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PUBLICATIONS DE L'INSTITUT DE MATHÉMATIQUE :Yi.. y......

' g

DE L'UNIVERSITÉ DE STRASBOURG

XII1

ROGER GODEMENT

des faisceaux

HERMANN
6, RUE DE LA SORBONNE, PARIS V
De toutes les idées qui circulent dans les milieux mathématiques actuels,
celle de publier un ouvrage de référence consacré à la théorie des faisceaux
est assurément l'une des moins originales : Ia plupart des spécialistes de cette
théorie en ont eu l'intention à un moment ou à Un autre, et I'on connaît
plusieurs publications - en général ronéotypées comme s'il s'agissait de tracts
subversifs - qui traitent de cette question, les plus célèbres à juste titre étant
celles que I'on doit à Henri Cartan. Mais on chercherait en vain un exposé
complet, donnant toutes les démonstrations de tous les théorèmes, et les
donnant en entier. Alors que la technique des faisceaux envahit les branches
les plus diverses des Mathématiques, une pareille situation ne pouvait être
tolérée plus longtemps par les techniciens : c'est pourquoi un spécialiste de
l'analyse fonctionnelle présente aujourd'hui un exposé complet, i. e. moins
incomplet que les autres, de la théorie des faisceaux - with a vengeance.
Il est évident qu'un tel livre serait parfaitement inutile s'il ne s'adressait
qu'aux spécialistes de la théorie des faisceaux, ou même, en raison des appli-
cations extra-topologiques de cette théorie, s'il supposait le lecteur parfaite-
ment informé des techniques classiques de la topologie algébrique. Nous
avons donc cherché à écrire un ouvrage qui ne suppose aucune connaissance
de la topologie algébrique, et par conséquent avons fait précéder l'exposé
de la théorie des faisceaux proprement dite d'un chapitre d'algèbre homo-
logique qui, nous l'espérons, sera utile à certaines catégories de lecteurs.
Outre les considérations habituelles sur les suites exactes, les foncteurs, les
complexes, etc..., ce chapitre premier traite essentiellement de trois questions
importantes : la théorie des suites spectrales ($ 4), celle des foncteurs Ext et
Tor (5 5 ) , et celle des complexes simpliciaux (5 3). Notre exposé est évidemment
beaucoup plus court et beaucoup moins complet que celui qu'on trouvera dans
le livre récent de H. Cartan et S. Eilenberg, en ce qui concerne les suites
spectrales et les Ext et Tor. Quant aux « complexes simpliciaux », il s'agit
des compIexes de chaînes (ou de cochaînes) dans lesquels on a des « opéra-
teurs de face » permettant d'effectuer formellement les calculs simpliciaux
classiques; situation que I'on rencontre non seulement dans la théorie clas-
sique des polyèdres, mais aussi en homologie singulière, en cohomologie de
fiech, et en théorie des faisceaux. Comme de plus les travaux récents de
Kan semblent prouver que ces complexes constituent le domaine naturel
de validité d'une théorie complète de I'homotopie, on peut affirmer que
la notion générale de complexe simplicial (due essentiellement à Eilenberg
et Zilber) est appelée jouer un rôle essentiel en topologie algébrique.
On trouvera en particulier dans ce paragraphe 3 un exposé à peu près compIet
de la théorie des produits (produit cartésien et cup-produit), exposé dont
la seule originalité est sans doute d'être imprimé. Nous n'avons pas cru devoir
insérer dans ce ara graphe un exposé des opérations de Steenrod; on le
trouvera dans le second volume de cet ouvrage, lorsque nous aurons à notre
disposition les techniques nécessaires (cohomologie des groupes, espaces à
groupes d'opérateurs, homologie singulière, ...j .
La théorie des faisceaux proprement dite occupe la seconde moitié de
ce livre. A l'intention des lecteurs qui sont au courant des exposés publiés
antérieurement nous allons donner quelques indications sur Ies méthodes
que nous employons, attendu que ceIIes-ci diffèrent assez sensiblement des
méthodes déjà connues, et vont du reste en général plus loin que celles-ci.
Après deux de généralités sur les faisceaux d'ensembles et les
faisceaux de modules, nous abordons au paragraphe 3 le problème central
de la théorie des faisceaux : celui du « prolongement » ou du « relèvement »
des sections d'un faisceau, La notion essentielle de ce point de vue, à cause
de sa simpIicité et de son utilité, semble être celle de faisceau Jasque : un
faisceau 3 sur un espace X est flasque si toute section de 9 au-dessus d'un
ouvert de X peut se prolonger à X tout entier. Tout faisceau 9 peut se plonger
dans un faisceau flasque (par exemple, le faisceau des germes de sections
non nécessairement continues de 4); de plus, si I'on a une suite exacte

de faisceaux flasques de groupes abéliens, alors les sections de ces faisceaux


au-dessus d'un ouvert quelconque forment encore une suite exacte. Dans
les espaces paracompacts, il est important d'avoir aussi la notion plus faible
de faisceau mou: un faisceau 4 est mou si toute section de 4 au-dessus d'un
ensemble fermé se prolonge à l'espace ambiant. Cette notion semble devoir
se substituer avantageusenient à celle de faisceaufin, qui jouait un rôle essen-
tiel dans la théorie antérieure, comme on le constatera expérimenta-
lement. Sur un espace paracompact, si l'on a une suite exacte de faisceaux
mous de groupes abéliens, les sections de ces faisceaux au-dessus d'un fermé
quelconque forment encore une suite exacte.
PRÉFACE III

Le paragraphe 4 définit, pour tout espace X, même non séparé, et tout


faisceau ,$ de groupes abéliens sur X, les groupes H n ( X ;.$) et démontre
leurs ~ropriétésessentielIes : on a tout d'abord

groupe des sections globales de A; à toute suite exacte

est associée une suite exacte de cohomologie


... H n (X; ,$Il - H n (X; ,$) -Hn (X; .IL'') t H n C 1( X ; .hl) . . -;
enfin, on a
H n (X;.b) = O pour n > I

si est flasque (ou bien, lorsque X est paracompact, si .$ est mou). La possi-
bilité de définir, sans aucune hypothèse sur X, des groupes de cohomologie
possédant ces propriétés, a été démontrée tout d'abord par A. Grothendieck
en 1955, en utilisant le fait que tout faisceau se plonge dans un faisceau injectif,
au sens de l'algèbre homologique. Coinme les recherches de Grothendieck
sur ce sujet seront publiées prochainement, nous avons préféré utiliser, au
Lieu des faisceaux injectifs, les faisceaux flasques [qui évidemment sont spécia-
lement adaptés à l'étude du foncteur -97 + I'(A)]; il se trouve que l'on peut
construire, de façon canonique, une résolution Jasque

de tout faisceau AS, qui de plus est un foncteur « exact >> par rapport à .t,;
posant
c* (x;.b) = r (e* (x;.b)), H" (x; = H" (c*(x; A)),
on obtient alors, de façon tout à fait élémentaire, les trois propriétés fonda-
mentales des groupes de cohomologie.
Le 9 4 contient aussi la démonstration, basée sur l'emploi des suites spectrales,
des célèbres ((théorèmes fondamentaux »; en particulier, toute résolution

d'un faisceau .il donne lieu à des homomorphismes canoniques

lesquels sont bijectifs si les 9 p sont flasques (ou mous, lorsque X est para-
compact), ce qui montre bien entendu qu'il était en principe inutile, pour
définir les groupes H n ( X ;.b), de choisir une résolution flasque « canonique >>
de .6.Enfin, nous exposons en détail la suite exacte de cohomologie associée à
un sous-espace fermé, et diverses questions accessoires (relations entre la
cohomologie d'un ensemble et celle de ses voisinages, cohomologie à valeurs
dans une limite inductive de faisceaux, suite spectrale des espaces fibrés,
dimension cohomologique) .
Le 5 5 étudie les relations entre les groupes Hn(X; A) et les groupes f i n ( X ; A)
obtenus par la méthode de cech (laquelle, on le sait, ne donne pas de résultat
satisfaisant en dehors des espaces paracompacts, ou bien de catégories spé-
ciales de faisceaux). Nous montrons d'abord que tout recouvrement U de X
qui est soit ouvert, soit fermé et localement fini, définit une résolution e*(U; A)
de tout faisceau A sur X ; il en résulte des homomorphismes canoniques
Hn(U;A) + H"(X; A T ) qui proviennent du reste d'une suite spectrale. A la
V
limite, on trouve une suite spectrale reliant la cohomologie de Cech à la
<< bonne >> cohomologie. On déduit de là qu'il y a isomorphisme

pour tout faisceau si X est paracompact; et, si X n'est pas paracompact,


il en est encore ainsi pour un faisceau donné s'il existe dans X « suffisamment >>
d'ensembles ouverts tels que, pour toute intersection finie U de tels ouverts, on
ait
H ~ ( u .&)
; = O pour n >, 1.
Ce dernier résultat, dû à H. Cartan, permet de montrer que, pour les faisceaux
algébriques cohérents étudiés par Serre, la cohomologie de Cech coïncide
avec la « bonne » cohomologie. Nous avons pu d'autre part démontrer, sans
hypothèse sur l'espace X, le résultat célèbre de Leray suivant lequel,
étant donné un recouvrement = (Mi) de X tel que l'on ait toujours

Hn(Mi,n . . . n Mip;A) = O pour n >, 1 ,


les homomorphismes
Hn(rlXt;A) + Hn(X;A)
sont bijectifs pourvu que '32 soit ouvert, ou bien fermé et localement jni. Nous
n'avons malheureusement pas pu trouver une démonstration qui s'applique
simultanément à ces deux cas : dans le cas ouvert, il faut étudier le double
complexe C*(m; (J*(X;A)), et dans le cas fermé le double complexe
C*(X; e*(%; A)), où (?*(!.Dl; ,AI) désigne la résolution de ,Rr, définie par %.
Le $ 6 étend à la théorie des faisceaux les notions de produit cartésien et de
cup-produit. Étant donnés des faisceaux A et 93 sur des espaces X et Y, on
constate trivialement que le produit tensoriel des résolutions canoniques de ,Rr,
et GR est une résolution di1 produit tensoriel .,k~& bR (la notation & indiquant que
le résultat est un faisceau de base X x Y ) ; d'où, sans aucune hypothèse
sur X et Y, des applications
qui possèdent toutes les propriétés qu'on est en droit d'attendre d'un produit
cartésien en cohomologie. Lorsque X = Y, on trouve par des raisonnements
similaires, ou bien en utilisant le produit cartésien et l'application diagonale,
les cup-produits

Indiquons par ailleurs une circonstance importante; il existe, pour tout fais-
ceau & sur un espace X, une résolution flasque
O * ,& * 9O(X; ,$) + 9' (X; A) -r . ..
qui est un foncteur exact en .$, et dont la dzférentielle résulte d'une structure semi-
simpliciale (i. e. d'opérateurs de « face » et de « dégénérescence » analogues
formellement à ceux de la théorie des complexes semi-simpliciaux dYEilen-
berg-MacLane-Zilber). Si l'on utilise cette résolution pour définir les groupes
de cohomologie, on constate que les formules « explicites » qui donnent 1e
cup-produit dans la théorie simpliciale classique, disons la formule

le donnent aussi en théorie des faisceaux ( l ) . Cette remarque n'a pas seule-
ment l'intérêt, après tout purement pédagogique, de montrer que la théorie
multiplicative des faisceaux n'est qu'un cas particulier de Ia théorie générale
concernant les complexes « simpliciaux »; elle montre que toute notion repo-
sant exclusivement sur l'existence d'une structure simpliciale s'étend automa-
tiquement à la théorie des faisceaux; en particulier, il est clair dès maintenant
que les opérations de Steenrod peuvent se d@nir en théorie des faisceaux puisqu'elles
supposent, tout au plus, une structure simpliciale et une application diagonale.
Cette question, comme nous l'avons dit plus haut, sera exposée en détail dans
le second tome de cet ouvrage.
Enfin, le 5 7 contient des indications sommaires sur les faisceaux injectifs,
les foncteurs dérivés, et la suite spectrale des Ext qui est indispensable en
géométrie algébrique (2).
Les quelques indications qui précèdent montreront sans doute aux lecteurs
informés que notre exposé diffère sensiblement de ceux de Leray et Cartan,
bien que, de toute évidence, les idées essentielles qui le gouvernent soient dues
à ces auteurs. II semble raisonnable de penser que la théorie des faisceaux est
maintenant dans un état pratiquement finaI, attendu que d'une part elle a

(1) Il en est bien entendu de même en cohomologie de cech ; malheureusement, la


méthode de cech n'est satisfaisante que sur les espaces paracompacts.
(2) On trouvera des résultats beaucoup plus complets (notamment pour les faisceaux
« cohérents » de modules) dans un article de Grothendieck (Sur quelques points d'dlgébre
Homologique, à paraître au Tohoku Math. Journal).
atteint le degré de généralité maximum que l'on puisse concevoir, et que
d'autre part ses méthodes sont, à beaucoup d'égards, considérablement plus
simples que celles des auteurs anciens; cela ne saurait cependant rious faire
oublier le rôle qu'ont joué ceux-ci: il est clair que notre exposé ne comporte,
la plupart du temps, que des améliorations de détail par rapport à ceux de
Leray et Cartan ('). Le progrès le plus important est probablement d'avoir pu
construire une théorie raiso~inable valable pour tout espace topologique;
comme nous l'avons dit, on doit ce résultat à Grothendieck; mais il semble
juste d'ajouter que, probablement, la question ne se serait pas même posée sans
les travaux de Serre sur les variétés algébriques.
Pour parvenir à un exposé relativement complet de la théorie des faisceaux,
il nous resterait à traiter encore quelques questions importantes : rapports
entre la théorie des faisceaux et l'honiologie singulière, dualité des variétés,
espaces fibrés et faisceaux à groupes d'opérateurs, opérations cohomolo-
giques, etc... I l est clair que nous n'aurions pu inclure ces matières dans le
présent volume sans en retarder considérablement la publication; elles consti-
tueront donc le second tome de cet ouvrage, où l'on apprendra, par exemple,
comment calculer les groupes d'homologie d'une sphère (problème que les
résultats contenus dans ce premier volume ne suffisent malheureusement pas à
résoudre.. .).
Il est bien évident que ce livre n'aurait jamais vu le jour sans l'aide précieuse,
et les encouragements enthousiastes (quoique partiellement intéressés), que
nous ont prodigué certains géomètres, et tout spécialement N. Bourbaki,
H. Cartan, P. Cartier, A. Grothendieck et J. P. Serre. D'autre part, une pre-
miére rédaction de cet ouvrage a été écrite pendant l'année scolaire 1954-55,
alors que l'auteur occupait, à la University of Illinois, la « G. A. Miller Visiting
Professorship » et se trouvait, de ce fait, dans des conditions particulièrement
favorables. Enfin, l'impression de ce livre a été rendue possible grâce à 1'Insti-
tut de Mathématiques de l'université de Strasbourg. A tous ceux, proches ou
lointains, qui l'ont aidé, l'auteur est heureux de présenter ses remerciemei~ts
les plus chaleureux.

(1) Sans entrer dans une discussion historique du sujet, il est indispensable de rappeler
qu'un certain nombre d'idées de base de la théorie des faisceaux et des suites spectrales
furent introduites par J. Leray en 1943 et dans les années suivarites. La notion générale
de suite spectrale fut ensuite dégagée par J. L. Koszul. Le premier exposé cohérent
de la théorie des faisceaux, basé sur la notion de « rksolution », est dû à H. Cartan.
11 semble enfin que, à côté des travaux évidemment fondamentaux de J. Leray, une
démonstration du théorkme de Rham par A. Weil, datant de 1947, ait joiié un rôle
important dans l'évolution de la situation.
LEITFADEN

A l'intention des lecteurs qui ne sont pas encore familiarisés avec les questions
traitées dans cet ouvrage, il peut être utile de donner quelques indications sur
la façon de lire celui-ci.
Il est indispensable de lire les $5 I et 2 du chapitre I, et les $5 I et 2 du cha-
pitre II. On peut alors lire le no 3. I du chapitre II (faisceaux flasques) puis les
nos 4. I à 4.4 de façon à connaître la définition et les principales propriétés des
groupes de cohomologie à valeurs dans un faisceau. Il est alors indispensable
de lire le 4 du chapitre I (suites spectrales) ainsi que ce qui concerne les
faisceaux mous au chapitre II, 5 3; on peut ensuite terminer la lecture du 5 4
du chapitre n (l'essentiel étant les nos 4.5 à 4. r O ) .
Avant d'aborder la cohomologie de cech, il est utile de lire le début du 5 3
du chapitre I, spécialement les no8 3. I à 3,5; on peut alors, dans une première
lecture du 5 5 du chapitre II, se borner aux nos 5.1, 5.3, 5.4, 5.7, 5.8, 5.9 et 5. IO,
en négligeant ce qui concerne les familles de supports.
En ce qui concerne les produits en cohomologie, il est pratiquement indis-
pensable d'étudier simultanément la fin du 3 3 du chapitre I (nos 3.6 à 3.12) et
le 5 6 du chapitre II étant donné que ces deux 55 sont étroitement liés.
De même, il est utile de lire simultanément le 5 5 du chapitre I et le 5 7 du
chapitre II, en essayant, à titre d'exercice, de se placer dans ;une catégorie
abélienne quelconque (mais possédant suffisamment d'objets injectifs). Il est
aussi utile de construire des démonstrations purement fonctorielles des théo-
rèmes fondamentaux du chapitre 11, 5 4.
Le lecteur désireux de connaître quelques applications de la théorie des fais-
ceaux, ou d'en approfondir certains aspects, pourra consulter l'article de Serre
sur les faisceaux algébriques cohérents (Annals of Math., 61 (1955), pp. 197-278),
un article de Grothendieck à paraître au Tohokzc Math. Journal, et enfin les
volumes du Séminaire de IYE.N.S.de H. Cartan consacrés aux fonctions de
VI11 LEITFADEN

plusieurs variables complexes. O n pourra aussi consuiter le volume récent


de F. Hirzebruch dans la série bien connue des Ergebnisse der Mathematik,
qui contient des applications importantes de la théorie des faisceaux à la
théorie des variétés analytiques compactes.

Notons enfin qu'une référence telle que Théorème 4.9.3 indique qu'on doit
se reporter au no 4.9, donc au 5 4, du même chapitre, sauf mention expresse du
contraire (utilisation au chapitre II de résultats ou de définitions contenus
dans le chapitre 1).
CHAPITRE 1

ALGEBRE HOMOLOGIQUE
1. MODULES ET FONCTEURS

1. 1 . - Suites exactes de modules


Soient A un anneau avec élément unité, et L, M deux A-modules à gauche,
L'ensemble des homomorphismes de L dans M est un groupe abélien, qui
sera noté Hom, (L, M) ou simplement Hom(L, M) si aucune confusion n'est
possible.
Etant donné un homomorphisme f : L -+ M on définit

Ce sont des A-modules à gauche.


Une suite
.- Ln -+
fn
Idn+l -
f n + i
Ln+Z

de A-modules et d'homomorphismes de A-modules est dite exacte si l'on


a Im(f ,) = Ker(f,+ ,) pour tout n. Par exemple, la suite

est exacte si et seulement sif est injectif, g surjectif, et si de plus Im(f ) = Ker(g) ;
on peut alors identifierLf à un sous-module de L, et L" aumodule quotient L/Lf.

1.2. - Propriétés des groupes Hom(L, M)


Dans tout ce no on considère des modules à gauche sur un anneau A donné.
Supposons donnés des homomorphismes
f:Li+L; g:M+Mf;
GODEMENT
on obtient alors un homomorphisme de groupes abéliens
Hom(f, g) : Hom(L, M ) -+ Hom(Lr, M'),
à savoir celui qui transforme tout u : LM en g o u o f : L' + Ml. O n exprime
+
ce fait en disant que Hom(L, M ) est contravariant en L et covariant en M.
Les deux propriétés fondamentales des groupes Hom(L, M) sont les sui-
vantes :
S i l'on a une suite exacte de la forme
O+Mt+M*M"
alors pour tout L la suite correspondante
O + Hom(L, M') -+Hom(L, M) -+ Hom(L, M")
est exacte; si l'on a une suite exacte de la forme

alors pour tout M la suite correspondante


Hom(Lr, M) +- Hom(L, M) t. Hom(L", M) + O
est exacte.
Ces propriétés sont bien entendu triviales.

1 . 3 . - Modules projectifs

Un A-module à gauche L est dit projectif si, pour toute suite exacte de la
forme
0+X'+X+X"+0'
la sui te correspondante
O + Hom(L, X') t Hom (L, X) +- Hom(L, XI1) + O
est exacte. En vertu du no précédent les A-modules projectifs sont donc carac-
térisés comme suit :
(PR) : Soit P : X +- X" un homomorphisme surjectif; alors pour tout homomor-
phisme f": L + X" il existe un homomorphime f : L + X tel que f " = PoJ:
Théorème 1 . 3 . 1 - Pour qu'un A-module soit projectif il faut et il sufit qu'il
soit facteur direct d'un A-module libre.
Notons tout d'abord qu'un module libre est projectif, car un homomor-
phisme d'un module libre L est déterminé par les valeurs, d u reste arbitraires,
qu'il prend sur une base de L. D'autre part, il est clair qu'un facteur direct
d'un module projectif est projectif; la condition de l'énoncé est donc suffisante.
Pour montrer qu'un module projectif L la vérifie, on écrit L = F/R où F
M O D U L E S ET F O N C T E U R S 5

est un A-module libre et R un sous-module de F; comme L est projectif,


l'application identique L + L se factorise en un homomorphisme L
et en l'application canonique F + L, d'où le résultat.
F -
Il résulte évidemment du théorème précédent que tout A-module est un
quotient d'un A module projectif. Nous aurons par la suite (5 5) besoin d u résultat
plus précis que voici :

Théorème 1.3.2 - Etant donné un diagramme de A-modules

peut trouuer un A-module ProjectifP et des homomorphismes P'


de telle sorte pue le diagramme
- P, P t P", P -
dont les lignes et les colonnes sont exactes, et dans lequel P' et P" sont projectifs, ou
X

soit commutatif et formé de suites exactes.


Pour cela on prend P = P' x P" (en sorte que P est bien projectif) et on
définit les homomorphismes P' + P et P + P" à partir de cette décomposi-
tion de P en somme directe; on obtient ainsi un diagramme de suites exactes

pour définir l'homomorphisme P + X, on construit d'abord un homomor-


phisme P" t X tel que le diagramme

soit commutatif - ce qui est possible puisqne P" est projectif et I'homomor-
phisme X + X" surjectif; puis on construit un homomorphisme P' +- X en
composant P' +- X' et X' + X; il existe alors un homomorphisme et un seul
P t X qui, sur les facteurs P" et Pr de P, se réduise aux homomorphismes
qu'on vient de définir; il est clair que celui-ci répond à la question.
Notons pour terminer que si l'anneau de base A est principal, tout A-module
projectifest libre, et réciproquement, puisqu'alors tout sous-module d'un module
libre est libre.

1. 4. - Modules injectifs
Un A-module L est injectifsi pour toute suite exacte
O+x'+X+x"+o
la suite correspondante

-
est encore exacte, autrement dit s'il vérifie la condition
(INJ) : soit j : Xr X un homomorphisme injectif; alors pour tout homomorphisme
f ' : X' t L il existe un homomorphismef:X t L tel quef' =f j
Cela signifie que tout homomorphisme dans L d'un sous-module d'un module X
se prolonge en un homomorphisme de X dans L.
Théorème I .4. 1. - Pour qu'un A-module à gazlche L soit injectif il faut et il sufit
que, pour tout idéal à gauche 1 de A et tout homomorphisme f : 1 t L il existe un x E L
tel que f (A) = A.xpour tout A E 1.
La coridition est nécessaire puisque f doit se prolonger en un homomor-
phisme A -+L.
Réciproquement, supposons-la vérifiée, et soient X un module, X' un sous-
module de X, et f un homomorphisme X'+ L. En considérant les couples
(Y, g) où Y est un sous-module de X contenant X' et g un homomorphisme
Y + L qui prolongef, on voit à l'aide d u Théorème de Zorn que f admet un
prolongement maximal (Y, g). Si Y était distinct de X, on pourrait construire

-
un x E X non dans Y, un idéal à gauche 1 de A (l'ensemble des h E A tels que
A.x E Y) et un homomorphisme h : 1 L, à savoir h + g ( A . x ) ; par hypothèse
il existerait un élément u de L tel que la relation Ax e Y impliquerait g(hx) = Au;
mais alors g serait prolongeable a u sous-module de X engendré par Y et x, d'où
une coiltradictioii.
Si par exemple l'anneau de base A est principal alors L est injectif si et seule-
ment si, pour tout A # 0, l'endomorphisme x -+ Xx de L est su-ectif.
Théorème I .2.2. - T o u t A-module est un sous-module d'un A-module injectif.
Pour le voir, considérons l'arineau Z des entiers rationnels, le groupe additif Q
des nombres rationnels, et le Z-module
MODULES ET FONCTEURS 7

Celui-ci est injectifen vertu du critère précédent, et il est clair que tout groupe
abélien cyclique (d'ordre fini ou non) se plonge dans T.
Cela dit soit L un A-module à gauche, et formons

c'est de façon évidente un A-module à droite; de même,

est un A-module à gauche, et on a un homomorphisme canonique

de façon non moins évidente. Montrons d'abord que celui-ci est injectif. Soit
en effet un X E L non nul; tout revient à construire un homomorphisine
f : L + T tel que f ( x ) # O ; or soit G le groupe cyclique engendré par x dans
le groupe abélien L; comme G se plonge dans T, on peut définir f sur G -
mais comme T est un 2-module injectif, f se prolonge à L, d'ou le résultat.
Montrons maintenant que si L est projectif, f, est injectif; soient en effet X un
A-module à droite et f un homomorphisme d'un sous-module X' de X dans
c ; par dualité on en déduit un homornorphisme f:f, -+2' et en
h

le A-module
 h

particulier, puisque L se plonge dans L, un homomorphisme de L dans X';


2' est un quotient de g ;
mais X f étant un sous-module de 2 et T étant injectif,
puisque L est projectif, I'homomorphisrne f:L + k f provient d'un homo-
",
morphisme L -+ 2,lequel définit par dualité un homomorphisme X -+ f, qui
prolongef, et a fortiori un prolongement de f à X.
Pour achever la démonstration, représentons î comme quotient d'un module
5:
projectif F ; alors L, et a fortiori L, se plonge dans F, qui est injectif dyaprèsce
qu'on vient de voir - d'où le résultat.
O n laisse au lecteur le soin d'établir, à l'aide du résultat précédent, que pour
qu'un module L soit injectif il faut et il su@ qu'il soit facteur direct de tout module le
contenant.
O n a bien entendu pour les modules injectifs un résultat similaire au Théo-
rème I .3.2;on laisse a u lecteur le soin de l'énoncer et de le démontrer.

1. 5. - Produits tensorieIs
Soient L un A-module à droite et M un A-module à gauche. Formons le groupe
abélien libre (L, M) ayant pour base l'ensemble produit L x M, et dans
(L, M) considérons le sous-groupe N,(L, M) engendré par les éléments qui ont
l'une ou l'autre des formes suivantes :

(x, x', X" E L; y, y', J " E M ; a E A) ; on appelle alors produit tensoriel de L par
M le groupe abélien
L C3 M = (L, M)/N,(L, Ill).
A

L'image du couple (x, y) dans L @ M se note x @ y ; les éléments de cette


A

forme engendrent L @ M, et on a des formules (x'


A
+ x") @ y = x' @ y fx" @ y,
etc., correspondant aux « relations » qu'on a imposées dans le groupe
abélien libre (L, M).
Soit G un groupe abélien quelconque; une application f : L x M +G est bili-
néaire si, poury donné (resp. x donné), l'application x +f (x,y) (resp. y -+f (x,y))
est un homomorphisme de groupes abéliens, et si en outre on a l'identité
f (xa,y) =f (x, ay) pour tout a = A. Par exemple, on a une application bili-
néaire canonique
L x M-+L@M,
A

à savoir ( x , y ) -+x @ y ; de plus, toute application bilinéaire L x M + G


s'obtient en composant l'application précédente avec un homomorphisme de
groupes abéliens L €4 M -+ G.
A

Si l'on considère A comme un A-module à droite, alors pour tout A-module à


gauche M on a un isomorphisme canonique A @ M = M, obtenu en iden-
A
tifiant a 63 m et a.m.
Soient A et A' deux anneaux, L et M des A-modules à droite et à gauche res-
pectivement, L' et M' des A'-modules à droite et à gauche respectivement.
Supposons donnés un homomorphisme d'anneaux u : A + A', et des homo-
morphismes f : L -+ L' et g : M + M' compatibles avec u (Le. f et g sont des
homomorphismes de groupes abéliens, vérifiant en outre les identités

O n obtient alors un homomorphisme

et un seul qui applique x @ y surf (x) @ g(y).


Théorème I .5.1. - Soit une suite exacte de A-modules à droite de la forme
M O D U L E S ET F O N C T E U R S

alors pour tout A-module à gauche Y la suite correspondante

est exacte.
Posant f @ I =f ' et g @ I = gr, le seul point non trivial est d'établir que
Ker (g') c Im(f '). O r posons M =f (X') = Ker(g); il est clair que Im(f ') est
le sous-groupe de X @ Y engendré par les produits m @ y ( m ~ M , =Y). y
Cela dit, tout x'' E XIr est de la forme g ( x ) , où x est unique modulo M ; on peut
donc définir une application bilinéaire X " x Y -+(X 8 Y) /Im(f ') par
(x", y) + x @ y , où x est choisi par la condition que g(x) = x"; cette applica-
tion bilinéaire définit un homomorphisme X " @ Y i- ( X 8 Y)/Im(f ') qui
transforme g(x) 63 JJ en la classe de x @-Y modulo Im(f '), et qui est donc mul-
tiple à gauche de g 8 I = g', donc s'annule sur Ker(gl), ce qui prouve visible-
ment que Ker(gr)c Im(f') comme annoncé.
Si l'homomorphisme X' -+X est injectif, il n'en est généralement pas de même
de X' @ Y -+X @ Y; c'est cependant le cas lorsque Y est libre. O n dit plus
généralement qu'un A-module à gauche Y est plat si, pour tout homomor-
phisme injectif X' +- X, l'homomorphisme correspondant X' 63 Y +- X @I Y
est lui-même injectif; on trouvera au § 5 une caractérisation << interne » des
A-modules plats.

1. 6. Limites inductives
Soit I un ensemble ordonné jîltrant décroissant; supposons donnés des ensembles
~ et? pour tout couple (i, j ) tel que i > j , une application
Ei ( i 1),

de telle sorte qu'on ait les conditions de « transitivité » suivantes :


fi=^ pourtouti; fk=ffOfj pour i>j>k.
Dans l'ensemble somme des Ei, introduisons la relation d'équivalence qui consiste
à identifier xi E Ei et xj E Ej si et seulement si l'on peut trouver un indice
k ,< i, j tel que l'on ait f;(xi) =fj,(xj); alors l'ensemble quotient correspon-
dant est la limite inductive des Ei (relativement aux applications données fi);
on le note
E = lim. ind. Ei.
i

O n a, pour chaque i, une application canonique

ainsi que les propriétés suivantes :


(a) : f j =fi O fi pour i < j;
(b) : pour que f'(xi) =f j(xj) il faut et il suffit qu'on ait f :(xi) = f j(xj) pour
un k ,( i, j ;
(c) : la réunion dans E des images fl(E,) est E tout entier.
O n a en outre une « propriété universelle »: supposons donnés un ensemble F

existe une application et une seule h : E -


et des applications hi: Ei -+F telles que l'on ait hj = hiofi pour i ,< j ; alors il
F telle que h' = hof i pour tout i.
Si les Ei sont des groupes (resp. anneaux) et les fj des homomorphismes de
groupes (resp. d'anneaux), il est clair que E se trouve canoniquement muni
d'une structure de groupe (resp. d'anneau) telle que les f i soient encore des
homomorphismes.
Plus généralement, supposons donnés pour chaque i E 1 un anneau Ai, un
Ai - module à droite Liet un Ai - module à gauche Mi; supposons dorinés
pour i ),j un homomorphisme d'anneaux
u j : Ai -t Aj
et des homomorphismes de groupes

compatibles avec uj; posant


A = lim. ind. A i , L = lim. ind. L i , M = lim. ind. M i ,

il existe alors sur L une structure de A-module à droite, et sur M une structure
de A-module à gauche, telles que les applications f' et gi soient des homo-
morphismes de groupes abéliens compatibles avec les homomorphismes d'an-
neaux ui.
Dans les mêmes hypothèses, on a un isomorphisme canonique

L @ M = lim. ind. Li @ Mi ;
A Ai

a limite inductive du second membre est naturellement relative à la famille


des homomorphismes f j @ gj, et l'identification précédente s'obtient en consi-
dérant les homormophismes

O n laisse a u lecteur le soin de vérifier ces assertions, qui ne rés entent aucune
difficulté.
Dans le même ordre d'idées, notons qu'une limite inductive de suites exactes est
encore une suite exacte; autrement dit, supposons donnés un systkme inductif
d'anneaux Ai et des systèmes inductifs de niodules LI, Li, L: avec pour tout i
une suite exacte
Li --+ L*-t L:
MODULES ET FONCTEURS

de telle sorte que, pour i >j, le diagramme

soit commutatif; alors en posant

L' = lim. ind. Li; L = lim. ind. Li ; L" = lim. ind. Lrli,
la suite de modules et d'homomorphismes
L1+L+L"
déduite de façon évidente des suites exactes données est encore exacte.

1 . 7. Catégories e t foncteurs
Nous aurons besoin dans la suite de cet ouvrage de quelques notions sur les
catégories et foncteurs; nous allons les exposer en nous plaçant à un point de
vue aussi « naïf » que possible.
Une catégorie est une collection ,R d'objets (qui n'est pas nécessairement un
ensemble au sens strictement mathématique de ce terme) munie des données
suivantes :
pour tout couple d'objets X, Y a ,E on se donne un ensemble Hom(X, Y) dont
les éléments sont appelés les homomorphismes de X dans Y; au lieu d'écrire
f a Hom(X, Y) on écrira souvent

quels que soient les objets X, Y, Z E ,(1, on se donne une application

notée ( J ; g) -+ g of et appelée composition des homomorphismes ( l ) . Les données


précédentes sont de plus assujetties à vérifier les deux axiomes que voici :
(KI) : étant donnés des homomorphismes f : X + Y, g :Y + Z, h :Z + T,
on a la relation
120 (gof > = (hog) o f ;

(KI) :pour tout X E 53 il existe un homomor~hismeex : X -+ X tel que l'on ait


eXof =f pour tout homomorphisme f : Y -+ X et f oex =fpour tout hornomorphisme
f : X + Y (on dit que e x est l'homomorphisme identique ou unité de X dans X
et on le note souvent e, ou 1, lorsque le contexte permet d'écarter tout risque
de confusion).
Par exemple, les espaces topologiques forment une catégorie, si l'on définit

(1) Certains auteurs disent << morphisme >> au lieu de << homomorphisme ».
Hom(X, Y) comme étant l'ensemble des applications continues de X dans Y
et la composition des homomorphismes comme il est d'usage de le faire. De
même, les modules à gauche sur un anneau de base donné forment une caté-
gorie moyennant des définitions évidentes pour les ensembles Hom(X, Y) et la
composition des homomorphismes.
Étant donnés des objets X , Y d'une catégorie 3, on appelle isomorphisn~ede X
dans k' tout homomorphisme u: X -> Y tel qu'il existe un homomorphisme
v : Y -+ X vérifiant
u o u = ey, u o u = ex.

A toute catégorie ,('\ est attachée une catégorie duale ,R* définie comme suit : les
objets de R* sont les objets de ,k,mais étant donnés deux tels objets X et Y,
un .k* -homomorphisme X -+ Y sera par définition un ,K-homomorphisme
Y + X, les homomorphismes se composant dans ,ft * comme dans .R.
Soient ,Q et R' deux catégories; par un foncteur covariant

homomorphisme u : X -
on entend la donnée, pour tout XE,(\;, d'un objet F ( X ) € , R I , et pour tout
Y, d'un horno~norphismeF(u): F(X) + F(Y), et ce
de telle sorte que les deux conditions suivantes soient vérifiées : si u est l'identité
il en est de même de F(u) ; on a

toutes lesfois que cetle relation a un sens.


Par exemple, pour tout A E $, la formule X -+ Hom(A, X ) définit de façon
évidente un foncteur covariant sur ,f?, à valeurs dans la catégorie de tous les
ensembles.
Étant donnés deux foncteurs covariants F : Jt + ,kr et G : ,R1 -t ,#" on définit
de façon évidente le foncteur composé G o F : W -t R".
Étant donnés deux foncteurs covariants F, G : R -+R', on appelle honzo-
morphisme (ou tramformation naturelle) de F dans G la donnée, pour chaque X E ,f?,
d'un homomorphisme T(X) : F ( X ) -t G ( X ) , de telle sorte que, quels que
soient X, Y E 3 et u E Hom(X, Y), le diagramme suivant soit commutatif :

Par exe~nple,considé~.onsune cattgorie R, deux objets A, B de R, et les fonc-


teurs X -+ Hom(A, X ) et X -+ Hom (B, X ) ; tout homomorphisme t : A -+ B
définit un homomorphisme du second foncteur dans le premier, obtenu en
MODULES ET FONCTEURS +
'3

attachant à chaque X E R l'application u - t u o t de Hom(B, X) dans Hom(A, X.)


Les considérations précédentes s'appliquent auxfoncteurs contrauariants R + R' :
on appelle ainsi, par définition, les foncteurs covariants R -t Rf*.

1. 8. Catégories abéliennes
O n appelle catégorie additive toute catégorie R munie de la structure définie
par la donnée, quels que soient X, Y E 3, d'une loi de groupe abélien sur
l'ensemble Hom(X, Y), et ce de telle sorte que l'axiome suivant soit vérifié :
(KA 1) : quels que soient X, Y , Z e 3, l'application canonique
Hom(X, Y) x Hom(Y, Z) + Hoin(X, 2)
est bilinéaire.
Les catégories additives les plus importantes sont celles dans lesquelles on peut
définir de façon raisonnable la notion de suite exacte; nous allons montrer com-
ment on peut y parvenir.
Considérons, dans la catégorie additive R, un homomorphisme

Nous appellerons noyau de u un couple (N, j ) formé d'un N É ,R et d'un homo-


morphisme (dit « canonique ») j : N + A, de telle sorte que la propriété sui-
vante soit vérifiée :pour tout X e 8, la suite

o - Hom (X,N) -f Hom (X,A) -% Hom (X,B)


de groupes abéliens est exacte. Cela signifie évidemment que, étant donné un homo-
morphisme f:X +- A, pour que l'on ait u of = O il faut et il suffit que f se
factorise en
X C * J A
et que de plus cette factorisation de f est alors unique. O n déduit immédiate-
ment de là que le couple (N,j ) est unique à un isomorphisme près, i.e. que si
(N, j ) et (Nf,j') sont deux noyaux de u, il existe des homomorphismes

réciproques l'un de l'autre et tels que j =j f o i , jf =joif.


De même on appelle co-noyau de u tout couple ( j * , N*) formé d'un N* É R et
d'un homomorphisme j * : B + N*, de telle sorte que pour tout Y É R la
suite de groupes abéliens
O -+ Hom (N*,Y) Hom(B,Y) % Horn(A,Y)
soit exacte. Cela signifie que pour qu'un homomorphisme g : B +- Y vérifie
g o u = O, il faut et il suffit que g se factorise en
et qu'alors cette factorisation est unique. Comme plus haut, on voit que le
CO-noyaude u, s'il existe, est unique à un isomorphisme près.
CeIa dit, nous supposerons maintenant que K satisfait à l'axiome suivant :
(KA 2) : Pour tout homomorphisrrte u : A +- B, il existe une suite
j fi fi* j*
N+A-1"-B+N*
d'objets de K et d'homomorphismes possédant les propriétés suivantes : (N,j) est un
noyau de u, (j*,N*) est un CO-noyaude 24, (1, p*) est un noyau de j * , (p, 1) est un
co-noyau de j, et on a
u = p*op.
Il est clair que, pour u donné, la suite dont l'axiome (KA 2 ) affirme l'existence
est unique à un isomorphisme près. O n dit que le couple (1, p*) est une image
de 24, et le couple (p, 1) une CO-image
de u.
Indiquons les principales conséquences de l'axiome (KA 2 ) .
Tout d'abord il existe dans R un objet nul, noté 0, et caractérisé à un isomo-
phisme près par le fait que le groupe abélien Hom(0,O) se réduit à son élément
neutre; il suffit pour le voir de considérer un X e 8 et le noyau de l'homo-
morphisme unité X +- X.
O n a évidemment Hom(0, X) = Hom(X, O) = O pour tout X e R.
D'autre part on dira qu'un homomorphisme u : A -+B est injectif (resp. sur-
jectif) si son noyau (resp. CO-noyau)est nul. Supposons u injectif; pour tout X,
l'application Hom(X, A) -+ Hom(X, B) induite par u est alors injective,
i. e. u o f = O implique f = O; et évidemment cette propriété caractérise les
homomorphismes injectifs, Considérons de plus une CO-image (p, 1) de u;
comme (p, 1) est un CO-noyaude l'homomorphisme nul, p induit, pour tout
Y E K y une application Hom(1, Y) i- Hom(A, Y) qui est bijective : par
suite, p est un isomorphisme de A sur 1.
De même, si I'on suppose IL surjectif, on voit que l'homorn~r~hisrne cano-
nique p* : 1 +- B est un isomorphisme. En conséquence, pour que u : A -4 B
soit un isomorphisme il faut et il su@ que u soit injectif et surjectiJ: O n notera par
ailleurs que, quel que soit u, les homomorphismes j et p* figurant dans l'axiome
(KA 2)' sont injectifs, et les homomorphismes p et j * sont surjectifs.
Considérons maintenant des hoinomorphisines

tels que uou = 0; soient 1une image de u et N un noyau de v,


Puisque v o u = O, u se factorise en
-
j
Af NtB,
MODULES ET FONCTEURS '5

la seconde flèche désignant l'homomorphisme canonique de N dans B; comme


j o ü annule le noyau de 21, et comme j est injectif, on voit que u annule le noyau
de u; donc u se factorise en
-
A -P I Z -N ,
p désignant la surjection canonique de A dans 1. En définitive on voit qu'il
existe un homomorphisme bien déterminé Im(u) t Ker(v) tel que u se facto-
rise en
-
A t Im(u) 2-Ker(v) t B;
-
il est du reste clair que u est injectzfpuisque, en le composant avec Ker(v) -+ B,
on trouve I'homomorphisme injectif Im(u) -t B.
-
Cela fait, nous dirons que la suite (1) est exacte si v o u = O et si u est un isomor-
phisme. La notion de suite exacte à un nombre quelconque de termes se déduit
de là de facon évidente.
Par exemple, un homomorphisme u : A 4 B est injectif si et seulement si la
u
suite O -+ A + B est exacte; et que1 que soit u : A + B, on a la suite exacte

Tous les calculs valables pour les suites exactes de modules sont encore valables
ici (l) .
Considérons d'autre part deux catégories & et JI?' vérifiant les axiomes précé-
dents, et un foncteur covariant F : R + R'; on dit que F est additif si, quels
que soient X, Y E R, l'application Hom(X, Y) + Hom(F(X), F(Y)) induite
par F est un homomorphisme de groupes abéliens. S'il en est ainsi, on dit que F
est exact à gauche s'il transforme toute suite exacte de la forme
O+X+Y-zz
en une suite exacte
O -+ F(X) -+ F(Y) + F(Z)

et on dit que F est exact à droite s'il transforme toute suite exacte de la forme
X+Y+Z+O
en une suite exacte
F(X) -+F(Y) + F(Z) + O ;
si F est exact à gauche et à droite, on dit que F est exact; il est clair qu'alors F
transforme toute suite exacte dans R en une suite exacte dans 8'.

(1) On trouvera à ce sujet des renseigiiements beaucoup plus complets dans un article
de D. Buchsbaum (Exact categories and duality, Trans. Amer. Math. Soc., 80 (1955),
PP. 1-34).
Dans une catégorie R vérifiant les axiomes (KA 1) et (KA 2 ) on a la notion
d'objet proiectif (resp. injectif): A est projectif si le foncteur X -t Hoin(A, X )
est exact - en général ce foncteur est seulement exact à gauche; de même, A
est injectif si le foncteur X + Hom(X, A) est exact. Bien entendu, il n'existe
pas toujours 6 suffisamment )) d'objets projectifs, ou injectifs.
Pour parvenir à la notion de catégorie abélienne il nous reste à énoncer un axiome
qui assure Ia possibilité de former, dans R, le produit direct de deux objets :
(KA 3) : quels que soient A, B E 3, il existe un objet C E Jt et des homomorphismes

tels que, pour tout X E R, l'application


Hom(X, C) -t Hom(X, A) x Hom(X, B)
donnée par u + (pou, go u) soit bijective.
Il est clair que le triple (C, p , q ) est unique à un isomorphisme près. D'autre
part, on vérifie facilement qu'il existe des homomorphismes canoniques
i : A + C et j : B -t C tels que l'on ait les relations

De ce point de vue, le << produit direct )) de A et B s'identifie aussi à la << somme


directe )) de A et B.
Comme les axiomes (KA 1 ) et (KA 2 ) sont de toute évidence << auto-duals »,
on déduit de là que la catégorie duale d'une catégorie abélienne est une caté-
gorie abélienne.
Nous allons maintenant donner un exemple important de catégorie abé-
lienne, celle des « pré-faisceaux de groupes abéliens )) sur un espace topolo-
gique. O n verra au chapitre II, 5 2, que la théorie des Faisceaux conduit aussi
à des catégories abéliennes, qui possèdent la propriété de contenir suffisam-
ment d'objets injectifs (mais non projectifs).

1. 9. - Préfaisceaux sur un espace topologique


Soit X un espace topologique, et considérons l'ensemble des parties ouvertes
de X ; on peut le considérer comme une catégorie en convenant que, pour deux
ouverts U, V c X, l'ensemble Hom(U, V) se rkduit à un élément si U c V,
et est vide dans le cas contraire (en sorte qu'il est superflu de définir la compo-
sition des hoinomorphismes). Cela dit, étant donnée une catégorie quel-
conque R, on appelle préfaisceau de b u e X à valeurs dans 3 tout foncteur contra-
variant défini sur la catégorie des ouverts de X et à valeurs dans J?.
U n préfaisceau 4 consiste donc à attacher un objet 9(U) € 3 à chaque
ouvert U c X , et à se donner un homomorphisme
MODULES ET FONCTEURS I7

toutes les fois que U c V , ceci de telle sorte que les axiomes suivants soient
vérifiés : p z est l'identité quel que soit U ; si l'on a U c V c W, on a la relation

O n dit que pc est I'homomorphisme de restriction de $(V) dans 9 ( U ) .


Soient 4' et $" deux préfaisceaux sur X, à valeurs dans ,R; comme il s'agit de
foncteurs, on peut définir la notion d'homomorphisme 8 : 4' -t 4"; un tel homo-
morphisme est une collection d'homomorphismes O(U) : $'(U) +- 9"(U) telle
que, pour U c V, le diagramme

S1(U) -+
e(u)
3"(U)

(dont les flèches verticales sont Ies homomorphismes de restriction) soit tou-
jours commutatif. Comme un homomorphisme de 9' dans 9 " est un élément de
l'ensemble
II
ù'cx
Hom(al(U), .V(U)),

on voit que les homomorphismes de 4' dans 9" forment un ensemble que l'on
note Hom(S1, 4"). En définissant de façon évidente la composition de deux
homomorphismes 9 + 9' et 3' -t 9", on déduit de là que les preyaisscaux de
base X donnée, à ualeurs dans une catégorie donnée J?, forment une nouvelle catégorie.
Considérons le cas plus particulier où ,R est une catégorie abélienne; il en est
alors de même de la catégorie des préfaisceaux de base X à vaIeurs dans 8.
Il est tout d'abord clair que les ensembles Hom(3', 3") sont canoniquement
des groupes abéliens, un préfaisceau étant de plus nul si &(U) = O pour tout U.
L'axiome (KA 1 ) des catégories abéliennes est vérifié trivialement; l'axiome
(KA 3) l'est aussi : la somme directe 23 = $' +
3'' s'obtient évidemment en
posant
9 ( U ) = 9'(U) +
$"(U)

et en définissant de façon évidente les homomorphismes de restriction dans 9


(il est clair d'ailleurs qu'on pourrait même définir des sommes directes et des
produits directs inznis) ; reste à vérifier l'axiome (KA 2 ) . Soit donc un homo-
morphisme 8 : 9' -+ 4". Pour chaque ouvert U de X, choisissons dans la caté-
gorie J? une suite

d'objets et d'homomorphismes telle que i(U),p(U),j(U) et q(U) soient respec-


tivement un noyau, une co-image, une image, et un CO-noyau de I'homo-
morphisme 8(U) : $(U) + Srf(U).Pour U c V, il existera d'après le no pré-

-4
cédent un diagramme comrriutatir el un seul de la forme suivante :
?h(V) -+ $'(V) g(V) + sl'(V) + 'Il,* (V)
J. P'; 4 P'; $ J.
97n(U) + 5"(U)+ 3(U) t $"(U) t OL* (U) ;
il est alors clair que les applications U + ?h(U), U + 3(U), U + ?"ln* (U)
définissent sur X des préfaisceaux à valeurs dans R, à condition de définir les
homomorphismes de restrictions pour ces préfaisceaux à l'aide du diagramme
précédent. De cette façon nous avons une suite

de préfaisceaux et d'homomorphismes, et il est immédiat de vérifier que


celle-ci satisfait, pour la catégorie des préfaisceaux à valeurs dans 8, aux
conditions énoncées dans l'axiome (KA 2) des catégories abéliennes.
Les préfaisceaux sur X à valeurs dans formant une catégorie abélienne,
on peut définir dans celle-ci la notion de suite exacte de préfaisceaux; le lecteur
vérifiera aisément que, pour qu'une suite

soit exacte, il faut et il suffit que, pour tout ouvert U, la suite correspondante
.. +- 9,,-, (U) +- 8,(U) + 9,+,(U) + ...
soit exacte dans la catégorie R. Ceci montre entre autres que, pour tout
ouvert U, le foncteur 9 + $(U) est exact.
SUR LES COMPLEXES

Dans tout ce $ on désigne p a r A un anneau avec élément unité (l)3

2. 1. - Modules différentiels

O n appelle A-rnodz~ledzférentiel ci gauche tout A-module à gauche X muni d e la


structure définie p a r la donnée d'un endomorphisme d vérifiant d2 = O. Nous
désignerons le plus souvent ut1 A-module différentiel p a r une seule lettre X,
mais il serait plus correct - et il sera parfois indispensable - d e le désigner
par ( X , d), de façon à mettre en évidence dans la notation le A-modulc X et la
différentielle d.
U n homomorphisme f : (X, d) -t (X', d') est u n homomorpliismc dc A-rnodules
assujetti à vérifier d' 0f =fod. Les A-modules différentiels à gauche forment
évidemment une catégorie.
O n définit d e façon évidente les notions d e sous-module différentiel et d e
module différentiel quotient d'un module différentiel donné. D e m e ~ i ~ on
e,
peut parler de suites exactes d e modules différentiels.
Soit X u n A-module différentiel. O n pose

(1) La plupart des définitions et des rtsultats de ce 5 peuvent se gçnéraliser au cas où


au lieu de la catcgorie des A-modules à gauche, on part d'une catégorie abélienne
quelconque; nous laisserons au lectcur le soin d'examiner en dktail cette situation
plus générale (laquelle n'est pas, comme on pourrait le croire, dépourvue d'intérêt
pratique).
GODEMENT 3
de sorte que B ( X ) c Z(X), ce qui permet de définir le module dérivé

de X . Tout homomorphisme f : X -t Y de A-modules différentiels applique


Z ( X ) dans Z ( Y ) et B ( X ) dans B ( Y ) , donc définit un homomorphisme de
A-modules f * : H ( X ) 4 H ( Y ).
O n peut donc considérer X + H ( X ) comme un foncteur covariant défini sur la
catégorie des A-modules différentiels et à valeurs dans celle des A-modules.

Théorème 2. I . I . - Soit
O + X ' - f+ X + gx " + O
une suite exacte de modules dzflentiels,. alors il existe un homomorphisme
b : H ( X " )+ H ( X ' )
tel que la suite

f"7 , 1 s "
H ( X i ) c H(X1')
soit exacte. Si de plus on a un diagramme commutatzj-de suites exactes
O+X~+)i+X"+O
J.
0 - Y ' +
z, #
Y-Y"
$. -50
alors le diagramme
H(XU) 2 H(X')
!A* J. G* #
H(Y") 2 H(YJ)
est commutatiJ
L'homomorphisme b se définit comme suit. Soit Elf E H ( X U ) , et prenons
un zn E Z ( X I 1 )représentant ,Et'; comme g est surjectif on peut écrire z" = g ( x )
pour un x e X, et comme on a g(dx) = dz" = O ,il ivient par exactitude
d x e f ( X ' ) , et même dx =f ( z f ) avec dzf = 0 ; d'autre part, comme
I m ( f ) = Ker(g), l'élément x est unique modulo un élément de la forme
+
dy f ( x l ) , et par suite dx unique modulo un élément de la forme f (dx') ;
commef est injectif, il s'ensuit que l'élément z' est unique modulo B ( X f ) ,donc
définit une classe 5' e H ( X ' ) qui ne dépend que de E": l'homomorphisme b
consiste alors à transformer 5" en 5'.
O n laisse au lecteur le soin de démontrer le Théorème précédent à titre d'exer-
cice.
U n autre résultat important est que le foncteur X + H(X) est compatible avec la
Formation des limites inductive,^. Donnons-nous en effet une famille (Xi)i 1 de
A-modules différentielles, supposons 1 filtrant décroissant, et enfin donnons-
nous pour i ),j un homomorphisme de A-modules différentiels fj : X i + Xj,
satisfaisant aux conditions de transitivité requises. II est clair que les différen-
tielles des Xi donnent à la limite une différentielle d sur le A-module

X = lim. ind. X i ,

et que les applications canoniques f i: X i 4 X sont des homomorphismes de


modules différentiels. Considérons maintenant la famille des modules dérivés
H(Xi),et les homomorphismes H(Xi) + H(Xj) déduits des f j : on peut alors
considérer le A-module lim. ind. H(Xi), et les homomorphismes Xi -t X
définissent, en vertu de la caractérisation <( universelle D des limites inductives,
un homomorphisme
lim. ind. H(Xi) + H ( X ) ;

cela dit, cet homomorphisme est bijectzy


Pour le voir on utilise essentiellement le fait qu'une limite inductive de suites
exactes est encore exacte; passant à la limite dans la suite exacte

on obtient en effet les identifications

Z(X) = lim. ind. Z (Xi), B(X) = lim. ind. B(Xi),

et en passant à la limite dans la suite exacte

on trouve alors le résultat cherché.


Soient X un A-module différentiel à droite et L un A-module à gauche; on
peut alors considérer X 8 L, muni de la différentielle d 8 1, comme un mo-
A
dule différentiel (sur l'anneau Z en général, sur Al si A est commutatif). O n
notera qu'on a un homomorphisme canonique

comme suit : soient 5 E H ( X ) et a E L ; représentons 5 par un x e X annulé


par d; comme x est unique modulo un élément de la forme dx', x 8 a définit
une classe dans H ( X 8 L) qui dépend uniquement de 5 et d e a ; d'où une
A
application bilinéaire H ( X ) x L 4 H ( X 8 L) qui définit l'homomorphisme
A

cherché. Bien entendu l'homomorphisme considéré est bijectif dès que L est
un A-module plat, puisqu'alors le foncteur X + X 8 L est exact.
A
De même soient X un A-module différentiel à gauche et L un A-module à
gauche; alors on peut munir le groupe abélien Hom(X, L) d'une différen-
tielIe - à savoir u -+ uod - ainsi que le groupe abélien Hom(L, X) - à
savoir u + do u. Prenons un u e Hoin(X, L) tel que uod = O; il est clair que u
est nul sur B(X), de sorte que u induit un homoinorphisme H ( X ) -+ L ; de cette
façon on trouve un homomorphisme canonique

et on définirait de la même façon un homomorphisme


H(HomA(L,X ) ) +-HomA(L,H(X)).
Le premier de ces homomorphismes est bijectif quel que soit X si et seulement si
le A-module L est injectzif, et le second homomorphisme est bijectif quel que
soit X si et seulement si L est projectif: cela résulte aussitôt des définitions.

2. 2 . - Complexes
Étant donné un anneau de base A, on appeIle A-module gradué toute suite
X = (Xn),,EZ de A-modules; on dit que X, est la composante de degré n de X,
et les éléments de X, s'appellent, par abus de langage, les éléments de degré
n de X. De même, on appelle A-module bigradué toute famille X = (Xpq)p,qEZ
de A-modules.
Soit X un A-module gradué, formé de A-modules à gauche; si L est un A-
module à droite, on désigne par L @ X le groupe abélien gradué dont la
A

composante de degré n est le groupe L @ X, ; si L est un A-module à gauche,


A
on désigne par HomA(X,L) le groupe abélien gradué dont Ia composante de
degré n est le groupe Hom,(X,, L).
Soient X et Y deux A-modules à gauche gradués; par un homomorphisme de
degré r de X dans Y, on entend toute collection f = (f,)d'homomorphismes
f,: X, -+ Y,,, de A-modules; si r = O on dit que f est un homomorphisme de X
dans Y. O n définit de façon évidente la somme de deux homomorphismes de
même degré X + Y, et le produit d'un homomorphisme X + Y de degré r et
d'un homomorphisme Y -t Z de degré S. Si l'on associe à tout couple X, Y
de A-modules h gauche gradués le groupe abélien Hom(X, Y) îorrrié des hoino-
morphismes (de degré 0 ) de X dans Y, il est clair qu'on obtient sur la collec-
tion des A-modules à gauche gradués une structure de catégorie abélienne.
O n appelle complexe sur l'anneau de base A tout A-module gradué X muni de
la structure définie par la donnée d'un homomorphisme d : X + X d'un cer-
tain degré r, tel que dod = O. Les deux cas les plus importants sont les suivants :
Les complexes de chaînes; on suppose X, = O pour n <
O, et d de degré - I . Pour
des raisons « géométriques D, les éléments de X, s'appellent les chaînes de
dimension n de X , d s'appelle l'opérateur bord de X ; un x E X, est un cycle si
dx = O, et un bord s'il existe x' EX,,, tel que x = dx'. Dans )in,les cycles
forment un sous-module Z,(X), les bords un sous-module B,(X), et on appelle
groupe d'homologie pour la dimension n de X le quotient

Les complexes de cochaînes; on suppose X, = O pour n < O, et d de degré +


I.
O n écrit alors généralement X" au lieu de X,, on parle de cochaînes, de cocy-
cles et de cobords de degré n au lieu de chaînes, de cycles et de bords de dimen-
sion n ; en posant

on définit les groupes de cohornologie de X, à savoir

h a n t donné un compIexe quelconque X = (Xn)nEz,


on définit bien entendu
comme dans le cas des complexes de chaînes les modules Zn(X), B,(X) et
Hn(X). O n pose souvent H* (X) = (Hn(X)),Ex.
Étant donnés deux complexes X et Y de A-modules à gauche, dont les diffé-
rentielles d sont de même degré, on appelle homomorphisme de X dans Y tout
homomorphisme de A-modules gradués compatible avec les opérateurs d de X
et Y; ces homomorphismes s'additionnent et se composent de façon évidente,
de sorte que les complexes de A-modules à gauche, pour lesquels la différen-
tielle d est de degré r donné, forment une catégorie abdienne comme on le voit
aussitôt; et sur cette catégorie, les applications X -+H,(X) sont des fonc-
teurs covariants additifs, à valeurs dans la catégorie des A-modules à gauche.
Si X et Y sont des complexes de chaînes (resp. de cochaînes), les homomor-
phismes H, ( X ) -t H, (Y) (resp. H"(X) +Hn(Y))attachés à un homomorphisme
f : X -+ Y se notent souvent f, (resp. f *) a u lieu de H,( f ) (resp. Hn(f )).
Soit

une suite exacte de complexes, dont les différentielles sont de degré r ; on


définit alors, par une construction similaire à celle d u no 2 . I , des homomor-
phismes
b : H, (X") + H, + ,(X1),

de telle sorte que l'on ait r suites exactes

En particulier, s'il s'agit d'une suite exacte de comj!dexe.s de chafnes on trouve la


suite exacte d'homologie que voici :
-..- --

-
-
-

-
l
l e . . + Hn(X1)-+ H,,(X) + H,(X") + Hn-,(Xf) -+ . . a I
.-
I
1
I--______
+- HI(Xr') Ho(X1) +- Ho(X) + H0(XM)
-- -
O l
si au contraire il s'agit de complexes de cochatnes, on trouve une suite exacte de
cohomologie

1
l
O
HO(X') + - -~ - - -

Ho(X) +- Ho(X") +- H' (X')


-

.- .
.-

. . . -+ Hn(X1) -+ Hn(X) + Hn(X") + Hn '(XI) -+ . . .


~-

+
-
Soient X un complexe de A-modules à gauche et L un A-module à droite;:on
peut alors munir le groupe gradué L 63 X d'une structure de complexe à
A
l'aide des homomorphismes

on a de façon évidente des homomorphismes canoniques


L @
A K ( X ) +H,(L 63
A X).

De même, si L est un A-module à gauche, on obtient, en transposant d, une


différentielle sur le groupe gradué Hom,(X, L), laquelleest de degré - r si d
est de degré r.
En particulier soit X un complexe de chaînes sur l'anneau des entiers; étant
donné un groupe abélien L, on désignera souvent les groupes d'homologie du
complexe de chaînes X C3 L par H n ( X ; L), et les groupes de cohomologie du
complexe de cochaînes Hom(X, L) par H n ( X ;L).

2 . 3. - Complexes augmentés ; résolutions


Soit X un complexe de chaînes (resp. de cochaînes) sur l'anneau de base A;
X tout homomorphisme de A-modules
on appelle augmentation de

E : Xo -+ A (resp. E : A -t XO)
tel que l'on ait E . d = O (resp. = O); un complexe augmenté est un complexe
muni d'une augmentation.
II est clair que, étant donné un complexe de chaînes (resp. de cochaînes)
augmenté X, on a un homomorphisme canonique
H,(X) + A (resp. A + H O ( X ) ) .
O n dit que X est acyclique si cet homomorphisme est bijectif et si de plus on a
H n ( X ) = O (resp. Hn(X) = O) pour n >, I ; cela signifie que la suite
-
(resp.
d
O t A t XO XI- ...)
est exacte.
Si X est un complexe de chaînes augmenté, on peut définir un nouveau
complexe 2 comme suit:

pour n ),O
pour n =-I >
pour n< - I

la différentielle de 2 coïncidant avec celle de X en dimension n > r et avec


l'augmentation E en dimension O ; dire que X est acyclique signifie que tous
A

les groupes dérivés de X sont nuls. On a un résultat analogue pour les complexes
de cochaînes augmentés.
Notons enfin la notion d'homomorphisme pour des complexes augmentés : c'est
un homomorphisme de complexes, compatible avec les augmentations données.
La notion de complexe augmenté acyclique se généralise comme suit. Soit L
un A-module à gauche; on appelle résolution homologique de L toute suite exacte
de A-modules à gauche, de la forme

la différentielle qui résulte des homomorphismes X, -


le module gradué X = (X,).EZ cst alors un complcxc de chaînes si on le munit de
X,-i donnés (on prend
donc d = O en dimension O), et ses groupes d'homologie sont donnés par

H, (X) = O pour n ), r ; Ho(X) = L.

De même, on appelle résolution cohomologique de L toute suite exacte

dans ce cas, X = (Xn)neZ


est un complexe de cochaînes, et l'on a

H"(X) = O pour n ), I ; HO(X)= L.

Un complexe de chaînes (resp. de cochaînes) augmenté et acyclique est donc


une résolution homologique (resp. cohomologique) du A-module A.
Pour construire une résolution homologique d'un module L, on écrit,

on définit lyhomomorphisme Xo -+ L de façon évidente, et l'homomor-


phisme X, -t X,-, en composant la surjection X, + Rn-, avec l'injection
Rn-,+-X,-,. Une méthode analogue s'applique à la construction des résolu-
tions cohomologiques de L.
Soient L et M des A-modules, et considérons des résolutions homologiques
de L e t M :
... + X l + X 0 + L + O
... + Y , + Y. + M + O ;

soit un homomorphisme f : L -t M ; on dit alors qu'un homomorphisme de


complexes g : X -t Y est compatible avec f si le diagramme

est commutatif. Bien entendu, X, Y et f étant donnés, il n'est pas toujours pos-
sible de trouver un homomorphisme g : X -+ Y compatible avec f.
O n a une notion analogue relativement aux résolutions cohomologiques.

2. 4. - Opérateurs d'homotopie
Soient X et Y deux A-modules différentiels, et des homomorphismes

on dit quef o et fi sont homotopes s'il existe une application A-linéaire h : X -+ Y


telle que l'on ait
f,- fo = hod + doh.
Si dx = O on a alors f , ( x ) -f o ( x ) = d ( h ( x ) ) ; par conséquent, les homomor-
phismes H ( X ) +- H ( Y ) d$înis par fo et f i sont identiques.
Noter que la relation «f o et f , sont homotopes >> est une relation d'équivalence,
comme on le voit aussitôt.
On dit que dcux A-modules différentiels X et Y sont homotopiquement équiva-
lents s'il existe des homomorphismes f : X + Y et g: Y +- X tels que f o g et g o f
soient homotopes à l'identité; les modules dérivés de X et Y sont alors iso-
morphes. En particulier on dit qu'un A-module différentiel X est homotope
à zéro (ou homotopiquement trivial) si les endomorphismes I et O de X sont homo-
topes; évidemment on a alors H ( X ) = O - la réciproque n'étant pas exacte.
O n a du reste le résultat suivant :
Théorème 2.4. I . - S'oit X un A-module dzférentiel à gauche; pour que X soit homo-
topiquement trivial il faut et il sufit que l'une des deux conditions équivalentes suivantes
soient uer$ée :
(a) : H ( X ) = O et Z(X) est facteur direct de X ;
(b) : pour tout A-module à gauche L, le groupe dlférentiel

Hom,(X,
est acyclique.
Supposons X homotopiquement trivial; il est clair que H ( X ) = O, et que
Hom(X, L) esthomotopiquement trivial, donc acyclique; or, pouru E Hom(X,L),

d'un v e Hom(X, L) tel que u -


la relation du = O signifie que u est nul sur B(X) = Z(X), et l'existence
dv, i.e. tel que u = vod, signifie que l'ho-
momorphisme v : Z(X) + L défini (sans ambiguïté si du = 0) par v(dx) = u ( ~ )

attachant à tout v : Z(X) 4 L l'homomorphisme u -


peut se prolonger à X. Si donc X est homotopiquement trivial, on voit - en
vod : X +- L-que
tout homomorphisme Z(X) +- L se prolonge à X ; cela montre que Z(X) est
facteur direct de X.
Réciproquement, supposons (a) vérifié et soit M c X un supplémentaire
de Z(X) dans X ; tout x e~ X s'écrit sous la forme x = m +
dy et même sous la
forme x = m +dm', avec m, ml e~ M univoquement déterminés par x ;
posant m' = h(x) il est clair que I = hod doh. +
De même, si (b) est vérifié, le raisonnement utilisé dans la partie directe de la
démonstration montre que tout homomorphisme X 4 L nul sur B(X) est de
la forme vod avec un v : X A L, donc, en particulier, est nul sur Z(X) - ce
qui implique B(X) = Z(X) ; de plus on voit comme ci-dessus que tout homo-
morphisme Z(X) -+ L peut se prolonger à X, ce qui exige que Z ( X ) soit
facteur direct de X ; d'où le Théorème.
Soient maintenant X et Y deux complexes de A-modules à gauche, dont les
différentielles sont de degré r ; deux homomorphismes fo, f,: X +- Y sont dits
homotopes s'il existe un homomorphisme de modules gradués h : X + Y, de
degré - r, tel que
fi-fo= hod doh. +
Il est clair qu'alors les homomorphismes H,(X) -+ H,(Y) définis par f, et f,
sont égaux.
11 est clair que le Théorème 2.4. I s'étend, moyennant des modifications tri-
viales, aux complexes de A-modules.

2. 5. - Le théorème des modèles acycliques

Dans ce no nous appellerons complexe tout complexe de A-modules à gauche


dont la différentielle d est de degré - I . Un complexe X sera dit acyclique en
dimension n si H,(X) = O, et acyclique s'il est acyclique en toute dimension. Les
complexes forment évidemment une catégorie abélienne.
Soit ,R une catégorie quelconque; nous aurons à considérer des foncteurs
covariants définis sur JS et à valeurs dans la catégorie des complexes. Un tel
foncteur F s'identifie à une suite (F,) de foncteurs covariants à valeurs dans la
catégorie des A-modules à gauche, suite munie d'homorn~r~hismes de fonc-
,
teurs dn : F, + Fn-, tels que l'on ait d,- o d , = O pour tout n.
Supposons donné une fois pour toutes un ensemble 93 d'objets de R ; nous
dirons que le couple (R, 9)est une catégorie avec modèles, et que les X E % sont
les objets modèles de cette catégorie.
Un foncteur covariant F défini sur R et à valeurs dans Qa catégorie des
complexes sera dit acyclique en dimension n si le complexe F(X) est acyclique en
dimension n pour tout modèle X E 9X.
D'autre part, un foncteur covariant G défini sur Iff et à valeurs dans la caté-
gorie des A-modules à gauche sera dit représentable (1) lorsque la condition sui-
vante est réalisée : pour chaque M E 9il il existe un ensemble B, c G(M) tel que,
pour chaque X c R, le A-module G(X) admette pour base la famille des éléments

où m décrit les divers ensembles B, et où, pour m c B,, u décrit l'ensemble Hom(M, X) .
Cela signifie donc que tout x E G(X) s'écrit d'une façon et d'une seule sous la
forme
x = Ai. G ( ~ i ) m i

avec des mi E BMi,des ui E Hom(Mi, X ) , et des h i c A.


Si G est représentable on a donc pour chaque X c J? une ;base canonique-
ment définie de G(X),et tout homomorphisme X + Y applique la base de
G ( X ) dans celle de G ( Y ) .

