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Acronymes 6
Résumé 7
1. Introduction 14
1.1 Santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes du Sénégal 15
1.2 Politiques et cadre juridique du Sénégal 17
1.3 Objectifs spécifiques du travail de documentation & méthodologie 19
2. Projet EVF/EMP 20
2.1 Mise en œuvre 21
2.2 Cadre institutionnel 24
2.3 Succès du projet EVF/EmP 25
2.4 Défis du projet EVF/EmP 26
3. Services de Santé 28
3.1 DCMS 29
3.2 Accès aux et utilisation des services SSRAJ 30
4. L'Extrascolaire 34
4.1 Centres Conseils Adolescents 35
4.2 Interventions des Organisations de la Société Civile (OSC) 37
4.3 Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) 38
4.4 Sensibilisation des parents, communautés, leader religieux
et communautaires 40
5. Coordination 42
9. Conclusion 64
Annex et Notes 76
5
Acronymes
6
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
Résumé
EVF/EmP ↪↪ M
algré le succès, un nombre
d’éléments clés pour une ESR de
Le projet Éducation à la Vie Familiale et qualité n’ont pas été intégrés dans
Éducation en matière de Population EVF/ les programmes scolaires en raison
EmP a commencé en 1990 avec pour d’oppositions d’ordre socioculturel.
objectif l’introduction d’éléments en ma-
tière de population dans les curricula de ↪↪ L
e gouvernement ne s’est pas
l’enseignement élémentaire. Pour répondre complètement investi dans le projet
aux besoins des élèves du secondaire un (spécialement au secondaire), ce
programme d’EVF/EmP en collaboration qui a affecté la mise à échelle.
7
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
↪↪ B
ien qu’intégrée dans les programmes tous les niveaux : familial, scolaire,
scolaires, la mise en œuvre de l’EVF extrascolaire et sanitaire. Les A&J ne
dans les classes n’a été que partielle, reçoivent pas une préparation suffi-
et n’a pas eu de mise à échelle sante dans le domaine de la sexua-
nationale en partie dû au manque lité ce qui les rend vulnérables aux
de financement. violences et abus sexuels, à l'exploita-
tion, aux GND, aux IST et au VIH.
Services de santé ↪↪ L
'amélioration de l'environnement
social, législatif et réglementaire de
Un service de santé scolaire dont la fonc- l'adolescent/jeunes.
tionnalité a été variable, est en place au
Sénégal depuis 1942. La santé scolaire au ↪↪ L
a promotion de la collaboration
Sénégal, basée sur FRESH, inclut une édu- multisectorielle et du partenariat.
cation à la santé axée sur les compétences, Le plan note que la coordination est
la création d’un environnement sain et sé- insuffisante et la concertation entre
curisé, ainsi qu’une offre de services (TB, les intervenants est inefficace, d’où
paludisme, maladies tropicales négligées, la duplication et l’utilisation d’ap-
IST/VIH, etc.) dans certaines antennes proches parfois divergentes.
cliniques dépendantes de l’infrastructure
et du personnel. Chaque élève a un carnet Pour répondre aux besoins, le Ministère
de santé et peut accéder aux services de la Santé a développé en 2012 : Les
gratuitement. Le personnel de santé est Standards des Services de Santé adaptés
sous la tutelle du Ministère de la Santé, aux Adolescents/Jeunes (SSAJ) du Séné-
mais le nombre limité de prestataires de gal, qui identifient 5 standards pour toutes
santé dans le pays affecte la provision des prestations de services. Les Standards
services de santé scolaire. Les services établissent aussi un paquet minimum
offerts sont guidés par un Protocole signé de services de SSRAJ par niveau avec
entre les Ministères de l’Éducation et de certains services accessibles à tous les
la Santé en 2002. Le Protocole a été révisé niveaux tels que l’IEC/CCC, des espaces
en 2010 mais n’a pas encore été ratifié. d’information, une référence vers des
services compétents et l’accès aux pré-
D’autres défis sont identifiés par le plan servatifs. De plus, le Ministère de la Santé
stratégique 2014-2018 de santé sexuelle et a établi un cadre de concertation sur la
de la reproduction des adolescents et des SSRAJ qui cependant demeure faible.
jeunes au Sénégal:
↪↪ L
'accès à des services de santé
adaptés à leurs besoins et l’attitude
moralisatrice de certains prestataires.
↪↪ L
’insuffisance d'informations (et
accès à l’information) appropriées à
8
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
9
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
10
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
11
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
↪↪ P
laidoyer au niveau du Parlement et Considérations techniques
du Cabinet pour assurer l’intégration
de l’ESR au sein du PARC et au sein ↪↪ F
inalisation du référentiel sur l’ESR
du programme du GFF. pour intégration au travers du PARC.
↪↪ P
laidoyer au niveau des autres mi- ↪↪ F
ormation des membres des com-
nistères (santé, jeunesse etc.) pour missions de réécriture pour une mise
assurer l’intégration de l’ESR dans les à niveau et pour identifier les points
stratégies et plans sectoriels. d’ancrage dans les programmes
pour un curriculum unifié.
↪↪ L’UNFPA devra renforcer la Coalition
pour la Santé de la Reproduction des ↪↪ R
éécriture des programmes
Adolescents et des Jeunes dans ses scolaires.
efforts de plaidoyer auprès du MEN et
autres parties prenantes. ↪↪ E
laboration et expérimentation de
supports didactiques.
