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THÈSE
Johan GALLANT
____________
Composition du jury
RÉSUMÉ EN FRANÇAIS
DISCIPLINE
TITRE EN ANGLAIS
RÉSUMÉ EN ANGLAIS
Electromagnetic rail launcher, fiber brush armatures, sliding contact, contact heating, pulse
forming network, capacitor banks, electromagnetic coupling
5
INTRODUCTION ......................................................................................................... 21
D. Conclusions ........................................................................................................ 82
D. Instrumentation ................................................................................................ 89
D.1. Schéma de l'instrumentation de LARA .......................................................... 89
D.2. Mesure de la position du projectile dans le lanceur ..................................... 90
D.3. Mesure de la vitesse du projectile à la bouche par des barrières à fils ........ 91
D.4. Mesure de la vitesse du projectile avec un radar Doppler ........................... 91
D.5. Mesure du courant dans les circuits du lanceur ........................................... 92
D.6. Mesure de la tension à la bouche et à la culasse du lanceur ........................ 93
D.7. Visualisation des ponts de courant par radiographie éclair ......................... 95
E. Conclusions ........................................................................................................ 95
B. Analyse des tirs avec le projectile à deux ponts de courants .................. 161
B.1. Comparaison de la vitesse mesurée et calculée de projectiles à deux
ponts ............................................................................................................. 161
B.1.a. LARC .................................................................................................... 161
B.1.b. LARA .................................................................................................... 161
B.2. Calcul avec MEGA des forces électromagnétiques agissant sur les ponts
de courant ...................................................................................................... 162
B.2.a. LARC .................................................................................................... 162
B.2.b. LARA .................................................................................................... 164
Table des matières 15
Lettres
&
A [Wb m-1] potentiel vecteur
b [m] écart entre les mines de crayon des barrières à fils
&
B [T] induction magnétique
Be [T] intensité du champ magnétique extérieur
C [F] capacité
d [m] diamètre du pont de courant
&
e [-] vecteur unitaire
&
E [V] champ électrique
Ecin [J] énergie cinétique
Em [J] énergie magnétique
f [Hz] fréquence
fD [Hz] fréquence Doppler
F [N] force
FEM [N] force électromagnétique sur le projectile
Fy, Fz [N] force exercée sur les rails selon les axes y et z
h [m] espacement entre les rails
I [A] courant
l [m] longueur du pont de courant
&
J [A m-2] densité de courant
&
H [A m-1] champ magnétique
L [H] inductance propre
-1
L' [H m ] gradient d'inductance propre
m [kg] masse
M [H] inductance mutuelle
M' [H m-1] gradient d'inductance mutuelle
R [:] résistance
-1
R' [: m ] gradient de résistance
t [s] temps
U [V] tension
x [m] position
18 Liste des symboles et des abréviations
Lettres grecques
Indices
( )A du circuit extérieur
( )b à la bouche du lanceur
( )c à la culasse du lanceur
( ) cn de contact
( ) eff effectif
( ) ém électromagnétique
( ) ext extérieur
( )f frottement
( ) int intérieur
( ) méc mécanique
( )N normale
( )p du pont
( ) pr du projectile
( )R du circuit intérieur
( ) tot total
( )0 initial
Liste des symboles et des abréviations 19
Constantes
Abréviations
CT charge thermique
ET électrothermique
ETC électrothermique-chimique
ISL Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis
LARA lanceur à rails augmenté
LARC lanceur à rails conventionnel
Introduction 21
INTRODUCTION
A. Le lancement de projectiles
On peut définir un lanceur comme un engin transformant une énergie initiale
(mécanique, chimique ou électromagnétique) en une énergie finale (cinétique) communiquée
à un objet, pour toucher une cible ou pour le satelliser. L'homme mène depuis des dizaines de
siècles des recherches afin de perfectionner les lanceurs. Depuis le début du vingtième siècle,
il s'attache notamment à développer un lanceur électromagnétique.
Des fouilles archéologiques à Nimrud, en Irak, ont montré que l'utilisation de lanceurs
mécaniques pour des buts militaires date environ du neuvième siècle avant Jésus-Christ [1].
Les lanceurs mécaniques, comme la catapulte et la baliste, étaient très répandus dans le
monde antique. Les Romains, qui en possédaient la plus grande variété, avaient introduit –
sous l'influence des Grecs – des méthodes mathématiques et d'ingénierie pour les optimiser.
danger d'explosion du lanceur et des réservoirs de poudre. Ce n'est pas pour rien que les
artilleurs étaient les militaires les mieux payés dans les armées d'antan.
Depuis la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, des nouvelles inventions menèrent
à des poudres et des canons de plus en plus fiables et performants. Actuellement, un des plus
puissants systèmes d'armes est le char Leclerc (Fig. 0-2). Il lance des projectiles de 7.3 kg
avec une vitesse de 1790 m/s [3].
En plus du lanceur à poudre (propergol solide), il existe depuis soixante ans le lanceur
spatial, qui utilise des propergols liquides comme l'hydrogène liquide et le kérosène.
Les travaux de Birkeland en Norvège, entre 1901 et 1903, furent la première tentative
pour développer un lanceur électromagnétique. Il construisit un lanceur à bobines permettant
de lancer des projectiles de 10 kg à des vitesses de 100 m/s [4].
Figure 0-3. Le lanceur de Fauchon-Villeplée (1), le projectile avant (2) et après (3) le tir
manque de moyens [5]. La principale objection était celle "qu'il faut adjoindre à ces canons
des usines puissantes, pratiquement indéplaçables pour leur permettre de fonctionner" [6].
Durant la deuxième Guerre Mondiale, l'Allemand Hänsler reprit les recherches. Il
construisit un lanceur de 2 m et réussit à accélérer des projectiles de 10 g jusqu'à une vitesse
de 1200 m/s [7]. Il fut confronté au même problème que Fauchon-Villeplée : l'impossibilité de
fabriquer des sources d'énergie de faible encombrement. En 1946, une commission
américaine évalua son travail et conclut que le problème de la source d'énergie était insoluble.
Les études furent alors arrêtées [8].
La recherche du lanceur électromagnétique prit son véritable essor au début des années
80. Richard Marshall construisit alors à l'Australian National University de Canberra un
lanceur à rails de longueur égale à 5 m qui accélère des projectiles de 3 g jusqu'à des vitesses
de 5.9 km/s en utilisant un énorme générateur homopolaire (550 MJ) [6]. Les laboratoires
américains vinrent ensuite à la tête de la recherche sous impulsion de l'armée et de la DARPA
(Defense Advanced Research Projects Agency). A cette époque, l'organisation de l'initiative
de défense stratégique (I.D.S.) fut créée. Elle promut la recherche du lanceur
électromagnétique, car il fut considéré comme un candidat pour la solution du problème
d'interception de missiles balistiques intercontinentaux. D'autres laboratoires furent fondés
pour étudier l'application du lanceur électromagnétique aux missions militaires classiques
comme le tir antichar et la défense antiaérienne [9].
À l'ISL, les activités de recherche sur le lanceur électrique ont commencé en 1987. Les
lanceurs étudiés sont le lanceur à rails, le lanceur à induction et le lanceur électrothermique-
chimique. Les études se limitent essentiellement aux applications militaires et plus
particulièrement à l'accélération de projectiles d'une masse de 0.1 kg à 10 kg à des vitesses de
2 à 3 km/s. La longueur d'accélération est toujours inférieure à 7 m et le calibre varie de
15 mm à 120 mm [10].
Le lanceur à rails PEGASUS ("Program of an Electric Gun Arrangement to Study the
Utilization in Systems") (Fig. 0-4) a été construit à l'ISL en 1998. Il est alimenté par un banc
de condensateurs de 10 MJ et a été conçu pour l'accélération des projectiles de calibre moyen
(40-50 mm) et d'une masse jusqu'à 1 kg à des vitesses supérieures à 2000 m/s [11].
Dans un lanceur chimique, le projectile est accéléré sous l’action d’un gaz, qui est le
produit de combustion d’un propergol solide ou liquide (Fig. 0-5). Celui-ci est logé dans la
chambre de combustion et est allumé par l'amorce.
La performance d’un lanceur chimique est limitée parce que la vitesse maximale du
projectile à la bouche est restreinte par la vitesse du son du gaz propulsif a dont l’expression
est* :
JRT
a2 (0-1)
mm
P 6
v max a (0-2)
P3 J J 1
*
Dans ce paragraphe, nous utilisons les notations utilisées par les spécialistes des lanceurs chimiques.
Introduction 25
Les équations 0-1 et 0-2 montrent qu’une plus grande vitesse maximale peut aussi être
obtenue en augmentant la température des gaz ou avec un gaz à masse moléculaire plus faible.
Un accroissement de la température mène à une plus grande érosion du tube du lanceur et doit
donc être évité. L’utilisation d’un gaz plus léger par contre est une méthode qui est appliquée
dans les lanceurs à gaz léger.
Des vitesses de 12 km/s ont été obtenues avec le lanceur à gaz léger [12]. Il est
composé d’une chambre de combustion, d’un tube de compression avec un piston et d’un tube
de lancement (Fig. 0-7). Le piston est accéléré par les gaz de combustion de la poudre et
comprime le gaz léger, hélium ou hydrogène, dans le tube de compression. La membrane
située en amont du tube de lancement s’ouvre avec une pression de 100 MPa afin d’éviter la
mise en mouvement prématurée du projectile. Le projectile est ensuite accéléré par le gaz
comprimé dans le tube de lancement.
La mise en œuvre du lanceur à gaz léger est complexe et l'installation est encombrante.
Ce lanceur est donc typiquement un outil de laboratoire.
Dans sa forme la plus simple, le lanceur à induction consiste en une bobine fixe et une
bobine mobile coaxiale, qui sont électriquement indépendantes. Lorsqu'une impulsion de
courant est injectée dans la bobine fixe, le champ magnétique, généré par ce courant IA, induit
un courant IP dans la bobine mobile, créant un champ magnétique de direction opposée au
premier champ (Fig. 0-9). La bobine mobile (le projectile) est alors accélérée par la force de
répulsion mutuelle donnée par :
wM
F IA IP (0-3)
wx
Introduction 27
De nombreuses bobines inductrices peuvent être montées dans le tube afin d'obtenir
une accélération quasi-constante du projectile, le courant étant injecté dans chaque bobine
inductrice au moment du passage du projectile [13].
La figure 0-10 montre l'évolution typique de l'inductance mutuelle M de la bobine fixe
et de la bobine mobile en fonction de la distance x, ainsi que le gradient d'inductance mutuelle
wM/wx [4].
Figure 0-9. Le lanceur à induction Figure 0-10. L'induction mutuelle M de deux bobines
et le gradient wM/wx en fonction de la distance x
Après déclenchement de la source d'énergie, ce circuit est traversé par un courant I qui
crée un champ magnétique B. Le projectile est accéléré par la force de Laplace, générée par
l'interaction du champ magnétique des rails et du courant dans le pont de courant.
*
D'autres dénominations sont "lanceur à rails simple" et "lanceur à rails non augmenté".
28 Introduction
o
Pour un conducteur filiforme, une portion dl , parcourue par le courant I, est soumise à
la force de Laplace :
o o o
dF I dl u B (0-4)
Dans le cas d’un conducteur non filiforme, comme les ponts de courant du projectile du
lanceur à rails, la force de Laplace est exprimée selon :
o ´´´ o o
F µµµ J u B dV (0-5)
µµµ
¶¶¶V
o
où J est la densité de courant.
1
F L' R I 2R (0-6)
2
où IR est le courant dans le circuit et L'R le gradient d'inductance des rails. En raison de la très
faible valeur de ce gradient (typiquement 0.5 µH/m), des courants de l'ordre de quelques MA
sont nécessaires pour obtenir des vitesses à la bouche élevées.
Des vitesses égales à plusieurs km/s ont déjà été atteintes avec le lanceur à rails.
L'encombrement de la source d'énergie électrique reste pourtant un inconvénient majeur de ce
type de lanceur, malgré les progrès réalisés durant les deux dernières décennies. Ce problème,
parmi d'autres, sera discuté en chapitre 1.
Introduction 29
La pression dans le tube est générée par un plasma ou par l'interaction d'un plasma avec
un fluide à masse moléculaire réduite, tel que l'eau. Le plasma est créé par la vaporisation et
la dissociation d'un matériau, tel que le polyéthylène, par une décharge électrique entre
l'anode et la cathode. La décharge est généralement amorcée par une explosion de fil dans le
canal de décharge. L'énergie provient d'une source d'énergie électrique et d'un réseau de
formation d'impulsion (Fig. 0-13) [12].
Les avantages des lanceurs électrothermiques (ET) résident dans l'emploi de tubes
classiques et dans la possibilité de choisir le profil de pression grâce au contrôle de la
puissance électrique. L'érosion importante du tube due à la température du plasma (25000 K)
est évitée par l'utilisation du fluide de propulsion [6], [13].
*
La densité de chargement est la masse de la poudre divisée par le volume de la chambre de combustion.
30 Introduction
B.1. L'efficacité
L'augmentation de la vitesse à la bouche mène à une plus grande efficacité du système
d'arme, car la portée, la probabilité d'atteinte de la cible et l'énergie déposée sur la cible sont
plus élevées.
La portée des systèmes d'armes classiques est limitée à 40 km, si les projectiles ne sont
pas assistés par un système de propulsion comme un moteur roquette. Le tableau 0-1 montre
la portée maximale en fonction de la vitesse à la bouche d'un projectile avec un calibre de
203 mm en tir courbe [19].
Un des inconvénients des projectiles non guidés est que leur trajectoire ne peut plus
être corrigée une fois qu'ils sont lancés. Les manœuvres éventuelles de la cible ne peuvent
donc pas être compensées et doivent être prises en compte lors du pointage de l'arme [20].
Une vitesse à la bouche plus élevée réduit le temps de vol pour une portée donnée et
augmente ainsi la probabilité d'atteinte.
Une étude a montré que le gain en probabilité d'atteinte est intéressant dans la gamme
de vitesse allant de 2000 m/s à 3000 m/s. Au-delà, l'accroissement de ce gain reste faible [12].
La probabilité d'atteinte de projectiles tirés par un lanceur classique peut bien sûr également
être augmentée en équipant les projectiles d'un système de guidage et de pilotage.
Introduction 31
La mise hors combat d'une cible blindée nécessite la perforation du blindage. Pour un
perforant homogène et cylindrique donné, il existe une énergie cinétique minimale pour
perforer une épaisseur et un type de blindage donnés. A titre d'exemple, la figure 0-15 montre
l'énergie cinétique à l'impact (E) en fonction de la vitesse d'impact (v) et la profondeur de
pénétration du blindage de la cible (P). L'allongement du perforant (L/D, le rapport de la
longueur et du diamètre) est égal à 20. Il s'agit d'une cible homogène en acier de blindage, ce
qui est le type de blindage le moins performant, attaquée sous incidence normale. L'énergie à
l'impact est minimale pour une vitesse d'impact d'environ 2100 m/s. Dans le cas des blindages
les plus performants, elle peut atteindre 3400 m/s [21]. Tenant compte de la perte de vitesse
due à la traînée aérodynamique, la vitesse à la bouche optimale se situe entre 2400 m/s et
3700 m/s si la cible se trouve à 3 km.
Figure 0-15. L'énergie cinétique d'impact (E) en fonction de la vitesse (v) d'un
perforant cylindrique d'un allongement (L/D) égal à 20 dans un blindage homogène.
Les courbes sont paramétrées en profondeur de pénétration (P).
mobilité des chars sur le terrain et leur déploiement outre-mer. Le souhait des états-majors
d'armée de disposer de chars plus légers (avec une masse inférieure à 20 tonnes) mène donc
impérativement à une réduction de l'énergie cinétique des projectiles, s'ils sont lancés pour un
lanceur à poudre.
L'utilisation du lanceur à rails, par contre, permettrait non seulement d'atteindre des
vitesses plus élevées, mais aussi de limiter le recul. En effet, il n'y a pas de culasse fermée sur
laquelle les gaz de combustion agissent, comme dans le lanceur à poudre, ni d'éjection par la
bouche de molécules de gaz dont la quantité de mouvement n'est pas négligeable [23].
Uniquement la réaction du lanceur au lancement du projectile entraîne une force de recul. On
estime que l'impulsion de recul du lanceur à rails est la moitié de celle du lanceur à poudre
pour des vitesses autour de 2000 m/s [24].
Antichar 3 6 27 3 0.2 12
Artillerie
2–3 10–20 20–90 300–500 0.1 - 0.2 -
navale
L'énergie cinétique à la bouche est la plus petite pour l'artillerie antiaérienne. Cette
mission comprend la défense contre des hélicoptères, des avions et des missiles de croisière,
et sera probablement la première application opérationnelle des lanceurs à rails développés à
l'ISL.
La vitesse requise pour l'artillerie de campagne n'est pas très élevée, mais la demande
en énergie est grande. C'est le lanceur ETC qui semble présenter le plus grand intérêt pour
cette application.
Un système d'arme antichar nécessite également beaucoup d'énergie par coup. Comme
la vitesse optimale est égale à 3 km/s, le lanceur ETC n'est pas une option. L'encombrement
de la source d'énergie empêche actuellement l'intégration d'un lanceur à rails dans un tel
système, pour lequel une grande mobilité est requise.
Le lanceur à rails naval doit être capable de lancer des projectiles de 10 kg à 20 kg avec
des vitesses de 2000 à 3000 m/s pendant une longue période de temps [31], [32]. Le volume
disponible sur un navire rend la problématique des dimensions de la source d'énergie moins
importante.
orbite est donc seulement atteinte à la fin du vol. Ceci permet de limiter l'accélération à un
niveau supportable par le corps humain (quelques g*). Une alternative moins onéreuse
pourrait être le lanceur à rails [33]. Comme la vitesse de mise en orbite doit être atteinte à la
bouche du lanceur, l'accélération sera énorme, même si la longueur du lanceur est très grande.
L'accélération moyenne est égale à 1800 g si la vitesse à la bouche est égale à 7.5 km/s et si la
longueur du lanceur est de 1100 m. Le lanceur à rails peut donc uniquement être utilisé pour
la mise en orbite de fret robuste, tel que du carburant, de l'eau et des provisions. Le coût de
lancement avec le lanceur à rails estimé est inférieur à 600 $ par kilogramme mise en orbite.
Le projet est actuellement au stade de l'étude de faisabilité [34].
La possibilité de lancer des satellites pour la mise en orbite de petits satellites a été
étudiée par l'ISL pour l'ESA (European Space Agency) [35].
L'accélération de petits projectiles (1 g) à des vitesses très élevées (12 km/s) permet
d'étudier les équations d'état des matériaux à ultra-haute pression. De telles vitesses sont
également nécessaires pour la simulation d'impact de micrométéorites sur des vaisseaux
spatiaux [22], [33].
*
1 g = 9.81 m/s²
Introduction 35
1
F L'R I 2R B e I R h (0-7)
2
Les contacts glissants entre le pont de courant et les rails du lanceur subissent un
échauffement très important en raison de l'effet Joule et du frottement. Ils peuvent alors se
transformer en contacts plasma. Une telle transition doit être évitée car elle diminue le
rendement du lanceur en augmentant la résistance du pont de courant. De plus, elle érode
fortement les rails et réduit la durée de vie du lanceur.
Il est donc important de limiter l’intensité du courant dans les ponts, sans toutefois
diminuer la force propulsive. Ceci peut être obtenu en appliquant un champ extérieur aux
ponts de courant du projectile.
Un autre avantage de l'augmentation en parallèle réside dans le fait que des sources
d'énergie différentes peuvent alimenter les différents circuits. Les rails du circuit intérieur, en
contact avec le projectile, sont toujours alimentés par des sources d'énergie usuellement
utilisées (condensateurs). Les rails du circuit extérieur, servant à générer le champ magnétique
extérieur, peuvent, par contre, être alimentés par des sources de courant quasi-continu
(batteries, supercondensateurs) dont la densité d'énergie est plus grande.
L'application d'un champ magnétique extérieur permet donc de diminuer
l'encombrement de la source d'énergie.
comparés. Deux avantages du lanceur augmenté ont déjà été mentionnés ci-dessus. En ce qui
concerne ses inconvénients, on note de plus grandes forces de répulsion agissant sur les rails.
D.4. Méthodologie
Pour atteindre cet objectif, nous avons conçu et exploité LARA*, un lanceur de petit
calibre. Les circuits électriques du lanceur et la force agissant sur le projectile ont été
modélisés. Des projectiles à un et à deux ponts de courant ont été tirés avec les lanceurs
augmenté et non augmenté. Cette étude expérimentale nous a permis de déterminer l'énergie
cinétique maximale du projectile à la bouche du lanceur sans transition du pont de courant
vers la phase plasma, d'acquérir des mesures de grandeurs physiques (position et vitesse du
projectile, courants et tensions dans les différents circuits du lanceur) pour la validation du
modèle et de définir les exigences techniques auxquelles l'alimentation d'un lanceur augmenté
doit répondre.
*
LARA est l'acronyme de "Lanceur À Rails Augmenté".
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 37
Chapitre 1
Malgré les avantages annoncés du lanceur à rails par rapport au lanceur chimique, la
mise en service d'un lanceur opérationnel n'est pas attendue dans les prochaines années. Aux
États-Unis, où la recherche est la plus avancée, un prototype d'un système d'arme complet
avec lanceur électromagnétique à rails ne sera réalisé qu'après 2013. Le défi est énorme, car –
même si le principe du lanceur à rails est très simple – d'une part la physique fondamentale du
lanceur n'est toujours pas entièrement comprise et d'autre part de nombreux problèmes
techniques restent à résoudre. Dans ce chapitre, nous décrirons d'abord les différents aspects
du lanceur à rails simple. Des phénomènes comme la formation de trous dans les rails
("gouging") et la transition du contact solide, entre les ponts de courant et les rails, en contact
plasma sont décrits. La transition et le "gouging" sont des causes importantes de l'érosion des
rails, qui limite leur durée de vie. Finalement, nous analysons d'autres types de lanceur à rails
et nous évoquons les sources d'énergie.
A.1. Description
Un lanceur à rails électromagnétique comprend plusieurs éléments :
x le lanceur même, dont les rails sont maintenus dans une structure,
x le projectile, composé d'un perforant et de ponts de courant, maintenus dans
un sabot,
x l'alimentation, qui consiste en une source d'énergie primaire, des
commutateurs et des modules de stockage d'énergie et de formation
d'impulsion.
*
Par analogie avec les bouches à feu classiques l'arrière du lanceur à rails est également appelé culasse.
38 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails
Le courant optimal est une constante, qui peut être (approximativement) obtenue en
connectant plusieurs sources de courant, déclenchées à des intervalles de temps précis
(Fig. 1-2, (a)). Ainsi, une force constante agit sur le projectile, résultant en une force
maximale plus faible sans diminution de vitesse à la bouche [41]. En réalité, un profil
rectangulaire n'est évidemment pas possible (Fig. 1-2, (b))* : le temps de montée est limité par
les caractéristiques des composants électriques et, idéalement, il n'y a plus de courant dans le
lanceur au moment de la sortie du projectile. Sinon, il serait emmagasiné dans le lanceur sous
forme d'énergie magnétique et, en principe, perdu. Le déclenchement successif des bancs
mène inévitablement à des variations de l'intensité du courant.
(a) (b)
Figure 1-2. La courbe de courant optimal (a) et une courbe réelle (b)
1 1
E cin m pr v 2b FEM x b L'R x b I 2R (1-1)
2 2
*
Cette courbe est discutée au paragraphe B.1.b. de ce chapitre, Fig. 1-31.
†
Le rendement d'une machine thermique, dont les bouches à feu font partie, varie entre 30 et 40 %.
