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CONCEPTION ET
DIMENSIONNEMENT DES
STRUCTURES SELON
L’EUROCODE 0 (EN 1990)
En novembre 2002, la publication des premiers Eurocodes Benoit Parmentier, ir., chef de laboratoire
sous forme de normes d éfinitives (EN) par l’Institut Belge adjoint, division Structures et G éo technique
de Normalisation (IBN) annonce la deuxi ème étape du Didier Delinc é , ir., chercheur, division
processus d ’ introduction des Eurocodes structuraux Structures et G éo technique
comme normes de r éf érence pour la conception et le di-
mensionnement des constructions. Cet article pr ésente l’Eurocode 0 (publié en
Belgique sous l ’indicatif NBN EN 1990 “Bases de calcul des structures ”), son
champ d’application, les principes de conception et de dimensionnement aux états
limites, en particulier les combinaisons d’actions à considérer lors du dimension-
nement de toute structure.
(*) Nationally Determined Parameters, comparables aux anciennes boxed values qui constituaient des valeurs dont la dé-
termination était laissée à l’appr éciation des Etats membres (coefficients de sécurité, actions climatiques, …). En Bel-
gique, la r édaction de l’ANB pour l ’Eurocode 0 est en cours au sein d’un groupe de travail de l’IBN. Ce document devrait
être terminé pour le début de l’année 2004.
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ment des structures, les indications relatives L’Eurocode 0 constitue, dans une certaine
aux aspects de fiabilit é qui y sont données sont mesure, le pendant de la norme belge NBN B
également d’application pour les méthodes de 03-001 [7] qu’il sera amené à remplacer défi-
conception non couvertes par les Eurocodes. nitivement dans les ann ées à venir.
Ce document [11] peut donc servir de guide
pour l’évaluation d’autres actions et la mani ère
de les combiner en vue de la modélisation du 2.2 LA BASE DE L’EUROCODE 0
comportement de matériaux et de structures
non abordés dans les Eurocodes. Nous pour- D’un point de vue historique, la conception
rions dès lors voir intervenir les nouveaux des structures était basée sur une approche
Eurocodes pour d’autres matériaux que ceux déterministe dont le but était d’offrir une
couverts par les Eurocodes actuels (le verre, certaine sécurité. Pour les dernières mises à
par exemple). jour des codes de calcul , on lui a pr éf ér é
l’approche dite semi-probabiliste.
L’Eurocode 0 est donc applicable dans le cas
de r éparation, de r énovation ou de changement La vérification de la sécurité structurelle et de
d’utilisation de structures, m ême s ’il n’existe l’aptitude au service d ’une construction par le
actuellement aucun code ou aucune norme biais d’une approche semi-probabiliste revient
d’application pour l’évaluation des structures en fait à s ’assurer que la structure ne d épasse
existantes (*). pas un certain nombre d ’états limites au-delà
desquels elle ne satisfait plus aux exigences de
Par conséquent, ce premier Eurocode s’ad- comportement du projet. Les Eurocodes éta-
dresse à un public des plus diversifi é. Il sera blissent une distinction entre les états limites
incontournable pour les bureaux d’étude, mais ultimes (ELU) et les états limites de service
également pour les entrepreneurs, les ma î tres (ELS). Les exigences vis-à-vis de la tenue de
d’ouvrage, les administrations publiques, les la structure seront diff érentes en fonction de
architectes, … , car il expose les principes de l’état limite considér é, ce qui se traduit par
base pour la conception, quel que soit le mat é- l’utilisation de combinaisons d ’actions diff é-
riau structurel utilisé. rentes.
(*) La norme ISO 13822 [16] peut cependant être utilisée avec l’Eurocode 0 pour effectuer ce type de calcul.
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2.2.1 NOTION DE GESTION DE LA Dans le pr ésent article, nous examinerons plus
FIABILITÉ ET CLASSIFICATION en détail la manière dont l’Eurocode 0, ainsi
DES STRUCTURES que les autres Eurocodes, permettent de satis-
faire à ces exigences.