© Matteo Maillard
12
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
13
Introduction
14
© UNFPA Sénégal
15
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
↪↪ P
rès d’un tiers des sénégalaises de 15 ↪↪ S
eules 29% des femmes âgées de 15 à
à 19 ans déclarent avoir déjà eu des 24 ans sont bien informées sur le VIH/
rapports sexuels. 34% des femmes de SIDA.9
18 à 24 ans déclarent avoir eu des rap-
ports sexuels avant 18 ans; s’élevant L’impact de ces statistiques se répercute
à 48% en milieu rural et 66% dans le sur le secteur de l’éducation, et se mani-
quintile de richesse le plus pauvre.6 feste entre autres à travers l’absentéisme,
l’abandon scolaire, et la réduction de la
↪↪ P
rès d’un cinquième des jeunes qualité de l’éducation des jeunes. Se-
femmes de 15-19 ans (18 %) ont déjà lon une étude de la GEEP10 appuyée par
commencé leur phase féconde : 14 % l’UNFPA, 1971 cas de grossesses précoces
ont déjà eu au moins un enfant et 4 % de filles scolarisées de 13 à 19 ans ont été
sont enceintes pour la première fois. recensés au cours des années scolaires
2011-2012, 2012-2013, et 2013-2014. Cer-
↪↪ D
ès l’âge de 17 ans, une jeune fille sur taines régions telles que Sédhiou (30%) et
cinq (21 %) a déjà commencé sa phase Ziguinchor (19%) ont des proportions plus
féconde et, à 18 ans, cette proportion élevées que le reste du pays. En vue de
est de 32 % dont la grande majorité l’absence de dispositif de collecte de don-
(26 %) a déjà eu au moins un enfant. nées précises, il est fort probable que le
nombre de grossesses soit plus élevé. De
↪↪ L
es adolescentes en milieu rural (23 %) plus les données existantes n’incluent pas
ont une fécondité beaucoup plus éle- les cas d’avortement illégaux et la cause
vée que celles en milieu urbain (12 %). d’abandon scolaire n’est pas toujours bien
répertoriée. L’étude a indiqué que 71,9%
↪↪ 1 6% des jeunes femmes célibataires des grossesses sont recensées parmi les
et sexuellement actives (ayant eu des filles scolarisées entre la 6ème et la 3ème,
rapports pendant les trois derniers avec la plus grande proportion à partir de
mois), et 6% seulement de jeunes la 4ème. Dans 45% des cas, les filles ont
mariées, utilisent une méthode de entre 16 et 17 ans, et dans 60,8% des cas,
contraception.7 les filles sont célibataires.
↪↪ L
e pourcentage de demande satis- Dans 70,95% des cas les auteurs sont des
faite en planification familiale (PF) élèves (49%), étudiants ou autres jeunes
chez les femmes de 15-19 est de 37%. du village. Bien que les enseignants ne re-
présentent que 2,02% des cas, ils sont ré-
↪↪ U
ne jeune femme de 15 à 19 ans sur gulièrement cités dans des cas de pression
quatre a déjà été mariée.8 à caractère sexuel. L’étude souligne que
les adolescentes ne sont pas préparées
↪↪ 2
5 % des femmes de 15-49 ans ont à faire face aux pressions sexuelles qui
déclaré avoir été excisées. 51 % n’ont conduisent aux grossesses non désirées
pas subi d’ablation mais une simple (GND), notant entre autres :
entaille, mais 5 % des filles excisées
de moins de 15 ans ont eu le vagin
fermé et cousu.
16
L’éducation Complète à la Sexualité
L’étude a révélé que 54,34% des GND Note : Le Sénégal a opté d’utiliser le terme
finissent en abandons scolaires, et que « Éducation à la Santé de la Reproduction »
dans le groupe qui réussit à reprendre les (ESR). Bien que l’UNFPA utilise le terme
études, 39,39% des filles perdent au moins « Éducation Complète à la Sexualité » (ECS),
une année. Cette proportion est pire pour ce rapport utilisera la terminologie du pays,
les filles mariées. l’ESR, sauf dans le cas d’une citation directe.
Les politiques d’un pays et un cadre tion et à d’autres services de santé élé-
juridique propice sont très importants mentaires, tels que les tests de grossesse
pour une mise à échelle de l’Éducation à et d’IST, sauf la nécessité d’avoir au moins
la Santé de la Reproduction (ESR) car ils 15 ans pour consentir au test du VIH.12
facilitent et justifient la mise en œuvre. Mais l’avortement provoqué n’est pas légal
Au Sénégal, il n’existe aucune restriction (sauf pour sauver la vie d’une femme avec
légale à l’accès des jeunes à la contracep- des procédures judiciaires à respecter) et
17
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
↪↪ L
e Programme d’action de la Confé- ↪↪ L
e Programme Décennal de l’Éduca-
rence Internationale sur la Population tion et de la Formation (qui inclut les
et le Développement ; programme EVF et VIH) ;
↪↪ L
a Déclaration de la Politique de Po- ↪↪ L
a Stratégie Nationale de 2005 sur
pulation adoptée en avril 1988, mise à la Santé des Adolescents/Jeunes au
jour le 13 juillet 2010 ; Sénégal.
↪↪ L
a Convention sur l’Élimination de ↪↪ L
e Plan Stratégique 2014-2018 sur la
toutes formes de Discrimination à Santé Sexuelle et de la Reproduction
l’Égard des Femmes (CEDEF) ; des Adolescents/jeunes au Sénégal.
↪↪ L
oi pénalisant les Mutilations Géni- Néanmoins, le Plan Stratégique 2014-2018
tales Féminines (MGF) 1999 ; sur la Santé Sexuelle et de la Reproduction
des Adolescents/jeunes au Sénégal iden-
↪↪ L
’adoption et la promulgation de la loi tifie comme un des défis l’amélioration de
2005 sur la santé de la reproduction; l’environnement social, législatif et règle-
mentaire des adolescents/jeunes. Le plan
↪↪ La loi 2010 sur le VIH/Sida; note qu’il « n’existe pas une réglementa-
tion juridique favorable et appropriée à la
↪↪ L
a loi 2004 modifiant et complétant la promotion de la santé sexuelle et de la re-
loi d’orientation de l’éducation natio- production des adolescents et des jeunes
nale qui rend la scolarité obligatoire » (A&J). Bien qu’il existe des lois (sur la SR,
pour tous de 6 à 16 ans ; MGF, VIH etc.) leur « application demeure
néanmoins timide du fait entre autres de
Le Sénégal a élaboré un nombre de po- la non émission du décret d'application
litiques et stratégies qui sont elles aussi pour ce qui concerne la loi sur la SR ». Il
pertinentes à la mise à échelle d’une ESR, reste donc un travail à faire pour renforcer
entre autres: le cadre juridique et réglementaire autour
de la Santé Sexuelle et de la Reproduction
↪↪ L
e Plan National de Développement des Adolescents et des Jeunes (SSRAJ)
Sanitaire (PNDS II 2009-2018) ; qui devra inclure des activités pour assurer
leur compréhension et vulgarisation.
18
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
19
Project EVF/EMP
20
© UNFPA Sénégal
Comme pour la plupart des pays, les avec pour objectif l’introduction d’éléments
racines de l’éducation sexuelle au Séné- en matière de population dans les curricula
gal remontent aux années 1990 et à des de l’enseignement élémentaire. La mise
projets initiaux sur l'enseignement des en place du projet a été entre autres par
aptitudes/compétences à la vie courante l’adoption de la Déclaration de la Politique
et sur la population. Le projet Education à de Population (1988), la réponse du Sénégal
la Vie Familiale et Education en matière de face au VIH et la conférence internationale
Population EVF/EmP14 commença en 1990 sur la popula
21
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
Pour répondre aux besoins des élèves du élèves (dont 107 000 filles) à at-
moyen secondaire un programme d’EVF/ teindre ; de 12 000 maîtres de l'école
EmP, le Groupe pour l’Étude et l’Enseigne- élémentaire et 247 inspecteurs et
ment de la Population (GEEP), a été initié inspecteurs adjoints à former ; d’éla-
en 1994 en collaboration avec une Organi- boration d’un module unique de
sation Non Gouvernementale (ONG). L’ob- formation des maîtres en EVF/EMP.
jectif était d’approfondir les connaissances Une des particularités de cette phase
acquises à l’élémentaire. Pour complémen- a été l’intensification d’activités de
ter ces deux projets et répondre aux be- sensibilisation à l’endroit des élèves,
soins des enfants des écoles coraniques, des parents d’élèves et de tous les
un projet pilote EVF/Daraa15 a été mis en partenaires de l’EVF/EmP.
place en 2003.
