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LA GRANDE

CONVERSATION
Manuel de lutte contre
la violence à l’égard
des femmes et des filles
dans et à travers les médias

Organisation
des Nations Unies
pour l’éducation,
la science et la culture
© Publié en 2020 par
l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, France
et
l’ONU Femmes
220 East 42nd Street New York, NY 10017, États-Unis d'Amérique

© UNESCO et ONU Femmes 2020


ISBN 978-92-3-200196-2

Œuvre publiée en libre accès sous la licence Attribution-ShareAlike 3.0 IGO (CC-BY-SA 3.0 IGO) (http://creativecommons.org/
licenses/by-sa/3.0/igo/). Les utilisateurs du contenu de la présente publication acceptent les termes d’utilisation de l’Archive
ouverte de libre accès UNESCO (www.unesco.org/open-access/terms-use-ccbysa-fr).

Titre original : The Big Conversation: Handbook to Address Violence against Women in and through the Media

Publié en 2019 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture et l’ONU Femmes

Les désignations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de
l’UNESCO aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant
au tracé de leurs frontières ou limites.

Les idées et les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs ; elles ne reflètent pas nécessairement les
points de vue des Nations Unis, y compris l’UNESCO ou l’ONU Femmes, ni ceux des États membres de l’ONU.

Auteures :
Dina Deligiorgis et Manal Benkirane (Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes – ONU
Femmes), à partir d’un projet initial élaboré par Vanessa Born (DIV VIC, Australie), Sarah Green (Ending Violence against Women
Coalition, Royaume-Uni) et Fiona Vera-Gray (Durham University), avec la contribution de Kalliope Mingeirou (ONU Femmes).

Conseillère technique :
Mirta Lourenço, Secteur de la communication et de l’information, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et
la culture (UNESCO).

Relectrices et relecteurs :
Josephine Casserly, conseillère pour la gouvernance et les droits, BBC Media Action.
Will Taylor, conseiller principal pour la gouvernance et les droits, BBC Media Action.
Karen Boyle, Université de Stirling, professeure en études féministes sur les médias au département Communication, médias
et culture.
Marai Larasi, IMKAAN. Carla Moore, Université des Indes occidentales, chargée de cours à l’Institut d’études sur le genre et
le développement.
Shawna-Kae Burns, Université des Indes occidentales, chargée de cours à l’Institut d’études sur le genre et le développement.
Gabrielle Henderson, ONU Femmes.
Philippe Lust-Bianchi, ONU Femmes.
Juncal Plazaola Castano, ONU Femmes.
Oisika Chakrabarti, ONU Femmes.

Appui éditorial :
Mallorie Bronfman-Thomas (ONU Femmes). Nous remercions particulièrement le gouvernement australien pour l’aide
apportée à l’élaboration de ce manuel.

Création graphique :
Dammsavage Inc.

Organisation
des Nations Unies
pour l’éducation,
la science et la culture

La traduction en français de ce manuel a été rendue possible grâce au soutien financier de l'UNESCO.
LA GRANDE
CONVERSATION
Manuel de lutte contre
la violence à l’égard
des femmes et des filles
dans et à travers les médias

Organisation
des Nations Unies
pour l’éducation,
la science et la culture
AVANT-PROPOS
La violence à l’égard des femmes reste l’un des plus grands défis de notre époque en matière de droits humains.
Ainsi, une femme sur trois subira une forme ou une autre de violence physique ou sexuelle au cours de sa vie (hors
harcèlement sexuel). Le Programme d’action de Beijing, un cadre mondial visant à atteindre l’égalité des genres qui
sera prochainement examiné à l’occasion de son 25e anniversaire, nous rappelle qu’il reste encore beaucoup à faire pour
endiguer ce fléau. Il nous rappelle également l’importance des médias dans la réalisation de cet objectif. La télévision, le
cinéma, la radio, la presse écrite et les médias sociaux sont omniprésents dans notre quotidien pour nous informer, nous
divertir et nous offrir toujours plus de moyens de communication. Ces plateformes, et le contenu qu’elles fournissent,
sont à la fois une source de défis perpétuels et de possibilités extraordinaires dans la réalisation de l’égalité des genres
et l’élimination de la violence contre les femmes et les filles.

Les normes sociales discriminatoires qui favorisent les inégalités entre les sexes et la violence envers les femmes et
les filles sont souvent perpétuées par des représentations stéréotypées des hommes et des femmes. Ces stéréotypes
sont le fruit d’une division établie non seulement en fonction du sexe, mais également selon d’autres caractéristiques
de l’identité personnelle telles que l’origine ethnique, la langue, le handicap, le statut social et économique, etc.
Parallèlement, les médias ont fortement contribué à ouvrir nos esprits, à montrer la richesse de notre diversité et à
défendre la promesse d’un monde plus harmonieux et plus respectueux des relations humaines. C’est ce pouvoir des
médias que nous cherchons à exploiter et à renforcer.

ONU Femmes et l’UNESCO sont heureux d’avoir participé à l’élaboration de ce manuel, qui s’inscrit dans une série de
publications destinées à faire avancer la mise en œuvre d’Un cadre pour appuyer les mesures de prévention de la violence
à l’égard des femmes (ONU Femmes, Programme des Nations Unies pour le développement [PNUD], UNESCO, Fonds
des Nations Unies pour la population [UNFPA], Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme [HCDH]
et Organisation mondiale de la Santé [OMS], 2015). Ce manuel présente des orientations, des outils et des pratiques
prometteuses inspirés par des pays du monde entier. Il s’adresse à toutes celles et à tous ceux qui travaillent avec le
secteur des médias ou au sein de ce dernier. Nous souhaitons que ce manuel serve de point d’entrée pour accélérer les
progrès vers la réalisation de l’égalité des genres dans les systèmes et les structures des organisations. Nous espérons
qu’il permettra de mettre en application les méthodes qui ont fait leurs preuves afin de promouvoir les valeurs de
diversité, d’égalité et de non-violence dans les contenus produits par les médias.

Åsa Regnér Moez Chakchouk
Secrétaire générale adjointe et Sous-directeur général
Directrice exécutive adjointe pour la Communication et l’information
ONU Femmes UNESCO

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias iv
TABLE DES MATIÈRES
TERMES ET CONCEPTS PRINCIPAUX 1 5 P
 ROMOUVOIR DES APPROCHES
INSTITUTIONNELLES POSITIVES 34

5.1 Cartographie et évaluation 34

1 INTRODUCTION 3 5.2 Parité entre les sexes 36

1.1 Pourquoi faut-il travailler avec les médias ? 3 5.3 Politiques, protocoles et codes de conduite 38

1.2 Comment engager les médias ? 4 5.4 Formation 46

5.5 Sécurité des journalistes 47

2 C ADRES INTERNATIONAUX ET RÉGIONAUX 5

2.1 Cadres relatifs aux droits humains 5 6 P


 ARTICIPATION À LA TRANSFORMATION
DES NORMES SOCIALES 53
2.2 Instruments politiques 7
6.1 Points d’entrée pour la transformation
des normes sociales 58

3 PRINCIPES DIRECTEURS 9 6.2 Traitement et diffusion de contenus médiatiques 60

6.3 Étudier les possibilités offertes par les contenus


3.1 Respecter les règles de déontologie et de sécurité 9
médiatiques 63
3.2 Éviter les préjugés sociaux et culturels 9
6.3.1 Informations et actualités 63
3.3 Adopter une optique fondée sur les droits humains
et l’égalité des genres 9 6.3.2 Publicité 68

3.4 Adopter une approche intersectorielle 10 6.3.3 Divertissement et médias créatifs 70

3.5 Garantir la représentativité 10 6.3.4 Médias sociaux et technologies


de l’information et de la communication 77
3.6 Anticiper l’augmentation des demandes d’aide
provenant de personnes ayant subi des violences 10
6.4 Campagnes 81
3.7 Tendre vers l’universalité de l’Internet 11
6.5 Mobilisation des communautés 83

4 R
 ENFORCEMENT DE ANNEXE : 10 MESURES ESSENTIELLES 86
L’ENVIRONNEMENT FAVORABLE 12

4.1 Cadres réglementaires 12

4.2 Recherche et suivi 16
RÉFÉRENCES
4.3 Éducation aux médias et à l’information (MIL) 20

4.4 Réseaux 27

4.5 Distinctions et reconnaissance 32
TERMES ET CONCEPTS
PRINCIPAUX
Diversité des identités de genre  : dans le contexte du Intégration des questions de genre  : processus consis-
présent manuel, ce terme désigne les rôles, les expres- tant à évaluer les incidences pour les femmes et pour les
sions ou les comportements liés au genre qui diffèrent hommes de toute action envisagée, notamment dans la
des normes traditionnelles en la matière. Les personnes législation, les politiques ou les programmes, dans tous
de genre variant peuvent se définir comme différentes et les secteurs et à tous les niveaux. Il s’agit d’une stratégie
adopter des comportements pouvant ne pas être généra- visant à incorporer les préoccupations et les expériences
lement associés à leur sexe biologique. des femmes aussi bien que celles des hommes dans l’éla-
boration, la mise en œuvre, la surveillance et l’évaluation
Égalité des genres  : notion selon laquelle tous les êtres des politiques et des programmes dans tous les domaines
humains, quels que soient leur sexe ou leur identité de politiques, économiques et sociaux de manière que les
genre, sont égaux dans leur dignité et leurs droits et femmes et les hommes bénéficient d’avantages égaux
sont libres de développer leurs capacités personnelles, de et que l’inégalité ne puisse se perpétuer. À terme, le but
poursuivre leur carrière professionnelle et de prendre des est d’atteindre l’égalité entre les genres (UNICEF, UNFPA,
décisions sans être discriminés et limités par des stéréo- PNUD, ONU Femmes, 1997).
types, des rôles rigides fondés sur le genre et des préjugés.
Intersectionnalité : concept qui vise à prendre en compte
Genre  : attributs et possibilités qui, sur le plan social, à la fois les conséquences structurelles et dynamiques
ont trait à la masculinité et à la féminité et aux rapports de l’interaction entre deux ou plusieurs formes de dis-
entre les femmes et les hommes et entre les filles et les crimination ou systèmes de subordination. Ce terme
garçons, ainsi qu’aux rapports entre les femmes et ceux désigne plus particulièrement la façon dont le racisme,
entre les hommes. Ces attributs, opportunités et rapports le patriarcat, les désavantages économiques et les autres
se construisent socialement et s’acquièrent à travers les systèmes discriminatoires contribuent à créer des axes
processus de socialisation. Ils sont liés au contexte et à d’inégalité qui structurent les positions respectives
l’époque et peuvent varier (ONU Femmes, 2015). des femmes et des hommes, des groupes ethniques et
d’autres groupes. L’intersectionnalité désigne également
Inégalité liée au genre  : normes, rôles, pratiques cultu- la façon dont certains actes et politiques génèrent des
relles, politiques et lois, facteurs économiques et pratiques contraintes qui suivent ces axes croisés et contribuent
institutionnelles liés au genre qui contribuent collective- activement à la création d’une dynamique de subordina-
ment aux relations de pouvoir inégales entre les femmes tion (Organisation des Nations Unies [ONU], 2000).
et les hommes et les perpétuent. Ce type d’inégalité dé-
favorise de manière disproportionnée les femmes dans la
plupart des sphères de la vie et dans toutes les sociétés.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 1
Médias : désigne les différents moyens de communica- Stéréotypes de genre : points de vue et préjugés répandus
tion (par voie de presse écrite, audiovisuelle ou en ligne) sur les attributs ou les caractéristiques que possèdent ou
utilisés pour produire et diffuser des informations, des devraient posséder les femmes et les hommes, ou sur les
idées ou des messages ayant trait, par exemple, à l’ac- rôles que jouent ou sont censés jouer les femmes et les
tualité ou au divertissement, ou à caractère publicitaire. hommes (HCDH).
Toute référence faite aux «  médias  » dans la présente
publication ne saurait être interprétée comme une gé- Violence à l’égard des femmes et des filles  : désigne
néralisation de l’ensemble des institutions médiatiques. tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et
causant ou pouvant causer aux femmes  (ou aux filles)
Norme sociale : une norme est une construction sociale. un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles
Elle existe en tant que croyance collectivement partagée ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la
sur ce que font les autres (ce qui est courant) et sur ce contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit
que l’on attend qu’ils fassent au sein du groupe (ce qui dans la vie publique ou dans la vie privée. Cette violence
est approprié). Les normes sociales sont généralement est perpétrée contre les femmes et les filles précisément
entretenues par l’acceptation ou la non-acceptation so- en raison de leur sexe. Elle s’exerce sous des formes
ciale (Heise, L. et Heise et Manji, K., 2016). multiples, interconnectées et parfois récurrentes, et elle
traduit des rapports de force historiquement inégaux
Prévention : désigne le fait d’interrompre un abus avant entre les femmes et les hommes (résolution de l’Assem-
qu’il ne soit commis et d’empêcher qu’il ne se produise blée générale des Nations Unies A/RES/48/104, 1993).
à nouveau. L’objectif de ce manuel est de prévenir la
violence en ciblant les normes, les pratiques et les struc-
tures sociales qui sous-tendent ou qui cautionnent la
violence envers les femmes et les filles. La prévention
nécessite un éventail d’interventions interdépendantes
et complémentaires, qui s’accompagnent de services de
soutien aux survivantes et d’une reconnaissance de la
responsabilité des auteurs de violence.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 2
1. INTRODUCTION
La violence à l’égard des femmes et des filles est largement reconnue comme l’une des violations
les plus courantes des droits humains à travers le monde. Agissant à la fois comme une cause et une
conséquence des inégalités entre les sexes, elle entraîne des répercussions sur la santé, la sécurité,
la productivité et le bien-être global des femmes et des filles, et les empêche d’exercer leurs droits.
Malgré l’intensification des efforts déployés pour lutter contre ce fléau, les taux de violence contre
les femmes et les filles demeurent alarmants. Les données mondiales indiquent qu’une femme sur
trois a subi des violences physiques et/ou sexuelles au cours de sa vie, un chiffre qui peut atteindre
sept sur dix dans certains pays (OMS, 2013). La difficulté majeure reste la persistance d’attitudes,
de croyances, de pratiques et de comportements dans la société qui perpétuent les stéréotypes
négatifs, la discrimination et les inégalités liées au genre, et constituent les causes profondes de la
violence faite aux femmes et aux filles. La lutte contre ces obstacles se trouve au cœur des actions
de prévention.
ONU Femmes, en partenariat avec le Bureau internatio- et services de transport, communautés, gouvernements
nal du Travail (BIT), le HCDH, le PNUD, l’UNESCO, l’UNFPA, nationaux et autorités locales, et médias.
l’OMS et les autres parties prenantes concernées, y
compris parmi la société civile, a élaboré un premier Le présent manuel fournit des orientations aux orga-
cadre de prévention (Un cadre pour appuyer les mesures nismes des Nations  Unies et aux autres organisations
de prévention de la violence à l’égard des femmes, 2015). travaillant avec le secteur des médias afin de faire pro-
Ce cadre reflète les données de plus en plus nombreuses gresser l’égalité des genres et de prévenir la violence
qui prouvent la nécessité d’adopter une approche glo- contre les femmes et les filles. Il existe deux  axes d’in-
bale de la prévention, en regroupant les interventions tervention pour atteindre ces objectifs : 1) travailler avec
complémentaires aux composantes multiples à chaque les médias en tant qu’entités en mesure d’encourager
niveau de la société  (individuel, relationnel, collectif et l’égalité des genres en agissant depuis l’intérieur  ; et
institutionnel). Il souligne également la nécessité de 2) travailler avec les médias en tant que canaux de com-
s’attaquer directement aux pratiques, croyances, atti- munication pour promouvoir à l’extérieur les valeurs de
tudes et comportements sous-jacents dans la société diversité, d’égalité et de non-discrimination à travers
qui perpétuent et cautionnent les abus. Enfin, il met en leurs contenus. Le manuel s’articule plus particulière-
évidence onze « points d’entrée » par lesquels les inter- ment autour des thématiques suivantes :
ventions de prévention de la violence contre les femmes
1) Renforcement de l’environnement favorable
et les filles peuvent être mises en œuvre : établissements
scolaires, lieux de travail, organisations sportives, institu- 2) Promotion d’approches institutionnelles positives
tions dominées par les hommes, santé, justice, sécurité 3) Participation des médias à la transformation des
normes sociales

1.1 Pourquoi faut-il travailler avec les médias ?


Compte tenu de leur portée unique auprès de larges discrimination fondée sur le genre, les inégalités entre
segments de la population, les médias sont considérés les sexes et la violence contre les femmes et les filles.
comme un « point d’entrée » stratégique pour prévenir D’un autre côté, la fonction des médias est de mettre
durablement la violence faite aux femmes et aux filles. en lumière les grands enjeux de société en sensibilisant
En outre, ils ont la capacité d’influencer et de façonner les l’opinion publique sur l’ampleur, les causes et les consé-
idées et les perceptions sur ce qui est considéré comme quences des diverses formes d’abus. Les médias doivent
socialement acceptable. D’un côté, en véhiculant des re- pouvoir refléter la société dans toute sa diversité, au lieu
présentations stéréotypées et/ou négatives, les médias d’exploiter des clichés et des stéréotypes réducteurs
peuvent renforcer les normes sociales qui favorisent la sur les rôles et les représentations des femmes et des

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 3
hommes issus de différents milieux. Ils peuvent offrir Pour travailler avec les médias sur ces différents axes,
une voix et une tribune pour encourager l’autonomisa- il convient d’intervenir dans les trois  domaines inter-
tion des femmes et inscrire les enjeux critiques à l’ordre connectés suivants :
du jour politique.
• Renforcement de l’environnement favorable extérieur
Parallèlement, les médias peuvent également perpétuer, afin de faciliter la transformation positive des normes
et c’est souvent le cas, des normes sociales qui favorisent structurelles et sociales. Exemples d’actions à me-
la violence en discriminant les individus selon le genre, ner  : consolider la législation et les politiques  (cadres
l’origine ethnique et d’autres caractéristiques, ce qui nuit réglementaires) en vue de remédier à tout préjudice
fortement à l’égalité des genres et au droit des femmes éventuel  ; comprendre les réussites et les difficultés
à vivre sans violence. Les contenus médiatiques relatifs à du secteur grâce à la recherche et au suivi ; améliorer
la violence faite aux femmes peuvent influencer le public l’éducation aux médias et à l’information en vue de
de différentes façons. Ainsi, les contenus négatifs peuvent permettre au grand public de mieux se repérer dans les
avoir des incidences néfastes importantes susceptibles contenus auxquels il est exposé  ; et mettre en avant
d’entraîner de graves conséquences allant de la bana- les pratiques prometteuses grâce à des initiatives de
lisation du problème à la reproduction d’actes violents, récompense et de reconnaissance.
par effet de mimétisme (Toledo et Lagos, 2014). Il est im-
portant que les professionnel(le)s des médias aient une • Promotion d’un changement institutionnel positif en fa-
meilleure connaissance des effets potentiels des contenus veur de l’égalité des genres. Exemples d’actions à mener :
qu’ils produisent, et qu’ils s’engagent à créer des contenus œuvrer à la parité femmes-hommes dans les effectifs
plus adaptés sur le genre, la diversité et la non-violence. et les processus décisionnels ; proposer des formations
axées sur le genre, la discrimination et la violence contre
1.2 Comment engager les femmes et les filles  ; et renforcer les politiques
orientées sur les problématiques de genre (harcèlement
les médias ? sexuel et violence domestique, équilibre entre vie profes-
Les médias sont divers par leur structure (statut et mo- sionnelle et vie privée, sécurité des journalistes) ainsi que
dalités d’organisation), leur format  (écrit, audiovisuel, les politiques en matière de révision et de publication.
numérique, etc.) et la nature de leurs contenus (actuali-
tés, divertissement, interaction sociale, etc.). Ce qu’ils ont • Participation à la transformation des normes sociales.
de commun, en revanche, c’est que leur structure, leur Exemples d’actions à mener  : modifier les contenus
format et leurs contenus reflètent généralement inégali- qui véhiculent des stéréotypes de genre, qui sont dis-
tés liées au genre et les normes sociales discriminatoires criminatoires ou qui négligent les causes profondes
qui ont cours dans nos sociétés. Ils partagent également de la violence à l’égard des femmes et des filles  ; et
le pouvoir de communiquer des idées à une grande par- étudier les possibilités de partenariat en matière de
tie de la population. Ce contexte offre de nombreuses communications prosociales, de campagnes ciblées
possibilités d’apporter des changements positifs aux or- et de programmes visant à promouvoir les valeurs, les
ganisations de médias, aux contenus qu’elles produisent croyances et les attitudes fondées sur l’égalité, le res-
et à leurs publics. pect de la diversité et la non-violence.

Contenu des médias

Politiques et pratiques internes

Environnement favorable externe

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 4
2. CADRES
INTERNATIONAUX
ET RÉGIONAUX
2.1 Cadres relatifs aux droits humains Le Programme d’action de Beijing  (1995) a reconnu le
Les cadres internationaux et régionaux en matière de potentiel dont disposent les médias, partout, pour contri-
droits humains soulignent systématiquement l’impor- buer beaucoup plus largement à faire avancer la cause
tance des médias dans la progression vers l’égalité des des femmes. Il souligne deux objectifs stratégiques
genres, l’autonomisation des femmes et l’élimination de toujours très pertinents à l’heure actuelle étant donné la
la violence à leur égard. lenteur des progrès réalisés :

La Convention sur l’élimination de toutes les formes de • «  Permettre aux femmes de mieux s’exprimer et de
discrimination à l’égard des femmes, dans ses recom- mieux participer à la prise des décisions dans le cadre
mandations générales  19  (1992), 23  (16e  session, 1997) et et par l’intermédiaire des médias et des nouvelles tech-
35 (2017), appelle les États à adopter et à mettre en œuvre niques de communication » ; et
des mesures efficaces « pour que les médias respectent et
incitent à respecter la femme » par les actions suivantes : • « Promouvoir une image équilibrée et non stéréotypée
des femmes dans les médias ».
• «  Encourager les médias, notamment les médias so-
ciaux ou en ligne, à créer ou consolider des mécanismes Le Programme mentionnait avec clairvoyance les progrès
d’autorégulation pour éliminer les stéréotypes fondés accomplis dans le domaine des technologies de l’infor-
sur le genre à propos des hommes et des femmes ou mation et de la communication  (TIC), leur rôle dans la
de certains groupes de femmes [par exemple, les dé- création d’un réseau mondial de communication qui
fenseuses des droits humains], et à aborder le sujet de transcende les frontières nationales, et leur incidence
la violence à l’égard des femmes fondée sur le genre sur les politiques publiques ainsi que sur les attitudes et
sur leurs services et plateformes » ; comportements à l’intérieur de la sphère privée.

• « Fournir aux médias des lignes directrices sur la façon Adoptée en Europe mais ouverte à la signature d’autres
appropriée de couvrir les affaires de violence à l’égard pays, la Convention du Conseil de l’Europe sur la préven-
des femmes fondée sur le genre » ; tion et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et
la violence domestique (Convention d’Istanbul, article 17,
• «  Habiliter les institutions nationales des droits de 2011) enjoint aux États parties d’« [encourager] le secteur
l’homme, ou renforcer leur capacité, à surveiller ou exa- privé, le secteur des technologies de l’information et de
miner les réclamations impliquant un média qui publie la communication et les médias, dans le respect de la li-
des images discriminatoires à l’égard des femmes, ou berté d’expression et de leur indépendance, à participer
un contenu qui traite les femmes comme des objets, les à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques, ainsi
rabaisse ou fait l’apologie d’une masculinité violente » ; et qu’à mettre en place des lignes directrices et des normes
d’autorégulation pour prévenir la violence à l’égard des
• «  Créer un système qui collecte, analyse et publie de femmes et renforcer le respect de leur dignité » ; et de
façon régulière des données statistiques sur le nombre « [développer] et [promouvoir], en coopération avec les
de plaintes impliquant toute forme de violence à acteurs du secteur privé, les capacités des enfants, pa-
l’égard des femmes fondée sur le genre, notamment rents et éducateurs à faire face à un environnement des
les cas de violence engendrée par la technologie ». technologies de l’information et de la communication

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 5
qui donne accès à des contenus dégradants à caractère sous toutes ses formes et à rehausser le respect de sa
sexuel ou violent qui peuvent être nuisibles ». dignité  ». Adopté en Afrique, le Protocole à la Charte
africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux
Au niveau régional, la Convention interaméricaine sur droits des femmes (Protocole de Maputo, article 12, 2003),
la prévention, la sanction et l’élimination de la violence fait obligation aux États parties de prendre toutes les
contre la femme (Belem do Para, article 8, 1994), adoptée mesures appropriées pour éliminer tous les stéréotypes
en Amérique latine, fait obligation aux États parties qui perpétuent toutes les formes de discrimination à
«  d’adopter graduellement des mesures spécifiques et l’égard des femmes dans les manuels scolaires, les pro-
notamment des programmes ayant pour but [...] d’en- grammes d’enseignement et les médias. Le Plan d’action
courager les médias à tracer les grandes lignes appelées à de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN)
contribuer à l’élimination de la violence contre la femme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes

Objectifs de développement durable (ODD)

À travers les 17 objectifs de développement durable (ODD), les Nations Unies ont pour dessein de bâtir un monde
meilleur pour l’humanité et notre planète à l’horizon 2030. Adoptés à l’unanimité par les États membres en 2015,
les ODD sont un appel à l’action lancé par tous les pays, quel que soit leur niveau de richesse, pour éradiquer
la pauvreté tout en protégeant la planète. Ces objectifs comportent plusieurs cibles qui visent à éliminer le
harcèlement, la discrimination et les violences envers les femmes et les filles ; elles les désignent comme des
problèmes de droits humains qui sont autant d’entraves à la paix et au développement. Les cibles relèvent des
espaces public et privé, dans tous les contextes et consistent notamment à :

• Mettre fin à toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles partout dans le monde (5.1).
• Éliminer des sphères publique et privée toutes les formes de violence faite aux femmes et aux filles, notam-
ment la traite et l’exploitation sexuelle (5.2).
• Éliminer toutes les pratiques préjudiciables, telles que le mariage des enfants, le mariage précoce ou forcé et
la mutilation génitale féminine (5.3).
• Veiller à ce que les femmes participent pleinement et effectivement aux fonctions de direction à tous les
niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique, et y accèdent sur un pied d’égalité (5.5).

• Renforcer l’utilisation des technologies habilitantes, en particulier de l’information et de la communication,


pour favoriser l’autonomisation des femmes (5.B).
• Adopter des politiques bien conçues et des dispositions législatives applicables en faveur de la promotion de
l’égalité des genres et de l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles à tous les niveaux et
renforcer celles qui existent (5.C).

• D’ici à 2030, assurer l’accès universel, en particulier pour les femmes et les enfants, les personnes âgées et les
personnes handicapées, à des espaces verts et publics sûrs, inclusifs et accessibles (11.7).

• Réduire nettement toutes les formes de violence et les taux de mortalité qui y sont associés partout dans le
monde (16.1).

• Mettre un terme à la maltraitance, à l’exploitation, à la traite et à toutes les formes de violence et de torture
dont sont victimes les enfants (16.2). 

• Garantir l’accès public à l’information et protéger les libertés fondamentales, conformément à la législation
nationale et aux accords internationaux (16.10).

• Promouvoir et appliquer des lois et politiques non discriminatoires en matière de développement durable (16.B).

Pour en savoir plus sur chacune de ces cibles, voir : https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 6
prévoit de concevoir, de mettre en œuvre et d’évaluer des Résolutions de l’Assemblée général des
campagnes de sensibilisation fondées sur des données Nations Unies et du Conseil des droits
probantes, adaptées au contexte et tenant compte des de l’homme
spécificités culturelles, et visant à faire évoluer les normes
sociales en faveur de la non-violence et de rapports res- L’Assemblée générale et le Conseil des droits de l’homme
pectueux, notamment au moyen d’une utilisation efficace des Nations Unies ont adopté des résolutions concernant
des médias et des canaux de communication axés sur les le rôle que peuvent jouer les médias dans l’élimination
personnes existants (ASEAN, 2015). des stéréotypes de genre et la promotion de l’égalité
des genres, l’autonomisation des femmes et le plein
La Recommandation du Conseil de l’Europe sur la pro- exercice des droits humains. Ces résolutions fournissent
tection des femmes contre la violence (2002/5) souligne également des recommandations plus précises sur la
que les États membres devraient : « compiler de manière sécurité des journalistes et la violence perpétrée contre
adaptée des informations sur les différentes formes de les femmes au moyen des TIC1.
violence et leurs conséquences pour les victimes, y com-
pris des données statistiques intégrées, et les diffuser
auprès du grand public en utilisant tous les supports Rapporteuse spéciale sur la violence contre
médiatiques disponibles (presse, radio, télévision, etc.) » les femmes, ses causes et ses conséquences
et « encourager les médias à promouvoir une image non Dans ses différents rapports, la Rapporteuse spéciale a
stéréotypée de la femme et de l’homme, fondée sur le mis en lumière le rôle essentiel que peuvent jouer les
respect de la personne humaine et de sa dignité, et à médias dans les domaines suivants : suivi et signalement
éviter les productions associant violence et sexe  ; dans des cas de violence sexiste ; diffusion d’un discours alter-
la mesure du possible, tenir compte de ces éléments natif s’opposant aux « interprétations hégémoniques de
aussi dans le domaine des nouvelles technologies de la culture » et contribuant à transformer les valeurs, les
l’information  ». Les États membres devraient en outre  : institutions et les structures de pouvoir discriminatoires ;
«  encourager les médias à participer aux campagnes importance de véhiculer des images dépourvues de pré-
d’information et de sensibilisation du grand public sur jugés culturels et de stéréotypes sur certains groupes de
les violences à l’égard des femmes  ; encourager l’orga- femmes  (par exemple, celles en situation de handicap)
nisation des formations destinées aux professionnel(le)s afin de faire changer les perceptions négatives, d’élimi-
des médias afin de les informer et de les sensibiliser aux ner la discrimination et de mettre fin à la violence. La
conséquences que peuvent engendrer les productions qui Rapporteuse spéciale a également publié un rapport
associent violence et sexe ; [et] encourager l’élaboration consacré à la violence à l’égard des femmes liée aux
de codes de conduite pour les professionnels des médias, TIC  (2018), qui présente plusieurs recommandations vi-
en tenant compte de la problématique de la violence à sant à combattre efficacement ce problème (Conseil des
l’égard des femmes et encourager, dans le mandat des droits de l’homme, 2018).
organisations autonomes de surveillance des médias,
existantes ou à créer, l’inclusion des missions relatives à
la violence à l’égard des femmes et au sexisme ». Autres instruments de portée mondiale
La Commission de la condition de la femme a reconnu
Instruments politiques l’importance des médias et des TIC dans nombre de ses
documents finaux et conclusions concertées, notamment
Divers instruments politiques et mécanismes spéciaux dans le cadre de sa 55e session sur l’accès et la participa-
ont également été élaborés afin de combattre la vio- tion des femmes et des filles à l’éducation, à la formation,
lence à l’égard des femmes dans les médias  : objectifs à la science et à la technologie (2011) et de sa 57e session
de développement durable  (ODD), résolutions de l’As- sur l’élimination et la prévention de toutes les formes
semblée générale des Nations  Unies et du Conseil des de violence à l’égard des femmes et des filles (2013). La
droits de l’homme, rapports et recommandations de la Commission a également décidé d’examiner le thème
Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, des médias et des TIC lors de sa 62e  session  (2018). À
ses causes et ses conséquences, et documents finaux de
la Commission de la condition de la femme, du Sommet 1 Voir par exemple les résolutions  70/162, 71/170, 69/147,
67/144, 65/187, 63/155 et S-23-3 de l’Assemblée générale des
mondial sur la société de l’information  (SMSI) et de la
Nations Unies, et les résolutions 35/10, 32/17, 32/19, 29/14, 26/15,
Commission sur le large bande. 23/25, 17/11, 14/12, 32/13, 33/2 du Conseil des droits de l’homme.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 7
Résolution du Parlement européen sur l’égalité des genres
dans le secteur des médias au sein de l’Union européenne
Adoptée le 20 février 2018
Cette résolution adoptée par le Parlement européen donne des renseignements généraux et des recommanda-
tions concernant la lutte pour l’égalité des genres dans les médias audiovisuels, informatisés et numériques.
Elle aborde plusieurs points, comme la parité, la participation et l’accès aux postes de décision, l’égalité sala-
riale et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée en fonction des genres ; la sécurité des journalistes ;
le harcèlement sexuel ; les stéréotypes fondés sur le genre ; les expériences sexospécifiques des femmes en
matière d’accès aux technologies et leur utilisation ; le rôle de la législation, des organismes de réglementation
et des organisations de femmes ; et enfin, l’importance de la recherche et du suivi, entre autres domaines clés
relatifs à l’égalité des genres dans les médias.

Pour plus d’informations, voir : http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-%2F%2FEP%2F%2FTEXT


%2BREPORT%2BA8-2018-0031%2B0%2BDOC%2BXML%2BV0%2F%2FEN&language=EN#_part1_ref2

cette occasion, des notes d’orientation ont été présen- de genre dans toutes les lignes d’action du SMSI afin que
tées sur ce sujet, puis compilées dans une publication celles-ci prennent en compte les problèmes persistants
de l’UNESCO intitulée «  Setting the Gender Agenda for liés au genre, remédient à la discrimination et contribuent
Communication Policy: New proposals from the Global à mettre fin à la violence et au harcèlement (Union inter-
Alliance on Media and Gender ». nationale des télécommunications [UIT], 2014). En 2013, la
Commission sur le large bande a adopté un objectif visant
Concernant les questions de genre, les TIC et les nouveaux à atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes en
médias, la Déclaration du SMSI+10 sur la mise en œuvre des matière d’accès au large bande d’ici à 2020, et a rédigé un
résultats du SMSI et la Vision du SMSI+10 pour le SMSI au document de travail intitulé Combatting Online Violence
cours de l’après-2015 prévoyaient d’intégrer les questions against Women and Girls2.

2 Voir https://www.itu.int/net/pressoffice/press_releases/
2013/08-fr.aspx et https://www.broadband
commission.org/Documents/publications/bb-wg-gender-
report2015-highlights.pdf

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 8
3. PRINCIPES DIRECTEURS
Les principes ci-dessous offrent une vision commune destinée à orienter les organisations et les
professionnel(le)s des médias qui traitent de sujets en rapport avec la violence à l’égard des femmes
et des filles. Ils s’adressent plus particulièrement à celles et ceux qui sont en contact direct avec
des personnes ayant été victimes ou témoins d’abus, mais aussi plus largement à toute personne
intervenant dans ce domaine. Ces principes doivent guider la manière d’appréhender la violence en
toutes circonstances, et ils doivent inspirer chaque contenu, activité ou action en la matière.

3.1 Respecter les règles de 3.2 Éviter les préjugés sociaux


déontologie et de sécurité et culturels
Les médias doivent garantir en priorité les droits des Les individus sont façonnés par leur environnement et leur
femmes et des filles en matière de sécurité, de confiden- vécu, ce qui peut les conduire à exprimer, consciemment
tialité, de protection de la vie privée, de liberté d’expression ou inconsciemment, certains préjugés à l’égard des autres.
et d’autonomie dans la prise de décision. Les personnes Par exemple, certaines formes de pratiques néfastes et de
concernées doivent être pleinement informées de l’objet, violence touchant les filles et les femmes de communautés
de l’intention, du format et de la portée ou des effets at- ou de régions particulières, comme la mutilation génitale
tendus de toute intervention médiatique. La participation ou l’excision, les attaques à l’acide, les violences liées aux
à tout contenu audio, visuel ou écrit, ainsi que la diffusion dots, les crimes « d’honneur », l’infanticide féminin ou les
dudit matériel, implique le recueil par écrit de leur consen- mariages d’enfants, ont tendance à être « exotisées»  et
tement éclairé ou l’enregistrement de leur confirmation. «  altérisées  »  (Larasi, 2012). La couverture médiatique de
la violence peut également avoir comme conséquence
Les survivantes de violence, qu’il s’agisse de celles ap- involontaire d’accroître les manifestations de racisme et
paraissant dans les médias ou de celles travaillant dans de haine religieuse envers certaines communautés. Afin
ce secteur, peuvent présenter des symptômes de stress d’éviter de tels préjugés et de mieux analyser, comprendre
post-traumatique lorsqu’elles relatent ou signalent les et représenter les personnes et les situations de façon
abus qu’elles ont subis. Il est donc essentiel de rechercher plus équilibrée, les professionnel(le)s des médias et les
et de mettre à leur disposition des services de soutien utilisatrices et utilisateurs de leurs plateformes doivent
de qualité accessibles localement ou des numéros d’ur- comprendre ce que sont les stéréotypes et les préjugés,
gence. Si la personne concernée est mineure (c’est-à-dire et déterminer sous quelle forme ils se manifestent dans
si elle a moins de 18 ans), il est primordial de prévoir sur leurs propres points de vue et communications. Il en va de
place un(e) psychologu(e), un(e) conseiller(-ère), ou un(e) même concernant les politiques et les pratiques institu-
assistant(e) de service social qualifié(e). Il convient éga- tionnelles, où les préjugés sociaux et culturels (conscients
lement d’étudier préalablement la législation relative et inconscients) peuvent imprégner les systèmes et les
à l’obligation de signaler les abus commis contre des structures de recrutement, de maintien dans l’emploi, de
personnes mineures et d’en informer pleinement les par- promotion et de prise de décision, ainsi que l’ensemble de
ticipantes avant de recueillir leur consentement éclairé, l’environnement de travail organisationnel.
de façon à ce que l’intéressée (ainsi que son tuteur légal
ou sa tutrice légale) ait connaissance de toutes les réper- 3.3 Adopter une optique fondée
cussions éventuelles de sa participation. sur les droits humains et l’égalité
Les porte-parole des survivantes (en particulier les défen-
des genres
seuses des droits humains et les femmes journalistes) et La façon dont les médias dépeignent les violences faites
les survivantes qui témoignent sont davantage suscep- aux femmes et aux filles pose souvent problème à de
tibles de subir des préjudices supplémentaires ou des nombreux égards, car elle entretient les mythes et les
représailles. Il est donc fondamental d’évaluer ce risque stéréotypes sans proposer d’analyse ancrée dans la réa-
afin d’assurer leur sécurité immédiate et d’organiser leur lité sociale et politique de la situation. Cette absence de
protection à plus long terme. mise en perspective peut se traduire par les pratiques

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 9
suivantes : blâmer la victime et lui faire porter l’attention s’appuyer sur une bonne compréhension des multiples
ou le poids de la situation (au lieu d’incriminer l’auteur) ; formes de discrimination subies par différents groupes
verser dans le sensationnalisme  ; déformer les faits et de femmes dans des contextes distincts.
les informations  ; fausser la présentation du contexte
juridique ; et décrire les faits de violence comme des inci- 3.5 Garantir la représentativité
dents isolés commis par des hommes que l’on diabolise
ou fait apparaître comme déséquilibrés. Pour adopter Les femmes et les filles sont celles qui connaissent le
une optique fondée sur les droits humains et l’égalité des mieux leur propre vécu, leur ressenti et leurs besoins. Les
genres, il convient de reconnaître que la violence contre médias et les personnes qui envisagent une intervention
les femmes et les filles constitue une violation des droits dans ce domaine doivent considérer les connaissances
fondamentaux de la femme, et qu’aucune circonstance des femmes et des filles, y compris celles des associations
ne peut justifier une telle atteinte à leurs droits ou à de survivantes, comme des sources d’information fiables
leur personne. Cette démarche implique de présenter fondées sur les opinions et les expériences des principales
le contexte de la violence contre les femmes et les filles intéressées, et y accorder de l’importance.  Les femmes et
comme un problème lié, d’une part, aux normes sociales les filles n’ont pas toutes les mêmes besoins ni le même
qui discriminent les femmes et les filles (et valorisent des vécu. Ceux-ci dépendront de la culture, de l’âge, de l’ori-
idéaux néfastes de masculinité et de virilité) et, d’autre gine ethnique, de l’orientation sexuelle, du handicap et
part, aux structures qui renforcent les inégalités entre d’autres caractéristiques déterminantes liées au statut
les femmes et les hommes en permettant à ces der- social ou politique. Par conséquent,les connaissances et
niers de se sentir autorisés à exercer leur pouvoir sur les les contributions des femmes et des filles de diverses
femmes. De la même façon, pour instaurer des politiques origines doivent se refléter dans les décisions prises au
et des pratiques efficaces en matière de lutte contre le niveau des organisations de médias, des programmes
harcèlement sexuel, il est fondamental d’admettre que et des interventions, ainsi que dans les représentations
ce problème est lié au déséquilibre des pouvoirs, à l’abus et les messages diffusés. La participation des femmes,
d’autorité et à la discrimination. en particulier celles dont la voix et les droits ont été
marginalisés, est un moyen de prévenir l’aggravation de
3.4 Adopter une approche l’exclusion, de défendre leurs droits et de minimiser les
intersectorielle conséquences involontaires ou négatives.