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 39
L'énergie magnétique des rails quand le projectile a atteint la bouche du lanceur (Em,b)
est égale à :
1
E m, b L'R x b I 2R (1-2)
2
1
L'R x b I 2R
E cin E cin 2
K 0 .5 (1-3)
E source E cin E m ,b L'R x b I 2R
A.2. Le projectile
A.2.a. Introduction
Le projectile du lanceur à rails est typiquement composé d'un perforant et d'un sabot
avec des ponts de courant. La fonction du sabot est de transférer la force électromagnétique,
agissant sur les ponts de courant, au perforant et de guider le projectile dans le lanceur. Quand
cet ensemble quitte le lanceur, le sabot n'est plus utile et il est largué. Le perforant continue
alors son vol sur une trajectoire balistique vers la cible.
La forme et les dimensions du projectile sont déterminées par les exigences suivantes :
x résistance mécanique aux forces appliquées durant l'accélération,
x résistance à l'échauffement aérodynamique suite à la vitesse hypersonique durant
le vol et résistance à l'air minimale,
x efficacité maximale du perforant à l'impact sur la cible.
A.2.b. Le sabot
Il existe plusieurs configurations de sabot. S'il est situé au milieu du perforant (Fig. 1-3
et 1-5), les contraintes dans le perforant sont plus faibles. Il peut également être placé à
l'arrière du projectile (Fig. 1-4).
Figure 1-4. Projectile hypersonique à la sortie du lanceur. Le pont de courant se trouve derrière le
projectile. Les sabots s'écartent du projectile. [45]
Le sabot peut entièrement intégrer les ponts de courant, comme illustré par le projectile
à la figure 1-3. Son sabot, avec deux ponts de courant en forme de C*, est en aluminium. Le
type de sabot actuellement le plus utilisé à l'ISL est composé d'un corps en résine epoxy
renforcée par des fibres de verre, et de ponts de courant à brins filamentaires en Cu-Cd
(Fig. 1-5).
La figure 1-6 montre un projectile avec un sabot en titane, faisant également fonction
de pont de courant. Les ponts de courant à brins multifilamentaires à l'arrière assurent un bon
contact électrique au début du lancement [47]
Figure 1-6. Projectile en titane avec des ponts de courant à brins filamentaires à l'arrière [47]
*
En anglais : "C-shape"
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 41
Dans notre étude, nous avons choisi une configuration plus simple. Les projectiles sont
des sabots avec des ponts de courant et il n'y a pas de perforant (Fig. 1-7).
(a) (b)
Figure 1-7. Le projectile utilisé pour les expériences avec LARC et LARA
(un sabot avec un (a) ou deux ponts de courant (b))
Figure 1-8. Ponts de courant : plasma (a), hybride (b), contact mobile (c) et solide (d) [48]
Différents types de pont de courant testés à l'ISL sont représentés à la figure 1-8.
La première génération de projectiles fut munie d'un pont de courant plasma (Fig. 1-8,
(a)). L'arc plasma fut initié par l'explosion d'une fine feuille métallique (10-15 µm à l'arrière
du projectile) [48]. Un problème fut l'apparition d'arcs secondaires derrière le projectile aux
vitesses supérieures à 3 km/s. En effet, le plasma provoque l'ablation de matériau des parois
intérieures du tube du lanceur. Les particules ablatées s'ajoutent au plasma, qui perd en même
temps du matériau. Celui-ci peut former dans certaines conditions un deuxième arc,
conduisant également du courant mais sans contribuer à la propulsion du projectile. Le
courant est donc divisé entre l'arc secondaire et le pont de courant du projectile, et la force
propulsive est réduite [49]. A l'époque où beaucoup de temps fut investi dans les recherches
concernant le pont de courant plasma, le lanceur augmenté fut considéré comme un moyen
pour retarder la formation de l'arc secondaire et donc d'atteindre des vitesses à la bouche plus
élevées. En effet, l'application d'un champ magnétique extérieur permet de diminuer le
courant dans le pont et donc l'ablation des parois [50]. En plus, le champ extérieur rend le
plasma plus compact et réduit de la sorte la probabilité de la génération d'un deuxième arc
[51].
42 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails
Ce type de pont est caractérisé par une résistance élevée, réduisant le rendement du
lanceur.
Les ponts de courants hybrides, constitués d'une partie solide en leur centre et d'une
fine feuille métallique sur le pourtour (Fig. 1-8, (b)), sont caractérisés par une résistance plus
faible que les ponts plasma, mais leur utilisation ne permet pas d'éliminer les arcs secondaires
[48].
Le pont de courant à contacts mobiles est formé d'une feuille métallique dont
l'épaisseur varie entre 100 et 200 µm (Fig. 1-8, (c)). La feuille est plus large que le projectile
afin de réaliser un bon contact avec les rails. Il n'y a plus d'explosion de feuille, mais une
transition "lente" entre les phases solide, liquide et vapeur [48]. Dans la première phase du tir,
le contact est donc bon et caractérisé par une faible résistance.
Le premier avantage du pont solide par rapport aux autres types est sa résistance
électrique très faible lorsque le contact avec les rails est parfaitement réalisé. L'érosion des
rails peut être notablement réduite. Pour maintenir un bon contact entre les rails et le
projectile, on peut jouer sur la forme du pont de courant. À l'heure actuelle, principalement
deux formes de pont de courant solide sont étudiées : celui à brins multifilamentaires (Fig. 1-5
et 1-7) et celui en forme de C (Fig. 1-3 et 1-4).
Le second avantage de ce type de pont de courant est de pouvoir répartir le courant sur
toute la longueur du projectile (Fig. 1-3 et 1-5). Il en résulte une répartition de la force
propulsive (qui est localisée à l'arrière du projectile dans les lanceurs à poudre,
électrothermique et à rails avec ponts de courant plasma) favorable au lancement de
projectiles de très grand allongement [52]. La répartition du courant entre plusieurs ponts de
courant permet de limiter l'échauffement des ponts et de conserver plus longtemps un bon
contact. Ainsi, des vitesses plus élevées peuvent être atteintes sans transition de contact.
A.2.d.1. Introduction
Un des principaux objectifs des recherches est l'établissement d'un bon contact
électrique durant toute l'accélération du projectile à pont de courant solide. Deux conditions
pour conserver un bon contact sont [53] :
x la force normale, exercée par les contacts sur les rails, doit être suffisante, sinon des
arcs électriques peuvent se former et mener à la transition du contact solide en
contact plasma. Une règle pratique est "one gram per amp" : il faut une force
normale d'au moins 10 N par kilo-ampère circulant dans le contact [54].
x la charge thermique du pont doit être limitée afin d'éviter un échauffement trop
élevé des contacts, résultant également en la transition du contact. L'échauffement
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 43
Si ces conditions ne sont pas satisfaites, le bon contact se transforme en contact plasma,
avec une érosion des rails et une diminution du rendement du lanceur comme conséquence.
La transition de contact par côté du pont, que nous avons utilisé pour l'étude expérimentale
(Fig. 1-7), est caractérisée par un saut de tension entre 20 V et 25 V.
La réalisation d'un bon contact par effet inertiel lors de l'accélération est illustrée par le
projectile de la figure 1-6, dont le schéma est donné en figure 1-9. Le projectile se compose
d'un corps en titane et d'une cale en fibre de verre dans sa partie avant, dont le rôle est d'ouvrir
le projectile et de maintenir ainsi une force normale suffisante [52], [47], [56].
Figure 1-9. Projectile à contact solide par effet inertiel. Schéma du projectile de la figure 1-6.
La force normale exercée sur les contacts des ponts en forme de C et des ponts à brins
multifilamentaires est d'origine mécanique et électromagnétique. L'érosion et l'usure du pont
durant le tir mènent à une perte de matériau du pont, qui résulte en une diminution de la force
de contact et finalement à la formation d'un arc. Dans le cas du pont de courant à brins
filamentaires, la longueur du pont au début du tir est plus grande que l'écart entre les rails
(Fig. 1-10, a). Il existe donc un réservoir de masse qui compense la perte de masse et qui
permet d'assurer plus longtemps le bon contact (Fig. 1-10, b). Si la quantité de masse perdue
est trop grande, le pont devient trop court pour former un bon contact et un arc est formé
(Fig. 1-10, c) [53].
44 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails
Dans le premier cas (Fig. 1-11), l'inclinaison des brins du pont avant (1) montre que ce
dernier porte peu de courant : les brins sont repliés dans le réservoir. Les brins du pont arrière
(2) portent la plus grande partie du courant du circuit intérieur et établissent un bon contact
électrique.
Dans le deuxième cas (Fig. 1-12), les brins du pont arrière sont déjà érodés, mais la
force électromagnétique et la longueur des brins sont suffisamment grandes pour maintenir un
contact sans arc. Si les brins deviennent trop courts ou si la force électromagnétique ne
compense plus la force de frottement et l'inertie des brins, un arc électrique sera formé afin
d'assurer la conduction du courant entre les rails. C'est le cas du pont arrière du troisième cas,
où la brosse supérieure n'est plus en contact avec le rail (Fig. 1-13).
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 45
Figure 1-12. Radiographie de ponts de courant (cas 2) Figure 1-13. Radiographie de ponts de courant (cas 3)
Une seconde cause de la transition du contact est une charge thermique trop grande. La
charge thermique (CT) due à effet Joule est définie par [53] :
t
´ 2
CT µ I t dt (1-4)
µ R
¶0
La charge thermique des contacts n'est pas uniforme, à cause d'une mauvaise diffusion
de courant, qui est concentré à l'arrière du projectile (la cause de cette mauvaise diffusion est
expliquée dans le paragraphe A.3. sur les rails). La transition de contact sera donc toujours
initiée à l'arrière du projectile. Plusieurs méthodes pour obtenir une meilleure diffusion du
courant et donc pour retarder la transition du contact à cause de la charge thermique, ont été
étudiées.
Une première méthode est d'utiliser des matériaux très résistifs avec un point de fusion
élevé [52]. Une faible conductivité augmente la profondeur de peau G, dont l'expression en
régime sinusoïdal permanent est [16] :
2
G (1-5)
µ0 J Z
Cette solution est illustrée par le projectile de gauche à la figure 1-3, qui est fait de
titane dont la conductivité vaut 2.4106 :-1m-1 et le point de fusion est à 1940 K. À une
fréquence de 1 kHz, qui est typique des impulsions de courant dans le lanceur à rails, la
profondeur de peau vaut 10.2 mm. Dans un pont en cuivre, avec une conductivité de
59106 :-1m-1 et un point de fusion de 1357 K, elle vaut seulement 2.1 mm.
L'utilisation de ponts de courant multiples, comme illustrée par les figures 1-4 et 1-6,
est une autre méthode. Le courant est alors reparti entre plusieurs ponts, diminuant ainsi la
charge thermique par pont. Or, le courant est essentiellement concentré dans le dernier pont ;
seulement lorsque celui-ci a transité, résultant en une forte augmentation de sa résistance, le
courant passe vers le pont suivant. La figure 1-14 montre une radiographie d'un projectile à la
46 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails
sortie du lanceur EMA3 [35]. Le pont arrière du projectile n'est plus en contact avec les rails ;
le courant est passé vers les ponts suivants. Ceci est mis en évidence par le redressement des
brins par la force électromagnétique.
Figure 1-14. Radiographie d'un projectile à la sortie du lanceur EMA3. Le pont à l’arrière du projectile
n'est plus en contact avec les rails ; le courant est passé vers les ponts suivants (ceci est mis en évidence par
le redressement des brins par la force électromagnétique) [35]
Afin d'obtenir une distribution de courant entre les ponts dès le début de l'accélération,
des expériences ont été menées avec les ponts de courant avec une résistivité différente, le
pont arrière ayant la plus grande résistivité [58]. Une solution optimale théorique existe, mais
n'est pas réalisable à cause des limitations de matériaux existants [14].
courant, ce qui peut être déduit de l'état des rails. Le saut de tension est égal à environ 20 V,
qui prouve qu'il s'agit effectivement d'un phénomène de transition. À 101 cm, l'autre brosse
transite également, rétablit un bon contact à 109 cm et transite à nouveau à 119 cm.
Comme montré plus haut, une radiographie peut également donner des informations sur
la nature du contact. La figure 1-18 montre le pont de courant à 119 cm, donc juste avant la
transition de la brosse supérieure. La brosse inférieure n'a clairement pas de bon contact avec
les rails et un arc est formé. Ces observations correspondent aux informations fournies par la
tension à la bouche et l'état des rails (Fig. 1-17).
rail inférieur
Un bon contact n'est plus rétabli avant la sortie du projectile. En effet, le courant et la
force de contact diminuent d'avantage et l'arc érode la brosse de plus en plus. Finalement, trop
de matériau des brosses est perdu et les brins ne peuvent plus entrer en contact avec les rails.
Ceci a été confirmé par inspection du pont de courant après le tir.
Cette comparaison entre la tension à la bouche et l'état des rails après le tir est
particulièrement utile pour une analyse correcte du contact dans le cas du lanceur augmenté.
En effet, la tension à la bouche est – en valeur absolue – nettement plus grande que celle du
lanceur conventionnel, due au couplage magnétique des circuits intérieur et extérieur du
lanceur. Elle peut s'élever à plusieurs centaines de volt au moment des injections de courant.
Un saut de tension de 20 V ne peut alors pas être détecté.
A.3.a. Introduction
La fonction des rails est de conduire le courant de la culasse jusqu'aux ponts de courant
et de guider le projectile durant son accélération. Les rails, généralement en cuivre, sont
insérés dans une structure de maintien et tenus à distance par un isolant. La forme de la
section du tube peut être ronde, carrée ou rectangulaire. La figure 1-20 montre un lanceur
dont la section est rectangulaire, celle du lanceur à la figure 1-21 est ronde.
Les figures 1-20 et 1-21, (a) montrent les rails (1), l'isolant (2) et la structure de
maintien (3) de lanceurs avec des sections rectangulaire et ronde. À l'ISL, le calibre
rectangulaire est préféré au calibre rond. Il présente plusieurs avantages [59], [60] :
x la distribution du courant est plus uniforme (dans les rails ronds, le courant est
concentré dans les zones où l'effet de proximité est le plus important,
(Fig. 1-21, (b)),
x la fabrication des rails est plus simple et donc moins chère,
x le projectile est intrinsèquement stable (dans le lanceur rond, il faut prévoir un
dispositif pour empêcher la rotation du projectile),
x la maintenance des rails est plus aisée.
(a) (b)
Figure 1-21. (a) Le calibre rond du lanceur PEGASUS [47] et (b) la distribution du courant dans les rails
50 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails
La forme et les caractéristiques des rails ont une grande influence sur l'efficacité du
lanceur [46] :
x la forme définit le gradient d'inductance (paragraphe A.3.b.),
x une couche surfacique résistive favorise la diffusion du courant dans les rails,
diminuant ainsi l'effet de peau due à la vitesse (paragraphe A.3.c.),
x le matériau des rails doit être compatible avec celui des ponts de courant afin de
prévenir l'érosion de rails par "gouging" (paragraphe A.3.d),
x une grande conductivité électrique est requise afin de limiter les pertes par effet
Joule (paragraphe A.3.d). Le point de fusion doit être le plus haut possible.
A.3.b. Influence des dimensions des rails sur le gradient d'inductance des rails
La force agissant sur le projectile dépend du gradient d'inductance des rails L'R et du
courant dans les rails (0-6). La forme des rails définit ce gradient. Prenons comme exemple le
lanceur de la figure 1-20. La figure 1-22 montre l'évolution de L'R en fonction de la largeur l
et l'espacement des rails, représenté par la hauteur h. L'épaisseur des rails est fixe et est égale
à 10 mm. Le gradient augmente quand la hauteur augmente et quand la largeur diminue. La
limite supérieure à la figure 1-22 indique la largeur minimale des rails si le courant maximal
vaut 2 MA. En effet, une règle pratique dit que le courant dans des rails en cuivre ne peut pas
dépasser 50 kA/mm. Au-delà de cette valeur, les rails risquent d'atteindre leur température de
fusion.
Il faut également tenir compte des forces de répulsion agissant sur les rails, auxquelles
la structure de maintien des rails doit résister [59]. La force Fy, agissant sur des rails d'une
longueur z, est donnée par l'expression suivante :
1 w L' R 2
Fy z IR (1-6)
2 wh
Il est donc intéressant de choisir le calibre de telle sorte que le rapport soit faible, c'est-
à-dire dans la zone à faible gradient [48].
Figure 1-22. Gradient d'inductance en fonction de l'espacement des rails pour différentes
largeurs et une épaisseur des rails égale à 10 mm [59]
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 51
La diffusion du courant dans les rails dépend de plusieurs facteurs : l'effet de peau,
l'effet de proximité et l'effet de peau dû à la vitesse.
En raison de l'effet de peau, la répartition du courant dans les rails se fait de sorte que
l'essentiel du courant circule à la périphérie des rails. La profondeur de peau est donnée
par (1-5).
Figure 1-23. La répartition du courant dans les rails suite à l'effet de peau et à l'effet de proximité.
Le courant est concentré sur la face interne des rails.
Figure 1-24. La répartition du courant dans les rails suite à l'effet de peau dû à la vitesse. Si la vitesse du
projectile vaut 1000 m/s, la profondeur de peau a diminué d'environ 90 %.
L'effet de peau dû à la vitesse est causé par le mouvement du projectile et résulte en une
concentration de courant encore plus grande suite à la vitesse limitée de diffusion du courant
dans les rails derrière le projectile. L'effet augmente avec la vitesse du projectile et est déjà
perceptible à partir de 100 m/s. À une vitesse de 1000 m/s, la profondeur de peau a diminué
d'environ 90 % par rapport à la profondeur au repos [58] !
Les zones de forte concentration du courant risquent de fondre si l'intensité devient trop
élevée. En plus, il y a des conséquences sur la distribution du courant dans le projectile.
Prenons par exemple deux ponts de courant (Fig. 1-25). Le courant circulant entre les deux
ponts est fortement concentré à la surface du rail. La résistance de la portion du rail entre les
52 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails
ponts est alors élevée, ainsi que la différence de potentiel entre les deux ponts. Par
conséquent, l'essentiel du courant circule dans le pont arrière. Seulement si les contacts de ce
pont transitent, et donc si la tension de contact augmente fortement, l'essentiel du courant
circulera dans le pont avant [55].
Figure 1-25. La répartition du courant entre deux ponts de courant suite à l'effet de peau dû à la vitesse.
L'essentiel du courant circule dans le pont arrière tant que les contacts ne transitent pas.
A.3.d. Le "gouging"
À part la transition du pont de courant, qui a été discutée plus haut, il y a un deuxième
phénomène qui entraîne l'érosion des rails : le "gouging"* [61]. Il s'agit d'une forme de
détérioration de la surface des rails causée par le passage des ponts de courant du projectile.
Des irrégularités dans le rail, qui n'est jamais parfaitement droit, provoquent des bonds du
projectile à des vitesses élevées. Le "gouging" est causé par le contact intermittent entre le rail
et le pont de courant, provoquant une déformation plastique de la surface du rail en cas de
vitesse élevée, de grande pression de contact et de haute température. Le résultat est un creux
en forme de larme dans la surface, et un bord à l'avant du creux (Fig. 1-26). Les propriétés des
matériaux des ponts de courants et des rails ont une grande influence sur la vitesse minimale à
laquelle le "gouging" peut se produire [62], [63].
Nous avons observé du "gouging" lors du tir 50. La figure 1-27 montre plusieurs creux
dans la surface du rail. À 125 cm, le creux présente clairement la forme de larme typique avec
le bord avant. La vitesse du projectile à cet endroit vaut environ 1070 m/s.
*
"To gouge" signifie "creuser".
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 53
Le courant élevé dans les rails mène à l'augmentation de leur température par effet
Joule. En conséquence, la résistance croît et le rendement du lanceur est plus faible si un
nouveau projectile était tiré avant le refroidissement des rails. Le temps nécessaire pour
atteindre une température d'environ 40 °C après un tir est de quelques secondes. Or, si une
rafale de projectiles est tirée, le temps entre deux coups vaut seulement une centaine de
millisecondes [56]. Les rails n'ont donc pas suffisamment de temps pour refroidir et la
température monte rapidement [64]. Le refroidissement des rails par une fluide circulant dans
des canaux dans les rails est alors nécessaire [65].
Les structures décrites ci-dessus sont lourdes et difficile à monter. Dans la majorité des
cas, le démontage des rails est impossible. Si un lanceur de petit calibre est utilisé
(typiquement 15 mm sur 15 mm), les forces de répulsion sont plus faibles. Une autre structure
de maintien peut être utilisée si celles-ci sont inférieures à 3 MN/m. Elle est composée d'un
bloc inférieur et supérieur (Fig. 1-28, point 2) en résine renforcée de fibre de verre, maintenus
par des vis en acier (Fig. 1-28, point 3). L'espacement des rails est assuré par des entretoises.
Une telle construction permet le démontage du lanceur, le nettoyage des rails ou leur
remplacement et son remontage en peu de temps. En plus, la structure est relativement
ouverte, ce qui facilite l'instrumentation du lanceur.
La structure de maintien des rails doit également résister aux forces de recul, soutenir
les blocs d'injection de courant et dissiper la chaleur, générée par l'effet Joule [70].
Le lanceur à rails segmenté permet d'avoir des connexions plus courtes et donc de
diminuer les pertes [6]. Il s'agit en fait de la mise en série de plusieurs lanceurs à rails simples,
séparés par des parties isolantes (Fig. 1-29). Chaque segment dispose de sa propre
alimentation, permettant d'optimiser le segment en fonction de la vitesse locale du projectile
[71]. En pratique, cette configuration est difficile à réaliser à cause des importants courants
qui circulent dans les ponts. En effet, un arc électrique peut être initié lorsqu'un contact passe
au-dessus d'une partie isolante, provoquant de l'érosion [72].
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 55
La segmentation des rails n'étant pas strictement nécessaire, une configuration avec des
rails non segmentés a été proposée (Fig. 1-30). Il s'agit du lanceur à rails à distribution spatio-
temporelle de l'énergie ("Distributed Energy Storage" ou DES) [71].
Les points d'injection de courant sont repartis sur la longueur du lanceur (distribution
dans l'espace) ; en plus, la connexion de plusieurs sources par point est possible, ce qui permet
une distribution des injections de courant dans le temps. On peut alors varier l'intensité du
courant en agissant sur l'endroit de l'injection de courant dans les rails et sur les instants de
déclenchement des différentes sources (Fig. 1-31) [73].
Figure 1-31. Variation temporelle du courant total (courbe pleine) résultant de la somme des courants
individuels (courbes en pointillés) pour un lanceur à rails à distribution spatio-temporelle de l'énergie [35]
56 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails
Une configuration qui offre les avantages du lanceur à rails augmenté en série, mais
sans rails supplémentaires, est le lanceur à shunt. Il consiste en un lanceur à rails
conventionnel avec un circuit shunt à la bouche (Fig. 1-33). Le courant injecté est réparti
entre le pont de courant du projectile et le shunt. Il y a alors du courant dans les rails devant le
projectile, ce qui augmente la force sur le projectile [76].
*
Sur la figure 0-4, les connexions des différents étages de PEGASUS sont bien visibles.
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 57
Dans les années 90, des essais avec quatre lanceurs augmentés en parallèle (tous aux
États-Unis) ont été rapportés :
1. Le lanceur de "Westinghouse" à Pittsburgh [70], [77],
2. Le lanceur du "Center for Laser Applications" à l'université de
Tennessee, Tullahoma [78], [79], [80],
3. et 4. Deux lanceurs du "Fusion Technology and Charged Particle Research
Laboratory" à l'université de Illinois, Urbana [36], [37], [39].
58 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails
Les caractéristiques de ces lanceurs sont résumées dans le tableau 1-2. Le lanceur
LARA que nous avons étudié est donc le premier à lancer des projectiles relativement lourds
(16.1 g à 20.8 g) muni de ponts de courant solides. En dehors de celles concernant LARA, il
n'y a plus de publications récentes sur des lanceurs augmentés en parallèle expérimentaux.
