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Avancée
Néonatale et
Pédiatrique
Support
Réanimation Avancée
Néonatale et Pédiatrique
E D I T I O N D E S R E CO M M A N DAT I O N S
E R C 2015
Ed i t i o n 4
European Paediatric Advanced Life Support
Réanimation Avancée Néonatale et Pédiatrique French translation
Editeur responsable
Patrick Van de Voorde
Editeurs
Dominique Biarent
Antonio Rodríguez-Núñez
Sophie Skellett
Elizabeth Norris
Remerciements
Nous remercions Oliver Meyer pour la préparation digitale des tracés ECG et An De Waele et
Annelies Pické (ERC) pour la coordination administrative.
Thomas Dorscht pour les videos et les photos.
ELIZABETH NORRIS pour les corrections orthographiques et grammaticales de l’anglais (dans la
version originale).
RCUK ET ELIZABETH NORRIS pour l’autorisation d’utiliser leur texte sur les compétences
non-techniques comme base du chapitre 5. Robert Bingham, Ian Maconochie et Francis Leclerc
pour leur avis et leurs conseils.
Dessins par Jean-Marie Brisart. Dessins et algorithmes par Het Geel Punt bvba,
(hgp@hetgeelpunt.be) et Mooshka&Kritis, Belgium (info@mooshka.be)
Couverture et lay-out par Studio Grid, Belgium (info@studiogrid.be).
Publié par European Resuscitation Council vzw, Emile Vanderveldelaan 35, 2845 Niel, Belgium.
ISBN 9789492543097
Depot nr D/2016/11.393/023
© European Resuscitation Council 2015. Tous droits réservés. Aucun extrait de cette publication ne peut être reproduit, consigné dans un
système de recherche, ou diffusé, sous aucune forme et par aucun moyen, électronique, mécanique, par photocopies, enregistrement ou
autres, sans la permission écrite préalable de l’ERC. Le contenu de ce manuel est basé sur les recommandations ERC 2015, le contenu du manuel
précédent, les preuves scientifiques existantes de la littérature, les recommandations et consensus d’experts actuels.
2
Réanimation Avancée Néonatale et Pédiatrique
Traduction française
Editeur en chef
Dominique Biarent
Editeurs
Jean-François Diependaele
Francis Leclerc
Co-auteurs
Personal copy of Miriam Janin (ID: 91839)
Olivier Brissaud
Thierry Detaille
Linda Maman
Michael Detienne
André Mulder
Nathalie Richard
Frédéric Tits
Remerciements
Nous remercions Benoît Claessens, Walter Renier et Jacques Delchef du BRC pour leur aide.
Cette publication est une traduction du manuel original European Paediatric Advanced Life Support (ISBN 9789079157808).
La traduction a été réalisée par et sous le contrôle du Belgian Resuscitation Council vzw - asbl, Rue du Château d’Eau
29, 1420 Braine-l-Alleud, Belgique et Conseil Français de Réanimation, 10 rue Charles Floquet, 92120 Montrouge, France,
Luxembourg Resuscitation Council (LRC), 29 rue de Vianden - L-2680 Luxembourg, seul responsable du contenu. Si des
questions se posent concernant l’exactitude des informations contenues dans la traduction, il faut se référer à la version
anglaise du manuel qui est la version officielle du document. Toutes les divergences ou différences issues de cette traduc-
tion n’engagent en rien l’ERC (European Resuscitation Council) et n’ont pas d’effet légal en termes de conformité ou de mise
en application.
This publication is a translation of the original manual European Paediatric Advanced Life Support (ISBN 9789079157808).
The translation is made by and under supervision of the Belgian Resuscitation Council vzw - asbl, Rue du Château d’Eau
29, 1420 Braine-l-Alleud, Belgique et Conseil Français de Réanimation, 10 rue Charles Floquet, 92120 Montrouge, France,
Luxembourg Resuscitation Council (LRC), 29 rue de Vianden - L-2680 Luxembourg solely responsible for its contents. If any
questions arise related to the accuracy of the information contained in the translation, please refer to the English version of
the manual which is the official version of the document. Any discrepancies or differences created in the translation are not
binding to the European Resuscitation Council and have no legal effect for compliance or enforcement purposes.
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Glossaire
A Airway (Voies aériennes) FiO2 Fraction Inspirée en Oxygène
B Breathing (Respiration) FR Fréquence Respiratoire
C Circulation (Circulation) FTVO Fréquence Respiratoire, Travail
respiratoire, Volume courant,
D Disability (Etat Neurologique) Oxygénation
E Exposure (Exposition) et FV Fibrillation Ventriculaire
Environnement
IO Intra-Osseuse
ACR Arrêt CardioRespiratoire
IV Intra-Veineuse
AESP Activité Electrique Sans Pouls
J Joule
4
Sommaire
3. Circulation 57
5. Réanimation médicalisée 97
6. Ethique 121
Pour vous aider à mémoriser le contenu de ce manuel, nous avons souligné les
informations cruciales par un point d’exclamation. Certaines parties du texte sont
à considérer comme une information d’arrière-plan pouvant contribuer à clarifier
certaines choses ou qui sont nécessaires dans l’environnement professionnel de certains
d’entre vous. Ce texte est en caractères plus petits et en gris.
Le contenu de ce manuel est basé sur les recommandations ERC 2015, le contenu du manuel
précédent, les évidences de sciences de la littérature; les recommandations existantes et le
consensus d’experts.
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Personal copy of Miriam Janin (ID: 91839)
6
Chapitre 0.
Introduction au cours EPALS
à la fois sur les connaissances (la science), l’éducation (l’enseignement) et les stratégies
d’implémentation (protocoles locaux et support) [la formule Utstein de Survie].
Figure 0.1
Chaine Pédiatrique de Survie
précoce
sance et a ns p
ost-réanimat
ais pp Soi ion
nn el
co
Re
àl
’ai
de
–
po ue po ie
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v e n ir l’a r r ê t c a r d t a u r e r la q u a lit é d
–p –p
our s our ur
a c h eter d u te m p re d é m arr e r le c o e
Les cours de réanimation pédiatriques de l’ERC (EPALS/EPILS) ont pour but de fournir un
enseignement permettant aux professionnels de la santé de reconnaître précocement
l’enfant gravement malade, de développer les connaissances et les aptitudes techniques
nécessaires pour donner les soins urgents appropriés à ces patients. Selon des évidences
fortes, la répétition régulière des entraînements est nécessaire pour éviter une décroissance
des connaissances et des techniques et dès lors, ces cours doivent faire partie de la trajectoire
continue d’un apprentissage durant toute la vie professionnelle.
7
Chapitre 0
Introduction au cours EPALS
une approche systématique [Airway (A) (voies aériennes), Breathing (B) (respiration),
Circulation (C), Disability (D) (état neurolgique), Environment - Exposure (E)
(exposition)].
• Standardiser l’évaluation initiale et le traitement rapide par une approche basée sur
les priorités afin de favoriser la fiabilité et d’améliorer le travail d’équipe.
Comme discuté dans ce chapitre et à travers tout le manuel, les enfants ont des
1. Particularités de l’enfant
En l’absence de précision, le mot «enfant» dans ce manuel concerne à la fois le jeune enfant /
nourrisson (moins de 1 an) et l’enfant (entre 1 an et la puberté). Un nouveau-né est un enfant
né depuis moins de 4 semaines mais peut également être un bébé dans les minutes qui
suivent la naissance (le chapitre 10 traite uniquement des nouveau-nés en salle de naissance).
Il existe différents systèmes pour évaluer le poids, les doses de médicaments d’urgence et la
taille du matériel de réanimation (voir aussi les chapitres correspondants).
Chez les adolescents qui sont «grands» pour leur âge, on peut ajuster la formule en
arrondissant à le poids à la dizaine supérieure (par exemple chez un «grand» adolescent de
12 ans un poids de 40 kg peut sembler plus vraisemblable que le poids calculé de 32 kg).
8
Si le poids estimé est supérieur à 50 kg, il faut utiliser les schémas adultes ou utiliser 50 kg
comme limite supérieure de calcul.
0
Il existe d’autres outils tels que la règle de Broselow qui, à partir de la mesure de la taille
de l’enfant donne le poids, le dosage des médicaments d’urgence et la taille du matériel
de réanimation. Quelque soit la méthode, le plus important, c’est que le soignant soit
suffisamment familier avec son usage.
9
Chapitre 0
Introduction au cours EPALS
10
cardiaque est plus rapide chez l’enfant que chez l’adulte (table 0.1). Le volume
d’éjection ne peut pas augmenter autant que chez l’adulte, le débit cardiaque est
principalement déterminé par la fréquence cardiaque chez le nourrisson. 0
• La pression artérielle (table 0.1) est plus basse chez le nourrisson et le jeune enfant
que chez l’enfant plus grand et l’adolescent.
Tableau 0.1
Valeurs normales de la fréquence respiratoire, de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle chez le
nourrisson et l’enfant. Ces valeurs représentent le 50ème (5ème - 95éme) percentile pour l’âge.
Chez l’enfant, l’arrêt cardiaque est moins fréquemment dû à une pathologie cardiaque
primaire (arrêt cardiaque primaire). Ce type d’ACR est beaucoup plus fréquent dans
la population adulte et sa survenue est brutale et imprévisible et reflète une maladie
cardiaque intrinsèque. La défibrillation immédiate est généralement nécessaire parce que
le rythme terminal est un rythme choquable (Fibrillation Ventriculaire [FV] – Tachycardie
Ventriculaire sans Pouls [TVs/p]. Pour chaque minute durant laquelle la défibrillation est
reportée, la probabilité d’un retour à la circulation spontanée diminue significativement.
L’arrêt cardiorespiratoire secondaire est le plus fréquent chez l’enfant, reflétant son
incapacité à faire face au traumatisme ou à la maladie sous jacente. L’arrêt cardiaque est alors
une conséquence de l’hypoxie tissulaire sévère qui entraîne une dysfonction myocardique.
L’hypoxie tissulaire peut résulter d’une insuffisance respiratoire avec oxygénation
insuffisante ou d’une hypoperfusion sévère comme dans l’insuffisance circulatoire.
11
Chapitre 0
Introduction au cours EPALS
Le rythme préterminal le plus fréquent est une bradycardie qui évolue vers une asystolie ou
une activité électrique sans pouls [AESP].
12
12
Chapitre 1.
Reconnaître l’enfant
gravement malade
L’évaluation urgente de l’enfant gravement malade est souvent difficile. Il faut intégrer des
Personal copy of Miriam Janin (ID: 91839)
Comme dans toute urgence médicale, une approche systématique basée sur les priorités
augmente la fiabilité, améliore la communication et optimise le travail d’équipe.
Pour les enfants de tous les âges, cette évaluation inclut 4 étapes successives:
1. Première observation rapide ou «Quick Look»
2. Evaluation physiologique primaire par l’approche ABCDE
3. Evaluation clinique secondaire incluant une anamnèse médicale spécifique et un
examen physique détaillé
4.
Evaluation complémentaire tertiaire incluant des examens de laboratoire, une
imagerie et d’autres études ancillaires.
13
Chapitre 1
Reconnaître l’enfant gravement malade
Les composantes du «Quick Look» peuvent être mémorisées comme le «BBB» [Behaviour-
Breathing-Body Colour] ou en français «CRC» [Comportement – Respiration – Couleur]
Chaque indice est évalué séparément en utilisant les définitions préétablies (voir plus loin)
Toute anomalie du «BBB» ou du «CRC» demande immédiatement une évaluation primaire
ABCDE et la mise en route de certaines interventions.
Figure 1.1
Voir, Entendre, Sentir. On évalue la perméabilité des voies aériennes en regardant si le thorax se soulève,
en écoutant les bruits respiratoires et en sentant les mouvements d’air au niveau de la bouche ou du nez
de l’enfant.
En faisant ceci, les voies aériennes peuvent être classées comme étant: «Libres», «A risque»
ou «Obstruée» (partiellement ou complètement).
Si on peut sentir des mouvements d’air au niveau de la bouche ou du nez de l’enfant, qu’on
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Chapitre 1
Reconnaître l’enfant gravement malade
voit des mouvements thoraciques, qu’on entend des bruits respiratoires normaux et/ou
que l’enfant parle normalement, les voies aériennes sont vraisemblablement perméables.
La présence de bruits respiratoires anormaux par ailleurs (p. ex. un stridor, un gargouillement)
peut indiquer une obstruction partielle des voies aériennes par quelque chose qui limite le
flux normal de l’air comme des sécrétions, de l’œdème ou un corps étranger.
Les enfants dont le niveau de conscience est altéré sont à risque d’obstruction des VA à cause
d’une diminution du tonus musculaire pharyngé responsable d’une chute de la langue vers
l’arrière et d’une obstruction des VA.
Les enfants conscients qui présentent une détresse respiratoire adoptent spontanément
une position qui optimise leurs capacités respiratoires. P. ex. en cas d’obstruction des VAS,
l’enfant adopte une position de «chien humant » pour maintenir la perméabilité de ses VAS.
L’insuffisance respiratoire aiguë peut être provoquée par toutes les pathologies affectant
les mouvements d’air entrant et sortant des poumons qui altèrent donc l’excrétion de CO2
(la ventilation) et/ou affectent les échanges gazeux au niveau de la membrane alvéolo-
capillaire (l’oxygénation).
16
2.2.2. Evaluation et Interventions
Après avoir évalué les VA et avoir effectué les interventions nécessaires à l’obtention de la
perméabilité des VA, il faut évaluer la respiration. Pour cela, il faut évaluer:
• La Fréquence respiratoire
• Le Travail respiratoire 1
• Le Volume courant
• L’Oxygénation
(FTVO est utilisé pour mémoriser cette évaluation de la respiration)
Les fréquences respiratoires anormales sont classées en fréquence trop rapides (tachypnée),
trop lente (bradypnée) et absente (apnée).
• Une augmentation de la fréquence respiratoire peut être un mécanisme de
compensation physiologique à la détérioration de la fonction respiratoire destinée
à maintenir le volume minute. La tachypnée est alors le plus souvent accompagnée
de signes d’augmentation du travail respiratoire.
• Une fréquence respiratoire basse (bradypnée) peut être due à une dépression du
système nerveux central ou à l’hypothermie.
La tachypnée sans détresse respiratoire (tachypnée paisible) peut avoir une étiologie non
pulmonaire (p. ex. insuffisance circulatoire ou acidocétose diabétique).
17
Chapitre 1
Reconnaître l’enfant gravement malade
Figure 1.2
Enfant présentant des signes d’augmentation du travail respiratoire
• Tirage
Chez le nourrisson et le jeune enfant, on peut facilement observer un tirage significatif en
raison de la compliance élevée du thorax. L’importance du tirage donne une indication de
la gravité de la détresse respiratoire. Chez l’enfant âgé de plus de 5 ans, comme le thorax
est moins compliant, la présence d’un tirage indique une défaillance sévère de la fonction
respiratoire.
18
respiration devient inefficace, le volume courant diminuant avec l’accroissement de l’effort
musculaire.
19
Chapitre 1
Reconnaître l’enfant gravement malade
2.2.6. Oxygénation
La façon de déterminer le degré d’oxygénation est d’évaluer la présence d’une cyanose
centrale (p.ex au niveau des muqueuses buccales). Celle-ci est indicative d’une hypoxémie.
La cyanose est un signe inconstant et tardif d’insuffisance respiratoire qui apparaît
seulement lorsque la saturation est inférieure à 80 %. L’absence de cyanose n’implique pas
que l’oxygénation soit normale. L’hypoxie peut provoquer de la vasoconstriction et de la
pâleur cutanée qui masquent la cyanose tout comme l’anémie sévère. Une cyanose limitée
aux extrémités est généralement due à une insuffisance circulatoire (cyanose périphérique)
plutôt qu’à une insuffisance respiratoire (cyanose centrale).
La saturation en oxygène doit être mesurée par l’oxymétrie pulsée chez tout enfant
suspect d’insuffisance respiratoire même en l’absence de cyanose visible. L’oxymétrie
pulsée [SpO2] permet une évaluation continue de la saturation périphérique en oxygène.
2.3. Circulation
Le choc compensé est la phase précoce du choc avant la présence d’une hypotension
artérielle. Les mécanismes de compensation vont tenter de préserver une perfusion
suffisante des organes vitaux (le cœur et le cerveau): tachycardie, perfusion périphérique
20
faible (extrémités froides, temps de recoloration cutané prolongé), pouls faiblement palpés,
tachypnée et oligurie.
Un choc peut être présent avec un débit cardiaque [CO] et/ou une pression artérielle [PA] 1
augmentés, normaux ou diminués.
La mesure de la PA est peu utile pour déterminée l’état circulatoire puisque la PA reste
normale dans le choc compensé, et ne commence à chuter que lorsque la décompensation
survient. Le but de la prise en charge des états de choc est de prévenir la décompensation
qui mène au choc irréversible et au décès.
Personal copy of Miriam Janin (ID: 91839)
Parmi les variables affectées ou affectant le débit cardiaque, certaines peuvent être mesurées
(la FC et la PA) et d’autres (le VE et les RVS) peuvent être évalués indirectement en examinant
l’amplitude et la qualité des pouls périphériques, l’adéquation de la pression de perfusion des
organes cibles (état de conscience, temps de recoloration capillaire, température cutanée et si
elle est disponible, la diurèse). Des RVS basses peuvent être suspectées si la PA diastolique est
inférieure aux valeurs normales pour l’âge de l’enfant.
21
Chapitre 1
Reconnaître l’enfant gravement malade
Figure 1.3
Relations entre les paramètres cardiovasculaires
Précharge
Relations entre les variables affectant le débit cardiaque et les variables affectant la pression artérielle
22
Il est important d’intégrer tous les signes de choc parce qu’aucun
signe isolé ne confirme seul le diagnostic. Par exemple:
• L e TRC isolé n’est pas suffisant pour diagnostiquer une dysfonction
circulatoire. Il peut être prolongé en raison d’une température
ambiante basse, d’une vasoconstriction induite par la fièvre,
etc. Cependant, un TRC allongé combiné avec d’autres signes de 1
dysfonction circulatoire comme de la tachycardie et des pouls
périphériques faibles, signent la présence d’une dysfonction
circulatoire.
• D
es pouls périphériques faibles sont indicatifs de la présence
d’un choc mais le choc (retirer dans) le choc anaphylactique,
neurogénique ou certains types de choc septique peuvent parfois
Personal copy of Miriam Janin (ID: 91839)
L’évaluation d’un enfant en choc se termine par la recherche d’une dysrythmie à l’ECG.
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Chapitre 1
Reconnaître l’enfant gravement malade
Quel que soit le type de choc, l’hypotension artérielle est un signe de décompensation et doit
être traitée activement, l’insuffisance cardiorespiratoire et l’arrêt cardiaque étant imminents.
On peut estimer la PAM par la formule [PAD +1/3 PAS-PAD]. En cas de tachycardie sévère la PAM
sera proche de [1/2 PAS+PAD].
24
2.3.7. Précharge
L’évaluation clinique de la précharge permet de différencier le choc cardiogénique des
autres formes de choc. Chez un enfant en bonne santé, les veines jugulaires sont à peine
visibles et le bord hépatique palpable à maximum 1 cm du rebord costal. Si la précharge
augmente (comme dans la surcharge hydrique ou l’insuffisance cardiaque), les veines
jugulaires se dilatent, le foie augmente de volume et des râles humides peuvent être 1
auscultés dans les poumons.
25
Chapitre 1
Reconnaître l’enfant gravement malade
• Une évaluation rapide de l’état de conscience de l’enfant peut être faite par l’ échelle
AVPU:
Tableau 1.1
Echelle AVPU
Unresponsive
(aucune réponse – Pas de réaction malgré n’importe quel stimulus
inconscient)
• L’alternative détaillée pour une évaluation rapide est d’utiliser le GCS (tableau 1.2).
Pour les enfants de moins de 5 ans, le GCS est modifiée en fonction de leur relative
immaturité dans la communication. Une valeur totale de 8 définit le «coma». En raison
de la complexité du GCS complet, le score de coma moteur de Glasgow (GCS-M) peut
être un moyen plus simple d’évaluer la conscience. Ce score moteur d’une valeur
maximum de 6 points incluant la réaction à la douleur et la posture, a la même valeur
que toute l’échelle de Glasgow. Le stimulus nociceptif doit être appliqué en appuyant
fortement sur l’encoche supra-orbitaire (du côté interne du sourcil) avec le pouce.
Un score moteur de 4 sera évalué en pressant fortement avec un crayon sur le lit de
l’ongle. La meilleure réponse sera prise en compte en cas de réponse asymétrique ou
peu claire. Un score moteur de 4 ou moins définit le «coma».
• La taille et la réaction des pupilles peuvent être altérées pas un grand nombre de
choses y compris les lésions cérébrales, les anomalies congénitales et certains
médicaments. Une altération sévère de la conscience accompagnée d’une
anomalie pupillaire indique une hypertension intracrânienne et doit être traitée
immédiatement de manière appropriée.
26
Tableau 1.2
L’échelle de Coma de Glasgow
Ouverture
des yeux 1
E4 Spontanée Spontanée
E3 A la voix A la voix
E2 A la douleur A la douleur
E1 Pas de réponse Pas de réponse
C Yeux fermés par un pansement ou Yeux fermés par un pansement ou
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un gonflement un gonflement
Meilleure
réponse
verbale
V5 Orienté (personne, lieu ou adresse) Alerte, babille, mots et phrases
appropriés selon capacités
habituelles (normal)
V4 Confus Capacités diminuées selon capacités
habituelles, irritable, pleure
V3 Mots inappropriés Pleurs à la douleur
V2 Sons incompréhensibles Geignements à la douleur
V1 Pas de réponse à la douleur Pas de réponse à la douleur
T Intubé Intubé
Meilleure
réponse
motrice
M6 Obéit aux ordres Mouvements spontanés normaux
M5 Localise la douleur supra-orbitaire Localise la douleur supra-orbitaire
(> 9 mois) ou retrait quand on (> 9 mois) ou retrait quand on
touche touche
M4 Retrait à la douleur unguéale Retrait à la douleur unguéale
M3 Flexion à la douleur supra-orbitaire Flexion à la douleur supra-orbitaire
(décortication) (décortication)
27
Chapitre 1
Reconnaître l’enfant gravement malade
Une recherche des antécédents peut être effectuée selon l’acronyme AMPLE:
Allergies?
28
Figure 1.4
Evaluation ABCDE rapide et algorithme de traitement de l’enfant gravement malade
SIGNES DE VIE?
OUI NON
1
A Evaluer la respiration
Libres et sûres?
A risque?
Obstruées?
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OUI
B Evaluer la respiration RESPIRE?
NON
Fréquence respiratoire
Travail respiratoire
Volume courant
Oxygénation
OUI
C Evaluer la circulation SIGNES DE VIE? POULS?
NON
Pouls-Fréquence cardiaque
Perfusion périphérique
Volume des Pouls
Pression artérielle
Précharge
E Exposition – “AMPLE”
29
Chapitre 1
Reconnaître l’enfant gravement malade
30
30
Chapitre 2.
Prise en charge des voies
aériennes et ventilation
1. Voies aériennes libres et sûres
L’obstruction des voies aériennes est une situation fréquente en réanimation pédiatrique.
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C’est la cause primaire de l’arrêt cardiorespiratoire (p. ex. inhalation de CE), ou la conséquence
d’une affection sous-jacente (c.-à-d. de l’hypoxie) qui s’accompagne d’une perte de conscience.
Chez l’enfant inconscient, la langue peut basculer vers l’arrière et obstruer les voies aériennes
(figure 2.1). Cette obstruction des voies aériennes doit être rapidement reconnue et traitée
pour prévenir les dommages hypoxiques.
Figure 2.1
Occlusion des VA par la chute de la langue vers l’arrière chez l’enfant inconscient.
31
Chapitre 2
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
L’ouverture initiale des voies aériennes signifie positionner la tête en effectuant une
manœuvre universelle ou une antépulsion de la mâchoire inférieure (figure 2.3 – 2.4). La
position correcte de la tête dépend de l’âge et de variantes individuelles. Les plus jeunes
enfants auront surtout besoin d’une position neutre de la tête alors que davantage
d’extension est nécessaire chez l’enfant plus grand. L’hyperextension et la flexion peuvent
provoquer une obstruction des voies respiratoires (figure 2.2).
Figure 2.2
Ouverture des voies aériennes: l’hyperextension et la flexion peuvent provoquer une obstruction des
voies respiratoires.
Hyperextension Flexion
• Extension de la tête et traction sur le menton (figure 2.3): aborder l’enfant par
le côté et le tourner prudemment sur le dos le cas échéant. Placer une main sur le
front de l’enfant et basculer légèrement la tête en arrière. Chez les enfants de moins
d’un an, la tête sera placée en position neutre (l’axe des oreilles aligné avec l’axe
du thorax). Pour l’enfant, davantage d’extension est nécessaire (position du “chien
humant”). Le soulèvement du menton est réalisé en plaçant les extrémités des
32
doigts de l’autre main du sauveteur sur la partie osseuse de la mâchoire inférieure
de l’enfant et en tirant le menton vers le haut.
• La manœuvre d’antépulsion de la mâchoire (figure 2.4) est la méthode de choix
lorsqu’une immobilisation de la colonne cervicale est indiquée. Placé derrière
l’enfant, un sauveteur place ses mains de chaque côté de la tête de l’enfant. Deux
ou trois doigts de chaque main sont placés sur les angles de la mâchoire de l’enfant,
l’amenant vers le haut, alors que les pouces reposent doucement sur les joues. Les
coudes du sauveteur restent sur la surface où l’enfant est couché pour faciliter la
manœuvre.
2
Figure 2.3
Ouverture des voies aériennes: extension de la tête et traction sur le menton
Personal copy of Miriam Janin (ID: 91839)
Figure 2.4
Ouverture des voies aériennes: antépulsion de la mâchoire. Méthode de choix si une lésion de la colonne
cervicale est suspectée.
33
Chapitre 2
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
De surcroît, l’enfant peut être incapable d’évacuer des sécrétions, des vomissements ou du
sang des voies respiratoires supérieures, et une aspiration est alors nécessaire.
Les sondes d’aspiration rigides et de gros calibre (p. ex. Yankauer) sont
particulièrement utiles pour retirer des vomissements ou des sécrétions abondantes
ou épaisses. Les sondes d’aspiration flexibles sont davantage appropriées pour les
jeunes enfants ou les nourrissons, et peuvent être moins traumatiques; elles ont
Figure 2.5
Equipement de l’ouverture des VA, de la ventilation et de l’oxygénation
34
2.2.3. Dispositifs d’ouverture des VA
• Canules oropharyngées
Les canules oropharyngées (type Guedel ou Mayo) permettent un passage de l’air entre la
base de la langue et la paroi pharyngée postérieure. Elles empêchent les tissus mous du cou
et de la langue d’obstruer la partie supérieure des VA. Il en existe différentes tailles: de 00
(prématuré) à 4-5 (adulte).
Chez l’enfant, la canule oropharyngée doit être insérée prudemment, sans forcer afin d’éviter
les lésions du palais mou (figure 2.6). La canule peut être insérée directement au-dessus de la
langue (concavité vers le bas) en utilisant un abaisse-langue ou une lame de laryngoscope
pour abaisser la langue vers le plancher buccal. Ceci permet de voir l’oropharynx et de
contrôler le placement. Cependant chez l’enfant plus âgé, la technique adulte est acceptable
(insertion avec l’extrémité vers le haut (concavité vers le haut) jusqu’à ce que le palais mou
soit atteint, puis rotation de 180°, avant de la pousser plus loin. Le bord de la canule doit
rester posé sur les incisives de l’enfant.
Figure 2.6
Canules oropharyngées: choix de la taille et technique d’insertion
35
Chapitre 2
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Figure 2.7
Tube nasopharyngé: choix de la taille et technique d’insertion
La longueur correcte du tube est déterminée par la distance entre le bout du nez de l’enfant
et le tragus de son oreille. Son insertion ne doit pas provoquer le blanchiment de la narine. Le
diamètre peut être estimé à partir du diamètre du petit doigt de l’enfant.