Théorème 2.5.1. - Soient (R, 9X) une catkorie avec moddes, et F, G deux fonc-
teurs covariants déJinis sur R et à ualeurs dnm la catégorie des complexes. Supposons le
foncteur F, représentable, et le foncteur G acyclique en dimension q, où p et q sont des
entiers donnés. Alors pour tout homomorphisme T : F, + G, uér$ant d o T = O il
existe zcn homomor-hisme T' : F, + G,,l tel que T = d g T f .
Pour définir l'hornomorphisme

il suffit de le faire sur une base du A-module F,(X). Par hypothèse il existe
pour tout M E 5Sn un ensemble 3, c F,(M) tel que Fp(X) admette pour base
la famille des F,(u)m ( m E B,, M E 93, u E Hom(M, X ) ) ; il suffit donc d e
définir T 1 ( X ) sur les éléments de ce type, et on pourra d'ailleurs choisir arbi-
trairement les valeurs de T i ( X ) sur ces éléments; mais comme T' doit être

(') La définition qui suit est un peu moins générale que celle que l'on doit à S. Eilen-
berg et S. MacLane; elle suffira cependant pour toutes les applications que nous avons
en vue.
naturel on aura nécessairement

T 1 ( X ) F , ( u ) m = G,, , ( u ) T 1 ( M ) m ;
en conséquence il suffit de construire les éléments T f ( M ) mc G,, ,(M)
Ceux-ci sont d u reste assujettis à la seule condition de vérifier

reste à montrer qu'on peut effectivement trouver dans G,,,(M) un élément


qui la vérifie : mais c'est évident puisque par hypothèse on a

d ( T ( M ) m ) = O, H , ( G ( M ) ) = 0.
D'où le Théorème.
Le Théorème précédent a d'importantes conséquences, dont voici la princi-
pale.
Considérons sur R deux fonctcurs covariants F et G à valeurs dans la catégorie
des complexes de chaînes sur l'anneau de base A. Pour tout entier n, nous considé-
rerons les foncteurs covariants

si l'on a un homomorphisme T : F -t G on en déduit évidemment des homo-


morphismes T, : H,(F) +- H n ( G ).
Nous dirons d'autre part que deux homomorphismes T,, Tl : F + G sont
homotopes s'il existe pour chaque n un homomorphisme D, : F, + G,,, tel que
+
l'on ait T, - T, = d D, D,-, d en degré n. Il est clair qu'alors les homo-
morphismes dérivés H n ( F ) +- H,(G) définis par T, et Tl sont identiques.
Supposons enfin donné dans R un ensemble 2R de modèles; nous dirons que F
est représentable si chaque foncteur F,(n >
0) est représentable, et que G est
acyclique si l'on a
H,(G(M)) = O pour tout n ), I et tout M E 3.

Théorème 2.5.2. - Soit (R, Ab) une catégorie avec modèles, F et G deux foncteurs
covariants sur 8, à ualeurs dans la catéqorie des complexes de chaînes sur l'anneau A.
Supposons F représentable et G ag~cligue.Alors tout homomorphisme H,(F) -+H,(G)
est induit par un homomorphisme F a G, unique à une homotopie près.
h

Coiîsidérons en effet le foncteur G, à valeurs dans la catégorie des complexes,


et défini comme suit :
pour n >, 0,
pourri=-I,
pour n < - 1 ,
la différentielle de 6 se réduisant à celle de G en dimension n >, I et se rédui-
sant, en dimension O, à l'homomorphisme canonique n, : Go -+ H o ( G ) . Il
est clair que Ie foncteur 6 est acyclique en toute dimension.
Cela étant, donnons-nous un homomorphisme

et composons-le avec l'homomorphisme canonique n, : Fo -+ Ho(F); on


obtient une transformation naturelle

évidemment annulée par d ; comme F, est représentable et G acyclique il


existe donc un homomorphisme

tel que

Cela fait, considérons

cet homomorphisme est annulé par d ; d'après le même raisonnement il existe


donc un homomorphisme T, : F, +-G, tel que l'on ait

il est clair qu'en poursuivant indéfiniment la construction on parvient à un


homomorphisme F -t G qui induit U.
Reste à prouver que si un homomorphisme T : F + G induit O sur l'homologie
de dimension O , il est homotope à O. O r comme on a d o T o = O le Théorème
précédent prouve l'existence d'un homomorphisme D, : Fo + G, tel que
T, = doD,; on a alors d o (Tl - Do o d ) = O , d'où D , : F, -t G, tel que
Tl - D o d = do Di, et ainsi de suite indéfiniment.

Corollaire. - Soient (R, 93) une cat4qorie auec modèles, et F, G deuxfoncteurs


covariants sur E, à valeurs dans la catégorie des complexes de chaînes sur l'anneau de
base A. Supposons F et G représentables et acycliques, et les foncteurs H,(F) et H,(G)
isomorphes. Alors F et G sont homotopiquernent équivalents.
En particulier, pour tout X E R, les complexes F(X) et G(X) ont même homo-
logie en toute dimension.
On laisse au lecteur le soin d'expliciter les résultats précédents dans le cas où la
catégorie R contient un seul objet.
2. 6. - Complexes doubles
O n appelle complexe double sur l'anneau de base A tout A-module bigradu6
X = (X,,),, q E z muni de la structure définie par la donnée d'homomorphismes

vérifiant les relations

O n déduit alors de là un complexe (simple) comme suit : sa composante de


degré n est donnée par

et sa différentielle
d : X n + X,,,
est donnée par d = d' f d". Les modules dérivés de ce complexe se notent
Hn (X).
O n peut encore déduire de X deux autres complexes. Le premier, noté ' X , a
pour composantes homogènes les modules

'X. = Y xn,,

et est muni de la différentielle d'; o n note ses modules dérivés 'Hn(X). Le


second, noté " X , a pour composantes homogènes les modules
1
r l X ,= ) x,.
et est muni de la différentielle d"; on note "H,(X) ses modules dtrivts.
O n remarquera que chaque module 'H,(X) admet une décomposition en
somme directe

où bien entendu 'Hp(''X,) est le module dérivé pour la dimensionp du complexe


obtenu en munissant le module gradué ( X p q ) p Ede Z la différentielle d'. De $us
la différentielle d", cornmutant à d' a u signe prks, induit des homomorphismes
qui permettent donc de former un complexe à l'aide des 'HP("X,) (fi fixé,
q variable) ; le module dérivé pour la dimension q de ce complexe se note

O n définirait de façon analogue des modules

'H,("H,(X)).
O n appelle double complexe de chaînes un double complexe X pour lequel on a
r = - I et X,, = O lorsque p < O ou q < O. O n appelle double complexe de
cochaînes un double complexe X pour lequel r = +
I , et X,, = O si p < O
ou q < O; on écrit alors X P h u lieu de X,,, etc ...
O n notera que la notion de compIexe double a ;un sens dans toute caté-
gorie abélienne; mais on ne peut en général définir les termes H,(X), à moins
d'admettre qu'on peut, dans la catégorie considérée, former des sommes
directes infinies, ou à moins de se limiter aux doubles complexes pour lesquels
les sommes

sont finies (cas, par exemple, des doubles complexes de chaînes ou de cochaînes)

2. 7. - Produit tensoriel deddeux complexes


Sur l'anneau de base A, considérons un complexe X de A-modules à droite
et un complexe Y de A-modules à gauche, dont on supposera les différen-
tielles de degré - r , Formons le groupe bigradué

on peut le munir de deux différentielles en posant

Il est immédiat de vérifier que X @ Y se trouve alors muni d'une structure de


double complexe, dont la différentielle totale est donnée par

(1) d ( a @ b) = d a @ b + (- 1)P.a @ db pour a de degré p.


Si X et Y sont des complexes de chaînes, X @ Y est un double complexe de
chaînes.
O n a des homomorphismes canoniques
définis comme suit ; prenons des classes E E 1-Ip(X) et -q E Hq(Y), et repré-
sentons-les par des cycles a tz X, et b E Y,; en vertu de (1), a 8 b est un
+
cycle de degré p q, donc définit un élément de H,,,,(X 8 Y); celui-ci est
indépendant des choix de a et b, car tout autre choix possible de représen-
tants de 5 et -q est de la forme a +
da', b +
db' ; or on a, puisque da = db = o :

(a + da') 8 (b + db') = a 8 b + d(n' 8 b + a' 8 dbr + (- 1)pa 8 b')


si a est de degrép, d'où notre assertion. Ceci dit, l'homomorphisme (2) est
défini par la condition d'appliquer 5 8 q sur la classe du cycle a 8 b.
On déduit de (2) des homomorphismes canoniques

si l'on munit le produit tensoriel H, (X) 8 H, (Y) de sa graduation totale, on


voit donc qu'on a un homomorphisme de groupes gradués
H,(X) 8 H, (Y) -+ H, ( X 8 Y).
Cet homomorphisme n'est généralement pas bijectif; nous l'étudierons de
façon beaucoup plus détaillée au § 5 .
Cependant, si X et Y sont homotopiquement triviaux, il en est de même de X 8 Y
(muni de sa graduation et de sa différentielle « totales ») : la démonstration
est immédiate. Dans ce cas, les homomorphismes (3). sont évidemment bijec-
...
tifs

2. 8. Complexes d'homomorphismes

Soient X et Y deux complexes de A-modules à gauche; on supposera la diffé-


rentielle de X de degré - 1, et celle de Y de degré +
I . Par définition, nous
poserons
Hom,(X, Y) = (Hom,(X,, Yq))p, qE z-

Il est clair que Hom(X, Y) est un groupe bigradué; nous allons le munir de
deux différentielles d' et du, de façon à en faire un double complexe. Étant
donné un homomorphisme u : X, -+ Y9 nous poserons

II est immédiat de voir que d' et d" sont de bidegrés (1,0) et (O,I) et que
d'd" + dUd'= 0.
On remarquera que pour x tz X et u : X, -t Yq on a
d (u (x)) = (du) ( x ) + (- I)P+ q. u (dx)
(en convenant bien entendu de prendre u =O sur X, pour r + p) ; comme u
est de degré total p+ q dans le double complexe Hom(X, Y), cette formule
exprime que l'application canonique

donnée par u 8 x + u ( x ), est un homomorphisme de complexes, étant entendu


qu'on munit Hon1(X, Y) de sa graduation et de sa différentielle totales. C'est
ce qui justifie les formules introduites plus haut.
Montrons maintenant que l'on a des homomorphismes canoniques

Pour cela prenons une classe de cohomologie de degré p +


q de Hom(X, Y) et
représentons-la par un cocycle u de degré total p +q ; désignant par
u'" X, -t P la composante de bidegré (r, s) de u, on aura, puisque du = 0,
la relation

puisque l'on a d'une façon générale

il vient, en prenant les composantes bihoniogèrics du premier membre de la


relation du = O, les relations suivantes :

il s'ensuit que U P , Q applique Z,(X) dans Zq(Y) et Bp(X) dans Bq(Y), donc
définit par passage au quotient un homomorphisme H,(X) 4 Hq(Y) ; de plus,
on vérifie facilement que celui-ci ne dépend que de la classe de cohomologie
du complexe Horn(X, Y) représentée par u - d'où les homomorphismes cher-
chés.
Bien entendu, on déduit de là des homomorpl~ismescanoniques

Hn(Hom(X, Y)) + \7 Hom(Hp(X), Hy(Y)).

Comme dans le cas des produits tensoriels, ces homomorphismes ne sont géné-
ralement pas bijectiii.
3. C O M P L E X E S SIMPLICIAUX

Le but de ce 4 est d'étudier une catégorie de complexes qui se rencotitre daris


la théorie classique des << complexes simpliciaux (homologie des espaces
triangulés), dans la théorie de l'homologie singulière, et dans celle de la coho-
mologie à valeurs dans u11 faisceau. Toutes les <( opérations simpliciales » de la
Topologie algébrique classique ont un sens dans cette catégorie, et tous les
résultats qui peuvent s'exprimer simplicialement » s'étendent donc de façon
automatique aux complexes que nous allons examiner, par exemple la théorie
des <( cup-produits ».

3.1. - Définitions

fitant donné un entier n > 0, nous désignerons toujours dans cet ouvrage
par A, l'ensemble 1 O , I , . . ., n des entiers rationnels compris entre O et n.
Étant donnés des entiers p, q > O, on notera Gpql'ensemble des applications
de A, dans A,; on a évidemment des lois de composition
GPq x Gqf -+ Gpr,
de sorte que l'on peut considérer l'ensemble constitué par les objets A,, A,, . ..
comme une catégorie (mais nous n'adopterons pas ce point de vue, par trop
pédant. ..) .
Soit A un anneau de base; nous appellerons complexe de chaînes sim$licial sur A
tout A-module gradué X, = (Xn),,>,muni de la structure suivante: quels
que soient p, q et f E G,,, on se donne un homomorphisme
f:xq+xpy
et ce de telle sorte que les conditions suivantes soient vérifiées : sif est l'identité,
GODEMENT 4
-
il en esl de même d e f , et si f = goh on a f = hog. O n laisse au lecteur le soin
d'interpréter cette définition dans le langage des foncteurs. Nous dirons sou-
-
vent que les homomorphismes de la forme f sont les opérateurs de face de X,.
O n appelle de même complexe de cochaînes simplicial sur A tout A-module gra-
dué X* = ( 2 ) pour lequel on a défini, quels que soient p, q et f E G,,, un
homomorphisme f: XP + Xq, avec des conditions de compatibilité similaires à
celles que nous avons énoncées ci-dessus.
Si X, est un compIexe de chaînes simplicial sur A, formé de A-modules à
gauche, alors pour tout A-module à gauche L le groupe gradué Hom(X,, L)
est muni de façon évidente d'une structure de complexe de cochaînes simpli-
cial; et pour tout A-module à droite L, le groupe gradué L @ X, est un
A
complexe de chaînes simplicial.
On définit de façori évidente la notion d'homomorfihisrne de complexes de chaînes
(resp. de cochaînes) simpliciaux : un tel homomorphisme est une application
homogène, de degré 0, compatible avec les opérateurs de face des complexes
considérés. O n voit alors que les complexes de chaînes (resp. de cochaînes)
simpliciaux sur un anneau de base donné A constituent une catégorie abélienne.
O n appelle complexe de chaines simplicial basique sur A tout complexe de chaînes
simplicial X, sur A muni de la structure supplémentaire que voici : pour
chaque n on se donne une bme du A-module X,, dont les éléments sont appelés
les simplexes de dimension n de X,, et en outre on suppose que les a faces » d'un
simplexe de X, sont toujours des simplexes de X,. Pour un tel complexe on a
une augmentation canonique X, i .A, à savoir celle qui prend la valeur I sur
chaque simplexe de dimension O de X,.
Dans les définitions précédentes, on peut remplacer, quels que soient p et q,
I'ensemble G,, par le sous-ensemble G,Q formé des applications croissantes (au
sens large) de A, dans A,; on parvient alors à la notion de complexe de chaînes
(resp. de cochaînes) semi-sz'mplicial ( l ) .
On notera d'autre part que les définitions que nous avons présentées dans ce
numéro s'étendent au cas où l'on remplace la catégorie des groupes abéliens par
une catégorie abélienne quelconque ,R; par exemple un complexe de chaînes
(resp. de cochaînes) semi-simplicial dans R est un foncteur contravariant
(resp. covariant) A + -+R, en notant A + la catégorie suivante: les objets de A +
sont les ensembles A,(n = O,I, ...) et les homomorphismes A, -+ A, sont les
applications croissantes de A, dans A,. 11 est même superflu de supposer
, abélienne; par exemple, si R est la catégorie des ensembles, les foncteurs
R

(1) A l'intention du lecteur non informé, il peut être utile de préciser que les complexes
semi-simpliciaux jouent actuellement en Topologie un rôle beaucoup plus important
que les complexes simpliciaux, bien que ce fait ne résulte pas des exemples donnés
dans ce 9. On en verra une illustration au Chapitre II, tj 6.
COMPLEXES SIMPLICIAUX 37

contravariants A + -+ J? ne sont autres que les « complexes semi-simpliciaux >>


de Eilenberg et Zilber.
Nous allons maintenant donner quelques exemples importants de complexes
de chaînes ou de cochaines simpliciaux.

3. 2. - Chaînes d'un schéma simplicial

O n appelle schéma simplicial (la terminologie classique est complexe simplicial,


mais nous avons de « sérieuses raisons » de nous en écarter) tout ensemble K
muni de la structure définie par la donnée d'un ensemble de parties jnies et
non vides de K, appelées les simplexes de K, et ce de telle sorte que toutepartiejnie
et non vide d'un simplexe de K soit encore un simplexe de K .
Soit par exemple SXI1 = (Mi)iEI un recouvrement d'un ensemble quelconque X;
disons qu'une partie finie et non vide S de 1 est un simplexe si l'ensemble

est non vide; on obtient alors sur l'ensemble d'indices 1 une structure de schéma
simplicial, et 1, muni de cette structure, prend le nom de nerf du recouvre-
ment %.
Un autre exemple - d'ailleurs trivial - s'obtient en posant K = A, et en
convenant que toute partie non vide de A, est un simplexe; on obtient ainsi le
schéma simplicial type de dimension n.
Soient K et L deux schémas simpliciaux; on dit que L est un sous-schéma simpli-
cial de K si L c K et si tout simplexe de L est un simplexe de K . Par exemple,
la réunion "K des simplexes de K de dimension ,< n (i.e. comportant au plus
n + I éléments) est un sous-schéma simplicial de K , en convenant que les
simplexes de lrK sont les simplexes de dimension ,< n de K ; on obtient ainsi le
squelette de dimension n de K .
On appelle homomorphisme (ou application simpliciale) d'un schéma simplicial K
dans un schéma simplicial L toute application K -t L qui transforme tout
simplexe de K en un simplexe de L. Cette définition permet évidemment de
parler de la catégorie des schémas simpliciaux.
Soit K un schéma simplicial. Nous appellerons simplexe singulier (l) de dimension n
de K toute application sim~liciale

( l ) Nous adoptons cette terminologie non orthodoxe d'une part pour éviter la confusion
avec la notion de simplexe (un simplexe est simplement une partie de K), d'autre part
pour marquer l'analogie de la notion coasidérke avec celle de siniplexe singulier d'un
espace topologique, définie au no 3.4.
ou, ce qui revient au même, toute suite s = (x,, . . ., x,) de points de K appar-
tenant à un même simplexe de K. Étant donnés un simplexe singulier s de
dimension q de K, et une application f : A, + A,, nous désignerons par f (s)
le simplexe singulier so f : hp -t K de dimension p de K.
Désignons alors par C,(K) le groupe abélien libre ayant pour base l'ensemble
des simplexes singuliers de dimension n de K ; toute application f : A, -t A,,
définit, d'après ce qui précède, un homomorphisme J' : C,(K) +- C,(K) qui,
évidemment, est une fonction « multiplicative » de f . Si donc on désigne
par C,(K) le groupe abélien gradué constitué par la suite des Cn(K), nous
obtenons sur C,(K) une structure de complexe de chaînes simflicial basique sur
l'anneau des entiers rationnels.
Étant donné un groupe abélien A, on pose plus généralement

et on désigne par C, ( K ; A) le groupe gradué formé par les Cn(K;A) ; les d é -


ments de Cn(K; A), i.e. les combinaisons linéaires formelles, à coefficients
dans A, de simplexes singuliers de dimension n de K, sont appelés les chahes
singulières de dimension n de K à coejicients dans A; on peut encore les définir
comme étant les combinaisons linéaires formelles, à coefficients dans A, de sim-
plexes singuliers de dimension n de K.
De même, on définit

Cn(K; A) = Hom(C,(K), A),


C*(K; A) = Hom(C,(K), A) == (Cn(K; A))il&o;

les éléments de C"(K; A) sont les cochafnes singulières de degré n de K à ualeurs


dans A; on peut encore les définir comme étant les fonctions à valeurs dans A
définies sur l'ensemble des simplexes singuliers de dimension n de K.
Il est clair que C, (K; A) et C* ( K ; A) sont canoniquement munis de structures
simpliciales au sens du numéro précédent.
Si l'on a une application simpliciale K -t L, on définit de façon évidente des
homomorphismes de complexes simpliciaux

On peut donc considérer K -+ C, (K; A) (resp. K -+ C* (K; A)) comme un


foncteur covariant (resp. contravariant) défini sur la catégorie des schémas
simpliciaux, et à valeurs dans celle des complexes de chaînes (resp. de cochaînes)
simpliciaux.
Soient K un schéma simplicial et L un sous-schéma de K ; évidemment C,(L)
s'identifie à un sous complexe simplicial de C, (K), ce qui permet de former le
COMPLEXES SIMPLICIAUX

quotient

lequel est encore un complexe de chaînes simplicial; plus généralement, on


définit pour tout groupe abélien A les complexes simpliciaux

C,(K mod L; A) = C,(K mod L) @ A


C*(K mod L; A) = Hom(C, (K mod L) ; A) ;

on a immédiatement des suites exactes

O - t C , ( L ; A ) - t C , ( K ; A ) - + C , ( K m o d L ; A ) -+O
O 3 C*(K mod 1,; A) -+C*(K; A) -+ C*(L; A) -+ O.

Nous avons vu, dans ce qui précède, des exemples de complexes de chaînes
simpliciaux; nous allons maintenant donner, dans le cadre de la théorie des
schémas simpliciaux, des exemples de complexes de chaînes semi-simpli-
ciaux.
Nous appellerons schéma simplicial ordonné tout schéma simplicial K muni d'une
relation d'ordre telle que tout simplexe de K soit totalement ordonné; on définit
alors les simplexes singuliers croissants de K comme étant les simplexes singuliers
croissants de K, étant entendu naturellement que l'on munit les schémas
type A, de leur structure ordonnée évidente. En considérant les combinai-
sons linéaires à coefficients entiers de simplexes singuliers ordonnés de K, on
trouve de façon évidente un complexe de chaînes semi-simplicial Cz(K) ; on a
une inclusion

compatible avec les structures semi-simpliciales des groupes gradués considérés.


Pour tout groupe abélien A, on définit alors de façon évidente un complexe
de chaînes semi-simplicial C,f(K; A), et un complexe de cochaînes semi-sim-
plicial C*,(K ; A).
Indiquons pour terminer que l'on peut attacher canoniquement un espace
topologique P(K) à tout schéma simplicial K yde la façon suivante. Considérons
toutes les applications f de K dans l'ensemble des nombres réels qui satisfont
aux conditions suivantes :
(a) : les x E K tels que f ( x ) f O forment un simplexe ( f( de K;
>
( b ) : on a f ( x ) O pour tout x E K ;

L'espace P(K) cherché n'est autre que l'ensemble de toutes ces applications,
muni d'une topologie que nous allons définir. Tout d'abord, pour tout sim-
plexe S de K, notons P(S) l'ensemble des f E P(K) telles que 1f 1 c S ; si S se
réduit à un sommet x de K il est clair que P(S) se réduit à un point P(x)
de P(K) ; dans le cas d'un simplexe S quelconque, P(S) est évidemment l'en-
veloppe convexe (dans l'espace vectoriel de toutes les applications K + R) de
l'ensemble des points P(x), x E S, et comme ceux-ci sont évidemment linéaire-
ment indépendants on voit que, si S est de dimension n, P(S) s'identifie - une
fois les sommets de S écrits dans un ordre déterminé - à l'ensemble J, des
points (t,, . . ., t.) de R n +l vkrifiant t y
> 0, A =I
.i («simplexe géométrique
type de dimension n f i ; cf. no 3.4). Cela dit nous munirons P(S) de la topologie
de J,, ce qui fait de P(S) un espace compact, et on dira qu'une partie U
de P(K) est ouverte si U n P(S) est ouvert dans P(S) pour tout simplexe S de
K. Étant donné que, pour deux simplexes S', Sr' de K, on a évidemment
P(Sf)n P(S") = P(S1n S"), et que P(Sr) et P(S") induisent sur P(Sf n S")
la topologie définie directement sur ce dernier ensemble, on voit que les topo-
logies définies sur les P(S) sont induites par celle de P(K), et que les P(S) sont
des parties compactes de P(K), qui bien entendu recouvrent P(K). On dit que
P(K) est le polyèdre attaché à K.
On pourrait encore définir comme suit la topologie de P(K) : chaque X E K
définit une application P(K) -t R, à savoir f -+f (x); cela dit, la topologie
de P(K) est la moins fine qui rende toutes ces applications continues.
Il est clair que l'application K -+ P(K) est un foncteur couariant défini sur la
catégorie des schémas simpliciaux et à valeurs dans celle des espaces topoIo-
e
giques : si l'on a une application simpliciale K L, l'application continue
-+

P(K) -+ P(L) qui lui correspond est définie par les conditions suivantes : elle
transforme le «sommet >> P(x) de P(K) en le sommet P(B(x)) de P(L), et, pour
tout simplexe S de K, sa restriction au simplexe géométrique P(S) est linéaire-
a@ne.
Soient K un schéma simplicial et P(K) le polyèdre associé; nous allons définir
canoniquement un recouvrement ouvert (Uz),EKde P(K) ayant pour nerf le
schéma simplicial donné K. Pour cela, nous définirons U, comme l'ensemble
des f E P(K) telles que f (x) # O. Étant donnés des éléments x,, . . ., x, de K ,
l'ensemble U,, n ... n UZnest non vide si et seulement s'il existe f E P(K)
telle que 1f 1 contienne x,, . . ., x,, i.e. si et seulement si x,, . . ., x, appar-
tiennent à un même simplexe de K : le nerf du recouvrement considéré est
donc bien K. Que les U, soient ouverts résulte naturellement de la continuité
de l'application f +J'(x). On dit que U, est l'étoile du sommet x de P(K). Plus
généralement, on appelle étoile d'un simplexe S de K l'ensemble Us = n
Ur;
xes
c'est donc l'ensemble des f E P(K) telles que l'on ait f (x) > O pour tout x E S.
On notera que si l'on forme le barycentre g, du simplexe géométrique P(S),
COMPLEXES SIMPLICIAUX 3I

alors pour tout f E US le segment fermé d'extrémités J' et g, est contenu tout
entier dans Us.
Remarquons encore que le recouvrement (Uz)xEçde P(K) est ponctuellement
jini : pour tout f E P(K), il n'y a qu'un nombre fini d'indices x tels que f c U,.
Il est facile de voir comment l'on peut construire toutes les applications
continues d'un espace topologique donné E dans P(K). Soit p une telle appli-
cation et posons Mx = p-l(UX) ; on obtient ainsi un recouvrement ouvert ponc-
tuellement fini (Mx)xEK= de E, dont le nerf est évidemment un sous-
schéma simplicial de K ; de plus, pour tout X E K y considérons la fonction
u, : f --+ f (x), définie sur P(K), et la fonction composée p, = uZop; on obtient
ainsi une famille (pz)xEK d'applications continues E-+ R qui possède évidem-
ment les propriétés suivantes : p, est toujours ), 0, est nulle en dehors de M,,
et la somme des fonctions pz est partout égale à I sur E.
Réciproquement, partons d'un recouvrement ouvert ponctuellement fini
de E dont le nerf soit le schéma simplicial K lui-même ( l ) , et d'une
partition de l'unité subordonnée au recouurement i.e. d'une famille de fonc-
tions continues p, sur E, vérifiant les conditions précédentes. Pour tout t c E il
est immédiat de vérifier que la fonction ft : x -+ ?,(t) définit un élément de
P(X); d'où une application y : t -+ft de E dans P(K). Celle-ci est continue
puisque les fonctions u,oy = y, sont continues sur E.
La construction que nous venons de définir nécessite le choix d'une partition
de l'unité subordonnée au recouvrement donné de E; mais elle n'en dépend
pas d une homotopie près (2) ; il suffit pour le voir d'observer que si l'on a deux
partitions de l'unité E K et (+Z)xEssubordonnées au recouvrement donné,
alors la famille ((1 -A)?, + h+,jXEs, pour O \< h <
I , est encore une parti-
tion de l'unité subordonnée au recouvrement donné. O n peut donc dire que tout
recouurement ouuert ponctuellement jini (MZ)= d'un espace E, de nerf K y d@nit une
classe d'applications continues E --+ P(K) deux à deux homotopes, pourvu que l'on
soit assuré de l'existence d'une partition de l'unité subordonnée au recouvre-
ment donné % de E (ce qui sera le cas si par exemple E est paracompact;
cf. Chapitre II, Théorème 3.6.1).
Lorsqu'il existe un homéomorphisme de E sur P(K) on dit que E admet une
triangulation de schéma K - une telle triangulation étant, par définition, un
homéomorphisme de E sur P(K). Un espace E est dit triangulable s'il admet,
pour un schéma sim~licialK au moins, une triangulation de schéma K.

( l ) Si le nerf est un sous schéma simplicial K' de K, on obtient des applications E + P(K)
en passant par l'intermédiaire d'applications E + P(K1).
(2) La notion d'applications homotopes est définie plus loin. (Exemple 3.7.2).
3.3. - Cochaines a valeurs dans un système de coefficients
Soit X un complexe de chaines simplicial basique; nous désignerons par S,(X)
l'ensemble des simplexes de dimension n de X, et par S(X) la réunion des
ensembles S,(X). A toute application

est donc attachée une application

dépendant « multiplicativement » de$


U n système de coeficients sur X consistera à attacher, à chaque S E S(X),- un
module %(s) sur l'anneau de base donné, et à attacher, à toute application
.f :A,, -+ A, et à tout s E Sq(X),un homomorphisme de restriction

on supposera naturellement que cet homomorphisme de restriction dépend


multiplicativement de f, et est l'identité sif est l'identité.
E n particulier, soit K un schéma simplicial; on appelle système de coeficients
sur K l'objet % constitué par la donnée, pour tout simplexe S de K, d'un
module !$(S), et, pour tout couple de simplexes S, T vérifiant S c T , d'un
homomorphisme #(S) -+ #(T), de telle sorte que les conditions suivantes
soient vérifiées : cet homomorphisme est l'identité si S = T ; si S c T c U,
l'homomorphisme %(S)+-%(U)est composé des homomorphismes %(S)+-#(T)
et #(T) -+(e(U). On déduit alors de là un système de coefficients sur le
complexe de chaînes simplicial basique C,(K) : on associe à chaque simplexe
singulier s : A, -+ K le module %(s)= %(s(A,)), et pour f : A, -t Ap l'homo-
morphisme 9(F(s)) -+Y(s) se définit de façon évidente à partir de la relation
f i s ) (A,) c 4 A P ) .
Par exemple, soient E un espace topologique, 9 un préfaisceau de groupes
abéliens de base E, et !JJl = (Mi)iEI un recouvrement ouvert de E; munis-
sant 1 de la structure de schéma simplicial qui résulte de là nous allons définir
u n système de coefficients sur 1. Pour cela, on attachera à chaque simplexe S
d e 1 le groupe
I ( S ) = P(M,), où M, = r)
~
Mi;
~

iES
e t pour S c T, I'homomorphisme

sera celui qui résulte de la structure de préfaisceau de !$,et de la relation


M, =, MT. Nous étudierons cette situation en détail au Chapitre II, § 5 .
COMPLEXES SIMPLICIAUX 43

Soit 3 un système de coefficients sur un complexe de chaînes simplicial ba-


sique X. Pour tout entier n ),O on posera

on a alors sur le module gradué C* (X; 3) = (Cn(X;3))n30 une structure de


complexe de cochatnes simplicial, obtenue de la façon suivante : soient une cochaîne

et une application

alors la cochaîne de degré q


-

f ( 4 = Ij
sera définie par la formule
-
S(s) = restriction à s de a(f (s))

pour tout s E Sq(X). Il est immédiat de vérifier les axiomes du no 3. I .


En particulier, et désignant par K un schéma simplicial, on peut associer à
tout système de coefficients 3 sur K un complexe de cochaines simplicial
C* (K; 3), à savoir le complexe des cochaînes de C, (K) à valeurs dans le
système de coefficients défini sur C,(K) par 3. Plus particulièrement encore
prenons un espace topologique E, un recouvrement ouvert = (M/)rEr,et
un préfaisceau te de groupes abéliens de base E; en associant à 3, comme on
l'a expliqué plus haut, un système de coefficients sur le nerf 1 de B, on obtient
un complexe de cochaînes simplicial; on le note C* (%Tl; 3).
Soient 3 et ~ î ~deux
b systèmes de coefficients sur un complexe de chaînes sim-
plicial basique X ; par un homomorphisme O : 3 -t ~ î b nous entendrons la
donnée, pour tout s É S (X), d'un homomorphisme de modules e (s) : 3(s) -t ~Zlb(s)
et ce de telle sorte que, quels que soient s E Sq(X) et f : A, -+ A,, on ait le
diagramme commutatif que voici :

En définissant de façon évidente la somme et le composé de deux homomor-


phismes, on voit facilement que les systèmes de coefficients sur X donné
forment une catégorie abélienne, et que, sur cette catégorie, l'application
9 += C*(X; Y) est un foncteur covariant exact à valeurs dans la catégorie des
complexes de cochaînes simpliciaux. On laisse au lecteur le soin de justifier ces
assertions en détail.
En particulier, soit D un recouvrement ouvert d'un espace topologique E ;
alors l'application 9 -+ C* (B; Ce) est un foncteur covariant exact défini sur
la catégorie des préfaisceaux de groupes abéliens de base E, et à valeurs dans
celle des complexes de cochaines simpliciaux sur l'anneau des entiers ration-
nels.

3.4. Chaînes singulières d'un espace topologique (l)

Dans l'espace cartésien Rn+l, nous désignerons par Jn l'ensemble des points
t = (t,,, . . ., tn) tels que l'on ait

c'est un espace compact, qu'on appelle le simplexe géométrique ppe de dimen-


sion n.
Toute application f : A, -+ A, définit canoniquement une application li-
néaire-affine
4: JP + J,'
à savoir celle qui applique le point (t,, . . ., t,) sur le point de J, dont les
coordonnées ti, . . . ,ti sont données par

ti.
j =Ici)

(on prend naturellement tj = O si j n'appartient pas à f (A,)). On pourrait


aussi définirj comme suit : c'est l'application linéaire-affine de J, dans J, qui
applique le i-ème sommet de J sur lef (i)-&mesommet de J,.
Il est évident que la correspondance entre f e t j e s t multiplicative.
Cela dit, soit E un espace topologique. On appelle simplexe singulier de dimen-
sion n de E toute application continue

Soit &(E) l'ensemble de ces simplexes. - A toute application f : A, -t A,,


correspond alors une application f : E,(E) -+ E,(E), à savoir celle qui
transforme s : J, -+E en s of2: J, -+ E. Évidemment les conditions de « transi-
tivité » requises pour former un complexe de chaînes simplicial basique sont
realisées. O n désigne ce complexe par CS,(E), ses éléments sont les chaînes
singulières entières de E; CS,(E) est donc le groupe abélien libre ayant &(E)

(l) Nous n'étudierons dans ce $ que les parties les plus élémentaires de la théorie de
l'homologie singulière; une étude beaucoup plus détaillée, en liaison avec la théorie
deo faisceaux, se trouvera dans le Chapitre III de cet ouvrage.
COMPLEXES SIMPLICIAUX 45

pour base, et les opérateurs structurauxf se déduisent par linéarité de ceux


qu'on a définis plus haut.
Si A est un groupe abélien quelconque, on pose plus généralement

ce qui conduit aux chaînes singulières à coeficient dans A, et on définit


CS*(E; A) = Hom(CS,(E); A),
ce qui conduit aux cochaînes singulières de E à ualaurs d a m A.
A toute application continue O : E -+F est associé un homomorphisme de
complexes simpliciaux basiques CS, (E) -t CS, (F), obtenu en transformant
le simplexe singulier s : 6 , -t E en O 0 s : J, +F. O n en déduit plus générale-
ment des homomorphismes
CS,(E; A) -z CS,(F; A ) ; CS*(F; A) -+ CS*(E; A)
pour tout groupe abélien A.
En particulier prenons un espace E et un sous-espace F de E; alors l'injection
canonique de F dans E identifie CS, (F) à un sous-complexe basique de CS, (E),
ce qui permet de définir
CS,(E mod F) = CS,(E)/CS,(F),

qui est un complexe simplicial (mais non un complexe simplicial basique). Plus
généralement on définit pour tout groupe abélien A les complexes simpliciaux
CS, (E mod F;A) = CS, (E mod F) 60 A
CS* (E mod F; A) = Hom(CS, (E mod F) ; A)
et l'on a des suites exactes

O -+ CS,(F; A) -+ CS, (E; A) -t CS,(E mod F; A) -+0


O + C S * ( E m o d F ; A ) -+CS*(E;A) - + C S * ( F ;A) +O.

Remarque 3.4. I . - Soit K un schéma simplicial; nous allons montrer que


l'on peut identifier canoniquement le complexe simplicial C,(K) à un sous-
complexe simplicial de CS,(P(K)), P(K) désignant le polyèdre attaché à K.
Il suffit d'identifier tout simplexe singulier

de K à un simplexe singulier de l'espace topologique P(K). Or, en tant qu'ap-


plication simpliciale, s induit une application continue P(A,) -+ P ( K ) ;
attendu que P(b,) est canoniquement homéomorphe à l'espace type J,, notre
assertion est évidemment démontrée.
Nous verrons par la suite qu'au point de vue homologique les complexes
C, (K) et CS, (P(K)) sont équivalents.

3. 5. - La differentielle d'un complexe simplicial

Soit X, un complexe de chaînes semi-simplicial. Pour tout entier n ),O et


tout entier i tel que O ,< i ,< n, considérons l'application strictement croissante
F:, : An-% + A,,
qui définit le simplexe singulier

de dimension n - r de A,,; à celle-ci correspond un homomorpliisme


-.
A : X,,
F + Xfi-i ;
pour s E Xn on dit que g ( s ) est la i - kme face de s.
Cela dit, nous définirons une différentielle dans X, à l'aide de la formule

7
h= J (- I) i i q s ) , s E X,.

Bien entendu cette définition vaut à fortiori pour les complexes de chaînes
simpliciaux, puisque dans ce cas on a une structure semi-simplicialesous-jacente.
Avant de démontrer que d2 = O faisons la remarque suivante. Soit C*(A,)
le complexe des chaînes singulières entières croissantes d u schéma simplicial
type A, ; l'application identique un: An -t An définit un simplexe un E C;(A,),
- appelé souvent le simplexefondamental de dimension n -et il est clair que, pour
tout p, le groupe abélien C,' (il,) admet pour base l'ensemble des simplexes
f (un),f E G;,. Il résulte de là que, si X est un complexe de chaînes semi-
simplicial, alors pour tout s E X, il existe un homomorphisme CX(A,) + X, et un seul
qui applique un sur S.
Comme la définition de l'opérateur d est évidemment « fonctorielle » il
résulte de la remarque précédente que pour établir la relation dd = O il
suffit de le faire lorsque X = C*(h,) ; il suffit à fortiori de le faire lorsque
X = C,(K), K étant un schéma simplicial quelconque. O r dans ce dernier
cas il est visible que l'opérateur d eqt donné, sur les simplexes singuliers de K,
par la formule suivante:

et la relation cherchée résulte alors de là par un calcuI trivial.


Considérons maintenant un complexe de cochaines semi-simplicial X* ; on
COMPLEXES SIMPLICIAUX 47
-
définit alors la diffkrentielle de X* en transposant >> la formule donnée
ci-dessus, i.e. en posant

ds = 1 (- I ) ~ F + ( ) , J E X ":

on a encore bien entendu la relation dd = o. A titre d'exemple supposons


que X = C*(K; A), où K est un schéma simplicial et A un groupe abélien;
une cochaîne de degré n est encore une fonction f (x,, . . ., x,) à valeurs dans A,
définie dès que x,, . . ., x, E K appartiennent à un même simplexe de K ; cela
dit on a la formule

Ces définitions permettent de parler desgroupes d'homologie H,(X) d'un complexe


de chaînes simplicial X, et des groupes de cohomologie Hn(X) d'un complexe
de cochaines simplicial.

E x e m p l c 3.5. I - Si K est un schéma simplicial, les groupes d'homologie


de C, (K; A) se notent H,(K ;A), et les groupes de cohomologie de C* (K; A)
se notent H n ( K ;A). Toute application simpliciale
o:K+L
définit des homomorph:lsmes
6,: Hn(K; A) -t H,(L; A)
8": Hn(L; A) -t Hn(K; A).

D'autre part, si L est un sous-schéma de K, les groupes dérivés de

se notent H n ( K mod L; A) et H n(K mod L ; A); en vertu des suites exactes


du no 3.2 on a alors une suite exacte d'homologie

et une suite exacte de cohomologie

-6
Hn(Kmod L;A) t Hn(K;A) -+ Hn(L;A) +
6
H n + i ( Kmod L;A)
Si maintenant K est un schéma simplicial ordonné, la considération du
complexe C*(K) conduit à des groupes d'homologie HI;(K; A) et de coho-
mologie H+(K; A). O n notera que l'inclusion C,+(K)c C, (K) conduit à des
homomorphismes canoniques

nous démontrerons plus loin que ces homomorphismes sont bijectifs.

Exemple 3.5.2 - Soient X un complexe de chaînes simplicial basique


et & un système de coefficients sur X; les groupes de cohomologie du complexe
C* (X; A) se notent Hn(X;A). Tout homomorphisme O: k -+ 3 définit
des homomorphismes 8": H"(X; A) -z Hn(X;B), et à toute suite exacte
de systèmes de coefficients, de la forme

est attachée une suite exacte de cohornclogie de la forme

En particulier, à tout système de coefficients (e sur un schéma sirnplicial K


sont attachés des groupes Hn(K;(el = H"(C*(K; (e)) ; plus particulièrement
encore, si l'on a un espace topologique E, un recouvrement ouvert 9 de E,
et un préfaisceau (e de groupes abéliens de base E, on obtient les groufis
de cohotnologie de à valeurs dans (E par
Hn(%;Y) = H"(C*(%; Y)) ;
à toute suite exacte de préfaisceaux
OtX'+X+cef'-+0
est associée une suite exacte de cohomologie

Exemple 3.5.3 - Soient E un espace topologique et A un groupe abélien;


on pose

Hn(E; A) = H,(CS,(E; A)); Hn(E;A) = H"(CS*(E; A));


on obtient ainsi les groupes d'homologie singulière, et de cohomologie singulière,
de E. Toute application continue f: E + F définit des homomorphismes
f*:Hn(E;A) + Hn(F;A); f *: Hn(F;A) -+ Hn(E;A).
COMPLEXES SIMPLICIAUX 49

En particulier, si F est un sous-espace de E, on a, en définissant de façon évidente


les groupes « relatifs », des suites exactes

en homologie et en cohomologie singulieres.

3. 6. Produit cartésien de complexes simpliciaux

Soient X et Y deux complexes de chaînes simpliciaux sur un anneau de base A;


on supposera que X est formé de A-modules à droite et Y de A-modules à
gauche. A côté du complexe X @ Y (qui ne possède pas de structure « simpli-
A
ciale » naturelle), nous allons définir un nouveau complexe de chaînes, appelé
produit cartésien (sur l'anneau A) de X et Y, et qui, lui, admet une structure
simpliciale. Ce complexe, noté X X Y, est défini comme suit: sa compo-
A
sante de dimension n est

et si l'on a une application fi A, +- Aq, alors l'homomorphisme structural

est donné par la formule

il est clair que les axiomes du no 3.1 sont vérifiés.


O n définirait de même le produit cartésien de deux complexes de cochaînes
simpliciaux: -
(XxY),=Xn@Yn;
A A
f'"= fy.f'@
Soient X et Y deux complexes de chaînes simpliciaux; étant donnés des élé-
ments a E X n et b E Y,, nous désignerons l'élément a @ 6 de X, 63 Y, par la
A
notation a X b, lorsque nous voudrons indiquer que l'on considère a @ b
comme un élément du produit cartésien X X Y et non du produit tensoriel
A
X @ Y (en sorte que a x b est de dimension n, tandis que a @ b est de
A
dimension zn). O n utilisera une convention analogue concernant les com-
plexes de cochaînes simpliciaux.
Soient maintenant X et Y deux complexes de chaînes simpliciaux basiques;
alors X x Y sera un complexe de chaînes simplicial basique: par définition,
A
un simplexe de dimension n de X x Y est un élément s x t, où s est un
A
simplexe de dimension n de X, et t un simplexe de dimension n de Y. O n
a donc, pour tout n ),O, la relation

Soientf: X' -t X et g: Y' -+Y des homomorphismes de complexes de chaînes


(resp. cochaînes) simpliciaux; il existe alors un homomorphisme et un seul
f x g : X'xY' -t X x Y
qui vérifie la condition que f x g(a' x b') =f ( a ' ) x g ( b i ) pour a' E XL et
b' E Y:; c'est le produit cartésien de f et g.
Les définitions précédentes s'étendent de façon évidente aux structures semi-
simpliciales.

Exemple 3.6.1. - Soient K et L deux schémas simpliciaux; désignons


par K x L le schéma simplicial suivant: l'ensemble K x L est le produit
cartésien au sens usuel des ensembles K et L, et une partie finie non vide
de K x L est un simplexe si et seulement si ses projections sont des simplexes
de K et L; il est clair que les axiomes des schémas simpliciaux sont vérifiés.
O n a alors un isomorphisme canonique de complexes simpliciaux basiques

En effet, un simplexe singulier de dimension n de K x L est uize suite de points


((x0, y*), . . ., (xn,y n ) ) de K x L appartenant à un simplexe de K x L,
ce qui signifie exactement que les suites:

sont des simplexes singuliers de dimension n de K et L ; autrement dit on peut


identifier l'ensemble E , ( K x L) des simplexes singuliers de dimension n
de K x L au produit Xn(K) x E n ( L ) ; l'identification cherchée résulte
aussitôt de là.
O n en déduit évidemment (en vertu de l'associativité du produit tensoriel)
la formule
COMPLEXES SIMPLICIAUX 51

valable quels que soient les groupes abéliens A et B. Par contre la formule
analogue pour les complexes de cochaînes est fausse en général, à moins que
les schémas simpliciaux K et L ne soient Jinis.

Exemple 3.6.2 - Soient E et F deux espaces topologiques, et soit un simplexe


singulier
u : J n - +E x F
de dimension n de l'espace produit; en le composant avec les projections,
on en déduit des simplexes singuliers

dont la connaissance détermine u ; réciproquement 'étant donnés des simplexes


singulières s et t de dimension n de E et F, il existe un u qui les admet pour
«projections ». Autrement dit, on a ici encore En(E x F) = &(E) x E,(F),
d'où l'on déduit aussitôt un isomorphisme canonique de complexes simpli-
ciaux basiques
I I

et plus généralement

CS, (E;A) x CS,(F;B) = CS, ( E x F; A@B)

quels que soient les groupes abéliens A et B.

Exemple 3.6.3 - Soient K et L deux schémas simpliciaux ordonnés; munissons


l'ensemble produit K x L de la relation d'ordre produit:
(x',y') \< (xi', Y")
si l'on a
x'<x" et y'<y",
et appelons simplexe de K x L toute partie finie et non vide S qui vérifie
les conditions suivantes: les projections de S sont des simplexes de K et L,
et de plus S est totalement ordonnée. O n obtient ainsi un schéma sim~licial
ordonné, appelé produit cartésien des schémas simpliciaux ordonnés K et L. Il est
clair qu'un simplexe singulier croissant de dimension n de K x L est une
suite ((x,, y,), . . ., ( x , , ~ , ) ) telle que (x,, . . .,x,) et (y,, . . .,y,) soient des
simplexes singuliers croissants de K et L; on en déduit un isomorphisme
canonique
C*(K x L ) = C*(K) X C i ( L ).

3. 7. - Homotopies simpliciales

Dans ce no nous désignerons par 1, le complexe C , ( h l )des chaînes singulières


entières (ou plus généralement à coefficients dans l'anneau de base A) du
GODEMENT 5
schéma simplicial il,; ce complexe va jouer le même rôle que le « segment
unité » dans la théorie « géométrique » de l'homotopie. O n notera que l'anneau
de base A opère à droite et à gauche sur 1,, de sorte que si X est un complexe
de chaînes simplicial à gauche sur A, on peut former 1, X X, qui est encore
A
un complexe de chaînes simplicial à gauche sur A. Dans ce qui suit nous
écrirons X x Y au lieu de X X Y, étant entendu que l'anneau de base A
A
est choisi une fois pour toutes.
Définissons tout d'abord, pour tout complexe de chaînes simplicial X, des
homomorphismes
jO,jl:X -t 1, X X
de complexes simpliciaux. Pour cela considérons pour tout n les simplexes
suivants de dimension n de 1,:
u = (0 , O ) ; un= (1' ..., 1)
nous définirons alors
j o ( x ) = u: X x, jl(x) =; UR x x pour dim (x) = n.
La vérification du fait que j0et j1commutent aux opérateurs de face est immé-
diate. O n notera d'ailleurs qu'on pourrait encore définir j 0 et jl comme suit:
on considère le schéma simplicial A,; pour tout X on a de façon évidente
un isomorphisme canonique
C, (A,) x X = X ;
d'autre part on a deux applications simpliciales A, + hl, à savoir O -+ O
et O -+ I , d'où résultent deux homomorphismes
C*(AO) X x -+ C*(AI) X x ;
en les composant avec l'isomorphisme précédent on trouve j O et j'.
Par exemple si X = C , (K), où K est un schéma simplicial, jO et j1se déduisent
de façon évidente des applications simpliciales x -+ (O, x ) et x + (1, x ) de K
dans A, X K.
Désignons par R, la catégorie des complexes de chaînes simpliciaux; on
,
peut considérer X +X et X -+ 1 X X comme des foncteurs covariants sur R,,
à valeurs dans la catégorie des complexes de chaînes, et alors j0et j1sont des
transformations naturelles.

Théorème 3.7.1 - Les tramformations naturelles j0et j1sont homotopes.


Autrement dit, il existe des transformations naturelles:
Dn:Xn + (1, x X),,+l
telles que l'on ait
jl-j0 =d O D, + D,-, O d en dimension n.

Plaçons-nous d'abord dans la catégorie £ des schémas simpliciaux - autrement


COMPLEXES SIMPLICIAUX 53

dit, considérons d'abord des complexes de la forme C, (K; A), où A est l'anneau
de base. Pour définir
D: C,(K; A) -+ C,(h, x K ; A)
il suffit de le faire sur les simplexes singuliers de K ; nous poserons

ce qui définit bien une chaîne singulière de dimension n +I de hl x K.


Comme on a
jO(xoy . . - 2 Z n > = ( ( O , 201, . . ., (O,%,))
jl(xo, . - x n ) = ( ( 1 , xo)>
0 , (1, zn))

la vérification du fait que D est une homotopie de j O à jl est un exercice de


calcul trivial; il est par ailleurs clair que D est naturelle dans la catégorie
des schémas simpliciaux; on a du reste une formule de la forme

où u décrit l'ensemble des simplexes singuliers de dimension n f r de hl,


ouf décrit l'ensemble des applications A,,* + A,, et où les coefficients y,(u, f )
sont des entiers rationnels indépendants de K.
Dans le cas d'un complexe de chaînes simplicial arbitraire X, nous définirons D
à l'aide de la formule précédente, s désignant cette fois un élément générique
de Xn.Le fait que D soit encore une homotopie de j0 àjl résulte essentiellement
de ce qu'on a déjà démontré, du fait que jO,jl, d et D sont des transformations
naturelles sur la catégorie R,, et enfin du fait que, pour tout X E X,, il existe
un schéma simplicial K, et un homomorphisme C,(K) -+ X dont l'image
contient x.

Une conséquence importante du résultat précédent s'obtient en considérant


deux complexes de chaînes simpliciaux X et Y, et deux homomorphismes
fJO,b1 : X -+ Y.

On dit que ces homomorphismes sont simplicialement homotopes s'il existe un


homomorphisme de complexes simpliciaux
03, x x -+Y
tel que l'on ait:
LO = 0 0 jo, 0 1 = fJ ,, jl;

il est clair qu'on a alors le résultat suivant :

Théorème 3.7.2 - Deux homomorphismes simplicialement homotopes de complexes


de chakes simpliciaux sont homotopes en tant qu'homomor~hismes de complexes.
Exemple 3.7.1 - Soient K et L deux schémas simpliciaux, et considérons
deux applications simpliciales

on dit qu'elles sont simplicialement homotopes si, pour tout simplexe S de K,


les ensembles BO(S) et 6l(S) sont contenus dans un même simplexe de L.
Définissons alors une application

en posant
e((0, x)) = ûO(x), e((1, x)) = ûl(x);
il est clair que 9 est simpliciale (réciproquement, si 8 est simpliciale alors û0
et û1 sont simplicialement homotopes). Passons maintenant aux complexes
de chaînes singulières de K, L et A, x K : d'après les formules de l'Exemple
3.6.1 on est exactement dans la situation du Théorème précédent. Donc :

Théorème 3.7.3 - Soient g o et O1 deux applications simpliciales simpl2cialement


homotopes d'un schéma simplicial K dans un schéma simplicial L; alors les homomor-
phismes
C*(K) C*(L)
-+

définis par e0 et sont homotopes, et pour tout groupe abélien A les homomor~hisme~

définzs par û0 et û1 sont identiques.


En particulier, considérons un schéma simplicial conique K ; cela signifie qu'il
existe un point a e K tel que, pour tout simplexe S de K, S u [ a ] soit encore
un simplexe de K ; il revient au même de dire que les applications simpliciales
x -+ x et x -+ a sont simplicialement homotopes. Il s'ensuit que, si l'on désigne
par C, (a) le sous-complexe de C,(K) correspondant au sous-schéma simplicial
réduit à a, l'application identique C,(K) -+ C,(K) est homotope à l'appli-
cation C,(K) -+C, (a) déduite de x -+ a; comme ce dernier homomorphisme
est évidemment une projection de C, (K) sur C, (a) on en conclut que les complexes
C, (K) et C , (a) sont homotopiquement équivalents.
On remarquera par ailleurs que, pour tout schéma simplicial K, le complexe
C, (K) est muni d'une augmentation Co(K) + Z,à savoir l'application qui prend
la valeur I sur chaque simplexe de dimension O de K (il en est de même
plus généralement, comme on l'a vu, pour tout complexe de chaînes simpli-
cial basique). O n dira que K est acyclique lorsque le complexe augmenté
C,(K) l'est. On voit immédiatement, d'après les considérations précédentes,
que tout schéma simplicial conique est acyclique. On pourrait du reste encore le
COMPLEXES SIMPLICIAUX 55

voir en utilisant l'opérateur d'homotopie suivant (qui ne s'identifie pas à


celui qui résulterait de la démonstration du Théorème 3.7.1) :
(x0, . .Y 2,) -+ (a,xo, - - -,x,) ;
on l'appelle l'opérateur conique de sommet a.
Notons que de ces résultats on déduit le

Théorème 3.7.4 - Tout schéma simplicial de la forme


A,, X ... X A,,
est acyclique.

Exemple 3.7.2 - Soient E et F deux espaces topologiques, et


6O, ei: E -+ F
deux applications continues. Désignant par JI le simplexe géométrique type
de dimension 1, on a deux applications continues
j1 : E
joY -+ J1 x E,
données par
j0( x ) = (PO, x) , j1(x) = (Pi, x ) ;
[Po est le point (1, O) et Pl le point (O, 1) de J1 de sorte que, dans R2, J1 est
le segment de droite d'extrémités Po et Pl].
O n dit que e0 et B1 sont homotopes s'il existe une application continue

telle que

Théorème 3.7.5 - Soient O0 et O1 deux applications continues homotopes d'un


espace E dans un espace F ; alors les homomorphismes
CS*(E) CS*(F)
-+

dPJinir par 80 et 81 smt simplicialement homotopes, et pour tout groupe abélien A les
homomorphismes
H,(E;A) - + H , ( F ; A ) , Hn(F;A) -+ Hn(E;A)
d4tiriis par ô0 et ô1 sont identiques.
En effet, les applications continues jO,
j1 et ô définissent des homomorphismes
ji , jk: CS,(E) -+ CS,(J, x E) = CS, ( JI) X CS"@).
O, : CS,(Ji x E) = CS,(Jl) X CS*(E) -t CS"(F).

Or, pour tout entier n, on a une inclusion naturelle


C* (Ail) c CS, (J*) Y
obtenue en identifiant une application simpliciale f : A, -+ A, à l'application
continue f : J, -+ J,, qui lui correspond. Cela dit on vérifie immédiatement
qu'en fait jt et j: se réduisent aux homomorphismes canoniques

moyennent l'identification ci-dessus de 1, à un sous-complexe de CS,(J,);


considérant I'homomorphisme 1, X CS, (E) + CS, (F) restriction de O,, on
trouve immédiatement le résultat cherché.
Comme corollaire du théorème précédent, considérons un espace E et un
sous-espace F de E; on dit que F est un rétracte de E s'il existe une application
continue de E sur F qui, sur F, se réduise à l'identité; si de plus I'on peut
supposer cette application homotope (en tant qu'application E + E) à I'appli-
cation identique, on dit que F est un rétracte de déformation de E ; dans ce cas,
les homomorphismes canoniques Hn(F, 2 ) -tHn(E, 2) sont bijectifs.
En- effet considérons d'une part l'injection canonique j : F + E et d'autre
part une rétraction p : E -+ F, homotope à I'identité. L'application

est évidemment I'identité. D'autre part l'applicationj, o p, : C S , (E) +CS, (E)


se réduit à p,, et est homotope à I'identité d'après le Théorème précédent.
Par suite, les complexes CS, (F) et CS, (E) sont homotopiquement équivalents,
ce qui prouve notre assertion.
En particulier, disons qu'un espace est contractile s'il admet un rétracte de défor-
mation réduit à un seul point; alors :

Théorème 3.7.6 - L'homologie singulière d'un espace contractile E est donnée par

Ce résultat s'applique par exemple dans la situation suivante : soient V un


espace vectoriel topologique réel et E une partie de V; disons que E est conique
s'il existe un a E E tel que, pour tout x E E, le segment fermé d'extremités a et x
soit contenu tout entier dans E; alors l'homologie singulière de E est triviale.
En particulier, si l'on a un schéma simplicial K , et si I'on considère le recouvre-
ment ouvert du polyèdre P(K) formé par les étoiles U, des sommets de P(K)
(no 3.2)' on voit que l'homologie singulière de toute intersection finie
d'ensembles U, est triviale.
Les méthodes et les résultats que nous avons développés dans ce no s'étendent,
moyennant des modifications convenables, à la théorie des complexes de
cocha£nes simpliciaux.
Au lieu du complexe 1, des chaines singulières de hl à coefficients dans l'anneau
de hase donné A, on part du complexe 1* des cochaines singulières de Al à
COMPLEXES SIMPLICIEUX 57

valeurs dans A; pour tout entier n, In est donc l'ensemble des homomorphismes
de 1, dans l'anneau de base et en particulier tout élément de I n possède une
<< valeur » sur tout simplexe de dimension n de I*.
Soit alors X un complexe de cochaînes simplicial; on a cette fois des homomor-
phismes canoniques
j,,j,: I * x X +- X
définis comme suit : pour a E I n et x E X", on pose

où u: et uB sont les simplexes définis plus haut (p. 52).


Si l'on considère j, et j, comme des homomorphismes entre foncteurs à valeurs
dans la catégorie des complexes de cochaînes, alors jo et j1 sont homotopes,
i.e. il existe des transformations naturelles
Dn : (1*x X)" -t Xn-l
telles que l'on ait
jl-jO=doDn+Dn+lod endegrén.
On peut d'ailleurs définir ces homomorphismes par les formules du no précédent ;
plus précisément, si l'on reprend la formule

du no précédent [x E X,, la sommation est étendue aux simplexes u de dimension


n + I de 1 , et aux applications f : An+, -+ A,, et les coefficients yn(u,f )
sont des entiers rationnels], on vérifie facilement que l'on peut définir DRpar
la formule suivante :

Ia sommation étant étendue aux simplexes u de dimension n de 1* et aux


applications f : An -+ An-,.
Ceci fait considérons deux homomorphismes

de complexes de cochaînes simpliciaux; on dit qu'ils sont simplicialement


homotopes s'il existe un homomorphisme
6: X -t I * x Y
tel que l'on ait
Bi = j l O 8 (i = o , ~ ) ;

il est clair d'après les résultats précédents que deux homomo@hismes simpliciale-
ment homotopes sont homotopes en tant qu'homomorphismes de complexes de cochaînes.
Ce résultat nous sera utile en cohomologie de cech (chapitre II, tj 5 ) .
3. 8. Chaînes orientées et cochaines alternées

Soit X un complexe de chaînes simplicial. Pour chaque entier n >, O, toute


application A, -3 A, définit canoniquement un endomorphisme du module
X,; en particulier, on voit que le groupe des permutations de A, opère sur le
module X,. Étant donné une permutation u, nous désignerons sa signature
par E (u).
CeIa dit, une chaîne x E X, est dite dégénérée si elle appartient au sous-module
de X, engendré par les éléments suivants :
a) les chaînes de la forme Ü(y) - z(u)y, où y est un élément quelconque
de X, et où u est une permutation
-
quelconque de A,;
6 ) les chaînes de la forme f (s), où f est une application quelconque de A,
dans hp, avec P \< n-1, et où z est un élément quelconque de X,.
Notons D,(X) l'ensemble des éléments dégénérés de X,, et D(X) le sous-
module gradué de X ayant pour composantes homogènes les D,(X); alors
D(X) est un sous-complexe de X, i.e est stable par l'opérateur bord de X (mais
non, bien entendu, par les opérateurs de face de X ) . On démontre ce résultat
comme suit.
Tout d'abord il suffit évidemment de prouver que dx est dégénérée lorsque x
est soit de la forme ;(y) -E (u) y, soit de la forme f(y);d'autre part il est clair
que tout homomorphisme X -+ X' de complexes de chaînes simpliciaux
applique D(X) dans D(X1); on déduit de ces deux remarques, par un raisonne-
ment que nous avons déjà utilisé, qu'il suffit de démontrer notre assertion
dans le cas particulier suivant : X est la forme de C,(K) pour un schéma
simplicial K, ety est un simplexe singulier de K. Nous laisserons au lecteur le
soin de faire la démonstration dans ce cas.
Cela dit, on appelle chahes orientées de dimension n de X les éléments du module
quotient X,/D,(X); on définit le complexe des chatnes orientées de X comme
étant X/D(X) .
Lorsque X est un complexe de chaînes semi-simplicial on définit encore un
sous-complexe D(X), à savoir le sous-module gradué engendré par les chaînes
f (y), oùy est de dimension n quelconque et où f décrit l'ensemble des applica-
tions croissantes de hp dans A,, avec p = n +
1, n +
2, . . .
Dans ce cas, on peut facilement démontrer (l) que, par l'intermédiaire de
l'application canonique
x X/D(X),
+

les complexes de chaînes X et X/D(X) sont homotopiquement équivalents, et ce

(l) S. EILENBERG-S. MACLANE,On the groups H (II, n) 1 (Ann. of Math., 58 ( 1 9 5 3 ) ~


pp. 55-106; voir Theorem 4,1),
COMPLEXES SIMPLICIAUX 59

de façon naturelle. On pourrait évidemment conjecturer qu'un résultat analogue


est valable pour la catégorie des complexes de chaînes simpliciaux; malheureuse-
ment, l'auteur ignore s'il en est bien ainsi.
Nous allons voir cependant qu'on a un résultat intéressant si l'on se place
sur la catégorie £++ des schémas simpliciaux ordonnés (un homomorphisme
K -+L étant ici une application simpliciale strictement croissante) : sur cette
catégorie, les foncteurs

sont homotopiquement équivalents.


Tout d'abord, pour tout K E f++, on a une décomposition de C , ( K ) en somme
directe
+
C*(K) = C F ( K ) D(C*(K))
où l'on note C F ( K ) le sous-complexe de C , ( K ) ayant pour base l'ensemble
des simplexes singuliers s : A, -+ K de K qui sont strictement croissants.
En effet, soit (x,, . . ., x,) = s un simplexe singulier de K ; si les xi ne sont
pas deux à deux distincts, ce simplexe est dans D ( C , ( K ) ) ; si les xi sont deux
à deux distincts, il existe évidemment un simplexe singuIier strictement
croissant t et une permutation u de A, vérifiant la relation s = ü ( t ) , d'où
+
s = ü ( t ) - E ( u ). t E ( U ) . t, ce qui prouve bien que C * ( K ) est somme de
C*(K) et de D ( C , (K)) ; il reste à prouver que cette somme est directe; il
suffit pour le voir d'observer qu'en dimension n, D ( C * ( K ) ) est engendré
d'une part par les simplexes singuliers (x,, . . .,x,) à sommets non tous distincts,
d'autre part par les chaînes de la forme ü ( s ) - E ( U ) .s, où s décrit l'ensemble
des simplexes singuliers strictement croissants de dimension n, et où u décrit
le groupe des permutations de A,; notre assertion résulte facilement de là.
Cela étant il est clair que nous avons sur la catégorie 1++ un isomorphisme
canonique entre les foncteurs

par conséquent, tout revient à montrer que 1es.foncteur.s

sont homoto~iquementéquivalents. Nous allons pour ceIa utiliser le Corollaire


du Théorème 2.5.2, en prenant pour objets modèles de la catégorie f + + les schémas
ordonnés A,(n = 0,1, . . .). Puisque l'on vérifie facilement que l'injection
C r ( K ) -+C, ( K ) induit un isomorphisme des groupes d'homologie en dimen-
sion O, tout revient à établir que les deux foncteurs considérés sont représen-
tables et acycliques.
Tout d'abord, C , est acyclique en vertu du Théorème 3-74.; pour démontrer
que les complexes C*(A,) sont eux aussi acycliques il suffit de considérer
l'opérateur qui applique un simplexe singulier strictement croissant (x,, . . .,x,)
de A, sur (0, x,, . . ., x,) lorsque O < xo, et sur O lorsque O = x,.
Pour établir la représentabilité de K -+ C F ( K ) on procède comme suit;
pour tout. n >, 0, l'ensemble Hom(A,, K), i.e. l'ensemble des applications
simpliciales strictement croissantes de A n dans K, s'identifie à la base Cano-
nique de C;tt(K) : il suffit pour cela d'identifier chaque f t~ Hom (An, K)
au simplexe singuIier f (un) de K, un étant le simplexe fondamental de An;
la propriété de représentabilité suit immédiatement de là.
De même la représentabilité de K -+ Cn(K) s'obtient en remarquant que
Cn(K) admet pour base la famille des simplexes singuliersf (u), où f décrit
l'ensemble Hom(A,, K), p = O,l, . . ., n, et où, pour chaque p, u décrit
l'ensemble des simplexes singuliers (non ordonnés) de dimension n de A,
tels que u(An) = A,.
Ces propriétés établies, l'équivalence des foncteurs considérés résuIte, comme
nous l'avons dit, dii théorème des modèles acycliques.
Le résultat que nous venons d'établir s'exprime encore comnze suit; consi-
dérons Ies injections canoniques

alors il existe sur la catégorie f + + des transformations naturelles

de telle sorte qu'on ait les relations suivantes :

O n observera que la seule condition imposée à la transformation naturelle

définie par les p, est d'être homogène de degré 0, de cornmuter à l'opérateur d,


et de se réduire à l'identité en dimension O. En faisant usage de la décomposi-
tion canonique
C,(K) = C,tt(K) + D(C*(K))
on peut donc prendre pour fl l'opérateur de projection associé à cette décomposi-
tion, i.e, définir comme suit fl sur les simplexes singuliers de dimension n
de K : p(s) = O si les sommets de s ne sont pas tous distincts, et, dans le cas
contraire,
p(s) = .+),
COMPLEXES SIMPLXCIAUX 6r

u étant la permutation de A n qui transforme s en un simplexe strictement


croissant.
A la notion de chaîne orientée d'un complexe de chaînes simplicial corres-
pond, par << dualité », celle de cochaifne alternée d'un complexe X de cochaines
simplicial; on dira que x E Xn est alternée si les relations suivantes ont lieu :
a) pour toute application f : A, -+ Ap, avec p > n, on a
f( x ) = O ;
b) pour toute permutation u de A, on a

On vérifie facilement que ces cochaines alternées forment un sous-complexe


A ( X ) de X ; on ignore si l'injection canonique A ( X ) X est une équivalence
+
=

au point de vue homotopique; mais nous allons le démontrer dans un cas


particulier important.
Considérons un schéma simplicial K et un système de coefficients 9 sur K
(no 3.3) ;nous allons voir que la propriété en question est vraie pour le complexe
X = C*(K; 9).

Pour cela, nous supposerons K ordonné, ce qui évidemment ne restreint


pas la généralité puisque tout ensemble peut être muni d'une relation d'ordre
totale.
Remarquons tout d'abord qu'une cochaine
a = ( ~ ( s SE) )s,(K) Y a (s) E ce(s),

est alternée si et seulement si elle vérifie les deux conditions suivantes : ~ ( s )


est nul si les sommets de s ne sont pas deux à deux distincts et
a [ü (s)] = E ( u ) . x ( s )

pour toute permutation u de A,. Il s'ensuit évidemment qu'une cochaîne


alternée est entièrement déterminée dès qu'on connaît les valeurs qu'elle
prend sur les simplexes singuliers strictement croissants de K , et de plus qu'on
peut choisir arbitrairement ces valeurs (moyennant bien entendu la restriction
que a (s) E %(s) pour tout s) .
Lorsque le système de coefficients 9 est trivial, ces considérations montrent
que les cochaines alternées de K à valeurs dans 9 s'identifient canoniquement
aux éléments du complexe Hom[C, (K)/D(C, (K)), Ce] ; le théorème que nous
avons en vue s'obtient alors de façon évidente à partir du résultat que nous
avons établi précédemment.
Dans le cas général d'un système de coefficients quelconque (e sur un schéma
simplicial ordonné K, tout le problème consiste évidemment à définir avec
précision le 6 transposé >> à C*(K; 9) d'un homomorphisme de la forme
Cp(K) -t C,(K) par exemple. Tout d'abord, étant donnés des simplexes
singuliers s et t de K y de dimensions P et q, nous écrirons s c t pour indiquer
qu'on a la relation s(hp)c t(A,). Cela étant, nous dirons qu'un homomorphisme
0 : Cp(K) -+ C, (K)

est tramposable si, pour tout simplexe singulier s de dimension P de K, on a


une relation de la forme

avec des coefficients a(s, t ) entiers rationnels. On définit alors le transposé

comme suit : pour X E Cq(K;9), la cochaîne 'O (A) = p E CP(K; 9) est donnée par

p(s) = .
o(s, t ) (restriction à s de i ( t ) ) ;

cette formule a un sens puisqu'elle ne fait intervenir que des simplexes t c s.


11 est clair que l'application û -+ '8 est compatible avec les diverses opérations
algébriques évidentes; de plus, si O est nul sur les chaînes dégénérées, '8 prend
ses valeurs dans les cochaines alternées.
Ceci fait, il est clair qu'en tramposant les opérateurs j,, -P,, h,, h;t-t définis
plus haut on trouve comme annoncé l'équivalence des complexes X et A(X)
lorsque X = C*(K; $) ; on laisse au lecteur le soin de justifier cette assertion
en détail.
L'intérêt du résultat précédent est de conduire entre autres au théorème
suivant : supposons K de dimension nfinie; alors on a
HP(K; 9) = Opourp > n
pour tout système de coeficients 9 sur K. On a même, dans ce cas, la relation
A(CP(K; 2)) = O pour p > n. On déduit de là le résultat suivant : soient E
un espace topologique, SL)Z = (Mt)iE zm recouurement ouvert de E, et 9 un prgaisceau
de groupes abéliens sur E ; on a alors HP(%; Ce) = O pour P >n si le recouurement
est de dimension ,< n, i. e, si l'on a

quels que soient les indices i,, . . ., in deux à deux distincts.


COMPLEXES SIMP LICIAUX

3. 9. - Equivalence entre produits cartésiens et tensoriels

Sauf mention expresse d21 contraire, on suppose l'anneau de base A commutatif; tous les
produits tensoriels considérés sont relatifs à A. Étant donné un complexe
de chaînes (resp. de cochaines) simplicial X, on note C,(X) (resp. Cn(X))
sa composante de dimension (resp. degré) n.
Soit p un entier >, I . Nous désignerons par Rp la catégorie suivante : les
objets de R, sont les suites X = (X,, . . ., X,) de p complexes de chaines
simpliciaux (1) sur l'anneau de base donné A; un homomorphisme 8 : X -2 Y
est une suite d'homomorphismes Bi : X i -+ Y i de complexes simpliciaux; enfin,
on compose des homomorphismes X -+ Y et Y -t Z en composant, pour
chaque i, les homomorphismes X i -t Yi et Yi -t Z1 correspondants.
De même, nous désignerons par £, la catégorie des suites K = (KI, . . ., Kp)
de p schémas simpliciaux, un homomorphisme K + L étant une suite d'appli-
cations simpliciales Ki + Li. Si l'on associe à tout schéma simplicial K le
complexe C, (K) des chaînes singulières de K à coeficients dans l'anneau de
base A, on obtient évidemment un foncteur covariant

défini sur la catégorie f, et à valeurs dans la catégorie 3,.


