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Cohomologie des faisceaux

Antoine Grappin
Introduction
Nous présentons dans ce mémoire les principes de base de la théorie des faisceaux et de la cohomologie
des faisceaux, le but étant d’arriver au théorème de de Rham et à son analogue en géométrie complexe : le
théorème de Dolbeault. Nous utiliserons un certain nombre de résultats de l’algèbre homologique, et nous
ne reviendrons pas sur les définitions et les propriétés des foncteurs (covariants, contravariants) entre
deux catégories, des transformations naturelles (ou morphismes fonctoriels) entre foncteurs covariants
(resp. contravariants), des diagrammes commutatifs, des limites inductives et projectives, des catégories
additives, exactes et abéliennes, des foncteurs exacts (à gauche, à droite), et des foncteurs dérivés de
foncteurs additifs entre catégories abéliennes.
Nous commencerons dans une première partie par définir la notion de préfaisceau de groupes abéliens
sur un espace topologique. Viendront ensuite les notions de faisceau (de groupes abéliens sur un espace
topologique) et de fibres et de germes d’un préfaisceau, qui serviront dans la section quatre à construire
le faisceautisé d’un préfaisceau. Nous nous restreindrons aux (pré)faisceaux de groupes abéliens car ce
cas particulier suffit pour démontrer les résultats auxquels nous voulons arriver. Cependant, il faut gar-
der à l’esprit que les énoncés qui suivent dépendent en majeure partie du fait que l’on considère des
(pré)faisceaux à valeur dans une catégorie abélienne, et pourraient donc être exprimés de manière plus
générale.
Pour parler de cohomologie des faisceaux, nous utiliserons le résultat fondamental suivant
 : la catégorie
des faisceaux de groupes abéliens sur un espace topologique X, OX , notée Sh X , est abélienne. Le
foncteur principal qui nous intéressera sur celle-ci, et qui nous permettra de définir la cohomologie d’un
faisceau, est le foncteur « sections globales » défini comme suit
 
ΓX = Γ X, · : Sh X −→ Ab
F 7−→ F(X)
 
HomSh(X) F, G −→ HomAb F(X), G(X)
φ 7−→ φX

Nous montrerons que c’est un foncteur entre catégories abéliennes, covariant, additif et exact à
gauche, mais, et c’est le point important, pas à droite : c’est-à-dire que si F, G ∈ Sh X , et si
φ ∈ HomSh(X) F, G est un épimorphisme, Γ X, φ = φX n’est pas forcément un épimorphisme dans la
catégorie Ab, i.e n’est pas forcément surjectif.
Cette observation
 est à l’origine de la théorie de la cohomologie des faisceaux de groupes abéliens
sur X, OX . Le but de cette théorie est de comprendre ce défaut d’exactitude grâce à l’utilisation de
certains invariants. Nous remarquons d’abord que la catégorie abélienne Sh X possède suffisamment
d’injectifs, ce qui nous permet de définir les foncteurs dérivés à droite de ΓX : les Ri ΓX pour tout entier
i > 0, usuellement noté
H i X, · : Sh X −→ Ab
 

et appelés foncteurs de cohomologie. Ce sont ces foncteurs qui vont retenir notre attention par la suite.
Pour arriver aux deux théorèmes qui guident notre approche, nous aurons besoin, entre autre, du
lemme suivant,
 primordial en algèbre homologique : pour calculer les groupes de cohomologie d’un faisceau
F ∈ Sh X , on peut passer par une résolution ΓX -acyclique de F plutôt que par une résolution injective
(comme le préconise la définition). En effet, on verra qu’on ne connaît pas en général de résolution
injective concrète pour les faisceaux qui vont nous intéresser, alors qu’on va en déterminer des résolutions
ΓX -acycliques « exploitables ». Nous construirons ainsi deux complexes de cochaînes dR et Dol dont nous
montrerons qu’ils sont respectivement des résolutions ΓX -acycliques du faisceau constant à valeur dans
R, noté R, sur une variété différentiable X, et du faisceau des applications holomorphes OX sur une
variété complexe X.
Pour pouvoir exploiter ces résolutions, nous aurons besoin d’un autre résultat important : nous mon-
trerons dans une section du chapitre deux que les faisceaux de C ∞ -modules sur une variété différentiable
X sont ΓX -acycliques.

1
Table des matières

1 Théorie des faisceaux 3


1.1 Préfaisceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Fibres et germes d’un préfaisceau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Faisceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.4 Faisceautisation d’un préfaisceau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.5 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.5.1 Faisceau constant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.5.2 Faisceau des applications différentiables/holomorphes sur une variété différen-
tiable/complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.6 Noyaux et images de préfaisceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.6.1 Noyaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.6.2 Images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.7 Conclusion sur la catégorie des faisceaux sur X . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

2 Applications 14
2.1 Préliminaires d’algèbre homologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.2 Où l’on prouve l’acyclicité de certains faisceaux vis-à-vis du foncteur sections globales . . 16
2.2.1 Faisceaux flasques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.2.2 Résolution de Godement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2.3 Faisceaux fins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.3 Résolution et théorème de de Rham . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4 Résolution et théorème de Dolbeault . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

2
Chapitre 1

Théorie des faisceaux

Comme nous l’avons dit, nous ne considérerons que des (pré)faisceaux de groupes abéliens, mais nous
pourrions tout aussi bien fixer une catégorie abélienne quelconque et travailler avec des (pré)faisceaux
d’objets de cette catégorie. 
Sauf précision, X, OX désignera dans ce chapitre un espace topologique. Commençons par
une remarque importante. On peut considérer OX comme une catégorie dont les objets sont les ouverts
de X et, pour U, V ∈ OX , dont les morphismes de V dans U sont donnés par :

 {iV →U } si V ⊂ U
HomOX V, U =
∅ sinon

En particulier, pour tout U ∈ OX , HomOX U, U = {IdU }. 
On parle de la catégorie formée par les ouverts de X, parfois notée Ouv X .

1.1 Préfaisceaux
Définition 1.1.1 (Préfaisceau). Un préfaisceau de groupes abéliens sur X, que l’on abrégera par
préfaisceau sur X par la suite, est un foncteur contravariant

F : OX −→ Ab
U 7−→ F(U )

qui est tel que (i) F(∅) = {0}.

Notons que l’on peut ainsi parler de la catégorie


 des foncteurs contravariants de OX dans Ab vérifiant
(i), catégorie que l’on notera FCon,(i) OX , Ab , ou encore PSh(X), et dont les objets sont les préfaisceaux
sur X, et les morphismes entre préfaisceaux sur X les transformations naturelles entre objets de cette
catégorie.
Définition 1.1.2 (Section d’un préfaisceau). Soit F un préfaisceau sur X et U ∈ OX .
Une section de F sur U est un élément σ ∈ F(U ).
Notation 1.1.3. Soit F un préfaisceau sur X et soit U, V ∈ OX tels que V ⊂ U .
(i) On note le plus souvent F(iV →U ) par ρV,U , voire ρF V,U . ρV,U est donc un élément de

HomAb F(U ), F(V ) , i.e. un morphisme de groupes. On parle de morphisme de restriction.
(ii) Soit σ une section de F sur U . On note souvent ρV,U (σ) par σ|V (section de F sur V ) et on parle
de la restriction de σ à V .

Remarque 1.1.4. Soit F un préfaisceau sur X.


Par définition, les deux points suivants sont trivialement vérifiés.
(i) ∀ U ∈ OX , ρU,U = IdF (U ) ;
(ii) ∀ U, V, W ∈ OX tels que W ⊂ V ⊂ U , ρW,U = ρW,V ◦ ρV,U .

3
Remarque 1.1.5 (Morphisme de préfaisceau). Y
 
Soit F, G deux préfaisceaux sur X et soit φU U ∈O ∈ HomAb F(U ), G(U ) une famille de mor-
X
U ∈OX
phismes de groupes. Les assertions suivantes sont équivalentes :

(i) φ : F −→ G ∈ HomPSh(X) F, G ;
  
(ii) ∀ U, V ∈ OX tels que V ⊂ U , ∀ s ∈ F(U ), φU (s) |V = φ s|V .