Les exigences auxquelles doit satisfaire toute
structure sont énoncées à la section 2 de l’Euro- Comme pr écisé, les Eurocodes se basent sur
code 0; elles correspondent aux exigences di- des méthodes de calcul dites semi-probabilis-
tes “essentielles” (EE) fixées par la directive tes; la norme belge NBN B 03-001 utilise dé jà
“Produits de construction” (DPC) (*) : de telles méthodes – rien de (vraiment) neuf à
EE n° 1 : “Stabilité et r ésistance mécanique” ce propos donc. Dans la norme belge, on éta-
EE n ° 2 : “Sécurité en cas d’incendie” blissait une distinction entre une sécurité r é-
EE n° 3 : “Hygiène, santé et environnement” duite, normale ou renforcée. Dans l ’Euro-
EE n ° 4 : “Sécurité d ’utilisation” code 0, on parlera respectivement de classe de
EE n ° 5 : “Protection contre le bruit” conséquences basse (CC1), moyenne (CC2) ou
EE n ° 6 : “Economie d’énergie et isolation élevée (CC3).
thermique”.
Cette classification en trois classes de cons é-
Bien sûr, les Eurocodes traitent principalement quences (CC) (**) est reprise au tableau 1 (voir
des EE n° 1 et n° 2 (seul l’aspect concernant la p. 36). Elle est basée sur les conséquences en
“stabilité des éléments porteurs (qui) doit être termes de perte de vies humaines et sur les
assur ée pendant une dur ée déterminée” est conséquences d’ordre économique, social ou
couvert pas les Eurocodes pour cette EE n° 2). environnemental.
L’EE n° 4, “Sécurité d’utilisation” liée à la
stabilité ou à la r ésistance mécanique, est éga- A ces classes de cons équences sont associ ées
lement abordée, dans une moindre mesure, des classes de fiabilit é (RC – Reliability
Class),
dans les Eurocodes. pour lesquelles des valeurs minimales de l ’in-
dice de fiabilité sont recommandées. L’indice
Il est important de souligner que la directive “Pro- de fiabilité (β) repr ésente la valeur cumul ée de
duits de construction” permet aux concepteurs la probabilité de défaillance (loi normale r é-
d’utiliser les Eurocodes pour valider le dimen- duite) de la structure ou d ’un élément de celle-
sionnement des éléments structurels et qu’elle ci. Le principe des Eurocodes est d ’établir des
sous-entend l’emploi de ces mêmes Eurocodes combinaisons d’actions et un calcul des r ésis-
pour le marquage CE (profilés en acier, poutres tances pour assurer une fiabilit é minimale cible
pr éfabriquées en béton, éléments en bois, … ). n’engendrant que peu de risques de rupture d ’un
élément ou d’une structure complète (***).
Fig. 2 Diminution des facteurs de sé curit é possible par un meilleur
contr ôl e de la r é alisation. En pratique, on applique des coefficients de
sécurité partiels sur les actions et sur les r ésis-
tances qui sont données dans l ’Eurocode 0
(Annexe A1) et dans les normes européennes
EN 1991 à 1999. Ceux-ci sont g énéralement
considér és comme satisfaisant à une classe de
fiabilité RC2 (classe de fiabilit é liée à la classe
de conséquences CC2, qui est la plus courante).
Ils sont bas és sur une analyse semi-probabi-
liste des occurrences de charges et de r ésistan-
ces (voir § 2.2.2).
(*) Construction Products Directive (CPD 89/106/CEE); le texte français est disponible sur Internet à l’adresse suivante :
http://europa.eu.int/eur-lex/fr/consleg/pdf/1989/fr_1989L0106_do_001.pdf .
(**) Au niveau de la défaillance ou du mauvais fonctionnement de la structure.
(***) Une chance sur 200 000, pour une période de r éf érence de 50 ans.
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Tableau 1 Classes de consé quences selon l ’E urocode 0.