Etant donnés des entiers positifs ml,. . . , m,, considérons sur R, le foncteur
Fml , . , mp : X + Cm,(Xl) 8 -.- 8 Cmp(Xp),
à valeurs dans la catégorie des A-modules. On en déduit sur Ep un foncteur
f nt, ... mp :K + Cm1(&) 8 . . 0 Cmp(Kp),
et bien entendu toute transformation naturelle
T : Fm,..,mp + F n , - * - nP

induit une transformation naturelle


t :f m l . . . mp +f ni ... n p ;
réciproquement, toute tramformntion naturelle t se « prolonge » d'une manière et d'une
seule en une transformatinn T .
Pour le voir, explicitons tout d'abord t. Considérons l'objet (A,,, . . ., A,,) de
£;, un désignant le simplexe fondamental de A,, t transforme l'élément
m @ @ .. @
@unp€ Cml(Ainf) Cmp(Amp)

(1) Toutes les définitions et tous les résultats qui vont suivre s'appliquent, moyennant
des modifications triviales, aux complexes de chaînes semi-simpliciaux; on laisse au
lecteur le soin de s'en assurer.
en un élément de C.,(h,,) 8 . . . @ C , , p ( ~ md'où
>, nfcessairement une formule

où la sommation est étendue aux applications

et où les coefficients y sont dans l'anneau de base.


Cela dit, soit X = (X,, . . ., X,) E ,Rp et prenons des éléments xi E Cmi(Xi);il y a
un homomorphisme et un seul
C*(Am,)+- Xi
qui applique umi sur xi; la transformation cherchée T, si elle existe, est donc
nécessairement donnée par la formule

et il est bien évident que la transformation naturelle ainsi définie répond


effectivement au problème posé.
Il est clair que la correspondance entre t et T est A-linéaire, et compatible
aussi bien avec la composition des transformations qu'avec leur produit
tensoriel (si l'on a des transformations naturelles Fm,... + F,, ... "P et ,,
Fr, ... .q -+ F,, ... ,q définies respectivement sur les catégories JPp et 8, on en
déduit par produit tensoriel une transformation Fm,... ... îQ Fnl... n p s , ...
-f

définie sur la catégorie W, , ), .


Ces rél liminaires ~osés,nous pouvons énoncer le résultat principal de la
théorie :

Théorème 3. 9. I (EILENBERG-ZILBER) - Soit Rp la catégorie des suites de P


complexes de chaînes simpliciauxsur un anneau de base commutatif A; alors les foncteurs
covariants
X + X I X ...X X , et X - + X I @ ... @ X P ,
d&nis sur 8, et à valeurs dans la catégorie des complexes de chaînes sur A, sont homo-
topiquement équivalents.
Autrement dit, il existe des transformations naturelles
u : x1x . . . X X , + X1 €3 . . . €3 X,,
V:X1€3 . . . @ X P- X I X ... XX,'
telles que U 0 V et V 0 U soient naturellement homotopes à l'identitd. Nous
démontrerons ce résultat en utilisant le Corollaire du Théorème 2.5.2.
Plaçons-nous d'abord sur la catégorie 'E,; on a évidemment entre les foncteurs
COMPLEXES SIMPLICIAUX 65

un isomorphisme canonique en dimension O; celui-ci est au surplus compa-


tible avec les augmentations évidentes des complexes considérés.
Prenons alors comme modèles dans fp les suites de la forme (A,,, . . ., Amp). Les
foncteurs ~récédentssont acycliqe~es,le premier en vertu du Théorème 3.7.4,
le second en vertu du no 2. 7. Ils sont aussi représentables; il suffit pour le voir
d'établir la représentabilité de chaque foncteur
K -+ Cm,(KI) @ - . . @ Cmp(Kp);
mais cela résulte évidemment de ce que le groupe précédent admet pour
base l'ensemble des éléments de la forme
fi(umi) @ --. @fp(~m,)y

où chaque Ji décrit l'ensemble des homomorphismes de Ami dans Ki, et où


21, désigne, comme toujours, le simplexe fondemental de A,.

Cela fait le Théorème des modèles acycliques montre que les foncteurs << pro-
duit cartésien » et « produit tensoriel », considérés sur fp, sont homotopi-
quement équivalents. Mais on a vu que toute transformation naturelle définie
sur f p se prolonge à 8,; d'où le résultat pour la catégorie R,.

corollaire I - Soient X et Y deux complexes de chatnes simpliciaux; on a des


isomor-hismes canoniques
H n ( X x Y )= H,(X 8 Y ) .

Corollaire 2 - Soient K et L deux schémas simpliciaux; l'homologie de K x L


est canoniguement isomorphe à celle du complexe C,(K) 8 C,(L).

Corollaire 3 - Soient E et F deux espaces topologiques; l'homologie singulière


de l'espace produit E x F est canoniquemdnt isomorphe à l'homologit? du complexe
CS, ( E ) @ CS, (F).

Remarque 3.9.1 - Il est facile de construire explicitement, sur la catégorie


R2,une transformation naturelle
X x Y +X@Y
se réduisant à l'identité en dimension O. Il suffit de le faire sur la catégorie £, ive,
pour X = C*(K), Y = C*(L) où K et L sont des schémas simpliciaux. Le
lecteur vérifiera aisément que la formule suivante (qui indique comment
transformer Ie produit cartésien de deux simplexes singuliers de dimension n )
convient :
Il est bien entendu inutile de vérifier que cette formule définit effectivement
une Lquivalence entre produit cartésien et produit tensoriel : on le sait à l'avance,
pourvu que la transformation en question soit natiirelle, commrite aiix diffé-
rentielles, et se réduise à l'identité en dimension O - propriétés dont la véri-
fication est triviale.
O n peut aussi expliciter une transformation X 8 Y 4 X X Y.

Remarque 3.9.2. - Lorsque p = 2, le Théorème 3.9.1 est vrai même si


l'anneau de base A n'est pas commutatif; l'hypothèse que A est commutatif
ne sert qu'à assurer la possibilité de former des produits tensoriels de plus
d e deux facteurs.

3. 10. - Extension a u x complexes de cochaines simpliciaux

Désignons par R P la catégorie dont les objets sont les suites X = (XI, . . . , X,)
de complexes de cochaines simpliciaux sur l'anneau de base A donné, les
homomorphismes entre objets de cette catégorie se définissant comme a u
no précédent. Nous allons démontrer, pour cette catégorie, l'analogue d u
Théorème 3.9.1.
Faisons d'abord la remarque suivante. Considérons, sur la catégorie R,,
une transformation naturelle

nous allons lui associer canoniquement, sur la catégorie R*, une transforma-
tion naturelle transposée

Pour cela, écrivons T sous forme explicite

où la sommation est étendue aux applicationsfi : Ani + hm,,et où les coeffi-


cients y sont dans l'anneau de base. Nous définirons alors

en utilisant la même formule. Bien entendu, dans la première forniule 3


est l'homomorphisme structural Cm,+ CnI, tandis que dans la seconde c'est
l ' h ~ m o m o r ~ h i s mstructural
e Cni + Cmz.
I l est clair que la correspondance entre T et sa transposée satisfait aux condi-
tions suivantes, qui d u reste la caractérisent :
a ) : l'application T -t 'T est A-linéaire;
COMPLEXES SIMPLICIAUX

b) : étant données des transformations naturelles

on a la relation
'(V 0 U) = 'U 0

c) : étant données des transformations naturelles

on a la relation
'(U 8 V) = @ tv;
d ) pour toute application f : Ap + il,, la transposée de
f : C, -+ Cp est f : CP -t Cg.

Ces préliminaires posés, il est clair qu'en « transposant » le Théorème 3.9.1


on obtient le résultat suivant :

Théorème 3. IO. I . - Soit Rp la catégorie des suites de p complexes de cochaines


simpliciaux sur un anneau de base commutatiJ;. alors les foncteurs cocariants
X+XIX ...X X p et X+X18.,.8Xp,
dt$nis sur RP et à valeurs dam la caféprie des complexes de cochaines, sont homotopi-
quement équivalents.
Voici une application importante du résultat précédent. Considérons des
complexes de chaînes simpliciaux basiques X,, . . . ,Xp et des qstèmes de coefi-
cients hl,. . . , ,bp sur ces complexes; on peut en déduire sur XI X . . . X Xp
un système de coefficients x . . . x Jlrp en posant

et en définissant de façon évidente les opérateurs de restriction.


O n a alors un homomorphisme canonique de complexes de cochaînes simpliciaux

/ i p :
--- ---
C*(x,;.l),)
--
X . .. x C * ( X , : . l . , )
-- --
~-~..
- ,
C
--
* ( X ,. x X X , , : .,I.,
~-
1
x . .. X"[,,))
défini comme suit : étant données des ~ ~ c h a î n e~s , C*(Xi;
a Ai), on prend
pour j,(El X . . . x a,) la cochaîne
s, X . . . X se -t E,(s,) 8 . . . 8 up(sp).
L'homomorphisme j, n'est gknéralement pas bijectif; en effet dans l'avant
dernière formule, les termes de degré n du premier membre forment le groupe
tandis qu'au second membre nous trouvons

or la formation des produits tensoriels n'est pas compatible avec celle des
produits directs injnis. Cependant, cette difficulté ne se présente pas pour
des produits directs finis, ce qui sera le cas si les complexes Xine comportent,
en chaque dimension, qu'un nombre fini de simplexes (nous dirons alors que
les Xi sont des complexes simpliciaux basiques finis). Dans ces conditions il
est clair que le Théorème 3.10. I . démontre le résultat suivant :

< <
Théorème 3.10.2. - Soient Xk(l k p) de^ cornfilexes de chatnes simpli-
ciatlx basiques finis, et &,(I ,< k 6 p) des systèmes de coe@cients sur les X k ; alors
les groupes

sont canoniquement isomorphes aux groupes de cohomologie du complexe


C*(X1; Al) 8 . . . 8 C*(Xp; A,).
Exemple 3. IO. I . - Prenons deux schémas simpliciaux finis K et L ; alors,
quels que soient les groupes abéliens A et B, on peut calculer les groupes de
cohomologie
H"(KxL; A 8 B )
à l'aide d u complexe produit tensoriel
C * ( K ; A) 8 C*(L; B).

Par exemple, pour tout corps k on a des isomorphismes canoniques

comme il résulte du Théorème de Künneth. O n a un résultat analogue pour


les complexes simpliciaux basiques finis lorsque les systèmes de coefficients
considérés sont des espaces vectoriels sur un corps k (à condition bien entendu d e
sous-entendre - comme d u reste nous le faisons dans tout ce Fj - que les
produits cartésiens et tensoriels considérés sont relatifs à l'anneau de base k).

3. 11. - Produit cartésien de deux classes d'homologie

Choisissons une fois pour toutes, pour tout entier ), 1, une transformation
naturelle
T,: X, 8 .. . 8 X, ; .X I X . . . X X p

sur la catégorie R, des suites de p complexes d e chaînes simpliciaux sur un


COMPLEXES SIMPLICIAUX fi 9

anneau de base commutatif donné A. I I en résulte pour tout n un homomor-


phisme
H,,(Xl 8 . . . 8 X,) -+ Hn(Xlx . . . x X p )
qui est d'ailleurs bijectif et indépendant du choix de T , (puisque d'après les considé-
rations du 5 2 la transformation T, est unique à une homotopie près); autre-
ment dit, les foncteurs
X + H n ( X 1 . 8 X ) et X - t H n ( X , X ... x X p )
sont canoniquement isomorphes.
O r on a d'autre part des homomorphismes canoniques
Hn,(X1) 8 - .. 8 Hnp(XP)+ Hnl+... +np(X18 . . . 8 X p ) ;
on en déduit donc des homomorphismes naturels

-I &,(XI) 8 . 8 H
Etant données des classes d'homologie E,; É H,,(Xi), l'image de F, 8 . . . 8 E,,
par cet homomorphisme se note
Sr X - X Sp;
c'est le produit cartésien des classes d'homologie données.
Par exemple, si l'on a des espaces topologiques E et F, et des classes
E=H,(E;A), y=H,(F;B),
où A et B sont des groupes abéliens, leur produit cartésien est une classe
5 x-q= H , + , ( E x F; A 8 B).
Théorème 3. I I . I . - Le produit cartésien possède les propriétés suivantes :
a ) Soient X, Y, Z trois complexes de chatnes simflliciaux, E,, -q, C des classes d'homologie
de X, Y, Z ; alors moyennant l'indentijîcation ( X X Y )X Z = X x (Y x Z),
on a la relation
E x (q X C) = (F x y ) x C.
b ) Soient X, Y deux complexes de chahes simpliciaux, 5, q des classes d'homologie
de dimensions p, q de X, Y ; alors, moyennant l'identijcation X x Y = Y x X,
on a la relation (l)
7,xF=( - 1 ) p " x y r .
C) Soit O -+X f A X -E X a O une suite exacte de complexex de chaînes sim-
pliciaux, et Y un complexe de chaînes simplicinl tel que la suite

soit encore exacte; alsrs quelles que soient les classes d'hmologie 5" et q de X" et Y ,
on a la relation
b (Er! X q) = (3S") X -q.
(1) La commutativité de l'anneau de base est essentielle si l'on veut obtenir cette pro-
priété.
Démonstration de (a). - Considérons sur les catégories R, et R, les
transformations naturelles
Tp:X1@... @XP X I X ... X X ,
-f

T,:X1 @ ... @X, + X,X ... X X q ;


on en déduit sur la catégorie R,+, une transformation naturelle

en composant avec la transformation T2on obtient une transformation naturelle

qui se réduit à l'identité en dimension O, et qui par conséquent est homofope à


T P + 9'
Prenons alors des classes d'homologie Si€ H(XJ (I ,< i ,<p + q). Désignant
encore, par abus de notation, par 5, @ . . . l'image de 5, @ . . . dans H(Xl @ . . .),

et par conséquent

en appliquant T, et en tenant compte du résultat précédent, il vient donc

le premier membre étant précisément El X . . . X Sp , on obtient la propriété


+

d'associativité.

Démonstra tiolz de (b) . - Considérons les isomorphismes canoniques


a : X X Y + Y X X
a':X@Y--+Y@X
(on se place sur la catégorie 3,)donnés par

pour a de dimension p et b de dimension q. Les transformations naturelles

sont identiques en dimension O, donc homotopes. Si donc on prend des classes


d'homologie 6 E HP(X)?3 E H,(Y), on aura

mais comme on a visiblement

le résultat cherché s'ensuit aussitôt.


COMPLEXES SIMPLICIAUX 7I

Démonstration de (c). - Représentons les classes d'homologie données


et par des cycles x" E X " et y E Y. I l existe un cycle x' E X' et une chaîne
x a X tels que l'on ait
xi'=b(x), j(x1)=dx,
et par définition de l'opérateur b la classe 3g" est représentée par x'. Consi-
dérons alors la transformation naturelle T , . Comme 5 63 -q est représentée
dans X 63 Y par x" 8 y on voit que 5" X -q est représentée par T,(x" €3y) ;
de même (bt'') x -q est représentée par T , ( x r @ y).
O r puisque T2 est naturelle on a
T2(xI1@ y ) = T , ( P ( x ) @ - Y ) =P X I ( T z ( x @Y))
et de même
j x I ( T 2 ( x 1@ y ) ) = T 2 ( j ( x 1 )@ Y ) T 2 ( d x @ Y ) ;
comme y est un cycle on a dx @ y = d ( x 63 y ) , et comme T , commute à d
il vient donc
j x 1 ( T 2 ( x 1@ Y ) )= d ( T 2 ( x @ Y ) )
d'où l'on déduit par construction de b que
b(E" X 7 ) est représentée par T , ( x l @y),
ce qui achève la démonstration.
O n laisse au lecteur, à titre d'exercice, le soin d'interpréter ( c ) en homologie
singulière (prendre la suite exacte associée à un espace topologique E et
à un sous-espace E' de E, et pour Y le complexe singulier d'un espace F).
11 va de soi que toutes les définitions et tous les résultats de ce no s'appliquent,
sans aucun changement si ce n'est dans les notations, aux complexes de cochaînes
simpliciaux.
En particulier prenons des complexes de chaînes simpliciaux basiques
< <
X k ( l k pj et des systèmes de coefficients A k ( l \< k < f i ) sur ceux-ci;
étant données des classes de cohomologie
tk E H* (Xk; 'lok)
leur produit cartésien 5, X . . . x 5, est une classe de cohomologie du complexe
C* ( X , , .LI) x . . . x C* ( X , ; A,) ; mais on a (no 3. IO) un homomorphisme
canonique j, de ce complexe dans C* (X, x . . . X XP; Al X . . . X A,,) ;
on en déduit donc des homomorphismes canoniques

Si les X k sont finis, il n'y a aucun inconvénient à ident$er t5 X . . . X 5, à


son image dans la cohomologie de X , X . . . X X,; en fait, même si les
X k ne sont pas finis, on désigne souvent par 5, x . . . x 5, la classe de cohomo-
logie de X , X . . . X X , que nous venons de définir.
Par exemple, si l'on a des espaces tofiolo'giques E,, . . ., E, et des classes de coho-
mologie singulières 5, É H* ( E i ; Ai),alors 5, X . . . X 5, (par abus de notation)
est une classe de cohomologie de l'espace produit El x . . . x E,, à valeurs
dans le groupe abelien Al @I . . . @I A,. On a un résultat analogue pour les
schémas simpliciaux.

3. 12. - Applications diagonales : cup-produit

Plaçons-nous sur la catégorie des complexes de chaînes simpliciaux basiques;


il existe alors une transformation natureIle

savoir celle qui transforme tout simplexe s de X en le simplexe


D(s) =s x s
de X X X .
Si X = C,(K) où K est un schéma simplicial, l'application qu'on vient
de définir correspond évidemment à l'application simpliciale x 4 (x, x) de K
dans K x K; si X = CS, (E), où E est un espace topologique, elle correspond
à l'application continue x -+ (x, x) de E dans E x E. Pour ces raisons, on
appelle D l'application diagonale. On ne peut pas la définir sur la catégorie des
complexes simpliciaux (non basiques) - car si on le pouvait, on en déduirait,
sur la catégorie des groupes abéliens, une transformation naturelle non nulle
G + G x G, ce qui est visiblement imposible.
Considérons maintenant des systèmes de coefficients .hk(l,< k <P) sur X;
on en déduit sur X un nouveau système de coefficients

et il est clair qu'en « transposant » l'application diagonale on trouve un


homomorphisme canonique

I
- p - ~ ~ ~

'D : C * ( X X . . . X X ; . I I ~ I , X . . . X . ~ , ) C * ( X ; , I I , ~ . . . @ I . , % ,;, )
-+

cet homomorphisme transforme une cochaîne y du produit cartésien en la


cochaîne s +- .
y ( s X . . X s) de X.
On en déduit des homomorphismes

en composant avec les homomorphismes définis à la fin du no 3.1 I il vient


donc des homomorphismes canoniques
COMPLEXES SIMPLICIAUX

on les désigne plus explicitement par la notation


518 m . . @51+51 LI m . . u kp;
ce sont les cup-produits.
Avec l'abus de notation signalé à la fin d u no précédent on a donc

Théorème 3.12.1. - L e cup-produit est a s s o c i a f z ~anticommutatif, et compatible


avec les homomorphismes de qstèmes de coe$iciznts. D e plus, soit

une suite exacte de systèmes de coejicients, et soit 33 un système de coej'icients tel que
l a suite
O - " b f @ %+ A @ % -+ A 1 f @ % +O
soit encore exacte; alors quelles que soient les classes de cohomologie 5" et 3 à valeurs
dans A'' et 3 respectivement, on a la relation
ô (5" v 3) = (85") V T,.

Le fait que le cup-circuit soit compatible avec les homomorphismes de systhmcs


de coefficients est trival. Pour démontrer I'associativité il faut prouver la formule

celle-ci résulte de I'associativité des produits cartésiens et de I'associativité


des applications diagonales. L'anticommutativité se prouve de même. Enfin,
la dernière assertion du Théorème se prouve par un raisonnement direct
analogue à celui qu'on a dCveloppé dans la démonstration du Théorème 3. I I . I ,
( O n notera que le résultat cherché n'est une conséquence de la propriété
similaire des produits cartésiens que si la suite

est exacte, hypothèse plus forte que celle de l'énoncé; c'est pourquoi un raison-
nement direct semble nécessaire). O n laisse a u lecteur le soin de détailler la
démonstration à titre d'exercice.
Notons encore la propriété suivante : étant données des cIasses
E,' E H* ( X ; - S 1 ) , Er' E HP(X;J~")
-qf E Hq(Y ;%') , -qrlE H* (Y;#')
on a la formule
(5' w 5") x (7jf w -ql') = (- 1)pq(Sr X 71') w (Elf X 7j11).

Comme application de ces résultats, supposons donné sur le complexe simpli-


ciaI basique X un système d'anneaux commutatifs aauec unité A (i.e. un système
d e coefficients avec un homomorphisme

induisant sur chaque groupe A(s) une structure d'anneau commutatif avec
élément unité). O n peut alors composer le cup-produit
H*(X ;A) 8 H * ( X ;A) -+ H * ( X ;& 8 A)
avec l'homomorphisme
H * ( X ; A @ A ) -+ H*(X;cAR)
résultant de la structure multiplicative de A. O n obtient ainsi sur H*(X; A)
une structure multiplicative; il est clair que celle ci-est associative, distributive
par rapport à l'addition, compatible avec la graduation de H * ( X ; A), ce qui veut
dire que
deg (51) = deg (5) +
deg (1)
si 4 et 3 sont homogènes, anticommutative, ce qui veut dire que
TF; = (- I) deg(E) deg(7,).
Sri
si 5 et -q sont homogènes, et qu'enfin l'anneau H*(X; A) possède un élément
unité - à savoir la classe du cocycle de degré O
s + élément unité de A(s).

Muni de cette structure, H*(X; A) s'appelle l'anneau de cohomologie de X à


valeurs dans .;b.
SUITES SPECTRALES

4. 1, - Modules filtres

Soit II; u n module sur u n anneau A possédant u n élément unité. On appelle


filtration décroissante d e K toute suite de sous-modules K, vérifiant les conditions
suivantes :

O n définirait de même des filtrations croissantes. Dans tout ce 5 nous nous


bornerons à étudier des filtrations décroissantes, et nous appellerons modz~le
JlfrP tout A-module K muni d'une filtration décroissante.
Etarlt tfoiiné un module filtré K, on appelle module gradué associé ci K le module

m u n i de la gracliiation évidente.
Soit K -= ';KI' un module graclué, et filtrons-le à l'aide des sous-modules

K,, -: y,Kf;
il pst clair ci~i'alorsIc module gradué G(K) est isoiriorphe à K lui-rnêrne.
Soit Kuil ;i:otIule filtré, et supposoris par ailleurs K muni d'une graduatiori
par des sous-t-ricr(lul(:s KP; on dit que la filtration et la graduation de K sont
coni~clfihlc.rsi
KI, =: Ki, n El;
/i

i.e, si Ics E;, sont homogènes. Par exemple considérons un module bigradué
K = XKij; on définit la première jltration de K à l'aide des sous-modules

et la secandejllration à l'aide des sous-modules

il est clair que chacune de ces filtrations est compatible avec chacune des
trois graduations possibles de K.
Au lieu de dire qu'une filtration de K est compatible avec une graduation
de K y nous dirons souvent que c'est une jltrution du module gradué obtenu
en munissant K de la graduation en question, et K, muni de la graduation
et de la filtration données, sera appelé un module graduéjltré.
Soit K un module gradué filtré; on dit que la filtration de K est régulière s'il
existe des entiers ni tels que l'on ait
K,n R' =O pour p > ni.
Par exemple soit K un module bigradué et munissons-le de sa graduation
totale; alors la première filtration de K est régulikre dès que l'une des conditions
suivantes est réalisée : la première graduation de K est bornée suflérieurement;
la seconde graduation de K est bornée inférieurement.
Soient K et L deux modules gradués filtrés, et f un homomorflhisme de K dans
L, i.e, un homomorphisme de A-modules tel que
f(Kp)CLp, f(Kq)cLq.
I l est clair que f définit un homomorphisme G(K)
de bidegré (0, 0).
- G(I,), homogène et

Lemme 4. I .I . - Soit f un homomorphisme d'un module graduéjltré K dans un


module graduéjltré L. Si la jltration de K est régulière et si Z'homomorphisme

associé à f est injectif, alors f est injecti$ Si la_filtrution de L est régulière et si l'homo-
morphisnze G(K) .+ G(L) associé & f est surjectif, alors f est surjectif.
Pour démontrer la première assertion, prenons un x E K tel que f(x) == O;
commef est compatible avec les graduations, on peut supposer x Ki pour un i.
Par ailleurs, il existe p tel que x E Kp;f annulant l'image de x dans Kp/K,+,
on voit que x K,,,; donc on a x e K, pour n assez grand - mais comme
K, n R = 0
pour n assez grand on en conclut que x. = 0.
La seconde assertion se démontre de façon analogue.
SUITES S P E C T R A L E S

4. 2. - La suite spectrale d'un module différentiel filtré

O n appelle module dzyérentiel jltrè tout module différentiel K muni d'une


filtration telle que l'on ait d(K,) c K p pour tout p. La théorie des suites spectrales
consiste essentiellement à utiliser la filtration de K pour construire par
« approximations successives » le module dérivé H(K).
Soit un entier r. Nous poserons
(4.2-1) Z$' = Z(Kp mod K,,,),
ensemble des
x E Kp tels que dx E Kp+,.

Pour r <O on a évidemment Z r = K,.


Parmi les éléments de Zr se trouvent d'une part ceux de Zflti, et d'autre part
tous les éléments de K p qui sont des bords; en particulier Zp contient dZf?,'-r,
ensembledes éléments de Kp qui sont des bords d'éléments de Kp-?+,. NOUS
poserons

O n notera que si un XEK, est un cycle, il définit un élément de Ef! pour


tout r, et si c'est un bord l'élément de EF défini par x est nul pour r assez grand.

Théorème 4.2.1. - Il existe sur le module gradué Er une dzJ%'rentielle d, de degré r


telle que le module dérive' H(B) soit canoniquement isomorfihe à E r +,.
En effet, la différentielle d de K applique Zr dans Z F - + et
~ ,d Z f ~ ; + ~ +
sur dZf2;; étant donné que l'on a
E;+' = Z$+'/(dZ<$ + Z$2;+')
on voit que par passage au quotient d induit une différentielle
d,: Ey +

Pour qu'un X E Zf définisse un cycle de degré fi de Er, il faut et il suffit que


dx E dZ$? + +
Zg_iPf ', i.e. que dx = dy s avec -Y E Z$?: et s. E Zf>?[+'; posant
x = y + u , donc d u = s , on a à l a f o i s u ~ Ket~du E K ~ + , + , i.e.
, u ~ Z f + il~ ;
r6sulte immédiatement de ces calculs que
Zp(E,.) = (Z;, , + Zy Tl)/( d Z f i [ + ' + Zfi2,').
D'autre part, BP(E,) est formé des classes représentées par des éléments de
dZ$-', et comme ce module contient d Z f ~ ; f ' on en déduit que
Bp(E,.) = ( d Z f - ? + Z p _ f i i ) / ( d Z f ~ :+
+ ~Z$_ili).
11 vient par suite
HP(E,) = (Zp,, +
Z;i-,')/(dZ$-' +
ZP,?:)
= Zy,,/(Z$+, n (dZp-' +
ZTt:));
comme on a visiblement

il vient finalement

ce qui termine la démonstration.


La suite spectrale de K est par définition formée des complexes Er définis
ci-dessus.
On définit en outre un terme E, comme suit. Posons
K, = 0, IL,= K
Z$ = Z(Kpmod K m )= cycles de Kp
B$ = K p n d K , = bords de K, dans K ;
on définit alors
EL = Z:(BO. + zmy, E, = E:.

Si l'on posait d'une manière générale


BI;'= K, n d K p - ,
on aurait pour tout r la formule

Théorème 4.2.2. - Soit H(K), I'image de H(K,) dans H(K) ; alors, en _filtrant
H(K) par les sous-modules H(K),, on a un isomorphisme canonique
E, = G(H(K)).

En effet on a un homomorphisme surjectif ZP+ H(K)p;pour qu'il applique


un ZEZP dans H(K),+{ il faut et il suffit que .c soit homologue à un élément
de Kp+i , i.e, appartienne à BJ: f Zzf ', d'où le Théorème.
Examinons maintenant le cas où le module K est muni d'une graduation
compatible avec la filtration donnée, et pour laquelle d est homogène et de
degré + r (on dira alors que K est 'un complexejltré). O n peut alors introduire
sur les termes Er une bigraduation; il suffit de poser
ZPY= Z P n Kp-ctt, B,PQ= BP, KP+Y,
Ey + >-
= z ; ( ~ / ( B y i ~ ,Z~'t;~q-'

Pour un élément de E$q, on dit souvent que p est le degré.fiZtrant, p + q le degré


total, et q le degré complémentaire,
SUITES SPECTRALES
#

Il est clair que l'on a


dr: E$q ,E;tr,q-rti
et que, moyennant I'identification Er,l = H(Er), Ef+, est formé des classes
des cycles de Efq.
Il est par ailleurs clair que, dans H(K), la filtration par les H(K), et la gra-
duation par les Hq(K) sont compatibles; posant
H q ( K ) , = H'f(K) n H ( K ) ,
on a alors la relation
Ezq = Hp-+'1( K )PIHP+?(KI P + l'

4. 3. - Approximation de E, par les E,


Soit K un complexe filtré; nous supposerons dans ce no que la Jiltrafion de K
est régulière; on a donc
Kpn Kq O ~ o u r>-
p n(q).

O n en déduit tout d'abord que


Z;q = ZPa9 Pour r > n ( p q + +
1) -P,

~ ~a d z = K p + , nKP+qrl, modirle qui est nul pour


car si L E Z on
P-t-r>n(P+q+ 1).
D'autre part,
d, = O sur Efq pour r > n ( p -+ q + 1 ) -p,
car pour les valeurs en question de r on a Zf+r, = 0.
Puisque, pour p et q donnés et r assez grand, d, est nulle sur Erg, on a, moyen-
nant l'identification H(E,) = une application de Efq sur EPZ,. En
itérant ces homomorphismes on trouve donc des épimorphismes
Of : Efq+ Efq définis pour s > r > n ( p + q + 1 ) -p.
O n a évidemment les relations de transitivité qui permettent de définir la
limite inductive des Efq quand r augmente indéfiniment. Nous allons montrer
que cette limite inductive n'est autre que E E ~ .
En effet, pour r assez grand on a ZTq = Zm, Z$?,',
q-i = Zp-t9,
Oz de plus
pour tout r on a Rlr)qcBg.
Comme on a. les formules

on a pour r assez grand un homomorphisme canonique


0: : Ep' +- EPQ
w
déduit de l'application identique Z$q + Za. Cet homomorphisme est évidem-

Z!q -
ment surjectif; d'autre part, puisque 6: se déduit de l'application identique
Z$q, on a la relation de compatibilité 0; = 8; 6 ; pour r < s. Pour
établir que Ezq s'identifie à la limite inductive des Efir il reste donc à faire
voir que BPaq est la réunion des B;q, ce qui résulte du fait que K est réunion
des K,. D'où le résultat annoncé.
Ce résultat a la conséquence suivante. Considérons deux complexes filtrés
K et L, et un homomorphisme f : K t L, (compatible avec les graduations
et filtrations) ; on en déduit de façon évidente des homomorphismes

commutant aux différentielles d , pour r fini, compatibles avec les identifi-


cation E r + i = H ( E r )pour r fini, et avec les identifications Em(K) = G ( H ( K ) ) ,
E, ( L ) = G ( H ( L ) ) . Cela dit supposons les filtrations de K et L régulières;
il en est alors de même des filtrations de H(K) et H(L) ; si donc I'homomor-
phisme E,(K) + E,(L) déduit de f est bijectif il en sera de même de
f * : H ( K ) + H ( L ) . Tenant compte du fait que si f * : E r ( K ) + E,(L) est
bijectif pour un indice r,, il en est de même pour tout r ),ro, on obtient le

Théorème 4.3.1. - Soit f un homomorphisme d'un complexe jîltré K dans


un complexe $filtré L ; supposons les .filtrations de K et L régulières. Si, pour un entier r,
l'homomorphisme f * : Er(K) -+E,(L) est bijectf il en est de même de
f * : H* (K) + H* ( L ) .
Voici une autre conséquence du théorème d'approximation. Soit K un
complexe filtré, et supposons EPq = O pour des valeurs données de p, q, r;
alors, en vertu de Er+, = H ( E r ) , il est cIair qu'on aura plus généralement
Efq = O pour r ,< s < CO ; si la filtration de K est régulière on en déduit
à la limite que E c = 0.

4. 4. - Suites spectrales dégénérées

Soit K un complexe filtré, dont nous supposerons la filtration régulière. Nous


dirons que la suite spectrale de K est dégénérée s'il existe un entier r tel que,
pour tout n, on ait
Es-% q = 0 pour ( I f cl(4
où q(n) est un entier dépendant de n ; cela signifie que dans le groupe bigradué
Er les seuls termes non nuls sont ceux de E;-qCn), q(Ii).
Par passage à la limite on en déduit, comme on l'a vu à la fin du no précédent,
que l'on aura aussi
E;-9,9 = En-q,
m
Q =0
pour q f: q b ) .
SUITES SPECTRALES 81

O r E, est le groupe gradué associé à H*(K); plus précisément, Hn(K) est


filtré, et le groupe gradué associé est la somme directe des E"q;, q ; comme
tous ces Troupes sont nuls sauf un, et comme on a

UH ~ ( K ) H~ ~ ( K ) ,
P
= n
P
H . ( K ) ~= O

(la seconde relation résultant du fait que la filtration de K est régulière),


on obtient en définitive le résultat suivant :

Théorème 4.4.1. - Soit K un complexejltré, dont la$ltration est régulière. Sup-


posons que pour u n entier r on ait

alors on a des isomorphismes canoniques

4 . 5. - Cas d'une filtration ou d'une graduation positive


Soit K un complexe filtré; nous dirons que la filtration de K est positive si l'on
a K, = K, et par suite
K p = Kpourp <O.
O n a alors E! = O pour p <: O; en effet on a Ef - +
Z,p/(W_, Zfl_f,');
or Zf est formé des z e Kp tels que dz Kp+r, et Zft: = Z; n Kp+ ; étant ,
donné que pour p < O on a K p + , = K il vient Z ; == Zf,', d'où évidemment
notre assertion. Bien entendu ce résultat vaut aussi pour r = oo.
Considérons alors Hn(K);ce groupe est filtré, et admet pour groupe gradué
associé XE$ " - p ; comme on a évidemment
Hn(K), = Hn(K) pour p ,< O
d'après l'hypothèse faite, on voit qu'en particulier il vient
E c = HR(K)/Hn(K),
d'où une suite exacte
Hn(K) +- Ez +- 0.
D'autre part, les éléments de Ep' qui sont des bords pour d, proviennent,
par d,, d'éléments de E$-'- '+'-'; aucun élément non nul de EO,"n'est donc
,
un bord si r >, I , de sorte que moyennant l'identification Er+ = H(E,) on
a des inclusions naturelles
EY~E~"3E3"~...,
chaque terme s'identifiant au sous-groupe des cycles d u terme précédent.
De plus, Eg" se plonge aussi dans chaque Ep (r ), I ) ; en effet il est clair
que BO,
rn
n = BO,
r - IiI et que Z> " n Z:!_l-' = 22 "-!; on a donc
z2.n ( B F , + Ziyif)= B m n + ZLn-i,
de sorte que l'injection Z z n +-ZO,," conduit par passage au quotient à une
injection Eg " -r EPl " pour r >, I.
En combinant ces résultats on en déduit que, si la filtration de K est positive,
on a pour tout n et tout r >
I des homomorphismes canoniques

Hn(K) + EO,,".
Examinons maintenant un autre cas important, celui où la jiltration est infé-
rieure à la graduation, i.e. où l'on a
KnnK, = O pourp>n
(la filtration de K est donc alors régulière). Etant donné que Zfq c KP+" n K P
il vient triviaIement
Epq = O pour q<0.
Considérons alors E:? O; par &?, ce groupe est appliqué dans E?f -'+l, donc
'1

sur O si r >, 2 , de sorte qu'alors tous ses éléments sont des cycles ; par conséquent
on a pour r ),2 des homomorphismes
e0+
. Eg,,
d'ailleurs surjectifs, et d'après le no 4.3 le groupe EO; O s'identifie à la limite
inductive des E? O suivant les homomorphismes en question. O n aura en
particulier un homomorphisme
E2"sO + EZO,
D'autre part, il est clair que Hn(K)p= O pour p > n ; par suite
En." -
oo - Hn(K),/Hn(K)n+ 1 = Hn(K)n

se plonge canoniquement dans Hn(K). En conséquence, on irouue un homo-


morphisme canonique
E>O + Hn(K)
dans le cas où la jîltration est inférieure à la graduation.
Dans le cas où les deux hypothèses examinées successivement ci-dessus sont
simultanément remplies, on a un résultat important pour les termes de bas
degré :

Théorème 4.5.I . - Soit K un complexejltré, satisfaisant aux conditions suivantes :


K,=K; KnnKp=Opourp>n.
On a alors une suite exacte
SUITES SPECTRALES 83

Tous les homomorphismes figurant dans cette suite ont déjà ét6 définis; il
reste donc à prouver l'exactitude de cette suite.
Pour montrer que E> O + Hl(K) est injectif, il suffit de montrer que
ES*0 t EL O
est injectif, et donc de montrer que Ef. O + E:$ est injectif (donc bijectif)
pour tout r ,> 2 ; or un élément de E: O ne peut être un bord que s'il provient,
par d,, d'un élément de E:-'* " - l a , comme Er?4 = O pour p < 0: notre asser-
tion est démontrée.
Le groupe gradué associé à H1(K) est El2 + E': (puisque EpOf # O exige
p >, O et q >, O); on a donc une suite exacte
O + ES.0 + Hl(K) + E y + O;
comme l'homomorphisme H1(K) + EO,.' s'obtient en coInposant les homo-
morphismes H,(K) + E O i et E': + E,Ov1,on voit que la seconde propriété à
établir est que E': + E4pi est injectif, ce que nous avons démontré plus haut
dans le cas où la filtration est positive.
Montrons maintenant que l'image de H1(K) dans EO,*'est identique au noyau
+
de d,. On a Eil' = ZO,.'1 (Byyl Z:pO)et d'autre part
E2,)O= Zt101 (BfrQ+ Z:, -j) = 2 2 0 1 B?O,
Le noyau de d2 est donc formé des classes des zc Z4.' tels que d z B:tO
~ i. e.
tels que dz = du avec zc E K ~ I U K Iposant
; z =u +
v on a do = O et
v ~ K ~ n K l , i.e. VEZL'; i ri

comme de plus on a à. la fois u E K, n K1 et du E K 2 on voit que u E Z1.I;


donc la classe de z dans E;l appartient à l'image de E02, i.e. de H1(K). Inver-
sement, si une classe de Et' peut être représentée dans ZO,ll par un élément
de ZO,li.e. par un cycle, elle est évidemment annulée par d,.
Il reste à établir que le noyau de E2.O +- H2(K) est l'image de d2. II est clair
qu'il contient l'image de d,, puisque celle-ci, dans Z2,,O, est représentée par
des bords. D'autre part prenons un 4 E 2i.O dont la classe dans s'annule
dans H2(K); comme l'homomorphisrne EZ;O +- H2(K) provient par passage
au quotient des relations Zi1° = Z t O= . = ZO : , l'hypothèse faite signifie
que z est un bord dans K. O n peut donc écrire c = du; comme z e K 2 n K2
on peut supposer u E K1 = Ko n K1 et donc u E Zr?'; donc l'élément de E?>O
représenté par z est dans l'image de d,, ce qui achève la dérnonstration.

4. 6. - Cas où l a base ou l a fibre est sphérique


Soit K un complexe filtré; nous dirons que l'on est dans le cas où la base
est sphérique s'il existe un entier n >, r tel que l'on ait
et dans le cas où la fibre est sphérique s'il existe un entier n >, r tel que l'on ait
Er9 = O pour q # O, n.
Ce genre de situation s'est rencontré pour la première fois lorsque l'on a
étudié des espaces fibrés dont la base (resp. la fibre) est une sphère de dimen-
sion n, ce qui explique la terminologie.

Théorème 4.6. I . - Soit K un complexe filtré, et sujposom qu'il existe un entier


n >, r tel que EPP
= O pour p # O, n. Alors, si la filtration de K est régulidre, on a
une suite exacte

Comme la filtration de K est régulière, on voit tout d'abord comme à la fin


no 4.3 que l'on a
E e = O pourp # O, n,
et par conséquent une suite exacte
O + E-.:n + W(K) t Em' t O
pour tout entier i.
Considérons maintenant la différentielle dr; elle applique EPP dans EP q P r '; +

elle est donc nulle sur Er si r < n, en sorte qu'alors Er+, est canoniquement
isomorphe à Er; si r + I < n le même raisonnement montre que d,,, est
,
nulle, donc que E, = Er = Er,, ; poursuivant ainsi de suite on voit donc
+

qu'on a des isomorphismes canoniques


Er4 = EP9.3
autrement dit nous pouvons supposer r = n.
Il est alors clair que, pour la différentielle d,, tout élément de En! est un cycle,
et qu'aucun élément de En n'est un bord. Puisque E n + , = H(En) on a donc

et comme on a, pour des raisons de degré, d a + , = d n + , = ... = O, on en


déduit à la limite des isomorphismes

Définissons alors
+ H'(K)
en composant la surjection ER, '-"
+ Em '-" et l'injection E2 '-" + H1(K),
et définissons de même
H ( K ) -+ En,'
SUITES SPECTRALES 85

en composant la surjection H ( K ) + E': et l'injection Ezi -+ E:,' nous


trouvons pour tout i la suite exacte

ce qui démontre le Théorème.


O n démontre bien entendu, par des raisonnements analogues, le résultat
suivant :

Théoréme 4.6.2. - Soit K un comfilexe Jltré, et subfiosons qu'il exisfe des entiers
r> I et n >
r tels que l'ont ait Ef9 = O pour q # O, n. Si lajîltration de K est régu-
lière, on a une suite exacte
... + E:,o + H'(K) 5- E;-"!" E;+lA + w+l(K) + - -.

Remarque 4. 6. 1 . - Le cas en apparence plus général où l'on suppose


E;9 = O pour p # p,, pl (resp. E p = O pour q # qo, q,) se ramène au cas
précédent en faisant subir à la filtration (resp. à la graduation) de K une trans-
lation convcnablernent choisie.
O n trouvera dans le livre de H. CARTAN et S. EILENBERG (Homological Algebra,
Princeton University Press, 1956) des résultats plus détaillés (cf. Chapitre xv,
3 5 du livre en question).
4. 7, Les termes E,, E,, E,.
Soit K un module différentiel filtré. II est clair que l'on a

et par suite
E{ = Kp/Kp + 1 ;
par conséquent, le terme E, est identique au module gradué associé à K, la différen-
tielle d, se déduisant par passage au quotient de la différentielle d de K.
On a par suite
Ef = H(K,IKp + 1) ;
il est facile de préciser la différentielle dl. Considérons en effet la suite exacte

il en résulte une suite exacte de cohornologie, et en particulier des homomor-


phismes
ô : Ef = H(Kp/Kp+,) + H(KP+,/Kp+,) = E f + l ;
ce sont ces homomorphismes qui constituent la différentielle cherchée dl.
En effet, considérons un élément a H(KpIKp+,) représenté par un
Z E Z(K, mod K,,,) = ZL; par défiriition, d1a est représenté par l'élément
dz e Z(K,+, mod K , ,) : mais c'est précisément ainsi qu'on définit le troi-
+

sième homomorphisme 6 associe à une suite exacte de cohomologie.


Ori déduit de là que le terme E2 est le module de cohomologie du complexe
obtenu en munissant le groupe gradué

de la différentielle ô définie par les suites exactes (*).

4 . 8. - Suite spectrale d'un double complexe


Soit
K = ZKP~
un complexe double, muni de différentielles

vérifiant d'd" +
d"dl = O. Dans ce qui suit nous considérerons K comme un
complexe « simple », en utilisant la graduation totale

et la différentielle totale d = d' + d".


En considérant les sous-groupes

on définit la premiérejltration du complexe K ; les termes de la suite spectrale


correspondante sont notés 'Qq. Nous allons les calculer pour r = 1,2.
Nous avons tout d'abord
'Er = H('K,/'K, + 1) ;
or lKp/'Kp+ls'identifie canoniquement au groupe gradué

et cette identification transforme évidemment la différentielle do en d", puisque


d' envoie ' K p dans 'K,+,; on a donc

l'indice " rappelant qu'on calcule la cohomologie à l'aide de la différentielle du.


Pour calculer d,, nous devons maintenant expliciter l'opérateur 6 associé
à la suite exacte
SUITES SPECTRALES

or celle-ci s'identifie à la suite exacte

dans cette suite, les termes extrêmes sont munis de d", et le terme du milieu
de la différentielle induite par d (i-e. de la différentielle égale à d sur la compo-
sante KP* et à d'' sur la composante KP+I**);comme d = d' +
d" et comme
les cocycles du troisième terme sont annulés par d", on en conclut que l'opéra-
feur
8 :"H(KP*) -+ " H ( K P + l ? * )
est induit par d'.
En conséquence, si l'on munit le groupe " H ( K ) ,qui représente la d"-coho-
mologie de K, de la graduation définie par la formule

et de la différentielle induite par les homomorphismcs

on obtient des isomomorphismes canoniques

Pour obtenir un résultat complet nous devons encore expliciter la seconde


graduation du terme E,; or 'Efq est formé des éléments de 'Eg qui peuvent
être représentés par des éléments de degré fi +
q de K, étant entendu que K
est muni de sa graduation totale. Mais évidemment 'Eg est l'ensemble des
éléments de 'E, représentés par des éléments de K p * ; parmi ceux-ci, les
éléments de degré total P +q forment le groupe Km. Si donc nous désignons
par " H q ( K )le groupe de cohomologie de degré q de K, calculé à l'aide de la
seconde différentielle et de la seconde graduation de K, nous obtenons la formule
finale que voici :
1 'Egq = 'Hp("Hq(K)) /.
O n peut du reste retrouver ce résultat directement en partant de la formule

qui définit le terme E,. En effet, il est clair que ZKq est formé des éléments
de K de la forme x = x p q +
x P + l ~4-l +
. . . tels que l'on ait

(1)

Zrf 1 1 q-1
0 = dr1xp4
O = d " x ~ + 1 7 q -+

est autre part formé des X E qq


j dIXPq ;
1
pour lesquels xpq est nul; enfin,
Br9 est formé des x E Z;q qui sont cobords d'éléments de 'K,-,, i.e. pour lesquels
on peut résoudre le système
~ r= 4 - 1 + dfXp-l, q
n dflXp8 avec dl'xp-1 = O
X p + l , 9 - 1 = dflXp+l, '1-2 + drXp9 4-1

X p + 2 , 9-2 = dUXp+2,
+
9-3
d ' X P + l , 9-2

Cela étant, puisque Z$'j contient tous les éléments de la forme

on voit déjà que tout élément de 'E{4 peut être représenté par un

vérifiant (1). Si de plus un tel élément définit l'élément O de E


' ?!, on a néces-
sairement une relation de la forme

inversement, considérons une solution de (1) pour laquelle on peut résoudre ( r ) ,


et posons
~ p 1+, g - i = dlXp,q-l
+
p+ i,q-l.
,
on aura, en utilisant (1) et (2) :

+
donc I'élément x = x P ~ xP+l#Q-l est somme de l'élément z p + l , q-1 de
Zq * l >q - 1 et de I'élément

de 1 4 , i.e. définit O dans 'EtQ.


On voit que 'Egq est formé des solutions du système modulo celles pour lesquelles
(1)
on peut résoudre (2). O r considérons une solution de ; la première équation
(1)
montre que xpq définit un élément de "Hq(K), de premier degré $J, et la
seconde prouve que celui-ci est un cocycle pour d', i.e. définit un élément
de 'HP("Hq(K)), et évidemment tout éIément de ce dernier groupe provient
d'une solution de ( 1 ) ; pour qu'on obtienne I'élément O de ~ H P ( / ~ H ~ (ilK ) )
faut et iI suffit que I'élément de "Hq(K) défini par xPq soit le dl-cobord d'un
élément de premier degré p - I de "Hq(K); cet élément sera donc repré-
senté par un xp-lpq vérifiant dMxP-l*q=O, son d'-cobord sera représenté
par d'xp-l,, et comme xPq et dlxp-lq doivent définir la même classe de
d "-cohomologie on doit avoir une relation xPq - d 'xP-1, q = d"xP>Q-l;
autrement dit, 'Hp("Hq{K)) s'identifie aux solutions de ( 1 ) modulo les
SUITES SPECTRALES

solutions de ( r ) , ce qui donne à nouveau l'isomorphisme canonique


'Efq = 'Hp("HqK)).

Pour terminer nous allons expliciter, en raison de son importance pratique,


un cas particulier du Théorème 4.4.1 :

Théorème 4.8.1 - Soit K un double complexe de cochaînes (KPq = O si P < O


ou si q < O); supposons que l'on ait
'HP("Hq(K)) = O Pour q >, I .
Soit L le sous-complexe de K formé des éléments
x = J" x f l
A d
tels que SN = O.

Alors l'injection L +K induit un isomorphisme de la cohomologie de L sur celle de K .


Considérons en effet L comme un double complexe dont la seconde gradua-
tion et la seconde différentielle sont triviales. La première suite spectrale
de L est donnée par
'EfY(L) = 'Hp("Hq(L))
de sorte qu'évidemment
'E&q(L)= O si q # O, 'EgO(L)= Hp(L) ;
on a d'autre part
'Ep(K) = O si q#O
par hypothèse, et
'EfO(K) = 'Hp("HO(K)) ;
mais comme la bigraduation de K est positive il est clair que "HO(K)s'identifie
canoniquement à L, de sorte que
'E$(K) = Hp(L).

O n en conclut que l'injection L -t K applique isomorphiquement la première


suite spectrale de L sur celle de K ; comme les filtrations de K et L sont régu-
libres, le résultat cherché est une conséquence du Théorème 4.3.1.
Bien entendu, le résultat précédent conduit plus généralement à une inter-
prétation des homomorphismes canoniques
'Qo(K) - HP(K)
valables pour tout double complexe de cochaînes, et résultant des considéra-
tions du no 4.5.
5. LES GROUPES Ex&(L, M) ET Torff(L, M)

Dans tout ce 5 on désigne par A un anneau avec élément unité. Étant donnés
des A-modules L et M, on écrira Hom(L, M) au lieu de Hom,(L, M), et
Id @ M au lieu de L @ M.
A

5. 1. Résolutions projectives et résolutions injectives

Soit L sur A-module à gauche; on appelle résolution projectiue de L toute résolu-


tion homologique
. . . -+LI + Lo + L +O

de L par des A-modules projectifs Li. De même, on appelle résolution iciective


de L toute résolution cohomologique

de L par des A-modules injectifs Li. L'existence de telles résolutions résulte


immédiatement du fait que tout module est un module-quotient (resp. un
sous-module) d'un module projectif (resp. injectif). Nous regarderons toujours
une résolution projective (resp. injective) de L comme étant un complexe
de chaines (resp. de cochaînes), acyclique en dimension (resp. degré)
n # O.

Théorème 5.1. I . - Soient L, M deux A-modules à gauche, f un homomorphisme


de L dans M, et L, , M, (resp. L*, M") deux résolutions projectives (resp. injectives)
de L, M. II existe un homomor-bhismeg de la première résolution dans la seconde cornfia-
tible acec f, et g est unique à une hnmotopie près.
Examinons par exemple le cas projectif. Nous devons compléter le diagramme

par des homomorphismes E, : Ln + Mn de façon à le rendre commutatif.


O r considérons f o p : L, 4 M; comme L, est projectif il existe go: L, -+ Mo
tel quef O p =P O go;goétant construit, on considère go O d : L, +Mo; par exac-
titude cet homomorphisme applique LI dans les cycles de Mo, i.e. dans d ( M l ) ;
puisque L, est projectif il existe donc g, : L, ;FMl tel que go o d = d o g,. E n
poursuivant de proche en proche on obtient l'homomorphisme cherché g. L'uni-
cité de g à une homotopie près se démontre par des raisonnements analogues.
Si L = M et si f est l'identité, on trouve que deux résolutions projectives (resp.
injectives) d'un module sont tozcjours homotopiquernent équivalentes.

Théorème 5 . I .2. - Soit O ;F 1; , f L --


+
g
L" + O une suite exacte de A-modules
à gauche. Stant données des résolutions projectives LL:, et Li de LI et L", il existe une
résolution projective L* de L de telle sorte que l'on ait une suite exacte
O + L ; + L * 4 L ; 4 0
compatible avec la suite exacte donnée. De même, étant données des résolutions injectives Lr*
et Lu* de L' et L" il existe une résolution injective L* de L et une szcite exacte

combatible avec la suite exacte donnée.


Nous examinerons par exemple le cas projectif et construirons les modules Ln
par récurence sur n (en partant de Ln = O pour n <
O). Nous désignerons
l'ensemble des cycles de degré n de LL par ZA, et utiliserons des notations
analogues pour L, et Li.
Supposons la construction effectuée en dimension ,< n - I . O n a alors un
diagramme commutatzf

dont les lignes et les colonnes sont exactes; on en déduit facilement que la suite
O -t Zn-, + Zn-l 4 ZR-l-+O est exacte. Pour construire Ln, tout revient
évidemment à compléter le diagramme
en un diagramme commutatif

dont les lignes et les colonnes soient exactes, et dans lequel Ln soit projectv:
or la possibilité d'effectuer cette construction résulte du Théorème 1.3.2;
d'où le résultat.
O n peut généraliser le résultat précédent en définissant la notion de résolu-
tion projective (resp. injective) d'un com$dexe. Partons par exemple d'un
complexe L , de A-modules, dont nous supposerons la différentielle cle degré
- I. O n appelle alors résolution projectiue de L, toute suite exacte de complexes
(1) . .. -+ L*, -+ L*, -t L* -+ 0
satisfaisant aux conditions suivantes : pour tout entier n, les suites de modules et

déduites de (1) sont des résolutiom projectives de Cn(L,) = Ln, Z n ( L , ) , Bn(L,)


et Hn(L*).
O n définirait de même des résolutions injectives.

Théorème 5.1.3. - Tout complexe de A-modules admet des risolutions projectives


(resp. injectives).
Etablissons par exemple l'existence de résolutions injectives pour un complexe
L* dont la différentielle est de degré I . Nous poserons

Supposons construites des résolutions injectives 1* ( L n ) ,1* (Zn), 1* ( B n ) et


I * ( H n ) des divers modules L n , ZnJ Bn et H n , et des homomorphismes de ces
résolutions les unes dans les autres ,de telle sorte que pour tout n on ait des
diagrammes commutatifs de suites exactes de la forme suivante :
O n aura alors, comme on le vérifie immédiatement, une résolution injective
de L* en posant L*" = Y In(LP),en définissant la différentielle du complexe
L*n à l'aide des homomorphismes In(LP)-+ In(Lp+l)qu'on obtient en compo-
sant les homomorphismes

qui figurent dans les diagrammes (2) et (3), et en définissant L*" + L*"+l
à l'aide des homomorphismes In(LP)-+ IR l(Lp). +

O n voit donc que tout revient à construire les diagrammes (2) et (3).

.5. I .2 on peut construire (3) pour n -


Pour cela, choisissons arbitrairement I*(BO)et I*(HO);d'après le Théorème
O. 1*(ZO) étant ainsi choisi, choisissons
arbitrairement I*(Rl) ; alors, pour la même raison que ci-dessus, il est possible
de construire (2) pour n = O. Ceci fait, choisissons arbitrairement I*(H1) ;
il est alors possible de construire (3) pour n = x, puis, en choisissant arbitrai-
rement I*(B2), de construire (2) pour n = I . En procédant ainsi de proche
en proche on effectue la construction pour tous les n > O. Un raisonnement
--analogue permet d'effectuer la construction pour n ,< 0.

5. 2. - Dérivés d'un foncteur


Considérons, sur la catégorie des A-modules à gauche, un foncteur X + F(X)
à valeurs dans la catégorie des groupes abéliens; nous supposerons F additif,
covariant et exact à droite.
Choisissons, pour tout A-module à gauche X, une résolution projective X,
de X ; nous poserons

et munirons ce groupe gradué de la différentielle déduite par F de celle de X,.


Cela fait, nous appellerons dérivés de F les foncteurs
F, : X + H,(F(X,)).

Pour justifier cette définition il faut définir, pour tout homomorphisme


u : X -+ Y, des homomorphismes F,(u) : F,(X) -+ Fn(Y); pour cela, il suffit
de prolonger u en un homomorphisme X, + Y,, ce qui est possible et,
à une homotopie près, d'une seule façon en vertu du Théorème 5 . 1 . 1 .
Il va de soi que si l'on changeait le choix de la résolution X * attachée à. chaque
module X , les foncteurs Fn resteraient les mêmes à des isomorphismes près.
Etablissons les principales des foncteurs F,. Ce sont évidemment
des foncteurs covariants et additifs. O n a d'autre part un isomorphisme cano-
nique
puisque de Ia suite exacte
d
Xl+X,-+X-+0
et de l'hypothèse que F est exact à droite résulte la suite exacte
F(X,) -+ F(X,,) -+ F(X) -, 0.
Par ailleurs il est clair que l'on a

/ Fn(X) =O pour n >r ni X est projectif 1


étant donné qu'alors on peut supposer X* nuIle en dimension n )/ 1.
Enfin considérons une suite exacte
O-+X'-+X-+X" +O;
on peut alors choisir des résolutions projectives de ces modules de f a ~ o nà
avoir une suite exacte
4. " O + X* -+ X* -+X* -+ O;
comme d e plus est projectif, XI, s'identifie à un Jacteur direct de X,, en sorte
que la suite de complexes
O -+ F ( x ) -+ F(X,) 4 F ( x ) -+ O
est elle-même exacte; par conséquent, il vient une suite exacte d'homologie
de la forme suivante :

O n laisse a u lecteur le soin de vérifier que les homomorphismes


Fn(Xf)+ Fnp1(Xf)
ainsi obtenus sont indépendants d e la façon dont on a choisi des résolutions
projectives des modules X', X et Xrf considérés.
I l résulte de là, en particulier, que pour que la suite
O + F(Xf) + F(X) + F(X") -t O
soit exacte il sufit que F,(XU)= 0.
Considérons maintenant un foncteur F contravariant et exact à droite; cette fois,
F(X*) est un complexe de cochaînes, et l'on définit
Fn(X)= Hn(F(X,)).
O n a des propriétés entièrement analogues aux précédentes :
FO = F;

Fn(X)= O pour n ),I si X est projectif;


et à toute suite exacte de modules est associée une suite exacte de cohomologie

Si au contraire on étudie des foncteurs exacts à gauche, on utilise, pour tout


A-module X, une résolution injective X * de X.
Etant donné un foncteur additif F, covariant et exact à gauche, on définira

si a u contraire F est contravan'ant et exact à gauche on posera


Fn(X) = Hn(F(X*)j.

O n laisse a u lecteur le soin d'énoncer et de démontrer les propriétés de ces


foncteurs dérivés.
Notons qu'on peut étudier par des méthodes analogues des foncteurs qu'on
ne suppose pas être exacts à gauche ou à droite; le Iecteur consultera, sur cette
question, ''ouvrage de H. Cartan et S. Eilenberg.

5 . 3. Les ioncteurs Extn(L, M ) et Tor,(L, M).

Soient L et M deux A-modules à gauche, et considérons les foncteurs


F(X)=Hom(L,X), G(X)=Hom(X,M);
F est additif, covariant et exact à gauche, tandis que G est additif, contra-
variant et exact à droite. O n peut donc former des foncteurs dérivés
Fn(X) = Hn(Hom(L,X*))
G"(X) = Hn(Hom(X,, M)).

En particulier on peut considérer les groupes


Fn(M) = Hn(Hom(L,M*)); G"(L) = Hn(Hom(L,, M));
nous allons démontrer qu'ils sont canoniquement isomorphes. Plus précisé-
ment : formons le double complexe Hom (L,, M*) et les homomorphismes
de complexes
Hom(L,, M ) + Hom(L*, M*) t Hom (L, M*)
déduits de L, 4 L et M + MO; nous allons démontrer que ces homomor-
phismes induisent des isomomorphismes en cohomologie. Remarquons tout
d'abord que l'image de Hom(L*, M) dans le double complexe Hom (L,, M*)
est formée des éléments de second degré O annulés par d"; pour montrer
que l ' h ~ m o m o r ~ h i s m e
Hn(Hom(L*,M)) -t Hn(Hom(L,, M*))
est bijectif il suffit donc de faire voir que la premi&resuite spectrale du double
complexe est dégénérée. O r on a évidemment
'Efq = Hq(Horn(L,, M*)) = Hom(L,, Hq(M*))
puisque L, est projectif; comme Hq(M*) = O pour q # O notre assertion
est démontrée. On prouverait de même l'assertion relative à I'homomorphisme
Hom(L, M*) -+ Hom(L*, M*).
Etant donnés deux A-modules à gauche L et M, on pose

pour éviter toute ambiguité on peut convenir qu'on a choisi une fois pour
toutes, pour tout module X, une résolution projective X, et une résolution
injective X*. Il est clair que Extn(L, M ) est un foncteur additif covariant par
rapport à M, et contravariant par rapport à L. O n a

d'autre part

si L est projectif
Extn(L,M) =O pour n ), I
ou si M est injectif
Ip----~

enfin, à toute suite exacte


O-Lf->L-+LV+0
correspond une suite exacte

et à toute suite exacte


0 4 M i 4 M - + M " - + 0
correspond une suite exacte

O n notera que pour définir les opérateurs


8 : Extn(L, Mn) -+ ExtR+l(L,M')
qui figurent dans cette suite, on doit, en vertu du no précédent, considérer
une suite exacte
O -t Mt* -t M* -t M"* 4 O
et former la suite exacte de complexes
O -t Hom(L, Mt*) --t Hom(L, M*) -+ Horn(L,M "*) -t 0;
mais on peut aussi considérer la suite exacte
O +- Hom(L,, M') -+ Hom(L,, M ) + Hom(L*, M") -t O:
le fait que les opérateurs 6 obtenus à partir de ces deux suites exactes de
complexes coïncident se démontre en « immergeant » ces deux suites dans
la suite exacte de doubles complexes
O + Hom(L,, Ml*) + Hom(L,, M*) + Hom(L,, Mu*) + 0.
Considérons maintenant un A-module à droite L et un A-module à gauche M,
et formons les foncteurs
F(X) = L D X, G(Y) = Y D M
définis respectivement sur la catégorie des A-modules à gauche et sur celle
des A-modules à droite. Ils sont tous deux additifs, covariants, et exacts à
droite. O n peut donc considérer les foncteurs dérivés
Fn(X) = H n ( L 8 X,); Gn(Y) = H,(Y, D M).
Nous allons démontrer que les groupes
Fn(M)=Hn(LDM*), Gn(L)=Hn(L,DM)
sont canoniquement isomorphes.
Pour cela il suffit de prouver que les homomorphismes
L*DM +- L*DM* + LDM*
déduits des applications Mo -+ M et L, -+ L, induisent des isomorphismes
en homologie; nous allons l'établir en calculant les deux suites spectrales
du double complexe L* 63 M*. O n a évidemment
'Ehq = H q (Lp 8 M*) = IJpD Hq(M*)
puisque L, est projectif; or Hq(M,) = O pour q # O et H,(M,) = M ;
d'où immédiatement le résultat cherché.
On pose
- --
ITO~.(L,
~ -- - p~

M) =H,(L, D M ) =H.(LDM,) =H.(L, 8 M,) O

Il est clair qu'on obtient ainsi des foncteurs covariants et additifs par rapport
à L et à M. D'autre part on a évidemment

' ) = L @ M.-I .
p T o r o ( ~M

Si le module L est plat (à fortiori s'il est projectif) on a


H,(L 8 M,) = L D Hn(M*);
par suite

1 Tor.(L, M) =O pour n >I si L ou si M est plat. 1


Enfin, à toute suite exacte O 4 L' 4 L 4 L" -t O correspond une suite exacte
d'homologie

on tire de là que les modules plats sont caractérisés par le fait que
Tor,(X, M) = O pour tout X.
Notons, comme conséquence des propriétés des Tor,, le résultat suivant :

Théorème 5.3.1. - Pour qu'un module à gauche L sur un anneau A soit plat,
il faut et il su@t que, pour tout idéal à droite 1 de type3n.i de A, l'homomorphisme
T l @ L + L déduit de l'injection 1 -t A soit injectif.
f

""Supposons en effet la condition vérifiée. Par passage à la limite inductive


on voit qu'elle est vérifiée même si 1 n'est pas de type fini. D'autre part,
de la suite exacte
0 + 1 4 A 4 A / I + - O
et d u fait que A est projectif résulte la suite exacte
O 4 Tor,(A/I, L) 4 1@L -t L -+ (A/I) @ L + 0;
l'hypothèse signifie donc que l'on a
Tor,(X, L) = O
pour tout A-module X monogène.
Puisque tout module X à n générateurs admet un sous-module à n - I géné-
rateurs, de telle sorte que le quotient soit monogène, on voit en utilisant la
suite exacte des T o r que la relation précédente est vraie pour tout A-module X
de type fini. Comme tout A-module est limite inductive de A-modules de
type fini, et comme le foncteur X 4 Tor,(X, L) est évidemment compatible
avec la formation des limites inductives, on en conclut que cette relation
est vraie sans restriction. Le module L est donc plat.
Comme corollaire, on voit qu'un module sur un anneau principal est plat si et seule-
ment s'il est sans torsion.
Lorsque l'anneau de base A est principal, tout sous-module d'un module pro-
jectif (i.e. libre) est projectif, et tout module quotient d'un module injectif
est injectif; on peut donc, pour tout A-module X, former des résolutions
projectives (resp. injectives) nulles en dimension n ), 2. Il s'ensuit que l'on a

Extn(L, M) = O et Tor,(L, M) = O pour n > 2.


On écrit alors simplement
Extl(L, M) = Ext(L, M) ; Tor,(L, M) = Tor(L, M).
5. 4. - Complexes d7homomorphisme

Sur un anneau de base quelconque A, considérons un complexe L* dont la


différentielle est de degré - 1, un complexe M* dont la différentielle est
de degré + I , et le double complexe

Hom(L,, M*) = Z: Hom(L,, Mg).

O n a vu au no 2.8 qu'on a des homomorphismes canoniques

Hn(Hom(L*, M*)) + 2
pig=n
Hom(H,(L,),Hg(M*)).

Nous allons, à titre le lemme aux calculs qui vont suivre, démontrer que ces
homo~norphismessont bijectifs dans l'hypothkse (du reste beaucoup trop
restricti~~e,
[Jmme on le verra), où tous les modules Ln, Bn(L,), Zn(L,)
.
et Hn(L.\ ,sont projectifs.
Ecrivons en effet, avec des notations évidentes, la suite exacte de complexes

puisque B* est projectif on obtient une suite exacte de doubles complexes


O + Hom (B,, M*) -+ Hom(L,, M*) -+ Hom(Z*, M*) i- 0,
d'où en passant à la cohomologie un diagramme

H(Hom(L,, M*)) -
if* 6 d'*
H(Hom(Z,, M*)) -t H(Hom(B,, M*)) --+H(Hom(L,, M*))

la seconde ligne de ce diagramme se déduit de la suite exacte


O 4 B, -+ Z, -t H(L,) -+ O
et de l'hypothèse que H(L,) est projectif.
Montrons que le diagramme précédent est commutatif; le seul point non
trivial est d'établir que le troisième homomorphisme 6 se déduit de façon
évidente de l'injection B, -t Z,. Pour cela prenons une classe de cohomo-
logie a de Hom(Z,, M*), représentée par un cocycle u. Nous devons écrire u
comme image d'un u e Hom(L*, M*), i.e prolonger u : Z* -+M* en u :
L, -+ M * (ce qui est possible); alors du est dans le sous-complexe
Horn(&, M*)
et dCfinit 6a,
O r soit w l'élément de Hom(B,, M*) ainsi obtenu; puisque
Hom(B,, M*) + Hom(L,, M*)
s'obtient en transposant d : L, -+ B,, on a la relation du = wod entre homo-
GODEMENT 8
morphismes L, +-M*. D'autre part on a du = u o d tci O v par construction
de la différentielle dans Hom(L,, M*). O r on peut supposer do v = O ; en effet,
on a do u = O, i.e. u applique Z , dans le cocycles de ILI*, de sorte qu'on peut
(puisque 2, est facteur direct de L,) imposer la même condition à u. Ceci
dit, il vient w 0 d = u 0 d, et comme v coincide avec u sur Z+ et à fortiori sur B,
ceci démontre que w n'est autre que la restriction de u à B,, ce qui établit
évidemment notre assertion.
Cela étant, dans le diagramme commutatif précédent, g et h sont bijectifs
puisque Z, et B, sont projectifs et ont pour différentielle 0. O n déduit facile-
ment de là quef est lui aussi bijectif (on établit tout d'abord que 8 est surjectif;
par exactitude il vient alors dr* = O, de sorte que, pour la même raison,
j r * est injectif; le reste d u raisonnement est trivial).
Bien entendu, on pourrait aussi établir le même résultat en supposant
que les mo/ules M*, B(M*), Z(I\/I*) et H ( M * ) sont injectifs.
Nous prn'ons maintenant énoncer le résultat principal :

Théorème 5.4.1. - Soient L, et M* deux com~lexes de A-modules à gauche;


,
on suppose L projectif ou bien M * injectif. Alors il existe une suite spectrale donnée par

et dont le t~rmeE, est le groupe bigradué associé à unejfîllration co~zvenablede la coho-


mologie du comfilexe Hom (L,, M*).
Nous examinerons par exemple le cas où L, est projectif. Choisissons une
résolution injective M** d u complexe M * ; en considérant M** comme
un double complexe, formons le triple complexe Hom (L,, M**); on a une
injection canonique
j : Hom(L,, M*) -t Hom(L,, M**)
sur l'ensemble des termes de troisième degré O annulés par la troisième diffé-
rentielle.
Filtroris ce triple complexe à l'aide de son premier et de son second degré; il
vient une suite spectrale pour laquelle

or pour j donné Mj* est une résolution de Mj; puisque L, est un module
projectif il reste donc
EPO= 2 Hom(L;, Mi*), iq =
Ep O pour g # O.

Comme la troisième graduation est positive, cette suite spectrale est conver-
gente, et l'on voit donc que I'homomorphisme j induit un isomorphisnie en cohomo-
1ogie .
Filtrons maintenant le triple complexe à l'aide de son troisième degré; il
vient une suite spectrale pour laquelle

or, pour p donné, les modules M*P, Z(M*P), B(M*p) et H(M*P) sont injectifs;
d'après le cas particulier étudié a u début de ce no (ou plutôt le cas « duaI »)
il vient donc

la différentielle dl étant induite par M*P + M*P+l. Mais la suite

est une résoluti )n j.,.jectiv de H J ( M * ) ; puisque E, = H(E1) il vient donc

ce qui achève la démonstration.