Ceci se résume par la commutativité du diagramme suivant :

ρF
V,U
F(U ) F(V )

φU φV

G(U ) G(V )
ρGV,U

1.2 Fibres et germes d’un préfaisceau


Définition 1.2.1 (Fibre). Soit F un préfaisceau sur X et x ∈ X. On appelle fibre ou tige de F en x
le groupe abélien,
 noté Fx , défini comme la limite inductive du système inductif de groupes abéliens
F(U ), ρV,U indexé par l’ensemble ordonné filtrant constitué des ouverts de X contenant x et muni de
l’inclusion.
On montre facilement, comme pour une limite inductive d’un système inductif d’ensembles, que si

Fex = (U, s) | U ∈ OX contenant x, s ∈ F(U )

est muni de la relation d’équivalence R définie par

(U, s)R(V, t) ⇔ ∃ W ∈ OX tel que x ∈ W ⊂ U ∩ V et s|W = t|W

alors
Fx = Fex /R
sachant que la structure de groupe abélien est donnée par

+ : Fx × Fx −→ Fx

(α, β) 7−→ U ∩ V, s|U ∩V + tU ∩V

où (U, s) ∈ α et (V, t) ∈ β. Vérifions rapidement que cette loi est bien définie. Soit (U1 , s1 ), (U2 , s2 ) ∈ α
et (V1 , t1 ), (V2 , t2 ) ∈ β. Soit W, W 0 deux ouverts de X contenant x, inclus respectivement dans U1 ∩ U2
et V1 ∩ V2 , et tels que s1|W = s2|W et t1|W 0 = t2|W 0 . Nous voulons montrer que
 
U1 ∩ V1 , s1|U1 ∩V1 + t1|U1 ∩V1 = U2 ∩ V2 , s2|U2 ∩V2 + t2|U2 ∩V2

Or, en posant W 00 = W ∩ W 0 , W 00 est un ouvert de X contenant x et inclus dans U1 ∩ V1 ∩ U2 ∩ V2 , et



s1|U1 ∩V1 + t1|U1 ∩V1 |W 00 = s1|W 00 + t1|W 00

car W 00 ⊂ U1 ∩ V1 . De même, comme W 00 ⊂ U2 ∩ V2 ,



s2|U2 ∩V2 + t2|U2 ∩V2 |W 00 = s2|W 00 + t2|W 00

et, pour conclure, on prend les restrictions à W 00 des deux égalités s1|W = s2|W et t1|W 0 = t2|W 0 .
L’associativité et la commutativité de cette loi de composition interne sont évidentes, et on montre que
∀ U ∈ OX , (U, 0) est l’élément neutre de ce groupe. Enfin, ∀ α ∈ Fx et (U, s) ∈ α, −α = (U, −s).
Définition 1.2.2 (Germe).
Soit F un préfaisceau sur X. Soit U un ouvert de X, s une section
x
de F sur U , et x ∈ U .
On appelle germe de s au point x, noté sx , l’élément (U, s) ∈ Fx .

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Proposition 1.2.3 (Applications induites sur les fibres par un morphisme de préfaisceaux).
Soit F, G ∈ PSh X et φ : F −→ G un morphisme de préfaisceaux. ∀ x ∈ X, φ induit un morphisme de
groupes
φx : Fx −→ Gx
x
α 7−→ U, φU (s)
où (U, s) ∈ α.
Démonstration. Soit x ∈ X. Soit α ∈ Fx et (U, s), (V, t) ∈ α. Soit W un ouvert de X contenant x, inclus
dans U ∩ V , et tel que s|W = t|W .   
φU (s) |W = φW s|W

= φW t|W
 
= φV (t) |W
et on conclut que φx est défini. Soit α, β ∈ Fx . Soit (U, s) ∈ α et (V, t) ∈ β.
 x 
φx (α + β) = φx U ∩ V, s|U ∩V + tU ∩V
  x
= U ∩ V, φU ∩V s|U ∩V + tU ∩V
   x
= U ∩ V, φU ∩V s|U ∩V + φU ∩V tU ∩V
     x
= U ∩ V, φU (s) |U ∩V + φV (t) |U ∩V
x x
= U, φU (s) + V, φV (t)
= φx (α) + φx (β)

donc φx est un morphisme de groupes.

1.3 Faisceaux
Définition 1.3.1 (Faisceau). Un faisceau de groupes abéliens sur X, que l’on abrégera par faisceau
sur X par la suite, est un préfaisceau sur X satisfaisant l’axiome suivant pour tout U ouvert de X :
  Y
(i) ∀ Ui i∈I recouvrement ouvert de U , ∀ σi i∈I ∈ F(Ui ) telle que ∀ i, j ∈ I, σi|Ui ∩Uj = σj |Ui ∩Uj ,
i∈I
∃! σ ∈ F(U ) tel que ∀ i ∈ I, σ|Ui = σi .

On dit essentiellement que, un ouvert U et un recouvrement ouvert Ui i∈I de U étant fixés, on
peut recoller des sections σi des ouverts de ce recouvrement, et ce de manière unique, dès lors que
leurs restrictions coïncident sur les intersections de ces ouverts, deux-à-deux. Autrement dit, ∀ U ∈ OX ,
∀ Ui i∈I recouvrement ouvert de U , le morphisme de groupes
Y Y
ρUi ,U : F(U ) −→ F(Ui )
i∈I i∈I

σ 7−→ σ|Ui i∈I
Y
induit un isomorphisme entre F(U ) et le sous-groupe de F(Ui ) défini par
i∈I
n  o
σi i∈I
| ∀ i, j ∈ I, σi|Ui ∩Uj = σj |Ui ∩Uj

On peut de même définir les sections d’un faisceau F sur un ouvert U ∈ OX : il s’agit des
sections du préfaisceau sous-jacent, encore noté F, sur U . Étant donnés deux faisceaux F, G sur X, un
morphisme de faisceaux de F dans G est un morphisme de préfaisceaux de F dans G. Nous voyons
donc que, similairement, les faisceaux sur X forment une catégorie, notée Sh X . La démonstration du
lemme suivant est simple en utilisant la définition.
  
Lemme 1.3.2. Soit F ∈ PSh X , G ∈ Sh X et φ ∈ HomPSh(X) F, G .
Si φ est un isomorphisme fonctoriel, F est un faisceau.

5
1.4 Faisceautisation d’un préfaisceau
Théorème 1.4.1 (Faisceautisation d’un préfaisceau).

Soit F ∈ PSh X . Il existe un couple Ff , φ , unique à isomorphisme près, tel que

(i) Ff ∈ Sh X ;

(ii) φ ∈ HomPSh(X) F, Ff ;
  
(iii) ∀ G ∈ Sh X , ∀ ψ ∈ HomPSh(X) F, G , ∃! χ ∈ HomSh(X) Ff , G tel que ψ = χ ◦ φ.

De plus, F ∈ Sh X ⇔ φ est un isomorphisme.
Démonstration. Nous démontrons l’existence et laissons l’unicité à isomorphisme près de côté.
(i) Pour tout U ouvert de X, on appelle Ff (U ) l’ensemble suivant :

n a σ(x) ∈ Fx , o
σ : U −→ Fx | ∀ x ∈ U, y
∃ V ∈ OX tel que x ∈ V ⊂ U et ∃ t ∈ F(V ) tel que ∀ y ∈ V, σ(y) = (V, t)
x∈U

En premier lieu, Ff (∅) = {0}. On commence par vérifier que Ff (U ) a une structure naturelle de
groupe abélien. Pour cela, on montre que c’est un sous-groupe du groupe abélien
 a
GU = σ : U −→ Fx | ∀ x ∈ U, σ(x) ∈ Fx
x∈U

Tout d’abord, 0GU ∈ Ff (U ). Soit maintenant σ1 , σ2 ∈ Ff (U ). Montrons que σ2 − σ1 ∈ Ff (U ). Soit


V1 , V2 deux ouverts de X contenant x et inclus dans U , et soit t1 ∈ F(V1 ) et t2 ∈ F(V2 ) tels que
y y
∀ y ∈ V1 , σ1 (y) = (V1 , t1 ) et ∀ y ∈ V2 , σ2 (y) = (V2 , t2 ) . V = V1 ∩ V2 est un ouvert de X contenant
x et inclus dans U . On pose t = t2|V − t1|V . t ∈ F(V ). Soit y ∈ V . On a :
 y y
σ2 − σ1 (y) = V2 , t2 − V1 , t1
y y
= V, t2|V − V, t1|V
y
= V, t2|V − t1|V
y
= (V, t)

Ainsi, il est vérifié qu’à tout ouvert U de X, Ff associe un groupe abélien. Maintenant, soit U, V
deux ouverts de X tels que V ⊂ U . Le morphisme de groupes abéliens ρV,U est simplement la
restriction des applications σ ∈ Ff (U ) à V , et il est désormais clair que Ff (U ) est un préfaisceau.

Pour finir, nous nous donnons un ouvert U de X et un recouvrement ouvert Ui i∈I de cet ouvert U .
Nous nous donnons aussi, pour tout i ∈ I, une section σi de Ff sur Ui , et nous demandons que
∀ i, j ∈ I, σi|Ui ∩Uj = σj |Ui ∩Uj . Nous voulons prouver qu’il existe une unique section de Ff sur U

telle que la famille de ses restrictions à Ui (i ∈ I) soit σi i∈I .
Tout d’abord, l’unicité est claire. En effet, soit σ une telle section et soit x ∈ U . Soit i ∈ I tel que
x ∈ Ui . On a :
σ(x) = σ|Ui (x)
= σi (x)
Nous définissons désormais l’application
a
σ : U −→ Fx
x∈U
x 7−→ σi (x)

où x ∈ Ui , en reprenant la formule précédente. Cette définition est cohérente puisqu’on a supposé


que si x ∈ Ui ∩ Uj , alors σi (x) = σj (x). De plus, il est clair que σ ∈ GU .
Nous devons vérifier que σ valide le dernier axiome de la définition de Ff (U ). Soit donc x ∈ U et
i ∈ I tel que x ∈ Ui . Soit V un ouvert de X contenant x et inclus dans Ui , et soit t ∈ F(V ) tel que
y
∀ y ∈ V , σi (y) = (V, t) . V est un ouvert de X inclus dans U , et comme σ et σi coïncident sur Ui
y
(donc sur V ), on en déduit que ∀ y ∈ V , σ(y) = (V, t) . Ceci permet de conclure quant à l’existence.