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Ces coefficients de s écurité ont été déterminés Fig. 4 Bé ton fissur é .
sur la base d’une étude statistique et permet-
tent d’atteindre le niveau cible β = 3,8 pour la
classe de fiabilité RC2, compte tenu d ’une pé-
riode de r éf érence de 50 ans. Les coefficients
partiels de sécurité servent à couvrir les incer-
titudes concernant :
la valeur des actions (si les actions ne sont pas
telles que suppos ées, …) via un coefficient γ f
le modèle de calcul des effets de ces actions
(moments, forces internes, … si la charge
n’est pas exactement appliqu ée où on l’a
estimé) via un coefficient γ Sd
la valeur des proprié té s des mat ér iaux (r ésis-
tance, déformabilité, …) via un coefficient γ m
les incertitudes sur le mod èle de r ésistance
(béton fissur é alors qu’idéalement non fis-
sur é, …) ainsi que sur les écarts géométri-
ques (dimensions des sections et position-
nement des armatures) via un coefficient ment, …) sur un élément structurel ou sur une
γ Rd. structure complète. Il faut souligner que cette
valeur est calculée sur la base d ’une combinai-
Par souci de simplification (*), on a r éduit le son qui d épend de l ’é tat limite consid ér é,
nombre de ces coefficients à deux : γ F et γ M, comme nous le verrons par la suite.
tels que :
Les “états limites ultimes” (ELU) concernent vérification de l’é quilibre statique (état li-
la sé curit é des personnes et/ou la sé curit é de mite d’équilibre statique – “EQU”)
la structure (effondrement, …). Cette notion
correspond généralement à la capacité portan- vérification de la r és istance ( état limite de
te maximale d’une structure ou d ’un élément r ésistance – “STR /GEO”), soit la relation :
structurel. Les déformations excessives pou-
vant mener à une défaillance structurelle par Ed ≤ Rd (1)
instabilité mécanique font également partie des
états limites ultimes (flambement, par exem- dans laquelle :
ple). – Ed constitue la valeur de calcul de l’effet
des actions, tel qu’une force interne, un mo-
Les “états limites de service ” (ELS) concer- ment ou un vecteur repr ésentant plusieurs
nent le fonctionnement de la structure ou des forces internes ou moments
éléments structurels, le confort des personnes – Rd constitue la valeur de calcul de la r ésis-
et l’aspect de la construction (fissuration, défor- tance correspondante
mation excessive, …).
vérification de la r ésistance à la fatigue
Dans les deux cas (ELU ou ELS), on procédera (FAT) : à cet effet, l ’Eurocode 0 renvoie
au calcul de Ed, qui constitue la valeur de cal- aux normes européennes EN 1992 à EN
cul de l’effet des actions (force interne, mo- 1999 (états limites de fatigue).
(*) Dans le cas des actions g éotechniques, on utilisera n éanmoins l’ensemble des coefficients partiels de s écurité, voir EC7 [5].
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2.2.3.2 Etats limites de service (ELS) équipement fixe, actions indirectes cons é-
cutives au retrait, …
Parmi les états limites de service, il convient les actions variables (Q) : charges d’exploi-
de distinguer ceux qui sont r éversibles (vibra- tation dans les b âtiments, sur les toits, ac-
tion d’une structure sous l’action du vent, cer- tions du vent, de la neige, …
taines déformations, ...) de ceux qui sont irr é- les actions accidentelles (A) : explosions,
versibles (fissuration du b éton, par exemple). impacts, …
En effet, les combinaisons d ’actions à consi-
dérer diff èrent en fonction du type d ’état li- Les actions prises en compte dans les Euro-
mite (voir § 2.2.3.5) étant donné que les con- codes sont des valeurs caract éristiques (Fk) qui
séquences du d épassement de ces états limites correspondent généralement à la valeur ayant
ne sont pas identiques. une probabilité d’occurrence de 95 % au cours
de la dur ée de r éf érence. Il s’agit donc d’une
Les critères de dimensionnement des états li- valeur limite qui, au sens statistique, ne sera
mites de service sont appel és crit ères d ’apti- dépassée que dans 5 % des cas sur la p ériode
tude au service. La vérification de ces crit ères de r éf érence (**).