Lanceur 1 2 3 4
Calibre (mm) 12.7 10 3.2 3.2
Section carrée ronde ronde ronde
Longueur (m) 4 2.4 0.58 1.2
bancs de bancs de bancs de bancs de
Alimentation
condensateurs condensateurs condensateurs condensateurs
Masse du projectile (g) 1.4 à 1.8 1 0.004 0.004
Pont de courant plasma plasma plasma plasma
Vitesse à la bouche
5 3 2.1 2.5
(km/s)
Des études théoriques concernant le lanceur augmenté ont été menées à l'ISL, plus
particulièrement concernant l'alimentation du circuit extérieur. Les sources étudiées sont entre
autres la batterie et le supercondensateur [81], [82].
Une variante de cette configuration est le lanceur à rails augmenté avec un circuit
extérieur segmenté (Fig. 1-35). Le champ magnétique est alors appliqué localement,
permettant de réduire les pertes dans le circuit extérieur. Un inconvénient est que les champs
magnétiques varient rapidement et qu'ils peuvent ainsi provoquer des problèmes électriques
[44], [81]. À notre connaissance, des expériences avec cette variante n'ont pas encore été
menées.
L'application d'un champ magnétique à un pont de courant plasma offre deux avantages
majeurs : le courant dans le pont est réduit pour une même force propulsive et le risque de
former des arcs secondaires est plus faible. Afin de valider cette dernière théorie, un lanceur
avec une longueur de 50 cm et un calibre carré de 5 mm a été construit à l'université de
Kumamoto au Japon. Il lance des projectiles de 30 mg à des vitesses de 1500 m/s. L'intensité
du champ magnétique entre les rails, généré par les aimants permanents, est égale à 0.53 T
[83].
La faisabilité d'armes portatives a été étudiée à l'ISL [84]. L'utilisation des aimants
permanents permet de diminuer le courant dans les rails et donc de réduire la masse de
l'alimentation. Actuellement, un fusil de guerre avec un calibre de 5 mm et une longueur du
canon de 50 cm lance des projectiles de 4 g à une vitesse de 900 m/s, donc avec une énergie
cinétique de 1620 J. Pour l'étude de la faisabilité du fusil électromagnétique augmenté, nous
calculons d'abord le courant dans le lanceur électromagnétique non augmenté pour obtenir les
mêmes performances. Nous faisons l'hypothèse d'une accélération constante.
Tenant compte de l'énergie cinétique à la bouche (1-1), nous déduisons l'expression
suivante pour le courant :
2 E cin
IR (1-7)
L' R x b
où xb est la longueur du tube. Si le gradient d'inductance est égal à 0.45 µH/m et si la masse
du sabot vaut 1 g, le courant dans les rails est égal à 135 kA, avec les données citées plus
haut.
La force sur le projectile dans le lanceur augmenté est exprimée par (0-7). Le courant
est alors égal à [84] :
h § 2 L' R E cin ·¸
IR ¨ Be B e2 (1-8)
L' R ¨ h2 xb ¸
© ¹
L' R I R
B (1-9)
2h
Le champ vaut donc 6 T, nettement plus élevé que le champ magnétique extérieur. La
réduction du courant et donc de la masse de l'alimentation est assez faible. Le fusil sera même
nettement plus lourd à cause de la masse des aimants et du circuit magnétique. Le
remplacement du fusil à poudre par un fusil électromagnétique ne semble donc pas faisable à
court terme.
60 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails
*
La densité énergétique du TNT vaut 4 GJ/t, celle du gazole vaut 45 GJ/t !
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 61
actuellement vers des alimentations basées sur le compulsateur ou le MDS, dont la densité
d'énergie est plus élevée.
Tous ces composants nécessitent des éléments auxiliaires. Par exemple, il faut des
commutateurs, capables de commuter des courants élevés, afin de connecter ces composants
au lanceur à rails [87]. Les commutateurs de fermeture utilisés à l'ISL sont l'éclateur et le
thyristor. Le commutateur d'ouverture doit permettre d'ouvrir le circuit au moment où le
courant est maximal, afin d'obtenir le profil de courant optimal (Fig. 1-1). Or, vu les intensités
de courant dans le circuit du lanceur à rails, de nombreux commutateurs classiques – qui sont
limités à un courant d'environ 4 kA – doivent être montés en parallèle, ce qui représente
beaucoup d'inconvénients. Des commutateurs d'ouverture spécifiques au lanceur à rails sont
en développement à l'ISL [88], [89].
D.2. Le compulsateur
Le mot "compulsator" est la contraction de "compensated pulsed alternator". Le
compulsateur génère une impulsion de courte durée de haute énergie en utilisant un
enroulement de compensation afin de réduire l'inductance interne de l'alternateur. Ainsi, le
courant à la sortie est plus élevé. Grâce à cette compensation, l'inductance peut être réduite à
5 % de sa valeur initiale. La figure 1-36 montre un schéma du compulsateur dans sa forme la
plus simple : avec deux pôles et une phase. Il est composé d'un stator (1) avec des bobinages
(2 et 2'), de pièces polaires (3) et d'un rotor (4) avec un bobinage (5). Un cylindre conducteur
(6) protège les bobinages du stator de la réaction de l'armature. Le point 7 indique une
position alternative des bobinages du stator. Le rotor est connecté au moteur d'entraînement
par un arbre (8) [90]. L'enroulement de compensation n'est pas représenté.
Le moteur entraîne le rotor jusqu'à des vitesses de rotation très élevées. Lorsque le
compulsateur est alors connecté au lanceur à rails, une partie de l'énergie cinétique du rotor
est transformée en énergie électrique. Ce type de source d'énergie est très adéquat pour des
62 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails
tirs en rafale, car l'énergie cinétique emmagasinée dans le rotor peut suffire pour alimenter le
lanceur durant toute la rafale [91]. Le compulsateur élimine la nécessité d'une inductance
supplémentaire pour la formation d'impulsion, ce qui constitue un grand avantage [86].
Le générateur homopolaire fut utilisé pour alimenter les premiers lanceurs à rails
expérimentaux. De nos jours les difficultés liées à la commutation d'ouverture limitent son
emploi. Il est cependant un candidat sérieux pour alimenter le lanceur électrothermique-
Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails 63
chimique (ETC), dont les besoins en courant et en tension sont considérablement plus faibles
[94].
D.5. Le condensateur
Le condensateur est un composant très fiable et très flexible, mais la densité
énergétique est très faible. Cette source d'énergie est donc adéquate pour des lanceurs
expérimentaux, mais ne convient pas pour des lanceurs embarqués [96].
La figure 1-39 représente le schéma typique d'un circuit d'alimentation avec des
condensateurs. En fermant S1 à l'instant t0, le banc de condensateurs C est déchargé dans le
lanceur (Fig. 1-40). Quand le courant atteint sa valeur maximale, à l'instant t1, la tension aux
bornes du banc est presque nulle. Afin d'éviter leur recharge pour un courant de sens opposé,
ce qui constituerait une perte d'énergie, le commutateur S2 est fermé. Puis, le courant est
maintenu par la bobine de stockage LS.
64 Chapitre 1. Les lanceurs électromagnétiques à rails
Figure 1-40. Impulsion de courant générée par le circuit d'alimentation de la figure 1-39
D.6. La batterie
La densité d’énergie d’une batterie est très élevée, mais l’extraction de cette énergie est
trop lente pour alimenter directement le lanceur à rails.
Figure 1-41. Alimentation du circuit extérieur du lanceur augmenté par une source lente durant une rafale
D.7. Le supercondensateur
Vu son temps de décharge important, le supercondensateur ne peut pas délivrer des
impulsions. Par contre, il peut alimenter le circuit extérieur du lanceur augmenté. L'avantage
du supercondensateur par rapport à la batterie est sa grande densité d'énergie [96].
L'utilisation de supercondensateurs au lieu de batteries permettrait de réduire le volume de la
source d'énergie d'un facteur 20 [84].
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 65
Chapitre 2
Le projectile du lanceur à rails est accéléré par des forces électromagnétiques. Dans ce
chapitre, la force agissant sur les ponts de courant du projectile est déterminée dans le cas des
lanceurs à rails conventionnel et augmenté. Nous montrons que le lanceur à rails augmenté
contribue à une meilleure répartition des forces sur les ponts, diminuant ainsi les contraintes
dans le projectile. Une expression de la force électromagnétique de répulsion qui agit sur les
rails est également présentée.
La force électromagnétique dépend de la géométrie des rails dont les dimensions et la
position déterminent les gradients d’inductance propre et mutuelle. Pour deux configurations
différentes de lanceurs à rails augmentés, l’influence de la géométrie est calculée.
La dernière partie est consacrée à l’avant-projet du lanceur à rails augmenté qui sera
construit et testé au laboratoire. Deux méthodes de calcul des forces sur les rails sont
comparées. Nous discutons les impulsions de courant qui sont utilisées pour les calculs des
forces, avec comme résultat la contrainte maximale sur les rails.
A.1. Introduction
Dans le lanceur conventionnel, la force électromagnétique agissant sur le projectile est
exprimée à partir de la variation de la coénergie magnétique par :
1
Fpr L' R I 2R (2-1)
2
La force électromagnétique agit non seulement sur les ponts de courant, mais aussi sur
les rails et le pont fermant le circuit extérieur du lanceur augmenté (Fig. 1-34). Les rails et le
pont étant fixes, seul le projectile est accéléré. Toutefois, les forces agissant sur les rails et le
pont peuvent être très grandes vu les intensités de courant dans le lanceur à rails (ordres de
grandeur de 100 kA à plusieurs MA).
Nous définissons le système d’axes suivant (Fig. 2-1) :
x l’axe x coïncide avec l’axe longitudinal du lanceur, positif dans la direction de tir,
x l’axe y se trouve dans un plan perpendiculaire à l’axe x et est dirigé vers le haut,
x l’axe z, perpendiculaire aux axes x et y, est dirigé vers la droite,
x le plan Oyz est situé à la culasse, où le projectile est entré dans le lanceur.
Le détail des calculs est repris dans l'annexe A. Nous y montrons que la force sur un
projectile à un pont de courant est égale à :
1
Fpr L' R I 2R M ' I R I A (2-2)
2
où IA est le courant dans le circuit extérieur et M' le gradient d'inductance mutuelle des
circuits intérieur et extérieur. Comme spécifié en l'annexe A, cette équation est uniquement
valable sous l'hypothèse de conducteurs filiformes.
Dans l'étude expérimentale menée au laboratoire, quelques essais ont été consacrés au
lancement de projectiles à deux ponts de courant. C'est donc à juste titre que cette
configuration est développée (en annexe A).
Figure 2-2. La force électromagnétique agissant sur un projectile à deux ponts dans un lanceur augmenté
Les forces sur les ponts de courant arrière (P) et avant (Q) sont :
1
FP L' R I12 L' R I1 I 2 M ' I1 I A
2
(2-3)
1
FQ L' R I 22 M ' I 2 I A
2
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 67
1
Fpr FP FQ L' R I 2R M ' I R I A (2-4)
2
Dans les projectiles à plusieurs ponts de courant lancés par un lanceur à rails
conventionnel, la force sur les ponts est très mal repartie et peut mener à de grandes
contraintes dans le projectile [97]. Des études ont été menées pour modifier la répartition des
forces afin de limiter ces contraintes. Une approche était de changer la résistance des ponts
pour modifier la répartition du courant dans chacun d'eux [14].
Nous pouvons montrer avec (2-3) que le lanceur à rails augmenté contribue à un
meilleur équilibre des forces dans le projectile. Prenons par exemple un projectile à deux
ponts de courants et un lanceur avec les gradients d’inductance suivants :
L’R = 0.4 µH/m
M’ = 0.2 µH/m
Dans le cas du lanceur conventionnel, la force sur le projectile est alors de 8 kN si le
courant dans le circuit intérieur vaut 200 kA (2-1). Dans le cas du lanceur augmenté, nous
pouvons calculer avec (2-4) le courant dans le circuit intérieur en fonction du courant dans le
circuit extérieur pour que la force sur le projectile reste inchangée (Fig. 2-3).
Figure 2-3. Courant dans le circuit intérieur en fonction du courant dans le circuit extérieur
pour une force sur le projectile constante (F = 8 kN)
Cette figure montre également que, grâce à l'augmentation, la charge thermique des
ponts de courant peut être fortement réduite. Le projectile atteindra donc, dans le lanceur
augmenté, une vitesse à la bouche plus élevée sans transition des ponts.
Nous exprimons la répartition du courant entre les ponts par le paramètre O, compris
entre 0 et 1 :
IP O IR
(2-5)
IQ 1 O I R
68 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté
Des expériences et des calculs par code à éléments finis ont déjà été réalisés afin de
déterminer la répartition du courant dans un projectile à deux ponts de courant [98]. Pour des
ponts de courants en Cu-Cd, une valeur de O = 0.62 a été trouvée. La mesure et le calcul
furent en parfait accord à partir de l’injection du courant jusqu’à l’instant où le courant est
maximal.
En utilisant (2-5), les forces sur les ponts P et Q (2-3) deviennent :
1
FP L'R O2 I 2R L'R O 1 O I 2R M' O I R I A
2
(2-6)
1
L'R 1 O I 2R M' 1 O I R I A
2
FQ
2
Ce résultat est valable si les courants sont constants. En effet, les effets d’induction, qui
peuvent influencer la répartition du courant, ne sont pas pris en compte.
La force sur chaque pont, exprimée en pourcentage de force sur le projectile, est
présentée sur le graphique (2-4) en fonction du courant dans le circuit extérieur.
Figure 2-4. Répartition des forces sur les ponts de courant pour le cas O = 0.62
Dans le cas du lanceur conventionnel, 88 % de la force sur le projectile agit sur le pont
de courant P (point a sur la figure 2-4). Lorsque le lanceur est augmenté, les forces sont mieux
réparties et tendent vers une répartition O/(1-O) pour un courant dans le circuit extérieur élevé
par rapport au courant dans le circuit intérieur. Les termes M ' O I R I A et M ' 1 O I R I A sont
alors prépondérants dans (2-6) et les forces sur les ponts de courants deviennent :
FP | M ' O I R I A
(2-7)
FQ | M ' 1 O I R I A
L’augmentation du lanceur contribue donc à une meilleure distribution des forces sur
les ponts de courant, et par conséquent, à des contraintes plus petites dans le projectile.
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 69
Figure 2-5. Les forces sur les rails du lanceur augmenté (un quart de la section)
1 § wL' R · § wM ' ·
Fy ,R ¨ ¸¸ x I 2R ¨¨ ¸¸ x I R I A
2 ¨© wy ¹R © wy ¹ R
1 § wL A · 2 § wM ' ·
Fy ,A ¨ ¸¸ I A ¨¨ ¸¸ x I R I A (2-8)
2 ¨© wy ¹A © wy ¹ A
1 § wL A · 2 § wM ' ·
Fz ,A ¨ ¸ IA ¨ ¸ x IR IA
2 © wz ¹ A © wz ¹ A
70 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté
B.1. Introduction
Les gradients d’inductance propre et mutuelle dépendent uniquement de la géométrie
du circuit, c’est-à-dire des dimensions et de la position des rails. Pour les lanceurs à rails, dont
les circuits sont composés de conducteurs non filiformes, la diffusion du courant dans les rails
a également une influence sur les gradients d’inductance [99]. En plus, des courants de
Foucault sont générés au niveau des ponts de courant du projectile par le mouvement de celui-
ci et par l'induction mutuelle des rails. Ces courants induits modifient le champ magnétique et
la densité de courant dans les ponts de courant, ce qui résulte en une force de traînée sur le
projectile [100]. Nous verrons au chapitre 4 comment ces gradients d’inductance varient en
fonction de la variation temporelle de l’impulsion de courant et du mouvement du projectile.
Afin de maximaliser la force électromagnétique sur le projectile, il faut choisir la
géométrie des rails qui offre des gradients d’inductance propre et mutuelle élevés tout en
veillant à ne pas dépasser la contrainte maximale sur les rails. Nous présentons une étude
comparative de deux configurations [101], pour lesquelles les forces sur le projectile et sur les
rails sont simulées à l'aide du code à éléments finis 3D MEGA [102]. Dans ces modèles, le
projectile est fixe, ce qui élimine l’influence des courants de Foucault et des variations
d’inductance à cause du mouvement du projectile [79]. D’ailleurs, MEGA ne permet pas la
simulation du projectile à des niveaux de vitesse caractéristiques des lanceurs à rails
(plusieurs centaines de m/s). La modélisation avec MEGA est décrite en annexe B.
La première configuration (type 1) est celle du lanceur à rails superposés (Fig. 2-6). Le
circuit extérieur est composé d’une paire de rails, située dans le plan formé par les rails
intérieurs (Oyz). Le circuit extérieur de la configuration juxtaposée (type 2) est formé par
deux paires de rails, situées dans deux plans parallèles et symétriques au plan contenant les
rails intérieurs [103].
Figure 2-6. Les géométries du lanceur à rails étudiées (quart de la section) : le lanceur conventionnel, le
lanceur à rails superposés (type 1) et le lanceur à rails juxtaposés (type 2)
gradient d'inductance des rails du circuit intérieur L'R, du gradient d'inductance mutuelle M' et
des courants IR et IA. Il est obtenu en réarrangeant les termes dans l'expression de la force sur
le projectile Fpr (2-2) :
1 § I · 2 1
Fpr ¨¨ L' R M ' A ¸¸ I R L' eff I 2R (2-9)
2 © IR ¹ 2
IA
L'eff L' R M ' (2-10)
IR
Il est supérieur ou égal à L'R et est une fonction croissante de M' (qui dépend
uniquement de la géométrie des rails) et de IA. Remarquons que le gradient d'inductance des
rails du circuit intérieur L'R est égal au gradient d'inductance du lanceur à rails conventionnel.
La géométrie des rails et les courants influencent aussi les forces sur les rails, qui ne
doivent pas dépasser la limite de résistance de la structure du lanceur. La valeur de L'eff peut
être obtenue avec (2-9) après calcul de la force sur le projectile avec un code à éléments finis.
Le facteur L'eff / L'R indique le gain en force sur le projectile dans le cas du lanceur à rails
augmenté.
B.2. Calcul avec MEGA des forces sur le projectile et les rails du lanceur augmenté
B.2.a. Introduction
Dans ce paragraphe, nous comparons les forces électromagnétiques sur les rails et le
projectile de quelques configurations de lanceurs conventionnel et augmenté. Ces forces sont
calculées avec MEGA*. D'autres éléments de comparaison, comme le rendement et la vitesse
maximale à la bouche sans transition du pont de courant, seront abordés plus tard.
Le lanceur à rails conventionnel, dont les rails constituent le circuit intérieur des deux
configurations de lanceur augmenté, est composé de rails de 30 mm de large et 15 mm de
haut. Le projectile a un calibre carré de 30 mm x 30 mm (Fig. 2-6). Le gradient d’inductance
propre du lanceur augmenté L'R est celui du lanceur à rails conventionnel.
Pour la simulation des différentes configurations, nous avons utilisé des courants dans
les rails intérieurs et extérieurs constants et égaux à 500 kA. Les forces ont été calculées
750 µs après l’injection des courants afin d’éviter que les résultats soient influencés par des
phénomènes transitoires.
Le gradient d’inductance mutuelle M’ du lanceur à rails augmenté n'est pas un résultat
direct de la simulation. Il faut d'abord calculer Fpr avec MEGA. M' peut ensuite être calculé à
partir de (2-9) et (2-10) :
*
La simulation avec MEGA est décrite en annexe B.
72 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté
La force électromagnétique sur le projectile Fpr, qui est un résultat direct du calcul avec
MEGA, est égale à 61.2 kN. Le gradient d’inductance L’R vaut donc 0.49 µH/m. La force sur
les rails, égale à 1.07 MN/m, génère une contrainte de 35.7 MPa [101].
Figure 2-7. M’ et la contrainte sur les rails en fonction de la distance entre les rails intérieur et extérieur
Figure 2-8. M’ et la contrainte sur les rails en fonction de la largueur du rail extérieur
courant dans le lanceur conventionnel vaut 693.4 kA et la contrainte sur les rails selon l'axe y
(py) 72.4 MPa. Le courant dans le circuit intérieur du lanceur augmenté est donc réduit de
28 %, mais la contrainte mécanique sur les rails intérieurs a crû de 60 %.
Figure 2-9. M’ et la contrainte sur les rails en fonction de la position horizontale du rail extérieur
Figure 2-10. M’ et la contrainte sur les rails en fonction de la position verticale du rail extérieur
74 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté
Figure 2-11. Le rapport L’eff / L’R en fonction du courant dans le circuit extérieur pour
le lanceur conventionnel et les configurations nominales des lanceurs augmentés de
types 1 (d = 10 mm) et 2 (y = 25 mm, z = 40 mm).
Les forces sur les rails du lanceur de type 1 sont toutes situées dans le plan vertical (la
composante Fz,A est nulle). En plus, il n’y a qu’un seul circuit. La structure du lanceur est
donc plus simple, ce qui est avantageux pour les expériences. En effet, un lanceur de structure
complexe exige beaucoup de temps pour le montage et le démontage entre deux tirs. Par
contre, pour fermer le circuit extérieur d'un lanceur de type 1 à hauteur de la bouche du
lanceur, il faut monter un pont sur lequel agit également une force électromagnétique.
L'expression de la force électromagnétique agissant sur le pont (Fp) est établie en annexe A.
Elle est égale à :
Fp 0.33 I 2A (2-12)
où IA est exprimé en kA. Si le courant dans le circuit extérieur vaut 500 kA, la force sur le
pont est de 83 kN. Cette force est quasi égale à la force sur le projectile !
Le lanceur de type 1 est donc moins complexe, plus compact et plus léger, et le
gradient d’inductance effectif est plus grand pour un même courant dans les circuits. Nous
faisons donc l’avant-projet d’un lanceur de ce type.
Pourtant, si on voulait concevoir un lanceur à rails augmenté à répartition spatio-
temporelle de l'énergie (DES), le type 2 doit être pris en considération. En effet, l’accès aux
rails intérieurs pour la connexion des câbles d’alimentation est plus simple.
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 75
C.2. Détermination des impulsions de courant pour le calcul des forces sur les rails
Le but de l’avant-projet est de déterminer les forces maximales sur les rails afin de
pouvoir dimensionner le bâti du lanceur. Pour calculer ces forces, nous avons utilisé des
impulsions de courant au lieu de courants constants. En effet, comme nous le montrons au
paragraphe C.4., il y a une grande différence entre les résultats obtenus avec ces deux
méthodes. Ceci est dû au fait que le calcul à courants constants ne tient pas compte des effets
d’induction.
impulsion de courant mesurée lors d’un tir avec le lanceur CEDAP [104]. Un facteur
d’échelle a été appliqué à cette impulsion pour obtenir deux nouvelles impulsions de courant
avec des courants crêtes de 120 kA et de 180 kA (Fig. 2-12). Ces impulsions correspondent
plus ou moins à des impulsions de courant générées par des bancs de condensateurs chargés
respectivement à 7 kV et à 10 kV.
Tous les bancs ne sont pas déclenchés au même instant. Ceci mènerait à des courants
trop élevés. Typiquement dans notre étude, deux bancs sont injectés dans le circuit extérieur
avec un décalage de 0.15 ms, le troisième banc – s’il est déclenché – avec un décalage de
1.5 ms ou plus. Un ou deux bancs de condensateurs sont déchargés dans le circuit intérieur,
avec au moins 1 ms de décalage (Fig. 2-13). Le courant crête dans le circuit intérieur ne
dépasse donc pas 180 kA, le courant dans le circuit extérieur reste en dessous de 360 kA.
