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UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ

THÈSE

En vue de l'obtention du grade de

DOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ

Discipline : Sciences pour l'Ingénieur


École doctorale : Sciences Physiques pour l'Ingénieur et Microtechniques

Présentée et soutenue publiquement le 18 octobre 2004 par

Johan GALLANT

____________

Le lanceur électromagnétique à rails augmenté :


modélisation et validation expérimentale
____________

Composition du jury

M. Marc ACHEROY Président


M. Frédéric BOUILLAULT Rapporteur
M. Abderrezak REZZOUG Rapporteur
M. Michel AMIET Examinateur
M. Jean-Marie KAUFFMANN Directeur de thèse
Mlle. Pascale LEHMANN Co-Directeur de thèse
2

RÉSUMÉ EN FRANÇAIS

Cette thèse a été dirigée par le Professeur Jean-Marie Kauffmann de l’’Université de


Franche-Comté. Elle a été effectuée à l’’Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis,
dans le service "Lanceurs à rails électromagnétiques", encadrée par le Docteur Pascale
Lehmann.
Un lanceur à rails électromagnétique est composé de deux rails conducteurs, dans
lesquels circule un courant, et d’’un projectile comportant un ou plusieurs ponts de courant.
Sous l’’action du champ magnétique créé par le courant, le projectile est propulsé par une
force électromagnétique.
Pour atteindre des vitesses supérieures à 2000 m/s, des courants atteignant quelques
MA peuvent être nécessaires. En raison de l’’effet Joule, les ponts de courant, assurant le
contact entre les rails, subissent un échauffement très important et peuvent se transformer en
plasma, ce qui est à éviter. Une possibilité est de limiter l’’intensité du courant dans le
projectile, mais sans diminuer la force électromagnétique. Ceci peut être obtenu en appliquant
un champ magnétique extérieur, généré par un circuit extérieur. On parle alors d’’un lanceur à
rails augmenté.
L’’objectif de cette thèse est d’’étudier les conséquences de l’’application du champ
magnétique extérieur, de modéliser le lanceur augmenté et de valider le modèle par une étude
expérimentale.
Un lanceur augmenté, avec une longueur de 1.5 m et un calibre de 15 x 15 mm2, a été
construit. Il est alimenté par des bancs de condensateurs. Le courant des rails a une valeur
maximale de 200 kA, celui du circuit extérieur une valeur maximale de 300 kA. La masse des
projectiles varie de 16.0 g à 20.9 g ; des vitesses entre 291 m/s et 1200 m/s ont été atteintes.
Nous avons montré que les forces de répulsion maximales sur les rails sont plus élevées
que celles agissant sur les rails du lanceur non augmenté. La force propulsive sur le projectile
a été modélisée et validée. Un modèle du circuit électrique du lanceur est présenté. Nous
avons montré expérimentalement, pour des projectiles à un pont de courant, que l’’énergie
cinétique maximale à la bouche, sans transformation du contact solide en contact plasma, est
cinq fois plus élevée grâce à l’’augmentation. Pour les projectiles à deux ponts de courant,
l’’énergie cinétique est neuf fois supérieure.

MOTS CLÉS EN FRANÇAIS

Lanceur à rails électromagnétique, pont de courant à brins multifilamentaires, contact


glissant, échauffement du contact, sources d'énergie impulsionnelles, bancs de condensateurs,
couplage électromagnétique

DISCIPLINE

Sciences pour l'ingénieur


3

INTITULÉ ET ADRESSE DU LABORATOIRE

Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis


5 rue du Général Cassagnou
68300 SAINT-LOUIS
FRANCE

TITRE EN ANGLAIS

The augmented electromagnetic rail launcher : modelling and experimental validation

RÉSUMÉ EN ANGLAIS

This thesis was supervised by Professor Jean-Marie Kauffmann of the University of


Franche-Comté. The work was performed at the French-German Research Institute of Saint-
Louis, in the group "Electromagnetic Rail Launchers", directed by Doctor Pascale Lehmann.
An electromagnetic rail launcher is composed of two conducting rails and a projectile
with one or more brushes. Due to the magnetic field generated by the current in the rails, the
projectile is propelled by an electromagnetic force.
In order to obtain velocities up to 2000 m/s, currents reaching several MA can be
required. The armatures, ensuring the contact between the rails, are heavily heated and can be
transformed into plasma, which has to be avoided. One possibility is to limit the current in the
projectile, but without reducing the electromagnetic force. This can be obtained by applying
an exterior magnetic field, generated by an exterior circuit. The launcher is then said to be
"augmented".
The objective of this thesis is to study the consequences of the application of the
exterior magnetic field, to model the augmented launcher and to validate the model by an
experimental study.
An augmented launcher, with a length of 1.5 m and a calibre of 15 x 15 mm2, has been
constructed. The power supply consists of capacitor banks. The current in the rails has a
maximum value of 200 kA, the current in the exterior circuit has a maximum value of 300
kA. The mass of the projectiles ranges from 16.0 g to 20.9 g ; velocities between 291 m/s and
1200 m/s have been obtained.
We have proven through finite element simulation that the maximum repulsive forces
applied to the rails are much higher than those applied to the rails of the non-augmented rail
launcher. The propulsive force on the projectile has been modelled and validated. A model of
the electric circuit of the launcher is presented. It has been shown experimentally that the
augmented rail launcher is capable of accelerating projectiles, without transformation of the
solid contact in a plasma contact, up to kinetic energy levels which are much higher than
these obtained with a non-augmented launcher (an increase by a factor five or nine, for the
one-brush and two-brush projectiles, respectively).

MOTS CLÉS EN ANGLAIS

Electromagnetic rail launcher, fiber brush armatures, sliding contact, contact heating, pulse
forming network, capacitor banks, electromagnetic coupling
5

À mes filles, Lien et Eva


Remerciements 7

Ce travail n'aurait pas vu le jour sans la collaboration de nombreuses personnes.

Je tiens tout d’’abord à remercier le professeur Kauffmann, professeur à l’’Université de


Franche-Comté et à l'Université de Technologie de Belfort-Montbéliard, qui a dirigé cette
thèse et qui a permis son aboutissement par ses nombreux conseils.
Je remercie également Mlle. Pascale Lehmann, co-directeur de thèse et mon
responsable à l'ISL, de m'avoir accueilli dans son groupe de recherche, de m'avoir encadré et
m'avoir fait confiance tout au long de ces années de thèse.
Mes remerciements vont également au professeur Bouillault, professeur à l'Université
de Paris XI, et au professeur Rezzoug, professeur à l'Université Henri Poincaré de Nancy,
pour avoir bien voulu accepter la charge de rapporteur.
J’’exprime mes remerciements au professeur Acheroy, professeur à l'École Royale
Militaire de Belgique, et à M. Amiet, responsable des études amont en génie électrique à la
DGA, pour avoir accepté de faire partie de mon jury de thèse en tant qu’’examinateur. Je
remercie le professeur Acheroy d’’avoir accepté la présidence du jury.
J’’exprime toute ma gratitude au professeur Marc Pirlot, mon chef de département à
l’’École Royale Militaire, pour avoir initié cette collaboration avec l’’ISL et pour m’’avoir
permis de quitter son service durant deux années.
Un grand merci à Markus Schneider, pour les discussions enrichissantes que j’’ai eu
avec lui et pour son aide indispensable, que ce soit avec le matériel informatique, le code
MEGA, les instruments de mesure ou la physique du lanceur à rails.
Je remercie également Bernard Reck pour son aide.
Je tiens à remercier les ingénieurs qui m’’ont énormément aidé à la mise en place de
LARA : Walter Wenning, Francis Hatterer, Dominique Eckenfels, Minh Duc Vo et Volker
Brommer.
Je remercie également de tout cœœur les techniciens du groupe, qui ont fait un travail
formidable lors de la construction et l’’expérimentation du lanceur : David Bluntzer, Philippe
Baumann, Raymond Specklin, Yannick Foerry, Thierry Stieblin et Bernard Schillig.
Merci à Eric Giaux et Isabelle Metzger, les secrétaires à Bruxelles et à Saint-Louis, de
m'avoir aidé dans les formalités administratives.
J’’adresse un remerciement spécial à Michaël Dubois, pour les relectures et le travail de
correction.
Je remercie mes collègues de l’’École Royale Militaire pour tout le soutien durant ces
années de thèse.
Enfin, je voudrais exprimer à mon épouse Sofie ma reconnaissance pour le soutien
qu’’elle m'a apporté en toute circonstance.
Table des matières 9

LISTE DES SYMBOLES ET DES ABRÉVIATIONS ................................... 17

INTRODUCTION ......................................................................................................... 21

A. Le lancement de projectiles .................................................................................. 21


A.1. L'historique des lanceurs ............................................................................... 21
A.1.a. Les lanceurs mécaniques ......................................................................... 21
A.1.b. Les lanceurs chimiques ........................................................................... 21
A.1.c. Les lanceurs électromagnétiques .............................................................. 22
A.2. Les lanceurs chimiques .................................................................................. 24
A.2.a. Description générale du lanceur chimique ................................................ 24
A.2.b. Le lanceur à poudre ................................................................................ 24
A.2.c. Le lanceur à gaz léger ............................................................................. 25
A.2.d. Le lanceur à propergol liquide ................................................................. 25
A.3. Les lanceurs électromagnétiques ................................................................... 26
A.3.a. Le lanceur à induction ............................................................................. 26
A.3.b. Le lanceur à rails .................................................................................... 27
A.4. Les lanceurs hybrides .................................................................................... 29
A.4.a. Le lanceur électrothermique .................................................................... 29
A.4.b. Le lanceur électrothermique-chimique ..................................................... 29

B. Les avantages du lanceur à rails ................................................................... 30


B.1. L'efficacité ...................................................................................................... 30
B.2. Les aspects économiques, logistiques et sécurité .......................................... 31
B.3. Le recul du lanceur ........................................................................................ 31
B.4. Intégration dans des véhicules et des navires tout électriques ...................... 32
B.5. La signature du lanceur ................................................................................. 32

C. Les applications des lanceurs électromagnétiques ................................... 33


C.1. Les applications militaires ............................................................................ 33
C.2. Les applications civiles .................................................................................. 33
C.2.a. La mise en orbite de fret et de satellites .................................................... 33
C.2.b. L'approvisionnement en carburant d'un réacteur à fusion nucléaire ............. 34
C.2.c. Le traitement de surface à l'aide de poudres .............................................. 34
C.2.d. L'étude de matériaux soumis à des impacts à très grande vitesse ................ 34

D. L'application d'un champ magnétique extérieur au lanceur à rails


Objectif de la thèse .......................................................................................... 35
D.1. Le lanceur à rails augmenté par un champ magnétique extérieur ............... 35
D.2. Motivation de l'étude ..................................................................................... 35
D.2.a. Échauffement du contact entre le pont de courant et les rails ...................... 35
D.2.b. Encombrement de la source d'énergie ...................................................... 35
10 Table des matières

D.3. Objectif de la thèse ........................................................................................ 35


D.4. Méthodologie ................................................................................................. 36
D.5. Structure du rapport ...................................................................................... 36

1. LES LANCEURS ÉLECTROMAGNÉTIQUES À RAILS ..................... 37

A. Le lanceur à rails conventionnel .................................................................... 37


A.1. Description .................................................................................................... 37
A.2. Le projectile ................................................................................................... 39
A.2.a. Introduction ............................................................................................ 39
A.2.b. Le sabot ................................................................................................. 39
A.2.c. Le pont de courant .................................................................................. 41
A.2.c.1. Le pont de courant plasma .......................................................... 41
A.2.c.2. Le pont de courant hybride ......................................................... 42
A.2.c.3. Le pont de courant à contacts mobiles ......................................... 42
A.2.c.4. Le pont de courant solide ............................................................ 42
A.2.d. La transition de contact ........................................................................... 42
A.2.d.1. Introduction ............................................................................... 42
A.2.d.2. La force normale de contact ........................................................ 43
A.2.d.3. La charge thermique .................................................................. 45
A.2.d.4. Évaluation expérimentale de la transition ..................................... 46
A.3. Les rails ......................................................................................................... 49
A.3.a. Introduction ............................................................................................ 49
A.3.b. Influence des dimensions des rails sur le gradient d'inductance des rails ..... 50
A.3.c. La diffusion du courant dans les rails ....................................................... 51
A.3.d. Le "gouging" .......................................................................................... 52
A.3.e. Le refroidissement des rails ..................................................................... 53
A.4. La structure de maintien des rails ................................................................. 53

B. Différentes configurations du lanceur non augmenté .............................. 54


B.1. Le lanceur segmenté ...................................................................................... 54
B.2. Le lanceur à distribution spatio-temporelle de l'énergie ( DES) ................... 55

C. Différentes configurations du lanceur augmenté ...................................... 56


C.1. Le lanceur augmenté en série ........................................................................ 56
C.2. Le lanceur à shunt ......................................................................................... 56
C.3. Le lanceur augmenté en parallèle ................................................................. 57
C.4. Le lanceur augmenté par des aimants permanents ........................................ 58

D. Les sources d'énergie pour les lanceurs électromagnétiques .................. 60


D.1. Description générale ..................................................................................... 60
D.2. Le compulsateur ............................................................................................ 61
Table des matières 11

D.3. Le générateur homopolaire ........................................................................... 62


D.4. Le stockage magnéto-dynamique .................................................................. 63
D.5. Le condensateur ............................................................................................ 63
D.6. La batterie ..................................................................................................... 64
D.7. Le supercondensateur ................................................................................... 64

2. AVANT-PROJET DU LANCEUR À RAILS AUGMENTÉ .................. 65

A. La force électromagnétique appliquée au projectile et aux rails .......... 65


A.1. Introduction ................................................................................................... 65
A.2. La force électromagnétique appliquée au projectile ..................................... 66
A.2.a. Le projectile à un pont de courant ............................................................ 66
A.2.b. Le projectile à deux ponts de courant ....................................................... 66
A.3. La force électromagnétique appliquée aux rails ........................................... 69

B. Étude de l'influence de la géométrie du lanceur sur la force


électromagnétique pour deux configurations ............................................ 70
B.1. Introduction ................................................................................................... 70
B.2. Calcul avec MEGA des forces sur le projectile et les rails du lanceur
augmenté ......................................................................................................... 71
B.2.a. Introduction .................................................................................................... 71
B.2.b. Exemple de rails rectangulaires superposés (type 1) ..................................... 72
B.2.c. Exemple de rails rectangulaires juxtaposés (type 2) ...................................... 73
B.3. Comparaison des deux configurations .......................................................... 74

C. Avant-projet du lanceur à rails augmenté de l'ISL (LARA) ................. 75


C.1. Choix du calibre du lanceur et de l'alimentation .......................................... 75
C.2. Détermination des impulsions de courant pour le calcul des forces sur les
rails ............................................................................................................... 75
C.3. Détermination des coefficients de la force électromagnétique sur les rails .. 78
C.4. Comparaison des forces sur les rails des lanceurs conventionnel et
79
augmenté .......................................................................................................
C.5. Comparaison des deux méthodes de calcul ................................................... 80

D. Conclusions ........................................................................................................ 82

3. LE MONTAGE EXPÉRIMENTAL ET TECHNIQUES DE


MESURE ............................................................................................................ 83

A. Description de LARA ...................................................................................... 83


12 Table des matières

B. Choix du projectile ........................................................................................... 85

C. Source d'énergie électrique ............................................................................ 87

D. Instrumentation ................................................................................................ 89
D.1. Schéma de l'instrumentation de LARA .......................................................... 89
D.2. Mesure de la position du projectile dans le lanceur ..................................... 90
D.3. Mesure de la vitesse du projectile à la bouche par des barrières à fils ........ 91
D.4. Mesure de la vitesse du projectile avec un radar Doppler ........................... 91
D.5. Mesure du courant dans les circuits du lanceur ........................................... 92
D.6. Mesure de la tension à la bouche et à la culasse du lanceur ........................ 93
D.7. Visualisation des ponts de courant par radiographie éclair ......................... 95

E. Conclusions ........................................................................................................ 95

4. MODÉLISATION DE LARA ........................................................................ 97

A. Modélisation de la force propulsive ............................................................. 97


A.1. Calcul de la force électromagnétique agissant sur le projectile ................... 98
A.1.a. LARC .................................................................................................... 98
A.1.a.1. Introduction ............................................................................... 98
A.1.a.2. Calcul du gradient d'inductance propre avec MEGA ..................... 99
A.1.a.3. Mesure du gradient d'inductance propre sur LARC ....................... 99
A.1.a.4. Comparaison du calcul analytique avec le calcul numérique de la
force électromagnétique ............................................................. 100
A.1.b. LARA ................................................................................................... 101
A.1.b.1. Introduction ............................................................................... 101
A.1.b.2. Calcul des gradients d'inductance avec MEGA ............................ 102
A.1.b.3. Mesure du gradient d'inductance mutuelle sur LARA ................... 103
A.1.b.4. Comparaison du calcul analytique avec le calcul numérique de la
force électromagnétique ............................................................. 104
A.1.b.5. Proposition d'une nouvelle expression de la force
électromagnétique ..................................................................... 110
A.1.c. Conclusion ............................................................................................. 113
A.2. Force de frottement ........................................................................................ 114
A.2.a. Expression de la force de frottement ........................................................ 114
A.2.b. Détermination des paramètres ................................................................. 115
A.2.b.1. Le coefficient D ......................................................................... 115
A.2.b.2. Le coefficient de frottement µf .................................................... 115
A.2.b.3. La force normale mécanique FN,méc .............................................. 115
A.2.c. Conclusion ............................................................................................. 117
Table des matières 13

A.3. La cinématique du projectile ......................................................................... 118


A.3.a. La masse du projectile ............................................................................. 118
A.3.b. La position et la vitesse du projectile ....................................................... 118

B. Modélisation des circuits électriques de LARA ......................................... 120


B.1. Modélisation des circuits intérieur et extérieur du lanceur .......................... 120
B.1.a. Introduction ............................................................................................ 120
B.1.b. La tension à la culasse du circuit intérieur ................................................ 121
B.1.c. La tension à la bouche du circuit intérieur ................................................. 122
B.1.d. La tension à la culasse du circuit extérieur ................................................ 123
B.1.e. Remarques et conclusion ......................................................................... 124
B.2. Détermination des paramètres du circuit électrique ..................................... 125
B.2.a. Les rails ................................................................................................. 125
B.2.a.1. Les gradients d'inductance des rails ............................................. 125
B.2.a.2. Les gradients de résistance des rails ............................................. 125
B.2.b. Le pont de courant du projectile ............................................................... 126
B.2.b.1. L'inductance du pont de courant du projectile ............................... 126
B.2.b.2. La résistance du pont de courant du projectile .............................. 126
B.2.c. Le pont du circuit extérieur ...................................................................... 127
B.2.c.1. L'inductance du pont du circuit extérieur ...................................... 127
B.2.c.2. La résistance du pont du circuit extérieur ..................................... 127

C. Modélisation des sources ................................................................................ 128


C.1. Description du modèle ................................................................................... 128
C.2. Discussion du modèle ..................................................................................... 129

D. Résumé ............................................................................................................... 130


D.1. Introduction ................................................................................................... 130
D.2. Le modèle de la force propulsive sur le projectile ........................................ 130
D.3. Le modèle global ........................................................................................... 132

5. ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DU LANCEUR À RAILS


AUGMENTÉ ..................................................................................................... 135

A. Modèle de LARC ............................................................................................... 135


A.1. Validation du modèle de la force propulsive sur le projectile ....................... 135
A.1.a. Tir 09 ..................................................................................................... 135
A.1.b. Tir 39 ..................................................................................................... 137
A.2. Comparaison de la vitesse mesurée et calculée de projectiles à un pont
de courant tirés avec LARC .......................................................................... 139
A.3. Le modèle de LARC global ............................................................................ 140
14 Table des matières

B. Modèle de LARA ............................................................................................... 142


B.1. Validation du modèle de la force propulsive sur le projectile........................ 142
B.1.a. Tir 49 ..................................................................................................... 142
B.1.b. Tir 15 ..................................................................................................... 145
B.2. Comparaison de la vitesse mesurée et calculée de projectiles à un pont
de courant tirés avec LARA ........................................................................... 147
B.3. Le modèle de LARA global ............................................................................ 149
B.4. Etude de sensibilité ........................................................................................ 151
B.4.a. Introduction ............................................................................................ 151
B.4.b. La cinématique du projectile .................................................................... 151
B.4.b.1. Influence de la variation des paramètres de la force de frottement
sur la vitesse à la bouche ............................................................ 151
B.4.b.2. Influence de la variation des paramètres de la force
électromagnétique sur la vitesse à la bouche ................................ 153
B.4.b.3. Influence de la masse du projectile sur la vitesse à la bouche ......... 154
B.4.c. Le circuit électrique ................................................................................ 154
B.4.c.1. Influence de la variation de la tension de charge des bancs de
condensateurs sur la vitesse à la bouche ...................................... 154
B.4.c.2. Influence de la variation du gradient de résistance du circuit
extérieur sur la tension à la culasse de ce circuit .......................... 155

C. Conclusions ........................................................................................................ 156

6. ANALYSE DES SPÉCIFICITÉS DU LANCEUR AUGMENTÉ


SUR BASE DE L'ÉTUDE EXPÉRIMENTALE ........................................ 157

A. Apparition de tensions négatives aux bornes des rails du lanceur


augmenté ............................................................................................................ 157
A.1. Introduction ................................................................................................... 157
A.2. Solutions pour éviter la destruction des diodes ............................................. 158
A.3. Applications ................................................................................................... 158
A.3.a. Apparition de tensions négatives aux bornes du circuit extérieur ................ 158
A.3.b. Apparition de tensions négatives aux bornes du circuit intérieur ................ 160

B. Analyse des tirs avec le projectile à deux ponts de courants .................. 161
B.1. Comparaison de la vitesse mesurée et calculée de projectiles à deux
ponts ............................................................................................................. 161
B.1.a. LARC .................................................................................................... 161
B.1.b. LARA .................................................................................................... 161
B.2. Calcul avec MEGA des forces électromagnétiques agissant sur les ponts
de courant ...................................................................................................... 162
B.2.a. LARC .................................................................................................... 162
B.2.b. LARA .................................................................................................... 164
Table des matières 15

B.3. Analyse du tir 50 ............................................................................................ 165

C. Comparaison du lanceur augmenté au lanceur conventionnel ............. 166


C.1. Énergie cinétique maximale à la bouche sans transition .............................. 166
C.1.a. Définition ............................................................................................... 166
C.1.b. Projectile à un pont de courant ................................................................. 167
C.1.c. Projectile à deux ponts de courant ............................................................ 167
C.2. Rendement ..................................................................................................... 168
C.1.a. LARC .................................................................................................... 168
C.1.b. LARA .................................................................................................... 169
C.3. Puissance calculée dans le lanceur ............................................................... 171

D. Conclusions ........................................................................................................ 172

7. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES ....................................................... 173

A. Conclusions ........................................................................................................ 173


B. Perspectives ........................................................................................................ 175

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................ 177

Annexe A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de


courant et les rails dans le lanceur à rails augmenté ............... 185
Annexe B. Description de la simulation avec MEGA et LABVIEW ......... 193
Annexe C. Calcul de l'erreur de mesure des barrières à fils ...................... 201
Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur par un
radar Doppler ................................................................................... 203
Annexe E. Tableau des tirs ................................................................................. 213
Annexe F. Modèle unidimensionnel de la diffusion du courant dans
un conducteur semi-infini ............................................................... 217
Liste des symboles et des abréviations 17

LISTE DES SYMBOLES ET DES ABRÉVIATIONS

Lettres
&
A [Wb m-1] potentiel vecteur
b [m] écart entre les mines de crayon des barrières à fils
&
B [T] induction magnétique
Be [T] intensité du champ magnétique extérieur
C [F] capacité
d [m] diamètre du pont de courant
&
e [-] vecteur unitaire
&
E [V] champ électrique
Ecin [J] énergie cinétique
Em [J] énergie magnétique
f [Hz] fréquence
fD [Hz] fréquence Doppler
F [N] force
FEM [N] force électromagnétique sur le projectile
Fy, Fz [N] force exercée sur les rails selon les axes y et z
h [m] espacement entre les rails
I [A] courant
l [m] longueur du pont de courant
&
J [A m-2] densité de courant
&
H [A m-1] champ magnétique
L [H] inductance propre
-1
L' [H m ] gradient d'inductance propre
m [kg] masse
M [H] inductance mutuelle
M' [H m-1] gradient d'inductance mutuelle
R [:] résistance
-1
R' [: m ] gradient de résistance
t [s] temps
U [V] tension
x [m] position
18 Liste des symboles et des abréviations

v [m s-1] vitesse du projectile


w [m] largeur du rail
Wc [J] coénergie magnétique

Lettres grecques

D [-] coefficient de la force de frottement


E [-] coefficient de correction de la force électromagnétique
J [:-1 m-1] conductivité
Jpr [m s-2] accélération du projectile
G [m] profondeur de peau
K [-] rendement
O [-] répartition du courant entre les ponts du projectile
µ [VsA-1m-1] perméabilité
µf [-] coefficient de frottement
I [Wb] flux d'induction
I [V] potentiel scalaire
U [: m] résistivité
-1
Z [rad s ] pulsation

Indices

( )A du circuit extérieur
( )b à la bouche du lanceur
( )c à la culasse du lanceur
( ) cn de contact
( ) eff effectif
( ) ém électromagnétique
( ) ext extérieur
( )f frottement
( ) int intérieur
( ) méc mécanique
( )N normale
( )p du pont
( ) pr du projectile
( )R du circuit intérieur
( ) tot total
( )0 initial
Liste des symboles et des abréviations 19

Constantes

c (2.997 108 m s-1) vitesse de la lumière


-7 -1 -1
µ0 (4S 10 VsA m ) perméabilité du vide

Abréviations

CT charge thermique
ET électrothermique
ETC électrothermique-chimique
ISL Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis
LARA lanceur à rails augmenté
LARC lanceur à rails conventionnel
Introduction 21

INTRODUCTION

A. Le lancement de projectiles
On peut définir un lanceur comme un engin transformant une énergie initiale
(mécanique, chimique ou électromagnétique) en une énergie finale (cinétique) communiquée
à un objet, pour toucher une cible ou pour le satelliser. L'homme mène depuis des dizaines de
siècles des recherches afin de perfectionner les lanceurs. Depuis le début du vingtième siècle,
il s'attache notamment à développer un lanceur électromagnétique.

A.1. L'historique des lanceurs

A.1.a. Les lanceurs mécaniques

Des fouilles archéologiques à Nimrud, en Irak, ont montré que l'utilisation de lanceurs
mécaniques pour des buts militaires date environ du neuvième siècle avant Jésus-Christ [1].
Les lanceurs mécaniques, comme la catapulte et la baliste, étaient très répandus dans le
monde antique. Les Romains, qui en possédaient la plus grande variété, avaient introduit ––
sous l'influence des Grecs –– des méthodes mathématiques et d'ingénierie pour les optimiser.

Figure 0-1. Le trébuchet

Au douzième siècle, au début du Moyen-Âge, le trébuchet apparût sur les champs de


bataille (Fig. 0-1). Les plus puissantes armes de ce type pouvaient lancer des pierres
sphériques de 130 kg, avec une vitesse de lancement estimée à 50 m/s, à des distances de
275 m. Les projectiles étaient accélérés au moyen d'un contrepoids qui pouvait peser jusqu'à
10 tonnes [2].

A.1.b. Les lanceurs chimiques

En 1247, pendant le siège de Séville, les Maures utilisèrent un mélange chimique, la


poudre noire, pour lancer des projectiles. Ce lanceur chimique se répandit ensuite dans toute
l'Europe, mais le lanceur mécanique resta d'usage courant jusqu'au dix-huitième siècle. Une
des raisons de la réticence envers les armes à feu fut le manque de précision des tirs et le
22 Introduction

danger d'explosion du lanceur et des réservoirs de poudre. Ce n'est pas pour rien que les
artilleurs étaient les militaires les mieux payés dans les armées d'antan.
Depuis la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, des nouvelles inventions menèrent
à des poudres et des canons de plus en plus fiables et performants. Actuellement, un des plus
puissants systèmes d'armes est le char Leclerc (Fig. 0-2). Il lance des projectiles de 7.3 kg
avec une vitesse de 1790 m/s [3].

Figure 0-2. Le char Leclerc

En plus du lanceur à poudre (propergol solide), il existe depuis soixante ans le lanceur
spatial, qui utilise des propergols liquides comme l'hydrogène liquide et le kérosène.

A.1.c. Les lanceurs électromagnétiques

Les travaux de Birkeland en Norvège, entre 1901 et 1903, furent la première tentative
pour développer un lanceur électromagnétique. Il construisit un lanceur à bobines permettant
de lancer des projectiles de 10 kg à des vitesses de 100 m/s [4].

Figure 0-3. Le lanceur de Fauchon-Villeplée (1), le projectile avant (2) et après (3) le tir

En France, Fauchon-Villeplée entama, avec des fonds du Ministère de l'Armement et


des fabrications de Guerre, des études sur les lanceurs à rails en 1916. Le lanceur avait une
longueur de 2 m et lançait des projectiles de 50 g avec une vitesse de 200 m/s. La figure 0-3
montre le lanceur, le projectile et l'impact du projectile dans un bloc de bois. Le projet fut
abandonné à la fin de la première Guerre Mondiale en raison d'objections diverses et d'un
Introduction 23

manque de moyens [5]. La principale objection était celle "qu'il faut adjoindre à ces canons
des usines puissantes, pratiquement indéplaçables pour leur permettre de fonctionner" [6].
Durant la deuxième Guerre Mondiale, l'Allemand Hänsler reprit les recherches. Il
construisit un lanceur de 2 m et réussit à accélérer des projectiles de 10 g jusqu'à une vitesse
de 1200 m/s [7]. Il fut confronté au même problème que Fauchon-Villeplée : l'impossibilité de
fabriquer des sources d'énergie de faible encombrement. En 1946, une commission
américaine évalua son travail et conclut que le problème de la source d'énergie était insoluble.
Les études furent alors arrêtées [8].
La recherche du lanceur électromagnétique prit son véritable essor au début des années
80. Richard Marshall construisit alors à l'Australian National University de Canberra un
lanceur à rails de longueur égale à 5 m qui accélère des projectiles de 3 g jusqu'à des vitesses
de 5.9 km/s en utilisant un énorme générateur homopolaire (550 MJ) [6]. Les laboratoires
américains vinrent ensuite à la tête de la recherche sous impulsion de l'armée et de la DARPA
(Defense Advanced Research Projects Agency). A cette époque, l'organisation de l'initiative
de défense stratégique (I.D.S.) fut créée. Elle promut la recherche du lanceur
électromagnétique, car il fut considéré comme un candidat pour la solution du problème
d'interception de missiles balistiques intercontinentaux. D'autres laboratoires furent fondés
pour étudier l'application du lanceur électromagnétique aux missions militaires classiques
comme le tir antichar et la défense antiaérienne [9].
À l'ISL, les activités de recherche sur le lanceur électrique ont commencé en 1987. Les
lanceurs étudiés sont le lanceur à rails, le lanceur à induction et le lanceur électrothermique-
chimique. Les études se limitent essentiellement aux applications militaires et plus
particulièrement à l'accélération de projectiles d'une masse de 0.1 kg à 10 kg à des vitesses de
2 à 3 km/s. La longueur d'accélération est toujours inférieure à 7 m et le calibre varie de
15 mm à 120 mm [10].
Le lanceur à rails PEGASUS ("Program of an Electric Gun Arrangement to Study the
Utilization in Systems") (Fig. 0-4) a été construit à l'ISL en 1998. Il est alimenté par un banc
de condensateurs de 10 MJ et a été conçu pour l'accélération des projectiles de calibre moyen
(40-50 mm) et d'une masse jusqu'à 1 kg à des vitesses supérieures à 2000 m/s [11].

Figure 0-4. Le lanceur à rails PEGASUS


24 Introduction

A.2. Les lanceurs chimiques

A.2.a. Description générale du lanceur chimique

Dans un lanceur chimique, le projectile est accéléré sous l’’action d’’un gaz, qui est le
produit de combustion d’’un propergol solide ou liquide (Fig. 0-5). Celui-ci est logé dans la
chambre de combustion et est allumé par l'amorce.

Figure 0-5. Le lanceur chimique

La performance d’’un lanceur chimique est limitée parce que la vitesse maximale du
projectile à la bouche est restreinte par la vitesse du son du gaz propulsif a dont l’’expression
est* :

JRT
a2 (0-1)
mm

où J est le rapport de la chaleur spécifique du gaz à pression constante et la chaleur spécifique


à volume constant, R la constante des gaz parfaits (8.3146 J K-1 mol-1), T la température et mm
la masse moléculaire du gaz.
La valeur de la vitesse maximale vmax est donnée approximativement par la relation* :

P 6
v max a (0-2)
P3 J J  1

où µ est le rapport entre la masse de la charge propulsive et la masse du projectile [12].

A.2.b. Le lanceur à poudre

La figure 0-6 montre la vitesse maximale à la bouche en fonction du rapport massique


µ pour un lanceur à poudre. Les gaz de combustion, composés de CO2, N2, H2O et H2, sont
caractérisés par une température de 3000 K, une valeur de J égale à 1.25 et une masse
moléculaire moyenne de 28 [6].
La vitesse maximale est une fonction croissante du rapport massique. Une
augmentation de la vitesse maximale pourrait donc être obtenue par une augmentation de la
masse de poudre, mais ceci entraînerait également une augmentation de la pression maximale
et une diminution du rendement du lanceur.
La vitesse maximale théorique est d’’environ 4000 m/s. En réalité, compte tenu de la
pression maximale admissible et des pertes, la vitesse maximale est de 1800 m/s.

*
Dans ce paragraphe, nous utilisons les notations utilisées par les spécialistes des lanceurs chimiques.
Introduction 25

Figure 0-6. La vitesse à la bouche maximale en fonction du rapport massique

Les équations 0-1 et 0-2 montrent qu’’une plus grande vitesse maximale peut aussi être
obtenue en augmentant la température des gaz ou avec un gaz à masse moléculaire plus faible.
Un accroissement de la température mène à une plus grande érosion du tube du lanceur et doit
donc être évité. L’’utilisation d’’un gaz plus léger par contre est une méthode qui est appliquée
dans les lanceurs à gaz léger.

A.2.c. Le lanceur à gaz léger

Des vitesses de 12 km/s ont été obtenues avec le lanceur à gaz léger [12]. Il est
composé d’’une chambre de combustion, d’’un tube de compression avec un piston et d’’un tube
de lancement (Fig. 0-7). Le piston est accéléré par les gaz de combustion de la poudre et
comprime le gaz léger, hélium ou hydrogène, dans le tube de compression. La membrane
située en amont du tube de lancement s’’ouvre avec une pression de 100 MPa afin d’’éviter la
mise en mouvement prématurée du projectile. Le projectile est ensuite accéléré par le gaz
comprimé dans le tube de lancement.

Figure 0-7. Le lanceur à gaz léger

La mise en œœuvre du lanceur à gaz léger est complexe et l'installation est encombrante.
Ce lanceur est donc typiquement un outil de laboratoire.

A.2.d. Le lanceur à propergol liquide

L'utilisation de propergols liquides présente essentiellement des avantages logistiques


(stockage dans des réservoirs, transport par tubes) [6]. Les propergols sont injectés dans la
26 Introduction

chambre de combustion avant ou en cours du tir. L'avantage de cette dernière méthode,


appelée injection régénératrice, réside dans le fait que la pression dans le lanceur peut être
contrôlée en fonction du temps. Il est ainsi possible d'obtenir une pression quasi-constante au
culot du projectile. Sur la figure 0-8, la courbe de pression d'un lanceur à poudre est comparée
à celle d'un lanceur à propergol liquide à injection régénératrice. Le calibre des lanceurs est
égal à 30 mm. La courbe de pression du lanceur à propergol liquide est plus rectangulaire que
celle du lanceur à poudre [12]. Pour une même vitesse à la bouche, la pression maximale est
alors réduite, ce qui permet de diminuer les exigences de résistance mécanique du projectile et
du tube et d'alléger le sabot. Nous montrons au chapitre 1 que le même effet peut être obtenu
dans le lanceur à rails avec un courant quasi-constant.

Figure 0-8. Le lanceur à gaz léger

Le problème majeur de ce type de lanceur, qui est toujours en phase de développement,


est le manque de contrôle de la combustion du propergol liquide, ce qui provoque de
nombreuses pannes. D'autres problèmes sont l'étanchéité du lanceur, la complexité mécanique
et l'usure du tube due à la nature corrosive des propergols [6].

A.3. Les lanceurs électromagnétiques

A.3.a. Le lanceur à induction

Dans sa forme la plus simple, le lanceur à induction consiste en une bobine fixe et une
bobine mobile coaxiale, qui sont électriquement indépendantes. Lorsqu'une impulsion de
courant est injectée dans la bobine fixe, le champ magnétique, généré par ce courant IA, induit
un courant IP dans la bobine mobile, créant un champ magnétique de direction opposée au
premier champ (Fig. 0-9). La bobine mobile (le projectile) est alors accélérée par la force de
répulsion mutuelle donnée par :

wM
F IA IP (0-3)
wx
Introduction 27

De nombreuses bobines inductrices peuvent être montées dans le tube afin d'obtenir
une accélération quasi-constante du projectile, le courant étant injecté dans chaque bobine
inductrice au moment du passage du projectile [13].
La figure 0-10 montre l'évolution typique de l'inductance mutuelle M de la bobine fixe
et de la bobine mobile en fonction de la distance x, ainsi que le gradient d'inductance mutuelle
wM/wx [4].

Figure 0-9. Le lanceur à induction Figure 0-10. L'induction mutuelle M de deux bobines
et le gradient wM/wx en fonction de la distance x

L'absence théorique de frottement entre le projectile et le tube de lancement pourrait


être un avantage majeur des lanceurs à induction. Cependant, la présence de forces radiales,
qui dévient le projectile, entraîne des difficultés à contrôler sa trajectoire dans le tube [14].
Les vitesses à la bouche obtenues avec ce type de lanceur sont relativement basses. La
société TRYMER aux États-Unis a réalisé un lanceur à induction de calibre 152.4 mm qui
permet d'accélérer des masses de 4.5 kg jusqu'à 1300 m/s [15].

A.3.b. Le lanceur à rails

Le chapitre 1 sera consacré à la présentation de ce type de lanceur et de ses variantes.


Nous introduisons ici brièvement le lanceur à rails conventionnel*, dont le circuit est formé
par une paire de rails, un projectile avec un ou plusieurs ponts de courant, contenus dans le
projectile, et un réseau de formation d'impulsion (Fig. 0-11). Il s'agit de la variante la plus
simple du lanceur à rails.

Figure 0-11. Le lanceur à rails

Après déclenchement de la source d'énergie, ce circuit est traversé par un courant I qui
crée un champ magnétique B. Le projectile est accéléré par la force de Laplace, générée par
l'interaction du champ magnétique des rails et du courant dans le pont de courant.

*
D'autres dénominations sont "lanceur à rails simple" et "lanceur à rails non augmenté".
28 Introduction

o
Pour un conducteur filiforme, une portion dl , parcourue par le courant I, est soumise à
la force de Laplace :

o o o
dF I dl u B (0-4)

Dans le cas d’’un conducteur non filiforme, comme les ponts de courant du projectile du
lanceur à rails, la force de Laplace est exprimée selon :

o ´´´ o o
F µµµ J u B dV (0-5)
µµµ
¶¶¶V

o
où J est la densité de courant.

Figure 0-12. Principe du lanceur à rails

Le cas du lanceur conventionnel avec un projectile à un pont de courant est souvent


donné comme exemple dans les livres d’’électromagnétisme [16], [17]. La force de Laplace est
alors exprimée par :

1
F L' R I 2R (0-6)
2

où IR est le courant dans le circuit et L'R le gradient d'inductance des rails. En raison de la très
faible valeur de ce gradient (typiquement 0.5 µH/m), des courants de l'ordre de quelques MA
sont nécessaires pour obtenir des vitesses à la bouche élevées.
Des vitesses égales à plusieurs km/s ont déjà été atteintes avec le lanceur à rails.
L'encombrement de la source d'énergie électrique reste pourtant un inconvénient majeur de ce
type de lanceur, malgré les progrès réalisés durant les deux dernières décennies. Ce problème,
parmi d'autres, sera discuté en chapitre 1.
Introduction 29

A.4. Les lanceurs hybrides


Ce type de lanceur associe la compression d'un gaz et l'énergie électrique pour
accélérer le projectile.

A.4.a. Le lanceur électrothermique

La pression dans le tube est générée par un plasma ou par l'interaction d'un plasma avec
un fluide à masse moléculaire réduite, tel que l'eau. Le plasma est créé par la vaporisation et
la dissociation d'un matériau, tel que le polyéthylène, par une décharge électrique entre
l'anode et la cathode. La décharge est généralement amorcée par une explosion de fil dans le
canal de décharge. L'énergie provient d'une source d'énergie électrique et d'un réseau de
formation d'impulsion (Fig. 0-13) [12].
Les avantages des lanceurs électrothermiques (ET) résident dans l'emploi de tubes
classiques et dans la possibilité de choisir le profil de pression grâce au contrôle de la
puissance électrique. L'érosion importante du tube due à la température du plasma (25000 K)
est évitée par l'utilisation du fluide de propulsion [6], [13].

Figure 0-13. Le lanceur électrothermique (ET)

L'énergie est entièrement de nature électrique. Le problème de ce type de lanceur est le


même que celui du lanceur électromagnétique, à savoir la masse et le volume de la source
d'énergie.

A.4.b. Le lanceur électrothermique-chimique

Le lanceur électrothermique-chimique (ETC) est une variante du lanceur


électrothermique, dans lequel le fluide de propulsion est remplacé une substance énergétique
(un propergol liquide ou solide). Le plasma initie alors une réaction chimique dans ce
matériau énergétique. Celle-ci fournit la plus grande partie de l'énergie, limitant ainsi le
besoin en énergie électrique [13].
L'utilisation d'énergie électrique permet d'améliorer les performances d'un lanceur à
poudre. Un allumeur plasma est alors inséré dans la chambre de combustion (Fig. 0-14).
L'avantage par rapport au lanceur à poudre classique est principalement un allumage plus
facile et rapide et un meilleur contrôle de la combustion de la poudre [18]. Le gain en vitesse
à la bouche provient alors d'une plus grande densité de chargement* de la poudre dans la
chambre de combustion, ce qui provoque des problèmes d'allumage dans le lanceur à poudre
classique.

*
La densité de chargement est la masse de la poudre divisée par le volume de la chambre de combustion.
30 Introduction

Figure 0-14. Le lanceur électrothermique-chimique (ETC)

Ce type de lanceur sera très probablement le premier lanceur utilisant de l'énergie


électrique à entrer en service opérationnel grâce au fait que la masse et le volume de la source
d'énergie sont limités et que la transformation d'un lanceur à poudre classique en lanceur
électrothermique chimique nécessite peu de modifications à la chambre de combustion et au
tube.

B. Les avantages du lanceur à rails


Dans ce paragraphe, nous montrons l'intérêt tactique du lanceur à rails et des projectiles
à grande vitesse sur le champ de bataille.

B.1. L'efficacité
L'augmentation de la vitesse à la bouche mène à une plus grande efficacité du système
d'arme, car la portée, la probabilité d'atteinte de la cible et l'énergie déposée sur la cible sont
plus élevées.
La portée des systèmes d'armes classiques est limitée à 40 km, si les projectiles ne sont
pas assistés par un système de propulsion comme un moteur roquette. Le tableau 0-1 montre
la portée maximale en fonction de la vitesse à la bouche d'un projectile avec un calibre de
203 mm en tir courbe [19].

