Vous êtes sur la page 1sur 19

2.

Intégrales de Riemann

2.1 Définition d’une subdivision 26

2.2 Définition d’une fonction en escalier ”étagée” 27

2.3 Propriétés des fonctions en escalier 28

2.4 Définition d’une intégrale d’une fonction en


escalier 28

2.5 Propriétés de l’intégrale des fonctions en escalier 30

2.6 Intégrale au sens de Riemann d’une fonction


bornée sur [a, b] 32
2.6.1 Sommes de Darboux
2.6.2 Sommes de Riemann
2.6.3 Applications des sommes de Riemann

2.7 Propriétés de l’intégrale de Riemann 41

25
26 2.1. Définition d’une subdivision

Dans cette partie nous allons nous intéresser à l’intégration des fonctions définies et
bornées dans un intervalle fermé [a, b] de R.
L’intégrale définie d’une fonction f positive et continue sur [a, b] mesure l’aire de la partie
du plan comprise entre (Γ ) la courbe de la fonction y = f (x), l’axe des abscisses y = 0 et les
droites x = a et x = b.
On commence par s’intéresser à des fonctions étagées (fonctions en escalier) pour lesquelles on
va définir l’intégrale et vérifier ses principales propriétés. Puis on généralisera cette construc-
tion à une classe de fonctions plus large (dite intégrables) qui contient toutes les fonctions
usuelles (en particulier les fonctions continues). Dans ce chapitre, [a, b] désigne un intervalle

fini.

FiGURE 1.1 - Représentation géométrique de l’intégrale de f sur [a, b]

2.1 Définition d’une subdivision

Définition 2.1 (Subdivision)


Soit [a, b] un intervalle fermé borné, on appelle subdivision S de [a, b] toute suite finie
croissante (xi )0≤i≤n de [a, b] :

a = x0 ≤ x1 ≤ · · · ≤ xn = b.

On appelle ”pas” de la subdivision

d(S) = max |xi − xi−1 | .


0≤i≤n

On notera Sa,b l’ensemble des subdivisions de l’intervalle [a, b].

Exemple 2.1 ]
Dans cet n exemple,
o nous
n donnonso quelques n subdivisions
o nde l’intervalle o [0, 1].
1 1 1 3 1 2 2 1 5
• S1 = 0, 2 , 1 , S2 = 0, 4 , 2 , 4 , 1 , S3 = 0, 3 , 3 , 1 , S4 = 0, 5 , 2 , 6 , 1 sont des subdivi-
sions de [0, 1].
• ”La subdivision régulière” sur [a, b] est celle de points xi = a + i b−a n , 0 ≤ i ≤ n, elle est
de pas b−an .
• Précédemment, S1 , S2 , S3 sont régulière de pas respectivement
d (S1 ) = 1/2, d (S2 ) = 1/4 et d (S3 ) = 1/3. Par contre, S4 n’est pas régulière et de pas
d (S4 ) = 2/5.
Chapter 2. Intégrales de Riemann 27

Exemple 2.2 (Subdivision régulière (équidistante) de l’intervalle [a, b])


Dans le cas où I = [a, b], on peut considérer la subdivision régulière suivante:

b−a
x0 = a < x1 = a + ·
n
b−a b−a b−a
< x2 = a + 2 · < x3 = a + 3 · . . . . . . < xk = a + k · < . . . < xn = b.
n n n
c’est une subdivision équidistante de I dont le pas d(S) = n1 .

2.2 Définition d’une fonction en escalier ”étagée”

Définition 2.2
f : [a, b] → R est dite fonction en escalier s’il existe une subdivision S = {x0 , x1 , ..., xn }
de [a, b] tel que:

∀i : 0 ≤ i ≤ n, ∀x ∈ ]xi−1 , xi [ : f (x) = Ci constante,

S est dite alors subdivision associée à f sur [a, b].

On note E[a,b] l’ensemble des fonctions en escalier sur l’intervalle [a, b].

Exemple 2.3 La fonction f définie sur [0, 1] par




 0 si x = i0 h
1 1

 2 si x ∈ 0, 2



f (x) =  (2.1)


 3 si x = i12 i
1 si x ∈ 12 , 1


est une fonction en escalier sur [0, 1].


