Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
CONVERSATION
Manuel de lutte contre
la violence à l’égard
des femmes et des filles
dans et à travers les médias
Organisation
des Nations Unies
pour l’éducation,
la science et la culture
© Publié en 2020 par
l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, France
et
l’ONU Femmes
220 East 42nd Street New York, NY 10017, États-Unis d'Amérique
Œuvre publiée en libre accès sous la licence Attribution-ShareAlike 3.0 IGO (CC-BY-SA 3.0 IGO) (http://creativecommons.org/
licenses/by-sa/3.0/igo/). Les utilisateurs du contenu de la présente publication acceptent les termes d’utilisation de l’Archive
ouverte de libre accès UNESCO (www.unesco.org/open-access/terms-use-ccbysa-fr).
Titre original : The Big Conversation: Handbook to Address Violence against Women in and through the Media
Publié en 2019 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture et l’ONU Femmes
Les désignations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de
l’UNESCO aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant
au tracé de leurs frontières ou limites.
Les idées et les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs ; elles ne reflètent pas nécessairement les
points de vue des Nations Unis, y compris l’UNESCO ou l’ONU Femmes, ni ceux des États membres de l’ONU.
Auteures :
Dina Deligiorgis et Manal Benkirane (Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes – ONU
Femmes), à partir d’un projet initial élaboré par Vanessa Born (DIV VIC, Australie), Sarah Green (Ending Violence against Women
Coalition, Royaume-Uni) et Fiona Vera-Gray (Durham University), avec la contribution de Kalliope Mingeirou (ONU Femmes).
Conseillère technique :
Mirta Lourenço, Secteur de la communication et de l’information, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et
la culture (UNESCO).
Relectrices et relecteurs :
Josephine Casserly, conseillère pour la gouvernance et les droits, BBC Media Action.
Will Taylor, conseiller principal pour la gouvernance et les droits, BBC Media Action.
Karen Boyle, Université de Stirling, professeure en études féministes sur les médias au département Communication, médias
et culture.
Marai Larasi, IMKAAN. Carla Moore, Université des Indes occidentales, chargée de cours à l’Institut d’études sur le genre et
le développement.
Shawna-Kae Burns, Université des Indes occidentales, chargée de cours à l’Institut d’études sur le genre et le développement.
Gabrielle Henderson, ONU Femmes.
Philippe Lust-Bianchi, ONU Femmes.
Juncal Plazaola Castano, ONU Femmes.
Oisika Chakrabarti, ONU Femmes.
Appui éditorial :
Mallorie Bronfman-Thomas (ONU Femmes). Nous remercions particulièrement le gouvernement australien pour l’aide
apportée à l’élaboration de ce manuel.
Création graphique :
Dammsavage Inc.
Organisation
des Nations Unies
pour l’éducation,
la science et la culture
La traduction en français de ce manuel a été rendue possible grâce au soutien financier de l'UNESCO.
LA GRANDE
CONVERSATION
Manuel de lutte contre
la violence à l’égard
des femmes et des filles
dans et à travers les médias
Organisation
des Nations Unies
pour l’éducation,
la science et la culture
AVANT-PROPOS
La violence à l’égard des femmes reste l’un des plus grands défis de notre époque en matière de droits humains.
Ainsi, une femme sur trois subira une forme ou une autre de violence physique ou sexuelle au cours de sa vie (hors
harcèlement sexuel). Le Programme d’action de Beijing, un cadre mondial visant à atteindre l’égalité des genres qui
sera prochainement examiné à l’occasion de son 25e anniversaire, nous rappelle qu’il reste encore beaucoup à faire pour
endiguer ce fléau. Il nous rappelle également l’importance des médias dans la réalisation de cet objectif. La télévision, le
cinéma, la radio, la presse écrite et les médias sociaux sont omniprésents dans notre quotidien pour nous informer, nous
divertir et nous offrir toujours plus de moyens de communication. Ces plateformes, et le contenu qu’elles fournissent,
sont à la fois une source de défis perpétuels et de possibilités extraordinaires dans la réalisation de l’égalité des genres
et l’élimination de la violence contre les femmes et les filles.
Les normes sociales discriminatoires qui favorisent les inégalités entre les sexes et la violence envers les femmes et
les filles sont souvent perpétuées par des représentations stéréotypées des hommes et des femmes. Ces stéréotypes
sont le fruit d’une division établie non seulement en fonction du sexe, mais également selon d’autres caractéristiques
de l’identité personnelle telles que l’origine ethnique, la langue, le handicap, le statut social et économique, etc.
Parallèlement, les médias ont fortement contribué à ouvrir nos esprits, à montrer la richesse de notre diversité et à
défendre la promesse d’un monde plus harmonieux et plus respectueux des relations humaines. C’est ce pouvoir des
médias que nous cherchons à exploiter et à renforcer.
ONU Femmes et l’UNESCO sont heureux d’avoir participé à l’élaboration de ce manuel, qui s’inscrit dans une série de
publications destinées à faire avancer la mise en œuvre d’Un cadre pour appuyer les mesures de prévention de la violence
à l’égard des femmes (ONU Femmes, Programme des Nations Unies pour le développement [PNUD], UNESCO, Fonds
des Nations Unies pour la population [UNFPA], Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme [HCDH]
et Organisation mondiale de la Santé [OMS], 2015). Ce manuel présente des orientations, des outils et des pratiques
prometteuses inspirés par des pays du monde entier. Il s’adresse à toutes celles et à tous ceux qui travaillent avec le
secteur des médias ou au sein de ce dernier. Nous souhaitons que ce manuel serve de point d’entrée pour accélérer les
progrès vers la réalisation de l’égalité des genres dans les systèmes et les structures des organisations. Nous espérons
qu’il permettra de mettre en application les méthodes qui ont fait leurs preuves afin de promouvoir les valeurs de
diversité, d’égalité et de non-violence dans les contenus produits par les médias.
Åsa Regnér Moez Chakchouk
Secrétaire générale adjointe et Sous-directeur général
Directrice exécutive adjointe pour la Communication et l’information
ONU Femmes UNESCO
1.1 Pourquoi faut-il travailler avec les médias ? 3 5.3 Politiques, protocoles et codes de conduite 38
4 R
ENFORCEMENT DE ANNEXE : 10 MESURES ESSENTIELLES 86
L’ENVIRONNEMENT FAVORABLE 12
4.1 Cadres réglementaires 12
4.2 Recherche et suivi 16
RÉFÉRENCES
4.3 Éducation aux médias et à l’information (MIL) 20
4.4 Réseaux 27
4.5 Distinctions et reconnaissance 32
TERMES ET CONCEPTS
PRINCIPAUX
Diversité des identités de genre : dans le contexte du Intégration des questions de genre : processus consis-
présent manuel, ce terme désigne les rôles, les expres- tant à évaluer les incidences pour les femmes et pour les
sions ou les comportements liés au genre qui diffèrent hommes de toute action envisagée, notamment dans la
des normes traditionnelles en la matière. Les personnes législation, les politiques ou les programmes, dans tous
de genre variant peuvent se définir comme différentes et les secteurs et à tous les niveaux. Il s’agit d’une stratégie
adopter des comportements pouvant ne pas être généra- visant à incorporer les préoccupations et les expériences
lement associés à leur sexe biologique. des femmes aussi bien que celles des hommes dans l’éla-
boration, la mise en œuvre, la surveillance et l’évaluation
Égalité des genres : notion selon laquelle tous les êtres des politiques et des programmes dans tous les domaines
humains, quels que soient leur sexe ou leur identité de politiques, économiques et sociaux de manière que les
genre, sont égaux dans leur dignité et leurs droits et femmes et les hommes bénéficient d’avantages égaux
sont libres de développer leurs capacités personnelles, de et que l’inégalité ne puisse se perpétuer. À terme, le but
poursuivre leur carrière professionnelle et de prendre des est d’atteindre l’égalité entre les genres (UNICEF, UNFPA,
décisions sans être discriminés et limités par des stéréo- PNUD, ONU Femmes, 1997).
types, des rôles rigides fondés sur le genre et des préjugés.
Intersectionnalité : concept qui vise à prendre en compte
Genre : attributs et possibilités qui, sur le plan social, à la fois les conséquences structurelles et dynamiques
ont trait à la masculinité et à la féminité et aux rapports de l’interaction entre deux ou plusieurs formes de dis-
entre les femmes et les hommes et entre les filles et les crimination ou systèmes de subordination. Ce terme
garçons, ainsi qu’aux rapports entre les femmes et ceux désigne plus particulièrement la façon dont le racisme,
entre les hommes. Ces attributs, opportunités et rapports le patriarcat, les désavantages économiques et les autres
se construisent socialement et s’acquièrent à travers les systèmes discriminatoires contribuent à créer des axes
processus de socialisation. Ils sont liés au contexte et à d’inégalité qui structurent les positions respectives
l’époque et peuvent varier (ONU Femmes, 2015). des femmes et des hommes, des groupes ethniques et
d’autres groupes. L’intersectionnalité désigne également
Inégalité liée au genre : normes, rôles, pratiques cultu- la façon dont certains actes et politiques génèrent des
relles, politiques et lois, facteurs économiques et pratiques contraintes qui suivent ces axes croisés et contribuent
institutionnelles liés au genre qui contribuent collective- activement à la création d’une dynamique de subordina-
ment aux relations de pouvoir inégales entre les femmes tion (Organisation des Nations Unies [ONU], 2000).
et les hommes et les perpétuent. Ce type d’inégalité dé-
favorise de manière disproportionnée les femmes dans la
plupart des sphères de la vie et dans toutes les sociétés.
La Convention sur l’élimination de toutes les formes de • « Permettre aux femmes de mieux s’exprimer et de
discrimination à l’égard des femmes, dans ses recom- mieux participer à la prise des décisions dans le cadre
mandations générales 19 (1992), 23 (16e session, 1997) et et par l’intermédiaire des médias et des nouvelles tech-
35 (2017), appelle les États à adopter et à mettre en œuvre niques de communication » ; et
des mesures efficaces « pour que les médias respectent et
incitent à respecter la femme » par les actions suivantes : • « Promouvoir une image équilibrée et non stéréotypée
des femmes dans les médias ».
• « Encourager les médias, notamment les médias so-
ciaux ou en ligne, à créer ou consolider des mécanismes Le Programme mentionnait avec clairvoyance les progrès
d’autorégulation pour éliminer les stéréotypes fondés accomplis dans le domaine des technologies de l’infor-
sur le genre à propos des hommes et des femmes ou mation et de la communication (TIC), leur rôle dans la
de certains groupes de femmes [par exemple, les dé- création d’un réseau mondial de communication qui
fenseuses des droits humains], et à aborder le sujet de transcende les frontières nationales, et leur incidence
la violence à l’égard des femmes fondée sur le genre sur les politiques publiques ainsi que sur les attitudes et
sur leurs services et plateformes » ; comportements à l’intérieur de la sphère privée.
• « Fournir aux médias des lignes directrices sur la façon Adoptée en Europe mais ouverte à la signature d’autres
appropriée de couvrir les affaires de violence à l’égard pays, la Convention du Conseil de l’Europe sur la préven-
des femmes fondée sur le genre » ; tion et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et
la violence domestique (Convention d’Istanbul, article 17,
• « Habiliter les institutions nationales des droits de 2011) enjoint aux États parties d’« [encourager] le secteur
l’homme, ou renforcer leur capacité, à surveiller ou exa- privé, le secteur des technologies de l’information et de
miner les réclamations impliquant un média qui publie la communication et les médias, dans le respect de la li-
des images discriminatoires à l’égard des femmes, ou berté d’expression et de leur indépendance, à participer
un contenu qui traite les femmes comme des objets, les à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques, ainsi
rabaisse ou fait l’apologie d’une masculinité violente » ; et qu’à mettre en place des lignes directrices et des normes
d’autorégulation pour prévenir la violence à l’égard des
• « Créer un système qui collecte, analyse et publie de femmes et renforcer le respect de leur dignité » ; et de
façon régulière des données statistiques sur le nombre « [développer] et [promouvoir], en coopération avec les
de plaintes impliquant toute forme de violence à acteurs du secteur privé, les capacités des enfants, pa-
l’égard des femmes fondée sur le genre, notamment rents et éducateurs à faire face à un environnement des
les cas de violence engendrée par la technologie ». technologies de l’information et de la communication
À travers les 17 objectifs de développement durable (ODD), les Nations Unies ont pour dessein de bâtir un monde
meilleur pour l’humanité et notre planète à l’horizon 2030. Adoptés à l’unanimité par les États membres en 2015,
les ODD sont un appel à l’action lancé par tous les pays, quel que soit leur niveau de richesse, pour éradiquer
la pauvreté tout en protégeant la planète. Ces objectifs comportent plusieurs cibles qui visent à éliminer le
harcèlement, la discrimination et les violences envers les femmes et les filles ; elles les désignent comme des
problèmes de droits humains qui sont autant d’entraves à la paix et au développement. Les cibles relèvent des
espaces public et privé, dans tous les contextes et consistent notamment à :
• Mettre fin à toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles partout dans le monde (5.1).
• Éliminer des sphères publique et privée toutes les formes de violence faite aux femmes et aux filles, notam-
ment la traite et l’exploitation sexuelle (5.2).
• Éliminer toutes les pratiques préjudiciables, telles que le mariage des enfants, le mariage précoce ou forcé et
la mutilation génitale féminine (5.3).
• Veiller à ce que les femmes participent pleinement et effectivement aux fonctions de direction à tous les
niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique, et y accèdent sur un pied d’égalité (5.5).
• D’ici à 2030, assurer l’accès universel, en particulier pour les femmes et les enfants, les personnes âgées et les
personnes handicapées, à des espaces verts et publics sûrs, inclusifs et accessibles (11.7).
• Réduire nettement toutes les formes de violence et les taux de mortalité qui y sont associés partout dans le
monde (16.1).
• Mettre un terme à la maltraitance, à l’exploitation, à la traite et à toutes les formes de violence et de torture
dont sont victimes les enfants (16.2).
• Garantir l’accès public à l’information et protéger les libertés fondamentales, conformément à la législation
nationale et aux accords internationaux (16.10).
• Promouvoir et appliquer des lois et politiques non discriminatoires en matière de développement durable (16.B).
cette occasion, des notes d’orientation ont été présen- de genre dans toutes les lignes d’action du SMSI afin que
tées sur ce sujet, puis compilées dans une publication celles-ci prennent en compte les problèmes persistants
de l’UNESCO intitulée « Setting the Gender Agenda for liés au genre, remédient à la discrimination et contribuent
Communication Policy: New proposals from the Global à mettre fin à la violence et au harcèlement (Union inter-
Alliance on Media and Gender ». nationale des télécommunications [UIT], 2014). En 2013, la
Commission sur le large bande a adopté un objectif visant
Concernant les questions de genre, les TIC et les nouveaux à atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes en
médias, la Déclaration du SMSI+10 sur la mise en œuvre des matière d’accès au large bande d’ici à 2020, et a rédigé un
résultats du SMSI et la Vision du SMSI+10 pour le SMSI au document de travail intitulé Combatting Online Violence
cours de l’après-2015 prévoyaient d’intégrer les questions against Women and Girls2.
2 Voir https://www.itu.int/net/pressoffice/press_releases/
2013/08-fr.aspx et https://www.broadband
commission.org/Documents/publications/bb-wg-gender-
report2015-highlights.pdf
3 Voir : https://fr.unesco.org/indicateurs-universalit%
C3%A9-internet
Aux fins du présent manuel, l’environnement favorable dé- individus à s’exprimer et à faire entendre leurs opinions
signe les facteurs externes qui ont une influence directe ou est un élément capital de ces principes. Toutefois, ce droit
indirecte sur les structures, les pratiques et les contenus des coexiste avec d’autres droits fondamentaux tels que le
médias. Un environnement favorable est essentiel pour ga- droit à ne pas subir de discrimination ni d’atteinte à l’inté-
rantir des contenus tenant compte des questions de genre, grité. Dans ce contexte, les gouvernements et les médias
qui puissent contribuer sensiblement à la prévention de la doivent trouver un équilibre entre ces droits, notamment
violence à l’égard des femmes et des filles et à la sensibili- par voie de réglementation ou d’autorégulation.
sation de la société sur cette question. Le renforcement de
l’environnement favorable implique des actions à plusieurs
Comprendre le fonctionnement
niveaux pouvant notamment consister à :
de la réglementation
• Rappeler aux États leur obligation de respecter les en- La réglementation des médias désigne le processus glo-
gagements internationaux pris en faveur de l’égalité bal consistant à établir des directives ou des orientations
des genres et de l’autonomisation des femmes, y com- au moyen de codes et de procédures qui sont appliqués
pris s’agissant des médias, afin que ces engagements par les gouvernements et d’autres instances politiques
se traduisent en lois et en stratégies concrètes. et administratives aux différentes activités du secteur
des médias (Université de Leicester, non daté).
• Plaider pour l’adoption de cadres réglementaires (y
compris par l’autorégulation) en vue d’accroître la Les cadres réglementaires peuvent être formels ou
participation et l’accès des femmes à l’expression et informels. Le caractère formel d’une réglementation
aux processus décisionnels dans les médias et par leur est déterminé par trois critères : 1) elle est établie par la
intermédiaire ; d’assurer un accès accru, plus équitable loi ; 2) elle prévoit des sanctions exécutoires (financières
et plus sûr aux nouvelles technologies de communi- ou autres) ; et 3) elle s’applique de façon permanente.
cation ; et de promouvoir une image équilibrée et non Les réglementations officielles peuvent comporter des
stéréotypée des femmes dans les médias. dispositions obligatoires concernant la structure, les
activités ou les contenus des médias. Par exemple, la
• Garantir un niveau élevé d’éducation aux médias réglementation peut servir à limiter les monopoles ou
dans l’ensemble de la population, en accordant une les participations croisées, à contrôler la quantité de
attention particulière aux jeunes afin de favoriser la ré- publicité diffusée à la télévision ou à fixer des exigences
flexion et l’analyse critique sur les médias consommés, en matière de droits de diffusion pour la télévision
notamment lorsqu’il s’agit de contenus discrimina- ou la radio. Les obligations légales de portée générale
toires, violents et néfastes. contribuent de facto à réglementer les médias, notam-
ment celles visant à interdire la diffamation, à protéger
4.1 Cadres réglementaires la vie privée et les droits de propriété intellectuelle, et
Les médias sont une composante essentielle des prin- à interdire toute incitation à la violence ou à la haine
cipes de liberté et de démocratie. La garantie du droit des raciale, la pornographie ou l’obscénité. Certains cadres
Au Maroc, le gouvernement a créé une commission d’arbitrage pour traiter les cas impliquant des journalistes de
sexe féminin et leurs employeurs, et impose aux institutions qui dépendent du ministère de la Communication
de publier leurs activités en faveur de l’égalité des genres (par ex. leurs statistiques sur les journalistes de sexe
féminin). Par ailleurs, il a adopté des chartes et des politiques éditoriales afin d’encourager le respect des droits
des femmes et a publié un guide sur les stéréotypes de genre dans les médias à l’attention des chaînes de télévi-
sion publiques (Nations Unies, 2017). Depuis 2018, une loi prévoit des amendes en cas de diffamation fondée sur
le genre à l’égard des femmes, et de divulgation délibérée (y compris par le biais des technologies de communi-
cation) d’informations, de déclarations ou de photographies privées ou confidentielles sans le consentement de
la personne concernée (gouvernement du Maroc, 2018).
La Slovaquie a adopté un plan d’action national pour la prévention et l’élimination des violences à l’égard des
femmes (2014-2019) qui préconise un suivi annuel des violences à l’égard des femmes dans les médias et les
publicités afin de renforcer l’efficacité de l’autorégulation et des lois relatives aux médias. Le plan prévoit éga-
lement des formations pour lutter contre les violences à l’égard des femmes et encourager l’égalité des genres
chez les professionnels des médias (gouvernement de la Slovaquie, 2014).
Au Timor-Leste, le plan d’action national sur les violences sexistes (2017-2021) s’intéresse au rôle des médias dans
la promotion de l’égalité des genres et préconise une tolérance zéro envers les violences sexistes. Il propose à
cet égard 1) d’élaborer un code de conduite du traitement médiatique attentif au genre, avec notamment des
directives éthiques sur le traitement des violences sexistes, ainsi que des mesures disciplinaires en cas de man-
quements, 2) d’instaurer obligatoirement des formations annuelles sur les droits humains, l’égalité des genres
et le traitement médiatique sensible aux violences sexistes et 3) de développer et de mettre en œuvre un outil
pour surveiller le traitement médiatique des violences sexistes et de la représentation des femmes (gouverne-
ment du Timor-Leste, 2017).