TABLEAU 0-1. LA PORTÉE EN FONCTION DE LA VITESSE À LA BOUCHE

Vitesse à la bouche (m/s) Portée (km)


500 14
1000 37
1500 103
2000 200
2500 310

Un des inconvénients des projectiles non guidés est que leur trajectoire ne peut plus
être corrigée une fois qu'ils sont lancés. Les manœœuvres éventuelles de la cible ne peuvent
donc pas être compensées et doivent être prises en compte lors du pointage de l'arme [20].
Une vitesse à la bouche plus élevée réduit le temps de vol pour une portée donnée et
augmente ainsi la probabilité d'atteinte.
Une étude a montré que le gain en probabilité d'atteinte est intéressant dans la gamme
de vitesse allant de 2000 m/s à 3000 m/s. Au-delà, l'accroissement de ce gain reste faible [12].
La probabilité d'atteinte de projectiles tirés par un lanceur classique peut bien sûr également
être augmentée en équipant les projectiles d'un système de guidage et de pilotage.
Introduction 31

La mise hors combat d'une cible blindée nécessite la perforation du blindage. Pour un
perforant homogène et cylindrique donné, il existe une énergie cinétique minimale pour
perforer une épaisseur et un type de blindage donnés. A titre d'exemple, la figure 0-15 montre
l'énergie cinétique à l'impact (E) en fonction de la vitesse d'impact (v) et la profondeur de
pénétration du blindage de la cible (P). L'allongement du perforant (L/D, le rapport de la
longueur et du diamètre) est égal à 20. Il s'agit d'une cible homogène en acier de blindage, ce
qui est le type de blindage le moins performant, attaquée sous incidence normale. L'énergie à
l'impact est minimale pour une vitesse d'impact d'environ 2100 m/s. Dans le cas des blindages
les plus performants, elle peut atteindre 3400 m/s [21]. Tenant compte de la perte de vitesse
due à la traînée aérodynamique, la vitesse à la bouche optimale se situe entre 2400 m/s et
3700 m/s si la cible se trouve à 3 km.

Figure 0-15. L'énergie cinétique d'impact (E) en fonction de la vitesse (v) d'un
perforant cylindrique d'un allongement (L/D) égal à 20 dans un blindage homogène.
Les courbes sont paramétrées en profondeur de pénétration (P).

B.2. Les aspects économiques, logistiques et sécurité


Le coût de production, de stockage et du transport du dépôt jusqu'à l'arme du propergol
solide du lanceur à poudre est énorme. L'énergie primaire du lanceur à rails, par contre, n'est
rien d'autre que le kérosène ou le gasoil qui alimente également les moteurs de traction du
véhicule sur lequel l'arme est montée. La chaîne d'approvisionnement en poudre peut donc
être supprimée. En plus, la masse et le volume des munitions sont plus faibles. La logistique
du lanceur à rails est donc plus simple. L'absence de poudre à bord des véhicules de combat
réduit également leur vulnérabilité en cas de feu à bord du véhicule ou d'impact d'un projectile
[22].

B.3. Le recul du lanceur


Les forces de recul agissant sur un lanceur à poudre de grande puissance lors du tir sont
énormes et nécessitent des équipements complexes et des plates-formes stables pour les
absorber. La masse d'un char de combat (40 à 70 tonnes) n'est donc pas uniquement due à la
masse de son blindage, mais aussi à la nécessité de stabilité. Or, cette masse énorme limite la
32 Introduction

mobilité des chars sur le terrain et leur déploiement outre-mer. Le souhait des états-majors
d'armée de disposer de chars plus légers (avec une masse inférieure à 20 tonnes) mène donc
impérativement à une réduction de l'énergie cinétique des projectiles, s'ils sont lancés pour un
lanceur à poudre.
L'utilisation du lanceur à rails, par contre, permettrait non seulement d'atteindre des
vitesses plus élevées, mais aussi de limiter le recul. En effet, il n'y a pas de culasse fermée sur
laquelle les gaz de combustion agissent, comme dans le lanceur à poudre, ni d'éjection par la
bouche de molécules de gaz dont la quantité de mouvement n'est pas négligeable [23].
Uniquement la réaction du lanceur au lancement du projectile entraîne une force de recul. On
estime que l'impulsion de recul du lanceur à rails est la moitié de celle du lanceur à poudre
pour des vitesses autour de 2000 m/s [24].

B.4. Intégration dans des véhicules et des navires tout électriques


Les navires modernes sont de plus en plus équipés de systèmes de propulsion
électriques et les futurs véhicules blindés seront sans doute pourvus d'une propulsion
électrique [25]. L'intégration d'un lanceur électrique dans ces plates-formes augmentera leur
performance et leur rendement global [26].
Plusieurs pays mènent des études sur le véhicule terrestre tout électrique. La France a
ainsi lancé en 2002 le projet BOA (Bulle Opérationnelle Aéroterrestre). Il s'agit d'un nouveau
concept de système d'armes terrestre, dont la mise en place est prévue à l'horizon 2025. Le
lanceur ETC est un candidat pour équiper le véhicule blindé, qui est l'élément central de
BOA. L'emploi opérationnel de lanceur à rails est envisagé à un horizon post 2020 [27].
La marine des États-Unis a lancé des études sur la faisabilité d'utiliser un lanceur
électromagnétique pour l'appui feu de troupes terrestres à grande distance (300––500 km).
Actuellement, cette mission est remplie par l'aviation navale avec des engins guidés, ce qui
revient très cher en munitions et qui expose inutilement les pilotes au feu ennemi [28]. En
2004, la marine des États-Unis dispose d'un budget de 100 millions de dollars pour la
construction d'un prototype [29].

B.5. La signature du lanceur


À la sortie du projectile d'un lanceur à poudre, des gaz de combustion s'enflamment une
seconde fois lorsqu'ils entrent en contact avec l'oxygène de l'air ambiant. Ceci entraîne une
onde de choc et une forte lueur, comme illustré à la figure 0-2, ce qui dévoile la position du
système d'armes à l'ennemi et nécessite la protection de leur équipage contre la surpression et
les gaz chauds.
Dans le lanceur à rails, il est possible d'interrompre le courant juste avant la sortie du
projectile. Ainsi, l'arc électrique à la bouche, produit à l'ouverture du circuit lorsqu'il porte du
courant, peut être évité. Par contre, la signature électromagnétique du lanceur à rails est très
importante. L'équipage devra d'ailleurs être protégé contre le champ magnétique intense, mais
jusqu'à présent, peu de recherches sur les effets physiologiques de ce champ ont été
menées [30].
Introduction 33

C. Les applications des lanceurs électromagnétiques

C.1. Les applications militaires


Le tableau 0-2 résume les missions militaires essentielles et les caractéristiques
balistiques requises [15]. Elles permettent de définir les types de lanceur et d'alimentation
optimaux pour une certaine application.

TABLEAU 0-2. MISSIONS MILITAIRES ET CARACTÉRISTIQUES BALISTIQUES REQUISES

Mission Caractéristiques balistiques


Énergie Nombre
Vitesse à Masse du
cinétique à Portée Fréquence de tirs
la bouche projectile
la bouche (km) de tir (Hz) dans une
(km/s) (kg)
(MJ) salve
Artillerie
3.5 0.4 2.5 4 10––100 10––100
antiaérienne
Artillerie de
1.1 50 30 50––100 0.2 3-6
campagne

Antichar 3 6 27 3 0.2 12

Artillerie
2––3 10––20 20––90 300––500 0.1 - 0.2 -
navale

L'énergie cinétique à la bouche est la plus petite pour l'artillerie antiaérienne. Cette
mission comprend la défense contre des hélicoptères, des avions et des missiles de croisière,
et sera probablement la première application opérationnelle des lanceurs à rails développés à
l'ISL.
La vitesse requise pour l'artillerie de campagne n'est pas très élevée, mais la demande
en énergie est grande. C'est le lanceur ETC qui semble présenter le plus grand intérêt pour
cette application.
Un système d'arme antichar nécessite également beaucoup d'énergie par coup. Comme
la vitesse optimale est égale à 3 km/s, le lanceur ETC n'est pas une option. L'encombrement
de la source d'énergie empêche actuellement l'intégration d'un lanceur à rails dans un tel
système, pour lequel une grande mobilité est requise.
Le lanceur à rails naval doit être capable de lancer des projectiles de 10 kg à 20 kg avec
des vitesses de 2000 à 3000 m/s pendant une longue période de temps [31], [32]. Le volume
disponible sur un navire rend la problématique des dimensions de la source d'énergie moins
importante.

C.2. Les applications civiles

C.2.a. La mise en orbite de fret et de satellites

L'exploitation d'une station spatiale coûte extrêmement chère, partiellement à cause du


coût des lancements réguliers d'approvisionnement et de personnel. Le coût de lancement
avec la navette spatial s'élève à plus de 20000 $ par kilogramme mis en orbite. L'avantage de
la roquette est que l'accélération est repartie sur toute la trajectoire. La vitesse de mise en
34 Introduction

orbite est donc seulement atteinte à la fin du vol. Ceci permet de limiter l'accélération à un
niveau supportable par le corps humain (quelques g*). Une alternative moins onéreuse
pourrait être le lanceur à rails [33]. Comme la vitesse de mise en orbite doit être atteinte à la
bouche du lanceur, l'accélération sera énorme, même si la longueur du lanceur est très grande.
L'accélération moyenne est égale à 1800 g si la vitesse à la bouche est égale à 7.5 km/s et si la
longueur du lanceur est de 1100 m. Le lanceur à rails peut donc uniquement être utilisé pour
la mise en orbite de fret robuste, tel que du carburant, de l'eau et des provisions. Le coût de
lancement avec le lanceur à rails estimé est inférieur à 600 $ par kilogramme mise en orbite.
Le projet est actuellement au stade de l'étude de faisabilité [34].
La possibilité de lancer des satellites pour la mise en orbite de petits satellites a été
étudiée par l'ISL pour l'ESA (European Space Agency) [35].

C.2.b. L'approvisionnement en carburant d'un réacteur à fusion nucléaire

L'injection d'hydrogène et de deutérium cryogénique à très grande vitesse est la


méthode préférée pour le ravitaillement des plasmas confinés par champ magnétique. Ces
plasmas sont utilisés pour la recherche dans le domaine de la fusion thermonucléaire
contrôlée. Le lanceur à rails est une des technologies retenues pour l'accélération du
carburant. Son calibre varie de 1 à 3 mm et la masse du projectile est de l'ordre du
milligramme. Des vitesses entre 2.5 km/s et 4.5 km/s ont été atteintes [36], [37], [38]. Un
inconvénient est la dissipation de chaleur dans le pont de courant à cause du courant élevé,
résultant en l'ablation du projectile d'hydrogène solide, dont la température de fusion est égale
à 14 K [39].

C.2.c. Le traitement de surface

À l'impact de poudres à vitesse élevée (t 2 km/s) sur un matériau, l'énergie cinétique


est suffisamment grande pour que la poudre et le substrat fondent. Le collage ainsi formé a
une plus grande force que lorsque la poudre est lancée avec des vitesses plus réduites. Dans
un lanceur à rails, la poudre est accélérée par un arc électrique entre les rails. Une application
de ce procédé sera le remplacement de la matière érodée ou usée des pièces endommagées
[40]. Une autre application est la génération de plasmas à haute énergie accélérés sur des
surfaces métalliques. Des couches surfaciques très dures et très résistantes au frottement sont
alors créées [33].

C.2.d. L'étude de matériaux soumis à des impacts à très grande vitesse

L'accélération de petits projectiles (1 g) à des vitesses très élevées (12 km/s) permet
d'étudier les équations d'état des matériaux à ultra-haute pression. De telles vitesses sont
également nécessaires pour la simulation d'impact de micrométéorites sur des vaisseaux
spatiaux [22], [33].

*
1 g = 9.81 m/s²
Introduction 35

D. L'application d'un champ magnétique extérieur au lanceur à rails - Objectif


de la thèse

D.1. Le lanceur à rails augmenté par un champ magnétique extérieur


Lorsqu'un champ magnétique extérieur est appliqué au lanceur à rails, la force agissant
sur le projectile (0-6) devient :

1
F L'R I 2R  B e I R h (0-7)
2

où Be est l'intensité du champ magnétique extérieur et h l'espacement entre les rails, et en


supposant un champ extérieur uniforme perpendiculaire au projectile.
Il existe deux types d'augmentation par champ extérieur : l'augmentation par des
aimants permanents et l'augmentation en parallèle. Le premier type sera discuté brièvement,
notamment dans le cadre de la faisabilité d'armes portatives électromagnétiques. Le champ
extérieur du second type, l'augmentation en parallèle, est généré par un deuxième circuit de
rails avec une alimentation indépendante. Il est le sujet de l'étude présentée dans ce mémoire.

D.2. Motivation de l'étude

D.2.a. Échauffement du contact entre le pont de courant et les rails

Les contacts glissants entre le pont de courant et les rails du lanceur subissent un
échauffement très important en raison de l'effet Joule et du frottement. Ils peuvent alors se
transformer en contacts plasma. Une telle transition doit être évitée car elle diminue le
rendement du lanceur en augmentant la résistance du pont de courant. De plus, elle érode
fortement les rails et réduit la durée de vie du lanceur.
Il est donc important de limiter l’’intensité du courant dans les ponts, sans toutefois
diminuer la force propulsive. Ceci peut être obtenu en appliquant un champ extérieur aux
ponts de courant du projectile.

D.2.b. Encombrement de la source d'énergie

Un autre avantage de l'augmentation en parallèle réside dans le fait que des sources
d'énergie différentes peuvent alimenter les différents circuits. Les rails du circuit intérieur, en
contact avec le projectile, sont toujours alimentés par des sources d'énergie usuellement
utilisées (condensateurs). Les rails du circuit extérieur, servant à générer le champ magnétique
extérieur, peuvent, par contre, être alimentés par des sources de courant quasi-continu
(batteries, supercondensateurs) dont la densité d'énergie est plus grande.
L'application d'un champ magnétique extérieur permet donc de diminuer
l'encombrement de la source d'énergie.

D.3. Objectif de la thèse


L'objectif de la thèse est l'étude des conséquences de l'application d'un champ
magnétique, produit par une source indépendante, à un lanceur électromagnétique à rails. Il
s'agit de développer un modèle du lanceur augmenté et de le valider à l'aide de résultats
expérimentaux. Les avantages et les inconvénients des lanceurs simple et augmenté seront
36 Introduction

comparés. Deux avantages du lanceur augmenté ont déjà été mentionnés ci-dessus. En ce qui
concerne ses inconvénients, on note de plus grandes forces de répulsion agissant sur les rails.

D.4. Méthodologie
Pour atteindre cet objectif, nous avons conçu et exploité LARA*, un lanceur de petit
calibre. Les circuits électriques du lanceur et la force agissant sur le projectile ont été
modélisés. Des projectiles à un et à deux ponts de courant ont été tirés avec les lanceurs
augmenté et non augmenté. Cette étude expérimentale nous a permis de déterminer l'énergie
cinétique maximale du projectile à la bouche du lanceur sans transition du pont de courant
vers la phase plasma, d'acquérir des mesures de grandeurs physiques (position et vitesse du
projectile, courants et tensions dans les différents circuits du lanceur) pour la validation du
modèle et de définir les exigences techniques auxquelles l'alimentation d'un lanceur augmenté
doit répondre.

D.5. Structure du rapport


Le premier chapitre détaille les éléments constitutifs d'un lanceur à rails : les rails et
leur structure de maintien, le projectile, les ponts de courant et le contact avec les rails, et
l'alimentation. Les différents types de lanceur à rails sont discutés.
Dans le deuxième chapitre, l'avant-projet de LARA est présenté. Après avoir déterminé
la configuration la plus appropriée pour l'étude expérimentale, les forces de répulsion
maximales entre les rails sont évaluées, afin de dimensionner leur structure de maintien.
Le montage expérimental est décrit dans le troisième chapitre. Nous présentons le
lanceur, le projectile, la source d'énergie électrique et les différents instruments de mesure.
Le quatrième chapitre est consacré à la modélisation du lanceur à rails, alimenté par des
bancs de condensateurs, et du projectile à un pont de courant. Nous présentons un modèle de
la force électromagnétique et de la force de frottement agissant sur le projectile. Un modèle
des circuits électriques du lanceur augmenté et du pont de courant du projectile est également
développé.
Dans le cinquième chapitre, les modèles proposés sont validés par des résultats
expérimentaux obtenus avec un lanceur à rails simple et un lanceur à rails augmenté.
Dans le sixième chapitre, nous expliquons les raisons de la modification du circuit
électrique d'un banc de condensateurs. Nous présentons des résultats obtenus avec les
projectiles à deux ponts de courant et nous comparons l'énergie maximale à la bouche sans
transition d'un pont de courant, la puissance demandée et le rendement des lanceurs simple et
augmenté.
Enfin, nous terminons par une conclusion sur l'ensemble des résultats obtenus et sur les
perspectives envisageables pour le lanceur à rails augmenté en parallèle.

*
LARA est l'acronyme de "Lanceur À Rails Augmenté".
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 37

Chapitre 1

LES LANCEURS ÉLECTROMAGNÉTIQUES À RAILS

Malgré les avantages annoncés du lanceur à rails par rapport au lanceur chimique, la
mise en service d'un lanceur opérationnel n'est pas attendue dans les prochaines années. Aux
États-Unis, où la recherche est la plus avancée, un prototype d'un système d'arme complet
avec lanceur électromagnétique à rails ne sera réalisé qu'après 2013. Le défi est énorme, car ––
même si le principe du lanceur à rails est très simple –– d'une part la physique fondamentale du
lanceur n'est toujours pas entièrement comprise et d'autre part de nombreux problèmes
techniques restent à résoudre. Dans ce chapitre, nous décrirons d'abord les différents aspects
du lanceur à rails simple. Des phénomènes comme la formation de trous dans les rails
("gouging") et la transition du contact solide, entre les ponts de courant et les rails, en contact
plasma sont décrits. La transition et le "gouging" sont des causes importantes de l'érosion des
rails, qui limite leur durée de vie. Finalement, nous analysons d'autres types de lanceur à rails
et nous évoquons les sources d'énergie.

A. Le lanceur à rails conventionnel

A.1. Description
Un lanceur à rails électromagnétique comprend plusieurs éléments :
x le lanceur même, dont les rails sont maintenus dans une structure,
x le projectile, composé d'un perforant et de ponts de courant, maintenus dans
un sabot,
x l'alimentation, qui consiste en une source d'énergie primaire, des
commutateurs et des modules de stockage d'énergie et de formation
d'impulsion.

Le lanceur conventionnel est composé de deux rails et d'une injection de courant à la


culasse* (Fig. 1-1), c'est la configuration la plus simple de lanceur électromagnétique à rails.
Il servira dans notre étude comme base de comparaison avec le lanceur augmenté.
Lorsque nous utilisons dans le texte les acronymes LARC (lanceur à rails conventionnel) et
LARA (lanceur à rails augmenté), nous faisons référence aux lanceurs expérimentaux utilisés
pour cette étude.

Figure 1-1. Le lanceur à rails conventionnel

*
Par analogie avec les bouches à feu classiques l'arrière du lanceur à rails est également appelé culasse.
38 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

Le courant optimal est une constante, qui peut être (approximativement) obtenue en
connectant plusieurs sources de courant, déclenchées à des intervalles de temps précis
(Fig. 1-2, (a)). Ainsi, une force constante agit sur le projectile, résultant en une force
maximale plus faible sans diminution de vitesse à la bouche [41]. En réalité, un profil
rectangulaire n'est évidemment pas possible (Fig. 1-2, (b))* : le temps de montée est limité par
les caractéristiques des composants électriques et, idéalement, il n'y a plus de courant dans le
lanceur au moment de la sortie du projectile. Sinon, il serait emmagasiné dans le lanceur sous
forme d'énergie magnétique et, en principe, perdu. Le déclenchement successif des bancs
mène inévitablement à des variations de l'intensité du courant.

(a) (b)

Figure 1-2. La courbe de courant optimal (a) et une courbe réelle (b)

Le rendement du lanceur est défini comme le rapport de l'énergie cinétique du


projectile et l'énergie injectée dans le lanceur. Pour que le lanceur à rails soit viable pour la
plupart des applications, un rendement élevé est nécessaire. Des pertes dans le lanceur mènent
à une demande de puissance plus élevée, donc à des alimentations plus encombrantes [42]. La
plupart des pertes résultent en une génération de chaleur dans le lanceur, nécessitant la mise
en place d'un système de gestion thermique.
Une cause des pertes d'énergie est la résistance des rails et des ponts de courant. De
l'énergie est également perdue à cause du frottement à l'interface rail-projectile et à cause des
forces aérodynamiques générées par la compression de la colonne d'air devant le projectile
dans le tube. Finalement, l'énergie résiduelle magnétique après la sortie du projectile est
dissipée via un arc à la bouche et des pertes dans les rails, sauf si un système de récupération
d'énergie est prévu [43].
Le rendement maximal théorique du lanceur conventionnel est égal à 50 %††, ce qui est
facile à démontrer. Prenons le cas hypothétique d'un lanceur à rails, de longueur xb et de
gradient d'inductance L'R, dans lequel circule un courant constant IR. L'énergie cinétique du
projectile à la bouche (Ecin) est alors égale au travail de la force électromagnétique, qui est
dérivé de (0-6) [44] :

1 1
E cin m pr v 2b FEM x b L'R x b I 2R (1-1)
2 2

où vb est la vitesse à la bouche et mpr la masse du projectile.

*
Cette courbe est discutée au paragraphe B.1.b. de ce chapitre, Fig. 1-31.
††
Le rendement d'une machine thermique, dont les bouches à feu font partie, varie entre 30 et 40 %.
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 39

L'énergie magnétique des rails quand le projectile a atteint la bouche du lanceur (Em,b)
est égale à :

1
E m, b L'R x b I 2R (1-2)
2

Le rendement maximal théorique est égal au rapport de l'énergie cinétique du projectile


et de l'énergie fournie par la source (Esource) :

1
L'R x b I 2R
E cin E cin 2
K 0 .5 (1-3)
E source E cin  E m ,b L'R x b I 2R

En pratique, à cause des pertes, le rendement de ce type de lanceur est limité à 30 %


[44]. Afin de l'augmenter, de nouvelles configurations de lanceur conventionnel ont été
proposées.

A.2. Le projectile

A.2.a. Introduction

Le projectile du lanceur à rails est typiquement composé d'un perforant et d'un sabot
avec des ponts de courant. La fonction du sabot est de transférer la force électromagnétique,
agissant sur les ponts de courant, au perforant et de guider le projectile dans le lanceur. Quand
cet ensemble quitte le lanceur, le sabot n'est plus utile et il est largué. Le perforant continue
alors son vol sur une trajectoire balistique vers la cible.
La forme et les dimensions du projectile sont déterminées par les exigences suivantes :
x résistance mécanique aux forces appliquées durant l'accélération,
x résistance à l'échauffement aérodynamique suite à la vitesse hypersonique durant
le vol et résistance à l'air minimale,
x efficacité maximale du perforant à l'impact sur la cible.

A.2.b. Le sabot

Afin de maximaliser le rendement du lanceur, il est important que le rapport entre la


masse du perforant et celle du sabot soit le plus grand possible, car la masse du sabot est
parasitaire : elle absorbe de l'énergie lors de l'accélération mais ne contribue pas à l'efficacité
du perforant sur la cible.

Figure 1-3. Projectile avec ponts de courant en forme de C ("C-shape")


40 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

Il existe plusieurs configurations de sabot. S'il est situé au milieu du perforant (Fig. 1-3
et 1-5), les contraintes dans le perforant sont plus faibles. Il peut également être placé à
l'arrière du projectile (Fig. 1-4).

Figure 1-4. Projectile hypersonique à la sortie du lanceur. Le pont de courant se trouve derrière le
projectile. Les sabots s'écartent du projectile. [45]

Le sabot peut entièrement intégrer les ponts de courant, comme illustré par le projectile
à la figure 1-3. Son sabot, avec deux ponts de courant en forme de C*, est en aluminium. Le
type de sabot actuellement le plus utilisé à l'ISL est composé d'un corps en résine epoxy
renforcée par des fibres de verre, et de ponts de courant à brins filamentaires en Cu-Cd
(Fig. 1-5).

Figure 1-5. Projectile avec pont de courant à brins filamentaires [46]

La figure 1-6 montre un projectile avec un sabot en titane, faisant également fonction
de pont de courant. Les ponts de courant à brins multifilamentaires à l'arrière assurent un bon
contact électrique au début du lancement [47]

Figure 1-6. Projectile en titane avec des ponts de courant à brins filamentaires à l'arrière [47]

*
En anglais : "C-shape"
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 41

Dans notre étude, nous avons choisi une configuration plus simple. Les projectiles sont
des sabots avec des ponts de courant et il n'y a pas de perforant (Fig. 1-7).

(a) (b)

Figure 1-7. Le projectile utilisé pour les expériences avec LARC et LARA
(un sabot avec un (a) ou deux ponts de courant (b))

A.2.c. Le pont de courant

Le choix du type de pont de courant influence grandement l'efficacité du lanceur


électromagnétique à rails. Le pont de courant doit maintenir un contact électrique entre les
rails et conduire de forts courants pendant un temps très court (quelques millisecondes).

Figure 1-8. Ponts de courant : plasma (a), hybride (b), contact mobile (c) et solide (d) [48]

Différents types de pont de courant testés à l'ISL sont représentés à la figure 1-8.

A.2.c.1. Le pont de courant plasma

La première génération de projectiles fut munie d'un pont de courant plasma (Fig. 1-8,
(a)). L'arc plasma fut initié par l'explosion d'une fine feuille métallique (10-15 µm à l'arrière
du projectile) [48]. Un problème fut l'apparition d'arcs secondaires derrière le projectile aux
vitesses supérieures à 3 km/s. En effet, le plasma provoque l'ablation de matériau des parois
intérieures du tube du lanceur. Les particules ablatées s'ajoutent au plasma, qui perd en même
temps du matériau. Celui-ci peut former dans certaines conditions un deuxième arc,
conduisant également du courant mais sans contribuer à la propulsion du projectile. Le
courant est donc divisé entre l'arc secondaire et le pont de courant du projectile, et la force
propulsive est réduite [49]. A l'époque où beaucoup de temps fut investi dans les recherches
concernant le pont de courant plasma, le lanceur augmenté fut considéré comme un moyen
pour retarder la formation de l'arc secondaire et donc d'atteindre des vitesses à la bouche plus
élevées. En effet, l'application d'un champ magnétique extérieur permet de diminuer le
courant dans le pont et donc l'ablation des parois [50]. En plus, le champ extérieur rend le
plasma plus compact et réduit de la sorte la probabilité de la génération d'un deuxième arc
[51].
42 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

Ce type de pont est caractérisé par une résistance élevée, réduisant le rendement du
lanceur.

A.2.c.2. Le pont de courant hybride

Les ponts de courants hybrides, constitués d'une partie solide en leur centre et d'une
fine feuille métallique sur le pourtour (Fig. 1-8, (b)), sont caractérisés par une résistance plus
faible que les ponts plasma, mais leur utilisation ne permet pas d'éliminer les arcs secondaires
[48].

A.2.c.3. Le pont de courant à contacts mobiles

Le pont de courant à contacts mobiles est formé d'une feuille métallique dont
l'épaisseur varie entre 100 et 200 µm (Fig. 1-8, (c)). La feuille est plus large que le projectile
afin de réaliser un bon contact avec les rails. Il n'y a plus d'explosion de feuille, mais une
transition "lente" entre les phases solide, liquide et vapeur [48]. Dans la première phase du tir,
le contact est donc bon et caractérisé par une faible résistance.

A.2.c.4. Le pont de courant solide

Le premier avantage du pont solide par rapport aux autres types est sa résistance
électrique très faible lorsque le contact avec les rails est parfaitement réalisé. L'érosion des
rails peut être notablement réduite. Pour maintenir un bon contact entre les rails et le
projectile, on peut jouer sur la forme du pont de courant. À l'heure actuelle, principalement
deux formes de pont de courant solide sont étudiées : celui à brins multifilamentaires (Fig. 1-5
et 1-7) et celui en forme de C (Fig. 1-3 et 1-4).
Le second avantage de ce type de pont de courant est de pouvoir répartir le courant sur
toute la longueur du projectile (Fig. 1-3 et 1-5). Il en résulte une répartition de la force
propulsive (qui est localisée à l'arrière du projectile dans les lanceurs à poudre,
électrothermique et à rails avec ponts de courant plasma) favorable au lancement de
projectiles de très grand allongement [52]. La répartition du courant entre plusieurs ponts de
courant permet de limiter l'échauffement des ponts et de conserver plus longtemps un bon
contact. Ainsi, des vitesses plus élevées peuvent être atteintes sans transition de contact.

A.2.d. La transition de contact

A.2.d.1. Introduction

Un des principaux objectifs des recherches est l'établissement d'un bon contact
électrique durant toute l'accélération du projectile à pont de courant solide. Deux conditions
pour conserver un bon contact sont [53] :
x la force normale, exercée par les contacts sur les rails, doit être suffisante, sinon des
arcs électriques peuvent se former et mener à la transition du contact solide en
contact plasma. Une règle pratique est "one gram per amp" : il faut une force
normale d'au moins 10 N par kilo-ampère circulant dans le contact [54].
x la charge thermique du pont doit être limitée afin d'éviter un échauffement trop
élevé des contacts, résultant également en la transition du contact. L'échauffement
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 43

est dû à l'effet Joule et –– à un degré moindre –– au frottement mécanique entre le


contact et les rails [55].

Si ces conditions ne sont pas satisfaites, le bon contact se transforme en contact plasma,
avec une érosion des rails et une diminution du rendement du lanceur comme conséquence.
La transition de contact par côté du pont, que nous avons utilisé pour l'étude expérimentale
(Fig. 1-7), est caractérisée par un saut de tension entre 20 V et 25 V.

A.2.d.2. La force normale de contact

Trois types de force permettent de générer la force normale de contact [52] :


x mécanique : grâce à la déformation dynamique variable du pont de courant dans le
lanceur,
x électromagnétique : grâce aux forces magnétiques exercées sur le pont de courant,
x inertielle : grâce aux forces d'inertie agissant sur le pont de courant,

ou une combinaison des forces citées ci-dessus.

La réalisation d'un bon contact par effet inertiel lors de l'accélération est illustrée par le
projectile de la figure 1-6, dont le schéma est donné en figure 1-9. Le projectile se compose
d'un corps en titane et d'une cale en fibre de verre dans sa partie avant, dont le rôle est d'ouvrir
le projectile et de maintenir ainsi une force normale suffisante [52], [47], [56].

Figure 1-9. Projectile à contact solide par effet inertiel. Schéma du projectile de la figure 1-6.

La force normale exercée sur les contacts des ponts en forme de C et des ponts à brins
multifilamentaires est d'origine mécanique et électromagnétique. L'érosion et l'usure du pont
durant le tir mènent à une perte de matériau du pont, qui résulte en une diminution de la force
de contact et finalement à la formation d'un arc. Dans le cas du pont de courant à brins
filamentaires, la longueur du pont au début du tir est plus grande que l'écart entre les rails
(Fig. 1-10, a). Il existe donc un réservoir de masse qui compense la perte de masse et qui
permet d'assurer plus longtemps le bon contact (Fig. 1-10, b). Si la quantité de masse perdue
est trop grande, le pont devient trop court pour former un bon contact et un arc est formé
(Fig. 1-10, c) [53].
44 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

Figure 1-10. Schéma de la perte de masse du pont de courant à brins filamentaires

Nous illustrons le rôle du réservoir à l'aide de trois radiographies de ponts de courant


prises lors d'essais avec LARC et LARA. La vitesse du projectile au moment de la
radiographie et le courant dans les circuits intérieur et extérieur sont repris dans le tableau 1-1.
Trois forces agissent sur les brins au niveau du contact entre la brosse et le rail [57]. La force
électromagnétique pousse les brins de la brosse vers l'avant. Deux autres forces, l'inertie de la
brosse et la force de frottement de la brosse sur le rail, agissent dans le sens opposé.

TABLEAU 1-1. VITESSE ET INTENSITÉ DE COURANT DES PROJECTILES RADIOGRAPHIÉS

Cas Vitesse (m/s) IR (kA) IA (kA)


1 425 24 -
2 850 73 103
3 585 32 -

Dans le premier cas (Fig. 1-11), l'inclinaison des brins du pont avant (1) montre que ce
dernier porte peu de courant : les brins sont repliés dans le réservoir. Les brins du pont arrière
(2) portent la plus grande partie du courant du circuit intérieur et établissent un bon contact
électrique.

Figure 1-11. Radiographie de ponts de courant (cas 1)

avec : 1. le pont de courant avant


2. le pont de courant arrière
3. le sabot du projectile
4. les rails intérieurs

Dans le deuxième cas (Fig. 1-12), les brins du pont arrière sont déjà érodés, mais la
force électromagnétique et la longueur des brins sont suffisamment grandes pour maintenir un
contact sans arc. Si les brins deviennent trop courts ou si la force électromagnétique ne
compense plus la force de frottement et l'inertie des brins, un arc électrique sera formé afin
d'assurer la conduction du courant entre les rails. C'est le cas du pont arrière du troisième cas,
où la brosse supérieure n'est plus en contact avec le rail (Fig. 1-13).
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 45

Figure 1-12. Radiographie de ponts de courant (cas 2) Figure 1-13. Radiographie de ponts de courant (cas 3)

A.2.d.3. La charge thermique

Une seconde cause de la transition du contact est une charge thermique trop grande. La
charge thermique (CT) due à effet Joule est définie par [53] :

t
´ 2
CT µ I t dt (1-4)
µ R
¶0

La charge thermique des contacts n'est pas uniforme, à cause d'une mauvaise diffusion
de courant, qui est concentré à l'arrière du projectile (la cause de cette mauvaise diffusion est
expliquée dans le paragraphe A.3. sur les rails). La transition de contact sera donc toujours
initiée à l'arrière du projectile. Plusieurs méthodes pour obtenir une meilleure diffusion du
courant et donc pour retarder la transition du contact à cause de la charge thermique, ont été
étudiées.
Une première méthode est d'utiliser des matériaux très résistifs avec un point de fusion
élevé [52]. Une faible conductivité augmente la profondeur de peau G, dont l'expression en
régime sinusoïdal permanent est [16] :

2
G (1-5)
µ0 J Z

où : G : la profondeur de peau [m]


µ0 : la perméabilité magnétique du vide (4S 10-7 VsA-1m-1)
J : la conductivité [:-1m-1]
Z : la pulsation [rad/s]

Cette solution est illustrée par le projectile de gauche à la figure 1-3, qui est fait de
titane dont la conductivité vaut 2.4˜106 :-1m-1 et le point de fusion est à 1940 K. À une
fréquence de 1 kHz, qui est typique des impulsions de courant dans le lanceur à rails, la
profondeur de peau vaut 10.2 mm. Dans un pont en cuivre, avec une conductivité de
59˜106 :-1m-1 et un point de fusion de 1357 K, elle vaut seulement 2.1 mm.
L'utilisation de ponts de courant multiples, comme illustrée par les figures 1-4 et 1-6,
est une autre méthode. Le courant est alors reparti entre plusieurs ponts, diminuant ainsi la
charge thermique par pont. Or, le courant est essentiellement concentré dans le dernier pont ;
seulement lorsque celui-ci a transité, résultant en une forte augmentation de sa résistance, le
courant passe vers le pont suivant. La figure 1-14 montre une radiographie d'un projectile à la
46 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

sortie du lanceur EMA3 [35]. Le pont arrière du projectile n'est plus en contact avec les rails ;
le courant est passé vers les ponts suivants. Ceci est mis en évidence par le redressement des
brins par la force électromagnétique.

Figure 1-14. Radiographie d'un projectile à la sortie du lanceur EMA3. Le pont à l’’arrière du projectile
n'est plus en contact avec les rails ; le courant est passé vers les ponts suivants (ceci est mis en évidence par
le redressement des brins par la force électromagnétique) [35]

Afin d'obtenir une distribution de courant entre les ponts dès le début de l'accélération,
des expériences ont été menées avec les ponts de courant avec une résistivité différente, le
pont arrière ayant la plus grande résistivité [58]. Une solution optimale théorique existe, mais
n'est pas réalisable à cause des limitations de matériaux existants [14].

A.2.d.4. Évaluation expérimentale de la transition

L'objectif de ce paragraphe est d'illustrer le phénomène de la transition du contact et


son analyse expérimentale.
La transition du contact peut être détectée de trois manières complémentaires : par la
tension à la bouche, par l'aspect des rails et par la radiographie éclair. La dernière méthode
offre uniquement des informations ponctuelles, tandis que les deux autres fournissent des
mesures durant toute la durée d'accélération du projectile.
Nous illustrons l'analyse de la transition à l'aide du tir 39 avec LARC. Les mesures de
courant et tension sont corrélées à l'état de surface des rails après le tir et à une radiographie
du pont de courant. La position du projectile en fonction du temps a été calculée avec le
modèle analytique, décrit au chapitre 4.
Les figures suivantes montrent des photos de tranches de rail supérieur et inférieur,
avec la courbe de courant et de tension. La position initiale du pont est égale à 6 cm.

Figure 1-15. Corrélation des courbes de courant et de tension à la bouche,


et de l'état de surface des rails entre 0 et 17 cm.
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 47

La figure 1-15 montre la première injection de courant et le démarrage du projectile,


qui n'est pas immédiat à cause de la force de frottement initiale. La tension est largement
inférieure à 25 V, ce qui indique que le contact est bon. Les traces sur les rails sont produites
par le dépôt du matériau des brosses, causé par leur frottement sur les rails. Juste après le
démarrage, le dépôt est le plus important car à cet instant, le courant –– et donc la force de
contact –– est le plus important. Après, la force de contact diminue et la trace sur les rails
devient plus faible.

Figure 1-16. Corrélation des courbes de courant et de tension à la bouche,


et de l'état de surface des rails entre 17 et 42 cm.

Avant la deuxième injection, quand le pont de courant se trouve à 23 cm, la trace a


quasi complètement disparu (Fig. 1-16). Après l'injection de courant, la force de contact est à
nouveau plus importante et de nouvelles traces apparaissent. Le saut de tension au moment de
l'injection de courant est dû à l'inductance du pont de courant et la variation du courant dI/dt.

Figure 1-17. Corrélation des courbes de courant et de tension à la bouche,


et de l'état de surface des rails entre 96 et 120 cm.

Après cette deuxième injection, la force de contact va à nouveau diminuer. À 97 cm,


une première transition de contact a lieu (Fig. 1-17). Il s'agit de la brosse inférieure du pont de
48 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

courant, ce qui peut être déduit de l'état des rails. Le saut de tension est égal à environ 20 V,
qui prouve qu'il s'agit effectivement d'un phénomène de transition. À 101 cm, l'autre brosse
transite également, rétablit un bon contact à 109 cm et transite à nouveau à 119 cm.
Comme montré plus haut, une radiographie peut également donner des informations sur
la nature du contact. La figure 1-18 montre le pont de courant à 119 cm, donc juste avant la
transition de la brosse supérieure. La brosse inférieure n'a clairement pas de bon contact avec
les rails et un arc est formé. Ces observations correspondent aux informations fournies par la
tension à la bouche et l'état des rails (Fig. 1-17).

rail supérieur pont de courant

rail inférieur

Figure 1-18. Radiographie du pont de courant (Tir 39). La brosse inférieure


n'est plus en contact avec le rail.

Un bon contact n'est plus rétabli avant la sortie du projectile. En effet, le courant et la
force de contact diminuent d'avantage et l'arc érode la brosse de plus en plus. Finalement, trop
de matériau des brosses est perdu et les brins ne peuvent plus entrer en contact avec les rails.
Ceci a été confirmé par inspection du pont de courant après le tir.
Cette comparaison entre la tension à la bouche et l'état des rails après le tir est
particulièrement utile pour une analyse correcte du contact dans le cas du lanceur augmenté.
En effet, la tension à la bouche est –– en valeur absolue –– nettement plus grande que celle du
lanceur conventionnel, due au couplage magnétique des circuits intérieur et extérieur du
lanceur. Elle peut s'élever à plusieurs centaines de volt au moment des injections de courant.
Un saut de tension de 20 V ne peut alors pas être détecté.

Figure 1-19. Corrélation des courbes de courant et de tension à la bouche,


et de l'état de surface des rails entre 122 et 150 cm.
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 49

A.3. Les rails

A.3.a. Introduction

La fonction des rails est de conduire le courant de la culasse jusqu'aux ponts de courant
et de guider le projectile durant son accélération. Les rails, généralement en cuivre, sont
insérés dans une structure de maintien et tenus à distance par un isolant. La forme de la
section du tube peut être ronde, carrée ou rectangulaire. La figure 1-20 montre un lanceur
dont la section est rectangulaire, celle du lanceur à la figure 1-21 est ronde.

Figure 1-20. Schéma d'un lanceur à calibre rectangulaire

Les figures 1-20 et 1-21, (a) montrent les rails (1), l'isolant (2) et la structure de
maintien (3) de lanceurs avec des sections rectangulaire et ronde. À l'ISL, le calibre
rectangulaire est préféré au calibre rond. Il présente plusieurs avantages [59], [60] :
x la distribution du courant est plus uniforme (dans les rails ronds, le courant est
concentré dans les zones où l'effet de proximité est le plus important,
(Fig. 1-21, (b)),
x la fabrication des rails est plus simple et donc moins chère,
x le projectile est intrinsèquement stable (dans le lanceur rond, il faut prévoir un
dispositif pour empêcher la rotation du projectile),
x la maintenance des rails est plus aisée.

(a) (b)

Figure 1-21. (a) Le calibre rond du lanceur PEGASUS [47] et (b) la distribution du courant dans les rails
50 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

La forme et les caractéristiques des rails ont une grande influence sur l'efficacité du
lanceur [46] :
x la forme définit le gradient d'inductance (paragraphe A.3.b.),
x une couche surfacique résistive favorise la diffusion du courant dans les rails,
diminuant ainsi l'effet de peau due à la vitesse (paragraphe A.3.c.),
x le matériau des rails doit être compatible avec celui des ponts de courant afin de
prévenir l'érosion de rails par "gouging" (paragraphe A.3.d),
x une grande conductivité électrique est requise afin de limiter les pertes par effet
Joule (paragraphe A.3.d). Le point de fusion doit être le plus haut possible.

A.3.b. Influence des dimensions des rails sur le gradient d'inductance des rails

La force agissant sur le projectile dépend du gradient d'inductance des rails L'R et du
courant dans les rails (0-6). La forme des rails définit ce gradient. Prenons comme exemple le
lanceur de la figure 1-20. La figure 1-22 montre l'évolution de L'R en fonction de la largeur l
et l'espacement des rails, représenté par la hauteur h. L'épaisseur des rails est fixe et est égale
à 10 mm. Le gradient augmente quand la hauteur augmente et quand la largeur diminue. La
limite supérieure à la figure 1-22 indique la largeur minimale des rails si le courant maximal
vaut 2 MA. En effet, une règle pratique dit que le courant dans des rails en cuivre ne peut pas
dépasser 50 kA/mm. Au-delà de cette valeur, les rails risquent d'atteindre leur température de
fusion.
Il faut également tenir compte des forces de répulsion agissant sur les rails, auxquelles
la structure de maintien des rails doit résister [59]. La force Fy, agissant sur des rails d'une
longueur z, est donnée par l'expression suivante :

1 w L' R 2
Fy z IR (1-6)
2 wh

Il est donc intéressant de choisir le calibre de telle sorte que le rapport soit faible, c'est-
à-dire dans la zone à faible gradient [48].

Figure 1-22. Gradient d'inductance en fonction de l'espacement des rails pour différentes
largeurs et une épaisseur des rails égale à 10 mm [59]
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 51

A.3.c. La diffusion du courant dans les rails

La diffusion du courant dans les rails dépend de plusieurs facteurs : l'effet de peau,
l'effet de proximité et l'effet de peau dû à la vitesse.
En raison de l'effet de peau, la répartition du courant dans les rails se fait de sorte que
l'essentiel du courant circule à la périphérie des rails. La profondeur de peau est donnée
par (1-5).