↪↪ L
a phase de généralisation (2002-
L’UNFPA a soutenu le projet EVF/EmP de 2006) : Elle a conduit à la générali-
1990 à 2010. Durant ce temps plusieurs sation du programme exclusivement
évaluations ont eu lieu. L’évaluation16 de dans les classes de l’élémentaire des
fin de projet a identifié quatre phases pour régions de Tamba et Kolda. En plus,
la mise en œuvre du projet à l’élémentaire: l’EVF a été intégrée dans le curricu-
lum de l’école de base en phase de
↪↪ L
a phase pilote (1990-1992) : Phase révision très avancée.
de mise en place du cadre institu-
tionnel et de certains préalables: la L’élaboration du projet EVF/EmP était
formation des membres de l'équipe basée sur les résultats de deux recherches
technique et de l'équipe pédagogique, opérationnelles : l’environnement sociocul-
des actions d'information et de sensi- turel et l’analyse de situation. Les activités
bilisation des différents partenaires de principales du projet EVF/EmP étaient la
l'EVF /EmP, des études socio cultu- généralisation de l’EVF dans l’enseigne-
relles et l’élaboration du curriculum ment élémentaire, la formation et la super-
d'EVF et des supports pédagogiques. vision des enseignants (sur le contenu et
sur les méthodes et techniques d’ensei-
↪↪ L
a phase expérimentale (1993-1996) gnement qui placent l’enfant au centre des
: Formation des maîtres expérimenta- méthodes éducatives) et la sensibilisation
teurs et des inspecteurs chargés de leur de la communauté.
encadrement ainsi que l’expérimenta-
tion des curricula dans des classes sé- L’EVF a été intégrée dans les matières por-
lectionnées avec un suivi rapproché de teuses (histoire, géographie, français, SVT,
l'équipe technique du projet, assistée et dans les textes de l’éducation civique
de l'équipe pédagogique et des équipes et morale). Un curriculum de base ainsi
d'encadrement locales. que des outils pédagogiques ont été dé-
veloppés (recueil de fiches pédagogiques,
↪↪ L
a phase d’extension (1998 – 2000) : posters, planches, guide méthodologique
Elle a été marquée par une extension etc.). L’intégration de l’EVF dans des
significative : un objectif de 232 000 matières porteuses a été privilégiée pour
22
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
garantir que les thématiques soient ensei- Pour pallier aux obstacles socioculturels,
gnées mais « il est important de noter que un des éléments clés du projet était la
s'agissant d'un programme transversal, les mise en œuvre d’activités de plaidoyer
enseignants et les directeurs avaient l'au- envers le Ministère de l’Éducation, les
tonomie de décider dans quelle mesure le parents, et les leaders religieux et coutu-
contenu était intégré au sein des matières miers. A cette fin, des réseaux de parle-
porteuses ».17 mentaires, leaders religieux et journalistes
ont été constitués, et différentes parties
Au secondaire, l’ONG GEEP a développé prenantes consultées durant l’élaboration
un programme similaire à l’élémentaire du programme scolaire. Pour assurer le
mais qui inclut aussi des Clubs EVF dans soutien des parents et de la communauté,
les écoles, supervisés par des enseignants un guide de sensibilisation et un docu-
et menés par des pairs éducateurs (PE), les mentaire ont été développés, des jour-
leaders élèves animateurs (LEA). Comme nées portes ouvertes ont été organisées,
le note l’évaluation finale « les clubs ont ainsi que d’autres activités telles que des
pris en charge aussi bien la formation programmes radio, des compétitions de
que la sensibilisation des élèves et des théâtre, des réalisations de fresques etc.
partenaires de l’école comme les parents Voir 2.6 ci-dessous pour d’autres exemples
d’élèves et toute la communauté ». d’activités de sensibilisation.
© UNFPA Sénégal
23
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
Au secondaire, le projet est géré par le Le projet pilote pour les Daaras a bénéficié
GEEP, une ONG créé en 1989 par des lui aussi d’un cadre institutionnel similaire
cadres du secteur de l’éducation (inspec- avec un comité technique et une unité de
teurs, enseignants, etc.) et des profes- gestion. Cette partie du projet a été menée
sionnels de la démographie, avec comme en partenariat avec le Ministère de la Fa-
mandat l’intégration de thématiques de mille et de l’Entreprenariat Féminin.
population et de la SSRAJ à l’école. (Le
GEEP est une organisation de recherche/ L’évaluation finale a conclu que malgré
action basée au sein de la Faculté des le bon fonctionnement de ces équipes
Sciences et Technologies de l’Éducation et comités durant la mise en œuvre du
et de la Formation de l’Université Cheikh projet, le Ministère de l’Éducation, n’ayant
Anta DIOP.) Pour assurer une mise en pas pu les intégrer, a été confronté à des
œuvre efficace du projet, un comité de déficits de capacité en ressources hu-
direction et un comité de gestion ont été maines à la fin du financement du projet.
mis en place. L’appropriation insuffisante du projet,
même à l’élémentaire a été citée par plu-
Le leadership du projet au secondaire sieurs intervenants comme étant une des
par une ONG a eu des avantages et des faiblesses du programme d’où l’impossibi-
inconvénients. L’avantage est qu’une ONG lité de le pérenniser. Ceci a été interprété
peut être beaucoup plus flexible et souple par certains comme un manque d’engage-
qu’un Ministère, car elle s’adapte rapide- ment envers l’ESR qui s’est traduit par
ment au besoin. De plus, les membres du le peu d’investissement financier et hu-
GEEP, venant du secteur de l’éducation main de la part du Ministère de l’Éduca-
et ayant une expertise de la SSRAJ sont tion pour une mise à échelle nationale
adeptes à savoir ce qui peut être intégré, et pour une pérennisation.