Le tube nasopharyngé doit être lubrifié avant l’insertion. Il doit être inséré par un mouvement
doux de rotation vers l’arrière en longeant le plancher nasal (dirigé verticalement sur un
enfant couché). Il ne faut pas le diriger vers le haut, car cela risque d’entraîner un traumatisme
ou saignement.
Chez l’enfant conscient, le tube nasopharyngé est souvent mieux toléré que la canule
oropharyngée. Il peut être le dispositif de choix de l’enfant conscient respirant spontanément
mais qui a des VA à risque ou partiellement obstruées en raison d’un gonflement de la langue.
Le tube nasopharyngé est contrindiqué si on suspecte une fracture de la base du crâne (sauf s’il
n’y a aucune alternative à l’ouverture des VA) ou en cas de coagulopathie sévère. Il ne protège
pas d’une inhalation du contenu gastrique. Après la mise en place du tube nasopharyngé, la
perméabilité des voies aériennes de l’enfant doit être régulièrement réévaluée et de l’oxygène
administré de façon appropriée.
36
perturbation de l’une d’entre elles peut induire une insuffisance respiratoire. Inversement,
des actions sur chaque variable peuvent améliorer l’état du patient. Il est important de
comprendre que l’oxygénation et la ventilation sont jusqu’à un certain point deux fonctions
séparées du système respiratoire. Améliorer l’une n’améliore pas nécessairement l’autre.
L’enfant ne développe généralement pas de “contrôle hypoxique” (lorsque la respiration est guidée
par les chémorécepteurs à l’O2 plutôt que par les récepteurs au CO2). En conséquence, il n’est pas
susceptible de développer une carbonarcose (hypoventilation et rétention de CO2 conduisant au
coma) lors de l’administration excessive d’oxygène comme c’est le cas chez l’adulte BPCO.
37
Chapitre 2
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Entrée d’air
38
De nouveaux dispositifs sont maintenant disponibles sur le marché. Ils permettent de délivrer
des FiO2 élevées en utilisant un haut débit (jusque 1-2 l/kg/min) d’oxygène adéquatement
humidifié au moyen de lunettes nasales spécifiques. Ces dispositifs sont réputés délivrer
l’oxygène efficacement et avec un meilleur confort pour le patient et à un degré moindre, avec
une faible pression positive dans les voies aériennes.
Figure 2.11
Oxygène libre (au tuyau)
39
Chapitre 2
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Différentes tailles de masque sont disponibles pour la ventilation au ballon. Ils peuvent être
anatomiques ou circulaires. Le masque choisi doit assurer une bonne étanchéité, recouvrant
la bouche et le nez sans appuyer sur les yeux (figure 2.12). Les masques circulaires en
plastique mou, en silicone ou ayant un bourrelet gonflable assurent une bonne étanchéité
chez le nourrisson et le jeune enfant. Les masques anatomiques sont à utiliser chez les
enfants plus grands et les adultes. Il faut préférer les masques transparents, (permettant de
voir rapidement les sécrétions/vomissements et d’observer la coloration de l’enfant). Ces
masques doivent avoir le plus petit espace mort possible.
Figure 2.12
Etanchéité du masque facial
40
Figure 2.13
Ballons auto-gonflables
Valve de surpression
Entrée de l’oxygène
2
Valve anti-réinhalation Réservoir
2.2.2. Ballons
Les ballons auto-gonflables (figure 2.13) sont très répandus et faciles à utiliser, raisons pour
lesquelles ils sont les ballons de choix lors de la réanimation. Le principe de fonctionnement
d’un ballon auto-gonflable est simple: Lorsque le ballon est comprimé par la main du
réanimateur, l’air passe à travers une valve vers le masque (ou la sonde trachéale ou le
masque laryngé) et donc vers le patient. Lorsque la pression manuelle s’arrête, le ballon se
gonfle automatiquement du fait de son élasticité, avec l’air entrant par un autre orifice près
du réservoir. Durant cette phase (expiration) la première valve se ferme pour empêcher la
ré-inhalation du CO2 et l’air est expiré à travers une valve expiratoire située près du masque.
Ces ballons ont une admission d’oxygène indépendante et un réservoir. Sans réservoir, il est
presque impossible de délivrer une concentration en O2 > 50 à 60 %. Mais avec un réservoir
assez large, la concentration en O2 peut atteindre plus de 90 % dépendant du flux d’O2 et
de la ventilation minute délivrée.
Certains ballons incluent une valve de PEEP additionnelle (limitant le débit durant l’expiration
et augmentant donc la pression de fin d’expiration) ce qui améliore plus l’oxygénation.
Les ballons auto-gonflables existent en 3 tailles: 250, 450-500 et 1600-2000 ml. Le plus petit
est habituellement inefficace pour la réanimation même à la naissance, si des insufflations
prolongées à relativement haute pression sont nécessaires pour les premières inspirations.
Différents types de ballons sont commercialisés mais les 2 plus petites tailles sont
généralement munies d’une valve de surpression préréglée à 35-40 mm Hg, afin d’éviter à
des poumons normaux d’être lésés par des pressions excessives. Durant la réanimation des
pressions plus élevées qu’habituellement peuvent être utiles et il peut être ainsi nécessaire
d’annuler cette limitation de pression (la position des voies aériennes doit être vérifiée
avant de désactiver la valve). Cela doit être réalisé avec la plus grande prudence.
41
Chapitre 2
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Les ballons d’anesthésie ou ballons à débit continu sont parfois utilisés comme alternative aux
ballons auto-gonflables. Ils dépendent d’un débit de gaz pour se gonfler. Ces ballons donnent
une certaine perception de la compliance pulmonaire, permettent la respiration spontanée de
l’enfant et permettent d’assurer une pression expiratoire positive. L’orifice de sortie du ballon
doit être comprimé entre 2 doigts (ou une valve de pression doit être réglée) pour réguler
l’entrée et la sortie du gaz pendant que les autres doigts administrent une pression sur le ballon
pour ventiler le patient. Un débit suffisant de gaz doit passer à travers le ballon afin d’éviter la
ré-inhalation et la rétention de CO2 qui en résulte (au moins trois fois le volume minute prévu
pour le patient p. ex. plus de 30 m/kg x fréquence respiratoire).
Afin de ventiler le plus efficacement possible, il faut rechercher la meilleure position des
voies aériennes (figure 2.2). Ceci implique fréquemment de repositionner la tête et le cou
pour essayer de trouver la meilleure position et la maintenir pendant la ventilation.
• Chez le nourrisson, la position neutre est la meilleure pour ouvrir les voies aériennes
avec deux doigts qui soulèvent la mandibule, en faisant attention de ne pas comprimer
les tissus mous. Une hyperextension du cou entraîne une obstruction des VA.
42
• Chez les enfants de plus d’un an, un certain degré d’extension du cou est utile. Une
traction du menton vers le haut avec deux ou trois doigts peut également être utile.
Le placement d’un rouleau de la bonne taille peut également permettre l’extension
adéquate du cou à condition qu’il n’y a pas de lésion de la colonne cervicale.
Les deux mains sont nécessaires pour appliquer la VMB. Le masque est tenu avec une main
en utilisant la technique de pince C – E avec ouverture simultanée des voies aériennes
(figure 2.14). Le E est formé en plaçant les 3ème, 4ème et 5ème doigts sur la mandibule. Le C est
formé par le pouce et l’index sur le masque. L’autre main comprime le ballon (figure 2.15).
Figure 2.14
2
VMB: pince C – E
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Ventilation au masque et ballon chez l’enfant (le ballon est comprimé pendant l’inspiration)
Figure 2.15
Technique de VMB
43
Chapitre 2
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Figure 2.16
VMB: technique à deux personnes
Une ventilation excessive (en volume, en fréquence, ou en pression) est délétère. Dans
l’arrêt cardiorespiratoire, l’hyperventilation augmente la pression intrathoracique, diminue
la perfusion coronaire et cérébrale et compromet la survie. Elle peut aussi compromettre
le débit cardiaque, distendre l’estomac et induire des fuites et un trapping de l’air. Chez
les patients présentant des lésions cérébrales, l’hyperventilation peut compromettre le
pronostic neurologique.
Durant la RCP avec VMB, l’alternance des compressions - ventilations est de 15:2. Lorsque les
voies aériennes sont protégées par une intubation trachéale ou un dispositif supraglottique
de ventilation bien adapté (p. ex. un masque ou un tube laryngé), une ventilation continue à
la fréquence de 10 à 12 insufflations min-1 est maintenue sans interrompre les compressions
thoraciques (jusqu’à la RACS).
44
Il faut prendre soin d’assurer une inflation pulmonaire adéquate pendant les compressions
thoraciques. Bien qu’une ventilation normale soit l’objectif pendant la réanimation, il est difficile
de savoir précisément quel volume minute il faut délivrer. Un simple guide pour délivrer un
volume courant acceptable est d’obtenir un soulèvement modeste de la paroi thoracique.
Dès qu’il existe une reprise d’activité cardiaque spontanée (RACS) ou lorsque l’enfant
possède encore un rythme perfusant, il faut mettre en place une ventilation (fréquence/
volume) basée sur l’âge de l’enfant et dès que possible instaurer un monitorage de l’ETCO2
et des valeurs des gaz sanguins.
Généralement l’intubation trachéale doit être envisagée dans les situations où la ventilation
au masque et au ballon ne semble pas suffisamment efficace ou si une ventilation prolongée
est probable. Les indications les plus courantes sont:
45
Chapitre 2
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Dans la prise en charge préhospitalière, la balance risque / bénéfice de l’intubation doit être
étudiée attentivement. L’intubation trachéale en préhospitalier doit être envisagée chez
l’enfant si:
Figure 2.17
Sondes d’intubation
Sondes d’intubation avec et sans ballonnet, mandrin et mandrin dans un tube (notez que l’extrémité
distale du mandrin ne dépasse pas l’extrémité distale de la sonde)
• Le choix de la taille de la sonde (diamètre interne en millimètres) est basé sur des
règles de calcul. Les règles de réanimation (p. ex. règle de Broselow) ou d’autres
règles de calcul sont utilisées pour estimer le diamètre de la sonde en accord avec
la taille de l’enfant.
46
Tableau 2.1
Règles pour estimer la taille correcte des sondes d’intubation
• Pour estimer la longueur correcte de la sonde d’intubation qui doit être introduite au-
delà des lèvres (intubation orotrachéale) ou des narines (intubation nasotrachéale)
dans la trachée, les formules du tableau 2.2 peuvent être utilisées.
Tableau 2.2
Formules de calcul pour estimer la longueur de la sonde
47
Chapitre 2
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Tout l’équipement nécessaire doit être prêt avant l’intubation (figure 2.5):
• Médicaments pour l’induction et l’analgo-sédation ultérieure
• Ballon auto-gonflable de taille adaptée
• Oxygène
• Dispositifs oropharyngés et nasopharyngés appropriés
• Laryngoscope (à vérifier avant utilisation, laryngoscope/batteries de rechange
toujours disponibles)
• Lames adaptées (au moins deux tailles)
-- I l existe classiquement deux types de lames: courbe (Macintosh) et droite (p.ex.
Miller). Le choix de la lame se fera en fonction de préférences personnelles et
de l’expérience du réanimateur. Les deux types de lames existent en plusieurs
tailles. Le choix de la longueur sera guidé par l’âge de l’enfant ou par la
distance entre la commissure labiale et le cartilage thyroïde. En cas de doute,
il faut garder à l’esprit qu’il est habituellement possible d’intuber avec une
lame trop longue mais pas avec une lame trop courte!
• Sondes d’intubation de la bonne taille: des sondes de 0,5 mm de moins et de
0,5 mm de plus que la taille estimée doivent aussi être disponibles.
• Un mandrin maintient la forme de la sonde trachéale lors d’une intubation orale
et permet une orientation plus aisée vers la glotte. Il sera choisi selon la taille de
la sonde d’intubation, sera bien lubrifié et devra être fixé de façon à ce que son
extrémité ne dépasse pas l’extrémité distale de la sonde (pour éviter un traumatisme
de la trachée).
• Un dispositif d’aspiration et des sondes d’aspiration.
• Collants ou cravates pour sécuriser la sonde.
48
• Surveillance: capnographie, oxymétrie pulsée, ECG.
• Dispositifs de secours; dispositifs supraglottiques, vidéo-laryngoscopie...
En ISR, l’intubation est précédée d’une pré-oxygénation (FiO2 1.0) sans ventilation, 2
d’une sédation, d’une analgésie et de l’injection d’un curare pour minimiser le risque de
complications et d’échec. Chez le nourrisson et le jeune enfant, une ventilation douce au
masque et ballon est généralement nécessaire pour éviter l’hypoxie.
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La majorité des médicaments utilisés dans l’ISR ont une brève durée d’action et leur
administration doit être suivie par une administration continue pour assurer un analgo-
sédation adéquate.
L’atropine administrée par voie intraveineuse avant le premier essai d’intubation diminue
l’incidence de bradycardie réflexe. Cependant, cela peut entraver la détection de l’hypoxie.
Etant donné l’absence de preuve de bénéfice, la décision d’administrer de l’atropine reste à
la discrétion du médecin responsable.
Une combinaison relative sûre et efficace d’ISR chez l’enfant consiste à utiliser de la kétamine
(2 mg/kg) avec du midazolam (0,1 mg/kg), suivis de rocuronium 1 mg/kg. Cette combinaison
peut être utilisée indifféremment dans les situations de défaillance cardiorespiratoire ou de
49
Chapitre 2
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
trauma et a généralement des effets secondaires limités. Cependant, malgré leur bon profil
hémodynamique, en cas de choc sévère et prolongé, une hypotension peut être observée après
l’induction.
50
Si une intubation œsophagienne est suspectée, il faut vérifier la position de la sonde
directement par laryngoscopie directe ou enlever la sonde et ventiler l’enfant au masque
et au ballon. Si l’auscultation est asymétrique, et particulièrement si elle est diminuée du
côté de l’hémithorax gauche, il faut retirer avec précaution la sonde d’intubation de 0,5
cm jusqu’à obtention d’une auscultation symétrique. Si le murmure vésiculaire redevient
symétrique, cela confirme que la sonde avait été poussée dans la bronche souche droite. La
détection de l’ETCO2 est normale en cas de placement endobronchique de la sonde.
O Obstruction de la sonde
51
Chapitre 2
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
2.4.1. VIdeo-laryngoscopie
La video-laryngoscopie facilite la vision du larynx et a rapidement acquis de l’importance
spécialement dans les situations d’intubation élective. Chez les enfants, comme chez les
adultes, elle est aussi devenue un outil important dans les situations d’urgence (p. ex. lors
d’une réanimation). La mise en place d’une sonde d’intubation en utilisant un moniteur
vidéo et une lame adaptée est une technique qui diffère de la laryngoscopie directe et
Le ML classique est composé d’un tube muni d’un masque à bourrelet gonflable à l’extrémité
distale. Il est introduit dans la bouche et poussé au niveau de l’hypo-pharynx jusqu’à ce qu’une
résistance soit perçue. Le ballonnet est alors gonflé avec le volume d’air inscrit sur le dispositif,
créant une jonction étanche autour de l’entrée du larynx et laissant l’ouverture distale du tube
juste au dessus des cordes vocales. Les ML existent en différentes tailles. Il faut utiliser la taille
appropriée à l’enfant, pour que le ML n’obstrue pas les VA. Le positionnement parfait du ML
classique peut être difficile en pédiatrie, particulièrement chez le petit enfant (figure 2.18).
52
Figure 2.18
Placement d’un ML
2
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2.4.3. Cricothyroidotomie
La cricothyroidotomie à l’aiguille est la technique d’urgence de dernier recours indiquée
exclusivement en cas d’obstruction des voies aériennes supérieures et lorsque l’intubation
trachéale et les autres techniques ont échoué (p. ex. obstruction laryngé par un œdème ou
par un corps étranger, trauma facial majeur). La trachéotomie chirurgicale doit être réservée
aux chirurgiens entrainés car il s’agit d’une technique difficile comportant des risques
majeurs tels qu’hémorragie, dilacération du larynx, pneumomédiastin ou emphysème
sous-cutané. Des kits de cricothyroïdotomie spécifiques (y compris en tailles pédiatriques)
sont maintenant disponibles. Ces dispositifs facilitent clairement l’oxygénation et la
ventilation mais leur insertion requiert un entraînement.
La cricothyroidotomie (figure 2.19) doit être réalisée avec un cathéter court de gros calibre (12G
ou 14G) avec mandrin interne. Le cathéter, connecté à une seringue est utilisé pour ponctionner
la membrane cricoidienne (ou juste au dessous du cartilage cricoide chez l’enfant) avec un angle
de 45° par rapport à la tête. La trachée est située juste sous la peau. L’aspiration d’air confirme
la bonne position. L’aiguille est retirée et la canule est connectée à un robinet à 3 voies (avec
le 3ème port laissé ouvert) et à une source d’oxygène à haute pression. L’oxygène est délivré en
une seconde (inspiration) en bouchant le port ouvert avec un doigt et l’expiration est permise
pendant quatre secondes. Le débit d’oxygène doit être en litre /min égal à l’âge de l’enfant en
années (maximum de 6 l/min). Les cathéters courts avec mandrin interne sont étroits et induisent
des résistances élevées. Les volumes courants délivrés sont faibles et l’élimination du CO2 est
insignifiante. La technique permet seulement une oxygénation temporaire jusqu’à ce qu’une
ventilation efficace soit réalisée.
53
Chapitre 2
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
Figure 2.19
Cricothyroidotomie à l’aiguille
Hyoid bone
Thyroid cartilage
Crico-thyroid membrane
Cricoid cartilage
First tracheal ring
54
cardiaque la position de la sonde d’intubation doit être confirmée par une évaluation
clinique et / ou une laryngoscopie directe. De même, l’ETCO2 peut être extrêmement faible
en cas de bas débit cardiaque (particulièrement chez le jeune enfant).
Une capnographie électronique continue fournit une courbe qui montre l’ETCO2 exhalé au cours
de la phase expiratoire (figure 2.20). La forme de la courbe permet de donner des informations
sur certains aspects de la ventilation (p. ex. obstruction bronchique). De nouveaux dispositifs et
de nouvelles interfaces permettent une surveillance de l’ETCO2 chez les patients non intubés, ce
qui étend leur valeur potentielle dans la prise en charge de la ventilation.
Figure 2.20
Courbe de capnographie. La valeur du CO2 expiré est sur l’ axe des Y.
CO2
(mmHg)
40
0 Time
55
Chapitre 2
Prise en charge des voies aériennes et ventilation
56
56
Chapitre 3.
Circulation
Le choc, ou insuffisance circulatoire, est un état clinique dans lequel le flux sanguin et
l’apport de nutriments ne satisfont pas la demande métabolique. Il est défini comme une
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perfusion inadéquate des tissus. L’incapacité à délivrer de manière suffisante les substrats
métaboliques (entre autres l’oxygène et le glucose) et à éliminer les métabolites cellulaires
engendre un métabolisme anaérobie, l’accumulation d’acide lactique et des lésions
cellulaires. Le choc peut être défini comme compensé ou décompensé (voir chapitre 1).
1. Types de choc
Le choc hypovolémique est le choc le plus fréquent chez l’enfant. Il survient quand une
grande quantité de liquide est sortie de l’espace intravasculaire sans être suffisamment
compensée, p. ex. dans les situations suivantes: diarrhée avec déshydratation, vomissements
incoercibles, traumatisme avec hémorragie, brûlures > 10 % de la surface corporelle,
acidocétose diabétique, etc.
57
Chapitre 3
Circulation
Le choc dissociatif survient quand l’apport d’oxygène aux tissus par le sang (l’hémoglobine)
est insuffisant entrainant anaérobie et acidose, p. ex. en cas d’intoxication au CO, aux
cyanures ou en cas d’anémie sévère.
Une fois la voie d’abord fixée, on réalise des prélèvements sanguins (p. ex. électrolytes,
glucose, numération, coagulation et hémocultures). Ces échantillons doivent idéalement
être prélevés avant l’administration de solutés pourvu que cela ne retarde pas l’administration
d’adrénaline ou d’autres médicaments ou solutés de remplissage vasculaire. Les bolus de
soluté de remplissage peuvent être administrés à la seringue ou en perfusion en fonction
des circonstances, en notant précisément les volumes administrés. Toute administration de
médicament pendant la réanimation doit être suivie d’un bolus d’au moins 5 ml de sérum
salé (et jusqu’à 10 ml en cas d’administration dans une voie veineuse périphérique ou au
niveau d’une jambe).
58
L es bolus de solutés de remplissage ne peuvent pas être administrés
au goutte à goutte. Il faut utiliser soit une manchette de pression, soit
une seringue de 50 ml.
bien perçue sous la peau et paraît de bonne taille. Les sites les plus fréquemment utilisés
pour l’abord veineux périphérique chez l’enfant sont le dos de la main, le dos du pied ou 3
le pli du coude. Quand ces derniers ne sont pas facilement identifiables, la veine saphène
ou la veine jugulaire externe peuvent être envisagées. Utiliser les veines du scalp durant
la réanimation n’est pas recommandé en raison du risque potentiel d’extravasation et de
nécrose tissulaire.
Différents types d’aiguilles sont disponibles pour la perfusion intra-osseuse. Dans ce cours,
nous décrivons deux types de trocarts et de techniques.
• Les aiguilles avec un orifice distal et deux orifices latéraux à insérer manuellement
(figure 3.1). Elles existent en 3 tailles: 18G pour les nourrissons jusqu’à 6 mois; 16G
pour les enfants entre 6 et 18 mois; 14G pour les enfants de plus de 18 mois; il n’existe
pas d’aiguille pour les enfants plus grands ou les adultes.
59
Chapitre 3
Circulation
• Un appareil semi-automatique (figure 3.2) qui visse l’aiguille dans l’os (p. ex. EZ-IO)
avec des aiguilles 15G en trois longueurs: 15, 25 et 45 mm. Ces appareils sont un
premier choix parce qu’ils ne nécessitent que peu d’entraînement et permettent le
placement rapide et facile de l’aiguille IO. Elles sont plus faciles à sécuriser, avec peu
de risque de déplacement.
60
Il existe différents sites d’insertion intra-osseuse (figure 3.3). Le choix dépend de l’âge du
patient, de sa taille, de la capacité à prendre les repères, des spécificités de l’environnement,
des contre-indications, etc. Une IO ne doit jamais être placée dans un os qui a déjà été
ponctionné dans les 48 heures précédentes, ni dans un os fracturé. Pendant la réanimation,
il ne faut pas utiliser un os qui est en amont d’un saignement veineux majeur. Les différents
sites utilisables incluent:
Le placement adéquat de l’aiguille est confirmé si l’aiguille est stable, du sang peut être
prélevé, l’administration de solutés de remplissage n’engendre pas d’infiltration des tissus
mous et/ou l’injection des médicaments est suivie d’effet.
61
Chapitre 3
Circulation
62
Figure 3.4
Placement d’une aiguille IO
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2.2.2 Complications
Bien que les complications soient rares, elles peuvent être sérieuses. La maitrise de la
technique et le choix judicieux du site d’insertion sont impératifs.
• Extravasation: c’est une des complications les plus fréquentes de la voie IO. Elle
peut être mineure ou sévère, et avoir de sérieuses conséquences. Il importe
de rechercher un gonflement ou un changement de couleur en regard ou à
l’opposé du site d’insertion, une douleur et/ou des symptômes périphériques qui
pourraient suggérer une extravasation. En cas de doute, l’injection de liquide doit
être interrompue et le placement correct de l’aiguille doit être vérifié en aspirant
un peu de sang puis en rinçant le cathéter. Une extravasation aiguë dans une loge
musculaire peut compromettre la vascularisation du membre et engendrer un
syndrome compartimental. L’extravasation de certains médicaments peut également
être responsable de lésions tissulaires.
• Embolie: il existe un très faible risque (< 1 %) d’embolie graisseuse ou de moelle
osseuse lorsque l’IO est utilisée pour une courte période.
• Infection: le risque d’infection comme une ostéomyélite est très faible si l’aiguille
intra-osseuse est enlevée dans les 48 heures suivant son insertion.
• Fracture: le risque de fracture est réduit par une technique adéquate et la vérification
de l’absence de maladie osseuse avant l’insertion du l’aiguille. Les cartilages de
croissance doivent être soigneusement évités, même si le risque de complications à
long terme est très faible.
63
Chapitre 3
Circulation
Il faut, de plus, rechercher la cause du choc hypovolémique et la traiter. L’état de enfant doit
être réévaluer en continu selon l’algorithme ABCDE. Si des signes d’insuffisance circulatoire
compensée ou décompensée persistent, il faut envisager l’administration de nouveaux bolus
de remplissage.
L’administration de grandes quantités de NaCl 0,9 %, riche en chlore, risque d’induire une
acidose hyperchlorémique, qui peut être responsable d’une insuffisance rénale aiguë et
d’une altération de la fonction immunitaire. Des solutions dites balancées, plus équilibrées
en chlore, comme le Ringer actate, la solution de Hartmann et le Plasmalyte®, se rapprochent
davantage de la composition normale du milieu extracellulaire et sont de plus en plus souvent
recommandées. Malgré tout, l’administration de grands volumes de ces solutions peut induire
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une alcalose métabolique et une hypotonicité. En cas d’oligo-anurie, les solutions contenant
du potassium, comme le Ringer lactate et la solution de Hartmann, doivent être utilisées avec
3
précaution, en raison du risque d’hyperkaliémie.
3.2. Colloïdes
On a longtemps cru que les colloïdes restaient plus longtemps dans le compartiment
vasculaire et étaient dès lors plus efficaces que les cristalloïdes pour accroitre le volume
circulant. Des données récentes montrent que cette différence est bien moins évidente
qu’on le pensait. Les colloïdes quittent également le compartiment vasculaire, surtout
lorsque l’endothélium est endommagé (cas du choc septique), et pourraient même
réintégrer plus lentement le compartiment intravasculaire. De plus, les colloïdes, tant
d’origine humaine que synthétiques, sont plus onéreux et engendrent davantage de
réactions allergiques. Les colloïdes (semi)-synthétiques ont, quant à eux, été associés à des
effets délétères sur la fonction rénale, la coagulation et même à la mortalité. Leur emploi
doit être abandonné (en dehors d’études cliniques).
Les solutions d’albumine humaine (5 ou 4,5 %) peuvent encore avoir une place dans la
réanimation chez l’enfant. Elles sont un adjuvant acceptable en cas de choc septique, mais
restent contre-indiquées en cas de traumatisme crânien. L’albumine humaine hypertonique
(20 %) peut également être utile en cas d’hypoalbuminémie ou d’oligurie, mais ceci sort du
cadre de ce manuel.
65
Chapitre 3
Circulation
Les dérivés sanguins sont encore plus cruciaux en cas de choc hémorragique par perte
sanguine massive comme en particulier dans le trauma. En effet l’absence de correction
précoce de l’anémie, de la thrombocytopénie et des troubles de coagulation vont entretenir
l’hémorragie et causer une hypoxie tissulaire (voir aussi page 180). Tout enfant suspect de
choc hémorragique au décours d’un trauma, et qui n’a pas répondu à l’administration de
20 à 40 ml/kg de cristalloïdes, doit recevoir des dérivés sanguins dès que possible. Des
produits sanguins (y compris du plasma frais congelé) doivent être disponibles rapidement
dans les services en de telles occasions.
