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Lycée Louis-Le-Grand, Paris

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

Problème no 14 : Structures algébriques

Correction du problème 1 – Théorème de Burnside

Partie I – Quelques résultats préliminaires

1. Soit G un groupe, et H un sous-groupe de G. Montrons que NG (H) est un sous-groupe de G. On a :


• NG (H) ⊂ G par définition ;
• eH = H = He, où e désigne le neutre de G, donc e ∈ NG (H)
• Si x ∈ NG (H) et y ∈ NG (H), alors

yHy −1 = H donc: H = y −1 (yHy −1 )y = y −1 Hy donc: xy −1 Hyx−1 = xHx−1 = H.

On en déduit que xy −1 ∈ NG (H).


D’après la caractérisation des sous-groupes, NG (H) est un sous-groupe de G .
Par ailleurs :
• pour tout h ∈ H, par stabilité H, hH ⊂ H
• En particulier, étant donné h ∈ H, h−1 ∈ H, donc h−1 H ⊂ H, puis hh−1 H ⊂ hH, donc H ⊂ hH.
D’après le principe de double inclusion, hH = H. De même, Hh = H. Ainsi, h ∈ NG (H). On a donc
H ⊂ NG (H) .
2. Soit G un groupe.
(a) De même, étant donné x ∈ G :
• CG (x) ⊂ G par définition
• ex = x = xe donc e ∈ G
• Si y et z sont dans CG (E),

x = zxz −1 donc: z −1 xz = x puis: (yz −1 )x(yz −1 )1 = yxy −1 = x.

Ainsi, yz −1 ∈ CG (E).
Par conséquent, CG (x) est un sous-groupe de G.
[
(b) De façon évidente, CG (X) = CG (x), donc CG (X) est un sous-groupe de G , comme intersection de
x∈X
sous-groupes de G.
(c) Si x ∈ CG (H), alors pour tout h ∈ H, xhx−1 = h ∈ H, donc x ∈ NG (H). Ainsi, CG (H) ⊂ NG (H) .

Partie II – Produit semi-direct de deux sous-groupes de G

1. Soit f : H × K → HK définie par f (h, k) = hk. La fonction f est toujours surjective, par définition de HK.
• Supposons H ∩ K = {e}. Montrons que f est injective. Soit (h, k) et (h′ , k ′ ) deux éléments de H × K tels
−1
que f (h, k) = f (h′ , k ′ ), donc hk = h′ k ′ . On a alors h′ h = k ′ k −1 . Cet élément est donc à la fois un élément
de H et de K, donc, puisque H ∩ K = {e} :
−1
h′ h = e = k ′ k −1 puis: h = h′ et k = k ′ .

On en déduit que f est injective, puis la bijectivité de f

1
• Supposons que H ∩ K 6= {e}, Comme H ∩ K contient e, cela signifie qu’il existe un élément x ∈ H ∩ K
différent de e. On a alors (e, x) ∈ H × K et (x, e) ∈ H × K, et f (e, x) = f (x, e). Comme (e, x) 6= (x, e), f
n’est pas injective, donc pas bijective.
On conclut donc : f est bijective si et seulement si H ∩ K = {e}.
2. (a) • Supposons que HK est un sous-groupe de G.
∗ Soit x ∈ HK. Puisque x ∈ HK, x−1 ∈ HK, donc il existe h ∈ H, k ∈ K tels que x−1 = hk, puis
x = k −1 h−1 ∈ KH. Donc HK ⊂ KH
∗ Soit x ∈ KH, alors il existe k ∈ K, h ∈ H tels que x = kh, donc x−1 = h−1 k −1 . Ainsi, x−1 ∈ HK,
et HK étant un groupe, on en déduit que x ∈ HK. Ainsi, KH ⊂ HK.
Des deux inclusions, on déduit : HK = KH.
• Réciproquement, supposons que HK = KH.
∗ On a HK ⊂ G et e = e × e ∈ HK.
∗ Soit x ∈ HK, alors il existe h ∈ H, k ∈ K tel que x = hk, donc x−1 = k −1 h−1 ∈ KH = HK.
∗ Soit (x, y) ∈ (HK)2 . Alors il existe (h1 , h2 ) ∈ H 2 , (k1 , k2 ) ∈ K 2 tels que

x = h1 k1 et y = h2 k2 .