6
(ii) Soit U un ouvert de X. On pose
φU : F(U ) −→ Ff (U )
s 7−→ φU (s)
où, pour s ∈ F(U ), a
φU (s) : U −→ Fx
x∈U
x
x 7−→ (U, s)
Il est clair que φU (s) ∈ GU . Mais par construction même de φU (s), il est en fait évident que
φU (s) ∈ Ff (U ).
Vérifions que φU est un morphisme de groupes abéliens. Soit s1 , s2 ∈ F(U ), et soit x ∈ U .
x
φU (s1 + s2 )(x) = (U, s1 + s2 )

et  x x
φU (s1 ) + φU (s2 ) (x) = U, s1 + U, s2
x
= U, s1 + s2

= φU s1 + s2 (x)
Enfin, soit U, V deux ouverts de X tels que V ⊂ U , et soit s ∈ F(U ). Soit x ∈ V .
 x
φV s|V (x) = V, s|V

et   x x
φU (s) |V (x) = φU (s)(x) = (U, s) = V, s|V

car V ⊂ U . Donc φ est bien un morphisme fonctoriel dans la catégorie PSh X .
(iii) Nous allons commencer par montrer la dernière équivalence du théorème. Le sens ⇐ ne pose pas 
de problème en utilisant un lemme précédent. Démontrons ⇒ . Supposons donc que F ∈ Sh X .
Soit U un ouvert de X. Nous devons montrer que φU est une bijection. Soit σ ∈ Ff (U ). Nous devons
montrer qu’il existe une unique section de F sur U , s, telle que φU (s) = σ.
Pour x ∈ U , nous choisissons un ouvert Vx de X, contenant x et inclus dans U , et une section
y 
sx ∈ F(Vx ) telle que ∀ y ∈ Vx , σ(y) = Vx , sx . On remarque que Vx x∈U est un recouvrement
ouvert de U . Soit x, x0 ∈ U . Nous voulons montrer que

sx|Vx ∩Vx0 = sx0 |Vx ∩Vx0

Or, pour chaque y ∈ Vx ∩ Vx0 ,


y y
σ(y) = Vx , sx = Vx0 , sx0
donc il existe un ouvert de X, Wx,x0 ,y , contenant y et inclus dans Vx ∩ Vx0 , tel que

sx|Wx,x0 ,y = sx0 |Wx,x0 ,y



Nous disposons d’un recouvrement ouvert de Vx ∩ Vx0 , Wx,x0 ,y y∈V ∩V 0 , tel que les restrictions de
x x
sx|Vx ∩Vx0 et de sx0 |Vx ∩Vx0 coïncident sur chacun des ouverts de ce recouvrement. Par unicité, nous
concluons que sx|Vx ∩Vx0 = sx0 |Vx ∩Vx0 . Donc il existe une unique section s ∈ F(U ) telle que ∀ x ∈ U ,
s|Vx = sx . Pour conclure, montrons que φU (s) = σ. Soit x ∈ U .
x
φU (s)(x) = (U, s)

et x x
σ(x) = Vx , sx = (U, s)
car x ∈ Vx et car sx = s|Vx .

7
 
Soit G ∈ Sh X et ψ ∈ HomPSh(X) F, G . On dispose des morphismes fonctoriels φF : F −→ Ff
et φG : G −→ Gf , et on sait que φG est un isomorphisme. Pour tout ouvert U , on pose

ψeU : Ff (U ) −→ Gf (U )
σ 7−→ ψeU (σ)

où, pour σ ∈ Ff (U ), a
ψeU (σ) : U −→ Gx
x∈U

x 7−→ ψx σ(x)
On vérifie aisément que, d’une part, ψeU (σ) ∈ Gf (U ), et, d’autre part, ψeU est un morphisme de
groupes. En effet, soit x ∈ U . Soit V un ouvert de X contenant x et inclus dans U , et t ∈ F(V ) tel
y
que ∀ y ∈ V , σ(y) = (V, t) . On pose t0 = ψV (t) ∈ G(V ). Soit y ∈ V .

ψeU (σ)(y) = ψy σ(y)
y
= ψy (V, t)
y
= (V, t0 )

Soit σ1 , σ2 ∈ Ff (U ) et x ∈ U .
 
ψeU σ1 + σ2 (x) = ψx σ1 (x) + σ2 (x)
 
= ψx σ1 (x) + ψx σ2 (x)

= ψeU (σ1 ) + ψeU (σ2 ) (x)

Vérifions enfin que ψe est un morphisme fonctoriel de faisceaux. On choisit pour cela U, V deux
ouverts de X tels que V ⊂ U , σ ∈ Ff (U ), et x ∈ V . D’une part,
  
ψeV σ|V (x) = ψx σ|V (x) = ψx σ(x)
et, d’autre part,     
ψeU (σ) |V (x) = ψeU (σ) (x) = ψx σ(x)

Pour conclure sur l’existence, on montre que φG ◦ ψ = ψe ◦ φF et on utilise le fait que φG est un
isomorphisme. Soit U un ouvert de X et soit s ∈ F(U ). Soit x ∈ U . D’une part,

ψeU ◦ φF ,U (s)(x) = ψeU φF ,U (s) (x)

= ψx φF ,U (s)(x)
x
= ψx (U, s)
x
= U, ψU (s)
et, d’autre part, 
φG,U ◦ ψU (s)(x) = φG,U ψU (s) (x)
x
= U, ψU (s)
On passe sur l’unicité de χ.

Une des idées dans la faisceautisation d’un préfaisceau est de construire un faisceau à partir d’un

préfaisceau en laissant les fibres invariantes. En effet, soit x ∈ X, nous allons montrer que Fx ' Ff x .
Nous définissons l’application 
κx : Fx −→ Ff x
x
α 7−→ (U, σα )
où (U, s) ∈ α, U étant un ouvert de X contenant x et s ∈ F(U ), et
a
σα : U −→ Fz
z∈U
y
y 7−→ (U, s)

8
 
Il est immédiat qu’un tel σα ∈ Ff (U ). Fixons α ∈ Fx . Soit U1 , s1 , U2 , s2 ∈ α, U1 , U2 étant des
ouverts de X contenant x, et s1 , s2 étant respectivement des sections de F sur U1 et sur U2 . Soit V
un ouvert de X contenant x et inclus dans U1 ∩ U2 tel que s1|V = s2|V . Nous voulons montrer que
x x
U1 , σ1,α = U2 , σ2,α . Soit y ∈ V . Il suffit pour conclure de voir que σ1,α (y) = σ2,α (y), i.e. que
y y
U1 , s1 = U2 , s2 , ce qui est vrai puisque V est un ouvert contenant y et inclus dans U1 ∩ U2 , et que
s1|V = s2|V . Ainsi, κx est défini.
Montrons maintenant que κx est un morphisme de groupes. Soit α, β ∈ Fx . Soit (U, s) ∈ α et (V, t) ∈ β.
U, V sont des ouverts de X contenant x, s ∈ F(U ) et t ∈ F(V ). Nous trouvons
 x 
κx (α + β) = κx U ∩ V, s|U ∩V + tU ∩V
  y x
= U ∩ V, y 7−→ U ∩ V, s|U ∩V + tU ∩V

et un rapide calcul de κx (α) + κx (β) achève de montrer que κx est un morphisme de groupes.
Montrons maintenant que κx est injectif. Soit α ∈ Fx tel que κx (α) = 0. Soit U un ouvert de X
contenant x et s ∈ F(U ) tels que (U, s) ∈ α. On peut trouver un ouvert V de X, contenant x et inclus
y x
 = 0 car x ∈ V .
dans U , tel que ∀ y ∈ V , (U, s) = 0. En particulier, α = (U, s)
Montrons pour finir que κx est surjective. Soit β ∈ Ff x . Soit U un ouvert de X contenant x et
σ ∈ Ff (U ) tels que (U, σ) ∈ β. Nous pouvons trouver un ouvert V de X, contenant x et inclus dans U ,
y
et une section s de F sur V , tels que ∀ y ∈ V , σ(y) = (V, s) . Finalement,
x
α = (U, σ)
x
= V, σ|V
x
= κx (V, s)

1.5 Exemples
1.5.1 Faisceau constant
Soit G ∈ Ab. Pour tout ouvert non vide U de X, on pose F(U ) = G (bien sûr, F(∅) = {0}). Avec
les restrictions évidentes, il est clair que F est un préfaisceau. On appelle faisceau constant sur X le
faisceautisé de F. On remarque que toutes les tiges de F sont isomorphes à G. En effet, pour x ∈ X, il
est clair que l’application
fx : G −→ Fx
x
g 7−→ (X, g)
est un isomorphisme de groupes. On montre par la suite que le faisceau constant sur X correspond au
faisceau des fonctions localement constantes à valeur dans G. En effet, en traduisant la définition du
faisceautisé avec les résultats précédents, on obtient que

Ff (U ) = σ : U −→ G | ∀ x ∈ U, ∃ V ∈ OX tel que x ∈ V ⊂ U et ∃ g ∈ G tel que ∀ y ∈ V, σ(y) = g

Supposons de plus X localement connexe. Ceci implique en particulier que tout ouvert de X est
localement connexe et que les composantes connexes de X sont ouvertes. On en déduit alors que facilement
que Ff (U ) = GC(U ) où C(U ) correspond à l’ensemble des composantes connexes de U .

