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semestre 2 - deuxième année

Equations aux Dérivées Partielles

version 2021-2022

S. Ri hard
sabine.ri harduniv-lorraine.fr
Table des matières

1 Introdu tion aux équations aux dérivées partielles 5


I Notions de bases . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
I.1 Dénition d'une EDP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
I.2 Problèmes et solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
I.3 Linéarité et prin ipe de superposition . . . . . . . . . . . . . 7
I.4 Exemples d'EDP de la physique . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
II Premières résolutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

2 Résolution d'EDP par transformée de Lapla e 15


I Impulsion de Dira et produit de onvolution . . . . . . . . . . . . . . 15
I.1 Introdu tion de l'impulsion de Dira . . . . . . . . . . . . . . 15
I.2 Introdu tion du produit de onvolution . . . . . . . . . . . . . 17
I.3 Cal ul pratique d'un produit de onvolution . . . . . . . . . . 18
II Transformée de Lapla e des fon tions ausales . . . . . . . . . . . . . 22
II.1 Transformée de Lapla e des fon tions ausales . . . . . . . . 22
II.2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
II.3 Appli ation : système physique modélisé par une EDO . . . . 27
III Transformée de Lapla e en temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
III.1 Transformée de Lapla e en temps de u(x, t) . . . . . . . . . . 28
III.2 Diusion 1D domaine ni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
III.3 Diusion 1D domaine semi-inni . . . . . . . . . . . . . . . . 32
IV Annexe : fon tion erf et fon tion erf c . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
V Annexe : Table des transformées de Lapla e . . . . . . . . . . . . . . 36

3 Un peu d'histoire... 37
4 Résolution d'EDP par séparation des variables 48
I Un peu d'analyse fon tionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
I.1 Espa es préhilbertiens et espa es eu lidiens . . . . . . . . . . . 48
I.2 Espa e de Hilbert et proje tion orthogonale . . . . . . . . . . 52
I.3 Fon tions propres et problèmes de Sturm-Liouville . . . . . . . 54
II Résolution d'EDP par séparation des variables . . . . . . . . . . . . . 58
II.1 Guide méthodologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
II.2 Exemple : as homogène ave CL de Neumann . . . . . . . . . 58
II.3 Exemple : Cas non homogène ave CL de Neumann . . . . . . 62
II.4 Exemple non trigonométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
III Annexe : Fon tions propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

2
TABLE DES MATIÈRES

IV Annexe : Fon tions spé iales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

5 Notions de base sur les séries 70


I Séries numériques réelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
I.1 Dénitions et premiers exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
I.2 Généralités sur les séries onvergentes . . . . . . . . . . . . . . 71
I.3 Séries réelles positives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
I.4 Séries alternées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
II Séries de fon tions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
II.1 Convergen e simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
II.2 Convergen e uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
II.3 Propriétés de la fon tion somme . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
III Série de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
III.1 Coe ients et série de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
III.2 Convergen e pon tuelle et uniforme . . . . . . . . . . . . . . . 89
III.3 Convergen e quadratique et formule de Parseval . . . . . . . . 92

6 Transformée de Fourier 95
I Introdu tion : appro he intuitive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
II Transformée de Fourier d'une fon tion à une variable réelle . . . . . . 98
II.1 Transformée de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
II.2 Transformée inverse de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
II.3 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
II.4 Remarque : extension de la transformée de Fourier . . . . . . 105
II.5 Table de transformées de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . 107
III Transformée de Fourier partielle et appli ation aux EDP . . . . . . . 109
III.1 Transformée de Fourier en espa e . . . . . . . . . . . . . . . . 109
III.2 Appli ation à l'équation de diusion 1D . . . . . . . . . . . . 110

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TABLE DES MATIÈRES

Introdu tion :

De nombreux problèmes ren ontrés dans les s ien es pour l'ingénieur peuvent
être modélisés par des équations diérentielles ordinaires (EDO) ou des équations
aux dérivées partielles (EDP).

Une Equation Diérentielle Ordinaire (EDO) est une équation fon tionnelle,
'est-à-dire dont l'in onnue est une fon tion, qui met en relation une fon tion à
une seule variable et ses dérivées ( f ours de al ul diérentiel, S2, Anthony Collin).

Une Equation aux Dérivées Partielles (EDP) est une équation fon tionnelle
qui met en relation une fon tion à plusieurs variables et ses dérivées partielles.

Le domaine des EDP est très vaste, on ne peut pas en présenter une théorie
générale, il n'y en a pas.
L'obje tif de e ours n'est don pas d'étudier les EDP dans leur généralité. Cer-
taines questions déli ates ne sont d'ailleurs qu'eeurées voire pas du tout abordées
(problème bien posé, solutions fortes ou faibles, existen e et uni ité d'une solutions,
propriétés de régularité des solutions, et .)

L'obje tif de e ours est d'initier l'étudiant de deuxième année à quelques mé-
thodes lassiques de résolution formelle, et surtout de le familiariser ave un ertain
nombre d'outils mathématiques indispensables à tout ingénieur et dont l'utilité dé-
passera très vite le adre de e ours.

Notations :
Pour une fon tion f à trois variables x, y et z de R3 dans R et une fon tion
ve torielle u de R3 dans R3 :  
∂f
 ∂x 
−−→ →
−  
 
• ve teur gradient : grad(f ) = ∇f =  ∂f 
 ∂y 
 
∂f
∂z

• divergen e : si −

u (x, y, z) = (ux (x, y, z), uy (x, y, z), uz (x, y, z))


alors div( u ) = ∂u x
+ ∂u y
+ ∂u z
.
∂x ∂y ∂z
−−→  2 2 2
• Lapla ien ∇2 f = ∆f = div grad(f ) = ∂∂xf2 + ∂∂yf2 + ∂∂zf2 .

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Chapitre 1

Introdu tion aux équations aux

dérivées partielles

I Notions de bases

I.1 Dénition d'une EDP


Dénitions :
Une Equation aux Dérivées Partielles (EDP) est une équation fon tionnelle qui
met en relation une fon tion (in onnue) à plusieurs variables et ses dérivées par-
tielles.
L'ordre d'une EDP est l'ordre le plus élevé des dérivées partielles intervenant dans
l'équation.
La dimension d'une EDP est le nombre de variables indépendantes dont dépend
la fon tion in onnue.
En pratique, pour des raisons évidentes d'interprétation physique, on pré ise souvent
l'ordre et la dimension en distinguant les variables de temps et d'espa e.
On parle d'équation stationnaire lorsque les grandeurs sont indépendantes du
temps. Dans le as ontraire on parle d'équation d'évolution.
∂u ∂2u
Exemple : L'équation de diusion unidire tionnelle (x, t) − α 2 (x, t) = 0 est
∂t ∂x
une EDP d'évolution, d'ordre 2 et de dimension 2.
Dans le as d'une interprétation physique, on dira ependant qu'on est en présen e
de l'équation de diusion 1D (dimension d'espa e).

I.2 Problèmes et solutions


Dénitions :
I désigne un ouvert de Rn et t0 un réel (généralement nul ou positif).
Un problème stationnaire est la donnée d'une EDP stationnaire vériée sur I
omplétée de onditions vériées aux bords de I . Ces onditions sont appelées ondi-
tions aux limites ou onditions aux bords ou en ore onditions aux frontières.
Un problème d'évolution est la donnée d'une EDP d'évolution vériée sur I × [t0 ; +∞[
omplétée de onditions aux limites vériées aux bords de I et de onditions ini-

5
CHAPITRE 1. INTRODUCTION AUX ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES

tiales vériées à l'instant initial t0 .


On abrègera CL pour onditions aux limites et CI pour onditions initiales.
Les onditions aux limites qui imposent la valeur de la fon tion aux bords de I
sont appelées onditions de Diri hlet ; elles qui imposent la valeur de la dérivée
normale de la fon tion sont appelées onditions de Neumann.
(remarque : Il existe d'autres types de CL : onditions de Fourier-Robin, et .)

Exemple : Considérons une barre onstituée d'un matériau homogène, longue de


50 m, de diamètre 3 m et isolée sur toute sa longueur et à l'extrémité droite. Au
temps initial la barre est à la température ambiante de 20◦ C, l'extrémité gau he est
subitement hauée puis maintenue à 100◦C. On veut onnaitre la répartition de la
température dans la barre en fon tion du temps.
Comme la barre est homogène et isolée, on peut onsidérer que la température u est
fon tion uniquement de x (distan e à l'extrémité gau he) et de t.
u vérie alors le problème suivant :


 ∂u ∂2u


 (x, t) − α 2x
(x, t) = 0 , 0 < x < 50 et t > 0 (équation de la haleur)

 ∂t ∂



 u(0, t) = 100
 , t > 0 ( haué à gau he)
∂u

 −k (50, t) = 0 , t > 0 (isolation à droite, ux nul)

 ∂x



 (loi de Fourier, k ste positive)



 u(x, 0) = 20 , 0 < x < 50 (température initiale)


 ∂u ∂2u

 (x, t) − α (x, t) = 0 , 0 < x < 50 et t > 0 (équation de diusion)

 ∂t ∂ 2x



 u(0, t) = 100 , t>0 (CL de Diri hlet)
⇐⇒

 ∂u


 (50, t) = 0 , t>0 (CL de Neumann)

 ∂x


 u(x, 0) = 20 , 0 < x < 50 (CI)

Qu'entend-on par re her he de solution(s) d'un problème ?


Cette question peut paraître surprenante mais le on ept de solution d'un problème
n'est pas intuitif.
De prime abord, on espère a minima qu'un problème est bien posé. Un problème
bien posé (au sens de Hadamard) est un problème dont la solution existe, est unique
et dépend des données de manière ontinue.
Dans e qui pré ède, les données sont les valeurs des onditions, des oe ients et .
Si la solution dépend des données de manière ontinue alors une légère modi ation
des valeurs des données perturbe peu la solution obtenue. Cette relative stabilité de
la solution est d'autant plus souhaitable que les valeurs des données peuvent être
issues de mesures physiques et don omporter une ertaine marge d'erreur.
Cependant, qu'entend-on par solution d'une EDP sur un domaine I ?

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I. NOTIONS DE BASES

Pour une EDP d'ordre k , va-t-on her her une solution de lasse C ∞ sur I , de lasse
C k sur I , ou simplement admettant des dérivées partielles au moins jusqu'à l'ordre
k sur I ? Dans le dernier as, la solution n'est pas for ément diérentiable, et don
même pas for ément ontinue ! [ f. Math des Champs℄ A epter des solutions non
ontinues, et don a fortiori non diérentiables, est surprenant mathématiquement
mais pas physiquement. En eet, en physique les dis ontinuités existent : ondes de
ho , milieux hétérogènes, signal dis ontinu, et . De plus, remarquons que bien des
EDP sont issues, en physique, d'équations de onservation (de la masse, de la harge,
de l'énergie, de la quantité de mouvement, et .) qui s'expriment naturellement sous
forme d'équations intégrales. Prenons alors une EDP d'in onnue u, multiplions-
la par une fon tion v onnue et hoisie, puis intégrons l'EDP sur I . Par un jeu
d'intégrations par parties (ou formules de Green) on arrive à diminuer l'ordre de
dérivation portant sur l'in onnue u pour les faire porter par la fon tion onnue v .
On arrive ainsi à une équation où les hypothèses de régularité de u sont plus faibles !
Résoudre une EDP dépend don du adre dans lequel on se pla e a priori. Si on
her he une solution de lasse au moins C k pour une EDP d'ordre k , on parle de
solution lassique. Si on autorise, par un quel onque pro édé, une solution à être
moins régulière, on parlera de solution faible.
Le sujet ne sera pas approfondi dans e module, on supposera toujours l'existen e
d'au moins une solution et on ne s'interrogera pas sur sa régularité. Il faut ependant
être ons ient des questionnements ainsi laissés en suspens.

I.3 Linéarité et prin ipe de superposition


Dans toute ette partie, on onsidère une EDP d'in onnue u et on note P l'opérateur
qui à u asso ie tous les termes de l'EDP où apparaissent u ou l'une de ses dérivées
partielles, de sorte que l'EDP s'é rive P(u) = f où f ne dépend pas de u et où
P (x 7→ 0) = 0.
Dans l'é riture P (u) = f , f est appelée se ond membre ou terme sour e.

Dénitions :
Une EDP est linéaire si l'opérateur P l'est (pour toutes fon tions u et v susam-
ment régulières et pour tout réel λ, P (u + λv) = P (u) + λP (v)).
Une EDP est homogène lorsque la fon tion nulle u : x 7→ 0 est solution.
∂u ∂2u
Exemple : (x, t) − α 2 (x, t) − sin(x) = 7
∂t ∂x
Cette EDP est non homogène : la fon tion identiquement nulle ne la vérie pas.
∂u ∂2u
Cette EDP est linéaire : elle s'é rit P (u) = sin(x) + 7 ave P : u 7−→ − α 2.
∂t ∂x
Or, pour toutes fon tions u et v susamment régulières et pour tout réel λ,
∂(u + λv) ∂ 2 (u + λv)
P (u + λv) = (x, t) − α (x, t)
∂t  ∂x2 
∂u ∂2u ∂v ∂2v
= (x, t) − α 2 (x, t) + λ (x, t) − α 2 (x, t)
∂t ∂x ∂t ∂x
= P (u) + λP (v).

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CHAPITRE 1. INTRODUCTION AUX ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES

∂u
Exemple : u(x, t) (x, t) = 7
∂t
Cette EDP est non homogène : la fon tion identiquement nulle ne la vérie pas.
∂u
Cette EDP n'est pas linéaire : elle s'é rit P (u) = 7 ave P : u 7−→ u .
∂t
∂ (λu) ∂u
Soit λ un réel, P (λu) = (λu) = λ2 u 6= λP (u).
∂t ∂t
On rappelle que pour montrer qu'une appli ation n'est pas linéaire il sut de mon-
trer que l'une ou l'autre des propriétés suivantes est fausse : pour tout u et v ,
P (u + v) = P (u) + P (v) ou pour tout u et tout réel λ, P (λu) = λP (u).

Un résultat important et in ontournable de la linéarité d'une EDP est e qu'on


appelle le prin ipe de superposition.

Propriété : Prin ipe de superposition


Si l'opérateur P est linéaire, pour toutes fon tions susamment régulières u et v
vériant P (u) = f et P (v) = g , et pour tous réels α et β , on a P (αu+βv) = αf +βg .
En parti ulier :
• Toute ombinaison linéaire de solutions homogènes (vériant P (u) = 0) est
une solution homogène.
• Lorsque à une solution parti ulière d'une équation non homogène, on ajoute
une solution de l'équation homogène asso iée, on obtient une nouvelle solution
de l'équation non homogène : si P (up) = f et P (uh ) = 0 alors P (up +uh ) = f .
[ f. al ul diérentiel 1A℄
• Si deux fon tions u1 et u2 vérient P (u) = f alors u1 − u2 vérie P (u) = 0.

Remarque :
Une EDP est rarement étudiée seule, dans le as d'un problème linéaire penser éga-
lement à superposer les CI et les CL !

La possibilité de superposer des solutions a de multiples avantages :

Exemple : utilisation de solutions élémentaires  


Pour tout entier naturel n, la fon tion un dénie sur − π2 ; π2 par
u
n (x, y) = e
−(2n+1)y
cos ((2n + 1)x) est solution de

 ∂2u ∂2u  

 (x, y) + (x, y) = 0 , x ∈ − π2 ; π2 , y>0

 ∂x2 ∂y 2


  
u(x, 0) = cos ((2n + 1)x) , x ∈ − π2 ; π2



 u(− π2 , y) = 0 , y>0




 u( π , y) = 0 , y>0
2
Le problème étant linéaire, on peut en déduite que

u(x, y) =

est solution de

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I. NOTIONS DE BASES



 ∂2u ∂2u  

 (x, y) + (x, y) = 0 , x ∈ − π2 ; π2 , y>0

 ∂x2 ∂y 2


  
u(x, 0) = cos (5x) − 8 cos (13x) , x ∈ − π2 ; π2



 u(− π2 , y) = 0 , y>0




 u( π , y) = 0 , y>0
2

Exemple : se ramener à des CL nulles


La méthode de résolution du hapitre 4 n'est appli able que si les CL sont nulles, il
est don utile de pouvoir faire un hangement de fon tion in onnue pour se ramener
à des CL nulles.
On
 onsidère le problème d'in onnue u

 ∂u ∂2u

 (x, t) − α (x, t) = 0 , x ∈]0, 2[, t > 0

 ∂t ∂x2


u(x, 0) = 0 , x ∈]0, 2[



 u(0, t) = 3 , t>0



 u(2, t) = 7 , t>0
Cher hons une fon tion v qui vérie les mêmes CL que u et la même EDP mais, pour
∂v
pouvoir la déterminer fa ilement, qui est indépendante de t. Ainsi v vérie =0
 ∂t

 ∂2v

 ∂x2 (x, t) = 0 , x ∈]0, 2[, t > 0

don vérie

 v(0, t) = 3 , t>0


 v(2, t) = 7 , t>0
... qui est une EDO en x !
En intégrant deux fois et en utilisant les onditions aux limites, on montre que
v(x, t) =
Puisque
 v vérie

 ∂v ∂2v

 (x, t) − α (x, t) = 0 , x ∈]0, 2[, t>0

 ∂t ∂x2


v(x, 0) = , x ∈]0, 2[



 v(0, t) = 3 , t>0



 v(2, t) = 7 , t>0
et puisque le problème est linéaire, on en déduit que w = u − v est solution de

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CHAPITRE 1. INTRODUCTION AUX ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES

I.4 Exemples d'EDP de la physique


Vous devez savoir les re onnaitre !
La liste i-dessous n'est évidemment pas exhaustive, très loin de là, et ne donne pas
toutes les dé linaison d'une même équation (en 1D, en 2D et .).

• L'équation de la haleur, établie par Joseph Fourier en 1807, est une


EDP qui dé rit le phénomène de ondu tion thermique (transfert thermique
sans dépla ement de matière). Si u(x, y, z, t) est la température au point de
oordonnées (x, y, z) et au temps t, dans un milieu de diusivité thermique
α (en m2 .s−1 ) et en présen e d'une sour e de haleur f (x, y, z, t), l'équation
de la haleur est :
∂u
− α∇2 u = f
∂t
'est-à-dire  
∂u ∂2u ∂2u ∂2u
−α + + 2 =f
∂t ∂x2 ∂y 2 ∂z
Par exemples, voi i quelques valeurs de diusivité thermique :
Cuivre : 1170.10−7m2 s−1 ; Béton : 9.10−7m2 s−1 ; Bois : 4, 25.10−7m2 s−1

En pratique, ette équation modélise toutes sortes de diusions, aussi bien


elle de la haleur que elle de parti ules (molé ules, atomes, et .). On la
retrouve don très souvent sous le nom général d'équation de diusion.
Elle servira d'exemple dans tous les hapitres de e module.

L'équation de diusion une EDP d'ordre 2, en parti ulier, elle est d'ordre 1
en temps et d'ordre 2 en espa e.

• L'équation de transport (ou de onve tion) unidire tionnelle :


∂u ∂u
+c =0
∂t ∂x
Elle intervient notamment en mé anique des uides (in ompressibles) et, de
manière générale, pour modéliser des phénomènes onve tifs.

Cette EDP est linéaire, homogène et d'ordre 1.

• L' équation de Burgers sans vis osité (onde de ho ou onde de raréfa tion)
∂u ∂u
+u =0
∂t ∂x
Cette équation est issue de la mé anique des uides mais permet également
des modélisations du tra routier, d'a oustique, et ...

Cette EDP est non linéaire, homogène, d'ordre 1.

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II. PREMIÈRES RÉSOLUTIONS

• L'équation de Lapla e :
∇2 u = 0
∂u
Elle s'obtient par exemple en posant = 0 dans l'équation de diusion :
∂t
l'équation de Lapla e dé rit don (entre autres) la distribution de température
dans un solide en régime permanent et en l'absen e de sour e de haleur. Elle
intervient également en mé anique, en éle trostatique et dans bien d'autres
domaines de la physique.

L'équation de Lapla e est linéaire, homogène, d'ordre 2, stationnaire.

• L'équation de Poisson :
∇2 u = f
Elle intervient par exemple en éle trostatique ou en mé anique des solides.

L'équation de Poisson est linéaire, non homogène, d'ordre 2, stationnaire.

• L'équation des ondes ou équation de propagation :


∂2u
2
− c 2 ∇2 u = 0
∂ t
où c (positif) est homogène à une vitesse (vitesse de propagation de l'onde).
Elle intervient par exemple pour modéliser les vibrations d'une orde tendue
ou d'une membrane, et . Elle intervient aussi en éle tromagnétisme.
Historiquement, la première EDP a été é rite en 1743 par Jean Le Rond
d'Alembert, il s'agit d'une équation modélisant les os illations d'une haîne
pesante, elle est du même type que l'équation des ondes i-dessus, qui a été
étudiée en tant que modèle.

L'équation des ondes est linéaire, homogène, d'ordre 2.

II Premières résolutions

Lorsque les dérivées partielles intervenant dans une EDP ne portent que sur une
seule des variables alors on peut résoudre l'EDP omme s'il s'agissait d'une EDO.
Attention ependant, les " onstantes" de résolution ne sont alors " onstantes" que
par rapport à ette variable en parti ulier, elles dépendent de toutes les autres !

Exemple 1 :
∂u
Considérons l'EDP (x, y, z) = 0.
∂x
Cette EDP signie que la fon tion u est onstante par rapport à x.
Les solutions sont de la forme

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CHAPITRE 1. INTRODUCTION AUX ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES

Exemple 2 :
Considérons
 le problème suivant :

 ∂2u

 (x, y) = 0 , x∈R , y∈R

 2
 ∂x
u(0, y) = 2y + 3 , y ∈ R



 ∂u

 (0, y) = 7y , y∈R

∂x

Exemple 3 :
Considérons le problème suivant :


 ∂2u

 (x, t) + u(x, t) = 0 , x ∈ R , t>0

 2
 ∂t
u(x, 0) = 2x + 3 , x∈R



 ∂u

 (x, 0) = 7x , x∈R

∂t
L'EDP peut être vue i i omme une EDO d'ordre 2 par rapport à la variable t, lors
de la résolution, les " onstantes" sont onstantes par rapport à t et peuvent don
dépendre de x.
D'après le ours sur les EDO linéaire d'ordre 2 à oe ients onstants, les solutions
sont de la forme

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 12/113


II. PREMIÈRES RÉSOLUTIONS

Exemple 4 : Dans ertains as, un hangement de variables (qui vous sera tou-
jours donné) permet de se ramener à une équation à une variable.
Considérons l'EDP suivante d'in onnue u supposée de lasse C 2 sur R2 :
∂2u ∂2u ∂2u
2 (x, y) − 3 (x, y) + (x, y) = 0
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
On pose s = x + 2y et t = −x − y et v(s, t) = u(x, y).
Exprimons les dérivées partielles de u en fon tion de elles de v :

Puisque u(x, y) = v(s(x, y), t(x, y)), on utilise la règle de dérivation des fon tions
omposées [ f. Maths des Champs℄ :
∂u ∂
(x, y) = (v(s(x, y), t(x, y)))
∂x ∂x
∂v ∂s ∂v ∂t
= (s(x, y), t(x, y)) × (x, y) + (s(x, y), t(x, y)) × (x, y)
∂s ∂x ∂t ∂x
∂v ∂v
= (s(x, y), t(x, y)) − (s(x, y), t(x, y))
∂s ∂t
On remarque que les dérivées partielles de v dépendent évidemment de s et de t, il
s'agit don de fon tions omposées par rapport aux variables x et y , il faudra don
utiliser la règle de dérivation des fon tions omposées sur ha une de es dérivées
partielles de v pour al uler les dérivées partielles d'ordre 2 de u.
Allégeons la notation en ne notant plus les variables :
       
∂2u ∂ ∂u ∂ ∂v ∂v ∂ ∂v ∂ ∂v
= = − = −
∂x2 ∂x ∂x ∂x ∂s ∂t ∂x ∂s ∂x ∂t
           
∂ ∂v ∂s ∂ ∂v ∂t ∂ ∂v ∂s ∂ ∂v ∂t
= × + × − × + ×
∂s ∂s ∂x ∂t ∂s ∂x ∂s ∂t ∂x ∂t ∂t ∂x
∂2v ∂v 2 ∂2v ∂2v
= 2− − + 2
∂s ∂t∂s ∂s∂t ∂t
2 2 2
∂ v ∂ v ∂ v
= 2 −2 + 2 d'après le théorème de S hwarz puisque u est C 2
∂s ∂s∂t ∂t
De la même façon (assurez vous de savoir le faire !), on obtient :
∂u ∂v ∂v ∂2u ∂2v ∂2v ∂2v ∂2u ∂2v ∂2v ∂2v
=2 − ; = 2 2 −3 + ; = 4 −4 +
∂y ∂s ∂t ∂y∂x ∂s ∂s∂t ∂t2 ∂y 2 ∂s2 ∂s∂t ∂t2
∂2u ∂2u ∂2u ∂2v
Finalement, 2 2 − 3 + = 0 =⇒ =0
∂x ∂x∂y ∂y 2 ∂s∂t
Par intégrations su essives :
∂2v ∂v
(s, t) = 0 =⇒ (s, t) = a(t) =⇒ v(s, t) = A(t) + B(s) où A est une primitive
∂s∂t ∂t
de a et A et B de lasse C 2 sur R.

