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Questions à Agossou M. Sagbo pour Dangbo.

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1 Le contexte particulier de cet entretien

Dans cet entretien, il y a une majeure et une mineure. La majeure, c’est, en


gros plan, le portrait d’un psychologue clinicien, qui parle de son métier,
encore insuffisamment développé au Bénin. La mineure et l’arrière-plan, c’est
que ce psychologue est originaire de Dangbo. Son témoignage sur son
itinéraire et son métier apparaissent sur le site de la mairie.
C’est un entretien pour le site de la mairie de Dangbo. => portrait d’un enfant
du pays, gros plan sur son cheminement familial et scolaire vers son métier
actuel de psychologue. L’entretien met en lumière un homme et sa ville
d’origine, faisant ressortir un profil intéressant, une personnalité qui a réussi.
Il est bon pour l’image de la ville de faire le portrait d’un homme de qualité né
à Dangbo, qui a réussi, et dont la voix commence à porter au Bénin.
Il s’agira aussi bien sûr de voir les ressources et applications de la psychologie
dans une commune comme Dangbo et la vallée de l’Ouémé. Peut-être de
susciter des vocations à Dangbo, en montrant que Quentin Sagbo exerce un
beau métier. C’est un métier où il apporte quelque chose et il est reconnu,
notamment sur le plan médiatique.
2 Questions importantes et sujets transversaux

L’entretien doit répondre aux 7 grandes questions classiques du journalisme:


pourquoi, pour quoi, quoi, qui, comment, où, quand (PP QQ COQ), mais pas
forcément dans cet ordre là
Qu’est-ce que la psychologie en général? Ses différents courants? Que fait un
psychologue? Quel travail effectue-t-il? Quels sont ses outils?
Qui est Quentin Sagbo ? Quel est son profil, sa personnalité ?
Pourquoi a-t-il choisi d’étudier et d’exercer la psychologie ? Qu’est qui l’a
motivé à suivre cette voie, à se former dans cette discipline, quelle vocation
l’anime ?
Quels sont les objectifs de son métier
- Pour ses patients ?
- Pour la société béninoise en général ?
- Que peut apporter la psychologie au développement du Bénin ?
Comment travaille Quentin Sagbo ? Quelle est sa méthode ? Comment
coopère-t-il avec les confrères, d’autres structures ?
D’où est venu Quentin Sagbo ? De quel milieu est-il le produit ? Dans quel
milieu exerce-t-il ? Dans quels secteurs de la société béninoise la psychologie
est-elle prioritaire ?
Repères chronologiques : brève histoire de la psychologie au Bénin, repères
sur l’itinéraire et l’évolution de Quentin Sagbo ?
3 Questions