est exprimée par la formule suivante :
Ed ≤ Cd (2) Les actions climatiques sont, quant à elles,
où : basées sur des valeurs carat éristiques, qui se
Ed constitue la valeur de calcul des effets fondent sur une probabilité d’occurrence de
des actions, d éfinie dans le crit ère d’apti- 0,02 % sur une période de r éf érence de 1 an.
tude au service Cd (flèche, …) et détermi- Ceci équivaut à une période de retour moyen-
née sur la base de la combinaison appro- ne (***) de 50 ans.
priée (voir § 2.2.3.5)
Cd constitue la valeur limite de calcul des On exprime donc la valeur de calcul de l ’effet
critères d’aptitude au service. Ed d’une combinaison spécifique d’actions Fi
par la relation suivante :
En r ègle générale, les exigences d ’aptitude au
service sont définies pour chaque projet parti-
Ed = E {γ F ,i .Frep,i ; a d } (3)
culier. Au stade de pr énormes (ENV), les Euro-
codes relatifs aux diff érents matériaux consti-
tutifs indiquaient les critères d’aptitude au ser-
vice à vérifier en fonction du type de matériau Fig. 5 Cintrage et fissuration d'un b é ton.
structurel. Au stade de normes d éfinitives (EN),
ils mentionnent aussi des valeurs recomman-
dées. Cependant, les crit ères d’aptitude au ser-
vice peuvent être déterminés par le biais de
l’Eurocode 0 et de l ’Annexe nationale (ANB)
correspondante, indépendamment du matériau
utilisé, ce qui est somme toute logique. En
Belgique, il a été décidé de se r éf érer à la toute
nouvelle norme NBN B 03-003 [8] dans le
projet d’Annexe nationale. Celle-ci établit des
critères (Cd) sur les effets (Ed) suivants :
les flèches
l’ouverture des fissures (*)
la fr équence propre de vibration.
2.2.3.3 Actions
(*) Ce critère ne constitue toutefois pas l’objet de la norme belge NBN B 03-003. L’Eurocode 2 [9] [4], pour les structures
en béton, et l’Eurocode 4, pour les structures mixtes, fournissent des indications à ce sujet.
(**) Les actions sur les bâtiments doivent être déterminées conformément à l’Eurocode 1 [10].
(***) Dur ée moyenne entre deux occurrences d’un événement.
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où : propriété d’un matériau varie autour de sa
γ F,i constitue le coefficient partiel de sécu- moyenne, plus les mesures de s écurité qu’il
rité sur l’action faudra prendre sur la propriété en question de-
Frep,i constitue la valeur repr ésentative de vront être importantes. Les propriétés de l’acier
l’action varient, par exemple, beaucoup moins que cel-
ad repr ésente la valeur de calcul des don- les du béton. Si on utilise la nomenclature don-
nées g éométriques. née par l’équation (4) pour le calcul de la r é-
sistance du b éton armé, on obtient :
La détermination de la valeur des actions doit Rd = la r ésistance de calcul (moment de
être r éalisée selon l’Eurocode 1 [10]. Dans le flexion r ésistant, par exemple) d’une poutre
cas spécifique des actions géotechniques, la en b éton armé (béton = matériau 1, acier =
méthodologie est quelque peu diff érente. Pour matériau 2)
plus d’informations à ce sujet, nous renvoyons γ M,1 = γ c = 1,50 pour le b éton
le lecteur à un article paru pr écédemment dans γ M,2 = γ s = 1,15 pour l ’acier.
CSTC-Magazine [17].
