanger avec l’atmosphère* à toutes les
latitudes (échanges radiatifs, mécaniques et gazeux).

27
En effet, l’océan est un moteur essentiel du cycle de
l’eau, qui permet la circulation constante de l’eau sous ses
différents états (gazeux, liquide et solide) entre l’atmosphère*,
l’hydrosphère, la lithosphère* et la biosphère*.

Du fait de leur étendue et de leur volume, les masses


d’eau océanique sont le grand contributeur à ce cycle
puisqu’elles fournissent 90% de l’eau évaporée, qui permet
d’obtenir les pluies nécessaires aux cultures et l’eau douce
primordiale pour la vie. L’eau, qui s’évapore, se condense
sous forme de nuages et retourne dans l’océan sous forme
de pluie ou d’écoulement fluviatile à partir du continent.

La formation des nuages et la stabilité du climat sont


contrôlées par le sulfure de diméthyle, émis par le plancton28.

Les interactions entre l’atmosphère* et l’hydrosphère


sont à l’origine de la majeure partie des phénomènes
météorologiques tels que :

• les cyclones, qui puisent leur énergie de la chaleur stockée


dans les régions tropicales de l’océan,

• le transfert de chaleur entre l’océan, l’atmosphère* et les


continents, transportée par la circulation atmosphérique.

L’océan abaisse la chaleur emmagasinée par les eaux
de surface dans les régions tropicales en la redistribuant
dans les eaux plus froides des pôles (gyres océaniques*) et
vers les profondeurs océaniques (circulation thermohaline*).
Ces distributions s’effectuent selon des échelles de temps,
variables, saisonnières à millénaires.

L’océan est, également, le premier puits de carbone.
Il pompe et stocke (grâce au phytoplancton*, mangroves,
marais salés, herbiers sous-marins) le CO2 et le méthane,
sources du réchauffement de l’atmosphère*.

28
Aussi, les mécanismes physiques, chimiques et
biologiques de ce réservoir planétaire fournissent-ils l’eau
nécessaire à la vie et déterminent-ils les différents climats
des continents ainsi que les phénomènes météorologiques
(vents, ...).

Les services écosystémiques de l’océan


Les ‘’services écosystémiques’’, tels que définis
dans l’Evaluation des Ecosystèmes pour le Millénaire40,
représentent les bénéfices que les humains retirent des
écosystèmes. Cette définition rend bien compte de la
dépendance des sociétés humaines vis-à-vis du bon
fonctionnement des écosystèmes29.

Les fonctionnalités globales de l’océan génèrent 74


services écosystémiques41, soit 60% de l’ensemble des
services qui se répartissent en quatre grandes catégories40.

• Les 7 services de ‘’support de vie’’ sont à la base de


tous les autres services, car ils permettent le maintien du
fonctionnement de l’écosystème global.

Il s’agit, par exemple, des cycles biogéochimiques


(cycle de l’eau, cycle du carbone, cycle de l’oxygène), du
cycle de vie (flore et faune) et du maintien de la biodiversité*,
de la production de matière organique (biomasse*) et de
nutriments, ainsi que de la formation et de la stabilisation
des sols.

• Les 26 services de régulation ont pour fonction de rendre


la vie possible et les écosystèmes fonctionnels, durables
et résilients face aux changements. A titre illustratif, ces
services permettent la régulation du climat, de la qualité
de l’air, de l’eau, de l’érosion, des catastrophes naturelles,
des maladies et des bioagresseurs.
Ils contrôlent, également, la pollinisation, la purification
de l’eau (par le plancton, les lamellibranches et certains
poissons), le système climatique (stockage du quart des
émissions anthropiques CO2), la prévention de l’érosion
(les récifs coralliens atténuent 70% à 90% de l’énergie
des vagues42,43) et la stabilisation des substrats par les
herbiers.
29
• Les 20 services d’approvisionnement sont les produits
matériels issus des ressources naturelles vivantes et non
vivantes, fournis par les écosystèmes pour la nourriture
et tous les autres besoins humains. Il y a lieu de citer
les ressources alimentaires (pêcheries, aquaculture*,…)
dont près de 600 millions de personnes dépendent
pour leur subsistance ou comme seule source de
protéines animales, les combustibles (gaz, pétrole), les
énergies renouvelables, les matériaux de construction,
les organismes et les molécules (pharmacologie, la
cosmétologie et biotechnologie).

• Les 21 services culturels (services non matériels)


réfèrent aux valeurs sociales et culturelles attachées aux
espaces marins et côtiers et aux activités humaines, qui
en découlent : loisirs, tourisme, éducation, recherche,
enrichissement artistique, patrimonial, identitaire et
spirituel.

L’enjeu majeur du maintien de ces services


écosystémiques est de préserver l’intégrité et la stabilité
des biomes et de leurs écosystèmes, notamment, à travers
la conservation de la biodiversité* (richesse génétique et
diversité des habitats) et l’équilibre naturel des fonctions
océaniques.

Afin de sensibiliser la communauté humaine à


l’importance de l’océanosphère*, pour la qualité de vie à
la surface de la planète, une évaluation de ces actifs a été
menée. Essentiellement monétaire, elle a démontré que 63%
de la valeur mondiale totale des services écosystémiques
provenait des écosystèmes marins, soit 20.9 trillions de
dollars/an 45.

30
Or, cette évaluation a rencontré trois contraintes
majeures :

• Les interactions systémiques permettant l’existence de


ces services ne peuvent être comptabilisées comme la
somme des valeurs individuelles de ces éléments.

• La complexité de certains services, comme la régulation


du climat, ne permet pas de les mesurer.

• L’invisibilité des services les plus essentiels, qui ne


peuvent donc être évalués économiquement, comme la
séquestration du carbone ou l’apport de la biodiversité*.

XX D’où la double nécessité, d’une part, d’élargir et


d’approfondir la connaissance de l’océanosphère – de
la complexité de ses mécanismes à la fragilité de ses
équilibres – et, d’autre part, de sensibiliser par l’éducation
plutôt que par la marchandisation.

31
32
Première Evaluation mondiale
Chapitre 2 : Anticiper son devenir
intégrée de l’état du milieu
marin a conclu que la majeure L’océan couvre 71% de la surface du globe, génère
partie des océans est désormais
gravement endommagée. plus de 50% de l’oxygène mondial, absorbe, chaque année,
25% du carbone d’origine anthropique et représente 95%
L’incapacité persistante à
remédier à ces problèmes de la biosphère*2,48. Son équilibre, dont dépend sa bonne
risque de créer un cycle santé, est donc essentiel à notre survie.
pernicieux de dégradation qui
finira par priver la société des
nombreux bénéfices qu’elle tire La situation actuelle de l’océan mondial est connue,
actuellement des océans47.
de même que ses causes49 : l’altération de ses différents
UNESCO, 2017 milieux, du fait du changement climatique* et des activités
humaines, qui affecte souvent de manière grave et
parfois irréversible les écosystèmes, la biodiversité* et les
mécanismes océaniques, constituant ainsi un facteur de
rupture globale.

En dépit de cette altération, l’océan a été considéré,


pendant longtemps, comme un milieu résilient, capable de
se défendre contre toutes les formes de pollution grâce
à ses courants, qui favorisent la circulation des masses
d’eau et leur renouvellement. De plus, le stress généré par
l’interaction du réchauffement climatique et de la pression
anthropique croissante dans le temps et l’espace a éprouvé
les limites de son pouvoir auto-épurateur.

Ce qui est moins connu, en revanche, ce sont le


rythme et l’ampleur des évolutions à venir, la diversité et
la gravité de leurs impacts et les facteurs, qui pourraient
changer cette tendance.

Trois grands enjeux existentiels* dessinent l’évolution


future de l’océan : un réchauffement grandissant, de
nouvelles conditions environnementales et une altération
de la biodiversité marine. Ce chapitre rappelle les causes
et la situation actuelle de l’océan, décrit les conséquences
durables dans le temps sur les systèmes naturels et envisage
leur évolution ainsi que les ‘’ game changers‘’, qui pourraient
changer la donne.

33
Un océan de plus en plus chaud
Situation actuelle et causes
L’océan mondial ‘’éponge’’ littéralement les excès
des émissions anthropiques : il a absorbé plus de 90% de la
chaleur excédentaire du système climatique depuis 1950 et
30% du dioxyde de carbone supplémentaire depuis 198050,
limitant ainsi le réchauffement climatique.

Ce faisant, sa température moyenne augmente, tant


en surface (0 à 75 mètres de profondeur) depuis les années
1970, qu’en profondeur (jusqu’en dessous de 4000 mètres
dans l’hémisphère Sud), avec des variations régionales
importantes.

Ainsi, la partie supérieure de l’océan s’est réchauffée


d’environ 0,5 à 1°C au cours du 20ème siècle, tandis que les
vagues de chaleur extrême se multiplient.

Le réchauffement planétaire d’origine anthropique


est directement responsable de cette situation. Quelle que
soit l’hypothèse retenue de son évolution vraisemblable
(cf. scénarios du GIEC), le réchauffement océanique va se
poursuivre pendant plusieurs siècles52.

Conséquences sur les systèmes naturels

Le réchauffement de l’océan accélère le changement


climatique* global, entraînant, de manière non-linéaire, des
effets à long terme à la fois plus durables dans le temps et
moins auto-réversibles.

Le dérèglement de la circulation thermohaline*


est d’ores et déjà enclenché. Les données satellitaires ont
montré que le Gulf Stream, qui est considéré comme l’un des
courants les plus puissants, s’affaiblit à grande vitesse ces
dernières décennies. Cet état de fait est lié à la fonte rapide
des glaciers du Groenland et de la banquise arctique.

34
De même, les observations récentes indiquent un
ralentissement progressif du courant vertical de la circulation
méridienne de renversement atlantique*53, qui n’a jamais
été aussi faible depuis 1600 ans. Ainsi, en provoquant la
fonte des glaciers, le réchauffement climatique entraine
un dérèglement thermique du Gulf Stream, entraînant un
refroidissement de l’Europe de l’Ouest.

Dans l’océan Austral54, qui capte 75% de la chaleur


et 50% du carbone absorbé par l’océan global, le courant
circumpolaire antarctique*, moteur de la circulation
océanique mondiale, est en train de s’accélérer sous l’effet
du gradient thermique55.

La fonte des glaces de mer touche la cryosphère*:
l’Arctique, qui se réchauffe deux fois plus vite que la
moyenne mondiale, le Groenland et l’océan Austral (très
méconnu malgré son importance : 75% de tout l’excès de
chaleur emmagasiné par l’océan mondial y est stocké). La
réduction de la cryosphère* est perceptible depuis la fin des
années 1970 et s’est accélérée de 65% ces trois dernières
décennies, du fait de la perte de 87.000 kilomètres carrés
de sa surface chaque année entre 1976 et 2016.

Ce dérèglement perturbe aussi bien le système


climatique56 que le cycle de l’eau (moussons par exemple)
entraînant des inondations et des sécheresses et altérant
des écosystèmes entiers (comme la forêt tropicale
amazonienne) 57 .

Provoqué par la fonte des glaces et la dilatation de


l’eau océanique, plus chaude, le niveau moyen de l’océan
monte de plus en plus rapidement : de 20 cm environ entre
1901 et 2018 et de 4,5 mm par an en 202158, 59, 60, 61, 62 Selon
le GIEC57, quoi qu’il arrive, il continuera d’augmenter au
cours du 21ème siècle, provoquant des inondations côtières
plus fréquentes et plus graves dans les zones basses ainsi
que leur salinisation et accélérant l’érosion côtière. D’ores
et déjà, des îles sont submergées, des métropoles menacées
et des traits de côte modifiés.

35
Ces conséquences majeures entraînent des effets
en cascade (cf. sections suivantes) dont il est impossible de
prévoir exactement l’ampleur, la rapidité et les collatéralités.
Néanmoins, les risques d’une évolution plus grave et plus
rapide sont de plus en plus prononcés, compte tenu des
dernières données observées.

Evolution et game-changers

Au cours de ce siècle, la chaleur atmosphérique


continuera à pénétrer les couches superficielles de l’océan :
selon les modèles, celui-ci pourrait emmagasiner entre 3 et 6
fois plus de chaleur qu’il n’en a déjà absorbé depuis 1900.

Néanmoins, d’importants facteurs de changement


pourraient contribuer au renforcement de la capacité
d’absorption des émissions anthropiques ou, au contraire,
à sa diminution drastique, comme l’évolution des puits de
stockage du CO2, par exemple :

• Les forêts de varech (ou forêts de kelp) se développent


dans les régions à climat tempéré et polaire, mais elles
ont été, également, reconnues dans les régions tropicales
en 200765.

Elles jouent un rôle primordial dans les équilibres de l’océan


et du climat. Grâce à la photosynthèse*, elles absorbent
le CO2 et assurent la production de l’oxygène, contribuant
ainsi au ralentissement du réchauffement climatique, des
émissions de méthane et de l’acidification.

Ces forêts, qui constituent d’importants puits de carbone,


sont en train de disparaitre progressivement dans la
plupart des régions du monde du fait du réchauffement
climatique et de la pression anthropique (pollution et
surpêche des espèces, qui protègent le varech ...) : 38 %
des régions étudiées ont montré un recul sur les cinquante
dernières années65.

36
• Le phytoplancton* est le premier maillon de la chaîne
alimentaire et constitue un élément essentiel du cycle
du carbone. Il absorbe une partie du dioxyde de carbone
d’origine anthropique et produit de l’oxygène66.

Cette ressource vivante inestimable connaît un déclin


inquiétant. Sa quantité est entrain de baisser au rythme
de 1% par an, enregistrant, par ricochet, une réduction
de 40% depuis 195067. A terme, la disparition du
phytoplancton* augmenterait le niveau de CO2 dans
l’atmosphère*, accélérant le changement climatique* et
compliquant la respiration des humains et des animaux
terrestres.

• Les volcans de boue et les pockmarks* liés à des hydrates


de gaz sont présents dans les fonds océaniques de
nombreuses régions68, 69, 70, 71.

Le réchauffement des eaux océaniques provoque la


fonte des clathrates* et entraîne, ainsi, la libération de
grandes quantités de méthane sous forme de gaz dans
l’atmosphère*, ce qui engendrerait une accélération de
la hausse des températures, qui à son tour favoriserait
la poursuite de la libération du méthane (principe d’une
boucle de rétroaction positive).

• La tectonique des plaques provoque la fragmentation


des continents et leur déplacement. Ainsi, une région qui
est actuellement dans une latitude tropicale pourrait, à
terme, se retrouver dans une position polaire et vice-
versa et donc voir ses conditions climatiques changer.

• Les rivières atmosphériques72 couvrent seulement 10%


de la circonférence de la Terre, mais transportent plus
de 90% de la vapeur d’eau du Nord au Sud. Ces masses
d’air puisent leur humidité dans les océans et jouent un
rôle déterminant dans les conditions climatiques.

37
Elles sont, le plus souvent, la cause majeure des
évènements de précipitations extrêmes, à l’origine de
graves inondations et de glissements de terrain dans
beaucoup de régions de moyennes latitudes73, 74.
’L’élévation du niveau moyen
de la mer à l’échelle mondiale Par ailleurs, deux autres ‘’ game-changers ‘’ pourraient
entraînera une augmentation accélérer la montée des eaux de manière significative : la
de la fréquence des événements
extrêmes. Les niveaux locaux de fonte de l’Antarctique et l’intensification de la stratification
la mer qui, historiquement, ne des eaux.
se produisaient qu’une fois par
siècle (événements centennaux)
se produiront au moins une Une concentration de dioxyde de carbone supérieure
fois par an dans la plupart des
endroits d’ici 2100, selon tous à 400 ppm et une température planétaire supérieure de
les scénarios RCP (confiance 2°C à celle de l’époque préindustrielle pourraient conduire
élevée) ‘’.
à la fonte d’un tiers de la calotte polaire antarctique, ce qui
Special report on the ocean élèverait le niveau des mers de 20 mètres d’ici 2150. Or,
and cryosphere in a changing
climate 48 ces conditions pourraient être atteintes dès 2030, induisant
une élévation mondiale moyenne de 1,2 mètre d’ici 2100
(évolution non-linéaire)75.

La poursuite du phénomène de stratification des eaux


(cf. infra) bloquerait le transfert de chaleur vers les eaux plus
froides et provoquerait, ainsi, un réchauffement exponentiel
des eaux de surface océaniques et, par conséquent, leur
dilatation thermique.

Un océan aux nouvelles conditions


environnementales

Situation actuelle et causes

En plus des impacts du réchauffement climatique lié


aux émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique,
l’océan est soumis à une pollution multi-sources et
multiformes76, 77, résultant des activités humaines, qui
modifient substantiellement le milieu océanique.

38
La pollution de l’océan provient du transport
maritime et des marées noires. Elle est liée, également,
aux rejets (gazeux, liquides et solides) d’origine urbaine,
industrielle et agricole. Ces déchets sont transportés par
les vents, la pluie et les cours d’eau ou tout simplement
rejetés directement dans l’océan.

Pour anticiper le devenir de l’océanosphère*, il


est donc nécessaire de comprendre les changements
structurels, qui l’affectent, car ils détermineront son
évolution à long terme.

En effet, si les modifications conjoncturelles


sont réversibles, les transformations structurelles, qui
comportent plus de risques, sont généralement non
réversibles à l’échelle humaine, d’où leur gravité.

La méconnaissance actuelle des mécanismes


océaniques brouille la ligne de démarcation entre
changements conjoncturels et structurels.

Toutefois, parmi ces derniers, il convient d’observer,


outre le dérèglement susmentionné de la circulation
thermohaline*, l’aggravation de la stratification des
eaux, leur acidification et leur désoxygénation*. Ces trois
processus interagissent et se renforcent mutuellement,
directement ou indirectement.

• Une préoccupante aggravation de la stratification


des eaux, avec une différenciation de plus en plus
marquée des caractéristiques des couches principales,
à savoir : les eaux de surface, les eaux intermédiaires
(thermocline) et les eaux profondes. Cet état de fait
est lié au réchauffement de la surface océanique et à la
diminution de la salinité en relation avec l’augmentation
de la fonte des glaciers polaires et l’intensification des
précipitations.

39
La stratification océanique a un rôle essentiel pour les
échanges de nutriments et d’oxygène entre les couches de
l’océan, ainsi que pour la propagation du son, qui permet
à de nombreuses espèces de s’orienter. Son aggravation
aura plusieurs conséquences, dont :

33 une réduction voire un arrêt des échanges entre les


couches,

33 une baisse de la productivité aussi bien dans les


fonds de l’océan qu’à sa surface,

33 une diminution de la capacité d’absorption de


dioxyde de carbone par l’océan, entraînant une
augmentation des concentrations en gaz à effet de
serre dans l’atmosphère*,

33 une augmentation de la puissance des ouragans.

• Une acidification croissante des eaux océaniques :


révélée par un pH décroissant, elle résulte directement
de l’augmentation de la quantité de gaz carbonique
atmosphérique absorbé (dissolution du CO2 en excès
dans les eaux marines et formation d’acide carbonique78,
79
), ce qui rend ce changement irréversible avant plusieurs
milliers d’années (le CO2 ne pouvant être prélevé une fois
dissous).

L’acidification a augmenté de 30% au cours des 200


dernières années79. Elle représente une grande menace
pour la survie de toutes les espèces à test et squelette
carbonaté tel que le plancton, qui constitue la base de la
chaîne alimentaire et qui est pourvoyeur d’oxygène, ou les
coraux, qui développent de véritables niches écologiques.
En outre, elle perturbe l’équilibre et le mode de vie ou
le métabolisme des organismes, qui nécessitent des
conditions de pH strictes pour leur développement80, 81,
82, 83, 84
.

40
Bien que l’océan ne puisse pas devenir chimiquement
acide (pH <7) du fait des sels, qui y sont présents, cette
situation oblige les organismes marins à dépenser
davantage d’énergie pour réguler cette modification, ce
qui en laisse moins pour la croissance, la reproduction
ou d’autres adaptations nécessaires85.

• Une désoxygénation* globale des masses d’eau


océanique, consistant en une baisse d’à peu près
2%, depuis les années 1950, des teneurs en oxygène
essentielles à la vie d’un grand nombre d’organismes
marins (vertébrés et invertébrés), en particulier dans les
premiers 1000 mètres de profondeur. Il s’agit en réalité
d’un double mécanisme d’hypoxie*, qui s’amplifie et se
conjugue.

33 D’une part, un phénomène connu depuis le milieu


du 20ème siècle, assez aisément réversible : l’hypoxie*
des zones côtières due à l’eutrophisation*86
Il n’existe pas de variable résultant du ruissellement des nutriments (engrais,
environnementale d’une
telle importance écologique ...) et des dépôts d’azote issus des combustibles
pour les écosystèmes marins fossiles.
et ayant changé de manière
si drastique en si peu de 33 D’autre part, un phénomène découvert au cours
temps à cause des activités de la dernière décennie : l’hypoxie* résultant de
humaines que l’oxygène
dissous. la hausse des températures océaniques. Celle-ci
entraîne une diminution de la solubilité de l’oxygène
Désoxygénation des océans: et, du fait de la stratification, une réduction de la
le problème de chacun ventilation des profondeurs océaniques.
rapport UICN49
Ainsi, la teneur en oxygène de l’océan hauturier*,
qualifié aussi de haute mer, s’appauvrit
progressivement, notamment, entre 200 et 2000
mètres de profondeur, dans le monde entier : un
phénomène irréversible à l’échelle humaine87, 88.

Cette désoxygénation*, un mécanisme complexe,


combine donc différentes origines (naturelles et
anthropiques) et produit différents milieux selon le degré
de saturation en O2 : des zones hypoxiques, des zones
de minimum d’oxygène90 et des zones anoxiques91.

41
Ces milieux sous-oxygénés connaissent une expansion
rapide depuis une cinquantaine d’années dans l’Atlantique,
l’océan Indien, la Méditerranée, le golfe du Mexique, la mer
Noire et la mer Baltique. Enfin, les prévisions indiquent
que la baisse des teneurs en oxygène va se poursuivre et
atteindre 3 à 4% d’ici 210092, 93, 94, 95, 96, 97.

Conséquences sur l’océanosphère


Ces quatre grands changements structurels
(ralentissement de la circulation thermohaline*, stratification
des couches océaniques, acidification et désoxygénation*), se
conjuguent pour impacter aussi bien le climat, les paramètres
environnementaux que les écosystèmes.

• Le climat : le réchauffement climatique se traduit au


niveau de l’océan par une augmentation de la température
de surface et par une réduction de la capacité de stockage
du carbone, mais aussi par l’expansion et l’intensification
des zones fortement hypoxiques, qui relâchent de l’oxyde
nitreux, un puissant gaz à effet de serre dont le potentiel
de changement climatique* est 260 fois supérieur à celui
du CO2 (dénitrification)98.

• La stratification, qui altère la circulation océanique


et entraîne une multiplication des phénomènes
météorologiques extrêmes, comme les cyclones tropicaux
mais surtout les vagues de chaleur océaniques* (canicule
marine) dont la fréquence a très probablement doublé
depuis les années 198099, 100, 101.

Des événements maritimes extrêmes, qui se produisaient


auparavant une fois par siècle pourraient se produire
désormais chaque année d’ici 2100.

• Les conditions environnementales (température, salinité


et oxygénation, …) qui jouent un rôle essentiel dans le
contrôle des organismes vivants, des écosystèmes et
du fonctionnement de l’océan. Les modifications qu’ils
subissent affectent la qualité de l’eau océanique et
dégradent les cycles biogéochimiques (micro-nutriments,
carbonates, phosphore, ...).

42
En particulier, elles induisent une baisse de la
concentration en oxygène dissous102 et une augmentation
de l’acidité de l’océan. Par ailleurs, des épisodes de
turbidité* dus à la prolifération planctonique (algues
bleu-vert, algues rouges) et à la pollution (microplastique)
pourraient devenir permanents dans les zones côtières
(cf. infra).

• Les écosystèmes : sous l’influence conjuguée de


l’hypoxie*, de l’eutrophisation*, de l’écotoxicité, du
réchauffement du milieu, de la perturbation des cycles
de nutriments et micronutriments*, de la turbidité*
(d’où un manque d’accès à la lumière) et, localement, du
déséquilibre de la chaîne alimentaire (cf. infra), certains
écosystèmes se dégradent rapidement (forêts de kelp,
récifs coralliens, écosystèmes arctiques), ainsi que la
productivité et la biodiversité marines.

Les zones à minimum d’oxygène et les zones anoxiques


s’étendent : le golfe d’Oman contient la plus grande
zone de minimum d’oxygène* du monde, de la taille de
l’Ecosse, 700 zones souffrent de faible teneur en oxygène
contre 45 dans les années 1960 et le volume des eaux
anoxiques a quadruplé durant la même période.

Elles affectent les premiers 1000 mètres de la colonne


d’eau* où la biodiversité* et la biomasse* des espèces
sont les plus élevées105. Ainsi, le vivant, situé au bout
de la chaîne d’impacts, est altéré à la fois directement et
indirectement par tous ces changements. C’est pourquoi
il fait l’objet de la section suivante.

Evolution et game-changers : de nouvelles


conditions environnementales
En résumé, la structure de l’océanosphère* change en
termes :

• de température : toute la masse océanique se réchauffe,


quelle que soit la profondeur et la latitude. Sa température
pourrait augmenter de 1 à 3 °C d’ici la fin du 21ème
siècle106,

43
• de stratification, avec un épaississement de la couche de
mélange* des eaux de surface (5 à 10 mètres par décennies
selon les régions), une modification des courants et une
diminution de la circulation verticale,

• d’oxygénation88 et d’acidification, avec une multiplication


et un épaississement des zones de minimum d’oxygène et
une diminution généralisée du pH de l’océan (baisse de
0,3 à 0,5 unités106).

Ces dérèglements, non seulement contribuent, voire


accélèrent, la dégradation locale des écosystèmes, mais
surtout génèrent l’émergence de nouvelles conditions
environnementales durables (biogéochimiques) dans l’océan
mondial, qui en affecteront 44,9% d’ici 2060 et 87% d’ici
2100.

• La transformation de l’Arctique et des aires marines


protégées* en est un exemple concret. Près de 97% des
vastes aires marines protégées*– de plus de 100.000
kilomètres carrés – devraient connaître un changement
significatif de plusieurs variables biogéochimiques d’ici
2100, dont de nouvelles conditions de pH dès 2030,
notamment, dans les zones tropicales107.

• Entre 2000 et 2100, de larges zones de l’océan mondial


(10 à 82%) pourraient connaître des climats qui n’existent
pas actuellement (‘’climats nouveaux’’), tandis que certains
climats du 20ème siècle pourraient disparaître106. Entre 35 à
95 % des eaux de surface de l’océan seraient entièrement
transformées.

Le modèle METAL 108 a permis de mettre en évidence une


augmentation récente et sans précédent des ‘’surprises
climatiques’’, qui pourraient être attribuées à des
phénomènes tels que : El Niño, les anomalies thermiques
de l’Atlantique et du Pacifique et le réchauffement de
l’Arctique 109.

44
Si la communauté scientifique s’accorde sur le fait que
cette évolution semble irréversible d’ici la fin de ce siècle,
elle s’interroge encore sur les détails de cette dynamique et
l’ensemble de ses conséquences systémiques :

• En bloquant le transfert de chaleur vers les zones


plus froides, la stratification pourrait entraîner un
réchauffement exponentiel des eaux de surface et un
ralentissement de la pompe à carbone. De ce fait, en
2100, l’océan pourrait ne plus absorber de CO2 ou, pire,
en devenir un émetteur110.

• L’acidification pourrait augmenter de 150%111 d’ici 2100


et conduire ainsi à l’extinction des espèces calcifiantes.

Ce qui semble acquis, c’est que les conditions


environnementales de l’océan, telles que nous les avons
connues au 20ème siècle, n’existeront plus, du fait de
l’avènement de nouveaux environnements dans plus de la
moitié de l’océan mondial.

La nouveauté de la situation et des phénomènes, qui


se produisent, conjuguée à la très grande méconnaissance de
l’océanosphère*, rend l’identification des ‘’ game changers’’
particulièrement difficile, tant les facteurs d’incertitude
sont nombreux. Cependant, trois phénomènes méritent
une attention particulière :

• Les modifications climatiques à la surface de l’océan


en relation avec le réchauffement climatique peuvent
contraindre les espèces à un scénario du type ‘’s’adapter
ou mourir’’. Mais, si le climat se modifie au-delà de ce
que certaines espèces peuvent tolérer ou à un rythme
trop rapide pour qu’elles puissent s’adapter, la stratégie
du changement d’aire de répartition ne sera plus viable.

Ces nouveaux climats pourraient ainsi entraîner


un remaniement des communautés, de nouvelles
associations d’espèces, des extinctions massives et des
surprises écologiques inattendues106.

45
• Le phytoplancton* connaîtrait d’ici 2100 un déclin dans
les régions subtropicales, avec l’apparition de larges
efflorescences (bloom) de phytoplancton* autour des
pôles, où les températures seront plus chaudes.

Le changement climatique* a déjà commencé à altérer


le développement du phytoplancton* et ce phénomène
pourrait s’étendre à 50% de la surface de l’océan d’ici la
fin du siècle, une situation, qui affecterait très fortement
la chaîne alimentaire océanique112.

• Un océan beaucoup plus toxique : d’ici 2100


l’augmentation de la toxicité de l’océan sera induite par
l’interaction de plusieurs facteurs aussi différents que :

33 la libération de quantités considérables de mercure


dans les eaux arctiques du fait du dégel du
permafrost 113 ,

33 l’augmentation des rejets d’azote et de phosphore


à l’origine des blooms d’algues toxiques telle que la
‘’marée rouge’’ de 2021 en Floride114,

33 la déstabilisation des hydrates de gaz (clathrates*)


à partir des volcans de boue et des pockmarks*115,

33 les conditions anoxiques, qui conduisent à la


production de sulfure d’hydrogène, très toxique116.

L’évolution de ces game changers pourrait accélérer


significativement l’émergence de nouvelles conditions
environnementales océaniques au cours du 21ème siècle et
dégrader considérablement la biodiversité marine.

46
L’altération de la biosphère marine
Situation et causes
Un océan plus chaud, présentant de nouvelles
conditions environnementales à la fois biogéochimiques et
climatiques, ne peut qu’altérer l’ensemble de la biodiversité
marine.

Cette situation est renforcée par des causes
directement liées aux activités humaines (anthropiques)
comme les changements d’usage (littoraux, lignes maritimes),
la surexploitation des ressources biologiques, la pollution
multiforme et les conditions conduisant à la prolifération
d’espèces envahissantes* (cf. Partie II).

Les données actuelles reflètent le stress subi par la


biosphère* marine et la menace d’une extinction à grande
échelle : ‘’Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près
de 33 % des récifs coralliens et plus d’un tiers de tous les
mammifères marins sont menacés’’, selon la Fondation pour
la recherche sur la biodiversité*.

• Un rythme de disparition déjà préoccupant. Parmi les


espèces marines qui déclinent, la raréfaction locale,
voire la disparition, de certains organismes marins pose
problème à plusieurs titres :

33 La moitié des récifs coralliens a été perdue depuis


les années 1870. Leur blanchissement, consécutif
à des vagues de chaleur, est souvent annonciateur
de leur mort. Ainsi, en deux ans (2016 et 2017),
près de 50% des récifs de la Grande Barrière de
Corail (Australie) sont morts. Au niveau mondial,
14% des coraux ont disparu en à peine 10 ans,
entre 2009 et 2018119, 120, 121, 122, 123, 124, 125.

47
Selon le GIEC, un réchauffement climatique de 1,5
°C entraînera la disparition de 70 à 90% des coraux
dans le monde. Ces récifs sont de véritables niches
écologiques, qui hébergent une espèce marine
sur quatre et rendent localement des services
écosystémiques irremplaçables. Parmi ces services,
il convient de mentionner par exemple l’atténuation
de 70 à 90% de l’énergie des vagues126.

33 Quatre différents écosystèmes littoraux ont en


commun d’absorber et de stocker le CO2 en grande
quantité pendant des millénaires, d’héberger une
biodiversité* unique et de protéger de l’érosion : les
forêts de kelp (varech), qui couvrent 28% des zones
côtières, disparaissent deux fois plus vite que les
récifs coralliens127, 128, 129, 130.

De plus, 67% de la mangrove131, 132, 50% des marais


salants et 30% des herbiers sous-marins auraient
déjà disparu dans le monde. Ces quatre écosystèmes
littoraux ont en commun d’absorber et de stocker
le CO2 en grande quantité pendant des millénaires,
d’héberger une biodiversité* unique et de protéger
contre l’érosion.

33 Enfin, plusieurs espèces d’animaux marins sont


menacées d’extinction, du vaquita, un petit marsouin
dont il ne reste plus que 10 à 20 individus133, aux
requins et raies dont 37% seraient maintenant
menacés d’extinction dans le monde, en passant par
plusieurs espèces de tortues, les phoques moines et
les baleines bleues, au point que des scientifiques
commencent à envisager, si la température
augmente au-delà de 2°C, une 6ème extinction de
masse dans les océans 134. 135, 136, 137, 138, 139, 140, 141, 142.

48
• Des épiphénomènes révélateurs de problèmes plus
complexes :

33 Le changement climatique, les altérations de la


biodiversité* et la surpêche se conjuguent pour
raréfier les ressources alimentaires de nombreuses
espèces marines : des macareux qui parcourent
jusqu’à 50 kilomètres pour trouver du poisson,
jusqu’aux dauphins et pseudorques (proie et
prédateur) qui s’allient pour trouver à se nourrir.

33 Espèce-clé des écosystèmes marins de l’Arctique,


les morses (comme les ours polaires) sont obligés
de se réfugier sur terre où leurs prédateurs les
déciment, du fait de la fonte des blocs de glace sur
lesquels ils se reposent habituellement (diminution
de la banquise arctique de 47.800 kilomètres carrés
/an).

33 Si certains poissons s’aventurent à nager près de


leur prédateur ou peinent à retrouver leur habitat,
c’est parce que la concentration de CO2 dans l’eau
perturbe leur odorat, leur sens de la vue et plus
largement leur comportement143.

33 Des algues munies de plaques calcaires et d’autres
animaux à squelettes calcaires présentent des
anomalies lorsqu’ils se développent dans un
milieu acidifié, ce qui altère aussi les coraux et les
mollusques (huîtres, moules)144, 145, 146.

33 Une recrudescence inexpliquée de poissons


des grandes profondeurs échoués sur les plages
rappelle que les abysses* ne sont pas exempts de
perturbations.

Ainsi, peut-on observer un stress général de la


biosphère* marine, consécutif aux transformations du
milieu, amplifié par les dégradations d’origine anthropique.

49
Conséquences

Le réchauffement de l’eau, combiné avec la


désoxygénation*, l’acidification et l’indisponibilité des
nutriments, entraîne de multiples perturbations de la chaîne
alimentaire et des écosystèmes, qui ont un impact sévère sur
l’abondance (biomasse*), la diversité en espèces (biodiversité*)
et la répartition géographique du vivant océanique :

• La biodiversité* (diversité des milieux de vie, des espèces


et des gènes), gage de la résilience écologique et de
l’adaptation aux perturbations structurelles, est en forte
régression depuis plus de 50 ans.

Les observations montrent une accélération des altérations


biologiques109 en relation avec les incidences cumulatives
de plus en plus importantes du stress anthropique
(réchauffement climatique et activités humaines)138. Ces
incidences affectent la capacité des populations à croître,
à se rétablir ou à s’adapter, perturbent la chaîne alimentaire
et bouleversent les habitats dans 66% de l’océan global.

Par ailleurs, les maladies augmentent, les comportements


des espèces changent et la mortalité s’accroît, toutes
espèces de poissons et coquillages confondues. La faune
voit son cycle de vie changer : les espèces à longue durée
de vie et à croissance et génération lentes, évoluent vers
des espèces de petite taille, à croissance et génération
rapides. Enfin, les espèces tolérantes à l’hypoxie* se
développent au détriment des autres.

Les conséquences de l’altération globale de l’océanosphère*


impactent non seulement les conditions géo-physico-
chimiques (masses d’eau et fonds marins) mais toute la
biosphère* marine, côtière et hauturière, tout le long de la
colonne d’eau*. La biomasse* océanique connait, ainsi, des
bouleversements en termes de volume, de répartition par
taille et de spatialisation.

50
• Au rythme actuel des émissions de CO2, 5 à 17% du total
de la biomasse* animale marine pourrait disparaître
d’ici 2100 du fait de l’accroissement des températures
et du déclin de la production primaire* (hors pêche),
soit un déclin moyen de 5% pour chaque degré de
réchauffement135.

En eaux même légèrement hypoxiques (taux de


saturation en oxygène de 30 à 50%), outre l’augmentation
du taux de mortalité, les organismes marins peuvent
subir une réduction des taux de croissance et de
reproduction.

Le déclin est beaucoup plus prononcé pour les espèces


qui sont au sommet de la chaîne alimentaire que pour
celles qui sont à sa base. Une règle mathématique
immuable distribue pourtant la vie océanique, des
bactéries aux baleines, selon laquelle toutes les tranches
de taille ont la même biomasse* : à titre d’exemple, le
krill est un milliard de fois plus petit que le thon, mais un
milliard de fois plus abondant147.

Cette harmonie naturelle s’est donc brisée alors que la


biomasse* des organismes (poissons et mammifères) de
plus de 10 grammes s’est réduite d’environ 60% depuis
1800. Celle des organismes de taille plus importante
semble avoir connu une réduction de près de 90%
depuis 1800. Parallèlement, la biomasse* des bactéries
a considérablement augmenté148 alors que les stocks
planctoniques s’effondrent localement (comme en
Atlantique nord en réponse au ralentissement du courant
vertical de la circulation méridienne de renversement
atlantique*).

• Un déplacement général des espèces est en cours.


Pour échapper à l’élévation des températures et à la
raréfaction de l’oxygène disponible, les espèces marines
mobiles migrent vers les eaux plus froides où elles
entrent en compétition avec les espèces locales149, 150,
151
.

51
Il est observé ainsi une extension des aires géographiques
vers le Nord mais aussi, dans l’Atlantique tropical, ainsi
qu’une compression de l’habitat des grands poissons
pélagiques (thons, marlins) et de leurs proies (petits
poissons pélagiques) sous l’effet de l’expansion des zones
d’Oxygène minimum152.

Ce déplacement contribue à briser les liens systémiques,


qui constituent un écosystème : les espèces mobiles s’en
vont, les espèces sédentaires se dégradent ou meurent,
les espèces fouisseuses, qui oxygènent et mélangent les
sédiments, restent plus près de la surface, contribuant à la
dégradation des sols.

Ainsi, les conséquences de cette altération globale de


l’océanosphère* impactent non seulement la situation géo-
physico-chimique du milieu et des fonds marins (sols et sous-
sols) mais toute la biosphère* marine, côtière et hauturière,
tout le long de la colonne d’eau*.

Evolution et game changers

D’ici la fin de ce siècle, il est donc vraisemblable


que beaucoup d’écosystèmes marins soient composés
d’espèces différentes et probablement moins nombreuses
qu’aujourd’hui153. La Méditerranée en est un exemple
éloquent. Y ont été constatés des changements rapides
importants dans les écosystèmes peu profonds en lien,
notamment, avec la disparition de nombreuses espèces et
l’installation de nouvelles154.

Cette évolution touchera les zones les plus vulnérables


à l’acidification et à l’hypoxie* comme les régions côtières
avec apports d’eau douce ou les zones d’upwelling*155 ainsi
que les régions soumises aux vagues de chaleur océaniques*
(la hausse des températures étant le principal facteur de
stress des espèces marines).

52
A terme, il est possible que les nouvelles conditions
environnementales du milieu océanique favorisent une
nouvelle composition de la biosphère* marine :

• Une extinction des organismes calcificateurs, qui


n’arrivent plus à mener à bien la calcification et un
développement de ceux capables de s’adapter. Tel est le
cas pour le coccolithophore ‘’Emiliania huxleyi’’*, qui ne
montre aucune difficulté à se développer dans un milieu
riche en CO2. Bien au contraire, il forme des plaques
calcaires de plus en plus grosses au fur et à mesure que
les teneurs en CO2 augmentent156.

• Un déséquilibre de la répartition de la biomasse* se


traduisant par la raréfaction des espèces de niveau
trophique supérieur (grands animaux) et l’accroissement
des espèces de niveau inférieur (micro-organismes,
algues).

• Une prolifération des espèces tolérantes à l’hypoxie*,


comme le calmar de Humboldt et à l’eutrophisation*,
comme les méduses.

• Une toxicité amplifiée par l’addition des impacts des


rejets d’origine anthropique et de ceux des biotoxines,
qui constituera un risque aussi bien pour les organismes
marins que pour la santé humaine.

Les game changers, susceptibles de changer cette


évolution programmée, sont principalement de deux ordres:

• Les facteurs aggravants susceptibles d’accélérer


l’évolution de manière telle que les espèces ne puissent
s’y adapter : hausse de la concentration de CO2 dans
l’atmosphère* pouvant conduire à une extinction de
masse dans les océans157, multiplication des canicules
océaniques (des vagues d’eau brûlante semblables, à
des incendies)158, 100, 159, perturbation des grands fonds,
proliférations anormales d’espèces toxiques ou invasives.

53
• Les facteurs de résilience, qui permettent à des espèces de
restaurer leur population ou au moins d’avoir le temps de
s’adapter. C’est le cas du thon, par exemple, dont 4 espèces
parmi les 7 les plus pêchées commencent à se développer,
après une décennie de quotas de pêche durable (liste
rouge de l’Union internationale pour la conservation de
la nature160 ). De même, en Afrique du Sud, les essaims
de méduses ont disparu. Des cercles vertueux naturels
s’observent aussi comme lors de la réintroduction de la
loutre de mer qui s’attaque à l’oursin, destructeur des
forêts de kelp, ou avec le retour des baleines à fanons qui
restaurent le cycle du fer, profitable au krill…

Les changements de la biodiversité* mis en évidence


par les récentes avancées scientifiques sur le sujet se
traduiront par une réorganisation globale des espèces et
des communautés dans l’océan. Celles-ci bouleverseront
nécessairement les services écosystémiques que l’océan rend
à l’humanité, de manière bénéfique ou dommageable109.

XX L’enjeu désormais est de suffisamment ralentir le rythme


de cette évolution, pour qu’il ne soit pas supérieur aux
capacités d’adaptation de la biosphère.

54
Conclusion de la 1ère partie
Un risque existentiel pour l’humanité

L’océanosphère* est en train de changer, de manière


structurelle et durable. En termes d’évolution, elle se
transforme. En termes de services rendus, elle se dégrade.

Le problème de la rupture des équilibres naturels est


qu’il engendre très peu de situations à somme nulle : les
effets positifs d’un équilibre, lorsque celui-ci est perturbé,
non seulement disparaissent mais induisent de nouveaux
effets négatifs qui, à leur tour, aggravent la situation.

Lorsque certains facteurs critiques se cumulent


(réchauffement des eaux, altération du vivant, expansion
des zones à minimum d’oxygène, …), ils conduisent à des
situations irréversibles à l’échelle humaine, comme le
démontre l’état actuel de l’Arctique et de la Méditerranée,
mais, également, à un effet multiplicateur des menaces
(threat multiplier161, 162, 163). Or, sans les bons offices de
l’océan, l’humanité ne pourra pas survivre sur cette planète.

Deux enjeux urgents


Réfléchir avant d’agir est essentiel pour prendre de
vraies ‘’bonnes décisions’’, suffisamment efficaces pour
remédier à la situation actuelle et celle à moyen-long terme.
Néanmoins, l’urgence de l’état sanitaire de l’océan et son
impact sur l’humanité exigent des décisions et des mises en
œuvre rapides.

Pour que celles-ci soient efficaces, il est impératif


d’améliorer la connaissance de l’océanosphère*. Si ses
‘’pathogènes’’ sont de mieux en mieux connus depuis un
demi-siècle (réchauffement climatique d’origine anthropique,
surexploitation des ressources marines, pollution des
océans), la méconnaissance de leurs répercussions précises
(dynamique, rythme, ampleur, conséquences systémiques)
entretient une grande incertitude sur l’évolution des
mécanismes naturels de l’océanosphère*.

55
Aussi, deux enjeux apparaissent-ils prioritaires :

• La nécessité d’une approche systémique de l’océan, en


tant qu’océanosphère*, tant par les décideurs que par les
chercheurs :

33 La surutilisation d’un service d’origine écosystémique


(surpêche ou destruction des mangroves par
exemple) provoque à la fois un déséquilibre des
fonctions procurant ce service (approvisionnement,
régulation climatique, autoépuration…) et la
dégradation d’autres services connexes du fait de
l’interdépendance des composantes globales du
système océanique.
Nature’s dangerous
decline is unprecedented, 33 L’utilisation d’indicateurs verticaux, comme le
but it is not too late to Rendement équilibré maximal, ne permet pas de
act. Incremental change tenir compte des interactions écosystémiques et
will not be sufficient – tend à accélérer au lieu de freiner la surexploitation.
the science shows that
transformative change is D’où la nécessaire élaboration d’indicateurs plus
urgently needed to restore globaux, comme un indice de biodiversité marine par
and protect nature. exemple.

IPBES Report, 2019163 • L’urgence d’une collecte massive de données et de leur


traitement afin de permettre aux scientifiques d’améliorer
leurs modèles prédictifs. Les nouvelles technologies de
collecte (drones, capteurs) et de traitement des données
massives (data science) offrent aujourd’hui de puissants
leviers d’action. Ce qui nécessite aussi d’accélérer le
développement de nouveaux champs de recherche
comme l’étude approfondie de la biodiversité marine.

56
A retenir
Comprendre

L’océanosphère est une composante de la planète


Terre, qui reste mal connue et que l’humanité doit à
la fois explorer et respecter pour contribuer à son bon
fonctionnement.

Moins de 20% de l’océan planétaire serait cartographié,


90% de ses profondeurs seraient inexplorées et, si
environ 240.000 espèces connues ont été répertoriées,
de 2 millions y resteraient à découvrir164.

La ‘’biosphère profonde’’ forme le plus grand


écosystème unique de la planète et le plus mal connu.
Les bactéries et archées des fonds marins constituent
près d’un tiers de la biomasse planétaire totale.

Anticiper

Depuis plus d’un siècle, l’océan se dégrade. Ce rythme


s’est accéléré de manière exponentielle au cours des
cinquante dernières années.

Les eaux océaniques se réchauffent, s’acidifient et


s’appauvrissent en oxygène ; des écosystèmes entiers
ont déjà disparu. Le changement climatique altère
gravement le vivant dont la situation empire sous
l’effet de la pression anthropique.

Des mécanismes irréversibles sont à l’œuvre, annonçant


de nouvelles conditions environnementales.

Mais l’océan est un univers hautement résilient. Une


meilleure compréhension de son fonctionnement et
une volonté ferme de respecter ses équilibres naturels
lui seraient d’une aide précieuse.

57
Partie II
Les enjeux de l’interface Terre-Mer

C’est un fait avéré : partout sur la planète, l’océan


se dégrade. Les scientifiques s’accordent désormais sur
l’origine anthropique de ce déséquilibre massif. Outre les
phénomènes naturels détaillés dans la partie précédente,
les activités humaines contribuent très directement à cette
situation.