a Milieu d’origine et vocation

Comme beaucoup de psychologues du Bénin, vous exercez en ville avec une


clientèle urbaine. Vos confrères et consoeurs viennent d’ailleurs plutôt de
milieux citadins. Or, vous êtes un enfant de Dangbo, commune rurale, et
traditionnelle aussi, à l'urbanisation récente et rudimentaire. Comment un
villageois s’est-il formé à un métier encore confidentiel au Bénin ?
S’agissant de comment un psy clinicien puisse venir d'une contrée rurale, je
ne saurais le dire explicitement. Mais un fait est évident. J'en ai entendu
parler toute mon enfance et dans ma jeunesse : de la vallée de l'Ouémé est
sortie beaucoup de grands cadres de notre pays et il fut une époque, on
dénombrait plus de cadres de cette vallée que toutes les autres régions de
notre pays. La raison est due à l'influence des ressources naturelles de cette
région sur le capital intellectuel des fils et filles de cette zone. Certainement
que j'ai bénéficié de cette influence aussi et pour parfaire l'héritage ancestral
que je porte dans mon âme. C'est sans doute la raison de mon choix de la
psychologie clinique. Il y a au fond un appel à travailler au développement
humain.
Parlons de votre itinéraire. Comment naît votre vocation de psychologue ?
Dans votre milieu familial, dans votre jeunesse, quel déclic a pu vous motiver
à vouloir explorer l’âme humaine autrement que par la théologie ou la
philosophie, disciplines plus établies et structurées au Bénin ?
Je dirai que je porte dès mon enfance une curiosité de comprendre
tout ce qui attirait mon attention. Cela passe par l’exploration,
l’expérimentation ou l’observation de l’objet ou la situation qui
m’intéressait. C’était un disposition qui est restée en moi à ce jour.
Tout petit, je voulais savoir ce qui parle dans une radio, adolescent je
cherchais à connaître les vertus des plantes et bien d’autres choses.
Mais grâce à mon père cette recherche de connaissance fut centrée
sur l’être humain car nous suivions une émission, au-delà du réel.
L’animateur spiritualiste et ésotériste Ermensio Godson donnait des
astuces pour comprendre les problèmes de l’être humain et pour la
réalisation de soi. Il avait beaucoup influencé ma conception du
monde.
Pour compléter ces connaissances, je me suis lancé dans la lecture des
ouvrages philosophiques à la bibliothèque national de Porto-novo. Mon
objectif était comprendre l’Homme et son monde et pouvoir le guider à
surmonter ses difficultés. Etant en seconde, je pouvais discuter avec
mon professeur de philosophie des sujets qu’il qualifiait de « niveau
terminal ou programme universitaire ». Mais j’étais aussi attiré par le
visage souffrant de l’homme que je rencontrait dans la littérature. Les
ouvrages « une vie de boy et le vieux nègre et la médaille » de
Ferdinand OYONO, « l’esclave » Félix KOUCHORO, « Allah n’est pas
obligé » Amadou KOUROUMA, « un piège sans fin » de Olympe B.
QUENUM, etc. m’ont introduit dans le réel vécu de la communauté
africaine. Comment en-sommes-nous arrivés ? Et bien d’autres
questions. C’est ainsi que grâce à l’orientation de mon père, j’ai
découvert la psychologie comme une réponse à l’une de mes
interrogations : Comment venir en aide à ce visage souffrant que je
retrouve autour de moi et à travers notre histoire ?

La plupart de vos confrères psychologues ont fait leurs études en Occident,


car c’est là que cette discipline moderne s’est constituée, et qu’elle s’enseigne
et s’applique massivement, depuis des décennies. Or vous avez fait toutes vos
études en restant en Afrique …
J'ai toujours voulu briller en psychologie sans quitter l'Afrique non par orgueil
mais par devoir d'éduquer et de justice. Notre génération a une pratique
d'inégalité qui consiste à trop valoriser des étudiants et intellectuels
africains ayant étudié en occident au détriment de ceux qui ont leur
diplôme au Bénin. C'est une injustice ! Et cela mérite d'être corrigé.
Nous sommes tous égaux. Je crois que je peux étudier au Bénin et dépasser
quelqu'un qui a étudié au Canada ou ailleurs. C'est le travail personnel qui
fait la différence. Notre compétence ne dépend pas de la grande d'un pays
ou université. Nous sommes capables d'exceller n'importe où ! Tout dépend
de nous-mêmes.J'y crois fortement.
b Motivations, passion, vocation (pourquoi ?)

Qu’est-ce qui vous motive encore le plus, chaque jour, à exercer ce métier ?
Qu’est-ce qui vous inspire à l'exercer, que diriez-vous pour faire aimer cette
discipline ?
C’est la vie. Sauver ou préserver la vie de quelqu’un, d’une
communauté voire d’un peuple de la menace de la mort ou d’une
épidémie psychique et l’aider à retrouver la paix intérieure comme
physique, espérer le bonheur, devenir acteur de celui au quotidien et
utile pour la société, c’est le fait le plus beau, le plus noble que nous
avons le devoir d’accomplir avec un grand plaisir. Un n’y rien de plus
heureux que de voir qu’une personne accède à la connaissance d’elle-
même et jouit pleinement de sa vie car il y a si tant d’hommes et de
femmes, vieux et jeunes qui vivent loin de la vraie vie qui leur est
destinée.
c Objectif et mission