1.5.2 Faisceau des applications différentiables/holomorphes sur une variété


différentiable/complexe
Soit X une variété différentiable de classe C k , k ∈ [|0, ∞|]. On appelle faisceau des applications
différentiables sur X le faisceau suivant :
C k : OX −→ AnnC1
U 7−→ C k (U )

avec les restrictions évidentes. C k est trivialement un préfaisceau d’anneaux associatifs unitaires
commutatifs. Mais, en réalité, c’est un faisceau du fait que le caractère différentiable d’une application
est local.

9
Soit X une variété complexe. On appelle faisceau des applications holomorphes sur X le faisceau sui-
vant :
OX : OX −→ AnnC1
U 7−→ OX (U )
avec les restrictions évidentes. De même que dans le paragraphe précédent, la notion d’holomorphie étant
locale, le préfaisceau OX est un faisceau d’anneaux associatifs unitaires.
En fait, ces deux faisceaux sont même des faisceaux de R (resp. C)-algèbres associatives unitaires
commutatives (catégorie notée AlgC1/K ).

1.6 Noyaux et images de préfaisceaux


 
Nous voulons arriver au point que Sh X est une catégorie abélienne. Il est clair que (P)Sh X est
une catégorie munie d’une structure pré-additive, puisqu’on peut définir naturellement la somme de deux
morphismes fonctoriels de (pré)faisceaux, et
 que cette loi est compatible avec les règles de composition, à
droite comme à gauche. De plus, (P)Sh X possède un objet nul : le (pré)faisceau constant de valeur {0}.
Pour montrer que ce sont des catégories additives,
 il suffit de voir que la somme directe de deux objets
existe toujours. Soit donc F, G ∈ (P)Sh X . On pose

F ⊕ G : OX −→ Ab
U 7−→ F(U ) ⊕ G(U )

muni des restrictions suivantes : si U, V sont deux ouverts de X tels que V ⊂ U ,

ρF ⊕G
V,U : F(U ) ⊕ G(U ) −→ F(V ) ⊕ G(V )

(s, t) 7−→ ρF G
 
V,U (s), ρV,U (t) = s|V , t|V

Ainsi, F ⊕ G est un objet de la même catégorie que F et G. Enfin, on définit de la manière attendue les
projections p1 , p2 et les inclusions i1 , i2 (qui sont des morphismes fonctoriels), et on a ainsi construit la
somme directe F ⊕ G, p1 , p2 , i1 , i2 de F et G. Par exemple, pour U ouvert de X,

p1,U : F(U ) ⊕ G(U ) −→ F(U )


(s, t) 7−→ s

et
i2,U : G(U ) −→ F(U ) ⊕ G(U )
t 7−→ (0, t)

Nous voulons arriver au résultat que Sh X est un catégorie abélienne. Pour cela, il faut entre autre
construire les noyaux et les conoyaux des morphismes. Nous parlerons plutôt des noyaux et des images
qui, dans le cas de cette catégorie particulière, s’interprêtent simplement.

1.6.1 Noyaux
Définition 1.6.1 (Noyau
 d’un morphisme de préfaisceaux).
Soit F, G ∈ PSh X et φ ∈ HomPSh(X) F, G . On appelle noyau de φ, noté Ker(φ), le préfaisceau

Ker(φ) : OX −→ Ab
U 7−→ Ker(φU )

D’abord, on vérifie que Ker(φ)(∅) = {0}. Cette définition est cohérente en posant, pour U, V ouverts
Ker(φ)
de X tels que V ⊂ U , ρV,U le morphisme induit par la restriction de ρF V,U à Ker(φU ). En effet,
choisissant s ∈ Ker(φU ) ⊂ F(U ), on voit que s|V ∈ Ker(φV ) (du fait que φ est un morphisme fonctoriel) :
Ker(φ)
ρV,U : Ker(φU ) −→ Ker(φV )
s 7−→ s|V = ρF
V,U (s)

Il est facile de voir que Ker(φ), i : Ker(φ) −→ F est un noyau de φ dans la catégorie des préfaisceaux
sur X. Regardons maintenant le résultat concernant les faisceaux.

10
Proposition 1.6.2
 (Noyau d’un morphisme  de faisceaux). 
Soit F, G ∈ Sh X et φ ∈ HomSh(X) F, G . Ker(φ) ∈ Sh X .

Démonstration. Soit U un ouvert de X et soit Ui i∈I un recouvrement ouvert de U . Soit
 Y
si i∈I ∈ Ker(φUi ) telle que ∀ i, j ∈ I, si|Ui ∩Uj = sj |Ui ∩Uj . Comme ∀ i ∈ I, Ker(φUi ) ⊂ F(Ui )
i∈I
et que F est un faisceau, il existe une unique section de F sur U , s, telle que ∀ i ∈ I, s|Ui = si . Nous
avons prouvé l’unicité. Pour conclure, il faut voir que s appartient en fait au sous-groupe Ker(φU ) de
F(U ). Pour montrer que  = 0, nous utilisons que G est un faisceau (partie unicité de l’axiome) en
 φU (s)
montrant que ∀ i ∈ I, φU (s) |Ui = 0. Comme φ est un morphisme fonctoriel, ∀ i ∈ I
  
φU (s) |U = φUi s|Ui = 0
i


Les mêmes observations nous amènent à conclure que Ker(φ), i : Ker(φ) −→ F est un noyau
de φ dans la catégorie des faisceaux sur X. Nous disons maintenant qu’un morphisme fonctoriel dans
(P)Sh X est injectif (i.e est un monomorphisme) si son noyau est le (pré)faisceau constant nul. La
remarque suivante est une réécriture de la définition.
 
Remarque 1.6.3. Soit F, G ∈ (P)Sh X et φ ∈ Hom(P)Sh(X) F, G .
Les assertions suivantes sont équivalentes :
(i) φ est injectif.
(ii) ∀ U ∈ OX , φU est injectif.
Nous finissons ce paragraphe avec les deux résultats suivants, qui illustrent la particularité des fais-
ceaux par rapport aux préfaisceaux.
 
Proposition 1.6.4. Soit F, G ∈ PSh X et φ ∈ HomPSh(X) F, G .
φ est injectif ⇒ ∀ x ∈ X, φx est injectif.
Démonstration. Soit x ∈ X. Soit α ∈ Fx tel que φx (α) = 0. Soit U un ouvert de X contenant x et
x x
s ∈ F(U ) tel que (U, s) ∈ α. Nous obtenons U, φU (s) = 0 = X, 0) . Par conséquent,
 il existe un
ouvert V de X, inclus dans U et contenant x, tel que φU (s) |V = 0. Donc φV s|V = 0 et donc, comme
x x
φ est injective, s|V = 0. Donc α = (U, s) = V, s|V = 0.
 
Proposition 1.6.5. Soit F, G ∈ Sh X et φ ∈ HomSh(X) F, G .
Les assertions suivantes sont équivalentes.
(i) φ est injectif.
(ii) ∀ x ∈ X, φx est injectif.
Démonstration.
(i) ⇒ (ii) est une redite de la proposition précédente.
(ii) ⇒ (i) Soit U un ouvert de X. Soit s ∈ Ker(φU ). Soit x ∈ U . Nous obtenons

x x x
φx (U, s) = U, φU (s) = U, 0 = 0
x
Donc, par injectivité de φx , (U, s) = 0 et donc il existe un ouvert Vx de X, contenant
Y x et inclus dans U ,
 
tel que s|Vx = 0. Vx x∈U est un recouvrement ouvert de U , s|Vx x∈U ∈ F(Vx ) et les restrictions
x∈U
deux-à-deux coïncident. Par conséquent, s = 0.

1.6.2 Images
Définition 1.6.6 (Image
 d’un morphisme de préfaisceaux).
Soit F, G ∈ PSh X et φ ∈ HomPSh(X) F, G . On appelle image de φ le préfaisceau

im(φ) : OX −→ Ab
U 7−→ Im(φU )

11
D’abord, on vérifie que Im(φ∅ ) = {0}. Cette définition est cohérente en posant, pour U, V ouverts
im(φ)
de X tels que V ⊂ U , ρV,U le morphisme induit par la restriction de ρGV,U à Im(φU ). En effet, choisissant
s ∈ Im(φU ) ⊂ G(U ), on voit que s|V ∈ Im(φV ) (du fait que φ est un morphisme fonctoriel) :
im(φ)
ρV,U : Im(φU ) −→ Im(φV )
s 7−→ s|V = ρGV,U (s)

Cependant, on n’a pas le même résultat que dans le cas des noyaux, c’est-à-dire que si F et G sont des
faisceaux, im(φ) n’est pas a priori un faisceau. D’où la définition suivante.
Définition 1.6.7 (Image
 d’un morphisme de faisceaux).
Soit F, G ∈ Sh X et φ ∈ HomSh(X) F, G . On appelle image de φ, noté Im(φ), le faisceautisé
de im(φ).
En conservant les notations de la définition précédente, on remarque que l’on dispose d’un morphisme
fonctoriel naturel de préfaisceaux i : im(φ) −→ G injectif, qui correspond à l’inclusion, pour tout
ouvert U de X, de Im(φU ) dans G(U ) :

iU : Im(φU ) −→ G(U )
s 7−→ s

Notons j : Im(φ) −→ G l’unique morphisme fonctoriel de faisceaux tel que i = j ◦ l, où l est l’unique
morphisme fonctoriel de im(φ) dans Im(φ). j est injectif car i l’est.
Nous disons maintenant qu’un morphisme fonctoriel de faisceaux φ : F −→ G est surjectif si
Im(φ) = G. On obtient le résultat suivant, qui caractérise la notion de surjectivité en la ramenant à
la surjectivité sur les morphismes induits par φ sur les tiges.
 