Figure 1-23. La répartition du courant dans les rails suite à l'effet de peau et à l'effet de proximité.
Le courant est concentré sur la face interne des rails.

Deux conducteurs parallèles parcourus par un courant et placés à proximité, comme


c'est le cas du lanceur, exercent une influence l'un sur l'autre. La répartition du courant est
telle qu'il se concentre aux endroits où le champ magnétique est maximal, c'est-à-dire entre les
conducteurs lorsqu'ils sont parcourus par des courants de sens inverse. Dans les lanceurs à
rails, cet effet de proximité s'ajoute à l'effet de peau. Ceci signifie que non seulement la
densité de courant est plus élevée à la périphérie, mais qu'en plus elle est maximale sur la face
interne des rails [14]. La figure 1-23 montre la diffusion du courant dans les rails due aux
effets de peau et de proximité. Nous supposons que le pont de courant se trouve à très grande
distance et qu'il n'influence pas la répartition du courant dans les rails.

Figure 1-24. La répartition du courant dans les rails suite à l'effet de peau dû à la vitesse. Si la vitesse du
projectile vaut 1000 m/s, la profondeur de peau a diminué d'environ 90 %.

L'effet de peau dû à la vitesse est causé par le mouvement du projectile et résulte en une
concentration de courant encore plus grande suite à la vitesse limitée de diffusion du courant
dans les rails derrière le projectile. L'effet augmente avec la vitesse du projectile et est déjà
perceptible à partir de 100 m/s. À une vitesse de 1000 m/s, la profondeur de peau a diminué
d'environ 90 % par rapport à la profondeur au repos [58] !
Les zones de forte concentration du courant risquent de fondre si l'intensité devient trop
élevée. En plus, il y a des conséquences sur la distribution du courant dans le projectile.
Prenons par exemple deux ponts de courant (Fig. 1-25). Le courant circulant entre les deux
ponts est fortement concentré à la surface du rail. La résistance de la portion du rail entre les
52 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

ponts est alors élevée, ainsi que la différence de potentiel entre les deux ponts. Par
conséquent, l'essentiel du courant circule dans le pont arrière. Seulement si les contacts de ce
pont transitent, et donc si la tension de contact augmente fortement, l'essentiel du courant
circulera dans le pont avant [55].

Figure 1-25. La répartition du courant entre deux ponts de courant suite à l'effet de peau dû à la vitesse.
L'essentiel du courant circule dans le pont arrière tant que les contacts ne transitent pas.

A.3.d. Le "gouging"

À part la transition du pont de courant, qui a été discutée plus haut, il y a un deuxième
phénomène qui entraîne l'érosion des rails : le "gouging"* [61]. Il s'agit d'une forme de
détérioration de la surface des rails causée par le passage des ponts de courant du projectile.
Des irrégularités dans le rail, qui n'est jamais parfaitement droit, provoquent des bonds du
projectile à des vitesses élevées. Le "gouging" est causé par le contact intermittent entre le rail
et le pont de courant, provoquant une déformation plastique de la surface du rail en cas de
vitesse élevée, de grande pression de contact et de haute température. Le résultat est un creux
en forme de larme dans la surface, et un bord à l'avant du creux (Fig. 1-26). Les propriétés des
matériaux des ponts de courants et des rails ont une grande influence sur la vitesse minimale à
laquelle le "gouging" peut se produire [62], [63].

Figure 1-26. Forme caractéristique de l'érosion suite au "gouging" [62]

Nous avons observé du "gouging" lors du tir 50. La figure 1-27 montre plusieurs creux
dans la surface du rail. À 125 cm, le creux présente clairement la forme de larme typique avec
le bord avant. La vitesse du projectile à cet endroit vaut environ 1070 m/s.

*
"To gouge" signifie "creuser".
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 53

Figure 1-27. Exemple de "gouging". (Tir 50)

A.3.e. Le refroidissement des rails

Le courant élevé dans les rails mène à l'augmentation de leur température par effet
Joule. En conséquence, la résistance croît et le rendement du lanceur est plus faible si un
nouveau projectile était tiré avant le refroidissement des rails. Le temps nécessaire pour
atteindre une température d'environ 40 °C après un tir est de quelques secondes. Or, si une
rafale de projectiles est tirée, le temps entre deux coups vaut seulement une centaine de
millisecondes [56]. Les rails n'ont donc pas suffisamment de temps pour refroidir et la
température monte rapidement [64]. Le refroidissement des rails par une fluide circulant dans
des canaux dans les rails est alors nécessaire [65].

A.4. La structure de maintien des rails


La fonction principale de la structure est de maintenir les rails, soumis à des forces de
répulsion jusqu'à 20 MN/m, en place. Ces forces peuvent provoquer des déformations de
calibre permanentes, résultant en une augmentation du calibre. Si celle-ci est trop grande, un
bon contact électrique est impossible.
Actuellement, le seul matériau qui résiste à de telles sollicitations est l'acier. Or, la
génération de courants de Foucault dans le métal de la structure de maintien cause des pertes
considérables. L'étude de telles structures a montré que le gradient d'inductance du lanceur
peut diminuer de 45 %, réduisant ainsi considérablement la force électromagnétique agissant
sur le projectile [66], [67].
Afin d'éviter ces pertes, des tubes en résine renforcée de fibres de verre sont utilisés
comme structure de maintien. Sur le lanceur PEGASUS, équipé d'un tel tube, une
augmentation permanente du calibre jusqu'à 3 % a été constatée. Le tube est alors devenu
inutilisable. Des tubes en résine renforcée de carbone présentent des avantages concernant les
aspects mécaniques (un gain en masse de l'ordre de 25 % et une rigidité des fibres trois fois
plus grande), mais un inconvénient majeur est la conductivité des fibres. Ce dernier type de
structure n'est donc plus utilisé [68].
Une autre possibilité est l'utilisation d'une structure de maintien des rails en lamelles
d'acier, isolées les unes par rapport aux autres (Fig. 1-28, point 1). Ainsi, une bonne tenue
mécanique est obtenue, tout en limitant la diminution du gradient d'inductance du lanceur
[66], [69].
54 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

Figure 1-28. Le lanceur à structure de maintien lamellé de l'ISL

Les structures décrites ci-dessus sont lourdes et difficile à monter. Dans la majorité des
cas, le démontage des rails est impossible. Si un lanceur de petit calibre est utilisé
(typiquement 15 mm sur 15 mm), les forces de répulsion sont plus faibles. Une autre structure
de maintien peut être utilisée si celles-ci sont inférieures à 3 MN/m. Elle est composée d'un
bloc inférieur et supérieur (Fig. 1-28, point 2) en résine renforcée de fibre de verre, maintenus
par des vis en acier (Fig. 1-28, point 3). L'espacement des rails est assuré par des entretoises.
Une telle construction permet le démontage du lanceur, le nettoyage des rails ou leur
remplacement et son remontage en peu de temps. En plus, la structure est relativement
ouverte, ce qui facilite l'instrumentation du lanceur.
La structure de maintien des rails doit également résister aux forces de recul, soutenir
les blocs d'injection de courant et dissiper la chaleur, générée par l'effet Joule [70].

B. Différentes configurations du lanceur non augmenté


Le rendement du lanceur simple est plutôt faible, à cause de pertes magnétiques et
ohmiques dans les rails. Deux autres configurations du lanceur non augmenté, avec un
rendement plus élevé, sont discutées dans ce paragraphe.

B.1.a. Le lanceur segmenté

Le lanceur à rails segmenté permet d'avoir des connexions plus courtes et donc de
diminuer les pertes [6]. Il s'agit en fait de la mise en série de plusieurs lanceurs à rails simples,
séparés par des parties isolantes (Fig. 1-29). Chaque segment dispose de sa propre
alimentation, permettant d'optimiser le segment en fonction de la vitesse locale du projectile
[71]. En pratique, cette configuration est difficile à réaliser à cause des importants courants
qui circulent dans les ponts. En effet, un arc électrique peut être initié lorsqu'un contact passe
au-dessus d'une partie isolante, provoquant de l'érosion [72].
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 55

Figure 1-29. Le lanceur à rails segmenté

B.1.b. Le lanceur à distribution spatio-temporelle de l'énergie (DES)

La segmentation des rails n'étant pas strictement nécessaire, une configuration avec des
rails non segmentés a été proposée (Fig. 1-30). Il s'agit du lanceur à rails à distribution spatio-
temporelle de l'énergie ("Distributed Energy Storage" ou DES) [71].

Figure 1-30. Le lanceur à rails à distribution spatio-temporelle de l'énergie

Les points d'injection de courant sont repartis sur la longueur du lanceur (distribution
dans l'espace) ; en plus, la connexion de plusieurs sources par point est possible, ce qui permet
une distribution des injections de courant dans le temps. On peut alors varier l'intensité du
courant en agissant sur l'endroit de l'injection de courant dans les rails et sur les instants de
déclenchement des différentes sources (Fig. 1-31) [73].

Figure 1-31. Variation temporelle du courant total (courbe pleine) résultant de la somme des courants
individuels (courbes en pointillés) pour un lanceur à rails à distribution spatio-temporelle de l'énergie [35]
56 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

La distribution spatio-temporelle de l'énergie permet d'augmenter le rendement du


lanceur. Des études théoriques ont montré qu'un rendement jusqu'à 90 % peut être obtenu
[74].
Les connexions multiples, alimentant les différents étages, rendent le système
complexe et constituent l'inconvénient majeur de ce type de lanceur. Un point délicat est
également la synchronisation du déclenchement des sources avec le passage du projectile. Les
laboratoires américains ont abandonné le lanceur DES pour ces raisons. Par contre, le lanceur
le plus performant de l'ISL (PEGASUS) est un lanceur DES [11]*.

C. Différentes configurations du lanceur augmenté


Une des causes de la transition du pont de courant est son échauffement par effet Joule.
Afin de diminuer la charge thermique, il faut réduire l'intensité de courant dans le pont, sans
diminuer la force électromagnétique. Ceci peut être réalisé en augmentant l'inductance du
lanceur ou en appliquant un champ magnétique extérieur au lanceur. Les différentes
configurations du lanceur augmenté sont présentées dans ce paragraphe.

C.1.a. Le lanceur augmenté en série

L'ajout d'une ou plusieurs spires supplémentaires au circuit du lanceur permet


d'augmenter le gradient d'inductance L'R et donc de diminuer le courant dans le pont du
projectile, en maintenant la force électromagnétique constante (Fig. 1-32).
Cette configuration présente plusieurs inconvénients. La force de répulsion entre les
rails est plus grande, ce qui nécessite une structure de maintien des rails plus lourde. Le circuit
du lanceur est plus long, et donc la résistance plus grande. Les pertes par effet Joule qui en
résultent sont la cause d'une diminution du rendement du lanceur et par conséquent d'une
augmentation du volume de l'alimentation [75]. Des conducteurs intérieurs multiples
augmentent la complexité mécanique et électrique du système, ce qui se traduit par des coûts
de construction et de maintenance accrus et en une fiabilité réduite [76].

Figure 1-32. Le lanceur à rail augmenté en série

C.1.b. Le lanceur à shunt

Une configuration qui offre les avantages du lanceur à rails augmenté en série, mais
sans rails supplémentaires, est le lanceur à shunt. Il consiste en un lanceur à rails
conventionnel avec un circuit shunt à la bouche (Fig. 1-33). Le courant injecté est réparti
entre le pont de courant du projectile et le shunt. Il y a alors du courant dans les rails devant le
projectile, ce qui augmente la force sur le projectile [76].

*
Sur la figure 0-4, les connexions des différents étages de PEGASUS sont bien visibles.
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 57

Figure 1-33. Le lanceur à rails à shunt

La valeur de l'impédance Z du circuit shunt détermine le rapport entre le courant dans


le pont et dans le circuit shunt.

C.1.c. Le lanceur augmenté en parallèle

L'augmentation en parallèle consiste en la génération d'un champ magnétique extérieur


par des rails supplémentaires (Fig. 1-34). Cette configuration présente plusieurs avantages :
x Pour une même force agissant sur le projectile, le courant dans le circuit intérieur
–– et donc l'érosion des rails et du pont de courant –– est plus faible.
x Une deuxième source d'énergie, indépendante de celle du circuit intérieur,
alimente le circuit extérieur. Le courant dans ce circuit ne doit pas être
impulsionnel ; l'encombrement de la source peut donc être minimisé.
x Le circuit extérieur permet, par couplage électromagnétique, de récupérer
l'énergie résiduelle dans les rails intérieurs après la sortie du projectile [75].
Ainsi, le rendement du lanceur peut être augmenté.
x Les circuits sont plus courts que ceux du lanceur augmenté en série ; les pertes
par effet Joule sont donc plus faibles.

Figure 1-34. Le lanceur à rails augmenté en parallèle

Dans les années 90, des essais avec quatre lanceurs augmentés en parallèle (tous aux
États-Unis) ont été rapportés :
1. Le lanceur de "Westinghouse" à Pittsburgh [70], [77],
2. Le lanceur du "Center for Laser Applications" à l'université de
Tennessee, Tullahoma [78], [79], [80],
3. et 4. Deux lanceurs du "Fusion Technology and Charged Particle Research
Laboratory" à l'université de Illinois, Urbana [36], [37], [39].
58 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

Les caractéristiques de ces lanceurs sont résumées dans le tableau 1-2. Le lanceur
LARA que nous avons étudié est donc le premier à lancer des projectiles relativement lourds
(16.1 g à 20.8 g) muni de ponts de courant solides. En dehors de celles concernant LARA, il
n'y a plus de publications récentes sur des lanceurs augmentés en parallèle expérimentaux.

TABLEAU 1-2. CARACTÉRISTIQUES DES LANCEURS AUGMENTÉS EN PARALLÈLE EXPÉRIMENTAUX

Lanceur 1 2 3 4
Calibre (mm) 12.7 10 3.2 3.2
Section carrée ronde ronde ronde
Longueur (m) 4 2.4 0.58 1.2
bancs de bancs de bancs de bancs de
Alimentation
condensateurs condensateurs condensateurs condensateurs
Masse du projectile (g) 1.4 à 1.8 1 0.004 0.004
Pont de courant plasma plasma plasma plasma
Vitesse à la bouche
5 3 2.1 2.5
(km/s)

Des études théoriques concernant le lanceur augmenté ont été menées à l'ISL, plus
particulièrement concernant l'alimentation du circuit extérieur. Les sources étudiées sont entre
autres la batterie et le supercondensateur [81], [82].

Une variante de cette configuration est le lanceur à rails augmenté avec un circuit
extérieur segmenté (Fig. 1-35). Le champ magnétique est alors appliqué localement,
permettant de réduire les pertes dans le circuit extérieur. Un inconvénient est que les champs
magnétiques varient rapidement et qu'ils peuvent ainsi provoquer des problèmes électriques
[44], [81]. À notre connaissance, des expériences avec cette variante n'ont pas encore été
menées.

Figure 1-35. Le lanceur à rails augmenté avec un circuit extérieur segmenté

C.1.d. Le lanceur augmenté par des aimants permanents

Des études théoriques et expérimentales ont été menées concernant l'augmentation du


champ magnétique par des aimants permanents dans le cadre de deux applications :
l'amélioration de la performance des ponts de courant plasma et les armes portatives
électromagnétiques.
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 59

L'application d'un champ magnétique à un pont de courant plasma offre deux avantages
majeurs : le courant dans le pont est réduit pour une même force propulsive et le risque de
former des arcs secondaires est plus faible. Afin de valider cette dernière théorie, un lanceur
avec une longueur de 50 cm et un calibre carré de 5 mm a été construit à l'université de
Kumamoto au Japon. Il lance des projectiles de 30 mg à des vitesses de 1500 m/s. L'intensité
du champ magnétique entre les rails, généré par les aimants permanents, est égale à 0.53 T
[83].
La faisabilité d'armes portatives a été étudiée à l'ISL [84]. L'utilisation des aimants
permanents permet de diminuer le courant dans les rails et donc de réduire la masse de
l'alimentation. Actuellement, un fusil de guerre avec un calibre de 5 mm et une longueur du
canon de 50 cm lance des projectiles de 4 g à une vitesse de 900 m/s, donc avec une énergie
cinétique de 1620 J. Pour l'étude de la faisabilité du fusil électromagnétique augmenté, nous
calculons d'abord le courant dans le lanceur électromagnétique non augmenté pour obtenir les
mêmes performances. Nous faisons l'hypothèse d'une accélération constante.
Tenant compte de l'énergie cinétique à la bouche (1-1), nous déduisons l'expression
suivante pour le courant :

2 E cin
IR (1-7)
L' R x b

où xb est la longueur du tube. Si le gradient d'inductance est égal à 0.45 µH/m et si la masse
du sabot vaut 1 g, le courant dans les rails est égal à 135 kA, avec les données citées plus
haut.
La force sur le projectile dans le lanceur augmenté est exprimée par (0-7). Le courant
est alors égal à [84] :

h § 2 L' R E cin ·¸
IR ¨  Be  B e2  (1-8)
L' R ¨ h2 xb ¸
© ¹

avec : Be : le champ magnétique extérieur


h : l'espacement entre les rails

L'augmentation du lanceur avec un champ magnétique extérieur de 1 T permet de


diminuer le courant jusqu'à 125 kA, soit une diminution de seulement 7.4 % par rapport au
lanceur non augmenté. Cette faible diminution est bien sûr due au fait que le champ
magnétique dans le lanceur non augmenté est déjà assez élevé. Il est donné par :

L' R I R
B (1-9)
2h

Le champ vaut donc 6 T, nettement plus élevé que le champ magnétique extérieur. La
réduction du courant et donc de la masse de l'alimentation est assez faible. Le fusil sera même
nettement plus lourd à cause de la masse des aimants et du circuit magnétique. Le
remplacement du fusil à poudre par un fusil électromagnétique ne semble donc pas faisable à
court terme.
60 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

A titre d'exemple, nous citons les caractéristiques d'un fusil électromagnétique


augmenté expérimental, construit à l'université de Missouri, aux États-Unis. Il lance des
projectiles de 0.5 g à une vitesse 450 m/s. Sa masse totale est égale à 37.5 kg, dont environ la
moitié pour l'alimentation [85]. On est donc loin des performances du fusil classique :
l'énergie cinétique du projectile vaut 50 J (contre 1620 J pour l'arme à feu) et le fusil a une
masse trop importante pour être portative.

D. Les sources d'énergie pour les lanceurs électromagnétiques

D.1. Description générale


La source d'énergie d'un lanceur à rails doit répondre à plusieurs exigences. Elle doit
fournir un courant élevé (plusieurs méga-ampères) au lanceur, qui, lui, génère une force
électromotrice de l'ordre de quelques kilovolts. L'énergie doit être libérée en quelques
millisecondes, et ceci pour plusieurs tirs dans un temps de quelques secondes. En plus, le
volume et la masse de l'alimentation doivent être le plus petit possible afin de faciliter leur
intégration dans des plates-formes mobiles, telles qu'un char ou un navire. Des hautes densités
d'énergie et de puissance sont donc requises. Le tableau 1-3 résume des ordres de grandeur
des caractéristiques électriques d'une alimentation de lanceur à rails de grand calibre [26]. Le
besoin en énergie d'un lanceur de petit calibre est moins grand par coup, mais la cadence de tir
est plus élevée. Le besoin en puissance sera donc similaire au lanceur de grand calibre.

TABLEAU 1-3. CARACTÉRISTIQUES ÉLECTRIQUES D'UNE ALIMENTATION DE LANCEUR DE GRAND CALIBRE

Énergie électrique par coup 20 MJ


Puissance crête par coup 4000 MW
Durée de l'impulsion 3 à 6 ms
Énergie par rafale 100 MJ
Puissance moyenne par coup 2800 kW
Tension typique 2 à 5 kV
Courant 2 à 4 MA

Il existe plusieurs architectures d'alimentation électrique, qui comprend, en principe,


trois parties. Dans la première partie, de l'énergie mécanique primaire est produite par une
source du type turbine à gaz. Ensuite, cette énergie est transformée en énergie
électromagnétique et emmagasinée de façon à ce que l'énergie puisse être extraite en un temps
très court (typiquement quelques centaines de millisecondes). Il s'agit alors de batteries ou de
machines tournantes telles que le générateur homopolaire, le stockage magnéto-dynamique ou
le compulsateur, qui sera décrit plus loin. Finalement, cette énergie doit être comprimée dans
le temps (quelques millisecondes) afin d'obtenir une très grande puissance [86].
Le tableau 1-4 donne les caractéristiques actuelles (2003) de stockage d'énergie et de
puissance de quelques composants*, qui seront traités plus amplement dans les paragraphes
suivants [26]. Le stockage de 20 MJ dans des bancs de condensateurs requiert un volume d'au
moins 6.7 m³. La masse des bancs est alors supérieure ou égale à 30 tonnes. Il est évidemment
impossible d'installer une telle source d'énergie dans un système mobile. On s'oriente

*
La densité énergétique du TNT vaut 4 GJ/t, celle du gazole vaut 45 GJ/t !
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 61

actuellement vers des alimentations basées sur le compulsateur ou le MDS, dont la densité
d'énergie est plus élevée.

TABLEAU 1-4. CARACTÉRISTIQUES DE QUELQUES COMPOSANTS DE


STOCKAGE D'ÉNERGIE ET DE PUISSANCE

Densité d'énergie Densité de puissance


Composant Fonction MJ/m³ MW/m³
MJ/t MW/t
Stockage d'énergie 90 750
Compulsateur
et de puissance 30 250
100 5000
Générateur homopolaire Stockage d'énergie
30 1300
Stockage d'énergie 160 5
MDS
intermédiaire 80 2.5
Stockage de 1à3 104 à 106
Condensateur
puissance 0.5 à 1.5 104 à 106
Stockage
Supercapacité 40 > 40
intermédiaire
Stockage 400 0.1
Batterie
intermédiaire 100 0.25

Tous ces composants nécessitent des éléments auxiliaires. Par exemple, il faut des
commutateurs, capables de commuter des courants élevés, afin de connecter ces composants
au lanceur à rails [87]. Les commutateurs de fermeture utilisés à l'ISL sont l'éclateur et le
thyristor. Le commutateur d'ouverture doit permettre d'ouvrir le circuit au moment où le
courant est maximal, afin d'obtenir le profil de courant optimal (Fig. 1-1). Or, vu les intensités
de courant dans le circuit du lanceur à rails, de nombreux commutateurs classiques –– qui sont
limités à un courant d'environ 4 kA –– doivent être montés en parallèle, ce qui représente
beaucoup d'inconvénients. Des commutateurs d'ouverture spécifiques au lanceur à rails sont
en développement à l'ISL [88], [89].

D.2. Le compulsateur
Le mot "compulsator" est la contraction de "compensated pulsed alternator". Le
compulsateur génère une impulsion de courte durée de haute énergie en utilisant un
enroulement de compensation afin de réduire l'inductance interne de l'alternateur. Ainsi, le
courant à la sortie est plus élevé. Grâce à cette compensation, l'inductance peut être réduite à
5 % de sa valeur initiale. La figure 1-36 montre un schéma du compulsateur dans sa forme la
plus simple : avec deux pôles et une phase. Il est composé d'un stator (1) avec des bobinages
(2 et 2'), de pièces polaires (3) et d'un rotor (4) avec un bobinage (5). Un cylindre conducteur
(6) protège les bobinages du stator de la réaction de l'armature. Le point 7 indique une
position alternative des bobinages du stator. Le rotor est connecté au moteur d'entraînement
par un arbre (8) [90]. L'enroulement de compensation n'est pas représenté.
Le moteur entraîne le rotor jusqu'à des vitesses de rotation très élevées. Lorsque le
compulsateur est alors connecté au lanceur à rails, une partie de l'énergie cinétique du rotor
est transformée en énergie électrique. Ce type de source d'énergie est très adéquat pour des
62 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

tirs en rafale, car l'énergie cinétique emmagasinée dans le rotor peut suffire pour alimenter le
lanceur durant toute la rafale [91]. Le compulsateur élimine la nécessité d'une inductance
supplémentaire pour la formation d'impulsion, ce qui constitue un grand avantage [86].

Figure 1-36. Le compulsateur [90]

Le compulsateur présente d'autres avantages : il est possible de récupérer l'énergie


résiduelle dans le lanceur après la sortie du projectile [92] et une configuration adéquate
permet d'obtenir un profil de courant quasi-idéal (Fig. 1-1) [93].

D.3. Le générateur homopolaire


Son fonctionnement est celui du disque de Faraday qui, mis en rotation dans un champ
magnétique uniforme B, délivre une force électromagnétique (Fig. 1-37). Il délivre des
tensions faibles (100 V), des courants élevés (1 MA), mais ne restitue son énergie qu'en des
temps relativement longs. Il faut donc ajouter une inductance de stockage pour créer une
impulsion de courant [6].

Figure 1-37. Le générateur homopolaire [6]

Le générateur homopolaire fut utilisé pour alimenter les premiers lanceurs à rails
expérimentaux. De nos jours les difficultés liées à la commutation d'ouverture limitent son
emploi. Il est cependant un candidat sérieux pour alimenter le lanceur électrothermique-
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 63

chimique (ETC), dont les besoins en courant et en tension sont considérablement plus faibles
[94].

D.4. Le stockage magnéto-dynamique


Le stockage magnéto-dynamique (en anglais : MagnetoDynamic Storage –– MDS) est
un système intégré pouvant fonctionner comme générateur ou comme moteur. Le rotor est
fabriqué d'un matériau composite renforcé de fibres de carbone. Il emmagasine de l'énergie
cinétique lorsque le MDS est opéré en mode "moteur", et fournit de l'énergie électrique
lorsqu'il est en mode "générateur". Le boîtier est sous vide afin de limiter les pertes par
frottement aérodynamique [95].

Figure 1-38. Le MDS [95]

D.5. Le condensateur
Le condensateur est un composant très fiable et très flexible, mais la densité
énergétique est très faible. Cette source d'énergie est donc adéquate pour des lanceurs
expérimentaux, mais ne convient pas pour des lanceurs embarqués [96].

Figure 1-39. Schéma d'un circuit d'alimentation avec des condensateurs

La figure 1-39 représente le schéma typique d'un circuit d'alimentation avec des
condensateurs. En fermant S1 à l'instant t0, le banc de condensateurs C est déchargé dans le
lanceur (Fig. 1-40). Quand le courant atteint sa valeur maximale, à l'instant t1, la tension aux
bornes du banc est presque nulle. Afin d'éviter leur recharge pour un courant de sens opposé,
ce qui constituerait une perte d'énergie, le commutateur S2 est fermé. Puis, le courant est
maintenu par la bobine de stockage LS.
64 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails

Figure 1-40. Impulsion de courant générée par le circuit d'alimentation de la figure 1-39

La source d'énergie de LARA est constituée de bancs de condensateurs. Le


fonctionnement et le montage de ces bancs seront plus amplement décrits au chapitre 3.

D.6. La batterie
La densité d’’énergie d’’une batterie est très élevée, mais l’’extraction de cette énergie est
trop lente pour alimenter directement le lanceur à rails.

Figure 1-41. Alimentation du circuit extérieur du lanceur augmenté par une source lente durant une rafale

Pourtant, des batteries pourraient alimenter le circuit extérieur du lanceur augmenté


pour des tirs en rafale. Le champ extérieur est alors généré durant toute la séquence de tir
(Fig. 1-41). Une partie des sources d’’énergie impulsionnelle qui alimentent le circuit extérieur
peut alors être remplacée par des batteries, dont la densité d’’énergie est beaucoup plus grande.
La masse et le volume de l’’alimentation seront par conséquent plus faibles.

D.7. Le supercondensateur
Vu son temps de décharge important, le supercondensateur ne peut pas délivrer des
impulsions. Par contre, il peut alimenter le circuit extérieur du lanceur augmenté. L'avantage
du supercondensateur par rapport à la batterie est sa grande densité d'énergie [96].
L'utilisation de supercondensateurs au lieu de batteries permettrait de réduire le volume de la
source d'énergie d'un facteur 20 [84].
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 65

Chapitre 2

AVANT-PROJET DU LANCEUR À RAIL AUGMENTÉ

Le projectile du lanceur à rails est accéléré par des forces électromagnétiques. Dans ce
chapitre, la force agissant sur les ponts de courant du projectile est déterminée dans le cas des
lanceurs à rails conventionnel et augmenté. Nous montrons que le lanceur à rails augmenté
contribue à une meilleure répartition des forces sur les ponts, diminuant ainsi les contraintes
dans le projectile. Une expression de la force électromagnétique de répulsion qui agit sur les
rails est également présentée.
La force électromagnétique dépend de la géométrie des rails dont les dimensions et la
position déterminent les gradients d’’inductance propre et mutuelle. Pour deux configurations
différentes de lanceurs à rails augmentés, l’’influence de la géométrie est calculée.
La dernière partie est consacrée à l’’avant-projet du lanceur à rails augmenté qui sera
construit et testé au laboratoire. Deux méthodes de calcul des forces sur les rails sont
comparées. Nous discutons les impulsions de courant qui sont utilisées pour les calculs des
forces, avec comme résultat la contrainte maximale sur les rails.

A. La force électromagnétique appliquée au projectile et aux rails

A.1. Introduction
Dans le lanceur conventionnel, la force électromagnétique agissant sur le projectile est
exprimée à partir de la variation de la coénergie magnétique par :

1
Fpr L' R I 2R (2-1)
2

Le projectile peut avoir un ou plusieurs ponts de courant et le lanceur peut être


augmenté ou non. Il faut donc développer une expression de la force électromagnétique pour
les différentes configurations.

Figure 2-1. Le système d’’axes du lanceur à rails


66 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté

La force électromagnétique agit non seulement sur les ponts de courant, mais aussi sur
les rails et le pont fermant le circuit extérieur du lanceur augmenté (Fig. 1-34). Les rails et le
pont étant fixes, seul le projectile est accéléré. Toutefois, les forces agissant sur les rails et le
pont peuvent être très grandes vu les intensités de courant dans le lanceur à rails (ordres de
grandeur de 100 kA à plusieurs MA).
Nous définissons le système d’’axes suivant (Fig. 2-1) :
x l’’axe x coïncide avec l’’axe longitudinal du lanceur, positif dans la direction de tir,
x l’’axe y se trouve dans un plan perpendiculaire à l’’axe x et est dirigé vers le haut,
x l’’axe z, perpendiculaire aux axes x et y, est dirigé vers la droite,
x le plan Oyz est situé à la culasse, où le projectile est entré dans le lanceur.

A.2. La force électromagnétique appliquée au projectile

A.2.a. Le projectile à un pont de courant

Le détail des calculs est repris dans l'annexe A. Nous y montrons que la force sur un
projectile à un pont de courant est égale à :

1
Fpr L' R I 2R  M ' I R I A (2-2)
2

où IA est le courant dans le circuit extérieur et M' le gradient d'inductance mutuelle des
circuits intérieur et extérieur. Comme spécifié en l'annexe A, cette équation est uniquement
valable sous l'hypothèse de conducteurs filiformes.

A.2.b. Le projectile à deux ponts de courant

Dans l'étude expérimentale menée au laboratoire, quelques essais ont été consacrés au
lancement de projectiles à deux ponts de courant. C'est donc à juste titre que cette
configuration est développée (en annexe A).

Figure 2-2. La force électromagnétique agissant sur un projectile à deux ponts dans un lanceur augmenté

Les forces sur les ponts de courant arrière (P) et avant (Q) sont :

1
FP L' R I12  L' R I1 I 2  M ' I1 I A
2
(2-3)
1
FQ L' R I 22  M ' I 2 I A
2
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 67

où I1 et I2 désignent respectivement les courants dans le pont arrière et le pont avant du


projectile (Fig. 2-2).
La force sur le projectile est alors égale à :

1
Fpr FP  FQ L' R I 2R  M ' I R I A (2-4)
2

Dans les projectiles à plusieurs ponts de courant lancés par un lanceur à rails
conventionnel, la force sur les ponts est très mal repartie et peut mener à de grandes
contraintes dans le projectile [97]. Des études ont été menées pour modifier la répartition des
forces afin de limiter ces contraintes. Une approche était de changer la résistance des ponts
pour modifier la répartition du courant dans chacun d'eux [14].
Nous pouvons montrer avec (2-3) que le lanceur à rails augmenté contribue à un
meilleur équilibre des forces dans le projectile. Prenons par exemple un projectile à deux
ponts de courants et un lanceur avec les gradients d’’inductance suivants :
L’’R = 0.4 µH/m
M’’ = 0.2 µH/m
Dans le cas du lanceur conventionnel, la force sur le projectile est alors de 8 kN si le
courant dans le circuit intérieur vaut 200 kA (2-1). Dans le cas du lanceur augmenté, nous
pouvons calculer avec (2-4) le courant dans le circuit intérieur en fonction du courant dans le
circuit extérieur pour que la force sur le projectile reste inchangée (Fig. 2-3).

Figure 2-3. Courant dans le circuit intérieur en fonction du courant dans le circuit extérieur
pour une force sur le projectile constante (F = 8 kN)

Cette figure montre également que, grâce à l'augmentation, la charge thermique des
ponts de courant peut être fortement réduite. Le projectile atteindra donc, dans le lanceur
augmenté, une vitesse à la bouche plus élevée sans transition des ponts.
Nous exprimons la répartition du courant entre les ponts par le paramètre O, compris
entre 0 et 1 :

IP O IR
(2-5)
IQ 1  O I R
68 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté

Des expériences et des calculs par code à éléments finis ont déjà été réalisés afin de
déterminer la répartition du courant dans un projectile à deux ponts de courant [98]. Pour des
ponts de courants en Cu-Cd, une valeur de O = 0.62 a été trouvée. La mesure et le calcul
furent en parfait accord à partir de l’’injection du courant jusqu’’à l’’instant où le courant est
maximal.
En utilisant (2-5), les forces sur les ponts P et Q (2-3) deviennent :

1
FP L'R O2 I 2R  L'R O 1  O I 2R  M' O I R I A
2
(2-6)
1
L'R 1  O I 2R  M' 1  O I R I A
2
FQ
2

Ce résultat est valable si les courants sont constants. En effet, les effets d’’induction, qui
peuvent influencer la répartition du courant, ne sont pas pris en compte.
La force sur chaque pont, exprimée en pourcentage de force sur le projectile, est
présentée sur le graphique (2-4) en fonction du courant dans le circuit extérieur.

Figure 2-4. Répartition des forces sur les ponts de courant pour le cas O = 0.62

Dans le cas du lanceur conventionnel, 88 % de la force sur le projectile agit sur le pont
de courant P (point a sur la figure 2-4). Lorsque le lanceur est augmenté, les forces sont mieux
réparties et tendent vers une répartition O/(1-O) pour un courant dans le circuit extérieur élevé
par rapport au courant dans le circuit intérieur. Les termes M ' O I R I A et M ' 1  O I R I A sont
alors prépondérants dans (2-6) et les forces sur les ponts de courants deviennent :

FP | M ' O I R I A
(2-7)
FQ | M ' 1  O I R I A

L’’augmentation du lanceur contribue donc à une meilleure distribution des forces sur
les ponts de courant, et par conséquent, à des contraintes plus petites dans le projectile.
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 69

A.3. La force électromagnétique appliquée aux rails


La force électromagnétique agit non seulement sur les ponts de courant du projectile,
mais aussi sur les rails.
Dans le lanceur à rails augmenté, il y a des forces sur les rails intérieurs (Fy,R) et sur les
rails extérieurs (Fy,A et Fz,A) (Fig. 2-5).

Figure 2-5. Les forces sur les rails du lanceur augmenté (un quart de la section)

Nous avons établi dans l'annexe A, sous l'hypothèse de conducteurs filiformes,


l'expression des forces électromagnétiques sur des rails d'une longueur x :

1 § wL' R · § wM ' ·
Fy ,R ¨ ¸¸ x I 2R  ¨¨ ¸¸ x I R I A
2 ¨© wy ¹R © wy ¹ R
1 § wL A · 2 § wM ' ·
Fy ,A ¨ ¸¸ I A  ¨¨ ¸¸ x I R I A (2-8)
2 ¨© wy ¹A © wy ¹ A
1 § wL A · 2 § wM ' ·
Fz ,A ¨ ¸ IA  ¨ ¸ x IR IA
2 © wz ¹ A © wz ¹ A
70 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté

B. Étude de l'influence de la géométrie du lanceur sur la force électromagnétique


pour deux configurations

B.1. Introduction
Les gradients d’’inductance propre et mutuelle dépendent uniquement de la géométrie
du circuit, c’’est-à-dire des dimensions et de la position des rails. Pour les lanceurs à rails, dont
les circuits sont composés de conducteurs non filiformes, la diffusion du courant dans les rails
a également une influence sur les gradients d’’inductance [99]. En plus, des courants de
Foucault sont générés au niveau des ponts de courant du projectile par le mouvement de celui-
ci et par l'induction mutuelle des rails. Ces courants induits modifient le champ magnétique et
la densité de courant dans les ponts de courant, ce qui résulte en une force de traînée sur le
projectile [100]. Nous verrons au chapitre 4 comment ces gradients d’’inductance varient en
fonction de la variation temporelle de l’’impulsion de courant et du mouvement du projectile.
Afin de maximaliser la force électromagnétique sur le projectile, il faut choisir la
géométrie des rails qui offre des gradients d’’inductance propre et mutuelle élevés tout en
veillant à ne pas dépasser la contrainte maximale sur les rails. Nous présentons une étude
comparative de deux configurations [101], pour lesquelles les forces sur le projectile et sur les
rails sont simulées à l'aide du code à éléments finis 3D MEGA [102]. Dans ces modèles, le
projectile est fixe, ce qui élimine l’’influence des courants de Foucault et des variations
d’’inductance à cause du mouvement du projectile [79]. D’’ailleurs, MEGA ne permet pas la
simulation du projectile à des niveaux de vitesse caractéristiques des lanceurs à rails
(plusieurs centaines de m/s). La modélisation avec MEGA est décrite en annexe B.
La première configuration (type 1) est celle du lanceur à rails superposés (Fig. 2-6). Le
circuit extérieur est composé d’’une paire de rails, située dans le plan formé par les rails
intérieurs (Oyz). Le circuit extérieur de la configuration juxtaposée (type 2) est formé par
deux paires de rails, situées dans deux plans parallèles et symétriques au plan contenant les
rails intérieurs [103].

Figure 2-6. Les géométries du lanceur à rails étudiées (quart de la section) : le lanceur conventionnel, le
lanceur à rails superposés (type 1) et le lanceur à rails juxtaposés (type 2)

Afin de comparer les deux configurations, nous utilisons la notion de gradient


d'inductance effectif L'eff défini ci-après. La comparaison se fera également sur les forces
appliquées sur les rails (Fy,R, Fy,A et Fz,A). Le gradient d'inductance effectif est fonction du
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 71

gradient d'inductance des rails du circuit intérieur L'R, du gradient d'inductance mutuelle M' et
des courants IR et IA. Il est obtenu en réarrangeant les termes dans l'expression de la force sur
le projectile Fpr (2-2) :

1 § I · 2 1
Fpr ¨¨ L' R  M ' A ¸¸ I R L' eff I 2R (2-9)
2 © IR ¹ 2

Ce gradient d’’inductance effectif L'eff prend donc la forme suivante :

IA
L'eff L' R  M ' (2-10)
IR

Il est supérieur ou égal à L'R et est une fonction croissante de M' (qui dépend
uniquement de la géométrie des rails) et de IA. Remarquons que le gradient d'inductance des
rails du circuit intérieur L'R est égal au gradient d'inductance du lanceur à rails conventionnel.
La géométrie des rails et les courants influencent aussi les forces sur les rails, qui ne
doivent pas dépasser la limite de résistance de la structure du lanceur. La valeur de L'eff peut
être obtenue avec (2-9) après calcul de la force sur le projectile avec un code à éléments finis.
Le facteur L'eff / L'R indique le gain en force sur le projectile dans le cas du lanceur à rails
augmenté.

B.2. Calcul avec MEGA des forces sur le projectile et les rails du lanceur augmenté

B.2.a. Introduction

Dans ce paragraphe, nous comparons les forces électromagnétiques sur les rails et le
projectile de quelques configurations de lanceurs conventionnel et augmenté. Ces forces sont
calculées avec MEGA*. D'autres éléments de comparaison, comme le rendement et la vitesse
maximale à la bouche sans transition du pont de courant, seront abordés plus tard.
Le lanceur à rails conventionnel, dont les rails constituent le circuit intérieur des deux
configurations de lanceur augmenté, est composé de rails de 30 mm de large et 15 mm de
haut. Le projectile a un calibre carré de 30 mm x 30 mm (Fig. 2-6). Le gradient d’’inductance
propre du lanceur augmenté L'R est celui du lanceur à rails conventionnel.
Pour la simulation des différentes configurations, nous avons utilisé des courants dans
les rails intérieurs et extérieurs constants et égaux à 500 kA. Les forces ont été calculées
750 µs après l’’injection des courants afin d’’éviter que les résultats soient influencés par des
phénomènes transitoires.
Le gradient d’’inductance mutuelle M’’ du lanceur à rails augmenté n'est pas un résultat
direct de la simulation. Il faut d'abord calculer Fpr avec MEGA. M' peut ensuite être calculé à
partir de (2-9) et (2-10) :

L'eff L' R I R § 2 Fpr


¨
· IR
¸
M' ¨ I2  L ' R ¸I (2-11)
IA © R ¹ A

*
La simulation avec MEGA est décrite en annexe B.
72 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté

La force électromagnétique sur le projectile Fpr, qui est un résultat direct du calcul avec
MEGA, est égale à 61.2 kN. Le gradient d’’inductance L’’R vaut donc 0.49 µH/m. La force sur
les rails, égale à 1.07 MN/m, génère une contrainte de 35.7 MPa [101].

B.2.b. Exemple de rails rectangulaires superposés (type 1)

La configuration de base du lanceur à rails augmenté de type 1 est composée du circuit


intérieur du lanceur à rails conventionnel et de deux rails extérieurs avec une section
rectangulaire de 30 mm x 15 mm, placés à 10 mm des rails intérieurs (Fig. 2-6).
Le gradient M' du cas nominal vaut donc 0.225 µH/m. La contrainte sur les rails
intérieurs selon l’’axe y (py,R) est de 115.8 MPa et la contrainte sur les rails extérieurs selon
l’’axe y (py,A) est égale à ––8.7 MPa.
Les figures 2-7 et 2-9 présentent M’’ et la contrainte sur les rails en fonction de la
distance entre les rails intérieurs et extérieurs et en fonction de la largeur du rail extérieur.

Figure 2-7. M’’ et la contrainte sur les rails en fonction de la distance entre les rails intérieur et extérieur

Figure 2-8. M’’ et la contrainte sur les rails en fonction de la largueur du rail extérieur

Comme attendu, la contrainte sur les rails et le gradient d’’inductance mutuelle


augmentent si la distance entre les rails extérieurs et intérieurs diminue et si le volume, dans
lequel le courant est diffusé, diminue.
La contrainte sur le rail intérieur du lanceur augmenté est beaucoup plus grande que
celle sur le rail du lanceur conventionnel. Pour une force égale sur le projectile (118 kN), le
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 73

courant dans le lanceur conventionnel vaut 693.4 kA et la contrainte sur les rails selon l'axe y
(py) 72.4 MPa. Le courant dans le circuit intérieur du lanceur augmenté est donc réduit de
28 %, mais la contrainte mécanique sur les rails intérieurs a crû de 60 %.