Par hangement de variables inverse, les solutions u sont de la forme


u(x, y) = A(−x − y) + B(x + 2y) où A et B de lasse C 2 sur R.

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CHAPITRE 1. INTRODUCTION AUX ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES

Notes personnelles :

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Chapitre 2

Résolution d'EDP par transformée

de Lapla e

I Impulsion de Dira et produit de onvolution

L'impulsion de Dira et le produit de onvolution sont deux notions mathéma-


tiques in ontournables en s ien es de l'ingénieur. Ces notions sont i i introduites de
manière intuitive sans grande rigueur mathématique.

I.1 Introdu tion de l'impulsion de Dira


Dans de nombreux domaines de la physique, on ren ontre l'étude de systèmes
que l'on peut modéliser de la manière suivante :

entrée/ex itation e(t) système physique sortie/réponse r(t)

On peut iter omme exemples de systèmes un ir uit éle trique (RC, RLC,...),
un système masse-ressort soumis à une ex itation, un système de apture d'image...

Dans e qui suit, on s'intéresse en parti ulier aux systèmes :


• linéaires : Si r1 est la réponse à e1 , r2 la réponse à e2 et λ un réel, alors la
réponse à e1 + λe2 est r1 + λr2 .
• ontinus : Si (rn ) est la suite des réponses aux entrées (en ), alors la réponse
à lim en est lim rn .
n→+∞ n→+∞
• invariants dans le temps : la réponse du système de dépend pas de l'origine
du temps : Si r(t) est la réponse à e(t), alors r(t − τ ) est la réponse à e(t − τ )
(τ réel).

Un tel système peut généralement se modéliser par une équation diérentielle


linéaire à oe ients onstants liant les fon tions r et e.
Pour ara tériser e type de système, on s'intéresse à sa réponse lorsque l'entrée
est une impulsion.

15
CHAPITRE 2. RÉSOLUTION D'EDP PAR TRANSFORMÉE DE LAPLACE

Une impulsion est un phénomène ara térisé par une variation brusque d'une
grandeur physique, suivie d'un retour rapide à sa valeur initiale.(Larousse )
Cher hons alors à formaliser mathématiquement e qu'est une impulsion.
On onsidère, pour tout entier naturel n, la fon tion dn dénie par dn(t) = n si
t ∈ [0; n1 ] et dn (t) = 0 sinon.

n
1 dn

−2 −1 11 2
n

Intuitivement, en faisant tendre n vers +∞ on obtient une impulsion pon tuelle en


0, notons-la δ(t). Que peut-on en dire ?
Z +∞ Z 1 Z +∞
n 1
Puisque dn (τ )dτ = ndτ = × n = 1 , on devrait avoir δ(τ )dτ = 1.
−∞ 0 n −∞

Et puisque lim dn (0) = +∞ et lim dn (t) = 0 pour t 6= 0,


n→+∞ ( n→+∞

+∞ si t = 0
on devrait avoir δ(t) =
0 sinon
Il n'existe pas de fon tion possédant de telles propriétés, on étend alors la notion
de fon tion : on parlera de distribution (ou fon tion généralisée). Ce sujet ne sera
pas développé i i, omprendre simplement que les distributions sont pour les fon -
tions e que les nombres omplexes sont pour les nombres réels, et que le adre des
distributions permet de s'aran hir de ertaines onditions restri tives de régularité
( ontinuité et dérivabilité) imposées aux fon tions.

Dénition :
On appelle impulsion de Dira la distribution, notée δ, vériant :

Représentation : on représente l'impulsion de Dira ave une è he, on trouve quelque


fois un 1 à té de elle- i signiant que l'aire de l'impulsion est égale à 1.
1 1
δ(t) δ(a − t)

Propriétés : Du fait que l'impulsion de Dira est nulle sauf en 0, on a :


• Pour tout intervalle [a; b] ontenant 0,
• Pour toute fon tion ontinue f ,
• Pour toute fon tion ontinue f et tout réel a,

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 16/113


I. IMPULSION DE DIRAC ET PRODUIT DE CONVOLUTION

I.2 Introdu tion du produit de onvolution


La réponse d'un système linéaire, ontinu et invariant à une entrée impulsion-
nelle n'est pas elle-même une impulsion. Notons rδ (t) la réponse du système lorsque
e(t) = δ(t), ette réponse est appelée réponse impulsionnelle du système.

Intuitivement, toute entrée e peut être vue omme la réunion de l'innité d'impul-
sions qui la onstitue : la réunion des impulsions d'amplitudes e(t) à haque temps t.
Construisons ette représentation :
Pour tous ( temps t et entier naturel n, notons ∆t = n , et pour k ∈ Z :
1

n si 0 ≤ t ≤ ∆t
dn (t) =
0 sinon
(
translation n si k∆t ≤ t ≤ (k + 1)∆t
dn (t − k∆t) =
=⇒ 0 sinon
(
normalisation 1 si k∆t ≤ t ≤ (k + 1)∆t
dn (t − k∆t)∆t =
=⇒ 0 sinon
(
amplitude e (k∆t) si k∆t ≤ t ≤ (k + 1)∆t
e (k∆t) dn (t − k∆t)∆t =
=⇒ 0 sinon
Ainsi, intuitivement, Z
X +∞
e(t) = lim e(k∆t)dn (t − k∆t)∆t = e(τ )δ(t − τ )dτ
n→+∞ −∞
k

Que devient la réponse ?


En notant rn X
la réponse du système à dn , puisque
X le système est linéaire et invariant,
la réponse à e(k∆t)dn (t − k∆t)∆t est e(k∆t)rn (t − k∆t)∆t.
k k
Le système étant ontinu,
Z en faisant tendre n vers l'inni, don Z∆t vers 0 et dn vers δ ,
+∞ +∞
on obtient : e(t) = e(τ )δ(t − τ )dτ et sa réponse r(t) = e(τ )rδ (t − τ )dτ .
−∞ −∞

Il est remarquable que la réponse à une entrée quel onque s'exprime en fon tion de
ette entrée et de la réponse impulsionnelle du système. On remarque également une
forme similaire des intégrales, elles orrespondent à un opérateur sur les fon tions
appelé produit de onvolution :

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CHAPITRE 2. RÉSOLUTION D'EDP PAR TRANSFORMÉE DE LAPLACE

remarque : historiquement, e al ul intégral apparait dès le début du XIXème siè le dans les
é rits sur les EDP mais le produit de onvolution n'a été introduit en tant qu'opérateur qu'à la n
du XIXème siè le dans la théorie des probabilités : la loi de la somme de deux variables aléatoires
est donnée par la onvolution des lois de probabilité de es variables aléatoires.
Dénition :
On appelle produit de onvolution de deux fon tions f et g , la fon tion f ∗ g
dénie (si elle existe) par

Remarque : Les deux bornes innies de l'intégrale sont à omprendre ainsi :


Z +∞ Z c Z a
... = lim ... + lim
a→+∞
... où a, b et c réels, c xé hoisi arbitrairement.
−∞ b→−∞ b c

Le produit de onvolution se omporte omme un "produit" :


Propriétés :
• f ∗ g = g ∗ f : le produit de onvolution est ommutatif.
• f ∗ (g ∗ h) = (f ∗ g) ∗ h : le produit de onvolution est asso iatif.
• f ∗ (αh + βg) = αf ∗ h + βf ∗ g : le produit de onvolution est distributif par
rapport à l'addition.
• Pour toute fon tion f , f ∗ δ = f : le produit de onvolution possède un élé-
ment neutre, il s'agit de l'impulsion de Dira .

Démonstration :

I.3 Cal ul pratique d'un produit de onvolution


Un point sur les fon tions ontinues par mor eaux :
Dénition :
Une fon tion f est ontinue par mor eaux sur R, si sur tout intervalle fermé
borné [a, b], f est ontinue sauf en un nombre ni de points a ≤ xi ≤ b mais où
lim− f (x) et lim+ f (x) existent et sont nies.
x→xi x→xi

Exemple :
La fon tion inverse n'est pas ontinue par mor eaux sur R.
La fon tion partie entière est ontinue par mor eaux sur R.

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I. IMPULSION DE DIRAC ET PRODUIT DE CONVOLUTION

Dénition :
Si f est ontinue par mor eaux sur [a, b], alors f est intégrable sur [a, b].
Si a = x1 < x2 < ...Z < xm = b est une subdivision de [a, b] telle que f est ontinue
b
sur ]xi , xi+1 [, alors f (x)dx est dénie par :
a
Z b m Z
X xi+1
f (x)dx = f (x)dx
a i=1 xi

Propriété :
L'intégrale sur [a, b] d'une fon tion ontinue par mor eaux sur [a, b] ne dépend pas
des valeurs prises aux points de dis ontinuité.

Exemple :
Les deuxfon tions suivantes ont la même
 intégrale sur [0, 2] :
 1 si x ∈ [0; 1[  1 si x ∈ [0; 1[

 

f (x) = 1, 5 si x = 1 et g(x) = 2.5 si x = 1

 

 2 si x ∈]1; 2]  2 si x ∈]1; 2]

Remarque :
Les fon tions de l'exemple i-dessus sont dites égales presque partout. (notion
que l'on ne développera pas i i, la forme intuitive étant susante pour e ours.)

Rappels sur la fon tion de Heaviside :

Notation :
On note U la fon tion de Heaviside (ou é helon unité), dénie par :
U(t) = 0 si t < 0 et U(t) = 1 sinon.

b
U(t)
1

−4 −3 −2 −1 1 2 3 4
−1

Remarque :
Dans ertains ouvrages, U(0) peut avoir une autre valeur...

Remarque : U(α − t) = 0 si

−4 −3 −2 −1 1 2 3 4
−1

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CHAPITRE 2. RÉSOLUTION D'EDP PAR TRANSFORMÉE DE LAPLACE

Remarque :
Au sens des fon tion, la fon tion de Heaviside est dérivable partout sauf en 0, au
sens des distributions, U est dérivable partout et U ′ = δ .

Dénition :
On appelle support d'une fon tion f la partie fermée de son ensemble de dé-
nition sur laquelle f est non nulle sauf peut-être en quelques points isolés.

Exemple de al ul d'un produit de onvolution :


Exemple :
Soient f telle que f (t) = 2 si t ∈ [1; 3] et f (t) = 0 sinon, et g telle que g(t) = 3U(t).
Cal ulons f ∗ g(t) : Z +∞
f ∗ g(t) = f (τ )g(t − τ )dτ
−∞

Dans le al ul intégral i-dessus, la variable t est xée, elle est onsidérée omme un
paramètre, et τ est la variable d'intégration. Les bornes d'intégration sont innies
mais les fon tions à intégrer sont nulles pour ertaines valeurs de τ : en pratique on
her he don l'ensemble des valeurs de τ pour lesquelles le produit est non nul et on
intègre sur et ensemble.

Support de f : τ 7→ f (τ ) :

Support de g̃ : τ 7→ g(t − τ ) :

Le produit f (τ )g(t − τ ) sera nul en dehors de l'interse tion des deux supports pré-
édents.
Il y a 3 as diérents :

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I. IMPULSION DE DIRAC ET PRODUIT DE CONVOLUTION

Propriété :
Si f et g sont deux fon tions ausales, 'est-à-dire nulle sur ] − ∞; 0[, alors f ∗ g est
également  ausale :
 0
 si t < 0
Z t
f ∗ g(t) =

 f (τ )g(t − τ )dτ si t ≥ 0
0

Démonstration :
Puisque f et g sont ausales, le support de f : τ 7→ f (τ ) est I = [0; +∞[ et le
support de g̃ : τ 7→ g(t − τ ) est J =] − ∞; t].
support de f

−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5 6 7 τ
support de g̃ : t < 0
support de g̃ : t > 0
Si t < 0, l'interse tion des supports est vide et f (τ )g(t − τ ) = 0 pour tout τ .
Si t ≥ 0, l'interse tion des supports est [0, t] et f (τ )g(t − τ ) = 0 pour tout τ ∈
/ [0; t].

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CHAPITRE 2. RÉSOLUTION D'EDP PAR TRANSFORMÉE DE LAPLACE

II Transformée de Lapla e des fon tions ausales

II.1 Transformée de Lapla e des fon tions ausales


Dénition :
Soit f : R → R une fon tion ausale, 'est-à-dire nulle sur ] − ∞; 0[.
La transformée de Lapla e L{f } de f est dénie par l'intégrale

ave s > γ , γ réel positif déterminé pour assurer la onvergen e de l'intégrale.

Remarques :
• Certaines fon tions n'admettent pas de transformée de Lapla e.
• L{f }(s) est aussi ommunément notée F (s)
• s est appelée variable de Lapla e, elle est parfois notée p.
• Dans e ours, la variable s est réelle positive. La dénition générale de la
transformée de Lapla e donne ependant s omplexe ave Re(s) > γ pour
assurer la onvergen e de l'intégrale.
• Physiquement, si la variable t représente un temps en se ondes d'unité s,
omme l'exponentielle dans la dénition doit être sans dimension, alors la va-
riable de Lapla e est l'inverse d'un temps, 'est-à-dire une fréquen e d'unité
s−1 . La transformée de Lapla e permet don de passer d'un problème tem-
porel à un problème fréquentiel.

Pour que l'intégrale de la dénition onverge, f ne peut pas roitre plus vite
qu'une exponentielle.

Dénition :
Une fon tion f : R → R est d'ordre exponentiel γ quand t tend vers +∞ s'il
existe deux onstantes M > 0 et γ ≥ 0 telles que, pour t ≥ t0 , |f (t)| ≤ Meγt .

Exemple :
Les fon tions bornées et les fon tions polynmes sont des fon tions d'ordre expo-
nentiel ( f roissan es omparées).
t 7→ et n'est pas d'ordre exponentiel.
3

Théorème : Condition susante d'existen e


Soit f une fon tion ausale telle que :
• (H1) f est ontinue par mor eaux sur [0; +∞[ ;
• (H2) f est exponentielle d'ordre γ pour tout t ≥ t0 ;
Alors L{f (t)}(s) existe pour tout s > γ .

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II. TRANSFORMÉE DE LAPLACE DES FONCTIONS CAUSALES

Démonstration
Z : b
Z b

Remarque : lim f (t)e −st
dt existe et est nie implique que lim f (t)e−st dt
b→+∞ 0 b→+∞ 0
existe et est
Z nie. Z b
b
On a 0 ≤ f (t)e dt =
−st
|f (t)| e−st dt (inégalité triangulaire)
Z b 0 Z t0 0 Z b
et −st
|f (t)|e dt = −st
|f (t)|e dt + |f (t)|e−st dt
0
Z0 t0 Zt0b
. ≤ |f (t)|e−stdt + Me+γt e−st dt (en utilisant (H2).
0 t0
La première intégrale est onvergente ar f étant ontinue par mor eaux sur [0; t0 ],
|f (t)|e−st l'est aussi et est don intégrable sur [0; t0 ].
La Zse onde intégrale est égale à : 
b
e−(s−γ)b e−(s−γ)t0
M e−(s−γ)t dt = M + −
t0 s−γ s−γ
Me−(s−γ)t0
qui, quand b tend vers +∞, tend vers si s > γ ,
s−γ
et tend versZ+∞ si s < γ .
b
Ainsi lim f (t)e−st dt existe et est nie pour s > γ .
b→+∞ 0

Dénition :
Si F = L{f } alors f est appelée originale de F .
On dit aussi que f est la transformée inverse de Lapla e de F et on note
f = L−1 {F }.

Remarques :
• La formule permettant de al uler la transformée inverse fait intervenir une
intégrale dans le plan omplexe, elle n'est pas pratique d'utilisation. En pra-
tique, les transformées de Lapla e inverses seront retrouvées à partir de tables
et en utilisant les propriétés des transformées.
• La transformée de Lapla e étant dénie par une intégrale, et vu que l'inté-
grale d'une fon tion f ne dépend pas des valeurs prises en d'éventuels points
de dis ontinuité (isolés), deux fon tions qui ne dièrent qu'en un nombre
ni de points isolés, auront la même transformée de Lapla e : une transfor-
mée inverse, si elle existe, n'est unique sur R+ qu'en dehors des points de
dis ontinuité.
• La transformée inverse de Lapla e est une fon tion ausale.

Remarque :
L'impulsion de Dira admet une transformée de Lapla e et

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CHAPITRE 2. RÉSOLUTION D'EDP PAR TRANSFORMÉE DE LAPLACE

II.2 Propriétés
On rappelle sans démonstration les propriétés vues en première année :

Propriétés :
Soient α et β deux réels et soient f et g deux fon tions admettant une transformée
de Lapla e. On note F = L{f } et G = L{g} :
• Linéarité : L{αf + βg} = αF + βG
• Retard en s : L {eαt f (t)} = F (s − α)
• Retard en t : L {f (t − α)U(t − α)} = e−αs F (s)
• Dérivation première : Si f est ontinue et admet une transformée de La-
pla e et si f ′ est ontinue par mor eaux alors :

• Dérivation n-ième : Si f , f ′, ..., f (n−1) sont ontinues et admettent une


transformée de Lapla e, et si f (n) est ontinue par mor eaux alors :

L{f (n) }(s) = sn F (s) − sn−1 f (0) − sn−2 f ′ (0) − ... − f (n−1) (0)

• Intégration : Si f est ontinue par mor eaux et admet une transformée de


Lapla e F (s) = L{f }(s), alors :

Z t
On rappelle que f (τ )dτ est la primitive de f qui s'annule en 0.
0

Propriété : (admise)
Si les limites suivantes existent alors :
théorème de la valeur initiale :

théorème de la valeur nale :

Remarque :
Cette deuxième propriété est intéressante ar elle permet d'a éder à la valeur de f
en régime permanent (ou régime établi, don après un temps susamment long) à
partir de sa transformée de Lapla e, sans né essiter la transformation inverse.

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II. TRANSFORMÉE DE LAPLACE DES FONCTIONS CAUSALES

La transformée de Lapla e est linéaire, elle se omporte bien ave les sommes,
mais qu'en est-il des produits ?
On sait bien que l'intégrale d'un produit n'est pas égal au produit des intégrales, ainsi
la transformée d'un produit ne sera pas égale au produit des transformées, mais...
 
tn 1
Observations : Les tables donnent L U(t) (s) = n+1
n! s
L{f }×
f g L{f } L{g} L{f g} L{g} h(t) = f ∗ g(t) L{h(t)}
1 1
U(t) t U(t)
s s2
1 2
t U(t) t2 U(t)
s2 s3

Détails des al uls de h(t) :

Premier as :

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CHAPITRE 2. RÉSOLUTION D'EDP PAR TRANSFORMÉE DE LAPLACE

Figure : ourbes du premier as :

Deuxième as :

Propriété : (admis)
Si f , g et f ∗ g admettent une transformée de Lapla e, alors

L{f ∗ g} = L{f }L{g}

Autrement dit, si F = L{f } et G = L{g} alors

Remarque : Puisque les transformées inverses sont ausales,


Z t
pour t ≥ 0, L {F G}(t) = f ∗ g(t) =
−1
f (τ )g(t − τ )dτ
0
pour t < 0, L−1 {F G}(t) = 0

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 26/113


II. TRANSFORMÉE DE LAPLACE DES FONCTIONS CAUSALES

II.3 Appli ation : système physique modélisé par une EDO


Exemple d'appli ation :
On onsidère un système physique modélisé de la manière suivante pour t ≥ 0 :

ex itation e(t) r ′′ (t) − 2r ′(t) + 5r(t) = e(t) réponse r(t)

On suppose que le système est initialement au repos : r(0) = 0 et r′ (0) = 0.

Déterminons la réponse impulsionnelle du système ainsi que l'expression


de r(t) en fon tion de e(t) :
Le système est déni pour t ≥ 0, on suppose don toutes les fon tions ausales. On
suppose de plus que r et e admettent des transformées de Lapla e et on applique la
transformée à l'EDO :

r ′′ (t) − 2r ′(t) + 5r(t) = e(t)


⇔ s2 R(s) − sr(0) − r ′ (0) − 2sR(s) + 2r(0) + 5R(s) = E(s)
⇔ (s2 − 2s + 5)R(s) = E(s)
E(s)
⇔ R(s) = 2 .
s − 2s + 5
La réponse impulsionnelle rδ orrespond à l'entrée e(t) = δ(t) don à E(s) = 1,
alors :
1 1 1 2
Rδ (s) = 2 = 2
= 2 2
.
s − 2s + 5 (s − 1) + 4 2 (s − 1) + 2
1
D'après les tables et la formule du retard en s, on a alors rδ (t) = et sin(2t).
2
Puisque pour une entrée e quel onque, on a R(s) = E(s)R
Z δ (s), par transformée de
t
1
Lapla e inverse, on obtient pour t ≥ 0, r(t) = e∗rδ (t) = e(τ )et−τ sin(2t−2τ )dτ .
2 0

Remarque : On retrouve la relation entre une entrée quel onque, sa réponse et


la réponse impulsionnelle vue lors de l'introdu tion du produit de onvolution. Tout
est ohérent !

Exer i e : On onsidère l'EDO de l'exemple pré édent pour e(t) = et .


D'une part résoudre dire tement
Z l'EDO (ave les méthodes vues en 1A), d'autre part
t
1
al uler e ∗ rδ (t) = e(τ )et−τ sin(2t − 2τ )dτ , enn vérier que les deux méthodes
2 0
aboutissent au même résultat.

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CHAPITRE 2. RÉSOLUTION D'EDP PAR TRANSFORMÉE DE LAPLACE

III Transformée de Lapla e en temps

III.1 Transformée de Lapla e en temps de u(x, t)


Pour une EDP issue de la modélisation d'un phénomène d'évolution, la fon tion
in onnue dépend des variables d'espa e et de la variable de temps.
Dans la plupart des as, on étudiera don une grandeur u(x, t) pour t ≥ 0, don " au-
sale par rapport à t", d'où l'idée de al uler la transformée de Lapla e . en temps
Dénition :
Soit u : R × [0; +∞[ une fon tion de deux variables (x, t). La transformée de Lapla e
par rapport à t de u est, lorsqu'elle existe, dénie par l'intégrale :

ave s > γ , γ réel positif déterminé pour assurer la onvergen e de l'intégrale.