Proposition 1.6.8. Soit F, G ∈ Sh X et φ ∈ HomSh(X) F, G .
Les assertions suivantes sont équivalentes :
(i) φ est surjectif.
(ii) ∀ x ∈ X, φx est surjectif.
Démonstration. Nous savons, en reprenant des notations précédentes, que j est injective. Nous notons
l0 : F −→ im(φ) le morphisme fonctoriel naturellement défini à partir de φ. Évidemment, j◦l◦l0 = i◦l0 = φ.
Posons φe = l ◦ l0 . Ainsi, j ◦ φe = φ donc ∀ x ∈ X,

jx ◦ φex = φx

Ainsi, ∀ x ∈ X, φx surjective ⇒ jx est surjective. Contentons nous de démontrer l’implication qui pose
problème, à savoir la réciproque.
x
(ii) ⇒ (i) Fixons un ouvert U de X. Soit s une section de G sur U . Soit x ∈ U . βx = (U, s) ∈ Gx

donc il existe αx ∈ Im(φ)x tel que jx αx = βx . Par conséquent, on peut trouver un ouvert Vx de X,
x
contenant x et inclus dans U , et une section sx de Im(φ) sur Vx , tels que αx = Vx , sx .
x x x
(U, s) = jx (Vx , sx ) = Vx , jVx (sx )

et donc nous disposons d’un nouvel ouvert de X, Wx , inclus dans U (car inclus dans Vx ) et contenant x,
tel que 
s|Wx = jWx sx|Wx
L’injectivité de j nous permet de conclure qu’il existe une unique section de Im(φ) sur U , t, telle que
∀ x ∈ U , t|Wx = sx|Wx . Pour montrer que jU (t) = s, nous utilisons l’unicité de l’axiome des faisceaux en
montrant cette égalité pour toutes les restrictions à Wx , x ∈ U .

12
1.7 Conclusion sur la catégorie des faisceaux sur X
Ainsi, les noyaux,
 les conoyaux, les images et les coimages de morphismes de faisceaux existent toujours
et donc Sh X est une catégorie exacte. Pour arriver au résultat, nous remarquons que tout monomor-
phisme, i.e. dans notre cas tout morphisme de faisceaux injectif, est un noyau,
 et que tout épimorphisme,
i.e. tout morphisme de faisceaux surjectif, est un conoyau. Ainsi, Sh X est une catégorie abélienne.
Nous pouvons
 donc parler de suites exactes,
 de complexes de chaînes, et de complexes de cochaînes dans
Sh X . Par exemple, si F, G, H ∈ Sh X , φ ∈ HomSh(X) (F, G) et ψ ∈ HomSh(X) (G, H), la suite

φ ψ
F G H

est exacte en G si Im(φ) = Ker(ψ), ou encore Coker(φ) = Coim(ψ). De même, la suite (bornée ou
non, à gauche comme à droite)

φi−1 φi
... Fi−1 Fi Fi+1 ...

est exacte si elle est exacte en Fi pour tout i (sauf les bornes s’il y en a). Une suite exacte courte est
une suite exacte du type

φ ψ
0 F0 F F 00 0

c’est-à-dire
 que φ est injective, ψ est surjective, et Ker(ψ) = Im(φ). Un complexe de chaînes de
Sh X est une famille F = Fn , ∂n n∈Z telle que
(i) ∀ n ∈ Z, Fn est un faisceau sur X ;
(ii) ∀ n ∈ Z, ∂n ∈ HomSh(X) (Fn , Fn−1 ) est appelé opérateur de bord ;
(iii) ∀ n ∈ Z, ∂n ∂n+1 = 0.

∂n+1 ∂n
... Fn+1 Fn Fn−1 ...

Pour n ∈ Z, le noyau de ∂n et l’image de ∂n+1 sont notés Zn = Zn (F) et Bn = Bn (F). On appelle


Hn (F) = Zn (F)/Bn (F) le n-ième
 faisceau d’homologie de F. Un complexe de cochaînes de Sh X
est une famille F = F n , ∂ n n∈Z telle que
(i) ∀ n ∈ Z, F n est un faisceau sur X ;
(ii) ∀ n ∈ Z, ∂ n ∈ HomSh(X) (F n , F n+1 ) est appelé opérateur de cobord ;
(iii) ∀ n ∈ Z, ∂ n ∂ n−1 = 0.

... ∂ n−1 ∂n ...


F n−1 Fn F n+1

Pour n ∈ Z, le noyau de ∂ n et l’image de ∂ n−1 sont notés Z n = Z n (F) et B n = B n (C). On appelle


H n (F) = Z n (F)/B n (F) le n-ième faisceau de cohomologie de F.

13
Chapitre 2

Applications

Dans cette partie, nous sommes guidés par le but suivant : utiliser la puissance de ces outils, finalement
assez simples, pour déterminer la cohomologie de faisceaux particuliers, donnés en exemple précédemment,
en utilisant les résolutions de de Rham et de Dolbeault,
 que nous allons introduire dans cette partie. Nous
fixons pour l’instant un espace topologique X, OX et le foncteur qui attire notre attention est le foncteur
sections globales
 
ΓX = Γ X, · : Sh X −→ Ab
F 7−→ F(X)
 
HomSh(X) F, G −→ HomAb F(X), G(X)
φ 7−→ φX
Nous savons désormais que c’est un foncteur entre catégories abéliennes et il est évident que
c’est un foncteur covariant et additif. De plus, le contenu de la partie précédente suffit à voir que c’est
un foncteur exact à gauche, ce qui signifie que pour tout suite exacte courte à gauche de faisceaux de X

φ ψ
0 F0 F F 00

φX ψX
0 F 0 (X) F(X) F 00 (X)

est une suite exacte courte à gauche


 de groupes abéliens. En revanche, ce foncteur n’est pas exact a
priori : en effet, si F, G ∈ Sh X , et si φ ∈ HomSh(X) F, G est un épimorphisme (i.e. est surjectif),
Γ X, φ = φX n’est a priori pas un épimorphisme dans la catégorie Ab, i.e. n’est a priori pas surjectif.
Par exemple, si X = C∗ muni de la topologie induite. on peut considérer les deux faisceaux :

F : OC∗ −→ Ab
U 7−→ C(U, C)

et
G : OC∗ −→ Ab
U 7−→ C(U, C∗ )
où la loi de groupe est la multiplication des fonctions. U étant un ouvert de C∗ , la famille de morphismes
de groupes
φU : C(U, C) −→ C(U, C∗ )
f 7−→ ef
x
forme un morphisme de faisceaux surjectifs. En effet, soit x ∈ X et β ∈ Gx . Nous écrivons β = (U, g) où
U est un ouvert de X contenant x et g ∈ C(U, C∗ ). On sait que g est localement inversible par exp donc
il existe un ouvert V contenant x et inclus dans U , et une application f ∈ C(V, C), tels que g|V = ef .
x x
Par conséquent, β = V, g|V = φx (V, f ) . Cependant, on remarque que l’application φX n’est pas
surjective puisqu’on ne peut trouver d’antécédent à IdX .

14
2.1 Préliminaires d’algèbre homologique
Nous notons maintenant que, du fait que Ab est une catégorie abélienne possédant suffisamment d’in-
 des faisceaux de groupes abéliens sur X. Cela
jectifs, il en va de même de la catégorie  signifie par définition
que, pour tout faisceau F ∈ Sh X , on peut trouver un objet injectif de Sh X , I, et un morphisme de
faisceaux injectif, φ : F −→ I. Nous en déduisons par un lemme classique d’algèbre homologique que tout
faisceau F ∈ Sh X admet une résolution injective.Par définition, une résolution de F ∈ Sh  X
est la donnée d’un complexe de cochaînes de Sh X , F, positif i.e. pour tout i < 0, F i = 0

∂0 ... ∂n ...
0 F0 F1 Fn F n+1

et exact c’est-à-dire que ∀ i > 0, Ker(∂ i+1 )= Im(∂ i ) , et d’un morphisme de faisceaux φ : F −→ F 0 ,
injectif et tel que Ker(∂ 0 ) = Im(φ) ' F . On écrit souvent cela

φ ∂0 ∂1 ∂2
0 F F0 F1 F2 ...

On dit d’une telle résolution qu’elle est injective lorsque, de plus, ∀ i > 0, F i est un objet injectif.
Nous sommes maintenant en mesure de définir la cohomologie d’un faisceau sur X. Pour cela, nous
passons par les foncteurs dérivés à droite du foncteur ΓX : les foncteurs covariants et additifs, pour i > 0,

Ri ΓX : Sh X −→ Ab


C’est encore un résultat d’algèbre homologique


 que, si F est un faisceau sur X, la cohomologie du
complexe de cochaînes image par Γ X, · d’une résolution injective de F ne dépend pas de cette résolution
injective, et c’est de cette manière que nous définissons les foncteurs dérivés de ΓX en posant, si F est
une résolution injective de F, pour tout i > 0,

Ri ΓX (F) = H i ΓX (F)


que nous appelons i-ième groupe de cohomologie de F, et que nous notons

H i X, F


Nous rappelons que, du fait de l’exactitude de ΓX à gauche,

H 0 X, · = R0 ΓX = ΓX


donc que, pour tout faisceau F sur X,

H 0 X, F = F(X)


D’autre part, nous rappelons que, si

φ ψ
0 F0 F F 00 0

est une suite exacte courte, nous pouvons construire la suite exacte longue

φX ψX
0 F(X) F 0 (X) F 00 (X) R1 ΓX (F) R1 ΓX (F 0 ) R1 ΓX (F 00 ) ...