B.2.c. Exemple de rails rectangulaires juxtaposés (type 2)

La configuration de base du lanceur à rails augmenté de type 2 est composée du circuit


intérieur du lanceur à rails conventionnel et de quatre rails extérieurs avec une section carrée
de 15 mm x 15 mm. Les contraintes sur les rails et le gradient d'inductance mutuelle sont
calculées pour différentes positions horizontales z et verticales y des rails extérieurs
(Fig. 2-6).
Pour la position nominale (z = 40 mm, y = 25 mm), M’’ vaut 0.154 µH/m, la contrainte
sur les rails intérieurs selon l’’axe y (py,R) est de 80.5 MPa, la contrainte sur les rails extérieurs
selon l’’axe y (py,A) est de 7.8 MPa et la contrainte sur les rails extérieurs selon l’’axe z (pz,A)
vaut ––31.4 MPa.
Fig. 2-9 et 2-10 illustrent M’’ et la contrainte sur les rails en fonction de la position
horizontale z et de la position verticale y des rails extérieurs. Une position optimale des rails
extérieurs existe pour maximiser M’’ : pour une position du rail extérieur de z = 25 mm et de
y = 25 mm, le gradient d’’inductance vaut 0.168 µH/m.

Figure 2-9. M’’ et la contrainte sur les rails en fonction de la position horizontale du rail extérieur

Figure 2-10. M’’ et la contrainte sur les rails en fonction de la position verticale du rail extérieur
74 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté

B.3. Comparaison des deux configurations


Les contraintes sur les rails sont plus élevées pour la configuration de type 1. Mais ceci
implique aussi que la force sur le projectile est plus grande. Sur la Fig. 2-11, le rapport
L’’eff / L’’R en fonction du courant dans le circuit extérieur est présenté pour le lanceur
conventionnel et les configurations nominales des lanceurs à rails augmentés de types 1
(d = 10 mm) et 2 (y = 25 mm, z = 10 mm). Si le courant dans le circuit extérieur d’’un lanceur
de type 1 vaut 500 kA, la force sur le projectile est 46 % plus grande par rapport à la force
dans le lanceur conventionnel.

Figure 2-11. Le rapport L’’eff / L’’R en fonction du courant dans le circuit extérieur pour
le lanceur conventionnel et les configurations nominales des lanceurs augmentés de
types 1 (d = 10 mm) et 2 (y = 25 mm, z = 40 mm).

Les forces sur les rails du lanceur de type 1 sont toutes situées dans le plan vertical (la
composante Fz,A est nulle). En plus, il n’’y a qu’’un seul circuit. La structure du lanceur est
donc plus simple, ce qui est avantageux pour les expériences. En effet, un lanceur de structure
complexe exige beaucoup de temps pour le montage et le démontage entre deux tirs. Par
contre, pour fermer le circuit extérieur d'un lanceur de type 1 à hauteur de la bouche du
lanceur, il faut monter un pont sur lequel agit également une force électromagnétique.
L'expression de la force électromagnétique agissant sur le pont (Fp) est établie en annexe A.
Elle est égale à :

Fp 0.33 I 2A (2-12)

où IA est exprimé en kA. Si le courant dans le circuit extérieur vaut 500 kA, la force sur le
pont est de 83 kN. Cette force est quasi égale à la force sur le projectile !
Le lanceur de type 1 est donc moins complexe, plus compact et plus léger, et le
gradient d’’inductance effectif est plus grand pour un même courant dans les circuits. Nous
faisons donc l’’avant-projet d’’un lanceur de ce type.
Pourtant, si on voulait concevoir un lanceur à rails augmenté à répartition spatio-
temporelle de l'énergie (DES), le type 2 doit être pris en considération. En effet, l’’accès aux
rails intérieurs pour la connexion des câbles d’’alimentation est plus simple.
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 75

C. Avant-projet du lanceur à rails augmenté de l’’ISL (LARA)

C.1. Choix du calibre du lanceur et de l'alimentation


Les rails du lanceur à rails augmenté LARA présentent une section carrée de 15 mm x
15 mm. Ce choix est motivé par des raisons d’’économie et de facilité :
x Un bon contact glissant est plus aisé à réaliser dans un lanceur avec une section
rectangulaire ou carrée.
x Les contraintes mécaniques sont plus faibles.
x Un projectile de petit calibre, avec seulement un ou deux ponts de courant, est plus
facile à produire, et en plus grandes quantités.
x Un lanceur de petit calibre est plus facile à manipuler lors du montage et
démontage.
x Un important stock de ce type de rails était disponible à l’’ISL. Il ne fallait donc pas
acheter une nouvelle série de rails.

L’’alimentation de LARA est composée de bancs de condensateurs et de leur réseau de


formation d’’impulsion disponibles à l’’ISL. Un banc de condensateurs, chargé à la tension
maximale de 10 kV, délivre un courant avec un maximum d'environ 180 kA. Au moins deux
bancs sont prévus par circuit, avec la possibilité de brancher un troisième banc au circuit
extérieur.

C.2. Détermination des impulsions de courant pour le calcul des forces sur les rails
Le but de l’’avant-projet est de déterminer les forces maximales sur les rails afin de
pouvoir dimensionner le bâti du lanceur. Pour calculer ces forces, nous avons utilisé des
impulsions de courant au lieu de courants constants. En effet, comme nous le montrons au
paragraphe C.4., il y a une grande différence entre les résultats obtenus avec ces deux
méthodes. Ceci est dû au fait que le calcul à courants constants ne tient pas compte des effets
d’’induction.

Figure 2-12. Impulsions de courant utilisées pour les simulations

Au maximum deux bancs de condensateurs chargés à 7 kV sont connectés au circuit


intérieur et au maximum trois bancs chargés à 10 kV sont connectés au circuit extérieur lors
des expériences. Les impulsions de courant utilisées pour les simulations sont basées sur une
76 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté

impulsion de courant mesurée lors d’’un tir avec le lanceur CEDAP [104]. Un facteur
d’’échelle a été appliqué à cette impulsion pour obtenir deux nouvelles impulsions de courant
avec des courants crêtes de 120 kA et de 180 kA (Fig. 2-12). Ces impulsions correspondent
plus ou moins à des impulsions de courant générées par des bancs de condensateurs chargés
respectivement à 7 kV et à 10 kV.
Tous les bancs ne sont pas déclenchés au même instant. Ceci mènerait à des courants
trop élevés. Typiquement dans notre étude, deux bancs sont injectés dans le circuit extérieur
avec un décalage de 0.15 ms, le troisième banc –– s’’il est déclenché –– avec un décalage de
1.5 ms ou plus. Un ou deux bancs de condensateurs sont déchargés dans le circuit intérieur,
avec au moins 1 ms de décalage (Fig. 2-13). Le courant crête dans le circuit intérieur ne
dépasse donc pas 180 kA, le courant dans le circuit extérieur reste en dessous de 360 kA.

Figure 2-13. Courants formés par le déclenchement de deux bancs de condensateurs avec décalage

Pour l’’avant-projet, nous utilisons des impulsions de courant simples avec des maxima
de 180 kA et 360 kA, et avec un décalage entre les injections dans les circuits extérieur et
intérieur de 0 ms (cas 1) et de 1 ms (cas 2) (Fig. 2-14 et 2-15). Le but du décalage est
d'évaluer l'influence des effets d'induction sur la contrainte sur les rails.

Figure 2-14. Impulsions de courant dans les circuits intérieurs et extérieurs (cas 1)
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 77

Figure 2-15. Impulsions de courant dans les circuits intérieurs et extérieurs (cas 2)

Ces impulsions sont la base du calcul de la force électromagnétique selon deux


méthodes différentes :
x La première méthode utilise les équations analytiques de la force sur les rails (2-8).
Cependant, un calcul préliminaire avec le code à éléments finis MEGA est
nécessaire pour déterminer les coefficients de ces équations. Le courant dans les
rails est constant pour ces calculs avec MEGA.
x La deuxième méthode est le calcul direct des forces avec MEGA. Les courants
transitoires sont alors injectés dans les rails.

L'avantage de la première méthode est que les équations analytiques peuvent être
intégrées dans un code de simulation du lanceur à rails, et qu'il ne faut donc pas
systématiquement recourir à un code à éléments finis pour le calcul des forces sur les rails.
Pourtant, cette méthode doit être utilisée avec précaution pour le calcul des forces sur les rails
du lanceur augmenté, comme nous allons le démontrer dans le paragraphe C.5.
Le modèle utilisé dans les deux méthodes, consiste en un quart de la coupe transversale
du lanceur à rails (Fig. 2-16). Les rails sont modélisés avec une longueur infinie.

Figure 2-16. Un quart de la coupe transversale de LARA


78 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté

C.3. Détermination des coefficients de la force électromagnétique sur les rails


Afin d'obtenir les coefficients des équations de la force électromagnétique, la force sur
les rails a été calculée pour plusieurs combinaisons de courant dans les circuits intérieur et
extérieur. Le courant dans le circuit extérieur varie de 50 à 350 kA, alors qu'un courant
constant de 200 kA circule dans le circuit intérieur. Ce courant constant permet de réduire les
deux équations de la force (2-8) aux équations suivantes, où IA est exprimé en kA, les
inductances en µH et les forces en kN/m :

§ wL' R · § wM ' ·
Fy ,R 20 ¨¨ ¸¸ x  0.2 ¨¨ ¸¸ x I A
© wy ¹R © dy ¹ R
(2-13)
§ wL · 2 § wM' ·
Fy ,A 0.5 ˜ 10 3 ¨¨ A ¸¸ I A  0.2 ¨¨ ¸¸ x I A
© wy ¹A © wy ¹ A

Les points calculés avec MEGA sont représentés sur les figures 2-17 et 2-19 par des
carrés. Les lignes sont des courbes de régression aux équations suivantes :

Fy ,R 264.6  2.659 I A
(2-14)
3
Fy ,A 2.691 ˜ 10 I 2A  1.115 I A

Dans les deux cas, le coefficient de corrélation vaut 1.

Figure 2-17. Force sur les rails intérieurs

Par identification de (2-13) avec (2-14), nous obtenons les valeurs suivantes pour les
coefficients :
§ wL' R · § wM ' ·
¨¨ ¸¸ = 13.2 µH/m² ¨¨ ¸¸ = 13.3 µH/m
© wy ¹R © wy ¹ R

§ wL A · § wM ' ·
¨¨ ¸¸ = 5.38 µH/m² ¨¨ ¸¸ = ––5.57 µH/m²
© wy ¹A © wy ¹ A
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 79

Le calcul a été mené pour d'autres combinaisons de courant, afin de vérifier si les
coefficients sont bien indépendants du courant. C'est effectivement le cas.

Figure 2-18. Force sur les rails extérieurs

C.4. Comparaison des forces sur les rails des lanceurs conventionnel et augmenté
Avec les résultats obtenus ci-dessus, on peut démontrer que, pour une même force sur
le projectile, la force sur les rails du lanceur augmenté est plus grande que la force sur les rails
du lanceur conventionnel. La structure de maintien du lanceur à rails doit donc être plus rigide
[105]. Nous avons comparé la force sur les rails du lanceur conventionnel et du lanceur
augmenté. Les données du lanceur conventionnel sont :

IR = 150 kA L'R = 0.44 µH/m wL'R/wy = 12.5 µH/m²


Fpr = 5.0 kN Fy = 141 kN/m

Le courant à injecter dans le circuit intérieur en fonction du courant dans le circuit


extérieur pour obtenir une force constante de 5 kN dans le lanceur à rails augmenté est calculé
avec (2-2) (Fig. 2-19). Ce calcul est fait avec des courants constants ; la contribution des
courants induits sur la force sur les rails n’’est donc pas prise en compte.

Figure 2-19. Courant du circuit intérieur en fonction du courant dans le circuit extérieur (Fpr = 5 kN)

Les forces sur les rails intérieurs et extérieurs en fonction du courant dans le circuit
extérieur sont représentées sur le graphique ci-dessous (Fig. 2-20). La force sur les rails
80 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté

intérieurs croît légèrement, la force sur les rails extérieurs par contre croît très fortement avec
le courant. La structure du lanceur augmenté est donc nettement plus sollicitée que celle du
lanceur conventionnel à force de projectile égale. La force sur la structure de maintien des
rails, égale à la somme des forces sur les rails intérieurs et extérieurs, augmente de 150 kN/m
pour IA = 0 kA jusqu'à 930 kN/m pour IA = 400 kA.

Figure 2-20. Forces sur les rails intérieurs et extérieurs en fonction du courant
dans le circuit extérieur (Fpr = 5 kN)

C.5. Comparaison des deux méthodes de calcul


Les forces sur les rails ont été calculées sur la base d'impulsions de courants (Fig. 2-14
et 2-15) à l'aide des deux méthodes de calcul. Sur les graphiques (Fig. 2-21 à 2-24), les forces
calculées directement avec MEGA sont représentées par des pointillés. Les lignes sont les
résultats obtenus par calcul analytique.
Nous constatons une bonne correspondance entre les deux méthodes pour le calcul des
forces sur le rail intérieur, à condition que les deux circuits portent du courant (Fig. 2-21 et
2-22). En effet, dans le cas 2, entre 0 ms et 1 ms, il y a du courant dans le circuit extérieur,
mais pas dans le circuit intérieur (Fig. 2-15). Comme les équations du modèle analytique ne
prennent pas en compte les effets d'induction, seul le calcul direct avec MEGA a mis en
évidence la force sur le rail intérieur générée par les courants induits pour tout instant
inférieur à 1 ms (Fig. 2-22).

Figure 2-21. Forces sur le rail intérieur (cas 1)


Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 81

Figure 2-22. Forces sur le rail intérieur (cas 2)

La comparaison des résultats du calcul des forces sur le rail extérieur montre que les
effets des courants induits sont importants (Fig. 2-23 et 2-24) et que les équations analytiques
sous-estiment les forces sur les rails.

Figure 2-23. Forces sur le rail extérieur (cas 1)

Figure 2-24. Forces sur le rail extérieur (cas 2)

Ces résultats montrent donc qu’’il faut utiliser une simulation numérique avec des
variations de courant proches de la réalité pour le calcul des forces sur les rails.
82 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté

Le problème ne se pose pas pour le calcul de la force sur les rails d’’un lanceur à rails
conventionnel, car il n’’y a pas d’’effets d’’induction. La formule analytique peut donc être
utilisée.
Le tableau 2-1 résume les résultats de l'avant-projet obtenus avec MEGA et des
courants transitoires. Les limites inférieure et supérieure de sollicitation des rails y sont
données. Elles sont exprimées en force par unité de longueur et en contrainte. Ces chiffres ont
permis de calculer la structure de maintien de LARA.

TABLEAU 2-1. LA SOLLICITATION MAXIMALE DE LARA

Limite Limite Limite inférieure Limite supérieure


inférieure de la supérieure de la de la contrainte de la contrainte
force (kN/m) force (kN/m) (MPa) (MPa)
Rail intérieur -225 1125 -15 75
Rail extérieur -75 675 -5 45

D. Conclusions
Une expression générale de la force électromagnétique sur les ponts de courant d'un
projectile et sur les rails du lanceur augmenté a été établie. L'avantage du lanceur à rails
augmenté réside dans le fait que le courant dans les ponts peut être réduit sans diminuer la
force accélérant le projectile. Nous avons également montré que le lanceur à rails augmenté
contribue à une meilleure distribution des forces sur les ponts de courant, réduisant ainsi les
contraintes dans le projectile. Il présente toutefois l'inconvénient de générer des contraintes
sur les rails supérieures à celles d'un lanceur à rails conventionnel.
Deux configurations de lanceur à rails augmenté ont été comparées. L'influence de la
géométrie des rails sur les coefficients de la force électromagnétique a été étudiée. La
configuration avec une paire de rails extérieurs a été choisie pour la construction de LARA,
car la force sur le projectile est plus grande à courants égaux et car la structure du lanceur est
simple. La contrainte sur les rails plus grande n'est pas un problème pour ce lanceur de petit
calibre.
Deux méthodes de calcul des forces ont été présentées. La première méthode consiste
en la détermination préliminaire des coefficients de la force électromagnétique par un calcul
avec MEGA en choisissant des courants constants. Cette méthode permet de comparer
différentes configurations de lanceur à rails et de faire une présélection, mais elle ne prend pas
en compte les forces dues aux courants induits. Pour l'avant-projet de LARA, la deuxième
méthode, également développée à l'aide du logiciel MEGA et intégrant les impulsions de
courant, a été préférée.
Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure 83

Chapitre 3

LE MONTAGE EXPÉRIMENTAL ET TECHNIQUES DE


MESURE

L'avant-projet a permis de sélectionner la configuration optimale des rails du lanceur


augmenté pour les essais à l'ISL et de dimensionner leur structure de maintien.
Dans ce chapitre, le lanceur à rails augmenté LARA, le projectile et les sources
d'énergie électrique sont présentés. La mise en place des instruments de mesure, leur
fonctionnement et le traitement des signaux sont discutés.

A. Description de LARA
Sur la base des conclusions de l'avant-projet, un lanceur à rails augmenté d'une
longueur de 1500 mm a été construit.
La figure 3-1 montre une coupe transversale du lanceur. La structure de maintien des
rails est composée d'une partie supérieure (1) et d'une partie inférieure (2) qui portent chacune
un rail intérieur (3) et un rail extérieur (4). Des entretoises cylindriques (5) permettent
d’’assurer un écartement de 15 mm entre les rails intérieurs. L'ensemble est tenu en place par
des tiges filetées en acier (6). Les rails extérieurs et intérieurs sont séparés par une plaque
isolante (7) d'une épaisseur de 6 mm. Des guides (8) sont fixés au rail intérieur de la partie
inférieure afin de mener le projectile lors de son accélération et d'assurer un bon contact entre
les brosses des ponts de courant et les rails intérieurs.

Figure 3-1. Coupe transversale de LARA


84 Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure

Figure 3-2. La partie supérieure du lanceur avec un Figure 3-3. Les guides fixés au rail intérieur
rail intérieur, un rail extérieur et l'isolation

Les figures 3-2 et 3-3 illustrent la structure de maintien. La figure 3-4 permet de
visualiser le montage expérimental global : on y distingue la source d'énergie électrique et ses
bancs de condensateurs (1), les câbles coaxiaux et les blocs d'injection de courant (2), le
lanceur à rails augmenté (3) et la cuve de récupération (4).

Figure 3-4. Le lanceur à rails augmenté avec la source d'énergie électrique et la cuve de récupération

Le circuit extérieur du lanceur est fermé à l'avant par un pont (Fig. 3-5). A l'arrière,
deux blocs font l'interface entre les rails du lanceur et les câbles coaxiaux (Fig. 3-6).

Figure 3-5. Le pont du circuit extérieur Figure 3-6. Les blocs d'injection des circuits intérieurs et
extérieurs et les câbles coaxiaux
Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure 85

B. Choix du projectile
Le projectile est composé d'un sabot et d'un ou deux ponts de courant. Le sabot, de
forme parallélépipédique et en résine époxy renforcée de fibres de verre, est percé d'un ou
deux orifices d'un diamètre de 7 mm pour accueillir les ponts de courant.
Ceux-ci, réalisés avec des brins multifilamentaires en alliage Cu-Cd d'un diamètre de
40 µm [106], sont dimensionnés en fonction de leur charge thermique et donc de l'intensité du
courant. La charge thermique (CT) est définie au chapitre 1 et est exprimée par

tb
´
CT µ I 2R t dt (3-1)
µ
¶0

avec tb l'instant où le projectile quitte le lanceur. Le diamètre du pont de courant a ainsi une
influence sur la charge thermique maximale que le pont de courant peut absorber avant de
dépasser la température de fusion des brins. La relation entre la charge thermique et le
diamètre du pont de courant a été établie de manière expérimentale dans le cadre d'une autre
étude [104]. Les résultats de cette étude montrent que le choix d'un diamètre de 7 mm est
judicieux pour les projectiles de LARA [107].
La figure 3-7 présente ainsi le dimensionnement d'un projectile à deux ponts de
courant.

Figure 3-7. Schéma du projectile à deux ponts de courant

La longueur des brins est également déterminée de manière expérimentale. La fonction


des brosses est d'assurer un bon contact électrique entre le pont de courant et les rails, avec un
frottement minimal. Les brins ne peuvent pas être trop courts, sinon la force de contact entre
la brosse et le rail devient trop faible et le contact électrique n'est plus possible sans formation
d'arcs. Ils ne peuvent non plus être trop longs car ils génèrent alors un frottement trop intense.

Figure 3-8. Schéma d'un pont de courant avant (a) et après (b) insertion dans le lanceur
86 Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure

Un autre paramètre à prendre en compte est l'usure des brosses à cause des
sollicitations thermiques et mécaniques lors de l'accélération. Afin de compenser la
diminution de la longueur qui en résulte, un réservoir est prévu derrière le pont de courant
(Fig. 3-8 (a)). La longueur des brins est plus grande que le calibre des rails ; l'excédent est
emmagasiné dans ce réservoir (Fig.3-8 (b)). La pente des brosses est de 10°, ce qui garantit un
bon remplissage et un bon contact sur toute la surface de la brosse.
La masse du projectile est de 17.5 r 0.2 g pour des projectiles à un pont de courant
(Fig. 3-9), et 20.7 r 0.2 g pour ceux à deux ponts de courant (Fig. 3-10). Quelques projectiles
avec deux orifices mais un seul pont de courant ont été fabriqués ; leur masse est alors de
16.0 r 0.1 g. Ils font partie d'un lot de projectiles dont les corps ont été fabriqués en une seule
fois afin de réduire les coûts et de constituer une réserve de projectiles. Pour garder toute la
liberté quant au choix du nombre de ponts de courant, deux orifices ont été fraisés.

Figure 3-9. Le projectile à un pont de courant Figure 3-10. Le projectile à deux ponts de courant

Avant le tir, le projectile est introduit manuellement dans le lanceur. Ensuite, après le
serrage des vis et l'installation de l'instrumentation de mesure, les condensateurs sont chargés
et le lanceur est prêt pour la mise à feu.
Le projectile est arrêté par un bloc de papier d'une épaisseur d'environ 30 cm au sein de
la cuve de récupération. Cette cible relativement molle permet de récupérer les projectiles
intacts à condition que leur énergie cinétique à l'impact soit inférieure à 3 kJ.
Lors des premiers essais, certains projectiles ont été abîmés à l'impact sur la cible à
cause de leur instabilité, c'est-à-dire que le pont de courant était partiellement extrait de son
logement par son inertie au moment de l'impact lorsque le projectile n'était pas à l'horizontale.
En effet, le pont de courant se trouvant à l'arrière (Fig. 3-9), le centre de gravité de ces
projectiles (CG) est situé derrière le centre de pression (CP), lieu d'application des forces et
moments aérodynamiques (Fig. 3-11). Dans ce cas, la résultante des forces aérodynamiques
&
R donne lieu à un moment déstabilisant qui provoque le basculement du projectile lors de
son déplacement en vol libre.

Figure 3-11. La position du centre de gravité (CP) et du centre de pression (CG)


Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure 87

Afin d'éliminer cette cause de dégradation du projectile, le pont de courant a été placé à
l'avant pour les essais suivants (Fig. 3-8). Celui-ci entre alors horizontalement dans la cible.
La seule détérioration éventuelle du projectile est due à une énergie cinétique trop élevée.

C. Source d'énergie électrique


Le courant dans le lanceur à rails augmenté est généré par la décharge de plusieurs
bancs de condensateurs. Les bancs, au nombre total de six, sont organisés en deux groupes :
un groupe de deux bancs pour l'alimentation du circuit intérieur et un groupe de quatre bancs
pour l'alimentation du circuit extérieur. À cause d'un problème de tensions induites, un banc
du circuit extérieur a été modifié. Les raisons et la nature de la modification seront discutées
au chapitre 6.
Chaque groupe de bancs est chargé par une seule alimentation haute tension, ce qui
implique que la tension de charge est identique pour tous les bancs du même groupe. Chaque
banc comprend huit condensateurs, branchés en parallèle, avec une capacité de 385 µF et une
tension de charge U0 entre 7 et 10 kV. L'énergie électrique stockée varie donc entre 75,5 kJ et
154 kJ par banc.

Figure 3-12. Schéma équivalent du lanceur à rails et d'un banc de condensateurs

Le schéma équivalent du lanceur à rails et d'un banc de condensateurs est illustré à la


figure 3-12 [108], [109]. Le banc est représenté par une capacité C. L'inductance du circuit L
résulte de l'inductance interne du banc de condensateurs Li, de l'inductance de la self de
stockage Ls, de l'inductance des conducteurs Lc et de l'inductance variable des rails Lx.
L'inductance de la self de stockage est la plus importante (typiquement de l'ordre de quelques
µH). La résistance du circuit R est donnée par la résistance interne du banc de condensateur
Ri, par les résistances variables de la connexion Rc et des rails Rx et par celle des ponts de
courant Rp. Le commutateur principal est l'éclateur E, dont la tension minimale de
déclenchement vaut 6.5 kV. Son retard est de 10 r 3 µs à 10 kV. La commutation dite de
crowbar D est assurée par des diodes semi-conductrices. La self de stockage est constituée par
un solénoïde. La connexion vers le lanceur à rails est réalisée par des câbles coaxiaux.

Si nous faisons l'hypothèse que la résistance R est constante, l'équation du circuit


s'écrit [109] :

d 2 I R dI I
2
  0 (3-2)
dt L dt L C
88 Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure

Les conditions initiales sont :

I t 0 0
(3-3)

§ dI · U0
¨ ¸
© dt ¹ t 0 L

Tant que la tension aux bornes du commutateur de crowbar reste positive, tout le
courant circule à travers l'éclateur. Dès que la tension change de signe, les diodes de crowbar
deviennent conductrices. Toute l'énergie capacitive est alors transférée dans la self de
stockage et le banc de condensateurs est court-circuité. Ce transfert d'énergie est réalisé de
façon optimale lorsque la condition du régime sous-amorti est satisfaite :

4L
!1 (3-4)
R2 C

La mise hors circuit du banc de condensateurs empêche leur recharge par un courant de
sens opposé, ce qui constituerait une perte d'énergie pour le lanceur à rails.
L'intensité de courant est ainsi établie par résolution de (3-2). Dans le cas d'un faible
amortissement (R faible), elle est exprimée par :

C § 1 ·
I t | U 0 sin ¨¨ t ¸¸ (3-5)
L © LC ¹

La valeur maximale du courant est :

C
I max | U 0 (3-6)
L

La tension aux bornes du banc de condensateurs est donnée par l'expression :

§ 1 ·
U t | U 0 cos ¨ t¸ (3-7)
¨ LC ¸
© ¹

Figure 3-13. La tension aux bornes des condensateurs et le courant dans le circuit
Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure 89

La figure 3-13 montre la tension normée U/U0 aux bornes des condensateurs et le
courant normé I/Imax dans le circuit [110].

D. Instrumentation

D.1. Schéma de l'instrumentation de LARA


L'instrumentation du lanceur (Fig. 3-14) permet :
x les mesures de tension à la culasse des circuits intérieur (1) et extérieur (2), et à la
bouche (3)
x la mesure du courant dans le circuit électrique de chaque banc avec 6 sondes de
Rogowski
x la mesure de la position du projectile avec 4 sondes B-dots ((a)––(d))
x la mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec le radar Doppler
x la mesure de la vitesse du projectile à la bouche du lanceur avec les barrières à fils
x la visualisation des ponts de courants dans le lanceur par radiographie éclair

Figure 3-14. Schéma de l'instrumentation du lanceur à rails

Les capteurs sont connectés aux enregistreurs par des câbles coaxiaux, sauf pour la
mesure de tension. La faible intensité des signaux de cette mesure impose l'utilisation de
fibres optiques pour leur transmission afin de limiter l'influence du champ magnétique intense
du lanceur.
90 Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure

Les enregistreurs de transitoires sont installés dans une cage de Faraday. Cette dernière
et les alimentations prévues pour le chargement des condensateurs se trouvent dans un local
annexe au stand de tir.

D.2. Mesure de la position du projectile dans le lanceur


Nous disposons de cinq mesures de la position du projectile en fonction du temps. Un
premier point est fourni par l'instant où le projectile sort du lanceur. Cet instant est marqué par
une montée très forte de la tension à la bouche, due à l'ouverture du circuit intérieur. Cet
instant correspond plus précisément au moment où le pont de courant quitte le lanceur (dans le
cas des projectiles à deux ponts de courant, il s'agit évidemment du pont arrière) (Fig. 3-15).

Figure 3-15. La tension mesurée à la culasse du circuit intérieur

Les quatre autres points sont mesurés par des sondes B-dot (Fig. 3-14, (a)––(d)). Ce sont
des petites bobines dont la tension générée aux bornes est proportionnelle à la variation du
champ magnétique B (dB/dt). Les sondes utilisées s'obtiennent par un bobinage de 40 spires
d'un fil de cuivre de diamètre 0.1 mm autour d'un support carré en époxy de côté égal à 5 mm
[111]. Suivant sa position et son orientation, la sonde détecte le champ généré par le courant
dans le pont de courant du projectile ou dans les rails (Fig. 3-16). On distingue la sonde B-dot
rail et la sonde B-dot projectile [112].

Figure 3-16. Sondes B-dot rail et projectile


Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure 91

Les deux types de sondes donnent de bons résultats dans le cas du lanceur à rails
conventionnel. Par contre, pour les mesures sur le lanceur à rails augmenté, seule la sonde
B-dot projectile est utilisable. En effet, la mesure avec la B-dot rail serait erronée à cause du
champ magnétique généré par le courant dans le circuit extérieur et présent sur toute la
longueur du lanceur.

D.3. Mesure de la vitesse du projectile à la bouche par des barrières à fils


La mesure de la vitesse du projectile à la bouche est obtenue par la mesure du temps de
passage du projectile entre deux positions connues. A chaque position se trouve un circuit
électrique composé de mines de crayon (Fig. 3-17). Dans chaque barrière circule un courant
qui est alors interrompu lorsque le projectile casse une ou deux mines lors de son passage.
L'erreur relative sur la mesure de la vitesse avec des barrières à fils est plus petite que
4.2 % pour des vitesses inférieures à 1200 m/s, qui est la vitesse maximale mesurée. Cette
valeur est déterminée en annexe C.

Figure 3-17. Les barrières à fils

D.4. Mesure de la vitesse du projectile avec un radar Doppler


La mesure avec les barrières à fils donne uniquement la vitesse à la bouche. Pourtant,
une mesure précise et continue de la vitesse du projectile dans le lanceur permet d'augmenter
la compréhension du comportement dynamique du projectile. C'est pourquoi nous avons
utilisé un radar Doppler [113].
La chaîne de mesure du radar Doppler pour LARA est basée sur celle du lanceur
EMA3 [114]. Une antenne, placée à la culasse du lanceur et orientée selon l'axe longitudinal,
émet une onde électromagnétique de fréquence f, générée par l'oscillateur local (Fig. 3-18).
Cette onde est réfléchie sur la surface arrière du projectile, dont le mouvement provoque une
variation de la fréquence du signal réfléchi d'une quantité fD (appelée fréquence Doppler)
proportionnelle à la vitesse v. Cette fréquence est donnée par la formule suivante :

v
fD 2f (3-8)
c
92 Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure

La fréquence de l'onde réfléchie est f-fD. Le coupleur directionnel compare les deux
signaux et produit alors la fréquence Doppler, qui permet de déterminer la vitesse v :

fD
v 2c (3-9)
f

L'exploitation du signal Doppler et le calibrage du radar sont discutés en annexe D.

Figure 3-18. Schéma de principe de la mesure de vitesse par radar Doppler

D.5. Mesure du courant dans les circuits du lanceur


Le courant est mesuré sur chaque banc à l'aide d'une sonde Rogowski (Fig. 3-19). Une
bobine est placée autour du conducteur et le champ magnétique, produit par le courant, induit
alors dans la bobine une tension U proportionnelle à dI/dt. La bande passante de la sonde est
égale à 17 MHz, la précision vaut 1 % [115].

Figure 3-19. Principe de la sonde Rogowski [116]


Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure 93

Deux options sont possibles pour intégrer le signal, afin d'obtenir le courant I. La
première méthode est d'ajouter un intégrateur passif sous forme d'un circuit RC à la chaîne de
mesure [117]. Nous avons opté pour la deuxième méthode : l'intégration numérique du signal
mesuré.

D.6. Mesure de la tension à la bouche et à la culasse du lanceur


Au moment de l'injection du courant dans le lanceur augmenté, la variation du courant
(dI/dt) est très grande (ordre de grandeur : 1000 MA/s). Après les injections, par contre, elle
est beaucoup plus petite (ordre de grandeur : -100 MA/s) (Fig. 3-20).

Figure 3-20. Variation du courant

Cette différence a des conséquences sur la mesure de tension, qui présente la même
différence d'amplitude. La figure 3-21 montre les tensions à la bouche et à la culasse du
circuit extérieur, mesurées avec une sonde haute tension. Dans la zone "haute tension",
correspondant aux injections de courant, la tension est comprise entre ––700 V et 2000 V.
Dans la zone "basse tension", la tension varie de ––50 V à 75 V. Le saut de tension dû à
l'ouverture du circuit au moment où le projectile quitte le lanceur, ne fait pas partie de la
mesure.

Figure 3-21. Mesure de la tension avec la sonde haute tension


94 Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure

L'instrument utilisé à l'ISL pour la mesure de tension sur les lanceurs à rails
conventionnels est un émetteur-récepteur électro-optique [115]. Cet appareil ne peut traiter
que des signaux dont la tension est comprise entre ––25 V et 125 V. Ses caractéristiques sont :
x bande passante : 35 MHz
x erreur de linéarité < 1 % sur la plage d'entrée (de ––25 V à 125 V)
x impédance d'entrée: 50 :
x bruit crête à crête < 6 mV

Si la polarité à l'entrée est inversée, comme pour la mesure de tension à la culasse du


circuit extérieur, l'appareil mesure alors des tensions allant de ––125 V à 25 V. Cet instrument
mesure donc les tensions du domaine "basse tension" avec suffisamment de précision
(Fig. 3-22).

Figure 3-22. Mesure de la tension avec le récepteur-émetteur électro-optique

Par contre, les tensions du domaine "haute tension" ne sont pas mesurées correctement.
Des diviseurs peuvent alors être utilisés pour limiter la tension à l'entrée de l'instrument de
sorte que la tension maximale soit mesurée correctement, mais la précision dans le domaine
"basse tension" devient alors très faible, la résolution des oscilloscopes étant limitée à 8 octets
(Fig. 3-23). La mesure dans la zone "haute tension" avec un émetteur-récepteur et des
diviseurs est comparable à la mesure avec une sonde haute-tension.

Figure 3-23. Détail de la mesure de tension sur le lanceur à rails augmenté avec
l'émetteur-récepteur électro-optique et un diviseur de tension
Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure 95

Afin d'obtenir des mesures de tension correctes sur le lanceur à rails augmenté, il faut
donc toujours prévoir deux appareils de mesure par point de mesure de tension, qui sont
optimisés respectivement pour la mesure dans la zone "basse tension" et pour la mesure dans
la zone "haute tension". Les deux mesures de tensions sont alors fusionnées pour former un
signal de tension précis sur toute la période d'acquisition.
En fonction de la disponibilité des appareils, nous avons utilisé deux émetteurs-
récepteurs électro-optiques, ou un émetteur-récepteur et une sonde haute-tension.

D.7. Visualisation des ponts de courant par radiographie éclair


Lors de la radiographie éclair, une impulsion de rayons X de très courte durée (10 ns)
est émise, ce qui permet d'obtenir des images nettes des projectiles dont les vitesses sont de
l'ordre de 1000 m/s.

Figure 3-24. Schéma d'un appareil de photographie éclair avec le réseau de formation
d'impulsion et le tube à rayons X [118]

Les rayons X doivent être suffisamment durs pour pénétrer le lanceur à rails et le
projectile afin d'obtenir des images avec un bon contraste. Des impulsions de tensions
comprises entre 200 kV et 1000 kV sont alors nécessaires [119]. Un générateur de Marx
délivre une telle tension au tube de radiographie éclair (Fig. 3-24).

E. Conclusions
Pour la construction du lanceur à rails augmenté LARA avec des sources d'énergie
électrique et des instruments de mesure, nous nous sommes basé sur des technologies
existantes à l'ISL. Certains éléments, optimisés pour des essais avec le lanceur à rails
conventionnel, ont nécessité des modifications, comme les circuits de formation d'impulsion,
le radar Doppler et les instruments de mesure de tension.
Nous disposons toutefois d'un ensemble d'instruments qui permettent d'effectuer un
certain nombre de mesures nécessaires pour la modélisation et la validation.
Chapitre 4. Modélisation de LARA 97

Chapitre 4

MODÉLISATION DE LARA

Le modèle du lanceur à rails augmenté comprend trois parties : la force propulsive


agissant sur le projectile, le circuit électrique du lanceur et le circuit électrique de la source
d'énergie.
Les deux composantes significatives de la force propulsive, à savoir la force
électromagnétique et la force de frottement, sont traitées. L'expression théorique de la force
électromagnétique, établie au chapitre 3, est ensuite analysée. Des méthodes pour la
détermination des coefficients de cette expression dans le cas des lanceurs LARC et LARA
sont présentées. Un modèle de force de frottement est également développé.
La présente modélisation ne concerne que des projectiles à un pont de courant. Un
modèle d'un projectile a deux ponts de courant serait effectivement difficilement validé en
raison de la complexité de la mesure de répartition de courant.
La perte de masse du pont de courant doit être prise en compte si l'érosion devient trop
importante. Un modèle simple de perte de masse du projectile est établi, en se basant sur la
masse du projectile après le tir.
Dans une première phase, nous construisons le modèle partiel, basé sur les courants
mesurés. Ce modèle permettra de valider le modèle cinématique. Les forces agissant sur le
projectile et sa masse sont alors connues et l'accélération du projectile peut être calculée. La
vitesse et la position du projectile en découlent par simple intégration. Une expression des
tensions à la culasse des circuits intérieur et extérieur du lanceur et à la bouche est
déterminée.
Ensuite, le modèle complet est établi. Le courant est alors calculé à l'aide du schéma
électrique équivalent des circuits du lanceur et de son alimentation.

A. Modélisation de la force propulsive


Plusieurs forces agissent sur le projectile lors de son accélération dans le lanceur à rails.
La force électromagnétique et la force de frottement sont les deux principales. Les autres
forces, telle que la force de traînée aérodynamique sont négligeables par rapport aux deux
précédentes et ne sont pas prises en compte [120].
La force qui propulse le projectile est donc égale à :

Fpr FEM  Ff (4-1)

avec : Fpr : la force propulsive


FEM : la force électromagnétique
Ff : la force de frottement
98 Chapitre 4. Modélisation de LARA

A.1. Calcul de la force électromagnétique agissant sur le projectile

A.1.a. LARC

A.1.a.1. Introduction
La force électromagnétique agissant sur le projectile s'écrit sous la forme suivante dans
le cas du lanceur à rails conventionnel LARC :

1
FEM L' R I 2R (4-2)
2

Le gradient d'inductance propre L'R est calculable à l'aide d'un code à éléments finis. La
méthode la plus simple et la plus rapide est le calcul de l'énergie magnétique dans le lanceur à
rails en utilisant uniquement un modèle des rails. Ceux-ci ne peuvent pas être considérés
comme filiformes. Pourtant, l'expression de la force électromagnétique (4-2) a été établie au
chapitre 3 dans l'hypothèse de courants constants et de conducteurs filiformes. Il faut donc
analyser plus en détail la valeur du gradient d'inductance de conducteurs non-filiformes.
Dans ce cas, une partie de l'énergie magnétique se trouve à l'intérieur des conducteurs.
L'énergie magnétique Em totale du lanceur est égale à :

1
Em L R I 2R (4-3)
2

La distribution d'énergie à l'intérieur et à l'extérieur des rails peut s'écrire sous la


forme :

Em
1
L R ,int  L R ,ext I 2R 1 1
L R ,int I 2R  L R ,ext I 2R (4-4)
2 2 2

où LR,int et LR,ext sont les coefficients des termes décrivant respectivement l'énergie
magnétique dans les conducteurs et l'énergie magnétique dans le reste du système.

Figure 4-1. Les forces axiales agissant sur les rails et le pont de courant

La force électromagnétique agissant dans la direction axiale du lanceur est alors :

1 1
FEM L' R ,int I 2R  L' R ,ext I 2R Fint  Fext (4-5)
2 2
Chapitre 4. Modélisation de LARA 99

Seule la force Fext contribue à la propulsion du projectile ; Fint agit uniquement sur les
rails (Fig. 4-1). Le gradient d'inductance de (4-2) correspond donc à L'R,ext , qui peut être
déterminé en injectant un courant à haute fréquence (par exemple 100 kHz) dans les rails.
L'effet de peau limite la diffusion du courant dans les rails et élimine ainsi le champ
magnétique à l'intérieur des rails. Le gradient d'inductance des rails est alors égale à L'R,ext
[121], [122].
A.1.a.2. Calcul du gradient d'inductance propre avec MEGA
Un modèle 3D des rails du lanceur est utilisé pour le calcul du gradient d'inductance
propre avec MEGA. Les ponts de courant ne sont donc pas modélisés. La fréquence du
courant dans les rails vaut 100 kHz, l'amplitude du courant peut être choisie librement comme
l'inductance dépend uniquement de la géométrie des conducteurs et non de l'intensité du
courant. Le résultat du calcul est l'énergie magnétique du système. L'énergie magnétique à
l'intérieur des rails étant négligeable, l'inductance des rails LR peut être directement obtenue
par (4-3). Si la longueur des rails du modèle est égale à x, le gradient d'inductance des rails
L'R s'obtient par LR/x, comme nous le verrons plus loin.
Pour une amplitude de courant de 200 kA et une longueur de rails de 1 mm, l'énergie
magnétique calculée vaut 9.06 J. L'inductance des rails est donc égale à 0.453 nH et le
gradient d'inductance des rails vaut 0.453 µH/m.
A.1.a.3. Mesure du gradient d'inductance propre sur LARC
Le gradient d'inductance des rails peut également être mesuré sur le lanceur même. Le
principe de cette mesure est illustré à la figure 4-2. Un RLC-mètre est connecté aux rails à la
culasse, où se situe également l'origine de l'axe des x. La variable x définit la position du pont
de courant dans le lanceur.

Figure 4-2. Mesure du gradient d'inductance sur le lanceur conventionnel

Le RLC-mètre mesure l'inductance du circuit électrique formé par l'appareil de mesure,


les câbles de connexion, les rails et le pont de courant. Une fréquence de 100 kHz est
sélectionnée sur le RLC-mètre.
L'inductance de ce circuit est mesurée pour plusieurs positions du pont de courant. Le
résultat est indiqué par des carrés sur la figure 4-3. La droite reliant les différents points est
une droite de régression dont le coefficient de corrélation est égal à 1 et dont l'équation est :

L tot 0.450 x  0.197 (4-6)

L'expression générale de l'inductance totale du circuit s'écrit :

L tot L' R x  L 0 (4-7)


100 Chapitre 4. Modélisation de LARA

où L0 est une inductance constante qui est la somme de l'inductance du pont de courant et des
câbles de connexion.

Figure 4-3. Variation de l'inductance des rails en fonction de la position du pont de courant

Le gradient d'inductance mesuré L'R s'obtient par identification de (4-6) et (4-7). Celui-
ci est donc égal à 0.450 µH/m, ce qui correspond à la valeur obtenue par le calcul avec
MEGA.
A.1.a.4. Comparaison du calcul analytique avec le calcul numérique de la force
électromagnétique
La force électromagnétique agissant sur le pont de courant peut donc être calculée de
façon analytique avec (4-2). Dans les deux paragraphes précédents, nous avons montré que le
gradient d'inductance propre, qui est un paramètre de cette équation, peut être obtenu par
calcul numérique ou par mesure sur le lanceur.
La force électromagnétique en fonction d'un courant transitoire peut également être
obtenue de façon numérique avec MEGA. La figure 4-4 montre l'impulsion de courant utilisée
pour les calculs. Il s'agit du courant mesuré lors du tir 09 avec le lanceur à rail augmenté*. Un
maximum de 181 kA est atteint à 0.22 ms.

Figure 4-4. L'impulsion de courant pour le calcul de la force électromagnétique. (Tir 09)

La courbe en trait pointillé sur la figure 4-5 représente la force électromagnétique,


obtenue par calcul numérique avec MEGA, pour l'impulsion de courant ci-dessus (Fig. 4-4).