On a alors xy = h1 k1 h2 k2 . Comme k1 h2 ∈ KH = HK, il existe h3 ∈ H et k3 ∈ K tels que


k1 h2 = h3 k3 , d’où
xy = (h1 h3 )(k3 k2 ) ∈ HK.
Ainsi, HK est un sous-groupe de G.
On conclut que HK est un sous-groupe de G si et seulement si HK = KH .
(b) Dans ce cas :
• H ∪ K ⊂ HK de façon évidente (si h ∈ H, h = h × e, et de même pour K).
• Si L est un groupe tel que H ∪ K ⊂ L, par stabilité, pour tout h ∈ H et tout k ∈ K, (h, k) ∈ L2 , donc
hk ∈ L2 . On en déduit que HK ⊂ L.
Ainsi, HK est le plus petit sous-groupe de G contenant H ∪ K.
3. On suppose dans cette question que G est produit semi-direct de K par H.
(a) • Au vu des hypothèses H ∩ K = {e} et HK = G, la fonction f : (h, k) → hk est une bijection de H × K
sur G. Soit g ∈ G. Il existe donc h ∈ H et k ∈ K uniques tels que g = xy. La condition α(xy) = x pour
tout x ∈ H et tout y ∈ K impose alors α(g) = x. Cela assure l’ unicité de α
• Le raisonnement précédent donne aussi l’ existence . Plus formellement, on obtient la description sui-
vante : α = pH ◦ f −1 , où pH désigne la projection (h, k) 7→ h de H × K sur H.
• Par ailleurs, étant donné g1 et g2 deux éléments de G, il existe h1 , h2 , k1 , k2 tels que g1 = h1 k1 et
g2 = h2 k2 . On a alors α(g1 ) = h1 et α(g2 ) = h2 . Par ailleurs, K étant distingué, h2 K = Kh2 , donc il
existe k3 dans K tel que k1 h2 = h2 k3 . Ainsi :

α(g1 g2 ) = α(h1 k1 h2 k2 ) = α((h1 h2 )(k3 k2 )) = h1 h2 = α(g1 )α(g2 ).

Ainsi, α est un morphisme de groupes.

(b) • Pour tout h ∈ H, α(h) = α(h × e) = h. Ainsi, α|H = idH , donc α(H) = H .
• Soit h ∈ H ∩ Ker(α). On a alors
e = α(h) = α(h × e) = h.
Ainsi, H ∩ Ker(α) ⊂ {e}, et e étant dans tout sous-groupe, H ∩ Ker(α) = {e} .
4. Soit G un groupe, H un sous-groupe de G, et α un morphisme de G dans H tel que α(H) = H et H ∩ Ker(α) =
{e}. On pose K = Ker(α).
• On a évidemment HK ⊂ G
• Soit g ∈ G, et h′ = α(g) ∈ H. Puisque α(H) = H il existe h tel que α(h) = h′ . Posons alors k = h−1 g. On
a:
−1
α(k) = α(h−1 g) = α(h)−1 α(g) = h′ h′ = e,
donc k ∈ Ker(α). On a donc g ∈ HK, donc G ⊂ HK.

2
• Par hypothèse, H ∩ K = {e}.
• Soit k ∈ K et g ∈ G. On a

α(gkg −1 ) = α(g)α(k)α(g)−1 = α(g)eα(g)−1 = α(g)α(g)−1 = e.

Ainsi, gkg −1 ∈ K. Par conséquent, K est un sous-groupe distingué de G.


On en déduit que G est produit semi-direct de Ker(α) par H .

Partie III – Théorème de Burnside

1. Soit (x, y) ∈ H 2 . Comme H ⊂ NG (H) = CG (H), x est dans le centralisateur de y, donc x et y commutent.
Ainsi, H est abélien .
2. Soit (x, y) ∈ G × H, et z = xyx−1 . On suppose que z ∈ H.
(a) • Puisque z ∈ H, on a H ⊂ NG (H) = CG (H) ⊂ CG (z). Ainsi, H est un sous-groupe de CG (z). D’après
le théorème de Lagrange, l’ordre de H divise l’ordre de CG (z), qui divise l’ordre de G. On en déduit que la
valuation p-adique de CG (z) est égale à r, et par conséquent, H est un p-sous-groupe de Sylow de CG (z) .
• Par régularité de x et x−1 , l’application définie sur H par h 7→ xhx−1 est injective, donc sa corestriction
à son image xHx−1 est bijective. Par conséquent, H et xHx−1 ont même cardinal pr .
• xHx−1 est un sous-ensemble non vide de G, et pour tout (a, b) ∈ (xHx−1 )2 , il existe h et k dans H tels
que
a = xhx−1 et b = xkx−1 donc: ab−1 = xhk −1 x−1 ∈ xHx−1 .
D’après la caractériation des sous-groupes, xHx−1 est un sous-groupe de G
• Soit a ∈ xHx−1 . Montrons que a ∈ C(z). Il existe h ∈ H tel que a = xhx−1 . On a alors

aza−1 = xhx−1 xyx−1 xh−1 x−1 = xhyh−1 x−1 .