15
Nous arrivons désormais à un résultat simple mais essentiel pour la suite. Nous partons de la consi-
dération que les résolutions injectives sont difficiles à manipuler et que nous n’en connaissons pas de
naturelles, car nous ne savons
 pas vraiment quels sont les objets injectifs. En revanche, nous savons qu’un
objet injectif I de Sh X vérifie pour tout i > 1,

H i X, I = Ri ΓX (I) = 0



tout simplement car 0 est un objet injectif Sh X et

0 I I 0 ...

une résolution injective de I. Ceci amène à la définition suivante : on dit d’un objet F de Sh X qu’il
est ΓX -acyclique s’il vérifie
∀ i > 1, H i X, F = 0


 particulier le cas des objets injectifs. Une résolution ΓX -acyclique d’un faisceau F est une
ce qui est en
résolution F = F i , ∂ i i>0 , φ de F telle que ∀ i > 0, F i est ΓX -acyclique. Nous montrons dans le
lemme suivant la possibilité de calculer la cohomologie d’un faisceau sur X en passant par des résolutions
ΓX -acycliques.
   
Lemme 2.1.1. Soit F ∈ Sh X et F = F i , ∂ i i>0 , φ une résolution ΓX -acyclique de F. Alors la

cohomologie de F est donnée par la cohomologie de ΓX F .
Démonstration. La preuve se fait par récurrence. Nous considérons la suite exacte courte
0 F F0 G 0

où G est le faisceau quotient de F 0 par F. Nous considérons la suite exacte longue issue de cette suite.
Du fait que F0 est ΓX -acyclique,nous trouvons que pour i > 1, Ri+1 ΓX (F) = Ri ΓX (G). Or, le complexe
de cochaînes F0 = F i , ∂ i

i>1
, φe , où φe est l’application induite par ∂ 0 par passage au quotient, est une
résolution ΓX -acyclique de G.
 0
 0

(i) L’initialisation est simple car, comme F, φ est une résolution
 de F, on a H X, F = H ΓX (F) ,
1 1
et comme ΓX est exact à gauche, R ΓX (F) = H ΓX (F) . Nous avons donc le résultat pour les
deux premiers groupes de cohomologie.
   
(ii) Soit i > 1. Supposons que ∀ F ∈ Sh X et ∀ F = F i , ∂ i i>0 , φ résolution ΓX -acyclique de F,
les i + 1 premiers groupes de cohomologie de  F soient donnés par les i + 1 premiers groupes de
cohomologie du complexe de cochaînes ΓX F . Alors, en utilisant les remarques précédentes sur la
suite exacte longue,
H i+1 X, F = Ri+1 ΓX (F)


= Ri ΓX (G)
= H i X, G


= H i ΓX (F0 )


= H i+1 ΓX (F)


Nous allons exploiter ce résultat avec les résolutions de de Rham et de Dolbeault.

2.2 Où l’on prouve l’acyclicité de certains faisceaux vis-à-vis du


foncteur sections globales
Le but de cette partie est de montrer que les faisceaux de C ∞ -modules sur une variété différentiable
X sont ΓX -acycliques. Nous allons montrer un résultat un peu plus général dans le cas des faisceaux fins.
Dans les deux première sections de cette partie, X reste un espace topologique. Dans le cas des faisceaux
fins, il faudra munir X d’une structure supplémentaire, afin de pouvoir parler de partition de l’unité
associée à un recouvrement ouvert. Nous préciserons cela dans la troisième section.

16
Définition 2.2.1 (Faisceau de A-modules).
Soit A un faisceau d’anneaux associatifs unitaires sur X. Soit F un faisceau de groupes abéliens sur X.
On dit que F est un faisceau de A-modules si
(i) ∀ U ∈ OX , F(U ) a une structure de A(U )-module ;
(ii) ∀ U, V ∈ OX tels que V ⊂ U , le morphisme de groupes abéliens ρF V,U : F(U ) −→ F(V ) est un
morphisme de modules au sens suivant : ∀ m ∈ F(U ), ∀ a ∈ A(U ), ρV,U (a · m) = ρA
F F
V,U (a) · ρV,U (m),
ce qui se réécrit
(a · m)|V = a|V · m|V

Notons que les quotients de faisceaux de A-modules sont encore des faisceaux de A-modules.
Définition 2.2.2 (Morphisme de faisceaux de A-modules).
Soit A un faisceau d’anneaux associatifs unitaires sur X. Soit F, G deux faisceaux de A-modules sur X.
Un morphisme de faisceaux de A-modules est un morphisme de faisceaux φ : F −→ G vérifiant
l’axiome suivant :
(i) ∀ U ∈ OX , le morphisme de groupes φU : F(U ) −→ G(U ) est un morphisme de A(U )-modules.

Notons que les noyaux, les conoyaux et les images de morphismes de faisceaux de A-modules sont
encore des faisceaux de A-modules.

2.2.1 Faisceaux flasques


Dans cette partie, nous allons prouver qu’une certaine classe de faisceaux (que l’on appelle les faisceaux
flasques) est inclue dans la classe des faisceaux ΓX -acycliques.
Définition 2.2.3
 (Faisceau flasque).
Soit F ∈ Sh X . On dit que F est flasque si l’axiome suivant est vérifié
(i) ∀ U, V ∈ OX , le morphisme de groupes ρF
V,U : F(U ) −→ F(V ) est surjectif.

Lemme 2.2.4. Soit F, F 0 , F 00 ∈ Sh X . Supposons que F 0 est flasque et que




φ ψ
0 F0 F F 00 0

est une suite exacte courte. Soit U un ouvert de X. La suite


φU ψU
0 F 0 (U ) F(U ) F 00 (U ) 0

est une suite exacte courte.


Démonstration. Soit U un ouvert non vide de X. Nous savons déjà que
φU ψU
0 F 0 (U ) F(U ) F 00 (U )

est une suite exacte courte à gauche donc il suffit de prouver que ψU est surjective. Soit
 t une section de
F 00 sur U . La surjectivité de ψ nous assure l’existence d’un recouvrement ouvert Ux x∈U de U et d’une
 Y
famille sx x∈U ∈ F(Ux ), tels que ∀ x ∈ U ,
x∈U

t|Ux = ψUx sx

Nous considérons l’ensemble



EU = (V, s) | V ∈ OU , s ∈ F(V ) et ψV (s) = t|V

Pour (V, s), (V 0 , s0 ) ∈ EU , nous disons que (V, s) 6 (V 0 , s0 ) si V ⊂ V 0 et s0|V = s. Il est plus tout à fait

clair que 6 est réflexive, antisymétrique et transitive, ce qui fait de EU , 6 un ensemble ordonné.
Notons
 que pour tout x ∈ U , Ux , sx ∈ EU . En particulier, comme U 6= ∅, EU 6= ∅ (de toute façon,
∅, 0 ∈ EU ).

17
Soit F ⊂ EU non vide et totalement ordonné. Nous voulons montrer que  F admet un majorant, de
sorte à utiliser le lemme de Zorn (car nous aurons ainsi montrer que EU , 6 est inductif). Nous indexons
les éléments de F , de sorte que n o

F = Ui , si | i ∈ I
[ 
Ue = Ui est un ouvert de X inclus dans U dont Ui i∈I est un recouvrement ouvert. Nous pouvons
i∈I
ainsi montrer que F admet un
 majorant.
Par conséquent, EU , 6 admet un élément maximal (V, s). Nous voulons que V = U . Supposons

donc que V ( U et soit x ∈ U tel que x ∈
/ V . Nous considérons l’ouvert Ve = V ∪ Ux dont V, Ux est un
recouvrement ouvert. Un rapide calcul montre que

s|V ∩Ux − sx|V ∩Ux ∈ Ker(ψV ∩Ux ) = Im(φV ∩Ux )

Donc il existe rx ∈ F 0 (V ∩ Ux ) tel que s|V ∩Ux − sx|V ∩Ux = φV ∩Ux (rx ). Comme F 0 est flasque, nous
choisissons r ∈ F 0 (U ) tel que r|V ∩Ux = rx . Finalement, s|V ∩Ux −sx|V ∩Ux = φU (r)|V ∩Ux . Nous remarquons
que s0 = s − φU (r)|V ∈ F(V ) et que ψV (s0 ) = ψV (s) = t|V , i.e. (V, s0 ) ∈ EU . Comme cette fois on a

s0 |V ∩Ux − sx|V ∩Ux = 0

on en déduit qu’il existe s00 ∈ F Ve tel que s00|V = s0 et s00|Ux = sx . Pour finir, nous remarquons que


Ve , s00 ∈ EU .


Lemme 2.2.5 (Quotient  de faisceaux flasques).


Soit F, F 0 , F 00 ∈ Sh X . Supposons que F 0 et F sont flasques et que

φ ψ
0 F0 F F 00 0

est une suite exacte. Alors F 00 est flasque.