Quels sont les objectifs d’un psychologue face à un patient en souffrance ? Y


a-t-il un programme préalablement défini pour une consultation ?
Le psychologue face à un patient en souffrance n’a qu’un seul
objectif : aider son patient à être soulager de sa souffrance et à
retrouver le bien-être. Et c’est sans doute ce même objectif que
partage le patient.
Le psychologue élabore un programme thérapeutique à partir de la
consultation tout en veillant à l’ajuster tout au long du traitement car
chaque client est unique en son genre et histoire de même pour
chacune des séances de soin. Mais il doit avoir une démarche clinique
et celle-ci peut-être préalablement connue s’il a de l’expérience.
Martin Seligman, souvent présenté comme le chef de file de la « psychologie
positive » déclara un jour, un provocateur, se lassait de voir sans cesse des
névrosés. Pour lui, le psychologue n’est pas seulement là pour aider un
« patient » à aller moins mal, mais pour voir avec des clients comment bâtir
un projet valorisant afin de s’épanouir et d’être heureux ? Le psychologue,
comme le médecin, est-il uniquement là pour soigner des malades, ou bien
aussi et surtout pour éduquer une clientèle vers un mieux-être physique et
mental ?
Non. Le psychologue n’est pas seulement le soignant. Il est aussi un
acteur principal du développement humain et social. Son rôle est dans
tous les domaines à savoir : économie, social, politique,
environnement, technologie et le genre. Nous devons comprendre que
partout où se trouve l’humain, le psychologue doit se fait présent.
J’ose dire que le psychologue est tout aussi important que le politique
pour la gestion efficiente d’une communauté en vue d’un réel et
durable développement.
Explicitement disons, qu’il travaille dans les familles, les écoles,
entreprises, pour la cohésion sociale au sein du peuple comme entre
l’état et son peuple, etc.
Si vous venez expliquer votre métier à Dangbo, et que les gens vous
demandent : « pouvez-vous nous aider à être plus heureux et à nous
développer ici ? » que répondrez-vous ?
Je répondrai : oui. Puis je leur demanderai : « en quoi est-ce que je
peux vous aider ? Allez-vous contribuer ? »Si oui à toutes ces
questions alors nous allons nous mettre au travail. Et ce serait un
travail bien fait car il s’agit d’abord de chez soi et de soi. Dangbo est
pour nous ce qu’est la vie pour nous. Il mérite que nous lui donnons
avec joie ce que nous avons reçu de lui autrement dis la vie. Et là nous
sommes sincère dans les mots que nous choisissons et utilisons.
Dangbo est tout pour nous et nous ferons tout pour lui. Il ne s’agit par
seulement de Dangbo, mais de tout le Bénin et l’Afrique.
Peut-on dire que la psychologie contribue à l’œuvre du développement, et plus
particulièrement au développement humain ?
Petit à petit !
À peine sommes-nous déjà au chevet de tous les malades qui ont besoin de nous. Il reste du
chemin à faire. Et pour ma part, le moyen le plus rapide et plus sûr est de joindre à la
politique béninoise la psychologie. Les deux doivent s’unir pour la gestion de la cité. Cela
passe par l’introduction de la psychologie dans tous les secteurs et j’ose dire que nos
dirigeants commencent par avoir des conseillers psychologues. C’est une nécessité si nous
voulons d’un gouvernement de cohésion sociale. Tout développement doit passer par cette
unification des deux disciplines.

d Définir la psychologie et le métier de psychologue (quoi ?)