On peut constater que le coefficient de s écu-
rité du béton (γ c) est plus élevé que celui de
2.2.3.4 Ré sistances l’acier, étant donné la variation plus impor-
tante de la r ésistance du b éton par rapport à
L’utilisation des coefficients partiels de s écu- celle de l’acier. Ceci est principalement dû à
rité pour couvrir les incertitudes li ées au do- l'hétérogénéité plus grande du mat ériau béton.
maine de la r ésistance Rd donnera l’expression
simplifiée suivante : Le facteur η rev êt une importance consid éra-
X ble pour des matériaux comme le bois (*), pour
Rd = R ηi . k ,i ; a d (4) lequel les diff érentes caractéristiques mécani-
γ M,i ques sont particulièrement sensibles à l’humi-
où : dité relative ambiante et à la dur ée du charge-
X k,i repr é sente la valeur caract éristique ment. Dans le cas du b éton, on utilise égale-
d’une propriété d ’un matériau ment un facteur η de 0,85 pour rendre compte
η i constitue un coefficient de conversion de la perte de r ésistance à long terme.
servant à tenir compte d’une variation de
r ésistance avec l ’humidité ou la tempéra- Il est également intéressant de noter que les
ture, des effets de volume ou d ’échelle et facteurs γ M,i peuvent parfois être r éduits en
des effets de la dur ée de la charge fonction du type de mat ériau. En effet, une
γ M,i constitue un coefficient de s écurité sur r éduction (pour les structures en b éton in situ
le matériau (défini par chaque Eurocode dans cet exemple) (**) peut être basée sur :
selon le matériau); ce coefficient est donné le contr ôle de la qualité et des tol érances
au tableau 2 pour les diff érents matériaux r éduites au niveau de la géométrie de la
structurels section et du positionnement de l ’armature
ad repr ésente la valeur de calcul des don- l’usage dans le calcul de param ètres géo-
nées g éométriques. métriques r éduits ou mesur és (in situ)
l’évaluation de la r ésistance du béton dans
Les propriétés des mat ériaux sont donc égale- la structure (***).
ment exprimées par la notion de valeur carac-
téristique Xk. Celle-ci est d éfinie comme étant Par exemple, des valeurs de γ s=1,1 et de γ c=1,4
le fractile 5 % ou le fractile 95 %, selon que ce (en lieu et place de 1,15 et 1,5 par d éfaut)
soit respectivement la valeur basse ou la va- peuvent être utilisées si le coefficient de varia-
leur haute de la propriété qui soit défavorable tion de la r ésistance en compression du b éton
au calcul d’un état limite. est inf érieur à 10 % (voir Annexe A de la
prEN 1992-1-1) [4]. Pour les produits pr éfa-
La valeur du coefficient γ M repr ésente les me- briqués, le même raisonnement peut être adop-
sures de s écurité à prendre par rapport à un té. Le lecteur trouvera davantage d ’informa-
matériau dont les propriétés mécaniques sont tions dans les normes relatives aux produits et
plus ou moins bien connues (par le biais de sa dans les normes d ’exécution (EN 13369 pour
distribution statistique). Plus la valeur d’une les é l é ments pr é fabriqué s en b é ton et
(*) Dans ce cas particulier, η prend la valeur de k mod pour les ELU et kdef pour les ELS; voir EC5 [13].
(**) Voir la prEN 1992-1-1 – Annexe A “Modification des facteurs partiels sur les matériaux” [4].
(***) A ce sujet, voir la pr énorme européenne prEN 13670 et la norme européenne EN 206 pour le béton.
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ENV 13670-1 pour le béton coulé in situ). On Remarque
y voit l’intér êt considérable que peut avoir une Dans les “équations” présentant les dif-
gestion totale du projet, de la conception au férentes combinaisons d’actions ci-des-
contr ôle de la structure r éalisée. sous, “+” signifie “doit être combiné
à” et “ Σ” signifie “l’effet combiné de”.
Notons aussi que ces facteurs peuvent être dif-
f érents en fonction de la situation de calcul
considér ée (en situation accidentelle, par exem- A. COMBINAISONS D’ACTIONS
ple : γ M,i=1,2 pour le béton) [4]. AUX ELU
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γ Q,i constitue un coefficient de s écurité sur Fig. 6 La charge de neige, un paramè tre à d é terminer
la charge variable i par chaque Etat membre.
ξ j constitue un facteur de r éduction sur l’ac-
tion permanente j
Gk,j repr ésente la valeur caract éristique de
l’action permanente j
Qk,1 repr ésente la valeur caract éristique de
l’action variable dominante
Qk,i repr ésente la valeur caract éristique de
l’action variable i
P repr ésente la valeur repr ésentative de l ’ac-
tion de pr écontrainte
ψ 0,i constitue un facteur applicable à la va-
leur de combinaison de l’action variable i.