Il est impossible de combattre les rôles et les stéréotypes


3.6 Anticiper l’augmentation
liés au genre si l’on ne comprend pas que, même si toutes
les femmes font, d’une manière ou d’une autre, l’objet des demandes d’aide provenant de
d’une discrimination fondée sur le genre, toutes ne su- personnes ayant subi des violences
bissent pas le même préjudice, et que certains groupes
de femmes  (celles ayant un statut différent sur les L’implication des médias dans la lutte contre la violence,
plans économique, social, politique et culturel) peuvent notamment lorsqu’elle se fait à grande échelle, peut
être confrontés à des formes multiples de discrimina- avoir pour effet d’augmenter les demandes de soutien
tion  (Crenshaw, 1991 et Wing, 1997). La discrimination et d’information de la part des victimes/des survivantes
croisée est reconnue comme constituant un obstacle ou de leur communauté. Ces interventions sont donc
majeur à la réalisation de l’égalité des genres. Cet aspect susceptibles d’alourdir la demande pesant sur les ser-
multidimensionnel est au cœur du principe des objec- vices de soutien alors que ces derniers peuvent déjà avoir
tifs de développement durable consistant à « ne laisser des difficultés à répondre aux demandes actuelles. Ce
personne de côté ». L’origine ethnique, la caste, la classe facteur doit être pris en compte dans la conception du
sociale, l’âge, la religion, l’orientation sexuelle, la situation programme global d’élimination de la violence à l’égard
matrimoniale, la situation géographique, le handicap, le des femmes et des filles. En conséquence, il convient de
statut VIH ou encore le statut de migrant, de réfugié ou recenser les services existants, de les consulter au sujet
de personne déplacée sont autant de facteurs pouvant du déroulement des interventions, et d’indiquer au pu-
influencer les formes et la nature de la violence subie blic les services disponibles, leurs coordonnées et leur
par les femmes et par les filles (Fergus, 2012). Ils peuvent domaine de compétence. Il est également important de
orienter la discrimination et la violence vers certains fournir ces informations aux survivantes ou aux témoins
groupes de femmes et créer des inégalités qui leur sont rencontrés, car le fait de se remémorer et de raconter à
propres ou qui touchent quelques groupes de femmes nouveau ce qu’ils ont subi ou ce qu’ils ont vu peut pro-
de manière disproportionnée. Chaque intervention doit voquer un traumatisme secondaire. De la même façon,

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 10
la mise en place de nouvelles politiques ou procédures constitue un point de départ stratégique à la participa-
au niveau institutionnel est susceptible d’entraîner une tion et à l’autonomisation de tous les membres de la
augmentation du nombre de personnes se manifestant société, y compris les femmes et les filles. L’universalité
pour faire part de leur(s) expérience(s). de l’Internet a été unanimement approuvée par les
193  États membres de l’UNESCO en 2015. Le concept
3.7 Tendre vers l’universalité d’universalité de l’Internet repose sur les principes
de l’Internet (principes DOAM-X)3 DOAM de l’UNESCO   (Droits, Ouverture, Accessibilité
à tous et participation de Multiples acteurs). Il définit
Dans la mesure où les médias opèrent dans un environ- l’Internet comme un réseau d’interactions et de relations
nement caractérisé par l’omniprésence du numérique, économiques et sociales  (soit bien plus qu’une simple
les valeurs et principes clés prônés par l’UNESCO pour technologie numérique) offrant un potentiel immense
s’attaquer au traitement médiatique des questions de pour défendre les droits humains, autonomiser les indi-
genre à l’ère du numérique reposent sur l’universalité vidus et favoriser le développement durable. Pour être
de l’Internet. Tout comme le caractère universel des durables, les technologies numériques doivent être ac-
droits humains et des ODD, l’universalité de l’Internet cessibles à tous, et notamment aux filles et aux femmes.

3 Voir : https://fr.unesco.org/indicateurs-universalit%
C3%A9-internet

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 11
4. RENFORCEMENT
DE L’ENVIRONNEMENT
FAVORABLE
Les médias s’inscrivent plus largement dans un environnement politique, social, économique et
culturel. Ils sont le reflet de ce contexte en même temps qu’ils contribuent à le façonner. À mesure
que cet environnement évolue, de nouvelles considérations se font jour quant au mode de fonc-
tionnement des médias et à la façon dont la société interagit avec ces derniers.

Aux fins du présent manuel, l’environnement favorable dé- individus à s’exprimer et à faire entendre leurs opinions
signe les facteurs externes qui ont une influence directe ou est un élément capital de ces principes. Toutefois, ce droit
indirecte sur les structures, les pratiques et les contenus des coexiste avec d’autres droits fondamentaux tels que le
médias. Un environnement favorable est essentiel pour ga- droit à ne pas subir de discrimination ni d’atteinte à l’inté-
rantir des contenus tenant compte des questions de genre, grité. Dans ce contexte, les gouvernements et les médias
qui puissent contribuer sensiblement à la prévention de la doivent trouver un équilibre entre ces droits, notamment
violence à l’égard des femmes et des filles et à la sensibili- par voie de réglementation ou d’autorégulation.
sation de la société sur cette question. Le renforcement de
l’environnement favorable implique des actions à plusieurs
Comprendre le fonctionnement
niveaux pouvant notamment consister à :
de la réglementation
• Rappeler aux États leur obligation de respecter les en- La réglementation des médias désigne le processus glo-
gagements internationaux pris en faveur de l’égalité bal consistant à établir des directives ou des orientations
des genres et de l’autonomisation des femmes, y com- au moyen de codes et de procédures qui sont appliqués
pris s’agissant des médias, afin que ces engagements par les gouvernements et d’autres instances politiques
se traduisent en lois et en stratégies concrètes. et administratives aux différentes activités du secteur
des médias (Université de Leicester, non daté).
• Plaider pour l’adoption de cadres réglementaires  (y
compris par l’autorégulation) en vue d’accroître la Les cadres réglementaires peuvent être formels ou
participation et l’accès des femmes à l’expression et informels. Le caractère formel d’une réglementation
aux processus décisionnels dans les médias et par leur est déterminé par trois critères : 1) elle est établie par la
intermédiaire ; d’assurer un accès accru, plus équitable loi ; 2) elle prévoit des sanctions exécutoires (financières
et plus sûr aux nouvelles technologies de communi- ou autres)  ; et 3)  elle s’applique de façon permanente.
cation ; et de promouvoir une image équilibrée et non Les réglementations officielles peuvent comporter des
stéréotypée des femmes dans les médias. dispositions obligatoires concernant la structure, les
activités ou les contenus des médias. Par exemple, la
• Garantir un niveau élevé d’éducation aux médias réglementation peut servir à limiter les monopoles ou
dans l’ensemble de la population, en accordant une les participations croisées, à contrôler la quantité de
attention particulière aux jeunes afin de favoriser la ré- publicité diffusée à la télévision ou à fixer des exigences
flexion et l’analyse critique sur les médias consommés, en matière de droits de diffusion pour la télévision
notamment lorsqu’il s’agit de contenus discrimina- ou la radio. Les obligations légales de portée générale
toires, violents et néfastes. contribuent de facto à réglementer les médias, notam-
ment celles visant à interdire la diffamation, à protéger
4.1 Cadres réglementaires la vie privée et les droits de propriété intellectuelle, et
Les médias sont une composante essentielle des prin- à interdire toute incitation à la violence ou à la haine
cipes de liberté et de démocratie. La garantie du droit des raciale, la pornographie ou l’obscénité. Certains cadres

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 12
réglementaires spécifiques aux médias prévoient parfois rarement les médias. Les législations qui s’appliquent
des directives applicables aux profesionnel(le)s du sec- spécifiquement aux médias peuvent couvrir certaines
teur, par exemple au Royaume-Uni4 (Article 19, non daté), formes de discrimination  (par exemple,  raciale, reli-
ou fixent des interdictions concernant certains types de gieuse) et violations des droits humains. Cependant, la
contenu, comme en Nouvelle-Zélande  (gouvernement majorité des cadres réglementaires ne prévoient aucune
de Nouvelle-Zélande, 2018) où la représentation de la disposition en matière de discrimination fondée sur le
violence domestique est prohibée. genre et, lorsque c’est le cas, celles-ci sont insuffisantes.
Dans certains cas, il arrive que des dispositions d’un
La réglementation informelle et l’autorégulation re- même cadre législatif entrent en contradiction ou en
posent sur l’application volontaire. Leur adoption fait conflit. Par exemple, une étude menée dans le secteur
généralement suite aux pressions croissantes exercées des médias en Australie a révélé qu’en raison des dis-
par les collègues, les clients, le public, les annonceurs positions prévues par le Family Violence Protection Act
et d’autres parties prenantes du secteur. Les grands en matière de comptes rendus d’audience, d’entrave
médias  (nationaux, régionaux, internationaux) peuvent à la justice et d’autres aspects, il était difficile pour les
également jouer un rôle important à cet égard, même si journalistes couvrant les affaires de violence domestique
la portée des réglementations qu’ils adoptent est limitée. de replacer les faits dans un contexte de violence sexiste
puisqu’ils étaient dans l’impossibilité de divulguer cer-
taines informations au sujet des auteurs  (Sutherland
Réglementation en matière de lutte contre
et al., 2017). Les processus réglementaires sont sou-
la violence à l’égard des femmes vent longs et n’avancent pas toujours au rythme des
La plupart des pays disposent d’une législation natio- évolutions contextuelles. Ainsi, l’innovation et le déve-
nale visant à lutter contre la violence au sein du couple, loppement des TIC offrent de formidables moyens de
la violence domestique et sexuelle et le harcèlement communication (par exemple, applications de discussion
sexuel (Tavares et Wodon, 2018). Toutefois, ces lois visent privée et instantanée, production et diffusion de vidéos,
plateformes de réseaux sociaux), mais ils créent égale-
ment de nouvelles difficultés lorsqu’il s’agit de protéger
4 Pour faciliter la lecture, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne
les femmes contre les abus et de faire reconnaître la
et d’Irlande du Nord sera écrit dans sa forme abrégée
culpabilité des auteurs.
(« Royaume-Uni ») dans ce document.

Exemples de mécanismes nationaux de prévention des discriminations et des violences


fondées sur le genre dans les médias et les communications
En Belgique, le plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violence basées sur le genre (2015-2019)
soulignait l’importance de l’autorégulation et le besoin de formation des professionnels des médias dans la lutte
contre le sexisme dans le milieu (gouvernement de la Belgique, 2015).

Au Maroc, le gouvernement a créé une commission d’arbitrage pour traiter les cas impliquant des journalistes de
sexe féminin et leurs employeurs, et impose aux institutions qui dépendent du ministère de la Communication
de publier leurs activités en faveur de l’égalité des genres (par ex. leurs statistiques sur les journalistes de sexe
féminin). Par ailleurs, il a adopté des chartes et des politiques éditoriales afin d’encourager le respect des droits
des femmes et a publié un guide sur les stéréotypes de genre dans les médias à l’attention des chaînes de télévi-
sion publiques (Nations Unies, 2017). Depuis 2018, une loi prévoit des amendes en cas de diffamation fondée sur
le genre à l’égard des femmes, et de divulgation délibérée (y compris par le biais des technologies de communi-
cation) d’informations, de déclarations ou de photographies privées ou confidentielles sans le consentement de
la personne concernée (gouvernement du Maroc, 2018).

La Slovaquie a adopté un plan d’action national pour la prévention et l’élimination des violences à l’égard des
femmes (2014-2019) qui préconise un suivi annuel des violences à l’égard des femmes dans les médias et les
publicités afin de renforcer l’efficacité de l’autorégulation et des lois relatives aux médias. Le plan prévoit éga-
lement des formations pour lutter contre les violences à l’égard des femmes et encourager l’égalité des genres
chez les professionnels des médias (gouvernement de la Slovaquie, 2014).

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 13
En République-Unie de Tanzanie, le plan d’action national pour la prévention et l’éradication des violences à
l’égard des femmes et des enfants (2001-2015) prévoyait une série de mesures visant à favoriser un traitement
médiatique des violences faites aux femmes et aux enfants plus attentif au genre et dénué de stéréotypes,
comme des formations pour les professionnels des médias sur les droits des femmes et les violences qu’elles
subissent.

Au Timor-Leste, le plan d’action national sur les violences sexistes (2017-2021) s’intéresse au rôle des médias dans
la promotion de l’égalité des genres et préconise une tolérance zéro envers les violences sexistes. Il propose à
cet égard 1) d’élaborer un code de conduite du traitement médiatique attentif au genre, avec notamment des
directives éthiques sur le traitement des violences sexistes, ainsi que des mesures disciplinaires en cas de man-
quements, 2) d’instaurer obligatoirement des formations annuelles sur les droits humains, l’égalité des genres
et le traitement médiatique sensible aux violences sexistes et 3) de développer et de mettre en œuvre un outil
pour surveiller le traitement médiatique des violences sexistes et de la représentation des femmes (gouverne-
ment du Timor-Leste, 2017).

En Espagne, le plan national de sensibilisation et de lutte contre les violences sexistes : cadre conceptuel et grands
axes d’intervention (2007-2008) prévoyait des actions pour favoriser et diffuser les lignes directrices concernant
les bonnes pratiques en matière de traitement médiatique et décerner des récompenses aux bonnes pratiques
dans la publicité ; des stratégies pour établir des structures de partenariat solides entre le gouvernement et le
secteur des médias/de la publicité ; la création d’un comité consultatif sur la représentation des femmes afin
d’analyser la manière dont elles sont traitées dans le milieu ; l’élargissement des accords d’autorégulation au
secteur de la publicité ; la conclusion d’accords avec des médias de service public pour favoriser les contenus
non sexistes et la participation active des femmes à tous les domaines de la vie ; un pacte d’autorégulation afin
de garantir l’objectivité de l’information, selon des valeurs d’égalité et de lutte contre les violences sexistes ;
l’élargissement de l’accord d’autorégulation sur la protection des mineurs aux dirigeants des chaînes de télé-
vision afin d’englober les violences et les discriminations sexistes ; et enfin, des conventions avec les autorités
audiovisuelles réglementaires afin d’établir des procédures de collaboration pour éradiquer tout appel direct ou
indirect aux violences sexistes des programmes télévisés et des publicités.

Il convient d’aborder avec la plus grande prudence les a)  au respect des droits ou de la réputation d’autrui  ;
législations et les réglementations nationales visant à b)  à la sauvegarde de la sécurité nationale, de l’ordre
lutter contre la violence à l’égard des femmes dans les public, de la santé ou de la moralité publiques » (PIDCP,
médias, en tenant dûment compte des autres droits et article  19). Ces dispositions s’appliquent à tout type
libertés qui constituent le fondement de sociétés dé- de support  (écrit, audio, vidéo, numérique, etc.) et de
mocratiques, inclusives et plus égalitaires (par exemple, contenu  (actualités, divertissement, publicité, médias
liberté de parole et d’expression, accès à l’information, sociaux, etc.).
respect de la vie privée). Des exceptions quant au res-
pect de ces droits et libertés sont nécessaires lorsque L’application des législations et des réglementations
les mots ou les images constituent une menace pour relatives aux contenus en ligne ou numériques est
les individus  (lorsque les droits exercés par une per- particulièrement complexe en raison, d’une part, de la
sonne compromettent et violent les droits d’une autre multiplicité des parties prenantes privées et publiques
personne), la paix et l’État de droit  (Organisation pour concernées  (particuliers, intermédiaires de services
la sécurité et la coopération en Europe [OSCE], 2008). Internet, gouvernements) et, d’autre part, du contexte
Le Pacte international relatif aux droits civils et poli- unique dans lequel se situe cette forme de communi-
tiques  (PIDCP) dispose que l’exercice des droits à la cation  (par exemple, communication transnationale
liberté d’expression « comporte des devoirs spéciaux et et enjeux juridictionnels, communications publiques
des responsabilités spéciales. Il peut en conséquence être contre communications privées au moyen d’applications
soumis à certaines restrictions qui doivent toutefois être ou de SMS). La violence et le harcèlement en ligne ont
expressément fixées par la loi et qui sont nécessaires  : longtemps été absents des débats sur les violences faites

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 14
Réglementation Autorégulation Orientations

Aucune Représen- Tout ou partie Règles relatives Stéréotypes Aucune


discrimination tation du du code ICC aux stéréotypes de genre règle
fondée sur genre dans ou analogue de genre
le genre dans la publicité
la publicité

Belgique Espagne Australie Afrique du Sud Belgique Chypre


Finlande Norvège Bulgarie Allemagne Bulgarie Pays-Bas
France Espagne Autriche Canada République tchèque
Grèce Finlande Finlande États-Unis Turquie
Hongrie France Inde d'Amérique
Irlande Grèce Irlande France
Royaume-Uni Irlande Italie Suède
Lituanie Nouvelle-Zélande
Luxembourg
Portugal
Roumanie
Royaume-Uni
Slovaquie
Slovénie

Source : WFA, d’après le rapport Depictions and Harm: A report on gender stereotypes in advertising de l’ASA. Juillet 2017.

aux femmes, mais ils font l’objet d’une plus grande at- Les instances d’autorégulation et les organismes de
tention depuis 2016. Si la violence commise au moyen normalisation du secteur de la publicité prennent éga-
des TIC semble en augmentation, les réponses apportées lement des mesures visant à promouvoir et à respecter
restent insuffisantes, les cadres juridiques spécifiques une image fidèle et progressiste du genre. L’Alliance eu-
en la matière étant inexistants ou inappliqués. Il est ropéenne pour l’éthique en publicité (AEEP), qui regroupe
nécessaire d’instaurer des cadres d’autorégulation clairs 14  organisations du secteur et 27  instances d’autoré-
afin de réglementer l’Internet et de faire en sorte que gulation, s’est engagée à représenter les femmes et les
ce réseau soit un espace respectueux des droits des hommes de manière responsable (Fédération mondiale
femmes (World Wide Web Foundation, 2015). des annonceurs, 2018).

Exemples de réglementations des médias relatives aux discriminations fondées sur


le genre et aux violences à l’égard des femmes

Au Botswana, un code du conseil des médias stipule, conformément à la loi sur les professionnels des médias
de 2008, que les organismes de média ne doivent pas dévoiler l’identité des victimes ayant subi des violences
sexistes sans leur consentement et interdit la diffusion de tout contenu susceptible d’inciter à la haine fondée
sur le genre.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) s’est doté de réglementations


indiquant que les diffuseurs ne doivent pas diffuser « des propos offensants ou des images offensantes » qui
risquent « d'exposer une personne ou un groupe ou une classe de personnes à la haine ou au mépris pour des
motifs fondés sur (...) le sexe, l'orientation sexuelle » ; qu’ils doivent s’interdire les stéréotypes inexcusables ou
déplacés, faire intervenir des femmes et des hommes de tous les âges, avec un physique, des opinions et des
intérêts variés, dans différents tâches et rôles, y compris non traditionnels ; qu’ils doivent solliciter l’opinion des
femmes autant que des hommes dans tous les domaines d’intérêt public dans les programmes journalistiques ;

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 15
et enfin, qu’ils doivent s’efforcer d’atteindre la parité entre voix off masculines et féminines. https://www.
thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/medias-et-le-droit-les  ; http://www.cbc.radio-canada.ca/en/reporting-
to-canadians/acts-and-policies/programming/program-policies/1-1-3

En Inde, la loi (réglementation) sur les chaînes de télévision par câble de 1995 prévoit un « code des programmes »
et un « code des publicités » qui interdisent tous deux les contenus « dénigrant les femmes ».

Le Conseil de la presse du Pakistan est un organe consultatif composé de 19 membres provenant de différents
secteurs de la presse et de la société civile, notamment des représentantes de groupes de femmes. Son code
d’éthique aborde les contenus qui incitent à la haine envers les femmes, et comporte une disposition qui interdit
de divulguer l’identité des femmes et des enfants victimes de violences sexuelles.

Au Royaume-Uni, suite à un rapport sur les préjudices perpétués par les stéréotypes de genre dans la publicité,
le comité des pratiques publicitaires (CAP) et le comité de diffusion des pratiques publicitaires (BCAP) ont publié
une réglementation à l’attention du secteur, selon laquelle « [Les publicités] ne doivent comporter aucun stéréo-
type de genre susceptible de nuire ou de porter un préjudice grave ou à grande échelle ». Cette réglementation
est entrée en vigueur en juin 2019.

Ressources :
Le guide pratique de l’autorégulation des médias (OSCE) : https://www.osce.org/fr/fom/31498?download=true

Online Harassment: A comparative Policy Analysis for Hollaback  : https://www.ihollaback.org/app/uploads/



2016/12/Online-Harassment-Comparative-Policy-Analysis-DLA-Piper-for-Hollaback.pdf

Submission to the UN Special Rapporteur on Freedom of Experssion on ‘Content Regulation in the Digital Age’ :

https://www.article19.org/resources/submission-un-special-rapporteur-content-regulation-digital-age/

Combattre les discours de haine sur Internet (UNESCO) : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000234620

4.2 Recherche et suivi • Créer un lien direct avec les journalistes, les éditeurs et
les propriétaires de médias.
La recherche et le suivi sont des éléments clés de tout
programme ou toute initiative impliquant les médias. • Participer à des campagnes publiques et à des ini-
Les données et les informations issues de ces processus tiatives pédagogiques  (par exemple, éducation aux
permettent de mieux comprendre comment fonctionne médias et échanges avec les communautés) qui
le secteur et de recenser les progrès réalisés et les la- remettent en cause les normes sociales et les stéréo-
cunes persistantes. La recherche et le suivi peuvent avoir types de genre prédominants qui conduisent à tolérer
plusieurs objectifs : l’inégalité, la discrimination et la violence.

• Mettre en relief les bonnes pratiques et attirer l’at- • Fournir des éléments utiles à l’élaboration des pro-
tention sur les contenus et pratiques institutionnelles grammes de formation et de développement.
problématiques exigeant des efforts particuliers.

• Éclairer les processus normatifs, combler les lacunes et


responsabiliser les gouvernements vis-à-vis des enga-
gements qu’ils ont pris dans ce domaine.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 16
Projet mondial de monitorage des médias,
Association mondiale pour la communication chrétienne (WACC)
Le Projet mondial de monitorage des médias, sous la houlette de l’Association mondiale pour la communication
chrétienne (WACC), est la plus vaste et la plus longue étude longitudinale sur le genre dans les médias à l’échelle
mondiale, avec un réseau de partenaires dans plus de 100 pays. depuis 1995 et tous les cinq ans, l’Association pro-
cède à une évaluation des avancées de l’égalité des genres dans les médias, qui mobilise à la fois de nombreux
bénévoles et l’attention des médias. Cette initiative a lancé un mouvement mondial et donné aux organisations
participantes les compétences et les outils nécessaires pour participer à ce projet sur une base régulière.

Le projet s’emploie notamment à :

• cartographier la représentation des femmes dans les médias d’information dans le monde entier ;
• élaborer un instrument de recherche au niveau local ;
• tisser des liens de solidarité entre les groupes de communication et sur le genre dans le monde entier ;
• sensibiliser les médias par l’intermédiaire d’actions de plaidoyer, de campagnes et de dialogues ;
• développer des compétences de suivi des médias à l’échelon international.

Le projet offre un répertoire utile de la représentation des femmes dans les médias. Ses conclusions peuvent
servir à pousser les médias à jouer un rôle dans la représentation de la société dans toute sa diversité au lieu
de perpétuer les stéréotypes néfastes de genre, ainsi qu’à ouvrir le dialogue avec les médias d’information/de
divertissement ou les réseaux sociaux. La méthodologie et les instruments de recherche du Projet mondial de
monitorage des médias sont disponibles librement en trois langues. Intuitifs et faciles à adapter au contexte
local, ils peuvent favoriser le suivi indépendant du traitement médiatique.

Pour en savoir plus, voir : http://whomakesthenews.org/

Pour accéder aux outils, voir  : http://whomakesthenews.org/media-monitoring/methodology-guides-and-


coding-tools

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 17
Forum consultatif pour les médias (Albanie)

ONU Femmes en Albanie, avec l’appui financier de l’Union européenne, a lancé un forum consultatif sur le traite-
ment médiatique de la traite des filles et des femmes. Ses 30 membres/journalistes issus de médias de premier
plan disposent ainsi d’une plateforme qui les incite à faire davantage preuve de précision et d’éthique sur ces
sujets, d’un manuel et d’outils pratiques sur le traitement médiatique des cas de traite d’êtres humains, ainsi
que de deux rapports de suivi de la presse et des médias numériques en 2014 et 2015. En 2014, en partenariat
avec le ministère de l’Intérieur, le forum a lancé un concours des meilleurs articles sur la traite d’êtres humains
dans les médias nationaux. Les journalistes lauréats ont été invités à prendre part à une formation mondiale à
Kiev (Ukraine) en novembre 2015.

Un examen de ce programme a conclu que le travail d’ONU Femmes en Albanie a amené les médias à se montrer
plus attentifs au genre lorsqu’ils évoquent les femmes et les filles ayant été victimes de traite. Par ailleurs, à
travers des campagnes et des ateliers, plus de 20  000  personnes ont été sensibilisées aux difficultés de ces
groupes à l’échelle nationale.

Pour en savoir plus, voir  : http://www.unwomen.org/en/news/stories/2016/3/breaking-the-cycle-of-human-


trafficking-in-albania

Just the Women (Royaume-Uni)


Au Royaume-Uni en 2012, quatre organisations de femmes ont uni leurs forces pour suivre la façon dont tous
les journaux du pays présentaient les femmes et les violences à l’égard des femmes et des filles. Deux semaines
durant, des employés et des bénévoles ont lu chaque page de chaque journal national pour consigner des infor-
mations quantitatives et qualitatives sur le traitement médiatique des violences à l’égard des femmes et des
filles, par exemple dans les affaires criminelles, les sujets politiques, les chroniques et les interviews, voire les
encarts publicitaires en marge de ces articles. Dans un rapport, le groupe indique avoir observé : 1) un traitement
sensationnaliste qui minimise les violences à l’égard des femmes et des filles et 2) une représentation à la fois
raciste et sexiste des femmes dans de nombreux journaux, alors même que la réglementation des médias était
remise en cause. Les organisations de femmes se sont appuyées sur ces résultats pour participer au débat sur
la réforme de la presse au Royaume-Uni. Ce rapport a permis de nouer un dialogue avec les journalistes, les
rédacteurs en chef, les politiciens et le grand public, et a lancé un plus vaste débat sur la légitimité que les
médias confèrent aux auteurs de ces violences, débat qui persiste à ce jour. Il est régulièrement cité par les
commentateurs des médias et les politiciens, et a influencé les travaux d’autres groupes de femmes cherchant à
faire évoluer la représentation des violences à l’égard des femmes et des filles dans les médias.

Pour en savoir plus, voir : http://www.endviolenceagainstwomen.org.uk/wp-content/uploads/Just-the-Women-


Nov-2012.pdf

Les indicateurs sont des caractéristiques spécifiques, ob- utilisés et adaptés aux différents environnements natio-
servables et mesurables qui peuvent servir à mettre en naux afin de mener des activités de recherche et d’établir
évidence les changements ou les progrès apportés par le contexte de référence ou la situation d’un pays par
une initiative. Des indicateurs mondiaux ont été formulés rapport à différents domaines de préoccupation. Le suivi
afin de permettre aux organisations de médias d’évaluer dans le temps des données à partir de ces indicateurs
leur performance en matière d’égalité des genres et de permet de déterminer si les interventions ont un effet
sécurité des journalistes. Ces indicateurs peuvent être positif sur l’égalité et la sécurité.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 18
Indicateurs d’égalité des genres dans les médias de l’UNESCO

En 2012, l’UNESCO, en coopération avec la Fédération internationale des journalistes et d’autres partenaires, a
lancé un cadre mondial d'indicateurs d'égalité des genres afin d’aider les médias à évaluer leur performance en
la matière. Ces indicateurs portent sur les domaines clés suivants :

• Mesures visant à favoriser l’égalité des genres au sein des organisations de médias
o Équilibre entre les genres au niveau décisionnaire

o Égalité des genres dans le domaine de l’emploi et des conditions de travail

o Égalité des genres dans les syndicats, associations, clubs et organisations de journalistes, dans les organisa-
tions de professionnels des médias et dans les instances d’autorégulation des médias

o Les organisations de médias encouragent les codes éthiques et les politiques éditoriales propices à l’égalité
des genres dans le contenu des médias

o Équilibre entre les genres dans l’éducation et la formation

• Contenu des médias et représentation des genres


o Informations et actualités

o Publicité

Les indicateurs qui visent expressément les violences à l’égard des femmes sont les suivants :

• Emploi d’un style exempt de jugement, établissant une distinction entre les rapports sexuels consentis et les
actes criminels, tout en veillant à ne pas rejeter la faute sur la victime/la survivante du crime.

• Emploi du terme « survivante » au lieu de « victime », à moins que la personne touchée par la violence utilise
elle-même le terme « victime » ou qu’elle n’ait pas survécu.

• Identification des personnes touchées par la violence sexiste comme les sources d'information, à condition
bien entendu qu’elles y consentent.

• Pourcentage de sujets qui  :  1) ne respectent pas la vie privée et/ou  2) dénigrent la dignité de la personne
touchée par la violence.

• Utilisation d’informations générales et de statistiques pour décrire la violence sexiste comme un problème de
société plutôt que comme une tragédie individuelle, personnelle.

• Indication des coordonnées locales des organisations et services de soutien aux personnes touchées par la
violence sexiste.

• Pourcentage du temps, de l’espace et de l’importance donnés aux sujets traitant de la violence sexiste par
rapport aux autres sujets.

Pour la liste complète d’indicateurs, voir  : http://www.unesco.org/new/fr/communication-and-information/


resources/publications-and-communication-materials/publications/full-list/gender-sensitive-indicators-
for-media-framework-of-indicators-to-gauge-gender-sensitivity-in-media-operations-and-content/

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 19
Indicateurs pour la sécurité des journalistes de l’UNESCO

Catégories des indicateurs au niveau international

• Des organisations de l’ONU cherchent à améliorer la sécurité des journalistes au niveau international.

• Des organisations intergouvernementales internationales et régionales cherchent à améliorer la sécurité des


journalistes au niveau international.

• Des organisations non gouvernementales internationales (ONGI) cherchent à améliorer la sécurité des jour-
nalistes au niveau international.

Catégories des indicateurs au niveau national

• Indicateurs généraux

• Institutions publiques et acteurs politiques

• Organisations de la société civile et universités

• Acteurs des médias et intermédiaires

• ONU et autres organisations internationales


Pour la liste complète d’indicateurs et leur guide d’application, voir  : https://fr.unesco.org/themes/
safety-of-journalists/journalists-safety-indicators

Le suivi de la mise en œuvre des résolutions est un autre 4.3 Éducation aux médias
point d’entrée pour responsabiliser les gouvernements
et les organes de médias. Par exemple, le réseau mondial
et à l’information (MIL)
Défendre et promouvoir la liberté d’expression  (IFEX) L’éducation aux médias et à l’information est une com-
propose des solutions pratiques pour permettre à la posante essentielle de l’autonomisation des femmes et
société civile et aux partenaires de s’impliquer auprès des filles (mais aussi des hommes et des garçons), car elle
des organismes de défense des droits humains en vue de favorise un accès équitable à l’information et au savoir
renforcer la mise en œuvre des engagements. et permet l’acquisition des compétences nécessaires
pour se repérer dans les contenus diffusés par différents
https://ifex.org/fr/campaigns/ canaux (écrit, audio, visuel, numérique, etc.) et les maîtri-
ser. Compte tenu du volume d’informations et d’images
facilement accessibles sur Internet et depuis les appa-
reils mobiles, notamment les contenus explicitement
néfastes tels que la pornographie et les productions à
caractère misogyne, dégradant ou violent, cet aspect
revêt une importance particulière.

Cette situation est d’autant plus préoccupante pour les


jeunes, en raison des conséquences préjudiciables sur le
fonctionnement cérébral qu’entraîne l’exposition répétée
à de tels contenus à ce stade critique du développement.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 20
La pornographie, Internet et les jeunes (Australie)

En Australie, des chercheurs ont interrogé 692 jeunes de 13 à 16 ans afin de mieux comprendre la manière dont
ils utilisent Internet et dont ils sont exposés à des contenus préjudiciables. Le constat a été alarmant  : plus
de 90 % des garçons et 60 % des filles interrogés avaient déjà consulté du contenu pornographique en ligne.
Une étude complémentaire sur l’industrie pornographique a observé que les contenus auxquels les jeunes sont
exposés ont récemment changé de nature : ils mettent désormais en scène des agressions verbales (48 %) et
physiques (88 %), avec notamment des gifles, des bâillons et des strangulations. Dans 94 % des cas, ces violences
sont dirigées contre le sexe féminin. Selon les chercheurs, la pornographie représente 30 % de l’ensemble du tra-
fic sur Internet, sans distinction entre les internautes ayant un accès limité ou non. Ces contenus préjudiciables
concernent donc désormais le grand public.

L’exposition à la pornographie nuit au développement des jeunes qui sont à un stade de développement essen-
tiel où les connexions cérébrales sont toujours en formation. La pornographie véhicule un certain nombre de
messages problématiques qui ne sont pas sans conséquence sur les connaissances, les attentes et les compor-
tements des jeunes, par exemple :

• Vision faussée de la relation entre intimité et rapports sexuels.


• Érotisation de la violence à l’égard des femmes.
• Idée que le consentement est superflu ou qu’il peut être obtenu à force de persévérance.
• Vision faussée de ce à quoi ressemble le corps/certaines parties du corps chez un être humain moyen.
• Expressions artificielles et exagérées du plaisir pendant des actes violents, humiliants et dégradants.
• Représentation discriminatoire des genres et l’origine ethnique.

En 2016, le Département des services sociaux a fait appel à l’Institut australien des études familiales pour appro-
fondir cette étude et ses données sur les effets de la pornographie sur les enfants et les jeunes, afin d’identifier
ses répercussions et les stratégies recommandées pour remédier au problème. Le rapport reconnaît que pour
aborder cette situation sur tous les plans, il est important de la replacer dans un cadre plus vaste de prévention
primaire, de sécurité sexuelle et de bien-être des enfants et des jeunes. Ce cadre repose sur des mesures propices
au bon développement de l’enfant, la prévention des délits et crimes sexuels, la prévention par l’éducation et des
mesures juridiques et réglementaires. Ses stratégies spécifiques sont les suivantes :

- disposer de moyens légaux et réglementaires pour appliquer la législation en vigueur concernant la pornogra-
phie en ligne ;

- sensibiliser les enfants et les jeunes ; et

- sensibiliser les enseignants et les parents et leur fournir des ressources.

Pour plus d’informations sur le contexte, les répercussions et la méthodologie de cette étude, voir  :
http://www.itstimewetalked.com.au/ et https://aifs.gov.au/publications/effects-pornography-children-and-
young-people/export

Sources : A Bridges, R Wosnitzer, E Scharrer, C Sun & R Liberman. 2010. « Aggression and Sexual Behaviour in
Best-selling Pornography Videos: A Content Analysis Update.  » Violence against Women, vol. 16, n°  10  ; MJ
Fleming, S Greentree, D Cocotti-Muller, K A Elias & S Morrison. 2006. «  Safety in cyberspace: Adolescents
safety and exposure online. » Youth and Society, vol. 38, n° 2.; S Anthony. 2012. « Just How Big Are Porn Sites? »
http://www.extremetech.com ; It’s time to Talk. 2014. http://www.itstimewetalked.com.au/

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 21
«  L’exposition constante des populations aux médias, déconstruire un texte en se basant sur les principes de la
en augmentation à cette époque électronique et numé- logique constitue un ensemble d’aptitudes enseignables.
rique, représente un défi pour l’éducation. L’évaluation L’éducation aux médias n’est pas largement reconnue
des sources d’informations requiert des capacités et pour son importance comme un aspect d’éducation
une pensée critique et constitue une responsabilité civique et pacifique et, de ce fait, peu de programmes
éducative dont l’importance est souvent sous-estimée. d’enseignement ont été développés dans le cadre d’une
La capacité de séparer les faits des opinions, d’évaluer éducation moderne de base  »  (Alliance des civilisations
les préjugés des textes et des images et de construire et de l’Organisation des Nations Unies, UNAOC, non daté).

L’apprentissage social avec MIL CLICKS, une initiative innovante pour une meilleure
éducation aux médias et à l’information à travers les réseaux sociaux

Une fille décide de fermer son compte Instagram car des inconnus ne cessent de laisser des commentaires
insultants sur ses photos. Une autre se sent ridiculisée en voyant ses amis partager sur Facebook un mème qui
raille les filles dont l’apparence dévie des normes socioculturelles liées au genre. Avec l’avènement des réseaux
sociaux, ces situations sont désormais monnaie courante. Selon une enquête menée par Opinium pour Plan
International Royaume-Uni (association caritative qui défend les droits des enfants) auprès de 1002 jeunes de 11
à 18 ans, la moitié des filles britanniques sont cyberharcelées sur les réseaux sociaux (The Guardian, 2017).

Les réseaux sociaux sont désormais des plateformes incontournables, où il est très facile de trouver et de relayer
énormément d’images débordantes de stéréotypes de genre, de propos sexistes, de publications misogynes et
d’autres types de discours déplacés liés au genre. Les femmes et les filles se retrouvent ainsi fréquemment ex-
posées au cyberharcèlement et à la cyberintimidation sur les réseaux sociaux, pouvant parfois déborder jusqu’à
des violences et des discriminations hors ligne, comme des agressions à l’école et un traitement inégal au travail.
Cette situation est particulièrement délicate pour les jeunes filles qui sont encore en train de construire leur
vision du monde et d’assimiler les rôles liés au genre. C’est pourquoi il est essentiel de leur fournir les capacités
pour mieux comprendre l’éducation aux médias et à l’information et ainsi savoir comment répondre aux propos
haineux en ligne, quels contenus partager, comment optimiser les paramètres de leurs réseaux sociaux pour
éviter le contenu indésirable et le harcèlement, etc.