Nous allons essayer de définir avec vous la psychologie. Pouvez-vous préciser


ce qu’elle étudie, quels types de problèmes elle entend résoudre, et sur
quelles méthodes elle s’appuie ?
Pour me faire comprendre je définirai la psychologie comme
l’ensemble des différentes manières par lesquelles on essaie de
comprendre et de faire épanouir l’être humain pris seul dans son
histoire et en relation avec les autres. Elle étudie en général comme
en particulier l’Homme où qu’il soit, quoi qu’il fasse. Puisque la
psychologie a pour objectif d’amener l’Homme a une meilleure vie, elle
cherche créer des conditions nécessaires pour la jouissance cette
meilleure vie. Ces conditions sont à la fois la vie intérieure et
extérieure à l’Homme. Pour y arriver elle a le choix de partir :
- des conclusions tirée de l’analyse des cas d’un individu qu’elle
généralise
- des conclusions tirées du vécu d’un groupe d’individu qu’elle
applique à l’individu
- enfin des conclusions tirées d’une situation expérimentale qu’elle
applique par analogie à l’espèce humaine.
Pour le grand public, pouvez-vous expliquer en termes simples les différents
types de psychologie ? Quelle est par exemple la différence entre un
psychologue clinicien, et un psychologue d’entreprise ?
Aujourd’hui nous comptons 07 types de psychologie à savoir :
- psychologie expérimentale : on crée artificiellement un
environnement dans lequel on étudie le comportement d’un chien par
exemple. On applique ensuite les conclusions à l’Homme du fait qu’ils
sont de la même espèce.
- psychologie du développement : on cherche à connaître les
différentes étapes par lesquelles l’Homme grandit de la conception à
sa mort ; ce qui le caractérise à chaque étape et ce qui peut
l’empêcher de vivre heureux. Elle met aussi en exergue ce qui peut
troubler son esprit jusqu’à en constituer son mal.
- psychologie sociale : elle veut comprendre de quelle manière
l’Homme vit avec les autres, comment il influence les autres et vis
versa. Que reçoit-il des autres et que donne-t-il ?
- psychologie appliquée : c’est elle qui définit les instruments qu’on
peut utiliser pour comprendre le fonctionnement et soigner l’Homme.
Elle définit aussi les conditions de leur application pour que les
résultat soient valides, fiables et exacts.
- psychologie béhavioriste, encore appelée du comportement : elle
veut comprendre comment le comportement peut être influencé,
contrôlé, manipulé, appris et renforcé.
- psychologie de la forme : ici on veut déterminer les qualités de la
forme d’un objet dessiné ou conçu par l’Homme.
- enfin la psychologie cognitive : c’est elle qui veut comprendre
comment l’Homme apprend et rend compte de qu’il a appris. Elle
travaille aussi à définir les condition pour qu’il apprenne facilement.
S’agissant de la différence entre la psychologie clinicien et celui de
l’entreprise, nous disons que le psychologue clinicien est de
psychologie du développement et étudie de manière approfondie
l’histoire d’une personne pour en trouver la ou les cause (s) de sa
souffrance. De plus il offre les moyens pour soigner ce mal et conduit
la personne à un état d’épanouissement plus stable et durable. Le
clinicien peut intervenir partout.
Le psychologue de l’entreprise travaille uniquement au sein d’une
entreprise pour la cohésion entre le poste et le personnel, entre le
personnel et l’administration, entre les membres d’une équipe, préside
au recrutement, etc. il travaille pour l’épanouissement à la fois du
personnel et de l’entreprise
En général, une personne consulte un médecin parce qu’il a des symptômes,
souvent accompagnés de souffrance physique. Quels sont les symptômes d’un
mal-être psychique et quelles souffrances mentales traversent les personnes
qui vous consultent ?
Cette question renvoie à toute la nomenclature de la psychopathologie
et de la psychologie et à la vie de mes patients. Tenu par le secret
professionnel et compte tenu aussi de la densité de la nomenclature,
je resterai très sobre dans ma réponse.