En général, les dérivés sanguins sont administrés en respectant le groupe sanguin. Les
concentrés de globules rouges sont compatibilisés avec le sang du patient de manière à
Comme indiqué précédemment, les voies d’accès idéales sont les voies intra-osseuses et
intraveineuses. En ce qui concerne la voie intraveineuse, la différence entre l’administration
par voie centrale ou périphérique des médicaments a probablement moins d’importance
chez l’enfant que chez l’adulte. Les deux voies d’administration permettent de délivrer
efficacement les médicaments. Dans certaines circonstances, si la circulation est adéquate,
l’administration intramusculaire ou transmuqueuse de certains médicaments peut être une
alternative. La voie intra-trachéale n’est plus recommandée, quelque soit la situation.
66
réanimation en cas de rythme non-défibrillable; elle est administrée après le 3ème choc
puis toutes les 3-5 minutes en cas de rythme défibrillable.
La dose reste inchangée, quelle que soit la durée de l’arrêt cardio-respiratoire: 10 mcg/kg
en bolus, soit 0,1 ml/kg d’une solution à 1/10 000 (1 mg dilué dans 10 ml) avec une dose
maximale de 1 mg. Les voies intraveineuses et intra-osseuses sont toutes deux efficaces
pour l’administration d’adrénaline.
Des doses plus élevées d’adrénaline ne modifient pas le pronostic neurologique ni la survie
post-ACR et ne sont donc pas recommandées. La demi-vie de l’adrénaline est courte (2
minutes); les doses sont à répéter jusqu’à ce que l’effet escompté soit atteint ou que l’on décide
d’arrêter la réanimation. Une fois la circulation spontanée rétablie, une perfusion continue
d’adrénaline ou d’un autre inotrope peut être nécessaire pour soutenir la fonction cardiaque.
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Les catécholamines, comme l’adrénaline, sont inactivées par les solutions alcalines et
ne doivent donc en aucun cas être perfusées simultanément sur la même voie que du
3
bicarbonate de sodium. Si ces deux médicaments sont nécessaires, leur administration
doit être séparée par un bolus de NaCl 0,9 % (2-10 ml). Comme l’action des catécholamines
peut également être diminuée en cas d’acidose, il est essentiel de veiller à l’oxygénation, la
ventilation et la circulation (c.-à-d. ABCDE).
L’adrénaline en perfusion continue doit être administrée via une voie veineuse périphérique
sûre ou, préférentiellement, via une voie intra-osseuse ou une voie centrale. Une extravasation
d’adrénaline peut être responsable d’une ischémie locale et de lésions tissulaires.
L’administration d’une dose élevée d’adrénaline peut également induire une vasoconstriction
excessive et compromettre la perfusion des extrémités, de l’intestin et des reins. L’adrénaline
engendre de la tachycardie et peut déclencher ou aggraver une arythmie ventriculaire.
4.2. Adénosine
L’adénosine est indiquée en cas de tachycardie supra-ventriculaire. Elle est rapidement
métabolisée par les globules rouges et sa demi-vie est de seulement 10 secondes. Elle
doit dès lors être injectée rapidement et aussi près du cœur que possible, via une voie
67
Chapitre 3
Circulation
Figure 3.5
Administration de l’adénosine
Les effets secondaires comprennent un flush, des maux de tête, une hypotension, un
bronchospasme, de l’anxiété et une sensation de mort imminente. Ils disparaissent
rapidement en raison de la courte demi-vie. L’adénosine doit être utilisée uniquement sous
monitoring cardiaque complet et continu. Elle doit être administrée avec prudence aux enfants
transplantés cardiaques, asthmatiques, ou présentant un QT long ou un bloc AV du 3ème degré.
Les enfants traité par la théophylline répondent moins bien à l’injection d’adénosine.
L’adénosine est un nucléotide endogène qui induit un bloc auriculo-ventriculaire de très courte
durée, interrompant ainsi la ré-entrée via le faisceau accessoire au niveau du nœud atrio-
ventriculaire. Ce faisceau accessoire est responsable de la majorité des tachyarythmies supra-
ventriculaires chez l’enfant.
4.3. Amiodarone
L’amiodarone est administrée en association avec l’adrénaline dans le traitement de la
fibrillation ventriculaire réfractaire (après les 3ème et 5ème chocs). Elle est également indiquée
en cas de tachycardie supra-ventriculaire et ventriculaire et d’arythmies ventriculaires aux
décours de chirurgie cardiaque.
68
En cas de fibrillation ventriculaire réfractaire à la défibrillation, l’amiodarone est administrée
à la dose de 5 mg/kg en bolus intraveineux; cette dose peut être répétée jusqu’à un
maximum de 15 mg/kg/jour.
Dans les autres arythmies cardiaques, l’amiodarone doit être injectée plus lentement (5 mg/
kg en 20-30 minutes) afin d’éviter l’hypotension. La pression artérielle systémique et l’ECG
doivent être monitorés en continu. L’hypotension est moins fréquente avec l’utilisation de la
solution aqueuse, qui doit être préférée. Les autres effets secondaires, rares mais sérieux, sont
la bradycardie et la tachycardie ventriculaire polymorphe.
L’amiodarone est un inhibiteur non compétitif des récepteurs adrénergiques dont le mécanisme
d’action est complexe. La forme orale n’est pas bien absorbée, mais la forme intraveineuse a été
utilisée avec succès dans les tachyarythmies.
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4.4. Lidocaïne 3
La lidocaïne est considérée comme étant aussi efficace que l’amiodarone en cas de
fibrillation ventriculaire réfractaire à la défibrillation. Elle est utilisée dans certains
protocoles locaux. Une dose de charge de 1 mg/kg (maximum 100 mg/dose) peut être
utilisée chez l’enfant, suivie d’une perfusion continue de 20-50 mcg/kg/minute. Une
toxicité peut survenir en cas d’insuffisance rénale ou hépatique.
4.5. Atropine
L’atropine est indiquée en cas de bradycardie par hypertonie vagale.
La dose IV/IO standard est de 20 mcg/kg, la dose maximale est de 3 mg (des doses
plus importantes peuvent être requises en cas d’intoxication par des médicaments
cholinergiques).
69
Chapitre 3
Circulation
4.7. Calcium
L’administration de calcium n’est recommandée qu’en cas d’hypocalcémie avérée,
d’hyperkaliémie, d’hypermagnésémie et en cas d’intoxication par inhibiteur des canaux
calciques. L’hypocalcémie est fréquente, elle doit être activement recherchée chez le patient
en choc septique abondamment rempli ou chez le patient traumatisé polytransfusé.
L’injection rapide de calcium peut entraîner des brady-arythmies et une asystolie chez les
patients sous digoxine. L’administration doit être réalisée en intraveineux lent (gluconate
de calcium à10 % = 0,4 ml/kg (maximum 20 ml); chlorure de calcium à 10 % = 0,2 ml/kg
(maximum 10 ml)), de préférence par voie veineuse centrale en raison du risque de brûlure
chimique en cas d’extravasation du calcium dans les tissus.
4.8. Glucose
Les nourrissons ont des besoins glucidiques importants et disposent de peu de réserve
en glycogène. Lorsque les besoins énergétiques sont plus importants, par exemple en
cas de coma, de choc et d’insuffisance respiratoire, les nourrissons peuvent rapidement
devenir hypoglycémiques. Il est donc indispensable de surveiller la glycémie de manière
étroite. Puisque l’hypoglycémie est une cause de convulsions ou de coma, tout enfant qui
présente des convulsions ou un coma doit avoir une mesure de la glycémie sanguine dès
70
que possible. Le glucose est un substrat énergétique majeur des cellules myocardiques;
l’hypoglycémie peut être responsable d’une diminution de la contractilité myocardique.
Le glucose sanguin doit être mesuré et contrôlé méticuleusement dans la prise en charge
du patient gravement malade ou traumatisé, et cela peut se faire au lit du patient. Il est
important de corriger rapidement l’hypoglycémie tout en évitant l’hyperglycémie.
L’hyperglycémie persistante peut augmenter l’osmolarité sanguine avec un risque de
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En cas d’hypoglycémie avérée, un bolus de 2-4 ml/kg de glucose 10 % est recommandé
(10 ml = 1 g de glucose).
4.9. Naloxone
La naloxone est un antagoniste rapide (2 minutes après l’injection) des opiacés avec une
durée d’action allant jusqu’à 45 minutes. Elle est indiquée en cas d’intoxication aux opiacés.
La dose initiale recommandée dépend des circonstances (plus élevée en cas d’ingestion;
plus basse en cas de surdosage en analgésique destiné à maintenir un certain degré
d’analgésie): 10-40 mcg/kg avec un maximum de 2 mg. La naloxone peut être administrée
par voie intraveineuse, intra-osseuse, intramusculaire ou trans-muqueuse. Si nécessaire,
elle peut être répétée toutes les 3 minutes. En cas de surdosage en médicaments tels que la
méthadone ou d’autres opiacés à longue durée d’action, la naloxone peut être administrée
en perfusion continue de manière à contrebalancer l’effet prolongé de l’opiacé. Le débit
de la perfusion continue peut varier entre 10 et 160 mcg/kg/heure et doit être titré jusqu’à
obtention de l’effet désiré.
Des effets secondaires importants liés à l’utilisation de naloxone sont rares (< 2 %).
Cependant, en cas d’utilisation d’un opiacé à longue durée d’action, la naloxone peut
être responsable d’un sevrage brutal et engendrer des complications sévères (œdème
pulmonaire, arythmie ventriculaire, convulsions et hypertension). Dans ce cas, la naloxone
doit être administrée beaucoup plus prudemment (titration lente de la dose).
71
Chapitre 3
Circulation
Pour augmenter la vitesse de perfusion et donc raccourcir le temps de réponse, une perfusion
de NaCl 0,9 % peut être mise en parallèle sur la voie. Des bolus ou de fréquents changements
de débit lors de l’administration de médicaments ou de solutés de remplissage sur la
même voie peuvent engendrer des variations très importantes de la pression artérielle; les
perfusions de médicaments vaso-actifs doivent donc préférentiellement couler sur une
voie dédiée.
72
Tableau 3.1
Exemples de règles de calcul; il est préférable de ne retenir et de n’utiliser qu’une des règles proposées
afin d’éviter toute confusion.
Concentration fixe
Exemple pour un nourrisson de 6 kg: Adrénaline (1 mg dans 50 ml): 2 ml/heure = 0,1 mcg/kg/min.
3
Concentration variable dans la seringue
73
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74
74
Circulation
Chapitre 3
Chapitre 4.
Réanimation Cardiopulmonaire
de Base
Dans le chapitre précédent, nous avons répété l’importance d’une reconnaissance rapide
et d’une intervention appropriée chez l’enfant qui présente des signes de défaillance
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respiratoire et/ou circulatoire. La prise en charge optimale de ces défaillances prévient l’arrêt
cardiorespiratoire. Cependant, il y aura toujours des enfants chez qui un arrêt respiratoire et/
ou circulatoire ne peut pas être prévenu. Pour ces enfants, une réanimation cardiopulmonaire
de base [BLS ou RCP de Base], l’activation rapide des services d’aide médicale urgente [AMU], et
l’accès rapide à une réanimation médicalisée efficace sont cruciaux pour réduire la mortalité et
la morbidité. (Chaine de Survie Pédiatrique).
Le BLS est indiqué chez tous les enfants qui sont aréactifs et qui ne respirent pas normalement. Il
doit être initié aussi tôt que possible et de préférence par les témoins de l’évènement. L’objectif
principal est de réaliser une oxygénation suffisante pour «protéger» le cerveau et les autres
organes vitaux. Idéalement, chaque citoyen devrait avoir les connaissances théoriques et
techniques du BLS. La séquence d’actions du BLS est appelée «Réanimation CardioPulmonaire»
(RCP). Le BLS est plus efficace lorsque le sauveteur est compétent mais une RCP qui n’est pas
optimale donne de meilleurs résultats que pas de RCP du tout.
75
Chapitre 4
Réanimation Cardiopulmonaire de Base
Pour la majorité des enfants qui souffrent d’un arrêt cardiorespiratoire, la séquence
d’évènements recommandée (figure 4.1) est basée sur deux faits majeurs:
Dans le cas où le sauveteur est seul, il est vital que la RCP de base soit débutée et poursuivie
pendant une minute avant que celui-ci ne quitte l’enfant en vue d’aller chercher plus
Bien que rare, un arrêt cardiaque primaire sur fibrillation ventriculaire ou tachycardie
ventriculaire sans pouls peut occasionnellement survenir chez l’enfant. Dans le cas où cette
situation est probable, comme dans le cas d’un arrêt cardiaque qui survient brutalement en
présence d’un témoin, le pronostic dépendra de la précocité de la défibrillation précoce. Le
sauveteur, même s’il est seul, devrait activer l’AMU avant de débuter la RCP de base et utiliser
le DEA s’il est disponible.
76
Figure 4.1
Séquence de réanimation cardiopulmonaire pédiatrique de base (BLS pédiatrique)
Inconscient?
Appel à l’aide
Absence de respiration
normale?
5 insufflations
4
15 compressions
thoraciques
2 insufflations
15 compressions
thoraciques
Appel du 112 ou
du numéro d’urgence
national (15)
après 1 minute de RCP
77
Chapitre 4
Réanimation Cardiopulmonaire de Base
La démarche appropriée est alors de stabiliser la tête de l’enfant en plaçant une main sur
son front et de le stimuler avec l’autre main en agitant doucement son bras ou en tirant un
peu ses cheveux. Simultanément, il faut l’appeler fort par son nom, en lui disant «réveille-
toi!» ou lui demander «Est-ce que ca va?». Il ne faut jamais secouer un enfant. Si l’enfant
répond en bougeant, criant ou parlant, il faut réévaluer régulièrement son état clinique et
les risques potentiels, et si nécessaire demander de l’aide.
Figure 4.2
Si l’on n’obtient aucune réponse, il faut continuer en suivant les étapes de la RCP de base
décrite ci-dessous.
78
• Quoi: Type d’urgence (p. ex. nourrisson en arrêt cardiorespiratoire, enfant présentant
des brûlures électriques, enfant victime d’un accident de la voie publique), la gravité
et l’urgence des lésions (p.ex. enfant qui nécessite une réanimation médicalisée.
• Qui: Nombre et âge des victimes
L’appelant ne doit terminer la communication avec l’opérateur de l’AMU que lorsqu’il s’est
assuré que toutes les informations ont été bien enregistrées et que l’opérateur téléphonique
ne désire pas d’autres informations. La personne retourne ensuite auprès de la victime
et confirme au sauveteur que l’aide a bien été demandée. Actuellement, l’opérateur
AMU propose souvent de rester en ligne (téléphone sur haut-parleur) et d’apporter une
assistance téléphonique à la réanimation (Phone CPR).
Quelque soit la méthode choisie pour ouvrir les voies aériennes, il est important que le
sauveteur inspecte la bouche afin de s’assurer de l’absence de corps étranger. Si un corps
étranger est visible et que le sauveteur pense pouvoir le crocheter avec un seul doigt, il peut
faire une tentative. Il ne faut jamais pratiquer d’extraction de corps étranger à l’aveugle.
Après ouverture et évaluation des voies aériennes (A), le sauveteur passe à l’étape suivante.
79
Chapitre 4
Réanimation Cardiopulmonaire de Base
1.5.2. Insufflations
Cinq insufflations initiales doivent être données tout en maintenant les voies aériennes
ouvertes. Le but de ces insufflations est de délivrer de l’oxygène aux poumons de l’enfant.
Chaque insufflation doit être réalisée lentement, approximativement pendant 1 seconde.
Ceci permet de maximaliser la délivrance d’oxygène et de minimiser la distension gastrique.
L’efficacité des insufflations n’est déterminée que par l’observation des mouvements du
thorax. Le sauveteur doit adapter la pression et le volume insufflés aux caractéristiques
de l’enfant, et s’assurer que les mouvements du thorax sont visibles à chaque insufflation
délivrée. Pendant la réalisation des insufflations, noter les nausées ou la toux qui peuvent
faire partie de l’évaluation des signes de vie qui suit.
En cas d’absence de mouvement du thorax, le sauveteur doit s’assurer que les voies
aériennes sont bien ouvertes (p. ex. repositionner la tête, ôter un corps étranger visible,
réaliser une manœuvre d’antépulsion de la mâchoire inférieure) et s’assurer de l’étanchéité
entre sa bouche et la figure de l’enfant avant l’insufflation suivante. Quoi qu’il en soit un
maximum de cinq insufflations doit être délivré. Si malgré le repositionnement des voies
aériennes et l’obtention d’une bonne étanchéité, le thorax de l’enfant ne se soulève pas, il
faut considérer la présence d’un corps étranger obstruant les voies aériennes. Le sauveteur
doit alors commencer les compressions thoraciques (voir algorithme de prise en charge de
l’obstruction des voies aériennes [CE]).
80
Figure 4.3
Nourrissons: technique du bouche-à-bouche-nez
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Figure 4.4
Enfant: technique du bouche-à-bouche 4
La RCP de base [BLS] peut être réalisée sans aucun matériel. Cependant, sachant que la
ventilation à l’air expiré ne permet qu’une oxygénation de 16-17 %, de l’oxygène doit être
administré le plus vite possible à un enfant en arrêt cardiorespiratoire. Le professionnel de
la santé entrainé doit administrer de l’oxygène au masque et ballon dès que l’équipement
nécessaire devient disponible.
81
Chapitre 4
Réanimation Cardiopulmonaire de Base
S’il existe des signes de vie, le sauveteur doit réévaluer régulièrement la respiration de
l’enfant. Si la respiration est absente ou anormale, la ventilation est poursuivie à une
fréquence de 12-20 par minutes. La respiration et la circulation de l’enfant doivent être
réévaluées fréquemment et le BLS poursuivi jusqu’à ce que l’AMU arrive pour prendre le
relais ou jusqu’à ce que l’enfant se mette à respirer spontanément. C’est seulement lorsqu’il
existe un ventilation spontanée et en l’absence de traumatisme cervical suspecté que
l’enfant est placé en position latérale de sécurité (figure 4.15).
82
La fréquence des compressions doit être de 100-120 par minute (lorsque les insufflations
sont intercalées, le nombre réel des compressions est inférieur à celui-ci). L’objectif
des compressions thoraciques est de déprimer le thorax d’un moins 1/3 de son
diamètre antéropostérieur avec une durée égale pour la compression et la relaxation.
(approximativement 4 cm chez le nourrisson, 5 cm pour l’enfant).
Quelque soit l’âge de l’enfant, le rapport Compression: Ventilation est de 15:2. Pour des
raisons de simplicité, on enseigne aux sauveteurs non professionnels d’utiliser chez l’enfant
comme chez l’adulte le rapport 30:2. Les professionnels de santé peuvent également utiliser
ce rapport lorsqu’ils sont seuls, en particulier s’ils ont des difficultés de transition entre les 4
compressions et les insufflations. Il est recommandé aux sauveteurs non professionnels
de délivrer également 5 insufflations initiales et de réaliser 1 minute de RCP avant d’aller
chercher de l’aide. Toutefois, les sauveteurs de santé non professionnels ne sachant pas ou
ne voulant pas réaliser du bouche-à-bouche doivent être encouragés à réaliser au moins
des compressions thoraciques.
83
Chapitre 4
Réanimation Cardiopulmonaire de Base
Chez tous les nourrissons et enfants, réaliser les compressions thoraciques sur la moitié
inférieure du sternum. En vue d’éviter de comprimer la partie supérieure de l’abdomen,
localiser l’appendice xiphoïde au niveau de la jonction avec les côtes inférieures et débuter
les compressions thoraciques à un travers de doigt au-dessus de ce point.
Un sauveteur se place à la tête du nourrisson pour ouvrir les voies aériennes et réaliser
les insufflations. Le second sauveteur se place sur le côté ou au pied du nourrisson et
place ses deux pouces côte à côte sur la moitié inférieure du sternum (voir ci-dessus).
Les pouces peuvent être placés l’un sur l’autre chez les tout petits nourrissons. Les
mains du sauveteur doivent encercler le thorax et fournir l’appui au dos de l’enfant.
Délivrez les compressions comme décrit ci-dessus.
84
Figure 4.7 Figure 4.8
Compressions thoraciques chez l’enfant Compressions thoraciques chez l’enfant: 2 mains
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4
Compressions thoraciques chez le petit enfant: technique à une main
Si l’aide médicale urgente a été activée, continuez la RCP de base et n’arrêtez que si c’est
indiqué.
Si le sauveteur est seul et qu’aucune aide n’a été demandée, à ce moment, l’AMU doit
être activée. Un téléphone portable peut être utilisé (si possible en mode mains libres).
Autrement, si la victime est un nourrisson ou un jeune enfant, le sauveteur peut porter
l’enfant avec précaution pour aller au téléphone appeler les secours; il reprend ensuite la
RCP. Si l’appareil pour appeler est trop éloigné, le sauveteur doit essayer de pratiquer la RCP
tout en se rapprochant d’un téléphone. Si l’enfant est trop grand pour être porté, il faut le
laisser sur place, aller activer l’AMU et revenir le plus rapidement possible pour reprendre
la RCP de base.
85
Chapitre 4
Réanimation Cardiopulmonaire de Base
Pour ces enfants, la cause la plus probable est une arythmie «maligne». Dans ce cas, la
défibrillation précoce devient la priorité absolue; un sauveteur seul appellera les secours
immédiatement (et non après 1 minute) et placera un DEA, si disponible, aussi vite que
possible. Les sauveteurs familiers avec l’algorithme adulte peuvent l’utiliser.
Certains DEA combinent une aide guidée pour la défibrillation et la réalisation optimale
des compressions thoraciques. Sur les modèles semi-automatiques (les plus fréquemment
disponibles), la délivrance du choc requiert que le sauveteur suive les instructions du DEA
et presse le bouton adéquat. Ceci permet d’assurer la sécurité de la procédure. Certains
modèles mis à la disposition des professionnels de santé permettent aussi au sauveteur
de commander l’appareil et de délivrer le choc indépendamment des ordres donnés par la
machine. Pour les professionnels de santé entrainés, ces modèles sont préférables.
86
3.1. Algorithme de la RCP de base (BLS) avec DEA
1. Assurez vous que le sauveteur, la victime et l’entourage soient en sécurité
2. Commencer la RCP de manière appropriée
• S’il y a deux ou plusieurs sauveteurs, l’un continue la RCP pendant que l’autre
va chercher de l’aide et apporte un DEA si disponible à proximité.
• Si le sauveteur est seul, il pratique d’abord 1 minute de RCP avant d’aller
appeler à l’aide et d’aller chercher le DEA (sauf en cas de collapsus brutal
devant témoin)
3. L es électrodes de défibrillation sont placés comme suit (figure 4.9); une à la
droite du sternum, sous la clavicule et l’autre sur la ligne médio-axillaire du côté
gauche du thorax. Pour augmenter l’efficacité, la seconde électrode doit être
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87
Chapitre 4
Réanimation Cardiopulmonaire de Base
Figure 4.9
Placement des électrodes du DEA
La suffocation est caractérisée par l’installation soudaine d’une détresse respiratoire associée
à une toux, des signes d’étouffement, ou un stridor. De tels signes peuvent également
être dus à d’autres causes d’obstruction des voies aériennes telles qu’une laryngite ou une
épiglottite, qui nécessitent une prise en charge différente.
88
Tableau 4.1
Signes de suffocation
Signes généraux
Episode en présence d’un témoin
Toux ou suffocation
Survenue brutale, sans autre signes de maladie
Histoire récente de repas ou de jeu avec des petits objets
Toux effective
Pleure ou répond aux questions
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Toux forte
Capable d’inspirer avant la toux
Parfaitement réactif
Toux inefficace
4
Incapable de parler
Toux peu audible ou silencieuse
Incapable de respirer
Cyanose
Diminution du niveau de conscience
Toux effective
Si l’enfant ou le nourrisson tousse de façon efficace, aucune manœuvre externe
n’est nécessaire. Encourager l’enfant à tousser, et exercer une surveillance constante.
Demander de l’aide.
Toux inefficace
Si la toux de l’enfant ou du nourrisson est ou devient inefficace, demander
immédiatement de l’aide et déterminer le niveau de conscience. (Demander à
quelqu’un) appeler le 112 (ou le numéro d’urgence local).
89
Chapitre 4
Réanimation Cardiopulmonaire de Base
Figure 4.10
Algorithme de la suffocation
Evaluer la gravité
90
• Tapes dorsales chez le nourrisson (figure 4.11)
• Le sauveteur doit placer l’enfant sur son avant-bras, en position ventrale, la tête plus
bas que le reste du corps de manière à utiliser la gravité pour favorise l’expulsion du
corps étranger. En position assise ou agenouillé, un sauveteur doit pouvoir soutenir
le nourrisson à travers ses genoux sans risque.
• La tête du nourrisson doit être maintenue en plaçant le pouce à l’angle de la mâchoire
inférieure et 1 ou 2 doigts de la même main sur l’autre angle de la mâchoire.
• Il faut faire attention de ne pas comprimer les tissus mous sous la mandibule du
nourrisson car cela aggraverait l’obstruction des voies aériennes.
• Administrez jusqu’à 5 tapes dorsales franches avec le talon d’une main, entre les
deux omoplates de l’enfant.
• Le but est de lever l’obstruction avec chaque tape plutôt que de donner les 5 tapes
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dorsales d’office.
Figure 4.11
Tapes dorsales chez le nourrisson
91
Chapitre 4
Réanimation Cardiopulmonaire de Base
Figure 4.12
Tapes dorsales chez un enfant
92
Figure 4.13
Compressions thoraciques chez un nourrisson
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Figure 4.14
Compressions abdominales chez un enfant
93
Chapitre 4
Réanimation Cardiopulmonaire de Base
94
5. Position latérale de sécurité
L’enfant inconscient qui respire spontanément doit être mis en position latérale de sécurité s’il
n’y a pas de contre-indication (p.ex. suspicion de traumatisme de la colonne cervicale).
L’objectif de cette position est d’éviter que la langue ne bascule vers l’arrière obstruant les
voies aériennes, et de réduire le risque d’inhalation de vomissements ou de sécrétions.
Il n’y a pas de position de sécurité universelle mais les principes généraux visent à garantir
que l’enfant:
• Est en position la plus latérale possible.
• A ses voies aériennes maintenues ouvertes. 4
• Peut être observé et monitoré facilement.
• Est en position stable et ne peut pas rouler (chez le petit nourrisson, il peut être utile
de placer une serviette ou une couverture roulée derrière son dos).
• Peut évacuer de sa bouche sécrétions, vomissements ou sang.
• Ne subit pas de compression thoracique l’empêchant de respirer.
• Peut être facilement mis sur le dos pour débuter la RCP si nécessaire.
Un exemple de mise en position latérale de sécurité (figure 4.14) est décrit ci-dessous:
Le sauveteur s’agenouille à côté de l’enfant et étend les bras et jambes de l’enfant. Il faut
retirer les lunettes ou tout objet coupant ou encombrant (p. ex. pince à cheveux, objets
dans les poches, etc…) et retirer également tout vêtement qui pourrait serrer le cou de
l’enfant. Ensuite, il faut évaluer la perméabilité des voies aériennes, les ouvrir si nécessaire et
les maintenir ouvertes. Il faut ensuite étendre le bras de l’enfant le plus proche du sauveteur
perpendiculairement au corps de l’enfant. Prendre le bras opposé de l’enfant et l’amener
de l’autre côté du corps en plaçant la paume de la main de l’enfant sur la joue. Le sauveteur
avec son autre main, fléchit la jambe de l’enfant (celle qui est la plus éloignée du sauveteur)
au niveau du genou. En s’aidant de ce genou plié, le sauveteur peut délicatement tourner
l’enfant vers lui. Il faut vérifier que la main placée sur la joue ne comprime pas le visage. La
tête de l’enfant peut être positionnée légèrement vers l’arrière, si nécessaire, pour assurer
la liberté des voies aériennes.
95
Chapitre 4
Réanimation Cardiopulmonaire de Base
réalisée.
Figure 4.15
Position latérale de sécurité
96
96
Chapitre 5.