On hérite des propriétés du paragraphe pré édent en onsidérant, pour haque


x xé, la fon tion f : t 7→ u(x, t). En parti ulier, si u admet des dérivées partielles,
alors :

Propriété : Dérivation en temps


Si pour tout x, la fon tion t 7→ u(x, t) est ontinue sur [0; +∞[ et admet une trans-
∂u
formée de Lapla e en t et si la fon tion t 7→ (x, t) est ontinue par mor eaux et
∂t
admet une transformée de Lapla e en t, alors :

De manière générale, pour n ∈ N,et si, pour tout x, u et ses dérivées partielles
en t sont ontinues pour t ≥ 0 (ou prolongeables par ontinuité) et admettent une
∂nu
transformée de Lapla e, et si est ontinue par mor eaux alors :
∂tn
 
∂nu ∂u ∂ n−1 u
L (x, s) = sn L{u}(x, s) − sn−1 u(x, 0) − sn−2 (x, 0) − ... − n−1 (x, 0)
∂tn ∂t ∂t

La démonstration utilise l'intégration par parties.

Propriété : Dérivation en espa e


Si pour tout x, u et ses dérivées partielles en x admettent une transformée de Lapla e
en temps et sont ontinues, alors :

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 28/113


III. TRANSFORMÉE DE LAPLACE EN TEMPS

pour n ∈ N,  
∂nu ∂ n L {u}
L (x, t) = (x, s)
∂xn ∂xn
Remarque :
On remarque que la CI d'un problème intervient lorsque l'on transforme la dérivée
en temps. Il restera à appliquer la transformée de Lapla e aux CL !

III.2 Appli ation à l'équation de la haleur à une dimension


d'espa e, domaine ni
On onsidère le problème suivant :


 ∂u ∂2u

 (x, t) − α (x, t) = 0 , t > 0 0 < x < 2
 ∂t ∂x2

 u(0, t) = u(2, t) = 0 , t>0


 u(x, 0) = 3 sin(2πx) , 0<x<2

Ce problème peut modéliser un pro-


blème de relaxation. Exemple : une T =0 T =0
paroi "innie" d'épaisseur 2 possède
initialement une distribution de tempé- température initiale
rature donnée par u(x, 0) = 3 sin(2πx).
A partir de t = 0 les parois latérales
sont amenées et maintenues à une
température nulle.
0 2 4 6
On omprend intuitivement que la
température va s'uniformiser au ours
du temps : quelque soit t > 0, u(x, t)
reste bornée.

On s'attend à observer le prol initial


se relaxerau ours du temps.
épaisseur = 2

Dans e qui suit, on suppose que u(x, t) et ses dérivées partielles (de premier
ordre en temps et de premier et deuxième ordre en espa e) admettent une transfor-
mée de Lapla e en temps et sont ontinues.

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 29/113


CHAPITRE 2. RÉSOLUTION D'EDP PAR TRANSFORMÉE DE LAPLACE

• Appli ation de la transformée de Lapla e en temps


Pour simplier la notation, on note U = L{u}.
En appliquant la transformée de Lapla e à l'EDP ave la ondition initiale, on
obtient :

• Résolution de l'EDO

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 30/113


III. TRANSFORMÉE DE LAPLACE EN TEMPS

• Conditions aux bords

• Transformation de Lapla e inverse

Constatation :
La forme de la solution obtenue onrme le phénomène de relaxation du prol initial,
en eet : u(x, t) = u(x, 0)e−4π αt ave lim e−4π αt = 0.
2 2

x→+∞
Pour α = 4, 25.10−7m2 s−1 (diusivité du bois) :
t = 0s t = 7200s t = 36000s t = 86400s
t = 2h t = 10h t = 24h

2 2 2 2

2 2 2 2

−2 −2 −2 −2

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CHAPITRE 2. RÉSOLUTION D'EDP PAR TRANSFORMÉE DE LAPLACE

Remarque :
Lorsque l'on utilise une transformation de Lapla e pour résoudre une EDO ou une
EDP, on fait l'hypothèse que la solution admet une transformée de Lapla e. Il se
pourrait que des fon tions n'ayant pas de transformée de Lapla e soient aussi des
solutions, il est don important de s'interroger sur l'uni ité de la solution du pro-
blème posé.(non abordé dans e ours)

III.3 Appli ation à l'équation de la haleur à une dimension


d'espa e, domaine semi-inni
Un milieu semi-inni est initialement à la température 0. A partir de t = 0, on
applique en x = 0 une température qui varie périodiquement. On suppose que très
loin de l'origine, la température de la barre reste nulle. Si u(x, t) est la température
à l'instant t et à la position x, le problème se modélise par :


 ∂u ∂2u

 (x, t) − α (x, t) = 0 pour t > 0 et x > 0

 ∂t ∂x2



u(x, 0) = 0 pour x > 0



 u(0, t) = Tm cos(ωt − ϕ) pour t > 0



 lim u(x, t) = 0 pour t > 0
 x→+∞
α et Tm sont des réels stri tement positifs donnés.

Résolution :
On note U(x, s) = L{u(x, t)}(x, s) la transformée de Lapla e en t de u.

Appli ation de la transformée de Lapla e à l'EDO + CI :


∂2U ∂2U s
sU(x, s) − u(x, 0) − α 2
(x, s) = 0 ⇔ 2
(x, s) − U(x, s) = 0 (E)
∂x ∂x α
Appli ation de la transformée de Lapla e aux CL :
lim u(x, t) = 0 ⇒ lim U(x, s) = 0
x→+∞ x→+∞

u(0, t) = Tm cos(ωt − ϕ) = Tm (cos(ωt)


 cos(ϕ) + sin(ωt) sin(ϕ)) 
s ω
don L{u(0, t)}(s) = U(0, s) = Tm 2 cos(ϕ) + 2 sin(ϕ) .
s + ω2 s + ω2
Résolution de (E)
s
(E) est homogène, l'équation ara téristique asso iée à (E) est r2 − = 0 et omme
p α
s et α sont positifs, ette équation a deux ra ines réelles r = ± αs . Les solutions de
√s √s
(E) sont don de la forme U(x, s) = A(s)e−x α + B(s)ex α

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 32/113


III. TRANSFORMÉE DE LAPLACE EN TEMPS

Utilisation des CL :
D'une part, on a : √s
lim U(x, s) = 0 ⇒ B(s) = 0 don U(x, s) = A(s)e−x α .
x→+∞  
s ω
U(0, s) = Tm cos(ϕ) + 2 sin(ϕ) .
s2+ ω 2 s + ω2 
s ω
don A(s) = Tm 2 cos(ϕ) + 2 sin(ϕ) .
s + ω2 s + ω2
 
s ω p 
Con lusion : U(x, s) = Tm 2 2
cos(ϕ) + 2 2
sin(ϕ) exp −x αs
s +ω s +ω
Transformation inverse :

 
− √xα x 2
D'après les tables, e s
.
x
− 4αt
=L √ e
2 παt3
s ω
et 2 cos(ϕ)+ 2 sin(ϕ) = L {cos(ωt) cos(ϕ) + sin(ωt) sin(ϕ)} = L {cos(ωt − ϕ)}
s + ω2 s + ω2
(on pouvait aussi remarquer qu'il s'agit de la transformée de la CL)
 
x 2
Ainsi U(x, s) = Tm L {cos(ωt − ϕ)} × L
x
− 4αt
√ e
2 παt3
or L{f } × L{g} = L{f ∗ g}
Et omme les fon tions sont ausales, le produit de onvolution donne :

 0
 si t<0
Z t
u(x, t) = x x2

 Tm √ e− 4ατ cos(ω(t − τ ) − ϕ)dτ si t≥0
0 2 πατ 3

Ainsi (le problème n'est pas posé pour les t < 0) :


Z t
x x2
Pour x > 0 et t ≥ 0, u(x, t) = Tm √ e− 4ατ cos(ω(t − τ ) − ϕ)dτ
0 2 πατ 3

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CHAPITRE 2. RÉSOLUTION D'EDP PAR TRANSFORMÉE DE LAPLACE

Notes personnelles :

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 34/113


IV. ANNEXE : FONCTION ERF ET FONCTION ERF C

IV Annexe : fon tion erf et fon tion erf c


Dénition :
On appelle fon tion d'erreur la fon tion, notée erf et dénie par :
Z x
2
erf(x) = √
2
e−s ds
π 0

La fon tion erreur omplémentaire, notée erfC et dénie par :


Z +∞
2
erfC (x) = √ e−s ds = 1 − erf(x)
2

π x

fon tion erf fon tion erf c

Propriété :
La fon tion d'erreur est une fon tion impaire : pour tout réel x, erf(−x) = −erf(x)

Propriété :
Z +∞ √
π
lim erf(t) = 1, autrement dit −s2
e ds = .
t→+∞ 0 2
Démonstration :
On admet
Z la onvergen e des intégrales.
+∞
Si I = e−s ds, alors d'après le théorème de Fubini,
2

Z +∞
0 Z +∞ Z +∞ Z +∞
−s2 −y 2 2 2
2
I = e ds e dy = e−s −y dsdy
0 0 0 0
EnZ passant
Z
en oordonnées polaires,
Z Z
π/2
2
+∞
1 π/2 +∞ 2 π h 2 i+∞
I2 = e−r rdrdθ = − −2re−r drdθ = − e−r
0 0  2 0Z 0 √ 4 0
+∞
π π π
1 − lim e−r = et don .
2 2
= e−s ds =
4 r→+∞ 4 0 2

1
Remarque : la fon tion f : x 7→ √ e− 2 ( σ ) est la densité de probabilité de la loi
1 x−µ 2

σ 2π
normaleZd'espéran e µ et d'é art-type σ. Par dénition, une densité de probabilité doit
+∞
vérier f (x)dx = 1, on retrouve le résultat pré édent pour ν = 0 et σ = 1 (loi
−∞ √
normale entrée réduite) ave le hangement de variable s 2 = x.

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 35/113


CHAPITRE 2. RÉSOLUTION D'EDP PAR TRANSFORMÉE DE LAPLACE

V Annexe : Table des transformées de Lapla e

f ausale donnée pour t ≥ 0 ; τ > 0, α, ω ∈ R ; n ∈ N


f(t) ausale L {f} (s) = F (s) Convergen e
δ(t) (Dira ) 1
δ(t − τ ) , τ > 0 e−τ s s>0
1
U(t) (Heaviside) s>0
s
e−τ s
U(t − τ ) , τ > 0 s>0
s
1
e−αt s > −α
s+α
tn 1
s>0
n! sn+1
ω
sin(ωt) s>0
s + ω2
2

s
cos(ωt) s>0
s + ω2
2

ω
sinh(ωt) s > |ω|
s − ω2
2

s
cosh(ωt) s > |ω|
s − ω2
2

√ π
t √ s>0
2s s
r
1 π
√ s>0
t s
a a2 √
√ e− 4t , a > 0 e−a s
s>0
2 πt3
r
1 a2 π −a√s
√ e− 4t , a > 0 e s>0
t s
1 √
− √ √ s s>0
2 πt t
2
es /4
erf(t) erfc(s/2) s>0
s
  √
a e−a s
erfc √ ,a>0 s>0
2 t s

Retard en s : L−1 {F (s + α)} (t) = e−αt f (t) pour s > −α.


Retard en t : L−1 {e−τ s F (s)} (t) = f (t − τ )U(t − τ ) pour τ > 0 et s > 0.

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 36/113


Chapitre 3

Un peu d'histoire...

La brève appro he historique présentée dans e hapitre permet, par es élé-


ments historiques intimement liés à la physique, de omprendre les idées qui ont
donné naissan e aux méthodes et outils présentés dans les hapitres suivants.

Le développement des mathématiques ne s'est pas fait de manière ontinue et


homogène. Il a fallu attendre des époques politiquement propi es et l'introdu tion
de formalismes innovants et pratiques pour voir s'a élérer la réation mathéma-
tique. Le passage des hires romains aux hires indo-arabes et l'introdu tion des
notations lettrées pour exprimer des in onnues sont deux exemples de tournants im-
portants dans l'histoire des mathématiques.

XVIème siè le - début XVIIème siè le :


Au XVIème siè le on assiste à la naissan e du al ul algébrique, qui ombine
lettres et nombres, ave notamment François Viète (1540-1603), qui donne aussi, de
façon rhétorique, les formules de trigonométrie.
Durant e siè le se développent les puissan es entières, les ra ines n-ièmes, les tables
de trigonométries (pré ises à 15 dé imales en 1613 !), les nombres omplexes...
L'introdu tion des logarithmes suit de peu, les premières tables sont données en 1614
par John Napier (1550-1617). Ces tables rempla ent les tables de trigonométrie pour
le al ul astronomique.

XVIIème et XVIIIème siè les :


Pierre de Fermat (160 ? - 1665) et René Des artes (1596-1650) introduisent la
méthode des oordonnées. Des artes publie en 1637 le Dis ours de de la méthode en
préfa e à Géométrie. C'est le début de la géométrie analytique qui re ourt systéma-
tiquement au al ul algébrique.

S'ensuit l'introdu tion progressive des idées fondamentales du al ul innitési-


mal ave en parti ulier Isaa Newton (1642-1727) et Gottfried Wilhelm Leib-
niz(1646-1716). L'anglais Isaa Newton développe la méthode des uxions (dié-
rentielles) et publie en 1687 son oeuvre maitresse Philosophiae naturalis prin ipia

37
CHAPITRE 3. UN PEU D'HISTOIRE...

mathemati a (Prin ipes mathématiques de la philosophie naturelle), fondement de


la mé anique newtonienne ainsi que la loi universelle de la gravitation. Parallèlement
et indépendamment, le al ul innitésimal est également développé en Allemagne
par Gottfried Wilhelm Leibniz. L'avantage de sa méthode sur elle de Newton réside
en ses notations pratiques dont sont issues nos notations a tuelles.
C'est également Leibniz qui, le premier, va é rire une variable en exposant, 'est
le début des fon tions exponentielles. La notation e nous est donnée plus tard par
Leonhard Euler (1707-1783) dans son ouvrage Introdu tio in analysin innitorum
de 1748.

La n du XVIIème et le début du XVIIIème siè le voient don le développement


du al ul innitésimal ( al ul diérentiel et intégral) et l'étude des premières équa-
tions diérentielles.

En 1715 Brook Taylor (1685-1731) publie le livre Methodus in rementorum di-


re ta et inversa dans lequel il montre que pour une fon tion f susamment dérivable
f ′′ (a) f (n) (a)
au voisinage d'un point a, f (a+h) = f (a)+f ′ (a)h+ h2 +...+ hn +Rn (h).
2! n!
Bien sûr, dans l'ouvrage de 1715, le résultat était présenté ave les notations de
l'époque. L'étude du reste Rn (h) n'a pas été faite par Taylor, elle le sera pour
la première fois par Lagrange en 1799, avant ela on la pensait systématiquement
onvergente.

Tout au long XVIIIème siè le, la notion de fon tion reste assez onfuse, elle n'est
pas en ore bien formalisée omme aujourd'hui. A ette époque, une fon tion est
né essairement "analytique" (au sens de l'époque), 'est-à-dire qu'elle possède une
expression formée des fon tions élémentaires (puissan e, exponentielle, logarithme,
trigonométrique, et .), ne hange pas d'expression (pas de fon tions dénies par
mor eaux !) et est inniment dérivable, et on suppose aussi que toute fon tion de e
+∞
X
type peut s'é rire sous la forme de série entière, 'est-à-dire f (z) = an z n .
n=0
On sait par exemple que ez = 1 + z + z2 + ... + zn! + etc.
2 n

Les équations diérentielles (EDO) sont alors résolues de manière générale soit
par intégration soit de manière formelle à l'aide de séries entières dont on suppose
la onvergen e.
Beau oup de questions seront ependant soulevées fa e à ette on eption des hoses :
- que faire d'une ourbe totalement arbitraire : orrespond-elle for ément à une fon -
tion "analytique" ?
- que penser des développements en séries : a-t-on vraiment toujours une onver-
gen e ? ( on sait par exemple que 12 + 41 + 81 + 161 + ... tend vers 1 mais que la somme
1
2
+ 31 + 41 + 15 + 61 + ... diverge).
Cependant toutes es questions prendront longtemps à se poser, feront l'objet de
nombreuses polémiques et ne trouveront pas leur réponse au XVIIIème siè le.

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 38/113


Ainsi depuis la n du XVIIème siè le de nombreux mathémati iens ontribueront
à l'étude des équations diérentielle (fon tions à une variable) : Euler, les Bernoulli,
Clairaut, Ri ati, Lagrange, d'Alembert...
Si on étudie e type d'équations, 'est par e qu'au XVIIIème siè le, on s'intéresse à
la mé anique et à l'astronomie : il s'agit de tirer les onséquen es des Prin ipia de
Newton.
Dans e ontexte, la première EDP est é rite en 1743 par Jean Le Rond D'Alem-
bert (1717-1783). Il s'agit de l'équation modélisant les os illations d'une haîne
pesante au voisinage de sa position d'équilibre verti ale. Comme ses ontemporains,
il her hait à modéliser des problèmes de mé anique des orps déformables et il est
le premier à formaliser le problème sous la forme d'une EDP. Très rapidement sa
méthode fait des émules et d'autres équations du même type sont ren ontrées en
hydrodynamique, propagation du son, vibration de membranes et ...
Un problème est alors étudié en détail : l'équation des ordes vibrantes.

L'équation de d'Alembert est une équation d'ordre 2 en espa e et en temps. On


pourrait s'étonner qu'historiquement la première EDP soit d'ordre 2. En réalité des
EDP d'ordre 1 ont déjà été ren ontrées et même résolues, mais pas expli itement :
les problèmes menant à es équations étaient généralement géométrique et résolus
omme tels, sans avoir à poser l'équation aux dérivées partielles.
Notons qu'Euler, dans des mémoires présentés en 1734 devant l'A adémie de St
Pétersbourg (et publiés en 1740), parvient notamment à la formulation d'un ri-
tère assurant l'équivalen e entre une "équation aux diéren es partielles" (EDP)
du 1er ordre et la "diérentielle omplète" (forme diérentielle exa te) asso iée :
dp dq
= ⇔ p(x, t)dx + q(x, t)dt est une forme diérentielle exa te.
dt dx
Ce même résultat a été établi, de manière indépendante, par Clairaut et par Fon-
taine, tous deux séparément en 1739-1740.

Équation des ordes vibrantes :


L'os illation d'une orde tendue entre ses deux extrémités xes et d'autres pro-
blèmes apparentés sont un sujet d'étude depuis le début du XVIIIème siè le.
En 1713, Brook Taylor (1685-1731) publie un mémoire intitulé De motu nervi
tensi, dans les Philosophi al Transa tions, dans lequel il est le premier à établir que
la ourbe formée par une telle orde est une portion de la ourbe de la ompagne de
la y loïde 'est-à-dire une ourbe sinusoïdale.
Jean Bernoulli (1667-1748) et Leonhard Euler (1707-1783) abordent le problème des
ordes vibrantes mais n'aboutissent pas à l'équation générale du mouvement.

En 1747, dans le volume de l'Histoire de l'A adémie des s ien es et belles-lettres


de Berlin pour l'année 1747, Jean Le Rond D'Alembert (1717-1783) publie un
mémoire intitulé Re her hes sur la ourbe que forme une orde tendue mise en vi-
bration. Dans e mémoire, d'Alembert soutient que la orde ne forme pas né essai-
rement une sinusoïde à haque instant, et qu'il existe une solution plus générale.
Pour démontrer ela, d'Alembert introduit une fon tion égale au dépla ement ver-
ti al de la orde, pour une abs isse donnée et à un instant donné, par rapport à

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 39/113


CHAPITRE 3. UN PEU D'HISTOIRE...

sa position horizontale. Sans respe ter les notations de d'Alembert, notons y(x, t)
∂2y ∂2y
ette fon tion. Il établit alors que 2 = 2 . Mais d'Alembert ne se ontente pas
∂x ∂t
d'être le premier à réussir à poser l'équation, il la résout aussitt ! Pour ela, il pose
dy = pdt + qdx qui doit être une diérentielle exa te et il s'appuie sur les travaux
∂p ∂q
d'Euler pour dire que ela implique que = (e1) (aujourd'hui on iterait le
∂x ∂t
théorème de S hwarz sur les dérivées se ondes roisées). Or si dy = pdt + qdx est
∂y ∂y
une diérentielle exa te, 'est que p = et que q = , l'équation diérentielle
∂t ∂x
∂p ∂q
implique don que = (e2). D'Alembert ombine alors (e1) et (e2) par addi-
∂t ∂x
∂(p + q) ∂(p + q) ∂(p − q) ∂(p − q)
tion et soustra tion et arrive à = et =− , deux
∂x ∂t ∂x ∂t
∂f ∂f
équations dé ouplées d'ordre 1 du type −c = 0 dont on sait que la solution
∂x ∂t
générale est une fon tion de la variable x − ct (il existe une fon tion g telle que
f (x, t) = g(x − ct)). Il en déduit que p + q est fon tion de x + t et que p − q est
fon tion de x − t, ainsi il on lut que la solution générale de l'équation des ordes
vibrantes est de la forme y(x, t) = F (x + t) + G(x − t).
Reste à onsidérer que la orde est xée à ses extrémités, d'Alembert développe et
on lut que y(x, t) = F (x + t) + F (x − t) où F est impaire et 2L-périodique, L
désignant la longueur de la orde.

Un an après la publi ation du mémoire de d'Alembert sur les ordes vibrantes,


Euler publie lui aussi un mémoire sur le sujet. Euler a onnaissan e du mémoire de
d'Alembert, il est ons ient de la similitude de ses travaux ave eux de d'Alembert
et re onnait la primauté de d'Alembert en la matière. Euler onçoit ependant dif-
féremment l'interprétation de la forme de la solution. En 1750, d'Alembert publie
la suite des es re her hes et réagit au mémoire d'Euler. Les deux mathémati iens
onçoivent diéremment la notion de fon tion et de là nait entre eux une tension
qui durera jusqu'à leur mort. D'Alembert, omme la majorité des mathémati iens
de son époque, ne onçoit pas qu'une fon tion puisse hanger d'expression (pas de
fon tion dénie par mor eaux), même lorsque par exemple la orde est pin ée au
moment initial, tandis qu'Euler onçoit une fon tion omme une ourbe arbitraire,
a eptant don des dis ontinuité de ourbures.

Le débat ne s'arrête pas là. En 1753, Daniel Bernoulli (1700-1782) publie deux
mémoires sur le sujet. Il rappelle les travaux de Taylor et la forme sinusoïdale de
la ourbe solution, il repro he alors à Euler et d'Alembert d'avoir admis des so-
lutions "impropres". Daniel Bernoulli dé rit les vibrations de la orde omme une
ombinaison
 nπx  de vibrations simples, représentées ha une par une fon tion du type
αsin , n étant un entier et L la longueur de la orde. Bernoulli aboutit ainsi
L  πx     
2πx 3πx
à l'expression y(x, t) = αsin + βsin + γsin &c et il soutient
L L L
que ette expression est la plus générale qui soit et que si les expressions proposées
par Euler ou d'Alembert ne peuvent s'y ramener, 'est quelles ne sont pas physique-

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 40/113


ment a eptables.

Dans un mémoire de 1753, Euler re onnait les mérites de l'appro he physique


de D. Bernoulli mais soutient que toutes les fon tions ne sont
 pas for ément
  ex-
 πx  2πx 3πx
primables sous la forme y(x, t) = αsin + βsin + γsin &c,
L L L
notamment par exemple si ourbe initiale est arbitraire (elle peut alors présenter un
hangement d'expression omme 'est le as pour une orde pin ée).
En termes mathématiques a tuels, le débat porte sur le fait de savoir si oui ou non,
une fon tion arbitraire peut se développer en série trigonométrique. (réponse au
hapitre 5).

En 1755, d'Alembert soumet à l'a adémie de Berlin un mémoire intitulé Ob-


servations sur deux mémoires de MM. Euler et Daniel Bernoulli, insérés dans les
Mémoires de 1753. Ce mémoire jugé trop polémique est refusé.

Dans les années qui suivent, Lagrange (1736-1813) rejoint le débat. Les publi-
ations s'en hainent et la vive polémique ontinue. On assiste quelques fois des
hangement de position. On ommen e par exemple à on evoir que des fon tions
hangeant d'expression (dénies par mor eaux) puissent se ra order de façon à e
que les dérivées première et se onde soient ontinues, mais la notion de fon tion
arbitraire reste le entre des problèmes de on eptualisation.