En règle générale, il y a mal-être psychique dans les cas sujets
suivants :
- lorsque le sujet ne reconnaît pas son identité et perd le contact avec
son la réalité ;
- lorsqu’une personne a des figements dans ses humeurs et son
adaptation aux situations dans lesquelles elle se trouve,
- lorsque le sujet ressent de manière consciente qu’il y a en lui des
phénomènes indésirables en rupture avec l’idée qu’il se fait de lui-
même ;
- lorsqu’il y a chez quelqu’un des changements du mode de pensée , de
l’humeur ou du comportement associés à une détresse ou/et à une
altération des fonctions mentales.
Pour être encore plus simple, lorsque quelqu'un sent qu’il souffre en
lui-même et/ou fait souffrir son entourage, alors il y a mal-être
psychique.
Nous recevons des patients qui se retrouvent dans tous ces cas ci-
dessus énumérés.
Qu’est-ce qui définit la santé mentale ? Quels sont les grands critères ?
La santé mentale peut se traduire par d’abord l’absence de souffrance
chronique dans la manière de sentir, réagir, penser, agir et de
ressentir vis-à-vis de soi-même et ensuite par le fait d’être en accord
avec la nature ou l’univers à travers ses pensées et comportements.
Les deux aspects sont importants pour établir l’existence d’une santé
mentale. On se demandera : est-ce que j’arrive à surmonter mes
difficultés et à tourner la page franchement, attention il ne s’agit pas
de les refouler ? Puis est-ce que ce que je pense ou fais est en accord
le règne normal de la nature autour de moi ?
La psychologie moderne est largement née dans le monde occidental. Quels
aspects de la psychologie vous semblent totalement universels ? Pensez-vous
que certaines méthodes qui fonctionnent en Occident sont totalement
inopérantes ailleurs, et pourquoi ? Quels aspects de la psychologie doivent
être profondément adaptés au contexte africain pour pouvoir réussir ?
Je pense d’abord que chaque peuple dispose de cette science même
avant qu’elle ne soit moderne et ne prenne le nom universel de
psychologie. A ce propos il me plaît de rendre hommage au peuple le
plus ancien de toute la race humaine : l’Égypte ancienne, appelé
encore KMT qui se traduit par la terre des noirs ou des personnes à
peau mélanisée. Ce sont eux qui les premiers enseignent et pratiquent
de la psychologie. L’égyptologie nous l’a démontré aujourd’hui. Leur
pensée me paraît plus universelle.
Elle est reprise par le psychiatre Suisse Carl Gustave Jung qui a
d’ailleurs effectué des voyages en Afrique (Éthiopie, Égypte) et sur
tous les autres continents du monde, preuve de l’universalité de sa
théorie. Il dit d’ailleurs après ses voyages, qu’il y a dans toutes les
cultures et civilisations un même phénomène mais que se présente
sous des formes différences. Par exemple la notion d’un être suprême,
le bien et le mal, la représentation de la femme et de l’homme,
l’amour, etc. De ses observations, il conclure tout comme nos ancêtres
égyptiens ce qui suit :
- l’Homme vit par une énergie, énergie de laquelle il provient
- elle lui donne une âme et la structure en inconscient collectif ou
d’un héritage ancestral, ce qui l’amène à agir comme les hommes qui
n’ont pas vécus à son époque ; puis en inconscient personnel riche de
ses propres vécus ; d’une conscience dotée de quatre fonctions pour se
conduire, s’informer, décider et s’organiser dans le monde
- cette énergie rend aussi l’Homme naturellement religieux sinon
spirituel de sorte que tout ce qu’il fait à une valeur spirituelle
- tous les problèmes de l’homme viennent soit de son monde intérieur
soit de son semblable,
- derrière la différence culturelle se cache une certaine unité et du fait
chaque culture devrait être respectée comme sa propre culture, etc.
C’est donc pour nous cet aspect de la psychologie qui nous paraît plus
universel.
Certaines méthodes qui fonctionnent en Occident trouvent
effectivement leurs limites en Afrique. Cela est dû au fait qu’elles sont
conçues sur la base des particularités qui font que la culture et