Figure 2-13. Courants formés par le déclenchement de deux bancs de condensateurs avec décalage
Pour l’avant-projet, nous utilisons des impulsions de courant simples avec des maxima
de 180 kA et 360 kA, et avec un décalage entre les injections dans les circuits extérieur et
intérieur de 0 ms (cas 1) et de 1 ms (cas 2) (Fig. 2-14 et 2-15). Le but du décalage est
d'évaluer l'influence des effets d'induction sur la contrainte sur les rails.
Figure 2-14. Impulsions de courant dans les circuits intérieurs et extérieurs (cas 1)
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 77
Figure 2-15. Impulsions de courant dans les circuits intérieurs et extérieurs (cas 2)
L'avantage de la première méthode est que les équations analytiques peuvent être
intégrées dans un code de simulation du lanceur à rails, et qu'il ne faut donc pas
systématiquement recourir à un code à éléments finis pour le calcul des forces sur les rails.
Pourtant, cette méthode doit être utilisée avec précaution pour le calcul des forces sur les rails
du lanceur augmenté, comme nous allons le démontrer dans le paragraphe C.5.
Le modèle utilisé dans les deux méthodes, consiste en un quart de la coupe transversale
du lanceur à rails (Fig. 2-16). Les rails sont modélisés avec une longueur infinie.
§ wL' R · § wM ' ·
Fy ,R 20 ¨¨ ¸¸ x 0.2 ¨¨ ¸¸ x I A
© wy ¹R © dy ¹ R
(2-13)
§ wL · 2 § wM' ·
Fy ,A 0.5 10 3 ¨¨ A ¸¸ I A 0.2 ¨¨ ¸¸ x I A
© wy ¹A © wy ¹ A
Les points calculés avec MEGA sont représentés sur les figures 2-17 et 2-19 par des
carrés. Les lignes sont des courbes de régression aux équations suivantes :
Fy ,R 264.6 2.659 I A
(2-14)
3
Fy ,A 2.691 10 I 2A 1.115 I A
Par identification de (2-13) avec (2-14), nous obtenons les valeurs suivantes pour les
coefficients :
§ wL' R · § wM ' ·
¨¨ ¸¸ = 13.2 µH/m² ¨¨ ¸¸ = 13.3 µH/m
© wy ¹R © wy ¹ R
§ wL A · § wM ' ·
¨¨ ¸¸ = 5.38 µH/m² ¨¨ ¸¸ = –5.57 µH/m²
© wy ¹A © wy ¹ A
Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté 79
Le calcul a été mené pour d'autres combinaisons de courant, afin de vérifier si les
coefficients sont bien indépendants du courant. C'est effectivement le cas.
C.4. Comparaison des forces sur les rails des lanceurs conventionnel et augmenté
Avec les résultats obtenus ci-dessus, on peut démontrer que, pour une même force sur
le projectile, la force sur les rails du lanceur augmenté est plus grande que la force sur les rails
du lanceur conventionnel. La structure de maintien du lanceur à rails doit donc être plus rigide
[105]. Nous avons comparé la force sur les rails du lanceur conventionnel et du lanceur
augmenté. Les données du lanceur conventionnel sont :
Figure 2-19. Courant du circuit intérieur en fonction du courant dans le circuit extérieur (Fpr = 5 kN)
Les forces sur les rails intérieurs et extérieurs en fonction du courant dans le circuit
extérieur sont représentées sur le graphique ci-dessous (Fig. 2-20). La force sur les rails
80 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté
intérieurs croît légèrement, la force sur les rails extérieurs par contre croît très fortement avec
le courant. La structure du lanceur augmenté est donc nettement plus sollicitée que celle du
lanceur conventionnel à force de projectile égale. La force sur la structure de maintien des
rails, égale à la somme des forces sur les rails intérieurs et extérieurs, augmente de 150 kN/m
pour IA = 0 kA jusqu'à 930 kN/m pour IA = 400 kA.
Figure 2-20. Forces sur les rails intérieurs et extérieurs en fonction du courant
dans le circuit extérieur (Fpr = 5 kN)
La comparaison des résultats du calcul des forces sur le rail extérieur montre que les
effets des courants induits sont importants (Fig. 2-23 et 2-24) et que les équations analytiques
sous-estiment les forces sur les rails.
Ces résultats montrent donc qu’il faut utiliser une simulation numérique avec des
variations de courant proches de la réalité pour le calcul des forces sur les rails.
82 Chapitre 2. Avant-projet du lanceur à rails augmenté
Le problème ne se pose pas pour le calcul de la force sur les rails d’un lanceur à rails
conventionnel, car il n’y a pas d’effets d’induction. La formule analytique peut donc être
utilisée.
Le tableau 2-1 résume les résultats de l'avant-projet obtenus avec MEGA et des
courants transitoires. Les limites inférieure et supérieure de sollicitation des rails y sont
données. Elles sont exprimées en force par unité de longueur et en contrainte. Ces chiffres ont
permis de calculer la structure de maintien de LARA.
D. Conclusions
Une expression générale de la force électromagnétique sur les ponts de courant d'un
projectile et sur les rails du lanceur augmenté a été établie. L'avantage du lanceur à rails
augmenté réside dans le fait que le courant dans les ponts peut être réduit sans diminuer la
force accélérant le projectile. Nous avons également montré que le lanceur à rails augmenté
contribue à une meilleure distribution des forces sur les ponts de courant, réduisant ainsi les
contraintes dans le projectile. Il présente toutefois l'inconvénient de générer des contraintes
sur les rails supérieures à celles d'un lanceur à rails conventionnel.
Deux configurations de lanceur à rails augmenté ont été comparées. L'influence de la
géométrie des rails sur les coefficients de la force électromagnétique a été étudiée. La
configuration avec une paire de rails extérieurs a été choisie pour la construction de LARA,
car la force sur le projectile est plus grande à courants égaux et car la structure du lanceur est
simple. La contrainte sur les rails plus grande n'est pas un problème pour ce lanceur de petit
calibre.
Deux méthodes de calcul des forces ont été présentées. La première méthode consiste
en la détermination préliminaire des coefficients de la force électromagnétique par un calcul
avec MEGA en choisissant des courants constants. Cette méthode permet de comparer
différentes configurations de lanceur à rails et de faire une présélection, mais elle ne prend pas
en compte les forces dues aux courants induits. Pour l'avant-projet de LARA, la deuxième
méthode, également développée à l'aide du logiciel MEGA et intégrant les impulsions de
courant, a été préférée.
Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure 83
Chapitre 3
A. Description de LARA
Sur la base des conclusions de l'avant-projet, un lanceur à rails augmenté d'une
longueur de 1500 mm a été construit.
La figure 3-1 montre une coupe transversale du lanceur. La structure de maintien des
rails est composée d'une partie supérieure (1) et d'une partie inférieure (2) qui portent chacune
un rail intérieur (3) et un rail extérieur (4). Des entretoises cylindriques (5) permettent
d’assurer un écartement de 15 mm entre les rails intérieurs. L'ensemble est tenu en place par
des tiges filetées en acier (6). Les rails extérieurs et intérieurs sont séparés par une plaque
isolante (7) d'une épaisseur de 6 mm. Des guides (8) sont fixés au rail intérieur de la partie
inférieure afin de mener le projectile lors de son accélération et d'assurer un bon contact entre
les brosses des ponts de courant et les rails intérieurs.
Figure 3-2. La partie supérieure du lanceur avec un Figure 3-3. Les guides fixés au rail intérieur
rail intérieur, un rail extérieur et l'isolation
Les figures 3-2 et 3-3 illustrent la structure de maintien. La figure 3-4 permet de
visualiser le montage expérimental global : on y distingue la source d'énergie électrique et ses
bancs de condensateurs (1), les câbles coaxiaux et les blocs d'injection de courant (2), le
lanceur à rails augmenté (3) et la cuve de récupération (4).
Figure 3-4. Le lanceur à rails augmenté avec la source d'énergie électrique et la cuve de récupération
Le circuit extérieur du lanceur est fermé à l'avant par un pont (Fig. 3-5). A l'arrière,
deux blocs font l'interface entre les rails du lanceur et les câbles coaxiaux (Fig. 3-6).
Figure 3-5. Le pont du circuit extérieur Figure 3-6. Les blocs d'injection des circuits intérieurs et
extérieurs et les câbles coaxiaux
Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure 85
B. Choix du projectile
Le projectile est composé d'un sabot et d'un ou deux ponts de courant. Le sabot, de
forme parallélépipédique et en résine époxy renforcée de fibres de verre, est percé d'un ou
deux orifices d'un diamètre de 7 mm pour accueillir les ponts de courant.
Ceux-ci, réalisés avec des brins multifilamentaires en alliage Cu-Cd d'un diamètre de
40 µm [106], sont dimensionnés en fonction de leur charge thermique et donc de l'intensité du
courant. La charge thermique (CT) est définie au chapitre 1 et est exprimée par
tb
´
CT µ I 2R t dt (3-1)
µ
¶0
avec tb l'instant où le projectile quitte le lanceur. Le diamètre du pont de courant a ainsi une
influence sur la charge thermique maximale que le pont de courant peut absorber avant de
dépasser la température de fusion des brins. La relation entre la charge thermique et le
diamètre du pont de courant a été établie de manière expérimentale dans le cadre d'une autre
étude [104]. Les résultats de cette étude montrent que le choix d'un diamètre de 7 mm est
judicieux pour les projectiles de LARA [107].
La figure 3-7 présente ainsi le dimensionnement d'un projectile à deux ponts de
courant.
Figure 3-8. Schéma d'un pont de courant avant (a) et après (b) insertion dans le lanceur
86 Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure
Un autre paramètre à prendre en compte est l'usure des brosses à cause des
sollicitations thermiques et mécaniques lors de l'accélération. Afin de compenser la
diminution de la longueur qui en résulte, un réservoir est prévu derrière le pont de courant
(Fig. 3-8 (a)). La longueur des brins est plus grande que le calibre des rails ; l'excédent est
emmagasiné dans ce réservoir (Fig.3-8 (b)). La pente des brosses est de 10°, ce qui garantit un
bon remplissage et un bon contact sur toute la surface de la brosse.
La masse du projectile est de 17.5 r 0.2 g pour des projectiles à un pont de courant
(Fig. 3-9), et 20.7 r 0.2 g pour ceux à deux ponts de courant (Fig. 3-10). Quelques projectiles
avec deux orifices mais un seul pont de courant ont été fabriqués ; leur masse est alors de
16.0 r 0.1 g. Ils font partie d'un lot de projectiles dont les corps ont été fabriqués en une seule
fois afin de réduire les coûts et de constituer une réserve de projectiles. Pour garder toute la
liberté quant au choix du nombre de ponts de courant, deux orifices ont été fraisés.
Figure 3-9. Le projectile à un pont de courant Figure 3-10. Le projectile à deux ponts de courant
Avant le tir, le projectile est introduit manuellement dans le lanceur. Ensuite, après le
serrage des vis et l'installation de l'instrumentation de mesure, les condensateurs sont chargés
et le lanceur est prêt pour la mise à feu.
Le projectile est arrêté par un bloc de papier d'une épaisseur d'environ 30 cm au sein de
la cuve de récupération. Cette cible relativement molle permet de récupérer les projectiles
intacts à condition que leur énergie cinétique à l'impact soit inférieure à 3 kJ.
Lors des premiers essais, certains projectiles ont été abîmés à l'impact sur la cible à
cause de leur instabilité, c'est-à-dire que le pont de courant était partiellement extrait de son
logement par son inertie au moment de l'impact lorsque le projectile n'était pas à l'horizontale.
En effet, le pont de courant se trouvant à l'arrière (Fig. 3-9), le centre de gravité de ces
projectiles (CG) est situé derrière le centre de pression (CP), lieu d'application des forces et
moments aérodynamiques (Fig. 3-11). Dans ce cas, la résultante des forces aérodynamiques
&
R donne lieu à un moment déstabilisant qui provoque le basculement du projectile lors de
son déplacement en vol libre.
Afin d'éliminer cette cause de dégradation du projectile, le pont de courant a été placé à
l'avant pour les essais suivants (Fig. 3-8). Celui-ci entre alors horizontalement dans la cible.
La seule détérioration éventuelle du projectile est due à une énergie cinétique trop élevée.
d 2 I R dI I
2
0 (3-2)
dt L dt L C
88 Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure
I t 0 0
(3-3)
§ dI · U0
¨ ¸
© dt ¹ t 0 L
Tant que la tension aux bornes du commutateur de crowbar reste positive, tout le
courant circule à travers l'éclateur. Dès que la tension change de signe, les diodes de crowbar
deviennent conductrices. Toute l'énergie capacitive est alors transférée dans la self de
stockage et le banc de condensateurs est court-circuité. Ce transfert d'énergie est réalisé de
façon optimale lorsque la condition du régime sous-amorti est satisfaite :
4L
!1 (3-4)
R2 C
La mise hors circuit du banc de condensateurs empêche leur recharge par un courant de
sens opposé, ce qui constituerait une perte d'énergie pour le lanceur à rails.
L'intensité de courant est ainsi établie par résolution de (3-2). Dans le cas d'un faible
amortissement (R faible), elle est exprimée par :
C § 1 ·
It | U 0 sin ¨¨ t ¸¸ (3-5)
L © LC ¹
C
I max | U 0 (3-6)
L
§ 1 ·
Ut | U 0 cos ¨ t¸ (3-7)
¨ LC ¸
© ¹
Figure 3-13. La tension aux bornes des condensateurs et le courant dans le circuit
Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure 89
La figure 3-13 montre la tension normée U/U0 aux bornes des condensateurs et le
courant normé I/Imax dans le circuit [110].
D. Instrumentation
Les capteurs sont connectés aux enregistreurs par des câbles coaxiaux, sauf pour la
mesure de tension. La faible intensité des signaux de cette mesure impose l'utilisation de
fibres optiques pour leur transmission afin de limiter l'influence du champ magnétique intense
du lanceur.
90 Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure
Les enregistreurs de transitoires sont installés dans une cage de Faraday. Cette dernière
et les alimentations prévues pour le chargement des condensateurs se trouvent dans un local
annexe au stand de tir.
Les quatre autres points sont mesurés par des sondes B-dot (Fig. 3-14, (a)–(d)). Ce sont
des petites bobines dont la tension générée aux bornes est proportionnelle à la variation du
champ magnétique B (dB/dt). Les sondes utilisées s'obtiennent par un bobinage de 40 spires
d'un fil de cuivre de diamètre 0.1 mm autour d'un support carré en époxy de côté égal à 5 mm
[111]. Suivant sa position et son orientation, la sonde détecte le champ généré par le courant
dans le pont de courant du projectile ou dans les rails (Fig. 3-16). On distingue la sonde B-dot
rail et la sonde B-dot projectile [112].
Les deux types de sondes donnent de bons résultats dans le cas du lanceur à rails
conventionnel. Par contre, pour les mesures sur le lanceur à rails augmenté, seule la sonde
B-dot projectile est utilisable. En effet, la mesure avec la B-dot rail serait erronée à cause du
champ magnétique généré par le courant dans le circuit extérieur et présent sur toute la
longueur du lanceur.
v
fD 2f (3-8)
c
92 Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure
La fréquence de l'onde réfléchie est f-fD. Le coupleur directionnel compare les deux
signaux et produit alors la fréquence Doppler, qui permet de déterminer la vitesse v :
fD
v 2c (3-9)
f
Deux options sont possibles pour intégrer le signal, afin d'obtenir le courant I. La
première méthode est d'ajouter un intégrateur passif sous forme d'un circuit RC à la chaîne de
mesure [117]. Nous avons opté pour la deuxième méthode : l'intégration numérique du signal
mesuré.
Cette différence a des conséquences sur la mesure de tension, qui présente la même
différence d'amplitude. La figure 3-21 montre les tensions à la bouche et à la culasse du
circuit extérieur, mesurées avec une sonde haute tension. Dans la zone "haute tension",
correspondant aux injections de courant, la tension est comprise entre –700 V et 2000 V.
Dans la zone "basse tension", la tension varie de –50 V à 75 V. Le saut de tension dû à
l'ouverture du circuit au moment où le projectile quitte le lanceur, ne fait pas partie de la
mesure.
L'instrument utilisé à l'ISL pour la mesure de tension sur les lanceurs à rails
conventionnels est un émetteur-récepteur électro-optique [115]. Cet appareil ne peut traiter
que des signaux dont la tension est comprise entre –25 V et 125 V. Ses caractéristiques sont :
x bande passante : 35 MHz
x erreur de linéarité < 1 % sur la plage d'entrée (de –25 V à 125 V)
x impédance d'entrée: 50 :
x bruit crête à crête < 6 mV
Par contre, les tensions du domaine "haute tension" ne sont pas mesurées correctement.
Des diviseurs peuvent alors être utilisés pour limiter la tension à l'entrée de l'instrument de
sorte que la tension maximale soit mesurée correctement, mais la précision dans le domaine
"basse tension" devient alors très faible, la résolution des oscilloscopes étant limitée à 8 octets
(Fig. 3-23). La mesure dans la zone "haute tension" avec un émetteur-récepteur et des
diviseurs est comparable à la mesure avec une sonde haute-tension.
Figure 3-23. Détail de la mesure de tension sur le lanceur à rails augmenté avec
l'émetteur-récepteur électro-optique et un diviseur de tension
Chapitre 3. Le montage expérimental et techniques de mesure 95
Afin d'obtenir des mesures de tension correctes sur le lanceur à rails augmenté, il faut
donc toujours prévoir deux appareils de mesure par point de mesure de tension, qui sont
optimisés respectivement pour la mesure dans la zone "basse tension" et pour la mesure dans
la zone "haute tension". Les deux mesures de tensions sont alors fusionnées pour former un
signal de tension précis sur toute la période d'acquisition.
En fonction de la disponibilité des appareils, nous avons utilisé deux émetteurs-
récepteurs électro-optiques, ou un émetteur-récepteur et une sonde haute-tension.
Figure 3-24. Schéma d'un appareil de photographie éclair avec le réseau de formation
d'impulsion et le tube à rayons X [118]
Les rayons X doivent être suffisamment durs pour pénétrer le lanceur à rails et le
projectile afin d'obtenir des images avec un bon contraste. Des impulsions de tensions
comprises entre 200 kV et 1000 kV sont alors nécessaires [119]. Un générateur de Marx
délivre une telle tension au tube de radiographie éclair (Fig. 3-24).
E. Conclusions
Pour la construction du lanceur à rails augmenté LARA avec des sources d'énergie
électrique et des instruments de mesure, nous nous sommes basé sur des technologies
existantes à l'ISL. Certains éléments, optimisés pour des essais avec le lanceur à rails
conventionnel, ont nécessité des modifications, comme les circuits de formation d'impulsion,
le radar Doppler et les instruments de mesure de tension.
Nous disposons toutefois d'un ensemble d'instruments qui permettent d'effectuer un
certain nombre de mesures nécessaires pour la modélisation et la validation.
Chapitre 4. Modélisation de LARA 97
Chapitre 4
MODÉLISATION DE LARA
A.1.a. LARC
A.1.a.1. Introduction
La force électromagnétique agissant sur le projectile s'écrit sous la forme suivante dans
le cas du lanceur à rails conventionnel LARC :
1
FEM L' R I 2R (4-2)
2
Le gradient d'inductance propre L'R est calculable à l'aide d'un code à éléments finis. La
méthode la plus simple et la plus rapide est le calcul de l'énergie magnétique dans le lanceur à
rails en utilisant uniquement un modèle des rails. Ceux-ci ne peuvent pas être considérés
comme filiformes. Pourtant, l'expression de la force électromagnétique (4-2) a été établie au
chapitre 3 dans l'hypothèse de courants constants et de conducteurs filiformes. Il faut donc
analyser plus en détail la valeur du gradient d'inductance de conducteurs non-filiformes.
Dans ce cas, une partie de l'énergie magnétique se trouve à l'intérieur des conducteurs.
L'énergie magnétique Em totale du lanceur est égale à :
1
Em L R I 2R (4-3)
2
Em
1
L R ,int L R ,ext I 2R 1 1
L R ,int I 2R L R ,ext I 2R (4-4)
2 2 2
où LR,int et LR,ext sont les coefficients des termes décrivant respectivement l'énergie
magnétique dans les conducteurs et l'énergie magnétique dans le reste du système.
Figure 4-1. Les forces axiales agissant sur les rails et le pont de courant
1 1
FEM L' R ,int I 2R L' R ,ext I 2R Fint Fext (4-5)
2 2
Chapitre 4. Modélisation de LARA 99
Seule la force Fext contribue à la propulsion du projectile ; Fint agit uniquement sur les
rails (Fig. 4-1). Le gradient d'inductance de (4-2) correspond donc à L'R,ext , qui peut être
déterminé en injectant un courant à haute fréquence (par exemple 100 kHz) dans les rails.
L'effet de peau limite la diffusion du courant dans les rails et élimine ainsi le champ
magnétique à l'intérieur des rails. Le gradient d'inductance des rails est alors égale à L'R,ext
[121], [122].
A.1.a.2. Calcul du gradient d'inductance propre avec MEGA
Un modèle 3D des rails du lanceur est utilisé pour le calcul du gradient d'inductance
propre avec MEGA. Les ponts de courant ne sont donc pas modélisés. La fréquence du
courant dans les rails vaut 100 kHz, l'amplitude du courant peut être choisie librement comme
l'inductance dépend uniquement de la géométrie des conducteurs et non de l'intensité du
courant. Le résultat du calcul est l'énergie magnétique du système. L'énergie magnétique à
l'intérieur des rails étant négligeable, l'inductance des rails LR peut être directement obtenue
par (4-3). Si la longueur des rails du modèle est égale à x, le gradient d'inductance des rails
L'R s'obtient par LR/x, comme nous le verrons plus loin.
Pour une amplitude de courant de 200 kA et une longueur de rails de 1 mm, l'énergie
magnétique calculée vaut 9.06 J. L'inductance des rails est donc égale à 0.453 nH et le
gradient d'inductance des rails vaut 0.453 µH/m.
A.1.a.3. Mesure du gradient d'inductance propre sur LARC
Le gradient d'inductance des rails peut également être mesuré sur le lanceur même. Le
principe de cette mesure est illustré à la figure 4-2. Un RLC-mètre est connecté aux rails à la
culasse, où se situe également l'origine de l'axe des x. La variable x définit la position du pont
de courant dans le lanceur.
où L0 est une inductance constante qui est la somme de l'inductance du pont de courant et des
câbles de connexion.
Figure 4-3. Variation de l'inductance des rails en fonction de la position du pont de courant
Le gradient d'inductance mesuré L'R s'obtient par identification de (4-6) et (4-7). Celui-
ci est donc égal à 0.450 µH/m, ce qui correspond à la valeur obtenue par le calcul avec
MEGA.
A.1.a.4. Comparaison du calcul analytique avec le calcul numérique de la force
électromagnétique
La force électromagnétique agissant sur le pont de courant peut donc être calculée de
façon analytique avec (4-2). Dans les deux paragraphes précédents, nous avons montré que le
gradient d'inductance propre, qui est un paramètre de cette équation, peut être obtenu par
calcul numérique ou par mesure sur le lanceur.
La force électromagnétique en fonction d'un courant transitoire peut également être
obtenue de façon numérique avec MEGA. La figure 4-4 montre l'impulsion de courant utilisée
pour les calculs. Il s'agit du courant mesuré lors du tir 09 avec le lanceur à rail augmenté*. Un
maximum de 181 kA est atteint à 0.22 ms.
Figure 4-4. L'impulsion de courant pour le calcul de la force électromagnétique. (Tir 09)
*
Un tableau reprenant les données des tirs avec le lanceur à rails augmenté se trouve en annexe E.
Chapitre 4. Modélisation de LARA 101
La force sur le projectile, calculée avec l'expression analytique (4-4) sur la base de la même
impulsion de courant, est représentée à la figure 4-5 par la courbe en trait continu.