24
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
Un des succès du projet s’est produit à la En juillet 2006, 361 clubs EVF étaient en
fin du, projet. Suite à des ateliers natio- place. Cela constituait 51,50% des 701
naux l’EVF a été intégrée au sein du Curri- établissements d’enseignement moyen et
culum de base du Sénégal (2010) et dans secondaire (et 90% des établissements
les programmes scolaires pour l’économie des régions prioritaires de Tambacounda
familiale et les SVT (2008). Malgré son et de Kolda). L’évaluation note que les
succès, plusieurs éléments clés pour une clubs EVF ont permis la sensibilisation
ESR de qualité n’ont pas été intégrés en annuelle de plus de 40 000 A&J et plus de
raison de l’opposition socioculturelle.18 75 000 personnes touchées dans le cadre
d’autres activités. Cent trente-cinq éta-
En plus de l’intégration de l’EVF/EmP dans blissements représentant 37% du réseau
les programmes scolaires, on note la réus- des clubs EVF, ont bénéficié d’équipement
site de la couverture géographique du pro- matériel audio-visuel (télé, vidéo et meuble
jet. Au niveau élémentaire, la couverture de rangement). Les LEA ont élaboré un
était de 30% des écoles du pays et 90% guide sur l’EVF et sur la gestion des clubs
des écoles dans les deux régions priori- EVF. Les clubs ont créé non seulement un
taires (Tambacounda et Kolda) et 65% des espace de partage et d’apprentissage pour
écoles du pays et 94% dans les régions les jeunes, mais ont renforcé la participa-
prioritaires en secondaire (le choix des ré- tion des jeunes et le développement de
gions prioritaires était basé sur les taux de leur capacité de leadership. En 2015, le
GND, de VIH et de mortalité maternelle). GEEP20 a répertorié 452 établissements
scolaires du moyen secondaire dotés de
L’impact du projet est notable dans les clubs EVF.
connaissances des élèves. L’évaluation19
de fin de projet a établi qu’à l’élémentaire D’autres composantes à succès ont été
plus de 60 % des élèves avaient une bonne identifiées comme étant le plaidoyer et la
connaissance des problèmes de santé, plus sensibilisation sur l’EVF mises en place
de 70% des problèmes de famille et de mi- par le projet. L’évaluation conclut que les
gration et plus de 40 % des problèmes d’en- « activités de sensibilisation en direction
vironnement. Au niveau secondaire 62,3% des élèves ou des partenaires de l’école
des élèves avaient une bonne compréhen- ont été pertinentes, elles complètent
sion des problèmes de population liés à admirablement les activités de formation
la famille, 80,2% de ceux liés à la santé, déroulées dans les classes et pour les col-
79,4% de ceux liés à la migration et 71,8 % lectivités… Elles contribuent à la visibilité
de ceux liés à l’environnement. L’évaluation de l’EVF/EmP ».
note « l’impact positif du projet EVF dans
le moyen secondaire aussi bien au niveau
quantitatif que qualitatif (avec un taux de
connaissance appréciable en particulier
parmi les élèves fréquentant les clubs) ».
25
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
Néanmoins, l’évaluation souligne « des la- familiale et sociale, une des matières
cunes dans la tenue des leçons, la prépon- porteuses clés de l’EVF, continue à ce jour
dérance du cognitif et du psychoaffectif sur de manquer d’enseignants. Son enseigne-
le psychomoteur ; des situations d’ensei- ment est donc affecté et des entretiens, la
gnement plutôt informatives au lieu d’être DCMS a remarqué que seuls une douzaine
problématiques, l’utilisation tronquée des de ces enseignants sont formés chaque
travaux de groupe, la faible utilisation des année mais qu’après 2 ou 3 ans, beaucoup
supports pédagogiques ; un accent d’avan- quittent l’enseignement).
tage mis sur la sollicitation de la mémoire
que sur la capacité à résoudre des pro- Comme indiqué ci-dessus, le gouverne-
blèmes ou à exercer l’esprit critique et le ment ne s’est pas complètement approprié
sens des responsabilités, l’oubli de l’es- le projet, d’où sa mise à échelle com-
pace scolaire et son environnement immé- promise. Bien qu’intégrée dans les pro-
diat dans le champ d’application privilégié grammes scolaires, l’EVF n’a été que par-
pour exercer et développer des compé- tiellement mise en œuvre dans les classes,
tences de vie courante sont à l’origine de et dû au manque de financement sa mise à
cet état de fait ». De plus, une insuffisance échelle nationale n’a pas eu lieu.
de documents pédagogiques et de matériel
de soutien pour enseignants et pour élèves
fut notée. Le manque d’appropriation de Formation des enseignants
l’EVF par les inspecteurs affecta le suivi
et donc la mise en œuvre du projet. L’appropriation par le Ministère de l’Édu-
cation de l’approche pédagogique fondée
Le projet était conçu de sorte que les sur les compétences a représenté une
enseignants puissent intégrer l’EVF/EmP opportunité car les méthodologies péda-
dans leur leçons en créant une nouvelle gogiques nécessaires à un enseignement
fiche de préparation, ce qui s’est avéré de qualité de l’EVF en sont similaires et
difficile pour certains. De plus, l’emploi sont basées sur un recentrage autour de
du temps déjà chargé en a affecté la mise l’apprenant. Le potentiel de cette oppor-
en œuvre puisque les enseignants favo- tunité n’a pu être réalisé car de nombreux
risaient les connaissances de base de la enseignants n’avaient pas le niveau requis
matière porteuse. Ces obstacles ainsi que pour mettre en œuvre ces pédagogies,
les pesanteurs socioculturelles ont fait impactant donc leur niveau de compré-
que certaines thématiques de l’éducation hension de l’EVF, comment l’intégrer et
sexuelle n’étaient que partiellement ou pas comment l’enseigner.
du tout intégrées (par exemple le genre, les
VBG, le développement de compétences Un séminaire d’une semaine a été organisé
pour la négociation, les droits humains, dans 2 établissements de formation initiale,
etc.) et que les éléments intégrés se mais l’évaluation finale du projet a diagnos-
concentraient sur les dimensions phy- tiqué son suffisance pour développer les
siologiques de l’ESR. De plus, l’économie compétences de futurs enseignants. Pour
26
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
A retenir :
○○ Au primaire, l’EVF a été intégrée dans des matières porteuses (au sein du Curriculum
2010 de Base du Sénégal et dans les programmes scolaires pour l’économie familiale
et les SVT 2008), et des outils pédagogiques ont été développés.
○○ Malgré son succès, un nombre d’éléments clés à une ESR de qualité n’ont pas été
intégrés dans les programmes scolaires en raison de l’opposition socioculturelle.
○○ Bien qu’intégrée dans les programmes scolaires la mise en œuvre de l’EVF dans les
classes n’a été que partielle, et le manque de financement n’a pas permis de mise à
échelle nationale.
