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Revue du Rhumatisme 72 (2005) 168–175

http://france.elsevier.com/direct/REVRHU/

Lupus induits
Charles Masson *, Tifenn Couchouron, Maurice Audran
Service de rhumatologie, CHU, 49933 Angers cedex 9, France
Reçu le 7 mai 2004 ; accepté le 29 novembre 2004

Disponible sur internet le 06 janvier 2005

Mots clés : Lupus induit ; Biothérapie ; Minocycline ; AAN ; ANCA

Keywords: Drug induced lupus; Biologics; Minocycline; ANA; ANCA

Certains facteurs d’environnement induisent des lupus ou quefois présent, quand le clinicien n’a pas envisagé
interviennent comme cofacteurs d’induction de lupus [1–3]. initialement la responsabilité du médicament et que le patient
Le facteur d’environnement peut être médicamenteux ou non reçoit des prescriptions successives compte tenu de l’évolu-
médicamenteux. Les facteurs non médicamenteux sont nom- tion de la maladie initiale. Mais ce test ne peut pas être exigé
breux et passionnants, par exemple le mineral dust lupus ou à partir du moment où la responsabilité du médicament a été
MD lupus [4]. Mais nous ne traiterons ici que les lupus induits envisagée pour des raisons médicales et éthiques.
par les médicaments.
1.2. Historique des médicaments inducteurs de lupus
[1–3] (Encadré 1)
1. La position du problème
L’antihypertenseur hydralazine (Népressol®) a été tenu res-
1.1. Définition ponsable dès sa deuxième année de commercialisation de
lupus induits : induction d’AAN et de signes cliniques de
Un lupus induit par un médicament peut être défini par les lupus. La procaïnamide (Pronesthyl®), anti-arythmique car-
diaque issue de la procaïne par le remplacement d’une liaison
cinq points suivants [5] :
ester par un groupement amide, commercialisée vers la même
• apparition d’au moins un signe clinique de lupus ;
époque que l’hydralazine a été rendue responsable mais avec
• apparition d’anticorps antinucléaires (AAN) ;
un délai de reconnaissance beaucoup plus long (en 1962) de
• relation temporelle entre la prise du médicament et la sur-
lupus induits. Ces deux médicaments — l’hydralazine et la
venue des signes cliniques ;
procaïnamide — ne sont plus commercialisés. Ils restent tou-
• régression des signes cliniques en quelques jours ou quel-
tefois des modèles d’étude des lupus induits. Quelques années
ques semaines après l’arrêt du médicament, parfois sous
plus tard d’autres médicaments ont été mis en cause : l’iso-
l’effet d’un traitement anti-inflammatoire transitoire,
niazide, la diphénylhydantoïne, la sulfaméthoxypyradazine,
régression des signes biologiques d’auto-immunité plus
la primidone, la quinidine.
tardive ;
Et puis le développement exponentiel de la pharmacopée
• absence de signes évocateurs d’un lupus spontané aupara-
efficace s’est accompagné ces trente dernières années de la
vant : le médicament entraîne un lupus de novo et non une
mise en évidence de nombreux produits responsables. Dans
poussée d’un lupus connu.
la cinquième édition du Dubois’lupus erythematosus, 48 mé-
Un sixième critère — celui de la réintroduction du médi-
dicaments sont cités [3] ; dans les revues exhaustives de Jean
cament avec réapparition des manifestations pathologi-
Sibilia et d’Olivier Meyer on trouve dans un tableau respec-
ques — serait bien entendu fondamental. Il est d’ailleurs quel-
tivement 64 et 74 produits accusés de pouvoir provoquer un
lupus induit [1,2].