Or le système complexe de l’océanosphère* ne s’arrête


pas à quelques mètres des côtes, mais plutôt à la limite entre
le ‘’Shoreface’’ *, partie proximale de la plateforme et la zone
intertidale*. A l’instar de son interface* avec l’atmosphère*
à l’origine du climat, il possède une interface* avec la terre
qu’il influence considérablement : le littoral.

En retour, les activités humaines installées sur cet


espace impactent l’océan et plus précisément la mer,
cette étendue océanique bordant les côtes. Ainsi voit-
on se dessiner un double mouvement d’influence : de la
mer vers la terre (services écosystémiques, phénomènes
météorologiques marins, …) et de la terre vers la mer
(activités humaines).

Comprendre la nature de cette interface* (chapitre 1),


dans ce qu’elle a de structurel aussi bien que de conjoncturel,
permet de pouvoir anticiper la double altération encore
à venir : celle de l’océan comme celle des activités et des
habitats humains.

59
Car une complexe interaction se joue sur le littoral :

• entre deux composantes naturelles distinctes :


l’océanosphère*, d’une part et le reste de la planète d’autre
part (lithosphère*, biosphère*, hydro et cryosphère* et
atmosphère*);

• entre un milieu naturel et une civilisation humaine, sujette


à une attraction ambivalente,

• entre les différentes composantes de l’humanité : océan-


‘’jonction’’, océan-frontière, espace relationnel aussi bien
géopolitique qu’économique.

Or, c’est de la capacité des êtres humains à anticiper les


évolutions de cette interface* et à résoudre les problématiques
qui y sont liées que dépendra la survie de l’océan et, par voie
de conséquence, celle de l’espèce humaine sur cette planète
(chapitre 2).

Les évolutions en cours (pollution, surexploitation,


aménagement) et les grands projets prévus ou en
développement (méga-ports, exploitation sous-marine,
industrialisation de la mer) laissent, en effet, présager des
impacts de la Terre sur la Mer de plus en plus néfastes.

60
Réciproquement, le dérèglement climatique et les
perturbations océaniques annoncent des conséquences
majeures sur les communautés humaines, tant en termes
de moyens d’existence que de conditions de vie.

Premières victimes de ces changements, les espaces


îliens méritent, à cet égard, une attention particulière.

61
62
Chapitre 1 : Comprendre l’interface Terre-
Mer
Dans la première partie, n’ont été traitées que les
dérèglements d’origine naturelle, qui affectent aujourd’hui
l’océanosphère*.

Mais les activités humaines contribuent à cette


situation beaucoup plus directement qu’à travers le
réchauffement climatique ou l’eutrophisation*: la pollution
physique, chimique*, biologique, sonore* et lumineuse*,
la surexploitation de certains services écosystémiques
(surpêche, coraux), la destruction des habitats et des
écosystèmes… contribuent tout aussi directement à la
dégradation de l’océanosphère*.

Aussi, les leviers de changement sont-ils moins à


chercher dans la Nature elle-même, dont les temps sont plus
longs (sans pour autant négliger les phénomènes naturels,
qui peuvent être instantanés), que dans la relation de
l’Humain à l’océan au cours de cette ère de toute puissance
de l’homme sur la Nature qu’est l’Anthropocène*.

Une interface physique et culturelle


L’interface* entre l’océan mondial et la terre (masses
continentales) couvre une superficie incalculée à ce jour2. A
l’échelle humaine, c’est une portion relativement petite de
cette interface*, qui révèle l’intrication physique et humaine
entre l’océan et les espaces de peuplement humain : le
littoral* (plus ou moins 1,6 million de kilomètre à l’échelle
mondiale165).

La notion de littoral
Le littoral est une interface* entre la terre et la
mer. Sa limite côté mer est usuellement celle de l’estran*
(zone intertidale*). Côté terre en revanche, la délimitation
est variable selon les disciplines (droit, géographie,
géomorphologie, …).

63
Dans la logique de la notion de services
écosystémiques, utilisée jusqu’à présent, le littoral peut
être défini comme un écotone166*. Cette approche est
d’autant plus intéressante qu’elle reflète, d’une part, l’aspect
mouvant (dans le temps et dans l’espace) de cette frontière
et, d’autre part, sa grande valeur écologique fortement
sensible à l’influence anthropique et qu’il est essentiel de
protéger (mangroves et marais salants, par exemple).

La nature géomorphologique* de cette interface*


entre la mer et la terre conditionne souvent le degré
d’ouverture de la terre à la mer : des côtes d’accès difficile
(rochers, falaises, …) aux côtes aisément accessibles (plages,
marais, côtes à couvert végétal).

Deux autres situations méritent une attention


particulière. La première est l’environnement sédimentaire
- caractérisé par trois composantes, à savoir : la masse
d’eau, les ressources vivantes et les ressources non vivantes
- entre la terre et la mer : les baies, les deltas, les estuaires,
les lagunes, … ces lieux où se mélangent les eaux douces et
salées, aux écosystèmes aussi remarquables que vulnérables.
La seconde est la proportion entre cette interface* et la
masse terrestre, qui caractérise une île.

Certes, toute superficie de terre ceinte d’un littoral


est une île167, 168,169 y compris les continents. Toutefois, les
petites îles océanes se distinguent lorsque :

• l’indice côtier (littoral rapporté à la superficie émergée) est


élevé, ce qui témoigne du degré des influences marines
directes, qui s’exercent sur l’île (atolls par exemple),

• l’indice d’isolement est élevé, indiquant leur éloignement


de toute autre terre (‘’effet isola’’),

64
• l’indice d’endémisme est faible, caractéristique d’une
insularisation écologique (cf. Rapa-Nui),

• l’altitude est faible (niveau de la mer).

La particularité de telles îles est leur extrême vulnérabilité


face aux conditions climatiques et océaniques. L’impact de
l’interface* terre-mer y est tel que l’on ne peut traiter ces
espaces comme des micro-continents : ils constituent des
systèmes environnementaux à part, fortement différenciés
des modèles iliens plus vastes, au potentiel de résilience
plus élevé (Madagascar, Sumatra, ...). Toutefois, étant donné
les enjeux correspondants, toutes les interfaces terre-mer
méritent d’être considérées.

Cette spécificité ilienne justifie qu’elle soit prise en


considération comme l’un des enjeux humains et économiques
de l’avenir de l’océan.

L’humain et la mer

Pendant plus de 3 milliards d’années, seul l’océan


a pu abriter la vie à la surface de la planète. Ce n’est que
progressivement – et tardivement à l’échelle de l’évolution
– que celle-ci en est sortie pour coloniser la terre ferme.
Cependant, ne faisant pas l’unanimité, cette hypothèse
n’écarte en rien la possibilité que la vie ait existé, également,
sur le continent mais qu’elle n’ait pas été fossilisée.

L’être humain a conservé un rapport particulier à


l’eau : non seulement parce que son corps en est composé
entre 60% et 65% ou parce les 9 mois de sa conception se
déroulent dans un milieu aqueux, mais aussi parce que l’eau
est nécessaire à sa survie (hydratation), à sa qualité de vie
(hygiène), à la grande majorité de ses activités (agriculture,
industrie, habitats, ...) et à sa santé globale (ions positifs, blue
space171 ). Ce lien étroit est à l’origine de trois grandes étapes
dans le développement de la relation de l’humain à la mer.

65
• Le thalassotropisme est aussi ancien que l’histoire de
l’humanité. Depuis plus d’un million d’années, des êtres
humains ont volontairement peuplé les littoraux. Cette
attirance pour l’océan – lieu primordial de nombre
de cosmogonies – s’est exprimée dans les mythes
fondamentaux de l’humanité, de Noun, l’océan primordial
des Egyptiens à Tiamat, l’eau salée mésopotamienne, du
Déluge quasi-universel au Léviathan, dotant coquillages
ou poissons d’attributs mythiques (Aztèques) ou
symboliques (chrétienté), voire monétaires (Chine).

Des cultures originales sont nées de cette attraction.


Certaines sont, aujourd’hui, en voie de disparition,
comme les Moken (Birmanie), les Vézos (Madagascar),
les Tofins (Bénin), les Vahocas (Mozambique). D’autres
ont réussi à se conserver, comme les Inuits et d’autres
enfin à se moderniser sans perdre cette spécificité,
comme les Scandinaves. Toutes ont marqué l’histoire des
civilisations maritimes 172, 173.

• L’haliotropisme* caractérise la seconde phase de ce


développement, qui commence avec la maîtrise de la
navigation en haute mer et l’expansion du commerce
maritime174 (Chine, Portugal, Espagne, Pays-Bas,
Angleterre).

A la conquête des mers s’assortie un sursaut


mythologique, qui entretient une inquiétude irrationnelle
face à l’océan (Kraken, baleine tueuse, êtres malfaisants
tapis dans les profondeurs (Cthulhu)). Au 19ème siècle,
l’avènement de la marine à vapeur consacre l’hégémonie
maritime britannique et donne le véritable coup d’envoi
de la maritimisation*, prélude à l’industrialisation de
l’océan, qui s’annonce au 21ème siècle (cf. section suivante).
L’océan perd peu à peu son aspect périlleux.

66
• L’héliotropisme*, attrait pour les lieux ensoleillés, s’est
conjugué au thalassotropisme, en Méditerranée, dès
l’Antiquité, comme en témoignent les villes balnéaires de
l’époque (Baiae, Barcola, l’île de Mersea…). Mais il a fallu
attendre le 18ème siècle en Angleterre pour voir apparaître
les premières vraies stations balnéaires, alors dédiées
aux élites urbaines. Ce n’est qu’au 20ème siècle – une
fois les anciens mythes oubliés – que s’est démocratisé
l’accès à ‘’la plage’’, suscitant des déplacements massifs
de populations et des programmes immobiliers de grande
ampleur, qui ont changé la physionomie des littoraux
dans le monde entier, avec l’essor du tourisme balnéaire,
tandis que s’est développée une véritable reconnaissance
de la signification culturelle et sociale de l’océan (blue
humanities).175, 176, 177, 178

La succession de ces différentes périodes montre


que la relation de l’être humain à la mer n’a pas été linéaire.
Que ce soit parce l’océan demeurait un écho de la punition
divine (déluge) ou un lieu dangereux qu’il fallait fuir (culte
panafricain de Mami Wata), il a longtemps suscité l’hostilité.
C’est pourquoi le 19ème et le 20ème siècle constituent un
tournant historique dans ces relations : l’océan redevient
progressivement une source de bien-être et d’éveil spirituel,
une échappatoire à la pression de l’industrialisation et du
développement urbain, en même temps qu’émergent le
concept et la pratique des loisirs179.

Parallèlement, s’est développée la notion de


seasideness180 : le fait de vivre en bord de mer confère une
typicité locale (genius loci) qui, désormais, suscite aussi
l’intérêt des historiens, ethnologues et archéologues, tant
sous l’eau que le long des littoraux.

67
La littoralisation

Conséquence directe de l’évolution de cette relation


entre les êtres humains et l’océan, la littoralisation*
(artificialisation des littoraux) a connu un essor exponentiel
depuis la seconde moitié du 20ème siècle, à l’échelle
mondiale. Elle se manifeste sous trois aspects différents
bien que corrélés:

• Une affluence de populations, pérenne ou saisonnière :


en 2000, plus de 600 millions de personnes vivaient sur
le littoral à moins de 10 mètres au-dessus du niveau de la
mer (soit 10 % de la population mondiale) et 2,5 milliards
de personnes vivaient à moins de 100 kilomètres d’une
côte (soit 40% de la population mondiale)181.

• Une urbanisation accélérée le long des 1,6 million de


kilomètre de côtes, pour héberger les populations
permanentes et temporaires : l’aménagement, qui en
résulte impacte généralement très négativement les
écosystèmes locaux : rupture des corridors écologiques,
pression sur les zones à risque (falaises par exemple),
bouleversement des équilibres écosystémiques, rejet
massif de déchets (pollution) et ponction non soutenable
des ressources hydriques.

• La création et le développement continu, d’une


part, de zones industrialo-portuaires (grands ports
maritimes, chantiers navals, aires logistiques, usines de
transformation, ...) et des infrastructures de transport
correspondantes, à la fois maritimes et terrestres et,
d’autre part, de zones touristiques dédiées (villages de
vacances, parcs aquatiques, complexes hôteliers, ...).
De ce fait, sur les 260 millions de personnes au travail
directement lié à la mer182, la majeure partie ne sont
déjà plus des gens de mer* (écotourisme, économie
résidentielle, services publics, ...).

68
De manière paradoxale, ni les dégradations causées
par ce développement massif (bétonisation des côtes,
surpopulation saisonnière, cherté de la vie), ni l’accroissement
des menaces (montée du niveau de la mer, événements
climatiques extrêmes) ne semblent ralentir cette tendance
exponentielle au peuplement littoral.
Chaque année, 9 milliards de
tonnes de marchandises sont
transportées par environ 90 000 Une interface socio-économique
navires. Les navires sont de plus
en plus grands et les capacités
de chargement titanesques. Ainsi, l’interface* physique et culturelle entre la terre
L’industrie du transport maritime
est présente dans 170 pays et la mer a-t-elle perdu sa prédominance en faveur d’une
et est une source d’emplois interface* socio-économique. Celle-ci dessine les contours
pour plus de 1,65 million de
marins et membres d’équipage: de trois espaces distincts mais interconnectés, relatifs à la
c’est la première industrie mobilité, à l’économie et à la connaissance.
internationale.

L’Atlas de l’océan, publié par Un espace de mobilité


la Heinrich-Böll-Stiftung
Schleswig-Holstein, la Heinrich-
Böll-Stiftung, et le Cluster L’être humain a très tôt compris que la surface de
d’excellence Future Ocean de
l’Université de Kiel, 2018 l’océan pouvait lui permettre de relier un point à un autre,
grâce à la navigation.

Le transport maritime des personnes sert quatre


objectifs différents :

• Un objectif de migration. Dans un premier temps, il a


permis de se déplacer toujours plus loin en longeant les
côtes, d’où la dispersion des premiers peuplements dès
le Paléolithique (50 à 70 000 ans), puis en traversant de
grands espaces marins, d’où le peuplement de l’Océanie à
partir de 1500 avant notre ère, par exemple. Aujourd’hui
encore, à l’heure de flux migratoires croissants et plus
complexes, la migration ‘’désordonnée’’ et ‘’irrégulière’’
passe majoritairement par la mer183, 184.

69
• Un objectif de déplacement à longue distance, aller et
retour. Dès l’Antiquité, les premiers transports réguliers
longue-distance voient le jour (900 lignes maritimes
dans l’Empire romain). Après avoir donné naissance aux
fameuses ‘’villes flottantes*’’ dès la fin du 19ème siècle,
les paquebots de ligne long-courriers vont disparaitre
au cours de la 2ème moitié du 20ème siècle, supplantés par
l’aviation (fin des années 1960).

• Un objectif de loisir, avec l’invention de la croisière en


1844, reliant Londres au Caire. Les voyages maritimes de
plaisance n’ont, dès lors, eu de cesse de se développer,
dans tous les formats (voiliers, paquebots, bateaux-
mouches, ...).

• Un objectif de déplacement de très courte distance.


Bateaux-bus, bacs, ferries, bateaux à grande vitesse
(hydrofoils, aéroglisseurs) permettent de traverser une
baie, un détroit, un estuaire, de manière régulière.

En Occident, le transport maritime de marchandises


s’est organisé dès le 9ème siècle avant l’ère commune, sous
l’influence des Phéniciens, qui ont développé des lignes
commerciales et des comptoirs sur tout le pourtour de la
Méditerranée, suivis plus tard par les Carthaginois et les
Romains. C’est pour protéger ce commerce des pirates et
pour étendre leurs territoires respectifs que ces nations
développèrent une flotte militaire, alors bien moins
importante que leur marine marchande.

La création et l’aménagement des ports ne cesseront


plus, assurant un commerce maritime florissant à la civilisation
méditerranéenne, dominé par Venise, jusqu’au 15ème siècle.
La mondialisation des échanges s’est accélérée à ce moment-
là, en Occident, avec la découverte de l’Amérique (1492) et la
domination ibérique des mers et, en Orient, avec la nouvelle
grande flotte chinoise Ming (1403) de l’amiral Zheng He,
dotée des meilleures technologies navales de l’époque Song,
qui accomplit sept grandes traversées vers les mondes indien,
musulman et de l’Afrique de l’Est. La mondialisation maritime
continuera de se développer depuis lors.

70
En 2021, la flotte marchande mondiale comptait
entre 74.500 et 100.000 navires et transportait 9 milliards
de tonnes de marchandises, acheminant 90% du commerce
mondial. Cette flotte devrait augmenter de 6,4% d’ici 2025,
les méthaniers et les paquebots connaissant la plus forte
croissance 185.

Transport de personnes ou de biens, la navigation


maritime est ainsi passée très tôt d’une activité de mobilité
(exploration, voyage, sport) à une activité économique à part
entière186, reposant sur une population spécifique : ‘’les gens
de mer*’’187.

Elle a été soutenue par le développement de


compétences de plus en plus techniques, de la construction
des bateaux à l’assurance de leur cargaison, du métier de
navigateur à celui d’armateur, du chargement à main nue aux
opérateurs de porte-conteneurs…

Autour d’elle, un vaste secteur d’activités


d’accompagnement s’est mis en place : accastillage,
compagnies maritimes, signalisation côtière (phares,
sémaphores), signalisation en mer et équipements de
communication (poste radio), services de météorologie
marine, secours en mer, ...

L’augmentation continue du nombre de passagers et


du volume des échanges commerciaux devrait continuer de
bénéficier à la navigation maritime, moins émettrice de CO2
que l’aviation ou les transports terrestres.

Un espace économique

Le second espace caractéristique de la fonction


socio-économique de l’interface* terre-mer reflète bien
l’anthropisation du littoral et des échanges terre-mer. Il
comprend l’ensemble des activités économiques que cette
interface* génère.

71
Celles-ci opèrent généralement simultanément dans
deux milieux distincts :

• la mer, à la fois surface de transport, privilégiée du


commerce mondial et des activités de plaisance et
réservoir de ressources (pêche, exploitation minière, ...),

• le littoral terrestre, base de vie (villes), de déploiement de


ces activités vers la mer (ports) et de transfert de/vers la
terre (arrière-pays* et ses équipements: infrastructures
de communication, approvisionnements).

Les activités économiques peuvent être réparties


en cinq grandes catégories d’importance majeure pour
l’économie de la mer*.

• Les activités relatives à la pêche maritime et à


l’aquaculture* des espèces marines distinguent le
prélèvement des stocks sauvages (pêche côtière et
hauturière, le ramassage des coquillages et autres
organismes marins) de l’élevage des espèces marines
(animaux et algues) en milieu naturel ou artificiel.

Il est à noter que la pêche maritime fournit en moyenne


87,2% de la production totale des pêches (2020), une
tendance mondiale stable sur le moyen-long terme (selon
la Organisation des Nations Unies pour l’alimentation
et l’agriculture). En ce qui concerne exclusivement
les animaux marins, l’aquaculture* fournit 49% de la
production totale (2020). Enfin, la flotte mondiale était la
même année d’environ 4,1 millions de navires de pêche,
dont 38% de navires non-motorisés188.
• Les industries navale et nautique font appel à des métiers
semblables mais fabriquent des bateaux très différents.

33 L’industrie navale189 regroupe l’ensemble des


activités, qui participent à la conception, à la
construction, à l’équipement, à la réparation, à la
maintenance et au démantèlement de navires et
de structures flottantes (plateformes offshores* par
exemple).

72
Elle produit des structures sophistiquées, de taille
importante (>24 mètres) mais en petites quantités,
pour le commerce, le transport, la défense, ... Depuis
la 2ème guerre mondiale, les pays asiatiques (le
Japon, la Chine et la Corée du Sud) ont détrôné les
pays occidentaux, qui dominaient historiquement
ce secteur. A titre illustratif, la Chine a représenté
44,2% de la construction navale en 2021, suivie de
la Corée du Sud avec 32,39% et du Japon, 17,65%.

Parallèlement, la filière navale et nautique s’est


diversifiée avec le développement d’autres
industries : équipements de haute technologie,
structures, équipements et services pour les
énergies marines, drones de surface ou sous-marins,
systèmes de cybersécurité…

33 L’industrie nautique représente une fraction du


secteur plus large du nautisme, qui regroupe les
activités sportives pratiquées sur ou sous l’eau, de
la navigation de plaisance aux sports nautiques.

Elle construit de petits bateaux en très grande


quantité pour la plaisance, les répare, les entretient,
les vend ou les loue. Sa croissance semble tirée par la
demande en multicoques depuis quelques années190,
malgré un marché mondial peu dynamique.

• Le domaine du loisir océanique connaît une croissance


continue, nourrie, notamment, par l’offre des régions
côtières et des îles : le tourisme représentait en moyenne,
en 2019, près de 12% du PIB des petits Etats insulaires
en développement *. A l’échelle mondiale, les voyages et
le tourisme constituent l’une des plus grandes industries
du monde (10% du PIB mondial et des emplois)191.

73
Trans-sectoriel, il regroupe les activités littorales et
insulaires liées :

33 au tourisme marin et côtier, axé sur le déplacement


et l’hébergement: hôtellerie, restauration, tour
operators, transports…

33 à la plaisance, fondée sur les sports nautiques :


plongée, navigation, glisse…

33 aux loisirs de bord de mer : activités locales


culturelles (musées, évènementiel), ludiques
(casinos, parcs aquatiques, ...) ou récréatives
(aquariums, parcs et plages, ...).

• L’aménagement maritime (partie littorale et zone


subtidale* ou shoreface*) est un vaste ensemble
économique dominé par le secteur de la construction et
des travaux publics : urbanisme, complexes industrialo-
portuaires (pêche, commerce), aménagements
touristiques spécifiques (ports de plaisance, villages
de vacances) et infrastructures associées (traitement
des déchets, réseaux hydrauliques et énergétiques,
communication, ...). Il s’étend aujourd’hui sur la mer, avec
les polders et la multiplication des îles artificielles192.

• Enfin, deux autres activités économiques spécifiques


méritent d’être mentionnées :

33 Depuis presque deux siècles, l’industrie du


câble sous-marin pose et entretient les câbles
sous-marins destinés aux communications ou
au transport de l’énergie électrique. En 2013,
environ 99% du trafic intercontinental, données et
téléphone, était transmis par câbles sous-marins193
dont le nombre a presque doublé entre 2010 et
2020. Les câbles électriques relient des îles au
continent proche, interconnectent des réseaux
électriques, alimentent les plateformes offshores*
ou acheminent l’électricité provenant des parcs
éoliens.

74
33 Depuis les années 1950, l’extraction pétrolière et
gazière des fonds marins n’a cessé de se développer:
l’exploitation offshore* représentait un tiers de la
production mondiale en hydrocarbures en 2019.
Dans la perspective d’une transition énergétique,
l’éolien offshore*, qui a émergé au début des
années 2000, est aujourd’hui concurrencé par
l’éolien flottant, qui réexploite les flotteurs et les
systèmes d’ancrage des plateformes pétrolières.
Le ralentissement du marché pétrolier pousse
désormais les exploitants des hydrocarbures à
investir dans l’éolien194, 195.

Ainsi, en 2015, l’ensemble des activités économiques


liées à la mer représentait environ 2.500 milliards de dollars,
soit 2,5 % de la valeur ajoutée brute mondiale – l’exploitation
des gisements d’hydrocarbures venant en tête (> 25% de
la valeur totale), suivie par le tourisme marin et côtier – et
31 millions d’emplois directs, dont un tiers dans la pêche
industrielle et un quart dans le tourisme marin et côtier196.

Pour exploiter au mieux ce potentiel de


développement socio-économique, l’océan est aussi devenu
L’océan unique et continu, un espace de connaissance.
entourant toutes les terres, […]
est de toute évidence la condition
géographique Un espace de connaissance
de l’unification finale.

Halford J.MACKINDER, L’étude de l’océanosphère* sous ses différentes


Géographe britannique, formes (géophysiques, biologiques, ...) permet de développer
considéré comme étant le père
fondateur de la géopolitique168
deux grands types de connaissances : celles qui relèvent de
la science fondamentale (avancement des connaissances)
et celles qui relèvent des sciences appliquées (recherche et
développement de nouvelles applications).

75
Compte-tenu du poids des activités économiques, il
est presque surprenant que la recherche & développement
ait mis autant de temps à s’intéresser au potentiel de
l’océanosphère*, notamment, dans le domaine médical : il
a fallu attendre 1960 pour qu’un centre de recherche en
biologie océanographique médicale voit le jour en France et
1995 pour que la biotechnologie marine soit mentionnée
dans un rapport du National Science Council (Etats-Unis).

Depuis lors, plusieurs pays ont considérablement


investi, avec l’appui de l’industrie pharmaceutique et
cosmétique, dans ce champ d’étude qui permet d’extraire
des substances biochimiques d’organismes marins à des
fins médicales. Toutefois, les pays d’Afrique subsaharienne
et ceux de la zone MENA* semblent rester à l’écart de ce
mouvement mondial.

Les biotechnologies bleues*197 sont, aujourd’hui,


en forte croissance (10% par an depuis 2010, un marché
mondial de 3,8 milliards d’euros en 2017) 198. Elles
investiguent le potentiel marin au profit d’une multitude
de domaines d’application au-delà de la sphère médicale:
agroalimentaire, aquaculture*, cosmétique, énergie,
protection et restauration de l’environnement marin…
La Norvège et la France sont les premiers fournisseurs
d’ingrédients marins au monde199.

L’industrie de l’information météorologique est


un autre exemple du développement de la recherche
& développement relative à l’océanosphère*, comme
en témoigne la transformation de Mercator Ocean*,
qui administre le Système Mercator, en une agence
intergouvernementale (février 2022), notamment, en
charge de construire un jumeau numérique de l’océan qui
devrait améliorer la connaissance et donc la prédictibilité
océanique.

76
Bien qu’il soit souvent difficile de tirer une stricte
ligne de démarcation entre la recherche fondamentale
et la recherche appliquée200, la recherche océanique* est
soudainement devenue beaucoup plus visible, depuis 2019,
grâce à l’impulsion donnée par la Décennie des Nations Unies
des sciences océaniques* au service du développement
durable (2021-2030).

De l’étude des virus marins à celle de la


bioluminescence* des organismes abyssaux, en passant
par la compréhension, la mesure, l’alerte, l’évaluation et le
management des affaires liées à l’océan, les 150 Etats-membres
de la Commission Océanographique Intergouvernementale
de l’UNESCO se sont mobilisés pour améliorer la recherche
océanique* grâce à leur coordination. Celle-ci permet de
mutualiser les programmes de recherche et de démultiplier
les efforts d’exploration de l’océan.

Ces travaux reposent sur d’importants organismes


scientifiques comme l’Institut français de recherche pour
l’exploitation de la mer*, l’Institut américain Scripps, ... et la
mobilisation de sponsors, publics et privés autour de grands
événements mondiaux internationaux comme le World
Ocean Summit and Expo (mis en place par the World Ocean
Initiative), One Ocean Summit (organisé par le One Planet
Summit), UN Ocean Conference (Nations Unies), ...

Une double perspective explique sans doute


ce mouvement massif en faveur de l’amélioration des
connaissances relatives à l’océanosphère* : d’une part, la prise
de conscience que l’océan est au cœur de la soutenabilité
socio-économique (Objectifs de développement durable*),
du changement climatique* (Accord de Paris) et des risques,
qui menacent l’humanité (Sendai Framework) et, d’autre part,
les 3 trillions de dollars que pourrait peser l’économie de la
mer* en 2030201.

77
Une interface géostratégique
Les ports sont traditionnellement les clés de l’accès
à la mer. Centres névralgiques des façades maritimes, leur
importance est le reflet de la maritimisation* croissante
des activités, c’est-à-dire de l’accroissement des échanges
internationaux par voie maritime, qui s’accélère depuis les
années 1970. Celle-ci est alimentée par quatre phénomènes
concomitants:

• La mondialisation et, plus spécifiquement, la


‘’maritimondialisation*’’203 : 90% du commerce
mondial est acheminé sur l’océan planétaire (71% de
la superficie du globe), qui relie les espaces littoralisés
en une ‘’économie-monde’’204. ‘’Les échanges maritimes
internationaux se sont développés à un niveau tel
(de 2,6 milliards de tonnes en 1970 à 10,7 milliards
de tonnes en 2017)205 qu’ils ne peuvent plus être
interrompus sans entraîner de dommages vitaux. […]
Cette interdépendance maritime assumée est devenue
pour tous un enjeu vital, une réalité stratégique, une
source de régulation des tensions de la planète.’’206

• La technologie : les économies d’échelle et


l’automatisation ont permis de réduire le coût et la durée
du transport maritime. Ainsi, le gigantisme des navires,
l’organisation logistique du groupage/dégroupage et la
conteneurisation* en constituent les outils techniques
décisifs.

• La prise de conscience, relativement récente, post-


industrielle, que l’économie de la mer* peut constituer
un moteur puissant de développement et de création
d’emploi, appuyée sur une nouvelle appropriation
culturelle de la mer, la maritimité. Il est désormais
question de ‘’merritoire’’, un néologisme désignant
un territoire maritime, signe de son appropriation (cf.
l’Amazonie Bleue* du Brésil).

78
• Le sentiment, en lien avec la maritimité, d’une influence
pacificatrice de la mer : ‘’Dans le champ stratégique, la
maritimisation* implique des idées générales de bien
commun*, de patrimoine mondial à préserver, de nécessité
bénéfique de s’allier pour exploiter des richesses, partager
des ressources et des technologies.’’207

Trois facteurs géostratégiques ont façonné les relations


maritimes tissées depuis l’apparition de la navigation et la
création de cette interface* relationnelle : l’accès à la mer, le
contrôle des mers et l’insécurité en mer.

L’accès à la mer

L’accès à la mer a toujours été considéré comme


essentiel pour commercer, s’approvisionner ou encore
s’étendre (conquêtes). Mais il est inégalement réparti,
certains pays ne disposant pas de façade maritime ou l’ayant
perdue au cours de l’Histoire.

Si le développement de l’aviation a apaisé les


revendications d’accès à la mer au cours du demi-siècle
passé en désenclavant relativement ces pays, le nouvel
engouement pour l’économie maritime a relancé certaines
tensions, comme en Amérique du Sud où, en 2014, le Pérou a
réclamé et obtenu auprès de la Cour internationale de justice
son territoire maritime perdu lors de la guerre du Pacifique
(1879-1883), alors qu’en 2018, la même Cour refusait une
restitution identique à la Bolivie.

En l’absence, aujourd’hui, d’un droit ‘’à la mer’’ (bien


que la Convention de Montego Bay ait été signée par 168
pays, l’article 69 est en soi restrictif et fait l’objet de réserves
de la part de certains Etats207 ), cet accès est aujourd’hui le
fruit :

79
• d’un attribut géographique : le Canada dispose de
la plus grande longueur de côte au monde (202.080
kilomètres), suivi par la Norvège (84.022 kilomètres),
puis l’Indonésie (54.716 kilomètres), les Etats-Unis
n’arrivant qu’en 8ème position (22.450 kilomètres)208.

• d’un acquis colonial (possessions ultramarines) : la


France a constitué le 2ème plus grand espace maritime du
monde grâce à ses territoires d’outre-mer, qui ajoutent
12.600 kilomètres aux 5858 kilomètres du littoral
métropolitain209.

• ou de l’acquisition de ports à des fins économiques,


militaires ou stratégiques : cette stratégie du port
grabbing* peut prendre des formes aussi diverses que
la prise de contrôle du port de Berbera en Somalie par
la compagnie dubaïote DP World ou encore, les projets
de développement d’infrastructures portuaires par la
Chine dans le cadre des nouvelles routes de la soie *.

Au sein de cette maritimisation*, le transport maritime


est devenu l’un des agents essentiels de la réorganisation
des échanges. Générant des recettes de plus en plus
faibles, les acteurs maritimes complètent leur activité en
investissant dans la partie terrestre du hub portuaire :
transport routier ou ferroviaire, chaîne logistique globale
porte-à-porte, ...

Ainsi, l’accès à la mer des Etats se double-t-il désormais


d’un accès à la terre des acteurs maritime210, tout aussi
stratégique.

80
Le contrôle des mers
Conscients que la puissance économique et militaire
passe aussi par le contrôle des mers, des Etats se sont lancés
très tôt dans la compétition pour la maîtrise des mers,
puis pour l’élargissement des espaces maritimes sous leur
contrôle : de la thalassocratie minoenne (18ème siècle avant
l’ère commune) à l’expansion viking (8ème - 11ème siècle de
notre ère), des grandes explorations chinoises (15ème siècle)
Qui tient la mer tient le
commerce du monde ; qui tient le aux empires maritimes hispano-portugais (16ème – 18ème
commerce tient la richesse ; qui siècle) puis britannique (18ème -19ème siècle), jusqu’à la Navy
tient la richesse du monde tient
le monde lui-même. américaine (20ème siècle) … Mais le principe de liberté des
mers a favorisé une quasi-indivision de l’océan mondial
Histoire du monde,
jusqu’au milieu du 20ème siècle.
Walter Raleigh (1552-1618)

La volonté d’accaparement des ressources marines par


les Etats les a conduits, dès 1958, à une réduction progressive
de la haute mer – où s’applique le principe de liberté des
mers – sous l’égide du droit international. Cette évolution
traduit l’intensification de la compétition entre les Etats
voulant imposer un contrôle économique et/ou militaire.

• Droit international de la mer

D’origine coutumière et conventionnelle, le droit de la


mer –droit international public – régit les espaces océaniques,
à la différence du droit maritime (droit commercial, donc
privé) qui réglemente la navigation et le transport maritime.
Il organise à la fois le découpage de l’océan (et l’arbitrage des
contentieux ainsi soulevés) et la préservation de son unité
planétaire.

En effet, en un quart de siècle, la superficie de la
haute mer (eaux internationales) a été réduite d’un tiers
par l’extension des espaces juridiques existants (mer
territoriale) et la création de nouvelles emprises étatiques
(zone économique exclusive*, plateau continental, eaux
archipélagiques) issues de la Convention de Montego Bay.

81
Parallèlement, ce droit défend une absolue liberté
de navigation* dans les eaux internationales, un droit de
passage en transit dans les détroits et un droit de passage
inoffensif 211 dans les eaux territoriales que ce soit en temps
de paix ou de guerre, garantissant ainsi la circulation des
biens et des personnes. La zone juridique de la haute mer
représente aujourd’hui 64% de la surface de l’océan, soit
presque la moitié de la surface planétaire.

Il vise aussi la protection du patrimoine océanique:

33 ressources des fonds océaniques de la haute mer


déclarées ‘’patrimoine commun de l’humanité’’
(inappropriables par des Etats ou des personnes
morales),

33 protection d’aires marines par diverses conventions


internationales (aires marines protégées*,
prévention des pollutions, ...).

Le caractère d’universalité des différentes


conventions, qui encadrent les droits, les devoirs et les
coopérations des Etats vis-à-vis de l’océan, montre combien
la gestion des mers et de l’océan est une affaire mondiale,
que ce soit par conviction ou par crainte d’être lésé.

• Contrôle géoéconomique des mers

Le développement exponentiel de la
maritimondialisation* s’appuie sur :

33 l’exploitation des ressources offshore* (pêcheries,


éolien marin, hydrocarbures), d’où l’enjeu
géopolitique213 majeur des zones économiques
exclusives, nouveaux domaines maritimes,

82
33 la disponibilité permanente des passages
stratégiques (choke points*) : goulets d’étranglement
de la circulation maritime mondiale (parmi les 14
points d’étranglement recensé214, 215, 7 revêtent un
intérêt particulier : le détroit de Gibraltar, deuxième
point de passage au monde, ceux de Bab el-
Mendeb, d’Hormuz et le canal de Suez, qui ceignent
la Péninsule arabique, les détroits du Bosphore et
des Dardanelles en Turquie et le canal de Panama)
ou la possibilité de les contourner ou d’y projeter
sa puissance (Nouvelles Routes de la Soie, ou
les multiples installations militaires étrangères à
Djibouti, par exemple),

33 la diversification des routes maritimes, calculées


avec toujours plus de précision pour rationaliser
les coûts, mais qui doivent être renouvelées pour
diversifier les possibilités et répondre au défi de
la sécurité. La perspective du dégagement estival
permanent de nouvelles routes arctiques revêt une
importance cruciale : (réduction du trajet maritime
entre l’Asie de l’Est et l’Europe occidentale de
21.000 kilomètres (via le canal de Suez) à 12.800
kilomètres (via la route maritime du Nord),

33 la maîtrise des ports mondiaux, nœuds


essentiels dans les chaînes d’approvisionnement
internationales : tandis que la concentration des
flux maritimes en Asie impacte très directement les
plus grands ports mondiaux – dont 19 sur 25 sont
asiatiques (2020), Shanghai étant le plus grand port
du monde216 – deux tiers du commerce mondial
sont chargés ou déchargés dans les ports des pays
en développement (cf. chapitre suivant)217 : cette
situation explique la stratégie d’investissement
portuaire de la Chine tant en Europe, en Afrique
et en Asie ainsi que son intérêt croissant pour
l’Amérique latine218.

83
33 le développement de la coopération internationale,
qui permet à la fois de lutter contre l’insécurité
(piraterie*, pêche illégale, pillages, ...), d’assurer
la sécurité (accidents en mer) et de préserver les
ressources marines (biodiversité*).

Dans cette compétition économique et maritime,


la géoéconomie* est un levier majeur d’accès au statut de
puissance internationale, pour les pays en développement
ou de grande puissance mondiale (Chine, Russie, Inde). La
maîtrise des mers, appuyée sur une flotte importante et
un réseau portuaire efficace, est la clé de cette puissance,
comme le démontre la Chine en ce début du 21ème siècle.

• Contrôle militaire des mers

Dès l’Antiquité, des vaisseaux armés ont accompagné


les navires marchands pour les protéger. La constitution
des flottes de guerre et des infrastructures maritimes
correspondantes n’a pas tardé, que ce soit en Méditerranée
ou en Asie, impulsant ce qui sera une riche histoire navale
militaire de la ‘’mer des flottes victorieuses’’ du Calife
Almohade Yaâcoub Al Mansour219, 220, à la puissance navale
chinoise d’aujourd’hui.

Aujourd’hui, les Etats possédant les plus grandes


forces navales militaires du monde sont la Chine, la Russie,
les Etats-Unis, la Corée du Nord, ... Toutefois, ce classement
quantitatif des forces de surface et des forces sous-marines
ne rend pas compte de la qualité de l’équipement militaire à
bord, ni de la dynamique en cours.

84
Or, celle-ci montre des évolutions intéressantes :
si certaines flottes militaires nationales sont stables (en
volume) depuis 3 ans (Chine, Russie, Thaïlande, Corée du
Sud, Finlande, Maroc …), d’autres ont diminué légèrement
(Etats-Unis, Royaume-Uni, Colombie, …) ou significativement
(Corée du Nord, Iran, Egypte, Italie…) ou, au contraire, ont
augmenté légèrement (Indonésie, Inde, Turquie, Grèce,
Emirats arabes unis, …) ou fortement (Suède, Sri Lanka,
Koweït, Espagne, Chili, Nigeria, Viêt Nam, Liban…).

De 2020 à 2022, parmi les 50 premières flottes de


guerre du monde, 21 ont accru le nombre de leurs navires
(dont 3 l’ont plus que triplé : Suède, Sri Lanka, Koweït), 14
l’ont diminué et 15 sont restées stables221.

Parallèlement, le paysage stratégique naval est en


voie de recomposition depuis 2015 :

33 La Chine, première puissance navale aujourd’hui, se


démarque à la fois en quantité (777 navires devant
les 605 de la Russie en 2022) et en autonomie grâce
à son expertise en production de porte-avions, de
sous-marins et de missiles hypersoniques, mais aussi
par sa capacité à entraver le transit maritime dans
les principaux goulets d’étranglement ou à bloquer
l’accès à la mer de Chine méridionale (30% du
commerce mondial) en cas de conflit dans la région.
Elle a aussi innové avec la constitution, en 2015,
d’une milice maritime des forces armées populaires,
hybride, réunissant militaires et professionnels de la
pêche et de la navigation.

33 Parallèlement, la militarisation de l’Arctique par la


Russie préoccupe plusieurs Etats voisins ou désireux
d’emprunter éventuellement les nouvelles routes
maritimes polaires.

85
33 Aussi, depuis 2015, les Etats-Unis ont-ils
profondément repensé leur stratégie navale,
désormais fondée sur le concept de Distributed
Lethality (dispersion géographique des moyens
navals, opérations électromagnétiques).

Cette situation semble bien refléter l’état de tension


du monde post-Covid 19 dans lequel la mondialisation
ralentit, la régionalisation se renforce (cf. Partenariat
économique régional global*) et la volonté de sécuriser ses
approvisionnements (alimentaires, pharmaceutiques, en
matériaux stratégiques, ...) se manifeste.

L’océan Indien, objet de grandes manœuvres géo-


économiques autant que géopolitiques de diverses
puissances, résume bien cette tension à l’échelle maritime222
et constitue un indicateur avancé à surveiller.

Sur le plus long terme, la course aux armements de


haute technologie ouvre l’océan physique à la dimension
virtuelle (internet des objets*, bombes électromagnétiques*
...), démultipliant ainsi sa capacité de fracture relationnelle.

L’insécurité en mer

À la fois parce qu’il est impossible de contrôler un


territoire aussi vaste et parce que sa traversée est nécessaire
à la majeure partie des échanges – de personnes comme
de biens – l’océan est le théâtre d’actions ou d’accidents
altérant la sûreté (actions illégales) et la sécurité (accidents)
en mer.

86
L’insécurité en mer relève de cinq causes principales,
de natures différentes :

• La pêche illégale, non déclarée ou non réglementée* viole


les droits des Etats côtiers et la législation internationale,
mais surtout met en péril la biodiversité marine
(conservation et protection) et, à terme, les subsides
qu’il sera possible d’en tirer pour les populations locales.
Bien que la question des pavillons de complaisance soit
au cœur du problème, les Etats adhérents aux diverses
conventions internationales sur la pêche sont aussi
fautifs, même en moindre mesure.

La pêche illégale prolifère du fait de l‘augmentation de la


consommation de produits de la mer au niveau mondial
et de la compétition économique qui en découle. Elle est
facilitée par le faible contrôle des marchés de distribution
(quasi-absence de traçabilité), par une difficile surveillance
des zones de pêche et par la faible efficacité des efforts
entrepris par les Etats pour éradiquer le phénomène223.
En Asie, la région comptant
le nombre le plus élevé
• La piraterie* (eaux internationales) et les vols à main
d’incidents annuels, 5% de armée en mer (eaux territoriales), bien qu’en baisse depuis
ceux-ci concernent des actes de
piraterie, 95% étant des vols à
quelques années, du fait, notamment, de la sécurisation
main armée contre des navires. du Golfe d’Aden, connaissent toutefois une sophistication
Rapport annuel 2018 du
croissante, les pirates s’adaptant aux contraintes que leur
ReCAAP ISC : imposent les efforts nationaux et internationaux de lutte
Piracy and armed robbery
agains ships in Asia
contre ce phénomène. En 2021, 132 attaques ont été
enregistrées dans le monde, concentrées, principalement,
en Asie du Sud-Est (42%) et dans le Golfe de Guinée
(28%)224.

La piraterie* est soutenue par les vastes réseaux


transnationaux du crime organisé (mafias, groupes
terroristes ou séparatistes, …) et alimentée à la fois par
la croissance des échanges maritimes, la paupérisation
des populations côtières, consécutive à la raréfaction
des ressources halieutiques* et, plus récemment, par le
développement du terrorisme (Afrique) et du vol massif
de carburant (pétrole brut, énergie liquéfiée) à bord des
navires, plateformes et pipelines.

87
• Le transport maritime de marchandises illégales
(drogues, animaux sauvages, bois, œuvres d’art, armes,
contrefaçons, ...) suit la triple courbe ascendante du
commerce maritime dont il emprunte les navires et les
routes commerciales, du crime organisé transfrontalier
et de l’explosion de la consommation mondiale de ces
produits illégaux (des opioïdes à l’ivoire). Ainsi, 33 %
du nombre total d’armes à feu saisies par les douanes
proviennent des navires interceptés225 tandis que plus
de 90% du commerce illégal d’espèces sauvages – l’un
des plus grands commerces illégaux au monde – passe
par la voie maritime226.

• Le transport illégal de personnes désigne ici le trafic


de migrants (migrant smuggling) particulièrement
lucratif. L’accroissement des inégalités économiques
(en termes de revenus, de liberté d’entreprendre) et
sociales (développement humain, droits humains) ainsi
que l’apparition de menaces graves à la sécurité des
personnes (conflits, catastrophes naturelles) poussent
des personnes en situation précaire, économiquement
ou humainement, à migrer hors de leur région d’origine.

Le renforcement des restrictions d’accès aux pays


d’accueil explique leur recours aux réseaux de trafic
de migrants227. De la traversée de la Méditerranée ou
de l’Atlantique en cargo à la traversée de la Manche
en bateau pneumatique, les réseaux de passeurs
relèvent du crime organisé et de la polycriminalité (faux
documents, traite et exploitation d’humains, traite
d’organes, passage de drogue, ...).

• Enfin, l’insécurité en mer n’est pas seulement le fruit


de la malveillance, elle peut aussi s’avérer accidentelle.
C’est le cas des naufrages et des dégâts en mer, causés
par les tempêtes ou par une collision entre deux navires
ou avec un objet fixe.

88
L’accroissement de la circulation maritime dans certaines
zones comme la mer Méditerranée et les détroits,
l’augmentation de la navigation de plaisance ainsi que
les événements météorologiques extrêmes, dus au
changement climatique, sont autant de facteurs de
risque. Néanmoins, si, au début des années 1990, la flotte
mondiale de plus de 100 tonneaux de jauge brute perdait
plus de 200 navires par an, elle n’en perd plus que 50 à 75
par an depuis 2018, alors qu’elle compte environ 130.000
navires aujourd’hui contre environ 80. 000 il y a 30 ans228.

Les Etats s’efforcent de lutter contre cette insécurité
globale au moyen de plusieurs outils, dont :

• la coopération internationale et régionale, par exemple


contre la piraterie* avec le Global Maritime Crime
Programme, l’Accord de coopération régionale pour
combattre la piraterie* et le vol à main armée contre
les navires en Asie et la mobilisation de forces navales
multinationales telles que Atalanta (Union européenne),
le Groupe CTF 151 (Etats-Unis et alliés) ou ocean Shield
(OTAN) et contre le trafic de migrants avec le Centre
européen de lutte contre le trafic des migrants (Europol,
2016),

• la coopération public-privé, par exemple pour lutter


contre le commerce illégal des produits du braconnage,
sous l’égide du Programme des Nations Unies pour le
développement, qui mobilise des financements mixtes
(fondations, ONG, gouvernements, ...) et s’allie au secteur
privé de la navigation commerciale pour accroître la
surveillance du transport maritime,

89
• l’adaptation des cadres juridiques internationaux établis
de longue date à des phénomènes en évolution, comme
l’exploitation massive des personnes vulnérables en
mer et une large sensibilisation aux obligations et aux
responsabilités juridiques des différents acteurs dans
ce domaine (Protection of Migrants at Sea),

• l’interdiction totale de commercer certains produits


issus de la contrebande sur les marchés domestiques,
comme l’ivoire, par exemple, prise par la Chine en 2017
et par l’Union européenne en 2021, dans le cadre de la
Convention sur le commerce international des espèces
de faune et de flore sauvages menacées d’extinction*,

• l’utilisation de technologies performantes de traçage


des navires et des prises en mer : drones, balises,
capteurs… y compris les oiseaux marins, équipés de
GPS.