En Espagne, le plan national de sensibilisation et de lutte contre les violences sexistes : cadre conceptuel et grands
axes d’intervention (2007-2008) prévoyait des actions pour favoriser et diffuser les lignes directrices concernant
les bonnes pratiques en matière de traitement médiatique et décerner des récompenses aux bonnes pratiques
dans la publicité ; des stratégies pour établir des structures de partenariat solides entre le gouvernement et le
secteur des médias/de la publicité ; la création d’un comité consultatif sur la représentation des femmes afin
d’analyser la manière dont elles sont traitées dans le milieu ; l’élargissement des accords d’autorégulation au
secteur de la publicité ; la conclusion d’accords avec des médias de service public pour favoriser les contenus
non sexistes et la participation active des femmes à tous les domaines de la vie ; un pacte d’autorégulation afin
de garantir l’objectivité de l’information, selon des valeurs d’égalité et de lutte contre les violences sexistes ;
l’élargissement de l’accord d’autorégulation sur la protection des mineurs aux dirigeants des chaînes de télé-
vision afin d’englober les violences et les discriminations sexistes ; et enfin, des conventions avec les autorités
audiovisuelles réglementaires afin d’établir des procédures de collaboration pour éradiquer tout appel direct ou
indirect aux violences sexistes des programmes télévisés et des publicités.
Il convient d’aborder avec la plus grande prudence les a) au respect des droits ou de la réputation d’autrui ;
législations et les réglementations nationales visant à b) à la sauvegarde de la sécurité nationale, de l’ordre
lutter contre la violence à l’égard des femmes dans les public, de la santé ou de la moralité publiques » (PIDCP,
médias, en tenant dûment compte des autres droits et article 19). Ces dispositions s’appliquent à tout type
libertés qui constituent le fondement de sociétés dé- de support (écrit, audio, vidéo, numérique, etc.) et de
mocratiques, inclusives et plus égalitaires (par exemple, contenu (actualités, divertissement, publicité, médias
liberté de parole et d’expression, accès à l’information, sociaux, etc.).
respect de la vie privée). Des exceptions quant au res-
pect de ces droits et libertés sont nécessaires lorsque L’application des législations et des réglementations
les mots ou les images constituent une menace pour relatives aux contenus en ligne ou numériques est
les individus (lorsque les droits exercés par une per- particulièrement complexe en raison, d’une part, de la
sonne compromettent et violent les droits d’une autre multiplicité des parties prenantes privées et publiques
personne), la paix et l’État de droit (Organisation pour concernées (particuliers, intermédiaires de services
la sécurité et la coopération en Europe [OSCE], 2008). Internet, gouvernements) et, d’autre part, du contexte
Le Pacte international relatif aux droits civils et poli- unique dans lequel se situe cette forme de communi-
tiques (PIDCP) dispose que l’exercice des droits à la cation (par exemple, communication transnationale
liberté d’expression « comporte des devoirs spéciaux et et enjeux juridictionnels, communications publiques
des responsabilités spéciales. Il peut en conséquence être contre communications privées au moyen d’applications
soumis à certaines restrictions qui doivent toutefois être ou de SMS). La violence et le harcèlement en ligne ont
expressément fixées par la loi et qui sont nécessaires : longtemps été absents des débats sur les violences faites
Source : WFA, d’après le rapport Depictions and Harm: A report on gender stereotypes in advertising de l’ASA. Juillet 2017.
aux femmes, mais ils font l’objet d’une plus grande at- Les instances d’autorégulation et les organismes de
tention depuis 2016. Si la violence commise au moyen normalisation du secteur de la publicité prennent éga-
des TIC semble en augmentation, les réponses apportées lement des mesures visant à promouvoir et à respecter
restent insuffisantes, les cadres juridiques spécifiques une image fidèle et progressiste du genre. L’Alliance eu-
en la matière étant inexistants ou inappliqués. Il est ropéenne pour l’éthique en publicité (AEEP), qui regroupe
nécessaire d’instaurer des cadres d’autorégulation clairs 14 organisations du secteur et 27 instances d’autoré-
afin de réglementer l’Internet et de faire en sorte que gulation, s’est engagée à représenter les femmes et les
ce réseau soit un espace respectueux des droits des hommes de manière responsable (Fédération mondiale
femmes (World Wide Web Foundation, 2015). des annonceurs, 2018).
Au Botswana, un code du conseil des médias stipule, conformément à la loi sur les professionnels des médias
de 2008, que les organismes de média ne doivent pas dévoiler l’identité des victimes ayant subi des violences
sexistes sans leur consentement et interdit la diffusion de tout contenu susceptible d’inciter à la haine fondée
sur le genre.
En Inde, la loi (réglementation) sur les chaînes de télévision par câble de 1995 prévoit un « code des programmes »
et un « code des publicités » qui interdisent tous deux les contenus « dénigrant les femmes ».
Le Conseil de la presse du Pakistan est un organe consultatif composé de 19 membres provenant de différents
secteurs de la presse et de la société civile, notamment des représentantes de groupes de femmes. Son code
d’éthique aborde les contenus qui incitent à la haine envers les femmes, et comporte une disposition qui interdit
de divulguer l’identité des femmes et des enfants victimes de violences sexuelles.
Au Royaume-Uni, suite à un rapport sur les préjudices perpétués par les stéréotypes de genre dans la publicité,
le comité des pratiques publicitaires (CAP) et le comité de diffusion des pratiques publicitaires (BCAP) ont publié
une réglementation à l’attention du secteur, selon laquelle « [Les publicités] ne doivent comporter aucun stéréo-
type de genre susceptible de nuire ou de porter un préjudice grave ou à grande échelle ». Cette réglementation
est entrée en vigueur en juin 2019.
Ressources :
Le guide pratique de l’autorégulation des médias (OSCE) : https://www.osce.org/fr/fom/31498?download=true
Submission to the UN Special Rapporteur on Freedom of Experssion on ‘Content Regulation in the Digital Age’ :
https://www.article19.org/resources/submission-un-special-rapporteur-content-regulation-digital-age/
4.2 Recherche et suivi • Créer un lien direct avec les journalistes, les éditeurs et
les propriétaires de médias.
La recherche et le suivi sont des éléments clés de tout
programme ou toute initiative impliquant les médias. • Participer à des campagnes publiques et à des ini-
Les données et les informations issues de ces processus tiatives pédagogiques (par exemple, éducation aux
permettent de mieux comprendre comment fonctionne médias et échanges avec les communautés) qui
le secteur et de recenser les progrès réalisés et les la- remettent en cause les normes sociales et les stéréo-
cunes persistantes. La recherche et le suivi peuvent avoir types de genre prédominants qui conduisent à tolérer
plusieurs objectifs : l’inégalité, la discrimination et la violence.
• Mettre en relief les bonnes pratiques et attirer l’at- • Fournir des éléments utiles à l’élaboration des pro-
tention sur les contenus et pratiques institutionnelles grammes de formation et de développement.
problématiques exigeant des efforts particuliers.
• cartographier la représentation des femmes dans les médias d’information dans le monde entier ;
• élaborer un instrument de recherche au niveau local ;
• tisser des liens de solidarité entre les groupes de communication et sur le genre dans le monde entier ;
• sensibiliser les médias par l’intermédiaire d’actions de plaidoyer, de campagnes et de dialogues ;
• développer des compétences de suivi des médias à l’échelon international.
Le projet offre un répertoire utile de la représentation des femmes dans les médias. Ses conclusions peuvent
servir à pousser les médias à jouer un rôle dans la représentation de la société dans toute sa diversité au lieu
de perpétuer les stéréotypes néfastes de genre, ainsi qu’à ouvrir le dialogue avec les médias d’information/de
divertissement ou les réseaux sociaux. La méthodologie et les instruments de recherche du Projet mondial de
monitorage des médias sont disponibles librement en trois langues. Intuitifs et faciles à adapter au contexte
local, ils peuvent favoriser le suivi indépendant du traitement médiatique.
ONU Femmes en Albanie, avec l’appui financier de l’Union européenne, a lancé un forum consultatif sur le traite-
ment médiatique de la traite des filles et des femmes. Ses 30 membres/journalistes issus de médias de premier
plan disposent ainsi d’une plateforme qui les incite à faire davantage preuve de précision et d’éthique sur ces
sujets, d’un manuel et d’outils pratiques sur le traitement médiatique des cas de traite d’êtres humains, ainsi
que de deux rapports de suivi de la presse et des médias numériques en 2014 et 2015. En 2014, en partenariat
avec le ministère de l’Intérieur, le forum a lancé un concours des meilleurs articles sur la traite d’êtres humains
dans les médias nationaux. Les journalistes lauréats ont été invités à prendre part à une formation mondiale à
Kiev (Ukraine) en novembre 2015.
Un examen de ce programme a conclu que le travail d’ONU Femmes en Albanie a amené les médias à se montrer
plus attentifs au genre lorsqu’ils évoquent les femmes et les filles ayant été victimes de traite. Par ailleurs, à
travers des campagnes et des ateliers, plus de 20 000 personnes ont été sensibilisées aux difficultés de ces
groupes à l’échelle nationale.
Les indicateurs sont des caractéristiques spécifiques, ob- utilisés et adaptés aux différents environnements natio-
servables et mesurables qui peuvent servir à mettre en naux afin de mener des activités de recherche et d’établir
évidence les changements ou les progrès apportés par le contexte de référence ou la situation d’un pays par
une initiative. Des indicateurs mondiaux ont été formulés rapport à différents domaines de préoccupation. Le suivi
afin de permettre aux organisations de médias d’évaluer dans le temps des données à partir de ces indicateurs
leur performance en matière d’égalité des genres et de permet de déterminer si les interventions ont un effet
sécurité des journalistes. Ces indicateurs peuvent être positif sur l’égalité et la sécurité.
En 2012, l’UNESCO, en coopération avec la Fédération internationale des journalistes et d’autres partenaires, a
lancé un cadre mondial d'indicateurs d'égalité des genres afin d’aider les médias à évaluer leur performance en
la matière. Ces indicateurs portent sur les domaines clés suivants :
• Mesures visant à favoriser l’égalité des genres au sein des organisations de médias
o Équilibre entre les genres au niveau décisionnaire
o Égalité des genres dans les syndicats, associations, clubs et organisations de journalistes, dans les organisa-
tions de professionnels des médias et dans les instances d’autorégulation des médias
o Les organisations de médias encouragent les codes éthiques et les politiques éditoriales propices à l’égalité
des genres dans le contenu des médias
o Publicité
Les indicateurs qui visent expressément les violences à l’égard des femmes sont les suivants :
• Emploi d’un style exempt de jugement, établissant une distinction entre les rapports sexuels consentis et les
actes criminels, tout en veillant à ne pas rejeter la faute sur la victime/la survivante du crime.
• Emploi du terme « survivante » au lieu de « victime », à moins que la personne touchée par la violence utilise
elle-même le terme « victime » ou qu’elle n’ait pas survécu.
• Identification des personnes touchées par la violence sexiste comme les sources d'information, à condition
bien entendu qu’elles y consentent.
• Pourcentage de sujets qui : 1) ne respectent pas la vie privée et/ou 2) dénigrent la dignité de la personne
touchée par la violence.
• Utilisation d’informations générales et de statistiques pour décrire la violence sexiste comme un problème de
société plutôt que comme une tragédie individuelle, personnelle.
• Indication des coordonnées locales des organisations et services de soutien aux personnes touchées par la
violence sexiste.
• Pourcentage du temps, de l’espace et de l’importance donnés aux sujets traitant de la violence sexiste par
rapport aux autres sujets.
• Des organisations de l’ONU cherchent à améliorer la sécurité des journalistes au niveau international.
• Des organisations non gouvernementales internationales (ONGI) cherchent à améliorer la sécurité des jour-
nalistes au niveau international.
• Indicateurs généraux
Le suivi de la mise en œuvre des résolutions est un autre 4.3 Éducation aux médias
point d’entrée pour responsabiliser les gouvernements
et les organes de médias. Par exemple, le réseau mondial
et à l’information (MIL)
Défendre et promouvoir la liberté d’expression (IFEX) L’éducation aux médias et à l’information est une com-
propose des solutions pratiques pour permettre à la posante essentielle de l’autonomisation des femmes et
société civile et aux partenaires de s’impliquer auprès des filles (mais aussi des hommes et des garçons), car elle
des organismes de défense des droits humains en vue de favorise un accès équitable à l’information et au savoir
renforcer la mise en œuvre des engagements. et permet l’acquisition des compétences nécessaires
pour se repérer dans les contenus diffusés par différents
https://ifex.org/fr/campaigns/ canaux (écrit, audio, visuel, numérique, etc.) et les maîtri-
ser. Compte tenu du volume d’informations et d’images
facilement accessibles sur Internet et depuis les appa-
reils mobiles, notamment les contenus explicitement
néfastes tels que la pornographie et les productions à
caractère misogyne, dégradant ou violent, cet aspect
revêt une importance particulière.
En Australie, des chercheurs ont interrogé 692 jeunes de 13 à 16 ans afin de mieux comprendre la manière dont
ils utilisent Internet et dont ils sont exposés à des contenus préjudiciables. Le constat a été alarmant : plus
de 90 % des garçons et 60 % des filles interrogés avaient déjà consulté du contenu pornographique en ligne.
Une étude complémentaire sur l’industrie pornographique a observé que les contenus auxquels les jeunes sont
exposés ont récemment changé de nature : ils mettent désormais en scène des agressions verbales (48 %) et
physiques (88 %), avec notamment des gifles, des bâillons et des strangulations. Dans 94 % des cas, ces violences
sont dirigées contre le sexe féminin. Selon les chercheurs, la pornographie représente 30 % de l’ensemble du tra-
fic sur Internet, sans distinction entre les internautes ayant un accès limité ou non. Ces contenus préjudiciables
concernent donc désormais le grand public.
L’exposition à la pornographie nuit au développement des jeunes qui sont à un stade de développement essen-
tiel où les connexions cérébrales sont toujours en formation. La pornographie véhicule un certain nombre de
messages problématiques qui ne sont pas sans conséquence sur les connaissances, les attentes et les compor-
tements des jeunes, par exemple :
En 2016, le Département des services sociaux a fait appel à l’Institut australien des études familiales pour appro-
fondir cette étude et ses données sur les effets de la pornographie sur les enfants et les jeunes, afin d’identifier
ses répercussions et les stratégies recommandées pour remédier au problème. Le rapport reconnaît que pour
aborder cette situation sur tous les plans, il est important de la replacer dans un cadre plus vaste de prévention
primaire, de sécurité sexuelle et de bien-être des enfants et des jeunes. Ce cadre repose sur des mesures propices
au bon développement de l’enfant, la prévention des délits et crimes sexuels, la prévention par l’éducation et des
mesures juridiques et réglementaires. Ses stratégies spécifiques sont les suivantes :
- disposer de moyens légaux et réglementaires pour appliquer la législation en vigueur concernant la pornogra-
phie en ligne ;
Pour plus d’informations sur le contexte, les répercussions et la méthodologie de cette étude, voir :
http://www.itstimewetalked.com.au/ et https://aifs.gov.au/publications/effects-pornography-children-and-
young-people/export
Sources : A Bridges, R Wosnitzer, E Scharrer, C Sun & R Liberman. 2010. « Aggression and Sexual Behaviour in
Best-selling Pornography Videos: A Content Analysis Update. » Violence against Women, vol. 16, n° 10 ; MJ
Fleming, S Greentree, D Cocotti-Muller, K A Elias & S Morrison. 2006. « Safety in cyberspace: Adolescents
safety and exposure online. » Youth and Society, vol. 38, n° 2.; S Anthony. 2012. « Just How Big Are Porn Sites? »
http://www.extremetech.com ; It’s time to Talk. 2014. http://www.itstimewetalked.com.au/
L’apprentissage social avec MIL CLICKS, une initiative innovante pour une meilleure
éducation aux médias et à l’information à travers les réseaux sociaux
Une fille décide de fermer son compte Instagram car des inconnus ne cessent de laisser des commentaires
insultants sur ses photos. Une autre se sent ridiculisée en voyant ses amis partager sur Facebook un mème qui
raille les filles dont l’apparence dévie des normes socioculturelles liées au genre. Avec l’avènement des réseaux
sociaux, ces situations sont désormais monnaie courante. Selon une enquête menée par Opinium pour Plan
International Royaume-Uni (association caritative qui défend les droits des enfants) auprès de 1002 jeunes de 11
à 18 ans, la moitié des filles britanniques sont cyberharcelées sur les réseaux sociaux (The Guardian, 2017).
Les réseaux sociaux sont désormais des plateformes incontournables, où il est très facile de trouver et de relayer
énormément d’images débordantes de stéréotypes de genre, de propos sexistes, de publications misogynes et
d’autres types de discours déplacés liés au genre. Les femmes et les filles se retrouvent ainsi fréquemment ex-
posées au cyberharcèlement et à la cyberintimidation sur les réseaux sociaux, pouvant parfois déborder jusqu’à
des violences et des discriminations hors ligne, comme des agressions à l’école et un traitement inégal au travail.
Cette situation est particulièrement délicate pour les jeunes filles qui sont encore en train de construire leur
vision du monde et d’assimiler les rôles liés au genre. C’est pourquoi il est essentiel de leur fournir les capacités
pour mieux comprendre l’éducation aux médias et à l’information et ainsi savoir comment répondre aux propos
haineux en ligne, quels contenus partager, comment optimiser les paramètres de leurs réseaux sociaux pour
éviter le contenu indésirable et le harcèlement, etc.
C’est dans ce contexte qu’est née, début 2017, MIL CLICKS, une initiative forte pour autonomiser les utilisateurs
des réseaux sociaux, en particulier les jeunes. Elle leur donne ainsi des compétences liées aux médias et à l’infor-
mation à travers leur utilisation quotidienne d’Internet et des réseaux sociaux et les invite à prendre part à des
activités pédagogiques menées par les pairs dans une atmosphère ludique mêlant navigation, communication,
partage et socialisation. Elle a été lancée par l’UNESCO avec le soutien de l’Arabie saoudite, de la Commission
européenne et de l’Agence suédoise pour le développement international.
MIL CLICKS élabore et diffuse différentes ressources pédagogiques, par exemple des conclusions d’études, des
bonnes pratiques, des outils utiles et des conseils. À travers ses diverses campagnes thématiques, MIL CLICKS
aborde de nombreuses questions toujours plus présentes relatives à l’éducation aux médias et à l’information,
par exemple identifier et contrer les stéréotypes de genre à l’aide de l’éducation aux médias et à l’information.
Les MIL Clickers, c’est-à-dire les personnes qui s’approprient les valeurs et les principes de MIL CLICKS et en
retirent des compétences liées aux médias et à l’information, savent s’affirmer face à la haine, l’intolérance et
la violence sur les réseaux sociaux, dès lors que le rôle assigné à leur genre ou celui d’autrui est concerné. Elles
savent comment agir et faire entendre leur voix sur ces plateformes souvent hostiles et agressives à l’égard des
femmes et des filles.
CALCULEZ
COMPÉTENCES JE MÈNE LES ACTIONS SUIVANTES
LIÉES À LA MIL EN FAVEUR DE L’ÉGALITÉ DES GENRES : VOTRE TOTAL
Je reconnais que les médias, les livres Extraire et organiser
et l’Histoire devraient comporter des de l’information et du
informations sur les femmes/filles et les En me basant sur mes propres
Reconnaître contenu média expériences, je réunis des
hommes/garçons.
et exprimer des 6 informations relatives aux facteurs
besoins en matière qui entravent l’autonomisation et 6
J’exige la mise à disposition de données pts
d’information Synthétiser des idées l’égalité des femmes et des filles pts
sur les hommes et sur les femmes dans
et de médias résumées à partir et je les utilise pour dialoguer en
les rapports relatifs au développement,
notamment au chômage, à l’accès à d’un contenu ou mener toute transparence.
l’information, etc. des actions en lien
Adapté de « Enlisting media and informational literacy for gender equality and women’s empowerment » – Alton Grizzle
Media and Gender : A Scholarly Agenda for the Global Alliance on Media and Gender – UNESCO
Reconnaître et exprimer des besoins Reconnaître que les médias, les livres et l’Histoire devraient comporter des
en matière d’information et de médias informations sur les femmes/filles et les hommes/garçons.
Identifier l’absence de certains types d’informations relatives aux femmes
(par exemple, des informations relatives aux femmes puissantes de
l’Histoire ou à des dirigeantes actuelles).
Demander que les rapports relatifs au développement (chômage, accès
à Internet et aux téléphones portables, etc.) comportent des données
ventilées par sexe.
Comprendre le rôle et les fonctions Comprendre et reconnaître le pouvoir et le rôle des médias et des autres
des médias et des autres fournisseurs fournisseurs d’informations, y compris sur Internet, pour contrebalancer
d’informations au sein des sociétés ou au contraire renforcer les inégalités entre les sexes.
démocratiques
Exiger des médias et des autres fournisseurs d’informations qu’ils
rendent les problématiques concernant les inégalités liées au genre
compréhensibles et transparentes pour le grand public.
Encourager la diversité au sein des médias et des autres fournisseurs
d’informations.
Comprendre dans quelles conditions Défendre la liberté d’expression, la liberté de la presse et le droit de
ces fonctions peuvent être remplies s’exprimer sans crainte de discrimination basée sur le genre.
Identifier les informations pertinentes Chercher et obtenir des informations et des connaissances relatives
et y accéder aux questions de genre.
S’appuyer sur la législation sur l’accès à l’information afin d’obtenir des
informations détenues par les pouvoirs publics concernant l’égalité de
traitement des femmes.
Participer activement au cycle de vie de l’information en lien avec toutes
les formes de développement (collecte, traitement et diffusion) ; faire
en sorte que les femmes participent également à ce processus dans des
groupes séparés autant que nécessaire.