Petite aparté sur les modes propres :


La solution de l'équation des ordes vibrantes y(x, t) = F (x + t) + G(x − t) est
une solution générale : elle ne tient pas en ore ompte des onditions aux limites et
initiales. Si on onsidère une orde de longueur L, xée à ses extrémités, il faut en
parti ulier imposer les onditions y(0, t) = 0 et y(L, t) = 0. L'équation faisant appa-
raitre des dérivations d'ordre 2 et puisqu'on her he à modéliser une  os illation
 de
la orde, une solution simple s'impose d'elle-même : y(x, t) = cos L sin L . Dans
πt πx

ette expression le sinus permet de vérier les onditions aux limites et le osinus
modélise la variation d'amplitude de l'os illation de la orde au ours du temps. En
substituant ette expression dans l'équation on vérie qu'il s'agit bien d'une solu-
tion, de plus grâ e aux formules de trigonométrie, on remarque qu'elle peut s'é rire
sous la forme annon ée
 par
 d'Alembert
 puisque
 
y(x, t) = cos πtL
sin πx
L
= 1
2
sin π
L
(x − t) + sin π
L
(x + t) . 
Reste les onditions initiales. En prenant t = 0, on remarque 
que y(x, 0) = sin πx
 L
et ∂y
∂t
(x, 0) = 0. Physiquement, la solution y(x, t) = cos πt L
sin πxL
orrespond don
aux os illations de la orde obtenue lorsque la position initiale de elle- i prend la
forme d'une sinusoïde et que sa vitesse initiale est nulle.
 
De la même façon, toutes les solutions de la forme yn(x, t) = cos nπt
L
sin nπx
L
,
pour n ∈ N sont également solutions

 et orrespondent à des positions initiales si-
nusoïdales yn (x, 0t) = sin nπx
L
. On parle de modes propres de la orde.

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 41/113


CHAPITRE 3. UN PEU D'HISTOIRE...

Ces modes propres sont mis en éviden e au XIXème siè le par physi ien allemand
Franz Melde (1832-1901) lors d'une expérien e visant à démontrer que les ondes
mé aniques subissent des phénomènes d'interféren es. Cette expérien e montre les
onditions d'apparition des ondes stationnaires (y de la forme y(x, t) = f (x)g(t)),
permet aussi la mesure de la vitesse d'une onde transversale et met en éviden e
l'interféren e de deux ondes mé aniques.
Cette expérien e est faite en TP à l'EEIGM, elle est visible i i :
https : //videos.univ − lorraine.f r/index.php?act = view&id = 3613

Figure : Dispositif de l'expérien e de Melde et modes propres

Enn, la somme de plusieurs de es solutions donnent également une solution,


elle qui orrespond
P à la somme des  positions initiales respe tives :
y(x, t) = N cos ncπt
sin nπx
est solution pour les onditions initiales
Pn=0 L  L
y(x, 0) = n=0 sin L et ∂t (x, 0) = 0
N nπx ∂y

Cela orrespond à e qu'avait suggéré Daniel Bernoulli. Mais si une ombinaison


linéaire des modes propres est for ément solution, la ré iproque est-elle vraie : est- e
que toutes les solutions s'é rivent à leur tour omme ombinaison linéaire des modes
propres ? D'après Bernoulli oui, d'après Euler ou d'Alembert, non.

Pourtant en 1749, dans un mémoire sur les inégalités de mouvement de Jupiter et


de Saturne, Leonhard Euler (1707-1783) estPamené à intégrer une fon tion périodique
qu'il propose de développer
Rπ sous la forme +∞ k=0 Ak cos kx (série trigonométrique). Il
remarque la relation 0 cos hx cos kx dx = 0 pour h 6= k , utile pour al uler ertains
des oe ients. R
1 π
D'Alembert
R s'intéresse au problème et établit les formules A 0 = π 0
f (x)dx et
2 π
A1 = π 0 f (x) cos x dx puisRAlexis Claude Clairaut (1713-1765) omplète quelques
π
année plus tard par Ak = π2 0 f (x) cos kx dx pour k ≥ 1.
Ces formules auraient pu être une piste pour mettre n à la polémique mais elle-
i ne trouve pas d'issue : é rire une égalité entre une fon tion arbitraire pouvant
présenter des hangements d'expression et une somme de fon tions trigonométriques
inniment dérivables laisse perplexe. Les formules pré édentes passent inaperçu et
ne seront pas exploitées.

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XIXème siè le : Equation de la haleur
En 1807 Jean Baptiste Joseph Fourier (1768-1830) établit l'équation de diusion
et dans les années qui suivent propose une méthode pour la résoudre, 'est le début
de e qui par la suite sera appelé analyse de Fourier. Dans ette méthode, Fourier
va dans le sens de Bernoulli et arme en parti ulier que toute fon tion arbitraire
peut se développer sous la forme d'une série trigonométrique.
Cette idée est alors vigoureusement rejetée, notamment par Lagrange, et le mé-
moire de Fourier n'est pas publié, d'autant plus que le XIXème siè le est le siè le du
développement de la rigueur en analyse sous les impulsions de Gauss (1777-1855)
et de Cau hy (1789-1857). Le mémoire de Fourier est jugé insusamment rigoureux.

Fourier présente à nouveau ses travaux en 1811 où son travail sur la haleur est
re onnu, on lui dé erne même un prix, mais l'impression du mémoire n'est toujours
pas a eptée.

Finalement, après être devenu se rétaire perpétuel de l'a adémie des s ien es (et
après la mort de Lagrange), Fourier publie en 1822 la version omplète et dénitive
de sa Théorie analytique de la haleur.
Dans et ouvrage, Fourier expose ave pédagogie sa méthode de résolution :

Il propose l'expérien e de pensée ( ar non physiquement réalisable) suivante :


Considérons une masse solide homogène délimitée par deux plans parallèles et un
troisième perpendi ulaire aux deux autres (une lame semi-innie). On hoisit de
repérer le plan de la manière suivante :

u=0 u=0
u(x, y)
x
π u=1 π
x=− x=
2 2
π
Le plan y = 0 est maintenu à la température 1, et les plans x = ± sont maintenus
2
à la température 0. Le solide est supposé inni dans la dire tion des y positifs et on
néglige son épaisseur (pas de variable z , on reste en 2 dimensions).
(remarque : dans l'ouvrage de Fourier, la lame est horizontale, la situation géomé-
trique a i i été tournée pour orrespondre aux notations du hapitre suivant.)

En régime permanent, la diusion de la haleur dans e orps solide est déterminée


∂2u ∂2u
par l'équation + = 0 où u(x, y) est la température au point de oordonnées
∂x2 ∂y 2
(x, y). Les onditions limites asso iées sont don u(− π2 , y) = u( π2 , y) = 0 pour tout
y > 0 et u(x, 0) = 1 pour tout − π2 < x < π2 .

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CHAPITRE 3. UN PEU D'HISTOIRE...

On ne s'o upe pas du as problématique des points de oordonnées (− π2 , 0) et ( π2 , 0),


Fourier les onsidère (à sa façon) en dehors du domaine d'étude. Pour Fourier
une fon tion s'a ompagne for ément d'un domaine de dénition, e qui n'était pas
lair dans l'esprit de ses ontemporains, d'où en parti ulier l'in ompréhension de
Lagrange.

Le problème est alors mathématiquement posé et dépend de deux variables. Dans


la ligné de D'Alembert et d'Euler, Fourier, her he à les traiter non simultanément
en pro édant à une séparation des variables, 'est-à-dire en her hant u sous la
forme u(x, y) = X(x)Y (y).
X ′′ Y ′′
L'EDP donne alors X ′′ Y +XY ′′ = 0 ⇔ = − , omme x et y sont des variables
X Y
indépendantes, ha un des membres est né essairement égal à une onstante λ.
Ainsi X ′′ − λX = 0 et Y ′′ + λY = 0. Les solutions de e type d'équation s'ex-
priment, selon la valeur de λ, soit ave des exponentielles, soit ave des fon tions
trigonométriques (exponentielles omplexes), soit sous la forme d'une fon tion ane.

A e stade Fourier onsidère physiquement le problème et remarque que la tempéra-


ture lorsque y tend vers +∞ doit être nulle. Y ne peut don pas s'exprimer ave des
fon tions trigonométriques (sinon la limite n'existerait pas à ause de la périodi ité),
ni sous la forme d'une fon tion ane. Puisque l'équation ara téristique asso iée à
la deuxième équation est r2 = −λ, il faut don né essairement que λ < 0. Notons
λ = −m2 ave m > 0. Y s'é rit don sous la forme Y (y) = Ae−my + Bemy et puisque
la limite en +∞ doit être nulle et Y (0) = 1, il vient que Y (y) = e−my .
Il en dé oule normalement que X(x) = A cos(mx) + B sin(mx), mais Fourier, ne
her hant qu'à mettre en éviden e une solution parti ulière, se ontente de hoisir
X(x) = cos((2n + 1)x), de manière à e que X(− π2 ) = X( π2 ) = 0.

Fourier expli ite ainsi une famille de fon tions un(x, y) = e−(2n+1)y cos((2n + 1)x)
qui vérient l'EDP, les onditions aux bords en x et à l'inni en y . Mais elles ne
vérient pas la ondition u(x, 0) = 1 en y = 0.
Le problème est ependant linéaire et, P omme Bernoulli avant lui, propose de her-
her la solution sous la forme u(x, y) = n cn e−(2n+1)y cos((2n+1)x) où les oe ient
cn , potentiellement en nombre inni, doivent être al ulés de manière à e que u(x, y)
vérie la ondition en y = 0.

Fourier her he alors à interpréter physiquement e que représentent es fon tions


un . Pour lui, si une expli ation physique existe, 'est que les onstantes cn existent
et la forme de la solution est justiée.

Plutt que de se lan er dire tement dans la re her he des valeurs des onstantes cn
pour u(x, 0) = 1, Fourier modie la ondition en y = 0 et observe e qu'il se passe :
Si on impose en y = 0 la ondition u(x, 0) = cos(x), alors le problème est ré-
solu : toutes les onstantes cn sont nulles sauf c1 qui vaut 1 : la solution est
u(x, y) = e−y cos(x).
Si on impose en y = 0 la ondition u(x, 0) = cos(7x), alors le problème est ré-

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solu : toutes les onstantes cn sont nulles sauf c7 qui vaut 1 : la solution est
u(x, y) = e−7y cos(7x).
Et .
Fourier nomme es fon tions un des modes propres (propres au problème) et dit :
 Si l'un quel onque de es modes est établi à l'origine, il subsiste de lui-même et se
onserve à l'inni jusqu'aux extrémités de la lame. ,  Cha un d'entre eux exprime
un mode simple suivant lequel la haleur s'établit et se propage dans la lame re -
tangulaire.  Les fon tions un sont des fon tions élémentaires "propres" à la lame,
'est-à-dire à la géométrie du problème.

Ce quali atif "mode propre", hoisi par Fourier, a donné la terminologie a tuelle
de "ve teur propre", qualiant dans diverses ontextes (pas seulement ave les ma-
tri es) une quantité qui subsiste à une onstante multipli ative près.

Fourier ne s'arrête pas là. Il onstate en plus que  Cha un des modes s'a omplit
omme s'il était seul.  Autrement dit, ave le vo abulaire a tuel, les modes sont
indépendants, ils forment une famille libre, ils ne se onfondent ni ne s'imbriquent
les uns dans les autres.
Par exemple si on impose en y = 0 la ondition u(x, 0) = cos(x) + cos(7x), alors
toutes les onstantes cn sont nulles sauf c1 et c7 qui valent 1 : la solution est
u(x, y) = e−y cos(x) + e−7y cos(7x).
P
Sûr de la validité de la forme u(x, y) = n cn e−(2n+1)y cos((2n+1)x), Fourier se lan e
dans les al uls pour déterminer les valeurs des onstantes cn lorsque u(x, 0) = 1. Il
détaille les al uls pour les 7 premières onstantes avant d'extrapoler une expression
générale valide pour tous les cn.
De là Fourier généralise : puisqu'il a réussit ave u(x, 0) = 1, il prédit que  les
fon tions arbitraires, même dis ontinues peuvent toujours être représentées par des
développements en osinus
R
ou sinus d'ar s multiples . Enn Fourier dispose en par-
π/2 π
ti ulier du résultat −π/2 cos(nx) cos(mx)dx = 0 si n 6= m et = si n = m, et
2
expli ite une formule intégrale pour al uler les oe ients cn quelque soit la fon -
tion f .
Ainsi Fourier arme fermement e qu'avait pressentit Daniel Bernoulli et, ayant
expli ité les formules et l'interprétation physique, il est sûr de lui. Cependant ses
armations s'ins rivent dans le débat qui opposait la génération pré édente, ave
Bernoulli, Euler et d'Alembert, et e débat n'est toujours pas tran hé. Fourier n'ar-
rivera pas à onvain re ses pairs notamment Lagrange et Lapla e, qui a été élève de
d'Alembert, d'où sa grande di ulté à publier son mémoire.
R
Dans le formalisme et vo abulaire a tuels, −π/2
π/2
cos(nx) cos(mx)dx = 0 si n 6= m
permet de dire que les fon ions x 7→Pcos(nx) forment une famille orthogonale et
don libre. Dans l'é riture u(x, y) = n cn e−(2n+1)y cos((2n + 1)x), les oe ients
cn e−(2n+1)y sont alors les omposantes de la fon tion x 7→ u(x, t) dans la base des
x 7→ cos(nx).
Dans le hapitre suivant, on exposera la stratégie de résolution suivante, dire tement
héritée de la méthode de Fourier : her her les modes propres, dé omposer le pro-

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CHAPITRE 3. UN PEU D'HISTOIRE...

blème suivant es modes propres, al uler les oe ients de la dé omposition. Dans
le hapitre d'après on s'intéressera aux problèmes de onvergen e des séries obte-
nues, 'est-à-dire aux onditions de validité de es dé ompositions.

Dans les dé ennies voire les siè les suivants, la dénition et les études de onver-
gen e des séries ont permis le plein développement de l'analyse de Fourier :

Citons en ore quelques dates du XIXème siè le :


En 1821, Cau hy (1789-1857) publie son Cours d'Analyse de l'E ole royale po-
lyte hnique qui ouvre la voie à l'analyse moderne : première dénition non intuitive
des notions de limites, ontinuité, onvergen e, redénition rigoureuse du al ul dif-
férentiel et intégral, et .

1829 : Gustav Lejeune-Diri hlet (1805-1859) donne la première démonstration ri-


goureuse de onvergen e (simple) d'une série de Fourier pour les fon tions de lasse
C 1 , 'est -à-dire qu'il démontre qu'une fon tion de lasse C 1 est ee tivement égale
à son développement en somme de osinus et de sinus omme présenté par Fourier.

Vers 1836, Charles-François Sturm (1803-1855) travaille ave Joseph Liouville


(1809-1882) à une généralisation du développement en série de Fourier.

Dans un é rit de 1841 publié en 1894, Karl Weierstrass (1815-1897) dénit la


onvergen e uniforme d'une série. Il é rit également les dénitions modernes de
ontinuité et de dérivabilité.

Riemann (1826-1866) présente en 1854 un mémoire sur la possibilité de représen-


ter une fon tion par une série trigonométrique où il reprend les travaux de Diri hlet.
Il réalise pour ela, entre autres, d'importants travaux sur al ul intégral, il jette
les bases de l'analyse des équations aux dérivées partielles de type hyperbolique et
donne pour la première fois la dénition d'une fon tion "arbitraire" tout en pré isant
que  les fon tions auxquelles ne s'appliqueraient pas les re her hes de Diri hlet ne
se ren ontrent pas dans la nature .

1873 : exemple d'une fon tion ontinue dont la série de Fourier diverge par Paul
Du Bois-Reymond (1831-1889).

XXème et XXIème siè le :


Développement de l'algèbre moderne (espa es ve toriels par exemple) et appli-
ation à l'analyse ave par exemple David Hilbert (1862-1943).

L'analyse de Fourier se omplète et se généralise, on parle d'analyse harmonique


et analyse spe trale. On la retrouve dans d'innombrables domaines : a oustique,
mé anique quantique, traitement des signaux, ristallographie, neuros ien es, stra-
tigraphie, et .

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Séries de Fourier, transformées de Fourier, analyse spe trale, et . sont aujour-
d'hui des notions in ontournables des s ien es de l'ingénieur.
Fourier savait e qu'il en était, malgré les fortes in ompréhensions de ses ontempo-
rains, on peut lire dans le dis ours préliminaire page xxi de Théorie analytique de
la haleur de 1822 :

Bibliographie :
• Fourier, Théorie analytique de la haleur, imprimerie Firmin Didot, 1822.
https : //gallica.bnf.f r/ark : /12148/bpt6k1045508v/f 9.item.texteImage
• Jean Dhombre, Jean-Bernard Robert, Fourier, réateur de la physique mathéma-
tiques, Belin, 1998.
• Ni olas Bourbaki, Eléments d'histoire des mathématiques, Springer, 2007.
• Jean Dieudonné, Abrégé d'histoire des mathématiques 1700-1900, Hermann, éditeur
des s ien es et des arts, 1978.
• Jean-Pierre Kahane, Fourier, un mathémati ien inspiré par la physique, revue du
CNRS-SFP Images de la physique 2009.
http : //www.cnrs.f r/publications/imagesdelaphysique/couv − P DF
/IdP 2009/Article0 1.pdf onsulté le 10/11/2019.
• http : //www.mathouriste.eu/F ourier/F ourier.html, onsulté le 10/11/2019.
• Nakhlé H. Asmar, Partial dierential equations with Fourier series and boundary
value problems, third edition, Dover publi ation, 2016.
• Alexandre Guilbaud et Laurent Mazliak, ours en ligne sur l'histoire des Mathé-
matiques http : //www.lpma − paris.f r/pageperso/mazliak/M 1Rs emaine6 .pdf ,
onsulté le 21/10/20.
• Alexandre Guilbaud et Guillaume Jouve, La résolution des équations aux dérivées
partielles dans les Opus ules mathématiques de D'Alembert (1761-1783), Revue
d'Histoire des Mathématiques, Tome 15 Fas i ule 1, 2009.
http : //www.numdam.org/article/RHM2 009__15_1_59_0.pdf , onsulté le 21/10/20.
• Guillaume Jouve. Imprévus et pièges des ordes vibrantes hez D'Alembert (1755-
1783). Doutes et ertitudes sur les équations aux dérivées partielles, les séries et les
fon tions.Université Claude Bernard - Lyon I, 2007. HAL Id : tel-00380952
https : //tel.archives−ouvertes.f r/tel−00380952/document, onsulté le 21/10/20.

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Chapitre 4

Résolution d'EDP par séparation des

variables

I Un peu d'analyse fon tionnelle

L'analyse fon tionnelle est la bran he des mathématiques qui étudie les espa es de fon -
tions. Dans e ours nous ne onsidèrerons que des R-espa es ve toriels. La théorie existe
ependant sur des C-espa es ve toriels ave quelques adaptations. Les notions d'espa es
eu lidiens et hilbertiens ne seront pas approfondies, seules quelques propriétés de base,
indispensables à la méthode de séparation des variables et aux séries de Fourier sont pré-
sentées.

I.1 Espa es préhilbertiens et espa es eu lidiens


Remarque :
Les éléments d'un espa e ve toriel sont appelés des "ve teurs". Si l'espa e ve toriel
est un espa e de fon tions, les "ve teurs" en question ... sont des fon tions.

Rappels :
• Une base d'un espa e ve toriel E est une famille de ve teurs de E à la fois libre
et génératri e. En dimension nie n, on la les équivalen es suivantes :
B est une base ⇔ B est libre et de ardinal n ⇔ B est génératri e et de ardinal n.
• Deux ve teurs sont orthogonaux si leur produit s alaire est nul.
Une famille orthogonale est une famille dont les éléments sont deux à deux ortho-
gonaux. Toute famille orthogonale est libre (ré iproque fausse).

Exemple :         

 1 −1 0   7
       
Soient E = R , F la famille F = ~x1 1 ; ~x2  1  ; ~x3 0 et ~v 3.
3

 
0 0 2  8
Montrons que F est une base de E :
Puisque dim(E) = ard(F ), il ne reste qu'à montrer que F est libre.
Plusieurs méthodes :

48
I. UN PEU D'ANALYSE FONCTIONNELLE

• On utilise la dénition de la liberté :


soient λ1 , λ2 et λ3 trois réels tels que λ1~x1 + λ2~x2 + λ3~x3 = 0.
~
 λ1 + λ2 =0

λ1~x1 + λ2~x2 + λ3~x3 = ~0 ⇔ λ1 − λ2 =0 ⇔ λ1 = λ2 = λ3 = 0


2λ3 =0
don F est libre.
• On montre que la famille est orthogonale :
~x1 .~x2 = 1 − 1 + 0 = 0 ; ~x1 .~x3 = 0 + 0 + 0 = 0 ; ~x2 .~x3 = 0 + 0 + 0 = 0 : F est
don orthogonale et par onséquent est libre.

Puisque ~v ∈ E et que F est une base de E , il existe trois réels a, b et c (uniques)


tels que ~v = a~x1 +b~x2 +c~x3 . Pour déterminer a, b et c, on a besoin de trois équations.
Pour obtenir un système de 3 équations, on dispose de plusieurs méthodes :


 7=a − b
1. Résoudre dire tement le système obtenu sur les oordonnées : 3=a + b


8= 2c
2. Résoudre le système obtenu après appli ation du produit s alaire :

On remarque que la propriété d'orthogonalité est parti ulièrement intéressante :


En dimension n (imaginez n = 100 !), la première méthode né essite des ombinai-
sons linéaires sur les lignes du système, tandis que si la base est orthogonale, la
deuxième méthode mène dire tement n équations indépendantes.

Exemple :  
1
Soient E = R2 [X], F la famille F = P0 (X) = 1; P1 (X) = X; P2(X) = (3X 2 − 1)
2
et P (x) = 8X 2 + 6X + 7.

Montrons que F est une base de E :


Puisque dim(E) = ard(F ), il ne reste qu'à montrer que F est une famille libre, e
qui est le as ar P0 , P1 et P2 sont de degrés distin ts.

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CHAPITRE 4. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

Exprimons P dans la base F : on her he les réels a, b et c tels que


 :
8X 2 + 6X + 7 = aP0 (X) + bP1 (X) + cP2 (X) 

 3 
 16

 8= c 
 c=

 2 
 3
2 3 2 1
8X + 6X + 7 = a + bX + cX − c ⇔ 6=b ⇔ b=6
2 2 
 


 1 
 29

 7=a − c 
 a=
2 3
I i le degré des polynme est petit et les al uls étaient rapides. Qu'en aurait-il
été si E = R10 [X] ave une base de 11 polynmes de degré 10 ?
Peut-on généraliser la notion de produit s alaire ?

Dénition :
On appelle produit s alaire sur le R-espa e ve toriel E , toute appli ation
< .|. >: E × E → R bilinéaire, symétrique et dénie positive :
pour tous x, y , z de E , et α dans R :
• < αx + y|z >= α < x|z > + < y|z >
et < x|αy + z >= α < x|y > + < x|z > (bilinéaire) ;
• < x|y >=< y|x > (symétrique) ;
• < x|x > ≥ 0 (positif) ;
• < x|x >= 0 ⇔ x = 0 (déni).

Exemple :
Le produit s alaire anonique ( elui que vous onnaissez) de R3 vérie bien les pro-
priétés de la dénition pré édente.

Dénition :
On appelle espa e préhilbertien un espa e ve toriel muni d'un produit s alaire.
Si un espa e préhilbertien est de dimension nie, on parle d'espa e eu lidien.

Dénition :
Soit E est un R-espa e ve toriel. Toute appli ation ||.|| : E → R+ vériant les
propriétés suivantes dénit une norme sur E : Pour tous x, y de E et λ de R :
• ||x|| = 0 ⇔ x = 0 (propriété de séparation)
• ||λx|| = |λ| ||x|| (positive homogénéité)
• ||x + y|| ≤ ||x|| + ||y|| (inégalité triangulaire)

Propriété :
Si < .|. > est un produit s alaire surp
le R-espa e ve toriel E , alors l'appli ation qui
à tout x de E asso ie le réel ||x|| = < x|x > dénit une norme sur E . On parle
de norme issue du produit s alaire.