XX Une meilleure compréhension de l’interface terre-mer


et des dynamiques profondes qui l’animent sur le long
terme, met en évidence les cinq enjeux majeurs :

• La maritimisation croissante des activités humaines et


son accélération relativement récente.

• Le lien de forte dépendance, qui unit la mondialisation,


la maritimisation (transport maritime, tourisme
balnéaire international, ...) et, par voie de conséquence,
la littoralisation (ports, stations balnéaires), d’où le
concept de maritimondialisation.

• Le renforcement des tensions lié, d’une part, à


l’accroissement de l’emprise des Etats sur l’océan et,
d’autre part, à la dépendance croissante vis-à-vis des
ressources marines (alimentation, énergie), ce qui
explique les nouvelles stratégies navales et maritimes
des grandes puissances.

90
• Les efforts significatifs consentis en matière de
coopération internationale pour améliorer la sûreté et la
sécurité en mer, alors que certains phénomènes illégaux
se développent tout aussi significativement (trafic de
biens et de personnes).

• Enfin, la prééminence maritime, en plus des Etats-Unis, de


deux pays : la Russie, qui a entrepris une remilitarisation
de l’Arctique et la Chine, dont la stratégie offensive
maritime et navale repose sur son capitalisme d’Etat et
la capacité qui en découle d’hybridation du civil et du
militaire (stratégie du collier de perles, milice... ).

91
92
Chapitre 2 : Anticiper les impacts

Si la compréhension de l’interface* terre-mer met
en évidence la pluralité des interactions entre les activités
humaines et l’océan, elle montre aussi l’ampleur souvent
méconnue de leurs impacts structurels réciproques.
Or ces impacts sont loin d’être positifs, tant pour l’océan,
dans les prochaines décennies, que pour la Terre et les êtres
humains. Pour mieux les anticiper, il importe d’identifier les
évolutions tendancielles et les émergences, les facteurs de
changement et les impacts, aussi bien dans le sens Terre-
Mer que Mer-Terre.

Les enjeux Terre – Mer


Trois grandes lignes de force encadrent l’ensemble
des évolutions à venir d’ici à 2050 :

• La croissance démographique* : de 7.8 milliards


d’habitants en 2020, la population mondiale devrait
passer à 8.5 milliards en 2030 et 9.7 en 2050229, 230. Cette
poussée démographique pourrait ralentir après 2090
selon l’Organisation des Nations Unies, voire s’inverser
à partir de 2064 selon l’Institute for Health Metrics
and Evaluation231, 232. Mais avant cela, 2 milliards d’êtres
humains supplémentaires vont naître d’ici 2050, qu’il
faudra nourrir. En 2060, les trois Etats les plus peuplés
seront l’Inde, la Chine et le Nigéria233 : trois pays pour
lesquels l’accès à la mer est déjà essentiel.

• Les besoins économiques des populations futures : à ces


derniers s’ajoutent les besoins des populations actuelles,
tous segments d’âge confondus, dont la consommation
ne cesse de croître en raison de l’accession au
développement d’un nombre croissant de pays, malgré
le ralentissement dû à la pandémie.

93
• Le changement climatique* et ses conséquences sur
la mobilité des populations : en 2020, sur 33,4 millions
de déplacements internes, 24,9 millions étaient dus à
des catastrophes climatiques234. D’ici 2050, ce nombre
pourrait atteindre 216 millions de personnes, dont plus de
140 millions en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et
en Amérique latine235,236.

Aussi, faut-il s’attendre à une pression accrue sur les


ressources naturelles, notamment, alimentaires comme en
atteste déjà le recul du Jour du Dépassement* mondial.

En ce qui concerne l’évolution plus spécifique du système


global Terre-Mer, deux lignes de force supplémentaires
doivent être prises en compte : la géopolitique (cf. chapitre
précédent) et les avancées technologiques, qui permettent
une exploitation accrue du milieu océanique.

Il résulte de ce cadre général que l’océan est de plus


en plus considéré, à la fois, comme une réponse aux besoins
humains en matière d’alimentation, de ressources et d’espace
et comme un moteur de croissance pour l’économie mondiale.
La maritimisation* de l’économie constitue donc une tendance
forte qui devrait s’accélérer au cours du prochain demi-siècle.

Les impacts de ces évolutions

Dès 1951, l’ouvrage majeur de Rachel CARSON,


biologiste marine, alertait l’opinion mondiale sur la centralité
Aujourd’hui, près d’un quart et la fragilité de l’océan237. Cependant, au cours du demi-
des stocks de poissons
sur lesquels on dispose de
siècle qui a suivi, les grandes lignes d’évolution évoquées ci-
données sont en danger. Sur dessus, conjuguées à la maritimisation* croissante (transport
les ¾ restants, seulement un
peu plus de la moitié sont
maritime, tourisme balnéaire, pêche & aquaculture*, extraction
suffisamment abondants pour offshore*), ont amplifié les principaux facteurs de dégradation
que les captures atteignent
une valeur ou un volume
de l’océanosphère* et devraient vraisemblablement continuer
maximal durablement. jusqu’en 2050. Outre le changement climatique* et les
OCDE (2021)233
émissions de gaz à effet de serre, les causes anthropiques
directes sont les suivantes :

94
• La pollution, croissante et multiforme, génère
l’eutrophisation* des eaux littorales et une pollution en
haute mer qui affecte le plancton en surface (cf. partie I)
et tous les écosystèmes qu’elle touche au cours de son
déplacement marin. Deux tiers de la pollution marine et
80 % des déchets marins proviennent des terres. Une
fois en mer, 90 % de ces déchets finissent au fond des
océans238. Si les écosystèmes marins sont altérés par la
pollution de l’air (carbone) et les pollutions lumineuse* et
sonore*239, c’est la pollution chimique* qui cause les plus
grands dégâts.

La pollution chimique* globale a dépassé la limite


planétaire240. La pollution marine résulte des activités
agricoles (ruissellement des intrants et traitements) et
industrielles (déversement des résidus dans les rivières
ou dans la mer) mais aussi des usages domestiques (eaux
usées, déchets insuffisamment ou non traités tels que les
produits pharmaceutiques).

Trois exemples de pollution sont examinés ci-après:

33 Les hydrocarbures : si les grandes marées noires sont


en diminution constante depuis 50 ans, en revanche
les rejets accidentels de pétrole (fuites au pompage)
et illégaux (rejets opérationnels des navires et
plateformes offshore*) dans l’océan persistent (6
millions de tonnes d’hydrocarbures à la mer par an)241.

La Méditerranée pourrait particulièrement pâtir,


dans les décennies à venir, d’une recrudescence
de l’exploitation offshore*, du trafic illégal
d’hydrocarbures et des accidents maritimes242, 243, 244,
245, 246
.

95
Enfin, de nombreuses plateformes pétrolières
arrivent en fin de vie (470 en Mer du Nord à
démanteler d’ici 2050, plus de 3.800 dans le
Golfe du Mexique), soit un marché global du
démantèlement de plus de 50 milliards d’euros
au cours des 15 prochaines années, dont le
financement pourrait s’avérer difficile, ce qui
conduirait à l’abandon de ces structures en mer247.

33 Les plastiques : 11 millions de tonnes de déchets


plastiques finissent chaque année dans l’océan
mondial (2020), un chiffre, qui double chaque
décennie (soit 30 millions de tonnes par an d’ici
2040248 ou 50 kg de plastique par mètre de
littoral mondial249 ), sans compter les 8 millions de
tonnes supplémentaires et imprévues de déchets
plastiques générés par la pandémie de la Covid-19
Avec les politiques actuelles,
la quantité de ces déchets (masques, flacons, seringues, …)250.
plastiques solides urbains sont
destinés à doubler d’ici à 2040,
la quantité de plastique rejetée Bien qu’un changement systémique pourrait
dans les océans devrait presque réduire ce volume de 80%, les mesures adoptées
tripler et celle de plastique
présente dans les océans, actuellement ne feront baisser que de 7% ce
quadrupler. volume annuel d’ici 2040251, 252. Indépendamment
ONU des quantités encore à venir, la question
se pose de savoir comment traiter la masse
actuelle de plastiques dans les océans, des
microplastiques – que l’on retrouve au fond des
abysses* (11.000 mètres) comme dans la chair
des poissons et désormais le sang humain253,
254
– aux macroplastiques, qui envahissent les
littoraux et les gyres océaniques*255, en passant
par les mégaplastiques, dont les petits navires de
plaisance abandonnés en fin de vie ou suite à une
catastrophe naturelle.

96
33 Les déchets radioactifs : ils ne peuvent plus être
jetés légalement en haute mer depuis 1990 selon
la Convention de Londres. Par le passé, entre 1950
et 1990, 200.000 fûts contenant des déchets
radioactifs ont été jetés dans l’océan Atlantique
Nord-Est, sans surveillance de long terme (durée de
vie de 30 ans). Une mission scientifique est prévue
pour vérifier leur état en 2023-2024256, mais aucune
décision n’est prise quant à l’issue à donner257.
Aucune donnée n’est disponible sur le rejet illégal
actuel de tels produits dangereux.

• La malpêche désigne à la fois une pêche pratiquée sans


égard pour la conservation et la protection des stocks
halieutiques (surpêche, pêche illégale, prises accessoires
/ bycatch) et l’ensemble des pratiques destructives
afférentes à l’exploitation alimentaire des ressources
marines (aquaculture* industrielle, filets fantômes, rejets,
...). Entre 1990 et 2018, tandis que les pêches de capture
marines restaient à peu près stables, atteignant 84,4
millions de tonnes en 2018, l’aquaculture* connaissait un
accroissement de 527%, en réponse à une augmentation
de 122% de la consommation totale de poissons. Pendant
cette période, le pourcentage de stocks de poissons à
des niveaux biologiquement durables passait de 90% à
65,8%, démontrant la non-soutenabilité des pratiques de
pêche. Deux principaux phénomènes pèsent sur l’avenir
de la biodiversité marine malgré les mesures prises :

33 La surpêche (lorsque qu’une espèce est pêchée plus


vite qu’elle ne peut se reproduire et se développer)
provient de deux sources distinctes. Les techniques
légales de pêche, utilisées comme le chalutage en
eaux profondes, génèrent des prises accidentelles :
presque 30% du total des prises mondiales, 45% des
prises totales en Mer du Nord258,259) sont rejetées,
vivantes ou mortes (requins, tortues, oiseaux marins
et dauphins, notamment).

97
La pêche illégale, non reportée ou non
réglementée* (un tiers des prises mondiales en
2018260 ) ne respecte ni les quotas ni les zones
protégées, ce qui altère principalement les espèces
à longue durée de vie et à croissance lente261. Elle
est considérée comme une nouvelle forme de
piraterie* (à l’origine de presque 50% des prises
dans la zone Indo-Pacifique, déjà appauvrie).

Au total, un cinquième seulement des espèces


commerciales sont pêchées de manière durable262.

33 L’aquaculture* : depuis 2014, la population


mondiale consomme davantage de poissons
d’élevage que de poissons sauvages, issus de la
pêche en mer ou en rivière. Cette industrie en pleine
expansion (80 millions de tonnes hors plantes en
2016), concentrée en Asie (60% de la production
20 % des mangroves du monde
ont été détruites par l’action de mondiale est chinoise), devrait poursuivre sa
l’homme entre 1980 et 2005, et croissance pour satisfaire une augmentation de
plus de la moitié (52 %) en raison
de l’introduction de l’aquaculture. 80% de la demande mondiale en protéines animales
Dans les seules Philippines, les d’ici 2050. Mais son coût environnemental est
deux tiers des mangroves ont
été détruits pour faire place aux trop élevé, tant pour la pisciculture* – perte de
élevages de crevettes. biodiversité* (il faut 20 kg de poisson sauvage
L’Atlas de l’océan, publié par pour produire 1 kg de thon d’élevage), disparition
la Heinrich-Böll-Stiftung des mangroves (biodiversité* et services
Schleswig-Holstein, la Heinrich-
Böll-Stiftung et le Cluster écosystémiques), pollution chimique* (pesticides,
d’excellence Future Ocean de antibiotiques) – que pour la mariculture* (36% de
l’Université de Kiel.
toute l’aquaculture* en 2017) – désoxygénation*
et eutrophisation* des eaux côtières263.

98
• L’aménagement du littoral au sens large désigne toute
opération d’aménagement, réalisée sur une côte ou dans les
eaux adjacentes (urbanisation, infrastructures portuaires,
digues, polders, ...), ainsi que tout changement d’usage
des terres littorales et de la mer. Cette artificialisation
accélérée des littoraux résulte aussi bien de la croissance
économique des régions côtières, plus rapide que la
moyenne (en Europe, par exemple, elles concentrent
40 % du PIB européen) que d’une intensification et
d’une extension des surfaces agricoles au détriment
d’écosystèmes importants comme les mangroves ou les
marais salants.

D’ici 2040, plus de 75% de la population mondiale


pourrait vivre à moins de 100 kilomètres d’un rivage (60%
en 2017)264,265. Parmi les multiples conséquences de ce
phénomène :

33 l’érosion de la biodiversité marine à travers, d’une


part, la destruction, la dégradation et la fragmentation
des habitats littoraux (terre et mer), notamment,
l’abrasion des fonds marins, conduisant les espèces
mobiles à migrer et les autres à disparaître et,
d’autre part, la perturbation des rythmes de vie des
espèces marines (lumière, bruit, vibrations, …), qui
altère leur biologie (stress), leur alimentation, voire
leur reproduction266 ;

99
33 l’altération du milieu naturel côtier et de ses
écosystèmes et équilibres, due aux dépôts ou
rejets de boues de dragage portuaire ou estuarien,
à la modification des dépôts de sédiment par des
digues, pontons ou remblais côtiers inadéquats et
la destruction des plages par prélèvement excessif
du sable. Il faut signaler que le sable est la seconde
ressource la plus exploitée au monde après l’eau.
Près de 40 à 50 milliards de tonnes par an de sable
océanique (le sable du désert étant impropre à la
construction) sont prélevées dans le monde, dont
la moitié pour le secteur de la construction : d’où
l’amplification de cette tendance d’ici 2050. Or,
cet accaparement, conjugué à l’érosion du littoral,
résultant de l’urbanisation et à la montée du niveau
des mers, pourrait faire disparaître la moitié des
plages du monde d’ici 2100, soit plus d’un sixième
du littoral mondial267.

• Le transport maritime : après deux années de pandémie


et en pleine guerre en Ukraine, l’évolution du commerce
maritime mondial est assez difficile à anticiper. La
tendance de fond montre une augmentation de la
demande mondiale de fret, qui devrait tripler le volume
du transport maritime d’ici à 2050268. Néanmoins,
l’analyse prospective des évolutions de ce secteur est
rendue difficile par l’existence d’un ensemble de facteurs
susceptibles de ralentir ou d’accélérer cette dynamique,
selon le succès ou non des correctifs mis en œuvre par
l’Organisation maritime internationale et par les pays
concernés :

100
33 Le coût environnemental du transport maritime
se traduit par la pollution de l’eau (hydrocarbures,
dissémination d’espèces invasives, déchets dont
plastiques) et par la pollution de l’air qui, en retour,
impacte l’océanosphère*. Cela est, notamment, dû
à la forte contenance en soufre du combustible
utilisé par les navires (3,5% contre 0,01% dans les
carburants utilisés par les voitures)269, qui contribue
à l’acidification des océans et nuit, également, à la
santé humaine, provoquant, chaque année, 400.000
décès prématurés270.

A cela s’ajoutent les rejets de gaz toxiques ainsi que


les émissions de dioxyde de carbone des navires,
représentant 2,9% des émissions mondiales en
2018271, qui pourraient augmenter de 50 à 250%
d’ici 2050272.

En outre, il y a lieu de citer la pollution de la cryosphère*


(black carbon) en Arctique et la perturbation de la faune
marine (collisions avec des animaux marins, pollutions
sonore* et lumineuse*). Les différents Green New Deals vont-
ils réduire le transport maritime dans un premier temps et en
abaisser le coût environnemental dans un second ?

33 La restructuration du secteur du transport maritime,


opérée par la guerre des prix (cf. faillite de Hanjin
Shipping en 2017) et la rationalisation économique
issue de la digitalisation* croissante (navires
autonomes, arrivée d’outsiders comme Google ou
Amazon) pourraient donner un nouveau souffle
à ce secteur plombé par les bas salaires et les
conditions de travail médiocres des équipages273.
Mais la rupture des chaînes d’approvisionnement
mondiales, consécutive à la pandémie de la Covid-19
(confinements), à l’explosion de l’e-commerce (sous-
dimensionnement logistique) et, plus récemment,
à la guerre en Ukraine, pourrait conduire à un
remaniement en profondeur du transport maritime
au cours de la prochaine décennie.

101
• L’évolution du tourisme balnéaire demeure difficile à
estimer en 2022, malgré une légère reprise en 2021. Si les
tendances reprennent comme avant la pandémie (3 à 4%
par an), avec un tourisme international en pleine croissance,
le nombre d’arrivées internationales de touristes, en 2030,
pourrait atteindre 1,8 milliard contre 1,4 milliard en 2018
selon l’Organisation mondiale du tourisme. Il faudra aussi
surveiller l’évolution du tourisme maritime (croisières) qui
devient un tourisme de masse* (augmentation de la taille
des paquebots) particulièrement polluant, à l’empreinte
écologique élevée.

A l’évidence, les évolutions en cours se font au bénéfice


de la croissance économique mondiale et de la satisfaction des
besoins alimentaires du plus grand nombre, mais au détriment
de la planète et plus particulièrement de l’océanosphère*.
Malgré la mobilisation de nombreux Etats autour de l’Objectif
de développement durable 14, la tendance mondiale à la
pollution littorale et marine, à la destruction des écosystèmes
et à la surexploitation des stocks de poissons se poursuit :
l’océan et les ressources halieutiques* qu’il abrite sont en
mauvais état et se dégradent de manière exponentielle274.

Ces évolutions tendancielles, que la pandémie de


la Covid-19 semble avoir à peine freinées (à l’exception du
tourisme balnéaire international), risquent d’être accélérées
par les grands projets en cours et à venir.

Les grands projets

Plus notre connaissance de la mer s’accroît et plus


les bénéfices qu’elle offre deviennent évidents. Cela devrait
conduire à terme à comprendre la nécessité de protéger
l’équilibre de l’océanosphère*. Mais, dans l’immédiat, c’est
encore l’économie de la prédation*, qui prévaut prenant
comme prétexte la nécessité de nourrir une population
mondiale de l’ordre de 8 milliards personnes en 2022/2023 et
9,7 milliards en 2050, soit une augmentation de 21% malgré
la transition démographique mondiale.

102
Analogue à la ‘’Grande Accélération*’’ des activités
humaines aux lendemains de la dernière guerre mondiale –
qui a donné naissance à l’Anthropocène* – une Accélération
Bleue* se manifeste depuis trois décennies, du fait de
l’expansion rapide des activités constitutives de l’économie
de la mer* (transport maritime, pêche, éolien en mer,
biotechnologies marines). Pour anticiper les évolutions
à venir, il est nécessaire de prendre en compte les grands
projets, en cours de développement ou annoncés, qui
devraient avoir un impact anthropique significatif sur l’océan
et les littoraux au cours des 10 à 20 prochaines années275, 276.

Ces grands projets se présentent sous la forme


de stratégies ‘’bleues’’ nationales et de projets publics ou
privés concernant l’exploitation des ressources marines ou
la création de nouvelles infrastructures maritimes.

Les stratégies nationales et globales : elles alimentent


directement la Blue Acceleration*. L’économie de la mer* joue,
en effet, un rôle important dans 4 catégories de pays277:

• les petits Etats iliens en développement* où le tourisme


et la pêche sont vitaux (cf. infra) ;

• les pays côtiers, pour lesquels les ressources de la mer


représentent un levier de développement majeur,
qui mettent en œuvre des politiques vigoureuses de
développement de l’économie maritime, comme la
Norvège (hydrocarbures, pêche et tourisme) et le Maroc
(Plan portuaire 2030, Halieutis, Tourisme Vision 2020) ;

• des pays économiquement diversifiés, pour lesquels


certains secteurs de l’économie de la mer* sont
importants, sans pour autant que celle-ci génère une part
importante de leur PIB (Chili, Maurice, Singapour) ;

103
• enfin, les puissances mondiales, pour lesquelles
l’économie de la mer* s’inscrit dans une stratégie
géopolitique globale et qui y consacrent des moyens
considérables, comme la Chine (Stratégie des Deux
Océans) et l’Inde (SAGAR Initiative, Maritime India Vision
2030). Ainsi la Chine pourrait, d’ici 2030, contrôler
24% de la flotte marchande mondiale grâce à son
investissement dans les lignes maritimes traditionnelles
et les routes maritimes polaires. Elle fabrique déjà
100% des conteneurs frigorifiques et représente 40,3%
de la production navale mondiale. Mais la durabilité
économique et environnementale de ces stratégies ne
sont pas garanties.

Les grands projets relatifs à l’exploitation des


ressources marines et sous-marines, directement issus
de la Blue Acceleration* : la raréfaction des ressources
terrestres, une demande exponentielle en énergie (+28%
entre 2015 et 2040278) et en ressources biologiques et
minérales (cobalt, cuivre, terres rares) conduisent à des
investissements importants dans de grands projets off-
shore :

• Production et stockage de l’énergie (des projets comme


Cross WIND – 11 gigawatts en 2030 – cumulant l’éolien,
le solaire, le stockage et l’hydrogène vert279 ) :

33 L’éolien fixe ou flottant : par exemple, The North


Sea Agreement néerlandais, le plus grand projet
éolien mondial en construction, Dogger Bank,
en mer du Nord britannique ; la Stratégie de
l’Union européenne pour les Energies Marines
Renouvelables, qui recommande un renforcement
de la capacité installée en éolien marin de 12
gigawatts en 2020 à 60 gigawatts minimum en
2030 (+400%) et à 300 gigawatts (+400%/2030)
en 2050.

104
33 Le solaire flottant : par exemple, la centrale Cirata,
le plus grand projet de centrale photovoltaïque
flottante (145 MW) d’Asie du Sud-Est.

33 Le stockage d’hydrogène vert (produit par l’éolien


offshore*) en cavernes salines sous-marines (projet
Tractebel).

33 Parallèlement, les grands projets pétroliers


se poursuivent avec, par exemple, le projet
d’exploitation canadien Bay du Nord, lancé en
2022, avec une mise en exploitation prévue en
2028, qui extraira de 300 millions à 1 milliard de
barils de pétrole sur 30 ans280.

• Exploration de l’extraction minière en haute mer : en


lien avec l’émergence d’une véritable industrie minière
polymétallique (nodules, sulfures, croutes) depuis 2010,
l’Autorité internationale des fonds marins a loué, depuis
2001, environ 1,4 million de kilomètres carrés de fonds
marins pour des activités minières exploratoires, soit
31 contrats d’exploration concédés à 22 entrepreneurs
publics et privés.

Si l’exploitation commerciale n’a pas encore commencé,


ces projets préparent le terrain tandis que les
scientifiques et les ONG, comme l’Union internationale
pour la conservation de la nature, tentent de s’y opposer.
Suite à la demande de l’Etat insulaire de Nauru, l’Autorité
internationale des fonds marins devra proposer une
réglementation de l’exploitation minière d’ici 2023,
alors que les risques pour l’océanosphère* sont
insuffisamment évalués. Cette ouverture à l’exploitation
minière donnera le coup d’envoi d’une véritable chasse
à la zone d’expansion économique* (zone exclusive),
porteuse de tractations entre Etats îliens et Etats non-
maritimes et de tensions géopolitiques accrues.

105
• Biotechnologie marine : les Etats-Unis, la France,
l’Australie, le Japon et le Canada constituent le peloton
de tête des pays engagés dans les biotechnologies
marines. Celles-ci ont des applications aussi diverses que
le traitement contre le cancer, les colles chirurgicales ou
encore une hémoglobine universelle. Environ 99% des
séquences génétiques d’organismes marins déposées
dans les brevets ont été enregistrées depuis 2000281.

• Dessalement : près des deux tiers de la population


mondiale pourraient subir des pénuries d’eau sévères
dès 2030 (Moyen-Orient, Australie, Afrique…) d’où le
recours à la désalinisation de l’eau de mer, qui a triplé
depuis 2000.

Parallèlement, les besoins en eau non potable croissent


aussi de manière exponentielle, de l’eau de refroidissement
pour l’industrie digitale (3 à 4 milliards de litres par an pour
un data center) et les centrales thermiques ou nucléaires
à l’eau des sanitaires (80% des chasses d’eau de Hong
Kong fonctionnent avec de l’eau de mer)282,283,284

Ces prélèvements conduisent à des rejets à fort impact


environnemental (eaux souillées, eaux chaudes, eau
saumâtre à haute teneur en sel).

Enfin, de grands projets relatifs aux structures sur


l’eau ou impactant directement les eaux littorales ont
démarré avant la pandémie de la Covid-19. Si certains ont
été ralentis, voire suspendus par la crise sanitaire, d’autres
Méga-port : des installations
portuaires en mesure de gérer
au contraire se sont accélérés :
des volumes importants de
conteneurs, représentant une
valeur économique capable de
• Méga-ports : pour pallier les déficiences des chaînes
contribuer à l’économie régionale d’approvisionnement, 84 projets majeurs de construction
à hauteur d’un tiers, et occupant
une surface terrestre et maritime
portuaire ont été entamés depuis 2021, pour un coût
importante. global projeté de 39 milliards de dollars. Dix de ces projets
The new era of mega-ports,
correspondent à des méga-ports : au Maroc (complexe
Report of the International portuaire de Dakhla Atlantique), en Algérie, en Irak et en
transport forum ITF at the OECD
2015
Indonésie, par exemple.

106
Bien que l’extension spatiale des ports pourrait diminuer
dans les années à venir au profit d’une utilisation plus
intensive de l’espace actuel, les grands projets portuaires
se poursuivent, comme le projet Sagar Mala en Inde.
D’ici 2030, les smart ports (cf. Port of the Future 2030),
tels que Rotterdam, Singapour, Shanghai, poursuivront
Les ports intelligents, c’est-
leur développement technologique à base d’intelligence
à-dire les ports qui intègrent artificielle* et d’internet des objets*.
la numérisation et qui se
préoccupent de leurs parties
prenantes, sont en train de • Iles artificielles : la création d’îles artificielles n’est pas un
changer l’avenir du secteur phénomène nouveau, mais le nombre et l’échelle de la
maritime et de la navigation.
génération actuelle d’îles évoquent aujourd’hui une ‘’ère
Plateforme d’Applications des îles’’, qu’elles soient construites ex-nihilo comme The
Maritimes - SINAY
Pearl (Qatar) ou The Palm (Dubaï), sur des récifs comme l’île
de Subi (Spratleys), ou comme des plateformes pétrolières
(Qingdong-5, Chine)285. L’impact environnemental de
ces structures fait débat et l’on peut s’interroger sur la
poursuite de cette tendance à long terme, qui pourrait
bien être remplacée par le développement plus durable
de villes flottantes*.

• Villes flottantes * : face à la montée des eaux, l’idée


de villes flottantes* s’installe. Ce vocable recouvre des
réalités aussi diverses que les quartiers littoraux flottants
comme celui d’IJburg à Amsterdam (depuis 2011) ou des
unités urbaines maritimes (comme Green Float II, 2030),
des structures flottantes mobiles comme le SeaOrbiter
ou des hôtels et des habitats individuels flottants, ou
encore de véritables micro-nations flottant en haute mer
(seasteading) dotées d’une autonomie politique.

Bien que le premier projet de construction d’une ville


flottante (Polynésie française, 2017) ait été reporté sine
die, divers autres projets sont à l’étude, notamment,
Oceanix City, soutenu par l’ONU, dont le prototype sera
installé en 2025 au large de New York.

107
• Ouvrages de protection côtière : face à la montée des
eaux et à l’érosion du littoral (recul du trait de côte par
éboulement des littoraux rocheux ou désensablement
des littoraux sableux), de multiples projets sont à l’étude
ou entrepris pour protéger les littoraux, comme les
digues, la dépoldérisation, les remblais,… aux Pays-Bas,
en Espagne, au Sénégal, au Bénin, au Togo, aux USA, ....

Ainsi, l’artificialisation de l’océan se poursuit, que ce


soit du fait de la pression foncière en hausse dans des zones
littorales souvent surpeuplées, de la montée du niveau des
mers ou encore des exigences de sécurité de plus en plus
élevées pour les activités industrielles (qui les pousseraient
à s’installer offshore* ou sur un littoral distant des centres
urbains). De même que s’amplifie et s’accélère la pression
exercée sur ses ressources, malgré les prises de conscience
environnementales, qui se font jour.

Bien que la pandémie de la Covid-19 semble avoir


donné un coup d’arrêt à certains de ces projets parfois
pharaoniques, la tendance à la blue acceleration* pourrait,
au contraire, sortir renforcée de cette période en mettant
en avant l’impératif de renouer avec une croissance forte
à laquelle les ressources marines peuvent contribuer
significativement.

108
Les impacts Mer – Terre 2030-2050

Couvrant 71 % de la surface de la planète, l’océan


absorbe plus de 90% de la chaleur excédentaire du système
climatique et constitue le plus grand puits de carbone au monde
comme précisé dans la première partie du présent rapport
stratégique. Aussi se réchauffe-t-il de façon spectaculaire
tandis que son acidité a déjà augmenté de près de 30 % depuis
le milieu des années 1750. Les récifs coralliens, le plancton et
les crustacés en sont impactés sérieusement.

Le réchauffement de la surface des mers réduit la


remontée des nutriments de l’océan profond et perturbe les
courants océaniques et le climat. L’expansion thermique de
l’océan et la fonte accélérée des calottes glaciaires provoquent
une élévation inexorable du niveau de la mer. Les activités
anthropiques à l’origine de ces perturbations devraient non
seulement perdurer mais s’accélérer d’ici 2050, si rien ne
change.

Environ 10% de la population mondiale vivra sur les


littoraux dont l’altitude est inférieure à 10 mètres au-dessus
du niveau de la mer, soit près d’un milliard en 2050286.

Les maladies associées au Le changement climatique* affecte fortement ces


réchauffement anthropique et
aux tendances des précipitations littoraux, particulièrement vulnérables à l’accroissement des
des trois dernières décennies font températures, aux événements climatiques extrêmes plus
déjà plus de 150 000 victimes
chaque année. fréquents, à la rareté de l’eau potable et à l’augmentation
du niveau des mers. A cela s’ajoutent les impacts de la
World Health Organisation,
2014 maritimisation* des activités humaines dont on a vu le
développement dans les sections précédentes.

L’ensemble de ces facteurs concourt à un retour de bâton


inévitable : les effets de la dégradation de l’environnement
marin et littoral sur les populations humaines et leurs activités.
Ainsi, l’altération de l’océanosphère* impactera directement
non seulement les conditions de vie, mais l’existence même
des êtres humains. Les petits espaces îliens sont aux avant-
postes de ces changements à venir.

109
Environ un milliard de personnes
pourraient être menacées par
Impacts de la mer sur l’existence humaine
des aléas climatiques côtiers,
à moyen terme et dans tous les Plusieurs changements d’origine anthropique
scénarios.
– réchauffement climatique et pollution - constituent
GIEC, février 2022 désormais des menaces mortelles, qui affectent
régulièrement et significativement les êtres humains.

• Les catastrophes naturelles englobent à la fois les


accidents climatiques soudains (cyclones, ...) et les
altérations inattendues du milieu (réchauffement
accéléré).

33 Lors d’un ouragan (dont le nombre de catégories 4


et 5 augmente), les coups de vent et les inondations
sont à l’origine, sur le moment, de la plupart des
décès. Mais les conséquences sont souvent pires
que l’événement lui-même, occasionnant des
maladies infectieuses (cholera, ...), des maladies
non transmissibles (respiratoires, ...) et des troubles
de la santé mentale287.

33 Les vagues de chaleur sont responsables de taux


de mortalité élevés, en particulier, dans les grandes
villes et parmi les personnes âgées, que ce soit en
Méditerranée, en Inde ou ailleurs.

33 L’amenuisement de la glace de mer arctique


menace directement la survie des populations
locales en altérant leur écosystème (alimentation,
déplacements, économie) et en les conduisant, à
terme, à émigrer.

110
• La pollution du milieu marin engendre une toxicité multiple,
qui peut avoir les effets suivants :

• Par ingestion des produits de la mer, endommager le


cerveau en développement des enfants (méthylmercure et
PCB), perturber la signalisation endocrinienne, réduire la
fertilité masculine, augmenter le risque de cancer (produits
chimiques manufacturés) et, enfin, provoquer de graves
troubles neurologiques et une mort rapide (efflorescences
algales nuisibles*).

33 Par exposition, augmenter les risques de maladies


cardiovasculaires et de démence (méthylmercure).

33 Par inhalation, provoquer l’apparition précoce de


maladies respiratoires et cardiovasculaires (gaz
toxiques issus du déversement d’hydrocarbure)289 ou
des troubles neurologiques graves (émanations issues
de la décomposition des Sargasses par exemple).

33 Au regard des autres sources d’absorption de


microparticules de plastique, les produits de la mer
n’arrivent qu’en 4ème position. Les effets de cette
pollution sur la santé humaine ne sont pas encore
clairement établis290.

33 Enfin, autre forme de toxicité à plus long terme,


l’acidification croissante de l’océan pourrait
conduire à la disparition de bactéries telles que la
prochlorococcus*, qui produit 20% de l’oxygène de
l’atmosphère*.

• La raréfaction des produits de la mer, qu’elle résulte de la


réduction de la biodiversité* (taille, nombre, espèces) ou
de la toxicité les rendant impropres à la consommation,
menace la santé humaine de trois manières différentes :

111
33 La famine affecterait directement les populations,
qui dépendent le plus de ces produits (espaces
iliens, zones tropicales), notamment, les 27 millions
de populations autochtones littorales, pour
lesquelles les produits alimentaires de substitution
sont indisponibles (sécheresse, salinisation, ...). Le
Programme des Nations-Unis pour l’Environnement
estimait en 2016 que, dans les grands écosystèmes
les plus touchés par le changement climatique, le
nombre total des prises devrait subir des réductions
de 8 à 28 % d’ici les années 2050291.

Ainsi, jusqu’à 80 millions de personnes pourraient


souffrir de la faim d’ici 2050, principalement en
Afrique subsaharienne, Asie du Sud et Amérique
centrale, du fait de la baisse des rendements
agricoles et halieutiques292, 293.

33 La réduction de la proportion de poissons dans


l’alimentation des populations crée des déficits
en micronutriments* dont les conséquences sont
graves : mortalité périnatale et maternelle, retard
de croissance, mortalité infantile, déficits cognitifs
et affaiblissement des fonctions immunitaires.
Plus de 10% de la population mondiale pourrait être
confrontée à des carences en micronutriments* et
en acides gras, dues au déclin de la pêche au cours
des prochaines décennies, notamment, dans les
pays en développement situés à l’équateur294 dont
les espaces îliens.

33 Des conflits (dont la pêche illicite et les captures non


déclarées) pourraient résulter du besoin d’accéder
à la ressource (Asie, Afrique, Amérique du Sud) au
fur et à mesure que le réchauffement de l’océan
et la pollution globale accélèrent le phénomène
(extension des zones mortes, par exemple).

112
Impacts de la mer sur les conditions de vie

Si cette dégradation générale de l’océanosphère*


et les différents cercles vicieux qu’elle entraîne, menace
les conditions d’existence d’une partie importante de
la population, elle affecte négativement aussi – moins
gravement mais plus largement – les conditions de vie d’un
milliard de personnes, aussi bien directement qu’à travers les
déterminants sociaux de la santé (facteurs non médicaux), qui
contribuent pour 30 à 55% aux situations sanitaires.

Trois grandes évolutions liées au milieu marin pèsent,


aujourd’hui, sur les conditions de vie des populations littorales:

• La diminution du phytoplancton*, dont la production


globale pourrait chuter de près de 10% d’ici la fin du siècle,
contribuant ainsi directement à la réduction des stocks
halieutiques dans les régions océaniques tropicales.

• La montée des eaux296, inéluctable – bien que difficilement


estimable du fait de l’impact conjugué de la dilatation
thermique, du rythme de la fonte des glaces polaires,
du développement des infrastructures littorales et de la
dégradation des écosystèmes littoraux, qui fournissent
des barrières de protection –, à laquelle sont associées les
inondations, la salinisation des sols et le recul du littoral.

33 Toutefois, d’ici 2050, la projection est fiable : + 20 à


30 cm en moyenne à l’échelle mondiale.

33 D’ici 2100, selon le niveau de réchauffement : de +


0,5 mètre si l’Accord de Paris est respecté (2°C) à +
0,7 mètre selon les tendances actuelles, voire + 0,84
mètre dans le scénario le plus élevé.

33 L’instabilité des calottes polaires est un facteur


de risque majeur, susceptible d’accroître le niveau
moyen de l’océan de 2 mètres d’ici 2100.

113
33 Selon les conditions locales, les écarts par
rapport à la moyenne estimée sont de plus ou
moins 30% : l’affaissement du sol, induit par les
activités humaines, est actuellement la cause la
plus importante du changement observé dans
l’élévation relative du niveau de la mer, notamment,
dans les nombreuses régions de delta.

• Les événements extrêmes du niveau de la mer, une


combinaison de hausse du niveau moyen de la mer, de
typhons, de fortes inondations, de raz-de-marée et de
la configuration des vagues : alors qu’ils se produisaient
une fois par siècle, ils pourraient survivre désormais une
fois par an au cours du 21ème siècle297, 298.

En soi, chacun de ces phénomènes constitue un


risque existentiel. Conjugués, ils pourraient condamner
l’habitabilité littorale et peser gravement sur l’économie
des pays côtiers, notamment, en développement et plus
particulièrement sur les espaces îliens.

Ainsi, d’ici 2050, la moitié de la population littorale


de basse altitude (<10 m) pourrait être sinistrée du fait de
la montée des eaux (permanente du fait de la montée du
niveau de la mer, ou temporaire du fait des événements
extrêmes), soit plus de 300 millions de personnes, trois fois
plus qu’aujourd’hui299,300.

Selon le scénario RCP8.5 du GIEC, sans adaptation


côtière, 48% de la superficie terrestre mondiale, 52% de la
population mondiale et 46% des actifs mondiaux seraient
soumis au risque d’inondations d’ici 2100. Au total, 68 %
de la zone côtière mondiale inondée sera causée par des
marées et des tempêtes, dont 32 % par l’élévation régionale
prévue du niveau de la mer301.

De plus, un certain nombre de mesures de protection


habituellement prises pour sauvegarder les côtes de l’érosion
(épis, digues) ne font qu’accélérer le recul du littoral.

114
Les conséquences de cette situation sur les conditions
de vie se feront sentir à trois niveaux distincts :

• l’habitabilité des zones côtières :

33 Après les petits Etats insulaires en développement*


et l’Arctique, les mégapoles côtières sont
particulièrement touchées par l’élévation du niveau
des mers, de la côte Est des Etats-Unis (Miami,
New York) à l’Asie du Sud-est (Jakarta, Bangkok par
exemple) en passant par la Nouvelle-Zélande, ainsi
que les zones de delta dont beaucoup s’affaissent,
souvent au double du rythme moyen d’élévation du
niveau de la mer, pour des raisons liées au dépôt des
sédiments, à l’extraction des eaux souterraines et au
poids des bâtiments.

L’Asie devrait être la plus durement frappée par la


montée du niveau des mers (Chine, Inde, Indonésie,
Vietnam, Bangladesh). Même avec un réchauffement
de 1,5° C, des villes actuellement habitées par 500
millions de personnes pourraient être inondées, l’eau
continuant à monter pendant plusieurs siècles302.

33 L’urbanisation des zones humides côtières dégrade


les écosystèmes, qui auraient contribué à protéger
les quartiers riverains de l’élévation du niveau
marin, des ouragans et des inondations côtières. La
survenance plus fréquente de ces événements plus
intenses provoque des effets – en cascade et cumulés
– sur la santé, la sécurité alimentaire*, l’accès à l’eau
potable et les moyens de subsistance des habitants,
ce qui les rend encore plus vulnérables aux risques à
venir303, 304.

33 Là où la protection n’est pas possible, les zones


submergées seront abandonnées au profit d’un
retrait des zones habitables à l’intérieur des terres
avec tous les défis sociaux, culturels et politiques que
cela pose. Déjà quelques atolls seront inhabitables
d’ici 2050305.

115
33 Selon la logique ‘’ville haute’’ versus ‘’ville basse’’, les
habitats en altitude deviendront de plus en chers,
contraignant les populations pauvres des espaces
submergés ou détruits à une précarité encore plus
grande ou à la migration.

• les activités économiques et le patrimoine afférent :

33 Les dommages annuels attendus, résultant des


inondations, augmenteraient de 2 à 3 ordres de
grandeur d’ici 2100 : la valeur des biens mondiaux
situés dans les plaines d’inondations côtières
centennales devrait alors atteindre 7,9 à 12,7
trillions de dollars dans un scénario d’émissions
moyennes, 14,2 trillions de dollars dans un scénario
à fortes émissions. Au coût de la reconstruction, il
faudra ajouter le coût de la protection (ouvrages
de protection côtière dont le coût peut s’élever de
plusieurs dizaines à plusieurs centaines de milliards
de dollars), ce que ni les régions rurales et pauvres,
ni les petits Etats insulaires en développement* ne
pourront se permettre306.

33 Les compagnies d’assurance se désengageraient


rapidement de ce type de risques ou augmenteraient
leurs primes de manière telle qu’il deviendra hors
de prix d’assurer un bâtiment dans ces zones. Il est
vraisemblable que la perte du patrimoine investi
le long des littoraux génèrera une paupérisation
importante, notamment, des populations seniors.

33 Les dommages causés aux ports pourraient


compromettre gravement les chaînes
d’approvisionnement mondiales et le commerce
maritime, avec des ramifications géopolitiques et
économiques potentiellement importantes.

116
Les zones côtières à faible 33 La salinisation des eaux souterraines et des sols
élévation ainsi que les littoraux réduira le volume des terres arables,
petits Etats insulaires, où
vivent environ 745 millions
obligeant l’agriculture à se restructurer en
de personnes, seront profondeur pour éviter des famines.
lourdement touchés par
l’élévation du niveau de 33 Individuellement, ce sont les populations littorales,
la mer. Selon l’étude, quel
que soit le réchauffement
qui seront le plus touchées. Mais, à l’échelle de la
supplémentaire, ils collectivité, les économies nationales, y compris
subiront chaque année des pays développés, peineront à faire face aux
d’ici 2050 des événements coûts résultant de la perte des territoires littoraux
climatiques extrêmes.
– sur lesquels la concentration des populations et
GIEC, 2019 des activités s’intensifie toujours – et du transfert
de ces populations et de ces activités à l’intérieur
des terres (reconstruction).

• les migrations : lorsque la reconstruction ne sera pas


possible, ou inaccessible aux plus démunis, la seule issue
restera la migration, comme c’est le cas actuellement
en Inde. Le déplacement massif de population, qu’il soit
interne (jusqu’à 216 millions de réfugiés climatiques d’ici
2050, l’Afrique du Nord étant particulièrement touchée)
ou international, pose des questions cruciales auxquelles
il faudra rapidement trouver une réponse.

33 Le nexus changement climatique, migration et


traite des êtres humains (trafficking) va devenir une
problématique humaine et géopolitique majeure.

33 La question du déplacement total d’une population


ilienne devra être affrontée, que ce soit pour
déplacer cette population vers une autre partie du
territoire national îlien souvent surpeuplé, ou pour
transférer les nationaux d’un territoire submergé
dans d’autres pays (Pacifique, Caraïbes).

117
33 Plus généralement, il convient de s’interroger sur
les pays d’accueil, qui accepteront d’héberger
ces migrants climatiques, dans un contexte de
ralentissement économique mondial et de montée
des nationalismes (protectionnisme, xénophobie).

Ainsi, les conséquences conjuguées de la dégradation


de l’océanosphère* et du changement climatique* auront
un impact significatif tant sur l’existence humaine que
sur les conditions de vie dans les zones littorales et, plus
largement encore, du fait des répercussions en chaîne de
ces phénomènes. Dans cette perspective, les espaces îliens
méritent une attention particulière, étant les premiers
touchés.

La question ilienne

Grandes oubliées du développement industriel du


19ème et 20ème siècles, grandes bénéficiaires aussi de
l’essor du tourisme balnéaire international depuis la fin
du 20ème siècle, les îles revêtent une nouvelle importance
stratégique du fait de leur zone d’expansion économique
(pêche et potentiel d’exploitation minière) et avec la
maritimondialisation* dont les flottes ont besoin de points
d’ancrage pour pouvoir se ravitailler (cf. stratégie du collier
de perles)310.

Parallèlement, la décolonisation politique (accès à


l’indépendance) et la mondialisation (une logique d’archipel
territorial au fonctionnement réticulaire) ont aussi contribué
à redonner une place importante aux espaces insulaires.
Ainsi, le Sommet de Rio, en 1992, a reconnu la nécessité
d’un statut particulier pour les petits Etats insulaires en
développement* (un groupe de 38 Etats Membres et de 20
Etats non-membres de l’ONU).

118
Leur exposition à des risques sociaux, économiques et
environnementaux, liés à leur insularité, justifie l’adoption de
mesures par la communauté internationale pour leur permettre
de ‘’faire face de façon efficace, novatrice et durable au
changement écologique ainsi que d’en tempérer les effets et
de réduire les menaces, qui pèsent sur les ressources côtières
et marines’’312.

• En 2014, la troisième Conférence internationale sur


les petits Etats insulaires en développement* a reconnu
la nécessité de définir une nouvelle trajectoire de
développement durable pour ces Etats, compte tenu des
répercussions négatives du changement climatique* et de
l’élévation du niveau des mers sur leur développement
économique, la sécurité alimentaire*, la réduction des
risques de catastrophe et la gestion des océans.

• La résolution des Nations Unies de 2019 réaffirme la


double préoccupation de la communauté internationale à
l’égard des petits Etats insulaires en développement* :

33 en matière de changement climatique* actuel –


face aux ‘’effets dévastateurs des changements
climatiques, tels que les phénomènes météorologiques
extrêmes et les phénomènes, qui se manifestent
lentement et à la fréquence, l’ampleur et l’intensité
croissantes des catastrophes’’ – et à venir, selon les
conclusions scientifiques du rapport spécial du GIEC
‘’Global Warming of 1.5 °C’’ ;

33 en matière d’exploitation durable des océans et de


leurs ressources : ‘’Nous réitérons l’appel lancé dans
la déclaration intitulée ‘’L’océan, notre avenir : appel à
l’action’’, encourageons […] la réalisation de l’Objectif
de développement durable 14 et […] l’élaboration d’un
instrument international juridiquement contraignant
portant sur la conservation et l’utilisation durable de
la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la
juridiction nationale.’’ 313

119
La vulnérabilité de ces petits espaces insulaires,
indépendants ou intégrés, n’est pas seulement
environnementale mais aussi socio-économique.

• En effet, la plupart des petits espaces insulaires sont


confrontés à la destruction par des événements
naturels (cyclones, tsunamis, montée des eaux), leur
environnement est menacé par la surpopulation
(migrations, tourisme), leur économie est généralement
dépourvue de ressources énergétiques ou de ressources
à haute valeur ajoutée, voire des conditions nécessaires
à une réelle diversité agricole du fait de la destruction
des écosystèmes originels et leurs ressources marines se
raréfient.

• Certaines îles ont cependant connu une réussite


économique significative, notamment, grâce aux
pavillons de complaisance ou aux services financiers
plus ou moins licites. Alors que leur émergence
économique et leur développement sont fondés sur
l’ouverture au monde et aux flux de la mondialisation,
les effets négatifs de cette logique entravent aujourd’hui
ce mode de développement : mise à l’index du fait de
leur économie illicite (blanchiment, trafics), dégradation
environnementale (surtourisme, trafic de sable, surpêche)
et conditions de vie dégradées.

• L’hyperspécialisation touristique, adoptée par de


nombreuses îles, commence aussi à rencontrer ses
propres limites : bétonisation du littoral, embouteillages,
difficulté d’approvisionnement en eau potable, gestion
des déchets, sous-dimensionnement des infrastructures
face au surtourisme, tourismophobie.

120
L’effondrement du tourisme consécutif au Grand
Confinement (Covid-19) a signifié, dans de nombreux petits
Etats insulaires en développement*, l’ameunuisement
de leurs perspectives de développement et la misère
immédiate pour des millions de journaliers dépendant des
recettes touristiques (surtout en Asie), mais aussi un ballon
d’oxygène pour l’environnement littoral et marin, comme
dans les îles Phi Phi (Thaïlande).

Le paradoxe est que le tourisme est hautement dépendant


de la qualité des écosystèmes naturels, qui attirent les
visiteurs et, en même temps, contribuent fortement à leur
épuisement et à leur fragilisation, mettant ainsi en danger
leur propre durabilité192.

Communautés les plus exposées aux transformations


actuelles de l’océanosphère*, les petites îles sont aux avant-
postes des dégradations naturelles et anthropiques. Parvenir
à restaurer durablement leur milieu naturel et humain est la clé
vers une amélioration de tous les écosystèmes et toutes les
communautés littorales. Cependant, il leur faut trop souvent
encore devoir choisir entre développement socio-économique
et préservation des ressources littorales et marines.

XX L’étude des évolutions en cours et à venir montre, d’une


part, une dynamique exponentielle de la maritimisation
des activités humaines et de la démographie littorale,
naturelle et migratoire et, d’autre part, son impact négatif
sur l’océanosphère.

XX En retour, la dégradation océanique impacte l’humanité à


plus d’un titre. Or, le temps des mécanismes océaniques
naturels n’est pas celui des humains : si la biodiversité peut
se déployer à nouveau assez vite, en revanche le niveau de
la mer va continuer à monter pendant des siècles, altérant
rapidement et irrémédiablement le climat et la géographie
terrestres.

121
Les écosystèmes naturels ont
contribué à des gains nets
Conclusion de la 2ème partie
substantiels en termes de
niveau de vie et de bien-être de Si la première partie de ce rapport a montré que
l’Homme et le développement
économique, mais ces gains ont la dégradation de l’océanosphère* représente un risque
été acquis de manière croissante existentiel pour l’humanité, cette seconde partie aura mis
au prix d’une dégradation de
nombreux services d’origine en avant le fait que la prise de conscience de ce risque n’a
écosystémique, de risques pas encore eu lieu.
accrus de manifestation de
changements non-linéaires, et
de l’accentuation de la pauvreté
pour certaines catégories de
Une océanosphère aujourd’hui en danger
personnes. Ces problèmes, à
moins d’y trouver une solution, Car la Terre ne cesse de recourir à la Mer : la
auront pour effet de diminuer
de manière substantielle les maritimisation* croissante des activités humaines exerce
avantages que les générations une pression anthropique forte sur des milieux que le
futures pourraient tirer des
écosystèmes. changement climatique* dégrade déjà fortement.

Millennium Ecosystem
Assessment, Ainsi, se dessine un nouvel atlas des zones rouges de
Rapport de synthèse de l’océanosphère*, reflétant aujourd’hui les évolutions à venir:
l’Evaluation des Ecosystèmes
pour le Millénaire, p.20, 2009
• Destruction de la biodiversité* et des écosystèmes
marins et littoraux : en Méditerranée, en Arctique et
dans les zones mortes.

• Elévation du niveau des mers : l’Antarctique, un game-


changer imprévisible.

• Désoxygénation* de la planète : la surface occupée par


le phytoplancton*.

• Changement climatique* : l’ensemble des transformations


structurelles océaniques, de la stratification des eaux
aux grands courants océaniques.

122
Vers une mise à mal de l’humanité demain

Les investissements réalisés montrent que l’économie


de la mer* connaît une accélération, qui ne peut que se
poursuivre sinon s’amplifier, dans les décennies à venir, ne
serait-ce que pour héberger (urbanisation littorale), nourrir
(pêche et aquaculture*), faire travailler, transporter et
distraire (tourisme balnéaire) une population mondiale, qui
ne cessera pas de croître jusqu’en 2050.

Ainsi, se dessine un atlas-miroir des zones rouges de


l’humanité :

• Destruction des habitats et des infrastructures par


l’élévation de la montée des eaux : l’Asie Pacifique,
l’Europe de l’Ouest, la côte sud-est des Etats-Unis.

• Abandon des littoraux sous l’effet de l’érosion des côtes


et des événements extrêmes à répétition : les Tropiques,
les espaces de très faible altitude (îles, deltas).

• Paupérisation et malnutrition du fait de la raréfaction des


ressources halieutiques* : Afrique de l’Ouest, Pacifique.

• Intoxications croissantes dues à l’océanosphère*, par


ingestion, inhalation ou exposition : partout.

Rendre l’invisible visible

La vision du monde des êtres humains est souvent


incomplète du fait d‘‘’angles morts’’ : des évidences, qui
disparaissent du champ de la perception ou de la réflexion,
devenant ainsi ‘’invisibles’’. La vision de l’océan ne fait pas
exception.

123
Ainsi, les oiseaux marins sont souvent exclus
des études sur la biodiversité marine, l’interface* entre
l’océanosphère* et la cryosphère* a été longtemps ignorée,
les espaces polaires sont considérés comme dépourvus de
vie et les petites îles comme des paradis naturels dont il est
inutile de se préoccuper.

Pour accélérer cette prise de conscience, qui est la


condition nécessaire, mais non suffisante, de l’action, il
faut donc non seulement accumuler des connaissances (cf.
conclusion de la première partie), mais aussi mobiliser les
outils de communication de toutes natures pour rendre
visible ce qui ne l’est pas : reportages, cartographie,
enquêtes, médias populaires comme presse scientifique.

Une véritable éducation à l’océan devrait permettre


de comprendre ce que l’on se refuse de voir aujourd’hui:
l’hyper-exploitation de l’océan. Cette industrialisation
croissante des activités maritimes n’est pas soutenable au-
delà du très court terme.

Rendre visible l’effet-retour de la dégradation des


services écosystémiques marins sur l’existence et les
conditions de vie des êtres humains devrait faciliter la
réflexion, l’innovation et la prise de décision en faveur de
solutions soutenables et durables à ce formidable enjeu
planétaire.

124
A retenir
Comprendre

L’histoire de l’être humain et de l’océan est d’une


exceptionnelle richesse malgré leur incompatibilité.

La relation Terre-Mer est celle d’une interface multiple,


à la fois physique et culturelle, socio-économique et
géostratégique.

Espace de jonction et de connaissance mais aussi


d’affrontement et de criminalité, l’océan au fil des âges a su
tantôt attirer, tantôt repousser l’humanité.

Mais il est aujourd’hui victime des activités anthropiques


croissantes en lien avec l’économie de prédation, qui s’étend
vers ses espaces les plus profonds.

Anticiper

La dégradation actuelle de l’océan est insuffisamment


ressentie pour que les mesures nécessaires soient prises.
D’où la nécessité de clairement établir les enjeux sans
catastrophisme ni angélisme :

• Habitabilité des littoraux : montée du niveau de la mer,


événements extrêmes fréquents, toxicité multiple.

• Alimentation : raréfaction des populations animales


et de la biodiversité ; contamination des poissons
(microplastiques, polluants) les rendant impropres à la
consommation.

• Emploi : diminution de la pêche et de la transformation


des produits de la pêche, salinisation des zones agricoles.

• Sécurité des personnes, du fait de causes naturelles :


modification du tracé de côte, catastrophes naturelles,
sargasses, submersion… et humaines : piraterie, trafic
d’êtres humains.

De notre capacité à renverser ces tendances dépend l’avenir


non de la planète, mais de l’humanité.

125
Partie III
Les clés de la durabilité
De nombreuses populations côtières sont, aujourd’hui,
touchées par la dégradation de l’océan. La situation actuelle,
grandement invisible aux yeux des médias et de la population
mondiale, est déjà grave (coûts de la protection contre la
montée des eaux, raréfaction des ressources halieutiques*,
effondrement de la biodiversité*). Mais, demain, avec un océan
malade, la situation pourrait être sans commune mesure, car
de sa santé dépend celle de l’humanité.

Parallèlement, les ressources marines paraissent,


aujourd’hui, pouvoir alimenter le développement socio-
économique nécessaire pour faire face à l’accroissement
démographique mondial.

Cependant, plus on ponctionne l’océan, plus on sillonne


sa surface, plus on y rejette de déchets et plus ses ressources
diminuent, tant en termes de produits (poissons, minerais,
hydrocarbures, …) qu’en termes de services écosystémiques.

Or le dérèglement de l’océanosphère* est accéléré par


deux causes indissociables, qui se renforcent mutuellement:
la pression anthropique et le changement climatique. S’il est
impossible d’arrêter du jour au lendemain les altérations en
cours, en revanche, il est possible d’alléger à terme la pression
anthropique sur l’océan.

Dans un tel contexte, complexe et systémique,


hautement interdépendant, comment résoudre le paradoxe
entre la protection de l’océan et sa nécessaire exploitation ?
Quelles peuvent être les clés de la durabilité, si cette notion
même a encore un sens ?

Il convient donc de repenser en profondeur les solutions


actuelles, fragmentaires et multiples ainsi que le concept
d’économie bleue, qui risque d’accélérer la transformation
océanique en cours (chapitre 1).

Quelles que soient les solutions adoptées, elles ne


pourront être mises en place à temps que dans le cadre d’une
nouvelle gouvernance mondiale, plus ferme, plus concertée et
plus planifiée (chapitre 2), dont le Maroc serait à la fois partie
prenante et source d’exemplarité (chapitre 3).

127
128
Chapitre 1 : Repenser le problème et ses
solutions

Sous l’impulsion de la Décennie des sciences


océaniques 2021-2030*, un programme de mobilisation
des Nations Unies en faveur de l’océan lancé en 2019 par
l’UNESCO, de multiples initiatives existantes ont été mises
en lumière tandis que de nouvelles ont fleuri, dépassant
de loin le cadre initial de ‘’mobilisation de la communauté
La plupart des mesures sont
fragmentées, à petite échelle, scientifique, des décideurs politiques, des entreprises et
progressives, spécifiques à un de la société civile autour d’un programme commun de
secteur, pensées pour répondre
aux conséquences actuelles ou recherche et d’innovation technologique’’.
aux risques à court terme, et
concentrées sur la planification
plutôt que sur la mise en œuvre. Il en résulte un paysage florissant d’initiatives
Le risque de mauvaise adaptation souvent partielles et atomisées malgré des avancées réelles.
est également présent.
De multiples freins ralentissent des progrès, qui devraient
2ème volet du 6ème rapport du pourtant être significatifs, le paradigme dominant d’économie
GIEC
(février 2022) bleue, dont l’imprécision justifie des interprétations
erronées, n’étant pas des moindres. Il devient, donc, urgent
de repenser le problème et la nature de ses solutions.

Le paysage kaléidoscopique des solutions


actuelles
Au cours des cinquante dernières années, les
décideurs publics ont fait preuve d’une prise de conscience
significative de la question environnementale. Mais, pour
l’océan, comme en matière de changement climatique, les
solutions demeurent fragmentées et les efforts ralentis par
les besoins économiques à court terme.

Se dessine ainsi un kaléidoscope d’acteurs et


d’initiatives multiples ayant permis des avancées bien
réelles.

129
Nous savons quoi faire, nous De multiples acteurs
avons les outils pour le faire,
mais nous manquons encore de
leadership et de coopération. Depuis la première conférence de Stockholm en 1972
Antonio GUTTERES, Secrétaire sur la protection de l’environnement, les décideurs publics
Général de l’ONU, juin 2022 ont pris l’habitude de se réunir pour débattre régulièrement
des questions environnementales et prendre des mesures
appropriées. Cela a donné lieu à des échecs, notamment,
ceux relatifs au ralentissement du changement climatique*
ou au déclin de la biodiversité*, mais aussi à des succès
Nous devons de toute urgence comme la restauration complète de la couche d’ozone d’ici
revoir notre rapport à la planète
et considérablement intensifier 2050, grâce à l’élimination de 98% des substances, qui
notre action en faveur du climat l’appauvrissaient ou encore la Grande Muraille Verte, dont
et de l’environnement.
les premiers résultats sont prometteurs.
FIDA juin 2022 (Fonds
International de Développement
A g r i co l e) Ainsi, diverses institutions internationales, consacrées
à la protection de l’environnement, ont progressivement vu
le jour : organisations onusiennes (intergouvernementales)
comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat et le World Conservation Monitoring
Centre, réseaux publics-privés comme l’Union internationale
Mais, si le refus croissant de la
pour la conservation de la nature, plateformes inter-
jeunesse sur plusieurs continents
est une indication, l’attitude gouvernementales comme la Fondation pour la recherche
largement passive du public sur la biodiversité*, la Plateforme intergouvernementale
envers les décideurs mal avisés a
peut-être commencé à s’éroder à scientifique et politique sur la biodiversité* et les services
mesure que les gens commencent écosystémiques...
à se rendre compte qu’ils sont
lésés par ceux au pouvoir.
Cependant, il n’existe pas d’institution internationale
Global Footprint Network, 2022 exclusivement dédiée à la protection de l’océan de manière
systémique. Les travaux dans ce domaine proviennent des
institutions susmentionnées, de la Division for Ocean Affairs
and the Law of the Sea des Nations Unies, de la Commission
océanographique intergouvernementale de l’UNESCO, de
l’Organisation maritime internationale, de l’International
Seabed Authority ou encore d’organismes régionaux
comme l’Union européenne, ou nationaux d’importance
internationale, comme l’Agence américaine d’observation
océanique et atmosphérique ou l’Institut français de
recherche pour l’exploitation de la mer.

130
Parallèlement aux acteurs publics, de nombreuses
associations et ONG, militantes (par exemple Sea Shepherd,
Greenpeace), scientifiques (Fondation Tara Océan) ou
dédiées à la recherche de solutions innovantes, œuvrent à la
protection de l’océan ou à son utilisation durable (Worldfish),
à l’échelle locale, nationale ou mondiale.

De plus, des réseaux, des alliances, des dialogues et


des partenariats se créent entre différents acteurs (privés
et/ou publics) comme World Ocean Council (secteur privé,
2010), Sustainable Ocean Alliance (jeunes, 2014), Ocean
Panel (16 chefs d’Etat en exercice, 2021), Alliance for a Deep
Sea Mining Moratorium (2022) ou, à l’initiative du World
Economic Forum : Friends of Ocean Action, Global Plastics
Circular Economy, Deep-Sea Minerals Dialogues, Getting to
Zero Coalition, ..., Sustainable Blue Partnership Cooperation
Network (2022)…

Des initiatives foisonnantes

Le nombre de projets relatifs à la protection ou à


l’exploitation raisonnée de l’océan est tel qu’il est impossible
d’en établir une classification, qui serait pourtant utile (pour
leur efficience), que ce soit en termes :

• de réalisations : projets lancés, terminés/réussis,


pérennisés,

• d’objectifs : lutte contre la pollution plastique, contre


l’élévation du niveau des mers ou contre l’érosion des
littoraux, protection ou restauration des espèces ou des
écosystèmes, sensibilisation des populations, collecte de
données scientifiques, adaptation des espèces marines
au changement climatique, dialogues inter-décideurs, ...

• de types de financement mobilisés (internationaux,


nationaux, privés), ...

131
Cette multiplicité de projets masque souvent plusieurs
réalités :

• Les projets ‘’one-shot’’, financés sur appel à projet ou


pour des opérations de visibilité, mais dont le modèle
ne permet pas la pérennisation au-delà du financement
attribué ou provoque des effets collatéraux nuisibles ; ils
font souvent la une de la presse mais ne constituent pas
des expériences transposables.

• Des actions de grande qualité, souvent menées sans bruit


et sans grand budget par les acteurs locaux concernés;
transposables, elles n’ont cependant pas la visibilité
nécessaire pour être proposées dans d’autres situations
et contextes analogues.

• Des actions indirectes mais, qui ont un impact direct sur


l’océan, comme celles menées par des organismes globaux
de protection de la Nature, comme One Earth. Elles sont
donc plus difficiles à identifier.

• Des actions entreprises par le secteur privé, dont les


médias se font rarement l’écho, comme le Seafood Project,
qui vise à réduire le volume de prises perdues ou gaspillées
après la pêche.

Enfin, contribuant à sensibiliser les décideurs et


l’opinion publique mondiale et à mettre en évidence, voire
financer, des solutions possibles, de multiples événements
internationaux ont lieu depuis une dizaine d’années sur le
thème de l’océan, comme les conférences régulières Our
Ocean (depuis 2014), UN Ocean Conference et UNCTAD Oceans
Forum (depuis 2017), One Ocean Summit (2022), ... Mais, cette
multiplication des prises de paroles et des initiatives risque
de les noyer dans le flux informationnel mondial.

132
Un appareillage juridique et méthodologique
remarquable

Celui-ci est constitué, notamment, de trois éléments


essentiels :

• Le droit international de la mer, qui comprend


l’ensemble des règles relatives à l’utilisation des
océans, dont le principe de liberté de la haute mer, la
Convention de Montego Bay et la gestion du fond des
mers (cf. seconde partie, chapitre 1). Il est complété
par des conventions onusiennes portant sur des
sujets spécifiques (biodiversité*, patrimoine culturel
subaquatique) – ou régionales, destinées à protéger les
ressources et le milieu marins. Ces dernières ont, par
exemple, permis la création et la mise en place d’un
droit paneuropéen de protection du milieu marin ;

• Des objectifs ambitieux fixés par la communauté


onusienne : les Objectifs de développement durable*,
qui ont succédé aux Objectifs du millénaire pour le
développement en 2015. Ils définissent la protection
du climat et de l’environnement comme une condition
préalable au développement durable. L’Objectif de
développement durable 14 vise à ‘’Conserver et
exploiter de manière durable les océans, les mers et
les ressources marines aux fins du développement
durable’’. L’année 2022 a ainsi connu l’organisation de
plusieurs rendez-vous internationaux, qui devraient à la
fois renforcer ces ambitions et déboucher à l’avenir sur
des réalisations concrètes.

133
• Des outils comme :

33 les Aires Marines Protégées* ou Partiellement Protégées,


utiles mais difficiles à sélectionner (problème de zonage)
et coûteuses à gérer,

33 la Gestion Intégrée des zones Côtières* (GIZC), une


solution au dilemme entre l’utilisation humaine de
ces zones et leur dégradation, qui englobe à la fois les
principes de la gestion écosystémique et une hiérarchie
imbriquée de gouvernance. Cette solution devient la
Gestion intégrée de la Mer et du Littoral lorsqu’elle
inclut l’outil de Planification de l’espace maritime (PEM
/ MSP), qui étend ses principes à la mer,

33 diverses méthodes innovantes par exemple pour


évaluer la sensibilité paysagère d’un littoral en fonction
du contexte local et touristique, ou pour améliorer le
management des pêcheries comme le Common Oceans
Program (FAO, depuis 2014),

33 des rapports réalisant un état de l’art des évolutions en


cours et à venir dans ce domaine, suggérant aussi des
priorités et des solutions, comme Global Ocean Science
Report (UNESCO, 2020), Special Report on the Ocean
and Cryosphere in a Changing Climate (GIEC, 2019),
Rethinking Innovation for a Sustainable Ocean Economy
(OCDE, 2019), Future of the Sea (United Kingdom, 2018),
New Growth, Proud History (Norway, 2017).

Le 8 octobre 2021, le Conseil des droits de l’Homme des


Nations Unies a reconnu le ‘’droit à un environnement propre,
sain et durable’’, l’un des quatre objectifs de la Déclaration
de Stockholm de 2021 (Stockholm+49 Summit). Pour que
ce droit soit mis en œuvre, des changements structurels
dans les sphères juridique, économique, sociale, politique et
technologique seront nécessaires dans la plupart des pays, afin
de restaurer un système Terre stable et fonctionnel. ‘’Il s’agit
d’une étape fondamentale vers l’établissement d’un système de
gouvernance permettant de gérer efficacement les interactions
entre les êtres humains et le système Terre’’319.

134
Ainsi, à travers les questions liées à l’environnement,
au transport maritime et à la pêche, l’océan s’est-il imposé
sur la scène internationale au cours de la décennie passée.
L’Objectif de développement durable 14 a joué un rôle de
déclencheur manifeste en 2015, renforcé par l’ouverture
de la Décennie des sciences océaniques* de l’UNESCO en
2020.

Les difficultés rencontrées


L’effervescence des initiatives montre que la
motivation, tant des décideurs que de la société civile,
existe et que de nombreux outils peuvent être mobilisés
pour avancer.

Néanmoins, la biodiversité marine poursuit son recul.


L’océan continue de s’acidifier, se stratifier, se désoxygéner,
… L’insécurité alimentaire croit dans de nombreux pays
côtiers, tandis que toujours plus de plastiques et autres
polluants finissent leur course dans l’océan. Pourquoi ?

Les multiples freins aux solutions


Much of the widespread anxiety
over the climate crisis is directed Le problème réside dans les principaux freins suivants:
toward attempts to accurately
represent the problem. Once we
change the representation, the
• La faible accessibilité de l’information et son
argument goes, the represented morcellement peuvent brider le souhait d’un décideur
too will change — and the
problem, thus clearer to see, will
ou d’un investisseur local de s’engager dans un tel
be easier to address. changement.
Chiara DI LEONE
Imagine Other Futures • La lenteur des mécanismes internationaux, aussi
efficaces soient-ils, est inconciliable avec l’urgence
de la situation. Dans le cas de la couche d’ozone, la
communauté internationale a pu réagir vite car la
situation était suffisamment connue, le mécanisme
physique simple et le moyen d’action unique (interdire
les chlorofluorocarbures) ; cependant, ce succès a eu
pour effet collatéral que les gaz (les hydrofluorocarbures)
utilisés pour remplacer les chlorofluorocarbures
contribuent aujourd’hui majoritairement à l’effet de serre
global.

135
Dans le cas de l’océan, la situation est complexe, le
mécanisme largement méconnu et les multiples moyens
d’action doivent être systémiques pour être efficaces. Les
spécialistes demandent du temps pour maîtriser le sujet, les
politiques prennent le temps de parvenir à un consensus et les
acteurs économiques ne sont guère pressés de devoir modifier
leurs processus dans une situation économique globalement
difficile depuis 2008.

• Les représentations que l’être humain a de l’environnement


naturel d’une manière générale et de l’océan plus
particulièrement : la Nature est encore souvent considérée
comme un simple espace à conquérir, défricher ou replanter
au gré des besoins, une vision culturelle dans laquelle
l’Homme domine nécessairement la Nature, qui n’a donc
pas besoin d’être protégée.

Quant à l’océan, c’est un objet trop vaste pour que sa fragilité


et ses déséquilibres actuels soient appréhendés à leur juste
mesure : on y rejette tout, sans discernement ni mesure,
incapables d’évaluer spontanément les conséquences. D’où
la nécessité d’agir directement sur ces représentations
(éducation, sensibilisation), de préserver et d’utiliser les
savoirs des peuples autochtones, notamment, îliens, plus
conscients de la fragilité de la Nature.

• Enfin, même lorsqu’il existe une véritable prise de conscience


de la situation, ce qui est le cas pour nombre de pêcheurs,
d’habitants de littoraux érodés et d’élus locaux, ce sont
les alternatives qui font défaut. Comment ne pas pêcher
de poissons interdits lorsqu’il faut nourrir une famille ?
Comment ne pas construire/acheter en bord de mer quand la
vie y est plus douce qu’ailleurs ? Comment ne pas poursuivre
l’urbanisation littorale quand la demande touristique est si
forte ? Face à ces questions sans réponses et à défaut de
solutions rapides, viables et financièrement raisonnables,
les changements nécessaires peinent à s’opérer.

136
Conscients de cette situation, des réseaux
comme Friends of Ocean Action appellent à accélérer
le développement de solutions aux plus pressants défis
auxquels l’océanosphère* est confrontée.

L’économie bleue : entre paradoxes et confusions

Deux catégories de modèles économiques s’opposent


aujourd’hui :

• Le modèle dominant : celui d’une économie de prédation*


source de l’Anthropocène*, souvent désignée par
économie ‘’brune’’* (PNUE) ou ‘’rouge’’* (G. PAULI). Ce
modèle est considéré comme intenable à terme du fait
de la pression qu’il fait peser tant sur l’environnement
que sur les êtres humains (inégalités, chômage, ...).

• Des modèles alternatifs combinant diverses


composantes: économie verte*, économie circulaire*
(recyclage), économie blanche* (non consommation)…
L’économie bleue, au sens de G. PAULI, propose un
système économique, social et environnemental complet
fondé sur le biomimétisme*, la production zéro déchets,
le localisme, l’économie du partage, l’open source, ... 320

Appartenant initialement à la seconde catégorie,


l’économie bleue fait référence à toutes les activités
économiques liées aux océans, aux mers et aux côtes,
qui, ensemble, déterminent si l’utilisation des ressources
de l’océan est durable (Commission européenne 2021 ;
Banque mondiale et Département des affaires économiques
et sociales des Nations Unies 2017). Ces activités peuvent
avoir lieu dans l’environnement marin (transport maritime,
pêche et production d’énergie) ou sur terre (ports, chantiers
navals, aquaculture* terrestre et production d’algues)
(Commission européenne 2021)321.

137
Mais son interprétation a beaucoup évolué :

• Telle qu’elle a été conçue au sommet de Rio+20 (2012),


l’économie bleue favorisait naturellement les petits
pêcheurs dont les moyens de subsistance dépendent
d’écosystèmes sains et dont les méthodes de production
sont généralement plus durables et ‘’propres’’ que la
production alimentaire industrialisée (économie brune*).

• L’Union européenne s’est ensuite emparée de ce concept


en proposant une ‘’croissance bleue’’, qui met l’accent sur
la croissance plutôt que sur la soutenabilité et promeut
les industries de croissance à forte valeur ajoutée – ce qui
n’inclut pas la pêche – une perspective soutenue par le fait
Si l’économie bleue mondiale
était comparée à une économie que ‘’si l’économie bleue mondiale était comparée à une
nationale, elle serait la septième économie nationale, elle serait la septième plus grande au
plus grande au monde.
monde322.’’
Tansforming the EU’s blue
economy for a sustainable future,
European Union, 2021 Consciente de cette dérive, la Commission européenne
a proposé en 2021 une évolution vers la soutenabilité en
passant de la ‘’Blue Growth’’ à la ‘’Sustainable Blue Economy’’:
‘’L’économie bleue de l’Union européenne peut contribuer à
relever ce double défi [European Green Deal et Recovery Plan for
Europe] : si elle s’engage sur une voie plus durable, elle deviendra
To build a sustainable ocean une source d’actions et d’idées créatrices d’innovation, stimulant
economy, we must stop the une reprise rapide et durable et protégeant notre planète323, 324.’’
degradation of the world’s
marine ecosystems and improve
the environmental status of the De cette évolution, ont émergé deux interprétations
oceans. This will require action
from all of us. fondamentalement différentes, qui reflètent le dualisme entre
croissance économique et protection de l’environnement:
the High Level Panel for a
Sustainable Ocean Economy (the l’économie bleue comme exploitation des opportunités
Ocean Panel) économiques fournies par le milieu marin (économie brune*)
Erna SOLBERG, 14 Jan 2019
dans la droite ligne de la Blue acceleration* (cf. partie II –
Prime Minister of Norway
chapitre 2) et l’économie bleue comme spécificité marine de
l’économie verte* et du développement durable.

Il n’est donc pas anodin que les propositions les plus


attentives à l’environnement s’inscrivent plutôt sous le
vocable de Sustainable Ocean Economy (the Ocean Panel par
exemple).

138
Ces dernières années, l’émergence de nouveaux
concepts (blue biotechnology, blue carbone, blue diplomacy,
blue energy, blue finance (blue bonds, blue investing, the
blueness index), blue food, blue innovation, blue justice, blue
mind, blue space, blue tech, blue tourism, ...) a fait perdurer la
confusion entre ces deux interprétations.

Mais, au-delà de la volonté affichée d’exploiter le


potentiel des mers (zones économiques exclusives) pour
réaliser la transition de l’humanité vers un ‘’littoral résilient et
une société soutenable’’325, 326, un examen attentif de divers
rapports sur le sujet montre que les bénéfices et avantages
de cette exploitation sont toujours déclarés au profit de
l’humanité sans que les inconvénients ou dommages en
résultant éventuellement pour l’océan ne soient jamais
mentionnés.

Ainsi, la soutenabilité recherchée est celle du mode


de développement actuel permettant d’alimenter les villes
et les communautés côtières. L’exemple de la Blue Energy est
particulièrement parlant : le projet de l’Union européenne
d’installer une capacité de production éolienne offshore* de
450 gigawatts d’ici 2050 ne semble pas tenir compte des
dommages environnementaux que ces champs d’éoliennes
offshore* sont susceptibles de causer, de même que
l’idée de faire des ports une porte d’entrée vers les futurs
pôles offshore* d’énergies renouvelables (création d’îlots
multifonctionnels d’énergie renouvelable, maintenance de
parcs éoliens offshore* et production de carburant vert)327.

Un renversement de perspective est donc


nécessaire328: face à l’urgence de la situation de
l’océanosphère*, la question n’est plus de savoir ‘’comment
tirer des bénéfices de l’océan au profit de l’humanité’’, mais
‘’comment protéger l’océan pour que l’humanité puisse
survivre’’329, à l’image du gouvernement norvégien, par
exemple, qui a su le décliner dans sa stratégie océanique
audacieuse (technologies propres, digitalisation*, usages
innovants des ressources marines, diplomatie internationale,
lutte contre la pêche illégale et la pollution plastique,
recherche) 330.

139
La rupture dans la continuité
Un tel renversement de perspective requiert un
changement radical des choses. Celui-ci ne peut s’opérer sans
l’adoption d’un nouveau modèle de développement (voir les
Rapports Stratégiques de l’IRES 2019/2020 et 2021).

Vers un nouveau modèle de développement


En effet, le modèle de développement actuel est fondé
sur la prédation*, c’est-à-dire un prélèvement des ressources
naturelles supérieur à la capacité annuelle de renouvellement de
ces ressources. Ainsi, chaque année, le Jour du Dépassement*
arrive un peu plus tôt. Cette pression anthropique ne peut
que s’accroître, avec l’augmentation de population attendue
d’ici 2050, la trajectoire de croissance des pays développés
(principaux pollueurs de la planète) et en développement
(premières victimes du changement climatique) ainsi que
l’accession de pays de plus en plus nombreux aux modes de
This book, The Once and Future
Ocean, represents an interesting
vie des économies avancées,
and important contribution for
a better public awareness of the C’est pourquoi la question du changement de modèle
great importance of the oceans -
and Water itself - for the survival
de développement est au cœur des réflexions aussi bien dans
of our Planet. It is essential to les pays du Nord que dans ceux du Sud.
change into a new development
paradigm, based on the values of
sustainability and democracy Inspiré par les multiples initiatives, qui surgissent dans
le monde depuis une dizaine d’années, un nouveau modèle
Mario SOARES,
Chair, Independent World de développement est en train d’émerger. Se proposant de
Commission contribuer à l’avènement d’un monde post-Anthropocène*,
on the Future of the Oceans
il repose sur la vision d’un monde interdépendant, donc
systémique, engagé dans une dynamique d’évolution
permanente qui exige un regard prospectif.

Il vise à réconcilier l’Humain et la Nature dans un


développement profitable aux deux parties (économie
circulaire* et régénérative), à promouvoir des conditions de
vie plus saines physiquement et psychologiquement, dans
le cadre d’une approche One Health et à favoriser la liberté
individuelle (droits humains, mobilité, entreprenariat) tout en
protégeant la société (paix, justice, égalité, transparence).

140
Ce modèle générique proposé par l’IRES dans son
Rapport Stratégique 2019/2020 repose sur cinq piliers
structurels :

• Deux objectifs à atteindre : centrer le développement à


la fois sur l’Humain et sur la Nature.

• Deux tendances structurelles avec lesquelles il faut


composer : la planétarisation du monde (glocalisation,
mobilité) et l’exponentialité des phénomènes actuels
(digitalisation*, information, démographie).

• Un moyen d’action essentiel supportant ce nouveau


modèle : la gouvernance.

Il promeut les principes-clés suivants :

• L’humanité est une et indivisible, non réductible au genre,


à la couleur ou à la culture des groupes ou des individus.

• Le développement économique doit être subordonné au


développement humain.

• La ‘’durabilité’’ réfère à la poursuite d’un modèle de


développement, tandis que la ‘soutenabilité’ concerne la
capacité de la planète à faire perdurer ses équilibres en dépit
de la prédation humaine. De ce fait, le ‘’développement
soutenable’’ est ‘’le processus consistant à vivre dans les
limites des ressources physiques, naturelles et sociales
disponibles, de manière à permettre aux systèmes vivants
dans lesquels les humains sont intégrés, de prospérer à
perpétuité’’331.

• La gouvernance inclut l’intelligence collective, la


subsidiarité*, les processus bottom-up*, l’écoute et la
prise en compte des minorités, la rationalisation des
moyens publics et l’éthique.

141
Sustainability has been a key
notion in the societal and Vers une économie de l’océan soutenable
scientific discourse about the
relationship between human
societies and nature at least Ce modèle de développement d’un genre nouveau
since the UN report ‘Our permet de repenser le rapport de l’humanité à l’océan et de
Common Future’ (WCED 1987).
Sustainability has become fournir les éléments d’une feuille de route aussi bien mondiale
widely agreed upon as a general que nationale (cf. infra chapitre 3), sans faire table rase des
and abstract objective, but
the practical effect has as yet avancées actuelles.
remained small. A major problem
is that it is often unclear what
sustainability actually means in En effet, il intègre et complète les principales prises de
a concrete decision context. In position apparues ces dernières années en matière d’actions
particular, the large uncertainties
with regard to the future ocean relatives à l’océan, notamment, celles :
and inevitable ocean change
challenge simple concepts of
sustainability. • de la coalition Friends of Ocean Action organisée par le
Forum économique mondial (WEF) en collaboration avec le
The Future Ocean Network_
Association of Kiel researchers World Resources Institute :

33 l’urgence d’accélérer les mesures en faveur de la santé


de l’océan (The Ocean Super Year Declaration, 2021),

33 la reconnaissance de l’intrication des questions


de sécurité alimentaire*, moyens de subsistance,
biodiversité* et climat,

33 la nécessité d’approches inclusives et justes pour des


solutions bleues soutenables et efficaces, notamment
en ce qui concerne les peuples autochtones et les
communautés locales,

33 l’importance des piliers d’impacts de Friends of Ocean


Action : mobiliser la finance océanique, construire un
océan résilient (gestion équitable et soutenable de
l’océan), créer un océan digital (ocean data), nourrir
des milliards d’êtres humains, accélérer l’innovation
océanique.

142
• du High Level Panel for a Sustainable Ocean Economy
(Ocean Panel), dont le concept de Sustainable Ocean
Economy comporte les 5 domaines clés de transformation
suivants :

33 Ocean Wealth : soutenabilité de l’alimentation, de


l’énergie, du tourisme et des transports liés à l’océan,
soutenabilité des nouvelles industries océaniques,
approche prudente de l’exploitation des fonds
marins,

33 Ocean Health : réduction des émissions de gaz à effet


de serre, protection et restauration des écosystèmes
marins et littoraux, réduction de la pollution
océanique,

33 Ocean Equity : pratiques transparentes et


responsables en matière de pêche et d’industries
océaniques, reconnaissance des intérêts des
peuples autochtones et des communautés littorales,
gouvernance inclusive, création des conditions de
plein engagement des femmes dans les activités
océaniques, coopération internationale pour
combattre les différentes activités illégales,

33 Ocean Knowledge : renforcement des connaissances


et compétences océaniques, valorisation de l’océan,
exploitation des sciences, techniques et données de
l’océan,

33 Ocean Finance : utilisation des principes de financement


durable des océans, mobilisation des financements
du secteur privé en faveur de l’économie océanique
durable, création d’une capacité de financement
mixte ciblée, développement et application d’une
carte des risques océaniques et d’un indice de risques
mondiaux (assurances).

143
Ainsi, le modèle de développement générique proposé,
appliqué à l’océan, est fondé sur le principe général que la
protection efficace de l’océanosphère*, la production durable
de biens et services océaniques (pêche, tourisme, transports,
...) et la prospérité équitable vont de pair.

Il reste maintenant à instaurer une Ocean Governance,


une gouvernance de l’océan, qui permette de faire respecter
ce principe général et de mettre en œuvre ce modèle de
développement post-Anthropocène*.

144
• L’effervescence actuelle relative à l’océan masque les
véritables enjeux suivants :

33 Une fragmentation et une multiplication des


initiatives et solutions, qui laissent présager une
grande déperdition d’énergie et de moyens.

33 Une production d’information massive, qui rend


l’accès à cette information de plus en plus difficile.

33 Un lobbyisme institutionnel, qui vise à protéger les


intérêts des pays développés (exploitation minière,
surpêche, non-démantèlement des plateformes
offshore obsolètes).

33 Des déclarations de principe, qui peinent à produire


des impacts significatifs.

33 Enfin, un dilemme essentiel à trancher : le but de cette


mobilisation est-il de poursuivre l’industrialisation
compétitive dans l’océanosphère ou bien de sauver
celle-ci avant le point de non-retour ?

145
146
Chapitre 2 : Pour une gouvernance mondiale
de l’océan

Il semble crucial aujourd’hui de sortir de la phase


d’effervescence précitée, qui reste non-encadrée, tout en
continuant de mobiliser les bonnes volontés. C’est pourquoi
la principale solution proposée ici est celle d’une gouvernance
mondiale de l’océan que ce chapitre tentera de décrire, en
insistant sur les aspects opérationnels.

Toutes les réponses aux problèmes existants


ne peuvent être fournies par un modèle général de
développement, mais des principes directeurs et des
orientations majeures peuvent faciliter l’adoption de
solutions issues d’un raisonnement systémique et prospectif,
encadrées par une morale de l’action et suffisamment
opérationnelles pour être efficaces.

Application de principes directeurs

Les principes directeurs fondamentaux du modèle


de développement générique précité s’appuient sur deux
prérequis qui les conditionnent :

• Le socle de valeurs qui sous-tend ce modèle respecte les


principes inaliénables suivants : unicité du genre humain,
singularité unique de chaque personne, privatisation
de l’intime, éthique de la sollicitude, reconnaissance et
respect du vivant.

• Toute gouvernance doit reposer sur le respect des droits


humains, la justice, l’éthique, la flexibilité des processus
mis en œuvre, l’adaptation au contexte et la protection
des populations. Elle doit aussi donner du sens à ses buts
et ses actions.

147
Dans cette perspective, la boussole susceptible
de guider la gouvernance de ce modèle se déploie dans
six directions (détaillées dans le Rapport Stratégique
2019/2020 de l’IRES intitulé ‘’Vers un nouveau modèle de
développement’’). Appliquée à la gouvernance de l’océan, elle
devrait conduire à privilégier un mode de fonctionnement
systémique.

Renforcer l’intelligence collective

Afin de faciliter la mise en œuvre des meilleures


pratiques, il est primordial de favoriser une appropriation
des raisons pour lesquelles ces pratiques ont été considérées
comme bonnes. Cela passe par un renforcement de
l’intelligence collective des parties prenantes aux activités
océaniques.

1. Privilégier la concertation* comme mode de décision

Il importe de bien distinguer entre l’intelligence


collective internationale, souvent appelée communauté
mondiale et l’intelligence collective au plus petit niveau
décisionnel.

En effet, la première édicte un cadre législatif global,


alerte l’opinion et mobilise des financements, tandis que la
seconde doit permettre de résoudre des problèmes locaux
et, pour cela, s’entendre sur le choix des options, partager
une vision commune à moyen et long termes, mutualiser les
ressources et répartir les efforts à partir d’une mobilisation
volontaire.

Dans le contexte actuel de raréfaction des


financements disponibles et de complexité des situations
marines, maritimes et littorales, la coopération entre les
acteurs est plus que jamais nécessaire, notamment, autour
d’un même bassin océanique (la Méditerranée, façade
de l’Atlantique sud, l’Arctique, ...) où le multilatéralisme
s’impose.

148
2. Favoriser les projets de territoire (littoral ou marin) élaborés
sur une base participative

Cette mesure devrait s’imposer dans tout processus de


sélection de projets candidats à des investissements publics,
nationaux et internationaux.

De tels projets partagés s’ils comportent une base


de prospective, permettent une meilleure appropriation
des problématiques globales et spécifiques et facilitent une
concertation* et une prise de décision en toute connaissance
de cause.

Ainsi, chaque acteur comprend la portée de son action et


les conséquences qu’elle a pour autrui, par exemple, l’impact de
la création d’une marina sur les exploitants locaux des ressources
marines (les pêcheurs, les ostréiculteurs, les algoculteurs, ...).

3. Informer systématiquement le citoyen sur les conséquences


structurelles de l’action publique

Cette disposition, à travers la voie de presse et


l’affichage, permet de donner du sens à cette action, en facilite
l’appropriation et le respect, ouvre éventuellement la possibilité
d’un recours de la part des parties prenantes et justifie la
sanction des contrevenants.

Aussi, l’interdiction, par exemple, de prélever illégalement du


sable pourrait-elle être mieux comprise et, de ce fait, mieux
respectée.

4. Faciliter et développer la contribution citoyenne

A l’heure d’Internet et des applications de masse (réseaux


sociaux, applications mobiles), il existe au moins trois moyens
de mobiliser les citoyens autour des enjeux de l’océan:

149
• Le financement participatif (crowdfunding) de projets ou
de mesures (en complément par exemple de budgets
participatifs) en faveur de l’océan, comme l’éducation
à l’océan, la sensibilisation à l’érosion des océans, la
réduction des déchets, l’aide aux sauveteurs côtiers, ...

• La production participative (crowdsourcing), qui permet


de lancer un appel ouvert à tous pour la participation à
une tâche donnée, en échange, éventuellement, d’une
rémunération ou d’une récompense, par exemple pour
la collecte de données océaniques ou le nettoyage des
plages332.

• La science citoyenne dans laquelle le public participe


volontairement au processus scientifique pour résoudre
les problèmes du monde réel, à travers la formulation
de questions de recherche, la réalisation d’expériences
scientifiques, la collecte et l’analyse de données,
l’interprétation de résultats, la réalisation de nouvelles
découvertes, le développement de technologies et
d’applications et la résolution de problèmes complexes.
La National Oceanic and Atmospheric Administration
s’appuie largement sur ce processus.

Ainsi, la mobilisation de l’intelligence collective


autour des enjeux de l’océan peut contribuer à la fois à
améliorer la prise de décision (plus systémique), à une plus
grande appropriation, à une amplification des actions et à
une démultiplication des efforts consentis.

Rationaliser les ressources et les usages

L’avènement de l’Anthropocène*, qui modifie les


grands équilibres naturels de la planète, d’une part, et
les dysfonctionnements du modèle de développement
économique actuel, qui peine de plus en plus à affronter les
crises, d’autre part, conduisent à un double besoin : celui
de limiter les déperditions au niveau tant des ressources
(biodiversité*, eau potable, ...) que des moyens (gaspillage,
inefficacité, ...).

150
Le ralentissement de la croissance mondiale depuis 2007
et la nécessité de devoir ‘’prendre des initiatives multilatérales
pour répondre à la crise humanitaire, empêcher que l’économie
mondiale ne se fragmente davantage, préserver les équilibres
mondiaux de la sphère monétaire ( maîtrise de l’inflation,
liquidité monétaire assurée,…), faire face aux situations de
surendettement, lutter contre les changements climatiques et
mettre fin à la pandémie’’333,334, pèsent considérablement sur
les financements publics mondiaux.

D’une manière générale, la rationalisation de l’utilisation


des ressources naturelles s’impose comme celle des moyens
financiers, humains ou matériels. D’où l’importance de la
participation citoyenne précitée car l’effort qui doit être
consenti pour restaurer les équilibres de l’océanosphère* exige
un investissement supérieur aux moyens financiers et humains,
qui lui sont actuellement consacrés.

Rationaliser signifie ici ‘’obtenir de meilleurs résultats


avec une moindre consommation de moyens et de ressources’’,
ce qui passe par l’élimination des redondances inutiles et
des surcoûts, un meilleur inventaire – à toutes les échelles :
locale, nationale, régionale et internationale – des ressources
disponibles (notamment des données existantes) et, enfin,
une véritable mutualisation des moyens. De multiples
systèmes organisationnels, comme les coopératives de pêche,
fonctionnent déjà selon un tel modèle et il serait aisé, pour
les diverses parties prenantes aux enjeux de l’océan, de s’en
inspirer.

La mutualisation et la rationalisation exigent :

• une coordination efficace pour éviter les redondances et


orchestrer la mise en commun,

• des institutions solides pour respecter et faire respecter les


différentes règles établies,

151
• des moyens d’information fiables relatifs, d’une part, aux
ressources tant en stock (ressources existantes) qu’en
flux (ressources disponibles ou mobilisées) et, d’autre
part, aux besoins des divers usagers, en termes de
répartition spatiale et temporelle

A l’échelle de la gouvernance mondiale de l’océan,


le premier pas en faveur de cette rationalisation est la
mutualisation qui découlerait de la reconnaissance juridique
de l’ensemble de l’océan comme bien commun* de l’humanité
et de la mise en place d’une gestion communautaire mondiale
de ce bien commun*337,338,339 (cf. infra).

Mettre en place la subsidiarité

La résolution efficace d’un problème dépend souvent


de l’échelon où son traitement a été effectué.

Aussi, le principe de subsidiarité* attribue-t-il la


responsabilité d’une action publique à l’entité la plus proche
de ceux directement concernés par cette action. En d’autres
termes, ce principe bottom-up* stipule que ce n’est que
lorsqu’une situation excède les compétences d’une entité
qu’elle est transmise à un échelon hiérarchique supérieur.
Cette autorité de proximité se situe donc à l’échelon
géographique le plus pertinent pour traiter le problème, que
celui-ci soit local, national, régional ou mondial.

La subsidiarité* repose en outre sur des notions


fondamentales pour la gouvernance : la transparence de
l’action publique, la responsabilisation des parties prenantes
(empowerment), la reddition de comptes (accountability,
reporting) des acteurs.

Appliquée à la gouvernance de l’océan, elle suggère
une triple application :

152
• A l’échelle nationale, la délégation de compétences de
l’Etat central aux niveaux d’action inférieurs s’impose
(décentralisation, droit coutumier, droits des peuples
autochtones) pour que ceux-ci puissent traiter les problèmes
qui les concernent directement.

• A l’échelle régionale, des actions concertées pourraient ainsi


être décidées et menées dans le cadre du multilatéralisme,
de manière autonome par rapport aux régions instituées:
par exemple, une assemblée océane opérationnelle (Ocean
Operational Meeting) des pays riverains de la Méditerranée
pourrait régler des problèmes relatifs à cette mer, par
délégation des autorités régionales comme l’Union
européenne ou l’Union africaine et dans le respect de leurs
droits et principes respectifs.

Une plateforme de concertation* existe déjà (le Plan d’action


pour la Méditerranée, PAM/ PNUE), offrant un cadre
institutionnel, juridique et d’expertise, mais ne disposant
pas d’un pouvoir décisionnel, puisqu’émanant des Nations
Unies. Ainsi, une telle Assemblée décisionnelle permettrait
non seulement de faire face très rapidement à des accidents
tels que les marées noires ou les invasions d’espèces
toxiques, mais aussi d’élaborer des solutions structurelles
durables à des problèmes récurrents.

• A l’échelle mondiale ne seraient ainsi traités que les


problèmes n’ayant pu être résolus aux niveaux inférieurs.
Cette délégation accordée au niveau global serait
accompagnée des moyens juridiques, financiers et humains
nécessaires à une action efficace (cf. infra).

Certains problèmes systémiques requièrent d’être


réglés à tous les échelons simultanément. C’est le cas des
biens communs mondiaux, qui doivent être gouvernés à
la fois à l’échelle mondiale et comme partie intégrante du
développement national et régional. Dans tous les cas,
la coordination et la collaboration des acteurs concernés
constituent la clé d’une subsidiarité* efficace, d’où l’importance
du mécanisme de coordination sur les questions océaniques
du système des Nations Unies : ONU-Océans.

153
La subsidiarité*340 propose donc un renversement
complet du paradigme hiérarchique descendant (top-down*)
actuel au profit d’un processus opérationnel remontant
(bottom-up*). La réticence des Etats souverains à déléguer
certaines de leurs prérogatives devrait céder devant la
succession des crises à venir auxquelles il faudra trouver des
réponses rapides et opérationnelles.

Fonder l’action publique sur la science et les


faits avérés

En matière de politique publique, les décisions sont


souvent prises sur la base d’hypothèses d’ordre idéologique,
de connaissances obsolètes ou d’idées reçues, faute de
temps ou de moyens pour accéder ou élaborer l’information
objective nécessaire. D’où l’intérêt d’adopter un protocole
en 3 étapes : la connaissance du terrain, réelle et à jour,
l’identification précise et systémique du problème posé à
partir d’une investigation scientifique et la validation sur le
terrain des solutions proposées grâce à l’expérimentation et
à l’évaluation341.

Le terme de ‘’science’’ renvoie ici à une acception


dynamique de celle-ci : il s’agit des connaissances observées
et traitées de manière objective, qu’elles aient déjà fait
l’objet d’une explication causale reconnue ou non. Dans
ce cas, il est coutume de parler de ‘’faits avérés’’. Cette
définition permet d’incorporer le vaste champ des savoirs
autochtones.

Ce principe scientifique s’applique tout


particulièrement à la gouvernance de l’océan comme l’a
rappelé la Conférence sur les océans 2022 visant à ‘’mettre en
place des solutions innovantes fondées sur la science, dont
le besoin se fait cruellement sentir, afin d’ouvrir un nouveau
chapitre de l’action mondiale en faveur des océans et de
mobiliser l’action’’, citant plusieurs projets, qui contribuent
déjà à cette amélioration de la connaissance scientifique de
l’océanosphère* :

154
• internationaux, comme le projet Mercator de cartographie
de l’océan mondial (dont seulement 21% étaient
cartographiés en 2021342) et le Programme international
Argo d’observation des océans (capteurs),

• ou nationaux comme la création d’une banque de


connaissances sur les océans par le Costa Rica, destinée à
gérer plus durablement les ressources marines et à restaurer
les mangroves.

Néanmoins, le financement public des sciences


océaniques* reste globalement modeste dans les pays
développés et accuse un déficit alarmant dans les pays
en développement, notamment, les plus vulnérables aux
changements océaniques comme l’Afrique et les petits Etats
insulaires en développement*.

La question de l’exploitation minière de la haute mer, sous


administration de l’Autorité internationale des fonds marins,
montre à quel point une telle connaissance est nécessaire pour
prendre les bonnes décisions.

Intensifier les activités d’échange pour accroître la


coopération scientifique et technologique, tout en incluant
les détenteurs de savoirs autochtones et locaux, est un
impératif nécessaire mais non suffisant. Pour fonder l’action
publique sur la science et les faits avérés, notamment, dans le
domaine océanique, trois mesures globales doivent compléter
la coopération scientifique :

• Le respect systématique des éléments méthodologiques


de base : l’application de la pensée systémique à tous les
processus de recherche comme d’action ; l’expérimentation
avant la généralisation ; l’évaluation in-situ (diagnostics) ;
l’interopérabilité des données.

155
• La possibilité d’en appeler aux communautés
épistémiques et scientifiques mondiales pour informer
les décideurs préalablement à l’action. Pour cela un
portail mondial pourrait être créé sur lequel les décideurs
poseraient leurs questions et ceux qui savent (les
scientifiques ou les praticiens) pourraient y répondre.

• La création au niveau national ou régional d’une autorité


de veille scientifique et technique (Science & Technologie,
Recherche & Développement, Technologie et Innovation)
relative à l’océan, vérifiant et synthétisant les nouvelles
informations avant de les mettre à disposition dans la
langue du plus grand nombre de locuteurs concernés.

Cela permettrait de lutter contre les raccourcis


médiatiques et les fake news, et d’assurer un suivi des
intentions politiques (cf. moratoires) et des programmes
internationaux de Recherche & Développement, Technologie
et Innovation.

Faire prévaloir la justice et l’éthique

Toute notion de gouvernance est associée à un cadre,


qui détermine ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas. Ce
cadre est à la fois légal et éthique.

Le respect des normes morales (justice, honnêteté,


traitement équitable, aide à autrui) dépend de chaque
personne. Il appartient, donc, aux pouvoirs publics de mettre
en place des conditions facilitant ce respect : un cadre
juridique effectif (appareil législatif, tribunaux, …), un cadre
moral (à travers l’éducation, la formation et la sélection des
fonctionnaires) et des instances d’arbitrage (médiateurs,
recours, …).

156
Tout objet de gouvernance relève de ce principe
d’honnêteté (justice et éthique), mais en ce qui concerne la
gouvernance de l’océan, quatre grandes mesures en découlent:

• La lutte contre la corruption (des pêcheurs, des contrôleurs,


des distributeurs, ...), par exemple en digitalisant et en
automatisant les démarches sujettes à ce risque.

• L’interdiction de spéculer sur les biens de nécessité issus de


l’océan : prix des matières premières, prix des aliments.

• L’incorporation des coûts écologiques dans les prix pratiqués,


de manière à soutenir les activités océaniques durables
(pêche, transport, tourisme, ...).

• L’interdiction des pratiques dommageables pour


l’environnement littoral et marin (techniques de pêche
proscrites, quotas sur les espèces menacées, obligation de
traitement des effluents, ...).

Il importe, également, d’accorder une attention


privilégiée aux populations en situation précaire, notamment,
dans les communautés côtières et de lutter contre les pratiques
discriminatoires, par exemple celles qui favorisent la pêche
industrielle au détriment des petits pêcheurs ou celles qui
s’exercent au détriment des populations autochtones.

Rendre les pouvoirs publics plus flexibles et mieux


adaptés aux besoins

Bien que l’intelligence collective et la subsidiarité*


progressent, l’une des causes de l’inefficacité des pouvoirs
publics demeure leur difficulté à percevoir les nouveaux besoins
et à s’y adapter, comme en témoignent les retards souvent pris
en matière de processus participatifs, de digitalisation* ou de
modernisation du corpus législatif.

157
En reprenant le triptyque cher à la gouvernance
d’entreprise, les autorités publiques devraient
systématiquement :

• développer une culture prospective pour affiner leur


vision et prendre des mesures proactives plutôt que
réactives,

• alléger les voies hiérarchiques et promouvoir une gestion


par projet ou par mission pour être plus opérationnelles,

• se donner comme raison d’être (purpose) de protéger


et de faciliter la vie des administrés (simplification des
procédures administratives) plutôt que de donner
l’impression de les combattre, ce qui tend à pérenniser
et à élargir le clivage entre l’Etat et les citoyens.

Cela vaut aussi bien pour la gouvernance de l’océan


que pour l’ensemble de l’action publique.

Gouverner un bien commun de l’humanité


‘’Nous sommes donc profondément alarmés par la situation
d’urgence que connaît l’océan à l’échelle mondiale. Le niveau de
la mer augmente, l’érosion du littoral s’aggrave, et l’océan est plus
chaud et plus acide. La pollution marine augmente à un rythme
alarmant, un tiers des stocks de poissons sont surexploités, la
biodiversité marine continue de diminuer et environ la moitié de
tous les coraux vivants ont été perdus, tandis que les espèces
exotiques envahissantes constituent une menace importante
pour les écosystèmes et ressources marins. Si des progrès ont
été accomplis pour atteindre certaines des cibles de l’objectif
14, les progrès n’ont pas lieu à la vitesse ou à l’échelle voulues
par rapport aux objectifs que nous nous sommes fixés.

Nous déplorons profondément notre incapacité collective à


atteindre les objectifs 14.2, 14.4, 14.5 et 14.6, qui sont arrivés
à échéance en 2020, et nous renouvelons notre engagement
à prendre des mesures urgentes et à coopérer aux niveaux
mondial, régional et sous-régional pour atteindre toutes les
cibles dès que possible et sans retard excessif’’. Extrait de la
Déclaration politique ‘’Notre océan, notre avenir, notre
responsabilité’’ des Chefs d’Etats réunis à Lisbonne (UNOC,
2022).

158
A cette situation, s’ajoutent trois autres éléments qui
justifient un intérêt particulier pour la notion de bien commun*
(commons) :

• L’océan absorbe 25% de toutes les émissions de dioxyde


de carbone et plus de 90% de la chaleur excessive du
système climatique, il génère plus de 50% de l’oxygène
nécessaire à la vie sur terre. Cependant, d’ici 2100, l’océan
pourrait se réchauffer de 2 à 7 fois, selon les scénarios, par
rapport aux changements observés depuis 1970344.

• Les produits de la pêche constituent la principale source


de protéines pour plus de 50 % de la population des
pays les moins avancés et 15% des protéines animales
consommées dans le monde : ces ressources sont donc
essentielles à l’alimentation de l’humanité. Toutefois,
plus de 10 millions de tonnes de poissons sont perdues
chaque année du fait de la malpêche et plus de 50% des
espèces marines de la planète pourraient potentiellement
disparaître d’ici 2100345.

• Enfin, 61% de l’océan (la haute mer) est situé en dehors


des frontières légales des Etats346.

L’ensemble de ces raisons montre l’importance de


l’océanosphère* pour l’ensemble de l’humanité. Or, les
dégradations d’origine anthropique en cours et la perspective
d’importants profits économiques (Blue Acceleration*) la
menacent très fortement.

Cette situation plaide en faveur de la gestion de l’océan


comme un bien commun* universel de la planète.

159
Du patrimoine commun de l’humanité au bien
commun347

Le concept de ‘’patrimoine commun de l’humanité’’


(common heritage) renvoie à l’idée d’un héritage légué par
les générations précédentes et devant être transmis inaltéré
ou accru, aux générations futures. Bien qu’originellement
sans fondement juridique, ce concept a constitué une
innovation majeure dans le droit de la mer qui, jusqu’alors,
ne connaissait que la liberté (de la haute mer) et l’exclusivité
(des zones économiques exclusives), lorsque la Convention
de Montego Bay a imposé que ‘’les fonds des mers et des
océans circonscrits par les limites extérieures des plateaux
continentaux – dits ‘’patrimoine commun de l’humanité’’ –
ne peuvent être exploités qu’au bénéfice de tous’’.

Néanmoins, la question de l’exploitation future


des fonds marins en haute mer montre les limites de
cette déclaration ‘’au bénéfice de tous’’. Ainsi, face aux
perspectives d’une industrialisation croissante des activités
maritimes (accroissement en volume et en diversité), émerge
un mouvement mondial348 en faveur d’une reconnaissance
de l’océan comme bien commun*349 de l’humanité (global
commons).

Un bien commun* peut être défini comme une


ressource naturelle ou culturelle partagée par un groupe, avec
des règles spécifiques de distribution, de préservation et de
valorisation 350. Ce sont des biens non-exclusifs (en accès
libre) et rivaux (agents rivaux dans la consommation de la
ressource) 351.

Si la notion de bien commun* est devenue centrale


dans la réflexion sur l’aide au développement comme sur
les défis du changement climatique, c’est qu’elle offre une
vision nouvelle :

160
• L’Etat ne peut veiller seul à la transmission d’un patrimoine
inaltéré, voire enrichi, aux générations futures : les
communs étant totalement à l’opposé d’une gestion purement
bureaucratique et publique des ressources352, 353 C’est en cela
que la notion de bien commun* dépasse la conception d’un
‘’bien public’’.

• Les communautés sont à même de préserver, de développer


et de promouvoir des ressources communes, culturelles ou
naturelles.

Oceans are highly dynamic and Un bien commun* doit donc être protégé au bénéfice
interconnected; around two- des générations futures, de manière non bureaucratique,
thirds of the world’s oceans
are areas beyond the national impliquant les communautés d’usagers.
jurisdiction of states. Their
specific characteristics and
status imply a shared global Aujourd’hui, bien que le débat sur la construction d’une
responsibility and the need to catégorie juridique des biens communs soit en cours dans
cooperate and coordinate across
boundaries and borders to take plusieurs pays (France, Italie, …)354 355, un tel statut juridique
meaningful action. n’existe toujours pas. Cependant, la question a le mérite de
International ocean governance, poser clairement les enjeux de l’océan en termes de ressources,
EU de communautés et de règles. Les trois composantes d’un bien
commun* sont les suivantes :

• La ressource est constituée par l’ensemble de


l’océanosphère*, dont les services écosystémiques qu’elle
rend à la planète et à l’humanité.

• La communauté est l’humanité sans exception (puisqu’il est


impossible d’interdire l’accès à un bien commun* qui, par
définition, est partagé).

• Les règles devraient être, pour tous les utilisateurs, d’en


maintenir et, si possible, d’en améliorer l’état356.

161
Yes, we are still moving too slowly Dans le cas d’un bien commun* mondial, c’est donc
to catch up on the accelerating
crisis. But we know the solutions. à l’humanité tout entière d’en prendre soin, ce qui, dans les
faits, ne correspond souvent à ‘’personne’’, compte-tenu
Inger ANDERSEN,2022
Executive Director, UN du degré de dilution des responsabilités. C’est pourquoi
Environment Programme, PNUD la reconnaissance de l’océan global comme un bien
commun* mondial imposerait la nécessité de constituer une
communauté capable de le gérer en tant que tel.

Pour un gouvernement mondial de l’océan

Il existe, aujourd’hui, une forme de gouvernance


mondiale de l’océan : les organisations non gouvernementales
et les Etats dialoguent au sein des institutions internationales
et des sommets mondiaux.

Mais des déclarations à l’action, à ce niveau


d’individualisation des responsabilités, beaucoup de temps
est nécessaire pour aboutir à des décisions telles que la fin
de la pollution plastique par exemple (2024) ou un code
minier pour l’exploration et l’exploitation des fonds marins
internationaux (2023).

Or, le rythme de la dégradation des cycles naturels


n’est plus compatible avec celui de la décision publique
internationale telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui. Une
autre voie s’impose.

Les instances internationales forment de facto une


sorte de pouvoir législatif mondial, fondé sur le dialogue et
la coopération des différentes parties prenantes. Mais ce
qui manque pour un passage rapide à l’action c’est de doter
ces instances de prérogatives contraignantes dans certains
domaines.

En effet, la communauté internationale mondiale est


clivée aujourd’hui autour de plusieurs enjeux majeurs pour
l’océan :

162
• L’exploitation minière des fonds marins internationaux,
gérée par l’Autorité internationale des fonds marins.
Certains Etats soutiennent des compagnies extractives,
d’autres ont formé une coalition pour un moratoire, tandis
que d’autres acteurs (ONG) souhaitent une interdiction
pure et simple.

• La pollution plastique, objet des travaux de l’Assemblée des


Nations Unies pour l’Environnement. Celle-ci a convenu,
en mars 2022, d’entamer des négociations en vue d’un
traité mondial contraignant sur l’utilisation et l’élimination
du plastique. Cependant, le marché mondial des déchets,
l’industrie du recyclage des différents plastiques et des
secteurs d’activités comme la santé ne sont pas prêts
pour une telle mesure.

• La malpêche, gérée par l’Organisation mondiale du


commerce. Celle-ci est parvenue à un consensus général
sur l’interdiction des subventions à la pêche nuisible.

• La protection de la biodiversité marine, gérée par


Conférence intergouvernementale sur un instrument
international juridiquement contraignant (Conférence
intergouvernementale sur la biodiversité marine des
zones ne relevant pas de la juridiction nationale ).

Un traité est en cours de négociation dans le cadre de


cette instance afin de réglementer la haute, en ce qui
concerne plus particulièrement les ressources génétiques
marines et les aires marines protégées*. Le clivage porte
ici essentiellement sur le partage des avantages issus de
la génétique marine et le degré de protection des aires
marines protégées*357.

Témoins de ces tensions, des alliances et des


déclarations (signées par des parties prenantes) cherchent
à influencer les différentes négociations et expriment leurs
différentes positions:

163
• ‘’Protéger 30% d’espaces marins sous juridiction
nationale d’ici 2030’’ (Coalition de la Haute Ambition
pour la Nature et les Peuples, 84 pays).

• ‘’Mettre fin à la surpêche et vérifier, contrôler et


sanctionner la pêche illégale, non déclarée et non
réglementée*’’( 14 pays participant au One Planet Summit
The underlying unity of the
for the Ocean à Brest, février 2022).
oceans requires effective global
management regimes
Brundtland Report
• Appel aux pouvoirs publics pour limiter les impacts
/Chapter 10. Managing the de l’élévation du niveau de la mer sur les villes et les
Commons, 1987
communautés côtières (Déclaration Sea’ties d’une
We need to forge a new ethico-
trentaine d’autorités locales).
political relationship between
humanity and the oceans, a
relationship with a political and
Bien que certaines de ces alliances soient éphémères
juridical basis which creates (comme le Partenariat mondial pour les océans de 2012, qui
an atmosphere of sharing and
solidarity and which provides
semble aujourd’hui oublié), la pression se fait de plus en plus
for a new universalism centered forte pour traduire ces intentions dans le droit international
on knowledge of the oceans; a
relationship capable of unifying
de la mer de manière contraignante.
the citizens of the world under
one banner, a common, unique
and irreplaceable asset: the sea
D’où l’intérêt d’un gouvernement mondial de l’océan,
which all the continents share. alignant les diverses initiatives en une approche systémique,
Mario SOARES,
The ocean Our Future (1998)338
orientée vers une vision à long terme, facilitant la réalisation
des objectifs fixés et articulant l’action collective aujourd’hui
fragmentée. Cette approche pourrait s’inspirer de celle en
cours d’implémentation dans le Pacifique : la Stratégie 2050
pour le continent Pacifique bleu.

Ainsi, compte tenu de l’urgence de la situation actuelle


en matière de dégradation de l’océan et d’élévation du
niveau de la mer, des mesures exceptionnelles s’imposent,
comme la création d’une gouvernance contraignante basée
sur les éléments, ci-après :

164
• La mise en place d’un organisme international, doté de
prérogatives contraignantes, chargé des questions liées à
l’océan :

33 nommé par les instances internationales,

33 représentant toutes les parties prenantes (ONG,


corporations professionnelles, artisans et industriels
de la mer, communautés, ...) – chacune y envoyant
un unique délégué – et décidant collégialement pour
appliquer les résolutions et déclarations,

33 assurant directement l’administration des diverses


institutions de gestion de l’océan, comme l’Autorité
internationale des fonds marins et la coordination des
multiples alliances et partenariats (rationalisation et
mutualisation).

• Un pouvoir de décision contraignant sur la totalité de


l’océan hors juridictions nationales, comme c’est d’ores et
déjà le cas pour l’Autorité internationale des fonds marins
et sur l’ensemble des processus, qui affectent l’entièreté de
l’océanosphère* (comme la pollution plastique) ; plusieurs
institutions internationales travaillent déjà à l’élaboration
de telles mesures contraignantes : l’Organisation mondiale
du commerce, l’Organisation maritime internationale358 et
l’Assemblée des Nations Unies pourl’environnement359.

• Un devoir de mise en œuvre des conventions et des


programmes d’action internationaux :

33 expliciter clairement et précisément les intentions des


pays signataires pour en faciliter la mise en œuvre par
les parties prenantes : le flou volontairement entretenu
des décisions internationales laisse en effet une large
interprétation aux Etats, comme c’est le cas des aires
marines protégées* dont l’enjeu réel, le niveau de
protection, est rarement abordé ;

165
33 trouver les voies et moyens de mise en œuvre, en
recourant à des mécanismes financiers mixtes
(privés et publics), en s’appuyant sur le bénévolat
(crowdsourcing, notamment), en facilitant le
microcrédit et les mécanismes de retour rapide sur
investissement pour les aquapreneurs*;

33 évaluer les programmes d’action proposés (rating)


pour orienter les financements vers ceux les plus
générateurs d’impact et les optimiser en se fondant
sur le degré d’urgence éprouvé par les parties
prenantes locales (pauvreté, menaces littorales, ...).

• Un devoir de centralisation de l’information ouverte


(bases de données et portails), par exemple :

33 outils de sensibilisation et de formation des


populations à l’échelle mondiale, en matière de
problématiques océaniques ;

33 principaux résultats des recherches scientifique et


technique relatives aux mises en œuvre ;

33 principaux centres de recherche en océanographie*


et océanologie*, par régions ;

33 suivi des programmes lancés (ce qui devrait mettre


un terme aux déclarations sans lendemains).

Un tel organisme mondial, décentralisé, agissant avec


les autorités locales concernées (subsidiarité*), permettrait
de mutualiser les moyens et les ressources en vue d’une
action à la fois plus immédiate et plus opérationnelle, à la
hauteur des enjeux planétaires de l’océan, bien commun* de
l’humanité.

Pour mener son action, les principes énoncés à


l’article 5 (p.8) du Nouvel avant-projet d’accord révisé de
la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité
marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale
seraient retenus en les poussant plus avant :

166
• 4 principes : bien commun* de l’humanité, partage juste
et équitable des avantages et non-brevetabilité des
ressources génétiques marines, précaution pollueur-
payeur.

• 4 obligations : renforcement de la résilience et restauration


de l’intégrité des écosystèmes, respect des droits des
peuples autochtones dans la protection de la biodiversité*,
tant dans la juridiction nationale qu’en dehors, interdiction
du déplacement du préjudice ou du risque d’une zone
à une autre, interdiction de la substitution d’ un type de
pollution à un autre.

• 4 éléments de méthode : approche systémique et


écosystémique, approche intégrée, utilisation des
connaissances scientifiques les plus fiables et des
connaissances traditionnelles pertinentes des populations
autochtones, approche anticipatrice.

Enfin, parmi les priorités que cet organisme – limité aux


questions océaniques (politique et administration de mission)
– devrait traiter au moyen de mesures contraignantes,
figurent:

• la lutte contre la malpêche (pêche illégale et surpêche), au


moyen :

33 d’une police mondiale de l’océan, Maripol, à l’instar


d’Interpol ou Europol, agissant sur mer (drones de
surveillance, réseaux d’observation technologiques et
humains) et sur terre (contrôle de la distribution des
poissons), vérification du respect des quotas,

33 d’une application rigoureuse d’un arsenal de sanctions


dissuasives, dont certaines existent déjà mais ne sont
pas suffisamment mises en œuvre : saisie des bateaux
contrevenants, saisie des marchandises illégales, Etats
contrevenants déférés devant la Cour Internationale
de Justice, liste noire des Etats voyous, ...

167
• la lutte contre la pollution littorale et maritime (évitable),
en appui aux pays en développement les plus touchés :

33 Identification des pollueurs en mer (Maripol) et sur


terre (observations satellitaires).

33 Application du principe pollueur-payeur.

33 Interdiction d’assurer les navires contrevenants et de


les laisser accéder aux ports.

33 Obligation de démantèlement et de recyclage des


structures fixes (plateformes offshore*) en fin de vie :
saisie du montant correspondant sur les comptes des
compagnies contrevenantes.

33 Programme d’aide au développement du traitement


des déchets dans les pays les plus pauvres.

• la sanctuarisation des zones les plus vulnérables (sur


demande des Etats concernés, comme la Polynésie
française ou la Méditerranée) ou des zones-clés pour le
système global de l’océanosphère* (comme l’Antarctique)
après un audit de celles-ci (sur saisine de parties
prenantes) pour déterminer la cause du problème :

33 Evaluation régulière pour vérifier l’effectivité de


la restauration (carbone bleu*, protection contre
l’érosion).

33 Détermination du degré de protection applicable à la


zone évaluée et application immédiate.

33 Application de lourdes amendes pour les Etats


contrevenants, qui devraient être allouées à la
restauration des écosystèmes concernés.

168
33 Amendement éventuel de la convention de Montego
Bay, permettant un contrôle international accru des
sections altérées des zones économiques exclusives.

Ces mesures peuvent sembler excessives mais, sans


la crainte d’une sanction ferme et rédhibitoire, aucune
réglementation mondiale de l’océan ne serait utile.

Il faut aujourd’hui de nouvelles façons de rassembler


les pays pour résoudre les problèmes émergents de dimension
planétaire, comme la dégradation de l’océan ou le changement
climatique.

Or, si l’un des rôles-clés des institutions mondiales


est de parvenir à un consensus sur la manière d’aborder les
questions et les problèmes transfrontaliers, il manque encore
à ce modèle émergent de gouvernance mondiale un organe
décisionnaire capable de privilégier la solidarité dans la
gestion des ressources naturelles avant toute préoccupation
mercantile, court-termiste et individualiste.

Recognizing the need for Le but n’est pas de créer un gouvernement supra-
a coherent and coordinated étatique, sur le modèle des gouvernements nationaux
long-term global vision.
UN Environment Assembly, existants, mais bien d’inventer un système tout à la fois :
Résolution du 2/03/ 2022
Mario SOARES,
• transversal dans lequel la coopération entre les différentes
The ocean Our Future (1998) parties prenantes serait la clé du fonctionnement,
notamment, l’appui sur les organisations régionales (Union
européenne, communautés de développement, Etats
fédéraux, organisations régionales de pêche, ...),

• bottom-up* pour faire remonter l’information et donner un


pouvoir de saisine à tous les acteurs locaux, en partant du
terrain (des petits pêcheurs artisanaux aux communautés
autochtones) et non des Etats,

169
• top-down* pour imposer un véritable respect des décisions
prises et mettre en œuvre sur le terrain les programmes
d’action issus de la coopération internationale et adaptés
aux différents contextes locaux.

Pour que ce système fonctionne et ne soit pas un simple


organisme de gestion des financements internationaux,
il a aussi besoin, en plus des moyens de son action, d’une
capacité de réflexion, de vision et d’anticipation.

170
Gouverner c’est prévoir

Gouverner un bien commun* aussi vaste et complexe


que l’océanosphère* requiert une véritable politique de
l’intelligence anticipatrice. Celle-ci commence avec une vision
stratégique à long terme, se développe avec une méthode et
se poursuit avec des priorités.

Vision et priorités

Une vision stratégique définit le but que l’on se donne


pour tâche d’atteindre. Ce but n’est pas un objectif mais
plutôt une raison d’être : il est déterminé par le sens (sense-
making) que l’on attribue aux choses, il est sous-tendu par
des valeurs (religieuses, idéologiques ou éthiques) et il est
forgé par une compréhension globale, systémique du monde
(worldview). L’intérêt d’une telle vision est qu’elle constitue
une boussole pour l’action qui permet d’établir des priorités.

En ce qui concerne l’océan, la vision nouvelle, qui


se dégage aujourd’hui des multiples événements qui ont
lieu et des différentes déclarations qui en résultent, est
celle d’un avenir dans lequel les mécanismes océaniques
auraient retrouvé leur équilibre et les écosystèmes seraient
à nouveau florissants, ce qui permettrait à l’océan d’atténuer
le changement climatique* tandis que ses ressources
contribueraient significativement à l’alimentation de
10 milliards d’êtres humains (à l’horizon 2050) et à leur
développement économique, social et personnel.

La nouveauté réside dans la prise de conscience du


double apport de l’océan à l’humanité et à la planète, ainsi
que de la nécessité que celui-ci soit en bonne santé pour
sauver celles-là.

171
Guidées par cette vision à long terme, les priorités
s’imposent :

• Le principe de réalité montre que tout ne pourra être


sauvé, par exemple :

33 en matière d’élévation du niveau de la mer, il faudra


abandonner des terres à la mer. Il est donc nécessaire
de planifier dès aujourd’hui les zones à abandonner
d’ici 30 ans de façon à orchestrer ce retrait de la
manière la moins dommageable possible pour leurs
habitants,

33 en matière de biodiversité*, les migrations climatiques


des poissons ainsi que l’altération de leur taille (cf.
Partie 1, chapitre 2) ne pourront être évitées. Il faut
donc prendre en considération ces éléments pour
protéger les espèces migrantes ainsi que les espèces
autochtones confrontées à cette migration,

33 dans le cas de la prolifération de certaines espèces


au détriment d’autres, méduses par exemple, des
solutions innovantes devront être trouvées pour
limiter les dégâts, comme l’introduction de prédateurs
et le prélèvement des surplus (pour l’alimentation par
exemple).

• Toutes les ressources nécessaires ne pourront être


mobilisées, d’où l’importance :

33 d’appliquer les principes systématiques de


rationalisation des coûts et de mutualisation
des ressources, notamment à travers des zones
écologiques transfrontalières comme la Kavango-
Zambezi Transboundary Conservation,

172
33 de concentrer les programmes d’action sur les urgences
systémiques à l’échelle de la planète, en coopération
avec les échelons régionaux de manière à créer des
effets de levier significatifs : ainsi une protection forte
pendant quelques années permet une restauration
plus importante des écosystèmes qu’une protection
faible indéfinie,

33 de déléguer aux différents échelons territoriaux


concernés (subsidiarité*) l’application de mesures de
conservation active, telles que les OECM* afin de ne
pas entraver le développement local,

33 d’organiser la finance bleue : identifier les projets sur


lesquels il est urgent de concentrer ces financements,
lister et faciliter l’accès aux outils de financement et
aux investissements bleus et développer de nouveaux
outils de financement de type partenariats public-
privé, analogues au modèle proposé par Blue Finance,

33 de mutualiser les efforts de recherche & développement


(équipes de recherche mondialisées type GIEC),
donner libre-accès (open source) aux travaux en
résultant lorsqu’ils proviennent de l’utilisation d’un
bien commun* de l’humanité (génétique marine,
ressources de la haute mer) et faire appliquer la règle
de non-brevetabilité du vivant.

• La protection de la Nature et la survie humaine ne peuvent


se faire au détriment l’une de l’autre. Toute solution
devra donc assurer les deux simultanément pour pouvoir
être viable à court terme et soutenable à long terme. Le
tourisme, le transport maritime et l’urbanisation littorale
sont au cœur des processus nécessaires de transformation
intégrée, qu’il faudra guider, faciliter et amplifier. Les
écosystèmes océaniques clés que sont les mangroves, les
marais salés et les récifs coralliens (stockage du carbone
bleu*) doivent être restaurés sans plus attendre, comme
rappelé à Lisbonne.

173
• L’évaluation planétaire stratégique360 de l’état global de
l’océan et de son littoral doit être le préalable à toute
détermination des priorités constitutives du programme
d’action. Cette évaluation doit être à la fois scientifique –
fondée sur des données quantifiées, récentes et fiables –
et anthropologique – fondée sur des données humaines
et sociétales, qualitatives, constatées sur le terrain.
Dynamique, cette évaluation doit faire régulièrement le
point sur les progrès réalisés, de manière à identifier, au
plus tôt, les nœuds de problème qu’il faudra défaire pour
avancer, les bonnes pratiques à diffuser et les moyens
qu’il convient de mobiliser.

Mise en œuvre

Mettre en œuvre un tel agenda mondial de sauvegarde


de l’océan et de l’humanité, à l’échelle planétaire, nécessite
de la méthode, au-delà de la très opérationnelle gestion de
projet complexe que cela représente.

Cette méthode se fonde sur trois mots-clés :


centralisation virtuelle, sensibilisation et développement
des connaissances et anticipation.

La centralisation virtuelle des connaissances : face


à l’urgence des actions à mettre en œuvre, il convient de
mettre un terme au handicap que constitue la fragmentation
des données. Réaliser et promouvoir une meilleure
centralisation et organisation de la connaissance doivent
permettre non seulement la réplication des expériences qui
ont démontré leur efficacité mais, également, de faciliter
la collaboration entre les acteurs institutionnels (finance
bleue) et les citoyens (crowdsourced innovation). Cela répond
à plusieurs objectifs :

174
• Rassembler ce qui est aujourd’hui fragmenté et donc peu
accessible, afin d’éviter les redondances (rationalisation
des ressources), permettre un accès à la connaissance de
tous les acteurs (comme le demandent les petits Etats
insulaires en développement*) et focaliser les énergies.

• Faire avancer plus rapidement la science en intégrant les


savoirs des communautés locales (qui font rarement l’objet
de publications scientifiques) et en offrant un libre accès
aux praticiens non-chercheurs.

• Créer ainsi un panorama systémique, mondial, de


l’état mouvant des recherches, des sujets traités, des
concentrations de recherche et, par contraste, des
problématiques non couvertes.

• Réunir non seulement les connaissances scientifiques mais


aussi les solutions expérimentées (connaissances pratiques
et expériences de terrain).

Pour mener à bien cet effort, il est nécessaire de le


confier à une intelligence artificielle* capable de répertorier ces
connaissances au sein de bases de données interconnectées,
interopérables, accessibles aisément (portails web, application
mobile). L’utilité d’une telle base, une fois en place, motivera
les chercheurs et les praticiens à la mettre à jour, sur le modèle
des communautés d’utilisateurs (type Waze).

Parce que l’éducation est la clé de l’avenir, la


sensibilisation et le développement des connaissances sont
essentiels pour préparer l’avenir et disséminer la pensée
systémique et prospective nécessaire pour affronter les
défis auxquels l’océan et l’humanité devront faire face
demain (disparition de terres habitables et arables, mutations
climatiques).

175
En lien avec les organismes internationaux dédiés
tels que l’UNESCO, la mission d’améliorer et de diffuser la
connaissance relative à l’océan viserait à :

• faire connaître les outils pédagogiques existants,


comme le portail UNESCO de littératie océanique The
Ocean Literacy Portal et sa plateforme de formation
l’OceanTeacher Global Academy, ainsi que les initiatives
telles que le World Ocean Observatory, promouvoir les 7
principes de la littératie océanique ;

• vulgariser les conclusions les plus importantes des travaux


de recherche (GIEC Océan, notamment) en les traduisant
par exemple en infographies ludiques et intelligibles pour
par tous, afin de faciliter leur appropriation ;

• offrir un portail planétaire, par régions du globe, des


multiples formations dédiées aux sciences de l’océan ou
à son management (universitaires ou professionnelles),
de manière à renforcer le nombre d’océanographes,
océanologues et professionnels de l’océan et faire
connaître les organismes dédiés, non marchands, actifs
dans ce domaine et partageant la même vision, comme
la World Maritime University de l’OMI, l’ONG International
Ocean Institute, ... ;

• faire des recommandations aux organismes de


formation sur les compétences spécifiques à insérer
dans les curricula: pensée systémique, contextualisation,
anticipation, multidisciplinarité, ...;

• offrir des financements de thèse aux candidats provenant


des pays en développement ;

• coordonner la recherche mondiale sur des sujets


non traités jusqu’à présent (à la demande des parties
prenantes), les résultats de cette recherche étant ouverts
à tous ;

176
• mondialiser l’activité de l’organisation
intergouvernementale européenne Mercator Ocean*
et soutenir son projet majeur de création d’un jumeau
numérique de l’océan, à partir d’une cartographie
complète de celui-ci.

Enfin, une culture de l’anticipation est nécessaire


pour:

• agir avec discernement, prendre en compte les effets à


moyen et long termes des actions comme de l’inaction,
élaborer et évaluer les options possibles ;

• prendre en compte les innovations en cours de


développement ou projetées pour avoir le temps de les
évaluer et de choisir si l’on doit les adopter ou non ;

• contextualiser les impacts des évolutions à venir en


prenant en compte les différentes actions à l’échelle
régionale (conservation, protection des littoraux, ...)
pour établir une programmation des actions en fonction
de la chronologie des événements attendus (montée
des niveaux de la mer, érosions, vagues de chaleur
océaniques*, ...) ;

• appliquer la méta-méthode prospective : comprendre,


anticiper et proposer des solutions.

La mise en œuvre d’une telle intelligence anticipatrice,


communautaire et mutualisée, fondée sur la connaissance
multiforme et ouverte à l’innovation, devrait être confiée
à un organisme mondial (à créer) sous l’égide directe du
gouvernement mondial multiniveaux : l’Ocean Spearhead
Institute.

177
Ce noyau de spécialistes hautement compétents
dans leurs domaines respectifs serait doté d’une équipe
réduite mais efficace, travaillant en collaboration étroite
avec un réseau d’organismes partenaires. A l’instar d’une
administration de mission, légère et spécialisée, l’Institut
serait doté des tâches suivantes :

• Organisme de coordination entre les diverses


organisations existantes de cette nature, il organise la
concertation* entre ces acteurs et réseaux, facilite leur
travail (visibilité, fléchage) et insuffle ses priorités dans
leurs actions.

• Organisme commanditaire de recherche à l’échelle


mondiale, il permet de traiter en priorité les sujets non-
couverts nécessaires à la prise de décision.

• Organisme de sensibilisation, il réunit une médiathèque


d’outils pour faire prendre conscience (enfance, jeunesse,
grand public, décideurs) des problématiques de l’océan et
des ‘’bons’’ comportements à adopter.

• Organisme de veille, ses vigies mènent un travail


d’identification des évolutions en cours, des nouveaux
acteurs, des nouvelles problématiques (horizon scanning).

• Organisme de prospective, il connecte les différents


éléments portés à sa connaissance par la veille, étudie
les évolutions, identifie les problèmes probables des 50
prochaines années, élabore des stratégies alternatives
pour offrir le choix aux décideurs (foresight) et alerte
ceux-ci sur les urgences (future nodes, early-warning).

• Organisme d’analyse des risques océaniques, il détecte les


risques, centralise leur évaluation et informe les pouvoirs
publics sur les risques majeurs les plus menaçants en leur
proposant des politiques de prévention ou de gestion
adéquates.

178
• Comme le rappelait le Rapport Brundtland en 1987,
trois impératifs sont au cœur de la gestion des océans :

33 L’unité de l’océan exige un gouvernement efficace


de gestion mondiale.

33 Les caractéristiques des ressources partagées de


nombreuses mers régionales rendent obligatoires
des formes de gestion régionale.

33 Les principales menaces d’origine terrestre, qui


pèsent sur les océans, nécessitent des actions
nationales efficaces fondées sur la coopération
internationale.

• Face à la tendance actuelle à une fragmentation de plus


en plus grande des initiatives et une sectorialisation
des solutions, l’enjeu de la coordination et de la
concertation* entre les différents acteurs à de multiples
échelles et entre les actions menées, rend opportune
une centralisation mondiale exercée par un acteur
unique, doté d’une vision mondiale et globale362.

XX Au-delà d’une réorganisation des pouvoirs à l’échelle


mondiale, c’est tout un modèle de développement qui
est à repenser et rapidement à mettre en œuvre.

179
180
Chapitre 3 : Le Maroc aquapreneur

Malgré une mobilisation mondiale des multiples parties
prenantes et l’émergence d’une volonté de protection plus ferme
de l’océan, la dégradation de celui-ci s’intensifie sous la double
action du changement climatique* et des facteurs anthropiques,
notamment, l’’’accélération bleue*’’ (industrialisation de la
mer), qui représente une menace exponentielle (cf. chapitres
précédents).

Un nouveau modèle de développement est donc


nécessaire, plus respectueux à la fois de la nature et des êtres
humains. Le Maroc s’inscrit dans cette perspective.

Doté de deux façades maritimes – atlantique et


méditerranéenne – du plus long littoral d’Afrique (3.500
kilomètres) et d’une zone économique exclusive* de plus d’un
million de kilomètres carrés, le Maroc est un pays de longue
tradition maritime.

Tout au long de son histoire millénaire, le Royaume


a toujours considéré la mer comme un atout majeur pour
sa prospérité, sa sécurité et son expansion. La gestion des
questions maritimes a ainsi été au cœur des préoccupations
des Souverains, depuis le moyen-âge. A la tête d’un empire
méditerranéen, qui s’étendait de l’embouchure du Tage au
nord-ouest à Tripoli au sud-est, les Sultans Almohades (12ème-
13ème siècles) supervisaient personnellement la construction
navale et la formation des personnels navigants.

Sous les Règnes de Moulay Hassan 1er (1873-1894) et de


Moulay Abdelaziz (1894-1908) de la Dynastie Alaouite, parmi
les trois Ministères qui composaient le Gouvernement, il y avait
le Ministère de la mer, dirigé par le représentant du Sultan ‘’
na’ib al-Sultan ‘’ à Tanger, en charge des affaires étrangères et
du commerce extérieur du Maroc.

181
Depuis, la vocation maritime du Royaume ne s’est
jamais démentie. De multiples initiatives d’envergure ont
été lancées ces dernières décennies. Outre les actions
visant la modernisation du secteur halieutique, comme
le Plan Halieutis (2009), le Maroc a entrepris l’édification
d’infrastructures de dimension internationale, tels le
port de Tanger Med (premier port de transbordement de
conteneurs en Méditerranée, premier port à conteneurs
en Afrique et deuxième zone franche mondiale en 2020363)
et le port en construction de Dakhla Atlantique. Ces
initiatives montrent que le Maroc entend aller plus loin et
compte renouer avec une grande politique de la mer.

Les propositions formulées ci-après envisagent


le Maroc comme un véritable entrepreneur du monde
aquatique – un ‘’aquapreneur’’ – tourné vers la mer, au
triple niveau mondial, régional et national. Une telle vision
passe d’abord par une posture internationale et une
attention particulière au domaine de la sécurité avant de
pouvoir pleinement s’engager dans une socio-économie
océanique soutenable.

La diplomatie océane

Dans ce vaste mouvement appelant à un changement


radical de paradigme, plusieurs rôles peuvent être endossés
par les acteurs de bonne volonté : les champions, qui
transmettent le message, engagent et aident à créer une
dynamique ; les moteurs qui apportent des preuves et
identifient des solutions transposables ; les catalyseurs
Recognizing the need for qui fournissent le financement, le cadrage politique et le
a coherent and coordinated soutien technique nécessaires et les rassembleurs, qui
long-term global vision.
United Nations Environment créent les plateformes de dialogue, facilitent la discussion
Assembly of the United Nations et mobilisent de nouveaux acteurs364.
Environment Programme
28 February–2 March 2022
Le Maroc peut jouer deux rôles distincts à deux
The ocean Our Future (1998)
Mario SOARES niveaux différents.

182
Champion mondial de la cause océane

Au sein du concert des nations, le Royaume a


souvent joué un rôle de champion, par exemple, en tant
qu’organisateur de la COP7 de 2001 et de la COP22
en 2016, du Pacte mondial pour des migrations sûres,
ordonnées et régulières (Global Compact for Migration)
de 2018 et comme mécène de l’Ocean Decade Alliance en
2021, via la Fondation Mohammed VI pour la protection de
l’environnement.

Il est important que le Maroc poursuive dans cette


voie afin d’afficher clairement sa propre vision de l’avenir de
l’océan, fondée sur deux constats forts :

• La gravité de la situation de l’océanosphère*,


bien commun* de l’humanité, exige des actions
transformatrices et rapidement implémentables,
respectueuses des limites planétaires.

• Compte-tenu des menaces d’industrialisation de


l’océan que fait peser le concept d’économie bleue,
il est préférable de lui substituer le terme d’économie
océanique soutenable, définie par l’OceanPanel comme
‘’L’utilisation des ressources océaniques pour la
croissance économique, l’amélioration des moyens de
subsistance et des emplois, tout en préservant la santé
des écosystèmes océaniques et des services associés’’.

183
A ce titre, le Maroc pourrait rejoindre officiellement
les organismes ci-après:

• Friends of Ocean Action : une coalition de plus de 70


leaders de tous horizons destinée à conduire des actions
et des initiatives transformatrices, à fort impact et
évolutives pour la santé des océans d’ici 2030. En dehors
des petits Etats insulaires en développement*, seuls deux
Etats africains en font partie : le Kenya et la Tanzanie.
Dans le monde arabe, seuls la Jordanie et les Emirats
Arabes Unis ont rejoint cette coalition. En y adhérant à
son tour, le Maroc montrerait son attachement à la cause
océane et sa volonté de contribuer à développer des
solutions d’avenir aux enjeux de l’océan.

• High Level Panel for a Sustainable Ocean Economy (Ocean


Panel) : le Groupe d’experts de haut niveau pour une
économie océanique durable est une initiative mondiale
unique, exprimant la volonté politique de créer une
dynamique en faveur d’une économie océanique
soutenable dans laquelle la protection efficace, la
production durable et la prospérité équitable vont de
pair. L’objectif est de parvenir à une gestion à caractère
durable de l’océan dans 100% des zones relevant de la
juridiction nationale d’ici 2025 et de soutenir la protection
de 30% de la haute mer en 2030. Ce groupe travaille aux
côtés de Friends of Ocean et du World Resources Institute.
Parmi les 16 pays membres qui le composent, trois sont
africains (le Ghana, le Kenya et la Namibie).

• Global Commons Alliance : un partenariat de plus de 50


organisations (philanthropie, science, business, lobbying)
visant à déployer des actions systémiques, fondées
sur la science, pour protéger les biens communs qui
supportent la vie sur Terre et pour éviter que toutes les
limites planétaires ne soient franchies.

184
Moteur régional de solutions océaniques

Au-delà de cette qualité de Champion, le rôle le


plus significatif que puisse tenir le Maroc aujourd’hui est
certainement celui de moteur qui, à la fois, pointe vers des
solutions évolutives et en démontre l’efficacité par l’exemple,
un rôle qu’il doit jouer sur le terrain national, mais aussi au
niveau régional.

Conformément, à la fois au nouveau modèle de


développement évoqué précédemment, aux principes de
gouvernance détaillés ci-dessus (chapitre 2) et sa vision
proactive vis-à-vis de la sauvegarde de l’océanosphère*, le
Maroc pourrait intervenir dans ses deux zones maritimes
d’appartenance : la Méditerranée et l’Atlantique Nord.

A l’échelle de la Méditerranée, dont ‘’l’avenir est à un


point de bascule’’, trois grandes lignes d’action peuvent être
menées, qui commenceraient au Maroc pour ensuite être
transposées au niveau de la région méditerranéenne :

• Mener un travail de sensibilisation auprès des pays du


Sud et de l’Est de la Méditerranée pour les encourager à
se mobiliser pour la protection de celle-ci, par exemple,
en constituant une alliance consacrée à l’environnement
marin, en lien avec l’Organisation du monde islamique
pour l’éducation, les sciences et la culture qui siège à
Rabat. Cette action viserait à développer une conscience
environnementale dans ces pays grâce, notamment, à
un matériel pédagogique en langues arabe et anglaise, à
promouvoir les vocations scientifiques dans le domaine
de l’océan et à ouvrir au public les sciences et la recherche
océaniques*.

185
• Prendre activement part aux travaux menés par les
différentes instances, qui s’occupent de l’environnement
méditerranéen, notamment, sur la question du degré
de protection des aires marines : alors que 60% de la
Méditerranée est classée en Aire marine protégée,
seulement 0,1% est sous protection forte.

• Convaincre ses partenaires régionaux de la nécessité de


mener une évaluation régulière :

33 des actions impulsées par le Plan d’action pour


la Méditerranée de la Convention de Barcelone,
l’Union pour la Méditerranée (dont le Maroc assure
la présidence de l’assemblée parlementaire de 2022
à 2026) et les partenariats euro-méditerranéens
(donc les accords euro-marocains),

33 des engagements pris lors de la COP 22 en matière


d’assainissement des eaux usées, de réduction
des émissions de gaz à effet de serre du transport
maritime particulièrement dense en Méditerranée
(cf. partie II) et de la pollution plastique de la mer et
des littoraux ainsi qu’en matière de pêche durable :
Déclaration MedFish4Ever, Initiative de la Ceinture
Bleue.

A l’échelle de la façade Atlantique, le Maroc, qui


a soumis une demande d’adhésion à la Communauté
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, pourrait
prendre les initiatives suivantes (dont la plupart sont
extensibles à la Méditerranée) :

• Pour renforcer la coopération régionale sur les


questions marines et maritimes : appeler à la création
d’une organisation inter-gouvernementale dédiée
au renforcement de la coopération régionale et du
développement océanique durable, à l’instar de l’Indian
Ocean Rim Association.

186
• Pour faire face à la surexploitation souvent d’origine
étrangère et à la pollution d’origine nationale des eaux
littorales alors que les produits de la mer constituent la
majeure source de nutrition protéinique de nombreuses
populations africaines (6 pays d’Afrique subsaharienne
dépendent du poisson pour plus de la moitié de leurs
protéines animales, mais la région souffre toujours de
la plus faible consommation de poisson par habitant au
monde365) :

33 Proposer l’élaboration d’un droit panafricain de


protection et d’exploitation durable du milieu marin
au sein de l’Union africaine, afin de donner un
cadre contraignant, à l’échelle régionale, au corpus
réglementaire de la communauté internationale, dans
la perspective d’une diplomatie bleue366. Son contenu
pourrait aller au-delà de ce corpus compte-tenu de
certains enjeux de moindre importance pour l’instant
pour le continent africain (comme l’exploitation de la
haute mer).

33 Mener une réflexion collective sur les outils que ce


droit régional pourrait adopter, comme les Rights-
based Fishery Management Tools, qui attribuent des
droits de pêche individuels aux pêcheurs locaux et
aux communautés de pêcheurs, modèle adopté avec
succès en Australie, en Islande et au Mexique367.

• Pour développer une activité économique tournée


vers l’océan et qui soit durable (pêche, aquaculture*,
ostréiculture algoculture) et fondée sur une protection
vigilante des océans (systèmes intégrés d’observation
côtière) :

187
33 Proposer, au sein de l’Union africaine, de piloter
les travaux du groupe de travail spécial stratégique
chargé de jeter les bases de la Zone maritime
exclusive commune de l’Afrique.

S’étendant à l’ensemble du domaine maritime


africain, cette zone créerait un cadre idoine pour
l’établissement de règles et de standards harmonisés,
s’agissant des pêches et des pollutions marines. Elle
serait un atout pour la lutte contre la criminalité
transnationale, notamment, la pêche illégale, la
piraterie* et la migration clandestine en étendant,
au niveau africain, le droit de poursuite prévu par
certains mécanismes sous-régionaux.

33 Mettre en place et animer une task force régionale


sur l’Initiative de la Ceinture Bleue, avec des moyens,
des objectifs opérationnels clairs et une évaluation
annuelle. L’engagement pris, lors de la Conférence
des Nations unies sur les océans (Lisbonne, 2022)
de protéger au moins 30 % des zones maritimes
nationales d’ici 2030, pourrait être coordonné par
cette organisation.

33 Organiser et veiller au bon fonctionnement d’un


Réseau Régional d’Action pour la Pêche – idéalement
s’inscrivant dans un Global Action Network : un
dispositif de gouvernance, qui se concentre sur un
bien commun* spécifique par le biais d’un réseau
inter-organisationnel – à l’échelle de la CEDEAO. Ce
réseau assurerait la promotion et le respect des cinq
priorités du WorldFish Center 368 adaptées à la région :

–– Reconnaître et traiter les faiblesses structurelles


des régimes d’accès (c’est-à-dire la conception
des droits de pêche).

188
–– Minimiser les subventions aux industries de la
pêche destructrices de l’environnement ou en
inadéquation avec un développement durable
(carburant, ...).

–– Lutter contre la pêche illégale, non déclarée et


non réglementée*.

–– Assurer l’inclusion des personnes pauvres et/ou


marginalisées dans la chaîne de valeur.

–– Intégrer les externalités environnementales dans


le coût de la pêche, de manière à récompenser
les efforts de pêche durable.

33 Proposer la création, au niveau des Communautés


économiques régionales dont le Maroc est membre
et qui ont une façade atlantique, d’un Pôle Océan
opérationnel, à la fois cluster des industries
maritimes de la sous-région, interface* robuste entre
les chercheurs et les décideurs, outil de recherche et
de diffusion de connaissances (cf. plateforme de la
Ceinture Bleue) et d’innovations369. Ce pôle serait en
charge des missions suivantes :

–– Constituer un lieu de concertation*,


de coordination et de formation pour
renforcer le secteur maritime régional à
la fois économiquement, socialement,
environnementalement et scientifiquement. Il
pourrait abriter les deux initiatives précédentes :
la task force Ceinture Bleue et le réseau régional
d’action pour la pêche.

189
–– Compte-tenu de la faiblesse (voire de
l’inexistence) des investissements dans
la recherche océanique* et les systèmes
d’observation en Afrique et dans les Petits Etats
insulaires en développement* (alors même
qu’ils dépendent fortement des océans)370 :
revigorer les sciences océaniques* au service
du développement durable en mutualisant les
ressources et en mettant en œuvre des projets
communs (coopérations, partenariats), car ‘’on
ne peut bien gérer que ce que l’on connaît’’371.

Afin de faire respecter le droit régional et


international, il s’agit de mettre en place un organisme
régional dédié à la surveillance et à la sécurité des eaux
régionales, afin de lutter collectivement (à travers une
mutualisation des moyens) contre la piraterie*, les réseaux
criminels (marchandises illégales, traite des êtres humains)
et la pêche illicite et militer en faveur de Maripol (cf. chapitre
2), une police mondiale de la mer.

La contribution du Royaume à la sécurisation de


l’espace atlantique pourrait s’étendre au-delà des eaux
régionales, grâce à une adhésion à la Zone de paix et de
Coopération de l’Atlantique Sud, une alliance militaire qui
réunit tous les Etats des façades atlantiques de l’Amérique
latine et de l’Afrique, à l’exception pour l’instant du Maroc
et de la Mauritanie.

Enfin, il faut rappeler que 23 pays africains,


concentrant 46 % de la population du continent et près de
52% de son PIB, possèdent une façade sur l’Atlantique: une
autre échelle régionale avec laquelle le Maroc a déjà tissé
de nombreux liens (cf. Rapport Stratégique 2018 de l’IRES
– Pour un développement autonome de l’Afrique).

190
Ainsi, en proposant, en soutenant, en mettant en
œuvre et en évaluant de telles initiatives, tant au niveau
mondial que régional, le Maroc réaffirmerait son engagement
maritime multiséculaire et déploierait une diplomatie océane
le positionnant non seulement comme un Champion mais
aussi, et surtout, comme un Moteur de la transformation
océanique nécessaire.

L’enjeu de la sécurité

L’océan est une source d’insécurité, souvent plus


indirecte que directe actuellement, ce qui pourrait s’inverser
avec le changement climatique. Cette insécurité se manifeste
principalement de trois manières :

• Sur le plan environnemental, l’océanosphère* est sujette


à diverses menaces, de l’élévation du niveau des mers à
l’érosion des côtes, de la prolifération des espèces toxiques
ou invasives aux tsunamis;

• Sur le plan économique, les divers secteurs d’activité


dépendant de l’océan (pêche, transport maritime,
tourisme, ...) sont menacés à la fois par l’état de l’océan
et par les exactions qui peuvent s’y produire (piraterie*,
contrebande,...);

• Sur le plan géopolitique, les espaces océaniques et les


littoraux sont autant de potentiels champs de bataille et
de lieux d’invasion.

Aussi est-il naturel qu’un Etat, dont le principal devoir


est de protéger ses populations, se prémunisse autant que
possible contre cette insécurité.

En ce qui concerne le Maroc, trois enjeux requièrent


plus particulièrement des mesures de protection. La question
des moyens de surveillance est à la hauteur de ces enjeux.

191
Trois enjeux-clés de sécurité

Les approvisionnements constituent aujourd’hui


un facteur essentiel du développement économique
du Maroc, au-delà de l’approvisionnement ordinaire du
marché domestique.

• En effet, la remise en cause des chaînes


d’approvisionnement mondiales à l’issue de la crise
de la Covid-19 a conduit plusieurs pays européens à
envisager le Maroc comme leur nouvelle base-arrière
industrielle. De plus, la réussite du futur méga-port
de Dakhla Atlantique, doté d’une zone d’échanges
commerciaux et d’une zone industrialo-logistique
importante, dépendra fortement de la régularité de ces
approvisionnements.

L’émergence du Maroc en tant que producteur potentiel


d’énergies renouvelables conduit des pays développés,
comme la Grande-Bretagne, à investir localement sur la
base de la technologie lithium-ion phosphate.

• Il est donc essentiel pour le Royaume de diversifier


et de sécuriser ses sources d’approvisionnement,
tenant compte de l’environnement géoéconomique et
géopolitique international et, en particulier, la domination
chinoise sur les chaînes maritimes mondiales ainsi
que la vulnérabilité des points d’étranglement et leur
proximité des zones de tension. En ce qui concerne les
minerais critiques (cuivre, lithium, cobalt…), essentiels à
l’industrie électronique et à la fabrication de batteries
électriques, leur disponibilité en Afrique justifierait une
réorientation régionale des flux d’approvisionnement
du Maroc.

192
Clé d’entrée sur le territoire national marocain, les ports
constituent de facto un enjeu de sécurité.

• Plusieurs menaces les concernent : le rachat éventuel


de zones portuaires et de terminaux par des entreprises
étrangères, l’entrée sur le territoire de produits illégaux
(stupéfiants en provenance des cartels sud-américains,
produits de la pêche illégale, non déclarée et non
réglementée*, ...), la migration clandestine, la traite des
êtres humains...

• Une lutte importante est déjà menée avec succès dans le


domaine de la migration illégale, ainsi qu’en matière de
trafic de stupéfiants et d’armes. En août 2022, le Maroc a
adhéré à l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’Etat
du Port, premier accord international contraignant à cibler
spécifiquement la pêche illicite.

Ces mesures existantes pourraient utilement être


complétées par une interdiction de céder à des
investisseurs étrangers des parties d’un port supérieures
à un pourcentage donné, garantissant ainsi le bon
fonctionnement de celui-ci au service du Royaume.

Quant à la pollution des eaux côtières et du littoral,


elle est un facteur grave d’insécurité, qui touche à la fois
les pêcheurs, les baigneurs, l’industrie du tourisme et les
écosystèmes.

• Cette pollution peut résulter autant du rejet de déchets


en mer par des navires-voyous (déchets chimiques,
hydrocarbures) que des activités littorales nationales :
la façade atlantique marocaine abrite plus de 80 % des
effectifs permanents des unités industrielles, 35% de la
capacité touristique et 92 % du trafic maritime.

193
• Parmi les moyens de lutte figurent la modernisation
du Code maritime marocain, la mise en place de
sanctions administratives relatives à la détérioration
des ports beaucoup plus dissuasives, l’application
systématique du principe pollueur-payeur, y compris à
l’échelle individuelle et, comme c’est déjà le cas pour la
Méditerranée du Sud-Ouest, la mise en place d’un plan
d’urgence régional en cas de pollution accidentelle sur
la côte Atlantique.

Les moyens de surveillance

Tout management, donc toute politique par


définition, nécessite des moyens de contrôle de la bonne
exécution des consignes des résultats.

Concernant la politique maritime et littorale, le


problème du contrôle du respect des lois en vigueur est
à la mesure de la surface couverte. Toutefois, trois types
d’actions pourraient être entreprises.

• La pêche illégale, non déclarée et non réglementée


étant considérée comme un fléau mondial croissant,
l’Initiative Mondiale contre la Criminalité Transnationale
Organisée publie un classement annuel des pays en
matière de responsabilités étatiques : si le degré de
vulnérabilité du Maroc à ce type de pêche a diminué
légèrement entre 2019 et 2021, le Royaume se situe
tout de même au 8ème rang des pays les plus vulnérables,
ce qui appelle à l’instauration de mesures de surveillance
et de lutte adaptées372.

194
33 En ce qui concerne, notamment, la pêche illégale,
non déclarée et non réglementée et le chalutage de
fond, dévastateur pour l’environnement et opéré
par les navires de pêche à très longue distance, la
surveillance du plus d’un million de kilomètres carrés
de la zone économique exclusive* marocaine, pourrait
être renforcée en utilisant des moyens aussi différents
mais complémentaires : les satellites d’observation
du Centre Royal de télédétection spatiale lorsqu’ils
passent au-dessus de la zone, les réseaux de capteurs
marins (Ocean of Things) ou embarqués (conteneurs,
e-monitoring des pêches), une application partagée
de crowdsourcing (de type Waze) alimentée en temps
réel par les signalements des navires présents dans la
zone…

33 Ce type de surveillance pourrait couvrir une zone


régionale transfrontière avec un coût marginal quasi
nul, dans le cadre d’une mutualisation des moyens à
l’échelle de la côte Ouest de l’Afrique.

33 Certaines de ces mesures (observation satellitaire,


caméras, application de signalements) pourraient
être utilisées pour signaler d’autres trafics, comme
l’extraction illégale de sable sur les plages, ...

• La lutte contre l’asservissement des équipages par la


corruption et la servitude pour dettes envers des opérateurs
sans scrupules de grandes flottes étrangères nécessite des
mesures spécifiques. La seule politique du bâton ne peut
suffire, bien que les mesures anti-corruption doivent être
plus strictes et les sanctions accrues, y compris au niveau
des personnels portuaires. L’endettement des équipages
étant souvent nourri de l’espoir de pouvoir acquérir son
propre bateau de pêche, ce qui demeure une entreprise
encore coûteuse au Maroc, une ‘’banque bleue’’ destinée
à l’aide au financement des petits pêcheurs pourrait
éventuellement jouer un rôle important.

195
• L’importance croissante de l’électronique embarquée
et le développement des smart ports – ces installations
portuaires utilisant les technologies de l’information
et de la communication pour augmenter l’efficacité et
garantir la sécurité des opérations de transbordement,
dans un but d’automatisation globale des terminaux –
accroît le risque de cybercriminalité, surtout pour des
ports tels que Tanger Med et Casablanca. Le Maroc a
déjà pris des mesures dans ce sens, notamment, par
la création d’une Direction générale de la sécurité des
systèmes d’information.

Un partenariat entre cette institution et les écoles


marocaines d’ingénieurs ou la création éventuelle d’un
Institut marocain de cybercriminalité pourraient contribuer
à:

33 la formation de spécialistes des cyberattaques


(informaticiens) et d’ingénieurs en intelligence
artificielle*, plus prompte que les humains à détecter
ce type de menace ;

33 la formation continue et la sensibilisation des


professionnels des entreprises vulnérables
(notamment les smart ports) à la détection des
menaces et aux mesures préventives ;

33 la centralisation des équipements informatiques


nécessaires pour lutter contre de telles attaques.

Enfin, si ces diverses mesures et ces moyens de
surveillance visent directement à protéger le territoire
national marocain, la coopération internationale peut
aussi grandement y contribuer, notamment, à travers
la Blue Justice Initiative et la Déclaration de Copenhague
(International Declaration on Transnational Organized Crime
in the Global Fishing Industry).

196
Le pari de l’économie océanique soutenable

Le Maroc aquapreneur* est un pays conscient de ses


besoins de développement et animé par une volonté forte
de devenir une économie océanique de nouvelle génération,
post-Anthropocène*. Cette position passe tout d’abord
par la reconnaissance de la nécessité de préserver l’océan
et ses ressources sous leurs différentes formes : mers,
interfaces terre-mer, zones économiques exclusives, haute
mer, ressources écosystémiques, halieutiques, génétiques,
énergétiques, minérales…

Le Maroc aquapreneur* ne se contente pas de protéger:


il gouverne et développe ses ressources et fait adhérer le
plus grand nombre de ses citoyens à ce formidable défi d’une
croissance fondée sur une nouvelle vision de l’océan.

Pour une gouvernance océanique coordonnée

L’adoption de la notion d’économie océanique durable


(chapitre 1) et du modèle de développement générique
(chapitre 2) détaillés dans cette troisième partie, conduirait le
Maroc à renforcer sa gouvernance systémique de l’océan.

Pour cela, une Délégation interministérielle au


développement océanique devrait être créée, placée
directement sous la responsabilité du Chef du Gouvernement,
afin d’organiser, de coordonner et de promouvoir les activités
de développement océanique dans le pays. Ses objectifs
seraient, entre autres, les suivants :

197
• L’élaboration d’une stratégie océanique intégrée et
globale sur la base d’une compréhension systémique
de l’ensemble des activités liées à l’océan (aquaculture*,
pêche, import-export, activités portuaires et navales,
production d’énergie, tourisme, urbanisation littorale,
...), de la mise en œuvre des traités internationaux à la
surveillance des éventuels contrevenants nationaux
et étrangers et de la protection de l’océanosphère* à
son exploitation durable (définition des seuils à ne pas
franchir).

• Le renforcement de la coordination des actions des


différents acteurs publics, la lutte contre la dispersion
des compétences374 et une meilleure écoute des
organisations scientifiques, comme l’Institut national de
recherche halieutique par exemple.

• Le développement de la concertation* entre les


différentes parties prenantes de manière à :

33 assurer une transition douce d’une vision d’économie


bleue aux impératifs environnementaux souvent
faibles, à une vision d’économie océanique soutenable,
centrée sur la nécessité d’un environnement sain
pour une activité économique saine,

33 mettre en œuvre une politique cohérente, intégrant


les préoccupations des différents secteurs d’activité,
afin d’accélérer le développement, de promouvoir
l’emploi et d’améliorer les conditions de vie des
communautés littorales.

198
• L’établissement de collaborations scientifiques actives
avec des pays ou des institutions de premier plan pour
développer des outils scientifiques et des méthodologies
adaptés à l’évaluation et à la gestion de l’économie
océanique soutenable, dans une perspective de pilotage
de cette économie (évaluation in itinere), mais aussi
d’instauration d’un nouveau cadre national comptable,
capable de rendre compte de la valeur ajoutée dégagée
par ce secteur disparate de l’économie océanique.

• La mise à contribution, dans le cadre de la régionalisation


avancée, de l’ensemble des régions du Royaume afin de
valoriser, au mieux, le capital territorial maritime et littoral
de chacune.

Comme indiqué dans le Rapport Stratégique 2021 de


l’IRES, ‘’Le temps est venu de construire une nouvelle composante
de cette gouvernance : un Etat puissant, éclairé, sujet de droit et,
désormais, un Etat du Care. Celui-ci, une forme plus mature de
l’Etat-Providence, se distingue de ce dernier par son engagement
moral et son mode d’action. Il ne se substitue pas à l’individu
mais l’accompagne, ne l’assiste pas mais lui facilite les choses,
ne l’asservit pas mais le sert. C’est un Etat puissant, mais
juste, rigoureux et transparent. Cet Etat du Care doit donc,
aujourd’hui, œuvrer à la protection et à la restauration de son
patrimoine maritime pour le bien-être et le développement
actuel et surtout futur de sa population.’’

Protéger l’océanosphère et les littoraux

L’interaction globale terre-mer et mer-terre est telle


que la protection de l’océanosphère* ne peut se limiter au
seul territoire marin, le merritoire (cf. partie II, chapitre 1).
Il faut donc envisager des solutions intégrées, en termes
spatiaux et de processus, pour affronter les multiples enjeux
de perte de la biodiversité*, de dégradation des services
écosystémiques et de pollution du milieu marin.

199
Ces solutions doivent être fondées sur le processus
suivant :

• Recensement, au niveau national, de l’ensemble des


ressources et des services écosystémiques afin de mieux
orienter les stratégies d’exploitation de ces ressources et
les politiques visant leur protection ou leur restauration.

• Réalisation d’un diagnostic scientifique de l’état du


merritoire marocain et de la zone écotone* du littoral,
ce qui exige un effort de cartographie, de collecte et
d’analyse des données du milieu, suffisamment fines
pour établir une évaluation à vocation opérationnelle.

• Classement des zones selon leur état, nécessitant


soit une sanctuarisation (aucune action humaine),
soit une conservation (usage raisonné avec quotas,
activités limitées, ...), soit un usage libre à l’exception
des nuisances environnementales connues (déchets,
pollution, prédation).

• Mise en place d’un développement planifié


(aménagement du territoire ou du merritoire) du type
Coastal and Marine Spatial Planning, permettant de
protéger les ressources écosystémiques, de résoudre
les conflits d’usage, d’améliorer la coordination et la
collaboration entre les institutions et de se préparer
pour les futurs usages de l’océan375.

• Inscription de cet aménagement littoral et marin dans le


droit national, le rendant contraignant.

• Positionnement des solutions nouvelles dans ce cadre


général, en vérifiant, en outre, leur adéquation au
contexte local (économique, social, culturel).

200
Premier exportateur de poissons en Afrique, premier
producteur de sardines au monde, le Maroc est riche d’une
diversité biologique marine, qui compte plus de 7830 espèces
marines. De la conscience de la nécessaire protection de
ce patrimoine sont nés, en 2016, une Stratégie et un plan
d’action national pour la biodiversité, qui cherchent à
concilier la protection et l’utilisation rationnelle et durable
de la biodiversité* marocaine avec la vision suivante : ‘’À
l’horizon 2030, la diversité biologique est conservée, restaurée,
valorisée, et rationnellement utilisée, en assurant le maintien des
services fournis par les écosystèmes, au bénéfice de tous, tout
en contribuant au développement durable et au bien-être de la
société marocaine’’376.

Cette approche s’inscrit dans une prise en compte


environnementale plus large et un souci de développement
durable, ayant donné lieu à :

• une Stratégie nationale pour la protection de


l’environnement et le développement durable (1995)
assortie d’un plan d’action national pour l’environnement
et d’un arsenal juridique complet (aires protégées, études
d’impact, air, eau, énergies renouvelables, ...),

• une loi-cadre, la Charte nationale de l’environnement et


du développement durable, adoptée par le Royaume en
2014, qui promeut une approche de précaution, le droit à
un environnement sain, le principe du pollueur-payeur et
la responsabilité individuelle de toute personne physique
ou morale de protéger et valoriser l’environnement377,

201
• une nouvelle Stratégie nationale de développement
durable 2030 en 2017, dont plusieurs axes stratégiques
concernent l’océan : assurer la conservation et la gestion
rationnelle des ressources halieutiques*, concilier
développement touristique et protection des milieux,
aligner l’urbanisme sur les principes de développement
durable, protéger la biodiversité*, renforcer les politiques
de conservation et améliorer la gestion durable du
littoral,

• une Stratégie de développement d’un réseau d’aires


marines protégées* pour la préservation des ressources,
la réhabilitation des écosystèmes marins et la durabilité
de la pêche artisanale avec trois aires marines protégées*
pilotes sur 750 kilomètres carrés (Alboran, Massa,
Mogador) en 2019,

• une loi sur l’Evaluation environnementale stratégique


adoptée en 2020378.

Cependant, malgré ces engagements, le coût global


de la dégradation de l’environnement était encore de 3,5%
du PIB en 2014 (3,7% du PIB en 2000) selon la Banque
mondiale. Au niveau de la zone littorale, la concentration
du tourisme, des activités maritimes et de la pêche met
les écosystèmes sous pression, que ce soient les poissons
(sardines, espadon, céphalopodes et merluche blanche) ou
les zones sableuses (dégradation des plages).

Ces détériorations environnementales auraient


coûté quelques 2,5 milliards de dirhams, soit 0,27% du PIB
en 2014, une évaluation considérée comme très largement
sous-estimée, tout comme celle de la réduction de la valeur
récréative des plages, causée par la dégradation du littoral.

202
En d’autres termes, les instruments existent, mais
les résultats ne manifestent pas une avancée décisive. La
création d’une délégation interministérielle à l’océan (cf.
supra), qui s’appuierait sur des officines en régions littorales,
pourrait contribuer à opérationnaliser ces stratégies dans le
champ océanique.

Parmi les priorités à mettre en place, devant faire


l’objet d’une mission d’intervention spécifique, devraient
figurer les éléments suivants :

• La lutte contre l’érosion côtière : selon la Banque Mondiale,


‘’d’ici 2030, 42% du littoral marocain sera exposé à de
graves inondations et à une érosion sévère’’, tandis que
‘’la salinisation des aquifères côtiers, qui entraînera des
pénuries d’eau, pourrait toucher les côtes centrales et
orientales du Maroc en raison de l’élévation du niveau
de la mer’’. La situation est déjà critique dans certains
endroits comme Saïdia.

• Les mesures en faveur de la durabilité des ressources


halieutiques* : malgré la Stratégie Halieutis et les lois
favorables à l’environnement, comme l’interdiction du
chalut de fond en Méditerranée, la surexploitation
de ces ressources à des fins industrielles les menace
d’un épuisement continu. Il est, donc, urgent d’agir
efficacement et radicalement contre la malpêche dans les
eaux marocaines par la création d’aires marines fortement
protégées le temps de la restauration de la faune marine.
L’identification des nouvelles aires marines devrait
reposer sur des données scientifiques récentes et sur la
mise en place de systèmes d’alerte aux risques.

203
• Des mesures en faveur de la durabilité du secteur
touristique balnéaire : lutter contre la prolifération des
espèces envahissantes* (Physalia physalis, méduses),
préserver le littoral sablonneux (dont le rythme de
disparition est deux fois plus important que la moyenne
mondiale), veiller à la qualité et à la disponibilité de la
ressource en eau potable (salinisation des aquifères
côtiers des côtes centrales et orientales du Maroc).

Parallèlement, des actions continues de très long


terme devraient être menées pour :

• restaurer les ressources et les écosystèmes endommagés


(coraux d’eau froide par exemple), développer les
écosystèmes de carbone bleu* (mangroves, herbiers
marins et marais salés), protéger le système d’upwelling*
au large des côtes marocaines;

• aménager le territoire littoral et le merritoire côtier


dans une perspective, non seulement de protection
et de développement durable, mais aussi de résilience
contre les risques de catastrophe naturelle (qui coûtent
actuellement 575 millions de dollars/an au Royaume)
dus à l’urbanisation rapide conjuguée au changement
climatique380 :

33 des plans d’urbanisation plus cohérents avec, d’une


part, la protection des écosystèmes et, d’autre part,
avec la nécessité de déplacer les habitats humains
menacés par l’érosion côtière et la hausse du niveau
de la mer (65% de la population marocaine vivrait à
proximité de la côte 381). ; à ce titre, il serait judicieux
de revoir de fond en comble le plan Azur, qui a
pris fin en 2020 et qui n’a pas donné les résultats
escomptés ;

204
33 réduire significativement le rejet à la mer des déchets
urbains, des eaux usées non traitées (44 % en 2020
des eaux usées urbaines382) et des émissions agricoles
et industrielles (80 % des industries sont concentrées
sur le littoral)383 ;

33 la suppression de la pollution lumineuse* (interdiction


des LED le long des corniches littorales) et l’interdiction
de construire des ouvrages accélérant l’érosion des
côtes comme l’enrochement et les épis maritimes
(ouvrages hydrauliques rigides) ;

• réduire l’impact écologique du transport maritime,


notamment, les pollutions sonores* et chimiques*, ainsi
que de l’ensemble des activités sources de dégradation
environnementales.

En résumé, malgré son inscription dans les engagements


internationaux en faveur de l’environnement océanique
et littoral et son arsenal juridique étoffé, la volonté de
développement durable du Maroc se heurte à une mise en
pratique insuffisante384, conjuguée à une exposition croissante
aux phénomènes climatiques385 et à une dégradation
persistante de l’environnement océanique dont le coût reste
fortement sous-évalué.

Assurer un développement socio-économique


océanique soutenable

Le Maroc s’est engagé dans un ambitieux programme


d’économie bleue, soutenu par la Banque mondiale. Toutefois,
le discours dominant autour de l’économie bleue, appelant
à un nouveau Blue Deal386, bien que nourri de bonnes
intentions, risque d’accélérer l’industrialisation des activités
liées à l’océan et de conduire à une dégradation exponentielle
de l’océanosphère*.

205
Ainsi, la Stratégie portuaire nationale (2030) prévoit
de plus que doubler le nombre annuel de passagers d’ici
2030, passant de 3 à 7,6 millions.

De même, dans un contexte de sécheresse et de


rareté des ressources hydriques, le dessalement de l’eau
de mer semble s’imposer au Maroc comme une activité
prioritaire de l’économie bleue.

Il est donc nécessaire d’opérer un renversement


de paradigme pour que l’économie bleue devienne une
économie océanique soutenable : il ne s’agit plus de se
demander comment développer l’économie à partir des
ressources marines mais comment développer l’économie
à partir de ce qui est bon pour l’océan ?

Ainsi, les infrastructures portuaires, par exemple,


peuvent être améliorées en minimisant leurs impacts
sur le littoral et la mer (cf. label Ecoports), les opérations
de transport maritime peuvent devenir plus propres
(cf. Clean Shipping Coalition), ... Ces améliorations sont
nécessaires mais non suffisantes. Car c’est une véritable
vision de l’ensemble du système humanité + Nature, qui
doit permettre de refonder un nouveau paradigme à partir
de quatre questions simples :

• Qu’est-ce qui est bon pour l’océan ? (cf. section


suivante)
• Comment financer ce qui est bon pour l’océan ?
• Comment sortir du paradoxe de JEVONS* ?
• Comment permettre le développement de l’humanité?

206
La notion de finance bleue répond à la seconde
question. Le ralentissement de l’économie mondiale, prévu
par la Banque Mondiale pour les prochaines années, conduit
à examiner toutes les mobilisations financières possibles.
Dans le contexte marocain, la finance bleue peut se décliner
sous plusieurs formes distinctes :

• L’orientation des investissements privés et publics


vers des secteurs d’activités garantis ‘’océaniquement
durables’’, ce qui suppose des critères clairement établis,
des priorités lisibles et un mécanisme de labellisation
transparent et honnête,

• Le micro-crédit (le Maroc était le deuxième marché de


microcrédit dans le monde arabe, avec 720 millions de
dollars d’encours en 2020387), déjà encadré par la loi n°50-
20, qui pourrait accorder des dépassements de plafonds
ou des tarifs préférentiels aux praticiens des métiers de
la mer, désireux de rendre leur activité plus soutenable
(bateaux moins polluants, filets de pêche biodégradables,
...) ou aux nouveaux entrants dans ces métiers, qui
s’engageraient à adopter des pratiques soutenables,

• La finance islamique, marché ayant enregistré, en 2020


au Maroc, un taux de croissance de 66%388,

• Le financement participatif (crowdfunding*), un mode de


financement de projet par le grand public, encadré par la
loi n° 15.18 entrée en vigueur au Maroc en 2021,

• Une fiscalité environnementale et plus particulièrement


océanique, équitable et incitative, qui permettrait
de préserver l’environnement et de rationaliser la
consommation des ressources océaniques389.

207
L’ensemble de ces instruments permet de couvrir
la totalité des investissements possibles dans l’économie
océanique durable, des grands fonds d’aide internationaux
à la contribution individuelle. Mais pour bénéficier au
maximum au secteur océanique durant cette phase
d’amorçage, ces instruments doivent offrir des avantages
spécifiques et faire l’objet à la fois d’un fléchage clair,
accessible à tous, d’indicateurs lisibles, d’une mise en
œuvre simplifiée et rapide et d’une évaluation transparente
et aisée des projets. Les offices de déconcentration de la
Délégation interministérielle proposée plus haut pourraient
en avoir la charge.

Le paradoxe de JEVONS explique qu’à mesure que


les améliorations technologiques accroissent l’efficacité
avec laquelle une ressource est employée, la consommation
totale de cette ressource va probablement augmenter
au lieu de diminuer, du fait de l’apparente nouvelle
disponibilité de la ressource390. Par exemple, la baisse de
la consommation de carburant au kilomètre a généré, non
pas une économie globale de carburant, mais, au contraire,
une augmentation du fait de la multiplication du nombre
de kilomètres parcourus.

Appliqué à l’utilisation des ressources naturelles, ce


paradoxe explique la surconsommation de celles-ci lorsque
la technologie augmente leur efficacité, d’où la nécessité
d’accompagner ces développements technologiques de
politiques efficaces de gestion de la demande.

Pour que l’économie océanique soutenable puisse


sortir de ce paradoxe, les politiques publiques doivent être
repensées et réorientées à partir de cet objectif stratégique
essentiel : mettre fin à l’économie de prédation* et veiller
au respect des limites planétaires.

208
Pour cela, plusieurs axes peuvent être envisagés :

• Une économie circulaire* fondée sur le recyclage, pour


réduire la demande de ressources naturelles primaires et
le volume de déchets qui finissent dans l’océan.

33 Ainsi, en ce qui concerne le plastique : la quantité


accumulée de déchets plastiques dans l’océan
pourrait doubler d’ici 2030, un enjeu majeur pour
l’avenir de l’océan et de l’humanité qui ingère aussi
ces microplastiques. Le Maroc a banni en 2016
la fabrication et l’usage des sacs en plastique (loi
77-15 et campagne Zero Mika). C’est une mesure
significative mais insuffisante, car les déchets
plastiques concernent aussi les bouteilles, le matériel
de pêche, les emballages et de multiples objets. En
réalité, pour être vraiment efficace, il faudrait viser
simultanément à :

–– réduire la production de plastique (on ne peut


l’arrêter totalement, ne serait-ce que pour le
secteur de la santé),
–– éliminer progressivement les plastiques à usage
unique,
–– collecter 100% des déchets plastiques,
–– recycler 60% des déchets collectés.

Une telle politique permettrait de lancer une nouvelle


économie du plastique fondée, d’une part, sur la collecte et
le recyclage, la création d’emplois et l’élimination des additifs
toxiques nuisibles au recyclage391 et, d’autre part, sur la
production d’alternatives durables à partir, par exemple des
sous-produits d’algues marines.

209
Pour appuyer son action dans ce domaine, le Maroc
pourrait adhérer au New Plastics Economy Global Commitment
dans la perspective de la prochaine adoption, au niveau des
Nations Unies, d’un instrument international légalement
contraignant sur la pollution plastique, notamment, dans
l’environnement marin.

33 L’économie du recyclage doit aussi collecter, traiter


et réutiliser le plus grand nombre de métaux, afin
de rendre inutile l’exploitation des minerais des
fonds marins, une activité dommageable pour
l’océanosphère* (cf. supra). Au neuvième rang des
pays producteur de cobalt, le Maroc a déjà amorcé
sa transition vers la production de cobalt (mais
aussi du lithium et du nickel, ...) issu du recyclage
des batteries. L’activité de démantèlement des
navires devrait aussi contribuer à cette économie
du recyclage.

33 Cette approche de la valorisation économique des


déchets par le recyclage contribue aussi à la lutte
contre la pauvreté et à l’intégration de l’économie
informelle.

• Une économie fondée sur des choix écologiques forts


pour préserver l’environnement littoral et marin.

33 La conditionnalité du tourisme. Une des


caractéristiques du monde post-Covid est la
prise de conscience par de nombreux pays de
l’insoutenabilité du tourisme de masse. La France,
l’Italie, l’Inde, de nombreuses îles… de plus en plus
de pays limitent l’accès à leur patrimoine naturel et
culturel, imposant des quotas de touristes.

Il convient donc de déterminer la capacité d’accueil


maximale d’un site à partir de la capacité de charge des
écosystèmes côtiers, terrestres et marins. Un principe, qui
s’applique aussi à l’ensemble des activités maritimes et à
l’urbanisation littorale.

210
Autre condition au développement touristique,
l’écotourisme, à l’instar du Costa Rica, qui en est le leader
mondial. Le Maroc dispose déjà d’un écolabel, la Clé Verte,
qui devrait permettre de promouvoir des pratiques de
tourisme durable dans tous les secteurs de l’industrie du
tourisme (hébergement, transport, restauration et visites).

Face à l’érosion côtière et au stress hydrique, qui


menacent le Maroc, celui-ci devra repenser son industrie
touristique, qui a représenté, en 2019, environ 7,1% du PIB,
20% des recettes d’exportation de biens et services, 550.000
emplois directs et autant, sinon plus, d’emplois indirects.

33 L’énergie soutenable. Toute énergie renouvelable


n’est pas forcément bonne pour l’environnement. Cela
pourrait être le cas de l’éolien offshore* (cf. chapitre 1)
dont l’installation, le fonctionnement, la maintenance
et la fin de vie sont environnementalement coûteux.

La voie de l’énergie solaire dans laquelle le Maroc s’est


lancé (Plan Solaire) peut contribuer, en développant
des micro-réseaux ou des productions locales hors-
réseau (décentralisées), à fournir une électricité bon
marché aux différentes activités artisanales liées à
l’océan (pêche, algo et maricultures*).

Elle pourrait aussi permettre à terme l’abandon de


modes de production d’énergie particulièrement
polluants pour l’océan comme l’usage des
hydrocarbures (métaux lourds et déchets toxiques
issus de l’industrie extractive).

33 Une gestion efficace des déchets. La question des


déchets en mer doit devenir une priorité, surtout
dans un pays à forte ambition touristique, qui, en
2020, a été classé 7ème en termes de rejet de déchets
plastiques en Méditerranée.

211
Pour cela, il faut à la fois limiter le volume de déchets
(emballages et produits à usage unique par exemple),
réduire la part des éléments toxiques dans les déchets,
généraliser le traitement des eaux usées et celui des
ordures ménagères, rendre obligatoire le traitement
des déchets industriels et dangereux (comme les
déchets médicaux ou chimiques) à travers une taxe
et un stockage spécifiques, développer une culture
du tri à partir de modes différenciés de ramassage
des ordures (centralisés en ville, déconcentrés dans
les campagnes), impliquer les industries touristique,
maritime et portuaire dans la collecte et le tri des
déchets, mener des campagnes régulières de
collecte de déchets sur les littoraux.

33 Une alternative au dessalement. Le coût écologique


du dessalement ne peut pas être acceptable dans un
pays préoccupé par la qualité de son environnement.
En effet, le processus actuel permet d’extraire 1 litre
d’eau potable au prix de la production de 1,5 litre
d’eau saumâtre, chaude et chargée des sels (dont
141,5 millions de m3 sont rejetés en mer chaque
jour, au niveau mondial)394. Or, bien que le Maroc
ait largement adopté l’irrigation au goutte-à-goutte,
celle-ci au lieu d’économiser la ressource hydrique,
en a accru la consommation en multipliant les
zones irriguées, parfait exemple du paradoxe de
JEVONS395.

212
Dans le contexte de rareté croissante de l’eau à
laquelle le Royaume doit faire face, il faudrait
commencer par faire baisser la demande et par
rationnaliser la consommation. L’effort devrait porter
principalement sur l’agriculture, qui consomme 85%
de la ressource hydrique au Maroc. La priorité devrait
être donnée, également, à la réglementation des
usages non potables de l’eau et des prélèvements
dans les nappes phréatiques. La réutilisation des eaux
usées et la récupération des eaux pluviales devraient
aussi contribuer à réduire sensiblement le recours au
dessalement.

Ainsi, les plastiques recyclables, les produits ‘’low-


metal’’, l’énergie ‘’low-pollution’’, le traitement des déchets,
le refus d’un dessalement dommageable pour l’océan… font
partie des multiples solutions qui permettraient de sortir du
paradoxe de JEVONS, en limitant l’usage de ressources, qui
alimentent ‘’une économie de la mort’’, par opposition à une
économie de la vie397.

Précisément, comment permettre le


développement de la vie, à la fois celle de l’humanité
et celle de l’océanosphère?

En l’état actuel, le développement d’une communauté


humaine passe d’abord par la disponibilité des moyens de
sa survie (alimentation, santé), de l’accès à des biens de
première nécessité et enfin à des biens de nature immatérielle
(éducation, loisirs, ...).

La sécurité alimentaire* du Maroc, qui inclut


l’approvisionnement en eau, est le grand défi d’un pays dont
le climat semi-aride gagne chaque jour du terrain. Cette
sécurité est assurée par la production locale mais aussi par
la diversification des sources complémentaires, notamment,
dans une perspective de proximité régionale.

213
Premier pays en termes de biodiversité marine au
niveau du pourtour méditerranéen, avec un grand potentiel
de ressources non valorisées, doté d’une façade atlantique
poissonneuse grâce à ses upwellings*, le Maroc est le premier
pays d’Afrique en termes de production halieutique. Son
industrie de la pêche traite près de 70 % des captures de la
pêche côtière et exporte environ 60,8 % de sa production
(2020) vers une centaine de pays.

Si la Stratégie Halieutis a produit des résultats


encourageants, le Maroc étant désormais la 15ème
puissance halieutique mondiale398, le potentiel maritime du
Royaume est encore loin d’être pleinement exploité. Il reste
maintenant à se concentrer sur :

• l’élaboration et la mise en place de nouveaux modèles


de gestion des ressources halieutiques* en mesure, à la
fois, d’assurer le respect strict des cycles biologiques,
de moderniser la pêche artisanale et de compenser le
sous-investissement dans le secteur, à l’instar du projet
Pescomed (gestion partagée de la petite pêche en aire
marine protégée) ;

• la lutte contre la revente des poissons de la zone


économique exclusive* à des chalutiers en attente dans
la zone internationale (fuite de la ressource) ;

• un développement rationnel et durable, sans


surexploitation ni dégradation de la ressource – soutenu
par des écolabels internationaux et des projets comme
Medfish – dans les domaines suivants :

33 L’industrialisation de l’aquaculture*, relais de


croissance du secteur halieutique dont les captures de
pêche stagnent, tend à déséquilibrer le milieu marin
(eutrophisation*, ... cf. partie II). Un effort particulier
doit donc être entrepris pour conjuguer durabilité
du milieu et exploitation raisonnée, d’autant que
81% des projets portés par les investisseurs seront
localisés dans la région de Dakhla-Oued Eddahab399.

214
33 L’algoculture offre un potentiel remarquable et,
en premier lieu, une alternative à la disparition
progressive de l’algue rouge sauvage au Maroc,
exploitée pour produire l’agar-agar. Il est aussi
urgent de sauvegarder les herbiers marins (algues),
qui servent de frayères aux autres espèces (assurant
ainsi la pérennité des stocks de poissons) que de
développer un complément à la pêche.

Deux pistes de solution semblent prometteuses :


une valorisation diversifiée des algues cultivées
s’appuyant sur leurs principes actifs (pharmacie,
textile, cosmétique, ...) plutôt que sur leur masse
et le développement de la culture du caroubier
dont les fruits produisent un gélifiant substituable
à l’agar-agar, dont la demande mondiale explose400;

33 La permaquaculture* est un processus naturel


conjuguant permaculture et aquaculture*,
permettant par exemple d’élever des crevettes
géantes ou royales en milieu fermé sans pesticides,
limitant les rejets polluants et la consommation
d’eau, dans le même esprit que le modèle Songhaï401.

33 L’agriculture biosaline* : dans un contexte de


salinisation des sols due à l’élévation du niveau de
la mer, l’introduction de 19 cultures en milieu salin
à Foum El Oued (dont le quinoa et le blue panicum)
laisse présager des développements importants
dans ce secteur au Maroc 402.

• La réorientation du secteur agroalimentaire, un des


fleurons nationaux : en effet, le stress hydrique
structurel va peser à terme sur les cultures pluviales dont
la production réduite serait alors réservée au marché
domestique. Dans un tel contexte, l’aquaculture*
pourrait représenter, pour le Maroc, une alternative
en termes d’offre exportable dans la branche agro-
alimentaire.

215
• Enfin, l’approche par nexus (eau, alimentation, énergie)
décrite dans le Rapport Stratégique 2021 : ‘’Vers un
nouveau monde post Covid-19, devrait être privilégiée.’’

Sur le plan plus général du développement


économique, l’économie de la mer* est capable d’apporter
une contribution significative, au-delà des secteurs
traditionnels (pêche, chantiers navals, transport maritime,
tourisme balnéaire), au moyen, par exemple, de :

• la création d’un réseau portuaire atlantique-est


capable d’exploiter, d’acheminer et de réceptionner les
différents flux commerciaux de la zone atlantique, au
Maroc et le long de la sous-région, grâce à une mise
en commun des complémentarités entre les différents
ports (coopération plutôt que compétition) une fois
le port de Dakhla Atlantique achevé ; cette stratégie
maritime intégrée favoriserait le développement de la
coopération Sud-Sud ;

• une industrie de niche à haute valeur ajoutée dans le


domaine de l’informatique appliquée aux technologies
de la mer, des smart ports à l’électronique embarquée,
en passant par les capteurs, traceurs, systèmes d’analyse
des big data, systèmes automatiques et autres systèmes
digitaux (production et services) ;

• une économie de proximité basée sur les circuits courts,


de la distribution locale (marchés locaux) à la valorisation
sur place (agroalimentaire) aux systèmes financiers
locaux (financement de projets) ;

• une économie circulaire* du démantèlement des navires


(récupération des métaux) au recyclage du matériel de
pêche (récupération des plastiques et fibres), tout en
prenant des mesures préventives contre les externalités
négatives de ces activités ;

216
• une économie culturelle, fondée sur le tourisme
balnéaire, l’événementiel littoral (festivals, congrès), ...

• et, enfin, les promesses d’une recherche &


développement efficace (cf. section suivante).

Ces pistes de solutions s’inscrivent à la fois dans


la recommandations de la Conférence des Nations unies
sur le commerce et le développement pour construire une
économie océanique durable et dans la perspective de la
promotion d’une économie bleue, qui soutient la croissance
économique tout en préservant le patrimoine océanique.

Développer la connaissance océanique

Pour répondre à la question ‘’qu’est-ce qui est bon


pour l’océan ?’’, il est nécessaire d’améliorer la connaissance
scientifique et objective de l’océan sous trois aspects, avant
de rechercher des solutions allant dans ce sens.

Le développement des connaissances : plusieurs


domaines semblent suffisamment prometteurs pour que le
Maroc s’y investisse de manière significative.

Tout d’abord, dans le domaine de la recherche


scientifique et de l’ingénierie, il faut concentrer les efforts
sur trois axes :

• Promouvoir la ‘’science ouverte’’ (cf. UNESCO) sous la


forme d’un plan national pour la promotion de l’open
access, qui investirait dans le partage des données
relatives à l’océanosphère*, les licences libres et la mise
à disposition des infrastructures de recherche pour
accélérer les recherches en vue d’un développement
océanique durable.

217
• Renforcer la participation en matière de coopération
scientifique internationale, notamment, pour ce qui est
de la collecte et du traitement des données, à travers les
actions suivantes :

33 Adhérer à la Plateforme Océan et Climat et


sensibiliser les élus et les autorités régionales à la
question de l’élévation du niveau de la mer, comme à
Moulay Bousselham par exemple (cf. SEAties).

33 Développer et pérenniser le réseau marocain des


sciences et de l’ingénierie de la mer, MARSIMER, au
profit d’une recherche éco-innovatrice.

33 Exploiter plus massivement le socle de dispositifs


bilatéraux, régionaux et globaux à partir desquels des
collaborations internationales peuvent se concrétiser,
tant dans le domaine de la coopération scientifique
que dans celui du transfert des technologies marines.

33 Alimenter les bases de données mondiales sur les aires


marines protégées* et les Other effective area-based
conservation measures, telles que Protected Planet,
la plateforme mondiale pour la communication,
l’échange, l’acquisition et l’analyse de connaissances
et de données sur l’état et les tendances des aires
protégées. Actuellement aucune des aires marines
protégées* prévues par la Stratégie Halieutis n’y est
répertoriée.

• Développer significativement le secteur des sciences


et des technologies de la mer, d’une manière générale
et plus particulièrement l’océanographie* et la biologie
marine, ainsi que l’océanologie* : il est en effet essentiel
que les politiques publiques prennent en considération
les dernières avancées scientifiques. La recherche
en biochimie marine doit faire l’objet d’une attention
privilégiée, compte tenu de son potentiel : elle permet
d’exploiter les molécules issues des organismes marins
dans des domaines aussi variés que la pharmacologie, les
cosmétiques, les engrais, l’alimentation…

218
• Investir dans les applications pratiques des sciences et
de l’ingénierie de la mer et pour cela, orienter la finance
bleue vers :

33 les biotechnologies marines : il s’agit d’utiliser


les sciences et les technologies au niveau de la
transformation des ressources marines pour des
applications dans les domaines de la santé, les
cosmétiques, l’agro-alimentaire, l’aquaculture*,
l’environnement,..… Une croissance annuelle de 6
à 8% des revenus de ce secteur est attendue403 ;

33 le biomimétisme* marin : cette approche propose


de puiser dans les processus du vivant une source
d’innovation durable ; elle consiste à observer et à
reproduire des propriétés essentielles de systèmes
biologiques marins, pour mettre au point des
formes, des matériaux et des procédés à la fois
innovants, faiblement consommateurs et durables;

33 les technologies propres : que ce soit dans


le domaine de la navigation ou dans celui des
ports, elles visent à améliorer la performance
environnementale du transport maritime (cf. Clean
Shipping Coalition), comme les nouvelles voiles
par exemple et à réduire les émissions nocives des
ports (cf. Global Clean Ports) ;

33 enfin, la construction navale de pointe : le Maroc a


su acquérir une compétence sectorielle indéniable
dans les secteurs automobile et aéronautique
et s’apprête aujourd’hui à des développements
similaires dans l’industrie navale (navires propres
et intelligents). ; il est important que la recherche
soutienne cet effort.

219
Pour coordonner un tel programme de
développement, il pourrait s’avérer nécessaire de créer un
centre d’excellence dédié à la recherche océanographique
nationale, centralisant les données collectées et les mettant
à disposition des acteurs économiques dans ce domaine.

Sachant alors ‘’ce qui est bon pour l’océan’’, l’Etat


pourra organiser la protection de son patrimoine océanique
naturel à partir d’une réglementation appropriée, comme
pour les coraux d’eau froide, et impulser les orientations
stratégiques en faveur d’un développement durable de son
économie océanique en fonction des priorités dictées par la
Nature et par la situation avérée.

La professionnalisation des activités maritimes :


afin que les résultats de la recherche et du développement
soient pris en considération dans les activités quotidiennes,
il convient de :

• déployer des formations professionnelles certifiantes


dans les domaines où des manques sont constatés,
comme le commissariat d’avaries par exemple,

• organiser une mise à jour régulière des connaissances des


professions maritimes (et des formateurs) en fonction des
évolutions scientifiques, technologiques et normatives,

• créer une structure légère de mise à jour et de coordination


des programmes (core curriculum) des différents instituts
de formation opérant dans ce secteur: l’Institut supérieur
d’études maritimes, les différents instituts maritimes,
... afin de s’assurer que les nouvelles connaissances
perfusent bien dans la formation.

220
Le développement d’une culture océanique : mener
à bien un tel programme scientifique et technique exige
une masse critique de chercheurs et de professionnels
attirés par les activités océaniques. Il est donc opportun
de commencer par sensibiliser la population marocaine
à l’importance de son patrimoine naturel marin. Pour
développer une véritable culture de l’océan, afin de
lutter contre l’ignorance et les ‘’gestes insoutenables’’
par méconnaissance, la clé réside dans l’éducation, la
participation citoyenne et la valorisation du patrimoine,
comme le préconise la Fondation Mohammed VI pour la
protection de l’environnement, présidée par Son Altesse
Royale La Princesse Lalla Hasnaa.

• L’éducation des futures générations commence dès la


maternelle (Ocean Litteracy). D’importantes ressources
pédagogiques peuvent être mises à la disposition des
enseignants, pour tous les âges, par la communauté
internationale, grâce à des associations comme
World Ocean Network et GenOcean (UNESCO).
Cette sensibilisation serait d’autant plus efficace si les
enseignants recevaient la consigne, à l’échelle nationale,
d’œuvrer à fonder cette nouvelle relation à l’océan.

• L’expérience concrète reste le meilleur processus


éducatif pour développer ce lien émotionnel fort avec
l’océan, qui est la condition sine qua non de la révolution
mentale que les Marocains doivent opérer pour prendre
soin de leur merritoire*. Parmi ces expériences :

33 Apprendre à nager permet de vaincre la peur


souvent spontanée de l’océan, pratiquer des sports
nautiques (plongée, bodyboard) renforce la maîtrise
de soi. Parce que savoir nager sauve des vies, toutes
les populations littorales devraient bénéficier de
cours de natation dans le cadre de l’école obligatoire.

221
33 Découvrir les richesses océaniques grâce à la création
d’un musée national valorisant le patrimoine maritime
marocain, à l’élaboration d’un atlas de l’histoire
marocaine à travers son littoral ainsi qu’à la mise en
place d’un dispositif de vulgarisation (expositions,
livres, films, vidéos) sur la maritimité du Maroc.

• L’action citoyenne peut être mobilisée de multiples


manières : nettoyage des plages, ramassage et tri des
déchets sur les littoraux, préservation du patrimoine
archéologique ou culturel, projets expérimentaux… La
nouvelle application mobile éco-citoyenne Ana Boundif
répond bien à cette nécessité d’engager la jeunesse dans
l’action environnementale. Parallèlement, les imams
comme les enseignants peuvent relayer le message selon
lequel l’avenir du Maroc passe par un océan en bonne
santé. La coordination internationale offre aussi un
soutien appréciable à la mobilisation citoyenne, comme
l’initiative Rise Up For Ocean (une campagne mondiale
‘’pour mettre l’océan sur la voie de la récupération’’),
qui permet de mesurer le degré d’engagement de la
population.

Enfin, une meilleure connaissance de la mer et du


littoral induit aussi un travail de recherche, de protection
et de valorisation du patrimoine archéologique marocain,
sous-marin et littoral (sites préhistoriques, cité mythique
de Tighaline, littoral de Safi, ...). Cet enrichissement culturel
rappellera la richesse historique et préhistorique du
Maroc, témoignant des multiples influences (phéniciennes,
romaines, carthaginoise, ...), qui ont donné lieu à son
cosmopolitanisme. Ce travail de connaissance archéologique
devrait aussi rendre hommage aux communautés
traditionnelles de pêcheurs berbères404, réparties le long
de l’Afrique septentrionale, aussi bien sur les bords de la
Méditerranée que le long des côtes atlantiques, notamment,
dans le Souss405 et à Essaouira.

222
Ainsi, pour que des solutions novatrices émergent,
il est donc nécessaire que les nouvelles générations de
Marocains prennent conscience de la gravité de la situation
et de l’impératif de changer les choses : le merritoire du
Royaume ne doit pas devenir une zone morte, surexploitée,
privée de sa biodiversité*. Le bien-être de chacun et le
développement du Maroc tout entier en dépendent.

XX Pour devenir une grande nation maritime du 21ème


siècle, le Maroc aquapreneur a besoin de renverser son
paradigme d’industrialisation rapide et massive de ses
activités maritimes au profit d’une vision plus orientée
vers la protection de l’océan et l’utilisation soutenable,
équilibrée, de ses ressources. Pour cela, il doit affronter
trois grands enjeux :

• Opérer une révolution des mentalités, en renouant


avec ses racines maritimes, en valorisant son patrimoine
archéologique, historique, culturel et naturel, en
développant une littératie* de l’océan dès le plus jeune
âge et en assurant le développement et la promotion des
sciences et de l’ingénierie de la mer.

• Coordonner un programme national, qui viserait


l’amélioration de la gouvernance maritime, ainsi qu’une
meilleure articulation entre science et gouvernance,
notamment, dans la prévention des risques (élévation du
niveau de la mer, érosion, climat).

• Enfin, développer la coopération régionale et


internationale et faire du Maroc un acteur reconnu en
matière de diplomatie océane.

223
Conclusion de la 3ème partie
Comme évoqué dans les deux premières parties du
présent rapport stratégique, la dégradation de l’océan est
provoquée par le réchauffement climatique, la pollution élevée
émanant des activités anthropiques et le recul très inquiétant
Nous sommes confrontés à de la biodiversité. Face à cette situation, il est impératif de
une triple crise planétaire :
une urgence climatique qui
mettre en place, pour ce patrimoine commun de l’humanité,
tue et déplace toujours plus de une gouvernance des océans plus efficiente, globale et
personnes chaque année ; une
dégradation des écosystèmes qui
intégrée, fondée sur des partenariats solides, une coopération
accélère la perte de biodiversité internationale renforcée et un dialogue multilatéral.
et compromet le bien-être de
trois milliards de personnes ; une
augmentation de la pollution et
De l’éveil des consciences à l’échelle mondiale…
des déchets qui coûtent neuf
millions de vies par an. En effet, un cadre mondial est nécessaire, qui reconnaisse
Antonio GUTTERES, Secrétaire
une obligation commune, définisse clairement les responsabilités
Général de l’ONU, juin 2022 de chaque pays et fasse respecter les engagements. Pour que
les institutions mondiales favorisent la coordination, elles
doivent être dotées de structures de gouvernance complètes
afin de prendre des décisions légitimes et de représenter tous
les citoyens du monde, actuels et à venir.

En attendant ce nouvel ordre mondial en faveur


de l’océan, des solutions systémiques et globales doivent
rapidement être élaborées et mises en œuvre. Elles doivent
s’affranchir des idées reçues et du prêt-à-penser, comme le
Mettre fin « maintenant » à la concept d’économie bleue, quitte à paraître iconoclastes. Elles
guerre insensée et suicidaire que
nous livrons contre la nature.
doivent aussi pouvoir se mettre en œuvre simultanément à tous
les échelons possibles: local, régional et mondial.
Antonio GUTTERES, Secrétaire
Général de l’ONU, juin 2022
A la révolution bleue du Maroc
Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, soucieux de développer
la dimension maritime du Maroc a lancé, dès son Accession au
Trône de Ses Glorieux Ancêtres, une ambitieuse politique de
la mer autour d’un triple impératif : moderniser et développer
l’infrastructure portuaire du Royaume (Tanger-Med 1 et 2,
Nador-West Med, Dakhla Atlantique), impulser une nouvelle
dynamique au secteur de la pêche tout en assurant la durabilité
des ressources halieutiques* (Plan Halieutis)et permettre au
Maroc de jouer pleinement son rôle de ‘’hub’’, grâce à une
connectivité maritime élevée.

224
La pérennisation de ces acquis requiert de:

• Conditionner, systématiquement, l’exploitation minière


sous-marine, le dessalement de l’eau de mer, l’éolien
offshore*… par l’utilisation de technologies favorables
aux écosystèmes océaniques,

• développer, pour ce qui est de l’aquaculture, qui recèle


un grand potentiel, un modèle de production qui ne soit
dommageable ni aux écosystèmes ni à la santé humaine,
à l’instar par exemple de la ferme de Songhaï,

• repenser l’urbanisation littorale et mettre en place un


tourisme balnéaire soutenable,

• renforcer le capital immatériel en matière de recherche &


développement océanographique et océanologique, non
seulement pour protéger, voire restaurer, la biodiversité,
mais pour en tirer des produits à haute valeur ajoutée
dans les domaines pharmaceutiques, cosmétiques,
agroalimentaires et dans tous les secteurs pouvant
bénéficier d’une approche biomimétique.

Le potentiel océanique du Maroc représente un


formidable enjeu de développement, qui ne pourra être
fructifié que si une véritable révolution des mentalités est
opérée, une révolution dont les jeunes générations sont déjà
porteuses à l’échelle mondiale.

225
A retenir
Les clés de la durabilité de l’océan reposent sur :

• une prise de conscience généralisée de la gravité de la


situation dans laquelle se trouve l’océanosphère et des
hypothèques que cette situation prend sur l’avenir de
l’espèce humaine,

• la mise en place, à l’échelle mondiale, d’un cadre


réglementaire et contraignant relatifs à l’océan en tant
que bien commun de l’humanité,

• la rationalisation des programmes et la concentration des


énergies et des financements sur la mise en œuvre d’une
vision stratégique claire, mondiale, assurant la pérennité
des équilibres océaniques,

• la réunion et la coordination des multiples initiatives


existantes par une entité unique, opérationnelle, agissant
au nom de toutes les nations au moyen d’un nouveau
modèle de gouvernance.

Le Royaume du Maroc peut devenir l’un des premiers


Etats aquapreneurs en :

opérant une révolution culturelle par laquelle le merritoire


marocain deviendrait une nouvelle richesse patrimoniale à
protéger et à utiliser parcimonieusement,

• sortant de l’Anthropocène et de son économie de la


prédation, au profit d’une meilleure gestion de la demande
et d’une économie circulaire généralisée et efficace,

• en faisant des ressources océaniques son meilleur allié


pour assurer sa sécurité alimentaire, dans un contexte
préoccupant de changement climatique,

226
• en approfondissant ses connaissances et ses compétences
dans l’ensemble des activités relatives à l’océan,

• et en faisant bénéficier de celles-ci ses voisins régionaux


dans un cadre de coopération et de mutualisation gagnant-
gagnant.

227
L’indivisibilité de
biophysique du système Terre
l’unité Conclusion
conduit inévitablement à la
formation d’une « communauté ‘’Les modèles climatiques prévoient des changements importants
d’intérêts » qui doit être organisée
dans le but de restaurer et dans l’état de l’océan au cours du siècle à venir : réchauffement
de maintenir son état de bon (pratiquement certain) ; acidification des océans (pratiquement
fonctionnement.
certaine) ; diminution de la stabilité des formes minérales de
Déclaration de Stockholm calcite (pratiquement certaine) ; perte d’oxygène (très probable);
raréfaction des éléments nutritifs près de la surface (probable);
diminution de la productivité primaire* nette (degré de confiance
élevé) ; réduction de la production de poisson (probable) et perte
de services écosystémiques clés (degré de confiance moyen) qui
sont importants pour le bien-être humain et le développement
durable’’ (GIEC, Rapport Spécial sur l’Océan et la Cryosphère,
chapitre 5, 2021)

En résumé, l’Anthropocène est directement à l’origine


d’une modification climatique majeure et irréversible, de
l’artificialisation de la majeure partie des terres émergées
et plus particulièrement des littoraux ainsi que d’une
dégradation accélérée de l’océanosphère qui, par ailleurs,
est un contributeur essentiel à la vie sur Terre grâce à son
oxygénation de l’atmosphère et sa régulation du climat.

Que ce soit à cause du changement climatique* ou


d’autres raisons anthropiques directes, l’océan, court un
grave danger : celui d’un déséquilibre tel qu’il ne pourrait plus
assurer les fonctions écosystémiques qui maintiennent la vie
sur Terre.

Parallèlement, pour faire évoluer notre civilisation


matérielle aujourd’hui dans l’impasse, du fait de l’exponentialité
de notre consommation, nous devons recourir à un
développement plus soutenable, à la fois, pour l’océan dont
nous devons absolument protéger les équilibres systémiques
et pour l’humanité, qui doit continuer à respirer, à se nourrir, à
se déplacer...

228
L’impulsion de la Décennie des sciences océaniques*
(UNESCO) a relancé la mobilisation autour de l’Objectif
de développement durable 14 ‘’Conserver et exploiter
de manière durable les océans, les mers et les ressources
marines aux fins du développement durable’’ et ouvert la
voie à une prise de conscience mondiale.

Mais, si de nombreux mouvements citoyens


et initiatives locales se sont mis en marche, la grande
industrie mondiale et les acteurs institutionnels demeurent
clivés entre ceux qui s’investissent réellement dans la
protection et l’exploitation durable de l’océan, ceux qui se
‘’bleuissent’’ (blue-washing*) en adoptant le discours à
la mode de protection des océans et ceux qui persistent
à ignorer le problème, en poursuivant des activités
destructrices (surpêche, urbanisation littorale, destruction
des écosystèmes, ...) et en allant jusqu’à accélérer
l’industrialisation de l’océan.

L’année 2022 s’est avérée une année-charnière en


matière de politique océanique mondiale :

• De nombreuses voix se sont élevées (Etats, citoyens,


parties prenantes) durant les différentes conférences
internationales, qui se sont tenues, témoignant de
l’émergence d’une volonté de faire changer les choses.

• De multiples négociations multilatérales ont été menées,


aussi bien sur le développement d’un instrument
international juridiquement contraignant pour mettre
fin à la pollution plastique que sur la réduction des
subventions nuisibles à la pêche, sur un traité relatif à
la biodiversité marine des zones au-delà de la juridiction
nationale comme sur un cadre mondial pour la biodiversité
pour l’après-2020… autant d’occasions de démontrer la
volonté des nations d’inverser le déclin de la santé de
l’océan.

229
Cependant, le rythme de la décision internationale et
de sa mise en œuvre nationale, tout comme ses moyens de
faire respecter les règles édictées, ne sont pas à la mesure
de la gravité de la situation.

Climat, océan, biodiversité… les enjeux


environnementaux ne sont plus compatibles avec les
modes de développement du 20ème siècle : l’Anthropocène
et l’économie de la prédation.

Il faut désormais un véritable renversement de notre


conception du monde – replaçant l’être humain au cœur
de la Nature et non plus au-dessus – et de notre modèle
mondial de développement, au profit d’une nouvelle
richesse créée par la protection, l’entretien et l’observation
d’un environnement sain.

Sous l’impulsion de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, le


Royaume du Maroc peut devenir un témoignage exemplaire
d’un tel changement de perspective, en reconnaissant à
l’océanosphère un statut de bien commun de l’humanité, en
développant des solutions innovantes porteuses de valeur
ajoutée et non destructrices et en animant une communauté
d’intérêts océaniques capable de faire avancer le droit, la
connaissance et les compétences en la matière.

Ainsi, l’océan ne sera pas seulement un enjeu mondial,


mais deviendra aussi la solution planétaire à l’insoutenabilité
du développement actuel.

230
Glossaire
Abysse : Région qui constitue le plancher de l’océan mondial dont
la profondeur est comprise entre 3000 mètres et 6000 mètres.
Source : Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de
l’environnement, 2ème édition DUNOD, 2002, p.2.
Accélération Bleue : la volonté croissante du capital d’industrialiser
les océans et les fonds marins. L’activité économique dans
les océans se développe rapidement et des investissements
considérables… stimulent la croissance des industries existantes
ainsi que l’émergence de nouvelles, couvrant un éventail
d’activités de plus en plus diversifié. L’Accélération bleue marque
le début d’une ‘’ nouvelle phase dans la relation de l’humanité
avec la biosphère, où l’océan est non seulement crucial pour
soutenir les trajectoires de développement mondial, mais est
fondamentalement modifié dans ce processus ”.
Source : “The Blue Acceleration : The Trajectory of Human Expansion
into the Ocean,” One Earth, vol. 2/1, January 24, 2020 : https://doi.
org/10.1016/j.oneear.2019.12.016

Agriculture biosaline : est la production et la croissance des


plantes dans des eaux souterraines et ou/sols riches en sel.
Source : FAO, 2020, Biosaline agriculure : https://agrovoc.fao.org/
browse/agrovoc/fr/page/c_6b250bf9?clang=en

Aires marines protégées : ‘’ une aire protégée est un espace


géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré par
tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme
la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques
et les valeurs culturelles qui lui sont associés ”.
Source : Geoconfluences. Glossaire, Aires marines protégées,
2021 : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/aires-marines-
protegees-france-monde

Anthropocène : terme proposé en 2000 par Josef Crutzen et


Eugene Stormer pour caractériser l’époque géologique actuelle,
qui est marquée par l’impact majeur et croissant des activités
humaines sur la terre et l’atmosphère, à tous les niveaux, y
compris celui global. Les deux chercheurs ont proposé la fin
du 18ème siècle comme date de départ de cette nouvelle ère,
période, qui coïncide avec les premières constatations de l’effet
des activités humaines sur l’environnement, en lien avec le début
de la révolution industrielle.
Source: CRUTZEN, Josef; STOERMER, Eugene. The “Anthropocene”,
Global Change Newsletter n° 41, 2000, pp. 17–18.

231
Aquaculture : ‘’ l’aquaculture est l’ensemble des activités de
culture de plantes et d’élevage d’animaux en eau continentale
ou marine en vue d’en améliorer la production, impliquant
la possession individuelle ou juridique du stock en élevage.
Elle regroupe la pisciculture (élevage de poissons), la
conchyliculture (élevage de coquillages marins : huîtres,
moules, praires, coques, etc.), l’algoculture (culture d’algues)
et la carcinoculture (élevage de crustacés, essentiellement
crevettes et écrevisses) ‘’.
Source : Institut national de la statistique et es études économiques.
Définition, Aquaculture : https://www.insee.fr/fr/metadonnees/
definition/c1534
Aquapreneur : ce concept renvoie à tous les entrepreneurs
dans les secteurs liés à l’eau.
Source: The water network : https://thewaternetwork.com/_/
aquapreneurs/
Atmosphère : est la couche la plus extérieure de la Terre, de
nature gazeuse et constituant donc la partie la plus extérieure
de l’écosphère.
Source : Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences
de l’environnement, 2ème édition DUNOD, 2002, p.52.
Autres mesures de conservation efficaces par zone (OECM) :
elles correspondent à une nouvelle approche de conservation,
distincte des aires protégées, où la conservation est réalisée
principalement en tant que sous-produit d’une autre gestion.
Une définition a été convenue lors de la 14ème Conférence
des Parties de la Convention sur la diversité biologique en
2018. Il s’agit ‘’ d’une zone géographiquement définie autre
qu’une aire protégée, qui est gouvernée et gérée de manière
à obtenir des résultats positifs et durables à long terme pour
la conservation in situ de la biodiversité, avec des fonctions
et des services écosystémiques associés et, le cas échéant,
culturels, spirituels, sociaux – valeur économique et autre
valeur localement pertinente ‘’.
Source : La convention sur la diversité biologique en 2018 ; The
Biodiversity Information System For Europe :https://biodiversity.
europa.eu/protected-areas/other-effective-area-based-
conservation-measures

232
Bien commun ou les communs : désignent des formes d’usage
et de gestion collective d’une ressource ou d’une chose par une
communauté. Cette notion permet de sortir de l’alternative binaire
entre public et privé, en s’intéressant davantage à l’égal accès et
au régime de partage et de décision plutôt qu’à la propriété.
Les domaines dans lesquels les communs peuvent trouver des
applications comprennent l’accès aux ressources, mais aussi au
logement et à la connaissance. Les biens communs représentent
des ressources générées collectivement par une communauté
selon une forme de gouvernance définie par elle-même.
Source : Institut Royal des Etudes Stratégiques. Rapport stratégique
2019 : Le nouveau modèle de développement et les enjeux
systémiques mondiaux, 2019/2020 ; Académie De Versailles ; Centre
des ressources en économie gestion, La gouvernance des ‘’ Biens
communs ” au service du ‘’ Bien commun ” : https://creg.ac-versailles.
fr/la-gouvernance-des-biens-communs-au-service-du-bien-
commun
Biodiversité : l’ensemble des milieux naturels et des formes de vie
(plantes, animaux, champignons, bactéries, ...) et leurs interactions.
Source : Encyclopédie de L’environnement. Qu’est-ce que la
biodiversité ? : https://www.encyclopedie-environnement.org/vivant/
quest-ce-que-la-biodiversite/

Bioluminescence : c’est la production et l’émission de lumière


par un organisme vivant. Cette lumière provient d’une réaction
chimique de l’organisme, qui transforme l’énergie chimique en
énergie lumineuse. Ce phénomène est observé notamment auprès
des organismes marins.
Source : Les horizons : Média d’intelligence écologique
https://leshorizons.net/bioluminescence/#:~:text=La%20
b i o l u m i n e s c e n c e % 2 C % 2 0 c ’e s t % 2 0 l a , n o t a m m e n t % 2 0
aupr%C3%A8s%20des%20organismes%20marins

Biomasse : c’est la masse ou le poids d’un ensemble d’organismes


vivants. La biomasse des reproducteurs se calcule en multipliant
le nombre d’individus en âge de se reproduire par leur poids
Source : IFREMER. Glossaire, Biomasse : https://peche.ifremer.fr/
Glossaire/Glossaire/Biomasse

Biomimétisme : L’approche biomimétique permet d’apporter


des réponses inspirées par la nature. Il s’agit donc d’imiter le
vivant, ses formes, ses matières, ses structures ou ses règles de
fonctionnement pour en tirer des solutions ingénieuses.
Source : CNRS Le Journal : https://lejournal.cnrs.fr/articles/tous-
les-modeles-sont-dans-la-nature

233
Biosphère : désigne le système complexe qui constitue
l’association à la surface de la planète Terre de milieux présentant
des caractéristiques physico-chimiques uniques : océan,
atmosphère, couches supérieures de la lithosphère, auxquels est
associé l’ensemble des êtres vivants. La biosphère se définit donc
comme la région de la planète dans laquelle la vie est possible en
permanence et qui renferme l’ensemble des êtres vivants.
Source : Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de
l’environnement, 2ème édition DUNOD, 2002, p.95.

Biotechnologies bleues : Les biotechnologies bleues ou


biotechnologies sont définies comme l’application des sciences
et des technologies à la transformation des ressources marines
par des procédés de biotechnologies et ce pour des applications
dans les domaines de la santé, cosmétique, agro-alimentaire,
aquaculture, environnement, …
Source : Guezennec, Jean et all. Les biotechnologies bleues :
l’insoupçonnable potentiel de l’invisible, in IFREMER, TAIKONA
magazine de la mer, 22 p : https://archimer.ifremer.fr/
doc/00414/52540/53353.pd
Blue Acceleration : ‘’une course entre des intérêts divers et
souvent concurrents pour la nourriture, les matériaux et l’espace
océaniques”.
Source: Jouffray, Jean-Baptiste et all. The Blue Acceleration: The
Trajectory of Human Expansion into the Ocean Crossref, Perspective
volume 2, issue 1, p43-54, 2020, doi link: https://doi.org/10.1016/J.
ONEEAR.2019.12.016 ; https://www.cell.com/one-earth/
fulltext/S2590-3322(19)30275-1
Blue-washing : terme utilisé pour décrire un marketing trompeur
qui exagère l’engagement d’une entreprise envers des pratiques
sociales responsables.
Source : Friederike, Vinzenz et all. Marketing sustainable tourism:
the role of value orientation, well-being and credibility, Journal of
Sustainable Tourism, August 2019: https://doi.org/10.1080/09669
582.2019.1650750

Bottom-up : L’approche bottom up, ascendante (ou parfois


horizontale) est quand les innovations et les idées émaneraient de
la base pour être transmises aux autres composantes de l’entité
considérée, le sommet ne jouant plus que le rôle de courroie de
transmission entre les parties, ou de chambre d’enregistrement.
Source: Geoconfluences. Glossaire, ‘’ Top down ” et ‘’ bottom up ”,
2020 : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/top-down-et-
bottom-up

234
Carbone bleu : représente le carbone emmagasiné par les organismes
vivants dans les écosystèmes marins et côtiers (mangroves, marais
salants, herbiers) et stocké dans la biomasse et les sédiments.
Source : GIEC, Annexe I : Glossaire [Matthews, J.B.R. (éd.)]. Dans :
Réchauffement planétaire de 1,5 °C, Rapport spécial, 2018, 34 p :
https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/10/SR15_
Glossary_french.pdf

Changement climatique : Variation de l’état du climat qu’on peut


déceler (au moyen de tests statistiques, ...) par des modifications de
la moyenne et/ou de la variabilité de ses propriétés et qui persiste
pendant une longue période, généralement pendant des décennies
ou plus. Les changements climatiques peuvent être dus à des
processus internes naturels ou à des forçages externes, notamment
les modulations des cycles solaires, les éruptions volcaniques ou
des changements anthropiques persistants dans la composition de
l’atmosphère ou dans l’utilisation des terres.
Dans le premier article de la Convention-cadre des Nations Unies,
le changement climatique est défini comme des ‘’ changements
de climat qui sont attribués directement ou indirectement à une
activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale
et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée
au cours de périodes comparables ”. La Convention établit ainsi une
distinction entre les changements climatiques attribuables aux
activités humaines, qui altèrent la composition de l’atmosphère et
la variabilité du climat imputable à des causes naturelles.
Source : GIEC, 2018 : Annexe I : Glossaire [Matthews, J.B.R. (éd.)]. Dans
: Réchauffement planétaire de 1,5 °C, Rapport spécial du GIEC sur les
conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C par rapport
aux niveaux préindustriels et les trajectoires associées d’émissions
mondiales de gaz à effet de serre.
Choke point : désigne un passage stratégique en matière de
transports. Les passages clés pour le transport maritime sont les
goulets d’étranglement, étroits, peu profonds, talons d’Achille de
l’économie mondialisée. Ce sont des détroits ou des canaux qui
s’accompagnent d’une limite de capacité des navires.
Source : Geoconfluences. Glossaire, Choke point, 2021 : http://
geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/choke-point
Circulation thermohaline ou circulation océanique profonde : les
océans sont animés en permanence de grands courants. Cette
circulation permanente représente la ‘’circulation thermohaline”. En
grec, ‘’thermos” signifie la température et ‘’halos” le sel. Ces courants
sont créés et entretenus soit par des différences de température,
soit par des différences de salinité.
Source : Fondation la main à la pâte. L’océan, ma planète… et moi !
Fiche 4. La circulation thermohaline : https://fondation-amap.org/
sites/default/files/upload/media/minisites/projet_ocean/fiches/
Ocean_Fiche_04.pdf; Surfrider Foundation Europe. Les courants marins
grands régulateurs du climat, Les courants marins et la circulation
thermohaline : https://fr.oceancampus.eu/cours/1rn/les-courants-
marins-grands-regulateurs-du-climat

235
Clathrates : cristaux organiques nanoporeux dans lesquels les
molécules d’eau forment des cages pouvant encapsuler un grand
nombre d’espèces moléculaires, la topologie des cages aqueuses
dépendant de la nature des molécules invitées.
Source : G. A. Jeffrey, in Comprehensive Supramolecular Chemistry,
Hydrate Inclusion Compounds, edited by J. L. Atwood, J. E. D. Davies,
D. D. Mac-Nicol, and F. Vögtle (Pergamon, Oxford) Vol. 6, p. 757
(1996).
Coccolithophore ‘’Emiliania huxleyi” : algues marines calcifiantes
unicellulaires qui jouent un rôle important dans le cycle du carbone
océanique grâce à leurs processus cellulaires de photosynthèse (un
puits de CO2) et de calcification (une source de CO2). Contrairement
aux efflorescences de coccolithophores de surface bien étudiées
et visibles par satellite, la zone photique inférieure est une
niche écologique peu connue mais potentiellement importante
pour les coccolithophores en termes de production primaire et
d’exportation de carbone vers l’océan profond.
Source : Laura Perrin, Ian Probert, Gerald Langer, Giovanni Aloisi.
Growth of the coccolithophore Emiliania huxleyi in light- and nutrient-
limited batch reactors: relevance for the BIOSOPE deep ecological
niche of coccolithophores. Biogeosciences, European Geosciences
Union, 2016, 13 (21), pp.5983-6001. 10.5194/bg-13-5983-2016.
Colonne d’eau : ‘’ la colonne d’eau est un concept utilisé en
océanographie permettant de décrire les caractéristiques physiques
(température, salinité, pénétration de la lumière) et chimiques (pH,
teneur en oxygène dissous, sels nutritifs, métaux traces…) de l’eau
de mer à différentes profondeurs pour un point géographique
donné. Cette colonne d’eau s’étend de la surface jusqu’au fond
des océans et peut atteindre jusqu’à 11 km d’épaisseur (la fosse
des Mariannes dans le Pacifique)”.
Source: CNRS; IFREMER. Geo Ocean. Qu’est-ce que la colonne
d’eau ? : https://www.geo-ocean.fr/Science-pour-tous/Nos-salles-d-
etudes/Systemes-hydrothermaux/La-colonne-d-eau
Concertation : correspond à un mode d’administration ou de
gouvernance dans lequel les citoyens sont consultés afin de
débattre et d’enrichir un projet. Elle comporte une dimension
de continuité et de suivi dans l’élaboration du projet. Elle rend
possible les échanges contradictoires et favorise la participation
inclusive.
Source : Revue urbaine. L’analyse préalable :Aquoi sert la concertation ? :
http://revesurbains.fr/wp-content/uploads/2016/10/Guide-
concertation_Lille_complet.pdf

236
Conteneurisation : principe d’acheminement de marchandises
variées dans des conteneurs de taille standardisée, pour faciliter
le transport et la manutention. Les grands ports, les plates-
formes multimodales ont dû s’adapter aux normes imposées par
la conteneurisation : systèmes de manutention, aires de stockage
suffisantes, …
Source : Geoconfluences. Glossaire. Conteneur, conteneurisation,
Novembre 2020 : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/
conteneur-conteneurisation
Convention sur le commerce international des espèces de
faune et de flore sauvages, menacées d’extinction (CITES) ou
la Convention de Washington : accord international entre Etats,
adopté le 3 mars 1973 à Washington. ‘’ Il a pour but de veiller à
ce que le commerce international des spécimens d’animaux et de
plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquelles
ils appartiennent ‘’.
Source : Convention sur le commerce international des espèces de
faune et de flore sauvages menacées d’extinction : https://cites.org/
fra/disc/what.php

Couche de mélange (des eaux de surface) : la couche de mélange


(ou couche mélangée) correspond à la partie superficielle de l’océan
brassée sous l’action de l’atmosphère. Dans la couche de mélange,
les propriétés physiques de l’eau de mer (densité, température et
salinité) restent constantes.
Source : IFREMER. Glossaire, Milieu physique, couche de
mélange : https://marc.ifremer.fr/glossaire/milieu_physique/couche_
de_melange

Courant circumpolaire antarctique : le Courant circumpolaire


antarctique est le courant majeur de l’océan que l’on appelle
Austral. C’est le seul courant qui fait le tour de la Terre et établit la
connexion entre les grands océans de notre planète.
Source : Centre National d’études Spatiales. Le courant circumpolaire
antarctique courant: http://argonautica.jason.oceanobs.com/html/
argonautica/fiches/circumpolaire2017_fr.html.
Courant vertical de la circulation méridiene de renversement
atlantique (AMOC) : circulation océanique à grande échelle
qui amène de l’eau chaude et salée dans les hautes latitudes de
l’Atlantique Nord, où elle se refroidit, libère de la chaleur dans
l’atmosphère et finit par couler dans l’océan profond après un
certain nombre de processus océanographiques complexes. Son
impact sur le climat et la biogéochimie est également mondial et
complexe, notamment en raison des schémas de téléconnexion
atmosphérique à grande échelle.
Source : Swingedouw D et all. 2020, AMOC Recent and Future Trends:
A Crucial Role for Oceanic Resolution and Greenland Melting? Front.
Clim. 4:838310. doi: 10.3389/fclim.2022.838310.

237
Croissance démographique : elle désigne la croissance des
effectifs d’une population en fonction du temps.
Source : François. Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et
des sciences de l’environnement, 2ème édition DUNOD, 2002,
pp184-185.

Cryosphère : Région de l’écosphère qui est constituée par les


calottes polaires et les glaciers.
Source : Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences
de l’environnement, 2ème édition DUNOD, 2002, p.186.
Décennie de l’Océan 2021-2030 : ‘’Les Nations Unies ont proclamé
la Décennie des Nations Unies des sciences océaniques au service
du développement durable (2021-2030). Cette initiative vise à
mobiliser la communauté scientifique, les décideurs politiques, les
entreprises et la société civile autour d’un programme commun
de recherche et d’innovation technologique. La proclamation
de cette Décennie est l’aboutissement des efforts menés par
la Commission océanographique intergouvernementale de
l’UNESCO pour favoriser la coopération internationale dans le
domaine des sciences océaniques”.
S o u r c e   : U N E S C O , h tt p s : // f r . u n e s c o . o r g /
underwaterdecade#:~:text=La%20D%C3%A9cennie%20
ONU heritage/UN- %20de%20l,mers%20et%20des%20
ressources%20marines

Désoxygénation océanique : correspond à une perte d’oxygène


dans les océans, qui peut être largement attribuée à deux causes
principales : l’eutrophisation dûe au ruissellement des nutriments
provenant des zones continentales et aux dépôts d’azote provenant
de l’utilisation de combustibles fossiles, et au réchauffement des
eaux océaniques dû au changement climatique.
Source : Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
Désoxygénation des océans : le problème de chacun Causes,
impacts, conséquences et solutions, Résumé à l’attention des
décideurs, 2019, 28 p : https://portals.iucn.org/library/sites/
library/files/documents/2019-048-Fr-Summ.pdf

Digitalisation : La digitalisation désigne, l’utilisation des


technologies et données numériques, ainsi que les interconnexions
qui donnent lieu à la naissance d’activités nouvelles ou à l’évolution
d’activités existantes.
Source : OCDE. Going Digital: Shaping Policies, Improving
Lives, Éditions OCDE, 2019, 168 p. https://doi.
org/10.1787/9789264312012-en

238
E-bomb : est l’abréviation de ‘’bombe électromagnétique” une
arme électromagnétique de nouvelle génération qui a été inventée
dans les années 1950. La définition est très large, mais couvre
essentiellement toutes les bombes conçues pour endommager des
cibles avec une impulsion d’énergie électromagnétique très intense.
La principale distinction est la longueur d’onde de l’énergie produite
par l’arme. Cette bombe appartient à la catégorie des armes dites
à énergie directe — plus précisément, à la famille ‘’ micro-ondes de
forte puissance ” (MPF ou, en anglais, HPM, high power microwaves
weapon). Ces armes sont capables de produire une impulsion
électromagnétique (IEM) sans explosion nucléaire.
Source : Kopp, Carlo, in Globalsecurity.org, 2003.
Economie blanche : ‘’ le concept d’économie blanche est l’économie
créée par de jeunes entrepreneurs de startups et d’entreprises
numériques. Douglas McWilliams, dans son livre ‘’L’économie
blanche plate”, emploie le terme d’économie blanche pour faire
référence à un nouveau concept qui émerge et qui est axé sur le
monde numérique, où les startups, les petites entreprises et la
technologie gagnent en force ‘’.
Source : Mcwilliams, Douglas. The Flat White Economy: How The
Digital Economy is Transforming London and Other Cities of the
Future, Overlook Press, 2016, 256 p.
Economie brune : économie fondée sur les énergies fossiles
(charbon, pétrole, gaz). Il s’agit du modèle économique appliqué et
revendiqué par les pays riches. Les impacts de ce type d’économie
sont la pollution, le gaspillage, l’épuisement des ressources non
renouvelables et la destruction de l’environnement.
Source : Programme des Nations Unies pour l’Environnement.
Economie circulaire : consiste à produire des biens et des services
de manière durable en limitant la consommation et le gaspillage
des ressources et la production des déchets. Ce modèle repose sur
la création de boucles de valeur positives à chaque utilisation ou
réutilisation de la matière ou du produit avant destruction finale.
Source : Institut national de l’économie circulaire : https://institut-
economie-circulaire.fr/economie-circulaire/
Economie de la mer : ‘’ l’économie de la mer s’entend, comme
son nom l’indique, à des secteurs d’activité ayant un lien avec la
mer (transport maritime, pêche, éolien en mer, biotechnologies
marines) mais aussi fait référence aux actifs naturels et aux services
écosystémiques provenant de la mer (ressources halieutiques, voies
de navigation, absorption de CO2, entre autres) ‘’.
Source : OCDE. L’économie de la mer en 2030 :
h tt p s : // w w w. o e c d - i l i b ra r y. o rg /s i t e s / 8 d 8 4 6 fc d f r/ i n d e x .
h t m l ? i t e m I d = /c o n t e n t /c o m p o n e n t / 8 d 8 4 6 f c d - f r

239
Economie de prédation : constitue une phase de développement
de la culture d’une société, atteinte dès lors que les membres
du groupe adoptent l’attitude prédatrice (c’est-à-dire rapace)
comme attitude spirituelle permanente et orthodoxe ; que la
lutte est devenue l’indice dominant d’une théorie courante de
la vie ; que le sens commun en arrive à juger des gens et des
choses en vue du combat. L’évolution se fait progressivement, du
moment que le passage de l’état pacifique à la prédation dépend
du développement des connaissances techniques et de l’usage
des outils.
Source : Galbraith, J. (2006). La prédation économique moderne
: guerre, fraude d’entreprise et cruelle chimère des réformes du
marché du travail. A contrario, 4, 90-98. https://doi.org/10.3917/
aco.041.98; Thorstein Veblen, Théorie de la classe de loisir, Paris
: Gallimard, 1970 (1ère éd. américaine : The Theory of the Leisure
Class, New York : Macmillan, 1899).
Economie rouge : l’économie rouge est, d’après Gunter PAULI,
caractérisée notamment par le gaspillage, l’endettement et le
chômage de certains contre l’enrichissement d’autres. Cette
économie ‘’ emprunte à tous et à tout, à la nature, à l’humanité,
sans penser à rembourser un jour ”.
Source : PAULI, Gunter. L’économie bleue 3.0, Édition revue et
Augmentée, l’Observatoire, 2019, 496 p.
Economie verte : l’économie verte est, selon le Programme des
Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), une économie qui
entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité
sociale, tout en réduisant de manière significative les risques
environnementaux et la pénurie de ressources.
Source : PNUE ; Pauli, Gunter. L’économie bleue 3.0, Édition
revue et Augmentée, L’OBSERVATOIRE, 2019, 496 p.
Ecotone : Zone-tampon permettant de décrire le fonctionnement
écologique de lisières complexes (et souvent mouvantes) dans
l’espace et dans le temps (ou zone de transition écologique entre
deux écosystèmes).
Source : Garon, David et all. Biodiversité et évolution du monde
vivant, EDP Sciences, 2013, p. 70 ; Gilles Clément, Manifeste du
tiers paysage. Petit livre traitant surtout des écotones comme
systèmes écologiques et aussi paysages.

240
Efflorescences algales nuisibles : certains types de phytoplancton
produisent de fortes toxines ou des poisons. Quand leur nombre
augmente, c’est ce que l’on appelle une ‘’ efflorescence d’algues
nuisibles ”.
Source : Communauté du Pacifique ( CPS) ; LMMA Network,
Efflorescences d’algues nuisibles, Fiche d’information
pour les communautés de pêcheurs ≠ 28, 2 p : https://
spccfpstore1.blob.core.windows.net/digitallibrary-docs/
fi l e s / 1 6 / 1 6 d d 6 2 a 3 3 2 c b 9 7 4 7 7 0 b 0 4 9 6 d 4 8 6 1 b d 3 f .
p d f ? s v = 2 0 1 5 - 1 2 - 1 1 & s r = b & s i g = Xw b kd i I CO ev G C 7 C q
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filename%3D%22Anon_13_ISFC_28_Harmful_algae_VF.pdf%22

Enjeux ou risques existentiels : ‘’des risques qui pourraient mener à


l’extinction de l’humanité ou à l’effondrement de la civilisation. Ceci
reflète la prise de conscience que la capacité de l’espèce humaine à
causer sa propre extinction est désormais effective”.
Source : IRES. Rapport stratégique 2021. Vers un monde post-
Covid- 19?, 359p :
h tt p s : // w w w . i r e s . m a / f r / p u b l i c a ti o n s / r a p p o r t s -
g%C3%A9n%C3%A9raux/7669-rapport-strat%C3%A9gique-
2021-vers-un-nouveau-monde-post-covid-19.html
Espèces envahissantes ou espèce exotique envahissante (EEE) : ce
sont des éspèces introduitent (volontairement ou accidentellement)
par l’Homme, dans un nouveau territoire hors de son aire de
distribution naturelle, dont l’implantation et la propagation
menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes
avec des conséquences sur les services écologiques et/ou socio-
économiques et/ou sanitaires négatives.
Source : Comite français de l’union Internationale pour la
conservation de la Nature, Les espèces exotiques envahissantes sur
les sites d’entreprises. Livret 1 : Connaissances et recommandations
générales, Paris, France, 2015, 40 p : https://uicn.fr/wp-content/
uploads/2016/09/UICN_Guide_EEE_entreprises_L1.pdf
Financement participatif (crowdfunding) : s’est développé en
2008 dans un contexte de crises économique et financière. Le
crowdfunding est un mode de financement collaboratif qui permet
aux porteurs de projets de trouver des financements auprès
d’épargnants (le plus souvent des particuliers) via des plateformes
sur Internet. Il prend appui sur la diffusion des informations et le
parrainage par les réseaux sociaux.
Source : Hemdane, Thameur. ‘’ Le crowdfunding, une innovation
pour financer le développement du Maroc ”, Techniques Financières
et Développement, 2016/3-4 (n° 124), p. 27-34. DOI :10.3917/
tfd.124.0027.htt p s : // w w w. c a i r n . i nfo /rev u e - t e c h n i q u e s -
financieres-et-developpement-2016-3-page-27.htm

241
Géoéconomie : au croisement des sciences économiques et des
relations internationales, la géoéconomie étudie les relations entre
puissance et espace, hors des frontières territoriales.
Source : Lorot, Pascal. ‘’
 De la géopolitique à la
géoéconomie  , Géoéconomie, 2009/3 (n° 50), p. 9-19. DOI : 10.3917/

geoec.050.0009. URL : https://www.cairn.info/revue-geoeconomie-


2009-3-page-9.htm

Géomorphologique : dérivé de géomorphologie qui est une


branche de la géographie étudiant les formes du relief terrestre,
notamment le rôle de l’érosion dans la formation des paysages.
Source : Geoconfluences. Glossaire, Géomorphologie, Avril
2021 : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/
geomorphologie#:~:text=La%20g%C3%A9omorphologie%20
est%20une%20branche,dans%20la%20formation%20des%20
paysages

Gestion Intégrée des Zones côtières (GIZC) : Ce concept est


assez récent (1980-1990). Contrairement aux approches qui
l’ont précédée et qui se basaient sur les différents secteurs de
l’économie, la GIZC est une approche de la gouvernance qui
intègre tous les secteurs d’activités qui affectent la zone côtière et
ses ressources et qui prend en compte simultanément les aspects
sociaux, économiques et environnementaux. La GIZC implique la
création d’un nouveau palier de gouvernance au cœur duquel se
trouve la participation de la société civile.
Source : Vanderlinden, Paul. La gestion intégrée de la zone côtière,
in Université Virtuelle Environnement et Développement durable
(UVED) : https://ressources.uved.fr/Grains_Module3/GIZC/site/
html/GIZC/GIZC.html
Gyre océanique : Un gyre océanique est un vaste système de
courants océaniques circulaires formés par les vents mondiaux et
les forces créées par la rotation de la Terre. Il existe trois grands
types de gyres océaniques : tropical, subtropical et subpolaire
Source : National geographic. Ocean Gyre: https://education.
nationalgeographic.org/resource/ocean-gyre

Grande Accélération (des activités humaines) : période à partir des


années 1950 durant laquelle toutes les tendances socioéconomiques
(démographie, consommation, production industrielle) se sont
accélérées significativement.
Source : Anthropocène : https://www.anthropocene.info/great-
acceleration.php

242
Hinterland (ou Arrière-pays) : espace terrestre relié au port par des
réseaux de communication importants. Il est l’aire d’attraction et
de desserte continentale du port, en termes économiques. Il est,
également, l’aire de marché continentale.
Source : Geoconfluences. Glossaire, Arrière-pays et avant-
pays (hinterland, foreland), Mars 2021 : http://geoconfluences.
ens-lyon.fr/glossaire/arriere-pays-et-avant-pays-hinterland-
foreland#:~:text=L’arri%C3%A8re%2Dpays%20(hinterland,son%20
aire%20de%20march%C3%A9%20continentale
Hypoxie : l’hypoxie en eaux marines – une insuffisance en oxygène
dissous - présente un problème croissant qui peut avoir de graves
répercussions sur le milieu et les écosystèmes marins. Le manque
d’oxygène présent dans l’eau de mer est actuellement considéré
comme une des conséquences probables du réchauffement
climatique, puisque l’eau plus chaude contient moins d’oxygène.
L’hypoxie peut être d’origine naturelle. Elle peut également être
exacerbée par les activités humaines ou causée directement par
celles-ci.
Source : Gouvernement du Canada. Hypoxie : https://www.dfo-mpo.
gc.ca/oceans/publications/soto-rceo/2012/page03-fra.html

Industrie navale : l’ensemble des activités qui participent à la


conception, à la construction, à la réparation et à la maintenance
des navires.
Source : Observatoire de la paritaire de la Métallurgie.
Naval & Énergies Marines Renouvelables :https://www.
o b s e r v a t o i r e - m e t a l l u r g i e . f r/s e c t e u r s /n a v a l - e n e r g i e s -
marines-renouvelables#:~:text=L’industrie%20navale%20
fran%C3%A7aise%20regroupe,et%20la%20maintenance%20
d e s % 2 0 n a v i re s .

Intelligence artificielle : désigne la possibilité pour une machine


de reproduire des comportements liés aux humains, tels que le
raisonnement, la planification et la créativité.
Source : Parlement européen. Intelligence artificielle : définition
et utilisation, 2021 : https://www.europarl.europa.eu/news/fr/
headlines/society/20200827STO85804/intelligence-artificielle-
definition-et-utilisation
Interface : Zone de contact entre deux espaces différenciés
engendrant des dynamiques d’échange entre eux.
Source : Geoconfluences. Glossaire. Interface : http://geoconfluences.
ens-lyon.fr/glossaire/interface-1

243
Internet des objets : est un réseau d’objets pourvus d’éléments
d’identification clairs, dotés de logiciels intelligents, équipés de
capteurs et constamment connectés à internet. Il permet à ces objets
d’échanger des informations avec le fabricant, l’opérateur ou d’autres
objets connectés à internet. Il rend détectables des objets physiques
et permet leur contrôle à distance, via internet, accentuant ainsi
l’intégration entre le monde physique et les systèmes informatiques.
Le monde économique comme les experts techniques s’accordent
sur l’augmentation exponentielle du nombre d’objets raccordés à
internet.
Source : Rayes, Ammar ; SALAM, Samer. Internet of Things: From hype
to reality – The road to digitization (2ème édition), Suisse, Springer, 2019,
pp. 1-3.
Intertidale : Tidal est un adjectif désignant ce qui est relatif à la marée.
Intertidal désigne ce qui est situé entre la marée basse et la marée
haute, c’est-à-dire la bande qu’on appelle aussi l’estran.
Source : Geoconfluences. Glossaire, Tidal, intertidal : http://
ge o co nfl u e n ce s . e n s - l yo n . f r/g l o s s a i re /ti d a l

Jour du Dépassement : Calculée par le Global Footprint Network, ce


jour correspond à la date à partir de laquelle l’humanité a consommé
(empreinte écologique) l’ensemble des ressources que la Terre peut
reconstituer en une année (biocapacité).
Source : Fonds Mondial pour la Nature (WWF) : https://www.wwf.
fr/jour-du-depassement#:~:text=Calcul%C3%A9e%20par%20
le%20Global%20Footprint,en%20une%20ann%C3%A9e%20
(biocapacit%C3%A9)

L’Amazonie Bleue : Le concept a été forgé par l’Amiral Roberto de


Guimaraes Carvalho. L’Amazonie bleue (Amazônia Azul) est l’espace
maritime brésilien (Comissão Interministerial, qui correspond à la
surface de la forêt amazonienne (Amazônia Verde). L’enjeu principal
de ce concept est l’exploration et l’exploitation des ressources
naturelles ainsi que leur protection juridique et si besoin est militaire.
Source : Folha de Sao Paulo, et all. ‘’ ‘’ Amazonie bleue ” et projection
brésilienne sur l’avenir ”, Outre-Terre, 2015/1 (N° 42), p. 204-212. DOI :
10.3917/oute1.042.0204. URL : https://www.cairn.info/revue-outre-
terre2-2015-1-page-204.htm

Lithosphère : Région superficielle de la croûte terrestre d’une


vingtaine de kilomètres d’épaisseur constituée de couches solidifiée,
sauf dans les zones d’intrusion du magma de l’asthénosphère.
Source : Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de
l’environnement, 2ème édition DUNOD, 2002, p.463.

244
Littoralisation : ‘’ la littoralisation est un processus de concentration
des populations et des activités humaines le long ou à proximité
des littoraux. L’attraction contemporaine des littoraux occupés est
à l’origine d’une densification croissante des aménagements et de
concurrences ou de conflits entre activités et acteurs. Ces activités
se complètent ou s’excluent”.
Source : Geoconfluences. Glossaire, Littoralisation : http://
ge o co nfl u e n ce s . e n s - l yo n . f r/g l o s s a i re / l i tto ra l i s ati o n - o u -
maritimisation#:~:text=La%20littoralisation%20est%20un%20
processus,ou%20%C3%A0%20proximit%C3%A9%20des%20
littoraux.

Les gens de mer : l’expression des gens de la mer ou marins désigne


les personnes employées, engagées ou travaillant à quelque titre
que ce soit, à bord d’un navire. Il faut distinguer les gens de mer,
marins et non marins. Les gens de la mer salariés ou non-salariés sont
des marins exerçant une activité directement liée à l’exploitation
du navire. Alors que les gens de mer non marins représentent les
personnels exerçant une activité professionnelle à bord plus de 45
jours d’embarquement, continus ou non, sur toute période de six
mois consécutifs.
Source : Observatoire des Droits des Marins. Fiches pratiques.
Droit du travail maritime. Gens de la mer : https://www.obs-
droits-marins.fr/fiches_pratiques/droit_du_travail_maritime.
html?idFiche=21 ;https://www.obs-droits-marins.fr/_bibli/
fichesPratiques/21/docs/9ter.fiche_pratique_gens_de_mer_
mai_2016.pdf

L’eutrophisation : ‘’ l’eutrophisation compte parmi les altérations


les plus courantes des eaux continentales et marines. Déclenchées
par des apports excessifs en nutriments, les phénomènes
d’eutrophisation se traduisent par une productivité exacerbée des
écosystèmes aquatiques. Les manifestations les plus connues sont
les efflorescences de cyanobactéries toxiques dans les lacs et les
cours d’eau, ainsi que les proliférations de macro algues vertes dans
les zones côtières. Ces phénomènes génèrent des perturbations
majeures des écosystèmes aquatiques et ont des impacts sur les
biens et les services associés, sur les activités économiques qui leur
sont liées et sur la santé de l’Homme”.
Source : Expertise scientifique collective Eutrophisation, 2017.
L’eutrophisation : manifestations, causes, conséquences et prédictibilité.
Rapport d’Expertise scientifique collective, Rapport CNRS- Ifremer-
INRA-Irstea (France), 1283 p. : https://mycore.core-cloud.net/index.
php/s/5PpOueQDXwdrXqt#pdfviewer

245
Liberté de navigation : ‘’le droit pour tous les navires, bateaux,
trains de bois et autres moyens de transport par l’eau, de circuler
librement sur toute l’étendue navigable de la voie, à charge de
se conformer aux stipulations du présent règlement, et, le cas
échéant, aux prescriptions supplémentaires ou d’exécution qui
seront établies par les Etats riverains”.
Source : l’article 2 de la résolution adoptée le 14 octobre 1934 lors
de la session de Paris ; MUBIALA, Mutoy. Chapitre 4. La liberté de
navigation In : L’évolution du droit des cours d’eau internationaux à la
lumière de l’expérience africaine, notamment dans le bassin du Congo/
Zaïre [en ligne]. Genève : Graduate Institute Publications, 1995 (généré
le 21 septembre 2022). Disponible sur Internet : <http://books.
openedition.org/iheid/1550>. DOI : https://doi.org/10.4000/
books.iheid.1550
L’haliotropisme : se compose de ‘’ Halios ” qui a trait à la mer et
haliotropisme veut dire se tourner vers la mer et être attiré par
elle. Ce phénomène a transformé le littoral en territoire vide à un
territoire plein.
Source : Corlay, Jean-Pierre. Géographie sociale, géographie du
littoral, Norois, 1995, pp. 247-265 :https://www.persee.fr/doc/
noroi_0029-182x_1995_num_165_1_6623
L’héliotropisme : ce terme désigne l’attraction qu’exerce le soleil
sur les populations qui changent de domicile.
Source : Brunet,Roger. Les mots de la géographie, Reclus-La
Documentation Française, 1993, 470 p.
L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer
(IFREMER) : un établissement public fondé en 1984, à caractère
industriel et commercial (EPIC), placé sous la tutelle conjointe des
ministères de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de
l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer. Il contribue, par ses
travaux et expertises, à la connaissance des océans et de leurs
ressources, à la surveillance du milieu marin et du littoral et au
développement durable des activités maritimes. Ses laboratoires
sont implantés sur une vingtaine de sites dans les trois grands
océans : l’océan Indien, l’Atlantique et le Pacifique. Pour le compte
de l’Etat, il opère la Flotte océanographique française au bénéfice
de la communauté scientifique nationale.
Source : IFREMER : https://wwz.ifremer.fr/L-institut
L’IPBES : est la Plateforme intergouvernementale scientifique et
politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. Il s’agit
d’un organisme intergouvernemental indépendant créé par les
Etats pour renforcer l’interface science-politique de la biodiversité
et des services écosystémiques et ce, dans le but de la conservation
et l’utilisation durable de la biodiversité.
Source : Intergovernmental science-policy platform on biodiversity
and ecosystem services: https://ipbes.net/fr/node/40

246
Mariculture : La mariculture est souvent définie comme l’aquaculture
en milieu marin. Certains chercheurs limitent la mariculture à la
culture de plantes et d’animaux marins dans l’océan lui-même. Alors
que d’autres incluent également des espèces d’eau saumâtre et
incluent des méthodes de culture qui ont lieu dans des eaux salées
et saumâtres qui ne sont pas situées dans l’océan.
Source : European Environmental agency (EEA) : https://www.eea.
europa.eu/help/glossary/eea-glossary/mariculture ; Secretariat of
The Convention On Biological Diversity. (2004). Solutions for sustainable
mariculture-avoiding the adverse effects of mariculture on biological
diversity, CBD Technical Series N°. 12,2004
Maritimisation : processus conduisant à l’accroissement de
l’exploitation des ressources des mers et des océans et à l’essor des
échanges par voie maritime, en lien avec la mondialisation.
Source : Geoconfluences. Glossaire, Maritimisation : http://
ge o co nfl u e n ce s . e n s - l yo n . f r/g l o s s a i re /m a r i ti m i s ati o n
Maritimondialisation : la maritimisation implique des idées générales
de bien commun, de patrimoine mondial à préserver, de nécessité
bénéfique de s’allier pour exploiter des richesses, partager des
ressources et des technologies. […].
Source : l’amiral Dufourcq, Jean. Cité par MOTTE, Martin. In ‘’ La mer,
entre mondialisation et fragmentation ”. Prospective et stratégie, vol 8,
no 1, 2017, p .57-70. https://www.cairn.info/revue-prospective-et-
strategie-2017-1-page-57.htm
MENA (Middle East and North Africa): est l’acronyme utilisé pour
désigner une région du monde comportant l’Afrique du Nord et le
Moyen-Orient.
Source: Word Bank: https://www.worldbank.org/en/region/mena
Mercator Ocean : est une société à but non lucratif, fondée et
financée par les cinq grandes institutions françaises impliquées
dans l’océanographie opérationnelle : CNRS (Centre national de
la recherche scientifique), Ifremer (Institut français de recherche
pour l’exploitation de la mer), IRD (Institut de recherche pour le
développement), Météo-France et SHOM (Service hydrographique
et océanographique de la marine nationale).
Elle est en passe ( cours) de devenir une organisation
intergouvernementale, fournissant des services d’intérêt général
basés sur l’océanographie et axés sur la conservation et l’utilisation
durable des océans, des mers et des ressources marines. Cette
organisation a développé des systèmes complexes de simulation de
l’océan (modèles numériques) basés sur des données d’observation
de l’océan (satellite et in situ) qui sont capables de décrire, analyser et
prévoir l’état physique et biogéochimique de l’océan à tout moment,
en surface ou en profondeur, à l’échelle globale ou pour une zone
spécifique, en temps réel ou en différé.
Source : Mercator Ocean International. L’organisation : https://www.
mercator-ocean.eu/about-mercator-ocean-international/

247
Micronutriments : composés présents dans les aliments, ingérés
en quantités inférieures à 1 g/jour et qui ne sont pas une source
d’énergie significative. Ils sont indispensables car non synthétisés
par l’organisme et ils exercent des fonctions biologiques essentielles.
Ils comprennent les vitamines, les minéraux et les oligoéléments.
Source : Esnouf, Catherine ; Fioramonti, Jean ; Laurioux, bruno (dir).
L’alimentation a découvert, CNRS Éditions, Paris, 19 Octobre 2017, Glossaire,
p.303-313 , DOI : 10.4000/books.editionscnrs.10226 : https://books.
openedition.org/editionscnrs/10521?lang=fr

Nouvelles routes de la soie (BRI) : projet stratégique chinois visant


à relier économiquement la Chine à l’Europe en intégrant les
espaces d’Asie Centrale par un vaste réseau de corridors routiers
et ferroviaires. Ce terme (Belt and Road Initiative ou BRI en anglais)
a remplacé en 2017, dans la terminologie officielle, l’expression
de ‘’ One Road, One Belt ” (‘’ Une Ceinture, Une Route ”). Ce projet
concerne plus de 68 pays regroupant 4,4 milliards d’habitants et
représentant près de 40% du produit intérieur brut (PIB) mondial.
Source : Geoconfluences. Glossaire, Routes de la soie, nouvelle route
de la soie : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/routes-de-
la-soie

Objectifs de développement durable (ODD) : également nommés


Objectifs mondiaux, ont été adoptés par les Nations Unies en 2015.
Ils sont un appel mondial à agir pour éradiquer la pauvreté, protéger
la Planète et faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans
la paix et la prospérité d’ici à 2030. Les 17 ODD sont intégrés -
reconnaissant que les interventions dans un domaine affecteront
les résultats dans d’autres et que le développement doit équilibrer
les aspects sociaux, économiques et environnementaux.
Source : Programme Des Nations Unies pour Le Développement.
Qu’est-ce que les Objectifs de développement durable ?  : https://
www.undp.org/fr/sustainable-development-goals#:~:text=de%20
d%C3%A9veloppement%20durable%20%3F-,Les%20
Ob j e c ti f s % 2 0 d e % 2 0 d % C 3 % A 9 ve l o p p e m e nt % 2 0 d u ra b l e % 2 0
(ODD)%2C%20%C3%A9galement%20nomm%C3%A9s%20
Objectifs,prosp%C3%A9rit%C3%A9%20d’ici%20%C3%A0%202030
Océanographie : ‘’ l’océanographie est une science qui étudie les
mers et les océans, leurs limites et leurs interactions avec l’air, le
fond, les continents mais aussi avec les organismes qui y vivent”.
Source : Médiathèque de la Cite de la Mer de Cherbourg. Dossier
thématique. Avril 2012, p.4 : https://mediathequedelamer.com/wp-
content/uploads/dossier-oceanographie.pdf.

248
Océan hauturier (hautre mer) : toutes les parties de la mer
n’appartenant pas à la mer territoriale ou aux eaux intérieures
d’un Etat. La haute mer étant ouverte à toutes les nations, aucun
Etat ne peut légitimement prétendre en soumettre une partie
quelconque à sa souveraineté. La liberté de la haute mer s’exerce
dans les conditions que déterminent les présents articles et les
autres règles du droit international. Elle comporte notamment,
pour les Etats riverains ou non de la mer : La liberté de la
navigation; La liberté de la pêche; La liberté d’y poser des câbles
et des pipelines sous-marins; La liberté de la survoler.
Source : Convention sur la haute mer. 1958, Genève. http://
www.fortunes-de-mer.com/documents%20pdf/legislation/
Internationale/Convention%20Haute%20Mer%201958%20FR.
pdf.

Océanologie : terme formé de –océan et –logie. Néologisme


datant de 1966. ‘’ Méthodes, opérations scientifiques et
techniques mises en œuvre en vue de la prospection, de
l’exploitation économique ou de la protection des océans ‘’. ‘’
L’océanologie (terme issu de l’anglais ‘’ oceanology ”) correspond
parfois à la définition d’océanographie appliquée (à destination
des services, industries), … D’autres expliquent que l’océanologie,
par opposition à l’océanographie, ne se contente pas de décrire
l’océan mais de comprendre ses mécanismes‘’.
Source : Médiathèque de la Cite de la Mer de Cherbourg. Dossier
thématique. Avril 2012 : https://mediathequedelamer.com/
wp-content/uploads/dossier-oceanographie.pdf ; CHOMEL
DE VARAGNE, Bruno. L’océanologie : La recherche et la mer,
La documentation française, 1974, 280 p ; de Varagnes,
Bruno Chomel. L’océanologie : La recherche et la mer, - Paris : La
documentation française, 1974 (La documentation française illustrée
; 280), 95p.
Océanosphère : Terme qui fût crée en 1949 par le Russe V.N.
Stepanov, qui signifie L’Océan dit global qui regroupe l’ensemble
des océans et des mers. Il recouvre de façon hétérogène les
deux hémisphères, soit 70,8 % de la surface du globe terrestre
(représentant 97 % de l’eau sur Terre .
Source : Touchart, Laurent ; BARTOUT,Pascal. Faut-il concevoir
une limnosphère ?, ‘’ L’Information géographiqueIn Armand
Colin,pp.77-107 : https://www.cairn.info/revue-l-information-
geographique-2018-2-page-77.htm

Offshore : terme qui renvoie à des activités ayant lieu en mer,


sans relever de la pêche ni du transport maritime.
Source : Le manuel numérique max. Géographie Tle, Lexique, Offshore :
https://manuelnumeriquemax.belin.education/geographie-
terminale/topics/geo-tle-t6c01-332-a_lexique

249
OMZ : zone de minimum d’oxygène, dite aussi hypoxique ou ‘’zone
morte” : volume océanique, à moyenne profondeur, dans lequel la
teneur en oxygène demeure très faible, voire trop pour que la vie
s’y maintienne.
Source : Carol, M Lalli ; Parsons, Timothée R. Océanographie
biologique : une introduction. Oxford. ISBN 0-7506-2742-5,
1993 : http://www.sisal.unam.mx/labeco/LAB_ECOLOGIA/OF_
files/54210854-Biological-Oceanography-an-Introduction.pdf

Partenariat économique régional global (RCEP) : l’accord global de


partenariat économique en Asie-Pacifique (RCEP) est en passe de
devenir la zone de libre-échange la plus grande en termes de poids
économique. Conçu dans le but d’intégrer encore davantage les
économies d’Asie du Sud-est et du Nord-est, le RCEP établit des
exigences strictes en matière de procédures, de démarches et de
performance douanières.
Source : Organisation mondiale des Douanes. Panorama, L’accord
global de partenariat économique régional en Asie-Pacifique (RCEP)
sous la perspective douanière
https://mag.wcoomd.org/fr/magazine/omd-actu-96/rcep-from-a-
customs-perspective/

Pêche illégale non déclarée et non réglementée (INN) : est un


terme général, qui englobe :
• Les activités de pêche et activités connexes conduites
en violation des législations nationales, régionales et
internationales.
• La non déclaration, la notification fallacieuse ou la sous-
déclaration des informations sur les opérations de pêche
et leurs captures.
• La pêche pratiquée par des navires ‘’ apatrides ”.
• La pêche dans les zones couvertes par des organisations
régionales de gestion des pêches (ORGP) par des navires
non-parties.
• Les activités de pêche non réglementées par les États et
ne pouvant être facilement surveillées et comptabilisées
Source : La FAO. La pêche illicite, non déclarée et non réglementée, 4
p : https://www.fao.org/3/i6069f/i6069f.pdf

Permaquaculture : est un système de culture intégré et évolutif


s’inspirant des écosystèmes naturels. C’est également une
démarche éthique et une philosophie qui s’appuient sur 3 piliers
: ‘’ prendre soin de la Terre, prendre soin des humains et partager
équitablement les ressources ”.
Source : Sarthou,Jean-Pierre. Permaculture, in Dictionnaire
d’agroécologie : https://dicoagroecologie.fr/dictionnaire/
permac u lture/

250
Petits Etats iliens en développement (PIED) : regroupent
les différents pays présentant certaines caractéristiques et
vulnérabilités communes telles que l’insularité, l’éloignement
géographique et la petite taille de l’économie, de la population
et de la superficie. Tous ces facteurs cumulés font clairement
ressortir l’importance que revêtent pour le développement et la
survie de ces pays des systèmes de transport − en particulier,
maritime et aérien − fonctionnels, fiables, durables et résilients.
Source : Conseil du Commerce et du Développement, Commission
du Commerce et du Développement : https://unctad.org/system/
files/official-document/cimem7d8_fr.pdf

Phytoplancton : ‘’le phytoplancton (du grec ‘’phyton” ou plante)


est l’ensemble des organismes du plancton appartenant au
règne végétal, de taille très petite ou microscopique, qui
vivent en suspension dans l’eau. Plus précisément, il s’agit de
la communauté végétale des eaux marines et des eaux douces,
qui flotte librement dans l’eau et qui comprend de nombreuses
espèces de microalgues et de cyanobactéries”.
Source : IFREMER. Glossaire, Phytoplancton : https://www.
phenomer.org/Informations/Pratique/Glossaire/Phytoplancton

Photosynthèse : Processus par lequel les plantes et certaines


bactéries utilisent l’énergie solaire pour effectuer la synthèse de
molécules organiques à partir de gaz carbonique et d’eau
Source : Actu Environnement. Dictionnaire de l’environnement :
https://www.actu-environnement.com/ae/dictionnaire_
environnement/definition/photosynthese.php4

Piraterie : selon la Convention internationale sur le droit de la


mer, un acte de piraterie fait référence à tout acte illicite de
violence ou toute déprédation commise par l’équipage ou des
passagers d’un navire à l’encontre d’un autre navire, en haute
mer ou dans un lieu ne relevant pas de la juridiction d’aucun Etat.
Source : Organisation Maritime Internationale : https://www.imo.
org/fr/OurWork/Security/Pages/PiracyArmedRobberydefault.
aspx

Pisciculture : est une technique d’élevage des poissons d’eau


douce destinés à la consommation.
Source : Dictionnaire encyclopédique de l’écologie et des sciences de
l’environnement, 2ème édition DUNOD, 2002, p.627.

251
Pollution lumineuse : La pollution lumineuse est un phénomène
d’origine anthropique associé au développement de l’urbanisation
et des activités humaines et qui implique la lumière artificielle.
Du point de vue de l’écologue, la pollution lumineuse désigne la
lumière artificielle qui dégrade les cycles de la lumière naturelle
(cycles jour/nuit et saisons), modifie la composante nocturne
de l’environnement, c’est-à-dire l’illumination du milieu, et
qui, en conséquence, impacte les comportements, les rythmes
biologiques et les fonctions physiologiques des organismes
vivants, ainsi que les écosystèmes.
Source : Encyclopédie de l’environnement : https://www.
encyclopedie-environnement.org/vivant/limpact-ecologique-
de-pollution-lumineuse/

Pollution chimique : il s’agit d’une pollution générée par la


présence dans l’environnement de substances chimiques suite
aux activités humaines – agricoles, industrielles ou urbaines. Les
polluants chimiques polluants sont les pesticides, les perturbateurs
endocriniens, les plastiques, les résidus de médicaments et autres
polluants émergents... Ne pouvant être éliminés par l’écosystème,
ces polluants impactent aussi bien l’humain que la faune et la
flore. Les pollutions chimiques les plus fréquemment observées
découlent de l’utilisation d’hydrocarbures, de solvants ou de
pesticides ; mais il faut également ajouter les polluants gazeux
qui altèrent l’atmosphère et la couche d’ozone, accélérant ainsi
le dérèglement climatique. D’après une étude publiée en janvier
2022 dans la revue Environmental Science & Technologie, la
limite planétaire en matière de pollution chimique est désormais
franchie, exposant ainsi l’humanité à de brutales modifications de
son environnement.
Source : Novethic. Lexique, pollution chimique : https://www.
novethic.fr/lexique/detail/pollution-chimique.html

Pollution sonore : la pollution sonore affecte la santé physique


et mentale des personnes, ainsi que la vie des animaux urbains.
Selon certaines conclusions de l’Organisation mondiale de la
santé (OMS), le bruit est le deuxième facteur environnemental
le plus important à l’origine de problèmes de santé, juste après
l’impact de la pollution atmosphérique (particules).
Source : Agence européenne pour l’environnement (AEE),
Environmental noise in Europe, 2020, 104 p : https://www.eea.
europa.eu/publications/environmental-noise-in-europe

252
Prochlorococcus : La cyanobactérie marine unicellulaire
Prochlorococcus est l’organisme photosynthétique le plus abondant
sur Terre. Ces microbes sont adaptés aux conditions océaniques
riches en oxygène et pauvres en nutriments, avec une divergence de
principe entre les écotypes à forte luminosité et à faible luminosité.
Source : Ulloa, Osvaldo ; Hendriquez-Castillo, Carlos ; Ramirez-
Flandes, Salvador ; STEPHANAUSKAS,Ramunas. The cyanobacterium
Prochlorococcus has divergent light-harvesting antennae and may
have evolved in a low-oxygen ocean, Massachusetts Institute of
Technology, Cambridge, March 11, 2021 : https://doi.org/10.1073/
pnas.2025638118 ;Pennisi, Elizabeth ; Meet the obscure microbe that
influences climate, ocean ecosystems, and perhaps even evolution,
March 9, 2017, In American Association for the Advancement of
Science : https://www.science.org/content/article/meet-obscure-
microbe-influences-climate-ocean-ecosystems-and-perhaps-even-
evolution.
Production primaire : synthèse de composés organiques par des
plantes et des microbes, sur terre ou dans l’océan, principalement
par photosynthèse en utilisant la lumière et le dioxyde de carbone
(CO2) comme sources d’énergie et de carbone respectivement. Elle
peut également se produire par chimiosynthèse, en utilisant l’énergie
chimique, par exemple dans les cheminées marines profondes.
Source : IPCC, 2019: Annex I: Glossary [van Diemen, R. (ed.)]. In:
Climate Change and Land: an IPCC special report on climate
change, desertification, land degradation, sustainable land
management, food security, and greenhouse gas fluxes in terrestrial
ecosystems In press : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/
sites/4/2019/11/11_Annex-I-Glossary.pdf.

Productivité primaire : désigne la conversion de l’énergie solaire en


matière organique par la photosynthèse.
Source : C. B. Field, M. J. Behrenfeld, J. T. Randerson et
P. Falkowski, ‘’ Primary production of the biosphere: integrating
terrestrial and oceanic components ”, Science, vol. 281, no 5374,‎ 10
juillet 1998, p. 237-240.

Port grabbing : accaparement des ports par des puissances


étrangères: terme analogue à l’accaparement des terres (land
grabbing).
Source : Programme Justice Agraire Du Transnational Institute (Tni) ;
Masifundise Development Trust Et Afrika Kontakt : http://worldfishers.
org/wp-content/uploads/2014/08/The_Global_Ocean_Grab-FR.
pdf

253
Recherche océanique : désigne toute étude, recherche ou autre
activité scientifique licite, qu’elle soit fondamentale ou appliquée,
destinée à accroître les connaissances sur le milieu marin dans
l’intérêt de l’humanité tout entière, qui n’est pas entreprise
directement à des fins industrielles ou économiques et qui ne
modifie pas sensiblement la surface ou le sous-sol des fonds marins
et n’affecte pas sensiblement le milieu marin ;
Source : Law insider, marine scientific research definition : https://
www.lawinsider.com/dictionary/marine-scientific-research.

Ressources halieutiques : les ressources halieutiques sont


composées des stocks exploités par la pêche et de ceux issus des
activités de l’aquaculture.
Source : l’Université virtuelle environnement et développement durable
(UVED). Introduction à l’économie de l’environnement et des ressources
naturelles, le cas emblématique des ressources halieutiques : https://
ressources.fondation-uved.fr/introecoUVED/html/c2_p22_1.html
Sciences océaniques : ‘’ visent à comprendre les systèmes et les
services socio-écologiques complexes à différentes échelles, via
des observations et une recherche multidisciplinaire, fondée sur la
collaboration ‘’.
Source : UNESCO. Intergovernmental Oceanographic Commission
(COI-UNESCO). Rapport mondial sur les sciences océaniques : état
actuel des sciences océaniques dans le monde, résumé exécutif, 2017,
19 p : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000249373_
fre*
Sécurité alimentaire : la sécurité alimentaire existe lorsque
tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique
et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive,
leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs
préférences alimentaires pour mener une vie une vie saine et active.
Souce : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation (FAO).
Les concepts de sécurité alimentaire et leur aptitude à répondre
aux défis posés par la croissance urbaine : https://www.fao.org/3/
ab788f/ab788f07.htm ; FAO. Sécurité alimentaire et droit à
l’alimentation, 2015 : Sécurité alimentaire et droit à l’alimentation :
https://www.fao.org/sustainable-development-goals/overview/
fao-and-post-2015/food-security-and-the-right-to-food/
fr/ ; Geoconfluences. Glossaire, Sécurité alimentaire, insécurité
et vulnérabilité alimentaire : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/
glossaire/securite-alimentaire

254
Shoreface : est une zone de transition entre le plateau continental
et le littoral, dans laquelle les vagues (en particulier les ondes de
longue période) commencent à interagir fortement avec le fond
marin.
Source : Hamon-Kerivel, Klervi ; Cooper, Andrew ; Jackson, Derek ;
Sedrati, Mouncef ; Guisado Pintado, Emilia. Shoreface mesoscale
morphodynamics: A review. Earth-Science Reviews, Elsevier, 2020, 209,
pp.103330. ff10.1016/j.earscirev.2020.103330ff. ffhal-02944352f :
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02944352/document

Subsidiarité : est un principe selon lequel les pouvoirs sont


délégués au niveau le pus pertinent pour l’efficacité de l’action.
La signification et la finalité générales du principe de subsidiarité
résident dans l’octroi d’un certain degré d’indépendance à une
autorité subordonnée vis-à-vis d’une autorité du niveau supérieur,
notamment, d’une autorité locale envers le pouvoir central. Il y va
donc du partage des compétences entre les différents échelons de
pouvoir, principe qui constitue le fondement institutionnel des Etats
à structure fédérale.
Source : Brodhag, Christian et all. Dictionnaire du développement
durable, AFNOR,2004, p.213.
Top-down : L’approche top down, descendante (qualifiée en français
par verticale ou hiérarchique), reflète une conception traditionnelle
du pouvoir. Les ordres émanent d’en haut pour être appliqués à
chaque échelon par une autorité subalterne.
Source : Geoconfluences. Glossaire, ‘’ Top down ” et ‘’ bottom up ” ,2020 :
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/top-down-et-bottom-
up

Tourisme de masse : est apparu en raison de la généralisation des


congés payés dans de nombreux pays industrialisés, la croissance
du pouvoir d’achat, dans les années 1960 permettant aux ‘’ masses

populaires de voyager et de soutenir le secteur économique du
tourisme.
Source : Mercier, Mathieu. Territoire touristique L’apparition du
tourisme de masse : https://sites.google.com/view/muniverssocial/
g % C 3 % A 9 o g r a p h i e - e t - % C 3 % A 9 d u c a ti o n - % C 3 % A 0 - l a -
citoyennet%C3%A9/territoire-r%C3%A9gional-le-tourisme
Turbidité : ‘’ la turbidité est une mesure de la clarté de l’eau. Elle
décrit la quantité de lumière diffusée ou bloquée par les particules
flottant dans l’eau. Ces particules donnent à l’eau un aspect opaque
ou trouble”.
Source : DataStream. Un guide de surveillance de la qualité de
L’eau. La turbidité, 2021, 2 p : https://datastream.cdn.prismic.io/
datastream/9f7fd899-0728-47fd-9892-3f66dab05f5f_Turbidite.
pdf

255
Upwelling : ‘’ remontées des eaux profondes en compensation d’un
déficit d’eaux superficielles. Ce phénomène est principalement
observé dans les eaux tropicales où il est provoqué par les
alizés et les grands courants froids dont les actions conjuguées
repoussent les eaux côtières vers le large. L’upwelling provoque
une arrivée de sels minéraux nutritifs, ce qui explique la fertilité
des eaux de surface en plancton et petits pélagiques comme
l’anchois et la sardine”.
Source : IFREMER. Glossaire : https://wwz.ifremer.fr/peche/
Glossaire/Glossaire/Upwelling

Vagues de chaleur océaniques : ‘’ Marines Heat Waves (MHW) ‘’


est un épisode inhabituel de réchauffement des températures de
surface de la mer et des couches superficielles de vastes zones
marines.
Source : Frölicher, T. L., Fischer, E. M. & Gruber, N. Nature,
15 August 2018 : doi: https://doi.org/10.1038/d41586-018-
05978-1

Villes flottantes (VLFS) : face à une population mondiale en


hausse constante, l’augmentation du niveau des mers et les
menaces pesant sur les écosystèmes, les villes doivent trouver
de nouvelles alternatives, comme celles des villes flottantes.
Selon l’Onu-Habitat, ‘’ une ville flottante est une cité aquatique
de quelque 10 000 habitants, entièrement modulable, éco-
responsable et autonome en matière alimentaire et d’énergie.
Elle est capable de résister à tout type de catastrophe naturelle
(inondations, tsunamis et ouragans de catégorie 5). ‘’ Le concept
de ville flottante s’articule autour de plateformes hexagonales de
20 000 mètres carrés pouvant accueillir chacune 300 résidents ‘’.
Une ville flottante n’est pas un luxe, c’est une nécessité” pour
‘’

les pays insulaires dont l’existence même est menacée par le


réchauffement climatique et la montée des océans.
Source : National Geographic. Les villes flottantes seront-elles
la solution à la crise du logement mondiale ? : https://www.
nationalgeographic.fr/environnement/les-villes-flottantes-
seront-elles-la-solution-a-la-crise-du-logement-mondiale ;
GEO. Face à la montée des eaux, les villes flottantes sont-elles
une solution viable ? : https://www.geo.fr/environnement/
face-a-la-montee-des-eaux-les-villes-flottantes-sont-elles-
une-solution-viable-208851 ; Damon, Julien. ‘’ Vers des villes
flottantes ? ”, Constructif, 2020/3 (N° 57), p. 47-51. DOI :
10.3917/const.057.0047. URL : https://www.cairn.info/revue-
constructif-2020-3-page-47.htm

256
Volcans de boue et pockmarks : expression en surface d’une
boue provenant de la profondeur. Selon la géométrie du conduit
et les propriétés physiques de l’extrusif, la structure peut être un
dôme ou une vue avec un faible relief topographique.
Source : Mazzini, Adriano; Etiope, Giuseppe (May 2017).
“Mud volcanism: An updated review”. Earth-Science Reviews.
168: 81–112. Bibcode:2017ESRv..168...81M. doi:10.1016/j.
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Zone économique exclusive (ZEE) : ‘’ la zone économique exclusive


(ZEE) est une bande de mer au-delà de la mer territoriale et
adjacente à cette dernière, pouvant s’étendre jusqu’à 200 milles
marins au large des lignes de base. Dans cette zone, l’Etat côtier
a la pleine souveraineté et juridiction aux fins d’exploration et
de gestion ainsi qu’aux fins d’exploitation économique des
ressources naturelles (biologiques ou non biologiques) des eaux
surjacentes aux fonds marins et de leur sous-sol”.
Source : Sénat. Les zones économiques exclusives ultramarines : le
moment de vérité,
Annexe 2 : Glossaire relatif à la définition des délimitations maritimes
(Convention des Nations Unies sur le droit de la mer du 10 décembre
1982) : https://www.senat.fr/rap/r13-430/r13-43011.html.
Zone intertidale : appelé aussi estran, est la zone de balancement
des marées sur le littoral. L’alternance des marées qui découvrent
plus ou moins longtemps le substrat en fonction des phases
de la Lune détermine les conditions d’humidité, de salinité et
de température de l’estran. Ces variations conduisent à une
structuration écologique verticale de l’estran en étages appelés
supralittoral, médiolittoral et infralittoral. Les peuplements
floristiques et faunistiques de ces étages sont distincts, en
fonction des exigences des organismes en eau, salinité et
température.
Source : Futura Science, Estran : qu’est-ce que c’est ? : https://
www.futura-sciences.com/planete/definitions/geographie-
estran-4582/; Science Trends, Intertidal Zone : https://
sciencetrends.com/intertidal-zone-littoral-zone-ephemeral-
habitat/.

257
Zone subtidale : La zone intertidale est un écosystème présent
sur le littoral marin, où une multitude d’organismes vivant sur
le rivage survivent aux changements entre les marées hautes
et basses. Elle est située sur les côtes marines, y compris les
rivages rocheux et les plages de sable. La zone intertidale
connaît deux états différents : l’un à marée basse lorsqu’elle
est exposée à l’air et l’autre à marée haute lorsqu’elle est
immergée dans l’eau. La zone est complètement submergée
par la marée une ou deux fois par jour.
Source : National Oceanic and Atmospheric Administration
U.S. Department of Commerce (NOAA) : https://oceanservice.
noaa.gov/facts/intertidal-zone.html. ; National Geographic.
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5. L’exploration spatiale s’est développée grâce au progrès réa-


lisés durant la seconde guerre mondiale dans la technologie
des fusées et à la ‘’ Course à l’espace ” durant la période de la
‘’ Guerre froide ”. Ainsi, il a été possible à l’homme de visiter la
lune (12 astronautes) et d’en ramener des échantillons, d’ex-
plorer scientifiquement Mars à l’aide d’un robot et d’envoyer
des sondes automatiques dans d’autres planètes et leur en-
vironnement (Venus, Jupiter Saturne, Uranus et Neptune …).
Aujourd’hui, l’exploration spatiale est également à but com-
mercial et pour le tourisme spatial

6. Camilo Mora, Derek P. Tittensor, Sina Adl, Alastair G. B. Simp-


son, Boris Worm, ‘’ How Many Species Are There on Earth
and in the Ocean? ”, Plos Biology, vol. 9, no 8,‎ 23 août 2011
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Programme (UNEP). Xii + 1140. Cambridge University Press,
Cambridge, UK, New York, etc.

259
9. La zone économique exclusive (ZEE) est située entre la ligne
de base et 200 miles (soit 370 kilomètres). L’Etat côtier à des
droits souverains sur sa ZEE (CNUDM) aux fins :1) d’explo-
ration, d’exploitation et de gestion des ressources naturelles
biologiques et non biologiques des eaux, des fonds marins et
de leur sous-sol, 2) d’activités d’exploration, d’exploitation à
des fins économiques (production d’énergie à partir des cou-
rants et des vents) et 3) de la recherche scientifique marine
et l’installation d’ouvrages et d’iles artificielles

10. Le plateau continental comprend les fonds marins et leur


sous-sol au-delà de la mer territoriale et jusqu’au rebord de
la marge continentale. La ratification de la CNUDM accorde
aux Etats côtiers le droit de présenter à la Commission des
limites du plateau continental des Nations Unies, dans un
délai de dix ans maximums, une demande d’extension de
leur plateau continental au-delà de 200 miles marins, mais
ne dépassant pas les 350 miles

11. La Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer


(CNUDM/ United Nations Convention on the law of the
sea /UNCLOS), adoptée le 10 décembre 1982 à Montégo
Bay et entrée en vigueur le 16 novembre 1994 https://www.
un.org/depts/los/convention_agreements/texts/unclos/
unclos_f.pdf

12. https://geobon.org/bons/thematic-bon/mbon/

13. EurOBIS (https://www.eurobis.org/about): Système euro-


péen d’information sur la biodiversité des océans. C’est une
base de données biogéographique marine en ligne qui com-
pile des données sur toutes les créatures marines vivantes.
Les principaux objectifs d’EurOBIS sont de centraliser les
données biogéographiques largement dispersées sur les es-
pèces marines collectées par les institutions européennes et
de rendre ces données librement disponibles et facilement
accessibles.

14. Aphia et WoRMS https://www.marinespecies.org Aphia


permet des interactions entre ses propres données taxono-
miques et ceux d’autres bases de données biogéographiques.
La gestion interne de la base de données permet une utilisa-
tion aisée d’un contenu spécifique - qu’il soit global, régional
ou thématique

15. Directrice générale de l’UNESCO qui dirige l’initiative Dé-


cennie des sciences océaniques au service du développe-
ment durable (2021-2030).

16. Ils figurent parmi les principales conclusions du rapport


mondial de l’UNESCO/COI sur l’état des lieux des Sciences
océaniques.

260
17. L’atmosphère est la couche gazeuse qui enveloppe certains
astres, l’atmosphère terrestre appelée également air se com-
pose de diazote (78%), dioxygène (21%) et d’autres gaz tel
que : l’argon le dioxyde de carbone. L’atmosphère joue un
rôle essentiel dans la protection de la vie sur Terre par l’ab-
sorption partielle des UV, le réchauffement de la surface ter-
restre (effet de serre) et la réduction des écarts de tempéra-
ture entre le jour et la nuit.

18. La cryosphère englobe : les inlandsis (calottes polaires), les


plateformes glaciaires, la glace de mer (banquise), le pergé-
lisol les glaciers de montagne, les manteaux neigeux conti-
nentaux et la neige saisonnière.

19. Les biomes terrestres sont au nombre de sept : la toundra, la


taïga, la forêt tempérée, la prairie tempérée, la savane tropi-
cale, le désert et la forêt tropicale.

20. La lithospère correspond à l’enveloppe solide de la Terre elle


est constituée par la croute terrestre et une partie du man-
teau supérieur.

21. André Berger, Marie France Loutre (2004) - Théorie astro-


nomique des paléoclimats, C. R. Geoscience 336 (2004)
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32. Pluricellulaires et consommateurs d’autres êtres vivants.

33. Pluricellulaires et capables de synthétiser leur propre matière


organique (photosynthèse).

34. Pluri- ou unicellulaires incluant les champignons et les levures


et décomposeurs d’autres êtres vivants.

35. Organismes unicellulaires qui peuvent fonctionner soit


comme des plantes, soit comme des animaux.

36. Bactéries ou encore Procaryotes, unicellulaires, représentent


les premiers êtres vivants de la Terre.

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54. L’océan austral ou antarctique est la partie de l’océan global


située entre le 60ème parallèle sud et le continent antarctique.

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63. Le varech est une macro algue brune caractérisée par


une croissance très rapide de 50 cm par jour et dont les
lianes peuvent atteindre plus de 50 m de haut. Elle occupe
de vastes champs sous-marins (forêts de varech) qui sont
considérés parmi les écosystèmes les plus diversifiés et les
plus productifs de la planète. Cette macro algue est utilisée
comme composant dans l’agroalimentaire, l’industrie phar-
maceutique et les menus végétariens et comme biocarbu-
rant et engrais.

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66. Le processus de la photosynthèse permet aux végétaux et


certaines bactéries de fabriquer la matière organique à par-
tir du gaz carbonique de l’atmosphère et de l’eau et de libé-
rer l’oxygène.

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72. Les rivières atmosphériques sont des corridors étroits qui


transportent de la vapeur d’eau le long des frontières entre
les grandes zones de circulation de l’air. Elles mesurent plu-
sieurs kilomètres de long et une centaine de kilomètres de
large et transportent une quantité en eau bien supérieure à
celle du fleuve Amazone.

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86. L’eutrophisation se produit lorsque l’introduction exces-


sive d’éléments nutritifs (nitrates, phosphates) dans un mi-
lieu aquatique entraine la prolifération : 1) d’algues (parfois
toxiques) et 2) de bactéries aérobies qui consomme tout
l’oxygène et dégagent des substances toxiques (méthane,
ammoniac etc).

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89. Une zone est hypoxique lorsque la teneur en oxygène dis-


sous est comprise entre 1% et 30%, elle est défavorable à
la vie des espèces nécessitant un milieu oxygéné qui soit
meurent, soit migrent vers d’autres milieux.

90. Une zone est dite de minimum d’oxygène lorsque la teneur


en oxygène dissous est à son niveau le plus bas.

91. Une zone est anoxique lorsqu’elle est complètement dépour-


vue d’oxygène où les espèces aérobies meurent d’asphyxie.

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du Havre, 2004.

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211. Parallèlement, ce droit défend une absolue liberté
de navigation dans les eaux internationales, un droit de
passage en transit dans les détroits et un droit de passage
inoffensif dans les eaux territoriales que ce soit en temps de
paix ou de guerre, garante de la circulation des biens et des
personnes. La zone juridique de la haute mer représente
aujourd’hui 64% de la surface de l’océan, soit presque la
moitié de la surface planétaire.

212. Convention de Montego Bay, art. 19, §1 : ‘’ Le passage


est inoffensif aussi longtemps qu’il ne porte pas atteinte
à la paix, au bon ordre ou à la sécurité de l’État côtier. Il
doit s’effectuer en conformité avec les dispositions de la
Convention et les autres règles du droit international ”.

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214. Les 14 points d’étranglement recensés sont: le détroit de


Malacca, le détroit de Gibraltar, le canal de Suez, les détroits
turques (Dardanelles et Bosphore), Bab el-Mandeb, le
détroit d’Hormuz, le Cap de Bonne Espérance, le Cap
Horn, le détroit de Béring, la Manche, les détroits danois, le
canal de Panama, le passage du Vent et le canal de Mona.

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à la pêche. 1923

299
Dépôt Légal : 2023MO1090
ISBN : 978-9920-8798-0-4

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