Démonstration. Nous nous donnons deux ouverts U, V de X tels que V ⊂ U . Résumons dans le diagramme
commutatif suivant la situation
φU ψU
0 F 0 (U ) F(U ) F 00 (U ) 0

|V |V |V

0 F 0 (V ) F(V ) F 00 (V ) 0
φV ψV

En effet, du fait que F 0 est flasque, nous savons que les suites horizontales sont exactes. Nous voulons
montrer que le morphisme |V : F 00 (U ) −→ F 00 (V ) est surjectif. Soit t ∈ F 00 (V ). Par surjectivité de ψV ,
nous choisissons s ∈ F(V ) tel que ψV (s) = t. F étant flasque, nous choisissons s0 ∈ F(U ) tel que s0|V = s
et nous posons t0 = ψU (s0 ) ∈ F 00 (U ). Le calcul suivant permet de conclure :

t0|V = ψU (s0 ) |V
 

= ψV s0|V


= ψV (s)
=t

Pour démontrer la propriété suivante, nous allons admettre qu’un faisceau flasque se plonge
naturellement dans un faisceau injectif et flasque.

Proposition 2.2.6 (ΓX -acyclicité des faisceaux flasques). Soit F ∈ Sh X un faisceau flasque.
Alors F est ΓX -acyclique.

18
Démonstration. Soit i une injection de F dans un faisceau injectif et flasque I. Nous appelons G le
quotient de I par F, soit G = Coker(i). Ainsi, la suite
i π
0 F I G 0

est une suite exacte courte et G est flasque. La suite exacte longue associée s’écrit
iX πX δ
0 F(X) I(X) G(X) R1 ΓX (F) 0

et, ∀ i > 1,
Ri+1 ΓX (F) = Ri ΓX (G)
Pour conclure, nous raisonnons par récurrence. F étant flasque, nous savons que la suite
iX πX
0 F(X) I(X) G(X) 0

est exacte et donc comme π est surjective,


G(X)
H 1 X, F = R1 ΓX (F) '

=0
Im(πX )
Enfin, l’hérédité dans la récurrence découle du fait que G est flasque.

2.2.2 Résolution de Godement


Nous allons exploiter les résultats de la section
 précédente en construisant ce que l’on appelle la
résolution de Godement d’un faisceau F ∈ Sh X fixé. Nous la noterons GodF . Nous cherchons à faire en
sorte que cette résolution soit flasque (i.e. tous les objets du complexe de cochaînes
 sont flasques) pour
que la cohomologie de F coïncide avec la cohomologie du complexe ΓX GodF . En effet, une résolution
flasque est en particulier ΓX -acyclique.

Fixons un faisceau F ∈ Sh X . Nous définissons le faisceau suivant

FGod : OX −→ Ab
U 7−→ FGod (U )
où, pour tout ouvert U de X, Y
FGod (U ) = Fx
x∈U

avec les restrictions évidentes. Nous remarquons que FGod est un préfaisceau puisque c’est un foncteur
contravariant et que FGod (∅) = 0. Y
 
Soit U un ouvert de X, Ui i∈I un recouvrement ouvert de U et si i∈I ∈ FGod (Ui ) telle que
i∈I
∀ i, j ∈ I, si|Ui ∩Uj = sj |Ui ∩Uj . Soit s, t deux sections de FGod sur U dont les restrictions sur les Ui valent
si . Nous voulons montrer que ∀ x ∈ U , sx = tx ∈ Fx . Soit x ∈ X. Soit i ∈ I tel que x ∈ Ui . Comme
s|Ui = si = t|Ui ,
sx = s|Ui x = six = t|Ui x = tx
d’où l’unicité. Concernant l’existence, nous posons pour tout x ∈ U ,

sx = six

où i ∈ I est tel que x ∈ Ui . Vérifions que cela ne dépend pas de i. En effet, soit i, j ∈ I tels que x ∈ Ui ∩Uj ,
la condition si|Ui ∩Uj = sj |Ui ∩Uj implique que six = sj x . Nous savons maintenant que s est bien défini et
est une section de FGod sur U . Il est trivial de vérifier que ∀ i ∈ I, s|Ui = si , ce qui prouve que FGod est
un faisceau.
Enfin, nous voyons facilement que les restrictions sont des morphismes surjectifs, ce qui prouve que
FGod est un faisceau flasque.
Pour tout ouvert U de X, nous définissons le morphisme de groupes
iU : F(U ) −→ FGod (U )
x
 
s 7−→ (U, s)
x∈U

19
Il est clair que i est un morphisme de faisceaux. En effet, pour U, V deux ouverts de X tels que V ⊂ U ,
s une section de F sur U et x ∈ V ,
 x
iV s|V x = V, s|V
et   x x
iU (s) |V = (U, s) = V, s|V
x

De plus i est injectif. En effet, soit U un ouvert de X et s une section de F sur U telle que iU (s) = 0.
x
Nous savons que ∀ x ∈ U , (U, s) = 0. Pour tout x ∈ U , nous choisissons donc un ouvert Ux contenant x
et inclus dans U , tel que s|Ux = 0. Comme Ux x∈U est un recouvrement ouvert de U , s = 0.
0 1

Pour construire la résolution de Godement de F, nous posons FGod = FGod , FGod = FGod /F God ,
2 1 0

puis FGod = FGod /FGod God
et ainsi de suite. Nous obtenons un complexe de cochaînes positif et exact
(par construction de ces faisceaux). De cette dernière, il vient aussi que Im(i) = Ker(d0 ). Nous pouvons
désormais parler de la résolution de Godement GodF :

i d0 1 d1 2 d2 ...
0 F FGod FGod FGod

Celle-ci est flasque donc ΓX -acyclique et, en particulier, pour tout i > 1,
i+1

i Ker diX : FGod
 i
(X) −→ FGod (X)
H X, F = i−1 i−1 i

Im dX : FGod (X) −→ FGod (X)

2.2.3 Faisceaux fins


Définition 2.2.7 (Faisceau fin).
Soit F ∈ Sh X . On dit que F est un faisceau fin sur X s’il existe un faisceau d’anneaux associatifs
unitaires A sur X tel que F est un faisceau de A-modules.
Nous allons nous placer dans le cas particulier d’espaces admettant des partitions de l’unité subor-
données à n’importe quel recouvrement ouvert. Soit A un anneau associatif unitaire. Nous considérons
donc un espace topologique X muni d’un faisceau d’anneaux
 associatifs unitaires A tel que pour
 tout
ouvert U de X, A(U ) est un sous-anneau de F (U, A) tel que pour tout recouvrement ouvert Ui i∈I de

X, il existe une famille de fonctions fi i∈I ∈ A(X)I telle que

(i) ∀ i ∈ I, Supp fi ⊂ Ui ;
 
(ii) Supp fi est localement finie ;
i∈I
P
(iii) fi = 1.
i∈I

Proposition 2.2.8 (ΓX -acyclicité des faisceaux fins). Soit F ∈ Sh X un faisceau fin.
Alors F est ΓX -acyclique, i.e. ∀ i > 1,
H i X, F = 0


Démonstration. Soit A un faisceau d’anneaux associatifs unitaires sur X du type précédent tel que F est
un faisceau de A-modules. Écrivons la résolution de Godement de GodF de F
i d0 1 d1 2 d2 ...
0 F FGod FGod FGod

Par des remarques précédentes, nous savons que tous les objets de cette résolution sont des faisceaux de
A-modules, que i est un morphisme de faisceaux de A-modules, et que ∀ i > 0, di est un morphisme de
faisceaux de A-modules. Nous savons aussi que i > 1,
i+1

Ker diX : FGod
i
(X) −→ FGod (X)
H i X, F =

i−1 i−1 i

Im dX : FGod (X) −→ FGod (X)

20
k+1

Soit k > 1 et t ∈ Ker dkX : FGod k
(X) −→ FGod (X) = Ker(dk )(X) = Im(dk−1 )(X). Il existe un
Y
k−1
 
recouvrement ouvert Ui i∈I de X, et une famille si i∈I ∈ FGod (Ui ), tels que ∀ i ∈ I, t|Ui = dk−1 (si ).
 i∈I 
Nous choisissons une partition de l’unité fi i∈I subordonnée au recouvrement ouvert Ui i∈I . Pour x ∈ X
k−1
et i ∈ I, nous étendons la section fi |Ui ·si de FGod sur Ui à une section sur X, fi si , de la manière suivante :
k−1
  
pour x ∈ Ui , fi si x = f|Ui · si x , et pour x ∈ / Ui , fi si x = 0. Nous obtenons bien une section de FGod
sur X. Nous pouvons maintenant définir la somme localement finie
X
s= fi si
i∈I

k−1
qui est une section de FGod sur X. Il vient que t = dk−1 (s) et, par conséquent, t ∈ Im(dk−1
X ). Donc

H k X, F = 0


Pour finir cette partie, nous donnons un exemple fondamental. Soit k > 0. Nous appelons X une variété
différentielle de classe C k , paracompacte. Nous considérons le faisceau d’anneaux associatifs unitaires C k
sur X. La paracompacité entraine que X admet des partitions de l’unité subordonnées à n’importe quel
recouvrement ouvert. De plus, C k est trivialement un faisceau de C k -modules, donc est ΓX -acyclique. Plus
généralement, tout faisceau de C ∞ -modules sur une variété différentielle X est ΓX -acyclique.