* Auteur correspondant. Les publications ces dernières années de lupus induits
Adresse e-mail : ChMasson@chu-angers.fr (C. Masson). concernent les traitements par la minocycline, les anticorps
1169-8330/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.rhum.2004.11.003
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Encadré 1
Les médicaments inducteurs de lupus

A. Liste partielle de médicaments inducteurs de lupus :


• Hydralazine (Népressol®), Procaïnamide (Pronesthyl®) ;
• Minocycline (nombreuses spécialités) ;
• Infliximab (Remicade®), Etanercept (Enbrel®) ;
• Aldesleukine (Proleukin®), protéine IL-2 recombinante ;
• Interféron gamma-1b humain recombinant (Imukin®) ;
• Interféron bêta (Avonex®, Bêtaferon®, Rebif®) ;
• Interféron alfa (Intron A®, Roferon-A®, Viraferon®, ViraferonPeg®) ;
• Sulfasalazine (Salazopyrine®), 5-ASA : olsalazine (Dipentum®) mésalazine (Pentasa®) ;
• D-pénicillamine (Trolovol®) ;
• Bêta-bloquants : acébutolol (Sectral®), practolol, aténolol, métoprolol, oxyprénolol, pindolol, propra-
nolol, alprénolol, timolol (collyre) ;
• Éthosuximide (Zarontin®), Carbamezépine (Tégrétol®), Diphénylhydantoïne, Primidone, Lamotrigine,
Chlorpromazine (Largatil®), Lévodopa (Modopar®, Sinemet®), Propylthiouracil ;
• Isoniazide (Rimifon®), Rifampicine (Rifadine®, Rimactan®), Terbinafine ;
• Sinvastatine (Lodales®, Zocor®), Quinidine, Captopril (Lopril®), Amiodarone ;
• Méthyldopa (Aldomet®), Minoxidil, Lisinopril, Nitrendipine.
B. Cinq remarques :
• des estrogènes peuvent induire des lupus induits mais les observations sont exceptionnelles par rap-
port à la diffusion de la prescription de la contraception hormonale [1] ;
• l’induction hormonale d’ovulation est une situation à risque ;
• il n’y a jamais eu de cas à notre connaissance de lupus induits avec des médicaments de la polyarth-
rite rhumatoïde comme le méthotrexate, le léflunomide, l’azathioprine, la cyclosporine, le cyclophos-
phamide, l’hydroxychloroquine. Les cas historiques avec les sels d’or sont possibles mais douteux ;
• une symptomatologie compatible avec un lupus invite à vérifier si le patient absorbe un médicament
susceptible d’induire un lupus, en fonction des données publiées ;
• s’il n’y a pas de cas publiés, l’imputabilité d’un médicament de commercialisation semi-récente n’est
pas exclue s’il existe une relation temporelle entre la prise de ce médicament et la survenue des
manifestations cliniques, compte tenu d’un délai souvent de plusieurs années entre le développement
d’une nouvelle molécule et la constatation de cas de lupus induit.

anti-TNF alpha, la sulfasalazine, et à un moindre degré les lée (sans signe clinique) est beaucoup plus grande pour cer-
interférons, l’interleukine 2, le 5-ASA, des bêta-bloquants, tains médicaments que les lupus induits symptomatiques. Nos
l’isoniazide, la rifampicine, le chlorpromazine et toute une collègues anglo-saxons utilisent deux termes différents :
série de molécules à propos de cas isolés ou de très petites « drug-induced auto-immunity » pour la première situation,
séries. la plus commune et « drug-related lupus » ou « drug-induced
Tout clinicien devant une symptomatologie compatible lupus » ou « drug-induced lupus-like disease » pour la
avec un lupus vérifie si le patient absorbe des médicaments et seconde, plus exceptionnelle.
si l’un des médicaments a été tenu responsable de lupus La rareté des cas de lupus induits pour un médicament
induits. Il a également une ouverture d’esprit vis-à-vis de donné explique la négativité fréquente des études prospecti-
médicaments dont la responsabilité n’a pas été publiée s’il y ves comportant (seulement) une centaine de patients. La cons-
a une relation temporelle entre la prise du médicament et la tatation de nombreux cas de lupus induits peut venir d’une
survenue des manifestations, d’autant qu’il y a volontiers un indication extrêmement large d’un nouveau médicament,
délai de plusieurs années entre le développement d’une nou- comme cela a été le cas pour la minocyline dans les années
velle molécule et la constatation de cas de lupus induit. 1990 où les prescriptions pour le traitement de l’acné juvé-
nile ont été très importantes.
1.3. La prévalence des lupus induits Les lupus induits ne représentent qu’une très faible partie
des effets secondaires rapportés pour les médicaments en
Globalement les lupus avec manifestations cliniques induits cause. Certains médicaments de plus entraînent d’autres mala-
par les médicaments représenteraient 10 % des lupus de façon dies auto-immunes avec une fréquence plus élevée (par exem-
générale [4]. La fréquence d’induction d’auto-immunité iso- ple interférons et thyroïdite).