Réanimation médicalisée
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La distinction entre réanimation de base (BLS) et réanimation médicalisée (ALS) est quelque
peu artificielle. Le processus de réanimation débute avec la réanimation de base et doit
être continué jusqu’à la reprise d’une activité circulatoire spontanée (RACS) suivi par des
soins «post-réanimation» adéquats (chaîne de survie pédiatrique). L’arrivée d’une équipe
spécifique médicalisée (ESM) reposant en extra hospitalier sur l’AMU (112 en Belgique et
en Europe ou 15 en France) et en intra-hospitalier sur les équipes d’urgences vitales intra-
hospitalières (équipe «arrêt cardiaque» ou EMI Equipe Médicale d’Intervention) permet
l’utilisation d’un matériel approprié et facilite ainsi le recours à des techniques plus avancées.
Tout personnel soignant exerçant dans un lieu de soins doit être capable de reconnaitre
immédiatement un arrêt cardiorespiratoire, débuter une réanimation appropriée et faire
appel à l’EMI si nécessaire.
Le personnel doit être formé et entrainé selon une politique locale: certains sont formés
uniquement à la réanimation de base sans ou avec matériel (soit masque-ballon et
défibrillateur externe automatisé), d’autres à la prise en charge des voies aériennes, de la
respiration et de la circulation par des techniques plus avancées.
Tout service hospitalier où un enfant est susceptible d’être soigné, doit être équipé de
matériel de réanimation approprié à la prise en charge d’une urgence. Ce matériel doit être
régulièrement vérifié et entretenu. En employant un matériel de réanimation identique
dans tout l’hôpital, les soignants et l’ESM y seront familiarisés quelque soit l’endroit où ils
auront à prendre en charge un enfant.
Toute structure hospitalière devrait avoir des règles concernant:
• Les critères d’appel d’urgence (p. ex. systèmes d’alerte précoce pédiatrique) et la
composition d’une équipe médicalisée dédiée (EMI) (table 5.1).
• Les critères de formation et d’évaluation des compétences en réanimation des
différentes catégories socioprofessionnelles concernées.
97
Chapitre 5
Réanimation Médicalisée
Tableau 5.1
Signes précoces d’alerte. Si un enfant hospitalisé est gravement malade, il est probable que son état se
détériore progressivement. Plusieurs signes doivent alerter le personnel soignant avant que ne survienne
la décompensation.
Majoration du tirage
Cyanose ou couleur grise de la peau
SpO2 < 90% malgré l’administration d’O2
SpO2 < 60 % ou SpO2 diminuée de 10 % en dessous du niveau de départ chez un patient
atteint de cardiopathie cyanogène
1. Défibrillateurs manuels
Les défibrillateurs manuels (figure 5.1) ont plusieurs avantages par rapport aux DEA
(défibrillateurs externes automatisés); ainsi, ces défibrillateurs manuels pouvant délivrer
l’énergie nécessaire pour les nouveau-nés doivent être disponibles dans tous les postes de
soins même si un DEA est à proximité. Ces avantages sont:
• L’identification de l’arythmie et la délivrance d’un choc plus rapidement et avec
moins de temps d’arrêt des compressions thoraciques que s’il faut attendre l’analyse
du tracé par un DEA
• La possibilité de réaliser la cardioversion synchrone et l’entraînement électrique
externe
• Le réglage du niveau d’énergie
• Le monitorage continu de l’ECG
Figure 5.1
Défibrillateurs
98
La défibrillation est le passage d’un courant électrique à travers le myocarde pour provoquer
sa dépolarisation complète et restaurer une activité électrique spontanée organisée. La dose
d’énergie doit provoquer le moins de lésions myocardiques possibles. Le courant électrique
dépend de l’énergie choisie (Joules) et de la résistance au courant (impédance thoracique). Si
l’impédance est élevée, la quantité d’énergie doit être augmentée.
99
Chapitre 5
Réanimation Médicalisée
Figure 5.2
Electrodes auto-adhésives
Figure 5.4
Palettes pour nourrissons
100
Lorsqu’on utilise des palettes manuelles (figure 5.3), il faut appliquer des plaques de gel
séparées sur la paroi thoracique pour assurer un bon contact et diminuer l’impédance
thoracique. Ces plaques de gel ont tendance à tomber du thorax pendant les compressions
thoraciques et doivent être repositionnées. De plus elles peuvent simuler un tracé
d’asystolie lorsque le gel se polarise et devient moins efficace comme agent conducteur.
Ce phénomène n’est pas observé avec les électrodes auto-adhésives. Le gel d’électrodes
peut aussi être utilisé pour la défibrillation manuelle avec les palettes. Toutefois cette
solution n’est pas recommandée: le gel peut couler sur la paroi thoracique lors des
compressions thoraciques et provoquer un arc électrique. Le gel d’échographie (qui est
un mauvais conducteur électrique), des compresses imbibées de sérum physiologique (à
la conductivité variable et pouvant générer un arc électrique entre les palettes) ou d’alcool
(risque de brûlures) ne doivent pas être utilisées.
Habituellement, une palette est placée juste sous la clavicule droite et la seconde dans le
creux axillaire gauche. Si on utilise les palettes du défibrillateur, il faut choisir les plus larges
disponibles pour avoir un contact maximal avec la paroi thoracique. Toutefois, les palettes
(ou les plaques de gel ou les électrodes auto-adhésives) ne doivent pas être en contact
l’une avec l’autre. Une pression ferme doit être exercée sur les palettes quand on délivre un
choc pour assurer un bon contact.
En général, les palettes pédiatriques (diamètre 4,5 cm environ) (figure 5.4) sont utilisées
pour les enfants jusqu’à 10 kg. En l’absence de palettes pédiatriques, on peut avoir recours
à un positionnement antéro-postérieur des palettes adultes. 5
• Oxygène – toute source d’oxygène libre (p. ex. masque à oxygène, canule nasale,
tuyau libre) doit être placée à au moins 1 mètre de l’enfant. Le ballon ou la connexion
du ventilateur connectés à une sonde d’intubation peuvent rester connectés.
• Surfaces sèches – Faire attention aux vêtements mouillés et aux surfaces humides.
Essuyer le thorax de l’enfant avant la défibrillation si nécessaire.
• Contact – S’assurer que personne n’est en contact direct ou indirect avec le patient;
ceci inclut le lit ou le brancard et les perfusions de l’enfant.
• Vérifier que les palettes / électrodes ne sont en contact ni avec du métal (p. ex. des
bijoux) ni du matériel comme des patchs transdermiques ou des plaques diathermiques.
• Faire attention au positionnement des palettes /électrodes chez les patients
porteurs d’un pacemaker ou d’un défibrillateur implantable. Elles doivent être placées
au moins à 12 cm du pace maker pour réduire le risque de brûlure myocardique. Ceci
peut nécessiter un positionnement antéropostérieur des palettes chez l’enfant.
101
Chapitre 5
Réanimation Médicalisée
Les opérateurs doivent être habitués au matériel et ils doivent donner des informations
claires pour assurer la sécurité de toute l’équipe et des témoins.
102
thoraciques, le sauveteur se déplacera vers la tête et replacera le masque tandis
que l’autre sauveteur reprendra immédiatement les compressions). Une attention
particulière doit toujours être portée à la qualité de la RCP.
Si un DEA est utilisé, le tracé n’est pas visible et l’appareil guidera les sauveteurs sur les
différentes actions à réaliser.
5
Figure 5.5
Position des électrodes du monitorage ECG
Les rythmes d’arrêt cardiorespiratoire les plus fréquents chez l’enfant sont des rythmes non
défibrillables tels que l’activité électrique sans pouls (AESP) et l’asystolie.
103
Chapitre 5
Réanimation Médicalisée
104
EUROPEAN
RESUSCITATION
Réanimation cardio-pulmonaire
COUNCIL pédiatrique avancée
Figure 5.6
Algorithme de réanimation médicalisée pédiatrique
Absence de réaction ?
Pas de respiration ou uniquement
des gasps
Evaluer le rythme
5
Retour de la circulation
1 Choc 4 J/Kg
spontanée
sous-jacentes
n Contrôle de la température
PENDANT LA RCP
n Assurer une RCP de haute qualité: rythme, profondeur, relâchement CAUSES RÉVERSIBLES
n Planifier les actions avant d’interrompre la RCP
n Hypoxie
n Donner de l’oxygène
n Hypovolémie
n Accès vasculaire (intraveineux, intra-osseux)
n Hypo-/hyperkaliémie/troubles métaboliques
n Donner de l’adrénaline toutes les 3-5 minutes
n Hypothermie
n Envisager la gestion avancée des voies aériennes et
n Thrombose
la capnographie n PneumoThorax sous Tension
n Compressions thoraciques en continu quand les voies aériennes n Tamponnade cardiaque
sont sécurisées n Toxiques
n Corriger les causes réversibles
Figure 5.7
Activité Electrique Sans Pouls: chez un patient sans signe de vie
Figure 5.8
Activité Electrique Sans Pouls: bradycardie sévère chez un patient sans signe de vie
Figure 5.10
Tachycardie Ventriculaire sans pouls chez un patient sans signe de vie
106
• Fibrillation ventriculaire: il s’agit d’une série de dépolarisations irrégulières,
désorganisées et chaotiques avec des ondes et des complexes clairement anormaux.
La systole ventriculaire n’a pas lieu et les pouls ne sont pas perçus. La FV est parfois
décrite comme à grandes mailles (figure 5.11) ou à fines mailles (figure 5.12) selon
l’amplitude des complexes. Si le rythme est à coup sûr une FV, une défibrillation doit
être faite sans retard. Une FV peut survenir en cas d’hypoxie sévère, de maladies
cardiaques, de troubles électrolytiques ou de toxicité médicamenteuse (p. ex.
digoxine).
Figure 5.11
Fibrillation Ventriculaire à grandes mailles
Figure 5.12
Fibrillation Ventriculaire à fines mailles
107
Chapitre 5
Réanimation Médicalisée
Figure 5.13
Arrêt cardiaque: rythme non défibrillable
108
ACTIONS «MEDICALISEES» QUAND UN RYTHME DEFIBRILLABLE EST IDENTIFIE:
Le déterminant essentiel de la survie de ces rythmes est la défibrillation rapide. La
défibrillation doit être pratiquée dès que le défibrillateur est disponible. La ventilation,
l’oxygénation, les compressions thoraciques et l’obtention d’un accès vasculaire doivent
être réalisés rapidement mais sans retarder la défibrillation.
109
Chapitre 5
Réanimation Médicalisée
sur des plaques de gel pour réaliser une analyse rapide du rythme (appliquer
fermement ces palettes sur le thorax de l’enfant). Les palettes sont alors
sélectionnées comme dérivation. Confirmer que le rythme est défibrillable lors
d’un court arrêt des compressions thoraciques par exemple pendant les deux
ventilations. Reprendre les compressions.
4. Sélectionner l’énergie appropriée: 4 J/kg (arrondir au niveau d’énergie le plus
proche).
5. Appliquer fermement les palettes sur des plaques de gel sur le thorax de l’enfant.
Dire «ECARTEZ-VOUS, ON CHOQUE, oxygène à un mètre» à voix haute, vérifier
que la personne réalisant les compressions thoraciques ne touche pas l’enfant et
que les sources d’oxygène à débit élevé ont été écartées. Cette action dans son
entièreté devrait prendre moins de 5 secondes.
110
Figure 5.14
Actions si un rythme défibrillable est détecté
Ventiler/ Oxygéner
Abord vasculaire IO / IV Amiodarone Amiodarone
Médicaments 5 mg/kg 5 mg/kg
Intubation
111
Chapitre 5
Réanimation Médicalisée
L’arrêt cardiaque péri-opératoire peut être causé par l’affection sous-jacente traitée, la chirurgie,
les médicaments anesthésiques, le remplissage, des complications de comorbidités ou des
effets indésirables. Les causes réversibles doivent être recherchées précocement (en utilisant
l’échographie, les gaz du sang…). La suspicion d’une tamponnade cardiaque ou d’une extrême
hypovolémie peut imposer une re-sternotomie urgente (ou une autre révision chirurgicale).
Spécifiquement, en post-opératoire de chirurgie cardiaque, une FV/TVs/p devrait être traitée
par jusqu’à trois défibrillations successives. Rechercher brièvement une RACS après chaque
choc. L’échec après trois chocs impose en urgence la reprise chirurgicale par sternotomie. Les
compressions thoraciques sont alors réalisées et la RCP exécutée pendant 2 minutes avant de
tenter une nouvelle défibrillation (jusqu’à 3 chocs successifs). En cas d’asystolie, secondaire à
un défaut d’entraînement, les électrodes temporaires peuvent être reliées au pace maker externe
(DDD 100/min et amplitude maximale)
Cette stratégie de “trois chocs successifs” en cas d’ACR avec rythme défibrillable peut aussi être
4H Hypovolémie 4T Toxiques/Médicaments
Hyper-/hypokaliémie - désordres
Tamponade (cardiaque)
métaboliques
Hypothermie Thrombose
112
2.6. Voies aériennes et ventilation durant la RCP
L’hypoxie est l’une des causes les plus fréquentes d’ACR chez l’enfant. Une ventilation
efficace avec une oxygénothérapie à la plus forte concentration possible (FIO2 100%)
doit être utilisée afin de réduire le risque de persistance ou de survenue d’une hypoxie
pendant la réanimation. La grande majorité des enfants peuvent être ventilés par VMB
de façon adéquate au stade initial de la réanimation. Il est préférable de continuer cette
prise en charge jusqu’à l’arrivée d’un aide expérimenté. Toutefois, réalisée par quelqu’un
d’expérimenté, l’intubation trachéale permet de sécuriser au mieux les voies aériennes et
est essentielle pour la prise en charge post-réanimation de l’ACR. De plus, après intubation
et vérification de la position correcte de la sonde, de préférence par capnographie, les
CT peuvent être effectuées de façon continue sans interruption pour la ventilation.
Un monitorage par ETCO2 peut être utile pour identifier une RACS et peut donner une
indication sur la qualité des CT durant la réanimation.
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Une fois l’enfant intubé, les insufflations doivent être données, lentement (rythme de 10/
min) avec une bonne ampliation, sans interrompre les compressions thoraciques. Si l’enfant
retrouve un rythme perfusant, il faut le ventiler à une fréquence normale pour son âge afin
d’obtenir autant que possible une PaCO2 normale.
5
3. Travail en équipe
Réanimer un enfant est stressant et le temps est parfois très compté. Traditionnellement,
l’enseignement s’est concentré sur les connaissances théoriques et techniques nécessaires
pour des soins optimaux, occultant le rôle important des équipes, d’une communication
efficace, et de la direction d’équipe. La prise de décisions critique dans un environnement
complexe dépend largement de compétences non techniques incluant la direction d’équipe
(leadership), l’analyse de la situation, l’adhésion des membres de l’équipe, la répartition des
tâches, et avant tout la communication entre les membres de l’équipe.
Des compétences non techniques insuffisantes sont l’une des causes les plus fréquentes
de survenue d’évènements indésirables. Promouvoir ces compétences non techniques
est impératif, comme cela est fait en anesthésie (ANTS Anaesthetists’ Non-Technical Skills
System), ce qui inclut:
• L’appréciation de la situation
• La prise de décision en temps utile
• Le travail en équipe incluant la gestion de l’équipe
• La gestion des tâches.
113
Chapitre 5
Réanimation Médicalisée
Figure 5.15
Performance de l’équipe
114
3.2. Prise de décision
Ceci est le fait de choisir une ligne de conduite spécifique parmi plusieurs alternatives
possibles. Lors de la survenue d’un arrêt cardiorespiratoire, la prise de décision incombe
habituellement au clinicien le plus expérimenté présent, qui peut être aussi bien un
médecin sénior, un médecin junior, un interne qu’une infirmière du service. Cette personne
devra alors endosser le rôle de chef d’équipe avant que l’équipe de réanimation n’arrive.
Le chef d’équipe regroupe les informations des personnes présentes et celles provenant
de ses propres observations afin de définir les interventions appropriées. Les décisions
doivent typiquement inclure:
• La confirmation de l’arrêt cardiorespiratoire
• L’appel de l’EMI
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• Le début de la RCP
• Le placement du défibrillateur et la délivrance d’un choc
Lorsqu’une décision est prise, la communication doit être claire et sans ambiguïté afin
d’assurer sa mise en œuvre. Par exemple, si un infirmier trouve un patient en ACR il
demandera à son collègue d’appeler l’équipe de réanimation en ces termes “Pierre, cet
enfant est en arrêt cardiorespiratoire, peux-tu s’il-te-plait composer le XXXX, appeler
l’équipe de réanimation, et revenir quand tu l’as fait.”
115
Chapitre 5
Réanimation Médicalisée
Lors d’un arrêt cardiorespiratoire, le rôle du chef d’équipe n’est pas toujours d’emblée
évident. Ce dernier devrait se déclarer comme tel à l’équipe tôt dans le processus.
Spécifiquement, le chef d’équipe doit:
• Attribuer les rôles et tâches de chacun selon leurs compétences et être précis.
• Suivre les recommandations actuelles concernant la réanimation ou expliquer le
raisonnement pour toute déviation des protocoles standards.
Un médecin susceptible de diriger une équipe doit actualiser ses connaissances dans les
domaines suivants:
• Personnel dans le shift
• Recommandations actuelles
• Accessibilité aux sources d’informations pendant la garde
• Familiarisation avec l’équipement local (p. ex. défibrillateur, cathéter intra-osseux…)
• Envisager de répéter des scénarios seul ou avec des collègues. Il a été démontré que
la répétition par le clinicien d’exercices comme “Que fait-on si tel ou tel patient se
présente ?” en détaillant la prise en charge du patient permet de réduire son stress
et d’améliorer ses performances.
• Etudier ses propres stratégies pour réduire son stress et comment le gérer si la
situation s’aggrave.
116
3.3.2. Membres de l’équipe
L’équipe de réanimation peut prendre la forme d’une équipe “arrêt cardiaque” traditionnelle
qui n’est appelée que quand l’arrêt cardiorespiratoire est diagnostiqué. Certains hôpitaux
ont des stratégies différentes comme celles d’identifier les enfants gravement maladies
à risque d’arrêt cardiorespiratoire (p. ex. Paediatric Early Warning Score), et d’alerter une
équipe (p. ex. l’EMI) avant que l’arrêt cardiorespiratoire ne survienne. Le terme «Equipe
de Réanimation» recouvre différentes variétés d’équipes d’intervention. Comme l’équipe
peut changer chaque jour ou plus en fonction du roulement de personnel, les membres
de l’équipe ne se connaissent pas forcément et leurs compétences peuvent être variables.
L’équipe devrait se réunir lors de la prise de poste pour:
• Se présenter les uns aux autres, la communication est plus facile et plus efficace si les
personnes se connaissent par leur nom
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Finalement, les membres de l’équipe doivent pouvoir se rencontrer à la fin de leur garde
pour échanger, p. ex. pour discuter de ce qui s’est bien déroulé et de ce qui pourrait être
amélioré. Il est aussi possible de faire un compte rendu formel à transmettre à l’équipe
5
suivante.
Le travail en équipe fait partie d’une des compétences non techniques les plus importantes
qui contribuent à une prise en charge réussie des situations critiques. Une équipe est un
groupe d’individus travaillant ensemble dans un objectif commun. Dans une équipe, les
membres ont habituellement des compétences complémentaires et c’est par la coordination
de leurs efforts qu’ils travaillent en synergie. Les équipes travaillent mieux quand tout le
monde se connaît, quand leurs actions sont perçues comme importantes et appartiennent
à leur propre champ de compétences et d’expérience. Le fonctionnement optimal d’une
équipe nécessite un chef d’équipe. Plusieurs caractéristiques définissent un bon membre
d’une équipe de réanimation:
• Compétence - a les compétences requises et les utilise au maximum de leur capacité
• Engagement - chercher à obtenir l’évolution la plus favorable pour le patient
• Communication - communique de façon ouverte, partageant les données
recueillies et les actions faites, prêt à soulever les problèmes cliniques ou de sécurité
mais aussi à écouter les remarques et recommandations formulées par le chef
d’équipe
• Soutenant et aidant - permettre aux autres de donner le meilleur d’eux-mêmes
• Responsable - de ses propres actions et de celles de l’équipe et prêt à admettre
qu’appeler à l’aide est nécessaire
• Créatif - suggérer différentes façons d’interpréter la situation
• Participatif - en fournissant des retours d’information (feedback).
117
Chapitre 5
Réanimation Médicalisée
Une fois qu’une décision a été prise, une communication claire et sans équivoque avec les
membres de l’équipe est essentielle afin de s’assurer de sa mise en œuvre.
Pendant la réanimation, de nombreuses tâches sont à effectuer successivement ou
118
3.5. Réalisation de la RCP en équipe
Préparation / Anticipation
Le chef d’équipe doit connaître le nom des membres de l’équipe et leurs compétences, ce qui
permet de former l’équipe initiale. Une bonne communication entre les membres de l’équipe
permet une répartition appropriée des tâches et identifie si l’aide d’un senior est nécessaire.
S’il y a un nombre suffisant de personnes dans l’équipe, une personne peut être déléguée
à la gestion des voies aériennes, une autre à la ventilation et une autre à la circulation. Le
chef d’équipe peut expliquer à chacun qu’il demandera en retour dans quel état sont les
voies aériennes, la respiration et la circulation, afin de s’assurer que le traitement est réalisé
dans cet ordre en cas de problème. Le chef d’équipe doit expliquer qu’il demandera une
réévaluation de l’ABCDE afin d’apprécier l’effet des interventions réalisées.
A condition que l’âge et le poids de l’enfant soient connus et qu’on en ait le temps, une
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préparation écrite des besoins probables est effectuée. Fréquemment, une préalerte
pour un enfant arrivant en ambulance permet d’estimer le matériel, le remplissage et les
posologies des traitements avant son arrivée. De plus, l’anticipation des problèmes (“que
faire si tel ou tel problème survient ?”) permet aussi d’améliorer la performance de l’équipe.
Réanimation
Durant la phase réanimation, des demandes claires formulées directement à chacun
maintiennent chaque membre concentré sur sa tâche. Le chef d’équipe doit utiliser les
techniques de “boucles fermées” pour s’assurer qu’une tâche a bien été exécutée (p. ex.
«Avez-vous fait les prélèvements avec gaz du sang et compatibilité pour 4 concentrés 5
globulaires. Oui. Parfait, merci.»).
Il peut être utile de demander les problèmes rencontrés, à tour de rôle à celui qui s’occupe
des voies aériennes, puis à celui qui s’occupe de la ventilation et enfin à celui qui s’occupe
de la circulation, et de les résoudre au fur et à mesure de leur identification.
Soins Post-Réanimation
La réanimation ne s’arrête pas avec la RACS. La transmission du patient à un collègue, dans
un autre service ou dans un autre hôpital nécessite une bonne communication et des outils
de communication peuvent alors fournir un cadre pour le partage des informations.
119
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120
120
Réanimation Médicalisée
Chapitre 5
Chapitre 6.
Ethique
L’éthique est l’étude des actions de l’être humain sous leur aspect moral. L’éthique médicale
est l’étude de l’application des principes moraux qui guident le comportement des
soignants. Les principes éthiques ne sont pas immuables; ils changent avec le temps et
varient en fonction des caractéristiques sociales et culturelles des groupes humains.
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Dans le passé, l’éthique de la pratique médicale fut guidée par le principe d’Hippocrate:
«fais le bien et évite de faire le mal» sans aucune place pour l’opinion du patient. Plus
récemment, le rôle central du patient (ou des parents ou des tuteurs dans le cas d’un
enfant) dans le processus décisionnel a été reconnu. Selon Beauchamps et Childress (1977)
afin d’identifier et analyser les problèmes éthiques, 4 grands principes éthiques peuvent
nous aider: Justice, Non-malfaisance, Autonomie et Bienfaisance. Dignité et honnêteté
sont souvent ajoutée comme étant des éléments essentiels.
Justice
Tous les patients doivent être traités de manière égale. C’est notre obligation d’offrir
et de donner des soins de même qualité à tous, sans discrimination de race, de
sexe, de religion ou de conditions socioéconomiques. Il faut garantir l’égalité des
opportunités et une distribution rationnelle des ressources. De plus, la pratique
médicale doit se conformer à la loi civile et pénale.
Non-malfaisance
Les actions des soignants ne doivent pas nuire au malade (actuellement et dans le
futur). Les traitements qui comportent des effets délétères pour le patient doivent
121
Chapitre 6
Ethique
être évités. La balance entre les risques et les bénéfices du traitement doit être évaluée
soigneusement. Seuls les traitements qui ont démontré leur efficacité devraient
être utilisés et la réanimation ne devrait pas être tentée dans les cas manifestement
déraisonnables («futiles»). La futilité est cependant difficile à définir précisément, de
façon prospective et applicable dans la majorité des cas.
Autonomie
Ce principe est celui du droit du patient à accepter ou refuser son traitement: la
personne qui doit prendre la décision finale sur les procédures et les traitements est le
patient compétent et correctement informé. Ce principe exige que l’équipe soignante
encourage la participation active du patient dans son traitement et dans les processus
décisionnels.
En pédiatrie, avant de prendre une décision, il est fondamental de s’assurer que les
Bienfaisance
Toutes les actions médicales doivent être guidées par l’objectif d’un bénéfice pour le
patient. Ce principe exige que toutes les procédures diagnostiques et thérapeutiques
disponibles et potentiellement bénéfiques, lui soient offertes. Des recommandations
cliniques basées sur les évidences de science existent pour assister les prises de
décision. Les patients sont de plus en plus impliqués en tant que partenaires actifs
dans le processus du développement des recommandations, assurant ainsi que la
vision et les perspectives du patients soient inclus dans recommandations fournies.
122
Les politiques concernant la réanimation et les décisions individuelles des professionnels
de la santé doivent prendre en compte les droits de l’homme, en y incluant le droit de vivre,
d’être protégé des traitements inhumains ou dégradants, de respecter la vie privée et la
vie de famille, la liberté d’expression y compris le droit d’avoir ses propres opinions et de
recevoir l’information et de ne pas subir de pratique discriminatoire en regard de ces droits.
La décision de ne pas tenter une réanimation ne requiert pas le consentement des patients
ou de leur proches, qui ont souvent un espoir irréaliste du succès probable et des bénéfices
potentiels de la réanimation. Débuter une réanimation futile peut offrir un espoir irréaliste
au patient à à sa famille, qui peut miner la capacité du patient à assumer son autonomie et
avoir un jugement rationnel. Les preneurs de décision ont le devoir de consulter le patients
ou ses représentants si le patient n’est pas capable de prendre des décisions, en accord
avec «une politique claire et accessible». L’équipe médicale doit expliquer que la décision
de ne pas tenter une réanimation ne signifie pas l’abandon des soins ou que le patient va
être ignoré ou abandonné, mais au contraire cela le protège de la nuisance et améliore son
confort et sa qualité de vie.
Les directives avancées sont des décisions concernant les traitements à mettre en œuvre
pour une personne au cas ou il devient incapable de participer directement au processus
décisionnel à un moment donné. Pour les enfants également, les ordres «DNAR» (Do not
attempt resuscitation = ne pas tenter de réanimation) ou «AND» (Allow Naturel Death = 6
permettre une mort naturelle) peuvent être établis dans certaines situations spécifiques. Si
ces ordres existent, ils doivent être accessibles facilement dans le dossier du patient pour
permettre l’information des professionnels en charge.
123
Chapitre 6
Ethique
De même, certains auteurs ont argumenté en faveur d’un «code lent» permettant
d’effectuer une réanimation symbolique sans urgence et en omettant les manœuvres les
Un “code personnalisé” pourrait être une alternative valable lorsqu‘une RCP de qualité
est entreprise mais avec des limites clairement définies. Les familles sont alors informées en
toute transparence de ce qui sera fait et de ce qui ne sera pas fait.