Figure 4-5. La force électromagnétique, obtenue par calcul numérique et par calcul analytique. (Tir 09)
Le raccord n'est pas parfait, dû au fait que le gradient d'inductance n'est pas constant
dans le lanceur, comme nous l'avons supposé ci-dessus. Pourtant, le calcul analytique avec un
gradient constant est généralement accepté et fournit des résultats suffisamment précis pour la
plupart des applications, la différence étant limitée.
A.1.b. LARA
A.1.b.1. Introduction
La force électromagnétique agissant sur le projectile dans le lanceur augmenté LARA,
établie au chapitre 2, est égale à :
1
FEM L' R I 2R M ' I R I A (4-8)
2
1
Em L R I 2R M I R I A (4-9)
2
1 1
Em L R ,int I 2R L R ,ext I 2R M int I R I A M ext I R I A (4-10)
2 2
où LR,int et Mint sont les coefficients des termes décrivant l'énergie magnétique dans les
conducteurs, et LR,ext et Mext sont les coefficients des termes décrivant l'énergie magnétique
dans le reste du système.
102 Chapitre 4. Modélisation de LARA
1 1
FEM L'R ,int I 2R L'R ,ext I 2R M 'int I R I A M 'ext I R I A Fint Fext (4-11)
2 2
Figure 4-6. L'énergie magnétique dans le lanceur à rails, calculée avec MEGA sur une longueur de 1 mm
1 1
Em L R I 2R L A I 2A M I R I A (4-13)
2 2
où LA est l'inductance propre du circuit extérieur du lanceur. Si IR est remplacé par sa valeur
(200 kA), l'équation (4-13) devient :
1
Em 20 000 L R L A I 2A 200 M I A (4-14)
2
Chapitre 4. Modélisation de LARA 103
Ensuite, les inductances de rails avec une longueur de 1 mm peuvent être calculées en
combinant (4-12) et (4-14) :
L R 0.439 nH
°
® L A 0.668 nH
°
¯ M 0.302 nH
Le même résultat aurait été obtenu si le courant du circuit extérieur était fixé et celui du
circuit intérieur varié. L'amplitude des courants ne joue également pas de rôle.
A.1.b.3. Mesure du gradient d'inductance mutuelle sur LARA
Pour la mesure du gradient d'inductance mutuelle des circuits extérieur et intérieur,
nous avons utilisé le montage suivant (Fig. 4-7). Un RLC-mètre est connecté aux rails
extérieurs. Deux ponts sont ajoutés à la bouche pour que le courant suive le chemin suivant :
rail extérieur supérieur, pont, rail intérieur inférieur, pont de courant, rail intérieur supérieur,
pont et rail extérieur inférieur. Le courant ne circule donc pas dans la partie des rails intérieurs
entre la culasse et le pont de courant.
1 1 1
Em LR I2 LA I2 M I2 L R L A 2 M I 2 (4-16)
2 2 2
Figure 4-8. Variation de l'inductance des rails en fonction de la position du pont de courant
1
Em L tot I 2 (4-17)
2
L tot LR LA 2 M (4-18)
Nous disposons d'une seule équation avec deux inconnues. Mais le gradient
d'inductance propre du lanceur conventionnel a déjà été déterminé au paragraphe A.1.a.3. de
ce chapitre, et si nous considérons les rails comme étant filiformes, le gradient d'inductance
propre L'R des rails intérieurs du lanceur augmenté est égal à celui du lanceur conventionnel,
car la géométrie des rails est identique. En réalité, les rails ne sont pas filiformes et le gradient
d'inductance propre du circuit intérieur du lanceur augmenté est légèrement différent de celui
du lanceur conventionnel à cause de la présence du circuit extérieur. En effet, l'effet de
proximité va modifier la position des lignes de courant.
Comme le gradient d'inductance propre du lanceur conventionnel vaut 0.450 µH/m, il
en suit que le gradient d'inductance mutuelle M' est égal à 0.297 µH/m, ce qui correspond à la
valeur obtenue par le calcul avec MEGA.
Chapitre 4. Modélisation de LARA 105
Figure 4-9. Le courant dans les circuits intérieur et extérieur du lanceur à rails augmenté. (Tir 13)
Figure 4-10. La force électromagnétique, par calculs numérique et analytique. (Tir 13)
Il y a clairement une différence entre les deux courbes. Afin d'identifier l'origine de
cette divergence, nous avons analysé la diffusion du courant dans les rails. La figure 4-11
montre une coupe transversale du lanceur, avec les rails intérieur et extérieur, et le pont de
courant du projectile. Un quart du lanceur et du pont de courant est représenté. Les couleurs
indiquent la valeur de la composante axiale de la densité de courant, selon l'échelle à droite
106 Chapitre 4. Modélisation de LARA
sur la figure. Les courants injectés sont ceux du tir 13 (Fig. 4-9). La culasse du lanceur est à
droite de la figure, la bouche à gauche ; le courant circule donc de droite à gauche. La figure
montre la composante axiale de la densité de courant à l'instant 0.2 ms, donc juste après
l'injection du courant dans le lanceur. Les flèches indiquent le sens de circulation local du
courant.
Comme attendu, le courant dans le rail intérieur est concentré dans une fine couche près
de la surface intérieure du rail. En plus, il y a du courant devant le pont de courant et à la
surface extérieure du rail intérieur. Il s'agit de courants de Foucault, induits par le courant du
circuit extérieur.
Figure 4-11. La composante axiale de la densité de courant dans les rails et le pont de courant à
0.2 ms. Les courants sont représentés à la figure 4-9. La figure montre une coupe transversale du
lanceur. Les flèches indiquent le sens du courant.
La figure 4-12 montre la composante axiale de la densité de courant à l'instant 2.5 ms,
lorsque le courant a déjà bien diffusé dans les rails. Le sens de circulation des courants de
Foucault dans le rail intérieur devant le pont de courant est inversé. Cette forte variation de la
distribution du courant dans le circuit intérieur a des conséquences sur les forces axiales
agissant sur le pont de courant et sur les rails intérieurs.
Nous avons montré au paragraphe A.1.b.1. de ce chapitre que, si une partie de l'énergie
magnétique est emmagasinée dans les rails, la force électromagnétique agissant sur le
projectile sera diminuée. Nous analysons dès lors l'énergie magnétique des rails.
Chapitre 4. Modélisation de LARA 107
Figure 4-12. La composante axiale de la densité de courant dans les rails et le pont de courant à
2.5 ms. Les courants sont représentés à la figure 4-9. La figure montre une coupe transversale du
lanceur. Les flèches indiquent le sens du courant.
La figure 4-13 montre l'énergie magnétique dans le lanceur à l'instant 0.2 ms. Peu
d'énergie magnétique est présente dans les rails (les zones où il n'y a pas d'énergie magnétique
sont vertes). Il y a par contre de l'énergie magnétique à la surface intérieure du rail intérieur et
surtout dans le pont de courant.
Figure 4-13. La distribution de l'énergie magnétique dans le lanceur augmenté et le pont de courant à
0.2 ms. Les courants sont représentés à la figure 4-9. La figure montre une coupe transversale du lanceur.
108 Chapitre 4. Modélisation de LARA
A l'instant 2.5 ms, quand le courant a diffusé dans les rails, une concentration d'énergie
magnétique se situe dans le rail intérieur juste derrière le pont de courant (la partie rouge et
violette). On retrouve également de l'énergie magnétique devant le pont de courant et dans le
rail extérieur (la partie bleue), mais de plus faible intensité.
Figure 4-14. La distribution de l'énergie magnétique dans le lanceur augmenté et le pont de courant à
2.5 ms. Les courants sont représentés à la figure 4-9. La figure montre une coupe transversale du lanceur.
La figure 4-15 montre la force axiale agissant sur les rails intérieurs et extérieurs et sur
le pont de courant. Ces forces ont été calculées avec MEGA sur la base des courants
transitoires de la figure 4-9. Comme peu d'énergie est emmagasinée dans le rail extérieur, la
force axiale est quasi nulle. Il faut rappeler que le pont à la bouche du lanceur, fermant le
circuit extérieur, ne fait pas partie du modèle. A cet endroit, il y a bien sûr une forte
composante axiale de la force électromagnétique, agissant sur les rails extérieurs et sur le
pont. Or, ceci n'a pas d'influence sur la répartition des forces électromagnétiques à la hauteur
du projectile.
La force axiale agissant sur les rails intérieurs n'est pas du tout négligeable. Après
l'injection de courant, lorsque le courant n'est pas encore complètement diffusé dans le rail
intérieur, la plus grande partie de la force disponible agit sur le projectile. Ensuite, la force sur
le projectile devient même plus faible que la force axiale sur les rails, ce qui explique l'écart
entre le calcul analytique et le calcul numérique illustré à la figure 4-10. Le calcul analytique
surestime donc la force sur le projectile, car il prend la force axiale sur les rails en compte.
Figure 4-16. La force électromagnétique agissant sur les rails intérieurs et sur le projectile du lanceur
conventionnel
Il y a également un écart entre la force axiale sur le pont de courant et celle qui agit sur
les rails intérieurs dans le cas du lanceur conventionnel, comme le montre la figure 4-16. Le
courant transitoire utilisé pour ces calculs avec MEGA est celui de la figure 4-4. La force sur
les rails intérieurs n'est pourtant nulle part supérieure à la force agissant sur le pont de courant
(Fig. 4-16).
Figure 4-17. La distribution de l'énergie magnétique dans le lanceur conventionnel et le pont de courant à
2.5 ms. Le courant est représenté à la figure 4-4. La figure montre une coupe transversale du lanceur.
110 Chapitre 4. Modélisation de LARA
1
FEM L'R I 2R E M' I R I A (4-22)
2
avec E un facteur de correction inférieur à 1. Crawford et al. ont utilisé une valeur de E égale à
0.85. Ceci est bien sûr uniquement valable pour la géométrie du lanceur et du projectile qu'ils
ont étudiée. Pour LARA, la valeur de E devrait être plus petite : environ 0.65. La figure 4-18
montre la force électromagnétique calculée avec MEGA (la courbe en trait pointillé) et deux
courbes calculées avec (4-22) avec une valeur de E égale respectivement à 0.85 et 0.65.
Figure 4-18. La force électromagnétique agissant sur le projectile, calculée avec l'équation de Crawford avec
des valeurs de E de 0.85 et 0.65, et avec MEGA
Chapitre 4. Modélisation de LARA 111
Une valeur de 0.85 mène clairement à une surestimation de la force sur le projectile de
LARA. Une valeur de 0.65 fournit une meilleure correspondance avec la courbe obtenue par
calcul numérique, du moins entre 0 et 0.75 ms. Après, les deux courbes s'écartent.
Nous proposons une autre méthode de correction des coefficients. Nous avons calculé
avec MEGA les gradients d'inductance L'R et M' de LARA avec deux méthodes différentes :
avec des courants constants et avec des courants à une fréquence de 1 kHz. Le modèle utilisé
est celui du lanceur augmenté avec le projectile à un pont de courant. Les résultats de ces
calculs sont repris dans le tableau 4-1, qui reprend également les gradients d'inductance du
lanceur conventionnel et ceux obtenus par calcul avec des courants à haute fréquence.
TABLEAU 4-1. LES GRADIENTS D'INDUCTANCE CALCULÉS AVEC LES DIFFÉRENTES MÉTHODES
Lanceur conventionnel
Modèle et
méthode Courbe
L'R (µH/m) M' (µH/m)
Fig. 4-19 ou 4 -20
Rails
0.453 - 1
(100 kHz)
Rails avec pont de courant
0.423 - 2
(1 kHz)
Rails avec pont de courant
0.397 - 3
(courant constant)
Lanceur augmenté
Rails
0.439 0.302 1
(100 kHz)
Rails avec pont de courant
0.416 0.247 2
(1 kHz)
Rails avec pont de courant
0.396 0.144 3
(courant constant)
Lanceur conventionnel
Temps Courbe sur
L'R (µH/m) M' (µH/m)
Fig. 4-19 ou 4 -20
t d 0.2 ms 0.427 -
0.2 ms < t < 1.5 diminution linéaire
- 4
ms de 0.427 à 0.397
t t 1.5 ms 0.397 -
Lanceur augmenté
t d 0.2 ms 0.416 0.247
0.2 ms < t < 1.5 diminution linéaire diminution linéaire
4
ms de 0.416 à 0.397 de 0.247 à 0.144
t t 1.5 ms 0.397 0.144
Nous avons donc défini des coefficients qui permettent de calculer la force
électromagnétique avec l'équation analytique avec une bonne précision par rapport à la force
calculée avec MEGA. Remarquons quand même que ces forces ont été calculées avec un
modèle à pont de courant fixe. Les effets de vitesse ne sont donc pas pris en compte. La
validité de cette approche sera examinée lors de l'étude expérimentale de LARA.
Figure 4-19. Comparaison des différentes méthodes de calcul analytique de la force électromagnétique sur
le pont de courant avec la force calculée avec MEGA dans le cas du lanceur augmenté. Les courbes sont
définies dans les tableaux 4-1 et 4-2.
Nous avons fait le même exercice pour le lanceur conventionnel. Les coefficients de
l'expression de la force électromagnétique sont repris dans les tableaux 4-1 et 4-2, Les
différentes courbes sont présentées à la figure 4-20. Comme il n'y a pas d'effets d'induction
entre les circuits, les courbes varient très peu et les différences entre les méthodes de calcul de
la force électromagnétique sont minimes. C'est pourtant la force calculée avec le coefficient
variable qui correspond le mieux avec la force calculée avec MEGA (respectivement la
courbe 4 et le pointillé sur la figure 4-20). Ce coefficient variable sera donc utilisé dans le
modèle.
Chapitre 4. Modélisation de LARA 113
Figure 4-20. Comparaison des différentes méthodes de calcul analytique de la force électromagnétique sur le
pont de courant avec la force calculée avec MEGA dans le cas du lanceur conventionnel. Les courbes sont
définies dans les tableaux 4-1 et 4-2.
A.1.c. Conclusion
Nous disposons dès lors d'un modèle de la force électromagnétique agissant sur le
projectile dans les lanceurs conventionnel et augmenté dont l'expression est :
1
FEM L' R t I 2R M ' t I R I A (4-23)
2
La force de frottement entre le pont de courant et les rails s'exprime par le produit du
coefficient de frottement µf et de la force normale FN entre le pont et les rails.
Ff P f FN (4-24)
FN FN , méc FN , ém (4-25)
Figure 4-21. Les forces agissant sur les brins du pont de courant dans la zone
de contact entre le pont et le rail
A.2.b.1. Le coefficient D
La valeur de D a été calculée par Schneider et al. pour les projectiles du lanceur EMA3,
dont les ponts de courant ont les même dimensions que ceux de LARA [57]. Elle est égale à
0.154.
A.2.b.2. Le coefficient de frottement µf
Ce coefficient n'est pas connu pour des contacts glissants aux vitesses qui sont
caractéristiques du lanceur à rails. Par conséquent, il faut faire des hypothèses pour établir une
relation entre le coefficient de frottement et la vitesse du projectile.
Une valeur typique de µf est 0.3 ; elle est valable pour des contacts glissant en cuivre
sur des surfaces planes en cuivre, mais uniquement si la vitesse, les forces normales et les
densités de courant sont limitées. Dès que la vitesse du projectile augmente, le mécanisme de
frottement change et µf chute rapidement [113]. Des valeurs de µf à des vitesses élevées ne
sont pas disponibles dans la littérature, mais sont certainement petites et sont estimées à 0.1
[125]. Prenant ces hypothèses en compte, nous proposons l'expression suivante pour le
coefficient de frottement :
§ v ·
P f v 0.1 0.2 exp¨ ¸ (4-28)
© 100 ¹
Une fonction similaire a été utilisée pour la modélisation de ponts de courants solides
[120]. L'équation (4-28) est présentée sous forme graphique sur la figure suivante (Fig. 4-22) :
condensateurs. Trois signaux parasites s'y superposent à 0.007 ms, 0.024 ms et 0.166 ms et
correspondent aux injections de courant dans les circuits intérieur et extérieur du lanceur. Ils
sont détectés par le radar à cause de l'interaction électromagnétique des rails du lanceur avec
le radar, mais n'ont pas d'influence sur l'exploitation du signal radar.
L'amplitude du signal varie avec le mouvement du projectile. Ce dernier est donc à
l'arrêt tant que l'amplitude vaut zéro, c'est à dire jusqu'à 0.05 ms.
FEM Ff
1 D P f FEM P f FN ,mech (4-29)
1 D P f
FN , mech FEM (4-30)
Pf
1 D Pf
FN , méc FEM (4-32)
2 Pf
La force normale mécanique agissant sur les projectiles à un et deux ponts de courant, a
été calculée sur la base du signal Doppler mesuré. Le résultat est repris dans le tableau 4-3,
ainsi que la force électromagnétique à l'instant de départ. Excepté le tir 43, tous les tirs ont été
effectués avec le lanceur augmenté.
Nous constatons que la force normale mécanique dans les cas 53 et 59 est beaucoup
plus élevées que celle des autres cas. Ceci peut être dû à une mauvaise insertion du projectile
dans le lanceur ou à une erreur de mesure. Si nous ne tenons pas compte de ces deux valeurs,
la moyenne de la force normale mécanique est égale à 680 N.
Des résultats obtenus avec des essais sur d'autres lanceurs de l'ISL montrent que la
valeur de 680 N est réaliste [126].
A.2.c. Conclusion
Le modèle de force de frottement est basé sur plusieurs hypothèses dont la validité
devra être vérifiée dans des études ultérieures. Nous avons trouvé l'expression suivante de la
force de frottement :
L'usure des brins par le frottement avec les rails et par leur échauffement peut causer
une perte de masse du pont de courant du projectile lors de son accélération. Cette perte de
masse peut être importante lorsqu'une transition de contact a eu lieu. Il faut donc en tenir
compte dans le modèle de cinématique du projectile.
Nous proposons un modèle simple, basé sur la mesure de la masse du projectile avant
et après le tir, et sous l'hypothèse que la perte de masse varie exponentiellement.
§ expt / t b 1 ·
'mt m pr , 0
m pr ,b ¨
e 1
¸ (4-34)
© ¹
La masse du projectile lors de son accélération, en fonction du temps, est alors donnée
par :
m pr t m pr ,0 'mt (4-35)
Une condition nécessaire pour l'application de ce modèle est que le projectile n'a pas
subi de détériorations à l'impact sur la cible. Si la masse du projectile après le tir ne peut pas
être déterminée, on peut se baser sur l'état des rails et la mesure de la tension à la bouche pour
détecter une transition éventuelle du contact. S'il n'y a pas d'indice d'une telle transition, on
peut faire l'hypothèse qu'il n'y a pas eu de perte de masse. Bien sûr, on suppose alors qu'il n'y
pas de perte de masse due à l'usure par le frottement. Dans tout autre cas, nous ne disposons
d'aucune information sur la masse du projectile après le tir.
Un modèle de perte de masse qui ne dépend pas de la mesure de la masse après le tir,
est évidemment plus intéressant. Il faudrait alors trouver une relation entre l'échauffement du
contact, l'usure par frottement et la perte de masse. L'élaboration d'un modèle pareil
nécessitera beaucoup de recherche et dépasse le cadre de notre étude. Nous montrons
d'ailleurs dans le chapitre 5 qu'une erreur sur la masse après le tir a peu d'influence sur la
vitesse à la bouche calculée.
Fpr t
J pr t (4-36)
m pr t
Chapitre 4. Modélisation de LARA 119
t
´
vt v0 µ J pr W dW (4-37)
¶0
et :
t
´
x t x 0 µ vW dW (4-38)
¶0
Les conditions initiales sont identiques pour tous les tirs. La vitesse initiale du
projectile v(0), donc au moment de la première injection de courant, est nulle. Il n'y a donc
pas de préaccélération du projectile. Quant à la position initiale du projectile x(0), elle est
égale à 60 mm r 5 mm.
120 Chapitre 4. Modélisation de LARA
B.1.a. Introduction
La tension est mesurée en trois endroits sur le lanceur à rails augmenté : à la bouche du
circuit intérieur (UR,b), à la culasse du circuit intérieur (UR,c) et à la culasse du circuit extérieur
(UA,c) (Fig. 4-24). Nous présentons dans ce paragraphe un modèle de ces trois tensions.
Figure 4-24. Schéma du lanceur à rails augmenté avec les mesures de tension
Nous remplaçons les circuits électriques du lanceur à rails augmenté par deux circuits
électriques équivalents comprenant des résistances et des inductances propres et mutuelles
(Fig. 4-25). Plusieurs paramètres de ces circuits varient avec la position du projectile. Les
résistances varient également avec le temps, suite à la diffusion du courant dans les
conducteurs non filiformes du lanceur. Afin d'augmenter la lisibilité des équations, nous
remplaçons par exemple RA(x,t) par RA. La variation des paramètres avec la position du
projectile sera prise en compte dans les équations élaborées dans ce paragraphe-ci. L'influence
de la diffusion du courant dans les conducteurs, c'est-à-dire la dépendance du temps, sera
discutée dans le paragraphe B.2. de ce chapitre.
Le circuit intérieur est composé des rails intérieurs et du projectile. Seule la partie du
circuit entre la culasse et le projectile conduit du courant (IR). Les rails dans cette zone sont
caractérisés par une résistance RR, une inductance propre LR et une inductance mutuelle MR.
La partie des rails entre le projectile et la bouche ne porte pas de courant, mais il y a une
contribution à la tension à la bouche via le courant dans le circuit extérieur et l'inductance
mutuelle Mb. Le circuit équivalent du projectile consiste en une résistance Rpr et une
inductance propre Lpr.
Le circuit extérieur a deux composantes : les rails sont caractérisés par une résistance
RA, une inductance propre LA et des inductances mutuelles MR et Mb ; le pont de courant du
circuit extérieur par une résistance Rp et une inductance propre Lp.
Le modèle du circuit électrique de LARC découle directement du modèle du circuit
intérieur de LARA en mettant les inductances mutuelles à zéro (Fig. 4-26).
Chapitre 4. Modélisation de LARA 121
dI R dI R
U R ,c R R I R R pr I R L pr (4-39)
dt dt
IR LR IR M R IA (4-40)
122 Chapitre 4. Modélisation de LARA
dI R d
L R I R M R I A
dt dt
(4-41)
dL R dI dM R dI
IR LR R IA M R A
dt dt dt dt
dL R dI dM R dI
IR LR R IA MR A
dt dt dt dt
(4-42)
wL R dx dI wM R dx dI
IR LR R IA MR A
wx dt dt wx dt dt
dI R dI R dI
L' R v I R L R M' R v I A M' R x A (4-43)
dt dt dt
La résistance RR est remplacée par le gradient de résistance R'R multiplié par la position
du projectile, les inductances MR et LR sont respectivement remplacées par M'R x et L'R x. La
tension à la culasse s'exprime alors selon :
dI R
U R ,c R 'R x I R R pr I R L pr
dt
(4-44)
dI dI
L ' R v I R L' R x R M ' R v I A M ' R x A
dt dt
dI b dI R
U R ,b R pr I R L pr (4-45)
dt dt
Chapitre 4. Modélisation de LARA 123
La variation du flux dIb/dt dans la zone entre le projectile et la bouche est égale à :
dI b d
M b I A
dt dt
dM b dI
IA M b A
dt dt
(4-46)
wM b dx dI
I A M ' b x b x A
wx dt dt
dI A
M ' b v I A M ' b x b x
dt
où xb est la longueur totale des rails. L'inductance mutuelle Mb est négative car le
projectile progresse et les rails de cette partie du circuit raccourcissent. Comme le gradient
d'inductance mutuelle M'b est par définition positif, le terme M'b v IA doit être précédé d'un
signe négatif.