28 2.3. Propriétés des fonctions en escalier

2.3 Propriétés des fonctions en escalier

Proposition 2.1
Si f et g sont deux fonctions en escalier sur [a, b] et λ une constante réelle donnée.
Alors, on a f + g, λf et f .g sont en escalier sur [a, b].

2.4 Définition d’une intégrale d’une fonction en escalier

Définition 2.3 (Intégrale d’une fonction en escalier)


Soit f une fonction en escalier sur [a, b] telle que

f (x) = ci ∀x ∈ ]xi−1 , xi [ , i ∈ 1, 2, ...n,

où ci est la valeur que prend f sur ]xi−1 − xi [ pour tout i ∈ 1, 2, ...n
On appelle intégrale définie d’une fonction en escalier f sur [a, b], le nombre
n
X
I(f ) = ci (xi , xi−1 )
i=1
Rb
On note ce nombre par a
f (x)dx

Exemple 2.4 Considérons la fonction f définie sur [0, 1] par




 0 si x = i0 h
1 1

 2 si x ∈ 0, 2



f (x) =  1 (2.2)


 3 si x = i2 i
1 si x ∈ 12 , 1


R1    
1 1
alors 0
f (x)dx = 2 2 − 0 + 1 1 − 21 = 1
2 + 14 = 3
4

Exercice 2.1 Soit f la fonction définie sur [0, 3]

−1 si x=0







 1 si 0<x<1
f (x) =  3 si x=1 (2.3)


−2 si 1<x≤2





 4 si 2<x≤3
R3
• Calculer I = 0
f (t)dt

Indication: utiliser la subdivision S = x0 = 0, x1 = 1, x2 = 2, x3 = 3 de l’intervalle [0, 3]


Chapter 2. Intégrales de Riemann 29

Exercice 2.2 Montrer que la fonction f définie par

π  2
 
f (x) = cos E x , ∀x ∈ [0, 2]
2
est en escalier sur [0, 2] et calculer son intégrale.

Corrigé de l’exercice
  
π
1. Montrons que f (x) = cos 2E x2 est en escalier sur [0, 2]

on a : 0 6 x 6 2 ⇒ 0 6 x2 6 4
 
• si 0 6 x2 < 1 ⇔ 0 6 x < 1 alors E x2 = 0
π
 
⇒ f (x) = cos × 0 = 1.
2
√  
• Si 1 6 x2 < 2 ⇔ 1 6 x < 2 alors E x2 = 1
π π
   
⇒ f (x) = cos x1 = cos =0
2 2
√ √  
• Si 2 6 x2 < 3 ⇔ 2 6 x < 3 alors E x2 = 2
π
 
⇒ f (x) = cos × 2 = cos(π) = −1
2
√  
• Si 3 6 x2 < 4 ⇔ 3 6 x < 2 alors E x2 = 3
π
 
⇒ f (n) = cos ×3 = 0
2
 
• Si x = 2 alors E x2 = 4
π
 
⇒ f (x) = cos × 4 = cos(2π) = 1
2
D’où 

1, si 0 6 x < 1


 √

0, si 1 6 x < 2
√ √



f (x) = −1, si 2 6 x < 3


 √
0, si 3 6 x < 2





1,
 si x = 2
Soit la subdivision
n √ √ o
S = x0 = 0, x1 = 1, x2 = 2, x3 = 3, x4 = 2

On a f (x) = Ci , i ∈ [xi−1 , xi [ ( f constante sur les intervalles [xi−1 , xi [ , 0, 6 i 6 4) d’où

f est une fonction en escalier sur [0.2]


30 2.5. Propriétés de l’intégrale des fonctions en escalier

R2
2. Calcul de 0
f (x)dx :
Z 2 √ √ √ √
f (x)dx = 1(1 − 0) + (−1)( 3 − 2) = 1 + 2 − 3.
0

2.5 Propriétés de l’intégrale des fonctions en escalier

Proposition 2.2 (Linéarité de l’intégrale)


Soient f et g deux fonctions en escalier sur [a, b] et λ une constante réelle donnée.
Alors, on a
Rb Rb
1. a λf (x)dx = λ a f (x)dx
Rb Rb Rb
2. a
(f + g)(x)dx = a
f (x)dx + a
g(x)dx