Or, h, h−1 et y sont dans H qui est abélien, donc hyh−1 = hh−1 y = y. Ainsi

aza−1 = aya−1 = z.

On en déduit que xHx−1 est un sous-groupe de C(z).


• Pour les mêmes raisons que plus haut, xHx−1 est donc un p-sous-groupe de Sylow de C(z) .
−1
(b) Les p-sous-groupes de Sylow étant deux à deux conjugués, il existe x′ ∈ CG (z) tel que H = x′ (xHx−1 )x′ .
′ ′
Il en découle que x x ∈ NG (H) = CG (H). Comme x ∈ CG (H), on obtient x ∈ CG (H), donc x ∈ GC (y). La
définition de z amène alors z = y .
3. Soit y ∈ G, et (x1 , . . . , xm ) un système de représentants des classes à gauche modulo H dans G.
(a) Soit i ∈ [[1, m]]. Les ensembles x1 H, . . . , xm H formant une partition de G, l’élément yxi est dans l’un et un
seul d’entre eux. Ainsi, il exite un unique indice σ(i) ∈ [[1, m]] tel que yxi ∈ xσ(i) H. Il existe alors h ∈ H tel
que
yx1 = xσ(i) h
Mais alors h est tout déterminé par la nécessité d’avoir h = yx1 x−1
σ(i) .

D’où l’existence et l’unicité de σ(i) ∈ [[1, m]] et hi ∈ H tels que yxi = xσ(i) hi .
(b) • L’application σ est bien définie de [[1, n]] dans [[1, n]].
• Soit (i, j) dans [[1, m]]2 tels que σ(i) = σ(j). On a alors

yxi h−1
i = xσ(i) = xσ(j) = yxj h−1
j .

Par régularité des éléments d’un groupe, xi hi−1 = xj h−1j , donc xi H ∩ xj H 6= ∅, d’où xi H = xj H, ces
ensembles formant une partition. Comme les xi sont des représentants de classes deux à deux distinctes,
on peut en conclure que i = j, donc que σ est injective.
• Pour des raisons de cardinalité, σ est alors bijective. Donc σ ∈ Sm .

3
(c) T définit une application de G dans H. De plus, étant donné g et g ′ dans G, en définissant les hi (pour gi )
et les h′i (pour gi′ ), et σ et σ ′ les éléments de Sm associés, on a, pour tout i ∈ [[1, m]] :

gg ′ = xσ◦σ′ (i) hσ′ (i) xσ−1 ′ −1


′ (i) xσ ′ (i) hi xi = xσ◦σ′ (i) hσ′ (i) h′i xi .

Ainsi, la permutation associée à gg ′ est σ ◦ σ ′ , et la famille (h′′i ) est définie par :

∀i ∈ [[1, m]], h′′i = hσ′ (i) h′i .

Puisque H est abélien et que σ ′ est une permutation, on en déduit que


Y
m Y
m Y
m
T (gg ′ ) = hσ′ (i) h′i = hi h′i = T (g)T (g ′).
i=1 i=1 i=1

Ainsi, T est un morphisme de groupes de G dans H.


(d) • Soit y ∈ G, et σ la permutation de [[1, m]] associée. On définit sur [[1, m]] la relation suivante :

i ∼ j ⇐⇒ ∃k ∈ N, i = σ k (j),

Il s’agit d’une relation d’équivalence :


∗ Soit i ∈ [[1, m]], i = σ 0 (i), donc i ∼ i, d’où la reflexivité.
∗ Soit i, j tels que i ∼ j. Alors il existe k tel que j = σ k (i). Comme Sm est un groupe fini, l’élément σ
est aussi d’ordre fini (son ordre divise l’ordre de Sm ), il existe donc ℓ ∈ N tel que (σ ℓ ) = id. Soit q
et r le quotient et le reste de la division euclidienne de k par ℓ. Il vient alors :

σ ℓ−r (j) = σ ℓ−r+k (i) = σ (q+1)ℓ (i) = idq+1 (i) = i,

et ℓ − r ∈ N. Ainsi, j ∼ i. D’où la symétrie.