C’est dans ce contexte qu’est née, début 2017, MIL CLICKS, une initiative forte pour autonomiser les utilisateurs
des réseaux sociaux, en particulier les jeunes. Elle leur donne ainsi des compétences liées aux médias et à l’infor-
mation à travers leur utilisation quotidienne d’Internet et des réseaux sociaux et les invite à prendre part à des
activités pédagogiques menées par les pairs dans une atmosphère ludique mêlant navigation, communication,
partage et socialisation. Elle a été lancée par l’UNESCO avec le soutien de l’Arabie saoudite, de la Commission
européenne et de l’Agence suédoise pour le développement international.

MIL CLICKS élabore et diffuse différentes ressources pédagogiques, par exemple des conclusions d’études, des
bonnes pratiques, des outils utiles et des conseils. À travers ses diverses campagnes thématiques, MIL CLICKS
aborde de nombreuses questions toujours plus présentes relatives à l’éducation aux médias et à l’information,
par exemple identifier et contrer les stéréotypes de genre à l’aide de l’éducation aux médias et à l’information.
Les MIL Clickers, c’est-à-dire les personnes qui s’approprient les valeurs et les principes de MIL CLICKS et en
retirent des compétences liées aux médias et à l’information, savent s’affirmer face à la haine, l’intolérance et
la violence sur les réseaux sociaux, dès lors que le rôle assigné à leur genre ou celui d’autrui est concerné. Elles
savent comment agir et faire entendre leur voix sur ces plateformes souvent hostiles et agressives à l’égard des
femmes et des filles.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 22
MIL CLICKS, l’initiative de l’UNESCO consacrée à l’édu- remettre en question les contenus qu’ils consomment.
cation aux médias et à l’information, est actuellement Ils peuvent ainsi mobiliser leur pensée critique face
disponible sur Facebook, Twitter et Instagram. Pour en aux différentes idées qui imprègnent les structures
savoir plus sur MIL CLICKS et le Pacte des MIL CLICKers : sociales  (genre, rapports de force, stéréotypes, violence,
https://fr.unesco.org/MILCLICKS. sexualité, discrimination, etc.) et qui sont souvent
véhiculées par les médias en et hors ligne. Le tableau
Transmettre aux femmes, aux filles, aux hommes et aux ci-dessous présente les compétences principales en ma-
garçons des compétences en matière d’éducation aux tière d’éducation aux médias et à l’information ainsi que
médias et à l’information leur permet d’analyser et de les résultats positifs attendus.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 23
UTILISEZ-VOUS VOS COMPÉTENCES LIÉES À L’ÉDUCATION AUX MÉDIAS
ET À L’INFORMATION (MIL) POUR PARLER DE L’ÉGALITÉ DES GENRES ?
JOUEZ À CE JEU DE « SOCIÉTÉ » ET DÉCOUVREZ VOTRE SCORE !

CALCULEZ
COMPÉTENCES JE MÈNE LES ACTIONS SUIVANTES
LIÉES À LA MIL EN FAVEUR DE L’ÉGALITÉ DES GENRES : VOTRE TOTAL
Je reconnais que les médias, les livres Extraire et organiser
et l’Histoire devraient comporter des de l’information et du
informations sur les femmes/filles et les En me basant sur mes propres
Reconnaître contenu média expériences, je réunis des
hommes/garçons.
et exprimer des 6 informations relatives aux facteurs
besoins en matière qui entravent l’autonomisation et 6
J’exige la mise à disposition de données pts
d’information Synthétiser des idées l’égalité des femmes et des filles pts
sur les hommes et sur les femmes dans
et de médias résumées à partir et je les utilise pour dialoguer en
les rapports relatifs au développement,
notamment au chômage, à l’accès à d’un contenu ou mener toute transparence.
l’information, etc. des actions en lien

Je comprends et je reconnais le pouvoir


des médias et des autres fournisseurs Je défends ma liberté d’expression.
Comprendre le d’informations pour contrebalancer
rôle et les fonctions ou au contraire renforcer les inégalités Utiliser les
J’accepte que mes droits soient
des médias et des entre les sexes. informations de façon 15
9 accompagnés de certaines obligations,
éthique et dans le
autres fournisseurs par exemple celle de ne pas diffuser pts
d’informations au J’exige des médias et des autres pts respect des droits
volontairement de fausses informations
sein des sociétés fournisseurs d’informations qu’ils et devoirs
ou de discours de haine basés sur
démocratiques rendent les problématiques concernant le genre.
les inégalités liées au genre
compréhensibles pour le grand public.

Comprendre dans Je développe mes compétences


Je défends la liberté de la presse Savoir appliquer
quelles conditions 12 et mon indépendance pour produire
et la liberté d’expression des femmes ses compétences
ces fonctions peuvent mes propres informations et contenus
et des hommes de tout âge. pts en technologies de
être remplies média. J’y inclus du contenu sur les
l’information et de
femmes et les filles qui est pertinent
la communication afin
Je cherche et j’obtiens des informations pour elles. 12
de traiter l’information
relatives aux questions de genre. et de produire du pts
Identification Je crée et je diffuse du contenu
contenu généré par
et accès aux Je m’appuie sur la législation sur 9 de plaidoyer en faveur de l’égalité
les utilisateurs
informations l’accès à l’information afin d’obtenir pts des genres.
pertinentes des informations détenues par les
pouvoirs publics relatives à l’égalité
de traitement des femmes. Je coopère avec
les médias et les
Procéder à une autres fournisseurs
évaluation critique d’informations,
J’analyse les informations et les J’ai accès et je participe aux médias
des informations notamment en faveur 15
messages transmis par les médias afin traditionnels et locaux et j’utilise
et des contenus de l’expression de
de mettre en évidence des liens entre Internet afin de défendre l’égalité des pts
des médias et des la personnalité,
le sexisme et les stéréotypes de genre.
autres fournisseurs 15 du dialogue, de
genres dans et à travers les médias,
d’informations, en pts ainsi que la participation des femmes
J’exerce un regard critique vis-à-vis l’engagement civique
ce qui concerne à la démocratie et à la culture.
des informations disponibles en ligne et de l’égalité des
leur autorité et leur genres, et contre
et je maîtrise ma consommation afin
crédibilité, à la lumière toutes les formes
d’éviter des risques potentiels.
des objectifs actuels et d’inégalité
des risques potentiels

Score total : 100 points


Voici vos résultats basés sur votre score :
30 points et moins Vous vous lancez ! Continuez, et rejouez dans trois mois !
31 à 50 points Vous faites de beaux progrès ! Visez à présent des scores plus élevés, et rejouez dans trois mois.
SCORE 51 à 70 points Belle performance ! Vous avez entamé un véritable dialogue sur l’égalité des sexes au travers de vos
compétences liées à la MIL. Alors, pourquoi ne pas devenir spécialiste ou professionnel(le) à part
entière ? N’hésitez pas à rejouer.
Plus de 71 points Excellent résultat ! Vous êtes spécialiste ou professionnel(le) à part entière. Devenez éducateur ou
éducatrice auprès de pairs et offrez un soutien.

Adapté de « Enlisting media and informational literacy for gender equality and women’s empowerment » – Alton Grizzle
Media and Gender : A Scholarly Agenda for the Global Alliance on Media and Gender – UNESCO

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 24
Enlisting media and informational literacy for gender equality and women’s empowerment
(Faire de l’éducation aux médias et à l’information un outil au service de l’égalité des
genres et de l’autonomisation des femmes, UNESCO, 2014)

Faire de l’éducation aux médias et à l’information un outil d’autonomisation


Compétences liées à l’éducation aux médias
au service de l’égalité des genres permettra à tous les citoyens, femmes/filles
et à l’information (MIL)
et hommes/garçons, de prendre les initiatives suivantes :

Reconnaître et exprimer des besoins Reconnaître que les médias, les livres et l’Histoire devraient comporter des
en matière d’information et de médias informations sur les femmes/filles et les hommes/garçons.
Identifier l’absence de certains types d’informations relatives aux femmes
(par exemple, des informations relatives aux femmes puissantes de
l’Histoire ou à des dirigeantes actuelles).
Demander que les rapports relatifs au développement (chômage, accès
à Internet et aux téléphones portables, etc.) comportent des données
ventilées par sexe.

Comprendre le rôle et les fonctions Comprendre et reconnaître le pouvoir et le rôle des médias et des autres
des médias et des autres fournisseurs fournisseurs d’informations, y compris sur Internet, pour contrebalancer
d’informations au sein des sociétés ou au contraire renforcer les inégalités entre les sexes.
démocratiques
Exiger des médias et des autres fournisseurs d’informations qu’ils
rendent les problématiques concernant les inégalités liées au genre
compréhensibles et transparentes pour le grand public.
Encourager la diversité au sein des médias et des autres fournisseurs
d’informations.

Comprendre dans quelles conditions Défendre la liberté d’expression, la liberté de la presse et le droit de
ces fonctions peuvent être remplies s’exprimer sans crainte de discrimination basée sur le genre.

Identifier les informations pertinentes Chercher et obtenir des informations et des connaissances relatives
et y accéder aux questions de genre.
S’appuyer sur la législation sur l’accès à l’information afin d’obtenir des
informations détenues par les pouvoirs publics concernant l’égalité de
traitement des femmes.
Participer activement au cycle de vie de l’information en lien avec toutes
les formes de développement (collecte, traitement et diffusion) ; faire
en sorte que les femmes participent également à ce processus dans des
groupes séparés autant que nécessaire.

Procéder à une évaluation critique des Déconstruire les messages communiqués par les médias et analyser
informations et des contenus des médias les informations afin de mettre en évidence les liens entre le sexisme,
et des autres fournisseurs d’informations, y les stéréotypes de genre et la proclamation du statu quo masculin
compris sur Internet, en ce qui concerne leur et masculiniste.
autorité et leur crédibilité, à la lumière des
Avoir un regard plus critique sur les informations en ligne, et faire en
objectifs actuels et des risques potentiels
sorte que les femmes et les filles puissent surveiller leurs comportements
en ligne et ceux des autres, afin d’être moins vulnérables aux risques
potentiels.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 25
Extraire et organiser de l’information En se basant sur leurs propres expériences, sur les réalités locales et sur
et du contenu média la recherche, recueillir des informations pertinentes mettant en avant
les facteurs qui entravent leur autonomisation et l’égalité, et utiliser
ces informations afin d’engager un dialogue avec les parties prenantes
Synthétiser des idées résumées à partir pertinentes et d’obtenir réparation.
d’un contenu ou mener des actions en lien

Utiliser l’information de manière Tout en reconnaissant et revendiquant leur droit à la liberté d’expression,
éthique et responsable et faire part de sa accepter que les droits soient accompagnés de certaines obligations, par
compréhension ou d’un savoir nouvellement exemple celle de ne pas diffuser volontairement de fausses informations,
développé au public ou au lectorat dans ou des informations qui inciteraient à la haine ou à la discrimination d’une
une forme et par des moyens adaptés autre personne ou d’un groupe sur la base du genre.

Savoir appliquer ses compétences en S’autonomiser afin de produire leurs propres informations et contenus
technologies de l’information et de la média (en ligne ou sur papier) en s’appuyant sur les compétences liées
communication afin de traiter l’information à la MIL qu’ils et elles ont acquises – des contenus qui soient axés sur les
et de produire du contenu généré par les femmes, qui reflètent davantage les différentes réalités des femmes et
utilisateurs des filles, et qui remettent en question les stéréotypes de genre qui sont
devenus la norme.
Développer et diffuser du contenu de marketing social et de plaidoyer en
faveur de l’égalité des genres se basant sur leurs propres recherches et sur
les réalités des groupes d’individus.

Coopérer avec les médias et les autres Accéder aux médias traditionnels (publics ou privés) et locaux, et à Internet,
fournisseurs d’informations, y compris sur et participer sur ces plateformes, en les considérant comme des sources
Internet, en faveur de la liberté d'expression, d'informations viables et des moyens efficaces de défendre l’égalité des
notamment de la personnalité, du genres dans et à travers les médias, ainsi que la participation des femmes à
dialogue interculturel, de la participation la démocratie et à l'expression culturelle.
démocratique, de l’égalité des genres et
du plaidoyer contre toutes les formes
d’inégalités.

Ressources relatives à l’éducation aux médias et à l’infor- Media and Information Literacy: Policy and Strategy
mation intégrant l’égalité des genres : Guidelines, UNESCO : http://www.unesco.org/new/
en/communication-and-information/resources/

Plateforme de collecte et de diffusion de publications-and-communication-materials/
l’information de l’Alliance des civilisations de publications/full-list/media-and-information-
l’Organisation des Nations Unies  (UNAOC)  : literacy-policy-and-strategy-guidelines/
https://milunesco.unaoc.org/welcome/french/
Ressources de la Media Education Foundation  :

Page de l’UNESCO consacrée à l’éducation aux https://shop.mediaed.org/all-gender--culture-
médias et à l’information  : https://fr.unesco.org/ c68.aspx
themes/education-aux-medias-linformation

Éducation aux médias et à l’information – Programme


de formation pour les enseignants, UNESCO  :
http://www.unesco.org/new/fr/communication-
and-information/resources/publications-and-
communication-materials/publications/full-
list/media-and-information-literacy-curricu-
lum-for-teachers/

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 26
4.4 Réseaux dans le secteur. Ils réclament une réforme des cadres
normatifs et législatifs internationaux, régionaux et
Les défenseuses et défenseurs des droits des femmes nationaux et militent pour une transformation au sein
s’intéressent aux représentations féminines dans les même des organisations de médias. Ces groupes utilisent
médias depuis les années 1970. Aujourd’hui, les groupes la recherche et le suivi aux niveaux mondial, régional et
de femmes restent à l’avant-garde des actions de sensibi- national pour évaluer régulièrement l’action des organi-
lisation à l’échelle nationale. Elles continuent de mettre sations de médias (publiques et privées) par rapport aux
en lumière les stéréotypes de genre et les représenta- engagements et obligations visant à promouvoir leur
tions dégradantes des femmes et des filles, l’inégalité des responsabilité dans ce domaine. L’évolution de la base de
conditions de travail, l’insécurité à laquelle sont confron- connaissances permet également de mettre en avant les
tées les femmes journalistes et les défenseuses des bonnes pratiques et de plaider pour le renforcement et la
droits humains, ainsi que les violences auxquelles sont mise en œuvre des cadres normatifs.
exposées les femmes et les filles sur Internet. Les initia-
tives suivantes permettent de promouvoir l’égalité des Les réseaux de professionnel(le)s des médias engagés en
genres dans et à travers les médias au niveau national : faveur de l’égalité des genres constituent un outil pré-
suivi de l’égalité des genres dans les médias (contenus et cieux de prévention de la violence à l’égard des femmes.
pratiques du secteur), sensibilisation, formation, élabora- Souvent présents dans les syndicats de journalistes
tion de politiques, production médiatique et remises de disposant d’un comité des femmes ou d’autres sous-co-
prix. Le développement des outils de communication et mités pertinents, par exemple, ces réseaux peuvent offrir
de l’interconnectivité a permis de transcender les fron- un espace aux médias et aux groupes qui souhaitent
tières  ; ainsi, les réseaux couvrent des régions entières partager leur expertise et nouer des partenariats en fa-
et les alliances ont une portée mondiale. Par exemple, veur de la lutte contre la violence à l’égard des femmes
en Amérique latine, il existe désormais d’innombrables et des filles.
réseaux de suivi regroupés depuis 2007 au sein de la
Red Latinoamericana de Observatorios de Medios (Réseau La cartographie des parties prenantes, des groupes
latinoaméricain des observatoires des moyens de com- concernés et de leurs réseaux peut permettre de repé-
munication, 2007). rer de nouveaux acteurs désireux de s’investir avec les
médias dans la prévention de la violence à l’égard des
Le militantisme et la défense des causes sociales jouent femmes et des filles. Cette démarche permet aux parties
un rôle central dans la promotion de l’égalité des genres intéressées de s’associer en vue de prendre contact avec
dans et à travers les médias. Les groupes de défense des des partenaires potentiels dans le secteur des médias,
droits des femmes alertent depuis plusieurs décennies et peut inciter ce dernier à s’impliquer dans un réseau à
sur l’image et le traitement discriminatoires des femmes plus grande échelle.

L’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC)


L’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires  (AMARC) est une organisation non gouverne-
mentale internationale au service des radiodiffuseurs communautaires qui compte près de 4 000 membres et
associés dans 150 pays. Elle a pour vocation d’appuyer le développement des radios communautaires et partici-
patives, dans une démarche de solidarité et de coopération internationale. L’AMARC chapeaute aussi le Réseau
international des femmes (AMARC-WIN), un vaste regroupement de radio-diffuseuses qui s’efforcent de faire
valoir le droit des femmes à s’exprimer par les radios communautaires.

En 2015, soit 20 ans après la Déclaration de Beijing, l’AMARC s’est associée à ONU Femmes pour tirer un bilan
des progrès accomplis et des obstacles rencontrés dans la lutte pour l’égalité des genres. Dans le cadre de la
conférence Beijing+20, l’AMARC et ONU Femmes ont produit une campagne radio internationale mettant en
regard 1995 et 2015 : de la situation initiale à la situation actuelle et incluant des témoignages de producteurs
participants du monde entier. Cette campagne visait à mieux faire connaître les questions soulevées par le
Programme d’action de Beijing et à souligner ce qui a changé pour les femmes depuis cette conférence tenue il

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 27
y a 20 ans. Par ailleurs, elle visait à mieux faire connaître les questions soulevées par le Programme d’action de
Beijing et à souligner ce qui a changé pour les femmes depuis cette conférence tenue il y a 20 ans.

L’AMARC offre des informations détaillées quant à l’utilisation des médias audiovisuels et de la presse, et à la
réalisation d’évaluations. Elle met aussi en relation des réseaux de médias dans le monde entier et offre un
espace de collaboration à ses membres. 

Pour accéder aux ressources, voir : http://www.amarc.org/

Pour en savoir plus sur sa collaboration avec ONU Femmes, voir : http://www.amarc.org/unwomen-home 

Outre les organisations et les associations de la société • Réseaux de femmes journalistes.


civile œuvrant directement contre la violence à l’égard
des femmes et des filles, les groupes suivants peuvent • Productrices et producteurs de médias indépendants.
également devenir des partenaires :
• Syndicats de médias et/ou associations de la presse
• Groupes de la société civile et organisations non gou- audiovisuelle/écrite.
vernementales  (ONG) représentant certains groupes
de population (femmes et filles autochtones, femmes • Organes d’autorégulation des médias.
en situation de handicap, femmes vivant avec le VIH,
adolescent(e)s, migrant(e)s, minorités ethniques, etc.) • Universités et établissements de formation axés sur le
et organisant des campagnes en faveur des droits hu- genre ou les médias.
mains et de l’égalité.
• Autres professionnel(le)s des médias.
• Comités et ONG de défense des droits humains suscep-
tibles d’être déjà organisés et de mener des campagnes Ces groupes peuvent être invités à rejoindre un réseau
en faveur des droits humains et de l’égalité. menant des actions sur le long terme, ou bien ils peuvent
inviter des partenaires spécifiques à les rejoindre afin de
• Services de première ligne (santé, police, justice, centres mener un projet précis  (par exemple, une campagne). La
d’hébergement, etc.). force de ces réseaux réside dans la démarche de partenariat
qui s’établit dès le départ, augmentant ainsi les chances
• Militant(e)s ou activistes locaux/locales indépen- de collaboration. Les médias participent à ces partenariats
dant(e)s. en tant que membres, et non comme cibles, aux côtés des
groupes œuvrant pour mettre fin à la violence contre les
• Groupes communautaires de femmes. femmes et les filles.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 28
Un réseau au service d’un meilleur traitement médiatique (Australie)

En 2002, en Australie, des travaux visant à modifier le traitement médiatique des cas de violence domestique,
jusqu’alors peu sensible au genre, ont été lancés avec l’appui de philanthropes et des collectivités locales. Partant
du principe que la formation des médias est la clé pour traiter ces violences de façon plus adéquate, des outils
pratiques ont été élaborés à l’attention des médias. Il est vite apparu qu’une approche plus complète, stratégique
et collaborative serait de mise pour résoudre certains problèmes, comme les délais serrés auxquels font face les
journalistes, ou l’idée que les violences à l’égard des femmes et des filles ne sont que des cas de maltraitance
isolés, voire le symptôme de la culture d’une minorité.

Un cadre stratégique a été publié en 2007, avant d’être révisé et étoffé en 2015, avec l’appui d’un comité inter-
sectoriel composé de travailleurs sociaux spécialistes des violences domestiques et des agressions sexuelles,
de journalistes, d’universitaires ainsi que de membres de la police et du gouvernement. Ce cadre a identifié
toute une série d’initiatives complémentaires, dans différents secteurs, à même de sensibiliser les médias et de
changer la façon dont les particuliers communiquent avec les médias sur les violences à l’égard des femmes
et des filles. Elles consistaient à soutenir et former les femmes à parler de leurs expériences aux médias  ; à
former les travailleurs concernés à collaborer plus efficacement avec les journalistes et rédacteurs ; à créer des
événements sur les violences à l’égard des femmes et des filles susceptibles d’attirer l’attention des médias ; et
à amener les médias à examiner la façon dont le secteur perçoit les questions de genre, et à se demander en
quoi elles influencent les reportages. Le cadre et ses initiatives ont joué un rôle clé dans la création d’un discours
plus homogène sur les violences à l’égard des femmes et des filles dans les médias d’information. L’Australie
a d’ailleurs accompli des progrès considérables dans la façon dont les violences domestiques et à l’égard des
femmes et des filles sont traitées depuis le début de ces initiatives.

Pour en savoir plus, voir  : http://dvvic.org.au/publications/working-with-news-and-social-media-to-prevent-


violence-against-women-and-their-children-a-strategic-framework-for-victoria/

Les alliances mondiales dans le domaine du genre et des aider au suivi, à la formation et à la sensibilisation ; per-
médias se sont considérablement développées depuis mettre l’établissement de relations et la participation
2013 afin d’offrir des plateformes aux groupes souhai- aux processus internationaux  (par exemple, rapports
tant s’investir de manière structurée et régulière dans établis dans le cadre des mécanismes de protection
l’atteinte de résultats spécifiques. Ces alliances relient des droits humains ou participation à des événements
des centaines de membres originaires de différents à grande échelle comme la Commission de la condition
pays et remplissent plusieurs missions  : centraliser les de la femme)  ; entreprendre des actions conjointes de
connaissances permettant d’obtenir des données et sensibilisation ; et donner une plus grande visibilité aux
des informations sur les pratiques et les contenus des pratiques prometteuses.
médias ; rassembler les outils et les approches pouvant

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 29
Exemples d’alliances/pactes/réseaux mondiaux

Alliance mondiale genre et médias (GAMAG) : lancée en 2013 par l’UNESCO, cette Alliance indépendante vise
à encourager l’égalité des genres dans les médias. Ses objectifs comprennent : encourager l’égalité des genres
dans les systèmes, les structures et le contenu des médias en renforçant la coopération des parties prenantes
au niveau national, régional et international pour amorcer des changements à l’échelle mondiale ; consolider
et planifier un suivi méthodique de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing :
« Femmes et diagnostic médias » et de ses objectifs stratégiques ; et enfin, définir et appliquer des priorités en
matière de genre et de médias au sein d’un vaste réseau de financement impliquant des donateurs, des gouver-
nements et des agences de développement. L’Alliance compte plus de 700 groupes de médias et de particuliers
qui travaillent sur la question du genre et des médias. Pour en savoir plus et adhérer, voir : https://gamag.net/

Alliance mondiale pour les partenariats sur l'éducation aux médias et à l'information (GAPMIL) : lancée en 2013
et hébergée par l’UNESCO, cette Alliance encourage la coopération internationale pour doter tous les citoyens de
compétences sur les médias et l’information. Ses principaux objectifs sont les suivants : articuler des partenariats
concrets pour favoriser le développement de l'éducation aux médias et à l'information à travers neuf grands
axes (gouvernance, citoyenneté et liberté d’expression ; accès à l’information et aux connaissances pour tous ;
développement des médias, des bibliothèques, d’Internet et d’autres fournisseurs d’informations ; éducation,
enseignement et apprentissage ; diversité linguistique et culturelle, dialogue interculturel et interconfessionnel ;
femmes, enfants et jeunes, personnes handicapées et autres groupes sociaux marginalisés ; santé et bien-être ;
commerce, industrie, emploi et développement économique durable ; et agriculture, protection de la faune sau-
vage, sylviculture et conservation des ressources naturelles) ; permettre à la communauté de parler d'une seule
voix sur certaines questions critiques, en particulier au niveau politique ; et enfin, approfondir davantage la
stratégie pour que l’éducation aux médias et à l’information soit traitée comme un concept composite, fournis-
sant une plateforme commune pour les réseaux et partenariats liés à l'éducation aux médias et à l'information
à travers le monde. Pour en savoir plus, voir : http://www.unesco.org/new/en/communication-and-information/
media-development/media-literacy/global-alliance-for-partnerships-on-media-and-information-literacy/

Association internationale des femmes de radio et télévision (IAWRT) : cette organisation mondiale regroupant
des professionnelles des médias électroniques et connexes vise à appuyer les initiatives qui font du point de
vue et des valeurs des femmes une partie intégrante des programmes. Afin de renforcer l’impact des femmes
dans les médias, elle s’efforce de créer des opportunités, relayer des stratégies et favoriser l’accomplissement
des femmes dans la radio-télédiffusion par le partage de connaissances professionnelles et techniques  ; de
créer des occasions uniques d’échanger des perspectives et des expériences avec des professionnels du secteur
dans le monde entier ; et enfin, d’offrir des compétences professionnelles par le biais de formations axées sur
la perspective du genre dans les programmes, les problèmes de développement et la gestion. L’association pro-
pose à ses membres des colloques, des ateliers et des formations professionnelles régionaux et internationaux ;
décerne des prix d’excellence pour récompenser la créativité des femmes à l’origine de programmes radio et
télévisés d’exception ; octroie une bourse pour soutenir les études sur les médias ; et appuie des productions,
des formations et des projets destinés aux femmes dans les pays en voie de développement. Pour en savoir plus,
voir : https://www.iawrt.org/about

Pacte médiatique « Franchissons le pas pour l’égalité des genres » : lancé en 2016 par ONU Femmes, ce pacte
est une alliance d’organisations médiatiques qui se font championnes des enjeux des droits des femmes et
de l’égalité des genres. Les engagements de chaque organisation incluent : promouvoir les droits des femmes
et l’égalité des genres dans l’actualité, les éditoriaux, les chroniques ; produire des comptes rendus de haute
qualité en privilégiant l’égalité des genres et les droits des femmes, en y consacrant au moins deux articles par
mois  ; inclure des femmes parmi les sources d’information de ces comptes rendus, viser à la parité entre les
sexes dans les reportages, y compris pour des sujets aussi divers que les affaires, les technologies, les sciences et

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 30
l’ingénierie ; adopter un code de conduite sensible au genre dans ses reportages ; prévoir des lignes directrices
sur le reportage sensible au genre dans l’orientation et la formation de son personnel ; par des processus de
décision sensibles au genre, instaurer l’égalité dans la salle de presse en veillant à ce que les journalistes du sexe
féminin aient les mêmes opportunités que leurs homologues masculins et qu’elles puissent couvrir différents
thèmes, allant de la politique à l’économie, des sciences aux sports et à la technologie, tout en encourageant
les hommes à également couvrir des thèmes variés, y compris ceux des droits des femmes et de l’égalité des
genres ; et faire en sorte que les femmes soient appuyées par des mentors leur donnant des conseils pour les
aider à progresser dans leur carrière. Pour en savoir plus, voir  : https://www.unwomen.org/fr/get-involved/
step-it-up/media-compact

Réseau de jumelage et de mise en réseau des universités (UNITWIN) de l'UNESCO sur le genre, les médias et
les TIC : ce réseau vise à promouvoir la formation à la recherche et au développement de programmes dans les
domaines de compétence de l'UNESCO par la création de réseaux universitaires et la promotion de la coopération
entre les spécialistes du genre, des médias et des technologies de l’information et de la communication (TIC).
Soutenant l'éducation et la recherche sur les médias, les technologies de l'information et de la communication,
le Réseau vise spécifiquement à promouvoir l'égalité des genres et la participation des femmes dans les médias
par la recherche, l'éducation et la défense à l’échelle mondiale, à travers les activités suivantes : recherche, édu-
cation et plaidoyer ; appui à la formation et à la recherche sur les médias et les TIC ; et travaux visant à stimuler
et mettre en valeur certaines des principales contributions universitaires aux connaissances sur l’augmentation
de la participation des femmes à toutes les plateformes médiatiques. Le Réseau est composé d’institutions pro-
venant de toutes les régions. Pour en savoir plus, voir : http://www.unitwin.net/

Réseau sur l’éducation aux médias et à l’information et le dialogue interculturel  (coopération UNITWIN)  :
lancé en 2011 et hébergé par l’UNESCO, le Réseau universitaire sur l’éducation aux médias et à l’information
et le dialogue interculturel (Réseau MILID) réunit des universités impliquées dans l’éducation aux médias et à
l’information dans le monde entier. Le réseau s’efforce de donner un élan aux recherches qui peuvent guider les
politiques dans ce domaine. En février 2019, l’association comptait 40 universités membres et associées pro-
venant du monde entier. Le réseau MILID est déterminé à atteindre l’égalité des genres par l’intermédiaire de
l’éducation aux médias et à l’information. Chaque année depuis 2013, l’UNESCO collabore avec le réseau MILID
et d’autres partenaires afin d’étoffer leurs connaissances et publier un Yearbook MILID qui aborde chaque année
les dimensions sexospécifiques de l’éducation aux médias et à l’information et du dialogue interculturel. Cette
éducation, qui constitue un outil de promotion de l’égalité des genres et les droits humains, a plusieurs fois été le
thème central du Yearbook, notamment dans l’édition 2016 intitulée« Éducation aux médias et à l’information :
renforcer les droits humains, lutter contre la radicalisation et l’extrémisme  », et l’édition 2015 : «  L’éducation
aux médias et à l’information pour les Objectifs de développement durable  ». Pour en savoir plus, voir  :
https://fr.unesco.org/themes/media-and-information-literacy/gapmil/milidnetwork.

Unstereotype Alliance : Unstereotype Alliance (L’Alliance sans stéréotypes), initiative menée par ONU Femmes,
est une puissante coalition mondiale de plus de 30 chefs de file unis par un objectif commun : mettre fin aux pré-
jugés sexistes et aux stéréotypes néfastes basés sur le genre dans leurs publicités. En développant de nouvelles
normes et de nouveaux outils, l’Alliance cherche à transformer la publicité et à l’affranchir des stéréotypes ; à
mesurer ces changements ; à contribuer à la recherche, aux outils et aux connaissances en la matière ; et enfin à
amener le public à rejeter les stéréotypes néfastes à travers des activités de communication et de sensibilisation.
L’Alliance s’est donné pour mission d’autonomiser les femmes dans toute leur diversité (origine ethnique, classe
sociale, âge, capacité, religion, sexualité, langue, éducation, etc.) et de lutter contre la masculinité toxique en vue
de créer un monde où les genres sont placés sur un pied d’égalité. Contrer les stéréotypes néfastes et encourager
une représentation positive des femmes et des filles, mais aussi des hommes et des garçons, est une étape es-
sentielle pour faire évoluer les mentalités et les comportements. Les normes sociales influencent les mentalités,
mais aussi les actions. http://www.unstereotypealliance.org/en

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 31
4.5 Distinctions et reconnaissance
Les prix destinés aux médias offrent une plateforme pu- Il existe des prix récompensant l’action globale des mé-
blique permettant de distinguer les bonnes pratiques dias dans le domaine de l’égalité des genres, et d’autres
et de rendre hommage à celles et ceux qui s’inves- plus spécifiques à la lutte contre la violence à l’égard
tissent en faveur de l’égalité des genres dans leurs des femmes. Ces distinctions peuvent être attribuées
organisations et grâce à leurs contenus et initiatives. à l’échelle nationale, régionale ou mondiale. Bien qu’il
Ces initiatives peuvent également : encourager et inci- puisse s’agir d’événements ponctuels, les initiatives
ter d’autres personnes à suivre l’exemple  ; sensibiliser mises sur pied régulièrement (par exemple, tous les ans
un plus large public sur ce qu’implique la question du ou tous les six mois) sont plus susceptibles d’influencer
genre et des médias  ; élargir le public ayant accès ou les pratiques des médias. Les remises de prix peuvent
cherchant à accéder à des médias de qualité  ; et faci- se dérouler à grande échelle ou dans un contexte
liter la création de partenariats/le travail en réseau. très local.

Exemples de récompenses destinées aux médias

Cannes Lions - Festival international de la créativité  : surnommé «  les Oscars de la publicité  », le festival
Cannes Lions juge désormais les œuvres en compétition à l’aide d’un critère évaluant le degré de chosifica-
tion. À compter de l’édition  2019, le jury est encouragé à identifier les stéréotypes néfastes dans la publicité,
dans le prolongement des directives relatives à la chosification mises en œuvre en 2017. Celles-ci ont une forte
incidence sur tous les types de contenu et envoient un message fort concernant le caractère essentiel de
l’égalité des genres, un critère de qualité à part entière. Par ailleurs, les Cannes Lions ont créé leur Lion de
verre  : le lion du changement, prix qui récompense spécifiquement les travaux qui déjouent les préjugés
sexistes et font voler en éclats les images stéréotypées des hommes et des femmes encore bien ancrées
dans les campagnes de publicité. Le Festival est toujours parti du principe que le marketing influence acti-
vement la culture, et le lancement de ce prix s’inscrit dans une volonté pérenne d’avoir un impact positif sur
les communications.

Le prix #SeeHer de la représentation de personnages féminins forts et complexes, décerné lors de la cérémonie
des Critics’ Choice Awards, salue une femme qui incarne les valeurs du mouvement #SeeHer, créé par l’Associa-
tion of National Advertisers dans le but d’offrir une représentation réaliste de toutes les femmes et toutes les
filles dans les médias à l’horizon 2020. https://seeher.com/

Le prix australien pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (Eliminating Violence Against Women
Media Awards) récompense les journalistes pour leurs reportages d’excellence sur les violences faites aux
femmes et les médias d’information qui contribuent à prévenir ces violences. http://www.evas.org.au/index.
php/what-are-the-evas/about-the-evas-media-awards

Les prix indiens Laadli des médias pour la sensibilisation aux questions de genre  (The Laadli Media Awards
for Gender Sensitivity), lancés en 2007 et soutenus ultérieurement par l’UNFPA, ces prix distinguent, recon-
naissent et saluent les efforts fournis par les professionnels des médias et de la publicité qui mettent en avant
les questions pressantes sur le genre dans le pays. http://populationfirst.org/Laadli%20Media%20and%20
Advertising%20Awards/M__18

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 32
Prix annuel des médias pour les reportages d’excellence sur le VIH et la violence sexiste (Annual Media Award
for Excellence in Reporting on HIV and Gender-Based Violence) en Papouasie-Nouvelle-Guinée : ONU Femmes
et ONUSIDA apportent leur soutien à des prix pour les médias en Papouasie-Nouvelle-Guinée afin de saluer
les reportages d’excellence sur le VIH/sida, les violences à l’égard des femmes et des filles, ainsi que les liens
fondamentaux qui les unissent. Ces prix, qui ont vu le jour en 2015, encouragent les enquêtes et les photore-
portages de qualité. En 2016, les gagnants avaient publié des reportages sur des femmes transgenres vivant
avec le VIH et une femme assassinée après des accusations de sorcellerie. Largement médiatisés, ces prix ont
permis aux nominés et aux gagnants de trouver de nouvelles audiences. http://asiapacific.unwomen.org/en/
news-and-events/stories/2016/12/writing-for-change

Les prix britanniques des médias pour la fin des violences faites aux femmes et aux filles  (Ending Violence
Against Women and Girls Media Awards) visent à saluer des reportages exemplaires sur les violences à l’égard
des femmes et des filles dans la presse, à la radio, à la télévision et en ligne, dans des chroniques, des tribunes et
des documentaires – des témoignages qui alimentent le débat public en expliquant comment et pourquoi ces
maltraitances ont lieu, dans le respect des victimes et des survivantes. http://www.endviolenceagainstwomen.
org.uk/campaign/ending-violence-against-women-and-girls-media-awards/

Les prix GEM-TECH (GEM-TECH Awards) : lancés en 2014 par ONU Femmes et l’Union internationale des télé-
communications (UIT), ces prix récompensent, à l’échelle mondiale, les contributions exceptionnelles de femmes
et d’hommes qui mettent le potentiel des TIC au service de l’égalité des genres. https://www.itu.int/en/action/
women/gem/Pages/default.aspx

Outre les prix décernés aux médias, les moyens suivants • Rédiger des commentaires positifs ou indiquer
permettent également de valoriser et d’encourager « j’aime » sur les réseaux sociaux ;
l'intégration des questions de genre dans les représen-
tations et le traitement des contenus ayant trait à la • Envoyer un courrier ou un courriel aux productrices et
violence contre les femmes dans les médias : producteurs ; et

• Nommer, citer et partager publiquement les œuvres se • Publier des messages sur les tableaux d’affichage com-
distinguant par leur qualité ; munautaires ou dans les centres communautaires.

• Adresser des commentaires positifs aux médias qui


se sont distingués par leur intégration des questions
de genre, en intervenant au cas par cas et/ou à la fin
du mois ou de l’année sous forme d’activité régulière
visant à susciter des échanges ;

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 33
5. PROMOUVOIR
DES APPROCHES
INSTITUTIONNELLES
POSITIVES
Les organisations de médias, comme toute entreprise ou institution, peuvent apporter une précieuse
contribution à l’égalité des genres, à la non-discrimination et à la non-violence en adoptant des
structures, un fonctionnement et des pratiques internes qui respectent, reflètent et encouragent ces
valeurs. Cette démarche implique de renforcer les capacités organisationnelles grâce à différentes
stratégies. Il est établi qu’une plus grande égalité des genres dans les organisations de médias se
traduit par des contenus reflétant une vision plus équilibrée et plus variée des femmes (Parlement
européen, 2018). À cet égard, une organisation plus équitable en matière de genre représente déjà
en soi une avancée majeure, en plus de constituer un moyen important d’influencer les contenus
qui contribuent à façonner les normes sociales, les préjugés et les stéréotypes.