personnalité des Occidentaux sont différentes des autres cultures des
peuples de la terre. Car au-delà de la ressemblance intrinsèque des
cultures et personnalités de tous les êtres humains, il y a aussi des
dissemblances.
Les deux grands aspects de la psychologie qui méritent d’être repensés
en Afrique sont la psychologie béhavioriste ou du comportements (où
tout comportement est appris, etc.) et la psychologie du
développement en particulier la psychanalyse freudienne qui ramène
tout au sexuel avec le complexe d’œdipe. En contexte africain, les
choses ne se passent pas véritablement ainsi. Elles sont plus
complexes.
On consulte un psychologue pour des maux intérieurs, un mal-être
psychologique ou existentiel parfois chronique. On consulte aussi pour des
crises soudaines, imprévues : accident, catastrophe, scène d’horreur, perte de
son emploi, autre trauma. La personne, qui était en bonne santé mentale est
soudain désemparée. S’agit-il du même métier, et qu’est ce qui est différent ?
Le fort de l’être humain est d’attendre les situations de menace, de
mort pour demander de l’aider. Or normalement cela ne devrait être
ainsi.
Même le bien-portant physiquement et peut-être mentalement à
toujours besoin de consulter. En Fon un proverbe dit : même dans la
prospérité, le riche doit consulter le devin. Mais pourquoi ? Sans
doute sécurisée sa prospérité, la solidifiée profondément pour la
rendre durable !, etc.
C’est aussi le rôle du psychologue d’aider le bien-portant à rendre
durable sa santé et la partager autour de lui (ses enfants, amis,
collègues, parentés, etc.). La connaissance de soi, de qui peut être son
futur conjoint, quel peut être le métier qui peut vous faire épanouir,
dans quel domaine peut-on exceller, quel est le sport qui puisse vous
procurer une santé physique, peut être vos amis avec qui vous pouvez
entreprendre, à quel poste pouvez-vous m’être en valeur vos potentiels
et impacter positivement, comment éduquer vos enfants pour une
cohésion familiale, quel type d’hommes et de femmes ne pouvez-vous
pas épouser, etc. tout cela n’évoque pas de mal-être, mais mérite une
consultation psychologie pour être su.
Au niveau politique, quel est l’aspiration du peuple, son mal-être, sa
volonté, son attente vis-à-vis du pouvoir, quel profil de chef conviendra
pour tel peuple, quelle sont les conséquences de certaines décisions
sur le peuple, comment doit-il s’y prendre, etc. tout cela relève aussi
de la psychologique politique sans doute. Il s’agit dans tous les cas du
développement humain.
Comment s’organise la profession, actuellement au Bénin ? Trouve-t-on des
psychologue sur tout le territoire ? Quels sont les pays d’Afrique les plus
avancés dans la psychologie institutionnelle ?
La psychologie est en plein essor ! Il y a de plus en plus d’étudiants en
psychologie aujourd’hui. Et elle plus connu dans les villes grâce aux
collègues agissant dans le libéral. Le secteur public est encore
beaucoup en retard par rapport à connaissance de l’importance du
psychologue. Les milieux ruraux sont entrain de bénéficier des
compétences des psychologues grâce aux projets internationaux mais
cela reste encore limité à quelques secteurs.
Aujourd’hui la grande volonté des collègues a permis à notre pays de
se doter de deux grandes associations à savoir : l’Association
Béninoise des Psychologues Cliniciens (ABPC) et l’Association des
Psychologues Praticiens du Bénin (APPB). Des tendances de
spécialisation dans les différents courants s’observent. On retrouve en
premier les plus dominants, ceux du courant psychodynamique sans
doute freudien, cognitivo-comportementaliste, systémique, positiviste
et analytique dont je fais partir.
Au début les collègues surtout cliniciens se travaillent dans les
cliniques de la médecine générale. Mais de plus en plus les cabinets se
créent parmi lesquels notre Cabinet fait partir des premiers
légalement enrégistrés.

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