Procéder à une évaluation critique des Déconstruire les messages communiqués par les médias et analyser
informations et des contenus des médias les informations afin de mettre en évidence les liens entre le sexisme,
et des autres fournisseurs d’informations, y les stéréotypes de genre et la proclamation du statu quo masculin
compris sur Internet, en ce qui concerne leur et masculiniste.
autorité et leur crédibilité, à la lumière des
Avoir un regard plus critique sur les informations en ligne, et faire en
objectifs actuels et des risques potentiels
sorte que les femmes et les filles puissent surveiller leurs comportements
en ligne et ceux des autres, afin d’être moins vulnérables aux risques
potentiels.
Utiliser l’information de manière Tout en reconnaissant et revendiquant leur droit à la liberté d’expression,
éthique et responsable et faire part de sa accepter que les droits soient accompagnés de certaines obligations, par
compréhension ou d’un savoir nouvellement exemple celle de ne pas diffuser volontairement de fausses informations,
développé au public ou au lectorat dans ou des informations qui inciteraient à la haine ou à la discrimination d’une
une forme et par des moyens adaptés autre personne ou d’un groupe sur la base du genre.
Savoir appliquer ses compétences en S’autonomiser afin de produire leurs propres informations et contenus
technologies de l’information et de la média (en ligne ou sur papier) en s’appuyant sur les compétences liées
communication afin de traiter l’information à la MIL qu’ils et elles ont acquises – des contenus qui soient axés sur les
et de produire du contenu généré par les femmes, qui reflètent davantage les différentes réalités des femmes et
utilisateurs des filles, et qui remettent en question les stéréotypes de genre qui sont
devenus la norme.
Développer et diffuser du contenu de marketing social et de plaidoyer en
faveur de l’égalité des genres se basant sur leurs propres recherches et sur
les réalités des groupes d’individus.
Coopérer avec les médias et les autres Accéder aux médias traditionnels (publics ou privés) et locaux, et à Internet,
fournisseurs d’informations, y compris sur et participer sur ces plateformes, en les considérant comme des sources
Internet, en faveur de la liberté d'expression, d'informations viables et des moyens efficaces de défendre l’égalité des
notamment de la personnalité, du genres dans et à travers les médias, ainsi que la participation des femmes à
dialogue interculturel, de la participation la démocratie et à l'expression culturelle.
démocratique, de l’égalité des genres et
du plaidoyer contre toutes les formes
d’inégalités.
Ressources relatives à l’éducation aux médias et à l’infor- Media and Information Literacy: Policy and Strategy
mation intégrant l’égalité des genres : Guidelines, UNESCO : http://www.unesco.org/new/
en/communication-and-information/resources/
Plateforme de collecte et de diffusion de publications-and-communication-materials/
l’information de l’Alliance des civilisations de publications/full-list/media-and-information-
l’Organisation des Nations Unies (UNAOC) : literacy-policy-and-strategy-guidelines/
https://milunesco.unaoc.org/welcome/french/
Ressources de la Media Education Foundation :
Page de l’UNESCO consacrée à l’éducation aux https://shop.mediaed.org/all-gender--culture-
médias et à l’information : https://fr.unesco.org/ c68.aspx
themes/education-aux-medias-linformation
En 2015, soit 20 ans après la Déclaration de Beijing, l’AMARC s’est associée à ONU Femmes pour tirer un bilan
des progrès accomplis et des obstacles rencontrés dans la lutte pour l’égalité des genres. Dans le cadre de la
conférence Beijing+20, l’AMARC et ONU Femmes ont produit une campagne radio internationale mettant en
regard 1995 et 2015 : de la situation initiale à la situation actuelle et incluant des témoignages de producteurs
participants du monde entier. Cette campagne visait à mieux faire connaître les questions soulevées par le
Programme d’action de Beijing et à souligner ce qui a changé pour les femmes depuis cette conférence tenue il
L’AMARC offre des informations détaillées quant à l’utilisation des médias audiovisuels et de la presse, et à la
réalisation d’évaluations. Elle met aussi en relation des réseaux de médias dans le monde entier et offre un
espace de collaboration à ses membres.
Pour en savoir plus sur sa collaboration avec ONU Femmes, voir : http://www.amarc.org/unwomen-home
En 2002, en Australie, des travaux visant à modifier le traitement médiatique des cas de violence domestique,
jusqu’alors peu sensible au genre, ont été lancés avec l’appui de philanthropes et des collectivités locales. Partant
du principe que la formation des médias est la clé pour traiter ces violences de façon plus adéquate, des outils
pratiques ont été élaborés à l’attention des médias. Il est vite apparu qu’une approche plus complète, stratégique
et collaborative serait de mise pour résoudre certains problèmes, comme les délais serrés auxquels font face les
journalistes, ou l’idée que les violences à l’égard des femmes et des filles ne sont que des cas de maltraitance
isolés, voire le symptôme de la culture d’une minorité.
Un cadre stratégique a été publié en 2007, avant d’être révisé et étoffé en 2015, avec l’appui d’un comité inter-
sectoriel composé de travailleurs sociaux spécialistes des violences domestiques et des agressions sexuelles,
de journalistes, d’universitaires ainsi que de membres de la police et du gouvernement. Ce cadre a identifié
toute une série d’initiatives complémentaires, dans différents secteurs, à même de sensibiliser les médias et de
changer la façon dont les particuliers communiquent avec les médias sur les violences à l’égard des femmes
et des filles. Elles consistaient à soutenir et former les femmes à parler de leurs expériences aux médias ; à
former les travailleurs concernés à collaborer plus efficacement avec les journalistes et rédacteurs ; à créer des
événements sur les violences à l’égard des femmes et des filles susceptibles d’attirer l’attention des médias ; et
à amener les médias à examiner la façon dont le secteur perçoit les questions de genre, et à se demander en
quoi elles influencent les reportages. Le cadre et ses initiatives ont joué un rôle clé dans la création d’un discours
plus homogène sur les violences à l’égard des femmes et des filles dans les médias d’information. L’Australie
a d’ailleurs accompli des progrès considérables dans la façon dont les violences domestiques et à l’égard des
femmes et des filles sont traitées depuis le début de ces initiatives.
Les alliances mondiales dans le domaine du genre et des aider au suivi, à la formation et à la sensibilisation ; per-
médias se sont considérablement développées depuis mettre l’établissement de relations et la participation
2013 afin d’offrir des plateformes aux groupes souhai- aux processus internationaux (par exemple, rapports
tant s’investir de manière structurée et régulière dans établis dans le cadre des mécanismes de protection
l’atteinte de résultats spécifiques. Ces alliances relient des droits humains ou participation à des événements
des centaines de membres originaires de différents à grande échelle comme la Commission de la condition
pays et remplissent plusieurs missions : centraliser les de la femme) ; entreprendre des actions conjointes de
connaissances permettant d’obtenir des données et sensibilisation ; et donner une plus grande visibilité aux
des informations sur les pratiques et les contenus des pratiques prometteuses.
médias ; rassembler les outils et les approches pouvant
Alliance mondiale genre et médias (GAMAG) : lancée en 2013 par l’UNESCO, cette Alliance indépendante vise
à encourager l’égalité des genres dans les médias. Ses objectifs comprennent : encourager l’égalité des genres
dans les systèmes, les structures et le contenu des médias en renforçant la coopération des parties prenantes
au niveau national, régional et international pour amorcer des changements à l’échelle mondiale ; consolider
et planifier un suivi méthodique de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing :
« Femmes et diagnostic médias » et de ses objectifs stratégiques ; et enfin, définir et appliquer des priorités en
matière de genre et de médias au sein d’un vaste réseau de financement impliquant des donateurs, des gouver-
nements et des agences de développement. L’Alliance compte plus de 700 groupes de médias et de particuliers
qui travaillent sur la question du genre et des médias. Pour en savoir plus et adhérer, voir : https://gamag.net/
Alliance mondiale pour les partenariats sur l'éducation aux médias et à l'information (GAPMIL) : lancée en 2013
et hébergée par l’UNESCO, cette Alliance encourage la coopération internationale pour doter tous les citoyens de
compétences sur les médias et l’information. Ses principaux objectifs sont les suivants : articuler des partenariats
concrets pour favoriser le développement de l'éducation aux médias et à l'information à travers neuf grands
axes (gouvernance, citoyenneté et liberté d’expression ; accès à l’information et aux connaissances pour tous ;
développement des médias, des bibliothèques, d’Internet et d’autres fournisseurs d’informations ; éducation,
enseignement et apprentissage ; diversité linguistique et culturelle, dialogue interculturel et interconfessionnel ;
femmes, enfants et jeunes, personnes handicapées et autres groupes sociaux marginalisés ; santé et bien-être ;
commerce, industrie, emploi et développement économique durable ; et agriculture, protection de la faune sau-
vage, sylviculture et conservation des ressources naturelles) ; permettre à la communauté de parler d'une seule
voix sur certaines questions critiques, en particulier au niveau politique ; et enfin, approfondir davantage la
stratégie pour que l’éducation aux médias et à l’information soit traitée comme un concept composite, fournis-
sant une plateforme commune pour les réseaux et partenariats liés à l'éducation aux médias et à l'information
à travers le monde. Pour en savoir plus, voir : http://www.unesco.org/new/en/communication-and-information/
media-development/media-literacy/global-alliance-for-partnerships-on-media-and-information-literacy/
Association internationale des femmes de radio et télévision (IAWRT) : cette organisation mondiale regroupant
des professionnelles des médias électroniques et connexes vise à appuyer les initiatives qui font du point de
vue et des valeurs des femmes une partie intégrante des programmes. Afin de renforcer l’impact des femmes
dans les médias, elle s’efforce de créer des opportunités, relayer des stratégies et favoriser l’accomplissement
des femmes dans la radio-télédiffusion par le partage de connaissances professionnelles et techniques ; de
créer des occasions uniques d’échanger des perspectives et des expériences avec des professionnels du secteur
dans le monde entier ; et enfin, d’offrir des compétences professionnelles par le biais de formations axées sur
la perspective du genre dans les programmes, les problèmes de développement et la gestion. L’association pro-
pose à ses membres des colloques, des ateliers et des formations professionnelles régionaux et internationaux ;
décerne des prix d’excellence pour récompenser la créativité des femmes à l’origine de programmes radio et
télévisés d’exception ; octroie une bourse pour soutenir les études sur les médias ; et appuie des productions,
des formations et des projets destinés aux femmes dans les pays en voie de développement. Pour en savoir plus,
voir : https://www.iawrt.org/about
Pacte médiatique « Franchissons le pas pour l’égalité des genres » : lancé en 2016 par ONU Femmes, ce pacte
est une alliance d’organisations médiatiques qui se font championnes des enjeux des droits des femmes et
de l’égalité des genres. Les engagements de chaque organisation incluent : promouvoir les droits des femmes
et l’égalité des genres dans l’actualité, les éditoriaux, les chroniques ; produire des comptes rendus de haute
qualité en privilégiant l’égalité des genres et les droits des femmes, en y consacrant au moins deux articles par
mois ; inclure des femmes parmi les sources d’information de ces comptes rendus, viser à la parité entre les
sexes dans les reportages, y compris pour des sujets aussi divers que les affaires, les technologies, les sciences et
Réseau de jumelage et de mise en réseau des universités (UNITWIN) de l'UNESCO sur le genre, les médias et
les TIC : ce réseau vise à promouvoir la formation à la recherche et au développement de programmes dans les
domaines de compétence de l'UNESCO par la création de réseaux universitaires et la promotion de la coopération
entre les spécialistes du genre, des médias et des technologies de l’information et de la communication (TIC).
Soutenant l'éducation et la recherche sur les médias, les technologies de l'information et de la communication,
le Réseau vise spécifiquement à promouvoir l'égalité des genres et la participation des femmes dans les médias
par la recherche, l'éducation et la défense à l’échelle mondiale, à travers les activités suivantes : recherche, édu-
cation et plaidoyer ; appui à la formation et à la recherche sur les médias et les TIC ; et travaux visant à stimuler
et mettre en valeur certaines des principales contributions universitaires aux connaissances sur l’augmentation
de la participation des femmes à toutes les plateformes médiatiques. Le Réseau est composé d’institutions pro-
venant de toutes les régions. Pour en savoir plus, voir : http://www.unitwin.net/
Réseau sur l’éducation aux médias et à l’information et le dialogue interculturel (coopération UNITWIN) :
lancé en 2011 et hébergé par l’UNESCO, le Réseau universitaire sur l’éducation aux médias et à l’information
et le dialogue interculturel (Réseau MILID) réunit des universités impliquées dans l’éducation aux médias et à
l’information dans le monde entier. Le réseau s’efforce de donner un élan aux recherches qui peuvent guider les
politiques dans ce domaine. En février 2019, l’association comptait 40 universités membres et associées pro-
venant du monde entier. Le réseau MILID est déterminé à atteindre l’égalité des genres par l’intermédiaire de
l’éducation aux médias et à l’information. Chaque année depuis 2013, l’UNESCO collabore avec le réseau MILID
et d’autres partenaires afin d’étoffer leurs connaissances et publier un Yearbook MILID qui aborde chaque année
les dimensions sexospécifiques de l’éducation aux médias et à l’information et du dialogue interculturel. Cette
éducation, qui constitue un outil de promotion de l’égalité des genres et les droits humains, a plusieurs fois été le
thème central du Yearbook, notamment dans l’édition 2016 intitulée« Éducation aux médias et à l’information :
renforcer les droits humains, lutter contre la radicalisation et l’extrémisme », et l’édition 2015 : « L’éducation
aux médias et à l’information pour les Objectifs de développement durable ». Pour en savoir plus, voir :
https://fr.unesco.org/themes/media-and-information-literacy/gapmil/milidnetwork.
Unstereotype Alliance : Unstereotype Alliance (L’Alliance sans stéréotypes), initiative menée par ONU Femmes,
est une puissante coalition mondiale de plus de 30 chefs de file unis par un objectif commun : mettre fin aux pré-
jugés sexistes et aux stéréotypes néfastes basés sur le genre dans leurs publicités. En développant de nouvelles
normes et de nouveaux outils, l’Alliance cherche à transformer la publicité et à l’affranchir des stéréotypes ; à
mesurer ces changements ; à contribuer à la recherche, aux outils et aux connaissances en la matière ; et enfin à
amener le public à rejeter les stéréotypes néfastes à travers des activités de communication et de sensibilisation.
L’Alliance s’est donné pour mission d’autonomiser les femmes dans toute leur diversité (origine ethnique, classe
sociale, âge, capacité, religion, sexualité, langue, éducation, etc.) et de lutter contre la masculinité toxique en vue
de créer un monde où les genres sont placés sur un pied d’égalité. Contrer les stéréotypes néfastes et encourager
une représentation positive des femmes et des filles, mais aussi des hommes et des garçons, est une étape es-
sentielle pour faire évoluer les mentalités et les comportements. Les normes sociales influencent les mentalités,
mais aussi les actions. http://www.unstereotypealliance.org/en
Cannes Lions - Festival international de la créativité : surnommé « les Oscars de la publicité », le festival
Cannes Lions juge désormais les œuvres en compétition à l’aide d’un critère évaluant le degré de chosifica-
tion. À compter de l’édition 2019, le jury est encouragé à identifier les stéréotypes néfastes dans la publicité,
dans le prolongement des directives relatives à la chosification mises en œuvre en 2017. Celles-ci ont une forte
incidence sur tous les types de contenu et envoient un message fort concernant le caractère essentiel de
l’égalité des genres, un critère de qualité à part entière. Par ailleurs, les Cannes Lions ont créé leur Lion de
verre : le lion du changement, prix qui récompense spécifiquement les travaux qui déjouent les préjugés
sexistes et font voler en éclats les images stéréotypées des hommes et des femmes encore bien ancrées
dans les campagnes de publicité. Le Festival est toujours parti du principe que le marketing influence acti-
vement la culture, et le lancement de ce prix s’inscrit dans une volonté pérenne d’avoir un impact positif sur
les communications.
Le prix #SeeHer de la représentation de personnages féminins forts et complexes, décerné lors de la cérémonie
des Critics’ Choice Awards, salue une femme qui incarne les valeurs du mouvement #SeeHer, créé par l’Associa-
tion of National Advertisers dans le but d’offrir une représentation réaliste de toutes les femmes et toutes les
filles dans les médias à l’horizon 2020. https://seeher.com/
Le prix australien pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (Eliminating Violence Against Women
Media Awards) récompense les journalistes pour leurs reportages d’excellence sur les violences faites aux
femmes et les médias d’information qui contribuent à prévenir ces violences. http://www.evas.org.au/index.
php/what-are-the-evas/about-the-evas-media-awards
Les prix indiens Laadli des médias pour la sensibilisation aux questions de genre (The Laadli Media Awards
for Gender Sensitivity), lancés en 2007 et soutenus ultérieurement par l’UNFPA, ces prix distinguent, recon-
naissent et saluent les efforts fournis par les professionnels des médias et de la publicité qui mettent en avant
les questions pressantes sur le genre dans le pays. http://populationfirst.org/Laadli%20Media%20and%20
Advertising%20Awards/M__18
Les prix britanniques des médias pour la fin des violences faites aux femmes et aux filles (Ending Violence
Against Women and Girls Media Awards) visent à saluer des reportages exemplaires sur les violences à l’égard
des femmes et des filles dans la presse, à la radio, à la télévision et en ligne, dans des chroniques, des tribunes et
des documentaires – des témoignages qui alimentent le débat public en expliquant comment et pourquoi ces
maltraitances ont lieu, dans le respect des victimes et des survivantes. http://www.endviolenceagainstwomen.
org.uk/campaign/ending-violence-against-women-and-girls-media-awards/
Les prix GEM-TECH (GEM-TECH Awards) : lancés en 2014 par ONU Femmes et l’Union internationale des télé-
communications (UIT), ces prix récompensent, à l’échelle mondiale, les contributions exceptionnelles de femmes
et d’hommes qui mettent le potentiel des TIC au service de l’égalité des genres. https://www.itu.int/en/action/
women/gem/Pages/default.aspx
Outre les prix décernés aux médias, les moyens suivants • Rédiger des commentaires positifs ou indiquer
permettent également de valoriser et d’encourager « j’aime » sur les réseaux sociaux ;
l'intégration des questions de genre dans les représen-
tations et le traitement des contenus ayant trait à la • Envoyer un courrier ou un courriel aux productrices et
violence contre les femmes dans les médias : producteurs ; et
• Nommer, citer et partager publiquement les œuvres se • Publier des messages sur les tableaux d’affichage com-
distinguant par leur qualité ; munautaires ou dans les centres communautaires.
Le renforcement des capacités exige d’adopter une ap- philosophie ou approche en matière d’information
proche organisationnelle globale qui intègre l’égalité et de communication ; caractéristiques des contenus
des genres et la non-discrimination dans l’ensemble produits et diffusés ; fonctions et structures
des systèmes, structures, effectifs et contenus des orga- organisationnelles (par exemple, journal national contre
nisations de médias. Ce processus passe par les actions intermédiaire de services Internet) ; cadres juridiques
suivantes : réalisation d’une évaluation de l’égalité des applicables (par exemple, cadres régissant les secteurs
genres ou d’un audit de genre au niveau de l’organisa- public/privé) ; et niveaux de leadership et d’engagement
tion ; élaboration et/ou révision des politiques et des en faveur de l’égalité des genres au sein de l’organisation.
normes ; garantie de la parité des sexes dans les effectifs
et les mécanismes décisionnels ; formation continue du La cartographie aidera à cibler les partenaires à appro-
personnel des médias ; et garantie de la sécurité et de la cher et les objectifs à atteindre : appui au changement
sûreté des femmes journalistes et des défenseuses des institutionnel, constitution d’un réseau, réalisation d’une
droits humains les plus à risque en raison de leur contes- campagne en vue d’un résultat précis (réforme juridique
tation des normes sociales liées au genre, à l’identité et ou politique, mobilisation communautaire visant à faire
aux dynamiques de pouvoir. De telles mesures exigent évoluer les normes sociales, etc.). Les organisations de
une vision à long terme et un engagement sans relâche. médias qui feront l’objet d’une transformation globale
doivent réaliser une évaluation de l’égalité des genres
5.1 Cartographie et évaluation ou un audit de genre approfondis au niveau interne.
Toute collaboration avec les médias doit être précédée Cette analyse permettra de déterminer les forces, les
d’une cartographie des différents médias en présence. lacunes, les difficultés et les possibilités qui existent dans
Cette cartographie permettra de mettre en évidence les l’ensemble des politiques, systèmes et pratiques de l’or-
éléments suivants : canaux disponibles (presse écrite, ganisation. Les informations recueillies serviront ensuite
télévision, radio, Internet, etc.) ; degré d’utilisation et à mettre en évidence les structures opérationnelles et les
portée auprès des différents segments de la population ; bonnes pratiques, ainsi que les lacunes et les domaines à
Gender Links for Equality and Justice est une ONG basée en Afrique du Sud. Elle fait partie des membres fonda-
teurs de l’Alliance mondiale genre et médias de l’UNESCO. Cette organisation mène des recherches d’envergure
à des fins de programmation catalytique, en évaluant les avancées en matière de genre dans les médias dans
14 pays d’Afrique australe. Elle a publié plusieurs rapports sur les contenus liés au genre dans les médias, l’emploi
des femmes dans ce secteur et l’éducation aux médias d’une perspective de genre. L’ONG organise également
des activités de plaidoyer, de renforcement des capacités, d’éducation aux médias et de réseautage. En 2010, elle
a procédé à un audit des programmes d’éducation et de formation au journalisme et aux médias pour tenter de
comprendre de quelle manière le genre y est intégré. Suite à cet audit, l’organisation a créé des centres d’excel-
lence pour le genre et les médias dans 13 pays avec, à la clé, des collaborations avec 100 conseils municipaux afin
de prendre en compte le genre à travers des politiques, le renforcement des capacités et des activités de suivi et
d’évaluation, dans le but de modifier leur structure, leurs pratiques professionnelles et leur traitement du genre.