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1.4. La durée du traitement inducteur 3. Les signes biologiques des lupus induits

La durée du traitement par le médicament incriminé est le 3.1. Signes biologiques non spécifiques
plus souvent prolongée : les symptômes du lupus induit appa-
raissent après six mois à deux ans de traitement, parfois plus, Un syndrome inflammatoire est souvent présent avec une
parfois un peu moins. Jean Sibilia insiste sur un délai d’au augmentation de la vitesse de sédimentation globulaire (VSG),
moins un mois, ce qui différencie le lupus induit d’une réac- parfois une élévation de la C-réactive protéine (CRP), et sou-
tion de type maladie sérique ou hypersensibilité [2]. vent une hypergammaglobulinémie polyclonale.
L’hémogramme objective parfois une anémie, une leuco-
En revanche quand il s’agit d’une récidive d’un lupus
neutropénie, une thrombopénie (ou une hyperplaquettose).
induit, il est fréquent que le lupus réapparaisse cliniquement
La constatation d’une anémie conduit à rechercher son méca-
très rapidement. Par exemple pour le lupus induit par la mino-
nisme (signes d’hémolyse ?, test de Coombs érythrocytaire
cycline, les symptômes surviennent à nouveau dès la pre-
positif ?, examens martiaux).
mière reprise d’un comprimé ou au bout de quelques jours.
Une protéinurie, un test d’Addis, l’évaluation de la clai-
Ce phénomène a été signalé également pour la procaïna-
rance de la créatininémie sont toujours pratiquées, mais
mide, l’hydralazine, l’isoniazide, la chlorpromazine, la qui-
l’atteinte rénale est rare au cours des lupus induits. Quand
nidine. Ce point est d’autant plus constaté que la reprise du
une telle atteinte est présente, on s’interroge pour savoir s’il
traitement incriminé a été effective seulement quelques semai-
s’agit d’une comorbidité, liée à la pathologie traitée.
nes après l’arrêt du médicament. Cette situation d’arrêt et de
reprise du médicament n’est pas exceptionnelle pour des
3.2. Signes d’auto-immunité
affections à évolution cyclique ou chronique, tant que la res-
ponsabilité du traitement n’est pas envisagée. C’est pourquoi
3.2.1. Les AAN
cette réactivation a été décrite de façon aussi fréquente avec
Les AAN sont présents, sauf très rare exception [6]. Au
la minocycline donnée pour l’acné juvénile qui va et vient. Si mieux si leur recherche a été réalisée avant la prise du médi-
le niveau de preuve est en revanche très élevé ou l’imputabi- cament dans la démarche diagnostique initiale, on constate
lité fortement envisagée, le clinicien ne prend pas le risque leur apparition de novo. Dans les critères nord américains de
d’une réintroduction du médicament incriminé. classification du lupus érythémateux systémique, le critère
11 « titre anormal d’AAN par immunofluorescence ou autre
technique à n’importe quelle date » est retenu en l’absence
2. L’expression clinique des lupus induits [1–3] de la prise d’un médicament inducteur de lupus. La cellule
LE de Hargraves mise en évidence en 1948 n’est plus recher-
2.1. L’âge et le sexe chée mais sa présence peut être signalée par le cytologiste
sur des prélèvements biologiques au cours d’un lupus induit.
Cette cellule LE rend compte sur un plan pathogénique de
L’âge et le sexe sont différents de ceux du lupus spon- l’importance de la nucléophagocytose probablement reliée à
tané : ce sont ceux des patients pour lesquels le traitement a l’expression de la mort cellulaire programmée puisqu’elle cor-
été donné. La pathologie et la prescription rendent compte respond à un polynucléaire neutrophile ayant phagocyté la
des circonstances épidémiologiques de développement du masse nucléaire homogénéisée d’une autre cellule.
lupus induit.