Le renforcement des capacités exige d’adopter une ap- philosophie ou approche en matière d’information
proche organisationnelle globale qui intègre l’égalité et de communication  ; caractéristiques des contenus
des genres et la non-discrimination dans l’ensemble produits et diffusés  ; fonctions et structures
des systèmes, structures, effectifs et contenus des orga- organisationnelles (par exemple, journal national contre
nisations de médias. Ce processus passe par les actions intermédiaire de services Internet)  ; cadres juridiques
suivantes  : réalisation d’une évaluation de l’égalité des applicables  (par exemple, cadres régissant les secteurs
genres ou d’un audit de genre au niveau de l’organisa- public/privé) ; et niveaux de leadership et d’engagement
tion  ; élaboration et/ou révision des politiques et des en faveur de l’égalité des genres au sein de l’organisation.
normes ; garantie de la parité des sexes dans les effectifs
et les mécanismes décisionnels ; formation continue du La cartographie aidera à cibler les partenaires à appro-
personnel des médias ; et garantie de la sécurité et de la cher et les objectifs à atteindre : appui au changement
sûreté des femmes journalistes et des défenseuses des institutionnel, constitution d’un réseau, réalisation d’une
droits humains les plus à risque en raison de leur contes- campagne en vue d’un résultat précis (réforme juridique
tation des normes sociales liées au genre, à l’identité et ou politique, mobilisation communautaire visant à faire
aux dynamiques de pouvoir. De telles mesures exigent évoluer les normes sociales, etc.). Les organisations de
une vision à long terme et un engagement sans relâche. médias qui feront l’objet d’une transformation globale
doivent réaliser une évaluation de l’égalité des genres
5.1 Cartographie et évaluation ou un audit de genre approfondis au niveau interne.
Toute collaboration avec les médias doit être précédée Cette analyse permettra de déterminer les forces, les
d’une cartographie des différents médias en présence. lacunes, les difficultés et les possibilités qui existent dans
Cette cartographie permettra de mettre en évidence les l’ensemble des politiques, systèmes et pratiques de l’or-
éléments suivants  : canaux disponibles  (presse écrite, ganisation. Les informations recueillies serviront ensuite
télévision, radio, Internet, etc.)  ; degré d’utilisation et à mettre en évidence les structures opérationnelles et les
portée auprès des différents segments de la population ; bonnes pratiques, ainsi que les lacunes et les domaines à

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 34
Audit sur le genre dans la formation aux médias (Afrique australe)

Gender Links for Equality and Justice est une ONG basée en Afrique du Sud. Elle fait partie des membres fonda-
teurs de l’Alliance mondiale genre et médias de l’UNESCO. Cette organisation mène des recherches d’envergure
à des fins de programmation catalytique, en évaluant les avancées en matière de genre dans les médias dans
14 pays d’Afrique australe. Elle a publié plusieurs rapports sur les contenus liés au genre dans les médias, l’emploi
des femmes dans ce secteur et l’éducation aux médias d’une perspective de genre. L’ONG organise également
des activités de plaidoyer, de renforcement des capacités, d’éducation aux médias et de réseautage. En 2010, elle
a procédé à un audit des programmes d’éducation et de formation au journalisme et aux médias pour tenter de
comprendre de quelle manière le genre y est intégré. Suite à cet audit, l’organisation a créé des centres d’excel-
lence pour le genre et les médias dans 13 pays avec, à la clé, des collaborations avec 100 conseils municipaux afin
de prendre en compte le genre à travers des politiques, le renforcement des capacités et des activités de suivi et
d’évaluation, dans le but de modifier leur structure, leurs pratiques professionnelles et leur traitement du genre.
Elle aide aussi les organisations de médias à inscrire le genre à leurs programmes et à mener des recherches sur
le genre et les médias.

Pour en savoir plus sur le genre et les médias, voir : http://genderlinks.org.za/what-we-do/media/research/

Pour en savoir plus sur les audits sur le genre et les médias, voir : http://genderlinks.org.za/what-we-do/media/
research/gender-in-media-education-audit/

améliorer, afin d’établir la situation de référence à partir The Gender Audit Handbook A Tool for

de laquelle seront comparés les progrès réalisés dans le Organizational Self-Assessment and Transform-
temps (Institut européen pour l’égalité entre les hommes ation  : https://www.interaction.org/wp-content/
et les femmes, audit de genre). uploads/2019/03/Gender-Audit-Handbook-2010-
Copy.pdf
Outils permettant de réaliser une analyse, une évalua-
tion ou un audit concernant les questions de genre : Indicateurs d’égalité des genres dans les médias,

UNESCO  : http://www.unesco.org/new/fr/comm

Outil d’analyse des lacunes au regard des unication-and-information/resources/publi
Principes d’autonomisation des femmes : https:// cations-and-communication-materials/publi
weps-gapanalysis.org/ cations/full-list/gender-sensitive-indicators-for-
media-framework-of-indicators-to-gauge-gender-
A manual for gender audit facilitators: The ILO par-
 sensitivity-in-media-operations-and-content/
ticipatory gender audit methodology (2nd Edition) :
http://www.ilo.org/gender/Informationresources/
WCMS_187411/lang--en/index.htm

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 35
5.2 Parité entre les sexes femmes dans les médias de divertissement. Voici
quelques-unes des conclusions issues des travaux menés
La Convention sur l’élimination de toutes les formes de depuis 2010 (Geena Davis Institute) :
discrimination à l’égard des femmes (CEDAW, 1979) fait
obligation à tous les États membres de « prendre toutes • Parmi les succès du box-office, seuls 17 % des films ont
les mesures appropriées pour éliminer la discrimina- une femme pour personnage principal.
tion à l’égard des femmes dans le domaine de l’emploi,
afin d’assurer, sur la base de l’égalité de l’homme et • Les personnages masculins bénéficient d’un temps
de la femme, les mêmes droits  »  (CEDAW, article  11). La d’apparition à l’écran deux  fois supérieur à celui des
quatrième Conférence mondiale sur les femmes des personnages féminins.
Nations  Unies  (1995) a reconnu que la représentation
des femmes dans les organes de pouvoir et de décision • Dans les films en tête du box-office, les rôles masculins
était une condition indispensable pour assurer leur auto- ont un temps de parole deux fois plus long que celui
nomisation et leur permettre « [...] de mieux s’exprimer des rôles féminins.
et de mieux participer à la prise des décisions dans le
cadre et par l’intermédiaire des médias et des nouvelles • Les personnages masculins occupent presque
techniques de communication  »  (Programme d’action trois  quarts du temps de parole dans les divertisse-
de Beijing). Malgré le caractère idéaliste de l’objectif de ments destinés aux enfants, et 83 % des narrateurs au
parité entre les sexes  (un nombre égal de femmes et cinéma et à la télévision sont des hommes. 
d’hommes) dans les effectifs et les organes de décision
des médias, un seuil de 30 % représenterait une avancée • L’industrie cinématographique et télévisuelle compte
assez significative pour peser dans les organisations. seulement 7 % de réalisatrices, 13 % de femmes scéna-
ristes et 20 % de productrices.
Le suivi de la représentation des femmes dans les médias
a révélé que les progrès réalisés en la matière étaient très • Dans la publicité, et notamment dans le secteur de la
lents, et que peu d’évolutions étaient observées dans le création, les études menées par l’initiative Free the Bid,
temps. Par exemple, le suivi mondial de la représentation le 3% Movement et le Young Creative Council ont révélé
des femmes journalistes et présentatrices dans les mé- ce qui suit :
dias d’actualité montre que peu de progrès ont été faits
dans ce domaine, voire aucun, depuis plus de dix  ans. o En 2008, à peine 3,6 % des directeurs créatifs dans
Le pourcentage de femmes rédigeant des articles dans le monde étaient des femmes. En 2016, ce chiffre avait
les journaux ou réalisant des reportages à la télévision triplé et s’élevait à 11 %.
et dans les bulletins d’information radio se maintient à
37  %  (Projet mondial de monitorage des médias, 2015). o L’industrie créative compte seulement 11,6 % de ré-
Une étude portant sur plus de 500  médias du monde dactrices et 9,6 % de directrices artistiques.
entier indique en outre que 27 % seulement des postes
de direction sont occupés par des femmes (International o Moins de 7  % de tous les réalisateurs sont des
Women’s Media Foundation, 2011). Les chiffres sont en- femmes, et 9 % seulement des spots publicitaires sont
core plus faibles dans le secteur des TIC. Ainsi, les femmes réalisés par des femmes.
représentent seulement 11 % du personnel de sécurité de
l’information et 20 % ou moins de la main-d’œuvre tech- o 70  % des jeunes créatives déclarent n’avoir jamais
nologique des principales entreprises technologiques travaillé avec une directrice de création ni une direc-
et des grands médias sociaux  (Conseil scientifique trice de création exécutive.
international et Forum économique mondial, 2016).
Selon une étude du European Women’s Audiovisual o 70 % des jeunes créatives travaillent dans un service
Network  (Réseau européen des professionnelles de à 75 % masculin.
l’audiovisuel), bien que les femmes représentent près
de la moitié des réalisatrices diplômées des écoles o 60  % des jeunes femmes pensent que la publicité
de cinéma, moins d’un  quart des cinéastes sont des est un secteur qui ne soutient pas les jeunes carrières
femmes  (Parlement européen, 2018). Le Geena Davis féminines.
Institute a entrepris une vaste série d’études sur les

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 36
La participation croissante des femmes au secteur de promotion ; respect des décisions, apports et contributions
la communication exige de porter une attention parti- des femmes, ainsi que de leur style de direction ; souplesse
culière aux processus de recrutement, en recourant par des conditions de travail et mise en place de politiques de
exemple aux stratégies suivantes : discrimination positive, congé parental qui, tout en reconnaissant les facteurs so-
quotas, attractivité des salaires  (rémunération égale à cioculturels persistants qui font peser les responsabilités
travail égal) et des avantages, et activités de recherche familiales sur les femmes de manière disproportionnée,
et de formation permettant de corriger les préjugés facilitent la participation accrue des hommes dans ce do-
inconscients et les perceptions inexactes concernant les maine ; et prise en compte de la nature sexuelle et sexiste
pratiques de recrutement des femmes et des hommes des violences exercées contre les femmes sur leur lieu de
disposant de compétences égales. Les aspects suivants travail  (harcèlement compris) par l’adoption de mesures
contribuent au maintien des femmes dans l’emploi : pos- adaptées visant à prévenir ces violences et à instaurer
sibilités d’évolution de carrière et de promotion ; tutorat, des mécanismes de recours appropriés reconnaissant la
accompagnement et parrainage des femmes aux fins de responsabilité des auteurs (McKinsey, 2015).

Principes d’autonomisation économique des femmes


Les Principes d’autonomisation des femmes, initiative partenariale d’ONU Femmes et du Pacte mondial de
l’ONU, offrent un ensemble concret de recommandations pour aider le secteur privé à s’intéresser à des élé-
ments essentiels pour encourager l’égalité des genres dans le milieu professionnel, sur le marché et au sein des
communautés. Mettre l’accent sur l’ouverture et l’inclusion des politiques et des activités des entreprises im-
pose des techniques, des outils et des pratiques imposant des résultats. Ces Principes, créés suite à un processus
consultatif multipartite international, offrent aux entreprises une optique sexospécifique pour analyser leurs
initiatives, leurs jalons et leurs pratiques en matière de communication.  Inspirés de pratiques professionnelles
réelles, ils aident les entreprises à adapter ou à créer des politiques et pratiques afin d’autonomiser les femmes.

Les Principes sont les suivants :


• Avoir une direction favorable à l’égalité des genres au plus haut niveau des entreprises.

• Traiter tous les hommes et et toutes les femmes de manière équitable au travail – respecter et appuyer les
droits de l’homme et la non-discrimination.

• Garantir la santé, la sécurité et le bien-être des travailleurs des deux sexes.

• Promouvoir l’éducation, la formation et le développement professionnels des femmes.

• Mettre en œuvre des pratiques permettant d'autonomiser les femmes au niveau du développement des
entreprises, de la chaîne logistique et du marketing.

• Promouvoir l'égalité grâce à des initiatives communautaires et à la mobilisation.

• Mesurer et faire rapport publiquement sur les progrès réalisés en faveur de l'égalité des genres.

Pour le portail des Principes d’autonomisation des femmes et d’autres ressources, voir :
https://www.empowerwomen.org/fr/weps/about

Éléments à prendre en compte pour parvenir à l’équilibre • Pourcentage de femmes occupant des postes de
entre les genres au niveau décisionnaire dans les organi- dirigeantes dans les médias  (rédactrices en chef, di-
sations de médias (UNESCO, 2012) : rectrices de la publication, cheffes de département,
responsables de bureaux).
• Pourcentage de femmes parmi les propriétaires, les
responsables de la gestion de l’entreprise et au sein du • Examen périodique et établissement de rapports sur
conseil d’administration. les mesures prises pour garantir l’équilibre entre les
genres au niveau décisionnaire.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 37
• Politiques efficaces visant à garantir l’égalité des 5.3 Politiques, protocoles
chances et dispositifs d’application détaillés –  objec-
et codes de conduite
tifs, calendriers et mécanismes de suivi.
Les politiques, directives professionnelles et protocoles
• Politiques relatives à l’égalité des chances élaborées sont indispensables pour orienter les pratiques au sein
au sein des organisations de médias dans un climat de des organisations de médias. Ces cadres définissent les
coopération et avec l’aval du personnel. attentes opérationnelles ainsi que les codes de conduite et
les obligations professionnelles applicables aux membres
• Mesures/politiques adoptées afin de supprimer tous du personnel. « L’élaboration de codes de conduite solides
les obstacles à l’égalité des chances et de promouvoir et centrés sur le genre pourrait mener à une éventuelle
le travail des femmes  (crèches d’entreprise, emploi institutionnalisation de différents types de pratiques, ba-
à temps partiel  ; critères de sélection transparents et sées sur la conscience des préoccupations liées au genre
communs à tous pour l’accès au niveau cadre, etc.). et qui leur sont sensibles. Ces instruments représentent
les premiers pas vers la professionnalisation de la pratique
• Budget spécifiquement alloué à l’appui de politiques journalistique, du point de vue de l’éthique en matière de
globales relatives à l’égalité des chances. genre  »  (Association mondiale pour la communication
chrétienne [WACC] et Fédération internationale des jour-
• Existence de quotas spécifiques favorisant la représen- nalistes [FIJ], 2012). Si certaines politiques sont aujourd’hui
tation des femmes dans les instances décisionnaires. plus courantes, à l’instar des politiques éditoriales portant
sur le genre et la violence sexiste, d’autres commencent
• Existence de mesures et de comités de discrimina- seulement à apparaître. Ainsi, une enquête mondiale ré-
tion positive afin d’accroître la présence des femmes alisée par la Fédération internationale des journalistes a
dans les médias, à tous les niveaux de la structure montré que 26 % seulement des entreprises disposaient
organisationnelle. d’une politique en matière de violence sexiste et de harcè-
lement sexuel (FIJ).
• Pourcentage d’offres d’emploi faites dans des condi-
tions de transparence, accessibles à tous les membres Une autre étude mondiale révèle que différents pays
du personnel. sont dotés de politiques de genre spécifiques aux médias
au niveau sectoriel ou associatif, mais que celles-ci n’ont
• Diffusion des politiques relatives à l’équilibre entre les pas été traduites en codes et en directives applicables au
genres au niveau décisionnaire. niveau professionnel. Elle indique en outre que lorsque
des réglementations sont en place, les mécanismes
• Efforts visant à déterminer le niveau de sensibilisation de mise en conformité sont inexistants en raison de la
aux politiques relatives à l’égalité des chances. non-application de ces réglementations et de l’absence
de recours  (par exemple, réparation ou mesure correc-
• Établissement de rapports sur les résultats obtenus tive) (WACC et FIJ, 2012). Ces constatations révèlent qu’en
depuis la mise en œuvre des politiques d’égalité des plus de disposer de politiques solides, il est important
chances. d’utiliser des stratégies complémentaires  (comme des
activités de formation ou des mécanismes de responsa-
Ressources : bilisation) afin de garantir leur mise en œuvre effective.

Indicateurs d’égalité des genres dans les médias,



Politiques relatives au harcèlement sexuel
UNESCO  : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/
pf0000231068 et à la violence domestique
Les politiques en matière de harcèlement et de violence
Égalité des genres dans les médias : https://fr.unesco. doivent être sensibles au genre et ancrées dans la réalité
org/themes/diversite-medias-egalite-genres du monde professionnel. Une telle démarche implique de
s’éloigner du lieu de travail immédiat pour englober les
Projet Advancing Gender Equality in Media « espaces » connexes à celui-ci : déplacements, obligations
Industries : https://www.agemi-eu.org/ sociales, trajets vers et depuis le lieu de travail et échanges
réalisés au moyen des technologies  (ordinateurs,

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 38
téléphones mobiles, etc.). Cela suppose également de • Description des modalités de mise en œuvre, de suivi et
connaître et d’inclure les autres formes de violence suscep- de révision de la politique ; et
tibles de toucher le personnel et d’avoir des répercussions
sur le lieu de travail  (par exemple, violence domestique, • Liens renvoyant aux autres politiques (protection contre
familiale, d’un partenaire intime). Les politiques doivent les représailles, congé parental, etc.) et documents de
tenir compte de la nature sexiste de la violence perpétrée référence connexes.
contre les femmes, en prévoyant des actions de prévention
et des réponses pour s’attaquer aux rapports de force D’une manière générale, les politiques de lutte contre
et aux déséquilibres qui favorisent cette violence. Elles la violence domestique  (souvent intégrées aux accords
doivent également refléter la composition de la société collectifs) doivent inclure les éléments suivants :
et du personnel, en reconnaissant que la violence et le
harcèlement seront subis et ressentis différemment selon • Définitions claires et exhaustives ;
les femmes, en particulier celles qui sont confrontées à des
formes multiples de discrimination fondée sur leur identi- • Description de la prévalence nationale et des conséquences
té  (lesbiennes, bisexuelles, transsexuelles et intersexuées, de la violence domestique  (notamment lorsque celle-ci a
immigrantes, femmes issues des minorités ethniques et ra- des répercussions sur le lieu de travail et les collègues) ;
ciales, etc.). Il convient de mettre en place des dispositions
et des pratiques particulières afin de faire face à l’augmen- • Plan détaillé ou mesures prévues pour sensibiliser dans
tation potentielle des risques de harcèlement sexuel due à l’organisation aux différents aspects de la probléma-
la multiplication des recrutements de sous-traitant(e)s ou tique visée et de la politique correspondante ; formation
de travailleuses et travailleurs indépendant(e)s ne pouvant spécifique des dirigeants et des coordonnateurs de la
être considéré(e)s comme des membres du personnel. sécurité et de la santé chargés d’organiser la protection
des survivantes et de les orienter ;
D’une manière générale, les politiques de lutte contre le
harcèlement sexuel doivent inclure les éléments suivants : • Principales personnes-ressources ainsi que leur rôles et
responsabilités vis-à-vis de la politique ;
• Déclaration de principe énonçant une tolérance zéro à
l’égard du harcèlement et des abus ; • Types de prestation, d’assistance et de protection mis à
la disposition des membres du personnel de l’organisa-
• Définitions claires et exhaustives des comportements tion victimes de violence domestique ; description des
importuns couvrant les interactions verbales, non ver- modalités de mise en œuvre, de suivi et de révision de
bales et physiques ; la politique ; et

• Exemples de comportements prohibés ; • Liens renvoyant aux autres politiques  (par exemple,
congé parental) et documents de référence connexes.
• Mesures de prévention, notamment dispositifs de
responsabilisation des dirigeants et activités de sensi- Exemples de guides et politiques de lutte contre la vio-
bilisation/formation sur le genre, la discrimination, le lence et le harcèlement :
harcèlement et la violence ;
UN System Model Policy on Sexual Harassment (ONU) :

• Description précise des procédures de signalement (confi- https://www.unsceb.org/content/addressing-
dentialité, protection contre les représailles, etc.) et de sexual-harassment-within-organizations-un-system
traitement des plaintes (formelles, informelles, etc.) ;
Towards an end to sexual harassment: The urgency and

• Mécanismes juridiques et judiciaires externes prévus nature of change in the era of #MeToo : http://www.
au niveau national ; unwomen.org/-/media/headquarters/attachments/
sections/library/publications/2018/towards-an-end-
• Sanctions et mesures disciplinaires pouvant être impo- to-sexual-harassment-en.pdf?la=en&vs=4236
sées aux auteurs ;
La violence de genre et le rôle des syndicats affiliés

• Services de soutien et d’orientation mis à la disposition à UNI : http://fr.breakingthecircle.org/descargas/fr/
des survivantes par l’organisation ; man/violencepolicies_fr.pdf

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 39
L'Association du service public de Nouvelle-Zélande (PSA) et la violence domestique au
travail

La PSA est le principal syndicat néo-zélandais des employés de l’État, des entreprises publiques, des conseils mu-
nicipaux, des conseils de santé et des collectivités. Elle a lancé une campagne sur la violence domestique afin de
souligner ses répercussions sérieuses au travail. Elle offre des conseils aux victimes, aux auteurs de violences ain-
si qu’à leurs collègues, mais aussi aux délégués, aux représentants et aux employeurs. La PSA a aussi élaboré un
exemple de disposition relative à la violence domestique à l’attention des employeurs (voir des extraits ci-dessous) :

La violence domestique peut avoir une incidence sur l’assiduité ou les performances d’un employé  (...).
L’employeur est tenu d’accommoder les besoins des membres du personnel touchés par la violence domestique,
notamment en leur accordant jusqu’à 10 jours de congés payés au cours d’une année civile, pour des rendez-vous
médicaux, des convocations au tribunal et toute autre activité découlant de la violence domestique. Ces jours
de congés viennent s’ajouter aux congés auxquels l’employé a déjà droit et peuvent être pris sous forme de
jours consécutifs, de jours ponctuels, ou de parties d’une journée, et ce sans l’accord préalable de l’employeur.
De surcroît, l’employeur est tenu d’approuver toute demande raisonnable de la part d’un employé qui, pour des
raisons de sécurité et afin d’éviter les situations de harcèlement, souhaite modifier sa durée ou ses horaires de
travail, son lieu de travail ou ses fonctions, son numéro de téléphone ou son adresse électronique professionnels,
et appliquer toute autre mesure adaptée, notamment celles déjà prévues au titre des dispositions en vigueur
sur la flexibilité du travail. Tout employé ayant à sa charge une personne touchée par la violence domestique
peut prendre des jours de congés pour l’accompagner au tribunal, à l’hôpital ou pour garder ses enfants. Toute
information personnelle restera confidentielle et ne sera pas consignée dans le dossier de l’employé concerné
sans son consentement. Des justificatifs des violences domestiques peuvent être demandés. Ils peuvent prendre
la forme d’une attestation émanant de la police, d’un professionnel de la santé ou d’un service de soutien à la
violence domestique.

Pour en savoir plus, voir : https://www.psa.org.nz/search/results?Search=family+violence&action_results=Go

Politiques relatives à l’égalité des genres La répartition inégale des responsabilités familiales (en-
et à la diversité fants, aide aux proches malades, âgés, etc.) entre les
femmes et les hommes constitue un facteur majeur d’iné-
Les politiques adoptées dans le domaine de l’égalité des galité en matière d’emploi. L’insuffisance ou l’absence de
genres et de la diversité montrent l’engagement dont politiques et de mesures plus générales de soutien aux
font preuve les entreprises afin d’améliorer les résultats femmes  (lesquelles continuent d’assumer l’essentiel
mesurables en matière d’égalité des genres s’agissant de des responsabilités familiales) se traduit souvent par
la représentation, la valorisation, la sécurité et la recon- des départs professionnels, une réduction des heures de
naissance du personnel. Dans ces différents domaines, travail et une interruption des possibilités d’évolution et
les politiques peuvent porter sur les éléments suivants : de promotion (Groupe de haut niveau des Nations Unies
processus de recrutement et de promotion visant à ga- sur l’autonomisation économique des femmes, 2017). À
rantir l’égalité entre les femmes et les hommes ; égalité l’issue de recherches approfondies et de consultations
de salaire à travail égal ; reconnaissance et récompenses poussées, la Commission européenne a présenté une
objectives fondées sur les contributions et les résultats ; Initiative visant à promouvoir l’équilibre entre vie profes-
approches non discriminatoires des responsabilités fami- sionnelle et vie privée des parents et aidants qui travaillent,
liales  ; et accès réel aux différents postes et niveaux de assortie des recommandations suivantes  (Commission
direction grâce à l’élimination des obstacles liés au genre. européenne, 2017) :

• Exemple de politique d’égalité des genres sur le lieu de • Améliorer la manière dont les congés familiaux et les
travail  : https://www.wgea.gov.au/sites/default/files/ formules souples de travail sont conçus et partagés
Characteristics-of-a-Gender-Equality-policy.pdf entre les sexes ;

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 40
• Améliorer la qualité, le caractère abordable et l’accessi- respectueuse de l’équilibre entre les genres, le respon-
bilité des services d’accueil des enfants et de soins de sable de la parité participera à un moment donné au
longue durée ; et processus/programme de recrutement, etc.).

• Éliminer les facteurs économiques dissuadant les pa- • Existence d’une convention collective garantissant
rents et les aidants de travailler. l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes.

Éléments contribuant à faire progresser l’égalité des • Mise en conformité de toutes les politiques relatives
genres dans le domaine de l’emploi et des conditions de à l’égalité des genres avec les articles pertinents de la
travail (UNESCO, 2012) : CEDAW, notamment les articles 2, 4, 10, 11, etc.

• Existence d’un bureau de la parité ou d’un ou plusieurs • Suivi d’une procédure d’établissement des budgets
responsables de l’intégration de l’analyse selon le genre soucieuse de la question du genre et impliquant la par-
afin de procéder au suivi et à l’évaluation de l’égalité ticipation des femmes.
des genres sur le lieu de travail.
• Existence de politiques de ressources humaines axées
• Connaissance parmi le personnel de l’existence d’un sur le genre et notamment sur l’égalité de traitement.
bureau de la parité ou d’un ou plusieurs responsables
de l’intégration de l’analyse selon le genre chargés de • Promotion des politiques de ressources humaines
traiter les préoccupations des femmes et des hommes. axées sur le genre.

• Existence de systèmes de suivi et d’évaluation de • Les organisations de médias diffusent la législation du


l’égalité des genres sur le lieu de travail. Pourcentage travail relative à l’égalité de traitement entre femmes
de femmes et d’hommes travaillant dans les différents et hommes et la rendent accessible à leur personnel.
services de l’organisation de médias (salle de rédaction,
production, etc.) et à tous les niveaux  (cadres juniors, • Pourcentage d’hommes et de femmes ayant un contrat
intermédiaires et supérieurs). à temps partiel.

• Examen périodique et établissement de rapports sur les • Pourcentage d’hommes et de femmes ayant un contrat
mesures visant à accroître le pourcentage de femmes à durée déterminée.
travaillant dans la salle de rédaction.
• Pourcentage d’hommes et de femmes produisant ou
• Existence de politiques des médias garantissant l’éga- couvrant des informations sur des sujets divers (sports,
lité de traitement en matière de conditions de travail politique et conflits armés).
générales, d’environnement et de droits, s’agissant no-
tamment des salaires et des possibilités de promotion. • Mesures spécifiques visant à accroître, lorsqu’il est
faible, le pourcentage de femmes qui produisent ou
• Examen périodique et établissement de rapports sur le couvrent des informations sur des sujets divers (quotas).
pourcentage des salaires et des promotions des femmes
et des hommes conformes à l’exigence d’égalité. • Examen périodique et établissement de rapports sur
les mesures visant à renforcer la contribution des
• Pourcentage de femmes et d’hommes ayant bénéficié femmes  (production ou reportages) à tous les sujets
d’une promotion annuelle et d’une augmentation de d’actualité.
salaire conformément aux politiques établies. Ressource :

• Égalité des conditions d’emploi et des prestations, no- Indicateurs d’égalité des genres dans les médias,
tamment en matière de régime de retraite. UNESCO  : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/
pf0000231068
• Égalité et transparence des pratiques de recrutement (la
composition des comités d’entretien doit toujours être

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 41
Politiques éditoriales signalement ainsi que de mesures de contrôle des conte-
Les politiques relatives au regroupement, à l’élaboration nus. Suite à la collaboration d’intermédiaires de services
et à la diffusion de contenus peuvent fournir aux journa- Internet et d’autres entreprises du secteur des TIC avec
listes, aux diffuseurs et aux autres professionnel(le)s des des organisations de promotion de l’égalité des genres et
médias des principes spécifiques, des directives profes- des droits humains en vue de renforcer leurs politiques
sionnelles et des règles ou codes de conduite à appliquer et leurs mesures de lutte contre la violence en ligne, des
et à respecter dans leur travail quotidien. Ces politiques cadres de ce type commencent également à s’appliquer
peuvent s’accompagner de dispositifs de blocage et de aux réseaux sociaux.

Lignes éditoriales de la BBC

La BBC a publié des directives complètes destinées à ses employés et collaborateurs. Ces directives définissent
clairement les principes de cette organisation médiatique et la manière dont ils doivent être mis en œuvre. Elles
abordent de nombreuses thématiques, comme :

• La précision

• L’impartialité

• Les préjudices et les infractions (avec des chapitres consacrés à la violence, au sexe, à l’intimidation et l’humi-
liation ainsi qu’à leur représentation)

• L’impartialité, les contributeurs et le consentement

• La confidentialité

• Le traitement des crimes et des comportements antisociaux

• Les contributions des enfants et des jeunes

• La politique, les politiques publiques et les sondages

• La guerre, le terrorisme et les situations de crise

• La religion

• La réutilisation et la révision des contenus

• L’intégrité éditoriale et l’indépendance par rapport aux intérêts externes

• Les conflits d’intérêts

• Les relations externes et le financement

• Les interactions avec le public

• Le droit (avec des chapitres consacrés aux victimes, aux auteurs, à la confidentialité et à la sécurité)

• La redevabilité

Par ailleurs, ces thématiques détaillent également comment interagir avec les victimes et les auteurs de vio-
lences, et comment informer sur la violence à l’égard des femmes et des enfants.

Pour les directives dans leur intégralité, voir : http://downloads.bbc.co.uk/guidelines/editorialguidelines/pdfs/


Editorial_Guidelines_in_full.pdf

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 42
Les professionnel(le)s peuvent envisager d’intervenir d’éthique et aux guides/manuels de rédaction tenant
auprès des médias afin d’aider au renforcement de ces compte du genre et de la diversité, et qu’ils les aient
principes et de ces règles en vue de garantir une approche acceptés.
des contenus qui soit davantage fondée sur les droits
humains et plus sensible au genre. Lorsque certains • Organisation/facilitation de programmes/ateliers de
droits existent déjà (par exemple, le droit à un traitement formation pour familiariser le personnel professionnel
équitable et à la non-discrimination), il est possible de aux ressources pertinentes telles que les politiques, les
s’appuyer sur ces derniers pour réclamer leur application codes d’éthique et les guides/manuels de rédaction
ou leur respect plus strict en cas de violation. Cette dé- tenant compte du genre et de la diversité afin de les
marche peut impliquer de déposer des plaintes officielles aider à intégrer aux pratiques des médias une perspec-
au moyen des mécanismes de responsabilisation des tive centrée sur le genre.
médias prévus à cet effet et/ou de faire connaître plus
largement les droits afin de sensibiliser le grand public. • Examen des contenus, sur une base régulière ou
continue, afin d’évaluer l’efficacité des mesures telles
Éléments permettant aux organisations de médias que les politiques, les codes d’éthique et les guides/
d’encourager les codes éthiques et les politiques manuels de rédaction tenant compte du genre et les
éditoriales propices à l’égalité des genres dans les conte- programmes/ateliers de formation et d’en déterminer
nus (UNESCO, 2012) : les résultats.

• Les organisations de médias encouragent les codes • Mécanismes internes mettant à la disposition du
éthiques et les politiques éditoriales propices à l’égali- public un forum auprès duquel exprimer critiques et
té des genres dans le contenu des médias. récriminations concernant les problèmes d’égalité des
genres dans les contenus, par exemple un médiateur,
• Existence de politiques  (écrites) relatives au genre le courrier des lecteurs ou encore un conseil de presse,
faisant clairement référence aux pratiques des mé- en faisant en sorte que le public ait connaissance de ce
dias (par exemple en matière de sources). mécanisme.

• Existence de codes d’éthique (écrits) faisant référence • Diffuser auprès du public les politiques de sensibi-
à la représentation des hommes et des femmes. lisation à l’égalité des genres et lui rendre compte
régulièrement de la manière dont l’organisation de
• Existence de ressources sur un traitement de l’infor- médias répond aux plaintes ou à la façon dont est per-
mation tenant compte de la problématique hommes/ çue son action en faveur de l’égalité des genres.
femmes, en particulier des guides/manuels de ré-
daction, un répertoire des femmes spécialistes de • Prise en considération, dans le cadre de l’évaluation de
questions diverses, une liste de personnes ou d’orga- la performance et des règles de promotion, du respect
nismes susceptibles de considérer les domaines traités des politiques relatives au genre dans le contenu.
selon une perspective sexospécifique, etc. afin d’aider
les journalistes et autres personnels créatifs/tech- • Désigner une organisation indépendante en tant que
niques à éviter le sexisme et à faire de l’exigence de mécanisme externe mettant à la disposition du public
l’égalité des genres une priorité dans leurs pratiques un forum auprès duquel exprimer critiques et récrimi-
professionnelles. nations concernant les contenus, en faisant en sorte
que le public ait connaissance de ce mécanisme.
• Le fait que le personnel professionnel, en particulier les
rédacteurs en chef, ait été sensibilisé aux politiques, • Listes de participation aux ateliers ventilées par genre.
aux codes d’éthique et aux guides/manuels de rédac-
tion tenant compte du genre et de la diversité, et qu’ils • Encourager le recours aux données ventilées par genre
les aient acceptés. dans le contenu médiatique.

• Le fait que le personnel de direction, en particulier les • Analyse des données et actions de suivi liées aux pro-
membres du conseil d’administration et les hauts diri- blèmes majeurs.
geants, aient été sensibilisés aux politiques, aux codes

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 43
Common Sense Media a élaboré des Lignes directrices sur l’égalité des genres à l’intention des créatrices et créateurs de
contenus – Recommandations pour développer des représentations positives sur les genres dans les films et à la télévision
à destination des 2-17 ans.
PETITE ENFANCE ENFANCE PRÉADOLESCENCE ADOLESCENCE
2-6 ans 7-10 ans 11-13 ans 14-17 ans
• Ils apprennent qu’ils sont des • Ils font des distinctions psycholo- • À la puberté, les changements • Diminution de la ségrégation
garçons ou des filles (identité giques entre les femmes (par ex. physiques créent des com- genrée.
de genre). plus émotives/affectueuses) plexes et des préoccupations • Les stéréotypes de genre s’assou-
• Ils apprennent des stéréotypes sur et les hommes (par ex. plus liées à l’apparence. plissent à nouveau.
les activités, les traits de caractère, ambitieux/agressifs). • Besoin accru de se conformer • Les idées sur les carrières, les
les jouets et les compétences • Ils apprennent à associer des aux normes culturelles liées métiers et le travail gagnent en
associés à chaque genre. métiers et des matières scolaires au genre (intensification importance ; elles peuvent reposer
Ce que • Ils acquièrent et affirment des à chaque genre. du genre) qui coïncide avec sur des stéréotypes de genre.
les enfants préférences pour des jeux et • Leurs propres stéréotypes de la puberté. • Au fur et à mesure des expé-
appren- des activités sexospécifiques. genre s’assouplissent. • L’intensification du genre en- riences amoureuses et sexuelles,
nent sur • Ils appliquent des stéréotypes • Renforcement de la ségrégation traîne un regain d’intolérance ils ressentent le besoin accru de
le genre rigides, autant à eux-mêmes liée au genre. aux manières d’être et compor- connaître les comportements
qu’à autrui ; ils ne tolèrent pas les tements non conformes au sexospécifiques attendus
transgressions des rôles liés au genre. dans les situations amoureuses
genre. • Inquiétudes sur la capacité à et sexuelles.
• Ils montrent une préférence avoir des relations amoureuses. • Les préoccupations physiques
pour les jeux avec des enfants du persistent.
même genre qu’eux (ségrégation
liée au genre).
•  Présenter des enfants avec • Montrer des modèles qui ont • Insister sur le fait que la • Montrer des garçons et des
différents attributs pour montrer des rôles et des comportements à valeur et le bonheur ne hommes qui expriment leurs
que le genre peut prendre des la fois féminins et masculins sans sont pas à trouver dans émotions de façon constructive,
formes variées. être tournés en dérision par les l’apparence (surtout pour les ont des intérêts variés (pas
• Montrer des représentations qui autres personnages (surtout pour personnages féminins) ou la seulement le sexe) et acceptent les
placent sur un pied d’égalité les les personnages masculins). force physique (surtout pour personnages non hétérosexuels.
filles et les garçons, ainsi que les •  Montrer des modèles qui ont les personnages masculins). • Montrer des personnages qui
caractéristiques et comporte- un rôle actif (qui se sont donné • Montrer des modèles qui s’écartent des stéréotypes raciaux
ments masculins et féminins. un objectif) déterminé par le ont des rendez-vous et des fondés sur le genre.
• Montrer des enfants qui contenu et le contexte et non relations amoureuses qui • Montrer des personnages
participent à de nombreuses par leur genre (surtout pour n’occultent pas leurs loisirs et adolescents qui ont des aspirations
activités, y compris des activités les personnages féminins). d’autres activités importantes. professionnelles non déterminées
qui déjouent les stéréotypes. • Montrer des modèles qui sont • Montrer des exemples de par les stéréotypes de genre
• Montrer des filles et des garçons expressifs (qui montrent des relations et d’amitiés positives, (des filles désirant devenir des
qui nourrissent des amitiés saines émotions et de la sensibilité) sur bienveillantes et épanouis- scientifiques et des garçons qui
et égalitaires. la base du contenu et du contexte santes entre les genres. veulent être infirmiers) et des
• Montrer des filles et des garçons et non de leur genre (surtout • Montrer des modèles qui personnages adultes qui sont
Objectifs de différentes origines, avec pour les personnages masculins). possèdent des manières accomplis et épanouis dans des
pour les une corpulence/un visage/des • Montrer des hommes et des d’être, des comportements professions traditionnelles et non
contenus cheveux/des vêtements variés. femmes adultes dans des métiers et un métier/des études à la traditionnelles.
média- • Utiliser une palette plus neutre traditionnels et non traditionnels, fois féminins et masculins • Montrer des scénarios de liaisons
tiques du point de vue du genre. notamment des femmes qui sans être tournés en dérision amoureuses qui ne reposent pas
• Utiliser des filtres, des techniques travaillent et des hommes qui par les autres personnages sur les stéréotypes de genre (les
de montage, des effets sonores prennent soin de leur famille. (surtout pour les personnages garçons font toujours le premier
et des musiques variés pour • Montrer des personnages fémi- masculins). pas, les filles sont passives et
éviter de cloisonner les genres. nins non sexualisés (par ex. avec • Montrer des personnages soumises).
un corps réaliste, des vêtements transgenres épanouis, qui • Montrer des scénarios sexuels où
variés, en évitant des signifiants vivent à la fois des hauts et le genre n’est pas déterminant
comme le rouge à lèvres, de longs des bas et qui sont acceptés dans le comportement des parte-
cils, un décolleté, des jambes et soutenus. naires et où les deux partenaires
d’une longueur irréaliste et des sont libres de leurs choix.
cheveux soignés à outrance, etc.) • Montrer des personnages féminins
et des personnages masculins qui fixent des limites en matière
non agressifs qui ne font pas de sexualité et qui n’ont pas peur
appel à la violence pour résoudre d’exprimer leurs besoins.
les problèmes. • Montrer des relations entre les
genres qui reposent sur l’amitié
et la confiance, sans composante
romantique ni sexuelle.

