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La fête

Tradition du Moyen  ge, les origines de la fê te des fous remontent sans doute aux
Saturnales de la Rome antique, ces banquets à ciel ouvert où on se travestissait, où les
rangs sociaux disparaissaient et où les domestiques é taient servis par les maîtres. Une
tradition qui rappelle aussi celle, plus ancienne encore, de Babylone, selon laquelle le roi
donnait le rè gne à un de ses sujets pour se retrouver lui-mê me anonyme parmi la foule.

Fê te des fous, fê te des â nes, fê te du renversement social. Pendant le solstice d’hiver, une
pé riode propice à un moment d’arrê t, on inverse les rô les durant quelques jours. On
renverse la hié rarchie, on nie l’ordre é tabli. Entre le 26 dé cembre et le 6 janvier (parfois
mê me jusqu’au 14 janvier), le fou est roi ! Et si cet inversement est d’abord simplement
ludique, un divertissement versant mê me dans le gro- tesque, il se transforme vers le
xiiie siè cle (au seuil du xive siè cle) en satire. On s’adonne alors à une critique des mœurs
de plus en plus rigoureuse, de plus en plus impertinente et acerbe.

On peut voir dans ce renversement hié rarchique l’exaltation des pauvres, des humbles,
des faibles, des innocents, mais é galement un rappel de l’é galité de tous devant Dieu.
D’ailleurs, l’inversement se vit au sein mê me de l’É glise. Souvent, les petits clercs
choisissent un des leurs pour ê tre l’é vê que durant cette pé riode. Là encore, la cari-
cature, les bouffonneries, l’extravagance et la satire sont de mise. Les cé lé brations
commencent à l’inté rieur de l’é glise pour souvent en sortir dans une procession
improvisé e. Le chant, lui aussi caricatural, occupe une grande place. Dans des parodies
de messes, les textes sacré s sont remplacé s par des â neries... en latin !

D’aprè s Isabelle Picard, « Fê te des â nes, fê te des fous : Le monde à l’envers », La Scena
Musicale, Vol. 12, n° 4, janvier 2007.

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