3.2.2. Les anticorps antihistones
2.2. Les symptômes et signes cliniques Depuis le travail initial de Fritzler et Tan [7], la présence
d’anticorps antihistones sans présence d’anti-ADN natifs à
titre élevé oriente vers certains lupus induits, en particulier
Les patients ont de façon brutale ou progressive une alté- quand il y a des IgG antihistones H2 A-H2B complexées avec
ration de l’état général (un « malaise »), une fébricule ou une de l’ADN natif. Mais les anticorps antihistones ne sont pas
fièvre, une perte de poids. Les arthralgies, les myalgies sont spécifiques des lupus induits ; ils se rencontrent dans un grand
fréquentes. Parfois il existe de véritables arthrites. Une dou- nombre de lupus spontané, et aussi sont retrouvés dans la
leur pleurale, un épanchement pleural sont possibles, voire polyarthrite rhumatoïde avec AAN, d’autres situations clini-
une péricardite, parfois une hépatomégalie, une splénoméga- ques. De tels anticorps contre les histones ne sont pas pré-
lie. Quelques patients développent des signes cutanés : rash sents pour tous les lupus induits. Ainsi dans la grande majo-
malaire, lupus discoïde, alopécie, éruption en vespertilio, rité des cas, les anticorps antihistones ne sont pas retrouvés
signes de vascularite cutanée. dans le lupus induit à la minocycline.
Les atteintes du système nerveux central et rénales sont En recherche clinique, des anticorps contre les protéines
exceptionnelles. Elles sont décrites pour certains médica- HMG (high mobility group) 14 et 17 sont rapportés dans des
ments. Ainsi une atteinte rénale est signalée pour l’hydrala- lupus induits à la procaïnamide, l’hydralazine et la quinidine
zine et la salazopyrine. [2,3].
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3.2.3. Les anticorps anti-ADN natifs Les signes biologiques d’auto-immunité sont plus longs à dis-
Les anti-ADN natifs sont classiquement absents dans les paraître. Certains auteurs exigent dans la définition du lupus
lupus induits. Cependant des anticorps anti-ADN dénaturés induit la disparition des signes biologiques d’auto-immunité.
(simples brins) sont assez souvent présents. Et pour certains Mais il n’est pas exceptionnel, au bout de deux ans de recul
médicaments entraînant un lupus induit, des anti-ADN natifs après l’arrêt du médicament incriminé, que les patients aient
sont possiblement retrouvés : lupus induit à la minocycline, encore des AAN ou anti-MPO certes avec un titre plus faible,
la salazopyrine, la D-pénicillamine, la carbamazépine, des mais encore significatif, alors que les manifestations cliniques
bêta-bloquants, le captopril, le propylthiouracil, la sinvasta- ont disparu spontanément ou sous un traitement de quelques
tine [1–3] et dernièrement les biothérapies par anti-TNF alpha semaines ou mois. En l’absence de l’exclusion du médicament
[cf. infra]. incriminé (si le diagnostic n’a pas été porté), le lupus induit
continue à évoluer avec une possible escalade thérapeutique.
3.2.4. Anticorps contre les antigènes nucléaires solubles
En règle générale, il n’y a pas d’induction d’anti-RNP,
d’anti-SSA/Ro, SSB/La ou d’anti-Sm. Si des anticorps anti- 5. Traits particuliers des lupus induits selon
antigènes solubles sont présents, il faut se reposer la question les médicaments responsables
d’une éventuelle connectivite latente présente avant le traite-
ment incriminé. 5.1. La minocycline : un exemple démonstratif des lupus
induits et de leur contexte [5,8–13]
3.2.5. Les ANCA
Au cours de certains lupus induits, des anticorps contre le Des réactions systémiques tardives sous minocycline ont
cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA) sont rap- été publiées sous les termes « syndrome ressemblant au lupus »,
portés. Ils correspondent volontiers à des p-ANCA, et notam- « lupus relié à la minocycline », « arthrite liée à la minocy-
ment des antimyélopéroxidases (anti-MPO) ou des anti- cline », « phénomènes auto-immuns liés à la minocycline » et
élastases (parfois leur spécificité reste non identifiée). Les « hépatite auto-immune ». Certains patients, surtout de sexe
patients souffrant de lupus induits à l’hydralazine ont une fois féminin, porteurs des antigènes HLA-DR2 ou DR4, prenant
sur deux des anti-MPO. Au cours des lupus induits à la mino- sur des périodes prolongées de la minocycline pour une acné,
cycline, des p-ANCA sont assez fréquents, correspondant à développent une maladie systémique avec malaise, dépres-
des anti-MPO ou des anti-élastase. Dans quelques cas de sion, arthralgies, myalgies, fièvre, augmentation de la VSG,
maladie systémique induite par la minocycline évoquant une hypergammaglobulinémie, positivité des AAN (sans hypocom-
plémentémie), parfois des anti-ADN natifs, sans en règle géné-
vascularite (« drug-associated antineutrophil cytoplasmic anti-
rale d’anticorps antihistones, positivité des pANCA (anti-
bodies positive vasculitis »), il n’y a pas d’AAN mais en revan-
MPO, anti-élastase). D’autres manifestations sont également
che des anti-MPO, ce qui montre une certaine continuité au
possibles : cytolyse hépatique, atteinte pulmonaire (toux, infil-
sein des maladies auto-immunes induites. Des p-ANCA anti-
trats pulmonaires), pleurale (douleur pleurale), livedo reticu-
MPO ont été signalés pour des lupus induits par le propyl-
laris, nodules sous-cutanés, vascularite, cytopénies, anticorps
thiouracil, la sulfasalazine, la D-pénicillamine, mais ils sont
anticardiolipine. L’hépatopathie parfois au premier plan réa-
absents au cours du lupus sous procaïnamide.