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B. COMBINAISONS D’ACTIONS L’Eurocode 0 ajoute que la valeur des coeffi-
AUX ELS cients partiels sur les mat ériaux γ M doit aussi
être égale à 1, sauf mention contraire dans les
Les états limites de service ne sont pas asso- Eurocodes suivants.
ciés à une situation de projet, comme c ’est le
cas pour les ELU. Ils sont plutôt associés à des
conséquences : situations irr éversibles, r éver-
C
sibles et r éversibles avec influence sur l ’aspect L ’ Eurocode 0
et la durabilité à long terme. Ainsi, les combi- ONCLUSION pr ésente les r è-
naisons d’actions aux ELS sont exprimées de gles à respecter
la façon suivante : pour le calcul d ’une structure conformément à
combinaison caractéristique, aussi appel ée l’approche semi-probabiliste. Il décrit de ma-
rare : normalement utilisée pour les ELS ir- nière détaillée toutes les étapes à suivre pour
r éversibles : r éaliser un dimensionnement permettant d’at-
teindre une fiabilité engendrant un risque de
∑ G k , j + P + ψ 1,1 .Q k ,1 + ∑ ψ 2 ,i .Q k ,i (9) rupture limité, notamment par le contr ôle des
j≥1 i >1
états limites ultimes (ELU) et des états limites
combinaison fr équente : normalement utili- de service (ELS). Ce contr ôle s’opère par le
sée pour les ELS r éversibles : biais de la m éthode des coefficients partiels,
qui associe un coefficient particulier de s écu-
∑ G k , j + P + ∑ ψ 2,i .Q k ,i (10) rité aux actions et aux r ésistances. Ces coeffi-
j≥1 i ≥1
cients de s écurité permettent de prendre en
combinaison quasi permanente : utilisée compte les diff érentes incertitudes liées prin-
pour des états limites de service r éversibles cipalement à la connaissance relative de
ayant une influence importante sur l’aspect l’auteur de projet des actions qui agiront sur la
et la durabilité de la structure à long terme : structure ainsi que des r ésistances des diff é-
rents matériaux qui seront mis en œuvre.
∑ G k , j + P + Q k ,1 + ∑ ψ 0 ,i .Q k ,i (11)
j≥1 i >1
Les principes fondateurs de l ’Eurocode 0 ne sont
Ainsi, pour contr ôler la flèche acceptable d’élé- pas neufs, la philosophie de calcul pr ésentée dans
ments de plancher pour un plafond enduit sous- le document étant fort semblable à celle adoptée
jacen t (r ésistance à la fissuration, écaille- dans la norme belge NBN B 03-001, qu ’il rem-
ment, … ), la norme belge NBN B03-003 pr é- placera dans un futur proche. Il reste à tous les
conise une valeur de Cd = l /350 (*), où l cons- acteurs concern és par ce document, et ils sont
titue la distance entre appuis du plancher, as- nombreux, à se familiariser avec le texte, sa no-
sociée à la combinaison rare de l ’Eurocode 0. menclature et ses concepts, afin qu ’ils restent
Par contre, en ce qui concerne le confort vi- ma î tres de leur projet, de sa conception à son exé-
suel, un critère d’aptitude Cd = l /300 (**) est cution en passant par ses co ûts.
donné, mais la combinaison de calcul de l ’ef-
fet Ed est la combinaison fr équente.
(*) Sur la flèche wb+wc, c’est-à-dire la flèche totale finale (flèche instantanée de l’élément porteur).
(**) Sur la flèche finale totale wabc définie dans la norme belge NBN B 03-003.
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Tableau 3 Valeur des coefficients ψ provenant de la norme NBN EN 1990 et le projet d ’ ANB [12].
ACTIONS ψ 0 ψ 1 ψ 2
Charges d’exploitation des bâtiments (voir EN 1991-1-1) :
- Catégorie A : habitations, zones résidentielles 0,7 0,5 0,3
- Catégorie B : bureaux 0,7 0,5 0,3
- Catégorie C : lieux de réunion 0,7 0,7 0,6
- Catégorie D : commerces 0,7 0,7 0,6
- Catégorie E : stockage 1 0,9 0,8
- Catégorie F : zone de trafic, véhicules de poids ≤ 30 kN 0,7 0,7 0,6
- Catégorie G : zones de trafic, véhicules de poids > 30 kN et ≤ 160 kN 0,7 0,5 0,3
- Catégorie H : toits 0 0 0
Charges dues à la neige sur les bâtiments (voir EN 1991-1-3) 0,5 (1) 0 0
Charges dues au vent sur les bâtiments (voir EN 1991-1-4) 0,6 (1) 0,2 0
Température (non liée à un incendie) dans les bâtiments (voir EN 1991-1-5) 0,6 (1) 0,5 0
Actions particulières pendant l'exécution (2) 1 – 0,2
( 1) ψ 0 = 0,3 pour une action variable de courte durée (< 1 mois) qui accompagne une autre action
variable de courte durée (ANB).
( 2) Les facteurs ψ sont à déterminer au cas par cas si nécessaire (voir EN 1991-1-6).
Tableau 4 Valeur des coefficients γ et ξ pour les combinaisons d ’é tats limites selon la norme NBN EN 1990 et le projet d ’A
NB [12].
1
)
(
Set A EQU (2) (Equ. 6.10) 1,10 Gkj,sup ( 2) 0,90 Gkj,inf ( 2) 1,50 Qk,1 1,50 ψ 0,i Q k,i
er
i Set B STR/GEO (Equ. 6.10) 1,35 Gkj,sup 1,00 Gkj,inf 1,50 Qk,1 1,50 ψ 0,i Q k,i
toi
s
n
ar
(Equ. 6.10a) 1,35 Gkj,sup 1,00 Gkj,inf 1,50 ψ 0,i Q k,i 1,50 ψ 0,i Q k,i
t
/ (Equ. 6.10b) 1,15 Gkj,sup ( 3) 1,00 Gkj,inf 1,50 ψ 0,i Q k,i
le
1,50 Qk,1
b
ra Set C STR/GEO (Equ. 6.10) 1,00 Gkj,sup 1,00 Gkj,inf 1,10 Qk,1 1,10 ψ 0,i Q k,i
u
D
Accidentelle (Equ. 6.11a/b) 1,00 Gkj,sup 1,00 Gkj,inf A d 1,00 ψ 1,1 Q k,1 1,00 ψ 2,i Q k,i
Sismique (Equ. 6.12a/b) 1,00 Gkj,sup 1,00 Gkj,inf γ I A Ek 1,00 ψ 2,i Q k,i
ou A Ed
ACTIONS PERMANENTES ACTIONS VARIABLES (4)
ETATS LIMITES DE SERVICE (ELS)
Défavorables Favorables Dominantes Autres
n Caractéristique (Equ. 6.14a/b) Gkj,sup Gkj,inf Qk,1 ψ 0,I Q k,i
o
s
i
a
n
Fréquente (Equ. 6.15a/b) Gkj,sup Gkj,inf ψ 1,1 Q k,1 ψ 2,i Q k,i
i
b
m
o Quasi (Equ. 6.16a/b) Gkj,sup Gkj,inf ψ 2,1 Q k,1 ψ 2,i Q k,i
C permanente
(1) La Note 2 du tableau A1.2. A de l’Eurocode permet de vérifier des états limites “EQU/STR” en prenant γ G,sup = 1,35 et γ G,inf = 1,15.
(2) Le choix entre les ensembles (Set) A, B ou C pour les combinaisons de charges aux ELU doit être effectué sur la base des indications
données dans la norme et l’ANB.
(3) Equation 6.10b : un coefficient de réduction ξ est appliqué aux charges permanentes défavorables, tel que ξ . γ G,sup = 1,15.
(4) Pour les charges variables favorables, le coefficient partiel de sécurité doit être égal à 0.
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