Elle aide aussi les organisations de médias à inscrire le genre à leurs programmes et à mener des recherches sur
le genre et les médias.
Pour en savoir plus sur les audits sur le genre et les médias, voir : http://genderlinks.org.za/what-we-do/media/
research/gender-in-media-education-audit/
améliorer, afin d’établir la situation de référence à partir The Gender Audit Handbook A Tool for
de laquelle seront comparés les progrès réalisés dans le Organizational Self-Assessment and Transform-
temps (Institut européen pour l’égalité entre les hommes ation : https://www.interaction.org/wp-content/
et les femmes, audit de genre). uploads/2019/03/Gender-Audit-Handbook-2010-
Copy.pdf
Outils permettant de réaliser une analyse, une évalua-
tion ou un audit concernant les questions de genre : Indicateurs d’égalité des genres dans les médias,
UNESCO : http://www.unesco.org/new/fr/comm
Outil d’analyse des lacunes au regard des unication-and-information/resources/publi
Principes d’autonomisation des femmes : https:// cations-and-communication-materials/publi
weps-gapanalysis.org/ cations/full-list/gender-sensitive-indicators-for-
media-framework-of-indicators-to-gauge-gender-
A manual for gender audit facilitators: The ILO par-
sensitivity-in-media-operations-and-content/
ticipatory gender audit methodology (2nd Edition) :
http://www.ilo.org/gender/Informationresources/
WCMS_187411/lang--en/index.htm
• Traiter tous les hommes et et toutes les femmes de manière équitable au travail – respecter et appuyer les
droits de l’homme et la non-discrimination.
• Mettre en œuvre des pratiques permettant d'autonomiser les femmes au niveau du développement des
entreprises, de la chaîne logistique et du marketing.
• Mesurer et faire rapport publiquement sur les progrès réalisés en faveur de l'égalité des genres.
Pour le portail des Principes d’autonomisation des femmes et d’autres ressources, voir :
https://www.empowerwomen.org/fr/weps/about
Éléments à prendre en compte pour parvenir à l’équilibre • Pourcentage de femmes occupant des postes de
entre les genres au niveau décisionnaire dans les organi- dirigeantes dans les médias (rédactrices en chef, di-
sations de médias (UNESCO, 2012) : rectrices de la publication, cheffes de département,
responsables de bureaux).
• Pourcentage de femmes parmi les propriétaires, les
responsables de la gestion de l’entreprise et au sein du • Examen périodique et établissement de rapports sur
conseil d’administration. les mesures prises pour garantir l’équilibre entre les
genres au niveau décisionnaire.
• Exemples de comportements prohibés ; • Liens renvoyant aux autres politiques (par exemple,
congé parental) et documents de référence connexes.
• Mesures de prévention, notamment dispositifs de
responsabilisation des dirigeants et activités de sensi- Exemples de guides et politiques de lutte contre la vio-
bilisation/formation sur le genre, la discrimination, le lence et le harcèlement :
harcèlement et la violence ;
UN System Model Policy on Sexual Harassment (ONU) :
• Description précise des procédures de signalement (confi- https://www.unsceb.org/content/addressing-
dentialité, protection contre les représailles, etc.) et de sexual-harassment-within-organizations-un-system
traitement des plaintes (formelles, informelles, etc.) ;
Towards an end to sexual harassment: The urgency and
• Mécanismes juridiques et judiciaires externes prévus nature of change in the era of #MeToo : http://www.
au niveau national ; unwomen.org/-/media/headquarters/attachments/
sections/library/publications/2018/towards-an-end-
• Sanctions et mesures disciplinaires pouvant être impo- to-sexual-harassment-en.pdf?la=en&vs=4236
sées aux auteurs ;
La violence de genre et le rôle des syndicats affiliés
• Services de soutien et d’orientation mis à la disposition à UNI : http://fr.breakingthecircle.org/descargas/fr/
des survivantes par l’organisation ; man/violencepolicies_fr.pdf
La PSA est le principal syndicat néo-zélandais des employés de l’État, des entreprises publiques, des conseils mu-
nicipaux, des conseils de santé et des collectivités. Elle a lancé une campagne sur la violence domestique afin de
souligner ses répercussions sérieuses au travail. Elle offre des conseils aux victimes, aux auteurs de violences ain-
si qu’à leurs collègues, mais aussi aux délégués, aux représentants et aux employeurs. La PSA a aussi élaboré un
exemple de disposition relative à la violence domestique à l’attention des employeurs (voir des extraits ci-dessous) :
La violence domestique peut avoir une incidence sur l’assiduité ou les performances d’un employé (...).
L’employeur est tenu d’accommoder les besoins des membres du personnel touchés par la violence domestique,
notamment en leur accordant jusqu’à 10 jours de congés payés au cours d’une année civile, pour des rendez-vous
médicaux, des convocations au tribunal et toute autre activité découlant de la violence domestique. Ces jours
de congés viennent s’ajouter aux congés auxquels l’employé a déjà droit et peuvent être pris sous forme de
jours consécutifs, de jours ponctuels, ou de parties d’une journée, et ce sans l’accord préalable de l’employeur.
De surcroît, l’employeur est tenu d’approuver toute demande raisonnable de la part d’un employé qui, pour des
raisons de sécurité et afin d’éviter les situations de harcèlement, souhaite modifier sa durée ou ses horaires de
travail, son lieu de travail ou ses fonctions, son numéro de téléphone ou son adresse électronique professionnels,
et appliquer toute autre mesure adaptée, notamment celles déjà prévues au titre des dispositions en vigueur
sur la flexibilité du travail. Tout employé ayant à sa charge une personne touchée par la violence domestique
peut prendre des jours de congés pour l’accompagner au tribunal, à l’hôpital ou pour garder ses enfants. Toute
information personnelle restera confidentielle et ne sera pas consignée dans le dossier de l’employé concerné
sans son consentement. Des justificatifs des violences domestiques peuvent être demandés. Ils peuvent prendre
la forme d’une attestation émanant de la police, d’un professionnel de la santé ou d’un service de soutien à la
violence domestique.
Politiques relatives à l’égalité des genres La répartition inégale des responsabilités familiales (en-
et à la diversité fants, aide aux proches malades, âgés, etc.) entre les
femmes et les hommes constitue un facteur majeur d’iné-
Les politiques adoptées dans le domaine de l’égalité des galité en matière d’emploi. L’insuffisance ou l’absence de
genres et de la diversité montrent l’engagement dont politiques et de mesures plus générales de soutien aux
font preuve les entreprises afin d’améliorer les résultats femmes (lesquelles continuent d’assumer l’essentiel
mesurables en matière d’égalité des genres s’agissant de des responsabilités familiales) se traduit souvent par
la représentation, la valorisation, la sécurité et la recon- des départs professionnels, une réduction des heures de
naissance du personnel. Dans ces différents domaines, travail et une interruption des possibilités d’évolution et
les politiques peuvent porter sur les éléments suivants : de promotion (Groupe de haut niveau des Nations Unies
processus de recrutement et de promotion visant à ga- sur l’autonomisation économique des femmes, 2017). À
rantir l’égalité entre les femmes et les hommes ; égalité l’issue de recherches approfondies et de consultations
de salaire à travail égal ; reconnaissance et récompenses poussées, la Commission européenne a présenté une
objectives fondées sur les contributions et les résultats ; Initiative visant à promouvoir l’équilibre entre vie profes-
approches non discriminatoires des responsabilités fami- sionnelle et vie privée des parents et aidants qui travaillent,
liales ; et accès réel aux différents postes et niveaux de assortie des recommandations suivantes (Commission
direction grâce à l’élimination des obstacles liés au genre. européenne, 2017) :
• Exemple de politique d’égalité des genres sur le lieu de • Améliorer la manière dont les congés familiaux et les
travail : https://www.wgea.gov.au/sites/default/files/ formules souples de travail sont conçus et partagés
Characteristics-of-a-Gender-Equality-policy.pdf entre les sexes ;
• Éliminer les facteurs économiques dissuadant les pa- • Existence d’une convention collective garantissant
rents et les aidants de travailler. l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes.
Éléments contribuant à faire progresser l’égalité des • Mise en conformité de toutes les politiques relatives
genres dans le domaine de l’emploi et des conditions de à l’égalité des genres avec les articles pertinents de la
travail (UNESCO, 2012) : CEDAW, notamment les articles 2, 4, 10, 11, etc.
• Existence d’un bureau de la parité ou d’un ou plusieurs • Suivi d’une procédure d’établissement des budgets
responsables de l’intégration de l’analyse selon le genre soucieuse de la question du genre et impliquant la par-
afin de procéder au suivi et à l’évaluation de l’égalité ticipation des femmes.
des genres sur le lieu de travail.
• Existence de politiques de ressources humaines axées
• Connaissance parmi le personnel de l’existence d’un sur le genre et notamment sur l’égalité de traitement.
bureau de la parité ou d’un ou plusieurs responsables
de l’intégration de l’analyse selon le genre chargés de • Promotion des politiques de ressources humaines
traiter les préoccupations des femmes et des hommes. axées sur le genre.
• Examen périodique et établissement de rapports sur les • Pourcentage d’hommes et de femmes ayant un contrat
mesures visant à accroître le pourcentage de femmes à durée déterminée.
travaillant dans la salle de rédaction.
• Pourcentage d’hommes et de femmes produisant ou
• Existence de politiques des médias garantissant l’éga- couvrant des informations sur des sujets divers (sports,
lité de traitement en matière de conditions de travail politique et conflits armés).
générales, d’environnement et de droits, s’agissant no-
tamment des salaires et des possibilités de promotion. • Mesures spécifiques visant à accroître, lorsqu’il est
faible, le pourcentage de femmes qui produisent ou
• Examen périodique et établissement de rapports sur le couvrent des informations sur des sujets divers (quotas).
pourcentage des salaires et des promotions des femmes
et des hommes conformes à l’exigence d’égalité. • Examen périodique et établissement de rapports sur
les mesures visant à renforcer la contribution des
• Pourcentage de femmes et d’hommes ayant bénéficié femmes (production ou reportages) à tous les sujets
d’une promotion annuelle et d’une augmentation de d’actualité.
salaire conformément aux politiques établies. Ressource :
• Égalité des conditions d’emploi et des prestations, no- Indicateurs d’égalité des genres dans les médias,
tamment en matière de régime de retraite. UNESCO : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/
pf0000231068
• Égalité et transparence des pratiques de recrutement (la
composition des comités d’entretien doit toujours être
La BBC a publié des directives complètes destinées à ses employés et collaborateurs. Ces directives définissent
clairement les principes de cette organisation médiatique et la manière dont ils doivent être mis en œuvre. Elles
abordent de nombreuses thématiques, comme :
• La précision
• L’impartialité
• Les préjudices et les infractions (avec des chapitres consacrés à la violence, au sexe, à l’intimidation et l’humi-
liation ainsi qu’à leur représentation)
• La confidentialité
• La religion
• Le droit (avec des chapitres consacrés aux victimes, aux auteurs, à la confidentialité et à la sécurité)
• La redevabilité
Par ailleurs, ces thématiques détaillent également comment interagir avec les victimes et les auteurs de vio-
lences, et comment informer sur la violence à l’égard des femmes et des enfants.
• Les organisations de médias encouragent les codes • Mécanismes internes mettant à la disposition du
éthiques et les politiques éditoriales propices à l’égali- public un forum auprès duquel exprimer critiques et
té des genres dans le contenu des médias. récriminations concernant les problèmes d’égalité des
genres dans les contenus, par exemple un médiateur,
• Existence de politiques (écrites) relatives au genre le courrier des lecteurs ou encore un conseil de presse,
faisant clairement référence aux pratiques des mé- en faisant en sorte que le public ait connaissance de ce
dias (par exemple en matière de sources). mécanisme.
• Existence de codes d’éthique (écrits) faisant référence • Diffuser auprès du public les politiques de sensibi-
à la représentation des hommes et des femmes. lisation à l’égalité des genres et lui rendre compte
régulièrement de la manière dont l’organisation de
• Existence de ressources sur un traitement de l’infor- médias répond aux plaintes ou à la façon dont est per-
mation tenant compte de la problématique hommes/ çue son action en faveur de l’égalité des genres.
femmes, en particulier des guides/manuels de ré-
daction, un répertoire des femmes spécialistes de • Prise en considération, dans le cadre de l’évaluation de
questions diverses, une liste de personnes ou d’orga- la performance et des règles de promotion, du respect
nismes susceptibles de considérer les domaines traités des politiques relatives au genre dans le contenu.
selon une perspective sexospécifique, etc. afin d’aider
les journalistes et autres personnels créatifs/tech- • Désigner une organisation indépendante en tant que
niques à éviter le sexisme et à faire de l’exigence de mécanisme externe mettant à la disposition du public
l’égalité des genres une priorité dans leurs pratiques un forum auprès duquel exprimer critiques et récrimi-
professionnelles. nations concernant les contenus, en faisant en sorte
que le public ait connaissance de ce mécanisme.
• Le fait que le personnel professionnel, en particulier les
rédacteurs en chef, ait été sensibilisé aux politiques, • Listes de participation aux ateliers ventilées par genre.
aux codes d’éthique et aux guides/manuels de rédac-
tion tenant compte du genre et de la diversité, et qu’ils • Encourager le recours aux données ventilées par genre
les aient acceptés. dans le contenu médiatique.
• Le fait que le personnel de direction, en particulier les • Analyse des données et actions de suivi liées aux pro-
membres du conseil d’administration et les hauts diri- blèmes majeurs.
geants, aient été sensibilisés aux politiques, aux codes
Source : https://www.commonsensemedia.org/sites/default/files/uploads/pdfs/2017_commonsense_watchinggender_
executivesummary_0620_1.pdf
Les principes DOAM, qui reposent sur des normes internationales, font office de référence commune pour l’ap-
plication des principes de Droits de l’homme, d’Ouverture, d’Accessibilité et de Gouvernance Multipartite. Ces
principes, ainsi que leurs indicateurs complémentaires, viennent combler les lacunes en matière d’établissement
des normes au niveau national et mondial. Vis-à-vis d’Internet, cet instrument implique une approche straté-
gique fondée sur des données factuelles. Il illustre aussi à quel point la participation multipartite est précieuse
lors de la supervision d’études qui mettent à profit les indicateurs pour évaluer les espaces nationaux consacrés
à Internet et suggérer des améliorations aux différentes parties prenantes (gouvernements, entreprises, univer-
sités, société civile, communauté technique, etc.).
ONU Femmes et l’UNFPA ont apporté leur soutien à des formations destinées aux journalistes sur « le traite-
ment attentif au genre et la couverture de la violence à l’égard des femmes dans les médias ». Ces formations
portaient sur le traitement médiatique non discriminatoire des violences à l’égard des femmes et des filles et
les compétences pour interviewer les victimes/survivantes et protéger leur identité, le tout avec un discours, un
vocabulaire et des sources adaptés. Les formations ont été suivies d’ateliers interactifs mobilisant la commu-
nauté. Des binômes de journalistes et de photographes étaient chargés de réaliser des reportages accompagnés
de photographies et d’autres documents visuels sur des questions liées à la violence à l’égard des femmes et
des filles. Ces reportages ont ensuite fait l’objet d’une installation spéciale et d’une exposition interactive lors
de la journée internationale des droits des femmes en 2014. En trois ans, les enjeux de l’égalité des genres sont
devenus une priorité pour les médias en Géorgie, notamment par l’intermédiaire de nouveaux programmes
abordant les droits des femmes et favorisant l’égalité des genres.
Women’s Media Watch (WMW) Jamaïque s’efforce de donner une perspective de genre aux médias nationaux.
Créée en 1987, WMW mobilise les médias de façon inclusive pour relayer différents messages sur l’autonomisa-
tion des femmes et leur capacité à occuper des postes de direction. WMW reconnaît que les médias influencent
les valeurs, les représentations et les attentes sociales, un constat qui impose d’envisager une approche globale
pour lutter contre le problème des inégalités liées au genre. Par exemple, avec le soutien d’ONU Femmes, le
projet de formation PowHERhouse a donné à des jeunes femmes des compétences pour utiliser les médias afin
de transformer les normes liées au genre, faire la promotion stratégique de l’égalité des genres et se présenter
en tant que leaders. Ce projet remettait en cause les stéréotypes négatifs sur les femmes dans la société en met-
tant le pouvoir des médias au service des femmes, afin de les présenter comme des dirigeantes et des agentes
du changement.
Pour en savoir plus les stratégies et les réussites de WMW Jamaïque, voir : http://wmwja.org/
Ressources :
5.5 La sécurité des femmes journalistes Les femmes journalistes sont exposées à des risques de
Dans tous les pays, les femmes de tous milieux risquent sécurité sexospécifiques tels que le harcèlement sexuel,
de subir et subissent diverses formes de violence. Ainsi, la violence sexuelle et les menaces de violence (FIJ, 2017 ;
une femme sur trois dans le monde a subi une forme ou IWMF, 2018). Des études récentes montrent que les
une autre de violence physique ou sexuelle au cours de femmes journalistes sont particulièrement touchées par le
sa vie (hors harcèlement sexuel) (OMS, London School cyberharcèlement (Reporters sans frontières, 2018 ; OSCE,
of Hygiene and Tropical Medicine et South African 2016). D’après une analyse portant sur les 70 millions de
Medical Research Council, 2013). Les femmes exposées commentaires enregistrés par The Guardian entre 1999 et
à des formes multiples de discrimination fondée sur 2016, sur les dix journalistes ayant fait l’objet des atteintes
leur origine ethnique, leur handicap, leur état civil (par les plus graves, huit étaient des femmes et les deux autres
exemple, femmes migrantes), leur orientation sexuelle et étaient des hommes noirs (The Guardian, 2016).
L’IPI est un réseau mondial de rédacteurs, journalistes et responsables de médias qui se sont donné pour mission
de soutenir le journalisme indépendant de qualité. Ils font ainsi la promotion de conditions qui permettent aux
journalistes d’assumer librement leurs tâches d’intérêt public, sans peur de représailles.
Lancée par l’IPI, l’initiative OnTheLine cherche à révéler et à éliminer de nombreuses entraves à la liberté de la
presse et d’expression dans la sphère des médias numériques, par exemple sur Twitter, Facebook et d’autres
plateformes, et par courriel. L’initiative surveille :
Cette initiative possède une base de données de cybermenaces et a publié plusieurs rapports au niveau mondial
et national.
Le harcèlement des femmes journalistes se manifeste • Deux tiers n’ont pas déposé de plainte officielle.
souvent par des attaques personnelles qui ne visent pas
le contenu traité par la journaliste, mais la personnalité • Parmi celles ayant déposé plainte, 84,8 % pensent
ou le physique de cette dernière. Dans les cas extrêmes, qu’aucune mesure adéquate n’a été prise contre les au-
le harcèlement peut aller jusqu’à des menaces de vio- teurs. 12,3 % seulement se disent satisfaites des suites
lence sexuelle (OSCE, 2016). Dans un rapport publié en données à leur plainte.
2018 par TrollBusters et l’International Women’s Media
Foundation, une enquête menée auprès de 597 femmes • 26 % seulement des entreprises disposent d’une po-
journalistes et professionnelles des médias a révélé que litique couvrant la violence sexiste et le harcèlement
près de deux femmes interrogées sur trois avaient déjà été sexuel.
menacées ou harcelées en ligne au moins une fois. Parmi
elles, environ 40 % ont déclaré éviter certains sujets en Pour assurer la sécurité et la protection des journalistes,
raison des risques de cyberharcèlement. Parmi les femmes le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des
journalistes interrogées, 58 % ont affirmé avoir déjà été Nations Unies pour la coordination a approuvé en
menacées ou harcelées en personne, et 26 % ont indiqué 2012 le tout premier Plan d’action des Nations Unies sur
avoir fait l’objet d’attaques physiques (IWMF, 2018). la sécurité des journalistes et la question de l’impunité5.
Piloté par l’UNESCO, ce Plan d’action vise à créer un
Un rapport de 2017 portant sur des journalistes de 50 pays environnement libre et sûr pour les journalistes et les
a révélé les chiffres suivants (FIJ, 2017) : professionnel(le)s des médias, tant en situation de paix
que de conflit, à la fois en ligne et hors ligne, en vue de
• 48 % des femmes ont subi des violences sexistes sur renforcer la paix, la démocratie et le développement dans
leur lieu de travail. le monde. Il prévoit, entre autres, les mesures suivantes :
Le Représentant pour la liberté des médias est une institution indépendante de l’OSCE basée à Vienne (Autriche).
Ses activités consistent notamment à observer l’évolution de la situation des médias dans le cadre d’une fonction
d’alerte précoce et à aider les États participants à se conformer à leurs engagements en matière de liberté d’ex-
pression et de liberté des médias. Pour les États membres de l’OSCE, la liberté d’expression est un droit humain
fondamental et reconnu à l’échelle internationale, ainsi que l’un des piliers d’une société démocratique (société
ouverte dotée d’un gouvernement responsable). Le représentant s’attache à observer l’évolution des médias
au sein des États participants de même qu’à défendre et promouvoir la pleine conformité avec les principes et
engagements de l’organisation en matière de liberté d’expression et de liberté des médias.
Au titre de ce mandat, l’OSCE gère une initiative visant à prendre des mesures pour la « sécurité des femmes
journalistes en ligne ». À la suite d’un questionnaire destiné à ses membres, d’une réunion d’experts et de confé-
rences, les recommandations suivantes ont été formulées (OSCE, 2015) :
Les États participants doivent : reconnaître que les menaces et toutes les autres formes de violence en ligne
à l’égard de femmes journalistes et d’actrices des médias constituent une attaque directe contre la liberté
d’expression et la liberté des médias ; renforcer la capacité des organismes chargés de l’application de la loi à
comprendre les normes internationales relatives aux droits humains afin qu’ils puissent identifier les réelles
menaces à la sécurité et protéger les individus en danger – y compris en donnant accès à des outils et à des
formations portant sur des questions techniques et juridiques ; s’abstenir d’adopter de nouvelles lois pénales
pouvant museler la liberté d’expression, et leur préférer l’application des lois existantes qui sont conformes aux
normes internationales relatives aux droits humains ;mandater et appuyer la collecte et l’analyse de données
relatives aux violences en ligne et à leurs conséquences, avec notamment la création d’une base de données
Les organisations de médias doivent : adopter des principes directeurs s’appliquant à l’ensemble du domaine et
relatifs à l’identification et au suivi des violences en ligne ; s’assurer que les journalistes victimes de violences en
ligne, qu’elles soient indépendantes ou salariées, ont accès à un système complet de soutien, notamment à une
assistance psychosociale et juridique ; instaurer une culture d’entreprise promouvant l’égalité entre les sexes
et la tolérance zéro face aux menaces et au harcèlement envers des membres du personnel ; mettre sur pied
des procédures claires et transparentes en matière de modération de contenu, dont l’objectif est de protéger le
droit à la liberté d’expression, assorties d’une formation adéquate des membres du personnel concernés, tout
en s’assurant que les membres du personnel masculin et féminin sont impliqués à parts égales ; et travailler aux
côtés d’autres organisations et associations de médias en vue de créer des systèmes de soutien, notamment des
programmes de formation et de parrainage, destinés aux femmes journalistes et actrices des médias.
Les intermédiaires et plateformes de réseaux sociaux doivent : informer correctement à propos des conditions
de service, lignes directrices et meilleures pratiques visant à assurer un espace sécurisé pour l’ensemble des
utilisateurs ; s’assurer que les conditions de services, les lignes directrices de la communauté et les informations
relatives à leur bonne application sont proportionnées, adaptées, claires, compréhensibles et facilement acces-
sibles par l’ensemble des utilisateurs ; informer les utilisateurs au sujet des meilleures pratiques de sécurité en
ligne et des solutions techniques pour dénoncer au mieux les contenus abusifs ; s’impliquer dans le renforce-
ment des capacités aux côtés des organisations de la société civile en matière de contre-discours en réponse aux
contenus abusifs ; et recueillir des données et des statistiques sur les violences en ligne pour faciliter l’étude plus
globale des violences en ligne envers les femmes journalistes et les actrices des médias.
En tant qu’organisation responsable de la mise en œuvre du Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des
journalistes et la question de l'impunité, et en tant qu’organisation ayant fait de l’égalité des genres une priorité
globale, l’UNESCO mène à bien différents projets visant à renforcer la sécurité des femmes journalistes.
Le support de formation sur la sécurité des femmes journalistes a été enrichi grâce à la mise à jour de la version
2017 de l’ouvrage Guide pratique de sécurité des journalistes : manuel pour reporters en zones à risque, rédigé par
Reporters sans frontière de concert avec l’UNESCO, qui accorde un intérêt particulier aux menaces sexistes en
et hors ligne.
L’UNESCO déploiera également un certain nombre d’activités de formation dont l’objectif sera de renforcer les
capacités des femmes journalistes à se prémunir du harcèlement et à réagir face à ces conduites abusives. En vue
de motiver et cristalliser le changement au niveau institutionnel, l’UNESCO procédera également à des forma-
tions de renforcement des capacités destinées aux responsables des médias, qui sensibiliseront les participants
à la question et les encourageront à mettre en place des protocoles de sécurité spécifiques au harcèlement
sexiste à l’égard des femmes journalistes.
Afin de sensibiliser au harcèlement sexiste subi par les femmes journalistes en et hors ligne et montrer com-
ment ces personnes, partout dans le monde, résistent et luttent contre les menaces et les abus, l’UNESCO publie
un recueil de témoignages personnels de femmes journalistes ayant été victimes de harcèlement ou de violence
sexiste. Cette publication met en lumière les formes diverses et variées des menaces en et hors ligne ainsi que
la résilience des femmes journalistes et leurs tactiques au moment de mettre en place des contre-initiatives.
L’étude de l’UNESCO sur les mécanismes de lutte contre le harcèlement en ligne des femmes journalistes
L’UNESCO a lancé un projet de recherche sur les initiatives efficaces de lutte contre le harcèlement en ligne
des femmes journalistes, destiné à formuler des recommandations concrètes aux différents groupes de par-
ties prenantes, notamment les organisations de médias, les plateformes de réseaux sociaux, les associations
professionnelles et les autorités nationales, y compris le système judiciaire. Ce projet s'est déroulé tout au long
de l’année 2019 et est assorti de consultations multipartites pour entendre les contributions et retours des diffé-
rents acteurs. La première consultation et la séance de lancement ont eu lieu en février 2019 à l’occasion d’une
conférence de l’OSCE sur la sécurité des femmes journalistes en ligne (#SOFJO).
Les médias sont à la fois un reflet et un facteur impor- et isolés. Au contraire, ils doivent être replacés dans un
tant des normes prédominantes et, dans une certaine contexte plus large expliquant les facteurs qui favorisent
mesure, des valeurs d’une société donnée. Leur influence la violence à l’égard des filles et des femmes dans une telle
et leur portée en font un point d’entrée essentiel pour ampleur. Ce travail consiste à « réécrire le scénario » afin
promouvoir avec détermination les idées d’égalité, de de véhiculer des récits qui défendent l’égalité, les droits
non-discrimination et de non-violence. Pour déconstruire des femmes, la non-discrimination et la tolérance zéro à
les normes néfastes qui sous-tendent la violence et encou- l’égard de toute forme de violence.
rager des normes prosociales ou positives, il est nécessaire
de s’attaquer aux attitudes, croyances, pratiques et com-
Stéréotypes
portements qui contribuent chaque jour à renforcer les
stéréotypes et les rôles traditionnellement liés au genre et Le sexisme et les autres stéréotypes font le lit de la discrimi-
discriminatoires à l’égard des filles et des femmes. Cette nation. Les stéréotypes sont dangereux lorsqu’ils entraînent
démarche exige de remettre en question les notions de une ou plusieurs violations des droits humains et des
masculinité et de féminité, les rapports de force entre les libertés fondamentales, et lorsqu’ils limitent la capacité
femmes et les hommes et entre les filles et les garçons, des femmes et des hommes à développer leurs aptitudes
ainsi que les hiérarchies de privilèges fondés sur l’identi- personnelles, à poursuivre leur carrière professionnelle et à
té de genre, l’origine ethnique, la religion ou toute autre décider de leur vie et de leurs projets de vie. Les stéréotypes
caractéristique. Par ailleurs, il convient de présenter le néfastes peuvent être explicitement hostiles/négatifs (par
problème comme un phénomène social. Autrement dit, exemple les femmes sont irrationnelles, faibles, etc.) ou
les cas individuels de violence ne peuvent pas être trai- sembler inoffensifs (par exemple, les femmes sont protec-
tés dans les médias comme des incidents indépendants trices, sociables, etc.) mais perpétuer involontairement des
La violence et la menace de violence à l’égard des femmes, y compris celles qui font l’expérience de formes multiples et intersectionnelles
de discrimination. Cette violence est une forme de discrimination contre les femmes et les empêche partiellement ou totalement de
1.
jouir de leurs droits humains et de leurs libertés fondamentales. Elle constitue par ailleurs un frein aux objectifs des États en matière
Problème
de développement et de réduction de la pauvreté. Les enfants, les communautés et l’ensemble de la société sont affectés par ses
conséquences sur la santé et dans les domaines social et économique.
1. Les structures individuelles, relationnelles, communautaires, organisationnelles et sociétales, la législation et les politiques, les pratiques
et les normes sociales qui :
2.
Obstacles à lever a) renforcent les inégalités liées au genre qui se manifestent sous la forme suivante :
pour éradiquer • discrimination à l’égard des femmes, inégalités liées au genre dans l’accès au pouvoir et aux ressources dans la vie publique et privée ;
le problème • constructions nuisibles de la masculinité (par exemple, le sentiment d’avoir certains droits, l’agressivité, la domination) et de la féminité
(par exemple, la subordination, la sexualisation, l’objectification) ;
• rôles liés au genre basés sur des stéréotypes ; et
• entre-soi masculin aux conséquences négatives et faible solidarité entre femmes et filles.
b) cautionnent, tolèrent, et/ou perpétuent la violence faite aux femmes, ou lui associent une image positive.
3. Les autres situations en lien avec et à l’intersection des inégalités liées au genre et qui accroissent les probabilités d’apparition de
violence dirigée contre les femmes (par exemple, la pauvreté, l’abus d’alcool).
• Engagement de l’État en faveur de l’égalité des genres, • Fort leadership des États, hausse des financements et du soutien
responsabilité en cas de violence et prévention. à la société civile et en particulier aux organisations de femmes,
3. • Identification de la violence faite aux femmes en tant que violation et implication d’autres institutions non gouvernementales et du
Bases des droits humains, et prise de conscience de l’étendue, des secteur privé.
nécessaires à conséquences et des causes de cette violence et du rôle de la • Systèmes de suivi et d’évaluation, de création d’une base de
la prévention prévention. connaissances et de partage des apprentissages.
• Collaborations et partenariats transversaux. • Établissement de liens entre les systèmes d’intervention et de
• Ressources adéquates (répartition des budgets et des ressources prévention afin d’assurer une approche globale et cohérente.
humaines et renforcement des capacités pour lutter contre la • Législation forte interdisant la violence faite aux femmes et mise
violence faite aux femmes). en œuvre par un système juridique accessible et efficace.
• Outils, connaissances et compétences en appui à la prévention.
• Mécanismes multisectoriels de planification et de coordination
aux niveaux institutionnel, national et local.
• Adoption et application de lois, de politiques et de réformes • Formation et développement professionnels afin de renforcer les
organisationnelles et institutionnelles afin de promouvoir et de compétences permettant de mener des actions de prévention de la
4. protéger les droits fondamentaux de toutes les femmes et filles, violence faite aux femmes.
Actions de de promouvoir l’égalité des genres, d’assurer une responsabilité • Développement du leadership des femmes, des filles et des
prévention de la en cas de violence et d’interdire toute forme de violence faite hommes et garçons non violents dans les communautés et les
violence faite aux aux femmes. organisations.
femmes auprès • Actions de plaidoyer afin de renforcer l’engagement des • Autonomisation économique, sociale et politique afin de développer
des individus, des organisations, des institutions et des communautés pour prévenir les compétences et les ressources personnelles des femmes et
communautés, la violence faite aux femmes et afin de garantir que les États des filles et de transformer les relations entre hommes et femmes.
des organisations respectent leurs obligations en matière de prévention de la • Développement des compétences individuelles pour mener des
et des violence faite aux femmes. actions de prévention de la violence faite aux femmes, mettre
institutions, • Éducation formelle et non formelle afin de renforcer les normes en œuvre une parentalité positive, instaurer des relations
et au niveau sociales combattant les inégalités, la discrimination, le manque de respectueuses et permettre des constructions positives des
des structures respect et la violence. masculinités et des féminités.
sociétales, au • Mobilisation et implication des communautés, des États, des • Atténuation des conséquences d’une exposition antérieure à
travers d’une organisations non gouvernementales et du secteur privé afin de la violence.
approche renforcer les structures, les cultures et les pratiques soutenant • Collaboration avec d’autres organisations participant à la définition
coordonnée et l’égalité des genres et la non-violence. des politiques afin de traiter de problématiques d’intérêt commun
multisectorielle • Implication des médias dans la prévention, notamment par la (par exemple, la prévention du VIH, les réformes constitutionnelles,
représentation de relations respectueuses et égalitaires entre l’autonomisation économique).
femmes et hommes.
7. • Une hausse de la reconnaissance de la violence faite aux femmes • Abrogation de la législation discriminatoire et mise en œuvre de
Résultats en tant que violation des droits fondamentaux à la fois répandue, politiques d’égalité des genres.
attendus sur évitable, grave et inacceptable. • Mise en place et application de sanctions sévères, formelles ou
le court terme • Le respect par les États de leurs obligations internationales en informelles, à l’égard des actes violents et irrespectueux.
(conditions matière de prévention de la violence faite aux femmes. • Renforcement de la solidarité entre femmes et filles, en
nécessaires sur • Implication d’un ensemble de secteurs dans la planification, particulier celles se trouvant en situation d’isolement social.
le court terme la mise en œuvre, la coordination, le suivi et l’évaluation de la • Hausse des représentations positives des masculinités et des
pour garantir des prévention, dans la constitution d’une base de connaissances et féminités basées sur des relations égalitaires et respectueuses
effets sur le long dans le partage d’expérience. entre les femmes et les hommes, et couverture responsable de la
terme) • Soutien actif à la prévention et réponses aux réactions violence dans les médias et la culture populaire.
négatives de la part des groupes de la société civile, notamment • Revalorisation des rôles des femmes et des filles.
les organisations indépendantes de femmes/filles et les • Distribution plus équitable des ressources et du pouvoir entre
organisations qui promeuvent la participation des hommes et les hommes et les femmes, à la fois dans les sphères publique
des garçons dans l’avancement de l’égalité des genres. et privée, et davantage de fluidité dans les rôles liés au genre et
• Institutions nationales de défense des droits humains. dans l’expression de la masculinité et de la féminité.
• Soutien apporté à la prévention par les dirigeants de tous les • Amélioration des connaissances et des compétences de
secteurs. chacun(e) afin de prévenir la violence faite aux femmes et de
• Expertise et compétences renforcées dans le domaine de la renforcer l’égalité des genres dans la vie publique et privée.
planification, de la coordination et de la mise en œuvre de la • Identification des individus ayant été exposés à la violence et
prévention. mise à leur disposition de dispositifs de soutien afin de les aider
• Développement d’outils et de ressources pour soutenir la à en atténuer les effets.
prévention. • Renforcement de la coopération avec les personnes ou les
• Systèmes d’intervention et de prévention permettant des actions organisations traitant de problématiques se recoupant avec celle
et une communication cohérentes. de la violence (par exemple, l’abus d’alcool, la pauvreté).
• Renforcement de l’implication et des capacités des organisations
gouvernementales, non gouvernementales et du secteur privé
pour mener des activités de prévention de la violence faite aux
femmes, y compris en leur sein.
• Réduction de la violence faite aux femmes, y compris la violence • Réduction des coûts liés à la violence contre les femmes.
faite aux femmes touchées par des discriminations multiples. • Davantage d’égalité, notamment en matière d’autonomisation
8. • Baisse de l’acceptation de la violence contre les femmes parmi économique et politique des femmes et des filles.
Résultats les femmes et les hommes et amélioration globale des normes • Baisse de la violence contre les enfants.
attendus sur le d’égalité (dont d’égalité entre les genres). • Amélioration des capacités des institutions, des organisations,
plus long terme • Sentiment de sécurité accru pour les femmes et les filles. des communautés et des États à atteindre des objectifs
• Réductions des charges de santé liées à la violence contre les relatifs à l’égalité des genres, aux droits fondamentaux et au
femmes. développement économique et humain.
• Les hommes sont forts, insensibles, agressifs et censés masquer ou annihiler toute vulnérabilité émotion-
nelle – la culture de l’impassibilité.
• Les hommes sont dominants dans le cercle familial, dans la sphère intime et les contextes sociaux en présence
de femmes.
• Les hommes amorcent les rapports sexuels ou ont droit aux rapports sexuels avec des femmes. Certains
groupes d’hommes au sein de groupes minoritaires sont plus violents sexuellement et exercent davantage de
contrôle sur autrui (en fonction, par exemple, du niveau de revenus, de la région, de l’origine ethnique, et/ou
de l’appartenance religieuse).
• Culture d’acceptation ou de blâme de la victime dans les cas de viol, en particulier lorsque la personne
survivante est caractérisée par les formules « a bu de l’alcool », «portait des vêtements jugés provocants »,
« marchait seule de nuit », ou « encourageait » l’agresseur.
• Le statut social et la réputation des hommes sont tributaires de la loyauté, de l’obéissance et de la fidélité de leur
femme, de leurs enfants et de leurs frères et sœurs, ce qui, dans le cas contraire, peut justifier un recours à la violence.
• Les hommes sont considérés comme efféminés et faibles s’ils sont favorables à l’égalité des genres ou sou-
tiennent les mouvements féministes.
• Les notions de féminité sont basées sur la passivité, la vulnérabilité, la pureté et l’hétérosexualité.
• Les femmes qui font valoir et défendent l’égalité des droits ou dénoncent les abus en la matière ont un com-
portement antiféminin et misandre.
• Les femmes lesbiennes, bisexuelles, transgenres sont en dehors de la « norme » féminine et ont besoin de
surveillance/correction.
• Certains groupes minoritaires de femmes sont intrinsèquement plus disponibles ou « ouvertes » sexuellement.
• Les familles et les personnes âgées sont autorisées à exercer un contrôle plus strict sur le comportement des
filles et des femmes que sur celui des garçons et des hommes, et peuvent prendre des décisions en matière de
mariage, de fréquentations amoureuses, et d’autres aspects de la vie sociale des femmes et des filles.
• Les femmes sont des individus hypersexualisés, et leur corps est destiné au plaisir et au spectacle des hommes.
• Les tenues vestimentaires des femmes et des filles sont surveillées et une idée selon laquelle certains modèles
de robes distraient les hommes et les garçons prédomine.
• Les personnes survivantes à des violences sexuelles sont accusées et/ou stigmatisées et humiliées, et les
femmes et les filles dénonçant des violences sexuelles sont qualifiées de débauchées, de menteuses et d’agui-
cheuses envers les agresseurs.
• Les hommes sont considérés comme les soutiens financiers et les femmes comme les personnes aimantes et
responsables du foyer.
Les campagnes précoces pour l’élimination des mutilations génitales féminines/de l’excision (MGF/E) se sont
axées sur la criminalisation et la sensibilisation aux conséquences pour la santé. Les campagnes ont largement
été menées selon un modèle « descendant », sans consultation ni implication des communautés les plus tou-
chées. Les campagnes ont gagné en efficacité par la suite, dès qu’elles se sont fondées sur des connaissances
approfondies des normes sociales liées à la pratique. La participation continue des communautés a permis de le-
ver le voile sur les idées très ancrées concernant la parentalité et le désir des familles de faire ce qu’elles estiment
être dans le meilleur intérêt de leurs enfants (à savoir, les croyances selon lesquelles elles doivent les protéger
contre les agressions sexuelles et garantir leur aptitude au mariage). Des rencontres en face à face ont ensuite
été rendues possibles afin de poursuivre le dialogue et parvenir, à terme, à un rejet collectif de la pratique.