lise une hépatite auto-immune, avec ou non présence d’anti-
corps antimuscle lisse. Les polyarthralgies sont en général
3.2.6. Autres tests biologiques symétriques, touchent les petites articulations des doigts, et
Le lupus anticoagulant (antiprothrombinase), les anti- aussi les poignets, les épaules, les chevilles, avec un enraidis-
corps anticardiolipines et antiphospholipides peuvent sement matinal, et parfois un gonflement articulaire, prenant
apparaître au cours d’un lupus induit. Les fractions du com- alors l’allure d’une polyarthrite aiguë ou subaiguë voire chro-
plément C3 et C4 sont le plus souvent normales. Une consom- nique, sans liens avec le syndrome Sapho chez ces patients
mation du complément est signalée toutefois pour des lupus acnéiques. L’arrêt de la minocycline s’accompagne le plus sou-
induits par la quinidine, la salazopyrine, des biothérapies anti- vent d’une guérison en quelques jours ou semaines ou mois.
TNF alpha [1–3]. Parfois un traitement corticoïde à dose modérée est nécessaire
pendant une courte période. La cytolyse hépatique peut conti-
nuer à s’aggraver après l’arrêt de la minocycline. Quelques
4. L’évolution des lupus induits patients ont eu une évolution dramatique. La réintroduction de
la minocycline provoque immédiatement une récidive des
Le diagnostic de lupus induit implique l’arrêt du médica- arthromyalgies qui disparaissent rapidement après le nouvel
ment incriminé. Les symptômes et signes cliniques disparais- arrêt. Le maintien du traitement par la minocycline (devenu
sent alors en quelques jours, quelques semaines, mais chez cer- tellement banal pour le patient qu’il ne pense pas en parler
tains patients seulement en quelques mois. Un traitement spontanément) va de pair avec la persistance des manifesta-
transitoire sous forme d’une corticothérapie à dose intermé- tions cliniques et donc une escalade thérapeutique inutile. Le
diaire, adaptée est parfois nécessaire pour soulager le patient. risque relatif d’induction par la minocycline d’un syndrome
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ressemblant au lupus est évalué à 8,5 (intervalle de confiance mumab (Humira®) sont en plein cœur de l’actualité pour leurs
de 2,1 à 35), avec un effet durée de traitement. Ces réactions indications dans la polyarthrite rhumatoïde (tous), la spondy-
systémiques tardives (survenant après quelques mois ou années) larthrite ankylosante (infliximab, étanercept), la maladie de
sont différentes des réactions systémiques précoces apparais- Crohn (infliximab), le rhumatisme psoriasique (étanercept
sant dans les premières semaines suivant l’introduction de la remicade), l’arthrite chronique juvénile (étanercept). Plu-
minocycline, sous deux formes. L’une ressemble à la maladie sieurs études montrent une induction fréquente d’AAN par
sérique : environ deux semaines après le début de la minocy- les anti-TNF alpha quelle que soit la pathologie traitée, avec
cline (de 8 à 35 jours) surviennent une fièvre, un exanthème ou pour certains patients apparition aussi d’anticorps anti-ADN
une urticaire, des arthralgies, des adénopathies. Mais il ne s’agit natifs [7–10]. En revanche les cas de lupus induits par un
que d’une ressemblance car des complexes immuns de petite anti-TNF alpha sont assez rares, les publications nombreuses
taille en excès d’antigène ne sont pas décrits. L’autre, plus fré- étant en règle générale des cas isolés sous étanercept ou
quente, est une réaction d’hypersensibilité un peu plus tardive infliximab [11–24]. La vigilance s’applique pour l’adalimu-
(en moyenne trois semaines, de 12 à 30 jours). Sa traduction mab, dont la prescription est plus récente que les deux pre-
est monosystémique pulmonaire, hépatique, rénale ou polysys- miers.