O n laisse a u lecteur le soin d'énoncer les résultats qu'on obtient lorsque l'on
suppose, en outre, que L* (ou M*) se réduit à son terme de degré 0.
O n notera que la suite spectrale précédente ne converge, en général, que si
le complexe Hom(L*, M*) est borné inférieurement: par exemple si L*
est un complexe de chaînes et M* un coinplexe de cochaines, cas de loin
le plus important dans les applications. Cependant, ces restrictions sont
inutiles si la troisième graduation est bornée supérieurement, et l'on peut toujours
supposer qu'il en est ainsi lorsque l'anneau de base A est princz$al. De plus,
dansce cas, on a Ey = O pour q # 0,1; utilisant le Théorème 4.6.2. on trouve
donc le résultat suivant :

Théorème 5.4.2. - Soient L* et M * deux complexes sur un anneau de base prin-


cipal; on supp~seL, libre ou bien M* injectif. Alors on a pour tout n une suite exacte

Ext(Hi(L*), Hj(M*)) -r Hn(Kom(L,, ( M * ) )


0 - ii

Par exemple, soit L, un complexe de A-inodules li6res; alors pour tout A-mo-
dule M on a les suites exactes

1-O -r Ext(H.-,(L,), M) - Hn(Hom(L*, M)) -+ Hom(Hn(L*),M)


--

-+
--

! .o
Ce résultat permet par exemple de calculer la cohomologie singulière d'un
espace topologique en fonction de son homologie singulière entière.

5. 5. Produit tensoriel de complexes

Soient L, un complexe de A-modules à droite et M, un complexe de


A-modules à gauche; les méthodes d u no précédent, convenablement modi-
fiées, s'appliquent à l'étude d u double complexe L* 8 M, lorsque L, est
formé de modules plats.
O n montre d'abord que I'homomorphisme canonique

2:
p+<i=n
WL*)
/
@ HAM*) - H.(L* O M*)

<+.
est bijectif lorsque to* modules L,, Z(L*), B(I,*) et H(L*) sont plats,
ou bien lorsque cette condition est vérifiée par M, au lieu de L, (le second
cas se ramenant d'ailleurs au premier si l'on remplace A par l'anneau opposé).
Cela fait, et L, étant supposé plat, on choisit une résolution projective M,,
de hl, et l'on étudie le triple complexe L, @J M,,; en le filtrant à l'aide de
son premier et de son second degré, on voit que son homologie est canoni-
quement isomorphe à celle de L, 8 M* ; en le filtrant par son troisième degré,
on trouve une suite spectrale analogue à celle d u no précédent. Finalement
on obtient le résultat suivant :

Théorème 5.5. I . - Soient L , un complexe de A-modules à droite et M, un complexe


de A-modules à gauche; on suMose que L, est plat. Il exzste alors une suite spectrale
pour laquelle

et dont le terme E" est le groupe bigradué associé à unejltration convenable de l'homolo-
gie du complexe L* @ M,.
Lorsque l'anneau de base est principal il vient ;

Théorème 5.5.2. - Soient I,, et M* des complexes de modules sur un anneau


pri?zcipal: on sn~ppose,Z, sans torsion. On a alors des suites exactes

Ce résultat permet par exemple de calculer l'homologie d'uri produit cartésiefî


de deux complexes de chaînes simpliciaux basiques, puisque celle-ci est
isomorphe à l'homologie de leur prodiiit tensoriel. En particulier, l'homologie
singulière d'un espace produit peut s'obtenir (en principe) à l'aide des for-
mules précédentes.
Lorsque M, se réduit à son terme de degré O on trouve les suites exactes

Par exemple, l'homologie singulière d'un espace topologiclue X, à coefficients


dans un groupe abélien, se calcule à l'aide de l'homologie entière en uti-
lisant les formules précédentes.

5. 6. - Exemple d'application : homologie et cohomologie des groupes


discrets
Soit G un groupe « discret » (i.e. un groupe arbitraire sur lequel on va rai-
sonner de façon purement agébrique ...). On peut appliquer les résultats
d u présent $ à l'algèbre de G sur l'anneau Z des entiers rationnels; rappelons
que celle-ci est le groupe abélien libre Z(G) ayant pour base l'ensemble des
éléments de Gy la multiplication dans Z(G) étant définie par la condition
de se réduire à celle de G .- - _les éléments de base.
11 est clair qu'un Z(G)-mob.-le à gauche (resp. à droite) n'est autre qu'un
groupe abélien L sur lequel opère à gauche (resp. à droite); c'est donc,
en utilisant une terminologie plus classique, une représentation linéaire dans L
d u groupe G (resp. d u groupe opposé). Nous dirons aussi L est un G-module
à gauche (resp. à droite).
Si L et M sont des G-modules à gauche, alors Hom (L, M), que nous
Z(G)
noterons aussi Hom,(L, hi), est le groupe des homomorphismes u du groupe
abélien L dans le groupe abélien M qui vérifient u(sx) = s.u(x) pour
se G, x E L. Si L est un G-module à droite et M un G-module à gauche, alors
L 8 M, que nous noterons aussi L 8 M, s'obtient en prenant le quotient
Z(G) G
de L @ M, produit tensoriel sur l'anneau Z, par le sous-groupe engendré
par les Cléments de la forme xs 8 y -.Y 8 .y; les homomorphismes de L 8 hl
G
dans un groupe abélien N s'identifient donc aux applications bilinéaires
f : L x M -+ N qui vérifient f (xs, y) =f (x, sy).
Dans ce qui suit nous regarderons le groupe abélien Z comme un G-module,
en convenant que s . x = x pour s e G et x e Z; on obtient ainsi la (( représen-
tation unité » du groupe G.
Etant donné un G-module à gauche L, on pose
c'est évidemment le sous-groupe de L formé des x inuariants par G, i.e., tels
que sx = x pour tout S E G. De même, en faisant cette fois opérer G à droite
sur Z, nous poserons
Z@L=L,:
G

c'est évidemment le quotient de L par le sous-groupe engendré par les élé-


ments de la forme sx -x ( s E G, x E L).
Cela dit, soit L un G-moduIe à gauche; on pose
H,(G; L) = Tor,(z, L)
Hn(G; L) = Extn(Z, L),
l'anneau de base choisi étant bien entendu Z(G). O n a évidemment les pro-
priétés suivantes :

(1) :
(II) : soit O -t L' L ---
Ho(G; L) = L,; H"(G; L) = LG;
L" O une suite exacte de G-modules à gauche;

-- -
alors on a des suites exactes
.., H,(G; L') t H,(G; L) H,(G; L") + H,-, (G; L') . . .
t H,(G; L") 1,; + LG;--. ,
T
+O
II

et
O L'G + LC+ Lf1C Hl(G; L') t H1(G; L) -+ . . .

(III) : H,(G; L) = O pour n >, I si le G-module L est projectif,


Hn(G; L) = O pour n ,>
I si le G-module L est injectif.

Montrons maintenant comment l'on peut calculer explicitement les groupcs


H,(G; L) et Hn(G ;L) : tout revient évidemment à construire des résolutions
projectives (par exemple libres) du G-module 2. Remarquons tout d'abord
que si X est un ensemble sur lequel G opère à gauche, alors G opère à gauche de
façon évidente sur le groupe abélien libre F(X) ayant pour base X, et que F ( X )
est un G-module libre si et seulement si G opère sur X sans pointjxe (i.e. si
sx = x pour un X E X implique s = e ) . O n obtient du reste de cette façon le
G-module libre le plus général.
Cela dit, prenons un complexe de chaînes simplicial basique F, sur l'anneau
des entiers rationnels; supposons que, pour tout n ), O, Ie groupe G opère
à gauche sur l'ensemble S,(F,) des simplexes de dimension n de F, (no 3.1),
donc, par Iinéarité, sur F,, et ce bien entendu de façon compatible avec la
structure simpliciale de F,; alors F, sera un complexe de G-modules libres

-
si G opère sans point fixe sur S,(F,) pour tout n. Il est clair de plus
que l'augmentation canonique Fo Z de F,, qui applique chaque simplexe
de dimension O sur le nombre 1, est un honiomorphisme de G-modules.
Si donc F, est acyclique nous aurons contruit de la sorte une résolution libre
du G-module Z , et pour tout module à droite (resp. à gauche) L on aura
les formules suivantes :
Hn(G;L) = Hn(F,@L)
G
Hn(G;L) = Hn(HomG(F,, L)).

La construction précédente s'applique à de nombreuses situations. Partons


d'un schéma simplicial K et supposons que G opère à gauche sans point fixe
sur K, en transformant tout simplexe de K en simplexes de K ; on peut alors
dans ce qui précède prendre pour F, le complexe C* (K) des chaînes singulieres
entières de K :si s E G et si (x,, . . . ,x,) est un simplexe singulier de dimension n
de K on a
S. (x0, . . . , xn) = (sxo, . . . . sx,) .

Cela dit, si le schéma simplicial K est acyclique, on voit que C,(K) est une
résolution libre de 2. Soit alors L un G-module à gauche; on peut interpréter
comme suit Hom,(C,(K), L) : on fait opérer G sur
d--

Hom(C,(k!. L) = C*(K; L)
en posant \

(S.f ) (u) = s.(f(s-l. u))


pour s E G, f E C* (K; L), et tout simplexe singulier u de K ; ceci dit il est clair

Autrement dit, si K est un schéma simplicial acyclique sur lequel G opère sans point
Jixe on a, pour tour G-module L, des isomorphismes canoniques

O n trouverait évidemment de même, en homologie, les formules

Le cas le plus important est celui où K est le schéma simplicial G, toute partie
finie et non vide de G étant un simplexe, et G opérant sur lui-même par les
translations à gauche. On obtient alors par exemple Hn(G; L) en calculant
la cohomologie du complexe de cochaînes C*(G; L) que voici : les éléments
de degré n sont les applications f : Gn+ 1 t L vérifiant

et la différentielle est donnée par

Voici encore un exemple important de résolution libre du G-module 2.


Faisons maintenant opérer G sur un espace topologique X (on suppose bien
entendu que les s E G définissent des homéomorphismes X +X ) ; si u : J n t.X
est un simplexe singulier de X de dimension n, et si s E G, on notera S . u le
simplexe singulier s o U ; il est alors clair que le complexe singulier CS* (X)
est formé de G-modules, qui sont libres si et seulement si G opère sans point
fixe sur X. Si L est un G-module, on peut faire opérer G de façon évidente
sur les complexes C S * ( X ; L) et C S * ( X ; L) et il est clair que l'on a

pour tout G-module à droite, et

pour tout G-module à gauche. O n en conclut, comme plus haut, que si G


opère à gauche sans joint Jxe sur un espar. topologique X , acyclique en homologie sin-
gulière, alors on a des isomorphi.~mes
--"_

pour tout G-module L à droite (resp. à gauche). Nous verrons dans la suite de
cet ouvrage que, dans de nombreux cas, les groupes précédents peuvent
s'interpréter à l'aide de l'espace quotient X/G.
Le lecteur désireux d'approfondir ces questions pourra consulter le Sémi-
naire 1950-51 de H. Cartan, dont la première moitié traite de la cohomologie
des groupes. Nous reviendrons du reste sur ces problèmes à propos de la théorie
des faisceaux.
CHAPITRE I I

THÉORIE DES FAISCEAUX


I. FAISCEAUX D'ENSEMBLES

1. 1. - Axiomes des faisceaux

Soient X un espace topologique et 3i un pré faisceau d'ensembles de hase


X (Chapitre I , no I .9). O n dit que 3i est un faisceau d'ensembles lorsque les
conditions suivantes sont vérifiées (1) :
( F I ) : soient (Ui)ierune famille d'ensembles oziuerts daru X , U la réunion des U t , et
s', s" deux éle'ments de 3i ( U ); si les restrictions de sr et s" à chaque U i sont égales, on
a s' = s".
( F 2 ) : soit (Ui)ic,une famille d'ensembles ouverts dans X, de réunion U , et su$~Posons
donnés des si€ 9(Ui1 de telle sorte que, quels qzie soient i, j E 1, les restrictions de si et
sj à Ut n Uj soient égales; alors il existe un s E 3i(U) dont la restriction à Ut est si
poztr tout i E 1.
011remarquera que, d'après (F I ) , l'élérrient s de %(U) dont (F 2 ) assure
l'existence est zmique. D'autre part, si l'on applique (F 2) au cas où I
est l'eilsemble vide, on constate que $(cg) est un ensemble à un élément (à
moins que les $(U) rie soierit tous vides, cas trivial que nous écarterons géné-
ralement). Il suffit donc, dans l'énoiicé de l'axiome (F 2), d'examiner les
couples i, j pour lesquels Ui n Uj n'est pas vide.
Appclons esbace clécor@é de base X tout couple (E, fi), où E est un espace topoIo-
gique e t p une application continue de E dans X. Étant doriné un sous-ensemble

s :M -
hT cle X, 01-1appelle section de (E, p) ail-dessus cle M toute application continue
E telle que b ( s ( x ) )= x pour tout x E M ; cela dit, attachons à chaque
ouvert U de X l'erisernhle $ ( U ) des sections de (E. P) au-dessus de U , et

(lj Ctant donnes des o~ivcrtsLTc t V c Ii, et un s e :T(Uj, l'image de s par l'application
structurale ;i;(U) -+ :T (1') est la restriction de s à :7(V). Cette terminologie s'expliquera
a u no suivant.
pour U 1 V définissons la restriction 2t V d'une section au-dessus de U comme
étant la restriction à V de l'application U -+ E correspondante; il est alors
immédiat de constater que l'application U -+ $(U) définit un .faisceau
d'ensembles de base X; c'est le faisceau cles sections de l'espace découpé (E, p).
Cet exemple est naturellement susceptible de nombreuses variantes; on
peut par exemple se limiter - dans la mesure où cela a lin sens -. aux sections
« différentiables », ou « ailalytiques », de (E, p).

1. 2. - L'espace étalé attaché à un faisceau


Soit (E, p) un espace découpé de base X. O n dit que (E, p) est un espace étalé
dans X lorsque l'application P est un homéomorphisme local, i.e. lorsque
tout point u e E possède dans E un voisinage ouvert que # applique homéo-
morphiquement sur un voisinage ouvert de ~ ( u dans
) X. Lorsqu'il en est ainsi,
alors pour toute section s de (E, p) au-dessus d'un ouvert U de X, l'ensemble
s(U) est ouvert dans E; de plus, pour tout u e E, il existe une section s de (E, P)
définie dans un voisinage du point x = p(u), et telle que s(x) = u ; on en conclut
que les ouverts de E ne sont autres que les réunions d'ensembles de la forme
s(U). Enfin, il est clair que si deux sections de (E, p) définies dans des voisi-
nages ouverts U et V d'un point x de X sont égales en x, alors elles sont égales
dans tout un voisinage W ç U n V du point x. Autrement dit, l'ensemble

s'identifie à la limite inductive des 9(U) lorsque U décrit l'ensemble filtrant


décroissant des voisinages ouverts de x dans X.
Nous allons montrer que le procédé précédent conduit à tous les faisceaux
d'ensembles de base X.
Partons plus généralement d'un préfaisceau d'ensembles 3; de base X. Pour
tout X E X, les voisinages ouverts de x dans X forment un ensemble filtrant
décroissant @(XI, et les conditions de transitivité imposées aux opérations
de restriction $(U) -+ 9(V) permettent de définir l'ensemble

O n désignera par 5 l'ensemble somme des divers %lx), et par p l'application


de 3 dans X qui applique chaque sous-ensemble $ ( x ) sur le point x.
Soient U un ouvert et x un point de U ; par définition même des limites induc-
tives, on a une application canonique

que nous noterons s 4 ;lx). A chaque s E $(U) est ainsi associée une applica-
tion ? : U , à savoir x 4 S ( x ) , et celle-ci vérifie p(j(x)) = x pour tout
FAXSCEAUX D'ENSEMBLES III

x e U. De plus prenons un ouvert V c U et remplaçons s par sa restriction t


à V ; pour X E Vl'application $(U) t- 3(x) est composée des applications
; par suite, l'application : V -+ 5 est la restric-
3i (U) t 3; (V) et 3i(V) -+ %(x)
tion à V de I'application S : U -t $.
Nous allons maintenant munir 5 de la topologie la moins jne qui rende continues
les applications 3: ( s E 3i(U), U ouvert dans X) . Une partie G de 3 est donc ouverte
si et seulement si, pour tout U et tout s E 9(U), les X E U tels que s ( x ) E G
forment dans X un ensemble ouvert.
L'application p est évidemment continue. D'autre part, pour tout ouvert
U de X et tout S E $(U) l'ensemble S(U) est ouvert dans 3; il suffit de vérifier
que quels que soient s E 3i(U)et t E 9(V) les x e U n V où l'on a ?(x) = F(x)
forment un ouvert -ce qui résulte de la définition même des limites inductives.
Ce qui précède montre évidemment que le couple (5, p) est un espace étalé
dans X . Désignant par $(u)l'ensemble des sections de 5 au-dessus de U,
il est clair qu'on obtient un homomorphisme de préfaisceaux en considérant
les applications canoniques
9(U) -+ 5(u);
nous allons montrer qu'il est bijectif si (et seuIement si) 3i est un faisceau.
Cet homomorphisme est injectif si 3i vérifie l'axiorne (F 1) des faisceaux.
En effet, supposons que s' et s" dans 3i(U) définissent la même section de 3
au-dessus de U ; comme J.'(x) = S"(x) implique l'existence d'un voisinage
de x auquel les restrictions de s' et s" soient égales, on voit qu'on peut écrire U
comme réunion d'ouverts Ui tels que les restrictions de sr et s" à chaque Ui soient
égales, d'où notre assertion.

effet une section f : U -


Cet homomorphisme est surjectif si 9 vérifie (F I ) et (F 2 ) . Considérons en
5 ; comme deux sections qui coïncident en un point
coïncident a u voisinage, on peut écrire U comme réunion d'ouverts Ui et
) que Ti = f dans Ut. Comme Yi = 7j dans Ut n Uj
trouver des s l ~ 3 i ( U itels
et comme (F 1) est vérifié, les restrictions de si et sj à Ui n Uj sont égales;
d'après (F 2 ) il existe donc un s e 9 ( U ) dont la restriction à chaque Ut soit siy
d'où 3. =f d a ~ i sU, ce qui prouve notre assertion.
Disons que deux espaces étalés (E, p ) et (Et,p') sont isomorphes s'il existe un
homémorphisme de E sur E' qui transforme p en pf ; il est clair que les considé-
rations précédentes démontrent le résultat suivant :

Théorème 1.2.1. - Tout faisceau d'ensembles de base X est isomorphe au


faisceau des sections d'un espace étaM dans X , unique à un isomorphisme près.

Remarque 1.2.1. - Par la suite nous ne ferons aucune distinction entre un fais-
ceau d'erisembles $ et l'espace étalé (3,p) qu'on lui a associé ci-dessus; nous
désignerons donc aussi cet espace étalé par la lettre 3; (la « projection » p
étant le plus souvent otriise de la notation) et, pour toute partie M de X,
nous désignerons par 9(M) l'ensemble de ses sections au-dessus de M ; en
particulier les éléments de l'ensemble 9(U) seront identifiés aux sections
de 3; au-dessus de U. Bien entendu si M se réduit à un point x on retrouve
l'ensemble %(x), qui sera lui aussi noté simplement 4(x).
Ces identifications ne nous empêcheront naturellement pas d'adopter, tantôt
le point de vue des << espaces étalés », tantôt celui des préfaisceaux.

Remarque 1 . 2 . 2 .-Si 9 est le faisceau des sections d'un espace découpé


(E, p) de hase X, les éléments de 9(x) s'appellent les pennes de sections de ( E , p )
a u point x; deux sections d e (E, p) au-dessus de voisinages U et V de x
définissent le même germe de section en x si et seulement si eIles coïncident
dans un uoisinage W c U n V du point x; en général l'espace étalé attaché à 3;
est tout à fait différent de (E: p) - à moins bien entendu que (E; p) ne soit
lui-même étalé dans X.

Remarque r .2.3. - La
démonstration d u Théorème r .2.I prouve que tout
préfaisceau d'ensembles $ définit canoniquement un espace étalé dans X, i.e,

-
un faisecau 5 d'ensembles de base X; on dit que c'est le faisceau enLgentlrepar 3;;
on notera qu'on a un homomorphisme canonique 9 5 de préfaisceaux.

Remarque I -2.4. - Un espace 9 étalé dans X n'est en ~ é n é r n lpas s l a r é ,


même si X lui-même l'est. En effet, soient s et t des sections au-dessus d'un
ouvert U de X ;nous avons vu que les x E U où S(X) = t(x) forment un ensemble
ouvert dans U ; mais si 9 est un espace séparé cet ensemble est aussi fermé dans
l'espace U . En d'autres termes lorsque 8 est un faisceau séparé, deux sections
s et t au-dessus d'un ouvert U qui sont égales en un point x de U sont égales
dans toute la composante connexe de x dans U -le faisceau 3; vérifie le « prin-
cipe d u prolongement analytique ». Par exempIe, si X est une variété analy-
tique complexe, le faisceau des germes de fonctions holomorpl-ies sur X -
obtenu en prenant pour 3;(U) l'ensemble des fonctions définies et holomorphes
dans U - est séparé; mais le faisceau des germes de fonctions continues ne
saurait l'être.

1, 3. - Sections au-dessus d'un ensemble quelconque

Soit $ un faisceau de base X. Puisqu'on a défini les sections de 3; au-dessus


d'une partie quelconque de X, et qu'on a évidemment des opérations de
« restriction », on peut se demander si les axiomes (F x ) et (F 2) sont encore
valables si l'on y supprime l'hypothèse que les ensembles considérés sont ouverts.
Il en est évidemment ainsi de l'axiome (F 1), mais non de (F 2 ) : sinon toute
application s : X -3; telle que p ( s ( x ) ) = x serait continue, puisque X est
réunion des ensembles réduits à un point. O n a toutefois un résultat partiel,
qui nous sera utile plus loin :

Théorème 1.3.1. - Soient 3; un faisceau de base X et (Ml)ifl un recouvrement


fermé localement Jini de X . Supposons données des sections si e $ ( M i ) de telle sorte que
s, = s, dam Ml n Mj quels que soient i et j; alors il existe une section s e $(X) qui
coincide auec si dans Mi quel que soit i E 1,
Il existe évidemment une application et une seule s : X t 3; qui coïncide
avec si dans MI; tout revient à prouver qu'elle est continue. O r tout point x
admet un voisinage ouvert U ( x ) qui ne rencontre qu'un nombre fini d'ensembles
Mi; soient Mi,, . . .,Mipces ensembles; comme ils sont fermés on peut supposer
qu'ils contiennent x en prenant U ( x ) assez petit, et l'on peut aussi supposer
qu'il existe une section t de 3; au-dessus de U ( x ) telle que l'on ait
.
t ( x ) = s ( x ) = si,(x) = . . = sip(x).

Considérant la restriction de t à Mlli on voit qu'il existe un voisinage de x,


soit U t k ( x ) , tel que t = si,; dans Ui,(x) n Mlk; on peut évidemment supposer
U i k ( x )= U ( x ) pour tout k , alors s et t coïncident dans
U ( x ) n (M,, u . . . uMlk)= U ( X ) ,
ce qui prouve la continuité de s en x.

1. 4. - Faisceaux simples
Soient X un espace topologique et A un ensemble quelconque. O n appelle
faisceau simple de base X et dejbre A le faisceau engendré par le pré faisceau
U + A , les opérations de restriction se réduisant à l'identité.
Il est facile de construire l'espace étalé 3; correspondant. En effet $ ( x ) est
défini comme limite inductive, d'où évidemment 3;(x) = A pour tout x
et 3; = X x A ; de plus il est clair que les sections définies à partir du pré-
faisceau considéré ne sont autres que les applications U + X x A qui,
en tant qu'applications U -+ A, sont constantes; autrement dit, la topologie
de 3; = X x A est le produit de celle de X par la topologie discr2te de A.
Pour tout ouvert U , l'ensemble 3;(U) s'identifie donc canoniquement à
l'ensemble des applications continues U + A , autrement dit à l'ensemble
des applications localement constantes de U dans A.
Par la suite, et sauf danger de confusion, nous désignerons le plus souvent
par la lettre A le faisceau simple de base X et de fibre A.
1. 5. - Faisceaux induits
Soient X un espace topologique, Y un sous-espace de X, et 9 un faisceau
de base X. Il est clair que l'ensemble des points de l'espace étalé 9 qui se pro-
jettent dans Y définit un espace étalé dans Y , i.e. un faisceau de base Y ;
on le note 91Y, et on l'appelle le faisceau induit par 9 dans Y .
Il est clair que pour toute partie M de Y, l'ensemble des sections de 91Y
au-dessus de M n'est autre que 9 ( M ) . Ceci permettrait de définir autrement
le faisceau $ / Y ,en attachant à tout ensemble U c Y , ouvert relativement à
Y , l'ensemble 5 ( U ) des sections de 9 au-dessus de U .

1. 6. - Homomorphismes de faisceaux

Soient A et % deux faisceaux d'ensembles de base X; par un homomorphisme


de k dans 93 on entend un homomorphisme du h ré faisceau JO dans le pré-
faisceau %, autrement dit une collection d'applications

f (U) : & ( U ) 4 quj


vérifiant les conditions de compatibilité évidentes.
Considérons maintenant A et 3 comme des espaces étalés dans X. Par passage
à la limite inductive, f définit alors des applications

f ( x ) : JO ( x ) -+ % ( x )

et par suite une application, que nous noterons 3


de l'espace étalé k
, dans
l'espace étalé %; si s est une section de jb au-dessus d'un ouvert U, alors

*
n'est autre évidemment, comme section de % au-dessus de U, que l'applica-
tion x +f: ( s ( x ) ); il suit aussitôt de là que f: : 4 k est un homéomorphisme
local compatible avec les projections.
Réciproquement donnons-nous une application continue f : jb -+% compatible
avec les projections; on en déduit pour tout ouvert U une application
f ( U ) : k ( U j 4 LR(U), transformant une section six) en la section f ( ~ ( x ) ) .
O n en conclut aussitôt qu'il existe une correspondance bizlnivoque entre les homomor-
phismes de faisceaux f : A + 3 et les applications continues f : k îi 5 compatibles
auec les projections, une telle application continue étant d'ailleurs nécessaire-
ment un homéomorphisme local, et appliquant donc jb sur un sous-espace
ouvert de z.
O n notera que plus généralement tout homomorphisme f : JO -+93 de pré-
faisceaux définit canoniquement un homomorphisme du faisceau engendré
par A dans le faisceau engendré par $8.
FAISCEAUX D'ENSEMBLES "5

U n homomorphisme de faisceaux f : ,h -+% est dit injectif (resp. surjectif)


si l'application correspondante f est injective (resp. surjective), i.e. s'il en est
ainsi, pour tout x, de l'application f(x) : &(x) -t B(x). Si f est injectif alors
pour tout ensemble ouvert U c X l'application f (U) : A(U) + %(U) est
injective; mais si f est surjectif, les applications &(U) -+%(U) ne sont pas
surjectives en général.
Soit par exemple X une variété analytique complexe, et considérons les fais-
ceaux & et % que voici : pour tout ouvert U, A(U) est l'ensemble des fonctions
holomorphes dans U, et %(U) est I'ensemble des fonctions holomorphes
et partout # O dans U. On a un homoniorphisme & -+93 en associant à toute
fonction f(x) holomorphe dans U la fonction eXX);comme localement toute
fonction holomorphe ne s'annulant pas est de la forme el(") cet hornomorphisme
de faisceaux est surjectif; mais il est bien connu que, si U n'est pas simplement
connexe, l'application f -t el de &(U) dans %(U) n'est pas surjective.

1. 7. - Faisceaux de germes d'homomorphismes

, et 3 deux faisceaux d'ensembles de base X; on notera Hom (A, !R)


Soient &
l'ensemble des homomorphismes de dans 93.
Si Y est un sous-espace de X, tout homomorphisme f : A -t B: définit évidem-
ment un homomorphisme f l Y : AIY -t %]Y. En particulier, si l'on a des
ouverts U et V c U de X, on en déduit une application canonique

et les relations de compatibilité usuelles étant vérifiées on peut considérer


le préfaisceau
U -+ Hom(&lU, % l u ) ;
celui-ci est en fait un faisceau d'ensembles de base X comme on le voit trivia-
lement. On le note
Xom4(&, 8)
et on l'appelle le faisceau des germes d'homomorphismes de dans 93. Par contruc-
tion on a donc pour tout ensemble ouvert U la relation

On notera que pour tout point x on a une application canonique


XO~I,(,&,3)( x ) -t Hom(A(x), %(x))

puisque tout germe d'homomorphisme en x provient d'un honiomorphisme


au-dessus 'd'un voisinage de x. Toutefois l'application précédente n'est en
général ni injective ni surjective.
CODEMENT 9
1 . 8. - Sous-faisceaux : image d'un homomorphisme

Un sous-faisceau d'un faisceau A de base X est un faisceau 3 de base X tel


que l'on ait
93F-Jc) JwJ)
pour tout ouvert U, les opérations de restrictions dans 3 étant induites par
celles de A.
La collection des applications identiques 3 ( U ) -t A(U) définit alors un homo-
morphisme de faisceaux, lequel est évidemment injectif; par suite l'espace
étalé s'identifie canoniquement à un sous-espace ouvert de A. Réciproque-
ment il est clair que tout sous-espace ouvert de A est étalé dans X, et définit
uri sous-faisceau de A. (On notera qu'un sous-espace quelconque de A définit
aussi un sous-faisceau de A, à savoir le faisceau des sections à valeurs dans ce
sous-espace; mais si le sous-espace donné n'est pas ouvert dans k il ne s'iden-
tifie pas à l'espace étalé attaché au sous-faisceau qu'il définit). En conclusion
les notions de sous-faisceau et de sous-espace ouvert sont identiques.
Si l'on a une famille jnie (si) de sous-faisceaux de A on peut définir leur
intersection : c'est l'intersection des sous-espaces ouverts correspondants de A.
O n peut aussi définir

lorsque l'ensemble d'indices I est infini, en posant

pour tout ouvert U de X (il est immédiat de vérifier les axiomes des faisceaux) ;
mais on ne peut plus alors interpréter % comme étant l'intersection des sous-
espaces ouverts sr de A; c'est seulement l'intérieur de cette intersection.
Soit maintenant un homomorphisme de faisceaux

plaçons-nous a u point dc vue des espaces ktalés : alors f(%)est un sous-espace


ouvert, donc un sous-faisceau, de .b; on l'appelle image de %parsfi Évidemment,
f induit un homomorphisme surjectif de 3 sur le faisceau image f (93). O n peut
encore définir f ($8) comme étant le faisceau engendre' par le préfaisceau

comme on le voit facilement.


1 . 9. - Faisceaux quotients
Soit t7 un faisceau d'ensembles de base X, et supposons donnée pour chaque
ouvert U c X une relation d'équivalence R ( U ) dans l'ensemble 9 ( U ) ; nous
dirons que la collection des R ( U ) est une relation d'équivalence dans 9 si
elle vérifie la condition suivante : pour que s, t EB(U) soient équivalents
mod. R ( U ) , il faut et il suffit qu'on puisse représenter U comme réunion
d'ouverts UI de telle sorte que, pour tout i, les restrictions de s et t à Ui soient
équivalentes mod. R(Ui).
Lorsqu'il en est ainsi, on peut munir la famille des ensembles quotients

d'une structure de préfaisceau, en définissant de façon évidente les applications


9 ( U ) / R ( U ) --+ S(V)/R(V) pour U 3 V. Le préfaisceau ainsi défini vérifie
l'axiome (F I ) des faisceaux, mais non (F 2) en général. O n note 9 / R le fais-
ceau qu'il engendre [de sorte que S ( U ) / R ( U ) se plonge biunivoquement
dans (SIR)(U)1. La collection des applications canoniques S ( U ) -t S ( U )/R(U)
permet évidemment de définir un homomorphisme de faisceaux 9 +$IR.
lequel est surjectif.
Par exemple considérons un homomorphisme de faisceaux f : A -+ 93 et,
dans A(U), prenons pour R ( U ) la relation d'équivalence exprimée par
la condition « f(U)s =f ( U ) t B. Alors les conditions imposées plus haut
sont satisfaites, et le faisceau quotient A/R s'identifie canoniquement
à f (A).

1. 10. - Produit direct de faisceaux

une famille de faisceaux sur un espace X, et considérons le pré-


Soit (9JiEI
faisceau

l'application de restriction, pour U 2 V, étant définie comme produit des


applications de restriction $PI(U)-t gI(V). Ce préfaisceau est en fait un .fais-
ceau dYensembIes.Soit en effet une famiIle d'ouverts (U,.), de réunion U,
et supposons donnés des éléments

de telle sorte que SI. = s, dans UI n U,. Alors pour tout i il existe iine section
et une seule siE 3i(U) qui, dans UI,, coïncide avec si,.;il est clair que s =
est le seul élément de SIBi(U) qui, dans chaque UI, induits sx - d'où évidem-
ment le résultat.
Le faisceau ainsi défini se note

et s'appelle produit direct des Si. Soit d ce faisceau. Pour tout i, on a de façon
canonique un homomorphisme de faisceaux

d'oii en chaque point x une application canonique

3 ( x ) -+ Bi( x ) ;
iEI

il est visible que celle-ci est injective, mais non surjective en général : car si
l'on se donne, pour tout i, un germe de section de Si au point x, il n'est géné-
ralement pas possible - à moins bien entendu que l'ensemble 1 soit fini -
de prolonger simultanément ces germes à un voisinage de x dans X.
Notons que la notion de p o d u i t direct possède la propriété universelle »
que voici : étant donnés des homomorphismes

il existe un homomorphisme et un seul

tel que l'on ait

pour tout ic 1.

1. 11. - Limites inductives de faisceaux

Donnons-nous, sur un espace X, une famille ( S h ) l E . l de faisceaux, et supposons


d'une part que l'ensemble d'indices A soit filtrant décroissant, d'autre part
que pour X ),p. on se soit donné un homomorphisme de faisceaux
A: : $1 + SF,

de telle sorte que les conditions de transitivité suivantes soient vérifiées :


ft = identité; J,X =fY" O f; pour X > p. ).v.

O n peut alors définir un faisceau


9 = lim. ind. $5,
1

comme suit. Pour tout ouvert U, les honlomorphisnles f i ( U ) permettent


de former l'ensemble Iim. ind. Sh(U); comme, pour U 3 V, les diagrammes

sont commutatifs, on a pour U 3 V une application canonique


lim. ind. &(U) 4 lim. ind. fJ5(V),
1 A

ce qui permet de former le pre~aisseau


U -+ lim. ind. SX(U);
h

cela dit, $ est par définition le faisceau engendré par le préfaisceau qu'on
vient de définir.
En composant les applications évidentes
91(U) -t lim. ind. %(U)
1
et
lim. ind. 91(U) + 9(U)
X

on définit évidemment des homomorphismes de faisceaux

avec la relation de compatibilité


f k f p of; pour X>p.

Ici encore on a une propriété de caractère « universel D : étant donnés des


homomorphismes
h" 41 + .b
tels que l'on ait
hl = f i O hl* pour X >, p,.

-
il existe un homomorphisme et un seul
h : lim. ind. $1 A
A
tel que l'on ait
h" =h o fX pour tout 1.

O n notera que l'on peut déterminer comme suit les ensembles ponctuels
9 ( x ) . Tout d'abord, on a des applications

f"x) : 41(x) -+ $(x)


qui, pour des raisons de transitivité évidentes, définissent une application
canonique
lim. ind. B,,(x) -+ $(x) ;
1

celle-ci est bijective: car en vertu de la construction des ensembles ponctuels


attachés à un préfaisceau on a

$ ( x ) = lim. ind. (lim. ind. $i.(U))


u3x 1
= lim. ind.
1
(lim. ind. 9i,(U))= lim. ind.
3= 1
$4~)
comme annoncé. Le lecteur vérifiera sans peine qu'en tant qu'espace topolo-
gique, 4 est la limite inductive des espaces topologiques 4). : une partie de 4
est ouverte si et seulement si ses images réciproques par les applications
f ": 35%--+ 4 sont ouvertes dans les 4;..
O n remarquera que, pour tout sous-espace Y de X, on a un isomorphisme
canonique
IY) .
9 /Y = lim. ind. (41,
1

La façon la plus commode de le voir est de se placer au point de vue des espaces
étalés.

1 . 12. - Image réciproque d'un faisceau par une application continue

Soient X et Y deux espaces topologiques, f une application continue de X


dans Y, et 3 des faisceaux d'ensembles de bases X et Y. Nous appellerons
homomorphisme de A dans 3 compatible auec ,f toute application continue f de
l'espace étalé A dans l'espace étalé 3 telle qiie le diagramme suivant soit
commutatif :

Noiis dirons aussi que f est un f-homomorphisme de A dans 93.

- donnés, il existe sur X un faisceau


Noiis allons montrer que X, Y, f et W étant
* , et un f-homomorpilisme
f (3) f * (3)f
-5- 3, tel que tout f-homomorphisme
+-:fi s'obtienne en composant f avec un homomorphisme A -+ f *(a)
entièrement déterminé.
Remarquons tout d'abord que si l'on a un f-homomorphisme f ' : A -+ 93,
alors pour toute section s E ,b(U) l'application
de U dans l'espace étalé % est continue et vérifie

(*> sl(x)E %(cf (x)) pour tout x e U.


Cela dit, désignons par f * (a)(U) l'ensemble des applications continues sr
de U dans 3 qui satisfont à la condition précédente; définissant de façon
évidente l'opérateur de restriction

pour V c U, on vérifie trivialement que l'application U --


f *(%)(U)est un
faisceau d'ensembles f * (93) de base X.
Soient sr et sr' deux sections de f * (93)au voisinage d'un point x; pour que les
germes S1(x),Y(x) ef *(%) (x) coïncident en x, il faut et il suffit que les restric-
tions des fonctions s' et s" à un voisinage U de x soient identiques; cela implique
.
s' (x) = 5'' (x)

Réciproquement, supposons cette condition vérifiée; désignons par t une sec-


tion de iA dans un voisinage V de f(x), égale à sl(x) = srl(x) en x; comme f
est continue on peut supposer s' et si' définies dans un voisinage U de x tel
que f(U) c V ; comme d'autre part les applications s' et s" de U dans 93 sont
continues, et comme l'ensemble t(V) c % est ouvert si V est ouvert, les y e U
tels que l'on ait s'(y) e t (V) (resp. S''(Y)E t (V)) forment un voisinage U'
(resp. U") de x; il est clair en vertu de (*) que l'on a s'(y) = dans
U1 n U", d'où Jll(x) = T(x).
Il suit de là qu'il existe une application f
: f *(%) + 3 et une seule telle que,
pour toute section s de f * (93) au voisinage d'un point x, on ait

-
Le raisonnement précédent montre du reste que f est continue; comme J
est évidemment compatible avec f, c'est un f-homomorphisme de f "(5))
dans $8.
Il est immédiat de vérifier que pour tout x E X, 7 induit une bijpctran de
f * (a!(%) sur %(f (x)); il est en effet clair d'après les raisonnements précédents
que f est injective; il reste alors à montrer que, quels que soient x E X et
b E %(f (x)), il existe une section s de f * ($8) dans un voisinage U de x, telle
que s(x) - b; pour cela on construit une section t de 93 dans un voisinage V
de J'(x), égale à b en f (x), on pose U =fY1(V), et on définit s par la rela-
tion s = t o f.
Cette construction montre du reste que, pour tout ouvert V de Y, on a une
application canonique de 3(V) dans f * (%) (f-l(V)), compatible avec les
opérations de restriction. Cette application est injective, mais n'est surjective
que « localement » comme on le voit facilement (on obtiendrait un contre-
exemple en supposant Y réduit à un point, et X non connexe).
Considérons enfin un f-liomomorphisme f ' : ,b-t 3; associons à toute section
S E A(U) l'application s r : x -+fl(s(x)) de U dans 3;on trouve une section
s' Ef "(93) (U); d'où immédiatement un homomorphisme A ~ > -ft "(93) qui,
composé avec f :f "(93) -+%, permet de reconstituer f'.
Le faisceau f * (3)s'appelle l'image réciproque de $3 par f.
A titre d'exemple, signalons le résultat suivant : soient X un espace, Y un
sous-espace de X, et A un faisceau de base X; alors le faisceau induit AIY
est canoniquement isomorplle à l'image réciproque de A par l'injection
canonique Y -t X.

1. 13. - Image directe d'un faisceau

Soit une application continueJ' : X -+ Y, et considérons un faisceau A de base


X. Nous allons définir un faisceau

de base Y comme suit : pour tout ouvert V c Y , on pose

et pour V' c V" on définit l'application de restriction B(V") + 93(Vr) comme


étant l'application de restriction A(f -l(V")) -+ A(f -l(Vr')). 11 est évident
que les axiomes des faisceaux sont vérifiés.
O n dit que f (A) est l'image directe de A par f. L'application A --f f (A) est de
façon évidente un foncteur covariant défini sur la catégorie des faisceaux de base X,
et A valeurs dans la catégorie des faisceaux de base Y.
O n laisse au lecteur le soin d'étudier, à titre d'exercice, les relations existant
entre les opérations image directe et image réciproque.
2. FAISCEAUX D E MODULES

2. 1. - Faisceaux d'anneaux

Nous avons, au chapitre 1, $1, défini d'une façon générale la notion de pré-
faisceau à valeurs dans une catégorie; si les objets de cette catégorie sont des
ensembles et si les homomorphismes de ces objets les uns dans les autres s'iden-
tifient à des applications, on pourra évidemment parler de faisceaux à valeurs
dans la catégorie en question.

Par exemple, sur un espace de base X, un faisceau de groupes (resp. de groupes


abéliens, d'anneaux, d'anneaux commutatifs avec élément unité, etc ...) est
un préfaisceau de base X, à valeurs dans la catégorie des groupes (resp. des
groupes abéliens, etc ...) et qui, en tant que préfaisceau d'ensembles, satisfait
aux axiomes des faisceaux.

Soit & un faisceau d'anneaux sur X; pour tout ouvert U, les ensembles A(U)
sont des anneaux, et pour U 2 V l'application de restriction A(U) -+&(V)
est un homomorphisme d'anneaux. 11 s'ensuit qu'à la limite les ensembles
ponctuels

sont canoniquernent munis de structures d'anneaux. Du point de vue des


espaces étalés on a donc dans A deux lois de composition (u, v ) + z1 + v
et (u, u) -+uu, définies pour P ( u ) = P(u), induisant sur chaque fibre &(x)
une structure d'anneau, et de plus continues. Si s et t sont deux sections de &,
au-dessus d'un ouvert U, il est clair que s + t et st sont les sections
Exemple 2 . 1 . I . - Si A est un anneau fixe, le faisceau simple de base X et
de fibre A est canoniquement un faisceau d'anneaux, qu'on identifiera le plus
souvent à l'anneau A 1 ui-même.

Exemple 2.1.2.- Si X est un espace topologique (resp. une variété diffé-


rentiable, analytique complexe) le faisceau des germes de fonctions continues
(resp. différentiahles, holomorphes) sur X est un faisceau d'anneaux de façon
évidente.

Exemple 2.1.3. - Soit -4 uil anneau commutatif avec l'élément unité; un


idéal p # A de A est dit premier si l'anneau A/p est d'intégrité; rappelons que,
si a est un idéal autre que A, l'intersection des idéaux premiers contenant a
est formé des x tels que l'on ait xnE a pour un entier n au moins.
Soit X = Q(A) l'enseinble de tous les idéaux premiers de A (« spectre pre-
mier >> de A) ; on peut définir une topologie sur X (« topologie de Zariski »)
en disant qu'une partie de X est fermie si elle est de la forme F(a), F(a) étant
l'ensemble de tous les idéaux premiers contenant un idéal donné n; la vérifi-
cation des axiomes des espaces topologiques est triviale en raison des formules

Nous supposerons pour simplifier que A est un anneau dYintégrit&; dans ce cas,
l'intersection de deux ouverts non oides n'estjamais vide, car si l'on a F(n) u F(b) = X
on voit que a n E est contenu dans tous les idéaux premiers de A, donc est nul,
de sorte que l'un des idéaux a, t, au moins est lui-même nul.
Nous allons maintenant définir un faisceau d'anneaux sur X comme suit. Soit K
le corps des fractions de A; si p est un idéal premier de A, on note Ap l'ensemble
des éléments de K qui sont de la forme xly, avec x, y E A, y e p ; c'est un anneau
ayant pour unique idéal maximal p.Ac. Cela dit, pour tout ouvert non vide U
de X posons

pour U 2 V nous définirons l'application de restriction A(U) -t A(V) comme


étant l'application identique, ce qui a un sens puisque l'on a évidemment
A(U) c A ( V ) . Bien entendu on pose A($) = O. Pour vérifier les axiomes
des faisceaux prenons une famille (Ui)iEId'ouverts non vides, de réunion U,
et des si E &(Ui) tels que, quels que soient i et j, les restrictions de si et sj soient
égales; comme U i n U j n'est jamais vide, cela signifie que l'éléinent si de K
est indépendant de i, d'où un élément
FAISCEAUX DE M O D U L E S 125

et un seul qui « induit k S~ dans chaque U i , ce qui prouve bien que les A(U)
forment sur X un faisceau d'anneaux.
O n peut encore réaliser le faisceau précédent comme faisceau de germes de
fonctions sur X. Soit un élément f de K ; nous dirons que f est d g n i en un
point p de X si f E Ap; il est immédiat de vérifier que l'ensemble D(f )des points
où f est défini est ouvert dans X (considérer dans A 1'idéa.l des q tels que qf E A) ;
si f est défini en P, appelons uabur de f en p l'image de f dans le corps

qui n'est autre que le corps des fractions de l'anneau d'intégrité A/p; on
associe ainsi à chaque f E K une fonction définie sur l'ouvert D(f ) et à valeurs
dans les corps variables K(p) ; cela dit il est clair que A(U) n'est autre que
l'anneau des f E K qui sont définis en tout point de U.
O n notera que les f E K qui sont partout définis sur X ne sont autres que les
éléments de A lui-~nême,autrement dit que A est l'intersection des anneaux
locaux Ab (011 peut même se borner aux idéaux p maximaux) comme on le voit
immédiatement; comme de plus l'intersection de tous les idéaux premiers
de A est nulle on voit que la correspondance entre un f E K et la fonction
p +f (p) sur X est biunivoque.
Notons enfin qu'on peut déterminer facilement les anneaux ponctuels A(p) ;
pour cela il faut calculer la limite inductive des &(U) lorsque U décrit
l'ensemble filtrant décroissant des voisinages ouverts de p : évidemment, on
trouve le sous-anneau de K réunion des divers &(U) pour U 3 p; cette réunion
n'est autre que l'anneau local Ab; tout d'abord elle est évidemment contenue
dans Ab; reste à voir que tout f~ Ap appartient à un &(U) au moins - ce
qui est évident si l'on prend U = D(f ). Pour cette raison, on appelle & le
faisceau des anneaux locaux de X .

Exemple 2. I .4 (Variétés algébriques). - Les considérations qui précèdent,


légèrement modifiées, conduisent à définir uri faisceau d'anneaux locaux
sur toute uariété algébrique. Rappelons d'abord, suivant Chevalley (l), comme
on peut définir celles-ci.
Nous aurons besoin des notions suivantes. Un anneau commutatif avec unité A
est un anneau local si A possède un seul idéal maximal, noté r(A). Etant donnés
des anneaux locaux A et B 1A, on dit que B domine A si l'on a r(A) == A n r(B).
Enfin, étant donnés des anneaux locaux A et B contenus dans uri corps K,
on dit qu'ils sont apparent& s'il existe dans K un anneau local qui domine A
et B; cela signifie que, dans le sous-anneau C de K engendré par A et B,
l'idéal engendré par r(A) et r(B) est distinct de C.

Sur la notion de variété algébrique (Nagoya Math. J., 6 (1955)~


( l ) C. CHEVALLEY, p. 1) ;
H. CARTAN- C. CHEVALLEY, Sbminaire E.N.S 1955-1956.
Considérons alors un corps k que, pour simplifier, nous supposerons algébri-
quement clos, et une extension K de type fini de k; donc K -
k(xl, . . ., x,).
U n sous-anneau A de K contenant k sera appelé une algèbre afine s'il existe
y,, . . .,_y, tz A tels que A soit le sous-anneau engendré par k et les yl, et si de
plus K est le corps des fractions de A. O n appellera localité de l'extension
Klk tout anneau local de la forme Ain, où A est une algèbre affine et où m
est un idéal maximal de A; rappelons (Nullstellensatz) que m est nécessaire-
ment le noyau d'un ho~nomorpl-iismede A sur k.
Cela dit, une variété algébrique sur K, ayant K pour corps de fonctions, est un
ensemble X muni de la structure définie par la donnée, pour chaque x e X ,
d'une localité O ( x ) de K , et ceci de telle sorte que les axiomes suivants soient
vérifiées :
VA 1 ) : les localités O ( x ) et O ( y ) ne sont a~~arentées que si x = y ;
(VA 2 ) : il existe dam K un nombre Jini d'algèbre a$rw A, telles que l'ensemble des
localités O ( x ) , x E X , soit identique à l'ensemble des localilés de K dgnies Far les z'diaux
maxinzaux des Al.
Etant donné un x E X, on notera nz(x) l'unique idéal maximal de O ( x ) , de sorte
que l'on peut identifier canoniquement à k le corps O ( x ) / n z ( x ) ,O n dira qu'un
f E K est défini en x si f E O ( X ); il existe alors un f ( x ) E k tel que

f ff ( x );
( x ) i~lod.111
on dit que c'est la valeur de j en x ; enfin on note D(f) l'ensemble des x E X où f
est défini, de sorte que chaque f~ K définit une application D ( f ) + k qui,
on le voit facilement, dépend biunivoquement de f ; plus précisément, étant
donnés f, g E K , la relation

f(x) = g(x) pour tout X E D(f ) n D(g)

impliquerf = ,o. Les fonctions ainsi définies sur certaines parties de X sont les
fonctions rationnelles sur X .
O n peut alors munir X d'une topologie en convenant qu'une partie de X est
ouverte si et seulement si c'est une réunion d'ensembles de la forme

O n vérifie immédiatement que toute suite ddcroissante de _fermés est stationnaire,


et de plus que deux ouverts non uicles se rencontrent toujours.
O n peut alors définir sur X un faisceau d'anneaux O comme suit : pour un ouvert
U de X, 6(U) sera l'ensembIe des f tz K tels que D (f )3 U - i.e.
FAISCEAUX DE MODULES 127

et pour U 3 V, l'homomorphisme de restriction d(U) + d(V) sera simple-


ment l'injection de O(U) dans O(V) 3 d(U). Il est trivial de vérifier les axiomes
des faisceaux, et aussi de vérifier que les anneaux ponctuels du faisceau O
ne sont autres que les anneaux locaux O(x).
O n vérifie sans peine que si un fe K défini sur un ouvert U prend en chaque
point de U la valeur O, alors f = O . 11 s'ensuit qu'on peut encore identifier
6(U) à l'ensemble des applications U -t k induites par les fonctions rationnelles
de X définies dans U au moins. O n peut donc regarder 8 comme un sous-faisceau
d u faisceau des germes d'applications de X dans k.

2. 2. - Modules sur un faisceau d'anneaux

Soit ,b un faisceau d'anneaux sur un espace topologique X. Nous appellerons


&-Module à gauche tout faisceau d'ensembles (e de base X muni de la structure
suivante : pour tout ouvert U, on se donne sur l'ensemble %(U)une structure
de module à gauche sur l'anneau &(U), et ce de telle sorte que pour V c U
l'application de restriction 9(U) -t %(V)soit un homomorphisme de modules
compatible avec l'liomomorphisme d'anneaux &(U) -+ ,b(V).
Si l'on considère sur X les faisceaux produits Ce x 2 et JIL) x % (no I . I O ) il
revient évidemment a u même de se donner des homomorphismes % x 9 -+(e
et & x Ce -t 9 de faisceaux d'ensembles tels que, pour chaque x E X, les appli-
cations %(x) X %(x)-t %(x) et &(x) x %(x) -t %(x) qui en résultent défi-
nissent sur %(x) une structure de module à gauche sur l'anneau h(x).
Lorsque h est le faisceau simple de base X ayant pour fibre un anneau donné A,
il est clair que les &-Modules à gauche ne sont autres que les faisceaux de base
X à valeurs dans la catégorie des A-modules à gauche.
Soient Ce et J% deux &-Modules à gauche; un homomorphisme f : (e -+JI&sera
un homomorphisme de faisceaux d'ensembles tel que, pour tout ouvert U,
l'application f (U) : %(U)-+ .ilib(U) soit un homomorphisme de &(Uj-modules
à gauche. Il reviendrait du reste a u même d'exiger que, pour tout point
x E X, l'application f(x) : %(x) -+ ~lb(x)soit un homomorphisme de &(x)-
modules à gauche. Il est clair qu'en définissant de façon évidente la somme
de deux homomorphismes de % dans ~ l b ,on obtient une structure de groufie
abélien sur l'ensemble
HomA(:$ JI^)

des homomorphismes d.e % dans J&, ce qui permet de considérer la collection


de tous les &-Modules à gauche comme une catégorie additiue. Nous verrons
qu'en fait c'est même une categorie abélienne.
O n peut d'autre part, étant donnés deux &-Modules à gauche (e et Ab, définir
le faisceau
XOI*th(%?,
J&)
des germes d'homomorphisines de (e dans A$, en considérarit (cf. no 1.7)
l'application
U + H o m ~ l u ( V / UJ%I, U).
On obtient ainsi un faisceau de groupes abéliens, dont les sections au-dessus
de X sont précisément les honl~mor~hismes de V dans 1-%. Si le faisceau
d'anneaux est commutatif, le faisceau XowL,j,,((e, -Nh) est canoniquement
un ,%-Module lui-même comme on le voit aussitôt; il en est de même plus
généralement si V et Ab sont des ,%-Modulesà gauche et si V est niuni e i ~outre
d'une structure de &-Module h droite « cornmutarit » avec sa structure de
&-Module à gauche.
Par exemple, pour tout .&-Module à gauche 9 on a, si .h est un faisceau
d'anneaux avec élément unité, un isomorplriisme canonique de A-hilodules
à gauche
9) = (P;
2f0M3&(<b7

pour cela on observe que les homomorphismes &l U -t VI U correspondent


biunivoquement aux éléments de (e(U) - il suffit d'associer à un tel homo-
morphisme f la section de %',
image par f de la section unité de & au-dessus de U.

Exemple 2.2. I . - Soient X une variété différentiable et E une variété fibrée


de base X, dont la fibre-type est un espace vectoriel réel de dimension finie.
O n peut alors regarder le faisceau des germes de sections différentiables de E
corrime un Module sur le faisceau des germes de fonctioils différentiables
sur X.

2. 3. - Sous-Modules et Modules-q uotients


Soient ,j,, un faisceau d'anneaux de base X et 9 un &-Module à gauche;
on appelle sous-Module de V tout sous-faisceau Ce' de V tel que, pour tout x,
l'ensemble %"(x) c %(x) soit un sous-&(XI- nodule de V(x). Il est clair qu'alors,
pour tout ouvert U, Vr(U) est un sous-h(U)-module de %(U),ce qui permet
de munir canoniquement Y d'une structure de &-Module à gauche, qui est
du reste caractérisée par le fait que l ' h ~ m o m o r ~ h i s mcanonique
e V' + V
est compatible avec les structures algébriques de V et 2'.
Définissons maiiitenailt le Module-quotient 9,"' = Vice'. Pour cela introduisons,
pour tout ouvert U de X, une relation d'équivalence R ( U ) dans V(U) en écri-
vant que
s = t ~ n o d .R(U) équivaut à s r t mod. %"(U);
Il est clair que la condition du no 1 . 9 est satisfaite, et qu'on peut par consé-
quent définir le faisceau d'ensembles 9/R; celui-ci est par définition engendré
par le préfaisceau
u -t (e(U)iR(U) = V(U)jce1(U);
FAISCEAUX DE M O D U L E S 129

comme une limite inductive de suites exactes est exacte, on a évidemment


des isomorphismes canoniques

d'où une structure de ,b(x)-module à gauche sur V"(x) pour tout x; ceci permet
évidemment de considérer (e" comme iin A-Module à gauche, et on obtient
de cette facon le ,[O-Module cherché %,W.On voit que la structure de -40-Module
de 9" s'obtient en imposant à l'homomorphisrne canonique de faisceaux
d'ensembles 9 + (e" d'être un homomorphis~ne de &-Modules.
Lorsque % = h muni de sa structure canonique de &-Module à gauche, o ~ i
dit que les sous-h-Modules de (e sont des faisceaux d'idéaux à gauche sur X.

Exemple 2.3.1. - Soient X un espace, A un anneau, et A le faisceau simple


de base X et de fibre A; soit (e un faisceau d'idéaux dans A. Comme h(xj
s'identifie canoniquement à A, les idéaux %(x)peuvent être regardés comme
des idéaux de l'anneau A, et puisque les sections de k (donc de% )' s'identifient
aux fonctions localement constantes à valeurs dans A, on voit que la famille
d'idéaux 9(x) de A possède la propriété suivante : pour tout a~ A l'ememble
des x tels que a E %(x)est ouvert dans X. Cette propriété caractérise les faisceaux
d'idéaux.
Lorsque A est noethérien à gauche, la propriété précédente conduit évidemment
au résultat suivant : pour tout idéal à gauche n de A, les x tels que l'on ait
a = %(x) forment un ouvert de X; on peut encore l'exprimer comme suit :
pour tout x, on a
c %(Y)
dès que ,y est suffisamment voisin de x.
Plus particulièrement encore prenons pour A l'anneau Z des entiers rationnels ;
les idéaux de Z correspondent biunivoquement aux entiers positifs; donc,
dans ce cas, les faisceaux d'idéaux correspondent aux fonctions x -* n(x),
à valeurs entières ,> O, et vérifiant la condition que voici : pour tour y sufi-
samment voisin de x, l'entier n(x) est un mult(fi1e de n(y). Pour tout entier n ),O,
les x tels que n(x) divise n forment donc un ouvert; il s'ensuit que si X est quasi-
compact (i.e. vérifie l'axiome de Borel-Lebesgue), la fonction n(x) ne prend
qu'un nombre fini de valeurs distinctes.

Exemple 2.3.2. - Soient X une variété algébrique sur un corps algébrique-


meril clos k, K le corps des fonctions ratioiînelles sur X, et 0 le faisceau des
anneaux locaux de X (cf. Exemple 2.1.4); nous allons déterminer tous les fais-
ceaux d'idéaux de O. Soit 3 un faisceau d'idéaux de O; pour chaque X E X , J(x)
est un idéal de O(x)) et tout revient à déterminer les conditions sous lesquelles
la donnée, pour chaque x, d'un idéal 3(x) de l'anneau local O(x) définit un
faisceau d'idtaux dans X. Or, le problème étant évidemment local, on peut
supposer que la variété X est afine, i.e. qu'il existe dans K une algèbre affine
A = O (X) telle que les @(x) soient les anneaux locaux Am où nt décrit
l'ensemble des idéaux maximaux de A; nous noterons m(x) l'idéal associé
au point x (c'est l'ensemble des fonctions rationnelles partout définies sur
X et nulles au point x). Un idéal J(x) de O(x) est alors engendré par un
idéal de A, à savoir a(x) = A n J(x) en vertu des propriétés élémentaires des
anneaux de fractions. Or, l'anneau A est noethérien puisqu'il est à engendre-
ment fini sur k ; considéro~is alors un X E X et des fonctions fi(^ ,< i ,< n )
qui engendrent l'idéal a(x); considérant les ficomme des sections de O
au-dessus de X, on voit que les germes de sectioiîs qu'elles définissent en x
appartiennent à J(x) ; donc, pour Y assez voisin de x, les germes de sections
de O définies par les fiai.1 point y doivent aussi appartenir à J(y ), ce qui évi-
demment signifie que l'on afi E n [ y ) pour y voisin de x, autrement dit que l'on
a a(x) c a(y) poiir - y assez voisin de x.

Exemple 2.3.3. (Diviseurs d'une variété analytique complexe). Soit X une


variété analytique complexe, et 8 le faisceau des germes de fonctions holo-
morphes dans X. Pour tout X E X, l'anneau O(x) est sans diviseur de zéro;
on peut donc former le corps des fractions ~iih(x)de 8(x). Sur l'ensemble ~ b b
somme des ensembles dlb(x), on obtient une structure de faisceau de base X
en imposant la condition suivante : étant données des sections f et g de tJ
au-dessus d'un ouvert U de X, avec g(x) # O pour tout x E U, alors l'applica-
tion x 4f(x)lg(x) est une section de JK ail-dessus de U. (Bien entendu g(x)
désigne le germe de fonction défini par g en x, et non pas la uabur en x de la fonc-
tion holomorphe g). O n dit que ~Iibest le faisceau des germes de .fanctions mkromorphes
dans X : une section de ~1ibau-dessus d'un ouvert U est, par définition, une
fonction méromorphe dans U.
~110
est évidemment un faisceau d'anneaux commutatifs, et O un sous-faisceau
de .~îJJûb. Pour tout ouvert U, désignons par ~bb*(U)(resp. O*(U)) le groupe
multiplicatif des éléments inversibles de l'anneau J&(U) (resp. O(U)); les
applications
U - + J % * ( ~ ) , u-+#*(u)

constituent des faisceaux de groupes abéliens (multiplicatifs) sur X, et O*


est un soirs-faisceau de groupes abdliens de J~lq*. Le faisceau-quotient

est par définition le faisceau des germes de diuiseurs de X et ses sections au-dessus
de X sont par définition les diziseurs de la variété X. Un diviseur de X s'obtient
donc (d'une infinité de manières) de la façon suivante : on prend un recouvre-
ment ouvert (Ui) de X, dans chaque Ui une fonction méromorphe inversiblefi,
et l'on suppose que dans Ui n U j le rapport fi/fj est une fonction holomorphe
inuersible, i.e. ne s'annulant en aucun point de Ui n Uj.
FAISCEAUX DE M O D U L E S I31

11 est clair en particulier que toute fonction méromorphe dans X définit un


diviseur de X; les diviseurs ainsi obtenus sont les diviseurs principaux de X .
En général, il existe sur X des diviseurs non principaux (si X est compacte
et de dimension complexe I , le quotient du groupe des diviseurs de X par le
sous-groupe des diviseurs principaux de X est, en vertu du théorème classique
d'Abel, isomorphe a u produit direct du groupe additif des entiers par un
tore complexe de dimension g, oii R est le genre de la courbe X).

Exemple 2.3.4. (Diviseurs d'une variété algébrique). -Soient X une variété


algébrique sur un corps algébriquement clos k, et ic) le faisceau des anneaux
locaux de X. En procédant exactement comme dans l'Exemple ci-dessus on
les sections de 9 au-dessus d'un ouvert U
définit des faisceaux Ab, Ab*, O* et 9,
étant les diviseurs de U par définition.
La situation est ici plus simple que dans le cas analytique complexe. En effet,
il est clair que si K est le corps des fonctions rationnelles de X, le faisceau Ab
n'est autre que le faisceau simple de base X et de fibre K attendu que le corps
des fractions de i*)(.r) est, pour tout x, canoniquement isomorphe à K, ainsi
que le corps des fractions de O(U) pour tout ouvert assez petit U de X (on suppose
bien entendu X irrdductible). Pour tout ouvert U on a donc JW* (U) = K*, groupe
multiplicatif des éléments non nuls de K, et @*(U)est le sous-groupe de K*
formé des fonctions rationnelles qui sont partout définies et partout # O
dans U.

2. 4. - Décomposition canonique d'un homomorphisme

Nous allons démontrer dans ce no que la catégorie additive des Modules


à gauche sur un faisceau d'anneaux Jlr, de base X vérifie l'axiome ( K A2)
des catégorie abéliennes.
Considérons pour cela un homomorphisme f : (e +-Ab de &-Modules à gauche,
Nous allons construire un noyau, un conoyau, une image et une coimage def,
et ceci de façon canonique,
a) .Noyau de f. - Pour tout X E X, désignons par (ef(x) le noyau de l'appli-
cation (e(x) -t ~lb(x)définie parf; il est immédiat de vérifier que la réunion (e'
des divers ensembles %"(x) est un sous-&-Module de (e; soit i l'homomorphisme
canonique de (e' dans (e; alors le coz~ple( g r ,i) est un noyau de f. En effet consi-
dérons un homomorphisme g : 5? +Ce tel que f O g = O ; cela signifie que pour
tout x, g applique $(x) dans (e'(x); donc g se factorise d'une façon et d'une
seule en un homomorphisme %' -t %' suivi de l'homomorphisme i, ce qui
prouve notre assertion.
b) Image de f. - Soit JNL' le sous-faisceau d'ensembles de ,ilib, image de 9
par f (no 1.8); il est évident que c'est un sous-&-Module de Ab, et que f se
factorise en un homomorphisme canonique p : (e -+2I:l~' suivi de l'homomor-
GODEMENT 10
phisme canonique j : =;llbf-t JILe & . ( p , ~ l b ' )est une image de f;en effet,
couple
comme on a
.j1b1(x) = f ( A ) (ce(x))
il est clair que, moyennant p, JI&' s'identifie au Module quotient ce/%', ce
qui montre, comme on le voit aussitôt, que pour qu'un homomorphisme
g : (e -> % vérifie g 0 i = O (i étant l ' h o m ~ m o r ~ h i s mcanonique
e (er + Ce) il
faut et il suffit que g puisse se factoriser en un homomorphisme JI^' -t 9
précédé de l'homomorphisme canonique p.
c) Conoyau de$ - Considérons le Module quotient db" = JI&/JI~' et l'homo-
morphisme canonique q : Ah + J%". Pour qu'un homomorphisme h : J% + %
vérifie h O f = O il faut et il suffit qu'il annule tous les modules J%'(x), i.e. que
l'on ait g o j = O, o ù j est l'homomorphisme canonique ~1b'+J%; d'où, comme
plus haut, le résultat annoncé : ( q , 4b") est un conoyau de f.
d ) Coimag6 de$ - C'est le couple (~Ill~', j ) comme on le voit aussitdt.
Nous voyons donc que tout homomorphisme admet un noyau et un conoyau,
et de plus que l'image et la coimage d'un homomorphisme sont canonique-
ment isomorplîes : l'axiome (KA 2) est donc vérifié.
Par la suite, étant donné un homomorphisme f : (e +~k, nous identifierons
toujours le noyau de f au sous-Module Ce' de 9,et l'image et la coimage de f
a u sous-Module 211,)I de t'i~h;le conoyau de f s'identifiera alors a u Module
quotient JIIo O/nJ aIdonc '. tout point x E X des isomorphismes canoniques
Iopour
Ker(f)(x) = Ker(f (x));
I m ( f )(x) = I m ( f (4) ;
Coker(f (x) = Coker(f (x)) ;
Coim! f )(x) = Coim(f (x)).

2. 5. - Suites exactes de &Modules


Les considérations d u no précédent permettent de définir la notion de suite
exacte dans la catégorie des &-Modules à gauche : une suite

est dite exacte si g 0 f = O et si l'homomorphisme Im(f ) + Ker(g) qui résulte


de cette hypothèse est un isomorphisme; comme nous avons convenu d'iden-
tifier Irn(f ) et Ker(g) à des sous-&-Modules de cNb, l'exactitude de la suite
considérée signifie évidemment que ces sous-&-Modules sont identiques,
autrement dit que, pour chaque point x E X, la suite correspondante de &(x)-
modules

est exacte, ceci parce que le faisceau I m ( f ) est réunion des modules
Im((e(x) + ~llq(x))
FAISCEAUX DE MODULES '33

et le sous-faisceau Ker(g) réunion des modules K e r ( ~ k ( x +


) %(x)). Bien
entendu on définirait à partir de là les suites exactes à un nombre quel-
conque de termes, et les considérations précédentes nous permettent d'énoncer
lc rbultat suivant :

Théorème 2.5.1. - Pour qu'une suite de A-Modules à .gauche et d'homomorphismw


soit exacte, il faut et il sufit que, pour tout x E X, le foncteur % + %(x) la transforme
en une suite exacte de A(x)-modules à gauche.
Par conséquent, (e -t (e(x) est un foncteur exact sur la catégorie des &-Modules,
à valeurs dans la catégorie des A(x)-modules.
Par contre, si M est une partie quelconque de X, le foncteur (e 4 %(M)est
seulement exact à gauche, à cause du fait que si l'on a un faisceau quotient 9/R,
les sections de celui-ci ne peuvent généralement pas se « relever » globale-
ment en sections de %, comme on l'a déjà vu au no 1.9.
Un autre exemple, particulièrement important, de foncteur exact à gauche,
s'obtient comme suit. Tout d'abord, étant donné un faisceau 9 de groupes
abéliens sur un espace X, nous poserons
r = $(XI :
r(9)est donc le groupe abélien des sections de 9 au-dessus de l'espace X tout
entier. Étant donnée une telle section s, on appelle support de s l'ensemble
Isl des x e X tels que s(x) # O; comme le complémentaire de Isl est l'ensemble
des points où les sections s et O sont égales, il est clair que Isl est &rmé dans X.
Cela dit, donnons-nous dans X un ensemble CD de parties fermées vérifiant
les deux conditions suivantes :
a) la réunion de deux ensembles de @ est dans @;
b) tout fermé contenu dans un ensemble de @ est clans @.
Nous dirons que @ est une famille de supports dans X. Pour tout faisceau 9 de
groupes abéliens de base X, l'ensemble I'a(9) des s E r ( 4 )telles que Isl E @ est
alors un sous-groupe de r (9); l'application
9 -+ Fa($)
est évidemment un foncteur exact à gauche sur la catégorie des faisceaux de groupes
abéliens de base X.

Exemple 2 . 5 . 1 . - Soit X une variété différentiahle de dimension n. Pour


tout entier p >, O considérons le faisceau &2P des germes de formes différentielles
de degré P sur X, défini en attachant à tout ouvert U l'ensemble des formes
différentielles de degré p de U. Les opérateurs de dérivation extérieure
Qp(U) -+ QP+l(U) définissent évidemment des homomorphismes d : Q p ++Q p + l
de faisceaux d'espaces vectoriels réels. D'autre part, on a une injection
j : R -+ Sb0
d u faisceau simple de fibre R dans 0 0 , obtenue en observant que parmi
les formes différentielles de degré O dans U (i.e. les fonctions différentiables
dans U) figurent les fonctions localement constantes. Ceci dit, la suite

est exacte. La question étant purement locale, on peut supposer que X est
l'espace Rn - mais alors il résulte d'un théorème classique dû à Poincaré
qu'une forme différentielle w sur Rn,vérifiant d o = 0, est de la forme dm si
son degré est >, I , et est constante si son degré est 0, d'où évidemment le
résultat annoncé.
Bien entendu, sur une variété X quelconque, on n'a pas de résultat analogue
en général - autrement dit la suite de groupes abéliens

n'est pas exacte en général; voir au no 4.7 une réponse à cette question.

Exemple 2.5.2. - Soient X un espace topologique et A un groupe abélien


quelconque. Étant donné un entier n >,O, attachons à tout ouvert U de X
le groupe abélien des applications Un'l -+ A, et pour U 3 V définissons de
façon évidente les opérations de restriction; on obtient ainsi un préfaisceau
sur X (il est facile de vérifier l'axiome (F 2), mais (F I ) est généralement
en défaut); le faisceau de groupes abéliens qu'il engendre est le faisceau des
germes de cochaînes d'Alexander-Spanier de d q r é n de X à valeurs dans A; notons-le
$"(X; A).
Si à toute application f : Un l + A on associe l'application df : Un'2
+ +A
définie par
i=n+l

on définit évidemment un homomorphisme de faisceaux


d : P ( X ; A) + S n + l ( X ;A).

D'autre part, identifiant A au faisceau simple de base X et de fibre A, on a


une injection
j: A -t gO(X;A ) ;
ceIa dit, la suite de faisceaux de groupes abéliens

est exacte. Soit en effet un germe de cochaine de degré n en un point x , annulé


FAISCEAUX DE MODULES 135

par d; dans un voisinage U de x on peut le représenter par une application


f : Un l-+ A annulée par d; si n = O cela signifie évidemment que f est
+

constante; si n ), I , définissons g : Un +- A par

on vérifie aussitôt que f = dg, d'où le résultat.


O n notera que dans ces exemples on a fait usage du principe suivant pour
établir l'exactitude d'une suite

on vérifie d'abord queg O f = O, puis que, étant donnée iine section s E Ab(U)
annulée par g, il existe dans tout ouvert V c U sufisamment Petit une section
t €(e(V) telle que la restriction de s à V soit l'image de t par 3 Cela signifie
en effet que le faisceau Ker(g), donné par

est engendré par le préfaisceau

2. 6. - Produits directs de &-Modules

Soit (9!,),€, une famille quelconque de &Modules à gauche; alors le faisceau

défini au no I. IO est canoniquement un &-Module à gauche, et les homornor-


phismes
Pri : 9 + 9,
sont des homomorphismes de &-Modules à gauche, qui sont d'ailleurs surjec-
tifs. L a propriété universelle énoncée au no 1.10 se transcrit ici comme suit :
étant donnés des homomorphismes de &-Modules

il existe un homomorphisme et un seul

tel que l'on ait J; = Pri 0 f pour tout i. Autrement dit, on a la formule
Il résulte évidemment de là que la catégorie des A-Modules à gauche vérifie
l'axiome (KA 3) des catégories abéliennes (et même un axiome beaucoup
plus fort!). C'est donc, comme on l'avait annoncé, une catégorie abélienne.

2. 7. - Sommes directes de A-Modules


Dans les mêmes conditions qu'au no précédent, on définit u n faisceau

comme étant le faisceau engendré par le préfaisceau

c'est évidemment un sous-&-Module à gauche d u produit direct des gi.


Pour qu'une section (si) du produit direct, définie dans u n ouvert U, soit
une section de la somme directe, il faut et il suffit que, dans tout ouvert V c U
assez petit, les si non nulles soient en nombre fini. Il résulte de là que les notions
de produit direct et de somme directe coïncident toutes Ies fois que la famille
(QiEx est localementjnie, i.e. lorsque, pour tout ouvert U suffisamment petit,
les faisceaux induits $filunon nuls sont en nombre fini.
Au point de vue des espaces étalés, on a

et la topologie de Ce' est telle que les injections évidentes Y,i -t Cei soient des
homomorphismes de faisceaux.
O n a pour la notion de somme directe une propriété « universelle >> analogue
à celle du no précédent; on peut l'exprimer par la relation

Soient Y, un A-Module à gauche et 9' u n sous-&Module à gauche; posons


Ce" = %/Cei. O n dit que Y,' est facteur direct de 9 s'il existe u n isomorphisme
de 9' @ 9" sur 9 qui induise l'identité sur 9';il revient a u même de dire que
l'injection Ce' -+ 9' se prolonge en u n homomorphisme Y, + Y,', ou encore
qu'il existe un homomorphisme Y," -+ 9 qui, composé avec Y, -+Yf', donne
l'identité.
Soit une suite exacte

et considérons u n foncteur T covariant, exact à gauche, à valeurs par exemple


FAISCEAUX DE MODULES

dans la catégorie des groupes abéliens; alors, pour que la suite

soit exacte il suffit que %' soit facteur direct dans (e (1).

2. 8. - Produits tensoriels

Soient k un faisceau d'anneaux sur X, % un &-Module à droite et jlih un


&-Module à gauche; on désigne alors par la notation

le faisceau de groupes abkliens engendré par le préfaisceau

les opérations d e restriction se définissant à partir de celles de A, (e et jlk


de façon évidente. O n notera que si & est un faisceau d'anneaux commutatifs,
le produit tensoriel est encore un A-Module.
En vertu des résultats d u Chapitre I , no 1.6, sur les limites inductives de pro-
duits tensoriels, on peut encore définir comme suit le produit tensoriel : le
groupe ponctuel au point x est

et la topologie d'espace étalé de 9 63 At, est telle que si s et t sont des sections
A
de 9 et ~îIbau-dessus d'un ouvert U, alors la formule

définit une section du produit tensoriel au-dessus de U.


O n peut caractériser les produits tensoriels de &-Modules à l'aide d'une pro-
priété universelle analogue à celle qu'on utilise en Algèbre; on laisse au lecteur
le soin de le faire. L a plupart des propriétés algébriques des produits tensoriels
s'étendent d'ailleurs, en général trivialement, au cas des faisceaux; par exemple
on a pour tout &-Module à gauche un isomorphisme canonique

(à condition bien entendu que & soit un faisceau d'anneaux avec élément

(l) Ce résultat appartient évidemment à la théorie des catégories abéliennes.


unité). D'autre part, le foncteur Ab
9 €3 ,;IL est exact à droite, comme on le voit
-+
A
en considérant les modules ponctuels,

Exemple 2.8.1. - Soient X une variété différentiable et E une variété


fibrée, à fibre vectorielle, de base X. Notons Q0 le faisceau des germes de
fonctions différentiables sur X , et QE le faisceau des germes de sections différen-
tiables de E, qui est un QO-Module. Alors les sections d u faisceau

sont les formes dz$rentielles de degré P de X à ualeurs dans E.


De même, si l'on note 9 ' p le faisceau des germes de courants de degré p de X
(cf. le livre de G. de Rham sur la théorie des variétés différentiables), les
courants de degré p à valeurs dans E sont les sections du faisceau Q; 6Ei 9'p.
P.
Pour p = O, on trouve les sections-distributions de la variété fibrée E. O n défi-
nirait de même plus particulièrement les sections-mesures de E, etc...

2. 9. - Suite exacte associée à un sous-espace localement fermé

O n dit qu'un sous-espace Y de X est localement fermé si tout point a E Y


possède dans X un voisinage ouvert U ( a ) tel que Y n U ( a ) soit fermé rela-
- U ( a ) . Il revient au même de dire que Y est u n
tivement au sous-espace
sous-espace ouvert de Y, ou encore que

avec U ouvert et F fermé dans X.

Théorème 2.9. I . - Soit A un sous-espace de X. Les propriétés suivantes sont


équivalentes :
( L F 1 ) : A est localement fermé dans X ;
( L F 2 ) : pour tout faisceau 9 de groupes abéliens sur X , i l existe un faisceau 9, sur
X qui induit sur A un faisceau isomorphe à 9.IA et qui induit sur X-A b faisceau nul.
Montrons d'abord que ( L F 2) implique ( L F 1 ) . Supposons en effet qu'il
existe sur X un faisceau 9 qui induit O dans X-A et Z sur A. Pour tout a E A
il existe alors, dans un voisinage ouvert U ( a ) de a dans X, une section s d e
9 telle que s ( a ) = r ; si U ( a ) est assez petit on aura du reste s ( x ) = I pour
tout x E A n U ( n ) , et bien entendu s ( x ) = O dans U ( a ) -A n U ( a ); comme
les points de U ( a ) où s est nulle forment u n ouvert, on voit bien que A
est localement fermé.
Pour démontrer la réciproque, il sufit d'établir le résultat suivant :
FAISCEAUX DE MODULES I 39

Théorème 2.9.2. - Soit A un sous-espace localement fermé de X . Pour tout faisceazi


9 de grolees abéliens sur A, il existe un faisceau (ex de groupes abéliens sur X, et un
seul, qui induit ," sur A et O dans X-A.
Supposons trouvé un faisceau répondant à la question, Puisque (eX(.x) O
pour x E X-A, il est clair que pour tout ouvert U on a une inclusion
-
gX(U)c Y(V n A),

obtenue en identifiant une section s au-dessus de U à sa restriction à U n A.


Les sections s E %(Un A) ainsi obtenues sont évidemment celles qui, prolongées
par O dans U - U n A, restent continues, autrement dit celles dont le support ( l )
est fermé dans U (et pas seulement dans U n A). Ceci prouve l'unicité d u fais-
ceau (ex.
Pour établir son existence désignons par fex(U) le sous-groupe de % ( Un A)
fornté des sections dont le support est.ferrné relativement à U. Pour U 1 V, l'opération
de restriction fe(U n A) -+ (e(Vn A) applique évidemment (eX(U)dans (eX(V),
d'où un préfaisceau U -+ (eX(U); c'est en fait un faisceau de groupes abéliens,
comme on le voit aussitôt. Reste à prouver qu'il induit O dans X-A et 9
sur A.
- -
Il est évident que (ex induit O dans X-A. Soit maintenant x E A-A et prenons
une section se(ex(U), U étant un voisinage ouvert de x dans X. Comme s,
en tant que section de 9 au-dessus de U n A, a pour support S un sous-ensemble
fermé de l'espace U, et comme S rie contient pas x, il y a un voisinage ouvert V
de x dans U, i.e. dans X , qui ne rencontre pas S; donc s induit O dans V,
ce qui prouve à la limite que gX(x) = 0.
Prenons maintenant un X E A. Il y a un voisinage U de x tel que A n U soit
fermé dans U ; donc pour tout voisinage ouvert V c U contenu dans U on
aura (eX(V)= (e(Vn A) d'où à la limite (eX(x)= V(x) pour tout x E A; reste
à montrer que cette identification de et % respecte les topologies de
ces deux faisceaux; ou encore que les sections au-dessus de U n A d u faisceau
induit par gXsont bien celles de 9 ; mais si l'on désigne provisoirement par JIIL
le faisceau induit par gX,et si l'on observe que A n U est fermé dans U on voit,
en tenant compte de ce que gXinduit O dans U-U n A, que les sections de JI&
au-dessus de U n A, prolongées par O dans U - U n A, sont continues - autre-
ment dit que ,lb(U n A) = 9X(U) = 9 ( U n A), d'où le résultat. Les Théorèmes
2.9.1 et 2.9.2 sont donc entièrement démontrés.

( 1 ) Soit un faisceau de groupes abCliens sur X et s une section de (e au-dessus d'une


partie M de X. On appelle support de s l'ensemble des points x E M tels que s(x) f O.
Comme toute section nulle en un point est nulle au voisinage (et ce parce que l'appli-
cation x --+ O est une section de Y), on voit que le support de s est une partie relative-
ment fermée de M.
Au point de vue des espaces étalés, on peut plonger l'ensemble 9, dans
l'ensemble (e (on reprend les notations d u Théorème 2.9.1); mais ce plonge-
ment n'est compatible avec les topologies que si A est ouuert dans X. Il est
d u reste évident directement dans ce cas que si l'on note 9, l'ensemble des
points de 2 qui sont nuls ou bien se projettent dans A, on obtient un sous-
faisceau de Se qui induit (elA dans A, et O dans X-A.
Par contre, si A est fermé dans X, la relation

montre qu'on a un homomorphisme canonique 9 -t ceA,évidemment surjectif,


en associant à toute section au-dessus de U sa restriction à U n A. O n notera
d'ailleurs que cet homomorphisme annule une section s au-dessus de U si
et seulement si s est nulle sur U n A, autrement dit, si le support d e s est contenu
dans U-U n A; par suite :

Théorème 2.9.3. - Pour tout sous-espace fermé A de X et tout faisceau Ce de


groupes abéliens sur X, la suite
O 4 ce,, + (e 3 (e, 4 O
est exacte.
O n remarquera que si l'on a deux sous-espaces localement fermés A et B, alors
on a un isomorphisme canonique

en vertu de l a caractérisation du second membre. Si en particulier on écrit


A = U n F, avec U ouvert et Ffermé dans X, il vient 9, = (ce,), = (e,) ce
qui prouve que (e, est un quotient d'un sous-faisceau de (e, et aussi un sous-
faisceau d'un quotient de Ce.
U n raisonnement analogue prouverait qu'on a un isomorphisme canonique

pour tout faisceau Ce de groupes abéliens sur X. Comme Z, est un faisceau de


groupes abéliens dont les groupes ponctuels sont isomorphes à O ou à 2, il
s'ensuit évidemment que le foncteur % + CeA est exact.
Le théorème 2.9.1. montre que tout faisceau sur un sous-espace localement
fermé de X est induit par un faisceau d e base X ; en fait :

Théorème 2.9.4.- Soit A un sous-espace d'un espace topologique X ; tout faisceau


9 d'ensembles (resp. de groupes abéliens) de base A est induit par un faisceau d'ensembles
(resp. de groupes abéliens) de bme X.
FAISCEAUX DE MODULES

Considérons en effet sur X le faisceau

avec les opérations de restriction évidentes; il est trivial de vérifier les


axiomes des faisceaux.
En un point a de A, l'ensemble X9(a) est la limite inductive des
ensembles %(An U) lorsque U parcourt l'ordonné filtrant décroissant des voi-
sinages ouverts de a dans X; mais alors, A n U parcourt l'ordonné filtrant
décroissant des voisinages ouverts de a dans A ; par conséquent on a un iso-
morphisme canonique
V ( a ) = g(a)
pour tout a E A. Au point de vue des espaces étalés, on a donc une bijection de
l'espace étalé (e sur l'espace étalé X9!lA,compatible avec les projections cano-
niques d e ces deux espaces sur A. Il reste à faire voir que cette bijection est
bicontinue. Pour cela, il suffit de montrer que, pour tout ouvert U de X, les
sections de X9!au-dessus de U n A s'identifient aux sections de (e au-dessus
de U n A ; or soit s une section de au-dessus de U n A; pour tout a E U n A, il
existe un voisinage ouvert V(a) de a dans X et une section s, de XV dans V (a)
qui induit s sur V(a) n A; mais par construction de X9!,sa s'identifie à une sec-
tion de % au-dessus de V(a) n A; ceci prouve évidemment la continuité de s en
tant qu'application de A n U dans l'espace étalé Je. Réciproquement, il est
clair par construction de X% que toute section de (e au-dessus de U n A définit
une section de X<e au-dessus d u même ensemble, d'où le Théorème.
Bien entendu, le faisceau XV n'est généralement pas concentré sur le sous-
espace A de X.

Remarque 2.9.1. - Soient 3 un faisceau de groupes abéliens de base X, et U


un ouvert de X; on a alors un isomorphisme canonique
Hom (Z,, 2) = V(U).
En effet considérons un homomorphisme f 3,--+3; il transforme la section
unité de Z, au-dessus de U en une section f €(e(U) dont la connaissance
détermine entièrement f; réciproquement partons d'une section s E (e(U);
elle définit évidemment un homomorphisme d u faisceau simple de fibre Z et
de base U dans le faisceau induit 91 U, donc, en prenant les extensions cano-
niques de ces faisceaux à X, un homomorphisme de Z, dans (eu, i.e. dans V
puisque 9, est un sous-faisceau de 9;d'ou le résultat annoncé.
O n déduit de là que JEo~II(Z,,9)n'est autre que le faisceau

avec les opérations de restriction évidentes; on ne confondra pas ce faisceau


avec Y,.
Remarque 2 . 9 . 2 . - L a relation Hom (Z,, 2) = 9(U) établie ci-dessus permet
de prouver que tout faisceau 9. de groupes abéliens sur X est un quotient d'une somme
directe de faisceaux de la forme Z,. Considérons en effet une famille (Ui, ~ ~ où) ~ ~ r
les U isont des ouverts de X et les si des sections de 9. au-dessus des U i ; chaque si
détermine un homomorphisme Z,, -z YI, d'ou (no 2.7) un homomorphisme
$ zu. -+ 2;
i ~ t

pour que cet homomorphisme soit surjectif il faut et il suffit que, pour tout x , le
groupe abélien % ( x ) soit engendré par les si(x) correspondant aux indices i
tels que x E U i ; d'où évidemment notre assertion.

Remarque 2.9.3. - Soient X un espace topologique, Z le faisceau simple de


base X ayant pour fibre l'anneau des entiers rationnels, et 9. un sous-faisceau
de groupes abéliens de Z. O n a vu que pour tout x, on a % ( x )= n(x).Z, où n ( x )
est un entier >O bien déterminé, avec la popriété que n ( y ) divise n ( x ) pour
tout y suffisamment voisin de x (Exemple 2.3.1.). NOUSallons en déduire des
renseignements importants sur la structure de (e lorsque l'espace X est quasi-
compact, hypothèse qui assure que l'entier n ( x ) ne prend qu'un nombrefini de
valeurs.
Soit U l'ensemble des x tels que n ( x ) f 0 ; c'est évidemment un ouvert de X
puisque le faisceau Z est séparé. Pour tout entier s ), 1 , la relation n ( x ) ,< s
définit alors dans U u n ouvert U, puisque tout diviseur de n ( x ) est ,< n ( x ) . O n a
évidemment les relations
Ul c u,
c ,..

et de plus U n = U pour n assez grand puisque X est quasi-compact. Considé-


rons alors les sous-faisceaux
%,=(eus (s,>I)

de 2;on obtient ainsi dans 9. une « suite de composition ))

dont nous allons examiner les quotients successifs.


Il est clair tout d'abord que 9, = Z,,. Considérons maintenant (es/%-,
pour s > I ; introduisant l'ensemble localement fermé
As = Us-Us-,,
il est clair que ce quotient n'est autre que gAs;comme n ( x ) = s pour tout x E A,,
entier indépendant de x , on voit immédiatement que 9.,/gYi est isomorphe
à Z*,.
E n concIusion, on voit que 9. admet une suite de composition de longueurJinie dont les
quotients successifs sont de la forme Z,, où A est localementfermé clans X .
FAISCEAUX DE MODULES

2. 10. - Produit tensoriel total


Soient X et Y deux espaces topologiques, A un anneau de base, % un faisceau
de A-modules à droite de base X, et Ab un faisceau de A-modules à gauche de
base Y; nous allons définir sur l'espace produit un faisceau de groupes abé-
liens
9% = ce 64 JNL,
A

appelé produit tensoriel total de 9. et sur l'anneau A; l'emploi de cette


terminologie et de la notation a pour but d'éviter, dans le cas où
X = Y, les confusions possibles avec la notion de produit tensoriel définie au
no 2.8.
Quels que soient x E X et y E Y, nous définirons

il nous reste à préciser les conditions pour qu'une application

définie dans un ouvert W de X x Y, soit une section de Yb; ces conditions sont
les suivantes : quel que soit (xo,yo)E W il existe un voisinage ouvert U de xo dans X,
zm voisinage ouvert V deyo dans Y, des sections si E 9 ( U ) et des sections t E ~lb(V),en
nombrefini, tels que l'on ait

Désignons par %(W) l'ensemble des applications u qui vérifient ces conditions;
si W' c W on a un homomorphisme de restriction %(W) -t %(W1) de façon
évidente, et il est clair que les axiomes des préfaisceaux sont vérifiés. L a vérifi-
cation des axiomes ( F I ) et (Fr) des faisceaux est triviale. Il reste, pour établir le
fait que %(x,y ) est bien le groupe des germes de sections de 9% en (x,y ) , à montre
que par tout élément de %(x,y ) « passe » une section (ce qui est clair) et
essentiellement une seule.
Il suffit évidemment pour cela de démontrer que, si l'on a des sections si E %(U)
et tSE ~lb(V)en nombre fini, telles que l'élément Xsi(x)@ti(y)E %(x)@,$L(y) soit
A
nul en u n point (x,,y,) de U x V, alors il est aussi nul au voisinage de
(xo,~ 0 )
O r puisque l'on a canoniquement

% ( x ) = lim. ind. %(U), J%(J) = lim. ind. J%(V),


u3x v3r
on a un isomorphisme canonique
%(x)€3 ),%(y)= lim. ind. 9(U) 8 J ~ ( V;)
A Jz
11 = A
"37

puisque par hypothèse l'élément 2s1@ti de %(U)@c~#b(V)s'annule dans


A

on peut, au besoin en modifiant U et V, le supposer identique-


(e(xo)€3=~%(y,),
A
ment nul - en vertu de la définition même des limites inductives. Ceci
démontre évidemment notre assertion.
I l est clair que, quels que soient les ouverts U c X et V c Y, on a une application

qui est bilinéaire sur l'anneau de base A, et qui est, en un sens évident, compa-
tible avec les opérations de restriction.
Réciproquement, donnons-nous un faisceau 5' de groupes abéliens sur X x Y,
et des applications A-bilinéaires

compatibles avec les opérations de restriction; alors ces applications s'ob-


tiennent en composant les applications bilinéaires définies précédemment,
avec un homomorphisme

bien déterminé. Cette propriété montre que le produit tensoriel total est la
solution d'un « problème universel », analogue à celui qui conduit, en Algèbre,
à la notion de produit tensoriel de deux modules sur un anneau.

2. 11. - Image réciproque d'un faisceau par une application continue


Soient X et Y deux espaces topologiques et f une application continue de X
dans Y; on a vu (no I . 12) que f permet d'associer, à tout faisceau d'ensembles
J I I de
~ base Y, un faisceau d'ensembles

appelé image réc@roque de JIL par 3 ; rappelons que, pour tout ouvert U c X,
les sections de 9 au-dessus de U s'identifient canoniquement aux applications
continues s de U dans l'espace étalé ~îJbqui vérifient

(1) S(X)E JI%(f ( x ) ) pour tout x E U.

Supposons maintenant que JI^ soit un faisceau d'anneaw sur Y; il est clair que les
FAISCEAUX DE MODULES I45

solutions de (1) forment canoniquement un anneau, dans lequel la somme et le


produit sont définis par

de plus, ces opérations sont compatibles avec les opérations de restriction


dans Y; par conséquent, Y est muni canoniquement d'une structure de faisceau
d'anneaux.
Plus généralement, partons d'un faisceau d'anneaux % sur Y et d'un %-Module
à gauche ~Zib;alors (e =f *(~îib)est canoniquement un A-Module à gauche, où
l'on pose =f "(3).Il suffit pour le voir de définir de façon « naturelle » le
produit d'une section s E A(U) par une section t E 9(U) ; représentant s et t
par des applications de U dans 93 et ,~Ii\o, on posera évidemment

11 est clair que, pour tout X E X, f induit alors un homomorphisme d'anneaux


,%(x) -+ %(f (x)) , et un homomorphisme Y(x) -t ~lib(f (x)) de modules compa-
tible avec I'homomorphisme précédent.
A titre d'exemple des notions précédentes, considérons un espace X, un anneau
de base A, un faisceau Y de A-modules à droite et un faisceau ~Iibde A-modules
à gauche, de base X. Alors le produit tensoriel Y8~2ibest canoniquement isomorphe
A

à l'image réciproque du produit tensoriel total % 6A Ab par l'application diagonale

de X dans X x X. O n laisse au lecteur ie soin de vérifier cette assertion à titre


d'exercice.
Un autre exemple s'obtient en considérant un faisceau Y de groupes abéliens
sur un espace X ; alors, pour tout sous-espace Y de X, le faisceau induit 91Y est
canoniquement isomorphe à l'image réciproque de Y par l'injection canonique Y -+ X.
La propriété la plus importante de l'opération « image réciproque » est la
suivante : le foncteur ~Zib-tf "(~lilq),défini sur la catégorie des faisceaux de
groupes abéliens de base Y et à valeurs dans celle des faisceaux de groupes
abéliens de base X , est exact. En effet, on a pour tout x E X une bijection cano-
nique de f * (~2ib)(x) sur ~Iib(
f (x)) (no I . I Q ) , évidemment compatible avec les
structures additives de ces deux ensembles; d'où immédiatement notre asser-
tion.

2. 12. - lmage directe d'un faisceau


Considérons toujours deux espaces X et Y et une application continuef :X +Y.
Pour tout faisceau d'ensembles de base X, on a alors (no 1.13) un faisceau
image f(A) de base Y, à savoir

Supposons alors que h soit un faisceau d'anneaux de base X; la définition


précédente montre que l'on a sur les ensembles f (A) (V) une structure d'an-
neau compatible avec les opérations de restriction : par suite, f(&) peut être
considéré, de façon « naturelle », comme un faisceau d'anneaux de base Y. Si de
plus on considère un &-module à gauche Ce, un raisonnement analogue montre
que f (ce) est un f (A)-Module à gauche.
O n notera que le foncteur 3 + f (3) est exact à gauche; si en effet l'on a une
suite exacte
O + ce' -+ ce -+ cei'

de &Modules sur X, alors pour tout ouvert U il vient la suite exacte

et donc, pour tout ouvert V c Y, la suite exacte

d'où notre assertion. Par contre, le foncteur Y f


-+ (ce) n'est pas exact à droite,
.
sauf dans des cas triviaux peu intéressants..
3. PROBLÈMES D E PROLONGEMENT
ET D E RELÈVEMENT D E SECTIONS

3. 1. - Faisceaux flasques.

Un faisceau 9 d'ensembles sur un espace X est dit jasque si, pour tout ouvert
U de X, l'application de restriction

-+

est surjective.
C'est par exemple le cas si S est le faisceau des germes de section d'un espace
découpé discret de base X . Comme tout faisceau est le faisceau des germes de
section d'un espace étalé dans X, on voit, en munissant celui-ci de la topologie
discrète, que tout faisceau d'ensembles se plonge dans u n faisceau jusque; de manière
précise, pour tout faisceau 3, le faisceau eo(X;9) donné par

avec les applications de restriction évidentes, est un faisceau flasque contenant 9.


Les faisceaux de ce genre joueront un rôle fondamental au fj suivant.

Exemple 3.1. I , - Soit X une variété algébrique irréductible sur un corps k;


on a vu que l'intersection de deux ouverts non vides n'est jamais vide - donc
tout ouvert de X est connexe; on en déduit que tout faisceau simple sur X est jasque
(a Théorème de Grothendieck »). O n peut voir aussi facilement que le faisceau
des germes de diviseurs de X est flasque (mais non, bien entendu, le faisceau
des anneaux locaux de X ) .
Le fait pour un faisceau 4 d'être flasque est une propriété locale. Supposons en
effet q u e 4(U soit flasque pour tout ouvert U assez petit, et soit s une section
GODEMENT 1I
de 3; au-dessus d'un ouvert quelconque U. Considérons l'ensemble E des
couples ( U 1 ,s'), oh U r2 U et où s' E 3;(U1)induit s dans U ; ordonnant E par
« proIongement >> on obtient évidemment un ensemble inductif; soit ( U ' , s')
un élément maximal de E, et supposons U' # X; il existe alors un ouvert V
non contenu dans U ' , tel que %IVsoit fiasque - ce qui permet de prolonger
à V la restriction de s' à U t n V , donc de prolonger sr à U'u V; donc U t = X ,
et 9 est flasque globalement B.
Il est clair réciproquement qu'un faisceau flasque induit sur tout ouvert un
faisceau flasque.

Théorème 3. I . I . -L'image directe d'un faisceau fiasque par une application continue
est jasqùe.
Soient une application continue f : X -+ Y et un faisceau fiasque A de base X ;
posant 93 = f ( & ) on a pour tout ouvert V de Y un diagramme commutatif

par définition de l'image directe, les flèches verticales sont bijectives; la flèche
horizontale supérieure est surjective puisque A est flasque; d'ou le théorème.

Théorème 3.1.2-- Soit


o-zcel +ce-+ce"-+O
une suite exacte defaisceaux de groupes abéliens; si Cet estJEasque, alors pour tout ouvert U
on a une suite exacte
O -+ %'(U) -+ % ( U )-+ %"(U)-+ O
(i.e. on a une suite exacte de préfaisceaux).
O n peut supposer U = X , et tout revient à prouver qu'une section sl' E 9"(X)
provient d'une section de 9. O r soit E l'ensemble des couples (U,s) où s E %(U)
représente s" dans U ; ordonnant E par prolongement on a encore une fois
un ensemble inductif; soit (U,s) un élément maximal de E. Si X E X-U, il
existe un voisinage V de x et une section t E%(V) qui représente s" dans V ;
dans U n V , s et t ne diffèrent que par une section de Cer, laquelle, puisque 9'
est flasque, se prolonge à V ; on peut donc, en modifiant t, supposer s = t
dans U n V - mais alors ( U , s) n'est pas maximal. Donc U = X, et le théo-
rème est démontré.

Corollaire - Si bel et 9 sont jîasques, 3''est Jasque.


En effet une section s" de 9'' au-dessus de U est représentée par une section
de 9 au-dessus de U, laquelle se prolonge à X; il en est donc de même de s".
Soit Qi une famille de supports dans X (no 2.5). Si Ce est un faisceau de groupes
abéliens sur X, nous désignerons par rg,(9) l'ensemble des sections S E 9(X)
à support dans la famille a: c'est évidemment un groupe abklien, et 9 -+ Fa(%)
est un foncteur exact à gauche (no 2.5).

Théorème 3.1.3. - Soit


O -+ 90 4
. 21 -t

une suite exacte de faisceauxJasques de groupes abéliens. Pour toute famille de sup-
ports, la suite correspondante
O -+ r+((eO)
+ r,((el) 3 .
de groupes abéliens mt exacte.
Posons en effet
SP =Ker(9 -+ %p+ i) IIm(9P-i -+ %p) ;
on a évidemment
r,(Zp) = Ker(r4(%p) -+ I'4((ep+i))

et tout revient à prouver l'exactitude des suites partielles

O r on a les suites exactes

si donc ZP est flasque il en est de même de Zp+l; comme ZO = O est flasque on


voit donc que tous les %P sont flasques. Donc toute section z p + l de ZP+ l, de sup-
port S E a, se relève en une section IP de %P : reste à montrer qu'on peut suppo-
ser le support de lp dans a. Or, dans X-S, lp induit une section de 27, laquelle,
puisque Z P est flasque, se prolonge à tout X; retranchant de l p cette section de
ZP il est clair qu'on parvient au résultat cherché.

3. 2. - Espaces paracompacts

Un espace X est dit paracompact s'il est séparé et si, pour tout recouvrement
ouvert (Ui) de X, il existe un recouvrement ouvert localement j n i plus fin que
(Ui). Un tel espace est normal, la réciproque étant fausse. Tout sous-espace
fermé d'un espace paracompact est paracompact. Un espace métrisable est para-
compact (ainsi du reste que tous ses sous-espaces, puisqu'ils sont métrisables),
de même qu'un espace localement compact dénombrable à l'infini.
Nous utiliserons constamment sans référence le résultat suivant : soit (Ui)iEI
un recouvrement ouvert localementJini d'un espace normal X ; alors il existe un recouvre-
ment ouvert (Vi)iE1 tel que l'on aitcc U; pour tout i E 1.
Soit X un espace quelconque; nous appelleronsfamille paracompact$ante dans X
toute famille 4> de parties de X satisfaisant aux conditions suivantes :
(PRK I) : les Se sont fermés et paracompacts;
(PRK 2 ) : toute réunionjnie d'en~ernblesde 4> est dans 4i;
(PRK 3) : toute partie.fermée d'un S E 4> appartient à 4i;
(PRK 4) : tout S e 4i possède un voisinage appartenant à Q>.
Par exemple, si X s'identifie à un sous-espace ouvert d'un espace para-
h -
compact X, les S E X qui sont fermés dans X forment une famille paracompac-
tifiante dans X. O n obtient ainsi toute famille paracompactifiante, pourvu
que la réunion des S E Q> soit X tout entier.
Si cP est une famille de supports dans X, et Y un sous-espace de X , nous dési-
gnerons toujours par 4iIY l'ensemble des S E 4i contenus dans Y; si Y est
fermé, c'est aussi l'ensemble des S n Y, S e a.
Si 4> est paracompactifiante, et si Y est localement fermé dans X, alors @ ] Yest
une famille paracompactifiante dans Y, comme on le vérifie facilement en
écrivant Y = U n F, U ouvert et F fermé.

3. 3. - Prolongement local d'une section

Théorème 3.3. I . - Soient 5 un faisceau d'ensembles sur un espace X , S un sous-


ensemble de X, et s une section de 5 au-dessus de S.
Si S admet dans X un systèmeJondamental de voisinages paracompacts, s se prolonge à
un voisinage de S dans X.
O n peut évidemment supposer X paracompact; on peut d'autre part recou-
vrir S par des ouverts U i et trouver des si e 9(Ui) telles que si = s dans S n U i ;
en remplaçant X par un voisinage paracompact de S contenu dans Uui,on
peut donc supposer que les U i forment un recouvrement de X, et même que ce
recouvrement est localement fini. Prenons un second recouvrement V1, avec
Vi c U i pour tout i, et soit W l'ensemble des x E X tels que

implique

D'après le Théorème 1.3.1 appliqué au faisceau 4 W, il existe une section de Sr


au-dessus de W qui, dans W n 6,
se réduit à si; elle prolonge évidemment s; il
reste donc à montrer que W est un voisinage de S. -
O r soit X E S-
; il existe
- un voisinage ouvert W(x) qui, parmi les Vi, ne ren-
contre que Vil, . . ., Vip; en modifiant a u besoin W(x) on peut supposer que
tous les ensembles
- précédents
- contiennent x , et que W(x) est contenu dans les
ensembles Ui,, . . ., U i . Les sections si,, . . . , si sont définies en x, et évi-
P P
demment égales; comme elles sont en nombre fini on peut les supposer égales
dans tout W(x) ; il est clair qu'alors W(x) c W, ce qui termine la démonstration.
Corollaire 1. - Soient X un espace topologique, 9 un faisceau de base X et S un
sous-espace de X admettant u n système fondamental de voisinages paracompacts. O n a
alors
S(S) = lim. ind. S(U)
U 3 S

iuiuant lYordonnéjltrantdécroissant des voisinages U de S dans X .


En effet toute section de $ au-dessus de S se prolonge à un voisinage U de S; et
si des sections au-dessus de voisinages U, V de S coïncident sur S, elles coïn-
cident dans un voisinage W c U n V de S.
Le Corollaire précédent s'applique notamment si X est paracompact et S
fermé, ou bien si X est métrisable et S quelconque.

Corollaire 2 . - Soit A un sous-espace d'un espace me'trisable X . Tout faisceau


jusque de base X induit dans A unfaisceauflasque.
En fait, si 9 est un faisceau flasque de base X , il est clair qu'une section de 3;
au-dessus d'un sous-ensemble quelconque de X se prolonge à X tout entier; d'où
évidemment le Corollaire.

3. 4. - Faisceaux mous dans les espaces paracompacts

Soient X un espace paracompact, 3i un faisceau d'ensembles sur X ; si 9 est


flasque, il résulte du théorème 3.3.1 que toute section de 5; au-&$sus d'un fermé se
prolonge à X tout entier.
Nous dirons plus généralement qu'un faisceau de base X est mou s'il possède
cette propiété. Celle-ci est en fait de nature locale; plus précisément on a le
résultat suivant :

Théorème 3.4.I . - Soit 9 un faisceau sur un espace X paracompact. Supposons que


tout point de X possède un voisinage U vérijiant la condition suivante : toute section de 9
au-dessz~sd'un sous-ensemble fermé de X contenu dans U, se prolonge à U . Alors 9 est
mou.
Soit s une section de 3; au-dessus d'un fermé S; il est possible de trouver un
recouvrement localement fini (UljiEIde X par des ouverts possèdant la pro-
priété indiquée dans l'énoncé, puis un recouvrement (Vi) tel que Tic Uipour
tout i. Nous poserons Fi = Vi, et plus généralement

pour toute partie J de 1.


Cela dit, considérons l'ensemble E des couples ( t , J), où J c 1 et où t est une
section de 5( au-dessus de F,, telle que t = s sur S n F,; cet ensemble n'est pas
vide (prendre un U , qui rencontre S et prolonger à F, la section s définie
sur S n F,). O n peut l'ordonner en écrivant (t', J ' ) < (t", J") si l'on a J' c J" et
t' = t" sur Fj,; l'ensemble ordonné E est alors inductif, comme on le voit en
faisant usage d u théorème r .3.1. Soit donc ( t , J) un élément maximal de E :
tout revient à prouver que J = 1. O r supposons qu'il existe un indice i non
dans J , et posons J' = J u \ i l ; pour aboutir à une contradiction, il suffit d e
construire sur Fi une section t' qui, sur F, n Fi, se réduise à t, et qui, sur Fi n S,
se réduise à s ; mais comme t = s sur F, n S le problème est de prolonger à Fi
une section donnée sur une partie fermée de Fi, ce qui est possible d'après le
choix de U ,- d'où le théorème.

Théorème 3.4.2.- Soit 4 un faisceau mou sur un espace paraconqact X ; 5 induit


un faisceau mou sur tout sous-espace fermé de X, et même sur tout sous-espace localement
fermé de X si X est métrisable.
La première assertion est triviale. Pour établir la seconde, considérons un sous-
espace A localement fermé de X , et un point x de A ; x possède dans X un voi-
sinage fermé V(x) tel que A n V ( x ) soit fermé; donc tout fermé de A, contenu
dans V ( x ) ,est fermé dans X , d'où le résultat par définition des faisceaux mous
et en appliquant le théorème 3.4.1 (ce qui est permis puisque A est para-
compact).

Cor01taire. -Soit (Si) i E 1 une fanzille localementJnie de faisceaux de groupes abéliens


sur un espace X paracompact. Si tous les g isont mous, il en est de même de leur somme
directe.
Soit en effet x E X ; il existe un voisinage U de x tel que la famille des faisceaux
induits S i ( U ne comporte qu'un nombre fini de termes non nuls; on peut
évidemment supposer U fermé, donc paracompact. Comme le corollaire est
trivial pour une famille finie, on voit que la somme directe 5 des Si induit
dans U un faisceau mou; donc 4 est mou.

3. 5. - Faisceaux @-mous

Soient X un espace quelconque, @ une famille paracompactifiante dans X ,


et 9 un faisceau d'ensembles sur X. O n dit que F est @-mou si, pour tout
S E @, le faisceau induit $ / S est mou, i.e. si, pour S', S" E @ avec S' 3 Sn, l'ap-
plication de restriction
S(S1) -> S ( S " )

est surjective. Il est clair que tout faisceau Jasque est @ - I I ~ O U en vertu du
Théorème 3.3.1. D'autre part, une somme directe localement jnie de faisceaux Si
de groupes abéliens est un faisceau @-mou si tous les hJi sont @-mous;si en effet 9 est la
somme directe des Si,on a pour tout S E @ la relation

$1 s = @ (Si/
S);
notre assertion résulte donc du Corollaire d u Théorème 3.4.2.

Théorème 3.5.1. - Soient X un espace topologique, $ un faisceau de groupes


abéliens sur X , et @ une famille paracompactijiante dans X . Pour que 9 soit @-mou il
faut et il su@ que, pour tout S E @, Z'hornomorphisme re(9)3 9(S) soit surjectif.
Soit en effet une section s au-dessus d'un S E @; prenons un ooisinage S' E @
de S; on peut définir une section de $ au-dessus du fermé S u F (où F est la
frontière de S') en lui imposant d'être égale à s sur S et à O sur F; cette section
se prolonge à S' si 5; est @-mou, mais comme elle est nulle sur F on peut la
prolonger à X en lui attribuant la valeur O dans X-Sr, d'où le Théorème.

Théorème 3.5.2. - Soient X un espace topologique, Q, une famille paracon$ac-


tiJiante dans X , et
O i
;9' + ce -> 9" -> O
une suite exacte de faisceaux de groupes abéliens; si 9' est @-mou, la suite
O + ra(cel) -+ ~ ~ ~+( F*,(Y~')
2 ) -+ O
est exacte.
Supposons tout d'abord X paracompact, Q, étant la famille de tous les fermés
de X. Soit s" une section de 9" : il faut la « relever » en une section de 9.
Comme c'est possible localement, et comme X est paracompact, il existe un
recouvrement ouvert localement fini (Ut);EI de X et des sections s i € %(Ui)
qui, dans les Ui, représentent su. Prenons un recouvrement (Vi) tel que
-
Et = Vit Ui
pour tout i.
Considérons alors l'ensemble E des couples (s, J),où J c 1et où s est une section
de Y au-dessus de F, = UFi qui, dans cet ensemble, represente s". Évidemment
i€J

E est non vide, et en l'ordonnant par prolongement il est inductif; soit aIors
(s, J ) un élément maximal de E : tout revient à prouver que J = 1. O r si i E 1 - J ,
prenons un relèvement si de s" à l'ouvert Ut; dans F, n Fi, s et si nc: diffèrent
que par une section de 9 ' qui, étant mou, se prolonge à Ui; donc on peut
prolonger s à F, u Fi, d'où une contradiction.
Dans le cas général, prenons une section s" E 17*,(%"), et soit S" E cIi son sup-
port; comme 9' / S" est mou, le raisonnement précédent montre qu'on peut
relever s" en une section s de 9 au-dessus de S"; soit S E 4) un voisinage de S";
on peut supposer que s se prolonge à S : tout revient à faire voir qu'on peut
supposer s nulle sur la frontière F de S. Mais comme s" est nulle sur F, la
restriction de s à F est une section de 9' qui, 9' étant @-mou, se prolonge
en une section s' de %' au-dessus de S; remplaçant s par s-s1 on obtient le
résultat cherché.

Corollaire. - Soit X un espace paracompact (resp. métrisable) et soit

une suite exacte de faisceaux de groupes abéliens sur X ; si (et est mou, la suite

est exacte pour tout sous-espace fermé (resp. localementfermé) de X .


En effet le faisceau %IlA est mou.

Théorème 3.5.3. - Soient X un espace topologique, @ une famille paracompact$îante


dans X , et
o?=%r?=%+glt-+O

une suite exacte de faisceaux de groupes abéliens de base X . S i (e' et Ce sont @-mous, il en
est de même de 2".

Théorème 3.5.4. - Soient X un espace topologique, @ uns falnilleparacompacti-


Jante dans X , et
O -+ 9' 4 (el...

une suite exacte de faisceaux @-mous de groupes abéliens de base X . Alors on a une
suite exacte
O 4 r * ( q + r*(%l) + . . ..

Ces deux théorèmes se démontrent comme les résultats analogues relatifs aux
faisceaux flasques.

Théorème 3.5.5. - Soient X un espace topologique, @ une famille paracompacti-


Jante dans X , et A un sous-espace localementfermé de X .
( a ) tout faisceau 9 de base X et @-mou induit dans A unfaisceau (@ 1 A)-mou;
( b ) si (e est unfaisceau @-mou de groupes abéliens de base X , lefaisceau (e, est @-mou;
(c) si 5; est un faisceau ( @ [ A ) - m o ude groupes abéliens de base A, le faisceau SX de
base X est @-mou.
L'assertion ( a ) est triviale.
Pour démontrer ( b ) , prenons un S E @; il faut prouver que (e,l S est mou ;
comme (e,JS = (91 S)*,-, on peut faire abstraction de @ en supposant X para-
compact, et tout revient à examiner le cas où A est ouvert et celui où A est
fermé.
Si A est ouvert, soit s une section de Y, au-dessus d'un fermé S c X; c'est une
section de 9 au-dessus de S, nulle sur S n ( X - A). Comme Y est mou, on peut
la prolonger en une section t définie dans X tout entier; tout revient à prouver
qu'on peut supposer t nulle sur X-A. O r comme s est nulle sur le fermé S n (X-A)
il existe une section s' de Ce au-dessus du fermé S u (X-A) égale à s sur S et à O
en dehors; prenant pour t un prolongement de s' on obtient le résultat cherché.
Si A est fermé, il suffit (Théorème 3.5.3) de remarquer que Ce, = %,'Cex-*.
Pour démontrer (c), on se ramène au cas où @ est la famille de tous les fermés,
X étant paracompact; $1 A est alors formée des S c A qui sont fermés dans X.
Soit s une section de 4* au-dessus d'un fermé B; les x E B où s ( x ) # O forment
un fermé dans X, contenu dans A, i.e. un ensemble S E @ 1 A; donc (Théo-
rème 3.5.2) la restriction de s à A n B se prolonge en une section de 4 au-
dessus de A, de support fermé dans X - d'où évidemment un prolongement
de s à X tout entier.

3. 6. - Partitions d'une section d'un faisceau mou

Soient 9 un faisceau de groupes abéliens sur un espace X, et (si)lE1une famille


de sections d e Ce au-dessus de X ; on dit que la famille en question est localement
jnie si les supports des si forment dans X une famille localement finie d'en-
sembles fermés, autrement dit si, pour tout ouvert U assez petit, les si non
nulles dans U sont en nombre fini. O n peut alors définir une section

de % en posant

pour tout x E X .
Soient maintenant une section s de 9 au-dessus de X, et un recouvre-
ment ouvert de X . O n appelle partition de s subordonnée à (Ui) toute décompo-
sition s = X si de s en une somme localement jnie de sections, avec la condition
que le support de chaque si soit contenu dans l'ouvert Ui correspondant. Il est
clair que s'il existe une partition de s subordonnée à un recouvrement plus fin
que (Ui), il en existe aussi une subordonnée à (Ui), obtenue en groupant
convenablement les termes de la première partition.

Théorème 3.6. I . - Soit Ce un faisceau mou de groupes abéliens sur un espace para-
compact X . Pour toute section s de 9 au-dessus de X, et pour tout recouvrement ouvert
(Ui)iE de X, il existe une partition de s subord~ndeà (UJ.
On peut supposer le recouvrement (UI) localement fini, et prendre un recou-
vrement fermé ( F i ) ,avec Fi c Ui pour tout i.
Considérons l'ensemble E des familles où J c 1, où s, est une section
de au-dessus de X, de support contenu dans Ut, et où l'on a

ri =s sur F, = UF ~ .
iEJ i EJ

Cet ensemble n'est pas vide et, en l'ordonnant par prolongement, il est inductif.
Soit donc (si)iE un élément maximal de E : tout revient à prouver que J = 1.
O r s'il existe un i E 1-J, il suffit, pour aboutir à une contradiction, de construire
une section si E 9(X) vérifiant les conditions suivantes : si = O dans X - U , et

si=s-xsj sur F,UF.;

en vertu de cette condition on connaît déjà si sur le fermé

(FJ U Fi) u (X- U i ) ,


de sorte que la construction de si est possible si Ce est mou; d'où le Théorème.

3. 7. - Faisceaux fins
Démontrons d'abord le résultat suivant :

Théorème 3.7.1. - Soient X un espace topolo~ique,k un faisceau d'anneaux avec


élément unité sur X , et 4) une famille paracompact$ante dans X . Si &, est @-mou, tout
&-Module est @-mou.
O n peut faire abstraction de 4) et supposer X paracompact. Soient 9 un
&-Modiile à gauche et s une section de (e au-dessus d'un fermé A; on sait déjà
que s se prolonge à un voisinage B de A, qu'on peut supposer fermé dans X ;
tout revient à montrer qu'on peut astreindre le prolongement de s à B à être
nul sur la frontière F de B dans X.
O r comme est mou, il existe une section u de J& au-dessus de X qui est égale
à I sur A et à O sur F; remplaçant le prolongement s considéré par la sec-
tion x + u ( x ) s ( x )on parvient au résultat cherché.
O n notera que le raisonnement précédent, compte tenu de ce que le fait d'être
mou est une propriété locale, conduit au résultat que voici :

Théorème 3.7.2. - Soit & un faisceau d'anneaux auec unité sur un espace para-
compact X. Pour que & soit mou, il faut et il sufit que tout point de X possède un mi-
sinage U tel que, étant donnés des fermés disjoints S, T c U, il existe une section de k
au-dessus de U , égale à I sur S et à O sur T .
Considérons maintenant un faisceau 2 de groupes abélliens sur un espace para-
compact X (resp. sur un espace X muni d'une famille paracompactifiante @) ;
on dit que 9 est j n (resp. @-fin) si le faisceau d'anneaux X o ~ l z ( % ,(e) est
mou (resp. si 9?IS est fin pour tout S E @). Pour qu'un faisceau de groupes
abéliens 9, sur un espace paracompact X, soit fin, il est donc nécessaire et
suffisant qu'étant donnés deux fermés disjoints A et B de X, il existe un homo-
morphisme 9. + Ce induisant l'identité au voisinage de A et O a u voisinage
de B; et il suffit d'ailleurs de vérifier cette propriété localement pour s'assurer
que Y est fin. 11 est d'autre part clair qu'un faisceau @$n est afortiori @-mou
(Théorème 3.7.1). L'importance des faisceaux @-fins provient de cette
dernière propriété et d u résultat suivant :

Théorème 3.7.3. - Soient X un espace topologique, @ une famille paracompac-


tijiante dans X, et 2 un faisceau @:fin de groupes abéliens. Pour tout faisceau Ab de
groupes abéliens de base X , le faisceau Y 63 .~Iilo est @-fin.
z
O n peut évidemment se ramener a u cas où 9. est un faisceau fin sur un espace
paracompact X; comme 3 est un Module à gauche sur un faisceau d'aniieaux
qui est mou [à savoir aeolwz(te, 2)], il en est de même de 2 8 ,~110, d'où évidem-
ment le résultat.
En fait nous utiliserons toujours le Théorème précédent sous la forme affaiblie
que voici : si %' est fin, alors 2 63 JI^ est mou quel que soit u;l!lq.

Exemple 3.7. I . - Soit X un espace topologique et @ une famille para-


compactifiante; alors le faisceau BO(X;Z) des cochaînes d'Alexander-Spanier
de degré O de X à valeurs entières, i,e. le faisceau des germes d'applications
de X dans 2, est @-fin; c'est en effet un faisceau d'anneaux, il suffit donc de
prouver qu'il est @-mou; or soient un S E <P et des fermés disjoints A, B c S;
prenons un voisinage S rE @ de S; comme S' est normal, il existe des voisi-
nages U et V de A et B dans S' qui ne se rencontrent pas, et donc une appli-
cation s de Sr dans Z égale à I sur U et à O sur V; restreignant cette fonction
à l'intérieur W de S r , on obtient une section de BO(X;Z) dont la restriction
à S (restriction qu'on ne confondra pas avec celle d e la fonction S...) est
égale à I sur A et à O sur B, d'où le résultat.
Il suit de là que tout gO(X;Z)-Module est @-mou, et même @-fin; c'est
notamment le cas des faisceaux d'Alexander-Spanier S n ( X ; G) quel que soit
n >, O et quel que soit le groupe abélien G.
Une démonstration analogue, où l'on emploiera cette fois le théorème d7Ury-
sohn, prouve que le faisceau des germes de fonctions numériques continues est
@-fin,ainsi par suite que tout hfodule sur ce faisceau d'anneaux, par exemple
le faisceau des germes de sections d'un espace fibré à fibre vectorielle.
Si X est une variété dfférentiable paracompacte, montrons que le faisceau Q0 des
germes de fonctions différentiables sur X est fin. En vertu d u Théorème 3.7.2
on peut, en remplaçant X par un ouvert relativement compact isomorphe
à Rn, se borner pour le voir à établir le résultat suivant : étant donnés dans R a
des compacts disjoints A et B, il existe une fonction différentiable f égale à I
a u voisinage de A et à O au voisinage de B. Pour cela on prend (théorème
d'urysohn) une fonction continue g possédant ces propriétés, puis on t< régu-
larise >> g, i.e. on la remplace par

où h est une fonction différentiable positive, nulle en dehors d'un voisinage


assez petit de l'origine, et d'intégrale égale à I .
Il suit d e là que les faisceaux Q,P sont fins, ainsi que tous les QO-Modules, par
exemple les faisceaux de germes d e courants à valeurs dans une variété fibrée
à fibre vectorielle.

3. 8. - Un lemme sur les recouvrements d'un espace normal


Avant de poursuivre l'étude des faisceaux dans les espaces paracompacts, nous
démontrerons le lemme suivant :

Lemme 3.8. I . - Soit (Ut)iE 1 un recouvrement ouvert localement Jini d'un espace

normal X . Pour tout couple i, j et tout x E Uri supposons donné un voisinage Vtj(x)c Uu
de x. Alors on peut trouver un voisinage V(x) de tout point x de X de telle sorte que
les conditions suivantes soient vérifiées :
( a ) : la relation x a Uti implique V (x) c Vu(x);
( b ) : si V(x) et V(y) se rencontrent, i l existe un i tel que U1contienne V(x) et V(y).
Puisque le recouvrement U, est localement fini, il est trivial de réaliser la
condition ( a ) . Pour réaliser ( b ) , formons un recouvrement ouvert (Uf) avec
Uf c U t pour tout i. La condition ( a ) étant déjà réalisée, on peut supposer en
outre que XEU! implique V(x) c UJ. D'autre part, les indices i tels que V(x)
rencontre sont en nombre fini, de sorte qu'on peut en outre imposer la
condition que V(x) ne rencontre U f que si x E W.
Cela dit, supposons que V(x) et V(y) se rencontrent; il y a un i tel que x E Uf,
-
en sorte que V(x) c U: ; donc V(y) rencontre U f , ce qui prouve que 3~E UI/ ;
mais alorsy a Ut, en sorte que U t contient V(x) et V(y), d'où le lemme.

3. 9. - Application aux préfaisceaux


Soient 8 un préfaisceau d'ensembles sur un espace X, et 3 le faisceau qu'il
engendre; nous avons vu (no 1 . 2 ) que l'application
est injective si S; vérifie l'axiome ( F I ) des faisceaux. Nous allons voir que, si X
est paracompact, cette application est surjective si S; vérifie l'axiome (F2) ; plus
généralement :

Théorème 3.9.1. - Soit 3F un préfnisceau d'ensembles sur un espace paracompact


X. Supposons réalisée la condition suiuante : étant donnés un recouurement ouuert (Ut);
localement fini de X, et des s i € $(Ui), tels que les restrictions de si et sj à Uij soient
égales quels que soient i et j, il existe un s E 4 ( X ) dont la restriction à U i est s, quel
que soit i. Alors l'application canonique S ( X ) + S(X) est surjective.
Soit en effet une section s E $(x); il existe un recouvrement ouvert (Ui) de X,
qu'on peut supposer être localement fini, et des s i = S;(Ui) qui représentent s
dans Ies Ui. Soit x E U,; puisque si et sj définissent le même germe de section
en x, il existe un voisinage Vij(x)c U i j tel que les restrictions de si et sj à
Vij(x) soient identiques.
Construisons alors les voisinages V(x) dont l'existence est assurée par le
lemme 3.8.1. Pour tout i tel que x E Ut, on a V(x) c Ui, ce qui permet de
considérer la restriction de si à V(x) ; celle-ci ne dépendpas de l'indice i en vertu
de la condition (a) du Lemme; notons-la s,. Si V(x) n V(y) n'est pas vide, il
existe un Ui qui contient V(x) et V(y) ; sx et s, sont donc les restrictions de si,
donc coïncident dans V(x) n V ( y ) .
Remplaçant le recouvrement ( V ( X ) ) ~par ~ un recouvrement localement fini
plus fin, on voit qu'on est ramené au cas où les restrictions de si et sj à U i j sont
toujours égales; mais alors, d'après l'hypothèse, les si sont les restrictions
aux Ui d'un élément de 9 ( X ) ; celui-ci représente la section s donnée, d'où le
Théorème.
O n voit que, dans les hypothkses du Théorème 3.9. 1, on peut construire $(x)
comme suit : disons que des éléments s, t de $(X) sont localement égaux si leurs
restrictions à tout ouvert assez petit sont égales; on obtient ainsi dans 4 ( X ) une
relation d'équivalence, et 3 ( ~n'est ) pas autre chose que l'ensemble quotient
correspondant. Si en p a r t i c d e r S; est un préfaisceau de groupes abéliens,
%(X)est le quotient de $(X) par le sous-groupe formé des éléments localement
nuls de $(X).

Exemple 3.9.1 (Cochaines singulières). - Soit J un espace topologique


« type » (par exemple, l'un des « simplexes types » ou des « cubes types » de
la théorie de l'homologie singulière). Si X est un espace topologique on appel-
lera J-simplexe singulier de X toute application continue s : J + X ; soit S,(X)
l'ensemble de ces applications. Si A est un ensemble quelconque (en pra-
tique, un groupe abélien) on désignera par
l'ensemble des applications SJ(X) -t A (« J - cochaînes singulières d e X à
valeurs dans A »).
Si l'an a des ouverts U et V de X, avec U 3 V, on a une injection SJ(V) -+ S,(U)
et par suite une opération de restriction
CSJ(U; A) * CSJ(V; A),
d'où évidemment un preyaisceau "d'ensembles

sur X. Le faisceau qu'il engendre se note gJ(X; A). Les sections de ce faisceau
au-dessus de X s'appellent les J - cochaînes sin~guliéreslocalisées de X à ualeurs
dans A.
Notons SJ(X; A) leur ensemble; on a donc une application canonique
CSJ(X; A) + SJ(X; A),
et des éléments a, p E CSJ(X; A) définissent la même cochaine si et seulement
s'il existe un recouvrement ouvert (Ui) tel que l'on ait a(s) = p(s) pour tout
J-simplexe singulier s a petit d'ordre (Ut) 9, i.e. tel que s ( J ) c Ui pour un i.
Le préfaisceau U +-CSJ(U ;A) vérifie toujours l'axiome (F2) des faisceaux. Soit en
effet une famille d'ouverts Ui, de réunion U, et donnons-nous des al a CSJ(Ui; A)
de telle sorte que les restrictions de alet uj à Uij soient égales : cela veut dire
que si s est un J-simplexe singulier d e Uij on a al(s) =s aj(s). Soit alors s un
J-simplexe singulier de U ; si s est contenu dans un Ui, l'élément ai(s) d e A est
indépendant de i - on peut donc le noter a(s); dans les autres cas, choisis-
sons u(s) arbitrairement; on définit ainsi un a a CSJ(U; A) qui, évidemment,
induit ai dans U i .
O n voit donc que l'application
CSJ(X; A) +- SJ(X; A)
est surjective si X est paracompact. O n notera que cette application n'est jamais
injective: on a vu ci-dessus, en effet, que des éléments a, p de CSJ(X; A)
définissent la même section du faisceau gJ(X; A) si et seulement s'il existe un
recouvrement ouvert U de X tel que l'on ait ~ ( s = ) p(s) pour tout simplexe
singulier s petit d'ordre 12.
Le résultat précédent permet de montrer que le faisceau gJ9J(X; A) est flasque si
l'espace X est métrisable, ou, plus généralement, si tout ouvert U de X est para-
compact. En effet il est clair que LTJ(X; A) induit dans U le faisceau gJ(U; A),
et l'on a un diagramme commutatif

comme U et X sont paracompacts, les deux flèches verticales sont surjectives;


restriction SJ(X; A) -
la première flèche horizontale l'est aussi trivialement; donc l'application de
SJ(U; A) est surjective, ce qui prouve notre assertion.
Montrons maintenant que, pour tout espace paracompact X, Le faisceau gJ9J(X;A)
est mou (l). Définissons d'abord, pour tout sous-espace Y de X , un homomor-
phisme canonique
gJ(X; A)IY + gJ(Y; A);

il suffit pour cela d'attacher, de façon naturelle, à toute section u de gJ(X; A)


au-dessus d'une partie Y de X, une section de !YJ(Y;A) au-dessus de Y; pour
cela, il suffit de recouvrir Y par des ouverts U ide X et de construire des
J-cochaines singulières a l e CSJ (Ui; A) qui représentent u dans les Ut : chaque
ccf induit une cochaine singulière CSJ(Uin Y; A), et la famille des pi
définit évidemment une section P de gJ(Y; A) au-dessus de Y, laquelle,
comme on le vérifie trivialement, ne dépend que d e u.
Bien entendu l'homomorphisme (1) n'est pas bijectif en général; mais si l'on
désigne par U l'intérieur d e Y, l'homomorphisme

qui se déduit d e ( 1 ) est bijectif, et du reste se rkduit, modulo des identifications


évidentes, à l'homomorphisme identique
P ( U ; A) -5- (4J(U; A).

Nous pouvons maintenant établir que gJ(X; A) est mou si X est paracompact,
Soit a une section de ce faisceau au-dessus d'un fermé F de X; on peut (Théo-
rème 3.3.1) la supposer définie sur un voisinage fermé Y de F; soit $ la section
de gJ(Y; A) au-dessus de Y qui se déduit de a par l'homomorphisme ( 1 ) ;
comme Y est paracompact on peut représenter $ par un élément d e CSJ (Y; A),
lequel sera, pour des raisons triviales, induit par un élément y de CSJ(X; A).
Il est alors visible que la section de gJ(X; A) au-dessus de X définie
par y induit u dans l'intérieur U de Y, et a fortiori sur F; d'où le résultat
annonce.
Notons que les résultats précédents ne s'appIiquent pas seulement aux cochaînes
singulières usuelles; en prenant pour J l'un quelconque des ensembles A, du
Chapitre 1, no 3. I , on obtient des résultats applicables aux cochaînes d'Alexander-
Spanier (ExempIe 2.4.2).

( l ) Lorsque l'ensemble A est un groupe abélien, on vérifie trivialement que gJ(X; A)


est un Module sur le faisceau d'anneaux P ( X ; Z) [on choisit une fois pour toutes
un point o E J, et pour tout ouvert U on regarde CS1(U; A) comme un CO(U;Z)-
module en définissant le produit d'une cochaîne singulière a E CS,'(U; A) et d'une
fonction n E Co(U; 2) comme étant la cochaîne singulière s + n ( s ( o ) ).a ( s ).]
Dans ce cas on voit donc que SJ(X;A)est même un faisceau fin.
3. 10. - Sections d'une limite inductive

Nous allons démontrer le résultat suivant, qu'il serait intéressant d'étendre,


si possible, à des cas plus généraux :

Théorème 3.10. I . - Soit 5; = lim. ind. $5 une limite inductive de faisceaux


X
d'ensembles sur un espace compact X. Alors l'application canonique
lim. ind. $;.(X) + 4(X)
A
est bijective.
Pour montrer que cette application est injective, supposons que
sr, s" E lim. ind. %(X)
définissent la même section de 5;. Comme 9 est engendré par le préfaisceau

4, : U +- lim. ind. 9-,.(U),


il existe un recouvrement ouvert fini (Ui) de X tel que les restrictions de
sr et s" à Ui soient égales. Or, pour un indice convenablement choisi A, il
existe si, s{ E S-,.(X) qui représentent s' et s", et il y a des indices At ,< A tels
que les sections de 5;ii déduites de s!, et s:! par $1 +- 4;li coïncident dans Ui.
Remplaçant A par un indice inférieur à tous les Ai on peut donc supposer
que si et s! coïncident dans chaque Ui, donc dans X, ce qui prouve que
SI = s".

Pour montrer que l'application considérée est surjective on va appliquer le


Théorème 3.9.1 au préfaisceau 9,.Soit donc un recouvrement ouvert fini (Ut)
de X, et des s i € $,(Ut) tels que les restrictions de si et sj à UUsoient égales.
Par raison de finitude, il y a un indice A et des six E %),(Ui)qui représentent
les si, et la condition de cohérence implique l'existence, quels que soient i et j,
d'un indice 'hij ,< 'h tel que si,, et sj1 définissent, dans Uij, la même section
de h i jRemplaçant A par un indice inférieur à tous les A u on peut donc sup-
poser que si-,= s , ~dans Uu; d'où une section S I E %(X) qui induit sl1 dans
Ut; l'élément de d , ( X ) représenté par si induit évidemment si dans Ui, ce qui
achéve la démonstration.
Le théorème pricédent est encore valable si X est un espace de Sariski; on
appelle ainsi tout espace dans lequel toute suite décroissante de parties fermées
est stationnaire. Il est immédiat de voir que cette propriété équivaut à la sui-
vante : tout sous-espace de X est quasi-compact, i.e. vérifie l'axiome de Borel-
Lebesgue (il suffitmême que les ouverts de X soient quasi-compacts pour que X
soit un espace de Zariski).
Pour établir qu'un espace de Zariski X vérifie le Théorème 3. I O . I , remarquons
d'abord que, X étant quasi-compact, la première partie de la démonstration
de ce théorème s'applique sans changement. Considérons maintenant une
section s E 9(X); puisque l'on a
9(x) = lim. ind. & ( x )
À

pour tout X E X on voit, en utilisant l'axiome de Borel-Lebesgue, qu'il existe


un recouvrement ouvert fini (Ui)i<iG,,de X, des indices Al, et des sections
qui « représentent » s dans Ui. Posant Vp = Ui u . . . u Up nous
slcz$~,~(U,)
allons construire par récurrence sur p une section d'un faisceau 91au-dessus
de V, qui, dans V,, représente s; cela démontrera le théorème.
La construction étant triviale pour p = 1, il suffit de faire le passage de P à
+
p I . Prenons donc une section t E$I(V,) qui représente s dans V,; dans
V, n U,,, les sections t de 9 , et s,,, de 91p+,représentent s; or comme X est
un espace de Zariski il en est évidemment de même de tout sous-espace de X,
en particulier de V, n U,,,, en sorte que d'après la première partie de la
démonstration I'homomorphisme canonique
Iim. ind. 81(V, n Up+,) -+ 8(Vpn Up+,)
est injectif. Par conséquent, on peut se ramener au cas où l'on a ii = A,, et
t = s,,, dans Vp n U,, ,, ce qui évidemment terniine la démonstration.
On déduit du résultat précédent que, sur un espace de Zariski X, toute limite
inductive de faisceaux Jasques est un faisceau Jasque. Soit en effet 9 une limite
inductive de faisceaux flasques 8),,et prenons une section s de 8 au-dessus d'un
ouvert U ; comme U est un espace de Zariski, Ie résultat précédent prouve'
l'existence d'un indice A et d'une section 51 de 81 au-dessus de U qui repré-
sente s dans U ; prolongeant si à tout X et considérant la section de 9 qui se
déduit du prolongement de SA il est clair qu'on trouve ainsi un prolongement
de s à tout X, d'où le résultat.
Un raisonnement tout à fait semblable montrerait que sur un espace compact
toute limite inductive de faisceaux mous est un faisceau mou.

GODEMENT
4. COHOMOLOGIE A VALEURS
D A N S UN F A I S C E A U

Dans tout ce $ le mot « faisceau » désigne un faisceau de groupes abéliens.

4. 1. - Faisceaux différentiels

Soit X un espace topologique; on appelle faisceau gradué sur X toute suite


Se* = (!Cn),Ez de faisceaux de base X ; on dira alors que 9est la composante
de degré n de g * . Si T est un foncteur défini sur la catégorie des faisceaux et à
valeurs dans celle des groupes abéliens (ou dans toute autre catégorie abé-
lienne), on désignera toujours par la notation T('1'")le groupe gradué (T(Sen)).E Z .
En particulier, pour toute famille @ de supports dans X , on posera

On notera que la somme directe des groupes I'e(gn) ne s'identifie pas, en


général, a u groupe Fa(@Sen); c'est évidemment une des raisons pour les-
quelles il est utile de distinguer une suite de faisceaux du faisceau somme directe
des termes de la suite.
Soient Se* et th* deux faisceaux gradués de base X ; un homomorphisme de degré r
de *!Y dans JI^" est une suite f = ( f ") d'homomorphismes de faisceaux
f n : ien +- ,iIkd""; pour r = O on obtient les homo~norphismes de (e* dans J ~ I * ce
,
qui, moyennant des définitions évidentes, permet de parler de la catégorie abé-
lienne des faisceaux gradués de base X .
O n appcllc faisceau différentiel (ou faisceau de complexes) sur X tout faisceau
gradué Se* muni de la structure définie par la donnée d'un homomorphisme
d : g* +-(e* d'un certain degré r, et vérifiant d 2 = O. Sauf mention explicite
du contraire noiis siipposerons toujours r = + 1, ce qui ne restreint pas la
généralité.
COHOMOLOGIE A VALEURS DANS UN FAISCEAU 165

Soient Se* et JI~L* deux faisceaux différentiels; on dit que dl\>* est un sous-
faisceau différentiel de %* si l'on a jlbn c ten pour tout n et si la différentielle d
d e JNL* est induite par celle de Se*. D'autre part, on appelle homomorphisme de %*
dails ~ll\,*tout homomorphisme de faisceaux gradués, de degré 0, cornmutant
avec les différentielles de Ce* et .llh*. O n peut évidemment parler d e la caté-
gorie abélienne des faisceaux différentiels de base X.
Soit Se* un faisceau différcntiel; nous poscrons toujours

la dernière définition ayant un sens en vertu de d 2 = O. O n dit que g n ( % * )


est le faisceau dérivé de degré n de (e*.
Soit T un foncteur covariant additif défini siir la catégorie des faisceaux de
base X, et à valeurs, par exemple, dans celle des groupes abéliens. Pour tout
faisceau différentiel te*, le groupe gradué T(%'i:) est canoniquement muni
T(Vn* l ) (la relation T(d)2 = O pro-
d'une différentielle T ( d ) = d : T ( 9 ) -;
venant du fait que T est supposé additif), en sorte que T(%* ' ) est ilon seulement
un groupe gradué mais un complexe; il en est ainsi par exemple de ra(Se*),
et de %*(A)pour toute partie A de X. Un cas particulièrement important est
celui où T est exact à gauche; dans ce cas, de la suite exacte

résulte la suite exacte

donc on peut identifier canoniquement T(Ljn)au ,grouje des cocycles de degré n de T(Se*),
ce que nous ferons toujours; par contre, T(%"),qui se plonge canoniquement
dans T ( P ) , ne s'identifie pas au groupe des cobords de degré n de T(%*) ; on
peut seulement dire que T(3") se plonge dans le groupe des cocycles de degré n
de T(%*).
Si par cotitre T est exact, la situation est beaucoup plus simple; des suites
exactes
O 2" + :C'L
-f $p+I O
-f j

O + an + 4 (%n +O

on déduit par T des suites exactes analogues, en sorte que le groupe des cobords
de degré n de T((e*)n'est autre que T(tEn),et que
-- - ---
1 Hn(T(!l*)) = T(Jen((f*))
--

si S est exact. 1
Par exemple, pour tout poirit x de X, on a un isomorphisme caiioriique

ce qui permet en principe d e calculer facilement les faisceaux dérivés de V*.


O n peut encore les calculer comme suit. II est clair que les faisceaux 5" et IRn
sont engendrés par les préfaisceaux

le premier étant d'ailleurs déjà un faisceau. O n en conclut que le faisceau


dériuP Xie.(%*)
est engendré par le gr~ifaisceau

(il suffit pour le voir de remarquer que si l'on a une suite exacte d e préfais-
ceaux, les faisceaux engendrés forment encore une suite exacte, à cause d u fait
qu'une limite inductive de suites exactes est encore exacte).

4. 2. - Résolutions d'un faisceau

Étant donné un faisceau ;b de base X, ori appelle résolution de A (ou plus préci-
sément, résolution cohonaologigue d e .b) toute suite exacte de faisceaux, de la
forme
(1)
@ -+ * b j - - d -
?
n ....

Une telle résolution définit de façon évidente un faisceau différentiel %* := ( Z n ) ,


avec d'ailleurs (en = O pour n <O, et les faisceaux dérivés correspondailts sont
donnés pai-
X O ( * ) 3(:Bn(~1'*)=0 pour n#@,

Si T est un foncteur covariant additif à valeurs dans la catégorie des groupes


abéliens, S((e*)est alors un complexe de cochalines, et l'on a un homornorphisme
canonique d e T ( k ) dans le groupe des cocycles de degré O de ce complexe;
si S est exact à gauche, T(,b) s'identifie à ce groupe; et si T est exact, alors T(V*)
est une résolution de T(&) : par exemple, (e*(x) est, pour tout x E X , une
résolution d e ,b(x).
Puisque les faisceaux dérivés d e Ce* sont engendrés par les préfaisceaux
U -t Hn(V*)(U) on voit que, pour vérifier que ( 1 ) est une résolution, il est
nécessaire et suffisant de vérifier les conditions suivantes :
(a) les sections de JOs'aj)pliquenf biunizloquernent dans les sections de Seo;
(b) soit s une section de (eJ au-dessus d'un ouvert U; pour que ds = O il f a u t et i l
su@ que s soit une section de ,h;
( c ) soit s une section de Cen(n >, 1) au-dessus d'un ouvert U ; pour que ds = O i l f a u t
C O H O M O L O G I E A V A L E U R S D A N S U N 1TAISCEAU 1 ~ 7

et il su@t que, d a m tout ouvert V c U sufisamment petit, il exisle une section s' E Se"-l(V)
telle que l'on ait s = ds' dans V .
Considérons deux faisceaux A et 93, un homornorphisme f : A >- 93, deux
résolutions 9" et d11,* de A et 93,et un hornomorphisme de faisceaux différen-
tiels g : g* + .th*; nous dirons que g est complztible avec f si le diagramme

où les lignes verticales désignent les injections canoniques, est comrnutat$


Donnons pour terminer des exemples de résolutions.

Exemple 4.2.1. - Soit X un espace topologique quelconque, et soit A un


groupe abélien, identifié au faisceau simple d e base X et de fibre A; alors les
faisceaux d e cochaines d'Alexander-Spanier d e X à valeurs dans A (Exemple
2.4.2) constituent une résolution de A.

Exemple 4.2.2. - Soit X une variété différentiable; alors les faisceaux Q P


constituent une résolution du faisceau simple de base X et de fibre R (Exem-
ple 2.4.1).

Exemple 4.2.3. - Supposons donnée, sur un espace X, une résolution


O + z + go -+ g1 -> ...
du faisceau simple de base X et de fibre Z, groupe additif des entiers rationnels,
et supposons que les faisceaux gn soient sans torsion (i.e. que les groupes abé-
liens gn(x)soient sans torsion) ; alors pour tout faisceau ,h sur X la suite
O -+ z 63 =!l:, --+ 9-0 63 -4, + 91 @ A, + . -*

est exacte comme on le voit en considérant les groupes ponctuels; par consé-
quent, le faisceau différentiel Ce* @ A constitue une résolution de A.

4. 3. - La résolution canonique d'un faisceau

Soit ,9i, un faisceau de base X ; nous désignerons par la notation CYX; A) le


faisceau des germes de sections non nécessairement continues de &; une section de
CO(X; .S) au-dessus d'un ouvert U est donc une application s de U dans l'es-
pace étalé &) assujettie à la seule condition de vérifier p j s ( x ) ) = x pour tout
x E U ; on definit de façon évidente les opérations de restriction dans Co(X;A).
Il est clair que l'on a une injection canonique
j: A + eo(X;?'!?)
et que le faisceau C3 (X; A) est Jasque (cf. no 3. I ).
Nous allons maintenant définir des faisceaux en(X;A) comme suit :

et ainsi de suite indéfiniment. Tous ces faisceaux sont flasques.


O n a de plus des homomorphismes
d:tn(X;,b)+ (X;A)

en composant la surjection
Cn(X;.%) -+ z"'i(X; A) = (Lln(X;<b)/Zn(X;
"%)
avec l'injection
Zn+i(X;,&) -+ e n +(X;A)
' = c""(X;.%n+i(X;j13)),

et il est clair, par construction même, que l'on a la suite exacte

autrement dit, nous avons construit canoniquement une résolution de b


, par des
on la désignera par P ( X ; A).
fai~ceauxflas~ues;
Pour toute famille + de supports dans X7on posera de ~ l u s

Ori peut regarder les applications


+ ( X ;J I) .h, -+ C$(X; )O[,

comme des foncteurs covariants et additifs définis sur la catégorie des faisceaux,
et à valeurs, le premier dans la catégorie des faisceaux différentiels, le second
dans la catégorie des complexes de cochaînes. Ces foncteurs sont exacts.
Considérons en effet une suite exacte

pour tout ouvert U on obtient évidemment une suite exacte

cela prouve que


O - e0(X; Jb') + t0(X; ,IL) + I')O(X;.;Lf') + O
est une suite exacte de préfaisceaux, et a fortiori de faisceaux; par passage a u
COHOMOLOGIE A VALEURS DANS UN FAISCEAU 169

quotient on obtient donc la suite exacte

d'où, en raisonnant par récurrence, l'exactitude des foncteurs

L'exactitude des foncteurs

résulte de lA et du Théorème 3.1.3.

Remarque 4.3.1. - Désignons provisoirement par ,,%*= (An)la résolution


canonique d'un faisceau ,%; nous allons montrer que, pour tout X E X, le
complexe augmenté A* (x) est homo topiquement trizlial.
Posant Zn = P ( X ; ,&) il suffit (Chapitre 1, Th6ori.m~2.4.1) de montrer que
-
pour tout n, Zn(x)est facteur direct de Cn(x); comme d'ailleurs en e O ( X ;5")
il suffit de faire la démonstration pour n = O ; mais il est clair qu'on obtient
une projection de AO(x) sur &(x) en associant à un germe de section (non
nécessairement continue) de ,b en x la z~aleurqu'il prend en x; d'oir notre asser-
tion.

Remarque 4.3.2(l). Il est possible de donner des sections des faisceaux


-
AP = Cp(X; A) une construction explicite les rattachant aux cochaines
d' Alexander-Spanier.
Considérons un ouvert U de X; une section de A0 dans U est évidemment une
fonction
xo f (%O) Nxo)
+

définie dans U, et par ailleurs quelconque.


O n a d'autre part
A' = Co ( X ;AO/A),
de sorte qu'une section de A1 dans U est une fonction f (x,) à valeurs dans les
groupes quotients AO(xo)/A(xo).O r d'après la Remarque précédente, AO(x)
est somme directe de A ( x ) et du sous-groupe 'tlno(x) formé des germes de sec-
tions (non continues) de A en x qui, au point x, prennent la valeur O ; on peut
donc représenter une section f de Al dans U comme une fonction

(l) La lecture de cette Remarque est inutile et même nuisible pour la compréhension
de ce $; on ne s'en servira pas avant le $ 6, où elle ne jouera du reste qu'un rôle
tout à fait secondaire.
O n notera d'autre part que l'élément f (x,) E "IO(xO)se représente (non
hiunivoquement) par une application

définie dans un voisinage ouvert U(xo) de x,, et nulle pour x, = x,; par suite
les sections de A1 au-dessus de U sont les fonctions

f (#O, x1) E JJ(x1) 9


définies jour
~OEU, ZC~EU(XO),
et telles que
f (x,, x,) = O pour tout x, E U;
en outre deux fonctions f'et f " d@nissent la même section de k1 dans U si et seulement
si tout x, E U possède un voisinage V(x,) tel que l'on ait

La construction ~récédentepennet de pIus d'expliciter l'opérateur d : A0 4 Al.


Partons en effet d'une section f de k 0 , au-dessus d e U, i.e. d'une application

d f est la section de &O/& déduite def par passage au quotient; si donc on repré-
sente df comme une fonction à valeurs dans les groupes variables ?kO(x,), on
aura
rn

df (%O) f ( ~ 0 ) mod.A(x~)3
où bien entendu J"(xo) ~ k O ( x , ) est le germe de section continue d e .ho
défini par f en x,. O r représentons df (xo)par une application

définie au voisinage de x,; Ia relation précédente exprime simpIement que la


section
x1 + df (%O' x1) f (x1)
de k est continue en x,; comme df (x,, x,) = 0, l'application précédente est
nécessairement égale, au voisinage de x,, à la section continue de A qui, en x,,
vaut f (x,) ; si nous désignons par

l'une quelconque de ces sections, définie dans un ouvert U(xo), nous obtenons
donc la formule
df(x,,x1) =f (x1) f (x,) (XI)
valable dans un ensemble de la forme zc, E U, x, E U(x,).
C O H O M O L O G I E A V A L E U R S DANS U N F A I S C E A U I7I

Enfin, puisque A1 = CO(X;AO/A), le meirne raisonnement que plus haut


montre que pour tout x, ,hl(x) est somme clirec.te clil soiis-groupe B1(x) = 9L0(x)
et d u sous-groupe ?hl(x) formé des germes d e sections (non contiilues) d e 551
qui, en x, prennent la valeur o.
Si l'on représente une section f (x,, x,) de ,hl par une application

il est clair que le germe f ( x ) E ,bl(x) défini par f en x appartient à %l(x) si et


seulement si f (x) = O; comme f (x) est, a u point x, le germe de section (non
continue) d e .C défini par l'application x, - + f (x, x,), on voit q u e la relation

équivaut a u fait que l'on a f (x, x,) = o lorsque x, est assez voisin d e x.
Avant d'étendre ces résultats à un degré p quelconque, notons qu'en posant
S P = BP(X; A) = Ap-i/Zp-l on a la relation

et p a r suite que, pour tout x, Al->(x)est somme directe d u sous-groupe


%P(x) = M-l (x) /%P-I (x) et d u sous-groupe ?%P(x)forme des germes d e sections
non continues d e ZP qui prennent la valeur o en x. Cela dit, nous allons démon-
trer par récurrence sur p les assertions suivantes :
(a,) : toufe section de AP au-dessus d'un ouuert U peut se représenter par une fonction
..., xP) E A(xp) nulle dès que x, = x, et définie dans un ensemble de la forme
f (xo, xi,

où l'on désigne d'une manière générale par U(x,, ..., xi) un ouvert contenant xi et dépen-
dant de x,, ..., xi;de plus, deux telles fonctions f ' et f dGnissent la même section de A+'
si et seulement si elles coïncident dans un ensemble de la forme (11 ;
(bp) : l'homomorphisme d : Al'-1 + ,%p est donne' par la formule

où f (x0, ..., x ~ - (x,)


~ ) désigne la valeur au point xp d'une section continue de A dans un
oz~aertU(xO,..., x,-~), et égale à f (x,, ,.., x,-~) pour x, = xpP1;
(6,) : soit f une section de au voisinage d'un point x, représentée par une fonction
*
f (xo, xi, ..., xP) E A(xp); pour que le gern7~nf (x) E &P(x) déjni par f en x soit dans le
sous-groupe 0 7 P ( x ) il faut et il su& ~ U l'on
P ait
dans un ensemble de la forme

oti: U est un uoisinage dt x.


Il nous suffit de démontrer que si les assertions précédentes sont vraies pour p - I
elles le sont pour p. Prouvons d'abord (a,). Soit f une section de 319 dans U, i.e.
une section non continue de %P dans U ; en vertu des isomorphismes cano-
niques P ( x ) = CYGP-j(x) on peut représenter biunivoquement f par une appli-
cation
~ o + f ( ~ o ) E ? ? ~ P ' ( ~ Xo o) E, U ;
or d'après l'assertion (cp-,), f (x,,) est représenté par une application

définie pour xl E U ( x o ) ,..., x, E U ( x , , ..., xp_,) et que l'on peut évidemment


supposer nulle dès que x, = xoy puisque f (x,) E Whi ( x o ) . L'assertion (a,)
résulte immédiatement de là.
Soit maintenant f une section de A+-' représentée par une fonction

on va calculer la fonction df(x,, ..., x p ) qui représente la section $de &p. Si l'on
représente df par une application x -t d f ( x ) E ?&P-'(x), on aura évidemment
la relation
d f ( x o )= (xo) mod. %p- (x,)
j y

où J? ( x ) E &P-{ ( x ) est le germe de section de défini par f en x. Mais l'on


sait par exactitude que
5"-'(x)= d ( ? l ! P - 2 ( ~ ) ) ;

donc nous devons exprimer qu'il existe un germe

g ("YO) E 'tl,iP-2(xo)
tel que
df (#O) =f (xo) + d i (#O)

Si l'on représente j ( x o ) par une fonction g(xo, x,, ..., xPwl) définie pour
x1 E U ( x O ) etc..
, . l'assertion et l'assertion (bp- ,) montrent que la rela-
tion précédente s'écrit
COHOMOLOGIE A VALEURS DANS UN FAISCEAU I73

et doit être valable dans un ensemble de la forme habituelle. Nous allons


déduire de là l'assertion (b,) .
D'après (cP-,) on peut en effet supposer g(x,, x,, ...,x,-,) nulle dès que x, = x,;
et il en est nécessairement de même de df(x,, x,, ..., x,) en vertu de (ap) que
nous avons déjà établi; faisant x, = x, dans la formule précédente il reste donc

relation valable dans un ensemble de la forme x , E U(xo), ...; en remplaçailt


g par la valeur que nous venons de trouver dans la relation qui donne df on
obtient l'assertion (b,).
Considérons enfin le germeT(x) E&P(X) défini par une section f de Ap au
voisinage de x; représentant f par une fonction f (.xo) E (x,), la relation
f(x) E %P-I (x) équivaut à la relation f (x) = O; or le germe f (x) E AP-l (x) est
défini par la fonction f (x, x,, ..., x,-~) des variables x,, ...,x,-,; l'assertion (c,)
résulte donc de l'assertion (c,-~).
On notera l'analogie existant entre la formule ( 2 ) et celle qui donne la diffé-
rentielle d'une cochaîne d'Alexander-Spanier (Exemple 24.2) ; une différence
notable entre la situation actuelle et la situation classique est la condition

imposée aux cochaînes considérées ici; nous montrerons plus loin (no 6.4)
qu'en supprimant cette condition, on obtient une autre résolution d e A par
des faisceaux flasques, et présentant de plus une structure « semi-
simpliciaIe » naturelle, ce qui n'est pas le cas de la résoIution canonique.

4. 4. - Cohomologie a valeurs dans un faisceau

Étant donnés un espace X, une famille de supports dans X, et un faisceau A


d e base X, nous poserons

si l'on a un homomorphisme f : & +-$8 on en déduit de façon évidente des


homomorphismes
f * : H & ( X ;.%) -t H$(X; 93).

Théorème 4.4. I . - Les foncteurs %


!, + I's (A) et ,2n + Hi(X; A) sont iso-
morphes.
Car de la suite exacte
j d
O -t ,b + CJ"(X; ,%) + CJ1(X; A)
et du fait que r,pest exact à gauche résulte la suite exacte

Théorème 4.4.2. - A toute suite exacte de faisceaux

correspond une suite exacte de cohomologie de la forme

de plus, si l'on a un diagramme commutatif de suites exactes


O + ,"Io' + -+ Al' -+ O
J. J. J.
O -> CM' -> 93 -+ %If -..> O,
les diagrammes
H $ ( X ; .R")
4
-
6

6
HG+ l (X; A')
4
H $ ( X ; CM") -+ H$+l(X;g r )
sont conzmutatifs.
La suite exacte de cohomologie provient d u fait qu'on a une suite exacte de
complexes

La seconde partie d u Théorème s'obtient en écrivant le diagramme comtnu-


tatif de complexes correspondant au diagramme donné.

Corollaire - Soit O +-Af -> A -+ A" >- O une suite exacte de faisceaux de base X.
Pour que la suite corresbondante

sait exacte il sufit que H&(X;A') = O.

Théorème 4.4.3. - Soient X un espace topologique, @ une famille de supports


dans X , et A un faisceau de base X . On a
H$(X; -19) =O pour n >, I

dans les deux cas suivants :


(a) : le faisceazl .b est Jasque;
( b ) : la famille Q> est paracompactiJiante et A est @-mou.
COHOMOLOGIE A VALEURS DANS UN FAISCEAU '75
Écrivons en effet la suite exacte

dans le cas ( a ) tous les faisceaux qui y figurent sont flasques : on peut donc
appliquer le Théorème 3. I .3 ; dans le cas ( b ) , tous les faisceaux qui y figurent
sont @-mous : on peut donc appliquer le Théorème 3.5.4; d'où les résultats
annoncés.
Notons encore le résultat suivant, qui nous sera utile au 5:

Théorème 4.4.4. - Soit ( $ i ) i c I une famille localementjnie de.faisceaux de base X ,


et 4 le produit direct des 4i.
On a clcs isomor-hismes canoniques

11 suffit pour cela de montrer qu'on a des isomorphismes canoniques

car alors, d'après la définition d'un produit direct (no 2.6), on aura

et le théorème s'obtiendra en observant que, si l'on a une famille quelconque


de complexes, I'homologie du produit direct est le produit direct des homo-
logies des facteurs.
Établissons d'abord l'isomorphisme cherché pour n = O, Si U est un ouvert
on a
eO(x; 4) = (u) II
C ( X );
iE rr

mais comme la famille donnée est localement finie il vient


S(x) = r[s,( x ) ,
i€1
et par suite

d'où notre assertion.


II est clair que les P ( X ; tPt) forment eux aussi une famille localement finie;
par conséquent, en utilisant le résultat précédent et en effectuant le produit
direct des suites exactes
on trouve un isomorphisme canonique

comme il s'agit d'un produit localemeiit fini, le résultat relatif au foncteur Co,
appliqué à la formule précédente, donne un isomorphisme canonique

En poursuivant indéfiniment, i.e. en raisonnant par récurrence sur le degré n,


on parvient évidemrncnt au résultat cherché.

4. 5. - Les suites spectrales associées à un faisceau différentiel

Soient X un espace topologique, @ une famille de supports dans X, et (e* un


faisceau différentiel dails X. Corisidérons le groupe bigradué

on peut le considérer comme un comljlexe double en définissant la différentielle

à l'aide de la différentielle du complexe C i ( X ; (eq), et en définissant


d": C$(X;Xq) + Cg(X; P+l)

rentielle (eq-
comme étant, a u facteur (- I ) P près, l'homomorphisme déduit de la diffé-
( e 9 + { de (e*; de cette façon la relation d'd"
vérifiée, et l'on peut définir la différentielle totale d = d' +
+
d " d l = O est
d" de K. Bien
entendu on peut aussi considérer K comme un co~nplexesimple en utilisant d
et la graduation par les sous-groupes

Nous alloiis calculer les deux suites spectrales de K (Chapitre 1, no 4.8)' ou d u


moins leurs premiers termes.
O n sait que la première suite spectrale est donnée par

où "Hq(K) est la d" - cohomologie de degré q de K niuni de sa seconde gra-


duation, et où 'Hp("Hq(K))est la d'- cohomologie d e degré lj du complexe
"Hq(Kj, muni de la graduation déduite de la première graduation de K et de
la différentielle déduite de d'.
COHOMOLOGIE A VALEURS DANS U N FAISCEAU '77

Nous devons donc, pour obtenir les termes de degré p de "Hq(K), calculer la
cohomologie de degré q du complexe

Cg(X; B*) = CP(X; P)

muni de la différentielle induite par celle de (e*, au facteur (- I ) P près. O r le


foncteur A + Cg(X; A) est exact; on a donc, d'après la fin d u ri0 4. 1, un iso-
morphisme canoriique de la cohomologie de degré q du complexe en question
sur le groupe Cg(X; %y(%*)); autrement dit on a la formule

la différentielle d , étant induite par d ' ; en coriséquence il vient

De même, on a "Ep = "HP(IHq(K));ici, /Hq(K) est la dl-cohomologie de K


muni de sa première graduation; les termes de degré p de ce groupe consti-
tuent donc le groupe Hg(X; (ep) :
"Efq = H$(X ;!tP) ;

et pour calculer le terme E,, on forme le complexe

H4,(X;Y*) = )1 H$(X; TP),


,

muni de la différentielle induite par celle de (e* (au signe près), de sorte qu'il
vient finalement

Ces formules sont fondamentales.


O n observera que la seconde Jiltration de K est toujours r&uli?rt et qu:: la première
jltration de K est régulière dès que l'on a
IL n = O pour n < no.
(3)

O n observera d'autre part qu'on a en particulier

d'où l'on déduit un homomorphisme canonique

(5) HP(F*(Y*)) + HP(K);


celui-ci résulte du fait que la première graduation de K est positive. D'après
la théorie des suites spectrales on peut encore l'obtenir comme suit (Cha-
pitre I, no 4.8) : dans le double complexe Cg(X; (e*), les éléments de premier
degré O annulés par d' forment un sous-complexe relativement à la seconde
graduation et à d", soit 'ZO*; l'injection canonique 'ZO* K définit des homo-
_t

morphismes "Hp('ZO*)+ HP(K) qui ne sont autres que les homor~iorphismes


"El04 HP(K). Or, ici, 'Zo* n'est autre que r,,,((e*) moyennant I'injection
Pa,(&) + C$(X; A) valable pour tout faisceau A; on voit donc que les honzo-
morphismes (5) sont déduits de l'homo~r~orphis~ne
de colnplexes

4. 6. - Théorèmes fondamentaux

Reprenons les homomorphismes (5) ; si les "E$q sont nuls pour q 1, ces >
homomorphismes sont bijectifs puisque la seconde filtration de K est régulière;
tenant compte de la prernière suite spectrale oii obtient donc le résultat sui-
vant :

Théorème 4.6. I . - Soient X un espace topologique, une famille de supports


dans X , et (e* un faisceau différentiel sur X . Supposons que les complexes H&(X;(e*)
soient acycliques en tout de,,orépour q >, 1. Alors il existe une suite spectrale dont le
terme E, est donné par
Q'J = H$(X; Ni(%*))

et dont le terme E, est le grozllje gradué associé à unejltration convenable de la cohomo-


logie du complexe F,b((e*).
Considérons maintenant un homomorphisme de faisceaux différentiels

il en résulte un honiomorphisrne de doubles complexes

et des homoniorphismes des suites spectrales correspondantes, lesquels sont


d'ailleurs induits par f de façon évidente compte tenu des formules du no pré-
cédent. O r on sait (Chapitre r, Théorème 4.3.1) que si les homon~orphismes
'Ez -t 'Ez induits par f sont bijectifs, et si les premières filtrations sont régu-
lières, l'homomorphisme de la cohomologie totale du premier complexe dans
celle du second induit par f sera aussi bijectif; par suite, nous obtenons le
résultat suivant :

Théorème 4.6.2. - Soient X un espace topologique, une famille de supports


C O H O M O L O G I E A VALEURS DANS U N FAISCEAU '79

dans X, et f : (e* -+ J%* un homornorphisme de faisceaux différentiels de bme X. Sup-


posons réalisées les conditions suivantes :
(a) les homomor~hismes%?(ce*) induits
+ X~(JWLI*) par f sont bijectifs;
( b ) pour tout q ), 1 , les complexes H;(X; (e*) et H$(X; JW*) sont acycliqz~esen tout
degré;
( c ) les faisceaux gradués (e* et ,#IL*sont bornés infé~ieurernent
Alors les homomorphismes

induits par f sont bijectgs.


O n notera que la condition (b) est toujours réalisée, en vertu du Théorème 4.4.3,
dans les deux cas suivants :
(6') les faisceaux (en,?JVL~sont flasques pour tout n ;
(b") la famille Q> est paracompactifiante, et lus faisceaux (en, .il~L"sont +-mous
pour tout n.
En ce qui concerne la condition ( G ) , nous montrerons a u no 4.13 qu'on peut
la supprimer pourvu que l'espace X soit « de dimeiision finie D en un sens que
nous préciserons - à savoir, s'il existe un entier n tel que l'on ait HP,(X;A) = O
pour tout p > n et tout faisceau Jlii de base X.

4. 7. - Application aux résolutions

Soit
O + ;ir, -+ 9 ' 4 il' +...
une résolution d'un faisceau k; on peut appliquer les calculs précédents au
double complexe

on remarquera que cette fois on a deux homomorphismes importants, qui


sont d u reste injectifs :

l'image de j" est évidemment l'ensemble des éléments de second degré O


annulés par d", et l'image de j' est I'ensemble des éléments de premier degré O
annulés par d'; les homomorphismes correspondants

GODEMENT
s'identifient donc aux homomorphismes

valables pour tout complexe double positif, moyennant les formules du no 4.5
et l'identification de ,h à à O ( ( e * ) .
O n observera qu'ici les groupes

sont forcément nuls pour q ), I ; par conséquent les homomorphismes

sont bijectifs, ce qui en tenant compte de jf*conduit à des homomorphismes cano-


niques

d$nis pour toute résolution (e* de A.


Bien entendu, on a même en fait un résultat beaucoup plus complet : i l existe
une suite qectrale pour laquelle

et dont le terme E, est le groupe ~ r a d u éassocié à une jltratioiz convenable de la a-coho-


nzologie de X à ualeurs dans A.
Indiquons rapidement comment on peut obtenir l'homomorphisme (3) par
des considérations élémentaires. Posons

5~= Ker(!fq + % ~ + i ) ;

les suites exactes


O - t %4
Q9 -+ 5"' -0
et le Théorème 4.4.2 conduisent à des homomorphismes

d'où successivement

i.e., en composant les résultats obtenus, on obtient un homomorphisme


r,(%n) 4 HR,(X; A); cela dit (3) provient de I ' h ~ m o m o r ~ h i s mqu'on
e vient
de définir et de 17homomorphisme surjectif I',,(zn)+ Hn(I',,((e*) ) .
C O H O M O L O G I E A VALEURS DANS U N FAISCEAU 181

Étudions maintenant les principales propriétés des homomorphismes ( 3 ) . La


première d e toutes est évidemment celle que voici :

Théorème 4.7.1. - Soient X zm espace topologique, @ u m famille de supports


dans X, et (e* une résoluiion d'un faisceau A. Les homomorplzismes canoniques

sont 6l;jectij.s dans les deux cas suiuants :


( a ) les faisceaux $7 sont Jasques pour tout q ;
( b ) la famille (9 est paracompactijiante et les Jàisceaux sont @-7nouspourfout q,
Plus généralement, ces homomorphismes sont Oiiectifs dès que l'on a
Hp(H;(X; Y*)) = O pour tout q r> I et tout P >, 0.

Exemple 4.7.1. - Soient X un espace topologique, @ une famille paracompac-


tifiante dans X , et A un groupe abélien. Les cochaînes d'Alexander-Spanier
de X à valeurs dans A forment une résolution 9*( X ; A) de A par des faisceaux
@-mous; donc on peut calculer les groupes H",(X A) à l'aide des sections à support
dans du faisceau diffkrentiel 4* (X; A) (cf. Exemple 3.9.2 pour une définition
explicite de ces sectioris).

Exemple 4.7.2. - La famille (9 étant paracompactifiante, prenons une réso-


lu tion
O + z -+ P"'%" +...
de Z par des faisceaux (9-jns et sans torsion; alors, quel que soit A,le faisceau
différentiel (e* 8 A est une résolution de A par des faisceaux @-mous (cf. Théo-
rème 3.7.3) ; donc on a des isomorphismes canoniques

Exemple 4.7.3. - X étant une variété Wfkrentiable on a une résolution du fais-


ceau simple R à l'aide des faisceaux QP de germes de formes différentielles; ces
faisceaux sont @-mous pour toute famille paracompactifiante i P ; donc les
groupes H$,(X; R) peu~jent se calcztler en formant la cohomologie du complexe des
formes diffentielles de X B support (l) dans (Théorème de de Rham) . O n pourrait
aussi utiliser les courants au lieu des formes différentielles. O n voit donc que,
si X est paracompacte, les propriétés suivantes sont équivalentes pour tout
entier fi :

(l) Soit (O une forme différentielle de degré sur X; en tant que section du faisceau [Zp,
le support de w est le plus petit ensemble fermé j u) ( tel que w induise dans X-/w J la sec-
tion O de Q P ; i.e. tel que la restriction à X-lwl de la forme différentielle w soit nulle,
On retrouve donc bien la notion usuelle de support d'une forme différentielle.
( a ) dans X . toute forme différentielle jèrmee de degré P ( d o = 0 ) est exacte
(O = dm);

(b) la cohomologie réelle de degré p de X est nulle.


O n voit que la question de savoir si, pour d o = O, on peut résoudre I'Equation
o = dm, dépend uniquement de la structure topologiqzle de X. Une étude plus
détaillée des formes différentielles, en liaison avec la cohomologie singulière,
figurera dans le second volume de cet ouvrage; nous n'avons voulu donner ici
que le résultat le plus élémentaire.
Poursuivons l'étude générale des homomorphismes (3).

Théorème 4.7.2. - Soient X un espace topologique, Q> une famille de supports


dans X , et (e*, JNL* deux résolutions de faisceaux A, 3. Supposons donné un homomor-
phisme g : (e* -t ulb* induisant un homomorphisme f : ,$ -t 93. Alors les diagrammes

R(I'r(9*))
4
' H"(r.v(~lL*))
J.
H q X ; .hl H:(X; 53)
sont conzmutatifs.
Il suffit pour le voir d'examiner le diagramme commutatif

Exemple 4.7.4. - Si la famille @ est paracompactifiailte et si (e* est une réso-


lution de Z par des faisceaux @-finset sans torsion, alors, modulo les identifi-
cations expliquées plus haut (Exemple 4.7.2) on peut calculer

en considérant I ' h ~ m o m o r ~ h i s mIe €3 f : (e* €3 A -t (e* €3 93 et les hornomor-


phismes
H"(I'.v((ll*€3 ,Io)) -t Hn(I'.o(T*8 93))

qui s'en déduisent de façon évidente.


Enfin, les opérateurs 6 associés aux suites exactes de faisceaux peuvent aussi se
calculer à l'aide de résolutions :

Théorème 4.7.3. - Soient X un espace topologique, Q, une famille de supports


dans X , et (e, (el1 des résolutions de faisceaux A', A, A", Sztpposons qu'on nit un
(el,

diagramme commutatif de suites exactes


COHOhfOLOGIE A VALEURS DANS U N FAISCEAU

enzn sz@posons que la suite correspondante

soit exacte (ce qui est toujours le cas si les résolutions corisidérées sont formées de
faisceaux flasques, ou @-mous). Alors les diagrammes

Hn(I'+ (9")
4
) -
6

ô
Eln (I'<,( c l f ) )
J(
+

H;(X; ,%") -+ Hngl(X;,rl>')


sont commutat$s.
Il suffit pour le voir d'écrire le diagramme commutatif de suites exactes suivant,
et de passer aux suites exactes de cohomologie correspondantes :

E x e m p l e 4.7.5. - Soit une résolution de Z par des faisceaux @-fins et


(e*
sans torsion; alors la suite exacte de cohomologie se déduit de la suite exacte
de complexes

rnodulo les identifications faites dans l'Exemple 4.7.2.

4. 8. - Caractérisation axiomatique des groupes de cohomologie

Soient uri espace topologique X et une famille @ de supports dails ,Y. Nous
allons montrer rapidement, sans entrer dans des détails fastidieux et par
ailleurs triviaux, comment les propriétés des foncteurs Hk(X; A) exposées
au 110 4.4 permettent de caractériser ceux-ci à des isomorphismes près.
Supposons en effet doiinés deux foncteurs additifs covariants

à valeurs dans la catégorie des groupes abéliens, et satisfaisant aux théorilmes


du 110 4.4, à savoir :
(1) on a des isomorphismes defoncteurs
j': r+(,b) -+ 'H$(X; A)
jl': r+(A)-+ ''Hi (X ;A) ;
( I I ) à toute suite exacte
O +b1 f -+
P h' - O
sont attachés des homomorphismes

dépendantfonctoriellement de f et g, et des suites exactes

( I I I ) : on a
'H8(X;,b)="H$(X;&)=O pour n>,x

dès que 4,O est flasque.


Nous allons prouver que, dans ces conditions, il existe des isomorphismes de
foncteurs
TR:'H$(X;J1?) + "H$(X;&)

compatibles avec les opérateurs 6' et 6".


Tout d'abord la condition (1) donne immédiatement un isomorphisme
TO : 'ET: + "H:.

Procédant par récurence, supposons alors défini T n - l ; nous allons montrer


comment on en déduit Tn.
Considérons pour cela la suite exacte de faisceaux

on en déduit, en vertu de l'axiome (II), deux suites exactes de cohomologie.


Distinguons alors deux cas.
Si n - I , on obtient en vertu des axiomes (1) et ( I I I ) le diagramine commu-
tatif suivarit :

dont les trois flèches verticales se réduisent à l'identité par l'intermédiaire de


l'isomorphisme T0 [oii a posé ZA(X; A) = ra,(X1(X;A))].
Il s'ensuit qu'il exisrr: un isomorphisme de foncteurs

et un seul qui préserve la commutativité du diagramme précédent.


C O H O M O L O G I E A V A L E U R S DANS U N FAISCEAU '85

Supposons maintenant n > I ; alors les suites exactes de cohomologie de ( r j,


compte tenu de l'axiome (III), donnent uri diagramme
6'
O -+ 'H!&-l(X;Zi(X; A)) +- 'H$(X; Jb) O
J. Tn-i
6"
0 + aH%-i(X;%i(X;A)) +- "H$(X; A) + O

dont les lignes sont exactes; d'où un isornorphisrne de foncteurs et un seul


Tn:'H$ + "Hg
qui rende commutatif le diagramme prédécent.
Il resterait à vérifier que les transformations naturelles ainsi construites satis-
font bien à toutes les conditions posées; on laisse au lecteur le soin de le faire

Exemple 4.8. I . - Nous allons utiliser le résultat précédent pour résoudre le


problème suivant.
Nous avons vu qu'à toute résolution 9" d'un faisceau A est :attaché un homo-
morphisme canonique

Si l'on applique ce résultat à la résolution canonique (e* = C* ( X ; Jb) on trouve


donc (puisque cette résolution est flasque) un isomorphisme

il n'est nullement évident a priori que cet isomorphisme se réduise à l'identité;


nous allons cependant montrer qu'il en est bien ainsi.
En effet, en vertu des théorèmes généraux du no 4.7, T est en fait un isomor-
phisme de foncteurs, compatible avec les opérateurs 6 des suites exactes de coho-
mologie. Pour vérifier que T est l'identité il suffit donc de le faire en degré O
- auquel cas c'est évident.
O n laisse au lecteur le soin de raisonner directement sur le complexe double
C",X; e*(X; A)) ;
une démonstration directe s'obtiendrait en considérant le faisceau différen-
tiel t!*(X; e* (X; A)), muni de sa différentielle et de sa graduation totales.
O n pourrait naturellement itérer indéfiniment cette construction; on trou-
verait toujours le même résultat ...

4. 9. - Cohomologie d'un sous-espace localement fermé

Soient X un espace, A un sous-espace localement fermé de X, et (e un faisceau


de base X ; si @ est une famille de supports dans A, nous poserons par abus de
notation
H q A ; Y) = =HA; 2 1A),
Si les S e @ sont fermés dans X on pourra aussi considérer @ comme une
famille de supports dans X, et considérer les groupes H:(X; (el.
Nous dirons d'autre part qu'un faisceau Y de base X est localement concentré
sur A si tout x é A possède dans X un voisinage ouvert U tel que Y induise O
dans U - U n A; c'est en particulier le cas si Y est concentré sur A, i.e. si 9
induit O dans X-A.
Montrons tout d'abord que, sans faire aucune hypothèse sur A ou sur Ce, on
peut définir un homomorphisme canonique de faisceaux différentiels

II suffit évidemment dc le faire en degré O, puis d'itérer la construction de


façon évidente.
Or soit U un ouvert du sous-espace A(U n'est pas nécessairement ouvert
dans X) ; nous devons construire de faqon naturelle un homomorphisme
Co ( X ; 9) (U) -+ C?(A; T) (U);

tout d'abord on a par définition

(.'O (A; Y) (U) = 11%(x);


*EU

considérons maintenant les groupes ponctuels C3 (X; 9)(x) ; un germe de section


en x du faisceau CO(X;Ce) n'est autre qu'un germe de section non nécessai-
rement continue de Ce en x : il a donc en x une valeur bien déterminée, élément
du groupe Ce(x); autrement dit on a pour tout x un homomorphisme cano-
nique
V(X) : e O ( x ;~ej(x)-+%(XI;

donc pour toute partie U de X, ouverte ou non, on a un homomorphisme

si s est uri élément du premier membre, u(U)s est 1'éIément (u(x)s(x)),Eu du


second membre.
e sera défini eil degré O par la collection des
Cela dit, l ' h o m ~ m o r ~ h i s m(1)
tl(U), U ouvert dans A.
Une fois (1) défini en degré 0, on en déduit par passage au quotient un homo-
COHOMOLOGIE A VALEURS DANS UN FAISCEAU 1 ~ 7
d'où, en composant avec l'homomorphisme ( 1 ) en degré O pour le faisceau
Z1(X; ce), l'homomorphisme ( r ) en degré I , et ainsi de suite indéfiniment.

Lemme 4.9.1, - Si le faisceau ie est localement concentré sur A, l'homomorphisme


canonique
C*(X; %)/A+ P ( A ; ce)
est bijectif.
En raisonnant: par récurence on voit qu'il suffit de faire la démonstration eii
degré 0, et pour cela d'examiner les groupes ponctuels en un point x E A. O r

Co(X; IP) (x) = lim. ind. %'(y)


U 3 X !EU

PO(A; ie) jxj = lim. ind.


U ~
II
XTEAnU
%(y),

lorsque U décrit l'ensemble des voisinages ouverts de x dans X. Étant donné


que, pour U assez petit, on a % ( y )= O si y E U - U n A, le résultat cherché
s'obtient aussitôt.
Reprenons un sous-espace A et un faisceau 9 de base X. En composant
l'homomorphisme ( 1 ) avec celui qui associe, à toute section au-dessus de X
d'un faisceau, sa restriction au sous-espace A, on trouve un homomorphisme
de complexes
C*(X; %) -+ C*(A; %).

De plus, soit @ une famille de supports dans X, et notons Q, n A la famille


des ensembles S n A, S E @ (c'est donc une famille de supports dans l'espace
A) ; il est évident que l'homomorphisme précédent induit un homomorphisme

ce qui, en passant à la cohomologie, donne des homomorphismes

1 H",X; %) + &"*(A; ie) /


définis sans aucune hypothèse sur A, @ ou 2.

Théorème 4.9.1. -Soient X un espace topologique, @ une famille de supports


dam X, % un faisceau de base X , et A un sous-espace de X. Les homomorphismes Cano-
niques
H$(X; 9) + &,,\(A; (fi)

sont bijectifs dans les cas suivants :


(a) A est fermé dans X, et (fi est concentré sur A;
( 6 ) A est localenzent .fermé dans X, Ce est localement concentré sur A, et tous les S E @
sont contenus dans A (de sorte que ib = Q> n A).
En fait nous allons démontrer dans ces deux cas que I'homomorphisrne

est bijectif, ce qui impliquera le théorème.


En effet, dans ces deux cas on a d'après le Lemme 4.9.1 un isomorphisme
e* ( X ; 9)IA = cJ* (A; Ce). Or, si 9 induit O dans un ouvert U il est clair qu'il en
est de même de t'*(X; Ce) par construction même. Dans le cas (a) on voit
donc que e * ( X ; 9) est concentré sur A, ce qui démontre aussitôt l'assertion
du Théorème. Dans le cas (b), prenons un x E A; x possède dans X un voisi-
nage ouvert U tel que A n U soit fermé dans U, et tel que Ip induise O dans
U - U n A; comme U - U n A est ouvert dans X, on voit que e* (X ; 9)
est lui aussi localement concentré sur A; donc tout revient à établir le

Lemme 4.9.'. - Soient X un espace topologique, @ une famille de supports dans X,


4 un faisceau de base X , et A un sous-espace de X . Pour que l'honzornorphisnze canonique

soit bijectif il sufit que 3 soit localement concentré sur A et que tom les S E Q, soient
contenus dans A.
Il est clair que dans les hypothèses faites l'homomorphisme considéré est injec-
tif; il suffit donc de montrer qu'il est surjectif. O r soit une section s E I',t,nA($IA),
i.e. une section de S au-dessus de A nulle en dehors d'un S E @, et notons 7
l'application de X dans l'espace étalé 9 égale à s sur A, à O sur X-A : tout
revient à montrer que 7 est continue en tout point x E X. Il suffit d'ailleurs de
faire la dkmonstration lorsque x EX. Tout d'abord, dans le cas où x E A, le
point x possède dans X un voisinage ouvert U tel que induise O dans
U -U n A; puisque la restriction de 7 à U n A est continue il est clair qu'alors
i est continue dans U, et en particulier en x. Supposons maintenant x E A- A;
comme s est nulle en dehors d'un ensemble S C A qui est fermé dans X, S est
nulle au voisinage de x; ceci démontre le Lemme.

Corollaire. - Soient X un espace topologique, A un sou-espace fermé de X, et 9


un faisceau de base A. On a des isonlorphismes canoniques

Ce dernier résultat ne s'étend pas aux sous-espaces localement fermés; en parti-


culier il peut être en défaut pour les sous-espaces ouverts.
C O H O M O L O G I E A VALEURS DANS U N FAISCEAU

4. 10. - Suite exacte associée à un sous-espace fermé

Soient X un espace topologique, % un faisceau de base X, et A un sous-espace


fermé de X ; on a alors (Théorème 2.9.3) une suite exacte

il en résulte, pour toute famille @ de supports dans X, une suite exacte de


cohomologie

Notons d'une manière g-énérale, pour tout sous-espace Y de X, par @IY


l'enseinble des S E @ contenus dans Y (on a @ IY = @ n Y si Y est fermé dans
.
X ) D'après le Théorème 4,g. 1, (a), il vient

Considéroi~smaintenant les groupes H$(X; 9,-,); ce sont les groupes de


cohornologie du complexe

Or, puisque X-A est ouvert, on a un homomorphisme canonique

('*(Xi %x-A)x-A C*(X;


d'où résulte un homomorphisme

mais si un faisceau 3 de base X est concentré sur X-A, ses sections ont pour
supports des ensembles contenus dans X-A, d'où immédiatement, en appli-
quant le Lemme 4.9.2, ui1 isomorphisme

par suite il vient

r*[C*(X (Ox-A)X-A] = X-A[(3*(X; 'X-*)I X-Al


= r*I X-A
en vertu du Lemme 4.9.1 (on observera que, X-A étant ouvert, tout faisceau
de base X est localement concentré sur X-A).
Par suite (2) se traduit en un homomorphisme canonique
de là résultent des homomorphisrnes canoniques

Si la famille @ est paracompactiJiante, ces homomorphismes sont bijectifs. En effet,


l'homomorphisme
c*(x; ce,-,),-, + e * ( x ; ce,-,)

dont nous sommes partis est manifestement un homomorphisme de risolu-


tions de (ex-,; tout revient donc à montrer que Cn(X;Y,-,),-, est @-mou;
cela résulte directement du Théorème 3.5.5, (6).
En conséquence :

Théorème 4.1 0.1. - Soient X un espace topologique, A un sozu-espace fermé de


X, et @ une famille paracovtpactijîante dans X. Pour tout faisceau Ce de base X, on a une
suik exacte de cohomologie
. . . -+ H$;,-,(X-A; Ce) -+ H $ ( x ; g) -+ H % I A *)
(~;
-+ H:T;;;X-,(X-A; ce) . -

L'un des cas les plus importants est celui où X est compact, @ étant la famille
de tous les fermés de X ; on trouve alors dans la suite précédente la cohomo-
logie à supports compacts de l'espace localement compact X -A.

Remarque 4. r o. 1 . - Sans
supposer la famille @ paracompactifiante, on peut
définir des homomorphismes

pour tout sous-espace localementfermé A de X ; en effet, le premier membre est


la cohomologie du compIexe I'a(C* (X; (e),) ; or il est clair que C * (X; 9),
est une résolution de 9,; les homomorphismes cherchés résultent alors du no 4.7.
Bien entendu, si A est ouvert, on retrouve les homomorphismes définis plus
haut sans utilisation de suites spectrales, à cause du Théorème 4.7.2.
Si la famille @ est paracompactifiante, le Théorème 3.5.5, (b), montre encore
que C*(X; est une résolution de 9, par des faisceaux @-mous;par suite,
les homomorphismes en question sont bijectifs dans ce cas. O n pourrait d'ail-
leurs retrouver ce fait en combinant le cas d'un sous-espace ouvert, traité plus
haut, avec celui d'un sous-espace fermé, élucidé dans le Théorème 4.9.1.

Remarque 4. r 0.2. - O n peut encore obtenir la suite exacte de cohomologie


du Théorème 4.10.1 comme suit; prenons une résolution 9* du faisceau (e
par des faisceaux @-mous,et écrivons la suite exacte
COHOMOLOGIE A VALEURS DANS UN FAISCEAU 191

tous les faisceaux qui interviennent ici sont @-mous,de sorte qu'il vient une
suite exacte de complexes

et par conséquent une suite exacte correspondante en cohomologie; on sait


en vertu d u Théorème 4.7.3 que celle-ci s'identifie canoniquement à la suite
exacte reliant les faisceaux %?,-,%
, et 9,; par ailleurs on a
I'<,(SI-A) = I'+Ix-A(5*IX-A) ; r+(SA) = I'aiA(S*IA ) ;
comme S* induit dans X-A (resp. A) une résolution de % l x - A (resp. %]A)
par des faisceaux (@lx-A)-mous (resp. (@]A)-mous), en vertu du Théo-
rème 3.5.5, on obtient des isomorphismes canoniques

ce qui donne tous les résultats cherchés.


Ce procédé est souvent utile pour exprimer les groupes H",,,-,(X-A; %?)
comme groupes de cohomologie « relatifs >> au sens classique du terme.

Exemple 4. IO. I . - L'espace X étant provisoirement considérons


le faisceau différentiel 5 * ( X ; Z) des cochaînes d'Alexander-Spanier de X, à
valeurs entières; nous noterons F n ( X ;Z) le groupe des applications X"+l -t Z
modulo celles qui sont « de support vide », i.e. localement nulles.
Si A est un sous-espace fermé de X , on a de façon évidente une suite exacte
O + F * ( X mod A ; Z) + F * ( X ; Z) + F*(A; Z) + O
en associant à chaque application X n + l+ Z sa restriction à A"+1; il cil
résulte une suite exacte de cohomologie qu'il est superflu d'écrire; disons sim-
plement que les groupes de cohomologie du noyau F* ( X mod A; Z) se notent
H n ( Xrnod A ; 2 ) .
Supposons maintenant X paracompact; on sait qu'alors
F* (X; Z) = T(S*(X; 2 ) )
(cf. Exemple 3.9.2); on a de même

et comme 4* ( X ; 2) et $* (A; Z) sont fins on a (Exemple 4.7.1)

Or on a un diagramme commutatif de suite exactes


O + r.($*(X; Z),-,) -+ 1'(5*(X; 2 ) ) + F ( 4 * ( X ; Z),) -+ O
4, 3. 3.
O +- F * ( X mod A; 2 ) + F*(X; 2) + F*(A; Z) -+ O
comme suit : une section de 4 * ( X ; Z), s'identifie canoniquement à une section
de 8* (X; Z) au-dessus de A, laquelle se prolonge à X, donc définit une appli-
cation Xn'1 + Z (non biunivoquement : deux telles applications définissent
la même section au-dessus de A si et seulement si le support de leur différence
ne rencontre pas A) ; la restriction de cette application à A"+l est alors, par
définition, l'image de la section donnée par l'homomorphisme

on définirait de façon analogue l'homomorphisme de gauche.


Cela dit, en comparant les suites exactes de cohomologie correspondantes on
trouve le résultat suivant :

1 Hn(Xrnod A; 2) = H $ ( X -A; Z) /
où Q, est formée des parties de X-A qui sont fermées dans X.
Le résultat précédent est non trivial parce que l'homomorphisme

I'($* ( X ; z)x-A) -+ F* ( X mod A; Z)


n'est pas bijectif; il est clair en effet que l'image de cet homomorphisme est
formé des cochaînes d'Alexander-Spanier de X qui sont nulles au voisinage de A,
et non de celles qui induisent O sur A.

4. 11. - Relations entre la cohomologie d'un sous-espace et celle de


ses voisinages
Soient X un espace topologique et 9 un faisceau de base X ; nous nous borne-
rons ici à étudier la cohomologie à supports quelconques.
Étant données deux parties A et B de X, avec A ZJ B, il résulte du no 4.9 qu'on
a un homomorphisme canonique

d'oh, en passant aux sections, un homomorphisme


C*(A; Y") -+ C*(B; Y"),
ce qui définit des homomorphismes de << restriction fi

H n ( A ; Y " j+ H n ( B ; Y ) pour A2B.I

II va de soi que les conditions de transivité usuelles sont satisfaites; ceci montre
par exemple que la formule
U -+ H n ( U ; 9 )
COHOMOLOGIE A VALEURS DANS U N FAISCEAU '93
définit un préfaisceau de base X ; si n = O ce n'est autre que Ce; si n ), r , ce
préfaisceau engendre un faisceau nul, car dans C*(U;Ce) tout cocycle de
degré n >, I est localement un cobord.
Énonçons maintenant le principal résultat de ce no :

Théorème 4. I I .I . - Soient X un espace topologique, Ce un faisceau de base X, et A


un sous-espace de X . Pour que l'homomorphisme canonique
lim. iiid. H*(U; Ce) + H*(A; (P)
U 3A

soit bijectif, il sufit que l'une des conditions suivantes soit remplie :
(a) X est paraconzpact et A est fermé dans X ;
(6) X est métrisable.
En effet, dans chacun de ces deux cas on a, d'après le Théorème 3.3.1 et ses
corollaires, des isomorphismes

e*(X; (P) (A) = lim. ind. C*(X; %) (U) = lim. ind. C*(U; Ce),

et par conséquent tout revient à prouver que la résolution e * ( X ; Ce) IA du


faisceau CelA permet de calculer les groupes Hn(A; Ce). O r dans le cas ( a ) les
faisceaux Cn(X;Ce) ]A sont mous (Théorème 3.4.2), et dans le cas ( 6 ) ils sont
même flasques (Corollaire 2 du Théorème 3.3. I ) , d'où le résultat.
Il va de soi que, lorsque le Théorkme ci-dessus est valable, on peut remplacer
les voisinages ouverts de A par un système fondamental quelconque de voisi-
nages (ouverts ou non) de A.

4. 12. - Cohomologie a valeurs dans une limite inductive

Soient X un espace, @ une famille de supports dans X, et


Ce = lim. ind. (ex
A

une limite inductive de faisceaux sur X. O n a des homomorphismes de fais-


ceaux différentiels
e*(x;ce,\) + e*(x;9)
d'où évidemment un homomorphisme

(I) lim. ind.


a
e* ( X ; Cex) -+e*(X;i(P);

or le premier membre de ( r ) est une résolution derCe, comme on le voit aussitôt


en se plaçant au point de vue « ponctuel ». Malheureusement on ignore si
cette résolution est flasque, et de plus il n'est généralement pas vrai que les
sections B support dans @ de cette résolution s'identifient aux éléments d u
complexe
lim. ind. C:(X; ce,).

Si la famille @ est paracompactifiante, le premier membre de (1) est toutefois


formé de faisceaux @-mous,car chaque faisceau (Jn(X;( e h ) est canoniquement
un hIodule sur le faisceau d'anneaux CO(X;Z), qui est flasque; à la limite,
le premier membre de ( r ) est donc aussi un Module sur un faisceau
d'anneaux flasque. O n peut donc dans ce cas calculer la @-cohomologie à
valeurs dans 92 à l'aide des sections du premier membre de (1).
Si de plus X est localement compact, étant la famille des compacts d e X,
4,
la seconde difficulté ne se présente pas ilon plus en vertu du Théorème 3. IO.I .
Donc :

Théorème 4.1 2 . 1 . - Soit

2 = lim. ind. %
a

une limite inductive de faisceaux sur un espace X localement compact; alors, en coho-
mologie à supports compacts, les homomorphismes canoniques

lirn. ind. e ( X ; ce;.) + H ( X ; 9)


A
sont bijectifs.
De même, lorsque X est un esPacc de xariski, on sait d'après le no 3. ro que le
premier membre de ( 1 ) est une résolution flasque de 9 et de plus que les sec-
tions de cette résolution forment un complexe isomorphe à la limite inductive
des complexes C * ( X ; ( e l ) ; on a donc dans ce cas le même résultat que
ci-dessus, à savoir
H * ( X ; %) = lim. ind. H * ( X ; 91).
a

4. 13. - Dimension cohomologique

Soient X un espace topologique et @ une famille de supports dans X ; on dit


que X est de @-dimensionjnies'il existe un entier n tel que l'on ait

H & ( X ; ,b)= O pour i >n


quel que soit le faisceau A sur X ; le plus petit entier n possédant la propriété
précédente s'appelle alors la O-dimension de X ; si @ est la famille de tous les
fermés, on dit que n est la dimension (ou dimension cohomologique) de X .
On dira d'autre part qu'un faisceau A de base X est @-acyclique si l'on a
H & ( X ;,%) = O pour tout i ), 1 , ce qui est le cas par exemple si A est flasque,
COHOMOLOGIE A VALEURS DANS U N FAISCEAU '95
ou, @ étant paracompactifiante, si A est @-mou.Si l'on a une résolution A* d'un
faisceau A par des faisceaux k" qui sont @-acycliques,il est clair (Théorème
4.7.') que
H&(X;.$) = Hi(r+(,%*))
pour tout i; par suite, si tout faisceau A de base X admet une résolution
@-acycliquede longueur n (i.e. telle que Ai= O pour i >
n), l'espace X est d e
@-dimension ,< n. La réciproque est d u reste vraie; considérons en effet la
résolution canonique e * ( X ; A); pour tout n on en déduit une résolution de
longueur n de .b, à savoir

et comme on a
H9(X; a n ( X ;.h)) = Hi+,"(X; .&)

pour i >
O, il est clair que X est de @-dimension ,< n si et seulement si
%n(X;A) est @-acyclique, ce qui prouve évidemment notre assertion.
Dans un espace de @-dimension finie, on peut améliorer les théorèmes
fondamentaux du no 4.6. En effet, au lieu d'utiliser la résolution canonique
(?*(XiA) pour former des doubles complexes, on peut, si X est de @-dimen-
sion n, utiliser la résolution @-acyclique définie par la suite exacte ( 1 ) ; si
l'on désigne encore, par abus de notation, cette résolution par t!*(X; A), il
est clair - puisque dans tous les cas JO-t P ( X ; A) est un foncteur exact en A -
que l'on obtient encore un foncteur exact %, + e*( X ; 8) ; de plus, désignant
encore par Cz(X; A) le complexe des sections A support dans @ de C*(X; A),
on voit immédiatement, puisque les faisceaux Zn(X;A) sont @-acycliques,
que le foncteur k -t CO(X; A) est lui aussi exact. Ceci dit, si l'on a sur X un
faisceau différentiel (e*, la première graduation d u double complexe Cz(X; (e*)
est bornée inférieurement et supénieurement, en sorte que les deux suites spectrales
de ce double complexe sont toujours « convergentes »,même si (e* n'est pas
borné inférieurement. O n déduit de lA, par exemple, que si X est @-dimen-
sionjnie le Théorème 4.6.2 est vrai même si les faisceaux gradués 9 * et ~ l b *ne sont pas
bornés inférieurement. Ce résultat est essentiel dans la théorie des variétés par
exemple, comme nous le montrerons dans le tome II de cet ouvrage.

4. 14. - Caractère local de la dimension dans les espaces paracompacts


Dans ce no nous allons examiner le cas d'un espace X paracompact en prenant
pour @ la famille d e tous les fermés d e X. Pour que X soit de dimension ,< n,
il faut et il suffit que Zn(X;A) soit acyclique pour tout faisceau A; or c*(X; A)
est une résolution de A par des faisceaux Pm; donc, pour tout ouvert U de
X , e * ( X ; A), = e * ( X ; A) 8 Z, est une résolution de A, par des faisceaux
fins, donc acycliques; on en déduit que Zn(X;A), est acyclique pour tout
GODEMENT '4
ouvert U de X, et comme on a pour tout faisceau 9 la suite exacte

cela montre que S n ( X ;A) est mou si X est de dimension ,< n ; donc, un espace
paracompact X est de dimension ,< n si et seulemfnt si tout,faisceau de base X admet une
résolution de longueur n par des faisceaux mous.
O n déduit de là que, pour un espace paracompact X , la propriété

est de nature locale. Supposons en effet que tout point x e X admette dans X
un voisinage U(x) de dimension ,< n; on peut évidemment supposer U(x)
fermé dans X (car la dimension d'un fermé est inférieure à celle de l'espace
ambiant en vertu du Corollaire au Théorème 4.9.1); pour tout faisceau jb de
base X, e*(X;A) induit dans U(x) une résolution de AIU(x) par des fais-
ceaux fins, et coinme U ( x ) est de dimension ,< n, et de plus paracompact, les
raisonnements précédents montrent que S n ( X ;A) induit dans U(x) un faisceau
mou; donc Zn(X;A) est mou (Théorème 3.4.1), et par suite nous avons le
résultat annoncé :

Théorème 4. r 4. I . - Pour qu'un espace X paracompact soit de dimension cohomo-


logique ,< n il faut et il su&% que tout point de X admette un voisinage de dimension
cohomologique ,( n.

Remarque 4. 14.1. - Si l'on a une famille para~om~actifiante <b dans un


espace quelconque X, il est immédiat de voir que la relation

dim4(X) ,< n
équivaut la relation
dim(S) ,< n pour tout S E <P,
de sorte que le Théorème précédent couvre essentiellement le cas d'une famille
paracompactifiante quelconque.
Notons enfin le résultat suivant relatif aux espaces métrisables, résultat dont on
ignore s'il vaut pour tous les espaces paracompacts :

Théorème 4.14.2. - Soit X un espace métrisable; si X est de dimension cohomo-


logique ,< n, il en est de mime de tout sous-espace de X .
Soit en effet (e un faisceau Sur un sous-espace A de X ; il existe (Théorème 2.9.4)
un faisceau de base X qui induit dans A le faisceau donné; donc il suffit de
prouver que l'on a
Hi(A; %) = O pour i ) n
COHOMOLOGIE A V A L E U R S DANS U N FAISCEAU I97

lorsque 9 est un faisceau de base X. O r d'après le Théorème 4. I I . I la cohomo-


logie de A est limite inductive des cohomologies des voisinages de A dans X;
on peut donc se ramener au cas où A est un sous-espace ouuert de X. Comme A
est paracompact puisque métrisable, il suffit (Théorème 4.14. I ) de montrer
que tout a E A possède dans A un voisinage V ( a ) de dimension cohomolo-
gique < n ; ce qui est évident puisque tout a € A possède dans A un voisinage
qui est fermé dam X. D'où le Théorème.

4.15. - Cas des espaces compacts ou de Zariski

Nous allons démontrer le résultat suivant, dû à A. Grothendieck :

Théorème 4.15.1. - Soit X un espace compact (resp. de Zariski). Pour que X soit
de dimension cohomologique ,< n, il faut et il sufit que l'on ait
Hi( X ; Z,) = O pour tout i > n

et pour tout ouuert U de X .


Supposons en effet la condition de l'énoncé réalisée; soit & , un faisceau de
groupes abéliens sur X.
O n sait (Remarque 2.9.2) qu'il existe une famille d'ouverts (Ur)iEIet un homo-
morphisme surjectif
CD zui -+ A.
te1
Si la relation
HP(X;A)=O pour P>n
est établie lorsque la famille est I finie, elle sera vraie aussi dans le cas général
en vertu du Théorème 4.12.I.
On peut donc supposer la famille 1 finie; cela veut dire que & admet une suite
de composition
O = ~ o c . ~ , c . . . C"%, = A
telle que les quotients ,&i/,bi-, soient des images de faisceaux de la forme 2,.
En raisonnant par récurrence sur m et en utilisant la suite exacte de cohomo-
logie, on est donc ramené à démontrer le théorème lorsque I'on a une suite
exacte de la forme
O + Y - + Z u +J9+0,
et pour cela il suffit évidemment d'établir que
Hp(X;%)= O pour p >n.
O r (Remarque 2.9.3) % admet une suite de composition de longueur finie rn,
dont les quotients successifs sont de la forme Z,, avec A localement fermé
dans X; raisonnant encore une fois par récurrence sur m on est ramené à
démontrer que
Hp(X; z,) = 0 pour )>n

lorsque A est de la forme U - V, U et V étant des ouverts tels que V c U.


Mais alors on a la suite exacte.

ce qui achève la démonstration.


Lorsque X est un espace de Zariski, le Théorème est particulièrement important
lorsque la dimension algébrique de X est finie; on appelle ainsi la borne supé-
rieure des entiers n tels que l'on puisse trouver dans X une suite strictemen2 crois-
sante
FocFlc ...CF,

d'ensembles fermés, irréductibles et non vides. 11 est clair (ou d u moins il est connu)
qu'une variété algébrique de dimension n au sens usuel, est d e dimension
algébrique n en tant qu'espace de Zariski. Cela dit :

Théorème 4. I 5.2 (Grothendieck). - UTZespace de Zariski de dir?2ellsion algé-


brique ,< n est de dimemion coh~rnologi~ue
,< n.
O n raisonnera par récurrence sur la dimension algébrique n de l'espace X
considéré. Si n = O le Théorème est trivial puisque X est uri ensemble fini
muni de la topologie discrète. Supposons alors X de dimension n ; nous dési-
<
gnerons par Xk(l k ,< S ) les composantes irréductibles de X (i.e. les sous-
ensembles fermés irréductibles maximaux de X) ; celles-ci sont en nombre
fini, d e dimension algébrique ,< n, et leur réunion est X tout entier. Soit
alors .b un faisceau sur X, et posons hk= AXk;comme Xk est fermé on a un
homomorphisme canonique Jb + .ILk pour tout k, d'ou l'on déduit immédia-
tement l'existence d'une suite exacte de faisceaux de la forme

il est clair que 43 est nul en dehors de l'ensemble fermé réunion des

or cet ensemble fermé est de dimension algébrique ,< n - I ; d'après l7hypo-


thèse de récurence on a donc HP(X; 93) = O pour p >
n - 1 , et par suite
nous sommes ramenés à prouver que Hp(X; .Rk)= O pour p > n et tout k ;
mais cornine Hp(X; Ak)= I-Ip(Xk;h) cela veut dire qu'on peut supposer X
irréductible.
Nous allons montrer dans ce cas que l'hypothèse du Théorème précédent est
COHOMOLOGIE A VALEURS DANS UN FAISCEAU

vérifiée. Soit en effet U un ouvert; la suite exacte

HP-l(X-U; Z) -
montre que l'on a pour tout p la suite exacte
HP(X; Z,) -t HP(X; Z) ;
si p > n, le premier terme est nul en vertu de l'hypothèse de récurrence et
du fait que, X étant irréductible, X -U est de dimension algébrique ,< n - I ;
par ailleurs le dernier terme est nul pour p >, I puisque, X étant irréduc-
tible, Z est un faisceau flasque; ceci achève la démonstration du théorème.

4. 16. - Effet d'une application continue sur la cohornologie

Considérons une application continue f : X 4 Y, un faisceau 53 de base Y,


et son image réciproque A =f "(28). Étant données dans X et Y des familles
et Y de supports, telles que la relation
TEY in~plique 7'(T) E @,

nous nous proposons de définir un homomorphisine canonique

Pour cela, remarquons tout d'abord que le foncteur 93 4 f *(%) est exact
(no 2. I 1) ; par conséquent, f * (e*(Y; 3))est une résolution de f * (3) = A; on
a donc un homomorphisme canonique

Mais d'autre part les considérations du no 1.12 coiiduisent de façon évidente


à un homomorphisme
r,(e*(u;a))-+r , V * ( e * ( Y ; q ) I
donc, en passant à la cohomologie, à un homomorphisme

en composant (2) et (3) on obtient les homomorphismes cherchés.


Les applications ( r ) possèdent un certain nombre de propriétés fonctorielles >>
que nous nous bornerons à énoncer, en laissant au lecteur le soin d'en reconsti-
tuer les démonstrations s'il le juge nécessaire.
Tout d'abord, les homomorphismes (1) sont compatibles avec les homomor-
phismes de faisceaux.
Ils sont aussi compatibles avec les suites exactes : si l'on a sur Y une suite
exacte
O +%'+IR+%"-t O
et par conséquent sur X la suite exacte

alors les diagrammes


O
HG (Y ;$8") +- H$+{(X; %')

sont commutatifs.
-1
Hg(X;f*(93")) -4
6
H;+'(X; f *(%if))

Considérons enfin sur Y une résolution J ~ L *d'un faisceau 93; alors II'" =f * (Ab*)
est une résolution de A = f *(%); cela dit, les diagrammes
Hn(Fy( l l q * ) ) + H$(Y; 93)
J. 4
Hn(Fa(.Y*)) -+ H:(X;Jb)
sont commutatifs.
A titre d'exemple, corisidérons un espace X, un faisceau ,'b de base X , et uii
sous-espace Y de X; on sait que l'image réciproque de 2% par l'injection Cano-
nique j : Y + X n'est autre que AIY; on obtient donc, pour toute famille (@

de supports dans Y, un homomorphisme canonique


Hg (X; A) 4 H&(Y;41jY)
pourvu que S E @ implique S n Y E Y. Lorsque l'on prend pour Y la famille
@ n Y (formés des S n Y, S E @), on retrouve ainsi les homomorphismes
définis au no 4.9.
Pour obtenir un autre exemple, considérons deux variétés différentiables X et Y,
et une application différentiable f de X dans Y ; soit fi: (resp. n;) le faisceau
des germes de formes différentielles sur X (resp. Y). O n a donc un diagramme
commutatif
H* (F (G)) -+ H*(Y;R)
J. Jf *
H* ( r (f *(fi+))) + H*(X;R) ;
mais en associant à toute forme différentielle sur Y son iniage réciproque
par f (au sens usuel), on obtient évidemment un homomorphisme

d'où un diagramme commutatif


H*(r(f *(n$))) -. H * ( X ; R )
4 J id.
H* (r(fi;)) -+ H*(X;R);
on obtient ainsi le résultat suivant : si une forme différentielle fermée CG sur Y
représente une classe de cohornologie y E H* (Y ; R) , alors l'image réciproque de T*j par
f représente la classe de cohornologie f * (-q) E H* ( X ; R).
COHOMOLOGIE A V A L E U R S DANS U N FAISCEAU 20 1

4. 17. - La suite spectrale des espaces fibrés

Soient E un espace topologique, 7c une application continue de E dans un


espace topologique B, et un faisceau de base E. O n se propose de montrer
que la cohomologie de E à valeurs dans A est l'aboutissement d'une suite
spectrale dont le terme E, est la cohomologie de B à valeurs dans un faisceau
que nous allons définir.
Pour chaque entier q >, O, attachons à tout ouvert U c B le groupe

pour V c U on a un homomorphisme canonique

et comme les conditions de transitivité évidentes sont vérifiées, on peut consi-


dérer le jrh$ai.sceau
u + Hq(ii (U); A);
celui-ci engendre un faisceau de base B, que nous d6signerons par la notation
Xeq(F; A).

Cela fait, considérons le faisceau différentiel image directe de e*(E; A) par


l'application 71 (no 2.12). Comme l'image directe d'un faisceau flasque est
flasque, on peut appliquer à. B et au faisceau ~ ( e (E; * A)) = (e* le Théo-
rème 4.6. I : il existe une suite spectrale pour laquelle
El4 = HP(B; '%4(%*))

et qui « aboutit » à H* (I'(%*)),


Or, par construction de l'image directe, on a

d e sorte que la suite spectrale el1 question aboutit A la cohomologie de E A


valeurs dans A. Par ailleurs, 3%q(%*) est engendré par le préfaisceau

U -+ Hq(iO* (U)) = Hq[e* (E; .h) :( (U))]


= H~(c*(;' (u);Aj) = HI(;: (u);.%)
de sorte que %q((e*) n'est autre que le faisceau %q(F; A). Par suite

Théorème 4. I 7. I . - Soient E et B deux espaces topologiques, z une application


continue de E dans B, et A un faisceau de base E . Pour tout entier q >, O, soit %q(F; .h)
le faisceau de base B engendré par le préfaisceau

TJ -=+ ~q(ij(u); A),


I l existe une suite spectrale telle que

et dont le terme E, est le groupe bigradut! associé à une filtration conuenable du groupe
gradué H* ( E; A).
Ce Théorème, dû essentiellement A J. Leray, est le point de départ de la
théorie cohomologique des espaces fibrés. O n pourrait le compléter en tenant
compte, dans B et dans E, de familles de supports; nous laissons au lecteur le
soin d'étudier cette généralisation.

Remarque 4.17.1. - La notation JGq(F; A) est justifiée, en partie tout au


moins, par les considérations suivantes. Pour x E B, posons
-1
F ( x ) = 7~ ( x )
- on dira que F ( x ) est l a j b r e du point x E B dans E . Cela dit, on a la for-
mule
-1
%'f(F;A) ( x ) = lim. ind. Hq ( 7~ ( U );.th)
u3x

d'où évidemment un homomorphisme canonique

$64 ( F ;.b) ( x ) + H q ( F ( x ) ;A)


celui-ci est bijectif lorsque l'on peut appliquer le Théorème 4. I I .I à F ( x ) et que,
-1
de plus, les ensembles 7c ( U ) ,U voisinage de x dans B, forment un système
fondamental de voisinage de F ( x ) dans E ; c'est le cas par exemple si E et B
sont localenzent compacts, l'application TC étant propre (Le. telle que l'image réci-
proque d'un compact de B soit un compact de E) ; en effet soit V un voisinage
ouvert de F ( x ) dans E; lorsque U décrit l'ensemble des voisinages ouverts rela-
tivement compacts de x, on a
-1
nnj (0) = F ( x ) et par suite l'intersection

des ensembles compacts (E - V) est vide, ce qui prouve que V


x ( 0 )n
-1
contient 7~ (U) pour U assez petit; comme de plus le Théorème 4. I I . I
s'applique ici puisque F ( x ) admet dans E un système fondamental de voisi-
nages compacts, notre assertion est démontrée.
O n trouvera une étude détaillée de la suite spectrale de ce no pour les espaces
fibrés classiques (i.e. << localement triviaux ») dans la thèse de A. Borel (Annals
of Math., 57 (1953), PP- 1 1 5-07).
5. C O H O M O L O G I E D E CECH

Dans tout ce 3 le mot fr$aisceau (resp. faisceau) désigne un préfaisceau


(resp. faisceau) de groupes abéliens. Si ,h est un préfaisceau on supposera tou-
jours que .b($) = O, condition qui est du reste remplie par tous les faisceaux
O n se place siir un espace topologique X donné une fois pour toutes.

5. 1. - Cochaînes d'un recouvrement

Soient ,b un préfaisceau de base X I et M -


(Mi)iEIun recouvrement de X;
ilous ne feroiis pour le moment aucune hypothèse sur M si A est un faisceau;
, est seulement un préfaisceau, nous supposerons M ouvert.
par contre, si b
Soit S un simplexe dii nerf de 9 , i.e. une partie finie et non vide de 1 telle que
l'ensemble

lie soit pas \,ide. --Ittachons à S le groupe abélien

~ ~ n S'u rc S on n kvideinrneilt M,i-i M,, d'où un homomorphisme de res-


triction .l(S') -A- ; cette Fqon on définit sur le nerf de % un système
c l ~ ( S )de
d r roeficients ait yens du Chapitre x, no 3.3. O n notera

le complexe des cocllaînes d u nerf cle 93 à valeurs dans le système de coefficient.


qu'on vient de cléfinir.
Soit s = (i,, ..., i,) un simplexe singulier de dimensionp du nerf de 9 ; posoils

on a alors
Cp(9;A) = II=p A(M,),
dim (s)

de sorte qu'une cochaîne a de degré p de 9 à valeurs dans A est encore (compte


tenu de la convention A($) = 0) une famille

avec

quels que soient io, ,.., i,; bien entendu, seuls les systèmes d'indices pour les-
quels on obtient un simplexe singulier du nerf de 9 interviennent réellement.
De plus les opérateurs de face du complexe de cochaînes simplicial C * ( D ; A)
s'obtiennent comme suit : soit une application f : A, -z A, et soit une cochaine
a E C p ( 9 ; A) ; alors la cochaîne ?(a) E C q ( 9 ; A) est donnée par la formule
-
j'(a)jo.. .jq = restriction de ajJ(,,. .. à Mjo...j,
J/(P)

comme il résulte aussitôt des définitions du Chapitre 1, no 3.3. En partic~~liei-


l'opérateur cobord de ce complexe est donné en degré p par la relation

étant entendu que les sections figurant au second membre doivent être rem-
placées par leurs restrictions à lYensembIeMi, ...,p+,, sur lequel elles ont simul-
tanément un sens.
Les groupes de cohomologie de C* ( 9 ; A) se notent

Si l'on a un homomorphisme f :A -+93 on en déduit de façon évidente uil


homomorphisme de complexes simpliciaux C* ( 9 ; A) -t C* ( 9 ; 3) et par
conséquent un homomorphisme

5. 2. - Résolution définie par un recouvrement


Considérons le recouvrement 9 = (Mi)iEI de X. Étant donné un ouvert
U c X, nous poserons
9n U = (Mi n U)iE,;
C O H O M O L O G I E DE ~ E C H 2 05

on obtient ainsi un recouvrement de U, ayant même ensemble d'indices que %JI


lui-même, et %R n U est un recouvrement ouvert s'il en est ainsi de 92.
Considérons alors le préfaisceau donné A et formons, pour tout ouvert U de X,
le complexe
C * ( D n U ; h ) = C*(%RnU;.1?1U);
il s'obtient en attachant à tout simplexe S du nerf de %JI le groupe abélien
.,û(M, n U ) ; or pour V c U et pour tout S on a un homomorphisme de restric-
tion A(M, n U) 4 A(M, n V), d'où un homomorphisme d u système de
coefficients défini par U sur le nerf de $IR dans le système de coefficients défini
par V; il en résulte un homomorphisme

de complexes simpliciaux, et les conditions usuelles de transitivité sont évidem-


ment vérifiées. I l s'ensuit que, pour tout entier n >
0, l'application

définit un préfaisceau de base X, que nous noterons en(%; A); évidemment,


('3*(9lt;A) = ((?jt(ilX;A)) est un préfaisceau différentiel de base X ; c'est
même un préfaisceau à valeurs dans la catégorie des complexes de cochaînes
simpliciaux.
Montrons maintenant que, lorsque A est un faisceau, les préfaisceaux ef'(s)l;.O)
sont eux-mêmes desfaisceaux, et cela quel que soit le recouvrement %JI. En effet,
pour toute partie M de X, l'application U -t A(M n U) définit évidemment
un faisceau de base X, et comme en(%R;,IL) n'est autre que l'application

u -+ n
rlin?(s) =n
*(Msn u),
on est ramené à un produit direct de faisceaux (no I .r O),d'où le résultat.
Il s'ensuit que, si A est unfaisceau, on a la formule

pour tout recouvrement %JI de X.