Nous trouvons finalement une expression pour la tension à la bouche :
dI R dI
U R ,b R pr I R L pr M ' b v I A M ' b x b x A (4-47)
dt dt
dI A dI A
U A ,c R A IA R p IA Lp (4-48)
dt dt
IA LA IA MR IR (4-49)
dI A d
L A I A M R I R
dt dt
(4-50)
dL A dI dM R dI
IA LA A IR MR R
dt dt dt dt
Le coefficient dLA/dt est égal à zéro si nous ne tenons pas compte de la variation de
l'inductance due à la diffusion du courant dans les rails du circuit extérieur. Il n'est pas
fonction de la position du projectile. L'équation (4-51) se réduit alors à :
dI A dI A dI
LA M' R v I R M' R x R (4-51)
dt dt dt
124 Chapitre 4. Modélisation de LARA
dI A dI dI
U A ,c R p IA LP R ' A x I A L A A M' R v I R M' R x R (4-52)
dt dt dt
dI R dI
U R ,c R ' R x I R L' R v I R L' R x M' v I A M' x A
dt dt
dI R dI
U R ,b R pr I R L pr M' v I A M' x b x A (4-53)
dt dt
dI A dI dI
U A ,c R p IA Lp R 'A x I A L A A M' v I R M' x R
dt dt dt
Chapitre 4. Modélisation de LARA 125
2
R ' t (4-54)
J w Gt
où J est la conductivité des rails en Cu-Cr (50 M:-1 m-1) et w la largeur du rail (15 mm). Le
facteur 2 se justifie par le fait que la résistance du circuit est la somme des résistances des
rails inférieur et supérieur. La figure (4-27) montre la section du rail et l'épaisseur de la peau.
Si le courant est injecté dans les rails à l'instant t = 0, l'épaisseur de peau G(t) à l'instant t
est égale à [127] :
St
Gt (4-55)
Jµ
2 Jµ
R ' t (4-56)
Jw St
Le gradient de résistance des rails extérieurs R'A est modélisé par cette expression.
Quant à la résistance des rails intérieurs, il faut tenir compte de l'effet de peau dû à la vitesse.
La résistance d'une partie des rails intérieurs de longueur dx à la position x vaut :
126 Chapitre 4. Modélisation de LARA
dR R R ' t W dx (4-57)
P0 l ª §l· 3º
L pr
2S «ln ¨ d ¸ 4 »¼
(4-59)
¬ © ¹
La résistance de contact Rcn est la somme des résistances Rcn,1 et Rcn,2 , qui sont
respectivement les résistances au contact des rails supérieur et inférieur du circuit intérieur.
Nous calculons d'abord la résistance du pont Rpr,0 en cas de diffusion complète du
courant.
Une résistance de contact égale à 10 µ: a été déterminée de façon expérimentale pour
un pont de courant à brins multifilamentaires avec un diamètre égal à 5 mm [128]. Nous
faisons l'hypothèse que cette résistance évolue de façon inversement proportionnelle à la
surface de contact. La résistance de contact Rcn d'un pont de courant avec un diamètre de
7 mm est donc égale à 5.1 µ:, le rapport des deux surfaces étant égal à 0.51. La valeur de
Rcn,1 et de Rcn,2, vaut alors environ 2.5 µ:.
Pour la détermination de Rbrins, nous assimilons les brins à un cylindre avec une
longueur de 15 mm et un diamètre de 7 mm. La conductivité du Cu-Cd, le matériau des brins,
est égale à 50 M:-1 m-1. Afin de calculer la résistance du cylindre rempli de brins, nous
considérons d'abord que le cylindre est massif, et ensuite nous appliquons une correction, qui
dépend du taux de remplissage du cylindre. Le taux de remplissage a été déterminé en
comparant la masse réelle du pont de courant multifilamentaire et d'un pont hypothétique
massif en Cu-Cd avec les mêmes dimensions. Nous avons trouvé une valeur de 75 % pour le
taux de remplissage, ce qui est proche du taux de remplissage maximal théoriquement
Chapitre 4. Modélisation de LARA 127
possible de S/4 [129]. La résistance du pont hypothétique homogène étant égale à 7.8 µ:,
nous trouvons une valeur de 10.4 µ: pour la résistance des brins multifilamentaires.
16
t0 § t ·
¨ ¸
t ¨© t 0 ¸¹
R pr t R pr ,0 16
(4-61)
§ t ·
1 ¨¨ ¸¸
© t0 ¹
1 190
Rp (4-62)
J 4 Gt
128 Chapitre 4. Modélisation de LARA
P
Rp 23.7 (4-63)
JSt
Uc R 1 R 2 R 3 I L1 L 2 L 3 dI 1 ´
µ I dt (4-64)
dt C¶
Uc R 2 R 3 R D I L 2 L 3 dI (4-65)
dt
D. Résumé
D.1. Introduction
Dans ce chapitre, un modèle des forces agissant sur le projectile a été développé. Une
nouvelle méthode de détermination de la force électromagnétique, sur la base de calculs avec
le code à éléments finis MEGA, est proposée. Un modèle de force de frottement est
également présenté. Des incertitudes existent sur la validité de ces modèles : la force
électromagnétique a été calculée avec un modèle dans lequel le pont de courant du projectile
est fixe et plusieurs hypothèses ont été faites lors de l'établissement du modèle de la force de
frottement.
Les circuits électriques extérieur et intérieur du lanceur, comprenant les rails, le pont de
courant du projectile et le pont de courant du circuit extérieur, sont modélisés. Finalement,
nous avons décrit un modèle simple des sources d'énergie du lanceur. Les effets thermiques
ne sont pas pris en compte dans les modèles des circuits électriques.
Ces différents modèles sont exploités dans deux modèles, dont la validation sera
discutée dans le chapitre suivant. Il s'agit :
x du modèle de la force propulsive sur le projectile,
x du modèle global, intégrant les modèles des sources, des circuits électriques du
lanceur et de la force propulsive sur le projectile.
§1 · § ·
¨ L' R t I R M ' t I R I A ¸ ¨¨ P f FN , méc P f D FEM ¸¸
2
Fpr FEM Ff (4-66)
©2 ¹ © ¹
§ expt / t b 1 ·
'mt m pr , 0
m pr ,b ¨
e 1
¸ (4-67)
© ¹
La masse du projectile lors de son accélération, en fonction du temps, est donnée par :
m pr t m pr ,0 'mt (4-68)
Fpr t
J pr t (4-69)
m pr t
t
´
vt v0 µ J pr W dW (4-70)
¶0
et :
t
´
x t x 0 µ vW dW (4-71)
¶0
132 Chapitre 4. Modélisation de LARA
Les tensions à la bouche (UR,b) et à la culasse des circuits intérieur (UR,c) et extérieur
(UA,c) de LARA sont :
dI R dI
U R ,c R R I R L' R v I R L ' R x M' v I A M' x A
dt dt
dI R dI
U R ,b R pr I R L pr M ' v I A M ' x b x A (4-72)
dt dt
dI A dI dI
U A ,c R p IA Lp R ' A x I A L A A M' v I R M' x R
dt dt dt
2 Jµ
R ' A t (4-73)
Jw St
t
´
R R t µ R ' t W vW dW (4-74)
¶0
16
t0 § t ·
¨ ¸
t ¨© t 0 ¸¹
R pr t R pr ,0 16
(4-75)
§ t ·
1 ¨¨ ¸¸
© t0 ¹
P
Rp 23.7 (4-76)
JSt
Uc R 1 R 2 R 3 I L1 L 2 L 3 dI 1 ´
µ I dt (4-77)
dt C¶
Uc R 2 R 3 R D I L 2 L 3 dI (4-78)
dt
Chapitre 5
A. Modèle de LARC
A.1.a. Tir 09
Le projectile est accéléré par la décharge d'un seul banc de condensateurs, chargé à 10
kV. Le courant atteint un maximum de 181 kA en 0.23 ms (Fig. 5-1). La masse du projectile
est de 17.5 g. Sa vitesse à la bouche, mesurée avec des barrières à fils, est égale à 324 m/s. Le
projectile quitte le lanceur après 5.26 ms. La masse du projectile récupéré après le tir est égale
à 17.3 g. La perte de masse est donc très faible.
Figure 5-1. Courbe de courant mesuré dans le circuit intérieur. (Tir 09)
136 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté
vitesse (modèle)
vitesse (barrière à fils)
position (modèle)
position (B-dot)
position (temps de sortie)
La tension est calculée par le modèle du circuit électrique du lanceur, sur la base de la
cinématique du projectile calculée (Fig. 5-2). Il y a une bonne correspondance entre les
tensions calculée et mesurée à la culasse (Fig. 5-3).
Figure 5-3. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse. (Tir 09)
Le bon contact à la fin du tir est perdu car la force normale exercée par les brosses sur
les rails, est trop faible. Il ne s'agit pas d'une transformation du contact glissant en un contact
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 137
plasma, vu le faible saut de tension (environ 12 V). Ce phénomène a été observé lors d'autres
tirs avec LARC de projectiles à un pont et une seule injection de courant. Le courant devient
très faible lorsque le projectile arrive à la bouche. Ceci est bien sûr dû au fait que le lanceur
n'est pas optimisé pour des tirs avec un seul banc. L'énergie injectée ne suffit pas pour
propulser le projectile jusqu'à la bouche. Une solution est alors d'injecter un deuxième banc de
condensateurs, comme dans l'exemple du paragraphe suivant (tir 39).
Figure 5-4. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la bouche. (Tir 09)
La figure 5-4 présente les courbes de tension calculée et mesurée à la bouche. Dans le
lanceur conventionnel, cette tension est générée par le pont de courant. Au début du tir, il y a
une bonne correspondance entre les deux courbes, mais à partir de 0.5 ms, la tension calculée
devient plus faible que celle mesurée. En effet, le modèle ne prend pas en compte
l'échauffement du pont de courant, qui mène à une résistance du pont plus élevée et donc à une
tension à la bouche plus élevée [128].
A.1.b. Tir 39
La masse initiale du projectile du tir 39 est égale à 17.6 g. Après le tir, sa masse ne vaut
plus que 16.9 g. Cette perte de masse est due à l'érosion des brosses après la transition des deux
contacts entre le pont de courant et les rails. En effet, l'alimentation du circuit par deux bancs
de condensateurs, chargés à 7 kV et déchargés à un intervalle de 2 ms, induit une charge
thermique trop élevée du pont (Fig. 5-5).
Figure 5-5. Courbe de courant mesurée dans le circuit intérieur. (Tir 39)
138 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté
vitesse (modèle)
vitesse (barrière à fils)
position (modèle)
position (B-dot)
position (temps de sortie)
Figure 5-7. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse. (Tir 39)
La courbe de tension mesurée à la bouche est légèrement supérieure à celle qui a été
calculée (Fig. 5-8). Ceci est causé par l'échauffement du pont de courant, qui n'est pas modélisé
comme expliqué plus haut.
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 139
Figure 5-8. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la bouche. (Tir 39)
Le tableau 5-1 reprend les tirs réussis avec LARC, rangés par ordre de vitesse mesurée
croissante.
Modèle de la force
Modèle global
propulsive
Numéro Masse Masse Vitesse Vitesse Erreur Vitesse Erreur
du tir avant le après le mesurée calculée (%) calculée (%)
tir (g) tir (g) (m/s) (m/s) (m/s)
3 17.6 17.4 291 285 -2 320 10
38 17.5 17.3 294 303 3 306 4
37 17.6 17.3 311 302 -3 310 0
36 17.5 16.9 314 320 2 316 1
8 17.6 17.5 321 324 1 319 -1
9 17.5 17.4 324 321 -1 321 -1
35 17.5 17.0 378 350 -7 327 -13
33 17.5 17.0 389 378 -3 344 -12
17 17.5 17.3 391 454 16 382 -2
39 17.6 16.9 404 404 0 368 -9
23 17.5 17.0 411 444 8 368 -10
21 17.5 16.6 497 485 2 433 -11
20 17.4 16.5 521 520 0 458 -12
19 17.4 16.5 539 538 0 477 -11
18 17.5 16.3 580 605 4 535 -8
16 17.5 15.0 694 699 1 682 -2
140 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté
Par tir sont données les vitesses calculées respectivement par le modèle de la force
propulsive et par le modèle global, ainsi que l'erreur par rapport à la vitesse mesurée avec les
barrières à fils. Les paramètres des tirs sont repris en annexe E (tableau E-1).
Les erreurs sur la vitesse calculée des tirs 17, 23 et 35 sont difficiles à expliquer. Il peut
s'agir d'une mesure erronée de la vitesse ou du courant, ou d'un mauvais traitement des
mesures. Une autre source d'erreur possible est l'introduction du projectile dans le lanceur. Si le
projectile est mal placé, la force de frottement réelle peut être plus grande que la force calculée.
À l'exception des tirs 17, 23 et 35, l'erreur du modèle de la force propulsive est comprise
entre –3 % et +4 %, et ceci pour des vitesses comprises entre 285 m/s et 699 m/s. Remarquons
que cette erreur est du même ordre de grandeur que celle de la mesure de vitesse. Ce bon
résultat nous permet de valider le modèle de la force de frottement. En effet, la force
propulsive est la résultante de la force de frottement et de la force électromagnétique. Le
modèle de cette dernière est validé depuis longtemps et a été appliqué avec de bons résultats
aux autres lanceurs simples de l'ISL.
Figure 5-9. Comparaison des courbes de courant mesurée et calculée avec le modèle global. (Tir 09)
Pourtant, la différence entre les courbes de courant n'entraîne pas une grande erreur sur
les vitesses mesurée et calculée à la bouche, qui sont respectivement égales à 321 m/s et
324 m/s. La force propulsive, qui est fonction du courant, est surestimée au début du tir,
ensuite elle est sous-estimée. Manifestement, les erreurs sont compensées et la différence entre
les vitesses à la bouche mesurée et calculée est minime.
Dans la première phase du tir 39, jusqu'à la deuxième injection à 2 ms, les courbes
présentent la même allure que celles du tir 09 (Fig. 5-10). Ensuite, l'intensité de courant
calculée devient inférieure ou égale à l'intensité de courant mesurée, conduisant à une force
propulsive trop faible. Il en résulte une vitesse calculée (368 m/s) inférieure à la vitesse
mesurée (404 m/s).
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 141
Ces observations sont également valables pour les autres tirs repris dans le tableau 5-1.
Figure 5-10. Comparaison des courbes de courant calculée et mesurée dans le circuit intérieur. (Tir 39)
B. Modèle de LARA
B.1.a. Tir 49
Le tir 49, le premier tir avec LARA que nous présentons, est réalisé par l'injection de
courant à partir d'un banc de condensateurs, chargé à 7 kV, dans le circuit intérieur et de deux
injections avec des bancs chargés à 10 kV dans le circuit extérieur (Fig. 5-11). La masse du
projectile avant le tir vaut 16.0 g, après le tir elle est de 15.9 g. La perte de masse est
considérée comme négligeable.
Figure 5-11. Les courbes de courant mesurées dans les circuits intérieur et extérieur. (Tir 49)
vitesse (modèle)
vitesse (barrière à fils)
vitesse (radar Doppler)
position (modèle)
position (B-dot)
position (temps de sortie)
Figure 5-13. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit intérieur. (Tir 49)
Figure 5-14. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit extérieur.
Détail de la tension de 0 ms à 1 ms. (Tir 49)
Figure 5-15. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit extérieur.
Détail de la tension entre –150 V et 0 V. (Tir 49)
Ceci n'est plus vrai pour la tension à la culasse du circuit extérieur. Pendant la première
injection, la tension calculée maximale est égale à environ 1700 V, tandis que la tension
144 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté
mesurée maximale n'est pas plus grande que 1580 V (Fig. 5-14). La correspondance est très
bonne durant la deuxième injection de courant. À partir de 0.4 ms, après la deuxième injection
de courant, la tension calculée est à nouveau trop élevée par rapport à la mesure (Fig. 5-15). La
différence diminue vers la fin du tir. Nous reviendrons sur ce problème lors de l'étude de
sensibilité (paragraphe B.4.).
La tension calculée à la bouche est également plus élevée que la tension mesurée, mais
la différence est moins prononcée (Fig. 5-16 et Fig. 5-17).
B.1.b. Tir 15
Nous présentons dans ce paragraphe le tir 15, où le chargement des bancs est particulier.
Contrairement aux autres tirs, le courant dans le circuit intérieur est plus élevé que celui du
circuit extérieur (Fig. 5-18). Un banc, chargé à 10 kV, alimente le circuit intérieur. La tension
de charge du banc pour le circuit extérieur vaut 7 kV.
Figure 5-18. Les courbes de courant mesurées dans les circuits intérieur et extérieur. (Tir 15)
La masse du projectile récupéré (17.4 g) est la même que la masse initiale du projectile.
La vitesse calculée à la bouche (577 m/s) est 5 % plus grande que la vitesse mesurée par les
barrières à fils (548 m/s) (Fig. 5-19).
vitesse (modèle)
vitesse (barrière à fils)
position (modèle)
position (B-dot)
position (temps de sortie)
Quant aux tensions, la comparaison entre les courbes mesurées et calculées révèle les
mêmes tendances que celles du tir 49.
Au début du tir, il n'y a pas de différence entre les tensions mesurée et calculée à la
culasse du circuit intérieur. Ensuite, il y a une légère différence (Fig. 5-20).
La différence entre les tensions à la culasse extérieure est assez importante, elle atteint
150 V au début des injections de courant. Après les injections, elle est inférieure à 35 V
(Fig. 5-21 et 5-22).
146 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté
Pendant les injections de courant, le plus grand écart entre les courbes de tension à la
bouche vaut environ 40 V; ensuite, la différence est inférieure à 6 V, excepté le pic après les
injections (Fig. 5-23 et 5-24).
Figure 5-20. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit intérieur. (Tir 15)
Figure 5-21. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit extérieur.
Détail de la tension de 0 ms à 1 ms. (Tir 15)
Figure 5-22. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit extérieur.
Détail de la tension entre –50 V et 50 V. (Tir 15)
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 147
Modèle de la force
Modèle global
propulsive
Numéro Masse Masse Vitesse Vitesse Erreur Vitesse Erreur
du tir avant le après le mesurée calculée (%) calculée (%)
tir (g) tir (g) (m/s) (m/s) (m/s)
1 17.3 17.3 314 268 -15 306 -2
11 17.5 17.4 470 478 2 496 6
26 17.7 17.6 520 503 -3 539 4
12 17.5 17.4 520 554 6 551 6
30 17.4 17.3 534 526 -1 535 0
15 17.5 17.4 548 577 5 572 4
27 17.6 17.5 557 503 -10 538 -3
24 17.5 17.1 560 590 5 537 -4
49 16.0 15.9 575 573 0 572 -1
31 17.6 17.5 593 594 0 686 16
56 17.4 17.1 611 569 -7 661 8
2 17.5 17.2 618 587 -5 634 3
7 17.5 17.2 628 567 -10 633 1
25 17.5 17.0 646 630 -2 605 -6
57 17.5 17.2 699 655 -6 782 12
13 17.4 17.1 744 760 2 747 0
14 17.4 17.0 767 823 7 787 3
54 16.0 15.0 809 778 -4 730 -10
51 16.0 15.3 919 865 -6 831 -10
28 17.6 15.9 1020 963 -6 928 -9
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 149
Figure 5-25. Comparaison des courbes de courant calculée et mesurée dans le circuit intérieur. (Tir 49)
Figure 5-26. Comparaison des courbes de courant calculée et mesurée dans le circuit extérieur. (Tir 49)
150 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté
Figure 5-27. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la culasse du circuit intérieur. (Tir 49)
Figure 5-28. Comparaison des courbes de tension calculée et à mesurée la culasse du circuit extérieur. (Tir 49)
Figure 5-29. Comparaison des courbes de tension calculée et mesurée à la bouche. (Tir 49)
Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté 151
B.4.a. Introduction
Une étude de sensibilité de deux paramètres du circuit électrique est présentée dans le
deuxième paragraphe. Nous étudions ainsi :
x l'influence de la variation de la tension de charge des bancs de condensateurs sur la
vitesse à la bouche,
x l'influence de la variation de la résistance du circuit extérieur sur la tension à la
culasse de ce circuit.
Nous constatons que de fortes variations des coefficients n'entraînent que de faibles
variations de la vitesse à la bouche.
Ceci est cohérent avec la faible contribution de la force de frottement à la force
propulsive. La figure 5-30 montre l'importance relative des deux composantes de la force
propulsive agissant sur le projectile : la force électromagnétique et la force de frottement. À
0.30 ms, lorsque la force propulsive atteint sa valeur maximale de 9.97 kN, le rapport de la
force de frottement sur la force électromagnétique ne vaut que 2.8 %, en valeur absolue.
Figure 5-34. La force électromagnétique du tir 49 (courbe 3). Les courbes 1 et 2 sont les limites entre
lesquelles la force varie selon les coefficients du tableau 5-3.
La force électromagnétique agissant sur le projectile (Fig. 5-34, courbe 3) est définie de
la façon suivante :
x Du début du tir jusqu'à t0, elle est égale à la force électromagnétique calculée à partir
des coefficients L' et M', respectivement égaux à 0.146 µH/m et 0.247 µH/m
(tableau 4-5) (Fig. 5-34, courbe 1).
x À partir de t1, elle est égale à la force électromagnétique calculée à partir des
coefficients L' et M', respectivement égaux à 0.397 µH/m et 0.144 µH/m (tableau
4-5) (Fig. 5-34, courbe 2).
x Entre t0 et t1, elle varie de façon linéaire entre les courbes 1 et 2.
Figure 5-35. Variation de la vitesse à la bouche en fonction de la variation des temps t0 et t1,
paramètres de la force électromagnétique sur le projectile.
154 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté
Figure 5-36. La variation de la vitesse à la bouche en fonction de la masse du projectile après le tir
Ce résultat est important car il montre que la tension de charge des condensateurs doit
être déterminée avec suffisamment de précision afin de modéliser correctement le lanceur à
rails.
B.4.c.2. Influence de la variation du gradient de résistance du circuit extérieur sur la
tension à la culasse de ce circuit
La tension à la culasse du circuit extérieur est, entre autres, fonction de la résistance des
rails. Cette dernière varie en fonction du temps en raison de la diffusion du courant dans les
rails. Nous avons utilisé un modèle simple de la résistance (4-56), qui apparemment surestime
la résistance des rails extérieurs (Fig. 5-15 et 5-22).
La figure 5-37 présente la tension en fonction de trois valeurs différentes du gradient de
résistance :
x la valeur du modèle (4-56),
x la valeur du modèle divisée par 2,
x la résistance vaut zéro.
mesure
calcul (R'A)
calcul (0.5 R'A)
calcul (R'A=0)
Figure 5-37. Variation de la tension à la culasse du circuit extérieur en fonction du gradient de résistance
La variation de la valeur du gradient de résistance des rails extérieurs a une influence sur
la vitesse à la bouche. Lorsque la valeur est divisée par 2, la vitesse, calculée par le modèle
global, vaut 592 m/s, ce qui signifie une augmentation de 3.5 % par rapport à la valeur
nominale de 572 m/s.
156 Chapitre 5. Étude expérimentale du lanceur à rails augmenté
C. Conclusions
Le modèle de la force propulsive agissant sur le projectile à un pont de courant dans les
lanceurs conventionnel (LARC) et augmenté (LARA), développée dans cette thèse, a été
validé. Nous avons montré que la différence entre les vitesses mesurée et calculée avec ce
modèle est limitée à r 4 % pour LARC et à r 7 % pour LARA, et ceci pour une grande plage
de vitesses : de 291 m/s à 1020 m/s. Pour les tirs avec LARC, cette différence est du même
ordre de grandeur que l'erreur sur la mesure de vitesse.
