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LOMBART
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Mamie « Chantilly »
Le lendemain est pour moi une journée bien chargée, au contraire de la veille.
Il n’est plus question de repos, mais de courage ! ! Je me lève donc aux aurores
avant de rejoindre mes collègues et mon poste de travail. Le magasin ouvre ses
portes à dix heures le samedi mais nous devons nous présenter avant l’ouverture,
afin de recueillir les consignes du jour. Je m’installe à ma caisse et attends les
premiers clients. Ils s’enchaînent à la vitesse de l’éclair… Je n’ai pas le temps de
souffler ! Il y a ceux qui souhaitent s’y prendre à l’avance pour trouver les
bonnes affaires du siècle pour leurs cadeaux de noël, et ceux qui ont leurs
habitudes avec leur caissière préférée !
— Bonjour Constance ! Comment ça va aujourd’hui ? me lance Madame
Diva.
Madame Diva est une cliente habituée qui vient tous les samedis à la même
heure et qui, comme son nom l’indique, ne se prend pas pour n’importe qui.
Mais je l’aime bien, elle me fait rire. Elle a toujours plein de choses à raconter et
souvent plein de cancans et rumeurs en tous genres ! Cela pimente un peu ma
journée.
— Très bien, merci et vous ?
— Est-ce que vous voulez connaître la meilleure du jour ? Pff, j’imagine que
oui bien sûr ! Eh bien voilà… Je viens de surprendre Norbert le chef poissonnier
en train d’embrasser la petite « Lily » dans le rayon animalerie ! ! Ah mon Dieu,
je n’en crois pas mes yeux !
— Non ! ! ! ce n’est pas vrai ? vous avez dû mal regarder…
— Je suis sûre à cent pour cent de ce que j’avance. Non mais quand même, ils
ont vingt ans d’écart ces deux-là !
Il n’en fallait pas plus pour Madame Diva, qui s’en va heureuse de sa nouvelle
trouvaille à répandre comme une traînée de poussières.
De loin, j’aperçois l’œil insistant d’Eliott, l’agent de sécurité, qui s’approche
un peu de ma caisse tout en gardant un air très professionnel. Je sais qu’il
aimerait bien m’inviter à boire un verre, par l’intermédiaire de ma collègue
Cynthia. Mais cela ne me tente pas du tout ! Pourtant Eliott est très gentil et
même plutôt beau garçon. Mais je me garde bien de lui envoyer des signes
encourageants. Cynthia, qui a à peu près mon âge, use de stratagèmes peu subtils
dans le but de me jeter dans ses bras. Elle ne comprend pas que je veuille rester
célibataire et essaye par tous les moyens de me caser. D’ailleurs, je reçois un
SMS de sa part :
— REGAARDE vers ta droite AGAATTTHHEEE !
Comme si je n’avais rien vu ! Je lui réponds :
— Laisse-moi travailler s’il-te-plaît !
Elle semble avoir compris et me laisse tranquille. Quand je reçois de nouveau
un message, je ne le consulte pas immédiatement. Je suis quand même censée
travailler ! J’ai bien trop peur d’oublier de passer un article ou même de me
tromper dans l’encaissement. Une heure plus tard, je prends ma pause très
attendue et sors prendre l’air devant l’entrée du magasin. C’est là que nous nous
retrouvons entre collègues pour boire un café ou fumer une cigarette. Tout ce
monde et ces bruits m’ont donné mal à la tête ! Je m’assois sur le banc, serrée
comme un saucisson avec ma grosse doudoune sur le dos et je les écoute se
plaindre de nos conditions de travail. Un bon moyen pour se détendre ! Ah !
J’avais complètement oublié de regarder le message sur mon téléphone. Je le
sors de ma poche et souris en voyant le nom de Constance qui s’affiche.
— Salut ma super copine hyper chouette ! Comment vas-tu ? Pas trop dur le
boulot ? Moi, j’en peux plus ! Besoin d’une pause… Que dirais-tu d’un resto
entre filles ce soir ? …. 19H30 ?
Je l’appelle aussitôt :
— Hello ! ! ! Comment ça va ?
— Bien et toi ? Enfin bien… c’est vite dit ! Entre les enfants et le boulot, je
suis épuisée. J’espère que c’est bon pour toi ce soir, j’ai vraiment trop envie de te
voir ? me supplie-t-elle.
— Évidemment, c’est d’accord ! Tu veux que je passe te chercher ?
— Oui viens à la maison vers dix-neuf heures. Je pourrais te montrer la
nouvelle robe que je me suis achetée. Et puis les garçons ont envie de te voir…
— Ok, à tout à l’heure ma belle !
— Bisous, bisous.
Et voilà une belle soirée qui s’annonce… J’aurais assez de temps pour rentrer
chez moi et me pomponner avant de la rejoindre.