Proposition 2.3 ((Additivité par rapport aux intervalles, relation de Chasles))


Soit f une fonction en escalier sur [a, b] et c ∈ ]a, b[. On a alors,
Z b Z c Z b
f (x)dx = f (x)dx + f (x)dx
a a c

Proposition 2.4 [Croissance de l’intégrale]


Soient f et g deux fonctions en escalier sur [a, b]. Alors, on a
Rb
1. ∀x ∈ [a, b] f (x) ≥ 0 ⇒ a f (x)dx ≥ 0
Rb Rb
2. ∀x ∈ [a, b] f (x) ≥ g(x) ⇒ a
f (x)dx ≥ a
g(x)dx

démonstration 2.1

1. Si f (x) ≥ 0, alors I(f ) est une somme de réels positifs, elle est donc positive.
Remarquons que f peut prendre des valeurs négatives aux points de la subdivi-
sion sans que le résultat soit changé car ces valeurs n’interviennent pas dans le
calcul de I(f ).

2.
f (x) ≥ g(x) =⇒ f (x) − g(x) ≥ 0
Zb
=⇒ (f (x) − g(x))dx ≥ 0
a
Z b Z b (2.4)
=⇒ f (x)dx − g(x)dx ≥ 0
a a
Z b Z b
=⇒ f (x)dx ≥ g(x)dx.
a a
Chapter 2. Intégrales de Riemann 31

Proposition 2.5
Soient f et g deux fonctions en escalier sur [a, b]. Alors, on a

1. Si f ∈ E[a, b] alors |f | ∈ E[a, b]


R R
b b
2. a f (x)dx ≤ a |f (x)| dx

Rb Rb Rb
3. a
|(f + g)(x)| dx ≤ a
|f (x)| dx + a
|g(x)| dx

démonstration 2.2

1. Triviale

2. On a
− |f (x)| ≤ f (x) ≤ |f (x)| ∀x ∈ [a, b] ,
par suite
Z b Z b Z b
− |f (x)| ≤ f (x) ≤ |f (x)| ,
a a a
c’est à dire Z Z
b b
f (x)dx ≤ |f (x)| dx.
a a

3. On utilise l’inégalité triangulaire

|(f + g)(x)| ≥ |f (x)| + |g(x)| ∀x ∈ [a, b]

et on aura Z b Z b
|f (x) + g(x)| dx ≤ |f (x)| + |g(x)| dx
a a
Zb Z b
(2.5)
≤ |f (x)| dx + |g(x)| dx.
a a

Proposition 2.6 Si f ∈ E[a, b] alors


Z b
(b − a) inf f (x) 6 f (x)dx 6 (b − a) sup f (x)
x∈[a,b] a x∈[a,b]

démonstration 2.3 f est une fonction en escalier donc M = sup f (x) et m = inf(x)
existent sur [a, b], alors m 6 f 6 M. D’où le résultat d’après le 2◦ de la proposition 2.4.
32 2.6. Intégrale au sens de Riemann d’une fonction bornée sur [a, b]

2.6 Intégrale au sens de Riemann d’une fonction bornée sur [a, b]


Soit f : [a, b] → R une fonction bornée.
Considérons Af (resp. Bf ): l’ensemble des fonctions en escalier qui minorent (resp. ma-
jorent) la fonction f .
φ ∈ Af ⇐⇒ ∀x ∈ [a, b], φ(x) ≤ f (x)
(2.6)
ψ ∈ Bf ⇐⇒ ∀x ∈ [a, b], f (x) ≤ ψ(x).
On définit les deux nombres réels suivant:
R 
b
I − (f ) = sup a φ(x)dx | φ ∈ Af
R
b
 (2.7)
I + (f ) = inf a ψ(x)dx | ψ ∈ Bf

I − (f ) est appelée intégrale inférieure de f sur [a, b].


I + (f ) est appelée intégrale supérieure de f sur [a, b].