Remarque :
Dénir une norme 'est dénir omment mesurer la distan e entre deux ve teurs.
Dans tout le reste du ours, la norme utilisée est la norme issue du produit s alaire.

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 50/113


I. UN PEU D'ANALYSE FONCTIONNELLE

Exemple :
Z 1
L'appli ation qui à deux polynmes P et Q asso ie le réel < P |Q >= P (x)Q(x)dx
−1
est un produit s alaire :
Pour tout polynmes P , Q, R et tout réel α :

Z 1
L'espa e E = Rn [X] muni du produit s alaire < P |Q >= P (x)Q(x)dx est
−1
don un espa e eu lidien.

Revenons à l'exemple pré édent : on her he les réels a, b et c tels que


8X + 6X + 7 = aP0 (X) + bP1 (X) + cP2 (X).
2

Z 1
Or : < P0 |P0 >= 1 × 1dx = 2
−1
Z 1 1

x2
< P0 |P1 >= 1 × xdx = =0
−1 2 −1
Z 1
1 1 3 1
< P0 |P2 >= 1 × (3x2 − 1)dx = x − x −1 = 0
−1 2 2
Z 1  3 1
x 2
< P1 |P1 >= x × xdx = =
−1 3 −1 3
Z 1  1
1 2 3 4 x2
< P1 |P2 >= x × (3x − 1)dx = x − =0
−1 2 8 4 −1
Z 1  1
1 2 1 2 1 9 5 3 2
< P2 |P2 >= (3x − 1) × (3x − 1)dx = x − 2x + x =
−1 2 2 4 5 −1 5
On remarque que la base F est orthogonale pour e produit s alaire ( e sont les
polynmes de Legendre).
Z 1
58
< P |P0 >= 8x2 + 6x + 7dx = ... =
−1 3

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CHAPITRE 4. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

Z 1
< P |P1 >= 8x3 + 6x2 + 7xdx = ... = 4
−1
Z 1  
2
 1 2 32
< P |P2 >= 8x + 6x + 7 (3x − 1) dx =
−1 2 15
D'où le système :

Les exemples de ette partie sont en dimension nie. Qu'en est-il des espa es de
fon tions de dimension innie ? par exemple : espa e ve toriel des fon tions onti-
nues sur [0 ;1℄ ?

I.2 Espa e de Hilbert et proje tion orthogonale


Si les suites d'un espa e préhilbertien se " omportent bien" pour la onvergen e
(grosso-modo si elles se omportent omme les suites réelles que vous onnaissez),
alors l'espa e est dit omplet et s'appelle espa e de Hilbert. Les espa es préhilbertiens
ren ontrés dans e ours sont tous des espa es de Hilbert.

Exemple :
L'espa e des fon tions
Z de lasse C de R dans R et 1-périodiques muni du produit
1
1
s alaire < f |g >= f (x)g(x)dx est un espa e de Hilbert de dimension innie.
0

Dénition : Soit E un espa e de Hilbert.


On appelle base hilbertienne de E une famille (hn )n∈N telle que :
1. Les éléments hn sont unitaires et deux à deux orthogonaux ;
2. Tout élément de E est limite d'une suite de ombinaisons linéaires des hn .
Autrement dit, pour tout élément f de E , il existe une suite de réels (kn )n∈N ,
+∞
X
appelés omposantes de f dans la base hilbertienne, telle que f = kn hn
n=0
Remarque :
Une base hilbertienne est la généralisation en dimension innie des bases orthonor-
males des espa es ve toriels de dimension nie.
Le deuxième point est la généralisation de la notion de famille génératri e, la somme
+∞
X N
X
innie est à omprendre ainsi : kn hn = lim kn hn = f
N →+∞
n=0 n=0
Ces "sommes innies" sont appelées "séries", elles feront l'objet du hapitre suivant.

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 52/113


I. UN PEU D'ANALYSE FONCTIONNELLE

Exemple :
Si F = {hn }n∈N est une famille orthonormée, elle est, bien évidemment, une base
hilbertienne de l'espa e qu'elle engendre, 'est-à-dire une base de Ve t {hn , n ∈ N} .

Remarque : Cal ul des oe ients


+∞
X
En pratique, pour al uler les omposante kn de f = kn hn , on utilise l'orthogo-
n=0
nalité des fon tions hn , omme on l'a fait ave l'exemple des polynmes de Legendre :

Attention, si la base est non orthogonale... e n'est plus valide.

Dénition :
Soient E un espa e de Hilbert, Hp un sous-espa e ve toriel de E engendré par la
famille orthogonale nie (h0 , ..., hp ) et f un élément de E .
p
X < f |hn >
fH = hn
n=0
< hn |hn >

est la proje tion orthogonale de f sur Hp.

Il s'agit de la meilleure approximation de f par un élément de Hp , 'est-à-dire


fH est tel que ||fH − f || = inf{h∈Hp } {||h − f ||} pour la norme issue du produit
s alaire.
Remarque :
+∞ p
X < f |hn > X < f |hn >
Bien sûr, si f = hn , l'approximation hn de f est d'au-
n=0
< h n |hn > n=0
< hn |hn >
tant plus pré ise que p est grand.

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CHAPITRE 4. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

Remarque :
La proje tion d'une fon tion sur un espa e ve toriel de dimension nie (par exemple
l'espa e des polynmes de degré au plus n) est très utile en simulation numérique.
( f. CMES l'année pro haine pour les GM et Cal ul s ientique pour les GSI ! )

I.3 Fon tions propres et problèmes de Sturm-Liouville


...ou omment savoir dans ertains as quelles fon tions forment une famille or-
thogonale et pour quel produit s alaire...
Dénition :
Soit P un opérateur linéaire opérant sur un espa e de fon tions.
Les fon tions u non identiquement nulles pour lesquelles il existe un réel λ tel que
P(u) = λu sont appelées fon tions propres de l'opérateur de l'opérateur P et le
réel λ est sa valeur propre asso iée.

Exemple :
∂2
Soit l'opérateur P = , opérateur de dérivée se onde.
∂x2

Dénition : (ne pas apprendre, sera redonnée)


On appelle problème régulier de Sturm-Liouville le problème d'in onnues y :
[a, b] → R et λ ∈ R suivant :

(p(x)y ′ (x)) + (q(x) − λs(x)) y(x) = 0

ave les onditions aux limites suivantes :



 a1 y(a) + a2 y ′ (a)=0 , |a1 | + |a2 | > 0
 b1 y(b) + b2 y ′(b) =0 , |b1 | + |b2 | > 0

où p, q et s sont ontinues sur [a; b], p et s stri tement positives et p de lasse C 1 .

Remarque :
Les ouples (λ; y), où y n'est pas identiquement nulle, solutions du problème régulier
de Sturm-Liouville
 sont appelée valeurs
 propres
 et fon tions propres de l'opé-
1 d dy
rateur y 7→ p(x) (x) + q(x)y(x) .
s(x) dx dx
Il faudra faire attention si vous vous référez à un ouvrage ou à un ours sur inter-
net, la onvention de notation des problèmes de Sturm-Liouville peut être diérente
(en parti ulier sur le signe devant les valeurs propres).

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I. UN PEU D'ANALYSE FONCTIONNELLE

Remarque : (savoir appliquer la méthode pour retrouver les formules)


Si a(x) > 0, l'équation

a(x)X ′′ (x) + b(x)X ′ (x) + (c(x) − λ) X(x) = 0

peut se ramener à la forme d'un problème de Sturm-Liouville :

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CHAPITRE 4. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

Exemple : Problème régulier de Sturm-Liouville (1)


Le problème

 X ′′ (x) = λX(x) , 0<x<1
(S)
 X(0) = X(1) = 0
est un problème régulier de Sturm-Liouville ave

Cher hons ses fon tions et valeurs propres :


L'équation ara téristique asso iée est r2 = λ.
√ √ √
Si λ > 0 alors r = ± λ et X(x) = Ae−x λ + Bex λ . 
√ √ 
Or X(0) = 0 ⇒ A + B = 0 ⇒ B = −A ⇒ X(x) = A e − λx
− e λx .
 √ √ 
X(1) = 0 ⇒ A e− λ − e λ = 0 ⇒ A = 0 ( ar λ 6= 0)
Ainsi, pour tout x, X(x) = 0, or e as est ex lu ar on her he X non identique-
ment nulle.

Si λ = 0 , r = 0 et
X(x) est de la forme X(x) = (Ax + B)e0x = Ax + B
X(0) = X(1) = 0 ⇒ X(x) = 0 pour tout x, ex lu.

Si λ < 0, alors r = ±i −λ et √ √
X(x) est de la forme X(x) = A cos( −λx) √ + B sin( −λx)
X(0) = 0 ⇒ A = 0√ et don X(x) = B sin( −λx) √ .
X(1) = 0 ⇒ B sin( −λ) = 0 ⇒ B = 0 ou sin( −λ) = 0
Comme
√ on her he √ une solution non triviale, B 6= 0 ainsi
sin( −λ) = 0 ⇔ −λ = nπ pour n ∈ Z ⇔ λ = − (nπ)2 pour n ∈ Z∗ (on rappelle

que dans e as λ 6= 0 d'où l'ex lusion du zéro)

Les solutions du problème (S) sont don les fon tions de la forme X(x) = B sin(nπx)
pour n ∈ Z∗ .
Comme sin(−a) = − sin(a), une famille génératri e et libre des fon tions propres
de (S) est l'ensemble des fon tions Xn (x) = sin(nπx) pour n ∈ N∗ , asso iées aux
λn = −(nπ)2 .

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I. UN PEU D'ANALYSE FONCTIONNELLE

Exemple : Problème régulier de Sturm-Liouville (2)


Le problème

 X ′′ (x) = λX(x) , 0<x<1
(S)
 X ′ (0) = X ′ (1) = 0
est un problème régulier de Sturm-Liouville ave p(x) = 1 ; q(x) = 0 et s(x) = 1.

D'après l'annexe, une famille génératri e et libre des fon tions propres de
(S) est l'ensemble des fon tions

Théorème : (admis)
Pour un problème régulier de Sturm-Liouville :
• Toutes les valeurs propres sont réelles et simples ;
• Deux fon tions propres hn et hm , n 6= m entiers naturels, sont orthogonales
Z b
pour le produit s alaire < f |g >= f (x)g(x)s(x)dx .
a
(s est appelée poids du produit s alaire.)

Exemple :
Pour le problème régulier de Sturm-Liouville
Z
(1), le produit s alaire qui orthogona-
1
lise les fon tions propres est < f |g >= f (x)g(x) × 1 dx = 0.
0
Ainsi, pour n 6=
Z m, (n, m) ∈ (N ) :
∗ 2
1
< Xn |Xm >= sin(nπx) sin(mπx) dx = 0
0
Et d'après l'annexe
Z :
1
1
< Xn |Xn >= sin(nπx) sin(nπx) dx = pour n ∈ N∗ .
0 2
Exemple :
Pour le problème régulier de Sturm-Liouville (2), le produit s alaire qui orthogonalise
les fon tions propres est

Ainsi pour n 6= m, (n, m) ∈ (N)2 :

< Xn |Xm >=

Et d'après l'annexe :

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CHAPITRE 4. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

II Résolution d'EDP par séparation des variables

II.1 Guide méthodologique


La méthode s'applique si le problème est linéaire et si les onditions aux limites
sont nulles ou périodiques ( 'est-à-dire du type X(0) = X(L) ou idem sur les dérivée).

Lorsque les onditions d'appli ation sont vériées :


1. A partir du problème homogène, on sépare les variables et on détermine les
fon tions propres ave les onditions limites qui leurs sont asso iées.
2. On dé ompose les onditions initiales et l'éventuel terme sour e dans la base
des fon tions propres. On utilise si né essaire le produit s alaire pour en
al uler les omposantes.
3. On dé ompose le problème dans la base des fon tions propres pour nalement
déterminer les omposantes de la solution.

II.2 Exemple : as homogène ave CL de Neumann

On onsidère une paroi innie d'épaisseur isolation isolation


1. Sous es onditions, on peut onsidérer
température initiale f (x)
que la température au sein de ette paroi ne
dépend que d'une seule dimension spatiale
dans le sens de l'épaisseur. On suppose la
paroi isolée, ainsi le ux de haleur en x = 0 0 2
et x = 1 est nul. La répartition initiale de la
température au sein de la paroi est donnée
par une fon tion f (x), pour 0 ≤ x ≤ 1 :

épaisseur = 1
Le problème est don le suivant (k et α onstantes stri tement positives) :


 ∂u ∂2u

 (x, t) − α (x, t) = 0 , t>0 0<x<1 (1)

 ∂x2
 ∂t
∂u ∂u

 −k (0, t) = −k (1, t) = 0 , t > 0 (2)

 ∂x ∂x


 u(x, 0) = f (x) , 0<x<1 (3)

On traitera deux as : f (x) = 5 cos(3πx) + 2 cos(6πx) et f (x) = 3x + 2.

Le problème est linéaire et les CL sont nulles, on peut don appliquer la méthode
de séparation des variables.

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II. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

Re her he des fon tions propres :

Dé omposition de la ondition initiale dans l'espa e des fon tions propres :

Dans la base des fon tions propres, f (x) se dé ompose sous la forme
+∞
X +∞
X
f (x) = Kn Xn (x) = Kn cos(nπx).

Premier as : f (x) = 5 cos(3πx) + 2 cos(6πx) :


n=0 n=0

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CHAPITRE 4. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

Deuxième as : f (x) = 3x + 2 :

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II. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

Proje tion du problème (EDP+CI) sur l'espa e des fon tions propres :
+∞
X
Dans la base des fon tions propres, u(x, t) s'é rit Tn (t)Xn (x).
n=0

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CHAPITRE 4. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

II.3 Exemple : Cas non homogène ave CL de Neumann


Considérons le même type de problème que pré édemment mais ave un terme
sour e
 :

 ∂u ∂2u

 (x, t) − α 2 (x, t) = 2 cos(3πx) , t > 0 0 < x < 1 (1)


 ∂t ∂x
∂u ∂u

 −k (0, t) = −k (1, t) = 0 , t>0 (2)

 ∂x ∂x


 u(x, 0) = 7cos(πx) , 0<x<1 (3)
Le problème est linéaire et les CL sont nulles don on peut en ore pro éder par
séparation des variables.

La re her he des fon tions propres se fait sur le problème homogène. Il s'agit du
même problème que l'exemple pré édent : Xn (x) = cos(nπx) pour n ∈ N, asso iées
aux valeurs propres λn = − (nπ)2 .

On dé ompose ensuite terme sour e et ondition initiale dans la base des fon -
tions propres. I i rien à faire ar es fon tions sont déjà exprimées dans la bonne base.

On projette le problème (EDP+CI) dans la base des fon tions propres :


+∞
X
Ave u(x, t) = Tn (t)Xn (x) et Xn′′ = λn Xn , omme le problème est linéaire, on
n=0
obtient :

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II. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

II.4 Exemple non trigonométrique


(C'est un exemple, ette partie n'est pas à onnaitre.)

Prérequis : les fon tions de Bessel


On appelle équation de Bessel l'équation diérentielle suivante :
x2 y ′′ + xy ′ + (x2 − ν 2 )y = 0 où y est une fon tion de la variable x et ν est une
onstante. Z
1 π
Si ν ∈ Z, alors la fon tion dénie par Jν (x) = cos(νθ − x sin θ)dθ est solution
π 0
de l'équation de Bessel.
Jν est appelée fon tion de Bessel de première espè e d'ordre ν .

Propriétés :
• Jν reste bornée en +∞.
• Jν a une innité de zéros sur R+ qui forment une suite qui tend vers +∞.
Par exemple, les zéros su essifs de J0 sont approximativement 2, 405 ; 5, 520 ;
8, 654 ; 11, 79 ; 14, 93 ...

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CHAPITRE 4. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

Propriété : (admise) orthogonalité des fon tions de Bessel


Soient a > 0 un réel xé et (b
n )n∈N la suite ( roissante) des zéros de la fon tion Jν .

 x2 y ′′ + xy ′ + (−λx2 − ν 2 ) y = 0 , 0<x≤a


Le problème (PB ) suivant : y(a) = 0 , 0<x≤a


 lim y(x) nie

x→0
est un problème (singulier ) de Sturm-Liouville qui a pour solutions les fon tions
propres dénies sur [0; a] par y = hn (x) = Jν ( ban x) asso iées aux valeurs propres
b2n
λ = λn = − 2 .
a
Ces fon tions
Z a propres sont orthogonales pour le produit s alaire déni par
< f |g >= f (x)g(x)xdx.
0

Equation de diusion en oordonnées ylindriques


On onsidère un ylindre de hauteur innie et de
rayon a, onstitué d'un matériau homogène. On
onsidère ainsi que la température au sein de e
ylindre ne dépend que de la oordonnée radiale
r ∈ [0; a].
A l'instant t = 0, la température est donnée par la
fon tion f et pour t ≥ 0, la température au bord
du ylindre est xée à 0.
Le lapla ien en oordonnée ylindrique est donné
par :
∂ 2 u 1 ∂u 1 ∂2u ∂2u
∇u = + + + 2
∂r 2 r ∂r r 2 ∂θ2 ∂z
Comme la température est indépendante de z et de
θ, il s'agit don de her her une solution de l'EDP :
∂u ∂ 2 u 1 ∂u
= 2 + , r ∈]0; a[, t > 0
∂t ∂r r ∂r
Ave la ondition au bord u(a, t) = 0, t > 0
et la ondition initiale u(r, 0) = f (r), r ∈]0; a[.
On suppose de plus que lim |u(r, t)| < +∞, t > 0.
r→0

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II. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

(diusion ylindrique, suite :)

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CHAPITRE 4. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

Notes personnelles :

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III. ANNEXE : FONCTIONS PROPRES

III Annexe : Fon tions propres

Les résultats présentés i i pourront et devront être dire tement utilisés en exer-
i e. Ils ne sont pas à onnaitre mais à savoir redémontrer.

Quelques fon tions propres de l'opérateur de dérivation se onde


Toutes les fon tions propres i-dessous sont orthogonales pour le produit s alaire
Z L
< f |g >= f (x)g(x)dx
0

La norme donnée est la norme asso iée au produit s alaire.

Problème Fon tions propres Valeurs propres norme2


pour 0 < x < L Xn λn kXn k2

 X ′′ (x) = λX(x)  nπx   nπ 2 L
sin − n ∈ N∗
 X(0) = X(L) = 0 L L 2

 X ′′ (x) = λX(x)    2
(n + 1/2)πx (n + 1/2)π L
sin − n∈N
 X(0) = X (L) = 0
′ L L 2

 X ′′ (x) = λX(x)    2
(n + 1/2)πx (n + 1/2)π L
cos − n∈N
 X ′ (0) = X(L) = 0 L L 2

 X ′′ (x) = λX(x)  nπx   nπ 2
cos − n∈N L si n = 0
 X ′ (0) = X ′ (L) = 0 L L

L
si n 6= 0
2
1 λ0 = 0 L


 X ′′ (x) = λX(x)

    2
2nπ 2nπ L
X(0) = X(L) cos x − n ∈ N∗

 L L 2

 X ′ (0) = X ′ (L)
   2
2nπ 2nπ L
sin x − n ∈ N∗
L L 2

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CHAPITRE 4. RÉSOLUTION D'EDP PAR SÉPARATION DES VARIABLES

IV Annexe : Fon tions spé iales

Les fon tions spé iales sont des solutions de problèmes de Sturm Liou-
ville, don sont orthogonales pour un produit s alaire spé ique. Elles sont données
i-après ave leur problème asso ié, leur expression et le produit s alaire qui les
orthogonalise : L2 (I, s(x)dx) désigne l'espa e ve toriel des fon tions f telles que
Z
f 2 (x)s(x)dx existe et est nie. Dans ette é riture il faut omprendre que I est
I
le domaineZde dénition et que s(x) est le poids du produit s alaire qui est don
< f |g >= f (x)g(x)s(x)dx.
I

Polynmes
 de Legendre


 ((1 − x2 ) y ′(x)) − λy(x) = 0 , −1 < x < 1



lim y(x) existe et est nie
x→−1



 lim y(x) existe et est nie

x→1
Forme alternative de l'équation diérentielle :
(1 − x2 )y ′′ (x) − 2xy ′(x) − λy(x) = 0
Fon tions propres et valeurs propres asso iées :
1 dn n
Pn (x) = (x2 − 1) ave n ∈ N, pour λn = −n(n + 1)
2n n! dxn
Base hilbertienne :
Les polynmes de Legendre forment une base orthogonale de L2 ([−1; 1]; dx), ave
2
s(x) = 1 et kPn k2 = , n ∈ N.
2n + 1

Polynmes
 de T heby hev ou Chebyshev

 √ ′ 1

 1 − x2 y ′ (x) − λ √ y(x) = 0 , −1 < x < 1

 1 − x2

lim y(x) existe et est nie

 x→−1



 lim y(x) existe et est nie
 x→1
Forme alternative de l'équation diérentielle :
(1 − x2 )y ′′ (x) − xy ′(x) − λy(x) = 0
Fon tions propres√et valeurs propres asso iées :
1 − x2 dn (1 − x2 )n−1/2)
Tn (x) = ave n ∈ N, pour λn = −n2
(−1)n (2n − 1)(2n − 3)...1 dxn
Base hilbertienne :  
1
Les polynmes de T heby hev forment une base orthogonale de L [−1; 1]; √
2
dx ,
1 − x2
1 π
ave s(x) = √ , kTn k2 = , n ∈ N∗ , et kT0 k2 = π .
1 − x2 2

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IV. ANNEXE : FONCTIONS SPÉCIALES

Polynmes
 de Hermite′

 (exp(−x2 )y ′ (x)) − λ exp(−x2 )y(x) = 0 , x∈R



Il existe un entier naturel k tel que :

 y(x) y(x)

 lim et lim existent et sont nies
 x→+∞ k x→−∞ |x|k
x
Forme alternative de l'équation diérentielle :
y ′′(x) − 2xy ′ (x) − λy(x) = 0
Fon tions propres et valeurs
2
propres asso iées :
dn e−x
ave n ∈ N, pour λn = −2n
2
Hn (x) = (−1)n ex
dxn
Base hilbertienne :  
Les polynmes de Hermite forment une base orthogonale de L2 R; e−x dx , ave
2


s(x) = exp(−x2 ) et kHn k2 = 2n n! π , n ∈ N.

Polynmes de Laguerre



 (x exp(−x)y ′ (x))′ − λ exp(−x)y(x) = 0 , x ∈ R+


y(x) reste borné si x → 0

 y(x)

 Il existe un entier k > 0 tel que : lim
 existe et est nie
x→+∞ xk
Forme alternative de l'équation diérentielle :
xy ′′ (x) + (1 − x)y ′(x) − λy(x) = 0
Fon tions propres et valeurs propres asso iées :
1 x dn xn e−x
Ln (x) = e ave n ∈ N, pour λn = −n
n! dxn
Base hilbertienne :
Les polynmes de Laguerre
Z forment une base orthogonale de L2 (R+ ; e−x dx), ave
+∞
s(x) = e−x et kLn k2 = L2n (x)e−x dx = 1, n ∈ N.
0

Fon tions de Bessel asso iées





 ν2

 (xy ′
(x)) ′
− y(x) − λy(x) = 0 , 0<x<a , ν ≥ 0 xé , a > 0
 x
 lim y(x) existe et est nie

 x→0


 y(a) = 0
Forme alternative de l'équation diérentielle :
x2 y ′′(x) + xy ′(x) − (λx2 + ν 2 )y(x) = 0
Fon tions propres et valeurs propres asso iées :
Soit (bn )n∈N la suite des zéros de la fon tion de Bessel Jν de première espè e.
 b2
Les fon tions propres sont les hn = Jν ban x ave n ∈ N, pour λn = − n2
a
Base hilbertienne : Les fon tions de Bessel asso iées forment une base orthogonale
de L2 ([0; a]; xdx), ave s(x) = x.