124
3.1. Arrêt cardiaque intra-hospitalier
Lors d’un arrêt cardiaque intra-hospitalier, par défaut il faut débuter la réanimation sauf
si une décision de ne pas entreprendre de nouveau traitement a été prise. Ce genre de
décision est généralement prise par un médecin sénior en collaboration avec les membres
d’une équipe multidisciplinaire. Les décisions concernant la réanimation doivent être revue
après une admission urgente à l’hôpital, après n’importe quelle modification importante
du statut/pronostic du patient, s’il y a une demande du patient ou de ses proches et avant
la sortie ou le transfert vers une autre unité. A certaines occasions, le clinicien peut décider
d’outrepasser une décision antérieure de ne pas entreprendre une réanimation. Ces
circonstances incluent un arrêt cardiaque du à une cause réversible (p. ex. suffocation; tube
trachéal obstrué) ou lors d’une procédure ou d’une anesthésie.
La décision de commencer ou d’arrêter une RCP est encore plus compliquée en extra-
hospitalier et donc la RCP sera débutée par défaut aussi vite que possible, les problèmes
potentiels étant évalués plus tard. Les exceptions sont les circonstances où le décès peut être
clairement établi [destruction massive du crâne et du cerveau, décapitation, décomposition
ou putréfaction, incinération, lividités dans les zones dépendantes (hypostase) avec rigidité
cadavérique, macération fœtale]. Dans ces cas, un non-médecin peut établir un diagnostic de
mort (même si le certificat de décès reste l’apanage d’un médecin dans la plupart des pays).
Une RCP sans aucune chance de succès en terme de survie ou de qualité de vie est inutile
et peut être en violation du droit à la miséricorde et à la dignité face à la mort. Il est difficile
de définir cette «absence de chance de succès» et contrairement à d’autres interventions
médicales, un taux de succès inférieur à 1% est considérée par certains comme justifiant des
efforts de réanimation. Des recommandations institutionnelles d’arrêt d’une réanimation 6
dans un environnement pré-hospitalier qui soient basées sur les évidences sont nécessaires
pour réduire des variations indésirables dans la prise de décisions.
125
Chapitre 6
Ethique
• Il y a d’autres évidences fortes que la RCP va à l’encontre des valeurs et des préférences
du patient ou est considérée comme «futile».
• U
ne asystolie est présente malgré une réanimation avancée menée pendant > 20 minutes
en l’absence de cause réversible
Le transport vers l’hôpital avec RCP en cours peut être considérée lorsque:
En l’absence de tout critère d’interruption de la RCP, l’une ou l’autre des conditions suivantes
Cette décision doit être prise tôt dans la procédure (p. ex. 10 minutes de réanimation
avancée sans RACS en considérant certaines circonstances comme la distance, le délai
sans RCP, la qualité de la RCP eu égard aux caractéristiques du patient (et de son espoir
de qualité de vie). Le transport aura lieu uniquement vers un hôpital capable de fournir
une réanimation pédiatrique avancée de grande qualité et des soins post-réanimation.
126
Plusieurs études ont montré que le pronostic des organes transplantés provenant de patients
ayant subi une RCP et qui sont en mort cérébrale n’est pas différent de celui des organes
transplantés provenant de patients déclarés en mort cérébrale pour d’autres causes. Les
procédures doivent empêcher toute interférence de l’équipe de transplantation dans la la
prise de décision de l’équipe de réanimation. Les contrindications au don d’organe doivent
être établies dans le protocole écrit «Don d’organes» (p. ex. certains cancers, maladies
métaboliques…). Le don ne doit pas altérer le processus de deuil de la famille de l’enfant.
Les études sur le sujet montrent que les parents souhaitent être présents pendant la
réanimation, choisiraient à nouveau d’être présents, recommanderaient à d’autres parents
d’être présents et ne changeraient rien par rapport leur vécu de présence pendant la
réanimation. Les familles qui étaient présentes à la mort de l’enfant ont des processus de
résilience et de deuil facilités que ceux qui n’étaient pas présents qui rapportent plus de
stress. De plus, leur présence leur offre l’opportunité de dire au-revoir à leur enfant en cas
d’échec de la réanimation. Malgré les réticences des soignants, la présence parentale lors
de la réanimation peut les aider dans leur comportement professionnel, en les aidant à
regarder l’enfant en tant qu’être humain et membre d’une famille.
Si la présence des parents empêche la réanimation, ils doivent être conduits hors de la
pièce avec sensibilité. Lorsque c’est approprié, le contact physique avec l’enfant doit être 6
favorisé. Lorsque c’est possible, il faut permettre aux parents d’accompagner leur enfant
mourant dans ses derniers instants.
’est le chef d’équipe, et non les parents, qui décide quand arrêter la
C
réanimation. Il doit l’annoncer aux parents avec tact et empathie.
127
Chapitre 6
Ethique
• Annoncer clairement que l’enfant est mort (utiliser spécifiquement le mot «mort»).
L’information doit être donnée avec empathie et compassion. Les circonstances du
décès doivent être expliquées clairement en nommant l’enfant par son prénom.
Eviter les introductions avec des phrases creuses (il a été admis pour….. et nous
avons tout tenter …mais nous avons échoué et…) qui retardent la seule chose que
les parents désirent entendre («vivant» ou «mort»)
• Etablir avec certitude qui sont les membres de la famille ainsi que leur relation avec
l’enfant
• Demander si une assistance religieuse est nécessaire
• Encourager les parents à voir leur enfant et rester près de lui. Les parents doivent
être encouragés à toucher leur enfant et à le prendre dans les bras
• Dans certaines circonstances telles une mort inexpliquée ou accidentelle, prévenir
Il est important que tous les membres de l’équipe soignante impliqués dans le décès d’un
enfant puissent avoir accès à une séance de débriefing de manière à pouvoir exprimer les
inquiétudes, émotions et sentiments ressentis lors de la prise en charge de l’enfant. Chaque
membre d’une équipe soignante doit recevoir une aide appropriée.
6. Formation et recherche
C’est une responsabilité individuelle de chaque professionnel de la santé de maintenir
ses connaissances et capacités techniques en matière de réanimation. Ses connaissances
concernant les politiques nationales, légales et organisationnelles dans son pays doivent
être actualisées. Les professionnels de la santé doivent recevoir une formation sur les bases
éthiques et légales des décisions de ne pas entreprendre une réanimation (DNAR) ainsi
que sur la bonne communication avec les enfants, les parents et les autres membres des
128
familles. La qualité de la vie, les soins palliatifs, les décisions de fin de vie doivent faire partie
intégrante de la pratique médicale et infirmière.
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130
Chapitre 6
Ethique
Chapitre 7.
Stabilisation post-réanimation,
transmission et transport
L’arrêt cardiaque représente l’état de choc le plus sévère, durant lequel la délivrance
d’oxygène et de substrats métaboliques aux tissus est brutalement arrêtée. La réanimation
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La prise en charge inclut non seulement le traitement de la pathologie initiale à l’origine de l’ACR
mais aussi des complications résultant de l’ACR. Le syndrome post-ACR est une combinaison
complexe de processus physiopathologiques incluant en plus du processus pathologique
non résolu de la cause initiale de l’ACR: des lésions cérébrales post-ACR, une dysfonction
myocardique et une réponse systémique à l’ischémie-reperfusion. L’importance de la
réponse systémique à l’ischémie-reperfusion est proportionnelle à la durée de l’insulte et peut,
si elle est sévère, provoquer une activation généralisée des cascades immunologiques et de
la coagulation, ce qui augmente le risque de défaillance multiviscérale et d’infection. Cette
condition a de nombreux points communs avec le sepsis. Les manifestations cliniques de la
réponse systémique à l’ischémie-reperfusion incluent une déplétion du volume intravasculaire,
une altération de la vasorégulation, une altération de la délivrance d’oxygène et une
susceptibilité accrue aux infections.
1. Stabilisation post-RACS
Comme la stabilisation post-RACS peut inclure la totalité du spectre des techniques
de réanimation et de soins intensifs, ce chapitre se concentre sur les traitement requis
immédiatement après la réanimation et les interventions nécessaire pour assurer un
transfert sûr en unité de réanimation pédiatrique (URP). L’approche ABCDE peut aussi être
utilisée dans la phase post-réanimation parce qu’elle permet de se focaliser sur les priorités
de la prise en charge tout en évaluant l’enfant en permanence.
131
Chapitre 7
Stabilisation post-réanimation, transmission et transport
La position de la sonde trachéale doit être confirmée sur une radio de thorax. Si la sonde
trachéale est trop basse, elle peut provoquer un collapsus lobaire et altérer la ventilation. Si
la sonde est trop haute, elle peut se déplacer accidentellement dans l’œsophage. A la fois la
VMB et la ventilation continue en pression positive peuvent être à l’origine d’une distension
gastrique qui peut rendre la ventilation plus difficile. Une sonde gastrique doit être placée
pour vider l’estomac et réduire le risque d’inhalation et de vomissements. La position de la
sonde gastrique est aussi confirmée par une radio de thorax. La sonde sera généralement
placée en position nasogastrique, toutefois chez l’enfant traumatisé avec une fracture de
la base du crâne, la sonde doit être orogastrique. Les enfants qui sont ventilés de façon
prolongée ont besoin d’une sédation et d’une analgésie. Après l’intubation, les raisons les
plus fréquentes de défaillance de l’oxygénation et de la ventilation peuvent être mémorisée
par l’acronyme DOPEE (voir page 51).
132
Tableau 7.1
Conditions de départ de la ventilation mécanique «de secours» (ventilation en volume ou pression
contrôlée) pour les enfants après RACS. A ajuster en fonction de l’oxygénation (qui dépend de la FiO2 et
de la PEEP) et de la ventilation (qui dépend de la fréquence respiratoire et du volume courant). Le
réglage et l’utilisation d’un respirateur demandent une expérience spécifique.
• V
entilation en pression: Pression inspiratoire de crête = 20-25 cm H2O (pour produire un
volume courant suffisant)
• F réquence respiratoire (en fonction de l’âge): 1-6 mois [30-40 cpm]; 6 mois-2 ans [25-30
cpm]; 2-5 ans [20-25 cpm]; 5-10 ans [15-20 cpm]; >10 ans [15 cpm]
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• I/E ratio: ½
• PEEP: 5 cm H2O
• FiO2: débuter à 1 puis diminuer dès que possible à < 0,6.
• Alarme de Pression: 35-40 mm Hg
Après RACS, un enfant intubé ne doit être extubé qu’après admission en URP et après
une évaluation approfondie des lésions hypoxiques aux organes vitaux et au cerveau.
Une période de stabilité et de mesures neuroprotectrices peuvent être nécessaires avant
de tenter l’extubation. L’extubation avant le transfert est déconseillée même si l’enfant
manifeste des signes d’efforts respiratoires car l’enfant peut se dégrader rapidement. Il vaut
mieux fournir une sédation et une analgésie appropriées pour permettre une ventilation
prolongée. L’enfant peut être ventilé manuellement avec un ballon attaché sur la sonde
trachéale (ceci peut être effectué avec un monitoring de ETCO2) ou bien de manière
mécanique en utilisant un respirateur.
7
1.2. Circulation
Une fois les pouls centraux rétablis, la circulation est évaluée soigneusement et les
paramètres maintenus dans les limites de la normale pour l’âge. Le monitorage continu de
l’ECG est très important en raison du risque d’arythmies post-réanimation. La mesure de
la pression artérielle systémique (de préférence la PA moyenne) est une mesure indirecte
de la perfusion organique et peut être mesurée en discontinu toutes les quelques minutes
par un manomètre de pression non invasif ou en continu si un cathéter artériel est mis en
place. Après administration d’expanseurs, la palpation du débord hépatique, l’auscultation
de râles au niveau pulmonaire peuvent être une indication de l’état de remplissage et/ou
de la fonction cardiaque. La pression veineuse centrale donne une information indirecte
du volume circulant et de la fonction du ventricule droit, mais son enregistrement n’est
pas une priorité durant la phase initiale de réanimation. La saturation veineuse centrale en
oxygène et l’échocardiographie peuvent aider au traitement des dysfonctions circulatoires
133
Chapitre 7
Stabilisation post-réanimation, transmission et transport
Les lésions post-ACR du cerveau sont une cause fréquente de morbidité et de mortalité.
L’organe le plus vulnérable à l’hypoxie et l’ischémie est le cerveau. Le cerveau a une seule et
même réponse à la reperfusion. Une souffrance cérébrale peut résulter d’un traumatisme
direct, d’une infection, d’une hyper- ou d’une hypoglycémie, d’une hypocapnie, de
convulsions ou d’une hypertension intracrânienne [HTIC]. Il existe de nombreux mécanismes
de lésions cérébrales déclenchés par l’ACR et la réanimation. La plupart de ces cascades
sont activés dans les heures ou les jours qui suivent le RACS. Cette durée relativement
prolongée des cascades lésionnelles suggère l’existence d’une large fenêtre thérapeutique
pour appliquer des stratégies neuroprotectrices après l’ACR.
• Les soins neuroprotecteurs post-ROSC ont pour objectifs de prévenir les lésions
cérébrales secondaires en prévenant l’hypo- et l’hypertension, l’hyperthermie, en
maintenant une ventilation et l’oxygénation normales, en évitant les glycémies
anormales, l’hypo et l’hypercapnie et les convulsions (voir p 185). Ces mesures
doivent débuter dans les minutes qui suivent la RACS.
134
• La perfusion cérébrale: il est crucial de prévenir l’hypotension pour prévenir la
réduction du flux sanguin cérébral et l’apparition de nouvelles lésions cérébrales.
Chaque épisode d’hypotension aura un impact sur le pronostic. La PA (moyenne) de
l’enfant doit toujours être maintenue à la limite supérieure de la normale.
Une période de débit cérébral instable peut immédiatement suivre la RACS et les résistances
vasculaires cérébrales peuvent rester élevées pendant au moins 24 heures chez les survivants en
coma. Le débit sanguin cérébral dépend de la pression de perfusion cérébrale [PPC] déterminée
par la différence entre la pression artérielle moyenne et la pression intracrânienne [PIC] (PPC
= PAM-PIC). La PIC augmente en présence d’un œdème cérébral, souvent présent à un certain
degré en période post-réanimation. Aucune étude prospective n’a examiné l’impact du
monitoring et du traitement de la PIC chez les patients post-ACR.
135
Chapitre 7
Stabilisation post-réanimation, transmission et transport
peut aggraver les dégâts cérébraux. On traitera donc agressivement la fièvre avec
des antipyrétiques et un refroidissement actif. L’enfant réanimé avec succès, qui
est hypothermique et en RACS, ne doit pas être activement réchauffé sauf si sa
température centrale est inférieure à 32°C.
1.4. Exposition
L’enfant doit être brièvement déshabillé et examiné complètement pour détecter toute
lésion comme un rash ou une blessure qui peut aider au diagnostic ou guider une prise
en charge spécifique (p. ex. un rash purpurique de méningococcémie est une indication
d’antibiothérapie à large spectre si elle n’a pas encore été administrée). Il faut faire attention
à préserver la pudeur de l’enfant.
136
La fonction rénale peut être évaluée par la mesure du débit urinaire et des taux sériques
d’urée et de créatinine. Le placement d’une sonde urinaire peut s’avérer nécessaire, l’objectif
du traitement étant le maintien d’un volume circulant qui permette une perfusion rénale.
La fonction des organes mésentériques (estomac, intestin et foie) peut être altérée par
l’hypoxie et l’ischémie qui résultent de l’arrêt cardiorespiratoire. Les lésions de la barrière
muqueuse intestinale peuvent contribuer à la défaillance multiviscérale. Leur traitement
pendant la période post-arrêt cardiaque est essentiellement liée au maintien du volume
circulant et à l’administration d’agents protecteurs de la muqueuse gastrique (p. ex.
antagonistes des récepteurs H2 comme la ranitidine ou inhibiteurs de la pompe à protons
comme l’omeprazole).
Les perfusions de maintenance doivent être administrées à l’enfant. Leur type doit être
choisi en fonction de la mesure du glucose et des électrolytes sanguins: habituellement du
sérum salé 0.9 % avec ou sans dextrose 5 ou 10 % ou une solution de Hartmann. Il faut éviter
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l’hypo- et l’hyperglycémie. On prescrit généralement 70-90 % des besoins normaux parce que
l’hypersécrétion d’hormone antidiurétique est fréquente et augmente le risque de surcharge
hydrique et d’hyponatrémie.
2. Transport et transmission
Après la réanimation initiale sur le lieu de l’intervention (en dehors ou dans l’hôpital) le
patient doit être transporté vers une URP pour les soins définitifs. Le transfert doit être
soigneusement organisé après communication entre toutes les équipes: URP, Equipe
Médicalisée de Réanimation ou Equipe Arrêt Cardiaque et équipe locale.
2.1. Transmission
Une bonne transmission ne se produit pas par hasard mais est au contraire un processus
structuré programmé demandant de la compétence, des technologies et une capacité
à diriger. Une bonne transmission comprend à la fois un échange d’information et un
plan pour les actions futures. C’est essentiellement une communication bidirectionnelle
à laquelle l’équipe réceptrice participe activement afin de «comprendre» l’information
donnée et le plan proposé. L’utilisation de quelques règles basiques de communication
7
[préparation adéquate, communication en boucle, absence de jargon ou d’abréviations…]
et un entraînement global à la communication peuvent permettre l’amélioration de ce
processus de transmission.
137
Chapitre 7
Stabilisation post-réanimation, transmission et transport
Une proposition de structure de la transmission est donnée par l’acronyme RSVP [Raison,
Situation antérieure, Vitaux, Plan]:
2.2. Transport
Avant et pendant le transport, certaines considérations doivent être gardées à l’esprit:
• AIDE: lorsque il est indiqué, l’avis d’expert pour stabiliser l’enfant doit être demandée
avant le transport.
• AB: Evaluer continuellement l’oxygénation et la ventilation et adapter le traitement
en conséquence. Fixer tout le matériel déjà en place pour le sécuriser. Aspirer les
sécrétions avant et pendant le transport. Assurer une analgo-sédation suffisante
et penser à curariser le patient si nécessaire pour diminuer le risque d’extubation
accidentelle. Ne pas tolérer l’agitation chez un enfant intubé.
• C: Evaluer continuellement la circulation et adapter le traitement en conséquence.
Fixer l’accès vasculaire et prélever du sang pour les analyses, si cela n’a pas encore
été fait. Envisager un sondage urinaire pour suivre le débit urinaire.
• DE: Stabiliser les fractures et les lésions des tissus mous. Eviter les mouvements durant
le transport (stabilisation en ligne en cas de trauma). Les soins neuroprotecteurs
doivent être instaurés aussi vite que possible. Eviter l’hyperthermie et l’hypothermie,
réchauffer activement si la température centrale est <32°C. Un refroidissement
accidentel peut survenir dans un environnement froid pendant le transport. Une
hypothermie délibérée ne doit être débutée que par les équipes expérimentée
d’URP expérimentée (et dans un environnement de recherche).
• CONTACT: Contacter l’équipe réceptrice/l’URP et les informer de la situation de
l’enfant, de son évolution clinique et de son traitement (utiliser une approche
structurée). Informer les parents des modalités de transfert vers l’URP et s’assurer
qu’un moyen de transport est disponible pour eux. Préparer un rapport complet des
évènements et des interventions. Toutes les actions effectuées durant la stabilisation
et le transport doivent être enregistrées selon le style Utstein pour permettre une
évaluation ultérieure.
138
Certains examens diagnostiques pour déterminer l’étiologie peuvent être nécessaires
avant transport. La nécessité de faire certains tests et certains examens d’imagerie
doit être évaluée par rapport à la «perte de temps» avant que le transport réel se fasse.
Ceci doit être idéalement discutée avec l’équipe réceptrice. Certains problèmes pour
lesquels le temps est un facteur critique peuvent demander un transfert «immédiat».
Les paramètres communément mesurés sont le pH, la PaO2 , la PaCO2 , le bicarbonate standard
(BS), l’excès de base (EB) et le lactate. Les valeurs directement calculées sont le pH, la PaO2 , la
PaCO2 , et le lactate. Les valeurs calculées sont le BS, le EB et la saturation en O2 sauf si l’analyseur
de gaz du sang est un co-oxymètre.
• L e pH est le logarithme négatif de la concentration des ions hydrogène dans le sang (une
diminution du pH de 7.0 à 6.0 indique une augmentation de 10 fois de la concentration en
ions H+). C’est une échelle de mesure de la balance acide – base. L’intervalle normal dans le
corps humain se situe entre 7.35 et 7.45. Il est important pour les enzymes et les processus
biologiques du corps de rester dans cet intervalle normal pour fonctionner de façon optimale.
139
Chapitre 7
Stabilisation post-réanimation, transmission et transport
• L e corps régule étroitement sa balance acide – base, grâce aux reins et au système respiratoire.
De l’acide est produit par la plupart des processus biologiques. Cette production est d’abord
tamponnée dans le sang par plusieurs systèmes dont le plus important est le système
bicarbonate/acide carbonique.
- Les reins peuvent excréter l’excès d‘acide dans les urines et peuvent aussi générer des ions
bicarbonate. Ces réponses prennent généralement plusieurs heures.
- Le dioxyde de carbone se dissout en partie dans le plasma pour former de l’acide
carbonique. Des taux élevés de dioxyde de carbone (une hypercapnie comme dans
l’hypoventilation) résultent en une charge acide et une chute du pH. Des taux bas de
dioxyde de carbone (une hypocapnie comme dans l’hyperventilation) provoquent une
augmentation du pH. Ces réponses (ventilatoires) se produisent en quelques minutes.
Exemple 2: Un enfant en choc sévère qui présente des troubles de la conscience peut être
incapable d’hyperventiler en réponse à l’acidose métabolique et se retrouver en acidose
métabolique et respiratoire (mixte) sans compensation.
140
Tableau 7.2
INTERPRETATION de l’analyse des gaz du sang.
La mesure du pH sanguin donne des informations sur la sévérité de l’état de l’enfant mais a
aussi son importance intrinsèque parce que le pH lui-même affecte la circulation et la
7
délivrance d’oxygène aux différents organes et tissus. Les modifications de pH affectent
la courbe de dissociation de l’oxyhémoglobine. Une augmentation de la PaCO2 et une chute de
pH augmentent les résistances vasculaires pulmonaires et altèrent le débit sanguin pulmonaire.
La circulation cérébrale est aussi altérée par le pH et la PaCO2: lorsque la PaCO2 augmente, la
chute du pH dilate les vaisseaux sanguins cérébraux et le flux sanguin cérébral augmente – ce
qui n’est pas souhaitable en cas d’œdème cérébral. lorsque la PaCO2 chute, l’augmentation du
pH vasoconstricte les vaisseaux sanguins cérébraux et le flux sanguin cérébral diminue – ce qui
peut favoriser l’ischémie cérébrale.
141
Chapitre 7
Stabilisation post-réanimation, transmission et transport
142
142
Chapitre 8.
Prise en charge initiale
de situations particulières
Chez l’enfant, l’arrêt cardiorespiratoire est le plus souvent secondaire à un traumatisme
ou une maladie et son pronostic est mauvais. Les stratégies visant à identifier et prendre
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1. Laryngotrachéite (Croup)
La laryngite est relativement fréquente et est définie comme un syndrome aigu associant
stridor inspiratoire, toux aboyante, voix rauque et détresse respiratoire d’intensité variable.
La Laryngo-trachéobronchite virale aiguë (croup viral) est la forme la plus fréquente de
laryngite. La majorité des enfants ayant une laryngite peuvent être traités à la maison
tandis que ceux qui présentent une détresse respiratoire modérée à sévère nécessitent une
hospitalisation et un traitement symptomatique. Peu d’enfants nécessitent une intubation
et/ou une ventilation mécanique du fait d’une insuffisance respiratoire.
• Airway (A): l’insuffisance respiratoire est le plus souvent en lien avec l’obstruction
des voies aériennes supérieures et s’améliore avec une prise en charge adéquate. Les
voies aériennes sont à risque quand l’œdème progresse provoquant leur obstruction
partielle ou quasi-complète. Si l’enfant est conscient et qu’il respire, il faut le laisser
dans la position qu’il adopte, la manipulation ou l’agitation risquant d’augmenter
l’effort respiratoire et l’obstruction. Toutefois, si nécessaire, il faut mettre en place
des actions appropriées pour ouvrir les voies aériennes. Cette gestion avancée des
voies aériennes ne concerne que quelques cas graves et peut être un réel challenge;
un opérateur inexpérimenté peut aggraver la situation. Il faut donc faire appel à une
équipe expérimentée.
• Breathing (B): fréquence respiratoire, travail respiratoire et stridor inspiratoire
augmentent parallèlement au degré d’obstruction mais leur diminution peut être le
signe d’une obstruction plus sévère ou d’un épuisement et ainsi d’une insuffisance
respiratoire décompensée. Il faut effectuer un monitorage respiratoire avec un
apport d’oxygène à 100 %. L’adrénaline en aérosol 0,1 à 0,5 mg/kg/aérosol (max. 5
mg) constitue le traitement de première intention pour diminuer l’œdème.
143
Chapitre 8
Prise en charge initiale de situations particulières
• Circulation (C): l’état circulatoire reste le plus souvent normal jusqu’à l’insuffisance
respiratoire terminale. Il peut être utile de disposer rapidement d’un abord vasculaire
- à la condition que ceci n’aggrave pas le stress de l’enfant - dans le but de prendre
en charge l’hydratation et de permettre l’administration rapide de médicaments en
l’absence d’amélioration.
Typiquement, l’enfant développe soudainement une fièvre élevée, il est apathique, pâle
et septique. Il est habituellement assis, immobile avec la bouche ouverte et le menton en
extension. L’enfant peut baver abondamment en raison d’une incapacité à déglutir la salive.
• Airways (A): le gonflement de l’épiglotte provoque une obstruction sévère des voies
aériennes supérieures. L’obstruction complète des voies aériennes est fatale et peut
se produire si on ne traite pas l’infection ou si l’enfant est perturbé (p. ex. en essayant
d’examiner sa gorge, en le forçant à s’allonger ou en exécutant d’autres manœuvres
stressantes telles que la mise en place d’une perfusion ou une radiographie de profil
du cou). L’enfant doit être laissé avec ses parents sous observation étroite tandis
que des moyens sont mis en œuvre pour organiser l’intubation dans des conditions
de sécurité par l’équipe la plus expérimentée. Une intubation difficile doit être
anticipée et il faut se préparer à utiliser des techniques alternatives pour sécuriser
les voies aériennes.
• Breathing (B): typiquement la fréquence et le travail respiratoire sont augmentés,
la voix est étouffée ou rauque, le stridor respiratoire est faible et la toux est absente
ou faible. L’insuffisance respiratoire est due à l’obstruction des voies aériennes
supérieures.
144
• Circulation (C): elle peut être normale, jusqu’au stade d’insuffisance respiratoire
terminale, mais parfois des signes de choc nécessitent une prise en charge
circulatoire (remplissage, agents vaso-actifs).
Malgré la gravité du tableau, l’évolution peut être excellente avec une antibiothérapie
appropriée par voie intraveineuse.
une sonde propre n’est pas disponible, la ventilation par l’orifice de trachéotomie doit être
débutée jusqu’à ce que la sonde soit nettoyée et replacée. Si les voies aériennes supérieures
de l’enfant sont perméables, il est possible d’effectuer une ventilation au masque et ballon
au niveau de la bouche et du nez, tout en obstruant l’orifice de la trachéotomie. En situation
d’urgence, il peut être nécessaire d’effectuer une intubation via la trachéotomie avec une
sonde d’intubation classique en veillant tout particulièrement à la bonne position de la
sonde (pas en endobronchique).
4. Bronchiolite
La bronchiolite est une infection respiratoire fréquente, potentiellement sérieuse de la
petite enfance due à différents virus (le virus respiratoire syncitial (VRS) dans 75 % des cas).