témique associant à des degrés divers fièvre, pharyngite, poly-
adénopathies, éruption, cytolyse hépatique, splénomégalie, 5.3. La sulfasalazine [34,35]
péricardite, myocardite, hyperleucocytose franche avec au frot-
tis sanguin des lymphocytes atypiques, puis hyperéosinophi- La sulfasalazine (Salazopyrine®) induit des AAN dans 9 à
lie. Le clinicien — s’il n’est pas au courant de la prise de mino- 30 % des cas, des anti-ADN natifs dans 2 à 5 % des cas, au
cycline — est tenté d’évoquer une maladie virale, par exemple cours de la polyarthrite rhumatoïde, de spondylarthropathie,
la mononucléose infectieuse. La minocycline ou l’un de ses de maladies inflammatoires chroniques intestinales. Le lupus
métabolites jouerait un rôle de superantigène avec activation induit survient après une durée de traitement de presque une
lymphocytaire et libération massive de cytokines. année à plus de dix ans. Les manifestations cliniques sont
Les manifestations tardives liées à la minocycline corres- volontiers articulaires (difficiles à analyser par rapport à la
pondent bien à la définition d’un lupus induit par un médica- maladie initiale), cutanées, pleurales, associées à une fièvre,
ment : présence d’au moins un signe clinique de lupus, pré- une photosensibilité, et rarement à des troubles neurologi-
sence d’AAN, absence de signes évoquant un lupus ques (encéphalopathie, méningite aseptique), des douleurs
érythémateux systémique spontané avant le début de la mino- abdominales, une péricardite, une atteinte rénale (protéinu-
cycline, disparition des signes en quelques jours, quelques rie, hématurie), des adénopathies, des douleurs diffuses. Des
semaines ou quelques mois après l’arrêt du traitement avec anticorps anti-ADN natifs peuvent apparaître et dans un tiers
ou non un traitement anti-inflammatoire. Et dans ce contexte des cas une hypocomplémentémie. La portion sulfapyridine
la mise en évidence de pANCA, surtout des anti-MPO est de la salazopyrine, transformée en ce métabolite et en acide
particulièrement intéressante : la minocycline hydroxylée par 5-amino salicylique (5-ASA) dans le tube digestif est le com-
l’enzyme myélopéroxidase, avec un effet cytotoxique dose- posé responsable. On décrit depuis peu des lupus induits par
dépendant, provoque l’apparition d’anticorps anti-MPO, sus- la 5-ASA [36] au cours de la rectocolite hémorragique (Dipen-
ceptibles d’agir à leur tour contre la myélopéroxidase et des tum®) et la rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn
manifestations cliniques surviennent. (Pentasa®, Dipentum®). Le Dipentum® ou olsalazine com-
porte deux molécules de 5-ASA produites dans le colon, et le
5.2. Les traitements par cytokines et anticytokines [14–33] Pentasa® une seule à partir de la mésalazine.

Dès 1994, Fritzler avait émis l’hypothèse que les traite- 5.4. Les bêta-bloquants
ments interférant avec le réseau cytokinique étaient suscep-
tibles d’induire des lupus [14]. Depuis des cas de lupus induits L’induction d’AAN ou plus exceptionnellement de lupus
ou affections proches ont été signalés avec ces différents pro- est signalée pour l’acébutolol (Sectral® (AAN dans 15 à
duits : l’aldesleukine (Proleukin®), protéine IL-2 recombi- 30 voire 89 % des cas), le practolol (ce dernier a été retiré de
nante donnée dans l’adénocarcarcinome rénal métastatique ; la commercialisation), et aussi mais plus rarement pour l’até-
l’interféron gamma-1b humain recombinant (Imukin®), pres- nolol, le métoprolol, l’oxyprénolol, et enfin le pindolol, le
crit pour diminuer les infections graves chez les patients propranolol, l’alprénolol, et le timolol (donné pour ce dernier
atteints de granulomatose septique chronique ; l’interféron en collyre).