Source : https://www.commonsensemedia.org/sites/default/files/uploads/pdfs/2017_commonsense_watchinggender_
executivesummary_0620_1.pdf

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 44
Les médias et les TIC ne sont pas neutres du point de vue normes culturelles sur la capacité des femmes à accéder
du genre ; ils sont influencés par le contexte dans lequel à Internet et à l’utiliser.
ils opèrent. Le fossé entre les sexes est un défi majeur que
doit relever de toute urgence l’écosystème des médias Si les femmes ne sont pas impliquées davantage dans
et de l’Internet, qu’il s’agisse de la capacité des femmes l’élaboration des politiques relatives à l’Internet afin de
à accéder à Internet et aux autres technologies numé- mieux connaître leurs capacités et leurs besoins, il est
riques et à bénéficier des avantages qui en découlent, probable que les inégalités entre les sexes persisteront
ou de leur capacité à participer de manière constructive dans le domaine du numérique. Afin de réduire la fracture
aux processus multipartites. Dans beaucoup de pays, les numérique, il est nécessaire de développer et d’actualiser
femmes font face à de nombreux obstacles qui les em- les compétences en matière d’éducation aux médias et
pêchent d’accéder à Internet ou de l’utiliser, notamment : à l’information dans les programmes d’enseignement.
des obstacles «  concrets  » tels que le prix, ainsi que le Cela permettrait de renforcer les capacités des utilisa-
déploiement, la qualité et la disponibilité du réseau ; des teurs à définir, gérer, intégrer, communiquer, analyser
obstacles « analogues » tels que la disponibilité de conte- et créer les informations de manière sûre et appropriée,
nus pertinents ; des obstacles structurels en rapport avec ainsi qu’à y accéder, grâce aux technologies numériques
l’éducation et le niveau d’études, le manque de compé- et aux appareils connectés en réseau, afin qu’ils puissent
tences adéquates et de revenus suffisants, la situation participer à la vie économique et sociale. Les plateformes,
professionnelle, les conséquences de la violence en ligne les régulateurs, la société civile et les médias ont un rôle
et sexiste et l’existence de menaces  ; et plusieurs diffi- primordial à jouer dans la lutte contre la violence sexiste
cultés croisées telles que l’impact des stéréotypes et des en ligne.

Les principes et indicateurs DOAM de l’UNESCO

Les principes DOAM, qui reposent sur des normes internationales, font office de référence commune pour l’ap-
plication des principes de Droits de l’homme, d’Ouverture, d’Accessibilité et de Gouvernance Multipartite. Ces
principes, ainsi que leurs indicateurs complémentaires, viennent combler les lacunes en matière d’établissement
des normes au niveau national et mondial. Vis-à-vis d’Internet, cet instrument implique une approche straté-
gique fondée sur des données factuelles. Il illustre aussi à quel point la participation multipartite est précieuse
lors de la supervision d’études qui mettent à profit les indicateurs pour évaluer les espaces nationaux consacrés
à Internet et suggérer des améliorations aux différentes parties prenantes (gouvernements, entreprises, univer-
sités, société civile, communauté technique, etc.).

Pour en savoir plus, voir : https://fr.unesco.org/internetuniversality/indicators

Ressources : • Preventing Online Harassment and Promoting Freedom


• Indicateurs d’égalité des genres dans les médias, UNESCO : of Expression Draft IFJ Online Harassment Social
https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000231068 Media Policy (for media houses) : https://samsn.
ifj.org/wp-content/uploads/2017/03/IFJ_Online_
• Trousse d’apprentissage pour un journalisme éthique Harassment_Social_Media_Policy.pdf
dans le domaine du genre et des politiques au sein
des médias  : https://www.ifj.org/fileadmin/images/ • Gender in Media: A Southern Africa Toolkit : http://portal.
Gender/Gender_documents/Trousse-dapprentissage- unesco.org/en/files/47269/12650028681Gender_
volume-2.fr.pdf in_Media_Training_A_southern_African_Toolkit.pdf/
Gender%2Bin%2BMedia%2BTraining%2BA%2B
• Projet OnTheLine de l’International Press Institute  : southern%2BAfrican%2BToolkit.pdf
https://ipi.media/programmes/ontheline/

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 45
5.4 Formation conçues et adaptées aux spécificités du contexte profes-
sionnel, les formations qui aident les individus à devenir
La formation est une composante essentielle de tout des témoins actifs peuvent également être utiles. Ces
processus de changement et du perfectionnement formations permettent aux participant(e)s d’apprendre
professionnel continu. Il est essentiel que le personnel comment intervenir en cas d’interactions inappropriées
se familiarise avec les structures, politiques, directives ou comment mettre fin à de telles situations, et comment
et codes mis en place par l’organisation, en particulier approcher et soutenir les victimes.
leur contenu, leurs modalités d’accès et d’utilisation,
ainsi que les mécanismes de recours en cas de trans- Une étude mondiale révèle qu’il existe des ressources
gression. Les processus de changement, c’est-à-dire la de qualité visant à former les journalistes à produire des
vision à long terme à adopter pour transformer «  les contenus sous un angle tenant compte du genre, mais
cœurs et les esprits  », reposent très fortement sur les que les concepts qui y sont développés ne sont pas bien
personnes qui travaillent dans l’organisation et qui en compris lorsqu’ils sont traduits ou appliqués dans la
modifient la culture. Il convient donc d’aller plus loin pratique des médias (WACC et FIJ, 2012). Ces conclusions
que les formations types sur le harcèlement sexuel ou renforcent la nécessité de mettre en place un perfection-
la diversité, afin d’examiner les connaissances propres nement professionnel continu qui sorte des manuels et
des employé(e)s en matière de genre, de discrimination des formations à distance et en présentiel pour inclure
et de rapports de force, ainsi que leurs expériences, leurs des possibilités de rencontre en face à face, des activi-
préjugés (conscients ou inconscients) et la façon dont ces tés de mentorat, des dispositifs d’appui par les pairs et
derniers se manifestent dans leur vie quotidienne et pro- d’autres stratégies visant à améliorer et à développer la
fessionnelle. En permettant aux membres du personnel pratique. La formation n’est qu’une des composantes du
de se confronter de plus près et plus souvent au sexisme, processus de changement institutionnel. Ces formations
au racisme, à l’homophobie, au capacitisme et aux autres doivent s’inscrire dans un ensemble plus global de poli-
formes de préjugés et de discrimination qui existent tiques, protocoles, guides, codes et procédures éthiques
dans n’importe quelle société, les formations leur offrent en matière de genre ; un contexte de parité accrue entre
l’occasion de s’interroger sur eux-mêmes et d’envisager les sexes à tous les niveaux des effectifs et dans les ins-
les choses sous un angle nouveau qui devrait contribuer tances décisionnaires  ; et des processus de suivi et de
à améliorer leurs connaissances, leurs relations et leurs rétroaction permettant d’améliorer continuellement la
pratiques (Bezrukova, K et al., 2016). Lorsqu’elles sont bien pratique par la mise en application et l’expérience.

Formation des journalistes à l’égalité des genres (Géorgie)

ONU Femmes et l’UNFPA ont apporté leur soutien à des formations destinées aux journalistes sur « le traite-
ment attentif au genre et la couverture de la violence à l’égard des femmes dans les médias ». Ces formations
portaient sur le traitement médiatique non discriminatoire des violences à l’égard des femmes et des filles et
les compétences pour interviewer les victimes/survivantes et protéger leur identité, le tout avec un discours, un
vocabulaire et des sources adaptés. Les formations ont été suivies d’ateliers interactifs mobilisant la commu-
nauté. Des binômes de journalistes et de photographes étaient chargés de réaliser des reportages accompagnés
de photographies et d’autres documents visuels sur des questions liées à la violence à l’égard des femmes et
des filles. Ces reportages ont ensuite fait l’objet d’une installation spéciale et d’une exposition interactive lors
de la journée internationale des droits des femmes en 2014. En trois ans, les enjeux de l’égalité des genres sont
devenus une priorité pour les médias en Géorgie, notamment par l’intermédiaire de nouveaux programmes
abordant les droits des femmes et favorisant l’égalité des genres.

Pour en savoir plus, voir  : http://georgia.unwomen.org/en/news/stories/2014/05/stories-of-survivors-


portrayed-by-journalists-in-georgia et http://georgia.unfpa.org/en/news/sensitive-reporting-training-
georgian-journalists

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 46
Women’s Media Watch (Jamaïque)

Women’s Media Watch (WMW) Jamaïque s’efforce de donner une perspective de genre aux médias nationaux.
Créée en 1987, WMW mobilise les médias de façon inclusive pour relayer différents messages sur l’autonomisa-
tion des femmes et leur capacité à occuper des postes de direction. WMW reconnaît que les médias influencent
les valeurs, les représentations et les attentes sociales, un constat qui impose d’envisager une approche globale
pour lutter contre le problème des inégalités liées au genre. Par exemple, avec le soutien d’ONU Femmes, le
projet de formation PowHERhouse a donné à des jeunes femmes des compétences pour utiliser les médias afin
de transformer les normes liées au genre, faire la promotion stratégique de l’égalité des genres et se présenter
en tant que leaders. Ce projet remettait en cause les stéréotypes négatifs sur les femmes dans la société en met-
tant le pouvoir des médias au service des femmes, afin de les présenter comme des dirigeantes et des agentes
du changement.

Pour en savoir plus les stratégies et les réussites de WMW Jamaïque, voir : http://wmwja.org/

Ressources :

Tackling Unconscious Bias to Create Inclusive


 d’autres caractéristiques peuvent être davantage expo-
Business Environments  : https://www.unglobal sées au risque de violence, ou sont susceptibles de subir
compact.org/docs/issues_doc/development/Ta différemment cette violence. C’est également le cas des
ckle%20Unconscious%20Bias%20to%20Cre femmes exerçant des professions qui remettent en cause
ate%20Inclusive%20Business%20Environ les normes sociales, le statu quo et les rapports de force
ments.pdf qui ont cours dans la société, telles que les femmes poli-
tiques, les défenseuses des droits humains et les femmes
Formation des témoins à la lutte contre le har-
journalistes. Les niveaux élevés de violence en ligne que
cèlement sexuel  : https://www.ihollaback.org/
subissent régulièrement les femmes journalistes sont
trainings-and-presentations/
particulièrement inquiétants  : trolling, divulgation de

Formation sur les masculinités  : https:// données personnelles, diffusion non consentie d’images,
trainingcentre.unwomen.org/portal/produit/ traque en ligne et menaces personnelles et familiales. La
masculinities/?lang=fr violence à laquelle elles font face représente une violation
flagrante de leurs droits humains, entrave leur liberté de
Ressources de formation sur la diversité : http:// discours et d’expression  (principes de la démocratie et
www.prismdiversity.com/resources/diversity_ du pluralisme) et nuit gravement à leurs obligations et
training.html?Nav=EventsBtn aptitudes professionnelles.

5.5 La sécurité des femmes journalistes Les femmes journalistes sont exposées à des risques de
Dans tous les pays, les femmes de tous milieux risquent sécurité sexospécifiques tels que le harcèlement sexuel,
de subir et subissent diverses formes de violence. Ainsi, la violence sexuelle et les menaces de violence (FIJ, 2017 ;
une femme sur trois dans le monde a subi une forme ou IWMF, 2018). Des études récentes montrent que les
une autre de violence physique ou sexuelle au cours de femmes journalistes sont particulièrement touchées par le
sa vie  (hors harcèlement sexuel)  (OMS, London School cyberharcèlement (Reporters sans frontières, 2018 ; OSCE,
of Hygiene and Tropical Medicine et South African 2016). D’après une analyse portant sur les 70 millions de
Medical Research Council, 2013). Les femmes exposées commentaires enregistrés par The Guardian entre 1999 et
à des formes multiples de discrimination fondée sur 2016, sur les dix journalistes ayant fait l’objet des atteintes
leur origine ethnique, leur handicap, leur état civil  (par les plus graves, huit étaient des femmes et les deux autres
exemple, femmes migrantes), leur orientation sexuelle et étaient des hommes noirs (The Guardian, 2016).

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 47
Projet OnTheLine de l’International Press Institute (IPI)

L’IPI est un réseau mondial de rédacteurs, journalistes et responsables de médias qui se sont donné pour mission
de soutenir le journalisme indépendant de qualité. Ils font ainsi la promotion de conditions qui permettent aux
journalistes d’assumer librement leurs tâches d’intérêt public, sans peur de représailles.

Lancée par l’IPI, l’initiative OnTheLine cherche à révéler et à éliminer de nombreuses entraves à la liberté de la
presse et d’expression dans la sphère des médias numériques, par exemple sur Twitter, Facebook et d’autres
plateformes, et par courriel. L’initiative surveille :

• les menaces de violence, notamment les menaces de mort ou d’autres violences ;


• les comportements abusifs, notamment le harcèlement sexuel ou d’autres formes de harcèlement, la traque
obsessive sur Internet, les campagnes de dénigrement, la publication de contenus diffamatoires ou de fausses
informations, ou tout comportement analogue ;
• l’interférence technique, comme l’utilisation de logiciels malveillants ou d’autres moyens d’attaquer le conte-
nu publié ou la capacité à y accéder, ou le piratage de comptes ou d’informations personnelles ;
• des menaces juridiques indues, comme des menaces de poursuites civiles ou pénales, ou des demandes de
retrait infondées.

Cette initiative possède une base de données de cybermenaces et a publié plusieurs rapports au niveau mondial
et national.

Pour plus d’informations et pour accéder aux ressources, voir : https://ipi.media/programmes/ontheline/

Le harcèlement des femmes journalistes se manifeste • Deux tiers n’ont pas déposé de plainte officielle.
souvent par des attaques personnelles qui ne visent pas
le contenu traité par la journaliste, mais la personnalité • Parmi celles ayant déposé plainte, 84,8  %  pensent
ou le physique de cette dernière. Dans les cas extrêmes, qu’aucune mesure adéquate n’a été prise contre les au-
le harcèlement peut aller jusqu’à des menaces de vio- teurs. 12,3 % seulement se disent satisfaites des suites
lence sexuelle  (OSCE, 2016). Dans un rapport publié en données à leur plainte.
2018 par TrollBusters et l’International Women’s Media
Foundation, une enquête menée auprès de 597  femmes • 26  %  seulement des entreprises disposent d’une po-
journalistes et professionnelles des médias a révélé que litique couvrant la violence sexiste et le harcèlement
près de deux femmes interrogées sur trois avaient déjà été sexuel.
menacées ou harcelées en ligne au moins une fois. Parmi
elles, environ 40  % ont déclaré éviter certains sujets en Pour assurer la sécurité et la protection des journalistes,
raison des risques de cyberharcèlement. Parmi les femmes le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des
journalistes interrogées, 58  % ont affirmé avoir déjà été Nations  Unies pour la coordination  a approuvé en
menacées ou harcelées en personne, et 26 % ont indiqué 2012 le tout premier Plan d’action des Nations Unies sur
avoir fait l’objet d’attaques physiques (IWMF, 2018). la sécurité des journalistes et la question de l’impunité5.
Piloté par l’UNESCO, ce Plan d’action vise à créer un
Un rapport de 2017 portant sur des journalistes de 50 pays environnement libre et sûr pour les journalistes et les
a révélé les chiffres suivants (FIJ, 2017) : professionnel(le)s des médias, tant en situation de paix
que de conflit, à la fois en ligne et hors ligne, en vue de
• 48  % des femmes ont subi des violences sexistes sur renforcer la paix, la démocratie et le développement dans
leur lieu de travail. le monde. Il prévoit, entre autres, les mesures suivantes :

• 44 % ont été victimes de cyberviolence. 5 Voir : https://en.unesco.org/un-plan-action-safety-journalists

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 48
mise en place d’un mécanisme interorganisations • Les États membres doivent « mettre en place des me-
coordonné permettant de traiter les questions liées à sures d’égalité des genres qui [n’]empêchent pas [les
la sécurité des journalistes  ; aide aux gouvernements femmes journalistes] d’accomplir leur tâche de journa-
pour l’élaboration de lois et de dispositifs favorisant listes, mais renforcent leur sécurité et leur permettent
la liberté d’expression et d’information  ; et appui aux d’exercer pleinement leur métier » ;
efforts déployés par ces derniers afin de mettre en
œuvre les règles et principes en vigueur à l’échelle in- • Les acteurs des médias doivent «  renforcer une poli-
ternationale. Une consultation menée en 2017 afin de tique d’égalité entre les genres au sein des institutions
renforcer la mise en œuvre du Plan d’action incluait médiatiques, et lutter contre les obstacles sociaux,
des recommandations supplémentaires adressées aux culturels et autres à l’égalité entre les hommes et les
différentes parties prenantes. Le Plan souligne la né- femmes journalistes » ;
cessité d’adopter une approche sensible aux questions
de genre ; la stratégie de mise en œuvre inclut diverses • Les milieux académiques doivent poursuivre leurs re-
initiatives destinées à protéger les femmes journalistes. cherches sur les dimensions de la sécurité propres au
Le Document final de la consultation de 2017 appelle genre.
notamment les États membres à «  prendre des me-
sures contre la discrimination et la violence visant les En outre, dans son rapport de  2017 sur la sécurité des
femmes journalistes, y compris la violence sexuelle, en journalistes présenté à l’occasion de l’Assemblée géné-
ligne et hors ligne, et prévoir des actions de formation rale des Nations  Unies, le Secrétaire général de l’ONU
et de sensibilisation  » sur ces questions. Par ailleurs, mettait l’accent sur la sécurité des femmes journalistes,
il encourage les différentes parties prenantes à agir illustrant l’intérêt croissant porté aux dimensions de la
comme suit (UNESCO, 2017) : sécurité propres au genre (ONU, 2017).

Sécurité des femmes journalistes dans l’Organisation pour la sécurité et la coopération


en Europe (OSCE)

Le Représentant pour la liberté des médias est une institution indépendante de l’OSCE basée à Vienne (Autriche).
Ses activités consistent notamment à observer l’évolution de la situation des médias dans le cadre d’une fonction
d’alerte précoce et à aider les États participants à se conformer à leurs engagements en matière de liberté d’ex-
pression et de liberté des médias. Pour les États membres de l’OSCE, la liberté d’expression est un droit humain
fondamental et reconnu à l’échelle internationale, ainsi que l’un des piliers d’une société démocratique (société
ouverte dotée d’un gouvernement responsable). Le représentant s’attache à observer l’évolution des médias
au sein des États participants de même qu’à défendre et promouvoir la pleine conformité avec les principes et
engagements de l’organisation en matière de liberté d’expression et de liberté des médias.

Au titre de ce mandat, l’OSCE gère une initiative visant à prendre des mesures pour la « sécurité des femmes
journalistes en ligne ». À la suite d’un questionnaire destiné à ses membres, d’une réunion d’experts et de confé-
rences, les recommandations suivantes ont été formulées (OSCE, 2015) :

Les États participants doivent : reconnaître que les menaces et toutes les autres formes de violence en ligne
à l’égard de femmes journalistes et d’actrices des médias constituent une attaque directe contre la liberté
d’expression et la liberté des médias ; renforcer la capacité des organismes chargés de l’application de la loi à
comprendre les normes internationales relatives aux droits humains afin qu’ils puissent identifier les réelles
menaces à la sécurité et protéger les individus en danger – y compris en donnant accès à des outils et à des
formations portant sur des questions techniques et juridiques ; s’abstenir d’adopter de nouvelles lois pénales
pouvant museler la liberté d’expression, et leur préférer l’application des lois existantes qui sont conformes aux
normes internationales relatives aux droits humains ;mandater et appuyer la collecte et l’analyse de données
relatives aux violences en ligne et à leurs conséquences, avec notamment la création d’une base de données

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 49
consignant des cas spécifiques et les mesures prises par les organismes chargés de l’application de la loi ; et
créer un réseau de groupes de travail avec les États participants, les organisations internationales, les médias,
la société civile et les intermédiaires de l’Internet en vue de mettre au point des supports pédagogiques et des
campagnes de sensibilisation, et de créer des structures de dialogue efficaces.

Les organisations de médias doivent : adopter des principes directeurs s’appliquant à l’ensemble du domaine et
relatifs à l’identification et au suivi des violences en ligne ; s’assurer que les journalistes victimes de violences en
ligne, qu’elles soient indépendantes ou salariées, ont accès à un système complet de soutien, notamment à une
assistance psychosociale et juridique ; instaurer une culture d’entreprise promouvant l’égalité entre les sexes
et la tolérance zéro face aux menaces et au harcèlement envers des membres du personnel ; mettre sur pied
des procédures claires et transparentes en matière de modération de contenu, dont l’objectif est de protéger le
droit à la liberté d’expression, assorties d’une formation adéquate des membres du personnel concernés, tout
en s’assurant que les membres du personnel masculin et féminin sont impliqués à parts égales ; et travailler aux
côtés d’autres organisations et associations de médias en vue de créer des systèmes de soutien, notamment des
programmes de formation et de parrainage, destinés aux femmes journalistes et actrices des médias.

Les intermédiaires et plateformes de réseaux sociaux doivent : informer correctement à propos des conditions
de service, lignes directrices et meilleures pratiques visant à assurer un espace sécurisé pour l’ensemble des
utilisateurs ; s’assurer que les conditions de services, les lignes directrices de la communauté et les informations
relatives à leur bonne application sont proportionnées, adaptées, claires, compréhensibles et facilement acces-
sibles par l’ensemble des utilisateurs ; informer les utilisateurs au sujet des meilleures pratiques de sécurité en
ligne et des solutions techniques pour dénoncer au mieux les contenus abusifs ; s’impliquer dans le renforce-
ment des capacités aux côtés des organisations de la société civile en matière de contre-discours en réponse aux
contenus abusifs ; et recueillir des données et des statistiques sur les violences en ligne pour faciliter l’étude plus
globale des violences en ligne envers les femmes journalistes et les actrices des médias.

Pour en savoir plus, voir  : http://www.osce.org/representative-on-freedom-of-media/safety-female-


journalists-online

Ressources : Organisation pour la sécurité et la coopération en


Europe, Safety of Female Journalists Online : https://
Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des
 www.osce.org/representative-on-freedom-
journalistes et la question de l’impunité  : https:// of-media/safety-female-journalists-online
en.unesco.org/sites/default /files/un-plan-
on-safety-journalists_fr.pdf Acting on UN Human Rights Council Resolution 33/2

on the Safety of Journalists (Article 19)  : https://
Renforcement de la mise en œuvre du Plan d’action
 www.article19.org/wp-content/uploads/2017/11/
des Nations Unies sur la sécurité des journalistes safety_of_journalists_WEB_23.10.pdf
et la question de l’impunité  : https://en.unesco.
org/sites/default/files/document_final_de_la_ Association internationale des femmes de radio et
consultation.pdf télévision (IAWRT), What If...? – Safety Handbook for
Women Journalists  : http://www.iawrt.org/sites/

Page consacrée au Plan d’action et ressources default/files/field/pdf/2017/11/IAWRT%20Safety%
connexes : http://www.unesco.org/new/en/comm 20Manual.Download.10112017.pdf
unication-and-information/freedom-of-ex
pression/safety-of-journalists/un-plan-of-action/ PEN America, Online Harassment Field Manual :
https://onlineharassmentfieldmanual.pen.org

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 50
La sécurité des femmes journalistes (UNESCO)

En tant qu’organisation responsable de la mise en œuvre du Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des
journalistes et la question de l'impunité, et en tant qu’organisation ayant fait de l’égalité des genres une priorité
globale, l’UNESCO mène à bien différents projets visant à renforcer la sécurité des femmes journalistes.

Renforcement des capacités et principes de sécurité à l’intention des femmes journalistes

L’UNESCO a soutenu la publication de l’Association internationale des femmes de radio et télévision (IAWRT)


intitulée « What if...? Safety Handbook for Women Journalists » (« Et si... ? Manuel pour la sécurité des femmes
journalistes », 2017), et rédigée par la journaliste égyptienne Abeer Saady. Ce manuel donne des conseils pratiques
aux femmes journalistes sur la manière de minimiser les risques lors de reportages sensibles ou dangereux. La
principale force de l’ouvrage est le recueil des expériences de nombreuses femmes journalistes ayant travaillé
dans des zones de conflits ou sortant de conflits. Le manuel insiste sur l’importance de la sécurité physique,
psychosociale et numérique.

Le support de formation sur la sécurité des femmes journalistes a été enrichi grâce à la mise à jour de la version
2017 de l’ouvrage Guide pratique de sécurité des journalistes : manuel pour reporters en zones à risque, rédigé par
Reporters sans frontière de concert avec l’UNESCO, qui accorde un intérêt particulier aux menaces sexistes en
et hors ligne.

L’UNESCO déploiera également un certain nombre d’activités de formation dont l’objectif sera de renforcer les
capacités des femmes journalistes à se prémunir du harcèlement et à réagir face à ces conduites abusives. En vue
de motiver et cristalliser le changement au niveau institutionnel, l’UNESCO procédera également à des forma-
tions de renforcement des capacités destinées aux responsables des médias, qui sensibiliseront les participants
à la question et les encourageront à mettre en place des protocoles de sécurité spécifiques au harcèlement
sexiste à l’égard des femmes journalistes.

#JournalistsToo – Les femmes journalistes brisent le silence

Afin de sensibiliser au harcèlement sexiste subi par les femmes journalistes en et hors ligne et montrer com-
ment ces personnes, partout dans le monde, résistent et luttent contre les menaces et les abus, l’UNESCO publie
un recueil de témoignages personnels de femmes journalistes ayant été victimes de harcèlement ou de violence
sexiste. Cette publication met en lumière les formes diverses et variées des menaces en et hors ligne ainsi que
la résilience des femmes journalistes et leurs tactiques au moment de mettre en place des contre-initiatives.

L’étude de l’UNESCO sur les mécanismes de lutte contre le harcèlement en ligne des femmes journalistes

L’UNESCO a lancé un projet de recherche sur les initiatives efficaces de lutte contre le harcèlement en ligne
des femmes journalistes, destiné à formuler des recommandations concrètes aux différents groupes de par-
ties prenantes, notamment les organisations de médias, les plateformes de réseaux sociaux, les associations
professionnelles et les autorités nationales, y compris le système judiciaire. Ce projet s'est déroulé tout au long
de l’année 2019 et est assorti de consultations multipartites pour entendre les contributions et retours des diffé-
rents acteurs. La première consultation et la séance de lancement ont eu lieu en février 2019 à l’occasion d’une
conférence de l’OSCE sur la sécurité des femmes journalistes en ligne (#SOFJO).

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 51
Ressources :
Acting on UN Human Rights Council Resolution 33/2


Page consacrée au Plan d’action et ressources on the Safety of Journalists (Article 19)  : https://
connexes : http://www.unesco.org/new/en/comm www.article19.org/wp-content/uploads/2017/11/
u n i c a t i o n - a n d - i n f o r m a t i o n / f r e e d o m - o f- safety_of_journalists_WEB_23.10.pdf
expression/safety-of-journalists/un-plan-of-
action/ Association internationale des femmes de radio
et télévision (IAWRT), What If...? – Safety Handbook
Renforcement de la mise en œuvre du Plan d’action
 for Women Journalists  : http://www.iawrt.org/
des Nations Unies sur la sécurité des journalistes sites/default/files/field/pdf/2017/11/IAWRT%20
et la question de l’impunité  : https://en.unesco. Safety%20Manual.Download.10112017.pdf
org/sites/default/files/document_final_de_la_
consultation.pdf PEN America, Online Harassment Field Manual :
https://onlineharassmentfieldmanual.pen.org/

Organisation pour la sécurité et la coopération
en Europe, Safety of Female Journalists Online :
https://www.osce.org/representative-on-free
dom-of-media/safety-female-journalists-online

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 52
6. PARTICIPATION À
LA TRANSFORMATION
DES NORMES SOCIALES
Vue d’ensemble
Prévenir la violence contre les femmes et les filles exige une approche coordonnée des différents
segments de la société. La prévention repose sur des stratégies multiples et complémentaires qui
touchent les personnes dans l’environnement où elles vivent, travaillent, apprennent et jouent, ainsi
que les communautés et la société au sens large. Les données probantes disponibles montrent qu’il
existe une variété de caractéristiques et de situations individuelles, communautaires et sociétales
qui peuvent accroître ou diminuer les risques de violence envers les filles et les femmes, notam-
ment des lois et politiques discriminatoires à l’égard des femmes et des filles, des relations de pou-
voir inégales entre les femmes et les hommes, ainsi que des normes sociales, des comportements
et des attitudes contribuant à la discrimination et à l’inégalité. Le Cadre des Nations Unies pour
appuyer les mesures de prévention de la violence à l’égard des femmes rassemble ces données
et définit une approche globale visant à prévenir la violence grâce à l’élaboration d’interventions
portant sur les cultures, les structures et les pratiques organisationnelles, ainsi que d’interventions
ciblant un large éventail de personnes et d’organisations aux niveaux local, régional et national.
Le cadre recommande l’utilisation de divers points d’entrée pour transformer les normes sociales,
notamment par les médias et la culture populaire (ONU Femmes, 2015).

Les médias sont à la fois un reflet et un facteur impor- et isolés. Au contraire, ils doivent être replacés dans un
tant des normes prédominantes et, dans une certaine contexte plus large expliquant les facteurs qui favorisent
mesure, des valeurs d’une société donnée. Leur influence la violence à l’égard des filles et des femmes dans une telle
et leur portée en font un point d’entrée essentiel pour ampleur. Ce travail consiste à « réécrire le scénario » afin
promouvoir avec détermination les idées d’égalité, de de véhiculer des récits qui défendent l’égalité, les droits
non-discrimination et de non-violence. Pour déconstruire des femmes, la non-discrimination et la tolérance zéro à
les normes néfastes qui sous-tendent la violence et encou- l’égard de toute forme de violence.
rager des normes prosociales ou positives, il est nécessaire
de s’attaquer aux attitudes, croyances, pratiques et com-
Stéréotypes
portements qui contribuent chaque jour à renforcer les
stéréotypes et les rôles traditionnellement liés au genre et Le sexisme et les autres stéréotypes font le lit de la discrimi-
discriminatoires à l’égard des filles et des femmes. Cette nation. Les stéréotypes sont dangereux lorsqu’ils entraînent
démarche exige de remettre en question les notions de une ou plusieurs violations des droits humains et des
masculinité et de féminité, les rapports de force entre les libertés fondamentales, et lorsqu’ils limitent la capacité
femmes et les hommes et entre les filles et les garçons, des femmes et des hommes à développer leurs aptitudes
ainsi que les hiérarchies de privilèges fondés sur l’identi- personnelles, à poursuivre leur carrière professionnelle et à
té de genre, l’origine ethnique, la religion ou toute autre décider de leur vie et de leurs projets de vie. Les stéréotypes
caractéristique. Par ailleurs, il convient de présenter le néfastes peuvent être explicitement hostiles/négatifs (par
problème comme un phénomène social. Autrement dit, exemple les femmes sont irrationnelles, faibles, etc.) ou
les cas individuels de violence ne peuvent pas être trai- sembler inoffensifs (par exemple, les femmes sont protec-
tés dans les médias comme des incidents indépendants trices, sociables, etc.) mais perpétuer involontairement des

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 53
idées discriminatoires. Par exemple, le fait que l’éducation dans les cas de violence sexiste, les stéréotypes de genre et
des enfants repose souvent de manière disproportionnée, les notions et croyances préconçues sur le comportement
voire totalement, sur les femmes se fonde sur le stéréotype des femmes conduisent à blâmer les victimes plutôt qu’à
qui voudrait que celles-ci soient plus protectrices. Même demander aux auteurs de rendre des comptes.

Un cadre de prévention de la violence faite aux femmes

La violence et la menace de violence à l’égard des femmes, y compris celles qui font l’expérience de formes multiples et intersectionnelles
de discrimination. Cette violence est une forme de discrimination contre les femmes et les empêche partiellement ou totalement de
1.
jouir de leurs droits humains et de leurs libertés fondamentales. Elle constitue par ailleurs un frein aux objectifs des États en matière
Problème
de développement et de réduction de la pauvreté. Les enfants, les communautés et l’ensemble de la société sont affectés par ses
conséquences sur la santé et dans les domaines social et économique.

1. Les structures individuelles, relationnelles, communautaires, organisationnelles et sociétales, la législation et les politiques, les pratiques
et les normes sociales qui :
2.
Obstacles à lever a) renforcent les inégalités liées au genre qui se manifestent sous la forme suivante :
pour éradiquer • discrimination à l’égard des femmes, inégalités liées au genre dans l’accès au pouvoir et aux ressources dans la vie publique et privée ;
le problème • constructions nuisibles de la masculinité (par exemple, le sentiment d’avoir certains droits, l’agressivité, la domination) et de la féminité
(par exemple, la subordination, la sexualisation, l’objectification) ;
• rôles liés au genre basés sur des stéréotypes ; et
• entre-soi masculin aux conséquences négatives et faible solidarité entre femmes et filles.
b) cautionnent, tolèrent, et/ou perpétuent la violence faite aux femmes, ou lui associent une image positive.

2. L’exposition à la violence au sein de la famille, de l’entourage, des organisations et des institutions.

3. Les autres situations en lien avec et à l’intersection des inégalités liées au genre et qui accroissent les probabilités d’apparition de
violence dirigée contre les femmes (par exemple, la pauvreté, l’abus d’alcool).

• Engagement de l’État en faveur de l’égalité des genres, • Fort leadership des États, hausse des financements et du soutien
responsabilité en cas de violence et prévention. à la société civile et en particulier aux organisations de femmes,
3. • Identification de la violence faite aux femmes en tant que violation et implication d’autres institutions non gouvernementales et du
Bases des droits humains, et prise de conscience de l’étendue, des secteur privé.
nécessaires à conséquences et des causes de cette violence et du rôle de la • Systèmes de suivi et d’évaluation, de création d’une base de
la prévention prévention. connaissances et de partage des apprentissages.
• Collaborations et partenariats transversaux. • Établissement de liens entre les systèmes d’intervention et de
• Ressources adéquates (répartition des budgets et des ressources prévention afin d’assurer une approche globale et cohérente.
humaines et renforcement des capacités pour lutter contre la • Législation forte interdisant la violence faite aux femmes et mise
violence faite aux femmes). en œuvre par un système juridique accessible et efficace.
• Outils, connaissances et compétences en appui à la prévention.
• Mécanismes multisectoriels de planification et de coordination
aux niveaux institutionnel, national et local.

• Adoption et application de lois, de politiques et de réformes • Formation et développement professionnels afin de renforcer les
organisationnelles et institutionnelles afin de promouvoir et de compétences permettant de mener des actions de prévention de la
4. protéger les droits fondamentaux de toutes les femmes et filles, violence faite aux femmes.
Actions de de promouvoir l’égalité des genres, d’assurer une responsabilité • Développement du leadership des femmes, des filles et des
prévention de la en cas de violence et d’interdire toute forme de violence faite hommes et garçons non violents dans les communautés et les
violence faite aux aux femmes. organisations.
femmes auprès • Actions de plaidoyer afin de renforcer l’engagement des • Autonomisation économique, sociale et politique afin de développer
des individus, des organisations, des institutions et des communautés pour prévenir les compétences et les ressources personnelles des femmes et
communautés, la violence faite aux femmes et afin de garantir que les États des filles et de transformer les relations entre hommes et femmes.
des organisations respectent leurs obligations en matière de prévention de la • Développement des compétences individuelles pour mener des
et des violence faite aux femmes. actions de prévention de la violence faite aux femmes, mettre
institutions, • Éducation formelle et non formelle afin de renforcer les normes en œuvre une parentalité positive, instaurer des relations
et au niveau sociales combattant les inégalités, la discrimination, le manque de respectueuses et permettre des constructions positives des
des structures respect et la violence. masculinités et des féminités.
sociétales, au • Mobilisation et implication des communautés, des États, des • Atténuation des conséquences d’une exposition antérieure à
travers d’une organisations non gouvernementales et du secteur privé afin de la violence.
approche renforcer les structures, les cultures et les pratiques soutenant • Collaboration avec d’autres organisations participant à la définition
coordonnée et l’égalité des genres et la non-violence. des politiques afin de traiter de problématiques d’intérêt commun
multisectorielle • Implication des médias dans la prévention, notamment par la (par exemple, la prévention du VIH, les réformes constitutionnelles,
représentation de relations respectueuses et égalitaires entre l’autonomisation économique).
femmes et hommes.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 54
Cibler des personnes traversant des étapes de vie Cibler des groupes de la population :
5. et des transitions importantes :
Optimisation de • L’ensemble de la population : afin de renforcer des normes et
la prévention au • Les enfants et les familles : afin de promouvoir l’égalité des pratiques sociales équitables et non violentes.
travers d’actions genres, d’atténuer les effets d’une exposition à la violence lors • Les femmes et les filles : afin de soutenir leur autonomisation et
opportunes et de l’enfance et d’apporter un soutien lors de phases importantes de promouvoir des constructions de la féminité mettant l’accent
personnalisées de transition (par exemple, la parentalité, le divorce). sur l’indépendance et le pouvoir.
ciblant des • Les jeunes : afin de soutenir le développement de constructions • Les hommes et les garçons : afin de promouvoir des rôles et des
groupes, des positives des masculinités et des féminités et de relations constructions de la masculinité non violents et non dominants
étapes de vie et respectueuses et égalitaires. ainsi que des relations basées sur l’égalité et le respect.
des transitions, • Les communautés qui connaissent des évolutions rapides dans • Les groupes spécifiques touchés par des formes multiples de
mais aussi des les rôles assignés à chaque genre en raison de changements discrimination.
normes, des économiques ou sociaux ou de migrations.
structures et
des pratiques qui
les influencent

Secteurs et institutions : Cadres :

6. • Gouvernements centraux et corps législatif • Réseaux communautaires, organisations et institutions, y


Maximiser • Autorités et collectivités locales compris les organisations confessionnelles.
les effets en • Écoles et secteur éducatif • Organisations participant à la définition de pratiques et de
utilisant des • Secteur de la santé politiques traitant de problématiques d’intérêt commun (par
points d’entrée • Secteur des services sociaux exemple, des programmes de réduction de la pauvreté, de la
multiples • Secteur du droit et de la justice prévention du sida et du VIH, de la santé sexuelle et reproductive).
• Médias, culture populaire et technologies de l’information • Organisations/situations qui influencent les normes et les
et de la communication pratiques parmi les personnes touchées par des formes multiples
• Lieux de travail et industries de discrimination et les normes et les pratiques à leur égard.
• Transports et infrastructures physiques • Milieux majoritairement masculins (par exemple, certains sports,
l’armée, la police, les fraternités des universités).
• Milieux des sports et des loisirs et milieux artistiques.