Elle est la cause de 1-2 % des admissions des nourrissons à l’hôpital; 90 % des patients sont
âgés de 1 à 9 mois. La maladie est rare après l’âge d’un an. Le traitement est symptomatique,
car il n’y a aucun traitement spécifique de la bronchiolite. Le processus inflammatoire
provoque un œdème des petites voies aériennes et la production de secrétions, cause
d’hypoxie et éventuellement d’hypercapnie; une inadéquation du rapport ventilation-
perfusion apparait. En outre, en particulier chez les jeunes nourrissons, quel que soit le
degré d’insuffisance respiratoire, des apnées avec risque de mort subite peuvent survenir.
La décision d’hospitalisation chez les plus petits doit donc être facile.
De plus, ces enfants peuvent présenter des convulsions en lien avec une hyponatrémie
(Syndrome de Sécrétion Inappropriée d’Hormone AntiDiurétique (SIADH)). Toute réduction 8
marquée de la diurèse doit alerter et être investiguée.
• Airway (A): les voies aériennes sont habituellement ouvertes mais une
obstruction nasale par des sécrétions est possible. Des aspirations douces et des
décongestionnants nasaux peuvent être nécessaires en cas d’obstruction marquée.
• Breathing (B): le monitorage respiratoire est nécessaire et l’oxygène doit être
administré selon les besoins. Chez les nourrissons ayant une insuffisance respiratoire
compensée, il faut éviter toute agitation de l’enfant et lui apporter de l’oxygène
sans le stresser. Avec une interface bien adaptée (canules nasales, masque nasal ou
facial), beaucoup d’enfants peuvent être traités par CPAP. Dans de nombreux centres,
145
Chapitre 8
Prise en charge initiale de situations particulières
5. Asthme
• Airway (A): les voies aériennes sont normalement ouvertes mais peuvent devenir
obstruées en cas d’altération de la conscience.
• Breathing (B): le monitorage respiratoire est nécessaire et l’oxygène apporté selon
les besoins. Tant que l’insuffisance respiratoire est compensée, éviter l’agitation de
l’enfant et délivrer l’oxygène avec cet objectif.
La gravité de la crise d’asthme peut être appréciée par des mesures objectives de
l’oxygénation et de la ventilation (PaO2 et/ou SpO2 et PaO2 et/ou capnographie) et
les signes cliniques de décompensation (épuisement et altération de la conscience).
146
L’hyperinflation dynamique est classique en ventilation à pression positive, l’air entrant dans les
poumons étant incapable d’en sortir et y restant piégé (trapping). L’augmentation de la pression
intrathoracique provoque une gêne au retour veineux et donc au remplissage cardiaque (choc
obstructif). Si nécessaire la compression manuelle du thorax (tube endotrachéal déconnecté
du ventilateur ou du ballon) pour chasser l’air, permet de réduire le piégeage d’air dans les
poumons.
Si l’enfant possède une commande respiratoire efficiente, la ventilation non invasive, offrant à la
fois l’oxygénation et l’application d’une pression positive dans les voies aériennes et d’une PEP,
pourrait éviter la décompensation.
• Circulation (C): elle peut être normale mais on peut observer une déshydratation
ou un choc obstructif (sur pneumothorax ou hyperinflation dynamique).En cas de
déshydratation, un remplissage est indiqué car l’hypovolémie peut compromettre
la circulation chez les patients qui présentent une hyperinflation dynamique.
147
Chapitre 8
Prise en charge initiale de situations particulières
6. Anaphylaxie
L’anaphylaxie est une réaction grave d’hypersensibilité généralisée ou systémique
comportant un risque vital. Elle est caractérisée par une atteinte rapide et menaçante des VA
et/ou de la respiration et/ou de la circulation habituellement associées à des manifestations
Bien que des réactions en deux temps existent (détérioration secondaire après plusieurs heures), le
décès en cas d’anaphylaxie, survient généralement très rapidement après le contact avec l’agent
causal. Les réactions alimentaires fatales sont responsables d’un arrêt respiratoire survenant 30-
35 min après le contact; les piqures d’insectes entrainent un collapsus par choc après 10-15 min,
et le décès après injection intraveineuse d’un médicament survient le plus souvent dans les 5 min.
Aucun décès plus de 6 h après le contact avec l’agent causal, n’a été rapporté.
Les VA sont à risque d’obstruction ou sont déjà obstruées. L’enfant peut avoir un stridor,
une voix rauque et un œdème de la langue et des lèvres. Fréquemment, on observe des
signes d’insuffisance respiratoire dus à l’œdème laryngé et au gonflement des tissus mous.
La respiration peut être courte, sifflante, avec une hypoxie. L’insuffisance respiratoire peut
également être due au bronchospasme.
La vasodilatation est souvent importante avec une hypotension précoce. Il peut exister
un flush cutané avec un TRC < 1 seconde. Il existe une hypovolémie relative et une
augmentation de la perméabilité capillaire avec extravasation du liquide intravasculaire.
Flush, pâleur, sueurs, érythème, urticaire ou angiœdème peuvent survenir. Des symptômes
digestifs tels que vomissements, douleurs abdominales et diarrhées peuvent être présents.
148
Dose d’Adrénaline intramusculaire (solution pure 1 mg/ml – 1:1000): 10 mcg/kg ou
La gestion avancée des voies aériennes ne concerne que quelques cas graves et peut
être un réel challenge car un opérateur inexpérimenté peut aggraver la situation. Il faut
impérativement appeler à l’aide une équipe expérimentée. Dans de rares cas, en attendant
l’intubation, il sera nécessaire d’assister la ventilation par VMB, cette dernière nécessitant
souvent d’être réalisée par deux personnes.
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• Circulation (C): comme dit plus haut, le traitement essentiel est l’adrénaline
IM. L’injection pourra être répétée si le choc persiste après environ 5 minutes.
L’hypovolémie relative qui coexiste doit être traitée avec un ou plusieurs bolus de
20 ml/kg de cristalloïdes. Après chaque bolus, la réponse clinique doit être réévaluée.
L’utilisation IV de l’adrénaline peut être discutée par les équipes de réanimation si
le choc persiste. Il est rare de devoir utiliser des médicaments vasoactifs en continu
pour maintenir une pression artérielle adéquate.
Traitement spécifique à la maladie: dans les cas de réactions sévères ou récurrentes et chez des
enfants asthmatiques, il faut ajouter de l’hydrocortisone IV (10 mg/kg, maximum 500 mg) ou de
la Methylpredisolone (2 mg/kg IM ou IV lente). Les antihistaminiques peuvent être utiles comme
traitement de deuxième intention et la poursuite des bronchodilatateurs peut être indiquée.
149
Chapitre 8
Prise en charge initiale de situations particulières
• Airway (A): les voies aériennes sont libres et sûres le plus souvent, du moins tant
que l’état de conscience est conservé.
• Breathing (B): beaucoup enfants présentent une tachypnée compensatrice d’une
circulation suboptimale et/ou d’une acidose métabolique. Chez les enfants avec
des signes évidents de choc, même encore compensé, il convient de donner de
l’oxygène à 100 %. Une assistance respiratoire (VMB ou ventilation mécanique) peut
s’avérer nécessaire en cas d’altération de la conscience ou d’œdème pulmonaire.
• Circulation (C): l’évaluation des signes de choc, cliniquement et par le monitorage
cardiovasculaire, est essentielle pour la poursuite de la prise en charge. L’urgence
à obtenir un accès vasculaire pour réaliser une expansion volémique chez l’enfant
8. Choc septique
Le sepsis est une cause majeure de morbidité et de mortalité chez l’enfant. Il est le résultat
d’une réponse inflammatoire de l’organisme à une infection. Sa reconnaissance et sa prise en
charge précoce est cruciale. Le choc septique peut être de type distributif et cardiogénique.
Il peut être accompagné d’une vasoconstriction (mécanisme de compensation) ou d’une
vasodilatation (vasoplégie) et d’un débit cardiaque augmenté ou diminué.
• Airway (B): les voies aériennes sont libres et sûres le plus souvent, du moins tant que
l’état de conscience est conservé
• Breathing (B): beaucoup d’enfants présentent une tachypnée compensatrice d’une
circulation suboptimale et/ou d’une acidose métabolique. Chez les enfants avec des
signes évidents de choc, même encore compensé, il convient de donner de l’oxygène
à 100 %. Une assistance respiratoire (VMB ou ventilation mécanique) peut s’avérer
nécessaire en cas d’altération de la conscience ou d’œdème pulmonaire.
150
• Circulation (C): l’évaluation des signes de choc, à la fois sur le plan clinique (incluant
la diurèse), biochimique (y compris gaz du sang, lactate et coagulation) et par un
monitorage cardiovasculaire est essentielle pour guider la prise en charge. La mise en
place urgente d’un accès vasculaire est obligatoire si le choc est établi. Chez les enfants
avec des signes évidents de choc hypovolémique, même encore compensé, plusieurs
bolus de liquide (jusqu’à 60 à 100 ml/kg) peuvent être nécessaires pendant la 1ère heure
de réanimation (et même plus dans les heures suivantes). Ces grands volumes à perfuser
s’expliquent par la forte augmentation de la perméabilité capillaire et la diminution
du tonus vasculaire, ce qui majore le volume nécessaire pour remplir le secteur
intravasculaire. Les remplissages initiaux sont réalisés avec des solutés cristalloïdes
«balancés» (Ringer lactate, plasmalyte, Isofundine); réaliser les remplissages ultérieurs
avec de l’albumine 4-5 % pourrait avoir un intérêt. Au-delà d’une masse sanguine de
remplissage (80 ml/kg chez l’enfant), il faut prendre soin d’inclure les produits sanguins
dans la stratégie de compensation volémique car le sepsis induit une coagulopathie,
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une anémie et une thrombocytopénie, qui pourraient être exacerbées par la dilution
liée au remplissage vasculaire.
9. Choc cardiogénique
Le choc cardiogénique est le résultat d’une défaillance aiguë de la pompe cardiaque
ou souvent d’une atteinte cardiaque chronique dont le diagnostic est fait avec retard.
Habituellement, les parents consultent à cause de signes d’alarme indirects tels que des
difficultés d’alimentation, un état léthargique, une sudation excessive, une faible prise
pondérale. Une évaluation détaillée du «C» met en évidence des signes alarmants de choc:
une turgescence des jugulaires, une hépatomégalie et la radiographie thoracique montre
151
Chapitre 8
Prise en charge initiale de situations particulières
une silhouette cardiaque élargie et parfois des signes de surcharge vasculaire. En cas d’HTAP
fixée, les poumons peuvent être clairs. L’ECG peut montrer une tachycardie sinusale légère
à sévère, un microvoltage en cas d’épanchement péricardique et tout type d’arythmies.
• Airway (A): les voies aériennes sont libres et sûres le plus souvent, du moins tant
que l’état de conscience est conservé.
• Breathing (B): beaucoup d’enfants ont un certain degré d’œdème pulmonaire et
de fins crépitants sont audibles à l’auscultation pulmonaire. En général il convient
d’apporter de l’oxygène à 100 %. Une assistance ventilatoire peut devenir nécessaire
en cas d’altération de la conscience ou d’aggravation de l’œdème pulmonaire.
L’intubation trachéale précoce doit être discutée, si un expert est disponible, afin de
diminuer la consommation d’oxygène et d’aider le cœur défaillant.
• Circulation (C): l’évaluation des signes de choc, à la fois sur le plan clinique
152
La première onde (onde P) correspond à la dépolarisation atriale. Le complexe QRS correspond
à la dépolarisation ventriculaire tandis que la repolarisation correspond au segment ST et
à l’onde T. Quand la position de l’électrode est perpendiculaire à l’axe de la dépolarisation
atriale, les ondes P ne sont pas visibles sur le moniteur.
Figure 8.1
ECG normal
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Figure 8.2
Artéfact sur l’ECG
153
Chapitre 8
Prise en charge initiale de situations particulières
Sans avoir besoin de devenir un expert dans l’analyse de l’ECG, tout apprenant ALS doit être
capable de distinguer les principales arythmies en vue de choisir les différentes options de
traitements. Les questions suivantes peuvent être utiles:
Si non, il faut considérer que l’enfant a un rythme d’arrêt cardiaque et la RCP doit être
immédiatement débutée.
Plus sévère est le choc, plus la prise en charge doit être rapide. Une arythmie sans aucun
signe de décompensation circulatoire permet souvent d’attendre l’avis du cardiologue
pédiatre qui guidera le traitement.
4. Les QRS sont-ils étroits (<0,08 sec) ou larges (> 0,08 sec)?
Si les complexes QRS sont étroits, la tachycardie est d’origine supraventriculaire. Si les
QRS sont larges, bien que l’origine la plus probable soit supraventriculaire chez l’enfant,
l’arythmie doit être considérée comme d’origine ventriculaire jusqu’à preuve du contraire.
L’état circulatoire permet le plus souvent d’attendre l’avis du cardiologue pédiatre qui
guidera le traitement.
Les rythmes irréguliers peuvent être causés par une fibrillation auriculaire, des extrasystoles
avec pause compensatoire, un bloc auriculo-ventriculaire etc... Chez l’enfant, une histoire
de chirurgie cardiaque ou d’intoxication médicamenteuse spécifique est souvent en cause.
10.2. Bradycardie
Les bradycardies symptomatiques (figure 8.3) chez l’enfant sont souvent causées par une
insuffisance respiratoire ou circulatoire et peuvent être le signe d’un arrêt cardiaque imminent.
Hypoxie, acidose, hypotension, hypothermie et hypoglycémie dépriment l’activité cardiaque et
ralentissent la conduction à travers le myocarde.
Tout rythme lent causant une instabilité hémodynamique doit être traité immédiatement, même
si la pression artérielle est encore normale car il peut évoluer vers un arrêt cardiorespiratoire. La
prise en charge initiale commence comme toujours par la sécurisation des voies aériennes (A),
une oxygénation optimale avec 100 % d’oxygène et une VMB si nécessaire (B). Si la bradycardie est
supposée secondaire à une hypoxie et/ou une ischémie et que le rythme cardiaque n’augmente
pas au-delà de 60 battements par min ou qu’il diminue rapidement avec des signes d’altération
de la perfusion ou d’absence de circulation, la situation doit être considérée comme l’équivalent
d’un arrêt cardiaque imposant les compressions thoraciques (C) et l’administration d’adrénaline.
154
C’est particulièrement important pour les nourrissons chez qui le débit cardiaque dépend plus de
la fréquence cardiaque que du volume d’éjection ventriculaire.
Rarement, une stimulation vagale excessive (p. ex. aspiration ou intubation trachéale) ou une lésion
du système nerveux central peut induire une bradycardie. Quand on suspecte l’augmentation du
tonus vagal d’être la cause de la bradycardie ou en cas de BAV (figure 8.4), l’atropine est indiquée.
L’adrénaline doit être injectée en cas de non-réponse immédiate à l’atropine. Occasionnellement,
un BAV complet ou une maladie du sinus sont à l’origine de la bradycardie; en l’absence de
réponse à l’oxygénation, la ventilation, les compressions thoraciques, d’autres médicaments et
l’entrainement électrosystolique (externe ou intraveineux) d’urgence peuvent sauver la vie.
Figure 8.3
Bradycardie
Figure 8.4
Bloc AV du 3ème degré
155
Chapitre 8
Prise en charge initiale de situations particulières
10.3. Tachycardie
Chez les enfants présentant un rythme cardiaque rapide, il faut d’abord déterminer s’il s’agit
d’une tachycardie sinusale ou d’une anomalie du rythme. Dans les rythmes anormaux,
l’ECG peut être utile pour différencier les tachycardies à complexes QRS larges et étroits
mais c’est l’observation clinique d’une altération de la perfusion qui indiquera l’urgence à
traiter ces deux types de tachycardie.
Figure 8.5
Tachycardie sinusale
Il peut être difficile de différencier une tachycardie sinusale d’une TSV (tableau 8.1). Une
histoire compatible avec une hypovolémie, une infection etc… est habituellement présente
en cas de TS alors que l’anamnèse est souvent vague dans la TSV. Les ondes P sont absentes
ou anormales en cas de TSV cependant elles peuvent être difficiles à identifier à la fois dans
la TS et la TSV lorsque la fréquence excède 200/min. La TSV est habituellement plus rapide
(> 220 bpm chez le nourrisson, > 180 bpm chez l’enfant de plus d’un an). La fréquence est
fixe dans la TSV (intervalle R-R stable). Le début et la fin d’une TSV surviennent brutalement.
156
Figure 8.6
Tachycardie supraventriculaire
Tableau 8.1
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• Les manœuvres vagales peuvent être essayées pour ralentir la conduction auriculo-
ventriculaire et permettre un retour en rythme sinusal. Chez les nourrissons et
les jeunes enfants, un sac de glace peut être placé temporairement sur le visage.
Chez les enfants plus âgés, on peut tenter un massage carotidien unilatéral ou une
manœuvre de Valsalva. (p. ex. souffler au travers l’extrémité étroite d’une seringue
pour en faire reculer le piston). La pression des globes oculaires est contre-indiquée
à cause de lésions rétiniennes potentielles. Les manœuvres vagales ne doivent jamais
retarder un traitement définitif, en particulier en présence de signes de choc. Dans
ce cas, une cardioversion chimique ou électrique est requise.
157
Chapitre 8
Prise en charge initiale de situations particulières
• L’Adénosine peut être utilisée en premier lieu, ce d’autant qu’une voie veineuse
appropriée est disponible et que la circulation est suffisante.
• Chez un enfant hémodynamiquement instable, si une voie veineuse est difficile à
obtenir ou si l’adénosine a échoué à réduire le trouble du rythme, une cardioversion
électrique (synchronisée sur l’onde R) est indiquée. Une sédation-analgésie devra
être utilisée si l’enfant est conscient.
La séquence des actions pour la cardioversion est très semblable à celle de la défibrillation
(voir page 109). Cependant, le défibrillateur doit être activement mis en mode synchrone.
Certains défibrillateurs nécessitent que les électrodes ECG soient connectées pour détecter
les ondes R. Après avoir sélectionné le niveau d’énergie souhaité et chargé le défibrillateur, il
sera nécessaire de maintenir enfoncé le bouton de délivrance du choc, le temps que l’onde
R soit identifiée par l’appareil et le choc délivré. Ceci peut prendre plusieurs secondes. Une
évaluation des signes de vie (ou une recherche de pouls) doit être réalisée après chaque
cardioversion (pour éviter de passer à côté d’une activité électrique sans pouls ou une
tachycardie ventriculaire sans pouls).
La TV est un rythme potentiellement perfusant mais qu’elle peut aussi être associée à une
absence de circulation devenant alors un rythme défibrillable (TV sans pouls).
158
• Si l’enfant a un pouls et des signes de choc, la cardioversion est le traitement de
choix avec la même énergie que dans la TSV: 1 J/kg pour la première dose et pour la
seconde, si nécessaire, 2 J/kg. Une sédation-analgésie devra être utilisée si l’enfant est
encore conscient.
• Si la seconde cardioversion est inefficace ou si la TV récidive, l’amiodarone ou la
procaïnamide, après avis du cardiologue pédiatre peuvent être discutées. Ces deux
médicaments ne doivent jamais être administrés ensemble.
• Comme pour la défibrillation, la cardioversion a d’autant plus de chance de réussir que
l’hypoxie, l’acidose, l’hypothermie et l’hypoglycémie ont été corrigées (vérification
des 4H et des 4T).
Figure 8.7
Tachycardie ventriculaire
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Figure 8.8
TV polymorphe (Torsade de pointes)
La TV polymorphe (torsade de pointe – figure 8.8) est une tachycardie ventriculaire à complexes
QRS larges et polymorphes très rare chez l’enfant; typiquement, elle se détériore très rapidement
en VF ou en TV sans pouls. Son traitement spécifique est le sulfate de magnésium, 25-50 mg/kg
IV/IO en 10 à 20 minutes (dose maximale 2 g).
11. Coma 8
Le niveau de conscience peut être altéré par une maladie, un traumatisme ou une
intoxication. Le coma ou l’inconscience est défini comme une réponse seulement à la
douleur (Pain dans l’A.V.P.U.) ou moins, ou un score moteur de Glasgow de 4 ou moins ou
un score total de coma de Glasgow de 8 ou moins (voir page 27).
159
Chapitre 8
Prise en charge initiale de situations particulières
12. Hypoglycémie
L’hypoglycémie est définie par un taux plasmatique de sucre ≤ 60 mg/dl (3,3 mmol/l).
Les signes d’hypoglycémie sont: irritabilité, léthargie, tachypnée, tachycardie, sudation,
faiblesse, tremblement, confusion, convulsions et coma.
Des taux sanguins plus élevés peuvent être symptomatiques chez des patients diabétiques.
L’hypoglycémie doit être identifiée et traitée rapidement pour éviter des dommages
cérébraux irréversibles. Les enfants avec un niveau de conscience altéré et une hypoglycémie
doivent être traités immédiatement avec du glucose 10 % (ou équivalent) par voie veineuse
en bolus de 2 à 4 ml/kg avec un contrôle toutes les 30 minutes jusqu’à ce que la glycémie soit
stable (70-120 mg/dl ou 3,9 à 6,6 mmol/l).
13. Intoxication
L’approche générale d’un enfant avec une intoxication présumée est une approche ABCDE.
La sécurité personnelle du sauveteur doit toujours être prise en compte. La cause la plus
probable de morbidité et de mortalité est l’obstruction des voies respiratoires et l’insuffisance
respiratoire due à une altération de la conscience. Les vomissements exposent au risque
d’inhalation. L’hypotension associée répond habituellement au remplissage, mais parfois il
faut recourir à des médicaments vasoactifs. La température, l’ECG, les électrolytes, la glycémie
et les gaz du sang doivent être surveillés et leurs anomalies corrigées.
160
Les Centres antipoison, des manuels de référence ou des informations en ligne peuvent aider
à la prise de décisions spécifiques. Les traitements standards incluent: la décontamination (p.
ex. charbon activé, retrait des vêtements contaminés); l’élimination forcée (p. ex. alcalinisation
urinaire, épuration extracorporelle) et des traitements spécifiques (p. ex. antidotes).
14. Convulsions
Les convulsions sont fréquentes chez l’enfant. L’état neurologique doit être évalué et le
traitement réalisé après la prise en charge des voies aériennes, de la respiration et de la
circulation, priorité initiale en cas de convulsions. Cependant dans de nombreux cas, l’ABC
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Quand la crise dure 30 minutes ou plus, il s’agit d’un état de mal épileptique (EME) qui
peut lui-même être à l’origine de lésions cérébrales. Une crise généralisée qui n’a pas
cessé au bout de 5 minutes a peu de chance de s’arrêter sans un traitement actif et doit
être considérée comme un EME potentiel. L’EME non convulsivant (l’enfant continue de
convulser sur l’EEG mais sans crise cliniquement visible) peut également générer des
lésions cérébrales et un enfant qui a apparemment cessé de convulser mais qui ne retrouve
pas un certain état de conscience doit être considéré comme étant encore en EME jusqu’à
preuve du contraire (EEG).
• Airway and Breathing (A et B): l’insuffisance respiratoire est due à l’obstruction des
voies aériennes (hypotonie de la langue, sécrétions) ou à l’altération du niveau de
conscience ralentissant le rythme respiratoire. L’arrêt respiratoire peut être en lien
avec une dépression du système nerveux central; ceci est d’autant plus probable
que l’enfant a reçu en urgence pour traiter la crise des benzodiazépines par
exemple. Il faut ouvrir les voies aériennes et les stabiliser par les moyens appropriés. 8
Le monitorage respiratoire doit être instauré et de l’oxygène à 100 % administré.
Si l’enfant reste hypoxique, une VMB avec de l’oxygène doit être débutée. Une
intubation endotrachéale peut être parfois nécessaire pour protéger les voies
aériennes et éviter l’inhalation du contenu gastrique.
• Circulation (C): elle est généralement normale jusqu’au stade terminal d’insuffisance
respiratoire. Cependant, si l’origine de la crise est en lien avec une maladie comme
une méningococcémie, l’insuffisance circulatoire peut être présente précocement.
• Disability (D) / Traitement spécifique de la maladie: les crises doivent être
contrôlées par des médicaments antiépileptiques selon des protocoles locaux ou
161
Chapitre 8
Prise en charge initiale de situations particulières
nationaux. Les traitements de première intention sont les benzodiazépines (p. ex.
midazolam; lorazepam).
Une voie veineuse doit être placée rapidement pour permettre le traitement mais
aussi pour doser la glycémie et les électrolytes. Les autres examens sanguins sont
guidés par l’étiologie sous-jacente. D’autres drogues antiépileptiques doivent être
ajoutées si les crises persistent au-delà de 10 à 15 minutes malgré une initiation
correcte du traitement.
Les benzodiazépines peuvent être administrées par voie intramusculaire (midazolam 0,2
mg/kg) ou intranasale/buccale (midazolam 0,4 mg/kg) ou par voie veineuse (lorazepam
ou midazolam 0,1 mg/kg). L’injection de benzodiazépines peut être répétée toutes les 5 à 10
minutes tant que les crises persistent. La phénytoïne est habituellement considérée comme le
premier choix après les benzodiazépines (20 mg/kg, NE PAS mélanger avec du glucose).
162
• Circulation (C): il est primordial d’évaluer les signes d’insuffisance circulatoire
et d’installer un monitoring cardiaque. Il faut mettre en place une voie veineuse
et analyser les gaz du sang et la kaliémie. Le choc est rare dans les ACD. En cas de
signes de choc, il faut réaliser un remplissage de 10 ml/kg de sérum salé isotonique
et réévaluer le patient. Les bolus peuvent être répétés jusqu’à un maximum de 30 ml/
kg. Il faut rapidement demander l’assistance d’un médecin expérimenté et prévenir
le réanimateur si le choc persiste.
L’insuline est débutée à la dose de 0,1 U/kg/heure. Il faut éviter une chute trop rapide de la
glycémie et, plutôt que de modifier trop souvent la dose d’insuline, du glucose IV est ajouté si la
glycémie baisse en dessous p. ex. de 150 mg/dl (8,3 mmol /l).
16. Hyperkaliémie
L’hyperkaliémie doit être considérée comme un continuum avec des signes qui s’aggravent
proportionnellement à son élévation. L’hyperkaliémie sévère (K+ > 6.5 mmol/l) est 8
caractérisée par une faiblesse musculaire, un iléus paralytique, un arrêt respiratoire et
des anomalies de la conduction myocardique, menant à des arythmies et ensuite à l’arrêt
cardiorespiratoire.
Le gradient de potassium entre l’espace intra- et l’espace extracellulaire détermine la
conduction des cellules myocardiques et donc leur contractilité. Même une augmentation
limitée du potassium sérique peut être responsable d’une contractilité diminuée. Le pH
artériel a un effet direct sur la kaliémie: l’acidose l’augmente et l’alcalose la diminue. Les
causes d’hyperkaliémie sont par exemple (parfois associées) l’insuffisance rénale, l’acidose,
l’insuffisance surrénalienne, l’apport excessif de potassium, les médicaments d’épargne
163
Chapitre 8
Prise en charge initiale de situations particulières
Sur l’ECG, initialement, une élévation de l’onde T apparaît, évoluant (avec un sus-décalage
du segment ST) vers un rythme idioventriculaire puis une fibrillation ventriculaire lorsque la
kaliémie augmente.
En cas d’hyperkaliémie modérée (5,5 à 6,4 mmol/l), le potassium doit être éliminé de l’organisme,
mais un traitement moins agressif (diurétiques, résines échangeuses d’ions et salbutamol) peut
être proposé en association avec l’arrêt d’administration de potassium (per os ou IV).
17. Hypokaliémie
L’hypokaliémie (K+ < 3,5 mmol/l) est caractérisée par une faiblesse musculaire, de la
constipation, des paresthésies et une tétanie. L’ECG peut montrer des modifications de
l’onde T. L’hypokaliémie sévère (< 2,5 mmol/l) peut entraîner arrêt cardiorespiratoire,
arythmies graves, paralysie, rhabdomyolyse, iléus paralytique et alcalose métabolique.