27
Services de Santé
28
© UNFPA Sénégal
3.1 DCMS
Un service de santé scolaire de niveau de La santé scolaire est placée sous la tu-
fonctionnalité variable est en place au Sé- telle de la Division du Contrôle Médical
négal depuis 1942.22 En 2000, le lancement Scolaire (DCMS), créé en 1986. La Division
de FRESH et l’élaboration de la sous-com- est chargée de mettre en œuvre le Pro-
posante santé et nutrition du Programme gramme FRESH au niveau du secteur de
Décennal de l’Éducation et de la Formation l’Éducation ; de développer des activités
(PDEF) (2000-2010) a renforcé les efforts de promotion de la santé dans tous les
du ministère pour assurer la santé des ordres d’enseignement du Sénégal ; et de
élèves et des enseignants. coordonner les activités des Inspections
29
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
Médicales des Écoles dans les régions.23 affecte la provision des services de santé
Le service compte des DCMS nationales, scolaire. Les services offerts sont guidés
des antennes d’inspection médicale et des par un Protocole signé entre les Ministères
corps d’Inspection d’Académie. Les corps de l’Éducation et de la Santé en 2002. Le
d’Inspection Médicale des Écoles (IME) Protocole a été révisé en 2010 mais n’a pas
devraient être dirigés par un médecin gé- encore été ratifié.
néraliste assisté d’un personnel paramédi-
cal, sage-femme et infirmier, mais nombre Entre 2000 et 2010, trois guides d’ensei-
d’entre eux ne sont pas fonctionnels. gnant sur les maladies, la nutrition et l’en-
Au niveau des établissements scolaires, vironnement scolaire ont été élaborés, et
certains ont des infirmeries dirigées par plus de 9 000 enseignants ont été formés
un personnel paramédical. en cascade par la CRFPE pour intégrer les
contenus du «PDEF Guide Santé, Nutrition
La santé scolaire au Sénégal, basée sur et Environnement » dans leurs classes. Le
FRESH, inclut une éducation à la santé guide développé comme outil permet aux
axée sur les compétences, la création d’un enseignants qui abordent une compétence
environnement sain et sécurisé, ainsi qu’une ou un objectif du curriculum portant sur
offre de services (TB, paludisme, maladies ces thèmes, de se référer au guide pour
tropicales négligées, IST/VIH, etc.) dans approfondir le sujet. Le guide PDEF sur la
certaines antennes cliniques dépendantes santé a été révisé depuis et sera expéri-
de l’infrastructure et du personnel. Chaque menté de manière continue dans 3 régions.
élève a un carnet de santé et peut accéder Pour assurer son utilisation dans les éta-
aux services gratuitement. La DCMS vou- blissements pilotes, les enseignants seront
drait introduire une visite médicale systéma- formés à l’utiliser sur 3 jours.
tisée pour tous les élèves mais n’a pas en-
core finalisé comment la mettre en œuvre. Apres une évaluation des infirmeries sco-
laires un nouveau projet d’organigramme a
Le personnel de santé est sous la tutelle été proposé pour le DCMS et l’élaboration
du Ministère de la Santé, mais la carence d’une nouvelle stratégie de santé scolaire
de prestataires de santé dans le pays est sous discussion.
30
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
Le plan souligne que cette situation affecte adaptés aux Adolescents/Jeunes (SSAJ) du
particulièrement les A&J, citant que seule- Sénégal25 qui identifient 5 standards pour
ment 2 % des jeunes femmes entre 15 et 19 toutes prestations de services:
ans ont reçu la visite d’un agent de terrain
qui lui a parlé de la PF, alors que le Sénégal 1. u niveau de prestation de services
A
a une fécondité précoce élevée (93% des 15- (PPS), tout adolescent ou jeune,
19 ans), et un nombre élevé de jeunes filles quelles que soient les circonstances,
qui se marient avant 16 ans (24 % des jeunes a accès aux informations et aux
filles entre 15 et 19 ans sont en union). conseils appropriés à son état de san-
té, son développement et ses droits.
D’autres défis sont identifiés par le plan
stratégique de santé sexuelle et de la re- 2. T
out point de PPS est organisé pour
production des adolescents et des jeunes offrir a tout adolescent/ jeune des
au Sénégal 2014-2018: services de qualité adaptés à ses
besoins.
1. 'accès à des services de santé
L
adaptés à leurs besoins et l’attitude 3. T
ous les prestataires ont les connais-
moralisatrice de certains prestataires. sances, les compétences requises
et les attitudes positives pour offrir
2. L
’insuffisance et l’accès à des infor- des services adaptés aux besoins des
mations appropriées à tous les ni- adolescents/ jeunes.
veaux : familial, scolaire, extrascolaire
et sanitaire. Les A&J ne reçoivent pas 4. L
es membres de la communauté, y
une préparation suffisante dans le do- compris les adolescents/ jeunes, fa-
maine de la sexualité ce qui les rend cilitent la mise en place et l’utilisation
vulnérables aux violences et abus des services de santé de qualité par
sexuels, à l'exploitation, aux GND, les adolescents/ jeunes.
aux IST et à l'infection à VIH.
5. L
e système de gestion de services de
3. L
'amélioration de l'environnement santé prend en compte de façon ap-
social, législatif et réglementaire des propriée les aspects liés à la SSRAJ.
adolescents/jeunes.
Les Standards établissent aussi un paquet
4. L
a promotion de la collaboration minimum de services de SSRAJ par niveau
multisectorielle et du partenariat. avec certains services accessibles à tous
Le plan note que la coordination les niveaux tels que l’IEC/CCC, les espaces
est insuffisante et la concertation d’information, la référence vers des ser-
entre les intervenants n’est pas effi- vices compétents et l’accès aux préserva-
cace, d’où la duplication et l’utilisa- tifs. A partir du niveau des Centres Conseil
tion d’approches parfois divergentes. Adolescents (CCA), la planification fami-
liale (PF) et le diagnostic et traitement des
En 2002, pour répondre aux besoins des MST, VIH etc. est accessible (veuillez-vous
A&J, le Ministère de la Santé a dévelop- référer aux Standards pour une liste com-
pé Les Standards des Services de Santé plète de l’offre de services par niveau).
31
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
© UNFPA Sénégal
32
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
A retenir :
○○ La santé scolaire au Sénégal, basée sur FRESH inclut une éducation à la santé axée
sur les compétences ; la création d’un environnement sain et sécurisé ; ainsi qu’une
offre de services (TB, paludisme, maladies tropicales négligées, IST/VIH, etc.) dans
certaines antennes cliniques dépendantes de l’infrastructure et du personnel.