bêta (Avonex®, Bétaferon®, Rebif®) donné dans la sclérose
en plaque, l’interféron alfa (Intron A®, Roferon-A®, Virafe- 5.5. Les anticonvulsivants
ron®, ViraferonPeg®) prescrits dans les hépatites B, certaines
hémopathies. Les anticonvulsivants ont souvent été cités comme induc-
Les publications les plus nombreuses ces dernières années teurs de lupus. La démonstration est faite pour l’éthosuxi-
concernent à l’évidence les biothérapies par anti-TNF alpha. mide (Zarontin®), la carbamezépine (Tégrétol®). Si des signes
L’infliximab (Remicade®), l’étanercept (Enbrel®) et l’adali- de lupus apparaissent, il faut se poser la question de savoir si
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l’épilepsie n’était pas le signe révélateur d’un lupus spontané est possiblement ou probablement variable selon les produits
(qui peut être révélé par une telle complication). incriminés, ce qui rend difficile la compréhension d’ensem-
ble. La seule induction d’AAN est le plus souvent nécessaire
5.6. Autres médicaments inducteurs de lupus [37–43] mais non suffisante pour provoquer des troubles cliniques :
pour certains médicaments la prévalence d’induction d’AAN
Des médicaments d’horizons très divers sont aussi mais est très élevée, le nombre de lupus induit faible. Pour d’autres
rarement mis en cause dans l’induction de lupus (liste non médicaments l’induction d’AAN est rare, et les cas de lupus
exhaustive) : des traitements antibiotiques, l’isoniazide (Rimi- induits exceptionnels. Des modèles expérimentaux ou in vitro
fon®), la rifampicine (Rifadine®, Rimactan®) ; des traite- sont développés mais avec ses restrictions.
ments normolipémiants, la sinvastatine (Lodales®, Zocor®)
inhibiteur de l’HMG Co-A réductase, dérivé synthétique du
7. Conclusion
produit de fermentation de l’Apergillus terreus ; un anti-
psychotique neuroleptique le chlorpromazine (Largatil®) ; le L’incidence des lupus induits par les médicaments est en
captopril (Lopril®), un inhibiteur de l’enzyme de conversion augmentation. Beaucoup de produits peuvent être en cause.
de l’angiotensine I en angiotensine II ; la méthyldopa (Aldo- L’apparition de signes ou symptômes évoquant un éven-
met®) ; un antiparkinsonien, la lévodopa (Modopar®, Sine- tuel lupus induit doit conduire à faire les examens suivants :
met®) ; la minoxidil (antihypertenseur, et régénérateur capil- examen clinique systémique, examens biologiques AAN,
laire en application locale) ; le propylthiouracil, antithyroïdien. ANCA, NFS avec plaquettes, aminotransférases, VSG, CRP,
Selon Olivier Meyer, des estrogènes peuvent induire des lupus créatininémie, protéinurie, hématurie, et selon l’orientation
induits mais les observations sont exceptionnelles par rap- clinique radiographie pulmonaire, exploration paraclinique
port à la diffusion de la prescription de la contraception hor- cardiologique. D’autres tests biologiques sont possiblement
monale [1]. Par ailleurs l’induction hormonale d’ovulation utiles selon les premiers résultats : études du complément,
est une situation à risque [43]. électrophorèse des protéines, anticorps anticardiolipine, anti-
Il n’y a jamais eu de cas à notre connaissance de lupus phospholipides, recherche du lupus anticoagulant (anti-
induits avec des médicaments de la polyarthrite rhumatoïde prothrombinase), facteur rhumatoïde, anticorps antipeptides
comme le méthotrexate, le léflunomide, le cyclophospha- cycliques citrullinés.
mide, l’hydroxychloroquine. Les cas historiques avec les sels La preuve de la responsabilité d’un médicament donné chez
d’or sont possibles mais douteux. un patient conduit à titre individuel à arrêter le traitement
immédiatement, à ne pas le redonner par la suite (intérêt du
dossier médical personnel) et en termes de santé publique à
6. Pathogénie des lupus induits [44–48] déclarer l’effet iatrogène au centre de pharmacovigilance dont
on dépend.