L’hypokaliémie est plus dangereuse chez les enfants ayant une maladie cardiaque
préexistante.
L’hypokaliémie peut être due à des pertes digestives, une insuffisance d’apport, une perte de
volume, une alcalose, une hypomagnésémie, un hyperaldostéronisme primaire, un diabète
insipide, l’utilisation de diurétiques ou en post-dialyse.
164
chlorure de potassium de 0,5 mmol/kg/heure est poursuivie jusqu’à résolution de l’arythmie
et/ou jusqu’à ce que la kaliémie soit > 3,5 mmol/l. En cas d’arrêt cardiaque imminent, une
injection plus rapide (2 mmol/min durant les premières minutes) est plus appropriée.
Le traitement de l’hypokaliémie modérée (K+ < 3,5 mmol/l) comporte la reconnaissance précoce
de la cause. Quand c’est possible, la supplémentation potassique sera donnée par voie entérale.
L’apport de magnésium facilite la correction plus rapide d’une hypokaliémie.
18.1. Hypocalcémie
Le traitement de l’hypocalcémie sévère consiste en l’administration intraveineuse ou intra-
osseuse de chlorure de calcium 10 % (0,2 ml/kg, max. 10 ml). Si l’hypocalcémie est associée
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18.2. Hypercalcémie
Le traitement de l’hypercalcémie est nécessaire lorsque des symptômes apparaissent. Le
traitement initial consiste en un remplissage vasculaire par sérum salé (p.ex. à raison de
deux fois les apports de base calculés). Les taux de potassium et de magnésium doivent
être surveillés. Le furosémide peut être utile chez les patients en surcharge hydrique. Chez
les enfants insuffisants rénaux et oliguriques, la dialyse est nécessaire.
Les autres symptômes peuvent être: convulsions, coma, polyurie, déshydratation, hypokaliémie,
bradycardie, hypertension, et des modifications de l’ECG (QT court, élargissement du QRS,
bloc AV). les causes d’hypercalcémie sont hyperparathyroïdie, hypervitaminose D ou A,
hypercalcémie idiopathique du nourrisson, affections malignes, excès de diurétiques
thiazidiques, maladies osseuses. 8
165
Chapitre 8
Prise en charge initiale de situations particulières
166
166
Chapitre 9.
Trauma pédiatrique sévère
Lorsqu’on prend en charge un enfant avec des blessures plus ou moins sévères, il est
fondamental de définir les priorités et de réaliser les mesures de réanimation appropriées
dés que les problèmes sont identifiés. Ceci doit se faire de manière structurée pour assurer le
bénéfice maximum. Il est important que ces actions fassent partie d’une approche d’EQUIPE
structurée.
167
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
Dans la prise en charge du trauma, une partie des examens complémentaires peuvent avoir
été réalisés au moment de l’approche ABCDE lors de la recherche active de lésions internes
à caractère vital (pneumothorax, hémorragie, lésions cérébrales,…) et la mise en œuvre des
traitements nécessaires (compatibilité sanguine, chirurgie…).
L’équipe trauma optimale est constituée d’un anesthésiste (pédiatrique), un intensiviste et/
ou un urgentiste (pédiatrique), un chirurgien (pédiatrique) expérimenté, un radiologue
(pédiatrique) et d’infirmières formées à la réanimation ou aux urgences traumatiques. D’autres
spécialistes peuvent être impliqués, particulièrement pendant et après l’évaluation secondaire
(p.ex. un avis neurochirurgical doit être sollicité si une atteinte cérébrale est démontrée). Ces
différentes disciplines œuvrent sous la direction et en collaboration avec le chef d’équipe. Des
tâches peuvent être allouées par le chef d’équipe selon le nombre de membres de l’équipe. Voie
aérienne, respiration, circulation et/ou évaluation neurologique et environnement sont évalués
par un ou plusieurs membres (autant médecins qu’infirmières) en même temps, puis ceux-ci
donnent un retour au chef d’équipe de manière structurée. C’est le chef d’équipe qui coordonne
les soins en fonction des priorités prédéfinies et du temps imparti. Idéalement, chaque membre
de l’équipe porte un signe distinctif (p. ex. une surblouse), pour qu’il soit reconnu dans son rôle.
Les soignants qui n’ont pas de rôle dans l’équipe devraient s’abstenir de participer aux soins
sauf sur demande du chef d’équipe.
Les principes généraux ABCDE de la réanimation de l’enfant traumatisé sont les mêmes
que chez les enfants en détresse vitale mais quelques différences importantes sont décrites
dans le chapitre suivant. Globalement, l’approche ABCDE sert de «langage commun» entre
les membres de l’équipe, de sorte que les priorités soient bien identifiées – même lors de
soins réalisés en parallèle.
168
2. Evaluation primaire
Voies aériennes compromises, insuffisance respiratoire et circulatoire et traumatisme
crânien peuvent coexister suite à un traumatisme. L’évaluation rapide et systématique
(évaluation primaire) identifie les problèmes mettant la vie de l’enfant en danger; celle-ci
peut être mémorisé par ABCDE. Un monitorage (au minimum oxymétrie pulsée et ECG) doit
être placé le plus vite possible.
• D + hypertension intracrânienne?
• E + AMPLE, température et douleur?
La réanimation de l’enfant est effectuée pendant l’évaluation primaire, les problèmes étant
traités au fur et à mesure de leur identification selon la règle: «traiter d’abord ce qui tue d’abord».
Il est essentiel d’adhérer au processus ABCDE. Les lésions «distrayantes» ne doivent pas
interrompre ce processus au risque de passer à coté des lésions menaçant la vie. Dans les
soins préhospitaliers du trauma, le temps est un facteur important et dès lors une partie de
la réanimation initiale peut être réalisée durant le transport.
169
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
Figure 9.1
Immobilisation manuelle en ligne du rachis cervical
Les patients valides peuvent se mettre eux-mêmes sur la civière. Pour les patients non-
valides, une «civière scoop» (civière cuiller) est préférée à la planche spinale. Si possible, la
planche spinale doit être réservée aux manœuvres d’extraction en extra-hospitalier et non à
l’immobilisation ultérieure du patient. Une inspection dorsale rapide peut être réalisée lors
170
du placement du scoop et ainsi éviter toute manœuvre complémentaire de mobilisation en
bloc (log-roll).
Idéalement, chaque patient immobilisé est placé dans un matelas à dépression (figure 9.2),
qui reste en place pour le transfert. Chaque service devrait avoir un protocole spécifique
concernant l’immobilisation dans le but d’éviter toute manipulation et transfert inutiles qui
peuvent être délétères pour le patient sévèrement blessé. Dans le cas d’une prise en charge
pré-hospitalière urgente, on peut envisager de transporter le patient jusqu’à l’hôpital sur la
civière scoop.
Figure 9.2
Position dans un matelas à dépression
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171
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
cervicaux pourraient poser problème pour la gestion des voies aériennes ou pour la
perfusion cérébrale. Il est important de noter qu’il n’existe pas d’évidence concernant
leurs bénéfices dans la prévention des lésions de la moelle cervicale, particulièrement si le
collier cervical n’est pas de la bonne taille comme c’est souvent le cas chez l’enfant. Donc,
l’usage systématique de collier cervical n’est plus conseillé. Les colliers devraient encore, avoir
une place lors de l’extraction d’un enfant sévèrement blessé ou plus tard dans la prise en
charge définitive d’un enfant souffrant de lésions cervicales objectivées (p. ex. pendant une
chirurgie). Si un collier est utilisé, il doit être adapté (taille et positionnement adéquats).
Figure 9.3
Blocs de tête pour immobilisation du rachis cervical
172
2.2. Respiration et trauma
L’efficacité de la respiration et de la ventilation doit être évaluée après l’ouverture des voies
aériennes et l’administration d’oxygène à haut-débit de manière appropriée.
Si la respiration est inefficace, une ventilation assistée au masque et ballon (VMB) doit
être débutée avec 100 % d’oxygène. L’intubation trachéale doit être envisagée lorsque la
respiration est inefficace. La prise en charge des voies aériennes peut être difficile, les aides
à l’intubation ou les autres dispositifs de libération des voies aériennes peuvent être utilisés
au besoin. La vidéo-laryngoscopie peut être indiquée et utile dans ces cas difficiles, mais
nécessite un entraînement spécifique. Beaucoup plus rarement, une ouverture chirurgicale
des VAS peut être nécessaire.
Une séquence rapide d’intubation doit être réalisée (seulement) par une médecin
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L’échographie peut également être utile pour confirmer la ventilation adéquate pulmonaire
et exclure un pneumo- ou hémothorax (figure 9.4).
173
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
Figure 9.4
Echographie pulmonaire
174
Figure 9.5
Sur le terrain, le pneumothorax sous tension est avant tout un diagnostic clinique. La radiographie de
thorax n’a pas d’indication alors que le diagnostic et la prise en charge ont un caractère vital.
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• Le pneumothorax simple représente une fuite d’air limitée dans la cavité pleurale,
responsable d’un collapsus du poumon sans répercussion hémodynamique
significative. Il peut n’être diagnostiqué qu’après une radiographie du thorax et être
simplement surveillé avec un monitorage continu des paramètres physiologiques
de l’enfant. Un drainage ne doit être réalisé que si l’enfant doit être ventilé en
pression positive, car dans ce cas, le pneumothorax simple peut se transformer en
pneumothorax suffocant.
• Un pneumothorax sous tension (figure 9.5) est plutôt rare chez l’enfant qui respire
spontanément mais il est plus fréquent chez l’enfant ventilé en pression positive.
Lorsque l’air entre massivement dans la cavité pleurale sans moyen de s’échapper,
la pression dans la cavité s’accroit. Cette pression déplacera le médiastin vers le
côté opposé, comprimant les gros vaisseaux et interférant avec le retour veineux,
notamment cave supérieur et inférieur, causant un choc obstructif avec une chute
concomitante de la pression artérielle systémique. La pression dans les veines
jugulaires augmente s’il n’y a pas d’hypovolémie associée. Les autres signes de
pneumothorax sous tension sont: hypoxie, diminution/absence du murmure
vésiculaire du côté concerné, déviation de la trachée vers le côté opposé au
pneumothorax sous tension.
Le traitement consiste en l’ouverture correcte des voies aériennes et une oxygénation
(100 %) au masque facial, VMB ou ventilation mécanique, et décompression
immédiate du pneumothorax.
175
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
Une thoracostomie immédiate (en faisant une incision au niveau du 4e espace intercostal sur la
ligne médio-axillaire avec une dissection rapide vers l’espace pleural) peut être une meilleure
alternative à la thoracocentèse à l’aiguille, mais cette procédure nécessite un entraînement
spécifique.
Figure 9.6
Figure 9.7
Pansement occlusif d’un pneumothorax ouvert
176
Le pneumothorax ouvert résulte d’une plaie pénétrante dans le thorax et émet un bruit
de succion. Etant donné la communication ouverte entre la cavité pleurale et l’atmosphère,
l’air entre via la plaie dans l’espace pleural durant l’inspiration. Ceci mène à une ventilation
inefficace et au déplacement du médiastin à chaque inspiration, entrainant une instabilité
circulatoire. Les autres signes d’un pneumothorax ouvert comprennent: diminution
de l’ampliation thoracique, du murmure vésiculaire et tympanisme du côté atteint. Un
pneumothorax sous tension peut se développer à partir d’un pneumothorax ouvert (si
l’ouverture s’obstrue).
177
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
Figure 9.8
Hémothorax massif
Les pertes sanguines sont la première cause de choc chez l’enfant traumatisé. Les pertes
sanguines peuvent être visibles (externes) ou cachées (internes). Le choc cardiogénique
(commotio cordis ou contusion cardiaque) ou le choc obstructif (pneumothorax,
tamponnade) sont des causes moins fréquentes de choc associé au trauma. Une hypotension
avec ou sans bradycardie peut rarement être causée par un choc spinal (ou neurogénique).
178
2.3.1. Hémorragie traumatique
Tout saignement évident à partir d’un vaisseau doit être contrôlée par compression directe
en utilisant une fine couche de compresses même si l’hémorragie semble peu active en
raison de la vasoconstriction protectrice initiale. Il faut toujours porter des gants. Les
clamps hémostatiques et les tourniquets ne devraient être utilisés qu’en cas d’hémorragie
sur amputation traumatique non contrôlée par une pression directe.
Les fractures ouvertes peuvent être responsables d’hémorragies importantes. En cas de
fractures de membre, remettre le membre en position anatomique et l’immobiliser sur une
attelle réduisent les pertes sanguines. Les fractures du bassin ou les fratures fermées des os
longs peuvent également être associées à des lésions des tissus mous et à une extravasation
de sang. Isolément, ces lésions en général ne donnent pas lieu à un choc hypovolémique
chez l’enfant. Chez l’adolescent, si on suspecte un saignement important à partir d’une
fracture avec dislocation du bassin, une ceinture ou un drap de lit compressifs peuvent
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être posés. Le traumatisme crânien n’est habituellement pas associé à l’hypovolémie (sauf
chez le nourrisson); une autre cause de saignement doit être recherchée en cas de choc
hypovolémique.
Il faut se rappeler que le volume circulant total de l’enfant est d’environ 80ml/kg.
L’évaluation des pertes sanguines et la sévérité de choc hypovolémique dépend de
l’évaluation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, des pouls périphériques,
de la perfusion périphérique, de la précharge, du niveau de conscience, de l’oxygénation et 9
de la fréquence respiratoire. La variation de ces signes est proportionnelle au volume des
pertes. L’enfant doit être réévalué fréquemment car il peut y avoir une détérioration rapide
de l’état circulatoire. La réponse au traitement doit aussi être évaluée pour décider s’il y a
lieu d’intervenir chirurgicalement.
179
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
• TRAITEMENT
Même si les procédures locales peuvent différer, p.ex. concernant les proportions des
différents produits sanguins, il y a un consensus pour limiter strictement l’usage des
cristalloïdes chez le traumatisé sévère (< 40ml/kg) et préférer l’usage précoce et bien
équilibré des produits sanguins (CGR, plasma frais et plaquettes). L’évaluation de la réponse
clinique après chaque bolus de fluide est essentielle pour guider la prise en charge. Une
mesure isolée de l’hématocrite ne doit pas être utilisée comme marqueur de saignement.
Le déficit de base et le taux de lactate sont de bons paramètres du degré d’insuffisance
Une prise en charge chirurgicale peut être indiquée si le choc persiste malgré plus de
40 ml/kg de produits sanguins ou si des transfusions répétées sont nécessaires pour maintenir
des paramètres physiologiques normaux. Un chirurgien expérimenté est indispensable
pour évaluer si une prise en charge chirurgicale immédiate est nécessaire pour stopper
l’hémorragie interne. La chirurgie devra se concentrer sur le contrôle du saignement
(«chirurgie de contrôle des lésions») et la protection cérébale; les autres procédures
doivent être différées. Chez les plus grands enfants, l’embolisation angiographique doit
toujours être envisagée en cas d’hémorragie incontrôlée.
En cas de transfusion massive, pour chaque 10ml/kg de CGR, on doit aussi transfuser 10ml/kg
de plasma frais congelé et 5 ml/kg de plaquettes. Si on ne peut obtenir un groupe sanguin et
une compatibilité, on peut transfuser du sang Rhésus négatif et du plasma frais AB. Il faut être
conscient que la transfusion de 40 ml/kg ou plus de sang O négatif compliquera la compatibilité
ultérieure.
Le taux de calcium ionisé doit toujours être monitoré et corrigé si nécessaire. Un monitorage
de la coagulation (incluant les taux de fibrinogène) et, si possible, un thromboélastogramme
contribuent à guider la prise en charge hémostatique. Dans le cas d’un saignement actif, on vise
un taux de plaquettes > 100.000/mm³ et d’hémoglobine > 7 g/dl (> 4.3 mmol/l). Un traitement
par du fibrinogène peut être envisagé si le taux sanguin est < 1.5-2 g/l et/ou s’il y a des signes
180
de déficit en fibrinogène. Compte tenu des dernières connaissances et de sa relative inoccuité,
un bolus d’acide tranexamique de 20 mg/kg (max 1 g), suivi de 2 mg/kg/h pendant 8h est
conseillé chez tous les enfants présentant une hémorragie massive pourvu qu’il soit débuté dans
les 3 premières heures après le traumatisme.
181
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
Les signes vitaux et le statut neurologique (diamètre pupillaire, AVPU ou score de coma
moteur Glasgow) doivent être monitorés régulièrement et interprétés selon l’état clinique
de l’enfant. (voir aussi page 26) En particulier, les pupilles doivent être examinées: taille,
symétrie et réponse directe à la lumière. Des pupilles anormales ou asymétriques (myosis,
mydriase, pupille aréflectique) associées à un trauma crânien peuvent être le signe d’une
masse intracrânienne unilatérale (probablement un œdème ou une hémorragie) et
nécessitent une prise en charge neurochirurgicale urgente et un traitement immédiat.
182
particulièrement en cas de choc hypovolémique. Il faut rechercher des indices dans
l’environnement pour mieux comprendre ou déterminer les lésions. Une courte anamnèse
doit être obtenue et peut être mémorisée par l’acronyme AMPLE.
Le clinicien doit être attentif à instaurer une antalgie précoce lorsque c’est nécessaire,
bien qu’elle ne fasse pas strictement partie de la prise en charge primaire. En général, le
polytraumatisé est algique, ceci doit être reconnu et pris en charge aussi vite et efficacement
que possible. Des dérivés morphiniques (IV ou parfois par voie sublinguale) sont souvent
nécessaires en cas de traumatismes sévères. L’hypoxie et l’hypovolémie peuvent être à
l’origine d’agitation, de geignement, d’altération de la conscience et doivent continuellement
être exclues. Néanmoins, ceci ne justifie pas de donner un traitement antalgique suboptimal.
secondaire et tertiaire)
La prise en charge secondaire comporte un examen physique complet afin de détecter
toutes les lésions. L’entièreté du corps de l’enfant doit être examinée, de la tête aux pieds, y
compris le dos et le périné. Tout détail permettant de comprendre le mécanisme des lésions,
la force de l’impact et son amplitude est important pour la prise en charge (environnement).
Cette prise en charge secondaire ne débute que lorsque l’enfant est stabilisé et que toute
lésion menaçant la vie a été traitée. Les signes vitaux en rapport avec l’ABCD doivent être
régulièrement réévalués pendant et après la prise en charge secondaire; toute dégradation
clinique implique le retour à la prise en charge primaire. En pré-hospitalier, l’examen et le
traitement se limitent à la prise en charge primaire afin de détecter et traiter des lésions
potentiellement létales, avant et pendant le transport vers l’hôpital.
183
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
Malgré son caractère irradiant, un CT-scanner spiralé du corps entier devrait être réalisé
préférentiellement chez tout patient à risque d’un traumatisme majeur (en fonction de la
cinétique du traumatisme ou de la présentation clinique). Les radiographies du bassin et/ou
du rachis cervical peuvent être alors abandonnées car elles sont inclues dans le CT-scanner.
• Evaluation
Les enfants qui se présentent dans un contexte de perte de conscience, de céphalées, de
vomissements, d’amnésie, de convulsions et/ou de traumatisme à haute énergie sont plus
à risque de développer des lésions cérébrales sévères. Les points d’appel cliniques sont des
contusions, lacérations, fractures du crâne, ou encore, un hémotympan, une rhinorrhée
ou des déficits neurologiques focaux. L’échelle de coma de Glasgow ou le score moteur,
doit être évalué aussi vite que possible avec une évaluation neurologique complète avant
l’administration de sédatifs ou de curares, car ces agents utilisés dans l’induction d’une
anesthésie masquent les signes cliniques (voir page 26).
Tout enfant traumatisé dont l’état de conscience est altéré et/ou après un traumatisme
avec un mécanisme à haute énergie doit subir un CT-scanner cérébral sauf s’il est instable
sur le plan hémodynamique. Une équipe et du matériel de réanimation doivent toujours
accompagner le patient car même s’il semble stabilisé, son état peut toujours se détériorer
brutalement.
184
• Traitement
NEUROCHIRURGIE: la sollicitation rapide du neurochirurgien est nécessaire pour décider
de l’opportunité d’une chirurgie de décompression, du monitorage de la PIC ou du drainage
d’un hématome. L’hématome extra-dural est une urgence vitale nécessitant un drainage
chirurgical en urgence. Le risque est une extension rapide de l’hématome menant à
l’engagement cérébral très brutal (mydriase unilatérale et perte de conscience suivis d’une
mydriase bilatérale et d’une bradycardie).
185
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
En cas d’HTIC documentée, le sérum salé hypertonique (p.ex. NaCl 3 % 3-5ml/kg en bolus) peut
être utilisé comme un moyen efficace et sûr de diminuer la PIC, avec l’avantage d’augmenter
également le volume sanguin. Cet effet est transitoire et implique probablement que la barrière
hémato-méningée soit intacte. Le monitorage de l’osmolarité sanguine et du débit urinaire
sont essentiels en cas d’utilisation de sérum salé hypertonique. La thérapie osmotique en cas
de lésion/œdème cérébral unilatéral (p.ex. hématome extra-dural) peut accentuer la déviation
de la ligne médiane. Idéalement, un neurochirurgien doit être consulté avant l’administration
de tout traitement osmotique.
Les factures des premières côtes (1-3) et de la clavicule peuvent être associées à des lésions
des gros vaisseaux, du médiastin et des bronches; les fractures des côtes moyennes (4-9) sont
associées aux contusions pulmonaires et à l’hémothorax, alors que celles des côtes inférieures
(10-12) sont associées à des lésions hépatiques et spléniques.
186
3.3.2. Contusion pulmonaire
Fréquentes chez l’enfant, même en l’absence de fractures de côtes, les contusions pulmonaires
résultent de la rupture des capillaires pulmonaires et de l’inondation des alvéoles par du sang,
ce qui mène à l’hypoxie. Un traitement basé sur l’oxygénation et la ventilation mécanique peut
être nécessaire. Instaurer rapidement une analgésie correcte et de la kinésithérapie respiratoire
est important et utile.
3.4.1. Evaluation
Les symptômes suggérant une lésion abdominale sont des douleurs en poignard de l’abdomen
ou de l’épaule. Les signes suggérant une lésion abdominale comprennent: distension
abdominale, abrasions, lacérations ou plaie pénétrante de la paroi abdominale, irritation
péritonéale ou péritonite et finalement choc hypovolémique. Un examen prudent de l’abdomen
doit être réalisé, bien que les signes d’hémorragie intra-abdominale puissent manquer (faux
négatif). L’aspiration gastrique et le sondage urinaire peuvent être utiles à l’évaluation en
décomprimant l’abdomen et en diminuant la pression intra-abdominale. L’examen vaginal ne
doit être réalisé que par un spécialiste expert en trauma gynécologique. Le pénis, le méat urétral
et le scrotum sont examinés à la recherche de sang ou de collection. L’examen du rectum se fait
durant la prise en charge secondaire, et est idéalement réalisé par le chirurgien qui décidera
d’une éventuelle indication opératoire. 9
L’échographie ciblée (FAST) peut contribuer à la recherche de lésions abdominales, mais sa
sensibilité et sa spécificité sont plus faibles que chez l’adulte, indépendamment de l’opérateur.
Le lavage péritonéal n’est plus pratiqué car il n’est pas fiable. Le CT-scanner de l’abdomen est
l’examen de choix chez chaque enfant polytraumatisé sévère; cependant cet examen n’est
réalisé que si l’enfant est suffisamment stable hémodynamiquement. Tout enfant traumatisé qui
187
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
va au CT-scanner doit être accompagné par une équipe médicale compétente en réanimation
pédiatrique et disposant du matériel adéquat (y compris les médicaments). Chez les enfants
présentant des lésions supposées moins sévères (mécanisme traumatique moins violent), la
décision de réaliser un CT-scanner doit être réfléchie en tenant compte de son caractère irradiant.
3.4.2. Traitement
La plupart des enfants ayant une lésion viscérale peuvent être traités de manière
conservatrice (c.à.d. non chirurgicale) dans un service de soins intensifs pédiatrique pourvu
qu’il y ait un chirurgien expérimenté (pédiatrique) qui supervise la prise en charge et soit
capable d’intervenir en cas de dégradation. Les indications d’une intervention chirurgicale
sont les plaies pénétrantes, les perforations intestinales et le choc hypovolémique
réfractaire à l’expansion volémique.
188
Le traitement d’urgence des lésions vasculaires des membres comprend le remplissage après
l’évaluation du A et du B avec une hémostase d’un éventuel saignement évident, le traitement
de la douleur, l’alignement et l’immobilisation du membre par une atelle. Si la douleur
augmente après immobilisation, une lésion ischémique et/ou un syndrome des loges doivent
être éliminés.
189
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
La brûlure empêche le retour veineux du membre qui a une pression veineuse maximale de
10-15 mmHg. Comme la pression artérielle est plus élevée, le flux sanguin artériel persiste. La
stagnation de grandes quantités de sang dans les muscles du bras augmentent la pression qui
est transmise aux tissus via le lit capillaire, et conduit à l’ischémie musculaire et à la nécrose
cellulaire.
Les signes cliniques sont la douleur, aggravée par l’étirement musculaire passif, la diminution
de sensibilité, l’œdème local et la faiblesse musculaire. Il faut rechercher activement le
syndrome des loges et le reconnaître rapidement car les pouls distaux ne disparaissent
que lorsque la pression intra-compartimentale dépasse la pression artérielle. Le traitement
initial est la libération de tout bandage constrictif. Une intervention chirurgicale peut être
nécessaire pour tenter de sauver le membre.
Si des traitements urgents ultérieurs doivent être entrepris en centre spécialisé, un transfert
secondaire est nécessaire.
L’équipe de transfert doit contacter l’hôpital receveur pour l’informer de l’état clinique
de l’enfant en donnant des détails concernant les lésions suspectées, les antécédents
(anamnèse AMPLE) et toute intervention ou traitement déjà réalisés.
Idéalement, l’équipe de transfert doit avoir les mêmes compétences que celles de l’équipe de
l’hôpital receveur. Elle doit être capable de gérer tout problème pouvant survenir durant le
transport comme par exemple une dégradation de la perméabilité des voies aériennes, une
ventilation devenant inefficace ou une dégradation de l’état circulatoire. Les hémorragies
externes doivent être contrôlées avant et durant le transport et il doit y avoir une voie
d’abord intraveineuse ou intraosseuse sûre. Les paramètres de l’ABCDE doivent être évalués
et monitorés durant tout le transfert. Quand c’est possible, le transfert est organisé sans
délai et les traitements et examens non urgents doivent être évités, à condition que l’enfant
190
puisse être transféré en sécurité sans risque de détérioration pendant le transport. L’heure
probable de l’arrivée de l’équipe de transfert et la nécessité de spécialistes supplémentaires
doivent être communiqués rapidement et clairement à l’équipe receveuse, pour que les
experts nécessaires soient présents à l’arrivée.
Dans les cas sévères, une brûlure circonférentielle du thorax peut gêner les mouvements
respiratoires. Ces effets constrictifs peuvent être levés par escarotomie (fasciotomie au
travers des tissus brûlés). L’inhalation de particules lors d’un feu peut contribuer à la détresse
9
respiratoire; ces particules doivent être retirées par aspiration/lavage après intubation et/
ou bronchoscopie. En cas d’incendie dans un endroit confiné, p.ex un incendie domestique,
il faut toujours envisager l’intoxication au monoxyde de carbone et/ou au cyanure et, si
nécessaire le traitement doit inclure l’O2 hyperbare et/ou un antidote des cyanures.
191
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
Il est nécessaire de monitorer attentivement la balance hydrique de l’enfant brûlé pour éviter tant
l’hypovolémie que la surcharge hydrique. Le débit urinaire initial visé doit être maintenu entre
1-1,5 ml/kg/h.