La formule précédente nous conduit plus généralement à définir, pour toute
famille 4> de supports dans X, Ie complexe

en supposant bien entendu que h soit un faisceau. C'est évidemment I'ensemblc


des cochaînes a de %JI à valeurs dans A qui possèdent la propriété suivante :
il existe un ensemble T E tel que, pour tout simplexe singulier s du nerf de
%JI, la section a, E &(M,) soit nulIe en dehors de T n M,. Il est clair que
C:(m; A) est un complexe de cochaines simplicial comme C*(%; A); ses
groupes de cohomologie seront désignés par la notation

Revenons au faisceau différentiel e*(9t; A) associé à un faisceau A et à un


recouvrement 9 de X. O n a un homomorphisme canonique

obtenu comme suit : à tout a EA(U) on associe la O-cochaîne j(a) de degré O de


% n U définie par
j ( ~-.)restriction
~ de cc à Mi n U.

Il est clair que d o j = 0.

Théorème 5.2.1 . - Supposons que le recouurement 9X soit ouvert, ou bien fermé et


localement fini. Alors, pour tout faisceau A, la suite de faisceaux et d'homomorphismes

est exacte, i.e. e* (?Il?; J%) est une résolution de A.


Le fait que j soit injectif résulte de l'axiome (FI) des faisceaux, et le fait que
I m ( j ) = Ker(d) résulte, si % est ouvert, de l'axiome (F2), et si est fermé
localement fini, du Théorème 1.3.1. Reste à prouver que Im(d) = Ker(d) en
degré n ), 1.
Pour cela considérons en un point x un germe ü. de cochaîne de degré n, annulé
par d; on peut « représenter » ti par un cocycle a E Cn(mn U ; A), où U est
un voisinage ouvert assez petit de x .
Si % est ouvert, on peut supposer U c Mi pour un indice i, d'où évidemment
U n Mi,,...In-i = U n Mio...,,-, quels que soient i,, ..., in_,; on peut donc
définir une cochaîne 9 E Cn-l(% n U; A) en posant

on aura

or la relation da = O montre que l'on a

dans l'ouvert U n Miio...;, = U n Ml,... i,,; on a donc dS = a, ce qui


démontre le théorème dans ce cas.
COHOMOLOGIE DE CECH 207

Si au contraire 9X est fermé et localement fini, on peut évidemment supposer,


en prenant U assez petit, que 9 est fini et que x E M i pour tout i - il suffit
de remplacer 9X par n U. Comme alors x appartient à tous les ensembles M,
on peut considérer la valeur en x de la section a,, soit a,(x) E A ( x ) ; de da
résulte en particulier
O -
Cela dit choisissons arbitrairement un indice i, et posons

comme les indices i sont en nombre fini, on peut supposer U assez petit pour
que les germes de sections ainsi définis se prolongent en des sections

d'où une cochaîne I), EC"-~(!$~! n U ;A), et il est clair, en vertu du calcul
fait dans le cas ouvert, que les sections composant dS et a ont même valcur
en x ; puisqu'il n'y a qu'un nombre fini de telles sections, on peut donc sup-
poser que (dS)iO...i,, = alo...in dans Mi, ... in n U, i.e. que dF
nouveau le résultat cherché dans ce cas.
a, d'où à-
Le résultat précédent a les conséquences suivantes. Tout d'abord on en tire
évidemment le

Théorème 5.2.2. - Soit 9 un recouvrement ouvert, ou bienfermé et localement$ni,


de X ; pour tout faisceau A on a un isomorphisme canonique

O n a d'autre part le résultat suivant :

Théorème 5.2.3.- Soient %Ji un recouvrement de X , rA3 un fai~ceaude base X , et


unefamille de supports dans X . Pour que l'on ait
EG%(D
A); = O pour n >, 1,
il sufit que l'une des conditions suivantes soient réalisées :
( a ) : le recouvrement est ouvert, la famille @ est quelconque, le faisceau A est
faasque;
(6) : le recouvrement %Ji est ouvert, la famille est paracompactijante, le faisceau b
,
est @-Jin;
(c) : le recouvrement est fermé et localement jni, la famille Q, est paracompac-
tijante, lefaisceau A e& @-mou.
Dans le cas ( a ) il suffit (Théorème 3. I .3) de vérifier que les faisceaux e"(5t; ,&)
sont flasques; or un produit de faisceaux flasques est flasque; il suffit donc de
vérifier que, pour M ouvert, le faisceau U -t ,b(M n U) est flasque, ce qui est
clair.
Dans le cas ( 6 ) on observe que en(%; A) est un Module sur le faisceau d'an-
neaux Xavr(Jb, ,&), lequel est @-moupar hypothèse; donc en(%;&) est @-fin,ce
qui implique le résultat.
Dans le cas ( c ) il suffit de montrer que en(r172;Jb) est @-mou; or ce faisceau
n'est autre que
U -+ H & ( M . ~ U ) ;

comme M, estfermé on a donc

or les faisceaux AMSsont @-mous (Théorème 3.5.5) et d'autre part le produit


direct ci-dessus est localement fini; d'ou le résultat (no 3.5).
Donnons enfin une dernière conséquence du Théorème 5.2.1. Puisque C* ( D ; A)
est une résolution de &, moyennant les hypothèses faites sur D , les résultats
du no 4.7 sont applicables, et par suite on obtient un homomorphisme canonique

dejïni quels que soient le faisceau A, la famille de supports @, et le recouvrement Sm


(ouvert ou bien fermé et localement fini) de l'espace X. Rappelons que pour
obtenir cet homomorphisme on forme le double complexe

et les homomorphismes évidents

il en résulte des homomorphismes

on sait, parce que e*(%; A) est une résolution de A, que j" est bijectif, d'où,
par j', I'homomorphisme cherché.
O n a bien entendu un résultat plus précis en calculant la seconde suite spec-
trale de K : celle-ci est donnée, rappelons-le, par
Efq = HP[H$(X; e*(!B; A))].

O n peut Ia calculer complètement lorsque D est un recouvrement fermé locale-


COHOMOLOGIE D E ~ E C H

mentjni comme nous allons le voir. On a en effet dans cette hypothèse

et cette somme directe est localementjnie; supposant pour simplifier que Q, soit
la famille de tous les fermés, on a donc (Théorème 4.4.4)

considérons alors, sur le nerf du recouvrement 9,


le système de coeficients
%q(A): S -+ Hq(M,; A),

les opérations de restriction étant définies de façon Cvidente; il vient

et comme cet isomomorphisme est évidemment compatible avec les structures


simpliciales envisagées on en conclut que
Ek4 = HP (9;
Zq(A));
autrement dit :

Théorème 5.2.4. (Leray). - Soient % = (Mi)tEIun recouvrement fermé locak-


ment j n i d'un espace X , et A un faisceau de base X. Considérom sur le nerf de % les
systèmes de coeficients
%Y(&):S + Hq(M,; A);

alors il existe une suite spectrale pour laquelle


Ea4 = HP(%; %q(A))
et dont le terme E, est le groupe bigradué associé à une Jiltration convenable du groupe
gradué H * ( X ;A).
O n déduit en particulier de là le résultat suivant :

Corollaire (l). - Soient % = (Mi) un recouvrement fermé localement j n i d'un


espace X , et A un faisceau de base X . Supposons que l'on ait

(lj O n pourrait évidemment démontrer ce genre de résultat sans utiliser la théorie


des suites spectrales; cf. A. WEIL, Sur les tl~éorèrnes de de Rhum, Commentarii Math.
Helv., (if;( 1 9 5 2 )pp.
~ 1 19-145). L'article de Weil traite le cas d'un faisceau -17 simple,
mais il est trivial d'étendre la méthode au cas général.
pour tout q > .- et quels que soient io, ...,i,. Alors Z'homomor~hismecanonique
H*(%R;A) -t H*(X; A)
est bijectif.
Nous verrons plus loin qu'on a des résultats similaires pour les recouvrements
ouverts; mais on ne peut les obtenir par la méthode utilisée ci-dessus.

5.3. - Suite spectrale attachée à un recouvrement et a un faisceau


différentiel

Soient !lJ un recouvrement de X et (e* = (9)


un faisceau différeritiel de base
X; nous allons étudier le double complexe

11 est clair que sa seconde suite spectrale est donnée par


"Epq = Hq(C(!lJ; (Ep) ) = (m; (EP)
HGJ
d'où
'//E$',= HP(H'l(rn; ce*))
I -
On a d'autre part
'Erg = Hq(CP(%; 9.)) ;
puisque
Cp(W; (E*) = (E* (MS)
il vient donc

Considérons alors sur le nerf de % le système de coeficients

avec les opérations de « restriction » évidentes; il vient

et cette identification transforme visiblement la différentielle d, de la suite

(1) On aura soin de ne pas confondre, malgré les notations adoptées, le système de
coeBcients 3@(%*) sur le nerf de 9i avec le faisceau clérioé ,Wl((C*)que nous avons défini
au n o 4,' pour tout faisceau différentiel Y*.
spectrale en la différentielle évidente du complexe C* (s1Jt;Xq((E*)); on a donc
des isomorphismes canoniques

Supposons maintenant que le recouvrement s1Jt soit ouvert, ou bien fermé et


localement fini; dans la seconde suite spectrale figure alors le terme

/ "Er
-
-
= HP(i?(ie*))
- -.
/
..- .--

et l'homomorphisme

qui en résulte provient naturellement de l'injection canonique


jll: r (ce*) + c*(w; g*).
On notera que la premikre graduation du double complexe C* (S1JI; (e*)
étant positive, la seconde filtration est toujours régulière; par suite j"* sera
bijectif si la seconde suite spectrale dégénère, notamment si les faisceaux (e'l
sont flasques (Théorème 5.1.3).
Lorsque l'on doit tenir compte en outre d'une famille 4> de supports, on a des
résultats analogues aux précédents à condition de faire sur ?m et 4> ilne hypo-
thèse convenable (à savoir que, pour tout S E a, il existe Sr E tel que
tout ensemble Mt qui rencontre S soit contenu dans Sr).O n laisse au lecteur
le soin d'étudier cette situation en détail, puisque, dans la pratique, on ne s'y
intérèsse que rarement.

5.4. - Relations entre la cohomologie d'un recouvrement et celle de


l'espace
Nous allons maintenant appliquer les résultats du no précédent au cas où (e*
est une résolution d'un faisceau A& donné, et tout particulièrement au cas où Ce*
est la résolution canonique V ( X ; A) de k.
Puisque (e* est une résolution, on a un homomorphisme canonique j : A + iC*
et par conséquent un homomorphisme de complexes
j': C * ( B ; A) -+ C*(s1Jt; ce*),
d'ailleurs injectif (l'image de C*(m; A) est formée des éléments de second
degré O annulés par du). Cet homomorphisme définit des homomorphisrnes

1 y*: Hn(%; JI.) +

qu'on peut encore retrouver comme suit.


GODEMENT
La première suite spectrale contient en effet les termes

mais puisque %* est une résolution de A on a canoniquement '%o(!J*)


= ,b et
par suite
1 -
[sa" Hn(%Yt;.C) ; /
comme les graduations du double complexe considéré ici sont positives on a des
homomorphismes canoniques 'qO -t Hn(C*(fm;(e*)) : on retrouve ainsi
les homomorphismes j'* définis plus haut.
Supposons que (e* soit la résolution canonique de A, et que le recouvrement Si32
soit ouvert; en vertu du Théorème 5.2.2. la seconde suite spectrale

dégénère; par suite, les homomorphismes


y*:w(r(a*))
-+ H ~ ( c * ( Y*))
~;
sont bijectifs; mais par définition on a
H n ( r(9"))= Hn(X;A)
d'où des isomorphismes canoniques
Hn(X;A) = Hn(C*(%;(E*)).
En tenant compte de ji* on obtient donc des homomorphismes

qui sont évidemment naturels.


Revenons maintenant à la première suite spectrale. Comme les ensembles M,
sont ouverts, et comme (E* est la résolution canonique de .%,on a, en vertu
du Lemme 4.9. r ., des isomorphismes
Hq((e*(M,)) = Hq(M,; A).

En conséquence on a le résultat suivant :

Théorème 5.4.1.- Soit s;tTt un recouurement ouuert de X, eisoit A un faisceau de


base X; considér~nssur le nerf de 9
' 2 les systèmes de coe$icients

pour q = O, r, ... Alors il existe une suite spectrale dont le terme E, est donnéFar
et dont le terme Etc est le groupe bigradué associé à une jltration convenable du groupe
gradué H* ( X ; A).

Corollaire. - Soient ?Il? un recouvrement ouuert de X et h un faisceau de base X .


Pour que les homonzorphismes canoniques

soient bzJcctzfs, il sufit que pour tout simplexe S du nerf de ?Il? on ait
HT(M,;&)=O pour q > ~ .

Indiquons comment l'on peut calculer explicitement les homomorphismes


H n ( D ;A) -+ H n ( X ;A,) ; pour cela soient Sm et ,5 des classes de cohomologie
qui se correspondent par cet homomorphisme; représentons-les par des
cocycles
Tirit~C"(?Il?;&); T x ~ C B ( X ; ~ ) = I ' ( ( e n ) ;
identifiant ces cocycles à des cocycles du double complexe C*(D; (E*), de
bidegré (n, O) et (O, n) respectivement, tout revient à exprimer que ces cocycles
ne diffèrent que par un cobord, i.e. à trouver des éléments

vérifiant les relations suivantes :

Or, i g i est une famille de sections Si,,, .i,, E ; d'autre part,


A(MIw.,In) hp.9
sera une famille de sections
Xi, ... iP %'(Mio... jp) = C'(Mi,,. ..ip j A) j
comme la différentielle d", en bidegré ( p , q ) , est induite au facteur (-r)p
près par la différentielle d du faisceau (e*, on voit donc qu'on est ramené à
résoudre le système suivant :
-
Autrement dit, on doit procéder comme suit : partant d'un n-cocycle i j j L 5 de
%à valeurs dans&, on écrit que 5 est le cobord d'une (n - 1) - cochaîne An-1
de à valeurs dans V" alors la cochaîne din-l de 92, à valeurs dans iE1, est
un cocycle - c'est donc le cobord d'une (n - 2) -cochaine in- 2 de D à
valeurs dans (Cl; de même est le cobord d'une ( n - 3) -cochaine An-3 de Sm
à valeurs dans poursuivant la construction ainsi desuite on parvient à
une 1-cochaîne A l de 9 à valeurs dans et l'on sait que la 1-cochaine
dhl, à valeurs dans gn-1, es^ un cocycle -donc le cobord d'une O-cochaine 10
à valeurs dans cen-f; alors dlo est un O-cocycle de 9Jl à valeurs dans Zn, i.e. une
section de Vn au-dessus de X, qui est de plus annulée par la différentielle
d : (Cn + V n + f et par suite définit une classe [, E Hn(r(V*)) : c'est l'image
de Egt par l'homomorphisme canonique H n ( D ;A) -+ Hn(X; A).
Nous avons étudié plus haut le double complexe

dans le cas où sblZ est ouvert, et nous en avons déduit des homomorphisrnes
canoniques Hn(sblZ;A) 4 Hn(X;A).
Prenons plus généralement une famille Q, de supports, et un recouvrement sblZ
ouvert, ou bien fermé et localement fini, et formons le double complexe

on a encore des homomorphismes

lesquels proviennent des deux suites spectrales de K; celles-ci sont évidemment


données par
"Ep = HP(H;(D; e*(X; A)))
'Er7 = Hq(Cg(%; e*(X; A))).

O r comme e*(X; A) est une résolution flasque de A, on voit que

2 =O
"Epq pour q#O
pourvu que l'on puisse appliquer le Théorème 5.2.3., i.e. si % est ouvert et 4>
quelconque, ou bien si % est fermé localement fini et Q, paracompactifiante.
Dans ce cas, j" est donc bijectif, et on obtient à nouveau des honiomorphismes
canoniques
H$(%; A) 4 H$(X; A).

On remarquera que, si 91 est fermé localement fini, la méthode précédente ne


permet de définir ces homomorphismes que si la famille Q) est paracompac-
tifiante, alors que nous avons obtenu au no 5 . 2 . des homomorphismes analogues
sans faire d'hypothèse sur @. Nous verrons au no suivant que, dans tous les
cas où les deux méthodes s'appliquent simultanément, les homomorphismes
auxquels elles conduisent sont identiques.
Lorsque !BI est fermé localement fini, et lorsque Q, est la famille de tous les
fermés de X, la méthode du présent no conduit aussi plus généralement à une
suite spectrale similaire (et, comme nous le verrons, identique) à celle du Théo-
rème 5.2.4., pourvu que l'espace de base X soit paracompact. Considérant en
effet le double complexe

tout revient a calculer les termes 'E$q de sa première suite spectrale. O n a vu

'Ep = Hq(CP(9-t; e * ( X ; A))) ;


posant pour simplifier
A* = e* (x;A),
on a
CP(9; A*) =
dim(s)
II= **(M.);
p
donc
'Efq = Hq(A*(M,)) ;
dim(s) = p

mais comme X est paracompact et M, fermé donc paracompact, A* induit


dans M une résolution de A51 MI par des faisceaux mous, de sorte qu'il vient
,
,-
'EPP- Hq(M,; A) = CP(!BI; Xq(Jb))
dim(s) =p
et finalement
'Egq = HP(!BI; %q(A))
comme annoncé.

5.5. - Propriétés d e compatibilité

Nous avons donné aux no 5.2 et 5.4 deux méthodes pour définir, dans cer-
taines hypothèses, des homomorphismes

nous allons montrer dans ce no que les deux procédés conduisent aux mêmes
homomorphismes.
Soient un faisceau de base X, Ce* la résolution canonique de A, Q> une
famille de supports, et 9-t un recouvrement de X; les homomorphismes consi-
dérés se déduisent de la considération des deux doubles complexes
O r considérons le faisceau bigradué
e*(sln; c ~ * ) = ( e p ( s l n ; 9 9 ,
muni de sa graduation et de sa différentielle « totales )) - la composante de
degré n de ce faisceau différentiel est donc

O n a des homomorphismes de faisceaux différentiels

si donc ces trois faisceaux sont des résolutions de A on obtiendra, en vertu du


Théorème 4.7.2., un diagramme commutatif

&(X; A ) ,
c'est-à-dire le diagramme corninutatif suivant :

il est clair qu'alors le résaltat que nous avons en vue sera démontré, puisque
nous savons que, lorsque Ce* est la résolution canonique de A, l'homomor-
phisrne Hn(Yry(jll*)) + H$(X; figurant dans ce diagramme est l'iden-
l e .).
tité (cf. ~ x e m ~4.8.1
O r par hypothèse %* est une résoIution de .97; il en est de même, si %Il est
ouvert ou bien fermé localement fini, de (i" (33; .L) ;reste donc à montrer que,
lorsque est ouvert ou bien fermé localement fini, le faisceau differentiel
e* (%Il; %*) est lui aussi une résolution de A, OU encore que Y* C* (W; (C*) --
induit un isomorphisme des faisceaux dérivés de a* sur ceux de c"* (9t;%*).
Pour cela considérons en chaque point x le double complexe « ponctuel »
C* (%Il;V*) ( x ) des germes de sections en x du faisceau différentiel C * (?Ut; a*) ;
puisque C:* (93; P ) est une résolution de VP pour tout@,on voit que
H"e*("Jn;%p)(x)]=O pour q > ~ ,
en sorte que l'on obtient pour le double complexe en question une suite spec-
trale dégénérée; étant donné que

le résultat annoncé est démontré.


On remarquera d'autre part que les raisonnements précédents montrent que,
pour définir les homomorphismes H%(D;L',)I + H%(X; .b), on peut utiliser,
au lieu de la résolution canonique de J, toute résolution conduisant à la cohomo-
logie de X à valeurs dans A.
Dans le même ordre d'idées, on peut se poser la question suivante. Suppo-
sons X paracompact et soit 9l un recouvrement fermé et localement fini de X;
prenant pour Q> la famille de tous les fermés de X, on peut alors appliquer à la
fois les méthodes des nos 5.2 et 5.4; on obtient dans les deux cas des suites spec-
trales qui commencent par les groupes

et aboutissent à la cohomologie de X à valeurs dans AI;ces suites spectrales


sont-elles « isomorphes » ?
Pour le démontrer nous allons considérer, à côté des doubles complexes

utilisés pour construire les deux suites spectrales en question, le triple complexe

et les homomorphismes évidents


8' 8"
K' K 4 KR

(on applique un terme de bidegré ( p , q) de K t sur le terme analogue de tri-


degré (p, q, O) de K et un terme de bidegré (q, r) de K" sur le terme analogue de
tridegré (0, q, r) de K). En filtrant K à I'aide de son second degré il est clair que
6' et 6" sont compatibles avec les filtrations utilisées pour construire les suites
spectrales de K t et KI', de sorte qu'on obtient pour tout s des homomorphismes

Le problème posé sera résolu si l'on montre que ces homomorphisn~essont


bijectifs; il suffit d'ailleurs de le faire pour s = 2.
O r désignons par dt, d" et d"' les trois diffkrentielles partielles de K ; il est clair

E p ( K ) = Hq/C*[X; C p ( 9 l ; C* ( X ; A))];,
la cohomologie figurant dans cette lorrnule étant calculée à l'aide de d' + dl";

introduisant les faisceaux différentiels

p(e* = e q m ; e* (x;A) )
on a donc à calculer la cohomologie de degré total q du double complexe
C* (X; Et*) ; mais comme le faisceau

est fin les calculs du no 4.5 montrent que les homomorphismes canoniques

induisent des isomomor-hismes

Efq(K) = Hq(r(pg*))= Hq[Cp(D; e* (X; A))];


d'après le no 5.3 appliqué au cas de la résolution canonique on trouve donc

Efq(K)= Cp(M; %'/(A))

où %q (A) est le système de coefficients S -+ Hq(M,; A) sur le nerf de 53m; par


suite il vient
Efq(K)= HP(-%; %7(A)),

ce qui achève la démonstration.

5.6. - Exemple d'applications: cohomologie d'une réunion (l)

Soit X un espace réunion de deux sous-espaces Mo et Ml; nous les supposerons


tous les deux ouverts, ou bien toils les deux fermés. On supposera aussi, pour
éviter des trivialités, que Mo, Ml et

sont non vides. Donnons-nous un faisceau A de base X.


Considérons le recouvrement snt de X formé par h4, et Ml; son nerf est le
schéma simplicial Al. Pour calculer la cohomologie de X à valeurs dans k on
a donc une suite spectrale dans laquelle

(1) La lecture de ce no est inutile pour la compréhension des noOsuivantS. Le résultat


qu'il contient généralise un théorème classique de Vietoris.
le système de coefficients %q se calcule visiblement comme suit: si s =
(i,, ..., i,) est un simplexe singulier de dimension P de A,, on a
Xq(s)=Hq(M0;A) si s=(0, ..., 0)
%q(s)= Hq(M,; A) si s = (1, . . ., 1)
X ~ ( S=
) Hq(M,,; A) dans tous les autres cas.

Dans le cas où les MI sont ouverts, cela résulte du Théorème 5.4.1,~et dans le
cas où ils sont fermés cela résulte de la fin du no 5.2 (on notera qu'aucune
hypothèse de paracompacité n'est nécessaire).
Comme le schéma simplicial A l est de dimension 1, il est clair que l'on a

E[q=O pour p h 2 et q>0.

Donc les différentielles d, de la suite spectrale sont nulles pour tout r ),2, en
sorte qu'il vient des isomorphismes canoniques

comme de plus E s = O pour ), 2, on en déduit que l'on a pour tout n une suite
exacte
1 1

Il nous reste à calculer explicitement les termes E:ln et E:>"-l.


On a
E$ = HO(A1; 26");
ce groupe est donc formé des O-cocycles de A, à valeurs dans le système de
coefficients Xn; or on a

et pour une cochaîne a = (al)l,o,i de degré O, da est l'élément de

différence entre les « restrictions » de a, et a, à Mo n Ml; on en conclut que

Ei* est le sous-groupe de Hn(Mo;A) x Hn(Ml;A)


formé des couples (a,, a,) qui induisent la même
classe de cohomologie dans Mo n Ml.

Calculons maintenant EStn-l = Hl (A, ;Xn-l) ; on peut le calculer à l'aide de


cochaines alternées de degré I de A , ; une telle cochaine est nécessairement un
cocycle, et s'identifie à un élément de Hn-l(Mon Ml; A); c'est un cobord si et
seulement si elle est diffkrence de deux classes induites par des classes de coho-
mologie de Mo et M,. Autrement dit
- - -- -p.- . - -- ."-
--/- -- -

ES] "-' est le quotient de Hn-'(Mo n hf,; A) par le sous-groupe


formé des classes de cohomologie qui sont différence de deux
classes induites par des classes de cohomologie de Mo et Ml.

On laisse au lecteur le soin d'expliciter les homomorphismes figurant dans la


suite exacte écrite plus haut, et de retrouver celle-ci par des procédés élémen-
taires (Le. indépendants de toute suite spectrale).

5.7. - Passage a un recouvrement plus fin

Soient = et 3 = (NjjjE,deux recouvrements de X; si Bt est plus


fin que %, nous appeIlerons afiplication simpliciale de 91 dans 92 toute applica-
tion 8 : 5 -+ 1 telle que l'on ait
Nj c Meo
pour tout indice j. Une telle application définit une application sirnpliciale
du nerf de -9 dans celui de Dyla réciproque étant fausse en général.
92, 3 et 8 étant donnés, considérons un préfaisceau A de base X; nous sup-
poserons D et -9 ouverts si Lb n'est pas un faisceau. On a alors un homomor-
phisme de complexes simpliciaux
e*: C$(m; A) 4 CQl(91; A)

pour toute familIe Q> de supports dans X. Pour définir cet homomorphisme il
suffit d'associer à toute cochaine cc de degré n de 92 la cochaîne O*(%)donnée
Par
O* (a)j, .. .j, = restriction de cc,(j,)... O(jn)à l'ensemble Njo...j,, c Meti,)...ci,>.

En fait il est clair qu'on a même un homomorphisme de préfaisceaux

compatible avec les a structures simpliciales )) évidentes de ceux-ci.

Théorème 5.7. r . - Soient 8, et O1 deux applications simpliciales de 3 dans D ; les


homomorphismes 80 et 47 sont simplicialement homotopes.
Nous utiliserons pour cela les résultats du chapitre 1, no 3.7. Considérons donc
le complexe 1* = C* ( h l ;Z) des cochaînes singulières entières du schéma sim-
plicial A,; nous devons construire un homomorphisme
COHOMOLOGIE DE ~ E C H

qui, composé avec les homomorphismes canoniques

(2) jo,jl: C$(%; A) + 1* x CZ(92; A),


redonne :0 et 0:. Pour cela formons le recouvrement
-
9t = (Nc, j )

où E décrit Ai, où J décrit j, et où NeSj = Nj quels que soient E et j ;


les recouvrements 92 et % sont équivalents, mais non identiques, et le nerf
de 5est évidemment le produit cartésien de A, par le nerf de 3.O n a de plus
un isomorphisme canonique

comme suit : prenons des cochaines A E CP(A,;Z) et v E Cg(%;A) ; étant


donnés des simplexes singuliers s et t de dimension p de A, et du nerf de 8, on
a évidemment
Ns,t = Nt;
cela dit, l'homomorphisme (3) devra transformer l'élément h x v de degré p du
premier membre en la cochaîne A x v E CG ; A) donnée par

Cela dit, il est immédiat de vérifier que, moyennant l'identification (3), les
homomorphismes (2) sont définis par des applications simpliciales de 9t
dans 3 - à savoir, évidemment, les applications

Or, considérons les deux applications simpliciales 6 , et O, de 531 dans D; elles


définissent une application simpliciale 6 du recouvrement %! dans -5R, à savoir
(E, j) + 6 , ( j ) et donc un homomorphisme

e * : c*,(D;A) + cg($;A ) ;
il est trivial de vérifier que

par conséquent, moyennant l'identification (3), l'homomorphisme O* joue


le rôle de I'homomorphisme (1) cherché, ce qui démontre le théorème.
O n peut expliciter l'opérateur d'homotopie qui résulte des calculs du chapitre I,
no 3.7; c'est celui qui transforme la cochaîne a de degré n de D en la cochaîne
Du de degré n - I de ?72 donnée par la formuIe
étant entendu qu'on remplace les sections figurant au second membre par leurs
restrictions à NJo...jn.
O n notera d'autre part que dans les raisonnements précédents on peut rem-
placer !Di! et % par % n U et % n U, où U est un ouvert quelconque; le Théo-
réme s'applique donc non seulement aux complexes de cochaines mais aussi
aux prqaisceaa correspondants e* A) et C* (BI; A).
Le Théorème précédent montre que, pour toute famille Q> de support dans X,
on peut définir des homomorphismes canoniques

et si l'on a un troisième recouvrement ?$plus fin que %, le diagramme

sera évidemment commutatif.


Si A est un faisceau et si SXIt et % sont ouverts ou fermés localementfinis (on ne suppose
d'ailleurs pas que les deux recouvreinents soient du meme type), le diagramme

est commutatif; cela résulte du Théorème 4.7.2. concernant les homomorphismes


de résolutions.
Enfin, si deux recouvrements 9 et % sont éuiuale?zts on a des isomorphismes
canoniques
HG(%; A) = Ha(%; A)

il suffit de choisir des applications simpliciales cp :93i-+ 3 et jt :% + ilIl;


d'après le Théorème 5.7.1.~les applications cf O Ij, et $ O cf définissent néces-
sairement les applications identiques en cohomologie, d'où le résultat.
En particulier, si le recouvrement !Di! est trivial (Le. si Mi = X pour un indice i )
on a Ha(%; -41) = O pour tout n ), I et pour tout A, car % est alors équivalent
au recouvrement formé du seul ensembIe X , recouvrement dont la cohomo-
logie se calcule facilement. ..
5.8. - Gohomologie de ~ e c h

Les résultats du no précédent suggèrent l'utilité de passer à la limite inductive


sur les groupes H;(SIJt; A), ou même sur les complexes C,*(W; AI) ; nous allons
montrer comment l'on doit procéder pour y parvenir .
Considérons l'ensemble %(X) des recouvrements ouuerts de X de la forme
22 = (Uz)oEs avec x E U, pour tout x.

On peut le munir d'une relation d'ordre en écrivant


U << 23 si et seulement si U, c V, pour tout x.

Si U << 23, on a une application simpliciale canonique de U dans 23, à savoir


x -t x, d'où un homomorphisme canonique

de complexes de cochaines simpliciaux, pour toute famille 8 de supports


dans X. Cet homomorphisme définit bien entendu les homomorphismes
HG(%;A) -+ H$(U; A)
du no précédent.
Nous poserons, ce qui est évidemment légitime,

C;,(X; A) = Iim. ind. C:(II ; .Po) ;


!)i (S)

on définit ainsi le complexe des cochaines de Cech de X d support dans 8 et à


valeurs dans le préfaisceau A; c'est manifestement un complexe de cochaines simpli-
cial. Les groupes

H;(X; .h) = ~ n ( C ; ( x ;.b)) = lim. ind. H$(ll; &)


:)i(x)

sont les groupes de cohornologie de Cech de X à support dans 8 et à valeurs dans A.


Soit $2 un recouvrement ouvert quelconque de X (ou même, si A est un faisceau,
un recouvrement moins fin qu'un recouvrement ouvert) ; on a alors des homo-
morphismes canoniques

comme suit : choisissons un recouvrement il E R ( X ) plus fin que SIJt, et compo-


sons les homomorphismes canoniques
HO(*; A) + H;(U; A) et Ht(U; A) + f l k x ; A) ;
on obtient alors un homomorphisme de la forme cherchée; reste à voir qu'il
est indépendant du choix de iî; or remplaçons 22 par un recouvrement
23 E %(X) plus fin que %; il existe un B E %(XI qui vérifie i B << 23 et
< 3 ;le résultat cherché résulte alors de la commutativité d u diagramme
suivant :
Hg(U; A) -+ Hg(%; A) +- WB(%; A)

H",rn; A).
O n a évidemment les résultats suivants (où l'on ne considère, si est un pré-
faisceau, que des recouvrements ouverts, et, si A est un faisceau, que des recou-
vrements moins fins que des recouvrements ouverts) :
a) : si 572 est plus.@ que % le diagramme

J
H;(x; A)
est commutat$;
b ) pour qu'un élément de HG(%;A) s'annule dam k;(x;A) il faut et il sqfit qu'il
s'annule dans Ha(%; A), où % est recouvrement plu^ , i n que % convenablement choisi;
C) la réunion dans R:(x; A) des images des divers grouper Ha (%; A) est fi; (X;A)
tout entier.
On peut donc dire qu'en un certain sens le groupe I%;(x; Jb) est la « limite
inductive >) des groupes H;(D;A) lorsque 92 décrit << l'ensemble» - qui n'en
est pas un - de <i tous » les recouvrements ouverts de X. Bien entendu, on
peut, pour calculer les groupes de eech, se borner à considérer un système fon-
damental de recouvrements ouverts de X; par exemple, si X est quasi-compact,
on peut se borner à passer à la limite sur les groupes de cohomologie des recou-
vrements ouverts jnis de X.
Notons aussi, dans un autre ordre d'idées, le résuItat suivant, qui nous sera
utile plus loin :

Théorème 5.8. I . - Soient X un espace topologique, Q> une famille de supports


dans X, et supposons que tout S E <P possède un voisinage dans @ . Alors le fonc-
teur A + ez(~;
A) transforme toute suite exacte de préfaisceaux en une suite exacte
de coînplexes.
Soit en effet une suite exacte de préfaisceaux
pour tout ouvert U, la suite correspondante

est par définition exacte; donc, pour tout recouvrement ouvert lt on aura une
suite exacte de complexes

d'où à la limite la suite exacte

O -t C*(X; Ar) + G*(x; A) + G*(x; A") + 0 ;

si l'on se borne aux cochaînes à supports dans @, il est clair que cette suite
reste exacte à gauche; tout revient donc à montrer que les homomorphismes

Ugx; A) += Cqx;Y)
sont surjectifs.
Or prenons un élément a" d u second membre, représenté dans un recouvre-
ment U = par une cochaîne P" de support S e @ ; prenons un voi-
sinage T E @ de S.
Nous pouvons, a u besoin en remplaçant U par un recouvrement 23 << 12, sup-
poser réalisée la condition
( a ) : on a U, c T pour tout x e S.
D'autre part, tout point x e X- S possede un voisinage ouvert V, tel que, pour
tout simplexe singulier s d u nerf de il, de dimension p, induise O dans
Us n V,; en modifiant à nouveau 12 on peut supposer V, = U,; or si
s = (x,, ..., x,) on a U, c Ur, pour tout k ;ils'ensuit qu'on peut supposer réalisée
la condition.
b) :si s = (x,, ..., x p ) n'a pas tous ses sommets dans S on a $S = o.
Ceci dit il existe pour tout s un élément p, de A (Us) qui s'applique sur $:
par l'homomorphisme donné A -+ A"; on peut de plus supposer $, = O si
a, = O, i.e., d'apres (b), si les sommets de s ne sont pas tous dans S; d'après ( a )
il est clair qu'on définit ainsi une cochaine e CP(U; J&) à support d a m @,
représentant p", d'où le Théorème.
Il résulte d u théorème précédent que I'on a une suite exacte de cohomologie de
V

Cech pour toute suite exacte de préfaisceaux et toute famille @ vérifiant la


condition de l'énoncé. Nous verrons plus loin que si la famille @ est para- V

compact$ante on a aussi une suite exacte de cohomologie de Cech pour toute


suite exacte de faisceaux.
5. 9. - La suite spectrale associée à la cohornologie de cech

Soient X un espace topologique et k un faisceau de base X. Étant donnés des


recouvrements ouverts U et 23, si 23 est plus fin que U on a un diagramme
commutatif
Hn(tl;A) W(%;Jb) -
Prenant en particulier des recouvrements de %(X) et passant à la limite
inductive on en déduit des homomorphismes canoniques
- -.

j +(xiy
. ~

-+ Hn-(X;TI;

nous allons les déduire d'une siiite spectrale.


Soit Se* = t!*(X;A) la résolution canonique de A, et formons le double
complexe
C*(X; P*) = &(x;PY).
O n a des homomorphismes canoniques

Les suites spectrales s'obtiennent d'autre part comme suit. On a évidemment


"Ep = H P ( ~ % ~P*))
(x; =O pour g > I

en vertu du Théorème 5.2.3. D'autre part


I E = a * ) );
~ H~(CP(X;

or le foncteur $ += &(x;$3) est exact sur la catégorie des pr~aiscraux; il s'en-


suit qu'en introduisant sur X les préfaisceaux
Xq: U + Hq(P(U)) = Hq(U; Jb)
il vient
'Epq = &(x; %y), 'Ep = &P(x; a@).
On obtient donc le résultat suivant:

Théorème 5.9.1. - Soient X un espace topologique et A un faisceau de base X.


Considéronr les $re~aisceaux
%q(X; A) : W -+ Hq(U; A) ;
il existe alors une suite spectrale dont le tenne E, est
Egq = f i p ( ~X
; c;'7(X; k)),
et dont le terme E, est le groufie bigradué nssocié à une jltration convenable di groupe
gradué H" ( X ;A).
O n notera que l'on a %O(X; k) = k et par suite
v
"E&O= Hp(X; A) ;
on retrouve ainsi, évidemment, les homomorphismes définis pliis haut.

Corollaire. - Soient X un espace topologique et A unjnisceau de base X. Les homo-


morphismes canoniques
fin(x;
,%) + Hn(X;k)
sont bijectifs pour n =O ou 1, et injectifpour n = 2.
L'assertion concernant 17 -. O est triviale; d'après la théorie des suites spec-
trales, les deux autres assertions seront établies si l'on montre que
f i y x ; n l ( x ; A)) = O;
or le faisceau engendrépar %q(XA) est nul pour q >
r (puisque, localement, tout
cocycle de a* est un cobord). Tout revient donc 21 prouver le

Lemme :Si ?inpréfnisceau t3 engendre levfaisceau nul. on a


Ayx; 9)= O et même CO(X;5) = O.
En effet considérons une cochaine a E &(x; 4 ) ; dans un recouvrement
U = (U,),E, elle sera représentée par une famille (a,), avec a, E $(U,) ; mais
comme 3 engendre O, chaque point x a un voisinage ouvert V, c U, dans
lequel a, induit O; d'où, en remplaqant il par Y! 3 = (VE),le résultat cherché.
Tous les résultats précédents s'étendent au cas d'une famille de supports
vérifiant la conditiorï énoncée au Théorème 5 8 . 1 , (tout S E @ possède un
voisinage dans a) ; il n'y a absolument rien à changer aux raisonnements : il
suffit d'affecter d'un indice @ tous les groupes de cohomologie envisagés.
Le Théorème 5.9. r. a d'autre part la conséquence que voici, particulièrement
utile en Géométrie algébrique :

Théorème 5.9.2. l - Soient X un espace topologique et Jb un faisceau de base X .


Supposons que l'on puisse recouvrir X par une famille U d'ensembles ouubrts possédant les

a ) : S i U contient U' et TJ", elle contient U' n U";


b ) : U contient des ouverts arbitrairement petits;
c ) : on a
f i q u ; k) = O
pour tout q ), I et tout U E U.

(1) Ce résultat est dû à Henri Cartan.


GODEMENT
Dans ces conditions les homornorphisme~H ~ (W
x);+ Hq(X; A) sont bijectifs.

-
Nous allons démontrer, par récurence sur n, que les homomorphismes
Hn(IJ,A) Hn(U;A ) sont bijectifs pour tout L T E U;cela impliquera le théo-
rème; en effet, d'après les hypothèses f a ) et (6) on peiit, pour calculer les
V

groupes C* ( X ; %q), utiliser des recouvrements (Ux)+Ex tels que l'on ait toujours
Uxp.,,nE U ; d'aprPs (c) on aura donc, moyennant la propriété annoncée,
les relations 6 * ( ~ Xq); = o pour q >, I , et le Théorème résultera alors du
Théorème 5.9.1.~p u i s q ~ ~laesuite spectrale qiii y figure sera dégénérée.
Supposons donc prouvé que l'on a

H~(u;&)=O pour O<q<n et pour U=U;


V

il s'ensuit que C * ( X ; %q) = o pour O < q < 71; autrement dit, la suite spec-
trale d u Théorème 5.9. r . vérifie

2 =O
EPq pour 0 <q<n et p >, O.
De là et de la théorie des suites spectrales résulte que l'homomorphisme
canonique
; = fin(x ; A ) i
EO H n ( X ; A)

est bijectif. Maintenant, appliquons ce résii1ta.t en remplaçant X par un


U E U,.S par le faisceau induit dans U, et U par la familie formée des U' E U
contenus dans U ; on en déduit que l'homomorphisme k n ( u ;A) -+ Hn(U;A)
est bijectif, ce qui achève la démonstration.

5. 10. - Le théorème d'isomorphisme

Nous sommes maintenant en mesure d'énoncer le résultat principal de ce tj :

Théorème 5.10. I . - Soient X un espace topolo,yique, JL un jàisceau de base X ,


et Q> une famille paracompactifiante dans X . Les homomorphismes canoniques

H;<x; A) ++ H",(x; A)
sont bijectifs.
Ce résultat, d'après le Théorème 5.9. 1, sera iine conséquence d u résultat sui-
vant :

Théorème 5.10.2. - Soient X un espace topolo,qique, Q> une famille paracompac-


tifiante dans X, et k un préfaisceau de hase X . O n a

H J , ( X A; ) = O pour tout n>O


si 1e.faisceau engendré par A est nul.
Nous allons d'abord montrer que toute classe de cohomolopie [ E fi:
(X; A)
est représentée par un cocycle d'un recouvrement U localemend,fini convenable;
puis que toute corhaîne de ce recouvrement devient nulle si on remplace celui-ci
par un recouvrenzent plus fin convenablement choisi; cela démontrera le
théorème (on observera que nous ne démontrerons pas que CX,(X;A)
V

O).-
Considérons donc 5. II existe un recouvrement ouvert U = tel que 5
soit représenté par un cocycle a de U de siipport S E a. Prenons un voisi-
nage S' E @ de S; on peut évidemrnent supposer que les Ur rencontrant S
sont contenus dans S'; soit 1, l'ensemble des i tels que Ui rencontre S.
Comme le support de a est S, chaque x E X - S possède ilri voisinage V ( x j
tel que a, induise O dans U, n V ( x ) pour tout simplexe s de U; en rempla-
çant U par un recouvrement plus fin on peut supposer chaque Ui(i $ Io)
contenu dans l'un de ces V ( x ); par suite on peut supposer a, = O dès que Ies
sommets de s ne sont pas cous dans 1,. II est clair qu'alors F est déjà repré-
sentée par un cocycle (de support S) d u recouvrement formé des Ut, i E Io,
et de l'ouvert X - S ; autrement dit on peut supposer qu'il existe un indice a E 1
tel que l'on ait U , = X - S, et Ui c S'pour i # o.
Or comme S' est paracompact il existe un recouvrement ouvert localement fini
pliis fin que U n Sr; on peut supposer que l'un des ensembles de ce nouveau
recouvrement est S' - S et que les autres sont contenus dans des U t , i # O et
que par suite ils sont ouverts dans X. Donc on peut de plus supposer U localement
jki, et un raisonnement analogue montre de même qu'on peut supposer l'exis-
tence d'un recouz~remenlouritrt (Vi)i azjec c U i p o u r iout i E 1. Ceci termine la
première partie de la démonstration.
Considérons un recouvrement ouvert localement .fini U = (Ui)*E , et supposons
qu'il existe un recouvrement ouvert avec c c Ui; nous allons démon-
trer (sans faire d'hypothèse sur X, et la famille @ n'intervenant plus) que toute
cochaine de U à valeiirs dans &; induit O dans un recouvrement plus fin que U
bien choisi. En effet, prenons pour chaque x un voisinage ouvert W, ne ren-
contrant qu'un nombre fini d'ensembles Ui.O n peut évidemment supposer
remplies les conditions suivantes :
a ) : la relation x E U i implique MT, c U t ;
b ) : la relation x E Vi i~npliqueW, c V i ;
c ) : on a x E U l dès que W, rencontre Vi.
D'autre part, puisque Ie préfaisceau .b engendre le faisceau nul, tout point
x e Us admet un voisinage dans lequel a, induit O ; ce voisinage peut être
choisi indépendant de s puisque 22 est localement fini, et par suite on peut
encore imposer la condition
d ) : la relation x E U simplique a, = O d a m W,.
Cela fait choisissons une application sim~licialecp du recouvrement 9 3 = (W,)
dans le recouvrement 23 = (Vi); on peut aussi la considérer comme une appli-
cation sixnpliciale de 23 dans 22; nous alloris montrer que cp*(a)= o.
Soit eii effet (x,, ...,x,) un simplexe singulier d u nerf de D;posant ik = cq(x,),
il est clair que ( a ),,... est la restriction de aio...inà l'ensemble

or celui étant rion vide, W,, rer.contre les W,,, a fortiori Ies Yi,, de sorte qiii.
d'après la condition (c) on a xo E U i O..i n. ; dYaprCsla condition ( a ) on a donc
WZoc U i o. ln,; 'nais alors ai,, , i n induit O dans WSo d'après la condition ( d ) ;
, ,

a fortiori. a,, , , i n induit O dans \V,, .


, ce qui achève la démonstration.
,

Corollaire. - Soient ,G un préJaiscenu de base X el @ uue famille paracornpac-


lifiante dans X . Les I~omornorphisrnes canoniques

sont b$ectifs (on note le faisceau engendré par A).


Ori a en effet (le façon évidente des suites exactes de préfaisceaux

d'où (Théorème 5.8.1.) des suites exactes en cnhomologie de Cech; or les pré-
faisceaux ?L et 0 engendrent 0; le résultat cherché résuIte alors aussitôt di1
Théorkme précédent.

Exemple 5. I O . I . -- Prenons pour 241le préhisceau U -..,4:


oh A est liri groupe
abélien fixe; on voit que la coliornolngie de cech à valeurs dans le faisceaz~
simpIe de base X et de fibre A se caIcule à l'aide de cochaînes à vaIeurs dans le
prtfaisceau en question -- autrement dit se rédiiit aux groupes de Cech clas-
siques &(x; A).

Remarque 5.10.1. - O n peut donner du Théorème d'isorn~r~liisme


iine
démo~ïstrationassez différente de la précédente.
C:onsidéroiis la famille des faisceaux différentiels e*(22; je) où 22 parcourt
l'ensemble 3 (Xj ; il est clair que l'on peut définir le faisceau différentiel
v
C*(X; A) = lim. ind. e*(U; ,&) ;
X(X)

puisqu'o~~ , , on trouve ainsi uiie riso-


a unr lirilite irldilctive de 1-ésolutions de %
lution de A.
Observons maintenant que, pour tout recouvrement U dc X, P ( U ; 2) est
,R) un Co(U; Z) - Module : pour le voir
un faisceau d'anneaux, et Cn(U;
il suffit de définir le produit d'une cochaine ( E CO(U;Z) et d'une cochaine
a E C"(1-t;&) à l'aide de la formule

([a)io...i, Cf,,aio. .. i,,,

et de proceder dr: mCme localemcnt.


V

Passant à la limite on voit donc que en(X;A) est un Module sur le faisceau V

d'anneaux $(x; Z); or il cst immédiat de constater que (?(X; 2) = e O ( X ;2)


V

donc que P ( X ; 2 ) est flasque, et en particulier -. mou pour toute famille


paracompactifiante dans X. O n voit donc que, si l'on a une famille para-
compactifiante a, e* ( X ; A) est une rdsolution de A par des faisceaux - fins,
V

et par suite que l'on a un isomorphisme carionique


H;(X; A) = H"[F,($*(x; A))].

Si X est compact et si @ est la famille de tous les fermés de X, on a de plus, en


vertu di1 Théorkme 3.10.1 :
V

F;((!*(x; A)) = lim. ind. I'$.(e*(11;A)) = lim. ind. Cg(IX; A) = C;(X; A),
d'ou le théorènie d'isoniorphisme dans ce cas.
Dans le cas d'une famille paracompactifiante quelconque, le raisonnement
prbcédent est encore valable (quoique le Théorème 3.10.1 ne s'applique plus),
comme on le voit directement (on laisse a u lecteur le soin de faire la démons-
tration à titre d'exercice). O n obtient ainsi une autre démonstration d u théo-
rème d'isomorphisme.
O n notera que la formule
r ( F * ( x ; A)) - C*(X; A)
est encore valable si X est un espace de zariski, puisqu'alors le Théorème 3. IO.r .
s'applique. Par coiiséqrient, le groupe graduC R*(x; A) est dans ce cas
l'aboutissement d'une suite çpectraIe dont le terme E, est donné par
Et4 = HP[W(X; C]*(X;A,))] = lim. ind. Hp[Hq(X; e ( l € ;A))]
3(S)

en vertu du Théorème 4.. I 2 . 1. pour les espaces de Zariski. Il ne semble malheu-


reusement pas possible de calculer plus explicitement cette suite spectrale,
même si l'on remplace l'ensemble %(X) par la famille des recouvrements
ouverts .finis de X (ce qui est kvidemment permis en vertu des considérations
d u no 5.7.).
V

5. 11. - Suite exacte e n cohomologie d e Cech

Soit @ une famille paracompactifiante dans X , et çonsidérons une suite exacte


de faisceaux
O -+ -19' -+ <5 -t hif -+ O ;
désignons par A$, le préfaisceau imaye de A :

en combinant le Théoreme 5.8.1. -- qui donne une suite exacte de cohonio-


logie reliant ,&', h et -- avec le Corollaire ci-dessus on trouve une suite
exacte de cohomologie

Nous allons montrer que, noy yen na nt les isomorphismes di1 T h é o r è m ~pré-
cédent, crtte suite exacte s'ident$e à la suite exacte

dont l'existence a été établie en 5 4.


Considérons en effet les résolutions canoniques des faisceaux donnés; la
seconde suite exacte précédente résulte de la suite exacte de complexes

O + c;(x;A') ---t C$(X; db) + C;(x; A") + O,


et l'on sait que
O - e*(x;&/) e*(x;~q c"*(x;,ho)
+ -+ -> O
est même une suite exacte de préfaisceaux (Théorème 4.3.1.); par suite, en
vertu d u Théorème 5.8.1., on aura un diagramme commutatif de suites
exactes

or les homomorphismes verticaux induisent des isomorphismes en cohomo-


logie; donc la suite exacte de cohomologie du 5 4 s'identifie à la suite exacte de
cohomologie reliant les doubles complexes considérés.
Mais d'autre part, en appelant A$ le pré-faisceau image de A, on a aussi le
diagramme commutatif suivant de suites exactes :

donc la suite exacte de cohomoloqie reliant les doiihles complexes s'identifie à


la suite exacte en cohomologie de kech, ce qui démontre évidemment notre
assertion.
V

11 est facile de calculer l'opérateur 6 en cohomologie de Cech. Prenoils une


classe de cohomologie El1 E Gn(x; Y); en vertu d u Corollaire dri Théo-
rème 5.10.2. on peut représenter i", dans un reccuvrement ouvert ZX =
convenablement choisi, par un cocvclc a" E C:(ZZ; JEîo), et le ThéorCrne 5.8.1.
montre qu'on peut supposer- q u e a" est l'image, pa.r --. .hl1, d'une cochaîne
a e C",ZX; A); la cochaîne d a E Cg+'(U; &) est alors nécessairement à
valeurs dans A', donc définit un élément de H G f ' ( U ; A'), dont l'imaqe dans
fI%+' ( X ; hl) est précisément FE".
V

Par exemple considérons une section 5" e I',p(h'r) = Hg[X; hlr) et cher-
chons 85"; pour cela nous prenons un rct:ouvrement ouvert ZX = ( U i ) i Etel ,
que, dans chaque Ui, 5" se relève en une section 5, E A (U,) - ce qui est pas-
sible même sans aucune hypothèse de paracompacité; on définit ainsi une
O-cochaîne 5 = (tl) de ZX à valeurs dans A; si tout S e @ possède un voisi-
nage dans @ (ce qui est le cas des familles paracompactifiantes, ou de la
famille de toiis les fermés) on peut visiblement supposer E; à support dans @.
Cela dit formons le cocycle d 4 ; on a

et bien entendu d [ est eIi fait un cocycle à valeurs dans Ar; la classe de coho-
mologie de X à valeurs dans A' et à support dans @ qu'il définit est 85". Pour
que celle-ci soit nulle, il faut et il suffit qu'en remplaçant au besoin U par un
recouvrement plus fin, on puisse trouver une O-cochaine 4' à valeurs dans A',
et à support dans @, telle que dE; = dE;'; mais alors en remplaçant (Si) par
(Si - 5:) cela signifie qu'on peut supposer
41 = tj dans Uij,
autrement dit que la section donnée [" de .;2"se relève globaletnent en une sec-
tion de A à support dans @. Bien entendu, ce résultat est purement et simple-
ment l'exactitude de la suite
(A)+ I1+(&") -+ (X ; oh')

Exemple 5. I I . I . - Nous allons expliciter, en cohomologie de Cech, la. sui te


exacte attachée à un sous-espace fermé F de X et à son complémentaire X -F
(no 4.10) ; nous supposerons pour simplifier que X est paracompact et que @
est la famille de tous les fermés, de sorte qu'on aura à faire iiitervenir la
cohomologie de X - F à supports dans la famille @ des parties de X -F qui
sont fermées dans X.
Nous devons écrire la suite exacte de faisceaux

et calculer à l'aide des espaces X - F, X et F les groupes de cohomologie


de Cech correspondant.
Soit U = (U,), E un recouvrement de X; si s est un simplexe singulier du
nerf de U, on a canoniquement

puisque F est fermé dans X. Il s'ensuit aussitôt que l'on a un isomorphisme


canonique
C*(ll; A,) = C*(U n F; A),
valable d'ailleurs pour tout recouvrement ouvert de X. O r on peut se limiter
aux recouvrements pour lesquels on a U, c X -F si x E X -- F (car ils forment
un système fondamental dans l'ensemble ordonni: %(X) des recouvrements
de la forme considérée), et il est clair que pour un tel recouvrement, 12 n F
est canoniquement équivalent au recouvrement (U, n F), E de F; passant à
la limite inductive on en conclut qu'on a un isomorphisme canoiîique

O n remarquera que ce résultat est valable sans hypothèse de paracornPacité;


autrement dit, on a le résultat suivant :

Théorème 5. I I . I . - Soit F un sous-espacefermé d'un espace X ; pour tout faisceau A


de base X on a des isomorphismes carlorliques

8yx;J+) =H ~ F A)
;
en cohomologie de cech.
O n rapprochera ce résultat dii Théorème 4.9.2.
Nous allons maintenant interpréter les groupes ( XA ) qui sont iso-
v
morphes aux groupes H&(X-F; A) lorsque X est paracompact - ceci en vertu
du Théorème 5.10.1. d'une part, et du Théorème 4.10.1. d'autre part -
comme groupes de cohomologie « relatifs B.
Introduisons pour cela les prflaisceaux suivants :
siUcX-F
si U n F non vide;
si U n F non vide
BF(U) = si U c X - F ,

les opérations de restriction étant définies à l'aide de celles de A. O n a un


homoinorphisme canonique de préfaisceaux

d'ailleurs injectif; et il est clair, moyennant cet homomorphisme, que $lx-,


engendre le faisceau A,-,; si X est paracompact, on a donc canoniquement
V

f i n ( X ; .hx-F)= Hrl(X;%x-F).

O r considérons le coinplexe
C*(X; %X-F) = lim. ind. C*(ll; 3,-,);
!)t(X)

il est clair que C*(U; %,-,) est un sous-cornplexe de C*(U; A), forme des
cochaines K telles que I'on ait
KS =O si Us rencontre F;
autrement dit, désignons par XII le schéma simplicial obtenu en munissant X
de la structure de nerf de 2.t (rappelons que I'on considère des recouvrements
de %(XI),et Fu le sous-schéma simpIicia1 de XII défini comme suit : (x,, ..., x,)
est un simplexe de FIT si et seulement si U,,,. rencontre F (ce qui exiye que
les xk soient dans F lorsque I'on suppose U, c X - F pour tout x E X - F) ;
alors C * (U ; 3, - ), esi formé des cochaînes du schéma siiîlplicial XII à valeurs dgns le
système de coe8cient.r induit par A, qui sont nulles sur les simplexes de FU; pour cette
raison il est naturel de désigner C*(U; 3,-,) par la notation
C * (X, mod F, ; A),
et à la limite de désigner le complexe C*(X; %,-,) par la notation
C*(X mod F ; .An).

O n obtient alors des isornorphismes carioniques

1 kf(X-F; .,b) = H n ( Xrnod F ; .Vi) i,


où @, rappelons-le, est formée des parties de X -- F qui sont fermées dans X.
Bien entendu, les définitions précédentes valent même si A est un préjizisceau.
Par exemple prenons un groupe abélien fixe A et appliquons ce qui précède
a u préfaisceau U + A ; pour tout recouvrement U E %(X), le complexe
C*(Xumod Fu; A) est alors formé des cocliaines (à valeurs dans le groupe
fixe A) d u schéma simplicial Xu qui sont nulles sur le schéma simplicial Fll -
la notation C*(Xllmod FU;A) est donc en accord avec celle d u Chapitre 1,
no 3.2 ; autrement dit on n
C*(Xu mod FU;A) = Hom[C,(Xu rnod Fu), A]
avec les notations d u Chapitre 1, 110 3.2. Par suite, si X est paracompact, et si .An
est 1e.faisceau simple de base X et (leJifibre A, on a des isontorphismes canoniques
Les groupes figurant au second membre sont parfois appelés, dans la littéra-
ture, les groufies de Ldschetz de X modulo F; ils sont connus depuis longtemps,
leur définition ne reposant évidemment pas sur la théorie des faisceaux.
O n voit donc que, si X est paracompact, on a une suite exacte de cohomologie de
la forme

... -+ A ~ ( x A)
; + H ~ F A)
; + H.+~(X
mod F; A) -+ R ~ + ~ ( x ; A+) ...
pour tout sous-espace fermé. F de X et tout groupe abélien A, suite exacte qui
s'identifie bien entendu à la suite exacte du no 4.IO.

5 . 12. - Cuhomologie de Cech et théorie de la dimension

Soit X un espace paracompact; pour établir que X est de dimension cohomolo-


gique ,< n (cf. no 4..I 3 et 4. I 4) il sufit d'établir que l'on a

i i [ i ( ~ ; ~ ) = Opour i>n

quel que soit le faisceau A sur X. Pour cela, il su@ de construire des recouvre-
ments ouverts arbitrairement fins de X tels que l'on ait

Hi(%; .$) =O pour i>n.

Or pour calculer les groupes Hi(%;A) on peut remplacer le complexe C* (a;


A)
par le sous-complexe formé des cochaînes alternées (Chapitre 1, no 3.8) ; mais
si une cochaîne
0: = (aio,..i
P
)

est alternée, ori a c r i , . . . i~ -


-
O dès que les indices i,, ..., i, ne sont pas deux à
deux distincts. Supposons alors le recouvrement % de dimension ,< n : cela
signifie que l'on a

dès que p > n et que les indices i,, ..., ip sont distincts (i.e. que le nerf de -22
est de dimension n comme schéma simplicial); toute cochaîne alternée
de degré p > n sera alors nulle, et l'on aura a fortiori Hi(%; A) = o pour
i > n.
Par conséquent, pour que la dimension cohomologique de X soit <
n il sufit que X
admette cles recouurements ouverts arbitrairement Jins de dimension ,< n ; il suffit
même, d'après le Théorème 4.14. I ., que cette propriété soit vérifiée « loca-
lement l).
O r il est classique - quoique non trivial - que cette propriété est vérifiée par
tout sous-espace compact de Rn; on en déduit que tout sous-espace compact
de Rn est de dimension ,< n ; comme Rn est localement compact et para-
compact, on en déduit que l'espace Rn lui-même est de dimension ,< ÎZ (Théo-
rème 4.14.1.); comme Rn est métrisable, il s'ensuit que tout sous-espace de Rn
(fermé ou non) est de dimension ,< n (Théorème 4.14.2.) ; appliquant à nou-
veau le Théorème s.I 4. I . on obtient en définitive le résultat suivant :

Théorème 5. I 3. I . - Pour qu'un espace faracomflact X soit de dimension cohomolo-


gique ,< n, il sufit que tout point de X admette un voisinage homéomorphe h un sous-
espace de Rn.
6. P R O D U I T CARTÉSIEN ET C U P - P R O D U I T

6. 1. - Produit cartésien de deux classes de cohomologie

Soient X et Y deux espaces topologiques, Y* un faisceau différentiel de base X,


et ~ l b *un faisceau différentiel de base Y ; nous supposerons pour fixer les idées
que l'anneau de base est 2,mais l'on pourrait étendre ce qui va suivre au cas
où %* est composé de modules à droite sur un anneau de base quelconque
A et &* de A-modules à gauche.
La donnée de %* et J%* permet de construire sur l'espace produit X x Y un
faisceau de doubles complexes
ce* 64 ~ l b *
que nous appellerons le produit tensoriel total des faisceaux diffkrentiels donnés,
et qui est défini comme suit : on pose

et les différentielles
d ' : ' S P cill$,~
~ + YP+l 6 JIn!,Q
d" : ( e p 6 JIV -+ Y P 65 ,nh7 l,
+

sont induites de façon évidente par les différentielles de Y* et J%*. Daris le


cas - de loin le plus important - où les graduations de Y* et ~lh*sont posi-
tives, nous regarderons aussi Y* &j JI&* comme un faisceau différentiel sur
X x Y, en posant
(Y* & .iIb*))"= @ YP & Jbhq
p+q=ir

et en définissant la différentielle d par la relation


Le complexe des sections de %* $i J%* s'obtient alors en munissant le double
complexe
r(%* i31JNL*)= CB I'(P Qo ,;~iv)
de sa graduation et de sa différentielle totales, puisque, pour des raisons de
finitude, on a évidemment

Dans le cas général où les graduations ne sont pas bornées inférieurement nous
conviendrons de définir I'(%* % ~ l b * ) ,et plus généralement ru(%* % JI&*)
pour toute famille (9 de supports dans S x Y, par la formule précédente, affectée
bien entendu de l'indice 8.
Soient Q> et Y des fainilles de supports dans X et Y, et @ = Qi x Y la famille
produit (formée, rappelons-le, des parties fermées de X x Y qui sont contenues
dans un ensemble de la forme S X T, avec S E Qi et T E Y ) ; étant donnés
des faisceaux A et % sur X et Y, on a défini a u no 2.10 un homoinorphisine
canonique
r*(&) 8 ry(%) + r@(&% 3);
il en résulte évidemment, quels que soient les faisceaux différentiels (e* et JIIL*
sur X et Y, un homomorplzisme de doubles complexes

et par conséquent des homomorphismes canoniques

Nous allons déduire de là l'existence, quels que soient les faisceaux & et 91
sur X et Y, d'homomorphisn~escanoniques

Rappelons tout d'abord que, d'une manière générale, on a la formule

.,% 64 :fi(x, y ) = A(xj @ % ( y ) ;


si donc on désigne par
A* = e*(x;A), 9*= e * ( ~94,;
les résolutions canoniques des faisceaux & et 93, on aura quels que soient
x E X et y E Y un isomorphisme de complexes
évidemment compatible avec les homomorphismes canoniques
a * , %-%*, &G%-+h*G%*.
O r (Remarque 4.3.1.) les complexes de la forme A* (x) sont ho~notopiquement
triviaux; il suit de là que h* $$ %* est une résolution de & 66 % et par suite
(no 4.7) que l'on a des homomorphismes canoniques

en les composant avec les homomorphismes évidents

on obtient, par définition, les homomorphismes (2).

Étant données des classes de cohomologie


~ E H ~ ( h),
X; - q H$(Y;
~ 93)'
la classe
x Y; A%%)
E,xy~Hefq(X
déduite de 5 8 y par ( 2 ) s'appelle le produit cartésien de 5 et de q ; nous ver-
rons plus loin que cette opération possède des propriétés semblables à celles d u
produit cartésien étudié au chapitre I, 5 3, et d u reste s'y rattache directement.
O n notera que, d'après le Théorème 4.7.2. et l'Exemple 4.8.r.,il suffit, pour
construire les homomorphismes (3), d'exhiber un homomorphisme de fais-
ceaux différentiels

c'est ce que nous aIlons faire maintenant.


Soient f une section de @(X;A) au-dessus d'un ouvert U de X, et g une sec-
tion de e*(Y; %) au-dessus d'un ouvert V de Y En vertu de la Remarque 4 3.2.
on peut représenter f par une fonction

définie dans un ensemble de la forme

et nulle pour x, = x o ; on peut de même représenter g par une fonction

définie dans un ensemble de la forme


et nulle pour y , = y o . Considérons alors des points « génériques >>

ZO = (202 JO), . . ., ~ P + I -= (XP+QY Y P + I - )

de l'espace produit Z = X x Y; nous définirons une fonction

par la formule

bien entendu, comme dans la Remarque 4.3.2, l'expression f (xo, ..., xp)(xPlZp,
g)

désigne la valeur au point x p + , d'une section continue de A qui, en x,, vaut


f ( x o , ..., x,); elle n'a donc de sens que dans un ensemble de la forme

en sorte qu'évidemment ( 6 ) est définie dans un ensemble de la forme

il est de plus clair que (6) est nul pour z, = z,. Par conséquent, la fonction h
représente une section du faisceau
CP+"X x Y; $3) au-dessus de U x V.
On vérifie trivialement que la section représentée par la fonction h ne dépend
que des sections représentées par les fonctionsf et g, et non du choix def, g, h; de
cette façon on obtient des applications bilinéaires
"V(U)x @(V) 4 (AG%)p+q(UX V ) ,
lesquelles sont visiblement compatibles avec les opérations de restriction. Il
s'ensuit immédiatement des hoi~ornorphismesde faisceaux

et par conséquent un homomorphisme (5). Le fait que cet homomorphisme


soit compatible avec les différentielles résulte des formules explicites de !a
Remarque 4.3.2. et de calculs triviaux.
Pour calculer le produit cartésien de deux classes de cohomoIogie 5 et ri, on
peut donc procéder comme suit : on représente 5 et T, par des cocvclesJ E Cg(X ;A)
et g E C,$(Y; 3); on forme la c o c h a i n e j x g E Cp$q(X x Y ; A & 3) donnée
par la formule ( 6 ); cela dit, f x g est un cocycle dont la classe de cohomologie
est le produit cartésien cherché.
Ces considérations montrent que, pour définir le produit cartésien en théorie
des faisceaux, il suffit de connaître la déJ;nition des groupes de cohomologie; il
est en principe superflu de faire usage des « théorèmes fondamentaux » du 5 4.
6.2. - Calcul du produit cartésien à l'aide de résolutions
Le théorkme suivant est fondamental :

-
Théorème 6.2. I . -Soient X, Y ek Z = X X Y trois espaces, A, $ e t C troisfnisceaux
de buse X , Y et Z, et a, Y et O cP x Y trois.fàmilles de supports dam X, Y et Z,
Supposons données des résolutions (e*, JI&* et 'ïb* de A, $3 et C, ainsi qu'un homo-
morphisme
v: (E* El 011" + a*
de faisceaux d;fférentiels, compatible avec un homomorphisme
u: AG3 -+ e.
On a alors un dia,q),ammecommutatif
H*(F,b(Y*))8 H * (I'w(~iz*))+ H * (I'»(L%*))
J. 4
x Y 3) + HW(Z;el.
(Les lignes verticales sont déduites des hoinomorphisines canoniques
H*( r,((E))-.Hz(X;A), etc ...;
la prernitre ligne horizontale est déduite de u ; la seconde s'obtieiit en compo-
sant le produit cartésien avec I'homomorphisme
Hz(Z; .,b % 3 ) -+ H$(Z; C)
défini par u).
Pour démontrer ce théorème nous utiliserons comme a u no précédent des nota-
tions condensees : A* sera le faisceau différentiel C*(X;A), %** sera ;le faisceau
de doubles complexes C*(X; (e*), etc... Rappelons d'autre part que I'homo-
morphisme canonique
H * (I', (a*)) + Hg (X; 240)
se déduit du diagramme
A*
en appliquant le foncteur H*(rap(
- -
jJe %**
jCs,
9.:
...)), jj,, devient bijectif, d'où I'homo-
morphisme cherché.
Cela dit formons le diagranime suivant :
les homomorphisme figurant dans ce diagrammeont déjà été définis, à l'exception
des suivants : u* est lyhomomorphisme

qui résulte de u ; u* se définit de façon analogue; enfin, les homornorpliismes


notés p sont ceux qu'on a définis a u no précédent et qui conduisent a u produit
cartésien.
Le diagramme précédent est cornrnutattf; cela tient evidemment à ce que l'ho-
momorphisme

est naturel (i.e. compatible avec les homomorphismes de faisceaux) et, de plus,
est compatible avec les « augmentations » canoniques des faisceaux différai-
tiels en cause. Par ailleurs les homomorphismes figurant dans le diagramme
précédent sont compatibles avec les graduation et différentielle totales de tous
les complexes multiples considérés.
Cela dit, << il est clair » que le Théorème 6.2. I . s'obtient en appliquaiit au dia-
gramme précédent le foncteur H * (rg(...)).