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 69/113


Chapitre 5

Notions de base sur les séries

L'obje tif de e hapitre est de légitimer et de mieux omprendre les notions de


"sommes innies" ren ontrées dans le hapitre pré édent.

I Séries numériques réelles

I.1 Dénitions et premiers exemples


A partir d'une suite de réels u0 , u1 , u2 , ... on peut dénir une nouvelle suite en
additionnant des termes su essifs : S0 = u0 ; S1 = u0 + u1 ; S3 = u0 + u1 + u2 ; et ..

Dénitions : Soit (un )n≥n une suite numérique.


0
N
X
La suite (SN )N ≥n0 des sommes SN = un est appelée série numérique de terme
n=n0
général un, elle est notée {un }(n≥n0 ) .
N
X
La somme SN = un est appelée somme partielle d'ordre N de la série {un }n≥n0 .
n=n0
N
X
S'il existe un réel S tel que lim SN = lim un = S alors la série {un }(n≥n0 )
N →+∞ N →+∞
n=n0
+∞
X
est dite onvergente, dans e as on peut é rire un = S .
n=n0
S est alors appelé somme de la série.
Une série est dite divergente si elle ne onverge pas.

Exemple 1 : La série {un }n≥0 = {n}n≥0 est divergente :


n 0 1 2 3 4 5 6 7
suite (un ) 0 1 2 3 4 5 6 7
série {un } 0 1 3 6 10 15 21 28
En eet,

70
I. SÉRIES NUMÉRIQUES RÉELLES


1 n
Exemple 2 : La série {un } = { 2
} est onvergente :
n 0 1 2 ... 5 6 7 8 9
suite 1 0, 5 0, 25 ... 0, 03125 0.015625 0.0078125 0.00390625 0.001953125
série 1 1, 5 1, 75 ... 1, 96875 1, 984375 1, 9921875 1.99609375 1.998046875

En eet,

 
1
Exemple 3 : La série {un }n>0 = est divergente.
n n>0
Cette série est appelée série harmonique. Elle fait partie des séries de référen e.
Démontrer sa divergen e relève de l'astu e, il s'agit de minorer ses sommes partielles
par un terme qui tend vers +∞.
Soit m ∈ N la puissan e de 2 immédiatement inférieure à N ( N ≥ 2m ) alors
N 2 m
X 1 X1
≥ , ainsi :
n=1
n n=1
n
XN
1 1 1
≥ 1 + + ... + m
n 2 2
n=1      
1 1 1 1 1 1 1
≥1+ + + + + ... + + ... + m−1 + 1
+ ... + m
2 3 4 5 8 2  2
1 1 1 1 1 1 1
≥1+ + + + + ... + + ... + + ... + m
2 4 4 8 8 2m 2
1 1 1 m−1 1
≥ 1 + + 2 + 4 + ... + 2
2 4 8 2m
m
≥1+
2
m
or lim 1 + = +∞ don la série harmonique diverge.
m→+∞ 2
Remarque :
Attention, la onvergen e de la suite (un) n'entraîne pas elle de la série {un} :

Remarque :
Les séries {un}n≥n0 et {un}n≥np ont la même nature. On peut don étudier la onver-
gen e qu'à partir d'un ertain rang.

I.2 Généralités sur les séries onvergentes


Propriété : Condition né essaire de onvergen e
Si la série {un} onverge, alors

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 71/113


CHAPITRE 5. NOTIONS DE BASE SUR LES SÉRIES

Démonstration :
Si la série onverge vers une valeur S , ela signie, par dénition, que la suite (SN )
N
X
a pour limite nie S : lim un = S .
N →+∞
n=n0
Or, pour tout N > n0 , uN = SN − SN −1 ,
en passant à la limite, on a lim uN = lim (SN − SN −1 ) = S − S = 0.
N →+∞ N →+∞

Remarques :
La ré iproque est fausse !
Par exemple le terme général de la série harmonique tend vers 0 et pourtant la série
harmonique diverge.

La ontraposée est vraie :


Si lim un 6= 0 ou si lim un n'existe pas, alors la série diverge.
n→+∞ n→+∞
On dit que la série diverge grossièrement.

Exemple 4 :
La série {(−1)n }n≥0 diverge grossièrement ar (−1)n ne tend pas vers 0.

Exemple 5 :  
n+1
La série de terme général un = ln , pour n ∈ N∗ , diverge.
n
En eet,

 
1
Pourtant lim un = lim ln 1 + = ln(1) = 0.
n→+∞ n→+∞ n

Exemple 6 :
1 1
La série de terme général un = , pour n ≥ 2, onverge vers .
2n(n − 1) 2
En eet,

1
Et on a bien lim un = lim = 0.
n→+∞ n→+∞ 2n(n − 1)

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 72/113


I. SÉRIES NUMÉRIQUES RÉELLES

Propriété :
Soit λ un réel. Si {un } et {vn } sont deux séries onvergentes alors la série {λun + vn }
+∞
X +∞
X +∞
X
est onvergente et (λun + vn ) = λ un + vn .
n=n0 n=n0 n=n0

Dénition :
Soit {un} une série numérique.
Si la série {|un|} est onvergente, on dit que {un } est absolument onvergente.
Propriété :
Si la série {un } est absolument onvergente alors elle est onvergente
X+∞ X+∞

et un ≤ |un | (généralisation de l'inégalité triangulaire).
n=0 n=0

Remarque :
La ré iproque est fausse : une série peut être onvergente
n sanso être absolument
(−1)n+1
onvergente, on verra plus loin que par exemple {un} = n
onverge.

Cette dernière propriété motive l'étude parti ulière des séries à termes positifs :

I.3 Séries réelles positives


Lemme :
La série {un}n≥n0 à termes positifs onverge si et seulement si il existe un réel M
N
X
tel que quelque soit N ∈ N, un ≤ M .

Démonstration :
n=n0

Comme un ≥ 0 pour tout n ≥ n0 , alors (SN )N ≥n0 est une suite roissante
(∀N ≥ n0 , SN − SN −1 = un ≥ 0).
• Si SN est majorée par un réel M , alors elle est roissante et majorée et don
onvergente d'après le théorème de la limite des suites monotones.
• Ré iproquement, si SN onverge, alors puisqu'elle est roissante, elle est majorée
par sa limite.

Propriété : théorème de omparaison


Soient {un}n≥n0 et {vn }n≥n0 deux séries numériques réelles et positives telles que
pour tout n ≥ n0 , 0 ≤ un ≤ vn .
+∞
X +∞
X
Si {vn } onverge, alors {un} onverge et un ≤ vn .
n=n0 n=n0
Si {un } diverge, alors {vn } diverge.

Démonstration : Pour tout N ≥ n ,


N N +∞
0
X X X
onvergen e : un ≤ vn ≤ vn = M et on applique le lemme.
n=n0 n=n0 n=n0

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CHAPITRE 5. NOTIONS DE BASE SUR LES SÉRIES

N
X N
X N
X N
X
divergen e : un ≤ vn et lim un = +∞ don lim vn = +∞.
N →+∞ N →+∞
n=n0 n=n0 n=n0 n=n0

Dénition :
Pour tout r de R, la série {rn}n≥0 est appelée série géométrique.
Propriété :
Pour tout r de R, la série {rn}n≥0 onverge si et seulement si |r| < 1.
+∞
X 1
En as de onvergen e, on a rn = .
n=0
1−r
Démonstration :

De l'étude des séries géométriques et du théorème de omparaison, on déduit un


ritère de onvergen e des séries stri tement positives :

Théorème : Règle/Critère de d'Alembert


Soit {un}n≥n
 0 unesérie à termes réels stri tement positifs.
un+1
Si la suite admet une limite l, alors :
un n≥n0
• Si l < 1 alors {un } onverge ;
• Si l > 1 alors {un } diverge.

Démonstration
u
:
Cas où n→+∞
lim = l < 1.
n+1
un
l+1
Posons λ = ainsi l < λ < 1.
2
un+1 un+1
Comme lim = l on sait que est aussi pro he de l que l'on veut à partir
n→+∞ un un
u
d'un ertain rang. En parti ulier, il existe un rang m tel que pour n ≥ m, n+1 ≤ λ.
un
Ainsi pour n ≥ m :
un un−1 un−2 um+1 un
× × × ... × ≤ λn−m ⇔ ≤ λn−m ⇔ un ≤ um λn−m .
un−1 un−2 un−3 um um
um n um
Par onséquent 0 < un ≤ m λ , or m est une onstante et la série géométrique
λ λ nu o
{λn } onverge puisque 0 ≤ λ < 1, on en déduit que la série onverge.
m n
λ
λm
D'après le théorème de omparaison, {un} onverge également.

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I. SÉRIES NUMÉRIQUES RÉELLES

un+1
Cas où n→+∞
lim = l > 1.
un
un+1
l étant stri tement supérieur à 1, il existe un rang m à partir duquel , >1
un
et omme un > 0, en en déduit que la suite (un) est roissante, au moins à partir
du rang m, et don ne peut pas onverger vers 0 : la série {un} diverge grossièrement.

Remarques :  
• Si l = 1 ou si un+1
un
n'a pas de limite, on ne peut rien on lure.
n≥0
• Si une série onverge, le ritère de d'Alembert ne permet pas de onnaitre la
valeur vers laquelle onverge la série.
• La règle de d'Alembert est bien adaptée aux as où un s'exprime à l'aide de
produits ou de quotients, en parti ulier quand un ontient des puissan es ou
des fa torielles.

Exemple 1 :
où le ritère de d'Alembert permet
n!
de on lure une divergen e
Soit la série de terme général un = pour n ∈ N.
28n

Exemple 2 :
où le ritère de d'Alembert permet
n+1
de on lure une onverge
Soit la série de terme général un = n pour n ∈ N.
2
Pour tout n ∈ N, un > 0.
un+1 n + 2 2n n+2 1 + 2/n
Pour tout n ∈ N, = n+1 = = .
un 2 n+1 2n + 2 2 + 2/n
u 1
On en déduit que lim n+1 = < 1 don d'après la règle de d'Alembert, la série
n→+∞ un 2
{un }n≥0 onverge.

Exemple 3 :où le ritère de d'Alembert ne permet pas de on lure :


absen e de limite pour u et onvergen e de la série
u n+1

n
2 + (−1)n
Soit la série de terme général un = pour n ∈ N.
2n

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CHAPITRE 5. NOTIONS DE BASE SUR LES SÉRIES

Pour tout n ∈ N, un > 0.


un+1 2 + (−1)n+1 2n 1 2 + (−1)n+1 u
Pour tout n ∈ N, = n+1 n
= × n
don n+1 n'a
un 2 2 + (−1) 2 2 + (−1) un
un+1 1 3
pas de limite puisque est alternativement égal à (n pair) ou (n impair).
un 6 2
Le ritère de d'Alembert ne permet don pas de on lure sur la onvergen e ou di-
vergen e de ette série.

Essayons par omparaison :

où le ritère
Exemple 4 : de d'Alembert ne permet pas de on lure :
absen e de limite pour u et divergen e de la série
u n+1

n
Soit la série de terme général un = 2 + (−1)n pour n ∈ N.
Pour tout n ∈ N, un > 0.
un+1 2 + (−1)n+1
I i = n'a pas de limite puisque prend alternativement les valeurs
un 2 + (−1)n
1
et 3. Le ritère de d'Alembert ne permet don pas de on lure sur la onvergen e
3
ou divergen e de ette série.
On her he don une méthode alternative : on remarque que la série la série {un}
diverge grossièrement : lim un 6= 0.
n→+∞
Il vaut mieux ommen er par vérier ette propriété !

série harmonique
Exemple 5 :
où le ritère de d'Alembert ne permet pas de on lure : limite pour uu n+1

égale à 1 et divergen e de la série


1
n

Soit la série de terme général un = pour n ∈ N∗ .


n
Pour tout n ∈ N∗ , un > 0.
u n
I i lim n+1 = lim = 1 : le ritère de d'Alembert ne permet pas de
n→+∞ un n→+∞ n + 1
on lure.
On sait ependant que la série harmonique diverge (voir première partie du ours).

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I. SÉRIES NUMÉRIQUES RÉELLES

Exemple 6 :
où le ritère de d'Alembert ne permet pas de on lure : limite pour uu n+1

égale à 1 et onvergen e de la série n

1
Soit la série de terme général un = 2 pour n ∈ N∗ .
n
Pour tout n ∈ N∗ , un > 0.
un+1 n2
I i lim = lim = 1 : le ritère de d'Alembert ne permet pas de
n→+∞ un n→+∞ (n + 1)2
on lure.
Essayons par omparaison série-intégrale :

Dénition :
Soit α un réel xé.
1
On appelle série de Riemann la série de terme général un = , n ∈ N∗ .

Propriété :
La série de Riemann onverge si et seulement si α > 1.

Démonstration :
(remarque : le ritère de d'Alembert ne permet pas de on lure)

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CHAPITRE 5. NOTIONS DE BASE SUR LES SÉRIES

De l'étude des séries de Riemann et du théorème de omparaison, on déduit un


autre ritère de onvergen e des séries positives :

Propriété : Règle nα un ou ritère de Riemann


Soit {un}n≥n0 une série à termes positifs.
S'il existe un réel α ∈]1; +∞[ tel que lim nα un = 0 alors la série {un}n≥n0 onverge.
n→+∞

Démonstration :
Si il existe un réel α ∈]1; +∞[ tel que lim nα un = 0 alors à partir d'un ertain
n→+∞
1
rang m, 0 ≤ n un ≤ 1, par onséquent, pour n ≥ m, un ≤
α
.

N
X m−1
X XN
1
On en déduit que, pour N assez grand, 0 ≤ un ≤ un + α
.
n=n0 n=n0 n=m
n
La première somme du membre de droite est onstante et la se onde onverge lorsque
α > 1 omme série de Riemann, la suite des sommes partielles de {un } série à termes
positifs est don majorée, don {un} onverge (lemme).

Exemple :
ln(n)
La série de terme général un = 2 , pour n ≥ 1 onverge.
n
En eet, .

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I. SÉRIES NUMÉRIQUES RÉELLES

Dénition :
Soit α et β deux réels xés.
1
On appelle série de Bertrand la série de terme général un = , n ≥ 2.
nα (ln n)β
Propriété : (admise)
La série de Bertrand onverge si et seulement si α > 1 (et β quel onque) ou si α = 1
et β > 1. (il y a divergen e dans tous les autres as).

Rappels : Si vn ne s'annule pas à partir d'un ertain rang, alors un ∼ vn (un


u
est équivalent à vn ) au voisinage de +∞ si et seulement si lim n = 1.
n→+∞ vn
Au voisinage de +∞, un polynme est équivalent à son terme de plus haut degré.
Au voisinage de +∞, une fon tion rationnelle est équivalent au quotient des termes
de plus haut degré.

Théorème : théorème d'équivalen e


Soient {un} et {vn } deux séries réelles.
Si vn et un sont à signes onstants à partir d'un ertain rang, et si un ∼ vn au
voisinage de +∞, alors les séries{un } et {vn} sont de même nature.

Exemple :
1 1
La série de terme général un = diverge. En eet équivaut en +∞ à
1 + 5n 1 + 5n
1 1 1
× or est le terme général de la série harmonique qui diverge.
5 n n
n4 + 3n − 7 n4 + 3n − 7
La série de terme général un = 7 onverge. En eet 7 équivaut
n − 5n + 8 n − 5n + 8
1
en +∞ à 3 qui onverge omme série de Riemann ave α = 3 > 1.
n

I.4 Séries alternées


Dénition :
La série {un} est dite alternée si et seulement si pour tout n, un et un+1 sont de
signes diérents.

Exemple : {(−1)n e−n } et {cos(nπ)} sont alternées ; {cos(n)} n'est pas alternée.

Propriété : théorème spé ial aux séries alternées (TSSA) (admis)


Soit {un} une série alternée réelle.
Si la suite (|un|) est dé roissante à partir d'un ertain rang et si lim |un| = 0 alors
n→+∞
la série {un} onverge.

Exemple :
(−1)n
Soit la série de terme général un = pour n ∈ N∗ .
n2
1
Puisque |un| = , on a i i deux façons de on lure :
n2

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CHAPITRE 5. NOTIONS DE BASE SUR LES SÉRIES

1) la série {|un|} est onvergente omme série de Riemann ave α = 2 > 1, don la
série {un } est absolument onvergente don elle est onvergente.
1
2) |un| = 2 est le terme général d'une suite dé roissante qui tend vers 0, don
n
d'après le TSSA, la série {un} est onvergente.

II Séries de fon tions

Dans la partie I, nous avons étudié la onvergen e des séries numériques, 'est-à-
dire des sommes de réels. Cependant dans le hapitre pré édent, nous avons ren ontré
des sommes de fon tions, du type :
+∞
7 X −12
e−((2n+1)π) αt cos((2n + 1)πx).
2
u(x, t) = + 2 2
2 n=0 (2n + 1) π
+∞
X
Considérons don , pour n ≥ n0 , des fon tions fn et posons f = fn .
n=n0
Les questions qui se posent sont alors :
Sur quel ensemble f a-t-elle un sens ? Autrement dit, quel est son ensemble de dé-
+∞
X
nition, pour quels réels x, la série numérique fn (x) onverge-t-elle ?
n=n0
Et une fois que l'on onnait l'ensemble de dénition de f , que peut-on dire de ette
fon tion ? Est-elle ontinue ? Dérivable ? Intégrable ? Comment al ule-t-on ses li-
mites ? Hérite-elle des propriétés des fon tions fn ?

Dénition :
Soit (fn )n≥n0 une suite de fon tions toutes dénies sur un même intervalle I .
La série de fon tions {fn }n≥n0 est la suite (SN )n≥n0 des sommes partielles
N
X
SN = fn .
n=n0

Remarque :
(SN ) est une suite de fon tions et (SN (x)), pour x donné, est une suite de nombres ;
{fn } est une série de fon tions (objet de ette partie du ours) et, pour x xé,
{fn (x)} est une série numérique (objet de la première partie du ours).

II.1 Convergen e simple


Dénition :
Soit x0 un réel xé.
La série de fon tions {fn}n≥n0 onverge simplement en x0 si et seulement si la
série numérique {fn (x0 )}n≥n0 onverge.
Puisqu'il s'agit de la onvergen e en un point x0 , on dit aussi que {fn }n≥n0 onverge
pon tuellement en x0 .

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 80/113


II. SÉRIES DE FONCTIONS

Dénition :
La série de fon tions {fn}n≥n0 onverge simplement ( vs) ou pon tuellement
sur I si et seulement si, pour haque x0 ∈ I , la série numérique {fn (x0 )}n≥n0
onverge.
On peut alors dénir la fon tion-somme f qui à tout x ∈ I asso ie le réel
+∞
X
f (x) = fn (x).
n=n0

Exemple 1 :
Considérons la série de fon tions {fn }n≥1 , où, pour n ≥ 1, fn est dénie sur ]0; 1]
par fn (x) = xn−1 ln(x)(nx − n + 1).
On peut montrer que pour tout x ∈]0; 1], la série numérique {fn (x)}n≥1 onverge
vers 0, ela signie que la série de fon tions {fn }n≥1 onverge simplement sur ]0; 1]
vers la fon tion nulle. La fon tion-somme f est don la fon tion nulle.

En eet (détails à lire à son rythme hez soi) :


Montrons que ette série onverge simplement sur ]0; 1] :
Soit x ∈]0; 1] (quel onque mais xé pour tout e qui suit).
Étudions la suite des sommes partielles. Soit N ≥ 1.
N
X N
X 
SN (x) = xn−1 ln(x)(nx − n + 1) = nxn ln(x) − (n − 1)xn−1 ln(x)
n=1 n=1
On re onnait une somme téles opique et nalement SN (x) = N xN ln(x)
Déterminons la limite de SN (x) lorsque N tend vers +∞ :
Si x = 1, SN (1) = 0 don lim SN (1) = 0.
N →+∞
Si x ∈]0; 1[, on doit lever une forme indéterminé ar N → +∞ et xN → 0.
ln(N) 1
N ln(x) +1
SN (x) = N xN ln(x) = eln(N )+N ln(x) ln(x) = e N ln(x)
ln(x).
or limN →+∞ N = 0 par roissan e omparée, don on a limN →+∞ ln(N
ln(N )
N ln(x) + 1 = 1.
) 1
 
ln(N) 1
N ln(x) +1
Ainsi lim e N ln(x)
= 0 et don lim SN (x) = 0
N →+∞ N →+∞
(on rappelle que ln(x) a une valeur xée et que 'est N qui varie).

Figure : ourbes de f et de sommes partielles pour les exemples 1 et 2.

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 81/113


CHAPITRE 5. NOTIONS DE BASE SUR LES SÉRIES

Exemple 2 :
Considérons la série de fon tions {fn }n≥1 , où, pour n ≥ 1, fn est dénie sur R par
sin(nx)
fn (x) = .
n3
Contrairement à l'exemple 1, on peut fa ilement montrer que {fn }n≥1 onverge sim-
plement sur R et don que la fon tion-somme f est dénie sur R, ependant on ne
+∞
X sin(nx)
sait pas donner une expression de f autre que f : x 7→ .
n=1
n3
En eet : (détails à lire à son rythme hez soi)
Soit x ∈ R (quel onque mais xé pour tout e qui suit).
1 1
Pour tout n > 0 , 0 ≤ |fn (x)| ≤ 3 or 3 est le terme général d'une série de Riemann
n n
onvergente, ar α = 3 > 1, don par omparaison la série numérique {fn (x)}n≥1 onverge
absolument don onverge.
Ainsi la série de fon tion {fn }n≥1 onverge simplement sur R.
(Sur la gure pré édente, S5 et S10 sont superposées, la onvergen e est très rapide, on pourra
onsidérer que la ourbe de f et de S10 se onfondent.)

Remarque :
On peut étudier la onvergen e d'une série de fon tion, sans for ément onnaitre
expli itement la fon tion-somme.

Propriété :
La onvergen e pon tuelle, ou onvergen e simple, peut se reformuler ainsi :
La série de fon tions {fn }n≥n0 onverge
simplement
! ( vs) sur I vers f si et seulement
X
N

si pour haque x xé de I , lim fn (x) − f (x) = 0.
N →+∞
n=n0

Remarque :
Graphiquement, la onvergen e simple signie qu'à la verti ale de haque abs isse
x, la ourbe de SN nit par s'appro her de la ourbe de f .

Exemple 3 : (admis)
La série de fon tion {fn }n≥0 , où f0 : x 7→ 32 et pour n > 0
n −1)
fn : x 7→ 2((−1)
(nπ)2
cos (nπx), onverge simplement sur [0; 1] vers f : x 7→ x + 1.
+∞
3 X 2 ((−1)n − 1)
Autrement dit, pour tout x ∈ [0; 1], f (x) = + cos (nπx).
2 (nπ)2
n=1

Exemple 4 : (admis)
2 − 4(−1)n
La série de fon tion {fn }n≥1 , où fn : x 7→ sin (nπx) onverge simplement
 nπ

 0 si x = 0
sur [0; 1] vers f : x 7→ 1 + x si 0 < x < 1


0 si x = 1
+∞
X 2 − 4(−1)n
Autrement dit, pour tout x ∈ [0; 1], f (x) = sin (nπx).

n=1

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 82/113


II. SÉRIES DE FONCTIONS

Figure : ourbes de f et de sommes partielles pour les exemples 3 et 4.

Remarque :
La onvergen e simple n'assure pas de propriété parti ulière à la fon tion somme.
Dans les exemples 3 et 4, on additionne des fon tions ontinues et même inniment
dérivables sur [0; 1] (fon tions trigonométriques), et pourtant dans l'exemple 4, la
fon tion-somme est dis ontinue !
Graphiquement, sur les diérents exemples, on observe que les onvergen es ne sont
pas toutes "uniformes" : sur les exemples 2 et 3, la onvergen e est homogène, ra-
pide, "uniforme" ; par ontre sur les exemples 1 et 4, on observe des pi s ou des
os illations qui se dé alent de plus en plus vers les bords mais qui existent quelque
soit la valeur de N hoisie. Il faut don aner la notion de onvergen e...