Les soins initiaux incluent le rinçage de la brûlure avec de l’eau courante tiède durant au moins
15-20 minutes. Ensuite, il faut couvrir les lésions avec un film plastique ou une gaze sèche
jusqu’à ce que d’autres soins soient prodigués. Il faut éviter toute pression sur la lésion. Les
soins de la brûlure doivent être débutés le plus rapidement possible pour éviter l’infection. Il
faut prendre soins d’éviter l’hypothermie pendant le rinçage et le transport. L’état vaccinal de
l’enfant contre le tétanos doit être vérifié pour déterminer si un rappel est nécessaire.
6. Noyade
La noyade est un processus entrainant une insuffisance respiratoire en raison de l’immersion
(au moins la face et l’entrée des voies aériennes recouvertes de liquide) ou de la submersion
(tout le corps dans le liquide) dans de l’eau ou tout autre liquide. La conséquence la plus
commune et la plus délétère de la noyade est l’asphyxie associée à l’hypoxie. La durée de
l’hypoxie est le facteur déterminant du pronostic.
L’enfant doit être retiré de l’eau par les moyens les plus rapides et les plus sûrs. Si possible, on
retire la victime de l’eau en la maintenant en position horizontale pour éviter une hypotension
post-noyade ou un collapsus cardiovasculaire mais sans retarder l’extraction de l’eau.
192
6.2. Airway (A) and Breathing (B)
Les lésions du rachis cervical sont rares et son immobilisation est difficile dans l’eau.
L’immobilisation cervicale n’est donc requise qu’en cas de traumatisme sévère suspecté
(p.ex. plongeon, usage de tobbogans aquatiques). Il faut ouvrir les voies aériennes. Tenter
de retirer l’eau des voies aériennes n’est pas utile et peut retarder la réanimation.
La victime noyée sortie de l’eau quelques minutes après l’immersion présente souvent une
respiration agonique. S’il n’y a pas de respiration spontanée normale, après avoir ouvert
les voies aériennes, la respiration artificielle est débutée. La respiration artificielle ne doit
être pratiquée dans l’eau que par un sauveteur entraîné à la technique. Autrement, elle est
débutée à la sortie de l’eau ou dans une eau peu profonde.
De l’oxygène à haut débit doit être administré pendant l’évaluation initiale de l’enfant
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noyé qui respire spontanément. La ventilation non invasive ou la CPAP peuvent aussi être
utilisées si l’hypoxie persiste. Une intubation précoce est indiquée chez les enfants qui
ne répondent pas à ces mesures ou qui ont une conscience altérée. La diminution de la
compliance pulmonaire nécessitant des pressions plus importantes peut limiter l’usage de
dispositifs supraglottiques. Après la RACS, des PEP élevées peuvent être nécessaires pour
permettre une oxygénation suffisante.
Après une immersion prolongée, la plupart des victimes deviendront hypovolémiques lors
de l’extraction en raison de l’arrêt des pressions hydrostatiques exercées par l’eau sur le
corps. Un remplissage rapide est donc nécessaire après l’extraction.
193
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
Les enfants sont plus sensibles à l’hypothermie étant donné l’immaturité de leur système
thermorégulateur. Il est important de noter que lorsque la température corporelle baisse,
les mécanismes physiques de compensation (p.ex. frissons) commencent à faiblir, l’état de
conscience peut être altéré et des arrythmies peuvent survenir. La bradycardie est physiologique
en cas d’hypothermie sévère et ne doit pas faire l’objet de pacing sauf si elle persiste après
le réchauffement de l’enfant et compromet l’état hémodynamique du patient. En général,
les arrythmies – à l’exception de la FV - s’amendent spontanément lorsque la température
augmente. En cas d’hypothermie très profonde (< 24°C), les signes de vie peuvent être très
discrets et donc facilement manqués. On doit prendre au moins une minute pour les évaluer
et un ECG doit être réalisé à la recherche de la moindre activité électrique cardiaque. En cas de
doute, la RCP doit être débutée.
194
7. Maltraitance
La maltraitance de l’enfant peut se présenter sous différentes formes de lésions physiques.
Les professionnels de la santé doivent y penser en présence de certains indices:
• L’histoire est incompatible avec les lésions observées, change fréquemment, est
incompatible avec le développement moteur de l’enfant, ou improbablement
complexe.
• L’intervalle de temps entre le moment de la lésion et la présentation à l’hôpital est
inexplicablement long.
• Les traumatismes sont répétitifs.
• La réponse des parents est inappropriée (indûment agressive, indifférente ou
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excessivement anxieuse).
• L’histoire racontée par les parents ou la personne qui garde l’enfant est incohérente.
• Certaines lésions sont caractéristiques de maltraitance comme des fractures
spiralées causées par une torsion, une fracture métaphysaire en coin ou en anse
de seau, une fracture costale postérieure ou encore, des brûlures de cigarette, etc.
Il est primordial que l’enfant soit hospitalisé et protégé d’une récidive possible de
maltraitance. Les parents doivent être vus par un senior qui a – si possible – l’expérience de
ce genre de situation.
195
Chapitre 9
Trauma pédiatrique sévère
196
196
Chapitre 10.
Réanimation du nouveau-né
La réanimation du nouveau-né est différente à bien des égards de la réanimation à d’autres
périodes de la vie, cependant l’ABC général peut être suivi avec certaines spécificités.
Le passage dans la filière génitale est une expérience hypoxique pour le fœtus. La plupart
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des bébés à terme tolèrent bien ce passage et acquièrent une respiration ou crient dans
les 90 secondes qui suivent la naissance. Très peu, même nés par césarienne, nécessite une
réanimation. Cependant, tout nouveau-né doit être évalué à la naissance, puisque 5 à 10 %
auront besoin d’une forme d’assistance. Les étapes de la réanimation néonatale découlent de
la physiologie du nouveau-né. Dans l’utérus le fœtus bénéficie d’une température ambiante
constante et ses besoins respiratoires, nutritifs et excréteurs dépendent du placenta. Ses
poumons sont déplissés mais sont remplis de liquides et non d’air et ne fonctionnent pas
comme un organe respiratoire. A la naissance le fœtus doit passer d’un organisme dépendant
de la respiration de sa mère via le placenta à une respiration aérienne dépendant de ses propres
poumons (passage de fœtus à nouveau-né). En un instant et exactement au bon moment,
les poumons du bébé sont vidés du liquide amniotique puis remplis d’air et sont perfusés avec
de grandes quantités de sang. Les premières respirations génèrent des pressions négatives de
l’ordre de – 50 à- 100 cm H2O. Ces pressions semblent être nécessaires pour dépasser la tension
de surface et faire en sorte que les poumons remplis de liquide se gonflent pour la première fois
d’air; ces pressions sont beaucoup plus élevées que lors d’une respiration normale.
1. Préparation à la réanimation
L’idéal est que le bébé naisse dans un endroit spécialement préparé à l’accueillir que ce soit
en salle de naissance à l’hôpital ou à la maison avec l’assistance de professionnels formés
à la réanimation néonatale. Cependant, des naissances inattendues peuvent arriver et
ce chapitre vise également à préparer tout professionnel à réanimer des bébés nés hors
maternité. Les principes de prise en charge sont les mêmes quelque soit le lieu de naissance
du bébé; par contre, les conditions environnementales et l’expérience du personnel soignant
impliqué seront différentes.
Dans de nombreux cas, on peut prédire avant la naissance, que le nouveau-né aura besoin d’une
réanimation. Cependant, dans d’autres situations cela ne sera pas possible. Il est donc préférable
d’être prêt à réanimer tout nouveau-né. L’idéal est qu’à chaque naissance au moins une personne
formée à la réanimation du nouveau-né soit présente.
197
Chapitre 10
Réanimation du nouveau-né
Une personne expérimentée dans la gestion des voies aériennes doit idéalement être présent
si l’accouchement est à haut risque de réanimation néonatale, et facilement joignable si
l’accouchement est à bas risque.
Certains professionnels de santé peuvent être amenés à gérer une naissance inopinée et
à s’occuper du nouveau-né en l’absence d’installations néonatales. Chaque professionnel
devrait être entrainé à la réanimation néonatale et maintenir sa compétence dans ce
domaine. Il peut être difficile de décider s’il est encore temps de transporter la mère vers
un hôpital ou s’il est plus sûr de rester sur place. Un tri approprié de la femme en travail doit
aussi faire partie de la formation des professionnels de santé.
1.1. Equipment
Le matériel minimum nécessaire comprend de quoi ventiler en sécurité un nouveau-né, des
198
• Sérum physiologique (0,9 %)
• Glucosé à 10%
1.2. Environnement
Quelque soit le lieu de naissance, les soignants doivent chauffer la pièce et garder le bébé au
chaud. Idéalement, la réanimation doit se faire sur une table chauffée par chauffage radiant,
éclairée, sans courant d’air avec tout le matériel de réanimation à disposition immédiate.
mis en peau à peau sur elle et couvert avec des serviettes sèches et
chaudes surtout si l’accouchement a lieu hors maternité.
Une attention particulière est nécessaire pour prévenir les pertes de chaleur en:
10
199
Chapitre 10
Réanimation du nouveau-né
2. Evaluation du nouveau-né
Il est possible d’évaluer l’état du nouveau-né en vérifiant la respiration, la fréquence
cardiaque, le tonus et la couleur (oxygénation).
Durant le travail normal, les contractions utérines récurrentes interfèrent avec les échanges
gazeux placentaires entrainant un certain degré d’hypoxie fœtale. Une hypoxie significative
déprime le centre respiratoire et le nouveau-né peut naitre hypotonique, ne pas respirer et
avoir une cyanose persistante. L’hypoxie ralentit aussi la fréquence cardiaque et le bébé peut
être bradycarde. Chez les nouveau-nés en asphyxie sévère, il existe une vasoconstriction
périphérique qui dévie le flux sanguin vers les organes vitaux, donnant un aspect blanc au
bébé. Ces signes doivent être régulièrement réévalués pendant la réanimation.
2.1. La respiration
2.3. Tonus
Le tonus du bébé doit être vérifié, il peut être bien tonique en flexion ou tout mou comme une
poupée de chiffon. Un bébé très hypotonique est probablement inconscient et nécessite une
réanimation.
200
cutané de plus de 2 secondes sont normaux immédiatement après la naissance et doivent
être ignorés. Si par contre la cyanose centrale persiste, elle doit être chiffrée par une
oxymétrie de pouls. Une pâleur persistante malgré la ventilation peut indiquer une acidose
significative ou plus rarement une hypovolémie.
Les saturations pré- et post-ductales reflètent les saturations en oxygène des vaisseaux
provenant de l’aorte avant et après le canal artériel. Chez les enfants porteurs de cardiopathies
cyanogènes, le canal artériel persiste et permet le mélange du sang de l’artère pulmonaire
(sang désoxygéné) avec celui de l’aorte proximale descendante. Les valeurs pré-ductales
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(prises à la main droite) ne sont pas modifiées par les shunts contrairement aux saturations
post-ductales qui deviennent plus basses en cas de shunt.
2.5. APGAR
Le score d’Apgar noté à 1 et 5 minutes de vie est souvent utilisé pour apprécier l’état du
nouveau-né mais ne doit pas être utilisé pour prendre les décisions concernant la réanimation.
3. Réanimation du nouveau-né
La plupart des nouveau-nés à terme ne nécessitent aucune intervention à la naissance si
ce n’est de les maintenir au chaud. Les bébés hypotoniques, qui ne crient ou ne respirent
pas spontanément nécessitent une intervention. La réanimation comprend la gestion des
voies aériennes, de la respiration, de la circulation et éventuellement des médicaments
(«drogues» pour le D): ABCD dans cet ordre.
Des variations de cette procédure peuvent être nécessaires en cas de prématurité
importante.
Le bébé qui respire régulièrement après séchage avec une FC rapide >100/min et un
bon tonus ne nécessite pas d’autre intervention et peut être rendu à sa mère. Il peut être
placé sur sa poitrine et son abdomen, en peau à peau. Couvrir la mère et le bébé d’une
couverture. La chaleur adéquate est fournie par la mère. Les voies aériennes supérieures 10
peuvent être libérées si besoin par aspiration de la bouche et du nez du bébé. L’observation
201
Chapitre 10
Réanimation du nouveau-né
E stimer si une aide est nécessaire. Plus vous appelez tôt, plus vous
obtiendrez de l’aide rapidement.
Figure 10.1
Ouverture des voies aériennes du nouveau-né
202
L ’aspiration n’est nécessaire que si les voies aériennes sont obstruées.
L’obstruction peut être causée par du méconium épais, des caillots
de sang ou du vernix. Si une aspiration est effectuée, une sonde
d’aspiration de diamètre 12-14 FG ou une canule de type Yankauer
pédiatrique doit être utilisée (à une profondeur maximale de 5 cm);
le temps d’aspiration ne doit pas excéder cinq secondes pour éviter
une apnée ou une bradycardie vagale. La pression négative ne doit
pas dépasser 150 mm Hg sous peine de blesser les tissus mous. Une
aspiration agressive peut retarder l’apparition de la respiration
spontanée et provoquer un spasme laryngé. La situation spécifique
du méconium est détaillée dans le texte ci-dessous.
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Une bonne expansion des poumons est l’étape la plus importante et souvent la seule mesure
nécessaire au succès de la réanimation. L’insufflation efficace d’air ou d’oxygène dans les
alvéoles remplies de liquide va permettre de récupérer de l’hypoxie, de l’acidose et de la
bradycardie. De plus, une insufflation adéquate stimule la production de surfactant et favorise 10
l’établissement d’une capacité résiduelle fonctionnelle correcte.
203
Chapitre 10
Réanimation du nouveau-né
La fréquence cardiaque doit ensuite être vérifiée (à savoir 60 secondes après la naissance).
L’oxymétrie de pouls et le monitoring cardiaque doivent être mis en place, si cela ne
perturbe pas les tentatives de réanimation.
204
5. Considérer l’utilisation d’une canule oropharyngée
6. Inspecter l’oropharynx avec un laryngoscope et aspirer les secrétions visibles
avec une sonde d’aspiration de large calibre
7. Essayer les méthodes alternatives de ventilation (SIT ou ML).
nouveau-nés. Les valves de sécurité des ballons autogonflables sont débit dépendantes
et les pressions générées peuvent dépasser celles indiquées par le fabricant. Les pressions
d’insufflation souhaitées et les temps inspiratoires prolongés sont plus fiables avec les
pièces en T (figure 10.2) qu’avec un ballon. Les ballons autogonflables peuvent ne pas
délivrer la PEEP attendue même s’ils sont équipés d’une valve de PEEP.
Les masques utilisés pour ventiler les nouveau-nés doivent avoir un bord souple et large
permettant une bonne étanchéité avec la figure du bébé. Le masque doit envelopper
confortablement le nez et la bouche du bébé sans comprimer les yeux ou déborder du
menton.
Figure 10.2
Dispositif mécanique avec pièce en T
L
0H
530
DEL N
MO YGE
-OX
AIR E R
MIX
30 40
50
20
10
60 70
80
90
100
10
205
Chapitre 10
Réanimation du nouveau-né
Une ventilation efficace peut être obtenue par un système mécanique avec pièce en T conçu
pour réguler la pression. Le masque facial est connecté à une valve de pression. La pression
délivrée est ajustée par une valve de sécurité de préférence reliée à un manomètre. La pression
d’insufflation et le temps inspiratoire peuvent facilement être atteints de manière reproductible.
Le masque laryngé a été utilisé avec succès lors de la réanimation de nouveau-nés à terme et
proches du terme. Il y a peu de données sur son usage et son efficacité lorsque des compressions
thoraciques sont nécessaires chez le grand prématuré et en cas de liquide amniotique méconial.
Leur utilisation en cas d’accouchement urgent doit être considérée comme une alternative à la
ventilation au masque en pression positive des nouveau-nés d’un poids supérieur à 2000 g ou
d’un âge gestationnel de plus de 34 SAG, surtout si la VMB est inefficace ou s’il y a échec ou
impossibilité d’intubation trachéale.
• Oxygène
Actuellement, l’approche standard chez le nouveau-né à terme nécessitant à la naissance
206
Tableau 10.1
Valeurs acceptables de la SpO2 chez les nouveau-nés dans les minutes qui suivent la naissance.
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• Intubation trachéale
L’intubation trachéale nécessite de l’entrainement et de l’expérience. Dans pratiquement
tous les cas il est possible de réanimer les nouveau-nés en les ventilant au masque. Parfois
c’est inefficace et l’intubation trachéale est nécessaire. Dans de rares occasions comme la
réanimation d’un bébé porteur d’une hernie diaphragmatique, l’intubation trachéale est
clairement préférable.
L’intubation trachéale se fait normalement par voie orale sous laryngoscopie directe.
L’utilisation d’une lame droite (taille 0 pour les prématurés et taille 1 pour les bébés à terme)
est recommandée. Il faut utiliser des sondes d’intubation trachéales avec un diamètre 10
interne uniforme et non un diamètre progressif. La taille de la sonde peut être déterminée
par le poids de naissance ou l’âge gestationnel. Il faut savoir que les repères sur les sondes
207
Chapitre 10
Réanimation du nouveau-né
d’intubation faites par les différents fabricants dans le but d’aider au placement correct, varient
considérablement. Le placement de la sonde trachéale doit être contrôlé visuellement lors de
l’intubation. Une augmentation rapide de la fréquence cardiaque est une bonne indication du
positionnement correct de la sonde. La détection du CO2 expiré est aussi un bon indicateur de
la la bonne position de la sonde chez les nouveau- nés. Des fausses valeurs négatives peuvent
être observés lors d’un arrêt cardiaque (absence de perfusion pulmonaire).
Tableau 10.2
Diamètre des sondes d’intubation trachéales et repères d’insertion chez le nouveau-né.
Calibre
des sondes
d’intubation Poids (g) AG (semaines) Repère d’insertion (cm)*
(mm de diamètre
3.3. Circulation
Les compressions thoraciques doivent être débutées si la fréquence cardiaque reste inférieure
à 60 battements/min malgré une bonne inflation et 30 secondes de ventilation adéquate. Une
bonne expansion pulmonaire doit être confirmée avant de passer au support de la circulation.
Deux techniques sont recommandées pour les compressions thoraciques chez le nouveau-né.
208
Figure 10.3
Technique des compressions thoraciques à deux pouces avec encerclement du thorax chez le nouveau-né
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Quelque soit la méthode, le thorax doit être comprimé fermement sur environ un tiers de
son diamètre antéro-postérieur; la profondeur des compressions doit être suffisante pour
générer un pouls palpable. Les doigts ou les pouces ne doivent à aucun moment quitter le
thorax mais le thorax doit pouvoir revenir à sa position de relaxation entre les compressions.
10
209
Chapitre 10
Réanimation du nouveau-né
Figure 10.5
Algorithme de réanimation du nouveau-né
(Conseil anténatal)
Briefing de l’équipe et vérification du
matériel
Naissance
Sécher le nouveau-né
Maintenir une température normale
Mettre en route le chronomètre
et noter l’heure
Réévaluer
Si FC n’augmente pas 60 s
Maintenir la température
A tous les
Si le thorax ne se soulève pas: SpO2 pré-ductale moments de
Repositionner de la tête acceptable la prise en
Envisager contrôle des VA à 2 personnes 2 min 60 % charge se
ou autres manœuvres d’ouvertures des 3 min 70 % demander:
VA Répéter les insufflations 4 min 80 %
avez
Considérer le monitoring SpO2 ± ECG 5 min 85 %
Regarder la réponse 10 min 90 % besoin
d’aide ?
Si FC n’augmente pas
Regarder les mouvements du thorax
compressions
Alterner compressions et insufflations
(3 : 1)
210
3.3.3. Drogues et Solutés
Les médicaments sont rarement utilisés lors de la réanimation des nouveau-nés car la
bradycardie est habituellement due à l’hypoxie et une ventilation adéquate et/ou des
compressions thoraciques permettent une augmentation de la fréquence cardiaque.
Toutefois chez quelques bébés, on peut n’obtenir aucune amélioration clinique malgré une
bonne expansion pulmonaire et 30 secondes de compressions thoraciques efficaces. Dans cette
situation, la stimulation myocardique (avec de l’adrénaline) peut être tentée.
Un nouveau-né peut avoir besoin d’un accès veineux pour l’administration de médicaments
ou de solutés. Plusieurs voies d’abord sont possibles en salle de naissance mais la veine
ombilicale (figure 10.6) est recommandée pour l’administration de médicaments et de solutés
au cours de la réanimation. La veine ombilicale est facilement localisable et cathétérisable.
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Si des fluides et des médicaments sont nécessaires et les tentatives d’accès vasculaire
infructueuses, la voie intra-osseuse est une alternative efficace bien que l’expérience chez
les nouveau-nés soit encore limitée. La voie intra-trachéale n’est plus recommandée chez
le nouveau-né.
Figure 10.6
Cathétérisme de la veine ombilicale
1 veine ombilicale
2 artères ombilicales
JAMBES
TÊTE
• Adrénaline
L’adrénaline est indiquée quand la fréquence cardiaque reste inférieure à 60/min après 30
secondes de ventilation et de compressions thoraciques efficaces.
La première dose recommandée en IV (ou IO) est de 10mcg/kg (0.1ml/kg d’une solution
à 1:10000) puis les doses suivantes entre 10 et 30 mcg/kg (0.1-0.3 ml/kg d’une solution à 10
1:10000) si nécessaire (toutes les 3 à 5 minutes).
Des fortes doses d’adrénaline peuvent entrainer une hypertension systémique prolongée et
211
Chapitre 10
Réanimation du nouveau-né
• Soluté
Le remplissage vasculaire doit être envisagé si la réponse à une réanimation bien conduite
est insuffisante, et si une hypovolémie est suspectée ou établie (pâleur, mauvaise perfusion,
pouls faible). Une hypovolémie peut être suspectée, même sans saignement évident, en
particulier lorsque des signes d’insuffisance circulatoire sont présents. Les cristalloïdes
isotoniques sont les solutés de choix. Si une hémorragie importante est suspectée, la
transfusion de culots globulaires O Rhésus négatif déleucocytés est le traitement de
choix. Si le sang n’est pas disponible immédiatement, un remplissage par un cristalloïde
isotonique est préférable à une solution contenant de l’albumine. Un bolus de 10 ml/kg
est administré en IV (ou IO) en 5 à 10 min. Le nombre exact et la durée des remplissages
• Bicarbonate de sodium
Il n’y a pas de preuve de bénéfice à l’utilisation en routine du bicarbonate dans la réanimation
du nouveau-né. L’hyperosmolarité et la production de CO2 générées par le bicarbonate de
sodium pourraient entrainer une dysfonction myocardique et cérébrale.
• Glucose
Le cœur ne peut fonctionner sans sucre et les stocks de glycogène, présents dans le cœur à
la naissance diminuent après celle-ci. La glycémie doit être vérifiée s’il n’y a pas de réponse
à l’adrénaline et l’hypoglycémie doit être traitée (glucose 10 % 2.5ml/kg).
4. Cas particuliers
4.1. Méconium
Un bébé stressé in utero peut émettre du méconium dans le liquide amniotique. Ceci est
d’autant plus fréquent que le bébé est proche du terme. In utero, le bébé a des périodes de
«respiration» mais ces efforts respiratoires ne sont pas suffisants pour faire rentrer l’épais
méconium dans les poumons fœtaux. Toutefois si le bébé souffre d’asphyxie in utero, il peut
alors passer par une phase d’apnée primaire puis de gasps. Ces gasps sont suffisamment
puissants pour permettre au bébé d’aspirer des particules de méconium dans la trachée.
Dans le passé, il était conseillé d’aspirer le méconium de la bouche et du nez du bébé dès
que le visage du bébé apparaissait à la vulve, action appelée «aspiration obstétricale»
ou «aspiration perpartale». Une grande étude multicentrique contrôlée a maintenant
démontré que cette pratique ne prévenait pas l’inhalation méconiale. Toutefois si le bébé
est né dans du méconium et n’est pas vigoureux (c.-à-d. a une fréquence cardiaque < 100/
min), hypotonique et sans respiration spontanée, il faut inspecter l’oropharynx et aspirer le
méconium qui s’y trouve. Dans ces situations, l’accent reste mis sur le début de la ventilation
212
dans la première minute de vie. Après avoir nettoyé les voies aériennes, une aspiration
orogastrique du méconium dégluti doit être effectuée pour prévenir le risque d’ inhalation.
4.2. Prématurité
La prématurité augmente considérablement la probabilité qu’une intervention soit
nécessaire à la naissance, mais cette aide tient plus à l’assistance d’un nouveau-né fragile
qu’à la réanimation d’un nouveau-né agonique. Les prématurés se refroidissent plus vite,
ont des poumons plus fragiles, des muscles plus faibles, peu de réserves et sont moins
capables de produire du surfactant.
Chez le très grand prématuré (c.-à-d. moins de 32 SAG) le séchage de routine et les
couvertures ne suffisent pas à maintenir une bonne température. Ces bébés doivent être
placés sous un chauffage radiant et ensuite être recouverts complètement, sauf le visage,
avec un sac de congélation plastique sans les sécher au préalable. Toutes les manœuvres
de réanimation sont réalisables avec le sac plastique en place. En cas de réanimation
prolongée, il faut s’assurer que le bébé n’est pas trop réchauffé.
La plupart des prématurés en apnée peuvent être ventilés avec succès avec des pressions
d’insufflation initiales de 20-25 cm H2O mais certains nécessitent de plus fortes pressions.
Dès que l’expansion des poumons est obtenue, il est préférable d’utiliser des pressions plus
basses avec une PEEP (autour de 5 cmH2O) afin de maintenir un volume pulmonaire approprié
sans risquer des lésions de ces poumons fragiles. L’intubation des nouveau-nés pesant < 1000
g est une pratique courante dans certains centres néonataux. D’autres préfèrent une approche
moins invasive et utilisent une pression positive constante (CPAP) avec un masque ou des
lunettes nasales.
213
Chapitre 10
Réanimation du nouveau-né
5. Ethique
Dans certaines circonstances, la question de ne pas débuter ou de stopper une réanimation
d’un nouveau-né à la naissance ou sitôt après (p. ex. prématurité extrême, anomalies
congénitales sévères) se pose. Des protocoles internationaux et locaux doivent définir les
procédures à suivre dans ces conditions difficiles.
Dans beaucoup de pays, il est licite de ne pas débuter de réanimation en salle de naissance
pour les bébés de moins de 23 SAG confirmés ou d’un poids de naissance < 400 g, en cas
d’anencéphalie ou de trisomie 13 ou 18.
Par contre, la réanimation est presque toujours indiquée pour les âges gestationnels de 25
semaines ou plus comme pour la plupart des bébés avec des malformations congénitales.
214
La décision de réanimer ou pas peut être plus difficile dans certaines circonstances par
exemple aux urgences quand les informations anténatales sont incomplètes ou pas fiables.
Quand le pronostic est incertain ou que les informations sur la grossesse et le statut
du nouveau-né sont incomplètes, il est recommandé de débuter la réanimation. Ceci
permettra d’avoir le temps de de compléter l’information et de discuter avec les parents.
Idéalement, si le pronostic est incertain et qu’il y a un grand risque de morbidité sévère en
cas de survie, les parents doivent être consultés à propos de la réanimation et soutenus si
nécessaire. En fait, des études indiquent que les parents souhaitent avoir un plus grand rôle
dans les décisions concernant la réanimation et la poursuite de la prise en charge de leur
nouveau-né gravement malade. L’interruption de la réanimation peut être indiquée quand
un nouveau-né en arrêt cardiorespiratoire n’a répondu à aucune manœuvre de réanimation
et qu’aucune fréquence cardiaque n’est détectable après 10 min de réanimation efficace et
ininterrompue, car la survie sans séquelle grave est alors très peu probable.
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Notes personnelles
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Ce manuel a été réalisé avec le support permanent des partenaires d’affaires de l’ERC:
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En collaboration avec: