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Mémoire
Par
MEMBRES DU JURY
Président et Directeur : Professeur RASAMINDRAKOTROKA Andriamiliharison Jean
Juges : Professeur RANDRIAMAHAZO Rakotomalala Toky
Professeur RAKOTO ALSON Aimée Olivat
DEDICACES
Je dédie ce mémoire :
Merci pour tous les sacrifices et les efforts afin de me donner un avenir brillant.
A toute ma famille
Je vous remercie de m’avoir donné une chance de vivre une si belle expérience au sein
de votre secteur.
Je te remercie pour ton soutien, ton aide et tes conseils dans la réalisation de ce
mémoire.
Je suis très reconnaissante pour tout le soutien et les conseils que j'ai reçu de ta part.
A NOTRE MAITRE PRESIDENT ET DIRECTEUR DE MEMOIRE
Pour l’immense honneur que vous nous aviez fait en acceptant de présider notre
mémoire.
Veuillez recevoir, l’expression de notre plus grande estime et notre profonde gratitude.
A NOS MAITRES ET HONORABLES JUGES DE MEMOIRE
Nous leur sommes très reconnaissants de vouloir porter intérêt à ce travail. Qu’ils en
soient vivement remerciés.
A NOTRE MAITRE ET DOYEN DE LA FACULTE DE MEDECINE
D’ANTANANARIVO
Trouvez ici l’expression de notre grande reconnaissance et nos très vifs remerciements.
SOMMAIRE
Pages
INTRODUCTION ............................................................................................................ 1
PREMIERE PARTIE : METHODES ET RESULTATS ................................................. 3
I. METHODES ................................................................................................................. 3
I.1. Objectifs............................................................................................................... 3
CONCLUSION ............................................................................................................... 45
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
LISTE DES FIGURES
Pages
Figure 8 : Répartition des patients présentant une vascularite selon l’âge .................. 15
Figure 9 : Répartition des diagnostics des patients présentant une vascularite ........... 16
Figure 10: Répartition du résultat de l’IFI chez les patients ayant une vascularite ...... 17
Figure 11: Répartition du résultat de l’IFI chez les patients sans vascularite ............... 17
Figure 12: Répartition du résultat de la CIA chez les patients ayant une vascularite .... 18
Figure 13: Répartition du résultat de la CIA chez les patients sans vascularite ............ 18
Figure 14: Répartition du résultat de l’immunodot chez les patients ayant
une vascularite ............................................................................................. 20
Figure 15: Répartition du résultat de l’immunodot chez les patients sans
vascularite ................................................................................................... 20
LISTE DES TABLEAUX
Pages
INTRODUCTION
Les vascularites systémiques constituent un groupe hétérogène de maladies,
caractérisées par l’existence d’une inflammation de la paroi vasculaire. Elles peuvent
être soit primitives survenant isolément, soit secondaires pouvant être révélatrices ou
compliquant l’évolution d’une maladie infectieuse, d’une connectivite, d’un cancer ou
être secondaire à une prise médicamenteuse [1]. Les lésions vasculaires peuvent toucher
les vaisseaux de tous calibres, et compromettre ainsi la perfusion des organes en aval.
Les vascularites systémiques primitives sont individualisées selon la classification de
Chapel Hill qui a été actualisée en 2012 et classe les vascularites selon le calibre des
vaisseaux touchés. Les vascularites associées aux anticorps anti-cytoplasme de
polynucléaires neutrophiles (AAV) font partie des vascularites intéressant
préférentiellement les vaisseaux de petit calibre (petites artères, artérioles, capillaires et
veinules) [2].
Nous évaluerons pour chaque test la sensibilité, la spécificité, les valeurs prédictives
positive et négative de chacun d’eux principalement dans le diagnostic de la GPA, de la
MPA et de l’EGPA.
I. METHODES
I.1. Objectifs
Cette étude a pour objectif d’évaluer les deux tests suivants pour la détection des ANCA
dirigés contre la MPO et la PR3 dans le diagnostic des vascularites à ANCA (GPA,
MPA et EGPA) :
- les paramètres cliniques englobés dans le diagnostic établi par les experts : la
GPA, la MPA, l’EGPA, le SGP et autres diagnostics ;
- les paramètres biologiques représentés par les résultats de chaque technique : le
résultat de l’IFI, la chimiluminescence et l’immunodot.
6
Concernant les paramètres cliniques, il a été recherché sur le dossier médical de chaque
patient recruté, le diagnostic établi qui a été subdivisé en GPA, MPA, EGPA, SGP et
autres diagnostics.
▪ L’IFI est considérée comme positive si la fluorescence est présente à partir d’une
dilution à 1/50è et l’aspect de la fluorescence doit être caractérisée
(cytoplasmique ou périnucléaire) si elle est identifiable
▪ Pour la CIA, positifs sont les échantillons avec un titre d’anticorps anti-MPO ou
anti-PR3 supérieur à 20 UI/ml
▪ L’immunodot est rendu positif lorsqu’un trait de couleur violet devient visible
sur le site de la réaction enzymatique (MPO, PR3 ou MBG)
Selon l’âge, les patients ont été répartis par tranche d’âge :
I.12. Matériels
Pour la réalisation de cette étude, les matériels suivants ont été utilisés :
Pour l’IFI :
Pour la chimiluminescence :
Pour l’immunodot :
I.12.2. Consommables
I.12.3. Réactifs
Pour l’IFI :
• Diluant
• Tampon de lavage
• Calibrateurs et contrôles
• Conjugué constitué par anticorps anti-IgG couplé à la fluorescéine
9
Pour la chimiluminescence :
▪ les cartouches dans lesquels sont intégrés les réactifs dont un diluant, une eau de
rinçage, un conjugué et un substrat
▪ la bandelette sur laquelle sont préalablement fixés les trois antigènes, un
contrôle positif et un contrôle négatif
I.12.4. Autres
I.13. Méthodologie
I.13.1. Etape pré-analytique
Pour un dépistage des auto-anticorps, être à jeun n’est pas nécessaire. Un prélèvement
sanguin a été réalisé sur tube sec par les services traitants. Le(s) tube(s) a/ont été
acheminé(s) au niveau du laboratoire. Le tube sec a été ensuite centrifugé à 4000 g
pendant dix minutes pour obtenir du sérum qui a été par la suite utilisé pour la détection
des auto-anticorps par IFI, puis par chimiluminescence et immunodot.
- Des lames NOVA-lite® contenant des PNN fixés à l’éthanol sont incubées avec
le sérum du patient dilué à 1/50è pendant 30 minutes à température ambiante.
- Après lavage, un anticorps anti-IgG couplé à la fluorescéine est ajouté, suivi
d’une période d’incubation de 30 minutes à température ambiante.
- Après une autre étape de lavage, une lamelle est entreposée sur la lame.
Une double lecture de la lame est faite par un technicien et un biologiste sur microscope
à fluorescence après excitation par un laser bleu (488nm) afin d’observer la présence ou
non d’ANCA et de déterminer l’aspect et le titre des anticorps.
La fluorescence se répartit de deux façons différentes : elle est localisée soit au niveau
cytoplasmique, ce qui correspond aux c-ANCA, soit autour du noyau de façon
11
périnucléaire correspondant aux p-ANCA. L’IFI est considérée positive à partir d’un
titre d’anticorps supérieur à 1/50ème. Le test est négatif quand il y a très peu ou pas de
fluorescence.
I.13.2.2. La chimiluminescence
L’automate qui a été utilisé est le BIO-FLASH® (INOVA Diagnostics Inc., San Diego,
États-Unis). Il s’agit d’un automate utilisé pour des analyses de routine en auto-
immunité, destiné à la détection quantitative des auto-anticorps dans le sérum humain.
Dans le système BIO-FLASH la conformation de l'épitope des antigènes natifs PR3 et
MPO et, par conséquent, une représentation fiable des épitopes, a été rapportée [8]. Le
test est totalement automatisé :
Le système optique BIO-FLASH mesure la lumière produite par cette réaction en unités
de luminescence relatives (RLU). Les RLU sont proportionnelles à la quantité de
conjugué d’isoluminol lié, elle-même proportionnelle à la quantité d’autoanticorps lié à
l’antigène présent sur les billes.
- Le Blue Diver® instrument incube les bandelettes successivement dans les puits
des cartouches.
- Les bandelettes sont incubées avec le sérum du patient.
- Les anticorps, s’ils sont présents dans l’échantillon, se lient à l’antigène
spécifique sur la membrane ; la fraction non liée est éliminée par lavage.
- Les bandelettes sont ensuite incubées dans le conjugué, qui se lie aux complexes
antigènes-anticorps à la surface de la membrane.
- Une incubation dans le substrat après une étape de lavage va permettre
l’apparition d’un produit insoluble violet qui précipite sur le site de la réaction
enzymatique si des anticorps sont présents dans l’échantillon.
❖ Sensibilité = VP / (VP+FN)
❖ Spécificité = VN / (VN+FP)
❖ VPP = VP/ (VP+FP)
❖ VPN = VN/ (VN+FN)
❖ VGT = (Se+Sp+VPP+VPN)/4
En vue de rechercher la liaison entre les variables dépendantes, entre les résultats
donnés par les trois techniques, le test de χ2 a été utilisé (p significatif si < 0,05).
II. RESULTATS
Les résultats ont concerné les caractéristiques démographiques des patients, la
répartition des patients selon les pathologies, les résultats des trois techniques et
l’évaluation des tests.
14
Durant la période d’étude, 168 échantillons de patients chez qui une prescription
d’identification d’ANCA a été faite, ont été inclus. Parmi eux, il y eu 86 hommes et 82
femmes correspondant à un sex ratio de 1,04.
L’âge des patients testés variait de 2 ans à 90 ans. La figure 5 ci-dessous montre la
répartition des patients selon les tranches d’âge.
120
98
100
80
0-14 ans
60
15-24 ans
43
25-50 ans
40
> 50 ans
20 15
12
22; 26%
62; 74%
▪ 57,1 % de GPA
▪ 5,9 % d’EGPA
▪ 27,4 % de MPA
▪ 4,8 % de SGP
▪ 4,8 % avec autres diagnostics : vascularite à cellules géantes, vascularite à
l’Elmisol®, vascularite des gros vaisseaux, vascularite cryoglobulinémique
16
60
50 48
40
30
23
20
10
5 4 4
0
GPA EGPA MPA SGP AUTRES
L’IFI a été positive chez 73,2 % (123) des patients recrutés et 65% (80) d’eux
présentent une vascularite. Si on ne considère que les patients atteints de vascularite,
l’IFI était positive chez 95,2% de ces patients. Chez ces patients, l’IFI a montré dans
35,7% une fluorescence périnucléaire, une fluorescence cytoplasmique chez 50%, 9,5%
regroupés dans les autres aspects de fluorescence (aspect à la fois périnucléaire et
cytoplasmique ; interprétable dû à la présence d’anticorps antinucléaire rendant
l’interprétation des ANCA difficile et d’autres échantillons chez qui l’aspect n’a pas pu
être déterminé), et 4,8% avec un résultat négatif (figure 10) .
17
4; 5%
8; 9%
42; 50%
30; 36%
Figure 10 : Répartition du résultat de l’IFI chez les patients ayant une vascularite
Chez les patients sans vascularite, l’IFI a été positive chez 51% (43) avec une
fluorescence cytoplasmique chez 13%, périnucléaire chez 17% et les autres aspects ont
représenté 21%.
11; 13%
14; 17%
41; 49%
18; 21%
Le BIO-FLASH® qui représente la CIA a donné un résultat positif chez 73,8% (124)
des échantillons. Chez les patients atteints de vascularite, 96,4% (81) ont eu un résultat
positif. La spécificité antigénique retrouvée par cette méthode est représentée par la
figure ci-dessous et la MPO a été retrouvée dans la moitié des cas.
45 42
40
36
35
30
25
20
15
10
5 2 3
1
0
Figure 12 : Répartition du résultat de la CIA chez les patients ayant une vascularite
Chez les non-vascularites, la CIA était positive chez 51% et les anti- PR3 étaient les
plus retrouvés.
45
41
40
35
30
25
25
20
15 13
10
4
5
1
0
MPO PR3 MPOPR3 MBG NEGATIF
Comme le montre le tableau suivant, dans 93,5% les résultats donnés par l’IFI et le
BIO-FLASH® concordent.
IFI
CIA 0,091
Test négatif 5 39
L’immunodot a rendu un résultat positif chez 43,4% (73) des échantillons. Pour les
patients présentant une vascularite, l’immunodot a été positif dans 78,6% (66). Chez ces
patients, l’immunodot a retrouvé une spécificité pour MPO chez 47,6% des
échantillons, pour PR3 chez 28,6% ; 1,2% des patients ont eu une spécificité pour les 2
antigènes, 1,2% une spécificité pour MBG et 21,4% ont eu un résultat négatif.
Au sujet des patients sans vascularite, l’immunodot n’a été positif que chez 8,3% (7)
des patients. La MPO était retrouvée chez 5,9%. Le résultat du dot a été alors négatif
chez 91,7% des patients sans diagnostic de vascularite.
20
NEGATIF 18
MBG 1
MPOPR3 1
PR3 24
MPO 40
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
NEGATIF 77
PR3 2
MPO 5
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Dans 67,9% les résultats donnés par l’IFI et l’immunodot ont été concordants (Tableau
III) ; un pourcentage qui n’est pas très loin de la concordance entre la CIA et
l’immunodot et qui a été de 68,5% (Tableau IV).
IFI
Immunodot
Test positif 72 52
CIA 49,075
Test négatif 1 43
22
Les résultats donnés par chaque test (IFI, CIA, DOT) sont représentés sous forme de
tableau avec le nombre correspondant chez les patients atteints de vascularite ou non.
Dans l’ensemble, les trois tests ont été négatifs chez 39 patients, et positifs chez 70
patients. Chez les 59 patients restants existe une discordance entre les trois tests. Les
résultats observés sont présentés sur le tableau V. Seuls les résultats positifs (« Pos ») y
sont mentionnés.
23
Le tableau qui suit (Tableau VI) résume le profil diagnostique des patients atteints de
vascularite systémique dont la GPA, l’EGPA, la MPA et le SGP. Les quatre patients
avec autres diagnostics de vascularite ne sont pas représentés, dont un patient avec
vascularite à cellules géantes, une fille de 12 ans atteinte de vascularite iatrogène
secondaire à l’Elmisol®, une femme suspecte de vascularite des gros vaisseaux et le
dernier atteint de vascularite cryoglobulinémique.
NOMBRE 48 5 23 4
Féminin 19 2 15 3
IFI CYTO 28 2 - -
PERI 11 3 22 3
AUTRES 7 - 1 -
NEGATIF 2 - - 1
CIA MPO 12 4 23 3
PR3 33 1 - -
MBG 1 - - 1
NEGATIF 2 - - -
IMMUNODOT MPO 10 4 23 3
PR3 24 - - -
MBG - - - 1
NEGATIF 14 1 - -
GPA : granulomateuse avec polyangéite ; EGPA : Granulomateuse éosinophilique avec polyangéite ;
MPA : polyangéite microscopique ; IFI : immunofluorescence indirecte ; MPO : myélopéroxydase ;
PR3 : Protéinase 3
25
Vascularites Non-vascularites
Test positif 81 43
Chimiluminescence
Test négatif 3 41
Test positif 66 7
Immunodot
Test négatif 18 77
Chimiluminescence Immunodot
VPP 65,32 90
VPN 93,18 81
Selon l’antigène identifié, la CIA montre une meilleure sensibilité que l’immunodot tant
pour l’identification de la MPO que pour celle de la PR3 mais avec une VPP basse par
rapport au dot. La CIA offre une meilleure VPN avec 93,18%. Le dot offre cependant
une meilleure spécificité que la CIA avec 97,5% pour la PR3 et 93,9% pour MPO.
26
MPO PR3
CIA Immunodot CIA Immunodot
Sensibilité 93,62 69,49 92,31 57,14
Spécificité 73,21 93,90 60,29 97,47
VPP 74,58 89,13 57,14 92,31
VPN 93,18 81,05 93,18 81,05
VGT 83,65 83,39 75,73 81,99
I. SUR LA METHODOLOGIE
Plusieurs études sur la comparaison de méthodes dans les vascularites à ANCA existent.
Sont rapportés les comparaisons entre IFI et ELISA, entre des différents kits d’ELISA,
la comparaison entre la méthode ELISA et la chimiluminescence. Cependant, les études
portant sur la comparaison entre chimiluminescence et immunodot ne sont pas
nombreuses. Cette étude permet de comparer ces deux techniques afin de connaître la
performance de chacune d’elles dans le diagnostic des AAV, permettant ainsi d’établir
une démarche diagnostique appropriée, surtout pour les patients nécessitant un
diagnostic urgent.
En ce qui concerne les patients qui sont atteints d’une vascularite dans la présente
cohorte, quel que soit son étiologie, ils ont représenté la moitié des échantillons
recrutés. L’âge de ces patients variait entre 12 et 89 ans. Les patients âgés de plus de 50
ans représentent 73 ,8%. Trois patients avaient moins de 25 ans, 2 adolescents de 12 et
13 ans et un jeune homme de 21 ans. Chez les enfants, l’apparition des AAV est
maximale au début de la deuxième décennie, l’âge médian au diagnostic étant d’environ
11-14 ans [9]. Une étude comparant la chimiluminescence contre l’ELISA, faite à Pékin
en 2017 a collecté des patients atteints d’AAV avec une tranche d’âge de 20 et 89 ans et
des patients avec MPO et PR3 positifs sans être atteints d’AAV âgés entre 17 et 91 ans
[11]. La limite supérieure de l’âge correspond à peu près dans cette étude de
Montpellier mais la population de Montpellier est plus jeune comparée à celle de cette
étude. Comparer l’âge de la population observée à Montpellier avec celle d’autres
études est difficile puisque la plupart des études faites sur les AAV souvent ne citent pas
l’âge des patients recrutés dans l’étude et le genre également n’est pas précisé.
Dans la présente étude, les patients peuvent être divisés en deux selon le diagnostic
final : les patients atteints de vascularite qui représentent la moitié (84/50%) et l’autre
moitié constituée par les patients qui n’ont pas de vascularite. Concernant les patients
atteints de vascularite, 48 d’entre eux sont atteints de GPA, 23 patients atteints de MPA,
5 malades d’EGPA, 4 malades de SGP et 4 atteints d’autres causes de vascularite dont
un avec une vascularite iatrogène secondaire à l’Elmisol®, une vascularite à cellules
géantes, une vascularite cryoglobulinémique et une vascularite des gros vaisseaux. Nous
pouvons dire que cette étude regroupe diverses formes de vascularite puisqu’elle permet
d’étudier les trois étiologies d’AAV, même si le nombre des patients n’est pas
équivalent. Les chiffres cités précédemment révèlent que la GPA représente la
pathologie la plus rencontrée. En effet, les études épidémiologiques faites jusqu’à
présent ont montré également une différence dans la fréquence de ces trois sous-types
ainsi que des variations dans différentes zones géographiques. Les données des années
1990 suggèrent que la GPA est plus fréquente que la MPA dans les populations
d'Europe du Nord, alors que dans les populations d'Europe du Sud, l'inverse était
observé [12]. Cependant, des études récentes ont suggéré que ce n'était pas aussi clair
que cela. Des données récentes provenant du Royaume-Uni suggèrent que la MPA est
29
plus fréquente que la GPA dans la zone urbaine (13,3 par million et 8,2 par million,
respectivement) [13]. Dans le comté d'Olmsted, aux Etats-Unis, dans une population
d'origine nord-européenne, la fréquence de la GPA et de la MPA était à peu près
similaire (13 et 16 par million, respectivement) [14]. Les taux d'incidence de l'AAV
sont similaires dans la plupart des populations caucasiennes ; les populations étudiées
dans l'ouest des États-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande sont principalement
des populations blanches d'origine nord-européenne. Des études menées dans des
populations d'origine non-européenne suggèrent une incidence plus faible. Une étude de
prévalence réalisée dans une zone urbaine de France a rapporté que la prévalence
globale de périartérite noueuse, GPA, EGPA et MPA dans la population d'ascendance
européenne était deux fois plus élevée à celle de la population d'ascendance non
européenne [15]. En Nouvelle-Zélande, la GPA est deux fois plus fréquente chez les
européens que chez les maoris ou les asiatiques [16]. En Chine, de grandes séries de cas
suggèrent que la MPA est plus fréquente que le GPA [17]. Dans une série multiethnique
de Chapel Hill aux Etats-Unis, la GPA est relativement rare chez les afro-américains par
rapport aux blancs de type caucasien [18]. Une étude comparative entre les régions du
Royaume-Uni et le Japon a observé que l'incidence globale de l'AAV était similaire
(22,6 par millions et 21,8 par million, respectivement). Au Japon, la GPA était
beaucoup moins fréquente (2,1 par million) que la MPA (18,2 par million) [19].
Dans tous les cas, l'EGPA est la moins fréquente des trois sous-types. C'est une des
vascularites systémiques les plus rares. Sa prévalence en France [15] a été estimée à
10,7 par million d'adultes dans la population générale. Son incidence est estimée entre
1,3 et 6,8 nouveaux cas par million d'habitants [20]. Elle est nettement plus élevée, de
l'ordre de 64,4 par million, dans des populations de patients asthmatiques traités, quelles
que soient les médications utilisées [21], témoignant du terrain particulier sur lequel
cette affection se développe. Notamment, l’incidence de l'EGPA chez les asthmatiques
ne varie pas, quels que soient les traitements antérieurs pris, notamment en ce qui
concerne l'utilisation d’antagonistes des récepteurs des leucotriènes.
Dans la plupart des études faites sur les comparaisons de méthode de diagnostic des
AAV, on observe rarement le recrutement des patients atteints de GPA, de MPA et
d’EGPA dans une même étude. On observe surtout des études centrées uniquement sur
des patients atteints de GPA, comme l’étude de N.Noel et al. à Paris [22] et de A.Radice
30
et al. à Milan [23]. Il y a également les études qui recrutent des patients atteints de GPA
et de MPA. L’équipe de E. Csernok et al. en Allemagne a évalué des kits commerciaux
d’ELISA pour la détection d’ANCA anti-PR3 et anti-MPO dans le diagnostic de GPA et
MPA [24]. Dans cette étude figurent 50 patients atteints de GPA et 42 patients avec
MPA et les ANCA anti-PR3 ont été recherchés pour diagnostiquer la GPA tandis que
les anti-MPO ont été utilisés pour le diagnostic de la MPA. Une étude faite en Belgique
rassemblant les trois pathologies, a recruté 23 patients atteints de GPA, 12 patients avec
MPA et 3 patients atteints d’EGPA [25]. Il existe également des études dans lesquelles
des patients atteints d’AAV et de SGP sont rassemblés. Une étude réalisée par
M.Mahler et al. a recruté 81 patients atteints de GPA, 70 patients atteints de MPA et 90
patients présentant un SGP dans le but d’évaluer la performance de la
chimiluminescence dans les AAV et le SGP [26]. En effet, dans le cas de la CIA comme
dans le cas de l’immunodot, les anticorps anti-PR3, anti-MPO et anti-MBG peuvent être
simultanément recherchés par les kits commerciaux. De plus, les AAV et le SGP
figurent parmi les étiologies du syndrome pneumo-rénal. Il s'agit d'un syndrome aigu
associant une glomérulonéphrite rapidement progressive à une vascularite pulmonaire
responsable d'hémoptysie par capillarite alvéolaire. L'évolution peut être fatale par
hémorragie intrapulmonaire massive [27], ce qui justifie la recherche en urgence des
ANCA et des anticorps anti-MBG. D’où l’existence de kits commerciaux qui peuvent
rechercher simultanément les ANCA et les anticorps anti-MBG, aide relativement les
cliniciens avec la collaboration des biologistes à faire un diagnostic étiologique qui doit
être entrepris en urgence. Le syndrome pneumorénal représente quand même un motif
d’admission fréquent en unité de réanimation médicale, avec une mortalité estimée de
25 à 50% [27].
Dans la majorité de ces études comme dans d’autres études encore, la GPA reste la
pathologie le plus souvent rencontrée contrairement aux études portant sur le diagnostic
d’EGPA. Ces dernières sont moins fréquentes, du fait de la faible prévalence de la
pathologie mais également parce que l’identification d’ANCA au cours d’EGPA n’est
pas constante. Les résultats basés sur deux cohortes, décrits par Sinico [28] ont montré
que la fréquence des ANCA dans les EGPA était légèrement inférieure à 40 % et 37,6%
respectivement.
31
Cette présente étude permet d’observer les trois formes de vascularites à ANCA et
également le SGP mais quatre des patients présents dans l’étude sont atteints d’autres
causes de vascularites systémiques dont vascularite iatrogène secondaire à l’Elmisol®,
une vascularite à cellules géantes, une vascularite cryoglobulinémique et une vascularite
des gros vaisseaux. De nombreux médicaments, appartenant à presque toutes les classes
pharmacologiques, ont été incriminés dans l’apparition d’ANCA, eux-mêmes souvent
associés à des vascularites. Les plus fréquemment cités sont des molécules utilisées
dans les traitements antithyroïdiens, en particulier le propylthiouracile (PTU) avec plus
d’une centaine de cas décrits [29]. Mais des antibiotiques comme la minocycline, des
psychotropes comme la clozapine, des anti-inflammatoires comme la sulfasalazine, la
D-Pénicillamine ou des anti-TNFα peuvent également induire des vascularites et des
ANCA. Ici dans cette cohorte, le médicament incriminé est le Levamisole (Elmisol®).
Dans une déclaration de consensus internationale [7], il a été convenu que l’IFI faite à
l'aide de neutrophiles fixés à l'éthanol devrait être la base de la détection des ANCA.
L'IFI montre deux principaux motifs de coloration : un motif cytoplasmique (c-ANCA)
et un motif périnucléaire (p-ANCA). Le schéma c-ANCA qui montre une fluorescence
cytoplasmique granulaire avec une accentuation interlobulaire centrale est généralement
lié à la présence des PR3-ANCA et est associé à la GPA. L'image p-ANCA présente
une coloration périnucléaire ou nucléaire. Ce modèle est associé à la MPO-ANCA, mais
on l'observe également avec des anticorps dirigés contre d'autres enzymes neutrophiles.
La MPO-ANCA est principalement observée chez les patients atteints de MPA. La
coloration p-ANCA sans spécificité pour la MPO est associée à des maladies telles que
la colite ulcéreuse, la cholangite sclérosante, l'hépatite auto-immune et la polyarthrite
rhumatoïde.
Dans cette cohorte, l’IFI a montré une positivité chez 73,2% des patients recrutés. Les
65% de ces patients sont représentés par les patients atteints de vascularite. Une
fluorescence périnucléaire était retrouvée chez 35,7% de ces patients ayant une
vascularite. L’aspect c-ANCA était présente chez 50% de ces patients. Dans 4,8% des
cas, l’IFI s’est révélée négatif. Chez certains patients, un aspect à la fois périnucléaire et
32
Par ailleurs, dans cette cohorte, 95,2% des patients atteints de vascularite avaient alors
un test d’IFI positif pour la recherche d’ANCA. Pour cela, l’IFI reste tout de même la
méthode de référence pour la mise en évidence des ANCA. Dans cette cohorte, 35% de
nos échantillons avec IFI positive provenaient de patients qui n’avaient pas de
vascularite. Les ANCA ont été décrits non seulement dans la GPA, la MPA et l’EGPA,
les trois pathologies qui constituent essentiellement les AAV, mais aussi dans d’autres
pathologies dont les vascularites à complexes immuns comme le syndrome de
Goodpasture avec anticorps anti-MBG, dans les vascularites iatrogènes, ces 2
pathologies qui font partie de la classe des patients avec vascularite dans cette présente
étude ; au cours des maladies inflammatoires chroniques intestinales comme la
rectocolite hémorragique, les hépatites auto-immunes, au cours d’infections
bactériennes ou virales voire dans d’autres situations cliniques. La recherche des ANCA
33
La présence des cas de faibles fluorescences mais aussi dans les cas où l’IFI avait été
peu informative nous obligent à ne pas minimiser la deuxième étape obligatoire qui est
la caractérisation de l’antigène cible par un test en phase solide qui dans cette étude est
un test par chimiluminescence et par immunodot. L’étape suivante permet d’éliminer les
cas de « faux positifs » en IFI. Par ailleurs, cette caractérisation de la spécificité des
ANCA doit suivre car les corrélations cliniques sont plus informatives avec une
spécificité définie qu'avec les profils de fluorescence seuls [40]. Pourtant des
discordances peuvent survenir entre les résultats et dans la majorité des cas, les
discordances sont dues à des AAN qui interfèrent ou à des ANCA dirigés contre des
34
antigènes cibles autres que MPO et PR3 (cathepsine, BPI, élastase, lactoferrine…) dont
les spécificités ne sont pas recherchées car jusque-là aucune association clinique
spécifique n’a été identifiée.
III.2. La chimiluminescence
Dans une autre étude faite sur une analyse de la performance de BIO-FLASH sur les
anticorps anti-PR3, anti-MPO et anti-MBG par Mahler et al., les sensibilités/spécificités
étaient de 70,4%/98,2% pour la PR3, 79,5%/98,7% pour la MPO et 95,6%/99,6% pour
les anticorps anti-MBG [26]. Au cours de cette étude, de bonnes concordances ont été
observées entre l’ELISA et CIA. Les accords positifs étaient de 98,2%, les accords
négatifs de 96%, et une concordance globale à 96,7% pour les anti-PR3. Pour les anti-
MPO, les accords positifs, négatifs et totaux sont respectivement de 100%, 87% et 91%
et respectivement de 98,8%, 97,1% et 98,3% pour les anticorps anti-MBG. Par toutes
ces études et bien d’autres encore on pourrait alors conclure que la CIA peut très bien
substituer l’ELISA dans le diagnostic des AAV mais aussi dans le syndrome de
Goodpasture [26]. Dans cette cohorte de Montpellier, la CIA par le système BIO-
FLASH® offre une sensibilité de 96,4% et une spécificité de 48,8% dans le diagnostic
d’AAV. Selon les anticorps, les sensibilités/spécificités étaient de 92,3%/60,3% pour la
PR3, 93,6%/73,2% pour la MPO et 100%/97,6% pour la MBG. Ce qui fait que la CIA
est une technique sensible mais peu spécifique dans cette étude, ce qui ne concorde pas
avec l’étude faite par Mahler et al qui trouve que le BIO-FLASH® procure une bonne
spécificité mais pas une meilleure sensibilité dans le dosage des anti-PR3 et des anti-
MPO. Cependant les populations dans l’étude de Mahler et al et la population d’étude
de Montpellier diffèrent. Mahler et al ont recrutés des patients dont le diagnostic de
36
vascularite était déjà bien défini. Pour les anticorps anti-MBG, la sensibilité et la
spécificité dans cette étude comme dans l’étude de Mahler et al. sont bonnes. On
rappelle cependant que dans cette cohorte faite à Montpellier, le nombre de patients
avec SGP n'était que quatre ; contrairement dans l’étude de Mahler et al où il y avait 90
patients atteints de SGP. Dans 93,45%, les résultats obtenus par l’IFI et le BIO-
FLASH® concordaient. L’étude faite par Damoiseaux et col. ne montre aucune de
différence ni de sensibilité ni de spécificité entre l'ELISA (Inova QuantaLite, Euro-
Diagnostica, Euroimmun, Orgentec), la FEIA (Thermo-Fisher), le dosage par CIA
(Inova QuantaFlash), le multiplex (BioRad) pour la détection des anticorps anti-MPO et
anti-PR3. Pour tous ces tests immunologiques, la spécificité du PR3-ANCA (98-99%)
était supérieure à celle de la MPO-ANCA (96-99 %) [51].
III.3. L’immunodot
La technique de l’immunodot pour la recherche des anticorps a été introduite par Paul
Herbrinck et col. sous l’appellation de « Antigen Spot Test » ou AST en 1982 [52]. Les
auteurs se sont inspirés de la technique du Western blot, ou immunotransfert ou
immunoempreinte, développée quelques années auparavant. Mais, contrairement à cette
dernière, les protéines ne sont pas transférées d’un gel d’acrylamide sur une membrane
de nitrocellulose, mais sont directement appliquées sur des bandelettes sous forme de
spots pour former des « dots ». Quelques variantes techniques ont été apportées : les
dépôts de protéines peuvent avoir une forme ronde (dot-spot) ou linéaire (dot-line), et
d’autres supports que la nitrocellulose ont été proposés (dérivés de la cellulose ou du
nylon). Plusieurs antigènes différents peuvent être déposés sur la même membrane
permettant ainsi la détection simultanée de nombreux anticorps différents. La lecture
des résultats par simple appréciation visuelle de la coloration fournit des résultats
qualitatifs, à la limite semi-quantitatifs si l’on tient compte de l’intensité de la
coloration. Il est parfois possible de faire une interprétation semi-quantitative en
utilisant un scanner qui mesure l’intensité de la coloration des bandes ou des spots. Au
CHU de Montpellier, c’est le dot fabriqué par D-Tek qui a été utilisé et la lecture par le
scanner donne un résultat qualitatif : positif ou négatif. Le premier immunodot pour la
37
Dans une étude effectuée par Savegh et al., la sensibilité et la spécificité obtenues avec
la combinaison entre IFI et immunodot pour le diagnostic d’AAV (GPA, MPA et
EGPA) étaient respectivement de 83,3% et 83,5 %. Lorsque l'analyse a été limitée aux
patients présentant c-ANCA anti-PR3 ou p-ANCA anti-MPO typiques, la sensibilité et
la spécificité du diagnostic d’AAV étaient de 82,3% et 100 % [35]. Ils ont conclu que la
combinaison IFI/Immunodot confère une bonne sensibilité/spécificité pour les AAV
nouvellement diagnostiquées. Dans la présente cohorte, l’immunodot de D-tek offre une
sensibilité de 78,6% et une spécificité de 91,7%. Il a une meilleure sensibilité de 69,5%
pour rechercher les anti-MPO par rapport aux anti-PR3 à 57,1% mais une meilleure
spécificité pour les anti-PR3 à 97,5% par rapport aux anti-MPO à 93,9%. Pour le
diagnostic des GPA-PR3, ce dot offre une faible sensibilité de 50% mais une bonne
38
Les ANCA sont utiles pour le diagnostic de l'AAV, mais leur utilisation comme
biomarqueur diagnostique est insuffisante. Leur diagnostic repose sur la présentation
clinique, la positivité des ANCA qui ne sont pas toujours présents, et dans la mesure du
possible sur une preuve histologique de vascularite. Une étude de Damoiseau et al.
confirme qu'une fraction de patients atteints d’AAV peut être négative pour les ANCA.
En fonction du test, 11-17% des patients atteints d’AAV étaient négatifs par IFI dans
39
cette étude et 9-16% par dosage immunologique [51]. Par conséquent, un diagnostic
d’AAV ne peut être exclu chez les patients ANCA négatifs. Des biopsies rénales et/ou
autres doivent être réalisées chez ces patients. Mais il existe des cas d’AAV
séronégatives, des patients qui remplissent les critères d’AAV sans retrouver d’ANCA.
Dans cette cohorte, il y avait un cas de GPA séronégatif qui avait déjà été diagnostiqué
en 2009. Il a été négatif tant en IFI mais également sur dosage par CIA et immunodot.
Dans une cohorte tunisienne, sur 32 patients inclus, 33,33% soit patients étaient
séronégatives dont des patients atteints de GPA et d’EGPA [54]. Peu de données parlent
des AAV séronégatives. Dans les études menées par l'European Vasculitis Study Group,
10 à 20 % des patients atteints de GPA, de MPA et d’EGPA ou une glomérulonéphrite
idiopathique rapidement progressive étaient ANCA négatifs [55]. Dans une grande
cohorte de 213 patients atteints de glomérulonéphrite rapidement progressive, étudiés
par le groupe de Chapel Hill aux Etats-Unis, la probabilité d'une négativité des ANCA
était d'environ 10 à 20 % [56]. Lorsque patient est négatif pour les ANCA, le résultat
peut être un faux négatif en raison d'une réactivité à des épitopes qui ne sont pas encore
reconnus dans la plupart des tests qui existent pour identifier les ANCA [57].
Concernant les AAV, chez 75% (soit 63 sur 84) de nos patients atteints d’AAV, les 3
techniques utilisées pour détectées les ANCA avaient donné un résultat positif. En
général, PR3-ANCA est associé à la GPA et MPO-ANCA à la MPA et l’EGPA. Si on
ne considère que les GPA liées à la présence de PR3-ANCA, la CIA n’a ni une bonne
sensibilité ni une bonne spécificité avec 68,75% et 75% respectivement tandis que
l’immunodot est moins sensible mais spécifique avec 50% de sensibilité et 98,3% de
spécificité. Pourtant plusieurs cas de patients atteints de GPA positifs pour la MPO-
ANCA et négatifs pour la PR3-ANCA ont été signalés et dans le cas des patients vus
dans cette cohorte 25% (soit 12 sur 48) des patients atteints de GPA sont positifs pour la
MPO-ANCA. Trois d’entre eux n’ont pas été identifiés par le dot. Cependant dans le
diagnostic des MPO-ANCA associés à la MPA et l’EGPA, la CIA ainsi que
l’immunodot ont une sensibilité similaire à 96,4% ; l’immunodot a une meilleure
spécificité à 86,4% par rapport à la CIA avec 77,9%. Dans cette cohorte, la spécificité
antigénique retrouvée chez tous les MPA était la MPO et elle était identifiée avec les 2
techniques. Chez les patients atteints d’EGPA, 4 sur 5 étaient MPO-ANCA positifs, un
était PR3 positif sur QUANTA-FLASH mais négatif sur le dot. En comparant les
40
résultats obtenus par CIA et le dot, une concordance entre les résultats n’est observée
que chez 68,5%. Dans 31,5%, les résultats ne concordent pas avec un résultat positif
donné par le QUANTA-FLASH mais qui n’est pas détecté par le Blue Diver Dot. Près
d’un tiers de ces échantillons proviennent de patients atteints de vascularite et les deux
tiers restants étaient des patients indemnes de vascularite. Quant à la spécificité
antigénique identifiée, dans plus des deux tiers des échantillons, des anticorps dirigés
contre PR3 ont été identifiés. Ces constatations confirment nos résultats : le QUANTA-
FLASH est plus sensible mais le Blue Diver Dot est plus spécifique et l’étude de
corrélation faite entre ces 2 techniques montre d’ailleurs qu’elles n’ont pas la même
performance diagnostique. Pourtant, on observe plus une concordance les résultats entre
CIA et IFI, chez 93,5% des résultats et le test de Mac Nemar fait entre l’IFI et la CIA
confirme que ces 2 techniques ont les mêmes performances.
Par ailleurs, tous les patients atteints de vascularite systémique ne sont pas ANCA IFI
positifs, de sorte que l’IFI peut ne pas être suffisamment sensible [58]. Dans la présente
cohorte, les échantillons de patients atteints de vascularite mais dont l’IFI était négatif
mais avec dosage immunologique positif étaient issus d’un patient de 21 ans atteint de
SGP et d’un patient de 30 ans atteint de GPA mais qui avait une double positivité en
PR3 et MBG. En effet, des anticorps anti-MBG sont présents dans la maladie de
Goodpasture dans laquelle on ne retrouve pas d’ANCA et qui constitue un diagnostic
différentiel des vascularites à ANCA. Depuis la fin des années 90, des cas de
vascularites primitives des petits vaisseaux dites double-positives, caractérisées par la
coexistence d’ANCA associés à des anti-MBG, sont progressivement rapportés [59].
L’incidence des vascularites double-positives ANCA/anti-MBG est estimée à 0,6 cas
par million d’habitants [60]. Selon les séries, cette entité représente 30 à 50 % des
vascularites à anti-MBG et 5 à 10% des vascularites à ANCA. L’étude de Jayne et al. a
montré en 1990 que, parmi les 889 patients présentant un tableau de glomérulonéphrite
rapidement progressive, 2 % présentaient une double positivité ANCA et anti-MBG
[61]. Chez la plupart des patients double-positifs présentant un tableau de
glomérulonéphrite rapidement progressive ou d’hémorragie intra-alvéolaire, les deux
anticorps ont été concomitamment recherchés et donc conjointement retrouvés au
moment du diagnostic. De nombreux articles rapportent des patients avec une
vascularite à ANCA présentant secondairement l’apparition d’une vascularite à
41
En outre, les ANCA ne sont pas spécifiques de la vascularite, car des ANCA peuvent
également être détectés dans d’autres pathologies telles que les MICI avec 6 à 20 % des
cas dans la maladie de Crohn et 50 à 70 % des cas dans les rectocolites hémorragiques,
les hépatites auto-immunes (90 %), les arthrites rhumatoïdes (30 à 40 %), les cancers,
les infections (HIV, hépatites virales, paludisme…), au cours de la prise de certains
médicaments (hydralazine, thiouracile, levamisole…), etc. On retrouve également des
ANCA dont la caractéristique est de ne reconnaître ni la PR3, ni la MPO [55]. Les
étiologies retrouvées chez les 7 patients dont les 3 tests étaient positifs mais qui n’ont
pas de vascularite sont : les MICI, l’infection, la connectivite et un cas de fibrose
pulmonaire idiopathique. Il y avait un garçon de 13 ans présentant un syndrome
néphrotique et qui était traité par Levamisole, chez qui le diagnostic de vascularite n’a
pas encore établi mais dont les 3 tests étaient positifs avec une double positivité MPO
PR3 sur BIO-FLASH® mais le dot révélait une positivité de MPO uniquement. Ensuite,
l’IFI peut être positive mais les dosages immunologiques négatives. Dans 39,3% (33
patients) des patients non-vascularites, l’IFI et le BIO-FLASH étaient positifs mais le
dot négatif avec une spécificité pour la PR3 dans 63,6%, pour MPO dans 30,3% et une
double positivité MPO PR3 dans 6,1% (2 patients). Les étiologies reconnues les plus
fréquentes sont les MICI et les connectivites dont le lupus, la sclérodermie et la
polyarthrite rhumatoïde. Les 2 patients ayant une double positivité MPO PR3 étaient
atteint de syndrome de Marfan avec un taux de MPO plus important.
Les vascularites touchant les gros ou les moyens vaisseaux telles que la maladie de
Horton ou la maladie de Takayasu ne comportent qu’exceptionnellement des ANCA.
42
V. RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES
delà de la valeur pronostique, certains auto-anticorps ont des titres qui fluctuent en
fonction de l’activité de la maladie. C’est le cas des anti-PR3 associés à la GPA.
L’ascension de leurs titres peut être annonciatrice d’une rechute de la maladie. Le risque
de rechute dépend du type de vascularite, de la spécificité des ANCA, la spécificité anti-
PR3 étant la plus à risque de rechute. Un patient sur deux avec une GPA va récidiver, il
est donc important d’utiliser les ANCA pour suivre ces patients [73]. Pour deux tiers
des patients, le taux des ANCA est corrélé avec l’activité de la maladie. En
conséquence, des variations importantes du taux d’ANCA (le risque de récidive est
doublé à six mois en cas de forte augmentation), une réapparition ou la persistance des
ANCA peuvent être utilisées comme signaux d’alarmes. Il est important de rappeler
qu’en aucun cas, les ANCA doivent être utilisés seuls pour adapter le traitement puisque
la corrélation entre le titre des ANCA et la clinique est imparfaite. À l’inverse, un
ANCA négatif est bon indicateur pour considérer que la maladie est bien contrôlée.
Cependant, individuellement, l'interprétation de la fluctuation des taux d'auto-anticorps
peut être difficile. Cette fluctuation des taux doit toujours être confrontée à l'évolution
clinique. Dans cette cohorte, le stade de la maladie n’a pas été pris en compte, ni le
traitement de la vascularite. Les ANCA ont été demandés dans un but diagnostique mais
également pronostique, et ils ont également été prescrits dans le cadre de suivi de la
pathologie, autant dans les vascularites que dans les autres pathologies. On sait juste que
peu de patients étaient au début du diagnostic, et le score FFS ou Five Factor Score n’a
pas pu être fait que chez ces patients. Il n’y avait que 15 patients soit 17 ,85% des
patients atteints de vascularite qui étaient nouvellement diagnostiqués durant la période
d’étude dont 7 patients atteints de GPA, 4 de MPA, 3 d’EGPA et 1 de SGP. Rappelons
que le FFS est un score pronostique, développé par le Groupe français d'étude des
vascularites (GFEV) en 1996 mais qui a ensuite été revisité. Ce score aide à choisir la
thérapeutique la plus appropriée pour les patients atteints de vascularites nécrosantes. Il
est basé sur la présence ou l’absence de cinq critères qui sont : un seuil d’âge (65 ans),
l’existence d’une insuffisance rénale, la présence d’une atteinte gastro intestinale
spécifique (perforation, hémorragie ou pancréatite), d’une atteinte cardiaque
(cardiomyopathie spécifique) et d’une atteinte oto-rhino-laryngologique ou ORL
(considérée comme un facteur protecteur). Les formes de bon pronostic ont un score
44
FFS à 0 et les formes de mauvais pronostic sont celles dont le FFS est supérieur ou égal
à 1.