Remarque 2.1 I − (f ) ≤ I + (f )

Définition 2.4
Soit f : [a, b] −→ R une fonction bornée. f est dite intégrable au sens de Riemann si

I − (f ) = I + (f )
Rb
On appelle alors ce nombre l’intégrale de Riemann de f sur [a, b] et on le note a
f (x)dx

Exemple 2.5 (Une fonction bornée, non intégrable)


Considérons la fonction f définie sur [0, 1] par
(
0 si x ∈ Q ∩ [0, 1]
f (x) =
1 si x ∈ [0, 1] − Q

Il est clair que f est bornée (0 ≤ f (x) ≤ 1, ∀x ∈ [a, b]). Posons


(Z 1 )
A= φ(x)dx, φ ∈ Af
0

(resp. (Z 1 )
B= ψ(x)dx, ψ ∈ Bf
0
φ ∈ Af =⇒ φ ≤ 0 (resp. ψ ∈ Bf =⇒ ψ ≥ 1 ). Soit φ0 = 0 (resp. ψ0 = 1) la fonction
constante Z 1, Z 1,
φ(x)dx ≤ φ0 (x)dx = 0
0 0
(resp.
Z 1 Z 1 !
ψ(x)dx ≤ ψ0 (x)dx = 1
0 0
Chapter 2. Intégrales de Riemann 33

R 1, R 1, 
Donc sup A = 0
φ0 (x)dx = 0 (resp. inf B = 0
ψ0 (x)dx = 1 , c’est à dire I − (f ) = 0 resp.
I + (f ) = 1. Finalement, f n’est pas intégrable au sens de Riemann car

0 = I − (f ) , I + (f ) = 1

Maintenant, on va donner d’autres définitions de l’intégrale de Riemann (pour les fonc-


tion bornées).

2.6.1 Sommes de Darboux

Soit f une fonction bornée sur [a, b]. On considère une subdivision S de [a, b] qu’on note :

S = {x0 = a < x1 < x2 . . . . . . . . . < xn−1 < xn = b}

On pose mi = inf f (x) et Mi = sup f (x) pour i = 1, . . . , n.


x∈[xi−1 ,xi ] x∈[xi−1 ,xi ]

Définition 2.5
On appelle somme de Darboux inférieure de f relativement à la subdivision S le
nombre
n
X
sn (f ) = mi (xi − xi−1 ) .
i=1
La somme de Darboux supérieure de f relativement à la subdivision S est le nombre
n
X
Sn (f ) = Mi (xi − xi−1 ) .
i=1

Pour toute subdivision de [a, b] on a

m (b − a) ≤ sn (f ) ≤ Sn (f ) ≤ M (b − a)

où m (resp. M) est le minimum (res. maximum) de f sur [a, b].

• Lorsque max (xi − xi−1 ) → 0, on a sn (f ) → I − (f ) et Sn (f ) → I + (f )


1≤i≤n
34 2.6. Intégrale au sens de Riemann d’une fonction bornée sur [a, b]

Proposition 2.7
Critère d’intégrabilité de Riemann :

1. Une fonction f est Riemann-intégrable sur [a, b] si et seulement si ∀ε > 0, il


existe une subdivision S ∈ Sa,b telle que Sn (f ) − sn (f ) < ε

2. Une fonction f est Riemann-intégrable sur [a, b] si et seulement si ∀ε > 0, ∃ϕ, ψ ∈


Rb
E[ a, b] telle que φ 6 f 6 ψ et a (ψ − φ)(x)dx < ε.

Proposition 2.8
Si la fonction f : [a, b] → R est continue sur [a, b]. alors f est intégrable sur [a, b].

démonstration 2.4

Pour montrer que f est intégrable sur [a, b] il suffit de montrer que pour ε > 0 il existe
une subdivision S de [a, b] tel que Sn (f ) − sn (f ) < ε.
Soit ε > 0, considérons une subdivision S de [a, b] telle que: S = {x0 , x1 , ...xn }. On sait
qu’il
∃xp ∈ [xi−1 , xi ] tel que sup f (x) = f (xp )
x∈[xi−1 ,xi ]
∃xq ∈ [xi−1 , xi ] tel que inf f (x) = f (xp )
x∈[xi−1 ,xi ]
n
X
Sn (f ) − sn (f ) = (Mi − mi ) (xi − xi−1 )
i=1
n   
X  
= f xp − f xq (xi − xi−1 ).
i=1

On a f est continue sur [a, b] alors f est uniformément continue sur [a, b], donc pour
Chapter 2. Intégrales de Riemann 35

tout ε0 > 0, il existe η > 0, tel que

∀x1 , x2 ∈ [a, b]/ |x1 − x2 | < η ⇒ |f (x1 ) − f (x2 )| < ε0 .