Pour en savoir plus, consulter : Heise, L. (2011). What Works to Prevent Partner Violence? An evidence overview, Londres :
Ministère du développement international du Royaume-Uni http://www.oecd.org/derec/49872444.pdf
l’attention uniquement sur les cas individuels de violence normes sociales et ces facteurs de risque afin de concevoir
comme s’il s’agissait d’incidents uniques et isolés, afin des interventions adaptées aux différents segments de la
de resituer la violence en tant que phénomène social qui population et de garantir que le message transmis permet
trouve son origine dans l’inégalité des rapports de force une meilleure compréhension du problème.
entre les sexes. L’essentiel du débat doit porter sur les
divers éléments qui permettent de démontrer cet état Dans certains cas, une initiative peut cibler un public de
de fait, notamment : les coûts et les conséquences de la masse ou un large public afin de sensibiliser aux principes
violence sur les femmes, les familles, les communautés généraux d’égalité, de non-discrimination et de non-vio-
et même les pays ; les liens réciproques et les points lence. Dans d’autres cas, un ou plusieurs publics spécifiques
communs entre les différentes formes de violence ; le rôle sont ciblés selon une approche personnalisée afin de
des stéréotypes de genre, des conceptions néfastes de la répondre aux particularités propres au contexte et aux
masculinité, de la discrimination et des inégalités dans problématiques d’une certaine population. Dans d’autres
la perpétuation de la violence contre les femmes et les cas encore, l’intervention combine des activités de sensibili-
filles ; et la façon dont ces dynamiques se combinent à sation du grand public et des initiatives plus personnalisées.
d’autres caractéristiques de l’identité (origine ethnique, Pour combattre les attitudes et les croyances largement
orientation sexuelle, etc.) et inégalités sociales (pauvreté, répandues qui cautionnent la violence contre les femmes
etc.), et sont susceptibles d’influencer différemment la et les filles, les interventions doivent inclure des activités
violence subie par certains groupes de femmes et de filles. continues de sensibilisation à grande échelle qui permettent
de faire changer les choses. Elles doivent également s’ac-
compagner d’activités de sensibilisation et de programmes
6.1 Points d’entrée pour la
plus approfondis au niveau communautaire : exploitation
transformation des normes sociales des systèmes éducatifs, mobilisation des membres de la
communauté et collaboration avec les familles et d’autres
Connaître les publics cibles des médias personnalités influentes (chefs religieux, etc.).
Lors de la création d’un partenariat avec les médias concer-
nant la prévention de la violence à l’égard des femmes et des
Consommation des médias
filles, il est essentiel de déterminer les objectifs visés, le(s)
groupe(s) à cibler dans le cadre de l’intervention ainsi que les par les publics cibles
canaux médiatiques les mieux adaptés pour les atteindre. La caractérisation des schémas de consommation des
Pour définir le public cible et les objectifs, il est nécessaire de médias par le(s) public(s) cible(s) est un élément fonda-
prendre connaissance des données mondiales disponibles mental pour concevoir la stratégie de communication
en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et et les interventions. La consommation des médias peut
aux filles, mais également de bien comprendre les facteurs varier considérablement au sein des pays, des commu-
locaux qui font que les hommes et les garçons sont plus nautés et des familles. Par exemple, les jeunes sont bien
susceptibles de se montrer violents, et que les femmes et les plus susceptibles d’utiliser les réseaux sociaux et les ap-
filles sont plus exposées au risque de violence. De plus, il est plications pour mobile ou tablette (par exemple, services
indispensable de rassembler les études existantes sur ces de diffusion en ligne) afin de jouer à des jeux, de recevoir
Les recherches sur Internet peuvent fournir de précieuses informations à l’aide de requêtes telles que :
- Quelles sont les stations de radio les plus populaires dans le pays X ?
- Quel pourcentage de personnes dans le pays X possèdent des téléphones portables connectés à Internet ?
Les questions peuvent également porter sur différents groupes de personnes, par exemple : « combien de
femmes... de jeunes... de personnes à faible revenu... », etc.
Wikipedia alimente régulièrement un répertoire des organes de presse, des types de médias et de leur public par
région. Les requêtes concernant certains pays en particulier peuvent être effectuées en saisissant « médias » ou
« presse » ainsi que le nom du pays en question dans la barre de recherche : https://www.wikipedia.org/
Le choix des médias utilisés ne dépend pas uniquement hommes. Par exemple, les femmes des pays à revenu
du coût. D’autres paramètres peuvent également entrer faible et intermédiaire ont nettement moins de chances
en jeu : de posséder un téléphone portable que les hommes et,
lorsqu’elles en possèdent un, elles l’utilisent moins que
• L’activité professionnelle : par exemple, les petits com- les hommes (GSMA, 2016) ;
merçants préféreront peut-être posséder un téléphone
portable car il est essentiel à leur activité, tandis que la • La position occupée dans la famille : les femmes et
majeure partie de la population pourra préférer la radio les jeunes ont moins accès au téléphone ou à la radio
pour s’informer sur les conditions et les alertes météo- du ménage.
rologiques ainsi que sur l’actualité du secteur agricole.
Ces indications peuvent jouer un rôle crucial dans la
• La diversité des médias : le choix des supports dispo- conception d’interventions adaptées, car elles permettent
nibles et la pluralité des opinions exprimées peuvent de ne pas cibler uniquement les médias traditionnels
limiter l’accès à l’information et la participation aux ou animés de la même vision. Il est essentiel d’élargir
médias, notamment pour les groupes marginalisés ; les messages et les objectifs de communication aux
organisations de médias et aux publics susceptibles
• Le sexe : les stéréotypes de genre peuvent déterminer d’avoir un effet catalytique sur la transformation des
le type d’information accessible aux femmes et aux normes sociales.
L’étude a révélé que les auditeurs avaient des réactions et impressions négatives lorsque les agressions
sexuelles et le harcèlement sexuel étaient abordés en faisant appel au besoin de préserver la sécurité des
femmes. L’interprétation que les auditeurs en ont eue est qu’un certain degré d’abus est inévitable et que la
solution réside dans les interventions du gouvernement ou de la police. En axant l’approche sur la sécurité en
tant que besoin spécifique des femmes, le fait que les auteurs des agressions doivent répondre de leurs actes
ou que les hommes ont un rôle à jouer dans la fin de ces abus est occulté. Le message également véhiculé est
que les femmes doivent être protégées, ce qui les infantilise et les privent de leur capacité d’agir. Dans certains
contextes, cette manière de communiquer l’information peut aller jusqu’à plébisciter, par mégarde, des pra-
tiques qui enfreignent davantage les droits des femmes et des filles, par exemple, en limitant leur capacité à se
déplacer, à se rendre à l’école ou au travail, et/ou en les isolant davantage.
Lorsque les messages insistaient plutôt sur la liberté des femmes et la manière dont les violences à leur égard
restreignent leur mobilité, les personnes interrogées se sont dites plus sensibles aux incidences en matière
d’égalité desdites violences, ainsi qu’au fait que la situation donnée est injuste, en rien inévitable et qu’il ne doit
pas nécessairement en être ainsi.
Source: EVAW (2014) Unpublished public attitudes research among 1,000 UK adults by YouGov for the End Violence
Against Women Coalition, Royaume-Uni.
Pour choisir le bon traitement, il convient de : • Souligner les liens et les points communs qui existent
entre les différentes formes de violence et les sté-
• Montrer comment les rôles et les stéréotypes de genre réotypes d’ordre général (par exemple, comment les
communément admis interviennent dans la perpétra- stéréotypes racistes sont utilisés pour expliquer la vio-
tion et l’acceptation des violences faites aux femmes lence contre les femmes et les filles dans les groupes et
et aux filles (par exemple, revendication du droit à la les communautés minoritaires).
sexualité masculine pour justifier la violence sexuelle).
• Parler de l’égalité des genres comme facteur clé de la prévention des violences faites aux femmes et aux filles
Avoir recours à des déclarations et informations qui mettent en lumière l’influence des stéréotypes sexistes et
des inégalités sur l’apparition et l’encouragement des violences faites aux femmes et aux filles. Expliquer ce
phénomène en des termes usuels et simples issus du contexte local se révèle plus efficace et trouve un plus
grand écho auprès du public cible.
• Discuter de la manière dont d’autres facteurs sociaux favorisent les violences faites aux femmes et aux filles
Argumenter en affirmant qu’il est certes fondamental de corriger les inégalités entre les sexes pour prévenir les
violences faites aux femmes et aux filles, mais que d’autres facteurs tels que le racisme, les conflits ou la corruption
des élus, entre autres, peuvent créer un environnement favorisant les faits de violence, parfois sous des formes plus
extrêmes encore. Des circonstances difficiles et rampantes peuvent également mener à une normalisation et à
une acceptation de la violence. Les médias doivent consciencieusement déconstruire ces études et échanges inter-
nationaux dans leur processus de communication et de diffusion d’informations. Des exemples issus du contexte
local et comparés à d’autres contextes apparentés peuvent permettre l’identification de schémas.
• Donner des exemples de ce que les personnes peuvent faire pour prévenir les violences faites aux femmes
et aux filles
Mettre clairement en exergue le fait que tout le monde a un rôle à jouer dans la prévention des violences faites
aux femmes et aux filles, notamment les gouvernements, les médias, les écoles, les lieux de travail, les commu-
nautés, les familles et les individus. Donner des exemples concrets et pertinents pour votre contexte, notamment
des tâches simples pouvant être accomplies au quotidien, mais aussi des changements sociétaux nécessaires
à plus grande échelle. Dans les cas de violences faites aux femmes et aux filles, s’assurer que la responsabilité
n’incombe pas aux victimes et communiquer clairement sur le fait que ce n’est en aucun cas leur faute ni leur
rôle d’éviter que de telles violences se produisent.
• Utilisation des réseaux sociaux en vue d’accroître la visibi- Exemple : en Espagne, en 1997, une femme a
lité des femmes issues de groupes minoritaires victimes été tuée par son ex-mari treize jours après être
de discrimination, afin de les faire apparaître comme des passée à la télévision pour témoigner de la vio-
modèles et des leaders au niveau local et national. lence que ce dernier lui avait fait subir. D’autres
affaires de ce genre ont eu lieu en 1998, 1999
• Recours à des médias alternatifs, notamment les réseaux et 2007. À la suite de ces événements, des dis-
sociaux et les radios communautaires, en vue de susciter positions relatives au traitement médiatique
des débats constructifs autour des expériences, des opi- ont été ajoutées à loi espagnole sur la violence
nions, du militantisme et de la résistance féminines. sexiste. Ces dispositions prévoient notamment
que « dans le cadre de reportages concernant
• Approche des médias partenaires de l’information et
les violences faites aux femmes, conformément
du divertissement avec des histoires vécues illustrant
aux exigences de l’objectivité journalistique,
la résilience des femmes face à la violence au lieu d’in-
sister sur leur victimisation. Il peut par exemple s’agir tout doit être mis en œuvre pour protéger
de reportages « sur le vif » (qui visent à montrer le les droits humains, la liberté et la dignité des
comportement réel des personnes sans l’intervention femmes victimes de violence sexiste et de leurs
des caméras ni des journalistes) abordant différents enfants. Un soin particulier sera notamment
sujets : action de militantes de tous âges et de tous mi- apporté aux images illustrant ces sujets ».
lieux, contexte ayant inspiré la création d’un service de (article 14 de la loi organique espagnole 1/2004).
soutien aux femmes, initiatrices d’une campagne locale
de lutte contre les violences faites aux femmes et aux
Sources : http://www.lavozdegalicia.es/espana/2007/11/22/000311957
filles, etc.
35083733946925.htm et http://justiciadegenero.com/en/organic-law-
12004-of-28-december-on-integrated-protection-measures-against-
Impliquer les survivantes gender-violence-spain/
La participation de survivantes aux actions de communi-
cation peut avoir un fort retentissement sur les auditeurs, En conséquence, il est important de déterminer dès le
les téléspectateurs et les survivantes elles-mêmes, pour début si le témoignage de la victime/survivante est réelle-
qui l’expérience peut se révéler enrichissante et cathar- ment pertinent dans le cadre du partenariat médiatique
tique. Toutefois, les questions d’éthique et de sécurité soutenu. Si c’est le cas, il convient d’engager rapidement
étant particulièrement délicates dans les affaires de vio- des discussions avec les médias concernés et de mettre
lence, il est primordial d’obtenir le consentement éclairé en place un protocole adapté couvrant également les
de la victime et de prévoir les mesures de protection adé- questions d’éthique et de sécurité. Il est également né-
quates. Les journalistes peuvent parfois pousser les cessaire de recueillir le consentement éclairé de la ou des
victimes/survivantes à « tout raconter ». Pour certaines personnes interrogées et de prévoir sur place des services
femmes, ce témoignage public peut être une expérience de soutien et/ou un(e) conseiller(-ère).
positive et gratifiante. Pour d’autres, l’exercice peut s’avé-
rer éprouvant et raviver brutalement des traumatismes ;
il peut également influencer l’issue de leur affaire (lors-
qu’une procédure judiciaire est en cours) ; ou encore, il
En 2000, en Australie, un programme de défense des victimes/survivantes a vu le jour au sein d’un service de
crise dédié à la violence domestique. Le programme s’est inscrit dans un cadre stratégique déployé à l’échelle
de l’État de Victoria visant à améliorer la couverture médiatique. Le cadre stratégique a reconnu qu’un élément
fondamental de l’amélioration de la couverture médiatique des violences faites aux femmes et aux filles réside
dans la satisfaction du besoin des médias d’avoir accès à des récits qui mettent un visage sur les statistiques et
leur donne une touche humaine. De tels programmes existent désormais à l’échelle de l’État, notamment sur
la violence sexuelle, et prévoient des formations destinées aux femmes victimes/survivantes de ce type d’abus
désirant raconter leur histoire. Ces formations les informent de ce qui les attend et les aident à mieux gérer les
entretiens avec les médias, afin qu’elles se sentent confiantes et investies en abordant la question des violences
faites aux femmes et aux filles. Les femmes sont soutenues pendant la phase préparatoire, mais également
pendant et après les entretiens (notamment grâce à une mise en relation avec les services de soutien existants,
en cas de besoin). Les programmes sont largement parvenus à garantir des informations, un soutien et une
autonomisation aux femmes désireuses de raconter leur expérience de la violence. Ils ont en outre permis d’ac-
croître le nombre de survivantes défendant leurs droits à travers les médias et lors d’événements publics.
Pour de plus amples informations sur le programme de défense des survivantes dans l’État de Victoria, en
Australie, consulter : https://www.safesteps.org.au/our-advocacy/survivor-advocate-program/ et http://whe.
org.au/what-we-do/prevention-of-violence-against-women/
Ressources : les types de médias les plus courants figurent les informa-
tions et actualités, les divertissements et médias créatifs,
Principes d’éthique et de sécurité recommandés par
ainsi que les réseaux sociaux, qui atteignent leur public
l’OMS pour la recherche, la documentation et le suivi via différents types de supports, tels que les supports
de la violence sexuelle dans les situations d’urgence : écrits, audio, numériques et visuels. Collaborer avec les
http://endvawnow.org/uploads/browser/files/ médias pour promouvoir l’égalité des genres, le respect de
WHO%20Ethics%20and%20Safety.pdf la diversité et la non-violence peut nécessiter de travailler
avec un secteur en particulier, d’influencer le contenu
WHO Ethical and safety recommendations for
produit et d’intervenir dans le choix des moyens utilisés
interviewing trafficked women : http://end pour communiquer le contenu.
vawnow.org/en/tools/view/670-who-ethical-
and-safety-recommendations-for-interviewing
6.3.1 Informations et actualités
-trafficked-women-2003.html
Les médias d’information, axés sur la diffusion des ac-
OMS, Priorité aux femmes : Principes d’éthique tualités auprès du grand public ou d’un public cible, ne
et de sécurité recommandés pour les recherches peuvent pas se permettre d’être déconnectés des sujets
sur les actes de violence familiale à l’égard des et événements qu’ils couvrent. Les acteurs des médias
femmes. Disponible à l’adresse : https://apps. d’information sélectionnent, formulent et diffusent les
who.int/iris/bitstream/handle/10665/68353/ informations et participent de ce fait aux échanges publics
WHO_FCH_GWH_01.1_fre.pdf?sequence=1 qui alimentent les croyances et comportements sociaux.
Les médias d’information sont à la fois un indicateur et
un facteur d’influence de la situation de n’importe quelle
société. Ils jouent les rôles « de miroir et d’acteur » (Galvão,
6.3 Étudier les possibilités offertes IDB 2015). La façon dont la violence à l’égard des femmes
par les contenus médiatiques est traitée dans le discours médiatique est cruciale. En effet,
si les acteurs des médias ne font pas preuve de prudence
Les contenus médiatiques sont divers et communiquent en abordant ce sujet, ils risquent, par inadvertance, de nuire
différentes informations et expériences au public. Parmi encore davantage à la victime ou d’entretenir et d’aggraver
• Ce pourcentage s’élève à 26 % dans les actualités trai- Une planification appropriée est nécessaire pour élaborer
tées sur Internet et sur Twitter, mais reste néanmoins des interventions adaptées aux médias d’information,
bien loin de la parité. aussi bien ceux capables de répondre aux besoins à court
terme, ponctuels et souvent effrénés du cycle d’informa-
• Les stéréotypes de genre restent fermement ancrés tion, que ceux en mesure de contribuer aux changements
et sont remis en question dans seulement 4 % des à plus long terme par le renforcement des capacités des
informations diffusées (supports télévisuels, écrits, ra- organisations et de leurs équipes (personnel et travail-
diophoniques et numériques confondus). leurs indépendants).
Le calendrier complet des journées interna- Base de données d’experts SheSource : http://
tionales est disponible à l’adresse suivante : www.womensmediacenter.com/shesource/
https://www.un.org/fr/sections/observances/
international-days/index.html
Le Bureau de l’UNESCO à Bangkok a lancé une base de données compilant les noms de femmes thaï-
landaises reporters et journalistes expertes dans une démarche de promotion de l’égalité des genres dans les
médias thaïlandais.
Outre la planification de la mobilisation au préalable, il peuvent servir à relayer des objectifs de communication
est souvent possible de se greffer aux événements exis- spécifiques ou à attirer l’attention sur des campagnes et
tants. Ainsi, les sujets et actualités couverts en continu des interventions pertinentes.
• Un reportage se profile concernant une affaire de traite d’êtres humains, un procès particulièrement médiatisé,
ou les déclarations d’une célébrité sur des violences sexuelles. Ces circonstances peuvent offrir une possibilité
de prise de contact avec des bureaux de presse pour les informer des études et informations disponibles en
la matière et leur proposer des messages de plaidoyer et de campagne. C’est également l’occasion de recom-
mander certaines personnes figurant sur une base de données de spécialistes qui pourraient être invitées à
s’exprimer sur le sujet lors d’émissions ou de reportages en direct.
• Un récit portant sur les violences faites aux femmes et aux filles est mis sous le feu des projecteurs dans un
drame ou un feuilleton télévisé. C’est l’occasion d’aborder la question dans les programmes d’information et
de libre antenne radiodiffusés, voire dans les colonnes éditoriales des journaux.
• Les blogs, les vidéos sur YouTube ou les podcasts qui mettent en scène la violence faite aux femmes, les repré-
sentations sexistes, discriminatoires ou stéréotypées des femmes et des hommes permettent également la
publication de commentaires dans les fils de discussion. Une autre solution est d’assortir ces contenus d’un
guide de discussion sur les réseaux sociaux et/ou lors de formations.
• Féminisme – https://www.ted.com/topics/
• Mobiliser des partenaires du réseau et des groupe-
feminism
ments d’intérêt partageant la même vision pour
soutenir votre point de vue. Le cas échéant, demander • Violence faite aux femmes – https://www.ted.
à la station de radio ou la chaîne de télévision de vous com/search?q=violence+against+women
fournir l’enregistrement de l’entretien, car celui-ci peut • Égalité des genres – https://www.ted.com/
servir de référence utile et être utilisé dans d’autres mé- search?q=gender+equality
dias, dans des campagnes ou dans le cadre d’efforts de
mobilisation communautaire. • Masculinités – https://www.ted.com/search?q=
masculinities
L’Association of National Advertisers (Association des annonceurs nationaux, ANA) a lancé le mouvement
#SeeHer en 2016 afin d’accroître la représentation fidèle des femmes et des filles dans les publicités et les médias
à hauteur de 20 % d’ici à 2020, à l’occasion du 100e anniversaire du droit de vote des femmes aux États-Unis
d'Amérique. Soucieuse de suivre son bon déroulement, l’ANA a lancé GEM™, une méthodologie axée sur les
données qui identifie les préjugés sexistes inconscients. GEM™ fixe des normes de mesure pour les programmes
publicitaires et télévisés. La méthodologie, disponible en libre accès pour les secteurs du marketing, des médias
et du divertissement, est utilisée par les responsables du marketing, les chercheurs, les agences et les créateurs
de contenu de tous bords de la communauté de la publicité et des médias. GEM™ est de plus en plus intégrée
dans les stratégies médiatiques, la mise en œuvre et les critères de révision des annonceurs.
Depuis son lancement, près de 60 000 publicités ont été examinées par ABX, le partenaire de recherche de pu-
blication de l’ANA pour GEM™. En vue de garantir le meilleur contenu qui soit dans les publicités, GEM™ fournit
une note deux fois par an associée aux meilleurs programmes compilés par la société d’information, de données
et de mesure Nielsen et aux programmes radiodiffusés et sur le câble sélectionnés par les membres.
- Les publicités ayant obtenu une note GEM™ positive valorisent l’intention d’achat de 26 % chez tous les
consommateurs et de 45 % chez les femmes.
- Les publicités ayant obtenu une note GEM™ positive améliorent la réputation de la marque à hauteur de 11 %.
- Les publicités qui donnent une représentation fidèle des femmes fonctionnent mieux lorsqu’elles sont assor-
ties de programmes qui donnent également une représentation réaliste des femmes et des filles.