Résultats attendus des étapes fondatrices : Résultats attendus de la mise en œuvre :

7. • Une hausse de la reconnaissance de la violence faite aux femmes • Abrogation de la législation discriminatoire et mise en œuvre de
Résultats en tant que violation des droits fondamentaux à la fois répandue, politiques d’égalité des genres.
attendus sur évitable, grave et inacceptable. • Mise en place et application de sanctions sévères, formelles ou
le court terme • Le respect par les États de leurs obligations internationales en informelles, à l’égard des actes violents et irrespectueux.
(conditions matière de prévention de la violence faite aux femmes. • Renforcement de la solidarité entre femmes et filles, en
nécessaires sur • Implication d’un ensemble de secteurs dans la planification, particulier celles se trouvant en situation d’isolement social.
le court terme la mise en œuvre, la coordination, le suivi et l’évaluation de la • Hausse des représentations positives des masculinités et des
pour garantir des prévention, dans la constitution d’une base de connaissances et féminités basées sur des relations égalitaires et respectueuses
effets sur le long dans le partage d’expérience. entre les femmes et les hommes, et couverture responsable de la
terme) • Soutien actif à la prévention et réponses aux réactions violence dans les médias et la culture populaire.
négatives de la part des groupes de la société civile, notamment • Revalorisation des rôles des femmes et des filles.
les organisations indépendantes de femmes/filles et les • Distribution plus équitable des ressources et du pouvoir entre
organisations qui promeuvent la participation des hommes et les hommes et les femmes, à la fois dans les sphères publique
des garçons dans l’avancement de l’égalité des genres. et privée, et davantage de fluidité dans les rôles liés au genre et
• Institutions nationales de défense des droits humains. dans l’expression de la masculinité et de la féminité.
• Soutien apporté à la prévention par les dirigeants de tous les • Amélioration des connaissances et des compétences de
secteurs. chacun(e) afin de prévenir la violence faite aux femmes et de
• Expertise et compétences renforcées dans le domaine de la renforcer l’égalité des genres dans la vie publique et privée.
planification, de la coordination et de la mise en œuvre de la • Identification des individus ayant été exposés à la violence et
prévention. mise à leur disposition de dispositifs de soutien afin de les aider
• Développement d’outils et de ressources pour soutenir la à en atténuer les effets.
prévention. • Renforcement de la coopération avec les personnes ou les
• Systèmes d’intervention et de prévention permettant des actions organisations traitant de problématiques se recoupant avec celle
et une communication cohérentes. de la violence (par exemple, l’abus d’alcool, la pauvreté).
• Renforcement de l’implication et des capacités des organisations
gouvernementales, non gouvernementales et du secteur privé
pour mener des activités de prévention de la violence faite aux
femmes, y compris en leur sein.

• Réduction de la violence faite aux femmes, y compris la violence • Réduction des coûts liés à la violence contre les femmes.
faite aux femmes touchées par des discriminations multiples. • Davantage d’égalité, notamment en matière d’autonomisation
8. • Baisse de l’acceptation de la violence contre les femmes parmi économique et politique des femmes et des filles.
Résultats les femmes et les hommes et amélioration globale des normes • Baisse de la violence contre les enfants.
attendus sur le d’égalité (dont d’égalité entre les genres). • Amélioration des capacités des institutions, des organisations,
plus long terme • Sentiment de sécurité accru pour les femmes et les filles. des communautés et des États à atteindre des objectifs
• Réductions des charges de santé liées à la violence contre les relatifs à l’égalité des genres, aux droits fondamentaux et au
femmes. développement économique et humain.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 55
Illustrations des stéréotypes de genre et des rôles discriminatoires fondés sur le genre

• Les hommes sont forts, insensibles, agressifs et censés masquer ou annihiler toute vulnérabilité émotion-
nelle – la culture de l’impassibilité.
• Les hommes sont dominants dans le cercle familial, dans la sphère intime et les contextes sociaux en présence
de femmes.

• Les hommes amorcent les rapports sexuels ou ont droit aux rapports sexuels avec des femmes. Certains
groupes d’hommes au sein de groupes minoritaires sont plus violents sexuellement et exercent davantage de
contrôle sur autrui (en fonction, par exemple, du niveau de revenus, de la région, de l’origine ethnique, et/ou
de l’appartenance religieuse).

• Culture d’acceptation ou de blâme de la victime dans les cas de viol, en particulier lorsque la personne
survivante est caractérisée par les formules « a bu de l’alcool », «portait des vêtements jugés provocants »,
« marchait seule de nuit », ou « encourageait » l’agresseur.

• Le statut social et la réputation des hommes sont tributaires de la loyauté, de l’obéissance et de la fidélité de leur
femme, de leurs enfants et de leurs frères et sœurs, ce qui, dans le cas contraire, peut justifier un recours à la violence.

• Les hommes sont considérés comme efféminés et faibles s’ils sont favorables à l’égalité des genres ou sou-
tiennent les mouvements féministes.

• Les notions de féminité sont basées sur la passivité, la vulnérabilité, la pureté et l’hétérosexualité.

• Les femmes qui font valoir et défendent l’égalité des droits ou dénoncent les abus en la matière ont un com-
portement antiféminin et misandre.

• Les femmes lesbiennes, bisexuelles, transgenres sont en dehors de la « norme » féminine et ont besoin de
surveillance/correction.

• Certains groupes minoritaires de femmes sont intrinsèquement plus disponibles ou « ouvertes » sexuellement.

• Les familles et les personnes âgées sont autorisées à exercer un contrôle plus strict sur le comportement des
filles et des femmes que sur celui des garçons et des hommes, et peuvent prendre des décisions en matière de
mariage, de fréquentations amoureuses, et d’autres aspects de la vie sociale des femmes et des filles.

• Les femmes sont des individus hypersexualisés, et leur corps est destiné au plaisir et au spectacle des hommes.

• Le principe des deux poids, deux mesures prévaut concernant la nudité :


- Censure des corps féminins considérés comme sexualisés et indécents par rapport à celui des hommes, en
particulier sur les réseaux sociaux et les plateformes en ligne.
- Le corps des femmes est supposé répondre à des canons de beauté tout en étant considéré comme obscène
dans son état naturel (à savoir, pendant les menstruations, avec des poils, lors de l’allaitement, dans sa
diversité de formes corporelles et de couleurs de peau).

• Les tenues vestimentaires des femmes et des filles sont surveillées et une idée selon laquelle certains modèles
de robes distraient les hommes et les garçons prédomine.

• Les personnes survivantes à des violences sexuelles sont accusées et/ou stigmatisées et humiliées, et les
femmes et les filles dénonçant des violences sexuelles sont qualifiées de débauchées, de menteuses et d’agui-
cheuses envers les agresseurs.

• Les hommes sont considérés comme les soutiens financiers et les femmes comme les personnes aimantes et
responsables du foyer.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 56
Une enquête réalisée par Ipsos et The Female Quotient Une enquête (Unstereotype Alliance, 2018) menée en 2018
auprès de femmes et d’hommes de 28  pays a révélé les auprès de 1  000  femmes en Afrique du Sud, au Brésil et
chiffres suivants (Unstereotype Alliance, 2018) : en Inde a examiné les questions de genre avec d’autres
facteurs tendant à aggraver la discrimination fondée sur
• 72 % des personnes interrogées pensent que la plupart le sexe  : origine ethnique, classe sociale, langue, niveau
des publicités ne reflètent pas le monde qui les entoure. d’éducation, apparence physique et sexualité. En Afrique
du Sud, 66  % des femmes noires célibataires estiment
• 63 % disent ne pas se sentir représentées dans la plu- que la société attend d’elles qu’elles soient féminines, dé-
part des publicités. vouées et obéissantes, un chiffre qui atteint 72 % chez les
femmes noires mariées. En Inde, 62 % des jeunes femmes
• 60  % déclarent que leurs ami(e)s, leur famille et leurs non mariées se sentent sous-représentées dans les médias,
connaissances ne sont pas représentés de manière fi- et 51 % des jeunes femmes mariées se sentent poussées à
dèle dans la plupart des publicités. rester à la maison, contre 44 % des femmes en général. Au
Brésil, 79 % des femmes estiment ne pas être représentées
• 64  % estiment que les publicitaires doivent faire da- équitablement dans la société. Ce chiffre est encore plus
vantage d’efforts pour éliminer les rôles traditionnels élevé chez les femmes célibataires, puisqu’il atteint 85 %.
ou démodés liés aux femmes et aux hommes dans L’absence de reflet de l’intersectionnalité dans la publicité
leurs publicités. peut aboutir à une idée de « normalité » préjudiciable et
restrictive donnant à des millions de femmes l’impression
• 84 % apprécient vraiment qu’une publicité transmette d’être privées de leurs droits et marginalisées.
un message positif autour de l’idée de construire un
monde meilleur. L’adoption d’une approche sensible au genre suppose que
les concepteurs de programmes et les professionnel(le)s
• 75 % des consommatrices et consommateurs déclarent des médias connaissent les dynamiques propres aux genres
avoir une opinion plus positive des entreprises qui ainsi que les références socioculturelles qui déterminent
montrent dans leurs publicités que les femmes et les les rôles des femmes et des hommes dans une société
hommes ont des capacités et des rôles identiques. donnée. Il convient pour cela d’effectuer des recherches et
des analyses socioculturelles afin de comprendre les normes
Outre les stéréotypes de genre largement répandus, dif- et les attentes qui concernent les femmes et les hommes
férents contextes génèrent des normes sociales et des dans un contexte donné, ainsi que leur influence sur les
rôles liés au genre qui sont uniques et variables selon les représentations, les interprétations et la présentation de la
groupes de femmes et de filles, y compris dans une même problématique. Une attention particulière doit être portée à
zone géographique ou un même environnement sociopo- la manière dont ces notions interagissent avec les attitudes
litique (Fergus, 2012). et les comportements du public cible et du milieu environ-
nant, ainsi qu’à la façon dont elles les influencent, afin de
Lorsqu’ils sont aggravés par le contexte, les stéréotypes de déconstruire et non de renforcer les stéréotypes de genre né-
genre peuvent avoir des répercussions particulièrement gatifs et la discrimination à l’égard des femmes et des filles.
défavorables sur certains groupes de femmes  : femmes
en détention, femmes issues de minorités ou de groupes La perception des normes sociales contribue tout autant,
autochtones, femmes handicapées, femmes des castes sinon plus, à renforcer les stéréotypes et les pratiques
inférieures ou d’un faible niveau économique, femmes mi- néfastes, même si elle ne reflète pas les attitudes et
grantes, femmes lesbiennes, bisexuelles, transsexuelles et les croyances réelles d’une certaine population. Les
intersexuées, etc. La transformation des normes sociales en recherches  (à venir ou en cours) peuvent aider à mettre
vue d’éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles au jour les perceptions erronées en révélant que la ma-
passe nécessairement par une réflexion sur les rapports jorité des personnes d’un groupe donné ne possèdent
de force entre les femmes et les hommes. Ce processus pas les attitudes ou les comportements suggérés par les
suppose également de s’interroger plus globalement sur normes liées à leur genre. Il est essentiel de comprendre
les dynamiques de pouvoir entre les différents groupes les caractéristiques qui sont véritablement communes
sociaux. La lutte contre les violences faites aux femmes et à un groupe pour déterminer le message et l’approche
aux filles exige de placer le débat dans un cadre plus large efficaces qui inciteront au changement et qui pourront, à
afin d’englober les normes liées au genre et les inégalités terme, faire émerger de nouvelles attentes sociales.
multiples et croisées. Ainsi, les divers facteurs de risque
qui perpétuent la discrimination et la violence sont pris en L’objectif du travail de prévention avec les partenaires
compte dans chaque segment de la population. des médias consiste notamment à cesser de focaliser

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 57
Enseignements tirés des campagnes contre les mutilations génitales féminines

Les campagnes précoces pour l’élimination des mutilations génitales féminines/de l’excision (MGF/E) se sont
axées sur la criminalisation et la sensibilisation aux conséquences pour la santé. Les campagnes ont largement
été menées selon un modèle « descendant », sans consultation ni implication des communautés les plus tou-
chées. Les campagnes ont gagné en efficacité par la suite, dès qu’elles se sont fondées sur des connaissances
approfondies des normes sociales liées à la pratique. La participation continue des communautés a permis de le-
ver le voile sur les idées très ancrées concernant la parentalité et le désir des familles de faire ce qu’elles estiment
être dans le meilleur intérêt de leurs enfants (à savoir, les croyances selon lesquelles elles doivent les protéger
contre les agressions sexuelles et garantir leur aptitude au mariage). Des rencontres en face à face ont ensuite
été rendues possibles afin de poursuivre le dialogue et parvenir, à terme, à un rejet collectif de la pratique.

Pour en savoir plus, consulter : Heise, L. (2011). What Works to Prevent Partner Violence? An evidence overview, Londres :
Ministère du développement international du Royaume-Uni http://www.oecd.org/derec/49872444.pdf

l’attention uniquement sur les cas individuels de violence normes sociales et ces facteurs de risque afin de concevoir
comme s’il s’agissait d’incidents uniques et isolés, afin des interventions adaptées aux différents segments de la
de resituer la violence en tant que phénomène social qui population et de garantir que le message transmis permet
trouve son origine dans l’inégalité des rapports de force une meilleure compréhension du problème.
entre les sexes. L’essentiel du débat doit porter sur les
divers éléments qui permettent de démontrer cet état Dans certains cas, une initiative peut cibler un public de
de fait, notamment : les coûts et les conséquences de la masse ou un large public afin de sensibiliser aux principes
violence sur les femmes, les familles, les communautés généraux d’égalité, de non-discrimination et de non-vio-
et même les pays  ; les liens réciproques et les points lence. Dans d’autres cas, un ou plusieurs publics spécifiques
communs entre les différentes formes de violence ; le rôle sont ciblés selon une approche personnalisée afin de
des stéréotypes de genre, des conceptions néfastes de la répondre aux particularités propres au contexte et aux
masculinité, de la discrimination et des inégalités dans problématiques d’une certaine population. Dans d’autres
la perpétuation de la violence contre les femmes et les cas encore, l’intervention combine des activités de sensibili-
filles  ; et la façon dont ces dynamiques se combinent à sation du grand public et des initiatives plus personnalisées.
d’autres caractéristiques de l’identité  (origine ethnique, Pour combattre les attitudes et les croyances largement
orientation sexuelle, etc.) et inégalités sociales (pauvreté, répandues qui cautionnent la violence contre les femmes
etc.), et sont susceptibles d’influencer différemment la et les filles, les interventions doivent inclure des activités
violence subie par certains groupes de femmes et de filles. continues de sensibilisation à grande échelle qui permettent
de faire changer les choses. Elles doivent également s’ac-
compagner d’activités de sensibilisation et de programmes
6.1 Points d’entrée pour la
plus approfondis au niveau communautaire  : exploitation
transformation des normes sociales des systèmes éducatifs, mobilisation des membres de la
communauté et collaboration avec les familles et d’autres
Connaître les publics cibles des médias personnalités influentes (chefs religieux, etc.).
Lors de la création d’un partenariat avec les médias concer-
nant la prévention de la violence à l’égard des femmes et des
Consommation des médias
filles, il est essentiel de déterminer les objectifs visés, le(s)
groupe(s) à cibler dans le cadre de l’intervention ainsi que les par les publics cibles
canaux médiatiques les mieux adaptés pour les atteindre. La caractérisation des schémas de consommation des
Pour définir le public cible et les objectifs, il est nécessaire de médias par le(s) public(s) cible(s) est un élément fonda-
prendre connaissance des données mondiales disponibles mental pour concevoir la stratégie de communication
en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et et les interventions. La consommation des médias peut
aux filles, mais également de bien comprendre les facteurs varier considérablement au sein des pays, des commu-
locaux qui font que les hommes et les garçons sont plus nautés et des familles. Par exemple, les jeunes sont bien
susceptibles de se montrer violents, et que les femmes et les plus susceptibles d’utiliser les réseaux sociaux et les ap-
filles sont plus exposées au risque de violence. De plus, il est plications pour mobile ou tablette (par exemple, services
indispensable de rassembler les études existantes sur ces de diffusion en ligne) afin de jouer à des jeux, de recevoir

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 58
des informations et de se divertir. Comprendre la façon La consommation des médias est déterminée par plu-
dont les publics cibles consomment les médias permet sieurs facteurs, notamment les centres d’intérêt et les
de déterminer quels canaux médiatiques et types de préférences des consommateurs, le coût, l’accessibilité, le
médias doivent être sollicités et de commencer à définir sexe et d’autres normes sociales régissant leur utilisation.
ce qu’il est possible de faire dans un contexte donné Les facteurs suivants sont particulièrement importants
selon les ressources disponibles et les objectifs fixés. pour décider du type de média qui participera à l’action de
Bien que celles-ci portent sur un contexte spécifique, il prévention : possession d’une radio ou d’une télévision ou
existe de nombreuses recherches et informations dispo- accès à ces appareils au niveau communautaire ; posses-
nibles sur les publics des médias et leurs habitudes de sion d’un téléphone portable et accès à l’Internet ; prix et
consommation. disponibilité de la presse écrite et taux d’alphabétisation.

Sources de consommation de médias


L’organisation caritative BBC Media Action publie et rassemble régulièrement les dernières études relatives aux
habitudes de consommation de médias dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Ses rapports et son por-
tail de données sont disponibles en ligne : http://www.bbc.co.uk/mediaaction/research-and-insight et http://
dataportal.bbcmediaaction.org/site/

Les recherches sur Internet peuvent fournir de précieuses informations à l’aide de requêtes telles que :

- Quelles sont les stations de radio les plus populaires dans le pays X ?

- Combien de personnes écoutent/regardent le programme Y ?

- Quel pourcentage de personnes dans le pays X possèdent des téléphones portables connectés à Internet ?

Les questions peuvent également porter sur différents groupes de personnes, par exemple  : «  combien de
femmes... de jeunes... de personnes à faible revenu... », etc.

Wikipedia alimente régulièrement un répertoire des organes de presse, des types de médias et de leur public par
région. Les requêtes concernant certains pays en particulier peuvent être effectuées en saisissant « médias » ou
« presse » ainsi que le nom du pays en question dans la barre de recherche : https://www.wikipedia.org/

Le choix des médias utilisés ne dépend pas uniquement hommes. Par exemple, les femmes des pays à revenu
du coût. D’autres paramètres peuvent également entrer faible et intermédiaire ont nettement moins de chances
en jeu : de posséder un téléphone portable que les hommes et,
lorsqu’elles en possèdent un, elles l’utilisent moins que
• L’activité professionnelle : par exemple, les petits com- les hommes (GSMA, 2016) ;
merçants préféreront peut-être posséder un téléphone
portable car il est essentiel à leur activité, tandis que la • La position occupée dans la famille  : les femmes et
majeure partie de la population pourra préférer la radio les jeunes ont moins accès au téléphone ou à la radio
pour s’informer sur les conditions et les alertes météo- du ménage.
rologiques ainsi que sur l’actualité du secteur agricole.
Ces indications peuvent jouer un rôle crucial dans la
• La diversité des médias  : le choix des supports dispo- conception d’interventions adaptées, car elles permettent
nibles et la pluralité des opinions exprimées peuvent de ne pas cibler uniquement les médias traditionnels
limiter l’accès à l’information et la participation aux ou animés de la même vision. Il est essentiel d’élargir
médias, notamment pour les groupes marginalisés ; les messages et les objectifs de communication aux
organisations de médias et aux publics susceptibles
• Le sexe : les stéréotypes de genre peuvent déterminer d’avoir un effet catalytique sur la transformation des
le type d’information accessible aux femmes et aux normes sociales.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 59
6.2 Traitement et diffusion très différents qui peuvent encourager ou excuser im-
de contenus médiatiques plicitement la pratique concernée. Le problème peut
également être présenté sous des angles différents afin
La façon dont les médias traitent un sujet, c’est-à-dire le d’insister sur un élément précis. Exemples  : aborder la
langage précisément utilisé et les thèmes mis en relation violence domestique en mettant l’accent sur les consé-
avec le sujet abordé, a une incidence considérable sur la quences pour la santé des femmes et de leurs enfants ;
perception et la compréhension du message (CCF, 2018 ; évoquer les violences faites aux femmes en s’intéressant
Lakoff,  G, 2006). Le choix de certains traitements pour aux coûts financiers de ces violences pour la famille, la
aborder la violence contre les femmes et les filles permet communauté et l’ensemble de la société  ; expliquer
également de conforter ou de dénoncer les stéréotypes comment les insuffisances de la législation nationale
et les rôles liés au genre. peuvent conduire à négliger les femmes autochtones
dont les affaires sont portées uniquement devant les ins-
La violence à l’égard des femmes et des filles est un tances locales de règlement des litiges, etc. La manière de
problème de société complexe, et chaque forme de présenter ou de traiter une histoire influencera la percep-
violence peut être décrite  («  traitée  ») avec des termes tion et la compréhension qu’en aura le public.

Adoption d’une perspective sécuritaire ou axée sur la liberté au Royaume-Uni


Les études menées au Royaume-Uni révèlent que l’audience réagit relativement différemment aux faits de vio-
lence contre les femmes présentés selon la perspective adoptée : sécuritaire ou axée sur la liberté.

L’étude a révélé que les auditeurs avaient des réactions et impressions négatives lorsque les agressions
sexuelles et le harcèlement sexuel étaient abordés en faisant appel au besoin de préserver la sécurité des
femmes. L’interprétation que les auditeurs en ont eue est qu’un certain degré d’abus est inévitable et que la
solution réside dans les interventions du gouvernement ou de la police. En axant l’approche sur la sécurité en
tant que besoin spécifique des femmes, le fait que les auteurs des agressions doivent répondre de leurs actes
ou que les hommes ont un rôle à jouer dans la fin de ces abus est occulté. Le message également véhiculé est
que les femmes doivent être protégées, ce qui les infantilise et les privent de leur capacité d’agir. Dans certains
contextes, cette manière de communiquer l’information peut aller jusqu’à plébisciter, par mégarde, des pra-
tiques qui enfreignent davantage les droits des femmes et des filles, par exemple, en limitant leur capacité à se
déplacer, à se rendre à l’école ou au travail, et/ou en les isolant davantage.

Lorsque les messages insistaient plutôt sur la liberté des femmes et la manière dont les violences à leur égard
restreignent leur mobilité, les personnes interrogées se sont dites plus sensibles aux incidences en matière
d’égalité desdites violences, ainsi qu’au fait que la situation donnée est injuste, en rien inévitable et qu’il ne doit
pas nécessairement en être ainsi.

Source: EVAW (2014) Unpublished public attitudes research among 1,000 UK adults by YouGov for the End Violence
Against Women Coalition, Royaume-Uni.

Pour choisir le bon traitement, il convient de : • Souligner les liens et les points communs qui existent
entre les différentes formes de violence et les sté-
• Montrer comment les rôles et les stéréotypes de genre réotypes d’ordre général  (par exemple, comment les
communément admis interviennent dans la perpétra- stéréotypes racistes sont utilisés pour expliquer la vio-
tion et l’acceptation des violences faites aux femmes lence contre les femmes et les filles dans les groupes et
et aux filles (par exemple, revendication du droit à la les communautés minoritaires).
sexualité masculine pour justifier la violence sexuelle).

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 60
• Mettre en avant des modèles et des voix de femmes peuvent s’identifier. En outre, les autres groupes et par-
fortes, intelligentes, autonomes et d’origine diverse tenaires intervenant dans des domaines identiques ou
dans les médias. complémentaires doivent pouvoir reprendre ces objectifs.
Ce processus implique aussi de collaborer avec les médias
• Présenter les faits selon un autre point de vue en utili- pour concevoir des messages ou définir des objectifs de
sant les recherches et les données existantes. communication qui permettront de remettre en question
Par exemple : au lieu de dire « 30 % des Togolais pensent les rôles et les stéréotypes néfastes liés au genre.
qu’il est acceptable qu’un mari “frappe sa femme” », (Tran
et al., 2016), on peut dire « 70 % des Togolais pensent qu’il Afin que le secteur des médias considère davantage le
est inacceptable qu’un mari “frappe sa femme” ». problème comme une question légitime et urgente, les
messages ou objectifs de communication peuvent être
La transformation des normes liées au genre passe par relayés par différents groupes et individus, y compris
l’utilisation d’objectifs de communication clairs, cohé- des célébrités  (par exemple, personnalités du sport, du
rents et accessibles que les partenaires des médias et cinéma ou de la politique choisies pour promouvoir les
les communautés peuvent comprendre et auxquels ils valeurs et les pratiques d’égalité des genres).

11 façons de travailler avec les médias (Australie)


Certains guides sont d’une grande utilité pour ce qui a trait aux messages véhiculés par les médias sur la vio-
lence contre les femmes et les filles. Trois thèmes principaux sont présentés ci-dessous, issus d’une récente
publication australienne :

• Parler de l’égalité des genres comme facteur clé de la prévention des violences faites aux femmes et aux filles
Avoir recours à des déclarations et informations qui mettent en lumière l’influence des stéréotypes sexistes et
des inégalités sur l’apparition et l’encouragement des violences faites aux femmes et aux filles. Expliquer ce
phénomène en des termes usuels et simples issus du contexte local se révèle plus efficace et trouve un plus
grand écho auprès du public cible.

• Discuter de la manière dont d’autres facteurs sociaux favorisent les violences faites aux femmes et aux filles
Argumenter en affirmant qu’il est certes fondamental de corriger les inégalités entre les sexes pour prévenir les
violences faites aux femmes et aux filles, mais que d’autres facteurs tels que le racisme, les conflits ou la corruption
des élus, entre autres, peuvent créer un environnement favorisant les faits de violence, parfois sous des formes plus
extrêmes encore. Des circonstances difficiles et rampantes peuvent également mener à une normalisation et à
une acceptation de la violence. Les médias doivent consciencieusement déconstruire ces études et échanges inter-
nationaux dans leur processus de communication et de diffusion d’informations. Des exemples issus du contexte
local et comparés à d’autres contextes apparentés peuvent permettre l’identification de schémas.

• Donner des exemples de ce que les personnes peuvent faire pour prévenir les violences faites aux femmes
et aux filles
Mettre clairement en exergue le fait que tout le monde a un rôle à jouer dans la prévention des violences faites
aux femmes et aux filles, notamment les gouvernements, les médias, les écoles, les lieux de travail, les commu-
nautés, les familles et les individus. Donner des exemples concrets et pertinents pour votre contexte, notamment
des tâches simples pouvant être accomplies au quotidien, mais aussi des changements sociétaux nécessaires
à plus grande échelle. Dans les cas de violences faites aux femmes et aux filles, s’assurer que la responsabilité
n’incombe pas aux victimes et communiquer clairement sur le fait que ce n’est en aucun cas leur faute ni leur
rôle d’éviter que de telles violences se produisent.

Pour consulter le guide dans son intégralité, voir  : http://www.thelookout.org.au/sites/default/files/11_Ways.


Full_Guide.pdf

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 61
Les messages médiatiques, objectifs de communication peut augmenter le risque de nouvelles violences à leur
et débats visant à encourager la remise en cause des rôles égard ou contre leurs enfants, en révélant par exemple à
et des inégalités liées au genre peuvent prendre de nom- un partenaire violent le lieu où elles se trouvent.
breuses formes :
Il est arrivé que des femmes ayant évoqué dans les médias
• Mises en scène ne plaçant pas les femmes dans un rôle les violences dont elles étaient victimes fassent l’objet de
« passif » et les hommes dans un rôle « actif ». Il est ab- nouvelles attaques de la part de l’auteur des violences ou
solument indispensable de mettre en avant des modèles de membres de sa famille, avec pour conséquence des
de femmes autonomes pour montrer aux filles, aux gar- préjudices supplémentaires pouvant aller jusqu’au décès.
çons, aux femmes et aux hommes que les femmes et les
filles peuvent mener une vie différente de la « norme ».

• Utilisation des réseaux sociaux en vue d’accroître la visibi- Exemple  : en Espagne, en 1997, une femme a
lité des femmes issues de groupes minoritaires victimes été tuée par son ex-mari treize jours après être
de discrimination, afin de les faire apparaître comme des passée à la télévision pour témoigner de la vio-
modèles et des leaders au niveau local et national. lence que ce dernier lui avait fait subir. D’autres
affaires de ce genre ont eu lieu en 1998, 1999
• Recours à des médias alternatifs, notamment les réseaux et 2007. À la suite de ces événements, des dis-
sociaux et les radios communautaires, en vue de susciter positions relatives au traitement médiatique
des débats constructifs autour des expériences, des opi- ont été ajoutées à loi espagnole sur la violence
nions, du militantisme et de la résistance féminines. sexiste. Ces dispositions prévoient notamment
que « dans le cadre de reportages concernant
• Approche des médias partenaires de l’information et
les violences faites aux femmes, conformément
du divertissement avec des histoires vécues illustrant
aux exigences de l’objectivité journalistique,
la résilience des femmes face à la violence au lieu d’in-
sister sur leur victimisation. Il peut par exemple s’agir tout doit être mis en œuvre pour protéger
de reportages «  sur le vif  »  (qui visent à montrer le les droits humains, la liberté et la dignité des
comportement réel des personnes sans l’intervention femmes victimes de violence sexiste et de leurs
des caméras ni des journalistes) abordant différents enfants. Un soin particulier sera notamment
sujets : action de militantes de tous âges et de tous mi- apporté aux images illustrant ces sujets  ».
lieux, contexte ayant inspiré la création d’un service de (article 14 de la loi organique espagnole 1/2004).
soutien aux femmes, initiatrices d’une campagne locale
de lutte contre les violences faites aux femmes et aux
Sources : http://www.lavozdegalicia.es/espana/2007/11/22/000311957
filles, etc.
35083733946925.htm et http://justiciadegenero.com/en/organic-law-
12004-of-28-december-on-integrated-protection-measures-against-
Impliquer les survivantes gender-violence-spain/
La participation de survivantes aux actions de communi-
cation peut avoir un fort retentissement sur les auditeurs, En conséquence, il est important de déterminer dès le
les téléspectateurs et les survivantes elles-mêmes, pour début si le témoignage de la victime/survivante est réelle-
qui l’expérience peut se révéler enrichissante et cathar- ment pertinent dans le cadre du partenariat médiatique
tique. Toutefois, les questions d’éthique et de sécurité soutenu. Si c’est le cas, il convient d’engager rapidement
étant particulièrement délicates dans les affaires de vio- des discussions avec les médias concernés et de mettre
lence, il est primordial d’obtenir le consentement éclairé en place un protocole adapté couvrant également les
de la victime et de prévoir les mesures de protection adé- questions d’éthique et de sécurité. Il est également né-
quates. Les journalistes peuvent parfois pousser les cessaire de recueillir le consentement éclairé de la ou des
victimes/survivantes à «  tout raconter  ». Pour certaines personnes interrogées et de prévoir sur place des services
femmes, ce témoignage public peut être une expérience de soutien et/ou un(e) conseiller(-ère).
positive et gratifiante. Pour d’autres, l’exercice peut s’avé-
rer éprouvant et raviver brutalement des traumatismes ;
il peut également influencer l’issue de leur affaire  (lors-
qu’une procédure judiciaire est en cours)  ; ou encore, il

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 62
Défense des survivantes (Australie)

En 2000, en Australie, un programme de défense des victimes/survivantes a vu le jour au sein d’un service de
crise dédié à la violence domestique. Le programme s’est inscrit dans un cadre stratégique déployé à l’échelle
de l’État de Victoria visant à améliorer la couverture médiatique. Le cadre stratégique a reconnu qu’un élément
fondamental de l’amélioration de la couverture médiatique des violences faites aux femmes et aux filles réside
dans la satisfaction du besoin des médias d’avoir accès à des récits qui mettent un visage sur les statistiques et
leur donne une touche humaine. De tels programmes existent désormais à l’échelle de l’État, notamment sur
la violence sexuelle, et prévoient des formations destinées aux femmes victimes/survivantes de ce type d’abus
désirant raconter leur histoire. Ces formations les informent de ce qui les attend et les aident à mieux gérer les
entretiens avec les médias, afin qu’elles se sentent confiantes et investies en abordant la question des violences
faites aux femmes et aux filles. Les femmes sont soutenues pendant la phase préparatoire, mais également
pendant et après les entretiens (notamment grâce à une mise en relation avec les services de soutien existants,
en cas de besoin). Les programmes sont largement parvenus à garantir des informations, un soutien et une
autonomisation aux femmes désireuses de raconter leur expérience de la violence. Ils ont en outre permis d’ac-
croître le nombre de survivantes défendant leurs droits à travers les médias et lors d’événements publics.

Pour de plus amples informations sur le programme de défense des survivantes dans l’État de Victoria, en
Australie, consulter  : https://www.safesteps.org.au/our-advocacy/survivor-advocate-program/ et http://whe.
org.au/what-we-do/prevention-of-violence-against-women/

Ressources : les types de médias les plus courants figurent les informa-
tions et actualités, les divertissements et médias créatifs,
Principes d’éthique et de sécurité recommandés par
 ainsi que les réseaux sociaux, qui atteignent leur public
l’OMS pour la recherche, la documentation et le suivi via différents types de supports, tels que les supports
de la violence sexuelle dans les situations d’urgence : écrits, audio, numériques et visuels. Collaborer avec les
http://endvawnow.org/uploads/browser/files/ médias pour promouvoir l’égalité des genres, le respect de
WHO%20Ethics%20and%20Safety.pdf la diversité et la non-violence peut nécessiter de travailler
avec un secteur en particulier, d’influencer le contenu
WHO Ethical and safety recommendations for
 produit et d’intervenir dans le choix des moyens utilisés
interviewing trafficked women  : http://end pour communiquer le contenu.
vawnow.org/en/tools/view/670-who-ethical-
and-safety-recommendations-for-interviewing
6.3.1 Informations et actualités
-trafficked-women-2003.html
Les médias d’information, axés sur la diffusion des ac-
OMS, Priorité aux femmes : Principes d’éthique tualités auprès du grand public ou d’un public cible, ne
et de sécurité recommandés pour les recherches peuvent pas se permettre d’être déconnectés des sujets
sur les actes de violence familiale à l’égard des et événements qu’ils couvrent. Les acteurs des médias
femmes. Disponible à l’adresse  : https://apps. d’information sélectionnent, formulent et diffusent les
who.int/iris/bitstream/handle/10665/68353/ informations et participent de ce fait aux échanges publics
WHO_FCH_GWH_01.1_fre.pdf?sequence=1 qui alimentent les croyances et comportements sociaux.
Les médias d’information sont à la fois un indicateur et
un facteur d’influence de la situation de n’importe quelle
société. Ils jouent les rôles « de miroir et d’acteur » (Galvão,
6.3 Étudier les possibilités offertes IDB 2015). La façon dont la violence à l’égard des femmes
par les contenus médiatiques est traitée dans le discours médiatique est cruciale. En effet,
si les acteurs des médias ne font pas preuve de prudence
Les contenus médiatiques sont divers et communiquent en abordant ce sujet, ils risquent, par inadvertance, de nuire
différentes informations et expériences au public. Parmi encore davantage à la victime ou d’entretenir et d’aggraver

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 63
l’environnement contribuant à la violence contre les Les réunions éditoriales régulières permettent générale-
femmes. À l’inverse, les acteurs des médias peuvent jouer ment de définir quels sujets d’actualité doivent être traités
un rôle prépondérant dans la lutte contre les normes so- dans des délais serrés. Les journalistes d’information dis-
ciales et les stéréotypes qui cautionnent la violence. posent ensuite de très peu de temps pour recueillir des
informations probantes et organiser des entretiens et des
Les recherches mondiales indiquent que le traitement débats. Les sujets d’actualité peuvent changer très rapide-
médiatique de la représentation des femmes, de l’égalité ment au cours d’un « cycle d’information de 24 heures »
des genres et de la violence à l’égard des femmes reste peu en raison de l’évolution de la situation et des réponses des
répandu, et ce, depuis des décennies. L’Étude mondiale différentes parties prenantes, ce qui pousse de nombreux
sur l’image des femmes dans les médias (GMMP 2015) a journalistes à s’appuyer sur la participation de personnes
dressé les conclusions suivantes : qu’ils connaissent déjà au lieu de rechercher de nouveaux
contributeurs. Pour influer positivement sur ce contexte
• Depuis 2000, seuls 10  % de tous les sujets couverts complexe, une approche multidimensionnelle doit être
portent sur des femmes, avec une baisse allant res- mise en œuvre.
pectivement jusqu’à 7 % et 5 % dans les domaines des
actualités politiques et des actualités économiques. Approche des médias d’information

• Ce pourcentage s’élève à 26 % dans les actualités trai- Une planification appropriée est nécessaire pour élaborer
tées sur Internet et sur Twitter, mais reste néanmoins des interventions adaptées aux médias d’information,
bien loin de la parité. aussi bien ceux capables de répondre aux besoins à court
terme, ponctuels et souvent effrénés du cycle d’informa-
• Les stéréotypes de genre restent fermement ancrés tion, que ceux en mesure de contribuer aux changements
et sont remis en question dans seulement 4  % des à plus long terme par le renforcement des capacités des
informations diffusées  (supports télévisuels, écrits, ra- organisations et de leurs équipes  (personnel et travail-
diophoniques et numériques confondus). leurs indépendants).

• Les survivantes de violences conjugales sont encore Recommandations proposées :


largement présentées sous un angle négatif, bien que
des améliorations soient constatées depuis une décen- • Nouer des relations avec les producteurs des médias
nie. En effet, 27 % de ces personnes étaient présentées d’information afin de leur communiquer les résultats
comme survivantes en 2015, par rapport à seulement de l’analyse des contenus ; identifier les difficultés qui
6 % en 2005. entravent l’amélioration du traitement médiatique ; et
élaborer un plan de soutien des changements à long
Comprendre les valeurs et les pratiques terme  (par exemple, tisser des liens avec les experts
des médias d’information de la question afin qu’ils vérifient le contenu avant sa
publication ; dispenser une formation continue sur les
De manière générale, les principales valeurs profes- questions de genre aux journalistes ; soutenir l’élabora-
sionnelles et éthiques qui régissent le journalisme tion de politiques et de directives relatives au contenu
d’information reposent sur le respect de la précision, sensibles au genre, etc.).
de l’équité, de l’équilibre et de l’impartialité. Dans la
plupart des contextes, en particulier ceux qui ne sont • Nouer des contacts avec les médias cibles le plus tôt
pas contrôlés ou largement influencés par l’État, les possible et les rencontrer à leur convenance. Google
médias d’information ne se considèrent pas comme Actualités, Twitter et d’autres médias sociaux four-
«  porteurs d’une proposition  » ou suivant une cause nissent des informations utiles permettant de savoir
sociale ou politique spécifique. Les valeurs de neutralité, quels journalistes travaillent dans quels secteurs, ainsi
d’autonomie et de liberté doivent être la clé de voûte du que leurs centres d’intérêt.
choix de ligne éditoriale. Il est attendu des professionnels
des médias qu’ils décident des faits à couvrir non sur la • Il peut se révéler utile de se tenir informé(e) des calen-
base de l’impact «  moral  » positif que ceux-ci peuvent driers et échéanciers de la production d’informations et
avoir sur la société, mais plutôt sur leur forte «  valeur d’encourager l’intégration de sujets spécifiques dans les
d’information » potentielle. agendas de planification des médias. Les professionnels

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 64
peuvent s’entretenir régulièrement avec les représen- • Tenir à jour une liste des experts, des reportages
tants ou experts des médias actuels au sein ou hors de pertinents, des fiches d’information et des données
leur organisation ou peuvent entrer en contact avec les pouvant être communiquée aux journalistes qui en
médias en vue d’événements ou de journées spécifiques, auraient besoin.
comme la Journée internationale des femmes (8 mars),
la Journée internationale pour l’élimination de la vio- Répertoire des médias pour les femmes par des
lence à l’égard des femmes (25 novembre) et la Journée femmes  : http://www.wifp.org/publications/
des droits de l’homme (10 décembre). directory-of-womens-media/

Le calendrier complet des journées interna- Base de données d’experts SheSource  : http://
tionales est disponible à l’adresse suivante  : www.womensmediacenter.com/shesource/
https://www.un.org/fr/sections/observances/
international-days/index.html

Women’s Media Center : She Source (États-Unis d'Amérique)


SheSource est une base de données en ligne compilant les noms de femmes expertes travaillant sur une plurali-
té de sujets liés à l’égalité des genres, notamment les violences faites aux femmes et aux filles, et qui sont prêtes
à s’exprimer dans les médias. Elle a été créée par le Women’s Media Center (Centre des médias pour les femmes,
WMC) en réponse à l’absence de femmes expertes dans les médias comme source d’information ou invitées des
journalistes, producteurs et agents. Les femmes peuvent s’inscrire elles-mêmes en tant qu’expertes et les jour-
nalistes, producteurs et agents peuvent consulter la base de données pour trouver les spécialistes en mesure de
répondre à leurs besoins. Le WMC soutient également les femmes qui estiment ne pas avoir suffisamment d’ex-
périence avec les médias pour se sentir à l’aise lors d’un entretien grâce au programme « Progressive Women’s
Voices » (Voix féminines progressistes). Il s’agit d’un programme de formation en leadership des médias qui,
grâce à des cours et des outils avancés, permet aux femmes de se positionner en porte-parole de leur domaine
dans les médias, et d’orienter la conversation sur des questions ayant plus de chances de faire la une.