Par contre
xp − xq < |xi − xi−1 | ≤ max |xi − xi−1 | = d(S)
alors pour toute subdivision S vérifiant d(S) < η, on a
ε
     
∀ε > 0, ∃η > 0 tel que ∀xp , xq ∈ [xi−1 , xi ] : p − xq < η ⇒ f xp − f xq < ε0 =
0
x
b−a
donc
n   
X  
Sn (f ) − sn (f ) = f xp − f xq (xi − xi−1 ).
i=1
n
ε X
< (xi − xi−1 )
b−a
i=1
ε
< (b − a) = ε
b−a
par conséquent f est intégrable sur [a, b].

Proposition 2.9
Si la fonction f : [a, b] → R est bornée et est monotone sur [a, b]. alors f est intégrable
sur [a, b].

démonstration 2.5
On suppose que f est croissante sur [a, b], et on considère S la subdivision régulière
sur [a, b], alors on a mi = f (xi−1 ) et Mi = f (xi ) , ∀i = 1, . . . , n, d’où
n
X
Sn (f ) − sn (f ) = (Mi − mi ) (xi − xi−1 )
i=1
Xn
= (f (xi ) − f (xi−1 )) (xi − xi−1 )
i=1
n
X
≤ max (xi − xi−1 ) (f (xi ) − f (xi−1 ))
i=1
= d(S)(f (b) − f (a))

donc pour que f soit intégrable sur [a, b], il suffit de choisir une subdivision S avec le
ε
pas d(S) < f (b)−f (a)

On note I[a, b] l’ensemble des fonctions Riemann - intégrables sur [a, b].
36 2.6. Intégrale au sens de Riemann d’une fonction bornée sur [a, b]

2.6.2 Sommes de Riemann

Définition 2.6 (Sommes de Riemann)

1. On appelle Subdivision pointée associée à f sur l’intervalle [a, b] le couple


(S, ξ) où S = {x0 , x1 , . . . , xn } et ξ = {ξ0 , ξ1 , . . . , ξn } vérifiant ξi un réel appartenant
à [xi−1 , xi ] pour tout i = 1, ..., n.

2. Soit f : [a, b] −→ R une fonction bornée et (S, ξ) une subdivision pointée alors
n
X
S(f , S, ξi ) = f (ξi ) (xi − xi−1 )
i=1

est appelée somme de Riemann de f relativement à S. On a

sn (f ) ≤ S(f , S, ξi ) ≤ Sn (f ).

Théorème 2.1 (Intégrale de Riemann)


On dit que f est intégrable au sens de Riemann sur [a, b] si lim S(f , S, ξi ) existe et
d(S)→0
est fini, avec d(S) = max (xi − xi−1 ). Cette limite s’appelle alors intégrale de f sur [a, b]
1≤i≤n
et on écrit
Z b n
X n
X
I(f ) = f (x)dx = lim f (ξi ) (xi − xi−1 ) = lim f (ξi ) (xi − xi−1 )
a d(S)→0 n→+∞
i=1 i=1

Rb
démonstration 2.6 Posons I = a f (x)dx .
Il suffit de montrer que ∀ε > 0∃η > 0, d(S) < η → |S(f , S, ξi ) − I| < ε
On a f est intégrable alors d’après le critère d’intégrabilité on aura
∀ε > 0, ∃ ue subdivision S deS[ a, b]tel que |Sn (f ) − sn (f )| < ε
On a sn (f ) ≤ S(f , S, ξi ) ≤ Sn (f ) donc

S(f , S, ξi ) − sn (f ) ≤ Sn (f ) − sn (f ) < ε ce qui implique

S(f , S, ξi ) − I < ε
D’autre part S(f , S, ξi ) − Sn (f ) ≥ sn (f ) − Sn (f ) > −ε ce qui implique