La comparaison des courbes de tension, calculées avec le modèle électrique des
lanceurs, aux courbes mesurées, a montré qu'il y a une très bonne correspondance entre les
tensions calculée et mesurée de LARC, mais qu'il y a une importante différence entre les
tensions mesurée et calculée à la culasse extérieure de LARA. Ceci peut être dû à une sous-
estimation de la diffusion du courant dans les rails extérieurs, résultant en un gradient de
résistance trop élevée.
La validité du modèle global, qui intègre le modèle de la force propulsive et le modèle
des circuits électriques du lanceur et de son alimentation, a été étudiée. La correspondance
entre les vitesses à la bouche calculée et mesurée est en général bonne, mais ceci est dû au fait
que les différentes erreurs dans le modèle se compensent. Le modèle est néanmoins
suffisamment précis pour servir de base pour des études ultérieures du lanceur augmenté et de
son alimentation.
La décomposition de la force propulsive en une force électromagnétique et une force de
frottement a montré que cette dernière est très faible. Ceci est confirmé par l'étude de
sensibilité : les paramètres de la force de frottement du projectile n'ont qu'une très faible
influence sur la vitesse à la bouche.
Nous avons souligné l'importance d'une mesure précise de la tension de charge des
condensateurs, car elle a une forte influence sur la vitesse à la bouche.
Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté 157
Chapitre 6
Dans ce chapitre, certaines spécificités du lanceur à rails augmenté sont discutées. Nous
montrons d'abord qu'une tension négative à la culasse de ce lanceur peut causer la destruction
des diodes des bancs de condensateurs. Nous analysons des solutions, notamment le choix
judicieux de l'instant de déclenchement du banc et la modification de son circuit électrique.
Ensuite, des tirs de projectiles à deux ponts de courant sont analysés. Nous montrons
également, par calcul avec le code à éléments finis MEGA, que l'augmentation du lanceur
mène à une diminution de la contrainte dans le projectile.
Finalement, le lanceur augmenté est comparé au lanceur conventionnel sur la base des
critères suivants : l'énergie cinétique maximale à la bouche sans transition, le rendement du
lanceur et la puissance requise.
A.1. Introduction
Étant donné le couplage magnétique des circuits intérieur et extérieur du lanceur
augmenté, la tension à la culasse peut devenir négative. Cette tension, appliquée aux diodes
des bancs de condensateurs, peut provoquer, dans certaines conditions, leur destruction.
Initialement, ces bancs avaient été construits pour alimenter des lanceurs
conventionnels, dans lesquels la tension à la culasse reste toujours positive. Une éventuelle
apparition de tensions négatives aux bornes des bancs n'avait donc pas été prise en compte
durant leur développement.
Supposons que plusieurs bancs sont connectés aux circuits intérieur et extérieur du
lanceur et que ces bancs ont été déclenchés, sauf un. Si la tension Uc à la culasse du circuit
auquel ce banc est connecté, devient négative, une tension négative UD apparaît aux bornes
des diodes D (Fig. 6-1). Celles-ci deviennent alors conductrices et un courant de faible
intensité ID circule au travers des diodes et de l'inductance L. Quand l'éclateur E du banc est
fermé, le courant IC, généré par les condensateurs C, circule au travers des diodes. En raison
de la faible impédance du circuit formé par le condensateur, l'éclateur et les diodes, ce courant
peut monter à des valeurs de l'ordre du méga-ampère. La puissance associée est très élevée et
détruit les diodes thermiquement.
Figure 6-1. Schéma du banc de condensateurs non modifié. En raison de la tension négative aux bornes des
diodes, celles-ci sont en conduction et seront détruites quand l'éclateur sera fermé.
158 Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté
La deuxième solution consiste à isoler les diodes de la tension négative. L'éclateur est
alors monté entre les diodes et la bobine L, comme illustré à la figure 6-2. La tension du banc
de condensateurs (7 à 10 kV) est directement appliquée aux diodes et leur mise en conduction
est par conséquent exclue.
Figure 6-2. Schéma du banc de condensateurs modifié. L'éclateur est monté entre
les diodes et la bobine afin de protéger les diodes.
A.3. Applications
Figure 6-3. Courbes de tension à la culasse du circuit extérieur et de courant mesurées. (Tir 15)
Nous utilisons ce même tir pour illustrer la connexion d'un banc modifié au circuit
extérieur. Pour compenser la diminution rapide du courant après son injection à partir des
deux premiers bancs, un troisième banc est déclenché à 1 ms (Fig. 6-4). Un banc modifié a été
utilisé car, à cet instant, la tension aux bornes du circuit extérieur est négative (Fig. 6-5). La
forte perturbation du signal de tension après la troisième injection provient de la présence de
l'éclateur dans le circuit extérieur. En effet, le contact dans l'éclateur est établi par un arc
électrique, qui génère des variations de tensions.
Une tension négative peut également apparaître aux bornes du circuit intérieur. Nous
prenons comme exemple le tir 56. Il est particulier car le champ magnétique extérieur est
établi par deux injections de courant dans le circuit extérieur, à 0 ms et à 0.15 ms, donc bien
avant l'injection du courant dans le circuit intérieur à 0.5 ms (Fig. 6-6).
dI A
U R ,c M' x 0 (6-2)
dt
où x0 est la position initiale du projectile, égale à 60 mm. Cette tension est négative car le
courant dans le circuit extérieur IA diminue après la fin de la décharge des bancs. Il est donc
nécessaire d'utiliser un banc modifié pour l'alimentation du circuit intérieur.
B.1.a. LARC
B.1.b. LARA
La comparaison des vitesses mesurée et calculées de projectiles à deux ponts tirés par
LARA est reprise dans le tableau 6-2.
Les projectiles des tirs 32, 48 et 50 ont été pulvérisés à l'impact à cause de l'énergie
cinétique élevée. Comme la masse après tir n'a pas pu être déterminée, nous l'avons égalée à
la masse initiale. Nous justifions ce choix par le fait que les rails ne montraient aucune trace
après le tir, ce qui indique que la perte de masse lors de l'accélération était très faible. D'autre
part, le modèle est peu sensible à la variation de masse. Prenons par exemple le cas du tir 50.
Si la masse réelle après tir était égale à 18.8 g (une diminution par 10 %), la vitesse à la
bouche calculée avec le modèle de la force propulsive serait égale à 1042 m/s (une
augmentation par 3 %).
Les erreurs sur la vitesse à la bouche sont, pour les deux modèles, moins importantes
que dans le cas de LARC, mais toujours systématiquement négatives. Une étude ultérieure est
donc nécessaire afin d'affiner le modèle.
162 Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté
B.2. Calcul avec MEGA des forces électromagnétiques agissant sur les ponts de
courant
Afin d'analyser la répartition des courants et des forces entre les deux ponts de courant
dans le lanceur conventionnel et le lanceur augmenté, le tir 40 (LARC) et le tir 50 (LARA)
ont été simulés avec les modèles à éléments finis des deux lanceurs. Nous insistons sur le fait
qu'il s'agit d'une simulation et qu'aucune mesure de courant dans les ponts n'a été faite. En
plus, la simulation par le code à éléments finis MEGA ne prend pas en compte les effets de
vitesse et de température.
B.2.a. LARC
La répartition du courant entre le pont avant et le pont arrière du projectile est calculée
avec MEGA, à partir du courant mesurée (Fig. 6-8).
La répartition du courant entre les ponts, exprimée par le paramètre O (qui représente le
pourcentage du courant total circulant dans le pont de courant arrière – voir équation 2-6), est
montrée à la figure 6-9. Le paramètre O a été calculé à partir des courbes de la figure 6-8.
Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté 163
Figure 6-10. Forces agissant sur le projectile et les ponts de courant, calculées avec MEGA. (Tir 40)
Figure 6-11. Rapport entre la force agissant sur le pont arrière et la force totale. (Tir 40)
Le pont arrière livre la plus grande partie de la force agissant sur le projectile. À 4 ms,
le rapport est toujours plus grand que 80 %. Par contre, environ la moitié du courant circule
164 Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté
dans le pont avant (Fig. 6-9). Ceci illustre l'utilité de munir le projectile d'un deuxième pont
de courant. Ce pont supplémentaire ne contribue guère à la propulsion du projectile, mais
mène à une forte réduction du courant dans le pont arrière, et donc à une charge thermique
plus faible. La transition du pont de courant sera par conséquent retardée et la vitesse à la
bouche maximale sans transition sera plus grande.
La grande différence entre les forces agissant sur les deux ponts de courant mène à des
contraintes dans le sabot, qui peuvent conduire à la destruction du sabot dans des lanceurs de
moyen calibre, comme le lanceur PEGASUS.
B.2.b. LARA
Les courbes de courant et de forces agissant sur les ponts de courant sont calculées pour
le tir 50, réalisé avec LARA.
Figure 6-12. Mesure de courant du circuit intérieur et répartition du courant entre les ponts de courant,
calculée avec MEGA. (Tir 50)
Au début du tir, le courant dans le pont avant est inversé, dû au couplage magnétique
entre les ponts de courant et les rails (Fig. 6-12). Ceci explique la valeur de O supérieure à
100 % (Fig. 6-13). Les figures 6-14 et 6-15 montrent respectivement les forces agissant sur
les deux ponts de courant, et le rapport entre la force agissant sur le pont arrière et la force
totale. En fin de tir, les deux ponts contribuent autant à la force agissant sur le projectile,
annulant toute contrainte interne. Ceci constitue un avantage manifeste par rapport au lanceur
conventionnel.
Figure 6-14. Forces agissant sur le projectile et les ponts de courant, calculées avec MEGA. (Tir 50)
Figure 6-15. Rapport entre la force agissant sur le pont arrière et la force totale. (Tir 50)
La tension à la bouche ne fournit pas d'informations sur la nature du contact entre les
ponts de courant et les rails, de 0 ms à 0.3 ms et de 0.75 ms à 0.9 ms à cause des injections de
courant (Fig. 6-17). Le reste du signal ne contient pas de saut de tension de l'ordre de 25 V,
qui serait une indication de la transition d'un contact*. De l'analyse de l'état des rails après le
tir, il s'avère qu'aucune trace n'est apparente sur les rails. Nous pouvons donc conclure qu'il
n'y a pas eu de transition de contact.
Par contre, une autre forme d'érosion des rails s'est manifestée : le "gouging". Ce
phénomène, décrit au paragraphe A.3.d. du chapitre 4, rend les rails inutilisables pour d'autres
tirs et constitue une nouvelle limite de la vitesse maximale à la bouche.
C.1.a. Définition
*
Voir paragraphe A.2.d. du chapitre 1 sur la transition du contact.
Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté 167
1
E cin m pr ,b v 2b (6-3)
2
Nous avons déterminé une énergie cinétique maximale de 1,07 kJ dans le cas du
projectile à un pont de courant tiré par le lanceur conventionnel. Pour le même type de
projectile, tiré par le lanceur augmenté, l'énergie cinétique maximale est égale à 5,82 kJ
(tableau 6-3). L'énergie cinétique maximale à la bouche sans transition a donc été multipliée
par un facteur 5 en ajoutant un champ magnétique extérieur au lanceur à rails conventionnel.
TABLEAU 6-3. ÉNERGIE MAXIMALE À LA BOUCHE SANS TRANSITION. COMPARAISON DES TIRS AVEC LES
LANCEURS CONVENTIONNEL ET AUGMENTÉ D'UN PROJECTILE À UN PONT DE COURANT.
Projectile à un
Lanceur conventionnel Lanceur augmenté
pont de courant
Masse du projectile 17.5 g 16.1 g
Vitesse à la bouche 350 m/s 850 m/s
Énergie électrique 151 kJ 459 kJ
Énergie cinétique 1.07 kJ 5.82 kJ
Le gain est nettement plus important dans le cas du projectile à deux ponts de courant.
Une énergie cinétique maximale de 1.42 kJ est obtenue pour les projectiles tirés par le lanceur
conventionnel (tableau 6-4). Dans le cas du lanceur augmenté, l'énergie cinétique maximale
vaut 13.1 kJ, donc un gain d'un facteur 9.
TABLEAU 6-4. ÉNERGIE MAXIMALE À LA BOUCHE SANS TRANSITION. COMPARAISON DES TIRS AVEC LES
LANCEURS CONVENTIONNEL ET AUGMENTÉ D'UN PROJECTILE À DEUX PONTS DE COURANT.
Projectile à deux
Lanceur conventionnel Lanceur augmenté
ponts de courant
Masse du projectile 20.7 g 20.9 g
Vitesse à la bouche 370 m/s 1120 m/s
Énergie électrique 151 kJ 505 kJ
Énergie cinétique 1.42 kJ 13.1 kJ
168 Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté
C.2. Rendement
Nous avons utilisé le modèle de la force propulsive du projectile à un pont de courant
pour déterminer les pertes d'énergie dans les lanceurs conventionnel et augmenté. Nous
définissons deux rendements :
x Le rendement du lanceur, égal au rapport de l'énergie cinétique du projectile à la
bouche et l'énergie injectée dans le lanceur. Cette dernière est égale à la somme des
pertes et de l'énergie cinétique du projectile.
x Le rendement total du système de lancement (le lanceur plus son alimentation),
égal au rapport de l'énergie cinétique du projectile à la bouche et l'énergie
emmagasinée dans les condensateurs avant le tir.
C.2.a. LARC
tb
´
µ R R t I 2R t dt (6-4)
µ
¶0
1
L R t b I 2R t b (6-5)
2
x L'énergie résiduelle et l'énergie dissipée par effet Joule dans le pont de courant :
tb
1 ´
L pr t b I 2R t b µ R pr t I 2R t dt (6-6)
2 µ
¶0
xb
´
µ F dx (6-7)
µ f
¶0
Nous prenons le tir 39 comme exemple pour évaluer l'énergie perdue dans le lanceur
conventionnel. Les résultats de la simulation sont résumés dans le tableau 6-5.
Quasiment deux tiers de l'énergie dans le lanceur est perdue dans la résistance des rails,
ce qui justifierait la transformation du lanceur en lanceur DES. Un rendement plus élevé
pourrait alors être obtenu.
Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté 169
Rapport énergie /
Énergie (kJ)
énergie totale (%)
Résistance des rails intérieurs 4.01 64.2
Inductance propre des rails intérieurs 0.05 1.0
Inductance et résistance du pont de courant 0.68 10.9
Frottement 0.13 2.0
Énergie cinétique du projectile 1.38 22.0
Énergie totale du lanceur 6.25 100.0
C.2.b. LARA
Dans le cas du lanceur à rails augmenté, de nouvelles pertes apparaissent dans le bilan
d'énergie. Elles sont calculées de la façon suivante :
x L'énergie dissipée par effet Joule dans les rails extérieurs et le pont du circuit
extérieur :
tb
´ ª º 2
µ
µ «R A t R p t » I A t dt (6-8)
¶0 ¬ ¼
1
2
L A L p I 2A t b (6-9)
Mt b I R t b I A t b (6-10)
Le bilan d'énergie est présenté dans le tableau 6-6. Le rendement du lanceur est égal à
3.5 %. Cette valeur est très faible à cause de la résistance du circuit extérieur qui consomme
environ 88 % de l'énergie injectée dans le lanceur. Dans LARA, le champ extérieur est
170 Chapitre 6. Analyse des spécificités du lanceur augmenté
appliqué sur toute la longueur du lanceur durant l'accélération du projectile, tandis qu'une
augmentation au niveau du pont de courant suffirait. Les pertes du circuit intérieur, par contre,
sont beaucoup moins importantes. La longueur du circuit intérieur est très faible au début du
tir et atteint sa longueur maximale seulement au moment de sortie du projectile. En plus, le
courant du circuit intérieur est plus faible que celui du circuit extérieur (Fig. 5-11).
L'énergie totale emmagasinée dans les bancs de condensateurs avant le tir est égale à
383 kJ ; le rendement total du système est donc égale à 0.7 %.
TABLEAU 6-7. BILAN D'ÉNERGIE DU LANCEUR À RAILS AUGMENTÉ (TIR 49, R'A RÉDUITE DE MOITIÉ)
D. Conclusions
Des aspects du lanceur à rails augmenté, qui n'ont pas été abordés dans le chapitre sur
la validation du modèle, ont été discutés.
Les tirs de projectiles à deux ponts de courant ont été discutés. Nous avons montré que
les modèles, développés dans cette thèse, ne sont pas adéquats pour la simulation de ces
projectiles : ils sous-estiment systématiquement leur vitesse. Ces modèles ne sont donc pas
suffisamment précis et doivent être plus élaborés.
Par calcul avec le code à éléments finis MEGA, la distribution des forces entre les deux
ponts de courant a été évaluée. Le pont arrière, d'un projectile tiré avec LARC, livre la plus
grande partie de la force agissant sur le projectile. Le rapport entre la force agissant sur le
pont arrière et la force totale est plus grand que 80 % dans le cas du tir 40. Par contre, en fin
de tir 50 avec LARA, les deux ponts contribuent autant à la force agissant sur le projectile,
annulant toute contrainte interne.
L'analyse des rails après le tir 50 a révélé une nouvelle source d'érosion des rails, le
"gouging".
Chapitre 7
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
A. Conclusion
L'objectif de ce travail de recherche était d'étudier les conséquences de l'application
d'un champ magnétique, produit par une source indépendante, à un lanceur électromagnétique
à rails. Il s'agissait d'analyser les conditions d'application de ce champ, de développer un
modèle du lanceur augmenté et de le valider par une étude expérimentale.
L'application d'un champ extérieur permet :
x de limiter l'intensité de courant dans les ponts de courant du projectile, et donc de
réduire leur charge thermique, sans toutefois diminuer la force propulsive sur le
projectile. Ainsi, la transformation des contacts glissants entre le pont de courant
et les rails du lanceur en contacts plasma peut être évitée. En effet, cette transition
diminue le rendement du lanceur et érode fortement les rails.
x de diminuer le volume et la masse de la source d'énergie car le champ extérieur
peut être engendré par une source d'énergie indépendante dont l'encombrement
est inférieur à celui des sources de puissance impulsionnelle alimentant les rails
du lanceur simple.
Pour étudier les conséquences de l'application d'un champ magnétique extérieur, nous
avons conçu un lanceur de petit calibre (15 mm x 15 mm) d'une longueur de 1.5 m (LARA).
Son alimentation, constituée de bancs de condensateurs, délivre du courant à deux circuits
séparés : le circuit intérieur, contenant le projectile, et le circuit extérieur, générant le champ
magnétique supplémentaire. Le courant maximal du circuit intérieur vaut 200 kA, celui du
circuit extérieur 300 kA. Le lanceur permet d'accélérer des projectiles à un ou à deux ponts de
courants, dont la masse est comprise entre 16.0 g et 20.9 g, jusqu'à une vitesse de 1200 m/s.
Nous avons développé un modèle analytique de la force propulsive sur le projectile à
un pont de courant, résultant de la force électromagnétique et de la force de frottement.
L'élément clé de cette modélisation est le développement d'une nouvelle méthode de
détermination des paramètres de la force électromagnétique dans le lanceur augmenté. Nous
avons d'abord appliqué la méthode classique, décrite dans la littérature, qui consiste à adopter
les gradients d'inductance propre et mutuelle des rails comme paramètres. Ces gradients sont
déterminés en injectant un courant à haute fréquence (typiquement 100 kHz) dans les rails.
Or, nous avons montré que la force calculée analytiquement avec ces paramètres est
supérieure à celle calculée par le code à éléments finis MEGA. Le modèle classique surestime
la force électromagnétique dans le lanceur augmenté car il ne prend pas en compte la
diminution de la force électromagnétique, causée par la diffusion du courant dans les rails.
Nous avons proposé d'utiliser deux jeux de paramètres, un jeu valable du début du tir jusqu'à
0.2 ms et l'autre valable à partir de 1.5 ms, et de diminuer les paramètres de façon linéaire
entre 0.2 ms et 1.5 ms. Les deux jeux ont été calculés avec le code MEGA, en injectant
respectivement un courant d'une fréquence de 1 kHz et un courant constant dans les rails. La
différence entre les vitesses mesurée et calculée avec le modèle de la force propulsive
174 Chapitre 7. Conclusion et perspectives
développé dans cette thèse est limitée à r 4 % pour le lanceur conventionnel LARC et à r 7 %
pour LARA. Pour les tirs avec LARC, cette différence est du même ordre de grandeur que
l'erreur sur la mesure de vitesse.
Le modèle de la force propulsive, le modèle des circuits électriques et un modèle
simple des sources ont été intégrés dans un modèle global. La comparaison entre les mesures
et les calculs a montré que des corrections doivent être apportées au modèle global.
Cependant, le modèle des circuits électriques du lanceur est suffisamment précis pour étudier
d'autres sources d'énergie du lanceur augmenté.
Au moyen de l'étude expérimentale et de la modélisation, nous avons pu déterminer les
avantages de l'augmentation du lanceur à rails électromagnétique par un champ magnétique
extérieur :
x L'énergie maximale à la bouche sans transition de contact est plus importante
lorsque le projectile est tiré par LARA. Elle est cinq fois plus grande pour le
projectile à un pont de courant, et neuf fois plus grande pour le projectile à deux
ponts.
x Nous avons montré par calcul avec le code MEGA que, dans LARA, le courant est
mieux reparti dans les ponts, réduisant ainsi leur charge thermique. La force
électromagnétique agissant sur le projectile est également mieux repartie entre les
ponts. Cette meilleure répartition réduit les contraintes dans le projectile et permet
l'allégement du sabot.
B. Perspectives
Le présent travail ouvre des perspectives. Une première serait la modélisation de la
transition du contact. La première étape consisterait à modéliser la distribution spatio-
temporelle du courant entre les ponts du projectile afin de déterminer la charge thermique par
pont. Il faudrait également affiner le modèle de la force de frottement et déterminer
expérimentalement ses paramètres pour des vitesses élevées du projectile. Ensuite, il faudrait
étudier la relation entre la charge thermique, l'usure de brins filamentaires, la force normale de
contact et la transition. Nous disposerions alors d'un modèle qui évaluerait l'énergie cinétique
maximale à la bouche sans transition du pont de courant. Ce modèle permettrait d'optimiser le
profil des courbes de courant, ainsi que le nombre et les dimensions des ponts de courant.
Une autre exploitation de ce modèle serait la délimitation du domaine d'application du
lanceur augmenté, en recherchant, pour différents calibres et masses de projectile, la vitesse
maximale à la bouche sans transition du contact. Il s'agirait de déterminer les intensités de
courant maximales dans les circuits intérieur et extérieur. Une première limite, valable pour
les deux circuits, est la largeur des rails. Dans des rails en cuivre, le courant ne peut pas
dépasser la valeur de 50 kA/mm. Une autre limite est imposée par les forces de répulsion
entre les rails, qui ne peuvent pas dépasser la contrainte maximale sur la structure de
maintien.
Un autre axe de recherche serait l'optimisation du circuit extérieur et de son
alimentation. La segmentation de ce circuit devrait permettre de réduire les pertes ohmiques et
donc d'améliorer le rendement du lanceur augmenté. Dans ce cadre, il serait nécessaire de
développer un modèle précis de la diffusion du courant dans les rails. Il faudrait également
étudier le remplacement des bancs de condensateurs, alimentant le circuit extérieur de LARA,
par des sources d'énergie telles que des batteries ou des supercondensateurs, dont
l'encombrement est beaucoup plus faible. En effet, l'utilisation de sources d'énergie à
décharge lente est envisageable pour des tirs en rafale. Le champ extérieur est alors appliqué
durant toute la séquence de tir.
Bibliographie 177
BIBLIOGRAPHIE
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182 Bibliographie
Annexe A
A.1. Introduction
La figure A-1 montre le lanceur dans sa configuration la plus complète : un projectile à
deux ponts de courant dans le lanceur augmenté. Les courants des circuits intérieur (IR) et
extérieur (IA) sont injectés à la culasse du lanceur. Le courant intérieur est réparti sur les
différents ponts ; le courant ne circule pas dans la partie du circuit devant le pont avant, la
bouche étant ouverte. Quant aux rails du circuit extérieur, ils sont parcourus par le courant sur
toute leur longueur, le circuit étant fermé à la bouche par un pont.