Pour en savoir plus sur le programme « Progressive Women’s Voices » : https://www.womensmediacenter.com/


about/training/progressive-womens-voices

Base de données en ligne thaïlandaise « Les femmes font l'info » (Thaïlande)

Le Bureau de l’UNESCO à Bangkok a lancé une base de données compilant les noms de femmes thaï-
landaises reporters et journalistes expertes dans une démarche de promotion de l’égalité des genres dans les
médias thaïlandais.

Pour accéder à la base de données, consulter : www.WMNThailand.org

Pour plus d’informations, consulter  : http://bangkok.unesco.org/content/gender-equality-media-and-better-


stories-nbtc-bolsters-support-women-make-news-thailand

Outre la planification de la mobilisation au préalable, il peuvent servir à relayer des objectifs de communication
est souvent possible de se greffer aux événements exis- spécifiques ou à attirer l’attention sur des campagnes et
tants. Ainsi, les sujets et actualités couverts en continu des interventions pertinentes.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 65
S’appuyer sur des exemples existants

• Un reportage se profile concernant une affaire de traite d’êtres humains, un procès particulièrement médiatisé,
ou les déclarations d’une célébrité sur des violences sexuelles. Ces circonstances peuvent offrir une possibilité
de prise de contact avec des bureaux de presse pour les informer des études et informations disponibles en
la matière et leur proposer des messages de plaidoyer et de campagne. C’est également l’occasion de recom-
mander certaines personnes figurant sur une base de données de spécialistes qui pourraient être invitées à
s’exprimer sur le sujet lors d’émissions ou de reportages en direct.

• Un récit portant sur les violences faites aux femmes et aux filles est mis sous le feu des projecteurs dans un
drame ou un feuilleton télévisé. C’est l’occasion d’aborder la question dans les programmes d’information et
de libre antenne radiodiffusés, voire dans les colonnes éditoriales des journaux.

• Les blogs, les vidéos sur YouTube ou les podcasts qui mettent en scène la violence faite aux femmes, les repré-
sentations sexistes, discriminatoires ou stéréotypées des femmes et des hommes permettent également la
publication de commentaires dans les fils de discussion. Une autre solution est d’assortir ces contenus d’un
guide de discussion sur les réseaux sociaux et/ou lors de formations.

La radio peut également constituer une plateforme de


choix pour diffuser des nouvelles accrocheuses et des Exemples de radios
actualités. Les recommandations propres à la radio com- et d’émissions féministes
prennent notamment les actions suivantes :
Pour découvrir des stations de radio, consulter :
• Renforcer les capacités des principaux animateurs radio,
• Women’s Liberation Radio News – https://
des programmateurs musicaux et des présentateurs
wlrnmedia.wordpress.com/
afin qu’ils intègrent des sujets, messages et discussions
sensibles au genre dans leur programmation. • Women’s International News Gathering
Service – http://www.wings.org/
• Élaborer et lancer une série de programmes à long terme • Women’s Institute for Freedom of the Press –
pouvant être diffusés régulièrement (par exemple, sur http://www.wifp.org/
une base hebdomadaire) et couvrant un éventail de
sujets en lien avec l’égalité des genres et l’élimination Pour découvrir des podcasts féministes, consulter :
de la discrimination, des pratiques néfastes et des vio-
• https://player.fm/featured/feminist
lences faites aux filles et aux femmes.
Pour accéder à des exemples montrant comment
• Identifier des stations qui diffusent des entretiens sur les conversations et messages vidéo ont été utili-
les problèmes de société et leur proposer d’être leur sés pour diffuser des messages forts sur des sujets
invité(e), par exemple, pour un entretien, une émission d’importance, consulter les catégories suivantes
de libre antenne ou une émission-débat. sur Ted Talks :

• Féminisme – https://www.ted.com/topics/
• Mobiliser des partenaires du réseau et des groupe-
feminism
ments d’intérêt partageant la même vision pour
soutenir votre point de vue. Le cas échéant, demander • Violence faite aux femmes – https://www.ted.
à la station de radio ou la chaîne de télévision de vous com/search?q=violence+against+women
fournir l’enregistrement de l’entretien, car celui-ci peut • Égalité des genres – https://www.ted.com/
servir de référence utile et être utilisé dans d’autres mé- search?q=gender+equality
dias, dans des campagnes ou dans le cadre d’efforts de
mobilisation communautaire. • Masculinités – https://www.ted.com/search?q=
masculinities

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 66
Les radios féministes désignent les émissions de radio 
The Diversity Style Guide – https://www.
axées sur les femmes qui encouragent un langage non diversitystyleguide.com/
sexiste et non stéréotypé et qui se concentrent sur des
problématiques touchant les femmes et les filles. De  andle with Care: A Guide to Responsible Media
H
nombreux organismes de radiodiffusion féministes sont Reporting of Violence against Women – http://
des structures communautaires qui retransmettent de www.endvawnow.org/uploads/browser/files/
plus en plus leurs programmes sur Internet pour atteindre handle_withcare_zerotolerance_2011.pdf
un public plus large. D’autres formats audio ont gagné en
popularité et disposent d’une plus large portée. Parmi esponsible Reporting Guidelines for Journal-
R
eux figurent les podcasts et les conférences retransmises ists – http://www.evas.org.au/images/docs/
en vidéo. Responsible-Reporting-guidelines-2013.pdf

Ressources : Rédaction inclusive – https://www.unwomen.



org/-/media/headquarters/attachments/

Fédération internationale des journalistes, sections/library/gender-inclusive%20language/
Guidelines for Reporting on Violence against guidelines-on-gender-inclusive-language-fr.
Women – http://ethicaljournalisminitiative.org/ pdf?la=en&vs=907
en/contents/ifj-guidelines-for-reporting-on-
violence-against-women Lexique sensible au genre – https://www.
unwomen.org/fr/digital-library/genderterm
 edia Guidelines for Reporting on Gender-Based
M
Violence in Humanitarian Contexts – http:// Glossaire sur l’égalité des sexes – https://
gbvaor.net/wp-content/uploads/2013/07/ trainingcentre.unwomen.org/mod/glossary/
GBV-Media-Guidelines-Final-Provisional-25July view.php?id=151&mode=letter&lang=fr
2013.pdf

GLAAD, Media Reference Guide – https://www.


glaad.org/reference

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 67
6.3.2 Publicité modifient la perception que les femmes et les filles ont de
leur corps et de leur image, ce qui affecte leur confiance
La publicité utilise des images et des sons dans le but en elles et leur amour-propre. Les garçons et les hommes
précis de vendre des idées, des services ou des biens aux peuvent être tout aussi affectés par la publicité, pensant
consommateurs. Les images peuvent se révéler tout aussi qu’ils doivent s’identifier et se conformer aux images ma-
puissantes, voire plus puissantes encore, que les mots chistes qu’elle véhicule.
lorsqu’il s’agit de véhiculer un message sur les rôles et
l’image des hommes et des femmes dans la société. Les Les recherches ont montré que les femmes et les filles qui
recherches liées à l’égalité des genres dans la publicité ne se sentent pas bien dans leur peau sont davantage sus-
montrent que les femmes sont sous-représentées  (en ceptibles de se retirer des activités importantes de la vie
particulier lorsque l’on sait qu’elles effectuent plus quotidienne, de s’empêcher de manger ou de mettre leur
d'achats que les hommes), qu’elles bénéficient d’un santé en danger de quelque autre façon, de ne pas affirmer
temps d’antenne et d’un temps de parole plus courts, et leur point de vue ou de ne pas respecter leur décision, et de
qu’elles emploient moins de mots liés au pouvoir et à la se sentir contraintes d’être parfaites ou de ne pas montrer
réussite  (Geena Davis Institute, 2017). La publicité peut leurs faiblesses. Ces mêmes femmes et filles pensent
avoir un puissant impact sur les mentalités des filles, des également que les médias et la publicité définissent des
garçons, des femmes et des hommes. Dans bien des cas, standards de beauté irréalistes que la plupart d’entre elles
la publicité renforce les stéréotypes de genre négatifs, tels ne pourront jamais atteindre et qu’ils devraient redoubler
que la chosification du corps de la femme pour la vente d’efforts pour diffuser des images plus diversifiées de la
de divers produits. Les images et messages publicitaires beauté physique féminine (Unilever, 2016).

Mouvement #SeeHer de l’Association of National Advertisers (États-Unis d'Amérique)

L’Association of National Advertisers  (Association des annonceurs nationaux, ANA) a lancé le mouvement
#SeeHer en 2016 afin d’accroître la représentation fidèle des femmes et des filles dans les publicités et les médias
à hauteur de 20 % d’ici à 2020, à l’occasion du 100e anniversaire du droit de vote des femmes aux États-Unis
d'Amérique. Soucieuse de suivre son bon déroulement, l’ANA a lancé GEM™, une méthodologie axée sur les
données qui identifie les préjugés sexistes inconscients. GEM™ fixe des normes de mesure pour les programmes
publicitaires et télévisés. La méthodologie, disponible en libre accès pour les secteurs du marketing, des médias
et du divertissement, est utilisée par les responsables du marketing, les chercheurs, les agences et les créateurs
de contenu de tous bords de la communauté de la publicité et des médias. GEM™ est de plus en plus intégrée
dans les stratégies médiatiques, la mise en œuvre et les critères de révision des annonceurs.

Depuis son lancement, près de 60 000 publicités ont été examinées par ABX, le partenaire de recherche de pu-
blication de l’ANA pour GEM™. En vue de garantir le meilleur contenu qui soit dans les publicités, GEM™ fournit
une note deux fois par an associée aux meilleurs programmes compilés par la société d’information, de données
et de mesure Nielsen et aux programmes radiodiffusés et sur le câble sélectionnés par les membres.

- Les publicités ayant obtenu une note GEM™ positive valorisent l’intention d’achat de 26  % chez tous les
consommateurs et de 45 % chez les femmes.

- Les publicités ayant obtenu une note GEM™ positive améliorent la réputation de la marque à hauteur de 11 %.

- Les publicités qui donnent une représentation fidèle des femmes fonctionnent mieux lorsqu’elles sont assor-
ties de programmes qui donnent également une représentation réaliste des femmes et des filles.

Pour en savoir plus sur cette initiative, consulter : https://seeher.com/

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 68
Cet objectif peut se montrer difficile à atteindre de par la stéréotypes dans la publicité  (2018). À cette fin, on peut
nature du secteur de la publicité. Néanmoins, ce secteur citer les mesures suivantes :
démontre depuis peu un intérêt grandissant en faveur
de la lutte contre les stéréotypes de genre négatifs et • Encourager la diversité au sein des équipes chargées de
les inégalités et s’engage à les combattre au moyen de la production des publicités.
campagnes et d’initiatives à grande échelle. Des études
menées dans 33  domaines différents  (par exemple, • Identifier les améliorations possibles dans la chaîne
cosmétiques, assurances, causes sociales) ont révélé logistique de la marque en demandant aux consom-
que les hommes continuaient à dominer les messages mateurs et au personnel de définir les problèmes
publicitaires vidéo et audio, avec très peu d’évolution structurels qui empêchent la marque de valoriser et de
de cette divergence sur les dix dernières années  (Geena célébrer la diversité.
Davis Institute, 2017). Cette même étude a également
montré que le discours tenu par les hommes dans les • Aller au-delà du marketing sensible au genre et
messages publicitaires était 29 % et 28 % plus susceptible intégrer d’autres aspects de la diversité  (l’origine eth-
de contenir des termes liés respectivement au pouvoir nique, l’origine nationale, la religion, l’âge, le handicap,
et à la réussite. Unilever a réalisé un audit du secteur de l’orientation sexuelle, etc.) et veiller à ce que ces me-
la publicité sur une année et en a conclu que 40  % des sures transparaissent dans toute la chaîne de valeur,
femmes ne s’identifient pas à l’image que ces annonces jusqu’aux fournisseurs.
donnent d’elles. Les hommes sont eux aussi dépeints
de manière très simple et stéréotypée, à savoir forts, ro- • Éviter les initiatives ponctuelles ou à court terme  (par
bustes, hétérosexuels, homophobes et agressifs (Unilever, exemple, les campagnes de «  femvertising  », c’est-
2016). Toutefois, l’audit a montré que les publicités pro- à-dire une stratégie marketing visant à porter un
gressistes sont 25 % plus efficaces et améliorent l’impact message féministe dans une publicité) et investir dans
de la marque (Unilever, 2016). les mobilisations à long terme qui induisent de réels
changements.
La Fédération mondiale des annonceurs a émis des re-
commandations générales relatives à l’élimination des • Suivre les performances au fil du temps.

Guide relatif à la publicité mettant en scène des stéréotypes sexistes susceptibles de


causer du tort ou de constituer une infraction grave ou généralisée (CAP et BCAP, au
Royaume-Uni)

Deux comités au Royaume-Uni chargés de la publicité non radiodiffusée, du marketing direct et promotionnel
ainsi que de la publicité diffusée, ont publié un guide d’interprétation des codes britanniques les concernant. Le
guide a été conçu pour orienter les annonceurs, les agences et les propriétaires de médias dans l’interprétation
desdits codes. Il couvre différents sujets, dont :

- les scénarios mettant en scène des rôles et caractéristiques stéréotypés au regard du genre ;

- les scénarios mettant en scène une pression de conformité à des formes corporelles ou traits physiques idéali-
sés et stéréotypés au regard du genre ;

- les scénarios destinés aux enfants ou les mettant en scène ;

- les scénarios destinés aux groupes potentiellement vulnérables ou les mettant en scène ;

- les scénarios mettant en scène des personnes qui ne se conforment pas aux stéréotypes fondés sur le genre.

Consulter le guide : https://www.asa.org.uk/uploads/assets/uploaded/f39a881f-d8c9-4534-95f180d1bfe7b953.pdf

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 69
Unstereotype Alliance
Unstereotype Alliance (l’Alliance pour la fin des stéréotypes) a vu le jour sous l’égide d’ONU Femmes et d’une
grande coalition mondiale de plus de 30 dirigeants du secteur au service d’un objectif commun : éliminer tout
préjugé et stéréotype sexiste néfaste de leurs publicités en mettant en place de nouvelles normes et de nou-
veaux outils pour faire avancer les intérêts des femmes et des filles et mesurer les changements survenus.

L’Alliance a progressé vers la réalisation de son objectif, à savoir créer des outils d’évaluation des avancées en
faveur de l’élimination des stéréotypes dans les annonces publicitaires. Elle a accepté d’adopter une méthodo-
logie éprouvée et mise sur pied par ONU Femmes et le Pacte mondial des Nations Unies, l’instrument d’analyse
des disparités fondées sur le genre, en vue d’évaluer les pratiques commerciales. En s’inspirant d’outils tels que
GEM™, une méthodologie largement utilisée aux États-Unis d'Amérique, l’Alliance vise à adopter un instrument
de mesure mondial des annonces publicitaires qui permettra aux marques de lutter contre les stéréotypes et de
suivre les avancées sur l’ensemble des marchés développés et émergents.

Pour en savoir plus, consulter : http://www.unstereotypealliance.org/en

6.3.3 Divertissement et médias créatifs Ressources :

Que ce soit à la télévision, en vidéo, dans les films, à la Geena Davis Institute on Gender in Media  :
radio ou dans les feuilletons en direct, les divertissements https://seejane.org/research-informs-empowers/
et les médias créatifs permettent une certaine forme
d’engagement que les autres médias n’offrent pas. Ces 
Common Sense Media  : https://www.com
médias sont très appréciés parmi certaines tranches d’âge monsensemedia.org/
et peuvent atteindre un large public intergénérationnel.
Tout comme les autres médias, il est fréquent que les Un autre axe de travail consiste à identifier les points d’en-
divertissements (films, émissions, jeux, musique, applica- trée pour coproduire ou élaborer des programmes dans
tions, livres, magazines, etc.) réaffirment les rôles assignés le but précis de combattre les normes sociales néfastes
traditionnellement à chaque genre et perpétuent les et de faire progresser les valeurs, croyances, attitudes
stéréotypes de genre négatifs. Une étude portant sur les et pratiques prosociales. Les divertissements éducatifs,
rôles liés au genre dans 120  films produits dans dix des également appelés «  feuilletons ludo-éducatifs  », sont
pays les plus rentables dans le milieu cinématographique un point d’entrée populaire de plus en plus utilisé pour
a montré que les femmes étaient sous-représentées, que atteindre cet objectif. Au fil des décennies, les évaluations
la distribution n’était pas équitable, que les femmes béné- ont montré que le recours aux divertissements éducatifs
ficiaient d’un temps de parole bien plus court à l’antenne avait un impact positif sur les normes sociales  (Singhal,
et qu’elles étaient souvent représentées de manière sté- Arvind et Rogers, 1999 ; Airhihenbuwe et Obregon, 2000).
réotypée et sexualisée (Geena Davis Institute, 2014). Cette
image de la femme a un impact extrêmement négatif sur On trouve des exemples de ce type de divertissements à la
les téléspectateurs, en particulier sur les jeunes qui sont fois à la télévision, sur Internet, à la radio et au théâtre, sous
largement influencés par la culture populaire. forme de jeux, d’annonces de service public et de feuilletons
et séries télévisées. Ces représentations permettent aux té-
L’un des axes de travail appliqués à la culture populaire léspectateurs ou aux auditeurs de comprendre les causes
et au divertissement consiste à encourager le change- et les conséquences des violences à l’égard des femmes
ment, comme dans n’importe quel autre secteur, de sorte et des filles au travers de chacun des personnages, leurs
à garantir des représentations plus respectueuses de dilemmes, leurs émotions et leur vie. Elles suscitent l’em-
l’égalité des genres au sein des secteurs eux-mêmes, ainsi pathie des téléspectateurs et auditeurs et leur permettent
que dans les contenus qu’ils produisent, pour présenter de réfléchir à la manière dont ils auraient réagi dans une
des images et des messages non discriminatoires et non situation similaire. Lorsqu’ils sont bien conçus, ces formats
violents, tout en privilégiant un contenu qui favorise ont également le pouvoir de s’attaquer aux stéréotypes et
l’autonomisation des femmes, l’équité et le respect de la aux mythes liés au genre, à l’origine ethnique, au handicap
diversité. et à d’autres caractéristiques souvent utilisées pour discri-
miner certains groupes de population.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 70
AdhaFULL (Inde)
Un projet d’UNICEF et de BBC Media Action en Inde, appelé AdhaFULL, vise à inciter les jeunes à analyser les
normes sociales s’appliquant aux filles et aux femmes qui mènent à l’avortement sélectif, au mariage d’enfants
et à des restrictions d’accès à l’éducation pour les filles. Ce projet a pour base une série télévisée dramatique de
78 épisodes autour du thème « qui c’est qui l’a fait » mettant en scène trois jeunes.

La série met en scène Kitty, Tara et Adrak, trois adolescents aux vies ordinaires qui unissent leurs forces pour résoudre
des enquêtes et des mystères dans leur village, tout en étant confrontés aux affres du passage à l’âge adulte.

Le projet veut encourager les jeunes à remettre en question la tradition qui perpétue des stéréotypes sexistes
tout en les dotant d’une plus grande capacité d’agir pour améliorer leur vie. Une émission de débat radio-
phonique appelée Full-on-Nikki est diffusée en parallèle de l’émission télévisée, et de nouveaux médias sont
mobilisés pour poursuivre la conversation en ligne, notamment au moyen de profils Facebook et Twitter, d’un jeu
pour smartphone et d’un contenu audio pour les téléphones portables, le tout basé sur les résultats d’une étude
portant sur les habitudes d’utilisation des médias du public cible.

Pour plus d’informations, consulter  : http://unicef.in/PressReleases/420/Launch-of-the-AdhaFULL-


initiative-by-UNICEF-and-BBC-Media-Action-India

Comme pour toutes les productions médiatiques, les confiance avec les professionnels des médias impliqués.
meilleurs feuilletons et divertissements éducatifs visant Ces partenariats constituent également le meilleur moyen
à prévenir les violences à l’égard des femmes et des filles de créer des relations à long terme et de futures colla-
sont réalisés lorsque les parties prenantes de la lutte contre borations, lesquelles sont des éléments essentiels d’un
ces violences établissent des partenariats bien établis et de changement durable à grande échelle.

Soul City – en Afrique du Sud et ailleurs


Soul City est l’un des programmes médiatiques de prévention des violences faites aux femmes et aux filles
les plus longuement diffusés au monde. Produit dès le début des années 1990, Soul City est devenu une émis-
sion populaire phare dans le pays. L’émission est déclinée en saisons de 13 épisodes d’une heure accompagnés
de contributions radiophoniques, de publicités et de supports imprimés. Elle s’est attelée à divers aspects des
violences faites aux femmes et aux filles et a touché des millions de personnes en Afrique du Sud et ailleurs.
Son financement est assuré par le gouvernement, de multiples donateurs et des entreprises. Elle a fait l’objet
d’évaluations externes et publie également ses propres études d’impact et d’audience sur son site Internet.

Par l’adoption d’une stratégie dite de « divertissement éducatif », toutes les séries de Soul City sont conçues
selon un processus de recherche formative rigoureux. Ce processus prévoit une consultation à la fois du public
et des experts. Tous les supports font l’objet d’un contrôle approfondi pour s’assurer de leur efficacité. Par la re-
cherche formative, les expériences de vie et les voix des communautés sont saisies, donnant à la fois résonnance
et crédibilité aux supports. Dans le processus de création de Soul City, les étapes suivantes sont essentielles pour
formuler des messages adaptés :

• Lancer une large consultation auprès d’experts, de membres du public et des principales parties prenantes
autour du thème abordé. Parmi elles figure le gouvernement mais aussi la société civile, qui inclut les organi-
sations communautaires et non gouvernementales, les activistes et les universitaires.
• Mener une consultation auprès des membres du public sur ce qu’ils savent, leurs préoccupations, leurs atti-
tudes vis-à-vis du sujet traité et les obstacles à un changement positif.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 71
• Après leur diffusion, les supports sont évalués. Les enseignements tirés sont intégrés dans les futures productions.

Soul City est une série de première importance et s’engage depuis très longtemps à décrire des problèmes so-
ciaux complexes, dont les violences faites aux femmes et aux filles, et à lutter activement contre ces problèmes.
L’évaluation de l’émission fait état d’une réelle influence sur la volonté des victimes et survivantes de violences de
chercher de l’aide, mais aussi des proches de soutenir les victimes et survivantes, tout en sensibilisant au service d’as-
sistance téléphonique nationale. Les personnes interrogées se sont dites plus à même de reconnaître que la violence
domestique est une question grave, bien que les normes élargies concernant son caractère acceptable n’ont pas
évolué de manière aussi évidente (Heise, 2011). Ces conclusions soulignent d’une part, la réussite de ce média qui est
parvenu à toucher un large public et d’autre part, le besoin de se doter d’une stratégie connexe d’engagement direct
de la communauté pour en améliorer les résultats et faire évoluer les comportements et les attitudes.

Pour en savoir plus, consulter : http://www.soulcity.org.za/projects/soul-city-series

En fonction du type de production  (par exemple, une comme parrain ou partenaire principal. Cette étape est
émission télévisée), celle-ci peut se révéler coûteuse particulièrement importante si vous souhaitez créer
et complexe à réaliser, de sorte qu’il sera encore plus une large production médiatique ou un feuilleton té-
difficile de convaincre les organisations de médias de la lévisé original.
produire. Cependant, le succès des divertissements édu-
catifs a grandement contribué à obtenir le soutien des Avant d’établir le premier contact, renseignez-vous
gouvernements et des donateurs. sur d’autres projets de divertissements éducatifs, sur
la manière dont ils ont vu le jour et sur les acteurs qui
Différentes possibilités existent pour identifier et contac- ont rendu cela possible. Les études de cas qui jalonnent
ter les producteurs de ces divertissements. Il est possible ce manuel constituent un bon point de départ. Par la
que vous ayez une bonne idée d’un point de vue média- suite, menez des recherches sur les acteurs des médias
tique, sans savoir pour autant à quelle organisation de de divertissement en vous appuyant sur certaines des
médias vous adresser. Déterminer quelles personnes méthodes suivantes :
contacter dépend, dans une certaine mesure, de l’am-
pleur de l’intervention prévue et de la manière dont les • Rechercher sur Internet les projets récents ou passés
contenus médiatiques sont produits dans le contexte des producteurs de divertissements éducatifs.
local. Voici quelques questions à se poser : Le feuilleton
original est-il produit localement  ? Sa production sus- • Se renseigner sur leurs projets sur Twitter et sur les
cite-t-elle l’adhésion  ? Y a-t-il un public pour les vidéos autres réseaux sociaux.
en ligne ? Les annonces de service public sont-elles une
méthode envisageable et efficace  ? Le public cible uti- • Rechercher les éventuels prix remportés ou les entre-
lise-t-il son téléphone portable ou préfère-t-il les médias tiens réalisés.
télévisuels, radiophoniques ou en personne ?
• Utiliser les descriptions données sur le site Internet des
Il n’existe pas une seule et bonne méthode pour établir le organisations de médias concernant leur production
premier contact. Voici quelques idées : et leur personnel.

• Contacter un scénariste pouvant vous présenter à une • Utiliser Wikipedia et la presse spécialisée des arts et des
organisation de médias. médias pour découvrir les différents acteurs à l’origine
des projets et où ils travaillent actuellement. Toutefois,
• Rechercher un écrivain en ligne et le contacter en lui il convient de préciser qu’il est probable que les infor-
parlant de l’une de ses œuvres récentes et des points mations concernant les professionnels des médias de
communs avec votre projet. l’hémisphère sud ne soient pas disponibles en ligne ou
sur Wikipedia.
• Dès le début, obtenir le soutien d’un propriétaire ou di-
recteur d’une chaîne de télévision ou du gouvernement

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 72
Girls Not Brides – enseignements du divertissement éducatif

Girls Not Brides (Filles, pas épouses) a mené une étude visant à mesurer l’importance des initiatives mêlant le diver-
tissement et l’éducation pour faire évoluer les attitudes vis-à-vis du mariage des enfants.  L’étude s’est fondée sur
une recherche documentaire, des entrevues avec des informateurs clés et une évaluation des engagements pris
dans neuf pays de différentes régions.  Les principaux enseignements et conclusions identifiés sont les suivants :

• Le recours à différents canaux permet de renforcer les messages sociaux. L’approche mêlant divertissement et
éducation fait habituellement partie, ou devrait faire partie d’un programme plus vaste de communication sur
les changements comportementaux, au moyen de différents formats et de diverses stratégies. Les projets as-
socient souvent différents formats et canaux de diffusion. L’adoption d’un format de divertissement éducatif
dépend de différents facteurs, tels que le paysage médiatique existant, la disponibilité des différents médias
dans une région donnée, le budget et les préférences du public cible.

• Les individus, la communauté et la société au sens large doivent être pris en compte. Les initiatives permettent
de modifier les normes sociales en ouvrant le dialogue au niveau de l’individu, de la communauté et de la
société au sens large, et en ciblant des acteurs communautaires tels que les filles, les garçons, les parents, les
membres de la communauté et les dirigeants.

• Le recours à divers personnages et différentes personnes pour cibler un public donné est une méthode éprou-
vée. En optant pour différents modèles de transition, des approches sur mesure peuvent être envisagées pour
un groupe cible donné.

• Les initiatives doivent être basées sur une compréhension approfondie des normes sociales, stigmatisations et
conceptions erronées qui prévalent dans la communauté cible. Avant de lancer une initiative, il est crucial de se
renseigner sur le public et de comprendre pourquoi les personnes agissent comme elles le font et qui les influence.

• La collaboration des experts sur les questions de fond et des experts techniques est essentielle. La première
étape du processus de production créative et de l’atelier de conception consiste en une confrontation des
idées des professionnels du changement de comportement et de la création. Ces échanges permettent un
partage des connaissances professionnelles à la fois tacites et explicites.

• Des investissements doivent être prévus pour mesurer le progrès et comprendre comment le changement se
manifeste.

• Le divertissement éducatif présente un bon rapport coût/efficacité sur le long terme, rentabilisant ainsi les
coûts initiaux élevés.

• Il est important de garder à l’esprit le fait que des conséquences inattendues et indésirables peuvent se pro-
duire ; il sera ainsi indispensable de se préparer à réagir face aux répercussions négatives et à les atténuer.

Pour en savoir plus sur l’initiative et les conclusions, consulter  : https://www.girlsnotbrides.org/wp-content/


uploads/2017/02/Entertainment-Education-and-child-marriage-scoping-study-Jan-2017-2.pdf

Si la faisabilité du projet ou le recueil de l’adhésion Le théâtre communautaire et le théâtre populaire ont été
posent problème, il est possible de faire appel à d’autres utilisés avec succès dans des contextes caractérisés par
solutions, telles que la production indépendante via un de faibles ressources, dans lesquels les médias sont ac-
service de diffusion en ligne ou la mobilisation de sou- cessibles aux consommateurs, mais pas aux producteurs.
tiens par la radio ou le théâtre communautaire. Les preuves ont démontré que le théâtre communautaire
était un moyen efficace de recréer des scènes d’émissions

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 73
Arts-in-Action (Caraïbes orientales)

ONU Femmes, en partenariat avec le Bureau des questions de genre à la Dominique, a soutenu un programme
de formation en arts appliqués destiné aux professionnels du théâtre en se basant sur un modèle mis au point
par Arts-in-Action (Les arts en action), du département des arts créatifs et festivals de l’Université des Antilles, à
Trinité-et-Tobago. Le programme de formation est une stratégie et intervention clé du programme de mobilisa-
tion sociale d’ONU Femmes pour prévenir les violences faites aux femmes et intervenir face à ces abus dans les
Caraïbes orientales. La méthodologie met l’accent sur les problèmes sociaux par les arts de la scène, permettant
ainsi aux artistes de s’exprimer sur des difficultés et des comportements néfastes de telle sorte que les membres
du public ressentent ce que ces problèmes leur font personnellement vivre.

Pour plus d’informations, consulter : https://www.facebook.com/artsinactiontt

de télévision ou de films au sein des communautés dans le diffusées par les canaux de communication de masse
but de mettre en lumière différents problèmes, comme les et qui ne peuvent pas faire entendre leur voix par ce
violences à l’égard des femmes et des filles ou les inégali- biais. Des médias essentiellement locaux et de petite
tés entre les sexes. Ces techniques se révèlent utiles pour taille, personnalisés et mieux ciblés sont indispensables
établir un lien entre les problèmes sociaux et les produits pour donner la parole aux femmes et aux filles et faire
médiatiques et nommer des défenseurs au niveau com- connaître leur point de vue quant aux décisions qui les
munautaire qui pourront encourager le changement. concernent. En outre, la radio communautaire offre la
possibilité de diffuser des informations pertinentes en
La radio est un autre média à large portée, en particu- temps opportun sur les problèmes de développement, les
lier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Elle possibilités, les expériences, les compétences nécessaires
a souvent été utilisée pour répondre au changement de à la vie courante et les informations d’intérêt public. À
normes sociales, et les radios partenaires sont suscep- l’ère du multimédia et de la communication numérique,
tibles de rester des acteurs importants des interventions la radio communautaire peut servir de passerelle entre
de lutte contre les violences faites aux femmes et aux les communautés locales et la société mondiale de
filles mises en place dans les médias. La radio joue un l’information et diffuser des informations et des connais-
rôle particulièrement important dans les communautés sances tirées d’Internet en réponse aux demandes et aux
et les populations qui n’ont pas accès aux informations intérêts formulés par les auditeurs.

Forum for Women Journalists for Gender Equality (Angola)

En Angola, le Forum for Women Journalists for Gender Equality (Forum pour les femmes journalistes et l’égalité des
genres, FWJGE) a non seulement assuré des formations sur les questions de genre aux journalistes, mais a égale-
ment rassemblé des femmes journalistes de tous bords, de l’actualité au divertissement, pour créer des supports
médiatiques relatifs à l’égalité des genres et la prévention des violences faites aux femmes et aux filles. Le groupe
a facilité la création du feuilleton radiophonique Estrada da Vida (Route de la vie), diffusé de longue date et axé sur
la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles et sur la valeur de l’engagement dans la vie politique locale.
Le programme associe les informations et le divertissement médiatique pour encourager les discussions au sein du
public sur les réalités que vivent les femmes et les solutions possibles pour améliorer la situation. L’objectif princi-
pal a été d’informer les individus de leurs droits, en particulier dans un pays qui sortait tout juste d’une période de
guerre et de difficultés économiques. Le feuilleton s’est ainsi imposé comme le moyen le plus adéquat pour tou-
cher la population dans son ensemble, contrairement au langage jugé trop complexe des journaux télévisés dans
un tel contexte. Le recours à un langage simple et utilisé par des personnages auxquels il est facile de s’identifier a
permis au feuilleton de rencontrer un franc succès auprès de nombreux auditeurs.

Pour en savoir plus, consulter : http://forumdemulheresjornalistas.org/

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 74
Worth 100 Men (États arabes)

Worth 100 Men (La valeur de 100 hommes) est une série radiophonique de fiction de 30 épisodes commandée
par la Womanity Foundation, une fondation qui œuvre en faveur de l’autonomisation des femmes au travers
des médias. La série cherche à impliquer les auditeurs des États arabes dans un débat constructif sur les droits
des femmes et les rôles des femmes et des hommes, en communiquant des informations et en renforçant les
comportements positifs favorables à l’égalité des genres. Grâce à un scénario prenant et divertissant, la fiction
radiophonique donne des exemples de situations usuelles vécues par des femmes arabes, qui ont ainsi trait
à leur autonomisation sociale et économique, à leur participation dans la vie publique, à leur exposition à la
violence domestique et au harcèlement sexuel, et à leurs relations familiales et amoureuses.

La série a été diffusée entre mars et septembre 2014, sur dix stations de radio du monde arabe, soit en Palestine,
en Égypte (trois stations), au Maroc, au Yémen, en République arabe syrienne, en Iraq, en Jordanie, au Bahreïn
et en Arabie saoudite. La diffusion a été suivie de débats radiodiffusés axés sur des thèmes tels que la violence
domestique, le harcèlement sexuel, l’autonomie financière et les rôles fondés sur le genre. L’évaluation du pro-
gramme a démontré l’importance de ces discussions facilitées étant donné que les participants se sont dits,
par la suite, plus enclins à reconnaître les abus s’ils y sont confrontés et à encourager les personnes qui en ont
souffert de s’exprimer, tout en déclarant être moins susceptibles d’avoir des attitudes justifiant la violence. Les
changements sur le long terme doivent encore faire l’objet d’une évaluation pour identifier l’impact réel au-delà
des premiers résultats de recherche prometteurs.

Pour en savoir plus sur le projet : https://womanity.org/wp-content/uploads/2015/11/150223-FINAL-report-B100-


Ragl-no-annex.pdf

Ressources : omment faire de la radio communautaire :


C
manuel destiné aux radios communautaires
 anuel de la radio communautaire
M -h
 ttp://www.unesco.org/new/fr/communica
-h
 t t p : / / w a y b a c k . a r c h i v e - i t . o r g /1 0 6 1 1 / tion-and-information/resources/publications-
20160802183648/http://unesdoc.unesco.org/ and-communication-materials/publications/
images/0012/001245/124595f.pdf full-list /how-to-do-community-radio-a-
primer-for-community-radio-operators/
Community Media: A Good Practice Handbook

-h
 ttp://www.unesco.org/new/en/communi Instaurer un dialogue permanent en parallèle du pro-
cation-and-information/resources/publi gramme de divertissement éducatif, à la fois par le biais
cations-and-communication-materials/ d’autres médias et par la mobilisation en personne au
publications/full-list/community-media-a- sein de la communauté, est primordial pour discuter des
good-practice-handbook/ sujets concernant les femmes et les hommes, ainsi que
des inégalités, et remettre en question les stéréotypes.
Ce dialogue permet de développer une autre vision et
d’aider les communautés à constater que le monde exté-
rieur bouge et évolue également.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 75
Leh Wi Know/Let Us Know (Sierra Leone)

En Sierra Leone, la complémentarité entre un projet basé sur le divertissement éducatif avec des programmes
médiatiques supplémentaires et des activités essentielles de sensibilisation communautaire a porté ses fruits.
Dans les années 2014-2016, BBC Media Action a produit un feuilleton régulier et prenant d’une durée de 15 mi-
nutes intitulé Bamba Community (Communauté Bamba). Chaque épisode était suivi d’une émission de libre
antenne pendant 45  minutes, baptisée Leh Wi Know (Dites-le-nous) pour approfondir les questions abordées
dans le feuilleton, notamment la violence domestique et l’accès des femmes à la propriété foncière. La libre
antenne comptait sur la participation d’invités experts à la fois des questions de droits des femmes et juridiques
pour que les auditeurs puissent demander des conseils quant à leur propre situation et débattre des normes
sociales fondées sur le genre.

Confronté à un manque de stations de radio jouissant d’une large audience en Sierra Leone, BBC Media Action
a travaillé avec de nombreuses stations locales partenaires pour diffuser le programme. Il a été donné à l’ONG
locale dédiée à la jeunesse Restless Development la possibilité de se baser sur la programmation pour organiser
des ateliers communautaires de discussion avec les adolescentes sur leurs droits.