S(f , S, ξi ) − I > −ε
Par conséquent |S(f , S, ξi ) − I| < ε

Théorème 2.2
Soit f : [a, b] → R une fonction bornée et intégrable, alors
Zb n ! n−1 !
b−a X b−a b−a X b−a
f (x)dx = lim f a+i = lim f a+i
a n→∞ n n n→∞ n n
i=1 i=0
Chapter 2. Intégrales de Riemann 37

2.6.3 Applications des sommes de Riemann


Soient f une fonction intégrable sur [a, b] et S = {x0 , x1 , . . . , xn } la subdivision de [a, b] dont le
pas est constant et est égal à b−a
n , c’est à dire

b−a
xi = a + i , i = 0, . . . , n.
n
Considérons ξi = xi , i = 1, . . . , n. On a
n
X
S= f (xi ) (xi − xi−1 )
i=1
n
X b−a
= f (xi )
n
i=1
b−a
= [f (x1 ) + f (x2 ) + . . . + f (xn )]
n
Rb
b−a
Lorsque n → +∞, le pas de la subdivision p = n → 0. et limn→∞ S = a
f (x)dx, i.e.,

Z b n ! n−1 !
b−a X b−a b−a X b−a
f (x)dx = lim f a+i = lim f a+i
a n→∞ n n n→∞ n n
i=1 i=0

1. Applications des sommes de Riemann dans le calcul d’intégrale

Exemple 2.6
R2
Calculer 1
ex dx.

R2
Calcul d’intégrale I = 1
ex dx
• Méthode 1:
On pose
F(x) = ex ⇒ F 0 (x) = f (x) = ex En appliquant le T.A.F à la fonction F : x 7−→ ex sur [xi−1 xi ]
F (xi ) − F (xi−1 )
∃ξi ∈ ]xi−1 , xi [ tel que = f (ξi ) = eξi .
(xi − xi−1 )
D’autre part

Z 2 n
X
I= ex dx = lim (xi − xi−1 ) f (ξi ) (2.8)
1 n→+∞
i=1

Alors, l’équation (2.8) devient:


Z2 n
X
I= ex dx = lim F (xi ) − F (xi−1 )
1 n→+∞
i=1
= lim (F (xn ) − F (x0 ))
n→+∞
= lim (F(2) − F(1))
n→+∞
= e(e − 1)
38 2.6. Intégrale au sens de Riemann d’une fonction bornée sur [a, b]

D’où
R2
1
ex dx = e(e − 1)

• Méthode 2:

R2
on a 1
ex dx = limn→+∞ Sn avec

n−1 !!
b−a X b−a
Sn = f a+k
n n
k=0

n !
2−1 X k
Sn = f
n n
k=1
n
1 X k
= e1+ n
n
k=1
n 
1 X 1 k  1 k
=e en , e n suite géométmique
n
k=1
1/n n
 
1  1 1− e
= e en
n 1 − e1/n
1 1−e
=e ·
n 1 − e1/n
Alors Z 2
1−e1
ex dx = e lim ·
1 1 − e1/n
n→+∞ n
1 e−1
= e lim
x→+∞ n e1/n − 1
1
n
= e lim 1/n (e − 1)
n→+∞ e −1
. D’où l’on déduit que
R2
I= 1
ex dx = e(e − 1)

2. Applications des sommes de Riemann dans le calcul de limite des sommes

Exemple 2.7
n
X n
Calculer lim . On a
n→∞ (n + k)2
k=1

n
1X 1
Sn = 2
n 
1+ k k=1 n
n
1−0 X 1−0
 
= f 0+k
n n
k=1
Chapter 2. Intégrales de Riemann 39

avec
f : [0, 1] −→ R
1
x 7−→ f (x) =
(1 + x)2
Donc Z 1
lim Sn = f (x)dx
n→∞ 0
Z1
1
= 2
dx
0 (1 + x)
−1 1