II.2 Convergen e uniforme


Dénition :
On dit que la série {fn }n≥n0 onverge
uniformément
! ( vu) sur I vers la fon tion f
X
N

si et seulement si, lim sup fn (x) − f (x) = lim sup |SN (x) − f (x)| = 0
N →+∞ x∈I N →+∞ x∈I
n=n0

Propriété :
La onvergen e uniforme sur I entraine la onvergen e simple sur I .
(Attention, la ré iproque est fausse).

Remarque :
Graphiquement, la onvergen e uniforme se visualise sur tout l'intervalle I : toutes
les ourbes se rappro hent "uniformément" de la ourbe de f .

Retour sur l'exemple 1 : (détails à lire à son rythme hez soi)


On a vu que la série {fn }n≥1 , où fn (x) = xn−1 ln(x)(nx − n + 1) pour x ∈]0; 1], onverge
simplement sur I =]0; 1] vers la fon tion nulle. Voyons si ette onvergen e est uniforme.
Cher hons
la valeur
! de
X
N

sup fn (x) − 0 = sup |SN (x) − 0| = sup N xN ln(x)
x∈]0;1]
n=1
x∈]0;1] x∈]0;1]

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 83/113


CHAPITRE 5. NOTIONS DE BASE SUR LES SÉRIES

SN : x 7→ N xN ln(x) est dérivable sur ]0; 1] et pour tout x ∈]0; 1],


SN′ (x) = N 2 xN −1 ln(x) + N xN −1 = N xN −1 (N ln(x) + 1)

Puisque x > 0 et N > 0, SN′ (x) est du signe de N ln(x) + 1


On en déduit que SN est stri tement dé roissante sur ]0; e−1/N ] et stri tement roissante
sur [e−1/N ; 1].
Puisque lim SN (x) = 0 et SN (1) = 0 et SN (e−1/N ) = −e−1 , on en déduit que sup |N xN ln(x)| =
x→0 x∈I
| min{N xN ln(x)}| = e−1 (faire un tableau de variations).
x∈I
!
X N

Ainsi lim sup fn (x) − f (x) = e−1 6= 0 don la onvergen e de {fn } vers la
N →+∞ x∈I
n=1
fon tion nulle n'est pas uniforme sur ]0; 1].

Remarque :
Contrairement à la onvergen e simple qui ne onsidère la onvergen e que "point
par point", la onvergen e uniforme onsidère la onvergen e de manière globale sur
tout l'intervalle I : la propriété de onvergen e uniforme dépend don de l'intervalle
sur lequel on se pla e.

La onvergen e uniforme est di ile à prouver et manipuler, en pratique on


testera un troisième type de onvergen e, plus forte, qui implique la onvergen e
uniforme : la onvergen e "normale" (= en "norme innie"). On ne détaillera pas
ette notion i i, on gardera simplement la ondition susante suivante :

Propriété : ritère de Weierstrass (ou M-test de Weierstrass)


S'il existe une série numérique stri tement positive {un} onvergente telle que pour
tout n et pour tout x ∈ I , |fn (x)| ≤ un , alors la série {fn} onverge uniformément
sur I .

Remarques :
{un } est une série numérique don indépendante de x !
Ce ritère est une ondition susante et non né essaire.

Retour sur l'exemple 2 :


La manière dont on a montré la onvergen e simple de l'exemple 2, permet de
on lure que, d'après le ritère de Weierstrass, la onvergen e est uniforme.

Exemple :
On admettra que l'exemple 3 onverge uniformément alors que l'exemple 4 ne
onverge pas uniformément.

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II. SÉRIES DE FONCTIONS

II.3 Propriétés de la fon tion somme


Les propriétés suivantes sont admises :

Propriété : inversion somme-limite


Si la série de fon tions {fn }n≥n0 onverge uniformément sur I vers la fon tion f , et
si pour tout n ≥ n0 , fn a une limite ln en a, où a appartient à I ou est l'une de ses
+∞
X +∞
X +∞
X +∞
X
bornes, alors ln onverge et lim fn (x) = lim fn (x) = ln .
x→a x→a
n=n0 n=n0 n=n0 n=n0

Remarque :
Cette propriété peut être utilisée pour démontrer par l'absurde qu'une série de fon -
tion ne onverge pas uniformément : si les fon tions fn ont toutes une limite en a et
que la série {fn (a)} ne onverge pas alors la onvergen e de la série {fn } n'est pas
uniforme.

Propriété : ontinuité
Si la série de fon tions {fn }n≥n0 onverge uniformément sur I vers la fon tion f , et
+∞
X
si pour tout n ≥ n0 , fn est ontinue en a ∈ I , alors f = fn est ontinue en a.
n=n0

Conséquen e :
Si la série de fon tions {fn }n≥n0 onverge uniformément sur I vers la fon tion f , et
si pour tout n, fn est ontinue sur I , alors f est ontinue sur I .

Remarque :
Si une série de fon tions ontinues onverge vers une fon tion dis ontinue, la onver-
gen e ne peut don pas être uniforme mais seulement pon tuelle.

Propriété : inversion somme-intégrale


Si la série de fon tions {fn }n≥n0 onverge uniformément sur I vers la fon tion f , et
+∞
X
si pour tout n ≥ n0 , fn est ontinue sur [a, b], alors f = fn est intégrable sur
n=n0
[a, b] ave :
Z b Z bX
+∞ +∞ Z b
X
f (x)dx = fn (x)dx = fn (x)dx
a a n=0 n=0 a

Propriété : inversion somme-dérivée


Si, sur I , la série de fon tions {fn }n≥n0 onverge simplement vers la fon tion f , si
pour tout n ≥ n0 , fn est dérivable, et si la série de fon tions {fn′ }n≥n0 onverge
uniformément vers une ! fon tion g alors f est dérivable et
+∞ ′ +∞
X X

f (x) = fn (x) = fn′ (x) = g(x)
n=n0 n=n0

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CHAPITRE 5. NOTIONS DE BASE SUR LES SÉRIES

Exemple : Etude de l'exemple 2 :


Considérons la série de fon tions {fn }n≥1 , où, pour n ≥ 1, fn est dénie sur R par
X +∞
sin(nx)
fn (x) = . Notons f la fon tion-somme dénie par f (x) = fn (x).
n3 n=1

Ensemble de dénition :

Continuité :

Dérivabilité :

III Série de Fourier

III.1 Coe ients et série de Fourier


Parmi les séries de fon tions, ertaines séries ont un rle parti ulier, 'est le as
des séries de Fourier.

Dénition : (rappel hap 2)


Une fon tion f est ontinue par mor eaux sur un intervalle I , si f est ontinue
sur I sauf en un nombre ni de points ai ∈ I mais où limx→a−i f (x) et limx→a+i f (x)
existent et sont nies.

Dénition :
Une fon tion f : R → R est L-périodique, L réel stri tement positif, si pour tout
x ∈ R, f (x + L) = f (x).

Dénition :
Une fon tion L-périodique est dite ontinue par mor eaux sur R si elle est
ontinue par mor eaux sur tout intervalle de longueur L.

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III. SÉRIE DE FOURIER

Dénition :
Soit f une fon tion L-périodique et ontinue par mor eaux sur R. On appelle
série de Fourier de f , la série :
+∞    
f a0 X 2πnx 2πnx
S (x) = + an cos + bn sin
2 n=1
L L

où Z  
L
2 2πnx
∀n ∈ N, an = f (x) cos dx
L 0 L
et Z  
L
∗ 2 2πnx
∀n ∈ N , bn = f (x) sin dx
L 0 L
Propriété :
Si f est impaire, alors

Si f est paire, alors

Démonstration :
Si f uneZfon tion L-périodique
  et ontinue
Z
par mor eaux
 alors

2 L 2πnx 2 L/2 2πnx
an = f (x) cos dx = f (x) cos dx
L 0 L L −L/2 L
Z   Z  
2 0 2πnx 2 L/2 2πnx
= f (x) cos dx + f (x) cos dx
L −L/2 L L 0 L
Z   Z  
2 0 2πnx 2 L/2 2πnx
= f (−x) cos − (−1)dx + f (x) cos dx
L L/2 L L 0 L
Z  
2 L/2 2πnx
= (f (x) + f (−x)) cos dx ar cosinus est paire.
L 0 L
et Z   Z  
2 L 2πnx 2 L/2 2πnx
bn = f (x) sin dx = f (x) sin dx
L 0 L L −L/2 L
Z   Z  
2 0 2πnx 2 L/2 2πnx
= f (x) sin dx + f (x) sin dx
L −L/2 L L 0 L
Z   Z  
2 0 2πnx 2 L/2 2πnx
= f (−x) sin − (−1)dx + f (x) sin dx
L L/2 L L 0 L
Z  
2 L/2 2πnx
= (f (x) − f (−x)) sin dx ar sinus est impaire.
L 0 L
Si f est impaire, alors pour tout x, f (−x) = −f (x) d'où les résultats.
Si f est paire, alors pour tout x, f (−x) = f (x) d'où les résultats.

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CHAPITRE 5. NOTIONS DE BASE SUR LES SÉRIES

Exemple : (signal arré) 


 1 si x ∈ [0; 1[
On onsidère la fon tion 2-périodique dénie par f (x) =
 −1 si x ∈ [1; 2[

−2 −1 1 2 3 4 5

−1

Cal ul des oe ients de Fourier de f :


f est ontinue par mor eaux et 2-périodique, ses oe ients de Fourier existent et

Remarque :
Puisque le al ul d'une intégrale d'une fon tion ontinue par mor eaux ne dépend
pas des valeurs prises aux points de dis ontinuité, il sut que les deux fon tions
ne dièrent qu'en un nombre ni de points (isolés) sur une période (on dit que es
fon tions sont égales presque partout ) pour qu'elles aient la même série de Fourier.

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III. SÉRIE DE FOURIER

Interprétations des termes



d'une série deFourier

:
X +∞
a 2πnx 2πnx
Soit S (x) = 0 +
f
an cos + bn sin .
2 n=1
L L
Z

a0
2
=
1 L
L 0
f (x)dx est la valeur moyennede f sur un intervalle quel onque de
longueur L.    
• Pour n > 0, les termes an cos
2πnx
+ bn sin
2πnx
sont appelés harmo-
niques
L L
de f de rang n. Pour n = 1, il s'agit du fondamental.

Lien ave le hapitre pré édent :


• Dans l'exemple "équation de diusion dans le as homogène ave CL de Neuman
sur l'intervalle [0; 1]" du hap. 4, on a dé omposé la ondition initiale f : x 7→ 3x + 2
+∞
7 X 3 ((−1)n − 1)
dans la base des fon tions propres et on a obtenu + cos (nπx).
2 n=1 n2 π 2
Les oe ients de ette dé omposition ont été al ulés grâ e à la propriété d'ortho-
gonalité des fon tions propres : Kn = <cos(nπx)|cos(nπx)>
<f (x)|cos(nπx)>
, 'est-à-dire
R1
Kn = kcos(nπx)k2 0 f (x) cos(nπx)dx, autrement-dit :
1
R1 R
2/2 
pour n = 0, K0 = 0 f (x) cos(nπx)dx ⇔ 2K0 = 2×1 4
0
f (x) cos 2nπx
2
dx
R1 R 2/2 
et, pour n > 0, Kn = 2 0 f (x) cos(nπx)dx = 2×1 4
0
f (x) cos 2nπx
2
dx
On re onnait les oe ients de Fourier an pour la fon tion f obtenue à partir de f
˜
par prolongation paire et 2-périodique ( f. formules des oe. suivant la parité).
• De même, dans une méthode de séparation des variables d'un problème déni sur 
[0; L], la dé omposition d'une fon tion f dans la base des fon tions propres sin nπx
L
,
n ∈ N , orrespond à la dé omposition en série de Fourier de f prolongée par impa-

rité et 2L-périodi ité.


• Dans l'exemple en oordonnées ylindriques, la dé omposition du problème se fai-
sait à l'aide de fon tions de Bessel, on parle alors de séries de Fourier généralisées.
Le prin ipe est le même mais nous ne le détaillerons pas davantage dans e ours.

Con ernant la rigueur mathématique de la méthode du hap. 4 :


Quand a-t-on égalité entre f et sa proje tion dans l'espa e des fon tions propres ?
Autrement dit, quand a-t-on égalité entre une fon tion f et sa série de Fourier ?
En termes de séries : est- e que la série de Fourier de f onverge vers f et si oui,
est- e simplement ou uniformément ?

III.2 Convergen e pon tuelle et uniforme


Dénition :
Une fon tion est C 1 par mor eaux sur [a, b] s'il existe une subdivision
a = a0 ≤ a1 ≤ ... ≤ an = b de l'intervalle [a; b] en un nombre ni de sous-intervalles
]ai−1 ; ai [, i = 1..n, telle que sur tout intervalle ]ai−1 ; ai [, f et f ′ soient ontinues et
admettent des limites nies en ai−1 et ai .

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CHAPITRE 5. NOTIONS DE BASE SUR LES SÉRIES

Exemple :
La fon tion
 f dénie sur [0; 2] par 1
 x si x ∈ [0; 1]
f (x) =
 −x + 2 si x ∈]1; 2]
−1 1 2
est ontinue et C 1 par mor eaux. −1

Observation pour le signal arré : PN


Valeurs (à 10−4 près) des sommes partielles SNf (x) = 4
k=0 (2k+1)π sin ((2k + 1)πx) :
x −0, 5 −0, 001 0 0, 001 0, 5
S1f (x) −0, 8488 −0, 0079 0 0, 0079 0, 8488
f
S10 (x) −1, 0289 −0, 0439 0 0, 0439 1, 0289
f
S20 (x) −1, 0151 −0, 0839 0 0, 0839 1, 0151
f
S1000 (x) −1, 0003 −0, 9028 0 0, 9028 1, 0003

f (x) −1 −1 −1 1 1

On remarque que la série de Fourier de la fon tion signal- arré onverge vers
−1 + 1
0= si x = 0 et vers f (x) pour les autres valeurs de x.
2
Dénition :
Soit f une fon tion ontinue par mor eaux sur R. On appelle régularisée de f la
lim+ f (t) + lim− f (t) f (x+ ) + f (x− )
fon tion f˜ dénie sur R par f˜(x) = t→x t→x
= .
2 2
Propriété :
Si f est ontinue alors f est égale à sa régularisée.

Théorème : théorème de Diri hlet (admis)


Soit f une fon tion L-périodique et ontinue par mor eaux dont la série de Fourier
est S f (x).

Exemple : (signal arré)


La fon tion signal arré est C 1 par mor eaux et 2-périodique, don d'après le théo-
rème de Diri hlet,

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III. SÉRIE DE FOURIER

Conséquen e :
Si f est L-périodique et C1 par mor eaux alors elle est égale à sa série de Fourier
partout où elle est ontinue.

Propriété : (admis)
Si f est une fon tion L-périodique, ontinue et C 1 par mor eaux, alors sa série de
Fourier onverge uniformément vers f sur R.

Observation aux points de dis ontinuité : Phénomène de Gibbs


On a al ulé pré édemment les oe ients de Fourier du signal arré et on a vérié
que le théorème de Diri hlet assure la onvergen e pon tuelle de la série.
On représente i-dessous les sommes partielles
P
k=0 (2k+1)π sin ((2k + 1)πx) pour N = 3, N = 10, N = 25 et N = 50.
N 4

On remarque que dans les intervalles où la fon tion est ontinue, en ex luant le
voisinage des dis ontinuités, on ne ren ontre au un problème.
Par ontre, autour d'un point de dis ontinuité, on observe des os illations de SNf .
A mesure que N devient grand, l'intervalle sur lequel on observe es os illations est
de plus en plus petit mais l'amplitude de elles- i ne tend pas vers 0 et n'est pas
négligeable par rapport à l'amplitude de la dis ontinuité.
Expli ation : Pour que le graphe de SNf onverge vers elui de f , il faudrait que
la série onverge uniformément vers f . Or si la série de Fourier S f onvergeait
uniformément vers f , f serait ontinue, e qui n'est pas le as.
On observe don i i le fait que la onvergen e de S f vers f est simple mais non
N
X
uniforme : sup | fn (x) − f (x)| ne tend pas vers 0 ( e sont les "pi s").
x∈[0;2] n=0
Ce phénomène est appelé phénomène de Gibbs (1848).

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CHAPITRE 5. NOTIONS DE BASE SUR LES SÉRIES

III.3 Convergen e quadratique et formule de Parseval


On a remarqué pré édemment que la dé omposition d'une fon tion en série de
Fourier oïn ide ave la dé omposition d'une fon tion dans une base de fon tions
propres trigonométriques. En parti ulier, on sait que R es fon tions trigonométriques
sont orthogonales pour le produit s alaire < f |g >= 0L f (x)g(x)dx
p
.
A e produit s alaire on peut don asso ier la norme kf k2 = < f |f >.
Cette norme est appelée norme 2.

Que peut-on dire de la onvergen e de S f vers f mesurée grâ e à ette norme ?

Propriété : Convergen e quadratique (admise)

Remarques :
La propriété pré édente est vraie même si f n'est pas C 1 par mor eaux !
Cette propriété signie que si f est L-périodique et ontinue par mor eaux alors
elle est "égale presque partout" à sa série de Fourier (partout sauf aux points de
dis ontinuité).

Propriété : Formule de Parseval :


Pour tout fon tion f L-périodique et ontinue par mor eaux,
+∞
|a |2 X 
la série 0 + |an |2 + |bn |2 onverge et on a :
2 n=1

Démonstration :
On rappelle le théorème de Pythagore (qui reste valable dans un espa e hilbertien) :
si x et y sont deux éléments orthogonaux, alors ||x + y||2 = ||x||2 + ||y||2.
f − SN f
et SNf sont orthogonaux don , d'après le théorème de Pythagore,
kf k22 = k(f − SN f f 2
) + SN f 2
k2 = kf − SN k2 + kSN k2 or lim kf − SN
f 2 f
k2 = 0, don
N →+∞
f 2
lim kSN k2 = kf k22
N →+∞
RL
D'une part kf k22 =< f |f >= 0 f 2 (x)dx
D'autre part kSNf k22 =< SNf|SNf >   
P PN
=< a0
2
+ N an cos 2πnx
n=1  L 
+ bn sin 2πnx
L
| a20 + k=1 ak cos
2πkx
L
+ bk sin 2πkx
L
>
2
a0 L P N a2n L b2n L
= 4
+ n=1 2 + 2
a20 L P+∞  a2n L b2n L
 RL
ainsi , en passant à la limite 4
+ n=1 2
+ 2
= 0
f 2 (x)dx d'où le résultat.

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 92/113


III. SÉRIE DE FOURIER

Interprétation
Z : moyenne quadratique
L
1
f 2 (x)dx est l'énergie moyenne de f .
L 0
L'énergie totale de f s'obtient don en sommant les ontributions des diérentes
harmoniques.

Conséquen e :
Etant donné la onvergen e des séries pré édentes, lim an = lim bn = 0
n→+∞ n→+∞

La formule de Parseval peut servir à déterminer la somme de ertaines séries :


Exemple :
+∞
X 1
En utilisant la série de Fourier du signal arré, al uler .
n=0
(2n + 1)2

Remarque :
Une série trigonométrique, 'est-à-dire de sommes partielles de la forme
N    
a0 X 2πnx 2πnx
+ an cos + bn sin n'est pas for ément la série de Fourier
2 n=1
L L
d'une fon tion....

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 93/113


CHAPITRE 5. NOTIONS DE BASE SUR LES SÉRIES

Notes personnelles :

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 94/113


Chapitre 6

Transformée de Fourier

I Introdu tion : appro he intuitive

Considérons une barre homogène alorifugée de longueur innie de sorte que la


température au sein de ette barre ne dépend que d'une seule dimension spatiale et
du temps. La répartition initiale de la température est donnée par une fon tion f
dénie sur R. On suppose de plus que la température reste bornée : |u(x, t)| < +∞
pour tout x et pour tout t.

b
x
0

Le problème est don le suivant :




 ∂u ∂2u

 (x, t) − α (x, t) = 0 , t≥0 x∈R (1)
 ∂t ∂2x

 |u(x, t)| < +∞ , t≥0 x∈R (2)


 u(x, 0) = f (x) x∈R (3)

Contrairement aux problèmes ren ontrés dans le hapitre 4, le domaine spatial


est i i inni. Voyons e que l'on obtient si on essaye une séparation des variables :

On her he une solution non triviale de la forme u(x, t) = X(x)T (t).

En remplaçant dans l'équation (1), on aboutit ( f. hap4) à


X ′′ (x) − λX(x) = 0 (E1) et à T ′ (t) − λαT (t) = 0 (E2).

D'après la ondition (2), |X(x)T (t)| reste bornée pour tout t et tout x, don X(x)
et T (t) restent également bornées ( ar ne dépendent pas de la même variable).
L'équation (E2) a une solution de la forme T (t) = Keλαt .
Comme T doit rester bornée, on a for ément λ ≤ 0.

95
CHAPITRE 6. TRANSFORMÉE DE FOURIER

Pour λ = 0, X(x) est de la forme X(x) = Ax + B qui n'est bornée que si A = 0,


don X(x) est onstante.
√ √
Pour λ < 0, X(x) est de la forme X(x) = A cos( −λx) + B sin( −λx) qui est
bornée quelque soit la valeur de λ < 0.

Ainsi tous les réels négatifs ou nuls sont valeurs propres du problème !
indénombrables
Cette fois, les valeurs propres sont (on ne peut plus les indexer
par n) : on ne peut plus supposer que la solution s'é rive sous la forme
d'une série. D'ailleurs, le domaine spatial étant inni, on ne peut plus onsidé-
rer la fon tion initiale f omme la restri tion d'une fon tion périodique, don on
ne peut plus la développer en série de Fourier. Se pose alors la question suivante :
Peut-on généraliser le développement en série de Fourier aux fon tions
non périodiques ?
Introduisons d'abord la notation exponentielle des séries de Fourier :

Soit f une fon tion L-périodique égale à sa série de Fourier :


+∞    
a0 X 2πnx 2πnx
Pour tout x ∈ R : f (x) = + an cos + bn sin
2 n=1
L L
Z L   Z L  
2 2πnx 2 2πnx
ave an = f (x) cos dx et bn = f (x) sin dx.
L 0 L L 0 L

Ave les formules d'Euler, on peut réé rire :


+∞ 2πn 2πn 2πn 2πn
a0 X ei L
x
+ e−i L
x
ei L
x
− e−i L
x
f (x)= + an + bn
2 n=1
2 2i
+∞ 2πn 2πn 2πn 2πn
a0 X ei L
x
+ e−i L
x
ei L
x
− e−i L
x
= + an − ibn
2 n=1
2 2
+∞
a0 X an − ibn i 2πn x an + ibn −i 2πn x
= + e L + e L
2 n=1
2 2
a0 a − ibn a + ibn
En posant c0 = et pour n ∈ N∗ cn = n et c−n = n , on obtient :
2 2 2
+∞
X
(série exponentielle de Fourier)
2πn
f (x) = cn ei L
x

n=−∞

Toujours ave les formules d'Euler et à partir des dénitions de an et bn , et en uti-


lisant la périodi ité, on établit (en exer i e !) que pour tout n ∈ Z :
Z L Z L/2
1 −i 2πn x 1 2πn
cn = f (x)e L dx ⇔ cn = f (x)e−i L
x
dx
L 0 L −L/2

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 96/113


I. INTRODUCTION : APPROCHE INTUITIVE

Généralisation aux fon tions non périodiques :

L'idée pour généraliser, est de onsidérer qu'une fon tion non périodique est une
"fon tion périodique de période innie" : l'idée est don de faire tendre L vers +∞.
+∞
X 2πn
f (x)= cn ei L
x

n=−∞

+∞ Z !
X 1 L/2
−i 2πn u 2πn
= f (u)e L du ei L
x

n=−∞
L −L/2

2πn 2π
Posons ξn = et δξ = ξn+1 − ξn = alors
L ! L
+∞
X Z
δξ L/2
f (x)= f (u)e−iξn u du eiξn x
n=−∞
2π −L/2

+∞ Z L/2 !
1 X
= f (u)e−iξn u du eiξn x δξ
2π n=−∞ −L/2

Faisons tendre maintenant L vers +∞ :

Z +∞ Z +∞ 
1 −iξu
f (x) = f (u)e du eiξx dξ (R1)
2π −∞ −∞

On introduit alors, si elle existe, la transformée de Fourier de f :


Z +∞
fb(ξ) = f (x)e−iξx dx
−∞

(généralisation des oe ients de Fourier)

et la transformée inverse :
Z +∞
1
f (x) = fb(ξ)eiξx dξ
2π −∞

(généralisation des séries de Fourier)

Questions :
1. Quelles sont les fon tions qui admettent une transformée de Fourier (TF) ?
2. Parmi elles, quelles sont elles qui admettent une transformée inverse ?
3. Quelles sont les propriétés de la transformée de Fourier ?
4. Comment exploiter les propriétés de la TF pour résoudre des EDP ?