∗ Soit i1 ∼ i2 et i2 ∼ i3 . Il existe (k, ℓ) ∈ N2 tels que i2 = σ k (i1 ) et i3 = σ ℓ (i2 ), donc i3 = σ k+ℓ (i1 ).
Ainsi, i1 ∼ i3 , d’où la transitivité.
Ainsi, il s’agit bien d’une relation d’équivalence.
• On considère alors {X1 , . . . , Xt } la partition de [[1, m]] formée des classes d’équivalence. Soit j ∈ [[1, t]]
et i ∈ Xj . Puisque σ est d’ordre fini, il existe k > 0 tel que σ k (i) = i. Soit k0 la plus petite de ces
valeurs. Alors σ 0 (i), σ 1 (i), . . . , σ k0 −1 (i) sont des éléments deux à deux distincts de Xj (si σ q (i) = σ r (i),
avec q < r, en appliquant la fonction bijective σ −q , on contredit la minimalité de k0 ). De plus, la suite
(σ k (i))n∈N est alors périodique de période minimale k, les k valeurs prises sur une période étant deux à
deux distinctes. Or, par définition de la relation d’ordre et de ses classes, les valeurs prises par cette suite
sont exactement les éléments de Xj , donc k = |Xj |. Ainsi, la restriction de σ à Xj est une permutation
cyclique : après avoir donné un ordre cyclique aux éléments de Xj , chaque application de la permutation
σ fait tourner les éléments. En particulier, Xj = {σ k (i), i ∈ [[0, k0 − 1]]}.
On vient de décrire la décomposition en cycles disjoints de la permutation σ : la permutation σ peut
être vue comme un ensemble de cycles disjoints : à chaque fois qu’on applique une nouvelle fois σ, on
fait tourner d’un cran chaque cycle. Les cycles n’ont pas tous la même taille, donc on n’en fait pas le
tour à la même vitesse. Cette situation est à comparer aux roues de tailles différentes d’un tracteur ou
d’une locomotive à vapeur : une permutation est un ensemble de roues de tailles différentes, qu’on fait
tourner simultanément.
Soit J ⊂ [[1, n]] un système de représentant de chaque classe Xi . On note X(j) la classe représentée par
j ∈ J. Étant donné j ∈ J, on a alors, le produit étant justifiant par le fait que les éléments dont on fait
le produit sont dans H qui est abélien) :

Y Y Y
nj −1
−1
hi = xσ(i) yxi = x−1
σk+1 (j)
yxσk (j)
i∈X(j) i∈X(j) k=0

= xσ−1
nj
(j)
yxσnj −1 (j) x−1
σnj −1 (j)
yxσnj −2 (j) . . . x−1 −1
σ2 (j) yxσ(j) xσ(j) yxj

4
et après simplifications : Y
hi = xσ−1
nj
(j)
y nj xj = xj y nj x−1
j .
i∈X(j)

Q
En particulier, comme hi ∈ H, on a pour tout j ∈ J, x−1 nj
j y xj ∈ H
i∈X(j)
• Du fait que H est abélien, on obtient, en faisant le produit des expressions trouvées sur chacune des
parts de la partition X(j), j ∈ J :

Y
m Y Y
hi = xj−1 y nj xj soit: T (y) = x−1 nj
j y xj
i=1 j∈J j∈J

X
• Comme les nj sont les cardinaux de parts d’une partition de [[1, m]], on a nj = m .
j∈J

(e) Soit y ∈ H. D’après la question 2 (appliquée avec x = x−1 −1 nj


j ), puisque xj y xj ∈ H ainsi que y , il vient,
nj

pour tout j ∈ J :
x−1 nj
j y xj = y .
nj

P
Y nj
nj
Ainsi, T (y) = y =y j∈J
, donc T (y) = y m .
j∈J

(f) La fonction y 7→ y m est bijective de H dans H, car m est premier avec pα . En effet, on a alors, d’après le
théorème de Bézout, l’existence de deux entiers u et v tels que um + vpα = 1. La fonction y 7→ y u de H
dans H est alors une réciproque de y 7→ y m , puisque
α α
(y u )m = (y m )u = y mu = y 1−vp = y × (y −v )p = y,

d’après le théorème de Lagrange, H étant d’ordre pα . Ainsi T (H) = H .


Par ailleurs soit h ∈ Ker(T ) ∩ H, on a :
e = T (h) = hm ,

donc l’ordre de h divise m. Comme l’ordre de h divise pα (théorème de Lagrange), l’ordre de h divise
pα ∧ m = 1. Ainsi h = e. On en déduit que Ker(T ) ∩ H ⊂ {e}, puis Ker(T ) ∩ H = {e}.
D’après la question II-4, G est donc un produit semi-direct de Ker(T ) par H.

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