33
L’Extrascolaire
34
© UNFPA Sénégal
Les Centres Conseils Adolescents (CCA) du Les services offerts au sein des 15 CCA
Ministère de la Jeunesse, en place depuis du pays sont appuyés de visites à domicile
1992, offrent des services de prévention par des pairs éducateurs (PE). Les PE (envi-
(causerie, entretien individuel, manifesta- ron 30 par département) agissent comme
tions de plages, écoute téléphonique, film, un relais entre les jeunes dans la commu-
théâtre, évènements sportifs, brochures, nauté et les CCA. Les visites à domicile
affiches, ...), un accompagnement psy- par les PE qui ciblent les jeunes de 15-24
cho-social, une offre de service médical par ans permettent de discuter des problèmes
une sage-femme et le dépistage volontaire. de santé, incitent les jeunes à consulter
35
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
36
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
Le CCA de Mbour note une assez bonne réunissent régulièrement. Chargé de cou-
coordination au niveau opérationnel,. vrir toute une région, le représentant du
Avec le CCA, l’équipe cadre du district (y Ministère de l’Éducation responsable de
compris le médecin chef), les ONG et les la santé ne peut participer régulièrement
organisations de la société civile (OSC) se à ces réunions.
37
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
38
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
Un autre exemple est l’organisation « Pa- Pour permettre aux jeunes des régions et
roles aux Jeunes » qui mène une campagne des milieux ruraux d’accéder à l’informa-
digitale (Facebook, twitter, blog etc.) au- tion automatisée sur la SSR, un service té-
tour de la SSRAJ à laquelle participent des léphonique ‘Gindima’ a été lancé le 12 août
rappeurs et autres personnalités du pays. 2016. Le projet avait un objectif de 10 000
« Paroles aux Jeunes » organise différents appels en fin décembre qui a été atteint
évènements et « Compétition », comme par dès la fin du mois d’octobre. Pour contrer
exemple autour de la campagne « Carton la pornographie et les fausses informations
Rouge aux Mariages des Enfants », le lan- sur la SRH sur le réseau, l’organisation
cement d’un ‘tweet up’ avec d’autres pays forme des jeunes sur comment l’utiliser et
de la région. L’organisation est populaire, en parler sur les réseaux sociaux. De plus,
40 000 jeunes la suivent et contribuent à dans chaque région, un club « Paroles aux
travers les différents réseaux sociaux. Un Jeunes » a été établi avec sa propre page
modérateur vérifie les contenus postés, Facebook. Ces clubs travaillent aussi avec
mais en vue des différentes plateformes, la les PE des CCA.
ponctualité peut être compliquée.
© UNFPA Sénégal
39
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
40
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
A retenir :
○○ Le contenu utilisé par ces OSC est de bonne qualité, incluant des thématiques clés
non-intégrées dans les curricula au travers de l’EVF (telles que les VBG et certaines
compétences comme la négociation du port de préservatif etc.).
○○ La couverture est fragmentée, tributaire des OSC, de leurs champs géographiques ainsi
que des financements disponibles.
41
Coordination
42
© UNFPA Sénégal
Un nombre de parties prenantes ainsi que ainsi que le cloisonnement du travail des
la documentation existante identifient la différents ministères. Comme noté ci-des-
coordination et la collaboration par les mi- sus le Cadre de Concertation du Ministère
nistères comme étant des maillons faibles de la Santé est encore considéré comme
dans la réponse du pays aux besoins faible. Par contre, un grand nombre d’in-
des adolescents et jeunes. La tâche est tervenants notent une meilleure coordina-
compliquée par le grand nombre de parties tion au niveau opérationnel.
prenantes travaillant dans le domaine de
la SSRAJ, l’étendue des activités dans ce Pour pallier à cette faiblesse, la Coalition
domaine, le manque de clarté sur les rôles pour la Santé de la Reproduction des
et responsabilités des uns et des autres Adolescents et des Jeunes a été créée fin
43
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
© Matteo Maillard
44
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
45
Le Fonds Français
Muskoka
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48
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
Dans le cadre de l’axe en faveur de la Le FFM est donc un outil et une opportu-
SSRAJ, une stratégie régionale d’inter- nité pour élaborer et contribuer au finan-
vention a été élaborée. Première du genre cement de la mise en œuvre et à échelle
puisqu’elle met en cohérence et complé- d’une ECS et de la lier aux services de
mentarité les interventions des 4 agences SSRAJ. Le fait que les fonds soient mis en
dans ce domaine, dans la région aussi bien œuvre par 4 agences du système des Na-
à l’échelle nationale que régionale. tions-Unies: OMS, UNICEF, ONUFEMMES
qui plus est sous la direction de l’UNFPA
Les deux principales composantes35 natio- concernant la SSRAJ permet une meil-
nale et régionale du programme sont les leure coordination et collaboration des
suivantes: PTF autour de la SSRAJ et a pour objectif
de contribuer à renforcer la coordination
1. ettre en œuvre à l’échelle natio-
M multisectorielle d’un pays.
nale les interventions reconnues
à haut impact dans la prévention
et la réduction des grossesses pré-
coces notamment en matière d’offre
de services adaptés aux A&J d’ECS
ainsi que les approches innovantes
en matière de campagne de plaidoyer
et d’information, sensibilisation et
communication.
2. A
l’échelle régionale, mener un
plaidoyer de haut niveau en faveur
d’investissements dans des pro-
grammes pour les adolescents et les
jeunes, basés sur les preuves, pour la
réduction des grossesses précoces et
la promotion des droits et SSRAJ.
49
Défis du Système
Éducatif
36
50
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Le taux d’analphabétisme au Sénégal de- Les Assises de l’éducation souligne que des
meure important (52,1%) et le taux d’achè- enseignants sans qualification officient dans
vement primaire (TAP) était de 65,9% en les classes, notamment dans l’enseignement
2013, avec de grandes disparités par région, privé, et qu’au moyen et secondaire, seuls
par exemple Dakar avec un TAP de 93,8%, 51,2% des professeurs sont titulaires d’un
et Kaffrine un TAP de 29,1%. Ces taux diplôme professionnel adapté à ces cycles.
indiquent un nombre élevé d’enfants non Cette situation est aggravée par « une fai-
scolarisés ce qui aura des implications pour blesse de l’encadrement pédagogique et ad-
une mise à échelle de l’ESR. ministratif corrélé à un dispositif de contrôle
et d’encadrement pédagogique inefficace ».37
51
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
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Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
53
Vers une ESR
Intégrée
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Le projet EVF/EmP a été identifié par de (EFS) qui a une carence d’enseignants,
nombreux intervenants comme un début et que les contenus se concentrent sur le
positif, mais son statut facultatif pour côté physiologique de l’éducation sexuelle
certaines matières porteuses, le fait que (par exemple SVT couvre toute la partie
beaucoup de son contenu soit placé dans anatomie), rend l’EVF/EmP insuffisante.
la matière économie familiale et sociale Cette situation est aggravée par une mise
55
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
56
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
57
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
sement sur la SR des jeunes et d’accom- Suite à cet atelier, un autre atelier a eu
pagner le processus de renforcement de lieu en 2016 pour une mise en commun
l’ESR à l’école ». des contenus de l’ESR (voir ci-dessous).
Avec pour objectif de créer un système Le PARC représente donc une très bonne
éducatif qui prépare les jeunes pour la opportunité d’intégrer l’ESR dans les pro-
vie professionnelle et sociale, l’Inspec- grammes scolaires. Pour ce faire, un atelier
tion Générale a initié une réflexion sur les pour la mise en commun des contenus en
curricula existants et les changements ESR s’est tenu du 12 au 16 juillet 2016 en
nécessaires. Le Projet d’Appui au Renou- présence des ministères, de l’ONU, des
veau des Curricula (PARC) a été créé pour PTF et des OSC. L’atelier a abouti à l’éla-
définir les profils de sortie (compétences boration d’un document de référence42
nécessaires) des différents cycles d’éduca- qui servira de ressource au PARC pour
tion, et décliner les compétences discipli- le renforcement de l’intégration de l’ESR
naires (ce qui inclut les QSV). Le PARC est dans les curricula.
positionné dans l’Inspection Générale qui
est transversale et dans le Cabinet du Mi- Ce document a établi le contenu de
nistre, permettant un accès privilégié aux base minimum d’une ESR et « décrit les
décideurs. Pour mettre en œuvre le PARC, thèmes et les objectifs d’apprentissage à
un directeur a été nommé par l’Inspection intégrer dans le cadre de la réforme des
Générale. D’être hors du MEN (le directeur programmes scolaires au PARC. Il entend
fait partie du GEEP) lui donne une liberté fournir aux concepteurs des programmes
pour explorer les meilleures options. Le fait scolaires, des conseils pratiques, adap-
que les membres du GEEP soient connus tés au contexte local, dans le choix des
par la plupart du personnel du MEN (qui thèmes et l’élaboration des objectifs ».
58
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
Sept concepts clés ont été retenus, chacun comprenant plusieurs thèmes généraux :
59
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
2. F
inaliser les contenus communs de
l’ESR par les experts selon les direc-
tives et les normes du MEN
60
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
Le PARC voudrait mener des études de Il est probable que le PARC bénéficie
situation et un travail sur le terrain avec du soutien des PTF. En revanche la mise
les enseignants, parents d’élèves, élus, en œuvre des nouveaux programmes
élèves, leaders etc. pour initier une discus- scolaires risque d’être plus délicate. Cette
sion et identifier les besoins de manière dernière a des implications en termes de
à pouvoir les intégrer dans les profils de ressources humaines et financières pour
sortie. Les autres étapes clés du proces- le MEN. Il existe donc un risque d’exécu-
sus comprennent l’élaboration des curri- tion lié à la capacité et à la volonté du
cula, de la formation initiale et continue, Ministère des Finances et la Direction de
et des matériaux didactiques. Le PARC la Planification et de la Réforme de l'Édu-
voudrait tout accomplir en trois ans, mais cation du MEN d’appliquer cette politique.
les progrès sont affectés par les difficultés Leur participation est essentielle, sans
de financement. Un partenaire financier, elle le PARC risque de voir sa mise en
le Canada, a été identifié mais les fonds œuvre suspendue faute de ressources et
n’arriveront qu’en 2017, le PARC requière de priorités du MEN et du gouvernement.
donc des fonds à court terme pour pou- Il sera donc essentiel de développer un
voir initier les différentes activités. Malgré plaidoyer pour inscrire la mise en œuvre
son soutien au PARC, l’État ne met pas à dans les budgets du MEN et de s’assurer
sa disposition des ressources financières de la participation des PTF au finance-
pour sa mise en œuvre, préférant utiliser ment de la mise en œuvre.
les fonds des PTF. La situation requiert
donc un plaidoyer pour inscrire le PARC
dans le budget du MEN.
61
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
A retenir :
○○ Le processus de développement qui bâtit sur chaque étape (les différents ateliers)
a assuré l’inclusion des parties prenantes clés et une appropriation des contenus.
○○ Le PARC est une opportunité pour l’ESR mais il y a un fort risque qu’il n’aboutisse pas
et/ou que les contenus de l’ESR soient dilués dû au nombre potentiellement important
de thématiques susceptibles d’y être intégrées (l’éducation au développement durable,
l'éducation à la citoyenneté mondiale etc.).
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Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
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63
Conclusion
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© Matteo Maillard
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Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
ministère. Le fait que l’éducation sexuelle scolaire et devrait donc être une des prio-
n’est pas intégrée dans le plan sectoriel de rités majeures. Si le PARC n’aboutit pas,
l’éducation démontre que l’ESR n’est pas les enseignants peuvent continuer avec les
considérée comme essentielle. Cette situa- matériels existants (ou de nouveaux maté-
tion affecte la collaboration et la planifica- riels pourront être élaborés). Cependant,
tion intra-sectorielle et retire beaucoup de ils ne le feront pas s’ils ne se sentent pas à
légitimité à tout acteur cherchant à renfor- l’aise avec le contenu et les méthodologies
cer l’éducation sexuelle au sein de l’éduca- et s’ils n’ont pas la garantie du soutien de
tion au Sénégal. Un plaidoyer envers les leur hiérarchie et de la communauté.
décideurs du MEN sera donc nécessaire
pour assurer que l’ESR soit intégrée dans Bien qu’une feuille de route soit en place
les documents sectoriels clés. pour une intégration de l’ESR au travers du
PARC, plusieurs défis pourrait dérouter le
Même si une ESR de bonne qualité est processus. L’UNFPA, les autres PTF et les
intégrée dans les programmes scolaires parties prenantes devront veiller à la bonne
(soit à travers le PARC ou autrement), la continuation du processus et pallier aux
faiblesse générale du système éducatif difficultés. Il est possible que le PARC
affectera sa mise en œuvre. La formation n’aboutisse pas et une alternative doit être
des enseignants est la composante clé envisagée et planifiée. Dans le court terme
d’une mise en œuvre de l’ESR en milieu cette alternative serait probablement une
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Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
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L’ESR extrascolaire
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Leçons Apprises
& Recommandations
Clés
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Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
↪↪ L
a variété des matériels utilisés ↪↪ L
e grand effort de plaidoyer de la
empêche la standardisation. part de la Coalition a été essentiel
pour le développement d’une compré-
hension commune de l’ESR.