Deux comités au Royaume-Uni chargés de la publicité non radiodiffusée, du marketing direct et promotionnel
ainsi que de la publicité diffusée, ont publié un guide d’interprétation des codes britanniques les concernant. Le
guide a été conçu pour orienter les annonceurs, les agences et les propriétaires de médias dans l’interprétation
desdits codes. Il couvre différents sujets, dont :
- les scénarios mettant en scène des rôles et caractéristiques stéréotypés au regard du genre ;
- les scénarios mettant en scène une pression de conformité à des formes corporelles ou traits physiques idéali-
sés et stéréotypés au regard du genre ;
- les scénarios destinés aux groupes potentiellement vulnérables ou les mettant en scène ;
- les scénarios mettant en scène des personnes qui ne se conforment pas aux stéréotypes fondés sur le genre.
L’Alliance a progressé vers la réalisation de son objectif, à savoir créer des outils d’évaluation des avancées en
faveur de l’élimination des stéréotypes dans les annonces publicitaires. Elle a accepté d’adopter une méthodo-
logie éprouvée et mise sur pied par ONU Femmes et le Pacte mondial des Nations Unies, l’instrument d’analyse
des disparités fondées sur le genre, en vue d’évaluer les pratiques commerciales. En s’inspirant d’outils tels que
GEM™, une méthodologie largement utilisée aux États-Unis d'Amérique, l’Alliance vise à adopter un instrument
de mesure mondial des annonces publicitaires qui permettra aux marques de lutter contre les stéréotypes et de
suivre les avancées sur l’ensemble des marchés développés et émergents.
Que ce soit à la télévision, en vidéo, dans les films, à la Geena Davis Institute on Gender in Media :
radio ou dans les feuilletons en direct, les divertissements https://seejane.org/research-informs-empowers/
et les médias créatifs permettent une certaine forme
d’engagement que les autres médias n’offrent pas. Ces
Common Sense Media : https://www.com
médias sont très appréciés parmi certaines tranches d’âge monsensemedia.org/
et peuvent atteindre un large public intergénérationnel.
Tout comme les autres médias, il est fréquent que les Un autre axe de travail consiste à identifier les points d’en-
divertissements (films, émissions, jeux, musique, applica- trée pour coproduire ou élaborer des programmes dans
tions, livres, magazines, etc.) réaffirment les rôles assignés le but précis de combattre les normes sociales néfastes
traditionnellement à chaque genre et perpétuent les et de faire progresser les valeurs, croyances, attitudes
stéréotypes de genre négatifs. Une étude portant sur les et pratiques prosociales. Les divertissements éducatifs,
rôles liés au genre dans 120 films produits dans dix des également appelés « feuilletons ludo-éducatifs », sont
pays les plus rentables dans le milieu cinématographique un point d’entrée populaire de plus en plus utilisé pour
a montré que les femmes étaient sous-représentées, que atteindre cet objectif. Au fil des décennies, les évaluations
la distribution n’était pas équitable, que les femmes béné- ont montré que le recours aux divertissements éducatifs
ficiaient d’un temps de parole bien plus court à l’antenne avait un impact positif sur les normes sociales (Singhal,
et qu’elles étaient souvent représentées de manière sté- Arvind et Rogers, 1999 ; Airhihenbuwe et Obregon, 2000).
réotypée et sexualisée (Geena Davis Institute, 2014). Cette
image de la femme a un impact extrêmement négatif sur On trouve des exemples de ce type de divertissements à la
les téléspectateurs, en particulier sur les jeunes qui sont fois à la télévision, sur Internet, à la radio et au théâtre, sous
largement influencés par la culture populaire. forme de jeux, d’annonces de service public et de feuilletons
et séries télévisées. Ces représentations permettent aux té-
L’un des axes de travail appliqués à la culture populaire léspectateurs ou aux auditeurs de comprendre les causes
et au divertissement consiste à encourager le change- et les conséquences des violences à l’égard des femmes
ment, comme dans n’importe quel autre secteur, de sorte et des filles au travers de chacun des personnages, leurs
à garantir des représentations plus respectueuses de dilemmes, leurs émotions et leur vie. Elles suscitent l’em-
l’égalité des genres au sein des secteurs eux-mêmes, ainsi pathie des téléspectateurs et auditeurs et leur permettent
que dans les contenus qu’ils produisent, pour présenter de réfléchir à la manière dont ils auraient réagi dans une
des images et des messages non discriminatoires et non situation similaire. Lorsqu’ils sont bien conçus, ces formats
violents, tout en privilégiant un contenu qui favorise ont également le pouvoir de s’attaquer aux stéréotypes et
l’autonomisation des femmes, l’équité et le respect de la aux mythes liés au genre, à l’origine ethnique, au handicap
diversité. et à d’autres caractéristiques souvent utilisées pour discri-
miner certains groupes de population.
La série met en scène Kitty, Tara et Adrak, trois adolescents aux vies ordinaires qui unissent leurs forces pour résoudre
des enquêtes et des mystères dans leur village, tout en étant confrontés aux affres du passage à l’âge adulte.
Le projet veut encourager les jeunes à remettre en question la tradition qui perpétue des stéréotypes sexistes
tout en les dotant d’une plus grande capacité d’agir pour améliorer leur vie. Une émission de débat radio-
phonique appelée Full-on-Nikki est diffusée en parallèle de l’émission télévisée, et de nouveaux médias sont
mobilisés pour poursuivre la conversation en ligne, notamment au moyen de profils Facebook et Twitter, d’un jeu
pour smartphone et d’un contenu audio pour les téléphones portables, le tout basé sur les résultats d’une étude
portant sur les habitudes d’utilisation des médias du public cible.
Comme pour toutes les productions médiatiques, les confiance avec les professionnels des médias impliqués.
meilleurs feuilletons et divertissements éducatifs visant Ces partenariats constituent également le meilleur moyen
à prévenir les violences à l’égard des femmes et des filles de créer des relations à long terme et de futures colla-
sont réalisés lorsque les parties prenantes de la lutte contre borations, lesquelles sont des éléments essentiels d’un
ces violences établissent des partenariats bien établis et de changement durable à grande échelle.
Par l’adoption d’une stratégie dite de « divertissement éducatif », toutes les séries de Soul City sont conçues
selon un processus de recherche formative rigoureux. Ce processus prévoit une consultation à la fois du public
et des experts. Tous les supports font l’objet d’un contrôle approfondi pour s’assurer de leur efficacité. Par la re-
cherche formative, les expériences de vie et les voix des communautés sont saisies, donnant à la fois résonnance
et crédibilité aux supports. Dans le processus de création de Soul City, les étapes suivantes sont essentielles pour
formuler des messages adaptés :
• Lancer une large consultation auprès d’experts, de membres du public et des principales parties prenantes
autour du thème abordé. Parmi elles figure le gouvernement mais aussi la société civile, qui inclut les organi-
sations communautaires et non gouvernementales, les activistes et les universitaires.
• Mener une consultation auprès des membres du public sur ce qu’ils savent, leurs préoccupations, leurs atti-
tudes vis-à-vis du sujet traité et les obstacles à un changement positif.
Soul City est une série de première importance et s’engage depuis très longtemps à décrire des problèmes so-
ciaux complexes, dont les violences faites aux femmes et aux filles, et à lutter activement contre ces problèmes.
L’évaluation de l’émission fait état d’une réelle influence sur la volonté des victimes et survivantes de violences de
chercher de l’aide, mais aussi des proches de soutenir les victimes et survivantes, tout en sensibilisant au service d’as-
sistance téléphonique nationale. Les personnes interrogées se sont dites plus à même de reconnaître que la violence
domestique est une question grave, bien que les normes élargies concernant son caractère acceptable n’ont pas
évolué de manière aussi évidente (Heise, 2011). Ces conclusions soulignent d’une part, la réussite de ce média qui est
parvenu à toucher un large public et d’autre part, le besoin de se doter d’une stratégie connexe d’engagement direct
de la communauté pour en améliorer les résultats et faire évoluer les comportements et les attitudes.
En fonction du type de production (par exemple, une comme parrain ou partenaire principal. Cette étape est
émission télévisée), celle-ci peut se révéler coûteuse particulièrement importante si vous souhaitez créer
et complexe à réaliser, de sorte qu’il sera encore plus une large production médiatique ou un feuilleton té-
difficile de convaincre les organisations de médias de la lévisé original.
produire. Cependant, le succès des divertissements édu-
catifs a grandement contribué à obtenir le soutien des Avant d’établir le premier contact, renseignez-vous
gouvernements et des donateurs. sur d’autres projets de divertissements éducatifs, sur
la manière dont ils ont vu le jour et sur les acteurs qui
Différentes possibilités existent pour identifier et contac- ont rendu cela possible. Les études de cas qui jalonnent
ter les producteurs de ces divertissements. Il est possible ce manuel constituent un bon point de départ. Par la
que vous ayez une bonne idée d’un point de vue média- suite, menez des recherches sur les acteurs des médias
tique, sans savoir pour autant à quelle organisation de de divertissement en vous appuyant sur certaines des
médias vous adresser. Déterminer quelles personnes méthodes suivantes :
contacter dépend, dans une certaine mesure, de l’am-
pleur de l’intervention prévue et de la manière dont les • Rechercher sur Internet les projets récents ou passés
contenus médiatiques sont produits dans le contexte des producteurs de divertissements éducatifs.
local. Voici quelques questions à se poser : Le feuilleton
original est-il produit localement ? Sa production sus- • Se renseigner sur leurs projets sur Twitter et sur les
cite-t-elle l’adhésion ? Y a-t-il un public pour les vidéos autres réseaux sociaux.
en ligne ? Les annonces de service public sont-elles une
méthode envisageable et efficace ? Le public cible uti- • Rechercher les éventuels prix remportés ou les entre-
lise-t-il son téléphone portable ou préfère-t-il les médias tiens réalisés.
télévisuels, radiophoniques ou en personne ?
• Utiliser les descriptions données sur le site Internet des
Il n’existe pas une seule et bonne méthode pour établir le organisations de médias concernant leur production
premier contact. Voici quelques idées : et leur personnel.
• Contacter un scénariste pouvant vous présenter à une • Utiliser Wikipedia et la presse spécialisée des arts et des
organisation de médias. médias pour découvrir les différents acteurs à l’origine
des projets et où ils travaillent actuellement. Toutefois,
• Rechercher un écrivain en ligne et le contacter en lui il convient de préciser qu’il est probable que les infor-
parlant de l’une de ses œuvres récentes et des points mations concernant les professionnels des médias de
communs avec votre projet. l’hémisphère sud ne soient pas disponibles en ligne ou
sur Wikipedia.
• Dès le début, obtenir le soutien d’un propriétaire ou di-
recteur d’une chaîne de télévision ou du gouvernement
Girls Not Brides (Filles, pas épouses) a mené une étude visant à mesurer l’importance des initiatives mêlant le diver-
tissement et l’éducation pour faire évoluer les attitudes vis-à-vis du mariage des enfants. L’étude s’est fondée sur
une recherche documentaire, des entrevues avec des informateurs clés et une évaluation des engagements pris
dans neuf pays de différentes régions. Les principaux enseignements et conclusions identifiés sont les suivants :
• Le recours à différents canaux permet de renforcer les messages sociaux. L’approche mêlant divertissement et
éducation fait habituellement partie, ou devrait faire partie d’un programme plus vaste de communication sur
les changements comportementaux, au moyen de différents formats et de diverses stratégies. Les projets as-
socient souvent différents formats et canaux de diffusion. L’adoption d’un format de divertissement éducatif
dépend de différents facteurs, tels que le paysage médiatique existant, la disponibilité des différents médias
dans une région donnée, le budget et les préférences du public cible.
• Les individus, la communauté et la société au sens large doivent être pris en compte. Les initiatives permettent
de modifier les normes sociales en ouvrant le dialogue au niveau de l’individu, de la communauté et de la
société au sens large, et en ciblant des acteurs communautaires tels que les filles, les garçons, les parents, les
membres de la communauté et les dirigeants.
• Le recours à divers personnages et différentes personnes pour cibler un public donné est une méthode éprou-
vée. En optant pour différents modèles de transition, des approches sur mesure peuvent être envisagées pour
un groupe cible donné.
• Les initiatives doivent être basées sur une compréhension approfondie des normes sociales, stigmatisations et
conceptions erronées qui prévalent dans la communauté cible. Avant de lancer une initiative, il est crucial de se
renseigner sur le public et de comprendre pourquoi les personnes agissent comme elles le font et qui les influence.
• La collaboration des experts sur les questions de fond et des experts techniques est essentielle. La première
étape du processus de production créative et de l’atelier de conception consiste en une confrontation des
idées des professionnels du changement de comportement et de la création. Ces échanges permettent un
partage des connaissances professionnelles à la fois tacites et explicites.
• Des investissements doivent être prévus pour mesurer le progrès et comprendre comment le changement se
manifeste.
• Le divertissement éducatif présente un bon rapport coût/efficacité sur le long terme, rentabilisant ainsi les
coûts initiaux élevés.
• Il est important de garder à l’esprit le fait que des conséquences inattendues et indésirables peuvent se pro-
duire ; il sera ainsi indispensable de se préparer à réagir face aux répercussions négatives et à les atténuer.
Si la faisabilité du projet ou le recueil de l’adhésion Le théâtre communautaire et le théâtre populaire ont été
posent problème, il est possible de faire appel à d’autres utilisés avec succès dans des contextes caractérisés par
solutions, telles que la production indépendante via un de faibles ressources, dans lesquels les médias sont ac-
service de diffusion en ligne ou la mobilisation de sou- cessibles aux consommateurs, mais pas aux producteurs.
tiens par la radio ou le théâtre communautaire. Les preuves ont démontré que le théâtre communautaire
était un moyen efficace de recréer des scènes d’émissions
ONU Femmes, en partenariat avec le Bureau des questions de genre à la Dominique, a soutenu un programme
de formation en arts appliqués destiné aux professionnels du théâtre en se basant sur un modèle mis au point
par Arts-in-Action (Les arts en action), du département des arts créatifs et festivals de l’Université des Antilles, à
Trinité-et-Tobago. Le programme de formation est une stratégie et intervention clé du programme de mobilisa-
tion sociale d’ONU Femmes pour prévenir les violences faites aux femmes et intervenir face à ces abus dans les
Caraïbes orientales. La méthodologie met l’accent sur les problèmes sociaux par les arts de la scène, permettant
ainsi aux artistes de s’exprimer sur des difficultés et des comportements néfastes de telle sorte que les membres
du public ressentent ce que ces problèmes leur font personnellement vivre.
de télévision ou de films au sein des communautés dans le diffusées par les canaux de communication de masse
but de mettre en lumière différents problèmes, comme les et qui ne peuvent pas faire entendre leur voix par ce
violences à l’égard des femmes et des filles ou les inégali- biais. Des médias essentiellement locaux et de petite
tés entre les sexes. Ces techniques se révèlent utiles pour taille, personnalisés et mieux ciblés sont indispensables
établir un lien entre les problèmes sociaux et les produits pour donner la parole aux femmes et aux filles et faire
médiatiques et nommer des défenseurs au niveau com- connaître leur point de vue quant aux décisions qui les
munautaire qui pourront encourager le changement. concernent. En outre, la radio communautaire offre la
possibilité de diffuser des informations pertinentes en
La radio est un autre média à large portée, en particu- temps opportun sur les problèmes de développement, les
lier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Elle possibilités, les expériences, les compétences nécessaires
a souvent été utilisée pour répondre au changement de à la vie courante et les informations d’intérêt public. À
normes sociales, et les radios partenaires sont suscep- l’ère du multimédia et de la communication numérique,
tibles de rester des acteurs importants des interventions la radio communautaire peut servir de passerelle entre
de lutte contre les violences faites aux femmes et aux les communautés locales et la société mondiale de
filles mises en place dans les médias. La radio joue un l’information et diffuser des informations et des connais-
rôle particulièrement important dans les communautés sances tirées d’Internet en réponse aux demandes et aux
et les populations qui n’ont pas accès aux informations intérêts formulés par les auditeurs.
En Angola, le Forum for Women Journalists for Gender Equality (Forum pour les femmes journalistes et l’égalité des
genres, FWJGE) a non seulement assuré des formations sur les questions de genre aux journalistes, mais a égale-
ment rassemblé des femmes journalistes de tous bords, de l’actualité au divertissement, pour créer des supports
médiatiques relatifs à l’égalité des genres et la prévention des violences faites aux femmes et aux filles. Le groupe
a facilité la création du feuilleton radiophonique Estrada da Vida (Route de la vie), diffusé de longue date et axé sur
la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles et sur la valeur de l’engagement dans la vie politique locale.
Le programme associe les informations et le divertissement médiatique pour encourager les discussions au sein du
public sur les réalités que vivent les femmes et les solutions possibles pour améliorer la situation. L’objectif princi-
pal a été d’informer les individus de leurs droits, en particulier dans un pays qui sortait tout juste d’une période de
guerre et de difficultés économiques. Le feuilleton s’est ainsi imposé comme le moyen le plus adéquat pour tou-
cher la population dans son ensemble, contrairement au langage jugé trop complexe des journaux télévisés dans
un tel contexte. Le recours à un langage simple et utilisé par des personnages auxquels il est facile de s’identifier a
permis au feuilleton de rencontrer un franc succès auprès de nombreux auditeurs.
Worth 100 Men (La valeur de 100 hommes) est une série radiophonique de fiction de 30 épisodes commandée
par la Womanity Foundation, une fondation qui œuvre en faveur de l’autonomisation des femmes au travers
des médias. La série cherche à impliquer les auditeurs des États arabes dans un débat constructif sur les droits
des femmes et les rôles des femmes et des hommes, en communiquant des informations et en renforçant les
comportements positifs favorables à l’égalité des genres. Grâce à un scénario prenant et divertissant, la fiction
radiophonique donne des exemples de situations usuelles vécues par des femmes arabes, qui ont ainsi trait
à leur autonomisation sociale et économique, à leur participation dans la vie publique, à leur exposition à la
violence domestique et au harcèlement sexuel, et à leurs relations familiales et amoureuses.
La série a été diffusée entre mars et septembre 2014, sur dix stations de radio du monde arabe, soit en Palestine,
en Égypte (trois stations), au Maroc, au Yémen, en République arabe syrienne, en Iraq, en Jordanie, au Bahreïn
et en Arabie saoudite. La diffusion a été suivie de débats radiodiffusés axés sur des thèmes tels que la violence
domestique, le harcèlement sexuel, l’autonomie financière et les rôles fondés sur le genre. L’évaluation du pro-
gramme a démontré l’importance de ces discussions facilitées étant donné que les participants se sont dits,
par la suite, plus enclins à reconnaître les abus s’ils y sont confrontés et à encourager les personnes qui en ont
souffert de s’exprimer, tout en déclarant être moins susceptibles d’avoir des attitudes justifiant la violence. Les
changements sur le long terme doivent encore faire l’objet d’une évaluation pour identifier l’impact réel au-delà
des premiers résultats de recherche prometteurs.
En Sierra Leone, la complémentarité entre un projet basé sur le divertissement éducatif avec des programmes
médiatiques supplémentaires et des activités essentielles de sensibilisation communautaire a porté ses fruits.
Dans les années 2014-2016, BBC Media Action a produit un feuilleton régulier et prenant d’une durée de 15 mi-
nutes intitulé Bamba Community (Communauté Bamba). Chaque épisode était suivi d’une émission de libre
antenne pendant 45 minutes, baptisée Leh Wi Know (Dites-le-nous) pour approfondir les questions abordées
dans le feuilleton, notamment la violence domestique et l’accès des femmes à la propriété foncière. La libre
antenne comptait sur la participation d’invités experts à la fois des questions de droits des femmes et juridiques
pour que les auditeurs puissent demander des conseils quant à leur propre situation et débattre des normes
sociales fondées sur le genre.
Confronté à un manque de stations de radio jouissant d’une large audience en Sierra Leone, BBC Media Action
a travaillé avec de nombreuses stations locales partenaires pour diffuser le programme. Il a été donné à l’ONG
locale dédiée à la jeunesse Restless Development la possibilité de se baser sur la programmation pour organiser
des ateliers communautaires de discussion avec les adolescentes sur leurs droits.
Les initiatives fructueuses ont montré que faire entrer les des pratiques néfastes ou différentes formes de pouvoir,
personnages et les sujets des programmes de divertisse- de contrôle et de violences sont susceptibles de penser
ment éducatif dans la vie des populations (à travers les qu’il s’agit de cas isolés ou que cela ne les concerne pas,
réseaux sociaux, les événements sociaux, les panneaux tandis qu’une émission de libre antenne prévue immé-
grand format, les prospectus et les interventions com- diatement après le programme peut donner la parole à
munautaires) se révélait très efficace pour remettre en de nombreuses personnes « à qui c’est arrivé ».
question les normes sociales en place et inciter les vic-
times et survivants de violences et de pratiques néfastes Selon les capacités de l’organisation, celle-ci peut aussi
à prendre la parole pour raconter leur expérience. employer certaines techniques de campagnes média-
tiques traditionnelles pour accroître l’impact du projet
Ces initiatives permettent également à la population de divertissement éducatif.
d’entendre que d’autres changent d’opinion, ce qui
constitue une étape décisive vers l’évolution des normes
sociales. Les auditeurs d’une œuvre qui met en lumière
C’est la vie ! est une initiative de plusieurs organismes (OMS, UNICEF, UNFPA et ONU Femmes) unique en son
genre qui intègre les meilleures pratiques connues, soutenue par le Fonds français Muskoka et dédiée à la réduc-
tion de la mortalité maternelle, infantile et des nouveau-nés. En 2016, le programme a été vu par 20 millions de
téléspectateurs dans sept villes africaines.