Exemple 6.2. I . - Soient X et Y deux variétés dzfféwntiables, w et a des formes


différentielles sur X et Y, de degrés ;b et q. On en déduit une forme différen-
tielle 6 = o X m sur X x Y, de dcgrép + y., comme suit : si (xi) est un système de
coordonnées valable dans un ouvert U de X , si ( y j ) est un système de coor-
données valable danr un ouvert V de Y, et si l'on a.des relations

o = 2 f i ,.. %(x)((Yii A . . . /\ dxip dans U

on pose
w x n= f;,...i , ( ~ ) & , ...j , ( ~ )drii /\ . /\ dxipA d ~ j A, . . . A -Y,,]
dans U x V (bien entendu, il est possible de définir o x m sans avoir recours à des
systèmes de coordonnées). Désignons alors d'une manière générale par le
faisceau différentiel des germes de formes différentielles de X ; la définition
précédente conduit de façon évidente à un homomorphisme

on obtient donc le résultat suivant : .ri des classes de cohomologie réelle 5 E Hp(X;R)
et 1 E Hq(Y; R) sont représentées par des formes différentielles fermées w et m, alors la
classe de cohomologie
~x-~EHP+~ X (Y;
X R)
est reprisentée par la ,forme diffi~entiellew x m.
GODEMENT
6.3. - Produit cartésien en cohomologie de cech

a
Considérons un espace X, un faisceau sur X, et un recouvrement U = (Ul)l ,
de X, que nous supposerons soit ouvert, soit fermé et localement fini. Nous
avons vu qu'alors le faisceau différentiel C* (U;A) est une résolution de A
(Théorème 5.2. r .) ,
Prenons maintenant un espace Y, un faisceau 3 sur Y, et un recouvrement
23= (Vj)jEJde Y, que nous supposerons de même nature que U. Le recou-

de X x Y est alors ouvert (si 12 et 3 sont ouverts) ou bien fermi. et localement


firii (si U et B
! le sont). Nous allons définir un homomorphisme canonique

Pour cela choisissons une fois pour toutes, en théorie des con~plexesde cochaînes
simpliciaux, une transformation naturelle

(cf. chapitre 1, no 3.10) induisant l'identité en degré o et admettant une


inverse à une homotopie près.
Étant donnés des ouverts U de X et V de Y, on déduit de là un homomorphisme
d e complexes

évidemment compatible avec les opérations de restriction définies a u no 5.2.


O r on a d'autre part un homomorphisme naturel (1).

obtenu comme suit (on donne la définition pour U = X, V = Y, le cas gCné-

(l) Il arrive parfois que l'homomorphisme

soit bijectif (la cohomologie de Il X 2: se calcule alors à l'aide du complexe


C*((U;.&) @ C* ($t;%) i.e. par les formules de Künneth). Il en est évidemment ainsi si
11 et 27 sontjnis et si, pour tout simplexe S de Il et tout simplexe T de 3,l'homo-
morphisme canonique .b(U,) @ !%(V,)+?!, & %(Usx V,) est bijectif. Cette situation se
rencontre en Géométrie Algébrique (X et Y sont des variétés algébriques, .b et 3 sont les
faisceaux de germes de fonctions régulières sur X et Y, et 11 et 2k sont des recouvrements
de X et Y par des ouverts affines).
raI s'en déduisant trivialement) : si cr = (cr,) et p = (Pt) sont des cochaînes de
même degré n de U et: 23 à valeurs dans A et 3, I'homomorphisme (9) trans-
forme la cochaîne cr x p de degré n du premier membre de (9) en la cochaîne
de degré n du second membre donnée par l'application

bien entendu on identifie a(s) 8 P(t) à la section correspondante de I, 3


au-dessus de U sx Vt.
En composant (8) et (9) on trouve des h o n l ~ n l o r ~ h i s m e s

C*(U n U; h)8 C*(%n V; 3) -t C*[(Ux 3 ) n (U x V); A % %]


d'où un homomorphisme correspondant de faisceaux différentiels - c'est par
définition I'homomorphisme (7) qu'il s'agissait de construire.
Bien entendu, I'hon~omorphisme

qui se déduit de (7) s'obtient en composant les homomorphismes (8) et (g),


par construction même de (7). Pour l'expliciter il suffit donc d'expliciter une
transformation T, par exemple celle qu'on obtient en transposant la formule
contenue dans la Remarque 3.9. I . du chapitre 1; le rksultat ohtenu est visible-
ment le suivant : soient des cochaînes cr e CIP(U; A) et 8 E Cg(%;%); l'image
de a €3 8 par l'homomorphisme (1 O) est la cochafne

x 23; & %3)


déJinie par
(11) Y(i,j,). . . (i,,, j p + , ) = Q[o.-.ip
@ Sip...jptq,

où l'on convient bien entendu de remplacer le second membre - qui est une
section de A I, 93 au-dessus de U6...lp x Vjp...jp-l-g
- par sa restriction à
UC...$+g~Vjo-..jp+g-
Appliquons maintenant le Théorème 6.2. I . ; nous trouvons le rbsultat suivant :

Théorème 6. 3.1. -Soient X et Y deux espaces topologiqires, A et % des faisceaux


de base X et Y , U et '13 des recoutlrements de X et Y; on suppose U et 23 ouverts, ou
bien U et 23 fermés localement jînis. Soient 5 e Hp(X; A) et q e Hq(Y; 8 ) des
classes de cohomologie représentées dans les recouvrements U et 23 par des cocycles
cr e CP(U; A) et fl e Cg(%; $3) ; alors la classe de cohomolo~ie

est représentée par le cocycle y e CP+q(U x %; $1 donné par la formule (11).


O n notera que si les recouvrements îî et 23 sont de Ia forme 22 = ( U l ? ) o ~
et 23 = avec x E U, et y E V,, alors le recouvrement produit ll x 23
est de la forme (Wr)zExxuavec z E Wz. Comme les homomorplriismes ( I O )
cornmutent à l'opération consistant à passer à des recouvrements plus fins,
on déduit de là, par passage à la limite, un homomorphisme canonique

(12) C*(X; A) @ C*(Y; 93) -+ Ç * ( x x Y; A ej 3))


et par conséquent des homomorphismes

v
en cohomologie de Cech. Le Théorème 6.3.1. prouve évideniment que le dia-
gramme
H ~ X *) ; + C ~ P + ~x
; B k q ( ~ 3) ( XY; A % % )
l 1

est vcommutatif, ce qui permet de calculer le produit cartésien en cohomologie


deCech dans tous les cas où celle-ci est isomorphe à la cohomologie H * -par
exemple si X, Y et X x Y sont paracompacts. (On notera à ce propos qu'un pro-
duit d'espaces paracompacts n'est pas nécessairement paracompact). O n voit
que dans ce cas le produit cartésien défini a u no 6. I se réduit esseiltielleiiient
au produit cartésien défini ail chapitre I, fj 3. Nous allons voir qu'il en est de
même dans tous les cas.

6.4. - Résolutions simpliciales

-
Soit X un espace topologique; nous appellerons faisceau de complexes de cochaînes
simpliciaux sur X tout faisceau gradué %* ( % n ) n z muni de la structure
définie par la donnée, pour toute application f : A, -+ A,, d'un homomor-
phisme de faisceaux
-
f: %P + 9,
de telle sorte dépende « multiplicativement D def comme on l'a expliqué
au chapitre I, 5 3. Pour tout ouvert U, %*((TJ)est alors un complexe de co-
chaînes simplicial, et l'on peut munir %* d'une structure d e faisceau diffkren-
tiel; pour toute famille <P de supports dans X, I?$((e*) est aussi uri complexe
de cochaînes simpIicial.
Par exemple, pour tout recouvrement U de X et pour tout faisceau A de
base X, ("*(LI; A) est un faisceau de complexes d e cochaînes simpliciaux.
O n définirait la notion de faisceau clt? cornplexes de cochoZnes semi-simpliciclux en se
limitant, dans la définition précédente, aux applications f qui sont crois-
santes (au sens large).
Soient X et Y deux espaces, (e* et JZL* deiix faisceaux de complexes de cochaînes
simpliciaux sur X et Y ; nous allons en déduire, sur l'espace X X Y, un faisceau
A
de complexes de cochaînes simpliciaux %" x J%* ; pour cela on pose
A
(ce*x 3129" = cen 6 2nn,
et, pour toute application j' : A, -+ A,, on définit
J: ( e p g 3 K p t 97 8
comme étant le produit tensoriel des homomorphisines similaires relatifs
à %* et JI&*. O n obtient évidemment de cette façon, quels que soient les
ouverts 1J et V de X et Y, un homomorphisme canonique

de complexes simpliciaux. De même, quelles que soient les familles de sup-


ports @ dans X, Y dans Y, et @ = x Y dans X xY, on a un hornomor-
phisme canonique
(14) rd.(%*)x rv(.7n*)

En particulier, quels que soient x e X et y


- r.(9* j i n i t * ) .
E Y, on a un homomorphisme

qui d u reste est bij~ctlfenvertu de la formule générale

A(x) @ 9 ( y ) = A 65 %(x, y).

D'après le chapitre 1, Théorème 3. IO. I ., on voit donc que les complexes

ce* ( x ) O ?TL* ( y ) et %* 2 JTL*( x , y )


sont homotopiquement équivalents, en particulier ont des groupes de cohomologie
canoniquement isomorphes.
Reprenons les homomorphismes (13) et choisissons une fois pour toutes, en
théorie des complexes de cochaînes sinipliciaux, une transformation naturelle

itiduisant l'identité en degré O (chapitre 1, no 3. I O ) . Et1 composant (13) avec


l'homomorphisme
ce* (U) @ nn* (V) -+ ce* (U) x nit* (V)

qui résulte de là, on trouve des homomorphismes


ce*(U) @ J ~ * ( V ) - Y*Zrn*(U x V)

-
compatibles avec les opérations de restriction, d'où un homomorphisme
A
(16) T: ce* 65 m* ce*xnn*
de faisceaux différentiels, se réduisant à l'identité en degri: o. II est clair que
l'homomorphisme

qui rbsirlte de ( I 6) s'obtient en composant l'homomorphisme ( r 4,)(défini sans


utiliser T) avec l'homomorphisme

de la théorie simpliciale du chapitre I .


Tout ce qui précède s'applique bien entendu sans changement aux faisceaux
de complexes de cochaînes semi-simpliciaux.
Nous allons maintenant montrer comment les considérations qui préckdent
permettent, h n s tous les cas, de lier la notion de produit cartésien définie a u no 6. I à
celle de produit cartésien définie a u chapitre 1, 5 3. Pour cela, on va construire
G catloniquement », pour tout espace X et tout faisceau A de base X, une
résolution jusque 9" ( X ; A) de possédant une structzcre serni-simpliciule; nous
l'appellerons la rLsoLution siw$dicinle canonique de k ; nous construirons ensuite des
hornomorphismes

qui, composés avec les homomorphismes

conduiront au produit cartbsien par application du théorkme 6.2.1.


a ) Constrzlction de d* (X ; A).
Nous poserons
3 y x ; A) = P ( X ; A),
S n ( X ; A) = e y x ; Sn-'(X; A));
9" s'obtient donc en itérant n +I fois le foncteur Co, et il est clair qu'on
obtient ainsi des faisceaux,flasques,ainsi qu'une injection canonique
A -.- 9 y x ; A).

O n notera que, le foncteur étant exact, il en est de meme du foncteur


4 9 * ( X ; &).

(X ; A).
b) ,Yections dc 9!!
Soit a une section de S1'(X;A) au-dessus d'un ouvert U ; posant pour sim-
plifier = 4" (X; A), a se représente biunivoquement par iine application

définie dans U. Comme a(xo) est un germe de section non nécessairement


continue de $"-"en x,, on peut trouver un ouvert U(xo) et une fonction
définie dans U(xo)et représentant a ( x o ) .Le germe a(xo,x,) à son tour se reprP-
sente par une fonction
X 2 -+ X1, x 2 ) E % n - 3 ( ~ 2 )

définie dans un ouvert U ( x o , x,) contenant x , .


En itérant ces constructions, on voit que a peut se représenter par une fonction

définie dans une partie de X n + lde la forme

où d'une manière générale U(x,, ... , x l ) désigne un ouvert dépendant unique-


ment de ,Y, ..., xl, et contenant xi.
II est clair réciproquement que toute fonction de ce type définit sans ambi-
guïté une section de 9" au-dessus de U .
Considérons de plus deux fonctions

définies respectivement pour

donc définissant des sections o! et de 9" dans U et V. Pour que ces sections
coïncident dans U n V = I V , il faut et il suffit que la relation

soit vérifiée dans un ensemble de la forme

cette assertion est évidente pour n = O, et se démontre à partir de là par récur-


rence sur n.
Il suit évidemment de là que, pour représenter les sections de 9" dans U , on
pourrait se borner à considérer des fonctions a(x,, ..., x,) E MX,) définies
dans U n + ltout entier- auquel cas ces fonctions forment de façon évidente un
groupe abélien. Le groupe des sections de 4, dans U est alors le quotient du
groupe formé par les fonctions considérées par le sous-groupe des fonctions u
qui sont « localement nulles », i.e. vérifient

o!(xo, . . ., x,) - O
dans un ensemble de la forme
O n remarquera - c'est une différence notabIe avec les cochaînes dyAlexander-
Spanier définies, pour un faisceau simple, dans l'Exemple 2.4.2. - qu'un
ensemble de la forme précédente n'est pas en général un voisinage de la dia-
gonale dans T_J"+l; par exemple, pour n = 1, on trouve dans U2 les ensembles
qui sont coupés par chaque verticale x = Cte suivant un voisinage d e x.
La construction précédente met en évidence l'injection canonique 9" 49 ^ + l;
considérons en effet une section a de $PR, représentée par la fonction a(%,, ..., x,) ;
considérant a comme section de dn l, soit u (xO,..., xn +1) la fonction qui
+

représente a ; nous devons exprimer que polir tout x, la fonction

définit le germe de section L ( x ) E P ( x ) ; or il en est ainsi par hypothkse de la


fonction a(xo, ..., x,) ; par conséquent nous avons la relation

ce qui résoud le problème posé.


c) Strgcture semi-simpliciale (l) de 9* (X; A).
Pour définir sur le faisceau gradué 9* = (9")une structure semi-simpliciaIe, il
est nécessaire et suffisant de munir les groupes gradués 9* (U) d'une structure
de ce type, et ce de façon compatible avec les opérateurs de restriction.
Soient donc a une section de SP dans un ouvert U, et f une application crois-
sante de A, dans A,; nous devons définir la section p =?(a) de $4 dans U.
Pour cela, on représentera cc par une fonction cc(xo, ..., x,) E &(xp) définie dans
U p + l, et par l'une quelconque des fonctions définies par la formule suivante :

nous utilisons ici une convention d'écriture analogue à celle dont on a déjà
fait usage dans la Remarque 4.3.2. : étant donné un élément u E &(x), on note
u( y) toute fonction
Y
+ 2 4 ~ ) NY)
f

qui est continue a u point x et se réduit (i u pour-y = x. En dépit de l'ambiguïté que


comporte la relation ( 1 8 ) , il est clair que la section de 9q au-dessus de U qui
est définie par le premier membre de ( 1 8 ) ne dépend que de la .rertion cc de dp
dont on est parti.
O n laisse au lecteur le soin de vérifier en dktail les axiomes des structures semi-
simpliciales, et de comprendre pourquoi il n'est pas possible de définir sur 9*
une structure simpliciale « complète B. 11 est bien entendu essentiel d e tenir
compte de la relation suivante : étant donné u e & ( x ) , on a

dans un ensemble de la forme y E lT(x). z E ~.J(Y).

(') Le lecteur désireux d'éviter les caIculs explicites qui vont suivre se rapportera
à L'Appendice.
Nous pouvons maintenant expliciter l'opérateur différentiel d de 5;': : il traiis-
forme une section représentée par la fonction a(xo, ..., x,) en la section repré-
sentée par la fonction (ou plus correctement, par l'une quelconque des fonc-
tions que représente la formule suivante) :

Il résulte de là que la résolution canonique C* (X;,b) se $longe canoniquement dans le


faisceau différentiel 4* ( X ; h ) , en vertu des formules explicites contenues dans la
Remarque 4.3.2.
d) Faisceaux dkrivés de I*
( X ; A).
Nous allons enfin démontrer que 9" (X; A) est une résolution de A.
Considérons un élément a e 9"(x), x donné, annulé par d ; il faut prouver
que a E h ( x ) sin = O, et que a E d(Sn-l(x)) sin >, I .
Supposons d'abord n - O; a se représente, dans un voisinage U de x, par une
) h(xo); la relation da = O signifie que la fonction a(%,)-&(x,) (x,)
fonction ~ ( x , E
définit l'élément O de $l(x), i.e. - en supposant U assez petit - qu'elle est
localement nulle, autrement dit qu'on a

dans un ensemble de la forme x, t z U, x, e U(xo). En particulier, en faisant


x, = x il vient
( x , ) = 2 (x)(xl) pour xi e U(x) ;
-
, égale à
mais cela signifie que la fonction a(x,) est une section continue de b
a en x; par ccnséquent, a e k ( x ) comme annoncé.

Supposons maintenant n ), 1 , et représentons a, dans un voisinage U de x,


par une fonction a(x,, ..., x,) E A(x,). Comme da = O on peut supposer, si U
est assez petit, que la fonction (19) est localeinent nulle dans U, i.e. est nulle
pour xI? E U, x1 E U(xO),..., x , , ~ E U(x07..., 2,).
Mettant en Cvidence dans (19) le terme pour lequel i = O, il vient (xo = x) la
relation
i=n

pour
x ~ E U ( X )x, ~ E U ( Xx ,~ ) ., . ., ~ n + i e U ( xxl,
, * - ., xn);

considérons alors la fonction


252 THÉORIE DES FAISCEAUX

et posons
v = U(x), V(x,) =. U ( x , x , ) , ...;
il vient

relation valable pourvu que xo E V , x, e V ( x , ) , ...; si donc on désigne par


le germedesection d e s n - l ( X ; A) défini ail point x parla fonction p(xO,..., x,- J,
on a cc = dB, ce qui démontre, comme annoncé, ique 4" (X; A) est une résolu-
tion de A.
Nous appellerons 4* ( X ; A) la résolution simplicialr! canonique de A; étant donnée
une famille @ de supports dails X, on posera
F:(X; A) = r , 1 ( 9 * ( X ; A ) ) ;
011définit ainsi uri complexe de cochaSnes semi-.rimflicial, et il est clair que
nous avons les résultats suivants :
(1) : l'injection canonique t?*(X;-6)+ S * ( X ; A ) induit des isomorphismes

( I I ) : étant donnée une suite exacte


O + ,,IDf 4 A C, AIf -+ O,
la suite corres$ondnnte
O -t F z ( X ; A') --t F $ ( X ; A) -t F z ( X ; A") + O
est exocte et conduit, mohlo ( 1 ) ,2 la suite exacte de cohomolo.gie associée à la suite exacte
donnée.
Tout cela montre qu'au Q q nous aurions pu d&nir les groupes H % ( X ;A) en
utilisant la résolution simpliciale 8 * ( X ; A) a u lieu de la résolution e*(X; A).
e) Homontorphismes cononigues

Pour les définir il suffit de construire, pour tout ouvert U de X et tout ouvert
V de Y, un homomorphisme canonique

Pour cela considérons des fonctions cr E Tin(U;A) et fi e F n ( V ; 3); nous


définirons I'liomomorphisine cherché par la condition d'appliquer l'élément
1 8 de F n ( U ;Jb) 8 Fn(V;3) sur l'élément de Fn(U x V ; A 6% 3) représenté
par la fonction
~ ( x o , . 2,) 8 P(Yo>
0 > YR)
O n laisse au lecteur le soin de jiistifier cette défi~ition.
f ) Construction du prodziit ctrrtésien.
Puisque les faisceaux 5* ( X ; A) ont des structilres semi-simpliciales, les consi-
dérations du début de ce no conduisent à des homomorphismes canoniques

(21) 4* (X; 8 5* (Y; d ) +- 5* (x; .&) ;il*(Y; 3)


(lesquels, à la diffkrence des homomorpliismes ( ~ o ) reposent
, sur le Théo-
rkme 3.10.1. du Chapitre XXI, et sont de plus des équivalences au point de vue
homotopique). En les composant avec (zo), on troirve des hon~omorphismes
naturels
a*(x;a)9 :s*(Y;IB) -+ $*(x X Y; A 8 3) ,
- - -- -~
-

et par suite des honiomorphismes de complexes


F:(X; A) @ F$(Y; 3 ) + FW(X x Y; .h 66 3 ) ;
en passant à la cohomologie, les homomorphismes

qu'on en dkduit coïncident, d'après le Théorème 6.2. I ., avec le produit carté-


sien.
11 va de soi qile ces résultats conduisent à ilne construction explicite du produit
cartésien : si une classe de cohomologie 5 de degré p de X est représectée par
une fonction a:x,, ..., xp) E A(xp),et si urie classe de cohomologie 3 de degré q
de Y est représentée par une fonction p(y,, ...,y,) E $3(31g), alors 5 x y est
représentée par la fonction

En se restreignant aux résolutions canoniques on retrouve, comme il était


facile de le prévoir, la formule (6) du no 6.1.
O n voit en conclusion que, comme noiis l'avions annoncé, la notion de prodiiit
cartésien en théorie des faisceaux se rattache directement à celle que nous
avons développée au chapitre I, 9 3, ce que nous avions déjà. constaté pour les
v
espaces paracompacts en utilisant la théorie de Cech.

6.5. - Propriétés formelles du produit cartésien

Il cst à peu près évident en raison de ce qui précède que les propriétés établies
au chapitre I, Théorème 3. r I . I ., doivent être encore valables en théorie des
faisceaux; c'est ce que nous allons démontrer.
a) L'application ( 5 . 3) -+ 5 x -q se réduit en degré O à l'@plication canonique
r<,(A) x rly(a) -+ ro(h% $3).
Cette propriétk est triviale.
b ) Le prodztit cartésien est comnpatihïe n ~ e cLes homornorphzsmes d8 Jaisceaux.
Cette propriété aussi est triviale.
c ) L,'afiplication (5, -q) 4 5x T, est tiilinii'aire.
Cette propriété encore est triviale.
d) Le produit cartésien est associatif.
Il suffit pour le voir d'observer qu'étant donnés des espaces X, Y, Z et des
faisceaux h, 93, &? sur ces espaces, le diagramme suivant est « homotopique-
ment commutatif » -- et meme rigoureusement commutatif si l'on choisit, en
théorie simpliciale, la transformation naturelle X * @ Y* -t X * x Y* confor-
mément à la formule explicite di1 chapitrc I, Re77largz~e3.9.1 :

(A* G* Ge
J.
- A* G %* 63 c* -5- A,* 63 (IB* 63 e*)
4
( A G % ) *65 c* A* 53 (965 e)*
t t
((~65%)@e)* -+ (A Qi, % 65 e)* +- (A& ($Ge))*,

on désigne d'une façon gknérale par A* la résolution canonique de ,IL - ou hieri


la résolution simpliciale canonique.
O n notera que la démonstration précédente repose sur l'existence d'homo-
morphismes k * % %* + (k % %)*, i.e. en définitive sur les formules expli-
cites d u no 6. I ou du no 6.4; on peut donner une dimonstration beaucoup pllis
« fonctorielle », en utilisant la théorie des faisceaux injectifs développée au
suivant. O n laisse au lecteur le soin d'approfondir ce point à titre d'exercice.
e) Ide produit cartésien est anticommutatiJ:
Autrement dit, étant données des classes de cohomologie [ et q de X et Y,
l'image de 5 x 1 par l'isomorphisme canonique de la cohomolozie de X x Y
sur celle de Y x X est égale à (,-- r)PqT x FS, p et q désignant les degrés de 5 et 1.
La démonstration la plus simple s'obtient en théorie simpliciale; A et 9 dEsi-
gnant les faisceaux envisagés siir X et Y, et en négligeant les Pamilles de sup-
ports considérées, on forme le diagramme

+ + i
F * ( X ; CA) @ F * ( X ; A) -t F*(Y; 43) x F * ( X ; A) -t F*(Y x X; 5 '33);
nous avons vu (chapitre 1, partie (b) de la démonstration d u Théorème 3. I 1. 1)
que dans ce diagramme le carré de gauche est commutatif à une homotopie
près; le carré de droite est d'autre part commutatif comme on le vérifie immé-
diatement sur les formules; d'où le résiiltat immédiatement.
f ) Conlptabilité du produit cartésien avec les suites exncfes.
Considérons sur l'espace X une suite exacte

et sur X x Y un faisceau 93 tel que la suite correspondante

soit encore exacte; on a alors des siiites exactes de cohornolo~iesur X et,


sur X x Y : on va démoritrer que, quelles que soient les classes de cohomologie
E " E H * ( X ; ,&"), T , E H * ( Y ; 93)
on a la relation

Pour cela représentons 5" par un cocycle s" E F*(X; ,&") et -q par un cocycle
-
t E F* ( Y ;93) ; il existe une cochaîne .c E F* ( X ; A) telle que s" v(s! ; alors le
cocycle c/s E F* ( X ; A') représente 95".
Si donc nous désignons d'une manière générale l'application

qui conduit au produit ca-rtésien, par s @ t -+ s x t (ce qui est un abus de


notation...), on voit que â([" x r) est représentée par le cocycle d(s X t ) et que
(6t") X est représentée par le cocycle (ds) x t ; il nous reste donc S établir la
formule
d(s x t ) = (h)X t ;
mais celle-ci est triviale, pilisque, l'application s t -+s x t étant un homo-
morphisme de complexes, on a nécessairement
d(sxt) L (ds) X L + (- I)'$Xdt

pour s E Fp(X; &) et t E Fq(Y; 93) ; d'où le résultat annoncé.

6.6. - Définition e t propriétés du cup-produit

Soient X un espace topologique' h i i r i faisceail d'anneaiix de base X, Ce uil


&-Module à clrqitt-, et ~ 1 un
b &-Module à gauche; nous allons définir des appli-
cations
H;(x; ce) x H ~ X,th)
; -+ rr;+q(x;
ce B ~ ~ b j ,
"4,
en désignant par et Y deux familles de supports dans X, et par O la famille
intersection
O=@nY.
Considérons pour cela les résolutions canoniques I"* ( X ; 9) et e * ( X ; ~lib); la
première est formée de h - M o d u l ~ sà droite, la seconde de &-Modules à gauche,
et les différentielles sont compatibles avec ces structures de A-Modules; oti peut
donc former le faisceau différentiel e* ( X ; 2) 63 C* ( X ; Ab). Comnie la
A
Remarque 4.3.2. montre que les résolutions considérkes sont lioinotopiquement
triviales en tant que A-Modules (Le. les &(XI-modilles différentiels (e*(x) et
dib*(x) sont homotopiqiiement triviaux pour tout x E X), il est clair que le
prodiiit tensoriel considéré est une résolution de (E 63 Ab. O n a donc des homo-
morphismes canoniques AI

Mais on a par ailleurs un homomorphisme d e complexes

et par suite des homomorphismes

en composant les résultats obtenus il vient finalement des homomorphismes


canoniques
I I

qui conduisent aux applications clierchées.


Étant données des classes 5 E Hi()(; (E) et E H$(X; J%), l'image

de5 g~y par lYapplica.tion(22) s'appelle le CU?,-produitsur A de 5 et y.


La théorie que nous avons exposée en détail pour le produit cartésien s'ap-
plique presque mot pour mot au cup-produit; nous nous bornerons donc à des
indications sommaires, laissant a u lecteur le soin de vérifier complètement nos
assertions.
Tout d'abord, on peut aussi définir directement les homomorphismes (22) en
utilisant un homomorphisme de résoliiticns

étant donn6es des « cochaines » ~ ( x , ,..., x,) E ( e ( x p ) et p(x,, ..., x,) e ~tb(x,),
l ' h ~ m o m o r ~ h i s mprkcédent
e transforme a @ f3 en la cochaîne
Jb
O n a d'autre part un analogue du Théorème 6.2.1 :

Théorème 6.6.1. - Soient % un -4,-Module à droite, ~libun &-Module à gauche, et Ge


un Z-Module. Supposons donnés une résdortion %* du A-Module à droite (e, une réso-
lution ~1ib*du ,&-i2lodule à gauche J%, une résolution (è* de 2, et un diagramme com-
mutattf

alors on a un diagramme commutatif.

(Dans ce diagramme Ia flèche horizontale supérieure se déduit de u ; la flhc,he


horizontale inférieure s'obtient en composant le cup-produit sur & avec l'ho-
momorphisme u*; les flèches verticales se déduisent du fait que %*, ... sont des
résolutions de 9, ...; enfin les deux prodiiits tensoriels sont relatifs à l'anneau
de base HO(X; A)).
Ce théorkme implique en particulier les conséquences suivantes :
a ) Sur une variété différeiltiable X, soient w et m des formes différentielles
fermées définissant des classes de cohoinologie 5, 1 E H*(X; R) ; alors w A m
définit la classe de cohomologie i u -q.
R
6 ) Le cup-produit peut se définir à l'aide de résoliitions sirnpliciales; avec les
notations du début de ce no on a en effet des homornorphismes canoniques

le premier résulte du chapitre 1, ?j3, le second s'obtient en itérant les homo-


morphismes évidents
Co(X; %) 63 e3( X ; Ab) + (3O ( X ; 9 8 JIIL).
"49 A

Bien entendu, étant donnés sur X des faisceaux %* et J%* de complexes de


cochaines semi-simpliciaux, on définit leur produit cartésien en posant ((e* x ~ î b *")
= ceR @ J%" et en définissant de façon évidente les opCrateiirs de face.
Y

c ) De même, on peut procéder en théorie de Cech. Soient U = (LT,) et 23 = (Vj)


des recouvrements de X, tous deux ouverts ou bien tous deux fermés et loca-
lement fini ; on notera
%=lin%
le recouvrement formé des ensembles Ut n Vj.On a tout d'abord d'après le
chapitre 1, $ 3. des homomorphismes

on a d'autre part directement des homomorphismes

définis comme suit : si l'on a des cochaîncs c t i o , , , l n et pjo...jn de 12 et B A


valeurs dans 9 et Ab, l'homomorpliisme cherch6 transforme cc x P en la
cochaîne y de LIS à valeurs dans 9 66 ,JNO
donnée par la formule t9)

"&

bien entendu, pour obtenir un homomorphisme de faisceaux il faut appliquer


cette formiile localement. Cela fait il vient des homomorpliismes canoiiiques

et ceux-ci, moyeniiant les homomorphismes canoniques de la cohomoloçie


d'un recouvrement dans celle de l'espace, se transforment en les cup-produits
sur -6.
v
A la limite, on obtient des cup-produits en cohomologie de Cech

qui, eux aussi, sont compatibles avec les cup-produits définis au début de ce no.
Enfin, les propriétés énondrs au n* 6.5 pour le produit cartesien, sont valables,
moyennant des modificatioiis évidentes, pour les cilp-produits (I'associativité
et I'ani-i-commutativité ne valant que sur un faisceau d'anneaux commutatif.) .
le cup-prodiiit est hilin6aire, associatif, anti-commiztatif, et compatible avec
les suites exactes de cohomoIogie. A titre d'application, on voit qiie si A est un
faiscsau d'anneaux cornmzatatifs sur X, crlors H:,(X; A), muni du clc/~-produit,est une
sur L'anneau H * ( X ; A) = I' (A) ; c'est
alxébre graduée assocz'atiue, ar~ticom~*~zrtafiue
l'anneau de cohomologie (A supports dans a) de X à valeurs dans A.
Lorsque le faisceau A est siniple, donc s'identifie B uil anneau de base fixe A,
le cup-produit se déduit du ~ r o d u r cartésien
t par l'application diocgonale x -+ ( x , x )
de X dans X x X ; celle-ci induit en effet des homomorphismes

en les composant avec les produits cartésieiis, on obtient les cup-prodiiits. Cela
provient évidemment d u fait que, d'une manikre générale, l'image réciproque
de 5 J% par l'application diagonale lest / 63 jbb. O n pourrait donc dans ce
cas déduire les propriétés d u cup-produit de celles dii produit cartésien.
O n pourrait d u reste de cette façon obtenir aussi les ciip-produits sur un fais-
ceau d'anneaux & arbitraire. En effet, soient %' un ,&-Module à droite et ,iÙb
un ,&-Module 2 gauche; désignarit simplement par 63 le produit tensoriel sur
l'anneau des entiers rationnels, on a un homomorphisme canoniqile

en composant avec le cup-produit relatif à l'anneau Z on trouve donc des


applications
H$,(X;ce) x H${X; Ab) -t HP,%$(X;ce@ Ab);
.L
il est immédiat de vérifier qu'elles sont bjlinéaires sui. l'anneau de base HO(X ;A)
donc définissent des homomorphismes

ce sont les cup-produits relatifs à. ;&.

GODEMENT
7. FONCTEURS DERIVES E N T H É O R I E
D E S FAISCEAUX

7.1. - Faisceaux injectifs

Soient X un espace, A un faisceau d'anneaux sur X, et 3 un &-Module à


gauche. O n dit que 3 est injectifsi le foncteur

défini siir la catégorie des &-Modules à gauche, est exact.

Théorème 7. I . 1 . - Tout A-Module peut être plongé dans un A-Module injectif.


Soit 2 un A-Module à gauche; pour chaque x E X, choisissons un plongement
d u ,%(x)-module% ( x ) dans un A(x)-module injectif I(x) ; enfin, construisoils un
&-Module à gauche 3 en posant, pour tout ouvert U,

et en définissant de façon évidente les opérations d e restriction et la structiire


de &-Module de 3. Il est clair que %' se plonge dans 3; nous allons établir que 3
est injectif.
Soit J% un &-Module à gauche; nous allons montrer que l'on a un isomor-
phisme canonique

cela établira évidemment notre assertion.


Remarquons d'abord que pour tout x, on a un homomorphisme canonique
v ( x ) : 3(x) -t 1( x )
de &(x-modules : il suffit pour cela d'associer à toute section de J définie au
voisinage de x sa « valeur >> en x , élément de I(x).
Par conséquent, tout homomorphisme f :J& -+ 3 définit iine famille d'homo-
morphismes
,f(x) = U(X)o , f ( ~ )J%(x)
: + I(x);

d'où un homomorphisme du ~ r e m i emembre


r de (2) dans le second. Cet homo-
morphisme est injectif :il est clair en effet que-f transforme une sections E Ab(U)
en la section de 3 représentée par l'élément ( f ( x ) ( ~ ( x ) ) ) , ~de
, 3(U). Cet homo-
morphisme est de plus surjectif; donnons-nous en effet des &(x)-homomor-
phiSmes g(x) : ~lib(x)+ I(x), et attachons à chaque section s E ~lib(U)la section
f (s) E 3(U) représentée par la famille (,y(x)(s- (x)) ) ,E ;on trouve évidemment
un homomorphisme f : J& -t 3 tel que g(x) =f (x) pour tout x. D'oii le Théo-
rème.
Le Th6orème analogue relatif aux A-Modules projectifs n'est pas exact.
Le Théorème 7.1.1. permet évidemment d'appliquer les méthodes du cha-
pitre I dans la mesure où elles reposent uniquement sur l'existence d'objets
injectifs. O n obtient par exemple les résultats suivants, qu'il est superflu de
démontrer ici puisqu'ils sont valables pour toute catégorie abélienne possédant
« suffisamment >> d'objets injectifs :
a) Tout &-Module admet des résolutions injectives.
b) Etant donnés des &-Modules (e et ~ l b ,une résolution Ce* de (e, et une résolution
injective A*de J%, il existe un homomor-hismede (e* dans A*compatible avec un homo-
I
morphisme 9 -. ,Nb donné; de plus le (( prolongement » de f est unique à une homotopie
près.
c) Toute suite exacte de &Modules peut être prolongée )> en une suite exacte de résoiu-
tions injectives des &Modules qui la composent.
Notons enfin qu'un &-Module injectif 3 est nécessairement un faisceau Jasque;
il suffit pour le voir d'écrire, pour tout ouvert U de X, la suite exacte

(Théorème 2.9.3) ; il vient alors la suite exacte

d'où notre assertion.

7.2. - Dérivés d'un foncteur covariant exact à gauche

Soit T un foncteur covariant défini sur la catégorie des &-Modules à gauche, à


valeurs dans une categorie abélienne R, et exact à gauche. Choisissons une
fois pour toutes une résolution injective 3" (%) pour tout &-Module à gauche %,
et posons

O n a alors les propriétés suivantes :


est unfoncteur couaria~tà z~aleursdans 8.
a) % -+ Tn(%)
En effet, tout homomorphisme f : (e -+ JI& est induit par un homomor-
phisrne f * : J*(Y) -+ ll*(~lb), unique à une homotopie près; appliquant le
foncteur H n ( T (...)) on obtient un homomorphisme

bien déterminé, et vérifiant évidemment les conditions requises pour définir


un foncteur.
O est isomorphe au,fonctezlr T.
b) Le foncteur T
En effet, comme T est exact à gauche, la suite exacte

O -> tf -+ s0(ce) -+ g1(9)


coiiduit à la suite exacte

O + T(%) + T(JO(%))
+ T(gl(%)),
d'où le résultat.
c) A toute suite exacte
O+%l+ce+%ll+o
est associée une suite exacte

Comme les foncteurs T n sont, à des isomorphismes près, indépendants de I'ap-


plication % + 3*(%) choisie, on peut se ramener au cas où l'on a uiie suite
exacte
0 + j * ( z f ) -> 3* (%) -+ J* tgT) -+ 0

co~npatibleavec la suite donnée. Comme le premier terme est injectif la suite


exacte en question est décomposée, et par conséquent la suite correspondante

est exacte; d'où les homomorphismes 6 .


d) On a TB(%)= O jour n >, T si % est injectif.
En effet, la résolution 3*(%) est alors homotopiquement triviale, donc aussi le
complexe T (3" (9)).
Exemple 7.2. I . -Prenons le foncteur

alors les foncteurs dérivés sont canoniqiiement isomorphes aux foncteurs


% -t H&(X;V): cela tient à ce que 3*(9) est une résolution flasque de (e, et
aux théorèmes 4.7. I ., 4.7.2. et 4.7.3.

Exemple 7.2.2. - Choisissons un A-Module à gauche (e et considérons le


foncteur
CiÙlri -t a40,,1&((e, ,lIb) ;

les foncteurs dérivés (à valeurs dans la catégorie des faisceaux de groupes abé-
liens de base X, ou des A-Modules si A est commutatif) se désignent par la
notation
6%tk ((e, JJIo) .

Exemple 7.2.3. - Les notations étant comme dans l'exemple précédent, on


peut considérer le foncteur
-t ;
Hom&(%, ~lb)
les foncteurs dérivés (à valeurs dans la catégorie des groiipes abéliens) se
notent
Extk(9, J%).

On laisse a u lecteur le soin de traduire les propriétés (a), ..., (d) dans les deux
exemples qu'on vient d'exposer.
En particulier, si l'on prend V = A il vient

par suite on a la formule


Hn(X;J%) = Exti(&) ~'Iilii)
pour tout A-Module à gauche Jùb.

7.3. - La suite spectrale des Ext


Nous aurons besoin des deux lemmes suivants :

Lemme 7.3.1. - Soient (e et Jin, deux &-Modules àgauche. Pour tout ouvert U de X
on a un isomorphisme canonique

Tout homomorphisme 9, -t J% définit évidemment un homomorphisme


%lu-+ Jin,] U qui le détermine entièrement puisque %,(x) = O pour x $ U.
Soit d'autre part un homomorphisme f : (e / U -t J%J U ; définissons une appli-
cationfde l'espace étalé (e, dans l'espace étalé ,Nb en lui imposant de coincider
avec f au-dessus de U, et d'être nulle au-dessus de X - U ; tout revient à mon-
trer que f est continue. O r soit une section s E (eU(V),V ouvert dans X ; puisque
la restriction de s à U n V est une section de (eu on voit que .f O s est conti-
nue dans U n V; mais s est nulle dans U - U n V, donc dans un ouvert W
vérifiant
U=Wu(UnV);

il en est de même de f o s, d'où la continuité de f o s dans V tout entier.

Lemme 7 . 3 . 2 . - Soient (e et 3 deux &-Modules à ,gauche; si 3 est injectif, le fais-


ceau % o w t ~ , ((e, 3) est jasque.
Une section de ce faisceau dans un ouvert U est en effet un homomorphisme
(elU -t 3 jU, i.e., d'après le Lemme précédent, un homomorphisme (eu + 3;
comme 3 est injectif el comme (e, est un sous-&-Module de (e, cet homo-
morphisme est induit par un homomorphisme (e + J, d'où le Lemme.

Théorème 7 . 3 . 3 . - Soient X un espace topologique, k un faisceau d'anneaux de


base X I et (e, ~bbdeux ,&-Modulesà gattche. Il existe une suite spectrale pour laquelle
E<q = HP(X ; &~tk(!d?~
JZL))
et dont le terme Ev; est le groupe b-qradué associé à une Jiltration convenable du grouce

Prenons une résolution injective CI* (J%) et formons le double complexe

O n a pour ce double complexe


' E p = Hq[CP(X; %OMI
((e, CI* (J%)))] = CP[X; % q ( % ~
(2, 3* (~lfb)))]

puisqu:: le foncteur CP(X; ...) est exact. Il vient donc

et par conskquent
'E$q = HP (X; &xt"(ce, J%)).
Par ailleurs

en vertu du Lemme 7.3.2. cette suite spectrale est dégénérée, de sorte que
Hn(K) = "Eg"= Hn(&ollt((e, J* (Ab))) = Extn((e, .jlb),

ce qui termine la démonstration.


Corollaire. - On a une suite exacte

Cela résulte du Théorème 4.5.1. du chapitre I.

7.4. - Utilisation d'une résolution localement libre

Considérons le faisceau d'anneaux k sur l'espace de base X; pour tout entier


n >, I on notera An le produit direct de n faisceaux identiques à A; on peut
considérer An comme un A-Module à gauche ou à droite. Nous dirons qu'un
A-Module (e est localement libre si, pour tout ouvert U c X assez petit, (elU
est isomorphe comme (A 1U)-Module à un produit AnIU (l'entier n pouvant
dépendre de U). Enfin, nous dirons qu'un &-Module (e est jnitiste s'il existe
une résolution homologique

de % par des &-Modules localement libres (une telle résolution sera appelée
une résolutionjnitiste de (e), et on dira. que (e est localement jnitiste si, pour tout
ouvert U c X suffisamment petit, le (&lu)-Module (e / U est finitiste.
Par exemple, les faisceaux algébriques cohérents » considérés par J. P. SERRE
(Annals o j ' Math., 61 (1g55), pp. 197-278) sont localement finitistes; il en est de
même des « faisceaux analytiques cohérents » de la théorie de Cartan-Oka.
Notons d'abord le résultat suivant :

Lemme 7.4.1. - Soit (e un &-Module à gauche localement libre; pour tout &-Module à
gauche J%, on a
8 ;) =O pour q > 1.

Il suffit pour cela de montrer que le foncteur jh -t %W,!~(%, A) est exact; or,
le problème étant de nature locale, on peut supposer (e = M , auquel cas on
obtient le foncteur J% + JW, d'où le lemme.
O n notera que le lemme précédent, combiné avec le Théorème 7.3.3, conduit à
des isomorphismes canoniques

toutes les fois que (e est localement libre.

Théorème 7.4.1. - Soient Ce un &-Module à gauche jnitiste, %* une résolution


finitiste de (e, et J& un &-Module à gauche quelconque; on a des isornorphisrne.~canoniques
Soit en effet JIL* une résolution injective de J% et considérons le faisceau de
doubles complexes
x = ~ 0 l 4 1 & ( Y * , ,il\?*)
dont les composant~ssont les faisceaux

Nous plaçant dans la catégorie abélienne des faisceaux de groupes abkliens


sur X, nous allons calculer la premiPre suite spectrale de JC. O n a évidemment

de sorte que d'après le Lemme 7.4.1. cette siiite spectrale est dégénérée;
comme évidemment
1 &,
no - %n(%~,w&(Ce,,JIL)),

il nous reste à établir qu'on a par ailleurs des isomorphismes canoniques

pour cela on utilise la seconde suite spectrale de 3L; on a

comme JZV est injectif et comme (e, est une résolution homologique d e Le, il
reste
"8yg = O ( 4 >, 1) ; '&y = %.w&((e, dbP),

d'où immédiatement le résultat cherché.

Corollaire. - S'oient un &-Module 1ocalenzentJinitiste et JI


(e un
~ &-Module
J quel-
conque; pour tout x E X, on a dey isomorphismes canoniques

&,t& ((e, A)(x) = Extje(,, ((eh), J J L ( ~))-

Tout d'abord, en s'induisant dans un ouvert suffisamment petit, on peut se


ramener au cas où le A-Module (e est finitiste. Dans ces conditions, en conser-
vant les notations d u Théorème précédent, il est clair que les groupes ponctuels
du faisceau &rtjb(Le,j&) sont les groi.lpes de cohomologie des complexes

mais comme 9, est composé de faisceaux localement libres, ces complexes sont
canoniquement isomorphes aux complexes
FONCTEURS D É R I V É S E N T H É O R I E DES F A I S C E A U X 267

et comme (e, ( x ) est une résolution libre du A(x)-module %(.Y),


le résultat cher-
ché s'ensuit.
O n peut démontrer le Corollaire préckdent dans des hypothkses assez diffé-
rentes (notamment en supposant que (e est un Module « cohérent » siir un
faisceau « cohérent » d'anneaux noethériens; cf. A. GROTHENDIECK, Sur qzcelques
points d'Algèbre Homologique, article à paraître a u Tohoku Math. Journal).
APPENDICE
RÉSOLUTZONS SIMPLICIALES STANDARD

1. - Cinq règles de calcul fonctoriel


Étant données des catégories R' et Ru, on a défini au chapitre 1, § I, la notion
de foncteur covariant F : R' -t R"; et étant donnés deux foncteurs covariants
F, G : R'+ R", on a défini la notion d'homomorfihisme de foncteurs 0 : F -t G.
On a défini aussi le composé de deux foncteurs F : R -+ R' et G : $' -t Rn,
qui est un foncteur G O F : R -t R"; et étant donnés trois foncteurs covariants
F, G, H : R' + R" et deux homomorphismes de foncteurs cq : F -+ G et
+
S) : G -+H, on définit leur composé O cq : F -+ H par la formule

valable pour tout XER'.


Considérons maintenant deux foncteurs F, G : R' -t R" et un homomor-
phisme 0 : F -t G. Si l'on a deux autres foncteurs covariants U : R" -t 93''
et V : 9' -t RI, on déduit de là un nouvel homomorphisme de foncteurs

donné par la formule

Si U (resp.V) est le foncteur identique, on écrira simplement û * V (resp. U * 8).


11 existe entre l'opération * que nous venons de définir et les deux lois de
composition définies plus haut des relations simples; on peut les concentrer
en cinq règles de calcul que nous nous bornerons à énoncer, attendu que les
démonstrations en sont triviales :

cette formule est valable lorsque l'on a des foncteurs F, G : R' -t R", un
homomorphisme 8 : F -+ G, et des foncteurs V : R" -+ Dr et U : Dr+ D";
(II) e * ( u o v )= (e*u)*v;
cette formule est valable, comme la précédente, pourvu qu'elle ait un sens;
(III (u*e)*v=u*(o*v) =u*e*v;
cette formule est valable dès que son dernier terme est défini;
(IV) u * ( e l 0 e t l ) * v= ( u * e l * v ) ( u * e U * v ) ;
cette formule est valable lorsque l'on a des foncteurs F, G, H : R' -t R",
des homomorphismes 6' : G + H et 8" : F + G, et des foncteurs
et V : Rr -+ m l ;
U : al1-+bB1r

(VI ( + * G ) O ( U a Y )= ( V * ? ) 0 ( + * F ) ;
cette formule est valable lorsque l'on a des foncteurs
F, G : R'
ainsi que des homomorphismes
-+ R" et U,V : R" -a,
lg:F-+Get+:U-tV.

2. - Objets semi-simpliciaux
Nous désignerons par A la catégorie suivante : ses objets sont les « simplexes
, du chapitre r, 5 3, et Hom (ap, Ag) est l'ensemble
types » A,(n = o , ~...)
des applications croissantes (au sens large) de A, dans A, - étant entendu
que la composition des homomorphismes dans A est définie comme s'il s'agis-
sait d'applications, ce qui est d'ailleurs le cas.
Étant donnée une catégorie quelconque R, un objet semi-simplicial dans R
sera par définition un foncteur covariant

on posera Fn = F(A,) E R et on écrira le plus souvent F* sous la forme (F"),,


30.

Noter que cette définition est orientée vers la cohomologie; le point de vue
dual s'obtiendrait en remplaçant ,R par la catégorie duale.
Soit n un entier ),O; dans l'ensemble Hom (A,, A, + ,) figurent les appli-
cations (l)
d:: An+A,+, ( o , < i , < n + 1)
qui définissent dans A,,+ les simplexes singuliers de la forme (O, .,.E,. ., n + I);
de même, dans l'ensemble Hom (A,+,, A,) figurent les applications
3,: A + A,, (O ,( i ,( n)
qui définissent les simplexes singuliers (O ,...,i - ~ , i , i , i + I ,...,n) de A,. Il
est trivial de vérifier que tout homomorphisme A, -+ A, dans la catégorie A

(1) On a di = FA,, avec les notations de Chapitre I, no 3.5 (p. 46).


est composé d'homomorphismes de la forme précédente; on peut aussi montrer
que toute relation entre homomorphismes dans la catégorie A peut se déduire
formellement des relations que voici :
(a) : d i + , o dL = d,f+, o di-'
. . (i < j )
( 6 ) : sJ, O s:, + , -
- s;,, s ,j ,+f ii (i <j)

-
(c) : s i + , 0 dA+, = O s i - '
( d ) : s,t 0 d,f s l O di+-' = identité
( e ) : sj',+,od,l.+,-d,f-'osi
(i

(j+~<i)
Il s'ensuit que, pour définir dans une catégorie R un objet semi-simplicial F",
il est nécessaire et suffisant de se donner d'une part des objets Fn de R, et
d'autre part des homomorphismes

satisfaisant aux relations ci-dessus; ce sont les opérateurs de -face et de dégéné-


rescence de F*. Dans la pratique, et sauf danger de confusion, nous écrirons
toujours dn et s', a u lieu de F*(di) et F*(sL).

3. -La construction fondamentale


Soient R une catégorie et CS (R) la catégorie des objets semi-simpliciaux
dans R; on se propose dans ce no de construire des foncteurs covariants

Pour cela il faut construire des foncteurs Fn : ,R -t R(n >, o) et des hoino-
morphismes dj : Fn + P+l,s: : Fn+l+ Fn vérifiant les relations (a) à (e)
d u no 2.
Nous procéderons comme suit. Partant d'un foncteur covariant

nous définirons tout d'abord des foncteurs Cn : R -t R en posant


Co = identité, Cfi+1= C o CR,
et nous poserons
F" = C"+l (nho).
Supposons maintenant donnés deux homomorphismes de foncteurs
k : C o + Cl, p : C2-+ Cl;

par les formules suivantes :


Nous prendrons évidemment pour k(A) l'injection canonique. Pour définir
p(A) il suffit d'attacher « naturellement », à toute section continue de

au-dessus d'un ouvert U de X, une section continue de CO(X; A) au-dessus


de U ; autrement dit, il suffit d'attacher à toute section non nécessairement
continue de P ( X ; A) au-dessus de U, soit x + s(x), une section non néces-
sairement continue de A au-dessus de U, soit x -t s(x); or pour tout XEU,
l'élément s(x) de la fibre de x dans eO(X;A) est un germe de section non néces-
sairement continue de A au point x, donc peut se présenter par une application

définie pour x, assez voisin de x; nous poserons alors

valeur au point x du germe de section s(x) de A.


O n doit maintenant vérifier les relations (A) et (B) du no précédent, et tout
d'abord la relation

(A) p 0 (C * k) = p O .
(k C) = identité,
qui s'écrit plus explicitement sous la forme
p ( ~ O) C(k(&)) - p(A) 0 k(C(.h)) = identité
pour tout faisceau A de base X. Puisque les deux premiers membres de cette
relation sont des homomorphismes de faisceaux
C(A) = CO(X;Jb) + e O ( x ;A) = C(A),
tout revient à examiner leur effet sur les sections de eO(X; A). Soit donc s
une section continue de CO(X; A) au-dessus d'un ouvert U, représentée par
une section non nécessairement continue S de A au-dessus de U. L'image de s
par l'homomorphisme k(C(A)) est la section continue de O ( X ; CO(X; A))
déduite de s par l'injection canonique

cette image est représentée par une section non nécessairement continue de
P ( X ; A), à savoir s (qui est en fait continue) ; il s'ensuit que l'image de s par
p(A) o k(C(A))est représentée par la section non nécessairement continue de JO
obtenue en attanchant à tout x E U la valeur en x du germe s(x) de section de A,
valeur qui n'est autre que i(x) ; par suite l'image de s par p(,R) O k(C(Jb))est s,
ce qui prouve que p O (be) est l'identité. Considérons maintenant p O (Cmk).
On doit calculer tout d'abord la section X de CO(X;CO(X;A)) qui se déduit
de s par I'homornorphisme C(k(A)),lequel s'obtient en appliquant le foncteur C
à I ' h ~ m o m o r ~ h i s mde
e faisceaux
k(,%) : A -+ e O ( X ;A).
En notant k,(W) l'application de la fibre de x dans .b dans la fibre de x dans
e O ( X ;A) induite par k(&), on en déduit que, la section continue s de e O ( X ;A)
étant représentée par la section non nécessairement continue S de A, l'image
de s par C(k(A)) sera représentée par la section non nécessairement continue

de CO(X;,$). Si maintenant l'on appliqile p(.h) a i i résultat obtenu on trouvera


la section non nécessairement continue de A donnée par

est l'application qui, à tout germe de section (continue ou non) de A en x,


associe sa valeur en x. Pour achever la démonstration de (A) il reste donc à
prouver que l'on a

(*) h,(.%) o k,(&) = identité,


autrement dit que si l'on représente un élément s de & ( x ) par un germe de
section continue de .IL en x, la valeur en x de ce germe est s - ce qui est trivial.
Établissons maintenant l'identité

il s'agit cette fois d'homomorphisrnes de foncteurs C3 + C, donc, pour tout


faisceau ,&, d'homomorphismes de faisceaux

et on doit examiner leur effet sur une section continue s de S 2 ( X ;,,b) au-dessus
d'un ouvert U, i.e. sur une section non nécessairement continue 7 de
@ ( X ; A) = CO(X;CO(X;A))
au-dessus de U, le résultat devant être une section non nécessairement continue
de A au-dessus de U.
Pour chaque xoE U, S(x,) est un germe de section non nécessairement conti-
nue de f O ( X ;k) a u point x,; on peut donc le représenter par une section
non nécessairement continue

de eO(X; A) définie dans un voisinage de x,, ou même si l'on veut dans U


tout entier. L'élément S(x,, x,) est à son tour un germe de section non néces-
sairement continue de .Po au point x,, donc se représente par une application

définie au voisinage de x,, ou même si l'on veut dans U tout entier.


CalcuIons maintenant l'effet de p o ( C * p ) , i.e. de I ' h o m ~ m o r ~ h i s mde
e fais-
ceaux @(<&) o C[p(.ly)], sur la section s. Posons, pour simplifier les notations,

et ainsi de suite. Pour chaque XE X, l'homomorphisme de faisceaux

@(.h) : .bl -> Al0


induit une application
px(dl,,): A1(x) + A0(x)

des fibres correspondantes; comme C(@(A))est 17homomorphisn.iede faisceaux


C(,$l) -z C(.&O) obtenu en appliquant le foncteur C à fi(,%),il est clair que la
section de C(AO)= AL déduite de s par C(@(&))sera représentée par la sec-
tion non nécessairement continue

de ,1100; or l'élément S(x) de ,!ol(x) est représenté dans .19 par la fonction S(x,xI,xZ)
des variables x,, x, E U ; par construction de P on déduit de là que p,(,,iq) (S(X))
est le germe de section non nécessairement continue de h , au point x qui est
représenté par la fonction x, -t S(x,x1,x1); si maintenant l'on applique p au
résultat trouvé, on voit que l'effet de p 0 (C *@) sur s n'est autre que la section
non nécessairement continue
x -+ S(x,x,x)
de A au-dessus de U.
Examinons enfin l'effet de P O (p*C) surs, i.e. I'image de la sections par l'homo-
morphisme de faisceaux @ (A) 0 @ (C (A)). O n doit d'abord calculer l'image de s
par p(C(Jz)], i.e. appliquer fi A s considérée comme section continue du fais-
ceau P ( X ; CO(X;Cl(&))), ce qui donne évidemment la section non nécessai-
rement continue de C(A) = <%O représentée par l'application x + S(x,x) E &o(x) ;
ceci fait, on doit encore appliquer ~ ( hau) résultat; mais comme s(x,x) est le
germe défini au point x par la section non nécessairement continue

de A, il est clair qu'on trouve la section non nécessairement continue

de ,b au-dessus de U; comparant avec le résultat obtenu pour p o ( C *@) on voit


que l'identité (B) est établie.
Les identités (A) et (B) étant vérifiées, la méthode développée a u no précédent
GODEMENT '9
s'applique, et conduit à une structure semi-simpliciale sur le foncteur

on laisse au lecteur le soin de vérifier qu'elle coïncide bien avec celle qu'on a
définie explicitement au chapitre II, 5 6; ce point n'a du reste aucune espèce
d'influence sur la définition des produits donnée au chapitre II, 5 6.
II serait utile d'améliorer les démonstrations de (A) et (B) que nous avons
exposées ci-dessus, démonstrations dont l'obscurité n'est que trop évidente.
La situation serait entièrement trivialisée si l'on pouvait démontrer à priori
la conjecture suivante : pour tout entier n ),O, il existe un seul homomorphisme
de foncteurs F ( X ; A) + SO(X;A); on peut même, ce ri'est pas moins facile,
conjecturer que les seuls homomor+hismesde foncteurs $P(X; <th) + :B(X; A,) sont ceux
qui se déduisent des applications croissantes A, + A, et de la structure serni-simpliciale
du ,foncteur
,4', + P ( X ; A).

5. Résolutions semi-simpliciales
Aussi longtemps qu'on se place sur la catégorie des faisceaux d'ensembles de
base X , la question de savoir si 4*(X;JL) est une résolution de .l, ne se pose pas;
mais nous devons maintenant expliquer pourquoi il en est bien ainsi lorsqu'on
se place sur la catégorie des faisceaux de groupes abéliens de base X.
Reprenons pour cela les hypothèses du no 3 : on a un foncteur covariant

où R est une catégorie quelconque, et des homomorphismes de foncteurs

vérifiant les conditions (A) et (B) ; nous n'aurons du reste besoin dans ce qui
suit que de l'homomorphisme k, I'homomorphisme p ne jouant aucun rôle
dans les calculs qu'on va développer.
Considérons maintenant un foncteur covariant

à valeurs dans une catégorie abélienne 3 ; posant comme au no 3

F0 = C , ...y F"+l = C o F", ...


le foncteur gradué F* = est muni comme on l'a vu d'opérateurs
d; = Ci * k * Cn-i+l-
posant
T" = T 0 Fn, T* = (S"),ào'
on a donc de même des opérateurs de face T * d,l sur le foncteur gradué Th,
et comme 'U. est une catégorie abélienne on peut définir Urie dzJérerztielle
d : TILL,T " + l
par la formule
i=n+l

cela dit, nous nous proposons de démontrer tout d'abord le résultat suivant :
supposons qu'il existe un homomorphisme de foncteurs
h : TOC->T

h O .
(T k ) = identité;

alors pour tout X E ,R la suite d'objets et d'homomorphismes

est exacte dans la catégorie 24.


Puisque T ,k admet un inverse à gauche il est clair que T k est injectif.
Posons maintenant T-l = T et d-, = T * k ; pour établir le résultat annonck
.
il suffira évidemment de construire des homomorphismes de foncteurs
h,: T n + l - > T n ( n > - 1 )
vérifiant les relations
h, O d,, + dm-, O h,-, = identité

pour n > o. Nous allons vérifier que la formule

convient. Le premier membre de la relation à établir s'écrit en effet

y
d
(- 1)'h. 0 (T * di:) -1 'y (-
d
q r ( T* 4 - i )

-A, 0 ( T * d t )-1 E ( P I [(T * d L 1 )


) ! hrL-f-/lrL O (T*fi;,+l)]

(T * d,f-,)
.
et par conséquent il suffira d'établir les relations
hn 0 (T dl,) = identité
O h ,,-, = hn 0 (T * d P 1 )
>, 0)
(72
(0 s i ,< 4.
O r on a

d'où la première relation. Quant à la seconde elle s'écrit


et se ramène, moyennant les règles (1) à (IV) du no 1, à

(Ti-' * k) 0 (h * Ci)= (12 * Ci'l) 0 (T'*


k),
relation qui résulte aussitôt de la règle (V) du il0 I .

Revenons maintenant à la théorie des faisceaux, en prenant pour J? la catégorie


des faisceaux de groufies abéliens sur un espace X, pour C le foncteur

et pour k l'homomorphisme canonique A --+ eO(X; ,%) déjà utilisé au no


précédent; pour montrer que 9*(X; A) est une résolution de A il suffira évidem-
ment d'appliquer le résultat que nous venons d'établir en prenant pour T
n'importe quel foncteur de la forme

à valeurs dans la catégorie des groupes abéliens. Tout revient donc à construire
pour chaque X E X un homomorphisme de foncteurs

vérifiant h, 0 .
[T, k ] = identité; or T, * k n'est autre que l'injection évidente

déjà utilisée au no précédent; il suffit alors, en vertu de la relation (*) établie


au no précédent, de définir h, par la condition d'induire l'application
h, (A) : e0(X; A) (x) + A(x)
du no précédent, pour obtenir un homomorphisrne h, vérifiant la condition
requise.
Les méthodes précédentes ne s'appliquent pas seulement en théorie des fais-
ceaux; elles permettent par exemple de retrouver les comfilexes standard de la
théorie des algèbres associatives (H. Cartan-S. Eilenberg, Homological Algebra,
pp. I 74- I 75). Pour cela on part d'une algèbre A sur un anneau commutatif A,
on prend pour R la catégorie des A-bimodules, et pour C le foncteur

on se place au point de vue homologique (ce qui revient à « renverser le


sens des flèches N dans les constructions précédentes), de sorte qu'ici

avec n $ r facteurs égaux à A. Les hornomorphismes k et p, i.e,


se définissent à l'aide des applications a @ x -7 ah: et a @ x -i a @ I @ x .
O n laisse au lecteur le soin de vérifier que l'opérateur bord du complexe F,(X)
est bien donné par la formule habituelle. Enfin, pour montrer que F,(X) est
une résolution de X, on applique la méthode que nous avons développée plus
haut, en prenant pour la catégorie des A-modules, pour T le foncteur iden-
tique X -t X de d dans ')I, et pour h 1'homomorphisme défini par la formule

Rappelons que la théorie homologique des algèbres associatives comprend


en particulier celle des foncteurs Ext et Tor, l'homologie des groupes, et l'homo-
logie des algèbres de Lie, théories qui sont par conséquent susceptibles d'être
exposées à l'aide des méthodes simjliciales. Comme celles-ci s'appliquent aussi
à la cohomologie - de cech ou de Grothendieck - A valeurs dans un fais-
ceau, ainsi qu'à tout ce qui se rattache à l'homologie singulière, et à la théorie
de l'homotopie, il semble juste de Ics considérer comme l'un des instruments
les plus importants dont on dispose actuellement en Topologie.
INDEX DES NOTATIONS

An
XXY
EXri
S'uri
EY. d.. E y
Ext; (L. M)
Tor,A(L. M)

9 1y
ra (3)
ce 63 J%
%*.9"
9 & ~819
%"((e*)
TABLE D E S MATIERES

1. .
CHAPITRE ALGEBRE HOMOLOGIQUE

tj . - Modules
1 et foncteurs .............................................. 3
. .. Suites exactes de modules .............................
I I 3
. - Propriétés des groupes Hom (L, M) ......................
I 2. 3
r .3. - Modules projectifs ..................................... 4
1 .4. - Modules injectifs....................................... 6
I .5. - Produits tensoriels ..................................... 7
I .6. - Limites inductives ..................................... 9
I .7. - Catégories et foncteurs ................................. 11
I .8. - Catégories abéliennes ................................... '3
I .9 . - Préfaisceaux sur un espace topologique ................... 16
5 2.. GLnéralités sur les complexes ........................................ 19
2 .I . - Modules différentiels .................................. 19
2 . 2 . - Complexes ........................................... 22
2.3. - Complexes augmentés; résolutions ...................... 24
2.4. - Opérateurs d'homotopie ............................... 26
2.5. - Le théorème des modèles acycliques .................... 27
2.6. - Complexes doubles.................................... 3'
2.7. - Produit tensoriel de deux complexes..................... 32
2.8. - Complexes d'homomorphismes ........................... 33
8 3.. Complexes simpliciaux ............................................. 35
3.1. -Définitions ........................................... 35
3.2. - Chaines d'un schéma simplicial ........................ 37
3 .3. - Cochaines à valeurs dans un système de coefficients......... 42
3.4. - Chaînes singulières d'un espace topologique . . . . . . . . . . . . . 44
3.5. - La différentielle d'un complexe simplicial................. 46
3.6. - Produit cartésien de complexes simpliciaux ................ 49
3.7. - Homotopies simpliciales ................................ 51
3.8. - Chaînes orientées et cochaines alternées.................. 58
3 .9. - Équivalence entre produits cartésiens et tensoriels .......... 63
.
3 . I O - Extension aux complexes de cochaînes simpliciaux .......... 66
. .
3 I 1 - Produit cartésien de deux classes d'homologie ............. 68
.
3 . 1 2 - Applications diagonales ; cup-produit .................... 72
$ 4.. Suites s~ectrales.................................................. 75
.
4 . I - Modules filtrés ....................................... 75
4.2. - La suite spectrale d'un module différentiel filtré ............ 77
4.3. - Approximatioi~de E, par les E, ....................... 79
4.4. - Suites spectrales dégénérées ............................
4.5. - Cas d'une filtration ou d'une graduation positive . . . . . . . .
4.6. - Cas où la base ou la fibre est sphérique ................
4.7. - Les termes E,, El. E, .................................
4.8. - Suites spectrales d'un double complexe ...................
5 . Les groupes Ext;(L. M) et Tor,A(L. M) ..............................
5.I . - Résolutions projectives et résolutions injectives . . . . . . . . . . . . .
5.2. - Dérivés d'un foncteur .................................
5 . 3 . - Les foncteurs Extn(L, M) et Tor..(L. M) .................
5.4. - Complexes d'homomorphismes ...........................
5.5. - Produit tensoriel de complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5 .6. - Exemple d'application : homologie et cohomoIogie des groupes .

CHAPITREI I . .THÉORIE DES FAISCEAUX


8 ..
I Faisceaux d'ensembles ..............................................
I . I . - Axiomes des faisceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . ......
I . 2. - L'espace étalé attaché à un faisceau ....................
I . 3. .. Sections au-dessus d'un ensemble quelconque . . . . . . . . . . . . . .
I . 4. - Faisceaux simples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.5. - Faisceaux induits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
I . 6. - Homomorphismes de faisceaux .........................
1 . 7. - Faisceaux de germes d'homomorphismes ..................
I . 8. - Sous-faisceaux; image d'un homomorphisme . . . . . . . . . . . . .
1.9. - Faisceaux quotients ....................... ...........
I . I O . - Produit direct de faisceaux ............................
I . I I . - Limites inductives de faisceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
I . I 2. - Image rCciproque d'un faisceau par une application continue .
I . 1 3. - Image directe d'un faisceau ...........................
$ ..
2 Faisceaux de modules...............................................
2 . I . - Faisceaux d'anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.2. - Modules sur un faisceau d'anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
a .3 . - La catégorie des &Modules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.4. - Suites exactes de ,fl~.Modules.............................
2.5. - Faisceaux quotients ...................................
2.6. - Produits directs de .9,. Modules .........................
2.7. - Sommes directes de .!,.Modules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.8. - Produits tensoriels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
r .g . - Suite exacte associée à un sous-espace localement fermé . . . . . .
2 . I O . - Produit tensoriel total .................................
2 . I I . - Image réciproque d'un faisceau par une application continiie .
2.12. - Image directe d'un faisceau.............................
tj 3.. Problèmes de prolongement et de relèvement de sections. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3 . 1 . - Faisceaux flasques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3 . 2 . - Espaces paracompacts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.3. - Prolongement local d'une section . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.4. - Faisceaux mous dans les espaces paracompacts . . . . . . . . . . . . .
3 . 5 . - Faisceaux cP -mous ....................................
3.6. - Partitions d'une section d'un faisceau mou ..............
3.7. -Faisceaux fins ........................................
3 . 8 . - Un lemme sur les recouvrements d'un espace normal .....
3.9. - Application aux préfaisceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3 . I O . - Sections d'une limite inductive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
8 4.. Comologie à valeurs dans un faisceau .................................
4 . 1 . - Faisceaux différentiels..................................
4 . 2 . - Résolutions d'un faisceau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4 . 3 , - La résolution canonique d'un faisceau ..................
4 . 4 . - Cohornologie à valeurs dans un faisceau . . . . . . . . . . . . . . . .
4 . 5 . - Les suites spectrales associées à un faisceau différentiel .......
4 . 6 . - 'Théorèmes fondamentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4 . 7 . - Application aux résolutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4 . 8 . - Caractérisation axiomatique des groupes de cohomologie . . . .
4 . 9 . - Cohoinologie d'un sous-espace localement fermé . . . . . . . . .
4 . I O . - Suite exacte associée à un sous-espace fermé..............
4 . 1 I . - Relations entre la cohomologie d'un sous-espace et celIe de ses
voisinages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4 . 1 2 . - Cohomologie à valeurs dans une liinite inductive ........
.
4 . I 3 - Dimension cohoinologiclue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4 . 1 4 . - Caractère local de la dimension dans les espaces paracompacts .
4.15. - Cas des espaces compacts ou de Zariski .................
4.16. - Effet d'une application continue sur la cohomoIogie ......
4.17. - La suite spectrale des espaces fibrés ....................
8 . v
5 - Cohonzologie de Cech. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.1. - Cochaines d'un recouvrement ..........................
5 . 2 . - Résolutions définies par des recouvrements . . . . . . . . . . . . . .
5.3. - Suite spectrale attachée h un recouvrement et à un faisceau
différentiel .........................................
5 . 4 . - Relations entre la cohomologie d'un recouvrement et celle de
l'espace ............................................
5 . 5 . - Propriétés de comptabilité .............................
5.6. - Exemple dYappIication: cohomologie d'une réunion ......
5 . 7 . - Passage à un recouvremeilt plus fin ....................
5.8. - Cohornologie de eech .................................
5 . 9 . - La suite spectrale associée à la cohomologie de Cecb .........
.
5 . I O - Le théorème d'isomorphisme ...........................
5 . 1 1 . - Suite exacte en cohomologie
v
de Cech ...................
5.12. - Cohomologie de Cech et théorie de la dimension ........
8 6.. ......................................
Produit cnrt$sien et GIAP-produit
.
6 . r - Produit cartésien de deux classes de cohomologie . . . . . . . . . . .
6.2. - Calcul du produit cartésien à l'aide de résolutions ...........
6.3. - Produit cartésien en cohomologie de Cech ...............
V

6 . 4 . - Résolutions simpliciales ................................


6 . 5 . - Propriétés formelles du produit cartésien . . . . . . . . . . . . . . . .
6 . 6 . - Définition et propriétés du cup-produit ..................
7.. Foncteurs dérivbs en théorie des faisceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
7.1. - Faisceaux injectifs......................................
7 . 2 . - Dkrivés d'un foncteur covariant exact à gauche ..........
7.3. - La suite spectrale des Ext . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
7 . 4 . - Utilisation d'une résolution localement libre . . . . . . . . . . . . .

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