=
1+x 0
−1
= +1
2

Exemple 2.8
En utilisant l’intégrale de Riemann, calculer lim un , avec
n→∞
n
X 1 1 1 1
un = = + + ... +
n+k n+1 n+2 2n
k=1
n
X 1
lim un = lim
n→+∞ n→∞ n+k
k=1
n
X 1
= lim  
n→+∞ k
k=1 n 1 + n
n
X 1 1
= lim · 
n→+∞ n 1 + nk
k=1

1X 1
n (2.9)
= lim  
n→+∞ n 1 + k
k=1 n
n !
1 X k
= lim f
n→+∞ n n
k=1
Z1
1 k
= f (t)dt, Avec f (t) = et t=
0 (1 + t) n
= [ln |1 + t|]10 = ln 2 − ln 1 = ln 2

Exemple 2.9
n !
X π 2 kπ
En utilisant l’intégrale de Riemann, calculer lim sin On a
n→∞ 2n 2n
k=1

n ! n !
X π 2 kπ π X 2 kπ
sin = sin
2n 2n 2n 2n
k=1 k=1
40 2.6. Intégrale au sens de Riemann d’une fonction bornée sur [a, b]

Cette somme h esti une somme de Riemann associée à une subdivision régulière de
l’intervalle 0, π2 pour la fonction

f : x 7−→ sin2 x.
h i h i
Comme f est continue sur 0, π2 , elle donc intégrable sur 0, π2 et

n ! Z π
π X 2 kπ 2
lim sin = sin2 xdx
n→+∞ 2n 2n 0
k=1
Z π
2 1 − cos 2x
= dx
0 2
 π2
x 1 π

= − sin 2x = .
2 4 0 4

Exemple 2.10
2n
X 2
En utilisant l’intégrale de Riemann, calculer lim
n→∞ k
k=n

2n n
X 2 X 2
lim = lim
n→∞ k n→∞ n+k
k=n k=0
n
2 X 2
= lim + lim
n→+∞ n n→+∞ n+k
k=1
n
2 X 1 2
= lim + lim · 
n→+∞ n n→+∞ n 1+ k
k=1 n

2 1X 2
n (2.10)
= lim + lim  
n→+∞ n n→+∞ n 1 + k
k=1 n
n !
2 X k
= lim + lim f
n→+∞ n n→+∞ n
k=1
Z1
2 k
= f (t)dt, Avec f (t) = et t=
0 (1 + t) n
= [2 ln |1 + t|]10 = 2 ln 2
Chapter 2. Intégrales de Riemann 41

Remarque 2.2 Les propriétés qu’on a vu concernant l’intégrale des fonctions en es-
caliers s’étendent aux fonctions intégrables au sens de Riemann.

2.7 Propriétés de l’intégrale de Riemann

Théorème 2.3

1. Soit f : [a, b] 7−→ R une fonction intégrable sur [a, b], alors f est intégrable sur
tout [α, β] ⊂ [a, b].

2. f est intégrable sur [a, c] et sur [c, b] si et seulement si f est intégrable sur [a, b].

3. Si f est intégrable sur [a, b], alors ∀c ∈]a, b[, on a la relation de Chasles suivante:
Z b Z c Z b
f (x)dx = f (x)dx + f (x)dx
a a c

4. En particulier,
Z a Z b Z a
f (x)dx = 0 et f (x)dx = − f (x)dx.
a a b

démonstration 2.7 1. Triviale


Rc
2. f ∈ I[a, b] ⇒ ∀ε > 0, ∃φ, ψ ∈ E[ a, b] telle que φ 6 f 6 ψ et 0 6 a (ψ − φ)(x)dx < ε
Rb Rc Rb Rc
Mais a (ψ − phi)(x)dx = a (ψ − phi)(x)dx + c (ψ − ϕ)(x)dx < ε Donc a (ψ −
Rb
phi)(x)dx < ε et c (ψ − ϕ)(x)dx < ε ⇒ f ∈ I[a, c] ∧ f ∈ I[c, b]

3. pour S = S1 ∪ S2 : Z c
f (x)dx = lim S(f , S, λi )
a |d(s)|−→0

Où S1 = {a = x0 , x1 , . . . , xk = c} et S2 = {c = xk , xk+1 , . . . , xn = b} On obtient


Z b Z c Z b
S(f , S, λi ) = S(f , S1 , λi ) + S(f , S2 , λi ) càd : f (x)dx = f (x)dx + f (x)dx
a a c