2.3 Résolution et théorème de de Rham


Nous fixons pour cette partie une variété différentiable X. La résolution qui va nous intéresser dans la
suite est une résolution ΓX -acyclique du faisceau constant sur X à valeur dans R, que nous noterons R.
Comme X est localement connexe par arcs, R est le faisceau qui à un ouvert U associe la R-algèbre des
applications constantes sur chaque composantes connexes de U . Par conséquent, on dispose de l’inclusion
naturelle, qui est un morphisme injectif de faisceaux

i : R −→ C ∞

Pour k > 0, nous définissons le faisceau sur X formes différentielles de degré k

AkX : OX −→ Ab

Bien sûr, A0X = C ∞ et on dispose du complexe de cochaînes dR suivant

d d d ...
0 A0X A1X A2X

où d correspond à la différentielle extérieure. En effet, pour tout ouvert U de X et tout i > 0, di+1 i
U ◦dU = 0.
Ce complexe de cochaînes est positif.
Nous voulons maintenant démontrer que c’est une résolution ΓX -acyclique de R. Pour commencer,
nous remarquons que pour tout ouvert U de X, Ker(d0U ) correspond précisément aux fonctions sur U
localement constantes, c’est-à-dire que Ker(d0 )(U ) = Im(i)(U ).
Soit k > 0. Pour démontrer que AkX est ΓX -acyclique, nous utilisons le fait que c’est un faisceau de
C -modules. En effet, pour tout ouvert U de X, AkX (U ) est un C ∞ (U )-module et, de plus, pour tout

ouvert U, V de X tels que V ⊂ U , toute forme différentielle de degré k sur U ω ∈ AkX (U ), et toute
fonction différentiable f ∈ C ∞ (U ), (f · ω)|V = f|V · ω|V .
Il nous reste à prouver que ∀ i > 0, Im(di ) = Ker(di+1 ). Soit U un ouvert de X, nous avons bien
sûr l’inclusion évidente Im(di )(U ) ⊂ Ker(di+1 )(U ). En effet, soit ω ∈ Im(di )(U ).Y Par définition, nous
AiX (Uk ) telle que
 
pouvons trouver un recouvrement ouvert Uk k∈K de U et une famille sk k∈K ∈
k∈K
∀ k ∈ K, ω|Uk = diUk sk , et donc ω ∈ Ker(di+1 )(U ) puisque ∀ k ∈ K, di+1

U (ω) |Uk = 0.
Mais en réalité, le lemme de Poincaré, nous assurant qu’une forme fermée est localement exacte, nous
permet de prouver l’autre inclusion. En effet, soit ω ∈ Ker di+1 i+1

U ⊂ A X (U ). Nous savons que ω est
localement exacte donc pour chaque x ∈ U , nous pouvons trouver un ouvert Vx de X inclus  dans U et
contenant x, et une forme différentielle de degré i, ωx ∈ AiX (Vx ), telle que ω|Vx = diVx ωx .

21
Pour conclure, nous montrons que l’application
a
e : U −→
ω im(di )x
x∈U
  x
x 7−→ Vx , diVx ωx

appartient à Im(di )(U ). Par construction, ∀ x ∈ U , ωe (x) ∈ im(di )x . Soit x ∈ U . Rappelons que Vx est un
i
ouvert inclus dans U et contenant x, et que dVx ωx ∈ im(di )(Vx ). Soit y ∈ Vx . Il nous reste simplement
  y   y   y
e (y) = Vx , diVx ωx
à voir que ω , i.e que Vy , diVy ωy = Vx , diVx ωx . Notons W = Vx ∩ Vy . W
i
 
est un ouvert contenant y. Nous allons montrer pour conclure que dVy ωy = diVx ωx |W . Soit z ∈ W .
|W
Le calcul suivant suffit
i

dVy ωy |W (z) = ω|Vy |W (z)
= ω(z)
= ω|Vx |W (z)
= diVx ωx |W (z)


Nous pouvons maintenant donner le résultat du théorème de de Rham. Récapitulons : nous avons
considéré le faisceau constant R à valeur dans le groupe abélien R d’une variété différentiable X. Nous
avons considéré la résolution ΓX -acyclique dR de R, dite résolution de de Rham

i d d d
0 R C∞ A1X A2X ...

En utilisant le lemme de la section précédente, nous trouvons

Théorème 2.3.1 (de de Rham).


Soit X une variété différentiable. La cohomologie du faisceau constant R sur X est donnée par la coho-
mologie du complexe de cochaînes ΓX (dR). Autrement dit, ∀ i > 1,

Ker diX : AiX (X) −→ Ai+1



i X (X)

H X, R =
Im di−1 i−1 i

X : AX (X) −→ AX (X)

En particulier, si dimX = n > 0, la résolution de de Rham dR se résume à

i d d d d
0 R C∞ A1X ... AnX 0

car ∀ k > n, AkX = 0, et donc, ∀ i > n,


H i X, R = 0


2.4 Résolution et théorème de Dolbeault


Nous fixons pour cette partie une variété complexe X. La résolution qui va nous intéresser dans la
suite est une résolution ΓX -acyclique du faisceau OX sur X. Bien sûr X hérite, de par sa structure
de variété complexe, d’une structure de variété différentiable, et nous disposons de l’inclusion naturelle
suivante, qui est un morphisme de faisceaux injectif

i : OX −→ C ∞

Pour k > 0, nous définissons le faisceau sur X formes différentielles de types (0, k)

A0,k
X : OX −→ Ab

Nous avons que A0,0


X =C

et on dispose du complexe de cochaînes Dol suivant

∂ ∂ ∂
0 A0,0
X A0,1
X A0,2
X
...

22
i+1 i
En effet, pour tout ouvert U de X et tout i > 0, ∂ U ◦ ∂ U = 0. Ce complexe de cochaînes est positif.
Nous voulons maintenant démontrer que c’est une résolution ΓX -acyclique de OX . Pour commen-
0
cer, nous remarquons que pour tout ouvert U de X, Ker(∂ U ) correspond précisément aux fonctions
(localement si l’on veut être précis, i.e. globalement) holomorphes sur U , c’est-à-dire que
0
Ker(∂ )(U ) = Im(i)(U )

Soit k > 0. Pour démontrer que A0,k X est ΓX -acyclique, nous utilisons le fait que c’est un faisceau de
C -modules. En effet, pour tout ouvert U de X, A0,k
∞ ∞
X (U ) est un C (U )-module et, de plus, pour tout
ouvert U, V de X tels que V ⊂ U , toute forme différentielle de type (0, k) sur U ω ∈ A0,k X (U ), et toute
fonction différentiable f ∈ C ∞ (U ), (f · ω)|V = f|V · ω|V .
i i+1
Il nous reste à prouver que ∀ i > 0, Im(∂ ) = Ker(∂ ). Soit donc i > 0 et U un ouvert de X,
i i+1 i
nous avons bien sûr l’inclusion évidente Im(∂ )(U ) ⊂ Ker(∂ )(U ). En effet, soit ω ∈ Im(∂
Y)(U0,i). Par
 
définition, nous choisissons un recouvrement ouvert Uk k∈K de U et une famille sk k∈K ∈ AX (Uk )
k∈K
i  i+1 i+1
telle que ∀ k ∈ K, ω|Uk = ∂ Uk sk . En conclusion, ω ∈ Ker(∂ )(U ) car ∀ k ∈ K, ∂ U (ω)|Uk = 0.
Mais, en réalité, le lemme de Dolbeault, qui est l’analogue du lemme de Poincaré dans le cas des
variétés complexes, nous permet de prouver l’autre inclusion (comme dans la section précédente) : en
effet, une forme différentielle de type (0, i + 1) sur U qui est ∂-fermée est localement ∂-exacte. Donnons
i+1
nous ω ∈ Ker(∂ )(U ). La seule chose à prouverY 0,i pour conclure est qu’il existe un recouvrement ouvert
 
Uk k∈K de U , et une famille ωk k∈K ∈ AX (Uk ), tels que ∀ k ∈ K,
k∈K

i 
ω|Uk = ∂ Uk ωk

mais c’est exactement ce que spécifie le lemme de Dolbeault.


Nous pouvons maintenant calculer la cohomologie de OX . Récapitulons : nous avons considéré le
faisceau OX des applications holomorphes sur une variété complexe X et la résolution ΓX -acyclique Dol
de OX , dite résolution de Dolbeault

i ∂ ∂ ∂
0 OX C∞ A0,1
X
0,2
AX ...

Toujours en s’appuyant sur le même lemme, nous concluons


Théorème 2.4.1 (Dolbeault).
Soit X une variété complexe. La cohomologie du faisceau OX des applications holomorphes est donnée
par la cohomologie du complexe de cochaînes ΓX (Dol). Autrement dit, ∀ i > 1,
i
Ker ∂ X : A0,i 0,i+1 
i X (X) −→ AX (X)

H X, OX = i−1
Im ∂ X : A0,i−1 (X) −→ A0,i

X X (X)

Pour finir, supposons que dimC X = n > 0. Nous savons alors que pour tout k > n + 1,

A0,k
X =0

donc la résolution de Dolbeault Dol se résume à

i ∂ ∂ ∂ ∂
0 OX C∞ A0,1
X
... A0,n
X 0

et par conséquent, pour tout i > n,


H i X, OX = 0


ce qui est un meilleur résultat que si on avait seulement : pour tout i > dimR X = 2n,

H i X, OX = 0


23

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