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 97/113


CHAPITRE 6. TRANSFORMÉE DE FOURIER

II Transformée de Fourier d'une fon tion à une va-

riable réelle

II.1 Transformée de Fourier


f désigne une fon tion à variable réelle x et à valeurs dans R ou C.

Dénition :
Si elle existe, on appelle transformée de Fourier de f , la fon tion dénie sur R
et à valeur dans C dénie par :
Z +∞
F {f }(ξ) = fb(ξ) = f (x)e−iξx dx
−∞

Remarque :
Z +∞ Z c Z b
Il faut omprendre −iξx
f (x)e dx = lim −iξx
f (x)e dx+ lim f (x)e−iξx dx
−∞ a→−∞ a b→+∞ c
L'intégrale ne onverge pas né essairement, la transformée de Fourier n'existe pas
toujours.

Exemple : (
e−αx si x ≥ 0
Soit f la fon tion dénie sur R, pour α > 0, par f (x) =
0 si x < 0
La fon tion f admet une transformée de Fourier :

Remarque :
Si x est homogène à une longueur, alors ξ est homogène à l'inverse d'une longueur
(en ristallographie ξ est le ve teur d'onde et sa norme est le nombre d'onde).
Si x est homogène à un temps, alors ξ est homogène à une fréquen e.

Remarque :
fb est en général une fon tion à valeurs omplexes.

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II. TRANSFORMÉE DE FOURIER D'UNE FONCTION À UNE VARIABLE RÉELLE

Remarque :
Comme pour les séries de Fourier, on peut déduire de la parité de f des propriétés in-
téressantes : une fon tion paire admet une transformée de Fourier en osinus (partie
réelle de la transformée de Fourier) et une fon tion impaire admet une transformée
de Fourier en sinus (partie imaginaire de la transformée de Fourier). Ces notions ne
seront pas développées i i.

Propriété : Condition
Z
susante d'existen e
absolument intégrable ) alors
+∞
Si f est telle que |f (x)|dx < +∞ (f est dite
−∞
f admet une transformée de Fourier fb.

Z Démonstration
+∞
Z: +∞ Z +∞

f (x)e−iξx dx ≤ |f (x)e−iξx |dx = |f (x)|dx < +∞

−∞ −∞ −∞
par inégalité triangulaire
Z et ar pour tout
réel x, |e
−iξx | = 1.
Z
+∞ +∞
Finalement, puisque f (x)e−iξx dx onverge alors f (x)e−iξx dx onverge aussi.
−∞ −∞

Propriété : Cas parti ulier d'existen e :


Si f est ontinue par mor eaux et à support borné, 'est-à-dire f nulle en dehors d'un
intervalle ni [a; b] (fermé ou ouvert) appelé support de f , alors fb existe.

Exemple : Transformée de Fourier de la fon tion porte (ou re tangle)


 1 si |x| < a
Soit f la fon tion dénie sur R par f (x) = où a ∈ R+∗ .
 0 si |x| ≥ a
La fon tion f admet une transformée de Fourier :

fb
f
b b

−a a −a a

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CHAPITRE 6. TRANSFORMÉE DE FOURIER

Remarque :
Dans l'exemple pré édent, f est dis ontinue mais sa transformée de Fourier est onti-
nue.

Propriété : (admise)
Si f est absolument intégrable alors fb est ontinue, bornée et

lim fb(ξ) = 0
ξ→±∞

Remarque :
On montrera plus loin que plus une fon tion est régulière, plus sa transformée de
Fourier dé roit rapidement à l'inni.

Remarque :
Les onditions d'existen e pré édentes sont susantes mais pas né essaires...
La transformée de Fourier se généralise par exemple aux distributions (qui ne sont
pas des fon tions mais des "fon tions généralisées") omme l'impulsion de Dira .

Exemple : Transformée de Fourier de l'impulsion de Dira :

1
δ(t) b
δ(t)

( ette fois la transformée de Fourier ne tend pas vers 0 ...)

II.2 Transformée inverse de Fourier


Dénition :
Soit F une fon tion de variable réelle ξ et à valeur dans C.
Si elle existe, on appelle transformée inverse de Fourier de F la fon tion dénie
sur R par : Z +∞
−1 1
F {F }(x) = F (ξ)eiξx dξ
2π −∞

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II. TRANSFORMÉE DE FOURIER D'UNE FONCTION À UNE VARIABLE RÉELLE

Propriété :
Soit f une fon tion admettant une transformée de Fourier fb telle que F −1 {fb} existe :
Si f (déjà supposée intégrable) est ontinue
, alors pour tout réel x,

F −1 {fb}(x) = f (x)

Si f (déjà supposée intégrable) est ontinue par mor eaux et ne présente qu'un
nombre dénombrable de dis ontinuités sur R, alors pour tout réel x,

lim f (x′ ) + ′lim+ f (x′ )


F −1
{fb}(x) = x′ →x− x →x
2
Remarque :
La dénition de la transformée de Fourier n'est pas onventionnée : la relation (R1)
1
laissait par exemple libre de pla er la onstante multipli ative dans la dénition

de la transformée de Fourier ou de son inverse.
Il onvient don de faire attention lorsque l'on utilise un formulaire ou un logi iel
de al ul formel : les expressions données dépendent (à une onstante multipli ative
près) de la dénition hoisie !
Les dénitions les plus usitées sont les suivantes (nous adopterons la première) :
transformée de Fourier transformée inverse
Z +∞ Z +∞
−iξx −1 1
F {f }(ξ) = f (x)e dx F {F }(x) = F (ξ)eiξxdξ
−∞ 2π −∞
Z +∞ Z +∞
1
F {f }(ξ) = f (x)e−iξx dx −1
F {F }(x) = F (ξ)eiξx dξ
2π −∞ −∞
+∞ Z Z +∞
1 1
F {f }(ξ) = √ f (x)e−iξx dx −1
F {F }(x) = √ F (ξ)eiξx dξ
2π −∞ 2π −∞
Z +∞ Z +∞
F {f }(ξ) = f (x)e−i2πξx dx −1
F {F }(x) = F (ξ)ei2πξx dξ
−∞ −∞

II.3 Propriétés
Dans tout e paragraphe on suppose que f et g sont des fon tions qui admettent
une transformée de Fourier fb et gb .

Propriété : linéarité
Pour tous λ et µ onstantes, on a

F {λf + µg} = λfb + µb


g

Démonstration : dé oule de la linéarité de l'intégrale.

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CHAPITRE 6. TRANSFORMÉE DE FOURIER

Propriété : translation
Pour tout réel a,
F {f (x − a)}(ξ) = e−iaξ fb(ξ)
(A une translation de f (x) orrespond un déphasage de fb(ξ).)

DémonstrationZ : +∞
F {f (x − a)}(ξ) = f (x − a)e−iξx dx,
−∞
ave le hangementZde variables u = x − a, du =Z dx, on a :
+∞ +∞
F {f (x − a)}(ξ) = f (u)e−iξ(u+a) du = e−iξa f (u)e−iξu du = e−iξa fb(ξ)
−∞ −∞

Propriété : modulation
Pour tout réel ξ0 ,
F {eixξ0 f (x)}(ξ) = fb(ξ − ξ0 )
(A une modulation de f (x) orrespond une translation de fb(ξ).)

DémonstrationZ : +∞ Z +∞
F {e ixξ0
f (x)}(ξ) = eixξ0
f (x)e−iξx
dx = f (x)e−i(ξ−ξ0 )x dx = fb(ξ − ξ0 ).
−∞ −∞

Propriété : dilatation
Pour tout réel a 6= 0,
1 bξ
F {f (ax)}(ξ) = f( )
|a| a
(A une ompression de l'é helle des x ( hangement d'unité) orrespond une dilatation de l'é helle
des ξ , et inversement.)

Démonstration
Z :
+∞
F {f (ax)}(ξ) = f (ax)e−iξx dx,
−∞
ave le hangement de variables u = ax, du = adx, on a :
(les bornes dépendent
Z du signe de a d'où les Zvaleurs absolues)
+∞ +∞
−iξu/a 1 1 1 bξ
F {f (ax)}(ξ) = f (u)e du = f (u)e−i(ξ/a)u du = f( )
−∞ |a| |a| −∞ |a| a

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II. TRANSFORMÉE DE FOURIER D'UNE FONCTION À UNE VARIABLE RÉELLE

Propriété : produit et produit de onvolution


Si toutes les intégrales i-dessous onvergent :

F {f ⋆ g}(ξ) = fb(ξ)b
g (ξ)

et
1 b
F {f g}(ξ) = f ⋆b
g (ξ)

( La transformée de Fourier é hange onvolution et multipli ation des fon tions.)

Démonstration :
Première égalité : Z +∞
On rappelle que f ⋆ g(x) = f (x − u)g(u)du
−∞
En supposant toutes
Z +∞ les intégrales onvergentes
Z +∞ Z :+∞ 
−iξx
F {f ⋆ g}(ξ) = f ⋆ g(x)e dx = f (x − u)g(u)du e−iξx dx
−∞ −∞ −∞
OrZf et g sont
Zabsolument intégrables
 don le théorème de Fubini s'applique et :
+∞ +∞
= g(u) f (x − u)e−iξx dx du
−∞ −∞
ave
Z le hangement
Z de variable z =x − u : dz = dx
+∞ +∞
= g(u) f (z)e−iξ(z+u) dz du
Z−∞
+∞
−∞Z +∞ 
−iξu −iξz
= g(u)e f (z)e dz du
−∞
Z +∞  Z +∞
−∞ 
= g(t)e−iξu
du f (z)e−iξz
dz = fb(ξ)b
g(ξ)
−∞ −∞

Deuxième égalité : Z +∞
1
On rappelle que F {F }(x) =
−1
F (ξ)eiξxdξ
2π −∞
Alors : Z +∞
−1 1 b 1
F { f ⋆b g }(x) = 2
fb ⋆ gb(ξ)eiξx dξ
2π (2π) −∞
Z +∞ Z +∞ 
1
= 2
fb(ξ − u)b g(u)du eiξx dξ
(2π) −∞ −∞
En supposant
Z +∞ que toutes
Z +∞les intégrales onvergent,
 le théorème de Fubini implique
1
= g (u)
b fb(ξ − u)eiξx dξ du
(2π)2 −∞ −∞
ave le hangement
Z +∞ de variables z = ξ −u, dz = dξ :
Z +∞
1
= 2
g (u)
b fb(z)ei(z+u)x dz du
(2π) −∞ −∞
Z +∞ 
Z +∞
1 iux b izx
= 2
g (u)e
b f (z)e dz du
(2π)Z +∞
−∞  −∞ Z +∞ 
1 iux 1 b izx
= g (u)e du
b f (z)e dz = f (x)g(x)
2π −∞ 2π −∞

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CHAPITRE 6. TRANSFORMÉE DE FOURIER

Propriété : transformée d'une dérivée


Si f est dérivable et si f et f ′ admettent une transformée de Fourier alors :
lim f (x) = 0 et
x→±∞

F {f ′}(ξ) = iξ fb(ξ)
Démonstration :
On admet que lim f (x) = 0.
x→±∞
( e résultat n'est pas vrai pour toutes les fon tions intégrables sur R, il dé oule i i de l'intégrabilité
de f ′ )
Transformée de Fourier de la dérivée :

Existen e et valeur de la limite de f pour f ′ Zabsolument intégrable :


x
Puisque f est dérivable, on a f (x) = f (0) + f ′ (x)dx.
0 Z Z
+∞ 0
Comme f est absolument intégrable sur R, 'est-à-dire

|f ′ (x)|dx nie, on aura aussi |f ′ (x)|dx
−∞ −∞
Z +∞ Z 0 Z +∞
et |f (x)|dx nies don

f (x)dx et

f (x)dx nies

0 −∞ 0
On en déduit que la limite de f (x) quand x tend vers ±∞ existe, est nie.
Notons ℓ la limite en +∞.
Si ℓ > 0, alors pour tout réel ǫ > 0 (petit) arbitrairement hoisi de manière à e que ℓ − ǫ > 0, il
Z b Z b
existe un seuil A > 0 tel que pour x > A on a ℓ−ǫ < f (x) < ℓ+ǫ et don (ℓ−ǫ)dx ≤ f (x)dx.
A A
Or l'intégrale de gau he ne onverge pas lorsque b → +∞ don f n'est pas intégrable e qui est
ontradi toire ave les hypothèses.
On ex lut de même ℓ < 0 et on en déduit que ℓ ne peut que être nulle.
Même type de raisonnement pour la limite en −∞.

Propriété :
Si f est n fois dérivable et si f et ses dérivées admettent une transformée de Fourier
alors : lim f (x) = 0 et
x→±∞

F {f (n) }(ξ) = (iξ)n fb(ξ)

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II. TRANSFORMÉE DE FOURIER D'UNE FONCTION À UNE VARIABLE RÉELLE

Remarque :
Z +∞
D'après la propriété pré édente : F {f (n)
}(ξ) = (iξ) fb(ξ) ⇔ (iξ)n fb(ξ) =
n
f (n) (x)eiξx dx
Z −∞
+∞
don |ξ| |fb(ξ)| ≤
n
|f (n) (x)|dx.
−∞
Ainsi plus f est dérivable à dérivées absolument intégrales,
  plus sa transformée de
1
Fourier dé roit rapidement vers 0 en +∞ : fb(ξ) = o .
ξn

Généralisation du théorème de Parseval vu pour les séries de Fourier :

Théorème : théorème de Parseval (admis) :


Si f est de arré intégrable alors
Z +∞ Z +∞
1
2
|f (x)| dx = |fb(ξ)|2 dξ
−∞ 2π −∞

Remarque :
Z +∞
En physique |f (x)|2 dx est homogène à une énergie !
−∞

II.4 Remarque : extension de la transformée de Fourier


On a vu au début de e hapitre qu'une ondition susante d'existen e de la
transformée de Fourier est que la fon tion soit absolument intégrable. Or e ri-
tère est très restri tif et ex lut ertaines fon tions très simples omme les fon tions
onstantes ou sinus et osinus...

Par exemple, soit f dénie par f (x) =


Z k où k onstante réelle non nulle.
+∞
f n'est pas absolument onvergente ar kdx ne onverge pas si k 6= 0.
−∞
Z +∞
Autre exemple, soit f dénie par f (x) = cos(x), que dire de cos(x)dx ?
−∞

Cependant, on a aussi vu que la transformée de Fourier s'étend à des objets


mathématiques qui ne sont pas à proprement parler des fon tions mais des distri-
butions, par exemple l'impulsion de Dira .

Dans le adre des distributions, les propriétés énon ées au paragraphe pré édent
restent valables.

S.R. EEIGM/ENSGSI 2A - 2021/2022 page 105/113


CHAPITRE 6. TRANSFORMÉE DE FOURIER

Exemple : Transformée de Fourier des fon tions onstantes :

Exemple : Transformée de Fourier de cos(ωx) :


eiωx + e−iωx
Soit ω ∈ R, d'après la formule d'Euler cos(ωx) = .
2
Si on her he à al uler
Z la transformée deZFourier de cos(ωx), on arrive à :
+∞ +∞
1 1
F {cos(ωx)}(ξ) = eiωx e−iξx dx + e−iωx e−iξx dx.
2 −∞ 2 −∞
Comment al uler es intégrales ?

Z +∞
Remarquons que F {δ(x−ω)} = δ(x−ω)e−iξx dx = e−iξω (par propriété du Dira )
−∞

Par transformée inverse (on admet qu'elle


Z s'applique), on a don :
+∞
1
F −1{e−iξω } = δ(x − ω) 'est-à-dire e−iξω eiξx dξ = δ(x − ω)
2π −∞
Z +∞
On en déduit que e−iξω eiξx dξ = 2πδ(x − ω)
−∞Z
+∞
puis par analogie que e−ixω eixξ dx = 2πδ(ξ − ω).
−∞
Z +∞
En faisant le hangement de variable x 7→ −x : eixω e−ixξ dx = 2πδ(ξ − ω).
−∞

Puisque leZ résultat pré édent est valable pour tout ω , en remplaçant ω par −ω , on
+∞
obtient : e−ixω e−ixξ dx = 2πδ(ξ + ω)
−∞

On dénit don la transformée du osinus ainsi :


F {cos(ωt)}(ξ) = π (δ(ξ − ω) + δ(ξ + ω))

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II. TRANSFORMÉE DE FOURIER D'UNE FONCTION À UNE VARIABLE RÉELLE

II.5 Table de transformées de Fourier


Z +∞
La dénition utilisée i i est fb(ξ) = F {f }(ξ) = f (x)e−iξx dx.
−∞
Lorsqu'elles sont données, la ourbe en pointillés est elle de f et elle en traits
pleins est elle de fb.

Transformées de fon tions : a ∈ R+∗


f (x) = fb(ξ) = illustration

Fon tion
 porte 

 1 si |x| < a  2 sin(aξ) si ξ =
6 0
ξ −a a
 0 si |x| ≥ a 

2a si ξ = 0

Fon tion triangle  a


 a + x si x ∈ [−a, 0]
  2 a
  4 sin ( 2 ξ) si ξ =

6 0
a − x si x ∈ [0, a] ξ2

 

 0 si sinon  a2 si ξ = 0 −a a

α >(0 , e−αx U(x) =


e−αx si x ≥ 0 1
0 si x < 0 α + iξ

0 , eαx U(−x) =
α >(
eαx si x ≤ 0 1
0 si x > 0 α − iξ

pour α = 1 :

α>0

e−α|x|
α2 + ξ2
pour α = 1 :
Lorentzienne
α 1
(α > 0)
e−α|ξ|
π x2 + α2
pour σ = 1 :
Gaussienne
1
(σ > 0)
2 /(2σ 2 ) 2 ξ 2 /2
√ e−x e−σ
σ 2π

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CHAPITRE 6. TRANSFORMÉE DE FOURIER

Extension aux distributions :

f (x) = fb(ξ) = illustration

Impulsion
( de Dira
+∞ si x = 0
δ(x) = 1
0 si x 6= 0

Impulsion de Dira
retardée( α ∈ R
+∞ si x = α
δ(x−α) = e−iξα α
0 si x 6= 0

exponentielle omplexe
eiωx 2πδ(ξ − ω)

Fon tion onstante k


k ∈ R∗ 2πkδ(ξ)
Fon tion
( de Heaviside
0 si x < 0 1
+ πδ(ξ)
1 si x ≥ 0 iξ

Fon tion
( signe
−1 si x < 0 2
1 si x ≥ 0 iξ

Fon tion sinus π


sin(ωx) (δ(ξ − ω) − δ(ξ + ω))
i
Fon tion osinus
cos(ωx) π (δ(ξ − ω) + δ(ξ + ω))

Autres transformées ave démonstrations :


http ://www.thefouriertransform. om/pairs/fourier.php

Z +∞
Dans les ouvrages, on trouve souvent la dénition F {f }(ω) = f (x)e−i2πωx dx, à partir
−∞
de ette dénition on retrouve les transformées par la dénition du ours en remplaçant ω par 2π .
ξ

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III. TRANSFORMÉE DE FOURIER PARTIELLE ET APPLICATION AUX EDP

III Transformée de Fourier partielle et appli ation

aux EDP

III.1 Transformée de Fourier en espa e


Dans le hapitre 2, on a utilisé la transformée de Lapla e en temps puisque la
transformée de Lapla e onvient naturellement aux fon tions ausales. De même, vu
la généralisation à partir des séries de Fourier, la transformation de Fourier portera
naturellement sur la variable d'espa e.

Dénition :
Soit u une fon tion de deux variables x et t, dénie sur R × [0; +∞[. La transformée
de Fourier en espa e ( 'est-à-dire par rapport à x) de u est, lorsqu'elle existe, dénie
par :

Toutes les propriétés démontrées pré édemment sont valables pour la fon tion
dénie par x 7→ u(x, t).

Remarque : produit de onvolution


On applique la transformée de Fourier sur la variable d'espa e, il onvient don de
omprendre la propriété F {f ⋆ g} = fb
Zgb de la manière suivante (t xé) :
n o +∞
F −1 fb(ξ, t)b
g (ξ, t) = (f ⋆ g)(x, t) = f (x′ , t)g(x − x′ , t)dx′
−∞

On admet les propriétés suivantes :

Propriété : dérivation en espa e


Si u admet une dérivée partielle en x et si, pour tout t ∈ R+ , x 7→ u(x, t) et
∂u
x 7→ (x, t) sont absolument intégrables alors :
∂x

Si u admet des dérivées partielles par rapport à x jusqu'à l'ordre n et si, pour
∂nu
tout t ∈ R+ , x 7→ u(x, t) et x 7→ (x, t) sont absolument intégrables alors :
∂xn
 n 
∂ u
F (x, t) = (iξ)n u
b(ξ, t)
∂xn

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CHAPITRE 6. TRANSFORMÉE DE FOURIER

Propriété : dérivation en temps


∂nu
Si, pour tout t, x 7→ u(x, t) et x 7→ n (x, t) sont absolument intégrables, alors pour
∂t
tout n ∈ N :

III.2 Appli ation à l'équation de diusion 1D


Une barre de longueur innie est initialement à la température F (x). On modé-
lise
 la propagation de la haleur dans la barre par le problème suivant :
 2
 ∂u (x, t) = α ∂ u (x, t) , t ≥ 0 , x ∈ R
∂t ∂x2

 u(x, 0) = F (x) , x∈R
On her he une solution u absolument intégrable dont les dérivées partielles ad-
mettent des transformées de Fourier en x.
On suppose de plus que F admet une transformée de Fourier.

On applique la transformée de Fourier en x au problème :

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III. TRANSFORMÉE DE FOURIER PARTIELLE ET APPLICATION AUX EDP

Remarque :
La fon tion g est appelée noyau de la haleur.

Conditions initiales parti ulières :

Exemple pour F (x) = δ(x) :

Exemple pour F (x) = U(x) :

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CHAPITRE 6. TRANSFORMÉE DE FOURIER

Notes personnelles :

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III. TRANSFORMÉE DE FOURIER PARTIELLE ET APPLICATION AUX EDP

Quelques référen es bibliographiques de la BU GM-GSI :


• Nakhlé H. Asmar, 2016. Partial Dierential Equations with Fourier Series and boun-
dary value problems, third edition, Dover publi ations.
ré ent et assez pro he du ours.
(disponible BU GM-GSI : 515.3 ASM)

• Réal Gélinas, 1984. Equations diérentielles et transformée de Lapla e, éditions


SMG. (disponible BU GM-GSI : 515.7 GEL e)

• Réal Gélinas, 1984. Suites et séries, Séries et transformées de Fourier, Variables


omplexes, éditions SMG. (disponible BU GM-GSI : 515.7 GEL s)

• Mark A. Pinsky, 1998. Partial Dierential Equations and Boundary-Value Pro-


blems with Appli ations, third edition, Ameri an Mathemati al So iety. (disponible
à l'UL, peut être retiré à la BU GM-GSI)

• K. F. Riley, M. P. Hobson, 2011. Essential mathemati al methods for the physi al


s ien es, Cambridge University Press. (disponible BU GM-GSI : 510.024 62 RIL s)

Liste non exhaustive, n'hésitez pas à onsulter d'autres ouvrages !

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