*
Un tableau reprenant les données des tirs avec le lanceur à rails augmenté se trouve en annexe E.
Chapitre 4. Modélisation de LARA 101

La force sur le projectile, calculée avec l'expression analytique (4-4) sur la base de la même
impulsion de courant, est représentée à la figure 4-5 par la courbe en trait continu.

Figure 4-5. La force électromagnétique, obtenue par calcul numérique et par calcul analytique. (Tir 09)

Le raccord n'est pas parfait, dû au fait que le gradient d'inductance n'est pas constant
dans le lanceur, comme nous l'avons supposé ci-dessus. Pourtant, le calcul analytique avec un
gradient constant est généralement accepté et fournit des résultats suffisamment précis pour la
plupart des applications, la différence étant limitée.

A.1.b. LARA

A.1.b.1. Introduction
La force électromagnétique agissant sur le projectile dans le lanceur augmenté LARA,
établie au chapitre 2, est égale à :

1
FEM L' R I 2R  M ' I R I A (4-8)
2

L'énergie magnétique du lanceur augmenté est égale à :

1
Em L R I 2R  M I R I A (4-9)
2

Comme dans le cas du lanceur conventionnel, une partie de l'énergie se trouve à


l'intérieur des conducteurs et ne contribue pas à la propulsion du projectile. L'énergie
magnétique du lanceur peut alors s'écrire selon :

1 1
Em L R ,int I 2R  L R ,ext I 2R  M int I R I A  M ext I R I A (4-10)
2 2

où LR,int et Mint sont les coefficients des termes décrivant l'énergie magnétique dans les
conducteurs, et LR,ext et Mext sont les coefficients des termes décrivant l'énergie magnétique
dans le reste du système.
102 Chapitre 4. Modélisation de LARA

La force agissant dans la direction axiale du lanceur est alors :

1 1
FEM L'R ,int I 2R  L'R ,ext I 2R  M 'int I R I A  M 'ext I R I A Fint  Fext (4-11)
2 2

Seule la force Fext contribue à la propulsion du projectile. Les gradients d'inductance


propre L'R et mutuelle M' du lanceur à rails augmenté correspondent donc à L'R,ext et M'ext.
A.1.b.2. Calcul des gradients d'inductance avec MEGA
Pour le calcul des gradients d'inductance L'R et M' nous avons en première instance
appliqué la méthode décrite en paragraphe A.1.a.2. de ce chapitre (calcul du gradient
d'inductance du lanceur conventionnel avec MEGA). L'énergie magnétique du lanceur est
calculée avec un modèle dans lequel des courants à amplitude constante et à haute fréquence
circulent dans les rails. C'est la seule méthode que nous avons retrouvée dans la littérature sur
les lanceurs à rails augmentés [77], [78], [123], [124].
Comme il y a une inconnue supplémentaire (M'), un seul calcul ne suffit pas. Il faut
calculer l'énergie magnétique pour plusieurs couples de courant (IR, IA). Ceci est fait en fixant
le courant d'un circuit et en le variant dans l'autre. Nous avons fixé le courant du circuit
intérieur à 200 kA et varié celui du circuit extérieur de 0 MA à 0.3 MA. L'énergie
magnétique, calculée sur une longueur de 1 mm, est représentée à la figure 4-6 par des carrés.

Figure 4-6. L'énergie magnétique dans le lanceur à rails, calculée avec MEGA sur une longueur de 1 mm

La courbe de régression quadratique a pour équation :

Em 0.33412 I 2A  0.060341 I A  0.0087842 (4-12)

Le coefficient de corrélation de la régression vaut 1. L'énergie magnétique du lanceur à


rails augmenté est égale à :

1 1
Em L R I 2R  L A I 2A  M I R I A (4-13)
2 2

où LA est l'inductance propre du circuit extérieur du lanceur. Si IR est remplacé par sa valeur
(200 kA), l'équation (4-13) devient :

1
Em 20 000 L R  L A I 2A  200 M I A (4-14)
2
Chapitre 4. Modélisation de LARA 103

Ensuite, les inductances de rails avec une longueur de 1 mm peuvent être calculées en
combinant (4-12) et (4-14) :
­ L R 0.439 nH
°
® L A 0.668 nH
°
¯ M 0.302 nH
Le même résultat aurait été obtenu si le courant du circuit extérieur était fixé et celui du
circuit intérieur varié. L'amplitude des courants ne joue également pas de rôle.
A.1.b.3. Mesure du gradient d'inductance mutuelle sur LARA
Pour la mesure du gradient d'inductance mutuelle des circuits extérieur et intérieur,
nous avons utilisé le montage suivant (Fig. 4-7). Un RLC-mètre est connecté aux rails
extérieurs. Deux ponts sont ajoutés à la bouche pour que le courant suive le chemin suivant :
rail extérieur supérieur, pont, rail intérieur inférieur, pont de courant, rail intérieur supérieur,
pont et rail extérieur inférieur. Le courant ne circule donc pas dans la partie des rails intérieurs
entre la culasse et le pont de courant.

Figure 4-7. Mesure des gradients d'inductance sur le lanceur augmenté

L'inductance mesurée avec le RLC-mètre est l'inductance totale du lanceur dans la


configuration décrite ci-dessus. Elle comprend l'inductance propre des circuits intérieur et
extérieur et l'inductance mutuelle des deux circuits. La variation de l'inductance mesurée Lmes
en fonction de la position du pont de courant est présentée à la figure 4-8. Le coefficient de
corrélation de la droite de régression est égale à 1 et l'équation est :

L mes 1.045 x  2.691 (4-15)

L'inductance mesurée est la somme de l'inductance totale du lanceur et l'inductance des


ponts et des connexions avec le RLC-mètre, qui est constante. Afin d'obtenir les gradients
d'inductance propre et mutuelle, nous devons établir une relation entre les différentes
inductances. L'énergie magnétique Em du lanceur est égale à :

1 1 1
Em LR I2  LA I2  M I2 L R  L A  2 M I 2 (4-16)
2 2 2

où I est le courant dans les circuits.


104 Chapitre 4. Modélisation de LARA

Figure 4-8. Variation de l'inductance des rails en fonction de la position du pont de courant

L'énergie magnétique du lanceur s'écrit aussi comme :

1
Em L tot I 2 (4-17)
2

L'inductance totale est donc égale à :

L tot LR  LA  2 M (4-18)

Remplaçons les inductances LR et M par le produit de leur gradient d'inductance et de


la longueur du circuit :

L tot L' R x b  x  L A  2 M ' x b  x (4-19)

Regroupons les différents termes :

L tot  L' R  2 M ' x  L A  L' R  2 M ' x b (4-20)

Après identification de cette équation avec (4-15), nous trouvons que :

L'R 2 M ' 1.045 (4-21)

Nous disposons d'une seule équation avec deux inconnues. Mais le gradient
d'inductance propre du lanceur conventionnel a déjà été déterminé au paragraphe A.1.a.3. de
ce chapitre, et si nous considérons les rails comme étant filiformes, le gradient d'inductance
propre L'R des rails intérieurs du lanceur augmenté est égal à celui du lanceur conventionnel,
car la géométrie des rails est identique. En réalité, les rails ne sont pas filiformes et le gradient
d'inductance propre du circuit intérieur du lanceur augmenté est légèrement différent de celui
du lanceur conventionnel à cause de la présence du circuit extérieur. En effet, l'effet de
proximité va modifier la position des lignes de courant.
Comme le gradient d'inductance propre du lanceur conventionnel vaut 0.450 µH/m, il
en suit que le gradient d'inductance mutuelle M' est égal à 0.297 µH/m, ce qui correspond à la
valeur obtenue par le calcul avec MEGA.
Chapitre 4. Modélisation de LARA 105

A.1.b.4. Comparaison du calcul analytique avec le calcul numérique de la force


électromagnétique
Comme pour le lanceur conventionnel, nous pouvons également calculer la force
électromagnétique directement avec MEGA. Les impulsions de courant des circuits intérieur
et extérieur, introduites pour cette simulation, sont illustrées à la figure 4-9. Il s'agit des
courants mesurés lors du tir 13.

Figure 4-9. Le courant dans les circuits intérieur et extérieur du lanceur à rails augmenté. (Tir 13)

Le courant du circuit extérieur est composé de deux impulsions ; la première est


injectée au même instant que celle du circuit intérieur, alors que la deuxième intervient 0.5 ms
plus tard. Le projectile sort du lanceur après 2.7 ms. La discontinuité à cet instant dans la
courbe de courant du circuit intérieur n'apparaît pas dans celle du circuit extérieur. Ceci est dû
au fait que le circuit extérieur n'est pas ouvert à la sortie du projectile.
La force électromagnétique, calculée avec MEGA sur la base des courbes de courant de
la figure 4-9, est montrée à la figure 4-10, ainsi que la force calculée analytiquement avec
(4-8).

Figure 4-10. La force électromagnétique, par calculs numérique et analytique. (Tir 13)

Il y a clairement une différence entre les deux courbes. Afin d'identifier l'origine de
cette divergence, nous avons analysé la diffusion du courant dans les rails. La figure 4-11
montre une coupe transversale du lanceur, avec les rails intérieur et extérieur, et le pont de
courant du projectile. Un quart du lanceur et du pont de courant est représenté. Les couleurs
indiquent la valeur de la composante axiale de la densité de courant, selon l'échelle à droite
106 Chapitre 4. Modélisation de LARA

sur la figure. Les courants injectés sont ceux du tir 13 (Fig. 4-9). La culasse du lanceur est à
droite de la figure, la bouche à gauche ; le courant circule donc de droite à gauche. La figure
montre la composante axiale de la densité de courant à l'instant 0.2 ms, donc juste après
l'injection du courant dans le lanceur. Les flèches indiquent le sens de circulation local du
courant.
Comme attendu, le courant dans le rail intérieur est concentré dans une fine couche près
de la surface intérieure du rail. En plus, il y a du courant devant le pont de courant et à la
surface extérieure du rail intérieur. Il s'agit de courants de Foucault, induits par le courant du
circuit extérieur.

Figure 4-11. La composante axiale de la densité de courant dans les rails et le pont de courant à
0.2 ms. Les courants sont représentés à la figure 4-9. La figure montre une coupe transversale du
lanceur. Les flèches indiquent le sens du courant.

La figure 4-12 montre la composante axiale de la densité de courant à l'instant 2.5 ms,
lorsque le courant a déjà bien diffusé dans les rails. Le sens de circulation des courants de
Foucault dans le rail intérieur devant le pont de courant est inversé. Cette forte variation de la
distribution du courant dans le circuit intérieur a des conséquences sur les forces axiales
agissant sur le pont de courant et sur les rails intérieurs.
Nous avons montré au paragraphe A.1.b.1. de ce chapitre que, si une partie de l'énergie
magnétique est emmagasinée dans les rails, la force électromagnétique agissant sur le
projectile sera diminuée. Nous analysons dès lors l'énergie magnétique des rails.
Chapitre 4. Modélisation de LARA 107

Figure 4-12. La composante axiale de la densité de courant dans les rails et le pont de courant à
2.5 ms. Les courants sont représentés à la figure 4-9. La figure montre une coupe transversale du
lanceur. Les flèches indiquent le sens du courant.

La figure 4-13 montre l'énergie magnétique dans le lanceur à l'instant 0.2 ms. Peu
d'énergie magnétique est présente dans les rails (les zones où il n'y a pas d'énergie magnétique
sont vertes). Il y a par contre de l'énergie magnétique à la surface intérieure du rail intérieur et
surtout dans le pont de courant.

Figure 4-13. La distribution de l'énergie magnétique dans le lanceur augmenté et le pont de courant à
0.2 ms. Les courants sont représentés à la figure 4-9. La figure montre une coupe transversale du lanceur.
108 Chapitre 4. Modélisation de LARA

A l'instant 2.5 ms, quand le courant a diffusé dans les rails, une concentration d'énergie
magnétique se situe dans le rail intérieur juste derrière le pont de courant (la partie rouge et
violette). On retrouve également de l'énergie magnétique devant le pont de courant et dans le
rail extérieur (la partie bleue), mais de plus faible intensité.

Figure 4-14. La distribution de l'énergie magnétique dans le lanceur augmenté et le pont de courant à
2.5 ms. Les courants sont représentés à la figure 4-9. La figure montre une coupe transversale du lanceur.

La figure 4-15 montre la force axiale agissant sur les rails intérieurs et extérieurs et sur
le pont de courant. Ces forces ont été calculées avec MEGA sur la base des courants
transitoires de la figure 4-9. Comme peu d'énergie est emmagasinée dans le rail extérieur, la
force axiale est quasi nulle. Il faut rappeler que le pont à la bouche du lanceur, fermant le
circuit extérieur, ne fait pas partie du modèle. A cet endroit, il y a bien sûr une forte
composante axiale de la force électromagnétique, agissant sur les rails extérieurs et sur le
pont. Or, ceci n'a pas d'influence sur la répartition des forces électromagnétiques à la hauteur
du projectile.

Figure 4-15. La force électromagnétique agissant sur les rails intérieurs et


extérieurs et sur le projectile du lanceur augmenté
Chapitre 4. Modélisation de LARA 109

La force axiale agissant sur les rails intérieurs n'est pas du tout négligeable. Après
l'injection de courant, lorsque le courant n'est pas encore complètement diffusé dans le rail
intérieur, la plus grande partie de la force disponible agit sur le projectile. Ensuite, la force sur
le projectile devient même plus faible que la force axiale sur les rails, ce qui explique l'écart
entre le calcul analytique et le calcul numérique illustré à la figure 4-10. Le calcul analytique
surestime donc la force sur le projectile, car il prend la force axiale sur les rails en compte.

Figure 4-16. La force électromagnétique agissant sur les rails intérieurs et sur le projectile du lanceur
conventionnel

Il y a également un écart entre la force axiale sur le pont de courant et celle qui agit sur
les rails intérieurs dans le cas du lanceur conventionnel, comme le montre la figure 4-16. Le
courant transitoire utilisé pour ces calculs avec MEGA est celui de la figure 4-4. La force sur
les rails intérieurs n'est pourtant nulle part supérieure à la force agissant sur le pont de courant
(Fig. 4-16).

Figure 4-17. La distribution de l'énergie magnétique dans le lanceur conventionnel et le pont de courant à
2.5 ms. Le courant est représenté à la figure 4-4. La figure montre une coupe transversale du lanceur.
110 Chapitre 4. Modélisation de LARA

Ce résultat est confirmé par la distribution de l'énergie magnétique dans le lanceur


conventionnel à l'instant 2.5 ms, montrée à la figure 4-17.
La comparaison qualitative de cette distribution de courant avec celle du lanceur
augmenté montre qu'elle est beaucoup moins prononcée, ce qui justifie le fait que la force
agissant sur le projectile du lanceur conventionnel soit relativement plus grande que celle
agissant sur le projectile dans le lanceur augmenté.
Quant au calcul analytique de la force sur le projectile, la méthode de détermination du
gradient d'inductance propre du lanceur conventionnel –– l'injection d'un courant à haute
fréquence (100 kHz) dans les rails du modèle –– mène à une très bonne estimation de la force
électromagnétique agissant sur le pont de courant, comme le montre la figure 4-5. Cette
méthode ne donne par contre pas de bons résultats pour le lanceur augmenté, car la haute
fréquence du courant n'élimine pas toute l'énergie magnétique dans les rails. C'est notamment
l'induction mutuelle des deux circuits qui empêche un calcul analytique correct de la force
électromagnétique avec cette méthode.
A.1.b.5. Proposition d'une nouvelle expression de la force électromagnétique
Pour remédier à ce problème de détermination des coefficients de l'équation analytique
(4-8), il faut développer une nouvelle méthode.
Dans la littérature, il existe un seul exemple d'une expression modifiée de la force
électromagnétique. Crawford et al. ont introduit un facteur de correction pour M' afin
d'obtenir une correspondance entre le calcul numérique et le calcul analytique de la force
électromagnétique agissant sur le projectile [80]. Ils proposent l'équation suivante :

1
FEM L'R I 2R  E M' I R I A (4-22)
2

avec E un facteur de correction inférieur à 1. Crawford et al. ont utilisé une valeur de E égale à
0.85. Ceci est bien sûr uniquement valable pour la géométrie du lanceur et du projectile qu'ils
ont étudiée. Pour LARA, la valeur de E devrait être plus petite : environ 0.65. La figure 4-18
montre la force électromagnétique calculée avec MEGA (la courbe en trait pointillé) et deux
courbes calculées avec (4-22) avec une valeur de E égale respectivement à 0.85 et 0.65.

Figure 4-18. La force électromagnétique agissant sur le projectile, calculée avec l'équation de Crawford avec
des valeurs de E de 0.85 et 0.65, et avec MEGA
Chapitre 4. Modélisation de LARA 111

Une valeur de 0.85 mène clairement à une surestimation de la force sur le projectile de
LARA. Une valeur de 0.65 fournit une meilleure correspondance avec la courbe obtenue par
calcul numérique, du moins entre 0 et 0.75 ms. Après, les deux courbes s'écartent.
Nous proposons une autre méthode de correction des coefficients. Nous avons calculé
avec MEGA les gradients d'inductance L'R et M' de LARA avec deux méthodes différentes :
avec des courants constants et avec des courants à une fréquence de 1 kHz. Le modèle utilisé
est celui du lanceur augmenté avec le projectile à un pont de courant. Les résultats de ces
calculs sont repris dans le tableau 4-1, qui reprend également les gradients d'inductance du
lanceur conventionnel et ceux obtenus par calcul avec des courants à haute fréquence.

TABLEAU 4-1. LES GRADIENTS D'INDUCTANCE CALCULÉS AVEC LES DIFFÉRENTES MÉTHODES

Lanceur conventionnel
Modèle et
méthode Courbe
L'R (µH/m) M' (µH/m)
Fig. 4-19 ou 4 -20
Rails
0.453 - 1
(100 kHz)
Rails avec pont de courant
0.423 - 2
(1 kHz)
Rails avec pont de courant
0.397 - 3
(courant constant)
Lanceur augmenté
Rails
0.439 0.302 1
(100 kHz)
Rails avec pont de courant
0.416 0.247 2
(1 kHz)
Rails avec pont de courant
0.396 0.144 3
(courant constant)

Les courbes 1 à 3 de la figure 4-19 correspondent à la force électromagnétique sur le


pont de courant calculée avec (4-4) et les coefficients du tableau 4-1. La courbe en trait
pointillé représente la force électromagnétique obtenue directement avec MEGA. Cette
dernière courbe coïncide avec la courbe 2 durant les premières injections du courant (de 0 à
0.2 ms). A partir de 1.5 ms, la courbe coïncide avec la courbe 3.
Cette constatation nous a amené à proposer des coefficients L'R et M' dépendant du
temps (tableau 4-2). Entre 0 et 0.2 ms, les coefficients sont ceux de la courbe 2. De 0.2 ms à
1.5 ms, ils diminuent linéairement jusqu'aux valeurs de la courbe 3, qui sont également les
coefficients à partir de 1.5 ms. C'est surtout le gradient d'inductance M' qui est réduit. Il varie
de 0.247 µH/m (au lieu de la valeur théorique de 0.302 µH/m) à 0.144 µH/m, ce qui est une
diminution d'environ 50 % par rapport à la valeur théorique.
La courbe 4 de la figure 4-19 a été calculée avec ces coefficients variables. Il y a une
très bonne correspondance avec la courbe en trait pointillé.
112 Chapitre 4. Modélisation de LARA

TABLEAU 4-2. LA VARIATION DES GRADIENTS D'INDUCTANCE

Lanceur conventionnel
Temps Courbe sur
L'R (µH/m) M' (µH/m)
Fig. 4-19 ou 4 -20
t d 0.2 ms 0.427 -
0.2 ms < t < 1.5 diminution linéaire
- 4
ms de 0.427 à 0.397
t t 1.5 ms 0.397 -
Lanceur augmenté
t d 0.2 ms 0.416 0.247
0.2 ms < t < 1.5 diminution linéaire diminution linéaire
4
ms de 0.416 à 0.397 de 0.247 à 0.144
t t 1.5 ms 0.397 0.144

Nous avons donc défini des coefficients qui permettent de calculer la force
électromagnétique avec l'équation analytique avec une bonne précision par rapport à la force
calculée avec MEGA. Remarquons quand même que ces forces ont été calculées avec un
modèle à pont de courant fixe. Les effets de vitesse ne sont donc pas pris en compte. La
validité de cette approche sera examinée lors de l'étude expérimentale de LARA.

Figure 4-19. Comparaison des différentes méthodes de calcul analytique de la force électromagnétique sur
le pont de courant avec la force calculée avec MEGA dans le cas du lanceur augmenté. Les courbes sont
définies dans les tableaux 4-1 et 4-2.

Nous avons fait le même exercice pour le lanceur conventionnel. Les coefficients de
l'expression de la force électromagnétique sont repris dans les tableaux 4-1 et 4-2, Les
différentes courbes sont présentées à la figure 4-20. Comme il n'y a pas d'effets d'induction
entre les circuits, les courbes varient très peu et les différences entre les méthodes de calcul de
la force électromagnétique sont minimes. C'est pourtant la force calculée avec le coefficient
variable qui correspond le mieux avec la force calculée avec MEGA (respectivement la
courbe 4 et le pointillé sur la figure 4-20). Ce coefficient variable sera donc utilisé dans le
modèle.
Chapitre 4. Modélisation de LARA 113

Figure 4-20. Comparaison des différentes méthodes de calcul analytique de la force électromagnétique sur le
pont de courant avec la force calculée avec MEGA dans le cas du lanceur conventionnel. Les courbes sont
définies dans les tableaux 4-1 et 4-2.

A.1.c. Conclusion

Nous disposons dès lors d'un modèle de la force électromagnétique agissant sur le
projectile dans les lanceurs conventionnel et augmenté dont l'expression est :

1
FEM L' R t I 2R  M ' t I R I A (4-23)
2

où les coefficients L'R et M' sont fonction du temps.


Remarquons que les symboles utilisés sont toujours ceux des gradients d'inductance
propre et mutuelle des rails. Pourtant, ces coefficients sont uniquement égaux aux gradients
d'inductances des rails, si les conducteurs sont filiformes et les courants constants. Sinon, une
partie de la force électromagnétique axiale est appliquée aux rails. Dans le cas des lanceurs
conventionnels, cette proportion est peu importante par rapport à la force agissant sur le
projectile. Le gradient d'inductance des rails L'R est dès lors une bonne approximation du
coefficient de l'expression de la force électromagnétique. Dans le lanceur à rails augmenté, la
force axiale sur les rails n'est pas du tout négligeable par rapport à la force sur le projectile.
Par conséquent, il y a une grande divergence entre la valeur des gradients d'inductance et les
coefficients de (4-23), jusqu'à environ 50 % pour M'.
Il serait donc judicieux de choisir d'autres dénominations pour ces coefficients, mais on
ne retrouve qu'une seule notation dans la littérature, c'est-à-dire L' et M'. Nous préférons ne
pas changer la notation afin de rester cohérent avec la littérature.
114 Chapitre 4. Modélisation de LARA

A.2. Force de frottement

A.2.a. Expression de la force de frottement

La force de frottement entre le pont de courant et les rails s'exprime par le produit du
coefficient de frottement µf et de la force normale FN entre le pont et les rails.

Ff P f FN (4-24)

La force normale a des composantes mécanique (FN,méc) et électromagnétique (FN,ém) :

FN FN , méc  FN , ém (4-25)

La composante normale mécanique résulte de la flexion des brins du pont de courant en


contact avec le rail. Cette flexion a également comme conséquence que la force
électromagnétique sur les brins dans la zone de contact FEM,c n'est pas orientée dans le sens de
tir (Fig. 4-21). La composante normale de cette force est proportionnelle à la force
électromagnétique FEM agissant sur le pont de courant [113]:

FN ,ém D FEM (4-26)

Le coefficient D est fonction de la géométrie du pont de courant.

Figure 4-21. Les forces agissant sur les brins du pont de courant dans la zone
de contact entre le pont et le rail

L'expression de la force de frottement devient alors :

Ff P f FN , méc  P f D FEM (4-27)

Les paramètres de l'équation (4-27) à déterminer sont D, µf et FN,méc.


Chapitre 4. Modélisation de LARA 115

A.2.b. Détermination des paramètres

A.2.b.1. Le coefficient D
La valeur de D a été calculée par Schneider et al. pour les projectiles du lanceur EMA3,
dont les ponts de courant ont les même dimensions que ceux de LARA [57]. Elle est égale à
0.154.
A.2.b.2. Le coefficient de frottement µf
Ce coefficient n'est pas connu pour des contacts glissants aux vitesses qui sont
caractéristiques du lanceur à rails. Par conséquent, il faut faire des hypothèses pour établir une
relation entre le coefficient de frottement et la vitesse du projectile.
Une valeur typique de µf est 0.3 ; elle est valable pour des contacts glissant en cuivre
sur des surfaces planes en cuivre, mais uniquement si la vitesse, les forces normales et les
densités de courant sont limitées. Dès que la vitesse du projectile augmente, le mécanisme de
frottement change et µf chute rapidement [113]. Des valeurs de µf à des vitesses élevées ne
sont pas disponibles dans la littérature, mais sont certainement petites et sont estimées à 0.1
[125]. Prenant ces hypothèses en compte, nous proposons l'expression suivante pour le
coefficient de frottement :

§ v ·
P f v 0.1  0.2 exp¨  ¸ (4-28)
© 100 ¹

Une fonction similaire a été utilisée pour la modélisation de ponts de courants solides
[120]. L'équation (4-28) est présentée sous forme graphique sur la figure suivante (Fig. 4-22) :

Figure 4-22. Le coefficient de frottement dynamique en fonction de la vitesse

Le coefficient de frottement statique est égal à 1 [57]. Des travaux de recherche


théorique et expérimentale sont nécessaires afin d'obtenir de plus amples informations sur le
coefficient de frottement à vitesses élevées.
A.2.b.3. La force normale mécanique FN,méc
Pour la détermination de la force normale mécanique, nous nous basons sur les tirs pour
lesquels une mesure de vitesse avec le radar est disponible. En effet, le signal Doppler du
radar indique bien l’’instant de départ du projectile. Prenons le signal Doppler du tir 49
(Fig. 4-23). Il est ici uniquement présenté de 0 à 0.3 ms après le déclenchement des bancs de
116 Chapitre 4. Modélisation de LARA

condensateurs. Trois signaux parasites s'y superposent à 0.007 ms, 0.024 ms et 0.166 ms et
correspondent aux injections de courant dans les circuits intérieur et extérieur du lanceur. Ils
sont détectés par le radar à cause de l'interaction électromagnétique des rails du lanceur avec
le radar, mais n'ont pas d'influence sur l'exploitation du signal radar.
L'amplitude du signal varie avec le mouvement du projectile. Ce dernier est donc à
l'arrêt tant que l'amplitude vaut zéro, c'est à dire jusqu'à 0.05 ms.

Figure 4-23. L'amplitude du signal Doppler en fonction du temps. (Tir 49)

Avant le départ du projectile, la force de frottement est supérieure à la force


électromagnétique qui agit sur le projectile. A l’’instant du départ, la force électromagnétique
égale la force de frottement. L'équation (4-27) devient donc :

FEM Ff
 
1  D P f FEM P f FN ,mech (4-29)

La force normale mécanique est alors égale à :

1  D P f
FN , mech FEM (4-30)
Pf

Les paramètres D et µf à l'instant de départ sont déjà connus (respectivement 0.154 et


1). La force électromagnétique FEM peut être calculée à l’’aide de (4-23). Les valeurs de L’’ et
M’’ du tableau (4-2) et les intensités de courant IR et IA mesurées sont celles de l'instant de
départ. La force normale mécanique se déduit alors de (4-30).
Le radar a également été utilisé pour des mesures sur un projectile avec deux ponts de
courant. Afin de disposer d'un maximum de mesures, nous prenons également les tirs ce type
de projectile en compte, ce qui nécessite l'adaptation de l'équation (4-27). La force normale
mécanique est la même pour les deux ponts de courant, puisque ces derniers sont identiques.
Par contre, la distribution de courant –– qui influence la force normale électromagnétique ––
n’’est pas connue. Mais, comme le courant est concentré principalement dans le pont arrière
dans la première phase du tir et comme la force est fonction du courant au carré, nous
supposons que toute la force normale électromagnétique agit sur les brins du pont arrière.
Chapitre 4. Modélisation de LARA 117

La force de frottement sur le projectile devient alors :

Ff 2 P f FN ,méc  P f D FEM (4-31)

Le facteur 2 provient du fait qu’’il y a deux ponts de courant. À l’’instant de départ, la


force normale mécanique est alors égale à :

1  D Pf
FN , méc FEM (4-32)
2 Pf

La force normale mécanique agissant sur les projectiles à un et deux ponts de courant, a
été calculée sur la base du signal Doppler mesuré. Le résultat est repris dans le tableau 4-3,
ainsi que la force électromagnétique à l'instant de départ. Excepté le tir 43, tous les tirs ont été
effectués avec le lanceur augmenté.

TABLEAU 4-3. CALCUL DE LA FORCE NORMALE MÉCANIQUE PAR PONT DE COURANT

Nombre de ponts FN,méc par pont de


Tir FEM au départ (N)
de courant courant (N)
43 2 1510 639
45 2 1860 787
46 2 1385 586
47 2 1545 654
48 2 2435 1030
49 1 655 554
50 2 1765 747
51 1 725 613
52 1 760 643
53 1 2850 2412
54 1 675 571
58 2 1610 681
59 2 4030 1705

Nous constatons que la force normale mécanique dans les cas 53 et 59 est beaucoup
plus élevées que celle des autres cas. Ceci peut être dû à une mauvaise insertion du projectile
dans le lanceur ou à une erreur de mesure. Si nous ne tenons pas compte de ces deux valeurs,
la moyenne de la force normale mécanique est égale à 680 N.
Des résultats obtenus avec des essais sur d'autres lanceurs de l'ISL montrent que la
valeur de 680 N est réaliste [126].

A.2.c. Conclusion

Le modèle de force de frottement est basé sur plusieurs hypothèses dont la validité
devra être vérifiée dans des études ultérieures. Nous avons trouvé l'expression suivante de la
force de frottement :

Ff 680 P f v  0.154 P f v FEM (4-33)


118 Chapitre 4. Modélisation de LARA

Le coefficient de frottement dynamique µf(v) est montré à la figure 4-22. Le coefficient


de frottement statique est égal à 1.

A.3. La cinématique du projectile

A.3.a. La masse du projectile

L'usure des brins par le frottement avec les rails et par leur échauffement peut causer
une perte de masse du pont de courant du projectile lors de son accélération. Cette perte de
masse peut être importante lorsqu'une transition de contact a eu lieu. Il faut donc en tenir
compte dans le modèle de cinématique du projectile.
Nous proposons un modèle simple, basé sur la mesure de la masse du projectile avant
et après le tir, et sous l'hypothèse que la perte de masse varie exponentiellement.

§ exp t / t b  1 ·
'm t m pr , 0
 m pr ,b ¨
e 1
¸ (4-34)
© ¹

avec : 'm(t) : la perte de masse, fonction du temps


mpr,0 : la masse du projectile avant le tir
mpr,b : la masse du projectile après le tir
tb : le temps de sortie du projectile

La masse du projectile lors de son accélération, en fonction du temps, est alors donnée
par :

m pr t m pr ,0  'm t (4-35)

Une condition nécessaire pour l'application de ce modèle est que le projectile n'a pas
subi de détériorations à l'impact sur la cible. Si la masse du projectile après le tir ne peut pas
être déterminée, on peut se baser sur l'état des rails et la mesure de la tension à la bouche pour
détecter une transition éventuelle du contact. S'il n'y a pas d'indice d'une telle transition, on
peut faire l'hypothèse qu'il n'y a pas eu de perte de masse. Bien sûr, on suppose alors qu'il n'y
pas de perte de masse due à l'usure par le frottement. Dans tout autre cas, nous ne disposons
d'aucune information sur la masse du projectile après le tir.
Un modèle de perte de masse qui ne dépend pas de la mesure de la masse après le tir,
est évidemment plus intéressant. Il faudrait alors trouver une relation entre l'échauffement du
contact, l'usure par frottement et la perte de masse. L'élaboration d'un modèle pareil
nécessitera beaucoup de recherche et dépasse le cadre de notre étude. Nous montrons
d'ailleurs dans le chapitre 5 qu'une erreur sur la masse après le tir a peu d'influence sur la
vitesse à la bouche calculée.

A.3.b. La position et la vitesse du projectile

L'accélération Jpr du projectile est égale à :

Fpr t
J pr t (4-36)
m pr t
Chapitre 4. Modélisation de LARA 119

La vitesse v du projectile et sa position x à l'instant t découlent directement de cette


équation :

t
´
v t  v 0 µ J pr W dW (4-37)
¶0

et :

t
´
x t  x 0 µ v W dW (4-38)
¶0

Les conditions initiales sont identiques pour tous les tirs. La vitesse initiale du
projectile v(0), donc au moment de la première injection de courant, est nulle. Il n'y a donc
pas de préaccélération du projectile. Quant à la position initiale du projectile x(0), elle est
égale à 60 mm r 5 mm.
120 Chapitre 4. Modélisation de LARA

B. Modélisation des circuits électriques de LARA

B.1. Modélisation des circuits intérieur et extérieur du lanceur

B.1.a. Introduction

La tension est mesurée en trois endroits sur le lanceur à rails augmenté : à la bouche du
circuit intérieur (UR,b), à la culasse du circuit intérieur (UR,c) et à la culasse du circuit extérieur
(UA,c) (Fig. 4-24). Nous présentons dans ce paragraphe un modèle de ces trois tensions.

Figure 4-24. Schéma du lanceur à rails augmenté avec les mesures de tension

Nous remplaçons les circuits électriques du lanceur à rails augmenté par deux circuits
électriques équivalents comprenant des résistances et des inductances propres et mutuelles
(Fig. 4-25). Plusieurs paramètres de ces circuits varient avec la position du projectile. Les
résistances varient également avec le temps, suite à la diffusion du courant dans les
conducteurs non filiformes du lanceur. Afin d'augmenter la lisibilité des équations, nous
remplaçons par exemple RA(x,t) par RA. La variation des paramètres avec la position du
projectile sera prise en compte dans les équations élaborées dans ce paragraphe-ci. L'influence
de la diffusion du courant dans les conducteurs, c'est-à-dire la dépendance du temps, sera
discutée dans le paragraphe B.2. de ce chapitre.
Le circuit intérieur est composé des rails intérieurs et du projectile. Seule la partie du
circuit entre la culasse et le projectile conduit du courant (IR). Les rails dans cette zone sont
caractérisés par une résistance RR, une inductance propre LR et une inductance mutuelle MR.
La partie des rails entre le projectile et la bouche ne porte pas de courant, mais il y a une
contribution à la tension à la bouche via le courant dans le circuit extérieur et l'inductance
mutuelle Mb. Le circuit équivalent du projectile consiste en une résistance Rpr et une
inductance propre Lpr.
Le circuit extérieur a deux composantes : les rails sont caractérisés par une résistance
RA, une inductance propre LA et des inductances mutuelles MR et Mb ; le pont de courant du
circuit extérieur par une résistance Rp et une inductance propre Lp.
Le modèle du circuit électrique de LARC découle directement du modèle du circuit
intérieur de LARA en mettant les inductances mutuelles à zéro (Fig. 4-26).
Chapitre 4. Modélisation de LARA 121

Figure 4-25. Schéma équivalent des circuits intérieur et extérieur de LARA

Figure 4-26. Schéma équivalent du circuit de LARC

B.1.b. La tension à la culasse du circuit intérieur

La tension à la culasse du circuit intérieur UR,c est donnée par :

dI R dI R
U R ,c  R R I R  R pr I R  L pr (4-39)
dt dt

où IR représente le flux dans la partie entre la culasse et le projectile. Il est égal à :

IR LR IR  M R IA (4-40)
122 Chapitre 4. Modélisation de LARA

Le flux varie avec le courant et la position du projectile. La variation du flux IR en


fonction du temps est égale à :

dI R d
L R I R  M R I A
dt dt
(4-41)
dL R dI dM R dI
IR  LR R  IA  M R A
dt dt dt dt

Nous effectuons un changement de variable pour exprimer la variation des variables en


fonction de la position du projectile :

dL R dI dM R dI
IR  LR R  IA  MR A
dt dt dt dt
(4-42)
wL R dx dI wM R dx dI
IR  LR R  IA  MR A
wx dt dt wx dt dt

Nous trouvons finalement, en introduisant les gradients d'inductance L'R et M'R, et


la vitesse v = dx/dt :

dI R dI R dI
L' R v I R  L R  M' R v I A  M' R x A (4-43)
dt dt dt

La résistance RR est remplacée par le gradient de résistance R'R multiplié par la position
du projectile, les inductances MR et LR sont respectivement remplacées par M'R x et L'R x. La
tension à la culasse s'exprime alors selon :

dI R
U R ,c R 'R x I R  R pr I R  L pr
dt
(4-44)
dI dI
 L ' R v I R  L' R x R  M ' R v I A  M ' R x A
dt dt

B.1.c. La tension à la bouche du circuit intérieur

La tension à la bouche du circuit intérieur UR,b est donnée par :

dI b dI R
U R ,b  R pr I R  L pr (4-45)
dt dt
Chapitre 4. Modélisation de LARA 123

La variation du flux dIb/dt dans la zone entre le projectile et la bouche est égale à :

dI b d
M b I A
dt dt
dM b dI
IA  M b A
dt dt
(4-46)
wM b dx dI
I A  M ' b x b  x A
wx dt dt
dI A
M ' b v I A  M ' b x b  x
dt

où xb est la longueur totale des rails. L'inductance mutuelle Mb est négative car le
projectile progresse et les rails de cette partie du circuit raccourcissent. Comme le gradient
d'inductance mutuelle M'b est par définition positif, le terme M'b v IA doit être précédé d'un
signe négatif.
Nous trouvons finalement une expression pour la tension à la bouche :

dI R dI
U R ,b R pr I R  L pr  M ' b v I A  M ' b x b  x A (4-47)
dt dt

B.1.d. La tension à la culasse du circuit extérieur

La tension à la culasse du circuit extérieur UA,c est donnée par

dI A dI A
U A ,c  R A IA  R p IA  Lp (4-48)
dt dt

où IA représente le flux dans la partie entre la culasse et le projectile. Il est égal à :

IA LA IA  MR IR (4-49)

La variation du flux dans le circuit extérieur s'écrit sous la forme :

dI A d
L A I A  M R I R
dt dt
(4-50)
dL A dI dM R dI
IA  LA A  IR  MR R
dt dt dt dt

Le coefficient dLA/dt est égal à zéro si nous ne tenons pas compte de la variation de
l'inductance due à la diffusion du courant dans les rails du circuit extérieur. Il n'est pas
fonction de la position du projectile. L'équation (4-51) se réduit alors à :

dI A dI A dI
LA  M' R v I R  M' R x R (4-51)
dt dt dt
124 Chapitre 4. Modélisation de LARA

La tension à la culasse du circuit extérieur est exprimée selon :

dI A dI dI
U A ,c R p IA  LP  R ' A x I A  L A A  M' R v I R  M' R x R (4-52)
dt dt dt

B.1.e. Remarques et conclusion

Deux remarques concernant la modélisation des tensions :


x Les gradients d'inductance mutuelle M'R et M'b sont considérés comme constants et
égaux au gradient d'inductance mutuelle unique M'.
x Le modèle ne tient pas compte de la variation de tension dans le circuit intérieur
suite à la transition du contact du projectile. En effet, lorsque le contact solide se
transforme en un contact plasma, la tension augmente d'environ 25 V.

Finalement, les tensions à la bouche et à la culasse des circuits intérieur et extérieur de


LARA deviennent :

dI R dI
U R ,c R ' R x I R  L' R v I R  L' R x  M' v I A  M' x A
dt dt
dI R dI
U R ,b R pr I R  L pr  M' v I A  M' x b  x A (4-53)
dt dt
dI A dI dI
U A ,c R p IA  Lp  R 'A x I A  L A A  M' v I R  M' x R
dt dt dt
Chapitre 4. Modélisation de LARA 125

B.2. Détermination des variables du circuit électrique

B.2.a. Les rails

B.2.a.1. Les gradients d'inductance des rails


Le calcul des inductances des rails de LARA a été présenté au paragraphe A.1.b.2 de ce
chapitre. Le gradient d'inductance des rails du circuit intérieur L'R est égal à 0.439 µH/m, le
gradient d'inductance mutuelle M' vaut 0.302 µH/m. L'inductance des rails du circuit extérieur
LA est égale à 1.00 µH.
Le gradient d'inductance des rails de LARC est égal à 0.453 µH/m (paragraphe
A.1.A.2. de ce chapitre).
B.2.a.2. Les gradients de résistance des rails
Nous utilisons un modèle simple pour le gradient de résistance des rails. Si le courant
est localisé au voisinage de la surface sur une épaisseur G(t), le gradient de résistance est égal
à:

2
R ' t (4-54)
J w G t

où J est la conductivité des rails en Cu-Cr (50 M:-1 m-1) et w la largeur du rail (15 mm). Le
facteur 2 se justifie par le fait que la résistance du circuit est la somme des résistances des
rails inférieur et supérieur. La figure (4-27) montre la section du rail et l'épaisseur de la peau.

Figure 4-27. Section du rail supérieur du circuit intérieur du lanceur

Si le courant est injecté dans les rails à l'instant t = 0, l'épaisseur de peau G(t) à l'instant t
est égale à [127] :

St
G t (4-55)

Cette expression décrit de la diffusion unidimensionnelle du courant et est démontrée


en annexe F. L'expression (4-54) devient alors :

2 Jµ
R ' t (4-56)
Jw St

Le gradient de résistance des rails extérieurs R'A est modélisé par cette expression.
Quant à la résistance des rails intérieurs, il faut tenir compte de l'effet de peau dû à la vitesse.
La résistance d'une partie des rails intérieurs de longueur dx à la position x vaut :
126 Chapitre 4. Modélisation de LARA

dR R R ' t  W dx (4-57)

où dx v W dW , avec v(W) la vitesse du projectile se trouvant à la position x à l'instant W. Le


gradient de résistance R'(t) est donné par (4-56). La résistance du circuit intérieur est alors
obtenue par intégration de (4-57) :
t
´
R R t µ R ' t  W v W dW (4-58)
¶0

Cette expression est un produit de convolution de R' et v [128].

B.2.b. Le pont de courant du projectile

B.2.b.1. L'inductance du pont de courant du projectile


L'inductance du pont de courant du projectile Lpr est donnée par l'expression suivante
[129] :

P0 l ª §l· 3º
L pr
2S «ln ¨ d ¸  4 »¼
(4-59)
¬ © ¹

où l est la longueur du pont et d son diamètre. L'inductance du pont (longueur de 15 mm et


diamètre de 7 mm) est donc égale à 4.2 nH.
B.2.b.2. La résistance du pont de courant du projectile
La résistance du pont de courant du projectile Rpr est composée de la résistance des
brins Rbrins et de la résistance de contact entre le pont et les rails Rcn (Fig. 4-28) :

R pr R brins  R cn R brins  R cn ,1  R cn , 2 (4-60)

La résistance de contact Rcn est la somme des résistances Rcn,1 et Rcn,2 , qui sont
respectivement les résistances au contact des rails supérieur et inférieur du circuit intérieur.
Nous calculons d'abord la résistance du pont Rpr,0 en cas de diffusion complète du
courant.
Une résistance de contact égale à 10 µ: a été déterminée de façon expérimentale pour
un pont de courant à brins multifilamentaires avec un diamètre égal à 5 mm [128]. Nous
faisons l'hypothèse que cette résistance évolue de façon inversement proportionnelle à la
surface de contact. La résistance de contact Rcn d'un pont de courant avec un diamètre de
7 mm est donc égale à 5.1 µ:, le rapport des deux surfaces étant égal à 0.51. La valeur de
Rcn,1 et de Rcn,2, vaut alors environ 2.5 µ:.
Pour la détermination de Rbrins, nous assimilons les brins à un cylindre avec une
longueur de 15 mm et un diamètre de 7 mm. La conductivité du Cu-Cd, le matériau des brins,
est égale à 50 M:-1 m-1. Afin de calculer la résistance du cylindre rempli de brins, nous
considérons d'abord que le cylindre est massif, et ensuite nous appliquons une correction, qui
dépend du taux de remplissage du cylindre. Le taux de remplissage a été déterminé en
comparant la masse réelle du pont de courant multifilamentaire et d'un pont hypothétique
massif en Cu-Cd avec les mêmes dimensions. Nous avons trouvé une valeur de 75 % pour le
taux de remplissage, ce qui est proche du taux de remplissage maximal théoriquement
Chapitre 4. Modélisation de LARA 127

possible de S/4 [129]. La résistance du pont hypothétique homogène étant égale à 7.8 µ:,
nous trouvons une valeur de 10.4 µ: pour la résistance des brins multifilamentaires.