↪↪ P
our pallier aux obstacles sociocultu-
rels une variété d’interventions sont
en place. Le Réseau Islam et Popula- ↪↪ Un processus d’élaboration d’une
tion utilise l’influence des Imams et ESR intégrée qui bâtit sur chaque
les versets du Coran pour commen- étape (les différents ateliers) a assuré
cer à changer les normes sociales et l’inclusion des parties prenantes clés
culturelles qui impactent l’accès à et une appropriation des contenus.
l’information et aux services de SS-
RAJ pour les jeunes.
↪↪ L
es réformes du système éducatif
sont une opportunité et un risque
↪↪ La société civile a pris le leadership pour l’ESR. Les parties prenantes
pour mettre en place une meilleure doivent œuvrer pour s’assurer que
coordination et collaboration autour l’ESR n’est ni diluée ni négligée mais
de l’éducation sexuelle ce qui a per- consolidée et intégrée dans le sys-
mis une certaine flexibilité et rapidité tème éducatif
d’action qui n’aurait pas été acquise
sous un ministère ou un PTF.
↪↪ U
ne des forces de la Coalition pour la
Santé de la Reproduction des Adoles-
cents et des Jeunes, créée fin 2012,
est qu’elle regroupe aujourd’hui
toutes les parties prenantes clés (le
Ministère de l’Éducation, les agences
des Nations-Unies et les OSC).
↪↪ N
éanmoins certains intervenants
perçoivent comme une faiblesse le
fait que le gouvernement n’a pas
la direction de la coalition et que la
présence de bailleurs de fonds y est
plus forte.
↪↪ L
a coalition a bénéficié d’un faible
roulement du personnel des orga-
nisations membres ce qui a permis
une meilleure efficacité, une compré-
hension commune des enjeux et un
accord sur comment aller de l’avant.
73
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
↪↪ P
laidoyer au niveau du Parlement et ↪↪ D
éfinir les rôles et responsabilités
du Cabinet pour assurer l’intégration de chaque secteur et établir le lea-
de l’ESR au sein du PARC et au sein dership de l’ESR.
du programme du GFF.
↪↪ A
nalyse et rationalisation des plate-
↪↪ P
laidoyer au niveau des autres formes de coordination et de col-
ministères (santé, jeunesse etc.) pour laboration existantes et élaboration
assurer l’intégration de l’ESR dans les de termes de référence pour chaque
stratégies et plan sectoriels. plateforme (s’ils n’existent pas).
74
Processus de Mise en œuvre de l’ESR – SÉNÉGAL
75
Annex | Liste des entretiens
76
Notes
77
Notes
23. M
inistère de l’Enseignement Élémentaire du 36. L
a source pour cette partie est : Assises de
moyen secondaire et des langues nationales. l’éducation du Sénégal. Rapport général. Docu-
Programme Décennal de l’Éducation et de la ment de travail, 03 aout 2014.
Formation (PDEF). Guide Santé, Nutrition et
Environnement. Juillet 2011. 37. Ibid.
24. M
inistère de la Santé et de l’Action Sociale. 38. C
handra-Mouli, V., et al. What Does Not Work in
Direction de la Santé. Division de la Santé de la Adolescent Sexual and Reproductive Health: A
Reproduction. Plan d’action national de Planifi- Review of Evidence on Interventions Commonly
cation Familiale 2012-2015. Accepted as Best Practices. Global Health:
Science and Practice 2015, Volume 3, Number
25. S
tandards des Services de Santé adaptés 3, p.333 – 340.
aux Adolescents/Jeunes (SSAJ) du Sénégal.
Mars 2012. Ministère de la Santé et de l’Action 39. R
apport de l’Atelier. Atelier d’élaboration d’une
Sociale. Direction de la Santé. Direction de la feuille de route pour l’intégration de l’éducation
Santé, Reproduction et Survie de l’Enfant. sexuelle dans l’enseignement. Dakar, 18-21
novembre 2013.
26. U
NFPA. 2017. L’Éducation Complète à la
Sexualité - Preuves et pratiques prometteuses. 40. R
apport Général. Atelier sur l’Éducation à la
Brochure. Santé de la Reproduction. 18-19-20 novembre
2014. Hôtel Radisson Blu-Dakar. Division du
27. D
r Jeanne Diaw. Aout 2015. Module de Forma- Contrôle Médical Scolaire (DCMS), UNESCO,
tion à l’Éducation Sexuelle Complète adaptée UNFPA, ASBEF.
au milieu extrascolaire révisé. Projet Promotion
Jeune /Ministère de la Jeunesse, UNFPA. 41. EN/DCMS. Mars 2015. Rapport Atelier Na-
M
tionale de Consensus sur le Renforcement de
28. M
r Mady Cisse. Août 2014. Évaluation de l’Éducation à la Santé de la Reproduction 23-24
l’action des Centres Conseil Pour Adolescents. février – Dakar.
Projet Promotion des Jeunes. Ministre de la
Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction 42. C
oalition pour la Santé de la Reproduction
Citoyenne/UNFPA. des Adolescents et des Jeunes. Synthèse
consensuelle sur les thèmes par concept clé
29. Ibid. de l’Éducation à la Santé de la Reproduction.
Juillet 2016.
30. Ibid.
43. K
ebe, M. & Sarr, S.,A. 3 octobre 2016. Rapport
31. our plus de détails voir : http://www.oneworld.
P Final. Atelier de finalisation des contenus com-
org/docs/lal/senegal/InfoAdo_Senegal_Do- muns de l’ESR par les experts du Ministère de
cumentdeCapitalisation.pdf et http://www. l’Éducation Nationale. 26-29 septembre 2016.
oneworld.org/docs/lal/senegal/InfoAdo_Sene-
gal_Resultats.pdf 44. Ibid.
32. M
aria Haapasalo. Study on the Social Media
Campaign #FagaruJotna. Senegalese Youth/
Sexual and Reproductive Health/Social
Networks. UNFPA Senegal.
33. B
ien que ne participant plus activement à la
Coalition, les Ministères de la Santé et de la
Jeunesse essayent à présent d’harmoniser leurs
contenus d’éducation sexuelle.
34. B
énin, Burkina Faso, Cote d’Ivoire, Guinée,
Mali, Niger, République Démocratique du
Congo, Sénégal, Tchad et Togo
35. F
FM. Note stratégique - Réduction des gros-
sesses précoces. SRAJ - Santé de la Reproduc-
tion des Adolescents et Jeunes. Documentation
de projet non publiée.
78