Pour en savoir plus, consulter  : http://www.bbc.co.uk/mediaaction/where-we-work/africa/sierra-leone/


womens-rights-radio-show

Les initiatives fructueuses ont montré que faire entrer les des pratiques néfastes ou différentes formes de pouvoir,
personnages et les sujets des programmes de divertisse- de contrôle et de violences sont susceptibles de penser
ment éducatif dans la vie des populations (à travers les qu’il s’agit de cas isolés ou que cela ne les concerne pas,
réseaux sociaux, les événements sociaux, les panneaux tandis qu’une émission de libre antenne prévue immé-
grand format, les prospectus et les interventions com- diatement après le programme peut donner la parole à
munautaires) se révélait très efficace pour remettre en de nombreuses personnes « à qui c’est arrivé ».
question les normes sociales en place et inciter les vic-
times et survivants de violences et de pratiques néfastes Selon les capacités de l’organisation, celle-ci peut aussi
à prendre la parole pour raconter leur expérience. employer certaines techniques de campagnes média-
tiques traditionnelles pour accroître l’impact du projet
Ces initiatives permettent également à la population de divertissement éducatif.
d’entendre que d’autres changent d’opinion, ce qui
constitue une étape décisive vers l’évolution des normes
sociales. Les auditeurs d’une œuvre qui met en lumière

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 76
C’est la vie ! : une émission télévisée pédagogique panafricaine

C’est la vie ! est une initiative de plusieurs organismes (OMS, UNICEF, UNFPA et ONU Femmes) unique en son
genre qui intègre les meilleures pratiques connues, soutenue par le Fonds français Muskoka et dédiée à la réduc-
tion de la mortalité maternelle, infantile et des nouveau-nés. En 2016, le programme a été vu par 20 millions de
téléspectateurs dans sept villes africaines.
C’est la vie ! se décline de la manière suivante : i) une émission télévisée pédagogique (saison 1 : 26 épisodes
de 26 minutes chacun / saison 2 : 36 épisodes) diffusée sur les chaînes télévisées panafricaines et un réseau
potentiel de 40 chaînes télévisées nationales dans toute l’Afrique, ii) une campagne multiplateforme régionale
conçue pour traiter des questions de santé et de droits reproductifs, de planning familial, de santé de la mère et
de l’enfant, de qualité des soins et de violence sexiste, et pour encourager les débats sur ces sujets. L’initiative
a pris la forme d’un feuilleton radio (piloté au Niger), de messages et débats radiophoniques et télévisés, d’une
assistance-conseil sur téléphone portable et Internet, de visuels et brochures et de campagnes sur Internet et
les réseaux sociaux. Les sites Internet d’information tiennent les internautes informés et permettent de faire
évoluer les principaux personnages du feuilleton en ligne. En parallèle, les scènes et intrigues supplémentaires
sont publiées sur les réseaux sociaux et les internautes sont invités à donner leur point de vue ou suggérer de
nouveaux sujets et scénarios.

La campagne de communication se base sur un recours intensif aux médias de masse et aux médias multiplate-
formes ainsi que sur un partenariat public-privé novateur. Les objectifs poursuivis sont les suivants :

I. Informer une large audience sur l’ensemble du continent africain tout en assurant un bon rapport qualité-prix, et

II. Encourager le débat sur les normes sociales et les comportements individuels, tout en remettant en question
les traditions et en défendant une transformation sociale positive. 

Pour en savoir plus, consulter  : http://www.comminit.com/edutain-africa/content/cest-la-vie-television-


programme

6.3.4 Réseaux sociaux et technologies normes sociales et culturelles et les obstacles structurels


de l’information et de la communication font que, dans la pratique, les hommes et les femmes
Les technologies de l’information et de la communica- sont confrontés à d’importants écarts dans l’accès aux
tion  (TIC) continuent de redessiner et de révolutionner technologies, dans leur utilisation et leur niveau de
la manière dont nous vivons et nous travaillons. Elles sécurité. Depuis 2017, la fracture numérique entre les
fournissent des perspectives sans précédent pour mul- hommes et les femmes reste importante. Dans la plupart
tiplier les possibilités qui s’offrent aux femmes et aux des pays, en particulier dans les pays en développement,
filles et améliorer leur bien-être en général. Les TIC ont la les femmes sont moins susceptibles d’utiliser Internet.
capacité d’améliorer la connectivité, le pouvoir d’expres- Cette sous-représentation est encore plus frappante
sion et la capacité d’agir des femmes et des filles au sein dans les pays les moins avancés, où seulement une
des sphères politiques, économiques et sociales de la femme sur sept utilise Internet contre un homme sur
société. Le recours aux TIC pour accélérer les progrès vers cinq. Cet écart s’est considérablement creusé au cours
l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes est de la période quinquennale d’observation  (2012-2017)
non seulement crucial pour les femmes et les filles elles- réalisée en Afrique (UIT, 2017).
mêmes, mais aussi pour mettre en œuvre le Programme
de développement durable à l’horizon 2030. La fracture numérique entre les hommes et les femmes
va au-delà des simples différences d’accès et est
En soi, les technologies sont neutres et offrent les mêmes étroitement liée à une multitude de facteurs, tels que
possibilités aux hommes qu’aux femmes. Toutefois, les les connaissances techniques, la sensibilisation aux

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 77
avantages et aux applications des technologies, le conte- d’élaboration de rapports (en toute transparence) sur les
nu des formations et les méthodes d’enseignement des contenus abusifs et les plaintes liées aux violences ; inves-
compétences nécessaires, et la capacité des femmes et tir dans l’élaboration, le perfectionnement et l’utilisation
des filles à avoir recours aux technologies et à Internet d’une architecture des TIC sensible au genre ; poursuivre
sans subir de discriminations et de violences, ou craindre l’alphabétisation numérique des garçons, des filles, des
de subir de tels abus. femmes et des hommes en parallèle des autres interven-
tions examinées dans ce domaine en constante évolution.
Les efforts déployés dans le domaine des réseaux sociaux
ne doivent pas être axés uniquement sur l’utilisation Ressources :
de nouvelles technologies et de plateformes visant à
promouvoir et à défendre le changement des normes Forum sur la gouvernance de l’Internet (FGI) 2015 :
sociales. Ils doivent également s’attacher à améliorer Best Practice Forum (BPF) on Online Abuse and
l’accès des femmes et des filles à Internet et aux autres Gender-Based Violence Against Women: http://
technologies de communication, à renforcer les compé- www.intgov forum.org/cms/documents/
tences dont elles ont besoin pour utiliser ces outils et à best-practice-forums/623-bpf-online-abuse-
lutter contre les violences endémiques dont elles sont and-gbv-against-women/file
victimes sur ces plateformes.
#HerNetHerRights Resource Pack on ending

Common Sense Media : https://www.common online violence against women & girls in Europe:
sensemedia.org/social-media https://www.womenlobby.org/IMG/pdf/
hernetherrights_resource_pack_2017_web_
ONUDC, Un Internet plus sûr pour les enfants – version.pdf
http://www.unodc.org/dohadeclaration/fr/
news/2018/02/leading-our-children-to-a-safer- Ressources d’Hollaback sur le cyberharcèle-
internet--from-preschool-to-high-school.html ment  : https://www.ihollaback.org/resources/
et https://iheartmob.org/about
À l’échelle mondiale, la portée et l’ampleur des violences
exercées en ligne à l’égard des femmes restent inconnues. Association pour le progrès des communi-
Toutefois, des études ont montré qu’un large pourcen- cations, Les violences à l’égard des femmes
tage de femmes avait déjà été victime d’une des formes liées aux technologies  : https://genderit.org/
de violence. Parmi ces abus figurent, sans toutefois s’y onlinevaw/
limiter, les commentaires sexistes et désobligeants, les
intimidations et les menaces, le harcèlement, la divulga- La croissance exponentielle d’Internet et des nouvelles
tion de données personnelles, le trolling, le partage non technologies change les règles du jeu pour les médias.
consenti d’informations ou d’images personnelles et En 2017, 80  % des jeunes de 104  pays avaient accès à
privées, et les leurres à des fins d’abus (ADD APC, et al). Internet (UIT, 2017). Cette constatation a son importance
dans les efforts de prévention de la violence. L’impact des
Différentes mesures doivent être mises en place pour autres interventions dans les médias (et dans d’autres do-
empêcher la cyberviolence et y faire face de manière ap- maines) peut être considérablement renforcé par la mise
propriée lorsque celle-ci survient. Les actions suivantes en œuvre parallèle d’activités sur les réseaux sociaux,
permettront de faire évoluer les choses dans ce domaine : permettant ainsi d’atteindre un vaste public et de l’impli-
mieux définir la cyberviolence à l’égard des femmes ; éla- quer dans les discussions. Plusieurs possibilités existent
borer des directives, des réglementations, une législation sur les réseaux sociaux, à savoir les discussions en direct à
et des normes nationales et internationales  (en matière heures fixes sur Twitter, Facebook et d’autres plateformes,
de liberté d’expression et de vie privée) ; collaborer avec les ou les discussions sur les forums de Facebook. D’autres
prestataires intermédiaires de services Internet et les en- liens peuvent aussi être créés via YouTube ou VIMEO, en
courager à s’impliquer dans les processus de changement publiant des vidéos sur les problèmes évoqués et en en-
institutionnel comprenant des politiques sensibles au courageant le partage de commentaires. Quel que soit le
genre, des protocoles, des codes de conduite, des directives format choisi, les professionnels sont invités à tenir des
et normes d’autorégulation, la formation du personnel, propos modérés au vu du caractère sensible des sujets
des mécanismes internes d’identification, de suivi et abordés et des possibles réactions négatives.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 78
À l’échelle mondiale, les réseaux sociaux ont déjà aidé des cas de violences à l’égard des femmes et des filles
à alimenter d’importants mouvements politiques et racontées collectivement par les femmes sur les réseaux
sociaux et ont considérablement renforcé la capacité sociaux et relayées ensuite dans la presse et les médias
de la population à remettre en question et à changer les audiovisuels au vu de l’intérêt qu’elles avaient suscité.
relations de pouvoir au sein de la société, par le biais de À cet égard, les réseaux sociaux constituent une plate-
plateformes pouvant influencer et mobiliser les citoyens. forme de renforcement de la voix des femmes et un outil
Les communautés en ligne continuent de prendre de potentiel de prévention des violences faites aux femmes
l’ampleur et offrent des discours et des points de vue et aux filles, tout en s’implantant comme vecteur de la
alternatifs sans devoir s’en remettre aux médias tradi- résistance et de la solidarité féminines.
tionnels. Il existe plusieurs exemples d’histoires relatant

Her Zimbabwe (Zimbabwe)
Lancé en 2012 par Fungai Machirori, Her Zimbabwe est un magazine en ligne qui cherche à exploiter le potentiel
des médias numériques afin de diffuser les récits de femmes zimbabwéennes, y compris leurs récits de violence,
et encourager le militantisme numérique des jeunes femmes. En 2016, grâce à HIVOS et Free Press Unlimited,
Her Zimbabwe a lancé le projet « Mobile Community Zimbabwe » (ZWM3), une communauté de jeunes femmes
formées par Her Zimbabwe en faveur de l’adoption d’une vision respectueuse de l’égalité des genres dans les
scénarios numériques depuis leurs téléphones portables. Le projet dote les jeunes femmes des compétences
requises pour raconter les histoires zimbabwéennes alternatives délaissées par les médias traditionnels. Her
Zimbabwe réussit à rassembler une grande variété de contenu et offre des options de partage de contenu sur
les réseaux sociaux à la fois claires et simples d’utilisation. Cette plateforme est idéale pour toucher un public
cible à la fois vaste et spécifique au sujet des stéréotypes sexistes et de la prévention des violences faites aux
femmes et aux filles.

Pour en savoir plus, consulter : http://herzimbabwe.co.zw/

Un exemple sans précédent de ce rôle joué par les réseaux • les mots-dièse #IBelieveHer et #ItHappensHere ont été
sociaux est le mouvement #MeToo qui est devenu viral, utilisés pour combattre les attitudes stigmatisantes
avec des centaines de milliers de femmes annonçant envers les victimes au cours des discussions sur le viol,
publiquement qu’elles avaient été victimes de harcèle- principalement aux États-Unis d'Amérique ;
ment sexuel et d’autres formes de violence sexuelle à un
moment de leur vie. Bien que les délits d’abus ne datent • les mots-dièse #WhyLoiter et #GirlsAtDhabas ont été
pas d’hier, les médias sociaux ont permis de dévoiler utilisés en Inde et au Pakistan pour contester les res-
au grand jour les niveaux alarmants de harcèlement trictions d’accès des femmes aux espaces publics ;
sexuel, sensibilisant ainsi le grand public à l’ampleur
du problème. Le mouvement initial a donné naissance • le mot-dièse #LifeInLeggings a permis aux femmes de
à des débats intenses aux États-Unis d'Amérique et à la Barbade de s’exprimer sur le harcèlement sexuel, le
l’étranger, qui sont partis des médias traditionnels et se viol et les violences sexuelles.
sont répandus dans la rue. Il a également généré une
intensification des réponses, allant du licenciement des Les campagnes lancées sur les réseaux sociaux peuvent
auteurs à la création d’initiatives indépendantes visant jouer un rôle prépondérant, à condition qu’elles soient
à soutenir les femmes ayant subi des violences  (par planifiées de manière appropriée. Pour cela, il convient de :
exemple, #TimesUp), en passant par des procédures pé-
nales et civiles d’un niveau inédit et une attention accrue • S’inscrire et s’exprimer sur les réseaux sociaux qui
de la part des employeurs pour empêcher et combattre semblent adaptés au public cible et aux activités pré-
les violences sur le lieu de travail. vues de prévention des violences à l’égard des femmes
et des filles.
D’autres initiatives similaires ont vu le jour :

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 79
The Everyday Sexism Project (Royaume-Uni)

L’initiative Everyday Sexism Project (Le sexisme au quotidien) émane d’une idée à l’origine des plus simples for-
mulée par une activiste au Royaume-Uni, à savoir lancer un site Internet où les femmes peuvent, anonymement,
mettre en ligne de courts récits relatant des comportements sexistes. Ces récits ont commencé à être de plus en
plus relayés sur les réseaux sociaux, devenant à de nombreuses reprises des sujets d’actualité « brûlants », et ont
donné les armes aux femmes et aux filles pour briser le silence et entrer en contact les unes avec les autres. Cette
initiative a également permis de révéler aux professionnels des médias certains aspects de la vie des femmes,
dont les violences à leur égard, qui n’étaient auparavant pas représentés dans les médias traditionnels, en parti-
culier le caractère quotidien du harcèlement sexuel, les comportements sexistes, le sexisme associé au racisme
et leurs conséquences sur la vie des femmes. Le projet compte 24 syndications internationales. La plateforme est
disponible gratuitement et partout, et son contenu est reproductible par toutes.

Pour en savoir plus, consulter : Bates, L. (2014) Everyday Sexism, Simon & Schuster : Londres. http://everydaysexism.com/

• Prendre le temps d’examiner les facteurs de réussite des comptes réels ou des histoires personnelles (avec
des personnalités et des campagnes suivies par un le consentement de la personne concernée).
grand nombre de personnes ; qu’est-ce que leur conte-
nu a de spécial ? Plusieurs enseignements et recommandations ont été
formulés quant à l’utilisation des réseaux sociaux pour
• Établir des partenariats et un plan d’action en temps modifier les normes sociales (Liou, 2013) :
utile afin de s’impliquer et d’interagir de façon régu-
lière et soutenue. • Prévoir un moment pour discuter activement avec les
personnes qui vous suivent au lieu de publier unique-
• Se préparer à recevoir des réactions hostiles ou des ment des messages prévus à l’avance aux heures de
remarques et commentaires discriminatoires ou de la pics d’activité.
part de détracteurs. Le cas échéant, utiliser des faits et

Bytes for All – Pakistan


Bytes for All (B4A) au Pakistan, est un groupe de réflexion dédié à l’utilisation des technologies de l’information et de
la communication (TIC) au service du développement durable et du renforcement des mouvements de défense des
droits humains dans le pays, avec une approche axée sur l’élimination de la violence sexiste induite par les technolo-
gies. En 2013, B4A a remporté le prix Avon Global Communications Award récompensant ses supports exemplaires
en faveur de la lutte contre la violence contre les femmes. Le prix a été décerné à sa campagne « Take Back the Tech »
(Reprendre le contrôle sur les technologies), une campagne collaborative pour se réapproprier les TIC et les mettre au
service de la lutte contre la violence faite aux femmes, qui s’inspire du projet phare mondial « Take Back the Tech ».
La campagne a profité de la diffusion de la technologie au Pakistan pour aider les femmes à l’utiliser et raconter leur
histoire sur un support numérique afin de sensibiliser à, et lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles.

À l’occasion de la campagne internationale « 16 jours d’activisme pour mettre fin à la violence faite aux femmes »,
B4A a mis en avant des récits forts de femmes et de filles qui ont été victimes de violence sexiste, ont résisté à ces
abus et ont lutté pour y mettre fin. Les récits publiés sur le site Internet cherchent à remettre en cause les normes
liées au genre en mettant en scène la résistance et la résilience de femmes et de filles qui ont connu différentes
formes de violence sexiste, y compris la violence en ligne.

Pour en savoir plus, consulter  : www.bytesforall.pk et https://samsn.ifj.org/wp-content/uploads/2017/03/


ByteBack_CombatingOnlineHarassment.pdf

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 80
• Utiliser plusieurs formes de multimédia, telles que des 6.4 Campagnes
photos, des vidéos, des podcasts (en veillant à leur perti-
nence et à l’obtention des consentements nécessaires). Une campagne est un effort organisé pour accélérer le
changement dans les lois, les politiques, les institutions
• Créer une communauté en ligne capable de maintenir ou les individus de sorte à influencer les structures et les
la dynamique en permettant à ceux qui vous suivent actions (Lamb, 1997). Les campagnes ne sont pas syno-
d’interagir entre eux. nymes de sensibilisation, bien qu’il soit possible qu’une
campagne intègre un élément de sensibilisation dans sa
• Élaborer une stratégie de réponse à une éventuelle stratégie. Une campagne comprend des objectifs ou des
forme de violence de la part de l’un des internautes résultats spécifiques qu’elle tente d’atteindre. En général,
et mettre en place des systèmes de soutien au sein de les campagnes de lutte contre les violences à l’égard des
l’organisation ou du groupe. femmes et des filles visent à faire changer les lois, les
institutions et les politiques ou à modifier les attitudes
• Respecter les valeurs de « récompense, reconnaissance individuelles, les comportements et les normes sociales
et influence » ; les gens aiment obtenir des choses, se plus larges en lien avec les inégalités entre les sexes, les
sentir reconnus par leurs pairs et savoir qu’ils ont in- discriminations et les violences (Coffman, 2003).
fluencé quelque chose de tangible.
Les campagnes de lutte contre les violences à l’égard des
• Attirer l’attention ou stimuler les sens en créant quelque femmes et des filles s’appuient souvent sur plusieurs
chose de personnel, d’inattendu et de visuel  (montrer formats multimédia pour atteindre leur public cible, de
plutôt que raconter) (Aaker et Smith, 2010). Ce type de la narration numérique aux vidéos d’annonces de service
contenu ne peut être créé qu’avec le consentement public, en passant par les panneaux grand format et les
éclairé des personnes ou des groupes impliqués. divertissements éducatifs.

Bell Bajao/Ring the Bell (Inde)

Bell Bajao! – Ring the Bell (Bell Bajao ! – Sonnons la cloche) est une campagne multimédia lancée en 2008 par
Breakthrough, une organisation de défense des droits humains basée aux États-Unis d'Amérique et en Inde. Elle
appelle les hommes et les garçons en Inde à agir pour dénoncer des abus, que ce soit en prenant la parole ou en
faisant sonner la cloche ou sonnette de porte pour s’assurer que les femmes dans leurs communautés puissent
vivre à l’abri des violences domestiques. Pour impliquer les populations dans tout le pays, la campagne a eu
recours à un ensemble d’outils et techniques de communication soigneusement choisis, notamment la presse
écrite, la télévision, la radio, les camionnettes équipées de haut-parleurs et l’Internet, pour diffuser ses annonces
d’intérêt public (lesquelles ont été récompensées par un prix), au côté d’activités de mobilisation communau-
taire telles que le théâtre de rue, les forums publics et la formation de jeunes défenseurs des droits humains. La
campagne a également créé des supports pédagogiques tels que la boîte à outils de l’activiste et un guide de
discussion sur la violence domestique disponible en anglais et en hindi.

La campagne a touché plus de 125 millions de personnes. Une évaluation de la campagne a mis en évidence un
impact et un degré de sensibilisation élevés. Plus particulièrement, les personnes informées par les messages
diffusés par camionnettes et les activités de mobilisation communautaire, en sus des spots télévisés, étaient
bien plus disposées à changer d’attitude et à se renseigner davantage sur les droits des femmes que les per-
sonnes n’ayant vu que les spots télévisés.

Consulter l’étude de cas Bell Bajao dans son intégralité : http://www.endvawnow.org/uploads/browser/files/


bell_bajao_case_study_english.pdf 

Pour en savoir plus sur la campagne, visionner les vidéos et accéder à l’évaluation, consulter : http://bellbajao.org/

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 81
Cependant, les campagnes en elles-mêmes ont également été utilisées comme stratégie pour promouvoir le change-
ment dans les médias s’agissant des violences à l’égard des femmes et des filles.

Campagne « Éliminons le sexisme dans les médias »

L’Association mondiale pour la communication chrétienne (WACC), le réseau de l’Étude mondiale sur l’image des
femmes dans les médias et d’autres partenaires ont lancé une campagne en 2016 visant à mettre un terme au
sexisme dans les médias d’ici à 2020. La campagne encourage et appuie les actions nationales de plaidoyer en
vue de modifier la politique médiatique et la pratique journalistique et sert l’objectif de soutenir et de mettre en
lumière les efforts importants déployés dans plusieurs pays dans l’espoir que de nouvelles informations concer-
nant les stratégies fructueuses seront communiquées afin d’assurer une représentation juste et équitable des
femmes et des hommes dans les médias d’information. La campagne prévoit, entre autres, des quizz et des jeux,
une fiche d’évaluation en matière d’égalité des genres dans les médias, des supports de sensibilisation et de ré-
daction de lettres, une boîte à outils de formation au plaidoyer dans les médias ainsi que des outils analytiques.

Pour en savoir plus sur la campagne, consulter  : http://whomakesthenews.org/advocacy/end-news-


media-sexism-by-2020

Pour des orientations détaillées sur les campagnes, consulter la page suivante  : https://www.endvawnow.
org/fr/modules/view/3-campaigns.html

Campagne Take Back the Tech!


Le Programme des droits des femmes de l’Association pour le progrès des communications (APC) a mené un
certain nombre de projets de recherche sur les liens existants entre les TIC et les violences faites aux femmes
depuis 2005. Les conclusions de l’étude ont poussé les défenseurs des droits des femmes et de leur droit à la
communication à lancer la campagne « Take Back the Tech! » dans le but de stimuler la mobilisation dans ce
domaine clé. Les objectifs de la campagne sont les suivants :

• Créer des espaces numériques sûrs qui protègent les droits de toute personne à participer librement, sans
harcèlement ou menace pour sa sécurité.

• Dans les domaines des connaissances, informations et TIC, réaliser les droits des femmes à influencer, définir,
utiliser, participer, et partager.

• Étudier l’intersection entre les droits des femmes et Internet, en particulier du point de vue des violences faites
aux femmes.

• Reconnaître la participation et la contribution historique et critique des femmes au développement des TIC.

La campagne collabore avec différentes parties prenantes, et œuvre à la récupération des TIC pour lutter contre
les violences à l’égard des femmes. La campagne appelle tous les utilisateurs des TIC – en particulier les femmes
et les filles – à reprendre le contrôle sur les technologies et à utiliser stratégiquement toute plateforme de TIC à
disposition (téléphones portables, messagerie instantanée, blogs, sites Internet, caméras numériques, courriels,
podcasts et autres) au service de l’activisme contre les violences sexistes.

Pour en savoir plus sur la campagne, consulter : https://www.takebackthetech.net

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 82
6.5 Mobilisation des communautés mobilisation communautaire directe. Les recherches
récentes dans ce domaine montrent que cette dernière
Les exemples d’interventions efficaces et prometteuses de est essentielle à la réussite de l’intervention. Cette forme
lutte contre des phénomènes sociaux complexes, tels que de mobilisation communautaire en personne amène de
les violences à l’égard des femmes et des filles, ont mon- vraies transformations dans les attitudes et les compor-
tré que les campagnes ou les interventions médiatiques tements (Fergus, 2012). Elle est capitale, car elle permet
isolées devaient être accompagnées d’une démarche plus aux populations d’entendre les mêmes messages via
globale pour avoir un impact. Il peut s’agir notamment des sources différentes. Ces personnes peuvent ainsi
d’utiliser les médias en parallèle ou au sein d’interventions poser des questions et interagir avec les autres membres
à long terme et bien planifiées mises en œuvre dans les de la communauté sur les sujets abordés au cours des
écoles, les institutions et les communautés. Lorsque les activités auxquelles elles participent. Ces mobilisations
médias sont le point d’entrée, il est essentiel d’ajouter permettent aux populations d’aller au-delà de la simple
des interventions ciblées dans les communautés où sont réception d’informations et de connaissances et d’en-
diffusés les messages afin d’impliquer directement les gager le dialogue avec leurs pairs dans un processus de
personnes dans le processus de changement social. remise en question de leurs croyances, de leurs attitudes
et de leurs pratiques. Les discussions autour de sujets
La radio, la télévision, voire le divertissement éduca- tabous ou sensibles contribuent également à éclaircir
tif peuvent être la pierre angulaire de l’intervention, ce que les autres pensent ou ce qui est perçu comme la
bien qu’il soit fondamental de les accompagner d’une norme par la communauté.

Somos diferentes, somos iguales/Différents, mais égaux (Nicaragua)

L’ONG féministe nicaraguayenne Puntos de Encuentro a piloté ce programme entre 2002 et 2005, lequel encou-
rageait les jeunes filles et les jeunes garçons à parler de la violence sexuelle, des droits des personnes LGBT, du
machisme, du VIH et de l’utilisation de préservatifs. Le programme les incitait également à changer de com-
portement et d’attitude vis-à-vis de ces thèmes de société, alors perçus comme tabous. La stratégie « Somos
Diferentes, Somos Iguales » a associé le divertissement éducatif à la mobilisation communautaire et au ren-
forcement des capacités locales pour encourager un changement d’attitude, un soutien social et une action
collective dans le but d’enrayer les nouvelles infections par le VIH au Nicaragua.

La pièce maîtresse du programme est le feuilleton télévisé « Sexto Sentido » (Sixième sens), également diffu-
sé au Costa Rica, au Guatemala, au Honduras, au Mexique et aux États-Unis d'Amérique. Le projet comptait
une pluralité d’activités conçues autour du feuilleton afin d’assurer un renforcement mutuel des messages
du programme, notamment une émission de libre antenne destinée aux jeunes. De nombreuses ressources
ont été mises à disposition des groupes locaux pour encourager une mobilisation en personne. Parmi celles-ci
figuraient des activités communautaires telles que des ateliers de formation, et une coordination avec les ONG
et prestataires de soins de santé et de services sociaux locaux. La phase d’évaluation du programme a révélé
son efficacité à encourager une grande partie du public cible à prendre la parole sur les questions abordées, à
prendre conscience des services d’assistance existants et à exprimer moins d’opinions discriminatoires fondées
sur le genre.

Pour plus d’informations, consulter  : http://www.endvawnow.org/uploads/browser/files/sexto_sentido_


impact_evaluation_english.pdf

Les contenus médiatiques qui remettent en question les portant sur les méthodes efficaces pour modifier les
violences à l’égard des femmes et des filles ne sont pas normes sociales montrent que l’un des éléments essen-
suffisants à eux seuls pour faire changer les attitudes, tiels de cette transformation réside dans la création d’un
car ils n’impliquent pas nécessairement une réflexion environnement dans lequel les personnes ne se sentent
commune immédiate. Il est donc important d’induire pas seules lorsqu’elles commencent à reconsidérer leur
une telle réflexion de manière proactive. Les recherches position et changer leur point de vue.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 83
Le projet « VOICES » (Népal)

Entre 2007 et 2010, l’ONG Equal Access, avec le soutien du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour
l’élimination de la violence à l’égard des femmes et en partenariat avec General Welfare Prathistan, a proposé
une formation aux femmes vivant en milieu rural du Népal sur le reportage communautaire radiophonique,
dans le cadre du projet « VOICES ». Le projet a rassemblé et diffusé la voix des femmes les plus marginalisées du
pays pour susciter un appel à l’action communautaire contre les deux pandémies y sévissant : VIH et sida, d’un
côté, et violences faites aux femmes et aux filles, de l’autre. Les femmes ont été formées pour recueillir les récits
d’autres femmes en milieu rural et créer un programme radio baptisé «  Changing our World  »  (Transformer
notre monde). Celui-ci a touché deux millions d’auditeurs et abordé des sujets relatifs aux droits des femmes, à
la consolidation de la paix et à la violence à l’égard des femmes et des filles. Des activités d’autonomisation des
femmes ont été lancées en parallèle du projet par l’entremise de programmes radio et de formation innovants
associés à des activités de proximité. Soixante groupes communautaires d’auditeurs ont été formés pour encou-
rager une prise en main au niveau local et promouvoir un changement d’attitude et de comportement.

Une étude d’impact en fin de programme a permis d’identifier que VOICES avait réussi à atteindre ses principaux
objectifs, à savoir ouvrir le dialogue dans les foyers, renforcer les liens entre les demandeurs de services et la four-
niture desdits services au niveau communautaire, et encourager de nouvelles actions communautaires contre le
VIH/sida et les violences faites aux femmes et aux filles.

Pour plus d’information sur le projet et l’étude d’impact consulter  : http://www.endvawnow.org/uploads/


browser/files/equal_access_impact_assessment.pdf

Les programmes visant à modifier les comportements doivent être basés sur des théories de changement des compor-
tements ciblant à la fois les individus et les normes sociales plus larges.

Le Communication Initiative Network entretient un vaste corpus de recherches, de théories et d’outils liés
au changement des comportements, consultable à l’adresse suivante  : http://www.comminit.com/global/
search/apachesolr_search/?filters=tid:36%20tid:25

Les activités de mobilisation communautaire peuvent comprendre, entre autres, des réunions publiques, des for-
mations par les pairs et des ateliers communautaires qui seront mis en place au moment de la diffusion de chaque
divertissement éducatif, et immédiatement après. Ces activités se montrent plus efficaces lorsque les ONG locales
possédant une expertise dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles sont impliquées.

Une démarche globale de mobilisation communautaire : SASA! Raising Voices (Ouganda)


L’ONG ougandaise Centre for Domestic Violence Prevention  (Centre de prévention des violences domes-
tiques) s’est lancée dans la lutte contre la violence domestique en adoptant une démarche de mobilisation
communautaire sur une période de quatre ans et à l’échelle d’une division administrative du pays (Kawempe).
S’inspirant d’une stratégie développée par Raising Voices baptisée SASA!, le centre a impliqué les membres de
la communauté, le personnel institutionnel tel que la police et les centres de santé, ainsi que d’autres parties
prenantes dans une analyse de la situation concernant la violence domestique. Des membres dits « ordinaires »
de la communauté (85 personnes, en respectant une relative parité) ont endossé les rôles de bénévoles com-
munautaires, de conseillers et d’activistes. Ces membres ont ensuite impliqué leurs amis, collègues, voisins et
proches grâce à l’aide et au soutien de l’organisation. Les leaders d’opinion tels que les responsables de paroisses,
les « tantes » traditionnelles et les représentants des gouvernements locaux dans le village ont été impliqués
en tant qu’alliés puis chargés d’inspirer les autres membres de la communauté et de modifier leurs propres
pratiques. À titre d’exemple, les représentants des gouvernements locaux ont récemment adopté la première loi
de prévention de la violence domestique en Ouganda pour l’ensemble de la division administrative de Kawempe.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 84
Les représentants d’institutions telles que la police, les établissements religieux et les centres de santé ont été
identifiés et encouragés à prendre part à un processus de réévaluation de leurs politiques et pratiques en vi-
gueur, et ont été accompagnés dans l’adoption d’attitudes et de pratiques favorables aux femmes. À la suite de
ces activités, un nouveau système de valeur s’est progressivement généralisé dans la division de Kawempe. La
violence domestique est désormais perçue comme un problème par la communauté, des mécanismes de sou-
tien locaux existent pour venir en aide aux femmes, la population est plus encline à confronter les hommes qui
ont recours à la violence et les institutions agissent davantage en cas d’abus de ce type. La violence domestique
existe toujours dans la division de Kawempe, mais son seuil d’acceptation sociale s’est bel et bien amélioré.
L’approche de Raising Voices a depuis lors été adaptée et mise en œuvre dans diverses communautés du monde.

Pour en savoir plus sur cette initiative et accéder aux ressources, consulter : http://raisingvoices.org/

Les recommandations liées aux programmes et les en- importants au profit des autres acteurs cherchant à
seignements tirés des mobilisations communautaires adapter et à reproduire les programmes existants, et à
comprennent les actions suivantes : étendre leur portée.

• Mettre en lumière les avantages des droits humains et Ci-après figurent quelques-uns de ces enseignements :
des relations non violentes à la fois pour les femmes et
• Laisser suffisamment de temps aux organisations
pour les hommes.
pour intégrer pleinement l’approche adoptée par le
• Lutter contre les violences en favorisant les relations programme.
familiales et conjugales saines, plutôt que de s’orienter
seulement sur l’individu.  • Respecter les principes clés du programme.

• Associer différentes stratégies au sein de programmes • Établir des bases solides.


intégrés  (par exemple, l’éducation de groupe par la
• Impliquer les développeurs du programme.
sensibilisation communautaire et les campagnes mé-
diatiques de masse). • Voir au-delà des chiffres (qu’est-ce qui est en train de
changer ?).
• Promouvoir l’appropriation par la communauté et
son implication continue en renforçant la volonté des • Privilégier une dimension personnelle (ce travail porte
membres de devenir eux-mêmes activistes. sur des valeurs, croyances, attitudes et pratiques).
• Inclure explicitement les hommes. • S’adapter et évoluer.
• Entrer directement en contact avec les membres de
• Soutenir l’innovation.
la communauté et renforcer la capacité des individus,
des groupes et des institutions à devenir des agents du
Ressources :
changement.
• Susciter l’espoir et l’engouement vis-à-vis des alterna- Un cadre pour appuyer les mesures de pré-
tives à la violence. vention de la violence l’égard des femmes :
https://www.unwomen.org/fr/digital-library/
• Personnaliser le processus en mettant en avant le fait
publications/2015/11/prevention-framework
que chaque personne peut participer à la recherche de
solutions. What Works to Prevent Violence : http://www.
• Définir la violence à l’égard des femmes comme relevant whatworks.co.za/resources/evidence-reviews
de la responsabilité de la communauté et non comme
étant un problème propre aux femmes (Michau, 2007). 
Centre virtuel de connaissances pour
mettre fin à la violence contre les femmes et les
La Community for Understanding Scale-Up  (CUSP) est filles : https://www.endvawnow.org/fr/articles/
un consortium d’organisations (CEDOVIP, IMAGE, Institut 343-community-mobilization.html
de santé reproductive de l’Université de Georgetown,
OXFAM, Puntos de Encuentro, Raising Voices, Salamander  n the CUSP of Change: Effective scaling of
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Trust, Sonke Gender Justice, Tostan, We Can) qui utilise social norms programming for gender equality –
les programmes de changement des normes sociales http://raisingvoices.org/wp-content/uploads/
éprouvés dans les communautés du monde entier. Les ré- 2013/02/CUSP.SVRIpaper.Final_.6sept2017.
flexions partagées ont permis de tirer des enseignements forWeb.pdf

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 85
ANNEXE : 10 mesures essentielles
Promouvoir l’égalité des genres, la diversité 6. Accroître les connaissances et responsabiliser les femmes
et le respect et les filles (mais également les hommes et les garçons)
1. S’efforcer de garantir l’égalité des genres au sein de dans le domaine des médias et de l’information pour
l’organisation, y compris en matière de recrutement, de défendre un accès équitable à l’information et au savoir
rétention et de promotion des femmes  ; s’assurer que tout en les dotant des compétences nécessaires pour
la voix des femmes est entendue dans les structures consulter, interagir avec et analyser de manière critique le
et organes décisionnels  ; et renforcer les politiques contenu auquel elles sont confrontées. Ceci revêt une im-
entrepreneuriales et organisationnelles en matière de portance particulière au vu du volume d’informations et
harcèlement et d’abus sexuels, d’équilibre entre vie pro- d’images, y compris du contenu nuisible, aisément acces-
fessionnelle et vie privée, de télétravail et de flexibilité sible sur des formats papier, audio, vidéo et numériques.
horaire (en prêtant une attention particulière à une plus 7. Faciliter l’accès à la voix des survivantes de tous horizons
grande équité de la charge familiale entre les femmes et souhaitant confier leur histoire aux organes de presse.
les hommes salariés). S’assurer du consentement éclairé de la survivante et lui
2. Garantir la sécurité des femmes journalistes en adop- offrir une assistance psychologique et d’aide à la prise de
tant des lignes directrices applicables à l’ensemble parole en public afin de lui permettre de communiquer
du secteur afin d’identifier et de contrôler tout cas de efficacement son expérience et les messages qu’elle
harcèlement et d’abus, y compris en ligne  ; s’assurer souhaite partager.
que les victimes (salariées, contractuelles et autres) ont
accès à des mécanismes de signalement et de soutien ; Nouer des partenariats accélérateurs
et proposer des mesures pratiques d’assistance visant à de changements
prévenir tout abus au sein de l’organisation, en sus des 8. Concevoir une stratégie de divertissement éducatif axée
risques spécifiques pouvant survenir en mission. sur la remise en cause des stéréotypes sexistes, la discri-
mination, les inégalités et les conceptions néfastes de la
3. Lancer des programmes pédagogiques et de formation
masculinité afin de mettre en évidence le rôle des normes
qui permettent aux membres du personnel de se fami-
sociales dans l’exécution et l’acceptation de la violence
liariser, d’une part, avec les structures, politiques, lignes
faite aux femmes et aux filles. Prendre contact avec les
directrices et codes déployés à l’échelle de l’organisation,
sociétés de production ou créer vos propres programmes
et d’autre part, avec les possibilités de mobilisation di-
médiatiques sur une variété de formats disponibles tels
recte de nature plus transformatrice pour que la culture
que les radios communautaires ou les réseaux sociaux.
organisationnelle évolue et intègre les droits humains,
Le divertissement éducatif peut être la pierre angulaire
l’égalité et la non-discrimination dans les structures et
de l’intervention, bien qu’il soit fondamental de l’accom-
les pratiques en place.
pagner d’une mobilisation communautaire directe.

Contrôler et améliorer le contenu 9. 


Conclure des partenariats avec d’autres parties pre-
4. Procéder à un contrôle des médias (imprimés, sur écran, nantes (notamment des groupes de défense des droits
radiophoniques et via les TIC) afin d’identifier toute re- des femmes, des experts en violence sexiste, la munici-
présentation stéréotypée des filles, femmes, garçons et palité) afin de s’impliquer davantage dans les travaux de
hommes, de déterminer si des attitudes et opinions dis- prévention de la violence, plus particulièrement en cas
criminatoires sont renforcées et de savoir comment la d’ancrage dans le tissu local pour toucher les hommes
violence faite aux femmes est abordée. Utiliser l’analyse et les femmes, les filles et les garçons, au moyen de dia-
de suivi des résultats pour entreprendre un change- logues en personne et de programmes de lutte contre
ment positif en impliquant le média concerné. les normes sociales préjudiciables.

5. 
Rédiger des lignes directrices régissant le contenu 10. Créer ou rejoindre un réseau existant consacré aux
éditorial ainsi que la prise en charge et la conduite questions de genre, de violence à l’égard des femmes et
d’entretiens de victimes pour veiller, dans la pratique des filles et de médias en vue de partager les informa-
courante et pour l’ensemble des initiatives, au respect tions et enseignements tirés, de nouer des partenariats
des principes éthiques, centrés sur les victimes et fondés autour de projets et de plaider pour un changement
sur les droits humains. lorsque jugé nécessaire.

Manuel de lutte contre la violence


à l’égard des femmes et des filles dans et à travers les médias 86
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