Figure 4-28. Les résistances de contact et des brins

La résistance du pont de courant Rpr,0, valable en cas de diffusion complète du courant,


est donc égale à 15.5 µ:. Une expression empirique de la résistance du pont de courant du
projectile, tenant compte de la diffusion, est proposée par Wey et al. [128] :

16
t0 § t ·
¨ ¸
t ¨© t 0 ¸¹
R pr t R pr ,0 16
(4-61)
§ t ·
1  ¨¨ ¸¸
© t0 ¹

avec t0 une constante de temps égale à 1 ms.

B.2.c. Le pont du circuit extérieur

B.2.c.1. L'inductance du pont du circuit extérieur


L'inductance du pont Lp a été mesurée avec un RLC-mètre. Elle est égale à 0.25 µH.
B.2.c.2. La résistance du pont de courant extérieur
La résistance est très faible et ne peut pas être correctement mesurée avec le RLC-
mètre mis à notre disposition. Elle doit donc être estimée par calcul.
Le pont est composé de deux parties identiques, dont chacune a une longueur totale de
190 mm et une épaisseur de 4 mm (Fig. 4-29). Le pont est fait de cuivre, avec une
conductivité de 58.8 M:-1 m-1. Nous supposons que le courant est localisé à l'arrière du pont,
sur une épaisseur G(t) (4-55). La résistance d'une partie est donc égale à :

1 190
Rp (4-62)
J 4 G t
128 Chapitre 4. Modélisation de LARA

Figure 4-29. Dimensions et schéma du pont du circuit extérieur

Du point de vue électrique, le pont est similaire à la mise en parallèle de deux


résistances. La résistance du pont est alors égale à :

P
Rp 23.7 (4-63)
JSt

C. Modélisation des sources

C.1. Description du modèle


Le circuit électrique d'un banc de condensateurs est illustré à la figure 4-30. Il est
composé d'un condensateur C, d'un éclateur à air E, d'une diode D avec une résistance RD, des
résistances R1 et R2, et des inductances L1 et L2. La résistance R3 et l'inductance L3 sont celles
des câbles coaxiaux qui relient les bancs à la culasse du lanceur.
Excepté un banc qui a fait l'objet d'une modification, les cinq autres sont identiques. Le
motif et la nature de cette modification sont expliqués au paragraphe A. du chapitre 6.
La capacité du banc de condensateurs vaut 3.08 mF. La résistance R1 est la somme de
deux résistances, celle de l'éclateur (1 m:) et celle des éléments de protection des
condensateurs (3 m:). Ces éléments sont des bandes en Inox qui font office de fusible en cas
de mauvais fonctionnement [130]. L'inductance L1 est estimée à 0.6 µH [131]. La self de
stockage du banc est caractérisée par une résistance R2 égale à 0.28 m: et une inductance L2
égale à 4 µH. La résistance de la diode RD vaut 0.1 m:. Le gradient de résistance des câbles
coaxiaux est égal à 0.89 m:/m, leur gradient d'inductance vaut 0.26 µH/m [132]. En raison de
longueurs différentes, les câbles coaxiaux n'ont pas la même résistance et inductance. Le
tableau 4-4 reprend les résistances et inductances des câbles coaxiaux par banc.
Chapitre 4. Modélisation de LARA 129

Figure 4-30. Le circuit électrique d'un banc de condensateurs

TABLEAU 4-4. RÉSISTANCE ET INDUCTANCE DES CÂBLES COAXIAUX


RELIANT LES SOURCES À LA CULASSE DU LANCEUR

Banc Résistance (m:) Inductance (µH)


1 3.6 1.10
2 3.0 0.88
3 2.8 0.82
4 2.8 0.82
5 3.2 0.93
6 3.3 0.96

Par alimentation, deux équations décrivent le circuit électrique. La première décrit le


circuit à partir de l'enclenchement de l'éclateur jusqu'au moment de Crowbar (voir le
paragraphe C du chapitre 3) :

Uc R 1  R 2  R 3 I  L1  L 2  L 3 dI  1 ´
µ I dt (4-64)
dt C¶

La deuxième décrit le circuit du moment de Crowbar jusqu'à la sortie du projectile :

Uc R 2  R 3  R D I  L 2  L 3 dI (4-65)
dt

C.2. Discussion du modèle


Il est important de souligner qu'il s'agit d'un modèle simple. Nous montrons au chapitre
suivant que le modèle des tensions à la culasse du lanceur augmenté n'est pas très précis.
Comme ces deux modèles sont liés, le calcul des courants ne sera pas très précis non plus,
avec une erreur sur la vitesse à la bouche du projectile comme conséquence.
L'utilisation du modèle simple est justifiée par le fait que les sources d'énergie utilisées
ne sont pas optimales pour le lanceur augmenté. Des modèles précis des sources adaptées au
lanceur augmenté seront développés dans une étude ultérieure.
130 Chapitre 4. Modélisation de LARA

D. Résumé

D.1. Introduction
Dans ce chapitre, un modèle des forces agissant sur le projectile a été développé. Une
nouvelle méthode de détermination de la force électromagnétique, sur la base de calculs avec
le code à éléments finis MEGA, est proposée. Un modèle de force de frottement est
également présenté. Des incertitudes existent sur la validité de ces modèles : la force
électromagnétique a été calculée avec un modèle dans lequel le pont de courant du projectile
est fixe et plusieurs hypothèses ont été faites lors de l'établissement du modèle de la force de
frottement.
Les circuits électriques extérieur et intérieur du lanceur, comprenant les rails, le pont de
courant du projectile et le pont de courant du circuit extérieur, sont modélisés. Finalement,
nous avons décrit un modèle simple des sources d'énergie du lanceur. Les effets thermiques
ne sont pas pris en compte dans les modèles des circuits électriques.

Ces différents modèles sont exploités dans deux modèles, dont la validation sera
discutée dans le chapitre suivant. Il s'agit :
x du modèle de la force propulsive sur le projectile,
x du modèle global, intégrant les modèles des sources, des circuits électriques du
lanceur et de la force propulsive sur le projectile.

Les deux modèles, applicables au lanceur conventionnel LARC et au lanceur augmenté


LARA, sont programmés en LabVIEW, un environnement de programmation graphique,
présenté en annexe B. Les équations constitutives et les valeurs des paramètres sont résumées
dans les paragraphes suivants.

D.2. Le modèle de la force propulsive sur le projectile


La vitesse et la position du projectile dans le lanceur sont calculées par ce modèle à
partir des intensités de courant mesurées.
La force propulsive (Fpr), dont les composantes sont la force électromagnétique (FEM) et
la force de frottement (Ff) , s'écrit sous la forme :

§1 · § ·
¨ L' R t I R  M ' t I R I A ¸  ¨¨ P f FN , méc  P f D FEM ¸¸
2
Fpr FEM  Ff (4-66)
©2 ¹ © ¹

Les paramètres de la force électromagnétique sont les gradients d'inductance propre


L'R(t) et mutuelle M'(t), dont la variation est donnée dans le tableau 4-5.

TABLEAU 4-5. VARIATION DES GRADIENTS D'INDUCTANCE

Temps L'R(t) (µH/m) M'(t) (µH/m)


t d 0.2 ms 0.416 0.247
diminution linéaire diminution linéaire
0.2 ms < t < 1.5 ms
de 0.416 à 0.397 de 0.247 à 0.144
t t 1.5 ms 0.397 0.144
Chapitre 4. Modélisation de LARA 131

Les paramètres de la force de frottement sont :


x le coefficient de frottement µf (Fig. 4-22),
x la force normale mécanique FN,méc (680 N),
x le coefficient D (0.154).

La perte de masse du projectile est exprimée selon :

§ exp t / t b  1 ·
'm t m pr , 0
 m pr ,b ¨
e 1
¸ (4-67)
© ¹

avec : 'm(t) : la perte de masse, fonction du temps


mpr,0 : la masse du projectile avant le tir
mpr,b : la masse du projectile après le tir
tb : le temps de sortie du projectile

La masse du projectile lors de son accélération, en fonction du temps, est donnée par :

m pr t m pr ,0  'm t (4-68)

L'accélération Jpr du projectile est égale à :

Fpr t
J pr t (4-69)
m pr t

La vitesse v du projectile et sa position x à l'instant t sont exprimées par :

t
´
v t  v 0 µ J pr W dW (4-70)
¶0

et :

t
´
x t  x 0 µ v W dW (4-71)
¶0
132 Chapitre 4. Modélisation de LARA

D.3. Le modèle global


Le modèle global intègre les modèles des circuits électriques du lanceur et de la force
propulsive sur le projectile.
Ces modèles sont liés entre eux : les intensités de courant dans les rails, qui sont les
variables d'entrée de la force propulsive, sont calculées par la résolution des circuits
électriques du lanceur, dont certains paramètres dépendent de la cinématique du projectile.

Les tensions à la bouche (UR,b) et à la culasse des circuits intérieur (UR,c) et extérieur
(UA,c) de LARA sont :

dI R dI
U R ,c R R I R  L' R v I R  L ' R x  M' v I A  M' x A
dt dt
dI R dI
U R ,b R pr I R  L pr  M ' v I A  M ' x b  x A (4-72)
dt dt
dI A dI dI
U A ,c R p IA  Lp  R ' A x I A  L A A  M' v I R  M' x R
dt dt dt

Les paramètres constants de ce système d'équations sont :


x le gradient d'inductance propre des rails du circuit intérieur :
L'R = 0.439 µH/m (pour LARA) ou L'R = 0.453 µH/m (pour LARC),
x le gradient d'inductance mutuelle : M' = 0.302 µH/m,
x l'inductance du circuit extérieur : LA = 1.00 µH,
x l'inductance du pont de courant : Lpr = 4.2 nH,
x l'inductance du pont du circuit extérieur : Lp = 0.25 µH.

Les paramètres variables de ce même système d'équations sont :


x le gradient de résistance des rails du circuit extérieur (R'A) :

2 Jµ
R ' A t (4-73)
Jw St

où w est la largeur du rail, J la conductivité et µ la perméabilité.

x la résistance des rails du circuit intérieur (RR) :

t
´
R R t µ R ' t  W v W dW (4-74)
¶0

où R'(t) est donné par (4-73).


Chapitre 4. Modélisation de LARA 133

x la résistance du pont de courant (Rpr) :

16
t0 § t ·
¨ ¸
t ¨© t 0 ¸¹
R pr t R pr ,0 16
(4-75)
§ t ·
1  ¨¨ ¸¸
© t0 ¹

où t0 = 1 ms et Rpr,0 = 15.5 µ:.

x la résistance du pont (Rp) :

P
Rp 23.7 (4-76)
JSt

où J est la conductivité et µ la perméabilité.

Par alimentation, deux équations décrivent le circuit électrique. La première décrit le


circuit à partir de l'enclenchement de l'éclateur jusqu'au moment de Crowbar :

Uc R 1  R 2  R 3 I  L1  L 2  L 3 dI  1 ´
µ I dt (4-77)
dt C¶

La deuxième décrit le circuit du moment de Crowbar jusqu'à la sortie du projectile :

Uc R 2  R 3  R D I  L 2  L 3 dI (4-78)
dt

Les paramètres de ce système d'équations sont :


x la capacité du banc de condensateurs C = 3.08 mF,
x l'inductance L1 = 0.6 µH,
x l'inductance L2 = 4 µH,
x l'inductance L3 et la résistance R3 des différents câbles coaxiaux, dont les valeurs
sont reprises dans le tableau 4-6,
x la résistance R1 = 4 m:,
x la résistance R2 = 0.28 m: ,
x la résistance de la diode de Crowbar RD = 0.1 m:.

TABLEAU 4-6. RÉSISTANCE ET INDUCTANCE DES CÂBLES COAXIAUX


RELIANT LES SOURCES À LA CULASSE DU LANCEUR

Banc Résistance (m:) Inductance (µH)


1 3.6 1.10
2 3.0 0.88
3 2.8 0.82
4 2.8 0.82
5 3.2 0.93
6 3.3 0.96
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 135

Chapitre 5

ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DU LANCEUR À RAILS


AUGMENTÉ

Dans ce chapitre, nous présentons l'étude expérimentale du lanceur à rails augmenté. Il


s'agit plus particulièrement de la validation du modèle de la force propulsive sur le projectile à
un pont de courant. Pour les lanceurs LARC et LARA, quatre tirs sont discutés en détail, à
savoir les tirs 09 et 39, effectués avec LARC, et les tirs 49 et 15, effectués avec LARA (un
tableau avec les paramètres des tirs se trouve en annexe E). Les courbes mesurées et calculées
de la position et la vitesse du projectile sont représentées en fonction du temps. La
modélisation des circuits électriques de LARC et LARA est également discutée. Les courbes
calculées décrivant l'évolution de la tension à la culasse et à la bouche sont comparées aux
courbes mesurées. Nous comparons également, pour ces quatre cas, les courbes mesurées de
courant et de tension avec celles calculées par le modèle global. Finalement, pour tous les tirs
réussis avec les deux lanceurs, les vitesses à la bouche, calculées par le modèle de la force
propulsive et par le modèle global, sont comparées aux vitesses mesurées par les barrières à
fils.
Une étude de sensibilité du modèle de la force propulsive sur le projectile, sur la base du
tir 49, est faite.

A. Modèle de LARC

A.1. Validation du modèle de la force propulsive sur le projectile

A.1.a. Tir 09

Le projectile est accéléré par la décharge d'un seul banc de condensateurs, chargé à 10
kV. Le courant atteint un maximum de 181 kA en 0.23 ms (Fig. 5-1). La masse du projectile
est de 17.5 g. Sa vitesse à la bouche, mesurée avec des barrières à fils, est égale à 324 m/s. Le
projectile quitte le lanceur après 5.26 ms. La masse du projectile récupéré après le tir est égale
à 17.3 g. La perte de masse est donc très faible.

Figure 5-1. Courbe de courant mesuré dans le circuit intérieur. (Tir 09)
136 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté

La figure 5-2 montre la comparaison entre la cinématique du projectile mesurée et


calculée par le modèle de la force propulsive, à partir de la courbe de courant mesurée
(Fig. 5-1). La légende de cette figure est la suivante :
x courbe noire : vitesse calculée
x triangle noir : vitesse mesurée par les barrières à fils
x courbe grise : position calculée
x carré gris : position mesurée par des sondes B-dot
x cercle gris : indique le temps de sortie du projectile, la position est égale à 1.5 m (la
position de la bouche du lanceur). Cet instant correspond au moment où la tension
du circuit intérieur augmente fortement, à cause de l'ouverture du circuit quand le
projectile est lancé. Le temps de sortie peut donc être déduit de la courbe de tension
(Fig. 5-3).
La figure montre qu'une très bonne correspondance entre les mesures et les calculs est
obtenue. La différence entre la vitesse calculée (321 m/s) et mesurée (324 m/s) est très faible.

vitesse (modèle)
vitesse (barrière à fils)
position (modèle)
position (B-dot)
position (temps de sortie)

Figure 5-2. Comparaison de la position et de la vitesse mesurées et calculées. (Tir 09)

La tension est calculée par le modèle du circuit électrique du lanceur, sur la base de la
cinématique du projectile calculée (Fig. 5-2). Il y a une bonne correspondance entre les
tensions calculée et mesurée à la culasse (Fig. 5-3).

Figure 5-3. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse. (Tir 09)

Le bon contact à la fin du tir est perdu car la force normale exercée par les brosses sur
les rails, est trop faible. Il ne s'agit pas d'une transformation du contact glissant en un contact
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 137

plasma, vu le faible saut de tension (environ 12 V). Ce phénomène a été observé lors d'autres
tirs avec LARC de projectiles à un pont et une seule injection de courant. Le courant devient
très faible lorsque le projectile arrive à la bouche. Ceci est bien sûr dû au fait que le lanceur
n'est pas optimisé pour des tirs avec un seul banc. L'énergie injectée ne suffit pas pour
propulser le projectile jusqu'à la bouche. Une solution est alors d'injecter un deuxième banc de
condensateurs, comme dans l'exemple du paragraphe suivant (tir 39).

Figure 5-4. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la bouche. (Tir 09)

La figure 5-4 présente les courbes de tension calculée et mesurée à la bouche. Dans le
lanceur conventionnel, cette tension est générée par le pont de courant. Au début du tir, il y a
une bonne correspondance entre les deux courbes, mais à partir de 0.5 ms, la tension calculée
devient plus faible que celle mesurée. En effet, le modèle ne prend pas en compte
l'échauffement du pont de courant, qui mène à une résistance du pont plus élevée et donc à une
tension à la bouche plus élevée [128].

A.1.b. Tir 39

La masse initiale du projectile du tir 39 est égale à 17.6 g. Après le tir, sa masse ne vaut
plus que 16.9 g. Cette perte de masse est due à l'érosion des brosses après la transition des deux
contacts entre le pont de courant et les rails. En effet, l'alimentation du circuit par deux bancs
de condensateurs, chargés à 7 kV et déchargés à un intervalle de 2 ms, induit une charge
thermique trop élevée du pont (Fig. 5-5).

Figure 5-5. Courbe de courant mesurée dans le circuit intérieur. (Tir 39)
138 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté

La cinématique calculée du projectile correspond très bien à la cinématique mesurée


(Fig. 5-6). Une vitesse de 404 m/s a été mesurée avec les barrières à fils, ce qui est également
la vitesse calculée avec le modèle.

vitesse (modèle)
vitesse (barrière à fils)
position (modèle)
position (B-dot)
position (temps de sortie)

Figure 5-6. Comparaison de la position et de la vitesse mesurées et calculées. (Tir 39)

Comparons les courbes calculée et mesurée de la tension à la culasse et à la bouche


(Fig. 5-7 et Fig. 5-8). Avant la transition des contacts, il y a une bonne correspondance entre
les courbes. Mais, après cet instant, le modèle n'est plus correct, car nous n'avons pas modélisé
la transition du pont de courant, ce qui pourrait permettre de déterminer la charge thermique
maximale du pont et donc l'instant où la transition a lieu.

Figure 5-7. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse. (Tir 39)

La courbe de tension mesurée à la bouche est légèrement supérieure à celle qui a été
calculée (Fig. 5-8). Ceci est causé par l'échauffement du pont de courant, qui n'est pas modélisé
comme expliqué plus haut.
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 139

Figure 5-8. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la bouche. (Tir 39)

A.2. Comparaison de la vitesse mesurée et calculée de projectiles à un pont de


courant tirés avec LARC

Le tableau 5-1 reprend les tirs réussis avec LARC, rangés par ordre de vitesse mesurée
croissante.

TABLEAU 5-1. COMPARAISON DE LA VITESSE À LA BOUCHE MESURÉE ET CALCULÉE,


DE PROJECTILES À UN PONT DE COURANT TIRÉS AVEC LARC

Modèle de la force
Modèle global
propulsive
Numéro Masse Masse Vitesse Vitesse Erreur Vitesse Erreur
du tir avant le après le mesurée calculée (%) calculée (%)
tir (g) tir (g) (m/s) (m/s) (m/s)
3 17.6 17.4 291 285 -2 320 10
38 17.5 17.3 294 303 3 306 4
37 17.6 17.3 311 302 -3 310 0
36 17.5 16.9 314 320 2 316 1
8 17.6 17.5 321 324 1 319 -1
9 17.5 17.4 324 321 -1 321 -1
35 17.5 17.0 378 350 -7 327 -13
33 17.5 17.0 389 378 -3 344 -12
17 17.5 17.3 391 454 16 382 -2
39 17.6 16.9 404 404 0 368 -9
23 17.5 17.0 411 444 8 368 -10
21 17.5 16.6 497 485 2 433 -11
20 17.4 16.5 521 520 0 458 -12
19 17.4 16.5 539 538 0 477 -11
18 17.5 16.3 580 605 4 535 -8
16 17.5 15.0 694 699 1 682 -2
140 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté

Par tir sont données les vitesses calculées respectivement par le modèle de la force
propulsive et par le modèle global, ainsi que l'erreur par rapport à la vitesse mesurée avec les
barrières à fils. Les paramètres des tirs sont repris en annexe E (tableau E-1).
Les erreurs sur la vitesse calculée des tirs 17, 23 et 35 sont difficiles à expliquer. Il peut
s'agir d'une mesure erronée de la vitesse ou du courant, ou d'un mauvais traitement des
mesures. Une autre source d'erreur possible est l'introduction du projectile dans le lanceur. Si le
projectile est mal placé, la force de frottement réelle peut être plus grande que la force calculée.
À l'exception des tirs 17, 23 et 35, l'erreur du modèle de la force propulsive est comprise
entre ––3 % et +4 %, et ceci pour des vitesses comprises entre 285 m/s et 699 m/s. Remarquons
que cette erreur est du même ordre de grandeur que celle de la mesure de vitesse. Ce bon
résultat nous permet de valider le modèle de la force de frottement. En effet, la force
propulsive est la résultante de la force de frottement et de la force électromagnétique. Le
modèle de cette dernière est validé depuis longtemps et a été appliqué avec de bons résultats
aux autres lanceurs simples de l'ISL.

A.3. Le modèle de LARC global


La correspondance entre le modèle global et les résultats expérimentaux est moins bonne
(Tableau 5-1).
L'allure des courbes de courant mesurée et calculée du tir 09, présentées à la figure 5-9,
est bien différente. Le courant maximal calculé (environ 200 kA) est nettement supérieur au
courant maximal mesuré (environ 160 kA). Ensuite, l'intensité de courant calculée diminue
plus rapidement que l'intensité de courant mesuré.

Figure 5-9. Comparaison des courbes de courant mesurée et calculée avec le modèle global. (Tir 09)

Pourtant, la différence entre les courbes de courant n'entraîne pas une grande erreur sur
les vitesses mesurée et calculée à la bouche, qui sont respectivement égales à 321 m/s et
324 m/s. La force propulsive, qui est fonction du courant, est surestimée au début du tir,
ensuite elle est sous-estimée. Manifestement, les erreurs sont compensées et la différence entre
les vitesses à la bouche mesurée et calculée est minime.
Dans la première phase du tir 39, jusqu'à la deuxième injection à 2 ms, les courbes
présentent la même allure que celles du tir 09 (Fig. 5-10). Ensuite, l'intensité de courant
calculée devient inférieure ou égale à l'intensité de courant mesurée, conduisant à une force
propulsive trop faible. Il en résulte une vitesse calculée (368 m/s) inférieure à la vitesse
mesurée (404 m/s).
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 141

Ces observations sont également valables pour les autres tirs repris dans le tableau 5-1.

Figure 5-10. Comparaison des courbes de courant calculée et mesurée dans le circuit intérieur. (Tir 39)

Un paramètre important du circuit électrique du lanceur et de ses sources est la tension


aux bornes du lanceur. Or, vu la bonne correspondance entre la tension mesurée à la culasse et
celle calculée avec le modèle du circuit électrique du lanceur (Fig. 5-3), nous supposons que le
modèle simple des sources est la cause majeure de la différence entre les courbes de courant.
Une modélisation plus correcte ne pourra donc pas être obtenue sans un modèle plus précis du
circuit des sources.
142 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté

B. Modèle de LARA

B.1. Validation du modèle de la force propulsive sur le projectile

B.1.a. Tir 49

Le tir 49, le premier tir avec LARA que nous présentons, est réalisé par l'injection de
courant à partir d'un banc de condensateurs, chargé à 7 kV, dans le circuit intérieur et de deux
injections avec des bancs chargés à 10 kV dans le circuit extérieur (Fig. 5-11). La masse du
projectile avant le tir vaut 16.0 g, après le tir elle est de 15.9 g. La perte de masse est
considérée comme négligeable.

Figure 5-11. Les courbes de courant mesurées dans les circuits intérieur et extérieur. (Tir 49)

La courbe de position et de vitesse du projectile calculée par le modèle de la force


propulsive et les mesures de la position et de la vitesse sont présentées à la figure 5-12. La
courbe de vitesse mesurée par radar Doppler est également représentée. Une très bonne
correspondance entre la vitesse mesurée par les barrières à fils (575 m/s) et la vitesse calculée
(573 m/s) est observée. La courbe de vitesse calculée coïncide quasi parfaitement avec celle
mesurée par radar Doppler.

vitesse (modèle)
vitesse (barrière à fils)
vitesse (radar Doppler)
position (modèle)
position (B-dot)
position (temps de sortie)

Figure 5-12. Comparaison de la position et de la vitesse mesurées et calculées. (Tir 49)


Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 143

Quant à la tension à la culasse du circuit intérieur, il y a une bonne correspondance au


début de l'accélération. Graduellement, la tension calculée devient plus élevée que celle
mesurée, sans toutefois mener à une grande différence (Fig. 5-13).

Figure 5-13. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit intérieur. (Tir 49)

Figure 5-14. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit extérieur.
Détail de la tension de 0 ms à 1 ms. (Tir 49)

Figure 5-15. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit extérieur.
Détail de la tension entre ––150 V et 0 V. (Tir 49)

Ceci n'est plus vrai pour la tension à la culasse du circuit extérieur. Pendant la première
injection, la tension calculée maximale est égale à environ 1700 V, tandis que la tension
144 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté

mesurée maximale n'est pas plus grande que 1580 V (Fig. 5-14). La correspondance est très
bonne durant la deuxième injection de courant. À partir de 0.4 ms, après la deuxième injection
de courant, la tension calculée est à nouveau trop élevée par rapport à la mesure (Fig. 5-15). La
différence diminue vers la fin du tir. Nous reviendrons sur ce problème lors de l'étude de
sensibilité (paragraphe B.4.).
La tension calculée à la bouche est également plus élevée que la tension mesurée, mais
la différence est moins prononcée (Fig. 5-16 et Fig. 5-17).

Figure 5-16. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la bouche.


Détail de la tension de 0 ms à 1 ms. (Tir 49)

Figure 5-17. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la bouche.


Détail de la tension entre 0 V et 150 V. (Tir 49)
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 145

B.1.b. Tir 15

Nous présentons dans ce paragraphe le tir 15, où le chargement des bancs est particulier.
Contrairement aux autres tirs, le courant dans le circuit intérieur est plus élevé que celui du
circuit extérieur (Fig. 5-18). Un banc, chargé à 10 kV, alimente le circuit intérieur. La tension
de charge du banc pour le circuit extérieur vaut 7 kV.

Figure 5-18. Les courbes de courant mesurées dans les circuits intérieur et extérieur. (Tir 15)

La masse du projectile récupéré (17.4 g) est la même que la masse initiale du projectile.
La vitesse calculée à la bouche (577 m/s) est 5 % plus grande que la vitesse mesurée par les
barrières à fils (548 m/s) (Fig. 5-19).

vitesse (modèle)
vitesse (barrière à fils)
position (modèle)
position (B-dot)
position (temps de sortie)

Figure 5-19. Comparaison de la position et de la vitesse mesurées et calculées

Quant aux tensions, la comparaison entre les courbes mesurées et calculées révèle les
mêmes tendances que celles du tir 49.
Au début du tir, il n'y a pas de différence entre les tensions mesurée et calculée à la
culasse du circuit intérieur. Ensuite, il y a une légère différence (Fig. 5-20).
La différence entre les tensions à la culasse extérieure est assez importante, elle atteint
150 V au début des injections de courant. Après les injections, elle est inférieure à 35 V
(Fig. 5-21 et 5-22).
146 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté

Pendant les injections de courant, le plus grand écart entre les courbes de tension à la
bouche vaut environ 40 V; ensuite, la différence est inférieure à 6 V, excepté le pic après les
injections (Fig. 5-23 et 5-24).

Figure 5-20. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit intérieur. (Tir 15)

Figure 5-21. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit extérieur.
Détail de la tension de 0 ms à 1 ms. (Tir 15)

Figure 5-22. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit extérieur.
Détail de la tension entre ––50 V et 50 V. (Tir 15)
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 147

Figure 5-23. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la bouche.


Détail de la tension de 0 ms à 1 ms. (Tir 15)

Figure 5-24. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la bouche.


Détail de la tension entre 0 V et 75 V. (Tir 15)

B.2. Comparaison de la vitesse mesurée et calculée de projectiles à un pont de


courant tirés avec LARA
Le tableau 5-2 résume les tirs avec de projectiles à un pont avec LARA. L'erreur entre la
vitesse calculée par le modèle de la force propulsive et celle mesurée est comprise entre ––7 %
et +7 %, excepté pour les tirs 1, 27 et 7. Rappelons que l'erreur de mesure de la vitesse avec les
barrières à fils est inférieure à 4.2 %.
Le modèle de la force de frottement a été validé par l'étude expérimentale du lanceur
conventionnel LARC. Rappelons que ce modèle ne prend pas en compte les effets de vitesse,
les coefficients étant calculés avec un modèle à éléments finis du lanceur dans lequel le
projectile est statique. L'erreur relativement faible entre les vitesses mesurées et calculées
permet de conclure que la méthode de détermination des coefficients de la force
électromagnétique (4-23), qui est l'autre composante de la force propulsive, est valide.
148 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté

TABLEAU 5-2. COMPARAISON DE LA VITESSE À LA BOUCHE MESURÉE ET CALCULÉE,


DE PROJECTILES À UN PONT DE COURANT TIRÉS AVEC LARA

Modèle de la force
Modèle global
propulsive
Numéro Masse Masse Vitesse Vitesse Erreur Vitesse Erreur
du tir avant le après le mesurée calculée (%) calculée (%)
tir (g) tir (g) (m/s) (m/s) (m/s)
1 17.3 17.3 314 268 -15 306 -2
11 17.5 17.4 470 478 2 496 6
26 17.7 17.6 520 503 -3 539 4
12 17.5 17.4 520 554 6 551 6
30 17.4 17.3 534 526 -1 535 0
15 17.5 17.4 548 577 5 572 4
27 17.6 17.5 557 503 -10 538 -3
24 17.5 17.1 560 590 5 537 -4
49 16.0 15.9 575 573 0 572 -1
31 17.6 17.5 593 594 0 686 16
56 17.4 17.1 611 569 -7 661 8
2 17.5 17.2 618 587 -5 634 3
7 17.5 17.2 628 567 -10 633 1
25 17.5 17.0 646 630 -2 605 -6
57 17.5 17.2 699 655 -6 782 12
13 17.4 17.1 744 760 2 747 0
14 17.4 17.0 767 823 7 787 3
54 16.0 15.0 809 778 -4 730 -10
51 16.0 15.3 919 865 -6 831 -10
28 17.6 15.9 1020 963 -6 928 -9
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 149

B.3. Le modèle de LARA global


Le tableau 5-2 reprend également les résultats du calcul de la vitesse par le modèle
global. L'erreur entre les vitesses calculée et mesurée est généralement plus faible que dans le
cas de LARC, ce qui est surprenant vu la plus grande complexité du modèle de LARA.
Prenons le tir 49 comme exemple. L'allure des courbes de courant mesurées et calculées
est similaire à celle du tir 09 avec LARC. Le courant maximal est trop élevé, et la diminution
du courant après les injections de courant est trop grande (Fig. 5-25 et 5-26). Apparemment,
ces écarts s'annulent car la différence entre les vitesses mesurée (575 m/s) et calculée (572 m/s)
est faible.
Les courbes de tension calculées se situent au-dessus des courbes mesurées (Fig. 5-27,
5-28 et 5-29). L'erreur la plus grande se manifeste dans le calcul des tensions à la culasse du
circuit extérieur (Fig. 5-28). Elle s'élève à environ 500 V lors des injections de courant.
Un raffinement du modèle des circuits électriques est donc nécessaire.

Figure 5-25. Comparaison des courbes de courant calculée et mesurée dans le circuit intérieur. (Tir 49)

Figure 5-26. Comparaison des courbes de courant calculée et mesurée dans le circuit extérieur. (Tir 49)
150 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté

Figure 5-27. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit intérieur. (Tir 49)

Figure 5-28. Comparaison des courbes de tension calculée et à mesurée la culasse du circuit extérieur. (Tir 49)

Figure 5-29. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la bouche. (Tir 49)
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 151

B.4. Étude de sensibilité

B.4.a. Introduction

Dans le premier paragraphe, nous présentons l'étude de sensibilité de la cinématique du


projectile. Nous étudions l'influence de la variation de la masse du projectile et des paramètres
de la force propulsive sur la vitesse du projectile à la bouche du lanceur.

Une étude de sensibilité de deux paramètres du circuit électrique est présentée dans le
deuxième paragraphe. Nous étudions ainsi :
x l'influence de la variation de la tension de charge des bancs de condensateurs sur la
vitesse à la bouche,
x l'influence de la variation de la résistance du circuit extérieur sur la tension à la
culasse de ce circuit.

La référence de cette étude de sensibilité est le tir 49.

B.4.b. La cinématique du projectile

B.4.b.1. Influence de la variation des paramètres de la force de frottement sur la vitesse à la


bouche
Afin de déterminer la sensibilité de la vitesse à la bouche aux variations des paramètres
de la force de frottement (D, µf et FN,méc), nous avons fait varier ces paramètres de ––100 % (le
paramètre vaut zéro) à +100 % (il est doublé).
La variation de la vitesse à la bouche en fonction de la variation de la force de frottement
mécanique, du coefficient D ou du coefficient de frottement à vitesse élevée est représentée sur
les figures 5-30, 5-31 et 5-32.

Figure 5-30. Variation de la vitesse à la bouche en fonction de la variation de la


force de frottement mécanique
152 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté

Figure 5-31. Variation de la vitesse à la bouche en fonction de la variation du coefficient D

Figure 5-32. Variation de la vitesse à la bouche en fonction de la variation du coefficient de frottement à


vitesse élevée

Nous constatons que de fortes variations des coefficients n'entraînent que de faibles
variations de la vitesse à la bouche.
Ceci est cohérent avec la faible contribution de la force de frottement à la force
propulsive. La figure 5-30 montre l'importance relative des deux composantes de la force
propulsive agissant sur le projectile : la force électromagnétique et la force de frottement. À
0.30 ms, lorsque la force propulsive atteint sa valeur maximale de 9.97 kN, le rapport de la
force de frottement sur la force électromagnétique ne vaut que 2.8 %, en valeur absolue.

Figure 5-33. Variation temporelle de la force propulsive et de ses composantes, la force


électromagnétique et la force de frottement. (Tir 49)
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 153

B.4.b.2. Influence de la variation des paramètres de la force électromagnétique sur la


vitesse à la bouche
Nous étudions dans ce paragraphe la sensibilité de la vitesse à la bouche aux paramètres
t0 et t1 de la force électromagnétique. L'expression de cette force a été établie au paragraphe
A.1.b.5. du chapitre 4 et est illustrée par la figure 5-34.

Figure 5-34. La force électromagnétique du tir 49 (courbe 3). Les courbes 1 et 2 sont les limites entre
lesquelles la force varie selon les coefficients du tableau 5-3.

La force électromagnétique agissant sur le projectile (Fig. 5-34, courbe 3) est définie de
la façon suivante :
x Du début du tir jusqu'à t0, elle est égale à la force électromagnétique calculée à partir
des coefficients L' et M', respectivement égaux à 0.146 µH/m et 0.247 µH/m
(tableau 4-5) (Fig. 5-34, courbe 1).
x À partir de t1, elle est égale à la force électromagnétique calculée à partir des
coefficients L' et M', respectivement égaux à 0.397 µH/m et 0.144 µH/m (tableau
4-5) (Fig. 5-34, courbe 2).
x Entre t0 et t1, elle varie de façon linéaire entre les courbes 1 et 2.

La variation de la vitesse à la bouche en fonction de la variation de ces paramètres est


représentée sur la figure 5-35. Nous constatons que l'influence de t0 et t1 sur la vitesse à la
bouche n'est pas négligeable et une détermination précise de ces paramètres est essentielle pour
une modélisation correcte de la force électromagnétique.

Figure 5-35. Variation de la vitesse à la bouche en fonction de la variation des temps t0 et t1,
paramètres de la force électromagnétique sur le projectile.
154 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté

B.4.b.3. Influence de la variation de la masse du projectile sur la vitesse à la bouche


Pour certains tirs, la masse du projectile après tir a été estimée, car le projectile a été
abîmé à l'impact sur la cible*. La figure 5-36 montre que l'influence de la variation de la masse
finale sur la vitesse à la bouche est faible.
Prenons l'exemple du tir 49. La vitesse calculée du projectile à la bouche vaut 572 m/s et
sa masse 16.0 g. Supposons que nous sous-estimons la masse finale du projectile de 10 % (soit
1.6 g). La vitesse calculée est alors égale à 583 m/s, soit une augmentation de 1.9 %. Une
erreur sur la masse finale a donc une faible influence sur la vitesse à la bouche.

Figure 5-36. La variation de la vitesse à la bouche en fonction de la masse du projectile après le tir

B.4.c. Le circuit électrique

B.4.c.1. Influence de la variation de la tension de charge des bancs de condensateurs sur la


vitesse à la bouche
La variation de la vitesse à la bouche en fonction de la variation de la tension de charge
des condensateurs a été calculée par le modèle global (tableau 5-3).

TABLEAU 5-3. VARIATION DE LA VITESSE À LA BOUCHE EN FONCTION DE LA VARIATION


DE LA TENSION DE CHARGE DES CONDENSATEURS

Tension de charge des bancs Vitesse calculée par


Variation Variation
(circuit intérieur –– circuit extérieur) le modèle global
6.3 kV –– 9.0 kV ––10 % 465 m/s ––18.8 %
6.65 kV –– 9.5 kV ––5 % 518 m/s ––9.5 %
7 kV –– 10 kV 0% 572 m/s 0%
7.35 kV –– 10.5 kV +5 % 623 m/s +9.8 %
7.7 kV –– 11 kV +10 % 686 m/s +19.9 %

La vitesse à la bouche dépend fortement de la tension de charge des condensateurs, ce


qui n'est pas une surprise car l'énergie stockée dans les condensateurs est fonction du carré de
la tension.

* Le problème de la détermination de la masse après le tir est expliqué en annexe E.


Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 155

Ce résultat est important car il montre que la tension de charge des condensateurs doit
être déterminée avec suffisamment de précision afin de modéliser correctement le lanceur à
rails.
B.4.c.2. Influence de la variation du gradient de résistance du circuit extérieur sur la
tension à la culasse de ce circuit
La tension à la culasse du circuit extérieur est, entre autres, fonction de la résistance des
rails. Cette dernière varie en fonction du temps en raison de la diffusion du courant dans les
rails. Nous avons utilisé un modèle simple de la résistance (4-56), qui apparemment surestime
la résistance des rails extérieurs (Fig. 5-15 et 5-22).
La figure 5-37 présente la tension en fonction de trois valeurs différentes du gradient de
résistance :
x la valeur du modèle (4-56),
x la valeur du modèle divisée par 2,
x la résistance vaut zéro.

La tension, calculée avec la valeur du gradient de résistance divisée par 2, correspond


très bien à la tension mesurée. La résistance des rails extérieurs dans le modèle est donc trop
élevée, ce qui signifie que la diffusion de courant dans les rails est sous-estimée.
Apparemment, l'interaction des champs magnétiques, générés par les courants dans les rails
intérieurs et extérieurs, résulte en une meilleure distribution du courant dans les rails.
Une étude devrait être menée afin de mieux modéliser la diffusion du courant dans les
rails du lanceur augmenté et d'obtenir ainsi un meilleur modèle de la résistance de ces rails.

mesure
calcul (R'A)
calcul (0.5 R'A)
calcul (R'A=0)

Figure 5-37. Variation de la tension à la culasse du circuit extérieur en fonction du gradient de résistance

La variation de la valeur du gradient de résistance des rails extérieurs a une influence sur
la vitesse à la bouche. Lorsque la valeur est divisée par 2, la vitesse, calculée par le modèle
global, vaut 592 m/s, ce qui signifie une augmentation de 3.5 % par rapport à la valeur
nominale de 572 m/s.
156 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté

C. Conclusions
Le modèle de la force propulsive agissant sur le projectile à un pont de courant dans les
lanceurs conventionnel (LARC) et augmenté (LARA), développée dans cette thèse, a été
validé. Nous avons montré que la différence entre les vitesses mesurée et calculée avec ce
modèle est limitée à r 4 % pour LARC et à r 7 % pour LARA, et ceci pour une grande plage
de vitesses : de 291 m/s à 1020 m/s. Pour les tirs avec LARC, cette différence est du même
ordre de grandeur que l'erreur sur la mesure de vitesse.
La comparaison des courbes de tension, calculées avec le modèle électrique des
lanceurs, aux courbes mesurées, a montré qu'il y a une très bonne correspondance entre les
tensions calculée et mesurée de LARC, mais qu'il y a une importante différence entre les
tensions mesurée et calculée à la culasse extérieure de LARA. Ceci peut être dû à une sous-
estimation de la diffusion du courant dans les rails extérieurs, résultant en un gradient de
résistance trop élevée.
La validité du modèle global, qui intègre le modèle de la force propulsive et le modèle
des circuits électriques du lanceur et de son alimentation, a été étudiée. La correspondance
entre les vitesses à la bouche calculée et mesurée est en général bonne, mais ceci est dû au fait
que les différentes erreurs dans le modèle se compensent. Le modèle est néanmoins
suffisamment précis pour servir de base pour des études ultérieures du lanceur augmenté et de
son alimentation.
La décomposition de la force propulsive en une force électromagnétique et une force de
frottement a montré que cette dernière est très faible. Ceci est confirmé par l'étude de
sensibilité : les paramètres de la force de frottement du projectile n'ont qu'une très faible
influence sur la vitesse à la bouche.
Nous avons souligné l'importance d'une mesure précise de la tension de charge des
condensateurs, car elle a une forte influence sur la vitesse à la bouche.
Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté 157

Chapitre 6

ANALYSE DES SPÉCIFICITÉS DU LANCEUR


AUGMENTÉ

Dans ce chapitre, certaines spécificités du lanceur à rails augmenté sont discutées. Nous
montrons d'abord qu'une tension négative à la culasse de ce lanceur peut causer la destruction
des diodes des bancs de condensateurs. Nous analysons des solutions, notamment le choix
judicieux de l'instant de déclenchement du banc et la modification de son circuit électrique.
Ensuite, des tirs de projectiles à deux ponts de courant sont analysés. Nous montrons
également, par calcul avec le code à éléments finis MEGA, que l'augmentation du lanceur
mène à une diminution de la contrainte dans le projectile.
Finalement, le lanceur augmenté est comparé au lanceur conventionnel sur la base des
critères suivants : l'énergie cinétique maximale à la bouche sans transition, le rendement du
lanceur et la puissance requise.