C’est la vie ! se décline de la manière suivante : i) une émission télévisée pédagogique (saison 1 : 26 épisodes
de 26 minutes chacun / saison 2 : 36 épisodes) diffusée sur les chaînes télévisées panafricaines et un réseau
potentiel de 40 chaînes télévisées nationales dans toute l’Afrique, ii) une campagne multiplateforme régionale
conçue pour traiter des questions de santé et de droits reproductifs, de planning familial, de santé de la mère et
de l’enfant, de qualité des soins et de violence sexiste, et pour encourager les débats sur ces sujets. L’initiative
a pris la forme d’un feuilleton radio (piloté au Niger), de messages et débats radiophoniques et télévisés, d’une
assistance-conseil sur téléphone portable et Internet, de visuels et brochures et de campagnes sur Internet et
les réseaux sociaux. Les sites Internet d’information tiennent les internautes informés et permettent de faire
évoluer les principaux personnages du feuilleton en ligne. En parallèle, les scènes et intrigues supplémentaires
sont publiées sur les réseaux sociaux et les internautes sont invités à donner leur point de vue ou suggérer de
nouveaux sujets et scénarios.
La campagne de communication se base sur un recours intensif aux médias de masse et aux médias multiplate-
formes ainsi que sur un partenariat public-privé novateur. Les objectifs poursuivis sont les suivants :
I. Informer une large audience sur l’ensemble du continent africain tout en assurant un bon rapport qualité-prix, et
II. Encourager le débat sur les normes sociales et les comportements individuels, tout en remettant en question
les traditions et en défendant une transformation sociale positive.
Her Zimbabwe (Zimbabwe)
Lancé en 2012 par Fungai Machirori, Her Zimbabwe est un magazine en ligne qui cherche à exploiter le potentiel
des médias numériques afin de diffuser les récits de femmes zimbabwéennes, y compris leurs récits de violence,
et encourager le militantisme numérique des jeunes femmes. En 2016, grâce à HIVOS et Free Press Unlimited,
Her Zimbabwe a lancé le projet « Mobile Community Zimbabwe » (ZWM3), une communauté de jeunes femmes
formées par Her Zimbabwe en faveur de l’adoption d’une vision respectueuse de l’égalité des genres dans les
scénarios numériques depuis leurs téléphones portables. Le projet dote les jeunes femmes des compétences
requises pour raconter les histoires zimbabwéennes alternatives délaissées par les médias traditionnels. Her
Zimbabwe réussit à rassembler une grande variété de contenu et offre des options de partage de contenu sur
les réseaux sociaux à la fois claires et simples d’utilisation. Cette plateforme est idéale pour toucher un public
cible à la fois vaste et spécifique au sujet des stéréotypes sexistes et de la prévention des violences faites aux
femmes et aux filles.
Un exemple sans précédent de ce rôle joué par les réseaux • les mots-dièse #IBelieveHer et #ItHappensHere ont été
sociaux est le mouvement #MeToo qui est devenu viral, utilisés pour combattre les attitudes stigmatisantes
avec des centaines de milliers de femmes annonçant envers les victimes au cours des discussions sur le viol,
publiquement qu’elles avaient été victimes de harcèle- principalement aux États-Unis d'Amérique ;
ment sexuel et d’autres formes de violence sexuelle à un
moment de leur vie. Bien que les délits d’abus ne datent • les mots-dièse #WhyLoiter et #GirlsAtDhabas ont été
pas d’hier, les médias sociaux ont permis de dévoiler utilisés en Inde et au Pakistan pour contester les res-
au grand jour les niveaux alarmants de harcèlement trictions d’accès des femmes aux espaces publics ;
sexuel, sensibilisant ainsi le grand public à l’ampleur
du problème. Le mouvement initial a donné naissance • le mot-dièse #LifeInLeggings a permis aux femmes de
à des débats intenses aux États-Unis d'Amérique et à la Barbade de s’exprimer sur le harcèlement sexuel, le
l’étranger, qui sont partis des médias traditionnels et se viol et les violences sexuelles.
sont répandus dans la rue. Il a également généré une
intensification des réponses, allant du licenciement des Les campagnes lancées sur les réseaux sociaux peuvent
auteurs à la création d’initiatives indépendantes visant jouer un rôle prépondérant, à condition qu’elles soient
à soutenir les femmes ayant subi des violences (par planifiées de manière appropriée. Pour cela, il convient de :
exemple, #TimesUp), en passant par des procédures pé-
nales et civiles d’un niveau inédit et une attention accrue • S’inscrire et s’exprimer sur les réseaux sociaux qui
de la part des employeurs pour empêcher et combattre semblent adaptés au public cible et aux activités pré-
les violences sur le lieu de travail. vues de prévention des violences à l’égard des femmes
et des filles.
D’autres initiatives similaires ont vu le jour :
L’initiative Everyday Sexism Project (Le sexisme au quotidien) émane d’une idée à l’origine des plus simples for-
mulée par une activiste au Royaume-Uni, à savoir lancer un site Internet où les femmes peuvent, anonymement,
mettre en ligne de courts récits relatant des comportements sexistes. Ces récits ont commencé à être de plus en
plus relayés sur les réseaux sociaux, devenant à de nombreuses reprises des sujets d’actualité « brûlants », et ont
donné les armes aux femmes et aux filles pour briser le silence et entrer en contact les unes avec les autres. Cette
initiative a également permis de révéler aux professionnels des médias certains aspects de la vie des femmes,
dont les violences à leur égard, qui n’étaient auparavant pas représentés dans les médias traditionnels, en parti-
culier le caractère quotidien du harcèlement sexuel, les comportements sexistes, le sexisme associé au racisme
et leurs conséquences sur la vie des femmes. Le projet compte 24 syndications internationales. La plateforme est
disponible gratuitement et partout, et son contenu est reproductible par toutes.
Pour en savoir plus, consulter : Bates, L. (2014) Everyday Sexism, Simon & Schuster : Londres. http://everydaysexism.com/
• Prendre le temps d’examiner les facteurs de réussite des comptes réels ou des histoires personnelles (avec
des personnalités et des campagnes suivies par un le consentement de la personne concernée).
grand nombre de personnes ; qu’est-ce que leur conte-
nu a de spécial ? Plusieurs enseignements et recommandations ont été
formulés quant à l’utilisation des réseaux sociaux pour
• Établir des partenariats et un plan d’action en temps modifier les normes sociales (Liou, 2013) :
utile afin de s’impliquer et d’interagir de façon régu-
lière et soutenue. • Prévoir un moment pour discuter activement avec les
personnes qui vous suivent au lieu de publier unique-
• Se préparer à recevoir des réactions hostiles ou des ment des messages prévus à l’avance aux heures de
remarques et commentaires discriminatoires ou de la pics d’activité.
part de détracteurs. Le cas échéant, utiliser des faits et
À l’occasion de la campagne internationale « 16 jours d’activisme pour mettre fin à la violence faite aux femmes »,
B4A a mis en avant des récits forts de femmes et de filles qui ont été victimes de violence sexiste, ont résisté à ces
abus et ont lutté pour y mettre fin. Les récits publiés sur le site Internet cherchent à remettre en cause les normes
liées au genre en mettant en scène la résistance et la résilience de femmes et de filles qui ont connu différentes
formes de violence sexiste, y compris la violence en ligne.
Bell Bajao! – Ring the Bell (Bell Bajao ! – Sonnons la cloche) est une campagne multimédia lancée en 2008 par
Breakthrough, une organisation de défense des droits humains basée aux États-Unis d'Amérique et en Inde. Elle
appelle les hommes et les garçons en Inde à agir pour dénoncer des abus, que ce soit en prenant la parole ou en
faisant sonner la cloche ou sonnette de porte pour s’assurer que les femmes dans leurs communautés puissent
vivre à l’abri des violences domestiques. Pour impliquer les populations dans tout le pays, la campagne a eu
recours à un ensemble d’outils et techniques de communication soigneusement choisis, notamment la presse
écrite, la télévision, la radio, les camionnettes équipées de haut-parleurs et l’Internet, pour diffuser ses annonces
d’intérêt public (lesquelles ont été récompensées par un prix), au côté d’activités de mobilisation communau-
taire telles que le théâtre de rue, les forums publics et la formation de jeunes défenseurs des droits humains. La
campagne a également créé des supports pédagogiques tels que la boîte à outils de l’activiste et un guide de
discussion sur la violence domestique disponible en anglais et en hindi.
La campagne a touché plus de 125 millions de personnes. Une évaluation de la campagne a mis en évidence un
impact et un degré de sensibilisation élevés. Plus particulièrement, les personnes informées par les messages
diffusés par camionnettes et les activités de mobilisation communautaire, en sus des spots télévisés, étaient
bien plus disposées à changer d’attitude et à se renseigner davantage sur les droits des femmes que les per-
sonnes n’ayant vu que les spots télévisés.
Pour en savoir plus sur la campagne, visionner les vidéos et accéder à l’évaluation, consulter : http://bellbajao.org/
L’Association mondiale pour la communication chrétienne (WACC), le réseau de l’Étude mondiale sur l’image des
femmes dans les médias et d’autres partenaires ont lancé une campagne en 2016 visant à mettre un terme au
sexisme dans les médias d’ici à 2020. La campagne encourage et appuie les actions nationales de plaidoyer en
vue de modifier la politique médiatique et la pratique journalistique et sert l’objectif de soutenir et de mettre en
lumière les efforts importants déployés dans plusieurs pays dans l’espoir que de nouvelles informations concer-
nant les stratégies fructueuses seront communiquées afin d’assurer une représentation juste et équitable des
femmes et des hommes dans les médias d’information. La campagne prévoit, entre autres, des quizz et des jeux,
une fiche d’évaluation en matière d’égalité des genres dans les médias, des supports de sensibilisation et de ré-
daction de lettres, une boîte à outils de formation au plaidoyer dans les médias ainsi que des outils analytiques.
Pour des orientations détaillées sur les campagnes, consulter la page suivante : https://www.endvawnow.
org/fr/modules/view/3-campaigns.html
• Créer des espaces numériques sûrs qui protègent les droits de toute personne à participer librement, sans
harcèlement ou menace pour sa sécurité.
• Dans les domaines des connaissances, informations et TIC, réaliser les droits des femmes à influencer, définir,
utiliser, participer, et partager.
• Étudier l’intersection entre les droits des femmes et Internet, en particulier du point de vue des violences faites
aux femmes.
• Reconnaître la participation et la contribution historique et critique des femmes au développement des TIC.
La campagne collabore avec différentes parties prenantes, et œuvre à la récupération des TIC pour lutter contre
les violences à l’égard des femmes. La campagne appelle tous les utilisateurs des TIC – en particulier les femmes
et les filles – à reprendre le contrôle sur les technologies et à utiliser stratégiquement toute plateforme de TIC à
disposition (téléphones portables, messagerie instantanée, blogs, sites Internet, caméras numériques, courriels,
podcasts et autres) au service de l’activisme contre les violences sexistes.
L’ONG féministe nicaraguayenne Puntos de Encuentro a piloté ce programme entre 2002 et 2005, lequel encou-
rageait les jeunes filles et les jeunes garçons à parler de la violence sexuelle, des droits des personnes LGBT, du
machisme, du VIH et de l’utilisation de préservatifs. Le programme les incitait également à changer de com-
portement et d’attitude vis-à-vis de ces thèmes de société, alors perçus comme tabous. La stratégie « Somos
Diferentes, Somos Iguales » a associé le divertissement éducatif à la mobilisation communautaire et au ren-
forcement des capacités locales pour encourager un changement d’attitude, un soutien social et une action
collective dans le but d’enrayer les nouvelles infections par le VIH au Nicaragua.
La pièce maîtresse du programme est le feuilleton télévisé « Sexto Sentido » (Sixième sens), également diffu-
sé au Costa Rica, au Guatemala, au Honduras, au Mexique et aux États-Unis d'Amérique. Le projet comptait
une pluralité d’activités conçues autour du feuilleton afin d’assurer un renforcement mutuel des messages
du programme, notamment une émission de libre antenne destinée aux jeunes. De nombreuses ressources
ont été mises à disposition des groupes locaux pour encourager une mobilisation en personne. Parmi celles-ci
figuraient des activités communautaires telles que des ateliers de formation, et une coordination avec les ONG
et prestataires de soins de santé et de services sociaux locaux. La phase d’évaluation du programme a révélé
son efficacité à encourager une grande partie du public cible à prendre la parole sur les questions abordées, à
prendre conscience des services d’assistance existants et à exprimer moins d’opinions discriminatoires fondées
sur le genre.
Les contenus médiatiques qui remettent en question les portant sur les méthodes efficaces pour modifier les
violences à l’égard des femmes et des filles ne sont pas normes sociales montrent que l’un des éléments essen-
suffisants à eux seuls pour faire changer les attitudes, tiels de cette transformation réside dans la création d’un
car ils n’impliquent pas nécessairement une réflexion environnement dans lequel les personnes ne se sentent
commune immédiate. Il est donc important d’induire pas seules lorsqu’elles commencent à reconsidérer leur
une telle réflexion de manière proactive. Les recherches position et changer leur point de vue.
Entre 2007 et 2010, l’ONG Equal Access, avec le soutien du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour
l’élimination de la violence à l’égard des femmes et en partenariat avec General Welfare Prathistan, a proposé
une formation aux femmes vivant en milieu rural du Népal sur le reportage communautaire radiophonique,
dans le cadre du projet « VOICES ». Le projet a rassemblé et diffusé la voix des femmes les plus marginalisées du
pays pour susciter un appel à l’action communautaire contre les deux pandémies y sévissant : VIH et sida, d’un
côté, et violences faites aux femmes et aux filles, de l’autre. Les femmes ont été formées pour recueillir les récits
d’autres femmes en milieu rural et créer un programme radio baptisé « Changing our World » (Transformer
notre monde). Celui-ci a touché deux millions d’auditeurs et abordé des sujets relatifs aux droits des femmes, à
la consolidation de la paix et à la violence à l’égard des femmes et des filles. Des activités d’autonomisation des
femmes ont été lancées en parallèle du projet par l’entremise de programmes radio et de formation innovants
associés à des activités de proximité. Soixante groupes communautaires d’auditeurs ont été formés pour encou-
rager une prise en main au niveau local et promouvoir un changement d’attitude et de comportement.
Une étude d’impact en fin de programme a permis d’identifier que VOICES avait réussi à atteindre ses principaux
objectifs, à savoir ouvrir le dialogue dans les foyers, renforcer les liens entre les demandeurs de services et la four-
niture desdits services au niveau communautaire, et encourager de nouvelles actions communautaires contre le
VIH/sida et les violences faites aux femmes et aux filles.
Les programmes visant à modifier les comportements doivent être basés sur des théories de changement des compor-
tements ciblant à la fois les individus et les normes sociales plus larges.
Le Communication Initiative Network entretient un vaste corpus de recherches, de théories et d’outils liés
au changement des comportements, consultable à l’adresse suivante : http://www.comminit.com/global/
search/apachesolr_search/?filters=tid:36%20tid:25
Les activités de mobilisation communautaire peuvent comprendre, entre autres, des réunions publiques, des for-
mations par les pairs et des ateliers communautaires qui seront mis en place au moment de la diffusion de chaque
divertissement éducatif, et immédiatement après. Ces activités se montrent plus efficaces lorsque les ONG locales
possédant une expertise dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles sont impliquées.
Pour en savoir plus sur cette initiative et accéder aux ressources, consulter : http://raisingvoices.org/
Les recommandations liées aux programmes et les en- importants au profit des autres acteurs cherchant à
seignements tirés des mobilisations communautaires adapter et à reproduire les programmes existants, et à
comprennent les actions suivantes : étendre leur portée.
• Mettre en lumière les avantages des droits humains et Ci-après figurent quelques-uns de ces enseignements :
des relations non violentes à la fois pour les femmes et
• Laisser suffisamment de temps aux organisations
pour les hommes.
pour intégrer pleinement l’approche adoptée par le
• Lutter contre les violences en favorisant les relations programme.
familiales et conjugales saines, plutôt que de s’orienter
seulement sur l’individu. • Respecter les principes clés du programme.
5.
Rédiger des lignes directrices régissant le contenu 10. Créer ou rejoindre un réseau existant consacré aux
éditorial ainsi que la prise en charge et la conduite questions de genre, de violence à l’égard des femmes et
d’entretiens de victimes pour veiller, dans la pratique des filles et de médias en vue de partager les informa-
courante et pour l’ensemble des initiatives, au respect tions et enseignements tirés, de nouer des partenariats
des principes éthiques, centrés sur les victimes et fondés autour de projets et de plaider pour un changement
sur les droits humains. lorsque jugé nécessaire.
Alliance des civilisations de l'Organisation des Nations Unies. Commission européenne. 2017. Communication de la
Date inconnue. High-Level Group. https://www.unaoc.org/ Commission au Parlement européen, au Conseil, au
who-we-are/high-level-group/ Comité économique et social européen et au Comité des
régions, Initiative visant à promouvoir l’équilibre entre
vie professionnelle et vie privée des parents et aidants
ASEAN. 2015. ASEAN Regional Plan of Action on the qui travaillent. Bruxelles. http://eur-lex.europa.eu/
Elimination of Violence against Women. http://www. legal-content/EN/TXT/?uri=COM%3A2017%3A252%3AFIN
asean.org/storage/images/2015/November/27th-summit/
ASCC_documents/ASEAN%20Regional%20Plan%20of%20
Action%20on%20Elimintation%20of%20Violence%20 Common Cause Foundation. 2018. http://valuesandframes.org/
Against%20WomenAdopted.pdf
Byerly, C. M. 2011. Global Report on the Status of Women in DAW, HCDH, et UNIFEM. 2000. Gender and racial discrimination,
the News Media. Washington, International Women’s Report of the Expert Group Meeting. Zagreb. https://
News Media Foundation (IWMF). https://www.iwmf.org/ digitallibrary.un.org/record/440520/files/A_CONF.189_
our-research/global-report/ PC.2_20-EN.pdf
Center for Cyber Safety and Education, (ISC)2, et Alta Fédération internationale des journalistes (FIJ). 2018. Enquête
Associates’ Executive Women’s Forum. 2017. The 2017 de la FIJ : deux tiers des femmes journalistes victimes de
Global Information Security Workforce Study: Women harcèlement sexiste en ligne. https://www.ifj.org/fr/salle-
in Cybersecurity. https://iamcybersafe.org/wp-content/ de-presse/nouvelles/detail/category/press-releases/article/
uploads/2017/03/WomensReport.pdf enquete-de-la-fij-deux-tiers-des-femmes-journalistes-
victimes-de-harcelement-sexiste-en-ligne.html
Luxton, E. 2016. Where are the Women in Tech? 3 Charts ONU Femmes 2015. Un cadre pour appuyer les mesures
that Reveal the Gender Gap. Forum économique de prévention de la violence l’égard des femmes.
Mondial. https://www.weforum.org/agenda/2016/04/ https://www.unwomen.org/-/media/headquarters/
where-are-the-women-in-computing/ attachments/sections/library/publications/2015/
a-framework-to-underpin-action-to-prevent-violence-
against-women-fr.pdf?la=fr&vs=3731
Macharia, S. 2015. Global Media Monitoring Project 2015,
Who Makes the News? Association mondiale pour la
communication chrétienne. http://cdn.agilitycms.com/ Organisation des États américains. 1994. Convention
who-makes-the-news/Imported/reports_2015/global/ interaméricaine pour la prévention, la sanction et
gmmp_global_report_en.pdf l’élimination de la violence contre la femme. Article 8.
https://www.oas.org/en/mesecvi/docs/BelemDoPara-
FRANCAIS.pdf
McKinsey & Company. 2015. A CEO’s guide to gender
equality. https://www.mckinsey.com/global-themes/
leadership/a-ceos-guide-to-gender-equality OSCE. 2008. Le guide pratique de l’autorégulation des médias.
Vienne, OSCE. https://www.osce.org/fr/fom/31498?
download=true
Michau, L. 2007. Raising Voices.
Toledo, P. et Lagos, C. 2014. The Media and Gender-Based Wing, A. K. 1997. A critical race feminist conceptualization of
Murders of Women: notes on the cases in Europe and violence: South African and Palestinian women. Albany Law
Latin America. Heinrich Bohl Stiftung, Union européenne. Review, vol. 60(3), p. 943-976.
http://eu.boell.org/sites/default/files/uploads/2014/07/
femicide_mc_ptoledo_clagos_en.pdf
World Wide Web Foundation. 2015. Web Index Report 2014-15 :
https://thewebindex.org/wp-content/uploads/2014/12/
Tran, T. D., Nguyen, H. et Fisher, J. 2016. Attitudes towards Web_Index_24pp_November2014.pdf
Intimate Partner Violence against Women among Women
and Men in 39 Low-and Middle-Income countries. PLoS one,
Vol. 11(11). https://doi.org/10.1371/journal.pone.0167438
9 789232 001962