CONCLUSION
Les vascularites systémiques sont des atteintes vasculaires caractérisées par une
inflammation de la paroi des vaisseaux sanguins artériels, veineux et des capillaires. Les
vascularites associées aux ANCA regroupent différentes entités de vascularites à petits
vaisseaux : la GPA, la MPA et l’EGPA. Le diagnostic de ces maladies repose sur un
faisceau d’arguments clinico-biologiques. Ainsi, l’identification des anticorps anti-PR3
ou anti-MPO a un rôle majeur dans l’orientation diagnostique vers la GPA pour les anti-
PR3 ou vers la MPA et l’EGPA pour les anti-MPO. D’autre part, des anticorps anti-
membrane basale glomérulaires sont présents dans la maladie de Goodpasture dans
laquelle on ne retrouve pas d’ANCA et qui constitue un diagnostic différentiel des
vascularites à ANCA. Devant l’importance de la biologie dans l’aide au diagnostic, il
convient d’avoir des méthodes diagnostiques robustes ayant une sensibilité et une
spécificité élevées. Cette étude est une cohorte prospective de patients du CHU de
Montpellier pour lesquels les ANCA ont été prescrits courant de l’année 2022. Cette
cohorte avait pour objectif d’évaluer la chimiluminescence et de l’immunodot pour
l’identification des anticorps anti-MPO et anti-PR3 sur les sérums des patients suivis au
niveau du CHU de Montpellier. Ainsi cette étude montre une meilleure sensibilité de la
chimiluminescence (96,43%) mais avec une spécificité moins bonne (48,81%) tandis
que l'immunodot est plus spécifique (91,67%) mais peu sensible (78,57%). Toutefois,
les deux méthodes peuvent être complémentaires. La présence d’ANCA serait d’abord
recherchée par IFI et la CIA serait utilisée pour identifier la spécificité antigénique en
cas d’IFI positive. L’immunodot pourrait être réalisé en seconde intention en cas de
doute diagnostique ou dans le cas de faibles positifs par chimiluminescence. Nous
recommandons également d’utiliser l’immunodot en première intention chez les patients
forts suspects de vascularite à ANCA nécessitant un diagnostic d’urgence. Pour
terminer, ce travail a été très bénéfique pour le laboratoire d’Immunologie du CHU de
Montpellier puisqu’il a permis une réévaluation des méthodes du laboratoire en secteur
d’auto-immunité. Cette étude sert également de base pour Madagascar dans le choix des
techniques à utiliser pour la mise en place d’un plateau technique d’auto-immunité.
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ANNEXE 1 : CLASSIFICATION DE CHAPEL HILL ACTUALISEE EN 2012
Maladie de Takayasu
Périartérite noueuse
Maladie de Kawasaki
Purpura rhumatoïde
Vascularites leucocytoclasiques
ANNEXE 2 : ALGORITHME DECISIONNEL POUR LA RECHERCHE
D’ANCA DANS LE CADRE DU DIAGNOSTIC DE VASCULARITE
AUTOIMMUNE
⎯ Le substrat est représenté par des PNN de sujets sains de groupe O fixés à l'éthanol
(5 minutes à +4°C avec de l'éthanol à 96-99 %). Cependant, compte tenu des
difficultés de lecture, notamment liées à la présence d'AAN, d'autres fixateurs
peuvent être utilisés principalement le formol, mais aussi le méthanol.
⎯ Le sérum est à diluer au 1/40 dans du tampon phosphate salin (PBS) additionné de
sérum-albumine bovine (BSA) à 1 % pour diminuer le bruit de fond.
⎯ L'antisérum marqué par le fluorochrome est un anti-immunoglobuline humaine qui
peut être soit polyvalent, reconnaissant les trois isotypes majeurs
d'immunoglobulines (anti-IgG, -IgA, -IgM), soit monospécifique anti-IgG.
⎯ Les préparations sont montées entre lame et lamelle, en glycérine tamponnée.
⎯ Chaque série doit inclure un témoin négatif (sérum humain normal), et au moins
deux témoins positifs.
⎯ La lecture se fait au microscope à fluorescence, au grossissement 400, avec ou sans
immersion.
⎯ Si le test est positif, la description de l’aspect de la fluorescence doit être faite.
⎯ Trois aspects d'IFI sur PNN fixés par l'éthanol avec une relevance clinique ont été
décrits. Ils s'expliquent par la localisation des cibles.
1. Fluorescence cytoplasmique :
La fluorescence est cytoplasmique granulaire diffuse le plus souvent avec un
renforcement entre les lobes du noyau correspondant au c-ANCA. Sur PNN fixés par le
formol, la fluorescence reste cytoplasmique granulaire diffuse, avec le même
renforcement interlobaire, mais avec des grains plus grossiers. Sur PNN fixés par le
méthanol, l'aspect est identique à celui observé avec les PNN fixés par l'éthanol. Cet
aspect typique de c-ANCA est le plus souvent produit par des ANCA qui reconnaissent
la PR3.
Ethanol Formol
c-ANCA
2. Fluorescence périnucléaire
p-ANCA
3. Aspect atypique
Un aspect qui combine les caractéristiques des deux premiers est appelé atypique (x-
ANCA). Il associe un marquage du pourtour des lobes nucléaires, avec des pleins et des
déliés évoquant le dessin au pinceau d'une calligraphie japonaise, et un très faible
marquage cytoplasmique finement ponctué. Selon la nature de la cible, qui n'est pas
toujours identifiable, loin s'en faut, le résultat du marquage sur des PNN fixés par le
formol peut être négatif ou de type c-ANCA, à savoir grossièrement granulaire diffus à
renforcement interlobaire. Sur des PNN fixés par le méthanol, l'aspect est identique,
voire encore plus intense, à celui donné sur PNN fixés par l'éthanol.
Ethanol Formol
x-ANCA
Granulomatose avec
polyangéite (maladie 75 15 5 5
de Wegener)
Granulomatose
éosinophilique avec
10 60 30
polyangéite (syndrome
de Churg et Strauss
Polyangéite
45 45 5 5
microscopique
PERMIS D’IMPRIMER
LU ET APPROUVE
Le Président et Directeur de Mémoire
Signé : Professeur RASAMINDRAKOTROKA Andriamiliharison Jean
VU ET PERMIS D’IMPRIMER
Le Doyen de la Faculté de Médecine d’Antananarivo
Signé : Professeur RANDRIAMAROTIA Harilalaina Willy Franck
Name and first name: SAMBANY RASOANARIVAO Heryliva
SUMMARY
Conclusion: This study allowed a re-evaluation of the laboratory methods in the area of
autoimmunity : indirect immunofluorescence and chemiluminescence in the first
instance and immunodot in case of diagnostic doubt and for patients in diagnostic
emergency.
RESUME
Méthode: Il s’agit d’une cohorte prospective portant sur la sensibilité, la spécificité, les
valeurs prédictives positive et négative ainsi que la valeur globale du test de la
chimiluminescence et de l’immunodot dans le diagnostic des vascularites à ANCA.
Résultats: La moitié des patients présentaient une vascularite. Pour le diagnostic des
vascularites associées aux ANCA, la chimiluminescence présente une sensibilité de
96,43% et une spécificité de 48,81%, quel que soit la pathologie en cause. L’immunodot
donne une sensibilité de 78,57% et une spécificité de 91,67%. Les analyses statistiques
faits montrent également que ces 2 méthodes n’ont pas la même performance.