A. Apparition de tensions négatives aux bornes des rails du lanceur augmenté

A.1. Introduction
Étant donné le couplage magnétique des circuits intérieur et extérieur du lanceur
augmenté, la tension à la culasse peut devenir négative. Cette tension, appliquée aux diodes
des bancs de condensateurs, peut provoquer, dans certaines conditions, leur destruction.
Initialement, ces bancs avaient été construits pour alimenter des lanceurs
conventionnels, dans lesquels la tension à la culasse reste toujours positive. Une éventuelle
apparition de tensions négatives aux bornes des bancs n'avait donc pas été prise en compte
durant leur développement.
Supposons que plusieurs bancs sont connectés aux circuits intérieur et extérieur du
lanceur et que ces bancs ont été déclenchés, sauf un. Si la tension Uc à la culasse du circuit
auquel ce banc est connecté, devient négative, une tension négative UD apparaît aux bornes
des diodes D (Fig. 6-1). Celles-ci deviennent alors conductrices et un courant de faible
intensité ID circule au travers des diodes et de l'inductance L. Quand l'éclateur E du banc est
fermé, le courant IC, généré par les condensateurs C, circule au travers des diodes. En raison
de la faible impédance du circuit formé par le condensateur, l'éclateur et les diodes, ce courant
peut monter à des valeurs de l'ordre du méga-ampère. La puissance associée est très élevée et
détruit les diodes thermiquement.

Figure 6-1. Schéma du banc de condensateurs non modifié. En raison de la tension négative aux bornes des
diodes, celles-ci sont en conduction et seront détruites quand l'éclateur sera fermé.
158 Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté

A.2. Solutions pour éviter la destruction des diodes


Afin d'éviter la destruction des diodes, deux solutions existent :
x déclencher le banc uniquement si la tension à ces bornes est positive;
x modifier le banc pour qu'une tension négative aux bornes ne conduise pas à la
destruction des diodes.

La deuxième solution consiste à isoler les diodes de la tension négative. L'éclateur est
alors monté entre les diodes et la bobine L, comme illustré à la figure 6-2. La tension du banc
de condensateurs (7 à 10 kV) est directement appliquée aux diodes et leur mise en conduction
est par conséquent exclue.

Figure 6-2. Schéma du banc de condensateurs modifié. L'éclateur est monté entre
les diodes et la bobine afin de protéger les diodes.

Cette solution présente néanmoins deux inconvénients majeurs. Le premier est la


présence de l'éclateur dans le circuit extérieur jusqu'à la sortie du projectile : sa résistance
élevée (1 m:) engendre des pertes ohmiques importantes.
Le second réside dans le fait que l'éclateur n'est pas conçu pour conduire du courant
durant plusieurs millisecondes : une détérioration considérable est observée après quelques
tirs. Une solution consisterait alors à remplacer les éclateurs par des thyristors.

A.3. Applications

A.3.a. Apparition de tensions négatives aux bornes du circuit extérieur

La tension à la culasse du circuit extérieur devient négative directement après la


décharge des condensateurs, comme illustré par le tir 15 avec LARA (Fig. 6-3).
Deux bancs de condensateurs sont connectés au lanceur, l'un au circuit intérieur, l'autre
au circuit extérieur. Après la décharge des condensateurs, c'est-à-dire après environ 0.25 ms,
la tension à la culasse du circuit extérieur devient négative (Fig. 6-3). La prépondérance des
termes négatifs (Lp dIA/dt + LA dIA/dt + M x dIR/dt) dans l'expression de cette tension (4-52)
en est la cause :
dI dI dI
U A ,c R p I A  L P A  R ' A x I A  L A A  M ' A v I R  M ' x R (6-1)
dt dt dt
La période durant laquelle la tension est positive est donc très courte : de 0 à 0.25 ms.
Afin d'atteindre rapidement une intensité de courant maximale d'environ 300 kA, deux bancs
chargés à 10 kV doivent être déchargés dans le circuit extérieur au début du tir. En
déclenchant le deuxième banc à 0.15 ms, il n'y a donc pas de risque de détruire ses diodes.
Nous illustrons cette solution par le tir 31 (Fig. 6-4).
Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté 159

Figure 6-3. Courbes de tension à la culasse du circuit extérieur et de courant mesurées. (Tir 15)

Nous utilisons ce même tir pour illustrer la connexion d'un banc modifié au circuit
extérieur. Pour compenser la diminution rapide du courant après son injection à partir des
deux premiers bancs, un troisième banc est déclenché à 1 ms (Fig. 6-4). Un banc modifié a été
utilisé car, à cet instant, la tension aux bornes du circuit extérieur est négative (Fig. 6-5). La
forte perturbation du signal de tension après la troisième injection provient de la présence de
l'éclateur dans le circuit extérieur. En effet, le contact dans l'éclateur est établi par un arc
électrique, qui génère des variations de tensions.

Figure 6-4. Mesures des courants intérieur et extérieur. (Tir 31)

Figure 6-5. Mesure de tension à la culasse du circuit extérieur. Détail de la


tension entre ––120 V et 40 V. (Tir 31)
160 Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté

A.3.b. Apparition de tensions négatives aux bornes du circuit intérieur

Une tension négative peut également apparaître aux bornes du circuit intérieur. Nous
prenons comme exemple le tir 56. Il est particulier car le champ magnétique extérieur est
établi par deux injections de courant dans le circuit extérieur, à 0 ms et à 0.15 ms, donc bien
avant l'injection du courant dans le circuit intérieur à 0.5 ms (Fig. 6-6).

Figure 6-6. Mesures des courants intérieur et extérieur. (Tir 56)

À cause de l'inductance mutuelle, la tension à la culasse du circuit intérieur est négative


à partir de la fin de la décharge des bancs, à 0.3 ms, jusqu'au déclenchement du banc du
circuit intérieur, à 0.5 ms (Fig. 6-7). En l'absence de courant dans le circuit intérieur entre 0 et
0.5 ms, la tension à la culasse de ce circuit, s'exprime selon (4-44) :

dI A
U R ,c M' x 0 (6-2)
dt

où x0 est la position initiale du projectile, égale à 60 mm. Cette tension est négative car le
courant dans le circuit extérieur IA diminue après la fin de la décharge des bancs. Il est donc
nécessaire d'utiliser un banc modifié pour l'alimentation du circuit intérieur.

Figure 6-7. Mesure de tension à la culasse du circuit intérieur. (Tir 56)

La résistance élevée du circuit intérieur, due à la présence de l'éclateur du banc modifié,


engendre une diminution rapide du courant dans ce circuit (Fig. 6-6). À 2.9 ms, il n'y a plus
de courant dans le circuit intérieur, et donc plus de force électromagnétique sur le projectile.
À l'avenir, de nouveaux bancs, optimisés pour le lanceur à rails, pourront être utilisés et le
problème de la diminution rapide du courant ne se posera plus.
Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté 161

B. Analyse des tirs avec le projectile à deux ponts de courants

B.1. Comparaison de la vitesse mesurée et calculée de projectiles à deux ponts

B.1.a. LARC

La vitesse à la bouche du projectile à deux ponts de courant a été calculée avec le


modèle limité à la force propulsive et avec le modèle global. La répartition du courant entre
les ponts n'a pas été modélisée ; nous avons donc fait l'hypothèse que le courant est concentré
dans le pont arrière du projectile. Toutefois, la force normale mécanique agissant sur ce pont
avant a été prise en compte.
La différence entre les vitesses mesurée et calculées (tableau 6-1) est plus importante
que dans le cas des projectiles à un pont de courant (tableau 5-1). Les modèles sous-estiment
systématiquement la vitesse du projectile. Ils ne sont donc pas suffisamment précis et doivent
être plus élaborés.

TABLEAU 6-1. COMPARAISON DES VITESSES À LA BOUCHE, MESURÉES ET CALCULÉES AVEC


LE MODÈLE DE LA FORCE PROPULSIVE ET LE MODÈLE COMPLET DE PROJECTILES À DEUX
PONTS DE COURANT TIRÉS PAR LARC

Modèle sur la base


Modèle complet
des courants mesurés
Masse Masse Vitesse Vitesse Vitesse
Numéro Erreur Erreur
avant le après le mesurée calculée calculée
du tir (%) (%)
tir (g) tir (g) (m/s) (m/s) (m/s)
40 20.6 20.5 352 307 -13 286 -19
42 20.7 20.5 368 335 -9 304 -17
43 20.7 20.5 425 355 -16 328 -23
44 20.7 20.3 464 383 -17 372 -20

B.1.b. LARA

La comparaison des vitesses mesurée et calculées de projectiles à deux ponts tirés par
LARA est reprise dans le tableau 6-2.
Les projectiles des tirs 32, 48 et 50 ont été pulvérisés à l'impact à cause de l'énergie
cinétique élevée. Comme la masse après tir n'a pas pu être déterminée, nous l'avons égalée à
la masse initiale. Nous justifions ce choix par le fait que les rails ne montraient aucune trace
après le tir, ce qui indique que la perte de masse lors de l'accélération était très faible. D'autre
part, le modèle est peu sensible à la variation de masse. Prenons par exemple le cas du tir 50.
Si la masse réelle après tir était égale à 18.8 g (une diminution par 10 %), la vitesse à la
bouche calculée avec le modèle de la force propulsive serait égale à 1042 m/s (une
augmentation par 3 %).
Les erreurs sur la vitesse à la bouche sont, pour les deux modèles, moins importantes
que dans le cas de LARC, mais toujours systématiquement négatives. Une étude ultérieure est
donc nécessaire afin d'affiner le modèle.
162 Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté

TABLEAU 6-2. COMPARAISON DES VITESSES À LA BOUCHE MESURÉES ET CALCULÉES AVEC


LE MODÈLE DE LA FORCE PROPULSIVE ET LE MODÈLE COMPLET DE PROJECTILES À DEUX
PONTS DE COURANT TIRÉS PAR LARA

Modèle sur la base


Modèle complet
des courants mesurés
Masse Masse Vitesse Vitesse Vitesse
Numéro Erreur Erreur
avant le après le mesurée calculée calculée
du tir (%) (%)
tir (g) tir (g) (m/s) (m/s) (m/s)
45 20.7 20.7 475 408 -14 445 -6
32 20.8 20.8 911 832 -9 795 -13
48 20.8 20.8 944 888 -6 839 -11
50 20.9 20.9 1121 1009 -10 986 -12

B.2. Calcul avec MEGA des forces électromagnétiques agissant sur les ponts de
courant
Afin d'analyser la répartition des courants et des forces entre les deux ponts de courant
dans le lanceur conventionnel et le lanceur augmenté, le tir 40 (LARC) et le tir 50 (LARA)
ont été simulés avec les modèles à éléments finis des deux lanceurs. Nous insistons sur le fait
qu'il s'agit d'une simulation et qu'aucune mesure de courant dans les ponts n'a été faite. En
plus, la simulation par le code à éléments finis MEGA ne prend pas en compte les effets de
vitesse et de température.

B.2.a. LARC

La répartition du courant entre le pont avant et le pont arrière du projectile est calculée
avec MEGA, à partir du courant mesurée (Fig. 6-8).

Figure 6-8. Mesure de courant et répartition du courant entre les ponts,


calculée avec MEGA. (Tir 40)

La répartition du courant entre les ponts, exprimée par le paramètre O (qui représente le
pourcentage du courant total circulant dans le pont de courant arrière –– voir équation 2-6), est
montrée à la figure 6-9. Le paramètre O a été calculé à partir des courbes de la figure 6-8.
Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté 163

Figure 6-9. Pourcentage du courant total circulant dans le pont de


courant arrière, calculée avec MEGA. (Tir 40)

Le pourcentage du courant total circulant dans la brosse arrière varie de 75 %, au


moment du déclenchement du premier banc de condensateurs, à environ 45 % à 5 ms. La
figure 6-10 présente les forces électromagnétiques agissant sur les ponts de courant, calculées
avec MEGA. Afin de mieux évaluer la distribution des forces entre les ponts de courant, le
rapport entre la force agissant sur le pont arrière et la force totale a été calculée (Fig. 6-11).

Figure 6-10. Forces agissant sur le projectile et les ponts de courant, calculées avec MEGA. (Tir 40)

Figure 6-11. Rapport entre la force agissant sur le pont arrière et la force totale. (Tir 40)

Le pont arrière livre la plus grande partie de la force agissant sur le projectile. À 4 ms,
le rapport est toujours plus grand que 80 %. Par contre, environ la moitié du courant circule
164 Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté

dans le pont avant (Fig. 6-9). Ceci illustre l'utilité de munir le projectile d'un deuxième pont
de courant. Ce pont supplémentaire ne contribue guère à la propulsion du projectile, mais
mène à une forte réduction du courant dans le pont arrière, et donc à une charge thermique
plus faible. La transition du pont de courant sera par conséquent retardée et la vitesse à la
bouche maximale sans transition sera plus grande.
La grande différence entre les forces agissant sur les deux ponts de courant mène à des
contraintes dans le sabot, qui peuvent conduire à la destruction du sabot dans des lanceurs de
moyen calibre, comme le lanceur PEGASUS.

B.2.b. LARA

Les courbes de courant et de forces agissant sur les ponts de courant sont calculées pour
le tir 50, réalisé avec LARA.

Figure 6-12. Mesure de courant du circuit intérieur et répartition du courant entre les ponts de courant,
calculée avec MEGA. (Tir 50)

Au début du tir, le courant dans le pont avant est inversé, dû au couplage magnétique
entre les ponts de courant et les rails (Fig. 6-12). Ceci explique la valeur de O supérieure à
100 % (Fig. 6-13). Les figures 6-14 et 6-15 montrent respectivement les forces agissant sur
les deux ponts de courant, et le rapport entre la force agissant sur le pont arrière et la force
totale. En fin de tir, les deux ponts contribuent autant à la force agissant sur le projectile,
annulant toute contrainte interne. Ceci constitue un avantage manifeste par rapport au lanceur
conventionnel.

Figure 6-13. Pourcentage du courant total circulant dans le pont de


courant arrière, calculée avec MEGA. (Tir 50)
Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté 165

Figure 6-14. Forces agissant sur le projectile et les ponts de courant, calculées avec MEGA. (Tir 50)

Figure 6-15. Rapport entre la force agissant sur le pont arrière et la force totale. (Tir 50)

B.3. Analyse du tir 50


La plus grande énergie cinétique à la bouche sans transition a été obtenue lors du tir 50.
Un projectile à deux ponts de courant, avec une masse de 20.9 g, a été accéléré à une vitesse
de 1121 m/s. Les courants des circuits intérieur et extérieur sont présentés à la figure 6-16.

Figure 6-16. Mesures des courants intérieur et extérieur. (Tir 50)


166 Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté

Figure 6-17. Mesure de tension à la bouche du circuit intérieur. (Tir 50)

La tension à la bouche ne fournit pas d'informations sur la nature du contact entre les
ponts de courant et les rails, de 0 ms à 0.3 ms et de 0.75 ms à 0.9 ms à cause des injections de
courant (Fig. 6-17). Le reste du signal ne contient pas de saut de tension de l'ordre de 25 V,
qui serait une indication de la transition d'un contact*. De l'analyse de l'état des rails après le
tir, il s'avère qu'aucune trace n'est apparente sur les rails. Nous pouvons donc conclure qu'il
n'y a pas eu de transition de contact.
Par contre, une autre forme d'érosion des rails s'est manifestée : le "gouging". Ce
phénomène, décrit au paragraphe A.3.d. du chapitre 4, rend les rails inutilisables pour d'autres
tirs et constitue une nouvelle limite de la vitesse maximale à la bouche.

C. Comparaison du lanceur augmenté au lanceur conventionnel


Le lanceur augmenté est comparé au lanceur conventionnel sur la base de trois critères :
l'énergie cinétique maximale à la bouche sans transition, le rendement et la puissance requise.
La première caractéristique est la plus essentielle car elle détermine la valeur ajoutée du
lanceur augmenté par rapport au lanceur conventionnel. Le rendement et la puissance requise
sont des paramètres importants pour le dimensionnement de la source d'énergie.
D'autres éléments d'appréciation, tels que les forces de répulsion sur les rails et les
contraintes dans le projectile, ont déjà été traités.

C.1. Énergie cinétique maximale à la bouche sans transition

C.1.a. Définition

Par type de lanceur (conventionnel et augmenté) et par type de projectile (à un et deux


ponts de courant), l'énergie cinétique maximale à la bouche sans transition a été déterminée
expérimentalement.
À l'ISL, le projectile est dit en transition uniquement lorsque tous les contacts des ponts
de courant avec les rails sont en transition. Nous utilisons une définition plus stricte : le
projectile est en transition dès qu'un seul contact a transité.

*
Voir paragraphe A.2.d. du chapitre 1 sur la transition du contact.
Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté 167

L'énergie cinétique à la bouche du lanceur vb est calculée par :

1
E cin m pr ,b v 2b (6-3)
2

où mpr,b est la masse du projectile après le tir.

C.1.b. Projectile à un pont de courant

Nous avons déterminé une énergie cinétique maximale de 1,07 kJ dans le cas du
projectile à un pont de courant tiré par le lanceur conventionnel. Pour le même type de
projectile, tiré par le lanceur augmenté, l'énergie cinétique maximale est égale à 5,82 kJ
(tableau 6-3). L'énergie cinétique maximale à la bouche sans transition a donc été multipliée
par un facteur 5 en ajoutant un champ magnétique extérieur au lanceur à rails conventionnel.

TABLEAU 6-3. ÉNERGIE MAXIMALE À LA BOUCHE SANS TRANSITION. COMPARAISON DES TIRS AVEC LES
LANCEURS CONVENTIONNEL ET AUGMENTÉ D'UN PROJECTILE À UN PONT DE COURANT.

Projectile à un
Lanceur conventionnel Lanceur augmenté
pont de courant
Masse du projectile 17.5 g 16.1 g
Vitesse à la bouche 350 m/s 850 m/s
Énergie électrique 151 kJ 459 kJ
Énergie cinétique 1.07 kJ 5.82 kJ

C.1.c. Projectile à deux ponts de courant

Le gain est nettement plus important dans le cas du projectile à deux ponts de courant.
Une énergie cinétique maximale de 1.42 kJ est obtenue pour les projectiles tirés par le lanceur
conventionnel (tableau 6-4). Dans le cas du lanceur augmenté, l'énergie cinétique maximale
vaut 13.1 kJ, donc un gain d'un facteur 9.

TABLEAU 6-4. ÉNERGIE MAXIMALE À LA BOUCHE SANS TRANSITION. COMPARAISON DES TIRS AVEC LES
LANCEURS CONVENTIONNEL ET AUGMENTÉ D'UN PROJECTILE À DEUX PONTS DE COURANT.

Projectile à deux
Lanceur conventionnel Lanceur augmenté
ponts de courant
Masse du projectile 20.7 g 20.9 g
Vitesse à la bouche 370 m/s 1120 m/s
Énergie électrique 151 kJ 505 kJ
Énergie cinétique 1.42 kJ 13.1 kJ
168 Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté

C.2. Rendement
Nous avons utilisé le modèle de la force propulsive du projectile à un pont de courant
pour déterminer les pertes d'énergie dans les lanceurs conventionnel et augmenté. Nous
définissons deux rendements :
x Le rendement du lanceur, égal au rapport de l'énergie cinétique du projectile à la
bouche et l'énergie injectée dans le lanceur. Cette dernière est égale à la somme des
pertes et de l'énergie cinétique du projectile.
x Le rendement total du système de lancement (le lanceur plus son alimentation),
égal au rapport de l'énergie cinétique du projectile à la bouche et l'énergie
emmagasinée dans les condensateurs avant le tir.

C.2.a. LARC

L'énergie perdue dans le lanceur conventionnel a été calculée de la façon suivante :

x L'énergie dissipée par effet Joule dans les rails intérieurs :

tb
´
µ R R t I 2R t dt (6-4)
µ
¶0

x L'énergie magnétique résiduelle des rails intérieurs :

1
L R t b I 2R t b (6-5)
2

x L'énergie résiduelle et l'énergie dissipée par effet Joule dans le pont de courant :

tb
1 ´
L pr t b I 2R t b  µ R pr t I 2R t dt (6-6)
2 µ
¶0

x L'énergie perdue par le frottement des brosses du pont de courant :

xb
´
µ F dx (6-7)
µ f
¶0

L'énergie cinétique à la bouche est calculée par (6-3).

Nous prenons le tir 39 comme exemple pour évaluer l'énergie perdue dans le lanceur
conventionnel. Les résultats de la simulation sont résumés dans le tableau 6-5.
Quasiment deux tiers de l'énergie dans le lanceur est perdue dans la résistance des rails,
ce qui justifierait la transformation du lanceur en lanceur DES. Un rendement plus élevé
pourrait alors être obtenu.
Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté 169

TABLEAU 6-5. BILAN D'ÉNERGIE DU LANCEUR À RAILS CONVENTIONNEL (TIR 39)

Rapport énergie /
Énergie (kJ)
énergie totale (%)
Résistance des rails intérieurs 4.01 64.2
Inductance propre des rails intérieurs 0.05 1.0
Inductance et résistance du pont de courant 0.68 10.9
Frottement 0.13 2.0
Énergie cinétique du projectile 1.38 22.0
Énergie totale du lanceur 6.25 100.0

L'énergie cinétique du projectile à la bouche, et donc le rendement du lanceur, est égale


à 22 % de l'énergie totale dans le lanceur.
Pour le tir 39, du courant a été injecté dans le lanceur à partir de deux bancs de
condensateurs chargés à 7 kV, donc avec une énergie totale de 150 kJ. Le rendement total du
système de lancement est alors égale à 0.9 %.
Ce très faible rendement est dû au fait que l'alimentation a été choisie en raison de sa
flexibilité et sa fiabilité, et n'a pas été optimisée de manière à avoir des pertes d'énergie
minimales. La résistance des câbles coaxiaux, par exemple, est beaucoup plus grande que
celle des rails.

C.2.b. LARA

Dans le cas du lanceur à rails augmenté, de nouvelles pertes apparaissent dans le bilan
d'énergie. Elles sont calculées de la façon suivante :

x L'énergie dissipée par effet Joule dans les rails extérieurs et le pont du circuit
extérieur :

tb
´ ª º 2
µ
µ «R A t  R p t » I A t dt (6-8)
¶0 ¬ ¼

x L'énergie magnétique résiduelle des rails extérieurs et du pont du circuit extérieur :

1
2

L A  L p I 2A t b (6-9)

x L'énergie magnétique résiduelle due à l'inductance mutuelle des rails intérieurs et


extérieurs :

M t b I R t b I A t b (6-10)

Le bilan d'énergie est présenté dans le tableau 6-6. Le rendement du lanceur est égal à
3.5 %. Cette valeur est très faible à cause de la résistance du circuit extérieur qui consomme
environ 88 % de l'énergie injectée dans le lanceur. Dans LARA, le champ extérieur est
170 Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté

appliqué sur toute la longueur du lanceur durant l'accélération du projectile, tandis qu'une
augmentation au niveau du pont de courant suffirait. Les pertes du circuit intérieur, par contre,
sont beaucoup moins importantes. La longueur du circuit intérieur est très faible au début du
tir et atteint sa longueur maximale seulement au moment de sortie du projectile. En plus, le
courant du circuit intérieur est plus faible que celui du circuit extérieur (Fig. 5-11).
L'énergie totale emmagasinée dans les bancs de condensateurs avant le tir est égale à
383 kJ ; le rendement total du système est donc égale à 0.7 %.

TABLEAU 6-6. BILAN D'ÉNERGIE DU LANCEUR À RAILS AUGMENTÉ (TIR 49)

Énergie (kJ) Énergie (%)


Résistance des rails intérieurs 1.41 1.8
Résistance des rails extérieurs 67.72 88.4
Inductance propre des rails intérieurs 0.12 0.2
Inductance propre des rails extérieurs 3.60 4.7
Inductance mutuelle 0.66 0.9
Inductance et résistance du pont de courant 0.31 0.4
Frottement 0.14 0.2
Énergie cinétique du projectile 2.62 3.4
Énergie totale du lanceur 76.58 100.0

La validation du modèle global du lanceur augmenté a relevé que le modèle du circuit


électrique surestime la résistance du circuit extérieur, et que la tension calculée à la culasse du
circuit extérieur est plus correcte si le gradient de résistance de ce circuit est réduit de moitié.
Le tableau 6-7 présente le bilan d'énergie pour le modèle modifié.
Le rendement du lanceur est plus grand (5.5 %) que dans le cas précédent, mais reste
néanmoins faible. L'énergie perdue dans le circuit extérieur est toujours supérieure à 80 % de
l'énergie totale. Afin de limiter cette perte, et donc d'augmenter le rendement du lanceur, il
faut modifier le circuit extérieur.

TABLEAU 6-7. BILAN D'ÉNERGIE DU LANCEUR À RAILS AUGMENTÉ (TIR 49, R'A RÉDUITE DE MOITIÉ)

Énergie (kJ) Énergie (%)


Résistance des rails intérieurs 1.41 2.4
Résistance des rails extérieurs 39.01 81.9
Inductance propre des rails intérieurs 0.12 0.3
Inductance propre des rails extérieurs 3.60 7.6
Inductance mutuelle 0.66 1.4
Inductance et résistance du pont de courant 0.31 0.6
Frottement 0.14 0.3
Énergie cinétique du projectile 2.62 5.5
Énergie totale du lanceur 47.60 100.0
Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté 171

Une solution serait de le segmenter (Fig. 6-18). Le champ magnétique extérieur


pourrait alors être concentré autour du pont de courant et la longueur des segments de rails
portant du courant serait plus petite, réduisant ainsi les pertes ohmiques [81]. Un inconvénient
de cette solution est la complexité accrue du lanceur.

Figure 6-18. Le lanceur à rails augmenté avec un circuit extérieur segmenté

C.3. Puissance calculée dans le lanceur


La puissance électrique instantanée fournie au lanceur par l'alimentation est égale au
produit de la tension à la culasse et du courant. Nous prenons l'exemple du tir 39 avec LARC
et du tir 49 avec LARA.
Les courbes de courant et de tension du tir 39 sont présentées aux figures 5-5 et 5-7. La
puissance électrique maximale s'élève à 20 MW.
Pour le tir 49, nous calculons la puissance électrique maximale fournie aux circuits
intérieurs et extérieurs. Les courbes de tension à la culasse des circuits intérieur et extérieur
sont respectivement présentées aux figures (5-13) et (5-14). Les courbes de courant sont
présentées à la figure (5-11). La puissance électrique maximale fournie au circuit intérieur est
égale à 11 MW, celle du circuit extérieur vaut 341 MW. Cette dernière valeur est très
importante et résulte de l'inductance élevée du circuit extérieur, provoquant des tensions
jusqu'à 2 kV, et du courant élevé, dont la valeur maximale est égale à 280 kA. Le lanceur à
rails augmenté avec un circuit extérieur segmenté apporterait une solution à ce problème.
172 Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté

D. Conclusions
Des aspects du lanceur à rails augmenté, qui n'ont pas été abordés dans le chapitre sur
la validation du modèle, ont été discutés.

Dû au couplage magnétique des circuits intérieur et extérieur du lanceur augmenté, la


tension à la culasse peut devenir négative et provoquer, dans certaines conditions, la
destruction des diodes des bancs de condensateurs. Deux solutions possibles ont été proposées
et illustrées par des tirs :
x déclencher le banc uniquement si la tension à ces bornes est positive;
x modifier le banc pour qu'une tension négative aux bornes ne conduise pas à la
destruction des diodes.

Les tirs de projectiles à deux ponts de courant ont été discutés. Nous avons montré que
les modèles, développés dans cette thèse, ne sont pas adéquats pour la simulation de ces
projectiles : ils sous-estiment systématiquement leur vitesse. Ces modèles ne sont donc pas
suffisamment précis et doivent être plus élaborés.
Par calcul avec le code à éléments finis MEGA, la distribution des forces entre les deux
ponts de courant a été évaluée. Le pont arrière, d'un projectile tiré avec LARC, livre la plus
grande partie de la force agissant sur le projectile. Le rapport entre la force agissant sur le
pont arrière et la force totale est plus grand que 80 % dans le cas du tir 40. Par contre, en fin
de tir 50 avec LARA, les deux ponts contribuent autant à la force agissant sur le projectile,
annulant toute contrainte interne.
L'analyse des rails après le tir 50 a révélé une nouvelle source d'érosion des rails, le
"gouging".

Finalement, le lanceur augmenté a été comparé au lanceur conventionnel sur la base


des critères suivants : l'énergie cinétique maximale à la bouche sans transition du contact, le
rendement et la puissance.
Nous avons montré expérimentalement que l'énergie cinétique maximale à la bouche
sans transition du contact est cinq fois plus grande pour le projectile à un pont de courant tiré
par LARA, et neuf fois plus grande pour le projectile à deux ponts. Ce résultat prouve l'utilité
de l'application d'un champ magnétique extérieur : la force propulsive sur le projectile est plus
grande sans augmenter la charge thermique des ponts de courant du projectile.
Le rendement de LARC, dans le cas du tir 39, est égal à 22 %. Le rendement de LARA,
pour le tir 49, est seulement égal à 5.5 %. La cause principale de ce faible rendement du
lanceur augmenté est la résistance du circuit extérieur : plus de 80 % de l'énergie totale du
lanceur est dissipée dans cette résistance. Une solution serait de segmenter le circuit extérieur.
Le champ magnétique extérieur pourrait alors être concentré autour du pont de courant et la
longueur des segments de rails portant du courant serait plus petite, réduisant ainsi les pertes
ohmiques. Un inconvénient de cette solution est la complexité accrue du lanceur.
La puissance électrique maximale du lanceur s'élève à 20 MW pour le tir 39 avec
LARC. Dans le cas du tir 49 avec LARA, la puissance électrique maximale du circuit
intérieur est égale à 11 MW, celle du circuit extérieur vaut 341 MW. Cette dernière valeur est
très importante et résulte de l'inductance élevée du circuit extérieur, provoquant des tensions
jusqu'à 2 kV, et du courant élevé, dont la valeur maximale est égale à 280 kA.
Chapitre 7. Conclusion et perspectives 173

Chapitre 7

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

A. Conclusion
L'objectif de ce travail de recherche était d'étudier les conséquences de l'application
d'un champ magnétique, produit par une source indépendante, à un lanceur électromagnétique
à rails. Il s'agissait d'analyser les conditions d'application de ce champ, de développer un
modèle du lanceur augmenté et de le valider par une étude expérimentale.
L'application d'un champ extérieur permet :
x de limiter l'intensité de courant dans les ponts de courant du projectile, et donc de
réduire leur charge thermique, sans toutefois diminuer la force propulsive sur le
projectile. Ainsi, la transformation des contacts glissants entre le pont de courant
et les rails du lanceur en contacts plasma peut être évitée. En effet, cette transition
diminue le rendement du lanceur et érode fortement les rails.
x de diminuer le volume et la masse de la source d'énergie car le champ extérieur
peut être engendré par une source d'énergie indépendante dont l'encombrement
est inférieur à celui des sources de puissance impulsionnelle alimentant les rails
du lanceur simple.
Pour étudier les conséquences de l'application d'un champ magnétique extérieur, nous
avons conçu un lanceur de petit calibre (15 mm x 15 mm) d'une longueur de 1.5 m (LARA).
Son alimentation, constituée de bancs de condensateurs, délivre du courant à deux circuits
séparés : le circuit intérieur, contenant le projectile, et le circuit extérieur, générant le champ
magnétique supplémentaire. Le courant maximal du circuit intérieur vaut 200 kA, celui du
circuit extérieur 300 kA. Le lanceur permet d'accélérer des projectiles à un ou à deux ponts de
courants, dont la masse est comprise entre 16.0 g et 20.9 g, jusqu'à une vitesse de 1200 m/s.
Nous avons développé un modèle analytique de la force propulsive sur le projectile à
un pont de courant, résultant de la force électromagnétique et de la force de frottement.
L'élément clé de cette modélisation est le développement d'une nouvelle méthode de
détermination des paramètres de la force électromagnétique dans le lanceur augmenté. Nous
avons d'abord appliqué la méthode classique, décrite dans la littérature, qui consiste à adopter
les gradients d'inductance propre et mutuelle des rails comme paramètres. Ces gradients sont
déterminés en injectant un courant à haute fréquence (typiquement 100 kHz) dans les rails.
Or, nous avons montré que la force calculée analytiquement avec ces paramètres est
supérieure à celle calculée par le code à éléments finis MEGA. Le modèle classique surestime
la force électromagnétique dans le lanceur augmenté car il ne prend pas en compte la
diminution de la force électromagnétique, causée par la diffusion du courant dans les rails.
Nous avons proposé d'utiliser deux jeux de paramètres, un jeu valable du début du tir jusqu'à
0.2 ms et l'autre valable à partir de 1.5 ms, et de diminuer les paramètres de façon linéaire
entre 0.2 ms et 1.5 ms. Les deux jeux ont été calculés avec le code MEGA, en injectant
respectivement un courant d'une fréquence de 1 kHz et un courant constant dans les rails. La
différence entre les vitesses mesurée et calculée avec le modèle de la force propulsive
174 Chapitre 7. Conclusion et perspectives

développé dans cette thèse est limitée à r 4 % pour le lanceur conventionnel LARC et à r 7 %
pour LARA. Pour les tirs avec LARC, cette différence est du même ordre de grandeur que
l'erreur sur la mesure de vitesse.
Le modèle de la force propulsive, le modèle des circuits électriques et un modèle
simple des sources ont été intégrés dans un modèle global. La comparaison entre les mesures
et les calculs a montré que des corrections doivent être apportées au modèle global.
Cependant, le modèle des circuits électriques du lanceur est suffisamment précis pour étudier
d'autres sources d'énergie du lanceur augmenté.
Au moyen de l'étude expérimentale et de la modélisation, nous avons pu déterminer les
avantages de l'augmentation du lanceur à rails électromagnétique par un champ magnétique
extérieur :
x L'énergie maximale à la bouche sans transition de contact est plus importante
lorsque le projectile est tiré par LARA. Elle est cinq fois plus grande pour le
projectile à un pont de courant, et neuf fois plus grande pour le projectile à deux
ponts.
x Nous avons montré par calcul avec le code MEGA que, dans LARA, le courant est
mieux reparti dans les ponts, réduisant ainsi leur charge thermique. La force
électromagnétique agissant sur le projectile est également mieux repartie entre les
ponts. Cette meilleure répartition réduit les contraintes dans le projectile et permet
l'allégement du sabot.

Les inconvénients suivants ont été identifiés :


x Les forces de répulsion sur les rails sont nettement plus grandes dans le lanceur
augmenté. La structure de maintien des rails doit être plus rigide et est par
conséquent plus lourde. L'application d'un champ extérieur à un lanceur de grand
calibre n'est donc pas envisageable à cause des intensités élevées de courant (ordre
de grandeur : quelques MA) et des forces de répulsion résultantes (supérieures à 20
MN/m).
x Dû au couplage magnétique des circuits intérieur et extérieur du lanceur augmenté,
la tension à la culasse peut devenir négative et provoquer, dans certaines
conditions, la destruction des diodes des bancs de condensateurs. Deux solutions
sont possibles : le choix judicieux du moment de déclenchement du banc ou la
modification du banc.
x Le rendement de LARA est plus faible que celui du lanceur conventionnel LARC,
principalement à cause de la résistance du circuit extérieur. Plus de 80 % de
l'énergie est perdue dans ce circuit. Lors de la conception d'un nouveau lanceur
augmenté, une attention particulière devra être portée à l'optimisation de ce circuit
afin de limiter cette perte. La segmentation de ses rails est une possibilité. Le
champ magnétique pourra ainsi être concentré autour du pont de courant. Le
rendement global du lanceur est très faible (inférieur à 1 %) à cause des pertes dans
les sources et les connexions, dont le choix avait été plutôt motivé par la flexibilité
et la fiabilité.
x La puissance fournie à LARA est très importante à cause de l'inductance du circuit
extérieur. Elle pourrait être réduite par la segmentation des rails.
Chapitre 7. Conclusion et perspectives 175

B. Perspectives
Le présent travail ouvre des perspectives. Une première serait la modélisation de la
transition du contact. La première étape consisterait à modéliser la distribution spatio-
temporelle du courant entre les ponts du projectile afin de déterminer la charge thermique par
pont. Il faudrait également affiner le modèle de la force de frottement et déterminer
expérimentalement ses paramètres pour des vitesses élevées du projectile. Ensuite, il faudrait
étudier la relation entre la charge thermique, l'usure de brins filamentaires, la force normale de
contact et la transition. Nous disposerions alors d'un modèle qui évaluerait l'énergie cinétique
maximale à la bouche sans transition du pont de courant. Ce modèle permettrait d'optimiser le
profil des courbes de courant, ainsi que le nombre et les dimensions des ponts de courant.
Une autre exploitation de ce modèle serait la délimitation du domaine d'application du
lanceur augmenté, en recherchant, pour différents calibres et masses de projectile, la vitesse
maximale à la bouche sans transition du contact. Il s'agirait de déterminer les intensités de
courant maximales dans les circuits intérieur et extérieur. Une première limite, valable pour
les deux circuits, est la largeur des rails. Dans des rails en cuivre, le courant ne peut pas
dépasser la valeur de 50 kA/mm. Une autre limite est imposée par les forces de répulsion
entre les rails, qui ne peuvent pas dépasser la contrainte maximale sur la structure de
maintien.
Un autre axe de recherche serait l'optimisation du circuit extérieur et de son
alimentation. La segmentation de ce circuit devrait permettre de réduire les pertes ohmiques et
donc d'améliorer le rendement du lanceur augmenté. Dans ce cadre, il serait nécessaire de
développer un modèle précis de la diffusion du courant dans les rails. Il faudrait également
étudier le remplacement des bancs de condensateurs, alimentant le circuit extérieur de LARA,
par des sources d'énergie telles que des batteries ou des supercondensateurs, dont
l'encombrement est beaucoup plus faible. En effet, l'utilisation de sources d'énergie à
décharge lente est envisageable pour des tirs en rafale. Le champ extérieur est alors appliqué
durant toute la séquence de tir.
Bibliographie 177

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Articles publiés par Johan Gallant

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–– GALLANT J., "Étude des effets de l'application d'un champ magnétique produit par
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Conférence de Jeunes Chercheurs en Génie Électrique, Nancy, 2001.
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–– GALLANT J., "Étude expérimentale de la transition du contact des ponts de courant à
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en Génie Électrique, Saint-Nazaire, 2003.
–– GALLANT J. et LEHMANN P., "Experiments with brush projectiles in a parallel
augmented railgun". IEEE Transactions on Magnetics, 2005 (accepté pour publication).
Annexe A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de courant et les rails 185
dans le lanceur à rails augmenté

Annexe A

LA FORCE ÉLECTROMAGNÉTIQUE AGISSANT SUR


LES PONTS DE COURANT ET LES RAILS DANS LE
LANCEUR À RAILS AUGMENTÉ

Nous établissons dans cette annexe l'expression de la force électromagnétique agissant


sur les ponts de courant du projectile, les rails du lanceur et le pont du circuit extérieur. Les
projectiles à un et deux ponts de courant sont discutés.

A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de courant

A.1. Introduction
La figure A-1 montre le lanceur dans sa configuration la plus complète : un projectile à
deux ponts de courant dans le lanceur augmenté. Les courants des circuits intérieur (IR) et
extérieur (IA) sont injectés à la culasse du lanceur. Le courant intérieur est réparti sur les
différents ponts ; le courant ne circule pas dans la partie du circuit devant le pont avant, la
bouche étant ouverte. Quant aux rails du circuit extérieur, ils sont parcourus par le courant sur
toute leur longueur, le circuit étant fermé à la bouche par un pont.

Figure A-1. Lanceur augmenté et projectile à deux ponts de courant

Les circuits intérieur et extérieur sont caractérisés par les inductances suivantes :
x LR : inductance propre des rails du circuit intérieur
x LA : inductance propre des rails du circuit extérieur
x M : inductance mutuelle des circuits intérieur et extérieur
x LP : inductance propre du pont arrière (P)
x LQ : inductance propre du pont avant (Q)
x Lp : inductance propre du pont de circuit extérieur

Les équations, développées dans cette annexe, sont uniquement valables sous
l'hypothèse de conducteurs filiformes [17].
186 Annexe A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de courant et les rails
dans le lanceur à rails

A.2. Le projectile à un pont de courant


Pour une projectile à un pont de courant (P) dans un lanceur augmenté (Fig. A-2), la
coénergie magnétique Wc du circuit est égale à :

1 1 1 1
Wc L R I 2R  L P I 2R  L A I 2A  L p I 2A  M I R I A (A-1)
2 2 2 2

Figure A-2. Le projectile à un pont de courant dans le lanceur augmenté

La force agissant sur le pont de courant est déterminée par la méthode des travaux
virtuels :

wWc 1 wL R 2 wM
FP IR  IR IA (A-2)
wx 2 wx wx

Les inductances du circuit extérieur, LA et Lp, ne varient pas lorsque le projectile se


déplace. Leur dérivée partielle par rapport à la position du projectile est donc nulle.
Introduisons les notations suivantes :

wL R
L' R
wx
wM
M'
wx

La force électromagnétique sur le pont, et donc sur le projectile, s'écrit alors :

1
FP L'R I 2R  M ' I R I A (A-3)
2

Dans le cas du lanceur conventionnel, l'inductance mutuelle M' est nulle et (A-3) se
réduit à :

1
FP L'R I 2R (A-4)
2
Annexe A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de courant et les rails 187
dans le lanceur à rails augmenté

A.3. Le projectile à deux ponts de courant


Dans le cas d'un projectile à deux ponts de courant (Fig. A-3), le courant IR se scinde
au pont arrière P en un courant I1, qui parcourt ce pont, et un courant I2, qui parcourt le pont
avant Q :

IR I1  I 2 (A-5)

Figure A-3. Le projectile à deux ponts de courant dans le lanceur augmenté

Scindons ce circuit en deux. Le premier circuit, parcouru par le courant IR, est formé
par le pont arrière et la partie des rails comprise entre la culasse et ce pont (Fig. A-4). Aucun
courant ne circule devant ce pont.

Figure A-4. Circuit parcouru par le courant IR et formé par le pont arrière et les rails entre la
culasse et ce pont. Aucun courant ne circule dans la partie des rails devant le pont.

Ce cas est similaire à celui du projectile à un pont de courant. La force sur le pont
arrière FP,R est alors donnée par (A-4) :

1
FP ,R L'R I 2R  M ' I R I A (A-6)
2
188 Annexe A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de courant et les rails
dans le lanceur à rails

Le second circuit, formé par les deux ponts de courant du projectile et les rails entre ces
ponts (Fig. A-5), est parcouru par un courant I2. Aucun courant ne circule dans la partie des
rails devant le pont arrière et derrière le pont avant.

Figure A-5. Circuit parcouru par un courant I2 et formé par les deux ponts de courant du
projectile et les rails entre ces ponts. Aucun courant ne circule dans la partie des rails
devant le pont avant et derrière le pont arrière.

La coénergie magnétique Wc de ce circuit est égale à :

1 1 1 1
Wc L R , 2 I 22  L P I 22  L Q I 22  L A I 2A  M 2 I 2 I A (A-7)
2 2 2 2

avec : LR,2 : inductance propre de la partie des rails intérieurs appartenant au circuit
M2 : inductance mutuelle de la partie des rails appartenant au circuit

En supposant que le pont arrière se déplace d'une distance dx et que les autres
conducteurs de ce circuit sont invariables, la force sur le pont arrière FP,2 s'obtient par la
méthode des travaux virtuels :

wWc 1 wL R , 2 2 wM 2
FP , 2 I2  I2 IA (A-8)
wx 2 wx wx

Les gradients d'inductance de (A-8) sont égaux à ceux définis au paragraphe précédent :

wL R , 2
 L' R
wx
wM 2
M '
wx

Les signes négatifs proviennent du fait que la coénergie magnétique du circuit diminue
lorsque le pont se déplace dans le sens du tir, et que les gradients L'R et M' sont positifs. La
force électromagnétique sur le pont arrière devient donc :

1
FP , 2  L'R I 22  M ' I 2 I A (A-9)
2
Annexe A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de courant et les rails 189
dans le lanceur à rails augmenté

En combinant (A-5), (A-6) et (A-9), nous exprimons la force totale agissant sur le pont
arrière :

1 1
FP FP ,R  FP , 2 L'R I 2R  L'R I 22  M ' I R I A  M ' I 2 I A
2 2
(A-10)
1
L'R I12  L'R I1 I 2  M ' I1 I A
2

En supposant que le pont avant se déplace d'une distance dx, les autres conducteurs
étant invariants, la force sur le pont avant FQ devient, en utilisant la méthode des travaux
virtuels :

wWc 1 wL R , 2 2 wM 2
FQ I2  I2 IA (A-11)
wx 2 wx wx

En remplaçant les dérivées partielles, positives dans cette configuration, par L' et M',
cette équation s'écrit sous la forme :

1
FQ L'R I 22  M' I 2 I A (A-12)
2

La force sur le projectile s'obtient par la somme des forces sur les ponts :

1
Fpr FP  FQ L'R I 2R  M ' I R I A (A-13)
2

Nous retrouvons donc l’’équation (A-3). Pour le calcul de la force sur le projectile, il ne
faut donc pas connaître la distribution des courants entre les ponts. Toutefois, sa connaissance
est nécessaire pour le calcul des contraintes dans le projectile.
190 Annexe A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de courant et les rails
dans le lanceur à rails

B. La force électromagnétique agissant sur les rails


Au paragraphe B du chapitre 2, deux configurations de rails ont été étudiées : le lanceur
à rails superposés et le lanceur à rails juxtaposés. Nous établissons d'abord l'expression de la
force électromagnétique agissant sur les rails du lanceur à rails juxtaposés (type 2) (Fig. 2-5).