Proposition 2.10
Si f et g sont intégrables sur [a, b], alors ∀α, β ∈ R, la fonction (αf + βg) est intégrable
sur [a, b].
Et de plus, on a
Z b Z b Z b
(αf (x) + βg(x))dx = α f (x)dx + β g(x)dx.
a a a
42 2.7. Propriétés de l’intégrale de Riemann

démonstration 2.8
Les sommes de Riemann,

S(αf + βg, S, λi ) = αS(f , S, λi ) + βS(g, S, λi )

dont la linéarité est évidente, nous donne, par passage à la limite quand d(S) −→ 0, le
résultat souhaité.

Proposition 2.11
Soient f , g deux fonctions intégrables sur [a, b]
Rb
1. f > 0 ⇒ a f (x)dx > 0
Rb Rb
2. f 6 g ⇒ a
f (x)dx 6 g(x)dx
a
R R
b b
3. |f | est intégrable sur [a, b] et a f (x)dx 6 a |f (x)|dx
Rb Rb
4. m = infx∈[a,b] f (x), M = supx∈[a,b] f (x), g > 0 ⇒ m a
g(x)dx 6 a
f (x)g(x)dx 6
Rb
M a g(x)dx

démonstration 2.9

Rb
1. f > 0 ⇒ ∀S ∈ Sa,b : s(f , d) > 0 et s(f , d) 6 a
f (x)dx
Rb Rb Rb
2. f 6 g ⇒ d’après 1◦ g − f > 0 ⇒ a (g − f )(x)dx > 0 ⇒ a f (x)dx 6 a g(x)dx
R R R R
3. −|f | 6 f 6 |f | ⇒ d’après 2◦ − |f | 6 f 6 |f | ⇒ f 6 |f |

4. On a : m = infx∈[a,b] f (x) 6 f (x) 6 M = supx∈[a,b] f (x), d’après 2◦ , : m(b − a) 6


Rb Rb Rb Rb
a
f (x)dx 6 M(b − a), on aura : m a g(x)dx = a m · g(x)dx 6 a f (x)g(x)dx 6
Rb Rb
a
M · g(x)dx = M a
g(x)dx

Théorème 2.4 (Théorème de la moyenne)


Si f est continue de [a, b] → R Alors
Zb
1
∃c ∈ [a, b] : f (x)dx = f (c)
b−a a
| {z }
moyenne de f sur [a,b]
Chapter 2. Intégrales de Riemann 43

démonstration 2.10

a=b=0⇒0=0
Z b
◦ 1
a < b ⇒ d’après 4 pour g = 1, m = inf f (x) 6 f (x)dx 6 M = sup f (x)
x∈[a,b] b−a a x∈[a,b]

Rb
1
D’après le TVI: ∃c ∈ [a, b] : b−a a f (x)dx = f (c)

Théorème 2.5 (Inégalités de Cauchy-Schwartz)

Soit f , g deux fonctions intégrables sur [a, b], alors


Z b !2 Z b ! Z b !
2 2
f (x) · g(x)dx ≤ [f (x)] dx · [g(x)] dx
a a a

démonstration 2.11

f , g bornées et intégrables =⇒ ∀t ∈ R, (f + tg)2 bornée et intégrable.


De plus,
Z b Z b 
2
(f + tg) (x)dx = [f (x)]2 + [t · g(x)]2 + 2f (x) · t · g(x) dx
a a
Z b Z b Z b
2 2
=t [g(x)] dx + 2t f (x) · g(x)dx + [f (x)]2 dx
 a  a a
≥ 0 car (f + tg)2 ≥ 0 .

Vu que le polynôme de degré 2 est ≥ 0, le discriminant de ce polynôme est un nombre


≤0:
Zb !2 Zb ! Zb !
2 2
∆= 2 f (x) · g(x)dx − 4 [f (x)] dx · [g(x)] dx ≤ 0
a a a
D’où le résultat:
Z b !2 Z b ! Z b !
2 2
f (x) · g(x)dx ≤ [f (x)] dx · [g(x)] dx
a a a

Vous aimerez peut-être aussi