La pathogénie des lupus induits (Tableau 1) est dévelop- La reconnaissance de tels lupus induits par un médica-
pée de façon exhaustive dans l’article de Jean Sibilia [2]. Elle ment est une aide pour la compréhension du développement
Tableau 1
Pathogénie du lupus induit a
Mécanisme général Précision des analyses ou conséquences
L’implication de la structure du médicament Celle du médicament lui-même ?
Celle d’un ou plusieurs de ses métabolites ?
Celle d’un composé secondairement produit ?
Impact biochimique des médicaments inducteurs de lupus Sur le métabolisme oxydatif d’enzymes des polynucléaires neutrophiles et de cellules
hépatiques.
Modifications d’autoépitopes, devenant immunogènes par altération directe par le médica-
ment ou par une liaison de type haptène.
Mise en jeu de mécanismes de la mort Passage systémique de corps apoptotiques (nucléosomes produits par les endonucléases,
cellulaire programmée de certaines cellules autres éléments du noyau cellulaire) induisant des AAN, antihistones, anti-ADN ?
Interactions avec les mécanismes centraux lymphocytaires Hyperactivation de lymphocytes T par une production accrue d’épitopes cryptiques norma-
de contrôle de la tolérance. lement pas ou peu présentés aux lymphocytes T.
Révélation ou production d’épitopes cryptiques
Activation de lymphocytes B Hyperactivation de lymphocytes B par l’interleukine 10, l’interleukine 6, le nucléosome,
les lymphocytes T autoréactifs.
Mise en jeu de la théorie de « l’epitope spreading » Stimulation par les lymphocytes T autoréactifs des lymphocytes B, qui captent l’antigène
(via l’épitope), l’internalise, l’apprête et présentent d’autres épitopes à des cellules T auto-
réactives, provoquant une extension de la réaction immunologique à d’autres épitopes de
l’antigène, avec alors diversification de la réponse auto-immune
Rôle de facteurs génétiques Vitesse d’acétylation hépatique des patients,
Prédisposition HLA : au cours du lupus induit par la minocycline, les patients sont souvent
HLA DR2 ou DR4.
a
Se référer au travail de Jean Sibilia [2] pour des précisions pathogéniques approfondies.
174 C. Masson et al. / Revue du Rhumatisme 72 (2005) 168–175

d’une maladie systémique. Un facteur d’environnement est [18] Mohan AK, Edwards ET, Coté TR, Siegel JN, Braun MM. Drug-
mis en évidence ; un délai suffisamment long d’exposition induced systemic lupus erythematosus and TNF-alpha blockers. Lan-
cet 2002;360:646.
est nécessaire, souvent quelques mois, parfois quelques années [19] Day R. Adverse reactions to TNF-alpha inhibitors in rheumatoid
(pour la procaïnamide il fallait un kilogramme de produit arthritis. Lancet 2002;359:540–1.
avant la survenue des symptômes cliniques !). Mais seule- [20] Cairns AP, Duncan MK, Hinder AE, Taggart AJ. New onset systemic
ment un pourcentage très faible de sujets en relation avec le lupus erythematosus in a patient receiving etanercept for rheumatoid
facteur d’environnement développe le lupus induit clinique. arthritis. Ann Rheum Dis 2002;61:1031–2.
[21] Swale VJ, Perrett CM, Denton CP, Black CM, Rustin MH. Etanercept-
Il y a vraisemblablement la réunion du facteur exogène et des
induced systemic lupus erythematosus. Clin Exp Dermatol 2003;28:
facteurs intrinsèques qui sont en cause. Le corollaire de cette 604–7.
constatation est qu’il est épidémiologiquement extrêmement [22] Lepore L, Marchetti F, Facchini S, Leone V, Ventura A. Drug-induced
difficile de prouver la responsabilité d’un facteur d’environ- systemic lupus erythematosus associated with etanercept therapy in a
nement médicamenteux ou non médicamenteux susceptible child with juvenile idiopathic arthritis. Clin Exp Rheumatol 2003;21:
de participer directement à la pathogénie du lupus. 276–7.
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