B.1. Le lanceur à rails juxtaposés


Prenons une partie des rails, d'une longueur x, comprise entre la culasse et le projectile.
Les rails intérieurs et extérieurs conduisent alors du courant.
La coénergie magnétique de ce circuit est égale à :

1 1
Wc L R I 2R  L A I 2A  M I R I A (A-14)
2 2

Remplaçons les inductances LR et M par le produit de leur gradient d'inductance et de


la longueur des rails :

LR L' R x
M M' x

En utilisant la méthode des travaux virtuels, nous trouvons la force électromagnétique


agissant sur les rails du circuit intérieur selon l'axe y (Fy,R), l'inductance LA étant invariante :

§ wWc · 1 § wL'R · § wM ' ·


Fy ,R ¨¨ ¸¸ ¨ ¸¸ x I 2R  ¨¨ ¸¸ x I R I A (A-15)
© wy ¹ R 2 ¨© wy ¹R © wy ¹ R

Par la même méthode, nous déterminons la force électromagnétique agissant sur les
rails du circuit extérieur selon l'axe y (Fy,A) :

§ wWc · 1 § wL A · 2 § wM ' ·
Fy ,A ¨¨ ¸¸ ¨ ¸ I R  ¨¨ ¸¸ x I R I A (A-16)
© wy ¹ A 2 ¨© wy ¸¹ A © wy ¹ A

et la force électromagnétique agissant sur les rails du circuit extérieur selon l'axe z
(Fz,A) :

§ wWc · 1 § wL A · 2 § wM ' ·
Fz ,A ¨ ¸ ¨ ¸ IR  ¨ ¸ x IR IA (A-17)
© wz ¹ A 2 © wz ¹ A © wz ¹ A

B.2. Le lanceur à rails superposés


Dans le cas du lanceur à rails superposés, les forces agissant sur les rails selon l'axe z
sont nulles en raison de la symétrie. Les forces électromagnétiques sur les rails sont donc
données par (A-15) et (A-16).
Annexe A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de courant et les rails 191
dans le lanceur à rails augmenté

C. La force électromagnétique agissant sur le pont du circuit extérieur


Considérons le circuit montré à la figure A-6. Il est formé par les rails intérieur et
extérieur, le pont de courant du projectile et le pont de courant du circuit extérieur. La
coénergie magnétique de ce circuit est donnée par (A-1). Supposons que le pont du circuit
extérieur se déplace d'une distance dX, les autres conducteurs restant invariants. En utilisant
la méthode des travaux virtuels, l'expression de la force devient alors :

wWc 1 § wL A ·
Fp ¨ ¸ I 2A (A-18)
wX 2 © wX ¹ X xb

La dérivée partiellewLA/wX, évaluée à la bouche du lanceur, est égale à 0.668 µH/m.


Cette valeur a été déterminée au paragraphe A.1.B.3. du chapitre 4.

Figure A-6. Circuit formé par les rails intérieur et extérieur, le pont de courant du projectile
et le pont de courant du circuit extérieur
Annexe B. Description de la simulation avec MEGA et LabVIEW 193

Annexe B

DESCRIPTION DE LA SIMULATION AVEC MEGA ET


LABVIEW

A. Le code à éléments finis MEGA

A.1. Introduction
Le code MEGA est développé et commercialisé par l'Université de Bath
(Royaume-Uni). Il permet d'analyser, par la méthode des éléments finis, tous les problèmes
électromagnétiques décrits par les équations de Maxwell [102]. Le code consiste en deux
programmes :
x MEGAVIEW est le pré et post-processeur. Il permet de définir les modèles et
d'exploiter les résultats du calcul.
x MEGASOLVE est le solveur.

A.2. Description du code


Les équations de Maxwell sont les équations de base de la modélisation de champs
électromagnétiques par MEGA. Sous l'hypothèse d'une basse fréquence (inférieure à 1 MHz),
le courant de déplacement est négligeable et les équations de Maxwell se simplifient. Le
calcul par MEGA est alors basé sur les équations suivantes :

o o
’uH J (B-1)

o
owB o
’uE  0 (B-2)
wt

o o
B PH (B-3)

o o
J JE (B-4)

o
où : H : le champ magnétique
o
J : la densité de courant
o
E : le champ électrique
o
B : l'induction magnétique
J : la conductivité
µ : la pérméabilité
194 Annexe B. Description de la simulation avec MEGA et LabVIEW

o
Le potentiel scalaire I et le potentiel vecteur A sont introduits dans les équations de
o o
Maxwell pour les résoudre sans traiter directement E et B :
o o
B ’uA (B-5)

o
o wA
E   ’I (B-6)
wt

En combinant les équations précédentes, on obtient :

§ o ·
1 o
¨wA ¸ o
’u ’uA  J ¨  ’I ¸ 0 (B-7)
µ ¨ wt ¸
© ¹

§ o ·
¨wA ¸
’J¨  ’I ¸ 0 (B-8)
¨ wt ¸
© ¹

Les équations (B-7) et (B-8) sont résolues par la méthode des éléments finis.

A.3. Modélisation de LARA avec MEGA

A.3.a. Modèle des rails et des ponts de courant

Nous avons utilisé ce modèle pour calculer :


x les coefficients de l'expression de la force électromagnétique sur le projectile,
x la distribution de la force électromagnétique et du courant entre les ponts de
courant,
x la force électromagnétique axiale sur les rails.
A.3.a.1. Construction du maillage
Le modèle du lanceur est constitué des rails et des ponts de courant (Fig. B-1). L'isolant
formant le bâti du lanceur et le corps du projectile est assimilé à de l'air. L'influence des vis de
maintien (Fig. 3-1) est négligée.
L'air environnant est modélisé jusqu'à une distance à laquelle le champ magnétique
devient négligeable. Le lanceur est ainsi inséré dans un volume, par exemple un tube
cylindrique, rempli d'air [14].
La figure B-2 montre une coupe transversale de LARA et d'un pont de courant. Grâce
aux deux plans de symétrie, Oxy et Oxz, seulement un quart du lanceur est modélisé
(Fig. B-3).
Dans le modèle, les rails ont une longueur totale de 0.14 m. Le projectile reste fixe dans
le lanceur ; le centre de son pont arrière se situe à 0.08 m de la culasse. En éloignant ainsi le
projectile de la source, on s'assure que le courant soit bien établi dans les rails au moment où
il pénètre dans les ponts.
Annexe B. Description de la simulation avec MEGA et LabVIEW 195

Figure B-1. Schéma du modèle du lanceur augmenté

Figure B-2. Coupe transversale de LARA et d'un pont de courant, perpendiculaire aux rails

Figure B-3. Le maillage de LARA et du projectile à deux ponts de courant


196 Annexe B. Description de la simulation avec MEGA et LabVIEW

Les caractéristiques du maillage sont :


x nombre de nœœuds : 114908
x nombre d'éléments : 113895
x nombre d'équations à résoudre : 166832

A.3.a.2. Exploitation du modèle


Le modèle peut être excité de deux façons :
x En mode transitoire, une table de points (t, I) représentant le courant en
fonction du temps est encodée.
x En mode AC (courant alternatif), la fréquence et l'amplitude du courant sont
introduites.
En mode transitoire, le pas de temps doit être suffisamment petit pour assurer une
bonne correspondance entre la courbe de courant, décrite par la table (t, I), et la courbe de
courant mesurée. D'autre part, le temps de calcul augmente si le pas de temps est réduit. Nous
avons fixé le pas de temps à 40 µs pour constituer un bon compromis entre l'approximation de
la courbe de courant et le temps de calcul.
Les grandeurs physiques (force électromagnétique, densité de courant, énergie
magnétique, induction magnétique) sont ensuite visualisées ou enregistrées à l'aide du post-
processeur.
Nous avons utilisé une machine avec 512 Mo de RAM et une fréquence de l'horloge
égale à 600 MHz. Le temps CPU est égal à environ deux heures pour calculer une
milliseconde de tir réel. Le temps de calcul en mode AC est négligeable.
Les modèles de LARC et du projectile à un pont de courant sont dérivés de ce modèle
en remplaçant les parties superflues par de l'air. Ainsi, quatre versions différentes de ce
modèle sont créées sur le même maillage.
A.3.a.3. Affectation des paramètres physiques
Les couleurs (Fig. B-3) permettent de distinguer les différentes composantes du
système :
x en vert : le pont de courant avant
x en brun : le pont de courant arrière
x en rouge : le rail intérieur
x en bleu : le rail extérieur

La conductivité des rails (en CuCr) est égale à 50 M:-1 m-1 ; celle des ponts de courant,
avec un coefficient de remplissage de 75 %, est égale à 37.5 M:-1 m-1.
A.3.a.4. Limites du modèle
Le modèle a plusieurs limitations : il ne tient compte ni des effets induits par la vitesse
du projectile, ni de l'échauffement des ponts et des rails par effet Joule. Le contact électrique
entre les ponts et les rails est supposé parfait.
Annexe B. Description de la simulation avec MEGA et LabVIEW 197

A.3.b. Le modèle des rails

La modélisation des rails seuls est suffisante pour le calcul des gradients d'inductance
propres et mutuelle des rails et des forces de répulsion entre ces mêmes rails.
Comme les ponts de courant ne sont pas modélisés, tous les plans parallèles au plan
Oyz sont des plans de symétrie (Fig. B-2). Le domaine d'étude peut alors être fortement réduit
sans diminuer la précision du calcul. Nous avons retenu une longueur de 1 mm (Fig. B-4).
Les caractéristiques du maillage sont :
x nombre de nœœuds : 6566
x nombre d'éléments : 3280
x nombre d'équations à résoudre : 111179

Le calcul dure environ cinq minutes pour une milliseconde de tir réel.

Figure B-4. Le maillage du modèle des rails de LARA

À part le maillage et l'utilisation du modèle, il n'y a pas de différence avec le modèle


précédent.

B. Le logiciel LabVIEW

B.1. Introduction
LabVIEW est l'acronyme de "Laboratory Virtual Instrument Engineering Workbench".
Ce programme, développé par National Instruments depuis 1983, est dédié à la commande et
l'exploitation d'appareils de mesure électroniques. Il permet également la mise au point rapide
de prototypes [133].
Le langage de programmation est du type graphique, son emploi est convivial et
intuitif. Par opposition aux langages plus classiques comme le Fortran ou le C, le langage
graphique ("G language") est composé de diagrammes (icônes de fonctions avec bornes
entrées/sorties) et de liens. Le terme "programme" est rebaptisé VI, acronyme de "Virtual
Instrument". Un VI comprend deux écrans : un écran de contrôle et un écran de diagramme.
Les applications créées sous LabVIEW se présentent sous la forme d'un écran de
contrôle où sont disposés des interrupteurs et boutons de réglages. Ceux-ci permettent de
sélectionner des modes d'analyse, choisir une sensibilité, un canal, …… tout comme sur le
panneau d'un véritable enregistreur de mesures. Le concepteur peut prévoir, au niveau de
198 Annexe B. Description de la simulation avec MEGA et LabVIEW

l'écran de contrôle, des zones d'affichage analogiques ou des tableaux pour éditer les résultats
numériques.
Le code même est programmé dans un deuxième écran. Celui-ci se compose de
diagrammes reliés entre eux par des lignes de connexion. Toutefois, des opérations plus
complexes sont programmables à l'aide d'un "Formula Node", dans lequel les équations sont
introduites sous forme de texte.

B.2. Applications
Nous avons utilisé LabVIEW pour l'exploitation des mesures et pour la simulation du
modèle de la force propulsive et des circuits électriques du lanceur et des sources.

B.2.a. Programme de la force propulsive et des circuits électriques du lanceur

Ce programme permet la simulation du modèle de la force propulsive (paragraphe D.2.


du chapitre 4) et des circuits électriques du lanceur (paragraphe B du chapitre 4). Les entrées
du programme sont :
x les courants mesurés,
x la masse du projectile,
x le nombre de ponts de courant du projectile.

Les sorties du programme sont :


x la vitesse et la position du projectile dans le lanceur,
x la tension à la culasse des circuits intérieur et extérieur du lanceur,
x la tension à la bouche du lanceur.

B.2.b. Programme du modèle global

Ce programme permet la simulation du modèle global (paragraphe D.3. du chapitre 4).


Les entrées du programme sont :
x la tension de charge et le temps de décharge des bancs de condensateurs,
x la masse du projectile,
x le nombre de ponts de courant du projectile.

Les sorties du programme sont :


x la vitesse et la position du projectile dans le lanceur,
x le courant dans les circuits intérieur et extérieur du lanceur,
x la tension à la culasse des circuits intérieur et extérieur,
x la tension à la bouche du lanceur.

B.2.c. L'exploitation des mesures

Nous avons développé des programmes pour l'exploitation des mesures suivantes :
x le courant dans le circuit électrique de chaque banc
x la tension à la culasse des circuits intérieur et extérieur, et à la bouche
x la position du projectile dans le lanceur par des sondes B-dots
x la vitesse du projectile à la bouche par des barrières à fils
x la vitesse du projectile dans le lanceur par le radar Doppler
Annexe B. Description de la simulation avec MEGA et LabVIEW 199

B.3. Exemple
Pour illustrer les possibilités offertes par LabVIEW par un exemple concret, nous avons
choisi le calcul de l'enveloppe du signal du radar Doppler par la transformée de Hilbert (la
procédure est décrite en annexe C).

Figure B-5. Exemple d'un écran de diagramme

Parcourons le diagramme de gauche à droite (Fig. B-5). Le point de départ est constitué
par le signal d'entrée, égal au signal du radar Doppler, sous forme de table de données. Le
signal est recopié dans l'écran intitulé "signal d'entrée (graphique)". L'entrée est également
reliée au diagramme "Hilbert", qui réalise la transformée de Hilbert.
L'enveloppe du signal d'entrée est ensuite calculée selon (C-4). Les opérateurs
mathématiques sont représentés par des icônes.
Le résultat de ce programme, l'enveloppe du signal d'entrée, est délivré sous forme de
table et de graphique.
L'écran de contrôle correspondant à l'écran de diagramme (Fig. B-5) est représenté sur
la figure B-6. Il comporte le signal d'entrée et son enveloppe sous forme de table et graphique.

Figure B-6. L'écran de contrôle associé à l'écran de diagramme de la figure B-5


Annexe C. Calcul de l'erreur de mesure des barrières à fils 201

Annexe C

CALCUL DE L'ERREUR DE MESURE DES BARRIÈRES


À FILS

La vitesse du projectile v est donnée par :

b
v (C-1)
t

où b est l'écart entre les barrières et t le temps entre l'ouverture des circuits. L'erreur relative
sur la mesure de v est égale à :

'v 'b v
 't (C-2)
v b b

La mesure de t est effectuée avec un oscilloscope, dont l'erreur absolue est égale à 1 µs.
L'écart b entre les barrières, mesuré à leur base, est égal à 101 mm. L'erreur sur cette valeur a
deux composantes. La première est égale à l'erreur sur la mesure de l'écart b à la base des
barrières : elle est estimée à 1 mm. La seconde, dont la valeur est estimée à 2 mm, provient du
fait que l'écart entre les endroits où les mines sont cassées par le projectile n'est pas égal à
l'écart b, en raison d'une torsion des barrières, comme illustré sur la figure C-1.

Fig. C-1. Écart entre les barrières à fils à la base (b) et au niveau de la trajectoire du projectile (b r 'b). Vue
latérale (1) et vue d'un haut (2). La figure n'est pas à l'échelle; la torsion des barrières est exagérée.
202 Annexe C. Estimation de l'incertitude de mesure des barrières à fils

L'erreur totale sur b est donc égale à 3 mm. L'équation (C-2) devient alors :

'v
9.9 10 6 v  3.0 10  2 (C-3)
v

Fig. C-2. Erreur relative sur la vitesse mesurée avec les barrières à fils en fonction de la vitesse mesurée

Comme la vitesse maximale mesurée pendant l'étude expérimentale est égale à


1200 m/s, l'erreur sur la vitesse, dont l'évolution en fonction de la vitesse mesurée est montrée
sur la figure C-2, est inférieure à 4.2 %.
Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler 203

Annexe D

MESURE DE LA VITESSE DU PROJECTILE DANS LE


LANCEUR PAR UN RADAR DOPPLER

A. L'exploitation du signal Doppler

A.1. Introduction
Afin de calculer le profil de vitesse du projectile dans le lanceur à rails, il faut
déterminer la fréquence du signal, mesuré avec le radar Doppler, en fonction du temps
(Fig. D-1).

Figure D-1. Exemple d'un signal mesuré avec le radar Doppler

Un code en Origin™™ a été développé à l'ISL pour l'analyse des signaux radar du lanceur
EMA3. Le principe de base du code est la détermination de la fréquence instantanée du signal
au niveau des maxima [134], [135].
La figure D-2 montre les premières périodes du signal radar de la figure D-1. Soient t1 et
t2 deux instants correspondant à deux maxima successifs, la fréquence instantanée du signal à
l'instant t2 est alors donnée par :

1
f D t 2 (D-1)
t 2  t1

La vitesse à l'instant t2 s'obtient par :

c f D t 2 c
v t 2 (D-2)
2f 2 f t 2  t 1
204 Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler

Figure D-2. Détermination de la fréquence Doppler par la méthode des maxima

L'utilisation de ce code pour le traitement des signaux radar de LARA n'a pas donné de
résultats satisfaisants. Le programme est complexe et optimisé pour des signaux radar du
lanceur EMA3.
Nous avons donc programmé un code, analogue à celui développé au laboratoire de
balistique de l'École Royale Militaire à Bruxelles pour analyser les signaux radar réfléchis par
un projectile dans le tube d'une arme à feu, dans l'environnement LabVIEW. Ce code exploite
la transformée de Fourier à temps court (STFT ou short-time Fourier transform) [136]. Il sera
décrit ici et utilisé pour l'exploitation de nos signaux radar.

A.2. Description du code

A.2.a. Description générale du code

Le code est structuré comme suit :

1. Dans un premier temps, le signal mesuré (Fig. D-1) est traité afin d'optimiser la STFT
et la détermination de la vitesse. Nous appliquons trois opérations : la réduction du
nombre de points dans le signal, la suppression de la composante DC et le passage à
amplitude quasi constante. Ces opérations sont permises car elles ne modifient pas le
contenu utile du signal : la fréquence Doppler.

2. Ensuite, nous appliquons la STFT. Cette transformation consiste à découper le signal


en des segments par des fenêtres de longueur fixe. Chaque segment est alors étudié
séparément des autres par l'analyse traditionnelle de Fourier. Ainsi, les informations
relatives au temps ne sont pas perdues. La figure D-4 représente le spectre de Fourier
du segment centré sur l'instant 1.34 ms. Le maximum à 70.3 kHz correspond à la
fréquence Doppler du signal mesuré (Fig. D-1) à cet instant.
Ce maximum a été déterminé par un sous-programme, dont la sortie est une table
contenant la fréquence et l'amplitude de tous les maxima du spectre. Afin d'assurer
Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler 205

qu'uniquement le maximum avec la plus grande amplitude, qui correspond à la


fréquence Doppler, soit retenu, nous appliquons un seuil. Tous les maxima dont
l'amplitude est inférieure à ce seuil, sont éliminés de la table.

Figure D-3. Spectre de Fourier du segment centré sur 1.34 ms

Ainsi, la table de chaque segment, correspondant à un certain temps du signal mesuré


(Fig. D-1), contient uniquement le maximum correspondant à la fréquence Doppler.
La figure D-4 représente cette table sous forme de graphique.

Figure D-4. Variation temporelle de la fréquence Doppler

3. Finalement, la vitesse du projectile en fonction du temps est calculée par application


de (3-9) (Fig. D-5).
206 Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler

Figure D-5. Vitesse du projectile en fonction du temps

Le traitement du signal et le choix des fenêtres pour la segmentation sont discutés plus
amplement dans le paragraphe suivant.

A.2.b. Traitement du signal avant l'application de la STFT

A.2.b.1. Réduction du nombre de points du signal mesuré


Avant d'appliquer la transformée de Fourier à temps court, le signal doit être
ré-échantillonné pour limiter le nombre de points et ainsi accélérer l'algorithme.
La fréquence Doppler maximale dans le signal est connue par la mesure de la vitesse par
les barrières à fils. Afin de respecter le théorème de Shannon [137], et donc de ne pas perdre de
l'information, il faut échantillonner le signal avec une fréquence minimale égale au double de
la fréquence Doppler maximale. Prenons pour fixer les idées un tir où une vitesse de 400 m/s
est mesurée à la bouche. La fréquence du radar étant égale à 99 GHz, cette vitesse correspond à
une fréquence Doppler maximale de 264 kHz (3-8). La fréquence d'échantillonnage minimale
vaut alors 528 kHz.

A.2.b.2. Suppression de la composante DC


Le signal mesuré contient une composante de faible fréquence (désigné par "composante
DC" sur la figure D-6). Elle résulte de vibrations et du mouvement relatif du lanceur par
rapport au radar, provoqué par les forces de réaction agissant sur le lanceur lors du tir.
Si cette composante n'était pas supprimée, elle apparaîtrait dans les spectres de Fourier
des différents segments sous forme d'un maximum dont l'amplitude peut avoir le même ordre
de grandeur que le maximum correspondant à la fréquence Doppler (Fig. D-7). Ce maximum
ne serait pas éliminé par le seuil et perturberait la détermination de la fréquence Doppler dans
ce segment.
Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler 207

Figure D-6. La composante DC du signal mesuré

La composante DC, déterminée par l'application d'un filtre médian, est éliminée du
signal par la soustraction de celle-ci du signal.

Figure D-7. Spectre d'un segment avec deux maxima supérieurs au seuil. Le maximum à environ 0 kHz
correspond à la composante DC, celui à 170 kHz indique la fréquence Doppler.

A.2.b.3. Passage à amplitude quasi constante


L'amplitude du signal Doppler diminue fortement lorsque le projectile avance dans le
lanceur (Fig. D-1). Ceci résulte en des amplitudes très différentes des maxima des spectres de
Fourier. Nous illustrons ce phénomène par deux spectres de Fourier, correspondant à des
segments centrés sur respectivement 0.68 ms (Fig. D-8) et 2.64 ms (Fig. D-9). L'amplitude du
maximum de premier spectre est égal à 0.53, tandis que celui du deuxième vaut seulement
0.004.
L'utilisation d'un seuil unique pour tous les spectres de Fourier n'est donc pas possible. Il
devrait être supérieur à 0.05, l'amplitude du maximum à 91 kHz sur la figure D-8, et
éliminerait ainsi le maximum recherché de la figure D-9, dont l'amplitude est égale à 0.004.
208 Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler

Figure D-8. Spectre de Fourier du segment Figure D-9. Spectre de Fourier du segment
centré sur 0.68 ms. centré sur 2.64 ms.

Afin d'obtenir des amplitudes maximales du même ordre de grandeur pour tous les
spectres et donc de pouvoir déterminer les fréquences Doppler correctement, le signal radar,
après enlèvement de la composante DC, (Fig. D-10, 1) est modifié avant l'application de la
STFT par la procédure suivante :
x détection de l'enveloppe du signal par la transformée de Hilbert* (Fig. D-10, 2),
x lissage de l'enveloppe par un filtre médian (Fig. D-10, 3),
x division du signal original par l'enveloppe lissé.

Figure D-10. Le signal du radar sans la composante DC (1), le résultat de la transformée de Hilbert (2) et
l'enveloppe après lissage (3).

Après l'application de la STFT au signal avec une amplitude quasi constante, l'amplitude
maximale des spectres de Fourier est du même ordre de grandeur (environ 18), comme illustré
par les figures D-11 et D-12. Elles représentent le spectre de Fourier des segments centrés sur
0.68 ms et 2.64 ms (à comparer avec les spectres des mêmes segments (Fig. D-8 et D-9)
calculés par la STFT du signal avec amplitude décroissante).
Grâce à cette opération, le seuil élimine uniquement les maxima qui ne correspondant
pas à la fréquence Doppler.

*
La transformée de Hilbert est expliquée à la fin de cette annexe.
Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler 209

Figure D-11. Spectre de Fourier du segment centré Figure D-12. Spectre de Fourier du segment centré
sur 0.68 ms. L'amplitude du signal d'entrée de la sur 2.64 ms. L'amplitude du signal d'entrée de la
STFT est quasi constante. STFT est quasi constante.

A.2.c. Le choix des fenêtres pour la segmentation

Après le traitement du signal, la STFT est appliquée. La première phase de cette


transformation consiste en la segmentation du signal par application d'une fenêtre. La figure
D-13 montre une fenêtre, centré sur 1 ms, appliquée au signal. Ensuite, le spectre de Fourier est
calculé pour la partie du signal dans la fenêtre. Ainsi, la fréquence Doppler, correspondant à
l'instant 1 ms, peut être obtenue. Par application de cette procédure à plusieurs parties du
signal, la fréquence Doppler en fonction du temps est déterminée.

Figure D-13. Le signal mesuré d'entrée de la STFT (courbe grise). La transformée de Fourier
est appliquée à un segment du signal, définit par la fenêtre (en noir).

La largeur de la fenêtre est fixée par l'utilisateur du code. Elle ne peut pas être trop
grande, sinon la résolution de temps est faible.
Mais si elle est trop petite, elle ne contient pas assez de points pour déterminer le spectre
de Fourier du segment avec une bonne précision. Nous avons utilisé une fenêtre avec une
largeur de 128 points.
210 Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler

B. Essais en situation quasi statique


Avant d'utiliser le radar pour des tirs réels, nous avons mené des essais en situation quasi
statique afin de le calibrer et de valider le code.
Lors de ces essais, le sabot du projectile est tiré dans le lanceur à l'aide d'une ficelle. Une
telle méthode a permis le calibrage de la chaîne de mesure du radar dans les meilleures
conditions, c'est-à-dire en absence de champ électromagnétique et de vibrations, présentes lors
d'un tir réel. Le signal mesuré est présenté à la figure D-14.

Figure D-14. Le signal mesuré par le radar et par la mine de crayon

Ensuite, nous avons placé une mine de crayon comme barrière à la bouche du lanceur.
Cette mine de crayon, sous tension et connectée à un oscilloscope, casse au passage du
projectile et génère alors un signal (Fig. D-14 et D-15).

Figure D-15. La vitesse et la position du projectile en fonction du temps

Cet essai a permis de valider le logiciel d'exploitation décrit au paragraphe A de cette


annexe. La vitesse calculée à partir de la fréquence Doppler est affichée à la figure D-15 (1).
L'intégration de la courbe de vitesse lissée (2) permet alors le calcul de la courbe de
position (3). Cette dernière, parfaitement exploitable sur toute la longueur du lanceur, passe
exactement par la mesure avec la barrière (4).
Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler 211

C. La transformée de Hilbert
Expliquons brièvement le principe de cette transformée [138]. Elle est définie par :

1 ´ f x t
h t H ^ x t `  µ dW (D-3)
S ¶f t  W

Si X(f) est la transformée de Fourier de x(t), on peut démontrer que la transformée de


Hilbert de X(f) est égale à :

H ^ X f `  j sgn f X f (D-4)

où : j  1 et

­1 f !0
°°
sgn f ®0 f 0
°
°¯ 1 f 0

La transformée de Hilbert est donc une sorte de filtre qui ne modifie pas les amplitudes
des composantes spectrales, mais qui change leur phase de S/2. L'amplitude de l'enveloppe du
signal original est alors donnée par :

x 2 t  h 2 t (D-5)

Figure D-16. Détection de l'enveloppe d'un signal par la transformée de Hilbert

Prenons une sinusoïde avec amortissement exponentiel comme exemple pour illustrer la
transformée de Hilbert (Fig. D-16) :

x t A e  V t sin Z t (D-6)
212 Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler

L'enveloppe de cette fonction suit directement de cette équation. Elle est égale à :

A e V t (D-7)

Calculons maintenant cette enveloppe par la transformée de Hilbert de x(t). La fonction


h(t) est définie par (D-3) et est égale à :

h t A e  V t cos Z t (D-8)

L'enveloppe de la courbe x(t) est calculée avec (D-5) et est égale à :

A e V t (D-9)

Nous avons donc retrouvé l'expression (D-7).


Annexe E. Tableau des tirs 213

Annexe E

TABLEAU DES TIRS

Le tableau D-1 reprend les paramètres des tirs effectués dans le cadre de l'étude
expérimentale. Nous utilisons les conventions suivantes :
x Les tirs sont numérotés par ordre chronologique.
x Les bancs de condensateurs sont numérotés de 1 à 6. La tension de
chargement des condensateurs et le temps de déclenchement sont indiqués de
la forme suivante : Ui –– ti. S'il s'agit d'un tir avec LARA, les paramètres des
bancs connectés au circuit extérieur sont en gras.
x Le symbole "––" signifie la mesure n'est pas disponible. S'il n'y a pas de valeur
pour la masse à la bouche (mb), le projectile a été pulvérisé à l'impact. Si les
mesures de tension dans le circuit intérieur ne sont pas disponibles, le temps à
la bouche (tb) n'a pas pu être relevé.
x Si la valeur de la masse est en italique, elle est estimée. Il y a trois cas :
–– Le sabot est abîmé à l'impact. Les dégâts ont alors été évalués et la masse
est corrigée. La correction n'est jamais plus grande que quelques
dixièmes de gramme.
–– À des énergies d'impact élevées, le sabot se pulvérise, mais le pont de
courant peut être intact. La différence entre la masse du pont après le tir
et celle avant le tir, due à l'érosion du pont, est alors considérée comme la
perte de masse du projectile.
–– En cas d'une énergie d'impact trop élevée, le pont de courant est
également pulvérisé. S'il n'y a aucune trace de transition sur les rails et
dans les signaux de tensions, nous avons fait l'hypothèse que la perte de
masse est négligeable. C'est le cas des tirs 48 et 50.
x Si la masse du projectile avant le tir est inférieur à 18 g, il s'agit d'un
projectile à un pont de courant. Sinon, le projectile est équipé de deux ponts.
x La lettre "X" dans la colonne "Radar" signifie que la vitesse du projectile
dans le lanceur a été mesurée avec le radar Doppler.
x La lettre "X" dans la colonne "RX" signifie que le projectile a été
radiographié dans le lanceur.

Au total, huit paires de rails intérieurs ont été utilisées :


x Rails A : du tir 01 au tir 04
x Rails B : du tir 05 au tir 14
x Rails C : du tir 15 au tir 35
x Rails D : du tir 36 au tir 39
x Rails E : du tir 40 au tir 47
x Rails F : du tir 48 au tir 49
x Rails G : tir 50
x Rails H : du tir 51 au tir 59
U1 (kV) U2 (kV) U3 (kV) U4 (kV) U5 (kV) U6 (kV) m0 mf Vbarfils tb
214

Tir Lanceur Radar RX


t1 (ms) t2 (ms) t3 (ms) t4 (ms) t5 (ms) t6 (ms) (g) (g) (m/s) (ms)

01 LARA 7 –– 0 7 –– 0 17.3 17.3 314 5.43


02 LARA 10 –– 0 10 –– 0 17.4 17.1 618 3.12
03 LARC 10 –– 0 17.5 17.3 291 5.77
04 LARC 10 –– 0 10 –– 0 17.6 –– 703 ––
05 LARA 10 –– 0 10 –– 0 17.5 17.1 –– 3.08
06 LARA 10 –– 0 10 –– 0 17.3 16.9 –– ––
07 LARA 10 –– 0 10 –– 0 17.4 17.2 628 3.06
08 LARC 10 –– 0 17.6 17.5 321 5.26
09 LARC 10 –– 0 17.5 17.4 324 5.26
10 LARA 10 –– 0 10 –– 0 10 –– 0.50 17.4 –– –– ––
11 LARA 8 –– 0 8 –– 0 8 –– 0.50 17.4 17.4 470 3.85
12 LARA 8 –– 0 9.7 –– 0 9.7 –– 17.5 17.4 520 3.57
13 LARA 10 –– 0 9.7 –– 0 9.7 –– 17.4 17.1 744 2.69
14 LARA 10 –– 0 9.7 –– 0 9.7 –– 17.4 17.0 767 2.56
15 LARA 10 –– 0 7.6 –– 0 17.5 17.4 548 3.39
16 LARC 7 –– 0 7 –– 0.21 17.5 15.0 694 2.95
17 LARC 7 –– 0 7 –– 2.00 17.5 17.3 391 5.38
TABLEAU D-1. PARAMÈTRES DES TIRS EFFECTUÉS DANS LE CADRE DE L'ÉTUDE EXPÉRIMENTALE

18 LARC 7 –– 0 7 –– 1.00 17.5 16.3 580 3.96


Annexe E. Tableau des tirs

19 LARC 7 –– 0 7 –– 1.50 17.4 16.5 539 4.41


20 LARC 7 –– 0 7 –– 1.75 17.3 16.5 520 4.62
U1 (kV) U2 (kV) U3 (kV) U4 (kV) U5 (kV) U6 (kV) m0 mf Vbarfils tb
Tir Lanceur Radar RX
t1 (ms) t2 (ms) t3 (ms) t4 (ms) t5 (ms) t6 (ms) (g) (g) (m/s) (ms)

21 LARC 7 –– 0 7 –– 2.00 17.5 16.6 485 4.98


22 LARC 7 –– 0 7 –– 3 17.5 17.2 334 6.92
23 LARC 7 –– 0 7 –– 2 17.5 17.0 411 5.57
Annexe E. Tableau des tirs

24 LARA 7 –– 0 7 –– 2 7 –– 0 17.5 17.1 560 4.34


25 LARA 7 –– 0 7 –– 2 10 –– 0 17.5 16.9 646 3.96
26 LARA 7 –– 0 10 –– 0 10 –– 0.15 17.7 17.6 520 3.60
27 LARA 7 –– 0 10 –– 0 10 –– 0.15 10 –– 2.00 17.6 17.5 557 3.48
28 LARA 7 –– 0 7 –– 1.3 10 –– 0 10 –– 0.15 10 –– 1.60 17.6 15.8 1020 2.73
29 LARA 7 –– 0 7 –– 1.9 10 –– 0 10 –– 0.15 10 –– 2.20 17.6 –– 895 3.10
30 LARA 7 –– 0 10 –– 0 10 –– 0.15 17.4 17.3 534 3.56
31 LARA 7 –– 0 10 –– 0 10 –– 0.15 10 –– 1.00 17.6 17.5 593 3.28
32 LARA 7 –– 0 7 –– 1.3 10 –– 0 10 –– 0.15 10 –– 1.60 20.8 18.3 911 2.95
33 LARC 7 –– 0 7 –– 2.5 17.5 17.0 389 6.11
34 LARA 7 –– 0 10 –– 0 10 –– 0.15 10 –– 0.50 17.5 –– –– 3.21
35 LARC 7 –– 0 7 –– 3 17.4 17.0 378 6.39
36 LARC 7 –– 0 7 –– 4 17.5 16.8 314 7.53
37 LARC 7 –– 0 7 –– 4.5 17.6 17.3 311 7.97 X
38 LARC 7 –– 0 7 –– 5.5 17.5 17.3 294 8.82 X
215

39 LARC 7 –– 0 7 –– 2 17.5 16.9 404 5.63 X


40 LARC 7 –– 0 7 –– 2 20.7 20.5 352 6.23 X
U1 (kV) U2 (kV) U3 (kV) U4 (kV) U5 (kV) U6 (kV) m0 mf Vbarfils tb
216

Tir Lanceur Radar RX


t1 (ms) t2 (ms) t3 (ms) t4 (ms) t5 (ms) t6 (ms) (g) (g) (m/s) (ms)

41 LARC 7 –– 0 7 –– 0.5 20.7 20.1 591 4.07 X


42 LARC 7 –– 0 7 –– 1.75 20.7 20.5 368 5.76
43 LARC 7 –– 0 7 –– 1.4 20.7 20.5 425 5.39 X X
44 LARC 7 –– 0 7 –– 1 20.7 20.2 464 4.69 X
45 LARA 7 –– 0 10 –– 0 10 –– 0.15 20.7 20.7 475 4.08 X X
46 LARA 7 –– 0 7 –– 1.5 10 –– 0 10 –– 0.15 20.8 17.3 773 3.33 X X
47 LARA 7 –– 0 7 –– 1 10 –– 0 10 –– 0.15 20.8 18.0 903 2.90 X X
48 LARA 7 –– 0 7 –– 0.75 10 –– 0 10 –– 0.15 20.8 20.8 944 2.71 X
49 LARA 7 –– 0 10 –– 0 10 –– 0.15 16.0 15.9 575 3.39 X
50 LARA 8 –– 0 8 –– 0.75 10 –– 0 10 –– 0.15 20.9 20.9 1121 2.37 X
51 LARA 7 –– 0 7 –– 1.75 10 –– 0 10 –– 0.15 16.0 15.3 919 2.93 X
52 LARA 7 –– 0 7 –– 2 10 –– 0 10 –– 0.15 16.0 –– 718 3.07 X
53 LARA 7 –– 0 7 –– 2 10 –– 0 10 –– 0.15 16.0 –– 872 3.04 X
54 LARA 6.6 –– 0 6.6 –– 2 10 –– 0 10 –– 0.15 16.0 15.0 809 3.21 X
55 LARA 7 –– 0 7 –– 0.50 10 –– 0.15 17.5 17.5 285 6.11 X
56 LARA 10 –– 0 10 –– 0.50 10 –– 0.15 17.4 17.1 611 3.47 X
57 LARA 10 –– 0 10 –– 0 10 –– 0.15 17.5 17.2 699 2.66 X
58 LARA 9 –– 0 9 –– 1.25 10 –– 0 10 –– 0.15 20.5 –– 1121 2.49 X
Annexe E. Tableau des tirs

59 LARA 8.4 –– 0 8.4 –– 0.6 10 –– 0 10 –– 0.15 20.7 –– 1200 2.17 X


Annexe F. Modèle unidimensionnel de la diffusion du courant dans un conducteur semi-infini 217

Annexe F

MODÈLE UNIDIMENSIONNEL DE LA DIFFUSION DU


COURANT DANS UN CONDUCTEUR SEMI-INFINI

A. Équation différentielle décrivant la diffusion du champ magnétique dans un


conducteur semi-infini
La diffusion du courant dans les rails est un phénomène complexe en raison des
dimensions finies des rails et du mouvement du projectile.
Nous présentons ici un modèle de diffusion du courant unidimensionnel, c'est-à-dire
que nous modélisons la diffusion du courant dans un conducteur semi-infini, caractérisé par
une perméabilité µ et une conductivité J. Il s'étend de y = 0 à y = +f, et de ––f à +f dans les
directions x et z, comme illustré sur la figure F-1. À partir de l'instant t = 0, un champ
magnétique, uniforme et constant, d'amplitude H0, est appliqué parallèlement à la surface du
conducteur suivant la direction z. Ce champ est nul pour tout instant t < 0.

Figure F-1. Diffusion du courant dans un conducteur semi-infini après l'application d'un champ magnétique
d'amplitude H0, uniforme et constant, parallèlement à la surface du conducteur suivant la direction z

Afin d'obtenir une expression pour la variation temporelle de la profondeur de peau G(t)
dans le conducteur, nous établissons d'abord, à partir des équations de Maxwell, l'équation
différentielle décrivant la diffusion du champ magnétique dans le conducteur.
En combinant (B-1) et (B-4), nous trouvons :

o 1 o
E ’uH (F-1)
J

o o
En remplacant B et E dans l’’équation (B-2) par leurs expressions respectives (B-3) et
(F-1), nous obtenons une expression pour la diffusion du champ magnétique :

§1 o· w § o·
’ u ¨¨ ’ u H ¸¸  ¨ µ H ¸ (F-2)
©J ¹ wt © ¹
218 Annexe F. Diffusion du courant dans un milieu conducteur

Après développement, en tenant compte du fait que le champ magnétique ne dépend


que de y et de t, cette équation devient :

w § 1 wH z y, t · w µ H z y, t
¨ ¸ (F-3)
wy ¨© J wy ¸¹ wt

Supposant que µ est indépendant de t et que J est indépendant de y, l'équation (F-3)


devient alors :

w 2 H z y, t wH z y, t
µJ (F-4)
wy 2
wt

B. Calcul du champ magnétique Hz(y,t)


Nous introduisons la variable u, définie comme :

y
u (F-5)
t

Les dérivées partielles de u sont :

wu 1
(F-6)
wy t

wu y u
  (F-7)
wt 2t t 2t

En introduisant (F-6) en (F-7) dans (F-3), nous obtenons l'équation différentielle


suivante, à une seule variable :

d 2 H z u u µ J dH z u
2
 (F-8)
du 2 du

Après introduction d'une nouvelle fonction :

dH z u
H 'z u (F-9)
du

l'équation (F-8) s'écrit sous la forme suivante :

dH 'z u uµJ '


 H z u (F-10)
du 2

En réarrangeant les différents termes, nous trouvons :

dH 'z u µJ
 u du (F-11)
H 'z u 2
Annexe F. Modèle unidimensionnel de la diffusion du courant dans un conducteur semi-infini 219

La solution de cette équation différentielle est égale à :

§ µJ u2 ·
H 'z u C exp¨¨  ¸
¸ (F-12)
© 4 ¹

où C est une constante d'intégration. Elle est déterminée en calculant l'intégrale de (F-12)
entre u = 0 et u o f avec Hz(u) = H0 pour u = 0. Nous obtenons l'intégrale suivante :

f
´
µ § µJ u2 ·
H0 C µ exp¨¨  ¸ du
¸ (F-13)
© 4 ¹
µ
¶0

La constante C est donc égale à :

µJ
C H 0 (F-14)
S

En combinant (F-4), (F-5), (F-12) et (F-14), nous trouvons l'expression suivante du


champ magnétique Hz(y,t) :

y/ t
´
µJ µ § µ J y2 ·
H z y, t H 0  H 0 exp ¨¨  ¸ dy (F-15)
St µ
µ © 4 t ¸¹
¶0

C. Calcul de la densité de courant


La densité de courant suit directement de (B-1) et de (F-15) :

wH z y, t µJ § µ J y2 ·
J x y, t H 0 exp ¨¨  ¸ (F-16)
wy St © 4 t ¸¹

D. Calcul de la profondeur de peau


Nous définissons la profondeur de peau G(t) de sorte que son produit avec la densité de
courant à la surface du conducteur Jx(0,t) soit égal à l'intégrale de la densité de courant sur
toute la profondeur du conducteur :

f
´
G t µ J x y, t dy (F-17)
µ J x 0, t
¶0
220 Annexe F. Diffusion du courant dans un milieu conducteur

La densité de courant à la surface du conducteur est calculée à partir de (F-16) :

µJ
J x 0, t H 0 (F-18)
St

En combinant (F-16) et (F-18) avec (F-17), l'expression de la profondeur de peau


devient :

f
´
µ exp §¨  µ J y ·
2
St
G t ¨
¸ dy
¸ (F-19)
µ 4t µJ
µ © ¹
¶0

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