Les circuits intérieur et extérieur sont caractérisés par les inductances suivantes :
x LR : inductance propre des rails du circuit intérieur
x LA : inductance propre des rails du circuit extérieur
x M : inductance mutuelle des circuits intérieur et extérieur
x LP : inductance propre du pont arrière (P)
x LQ : inductance propre du pont avant (Q)
x Lp : inductance propre du pont de circuit extérieur
Les équations, développées dans cette annexe, sont uniquement valables sous
l'hypothèse de conducteurs filiformes [17].
186 Annexe A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de courant et les rails
dans le lanceur à rails
1 1 1 1
Wc L R I 2R L P I 2R L A I 2A L p I 2A M I R I A (A-1)
2 2 2 2
La force agissant sur le pont de courant est déterminée par la méthode des travaux
virtuels :
wWc 1 wL R 2 wM
FP IR IR IA (A-2)
wx 2 wx wx
wL R
L' R
wx
wM
M'
wx
1
FP L'R I 2R M ' I R I A (A-3)
2
Dans le cas du lanceur conventionnel, l'inductance mutuelle M' est nulle et (A-3) se
réduit à :
1
FP L'R I 2R (A-4)
2
Annexe A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de courant et les rails 187
dans le lanceur à rails augmenté
IR I1 I 2 (A-5)
Scindons ce circuit en deux. Le premier circuit, parcouru par le courant IR, est formé
par le pont arrière et la partie des rails comprise entre la culasse et ce pont (Fig. A-4). Aucun
courant ne circule devant ce pont.
Figure A-4. Circuit parcouru par le courant IR et formé par le pont arrière et les rails entre la
culasse et ce pont. Aucun courant ne circule dans la partie des rails devant le pont.
Ce cas est similaire à celui du projectile à un pont de courant. La force sur le pont
arrière FP,R est alors donnée par (A-4) :
1
FP ,R L'R I 2R M ' I R I A (A-6)
2
188 Annexe A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de courant et les rails
dans le lanceur à rails
Le second circuit, formé par les deux ponts de courant du projectile et les rails entre ces
ponts (Fig. A-5), est parcouru par un courant I2. Aucun courant ne circule dans la partie des
rails devant le pont arrière et derrière le pont avant.
Figure A-5. Circuit parcouru par un courant I2 et formé par les deux ponts de courant du
projectile et les rails entre ces ponts. Aucun courant ne circule dans la partie des rails
devant le pont avant et derrière le pont arrière.
1 1 1 1
Wc L R , 2 I 22 L P I 22 L Q I 22 L A I 2A M 2 I 2 I A (A-7)
2 2 2 2
avec : LR,2 : inductance propre de la partie des rails intérieurs appartenant au circuit
M2 : inductance mutuelle de la partie des rails appartenant au circuit
En supposant que le pont arrière se déplace d'une distance dx et que les autres
conducteurs de ce circuit sont invariables, la force sur le pont arrière FP,2 s'obtient par la
méthode des travaux virtuels :
wWc 1 wL R , 2 2 wM 2
FP , 2 I2 I2 IA (A-8)
wx 2 wx wx
Les gradients d'inductance de (A-8) sont égaux à ceux définis au paragraphe précédent :
wL R , 2
L' R
wx
wM 2
M '
wx
Les signes négatifs proviennent du fait que la coénergie magnétique du circuit diminue
lorsque le pont se déplace dans le sens du tir, et que les gradients L'R et M' sont positifs. La
force électromagnétique sur le pont arrière devient donc :
1
FP , 2 L'R I 22 M ' I 2 I A (A-9)
2
Annexe A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de courant et les rails 189
dans le lanceur à rails augmenté
En combinant (A-5), (A-6) et (A-9), nous exprimons la force totale agissant sur le pont
arrière :
1 1
FP FP ,R FP , 2 L'R I 2R L'R I 22 M ' I R I A M ' I 2 I A
2 2
(A-10)
1
L'R I12 L'R I1 I 2 M ' I1 I A
2
En supposant que le pont avant se déplace d'une distance dx, les autres conducteurs
étant invariants, la force sur le pont avant FQ devient, en utilisant la méthode des travaux
virtuels :
wWc 1 wL R , 2 2 wM 2
FQ I2 I2 IA (A-11)
wx 2 wx wx
En remplaçant les dérivées partielles, positives dans cette configuration, par L' et M',
cette équation s'écrit sous la forme :
1
FQ L'R I 22 M' I 2 I A (A-12)
2
La force sur le projectile s'obtient par la somme des forces sur les ponts :
1
Fpr FP FQ L'R I 2R M ' I R I A (A-13)
2
Nous retrouvons donc l’équation (A-3). Pour le calcul de la force sur le projectile, il ne
faut donc pas connaître la distribution des courants entre les ponts. Toutefois, sa connaissance
est nécessaire pour le calcul des contraintes dans le projectile.
190 Annexe A. La force électromagnétique agissant sur les ponts de courant et les rails
dans le lanceur à rails
1 1
Wc L R I 2R L A I 2A M I R I A (A-14)
2 2
LR L' R x
M M' x
Par la même méthode, nous déterminons la force électromagnétique agissant sur les
rails du circuit extérieur selon l'axe y (Fy,A) :
§ wWc · 1 § wL A · 2 § wM ' ·
Fy ,A ¨¨ ¸¸ ¨ ¸ I R ¨¨ ¸¸ x I R I A (A-16)
© wy ¹ A 2 ¨© wy ¸¹ A © wy ¹ A
et la force électromagnétique agissant sur les rails du circuit extérieur selon l'axe z
(Fz,A) :
§ wWc · 1 § wL A · 2 § wM ' ·
Fz ,A ¨ ¸ ¨ ¸ IR ¨ ¸ x IR IA (A-17)
© wz ¹ A 2 © wz ¹ A © wz ¹ A
wWc 1 § wL A ·
Fp ¨ ¸ I 2A (A-18)
wX 2 © wX ¹ X xb
Figure A-6. Circuit formé par les rails intérieur et extérieur, le pont de courant du projectile
et le pont de courant du circuit extérieur
Annexe B. Description de la simulation avec MEGA et LabVIEW 193
Annexe B
A.1. Introduction
Le code MEGA est développé et commercialisé par l'Université de Bath
(Royaume-Uni). Il permet d'analyser, par la méthode des éléments finis, tous les problèmes
électromagnétiques décrits par les équations de Maxwell [102]. Le code consiste en deux
programmes :
x MEGAVIEW est le pré et post-processeur. Il permet de définir les modèles et
d'exploiter les résultats du calcul.
x MEGASOLVE est le solveur.
o o
uH J (B-1)
o
owB o
uE 0 (B-2)
wt
o o
B PH (B-3)
o o
J JE (B-4)
o
où : H : le champ magnétique
o
J : la densité de courant
o
E : le champ électrique
o
B : l'induction magnétique
J : la conductivité
µ : la pérméabilité
194 Annexe B. Description de la simulation avec MEGA et LabVIEW
o
Le potentiel scalaire I et le potentiel vecteur A sont introduits dans les équations de
o o
Maxwell pour les résoudre sans traiter directement E et B :
o o
B uA (B-5)
o
o wA
E I (B-6)
wt
§ o ·
1 o
¨wA ¸ o
u uA J ¨ I ¸ 0 (B-7)
µ ¨ wt ¸
© ¹
§ o ·
¨wA ¸
J¨ I ¸ 0 (B-8)
¨ wt ¸
© ¹
Les équations (B-7) et (B-8) sont résolues par la méthode des éléments finis.
Figure B-2. Coupe transversale de LARA et d'un pont de courant, perpendiculaire aux rails
La conductivité des rails (en CuCr) est égale à 50 M:-1 m-1 ; celle des ponts de courant,
avec un coefficient de remplissage de 75 %, est égale à 37.5 M:-1 m-1.
A.3.a.4. Limites du modèle
Le modèle a plusieurs limitations : il ne tient compte ni des effets induits par la vitesse
du projectile, ni de l'échauffement des ponts et des rails par effet Joule. Le contact électrique
entre les ponts et les rails est supposé parfait.
Annexe B. Description de la simulation avec MEGA et LabVIEW 197
La modélisation des rails seuls est suffisante pour le calcul des gradients d'inductance
propres et mutuelle des rails et des forces de répulsion entre ces mêmes rails.
Comme les ponts de courant ne sont pas modélisés, tous les plans parallèles au plan
Oyz sont des plans de symétrie (Fig. B-2). Le domaine d'étude peut alors être fortement réduit
sans diminuer la précision du calcul. Nous avons retenu une longueur de 1 mm (Fig. B-4).
Les caractéristiques du maillage sont :
x nombre de nœuds : 6566
x nombre d'éléments : 3280
x nombre d'équations à résoudre : 111179
Le calcul dure environ cinq minutes pour une milliseconde de tir réel.
B. Le logiciel LabVIEW
B.1. Introduction
LabVIEW est l'acronyme de "Laboratory Virtual Instrument Engineering Workbench".
Ce programme, développé par National Instruments depuis 1983, est dédié à la commande et
l'exploitation d'appareils de mesure électroniques. Il permet également la mise au point rapide
de prototypes [133].
Le langage de programmation est du type graphique, son emploi est convivial et
intuitif. Par opposition aux langages plus classiques comme le Fortran ou le C, le langage
graphique ("G language") est composé de diagrammes (icônes de fonctions avec bornes
entrées/sorties) et de liens. Le terme "programme" est rebaptisé VI, acronyme de "Virtual
Instrument". Un VI comprend deux écrans : un écran de contrôle et un écran de diagramme.
Les applications créées sous LabVIEW se présentent sous la forme d'un écran de
contrôle où sont disposés des interrupteurs et boutons de réglages. Ceux-ci permettent de
sélectionner des modes d'analyse, choisir une sensibilité, un canal,
… tout comme sur le
panneau d'un véritable enregistreur de mesures. Le concepteur peut prévoir, au niveau de
198 Annexe B. Description de la simulation avec MEGA et LabVIEW
l'écran de contrôle, des zones d'affichage analogiques ou des tableaux pour éditer les résultats
numériques.
Le code même est programmé dans un deuxième écran. Celui-ci se compose de
diagrammes reliés entre eux par des lignes de connexion. Toutefois, des opérations plus
complexes sont programmables à l'aide d'un "Formula Node", dans lequel les équations sont
introduites sous forme de texte.
B.2. Applications
Nous avons utilisé LabVIEW pour l'exploitation des mesures et pour la simulation du
modèle de la force propulsive et des circuits électriques du lanceur et des sources.
Nous avons développé des programmes pour l'exploitation des mesures suivantes :
x le courant dans le circuit électrique de chaque banc
x la tension à la culasse des circuits intérieur et extérieur, et à la bouche
x la position du projectile dans le lanceur par des sondes B-dots
x la vitesse du projectile à la bouche par des barrières à fils
x la vitesse du projectile dans le lanceur par le radar Doppler
Annexe B. Description de la simulation avec MEGA et LabVIEW 199
B.3. Exemple
Pour illustrer les possibilités offertes par LabVIEW par un exemple concret, nous avons
choisi le calcul de l'enveloppe du signal du radar Doppler par la transformée de Hilbert (la
procédure est décrite en annexe C).
Parcourons le diagramme de gauche à droite (Fig. B-5). Le point de départ est constitué
par le signal d'entrée, égal au signal du radar Doppler, sous forme de table de données. Le
signal est recopié dans l'écran intitulé "signal d'entrée (graphique)". L'entrée est également
reliée au diagramme "Hilbert", qui réalise la transformée de Hilbert.
L'enveloppe du signal d'entrée est ensuite calculée selon (C-4). Les opérateurs
mathématiques sont représentés par des icônes.
Le résultat de ce programme, l'enveloppe du signal d'entrée, est délivré sous forme de
table et de graphique.
L'écran de contrôle correspondant à l'écran de diagramme (Fig. B-5) est représenté sur
la figure B-6. Il comporte le signal d'entrée et son enveloppe sous forme de table et graphique.
Annexe C
b
v (C-1)
t
où b est l'écart entre les barrières et t le temps entre l'ouverture des circuits. L'erreur relative
sur la mesure de v est égale à :
'v 'b v
't (C-2)
v b b
La mesure de t est effectuée avec un oscilloscope, dont l'erreur absolue est égale à 1 µs.
L'écart b entre les barrières, mesuré à leur base, est égal à 101 mm. L'erreur sur cette valeur a
deux composantes. La première est égale à l'erreur sur la mesure de l'écart b à la base des
barrières : elle est estimée à 1 mm. La seconde, dont la valeur est estimée à 2 mm, provient du
fait que l'écart entre les endroits où les mines sont cassées par le projectile n'est pas égal à
l'écart b, en raison d'une torsion des barrières, comme illustré sur la figure C-1.
Fig. C-1. Écart entre les barrières à fils à la base (b) et au niveau de la trajectoire du projectile (b r 'b). Vue
latérale (1) et vue d'un haut (2). La figure n'est pas à l'échelle; la torsion des barrières est exagérée.
202 Annexe C. Estimation de l'incertitude de mesure des barrières à fils
L'erreur totale sur b est donc égale à 3 mm. L'équation (C-2) devient alors :
'v
9.9 10 6 v 3.0 10 2 (C-3)
v
Fig. C-2. Erreur relative sur la vitesse mesurée avec les barrières à fils en fonction de la vitesse mesurée
Annexe D
A.1. Introduction
Afin de calculer le profil de vitesse du projectile dans le lanceur à rails, il faut
déterminer la fréquence du signal, mesuré avec le radar Doppler, en fonction du temps
(Fig. D-1).
Un code en Origin™ a été développé à l'ISL pour l'analyse des signaux radar du lanceur
EMA3. Le principe de base du code est la détermination de la fréquence instantanée du signal
au niveau des maxima [134], [135].
La figure D-2 montre les premières périodes du signal radar de la figure D-1. Soient t1 et
t2 deux instants correspondant à deux maxima successifs, la fréquence instantanée du signal à
l'instant t2 est alors donnée par :
1
f D t 2 (D-1)
t 2 t1
c f D t 2 c
v t 2 (D-2)
2f 2 f t 2 t 1
204 Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler
L'utilisation de ce code pour le traitement des signaux radar de LARA n'a pas donné de
résultats satisfaisants. Le programme est complexe et optimisé pour des signaux radar du
lanceur EMA3.
Nous avons donc programmé un code, analogue à celui développé au laboratoire de
balistique de l'École Royale Militaire à Bruxelles pour analyser les signaux radar réfléchis par
un projectile dans le tube d'une arme à feu, dans l'environnement LabVIEW. Ce code exploite
la transformée de Fourier à temps court (STFT ou short-time Fourier transform) [136]. Il sera
décrit ici et utilisé pour l'exploitation de nos signaux radar.
1. Dans un premier temps, le signal mesuré (Fig. D-1) est traité afin d'optimiser la STFT
et la détermination de la vitesse. Nous appliquons trois opérations : la réduction du
nombre de points dans le signal, la suppression de la composante DC et le passage à
amplitude quasi constante. Ces opérations sont permises car elles ne modifient pas le
contenu utile du signal : la fréquence Doppler.
Le traitement du signal et le choix des fenêtres pour la segmentation sont discutés plus
amplement dans le paragraphe suivant.
La composante DC, déterminée par l'application d'un filtre médian, est éliminée du
signal par la soustraction de celle-ci du signal.
Figure D-7. Spectre d'un segment avec deux maxima supérieurs au seuil. Le maximum à environ 0 kHz
correspond à la composante DC, celui à 170 kHz indique la fréquence Doppler.
Figure D-8. Spectre de Fourier du segment Figure D-9. Spectre de Fourier du segment
centré sur 0.68 ms. centré sur 2.64 ms.
Afin d'obtenir des amplitudes maximales du même ordre de grandeur pour tous les
spectres et donc de pouvoir déterminer les fréquences Doppler correctement, le signal radar,
après enlèvement de la composante DC, (Fig. D-10, 1) est modifié avant l'application de la
STFT par la procédure suivante :
x détection de l'enveloppe du signal par la transformée de Hilbert* (Fig. D-10, 2),
x lissage de l'enveloppe par un filtre médian (Fig. D-10, 3),
x division du signal original par l'enveloppe lissé.
Figure D-10. Le signal du radar sans la composante DC (1), le résultat de la transformée de Hilbert (2) et
l'enveloppe après lissage (3).
Après l'application de la STFT au signal avec une amplitude quasi constante, l'amplitude
maximale des spectres de Fourier est du même ordre de grandeur (environ 18), comme illustré
par les figures D-11 et D-12. Elles représentent le spectre de Fourier des segments centrés sur
0.68 ms et 2.64 ms (à comparer avec les spectres des mêmes segments (Fig. D-8 et D-9)
calculés par la STFT du signal avec amplitude décroissante).
Grâce à cette opération, le seuil élimine uniquement les maxima qui ne correspondant
pas à la fréquence Doppler.
*
La transformée de Hilbert est expliquée à la fin de cette annexe.
Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler 209
Figure D-11. Spectre de Fourier du segment centré Figure D-12. Spectre de Fourier du segment centré
sur 0.68 ms. L'amplitude du signal d'entrée de la sur 2.64 ms. L'amplitude du signal d'entrée de la
STFT est quasi constante. STFT est quasi constante.
Figure D-13. Le signal mesuré d'entrée de la STFT (courbe grise). La transformée de Fourier
est appliquée à un segment du signal, définit par la fenêtre (en noir).
La largeur de la fenêtre est fixée par l'utilisateur du code. Elle ne peut pas être trop
grande, sinon la résolution de temps est faible.
Mais si elle est trop petite, elle ne contient pas assez de points pour déterminer le spectre
de Fourier du segment avec une bonne précision. Nous avons utilisé une fenêtre avec une
largeur de 128 points.
210 Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler
Ensuite, nous avons placé une mine de crayon comme barrière à la bouche du lanceur.
Cette mine de crayon, sous tension et connectée à un oscilloscope, casse au passage du
projectile et génère alors un signal (Fig. D-14 et D-15).
C. La transformée de Hilbert
Expliquons brièvement le principe de cette transformée [138]. Elle est définie par :
1 ´ f x t
h t H ^ x t ` µ dW (D-3)
S ¶f t W
H ^ Xf ` j sgn f Xf (D-4)
où : j 1 et
1 f !0
°°
sgn f ®0 f 0
°
°¯ 1 f 0
La transformée de Hilbert est donc une sorte de filtre qui ne modifie pas les amplitudes
des composantes spectrales, mais qui change leur phase de S/2. L'amplitude de l'enveloppe du
signal original est alors donnée par :
x 2 t h 2 t (D-5)
Prenons une sinusoïde avec amortissement exponentiel comme exemple pour illustrer la
transformée de Hilbert (Fig. D-16) :
x t A e V t sin Z t (D-6)
212 Annexe D. Mesure de la vitesse du projectile dans le lanceur avec un radar Doppler
L'enveloppe de cette fonction suit directement de cette équation. Elle est égale à :
A e V t (D-7)
h t A e V t cosZ t (D-8)
A e V t (D-9)
Annexe E
Le tableau D-1 reprend les paramètres des tirs effectués dans le cadre de l'étude
expérimentale. Nous utilisons les conventions suivantes :
x Les tirs sont numérotés par ordre chronologique.
x Les bancs de condensateurs sont numérotés de 1 à 6. La tension de
chargement des condensateurs et le temps de déclenchement sont indiqués de
la forme suivante : Ui – ti. S'il s'agit d'un tir avec LARA, les paramètres des
bancs connectés au circuit extérieur sont en gras.
x Le symbole "–" signifie la mesure n'est pas disponible. S'il n'y a pas de valeur
pour la masse à la bouche (mb), le projectile a été pulvérisé à l'impact. Si les
mesures de tension dans le circuit intérieur ne sont pas disponibles, le temps à
la bouche (tb) n'a pas pu être relevé.
x Si la valeur de la masse est en italique, elle est estimée. Il y a trois cas :
– Le sabot est abîmé à l'impact. Les dégâts ont alors été évalués et la masse
est corrigée. La correction n'est jamais plus grande que quelques
dixièmes de gramme.
– À des énergies d'impact élevées, le sabot se pulvérise, mais le pont de
courant peut être intact. La différence entre la masse du pont après le tir
et celle avant le tir, due à l'érosion du pont, est alors considérée comme la
perte de masse du projectile.
– En cas d'une énergie d'impact trop élevée, le pont de courant est
également pulvérisé. S'il n'y a aucune trace de transition sur les rails et
dans les signaux de tensions, nous avons fait l'hypothèse que la perte de
masse est négligeable. C'est le cas des tirs 48 et 50.
x Si la masse du projectile avant le tir est inférieur à 18 g, il s'agit d'un
projectile à un pont de courant. Sinon, le projectile est équipé de deux ponts.
x La lettre "X" dans la colonne "Radar" signifie que la vitesse du projectile
dans le lanceur a été mesurée avec le radar Doppler.
x La lettre "X" dans la colonne "RX" signifie que le projectile a été
radiographié dans le lanceur.
Annexe F
Figure F-1. Diffusion du courant dans un conducteur semi-infini après l'application d'un champ magnétique
d'amplitude H0, uniforme et constant, parallèlement à la surface du conducteur suivant la direction z
Afin d'obtenir une expression pour la variation temporelle de la profondeur de peau G(t)
dans le conducteur, nous établissons d'abord, à partir des équations de Maxwell, l'équation
différentielle décrivant la diffusion du champ magnétique dans le conducteur.
En combinant (B-1) et (B-4), nous trouvons :
o 1 o
E uH (F-1)
J
o o
En remplacant B et E dans l’équation (B-2) par leurs expressions respectives (B-3) et
(F-1), nous obtenons une expression pour la diffusion du champ magnétique :
§1 o· w § o·
u ¨¨ u H ¸¸ ¨ µ H ¸ (F-2)
©J ¹ wt © ¹
218 Annexe F. Diffusion du courant dans un milieu conducteur
w § 1 wH z y, t · w µ H z y, t
¨ ¸ (F-3)
wy ¨© J wy ¸¹ wt
w 2 H z y, t wH z y, t
µJ (F-4)
wy 2
wt
y
u (F-5)
t
wu 1
(F-6)
wy t
wu y u
(F-7)
wt 2t t 2t
d 2 H z u u µ J dH z u
2
(F-8)
du 2 du
dH z u
H 'z u (F-9)
du
dH 'z u µJ
u du (F-11)
H 'z u 2
Annexe F. Modèle unidimensionnel de la diffusion du courant dans un conducteur semi-infini 219
§ µJ u2 ·
H 'z u C exp¨¨ ¸
¸ (F-12)
© 4 ¹
où C est une constante d'intégration. Elle est déterminée en calculant l'intégrale de (F-12)
entre u = 0 et u o f avec Hz(u) = H0 pour u = 0. Nous obtenons l'intégrale suivante :
f
´
µ § µJ u2 ·
H0 C µ exp¨¨ ¸ du
¸ (F-13)
© 4 ¹
µ
¶0
µJ
C H 0 (F-14)
S
y/ t
´
µJ µ § µ J y2 ·
H z y, t H 0 H 0 exp ¨¨ ¸ dy (F-15)
St µ
µ © 4 t ¸¹
¶0
wH z y, t µJ § µ J y2 ·
J x y, t H 0 exp ¨¨ ¸ (F-16)
wy St © 4 t ¸¹
f
´
Gt µ J x y, t dy (F-17)
µ J x 0, t
¶0
220 Annexe F. Diffusion du courant dans un milieu conducteur
µJ
J x 0, t H 0 (F-18)
St
f
´
µ exp §¨ µ J y ·
2
St
Gt ¨
¸ dy
¸ (F-19)
µ 4t µJ
µ © ¹
¶0